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LETTRE D’INFORMATION

DU COLLECTIF
SEPT
« SAUVONS L’ECOLE POUR TOUS »
Vallée de la Bruche

Mars 2010

« Je souhaite qu'on apprenne à chacun d'entre eux [les élèves] à respecter le point de vue qui n'est pas le sien,
la conviction qu'il ne partage pas, la croyance qui lui est étrangère, qu'on lui fasse comprendre à quel point la
différence, la contradiction, la critique, loin d'être des obstacles à sa liberté sont au contraire source d'enrichis-
sement personnel ».
N. Sarkozy. Page 11 de la Lettre aux éducateurs

Sommaire :
Editorial Page 1 : Editorial — Quel avenir pour
les services publics ?

Le collectif Sauvons l’Ecole Page 2 : Rapport de l’Académie de


Pour Tous regroupe des ci- Médecine — Débat sur l’identité
toyens, des parents, des en- nationale
seignants, des élus.
Il est né à partir des inquiétu- Page 3 : Le Lobbying d’Acadomia —
des qu’ont suscitées les réfor- Les Rased vont-ils mourir à petit feu ?
mes gouvernementales au La précarité se développe
niveau des écoles maternelles
Page 4 : Les évaluations CM2 —
et élémentaires. Leurs consé-
Droits de scolarité à l’université
quences seront irréversibles
quant à la nature même de Pages 5 à 10 :
l’école de la République. La réforme de la formation des ensei-
gnants -
Nous déclarons être fonda- Notre dossier : Les droits de l’enfant
mentalement attachés à une
école publique, gratuite, laï- Pages 11 et 12 : Annexe : Extraits de
que, égalitaire et émancipa- la Convention des Droits de l’Enfant.
trice. Nous estimons que ces
valeurs sont en danger. Nous
nous sommes engagés à exer-
cer une vigilance républicaine Quel avenir pour les Services Publics ?
pour les préserver. L’informa-
tion des citoyens est l’un de La loi de finances qui fixe les orientations du budget 2010, a prévu à nouveau 30 000
nos axes prioritaires. Dans un suppressions de postes de fonctionnaires, dont 16 000 dans l’éducation, à la rentrée
contexte où les médias domi- scolaire 2010. Ces dernières années avaient déjà vu les effectifs d’enseignants dimi-
nants font souvent preuve de nuer de plus de 50 000 postes.
complaisance, le collectif Pourtant, ces réductions de personnels ne permettent d’économiser qu’environ 500
SEPT a décidé de publier des millions d’euros, c’est-à-dire 0,35 % à peine du déficit de l’Etat qui s’élève à 140 mil-
lettres d’informations pour liards en 2009 et autant en 2010, essentiellement lié à l’assèchement des recettes.
proposer un regard alternatif Récemment Monsieur Sarkozy a annoncé qu’il comptait prendre le problème de la
sur l’actualité dans le domaine dette publique, résolument à bras le corps. Mais il a annoncé d’emblée qu’il ne re-
de l’éducation. viendrait pas sur le bouclier fiscal, la baisse de la TVA pour les restaurateurs, la sup-
pression de la taxe professionnelle…
La présente lettre contient un La seule solution envisageable dans son esprit est le démantèlement des Services
traitement de l’actualité sous Publics de la nation et la régression des droits sociaux des citoyens.
forme d’informations brèves et Ce sont des mesures à forte connotation idéologique.
un dossier plus étayé consa- Selon la conception de Keynes, la dépense publique permet d’assurer la solidarité
cré, dans ce numéro, aux sociale, de jouer le rôle de stabilisateur économique ; les efforts faits en matière d’é-
Droits des Enfants, pour ali- ducation, de recherche, sont autant d’investissements porteurs de croissance dans
menter la réflexion générale l’avenir.
tout en plaçant « l’intérêt de Pour le libéralisme au contraire, la dépense publique est un poids pour l’économie en
l’enfant » au cœur du débat. raison des prélèvements obligatoires. Elle ne règle pas les problèmes sociaux car
trop portée sur l’assistanat. L’initiative privée est bien plus efficace. Tant pis pour la
cohésion sociale, la justice et l’équité…

Page 1
Le rapport de l’Académie de Médecine Le débat sur
l’identité nationale
L’Académie de médecine a pu- scolaire et santé de l’enfant. Le débat sur « l’Identité Natio-
blié un rapport le 19 janvier 2010 nale » a profondément divisé le
intitulé « Aménagement du Les recommandations destinées pays au cours des derniers mois.
temps scolaire et santé de l’en- aux décideurs s’articulent autour Cette problématique a été traitée
fant ». de la prise en compte du som- de façon plus que douteuse, avec
La suppression du samedi matin meil et des rythmes physiologi- des relents constants de xéno-
et la mise en place de l’aide per- ques des enfants dans l’aména- phobie. La façon de présenter et
sonnalisée, sans aucune forme gement du temps scolaire : en- conduire ce débat relevait du
clientélisme.
de concertation, a engendré un seigner les matières difficiles en
François Fillon s’en est certaine-
fonctionnement scolaire sur qua- milieu de matinée et en milieu
ment rendu compte et il a fait le
tre jours par semaine. Ce rap- d’après-midi, alléger le temps de
tri dans les propositions issues
port confirme les réserves faites présence quotidien de l’élève à
des débats locaux dans les pré-
par beaucoup d’enseignants des l’école en fonction de l’âge, pro- fectures et sous-préfectures. Il
écoles maternelles et élémentai- poser une semaine de 4 jours et n’a retenu que les moins contro-
res, à partir des observations demi ou 5 jours en évitant la versées, soit 14 propositions
qu’ils avaient pu faire en classe. désynchronisation du week-end, axées essentiellement sur l’Edu-
Il signale l’absence de cohé- alterner 7-8 semaines de classe cation.
rence entre le rythme biologique et 2 semaines de vacances. Bon nombre d’observateurs ont
d’un enfant et l’organisation de estimé que pour l’essentiel, il
la journée et de la semaine sco- Les recommandations destinées s’agissait d’un toilettage de me-
laires. aux parents ciblent surtout la sures existant déjà, à savoir :
prise en compte de l’importance - le durcissement des règlements
Il souligne : du sommeil (quantité suffisante intérieurs des établissements
« 1) l’importance de la prise en et horaires réguliers), la limita- scolaires,
compte des rythmes biologiques tion du temps passé par les en- - la volonté affichée de renforcer
et psychophysiologiques de l’en- fants devant un écran (moins de l’autorité des enseignants,
fant dans toute réflexion sur 2 heures par jour), la suppres- - la journée d’appel et de prépa-
cette question ; sion de la télévision et des ration à la défense qui doit deve-
2) la désynchronisation des en- consoles de jeu de la chambre nir un «véritable rendez-vous
fants c’est à dire l’altération du de l’enfant, le développement citoyen, permettant une sensibili-
fonctionnement de leur horloge d’activités sportives et culturelles sation approfondie aux droits et
biologique lorsque celle-ci n’est dans le temps périscolaire. devoirs et aux principes de la
plus en phase avec les facteurs République».
de l’environnement entraînant Nous ajoutons que, dans l’im- Concernant l’accession à la na-
fatigue et difficultés d’apprentis- mense majorité des établisse- tionalité française pour les étran-
sage ; ments, l’aide personnalisée est gers, ils devront avoir fourni des
3) le rôle néfaste à cet égard de proposée aux élèves les plus en « efforts d’intégration exception-
la semaine dite de 4 jours sur la difficultés au pire moment, en fin nels ». Qu’est-ce que cela veut
vigilance et les performances de journée de travail, en raison dire ?
des enfants les deux premiers des contraintes fixées par l’ad-
D’autres mesures telles que le
jours de la semaine liées à une ministration. Ce sont donc les
« carnet du jeune citoyen » où les
désynchronisation liée au week- élèves les plus fragiles à qui l’on
écoliers consigneront leurs ac-
end prolongé ; impose le plus de fatigue.
tions civiques, la présence du
4) le rôle primordial du sommeil drapeau français dans les établis-
chez l’enfant car il permet un Le Conseil Supérieur de l’Edu- sements scolaires, le chant de la
développement harmonieux de cation avait souhaité la création Marseillaise… nous laissent
l’enfant, restaure les fonctions d’un groupe de travail sur cette sceptiques quant à leur potentiel
de l’organisme, permet de lutter question. Mais le Ministère de de développer davantage de ci-
contre la fatigue et favorise les l’Education Nationale n’y a tou- visme. Si ce débat ne contribue
apprentissages. » jours pas donné suite. pas au « mieux vivre ensemble »,
à quoi aura-t-il alors servi ?
A la suite de ce rapport, l’Acadé- De toute évidence, l’intérêt de
mie nationale de Médecine émet l’élève n’est pas le souci majeur. Au bout du compte, la montagne
à l’intention des pouvoirs publics a accouché d’une souris, mais le
et des parents des recomman- débat a largement occupé l’es-
dations qui, en mettant l’enfant pace médiatique. C’était sans
au centre de la réflexion, insis- doute là, le but recherché.
tent sur les liens entre temps

Page 2
Le lobbying Les RASED vont-ils mourir à petit feu ?
d’Acadomia En raison d’une forte mobilisation en 2008, Xavier Darcos avait finale-
ment revu à la baisse, son ambition de supprimer un tiers des 9000
En novembre 2009, l’Assemblée postes d’enseignants spécialisés et psychologues scolaires travaillant
Nationale avait voté un amende-
dans les Réseaux d’Aide Spécialisée aux Enfants en Difficultés. En
ment à la Loi de Crédit d’Impôt
accordés par les Chèques Emploi
2009, 1500 postes ont été supprimés et 1500 autres « sédentarisés »
Service Universel (CESU), rédui- dans des écoles.
sant le champ d’une niche fiscale
(estimée à 300 millions d’euros par Mais la survie des RASED est loin d’être acquise, même si l’on affirme
an) réservée aux seuls foyers im- le contraire au ministère.
posables, qui permet aux familles En effet, un deuxième danger guette maintenant ces structures : l’assè-
consommatrices de cours privés à chement des recrutements de maîtres spécialisés. Chaque année, on
domicile, de déduire de leur décla- comptait environ 250 départs en formation (400 heures). Pour 2009-
ration d’impôts 50 % de leurs dé- 2010, on est à moins de 50.
penses parascolaires. L’amende-
ment prévoyait que ces déductions Un double phénomène explique cette situation : les offres de formations
ne pouvaient plus avoir lieu que ont été fortement réduites par les Inspections Académiques coincées
pour des sommes directement par des budgets faméliques et bon nombre de candidats ont renoncé à
versées à un salarié, une associa- se lancer dans une formation à l’avenir incertain, d’autant plus que les
tion ou à un organisme à but non
conditions de travail sont fortement dégradées (plus d’enfants à prendre
lucratif, excluant de son champ
d’application les entreprises de
en charge, secteurs géographiques exorbitants en milieu rural, frais de
soutien scolaire. déplacements mal remboursés, etc…)
Selon Lionel Tardy, le jeune dépu-
té UMP de Haute Savoie auteur de A la rentrée 2009, les Académies ont gelé les postes qui n’avaient pas
cet amendement, ces entreprises été attribués à des enseignants spécialisés diplômés alors qu’aupara-
avaient profité de cette aubaine vant, ils étaient provisoirement attribués à des non-diplômés faisant
pour gonfler leurs profits au frais « fonction ».
de la collectivité, sans pour autant Au final, s’il n’y a personne à mettre sur les postes, ils seront fermés.
jamais réduire leurs prix, ni amélio-
rer la qualité de leurs services.

Acadomia, la plus grosse entre-


prise de soutien scolaire en La précarité se développe...
France (37 millions d’euros de
chiffre d’affaire en 2008) a alors
engagé une opération de lobbying La Révision Générale des Politiques Publiques met l’administration de
qui s’apparente à un Blitzkrieg. l’Education Nationale dans de grandes difficultés pour assurer le ser-
Elle a missionné le cabinet Lysios vice d’enseignement sur l’ensemble du territoire.
pour un montant qui est resté se-
cret. Pour faire face à ce problème, de nombreuses académies recrutent du
personnel alors que le Ministère de l’Education va encore supprimer
Compte tenu des délais, ultra- 16 000 postes à la prochaine rentrée.
serrés, Lysios s’est concentré sur Mais ces postes sont bien sûr proposés à des contractuels et des vaca-
un tout petit nombre de sénateurs taires, sans la moindre formation et payés à minima.
et sur le Ministère de l’Economie,
Ainsi certaines académies proposent de devenir professeur en collège
pour des frappes chirurgicales
et lycée, à tous ceux qui possèdent au moins une licence. Le recrute-
ciblées.
A l’arrivée, Catherine Procaccia, ment se fait donc surtout au Pôle Emploi.
vice-présidente UMP de la com-
mission des affaires sociales, a Les rectorats ont toujours eu recours à ce type de procédés pour com-
déposé un amendement d’éradica- bler les « trous ». Mais la tendance s’est nettement accélérée. Dans
tion de la réforme Tardy. l’Académie de Créteil par exemple, l’emploi de non-titulaires, avec des
Elle a avancé des chiffres très contrats précaires, a augmenté de 28 % en un an. Dans certaines aca-
précis, sur la lutte contre le travail démies, ce type de personnel représente désormais près du quart des
au noir et le nombre de salariés enseignants, embauchés surtout dans le secondaire et le supérieur.
menacés par cette mesure, chif- Luc Châtel compte recourir également au pôle emploi pour régler le
fres invérifiables qui lui ont été problème des remplacements en cas d’absence des enseignants.
livrés par les lobbyistes. Peut-on raisonnablement croire que ce mode de recrutement n’aura
pas de conséquences sur la qualité du service proposé ?
Le Sénat a suivi l’argumentaire de
Catherine Procaccia et a rejeté
Il s’agit bien de dégrader les conditions d’accueil dans le service public
l’amendement Tardy. Le com-
pour lui faire perdre progressivement toute attractivité au regard du
merce du soutien scolaire a donc
encore de beaux jours devant lui. privé.

Page 3
Les évaluations CM2 Droits de scolarité
à l’université :
Des évaluations nationales ont à Exemple 2 : Tous les items sont il fallait s’y attendre !
nouveau eu lieu au mois de janvier validés (20/20) !
afin de mesurer les compétences
des élèves de CM2 en français et Lé élèves sont alés a la pissinne
Après l’entrée en vigueur, en
en mathématiques. une foa par cemeine depuis les
Le Ministère de l’Education Natio- vacances de noèl. aujourd’hui, ils 2009, de la Loi sur la responsa-
nale n’a guère tenu compte des naje tousse o moint vinte-sink mè- bilité et l’autonomie des univer-
nombreuses critiques formulées tres ; lai plu courageux fon le doub- sités, l’Université Paris-
lors des évaluations de janvier ble deux sept distances. bientôt ils Dauphine a décidé d’augmen-
2009. comanseront a apprendre a plon- ter ses droits d’inscriptions pour
gé. ils èment beaucoup lé jeu sou 44 de ses 105 masters. De 350
Annoncées comme des évalua- lo mè parfois ils sont un peuts € à 400 € l’année en moyenne,
tions de fin de cycle, elles ont pour- craintifs. ken il fè froid deor, ils ces droits devraient s’échelon-
tant à nouveau lieu en janvier, sup- neux pevent vraiment pas sortir
ner désormais entre 1500 et
posant que les enseignants traitent des vestières chofés sans mettre
le programme pléthorique en l’es- un bonnet sure leur cheveux mouil- 4000 euros, en fonction des
pace de 4 mois. lés. ils trouvent ke ces désagréa- revenus des parents.
Les exercices proposés restent ble. C’est « pour améliorer les
difficiles, bien plus exigeants que conditions de travail de tous et
les évaluations qui étaient menées porter des projets nouveaux »
en 6ème précédemment, par exem- annonce l’université pourtant
ple les problèmes proposés en financée à 85 % avec de l’ar-
mathématiques. gent public.
Critères de correction et de codage « Dauphine aura les moyens
La critique majeure concerne le de la dictée :
système de notation : réussite ou d’embaucher de meilleurs
échec, pas de nuances intermé- Réussite si :
profs, de communiquer davan-
diaire. L’élève est considéré en Item 28 : cinq sur sept mots ou expres- tage auprès des recruteurs… »
échec à certains exercices en sions invariables suivants sont correc- déclare le porte-parole de l’U-
ayant pourtant donné 8 bonnes tement orthographiés : depuis – au NI, syndicat étudiant de droite
réponses sur 10… moins – bientôt – beaucoup – parfois –
quand – vraiment.
qui soutient le projet.
La pertinence des critères de nota-
Item 29 : neuf sur dix des mots sui-
tion est fortement sujette à caution vants sont correctement orthographiés : Pour tenter d’atténuer la gro-
et ne fait pas de ces évaluations un élève(s) – semaine – vacance(s) – gne, le président promet d’exo-
outil au service des enseignants et mètre(s) – apprendre – jeu(x) – froid –
des élèves. sortir – cheveu(x) – mouillé(s).
nérer les boursiers des frais
Item 30 : sept sur dix des mots suivants d’inscription.
Ainsi en est-il par exemple de la sont correctement orthographiés : pis- Oui, mais ils ne représentent
dictée. Un collègue s’est amusé à cine, aujourd’hui, vingt-cinq – coura- que 12,5 % des étudiants.
geux – distance – craintif(s) – chauffé
la réécrire. La situation apparaît
(s) – mettre – bonnet – désagréable.
La note sera sévère pour tou-
bien caricaturale mais pourtant Item 31 : cinq sur six des accords dans tes les catégories intermédiai-
significative (voir critères de correc- le groupe nominal sont correctement res.
tion de la dictée). réalisés dans les cas suivants (l’accord
de leur(s) n’est pas ici exigé) : les élè-
ves – les vacances – vingt-cinq mètres
Conséquence directe de la ré-
Exemple 1 : l’élève est en échec à
tous les items ciblés (0/20) : – les jeux – des vestiaires chauffés – forme des études supérieures,
leurs cheveux mouillés. L’orthographe cette mesure va certainement
lexicale n’est pas, là, prise en compte. faire des émules auprès des 82
Les élèves sont allé à la piscine
Item 32 : cinq sur six des accords dans
une fois par semaine depuis les le groupe verbal sont correctement
universités françaises, elles
vacances de Noël. Aujourdhui, ils réalisés dans les cas suivants : les aussi en mal d’euros…
nagent tous au moins vingt-cinq élèves sont allés – ils nagent – ils com-
mètre ; les plus courrageux font le menceront – ils aiment – ils peuvent –
double de cette distance. Bientot ils ils trouvent. L’orthographe lexicale n’est
commencerons à apprendre à pas, là, prise en compte.
plonger. Ils aiment beaucoup les Item 33 : l’accord dans le groupe verbal
est correctement réalisé dans le cas
jeux sous l’eau mais parfois ils sont
suivant : ils sont [un peu] craintifs.
un peu crintif. Quant il fait froid
dehors, ils ne peuvent vraimant
pas sortir des vestiaires chauffé
sans metre un bonnet sur leurs
cheuveux mouillés. Ils trouvent que
c’est désagréable.

Page 4
La réforme de la Notre dossier :
formation des
enseignants LES DROITS DE L’ENFANT
Le 20 novembre 2009, l’Organisation des Nations Unies commémorait
Les Instituts Universitaires de For-
mation des Maîtres disparaîtront à
le 20ème anniversaire de l’adoption de la Convention Internationale des
la fin de la présente année sco- Droits de l’Enfant. Cette dernière a été ratifiée par l’ensemble des
laire. Les futurs enseignants sui- états de la planète, hormis la Somalie et les Etats-Unis d’Amérique. La
vront un parcours exclusivement France l’avait signée le 26 janvier 1990, puis ratifiée le 07 août 1990.
universitaire. Ils seront recrutés
par un concours qui aura lieu au Militants pour la sauvegarde du service public d’éducation au sein du
début de la 2ème année de master. collectif SEPT, nous estimons que celui-ci doit être organisé selon
La formation pédagogique sera l’intérêt des enfants. Cela nous a conduit à explorer la dite convention
réduite à peau de chagrin. La ré- et à dresser un état des lieux de son application dans notre pays.
forme prévoit un volume de stages
de formation très restreint et un
vague compagnonnage durant la
première année d’exercice. Présentation de la convention
Une mesure transitoire laisse au- Que dit la Convention ?
gurer de ce que sera la formation
professionnelle des futurs ensei- La Convention Internationale particulières d’enfants, comme
gnants. Actuellement, des étu- des Droits de l’Enfant déclare les enfants handicapés, réfu-
diants préparent le concours de explicitement que l’enfant a be- giés, soldats…
recrutement de professeur des soin d’une protection et de soins
écoles qui aura lieu au printemps. spéciaux, ainsi que d’une pro- Les articles 28 et 29 traitent
Ils ont eu droit (le mot « subi »
tection juridique appropriée, en spécifiquement de l’éducation
convient mieux) à un stage en
responsabilité d’une semaine, raison de son manque de matu- (voir annexe page 11).
seuls devant la classe, sans la rité physique et intellectuelle. L’article 28 met surtout l’accent
moindre préparation et sans le Elle énonce à travers 54 articles sur les principes de gratuité et
moindre accompagnement. qui explorent tous les domaines d’égalité qui doivent prévaloir
De nombreux témoignages rap- de la vie des enfants, leurs dans les systèmes scolaires.
portent les difficultés dans lesquel- droits fondamentaux et les obli- Ces principes ne sont toutefois
les ont été placés ces jeunes au gations des Etats pour les appli- pas universellement partagés.
cours de ces stages, dépassés quer : droit à la vie, droit de vi- Ils sont une des raisons pour
par une classe qu’ils n’ont pas
vre dans la dignité avec un ni- lesquelles les Etats-Unis n’ont
appris à gérer.
C’est la négation même du métier veau de vie suffisant, droit à pas signé cette convention.
d’enseignant puisqu’aucune pré- l’identité, droit à l’éducation, Les luttes d’influences sont for-
paration n’est plus jugée néces- droit à la santé, droit de ne pas tes entre les défenseurs de la
saire désormais. être séparé de ses parents, droit présente convention et les pro-
de ne pas être exploité, droit moteurs du système libéral qui
Que feront les 80 % d’étudiants d’exprimer son opinion… préconisent le développement
qui échoueront au concours ? Le Cela concerne tous les enfants d’un marché de l’éducation et
ministère compte certainement sur jusqu’à 18 ans, quels que soient de la connaissance. Dans le
le fait qu’ils iront au bout de leur
leur origine, leur couleur, leur contexte actuel, malgré vingt
master et qu’il pourra recruter
dans ce vivier autant de person- sexe, leur religion. La Conven- ans d’existence, rien ne permet
nels aux statuts précaires et sous- tion énonce aussi des droits de garantir la pérennité de cette
payés. spécifiques à des catégories convention.

Par ailleurs, le recrutement à Quelles sont les contraintes pour les états ?
« Master 2 » rend le parcours uni-
versitaire plus coûteux pour les En ratifiant cette convention, Mais cet engagement n’est que
futurs candidats. Une sélection les états s’engagent à recon- moral.
par l’argent, s’opère progressive- naître l’enfant comme un sujet
ment dans le cursus conduisant L’ONU n’a aucun pouvoir
de droits et à mettre leur légis- contraignant dans ce domaine
au concours. Sociologiquement de
lation en conformité avec les et les états ne peuvent être
plus en plus éloignés avec les
populations défavorisées, quelle dispositions qui y figurent. Ils sanctionnés pour non respect
sera la capacité d’écoute, de com- s’engagent aussi à tenir compte des dispositions de la conven-
préhension, de dialogue, des nou- des recommandations formu- tion. Les états signataires gar-
veaux enseignants avec ces pu- lées par l’instance de contrôle dent le droit de se retirer de la
blics ? mise en place par l’ONU. convention.

Page 5
Quelle instance de contrôle ?
La Convention Internationale pour le plus récent. tions pour les Droits de l’En-
des Droits de l’Enfant est dotée Le comité sollicite aussi les rap- fant)…
d’un organe de contrôle, créé en ports d’Institutions indépendan- Le comité fait ensuite part de
2003, le Comité des droits de tes et d’organisations non gou- ses observations à chaque
l'enfant des Nations Unies. Il vernementales et les auditionne, Etat et formule des recomman-
est composé de dix-huit experts comme cela est prévu par la loi, dations.
indépendants, issus de diffé- pour croiser les éclairages et Il dresse la liste des progrès
rents pays, qui sont chargés de objectiver l’analyse de la ma- effectués mais pointe aussi les
surveiller l’application et la mise nière dont les Etats appliquent domaines où le respect des
en œuvre de la Convention et la Convention. dispositions de la convention
de ses Protocoles par les Etats Concernant la France, le comité est insuffisant.
parties. a, par exemple, pris connais- Ces rapports sont surtout des
A ce titre, les gouvernements sance des observations de la indicateurs adressés aux opi-
doivent lui remettre un rapport Déf ens eur e des Enf ants nions publiques des états
périodique sur les mesures mi- (institution mise en place par le concernés, sur la « santé mo-
ses en oeuvre pour améliorer gouvernement en 2000), de la rale » des politiques menées
l’application de la Convention. Ligue des Droits de l’homme, de par leurs gouvernants.
La France s’est acquittée de « Défense des Enfants Interna-
cette obligation en 1993, en tional » (DEI), de la COFRADE
2002 et en septembre 2007 (Conseil Français des Associa-

Analyse des observations formulées à la France par le Comité des


Droits de l’enfant

Les observations successives toutefois avoir pris en compte la La liste des griefs est longue et
adressées à la France depuis totalité des problèmes soulevés nous ne rapportons ici que
1989, font apparaître que les par les nombreux rapports alter- ceux qui nous paraissent les
droits des enfants sont plutôt natifs. plus révélateurs du change-
bien respectés dans notre pays. Cette impression de sévérité est ment de philosophie dans la
renforcée par la différence de politique actuelle.
Mais le dernier examen, publié ton employé entre le document
le 22 juin 2009, est sévère rédigé dans un langage diplo-
quant à l’évolution de la politi- matique soucieux de modéra-
que française concernant des tion, et la virulence des propos
droits des enfants. Les observa- des experts lors de l’audition de
tions formulées constituent un Mme Morano, chargée de sou-
document particulièrement long tenir le rapport du gouverne-
au regard du précédent, sans ment français.

Concernant l’éradication de la pauvreté des enfants :

♦ Le comité a noté que de nom- des conditions peu propices au les critères retenus, sur une
breuses familles confrontées à maintien du lien et avec une population de 15 millions), le
la grande pauvreté ou à l’ab- prise en compte insuffisante de comité met l’Etat face à ses
sence de logement, manquent la parole de l’enfant et de son engagements en lui deman-
d’une assistance appropriée intérêt supérieur. dant de prendre des mesures
dans l’exercice de leurs respon- en ce sens et de « fournir des
sabilités quant à l’éducation de ♦ La France s’est engagée à indicateurs permettant de me-
leurs enfants. éradiquer la pauvreté des en- surer l’avancement vers les
Il se dit préoccupé du nombre fants d’ici 2020. Mais constatant objectifs annoncés. »
de mesures d’assistance ordon- que le nombre d’enfants vivant
nées par la justice séparant les dans la pauvreté était en aug-
enfants de leurs parents dans mentation (1 à 2 millions selon

Page 6
Dans de domaine de l’éducation :
♦ Le comité se dit préoccupé par : taux de redoublement et d’abandon sans pénali-
« - Les inégalités importantes et persistantes ser les parents ;
dont souffrent, en matière de réussite scolaire, - De développer la formation et l’enseignement
les enfants dont les parents connaissent des professionnels pour les enfants qui ont quitté
difficultés économiques. l’école sans diplôme, en leur permettant d’acqué-
- Le nombre élevé d’abandons scolaires, le taux rir des savoirs et des compétences afin d’accroî-
de redoublement, ainsi que la nouvelle loi du 31 tre leurs possibilités d’emploi ;
mars 2006 permettant de sanctionner les pa- - De consentir des investissements supplémen-
rents, y compris ceux qui sont confrontés à des taires considérables pour garantir le droit de tous
difficultés économiques, en cas d’absentéisme les enfants à une éducation véritablement inté-
de leur enfant ; gratrice qui permette aux enfants issus de tous
- L’augmentation du chômage des jeunes, due à les groupes défavorisés, marginalisés ou éloi-
l’insuffisance de leur bagage éducatif et de leur gnés des écoles d’exercer pleinement ce droit ;
formation professionnelle, qui fait obstacle à leur - De ne recourir à la mesure disciplinaire que
entrée sur le marché du travail. » constitue l’exclusion permanente ou temporaire
qu’en dernier ressort, de réduire le nombre d’ex-
♦ Le Comité recommande à l’Etat français : clusions et de faire appel, en milieu scolaire, à
« - De poursuivre et d’accroître ses efforts pour des travailleurs sociaux et à des psychologues
réduire les effets de l’origine sociale des enfants scolaires pour aider les enfants en conflit avec
sur leurs résultats scolaires ; l’école. »
- De redoubler d’efforts pour faire baisser les

Nos commentaires :

♦ Avec la Révision Générale de Politiques Publiques qui conduit à la suppression massive de per-
sonnels au sein de l’Education Nationale (à nouveau 16 000 en 2010), la politique éducative du gou-
vernement prend des orientations allant radicalement à l’encontre des recommandations du Comité
des Droits de l’Enfants. En portant atteinte au fonctionnement de l’école publique et en favorisant
l’enseignement privé (par exemple par le vote de la loi Carle à l’automne 2009), la France s’éloigne
progressivement des principes de gratuité et d’égalité préconisés par la Convention.

♦ La réduction drastique des moyens alloués aux RASED, opérée en 2009, a lourdement hypothé-
qué l’aide aux enfants les plus en difficultés. Les expertises les plus récentes montrent que l’aide
personnalisée ne compense en rien l’intervention des Rased. Par ailleurs, le ministère réduit consi-
dérablement les possibilités d’accès à la formation d’enseignant spécialisé. Ces structures sont ainsi
destinées à disparaître progressivement par tarissement du vivier de personnels compétents.

♦ Dans son rapport adressé au Comité des Droits de l’Enfant, le gouvernement français présente le
plan de relance de l’éducation prioritaire qui a été mis en œuvre à partir de 2006. On peut notam-
ment y lire : « Pour une bonne mise en œuvre de cette politique, le Gouvernement a accordé davan-
tage de moyens en postes et en crédits pédagogiques aux écoles et établissements secondaires
inscrits dans les réseaux «ambition réussite» par un «contrat ambition réussite» et dans les réseaux
de «réussite scolaire» par un «contrat d’objectifs scolaires».
Certes, mais les réseaux « ambition réussite » n’ont fait que remplacer les « Zones d’Education Prio-
ritaires ». Au passage, le nombre d’établissements bénéficiant de ces aides supplémentaires est
passé de 563 à 249. Aucun moyen supplémentaire n’a été dégagé.

♦ L’aménagement du temps scolaire mis en place en 2008 n’est nullement soucieux de l’intérêt des
enfants. En effet, des programmes scolaires plus lourds doivent être traités dans un temps réduit.
Le rapport de l’Académie de Médecine du 10 janvier 2010 met en évidence les effets néfastes des
rythmes scolaires français sur la santé des enfants. Cela est particulièrement vrai pour les enfants
qui sont concernés par l’aide personnalisée, le soir, après la journée de travail scolaire.
L’association DEI (Défense des Enfants International) estime qu’une des mesures les plus urgentes
serait de « revenir sur les orientations en matière d’aménagement du temps scolaire et celle des pro-
grammes scolaires 2008 qui marquent une régression sans précédent. »

Page 7
♦ Le discours actuel sur l’égalité des chances se limite à évoquer le nombre de boursiers dans les
grandes écoles. Ce débat qui ne concerne qu’une toute petite minorité sert avant tout à légitimer une
distribution sociale toujours plus inégalitaire.
A l’Ecole Polytechnique, Nicolas Sarkozy a présenté son plan contre les fractures sociales et ethni-
ques : « La République, c’est l’élitisme républicain, c’est la récompense de l’effort et la récompense du
travail, ce n’est pas l’égalitarisme. »
Le « volontarisme républicain » consiste à dire que tout n’est qu’une question d’effort, de mérite. Les
élites occupent les positions qui sont les leurs (et les revenus correspondants) grâce leur travail, leur
talent puisqu’on affirme qu’à la base, tout le monde est sur la même ligne de départ. L’immense majori-
té des concurrents n’a pas su saisir sa chance, c’est la loi naturelle. Les perdants sont responsables de
leur sort. Ils n’ont pas su profiter des dispositifs d’aide personnalisée, des stages de remise à niveau,
des Projets Personnalisés de Réussite Educative… que l’institution leur a proposés. C’est par la culpa-
bilité qu’on scelle définitivement leur sort.
Le culte de la performance et du mérite, est bien sûr un écran de fumée sémantique pour justifier l’or-
dre établi. Le principal frein à l’accès aux études supérieures est leur coût (frais d’inscription, logement,
nourriture…). Les bourses sont loin de couvrir la totalité des frais et les barèmes d’obtention sont sévè-
res.
Les chances de réussite aux concours d’entrée dans les grandes écoles ne sont pas les mêmes pour
l’étudiant qui doit travailler pour financer ses études et tel autre qui aura pu financer par ailleurs des
cours complémentaires privés pour une préparation optimale.
La réalité reste irrémédiablement la même : issu d’un milieu populaire, il faut être excellent pour faire
partie de l’élite, enfant de milieu favorisé, on peut être médiocre et y arriver.
Comme il n’y a que peu de gagnants dans la concurrence féroce aux écoles les plus prestigieuses, que
propose-t-on à tous les autres, notamment à ceux qui cumulent tant de handicaps dès la naissance ? Il
est temps de remplacer le concept d’égalité des chances par celui d’égalité des places.

Concernant les libertés individuelles :

Le comité manifeste aussi son d’autres fins, telles que la dé- - en élaborant une loi qui régit la
inquiétude devant la multiplication tection de la délinquance et collecte et la conservation de
des bases de données concer- des enfants migrants en situa- données personnelles ;
nant les enfants, « qui pourraient tion irrégulière, et par l’insuffi- - en prenant des mesures pour
aller à l’encontre du droit de l’en- sance des dispositions légales garantir que ces informations
fant et de sa famille à la protec- propres à prévenir son inter- n’arrivent pas entre les mains de
tion de leur vie privée.» Il se dé- connexion avec les bases de personnes non autorisées par la
clare notamment « préoccupé par données d’autres administra- loi, à les recevoir, les traiter et
l’utilisation de Base élèves 1er tions. » les utiliser ;
degré ». Il note avec satisfaction Le comité demande à la - en donnant le droit aux enfants
que l’Etat Français en a « retiré France de « prendre toutes et parents de « consulter leurs
les données sensibles qui y figu- les mesures voulues pour ga- données, de rectifier ou de sup-
raient à l’origine. Toutefois, les rantir que la collecte, le sto- primer une donnée incorrecte ou
objectifs de cette base de don- ckage et l’utilisation de don- recueillie contre leur volonté
nées et son utilité pour le sys- nées personnelles sensibles ou traitée en violation des dispo-
tème éducatif n’étant pas claire- sont compatibles avec les sitions de la loi n°78-17 relative à
ment définis, le Comité est préoc- obligations qui lui incombent l’informatique, aux fichiers et aux
cupé par le fait que cette base de en vertu de l’article 16 de la libertés ».
données puisse être utilisée à Convention » [voir annexe
page 11] :

Dans le domaine de la justice :


♦ Dans un certain nombre de do- cas le plus significatif de ce cupé » par le projet de réforme
maines, le comité formule même point de vue. L’examen de proposé par Mme Dati, alors Mi-
des observations « préventives » 2004 soulignait déjà la non- nistre de la Justice, qui souhaitait
mettant en garde le gouverne- conformité des lois Perben par exemple instaurer la respon-
ment sur plusieurs projets de loi. avec l’article 40 de la Conven- sabilité pénale à partir de 12 ans.
La réforme du Code de Justice tion (voir annexe). Le comité
Pénale pour les mineurs, est le se dit « profondément préoc-

Page 8
♦ Le nouveau « Code de la jus- cernement de l’enfant, toujours des quartiers des mi-
tice pour les mineurs » doit - le durcissement de nombreu- neurs dans les lieux de déten-
remplacer l’actuelle ordon- ses mesures à l’égard des en- tion pour adultes.
nance de 1945 qui donnait la fants comme la création de la
priorité à l’éducatif. Elle pré- comparution immédiate à partir ♦ Il est également inquiet de
voyait que la répression devait de 13 ans, « l’attitude négative générale de
être progressive et adaptée à la - la création d’une justice limi- la police à l’égard des enfants,
psychologie et à l’environne- tée à sa fonction répressive au en particulier des adolescents. »
ment de l’enfant. La Convention détriment d’une justice à voca- Il a exprimé des regrets par rap-
des Droits de l’Enfant a été ré- tion éducative. » port au manque de données sur
digée dans le même esprit. La réforme proposée par Mme les mauvais traitements dans
Or, les orientations actuelles Dati sera finalement retravail- les lieux de détention, à l’usage
vont dans le sens d’un renfor- lée et un nouveau projet de- excessif de la force par les poli-
cement de la répression. Le vrait être présenté par Mme ciers contre les enfants et le peu
Conseil National des barreaux Alliot-Marie à l’été 2010. La de poursuites et de condamna-
s’élevait par exemple contre responsabilité pénale à 12 ans tions qui s’en suivent.
« les nombreuses propositions serait repoussée à 13 ans
qui durcissent considérable- mais l’esprit du texte ainsi que ♦ Il recommande également à
ment les effets du droit pénal la majorité des dispositions l’Etat de soutenir les familles
des mineurs, notamment : resteraient inchangées. pour éliminer les causes socia-
- la suppression de la termino- les de la délinquance des en-
logie « enfant » dans les textes ♦ Le comité se préoccupe du fants et d’allouer les moyens
qui lui sont applicables, fait que le nombre de peines humains et financiers suffisants
- le quasi-abandon de toute privatives de liberté est élevé à l’administration de la justice
référence à la capacité de dis- chez les enfants et qu’il existe pénale.

Nos commentaires :

En France, environ 3500 enfants sont incarcérés chaque année, auxquels il faut ajouter ceux qui
sont placés dans des centres éducatifs fermés.
L’association DEI France estime que « l’ouverture récente des établissements pénitentiaires pour
mineurs (EPM) peut faire craindre, qu’à court ou moyen terme, les juridictions recourent plus large-
ment à la privation de liberté, notamment sous la pression du ministère public, incité par la nouvelle
politique pénale. »
Ces craintes sont confirmées par la récente adoption de la loi d’orientation et de programmation pour
la sécurité intérieure qui prévoit notamment d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs.

L'élargissement du principe de responsabilité pénale, à des enfants de plus en plus jeunes, nous
semble incompatible avec le principe d'éducabilité que nous défendons. Considérer l'enfant comme
entièrement responsable de ses actes, c'est nier que le « comportement citoyen » est le résultat
d’une éducation dont la responsabilité incombe aux parents, aux éducateurs, aux institutions…, c’est
nier également l’importance de l’environnement social dans les trajectoires des individus.

Dans le domaine de la lutte contre les discriminations :

♦ Le comité demande à la France ♦ Il pointe le non-respect des ♦ Il est également préoccupé par
de « prendre des mesures pour droits des enfants dès lors la stigmatisation dont sont victi-
prévenir et combattre la discrimi- qu’ils sont demandeurs d’a- mes les adolescents au sein de
nation persistante dont sont victi- sile, réfugiés et non accompa- la société.
mes les enfants étrangers et les gnés.
enfants appartenant à des grou-
pes minoritaires. »

Page 9
Dans le domaine de la coopération avec la société civile :

♦ Le comité demande à l’Etat la Défenseure des enfants, en cacement de son mandat. »


Français d’intensifier la consulta- particulier en ce qui concerne Cette institution (mise en place
tion régulière des Organisations le mécanisme de plaintes indi- par ailleurs par 80 pays) avait
non gouvernementales et des viduelles, et de lui allouer des été créée en l’an 2000, sur une
institutions indépendantes. Il lui ressources financières et hu- initiative parlementaire.
recommande notamment de maines suffisantes pour
« continuer à renforcer le rôle de qu’elle puisse s’acquitter effi-

Nos commentaires :
En septembre 2009, le gouvernement a décidé, sans aucune forme de concertation, de supprimer la
fonction de Défenseur des Enfants. Il entend regrouper sous un poste plus global de « Défenseur
des droits » les fonctions de Défenseur des enfants, de Médiateur de la République et de la Commis-
sion nationale de déontologie de la sécurité qui gardent un œil sur les pratiques des policiers et des
gendarmes.
Les associations mobilisées pour l’Enfance ont vivement protesté. Elles estiment que la défense spé-
cifique du droit des enfants sera affaiblie par une dilution dans un ensemble plus vaste. D’autant plus
que le champ d’intervention du Défenseur des Droits ne concernerait que l’Enfance en danger.
Pour Jean-Pierre Rosenczveig, président de DEI, il s’agit de « faire taire l’institution parce qu’elle
dérange. » Certaines prises de position de Mme Versini, l’actuelle Défenseure des Enfants, n'au-
raient visiblement pas été appréciées, par exemple, lorsqu’elle a dénoncé la situation des enfants
conduits en centre de rétention administrative avec leur famille. « Ce n'est pas de ma faute si depuis
que je suis nommée, il n'y a que des lois où j'ai des choses à dire! » a-t-elle affirmé.

Conclusion

Même si la France traite globale- laire sans aucune perspective, Droits de l’Enfant suggèrent que
ment bien ses 15 millions de - 15 000 jeunes qui ne suivent les causes profondes de ces
moins de 18 ans, elle « peut pas leurs cours au collège ou problématiques sont liées aux
mieux faire », résumait récem- au lycée alors qu’ils n’ont pas inégalités sociales. Le gouverne-
ment le Conseil français des as- encore 16 ans, ment se sert au contraire de ces
sociations pour les droits de l’en- - 15 % d’enfants qui ne com- données pour justifier sa politi-
fant (Cofrade). prennent pas suffisamment ce que de libéralisation et de privati-
Mais les politiques actuelles sont qu’ils lisent quand ils arrivent sation des services publics, au
peu soucieuses de ces droits. au collège. nom de l’efficacité et de la per-
- 1 à 2 millions d’enfants pau- formance. Cela laisse peu de
Pourtant, à ce jour, en France, il y vres (selon les critères de perspectives aux plus défavori-
a encore : pauvreté pris en compte), sés.
- 19 000 enfants maltraités, (15% également de la popula-
- 240 000 enfants placés ou pris tion globale).
en charge, - Mais surtout, la France dé- .
- 85 000 enfants touchés par le tient le triste record des suici-
saturnisme, des des 15 à 24 ans.
- 150 000 filles et garçons quittant
chaque année le système sco- Les experts du Comité des

15 février 2010
Jean-Paul Walter

Page 10
ANNEXE
Extraits de la Convention des Droits de l’Enfant
Article 16
Nul enfant ne fera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile
ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa réputation.
L'enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

Article 28
Les états parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer l'exer-
cice de ce droit progressivement et sur la base de l'égalité des chances :
♦ Ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ;
♦ Ils encouragent l'organisation de différentes formes d'enseignement secondaire, tant général que profes-
sionnel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures appropriées telles que
l'instauration de la gratuité de l'enseignement et l'offre d'une aide financière en cas de besoin ;
♦ Ils assurent à tous l'accès à l'enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun, par tous les
moyens appropriés ;
♦ Ils rendent ouvertes et accessibles à tout enfant l'information et l'orientation scolaires et professionnel-
les ;
♦ Ils prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire et la réduction des
taux d'abandon scolaire.
♦ Les états parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la discipline scolaire soit
appliquée d'une manière compatible avec la dignité de l'enfant en tant être humain et conformément à la
présente Convention.
♦ Les états parties favorisent et encouragent la coopération internationale dans le domaine de l'éducation,
en vue notamment de contribuer à éliminer l'ignorance et l'analphabétisme dans le monde et de faciliter
l'accès aux connaissances scientifiques et techniques et aux méthodes d'enseignement modernes.

Article 29
Les états parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à :
♦ Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses
aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités;
♦ Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des principes
consacrés dans la Charte des Nations Unies ;
♦ Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles,
ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire
et des civilisations différentes de la sienne ;
♦ Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de com-
préhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples et groupes
ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone ;
♦ Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel.

Aucune disposition du présent article ou de l'article 28 ne sera interprétée d'une manière qui porte atteinte
à la liberté des personnes physiques ou morales de créer et de diriger des établissements d'enseigne-
ment, à condition que les principes énoncés au paragraphe 1 du présent article soient respectés et que
l'éducation dispensée dans ces établissements soit conforme aux normes minimales que l'état aura pres-
crites.

Article 40
Les états parties reconnaissent à tout enfant suspecté, accusé ou convaincu d'infraction à la loi pénale le
droit à un traitement qui soit de nature à favoriser son sens de la dignité et de la valeur personnelle, qui
renforce son respect pour les droits de l'homme et les libertés fondamentales d'autrui, et qui tienne
compte de son âge ainsi que de la nécessité de faciliter sa réintégration dans la société et de lui faire as-
sumer un rôle constructif au sein de celle-ci.
A cette fin, et compte tenu des dispositions pertinentes des instruments internationaux, les états parties
veillent en particulier :
♦ à ce qu'aucun enfant ne soit suspecté, accusé ou convaincu d'infraction à la loi pénale en raison d'ac-
tions ou d'omissions qui n'étaient pas interdites par le droit national ou international au moment où elles

Page 11
ont été commises ;
♦ à ce que tout enfant suspecté ou accusé d'infraction à la loi pénale ait au moins le droit aux garanties
suivantes :
♦ à être présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie ;
♦ à être informé dans le plus court délai et directement des accusations portées contre lui, ou, le cas
échéant, par l'intermédiaire de ses parents ou représentants légaux, et à bénéficier d'une assistance juridi-
que ou de toute autre assistance appropriée pour la préparation et la présentation de sa défense ;
♦ à ce que sa cause soit entendue sans retard par une autorité ou une instance judiciaire compétentes,
indépendantes et impartiales, selon une procédure équitable aux termes de la loi, en présence de son
conseil juridique ou autre et, à moins que cela ne soit jugé contraire à l'intérêt supérieur de l'enfant en rai-
son notamment de son âge ou de sa situation, en présence de ses parents ou représentants légaux ;
♦ à ne pas être contraint de témoigner ou de s'avouer coupable; à interroger ou faire interroger les té-
moins à charge, et à obtenir la comparution et l'interrogatoire des témoins à décharge dans des conditions
d'égalité ;
♦ s'il est reconnu avoir enfreint la loi pénale, à faire appel de cette décision et de toute mesure arrêtée en
conséquence devant une autorité ou une instance judiciaire supérieure compétentes, indépendantes et
impartiales, conformément à la loi ;
♦ à se faire assister gratuitement d'un interprète s'il ne comprend ou ne parle pas la langue utilisée ;
♦ à ce que sa vie privée soit pleinement respectée à tous les stades de la procédure.

Les états parties s'efforcent de promouvoir l'adoption de lois, de procédures, la mise en place d'autorités
et d'institutions spécialement conçues pour les enfants suspectés, accusés ou convaincus d'infraction à la
loi pénale, et en particulier :
♦ D'établir un âge minimum au-dessous duquel les enfants seront présumés n'avoir pas la capacité d'en-
freindre la loi pénale ;
♦ De prendre des mesures, chaque fois que cela est possible et souhaitable, pour traiter ces enfants sans
recourir à la procédure judiciaire, étant cependant entendu que les droits de l'homme et les garanties léga-
les doivent être pleinement respectés.

Toute une gamme de dispositions, relatives notamment aux soins, à l'orientation et à la supervision, aux
conseils, à la probation, au placement familial, aux programmes d'éducation générale et professionnelle et
aux solutions autres qu'institutionnelles seront prévues en vue d'assurer aux enfants un traitement
conforme à leur bien-être et proportionné à leur situation et à l'infraction.

Contacts Collectif SEPT :

collectifsept.bruche@laposte.net

Retrouvez ce journal sur :


http://gazette.du.sept.bruche.over-
log.com/

Les collectifs SEPT d’Alsace (Haut-Rhin, Strasbourg, Vallée de la


Bruche) lors du regroupement en gare de Strasbourg, au 3ème jour de
la Marche pour L’Ecole Publique organisée en octobre 2009.

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