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http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ELA&ID_NUMPUBLIE=ELA_144&ID_ARTICLE=ELA_144_0465
2006/4 - n° 144
ISSN 0071- 190X | ISBN 9782252035498 | pages 465 à 483
Résumé : Les attitudes à l’égard des langues et cultures étrangères (mais aussi
envers toute autre réalité) dépendent largement des représentations qu’on en a.
Étudier ces représentations, les identifier, les interpréter, essayer de compren-
dre la manière dont elles se construisent est donc important pour mieux appré-
hender les attitudes. L’objectif de ce texte est de rendre compte des résultats
d’une recherche concernant les représentations culturelles d’étudiants étran-
gers d’une université espagnole. Après avoir précisé le cadre théorique de la
recherche, nous résumons une partie des résultats des travaux en trois chapi-
tres : le premier aborde les informations obtenues du premier des instruments
de collecte de données, un questionnaire ouvert ; le second, celles de l’une des
huit catégories analysées à partir de deux autres instruments : des entretiens
et des journaux croisés ; le troisième, présente un aperçu du travail d’intros-
pection individuelle que l’équipe de chercheurs réalisa avant de conclure ses
travaux pour essayer de comprendre dans quelle mesure ses représentations
culturelles sur la réalité espagnole et celle des pays étrangers des informateurs
avaient évolué au cours de la durée de la recherche.
2. Pour le traitement quantitatif des données de l’enquête nous avons utilisé le programme
d’analyse SPSS ; pour faciliter l’analyse qualitative des informations obtenues des entretiens et des
journaux croisés nous avons fait appel au programme Atlas-ti.
3. Mais nous avons montré que l’un des objectifs de cet instrument est aussi de brouiller les
rôles : étudiants et professeurs deviennent en même temps des informateurs et des chercheurs. En
effet, le journal instaure un dialogue entre égaux. Le professeur prend l’initiative de rédiger les
premières pages (sans limitation quantitative ni thématique), en réaction aux réponses données par
l’étudiant au questionnaire. À partir de ce moment il se sent engagé, autant que l’étudiant, dans le
jeu des échanges (une fois par mois de part et d’autre pendant quatre mois) de représentations qu’il
vient d’instaurer. L’étudiant, à son tour, est autorisé à prendre les initiatives qu’il considère néces-
saires afin de connaître et comprendre en profondeur les représentations du professeur ou les faits
culturels observés depuis son arrivé dans la région.
2. QUELQUES RÉSULTATS
Nous ne pouvons ici que proposer un survol d’une partie des résultats de
la recherche en forme de conclusions générales, illustrées quand il le faudra,
par des exemples.
2. 1. Le questionnaire
a) Les résultats du questionnaire ne sont pas, sauf des exceptions signifi-
catives, pour surprendre. En général, ils confirment ce que des connaisseurs
du milieu d’origine des informateurs auraient pu attendre.
b) Il y a, pourtant, beaucoup d’informations nouvelles, étant donné le large
éventail de pays représentés et la connaissance très limitée que l’équipe de
chercheurs avait de ceux-ci. La leçon la plus évidente est que notre vision du
monde environnant est très ethnocentrique et étroite et qu’elle ne s’entrouvre
qu’à la culture des pays les plus légitimés et légitimateurs, tels que les États-
Unis, et les nations européens les plus puissantes. Les chercheurs se sont
rendus compte qu’ils ne connaissaient rien des cultures roumaine, irlandaise,
polonaise, danoise, suédoise, etc.
c) L’analyse des représentations qu’ont les sujets étrangers de leurs pays
respectifs permet d’établir ce constat : un parallélisme existe entre ces repré-
sentations et la manière dont ces nations se sont historiquement construites,
créant au passage leurs mythes, valeurs et principes. L’on pourrait énoncer
l’hypothèse suivante : les représentations que les sujets d’une communauté
nationale donnée ont aujourd’hui de leur pays, ne sont pas seulement les
traces des événements historiques qui ont marqué ces nations mais elles sont
aussi un bon instrument pour les donner à connaître aux étrangers, dans la
mesure où ces représentations permettent de remonter cette histoire. Et cela
pas seulement en ce qui concerne les événements eux-mêmes (les gestes, les
personnages, les produits architecturaux, artistiques, juridiques, etc.), mais
aussi la manière dont ces événements se sont intégrés dans l’imaginaire col-
lectif, les mécanismes cognitifs et affectifs qui font que ces phénomènes
construisent des liens entre les sujets et les font solidairement responsables
d’en témoigner et de les transmettre aux générations futures.
Prenons deux exemples : d’abord celui des questions 4 7 et 8, après celui
des questions 9 et 10, concernant respectivement les monuments et les per-
sonnalités les plus représentatifs de chaque pays et de l’Espagne.
4. Voici les énoncés des vingt questions : 1 et 2 : Quels sont les 5 problèmes les plus graves de
votre pays/de l’Espagne ? ; 3 et 4 : Signalez 5 caractéristiques de la manière d’être de vos conci-
toyens/des Espagnols, tel que vous le voyez ; 5 et 6 : Signalez 5 réalités, objets, aspects (matériels
ou no) que vous estimez représentatifs de votre culture/de la culture espagnole ; 7 et 8 : Indiquez les
5 monuments les plus représentatifs de votre pays/de l’Espagne ; 9 et 10 : Indiquez le nom des 5
personnalités les plus représentatives de toute l’histoire de votre pays/de l’Espagne ? ; 11 et 12 :
Votre langue/la langue espagnole vous semble…… (indiquez trois caractéristiques) ; 13 et 14 :
Quand vous entendez le nom de votre pays/de l’Espagne quels sont les images, les mots, les idées
qui vous viennent à l’esprit ? ; 15 et 16 : Quelles sont les traditions les plus remarquables de votre
culture/de la culture espagnole ? ; 17 : La connaissance que vous avez acquise jusqu’à présent de la
langue et culture espagnoles a-t-elle eu une influence sur votre manière d’être, vos comportements,
votre vision du monde, etc. ? ; 18 : Pensez-vous que la manière d’être, le comportement, l’appa-
rence externe enfin des Espagnols sont différents de ceux de vos concitoyens ? ; 19 et 20 : Quels
aspects culturels de la vie espagnole croyez-vous qui peuvent faciliter/perturber votre intégration ?
Pourquoi le pensez-vous ?
– Peur : 11 septembre.
– Fierté : 11 septembre.
– Force : 11 septembre.
– Unité : 11 septembre.
– Beau : 11 septembre.
Si ces extraits font peut-être un peu long, ils nous permettent d’illustrer
plusieurs choses : d’un côté, c’est pour cela que nous les avons amenés ici, la
diversité des représentations culturelles dont l’explication est à trouver dans
ces aspects idéologiques et expérientiels que nous avons ci-dessus soulignés ;
de l’autre, l’intérêt pour la différence, les marges, le singulier, le biographi-
que, etc., qui caractérise notre modèle de recherche ; en troisième lieu, le
détournement qualitatif d’un instrument en principe quantitatif, le question-
naire : d’une part, on voit dans ces exemples que les informateurs refusent
5. C’est pourquoi nous avons combattu la mauvaise renommée des stéréotypes, dans la mesure
où nous les jugeons non seulement inévitables, mais aussi nécessaires (espace de passage vers une
plus grande complexité des représentations) et même utiles, dans la mesure où c’est grâce à cette
« richesse » apportée par les étudiants que l’on pourra mettre en place des activités pour les amener
à rendre ses représentations plus proches de la complexité de la réalité.
6. Voir, par exemple, Byram, Essarte-Sarries et Taylor (1991), Cain et Briane (1994), Atienza
(1996) et Oliveras (2000), ou, dans tous les cas, pratiquement les mêmes termes apparaissent en tête
de liste.
7. Rappelons le : sept étudiants ont participé dans les entretiens et sept autres dans les journaux
croisés.
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ATIENZA, J.L. (dir.). 2005. ¿Cómo se ven? ¿Cómo nos ven ? Atrapados en los
estereotipos. Oviedo : Universidad de Oviedo.
—. 2003a. « L’émergence de l’inconscient dans l’appropriation des langues étran-
gères », ÉLA, nº 131.
—. 2003b. “La entonación es el sentido : reflexiones en torno a la voz y al apren-
dizaje de lenguas extranjeras”, in Adquisición de lenguas extranjeras en edades
tempranas. Madrid : Anaya.