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Les quelques
tentatives d'unification ne furent qu'éphémères. Au IXe siècle, Alfred le Grand, roi de
Wessex, réalise l'unification du Sud. Il résiste aux Danois et fonde une dynastie qui se
maintient de 871 à 1064. La conquête du duc de Normandie, Guillaume, établit une
nouvelle dynastie, qui unit Angleterre et Normandie. Son petit-fils, Henri Ier
(1100 – 1135), n'ayant pas eu de fils, désigne comme héritière sa fille Mathilde et lui fait
épouser le comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt. La désignation d'une femme provoque
des révoltes et ce n'est qu'en 1154 qu'Henri II, fils de Geoffroy et de Mathilde, déjà maître
de la Normandie, de l'Anjou et, par sa femme, de l'Aquitaine, est couronné roi
d'Angleterre. La révolte de l'aristocratie écarte Richard II, le dernier Plantagenêt, du trône
en 1399, et ouvre une période de crise dynastique qui dure tout au long du XV e siècle: la
maison de Lancastre et la maison d'York s'affrontent pendant la guerre des Deux-Roses.
La défaite du sanguinaire Richard III à Bosworth permet la solution de la crise et l'arrivée
des Tudors.
À partir de 1485, la dynastie des Tudors établit une nouvelle légitimité monarchique en
Angleterre. En effet, de 1485 à 1688, malgré l'intervalle de la Révolution de 1648, la
succession au trône a été réglée selon une stricte hérédité qui a amené l'union personnelle
de l'Écosse et de l'Angleterre sous le sceptre des Stuarts. La Révolution de 1688 a corrigé
le principe d'hérédité en le restreignant aux seuls princes protestants. D'où, par le jeu des
successions féminines, l'avènement de la dynastie hanovrienne de 1714 à 1837 et l'union
personnelle de la Grande-Bretagne, nom de l'Angleterre et de l'Écosse fusionnées en un
seul royaume, et du Hanovre, électorat devenu royaume en 1815. En 1837, l'avènement de
Victoria a rompu ce lien personnel et a porté la couronne anglaise dans la famille de Saxe-
Cobourg-Gotha, autre dynastie allemande. Cette dynastie règne toujours mais, pour
s'angliciser, elle a pris en 1917 le nom de Windsor. La reine Elizabeth II n'a pas pris le
nom de son mari, né prince de Grèce et de Danemark; au contraire, ce dernier a choisi le
nom anglais de Mountbatten et les enfants du couple royal s'appellent Windsor, leurs
descendants pouvant dans certains cas se faire nommer Mountbatten-Windsor. La dynastie
veut donc, au contraire de sa devancière, paraître exclusivement anglaise.
Les Plantagenêts constituaient une dynastie d'origine angevine qui régna sur l'Angleterre
de 1154 à 1399, c'est-à-dire de l'avènement d'Henri II à la déposition de Richard II et
l'accession au trône des Lancastre (en la personne d'Henri IV de Lancastre, petit-fils,
comme Richard II, d'Édouard III Plantagenêt). Les circonstances de l'avènement des
Angevins, ainsi que la dualité de leurs possessions, françaises et anglaises, ont pesé sur
toute leur histoire.
L'empire Plantagenêt
Ce fut Geoffroi V d'Anjou qui le premier porta le surnom de Plantegenêt (déformé par la
suite en Plantagenêt), sans doute à cause de son amour de la chasse et en souvenir de ses
longues randonnées dans les landes à genêt de son comté. Un mariage heureux et une
guerre de conquête ont permis aux comtes d'Anjou d'unir, au milieu du XII e siècles,
l'Angleterre et la façade occidentale du royaume de France.
Cette pression constante du pouvoir royal sur la société rencontre la résistance du clergé
(affaire Thomas Becket) et de la noblesse, prompte à saisir le moindre relâchement du
pouvoir pour faire reconnaître ses droits; c'est le cas au XIII e siècle: affaibli par ses échecs,
Jean sans Terre doit accepter la Grande Charte de 1215, qui codifie les privilèges – et non
les libertés – de la noblesse et du clergé.
Le puritanisme
Le puritain est un être hybride: spéculatif et homme d'action, tourmenté en son âme et assuré
de son salut; il manie avec un rare bonheur, et selon les circonstances, l'équerre et le compas.
La Bible dans une main, le glaive dans l'autre, ce protestant intrépide part à l'assaut du monde
avec audace. Le puritain de la révolution, selon une imagerie éprouvée, se voit qualifié de «tête
ronde» – sans doute du fait de la coupe de ses cheveux, ou de ce chapeau rond dont l'affublent
les caricaturistes. Son contraire, royaliste, est le «cavalier», à dessein aristocratique dans sa
mise, défenseur du trône et de l'autel.
Ce fut bien au XVIIe siècle «la fortune de l'Angleterre, écrit Guizot, que l'esprit de foi
religieuse et l'esprit de liberté politique y régnaient ensemble». Et l'ancien ministre de Louis-
Philippe de poursuivre: «L'Angleterre entreprit en même temps les deux révolutions.»
Interprétation et choix terminologique
Deux révolutions en une seule, la politique et la religieuse, dans lesquelles on n'a longtemps
vu, en mauvaise part, qu'une Grande Rébellion – interprétation conservatrice – ou une
Réformation – vision puritaine.
Le parallélisme français
Le terme «révolution» est tard venu pour caractériser la période. Il ne s'impose pas avant le
XIXe siècle et repose sur une comparaison explicite avec la Révolution française: radicalisme
social, exécution d'un roi, proclamation d'une république, puis finalement confiscation de
l'héritage révolutionnaire par un général, ici Cromwell, là Bonaparte. Sans compter ces retours
d'exil, celui des Stuarts en 1660, celui des Bourbons en 1814-1815, qui closent la période. Si,
de 1642 à 1660, l'Angleterre expérimente bien un total bouleversement, cette révolution s'est
vu qualifiée diversement. Révolution bourgeoise? Révolution puritaine? Voire révolution
anglaise? Aucune de ces épithètes n'emporte une totale adhésion.
Jacques VI d'Écosse gravit en 1603 les degrés du trône d'Angleterre et prend désormais le titre
de Jacques Ier d'Angleterre. Il rêve à l'union des trois royaumes, qu'il ne parvient pas à imposer.
Son fils Charles Ier poursuit la tâche entreprise: en 1637, les Écossais (presbytériens) se
révoltent contre la liturgie (anglicane) qu'on leur prescrit. Depuis 1629, Charles Ier régnait sans
convoquer le Parlement. La guerre avec l'Écosse va précipiter les choses: une première
Assemblée se réunit le 13 avril 1640; elle ne siège que quelques semaines, et se contente de
rappeler avec fracas ses «libertés» et ses privilèges bafoués. Le souverain n'en a cure et renvoie
les députés (5 mai).
Le «Long Parlement» (1640-1653)
Mais ce «Bref Parlement» – Short Parliament – est suivi, à quelques mois d'intervalle, d'un
«Long Parlement» – Long Parliament –, qui siège jusqu'en 1653, au travers de tous les aléas
d'une période troublée. Ce dernier est celui de la révolution.
La volonté réformatrice est immense: l'on s'en prend à la fiscalité, à la justice, à l'Église même,
jugée encore trop catholique dans ses rites ou dans sa doctrine. En novembre 1641, plusieurs
protestants sont massacrés en Irlande: l'indignation est à son comble. On envoie au roi une
Grande Remontrance, qui appelle dans un même souffle à châtier papistes et libertins, et à
honorer les puritains, qui «désirent préserver les lois et les libertés du royaume, et maintenir la
religion sous l'emprise du pays».
L'émergence de Cromwell
Les royalistes jouissent de l'avantage de la mobilité que leur procure une cavalerie supérieure
en nombre et en adresse. Parce qu'il aime les chevaux et qu'il sait commander aux hommes, un
quadragénaire rougeaud, à la foi impeccable, se hisse à la première place dans l'armée
parlementaire: Oliver Cromwell. Celui-ci, né en 1599, n'a connu jusqu'alors qu'une destinée
obscure. Mais il va doter les puritains d'une remarquable cavalerie. De Marston Moor
(juillet 1644) à Naseby (juin 1645), Cromwell administre à ses ennemis, comme à ses amis, la
preuve de son talent.
Les indépendants
L'Église, pendant ce temps-là, se réforme. Du moins, elle essaie. Les théologiens se réunissent
à Westminster en 1643: les débats ne portent pas tant sur la doctrine que sur l'organisation de
l'Église. Une poignée d'indépendants se détachent: ils prêchent l'indépendance des
congrégations et se méfient du centralisme des presbytériens, adeptes d'une Église nationale
fortement contrôlée. Les indépendants mettent, pour leur part, l'accent sur la conscience de
chaque croyant. Le redouté Cromwell sera lui aussi un indépendant, adepte de la liberté de
conscience. Singulier paradoxe, chez ce militaire épris d'autorité.
Le sang du roi va sceller la nouvelle alliance. Charles Ier est exécuté le 30 janvier 1649
(1er février selon le calendrier en usage sur le continent). Cette mort succède à un procès qui
permet à un peuple, par procuration, de juger d'un roi. Charles Stuart échange, dans la mort,
une «couronne périssable» contre une «couronne incorruptible». Les royalistes ont le sens du
martyre; ils vouent au souverain mort un culte qu'ils ne pouvaient lui rendre de son vivant. Le
pays est exsangue, assoiffé de légitimité, en un temps où l'on ne pouvait rendre la justice qu'au
nom du roi.
La pacification de l'Irlande
La république remplit ce vide: elle est proclamée en mai, alors même que Cromwell, contrit,
fait couler le sang des niveleurs. En septembre, le massacre de Drogheda, en Irlande, offre
enfin aux Anglais quelques motifs de diversion. Dieu, conclut Cromwell à part soi, «condamne
justement les pauvres imbéciles qui ont trempé leurs mains dans tant de sang innocent». Ce
requiem pour quelques Irlandais perdus se répète en octobre à Wexford, dans le sud de l'île.
Mais l'on ne pacifiera l'Irlande que par des mesures radicales: expropriation des terres,
déportation de populations sont les pièces fortes d'un arsenal répressif qui équivaut à une
authentique «révocation agraire», selon l'expression d'Emmanuel Le Roy Ladurie.
La chute de l'Écosse
Les Écossais persistent dans leur lutte contre les Anglais, et le 3 septembre 1650 ces derniers
écrasent à Dunbar leurs remuants voisins, non sans entonner le psaume 117: «Louez l'Éternel,
vous toutes les nations.» La victoire ne sera cependant totale que le 3 septembre 1651, à
Worcester. Souhaitée par la monarchie, réalisée par la république, l'unification des îles
Britanniques s'accompagne d'un formidable tonus commercial. Un Acte de navigation
protectionniste d'octobre 1651 inquiète durablement les Hollandais. Ce sera la guerre de 1652
à 1654.
Le pays a besoin d'un pouvoir fort. Le 16 décembre 1653, Cromwell prête serment à
l'«Instrument de gouvernement», seule Constitution écrite de l'histoire insulaire. Le Lord
Protector est devenu respectable; il traite avec les rois. Sur le plan intérieur, renouant avec
l'usage monarchique, Cromwell convoque un premier Parlement du protectorat en 1654, puis
un second en 1656. Les relations entre le dictateur et l'Assemblée sont toujours très tendues.
Les parlementaires, sélectionnés avec soin, sont les défenseurs d'un ordre moral puritain,
souvent intransigeant, appliqué à traquer et à punir tous les déviants: blasphémateurs,
fornicateurs, personnes adultères sont les cibles toutes désignées d'un ordre moral, aussi
pointilleux qu'inefficace.
La révolution a vécu. Il ne reste plus d'autre espérance que spirituelle. À une première vague,
très sociale, de radicalisme réprimée par Cromwell succède dans les années 1650 un courant
inspiré, le mouvement quaker, adepte du tutoiement, de la non-violence et du non-paiement de
la dîme ecclésiastique. Des chrétiens sans pasteurs et sans sacrements qui, à l'idolâtrie du
pouvoir qu'on leur propose, ne répondent plus qu'en évoquant le Christ intérieur, enfoui dans le
cœur de chaque croyant.
Les Anglais, cependant, font des affaires. Ils concurrencent les Hollandais, s'en prennent à
l'Espagne – à laquelle ils ravissent en 1655 la Jamaïque. Mazarin se félicite. Une alliance
offensive avec la France est conclue en mars 1657. Cromwell décline la couronne quelques
semaines plus tard, mais accepte sa solennelle investiture. Tandis que les troupes franco-
anglaises célèbrent leurs victoires sur les Espagnols, le Lord Protector s'éteint en
septembre 1658. Son fils, Richard, lui succède.
L'Angleterre, donc, n'avait jamais été aussi divisée. Jacques II, comme Charles II avant lui,
tente d'imposer à ses peuples une politique d'indulgence. Le terme est à retenir, car il
correspond à la liberté de conscience garantie par l'arbitraire, ou du moins par ce bon plaisir du
roi perçu comme arbitraire par les contemporains outre-Manche. L'indulgence suppose une
exception juridique: la non-application d'une loi discriminatoire envers tous ceux, catholiques
ou protestants, qui ne se rallient pas à l'Église établie.
Jacques II, le 4 avril 1687, promeut une Déclaration d'indulgence, dans laquelle il avoue
benoîtement: premièrement, son attachement à la religion catholique («Nous souhaiterions que
tous nos sujets fussent membres de l'Église catholique»); deuxièmement, sa volonté d'en finir
avec les persécutions («Il ne faut pas contraindre les consciences»). Il s'agit, en fait, d'en
terminer avec le monopole ecclésiastique anglican. Même si l'Église d'Angleterre demeure la
seule établie, on ne peut plus être poursuivi pour ne pas avoir respecté ses rites. L'indulgence
est, littéralement, une mesure de bienveillance ou d'équanimité envers les non-conformistes. La
clémence d'Auguste reçoit un accueil mitigé: pendant un an, cependant, des messages d'espoir
affluent de l'ensemble du pays. Les presbytériens de la capitale adressent, dès le 29 avril, leurs
remerciements au roi qui «restaure l'empire de Dieu sur les consciences». La politique de
Jacques II finit cependant par échouer. Le 27 avril 1688, un an plus tard, le roi renouvelle sa
Déclaration, et le 4 mai il ordonne que le texte en soit lu dans toutes les paroisses du royaume.
Sept évêques, dont Sancroft, primat d'Angleterre, se dérobent à l'injonction. Jacques II
n'accepte pas leur insubordination: mis en accusation, les sept prélats sont acquittés fin mai. La
crosse et la mitre l'emporteraient-elles sur le sceptre et la couronne? Jacques II a échoué: une
mesure d'apaisement se transforme en son contraire. L'anticatholicisme est à son comble: au
milieu des toasts portés aux évêques anglicans, on brûle le pape en effigie.
La famille royale de Hanovre remonte à Welfe, comte en Souabe et en Bavière, mort en 825.
Un de ses descendants, Ernest-Auguste, duc de Brunswick-Lüneburg, devient Électeur de Hanovre
en 1692, puis roi d'Angleterre à la suite de son mariage avec la petite-fille de Jacques Ier Stuart; il
acquiert de ce fait des droits au trône britannique pour la maison des Hanovre. De 1714 à 1837, les
Hanovre régneront conjointement sur l'État de Hanovre et sur l'Angleterre; en 1837, à l'avènement de
la reine Victoria, les deux couronnes seront séparées, car les femmes ne peuvent pas régner sur le
Hanovre.
George Ier
Il est né à Hanovre en 1660. Électeur de Hanovre en 1698, il devient roi d'Angleterre en 1714 en
vertu de l'Acte d'établissement de 1701. Avant tout Hanovrien et Allemand – il ne parlait pas
l'anglais – il laissa les whigs, Stanhope d'abord, Walpole ensuite, gouverner le pays. Il meurt près de
Hanovre en 1727.
George II
Fils du précédent, il naît à Herrenhausen en 1683. Roi d'Angleterre en 1727, il abandonne le
gouvernement intérieur à la reine Caroline et aux ministres Walpole, Newcastle et Pitt. En fait, le
pouvoir appartient au Parlement, qui l'exerçe au moyen du Cabinet. Un vote de défiance des
Communes à l'égard du Cabinet et son remplacement par les chefs de parti qui l'avaient fait tomber
annonceront la naissance du régime parlementaire. George II est mort à Kensington en 1760.
George III
Fils du prince de Galles, Frédéric, qui mourra en 1751, il est né à Londres en 1738. Il devient roi
d'Angleterre à la mort de son grand-père George II, en 1760. Son long règne, un des plus importants
de l'histoire de l'Angleterre, a été marqué, à l'intérieur, par d'importantes mutations économiques,
sociales et religieuses et, à l'extérieur, par la guerre d'Amérique et les guerres contre la France
révolutionnaire et l'Empire napoléonien. George III est mort à Windsor en 1820.
George IV
Fils de George III, il est né à Londres en 1762. Il est régent en 1811, puis roi d'Angleterre en 1820.
Le gouvernement du Cabinet s'est accentué sous son règne, servi par de grands ministres:
Castlereagh, Canning, Peel, Wellington. George IV est mort à Windsor en 1830
Guillaume IV
Il est le frère de George IV. Né à Londres en 1765, devenu roi d'Angleterre en 1830, il laissera
s'accomplir de grandes réformes: réforme électorale (1832), abolition de l'esclavage (1833),
diminution de la journée de travail. Guillaume IV meurt à Windsor en 1837.
Victoria Ire
Petite-fille de George III, elle naît à Londres en 1819 et accède au trône à dix-huit ans, après la mort
de son oncle Guillaume IV; elle sera reine de Grande-Bretagne et d'Irlande de 1837 à 1901, et
impératrice des Indes à partir de 1876. Son règne fut le plus long de l'histoire d'Angleterre et
correspondit à l'apogée de la puissance du pays.
Malgré son inexpérience politique, la reine Victoria se montre dès le début respectueuse des règles
du régime parlementaire, mais s'efforce de toujours faire prévaloir ses vues, surtout en matière de
politique étrangère. Elle épouse en 1840 son cousin, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, qui est
pour elle un excellent conseiller. Par la conscience élevée qu'elle a de ses devoirs, elle confère à la
monarchie britannique un prestige qui va assurer la continuité de l'institution au XXe siècle, alors que
les bouleversements de l'histoire balaieront la plupart des trônes.
À partir de 1867, conservateurs et libéraux alternent régulièrement au pouvoir, avec deux grands
Premiers ministres: Gladstone et Disraeli. Si Victoria n'a pas de sympathie pour le premier, elle a
beaucoup d'affection pour le second, qui la fait proclamer impératrice des Indes.
La souveraine jouit jusqu'à la fin de son règne d'une immense popularité; après sa mort à Osborne,
dans l'île de Wight, en 1901, son fils Édouard VII lui succédera.
Déchue au Hanovre en 1866, la dynastie – qui prend le nom de Windsor en 1917 – règne toujours
sur la Grande-Bretagne.
La famille royale des Stuarts régna sur l'Écosse de 1371 à 1714, et, conjointement, sur l'Angleterre
de 1603 à 1714. Elle s'éteignit en 1788 à la mort, sans postérité, de Charles Édouard, dit le Jeune
Prétendant, petit-fils de Jacques II d'Angleterre.
C'est au XIIe siècle qu'un Fitzalain, noble d'origine normande, alla se mettre au service du roi
d'Écosse, dont il reçut le titre de stewart (sénéchal), qui allait devenir le patronyme de la famille
jusqu'en 1542. L'un des descendants de Fitzalain épousa, en 1315, la fille du roi d'Écosse Robert Ier
Bruce, et son fils devint roi en 1371; il fut le fondateur de la dynastie. À la mort sans enfant
d'Elizabeth Ire Tudor (1603), les Stuarts devinrent roi d'Angleterre en la personne de Jacques VI
d'Écosse (Jacques Ier d'Angleterre), car son arrière-grand-mère Margaret, épouse de Jacques IV
Stuart, était la fille de Henri VII Tudor.
Marie Stuart
Marie Ire Stuart (1542-1587), petite-fille de Jacques IV, était la fille de Marie de Guise et de
Jacques V. Née une semaine avant la mort de son père, elle régna sous la régence de sa mère, qui lui
fit épouser, en 1558, le dauphin de France, le futur François II; élevée à la cour des Valois, elle y
reçut une brillante éducation.
Les remariages
La mort de François II (1560) fit rentrer Marie en Écosse, qu'elle trouva en pleine effervescence
religieuse, le calviniste John Knox y faisant triompher le presbytérianisme. Marie, qui était restée
catholique, dut, dans ces conditions, montrer beaucoup de souplesse. Elle se remaria en 1565 avec
un Écossais, son cousin Henry Stuart, lord Darnley, mais ils se brouillèrent très vite, Marie refusant
à Darnley le partage du pouvoir. Ce dernier ayant fait assassiner le favori de la reine, l'Italien Rizzio
(1566), il fut à son tour assassiné l'année suivante par le nouveau favori, le comte de Bothwell, avec
qui Marie se remariait trois mois plus tard.
De l'abdication au billot
L'union avec le comte de Bothwell fit scandale chez les catholiques (le mariage avait été célébré
selon le rite protestant) et chez les protestants; une révolte de nobles eut raison de la reine, contrainte
d'abdiquer en faveur de son fils Jacques VI (1567). Marie alla chercher refuge auprès de la reine
d'Angleterre Elizabeth; mais celle-ci s'en méfiait en raison des droits de Marie à la couronne
anglaise et de l'agitation des catholiques, encore nombreux en Angleterre. Elizabeth la garda
prisonnière pendant dix-huit ans; toutes les tentatives pour la délivrer furent vouées à l'échec et, à la
suite d'un dernier complot, Marie fut jugée, condamnée à mort et exécutée à la hache.
Le problème catholique
La Conspiration des poudres (1605), tentative avortée des catholiques pour renverser le roi et le
Parlement, allait précipiter la répression contre les catholiques, dont l'influence ne cessa dès lors de
diminuer. C'est pourquoi la politique étrangère de Jacques Ier (non-intervention aux côtés des
protestants lors de la guerre de Trente Ans, mariage de son fils avec Henriette de France, recherche
de l'alliance espagnole) exaspéra la grande majorité des Anglais. Il ne sut pas non plus établir des
finances saines, augmentant au contraire fortement le déficit laissé par Elizabeth Ire. Vers la fin de sa
vie, il laissa gouverner Buckingham, dont l'incompétence politique était flagrante et qui apparut aux
yeux de l'Angleterre comme le symbole de l'arbitraire royal.
La succession
La cousine de Jacques, Arabella Stuart (1575-1615), avait des droits sur la couronne anglaise; son
mariage avec William Seymour (1610), descendant de Henri VII Tudor, les renforçait. Le roi la fit
emprisonner à la Tour de Londres où elle mourut folle.
La révolution allait éclater sous le règne du fils de Jacques Ier, Charles Ier, qui mourut sur l'échafaud.
Après un bref intermède républicain (1649-1660), Charles II, fils de Charles Ier, monta sur le trône
en 1660 et son frère Jacques II lui succéda en 1685.
La famille des Tudors, qui régna sur l'Angleterre de 1485 à 1603, était originaire du pays de
Galles. Du mariage d'Owen Tudor avec Catherine de Valois, la veuve du roi Henri V, naquit un
fils, Edmond Tudor, qui épousa Margaret Beaufort (Marguerite de Lancastre), descendante de
Jean de Gand, père du roi Henri IV.
Henri VII
La guerre des Deux-Roses
Dans la guerre des Deux-Roses, les Tudors avaient pris le parti des Lancastres, ce qui valut à
Owen Tudor d'être décapité en 1461 sur l'ordre du duc d'York. Le fils d'Edmond, Henri (1457-
1509), qui s'était réfugié en Bretagne, débarqua en 1485 au pays de Galles. Il leva une armée
avec laquelle il livra bataille au roi Richard III, qui fut tué au combat. Henri Tudor devint roi
en 1485 sous le nom de Henri VII et, par son mariage avec Élisabeth d'York, la fille
d'Édouard IV, il réconcilia les deux familles des Yorks et des Lancastres, fondant ainsi une
nouvelle dynastie.
L'accession au trône
Édouard VI mourut à seize ans et sa sœur, Marie Ire (1516-1558), fille de Henri VIII et de sa
première épouse Catherine d'Aragon, lui succéda. Élevée dans la religion catholique elle subit
dans sa jeunesse, de nombreuses humiliations, qui l'aigrirent considérablement. D'abord écartée
de la succession au trône par son père, elle ne fut rétablie dans ses droits qu'en 1546, mais
derrière son demi-frère Édouard. Pour monter sur le trône, elle dut éliminer une rivale
protestante, sa cousine Jeanne Grey, que soutenait le duc de Northumberland. Peu après, elle se
mariait avec le futur Philippe II d'Espagne.
«Marie la Sanglante»
Elle abolit l'Église anglicane, rétablit l'autorité du pape et des tribunaux ecclésiastiques qui
jugeaient de l'hérésie. Les persécutions contre les protestants furent rudes: plus de trois cents
bûchers s'allumèrent et Marie reçut le surnom de «Marie la Sanglante». Elle s'aliéna
définitivement ses sujets en 1558 quand, s'étant alliée à l'Espagne contre la France, l'Angleterre
perdit Calais, sa dernière possession sur le continent. Marie mourut peu après sans enfant et sa
sœur, Élisabeth, fille de Henri VIII et d'Anne Boleyn, lui succéda.
Élisabeth Ire (1603), qui fut sans doute le plus grand monarque anglais, mourut sans enfants. La
couronne passa aux Stuarts, descendants des Tudors par les femmes.
(Westminster, 1239 — Burgh by Sands, près de Carlisle, 1307). Roi d'Angleterre (1272-1307).
Fils de Henri III, il redressa avec énergie le pouvoir royal que la Grande Charte avait amoindri. Il
soumit le pays de Galles (1283), mais ne réussit pas à assujettir durablement l'Écosse. Il fut longtemps
en lutte contre le roi de France, Philippe le Bel, pour la défense de ses domaines aquitains.
Édouard III (Windsor, 1312 — Sheen, Richemond, 1377). Roi d'Angleterre (1327-1377).
Fils et successeur d'Édouard II, il se débarrassa, en 1330, de la tutelle de sa mère. Il fit valoir, en 1337,
ses droits à la couronne de France, déclenchant ainsi la guerre de Cent Ans. Il détruisit une partie de la
flotte française, puis vainquit les Français à Crécy (1346), à Calais (1347) et à Poitiers (1356). Le traité
de Brétigny (1360) lui donna, en échange de sa renonciation à la couronne de France, tout le sud-ouest
de ce pays. Mais, la fin de son long règne fut marquée par les revers subis devant Du Guesclin, par la
mort de son fils aîné, par des divisions internes et par la peste noire.
Édouard VI (Hampton Court, 1537 — Greenwich, 1553). Roi d'Angleterre et d'Irlande (1547-1553).
Fils de Henri VIII et de Jeanne Seymour, il régna sous la tutelle du duc de Somerset, puis sous celle du
duc de Northumberland. Son règne fut marqué par les progrès de la Réforme, qui prit en Angleterre une
coloration plus ou moins calviniste.
Édouard VII (Londres, 1841 — id., 1910). Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1901-1910).
Fils de la reine Victoria, écarté des affaires jusqu'à la mort de sa mère, il mena une vie oisive. Après son
accession au trône, il exerça une influence non négligeable en politique étrangère et favorisa,
notamment, la réalisation de l'Entente cordiale (1904).
Édouard VIII (Richmond, 1894 — Paris, 1972). Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1936).
Fils aîné de George V, à qui il succéda, il fut contraint d'abdiquer, l'année de son couronnement (1936),
devant l'opposition du gouvernement et de l'épiscopat à son projet de mariage avec une Américaine
divorcée, Mrs. Simpson. En 1937, il prit le titre de duc de Windsor, épousa Mrs Simpson et fut
remplacé sur le trône par son frère, George VI. Après son mariage, il effectua un voyage en Allemagne
où il fut reçu par Hitler. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis songèrent à lui offrir la
couronne de Grande-Bretagne, en cas de succès de l'invasion de l'île par l'armée allemande. Pour mettre
fin à ces manœuvres, Winston Churchill l'envoya aux Bahamas en tant que Gouverneur. Il y resta
jusqu'à la fin du conflit et se retira par la suite en France.