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Les défauts d’intégration chez Durkheim

A- LES PATHOLOGIES DES SOCIETES MODERNES (14 à 19


p 390-391).

Durkheim constate que le développement de la division du travail n’est


pas sans poser de problèmes même si ceux-ci ne doivent être que
transitoires puisqu’ils sont caractéristiques du passage de la solidarité
mécanique à la solidarité organique . En particulier , Durkheim constate , à
la fin du XIX° , un développement de tendances anomiques . Toute la
difficulté est que dans l’œuvre durkheimienne , on constate 2 définitions
différentes de l’anomie :

• la première se trouve dans son livre « La division du


travail social » : l’anomie y caractérise une situation où : «
la division du travail ne produit pas la solidarité car les
relations des organes ne sont pas réglementées , c’est-à-dire
que les organes entre lesquels le travail est divisé ne sont pas
suffisamment en contact ou bien que ce contact n’est pas
suffisamment prolongé pour produire les relations nécessaires
au bon fonctionnement des sociétés différenciées »
( Durkheim ) . On se rend compte ici que Durkheim s’interroge
sur les effets pervers engendrés par la division du travail , en
particulier sur la montée de l’individualisme .
• la seconde, dans son livre « Le suicide » , l’anomie
renvoie toujours aux défauts de règle sociale mais l’accent est
désormais placé sur le fait que les passions issues du
processus d’individuation ne sont plus contenues par les
règles morales et que les individus en pâtissent . L’individu
souffre alors du mal de l’infini que l’anomie apporte partout
avec elle .En effet , Durkheim constate que les passions
individuelles sont illimitées , qu ’elles ne connaissent pas de
bornes . L’individu risque donc d’émettre des désirs
irréalisables , qu’il ne pourra satisfaire . Ceci engendrera un
sentiment d’insatisfaction , une déception que Durkheim
compare à un abîme sans fond que rien ne saurait combler .
Ce sentiment est le signe de l’affaiblissement des capacités de
régulation de la société qui se produit à des époques où le
système moral en vigueur depuis des siècles est ébranlé , ne
répond plus aux conditions nouvelles de l’existence humaine ,
sans qu’un nouveau système se soit encore formé pour
remplacer celui qui est condamné . C’est ce qui caractérise
l’époque à laquelle vit Durkheim et en particulier la sphère
dans laquelle se développe la division du travail . Durkheim
écrit ainsi : « il y a une sphère de la vie sociale où l’anomie est
actuellement à l’état chronique ,c’est le monde du commerce
et de l’industrie »
L’augmentation des suicides est d’autant plus important à la fin du XIX°
siècle que la division du travail développe des tendances individualistes ,
favorisant ainsi le suicide égoïste : l’homme est d’autant plus exposé à se
tuer qu’il est plus détaché de toute collectivité , qu’il vit davantage en
égoïste . L’homme tient d’autant moins à lui qu’il ne tient qu’à lui .
Inversement , selon Durkheim , l’homme se tue d’autant moins qu’il a plus
à penser à autre chose qu’à lui-même , c’est-à-dire aux autres .Durkheim
peut donc établir une relation entre le taux de suicide et le repli sur soi de
l’individu c’est-à-dire le défaut d’intégration sociale .

B -LE DEFAUT D’INTEGRATION SOCIALE ET DE REGLES


COLLECTIVES .

R.Nisbet considère que l’objet du livre de la DTS est de démontrer que la


division du travail favorise l’intégration de l’individu à la société , sans que
le corps social ait besoin de recourir à la contrainte , comme cela était le
cas dans les sociétés caractérisées par la solidarité mécanique .

Une fois explicitées les conséquences bénéfiques de la division du travail ,


Durkheim se demande comment établir les bases de la cohésion sociale
afin que l’individualisme résultant de la division du travail n’entraîne pas
l’éclatement du corps social . La réponse se trouve dans la capacité que la
collectivité possède d’imposer des règles collectives qui sont à l’origine de
la cohésion sociale . Mais encore faut-il que ces règles reposent sur un
consensus Ceci conduit , une fois de plus , Durkheim à s’opposer aux
économistes libéraux quand il se penche sur la question de l’autorité , de
la réglementation et de la liberté .

• selon les libéraux , il faut mettre au premier plan la liberté et


limiter au maximum les règles collectives qui entraveraient
l’action , le libre arbitre des individus .
• Durkheim , au contraire , considère que le laisser-faire
conduirait à imposer la loi du plus fort . En effet ,
contrairement à ce qu’affirment les libéraux , la liberté n’est
pas naturelle : « elle est elle-même le produit d’une
réglementation . » Pour imposer cette réglementation , il est
nécessaire qu’une puissance morale respectable soit capable
de l’édicter aux individus . Or , « la seule personne morale qui
soit au-dessus des personnalités particulières est celle que
forme la collectivité . » Durkheim peut donc en conclure que
l’absence de solidarité entre les individus ne résulte pas de
l’imposition d’un trop grand nombre de règles mais au
contraire d’une absence ou d’une insuffisance de
réglementations qui peut déboucher sur un état d’anomie .
Toute la difficulté est alors de forger des règles qui repose sur le
consensus social . Dès lors que ce n’est plus le cas , les règles peuvent
faire plus de mal que de bien et même : « parfois ce sont ces règles
même qui sont la cause du mal » . Durkheim prend en particulier
l’exemple de l’opposition existant entre les classes sociales : l’organisation
de la société en classes est réglementée , mais ce n’est pas consensuel ;
les classes inférieures considérant qu’elles sont injustement maintenues
en bas de la hiérarchie sociale , elles aspirent à s’élever mais pour y
arriver , elles doivent remettre en cause le « rôle qui leur est dévolu par la
coutume ou par la loi » . Ceci donne lieu à la lutte des classes qui selon
Durkheim est une forme pathologique .

C - LES REMEDES PRECONISEES PAR DURKHEIM .

Durkheim envisage 2 types de remèdes principaux :

1- la solution corporative (19 p 391)

P.Steiner écrit : « Si les anciennes institutions ( Etat , religion , famille ) ne


peuvent plus jouer pleinement leur rôle socialisateur dans la société à
solidarité organique , il faut résolument se tourner vers la création de
nouvelles formes sociales . Dans cette perspective et à un moment où
l’organisation du monde industriel et ouvrier n’en est qu’à ses premiers
balbutiements , Durkheim propose de créer des groupements
professionnels ou corporations , ces groupes réunissant ouvriers et
patrons dans les différents branches du commerce et de l’industrie . »
Selon Durkheim, ces corporations présenteraient de nombreux
avantages :

- Elles sont adaptées à l’état de la société de la fin du XIX° qui voit


s’accroître considérablement la place tenue par l’activité économique,
alors que cette sphère d’activité se situe en dehors du cadre
d’intervention de l’Etat , de la religion et de la famille .

- Le groupement professionnel peut jouer un rôle intégrateur , car


presque toute la vie de l’individu est occupée par l’activité
professionnelle . L’action corporatiste se fait ainsi sentir sur tout le détail
des occupations des individus qui grâce à elle sont orientées dans un sens
collectif .

- le groupement professionnel , en organisant la vie économique ,


permettra de faire émerger un accord sur la répartition des richesses et
donc de faire apparaître : « cette loi de justice distributive si urgente » qui
rendra légitime la nouvelle structure hiérarchique qui s’est mise
progressivement en place au cours du XIX° . On mesure ici à quel point la
problématique durkheimienne est éloignée de celle de Marx . En effet ,
Marx considère que , structurellement , ce qui caractérise la société
capitaliste , c’est l’antagonisme de classes , qui ne disparaîtra qu’avec la
révolution et l’instauration d’un régime socialiste . Dès lors , selon les
marxistes , un régime corporatiste ne résout aucun problème . Au
contraire , Durkheim , pensant que l’opposition de classes résultant d’un
défaut de coopération peut préconiser comme solution le développement
de corporations professionnelles instituant des règles . Il faut néanmoins
être prudent et ne pas assimiler les corporations préconisées par
Durkheim avec celles développées par les Etats fascistes en Europe au
XX° ( Italie de Mussolini , Allemagne nazie, ... )

2 - le culte de l’individu , nouveau sacré ?

Durkheim constate que plus les sociétés deviennent volumineuses , moins


les traditions prescrivent les modalités de l’action humaine . « On
s’achemine ainsi peu à peu vers un état qui est presque atteint dès
maintenant et où les membres d’un même groupe social n’auront plus rien
de commun entre eux que leur qualité d’hommes , que les attributs
constitutifs de la personne humaine en général . ( ... ) . Dès lors , la
communion des esprits ne peut plus se faire sur des rites et des préjugés
définis , puisque rites et préjugés sont emportés par le cours des choses ,
par suite il ne reste plus rien que les hommes puissent aimer et honorer
en commun , si ce n’est l’homme lui-même . Voilà comment l’homme est
devenu un Dieu pour l’homme et pourquoi il ne peut plus sans se mentir à
soi-même se faire d’autres dieux . Et comme chacun de nous incarne
quelque chose de l’humanité , chaque conscience individuelle a en elle
quelque chose de divin et se trouve ainsi marquée d’un caractère qui la
rend sacré et inviolable aux autres . Tout l’individualisme est là et c’est là
ce qui en fait la doctrine nécessaire . ( ... ) Ainsi , l’individualiste qui
défend les droits de l’individu , défend du même coup les intérêts vitaux
de la société , car il empêche qu’on appauvrisse criminellement cette
dernière réserve d’idées et de sentiments collectifs qui sont l’âme même
de la nation . » ( Durkheim , « La science sociale et l’action » )
Conclusion : Durkheim considère donc que dans les sociétés
caractérisées par la société organique le seul dénominateur commun qui
demeure , qui lie les hommes est la qualité d’homme . Dès lors la
personne humaine devient sacrée ( on éprouve moins le besoin de recourir
à la religion ) car faire disparaître un homme c’est appauvrir l’ensemble de
la collectivité ( les sanctions les plus lourdes frappent désormais non plus
les blasphèmes à l’encontre de la religion comme au Moyen-Age , les
atteintes au droit de la propriété mais les atteintes à la personne
humaine ) .

CONCLUSION :

L’étude de la division du travail nous montre qu’un même sujet peut être
appréhendé de manière très différente par des auteurs qui peuvent arriver
à des conclusions contradictoires :

• les économistes libéraux ont une vision strictement


économique de la division du travail dont les effets idylliques
permettent de justifier l’absence de toute intervention sur la
société.
• Marx, tout en étant d’accord avec les classiques sur les
bienfaits de la division du travail du point de vue de l’efficacité
économique, remet en cause son application dans le cadre
d’un système capitaliste qu’il considère comme
fondamentalement injuste et donc condamné à terme.
• Durkheim occupe une position intermédiaire, il constate les
effets bénéfiques de la division du travail en ne se limitant pas
à la sphère matérielle mais en en montrant toute la
complexité sociale. En revanche, il se refuse à tout optimisme
béat (les libéraux ) ou à tout pessimisme hors de propos ( les
marxistes ) pour préconiser une politique de réforme sociale
renforçant la solidarité .

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