LES NOUVEAUX

CARNETS DE L´AITEC Novembre 2009

Sommaire

JEAN-PIERRE TROCHE (CO-PRESIDENT DE L´AITEC)

• Edito 1
Edito
• Territoires solidaires 2
Quatre raisons de faire évoluer le
• Ecologie et Solidarité 3
fonctionnement de l’AITEC (texte
internationale préparatoire au CA du 9 décembre):
• Organisation Mondiale du 9
Commerce 1 – La nécessité d’allier fortement
• Lobby Planet Paris 10
l’expertise «  critique du système  » à
• Les crédits carbone 12
une expertise visant la construction
• « Conférence sociale 12
d’alternatives.
conjointe » Ce n’est pas parce que la crise nous
• Groupe urbain 13
a donné raison qu’il faut abandonner
• L´Economie Sociale et 14
l’analyse critique du système, bien au
Solidaire contraire, l’enjeu est important compte
• La taxe sur les 14
tenu du contexte actuel marqué par la
transactions financières poursuite des réformes à caractère néo-
• Référendum sur le 16
libéral. Le «  business as usual  », après
service public postal quelques mesurettes pour amuser la ga-
• Création d’un collectif 16
lerie et faire payer à tous la faillite du ca-
national pour des États pitalisme financier, a repris. Par exemple,
généraux du service sur la question de la ville et du logement,
public il se prépare des échéances importantes
• Changeons les banques 16
dans les mois à venir qui doivent faire
• A voir, A lire 17
l’objet d’analyses renouvelées.
• En bref, Agenda 18
 2 - La nécessité de mieux répondre, et
de manière plus structurée, à la deman-
de d’expertise exprimée par les acteurs
du mouvement social.
L’AITEC a beaucoup fonctionné jusqu’ici,
au travers de ses chantiers mais aussi
de l’élaboration de ses publications, avec
l’appui de partenaires. Dans la période
actuelle, il serait peut être intéressant
de mieux distinguer :
- les chantiers et les thèmes où l’AITEC
organise une réflexion collective en pro-
pre et ceux pour lesquels l’AITEC cher-
che à être force de propositions ;
- et des chantiers que nous pouvons
mener en partenariat avec d’autres as-
sociations, syndicats ou acteurs du mou-
vement social.
Sur cette base, l’AITEC pourrait dévelop-
per une logique de « centre de ressour-
ces » pour mieux répondre aux sollicita-
tions des acteurs du mouvement social.
3 - La nécessité de mieux associer les
structures d’expertise au fonctionne-
ment de l’AITEC.
Dans la période actuelle, de nombreux
enjeux vont aussi se nouer dans les dé-
bats à mener au sein même du milieu
de l’expertise. De plus, on voit émer-
ger une demande forte des acteurs
des territoires (collectivités locales), de
l’économie sociale et du mouvement
syndical pour se faire appuyer par une
expertise militante et citoyenne. Cette
question doit être posée indépendam-
ment de la question d’une éventuelle
fusion formelle avec RESOL. Il s’agit de
pouvoir mieux associer les structures
d’expertises au fonctionnement actuel
de l’AITEC tout en répondant aussi aux
attentes de ces mêmes structures.
4 – La nécessité d’associer plus large-
ment les membres de l’AITEC à son fon-
ctionnement, faire travailler ensemble
les différentes génération de l’AITEC.
Cette question renvoie :
- à la collectivisation et au partage des
savoirs produits par l’expertise militante.
Il s’agit en particulier de créer un lieu
et un mode de transmission sous forme
d’initiatives de formation-action ;
- au rôle des permanents qui peut évolu-
er plus vers une fonction d’organisation,
2 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
de coordination et d’appui aux activités
mobilisant l’ensemble des membres de
l’AITEC.
- à l’organisation de CA thématiques  et
de CA donnant une vision transversale
des activités de l’AITEC.
Une fonction de centre ressources de
l’expertise militante et citoyenne que
nous développerons au cours de l’année
2010.
Territoires
DAVID ELOY (ALTERMONDES) ET SARAH VALIN
solidaires
Dans le cadre du programme « Ancrer la soli-
darité internationale dans les territoires fran-
ciliens  », l’AITEC a activement contribué au
hors-série de la revue Altermondes consacré
à l’implication des collectivités territoriales
en solidarité internationale, paru en amont
de la semaine de la solidarité internationale.
Extrait de l’édito de David Eloy et dernières
nouvelles du programme vous sont livrés ci-
après.
« La crise fait peser de graves inquiétudes sur
l’avenir du monde. Cette situation inédite en
appelle, plus que jamais, à repenser le fon-
ctionnement de nos sociétés. Parce qu’elles
sont en première ligne des changements
qui devront être mis en oeuvre, parce que
le monde résonne sur leur propre territoire,
les collectivités territoriales ont un rôle cen-
tral à jouer. Et elles ne se font pas prier pour
l’assumer.
En France, la coopération décentralisée im-
plique aujourd’hui plus de 3800 collectivités
qui interviennent dans 132 pays. Le budget
qu’elles consacrent à quelque 6500 projets
s’élève à 230 millions d’euros, quand l’aide
publique au développement française peine
à atteindre les 70 millions. Mieux, les coll-
ectivités s’organisent désormais pour peser
dans les affaires du monde : la Conférence de
Copenhague sur le changement climatique,
en décembre, en sera la preuve. Certes, la
réalité est contrastée, les succès peuvent
masquer certains échecs mais l’évolution est
notable.
L’engagement des collectivités sur le champ
international s’articule nécessairement avec
les politiques de développement qu’elles
mènent localement. Mais comment ancrer la
solidarité internationale dans les territoires ?
Quels outils mettre en œuvre ? Comment as-
socier les habitants et les associations à la
définition et à la mise en œuvre de politiques
locales qui, ici comme ailleurs, garantissent
le bien vivre ensemble ? Autant de réflexions
que doivent mener les collectivités. Autant
de nouvelles pratiques à inventer collective-
ment. Autant de sujets que nous aborderons
dans ce hors série conçu en partenariat avec
l’Association internationale de techniciens,
experts et chercheurs (AITEC) et Cités Unies
France (CUF) […] ».
Par ailleurs, l’AITEC poursuit son implication,
en partenariat avec CUF, dans ce programme :
intervention de Gus Massiah et de Nicolas Wit
(CUF) au Forum départemental des acteurs
de la solidarité et de la coopération interna-
tionales, qui s’est tenu le 13 novembre 2009
à Pantin  ; participation de l’AITEC aux réu-
nions de concertation sur le thème des So-
lidarités à Rosny-sous-Bois dans le cadre de
l’élaboration de l’Agenda 21 local.
Et à venir : pour finaliser la brochure, la pu-
blication de fiches thématiques qui viendront
s’insérer dans le 4-pages déjà publié « Soli-
darité internationale  : les collectivités terri-
toriales s’impliquent aux côtés des associa-
tions ».
Ecologie et Solidarité
GUSTAVE MASSIAH
internationale
25 octobre 20091
Le terme d’écologie, a subi en un peu plus
d’un siècle, un glissement fondamental qui l’a
conduit de la sphère biologique à la sphère
politique. Il apparaissait en 1866 comme une
manière de définir l’étude des milieux pour
les organismes vivants. Il est aujourd’hui un
outil de la pensée politique qui voudrait réin-
tégrer la nature, son évolution et les usages
que nous en faisons, dans la façon d’organiser
les sociétés. La dimension écologique s’est
affirmée comme un nouveau paradigme de la
transformation des sociétés. Elle est confron-
tée à d’autres dimensions : la justice sociale;
les droits et les libertés ; la géopolitique et la
solidarité internationale. L’articulation entre
ces dimensions caractérise l’écologie et qua-
lifie les réponses qui sont proposées en son
nom.
(retrouver l’intégralité du texte de Gus Mas-
siah sur le site de l’AITEC :
http://aitec.reseau-ipam.org/IMG/pdf/Ecolo-
gie_et_Solidarite_internationale.pdf)
L’écologie dans la crise globale :
Quelle place tient la crise écologique au sein
de la crise globale ?
La crise globale est une crise structurelle de
la mondialisation capitaliste dans sa pha-
se néolibérale. Elle se déploie dans quatre
dimensions  : économique et sociale  ; éco-
logique  ; géopolitique  ; politique et idéolo-
gique. La séquence actuelle, constituée par
une cascade de crises sociale, financière,
monétaire, immobilière, énergétique, ali-
mentaire, économique en est une déclinai-
son en situation. Plusieurs questions déter-
minent l’évolution de la situation à l’échelle
mondiale et marquent les différents niveaux
de la transformation sociale (mondiale, par
grandes régions, nationale et locale). Parmi
ces questions, soulignons la crise du néolibé-
ralisme et la crise géopolitique avec la fin de
l’hégémonie des Etats-Unis.
1 Merci à Julien Lusson et Elise Massiah pour leur relecture et leurs cor-
rections
LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 3
Le rôle central de la dimension écolo-
gique dans la crise globale.
L’élément le plus déterminant est la crise éco-
logique mondiale qui est devenue patente. Il
s’agit autant de l’aggravation de la crise éco-
logique que de la prise de conscience de cette
dimension et des dangers pour l’écosystème
planétaire. L’écologie fonctionne comme un
paradigme nouveau qui introduit de nou-
veaux aiguillages dans la manière de penser
le monde. Ainsi, chacune des dimensions de
la crise doit être appréciée dans son rapport
à l’écologie. L’écologie interdit d’envisager
une issue à la crise économique et sociale qui
reprendrait le modèle dominant de la crois-
sance et du productivisme. L’écologie redes-
sine les équilibres géopolitiques déjà confron-
tés au rééquilibrage économique introduit par
les pays émergents; elle définit les nouveaux
enjeux mondiaux dans la crise climatique
et l’accès aux ressources naturelles. On re-
trouve directement à ce niveau les questions
mises à jour par la Conférence de Copenha-
gue : comment réduire les émissions de gaz
à effet de serre ? Quelles conséquences sur
le niveau et la nature de la croissance ? Com-
ment répartir les réductions entre les pays ?
Comment financer cette réduction ?
La réciproque est aussi vraie. La compréhen-
sion de l’écologie dans le contexte actuel ne
peut être envisagée en dehors des autres di-
mensions de la crise. C’est ce qui caracté-
rise la différence entre les réponses écolo-
giques. Ainsi, la relation avec la dimension
économique et sociale de la crise induit la
nécessité de prendre en compte les inéga-
lités écologiques et les inégalités sociales  ;
de lier écologie et social. Il faut reconnaître
que la crise écologique est une crise sociale.
Une transformation écologique des sociétés
est inenvisageable sans une forte redistribu-
tion sociale et il est illusoire de penser que
la transition pourrait être payée par les pau-
vres et avec leur accord. Ainsi, la relation
avec la crise politique et écologique induit la
nécessité de prendre en compte les insécu-
rités croissantes, les dérives autoritaires, la
remise en cause des droits fondamentaux et
des droits environnementaux ; de lier écolo-
gie et libertés. Ainsi, la relation avec la crise
géopolitique induit la nécessité de prendre en
compte les risques de conflits et de guerres
et les inégalités entre les pays ; de lier écolo-
gie et solidarité internationale.
4 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
Les premières caractérisations, et différenci-
ations, des réponses et des politiques écolo-
giques se définissent dans la manière de lier
écologie et social, écologie et libertés, écolo-
gie et solidarité internationale.
Dans chacune des crises particulières qui
marquent les déclinaisons de la crise globale,
les implications de l’écologie sont considéra-
bles. Ainsi des crises financières, boursières,
économiques, de l’emploi, énergétique, cli-
matique, immobilières, etc. La liaison en-
tre ces crises a déjà ses répercussions.
L’approfondissement des inégalités et des
discriminations, dans chaque société et en-
tre les pays, atteint un niveau critique et se
répercute sur l’intensification des conflits et
des guerres et sur la crise des valeurs. Les
institutions responsables de la régulation du
système international ont perdu leur légitimi-
té. Une des tâches des mouvements écolo-
gistes, en liaison avec les autres mouvements,
et particulièrement avec le mouvement de
solidarité internationale, consiste à identi-
fier pour chacune de ces crises particulières
le rôle de l’écologie dans sa genèse et son
approfondissement, et d’analyser les consé-
quences de chacune de ces crises sur les ré-
ponses écologiques à la crise globale.
La prise de conscience de la crise clima-
tique.
La crise climatique occupe aujourd’hui une
place particulière, tant par ses conséquences
et son urgence que par l’importance de la
prise de conscience des enjeux. Cette prise
de conscience a dépassé les instances et les
milieux avisés pour gagner l’opinion publique
et peser sur les gouvernements. Elle accroît
la tendance de certaines associations à pri-
vilégier les actions de lobbying, d’expertise,
de plaidoyer et d’influence sur les gouverne-
ments. Cette action ne manque pas d’intérêt
et peut donner des résultats à court ou
moyen terme. Mais elle a aussi ses dangers.
Le lobbying et l’influence jouent dans les deux
sens et peuvent renforcer, au nom du réalis-
me, la tendance aux compromis majeurs. La
confiance dans la volonté des gouvernements
à changer les choses, parfois contre leurs in-
térêts a des limites. Dans la durée, seule la
mobilisation et la détermination des mouve-
ments, leur capacité à lier les propositions
aux résistances, peut conduire à modifier du-
rablement les politiques.
La crise climatique n’est pas la seule dimen-
sion de la crise écologique, même si elle est
aujourd’hui première. Les autres questions
conservent leur importance et leur urgence.
Elles ouvrent des champs de réflexions et
nécessitent des décisions. Il en est ainsi de
l’eau, de l’air, des sols, de l’énergie, des res-
sources naturelles, des matières premières,
de la biodiversité, du nucléaire, des déchets,
des pollutions urbaines, des risques industri-
els, etc. Chacune de ces questions est liée à
la crise climatique, et la crise climatique mo-
difie les réponses à y apporter. A l’inverse,
les propositions spécifiques ne sont pas com-
plètement déterminées et subordonnées aux
réponses à la crise climatique. L’articulation
des réponses de chaque dimension spécifique
avec la crise climatique permet de compléter
et d’enrichir la stratégie proposée pour en
faire une réponse écologique globale.
L’écologie confrontée aux dangers et aux
opportunités de la crise.
L’urgence est de faire face aux dangers de la
crise. Le premier danger concerne la pauvre-
té. Les sorties de crise habituelle consistent
à faire payer la crise aux pauvres, et d’abord
aux discriminés et aux colonisés. Le deuxième
danger concerne la restriction des libertés et
de la démocratie. Des politiques de sortie
de crise fondées sur des orientations antiso-
ciales s’appuient en général sur les mesures
de répression, de criminalisation des mouve-
ments sociaux, de pénalisation de la solidari-
té. Cette évolution peut aller dans certaines
régions vers des régimes autoritaires et ré-
pressifs. Le troisième danger cible des pays
qui seront marginalisés et ruinés. Les risques
de guerre sont aussi une issue classique des
grandes crises. Les formes de guerre ont
changé avec la militarisation des sociétés,
l’apartheid global, la guerre des forts con-
tre les faibles, la banalisation de la torture.
Chacun de ces dangers a ses conséquences
sur les questions écologiques et correspond à
des politiques écologistes spécifiques. Ainsi,
les inégalités permettent de maintenir un ni-
veau de consommation pour les plus riches.
De même que la déstabilisation garantit aux
pays riches l’accès aux ressources naturelles.
La restriction des libertés peut prendre pour
prétexte l’urgence écologique.
La perspective est d’approfondir les opportu-
nités ouvertes par la crise. Elles peuvent être
identifiées à partir de l’analyse des impasses
de la période néolibérale, des échecs du so-
viétisme, des limites du keynésianisme des
« trente glorieuses », de la crise de la décolo-
nisation. Retenons six opportunités ouvertes
par la crise.  D’abord, la défaite idéologique
du néolibéralisme favorise la montée en
puissance de la régulation publique. Ensuite,
la redistribution des richesses et le retour du
marché intérieur redonnent une possibilité de
stabilisation et de garantie des revenus et de
la protection sociale, de redéploiement des
services publics. De même, l’urgence éco-
logique nécessite une mutation du mode de
développement social. Dans le même sens,
la crise du modèle politique de représenta-
tion renforce la nécessité de la démocratie
sociale et de la démocratie participative et
une nouvelle réflexion sur les pouvoirs. De
plus, le rééquilibrage ente le Nord et le Sud
ouvre une nouvelle phase de la décolonisa-
tion et une nouvelle géopolitique du monde.
Il s’accompagne d’une nouvelle urbanisati-
on et des migrations qui sont les nouvelles
formes du peuplement de la planète. Enfin un
système de régulation mondiale permettant
de penser et de réguler la transformation so-
ciale à l’échelle de la planète et ouvrant la
perspective d’une citoyenneté mondiale. Le
mouvement altermondialiste est porteur de
ces opportunités.
LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 5
Les opportunités n’offrent pas de solution tou-
te faite ; elles ouvrent la possibilité d’avenirs
différents. La dimension écologique est au
cœur de ces opportunités. Elle sert à quali-
fier la cohérence des sorties possibles ; elle
y trouve aussi son sens. Elle s’inscrit dans
les horizons à venir et modifie leur percep-
tion. A court terme, il s’agit de répondre aux
dangers ; l’urgence climatique oblige à pen-
ser les dangers par rapport au long terme. A
moyen terme, les politiques économiques et
sociales ne peuvent être réservées aux ques-
tions économiques. A long terme, la défini-
tion des alternatives trouve avec l’impératif
écologique de nouvelles perspectives. Les
variables écologiques, la consommation du-
rable, le capitalisme vert, les industries ver-
tes, l’investissement vert, l’emploi vert ne
sont pas seulement des conséquences des
choix politiques, ils sont aussi à la source de
certains de ces choix. Pour autant, aucune de
ces variables ne conduit à des orientations
complètement définies, elles deviennent aus-
si des variables d’ajustement et de décision
dans la définition des différentes issues pos-
sibles à la crise.
L’écologie dans les issues stratégiques
à la crise
Les issues à la crise ne sont pas prédéter-
minées. Le débat sur les orientations stra-
tégiques s’organise autour de trois pôles.
Ces trois pôles que nous proposons de rete-
nir sont celui d’un Green New-Deal, celui du
mouvement syndical international et celui du
mouvement altermondialiste2.
Nous laissons de côté les propositions du G20
surtout préoccupées par des considérations
tactiques et attentistes. Elles ne critiquent
d’aucune manière les politiques économiques
imposées, fièrement revendiquées et tou-
jours marquées du sceau du néolibéralisme.
Or, il ne fait aucun doute que les discours sur
la sortie imminente de crise seront bientôt
infirmés. La reprise boursière cache mal la
crise économique et le chômage. Le temps
des crises structurelles est long. On peut se
rappeler qu’en 1929, après la crise ouverte et
la Grande dépression de 1930, c’est en 1933
que le programme du New-Deal a été défini
et adopté. Et qu’il a fallu attendre 1945 pour
qu’il soit appliqué, après une guerre mondi-
ale.
2 Julien Lusson et Gustave Massiah. Les issues stratégiques de la crise. Mai
2009 http://www.france.attac.org/spip.php?article9972
3 Les «  Recommandations de la Commission d’experts au président de
6 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
Le Green New-Deal, une refondation du
système international.
Le pôle d’un Green New Deal est organisé
autour des instances les plus ouvertes des
Nations unies. Les recommandations de la
Commission Stiglitz s’y inscrivent (« Recom-
mandations de la Commission d’experts au
président de l’Assemblée générale des Na-
tions unies sur la réforme du système mo-
nétaire et financier international » -19 mars
2009-3) et sont confortées par deux rapports
du système des Nations unies : celui de l’OIT
qui propose un plan mondial pour l’emploi
(«  Tendances mondiales de l’emploi  » (jan-
vier 2009)4) et celui de la CNUCED qui propo-
se une réforme du commerce mondial et des
politiques de développement («  The global
economic crisis: Systemic Failures and Multi-
lateral Remedies » -19 mars 2009-5).
Ces trois documents sont porteurs d’un pro-
gramme réformateur de l’économie mondi-
ale. Leur approche, qualifiée de Green New
Deal, préconise une régulation publique qui
s’inspire de l’esprit originel de Bretton Woods
et qui reprend à son compte quelques-uns
des paradigmes keynésiens adaptés à une
économie ouverte plutôt qu’à une régulation
nationale, et à la prise de conscience des li-
mites écologiques. Le rapport de l’OIT met
l’accent sur la lutte contre le chômage, dont il
prévoit une explosion. Il préconise l’extension
des systèmes d’assurance et d’indemnisation
des chômeurs, la promotion du travail décent
pour lutter contre la précarité, des investis-
sements publics dans les infrastructures et
le logement ainsi que dans les emplois ver-
ts (voir son rapport «  Emplois verts  : Pour
un travail décent dans un monde durable, à
faibles émissions de carbone  » -septembre
20086).
Le mouvement syndical international, la situ-
ation des producteurs salariés et paysans.
Le mouvement syndical insiste sur la né-
cessité d’en finir avec le modèle néolibéral.
Il considère qu’une réponse radicale par les
gouvernements est nécessaire. Ses recom-
mandations sont énoncées dans la «  Décla-
ration syndicale internationale pour le Som-
met de Londres » (26 mars 2009)7, laquelle
complète une réflexion engagée depuis plu-
sieurs mois par le TUAC sur la réglementa-
tion financière (voir notamment «  Retour à
l’Assemblée générale des Nations unies sur la réforme du système mo-
nétaire et financier international » (19 mars 2009) peuvent être consultées
à l’adresse  : http://www.un.org/ga/president/63/letters/recommendati-
onExperts200309.pdf
la réglementation suite à la crise financière
mondiale. Document d’orientation » -novem-
bre 2008-8).
Le mouvement syndical inscrit ses revendi-
cations de court et moyen terme dans une
perspective explicite de développement du-
rable. Il s’agit de travailler non seulement
à enrayer la crise au plus vite, mais aussi
à organiser une économie mondiale «  ver-
die », plus juste et plus soutenable pour les
générations futures. Il préconise un plan in-
ternational de relance et de croissance dura-
ble coordonné, qui recoupe, en les précisant,
une partie des propositions du plan de l’OIT
et articule très court et moyen termes  : in-
vestissements massifs pour l’emploi dans le
développement d’infrastructures stimulant la
croissance de la demande et la productivité
de moyen terme ainsi que dans le soutien aux
bas revenus, politiques actives du marché du
travail, développement des filets de sécurité
sociale, investissement dans une « économie
verte  » visant une croissance à faible émis-
sion de carbone, développement de l’accès
aux ressources et renforcement des marges
de manœuvre politiques permettant aux éco-
nomies émergentes et en développement de
poursuivre des stratégies anti-cycliques.
Le mouvement paysan inscrit aussi ses re-
vendications dans le court et moyen terme.
A titre d’illustration, dans sa « Déclaration de
Maputo  »9, le mouvement paysan internati-
onal Via Campesina affirme la convergence
de plusieurs crises : alimentaire, climatique,
énergétique et financière, qui trouvent leurs
origine commune dans la dérégulation éco-
nomique. Il prône la souveraineté alimentaire
comme l’une des réponses essentielles à ces
quatre crises. Basée notamment sur la pro-
motion de circuits locaux de production et de
consommation (qui permet de lutter contre
l’émission des gaz à effets de serre générée par
le transport des aliments sur grande distance
et l’agriculture industrialisée), et la lutte pour
la terre, la souveraineté alimentaire se fonde
sur « le changement de modèle productif vers
une production agro-écologique et durable,
sans pesticides et sans OGM et fondée sur
les connaissances paysannes et indigènes.
4 Les recommandations de l’OIT, inscrites dans son rapport «  Tendances
mondiales de l’emploi » (janvier 2009) peuvent être consultées à l’adresse :
http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/docu-
ments/publication/wcms_103280.pdf
5 Les recommandations de la CNUCED «  The global economic crisis: Sy-
stemic Failures and Multilateral Remedies  »(19 mars 2009) peuvent être
consultées, en anglais, à l’adresse  : http://www.unctad.org/en/docs/
gds20091_en.pdf (Résumé en français : http://www.unctad.org/fr/docs/
gds20091overview_fr.pdf.
6 « Emplois verts : Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles
émissions de carbone  », (septembre 2008) - http://www.ilo.org/wcmsp5/
groups/public/---dgreports/---dcomm/---webdev/documents/publication/
wcms_098488.pdf
Comme principe général, la souveraineté ali-
mentaire se construit à partir de nos expéri-
ences concrètes au plan local, c’est-à-dire du
local au national  ». Ces revendications pay-
sannes réinterrogent utilement le lien entre
les différentes crises actuelles, entre agricul-
ture et industrie, salariat industriel et petites
producteurs, ancrage d’alternatives locales et
exigences mondiales. On retrouve là un point
de la réflexion du syndicalisme international
par rapport aux enjeux climatiques et écolo-
giques. Les positions du mouvement syndical
de salariés et des mouvements paysans ou-
vrent les perspectives d’une alliance fonda-
mentale, celle des producteurs.
Le pôle altermondialiste, des pistes al-
ternatives au système dominant.
Il regroupe ceux qui considèrent que la ré-
gulation n’est pas une réponse suffisante à
la crise. Il est formé par ceux qui estiment
qu’une réponse radicale à la crise nécessite
une rupture avec le système dominant, le ca-
pitalisme, et qui inscrivent leur action dans
la durée, ce qui influe sur les actions à court
terme à mener d’urgence. Comme les deux
autres pôles du débat, il ne s’agit pas d’un
bloc homogène mais d’une situation dans le
débat stratégique qui recouvre des positions
et des appréciations différentes sur les op-
portunités et sur les alliances.
Il est porté par les mouvements sociaux et
citoyens, associations, syndicats et réseaux
dont plus de 300 ont signé au Forum Social
Mondial des propositions que l’on trouve-
ra dans la Déclaration de Bélem du 1er fé-
vrier 2009 « Pour un nouveau système éco-
nomique et social. Mettons la finance à sa
place  !  »10, déclaration que plusieurs ATTAC
du monde ont approfondie dans le «  Docu-
ment de référence. Pour un nouveau modèle
économique et social. Mettons la finance à
sa place » (26 mars 2009)11. Il est aussi por-
té par plusieurs mouvements qui ont rédigé,
également à Belem, le 1er février 2009, des
déclarations sur plusieurs questions, notam-
ment la déclaration de l’Assemblée des mou-
vements sociaux, la déclaration des peuples
indigènes, la déclaration des femmes, la dé-
claration pour les droits des migrants12.
7 « Déclaration syndicale internationale pour le Sommet de Londres » (26
mars 2009) http://www.tuac.org/en/public/e-docs/00/00/04/58/docu-
ment_doc.phtml
8 « Retour à la réglementation suite à la crise financière mondiale. Docu-
ment d’orientation », (novembre 2008) - http://www.tuac.org/en/public/e-
docs/00/00/03/91/document_doc.phtml
9 « Déclaration de Maputo : Vème Conférence internationale de la Via Cam-
pesina », Maputo, Mozambique, 19-22 octobre 2008 : http://www.viacam-
pesina.org/main_fr/index.php?option=com_content&task=view&id=333&I
temid=1. Cette déclaration est complétée par une « Lettre de Maputo. Ag-
riculture paysanne et souveraineté alimentaire face à la crise mondiale » :
http://www.viacampesina.org/main_fr/index.php?option=com_content&ta
sk=view&id=334&Itemid=1
LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 7
Les propositions discutées à Bélem esquis-
sent des alternatives qui doivent être avan-
cées dès maintenant. Celles de la première
déclaration concernent le rôle prédominant à
attribuer aux Nations unies dans la réglemen-
tation du système international, la socialisa-
tion du système bancaire, le contrôle strict
des mouvements de capitaux, l’évolution des
formes de propriété, la nécessité de lier les
revenus au travail. Elles rejoignent la commis-
sion Stiglitz et le pôle syndical international
sur la création de monnaie de réserve régio-
nale. Mais elles dessinent une perspective de
démocratisation radicale de l’économie. Elles
restent pour autant évasives sur les formes
de l’implication citoyenne et civile dans la
régulation et sur les implications radicales
d’une prise en compte des contraintes écolo-
giques. Mais elles se prolongent dans les dis-
cussions actuelles qui explorent une démar-
che radicalement alternative, celle de «  la
prospérité sans la croissance » (Sustainable
Development Commission UK, «  Prosperity
without growth ? The transition to a sustaina-
ble economy » -30 mars 2009-13). Le carac-
tère institutionnel de cette dernière réflexion,
très avancée dans la mise en discussion du
rapport entre croissance, développement et
contraintes écologiques, en renforce considé-
rablement la légitimité, dans la mesure où
elle démontre la progression des propositions
défendues par les sociétés civiles et les mou-
vements sociaux, écologistes et citoyens. Elle
ouvre la réflexion sur le concept de prospéri-
té, met en cause le consumérisme et insiste
sur la nécessaire prise en compte des limites
écologiques en amont des choix de politiques
économiques.
10 « Pour un nouveau système économique et social. Mettons la finance à
sa place ! » http://www.choike.org/campaigns/camp.php?5
11 « Document de référence. Pour un nouveau modèle économique et so-
cial. Mettons la finance à sa place  » (26 mars 2009) http://www.france.
attac.org/spip.php?article9786
12 On trouvera l’ensemble des déclarations, la déclaration de l’Assemblée
des mouvements sociaux, la déclaration des peuples indigènes, la déclara-
tion des femmes, celle pour les droits des migrants en français sur le site
OpenFSM à l’adresse :
http://openfsm.net/projects/facili-tation-de-fsl/les-assemblees-de-l-eve-
8 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
La Conférence de Copenhague soulève des
questions déterminantes. Au-delà, l’enjeu
de l’issue de la crise, pour le 21ème siè-
cle, c’est la définition d’un nouveau projet
d’émancipation. Après le projet national et la
souveraineté populaire des Lumières, après
le projet de libération sociale du communis-
me, il faut définir un projet qui associe la li-
bération sociale et la question écologique, à
une pensée des libertés et à l’impératif de la
paix. Le mouvement altermondialiste se pré-
sente comme un prolongement et un renou-
vellement des trois mouvements historiques
précédents : le mouvement de la décolonisa-
tion  ; le mouvement des luttes ouvrières et
sociales  ; le mouvement des luttes pour la
démocratie et les libertés à partir des années
1960-70. La prise en charge du paradigme
écologique introduit là une rupture par rap-
port aux séquences précédentes ; il contraint
à innover. Il ne s’agit pas de remplacer un
modèle unique par un autre modèle unique.
Il s’agit de changer les comportements indi-
viduels et collectifs. La solidarité, dans ses
différentes conceptions, est le fondement des
valeurs de référence  : solidarité écologique,
solidarité sociale, solidarité politique, solida-
rité internationale.
Le climat dans la tourmente des
marchés
Quelaues jours avant Copenhague et la
conférence ministérielle de l´OMC, At-
tac France publie un rapport montrant
l‘ampleur des risques écologiques, so-
ciaux, politiques qu´impliquent les ré-
ponses par le marché.
Attac propose des pistes alternatives
fondées la coopération et la solidarité. Le
financement de la lutte contre le chan-
gement climatique doit être construit sur
une fiscalité globale et doit être pris en
charge par les Nations unies.
Rapport Copenhague : http://www.
france.attac.org/spip.php?article10514
nement-fsm-de-belem. La Déclaration de l’Assemblée des mouvements so-
ciaux « Nous ne payerons pas la crise ! Que les riches la paient ! Pour des
alternatives anti-impérialistes, anti-capitalistes, féministes, écologistes et
socialistes ! » est également disponible en plusieurs langues sur le site du
CADTM, cf. pour la version française, à l’adresse : http://www.cadtm.org/
spip.php?article4079.
13 «  Prosperity without growth  ? The transition to a sustainable econo-
my  », 30 mars 2009 - http://www.sd-commission.org.uk/publications.
php?id=914
 Organisation Mondiale du Com-
merce :
UNE BREVE
La 7ème Ministérielle de l‘OMC s‘est tenue à
Genève du lundi 30 novembre au mercredi 02
décembre. Il ne s‘agissait pas d‘une ministé-
rielle de négociation - sans doute par crain-
te d‘une nouvelle mise en échec de l‘agenda
du cycle de Doha- mais d‘une ministérielle
d‘étape, le directeur général de l‘OMC Pascal
Lamy souhaitant conclure le cycle de Doha
d‘ici fin 2010. Ce RDV à Genève, après les
échecs de ces dernières années, s‘inscrit
dans un contexte de crise mondiale et de ral-
entissement des échanges internationaux. La
ministérielle s‘est également déroulée à quel-
ques jours des négociations sur le climat à
Copenhague, alors que les enjeux sur les bi-
ens et services environnementaux ou encore
les droits de propriété intellectuelle se font de
plus en plus importants dans les négociations
commerciales.
A cette occasion des mouvements citoyens
du monde entier se sont mobilisés. La ma-
nifestation internationale du 28 novembre
a rassemblé plusieurs milliers de personnes
dans les rues de Genève.
Lors de la conférence de presse du réseau
mondial „Our world is not for sale / Notre
Monde n‘est pas à vendre“, des représentants
de tous les continents ont rappelé les impacts
de la libéralisation du commerce international
sur l‘accès aux droits pour tou-te-s au Sud
et au Nord, en insistant sur le fait qu‘il ne
s‘agissait pas d‘un conflit Nord-Sud mais bien
d‘un enjeu global, incluant une mise en con-
currence entre Etats du Sud (impact des im-
portations de sucre brésilien sur les paysans
en Inde par exemple) aussi bien qu‘entre
Etats du Nord (plaintes des Etats-Unis contre
l‘Union Européenne...).
Ces représentants de mouvements sociaux et
citoyens ont également insisté sur les con-
tradictions face auxquelles l‘OMC se trouve
avec le cycle de Doha : plus grande libéralisa-
tion des services financiers via le GATS alors
que les Etats du G20 poussent pour une plus
grande régulation du secteur financier, libé-
ralisation du secteur de l‘énergie vs négocia-
tions sur le climat...
10 ans après la bataille de Seattle, les mo-
bilisations citoyennes ont permis depuis lors
de bloquer l‘extension des négociations à de
nouveaux domaines. Les objectifs restent ce-
pendant inchangés à l‘OMC, alors que le mo-
dèle économique promu continue d‘accentuer
la précarité au Sud comme au Nord, à pro-
mouvoir une gestion non durable des res-
sources naturelles...
Une caravane pour « changer le système,
pas le climat ! » :
La Confédération Paysanne, l‘AITEC et Attac
France accueillent une délégation d‘une tren-
taine de partenaires du Sud les 4 et 5 dé-
cembre prochains à Paris, avec le soutien du
collectif Urgence climatique justice sociale.
Cette délégation partira de Genève le 2 dé-
cembre au lendemain de la Conférence mini-
stérielle de l´OMC, pour rallier Copenhague
le 7 décembre et participer au Sommet des
Nations unies sur le changement climatique.
Deux routes sont prévues pour cette cara-
vane : l‘une par l‘ouest, via Dijon, Paris, Lil-
le et Bruxelles, l‘autre par l‘est, via Berlin.
La délégation regroupe des représen-
tants d‘associations environnementales,
d‘organisations paysannes, de groupe-
ments indigènes, d‘associations de femmes,
des acteurs de luttes locales face aux im-
pacts de l´activité des multinationales (in-
dustries extractives en particulier) venant
d´Afrique, d´Amérique latine, d´Asie et
d‘Océanie. Ils seront accompagnés d‘une
dizaine de représentants d´organisations
européennes et nord-américaines.
Cette caravane entend sensibiliser tout au
long de son parcours sur l‘importance des
liens existant entre les négociations commer-
ciales et climatiques et les impacts directs de
celles-ci sur leurs modes de vie. Elle souhaite
exprimer ses préoccupations concernant le
respect des droits sociaux et environnemen-
taux des populations du Sud et
LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 9
 l‘inadéquation des réponses basées sur
le marché et les solutions techniques
(systèmes de crédits d‘émissions, OGM,
agro-carburants, puits carbone...)
pour répondre à la crise écologique.
Ces acteurs des mouvements sociaux
et citoyens du Sud souhaitent lors de
leur étape parisienne rencontrer élus,
responsables politiques, medias et so-
ciété civile afin de partager et promou-
voir leurs analyses et propositions, afin
également de mieux comprendre les po-
sitions des acteurs français et chercher
des voies de collaboration possibles.
La caravane arrivera à Paris le 4 décem-
bre aux alentours de 11h30. Elle parti-
cipera à une conférence de presse puis
rencontrera différents groupes politiques
au Sénat lors de deux tables rondes,
l’une sur l’alimentation et l’autre sur les
négociations climatiques.
Le samedi 5 décembre les participants
prendront part à différentes initiatives:
• 12h : Participation aux mobilisations
Ultimatum Climatique et Urgence clima-
tiaue / Justice sociale
• 14h30 : Participation aux mobilisations
des chômeurs
• 18h et après : Rencontre avec les
associations du collectif Urgence cli-
matique Justice sociale sur le thème
Migrations et changements clima-
tiques, rue Baudelique 75018 Pa-
ris. Débat, repas et soirée musicale.
Agenda des mobilisations sur les sites :
http://climatjustice.org/ et http://www.
pourdesdroitsnouveaux.org/
Pour plus d’informations 
Contact: Hélène Cabioc´h
helene.aitec@reseau-ipam.org
Site officiel de la caravane :
http://www.climatecaravan.org/
A l’appel du Collectif Droits Nouveaux
(regroupant plus de 15 organisations
de chômeurs, précaires, et syndicales)
et des Etats Généraux du Chômage et
de la précarité qui ont eu lieu en mai
2009, des collectifs se mobilisent à
travers la France de fin octobre au 5
décembre, point culminant des mobi-
lisations.
10 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
Lobby Planet Paris :
GILDAS JOSSEC ET MIKAEL CABON
Ces mains invisibles qui
guident les politiques
Parmi tous les guides touristiques existants
sur Paris, il en manquait un: celui du lobby-
ing. Inspiré du fameux guide de voyage, Lob-
by Planet Paris met un coup de projecteur sur
la „main invisible“ du marché qui contraint la
décision politique à l’abri du contrôle démo-
cratique.
Lobby Planet Paris propose un aperçu pra-
tique, ludique et documenté de l’influence
des grandes entreprises sur les décisions po-
litiques.
A travers 52 adresses et 5 exemples théma-
tiques, vous apprendrez les moyens utilisés
par les entreprises pour préserver ou agran-
dir leurs marchés ou faire taire leurs dé-
tracteurs…
Vous connaîtrez également les lobbyistes,
leurs méthodes et leurs tours préférés, ainsi
que leurs imbrications avec les décideurs po-
litiques.
En voici l’introduction. C´est une publication
Aitec. Parlez-en autour de vous.
Derrière la définition littérale du dictionnaire
se cache la diversité de la nature même du
lobbying. Ce dernier est la résultante d’un
ensemble d’actions coordonnées issues d’un
groupe d’individus ou d’organisations. Mais la
véritable question n’est pas tant de savoir qui
en tient les rênes que leurs modalités d’action
et leur conformité avec les principes démo-
cratiques de nos sociétés. Nous sommes tous
des « influenceurs » potentiels, mais tous les
lobbies ne sont pas égaux en termes de puis-
sance et de moyens. C’est aujourd’hui une
profession, un métier qui s’apprend et dont
l’efficacité se mesure.
À Washington DC, la capitale des États-Unis,
on compte 77 lobbyistes par parlementaire
américain. À Bruxelles, plus de 15 000 profes-
sionnels de l’influence arpentent les couloirs
de la Commission et du Parlement. À Paris, la
réalité est moins quantifiable. La pratique du
lobbying en France est moins institutionnali-
sée, souvent cachée, presque honteuse. Les
choses pourraient changer. Sous l’autorité de
son président, Bernard Accoyer, l’Assemblée
nationale s’est dotée en juillet 2009 d’un code
de conduite en matière de lobbying. Même
musique au Sénat début octobre. Ce faisant,
les élus français reconnaissent la réalité de
cette pratique au sein des parlements fran-
çais. Fabricants d’ampoules basse consom-
mation, dirigeants de chaînes de télévision,
industriels du nucléaire, finalement tous ceux
qui ont des intérêts à défendre se sont fait une
spécialité de faire passer sous leurs fourches
caudines les amendements, les lois, les ar-
rêtés, quand ils n’en sont pas eux-mêmes à
l’origine.
Les actions de lobbying peuvent se classer en
deux grandes catégories : l’inside et l’outside
lobbying. Le premier vise à promouvoir
une cause directement auprès du décideur.
L’influence passe ici par un contact direct avec
le politique. Les journées d’étude organisées
à l’Assemblée nationale servent de support à
ces pratiques. On se connaît, on se reconnaît.
C’est d’autant plus facile quand le député fut
lui-même employé du groupe qui cherche à
le convaincre ou quand lui-même est ancien
lobbyiste, tel Frédéric Lefebvre, ancien diri-
geant de Pic Conseil, cabinet de lobbying de
la place parisienne, aujourd’hui porte-parole
de l’UMP. Primum non nocere : d’abord ne pas
nuire… à ses intérêts. Idem pour ces élus des
régions viticoles réunis dans l’Association Na-
tionale des Élus de la Vigne et du Vin (ANE-
VV). Et quand ces relais d’opinion n’existent
pas, il faut les inventer. Ainsi, Sylvain Naulin
vient d’être recruté par le CEEV (Comité Eu-
ropéen des entreprises de Vins), un lobby
promélange vin blanc-vin rouge pour faire
du rosé. Proposition qui a entraîné l’ire des
producteurs de ce vin contre cette propositi-
on européenne. Quelques mois auparavant,
Sylvain Naulin était membre du cabinet du
Ministre de l’Agriculture… chargé de négocier
cette évolution législative.
Quand le phénomène de caste ne suffit pas,
on s’invite. S’échangent alors petits cade-
aux contre petits amendements. L’entreprise
lobbyiste peut même aller jusqu’à rédiger
les textes à la place du parlementaire, à
l’instar de TF1 dans le cadre de la réforme
de l’audiovisuel public. On n’est jamais aus-
si bien servi que par soi-même, dit l’adage
qui se révèle ici d’une indéniable pertinence.
L’outside lobbying, quant à lui, recherche
l’influence dans la périphérie des cercles ha-
bituels. La cible est ici l’opinion publique à la-
quelle sont sensibles, et pour cause, les élus.
Relations publiques, relations presse, cam-
pagnes de publicité dans les médias, l’idée
est d’orienter l’opinion publique, les citoyens,
afin qu’ils prennent position… ou pas. C’est
ce qu’Areva a très bien réussi à faire au Niger.
Dans le cas de la loi Oudin-Santini, c’est à
travers la coopération que la promotion d’une
loi très soucieuse des intérêts des multinati-
onales de l’eau sera assurée. Des multinati-
onales que les députés Oudin et Santini con-
naissent bien pour les côtoyer régulièrement
au sein du Conseil Mondial de l’Eau.
En matière de lobbying, la France ne
s’apparente ni aux États-Unis d’Amérique ni
à l’Union européenne. Ni aux États-Unis, car
contrairement à leurs collègues américains,
les parlementaires français n’ont plus le droit
aux fonds privés pour financer leurs campa-
gnes électorales. Les 3,4 milliards d’euros dé-
pensés en l’espace de dix ans par les lobbies
de la santé aux États-Unis seraient incongrus
en France où, par la pratique généralisée du
partenariat public-privé, les lobbies de la
santé sont directement associés aux grandes
décisions. Ni à l’Europe. Mais les parlements
nationaux conservent des pouvoirs suffisants
pour que les lobbies continuent à s’y intéres-
ser. Devant des sujets de plus en plus tech-
niques, et de moins en moins politiques, le
risque est que la discussion soit confisquée
par des professionnels de l’influence se sub-
stituant aux représentants élus. La complexi-
té des lois, leur diversité, leur nombre aussi,
rendent opaques aux yeux du grand public
et perméables aux pratiques des lobbies un
LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 11
 grand nombre de débats. Si, dans une société
démocratique, la transparence n’est pas né-
cessairement le corollaire de la confiance, la
première semble indispensable pour que sub-
siste la seconde. Cela suppose une éthique
du lobbying dont l’objectif serait de combler
les doutes et diminuer les suspicions. Une
confiance contre une conscience, à quand un
serment d’Hippocrate du lobbying ?
Billet d’humeur sur les
crédits carbone
GHAZI HIDOUCI
Très satisfaite des conditions dans lesquelles
s‘est déroulé le renflouage des banques et de
leurs actionnaires, l´administration Obama
travaille depuis le mois de juin 2009 avec le
Congrès et l‘aide des experts de Wall Street,
Goldman Sachs en particulier, à mettre en
place les instruments du nouveau marché
des crédits de carbone créé donc par le gou-
vernement. Ce marché, estimé à mille mil-
liards de dollars, doit prendre son essor rapi-
dement, immédiatement après que les pays
riches, dont aujourd‘hui la Chine, le Brésil
et l‘Inde, aient donné leur aval au mode de
régulation par les marchés spéculatifs de la
réduction des gaz à effet de serre.
Les mécanismes qui se préparent seront aus-
si efficaces pour les peuples que les dérivés
de crédit, les CDO ou les options sur le pétro-
le, sauf que cette fois en plus de la bulle qui
atteint le portefeuille, c‘est leur vie qui est en
jeu. La différence est qu´on atteint cette fois
l‘assassinat collectif déguisé en « plan envi-
ronnemental » appelé cap-and-trade, fomen-
té dès le début, non par les vilains gnomes de
Zurich, mais par les gouvernements.
Le mécanisme signifie qu´à partir du mo-
ment où les gouvernements auront fixé un
seuil global de réduction des émissions de
gaz à effet de serre, les compagnies riches
continueront de polluer en payant parce que
les moins polluantes n‘auront pas réussi à en
faire autant. Premièrement, on ne sera ja-
mais en-dessous du seuil, les rêveurs devront
se calmer. Deuxièmement, au fur et à mesu-
re que les crédits de carbone seront mis aux
12 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
enchères et qu‘ils deviennent de plus en plus
rares, il appartiendra aux spéculateurs de
s‘en mettre plein les poches pour mettre en
place le plan supposé sauver la vie des gens.
Le prix montera indéfiniment. Cette fois, tous
les gens paieront, qu´ils soient consomma-
teurs ou non, et indéfiniment. C´est ainsi que
raisonnent les dirigeants que nous avons élus,
aidés par les grandes banques d‘affaires que
nous ne cessons jamais de renflouer. C´est
ainsi que se préparent les croissances vertes.
Notre bonne taxe fixe sur la pollution par le
carbone que les producteurs d’énergie sale
auraient été obligés de payer pour la polluti-
on qu’ils engendrent, se transforme en impôt
payé par nous aux spéculateurs qui en dé-
terminent le montant et savent à l´avance
qu´ils le toucheront! Saluons au passage la
dernière innovation des marchés qui nous fait
reculer à l´ère de la privatisation de l´impôt…
C‘est une belle avancée.
Ce qui est intéressant, c´est qu´au cas où les
gens seraient rapidement dépouillés de leurs
déjà si maigres revenus par cet impôt payé
aux spéculateurs, ils seront peut être forcés
d´adopter le modèle de consommation non
gaspilleur que les banquiers et nos dirigeants
n´aiment pas. C´est bien, mais, pourriez-
vous dire, à long terme, nos banquiers et nos
dirigeants seront peut-être morts et nous
aussi…
« Conférence
sociale conjointe »
UNE BREVE
entre mouvements sociaux
et syndicats
Une «  conférence sociale conjointe  » en-
tre syndicats et associations européens a
eu lieu à Bruxelles les 14 et 15 septembre
derniers, dans les locaux de la CES. Cette
première initiative conjointe a été promue
par  : Attac (France-Allemagne-Belgique
-Autriche), Aitec-IPAM, CES & ETUI (Eu-
rope), CGIL (Italie), CGT ( France), CSC
(Belgique), EAPN (Europe), FGTB (Bel-
gique), Amis de La Terre Europe, FSU
(France), réseau Travail et Mondialisation
(Europe), Campaign for the Welfare State
(Norvège), Romanian Social forum (Rou-
manie), S2B – Seattle to Brussels (Euro-
pe), Solidaires (France), Solidar – Social
Platform (Europe), Ver.di (Allemagne).

L’échange était consacré aux politiques de
dumping social et environnemental ainsi
qu’à la question des emplois décents dans
une économie «  post-Kyoto  » et «  post-
crash  ». La conférence a regroupé des
personnes de plus de 20 pays, 22 con-
fédérations syndicales nationales et 25
réseaux, associations ou ONG, pour un
total de plus de 100 participants – la par-
ticipation des pays de l’Est a cependant
été, comme bien souvent dans ce type
d’initiatives, encore trop faible malgré la
présence d’un syndicat polonais et du Fo-
rum Social de Roumanie.
Les débats ont donné lieu à des échanges
constructifs, notamment sur le lien entre
les défis sociaux et environnementaux. Il
a cependant été difficile durant ces deux
jours d’aller au-delà des constats (parta-
gés ou non) et des objectifs, pour discuter
de la possibilité de stratégies communes.
Les participants ayant manifesté leur in-
térêt à continuer cet échange commun,
l’initiative pourrait être renouvelée cha-
que année en mars à Bruxelles au mo-
ment du sommet économique de l’Union
Européenne.
Groupe urbain
Le dossier « Grand Paris »
UNE BREVE
Plusieurs membres de l’AITEC poursuivent
actuellement le travail engagé par le groupe
«  Grand Paris  ». La poursuite de ce travail
consiste, dans un premier temps, à finaliser
un projet de 10 fiches thématiques, puis,
dans un second temps, à définir les actions
à venir (l’évènement organisé par le Forum
Social parisien en 2010 constitue une des op-
portunités d’action à venir).
Les réflexions et le travail de ce grou-
pe s’insèrent dans une logique de partenariat
avec d’autres structures ou mouvement im-
pliqués sur la question du « Grand Paris » :
association 4D (www.association4d.org), as-
sociation ADELS (www.adels.org), forum so-
cial parisien (http://metropolesolidaire.net).
Le site ressources Cité, Territoire, Gou-
vernance :
L’AITEC participe actuellement à la création
et à l’alimentation d’un site ressource « Cité,
Territoire, Gouvernance  », avec le soutien
de la FPH. Ce site ressource constitue une
opportunité pour valoriser les travaux que
mène l’AITEC depuis 25 ans sur les théma-
tiques liées à l’urbain.
Au-delà du soutien global apporté par l’AITEC
pour la structuration du contenu du site, pour
la mise en ligne ou l’élaboration de dossiers,
l’AITEC a, par ailleurs, d’ores et déjà enta-
mé un travail de valorisation de ses propres
travaux en les mutualisant et en les restruc-
turant à travers trois thématiques : exclusi-
on urbaine, développement urbain et dyna-
miques sociales, de la gestion urbaine à la
gouvernance urbaine.
Toute participation, tout avis, ou toute sug-
gestion sont les bienvenus.
Les modes alternatifs de production,
d’accès, de gestion du logement :
Plusieurs membres de l’AITEC ont manifesté
leur intérêt à se retrouver pour échanger au
sujet des modes alternatifs de production,
d’accès et de gestion du logement. Ce grou-
pe commencera à se réunir prochainement
et pourra envisager les modalités de foncti-
onnement et d’action qu’il souhaite mettre en
œuvre.
Dans cette perspective, l’AITEC a participé
au 9ème forum national de l’habitat, orga-
nisé par Eco Habitat Groupé (www.ecohabi-
tatgroupe.fr), le 15 novembre dernier à Mon-
treuil.
Plateforme DESC
La plateforme française pour les droits éco-
nomiques, sociaux et culturels réunit une
cinquantaine d’associations de solidarité in-
ternationale, d’organisations des droits de
l’homme, et de syndicats. Deux actions prin-
cipales sont menées par cette plateforme  :
l’élaboration de rapports alternatifs sur la
situation des DESC en France et les mobili-
sations pour la ratification du protocole fa-
cultatif par la France (protocole se rappor-
tant au Pacte international relatif aux DESC
LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 13
 (PIDESC). Le PIDESC constitue un des trois
instruments (avec la Déclaration universelle
des droits de l’homme (DUDH) et le Pacte
International relatif aux droits civils et poli-
tiques (PIDCP)) qui établit les normes globa-
les relatives aux droits de l’homme. Les deux
pactes renforcent les droits énoncés dans la
DUDH et rendent leur application obligatoire
pour les Etats les ayant signé et ratifiés.
L’AITEC, par l’intermédiaire d’IPAM, est mem-
bre de la plateforme DESC aux côtés des
membres suivants : Act up, ALPIL, Amis de
la Terre, Amnesty International, ASIAD, ATD,
ATTAC, Coordination lesbienne en France,
CCFD, CFDT, CGT, CNL, Coordination natio-
nale des Comités de défense des Hôpitaux et
Maternités de Proximités, Coordination sud,
CRID, DAL, Droits d‘urgence, Droit à la lan-
gue, FAPIL, FIAN, FIDH, FNSAC-CGT, Fondati-
on Abbé pierre, Forum Réfugiés, France Terre
d‘Asile, FSU, GISTI, Groupe SOS, La voix des
Roms, LDH, MdM, OXFAM agir ici, PACT/ARIM,
Planning Familial, Peuple et Culture, Peuples
Solidaires, RAI, RECIT, RESF/FCPE, Ritimo,
Secours catholique, Secours islamique de
France, Secours populaire, Sherpa, Survie,
TDHF, Union syndicale solidaire, UNSA.
Economie Sociale et
Solidaire
UNE BREVE
Participation de l’AITEC à Rencontres So-
ciales :
L’AITEC s’est récemment engagée à devenir
membre de la coopérative « Rencontres So-
ciales  » (http://rencontres-sociales.org) aux
côtés de d’ACT Consultants (http://www.act-
consultants.fr), de la CCAS (www.ccas.fr),
du groupe Chèque Déjeuner (www.cheque-
dejeuner.com), de la FEGAPEI (www.fegapei.
fr), du groupe SOS (www.groupe-sos.org), de
la MACIF (www.macif.fr), de la MAIF (www.
maif.fr) et de la coopérative ORQUE (www.
orque.fr).
RENCONTRES SOCIALES se veut le terrain
privilégié des coopérations entre les struc-
tures du monde syndical et du mouvement
social, les entreprises de l’Economie sociale
(mutuelles, coopératives et associations) et
les différents acteurs des territoires (com-
munes et intercommunalités, départements
et régions).
14 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
S’engageant pour les valeurs d’égalité et
d’émancipation, de démocratie et de ci-
toyenneté qui sont communes à ces trois
sphères mais constatant la faiblesse des re-
lations et des échanges entre elles, RENCON-
TRES SOCIALES s’assigne pour but le déve-
loppement d’outils favorisant leurs rapports
économiques et politiques afin de mieux ré-
pondre aux besoins des citoyens, militants,
sociétaires ou simples bénéficiaires qui sont
leur moteur et leur raison d’être.
Débat organisé par le Labo de l’Economie So-
ciale et Solidaire :
Un document de travail « 50 propositions pour
changer de cap », issu d’une initiative pilotée
par Claude Alphandéry (Président d’honneur
de France Active – www.franceactive.org),
en collaboration avec Laurent Fraisse et Tarik
Ghezali, vient d’être transmis à l’AITEC (Gus
Massiah ayant contribué à ce travail).
Ce document est mis en débat à l’occasion du
Mois de l’ESS. Entre le 1er novembre et le 31
décembre, via un site web www.lelabo-ess.
org, les acteurs et les sympathisants de l’ESS
pourront réagir sur le contenu du document,
poursuivre le débat…
Une action publique de plus grande ampleur
sera menée sur le 1er semestre 2010 sur la
base des retours sur le web et à travers des
débats locaux. Une réunion collective de tra-
vail sera organisée dans cette perspective
première quinzaine de décembre.
La taxe sur les
PETER WAHL (WEED)
transactions financières :
comment elle fonctionne
et ce qu’elle apporte.
Texte de du 28 octobre 2009
La taxation des transactions financières est
devenue, grâce ou à cause de la crise finan-
cière, un point important de l’agenda des ré-
formes. Nicolas Sarkozy et Angela Merckel
portés la proposition à la surprise générale
lors du G20 de Pittsburg. La résultante di-
recte en a été la commande passée au FMI
d’une étude sur la façon dont «une contribu-
tion équitable et substantielle au financement
du secteur financier pourraient supporter les
frais occasionnés par les plans de sauve-
tage».
Une dynamique politique pour une taxa-
tion des transactions financières
Déjà les 700 milliards de dollars du plan
de sauvetage des banques des États-Unis
en 2008 incluent une clause qui oblige les
banques à verser une taxe s’il y a des défail-
lances dans le remboursement des fonds de
secours. Pendant sa campagne, Obama avait
déjà affirmé lors d’un discours dans la Wis-
consin que « les dettes de Wallstreet seraient
payés par les banques et non pas les contri-
buables ».
En Europe, Barroso et le chef de l’autorité
de régulation des marchés financiers bri-
tanniques soutiennent Sarkozy et Merckel.
La Belgique et l’Autriche soutiennent depuis
longtemps la mise en place d’une taxe To-
bin.
Cette évolution offre à la société civile une
chance fantastique de faire pression pour la
réalisation de cette idée. Depuis longtemps,
elle se tient prête pour une taxation des
transactions sous différentes formes (taxe
Tobin, taxe Spahn, fonds de solidarité pour le
développement).
Le coût des plans de sauvetage des banques
et les programmes conjoncturels portent sur
environ 3,5 milliards de dollars américains.
Ils ont conduit à une augmentation drama-
tique des déficits publics et augmente en-
core la pression sur les budgets publics. Ils
rendront impossibles l’augmentation des dé-
penses sociales et pour l’environnement et
au final les contribuables devront en suppor-
ter les coûts.
La collecte de la taxe est techniquement très
simple et économique possible pour toutes
les transactions de change effectuées sur
des plates-formes électroniques. Un simple
marquage électronique pourrait automa-
tiquement transférer les recettes fiscales à
l‘autorité en charge de cet impôt.
Comment ce nouveau revenu pourrait-il
être utilisé ?
Étant donné que la taxe s‘applique aux mar-
chés d‘actifs financiers et qu’ils sont forte-
ment concentrés aux Etats-Unis, au Royau-
me-Uni, au Japon, en Suisse, en Allemagne,
en France, ou à Singapour, l‘essentiel de cet
impôt serait en premier lieu alloué à ces pays.
Ils pourraient l’utiliser pour payer leur dette.
Toutefois, ces quelques pays ne doivent pas
être les seuls à bénéficier de la FTT. Les mar-
chés des valeurs mobilières ont causé des
dommages dans le monde entier. Par consé-
quent, il est absolument légitime que les re-
cettes de cet impôt soient versées à un fonds
international administré par les Nations Unies.
La moitié de ces revenus pourrait revenir aux
pays qui ont mis en place des plans de se-
cours et des programmes de relance mais qui
ont peu ou pas de rendement sur les marchés
de valeurs. L‘autre moitié devrait être utilisée
pour financer les biens publics mondiaux et
surtout pour lutter contre le changement cli-
matique, la faim et la pauvreté dans les pays
en développement.
Pour en savoir plus :
Séminaire organisé par la fondation Fried-
rich Ebert, WEED, Eurodad et Campagna
per la riforma della banca mondiale:
Table-ronde d’experts sur la régularisati-
on des marchés financiers européens et
leur supervision
le 10 décembre 2009
de 9h30-17h00
à la fondation Friedrich Ebert,
Rue du Taciturne 38,
B-1000 Bruxelles
Un «  groupe de travail de haut ni-
veau sur les transactions financières
internationales pour le développe-
ment » a été créé le 22 octobre 2009
par la France. Sa tâche est d’étudier
plusieurs options de financement du dé-
veloppement parmi lesquelles « la faisa-
bilité technique et juridique d’une taxe
sur les transactions de change et de
contributions volontaires reposant sur
les transactions financières internatio-
nales, et d’examiner toutes les options
sur le sujet ». Cette décision intervient
après que plusieurs chefs d’État euro-
péens ont manifesté pour la première
fois leur intérêt pour une taxation des
transactions financières.
LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 15
 Campagne pour un référendum
sur le service public postal  :
UNE BREVE
Acte II
Après le succès de la votation citoyenne de
début octobre (avec 2,3 millions de votants),
la mobilisation pour un référendum sur le ser-
vice public postal continue avec la campagne
« J’écris au Président », à l’appel du Comité
national. Une carte postale est distribuée de-
puis début novembre par les comités locaux
à travers la France, avec un temps fort le 28
novembre journée de manifestations et de
mobilisations citoyennes décentralisées.
Plusieurs dizaines de milliers de cartes
postales ont déjà été envoyées à l’Elysée,
continuons la mobilisation pour exiger la te-
nue d’un référendum sur l’avenir du service
public postal!
Après le Sénat début novembre, l’Assemblée
nationale examinera le projet de loi à partir
du 14 décembre.
Tous les renseignements et RDV de la campa-
gne sont sur appelpourlaposte.fr
Pour ceux qui n’ont pas d’initiatives prévues
près de chez eux, une carte postale électro-
nique a été mise en ligne : http://www.refe-
rendumpourlaposte.rezisti.org/
Création d’un collectif natio-
nal pour des États Généraux du
UNE BREVE
Service Public
Créé en novembre 2009, ce collectif est
constitué jusqu’à présent de personnalités
et des organisations suivantes (associations,
syndicats, partis politiques) : AITEC; ATTAC;
CGT;
16 LES CARNETS DE L´AITEC 11/09
Convergence Nationale des collectifs de dé-
fense et promotion des SP ; Comité National
des Privés d’Emploi CGT ; Coordination nati-
onale des comités de défense des hôpitaux ;
COPERNIC  ; FSU  ; GU  ; Les Verts  ; LDH  ;
PCF  ; PG  ; PS  ; Résistance Sociale  ; SOLI-
DAIRES.
Le collectif a adopté un texte commun dé-
but novembre:http://aitec.reseau-ipam.org/
spip.php?article1043
L’objectif est de lancer un processus qui fas-
se de 2010 une année de débats et de mo-
bilisations citoyennes autour de ces grandes
questions, à travers notamment des États
Généraux locaux et nationaux, une pétition
nationale et éventuellement une manifesta-
tion nationale.
Calendrier prévu :
- Lancement public de la démarche en dé-
cembre (tribune + initiative publique)
- Organisation d’États Généraux locaux (ville,
département, région en fonction des choix lo-
caux) pendant les périodes janvier –février
et avril. S’appuyant sur des comités locaux
et sur la base du texte national il s’agit de
trouver les moyens d’associer très largement
la population à ces débats en associant le
plus grand nombre d’organisations et de ci-
toyens.
- Des États généraux nationaux vers la mi-
mai.
- Engager la réflexion, sur la rédaction d’une
pétition nationale reprenant la demande d’un
referendum pour insérer dans la Constitution
des principes forts sur le Service Public.
- Travailler à une initiative nationale de mas-
se (manifestation ?) pour l’automne 2010.
ATTAC lance sa
campagne «  Changeons les
UNE BREVE
banques »
Partant de l’idée que le système bancaire est
au cœur de la crise financière qui continue à
défrayer la chronique par les scandales per-
manents  sur les bonus, les paradis fiscaux,
les pratiques commerciales abusives, etc...
ATTAC monte un projet de campagne citoyenne
intitulée « Changeons les banques ! ».
Elle reposera sur une alliance entre sala-
riés des banques, usagers et associations,
pour peser fortement sur les directions des
banques et sur les pouvoirs publics. Elle a
pour but de faire progresser la réflexion sur
ce que pourrait être un système bancaire au
service des besoins de la société.
ATTAC propose aux organisations intéressées
de travailler à une campagne de mobilisation
citoyenne portant l’exigence d’un change-
ment des politiques des banques et pour un
système de crédit responsable et solidaire.
La campagne prévoit la création d’un obser-
vatoire des banques: Elles seront évaluées
par leurs usagers et leurs salariés selon une
batterie de critères d’évaluation allant des
pratiques bancaires, sociales, salariales, en-
vironnementales, éthiques… L’observatoire
établira ensuite un classement des banques
selon ces critères et interpellera leurs direc-
tions avec les syndicats, les usagers et les
associations, en exigeant des progrès ra-
pides et significatifs sur les points noirs de
l’établissement.
Trois temps sont envisagés :
Octobre - novembre 2009 : constitution de
l‘attelage, élaboration de la stratégie;
Décembre 2009-février 2010 : élaboration du
matériel de campagne (en particulier d’une
première version du document comparatif
des pratiques bancaires)
Mars 2010 : lancement « officiel » de la cam-
pagne, inscrite dans la durée. Dans le cadre
du projet européen « Vers un système finan-
cier global  au service d’un développement
soutenable  » que l’AITEC a obtenu pour la
période 2010-2012, nous pourrions participer
à cette campagne. Plus sur ce thème à partir
de janvier.
A voir 
pour préparer Copenhague...
• Les négociations climatiques ex-
pliquées en bandes dessinées (mais en
anglais…) :
www.cartoonkate.co.uk
• Sur www.angrymermaid.org, une
vidéo et un vote en ligne pour
l’entreprise ou le groupe de lobby le
plus « efficace » pour saboter les avan-
cées dans la lutte contre le réchauffe-
ment climatique. Parmi les nommés  :
Monsanto, Royal Dutch Shell, Sasol,
le Conseil européen de l’industrie chi-
mique…
Campagne à l’initiative des Amis de la
Terre International, Corporate Euro-
pe Observatory, Focus on the Global
South…
• Vidéos du débat du mercredi 18
novembre entre les responsables envi-
ronnement-climat des principaux partis
ou mouvements  de gauche autour des
6 questions pour le climat posées par
le collectif  Urgence Climatique Justice
Sociale, à un mois de la conférence de
Copenhague :
http://www.mediapart.fr/club/edition/
ucjs-urgence-climatique-justice-so-
ciale/article/171109/la-gauche-prend-
parti-sur-le-cli

A lire 
Le CETIM  (Centre Europe - Tiers Monde) publie deux livres critiques sur l‘aide
au développement :
• « Aide au développement. Efficace, neutre, désintéressée ? Points de vue critiques du
Nord sur la coopération européenne » offre un examen des politiques européennes en
matière d‘aide au développement et propose des pistes pour penser une politique de coo-
pération progressiste et solidaire. Pour plus d‘informations, voir:
http://www.cetim.ch/fr/publications_details.php?pid=171
• Avec « En finir avec la dépendance à l’aide » Yash Tandon secoue sérieusement le monde
de la coopération internationale car il dénonce la dépendance des pays du Sud à l´égard
de l‘aide et propose sept étapes concrètes pour en sortir. Pour plus d‘informations:
http://www.cetim.ch/fr/publications_details.php?pid=172
Si vous souhaitez vous procurer ces ouvrages, merci de le signaler rapidement à l’Aitec
qui projette une commande groupée.

LES CARNETS DE L´AITEC 11/09 17

 Agenda (extrait)
Toutes les dates sur aitec.reseau-ipam.
org et www.reseau-ipam.org)
Mercredi 2 décembre à 20H
au Centre Culturel La Clef
21 rue de la Clef 75005 PARIS
M° Censier-Daubenton
LA MISE À MORT DU TRAVAIL ?
3e volet : LA DÉPOSSESSION
Un film de Jean-Robert VIALLET de
2009 (63 mm).
Troisième volet de la remarqua-
ble série, La Dépossession raconte
l‘extraordinaire pouvoir des action-
naires sur le monde du travail.
------
Mardi 8 décembre à 20H00 dans la
grande salle du CICP
A l’initiative de l’Aitec et d’ACT-consul-
tants, débat sur la souffrance au tra-
vail à partir des travaux réalisés dans le
cadre de l’observatoire du stress et des
mobilités forcées à France Télécom et
du livre d’Ivan du Roy, « Orange stres-
sé ».
------
Mercredi 9 décembre à 19H
CA de l´AITEC consacré à l´avenir de
l´association : projets européens sur
la regularisation des finances interna-
tionales et les politiques commerciales,
Rencontres Sociales...
Venez nombreux !
Merci à tous ceux qui nous ont soutenu
financièrement ces derniers mois. Les
cotisations et dons restent néanmoins
toujours les bienvenus !
En bref
• Novembre 2009 : Livret A :
L’Union sociale pour l’habitat appelle
à la vigilance sur le mouvement de dé-
collecte amorcé depuis plusieurs mois.
Pour en savoir plus :
www.union-habitat.org et
Projet Hlm : www.projethlm.org
• Déclaration du forum des mouve-
ments sociaux, ONG et organisations
de la société civile en parallèle au Som-
met de la FAO sur la sécurité alimen-
taire :
http://peoplesforum2009.foodsove-
reignty.org/final_declarations
• Le collectif pour le manifeste
pour la récupération des biens
communs (http://bienscommuns.
org) organise une rencontre sur
le mode du World-café le samedi
5 décembre 2009 de 15h à 18h à
à Mains d‘OEuvres (St-Ouen) pour
partager sensibilités, perceptions,
suggestions et mobilisations pour
la reconquête des biens communs.
Inscriptions par mail à :
worldcafe@bienscommuns.org
(le nombre de place est limité à 50) et
une participation aux frais de 5 Euros
sera demandée.
AITEC
21 ter, rue Voltaire
75011 PARIS
01 43 71 22 22
http://aitec.reseau-ipam.org
contact.aitec@reseau-ipam.org