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18 février 1512

Les quatre compères traquent un cerf dans la forêt. Soudain, un étrange coup de tonnerre
résonne parmi les arbres. Intrigué, le petit groupe de chasseurs repère la direction du bruit, se
dirige vers les lieux et fait la découverte macabre d’une diligence de voyageurs, sur la route
Middenheim - Altdorf, attaquée par huit créatures d’une sauvagerie extrême qui massacrent et
dévorent les occupants.

Ces créatures, presque humaines, provoquent l’effroi tant leur apparence est monstrueuse :
des mains armées de longues griffes, des dents de prédateur, et par endroit leur peau grise est
recouverte d’écailles.

Malgré leur stupeur, les aventuriers réagissent et engagent le combat. L’habileté de Jochen à
l’arc fait d’abord merveille, puis les trois autres résistent à la charge des sauvages et les
abattent jusqu’au dernier. Les quatre amis constatent ensuite que les voyageurs ainsi que
l’équipage de la diligence sont malheureusement tous morts. Parmi les victimes, un peu à
l’écart, ils découvrent le corps d’un homme dont le visage est le portrait craché de Günther !

Jochen, Helmut et Hadden interrogent du regard leur ami mais celui n’y comprend rien et leur
assure n’avoir aucun jumeau. En fouillant les affaires de la victime, ils découvrent des papiers
notariés concernant un héritage à Bögenhafen et un pendentif représentant une main en cuivre
aux doigts écartés mais dont le majeur est en or.

Günther prend les documents et le pendentif puis les aventuriers dissimulent la victime juste à
temps avant l’arrivée de plusieurs patrouilleurs ruraux. Les quatre amis expliquent les
circonstances du drame qu’ils ont découvert et du combat qu’ils ont engagé sans parler du
sosie de Günther. Ils apprennent que les sauvages sont des « marqués » par le chaos, vivant
au plus profond des forêts !

Les patrouilleurs vont s’occuper de donner l’alerte et les aventuriers les accompagnent
jusqu’au relais auberge la plus proche où ils passent la nuit.

19 février 1512

Les aventuriers marchent toute la journée et rentrent au village d’Untergeschatt. Chacun se


remémore le combat d’hier avec ces créatures sorties de nulle part et s’interroge sur cette
espèce de malédiction du chaos dont elles sont victimes. La nuit passe.

20 février 1512

Les quatre hommes se rendent au marché de Delberz à une dizaine de kilomètres de leur
village pour y faire quelques achats. Ils passent rendre visite également à leur ami
Hieronymus Blitzen pour lui faire part de leur mésaventure. Le vieil homme est un peu le sage
de la ville et connaît beaucoup de choses. Enfant, Hadden passait beaucoup de temps chez lui
à apprendre à lire et à compter pendant que son père vendait du bois à la scierie. Mais le vieux
sage reste plutôt énigmatique. Il ne peut les renseigner sur l’histoire de ces « marqués ». Il
leur donne par contre une carte détaillée de l’empire afin de les aider à situer Bögenhafen et
Uberreik. Les aventuriers rentrent au village, partagés sur ce qu’ils doivent faire à propos de
cet héritage et le peu d’aide apportée par Hieronymus Blitzen. La nuit tombe.

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21 février 1512

Les quatre compères se retrouvent aux premières lueurs du jour et se concertent sur le choix à
faire. Ils relisent l’acte notarié au sujet de ce fameux héritage et, poussés à la fois par l’envie
de quitter leur village pour voyager un peu et l’occasion de récupérer une véritable fortune
qu’ils n’auraient jamais imaginée gagner même en toute une vie de labeur, ils décident de
tenter l’aventure. Günther connaît un ami, négociant, du nom de Joseph Quartjiin avec un
bateau marchand en ce moment à quai à Delberz. C’est peut-être l’occasion de voyager vers
Bögenhafen. Le temps de passer chez eux donner des consignes et prendre quelques affaires,
ils se retrouvent sur la route menant à Delberz.

Vers midi, ils trouvent la péniche en question, le Béribéli, et rencontrent Joseph Quartjiin.
Celui-ci les embauche pour l’aider à transporter un chargement de charbon de mine à
destination d’Altdorf. Un couple, avec lequel Joseph semble habitué à naviguer, est déjà
présent à bord ainsi que leur nourrisson. Le départ sur le fleuve a lieu en fin de journée et se
poursuit trois jours durant sans problème.

24 février 1512

La péniche marchande arrive le soir dans la ville fortifiée d’Altdorf, capitale de l’empire, cité
où réside l’empereur. Le fleuve les conduit au cœur de la ville jusqu’au quai marchand et sa
grande place attenante. Les aventuriers laissent Joseph Quartjiin s’occuper des formalités
d’appontage et de déchargement et en profitent pour faire un tour et se renseigner sur le
pendentif de la main récupéré sur le sosie de Günther. Par prudence, ils laissent la majeure
partie de leur argent à bord.

La place grouille de monde et est animée d’incessants va-et-vient. Elle est bordée de
nombreuses échoppes, tavernes et autres auberges avant que plusieurs rues ne permettent de
prendre des directions différentes. Les aventuriers sont impressionnés par tant de monde et la
hauteur des immeubles et autres constructions. Ils s’aventurent auprès d’un écrivain public
mais celui-ci ne peut les renseigner et leur conseille de s’adresser plutôt à un bijoutier.

Hadden s’aperçoit alors qu’un tire-laine lui a dérobé sa bourse ! Trop tard pour soupçonner
qui que ce soit. Tous les quatre poursuivent et entrent dans une bijouterie mais l’homme ne
peut rien leur dire de précis si ce n’est que l’objet est plutôt joli. Il compare le pendentif avec
la main de Sigmar, symbole du héros et premier empereur, bijou représentant une main
ouverte aux doigts joints et le pouce écarté symbolisant le héros arrêtant les gobelins !
Remarque intéressante.

Une fois ressortis, ils profitent de la ville et prennent leur repas à l’auberge du Mouton Rouge
lorsque deux nobliaux, arrogants et provocateurs, accompagnés de gardes personnels,
pénètrent à leur tour dans l’auberge. Les aventuriers ignorent leurs sarcasmes, préfèrent rester
discrets et quittent les lieux. Ils se dirigent vers le bateau lorsqu’ils repèrent deux hommes
devant le navire : l’un est en observation, l’autre semble attendre quelqu’un. Méfiants, quelle
n’est pas leur surprise lorsque celui-ci se dirige vers Günther et lui fait un signe étrange, sans
doute de reconnaissance, avec la main à hauteur de l’oreille.

Parmi les aventuriers, un instant saisis par la situation, Günther réagit le premier et répond à
l’inconnu en répétant plus ou moins bien le même geste. S’ensuit un instant de confusion
pendant lequel l’autre envisage une erreur possible. Les deux messagers repèrent alors un

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autre homme à l’entrée d’une ruelle et semblent trouver en lui l’interlocuteur qu’ils
cherchaient. Les deux hommes s’éloignent en allant à sa rencontre et lui emboîtent le pas dans
la ruelle. Se demandant ce qu’ils peuvent bien faire, les aventuriers hésitent puis, balayant
leurs doutes, se dirigent à leur tour vers la ruelle afin de retrouver les trois lascars. Ils vont
d’un bon pas malgré la pénombre de la voie pour refaire leur retard quand ils découvrent
rapidement les cadavres des deux messagers : l’un mort égorgé, l’autre agonisant, un carreau
d’arbalète dans le cou ! Ses derniers mots s’adressent à Günther qu’il nomme « Kastor » pour
lui parler de « l’argent ». Günther lui révèle sa vraie identité, insistant surtout sur le fait qu’il
n’est pas celui qu’il pense. L’homme écarquille les yeux de stupeur et meurt. Aucune trace du
troisième individu. Les aventuriers trouvent sur les dépouilles deux pendentifs représentant
une main en cuivre, identique à celle prise sur Kastor Lieberung sauf que c’est l’annulaire qui
est en or. Ils ne touchent à rien d’autre et se dépêchent de quitter les lieux.

Les quatre amis rejoignent le bateau et passent une partie de la nuit à réfléchir aux
événements de la soirée. Y a-t-il une signification aux différences entre la main de Sigmar et
la main du pendentif ? Il s’agit peut-être d’une communauté dissidente. Faut-il faire alors
l’hypothèse d’une conspiration ? Visiblement, un tueur s’est infiltré dans cette organisation
clandestine. Qu’en est-il de Günther ? A-t-il un rôle à jouer sous l’identité de Kastor
Lieberung et sa vie est-elle menacée ? Les aventuriers se demandent où ils ont mis les pieds et
si leurs questions ce soir ont attiré l’attention.

25 février 1512

Après avoir déchargé la péniche et embarqué une cargaison de vin, les aventuriers repartent à
bord du Béribéli en direction de leur prochaine étape vers Bögenhafen. Ils quittent le fleuve
pour entrer dans un canal avec son système d’écluses. Dans l’après-midi, une troupe de
patrouilleurs vérifie leur identité. Leur chef attire leur attention sur les faits d’hier soir à
Altdorf : la nuit dernière deux artisans ont été tués dans une ruelle ainsi qu’un noble au cours
d’une rixe. Il les encourage à toute leur vigilance. Après le départ de la patrouille, les
aventuriers pensent que les artisans en question sont les messagers rencontrés sur le quai
marchand ; quant au noble occis, il pourrait bien s’agir d’un de ces jeunes prétentieux et
arrogants, croisés à l’auberge du Mouton Rouge. A la tombée de la nuit, l’équipage fait halte à
l’auberge relais du Poney Hurlant.

26 février 1512

Journée de voyage sur le canal.

27 février 1512

Les aventuriers passent une nouvelle journée à naviguer et arrivent le soir en sortant du canal
à Weissbruck au bord d’une large rivière. Tandis que Joseph Quartjiin préfère dîner dans sa
cabine, les aventuriers restent à se reposer sur le pont et partagent là leur repas. Soudain,
Jochen est attiré par la silhouette d’un homme se découpant dans l’encadrement de la porte
d’une auberge située en face du navire à une vingtaine de mètres. Les trois autres, intrigués,
suivent son regard et reconnaissent comme lui le tueur d’Altdorf qui regarde dans leur
direction avant de disparaître à l’intérieur de l’auberge. Les quatre amis réagissent aussitôt et
partent encercler le bâtiment. Jochen se glisse à l’eau et se poste plus loin sur le quai tandis
que Günther, Helmut et Hadden font le tour de l’auberge. L’inconnu a disparu. Les trois
hommes pénètrent à l’intérieur puis Helmut divertit l’aubergiste tandis que Günther et Hadden

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font le tour des chambres à l’étage mais en vain. Helmut, Günther et Jochen retournent sur le
bateau et mettent en place un tour de garde tandis qu’Hadden passe sur le toit de l’auberge
afin d’observer les alentours. Rien.

Au milieu de la nuit, un premier tir d’arbalète blesse légèrement Helmut puis deux autres
carreaux finissent dans l’eau. Hadden, toujours allongé sur le toit de l’auberge, repère au bruit
de la corde qui claque la provenance des tirs. Il descend du toit et se rend près d’un grand
bâtiment fermé.

Pendant ce temps, près de la péniche, trois hommes apparaissent sur le quai avec des
planches. Ils lancent en même temps une sorte de flasque de poix enflammée vers le Béribéli !
Deux des projectiles tombent dans l’eau mais le troisième atterrit sur le pont. Jochen se
précipite dessus et le balance à l’eau, se découvrant pendant l’action. Un tir d’arbalète
sanctionne aussitôt son geste et le blesse sérieusement. Helmut se jette sur le début des
flammes avec une couverture alors que Günther donne l’alerte et appelle à la garde dans le
silence de la nuit.

Hadden grimpe jusqu’au toit du bâtiment et découvre le tireur embusqué : c’est l’homme
aperçu tout à l’heure, le tueur d’Altdorf. Arrivé par le côté à six enjambées environ, le jeune
bûcheron lance sa hachette et touche l’assassin qui lâche son arbalète. Surpris, l’homme glisse
le long de la pente du toit vers la cour intérieur du bâtiment. Hadden se lance à sa poursuite et
glisse à son tour derrière lui vers le sol. Le fuyard atterrit le premier mais se tord la cheville en
sautant. La hachette d’Hadden tombe également par terre puis le jeune homme saute au sol
avec précaution.

Du côté de la péniche, les trois assaillants se servent de leur planche pour aborder le bateau
mais ils ne font pas le poids face aux trois compagnons : l’un est tué sous leurs coups
conjugués, le second blessé par les flèches de Jochen prend la fuite sans avoir mis le pied à
bord et le dernier, blessé également se jette à l’eau pour tenter de fuir à son tour. Il est repêché
un peu plus loin près du quai et fait prisonnier. Joseph Quartjiin, les yeux encore rouges de
sommeil, apparaît sur le pont et demande ce qui se passe. Günther lui explique en deux mots
l’attaque avortée des malandrins et le rassure, oubliant volontairement de lui signaler la
présence d’un tueur dans les parages.

Hadden découvre la cour intérieure d’un vaste entrepôt de minerai. Le tueur d’Altdorf lui fait
face et dégaine une magnifique épée dont la lame reflète un court instant la pâleur de la lune.
Le jeune bûcheron sait qu’il n’a jamais affronté un tel adversaire mais le poids de sa cognée
entre ses mains dissipe ses doutes et il passe à l’attaque. Les deux hommes se jettent l’un sur
l’autre pour une lutte sanglante à l’issue de laquelle Hadden terrasse l’assassin mais il est
gravement blessé. Il fouille soigneusement la dépouille de son adversaire mais découvre en
tout et pour tout un pendentif représentant la croix des templiers de Sigmar et une clef
accrochée à une petite pièce de bois sur laquelle est peint un cor, sans doute la clef d’une
chambre d’auberge ! Troublé par le pendentif des templiers, Hadden se relève péniblement,
récupère sa hachette et l’épée de son adversaire et cherche du regard une sortie possible.

Pendant que Jochen et Helmut interrogent leur prisonnier, Günther, inquiet de savoir ce qui a
pu se passer et du sort d’Hadden, part à sa recherche et trouve l’entrepôt de minerai. Les deux
hommes conviennent à travers la palissade de se débarrasser du corps mais une patrouille de
la milice, alertée par la rixe sur la péniche, les interrompt. Günther, conscient des blessures
d’Hadden et du caractère encombrant de la mort d’un possible templier de Sigmar, simule

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l’ivresse tout en marchant appuyé contre la palissade et en formulant à voix haute des paroles
incompréhensibles. La patrouille le ramène jusqu’au bateau et le confie à Jochen. Le chef de
la milice exprime clairement ses reproches pour avoir été dérangé pour un ivrogne bruyant.

Après le départ des miliciens, c’est finalement Helmut qui rejoint Hadden, resté caché
pendant les explications de Günther avec la milice. Le colosse franchit la palissade et, habitué
à affronter le poids de ses adversaires au cours de ses parties de rotzball, aide Hadden à sortir
de l’entrepôt. Il hisse ensuite le corps sans vie du tueur sur la palissade, sort à son tour et jette
sur son épaule l’adversaire d’Hadden. Les deux compagnons vont jusqu’à la rivière en aval de
la ville, lestent le corps et le jettent à l’eau. Le pendentif avec la croix de Sigmar est lancé au
loin dans la rivière. De retour au bateau, les aventuriers échangent quelques informations sur
ce qu’ils viennent de vivre. Le prisonnier n’est qu’un homme de main, payé pour récupérer
soi-disant une importante dette de jeu. Il ne sait rien.

Hadden et Günther trouvent l’auberge du Cor avec derrière une petite écurie où se trouve un
splendide étalon blanc. Sur le côté, les deux hommes repèrent la selle et tout son
harnachement et découvrent dessus la marque discrète de la croix des templiers de Sigmar.
Hadden n’en croit pas ses yeux et se laisse glisser au sol, anéanti par le fait d’avoir tué un
templier ! Günther lui indique qu’il faut faire disparaître toutes les traces matérielles de sa
présence ici cette nuit et se propose de partir aussitôt perdre le cheval au loin dans les bois
tandis qu’Hadden s’occupera de la chambre. Günther l’informe qu’il attendra ensuite le long
de la rivière pour remonter à bord au petit matin.

Hadden acquiesce, reprend ses esprits et voit disparaître dans la nuit Günther, tirant par la
bride le cheval du templier. Le jeune forestier monte discrètement à l’étage des chambres. La
clef trouvée correspond à l’une d’entre elles. Il entre sur la pointe des pieds mais il n’y a
personne. Hadden repère un petit coffre mais n’y trouve que des habits communs, une gourde
et vingt couronnes impériales qu’il glisse dans sa bourse. Il jette un œil sous le lit mais ne
trouve rien. Par contre, le contenu de l’armoire est un vrai trésor. Hadden en sort une cotte de
maille, un heaume et une tenue de cérémonie blanche avec la croix rouge des templiers de
Sigmar. Le jeune bûcheron récupère aussi sur un petit secrétaire divers papiers dont le portrait
de Günther, hâtivement dessiné mais parfaitement reconnaissable, une lettre adressée par un
conseil restreint à Adolphus Kuftsos dont le contenu permet à Hadden de comprendre qu’il est
le tueur d’Altdorf, lancé sur les traces de Kastor Lieberung en route pour Bögenhafen, et un
recueil de notes dont la lecture demandera du temps.

Le jeune homme vide la chambre de tous les effets personnels du sigmarite, paye la chambre
et rejoint ses amis sur le bateau. Il leur explique le rendez-vous avec Günther puis ils décident
de garder leur prisonnier au secret. Ce dernier fera partie du voyage et rentrera à pied quand
ils auront retrouvé leur compagnon. Malgré l’heure tardive, ils étudient les documents
d’Adolphus Kuftsos et s’interrogent. L’héritage ne serait-il qu’un piège ? Si Kastor Lieberung
est un dissident d’un quelconque culte extrémiste lié à Sigmar, comment a-t-il pu obtenir la
preuve de son identité auprès d’Etelka Herzen, grande prêtresse de Sigmar ? Le reste de la
nuit ne leur apporte aucun repos.

28 février 1512

Au moment de leur départ, une jeune femme court sur le quai et hèle leur équipage. Elle se
rend à Bögenhafen et demande à embarquer pour profiter du voyage. Les trois compères
taisent leur réticence quand Joseph Quartjiin l’autorise à monter à bord. Les aventuriers

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restent prudents avec la jeune femme. Elle semble connaître l’usage des plantes et s’appelle
Elvyra. Pendant la matinée, Hadden fait le tri des affaires du templier tué la veille. La plupart
de ses effets sont marqués du signe discret de la croix des templiers de Sigmar et sont une
preuve d’un forfait, vol ou, pire, meurtre d’un templier ! Hadden jette tout à l’eau : vêtements,
coffre, heaume… sauf la cotte de maille, neutre, que le bûcheron garde pour lui, ainsi que
l’épée, signée d’une croix au milieu de la garde, et la tenue de cérémonie qui seront
dissimulées à terre.

A midi, l’équipage, aperçoit Günther qui monte à bord. Il a dispersé le matériel du cheval et
obligé l’étalon à détaler dans la nature. Plus de trace. Les aventuriers profitent de la halte pour
cacher l’épée et la tenue blanche dans un tronc creux qu’ils repèrent avec précision au milieu
d’un petit sous-bois. Chacun mémorise l’endroit en cas de besoin. Le prisonnier est libéré
avec la consigne de se taire sur les événements de la nuit dernière s’il ne veut pas d’autres
ennuis. L’homme ne demande pas son reste et file d’un bon pas vers Weissbruck.

Vers la fin de la journée, Hadden entame la conversation avec Elvyra. Malgré son métier de
forestier, il lui confie son ignorance des plantes et lui dévoile sa blessure la plus grave,
infligée par le templier. Elvyra s’étonne, regarde Hadden dans les yeux mais reste discrète et
le soigne avec un emplâtre d’herbes qu’elle applique sur la plaie. Encouragé par la démarche
de son compagnon et le soulagement évident de sa blessure, Jochen se fait soigner aussi. La
nuit est calme.

4 mars 1512

Après plusieurs jours de navigation, la péniche arrive en début de matinée à Bögenhafen. Vers
le port marchand, le bateau longe plusieurs quais dont les entrepôts sont différenciés par
divers écussons. Les aventuriers accostent devant l’un d’entre eux surmonté d’un blason
montrant une main gantée de fer tenant un épi. Le capitaine Joseph Quartiin se lance dans les
formalités concernant le Béribéli et sa cargaison. D’inscription en inscription sur divers
registres, à leur grand étonnement, les aventuriers voient arriver une personne de petite taille,
plus petite qu’un Nain, un hobbit en vérité, venu mesurer la longueur de la péniche. Mais ses
enjambées sont si petites que le nombre de pas évalué est assez important faisant monter le
prix de la taxe ! Le hobbit évalue encore la hauteur du mât, fait l’inventaire de la cargaison et
encaisse finalement plusieurs taxes au nom de la cité. Joseph Quartjiin récupère alors
l’autorisation acquittée, tamponnée aux armes de la ville, de leur séjour à Bögenhafen.

Günther, prudent, met à profit tout ce temps pour changer d’apparence car il craint que sa
ressemblance avec Kastor Lieberung n’apporte désormais que des ennuis. Les aventuriers
conviennent avec Joseph de revenir vers midi pour décharger quand ils aperçoivent Elvyra
quitter le navire pour se diriger vers la ville elle-même. La soudaine apparition de la jeune
femme au petit matin sur le quai à Weissbruck à l’issue de la nuit de leur affrontement avec le
templier de Sigmar a fait naître des soupçons que ses soins et les quelques jours ensemble sur
la péniche n’ont pas dissipé. Hadden se propose de la suivre tandis que les trois autres iront
repérer la maison du notaire car c’est la piste qui représente le moins de risque pour le
moment.

Les quatre compagnons se séparent et Hadden emboîte le pas à Elvyra prenant soin de ne pas
se faire remarquer. Elle remonte la rue principale à travers plusieurs taudis à l’odeur
nauséabonde puis tout à coup les quartiers se transforment et deviennent de plus en plus
sympathiques avec des odeurs de pain cuit, d’épices et de vin chaud. Des vendeurs ambulants

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proposent des fruits aux passants. La foule des badauds se densifie. Elvyra arrive à une grande
place bordée de bâtiments officiels aux armoiries de la ville. La jeune femme poursuit son
chemin, remonte encore la rue principale qui dépasse les fortifications, pour déboucher sur
l’immense foire aux bestiaux de la Shaffenfest. Elvyra se dirige vers une tente centrale où un
homme lui indique un emplacement où elle s’installe pour vendre ses herbes, ses baumes et
autres décoctions. Hadden reste un instant en observation mais ne constate rien d’anormal. La
foire est immense, remplie d’étales, de vendeurs ambulants, de bateleurs, d’éleveurs de
chevaux et d’enclos pour différents bétails.

Pendant ce temps, Günther, Helmut et Jochen recherchent la demeure du notaire. Ils


remontent eux aussi la rue principale mais bifurquent à un moment à droite vers des jardins et
quartiers nobles de la ville. Ils arrivent à une petite place avec un jardin autour duquel
s’alignent de magnifiques maisons. Les trois compères y retrouvent les écussons observés tout
à l’heure sur les entrepôts marchands des quais et devinent là les demeures des armateurs.
Après un bon moment de recherche, ils constatent qu’aucun d’entre eux n’a trouvé la maison
notariale Loch & Barl. Le quartier des notaires est pourtant là ! Tous trois se renseignent
auprès d’une autre étude installée à Bögenhafen depuis longtemps pour s’entendre dire par le
clerc de notaire qui leur répond qu’il n’a jamais entendu parler de cette étude là ! Cette fois,
plus de doute possible, l’héritage de Kastor Lieberung n’est qu’un leurre. Certainement
assurés d’intercepter leur cible en chemin, le templier de Sigmar Adolphus Kuftsos, tué par
Hadden, et son conseil restreint d’Obscurus Ala Mortis, ne se sont même pas donné la peine
de tendre un piège concret, tout est faux !

Les aventuriers décident de revenir aux quais et s’intéressent aux blasons des armateurs. Un
ouvrier sur place leur explique que chaque symbole correspond à une famille marchande de la
ville. Les plus prospères et les plus célèbres sont celles représentées par les quatre écussons
suivants : un tonneau marqué d’un S correspond à la famille Steinhager qui fait commerce du
minerai, un poing ganté de fer tenant un épi de blé est le blason de la famille Ruggbroder
faisant commerce des céréales, la tête de lion au-dessus d’une espèce de porte-drapeau est
celui de la famille Haagen et ses produits de luxe, enfin, une sorte de croix en pétale est le
symbole de la famille Teugen, plus vieille famille de Bögenhafen, habituée au commerce et
au transport des denrées les plus diversifiées, actuellement représentée par Johannes Teugen.

Günther se rappelle avoir lu ce nom quelque part parmi les nombreuses notes inscrites dans le
carnet personnel du templier Adolphus Kuftsos. Il recherche la page et en déduit que ce
Teugen, armateur de cette ville, est visiblement un membre éminent de cette organisation
mystérieuse proche de Kastor Lieberung. Faut-il aller le voir pour lui révéler ce qu’ils
savent ? La question est délicate. Les trois amis repartent vers les quartiers riches, repèrent la
demeure de l’armateur et retournent au port décharger la cargaison du Béribéli.

Hadden, de son côté, observe aux abords de la foire un pilori sur lequel est installé un Nain
hirsute, véritable attraction à laquelle participe une partie des badauds en lui lançant toutes
sortes de denrées avariées à la figure ! Assis à côté sur un tabouret, un jeune Nain, sans doute
son fils, essuie une larme devant la situation cruelle et humiliante de son père. Hadden,
n’ayant rien trouvé à dire quant aux activités d’Elvyra, décide de rentrer au bateau quand il est
interpellé par le Nain prisonnier en place publique qui en appelle à sa générosité et à sa
clémence pour le sortir de là. Il est redevable d’une simple amende d’une couronne pour
ivresse et tapage nocturne. Hadden voudrait s’éloigner mais il croise le regard du jeune Nain
et décide de régler l’amende. Le Nain s’appelle Gotri Gutterson et jure une reconnaissance
éternelle à Hadden. Il lui présente son fils Artus. Le Nain empeste et représente une

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compagnie plutôt gênante mais Hadden ne peut s’en débarrasser qu’après avoir trinqué et
vider une chope avec lui.

De retour au bateau, Hadden retrouve ses amis. Tous les quatre font un point rapide de la
situation puis travaillent tout l’après-midi sur le navire. A la fin de la journée, les quatre
compagnons récupèrent une carte précise et repèrent les villes dont les noms ont été cités
parmi leurs diverses sources d’information et autres documents. Mais puisque Bögenhafen se
révèle n’être qu’un piège sous un prétexte fictif, que faire maintenant et où se rendre ? En
attendant, Helmut propose d’aller faire un tour à la foire prendre un peu de bon temps.
Günther, méfiant, préfère rester à bord. Les trois autres empruntent la rue principale quand
Hadden, pris de remords, trouve plus prudent de ne pas laisser seul leur compagnon.

Jochen et Helmut arrivent à la foire. C’est la fête et la bière coule à flots. Toutes sortes de
bateleurs animent la place : amuseurs, jongleurs, dresseurs d’animaux, diseuses de bonne
aventure… Un homme met la foule au défi de battre son champion et de remporter ainsi cinq
couronnes ! Il interpelle Helmut, dont l’imposante carrure ne passe pas inaperçue, pour un
combat singulier ! Le champion en question aux muscles saillants fixe la foule d’un air
menaçant en gardant les bras croisés. Helmut esquisse un sourire mais la prudence est de mise
et il passe son chemin. De son côté, Jochen est abordé par une jeune femme qui lui propose de
lire dans les lignes de sa main ou de lui tirer les cartes du tarot. Jochen est d’accord et Helmut
l’accompagne sous une petite tente où prend place la bohémienne. Le trappeur de la forêt a
une préférence pour les cartes et demande pourquoi il est venu ici. Les prédictions de la fille
se révèlent pertinentes : elle indique que l’argent semble avoir conduit Jochen jusqu’à
Bögenhafen. Elle voit une personne à cheval, morte, peut-être un militaire. Les deux
compagnons ont une pensée pour le templier de Sigmar. La bohémienne devine beaucoup de
violence, un grand danger comme un péril sur la ville, un fléau source de changement.
Quelqu’un de puissant dans cette ville peut nuire à la population ! Jochen demande s’il faut
fuir ou si on peut empêcher un drame d’arriver mais la réponse est non même s’il y a de
l’espoir malgré ce vaste péril qui vient de très loin. La mort menace, une catastrophe ou un
changement radical pour la ville approche mais il faut faire preuve de patience. Il y a un
espoir. C’est une question de pouvoir. Les sages vont souffrir. La bohémienne pense à un lieu
sombre et souterrain où il ne faudrait pas aller. L’interprétation des cartes devient difficile,
tout est plus confus et aucune réponse précise ne concerne le présent, tout est possible !

Les deux aventuriers rentrent au navire, troublés et plongés dans leur réflexion, quand ils
aperçoivent sur le pont du Béribéli, Hadden et Günther en conversation avec un gamin. C’est
en fait le fils du Nain sauvé par Hadden. Artus a retrouvé Hadden grâce à Elvyra qui lui aurait
dit où le retrouver. Son père a été pris à partie par de jeunes vauriens qui lui ont lancé des
pierres. En tentant de fuir, Gotri Gutterson est tombé dans une bouche d’égout. Artus est très
inquiet et voudrait de l’aide pour porter secours à son père. Méfiants, les quatre compagnons
décident d’aller jeter un œil mais Helmut prévient le jeune Nain qu’au moindre problème il
fera les frais le premier de cette histoire. Arrivés sur place, ils descendent dans les égouts de
la ville et trouvent rapidement des traces de sang. Ils constatent qu’il est impossible à une
personne de petite taille de remonter par là. Les aventuriers cheminent un long moment en
suivant quelques traces jusqu’à une porte en bois de belle facture et fermée à clef. En
multipliant leurs efforts, ils finissent par ouvrir la porte et trouvent une petite pièce sans autre
porte ou ouverture, avec un pentacle dessiné au sol fermé par un double cercle à l’intérieur
duquel on peut lire une inscription latine : in girum imus nocte et consumimur igni. C’est
alors qu’une espèce de nuage apparaît et envahit la pièce, menaçant. Tous replient à
l’extérieur de la petite salle en vitesse, ferment la porte et font demi-tour jusqu’à l’air frais !

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Le temps de récupérer, Günther se repère et cherche à suivre le même chemin à l’extérieur
pour retrouver la maison correspondante. Il y arrive et les aventuriers se retrouvent devant le
comptoir de la famille Steinhager, représentée par un tonneau marqué d’un S et connue pour
le transport du minerai. Mais que faire ? Investir la maison n’est sûrement pas la meilleure
façon d’éclaircir cette histoire ! Un peu plus loin, Günther découvre une nouvelle plaque
d’égout. Tous l’empruntent pour retrouver à nouveau le réseau souterrain. Hadden, en tête,
progresse à la lueur d’une torche tandis que Jochen ferme la marche. A l’intersection du
conduit principal avec une dérivation secondaire, du bruit alerte Hadden mais trop tard pour
éviter l’attaque de plusieurs rats d’une taille anormale et de plus en plus nombreux. Hadden
tombe dans l’égout principal heureusement peu profond. Helmut est mordu plusieurs fois
ainsi que Günther et Hadden. Artus, armé d’un gourdin ramassé par terre, se révèle un
combattant plein de hargne. Peu à peu, le nombre de rats diminue et les derniers finissent par
fuir. Plus de peur que de mal ! Günther observe la dépouille d’un des rongeurs et découvre,
sur sa tête, un dessin curieux en forme de croix inscrit dans le pelage de l’animal.

Soudain, Artus pointe du doigt dans la direction de l’égout secondaire par lequel ont surgi les
rats : un cadavre flotte au milieu des immondices. La peur irrépressible de découvrir son père
l’envahit tandis que Hadden s’approche de la victime. Il reconnaît le Nain mais constate aussi
les conditions horribles de sa mort : son bras gauche lui a été complètement arraché, son corps
porte les traces de nombreux coups de couteau et surtout sa poitrine ouverte montre une
blessure béante où manque le cœur, vraisemblablement arraché lui aussi. Les bords de la
blessure indiquent plutôt que le coupable a usé d’une force inouïe incroyable pour s’emparer
du cœur de sa victime : meurtre horrible, acte sanguinaire, rituel impensable, tout laisse
penser qu’un monstre rôde dans ces égouts. Hadden récupère l’anneau de sa tribu sur la main
droite du Nain et confie le bijou à Artus, abattu mais plein de dignité. Les aventuriers décident
d’enterrer Gotri Gutterson loin de cet endroit putride et emportent sa dépouille en suivant le
cours principal de l’égout. En jetant un coup d’œil à travers la dernière plaque d’égout,
Günther constate que leur progression les a amenés non loin de l’embarcadère du port fluvial
de la ville. Ils poursuivent jusqu’à un déversoir final fermé par une grille. A trois, après de
multiples efforts, les barreaux suffisamment tordus permettent un passage. Jochen part en
premier jusqu’au bateau trouver un grand sac en jute pour transporter le Nain. Il tombe sur
Joseph Quartjiin, furieux et ivre mort, qui le prend pour un voleur. Malgré ses bonnes
intentions, une rixe s’ensuit au cours de laquelle Jochen assomme le capitaine du Béribéli. Il
trouve ensuite un grand sac de toile et rejoint les autres. Tous montent à bord d’une petite
barque et descendent le fleuve. Gotri Gutterson est enterré hors de la ville tandis que son fils
Artus laisse échapper une mélodie funèbre ponctuée de sanglots. La chaloupe est remise à sa
place après avoir remonté le fleuve puis tous lavent leurs vêtements pour se débarrasser de la
boue de la berge, des traces de terre et de sang et surtout de l’odeur nauséabonde des égouts.
Le petit groupe exténué rentre au navire avec Artus. Joseph est mis délicatement dans son lit
puis chacun tente de dormir un peu avant l’aube toute proche.

5 mars 1512

Malgré cette nuit tourmentée, Jochen est matinal. Peu à peu, les autres se réveillent et la
question de savoir ce qu’ils peuvent faire pour dénouer cette situation brûle sur toutes les
lèvres. Hadden suggère l’idée de profiter du voyage retour pour transporter du minerai et ainsi
contacter la maison Steinhager. Le capitaine de la péniche, mal en point à cause d’un mal de
crâne évident, fait un signe de tête pour donner son accord et laisse carte blanche aux
aventuriers pour négocier. Le petit groupe se rend à la foire pour acheter des habits neufs à

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Günther qui jouera le rôle de négociant. Hadden et Helmut en profitent pour voir Elvira et
faire soigner leurs morsures de la veille.

De retour aux quais, Günther se rend à l’entrepôt des Steinhager et discute de la cargaison à
ramener à Altdorf avec le contremaître qui le reçoit. Celui-ci n’a pour le moment pas de fer à
proposer mais des lingots d’argent. Malgré la discussion aimable et le contact pris, Günther
réalise qu’il sera difficile de rencontrer chez eux les membres de la famille Steinhager pour
éventuellement les confondre. Jochen, accompagné d’Helmut, retourne à la foire voir la
cartomancienne. Il lui montre le papier sur lequel a été recopiée la phrase du pentacle. La
jeune femme lui confie qu’il s’agit d’une phrase écrite en langue antique des magiciens, bien
avant Sigmar. Elle lit pour eux « In girum imus nocte et consumimur igni » et traduit « Nous
nous consumerons en rond dans la nuit. » Puis, elle leur fait remarquer la symétrie parfaite et
le double sens de lecture de cette formule mystérieuse.

Jochen reste sceptique et demande à la gitane de lui lire à nouveau les cartes. La jeune femme
lui décrit un homme très puissant qui le cherche mais les éléments sont obscurs. Elle ne peut
l’aider avec précision. Tout est confus. Cet homme puissant est source de danger, il est lié à
un chevalier mort et c’est lui qui a tué le Nain ! Elle conseille à Jochen de ne pas montrer le
parchemin et sa phrase mystérieuse et lui confie qu’elle va quitter la ville car elle se sent en
danger après ses révélations de la veille. Jochen brûle le parchemin tandis que la bohémienne
rassemble ses affaires. Il lui fixe rendez-vous ce soir à l’embarcadère et la suit du regard partir
vers le port.

Hadden, de son côté, se rend à l’hôtel de ville sur la grande place pour essayer de recueillir
des informations sur les personnages importants et sur les vieilles familles aux affaires de la
cité. Il apprend que le juge Ritcher est le bailli de la ville puis il se rend au bâtiment de la
guilde des marchands. Là, un ouvrage sur les chroniques de la ville lui révèle que quatre
familles principales règnent sur Bögenhafen à côté de petites familles sans pouvoir. Le conseil
de la ville est ainsi constitué du bailli Ritcher, des familles nobles régnantes et de Magirius,
représentant le plus âgé des petites familles. Hadden, pour finir, se rend au temple de Sigmar
où il est possible de trouver la généalogie des vieilles familles de la ville. Elles sont donc au
nombre de quatre : Haagen, Ruggbroder, Teugen et Steinhager.

Chez les Steinhager, deux frères se partagent les affaires, Heinrich et Frantz, l’aîné, qui dirige
la famille : affaires florissantes liées au minerai et aux contacts avec les Nains. Chez les
Teugen, vieille famille connue depuis 300 à 400 ans, c’est Karl, le fils aîné, qui dirigeait les
affaires jusqu’à sa mort il y a deux ans. Après un léger déclin, c’est Johannes, étudiant revenu
de Nuln avec de nombreux contacts, qui a repris les affaires familiales et amorcé une très
bonne reprise ! Quant à la mort de Karl Teugen, il est fait mention d’une mort rapide due à
une étrange maladie, lorsque Hadden trouve un papier glissé parmi les pages : « Mensonge,
mensonge ! Karl Teugen est mort dans les pires souffrances, caché de tous, la marque est sur
lui, la marque est sur nous tous. » Et c’est signé de la lettre U.

L’aventurier rentre au navire faire part aux autres de ses découvertes puis, le soir venu, Jochen
file sur les quais pour une rapide entrevue avec la cartomancienne. Elle est prête à partir et
donne un dernier conseil à Jochen : elle voit un chiffre qui lui fait peur, mieux faudrait éviter
le 5 ! Tandis que la jeune femme s’éloigne vers le bateau prêt à l’emporter, Jochen a un regard
rapide vers le ciel. La lune Morrslieb est pleine et semble un court instant afficher un sourire
narquois.

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La nuit est tombée. Les aventuriers vont surveiller le comptoir Steinhager, repéré tout à
l’heure. Tous les volets de la maison sont fermés et le bâtiment semble inoccupé quand vers
onze heures du soir, un type portant une sorte de soupière, arrive et frappe à la porte.
Quelques instants après, un gardien plutôt âgé, tenant un chien en laisse, ouvre la porte et
accueille l’arrivée de son dîner avec satisfaction. Les aventuriers observent peu après la clarté
d’une lumière au rez-de-chaussée puis tout s’éteint. Helmut suit le porteur de soupe jusqu’à
une auberge à l’intérieur de laquelle il pénètre aussi. Un jeu de dés entre clients passionne
l’assistance mais il ne note rien d’anormal, constatant même l’absence de miliciens ou
d’hommes en armes.

Pendant ce temps, Hadden fait le tour de la maison par un passage latéral, une sorte de venelle
menant à une arrière-cour avec un ancien puits. De l’autre côté du mur, donnant sur le
comptoir Steinhager, il aperçoit la même courette identique avec son puits et note l’existence
d’une entrée de derrière. Les aventuriers, avec Helmut de retour, se divisent en deux groupes
de deux et décident d’aller plus loin dans leur investigation. Günther et Jochen surveillent la
porte de devant au cas où le gardien s’enfuirait par là tandis que Helmut et Hadden passent
par derrière, enjambent le mur et cherchent à entrer dans la maison. Hadden parvient à
crocheter la serrure de la porte. Le couloir qu’ils découvrent aboutit de l’autre côté à l’entrée
principale du bâtiment. Les deux aventuriers ouvrent la porte pour permettre à leurs
compagnons de les rejoindre aussitôt. De part et autre de l’entrée, se trouvent deux portes :
celle de gauche donne sur une pièce ordinaire mais avec un escalier menant à l’étage, tandis
que de celle de droite proviennent des ronflements.

Avant de poursuivre plus haut, les aventuriers préfèrent neutraliser le gardien et son chien
dormant visiblement derrière l’autre porte. Helmut et Hadden s’embusquent de chaque côté
puis Günther provoque un bruit suffisant pour réveiller le gardien. Celui-ci se lève et ouvre la
porte. Il est assommé et attaché par Jochen et Hadden tandis qu’Helmut égorge le chien avant
qu’il n’ait le temps de réagir. La pièce que l’homme occupait est une simple chambre lui
servant à se reposer durant ses nuits de garde. Günther trouve sur lui un trousseau de clefs. La
maison n’aura bientôt plus de secret pour eux. Au premier étage, le bureau de Frantz
Steinhager attire toute l’attention des visiteurs. A l’intérieur de la pièce, se trouvent un bureau,
un coffre, une bibliothèque et une cheminée. Chacun s’octroie un lieu de recherche. Dans la
bibliothèque murale, Hadden trouve par hasard un livre sur la vie de Sigmar qu’il met de côté
pour une lecture ultérieure. Il découvre aussi un mécanisme caché avec deux trous
hexagonaux à hauteur d’homme laissant à penser qu’il existe là un passage dissimulé.

Helmut s’occupe du bureau, fracture un tiroir fermé à clef et découvre un médaillon de bronze
portant une inscription circulaire : In girum imus nocte et consumimur igni, la même phrase
traduite par la bohémienne. Quant à Günther, il s’affaire sur le coffre et, après plusieurs
tentatives, vient à bout de sa porte fermée. A l’intérieur, il trouve une bourse d’argent, un
billet genre morceau de papier sur lequel est écrit : « trouvez un étranger et amenez-le ce
soir », et pour finir une bourse en cuir contenant deux clefs allènes. Les aventuriers pensent
aussitôt au mécanisme de la bibliothèque et découvrent un passage secret donnant sur un
escalier qui descend à pic dans l’épaisseur du mur. Jochen monte la garde tandis que les trois
autres vont jeter un coup d’œil en bas. Après une descente angoissante, ils tombent sur une
porte étrange sans serrure derrière laquelle ils devinent la pièce mystérieuse où ils étaient
arrivés après leur périple dans les égouts et où le nuage spectral les avait obligés à fuir en
vitesse. Ils remontent tous ensemble et referment le mécanisme.

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Jochen, en fouillant la cheminée, en extrait un papier à moitié calciné sur lequel il comprend
les mots 12ème heure et œuvre achevée qui ne présagent rien de bon. Serait-il déjà trop tard ?
L’étranger mentionné sur le papier du coffre serait-il le Nain sacrifié des égouts ? Après ces
découvertes, l’idée des aventuriers est de se faire passer pour de simples voleurs afin de
dissimuler les véritables intentions de leur visite. Hadden replace le livre sur le rayon de la
bibliothèque mais récupère l’argent du coffre laissé grand ouvert. Günther, de son côté, prend
une empreinte à la cire du médaillon et des deux clefs allènes.

A l’étage suivant, les aventuriers découvrent un nouveau bureau avec quelques papiers signés
Heinrich Steinhager. Une des lettres attire leur attention, lettre dans laquelle Heinrich se plaint
de sa position de puîné derrière son frère Frantz et de son impuissance à régler les affaires
commerciales comme il le souhaiterait…

A l’étage encore au-dessus, Jochen découvre une vaste pièce où sont installées des tables de
travail pour y remplir des livres de compte et y faire de précieuses copies de documents.
Helmut et Hadden ont soudain envie de perturber les plans de la famille Steinhager en mettant
le feu à leur comptoir. Günther et Jochen hésitent mais ils se rangent à l’avis des deux autres
dans l’espoir qu’un incendie fera se dévoiler les protagonistes et peut-être leur fera faire une
erreur. Oubliée l’idée du passage de voleurs, le feu est mis dans le bureau de Frantz au niveau
de la bibliothèque pour que soit découvert le passage secret. Les flammes commençant à
prendre de l’ampleur, les aventuriers descendent en vitesse au rez-de-chaussée, transportent
sur le perron le gardien toujours attaché et évanoui, et se postent à distance pour observer la
suite des événements. Le feu prend tout l’étage puis l’alerte est donnée par un passant lorsque
les flammes apparaissent aux fenêtres ! Des cris vont de rue en rue, des clients de l’auberge
accourent puis, peu à peu, une chaîne humaine s’organise visant à transporter de l’eau dans
tous les récipients possibles afin d’éteindre l’incendie. Le gardien est tiré hors de la maison
qui risque de s’écrouler. Les aventuriers se mêlent aux curieux et observent de plus près ce
qui se passe.

L’incendie finit par être maîtrisé mais le comptoir Steinhager a souffert. Au bout d’un
moment, arrive un homme entouré de gardes du corps. Il a, à peu près, la cinquantaine et
regarde consterné les ruines fumantes du comptoir. Hadden apprend d’un badaud qu’il s’agit
de Frantz Steinhager. Le vieux gardien vient d’ailleurs lui rendre compte de ce dont il se
souvient…

Un deuxième homme, plus jeune, habillé de manière plus voyante, arrive précipitamment au
milieu de la foule. C’est Heinrich, le plus jeune des deux frères Steinhager. Quelques notables
bien habillés viennent à leur tour aux nouvelles. Peu après, un autre personnage arrive sur les
lieux : c’est un marchand devant lequel les curieux s’écartent avec à la fois une certaine
crainte et du respect. C’est Johannes Teugen. Cette réunion improvisée des notables de la ville
est très enrichissante. D’ailleurs, l’aîné des Steinhager vient aussitôt lui parler. En tendant
l’oreille, Jochen comprend les propos de Frantz qui confie à Teugen de ne pas s’inquiéter car
tout a été nettoyé. Ce n’est pas une famille de marchands compromise dans cette histoire mais
deux vu les liens qui semblent unir les Steinhager et les Teugen. D’ailleurs, les deux hommes
font face ensemble pour accueillir le bailli de la ville, homme aux cheveux gris mais au regard
encore vif. Une pointe de sarcasme anime leur court échange. Un garde vient s’entretenir avec
le bailli qui fait quelques pas vers les ruines quand un autre garde vient lui rapporter quelque
chose. Le vieil homme appelle aussitôt Frantz Steinhager pour lui demander des explications
quant à cette étrange chapelle découverte dans le sous-sol du comptoir et construite sans

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autorisation ! L’aîné des Steinhager lui répond d’un ton méprisant et tourne les talons. Le
bailli semble contrarié mais l’incendie est éteint et le quartier sauvé. Il s’en va.

Les aventuriers notent encore la présence de Teugen resté sur place mais échafaudent déjà le
plan de séquestrer Frantz Steinhager pour le faire parler. L’idée est d’intervenir sur le chemin
du retour vers sa demeure du quartier des marchands et notables mais, malgré les faveurs de la
nuit, la présence des gardes complique les choses. Finalement, un gamin est chargé de porter à
Frantz le message suivant : « Ville trop dangereuse. Rendez-vous cimetière immédiat. KL ».
Le marchand lit le pli et cherche du regard l’originaire du message. Günther sort de
l’obscurité et se découvre afin que les traits de Kastor Lieberung jettent le trouble chez l’aîné
des Steinhager. Malgré un regard appuyé, le visage de Frantz reste impassible. Il rentre avec
ses gardes du corps jusqu’à chez lui. Günther se rend au cimetière tandis que le reste du
groupe se place aux endroits stratégiques du passage éventuel de Frantz Steinhager.

Une heure se passe quand un homme sort de la maison. Ce n’est pas le marchand. Hadden le
suit discrètement jusqu’à une auberge malfamée où l’envoyé de Steinhager entre en contact
avec un autre homme. Celui-ci sort de l’auberge et revient peu après accompagné d’une
douzaine d’hommes de main. Cela devient trop dangereux. Hadden retourne prévenir ses
compagnons et tous décrochent à temps avant l’arrivée du groupe de malfrats. Ces derniers se
rendent bien au cimetière mais, faute d’y trouver qui que ce soit, font demi-tour au bout d’une
heure. Les aventuriers rentrent au bateau, épuisés par cette nuit trop longue.

6 mars 1512

Dès le matin, les aventuriers font déposer par l’intermédiaire de deux gamins, se relayant, un
nouveau message sous la porte de la maison Steinhager. Une heure plus tard, un vieux
serviteur sur le point de sortir trouve le message. Celui-ci rentre à l’intérieur de la demeure
puis repart après. Jochen le suit puis plus loin le reste du groupe. Le serviteur se rend à la fête
de la bière jusqu’à la tente du tribunal des fêtes. Frantz et Heinrich Steinhager sont présents et
reçoivent le pli des mains de leur serviteur. L’aîné des frères marque un instant de surprise
puis se reprend. Les deux marchands semblent ignorer le message en question pour se
concentrer sur la mise en place d’une lice pour les joutes.

Dans la matinée, la rumeur circule que le bailli de la ville est souffrant. La nouvelle, si elle est
vraie, inquiète Hadden et, tandis que les autres restent en observation, il décide de se rendre
rapidement à l’hôtel de ville. En chemin, il observe sur la place centrale un attroupement à
l’écoute d’un prédicateur de rue. Hadden passe son chemin et entre à l’intérieur du bâtiment
officiel où séjourne normalement le bailli. Le rez-de-chaussée est désert mais Hadden décide
de monter à l’étage au niveau des bureaux et autres antichambres. Il rencontre alors un
homme d’un certain âge qui s’appelle Andrea et qui est le secrétaire particulier du bailli.
Hadden lui explique qu’il a entendu parler de la mauvaise santé de son maître et vient voir
s’il peut mettre à son service ses quelques connaissances sur les soins du corps et les maladies
dont on peut souffrir. Le greffier Andrea acquiesce et semble même un instant soulagé. Il
conduit Hadden jusqu’aux appartements privés du bailli. Passé une pièce servant de bureau, le
jeune bûcheron découvre dans une petite chambre le bailli alité. Andrea explique que deux ou
trois soigneurs se sont déjà succédés à son chevet mais sans résultat. Hadden examine le
bailli. Il est fiévreux, pâle et en sueur mais surtout sa peau violacée par endroit présente une
texture étrange qui n’est pas sans rappeler à Hadden la peau des marqués qui avaient attaqué
la diligence de Kastor Lieberung ! L’aventurier prévient Andrea que c’est sans doute grave et
qu’il connaît en la personne d’Elvira une soigneuse compétente digne de confiance. Hadden

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retourne à la fête de la bière chercher la jeune femme et ses compagnons. Le prédicateur
anime toujours la place de l’hôtel de ville et le nombre des badauds est plus important que
tout à l’heure. Sa harangue attire soudain l’attention de Hadden : il parle de la main dans le
cercle comme le signe de la mort ! L’aventurier apprend que cet étrange personnage s’appelle
Ultar puis il file rejoindre les autres et récupère Elvira. Tous retournent auprès du bailli. En
passant non loin de l’attroupement autour du prédicateur, Ultar interpelle soudain Günther en
le désignant du doigt et en criant que la marque est sur lui comme sur eux tous d’ailleurs. Les
aventuriers ne s’attardent pas et pénètrent à l’intérieur de l’hôtel de ville.

Au chevet du bailli, Elvira pense à un empoisonnement et commence des soins appropriés


tandis que les aventuriers interrogent Andrea sur les éventuelles choses inhabituelles
survenues ces derniers temps. Le greffier n’a rien remarqué de particulier. Quant à la dernière
visite auprès du bailli : c’est le capitaine de la garde Reiner Goettrin qui s’est entretenu en
privé avec lui. D’ailleurs, cet homme au visage toujours grave et fermé affichait un sourire
inhabituel en quittant les lieux ! Hadden rejoint Elvira et examine le bailli. Tous deux trouvent
deux petits points rouges à la base de son poignet droit. Le vieil homme, alité, confirme dans
un chuchotement avoir serré la main du capitaine de la garde.

Les aventuriers font porter par l’intermédiaire d’Andrea un nouveau message aux marchands
Teugen et Steinhager, pli indiquant la faiblesse du bailli et sa demande urgente d’un entretien
avec eux. Ainsi, s’ils se déplacent, leur capture et leurs aveux mettront sans doute un terme à
leurs manigances. Mais les deux hommes rient aux éclats en recevant le message, à la stupeur
du greffier qui retourne, dépité, à l’hôtel de ville. Les quatre compagnons pensent alors qu’il
faut séquestrer le capitaine de la garde et lui extorquer des informations. Tout est mis en place
pour tendre un guet-apens à Reiner Goettrin : le bailli et Elvira sont mis à l’écart dans un petit
boudoir, Hadden prend la place du mourant plus ou moins caché par les couvertures tandis
que les trois autres se dissimulent dans la pièce, derrière une porte, dans une armoire…

Andrea repart porter un pli au capitaine de la garde annonçant cette fois l’amélioration de
l’état de santé du bailli. En présence de celui-ci, seul et alité, Reiner Goettrin aura sans doute
à cœur de finir le travail commencé ! Il sera pris la main dans le sac !

Le temps passe et la tension monte en attendant le retour d’Andrea. Soudain, du bruit alerte
les aventuriers de l’arrivée imminente du capitaine de la garde. Hadden serre un peu plus fort
la poignée de sa hachette quand Andrea introduit Reiner Goettrin dans la chambre du bailli.
Le capitaine le salue et prend de ses nouvelles. Hadden lui confie qu’il va mieux mais que
leur dernière rencontre l’a laissé sans force et a bien failli le faire passer de vie à trépas.
L’officier ne comprend pas et Hadden insiste, sûr que son interlocuteur va se dévoiler et
attenter à sa vie, mais en vain. Reiner Goettrin lui affirme qu’il n’est pas venu ici depuis
quatre jours. Il se rapproche et scrute le visage du soi-disant bailli, découvrant le subterfuge et
portant aussitôt la main à son épée.

Günther, Helmut et Jochen jaillissent de leur cachette pour arrêter son geste. La surprise du
capitaine permet aux aventuriers de désamorcer la situation. Convaincus désormais de son
innocence, les quatre compagnons lui exposent ce qu’ils ont découvert et attirent son attention
sur le fait que le bailli est victime d’un personnage capable de prendre l’apparence d’un
autre ! Le vieil homme est remis dans son lit, Elvira restant à son chevet, tandis que la
discussion continue entre le capitaine et les aventuriers qui lui expliquent le danger pour la
ville que représentent les marchands impliqués. Reiner Goettrin a du mal à croire à cette

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histoire mais devant l’insistance de Günther et la convergence des faits, il accepte de faire
surveiller les demeures des notables et leurs déplacements sous prétexte de leur sécurité.

Le soir approche quand, soudain, une rumeur extérieure, grandissante, monte de la rue. Par les
fenêtres de l’hôtel de ville, chacun découvre un immense cortège en tête duquel avance à
cheval un vieil homme en armes. Derrière lui, sur une charrette, est étendu un jeune homme
victime du tournoi de cet après-midi, puis vient la foule grondante et mécontente, criant à
l’assassin et scandant sa colère contre les Ulricains ! La victime, Ostlandaise, était le dernier
descendant de la famille Von Tasseninck. Le coupable est Heinrich Von Krieglitz du
Talabecland. Certains parlent d’accident, d’autres disent qu’il a visé la tête ! Des enjeux
politiques sous-jacents sont évoqués mais qui dépassent un peu les aventuriers : question de
territoire, de grands électeurs qui choisissent l’empereur.

Reiner Goettrin file à la caserne afin que cette foule véhémente soit encadrée par la garde.
Helmut et Günther descendent dans les égouts et font plusieurs navettes jusqu’à la chapelle
des Steinhager mais rien à signaler. Pendant ce temps, Artus, Jochen et Hadden accompagnent
de loin le capitaine de la garde pour assister à la mise en place de son dispositif de
surveillance. L’officier se rend ensuite en dehors de la ville jusqu’à la lice pour s’entretenir
avec la famille du Talabecland tandis que le jeune chevalier responsable de la mort de
l’Ostlandais, choqué, reste prostré. Hadden se demande si un sortilège n’aurait pas obligé ou
tout simplement dévié la lance du jouteur pour tuer son adversaire du moment et créer un
désordre propice aux manigances des marchands ! Il pense au prédicateur fou, Ultar, qui
pourrait s’avérer utile par ses révélations à condition de les comprendre. Le bucheron apprend
qu’il vit de l’autre côté du fleuve un quartier, baptisé la Fosse, très pauvre et mal fréquenté.
Un bac permet la traversée mais à cette heure, Hadden renonce.

Un garde vient les prévenir que Teugen est sorti de chez lui. Jochen, Hadden et le petit Nain
retournent en ville pour suivre le marchand, accompagné de deux gardes, jusqu’à l’hôtel de
ville, où attendent discrètement Helmut et Günther. Tous les quatre ressentent une vive
tension en voyant le marchand pénétrer dans le bâtiment sachant que le bailli, alité, se remet
doucement en ces mêmes lieux ! Hadden se glisse derrière la porte pour l’apercevoir à l’étage
entrer dans un bureau aux armes de sa famille et s’y installer toujours sous la protection de ses
deux gardes. C’est alors qu’un garde de la ville, envoyé par le capitaine, vient prévenir les
aventuriers d’une réunion imminente en la demeure de Teugen. Ce dernier, d’ailleurs, quitte
son bureau et descend le large escalier de l’hôtel de ville pour retourner chez lui.

Les aventuriers remercient leur messager, laissent Artus auprès d’Elvira, puis suivent le
marchand jusqu’à sa maison. Ils contournent le quartier, passent dans le jardin d’une propriété
voisine attenante. Jochen, toujours habile au contact de la nature, passe dans un arbre et
grimpe sur la plus haute branche possible. Il confirme la présence de Teugen s’adressant à
cinq hommes. Tous ont revêtu une tenue sombre avec devant un symbole circulaire qui
pourrait bien être la représentation de Morrslieb. Parmi les membres présents, Jochen
reconnaît l’aîné des Steinhager et le vieux Magirius, représentant des petites familles au
conseil de la ville. Soudain, à la fenêtre éclairée du premier étage, se découpe une étrange
silhouette qui passe en contre-jour devant la lumière. Les longs bras qui pendent de chaque
côté d’un corps démesurément grand et le profil particulier de sa mâchoire font penser à une
sorte de monstre, peut-être le gardien de la demeure. La prudence est de mise et cette
apparition annihile les plans d’intrusion pour se rapprocher de la réunion et entendre ce qui se
dit.

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Le temps passe. La réunion se termine enfin et Jochen aperçoit chacun des membres prendre
le chemin du retour pour rentrer chez lui. Magirius semble habiter non loin et est accompagné
d’un seul garde. Les aventuriers décident d’en savoir plus et veulent intercepter le vieil
homme. Le vieux sage et son garde du corps traversent un petit jardin par une allée centrale
bordée de haies. Les aventuriers se dispersent rapidement et encerclent le jardin. Jochen, en
couverture, a engagé une flèche sur son arc tandis que Helmut rattrape les deux hommes, que
Günther remonte l’allée à leur rencontre et que Hadden est le premier embusqué. En
apercevant Günther venir vers eux, le garde pose la main sur son épée courte lorsqu’il entend,
mais trop tard, le pas précipité d’Helmut qui arrive derrière lui. Le garde est assommé puis
Hadden se jette sur Magirius, plaque une main sur sa bouche et lui impose le silence de la
pointe de son couteau ! Helmut jette sur son épaule le garde inconscient puis tous les quatre
entraînent leur prisonnier dans les égouts pour se retrouver dans les souterrains à l’abri des
patrouilles.

Helmut est furieux mais il en rajoute pour effrayer Magirius. Les aventuriers prennent
conscience qu’après avoir tant tourné en rond, ils peuvent obtenir là de précieuses
informations. Le vieil homme a intérêt à parler. D’ailleurs, Helmut met ses menaces à
exécution et noie le garde sous les yeux incrédules de ses compagnons qui s’en aperçoivent
trop tard ! Magirius est disposé à leur répondre : les trois hommes qui participaient à la
réunion avec lui sont Schultz, Klauss Schatiger et le fils Ruggbroder. Au début, lui-même
voulait partager un savoir et la connaissance des textes anciens puis, peu à peu, leur
congrégation a pris une dimension imprévue. Les événements l’ont dépassé jusqu’à ce rituel
nécromant et l’exigence d’un sacrifice. Il l’a dit à Teugen. C’est pourquoi Magirius pense que
c’est le marchand qui les envoie pour le punir mais alors pour quelle raison avoir tué le
garde… Magirius s’effondre en larmes. Les aventuriers lui révèlent leur identité et la vraie
nature de leur enquête. Magirius redouble de lamentations et remercie Ulric de lui offrir la
rédemption ! Ses confidences sont des plus sincères : il y a quelques jours, Teugen a reçu de
bonnes nouvelles. Il a reçu quelque chose très récemment en vue d’un autre sacrifice dans une
nouvelle chapelle car l’incendie du comptoir des Steinhager a perturbé visiblement un certain
protocole.

Les aventuriers échangent un regard en pensant que leur action a finalement été utile. Mais
Magirius ne sait pas où aura lieu le prochain sacrifice. Son témoignage en tout cas est
essentiel et les aventuriers décident de le conduire jusqu’au capitaine de la garde. Tous
retournent à l’hôtel de ville où Reiner Goettrin arrive à son tour une heure après. Magirius se
confesse et confirme tout ce que les aventuriers pensaient des marchands Steinhager et
Teugen. L’officier reste perplexe. Helmut explose et lui demande ce qu’il lui faut de plus.
Reiner Goettrin voudrait des preuves ! Sinon, il ne peut arrêter, sur les simples aveux d’un
vieil homme, les deux marchands les plus influents de la ville. Le capitaine réfléchit mais il
doit repartir.

Malgré l’heure avancée, les aventuriers cherchent une action possible et échafaudent un plan
avec l’aide de Magirius. Le conseiller va retourner chez Teugen l’avertir qu’il a été
violemment attaqué. Son garde est mort. Mais surtout il veut l’avertir, en signe d’apaisement
et de bonne volonté de sa part, du vol de sa tenue de cérémonie ornée d’une main dans un
cercle. Magirius se délaisse de l’or qu’il a sur lui ainsi que d’une bague et d’une alliance.
Hadden a l’idée que deux d’entre eux seront engagés comme gardes du corps pour protéger
Magirius et surtout peut-être infiltrer la demeure de Teugen lors d’une future réunion ! Un
rendez-vous est pris demain à la taverne des Lances Croisées vers le milieu de la matinée. Les
aventuriers précisent que si Magirius est accompagné et qu’il ne présente pas les gens en sa

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compagnie, ils considéreront qu’il y a un problème. Les aventuriers finissent la nuit à l’hôtel
de ville.

7 mars 1512

Helmut et Hadden se dirigent vers la taverne où ils ont rendez-vous avec Magirius. Günther et
Jochen les suivent de loin pour observation. Les deux premiers pénètrent dans l’auberge
tandis que Günther retourne au bateau et que Jochen, après avoir jeté un œil aux alentours,
entre à son tour dans la taverne et s’installe au comptoir. Helmut et Hadden notent la présence
de Magirius attablé et en pleine discussion avec deux hommes assez âgés au sujet de sa
mésaventure de la veille. Jochen remarque la présence d’un marin seul à une table isolée.

Helmut, en entendant le récit de Magirius, s’approche, se présente et offre ses services ainsi
que ceux de Hadden en le désignant d’un mouvement de tête. Le conseiller, un instant surpris,
accueille la proposition avec bonne humeur et présente ses deux amis à ses côtés : Ruggbroder
et Haagen. Hadden s’approche à son tour. L’affaire est conclue et Magirius se propose de les
recevoir chez lui dans une heure. Jochen remarque alors que le marin solitaire n’est plus là
mais il ne l’a pas vu partir. Les aventuriers se retrouvent au bateau puis se rendent à l’hôtel de
ville. Les soins d’Elvira ont commencé à faire effet, le bailli va mieux. Helmut et Hadden se
rendent chez Magirius, suivis de loin par Günther et Jochen. Le vieux sage les accueille dans
une cour à l’arrière de sa demeure et confie aux deux hommes qu’il a bien été reçu hier soir
par Teugen, intrigué par le guet-apens dont il a été victime à son retour chez lui. Teugen a pris
note de la bonne volonté de Magirius à effacer leur différend devant le vol de sa tenue de
cérémonie et l’intérêt supérieur de leur confrérie. Le marchand lui a proposé des gardes mais
Magirius lui a fait part de son souhait d’en recruter lui-même.

Le temps d’un rapide déjeuner, Magirius leur fait ensuite visiter la maison et leur présente la
vieille bonne qui s’occupe du linge, du feu, des repas et d’entretenir la demeure.

En début d’après-midi, Magirius se rend chez Teugen pour une nouvelle réunion. Helmut et
Hadden l’accompagnent et pénètrent avec lui à l’intérieur de la propriété, leur faisant espérer
assister à la réunion. Mais leur espoir s’envole à l’entrée de la maison où seul Magirius
pénètre, des gardes leur demandant de rester là. Deux bonnes heures plus tard, le vieux
conseiller ressort la mine sombre et tous trois prennent le chemin du retour. Hadden jette un
œil à Helmut, et les deux compagnons se comprennent quant au risque éventuel qu’il ne
s’agisse pas du vrai Magirius ! En chemin, le vieil homme leur confie qu’il doit leur parler de
toute urgence car un grave problème se présente mais il veut se confier dans le plus grand
secret et préfère attendre d’être chez lui.

A l’abri de sa maison, Magirius demande à sa vieille bonne de lui préparer un bain et indique
à Helmut et Hadden de le rejoindre tout à l’heure. La vieille bonne monte à l’étage, suivie de
peu par son maître. Helmut et Hadden sont intrigués. Les deux hommes laissent passer un bref
moment puis Helmut décide de monter. Il emprunte l’escalier extérieur partant de la cour et
menant à l’étage où se trouve le bain. Arrivé en haut, il croise la vieille bonne dans le
vestibule, tête basse, qui sort et descend pour retourner à ses tâches. Hadden monte à son tour
rejoindre Helmut auprès de Magirius.

Helmut, justement, est sur ses gardes : le véritable Magirius les attend-il pour une révélation
ou un piège est-il en train de se refermer sur eux ? Pas un bruit ne trouble l’étage si ce n’est un
lointain clapotis. Helmut s’approche de la salle des bains mais s’arrête un peu avant le pas de

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la porte. Hadden croise la bonne et se hâte de rejoindre son compagnon. Helmut passe la tête
et jette un rapide coup d’œil à l’intérieur de la pièce. La baignoire est remplie à ras bord, de
l’eau est répandue partout par terre et, surtout, le corps nu et ensanglanté de Magirius gît sur
le sol, face contre terre. Helmut donne l’alerte, avertit Hadden qu’il sait tout près et désigne la
bonne comme principal danger. Hadden a compris et se retourne pour interpeller la vieille
femme. Celle-ci, encore dans l’escalier mais toute proche de la cour, se retourne et affiche un
sourire méprisant avant de reprendre sa descente des dernières marches. Hadden la blesse à
l’épaule en lui jetant sa hachette mais ne perturbe en rien sa progression. Le bûcheron lui
hurle de s’arrêter, en vain. Il dévale l’escalier, saute les dernières marches pour atterrir sur le
sol, sa cognée entre les mains. Il arrive à portée quand la vieille bonne se retourne et lui fait
face, jetant le trouble dans l’esprit du jeune homme.

En haut, à l’étage, Helmut porte secours à Magirius mais trop tard. Il est mort, la poitrine
ouverte de plusieurs plaies profondes comme si une main de grande taille, armée de griffes,
l’avait touché mortellement. Le vieil homme a eu le temps d’écrire avec son propre sang :
entrepôt 13. Une fouille rapide des vêtements du conseiller permet à Helmut de trouver un
courrier qu’il emporte en fonçant rejoindre Hadden.

Son hésitation passée, le jeune bûcheron charge sur la vieille femme mais manque son
attaque. La riposte ne se fait pas attendre et Hadden est projeté en arrière par un violent coup à
l’épaule qui le blesse aussi au visage ! L’aventurier reprend appui au sol pour se relever mais
un instant de stupeur le saisit. Sur le sol, l’ombre de la petite bonne ne correspond en rien à
celle d’une femme âgée, courbée par de longues années de travail. La silhouette au sol révèle
la présence d’une créature gigantesque aux bras très longs et aux mains armées de griffes
tranchantes ! Helmut bondit dans la cour et donne l’alerte sachant que Günther et Jochen ne
sont pas très loin. La vieille femme se plaque contre le mur de la cour et Helmut va pour
frapper quand il évite de justesse un coup terrible. Le guerrier riposte mais ne rencontre que le
mur. Un instant surpris lui aussi par l’ombre du monstre, il lève la tête vers la créature
installée sur le faîte du mur. La petite bonne affiche un sourire narquois et disparaît de l’autre
côté. Günther et Jochen arrivent sur les lieux, aident Hadden, mal en point, puis tous les
quatre s’enfuient pour ne pas risquer d’être accusés du meurtre horrible du conseiller
Magirius. Ils filent à l’hôtel de ville où Elvira s’occupe du blessé. Elle applique un onguent
sur la mauvaise estafilade qui balafre la joue de Hadden et soigne son épaule endolorie.
Helmut fait part aux autres de ce qui s’est passé. L’entrepôt 13 désigné par le conseiller est
sans doute le lieu du prochain sacrifice prévu par Teugen et ses sbires. Hadden les rejoint pour
lire le courrier pris chez Magirius. Tout semble indiqué que quelque chose d’énorme se
prépare mais ils pensent qu’il est encore possible d’intervenir. En bas de la lettre, la signature
E les fait douter sur la véritable identité d’Elvira et sur ses intentions. Günther envoie le
greffier Andrea à la recherche de Reiner Goettrin pour lui rendre compte de ce qu’ils ont
découvert. Jochen, discrètement, jette un œil aux affaires d’Elvira mais ne trouve que des
remèdes et un petit coutelas aux initiales E K.

Le capitaine de la garde arrive auprès d’eux et Günther lui explique la situation et ce qui s’est
passé chez Magirius. L’entaille au visage de Hadden atteste de l’intensité de la rencontre avec
ce que l’on peut appeler un monstre doué de certains pouvoirs. Reiner Goettrin écoute avec
attention, lit le courrier découvert chez le conseiller et semble prendre la mesure des propos et
des menaces graves qu’il sous-entend. Mais il ne peut rien faire sans preuve ! Helmut,
furieux, lui demande ce qu’il lui faut de plus. Mais Reiner Goettrin ne peut rien sans preuve
contre la famille Teugen. Il propose alors d’investir l’entrepôt 13, désigné par Magirius, et qui
de mémoire appartient à la famille du marchand. Il se situe au port de Bögenhafen un peu au

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nord de la ville, parmi un ensemble d’entrepôts gardés par des hommes accompagnés de
chiens. Si les aventuriers découvrent quelque chose, le capitaine propose que des hommes de
la garde, prêts à agir, interviennent alors pour constater les faits. Le temps est compté. Il faut
se décider à agir pour espérer intercepter les agissements des Teugen et consorts…

Helmut raccompagne le capitaine de la garde jusqu’à la caserne afin de se fournir un peu en


matériel divers. Chez le fourrier, il repère un trousseau de clefs qui correspond aux passes des
égouts.

Pendant ce temps, les aventuriers restés sur place demandent à Elvira de leur écrire un mot
soi-disant à destination de leur village, mais dans le but en fait de comparer son écriture avec
celle du mot adressé à Teugen et signé E. Mais les deux écritures sont différentes et les
soupçons disparaissent.

A la caserne, Reiner Goettrin détache six hommes auprès de Helmut : quatre archers, un
lancier et un sergent, nommé Hans. Le capitaine explique à ses hommes l’autorité qu’il
reconnaît à Helmut et à ses compagnons pour la mission qui va suivre. D’ailleurs, il confirme
à Helmut, devant eux, qu’il se tiendra prêt à intervenir au cas où ils découvriraient des
preuves flagrantes ! Helmut rejoint l’hôtel de ville en compagnie des six hommes de la garde
et fait les présentations. Elvira finit de donner de nouveaux soins à Hadden et le rassure sur
l’état de sa blessure. Les aventuriers font connaissance avec les gardes de la ville et leur
explique la raison de leur association. Ils conviennent ensemble d’un signal : un son du cor
pour déclencher l’alerte générale et leur intervention. Helmut les met en garde contre la nature
des événements susceptibles d’être rencontrés. Rien ne sera peut-être comparable avec ce
qu’ils ont déjà vécu avant. Les gardes échangent un regard mais semblent confiants. En signe
de reconnaissance, ils tombent tous d’accord pour nouer une écharpe autour de leur bras droit.

Puis c’est le moment, avant minuit, de partir vers les entrepôts afin de faire un premier
repérage. Les aventuriers emmènent Artus avec eux. Curieusement, mais heureusement, le
premier constat est de voir que la surveillance des lieux est loin d’être exemplaire. Deux
hommes au loin patrouillent en discutant. Le groupe reste discret tandis que Günther et
Hadden font une reconnaissance plus précise. Ils repèrent l’entrepôt 13, constatent que l’on
peut voir à l’intérieur par d’étroites meurtrières, situées sur le côté. Un bateau est amarré au
quai et pourrait servir de cachette. La grève en contrebas serait aussi un bon moyen de se
cacher là avant d’intervenir mais le risque est grand d’être découvert. A l’entrée de ce quartier
d’entrepôts, se trouve une petite tour basse qui pourrait servir de cachette à Artus pour filer
plus tard donner l’alerte si besoin est. Après avoir rendu compte aux autres de leur repérage, il
est convenu que Jochen, Günther et Hadden se cacheront à l’intérieur de l’entrepôt surtout
qu’une ouverture à l’étage leur permettra d’allumer une lumière en guise de signal. Helmut et
Hans, qui servira de témoin officiel, se dissimuleront à l’extérieur puis se feront passer pour
une ronde de la ville. Quant aux cinq gardes, il est décidé que trois archers se cacheront sur le
bateau amarré afin de constituer une force décisive relativement à l’abri et pouvant intervenir
de loin. L’archer restant et le lancier se placeront en contrebas sur la grève. Hadden demande
à Artus de se cacher dans la tour basse et de ne pas en bouger sauf pour donner l’alerte.

Hans et Helmut se rendent sur le navire, rencontrent les propriétaires à qui ils demandent de
rester en cale. Les trois archers prennent position. Helmut et Hans se dissimulent ensuite dans
un coin d’ombre entre deux bâtiments puis les trois autres compères se dirigent vers
l’entrepôt ! Günther crochète la serrure et entrouvre la porte pour jeter un coup d’œil à
l’intérieur. Rien de particulier à noter. Günther, Jochen et Hadden pénètrent à l’intérieur et

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referment la porte. L’entrepôt est désert, ne contenant que quelques ballots de paille, de vieux
coffres en bois, diverses planches et autres barriques. Près de la porte d’entrée, un escalier en
bois permet d’accéder à une sorte de mezzanine surplombant l’entrepôt. Une ouverture de
chargement obturée par un simple volet permet de voir à l’extérieur et de donner
éventuellement un signal à la suite duquel le sergent Hans viendrait constater de ses yeux, à
travers une meurtrière latérale, les méfaits auxquels se livre la confrérie de Teugen. Les trois
compagnons jugent l’endroit suffisamment stratégique pour se poster là à l’abri de ballots de
paille.

Vers une heure du matin, du bruit attire l’attention de tous : un chariot, suivi d’une vingtaine
de gardes, arrive sur les lieux comme un véritable convoi. Teugen, en tête, suivi des frères
Steinhager et du dénommé Ruggbroder, passe la petite tour marquant l’entrée de la zone des
entrepôts. Le convoi s’arrête devant le bâtiment 13 ! Teugen ouvre la porte tandis que
Ruggbroder et Schatiger descendent du charriot un grand sac dont la forme laisse deviner la
présence d’un homme, victime désignée de cette nouvelle nuit macabre. Teugen, les frères
Steinhager, Ruggbroder et Schatiger s’enferment dans l’entrepôt avec leur colis tandis que les
hommes à l’extérieur se répartissent aux alentours pour surveiller le bâtiment et en interdire
l’accès.

Helmut et Hans quittent leur cachette tout en restant à l’abri de l’obscurité des murs. Ils rasent
l’entrepôt et parviennent jusqu’à une meurtrière pour voir ce qui se passe. A l’intérieur,
Teugen s’active en dessinant au sol un cercle puis dedans un pentacle. Le dessin occupe une
large place quand les frères Steinhager placent une bougie allumée au sommet de chaque
triangle. Malgré la lueur diffuse des chandelles, la lumière permet quand même de discerner
le visage de chacun. Le rituel commence et Teugen prononce des incantations quand
Schatiger et Ruggbroder défont les attaches du sac contenant leur prisonnier. C’est en fait une
femme, attachée et bâillonnée. Du haut de la mezzanine où il est caché avec Hadden et
Günther, Jochen reconnaît la cartomancienne qui lui a prédit l’avenir ! Elle n’a donc,
finalement, pas réussi à quitter la ville à temps. La jeune femme est amenée au centre du
pentacle et avant qu’aucun des trois aventuriers, dissimulés à l’étage, n’ait le temps de réagir,
Teugen lui tranche la gorge ! Jochen bondit le premier pour agir, se découvre et décoche ses
flèches sur les hommes en contrebas sans distinction tant sa colère est grande. Dans l’espoir
de stopper le rituel de Teugen, Hadden enflamme la paille de la mezzanine et balance au rez-
de-chaussée les ballots en feu. Günther, n’écoutant que son courage, tire un boulet de sa
fronde et saute au milieu des flammes ! Teugen, blessé par une des flèches de Jochen, recule
vers le fond de l’entrepôt et se met à l’abri. Devant la folle tentative de Günther, Hadden se
précipite et dévale l’escalier pour lui prêter main forte.

A l’extérieur, le sergent Hans, les yeux encore écarquillés par ce qu’il a aperçu, est secoué par
Helmut. Il faut intervenir ! Les deux hommes sortent de l’ombre et se présentent devant
l’entrepôt à la stupeur des gardes de Teugen qui reconnaissent le sergent Hans. Celui-ci
demande à voir le marchand immédiatement mais se voit refuser l’accès à l’entrepôt. Le ton
monte lorsqu’un cri en provenance du bâtiment met fin à toute discussion. La lueur des
flammes, de plus en plus intenses, alerte et inquiète à la fois les hommes en place.

A l’intérieur, Ruggbroder s’effondre sous les flèches de Jochen, Hadden abat Schatiger et
Günther poursuit Teugen, visiblement protégé d’une manière bien étrange tant les flèches et
les coups portés glissent sur lui. Soudain, l’aîné des Steinhager fait face à Günther. Le choc
est rude entre les deux hommes tandis que l’autre Steinhager s’oppose à Hadden. La mêlée
devient trop engagée pour permettre à Jochen de continuer à tirer. Il balance encore des

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ballots de paille au milieu des flammes puis ouvre le volet de la mezzanine et donne l’alerte.
Dehors, c’est la cohue, Helmut et Hans passent à l’offensive, les archers du bateau se
dévoilent et tirent une première fois tandis que les deux hommes, cachés sur la grève, montent
à l’assaut. C’est l’affrontement général mais l’effet de surprise joue en faveur des aventuriers.
Les gardes de Teugen les plus éloignés, sentant le vent tourné, préfèrent quitter les lieux.

Dans l’entrepôt, Hadden se défait du plus jeune des Steinhager qui s’effondre gravement
blessé. Günther se bat toujours avec l’aîné lorsque Teugen invoque un sort puissant et lance
une boule de feu sur les deux hommes. L’explosion des flammes les brûle tous les deux.
Günther plonge au sol pour se protéger tandis que Frantz Steinhager, incrédule, le regard
tourné vers le marchand, périt au milieu des flammes. Avec le sort de Teugen, l’incendie a
doublé d’intensité, le feu est partout ! Hadden se porte au soutien de Günther et tous deux se
dirigent vers l’escalier pour accéder à la mezzanine et fuir la fournaise. Jochen, du haut de sa
position, décoche ses flèches à l’extérieur sur les hommes de Teugen aux prises avec Helmut
et les gardes de la ville. Les flèches s’entrecroisent entre le bateau et le quai mais certains
hommes décident de mettre pied sur le navire. Un des archers de la ville meurt mais l’assaut
est repoussé. Hans, Helmut et les deux hommes de la grève qui les ont rejoints, sont blessés
mais tiennent le choc. Jochen installe une corde sur la poulie extérieure, située à ce niveau de
l’entrepôt, aide Günther et Hadden à descendre de là-haut avant de rejoindre lui-même ses
compagnons. Le bâtiment 13 devient un véritable brasier. Le lancier, sous les ordres de Hans,
est mortellement touché mais les hommes de Teugen ont compris qu’ils ne gagneront pas ce
combat là : leurs blessés et leurs morts sont plus nombreux et, surtout, les marchands qu’ils
accompagnaient ont sans doute péri au milieu de ces flammes qui jaillissent maintenant du
toit de l’entrepôt. Hadden aperçoit Artus qui, attiré par les événements, s’est involontairement
rapproché. Le bucheron l’envoie chercher Reiner Goettrin et la garde. Le Nain file à toutes
jambes vers le centre ville.

Tout à coup, Teugen apparaît dans l’ouverture de la mezzanine, couvert de sang, brûlé, les
yeux exorbités, animés par la folie. Il invoque le ciel et demande en hurlant « où est Gideon,
où est la pierre ! » Soudain, malgré la nuit, une ombre passe dans le ciel, voilant la lumière de
Morrslieb. Un cri perçant déchire la nuit, attirant les regards de tous. Surgi de nulle part, dans
un battement d’ailes effroyable, un dragon se pose sur la tour basse à l’entrée du quai des
entrepôts. L’espace d’un instant, la stupeur fige chacun en un silence glacial malgré le
ronflement des flammes. Le monstre, couvert d’écailles luisantes, écarte ses ailes puissantes et
une voix résonne dans les têtes : « Teugen, pourquoi m’as-tu appelé ? Je suis Nurgle et je ne
suis pas venu pour rien. »

La menace sous-jacente n’a échappé à personne. Les hommes du marchand lâchent leurs
armes et décampent tandis que Teugen, l’air abasourdi, semble ne plus rien comprendre lui-
même tant il ne maîtrise rien de ce qu’il a provoqué ! Jochen lui décoche deux flèches. Il
bascule dans le vide pour une chute mortelle. Günther et Helmut trouvent sur lui un médaillon
de la fameuse main, celle-ci en cuivre avec l’annulaire en or. Günther récupère aussi une
bague avec une pierre rose semblant luire. Il la fracasse par terre dans l’espoir de rompre le
sort et l’apparition du dragon mais en vain. Helmut, lui, trouve une bague à la pierre rouge. Le
corps de Teugen a tout d’un « marqué ». Ses ongles sont anormalement longs, ses dents ont
poussé, la peau de son dos est devenue rugueuse avec deux excroissances au niveau des
omoplates. Tandis que l’incendie finit de dévorer l’entrepôt 13 et menace les bâtiments
voisins, un nouveau cri déchire la nuit. Le dragon prend son envol, s’éloigne de la ville puis
opère un large demi-tour pour s’en rapprocher à basse altitude. Il attaque alors Bögenhafen
en crachant une espèce de bave pestilentielle brune qui tombe sur les maisons et ronge tout !

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L’odeur est insupportable. Entre l’alerte de l’incendie qui a fini par se propager à un entrepôt
voisin et les attaques du dragon qui passe et repasse au-dessus de la ville, ponctuées de cris
stridents et de jets de bave acide, la panique s’empare des habitants.

Jochen trouve une bouche d’égouts et va en repérage pour trouver un abri mais il y a déjà
énormément de monde à l’intérieur. De plus, des rats surgissent de partout pour fuir aussi le
danger et la destruction, ajoutant à la frayeur des habitants. Des gens sont coincés contre la
grille de sortie vers le fleuve, d’autres sont piétinés par la foule, partout des hurlements
retentissent. Malgré la multitude, Jochen réussit à sortir de là ! Helmut passe au doigt la bague
rouge de Teugen : une voix lui demande alors qui il est ! Il quitte la bague précipitamment
tandis que le dragon continue de ravager la ville. Helmut explique ce qu’il a ressenti puis
repasse la bague : Il sent une présence qui attend cette fois, ainsi qu’une sensation de
plénitude. Il se sent bien et Helmut doit faire un effort pour enlever le bijou. Il est temps de
fuir mais les aventuriers préfèrent se diriger vers la ville.

A l’hôtel de ville, encore intact, le bailli et Elvira ont disparu. Hadden jette un coup d’œil
rapide dans le bureau de Teugen mais en vain, rien que les affaires courantes. Le groupe se
rend rapidement à la demeure du marchand. La grille grande ouverte de la propriété laisse à
penser qu’elle est abandonnée. A l’étage, Günther trouve une chambre plutôt sommaire avec
un lit en bois très grand qui leur rappelle le monstre combattu sous les traits de la vieille
bonne au service de Magirius ! Dans le bureau de Teugen, rien si ce n’est sa tenue de
cérémonie dans une armoire et la lettre signée E déjà trouvée par Magirius. Les aventuriers
filent aux écuries de la garde de la ville où ils retrouvent Elvira et le bailli accompagné de son
greffier. Les chevaux sont bien là mais fous de terreur. Günther arrive à calmer un mulet sur
lequel est installé le bailli, Helmut récupère quelques rations puis c’est la fuite en dehors des
murs de la cité. La nuit passe mais ils assistent, impuissants, à l’anéantissement de la ville.

8 mars 1512

Vers la fin de la nuit, le dragon s’est dirigé vers l’Est. C’est un vraiment soulagement mais la
ville de Bögenhafen a beaucoup souffert. Elvira a mal vécu les événements de la nuit et
voudrait quitter les lieux au plus vite. Hadden la sent sincère. Le groupe se rend au port en
traversant la ville dévastée. Helmut trouve un bocal et, en chemin, prend un échantillon de
cette bave du dragon, encore dégoulinante, qui a tout rongé. Au port, le Béribéli n’est plus là !
Günther craint le pire mais les amarres coupées nettes lui font penser à un départ précipité. Le
groupe repart avec le bailli jusqu’à l’hôtel de ville, à peu près épargné par le désastre, et y
retrouve Reiner Goettrin. Un compte-rendu des événements de la nuit est mis en commun. Le
bailli monte ensuite à son bureau et rédige pour les aventuriers une lettre de recommandation
quant à leur action pour prévenir et sauver la ville de Bögenhafen des dangers qui la
menaçaient. Il leur prête des montures afin de rattraper leur bateau et détache auprès d’eux un
homme d’armes, nommé Karl, pour ramener les chevaux. Les aventuriers saluent le capitaine
de la garde, remercient le bailli et quittent la ville.

Chevauchant sur le quai de halage, ils découvrent Artus à pied et désemparé. Hadden le
récupère derrière lui sur sa monture. A un détour de la route, le petit groupe aperçoit une
péniche échouée sur un banc de sable. Il s’agit de la Santa Maria, visiblement abandonnée. A
l’approche du bateau, deux flèches sifflent dont une qui touche Günther. C’est un guet-apens
tendu par des brigands cachés jusque là dans les sous-bois. Mais les aventuriers réagissent et
inversent la situation, Jochen et Helmut faisant mouche plusieurs fois. Les brigands comptent
trois morts et l’un d’eux est fait prisonnier alors qu’il tentait de s’enfuir. Seule victime du côté

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des voyageurs, Karl est mort. Helmut interroge le prisonnier pendant que Jochen et Günther
fouillent la péniche. Ils découvrent une femme, cachée, qui se jette sur eux un couteau à la
main ! Günther parvient à la maîtriser tandis que Jochen lui explique qu’ils ne sont pas des
brigands et qu’elle est désormais en sécurité. Elle faisait en effet partie de l’équipage, tué par
les malfrats qui voulaient s’emparer de la cargaison. Pour leur malheur, la péniche ne
transporte que des ballots de laine. Le prisonnier explique à Helmut comment ils ont repéré
cette péniche échouée et comment est née l’idée du coup d’attirer des voyageurs pour les
dépouiller.

Helmut et Hadden reprennent à cheval leur route et finissent par rejoindre le Béribéli et son
capitaine Joseph Quartjiin. Les trois hommes échangent quelques nouvelles et évoquent le
désastre de Bögenhafen. Hadden récupère l’argent du groupe et la cotte de maille du templier
de Sigmar. Les deux aventuriers font demi-tour, s’assurent que tout va bien sur la péniche
échouée et poursuivent jusqu’à Bögenhafen pour ramener la dépouille de Karl et les
montures. De leur côté, Jochen et Günther s’emploient à dégager la péniche, font
connaissance avec Renate, la femme du bateau, et finissent par naviguer eux-mêmes en
direction à leur tour de Bögenhafen. Les aventuriers se retrouvent là et passent la nuit à bord
après avoir confié leur prisonnier à Reiner Guttrin.

9 mars 1512

Les aventuriers quittent Bögenhafen à l’aube et naviguent vers le nord toute la journée sur
leur péniche. La loi en effet veut que toute cargaison d’un navire appartienne à celui qui l’a
trouvée. Un délai d’un an permet au propriétaire de réclamer son bateau ; passé cette période,
il en perd aussi la jouissance.

12 mars 1512

Après plusieurs jours de navigation, la Santa Maria arrive le soir à Weissbruck. Elvira et
Renate décident de suivre leur propre chemin. La soigneuse donne aux aventuriers du baume
de guérison avant de partir.

13 mars 1512

Les aventuriers prennent la direction d’Altdorf en passant par le canal et en s’acquittant de la


taxe de passage. Ils veulent rendre compte aux templiers de Sigmar des événements dont ils
ont été témoins afin d’alerter sur le complot malfaisant qui s’est mis en place. Evidemment, la
mort du templier qui pourchassait Günther à la place de Kastor Lieberung pose un problème
mais la vérité permettra peut-être de lever cette menace qui pèse toujours sur leur compagnon.

En chemin, Hadden discute un peu avec Artus, resté à bord. Il apprend qu’il est originaire
d’une colonie naine située au sud et exploitant une mine de charbon. De son côte, Günther a
l’idée de sonder les balles de laine de la cale et découvre dans certaines d’entre elles des
bouteilles de cognac de contrebande qui valent une fortune. Hadden se félicite de cette
trouvaille mais Jochen désapprouve fortement l’argent gagné de cette façon et ne veut pas
prendre le risque d’être accusé de fraude en transportant cette marchandise interdite ! Ses
compagnons se moquent de lui.

15 mars 1512

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A l’aube, alors que la péniche est encore amarrée, un régiment de soldats remonte le quai en
ordre de marche. C’est un régiment de lansquenets armés de bâtons étranges qui crachent,
paraît-il, le feu et la mort ! A leur tête, s’avancent un lieutenant et un capitaine qui donne
l’ordre aux deux cent cinquante hommes qui le suivent de faire halte. Les aventuriers ouvrent
grand les yeux devant une telle démonstration de force et pensent un instant à leurs bouteilles
de contrebande. Le lieutenant s’approche et demande leur provenance. Günther explique
qu’ils viennent de Bögenhafen où il s’est produit une catastrophe. C’est justement là que se
rend le régiment pour rétablir l’ordre et assurer la sécurité des citoyens. Les deux hommes
échangent quelques nouvelles quand le capitaine s’approche et veut en savoir davantage sur
les événements qui ont eu lieu. Les aventuriers l’informent mais il est incrédule et pense que
l’imagination collective a transformé un banal incendie en apparition d’un soi-disant dragon
pour expliquer le désastre. Helmut sort son bocal dans lequel il a récupéré de la bave et se
propose de faire une démonstration. Un soldat lui prête sa dague, aussitôt rongée lorsque
Helmut la trempe dans cette substance grise, visqueuse et malodorante. Un instant de surprise
se lit sur les visages puis Helmut rapporte que cette bave a été répandue par le dragon sur
toute la ville ! Le capitaine garde le silence, les sourcils froncés, puis décide de repartir sans
faire de commentaires. Le régiment se remet en marche puis les aventuriers commencent leur
journée de voyage sur le Reik.

16 mars 1512

Ils arrivent le soir à Altdorf. Günther se rend à la capitainerie faire la déclaration du bateau
trouvé par hasard. Il apprend que les propriétaires s’appellent Joseph Hart et sa femme Carla à
Grissenwald. L’officier du port lui confirme que la cargaison est à celui qui la trouve mais
qu’il faudra rendre la péniche si on la réclame. En sortant, Günther est abordé par un
marchand et ses deux gardes. Il représente la guilde des bateliers et le forgeron
d’Untergeschatt sent les problèmes en perspective. L’homme lui propose d’entrer dans la
guilde et de payer la taxe correspondante. Günther explique qu’il ne compte pas travailler très
longtemps. Le marchand insiste mais l’aventurier préfère voir un peu plus tard et demande qui
il doit contacter. L’homme s’appelle Albretch Ditzgen. Günther retourne au bateau enfin
débarrassé de l’importun et explique aux autres sa curieuse rencontre. Nuit sur la péniche.

17 mars 1512

Les aventuriers prennent le temps de découvrir Altdorf et se dirigent au fur et à mesure vers la
commanderie templière de Sigmar. Ils passent devant la cathédrale de la ville consacrée à
Sigmar mais c’est un lieu de culte qui n’a rien à voir avec l’ordre des templiers dont la bâtisse
se trouve plus loin. Ils admirent néanmoins l’édifice, à la fois surpris et émerveillés par la
beauté étrange de cette ville et de ses monuments si éloignés de leur petit village forestier. Le
groupe arrive devant la commanderie de Sigmar. C’est un bel édifice mais sobre. Hadden
observe le fronton et ses inscriptions. Il remarque autour de la croix templière huit noms
régulièrement répartis et a l’intuition qu’il s’agit du nom des anciennes tribus de l’empire. Les
aventuriers passent le porche du bâtiment et font leur entrée, le cœur battant, dans la cour de
la commanderie. Ils repèrent deux sortes de tenue : une noire avec une croix rouge, portée
sans doute par les apprentis et autres aspirants à devenir templier, une blanche avec une croix
rouge également, portée cette fois par les templiers eux-mêmes.

Un homme en tenue noire leur indique un bureau où un templier vêtu de blanc les accueille.
Günther parle de Bögenhafen et de révélations importantes à confier à un responsable de la
commanderie. Derrière l’interlocuteur de Günther, se trouve un autre bureau avec un homme

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plus âgé qui relève la tête à l’évocation de Bögenhafen. Il adresse un signe de tête au premier
qui s’en va chercher quelqu’un pour les recevoir. L’attente est assez courte et les aventuriers
sont conduits au terme d’un petit escalier dans une salle spacieuse où ils sont reçus par le
chevalier Hubert Tasseninck ! Ce nom rappelle aussitôt aux aventuriers le jeune homme,
victime malheureuse, au tournoi de Bögenhafen. L’homme qui les reçoit confirme, il était son
oncle. Günther lui présente leurs condoléances et explique peu à peu leur histoire. A
l’évocation de Kastor Lieberung et du médaillon trouvé sur lui, le visage du seigneur
Tasseninck prend un air grave et ses yeux trahissent le fait qu’il comprend tout à coup à qui il
croit avoir à faire. Une tension palpable se fait sentir mais Günther, relayé de temps en temps
par les autres, continue d’expliquer comment ils sont arrivés à Bögenhafen, attirés par un soi-
disant héritage facile à récupérer. Leurs efforts, sur place, pour enrayer la machination de
Teugen et la description des événements survenus finalement sur la ville ne soulagent pas
vraiment la tension de leur interlocuteur.

Celui-ci, d’ailleurs, demande si les aventuriers n’ont pas croisé, au cours de leur voyage, la
route d’un frère templier manquant aujourd’hui à l’appel ! Un instant de silence envahit la
pièce puis Günther, n’écoutant que son courage, lui confie que c’est là un des points noirs de
leur récit qu’il ne sait trop comment aborder. Les yeux de Tasseninck restent imperturbables.
Günther explique enfin, en arrangeant la vérité, que le templier de Sigmar, Kuftsos, pensant
pourchasser Kastor Lieberung, s’est plusieurs fois manifesté au cours de leur trajet jusqu’à
leur tendre une embuscade avec l’aide de manœuvriers du port de Weissbruck : embuscade
où il a trouvé la mort, touché par une flèche, avant de tomber dans la rivière.

Tasseninck hurle à la garde et les traite de fous ! Une cavalcade dans l’escalier annonce
l’arrivée imminente des templiers. Aucun des aventuriers ne cherche à dégainer son arme,
tous restants impassibles à leur tour. Günther et Hadden interpellent Tasseninck pour lui faire
prendre conscience de la situation. Ils sont venus de leur plein gré dire l’entière vérité car les
événements de Bögenhafen leur semblent plus importants à transmettre que leur culpabilité
dans la mort malheureuse de Kuftsos. D’un geste de la main, le chevalier Tasseninck arrête
les gardes surgissant dans la salle. Il leur demande de rester à l’extérieur de la pièce. Le calme
revient peu à peu dans les esprits mais la colère du templier est évidente. Günther l’assure de
leur bonne foi. Il lui cache bien sûr les circonstances exactes de la mort de Kuftsos et répond
que le templier a basculé dans la rivière et y a coulé visiblement entraîné par son armure !

Hadden tente de changer de sujet et prend le relais pour dire qu’ils ne savent pas trop où ils
ont mis les pieds en s’opposant à Teugen et sa conspiration, et qu’ils ont besoin d’en savoir
plus. Tasseninck consent à leur donner quelques explications. Les templiers de Sigmar sont un
ordre militaire qui lutte dans l’ombre contre les adorateurs du chaos car il n’y a rien d’officiel.
Seul le culte est reconnu des instances du pouvoir. En ce moment, les conspirateurs tissent
une immense toile dont l’objectif reste mystérieux mais dont les faits à Bögenhafen illustrent
un peu leurs intentions. Toutes les grandes villes sont touchées et abritent régulièrement des
réunions clandestines ! Il est maintenant défini qu’Edgar Franck, agissant autrefois à
l’université de Nuln, aujourd’hui décédé, était un sorcier influent dont les élèves ont suivi la
voie. Teugen comptait parmi ses deux élèves les plus importants ; le second étant une femme
du nom d’Etelka Herzen !

Günther marque sa surprise car c’est également le nom de la grande prêtresse qui figure sur le
document de Kastor Lieberung lorsque celui-ci cherchait à faire la preuve de son identité en
vue de l’héritage qu’il devait toucher. Tasseninck dément l’information avec véhémence et les
assure que cette Etelka Herzen n’est qu’un imposteur ! Pour comprendre les notes de Kuftsos

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et l’énergie personnelle qu’il a mis dans la traque de Kastor Lieberung, le chevalier explique
que sa sœur Anna était une ancienne élève d’Edgar Franck mais elle a sombré du mauvais
côté et en est morte. Helmut demande ce que représentent les « marqués » dans toute cette
histoire et le rôle qu’ils sont censés jouer. Tasseninck confie que les « marqués » sont un
phénomène nouveau : c’est une manifestation du chaos. Hadden s’interroge sur la nécessité de
prévenir l’empereur de ce qui se passe et si celui-ci est bien entouré. Le chevalier leur
rapporte que l’empereur leur doit beaucoup d’argent et que la situation politique n’est pas des
plus favorables. L’empereur a un neveu qu’il aime beaucoup mais qui ne va pas bien. La
rumeur voudrait qu’il soit « marqué » mais cela reste à vérifier, mais en tout cas, il n’est pas
apte à diriger l’empire et il est pourtant le seul héritier. Quant à l’entourage de l’empereur,
tous les doutes sont permis surtout quand on voit le dernier édit publié par l’empereur !
Tasseninck leur tend un parchemin pour illustrer ses propos. Les aventuriers y lisent la
volonté de protéger les « marqués » et de bannir cette façon d’appeler ces malheureux !

Helmut sort alors son petit bocal où il a conservé un peu de la bave du dragon et fait à son
tour la démonstration de ce qui s’est passé à Bögenhafen. Günther, au nom du groupe,
propose leur aide à Tasseninck afin de continuer ce qui a été entrepris : s’informer, se
renseigner sur ce réseau maléfique de conspirateurs vouant l’empire au chaos et le
démanteler. Les aventuriers agiront dans l’ombre et tiendront informés les templiers par
l’intermédiaire des commanderies afin que ceux-ci se tiennent prêts à agir. Tasseninck
accueille leur proposition avec beaucoup de sérieux et leur propose un sauf-conduit
symbolique, rien d’écrit qui pourrait se révéler compromettant. Il confie à Günther un
médaillon représentant la croix de Sigmar en lui recommandant la plus grande prudence car
ce signe de protection ne doit être montré qu’à des templiers. Tasseninck fera rédiger
rapidement un message mettant fin à la traque de Kastor Lieberung du fait de sa mort, libérant
ainsi Günther d’un danger permanent au-dessus de sa tête. Mais Tasseninck ne peut décider
seul de tout cela : il doit en informer le conseil restreint et leur propose de revenir le
lendemain soir pour clore ce débat. C’est la fin de l’entretien.

Il est midi. Les aventuriers rentrent au bateau où Artus est impatient de leur retour. Des
marchands sont venus se renseigner sur la cargaison et ont semblé intéressés par la laine.
Günther et Helmut partent sur les quais et trouvent rapidement preneur en la personne du
marchand Eanon. Mais celui-ci leur demande la médaille de Saint Kristophe ! Les deux
compères demandent quelques explications. Il s’agit de la preuve d’appartenance à la guilde
qui gère les affaires de la ville. Il semble incontournable pour faire affaire de retourner voir
Albretch Ditzgen. Günther s’acquitte de la taxe de douze couronnes d’or en échange de la dite
médaille, véritable sésame concernant les écluses, les achats et les ventes de marchandises,
mais il faudra encore payer la taxe de la mesure du bateau. Helmut engage la conversation
avec les deux gardes du marchand, dont l’un d’eux n’est autre que son propre frère nommé
Gros Hans, et finit par le défier au bras de fer à l’occasion d’un pari. Le rendez-vous est pris
ce soir à la taverne de la Licorne d’Or. Günther et Helmut retournent voir Eanon, se mettent
d’accord quant la vente des ballots de laine pour deux cent quatre vingt couronnes ! Helmut
se renseigne auprès de lui sur la façon d’écouler de l’alcool de contrebande, du cognac de
Bretonnie, mais Eanon leur conseille la prudence et la discrétion.

Hadden voit arriver un hobbit au bateau. Il s’appelle Sam et est mandaté par la guilde pour la
mesure de la péniche et la taxe correspondante ! L’arnaque est de taille et Hadden freine son
envie de le passer par-dessus bord. Le hobbit arpente le pont de ses pas à faible envergure et
compte quarante huit pas, donc quarante huit couronnes impériales à payer ! Après le départ
de Sam, les aventuriers, riches de la vente de leur laine, partent faire quelques achats. Jochen

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a besoin de flèches puis ils négocient un bon prix l’achat de vêtements neufs qui leur
donneront plus l’air de bateliers.

Le soir à la taverne de la Licorne d’or, Albretch est là avec ses deux gardes. Gros Hans et
Helmut se défient donc au bras de fer. Les deux adversaires gagnent une fois chacun puis le
garde remporte la dernière manche. L’ambiance est détendue et Albretch Ditzgen leur offre
un verre pour célébrer leur arrivée dans le monde des bateliers. C’est l’occasion de discuter
des affaires fluviales en nette croissance par rapport au commerce de la route. A l’occasion
d’un éventuel voyage à Nuln, Günther se renseigne sur les marchandises à transporter là-bas
et celles à acheter sur place. Le chef de la guilde lui conseille d’emmener de la porcelaine, des
bijoux, du vin et d’acheter au sud des tissus. L’alcool servi est assez fort et fait la fierté
d’Albretch qui sous-entend qu’ils n’en goûteront pas souvent de cette qualité. Les aventuriers
comprennent que c’est de la contrebande et en profitent pour évoquer un stock qu’ils ont à
écouler. Le représentant de la guilde est intéressé mais voudrait goûter d’abord. Günther et
Hadden partent chercher une bouteille sur la péniche, rejoint rapidement par Jochen qui
décide de rester à bord.

De retour à la taverne, Albretch goûte le cognac rapporté mais recrache aussitôt sa gorgée. Il
peste contre cette farce qui l’a obligé à boire de l’eau du fleuve ! Pétrifiés par l’affront, les
aventuriers s’excusent et prétextent qu’ils se sont fait avoir sur la marchandise. Ils rentrent au
bateau et ont une vive explication avec Jochen qui a changé le contenu de toutes les
bouteilles ! C’est au tour de Hadden de pester contre le manque à gagner causé par les
scrupules et l’initiative de leur compagnon.

18 mars 1512

Le matin, un bateau des patrouilleurs fluviaux passe non loin de la Santa Maria. L’un des
hommes à bord fixe étrangement Günther. La prudence est de mise. Aux entrepôts, Helmut
achète du vin et de la bière, quand Gros Hans, de passage sur les quais, attire son attention sur
leur péniche dont une partie à l’avant semble enfoncée ! En y regardant de plus près, il est vrai
qu’une réparation s’impose, surtout avant le voyage vers Nuln si la piste d’Etelka Herzen se
confirme. Il faut mettre le bateau en cale sèche pour trois jours de travaux, repoussant à la fois
le chargement des denrées achetées par Helmut et leur départ. Albretch Ditzgen leur prête
cinquante couronnes pour la réparation, somme qu’ils s’engagent à rembourser dans un bon
mois lors de leur retour.

Le soir, Helmut et Günther restent non loin pour surveiller la péniche tandis que Jochen et
Hadden retournent à la commanderie des templiers de Sigmar. Ils sont reçus dans une grande
salle où se trouvent cinq hommes, dont Tasseninck, en tenue blanche de templier, attablés à
une grande table en U. Les visages sont sévères et l’ambiance hostile. Tasseninck fait un
court exposé des faits que les aventuriers ont rapportés et la mort de Kuftsos provoque une
vive réaction. Une polémique naît entre les templiers qui reprochent à Tasseninck de leur
avoir déjà donné sa bénédiction, son accord et un laissez-passer ! Hadden réalise que Jochen
et lui sont en face du conseil restreint et s’inquiète de la tournure des événements. Tasseninck
se met en colère et réexplique l’enjeu de cette rencontre, vu les événements rapportés de
Bögenhafen ! Malgré la tension évidente, un templier demande aux deux aventuriers de
quitter la salle le temps qu’ils puissent délibérer. Dans l’attente, Jochen et Hadden se félicitent
d’avoir eu la prudence de laisser Günther à l’écart et se demandent comment sortir d’ici au
cas où cela tournerait mal.

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A leur retour devant les templiers, le conseil restreint leur indique qu’il approuve la décision
du frère Tasseninck. Il est convenu que la meilleure piste qu’ils aient pour l’instant, consiste à
rechercher Etelka Herzen à Nuln, à infiltrer son réseau et à l’éliminer si possible. Les
templiers seront mis au courant par l’intermédiaire des commanderies où les aventuriers
pourront laisser un message et espérer de l’aide si besoin est. Jochen et Hadden rentrent au
bateau et font part aux deux autres de la situation. Nuit à bord, mais en cale sèche.

19 mars 1512

Travaux sur la Santa Maria.

20 mars 1512

Vers midi passé, le bateau est enfin prêt. Le vin et la bière sont chargés à bord puis c’est le
départ par le chemin de hallage. Au cours de la journée, ils croisent un petit village et une
sorte d’auberge relais. Au loin, vers les collines, ils devinent une tour. Un pêcheur les
renseigne et les informe qu’il s’agit d’une tour de signalisation construite par l’empereur pour
envoyer des signaux avec les autres relais situés tous les quatre lieux. Journée de navigation.

21 mars 1512

Journée de voyage. Les aventuriers passent un confluent puis abordent un village avec un petit
château du nom de Reikgard. C’est là que vit le prince héritier, neveu de l’empereur ! Ils
vendent trois tonnelets de bière, commencent une comptabilité et poursuivent leur route sur le
Reik jusqu’au soir.

22 mars 1512

Journée de navigation. Les aventuriers abordent des nains œuvrant à la construction d’une
tour et leur vendent deux tonnelets de bière.

23 mars 1512

Les aventuriers accostent auprès de plusieurs auberges, installées là en raison du croisement


de la route et du canal, véritable carrefour commercial. Ils font halte à l’auberge Chez Ghal-
Maraz. Les affaires vont bon train et les encouragent au commerce. Ils vendent cinq tonnelets
de bière à l’aubergiste. Günther et Hadden apprennent à leurs dépens, vue leur ignorance, que
Ghal-Maraz est l’épée de Sigmar, forgée par les Nains.

24 mars 1512

Nouvelle journée de navigation et nouvelle vente de tonnelets.

29 mars 1512

Après plusieurs jours de voyage, les aventuriers arrivent le soir à Kemperbad. La ville est
construite en haut d’une falaise et le site est d’une grande beauté. La péniche accoste près
d’un quai quand, soudain, malgré le ciel dégagé, un coup de tonnerre éclate en même temps
que des impacts crèvent la surface de l’eau. Une bille de métal atterrit même sur le pont de la
Santa Maria. D’abord à couvert, puis la surprise passée, les aventuriers aperçoivent à quai un

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magnifique bateau, le Göttlicher Magnus, au pied duquel une rangée de gardes impériaux en
rouge et jaune vient de tirer une salve d’honneur avec ces bâtons qui crachent le feu pour
saluer l’arrivée d’un homme imposant, accueilli par un officiel de la ville. Il s’agit du comte
Boorman venu rencontrer le conseil de Kemperbad. Tandis que Jochen et Hadden gardent la
péniche, Helmut et Günther montent jusqu’à la ville haute par l’escalier à flanc de falaise.

Arrivés en haut, les deux hommes découvrent la cité, ville riche et commerçante, plutôt
joyeuse et animée, où tous les métiers sont représentés et les affaires florissantes, vu le
nombre d’échoppes et de boutiques présentes. Günther et Helmut boivent une bière pour se
mêler à la population. Des bribes de conversation leur confirment l’arrivée en ville du conte
Boorman, envoyé de l’empereur. Il vient apporter ses civilités à la cité libre qui paye
régulièrement sa taxe. L’empereur est soi-disant en mauvaise santé et il se met, depuis un an
ou deux, à régler certaines affaires avant son éventuelle succession. Günther se renseigne mais
il n’existe pas ici de commanderie de Sigmar.

Pendant ce temps au bateau, un homme fort bien vêtu fait le tour des quais et s’arrête devant
la Santa Maria. Il accompagne le comte Boorman et cherche à acheter du vin pour ce soir.
Hadden lui propose une ou deux bouteilles mais l’homme veut l’exclusivité pour s’assurer de
la bonne surprise faite aux invités du dîner officiel. Hadden sent la bonne affaire et gagne sur
la vente deux cents couronnes impériales !

De leur côté, Günther et Helmut décident d’acheter quelques marchandises à revendre plus
tard. Ils trouvent dix fibules d’apparat et quatre services en faïence, le tout pour quatre vingt
couronnes. Soudain, leur attention est attirée par deux hommes dont un colporteur de
casseroles. L’autre fait un signe de sa main ouverte à hauteur de l’oreille en direction de
Günther. Déjà confronté auparavant à ce genre de situation, Günther répond plus ou moins
précisément puis s’isole dans une ruelle. Helmut se tient à l’écart mais surveille de loin ce qui
se passe. L’homme aux casseroles tourne à droite dans la rue tandis que son compagnon va
droit sur Günther en se frottant l’oreille. A son initiative, les deux hommes se serrent la main,
puis Günther prend la parole et demande quelles sont les nouvelles ! L’autre lui retourne la
question d’un air à la fois étonné et suspicieux. Il ne peut s’empêcher de demander où est
l’argent ! Il insiste en précisant que c’est maintenant qu’il faut agir. Le conseil intérieur se
pose des questions et la vie de Günther, qu’il prend toujours pour Kastor Lieberung, est en
danger ! Günther donne le change et promet de faire au mieux quand le bruit d’une forte
altercation vient jusqu’à eux. Helmut, surpris par le colporteur, s’est pris un coup de casserole
sans autre forme d’avertissement. Helmut résiste et secoue le vendeur qui crie au voleur !
L’aventurier frappe pour le faire taire. Le nez de son adversaire éclate et l’homme tombe au
milieu de ses casseroles. L’esclandre devient publique mais Helmut fait preuve d’autorité et
entraîne l’homme à l’écart dans une autre ruelle. L’interlocuteur de Günther quitte les lieux en
vitesse. Ce dernier rejoint Helmut en train de fouiller son agresseur toujours évanoui. Il trouve
une dague et, autour du cou, une main ouverte en pendentif avec le petit doigt en or. Que faire
maintenant ? Günther conseille de laisser tomber. Helmut s’empare d’une casserole puis les
deux hommes redescendent avec leurs marchandises par les monte-charges de la falaise. Nuit
au bateau.

30 mars 1512

Les aventuriers quittent Kemperbad au matin. Günther s’aperçoit que sa main droite est rouge
à l’intérieur de sa paume ! Il se revoit serrer la main de son interlocuteur la veille et se
demande si celui-ci n’en aurait pas profité pour lui marquer la main avec de l’encre mais, si

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oui, dans quel but ? Günther trouve un morceau de charbon de bois et se frotte
vigoureusement la main.

2 avril 1512

Après quatre jours de navigation, les aventuriers font halte près d’un village désertique en
bordure de forêt. Un peu plus loin, sur une hauteur, ils distinguent un petit château sinistre au
drapeau vert et pourpre. Trois mendiants près d’un ponton leur apprennent qu’il s’agit du
château de Wittgendorf.

4 avril 1512

Deux jours plus tard, le voyage mènent les aventuriers jusqu’à une taverne isolée en bordure
du Reik mais ils préfèrent s’arrêter plus loin pour la nuit.

7 avril 1512

Trois jours après, la Santa Maria arrive en fin de matinée à Grissenwald. Là, le fleuve se
divise en deux et la ville semble plus importante que les villages croisés ces derniers jours.
Les aventuriers appontent et Helmut part en repérage, suivi par Jochen qui le suit de loin.
Helmut trouve une auberge, commande à boire et entre en tractation avec l’aubergiste à qui il
vend cinq tonnelets de bière. Deux Nains entrent à leur tour et commandent également à boire
mais le ton est peu engageant et Helmut devine rapidement qu’ils ne sont pas de très bonne
humeur. Il se tourne vers l’aubergiste qui lève les yeux au ciel et explique à voix basse que les
Nains exploitaient une mine dans la région mais qu’aujourd’hui ils ne font plus rien !

Helmut entend les Nains discuter et hausser la voix à son intention pour parler de la racaille
des bateliers. Le ton est mauvais et les Nains, prompts à s’emporter. Jochen, à l’entrée de
l’auberge, se fait discret mais reste aux aguets. Helmut, loin d’entrer dans le jeu de la
provocation, va voir les deux Nains et parvient à nouer le contact. Mais cela reste difficile tant
ils sont hostiles et agressifs ! Helmut offre sa tournée pour désamorcer la situation. Les Nains
acceptent mais critiquent la bière et finissent par s’en aller.

L’aubergiste en dit un peu plus, les Nains sont devenus un véritable problème. Il y a eu
récemment des attaques de fermes aux alentours. Une famille a été tuée et les Nains sont
soupçonnés ! Deux gardes de la milice de la ville font leur ronde et passent par l’auberge. Le
tavernier leur explique l’habituel problème des Nains prêts à en découdre au moindre prétexte
depuis leur désœuvrement. Helmut cherche à en savoir un peu plus et à comprendre la
situation de la mine. Il apprend en fait que les Nains l’ont vendue à une jeune noble venue de
Nuln. Helmut s’intéresse à son nom par curiosité. L’aubergiste lui dit qu’il s’agit d’une jeune
femme du nom de Herzen ! Mais l’affaire qu’elle a faite s’est révélée malheureuse : la mine
ne contient que du charbon alors qu’elle s’attendait à trouver de l’or. Du coup, elle ne vient
pas souvent à Grissenwald.

Jochen et Helmut rentent au bateau faire part aux autres de leur découverte. Ils repartent tous
les quatre faire un tour en ville, repèrent la caserne des gardes près d’un petit temple de
Sigmar. Mais ce n’est qu’un temple et pas une commanderie. Les aventuriers font la
connaissance du frère Kurt qui leur explique que la ville est dirigée par un bailli et ne possède
pour sa sécurité qu’une milice de quelques hommes logeant dans la petite caserne jouxtant
son temple. Quant à Herzen, elle est la propriétaire de la mine depuis trois ans et habite une

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maison à côté lorsqu’elle vient de Nuln. Elle a la trentaine, blonde, parfumée. Le frère Kurt
leur indique la route en direction de la mine.

Hadden a l’idée d’employer deux miliciens pour garder la péniche pendant la nuit car l’envie
d’aller repérer les lieux démange tout le monde. L’affaire est conclue et les deux hommes les
accompagnent jusqu’au bateau. Les aventuriers s’équipent, prennent Artus avec eux et
quittent la ville pour pénétrer dans la forêt environnante. La mine est à deux lieues tout au
plus.

Soudain, au milieu des arbres, un gémissement attire leur attention. Un Nain, criblé de
flèches, gît là, blessé, non loin de trois autres corps étendus par terre. Hadden se précipite sur
le blessé. Il s’appelle Durak et a été attaqué par des gobelins qu’il a fini par abattre mais il y
en a plein la mine ! Hadden parvient à le soigner. Le Nain explique que ce sont les gobelins
qui attaquent les fermes. Durak rumine encore qu’il n’aurait jamais dû venir dans ce pays
pourri. Pendant que ses compagnons surveillent les alentours et jettent un œil aux gobelins,
Hadden fabrique un brancard à l’aide de branchages pour transporter Durak et rentrer
rapidement à Grissenwald. Artus traduit les indications du Nain pour rejoindre les siens. Ils
habitent en fait à l’extérieur de la ville dans un grand campement de cabanes et de tentes
mélangées et installées dans le plus grand désordre.

Malgré la surprise de leur arrivée, Durak est rapidement pris en charge puis les aventuriers
sont conduits jusqu’à la tente principale, celle du chef, nommé Gorim Grand Marteau. Ce
dernier les reçoit en présence de deux gardes. Le chef Nain, à l’imposante carrure et au verbe
franc, n’en laisse pas moins sentir une certaine usure due à l’oisiveté. Il s’étonne de leur
intervention pour sauver Durak alors que les pires rumeurs circulent à l’encontre des Nains au
sujet des exactions contre les fermiers des alentours. Les aventuriers lui expliquent leur quête
et l’amitié qu’ils ont pour les Nains avec, pour preuve s’il en est besoin, la présence d’Artus
qu’ils ont presque adopté. Gorim semble impressionné et Hadden finit de le convaincre en
rappelant le lien qui existe entre les hommes et les Nains depuis le jour où Sigmar sauva un
roi Nain !

Sur ce, Günther, Jochen et Hadden repartent sur les lieux récupérer la preuve de la présence
des gobelins en ramenant les corps, mais sur place plus de cadavres ! Tout a disparu ! Les
trois hommes repèrent de nombreuses traces de pas ainsi que des empreintes de loup, six ou
sept animaux, de grand envergure. Ils rentrent bredouilles chez les Nains et partagent le repas
du soir. Malgré l’heure tardive, les aventuriers vont chercher un tonnelet de bière au bateau et
offrent leur tournée aux Nains. L’ambiance devient presque festive. Helmut en profite pour
inviter les deux Nains, croisés ce matin, à faire un bras de fer ! Les aventuriers et Gorim
tombent d’accord pour mener une expédition dans la mine mais plutôt de jour car les gobelins
sont désavantagés à la lumière du soleil. Nuit chez les Nains.

8 avril 1512

Gorim Grand Marteau décrit aux aventuriers la maison d’Etelka Herzen comme une belle
bâtisse hexagonale au toit rond. Les aventuriers veulent aller en repérage et le chef Nain leur
fournit un guide en la personne de Kagni. Pendant ce temps, les Nains, trouvent des cales
construisent une porte pour bloquer l’entrée de la mine après y avoir mis le feu grâce à des
buissons qu’ils rassemblent.

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A environ quatre lieues de la ville, sur la route en direction de la mine, les aventuriers
rencontrent trois gobelins avec un homme prisonnier. Les gobelins, d’abord surpris par cette
rencontre inattendue, réagissent rapidement. L’un d’eux décoche son javelot mais rate sa
cible. S’ensuit un échange de tirs entre les gobelins et leurs javelots et, d’une part, Jochen et
son arc et, d’autre part, Günther et sa fronde. Hadden quitte la route pour essayer d’approcher
les tireurs par la droite. A l’issue des tirs, les trois gobelins sont blessés ainsi que le guide
Kagni. Un des gobelins s’enfuit et Helmut se lance à sa poursuite par la gauche de la route. Sa
jambe s’enfonce malheureusement dans un trou contenant trois épieux qui le blessent
sérieusement. Les trois gobelins finissent par détaler, laissant leur prisonnier pétrifié au milieu
de la route. C’est alors que cette rencontre apparemment fortuite se transforme en guet-apens
organisé. Deux tireurs se révèlent, chacun au sommet d’un arbre, à l’abri des branches et du
feuillage, pour aligner les aventuriers ! Par malchance, Jochen casse la corde de son arc,
privant leur petit groupe de la précision de son tir. Deux nouveaux gobelins surgissent sur la
route tandis que les trois premiers réapparaissent après avoir contourné Hadden.

Helmut sort du piège dans lequel il est tombé et se jette à l’abri des buissons pour éviter le tir
des deux gobelins perchés dans leur arbre. Hadden, sa hache à la main, charge avec fureur et
élimine un de ses adversaires mais le traquenard se referme. Trois loups géants, montés par
des gobelins, surgissent sur la gauche et rendent l’affrontement très périlleux tant les forces en
présence sont déséquilibrées ! Un javelot blesse Hadden mais il charge à nouveau et abat un
autre adversaire. Jochen parvient à se mettre à l’abri et récupère un arc gobelin. Il élimine
aussitôt un des archers et se rend sous l’arbre du second tireur. Helmut et Günther repoussent
les gobelins tout en évitant la charge des loups. Hadden dévale un talus et se rue dans la
bataille mais il est touché gravement au bout de sa course sans pouvoir riposter. Il s’écroule,
provoquant un sursaut d’énergie chez ses compagnons devant le péril qui les menace.

Jochen, en se hissant dans l’arbre, réussit à attraper le pied du deuxième archer. Il tire de
toutes ses forces, tombe et entraîne le gobelin avec lui. Celui-ci heurte une branche de la tête
au cours de sa chute et arrive au sol à moitié assommé. Jochen l’achève et met à profit ses
talents d’archer pour tirer sur les gobelins montés sur les loups. Günther et Helmut se
rapprochent de Hadden toujours au sol et éliminent encore un gobelin. L’affrontement
s’équilibre. Les gobelins sur les loups décident soudainement de tourner bride, les autres
rescapés s’enfuient à leur tour. Hadden résiste de son mieux pour rester conscient. Günther lui
applique un baume de guérison et lui prodigue les premiers soins. Il survit mais impossible de
bouger. A moitié évanoui, le jeune bûcheron a la vision d’une montagne enneigée magnifique,
baignée d’une lumière éclatante.

Pendant ce temps, Jochen et Helmut libèrent le prisonnier de ses chaînes. Ce dernier les
renseigne : il était détenu à la mine quand les gobelins l’ont amené ici sans autre raison. Ils
sont une trentaine et il a aperçu entre six et sept loups comme ceux qui les ont attaqués. Il ne
s’agit pas d’une bande dépenaillée mais d’un groupe organisé, commandé par la jeune noble
aidée par son bras droit dont il ignore le nom mais qui ressemble à une tête de fouine.

Les aventuriers décident de rentrer à Grissenwald, d’abord pour mettre Hadden à l’abri, puis
pour avertir la population. Ils emportent d’ailleurs avec eux la dépouille d’un des gobelins !
En chemin, Günther se demande, devant l’importance du traquenard, si un traître parmi les
Nains n’aurait pas averti les gobelins de leur venue.

A midi, les aventuriers arrivent chez les Nains et les préviennent du guet-apens dont ils ont été
victimes. Une petite délégation les accompagne jusqu’à la ville. La population se rassemble

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puis le bailli arrive et le fermier libéré témoigne des forfaits répétés des gobelins contre les
familles des fermes, disculpant ainsi les Nains. Pour preuve irréfutable, Helmut jette au sol le
gobelin tué, effrayant un peu plus une population déjà craintive. Günther prend la parole,
innocentant à nouveau les Nains et accusant la propriétaire de la mine, propos aussitôt
confirmés par le fermier. Un homme s’insurge et met en doute tous ces événements mais
l’imposante carrure de Helmut lui fait baisser d’un ton. Günther se tourne vers le bailli afin
qu’il prenne ses dispositions pour rapatrier les familles des fermes avant la fin du jour car la
nuit prochaine risque d’être particulièrement dangereuse. Des groupes de villageois
s’organisent et se mettent en route rapidement. La fin de la journée est calme et les aventuriers
passent la nuit sur leur bateau.

9 avril 1512

Hadden va mieux. Il se souvient de sa vision et pense à Sigmar mais les montagnes aperçues
ne lui rappellent rien, il ne les a jamais vues. Chez les Nains, un groupe important veut en
découdre avec les gobelins pour laver l’affront d’avoir été accusés à tort. En ville, les
habitants sont plus hésitants, ils ne sont pas soldats et craignent pour leur vie. Le bailli est
conscient néanmoins qu’il faut agir vite contre une telle menace. Tandis qu’il bat le rappel des
volontaires, Jochen et Günther vont guetter à la sortie de la ville un éventuel traître mais en
vain.

Finalement, en fin de journée, les aventuriers voient se réunir sur la place publique quinze
Nains menés par Gorim Grand Marteau lui-même, cinq miliciens et une vingtaine de
villageois et fermiers confondus ! Gorim dresse un plan des lieux car les Nains connaissent la
mine pour y avoir travaillé ainsi que la maison d’Etelka pour l’avoir construite à l’époque de
la vente de la mine ! Nuit tranquille.

10 avril 1512

Deux groupes sont constitués dès le matin pour passer à l’attaque de la mine. Le premier,
formé de l’ensemble des villageois, de deux miliciens et de sept Nains, dont Durak pour le
mener, se rendra à la mine justement. Le second groupe, constitué de deux miliciens, de huit
Nains, dont Gorim, et des aventuriers se rendra à l’assaut de la demeure d’Etelka Herzen. Les
deux groupes se partagent quelques pieux et grappins et comptent parmi les Nains, qui les
composent, deux arbalétriers chacun.

Tout le monde se met en marche et progresse à travers les bois sans rencontrer de résistance.
Arrivés à la lisière de la forêt, les deux groupes s’arrêtent et observent le plateau légèrement
en pente douce qui s’étend devant eux. Gorim et Durak indiquent au loin la position de la
mine. Plus haut, sur le plateau, après une ligne de crête, on aperçoit la maison d’Etelka
Herzen. Il est convenu que le groupe destiné à attaquer la mine attende ici un moment le
temps de laisser à l’autre groupe la possibilité de progresser à l’abri des arbres jusqu’à hauteur
de la demeure. Les deux groupes se souhaitent bonne chance et se séparent.

Les Nains, les miliciens et les aventuriers avancent rapidement lorsqu’un piège déclenché par
l’un d’entre eux provoque la mort d’un milicien, écrasé par un tronc d’arbre. Un deuxième
piège est repéré plus loin sous la forme d’un filet prêt à prendre un éventuel curieux. Il est
désamorcé et Helmut récupère le filet. Un troisième piège est signalé, un rocher en équilibre à
un passage délicat est prêt à écraser le premier venu ! Le groupe passe ailleurs et arrive en
lisière à hauteur de la bâtisse. Les deux groupes avancent alors à découvert.

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Du côté de la mine, des gobelins, embusqués sur la ligne de crête près du chemin menant à la
maison, déclenchent un premier tir d’arbalète. Deux villageois s’écroulent. Le groupe mené
par Durak, surpris, continue à avancer lorsqu’au loin surgit de la forêt une meute d’une
quinzaine de loups montés par des gobelins.

Jochen décoche trois flèches vers les gobelins embusqués en hauteur et en blesse un. Il décide
de foncer vers les tireurs avec Günther et trois Nains pour porter secours au groupe de la mine
soudain en difficulté et commençant à reculer, dos à la paroi, pour faire face à la charge des
loups. Un villageois prend peur et s’enfuit. Les gobelins sur la crête continuent à tirer mais la
riposte de Jochen et l’arrivée de Günther les détournent de leur cible.

Gorim, Helmut et Hadden, suivis des autres, reprennent leur marche vers la demeure. C’est,
en effet, une bâtisse solide au sommet d’un tertre, munie de meurtrières par endroit et d’un
chemin de ronde central protégé par le sommet du toit. Deux carreaux d’arbalète atteignent
deux Nains mais le groupe accélère et se met à couvert derrière une petite écurie voisine.

En bas, Günther de sa fronde et Jochen avec son arc éliminent quatre gobelins à eux deux. Les
quatre autres tireurs s’enfuient devant la charge des Nains. En contrebas, quatre villageois et
un milicien gisent au sol. Les loups sont sur le groupe qui, adossé à la paroi et armé de pieux,
résiste bien. Günther, Jochen et deux Nains, qui s’emparent des arbalètes des gobelins,
récupèrent la position sur la crête et visent les loups. Ils en abattent trois !

En haut, appuyé par le tir des Nains, Hadden, d’un bond, se rend dans l’écurie. Elle est vide
mais comporte quatre box séparés par trois palissades. Hadden s’en sert comme protection
derrière lesquelles deux combattants peuvent avancer à l’abri vers la maison. Deux Nains,
protégés ainsi, partent avec pour mission de trouver la porte principale. Helmut et Hadden
font, eux, le tour de la demeure derrière leur palissade. Rien de particulier. Devant cette
progression inattendue, les tirs en provenance du toit cessent. Gorim et les autres foncent et se
plaquent contre le mur. Les deux Nains en reconnaissance ont trouvé la porte. Protégés cette
fois par une palissade au-dessus de leur tête, ils attaquent les gonds à la hache ! La porte cède.
Tandis que les deux Nains arbalétriers restent à l’extérieur en couverture, les assaillants
pénètrent dans la maison et en découvrent les pièces une par une.

En bas, la lutte tourne à l’avantage des habitants de Grissenwald et de leurs alliés. Cinq
gobelins et huit loups prennent la fuite mais les pertes chez les villageois sont importantes.
Jochen et Günther décident de remonter à la demeure prêter main forte à l’autre groupe.

Dans une des premières pièces, le groupe libère un couple de fermiers prisonniers, fous de
douleur par le massacre de leurs enfants et prêts à en découdre. Dans la pièce d’en face, sorte
de chambre d’enfant, Helmut et Hadden découvrent cachée, sous son lit, une hobbit qui peste
contre cette intrusion ! Elle est la cuisinière de la maison. A l’ouverture de la porte suivante,
deux carreaux d’arbalète blessent deux des Nains présents. S’ensuit une course poursuite à
travers la cuisine puis la salle à manger et divers salons aménagés au rez-de-chaussée tout
autour d’une sorte de cour intérieur servant de puits de lumière. Les deux gobelins sont
rattrapés et éliminés quand deux autres surgissent au centre de la maison. Le couple de
fermiers, incontrôlable, se lance à l’attaque de manière irréfléchie. Tous deux sont abattus par
les gobelins qui empruntent ensuite l’escalier menant à l’étage. Gorim se lance à l’assaut mais
une marche piégée lui blesse la jambe et l’empêche de continuer. Un autre Nain s’écroule,

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touché par le tir des gobelins. Helmut et Hadden récupèrent une des palissades et montent
l’escalier.

C’est alors que Jochen et Günther arrivent sur place. Leurs tirs obligent les gobelins à se
protéger. Au sommet de l’escalier, apparaît un gobelin accoutré d’une sorte de cape trop
grande pour lui et coiffé d’une tiare. Il adopte une attitude étrange. Helmut et Hadden, en
première ligne, s’attendent à subir la puissance d’un sortilège mais il ne se passe rien et le
gobelin semble tout aussi surpris qu’eux. Il s’enfuit.

Günther et Jochen, suivis par les Nains, rejoignent à l’étage leurs deux amis. La bataille qui
suit, voit la victoire des assaillants. Tous les gobelins sont tués et l’apprenti magicien fait
prisonnier. Les aventuriers visitent les lieux et découvrent une sorte de laboratoire, tout en
pagaille, à moitié calciné, avec une porte défoncée, sans doute le résultat des expériences du
gobelin lanceur de sorts ! Hadden se penche sur les restes d’un journal intime donnant
quelques informations précieuses sur Etelka Herzen.

Helmut et Jochen découvrent de leur côté une sorte de cabinet de travail avec deux animaux
empaillés : un crocodile et un ours dont une des pattes dissimule des documents et une
correspondance signée G. Les aventuriers pensent rapidement à Gothard Wittgenstein sur
l’acte de reconnaissance de Kastor Lieberung ! Jochen récupère également une fiole contenant
un liquide rouge épais.

Le gobelin prisonnier est et interrogé. Lui et ses congénères sont venus des montagnes noires
à l’Est à la demande d’Etelka Herzen. Celle-ci est partie il y a une demie lune mais il ne sait
pas où ni quand elle revient. Elle était accompagnée d’un humain, surnommé « tête de
fouine ». Helmut trouve sur lui vingt trois couronnes volées aux fermiers et, autour de son
cou, une clef correspondant à un coffre dans la chambre de sa maîtresse. Les aventuriers s’y
rendent et y trouvent des assiettes en faïence, un peu d’argenterie, quelques bijoux et
parfums. Dans un double fond du coffre, Günther fait la découverte d’un sac de toile rouge
contenant trois pièces importantes : un collier et un bracelet en or, une bague en argent, le tout
d’une valeur de cent cinquante couronnes impériales !

Les deux groupes de départ se réunissent à l’extérieur. La mine a été nettoyée et deux fermiers
ont été libérés. Jochen sort de la maison en dernier avec, à la main, trouvé dans une chambre,
un bouclier Nain tout peinturluré. Gorim l’aperçoit et prend un air sombre qui n’échappe à
personne. Günther s’inquiète de savoir ce qui se passe mais le chef Nain ne desserre pas les
dents si ce n’est pour dire qu’il tient à récupérer cet objet.

Hadden trouve dans la poche d’un manteau une lettre de Gothard Wittgenstein indiquant la
mission confiée à Etelka Herzen. Elle est partie à la recherche d’une mystérieuse clef datant
de l’expédition de l’arrière grand-père de Gothard au nord de la ville d’Uterbaum dans les
collines terribles près d’un cratère qu’elle semble connaître pour s’y être déjà rendue. La lettre
stipule l’importance de la clef permettant vraisemblablement d’ouvrir une pièce secrète de
l’observatoire de l’aïeul pour y trouver ce qui manque à leur conspiration ! Le message
indique encore que l’éclusier de Kemperbad est quelqu’un de confiance à qui elle peut
remettre la clef. La cuisinière hobbit est questionnée à ce sujet. Sa maîtresse est partie à
cheval par la route avec pas mal de provisions il y a une quinzaine de jours. Elle était avec
Ernst. La hobbit a entendu parler de la rivière Narn. Quant aux gobelins, ils sont là depuis
deux mois environ. Les aventuriers identifient l’ami Ernst et « tête de fouine » comme une
seule et même personne. Ils repèrent sur une carte l’endroit indiqué correspondant au message

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de Gothard et constatent l’avance de leur cible. Hadden, dans un rapide calcul, pense même
qu’ils ont peut-être croisé Etelka Herzen lors de leur séjour à Kemperbad, passage obligé pour
la jeune noble de Nuln quant à sa mission.

Jochen et Hadden aperçoivent Gorim s’adresser aux Nains réunis autour de lui pour ensuite
s’éloigner. Helmut aborde Durak pour savoir ce qui se passe. Le Nain lui explique que Gorim
a convoqué un conseil auquel les aventuriers sont invités à assister ainsi que le jeune Artus !
Jochen va trouver Gorim et lui remet le bouclier trouvé dans la maison. Helmut organise
rapidement une mise en scène avec les gobelins tués comme s’ils s’étaient massacrés
mutuellement. Il en amène aussi du côté des pièges qui ont été déclenchés.

Le retour à Grissenwald se fait en fin d’après-midi mais les Nains filent directement vers leur
camp. La liesse populaire grandit au fur et à mesure ainsi qu’une colère légitime et prévisible
à l’encontre du gobelin fait prisonnier et remis entre les mains du bailli. Les aventuriers
retrouvent Artus au bateau et l’invitent à les rejoindre. En chemin vers le camp des Nains,
Hadden tombe sur le frère Kurtz du petit temple de Sigmar et l’interroge sur la commanderie
la plus proche. Elle se trouve à Nuln.

Arrivés chez les Nains, Artus et les aventuriers pénètrent dans la grande tente de Gorim. Le
conseil est déjà réuni, et les Nains suspendus aux paroles de leur chef. Celui-ci s’est changé et
a enfilé son armure. Il tient sur le côté le bouclier retrouvé qu’il a recouvert d’une toile de
jute. Artus assiste à son premier conseil et semble à la fois fier et impressionné par
l’ambiance. Gorim Grand Marteau, d’un ton solennel, remercie chacun des combattants de
cette journée et précise que cela a été un honneur de livrer bataille en leur compagnie. Il se
tourne vers les aventuriers, a un regard pour Artus, et les remercie également pour avoir
permis aux Nains ici présents et à toute la colonie de laver l’affront d’une accusation
mensongère et de participer à l’établissement de la vérité, fut-ce par les armes ! Tous sont à
louer sauf un ! Et à ces mots, le silence, déjà impressionnant, devient parmi l’assemblée
presque redoutable. Comme pour illustrer ses propos, Gorim laisse glisser la toile de jute pour
découvrir le bouclier qu’il a nettoyé entièrement. Une clameur générale de surprise puis de
joie envahit la tente. D’un geste, Gorim ramène le silence pour déclamer qu’il est un traître !
C’est lui qui a vendu la mine, plongeant la colonie dans une oisiveté coupable. C’est lui qui a
aidé Etelka Herzen à construire sa maison, installant un peu plus celle qui s’est révélée une
ennemie. Enfin, c’est lui qui a vendu le bouclier de la tribu, provoquant son déshonneur et une
honte à vie. C’est pourquoi il a décidé ce soir de rendre sa responsabilité de chef et de partir
pour le Hitrh.

Sur ces mots, il fend la foule, quitte la tente sans se retourner et s’en va. Helmut trouve Durak
et demande ce que cela veut dire. Le Hitrh est un voyage religieux qui s’effectue seul. Une
sorte d’exil en pénitence…

Les aventuriers et Artus laissent les Nains, consternés, régler leurs affaires internes et
retournent en ville. Le gobelin, comme on pouvait s’y attendre, a été exécuté et mis en pièces
par la vindicte populaire. Le bailli les accueille personnellement pour les remercier de leur
intervention. Au nom de la ville, il leur offre le diadème retrouvé chez Etelka Herzen mais les
aventuriers déclinent l’offre. Ils ont pris soin que tout soit rendu à la population, ne gardant
qu’une cinquantaine de couronnes et le lot des trois bijoux de grande valeur trouvé dans le
coffre. Aussi, ce diadème servira mieux les intérêts des familles endeuillées. Jochen a
conservé la fiole de liquide rouge foncé, et Hadden tous les papiers concernant la
conspiration. Le bailli offre au jeune bucheron un chien de la milice, veille à ce que les

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aventuriers fassent le plein de provisions et les invite à la fête organisée par les habitants. Le
petit groupe finit la nuit sur le bateau.

11 avril 1512

Malgré la tentation de se rendre à Nuln pour y trouver la commanderie templière, les


aventuriers prennent le départ pour Kemperbad. Car le temps leur est compté s’ils veulent
intercepter Etelka Herzen. D’après les estimations de Hadden, il leur faut naviguer jour et nuit
et profiter du courant du fleuve pour espérer refaire leur retard. Après une journée de voyage,
Artus se poste à la proue du bateau pour scruter les flots pendant la nuit et éviter les écueils.
Le vent est calme.

12 avril 1512

Artus dort le jour et prend son poste pour la nuit tandis que les aventuriers se relaient deux par
deux pour naviguer. Vent important.

13 avril 1512

Troisième jour de navigation. Vent fort. Voyage soutenu et fatiguant.

14 avril 1512

Malgré un vent de face assez fort, les aventuriers arrivent le soir à Kemperbad. Ils appontent
et se renseignent sur les moyens de se rendre plus loin à Unterbaum. Il y a une route qui part
de la ville haute, sinon il est possible de remonter par le fleuve après le système des écluses.
Mais comment savoir quel chemin Etelka Herzen a emprunté à l’aller et si elle a déjà pris
celui du retour ? L’idée d’utiliser le visage de Günther, toujours sosie de Kastor Lieberung,
pour aller questionner l’éclusier dont ils savent que c’est une main de confiance, semble la
meilleure solution.

Artus reste de garde au bateau avec le chien qui a eu le temps de s’habituer à son nouvel
environnement. Jochen et Helmut se placent près des écluses tout en observant la maison de
l’éclusier. Hadden suit Günther à quelques mètres derrière lui en direction de la demeure. Le
jeune forgeron passe la porte d’un petit mur extérieur donnant sur un jardin avant de frapper
au clos de la maison. La voix d’un gamin lui répond que c’est fermé mais Günther insiste. Un
garçon d’une douzaine d’années entrouvre la porte pour lui confirmer que l’écluse est fermée
à cette heure et qu’il doit revenir demain. Günther indique d’un ton grave qu’il doit parler à
son père. Le gamin s’efface et l’éclusier apparaît peu après. Günther le salue et écarte
légèrement le col de sa tunique pour laisser apparaître la main, médaillon de Kastor
Lieberung. L’homme hausse les sourcils et prend une mine sérieuse. Il fait entrer Günther
chez lui et referme la porte, privant ainsi Hadden de la suite de la conversation.

En fait, Günther explique qu’il est à la recherche d’Etelka Herzen pour lui délivrer un
message d’importance. Il sait qu’elle avait à faire dans les parages mais a besoin de
précisions. L’éclusier lui confirme qu’elle est passée le voir il y a une douzaine de jours. Elle
devait remonter à cheval vers Unterbaum et ne devrait pas tarder à revenir. Il s’attend à son
passage d’ici peu. En général, elle descend à l’auberge du Minotaure en ville. L’aubergiste
n’est pas sûr mais c’est son habitude. Sinon, l’homme indique à Günther qu’il peut sans doute
la trouver de l’autre côté du Reik au relais de diligence des Quatre Saisons où elle change de

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montures ! Günther le remercie et lui fait part à tout hasard de la teneur de son message pour
elle : urgent de rentrer chez elle. Ainsi, peut-être perdra-t-elle du temps à revenir à
Grissenwald au lieu de transmettre la clef… Günther quitte les lieux et les aventuriers se
retrouvent au bateau pour la nuit.

15 avril 1512

Au matin, les aventuriers payent la taxe d’appontage puis décident de faire quelques achats :
des flèches, des cordes d’arc, de l’huile, de la corde fine et résistante, des collets et un piège à
ours trouvé par Helmut. Günther achète une fortune une belle carte du Reik et de ses fonds
qu’il trouve chez une sorte de libraire.

De retour au bateau, Günther, toujours dans l’idée de retarder Etelka Herzen, prend le temps
de traverser le Reik avec le bac pour laisser un autre message au relais de chevaux. Il trouve
un garçon d’écurie à qui il laisse deux couronnes impériales pour délivrer à la jeune femme le
pli cacheté qu’il lui remet et qui précise : danger à Grissenwald, prudence, rendez-vous
possible ici même chaque lundi à midi, signé K !

Revenu sur l’autre rive, Günther fait part aux autres de son stratagème. Les aventuriers
confient une nouvelle fois le bateau à Artus et partent à pied vers la ville haute, faisant le pari
qu’Etelka Herzen délaisse le fleuve et prenne le même chemin au retour qu’à l’aller.

Par souci de discrétion, ils évitent les quartiers trop animés de la ville, repèrent néanmoins
l’auberge du Minotaure puis peu après s’engagent sur la route d’Unterbaum. Très vite, les
aventuriers pénètrent dans la forêt. La route se révèle assez petite, ressemblant même parfois
plus à un sentier qu’à autre chose. Ce cheminement les oblige à longer régulièrement le cours
d’eau en contrebas d’un à pic, parfois bordé lui-même d’une paroi rocheuse de l’autre côté de
l’étroit sentier. Le paysage magnifique ne tardera pas à se transformer prochainement en un
piège fatal.

A la tombée de la nuit, les aventuriers s’installent au milieu des arbres à l’écart de la route. Ils
placent sur le chemin le piège à ours et un peu plus loin une corde tendue. Ils s’abstiennent de
faire du feu. Nuit tranquille.

16 mars 1512

Les aventuriers se remettent en route et trouvent un peu plus loin l’endroit idéal pour tendre
une embuscade et espérer capturer Etelka Herzen. Les préparatifs commencent. Le piège à
ours est installé, légèrement enterré au milieu du chemin et recouvert de feuilles. Bien plus
loin, suivant la progression d’Etelka Herzen, une corde est tendue entre deux arbres à hauteur
de cavalier et des collets sont installés au sol. Hadden prépare un tronc d’arbre et le fixe en
l’air à l’aide de cordes comme balancier sur toute sa longueur un peu avant le piège à ours.
Sur la gauche, le précipice donnant sur le cours d’eau rend impossible toute fuite raisonnable
mais Helmut s’y dissimule pour pouvoir agir à hauteur des deux premiers pièges. Sur la
droite, dans la forêt, toute une série de trous dans le sol est creusée pour ralentir un éventuel
fuyard à cheval ou à pied. Jochen se place bien plus loin près de la route après le piège à ours
pour couper toute retraite tandis que Hadden se poste à hauteur du tronc balancier pour le
déclencher au bon moment en coupant la corde qui le retient. Quant à Günther, il se cache
près du dernier obstacle, la corde tendue, comme ultime rempart à toute tentative de fuite vers
Kemperbad.

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C’est vers la fin de la matinée, après une attente tout à la fois patiente et nerveuse qu’apparaît
le groupe espéré ! En tête, marche un homme trapu, au pas sûr et régulier, une sorte
d’éclaireur. Chacun de leur côté, les aventuriers ont une pensée pour Ulric en espérant que
l’homme ne découvre pas le piège qui l’attend car il marche droit vers les mâchoires d’acier
du piège à ours. Vient ensuite une jeune femme blonde, à cheval, plutôt noble de port malgré
sa tenue de cavalière. C’est Etelka Herzen sans aucun doute. Suit derrière elle, à cheval aussi,
un homme bien habillé avec un chapeau au large bord sous lequel percent deux yeux aiguisés.
Hadden pense qu’il s’agit de l’ami Ernst, dit tête de fouine, garde personnel et homme à tout
faire de la jeune femme. C’est peut-être le plus dangereux du groupe. Enfin, pour fermer la
marche, un dernier cavalier, tête nue, habillé comme l’éclaireur, fait plutôt penser à un
homme de main, payé pour l’expédition dont ils reviennent.

Retenant son souffle, Jochen voit le groupe passer devant lui. Helmut et Hadden anticipent sur
leur action à mener tandis que Günther, à l’autre bout de l’embuscade, sait que tout va se
précipiter d’un instant à l’autre. L’éclaireur n’a pas vu le piège. Les mâchoires d’acier se
referment en un claquement sec sur sa cuisse juste au-dessus du genou lui arrachant un
hurlement de douleur. Malgré le sursaut de son cheval, juste derrière, Etelka maîtrise sa
monture et stoppe son avancée. Hadden tranche alors la corde du balancier pour voir le tronc
heurter la jeune femme un peu en dessous de l’épaule. Celle-ci bascule sur le côté et tombe de
cheval. Presqu’en même temps, Jochen et Helmut surgissent de leur cachette. L’archer
décoche trois flèches au dernier cavalier, le blessant par deux fois, tandis que le gaillard
d’Untergeschatt se jette sur Etelka Herzen au sol et l’assomme du premier coup, mettant tout
le monde à l’abri des pouvoirs surnaturels de cette femme.

Ernst et le dernier homme éperonnent leur monture et tentent de fuir. Ernst fonce sur la route
et, au passage, pointe une arme étrange et déclenche comme un coup de tonnerre, blessant
sérieusement Helmut. L’autre fuyard assène à son tour un méchant coup d’épée à Helmut qui
tient le choc ! Hadden se précipite vers le chemin mais pas assez vite pour intercepter les
cavaliers. Jochen s’élance sur la route pour utiliser son arc mais la trajectoire n’est pas des
meilleures et il doit se rapprocher encore. Malgré ses blessures, Helmut attache, bâillonne et
aveugle d’un bandeau serré Etelka Herzen.

Dans sa fuite sur la route, l’ami Ernst se prend la corde tendue entre les deux arbres à hauteur
des épaules. Désarçonné, il vide les étriers et tombe lourdement au sol. Son cheval,
déséquilibré par un collet, trébuche et tombe également en un hennissement de frayeur.
Günther surgit et passe à l’attaque. Malgré sa chute, Ernst est déjà debout, dégainant deux
dagues effilées.

En apercevant les déboires de son compagnon, l’autre fuyard quitte la route et tente sa chance
à travers bois, toujours poursuivi par Hadden. Le cheval est freiné par les branches basses des
arbres. Puis, soudain, au hasard de sa progression, l’animal s’enfonce dans un trou,
déséquilibrant son cavalier. Ce dernier, néanmoins, quitte sa selle habilement et arrive sur ses
pieds. Hadden engage aussitôt le combat et sort rapidement victorieux. Guidé par le bruit du
duel entre Günther et Ernst, il s’élance ensuite vers la route.

Près de Helmut, dans un dernier effort, ponctué par un cri de rage, l’éclaireur parvient à
libérer sa jambe meurtrie du piège à ours. Il se dirige vers Helmut en boitant, un poignard à la
main. Jochen arrive en courant, l’ajuste et lui plante deux flèches dans le corps. L’homme
s’écroule. L’archer reprend sa course lui aussi vers Günther. Ernst se révèle un adversaire

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redoutable et le forgeron est en difficulté devant ses doubles coups de dague. Hadden arrive
en vue mais trop tard. Günther s’écroule gravement touché ! Ernst, blessé, s’enfuit, poursuivi
par le jeune bûcheron, peu à peu distancé. Celui-ci, par dépit, lance sa hachette espérant
stopper le fuyard mais il ne fait que le blesser à l’épaule. Ernst s’échappe devant Hadden à
bout de souffle. Heureusement, Jochen s’est rendu compte de la situation. Il récupère un
cheval et déboule au galop sur la route. L’archer aide Hadden à s’installer derrière lui puis se
lance à la poursuite d’Ernst. Mais celui-ci a disparu !

Jochen pense qu’il s’est réfugié dans les sous-bois. Il descend de cheval et piste sa trace avec
succès en trouvant des traces de sang. Hadden s’enfonce parmi les arbres tandis que Jochen
reste sur la route, son arc à la main. Le bûcheron fouille et tourne dans tous les sens mais en
vain. Soudain, Jochen reçoit une goutte sur le front. C’est du sang ! Il s’écarte et aperçoit
Ernst caché sur une branche. Jochen vise et touche deux fois. Ernst chute et s’écroule quatre
mètres plus bas, mort.

Jochen et Hadden ramènent sa dépouille sur le cheval puis tout le monde est mis à l’écart de
la route à l’abri de la forêt. Les traces du guet-apens sont effacées et Helmut ramène son piège
à ours. Günther est transporté avec précaution mais il est mal en point et inquiète ses
compagnons. Malgré les premiers soins prodigués par Hadden et l’application d’un baume
vendu par Elvira à la shaffenfest, Günther ne survit pas à ses blessures !

C’est l’abattement et un désarroi profond s’empare des trois amis. Le prix de cette
embuscade, même réussie, est trop lourd à payer. Ils se retrouvent un moment comme égarés
dans cette forêt, envahie soudain d’un silence pesant après le tumulte de l’affrontement.

Il leur faut néanmoins poursuivre.

Etelka Herzen est attachée à genoux à un arbre, les bras et les jambes tirés en arrière du tronc.
Les trois compagnons prennent le temps de fouiller leurs victimes ainsi que les selles des
chevaux. Sur l’éclaireur et l’homme de main, ils ne trouvent que des affaires courantes mais
récupèrent vingt couronnes. Les effets personnels d’Ernst sont plus intéressants. Jochen prend
son armure en cuir renforcée de belle facture. Helmut trouve sur lui une série de dagues et ce
fameux pistolet à poudre avec le nécessaire pour l’utiliser : amorce, poudre noire, billes
d’acier. Sur son cheval qu’il faut abattre à cause d’une jambe cassée, Jochen trouve un bel arc
de chasse ouvragé avec au sommet une tête de lion sculptée dans le bois. L’objet est trop
reconnaissable et l’archer le brise pour ne garder que la tête de l’animal comme preuve
éventuelle de la mort d’Ernst. Sur lui encore, Hadden découvre à chacun de ses poignets un
bracelet de cuivre avec un dessin étrange sur chacun d’eux. Mais ces bracelets ne présentent
aucun système d’ouverture ou de fermeture. Ils ont été visiblement soudés à même les avant-
bras de leur propriétaire, vu les anciennes traces de brûlure que présente la peau. Etrange
ouvrage plein de mystère qui offre peut-être une protection magique au porteur mais contre
quoi ? Nul ne le sait ! Dans son sac de voyage, Helmut trouve une mallette contenant de
nombreuses fioles de produits différents ainsi que quelques instruments assez fins en métal :
trousse de soins, poison, instruments de torture, tout est possible. Le grand guerrier trouve
aussi huit fioles en terre cuite avec le même liquide rouge poisseux que Jochen a gardé depuis
leur passage chez Etelka Herzen. Hadden récupère autour du cou de la dépouille le fameux
médaillon de la conspiration : une main en cuivre avec, pour Ernst, le majeur en or ! Preuve
de son importance semble-t-il d’après la hiérarchie évaluée.

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Dans les affaires d’Etelka, les aventuriers trouvent dans son sac de voyage une mallette
contenant une centaine de petites fioles : du parfum, visiblement. Ils récupèrent aussi quarante
couronnes impériales. Sur elle, ils découvrent deux bagues en or et autour du cou le médaillon
en cuivre avec l’index en or ainsi qu’un deuxième collier avec un pendentif étrange au motif
tribal curieux ressemblant à une sorte de ver. Mais de cette fouille générale, précise et
méthodique, il n’y a aucune trace de clef ou d’un quelconque objet original qu’Etelka Herzen
serait allée chercher. L’a-t-elle réellement trouvé ou bien a-t-elle échoué dans sa mission. La
clef convoitée est-elle un objet ou une connaissance symbolique ?

Les aventuriers prennent conscience qu’il leur faut désormais se résoudre à interroger leur
prisonnière s’ils veulent en savoir plus. L’avantage, c’est qu’elle ne connaît rien de la
situation présente : elle ne sait pas que ses compagnons sont morts, elle ne sait qui ni combien
sont les aventuriers qui l’ont attaquée. Hadden se demande s’il est encore possible malgré la
mort de Günther de se servir de sa ressemblance avec Kastor Lieberung mais comment ?

Au premier mouvement de sa tête, indiquant qu’elle a repris connaissance, les aventuriers


donnent des ordres factices à des compagnons imaginaires pour faire croire qu’ils sont plus
nombreux : deux gardes pour surveiller la route, trois autres pour garder un œil sur les
prisonniers…

Redoutant les pouvoirs inconnus de cette femme, les aventuriers prennent la précaution de se
placer derrière elle pour l’interroger afin qu’aucun d’entre eux ne soit dans son champ de
vision s’il fallait lui enlever son bandeau. Hadden se lance et s’adresse à elle pour la prévenir
qu’ils vont lui retirer son bâillon car ils ont quelques questions à lui poser. Il l’avertit qu’au
moindre cri ou qu’à la moindre parole incompréhensible, elle serait à nouveau bâillonnée et ce
sont ses compagnons qui en subiraient les conséquences. Hadden retire le bâillon et pour
tester sa bonne volonté lui demande comment elle s’appelle. Mais les premières paroles
d’Etelka Herzen ne sont que rage et colère contre la situation où elle se trouve. Elle ordonne
d’être libérée immédiatement car elle est la baronne Etelka Herzen ! Helmut n’apprécie pas
du tout le ton qu’elle prend. Il fait signe à Hadden de lui replacer son bâillon et décoche à la
baronne un coup de poing dont il tente de mesurer la force avec plus ou moins de succès.

Le bucheron retire à nouveau le bâillon mais, passée la surprise du choc, Etelka Herzen éructe
et les menace tous des pires châtiments. Ils ne savent pas à qui ils ont à faire et tous les
impériaux vont leur tomber dessus s’ils persistent à la séquestrer ainsi ! Même punition, mais
Helmut la gifle seulement de peur qu’un autre coup de poing ne la blesse pour de bon. Devant
les yeux incrédules de ses compagnons, il se dirige ensuite vers l’homme de main, qui fermait
la marche lors de l’embuscade, et lui tranche la tête ! Jochen et Hadden, le souffle coupé,
s’interrogent du regard sans oser s’interposer. Le bûcheron a un mouvement de recul lorsque
Helmut balance la tête devant la jeune femme et lui retire son bandeau. La vision soudaine de
cette horreur lui arrache un gémissement de frayeur puis elle éclate en sanglots.

Une fois son bandeau remis et son bâillon retiré, Etelka Herzen leur indique en pleurant que
sa famille est riche et qu’elle peut leur donner beaucoup d’or. Helmut affiche un sourire
satisfait et fait signe à Hadden. Ce dernier reprend ses esprits et pose une série de questions
dont ils connaissent déjà les réponses pour tester la bonne volonté de leur prisonnière. Elle
indique bien qui elle est et où elle habite, explique bien que le médaillon de la main est celui
d’un cercle d’amis rencontrés à Nuln mais sans leur en donner la réelle signification. A la
question de savoir ce qu’elle est venue faire ici dans la région, elle prétexte être à la recherche
d’une espèce rare de lavande, poussant dans un cratère et entrant dans la composition de ses

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parfums. Hadden garde un instant le silence puis lui affirme qu’elle ment. Il ne peut
s’empêcher de la menacer à son tour quand elle prétend le contraire. Le bûcheron lui parle de
son ami Teugen à Bögenhafen et des circonstances de sa mort, tombé non pas au cours de son
rituel ridicule mais percé de flèches en criant son désespoir !

Etelka Herzen marque un temps durant lequel Hadden l’imagine se répéter mentalement les
paroles prononcées. D’une voix basse, elle finit par demander qui ils sont. Le bûcheron lui
confie que cela n’a pas d’importance mais que si elle s’entête à ne pas dire la vérité, c’est
Ernst qui sera exécuté ! La prisonnière leur indique qu’ils ne pourront rien faire contre les
événements en marche. Même s’ils ont vu ce qui s’est passé à Bögenhafen, ils ne peuvent
imaginer la suite. A force de discussion, les aventuriers finissent par comprendre que les
larmes de Morrslieb sont des météorites plus ou moins grosses tombés sur l’empire et que les
conspirateurs dont elle fait partie aspirent à voir les créatures du chaos régner à nouveau.

Jochen lui parle de son étrange médaillon tribal qu’elle porte autour du cou. Emportée par son
discours, elle parle de Tzeentch comme quelque chose de plus terrible encore que Nurgle.
L’archer demande quel est ce liquide rouge foncé trouvé dans les affaires d’Ernst. Etelka lui
répond qu’il s’agit d’une potion de soins. Hadden repose la question de sa mission et demande
qui la lui a confiée pour voir si elle parle de Gothard Wittgenstein mais elle ignore soi-disant
son nom. Ce n’est que mensonge et perte de temps. Les aventuriers l’informent qu’ils
tireraient sûrement un bon prix auprès des templiers de Sigmar pour une sorcière de son
espèce qu’ils mettraient sans doute peu de temps à faire parler. Nouveau silence de la
baronne. Hadden pour la confondre lui lit la lettre de mission écrite par Gothard et trouvée
chez elle. Alors quelle est cette clef dont elle s’efforce de cacher l’existence ? Etelka explose
en précisant que de toute façon ils n’y comprendraient rien puis se renferme dans un mutisme
total.

Les aventuriers se demandent si, en effet, emmener Etelka Herzen jusqu’à Altdorf pour être
interrogée par les templiers de Sigmar ne serait pas la meilleure solution. A l’aide du bateau,
même si c’est extrêmement risqué, c’est possible de la dissimuler pendant le voyage mais les
trois amis ne sont pas sûrs de la réaction des templiers et de leur accueil.

Soudain, les vêtements d’Etelka Herzen s’affaissent, ses liens tombent progressivement sans
se dénouer. Hadden alerte ses compagnons puis se jette sur la prisonnière dont le corps prend
une forme étrange, presque brumeuse. Il a beaucoup de mal à retenir quoique ce soit mais
frappe de son couteau le nuage vaporeux qui tente de lui échapper. La forme brumeuse du
corps de la sorcière prend un peu de hauteur et se dirige vers le précipice où coule la rivière.
Elle est néanmoins freinée par les branches des arbres. Helmut et Jochen décochent flèche sur
flèche mais Etelka Herzen progresse toujours. Il faut que Jochen use de ses flèches les plus
fines pour la blesser. Finalement, la conspiratrice perd son pouvoir, reprend forme humaine et
tombe au sol, nue et gravement blessée.

Les aventuriers la ramènent à l’abri des arbres, la rattachent, lui replacent un bandeau sur les
yeux et la couvrent d’une couverture contre le froid et l’humidité de la forêt. Etelka Herzen
survit mais ne dira plus rien. A moins de se résoudre à inventer les pires sévices, Jochen,
Helmut et Hadden comprennent qu’ils n’en sauront pas plus. Helmut s’adresse à elle pour lui
demander sa dernière volonté. Elle souhaite voir une dernière fois le soleil et ajoute cette
phrase : « Nous sommes tous des assassins aux mains carbonisées qui regardons le soleil ».

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Hadden, méfiant et déçu de n’avoir pu lui extorquer de plus amples informations, lui refuse
cette faveur et la condamne à mort. Il s’empare de sa hache, l’air sombre, et arme au-dessus
de ses épaules le coup fatal, quand Jochen, indigné par une telle attitude, bondit près d’Etelka
Herzen et abaisse d’un coup son bandeau. Un rayon de soleil perce parmi les arbres et éclaire
un instant son visage. La hache de Hadden s’abat aussitôt après et tranche la tête de la
prisonnière ! Tout est fini. Les deux hommes échangent un regard mais se comprennent.

Les aventuriers ont conscience de ne pas avoir appris beaucoup d’éléments nouveaux si ce
n’est que les larmes de Morrslieb sont des météorites, que le nom de Tzeentch est une menace
importante et que les fioles de liquide rouge, selon Etelka Herzen, sont une potion de guérison
mais faut-il la croire ? La prudence est de mise. Quant à la clef : rien ! Ils ne savent toujours
pas si c’est un objet matériel ou si c’est une connaissance symbolique. Les trois compagnons
ne sont même pas sûrs que la baronne ait réussi sa mission. Hadden repense aux circonstances
de l’embuscade et tient une idée en se souvenant de la première réaction d’Ernst : la fuite,
alors que tous s’attendaient à le voir défendre corps et âme sa maîtresse ! Helmut bondit sur
ses pieds, mais oui bien sûr ! Si Ernst s’est enfui aussitôt, c’est sans doute qu’il avait la clef et
qu’il a pu la dissimuler pendant son échappée. Les aventuriers passent la fin de la journée à
refaire le parcours d’Ernst avant qu’il ne soit rattrapé et abattu par Jochen, mais ils ne trouvent
rien. La nuit tombe. Les trois hommes décident de passer la nuit ici pour continuer le
lendemain leurs recherches.

17 avril 1512

Nouvelle journée de fouille. Hadden prend le temps de passer en revue à nouveau les affaires
de leurs victimes tandis que Jochen et Helmut refont le trajet d’Ernst et fouillent l’endroit où
il était caché. Au milieu de l’après-midi, tous les trois sont obligés de constater qu’ils n’ont
rien trouvé. S’ils avaient dû trouver une clef ou un objet original, leurs efforts auraient été
récompensés. Jochen fait l’hypothèse qu’Ernst a peut-être avalé la clef mais les aventuriers se
répugnent à l’idée de lui ouvrir le ventre. Soit Eteklka Herzen n’a pas réussi sa mission, soit la
clef est un code ou une connaissance symbolique et, dans ce cas, cette clef a momentanément
disparu avec sa mort et retarde forcément les plans de Gothard Wittgenstein.

Le soir, Etelka Herzen est enterrée ainsi que Ernst, un peu plus loin, et les deux hommes de
main, encore à part. Leurs effets personnels sont placés dans un trou à l’écart aussi. Günther
est enterré à son tour, beaucoup plus loin, avec ses affaires sauf le passe des templiers de
Sigmar et le pendentif de Kastor Lieberung. Le tout reste retrouvable grâce à des repères
simples. Les aventuriers récupèrent deux chevaux, celui d’Etelka et celui de l’homme qui
fermait la marche. Ils quittent les lieux, la mort dans l’âme, en direction de Kemperbad mais
font halte pour la nuit.

18 avril 1512

Les aventuriers marchent toute la journée en direction de la ville et en profitent pour discuter
de ce qu’ils doivent faire. La première idée serait d’utiliser la mort d’Etelka Herzen pour faire
passer un message auprès de l’éclusier, en tant que compagnons de la baronne, afin de
remonter à un de ses supérieurs, peut-être Gothard Wittgenstein, et lui tendre un piège. C’est
tentant mais risqué surtout qu’ils ne sauront qui viendra et combien ! Hadden se demande s’ils
ne seraient pas capables de trouver eux-mêmes la clef en employant les services d’un guide
pour aller dans les collines tristes. Mais Helmut lui fait remarquer qu’ils ne savent même pas
ce qu’ils cherchent. D’ailleurs, si c’est une connaissance, les membres de l’expédition de

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l’arrière grand-père Wittgenstein doivent avoir cent cinquante ans et demeurer six pieds sous
terre ! Et puis la clef : pour en faire quoi ?

A propos de Gothard Wittgenstein, les aventuriers s’interrogent si aller rendre compte de leur
mission aux templiers de Sigmar à Altdorf ne serait pas l’occasion d’en apprendre davantage
sur lui auprès du chevalier Tasseninck. Mais cette option, vu la distance, leur fait perdre
l’initiative sur la clef et Etelka Herzen. En relisant les documents et autres courriers en leur
possession, Hadden est quasiment certain que le correspondant à Nuln signant W et Gothard
Wittgenstein sont une seule et même personne. D’ailleurs, la signature est la même sur l’acte
d’identité de Kastor Lieberung et le courrier adressé aux Teugen. Du coup, un message
alarmant pourrait inquiéter Gothard Wittgenstein sur l’état de santé de son ancienne maîtresse
et une embuscade pourrait être organisée, non pas dans les bois, mais à Grissenwald où il
serait moins méfiant et où les Nains pourraient leur apporter leur aide. Helmut trouve l’idée
intéressante.

A la tombée de la nuit, les aventuriers ne sont plus très loin de la ville mais préfèrent s’arrêter
à l’abri de la forêt. A la lumière d’un briquet, ils étudient la carte de Hieronymus Blitzen en
leur possession et cherchent la ville ou le village dont le nom commence par un W et où
Gothard Wittgenstein dit passer une partie de son temps. C’est peut-être là que se trouve
l’observatoire de son aïeul. Les aventuriers recensent treize lieux mais six seulement aux
abords du Reik. Hadden, de son doigt, trace l’axe commercial des villes Middenheim, Altdorf
et Nuln quand Helmut repère le village de Wittgendorf et se rappelle être passé non loin lors
de leur voyage en bateau vers Grissenwald. La ressemblance des noms entre Wittgenstein et
Wittgendorf les intrigue. Hadden se souvient d’un château au loin avec un étendard rouge et
vert. Se pourrait-il qu’il s’agisse des couleurs de la famille Wittgenstein ? L’excitation
s’empare des trois amis surtout lorsqu’ils délimitent un triangle entre Middenheim,
Bögenhafen et Nuln, zone d’influence par excellence de la conspiration, réduisant à trois les
villages commençant par un w, dont Wittgendorf ! La piste est suffisamment sérieuse pour
prendre des renseignements à Kemperbad avant de décider quoi faire. La nuit passe.

19 avril 1512

En partant, les aventuriers attachent à un arbre le cheval blanc, trop voyant, d’Etelka Herzen.
Quelqu’un le trouvera bien si près de la ville. Ils se mettent en route avec l’autre monture et
arrivent peu avant midi à Kemperbad où ils rejoignent leur péniche. Les trois compagnons
sont soulagés en apercevant sur le pont la silhouette d’Artus puis leur regard est attiré par la
présence d’un homme sur le quai devant le bateau. En s’approchant, les aventuriers
reconnaissent Conrad, nautonier de son métier, habitué à piloter les navires sur le Talabec,
rencontré régulièrement à Delberz et vieille connaissance de leur enfance. Les retrouvailles
sont sincères et Conrad s’étonne de les voir, malgré leur séjour dans la forêt, si bien habillés et
en possession d’une péniche ! Jochen lui demande ce qu’il fait par ici. En fait, Conrad avait
accepté un travail sur la Gertrude jusqu’à Bögenhafen quand la ville a été ravagée par un
incendie effroyable. La Gertrude a coulé, ses employeurs ont disparu et il va à pied depuis à
la recherche de travail. Il a d’abord remonté jusqu’à Altdorf puis est descendu le long du Reik
pour augmenter ses chances de trouver du boulot. Les aventuriers lui confient leur présence à
Bögenhafen cette nuit-là et les circonstances dans lesquelles ils ont récupéré leur péniche.
Conrad connaît les propriétaires, Joseph et Carla Hart, mais ne sait pas ce qu’ils sont devenus.

Après un échange de regard, Jochen, Helmut et Hadden lui apprennent la mort de Günther et
lui racontent l’incroyable conspiration qu’ils sont en train de combattre. A la nouvelle de la

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mort de leur compagnon, Artus paraît bien triste tout à coup. Conrad, les yeux écarquillés,
n’en croit pas ses oreilles et, malgré sa présence sur les lieux cette nuit-là, reste dubitatif quant
à ce dragon destructeur à Bögenhafen. Les aventuriers lui proposent de les accompagner pour
le meilleur et pour le pire. Conrad accepte, ravi de pouvoir mettre ses talents à leur service.
Hadden lui demande s’il a entendu parler de la famille Wittgenstein à Wittgendorf mais il a
plus navigué sur le Talabec que sur le Reik et ne connaît pas ce nom.

En fin d’après-midi, Hadden se rend à la bibliothèque de Kemperbad et se renseigne sur la


famille Wittgenstein. Celle-ci est établie à Wittgendorf depuis les âges noirs, période au cours
de laquelle ils ont reçu ces terres en baronnie, cadeau de l’impératrice Margarita en 979, c'est-
à-dire il y a six cents ans ! Hadden trouve un arbre généalogique où apparaît l’arrière grand-
père de Gothard : Dangmar Wittgenstein mort en 1466. Le baron actuel est Ludwig Von
Wittgenstein, âgé de soixante ans, marié à Dame Ingrid qui a cinquante-sept ans. Leurs trois
enfants sont : Gothard, l’aîné, trente-cinq ans, Margritte, jeune femme de trente-trois ans, et le
cadet de la famille, Kurt, dix-huit ans. Hadden découvre également les armoiries des
Wittgenstein : un blason partagé en quatre avec deux tours vertes et, aux deux autres
emplacements, une étoile filante, ou sans doute une comète, sur fond pourpre. De là à faire le
lien avec les larmes de Morrslieb, il n’y a qu’un pas bien mince à franchir ! Hadden
s’intéresse ensuite aux chroniques de Slaanesh mais sans succès. Le mystère reste entier.

Conrad, de son côté, se rend à la capitainerie et se renseigne sur les marchandises à vendre à
Wittgendorf. L’officier qui le reçoit s’esclaffe de rire et lui explique en se moquant gentiment
qu’il n’y a pas grand-chose à vendre là-bas et que les commerçants, navigant sur le Reik, ont
autant envie de s’y arrêter que dans l’impasse d’un coupe-gorge la nuit ! Le village est pauvre,
il n’y a pas d’argent et les villageois sont tous plus ou moins malades, souffrant régulièrement
de la famine. Quant au château où vit la famille Wittgenstein, il est sinistre et il vaut mieux
éviter la région.

Conrad et Hadden retrouvent leurs compagnons le soir et comparent leurs informations. Il est
étonnant de voir que le château familial est sinistre, que le village est pauvre quand Gothard
Wittgenstein gère pour la conspiration de grosses sommes d’argent. Ce qui est surprenant
aussi, c’est l’intérêt que semblent porter les conspirateurs à l’héritage de Kastor Lieberung,
somme tout à fait modeste après tout quand on possède un château et des terres.

Les aventuriers décident de se rendre à Wittgendorf porter eux-mêmes la nouvelle de la mort


d’Etelka Herzen. Sous prétexte d’être intervenus contre des brigands dans la forêt un peu au
nord de Kemperbad, ils ont secouru la baronne mais trop tard pour l’empêcher de succomber
à ses blessures. Ainsi, ils l’ont donc enterrée avec toutes ses affaires sans marquer l’endroit de
la sépulture pour éviter que la tombe ne soit pillée ! Les aventuriers espèrent ainsi susciter
l’intérêt de Gothard Wittgenstein afin qu’il leur demande de le conduire sur la tombe de son
ancienne maîtresse pour récupérer la clef.

Afin de prévenir le chevalier Tasseninck de ce qu’ils ont découvert et de la réussite de leur


mission, Hadden et ses compagnons lui rédigent une lettre codée qu’ils lui enverront par la
poste fluviale :

Au frère Tasseninck, commanderie templière d’Altdorf,

« Chansonnette d’été pour un chevalier »

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Quatre abeilles, de la ruche, s’en sont allées.
De la guêpe, le trou, elles ont trouvé
Et sur ses traces se sont lancées.
La belle, elles ont attrapé
Mais une abeille y est restée.
La guêpe n’a pas vraiment chanté
Mais elle est morte et enterrée.
Les trois abeilles ont une idée
Car un frelon s’est réwélé
Au pays des affamés
Et grandissant est le danger.

Ce petit texte n’a de sens que pour celui qui connaît la mission des aventuriers. Ces derniers
espèrent attirer l’attention du chevalier Tasseninck sur Wittgendorf ou Wittgenstein grâce au
w utilisé pour écrire le mot révélé.

20 avril 1512

Conrad et Hadden vont à la capitainerie déposer à la poste fluviale pour quatre couronnes la
lettre adressée au chevalier Tasseninck. Les aventuriers quittent ensuite Kemperbad et
prennent la direction de Wittgendorf.

23 avril 1512

Les aventuriers arrivent en début d’après-midi aux environs de Wittgendorf. Ils aperçoivent
au loin le château des Wittgenstein puis abordent à la hauteur du village près d’un ponton
délabré. Quatre mendiants sortent d’une cabane en bois et leur demandent l’aumône. Contre
une couronne, l’un d’eux leur indique la direction du château à une lieue environ de
Wittgendorf. Les aventuriers laissent à bord tout ce qui leur paraît compromettant puis les
mendiants les accompagnent jusqu’à la sortie du village où ils ne croisent pas grand monde en
vérité. Jochen observe la présence d’un moulin à vent. Ils remontent tous les quatre un chemin
de terre qui serpente jusqu’au château qui leur apparaît des plus sinistres. Un grand donjon
central seulement accessible de l’intérieur sert deux corps fortifiés du château, installés de
part et d’autre de la tour et bâtis sur une base rocheuse naturelle. Une porte, protégée d’une
herse, semble marquer une entrée possible dans la muraille basse. Au-dessus, se trouvent cinq
potences supportant des cages de fer à l’intérieur desquelles blanchissent quatre squelettes et
dépérit un homme agonisant, demandant de l’aide. Soudain, une voix forte les interpelle d’une
meurtrière au-dessus de l’entrée, les traite de vermine et leur ordonne de quitter les lieux au
plus vite.

Conrad prend la parole et indique qu’ils ont un message pour le seigneur Gothard
Wittgenstein. La voix leur demande de rester là. Le temps passe quand les aventuriers
devinent des mouvements jusqu’à la porte renforcée de fer. Un judas s’ouvre et leur
interlocuteur intime l’ordre à Conrad de s’avancer seul ! Helmut et Hadden échangent un
regard tandis que Jochen suit des yeux leur ami s’approchant du château. Arrivé devant la
porte, Conrad aperçoit un heaume noir à travers le judas. Une voix de femme lui demande de
délivrer son message. Conrad, surpris, hésite puis explique qu’il doit le confier à Gothard
Wittgenstein en personne selon les dernières volontés d’une baronne à qui lui et ses amis ont
porté secours. L’homme au casque noir s’emporte et le menace s’il ne délivre pas son
message immédiatement. L’aventurier recule et, vu l’accueil avec lequel ils sont reçus,

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déclare que leur bonne volonté n’est pas récompensée avant de faire demi-tour ! La jeune
femme à l’intérieur peste contre son chevalier, le traite d’imbécile avant de rappeler Conrad
d’une voix beaucoup plus aimable.

L’aventurier se retourne et aperçoit à travers le judas le visage d’une jeune femme plutôt
belle. Il suppose qu’il s’agit de Margritte, la sœur cadette de Gothard. Conrad demande à
parler à Gothard Wittgenstein. La jeune femme lui confie qu’il n’est pas là mais qu’étant de sa
famille, elle lui transmettra elle-même le message s’il veut bien l’informer de ce qui se passe.
Conrad explique alors qu’ils ne sont que de simples marchands mais qu’ils ont secouru une
baronne du nom d’Etelka Herzen, attaquée par des brigands au nord de Kemperbad. L’attaque
avait déjà fait des morts de part et d’autre lorsque lui et ses amis ont mis les voleurs en fuite,
hélas trop tard pour sauver la baronne. Ses dernières volontés étaient d’être enterrée avec
toutes ses affaires et que l’on prévienne les nobles du château de Wittgendorf. En guise de
bonne foi, Conrad donne à la jeune femme à travers le judas un des flacons rouges retrouvé
sur Ernst.

Margritte s’en saisit, reste un moment silencieuse puis demande au chevalier dénommé Katz
de récompenser ces honnêtes marchands. Conrad reçoit treize couronnes impériales puis la
jeune femme lui demande s’il est possible de les mener là-bas sur la tombe de leur amie.
Conrad explique qu’ils ont des affaires à suivre mais Margritte lui assure qu’ils seraient
largement récompensés. Le nautonier fait mine de réfléchir puis sur le principe accepte au
nom de ses compagnons. Margritte lui fixe rendez-vous le premier dimanche de mai puis elle
se ravise et indique le troisième dimanche de mai ! Conrad fait l’hypothèse que son frère
Gothard sera présent à cette période puis fait un signe de tête en guise d’accord. Le judas se
referme.

De retour au village, les aventuriers prennent conscience de son extrême pauvreté et se


demandent comment font les habitants pour vivre ici. Hadden remarque de l’autre côté un
bâtiment ancien. Parmi les badauds et les curieux qui ont fini par sortir de chez eux, l’un
d’eux est mieux habillé que les autres et observe les aventuriers avec insistance. Il finit par les
aborder peu avant le bateau. Le teint pâle, un peu ventripotent, avec un fort accent, il se
présente comme le médecin du village du nom de Jean Rousseau, originaire de Bretonnie.
Jochen s’étonne et lui demande ce qu’un homme éduqué comme lui fait dans ce village perdu.
Le médecin confie qu’il tente humblement de soulager ces pauvres malheureux de leurs
maux. Conrad évoque leur visite au château et leur rencontre avec la jeune femme derrière la
porte. Rousseau confirme qu’il s’agit bien de Dame Margritte. Quant au village et son état de
profonde misère, il explique qu’une violente tempête a frappé il y a deux ans environ,
entraînant de très mauvaises récoltes puis la famine. C’est dur de remonter la pente. Soudain,
les mendiants près du ponton se mettent à courir après un mouton à deux têtes ! Helmut,
perturbé, s’interroge et trouve les lieux de plus en plus étranges. Jean Rousseau, heureux de
pouvoir nouer une relation avec des personnes extérieures au village, propose de les recevoir
chez lui pour le dîner. Jochen et Conrad acceptent volontiers avec l’idée d’en apprendre
davantage mais Hadden et Helmut prétextent avoir à faire sur le bateau.

Pendant que ses compagnons discutent encore avec le médecin, Hadden se rapproche du
bâtiment aperçu tout à l’heure. Il s’agit d’un vieux temple de Sigmar, plutôt délabré, la porte
principale grande ouverte. Hadden jette un œil à l’intérieur : tout est saccagé et dans le plus
grand désordre. Il pénètre dans le bâtiment et profite de la lumière traversant les vitraux du
dôme pour une reconnaissance rapide. Une odeur d’encens froid et de bois pourri règne sur
les lieux. Hadden s’intéresse aux vitraux au nombre de huit et décrivant la vie de Sigmar. Le

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premier montre un jeune enfant dans les bras de sa mère en même temps qu’une comète à
deux queues. Le suivant révèle un jeune guerrier maniant une épée et tranchant des têtes de
gobelins. Le troisième montre un guerrier plus âgé dont l’épée ressemble à une flamme. Le
suivant décrit huit hommes barbus se tenant par la main. Le cinquième montre un Nain en
train de mourir et d’implorer le ciel. Le sixième révèle un roi couronné qui inspecte les
travaux d’un pont en construction au niveau d’une île au milieu d’un fleuve. Le vitrail suivant
montre des hommes en larmes tentant de retenir un autre homme qui s’en va vers une
montagne. Enfin, le dernier représente un homme avec une coiffe pointue couronnant un
homme devant huit personnages qui saluent la cérémonie.

Hadden traîne encore un peu sur place et remarque un texte qui court tout autour de la voûte
et qui raconte comment ce temple a été construit sous le règne de Boris II sur l’emplacement
d’une légendaire bataille de Sigmar. Plus loin, le récit relate l’exploit du templier Von
Siegfried qui a protégé les lieux à lui tout seul et jusqu’à la mort contre une armée de
gobelins. Le héros fut enterré ici-même et sa sépulture consacrée par le Grand Théogone lui-
même. Le bûcheron, prudent, préfère arrêter là sa reconnaissance des lieux malgré les portes
et autres pièces qui laissent deviner d’autres découvertes. Il rentre au bateau et reste de garde
le soir avec Helmut tandis que Conrad et Jochen partent dîner chez le médecin.

La nuit, le village ressemble à un ensemble de ruines fantomatiques où nul ne vit. Conrad et


Jochen trouvent la maison de Rousseau et frappent à la porte. Une petite servante apparaît
dans l’encadrement et les accompagne le long d’un grand couloir. La situation devient plutôt
cocasse quand la servante, visiblement sourde comme un pot, se méprend sur leur venue et
conduit les deux hommes jusqu’à une petite salle de consultation. Conrad lui explique en
alliant les gestes à la parole qu’ils sont invités pour dîner, puis elle les mène jusqu’à la salle à
manger. Jean Rousseau, déjà attablé, les attendait et fait signe à la servante de servir. Il est
ravi d’avoir de la visite car, en six ans de présence ici, il n’a pas eu beaucoup l’occasion de
recevoir des visiteurs. Il est diplômé de plusieurs universités mais a fini par tomber amoureux
du Reikland et s’est installé ici ! Conrad et Jochen ont du mal à comprendre son intérêt pour
ce village misérable. Le médecin, à demi mot, fait allusion à sa relation amicale avec Dame
Margritte pour laquelle il s’est pris d’affection. Quant à Gothard, l’aîné, il mène ses affaires à
Middenheim. C’est un personnage étrange, assez égoïste, jamais là, et qui n’aide pas sa
famille.

Le dîner ne se révèle pas très bon. C’est un ragoût de restes et la viande n’a pas de goût.
Jochen parle du mouton à deux têtes mais le médecin en a vu d’autres et cela arrive parfois…
L’archer insiste en évoquant l’aspect des habitants croisés ici et là tout à l’heure mais
Rousseau se retranche derrière la tempête et les mauvaises récoltes qui ont suivi, entraînant
une mauvaise nutrition et des problèmes de santé. Jochen parle lors clairement d’une sorte de
malédiction. Le médecin hausse les épaules. Conrad attend un moment puis parle du donjon
central au château pour savoir s’il s’agit aussi d’un observatoire mais Jean Rousseau est
catégorique : ce n’est qu’un donjon défensif.

Pendant ce temps, sur le bateau, alors que Helmut et Hadden veillent tranquillement sur le
pont, le chien dresse la tête et se met à grogner. Helmut jette un œil vers le ponton mais rien
d’anormal ne semble troubler la nuit de ce côté là. L’aventurier a soudain l’idée de regarder
dans l’eau de l’autre côté de la péniche. Hadden scrute avec lui les flots lorsqu’une femme
apparaît à la surface, ne montrant que son visage. Elle est seule et demande à monter à bord
pour discuter. Helmut l’aide à prendre pied sur le pont tandis que Hadden surveille les
alentours. Artus et le chien, Zerk, montent la garde sur le bateau tandis que les deux

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aventuriers descendent dans la cabine avec l’inconnue. Elle s’empare d’une couverture et se
débarrasse de ses vêtements trempés sans autre gêne. Elle s’appelle Hilda et a fui Wittgendorf
depuis la tempête il y a deux ans de cela. Depuis, le village n’est plus que l’ombre de lui-
même et ses habitants, enfin ce qu’il en reste, sont faibles et malades. Toute la région est
maudite et beaucoup de choses ne sont pas naturelles comme par exemple l’apparition d’un
animal à deux têtes. Ils sont nombreux comme elle à s’être réfugiés dans la forêt et à vouloir
se débarrasser des Wittgenstein ! C’est une famille dégénérée dont Margritte n’est pas la
moins redoutable. Hilda leur demande s’ils n’ont pas aperçu de corps, flotter à la surface du
Reik. Helmut répond par la négative mais Hilda leur explique que des villageois disparaissent
de temps en temps. Margritte les tue et se débarrasse des corps dans le fleuve mais la jeune
femme ignore pourquoi. Hadden lui demande s’ils n’ont jamais eu l’idée de se plaindre auprès
du seigneur Wittgenstein ou d’une autorité compétente plus élevée. Hilda acquiesce mais tout
s’est très mal terminé. Ceux qui se sont plaints au château ont fini dans une cage de fer et
ceux qui sont allés parler à Kemperbad ont été pendus ! A partir de ce moment, nombreux
sont ceux qui se sont réfugiés dans la forêt pour harceler les Wittgenstein et leurs patrouilles.
La famille est protégée par l’empereur depuis des siècles et ils n’avaient plus d’autre choix
que de fuir.

Hilda est venue les alerter du terrible danger qui court ici et leur conseille de partir au plus
vite cette nuit-même. Et si les aventuriers peuvent rendre un service aux rebelles, c’est de
parler de l’infortune du village et de la façon dont les Wittgenstein traitent les villageois ! Elle
remet ses vêtements encore humides et repart discrètement dans l’eau, laissant perplexes les
deux compagnons.

Chez le médecin, Jochen et Conrad se sentent lourds. Ils ont trop mangé ou bien ce ragoût
était définitivement indigeste. Tous deux prennent congé de Jean Rousseau et quittent la
maison avec l’unique désir de rentrer à bord. Mais, à peine dehors, quatre gardes en armure
les entourent tous les deux et leur annoncent que Dame Margritte les attend au château ! L’air
menaçant de ces hommes avec leur heaume baissé ne laisse aucun doute sur leur
détermination à remplir leur mission. Jochen, au bord du malaise, et Conrad s’élancent pour
s’échapper en direction de la péniche en criant d’appareiller à l’intention de leurs deux amis à
bord. Conrad arrive à passer entre deux gardes mais Jochen prend un coup sur la tête et
s’écroule dans les bras d’un des soldats. Le nautonier, essoufflé, le cœur au bord des lèvres,
court le plus vite possible vers le bateau mais il est obligé de s’appuyer contre le mur d’une
masure tant il est mal. L’idée que le médecin ait drogué leur repas lui traverse l’esprit et lui
fait entrevoir la certitude d’un piège.

Alertés par les cris, Hadden et Helmut arrivent en courant jusqu’à lui. Conrad leur indique la
direction à suivre et les presse d’aller secourir Jochen. Les deux hommes arrivent sur les lieux
et font face à trois gardes en armure derrière lesquels ils aperçoivent Jochen, à moitié
inconscient, en travers d’un cheval monté par un quatrième garde. Trois chevaux, attachés à
un piquet, attendent à côté leurs cavaliers. Devant les imposantes armures de leurs vis-à-vis,
Helmut et Hadden tentent d’en savoir plus et ouvrent le dialogue pour savoir ce qui se passe.
Le chef, en face, part dans un grand éclat de rire moqueur et explique que Dame Margritte
veut s’assurer de leur présence au rendez-vous qu’ils ont fixé tout à l’heure avec elle. Helmut
reconnaît l’armure noire du chevalier Katz, aperçu cet après-midi à la porte du château. Il
prend la parole pour le convaincre que ce n’est pas utile. Lui et ses compagnons sont venus de
leur plein gré et sont de bonne foi : pourquoi ne seraient-ils pas là au rendez-vous convenu ?
Dame Margritte n’a pas besoin d’un otage ! L’homme éclate à nouveau de rire. « Les ordres
sont les ordres ! » Puis il plaisante en expliquant qu’il faut bien s’amuser un peu tout en jetant

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un œil sur Jochen. Ces menaces sous-entendues et l’idée même de laisser leur ami au château
durant près d’un mois sont, pour Helmut et Hadden, inacceptables.

Les deux aventuriers échangent un regard et se comprennent quant à l’issue de cette


discussion. Il faut agir ! Hadden réalise que le poids des armures handicaperait grandement
leurs adversaires si Helmut et lui parvenaient à les faire tomber. Le bûcheron prend la mesure
de sa cognée et pense pouvoir frapper les deux hommes en face de lui horizontalement à
hauteur du cou. Helmut, lui, s’est tourné légèrement et a sorti discrètement une flasque d’huile
et son briquet.

Conrad a repris son souffle et se sent mieux. Il se dirige vers le lieu de l’altercation et aperçoit
ses amis passer à l’action. Comme un signal décisif, Helmut lance sa flasque d’huile sur le
torse bardé de fer du sergent Katz. L’huile se répand sur le sol, bue par la terre meuble, mais
très vite l’aventurier allume son briquet et le jette sur le chevalier en armure qui prend feu. La
surprise est totale. Les chevaux, à l’arrière, ont un mouvement de panique. Helmut en profite
pour déborder son adversaire à la manière du joueur de rotzball qu’il est et lui envoyer au
passage une manchette avec tout son bras à hauteur du cou. Katz tombe à la renverse. Au
même moment, Hadden percute les deux autres gardes avec sa hache en travers, juste sous
leur heaume, et réussit à les faire tomber tous les deux. Dans l’élan de son action, Hadden les
enjambe et les abandonne par terre pour se porter avec Helmut vers le cavalier qui tient
toujours Jochen.

L’homme maîtrise difficilement son cheval mais il éperonne durement sa monture pour
s’enfuir. Conrad est encore trop loin pour l’intercepter quand Hadden percute de sa hache
dans un grand mouvement de fauchage les jambes postérieures du cheval. Celui-ci se cabre
en travers, projetant Jochen dans les airs, puis s’écroule sur le flanc, entraînant le cavalier
alourdi par son armure. Le choc par terre est brutal. Helmut, d’une grande habileté, rattrape
dans ses bras Jochen avant qu’il ne touche le sol ! Conrad, animé d’une rancune tenace,
pénètre dans la maison du médecin. Celui-ci tombe à genoux en gémissant devant le batelier
armé de son fer de gaffe. Conrad attrape Rousseau par le col et l’entraîne dehors puis jusqu’au
bateau. Hadden et Helmut, avec Jochen sur l’épaule, font aussi demi-tour. Ils s’arrêtent à côté
de Katz qui gît toujours au sol, encombré par son armure. Helmut lui envoie un bon coup de
pied dans le heaume puis en soulève la visière pour se moquer à son tour de sa situation. Mais
Helmut et Hadden ont un choc en découvrant le visage du chevalier. La vision horrible d’une
peau boursoufflée, brûlée, presque de chair vive, où le nez et les lèvres ont quasiment disparu
pour ne laisser place qu’à deux yeux sanguinaires sans paupière, les oblige à reculer et à se
détourner ! Ils arrivent sur la péniche, troublés, sachant que les flammes provoquées par
Helmut ne peuvent avoir causé ces dommages. Les aventuriers se retrouvent tous le pont du
bateau et larguent les amarres. Conrad bâillonne le docteur Rousseau et confie le prisonnier
dans la cale à la surveillance du chien et d’Artus.

Le temps de s’éloigner de la rive, les aventuriers prennent conscience de la situation. Helmut


attire l’attention de ses compagnons sur le fait qu’ils ont vu leur visage. Il décrit cette vision
d’horreur entrevue sous le heaume du sergent, et assure que de simples marchands ne
reviendraient jamais dans ces circonstances ! L’accueil au château, le piège chez Rousseau, la
tentative de garder des otages, le visage horrible de Katz, tout les pousse à s’enfuir ! Mais,
aux yeux de Margritte, ils savent où est enterrée Etelka Herzen, seule possibilité de récupérer
la clef. Va-t-elle lancer ses sbires à leur recherche ? Conrad se demande s’il faut partir ou bien
les prendre à contre pied et entrer en contact avec les rebelles de la forêt pour agir maintenant.
Les aventuriers jettent l’ancre à la faveur de la nuit après avoir suffisamment dérivé. Helmut

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va chercher Rousseau pour obtenir des informations complémentaires. Devant son air
menaçant et les grognements de Zerk, le médecin confie en pleurnichant que c’est Dame
Margritte qui lui a demandé de droguer le repas. Comme les aventuriers savaient quelque
chose qui lui était important, elle a chargé le sergent Katz de récupérer des otages avec son
aide. En fait, Margritte voulait deux otages pendant que les deux autres seraient allés chercher
ce dont elle avait besoin. Rousseau avoue avoir utilisé des herbes de lune qui font dormir. Ce
sont de longues herbes que Jochen connaît. Conrad cherche à en savoir plus sur Dame
Margritte et le médecin de Wittgendorf confie que c’est elle qui lui a donné la poudre rose
pour soigner les villageois. Le problème est qu’ils en redemandent toujours. C’est elle qui
s’occupe du château car Gothard n’est jamais là. Il vient une fois par an et ne mérite pas la
baronnie.

Au fur et à mesure de l’interrogatoire, les larmes de Rousseau coulent sur ses joues et révèlent
un maquillage discret. Les aventuriers se servent d’un chiffon pour lui enlever et découvrent
des traces violacées. Le médecin explique que c’est juste une maladie de peau, apparue il y a
deux ou trois ans. Rousseau est ramené dans la cale sans ménagement puis les quatre
compagnons prennent un moment pour réfléchir. La maladie de peau de Jean Rousseau est
sûrement due à l’espèce de malédiction qui sévit ici. Helmut se demande si, sous prétexte de
ramener Artus vers une colonie de Nains, ils ne pourraient pas faire remonter jusqu’à
Margritte, par l’intermédiaire du médecin, l’information qu’ils se dirigent vers Grissenwald.
Là, les aventuriers pourraient compter sur les Nains pour recevoir les sbires de Margritte et
peut-être s’emparer d’un membre de la famille Wittgenstein. Les aventuriers décident de
s’éloigner un peu et lèvent l’ancre. Ils passent devant le promontoire rocheux du château de
Wittgendorf quand, soudain, leur péniche touche un banc de sable et s’échoue ! Conrad
constate que la coque a souffert puis tous les quatre travaillent le reste de la nuit pour se
dégager mais en vain.

24 avril 1512

Hadden se rend sur la route qui relie Altdorf à Nuln pour trouver de l’aide. Il leur faut des
chevaux pour tirer la péniche. Jochen repère alors deux silhouettes sur l’autre rive en train de
les observer. Ce sont deux femmes en habit neutre. Jochen fait un signe de main mais elles
disparaissent aussitôt. Helmut peste contre la situation : s’échouer sous le nez de la famille
Wittgenstein ! N’importe qui peut les repérer et prévenir Margritte. La situation peut vite se
compliquer à tout moment. Jochen demande à Hadden de lui rédiger un mot pour demander
de l’aide puis il tire une flèche pour envoyer son message de l’autre côté du fleuve. Mais le
Reik est trop large et son tir échoue dans l’eau. Jochen repère à nouveau les deux femmes au
milieu de la végétation. Une flèche, venant de leur position, finit dans l’eau à son tour mais
encourage Jochen à tenter de communiquer à nouveau, sans succès.

Soudain, une diligence, tirée par quatre chevaux, apparaît sur la route et s’arrête à la demande
de Hadden. Il s’agit d’un attelage de la compagnie du Tunnel Noir transportant quelques
voyageurs dont une noble et des bourgeois. Les deux cochers comprennent la situation et
acceptent de leur venir en aide. Les quatre chevaux de l’attelage sont attachés à la péniche à
l’aide de cordes puis les aventuriers y ajoutent leur monture. Conrad commande la manœuvre
et le troisième essai est le bon. Les aventuriers offrent à tous une tournée de bière et
dédommagent les cochers du retard qu’ils ont pris de dix couronnes chacun.

Soulagés, les quatre compagnons repartent et s’approchent de l’autre rive. Un sifflement,


auquel répond Jochen, leur permet de découvrir la cachette des deux jeunes femmes parmi

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lesquelles Helmut et Hadden reconnaissent Hilda. Toutes les deux prennent leur élan et
sautent sur le bateau. Hilda leur présente Sigrid qui l’accompagne. Les aventuriers leur
racontent les péripéties de la veille au soir et évoquent la poudre rose distribuée aux villageois
sous forme de remède mais elles n’en ont pas connaissance. Jochen pense soudain aux
« marqués » déjà rencontrés et va vérifier dans la cale la peau de Rousseau. Il ne constate rien
d’anormal mais continue de fouiller le docteur. Jochen trouve une petite boîte de tabac à
priser, une grosse médaille en métal accrochée à une chaîne. Jean Rousseau lui montre
comment elle s’ouvre et précise qu’elle sert à savoir l’heure ! L’archer fronce les sourcils puis
tombe sur un collier avec en pendentif une sorte de bijou, représentant un visage, peut-être
Dame Margritte. Le docteur confirme que c’est bien elle qui est représentée et confie que
c’est un cadeau de sa part. Mais Jochen sent quelque chose d’anormal. Rousseau transpire et
semble soudain bien trop nerveux. En examinant le bijou, l’aventurier arrive à l’ouvrir et
reconnaît à l’intérieur un tout petit portrait peint de Dame Margritte. Glissé en dessous, il en
extirpe un papier plié en dix et découvre un message secret ! Jochen remonte aussitôt sur le
pont avec le prisonnier et fait part aux autres de sa découverte. Affolé, Rousseau avoue qu’il
devait partir aujourd’hui porter ce message à l’éclusier de Kemperbad mais il s’empresse de
rajouter qu’il ne sait rien d’autre et surtout pas le code pour déchiffrer le message de
Margritte. Questionné sur les circonstances de ce message, l’homme leur apprend en fait qu’il
s’était dépêché de prévenir Dame Margritte de l’arrivée au village de voyageurs. De sorte
qu’elle savait déjà que des étrangers étaient là quand les aventuriers sont montés au château.
Resté à l’écart durant le court entretien qu’ils ont eu avec elle, il est ensuite retourné la voir.
C’est à ce moment qu’elle lui a demandé d’entrer en contact avec eux, qu’elle lui a donné
l’ordre de les endormir et confié ce message pour l’éclusier de Kemperbad. Le prisonnier est
ramené dans la cale.

Les aventuriers poursuivent leur discussion avec les deux jeunes femmes. Celles-ci leur
précisent que leur groupe se cache dans la forêt et attaque les patrouilles du château. Les
rebelles veulent éliminer les Wittgenstein car ce sont tous des dégénérés ! Les aventuriers
envisagent une action commune mais ont besoin d’en savoir plus. Hilda, la nièce du meunier,
leur confie que leur troupe, à peu près égale en nombre, est peut-être moins bien armée que la
garnison du château, mais elle est plus mobile. Conrad pense qu’ils pourraient, d’abord dans
un premier temps, faire du repérage ensemble car les rebelles connaissent différents accès au
château. Il y a d’abord l’entrée oubliée d’une grotte dans la forêt qui mène sans doute à la
place forte mais à quel endroit précis, nul ne le sait. Il y a ensuite la crypte sous le temple de
Sigmar et les villageois se sont toujours demandés s’il n’existait pas un réseau de galeries plus
ou moins effondrées. Enfin, les rebelles ont connaissance sous le château d’une grotte marine,
attenante au fleuve et abritant sans doute un bateau.

Les aventuriers demandent si elles ont connaissance d’un observatoire datant de l’époque de
Dangmar Wittgenstein mais ce n’est pas le cas. Se souvenant avec précision du courrier de
Gothard à Etelka Herzen, évoquant le château, Margritte et la malpierre, les quatre
compagnons s’interrogent si celle-ci ne serait pas la source de tous les ennuis du village de
Wittgendorf et de ses habitants ! Hadden demande aux deux femmes si elles ont le souvenir
de quelque chose qui aurait été amené au château. Hilda fouille dans sa mémoire et se rappelle
du récit de sa grand-mère relatant l’arrivée d’un convoi à la tombée de la nuit avec un chariot
supportant le poids d’un coffre plombé. Mais cela remonte à loin, au moins à l’époque de
Dangmar, elle n’est pas très sûre. Les aventuriers se renseignent sur la mort de l’arrière grand-
père de Gothard. Il est mort assassiné, embroché à table lors d’un repas, par un proche de la
famille ! Hilda et Sigrid leur confient qu’ils pourraient trouver toutes sortes d’informations
dans le temple de Sigmar où une petite bibliothèque contient de nombreuses archives. Mais

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elles les mettent en garde au sujet de la crypte car on peut y faire de mauvaises rencontres.
Certains villageois, en effet, y descendent parfois chercher de la nourriture sur les cadavres
eux-mêmes ! Le trouble succède à la conversation. Helmut rompt le silence et déclare qu’ils
ont besoin d’un peu de temps. Il demande aux jeunes femmes d’enquêter sur la réaction de
Margritte suite à l’altercation d’hier soir avec ses hommes bardés de fer. Les aventuriers ont
besoin de connaître ses agissements. Sigrid les assure qu’il n’y a en tout cas aucune patrouille
navale sur le Reik organisée par les Wittgenstein.

Conrad a très envie d’aller repérer la grotte marine donnant sous le château. Il est alors
convenu que Jochen et Hadden iront dans la forêt jusqu’au camp des rebelles tandis que
Conrad tentera de voir si on peut entrer par la grotte avant de nager près de la rive pour éviter
le courant jusqu’aux abords de la forêt où des rebelles, non loin de leur camp, le guetteront
pour le récupérer. Helmut décide de garder le bateau et le prisonnier en compagnie d’Artus.
Conrad s’enduit le corps de graisse pour s’isoler le plus possible des eaux froides du fleuve et
emporte un flotteur qu’il lâchera s’il est pris. Sigrid le prévient de faire attention aux
patrouilles à cheval, bien armées mais peu rapides.

Pendant tous ces préparatifs, Jochen s’empare du message secret porté par Rousseau et finit
par repérer, malgré le code, le nom d’Etelka qu’il reconnaît pour l’avoir vu à plusieurs
reprises dans les divers courriers en leur possession. Cette découverte permet aux aventuriers
de se pencher ensemble sur le sens du message et de lire : « Etelka morte au retour du cratère.
Désolée. Attends instructions. M »

Jochen pense qu’il faudrait remettre un faux message dans le bijou et laisser Rousseau
s’échapper afin d’envoyer de mauvaises informations à Gothard Wittgenstein. Les aventuriers
gardent cette possibilité en réserve et se préparent à partir. Jochen et Hadden suivent Hilda qui
les guide à travers la forêt en direction du camp des rebelles.

Sigrid accompagne Conrad jusqu’à un embranchement dans les bois près de la rive. Conrad
finit seul tandis que la jeune femme file prévenir les siens pour le récupérer une fois sa
reconnaissance terminée. L’aventurier, malgré le froid, se met à l’eau et longe la berge jusque
sous le château. Il trouve la herse fermant la grotte, immense cavité pouvant abriter une
péniche. Conrad aperçoit la lumière de deux torches à l’intérieur. Il attrape la grille et plonge
en s’agrippant aux barreaux, en bon état et plus que solides. Le nautonier ne trouve aucun
passage sur les côtés et doit remonter prendre sa respiration. Son deuxième plongeon le
conduit à quatre mètres de profondeur environ où il trouve un passage sous la herse ! Conrad
passe en dessous et refait surface à l’intérieur de la grotte. Il aperçoit tout de suite une grande
roue qui doit servir à actionner un mécanisme pour lever la herse. Conrad distingue au fond de
la grotte l’arrivée d’une rivière souterraine qui débouche là, ainsi qu’une ouverture dans la
paroi rocheuse donnant sur un couloir éclairé d’où proviennent des voix. L’aventurier sort de
l’eau près de la roue et rejoint une sorte de quai naturel rocheux. Il avance pieds nus sur le sol
irrégulier en faisant le plus grand silence. Conrad aperçoit alors une autre ouverture avec le
début d’un escalier qui monte dans la roche. L’aventurier se rapproche encore jusqu’au début
du couloir éclairé où il entend plusieurs hommes plaisanter, en train de jouer aux cartes.
Conrad jette un œil et aperçoit un homme, assis, en armure mais dont le heaume enlevé laisse
apparaître le crâne rose, semblable au visage de Katz. Conrad contrôle sa peur et estime à au
moins trois le nombre de gardes présents ici. Il se remet à l’eau et passe de l’autre côté pour
ressortir près de l’autre ouverture. L’escalier qui monte en colimaçon est très étroit et rien ne
permet de dire où il mène. Quant à la rivière, son arrivée dans la grotte se fait par une
ouverture de trois mètres de large environ et crée un vaste courant circulaire d’intensité

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décroissante au fur et à mesure qu’on se rapproche du centre de la cavité. Conrad trouve un
appui pour ses pieds et commence à remonter la rivière mais la hauteur sous la roche diminue
et ne permet pas d’aller bien loin. L’aventurier se remet à l’eau, traverse la grotte et sort en
passant à nouveau sous la herse. Il remonte avec peine le courant, tantôt nageant, tantôt
s’agrippant aux racines ou branchages de la berge.

Pendant ce temps, Jochen et Hadden suivent Hilda à travers la forêt. La jeune femme est
prudente, suit son propre chemin selon des repères bien à elle et fait de nombreux arrêts à
l’écoute du moindre bruit. Il faut dire que la forêt inspire l’inquiétude. Elle est sombre et
sinistre, avec de nombreuses racines tordues et des champignons qui poussent un peu partout.
Le silence y est pesant en l’absence du bruit habituel des animaux et surtout des oiseaux.
Parfois, un hurlement animal inconnu fait sursauter les deux compagnons et leur guide. Enfin,
après une bonne heure de marche, ils arrivent au camp des rebelles. Jochen et Hadden
découvrent une clairière apaisante où l’ambiance est beaucoup plus sereine. Il s’agit d’ailleurs
non pas d’une mais de plusieurs clairières qui se succèdent, entourées de pierres érigées,
régulièrement espacées, sur lesquelles sont gravées des runes primitives. Le camp des
rebelles, constitué de tentes et de plusieurs feux, s’étend là à l’abri de la forêt. Jochen et
Hadden suivent Hilda jusqu’à une tente centrale, sous le regard intrigué des enfants et des
personnes présentes. En l’absence de Sigrid, le chef, une vieille femme leur offre une soupe
chaude. Jochen discute avec elle pour savoir si elle a connaissance au château des
Wittgenstein d’un observatoire datant de l’époque de Dangmar. Mais non, le seul observatoire
qu’elle connaisse est celui construit récemment par Margritte. Hilda accueille Hans qui
revient du château. Il n’a rien noté de particulier. Les patrouilles habituelles ont sillonné le
village mais des gardes s’en sont pris à un certain Marcuse pour savoir si c’était lui qui
détenait Rousseau ! Hadden insiste auprès de Hilda pour avoir des informations sur les
mouvements autour du château. La jeune femme envoie deux gamins avec des consignes
précises. Jochen lui demande alors ce que sont ces pierres qui entourent les clairières. Mais
elle ne saurait le dire, les pierres ont toujours été là, apportant une espèce de protection à
l’endroit. C’est pourquoi ils se sont installés là. Peut-être est-ce le lieu d’un ancien sanctuaire
bien avant Sigmar, peut-être même bien avant Ulric…

Sigrid arrive un peu plus tard avec quelques rebelles en compagnie de Conrad, revenu sain et
sauf de sa reconnaissance de la grotte marine. Les aventuriers partagent rapidement leurs
informations. Sigrid s’adresse alors à l’ensemble des rebelles du camp pour présenter leurs
nouveaux compagnons, expliquer leur affrontement avec les gardes du château et en conclure
qu’ils sont bien de leur côté. Dans l’hypothèse d’une action commune, Sigrid sort ensuite une
carte. C’est un relevé du château des Wittgenstein indiquant la place des tours et autres
défenses, l’organisation des cours et surtout le passage contrôlé de l’une à l’autre entre la cour
basse et la cour privée des quartiers des Wittgenstein. Les aventuriers se renseignent sur
l’effectif des hommes d’armes. Le chef de la garde du château est le lieutenant Hegel et les
rebelles précisent qu’ils ont réussi à tuer trois soldats au cours de leurs différentes
embuscades. Sigrid leur confirme que les siens comptent un effectif à peu près égal, moins
bien armé et protégé, mais plus mobile ! Les aventuriers pèsent le pour et le contre. Il faut que
l’idée mûrisse.

Hadden voudrait aller voir de plus près le temple de Sigmar. Jochen le met en garde contre la
proximité du village et le risque de tomber à nouveau sur des gardes du château. Hadden
insiste, il suffira d’être discret. Sigrid leur confie un guide pour quitter la clairière dans la
bonne direction puis Jochen prend ses propres repères. Les aventuriers arrivent peu après sur
place. Jochen préfère monter sur le toit et surveiller les alentours tandis que Conrad et Hadden

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pénètrent dans le temple. Après plusieurs pièces laissées à l’abandon, les deux hommes
trouvent la salle des archives. Ils y découvrent des registres de naissance et de décès, des
livres de compte sur les productions des récoltes. Le jeune bûcheron s’intéresse à la mort de
Dangmar, frère du baron de l’époque. Son décès date de l’an 1404. Dangmar était suspecté de
faire des recherches en sorcellerie et en alchimie. Il disparût un long moment au cours d’une
expédition menée dans les collines stériles et en revint seul, transportant un coffre plombé sur
un chariot.

Par contre, les aventuriers ne trouvent rien sur la mort du templier Von Siegfried, sacrifiant sa
vie à la défense de ce temple contre une armée de gobelins. Hadden remarque qu’il n’y a pas
eu de nouvelles inscriptions dans les registres depuis six mois et qu’il y a eu beaucoup de
décès au village au cours des deux dernières années. On compte surtout des morts nés et des
morts à cause de maladie mais pas de mort violente. Conrad ouvre un registre sur les
productions de Wittgendorf et constate, qu’il y a une centaine d’années, les récoltes étaient
abondantes et le vin renommé ! Puis le village a vu ses productions s’altérer jusqu’à devenir
ce lieu misérable. Un court paragraphe mentionne l’arrivée de Jean Rousseau il y a cinq ans,
très actif après la tempête qui a ruiné les derniers espoirs des villageois. Plus loin, Conrad
trouve une description de la tempête : pas de pluie, mais une énorme bourrasque, des éclairs
sans tonnerre qui ont frappé le château, dont un qui a touché de plein fouet la nouvelle tour en
métal, puis des averses boueuses continuelles, durant plus d’une semaine, qui ont fini par
détruire entièrement les récoltes !

Cet épisode laisse les deux hommes perplexes devant un tel acharnement de la nature. Ils
finissent par faire l’hypothèse que Dangmar a sans doute ramené du cratère des collines
stériles une météorite protégée par ce coffre plombé, mentionné plusieurs fois. Hadden
rappelle à son compagnon les paroles d’Etelka Herzen décrivant les météorites comme les
larmes de Morrslieb, ces mêmes larmes de Morrslieb envoyées à Teugen et nécessaires à son
rituel d’incantation à Bögenhafen ! Le lien est fait et la malédiction qui règne ici pourrait bien
être l’œuvre de Morrslieb.

Un coup d’œil au registre des naissances ne leur apprend rien d’autre. Les aventuriers quittent
les lieux et tombent dans la première salle près de l’entrée sur quatre villageois, armés de
bâton, en quête de nourriture. Alerté, Jochen arrive peu après, inquiet de la situation. Les
villageois les prennent au début pour des gardes du château et s’excusent presque de n’avoir
rien trouvé. Mais le doute se lit sur leurs visages quant à l’identité des aventuriers. Ceux-ci
dissipent le malentendu, expliquent qu’ils ont eu envie de visiter les vestiges de ce temple et
leur assure qu’il n’y a rien à manger par ici. Les villageois font demi-tour mais Jochen presse
ses amis de quitter les lieux. Conrad et Hadden veulent quand même jeter un coup d’œil à la
crypte. Ils descendent un escalier et découvrent de petites salles avec plusieurs tombeaux
presque tous saccagés et pillés. Un peu plus loin, Conrad trouve la sépulture du templier Von
Siegfried avec son épitaphe. Son tombeau, lui, est intact, preuve d’un ultime respect pour la
bravoure du templier. Jochen, n’y tenant plus, les rejoint et découvre avec eux le départ d’un
tunnel irrégulier avec plusieurs embranchements étroits. Convaincus d’être arrivés dans un
réseau de catacombes, les aventuriers reviennent vers les tombeaux et poursuivent plus loin
jusqu’à une salle avec un escalier montant vers l’extérieur. Les trois compagnons débouchent
dans le cimetière du village dont les sépultures ont été profanées et mises sens dessus-
dessous. Les tombes les plus récentes, entrouvertes, laissent deviner que les corps ont disparu
ou alors ont été amputés ici d’un bras, là d’une jambe pour un morbide festin. Les aventuriers,
écœurés, rentrent au camp des rebelles grâce aux repères de Jochen.

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La nuit tombe. Hilda les raccompagne jusqu’à leur bateau mais la traversée de la forêt dans
l’obscurité est une véritable épreuve pour les nerfs. Soudain, un bruit les fige sur place. Les
branchages cassés et une espèce de feulement leur fait craindre la présence d’une bête
monstrueuse. Ils retiennent leur souffle quand l’animal semble s’éloigner ! Le petit groupe
arrive enfin au bateau près de la berge. Helmut les accueille avec un certain soulagement.
Hilda reste sur la péniche pour la nuit car il est trop dangereux de repartir seule à travers la
forêt. Les aventuriers se déplacent vers l’autre rive et trouvent une petite anse à l’abri où jeter
l’ancre.

25 avril 1512

A l’aube, les aventuriers laissent le bateau et leur prisonnier, assommé et solidement attaché, à
la garde d’Artus. Puis ils raccompagnent Hilda jusqu’au campement des rebelles et font part
à Sigrid de leur projet d’aller repérer la grotte pour y trouver un éventuel accès au château. La
jeune femme leur confie Karl comme guide et, une heure plus tard, le petit groupe parvient au
pied de la falaise. L’entrée de la grotte est dissimulée par des branchages. Il n’y a pas de trace
de pas mais Helmut repère de petits ronds sur le sol, groupés par trois. Les aventuriers se
demandent s’il pourrait s’agir d’une canne mais rien n’est moins sûr.

Tandis que Karl attend, caché dans un arbre, avec la consigne de rentrer au camp si les
aventuriers tardent trop, les quatre compagnons pénètrent dans la grotte par une sorte
d’anfractuosité aux parois rocheuses inégales. Helmut allume une torche et avance suivi de
Hadden. Conrad et Jochen ferment la marche. Il y a beaucoup d’humidité et Helmut observe à
l’intérieur les mêmes traces au sol qu’à l’extérieur. Soudain, à une dizaine de mètres devant,
un grognement sourd et des bruits de pas font craindre aux aventuriers la présence d’une bête
inconnue. Ils font demi-tour rapidement sous le regard intrigué de Karl qui les voit surgir à
l’air libre précipitamment. Le temps de reprendre son souffle, Helmut y retourne déposer son
piège à ours avec un peu de viande comme appât. Il ressort ensuite et attend avec les autres.
Une heure se passe quand le claquement des mâchoires d’acier les alerte ! Conrad se lève le
premier et fonce vérifier le piège, suivi de ses compagnons. Les aventuriers trouvent, planté
dans le piège à ours, un bâton dont la poignée est encore tiède. La viande n’a pas été touchée.
Conrad fait l’hypothèse de la présence d’un vagabond ayant trouvé refuge en ces lieux.

Les aventuriers décident de poursuivre leur exploration et arrivent plus loin dans une cavité
naturelle. Ils empruntent un nouveau corridor qui se divise en deux et trouvent des traces de
pieds nus. En partant vers la droite, les aventuriers tombent sur une nouvelle intersection et
prennent à nouveau à droite. Ils découvrent peu après une petite salle très humide remplie de
champignons dont certains ont été mangés sur place. Une nouvelle bifurcation à droite les
emmène dans une salle plus grande où quatre taches lumineuses rapprochées, près du sol, les
intriguent. Mais les aventuriers réalisent vite le danger : ce sont des yeux ! Helmut lance sa
torche au milieu de la salle semant la panique parmi une nuée de gros rats. Les rongeurs,
d’une taille surprenante, font soudain volte-face et menacent les intrus. Conrad décoche une
flèche et en tue un tandis que Jochen, Helmut et Hadden font demi-tour. Le nautonier
s’empare de la torche et tient les rats à distance tout en reculant. Les aventuriers finissent par
se retrouver à l’embranchement précédent et prennent à gauche. Une nouvelle salle pleine de
rats les oblige à rebrousser chemin jusqu’à la première bifurcation. Ils en trouvent une
nouvelle et partent à droite quand ils repèrent non loin le visage d’un homme qui les observe
furtivement avant de disparaître. Conrad se déplace le plus silencieusement possible, couvert
par les autres et lance sa torche provoquant la fuite d’autres rongeurs moins nombreux.
L’aventurier entend l’écho d’une petite voix qui résonne mais il ne trouve personne ! Hadden

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aperçoit alors une silhouette passer rapidement dans son champ de vision dans une autre
direction. Les aventuriers allument une seconde torche et se dirigent par là jusqu’à un
carrefour où des sangsues leur tombent dessus du plafond rocheux. Jochen se fait mordre
tandis que les autres se mettent à l’écart et parviennent à s’en débarrasser à temps. Ils
piétinent celles tombées par terre et retournent brûler les autres encore accrochées aux
interstices du plafond. Tandis que Jochen se défait des ignobles parasites, Hadden trouve
après le carrefour une rivière souterraine. Conrad fabrique un flotteur avec deux morceaux de
bois reliés par un bout de ficelle et le jette dans le courant. Ainsi, si jamais ils retrouvent le
flotteur accroché à la herse, ils sauront que la rivière qui débouche dans la grotte marine est la
même que celle-ci.

Le petit groupe se remet en marche sur la piste de l’inconnu, errant en ces lieux. Un nouveau
carrefour leur fait découvrir un long couloir et une salle assez large avec de nombreux
champignons. Deux ouvertures débouchent sur la rivière. Les aventuriers décident de la
franchir pour continuer de l’autre côté. Conrad, d’un bond, traverse le premier à l’aide de sa
perche. Ses trois compagnons passent à tour de rôle avec succès. Les aventuriers découvrent
une nouvelle salle dont le plafond est tapissé de chauves-souris ! Un couloir à gauche retourne
vers la rivière mais Conrad poursuit seul, avec prudence, sans torche, pour ne pas affoler les
chauves-souris. La salle est un cul-de sac mais il se glisse dans une anfractuosité pour être sûr
de sa reconnaissance. La lueur de son briquet lui confirme qu’il n’y a pas d’issue de ce côté
lorsque plusieurs sangsues se détachent du plafond mais tombent à côté de lui. Conrad
revient.

Les aventuriers découvrent dans un cul-de-sac voisin un escalier circulaire étroit qui monte
dans la paroi rocheuse ! Les marches poussiéreuses semblent indiquer qu’il n’y a pas eu de
passage ici depuis fort longtemps. Hadden part en tête, armé de sa hachette et d’un couteau.
Helmut et Conrad suivent de près tandis que Jochen ferme la marche. Après une longue
montée, tous les quatre débouchent dans une petite pièce rectangulaire, basse de plafond et
sans issue. Conrad inspecte les murs aux pierres ajustées et trouve au centre du plafond une
pierre pivotante de bonne dimension. Un léger filet d’air frais plus respirable que celui de la
grotte laisse supposer la présence d’un passage. Pour limiter les risques, Conrad noue autour
de lui une corde solidement tenue par ses trois compagnons. La pierre pivote sur elle-même
avec une facilité déconcertante mais Conrad ne l’ouvre qu’à demi. L’ouverture donne sur
l’extérieur et l’aventurier aperçoit différents bâtiments autour d’une cour intérieure. Ils sont
arrivés dans le château ! Le soleil est dans son dos mais la sortie trouvée est située dans un
enchevêtrement de poutres et de morceaux de toit effondrés. Du bruit attire rapidement son
attention lorsque quatre à cinq mendiants viennent faire réchauffer quelques restes au-dessus
d’un maigre feu. Ils sont estropiés, couverts de pustules et dégagent une odeur insupportable.
Les aventuriers restent discrètement dissimulés et observent un peu plus tard des gardes en
armure passer non loin.

Le soleil a dépassé midi et les quatre amis décident de faire demi-tour. Ils replacent avec
précaution la pierre pivotante et rejoignent par l’escalier le réseau de grottes initiales. A la
sortie du dédale, la viande en appât a finalement disparu. Helmut récupère son piège à ours
puis les aventuriers constatent à la sortie que Karl ne les a pas attendus. Jochen, en bon
trappeur forestier, les ramène au camp des rebelles. Une discussion avec Sigrid leur permet de
partager avec elle leur découverte et de dessiner l’ébauche d’un plan en vue d’une action
concertée contre le château ! La jeune femme estime à une trentaine le nombre de rebelles,
hommes et femmes confondus, capables de se battre. Elle précise que Hilda est la seule à
savoir nager. Les aventuriers imaginent un groupe restreint passer par la petite pièce

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rectangulaire pour provoquer un incendie de diversion dans le château tandis que le gros de la
troupe pénètrerait par la grotte marine et neutraliserait les gardes, en espérant que l’escalier
découvert par Conrad les mène ensuite à l’intérieur du château du côté des quartiers des
Wittgenstein. Helmut a l’idée de mettre le feu aussi à la maison de Rousseau pour attirer des
gardes jusqu’au village et diminuer ainsi la garnison du château.

Un groupe de quatre volontaires se constitue rapidement pour aller dans le dédale jusqu’à la
pièce, en haut de l’escalier, donnant sur les décombres à l’intérieur des fortifications. Mais
Sigrid précise qu’il faudra les accompagner pour se mettre en place. Les aventuriers se
demandent si l’un d’entre eux doit rester avec ce groupe isolé pour diriger la manœuvre. Cette
mission de diversion est dangereuse car il s’agit de mettre le feu à l’écurie et de tirer sur tout
ce qui présente, et l’issue de cette intervention est incertaine. La fuite semble inévitable en
espérant qu’il n’y ait pas de poursuite dans les grottes.

Un deuxième groupe plus nombreux se forme pour incendier la maison de Rousseau et


attaquer l’éventuelle patrouille venue éteindre le feu. A la demande de Hadden, ceux encore
en état de se battre se rendront ensuite sur le chemin entre le village et le château à un endroit
propice de leur choix pour contrôler les allées et venues et intercepter un fuyard ou un
éventuel renfort.

Les aventuriers pensent finalement ne pas se disperser entre les différents groupes. Ils
pourront ainsi investir eux-mêmes la grotte marine le long du Reik pour éliminer les gardes,
lever la herse et laisser entrer la Santa Maria sur laquelle se tiendra le groupe le plus
important des rebelles en vue de l’attaque principale du château. Reste à coordonner les
différentes actions et trouver un signal commun pour agir.

Suivant l’ordre de leur intervention, les groupes sont réunis et définitivement constitués selon
leur objectif. Le premier groupe de rebelles attendra le coucher du soleil pour incendier la
maison de Rousseau. Le petit groupe placé juste sous les décombres à l’intérieur du château
guettera alors une réaction de la garnison pour agir à son tour et mettre le feu comme convenu
aux écuries. Les aventuriers, alertés eux aussi par les flammes dans le village, entreront
également en action jusqu’à lever la herse pour permettre aux plus nombreux des rebelles
d’entrer dans la forteresse.

Les groupes se séparent et hâtent leurs préparatifs. Conrad et Hadden accompagnent les
quatre volontaires : une jeune femme nommée Beate, portant un arc, un autre archer et deux
hommes encore, armés de gourdins. Ils partent en forêt, traversent le dédale de la grotte et
gravissent l’escalier jusqu’à la petite pièce rectangulaire sous la cour du château. Conrad et
Hadden perçoivent chez eux une légère angoisse mais les deux aventuriers les rassurent et les
encouragent à la patience, à la discrétion durant leur attente et à la prudence. Hadden touche
un mot à Frantz qui semble le plus nerveux.

Les deux compagnons repartent et empruntent le chemin inverse. Le soir n’est pas loin
lorsqu’ils parviennent au camp des rebelles qui guettaient leur retour. Tout est prêt. Un groupe
de six rebelles mené par une forte femme, nommée Ulrica, prend la direction du village,
tandis que les aventuriers, Hilda, Sigrid et une vingtaine de rebelles s’élancent dans la forêt en
direction du bateau laissé ce matin à la garde d’Artus plus en aval du fleuve.

Le groupe d’Ulrica approche de la lisière de la forêt et aperçoit les premières maisons. Les
rebelles prennent position pour observer les lieux et attendre le coucher du soleil en espérant

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que le groupe du bateau sera arrivé à temps pour agir. De leur côté, en effet, les aventuriers
parviennent à la péniche. Tous les rebelles embarquent avec eux puis Conrad manœuvre le
bateau pour venir non loin de l’entrée de la grotte marine. Il jette l’ancre puis tous attendent
dans le plus grand silence.

La nuit tombe. Ulrica fait signe à ses hommes. Ils encerclent la maison du docteur Rousseau
puis deux d’entre eux vont chercher la petite bonne afin de préserver sa vie. Les deux rebelles
découvrent également au sous-sol un grand jeune homme nommé Kurtz, plutôt simple
d’esprit, qu’ils accompagnent dehors. La bonne proteste de toutes ses forces mais le feu est
mis à la maison. Des villageois sortent de chez eux, consternés, mais pas un ne bouge. La
demeure du médecin s’embrase et l’incendie doit se voir de loin. Ulrica et ses hommes se
cachent aux alentours dans l’attente d’une éventuelle patrouille.

Pendant ce temps, au château, Beate a entrouvert la dalle du plafond de la petite pièce pour
jeter un œil à l’extérieur et guetter la tombée de la nuit. Elle repère deux gardes sur la muraille
toute proche et surprend leur réaction quand ils aperçoivent les flammes au niveau du village.
Un des gardes descend un petit escalier, traverse la cour basse et pénètre à l’opposé dans un
bâtiment plus imposant. Le petit groupe sort de sa cachette et se dissimule parmi les
décombres. Du mouvement attire leur attention près de l’entrée du château où ils assistent au
départ à cheval d’une patrouille de quatre hommes dont le sergent Katz lui-même.

Beate se tient prête, une flèche encochée, puis ses compagnons se glissent jusqu’à l’écurie.
C’est alors que deux gardes surgissent d’un bâtiment mais ils n’aperçoivent aucun des intrus
et entrent à l’intérieur d’une autre bâtisse. Beate retient son souffle quand un des rebelles
passe la première porte de l’écurie. Les trois hommes découvrent une forge abandonnée ainsi
qu’une petite remise derrière une porte. Ils ressortent et passent à la porte voisine. Cette fois,
il s’agit bien de l’écurie. Les rebelles commencent à mettre le feu quand deux valets
s’interposent. Les deux rebelles armés de gourdins foncent sur eux avant qu’ils n’aient l’idée
de donner l’alerte tandis que l’archer continue à enflammer la paille. Un des garçons d’écurie
est tué, l’autre blessé et assommé. Le feu commence à prendre. Le valet assommé est tiré hors
du bâtiment puis, une fois sortis, les rebelles visent de leurs flèches le guetteur sur le rempart.
Beate le blesse mais le garde se retourne. L’archer le blesse à nouveau mais trop légèrement
pour l’empêcher de donner l’alerte ! L’homme suit le chemin de ronde et disparaît derrière le
toit de l’écurie. Un des rebelles grimpe en haut du bâtiment et, à hauteur du chemin de garde,
surprend la sentinelle en train de dévaler un petit escalier pour traverser au pas de course la
grande cour. Les deux archers tirent mais seule Beate arrive à le toucher sans pour autant
l’arrêter. L’autre rebelle, muni d’un gourdin, s’élance à sa poursuite, le rattrape mais, à bout
de souffle, manque son coup de massue. Le garde disparaît dans le bâtiment d’en face. Les
rebelles se replient vers les décombres près de leur lieu d’arrivée dans le château, s’attendant
à une réaction de la garnison mais rien ne se passe. Tandis que les archers restent en
embuscade, un des rebelles va en repérage vers un bâtiment situé non loin de l’autre côté de
leur position par rapport à l’écurie désormais en flammes. Près de la double porte, rien, pas un
bruit. Il ouvre avec prudence un des battants et découvre le carrosse noir des Wittgenstein ! Le
rebelle y met le feu quand trois vagabonds en guenille sortis d’un abri en ruines donnent
l’alarme et crient à l’incendie. Le rebelle sort rapidement et les fait déguerpir mais d’autres
arrivent plus nombreux et crient également au feu ! L’homme rejoint ses compagnons quand
trois gardes en cotte de mailles, portant des seaux plein d’eau, font leur apparition et
interpellent les mendiants pour éteindre l’incendie. Les deux archers tirent sur le premier
garde et le blessent, obligeant les autres à reculer pour s’abriter. Le feu continue à se
propager.

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Pendant ce temps, près de la maison du docteur Rousseau, la patrouille menée par le sergent
Katz est arrivée sur place. Les trois soldats sous ses ordres sont sur le point d’intervenir pour
éteindre les flammes quand le groupe de rebelles en embuscade passe à l’attaque. La mêlée
fait rage et, malgré la surprise, le combat est rude pour Ulrica et ses compagnons. Celle-ci
périt sous les coups de Katz ainsi qu’un rebelle nommé Dietrich. Un des gardes est gravement
blessé et obligé d’abandonner le combat. Mais aucun des camps ne veut céder à l’autre. C’est
au tour de Karick et d’Ingela d’être touchés sérieusement tandis que les deux autres soldats du
château sont tués. Katz se retrouve seul face à deux rebelles. Il rompt le combat et s’enfuit à
pied dans la nuit. Le temps de mettre à l’abri leurs blessés, les deux rebelles vont ensuite se
poster sur le chemin menant au château.

De leur côté, les aventuriers, débarrassés de leur armure en cuir, de leurs vêtements trop
amples et de leurs bottes, se glissent à l’eau avec, pour toute arme, un couteau, un gourdin ou
une dague. Seul Conrad prend le temps de démonter sa gaffe pour l’emporter en deux
morceaux, le fer et la hampe. Hilda les accompagne et nage à leur côté jusqu’à la herse. Là,
Conrad leur donne quelques conseils pour le passage délicat sous la grille. Jochen retrouve,
pris dans les barreaux, les flotteurs jetés dans la rivière souterraine lors de l’exploration de la
grotte de la forêt. Les aventuriers n’ont connaissance d’aucun signe des événements du village
ou du château mais se décident à agir. Tous passent sous la herse sauf Hilda qui échoue trois
fois malgré les encouragements de Hadden. Elle retourne au bateau.

Conrad sort de l’eau et se place en observateur au coin de la salle des gardes. Il y distingue
deux hommes qui discutent entre eux. Les gardes sont en cotte de maille mais tête nue,
laissant apparaître leur visage, rongé par ce mal horrible. Devant l’inégal rapport de force
entre les soldats, bien protégés et mieux armés, et eux, presque nus, un couteau ou un gourdin
à la main, Jochen propose de jouer les appâts tandis que ses compagnons en embuscade
tenteront de pousser les gardes dans l’eau où leur armure leur sera fatale.

Helmut et Conrad se placent sur la gauche de l’ouverture tandis que Hadden se retrouve à
droite. Jochen s’avance dans le bref couloir et passe la tête dans la salle des gardes où il note
la présence en fait de trois hommes. L’archer, terrifié par la vision abominable des visages
presque de chair vive, lance sa dague sur un des gardes mais manque son tir. Jochen, tétanisé,
semble incapable de bouger. Conrad réagit et le tire avec sa hampe sans être vu. Jochen
reprend ses esprits et, désarmé, s’enfuit. Un des gardes sort à sa poursuite. Helmut s’élance
aussitôt, le percute en le ceinturant de toutes ses forces et se précipite à l’eau avec lui ! Le
garde meurt noyé tandis que Helmut remonte à la surface peu à près. Jochen file jusqu’à la
roue et commence à lever la herse mais l’effort demandé est trop dur. Devant l’intervention de
Helmut et le sort de son compagnon, un deuxième garde s’arrête légèrement en retrait de
l’ouverture donnant sur la grotte. Hadden le blesse d’un coup de hachette, l’obligeant à
reculer. Helmut vient prendre la place de Jochen et parvient seul à lever la herse. Le temps
joue pour les aventuriers tandis que les gardes, tenus en respect par Conrad et la longueur de
sa gaffe, se lancent dans de féroces invectives. Les deux hommes retournent un instant dans la
petite salle des gardes puis reviennent munis d’une chaise comme bouclier. Ils réussissent une
sortie en force et font face à Conrad et Hadden.

Jochen, empruntant un couteau à Helmut, vient prêter main forte au nautonier. Les deux
hommes blessent leur adversaire tout en le tenant à distance. Hadden, de son côté, subit les
attaques du garde et prend deux coups successifs qui le laissent chancelant. Sa crainte de voir
son adversaire s’échapper pour aller donner l’alerte et anéantir l’effet de surprise de leur

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intrusion de ce côté-ci du château lui fait tenter le tout pour le tout. L’aventurier réunit ses
forces et charge contre le garde pour le frapper avec son couteau et le pousser jusqu’à l’eau
mais il échoue. Au contact, le soldat lui décoche un coup de poing de sa main ganté de fer
clouté et Hadden tombe à terre, complètement sonné. Helmut a vu la scène et s’élance à son
secours mais le garde délaisse le bûcheron pour se diriger vers l’escalier creusé dans la paroi
rocheuse. Jochen et Conrad blessent à nouveau leur adversaire. Celui-ci riposte et frappe
Jochen avant de s’enfuir à son tour. Mais l’archer le course aussitôt et lui plonge dans les
jambes. Dans la chute, Jochen perd son couteau qui glisse et tombe à l’eau. Conrad suit
derrière et frappe le garde plusieurs fois de suite avec sa gaffe. Jochen s’empare d’un collet, le
passe autour du cou de leur adversaire et tire de toutes ses forces. L’homme meurt étranglé.

Trop affaibli pour combattre, Hadden se rend jusqu'au mécanisme de la herse et finit de
remonter la grille. De son côté, Helmut rattrape le garde en fuite au pied de l’escalier et le
plaque au sol. Les deux hommes luttent pour reprendre appui mais Helmut prend le dessus et
finit par frapper la tête du garde contre une marche jusqu’à ce qu’il gise sans vie.

Conrad récupère une cotte de maille et Jochen va chercher sa dague lancée au début de
l’attaque. Dans la salle des gardes, il trouve une table avec un jeu de cartes en cours et deux
bougies. Hadden fait signe à ses compagnons qu’il a levé la herse et Conrad se remet à l’eau
pour aller chercher la péniche et la petite troupe des rebelles à son bord. Pendant ce temps,
Helmut, Jochen et Hadden balancent à l’eau les deux gardes tués et reprennent leur souffle.

Conrad arrive sur la Santa Maria et prend les commandes de la péniche. Il manœuvre
habilement et fait entrer le bateau dans la grotte marine sous le château des Wittgenstein. Les
rebelles descendent et prennent possession des lieux tandis que les aventuriers retrouvent
leurs vêtements et leurs armes. Helmut s’empare du pistolet avec lequel Ernst lui avait tiré
dessus. Hadden, trop affaibli pour prendre le risque d’une nouvelle blessure, passe la cotte de
maille prise dans les affaires de Kuftsos et saisit une arbalète.

Helmut en tête, les aventuriers partent en éclaireurs dans l’escalier de la paroi mais ils se
rendent compte rapidement qu’il est trop long et qu’il est plus prudent que tous ne s’engagent
pas dans l’étroitesse des marches. La consigne arrive jusqu’à Hilda et Sigrid qui organisent
alors la progression dans l’escalier par petits groupes relais.

Après une longue ascension à la fois pénible et monotone, Helmut s’arrête alerté par une
odeur pestilentielle. Il gravit seul encore quelques marches et aperçoit la lueur d’une torche à
l’entrée d’un petit couloir. Helmut se déplace en silence jusqu’à un coude où se situe une
porte à gauche et le couloir qui continue à droite. L’aventurier compte plusieurs portes de ce
côté-là. Il revient sur ses pas et prévient ses compagnons. Jochen, Conrad et Hadden le
rejoignent tandis qu’un premier groupe de rebelles se poste sur les dernières marches avant le
couloir. Jochen tente de forcer plusieurs portes, en vain, lorsque le bruit d’une serrure les
alerte de l’arrivée imminente de quelqu’un. Les aventuriers reculent en vitesse jusqu’aux
marches sauf Jochen qui reste aux aguets au coin du couloir. Il aperçoit une sorte de geôlier à
la carrure imposante, aussi gros que grand, habillé d’une tunique sans manche et coiffé d’un
bonnet de cuir, un trousseau de clefs à la ceinture. L’homme referme la porte derrière lui et se
dirige vers Jochen. Celui-ci rejoint l’escalier et s’allonge au ras des marches. Les aventuriers
se tiennent prêts si jamais l’inconnu venait vers eux mais il s’arrête devant la porte de gauche,
l’ouvre et disparaît derrière. Les aventuriers réinvestissent les lieux et Jochen parvient à forcer
la porte. Il entend une voix demander « où est l’argent ? » avec pour toute réponse quelques
gémissements quand une troisième voix commente d’un ton ironique la manière peu aimable

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de poser la question. Le couloir, en fait, continue jusqu’à une autre porte mais il longe
auparavant une sorte de cellule fermée sur toute sa longueur par des barreaux dont certains
forment une porte. A l’intérieur, un prisonnier se trouve dans une cage accrochée au plafond
un peu sur le côté, ne cessant de répéter son nom, Fritz, pour dire qu’il est gentil. Au centre, le
geôlier questionne, un tison à la main, un autre homme, nu, suspendu par les mains à un palan
et souffrant de nombreuses blessures.

Le geôlier de dos lui redemande où se trouve l’argent mais sans résultat. Helmut va jusqu’à la
grille servant de porte mais elle est fermée. Hadden arme son arbalète et tire une première fois
à travers les barreaux, éraflant le bras du gardien qui ne s’aperçoit de rien. Le prisonnier dans
sa cage suspendue, apercevant les aventuriers, s’agite et s’adresse à Slarg, visiblement le
bourreau, tout en tenant des propos incohérents. Hadden tire une seconde fois et blesse
légèrement le geôlier à l’épaule. Celui-ci se retourne, l’air ahuri, et demande à l’aventurier
d’une voix de lourdaud qui il est, lui. Helmut saisit une flasque d’huile et la lance sur Slarg
qui s’approche de la grille. Le geôlier se tourne vers lui et lui demande ce qu’il fait. Helmut
décroche une torche du mur et la jette sur l’homme qui comprend trop tard le danger. Il prend
feu, s’agite dans tous les sens en hurlant, renversant au passage un établi et tout un ensemble
de pinces et de crochets de fer, bousculant même le malheureux suspendu au milieu de la
salle, heurtant et faisant tomber la cage où se trouve Fritz. Jochen entreprend de crocheter la
serrure de la grille et y parvient non sans mal. Slarg s’écroule, secoué de soubresauts, et
succombe dans un dernier râle. Helmut récupère sur lui le trousseau de clefs et le bonnet de
cuir.

Conrad et Hadden détachent le malheureux prisonnier et l’allongent dans une couverture. Il


souffre de plusieurs contusions, plaies et brûlures mais sa blessure la plus sérieuse se situe au
niveau d’un genou brisé. Conrad lui donne à boire. Il s’appelle Wolfgang et explique d’une
voix faible qu’il est collecteur de l’impôt impérial, emprisonné ici par la baronne du château.
Il indique la porte à l’autre bout du couloir et précise qu’il y a quatre autres prisonniers
enfermés de l’autre côté. Les aventuriers tiennent là un précieux témoin et décident de
l’évacuer vers la péniche. Un groupe de rebelles va s’en charger mais, devant l’étroitesse de
l’escalier et l’état de sa jambe, Helmut lui propose de l’assommer pour lui éviter de trop
grandes souffrances. Le collecteur lui fait un signe en guise d’accord. Helmut le frappe
derrière la tête et le confie aux rebelles. Hadden leur demande de passer la consigne à Artus
de faire très attention à Rousseau et de ne surtout pas le détacher sous prétexte de vouloir
soigner le blessé qui va arriver ! Quant à Fritz, les rebelles reconnaissent l’ancien médecin du
village mais il paraît trop fou pour le libérer pour l’instant.

Conrad se dirige vers la porte et la franchit. Il découvre une petite pièce contenant quatre
cellules fermées par des portes de bois. La première cellule est vide mais il trouve bien quatre
prisonniers dans les trois autres. Les trois premiers sont terrorisés et semblent là depuis
longtemps. Le quatrième s’appelle Hantz, un rebelle capturé dans la forêt il y a trois semaines
et qui connaît Sigrid. Conrad rassure les premiers, explique à tous la situation et appelle les
rebelles pour permettre aux prisonniers libérés de retrouver des visages familiers. Le
nautonier, en jetant un œil aux cellules, découvre sur le mur du fond de la troisième des
inscriptions rassemblant plusieurs dessins. Il reconnaît une malle ou plutôt un coffre renforcé
de ferrures, une tour, une sorte de pierre et une horloge. Il devine en bas, à droite, une lettre en
guise de signature et la date de l’an 1402. Conrad fait immédiatement le lien avec l’histoire de
Dangmar Wittgenstein. Il recopie sur un papier les dessins en respectant leur emplacement
mais remet à plus tard leur interprétation. L’aventurier rejoint ses compagnons vers les portes
situées de l’autre côté du couloir initial.

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Il y a tout d’abord une grande porte en bois condamnée avec une tête de mort peinte que les
aventuriers délaissent. Puis, ils découvrent une porte en fer, fermée à clef, et une autre en bois
entrouverte. Cette dernière donne sur une petite pièce à l’odeur repoussante où se trouvent une
vieille paillasse sale en guise de lit, tout un tas d’affaires dans le désordre le plus total et sur
une table bancale une tête coupée ! C’est la chambre de Slarg et les aventuriers savent qu’ils
ne trouveront rien ici. Quant à la porte en fer, les prisonniers libérés indiquent qu’ils sont
arrivés par là le jour de leur emprisonnement après avoir traversé une salle de banquet. Cet
accès au château pour trouver les appartements des Wittgenstein semble une bonne piste.
Helmut trouve la clef dans le trousseau du geôlier et ouvre la porte. Un couloir mène jusqu’à
un escalier montant mais les aventuriers découvrent auparavant une porte donnant sur un
cellier bien garni. Alors que le village meurt de faim, les rebelles trouvent là de la farine, de
l’huile, du vin, de la viande séchée, du jambon cuit et même des fruits. Les anciens
prisonniers se ravitaillent tandis que Conrad et Jochen encouragent les rebelles à prendre sur
eux quelques provisions toujours utiles si l’attaque du château se prolonge plusieurs jours.
Cette partie des lieux leur appartient et Helmut a l’idée d’accumuler de la nourriture de l’autre
côté de la porte en fer près de l’escalier menant au bateau au cas où ils devraient tenir un
éventuel siège ou subir une contre attaque imprévue.

Les aventuriers, suivis des rebelles tous enfin parvenus sur les lieux, gravissent les marches de
l’escalier jusqu’à une très belle porte ouvragée en bois précieux. La porte est fermée mais
Helmut trouve la clef correspondante. Un petit escalier en bois permet d’accéder à une très
grande salle, richement décorée, haute de plafond. Une table de banquet, munie de
chandeliers, est dressée mais les mets et autres plats servis, malgré leur douce chaleur, sont
pourris et le pain moisi. La salle se situe au rez-de-chaussée et les nombreuses fenêtres
donnent sur une cour intérieure en contrebas de quelques marches. Les murs sont décorés de
grandes tapisseries représentant des batailles et, ça et là, sont mises en valeur des armures et
quelques bannières. Un double escalier en bois mène à une galerie de peintures. Les
aventuriers se rendent compte qu’il pleut dehors lorsqu’un éclair zèbre le ciel nocturne.
Hadden, en regardant à l’extérieur, se repère par rapport aux autres bâtiments du château. Le
feu au loin, vers l’écurie, a cessé et il y de ce côté-là beaucoup de fumée. Hadden se retourne
vers ses compagnons pour leur annoncer qu’ils sont arrivés du bon côté du château lorsqu’un
laquais en livrée sort de la pénombre d’un coin près de l’escalier pour leur souhaiter la
bienvenue et les inviter à faire comme chez eux. Les rebelles, surpris, ont un mouvement de
stupeur mais les aventuriers cherchent à en savoir plus. D’après le laquais, le baron et la
baronne ne vont pas tarder et ils les invitent à passer à table en les attendant. Helmut demande
à un groupe de rebelles de s’emparer de lui et de l’attacher. Mais le serviteur se débat avec
une force inattendue et surprenante pour son âge. Des griffes jaillissent de ses mains. Il blesse
deux villageois puis il s’écroule sous les coups. Les aventuriers organisent l’occupation des
lieux afin de surveiller la cour extérieure et de contrôler les différents accès, portes et
escaliers.

Conrad emprunte le double escalier jusqu’à la galerie où il découvre trois portes, toute une
série de tableaux et un escalier menant à un étage. Helmut et Jochen, suivis de plusieurs
rebelles, trouvent une porte donnant sur un patio avec une vue plongeante sur le Reik. De
l’autre côté, une nouvelle porte permet d’accéder aux cuisines. Helmut entre en premier,
découvre la présence d’une cuisinière et son commis, aussi maigre qu’elle est grosse. Il donne
le change en parlant repas. La cuisinière le regarde à peine et assure que le cochon est prêt à
servir. Jochen jette un œil aux fourneaux et écarquille les yeux en découvrant un enfant mort
en guise de plat ! Les rebelles entrent à leur tour, découvrent la scène et de dégoût se jettent

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sur le commis pour le tuer. Helmut élimine d’un coup la cuisinière. Une porte sur la gauche
donne sur un petit magasin où s’entassent différentes provisions dont le cadavre d’un
villageois ! Les rebelles sont à la fois écœurés et prêts à en découdre avec les auteurs de ces
forfaits abominables. De la cuisine, un petit escalier monte à un étage d’où proviennent de
nombreux ronflements. Une autre porte débouche sur un vestibule orné d’un très beau tableau
daté de 1451 et représentant le château quand il était en bon état.

Du vestibule, l’accès à la cour intérieure montre qu’il s’agit là de l’entrée principale de la


cuisine. Helmut va jusqu’à une autre porte située en face et découvre une autre salle où
dorment plusieurs serviteurs. Un premier groupe de rebelles pénètre à l’intérieur du dortoir
quand un second monte à l’étage au-dessus de la cuisine. L’attaque est rapide et efficace. Au
rez-de-chaussée, quatre serviteurs sont éliminés puis les villageois montent aider le deuxième
groupe confronté à un plus grand nombre d’adversaires. Les serviteurs du château sont huit et
l’issue de la mêlée est plus incertaine. Tous sont finalement abattus mais les rebelles comptent
deux morts et un blessé grave. Soudain, le tintement grave d’une cloche retentit dans la nuit
figeant un instant chacun des rebelles et des aventuriers. Leur intrusion est repérée et l’alerte
est donnée !

Dans la cour basse, un orage a éclaté et la pluie se met à tomber avec force, gênant la visibilité
des rebelles, accompagnant Beate. L’incendie de l’écurie ne pourra durer encore très
longtemps. Plusieurs gardes du château en profitent pour sortir et longer les murs dans leur
direction. Beate et l’autre archer tirent plusieurs flèches mais en vain. Le dernier tir de Beate
blesse un garde mais il est temps pour les rebelles de se replier. Ils se glissent dans la petite
salle vers l’escalier et bloquent la dalle basculante afin de ralentir leurs éventuels
poursuivants. Le petit groupe emprunte l’escalier pour fuir à travers la grotte en direction de
la forêt.

A l’intérieur du château, la cloche s’arrête. Les rebelles se replient en vitesse dans la salle du
banquet où les aventuriers organisent leur défense : des tireurs aux fenêtres, la table renversée
pour servir de protection, d’autres tireurs placés au balcon du double escalier. Hadden divise
les rebelles en deux groupes pour une charge prête à repousser leurs assaillants après les tirs
de défense. Conrad regroupe quelques hommes et décide de continuer à explorer les lieux. Il
se rend, au-delà de la galerie de peintures, à l’étage et repère du bruit derrière une porte puis
une voix qui semble appeler des serviteurs. Les rebelles l’enfoncent et découvrent une vieille
femme au milieu d’un couloir les interpellant avec autorité pour savoir ce qu’ils font chez
elle. C’est la baronne Wittgenstein. Conrad décoche une flèche mais la corde de son arc lui
casse entre les mains. Le nautonier veut la balancer dans l’escalier mais elle résiste avec
véhémence. Helmut, posté en haut des marches et alerté par le bruit de l’altercation, monte en
vitesse. Il donne le change en se faisant passer pour un des serviteurs et entraîne la baronne
vers ses appartements tout en sermonnant Conrad qui les suit. Leur arrivée soudaine dans une
chambre fait fuir plusieurs chats puis Helmut assomme la baronne pour l’attacher et la
bâillonner. Conrad et Helmut découvrent la pièce à la lueur d’une torche. Une trentaine de
chats vit là dans cette pièce autrefois richement décorée mais aujourd’hui à l’abandon. Tout
sent l’urine et le renfermé et semble condamné à la pourriture. Conrad trouve une boîte à
bijou contenant un médaillon en forme de cœur avec une mèche de cheveux à l’intérieur. Une
porte de la chambre donne sur une grande remise, peut-être un ancien bureau ou un atelier,
abritant un fouillis indescriptible parmi lequel les deux aventuriers comptent un grand nombre
de carillons et d’horloges.

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Les rebelles leur signalent une autre porte fermée à clef et derrière laquelle ils ont entendu du
bruit. Conrad et Helmut se dirigent vers la porte quand Jochen les rejoint pour voir ce qui se
passe. Les rebelles finissent par enfoncer la porte mais elle est encore bloquée par des
meubles. Helmut donne un puissant coup d’épaule et pénètre dans une grande chambre. Trois
hommes se trouvent dans la pièce, morts, tous nus. Deux sont assis dans des fauteuils, le
troisième est couché sur un lit mais il lui manque un bras. Jochen pose une main sur les corps
et constatent que ces hommes sont froids et morts depuis longtemps. Des rebelles
reconnaissent des proches et pleurent à la fois de rage et de désespoir. Helmut repère une
porte au fond de la chambre quand, soudain, Hadden, resté en bas avec le gros de la troupe,
donne l’alerte car des gardes arrivent dans la cour ! Conrad redescend en vitesse tandis que
Jochen et Helmut s’intéressent à la porte découverte. Elle est en métal et verrouillée d’une
étrange manière en l’absence de serrure ! Helmut cherche un mécanisme tandis que Jochen
trouve une meurtrière donnant sur la cour du château et bande son arc.

Au rez-de-chaussée, Conrad, Hadden et les rebelles près des fenêtres déclenchent un premier
tir sur huit hommes armés se dirigeant vers eux. Les deux aventuriers font mouche ainsi qu’un
rebelle : trois gardes sont touchés. En haut, Jochen rate ses deux tirs et bloque
malheureusement son arc dans la meurtrière. Helmut tire à son tour et touche un autre soldat.
Deux archers descendent de la mezzanine pour prêter main forte au premier groupe de tireurs.
Les gardes se sont embusqués quand, soudain, deux tirs d’arbalète en provenance du donjon
entre les deux cours visent les rebelles. Un premier carreau éclate la vitre d’une fenêtre et
vient se planter dans le mur du salon. Le second effleure Hadden à l’épaule.

En haut, à l’étage, Helmut trouve un mécanisme d’ouverture très discret mais il ne parvient
pas à le crocheter. Les rebelles avec lui s’emparent d’un banc dans la chambre et s’en servent
comme bélier. Au troisième coup, les gonds cèdent pour laisser apparaître en face, après un
petit couloir, la même porte en métal. Armés du banc, les rebelles défoncent à nouveau la
porte et découvrent une petite pièce ronde avec différents tracés au sol et, au centre, une sorte
d’établi en forme de demi-cercle. Helmut repère une porte sur la gauche mais son regard est
attiré par un escalier en colimaçon menant le long du mur vers l’étage supérieur de la tour où
ils devinent se trouver. Deux rebelles passent en tête et gravissent les marches. Helmut et
Jochen les suivent puis deux autres rebelles ferment la marche. Ils arrivent dans une autre
salle ronde, identique à la première, et trouvent une table avec de nombreux livres, des
documents, des instruments de soigneur, quelques fioles et autres bocaux renfermant toutes
sortes d’ingrédients. Helmut indique aux rebelles de continuer l’escalier vers le niveau au-
dessus tandis que Jochen s’attarde sur les papiers posés sur la table. Tous devinent sous la
porte la lueur de plusieurs éclairs venant de la pièce d’en haut. Ils montent avec précaution, la
peur au ventre, quand une voix féminine prononce des incantations où le mot golem revient à
plusieurs reprises. Deux rebelles font demi-tour et s’enfuient. Helmut dépose son arc et
s’attaque à la porte, aidé par un des rebelles, tandis que deux autres se tiennent en bas de
l’escalier. A force de coups de pied et de coups d’épaule, la porte cède sur la dernière pièce
ronde de la tour. Une femme se tient au milieu de ce laboratoire à ciel ouvert, trempée par la
pluie, les bras vers le ciel et répétant le mot « Golem ! Golem ! Golem ! » avec force et
détermination. C’est Margritte Wittgenstein ! Stupéfait par la scène, Helmut est saisi par les
détails de la pièce qui dépassent son imagination. Trois cadavres mutilés sont accrochés par le
cou à un croc de boucher. Un ensemble d’échafaudages est installé au fond de la salle sans
que l’on sache très bien s’il sert à maintenir le mur ou bien à supporter les restes d’un plafond
qui n’existe plus tant l’ouverture sur le ciel est importante. A l’extérieur, au milieu de l’orage,
un cerf-volant se débat dans les soubresauts de la pluie mais, le plus étonnant, ce sont les
filins d’acier qui en descendent pour venir jusque dans des tubes en verre situés dans la pièce

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non loin de Margritte. Des éclairs d’énergie crépitent et courent le long de ces câbles qui
semblent descendre bien plus bas que cet étage de la tour, sans doute jusqu’aux fondations et
peut-être même jusque dans les profondeurs de la terre.

Helmut réagit et demande au rebelle à ses côtés de casser les tubes en verre tandis qu’il se
concentre sur Margritte. L’homme, armé de son gourdin, s’élance à travers la pièce lorsque
l’héritière des Wittgenstein lui intime l’ordre de s’arrêter d’une voix impérieuse. Le rebelle
s’immobilise aussitôt comme figé par le ton employé. Helmut fonce sur Margritte et se jette
de tout son poids sur elle. Il la percute avec force, la renversant au sol, à moitié assommée. Le
rebelle marche au ralenti vers les tubes en verre mais semble complètement perdu. Helmut
saisit son poignard mais la jeune femme lui bloque la main avec une force insoupçonnée, lui
provoquant une douleur violente qui l’atteint dans sa force même. Helmut, de sa main libre,
lui décoche un coup de poing mais la douleur redouble jusqu’au plus profond de son être.
Face à cette étreinte fatale, le grand guerrier se dégage en se jetant en arrière. Il roule au sol et
se remet rapidement debout. Il prend l’initiative et repasse à l’action, envoyant à Margritte
encore au sol, un grand coup de pied dans les côtes. Celle-ci gémit de douleur, le souffle
coupé, mais elle roule sur le côté et abaisse une manette juste au-dessus du plancher. Un des
échafaudages, retenu au plafond par des poulies, s’abat dans un grand fracas sur Helmut qui
reste au sol, une jambe prise sous l’échafaudage. Alerté par le vacarme de l’affrontement,
Jochen dépasse les rebelles terrorisés en bas de l’escalier et monte à l’étage. Il découvre la
scène, stupéfait à son tour par les lieux mais aussi par la violence du combat entre son ami et
cette frêle jeune femme qui se tient à nouveau debout. Mais le plus incroyable reste à venir.
Jochen d’abord, puis Helmut, toujours coincé sous l’échafaudage, découvrent la présence sur
cette grande planche qui vient de s’abattre d’un être inhumain, pourtant de forme humaine,
mais aux dimensions imposantes et irréelles. Cette créature s’anime et se lève debout sur la
planche, écrasant un peu plus la jambe d’Helmut. Les deux aventuriers, horrifiés,
comprennent la nature des expériences de Margritte en observant le monstre composé en fait
de plusieurs êtres humains, des morceaux d’hommes différents, assemblés ensemble par des
cicatrices grossières !

Craignant tous les deux que ce monstre n’obéisse aux ordres de sa créatrice, Jochen et Helmut
s’attendent à livrer un combat sans merci dans de terribles conditions. Mais si cet être irréel
est animé d’une vie propre, il semble dépourvu de raison ou en tout cas posséder une
intelligence limitée. Le monstre descend de l’échafaudage, libérant la jambe d’Helmut qui
s’extirpe de dessous les planches. Mais le guerrier a besoin de reprendre son souffle tant la
douleur est encore forte. Jochen ramasse l’arc d’Helmut et décoche deux flèches sur la
créature avant que Margritte ne la contrôle. Dans un cri de douleur et de rage, le golem fonce
sur Jochen qui a tout juste le temps de plonger dans la pièce pour éviter la charge du monstre.
Celui-ci, sur sa lancée, percute le mur, arrache avec fureur la porte à l’entrée, dévale les
marches, massacre les deux rebelles pétrifiés en bas de l’escalier et poursuit sa course éperdue
dans les couloirs du château derrière un dernier rebelle en fuite.

Jochen, une dague à la main, se tourne vers Margritte. L’héritière des Wittgenstein veut se
rendre. L’archer s’approche d’elle avec prudence et, arrivé à sa portée, lui donne un coup de
dague dans le ventre. La jeune femme s’accroche à lui en s’effondrant. L’étreinte blesse
Jochen de la même façon qu’elle avait secoué Helmut mais Margritte s’écroule au sol et
meurt.

Pendant ce temps, au rez-de-chaussée, Conrad, Hadden et les rebelles sont aux aguets des
moindres mouvements des gardes du château. L’un d’entre eux traverse la cour et échappe à

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la trajectoire d’une flèche. Soudain, une agitation particulière attire l’attention des aventuriers.
Les gardes s’exclament et saluent l’arrivée du lieutenant Hegel. Une silhouette massive se
présente en effet peu après dans la cour, suivie de quatre gardes à la démarche particulière.
Hadden et Conrad scrutent à travers la pluie l’obscurité de la cour et discernent peu à peu les
nouveaux arrivants. Ils réalisent tout à coup que le lieutenant Hegel est un mort-vivant en
armure, sorti d’outre-tombe, dont ils devinent la peau parcheminée sous le heaume qui le
coiffe. Les quatre gardes qui l’accompagnent sont des squelettes au pas hésitant mais
s’avançant irrémédiablement vers la salle du banquet. Tous sont armés d’épée.

L’effet de leur arrivée sur les rebelles est désastreux. Certains sont terrorisés, incapables de
bouger, d’autres se réfugient au fond de la pièce. Hadden, la surprise passée, se tourne vers
Sigrid et l’encourage à exhorter ses hommes afin de faire face au danger qui approche. Mais
la situation reste incertaine. Conrad demande aux archers de se concentrer sur Hegel. Quatre
tirs touchent leur cible mais le lieutenant et ses quatre suivants squelettiques avancent
inexorablement. Deux carreaux d’arbalète en provenance du donjon central obligent Conrad à
baisser la tête. Un rebelle est blessé. Une dernière salve de quatre tirs touche Hegel au cours
de sa progression mais le lieutenant semble impossible à arrêter. La vision toute proche,
maintenant, des squelettes décourage les derniers rebelles qui ne savent où fuir. Un vent de
panique s’empare des villageois. Conrad et Hadden organisent le repli vers le double escalier
et demandent aux archers encore en état de se battre de rejoindre ceux postés sur la
mezzanine. Conrad les accompagne. Les rebelles armés de gourdin se divisent et se placent au
milieu de chaque escalier. Hadden se place en haut des marches à gauche La porte du grand
salon vole en éclat. Le lieutenant mort-vivant pénètre dans la salle et s’avance toujours.
Conrad commande un tir nourri lorsque, enfin, hérissé de flèches, Hegel s’écroule au milieu
de la salle.

Le soulagement des rebelles n’est que de courte durée car les squelettes arrivent en bas des
marches. Deux prennent l’escalier de gauche, les deux autres celui de droite. Il faut beaucoup
de courage aux rebelles encore en mesure de le faire pour affronter ces créatures sorties de
nulle part. La mêlée dans chaque escalier est inextricable. Plusieurs rebelles tombent sous les
coups des squelettes, d’autres reculent blessés. Il devient impossible aux archers de décocher
leurs flèches, peu efficaces par ailleurs sur des os dépourvus de chair. Conrad s’empare de sa
gaffe et parvient à accrocher un des squelettes et à l’empêcher d’avancer. De l’autre côté, la
lutte est également sans merci. Hadden encourage les combattants qui éliminent un des
squelettes puis le second. Conrad, à droite, finit par disloquer le corps du squelette qu’il tenait
accroché à sa gaffe lorsque des vibrations à l’étage au-dessus jusque dans le plancher de la
mezzanine se font ressentir. Bientôt, un pas lourd se fait entendre. Une porte est défoncée à
l’étage au-dessus et des cris appelant à l’aide couvrent le bruit de grognements sourds. Tous
se demandent quelle nouvelle calamité arrive de ce côté. Le dernier squelette encore debout
est abattu lorsqu’un monstre à forme humaine dévale les escaliers. Animé d’une force
surhumaine, il casse tout sur son passage et parvient au niveau de la mezzanine. Deux rebelles
sont repoussés avec violence. Hadden descend l’escalier et remonte par l’autre. La créature
dévale les marches, se rue à travers la salle et sort dans la cour avant de disparaître dans la
nuit.

Un silence presque palpable retombe sur la salle du banquet. Chacun des survivants de cette
bataille échange un regard avec son voisin comme pour se persuader de ce qui s’est
réellement passé ici. Conrad et Hadden s’interrogent mutuellement sur le monstre qui vient de
passer devant eux et sur le sort de leurs compagnons.

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Une voix dans la cour met fin à l’accalmie. Un homme interpelle les rebelles et les somme de
sortir s’ils veulent se battre. Hadden et Conrad aperçoivent une silhouette en armure,
accompagné de quatre gardes. L’homme porte son heaume relevé mais un masque en argent
lui dissimule le visage. Conrad se tourne vers les villageois et n’en compte plus qu’une
douzaine en état de se battre, dont Hilda et Sigrid. Hadden décapite le lieutenant Hegel et
balance la tête du mort vivant dans la cour. Les quatre gardes ont un mouvement de recul et
semblent se méfier de ces intrus qui ont osé s’attaquer au château. L’homme au masque
d’argent appelle d’une voix forte la baronne, Dame Ingrid, en vain. C’est alors qu’une voix
d’homme lui répond d’une petite tour sombre située de l’autre côté de la cour, face à la salle
du banquet. C’est le baron Wittgenstein ! L’homme en armure fait quelques pas et s’adresse
au baron pour lui assurer que les gardes se battront jusqu’au bout pour chasser cette vermine
du château et protéger les siens. L’officier revient au milieu de la cour et appelle à nouveau la
baronne puis Margritte et même Kurt sans obtenir la moindre réponse.

Au dernier étage de l’observatoire, Jochen balance par la fenêtre un des rubans de Margritte
pour indiquer sa mort mais le vent le détourne de sa trajectoire. Tandis que Helmut se remet
debout et teste sa jambe, l’archer fouille Margritte et récupère un anneau à son doigt et un
collier avec, en guise de pendentif, un crâne réduit. Il trouve aussi dans un coin de la pièce un
bâton sculpté de runes.

Dans la salle du banquet, les rebelles s’organisent et sous la conduite de Conrad condamnent
un des escaliers en empilant les cadavres. D’autres trouvent un banc en guise de bélier, prêt à
être jeter du haut des marches sur les futurs assaillants. Hadden s’approche d’une fenêtre et
n’hésite pas à se nommer pour répondre au défi de l’homme au masque d’argent. Le bûcheron
explique qui il est et pourquoi lui et les rebelles, venus demander justice devant les forfaits
ignobles des Wittgenstein, se battront jusqu’au dernier. L’homme se présente à son tour. Il est
le lieutenant Döppler, capitaine de la garde, et il est hors de question pour lui de les laisser
continuer à mettre à sac le château et de menacer les membres de la famille du baron. Du haut
de l’observatoire, Jochen s’empare de son arc et ajuste l’officier. Il décoche deux tirs
splendides dont le deuxième perce le cou de l’homme, juste entre l’armure et le bas du
heaume ! Le lieutenant s’écroule mort et les quatre hommes à ses côtés se replient en
désordre.

Conrad voit là une occasion à saisir et cherche à parlementer. Il s’adresse à qui veut l’entendre
qu’il est peut-être temps de négocier. Jochen et Helmut rejoignent la salle du banquet et
racontent ce qui s’est passé de leur côté. Les rebelles reprennent espoir. Peu de temps après,
un garde se présente au milieu de la cour pour discuter avec Conrad. Le nautonier devine que
la garnison n’a plus de chef vers qui se tourner et insiste sur le peu d’intérêt pour les gardes de
continuer à se battre alors que lui et ses compagnons se sont emparés des lieux, que Margritte
est morte et que la baronne est leur prisonnière. Seule la mort est au rendez-vous d’une lutte
indécise mais sans merci. Il propose de laisser partir ceux des gardes qui quitteraient le
château maintenant. L’homme s’éloigne pour discuter avec les siens.

Il revient une demi-heure plus tard pour annoncer que les gardes acceptent leur proposition.
La garnison se rend mais demande une avance d’une heure afin d’échapper au courroux des
villageois. Conrad, alors, leur ordonne d’une voix forte de disparaître, de quitter les lieux en
laissant toutes les portes ouvertes ! Le visage des rebelles s’illumine. Les aventuriers
échangent un sourire avec Hilda et Sigrid. Le château est à eux !

26 avril 1512

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Le soleil se lève après une nuit de tumulte et d’affrontement. Malgré la fatigue, les aventuriers
et les rebelles s’emparent des lieux et investissent les différents bâtiments. Hadden envoie
Hilda et Sigrid avec trois hommes jusqu’au village annoncer la nouvelle et récupérer les
rebelles encore valides. Sur place, deux hommes se postent à l’entrée du château, deux autres
contrôlent les allées et venues au niveau du donjon central et deux autres rebelles surveillent
la baronne placée dans une des cellules des prisons.

Au milieu de la cour, les aventuriers repèrent une grille au sol, fermant une sorte de vaste
puits d’où s’échappe une odeur de putréfaction. Ils constatent que ce puits sert à jeter toutes
sortes d’immondices, baignant dans l’eau de pluie, et où surnagent des restes humains.
Quelques rebelles rassemblent les corps des gardes et des serviteurs du château pour les brûler
tandis que les villageois enterreront leurs morts au cimetière du village. Les aventuriers, de
leur côté, jettent un œil sur les documents rassemblés par Jochen dans l’observatoire de
Margritte. Les travaux de cette dernière semblaient s’organiser autour de deux axes : d’une
part, invoquer les morts et les contrôler et, d’autre part, recomposer un nouvel être vivant avec
des morceaux de morts et de vivants ! Un extrait du journal de Dangmar Wittgenstein, annoté
par Margritte, révèle qu’il existe au sein du château un petit temple de Sigmar où serait
entreposée la pierre. Quant aux différents ouvrages de dissection et autres notes personnelles
de Margritte, ils font froid dans le dos.

Les aventuriers se dirigent vers une sorte de petite chapelle et constatent qu’il s’agit bien d’un
temple consacré à Sigmar. Ils passent une porte en chêne entrebâillée et traversent un couloir
dont les fresques de l’ancien empereur sont barbouillées de peinture noire. Une autre porte
entrouverte laisse entendre une musique grinçante. Conrad passe la porte et pénètre dans la
chapelle elle-même, suivi de ses compagnons. Une impression de malaise s’empare d’eux.
Tout autour de la pièce, sont peints quatre dragons aux queues entrelacées tandis qu’en haut
des murs d’étranges flammes animent les lieux d’une lueur malsaine. Les aventuriers
comprennent qu’il s’agit là d’un temple profané, détourné de son culte originel et transformé
en une sorte de temple obscur consacré aux forces du chaos. Au fond de la pièce, se trouve un
autel sur lequel se tient une statue d’homme tenant une dague. Helmut, attiré par la musique,
semble soudain comme hypnotisé par les lieux. Il s’avance, aussitôt retenu par Jochen.
Helmut se tourne vers lui et l’embrasse sur la bouche. Hadden et Jochen entraînent le guerrier
à l’extérieur où il reprend ses esprits et demande ce qui se passe. L’archer reste avec lui
pendant que le bûcheron se dépêche de rejoindre Conrad.

Celui-ci découvre mieux la statue. Elle a été retravaillée au niveau de la tête pour présenter
d’un côté un visage d’homme et de l’autre un visage de femme. Un dessin étrange a été
rajouté sur le torse. Quant à la dague brandie par Sigmar, il s’agit en fait d’un sexe d’homme,
tandis qu’une épée ornementale traîne sur le sol. Les templiers de Sigmar crieraient au
sacrilège et à l’hérésie s’ils découvraient cette statue en ces lieux. Conrad et Hadden jettent un
œil à l’épée et découvrent des lettres gravées sur la lame sans en comprendre la signification :
« B C T O B A T M. » Les deux hommes regardent mieux autour d’eux et constatent qu’il y a
parmi la fresque un dragon principal faisant tout le tour de la salle. Les trois autres dragons,
de couleur différente, un rouge, un vert et un marron, sont entrelacés au premier mais
semblent secondaires.

Hadden étudie le socle de la statue et devine à la base de l’autel des traces de frottement. Il
grimpe sur l’autel et sonde la sculpture. C’est alors qu’il arrive à faire pivoter la tête de
Sigmar sur quelques tours quand, soudain, l’autel tourne d’un quart de tour autour d’un axe

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vertical et laisse apparaître dans le sol une volée de marches plongeant dans l’obscurité la plus
complète. Conrad allume une torche et les deux aventuriers descendent avec prudence dans
une petite pièce au sol et au plafond noirci. Ils découvrent au milieu un coffre plombé grand
ouvert mais vide ! L’intérieur de la malle est tout noir comme rongé. Dans un coin de la pièce,
Conrad trouve des gants de maille, des tenailles longues et un pilon en pierre dans lequel
subsiste une poussière, parfois grossière, de couleur rose. Il n’y a aucun doute, c’est ici que se
trouvait il y a peu la malepierre de Dangmar Wittgenstein et utilisée par Margritte, mais où
est-elle maintenant ? Les deux hommes quittent les lieux, referment le passage puis vont
retrouver leurs compagnons.

Tous les quatre se dirigent vers un bâtiment en verre et en métal d’où proviennent de
nombreux cris d’oiseaux. Jochen entrouvre la porte légèrement et jette un œil à l’intérieur
quand le silence le plus complet règne soudain dans cette espèce de volière géante. Des
oiseaux, par centaines, attendent sur leur perchoir en regardant furtivement en direction de la
porte. Jochen se garde bien d’entrer et concentre son attention sur les volatiles. Helmut recule
de quelques pas, regarde mieux le bâtiment et constate avec inquiétude quelques brèches dans
les parois de verre. Jochen, les yeux fermés, croit distinguer des voix ! Les oiseaux parlent,
chuchotent entre eux d’une voix ténue et semblent réclamer à manger ! Les aventuriers se
demandent avec un sentiment à la fois de méfiance et de dégoût quelles sortes d’oiseaux
vivent là et quelle nourriture ils ont l’habitude d’absorber. Jochen referme la porte, remettant
à plus tard ce qu’il conviendra de faire.

Les aventuriers vont ensuite vers la tour ronde d’où le baron s’est entretenu avec le lieutenant
Döppler. La construction est d’aspect noir et mal entretenu. A l’intérieur, tout est sale et usé.
Les tapis de l’entrée, élimés et rongés par la vermine, servent de refuge à d’innombrables
cafards. A l’étage, dans une sorte de salon d’étude aux murs couverts de livres, un homme est
assis à un bureau dans une chaise au dossier sculpté, tournant légèrement le dos à l’entrée. Les
aventuriers découvrent le baron Wittgenstein qui leur fait soudain face pour les accueillir. Son
visage à vif, le crâne nu, les lèvres et les paupières disparues rappellent le visage du sergent
Katz mais les aventuriers contrôlent leur peur et se présentent à lui. C’est presque avec
soulagement qu’il répond des forfaits de sa famille car il sait désormais que ce cauchemar est
fini. Hadden s’étonne mais le baron confie qu’il a été lâche et qu’il a laissé faire ses enfants
dont les projets maléfiques l’ont complètement dépassé ! L’ambition de Gothard associée aux
travaux passionnés de sa fille Margritte ont été une redoutable alliance qui a évincé le reste de
la famille. Et il n’a pas réagi devant l’horreur de ces abominations, ni en faveur de ses
villageois, ni pour défendre l’honneur de son nom !

Les aventuriers écoutent la confession de cet homme abattu, responsable de la déchéance de


sa lignée, lui, dont les ancêtres, templiers de Sigmar, se sont illustrés de par le passé au siège
de Talabheim et qui ont acquis par le sang leurs lettres de noblesse et cette terre reçue des
mains de l’impératrice elle-même. Au fond de la pièce, témoins de ce glorieux passé,
subsistent plusieurs bannières et drapeaux templiers inestimables. Hadden s’adresse au baron
pour savoir où est passée la malepierre de Dangmar, cause de tout ce malheur. L’homme a un
sourire amer. Son propre fils, ce serpent ignoble, après s’être servi des travaux de Margritte, a
dérobé la pierre lors de sa dernière visite. Le bûcheron réfléchit et se souvient d’un courrier
dans lequel Gothard faisait allusion à sa venue pour Noël. Le baron confirme. La pierre, de
couleur rose, d’une belle taille à l’origine n’a plus aujourd’hui que les dimensions d’une tête
d’homme. Les quatre compagnons réalisent avec effroi le danger que représente Gothard parti
depuis quatre mois à Middenheim avec cette pierre ! Quatre mois de retard sur les projets de
ce fou dangereux !

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Après un long silence, le baron, effondré, demande aux aventuriers la faveur d’en finir
dignement. Il ne peut répondre devant l’empereur des actes perpétrés en ces murs, c’est au-
dessus de ses forces. Les aventuriers échangent un regard, le comprennent et lui accordent le
droit de mettre fin à ses jours mais à une condition. Conrad et Hadden lui demandent de
remplir son devoir en tant que dernier baron Wittgenstein. Il ne peut en effet mourir sans
laisser une trace de ce qui s’est passé, sans écrire une lettre pour disculper aux yeux de
l’empereur les villageois de leur révolte à l’encontre d’une famille noble. Le baron acquiesce.
Il a besoin d’un peu de temps. Hadden lui confie qu’il sait lire et qu’il aimerait garder quelque
chose de lui comme le souvenir d’un homme bien, ayant enfin retrouvé la force de faire ce qui
est juste. Le regard empli de gratitude, le baron lui donne un vieux livre sur la vie de Sigmar.
Les aventuriers l’abandonnent à sa destinée. Un rebelle se poste à l’entrée de la tour.

Dans la cour, les quatre amis retrouvent Hilda et Sigrid de retour du village avec quelques
hommes en plus. Lors du départ de la garnison, un court affrontement a conduit à la mort d’un
soldat et d’un rebelle mais tous les gardes du château sont bien partis. Conrad en profite pour
avertir les deux femmes de ne commettre aucune exaction ou autre saccage. Il est hors de
question de se livrer au pillage et le nautonier leur conseille de ne pas approcher ni du temple
de Sigmar, ni de la volière aux oiseaux. Cette attitude est la seule garantie des villageois
devant l’autorité des templiers de Sigmar ou de l’empereur. Sigrid fait passer les consignes
auprès des rebelles. Les aventuriers descendent jusqu’à la grotte marine et s’installent pour
quelques heures de sommeil. Conrad veille quand Rousseau, toujours prisonnier, demande ce
qui se passe et s’insurge en apprenant la mort de Margritte avant de s’effondrer en pleurs.

Au milieu de l’après-midi, les aventuriers remontent au château et se dirigent vers la tour du


baron. Le villageois, en poste à l’entrée, a entendu une détonation mais n’a pas osé aller voir.
Les aventuriers montent les marches avec prudence jusqu’au salon. Le baron, un pistolet
encore dans la main, s’est suicidé en tenue de templier de Sigmar, assis à son bureau devant
un livre ouvert sur un passage de la vie de l’ancien héros. A côté, se trouvent deux lettres ainsi
qu’un objet, de forme carrée, enveloppé dans un morceau de tissu avec l’indication de le
remettre aux templiers de Sigmar ou à l’empereur. La première lettre, adressée aux villageois,
les libère de tout servage au service de la famille Wittgenstein, laissant à l’empereur le soin de
décider du sort de la baronnie. En effet, dans la deuxième lettre, destinée au monarque,
Ludwig Von Wittgenstein explique les fautes et la déchéance de sa famille le conduisant à
remettre le titre de sa baronnie. Conrad dévoile le paquet et les aventuriers découvrent une
pierre gravée correspondant au titre reçu en cadeau par l’impératrice Margarita.

Les aventuriers s’emparent des précieux documents puis Hadden récupère le pistolet du
baron, orné d’un pommeau, ainsi que de la poudre et une dizaine de balles. Il fouille
rapidement dans la bibliothèque et trouve une référence au siège de Talabheim où les ancêtres
du baron Wittgenstein, templiers de Sigmar, se sont illustrés.

Conrad descend au village, réunit les villageois et leur fait une lecture de la lettre du baron les
concernant. Ils sont libres ! Mais cette nouvelle ne provoque aucune explosion de joie et
suscite même une inquiétude au sujet de l’administration du village.

Au château, la baronne est toujours retenue prisonnière dans une cellule. Quant à Kurt, le fils
cadet, des rebelles découvrent des draps attachés à une fenêtre, laissant penser qu’il aurait
réussi à s’enfuir. Les aventuriers organisent les premières tâches : des provisions sont
amenées du château au village, les blessés sont soignés, les morts sont transportés au

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cimetière de Wittgendorf mais une remise en état générale s’impose. Conrad s’occupe de
remettre en marche le moulin, quand la nuit interrompt ses travaux. Jochen va faire un tour en
forêt voir si les bruits étranges et inquiétants ont disparu avec la prise du château et
l’anéantissement des Wittgenstein mais il n’en est rien ! Soudain, des craquements de
branches l’alertent du danger et un feulement se rapprochant pousse Jochen à revenir au
village. Les aventuriers passent la nuit sur leur bateau dans la grotte. Helmut reste de garde.

27 avril 1512

Après une nuit de repos, les aventuriers pensent à leur départ et chargent des provisions à
bord. Mais il n’est pas question de voyager avec Rousseau. Conrad le conduit jusque dans une
cellule différente de la baronne, libre aux villageois d’en faire ce qu’ils voudront. La baronne,
alertée par le bruit de son arrivée, interpelle Conrad qui consent à ouvrir la porte de sa cellule.
Mais cette femme déchue est pleine de rancœur et de fiel. Elle proteste violemment contre son
emprisonnement et menace encore le nautonier des conséquences de ses actes à l’encontre de
sa puissante famille. Conrad la remet sèchement à sa place : le baron s’est suicidé, Margritte
est morte et la malepierre a été volée par son propre fils Gothard. Alors, les mots puissance et
famille ont-ils encore un sens ?

Jochen n’arrive pas à se résoudre à partir sans savoir ce qui rôde dans la forêt et menace
encore le village. Il a l’idée d’une battue pour débusquer l’intrus. Les quatre amis
réfléchissent et pensent plutôt à une sorte de piège avec un appât. L’idée de proposer à
Rousseau de jouer ce rôle durant toute une nuit en échange de sa liberté fait l’unanimité. Le
docteur est ramené de cellule et, contre toute attente, accepte le marché malgré son évidente
frayeur.

Helmut fait part à Sigrid de leur projet. Celle-ci leur donne sa bénédiction et appelle deux
archers parmi les villageois pour les accompagner. Le petit groupe réunit des vivres, un peu
de matériel et s’éloigne aussitôt dans la forêt pour mettre en place le piège en question tant
qu’il fait jour. Jean Rousseau est attaché par la cheville à un arbre à l’aide d’une courte mais
solide corde. Jochen et Helmut aménagent la végétation proche de l’endroit pour limiter les
accès. Le trappeur installe ensuite plusieurs collets tandis que le colosse d’Untergeschatt
ouvre les redoutables mâchoires de son piège à ours sur un passage différent. Conrad et les
deux archers du village s’embusquent dans l’arbre au-dessus de Rousseau, Jochen et Helmut
grimpent dans un arbre à côté pour avoir un autre angle de tir et Hadden traverse une petite
clairière pour se cacher dans un autre arbre et avoir un éventuel effet de surprise ou couper
toute retraite à leur visiteur.

La nuit tombe et l’obscurité envahit rapidement la forêt. Chacun se nourrit en silence d’un
bout de viande séchée et de quelques fruits mais le temps ne passe pas suffisamment vite pour
tromper l’attente. Tous scrutent les ténèbres mais en vain. Rousseau, au pied du tronc, tremble
de tous ses membres sans qu’il soit possible de savoir si c’est de peur ou de froid.

La fatigue prend le pas sur l’inconfort de la situation quand, au cœur de la nuit, le bruit
caractéristique de branches cassées et le feulement coutumier déjà entendu alertent tout le
monde. Rousseau se lève en étreignant le tronc d’arbre et supplie les guetteurs au-dessus de
lui de ne pas le laisser là ! Jochen tend l’oreille et discerne une sorte de dialogue
incompréhensible mais qui n’a rien d’humain. Soudain, deux étranges créatures débouchent
dans la petite clairière et passent non loin de Hadden. Elles ressemblent à des rats mais de
taille humaine et de forte corpulence, se tenant debout d’ailleurs comme des hommes, et sont

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munies d’un bouclier et d’une lance. Les deux hommes rats hument l’air et s’approchent de
Rousseau, attirés par le bruit qu’il fait ! Le premier se prend le pied dans un collet et perd
l’équilibre en arrachant le piège. L’autre, derrière, pense que son compagnon a trébuché
contre une branche et se moque de lui d’un rire rauque. Depuis les arbres, la scène paraît
inimaginable devant ces deux êtres monstrueux, complices et sûrs d’eux, s’approchant encore
de Rousseau terrorisé. Les deux créatures semblent s’adresser à lui dans un mélange de
grognements et de sons gutturaux, puis font claquer leurs mâchoires comme si elles étaient sur
le point de le dévorer. Hadden, de l’autre côté de la clairière, descend silencieusement de son
arbre et guette le tir de ses compagnons embusqués pour passer à l’attaque. Rousseau est sur
le point de s’évanouir. D’un commun accord, Helmut, Conrad, Jochen et les deux villageois
décochent leurs flèches. L’effet de surprise est de leur côté mais les blessures des hommes
rats sont superficielles. Hadden, les deux mains sur sa hache, s’élance et frappe mais il rate
son attaque tout en heurtant une des deux créatures. Celle-ci se retourne et blesse le bûcheron
qui perd l’équilibre. Jochen tire encore deux fois tandis que Helmut saute au sol pour aller au
contact. Le piège à ours est dans tous les esprits car il peut être décisif et faire basculer
l’affrontement entre victoire et catastrophe. Finalement, il n’est sur le passage ni des
aventuriers, ni des hommes rats qui prennent la fuite. Il est trop risqué de les poursuivre dans
cette forêt, surtout de nuit, ainsi que d’essayer de rentrer au village. Les aventuriers ont
conscience que la situation pourrait bien se retourner contre eux si les deux hommes rats
revenaient avec des renforts ! Helmut empoigne le docteur pour savoir ce que les deux
créatures lui ont dit mais c’est la première fois qu’il voyait de pareils monstres et il ignore tout
de leur langage ! Tous se réfugient dans l’arbre et fournissent un dernier effort pour hisser
Rousseau. Une attente anxieuse commence qui ne prend fin qu’avec le lever du jour.

28 avril 1512

Aux premières lueurs de l’aube, le petit groupe de chasseurs descend de l’arbre, traverse la
clairière et prend la direction du village. Au passage, Jochen ramasse dans l’herbe un petit
morceau de tissu brun marqué d’un signe en forme de croix, déjà vu inscrit au niveau de la
tête sur le pelage des rats dans les égouts de Bögenhafen ! Hadden et Helmut s’interrogent sur
la symbolique de ce dessin et le lien qu’il peut bien y avoir entre les rongeurs de la ville
aujourd’hui dévastée et ceux rencontrés ici dans cette forêt.

Arrivés au village, les quatre compagnons vont dormir quelques heures bien méritées tandis
que Rousseau, désormais libre, récupère quelques affaires dans les décombres de sa maison et
s’en va.

En fin de journée, les quatre amis discutent ensemble pour tenter d’évaluer le temps
nécessaire à l’arrivée de leur message parti de Kemperbad en direction d’Altdorf à l’adresse
du chevalier Tasseninck. Ils en concluent que leur missive est à peine arrivée et qu’au pire ils
croiseront les templiers de Sigmar sur le Reik. Ils décident de rester quelques jours pour
s’occuper du village.

29 avril 1512

Helmut et Hadden s’entraînent le matin au maniement des pistolets et font plusieurs tirs.
Jochen, lui, passe au château et fouille à nouveau la tour de Margritte. Il récupère des lentilles
grossissantes avant de se rendre ensuite dans les appartements de la baronne où il trouve des
boucles d’oreille dans une vieille boîte à bijou. Conrad, de son côté, s’occupe du bateau. Il
sort la péniche de la grotte, referme la herse et fait le tour du navire.

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Conrad et Hadden passent l’après-midi à réparer le ponton pour lui rendre un peu d’allure et
améliorer les premières impressions d’éventuels voyageurs en quête d’une halte.

30 avril 1512

Helmut se rend à l’auberge et aide Marcuse à retaper son auberge. Le tavernier est heureux de
tous ces changements et met du cœur à l’ouvrage. A la fin de la journée, l’Etoile Filante est
devenue une taverne accueillante, le ponton est réparé et le moulin fonctionne à nouveau.

1er mai 1512

Helmut discute avec le collecteur impérial pour lui dire qu’ils l’emmènent avec eux jusqu’à
Altdorf où il sera remis entre des mains sûres. Son témoignage des événements aura toute son
importance quand l’empereur sera tenu informé de faits. Jochen et Conrad terminent leurs
préparatifs tandis que Hadden passe la journée au cimetière du village à refermer les tombes
et nettoyer les allées.

2 mai 1512

Afin d’attirer les voyageurs utilisant la route de l’autre côté du fleuve, les quatre amis
consacrent la journée à réparer et à remettre en marche le bac pour assurer la liaison avec la
route de ce côté du Reik.

3 mai 1512

Les aventuriers font leurs adieux aux villageois et quittent Wittgendorf. Conrad est à la barre
et jette un œil attentif à la carte du Reik.

4 mai 1512

Malgré un vent puissant les poussant vers le nord, l’allure de la péniche est freinée. Conrad
découvre dans la cale un point faible de la coque avec une petite voie d’eau. Cela date
visiblement du moment où la péniche s’est échouée sur un banc de sable presque sous le
château des Wittgenstein. Les aventuriers vantent les mérites de Wittgendorf à tous les
bateaux qu’ils croisent et finissent par arriver le soir à Kemperbad. Conrad et Helmut
s’occupent immédiatement du navire. La mauvaise nouvelle tombe rapidement : deux jours en
cale sèche sont nécessaires et la réparation coûte cent vingt couronnes !

5 et 6 mai 1512

Réparation de la péniche. Les quatre compagnons jouent le soir au rotzball avec des gars
travaillant au chargement et déchargement des cargaisons. La partie se termine par une bonne
bière.

7 mai 1512

La Santa Maria quitte Kemperbad. Les aventuriers naviguent toute la journée malgré un choc
avec un tronc flottant occasionnant quelques dégâts légers. Hadden peste contre le mauvais

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sort après avoir déjà dépensé une fortune pour réparer la coque. Ils font halte pour la nuit et
prennent un tour de garde.

8 mai 1512

Journée de voyage.

9 et 10 mai 1512

La tempête menace et le vent est si violent que les aventuriers restent deux jours solidement
amarrés à la berge.

11 mai 1512

Le calme est revenu sur les eaux du Reik. Les aventuriers reprennent leur navigation, quand,
peu avant midi, ils aperçoivent, remontant le fleuve, une grande galère dont la voile blanche
est ornée d’une magnifique croix de Sigmar de couleur rouge.

Conrad manœuvre pour s’approcher tandis que Helmut, d’une voix forte, se fait connaître et
demande si le chevalier Tasseninck est bien à bord. Après quelques explications d’usage, les
deux bateaux se rangent côte à côte et les aventuriers montent à bord de la galère. Ils
découvrent une quinzaine de templiers de Sigmar puis sont conduits auprès du chevalier
Tasseninck. Celui-ci les reçoit en compagnie de deux autres templiers dans une pièce
aménagée en bureau dans la cale. Hadden reconnaît l’un d’eux pour l’avoir déjà vu à Altdorf
mais le visage du second ne lui rappelle rien. L’entretien privé qui suit permet à Jochen,
Helmut et Hadden de rendre compte de leur mission. Ils relatent la mort de Günther lors de
l’affrontement avec Etelka Herzen et présentent leur ami Conrad qui les a rejoints depuis et en
qui ils peuvent avoir toute confiance. Lorsque les quatre compagnons en viennent à décrire la
piste qui les a menés jusqu’à Wittgendorf et à raconter leur action contre le château des
Wittgenstein, le templier inconnu s’emporte et demande comment ils ont osé s’attaquer à une
famille noble ! Jochen explique les circonstances puis Conrad précise qu’ils ont un témoin
digne de foi. Le chevalier Tasseninck appelle au calme ses frères templiers et propose de
poursuivre cette discussion autour d’un repas. L’ordre est donné d’accoster la berge et de
dresser un camp. Les aventuriers repassent sur leur péniche et viennent se ranger contre la
berge.

Une grande tente est montée où prennent place les quatre compagnons et leurs interlocuteurs.
La discussion reprend. Les aventuriers apportent tant de précisions sur les horreurs de la
famille Wittgenstein que les trois templiers finissent par douter et semblent accepter la vérité.
Conrad va chercher le collecteur d’impôts resté à bord de la péniche. Celui-ci confirme leur
récit. Jochen parle des hommes rats rencontrés brièvement dans la forêt autour du village.
L’un des templiers leur précise qu’il s’agit d’une race maudite vouée aux forces du chaos : les
skavens.

Les aventuriers parlent de leur rencontre avec le baron et, pour conclure leur récit, dévoilent
les documents écrits de sa main : la lettre adressée aux villageois qu’ils ont recopié et la lettre
destinée à l’empereur. Conrad dépose également devant eux la tablette de pierre gravée
correspondant au titre de la baronnie de Wittgendorf. La stupeur des templiers est évidente.
Les trois hommes sont ébahis de tenir entre leurs mains la Charte Margherita car la famille
Wittgenstein œuvrant pour le chaos est une réalité qui dépasse encore leur entendement. Les

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aventuriers leur confirment qu’ils leur remettent ces preuves mais demandent à être présents
lorsque l’empereur sera informé des événements. Les trois représentants de Sigmar prennent
conscience de l’importance de cette rencontre et du poids politique de ces informations
capitales.

Le chevalier Tasseninck, au nom des templiers de Sigmar, leur est très reconnaissant et leur
assure que leur courage et leur implication dans cette affaire mérite une large récompense.
L’empereur sera informé de leur présence et de leur mission. En attendant, le chevalier leur
remet le sceau des templiers, symbole bien plus fort que la croix de Sigmar. Ce sceau n’est à
montrer qu’en cas d’extrême danger et leur servira aussi de laissez-passer en cas d’urgence.

Le repas est servi. La discussion se poursuit tard dans l’après-midi puis les templiers doivent
délibérer quant à ce qu’il convient de faire les jours prochains. Hadden pense qu’il est
important pour eux de se rendre compte sur place et leur précise que les villageois de
Wittgendorf attendent leur venue. Puis les aventuriers se retirent sur leur péniche. La nuit
tombe.

12 mai 1512

Dès l’aube, le chevalier Tasseninck vient trouver les aventuriers. Il va se rendre en compagnie
du maître de la commanderie d’Altdorf, qui était hier le plus véhément à leur égard, à
Wittgendorf à bord de la galère templière. Pendant ce temps, il leur propose d’accueillir à leur
bord le frère Albrecht Treiber, plutôt en leur faveur, et un garde templier du nom de Corvin
Schmidt pour les accompagner jusqu’à Altdorf. Sur place, ces derniers devront informer
l’empereur et lui remettre les pièces manuscrites par le défunt baron ainsi que la Charte
Margherita. Les aventuriers sont d’accord.

Ils accueillent peu après leurs deux passagers en habit neutre et lancent leur péniche sur les
eaux du Reik. Ils naviguent toute la journée et font halte pour la nuit près d’un petit hameau
avec une auberge. Un bateau théâtre est sur place et le spectacle a déjà commencé. Jochen
jette un œil distrait tout en amarrant le bateau. Il s’agit d’une parodie mimant l’empereur
recevant son neveu venu le saluer, mais s’exprimant d’une voix de travers. Les gens rient de
bon cœur tandis que sur la péniche les deux templiers gardent un œil sévère sur la pièce en
train de se jouer. La nuit passe.

13 mai 1512

Navigation sur le Reik.

En fin de journée, une patrouille fluviale fait signe aux aventuriers de faire halte. Conrad
réduit la voilure et s’écarte du courant pour jeter l’ancre. Deux patrouilleurs fluviaux montent
sur la péniche et demandent qui se trouve à bord exactement. Un instant de doute envahit les
quatre compagnons quant à la présence incognito des deux templiers de Sigmar mais les
patrouilleurs précisent qu’ils sont à la recherche de la fille du maire de Grünburg. Elle
s’appelle Anna Hochburger, environ seize ans, brune, et a disparu récemment.

Les aventuriers, soulagés, leur assurent qu’ils n’ont croisé aucune jeune fille correspondant à
leur description. Les patrouilleurs jettent un œil rapide puis remontent à bord de leur navire et
s’éloignent.

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C’est alors qu’une jeune fille, brune, apparaît de la cale où elle s’était cachée. Elle les
remercie du fond du cœur. Helmut n’en croit pas ses yeux. Elle est bien Anna Hochburger et a
fui la vie ennuyeuse de sa bourgade en échappant à l’étroite surveillance de son père qui ne
comprend rien à son envie de liberté ! Elle a d’abord trouvé une petite troupe de théâtre puis,
hier soir, elle s’est glissée à l’intérieur du bateau pour espérer partir plus loin encore vers
Altdorf. Hadden lance un regard d’incompréhension vers le chien qui n’a manifesté aucune
réaction au moment de son intrusion. Helmut la menace de la balancer dans le Reik. Elle
sanglote qu’elle ne sait pas nager et les supplie de la garder. Elle fera la cuisine et nettoiera le
bateau s’il le faut. Les deux templiers assistent à la scène d’un air amusé mais se gardent bien
d’intervenir. Conrad et Jochen apaisent la situation. Ils l’acceptent à bord mais la
débarqueront à la première occasion. Helmut lui lance un regard noir et ajoute qu’au moindre
problème, elle débarquera aussi, y compris au milieu du fleuve. La nuit tombe.

14 mai 1512

Nouvelle journée de navigation. Les aventuriers préviennent les templiers qu’ils ont une halte
à faire à l’endroit supposé de l’ancien observatoire de Dangmar Wittgenstein. Ce lieu revêt
peut-être une grande importance pour tenter de comprendre l’histoire de cet aïeul de la famille
et découvrir ce que Gothard espère y trouver. Les deux templiers sont d’accord et paraissent
intéressés. Les aventuriers estiment pouvoir y être dès ce soir mais préfèrent ralentir l’allure et
arriver sur les lieux de jour. Ils font halte pour la nuit près d’un bateau échoué, l’Atalante.

Conrad, cette nuit là, fait un rêve étrange. Un vieil homme s’adresse à lui d’une voix sage :
« Tu aurais pu la prendre, tu sais. »

15 mai 1512

Le nautonier fait part à ses compagnons de son rêve. Les quatre amis cherchent ensemble le
sens de cette vision et de ces paroles mais en vain : de quoi s’agit-il et pourquoi Conrad ?
Jochen repense à leur exploration du cimetière de Wittgendorf lorsque Hadden, Conrad et lui
fouillaient la crypte. Tous trois ont hésité à s’engager dans une étroiture donnant sur une faille
rocheuse. Se pourrait-il qu’ils aient manqué ce passage vers un endroit important ? Rien ne
permet de l’affirmer. Le doute reste entier.

Les aventuriers sont tirés de leurs réflexions par un nouveau bateau de patrouilleurs fluviaux
s’approchant d’eux. Helmut ordonne d’un ton sec à Anna Hochburger d’aller se cacher dans
la cale. Les gardes du fleuve se contentent de poser quelques questions puis poursuivent leur
route.

La Santa Maria reprend sa course sur le Reik et arrive peu avant midi au pied d’une tour en
construction sur la berge du fleuve. Le chantier est assuré par des nains. Jadis, le lieu abritait
peut-être l’ancien observatoire de Dangmar Wittgenstein. Les aventuriers accostent et se
joignent avec Artus et les templiers aux nains en train de préparer leur repas. Helmut amène
des provisions pour les partager avec eux. Les nains sont au nombre de six et les accueille
avec plaisir. Leur chef, nommé Aynjulls, leur parle du vaste chantier d’Altdorf jusqu’à Nuln
commandé par l’empereur sur l’ensemble des tours de signalisation mais eux travaillent ici.
Ils se sont servis pour leurs fondations du large socle rocheux naturel et des bases encore en
état d’une ancienne tour en ruine n’appartenant plus à personne mais Aynjulls doute de
pouvoir finir un jour leur ouvrage. Conrad l’interroge du regard pour connaître les raisons
d’un tel pessimisme. En fait, le nain et son équipe ont rencontré beaucoup de problèmes. Ils

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étaient douze au départ. L’un d’eux est tombé malade, deux autres sont morts en tombant
accidentellement en plein jour d’un échafaudage. Et à ces mots, Aynjulls confie que lui et ses
compagnons ont de l’expérience et que les circonstances de ce double accident restent
mystérieuses. Deux autres se sont blessés ensuite et ont quitté le chantier. Enfin, Gorn a été
retrouvé mort un matin avec d’étranges traces bleues violacées sur le cou et la poitrine.
Aujourd’hui, le moral n’est pas au mieux et les travaux s’en ressentent, rien n’avance. En
écoutant son récit, les aventuriers ont la conviction d’avoir trouvé l’endroit. Tout semble
correspondre à l’ancien observatoire de Dangmar : les fondations d’une ancienne tour à côté
du Reik, la proximité du château Wittgenstein et cette impression d’une malédiction
protégeant le site !

Artus s’adresse aux nains dans leur langue, visiblement pour parler des aventuriers. Aynjulls
et les siens regardent alors les natifs d’Untergeschatt d’un air respectueux puis le chef des
nains leur sert de guide pour visiter la construction en cours. Au sommet du socle de roche,
les aventuriers aperçoivent à certains endroits la pierre taillée de l’ancienne tour. Aynjulls leur
confie que personne n’est venu ici depuis qu’ils ont commencé ce chantier. Ils font le tour de
la roche quand Jochen découvre à un endroit une inscription aux lettres entrelacées très fines
et au dessin extrêmement délié. Mais ses trois compagnons ne la voient pas. Pourtant les
lettres brillent comme enluminées par un rayon de soleil. Jochen insiste et décrit ce qu’il voit :
cela paraît très ancien, du fond des âges, peut-être de nature elfique. Tous s’interrogent mais
nul ne peut dire pourquoi seul Jochen les aperçoit.

Le petit groupe grimpe sur le promontoire rocheux et pose le pied sur un sol parfaitement
lisse, sombre et mat, d’une matière inconnue, sur lequel les nains ont érigé leur construction.
Les aventuriers arpentent le sol à la recherche d’indices ou d’un mécanisme d’ouverture mais
en vain.

La journée passe et les quatre compagnons décident de rester ici la nuit en menant un tour de
garde sur le chantier en présence du chien. Les deux templiers s’installent sur le bateau avec
Helmut et Jochen tandis que Conrad et Hadden prennent le premier tour de surveillance.

Jochen et Helmut les relèvent au milieu de la nuit. Les deux premiers guetteurs vont se
coucher à bord de la péniche et croisent l’un des templiers également en faction sur le pont.

Au cœur de la nuit, Helmut et Jochen sont alertés par le chien qui commence par grogner
avant de se mettre à gémir, effrayé par quelque chose ! Il faut même toute l’adresse de Jochen
pour attacher la laisse à une pierre et éviter que l’animal ne prenne la fuite. Les deux hommes
scrutent les ténèbres mais n’y voient rien. Ils jettent un œil vers le campement des nains
endormis puis vers le bateau mais en vain. Le danger est pourtant là et semble imminent.
C’est alors qu’une ombre plane au-dessus d’eux, accompagnée d’un vent gelé comme une
sorte de souffle glacial. Un éclair jaillit derrière Helmut et le blesse dans le dos.

Sur le bateau, le templier de garde réveille Hadden et Conrad qui sautent dans leurs bottes et
donnent l’alerte générale. Les trois hommes s’élancent en direction du danger qui menace
Helmut et Jochen. L’archer décoche deux flèches vers l’ombre qui est maintenant sur eux
mais elles passent à travers sans qu’il sache si elles occasionnent pour autant des blessures.
Helmut pointe son pistolet et tire à son tour mais le coup semble raté. La détonation déchire le
silence de la nuit mais surtout la lueur de la déflagration illumine un court instant l’obscurité
pour révéler la présence d’un spectre horrible ! L’abominable apparition vient au contact de
Helmut qui ressent un vent glacial lui étreindre la poitrine et épuiser ses forces. De si près, le

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guerrier discerne une sorte de collier autour du cou du spectre. Helmut l’attrape par le lacet de
cuir et frappe avec son gourdin d’un coup rageur à la tête. Tout autre adversaire aurait
chancelé sous la puissance du geste mais là, rien, le gourdin semble passer à travers. Dans son
élan, Helmut perd l’équilibre et arrache le collier du spectre dans l’espoir de le priver d’une
quelconque protection.

Jochen est touché à son tour par le souffle spectral, ses forces sont légèrement atteintes.
Conrad et Hadden arrivent sur place, suivis des templiers, alors que les nains émergent
seulement de leur sommeil. Conrad frappe le spectre d’une torche enflammée. Rien ne semble
l’atteindre mais la lumière engendrée permet à tous de le voir distinctement. Jochen passe un
collet autour du cou du spectre et commence à resserrer le lien de fer. Hadden, décontenancé
par un tel adversaire, cherche une autre solution que celle des armes et, poussé par une foi
qu’il ne se connaissait pas, s’écrie tout à coup : « Par la croix de Sigmar, recule spectre de la
nuit ! » Mais l’apparition n’a pas l’intention de fuir pour autant. Conrad lui assène un nouveau
coup de torche tandis que Jochen tire de toutes ses forces sur le collet. Hadden appelle les
nains à l’aide et réclame du feu. Le métal du collet semble faire son œuvre et le spectre
disparaît. Les nains arrivent trop tard avec leurs torches. Le spectre est-il mort, s’est-il enfui,
a-t-il été détruit ou a-t-il juste disparu ? Nul ne le sait mais tous cherchent leur souffle, épuisés
par cette lutte brève mais intense. Helmut se relève, les bras et les épaules marquées de traces
bleutées, puis il brandit dans sa main le collier qu’il a arraché. Au bout du lacet, oscille une
pièce en métal à cinq côtés, aussi longue qu’un doigt, mais dépourvue de toute inscription.
L’idée qu’il pourrait s’agir d’une clef s’impose à chacun.

Tous s’installent autour du feu pour attendre le lever du jour, cherchant un peu de réconfort à
la chaleur des flammes et remettant au lendemain leurs recherches.

16 mai 1512

L’arrivée du soleil réchauffe les cœurs et les corps malmenés. Les aventuriers retournent avec
les templiers vers le promontoire rocheux. L’inscription aperçue par Jochen est à nouveau
visible seulement par lui mais reste incompréhensible. Hadden, la pièce métallique dans la
main, grimpe à l’intérieur de la tour en construction et arpente le sol à la recherche d’un trou
de serrure. Soudain, le dessin d’une trappe apparaît à ses pieds et s’ouvre devant lui ! Cette
pièce de métal est bien une clef mais elle déclenche un sortilège plutôt qu’un mécanisme.

Un groupe se constitue pour descendre à l’intérieur du socle rocheux. Deux nains et l’un des
templiers accompagnent les aventuriers. Le second templier reste avec Helmut près de la
trappe pour surveiller les alentours. Hadden se glisse le premier, une torche à la main, dans
l’ouverture de la trappe. Conrad le suit aussitôt. Les deux hommes arrivent dans un couloir
circulaire et attendent le reste de leurs compagnons. Hadden et Conrad avancent un peu pour
leur laisser la place de descendre. Les deux amis constatent rapidement que ce couloir sépare
les lieux en deux parties bien distinctes. A gauche du couloir, la paroi est de pierre taillée et
comporte cinq portes dessinées sur lesquelles est représenté un arbre stylisé. Le dessin paraît
usé mais Jochen le voit brillant et argenté, sans doute de nature elfique comme l’inscription
trouvée dehors. A droite, la paroi est métallique et Hadden y repère deux sortes de poignées
diamétralement opposées ainsi qu’une ouverture pour le moment obstruée par une autre paroi
intérieure. Les aventuriers font l’hypothèse qu’ils peuvent faire tourner la paroi extérieure en
s’appuyant sur les poignées afin de faire correspondre les parois extérieure et intérieure sur
une même ouverture. Le petit groupe se divise en deux à hauteur des poignées et chacun
s’arc-boute pour pousser la paroi. Celle-ci, en effet, se met à tourner. Hadden suit l’ouverture

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de la paroi extérieure et découvre un demi-tour après une seconde ouverture dans la paroi
intérieure donnant sur une salle circulaire jusque là habilement dissimulée !

Hadden coince sa torche entre les deux parois à l’entrée de la salle quand Jochen prend
l’initiative de pénétrer à l’intérieur, une torche à la main. A la lueur des deux flambeaux, les
aventuriers découvrent sur le sol un pentacle, inscrit dans un hexagone, dont chaque sommet
comporte un dessin gravé représentant visiblement une divinité du chaos. Hadden reconnaît
parmi les symboles le motif du pendentif d’Etelka Herzen, Tzeentch, ainsi que ceux qui
ornaient les bracelets des avant-bras d’Ernst. Le templier indique qu’il s’agit de la
représentation de Khorne, il confirme Tzeentch et montre les dessins de Nurgle et de
Slaanesh. Ce sont les quatre dragons du chaos ! Les deux derniers symboles sont plus simples
et représentent un croissant de lune et une sorte de rose des vents. Jochen s’approche avec
prudence des pointes du pentacle et discerne un trou hexagonal à chacune d’elle. Ces trous
sont enduits de graisse pour faciliter l’action de clefs sur un mécanisme d’ouverture évident.
Jochen repère en effet tout autour de la pièce une nette rainure laissant deviner que le sol de la
salle peut vraisemblablement descendre plus bas. Le trappeur poursuit son observation du sol
et distingue dans la poussière des traces de pas : des chaussures grossières de gardes ou de
mercenaires et, parmi elles, celles d’une paire de bottes de cuir souple appartenant sans doute
à un homme riche.

Conrad, Jochen et Hadden constatent qu’il leur est impossible pour le moment d’aller plus
loin. Mais une chose est sûre, la clef demandée à Etelka par Gothard Wittgenstein existe bel et
bien comme un objet réel. Il faut même six clefs pour ouvrir la salle secrète de Dangmar
Wittgenstein. Hadden fait la supposition que Gothard en possède déjà cinq et qu’Etelka n’a
pas trouvé la sixième, sinon comment expliquer la fouille infructueuse des aventuriers ?

Le petit groupe quitte la pièce centrale et s’intéresse aux portes stylisées de la paroi de pierre.
Soudain, la clef pentagonale au sortilège surprenant fait son œuvre entre les mains de Hadden.
La porte devant laquelle il se trouve s’efface d’un seul coup pour laisser apparaître un couloir
avec trois portes. Les murs sont couverts d’inscriptions mathématiques. Les nains décident de
sortir de l’édifice tandis que le deuxième templier laisse Helmut de garde près de la trappe
pour rejoindre le petit groupe d’explorateurs. Hadden s’avance dans le couloir et se sert de la
clef pour franchir la première porte sur la gauche. La lumière de sa torche montre une sorte de
bureau lorsque, soudain, un squelette jaillit de l’ombre et se jette sur le bûcheron. Jochen et
Conrad arrivent à la rescousse quand un second squelette attaque un des templiers. Comme un
signal marquant leur intrusion, les aventuriers voient toutes les portes s’ouvrir, libérant ainsi
d’autres squelettes.

Le premier squelette est abattu mais trois autres se jettent dans la mêlée. Conrad est attaqué
par derrière mais Jochen vient aussitôt à son aide. Hadden sort de la pièce et surprend un
squelette qu’il brise en deux d’un coup de hache. Les templiers dans la pièce à côté ont fort à
faire. Hadden rentre dans la pièce en force, évite un coup d’épée de justesse et frappe un
nouvel adversaire. Les efforts conjugués des templiers viennent à bout d’un des squelettes
quand, Hadden blessé, est assailli par trois autres. Le bûcheron, déchaîné, en fracasse un en
plusieurs morceaux puis les templiers arrivent à son secours. Dans la première pièce, Jochen
prend au piège l’un des squelettes avec un collet tandis que Conrad crochète le fer de sa gaffe
aux vertèbres du même adversaire. Le squelette, écartelé, se brise et tombe mort au sol.
Hadden, d’un coup magistral, élimine le squelette suivant mais un templier est touché. Jochen,
puis Conrad, à son tour, sont blessés mais les deux hommes font face et abattent le dernier
assaillant de cette pièce. Hadden, blessé à nouveau, se jette sur le dernier squelette encore

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debout et lui brise le crâne ! Le silence succède au tumulte quand la voix de Helmut résonne
dans le souterrain et s’inquiète de ce qui se passe. Conrad le rassure. Tout le monde est vivant.

Les aventuriers poursuivent leur exploration et découvrent les différentes pièces successives.
L’une d’elles est une sorte de petit laboratoire, contenant toutes sortes de roches et de
minerais. Le plus grand désordre règne là au milieu d’étagères tombées au sol, d’un lutin
renversé et de quelques livres par terre. Des formules ésotériques sont écrites dans tous les
sens sur les murs et le chaos lui-même semble avoir trouvé demeure en ces lieux. Un livre
relié de cuir, par terre, attire leur attention. Sur la couverture, est inscrit un grand N à la craie
et un marque-page relève une page particulière avec un poème.

C’est alors que Jochen repère autour du cou d’un des squelettes, une clef en métal de forme
hexagonale cette fois. Les trois amis fouillent l’ensemble des dépouilles et récupèrent cinq
clefs ! Hadden exulte en pensant à Gothard dépossédé, lui qui misait énormément sur la
mission d’Etelka pour trouver la sixième clef qui lui manquait. Jochen rassemble les clefs et
s’en va les essayer sur le pentacle de la salle circulaire sous le regard curieux de ses
compagnons. Sa première tentative ne donne rien. Au second essai, il obtient le déclic d’un
mécanisme, provoquant la méfiance générale, mais il ne se passe rien. Bien qu’il n’y ait
aucune indication sur les clefs de métal, Jochen pense que chacune d’elle correspond à un
symbole précis et poursuit avec obstination ses recherches. Les deux templiers restent avec lui
tandis que Conrad et Hadden finissent d’inspecter les lieux. Ils découvrent différents portraits
des Wittgenstein dans une des pièces, trouvent plus loin plusieurs parchemins, un calepin
rempli de formules mathématiques, quelques notes personnelles et différentes cartes précises
des provinces de l’empire. Sur l’une d’elles, des repères géographiques annotés correspondent
à l’expédition de Dangmar à la recherche de la malepierre dans les collines stériles. La pièce
suivante est une grande bibliothèque mais ils ne sont pas les premiers à la découvrir. La
plupart des livres sont marqués d’un N et il manque de nombreux ouvrages. La dernière porte
donne directement sur l’extérieur et le fleuve en contrebas.

Conrad et Hadden rejoignent Jochen qui a établi au fur et à mesure un ordre précis du
placement des clefs dans leur trou. Sa dernière tentative provoque un déclic à chaque clef
dans son logement mais il en manque une, correspondant au symbole de la rose des vents !
Conrad se voit un bref instant partir dans les collines stériles à la recherche de cette maudite
clef. Hadden s’avance alors dans la pièce et, à plat ventre au-dessus du trou de serrure, souffle
sur l’orifice, mais en vain. Jochen met alors à exécution une idée remarquable : il reprend la
première clef et la place dans le dernier trou resté vide ! Un sixième déclic retentit et, aussitôt,
le sol de la salle se met à descendre ! Tous se placent à l’intérieur de la pièce pour profiter de
la descente et poursuivre leur exploration. Hadden n’en revient pas de l’erreur de Gothard qui
cherche une sixième clef qui du coup n’existe probablement pas. Il jubile en pensant au temps
et aux moyens perdus par l’aîné des Wittgenstein. Le large pilier, sur lequel ils se trouvent,
descend jusqu’au sol de terre battue d’une petite crypte d’où partent six couloirs ! Les cinq
hommes descendent de leur plate-forme de pierre parfaitement ajustée avec le sol de terre et
s’approchent des couloirs. Ils sont de courte distance et mènent chacun à une petite salle
apparemment vide. Le doute s’empare des aventuriers mais Conrad repère une fresque gravée
sur l’un des murs près d’un couloir. Le dessin représente un double dragon avec deux têtes,
l’une dirigée vers le soleil, l’autre vers la lune. Jochen s’avance dans le couloir et découvre
dans la pièce un grand coffre en bois posé verticalement avec sur le dessus un deuxième
coffre plus petit.

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Le trappeur de la forêt ouvre le coffret du dessus mais n’y trouve que des parchemins abîmés
sans grande valeur. Jochen crochète alors la serrure du plus grand coffre et découvre un
intérieur capitonné avec un coussin par-dessus. Malgré la mise en garde de Hadden, peu
rassuré, l’archer soulève le coussin à l’aide d’un bâton. Il aperçoit alors un œuf d’une taille
incroyable et décrit aux autres sa trouvaille ! Ses compagnons s’approchent et constatent
comme lui les dimensions inhabituelles de l’œuf. Tous pensent qu’il s’agit d’un œuf de
dragon. Jochen pose sa main dessus mais le contact est froid. Les templiers n’en reviennent
pas et parlent d’une découverte fantastique quand les aventuriers se demandent ce qu’il
convient d’en faire. Jochen reprend le premier coffret qui lui semble plus lourd que
d’apparence. Il trouve rapidement un tiroir caché et en sort un vieux livre de quelques pages
avec des annotations à la main. Les templiers pensent qu’il est indispensable de ramener ce
trésor à l’empereur mais les aventuriers attirent leur attention sur les risques encourus. Cette
découverte est-elle vraiment bénéfique dans le contexte actuel ? Pourquoi sortir cet œuf de ce
lieu et l’exposer inutilement alors qu’ils sont les seuls désormais à avoir les clefs et peuvent
revenir quand ils veulent ? La prudence l’emporte et les deux templiers se rangent à l’avis de
leurs compagnons présents mais préviennent qu’ils informeront l’empereur de cette
découverte. Jochen garde le livre trouvé et tous prennent le chemin du retour. Un mécanisme
est trouvé pour remonter au niveau supérieur quand, soudain, Helmut donne l’alerte et hurle
qu’un dragon, apparu à l’horizon, fonce maintenant vers la tour !

Les nains à l’extérieur sont figés par la surprise et seuls deux d’entre eux prennent la fuite.
Helmut aussi est saisi par la peur et reste caché derrière un bout de mur au niveau du sommet
du socle rocheux. Conrad et Hadden pensent à la cible que représente leur péniche et
craignent de tout perdre. Ils se précipitent à l’extérieur par la porte donnant directement sur le
Reik. Hadden fonce vers le bateau quand Conrad s’empare de son arc. Malheureusement, il a
laissé à l’intérieur son carquois de flèches lors de l’affrontement avec les squelettes. Jochen et
les templiers restent à l’abri dans le souterrain de Dangmar, persuadés que leur découverte de
l’œuf est la cause de cette attaque.

Le dragon, de couleur rose pâle, vole maintenant à toute vitesse au-dessus des lieux. Hadden
court, appelle Artus et plonge au sol. Un jet puissant de flammes balaie l’étendue entre le
campement des nains et la tour. Deux d’entre eux sont brûlés gravement quand Hadden n’est
touché que légèrement. Mais le bûcheron a laissé beaucoup de forces contre les squelettes et
son état est inquiétant. Conrad récupère ses flèches, ressort rapidement et fait le tour du socle
rocheux. Le dragon est déjà loin mais il amorce un demi-tour laissant deviner une deuxième
attaque. Un nain se dirige vers la berge du fleuve, deux autres fuient vers le bois environnant
quand Jochen et les templiers décident d’aller chercher l’œuf et, puisque qu’il est
vraisemblablement l’enjeu de cette intervention du dragon, de le prendre en otage en
menaçant de le briser.

Sur la péniche, Artus, tenant le chien en laisse, et Anna apparaissent sur le pont. Ils
descendent sur la berge et, sur l’ordre de Hadden, foncent vers la tour. Le bûcheron se relève,
les croise et arrive au bateau. Il se précipite dans la cale, récupère le sceau des templiers et
assomme le collecteur d’impôts pour le transporter sur ses épaules.

Dehors, Conrad tente un tir lointain mais en vain. L’arrivée du dragon est imminente. Devant
le danger grandissant, Artus renonce à aller jusqu’à la tour et bifurque vers les arbres pour se
mettre à couvert. Anna reste sur place et se campe solidement sur ses jambes brandissant entre
ses mains le pistolet d’Helmut qu’elle a pris dans ses affaires dans le bateau. Elle arme son

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coup, tire et manque sa cible. Conrad décoche une nouvelle flèche mais en vain. Helmut ne
parvient pas à surmonter sa peur.

Lorsque Hadden réapparaît sur le pont du bateau, la scène qui se déroule sous ses yeux est
hors du commun. Les deux templiers transportent le grand coffre contenant l’œuf, couverts
par Jochen. Ils sortent de l’ancien observatoire et se dirigent en courant vers le bois. Anna,
imperturbable, réarme le pistolet au milieu du champ de bataille. Le dragon aperçoit l’œuf et
dans un battement d’ailes épouvantable se pose derrière Jochen et les templiers, arrivés à la
lisière de la forêt. Les trois hommes s’enfoncent parmi les arbres. Un coup de queue du
monstre tue un nain sur place. Les templiers progressent encore dans le bois quand Jochen
encoche une première flèche. Il blesse le dragon puis décoche aussitôt une seconde flèche qui
atteint également sa cible ! Anna, placée sur le côté, pointe le pistolet vers le flanc du monstre
et exécute un tir magistral. Le dragon, touché au cœur, vacille et s’écroule mort !

Les aventuriers n’en reviennent pas. Le dragon gît sur le côté dans un silence étrange. Les
templiers reviennent vers eux avec le coffre contenant l’œuf. Tous sont d’accord pour le
laisser à l’intérieur de l’observatoire. Jochen les accompagne jusqu’à la crypte puis tous les
passages sont refermés. Par prudence, les quatre compagnons se répartissent les clefs. L’une
d’elle est donnée à Artus, tout fier de cette marque de confiance. Hadden tranche la tête du
dragon avec l’aide des nains afin de la ramener comme preuve à Altdorf. Les aventuriers
récupèrent chacun une griffe du dragon comme trophée. Conrad en offre une à Anna pour son
tir splendide. Elle lui confie qu’un de ses anciens amants lui a appris à tirer. La jeune fille
rend son pistolet à Helmut. Jochen récupère aussi une dent de dragon qu’il range
soigneusement. Hadden pense brûler la dépouille du dragon mais les templiers s’y opposent.
Ce sont des créatures que l’on n’a pas vu depuis des millénaires au point qu’on parle d’eux en
termes légendaires comme s’ils n’avaient jamais existé. La présence de l’œuf et la venue d’un
dragon sont des événements d’importance qu’il convient de rapporter et auxquels il faut
réfléchir avant de commettre l’irréparable. Les nains ne veulent plus rester ici et font part à
Conrad de leur désir d’embarquer avec eux jusqu’à la capitale. Le nautonier pense que la
Santa Maria est assez grande pour transporter tout le monde quelques jours. Chacun récupère
ses affaires puis tous s’installent à bord pour la nuit.

17 mai 1512

Navigation. A la fin de la journée, la péniche passe non loin du château de Reikgard où


séjourne le neveu de l’empereur.

18 mai 1512

Journée sur le Reik.

19 mai 1512

Les templiers viennent trouver les quatre amis et leur font part de leur inquiétude. Les
événements de ces derniers jours sont au-dessus de leurs compétences à tous et ils se
demandent comment Anna Hochburger va vivre son exploit personnel. Que va-t-elle dire une
fois à Altdorf ? Que va-t-elle faire ? Alors qu’une extrême prudence serait nécessaire, ils
craignent que la nouvelle ne se répande comme une traînée de poudre si chacun commence à
se vanter d’avoir tué un dragon. Comment réagira alors la population de la ville ? Nul ne peut
le dire. Les aventuriers les rassurent. D’abord, la tête du dragon sera plus discrète en la

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déposant dans la cale, dissimulée aux yeux de tous. Ensuite, les quatre compagnons leur
promettent de garder pour eux les événements en question. Ils renoncent à leur moment de
gloire auprès de l’empereur mais tiennent juste à ce qu’il soit informé de leur rôle à
Wittgendorf. Quant à Anna, Conrad annonce qu’il se charge de la dissuader de toute
vantardise inutile. Les templiers sont soulagés. D’après eux, il existe seulement quatre
dragons. Ce sont les divinités du chaos, mais la présence de cet œuf crée le doute sur le
nombre exact des dragons. Malheureusement, l’empereur nie tout cela en bloc depuis des
années et les templiers luttent seuls dans l’ombre contre les ennemis de l’empire. Les
aventuriers proposent de cacher la tête du dragon dans une très grosse barrique que les
templiers récupèreront à la nuit tombée comme une simple livraison en même temps que le
collecteur d’impôts qui doit être soigné dans les meilleures conditions. Les deux templiers
donnent leur accord.

La nuit tombe et la péniche est amarrée à la berge. Conrad va trouver Anna et la met en garde
contre les conséquences de son geste. Elle le regarde, étonnée, et attend ses explications. Le
nautonier lui confie qu’elle a tué un dragon, une créature très rare, et que certaines personnes
haut placées pourraient le lui reprocher. La jeune fille s’insurge en clamant qu’elle leur a
sauvé la vie à tous ! Conrad acquiesce mais on ne tue pas un dragon impunément et le
meilleur moyen d’éviter un procès est de n’en parler à personne ! Le batelier sent la jeune fille
hésiter et insiste sur la nécessité d’une discrétion absolue. Il lui confie qu’il est préférable
qu’elle suive sa propre route désormais, Altdorf n’est plus loin, elle a atteint son but. Il lui
demande de lui remettre la griffe de dragon et lui propose de la débarquer ici avant la ville.
Anna lui remet son trophée et rassemble ses quelques affaires. Conrad lui remet vingt
couronnes puis la jeune fille quitte la péniche.

20 mai 1512

La Santa Maria arrive le soir à Altdorf. Conrad vient amarrer le bateau sur un des quais
attenants à la grande place marchande de la ville. Une foule importante est présente pour
assister à la lumière des torches à une sorte de parade militaire au milieu des cris et des
encouragements des badauds. Parmi les spectateurs, quelques riches bourgeois assistent aux
différentes manœuvres, dont une femme qui jette une bourse aux pieds du capitaine
commandant la troupe. Les aventuriers jettent un œil distrait à toute cette agitation lorsque des
chants retentissent et attirent leur attention. Ils les ont déjà entendus à Bögenhafen lors de la
mort du petit prince Tasseninck lors du tournoi et se demandent ce qui se passe.

Les deux templiers quittent la péniche pour rejoindre leur commanderie. Les nains s’en vont
également et se dispersent parmi la foule. Un hobbit arrive alors sur le pont pour mesurer le
bateau et encaisser la taxe portuaire. Hadden lui montre le passe Saint Kristof et ne règle
qu’une couronne d’or pour la nuit.

Un peu plus tard, des templiers en habits neutres viennent prendre livraison de la grosse
barrique contenant la tête de dragon. Ils emmènent également le collecteur d’impôt sur un
brancard de fortune et prennent avec eux un courrier de la part des aventuriers destiné à leur
supérieur pour une entrevue avec eux. Sur la place, les soldats de la parade ont fini leur défilé
et montent à bord d’une galère sous les acclamations de la population. Helmut en profite pour
demander aux templiers qui sont ces hommes et les raisons d’un tel désordre. Ce sont des
mercenaires Tiléens qui partent en mission calmer les incidents de frontière grandissants
depuis la mort du prince Von Tasseninck entre le Talabecland, Ulricain, et l’Ostland,
sigmarite et désormais sans héritier !

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Les templiers s’éloignent sous le regard des aventuriers se demandant s’ils doivent s’inquiéter
au sujet de ces incidents frontaliers et des conséquences qu’ils pourraient avoir si la situation
venait à empirer. Les quatre hommes, à nouveau seuls à bord avec Artus, passent la nuit sur la
péniche et prennent un tour de garde.

21 mai 1512

Conrad et Helmut se rendent à la capitainerie, rencontrent Albretch Ditzgen et lui


remboursent l’argent avancé il y a deux mois de cela maintenant pour les réparations de la
péniche. A leur retour, Jochen et Hadden vont ensuite au marché dont l’entrée coûte une
couronne. Ils y vendent le reste de leurs fibules et les quatre services en faïence de
Kemperbad, le tout pour cent trente cinq couronnes. Ils vont ensuite aux entrepôts pour
acheter une nouvelle cargaison de bière, quarante tonnelets de vingt litres. Le reste de la
journée est consacrée au chargement quand, en fin d’après-midi, un templier vient trouver les
aventuriers et prétexte un problème avec la cargaison de la veille pour leur demander de le
suivre. Les quatre compagnons confient la péniche à Artus et emboîtent le pas à leur guide. Le
templier se fait prudent et multiplie les détours jusqu’à une petite porte dérobée de la
commanderie. L’homme les mène à travers différents couloirs à la petite salle capitulaire où
cinq templiers en tenue les reçoivent avec bienveillance.

Malheureusement, en l’absence du grand maître templier parti en compagnie du frère et


chevalier Tasseninck à Wittgendorf, le responsable actuel de la commanderie n’a pas de
grandes nouvelles à leur annoncer. Lui et ses compagnons ont longuement réfléchi la nuit
dernière sur les récents événements. Un entretien avec l’empereur paraît difficile et l’exploit
concernant la mort du dragon pourrait même être tourné en ridicule. Le templier leur fait pour
la première fois une confidence étonnante. Il leur confie que l’empereur subit l’influence de
nombreuses personnes à la cour et parmi elles, des agents du chaos. Quant à l’œuf, c’est une
décision stratégique de savoir s’il faut l’ouvrir, le détruire ou l’étudier. Décision qu’il ne peut
prendre seul, surtout en l’absence du maître ignorant les faits. C’est pourquoi il pense qu’il est
préférable que les aventuriers conservent avec eux les clefs de l’observatoire le temps qu’une
décision soit prise en connaissance de cause. Elles seront plus en sécurité avec eux qu’au sein
même du temple car une infiltration est toujours possible même s’il y croit peu. D’autre part,
le temple risque d’être engagé en Ostland pour surveiller la frontière. Le duc du Talabeicland
a fait énormément d’efforts pour s’excuser et apaiser les choses mais il semblerait que
quelqu’un trouve un intérêt à attiser cette histoire malheureuse. Helmut se souvient du
commentaire de certains badauds qui avaient précisé lors du tournoi à Bögenhafen que
l’adversaire du prince avait visé la tête. Intention réelle, manipulation ou résultat d’un
sortilège, nul ne peut le dire pour l’instant. Les choses pourraient être plus compliquées que
prévu et cette histoire de dragon est malvenue. A leurs connaissances et selon la légende, il
existait, avant la mort de celui affronté dernièrement, quatre dragons. La présence de cet œuf
dans la crypte de l’observatoire interroge. Ils ne peuvent dire avec certitude qu’il n’y a pas
d’autres œufs ailleurs et, du coup, le nombre de dragon aujourd’hui leur est inconnu.

Les aventuriers se demandent quoi faire désormais. Ils précisent aux templiers les différentes
pistes qu’ils ont remontées et les réseaux qu’ils ont éliminés, que ce soit Yohannes Teugen,
Etelka Herzen ou encore Margritte et la famille Wittgenstein. Le danger pour l’empire leur
semble imminent et surtout là où on ne l’attend pas : un dragon rase la ville de Bögenhafen,
des gobelins attaquent les fermes à Grissenwald, des skavens rôdent dans la forêt autour du

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village de Wittgendorf, jusqu’à cet œuf de dragon trouvé dans la crypte d’un observatoire en
ruine !

L’unique lien avec tous ces éléments réside en la personne de Gothard Wittgenstein. C’est la
seule piste que possèdent encore les aventuriers. Ils savent qu’il séjourne à Middenheim et
obéit aux ordres d’une mystérieuse main, cellule supérieure vouée au chaos, pour laquelle il a
été jusque là un intermédiaire précieux avec Etelka Herzen et le marchand Teugen pour
exécuter les basses œuvres.

Hadden précise que Gothard est parti à Middenheim avec une partie importante de la
malepierre de son aïeul et nul ne peut dire ce qu’il est capable d’en faire. Le bûcheron
explique que quelques petits fragments de cette roche ont suffi à invoquer le dragon au-dessus
de Bögenhafen. D’ailleurs, Hadden fait remarquer que le drame est arrivé lors de la
Schaffenfest quand de nombreux visiteurs, marchands et autres badauds étaient en ville. Il se
tourne vers les templiers pour savoir si une fête identique a lieu à Middenheim. L’un d’eux
explique qu’il existe un carnaval important qui a lieu vers la mi-juin, au solstice d’été. Les
aventuriers sentent l’urgence à se rendre sur place et s’emparer de Gothard. Les templiers
souhaiteraient le prendre vivant pour l’interroger et précisent que c’est une mission difficile.
La première commanderie templière se trouve ici à Altdorf et les aventuriers ne pourront
compter que sur eux-mêmes. Le sceau templier ne leur sera d’aucune utilité, pire, il pourrait
être source de problème en terre ulricaine !

L’entrevue prend fin. Les aventuriers rentrent au bateau. Artus est toujours de garde. La nuit
est tranquille.

22 mai 1512

Au matin, un jeune templier d’une quinzaine d’années arrive près de la péniche et informe
Conrad déjà sur le pont que la commanderie a une grosse livraison de vin et de tissu à faire
dans le nord à maître Eppledorfer situé à Delbertz. Les aventuriers restent méfiants mais
donnent finalement leur accord. Une heure après, un chariot arrive pour charger la cargaison
sur la péniche. Il s’agit de cinquante piles de lin blanc et rouge et de douze caisses de douze
bouteilles de vin chacune. Conrad fait l’inventaire précis, établit un reçu pour ces produits de
qualité et paye cent vingt deux couronnes aux templiers. Il est d’usage que le transporteur se
paye au moment de la livraison et les aventuriers comptent bien faire un petit bénéfice.

Conrad lève l’ancre en fin de matinée sous un temps orageux. Les aventuriers passent une
première journée sur le Talabeic et s’arrêtent le soir près du village de Konig. Hadden reste à
bord tandis que ses compagnons vont acheter des provisions pour leur périple et vendent à
l’auberge six tonnelets de bière.

23 mai 1512

L’absence de vent oblige les aventuriers à rester à Konig. Helmut se renseigne auprès du
forgeron du village. Il veut confectionner un coutelas avec sa griffe de dragon et a besoin d’un
manche pour le tenir correctement en main. L’homme, derrière sa forge, observe avec
curiosité la griffe sans savoir ce dont il s’agit mais pense pouvoir réaliser l’objet demandé. Il
fixe rendez-vous le soir à Helmut.

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Jochen va à l’auberge et demande si le gibier est abondant dans les bois environnants. Il est
normalement interdit de chasser mais tout le monde le fait. Helmut reste sur la péniche avec
Artus tandis que les trois autres partent à la chasse. Au cours de la journée, le jeune nain fait
une confidence à Helmut : en voyant les nains à l’observatoire, pas une seule seconde il n’a
pensé à partir avec eux ! Une véritable confiance s’établit entre eux deux.

Les trois chasseurs rentrent le soir après une belle journée avec un petit chevreuil et deux
lapins et se promettent un festin pour le repas. Helmut se rend à la forge et récupère sa griffe
de dragon, munie d’une belle poignée en cuir à laquelle le forgeron a ajusté une dragonne
pour ne pas perdre le couteau en cas de chute ou de combat.

24 et 25 mai 1512

Conrad vérifie les cordages. Les aventuriers profitent d’un vent favorable pour naviguer deux
jours de suite, faisant halte pour la nuit d’abord au village de Gelderit, puis près de la berge.
Le soir du deuxième jour, Helmut fabrique une fronde pour Artus et lui apprend à s’en servir.

26 mai 1512

Journée de navigation. Conrad évite avec adresse des hauts fonds. Nuit près de la berge.

27 mai 1512

Le vent n’est pas suffisant pour remonter le courant. Les aventuriers suivent l’avis de Conrad
et restent sur place.

28 mai 1512

Les aventuriers lèvent l’ancre et atteignent vers midi le confluent avec la Delbe. Ils remontent
le fleuve plus étroit vers Delbertz.

29 et 30 mai 1512

La péniche reste bloquée deux jours sans vent.

31 mai 1512

Journée de voyage. Les aventuriers croisent une péniche venant de Delbertz. Conrad se
renseigne sur les fonds en amont. Nuit près de la berge.

1er juin 1512

Pas de vent. Les aventuriers en profitent pour se mettre d’accord sur les circonstances de la
mort de Günther et la nature de leur voyage à Bögenhafen où leur compagnon aura
malheureusement péri dans l’incendie de la ville.

2 juin 1512

La péniche arrive le soir à Delbertz. Comme à l’accoutumée, des gamins accueillent le bateau
en courant le long du quai mais l’effervescence est totale quand ils aperçoivent la haute

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silhouette d’Helmut. Ils se répandent dans le quartier du port comme une volée de moineaux
en criant à tout va le retour du colosse d’Untergeschatt ! Un petit attroupement de curieux se
forme sur le quai. Des sourires encourageants se mêlent à des regards hautains en découvrant
la Santa Maria. Les aventuriers mettent pied à terre et saluent quelques visages familiers. La
question fuse presque aussitôt : « Et Où est Günther ? » La nouvelle de sa mort à Bögenhafen
attriste la petite assemblée quand une vingtaine de gamins surgit sur le quai en scandant le
nom d’Helmut ! Certains l’apostrophent et lui reprochent d’être parti. Klauss le boulanger a
pris sa place dans l’équipe de rotzball. C’est un gros qui ne sait pas courir et l’équipe subit à
chaque rencontre l’humiliation de la défaite. Helmut est entraîné vers la taverne où il devient
l’objet de nombreuses discussions et le centre d’intérêt de quelques admiratrices.

Pendant ce temps, Conrad va rendre visite à sa famille tandis que Jochen et Hadden restent sur
le bateau.

A la taverne, après avoir discuté avec tous, bu quelques bières et renvoyé chez elles les plus
jeunes, Helmut finit par faire la connaissance d’une jeune fille du nom d’Altea, dix neuf ans,
qu’il n’a jamais vue auparavant. Elle est arrivée récemment à Delbertz où son père répare des
péniches. Helmut lui propose de visiter la Santa Maria et finit la nuit avec elle dans la cale au
milieu des piles de lin. Conrad rentre au bateau et ramène des provisons.

3 juin 1512

Les aventuriers se rendent chez maître Eppledorfer, un des plus gros négociants de la ville, et
lui annoncent l’arrivée de sa cargaison. L’homme les paye cent soixante cinq couronnes et
arrange avec son intendant la livraison.

Les aventuriers rendent visite ensuite à Hieronymus Blitzen. Le vieil homme, toujours
considéré comme un peu fou, habite une belle maison située à l’extérieur de la ville. Un
serviteur les conduit jusqu’à un salon où le vieux sage les reçoit avec joie. Mais son
enthousiasme est de courte durée lorsqu’il constate l’absence de Günther et la présence de
Conrad qu’il ne connaît pas ! Il s’emporte, furieux, dévisage Conrad en lui demandant qui il
est. Le nautonier lui répond sincèrement et tente de calmer Hieronymus Blitzen, en vain. Le
vieillard se moque même des bateliers qu’il considère comme des voleurs. Conrad décide
d’attendre dehors et sort de la maison. Le vieil homme se tourne vers les trois autres comme
s’ils avaient trahi sa confiance en introduisant chez lui un inconnu ! Il réitère sa question au
sujet de Günther. Les trois compagnons sont saisis par une telle colère mais Jochen rompt le
silence et confie au sage la mort de leur ami. Hieronymus Blitzen laisse retomber ses mains
sur la table et murmure qu’il s’en doutait. Les trois hommes lui expliquent alors leur périple
jusqu’à Bögenhafen et leur découverte d’une organisation vouée au chaos qu’ils ont
combattue sans cesse depuis. Le vieil homme comprend les circonstances de la mort de
Günther et souhaite un jour se rendre sur sa tombe. Puis il demande aux aventuriers s’ils l’ont
aperçu lors de leur passage à Bögenhafen. Jochen et Hadden acquiescent et la discussion
reprend au sujet des dragons. Ils ont vu Nurgle en effet et ont besoin d’en savoir plus. Hadden
part chercher Conrad qui retrouve le petit groupe sous l’œil noir de Hieronymus Blitzen. Il y
avait jadis quatre dieux : Nurgle le pestilent, brun vert, symbolisant la maladie, la peste et la
putréfaction de la mort, Slaneesh le luxurieux, rose, adepte du plaisir, de la chair et des orgies,
Khorne le destructeur, noir, représentant la destruction permanente et objet de culte de
plusieurs sectes d’assassins, et enfin Tzeentch, le changeur, sans doute le plus fort des quatre
dragons, de couleur pourpre, il souffle le chaos lui-même et arrête le temps.

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Hadden prend la parole et confie qu’ils ont sans doute tué Slaneesh au moment de leur
découverte d’un œuf de dragon. Hieronymus Blitzen, incrédule, se moque de lui. Les
aventuriers exhibent alors les griffes qu’ils ont prises sur la dépouille du monstre. Jochen
montre même la dent qu’il a récupérée. Hieronymus commence à les croire mais détourne les
yeux. Il ne veut pas voir ces trophées car il craint de convoiter leur pouvoir pour son usage
personnel. Lui, en effet, saurait quoi en faire s’il les possédait et la tentation pourrait être trop
forte. Quant à l’œuf, il pense qu’il faudrait le détruire !

Une nouvelle altercation avec Conrad provoque de la part du vieil homme un flot de critiques
et un manque de confiance évident qui pousse le nautonier à quitter la demeure. Il fait signe
aux autres qu’il retourne sur la péniche. Hieronymus Blitzen est plongé dans ses pensées mais
il marmonne pour lui à haute voix. Il a senti les événements de Bögenhafen. Il sent la magie
mais pas la perversion des hommes. Pour lui, quelque chose a changé. Jochen sort une fiole de
ce liquide rouge inconnu qu’il conserve par devers lui depuis le guet-apens tendu à Etelka
Herzen et demande au vieil homme s’il sait ce que c’est. Le vieux sage s’empare de la fiole et
boit son contenu d’un trait sous les yeux effarés des trois compagnons. Hieronymus s’exclame
qu’il n’a jamais rien bu d’aussi réconfortant. Helmut, jusque là discret et peu enclin à en dire
trop, n’en croit pas ses yeux et appelle le vieillard à la prudence. Il sort son bocal en verre et
montre la bave pestilentielle de Nurgle récupérée à Bögenhafen. Hieronymus Blitzen est
intéressé et en prend un échantillon avec précaution.

Jochen lui parle alors des caractères, sans doute elfiques, qu’il était le seul à apercevoir au
pied de l’observatoire de Dangmar Wittgenstein. Le vieil homme sourit d’un air entendu et
reste mystérieux. Il précise juste que c’est leur destin de mener à terme ce voyage commencé
à Bögenhafen mais nul ne peut dire quels chemins ils devront emprunter dans cette lutte
titanesque avec les forces du chaos. Le vieil homme dévisage Hadden et lui demande si les
trois hommes lui ont tout dit ou s’ils lui cachent quelque chose. Le bûcheron soutient
péniblement son regard et évoque leur attaque du château Wittgenstein mais il ne veut surtout
pas parler de leurs liens avec les templiers de Sigmar. Le culte d’Ulric est prédominant ici
mais, surtout, les templiers dans leur lutte permanente contre les sorciers du chaos, ont joué
les inquisiteurs et questionné ou exécuté injustement bon nombre de savants, de sages
détenteurs d’anciens savoirs et d’hommes libres de tout dogme, seulement passionnés par
l’histoire des jours anciens.

Pour faire diversion, Hadden sort le livre sur les dragons trouvé dans la crypte de
l’observatoire. Hieronymus Blitzen écarquille à son tour les yeux et s’exclame qu’il ne pensait
pas un jour tenir entre ses mains le dragonomico ! Il tourne l’une après l’autre les pages du
livre avec une joie presque d’enfant et commente pour lui-même les illustrations de l’ouvrage.
Les trois compagnons proposent de le lui laisser pour la soirée le temps de l’étudier et
reviendront le lendemain partager ses impressions et conclusions. Mais ils viendront avec
Conrad. Hieronymus Blitzen hoche la tête, d’un air de dire qu’il est sans doute possible de lui
faire confiance.

Les aventuriers retrouvent Conrad sur la Santa Maria et passent la nuit à bord.

4 juin1512

Les aventuriers retournent chez Hieronymus Blitzen vers midi. Le vieil homme a passé une
bonne partie de la nuit à la lecture du dragonomico. Il partage ses impressions et décrit
longuement des éléments importants du livre, ouvrage à l’appui. Là, c’est Mannslieb, la bonne

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lune qui protège le bien. Il est possible de vaincre les dragons mais il y a peut-être quelque
chose à dire, une incantation lors du combat. Il ne faut pas non plus négliger le rôle des épées.
Dans le livre, tous les combattants des dragons sont montrés avec des épées. Il y a bien sûr
Ghal-Maraz, l’épée de Sigmar mais aussi l’épée de Talabheim ainsi qu’une autre épée,
baptisée tueuse de dragon.

Les aventuriers sont sceptiques. Leur faut-il retrouver ces épées célèbres alors qu’un coup de
pistolet bien ajusté leur a permis de terrasser un dragon ? Ils laissent le livre au vieux sage et
lui confient leur intention de repartir. Mais il le savait.

Les quatre compagnons rentrent le soir à la péniche et entament quelques préparatifs de


départ. Helmut se demande si sa présence au match de rotzball dans trois jours est nécessaire
et si ce délai ne leur fait pas perdre un temps précieux. Il pèse le pour et le contre et décide de
partir dès que possible.

5 juin 1512

Les aventuriers quittent Delbertz à bord de leur péniche. Conrad tient la barre et profite d’un
vent fort pour naviguer et remonter à nouveau la Delbe. Ils croisent de près sur ce fleuve plus
modeste une patrouille fluviale et poursuivent leur route. Helmut et Hadden s’occupent de
cacher le sceau des templiers à l’intérieur d’un tonneau de bière à moitié plein sur lequel ils
font une marque. En cas de cargaison à l’eau ou si la péniche coule, le tonneau devrait flotter
et ils devraient pouvoir le repérer plus facilement. Ils parviennent le soir au village
d’Unterkoni.

Du 6 au 8 juin 1512

Journées de navigation, vent arrière. La péniche avance bien. Au terme du troisième jour, ils
aperçoivent les premiers contreforts montagneux de Middenheim et s’arrêtent au village de
Böhnen. Quelques fermiers vivent là. Une péniche transportant des pèlerins, habillés de blanc
et en route vers Middenheim, fait halte également ici.

Du 9 au 11 juin 1512

Journées de navigation avec un bon vent arrière. Les aventuriers traversent un long paysage
de forêt et s’arrêtent pour la nuit du troisième jour au lieu-dit de Heulen. Trois masures et un
enclos à vache constituent le décor de la halte. Un bac sert à relier les deux rives. Plusieurs
bateaux chargés de fruits et d’épices en provenance du sud et à destination de Middenheim
s’arrêtent un peu plus loin.

12 juin 1512

Un vent contraire se lève et oblige tous les bateaux à une pause forcée. La journée est d’un
ennui mortel en cet endroit abandonné. Artus vient trouver Helmut pour savoir si, une fois à
Middenheim, ils auront le temps de visiter la chapelle de Grungni, dieu des nains. Helmut le
rassure, ils auront vraisemblablement le temps de visiter la ville.

13 juin 1512

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Conrad mène la péniche jusqu’à Eichbrück. Un pont barre la rivière et marque là la fin de la
partie navigable du fleuve. Le village est situé légèrement plus en amont, entouré d’une haute
palissade, mais les péniches et autres bateaux doivent s’arrêter là. Une manœuvre assez
délicate autour d’un banc de sable permet de faire demi-tour et de s’amarrer à la berge tribord.
Conrad, à la barre, réussit parfaitement la manœuvre. Le village n’a rien à voir avec les lieux
traversés dernièrement. Il y règne une forte activité due à la présence de nombreux marchands
et surtout des compagnies de diligence qui partent pour Middenheim. Eichbrück est en effet le
carrefour entre le fleuve et la route qui rejoint celle d’Altdorf. D’ailleurs, plusieurs péniches
sont en train de charger du minerai et du métal avant de descendre le fleuve.

Les aventuriers débarquent et vont en repérage à l’intérieur du village. La présence de


nombreuses auberges, dont certaines aux armes des compagnies de diligence, leur fait espérer
vendre leur cargaison de bière. La première auberge importante où ils entrent, Au pont de
chêne, possède sa propre brasserie mais le tavernier leur en indique une autre un peu plus loin,
appelée A la gloire d’Ulric.

Le patron est en train d’installer de grandes bannières blanches mais il confie la tâche à son
fils Klauss et vient goûter la bière. Il en achète dix tonnelets et les aventuriers récupèrent
cinquante cinq couronnes. Helmut se charge de la livraison. Son départ est le prétexte à se
séparer. Conrad file à la capitainerie se renseigner du prix de la taxe pour la péniche et de la
surveillance des bateaux pendant le voyage des pèlerins et autres visiteurs à Middenheim.
Jochen se dirige vers le temple d’Ulric pour prier. Hadden s’en va trouver le tavernier de
l’auberge Des quatre saisons et lui vend dix tonnelets pour soixante couronnes. Le bûcheron
retourne auprès d’Helmut et vient lui prêter main forte.

Conrad indique à la capitainerie une halte longue et paye dix couronnes d’avance pour dix
jours de garde, le solde se règlera à leur retour. A la sortie du temple, Jochen est abordé par un
couple de paysans modestes parmi d’autres gens qui attendent là aussi. L’homme lui demande
s’il peut porter leur fleur blanche jusqu’à Middenheim pour la jeter si possible dans la
fontaine d’Ulric. C’est une coutume largement répandue parmi les petites gens qui n’ont pas
les moyens de voyager eux-mêmes. Jochen accepte.

Les aventuriers se retrouvent à la fin de la journée et font un nouveau tour des auberges en
compagnie d’Artus. Ils repèrent au passage une petite chapelle de Sigmar et quelques
entrepôts. Ils s’arrêtent à l’auberge de La hache de Grungni, attirés par le nom déjà connu
d’Artus. Il y a, à l’intérieur, de nombreux nains parmi les clients et c’est même un couple de
nains qui tient l’auberge. Helmut remarque dans le décor de la taverne une fausse hache en
bois et interroge l’aubergiste sur l’histoire de Grungni. Le nain interpelle sa cuisinière, naine
également, mais elle a trop de travail. Helmut se glisse dans la cuisine et lui propose un coup
de main tout en discutant. Grungni est un des dieux nains, Kazad étant le premier dieu des
nains. Mais Grungni est particulièrement vénéré à Middenheim car les nains qui ont construit
la cité venaient de cette faction là.

Pendant ce temps, Hadden se rend auprès d’une compagnie de diligence, La Tour du Roc, et
se renseigne sur les prochains départs pour Middenheim. Une diligence sera prête à partir
dans deux jours. Hadden précise qu’il a un chien et achète cinq places en comptant Artus pour
soixante quinze couronnes mais s’étonne de ne recevoir aucun reçu en échange. L’homme lui
confirme les cinq places qu’il a demandées et lui fixe rendez-vous ici même après demain en
fin de matinée. Les aventuriers passent la nuit sur la péniche.

91
14 juin 1512

C’est l’heure des préparatifs. Les aventuriers font un point précis de ce qu’ils emmènent et de
ce qu’ils laissent à bord. Le passe de Sigmar et le sceau des templiers sont soigneusement
cachés sous une latte de bois dans la cale. Soixante couronnes sont cachées à deux endroits
différents. Helmut, Artus et Hadden laissent leur clef de l’observatoire ainsi que la clef
pentagonale. Hadden dissimule sous une couverture son arbalète trop encombrante tandis
qu’Helmut fixe à l’entrée du ponton, ajustant la péniche, un fil repère pour constater une
éventuelle intrusion. Nuit à bord.

15 juin 1512

Les aventuriers quittent la péniche et vont au rendez-vous. Mais ils doivent patienter jusqu’au
début de l’après-midi pour voir arriver la diligence enfin prête pour ce long voyage qu’ils
s’apprêtent à faire. Un couple de riches marchands attend aussi le départ et semble guetter la
venue d’une troisième personne. Une forte femme, mère de la première, arrive avec deux
porteurs transportant une énorme malle. Le chargement des bagages s’effectue sans encombre
et l’attelage se tient prêt à partir malgré la forte chaleur. Le départ a lieu au cri de « solide
comme un roc » poussé par les cochers et porteurs de la compagnie !

La diligence avance le reste de la journée et arrive le soir à un carrefour avec la route


d’Altdorf. Un ensemble de tavernes aux armes des compagnies de diligence se tient là pour
accueillir les voyageurs. A la tombée de la nuit, les aventuriers prennent place dans une
alcôve pour le repas. La plupart des voyageurs monte ensuite pour la nuit dans les dortoirs de
la taverne. Hadden jette un œil à la salle commune et repère une sorte de greffier en habits
sombres, absorbé par l’écriture de son registre.

16 juin 1512

Nouvelle journée de route pour un long trajet. A droite, s’étend tout un relief montagneux
quand, à gauche, la forêt domine le paysage. A midi, la diligence fait halte pour permettre un
repas frugal. L’attelage franchit ensuite un péage et poursuit sa route jusqu’au soir pour
arriver à une grande auberge accueillant différentes compagnies. Les aventuriers repèrent le
greffier de la veille, toujours plongé dans ses travaux d’écriture.

17 juin 1512

Journée de voyage au cœur de la forêt immense et impénétrable. Les arbres forment une sorte
de tunnel de végétation aux diligences qui filent sur la route. Les quatre compagnons ne
peuvent s’empêcher de penser aux « marqués », skavens et gobelins qu’ils ont rencontrés
depuis le début de leur aventure dans ces forêts profondes.

Le soir, deux nouvelles auberges et des relais de chevaux attendent les voyageurs et les
attelages. Leur repas presque terminé, les aventuriers remarquent trois voyageurs un peu
lourdauds se diriger vers le greffier et lui demander de laisser la table trop grande pour lui seul
et qu’il occupe pour écrire alors qu’ils cherchent à s’installer pour manger. L’homme ne lève
pas les yeux et poursuit son travail. Un des hommes, furieux de ne pas obtenir de réponse,
table du poing sur la table et renverse l’encrier mais le greffier ne veut pas bouger.

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Helmut va les voir et calme les esprits. Il désigne du doigt leur alcôve que ses trois
compagnons libèrent et leur explique qu’ils peuvent s’y installer. Les trois hommes ruminent
leur colère, jettent un regard méprisant au greffier, mais se dirigent vers la place indiquée.

L’homme, petit, de maigre corpulence, remercie Helmut de son intervention avec un léger
accent. Helmut, intrigué par ce personnage, vante son courage mais lui conseille tout de même
la prudence en pareil cas s’il ne veut pas paraître complètement inconscient. Le greffier
ironise sur le lot du voyage et salue Helmut d’un signe de tête avant de se remettre à écrire. La
nuit passe.

18 juin 1512

Nouvelle journée de voyage et nouvelle étape. Le soir, Helmut croise le greffier et échange
avec lui un salut. L’homme s’installe dans la salle commune de l’auberge pour écrire. Dans le
dortoir où ils s’installent, Helmut tente de chiper la fleur que transporte Jochen pour ce couple
de paysans mais l’archer se réveille. La nuit passe.

19 juin 1512

La route les conduit peu à peu en dehors de la forêt pour découvrir un paysage vallonné. En
fin de journée, la diligence bifurque sur la gauche jusqu’au petit village de Grossenberg,
dernière halte avant Middenheim.

Le greffier est encore là. Hadden, tout autant intrigué que ses compagnons, tient une idée. Il
commande deux coupes de vin et vient en offrir une au scribe. L’homme lève la tête, perturbé
d’être dérangé, mais reconnaît le bûcheron comme l’un des compagnons de son sauveur de la
dernière fois et accepte la coupe de vin. Hadden lui dit son admiration pour l’écriture qu’il
produit soir après soir alors qu’il n’est qu’un simple coupeur de bois ignorant. Il lui demande
s’il peut lui apprendre à lire. Le greffier reconnaît en Hadden une personne d’humble
condition et ne peut soupçonner que celui sait déjà lire. Il explique avec son accent du sud
qu’il faut du temps et qu’en plus il écrit en langage ancien, nécessitant de plus amples
connaissances encore. Hadden remarque l’étrange couleur bleue de ses mains qui n’a rien à
voir avec le noir, dû à l’encre, du bout de ses doigts. Il en profite pour jeter un œil aux écrits
en face de lui mais ne peut déchiffrer la moindre information. Le greffier se présente. Il
s’appelle Nikolo ou Niklaus en ce pays, originaire de Tilée, au sud de la Bretonnie, et
ambassadeur des provinces désunies de Tilée pour le compte du Graf de Middenheim.
Hadden est impressionné. L’homme l’invite à aller chercher ses amis pour un dîner commun.
Il s’ensuit un repas inattendu qui permet aux aventuriers d’en savoir plus sur Middenheim.

C’est une grande ville construite par les nains et qui abrite encore nombre d’entre eux. Nikolo
est un homme instruit qui connaît beaucoup de choses. Hadden lui fait part de leur rencontre
rapide avec des Tiléens à Altdorf mais l’ambassadeur lui répond avec franchise qu’ils ne sont
que des mercenaires payés par des familles nobles. Il n’y a rien de glorieux dans leur activité.
Ils vont au plus offrant. Le problème à la frontière entre l’Ostland et le Talabeicland est
évoqué. Sur un ton de confidence, empreint d’un certain fatalisme, il constate que la religion
fait beaucoup de mal à ce pays.

Les aventuriers lui demandent des précisions sur le fameux carnaval de Middenheim.
L’ambassadeur leur parle d’une grande fête populaire durant une semaine avec des concours
d’archer, de la musique, des feux d’artifice, des opéras mais aussi des courses de chevaux.

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Mais la manifestation la plus attendue est sans doute la coupe du Graf, une grande
compétition de rotzball par équipe. Les aventuriers échangent un regard à l’idée de tout ce
programme captivant mais ils ne doivent pas perdre de vue les raisons de leur venue ici
concernant Gothard Wittgenstein. Ils remercient Nikolo pour le repas et son hospitalité à sa
table et vont se coucher.

20 juin 1512 (samedi)

La perspective d’arriver aujourd’hui à Middenheim a fait se lever de bonne heure tous les
voyageurs. Les aventuriers aperçoivent l’ambassadeur Nikolo faire charger ses bagages sur
une diligence de la compagnie du Loup Courant. Deux hommes suent sang et eau en montant
sur le toit de l’attelage un morceau de cylindre qui a l’air très lourd ainsi qu’une caisse
renforcée, encore plus lourde. Sur les recommandations de Nikolo, vivement inquiet par la
manœuvre, la caisse est hissée à son tour dans un petit nuage de poussière bleue et attachée
sur le toit à l’aide de cordes. Hadden fait le lien avec la couleur bleue des mains de
l’ambassadeur et tous se demandent ce que cette mystérieuse caisse peut bien contenir.

Les diligences s’élancent les unes après les autres mais les aventuriers doivent patienter
encore une heure pour voir arriver leur cocher et les préposés aux bagages. Ils ont fêté hier
soir leur arrivée dans la cité d’Ulric lors de ce dernier trajet et n’ont pas pu se lever à temps.

Enfin partie, la diligence traverse une petite forêt avant de déboucher tout à coup dans une
gigantesque plaine. Les aventuriers aperçoivent au loin une tâche blanche. C’est
Middenheim ! Au fur et à mesure de leur approche, les quatre compagnons et Artus
découvrent le paysage. La ville est construite au sommet d’un promontoire rocheux avec de
part et d’autre un immense viaduc permettant l’accès à la cité. De nombreuses bannières
flottent au vent au-dessus des murs blancs de la ville.

Les diligences s’arrêtent au pied du viaduc. Le voyage se termine là au grand désespoir des
voyageurs pestant contre les compagnies qui les abandonnent avec leurs bagages. Une longue
file d’attente s’est déjà formée pour l’acquittement d’un péage. Les aventuriers cherchent du
regard l’ambassadeur. Ils aperçoivent, en effet, Nikolo mais celui-ci, rompu aux voyages et
aux habitudes de Middenheim en particulier, a déjà passé les formalités d’entrée dans la ville
et fait appel au service d’une petite compagnie privée de porteurs. Les aventuriers se rangent
dans la file d’attente lorsque leur attention est attirée par un parchemin planté contre le mur
d’une maison. Il s’agit de l’annonce de la coupe du Graf, faisant appel à toutes les équipes de
rotzball possibles, amateurs y compris, afin de participer à cette grande compétition durant le
carnaval. Les primes aux participants, demi-finalistes, finaliste et vainqueur font miroiter de
belles sommes en couronnes d’or.

Les aventuriers passent deux heures interminables sur place afin de franchir l’entrée du viaduc
vers Middenheim. La cité leur apparaît dans toute sa splendeur et semble ne plus attendre
qu’eux. Quand c’est enfin à leur tour de se présenter devant le préposé aux taxes, ils doivent
répondre à plusieurs questions, dire s’ils sont ulricains ou sigmarites, déclarer l’argent, les
parchemins et les objets de valeur qu’ils possèdent. Un peu surpris par une telle façon de
faire, les aventuriers se plient de mauvaise grâce aux formalités d’entrée dans la cité d’Ulric.
Après tout un calcul, l’homme leur demande quarante six couronnes. Les aventuriers payent
mais Conrad demande si c’est à l’occasion du carnaval qu’ils ont le privilège de s’acquitter de
cette somme. L’homme répond qu’il s’agit des taxes décidées pour cette année. En échange, il
leur remet un petit bâtonnet de bois avec un sceau en cire, preuve de leur paiement, et leur

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conseille de ne pas l’égarer s’ils ne veulent pas avoir à payer une deuxième fois leur passage à
Middenheim !

En montant le long du viaduc, Hadden fait part à ses compagnons de son inquiétude au sujet
de son père. Il est parti, il y a deux ans déjà, en pèlerinage ici même à Middenheim et n’a plus
eu de nouvelle de lui depuis. Il redoute de découvrir la vérité sur son absence et craint même,
comme une sorte de mauvais pressentiment, que cela n’interfère avec leur mission. Jochen
s’étonne mais Hadden insiste et demande à ses amis de veiller à ce qu’il ne fasse rien
d’inconsidéré en lien avec son père.

Ils arrivent, après une demi-heure de montée, devant la porte sud de la cité. Malgré la hauteur
considérable, le viaduc ne présente toujours qu’un simple petit parapet de pierre et toute chute
ici serait fatale ! Au niveau de la porte, trois grandes tapisseries ont été accrochées à la
muraille à l’occasion du carnaval lorsque les aventuriers remarquent en-dessous des nains,
enchaînés et attachés à des cordes en rappel, en train de recouvrir à la chaux des graffitis et
des insultes à l’encontre d’un certain Sparsam. Simples prisonniers ou auteurs de ces insultes,
les aventuriers passent leur chemin.

Les quatre compagnons et Artus franchissent le mur d’enceinte et pénètrent dans


Middenheim. Ils se mettent en quête d’une auberge en suivant l’axe principal et sont captivés
par l’architecture de la ville et son agitation. Ils tournent à gauche vers un jardin et se dirigent
vers L’Ane Rieur mais l’auberge, luxueuse, est complète pour toute la semaine. Après trois
autres tentatives malheureuses, ils finissent par trouver une chambre plus commune dans
l’auberge Les Armes du Templier pour deux couronnes par nuit. Les aventuriers payent pour
huit nuits et installent leurs affaires à l’étage. En discutant un peu avec l’aubergiste, ils
apprennent que la Coupe du Graf regroupe plusieurs équipes officielles et que, chaque année,
une équipe extérieure est retenue pour participer à la compétition. L’homme leur indique aussi
que demain matin sera inauguré le retable de la cathédrale à l’occasion de la première
cérémonie du carnaval. Conrad demande qui est Sparsam. L’aubergiste lui répond qu’il s’agit
du chancelier, peu populaire en ce moment à cause des taxes qu’il a fixées y compris pour les
nains jusqu’alors exemptés. Les aventuriers comprennent mieux l’histoire des graffitis et les
travaux de nettoyage par les nains.

Le petit groupe décide de partir à la découverte de la ville. Ils trouvent près de leur quartier
une très jolie fontaine en pierre rose. Jochen en profite pour jeter l’edelweiss du couple de
paysans rencontré à Eichebrück. Les aventuriers déambulent dans la cité et découvrent la
cathédrale d’Ulric, majestueuse et immense. Elle est pour l’instant fermée à cause des
préparatifs de l’inauguration de demain mais l’édifice est incomparable ! Les cinq voyageurs
arrivent ensuite sur la place d’armes en contrebas d’un petit dénivelé comme trois marches à
descendre. De l’autre côté, se situe un peu plus loin le palais du Graf très bien gardé.
D’impressionnants guerriers à cheval, portant un marteau de guerre et un bouclier effroyable,
montent la garde à distance régulière en plus de différentes patrouilles qui circulent en ville.
Un passant leur apprend qu’on les appelle les Chevaliers Panthères.

Hadden interroge un passant pour savoir où se trouve la Chapelle de Grugni, cher à Artus. Le
badaud indique le quartier de la Venelle mais déconseille les aventuriers de s’y rendre le soir.
C’est trop mal fréquenté par les tire-laines et autres coupe-gorges qui s’y donnent rendez-
vous.

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Les aventuriers poursuivent leur tour, passent le Collège Royal de Musique puis un temple de
Sigmar et découvrent un grand parc avec une arène. Plusieurs admirateurs et amateurs de
rotzball, passablement éméchés, vantent les mérites de leur équipe et défient leurs rivaux
rassemblés là aussi. Les nombreuses affiches concernant la Coupe du Graf font comprendre
aux aventuriers qu’il s’agit du stade de rotzball où se dérouleront les rencontres. Quelques
hommes font retentir un puissant « Solide comme un roc ! » qui fait dire à Helmut que leur
compagnie de diligence possède sans doute sa propre équipe, présente à la compétition.

Les aventuriers s’éloignent prudemment, passent un cimetière et découvrent un bâtiment orné


de grandes bannières au cœur transpercé d’une épée. Il s’agit du siège des Hospitaliers, ordre
religieux et militaire, lié au culte d’Ulric, qui soigne les malades et les vieillards.

La nuit est tombée sur la ville dont les rues sont étonnement calmes pour une veille de
carnaval. Les aventuriers rentrent à l’auberge. L’établissement est désert et l’aubergiste ne
tarde pas à aller se coucher. Les aventuriers font de même.

Au milieu de la nuit, une immense explosion réveille tout le monde. Les aventuriers pensent à
un coup de canon comme ils en ont déjà entendu à Kemperbad pour la première fois. Le
vacarme est suivi de plusieurs détonations. Jochen et Helmut hésitent entre coups de feu ou
pétards lorsque des cris retentissent un peu partout. Il se passe quelque chose de grave.
Conrad et Hadden se rapprochent de la fenêtre de leur chambre. Des fenêtres des immeubles
environnants, les gens affolés jettent quelque chose dans la rue en hurlant « La Peste ! La
Peste ! ». Les deux compagnons jettent machinalement un œil vers le ciel en redoutant d’y
découvrir l’immense silhouette d’un dragon mais rien. Hadden demande en hurlant ce qui se
passe à une femme située dans l’immeuble en face. Elle crie à son tour « les rats, ce sont les
rats ! » tout en en jetant un dans la rue. Les enfants sortent alors des maisons, prennent les rats
dans leur bouche et déguerpissent comme une nuée de moineaux. La surprise et le doute
s’emparent des aventuriers mais Hadden trouve la situation plutôt anormale.

Soudain, de la musique retentit dans les rues et les gens y descendent en nombre. Il est minuit
passé ! C’est le début du carnaval ! Un feu d’artifice éclate au-dessus du grand parc et la
population de Middenheim envahit la ville. Les aventuriers descendent à leur tour, croisent
l’aubergiste qui leur sourit d’un air entendu et découvrent la fête. Beaucoup de gens sont
déguisés et les rats jetés des fenêtres se révèlent être des souris en pâte d’amande, la
marzipan.

Helmut remarque à plusieurs endroits des hommes qui peignent sur le sol à la peinture
blanche quatre traits parallèles. Les aventuriers se renseignent et apprennent qu’il s’agit de
l’année 1111, date à la laquelle Middenheim fut touchée par la Grande Peste. Ainsi
commence le carnaval, commémorant cette épidémie pour mieux s’en libérer et apprécier les
festivités. Près de la place d’armes, des hommes, particulièrement éméchés, en tenue bicolore
différente font leur apparition sous les vivats de la foule pour acclamer les équipes de rotzball.
Les tenues sont grise et verte, jaune et blanche, bleue et blanche, bleue et rouge… Mais
l’ambiance est tendue et la rivalité palpable. Quelques miliciens en cote de maille avec lance
et matraque sont bien sur place mais ils ne feraient pas le poids si une rixe générale éclatait.
Les aventuriers s’éloignent, profitent encore un peu de la fête et rentrent à l’auberge.

21 juin 1512 (dimanche)

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La nuit a été courte. Les aventuriers se rendent le matin au stade pour s’inscrire à la Coupe du
Graf. Des gars sont déjà là pour prendre des paris. Il faut attendre son tour pour passer devant
un organisateur de la compétition. Une équipe de femmes, des paysannes qui gloussent entre
elles tout en jetant des regards amusés sur cet univers essentiellement masculin, s’inscrit et se
présente comme l’équipe des Pâtissières de Warrenburg. C’est au tour des aventuriers de
passer devant le responsable des inscriptions. L’homme leur explique que toutes les équipes
officielles sont enregistrées mais que la coutume veut qu’une équipe amateur puisse se
présenter et être choisie parmi toutes, selon des critères à la fois originaux et très aléatoires,
pour participer à la compétition. Elle est alors la Chance du Graf et concourt sous la tenue
blanche usuelle. L’homme a besoin d’un nom, veut savoir d’où ils viennent et pourquoi il
devrait choisir leur équipe plutôt qu’une autre. Il jette un œil à Artus et demande s’il joue. Les
aventuriers préfèrent épargner au jeune nain cette épreuve et trouveront quelqu’un d’ici là
pour compléter leur équipe. Le responsable les met en garde, il faut être cinq pour participer !
Les aventuriers confirment leur désir de s’inscrire et mettent en avant leur expérience du
rotzball. Hadden surenchérit et promet à la population de Middenheim une compétition
inoubliable. Ils vont gagner, ce que n’a jamais réalisé une équipe amateur. L’homme a un rire
moqueur, les avertit qu’il ne faudra pas se plaindre d’un bras ou d’une jambe cassée et attend
le nom sous lequel les enregistrer.

Les aventuriers s’écartent un peu et discutent pour savoir quel nom trouver pour attirer aussi
l’attention de Gothard Wittgenstein, fervent amateur de rotzball, qui ne raterait pour rien la
compétition. Jochen doute du chemin détourné que ses compagnons semblent prendre pour
approcher le conspirateur. Il voudrait une enquête précise afin de le localiser et le neutraliser.
Conrad pense que les différentes festivités peuvent être l’occasion de rencontrer du monde et
d’en savoir plus. Qui sait si leur parcours n’attirera pas son attention… Reste un nom à
trouver sans mettre en garde Gothard Wittgenstein. Hadden fait une proposition : les Etoiles
Filantes d’Untergeschatt. Jochen est dubitatif mais le nom est adopté. Le responsable leur
décrit l’organisation de la compétition. Il y aura huit équipes en tout. Dans trois jours, se
dérouleront les rencontres pour éliminer quatre d’entre elles, deux jours après auront lieu les
demi-finales puis le lendemain la finale pour clôturer en apothéose la semaine du carnaval.
L’équipe, prise à la moindre fraude, tricherie ou pari sur ses propres matchs, ce qui est
formellement interdit pour les participants, sera jetée dans un cul-de-basse-fosse en attendant
un jugement sévère. Quant au choix de l’équipe qui représentera la Chance du Graf, une
décision sera prise ce soir.

Les aventuriers s’éloignent et Jochen se dirige du côté du concours de tir à l’arc. Les lices
sont en train d’être installées et les cibles placées à différentes distances. Un œil rouge
représente le centre à toucher. Le concours commence cet après-midi. Une flèche dans la cible
sur trois tirs permet de franchir le tour suivant à une distance plus importante. Les aventuriers
apprennent la participation de plusieurs notables de la ville et notamment celle du Grand
Veneur, maître des chasses pour le Graf de Middenheim. Ils décident de revenir participer au
concours.

L’après-midi, en effet, une centaine de participants se rassemble devant les lices. Ouvert à
tout le monde, le concours voit venir des personnes de toute condition, ouvrier, bourgeois ou
grand seigneur. Des femmes sont également présentes. Helmut, Conrad et Jochen décident de
participer tandis que Hadden préfère rester en retrait observer les participants et les
spectateurs. Les aventuriers repèrent deux hommes assez petits mais très élégants, aux traits
fins et aux cheveux blonds cendrés. Ce sont deux elfes arborant de très beaux arcs. Un prêtre

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d’Ulric fait la quête auprès des participants avant le début du concours. Les aventuriers payent
dix couronnes d’or.

Les concurrents sont appelés par leur prénom dans une ambiance bonne enfant pour leur
premier tir situé à quarante pas. Malgré la courte distance, il y a quelques flèches perdues
ajoutant à la bonne humeur générale. C’est au tour d’un des elfes qui prend très au sérieux sa
première tentative. Le second vient se placer derrière lui et l’imite à son insu en exagérant ses
gestes, provoquant l’hilarité générale. L’amuseur public n’est autre qu’Allavandrel, le Grand
Veneur en personne ! L’autre se retourne d’un air contrarié puis décoche sa flèche et fait
mouche. Le maître des chasses hausse les épaules, repère sa cible puis lui tourne le dos pour
tirer en aveugle et placer sa flèche au centre de sa cible. La foule applaudit.

C’est alors qu’est appelé un certain Gothard ! Hadden sursaute en entendant le prénom et
repère l’homme qui s’avance sur le pas de tir. Assez grand, brun, proche de la trentaine, plutôt
l’air bourgeois d’après ses habits, impossible de dire s’il peut s’agir de Gothard Wittgenstein.
L’homme rate ses trois tirs et rejoint les participants malheureux. Puis, c’est au tour de
Conrad et d’Helmut qui réussissent à atteindre la cible. Jochen passe dans les derniers mais
son tir impressionne l’assistance. Il se place directement de dos et plante sa flèche dans l’œil
rouge central de la cible. Les murmures des spectateurs ajoutent à l’exploit au moins égal à
celui du maître des chasses qui ne manque pas d’ailleurs de fixer Jochen du regard.

Après deux heures de concours, il ne reste qu’une soixantaine de participants. Tous sont
invités à revenir demain pour la deuxième séance de tir. Mais en attendant, les lices sont
ouvertes pour une collation qui leur est offerte tandis que ceux qui ont échoué repartent à
leurs occupations. Hadden prévient ses amis qu’il est décidé à suivre le Gothard du concours
pour en savoir plus. L’homme se dirige vers un des quartiers de Middenheim et s’arrête à une
taverne où il prend le temps de boire une bière. Hadden le suit à l’intérieur mais ne remarque
rien de particulier. L’homme ressort et après plusieurs rues pénètre à l’arrière d’une tannerie.
Hadden imagine mal Gothard Wittgenstein travailler ici mais il fait le tour de la bâtisse et
entre se renseigner sur les cuirs à vendre. Un jeune homme l’accueille mais il n’y a pas de
peaux à vendre ici. C’est juste une tannerie. Pour acheter, il faut se rendre soit à un entrepôt,
soit à une boutique non loin. Hadden ressort, repère les lieux et retourne au concours de tir à
l’arc. Il est septique quant à l’identité de ce Gothard qu’il imagine mal être Gothard
Wittgenstein, travaillant incognito dans une tannerie de Middenheim.

Pendant ce temps, Conrad et Jochen lient la conversation avec différents concurrents. Chacun
y va de son commentaire. C’est toujours Allavandrel qui gagne mais le Graf tirait bien à une
époque. Helmut cherche à en savoir davantage. Le Graf était un très bon chasseur mais il est
vieux maintenant et dépressif depuis la mort de sa femme. Conrad s’étonne. Sa jeune femme,
à la beauté légendaire, serait morte. En effet, elle est tombée malade et n’a pas survécu. Un
autre reprend et affirme que le fils du Graf, Heinrich, tire bien à l’arc lui aussi. Quant à l’issue
du concours, c’est le capitaine de la garde qui remettra sans doute les récompenses.

Hadden retrouve ses compagnons vers la fin de l’après-midi. Les quatre amis échangent leurs
informations.

Le soir tombe. Les aventuriers cherchent à nouveau un stratagème pour repérer et approcher
Gothard Wittgenstein. Hadden pense à Nikolo qui pourrait leur rendre ce service mais il
faudrait de la part de l’ambassadeur une discrétion totale difficile à lui expliquer. Helmut se
dit qu’un noble comme Gothard Wittgenstein a sans doute ses habitudes dans une auberge

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huppée de la ville et demande à un passant les noms des auberges les plus renommées.
L’homme lui cite La Lune Rousse, l’Oie des Moissons et puis Les Armes du Graf, toutes trois
accueillant essentiellement des voyageurs fortunés.

Les quatre compagnons et Artus se dirigent vers l’Oie des Moissons. Sur le chemin, les
aventuriers partagent leur sentiment sur la nécessité de trouver un cinquième joueur pour
compléter leur équipe. Helmut emballe dans un chiffon une fiole rouge puis il ferme son
paquet d’un nœud serré avec un bout de cordelette. Sur place, l’auberge arbore des armoiries
de blanc et de violet avec au centre un loup blanc. Un laquais en livrée, à l’entrée, accueille
les visiteurs et surveille les environs. Helmut l’aborde et lui explique qu’il a ce colis à confier
à un noble du nom de Gothard Wittgenstein. Mais ce nom ne lui dit rien et il conseille à
Helmut d’aller voir Au Repos du Graf. Helmut lui demande s’il joue au rotzball mais en vain.
Conrad s’approche et demande où se trouve la bibliothèque de la ville car il aurait des
recherches à y faire. Le laquais répond qu’il n’y a pas de bibliothèque à Middenheim mais
qu’on peut consulter des archives au Palais ou encore chez les Hospitaliers.

Les aventuriers s’éloignent, convaincus qu’ils ne peuvent passer en revue toutes les auberges
de la ville. Helmut interpelle une patrouille et demande comment livrer un colis à un noble du
nom de Gothard Wittgenstein mais dont il ignore l’adresse. Les gardes de la patrouille
s’interrogent du regard mais aucun ne connaît ce nom là. L’un d’eux indique qu’il suffit de le
déposer à l’une des portes de la ville ; si l’homme attend son colis, il viendra le chercher.
Devant une telle évidence, les aventuriers reprennent le chemin de leur auberge. Ils font
encore l’hypothèse que l’un d’eux pourrait jouer le rôle d’un homme de main d’Etelka, en
mission dans les Collines Stériles avec elle, réfugié au château familial, témoin de la révolte
des villageois et de la mort de Margritte, et porteur de ces nouvelles ! L’histoire, pour avoir
été vécue, apporterait une forte crédibilité au messager qui finirait bien par rencontrer Gothard
Wittgenstein devant l’importance des informations. Seul danger, la présence imprévue du
docteur Jean Rousseau qui aurait pu prendre la route de Middenheim en quittant Wittgendorf
pour rapporter à Gothard les événements survenus au village.

A l’auberge, Helmut cherche du regard un éventuel joueur qui complèterait l’équipe mais en
vain. Artus reste là et les quatre amis repartent à la recherche d’une auberge moins bien
fréquentée. Ils arrivent dans le quartier mal famé de l’Altmarkt et croisent de nombreux
hobbits. La forme ronde et assez petite des portes de la plupart des habitations et immeubles
leur fait penser qu’il s’agit ici d’un quartier de hobbits. Il y a aussi de nombreuses auberges.
Les aventuriers entrent à l’intérieur de l’une d’elles, tenue par des hobbits. Ils commandent
des bières et jettent un œil aux habitués de la taverne. Plusieurs hommes se trouvent là et
parmi eux quelques costauds. Helmut va trouver un gars et explique la situation. L’homme a
un sourire à la fois amusé et moqueur. Il a bien joué au rotzball autrefois mais il est
aujourd’hui un fervent partisan des Ostlanders ! Il se tourne vers plusieurs de ses compagnons
et annonce à haute voix qu’il a en face de lui la Chance du Graf, provoquant d’abord la
surprise puis l’hilarité générale et bon nombre de moqueries. L’équipe, représentant la Chance
du Graf, n’est jamais bien prise au sérieux tant les prestations des années précédentes ont frôlé
le ridicule et se sont soldées par une cinglante défaite. Les aventuriers rebroussent chemin.

De retour à leur auberge, Jochen repère un certain Conrad, homme à tout faire de
l’établissement et visiblement doué d’une force peu commune. L’archer va le trouver et
discute avec lui. Mais, de nature plutôt réservée, il n’a pas trop envie de jouer. Il réfléchit et
évoque le boulanger du quartier qui a déjà joué au rotzball. Helmut, ancien boucher de son
village, demande où trouver des confrères de sa corporation. Le Conrad de l’auberge explique

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qu’il y a une petite place dans le quartier de l’Altmarkt où travaillent uniquement des
bouchers. Tout en discutant, les deux aventuriers repèrent une serveuse qui les observe et
adresse à Jochen un sourire franc avant de retourner à sa tâche. L’heure tardive et le désir de
rencontrer le boulanger dès demain à l’aube poussent les aventuriers à aller se coucher,
Helmut envoie un clin d’œil à Jochen qui reste encore un peu, visiblement troublé. Mais après
une longue hésitation, le trappeur de la forêt préfère aller dormir.

22 juin 1512 (lundi)

Le matin de bonne heure, les aventuriers ont la bonne surprise de découvrir dans la salle
commune de leur auberge une affiche représentant un tableau de la compétition de rotzball où
figurent les noms des différentes équipes et parmi elles celle des Etoiles Filantes
d’Untergeschatt ! Les quatre amis ont du mal à contenir leur joie d’en découdre pour se faire
une place dans cette compétition. La première rencontre les opposera aux Charretiers de
Bergsburg. L’aubergiste leur remet un pli à leur nom dans lequel le Magister Ludi Piotr leur
demande de se rendre, muni de cette lettre signée de leur main, demain mardi midi au
Bernabau Stadion pour être présentés au Graf et recevoir leur pourpoint aux couleurs de la
cité. Les aventuriers partent voir le boulanger, trouvent sa boutique, achètent des brioches et
discutent avec la boulangère. Elle appelle Hantz, son mari, et lui présente d’un ton ironique la
Chance du Graf. L’homme, corpulent, n’a plus joué depuis longtemps. Il réfléchit et leur dit
de revenir vers midi. Il aura peut-être quelqu’un à leur présenter.

Les aventuriers prennent la direction de la halle aux bouchers près de l’Altmarkt. Il y règne
une grosse activité malgré l’heure matinale et il y a plein de monde. Helmut repère les lieux et
se dirige vers les abattoirs à côté desquels s’organise une sorte de foire à la vente. En face, se
trouve une taverne, La Dernière Goutte, avec en guise d’enseigne, une corde de pendu, en
forme de goutte. Les aventuriers entrent à l’intérieur mais il n’y a pas grand monde, sinon
quelques bouchers profitant d’une pause. Le patron, une cicatrice du front au menton sur la
joue gauche, se tient derrière son comptoir d’un air peu aimable. Helmut commande à boire et
amorce la conversation avec un type costaud au sujet du rotzball mais sans parler de leur
équipe. L’homme est peu affable. Helmut tente sa chance avec un second mais en vain. C’est
alors que Conrad s’adresse à la petite assemblée de la taverne pour traiter de lâche chacun des
bouchers présents. Ses compagnons le regardent, pris de court par une telle provocation dans
un quartier qui leur est peu favorable. Le tavernier sort une longue masse comme un
avertissement au désordre qui pourrait suivre. Un silence général a fait place aux propos de
Conrad mais celui-ci redouble ses invectives déclamant tout haut sa déception de ne trouver
ici que des mous du bras dont l’audace ne dépasse pas leurs genoux ! Cette fois l’insulte a fait
mouche. Trois gars se lèvent de leur table et foncent sur les aventuriers. L’un d’eux charge sur
Conrad mais le rate. Les deux hommes s’empoignent en reculant un peu. Un autre se rue sur
Jochen qui l’embrouille d’une manœuvre inattendue avec sa cape et esquive sans mal cette
charge brutale. Un troisième gars avance sur Hadden qui l’accueille d’un bon coup de poing
au menton. Conrad sèche son adversaire qui s’écarte et tombe sur Helmut dont le coup de
poing le renvoie au milieu de la salle. L’homme s’écroule évanoui sur une table dont les pieds
cèdent et se brisent en deux. Hadden assomme à son tour son assaillant quand le tavernier
frappe de sa masse contre le plancher et menace quiconque qui ne cesserait immédiatement
cette bagarre ! Il invective les aventuriers et déplore sa table cassée. Conrad jette par terre
cinq couronnes d’or puis les aventuriers quittent le quartier.

Loin d’être découragés par leur mésaventure, Conrad pense qu’ils pourraient s’adresser à des
forgerons. Ils se rendent dans le quartier des forges. Helmut aborde un petit groupe de

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forgerons et parle sans détour. Il explique qu’ils sont la Chance du Graf et qu’il leur manque
un joueur pour compléter leur équipe. Ses paroles sont accueillies par un gros éclat de rire
général ! L’un des forgerons se tourne vers un de ses confrères pour lui demander si sa sœur
ne serait pas disponible. Un autre lui répond qu’il pourrait en parler à sa femme, redoublant
l’hilarité de la petite assemblée !

Les aventuriers font demi-tour. L’idée serait de trouver un étranger qui n’aurait pas honte de
jouer pour la Chance du Graf plutôt qu’un habitant de Middenheim. Les aventuriers cherchent
un programme des festivités pour voir si des combats de lutte ou des jeux de force ne seraient
pas organisés quelque part. En passant du côté du champ de tir à l’arc, ils aperçoivent une
petite arène en train d’être montée. Les aventuriers s’approchent et se renseignent. Bientôt,
vont commencer les défis contre Dieter, le Champion du Graf ! Il s’agit de combat en cotte de
mailles avec armes. Il y a un combat par jour pour le titre honorifique délivré à la fin de la
semaine. Curieux, les aventuriers font un rapide tour de la ville puis reviennent une heure plus
tard.

Un combattant, en cotte de maille, armé d’une solide masse, se tient au milieu de l’arène alors
qu’on finit d’équiper Dieter. Le Champion du Graf, la trentaine, n’est pas très grand mais
large d’épaules. Prêt au combat, il se dirige d’abord vers la tribune où de nombreux
spectateurs ont pris place. Là, il salue et rend hommage à une jeune femme accompagnée de
deux suivantes ou amies avec qui elle discute. La jeune femme regarde amoureusement Dieter
et lui donne sa bénédiction. Les aventuriers repèrent plus haut parmi les spectateurs de la
tribune un homme richement habillé en compagnie de Nikolo, l’ambassadeur de Tilée.
Hadden se renseigne sur l’identité de ce personnage. Il s’agit d’Heinrich, le bâtard, le fils du
Graf. Malgré le début du combat, les deux hommes semblent plus absorbés par leur entretien
que par le défi lui-même. L’affrontement est encadré par deux arbitres qui comptent les coups
réussis. Dieter ne semble pas être un combattant d’une force exceptionnelle mais il possède
une très bonne technique et une endurance à toute épreuve. A l’opposé de son calme et de sa
maîtrise, son adversaire s’épuise en charges inutiles, en coups donnés dans le vide. Dieter
ponctue le combat de quelques frappes bien placées puis assène le coup de grâce. L’homme
s’écroule par terre et Dieter est déclaré vainqueur sous les applaudissements.

Helmut entame la conversation avec son voisin. L’homme lui explique que Dieter fait
l’admiration de tous. Il gagne tous ses combats depuis quatre ans et est le Champion
incontesté du Graf. Helmut lui parle de rotzball. Le contact est bon. Helmut vante la Chance
du Graf et finit par lui dire la vérité. L’homme est un ancien joueur mais il travaille
aujourd’hui pour la compagnie du Loup Courant. Il se voit mal jouer contre sa corporation
même si les deux équipes ne peuvent se rencontrer immédiatement en début de tableau. Il
demande à Helmut l’auberge où ils se trouvent au cas où il connaîtrait quelqu’un d’intéressé.
L’homme les salue et leur souhaite bonne chance.

Vers midi, les aventuriers retournent à la boulangerie et rencontrent Hantz à l’arrière de sa


boutique. Il veut bien jouer mais sans le dire à sa femme à cause d’une ancienne blessure
assez grave à la main. Une fois sur le terrain, elle ne pourra plus rien dire. Le boulanger leur
fixe rendez-vous ce soir dans le parc pour s’entraîner ensemble. Il amènera un ballon.
L’homme leur conseille la discrétion, la surprise est leur meilleure alliée, car il faut faire très
attention. Les Ereinteurs de la Porte Sud sont des violents et ont déjà bastonné des équipes
avant de les rencontrer. Hantz se répète, surtout pas un mot à sa femme, puis il disparaît dans
sa boulangerie.

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En début d’après-midi, les aventuriers se rendent au concours de tir à l’arc. Hadden reste
toujours en observation et Helmut décide de ne pas tirer. Les cibles sont reculées de vingt pas
et se trouvent désormais à soixante pas. Le prêtre d’Ulric passe à nouveau pour sa quête.
Jochen lui donne sept couronnes d’or. Conrad est appelé assez rapidement. Il manque sa
première flèche puis il accroche malencontreusement son carquois avec sa corde au moment
de tirer la deuxième fois. Il manque son tir et toutes ses flèches tombent par terre. Plusieurs
rires fusent de-ci, de-là. Malgré toute l’attention reportée sur lui, Conrad se concentre et
réussit son troisième tir. Jochen, du premier coup, place sa flèche au centre de la cible.
S’avance alors un homme dans une armure resplendissante, c’est un militaire de haut rang que
les autres saluent comme le maréchal von Genscher. Il n’a pas d’arc et est juste venu saluer
l’assemblée. Mais Allavandrel lui prête le sien. L’homme ne se défile pas et place sa flèche
dans la cible dès le premier tir. L’elfe reprend son arc, tire tout en discutant avec le maréchal
et d’une trajectoire parfaite place à son tour sa flèche au centre de la cible ! Le deuxième elfe
s’avance à son tour mais rate ses trois tentatives. Vexé, il casse son arc et, de rage, le jette à la
figure d’Allavandrel qui se moque de lui sans la moindre réserve. Le concours se poursuit au
fur et à mesure des candidats. Heinrich et Nikolo sont là parmi les spectateurs mais les deux
hommes, comme ce matin, sont plus absorbés par leur discussion que par le concours. Dieter
réussit son premier tir, sa jeune femme rate les trois siens. Parmi ses deux amies, la première
est éliminée tandis que la seconde place son premier tir. A la fin de cette deuxième journée, il
ne reste qu’une vingtaine de participants.

Après la collation habituelle, réservée aux heureux élus encore en liste pour le tour suivant, la
petite assemblée se disperse. Helmut et Jochen rentrent à l’auberge tandis que Conrad et
Hadden se rendent chez les Hospitaliers consulter les archives. Passé la porte, ils pénètrent
dans une cour intérieure fermée par différents bâtiments et croisent de nombreuses femmes en
voile. Ils sont reçus par une Hospitalière, responsable des archives. Conrad se fait passer pour
un avoué concernant une affaire de succession et la famille Wittgenstein. La responsable voit
très bien la famille dont il s’agit. Conrad demande si Gothard Wittgenstein réside bien ici à
Middenheim dans l’espoir d’une adresse ou d’un contact possible mais en vain. Ce nom ne lui
inspire rien. Leur interlocutrice les dévisage un moment et cherche à son tour à en savoir un
peu plus sur la démarche singulière de Conrad. Le nautonier baisse la voix et lui confie que le
baron Wittgenstein est mort. La gravité de la nouvelle l’emporte sur ses doutes. Elle leur
donne accès à un librarium où les deux compagnons retrouvent quelques traités déjà connus
au sujet du siège de Talabheim et de la charte Margherita. Ils apprennent néanmoins que des
cadastres peuvent être consultés à la Ligue Marchande puis rentrent à l’auberge.

De leur côté, Jochen et Helmut abordent Renata, la serveuse, dont le sourire énigmatique avait
troublé l’archer la veille. Elle est plutôt affairée mais confie qu’elle voulait remercier Jochen
d’avoir parlé avec Conrad car il est très triste depuis la mort de sa femme et les clients le
méprisent un peu. Helmut s’éclipse sous un prétexte anodin mais la serveuse ne discute pas
beaucoup plus longtemps car elle a à faire à cette heure.

Les aventuriers se retrouvent pour manger et échangent leurs informations. Helmut est
soudain méfiant quant à leur rendez-vous de ce soir avec le boulanger. Il ne s’agirait pas de
tomber dans un guet-apens. Les aventuriers se préparent et, à la nuit tombée, partent armés à
leur rendez-vous dans le parc avec Hantz.

Le boulanger est bien là au milieu du magnifique Grand Parc. Il est seul et il n’y a pas le
moindre danger aux alentours. Les aventuriers s’entraînent avec lui. Son allure de lourdaud et
son embonpoint l’empêchent d’être très rapide mais il se déplace plutôt bien et sa carrure peut

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être un atout indéniable pour bloquer des adversaires. Il prend un réel plaisir à jouer et se
donne sans compter.

Deux heures plus tard, en sueur, les aventuriers se regroupent autour du boulanger. Hantz leur
rappelle qu’ils doivent revenir à plus de discrétion. Ils ont suffisamment fait parler d’eux ce
matin à la halle aux bouchers et auprès des partisans des Ostlanders la veille au soir. La
surprise encore une fois doit jouer en leur faveur. Il y a beaucoup d’enjeux autour de la Coupe
du Graf et les intérêts sont multiples. Il y a l’aspect de la compétition proprement dite bien sûr
mais aussi l’honneur des quartiers représentés par leur équipe ainsi que de gros paris qui
entraînent une concurrence des bandes de quartiers. Les aventuriers prennent conscience
qu’ils ont parlé sans méfiance un peu à tout le monde de leur projet en donnant même une fois
le nom de leur auberge où les trouver. Conrad confie qu’il faudra désormais éviter les
déplacements, seul ou même à deux dans la ville.

Hantz va rentrer car il a prévu de courir de bonne heure demain matin. Les cinq hommes se
donnent rendez-vous demain midi au Bernabau Stadion pour la remise des tenues de l’équipe
et s’informer du protocole. Les aventuriers rentrent à l’auberge.

23 juin 1512 (mardi)

Après une matinée tranquille, les aventuriers retrouvent Hantz au Bernabau Stadion vers midi.
Des teneurs de pari sont déjà là et annoncent en hausse la cote de la Chance du Graf. Le
boulanger regarde ses compagnons et leur fait comprendre que la bagarre à la taverne de La
Dernière Goutte n’est pas restée inaperçue ! Les cinq hommes se présentent à une des portes
du Stadion et précisent qu’ils sont les Etoiles Filantes. L’homme qui les accueille les
accompagne jusqu’à une simple table, qui sert de bureau au Magister Ludi où il annonce à ce
dernier l’arrivée de la Chance du Graf. L’homme les reçoit et leur demande la lettre signée de
leur main qu’il leur a fait parvenir. Le rendez-vous d’aujourd’hui a pour but de vérifier qu’ils
sont bien cinq. Les membres de l’équipe se présentent à tour de rôle et donnent le pli en
question. Le Magister Ludi, surpris, lève les yeux vers Hantz, boulanger à Middenheim. Avec
son accent de l’est, le Magister leur rappelle l’engagement que symbolise ce papier, le
règlement de la compétition et l’honneur qui leur est fait de représenter le Graf et sa famille.
L’homme les entraîne ensuite pour une visite des lieux. Il leur montre les vestiaires. Hadden
demande alors si Artus, un jeune nain de leur connaissance, peut les accompagner pour leur
fournir de l’eau et des provisions au moment des rencontres. Il n’y a pas de problème. Le
Magister les invite ensuite à pénétrer sur le terrain dans l’enceinte du Stadion. Hantz est très
impressionné, à la fois ému et tendu comme la corde d’un arc. Ludi leur montre la tribune
d’honneur et indique un escalier en bois menant à la loge du Graf. Ce n’est que demain qu’ils
recevront les tenues de l’équipe et qu’ils seront présentés au Graf de Middenheim et à sa cour.
Sa fille sera peut-être présente. La première rencontre a lieu à quatorze heures et le Magister
leur fixe rendez-vous à seize heures pour le deuxième quart de finale qui débutera à dix huit
heures. Les aventuriers pensent venir en avance assister au premier quart pour juger de la
valeur des deux équipes, dont celle qu’ils rencontreront peut-être au tour suivant.

Hantz retourne à son travail puis les aventuriers se rendent au champ de tir à l’arc en début
d’après-midi. Les cibles sont désormais à quatre vingt pas ! Le prêtre d’Ulric passe une
nouvelle fois parmi les participants pour leur offrande au dieu de la cité. Conrad lui donne
quatre pièces d’or. Le maréchal est le premier à se qualifier mais il doit partir. Il explique à
Allavandrel qu’il est attendu à une réception au théâtre. L’elfe le regarde s’éloigner puis il
éblouit l’assistance d’un tir parfait. Il vient trouver Jochen et l’invite à tirer à son tour.

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L’archer commence à être connu et sa prestation attendue. Sa flèche se plante dans la cible
également, laissant pressentir un duel intéressant. Le champion Dieter réussit son deuxième
tir puis les concurrents passent les uns après les autres. Soudain, un homme en armure
étincelante, jusque là inconnu, fait son apparition. Il s’agit de Siegfried von Prunkvoll, le
Champion Eternel qui protège la ville. Allavandrel se moque de lui mais l’homme réussit au
premier tir. Conrad se qualifie également pour le tour suivant du premier coup. Arrive alors
un homme visiblement d’une grande importance, assez petit, musclé, qui d’un pas décidé
prend place sur le pas de tir. Malheureusement, ce dernier candidat échoue dans ses trois
tentatives. Un autre l’appelle « mon général » et lui fait part de sa surprise devant ce mauvais
coup du sort. A la fin de cette nouvelle séance, il ne reste que quinze concurrents.

Les aventuriers se reposent le reste de la journée et vont le soir dans le parc rejoindre Hantz
pour s’entraîner. Le boulanger leur parle aussi de l’équipe qu’ils vont rencontrer. Les
Charretiers de Bersgburg passent pour des costauds, un peu lourdauds et à la mauvaise
réputation. Ils trichent aisément et ne sont pas avares de quelques coups interdits. Tout leur
jeu repose sur leur ailier droit, Bischoff, plutôt talentueux mais efficace une fois sur deux.

Helmut demande au boulanger si la discrétion est toujours de mise chez lui. Sa femme, en
effet, ne sait toujours rien. Hantz lui a même acheté une place au marché noir en prétextant
qu’il ne pouvait l’accompagner à cause d’un surcroît de travail ! Il n’y a pas de tir à l’arc
demain en raison de l’ouverture du tournoi de rotzball. Les cinq hommes décident de se
retrouver au Stadion pour le premier quart de final entre les deux compagnies de diligence.
Hantz rentre chez lui puis les aventuriers retournent à l’auberge. Un chant de partisans d’une
équipe attire leur attention au moment de quitter le parc mais ils passent leur chemin.

24 juin 1512 (mercredi)

Les aventuriers sont réveillés le matin par des cris au nom du Loup Courant et de la Tour du
Roc, scandés par leurs partisans respectifs. Personne ne peut plus ignorer aujourd’hui
l’ouverture du tournoi de rotzball. Au fur et à mesure de la matinée, les aventuriers sont un
peu tendus. Artus les aide dans leurs derniers préparatifs puis les accompagne en début
d’après-midi jusqu’au Bernabau Stadion. En chemin, Hadden achète cinq edelweiss qu’il
espère remettre à la fille du Graf. Ils retrouvent Hantz dont le visage fermé en dit long sur son
état de nervosité. Ils pénètrent dans le stade par l’entrée des équipes, différente de celle du
public. A l’intérieur de l’enceinte, le stade est plein mais la loge du Graf est restée vide. Le
Magister Ludi les accueille et leur trouve une place en bas d’une tribune. Il déclare ensuite la
Coupe du Graf ouverte sous les acclamations des spectateurs.

La rencontre entre le Loup Courant et la Tour du Roc peut commencer. Le coup d’envoi est
donné. Très vite, comme on s’y attendait, l’équipe du Loup Courant prend l’avantage et
marque un premier point. Mais la Tour du Roc trouve des ressources insoupçonnées et
marque deux fois. Une bagarre éclate dans les gradins entre les partisans des deux équipes
quand une vive altercation a lieu également entre les joueurs. L’arbitre intervient. Tout se
calme. Après un dernier temps de jeu, la mi-temps est sifflée sur le score de deux à un pour la
Tour du Roc.

A la reprise, une banderole est déployée par les partisans du quartier de la Porte Sud, insultant
les deux équipes : « Alcooliques, chômeurs, Adorateurs du chaos, Bienvenue à la Porte
Sud ! » La rencontre reprend malgré le désordre. Sur un rythme élevé, les deux équipes
marquent encore chacune deux fois mais l’avantage reste à l’équipe de la Tour du Roc que

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personne n’attendait à ce niveau. Sa victoire, quatre à trois, est méritée mais surprend les
pronostics. Hantz se dit étonné par leur bonne défense générale et la vitesse de leurs ailiers.

Une partie du public quitte l’enceinte du Stadion mais de nombreux spectateurs, munis de
deux places, restent pour la deuxième rencontre. Les aventuriers, Artus et Hantz rejoignent
leur vestiaire pour s’isoler. Le temps passe lorsque le Magister Ludi les rejoint et leur remet
les tenues officielles de La Chance du Graf. Elles sont en cuir repoussé, assorties d’une étoffe
blanche, couleur de la cité d’Ulric. Devant le Graf, il leur suffit de s’incliner légèrement et de
donner leur prénom pour se présenter. Piotr leur précise qu’il viendra les chercher puis repart
aussitôt. Chacun s’échauffe comme il peut et se concentre sur la rencontre. Helmut demande à
Artus de ne laisser personne s’approcher de l’eau ou des provisions. Soudain, du vestiaire, les
aventuriers prennent conscience d’une clameur grandissante de la foule qui scande le nom du
Graf, « Todbringer » « Todbringer » ! Le Graf de Middenheim a-t-il pris place parmi les
spectateurs ? Leur équipe est-elle espérée d’un moment à l’autre ? Nul ne peut le dire mais les
cœurs battent soudain plus fort. Le Magister Ludi fait à nouveau son apparition. Il est temps.
Il précède Helmut, capitaine de l’équipe, suivi par le reste de ses compagnons. Les cinq
joueurs font leur entrée dans le stade sous les acclamations et le son des trompettes qui saluent
leur arrivée. Les joueurs découvrent le stade totalement rempli. Hadden jette un œil à la loge
du Graf, pleine également de hauts seigneurs et de personnalités de la Cour ! Sur le terrain, les
Charretiers de Bersgburg, en tenue rouge et bleue, forment une haie d’honneur. Le Magister
Ludi, au centre, obtient le silence puis d’un geste dans leur direction présente à la foule « la
Chance du Graf » ! Une ovation générale accueille sa déclaration puis Helmut se dirige vers
l’escalier menant à la loge du Graf. Hadden ferme la marche, ses fleurs à la main.

En gravissant les marches, les aventuriers regardent en direction du Graf et en profitent pour
passer en revue les seigneurs de son entourage présents dans sa loge. Parmi eux, se trouvent
quelques têtes connues, aperçues au concours de tir à l’arc et notamment le général et Dieter.
Nikolo est là également. Mais ils sont aussi quelques uns qu’ils aperçoivent pour la première
fois. Un jeune homme, d’une trentaine d’année, qui leur est inconnu, semble se redresser avec
nervosité sur son siège en les apercevant. Derrière lui, un autre homme, barbu, inconnu lui
aussi, lui pose une main sur l’épaule pour le calmer comme s’il l’appelait à la patience. Les
aventuriers, à qui la scène n’a pas échappé, se demandent si le jeune seigneur ne pourrait pas
être Gothard Wittgenstein et hésitent sur son attitude entre menace et empressement à les
rencontrer.

Helmut arrive devant le Graf à côté duquel sont assisses sa fille et une femme plus âgée. Le
capitaine de l’équipe s’incline et se présente. Suivent Conrad, Hantz, Jochen et Hadden. Ce
dernier, après avoir salué le Graf, fait un pas vers sa fille et pose devant elle un genou à terre
sous l’œil vigilant des Chevaliers Panthères légèrement soucieux de cette initiative. Hadden la
regarde et, au nom des Etoiles Filantes, lui remet le bouquet d’Edelweiss à la blancheur
éclatante. La jeune femme accepte l’offrande et, d’un geste de la main, lui effleure la joue en
guise de bénédiction : « Que la Chance du Graf soit avec vous » dit-elle.

La rencontre va commencer. Helmut gagne le tirage au sort et choisit d’engager. Les Etoiles
Filantes ont la balle et tentent une manœuvre sur la gauche. Hantz se révèle un bon bloqueur
mais les Charretiers de Bersgburg lisent très bien la tentative de débordement et s’organisent
pour la contrecarrer. Helmut réussit à conserver la balle. Soudain, le capitaine prévient ses
compagnons et amorce un renversement d’attaque. Conrad et Hadden réussissent à bloquer
deux joueurs adverses, Jochen se positionne pour gêner les autres. Helmut change d’aile et
passe à l’attaque. Il file le long du terrain et prend suffisamment d’avance. Malgré le retour

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d’un de leurs ailiers, les joueurs de Bersgburg ne peuvent rien faire. Helmut marque ! La foule
laisse éclater sa joie en une clameur retentissante.

Les Charretiers de Bersgburg engagent à leur tour. Passée la surprise de ce début de rencontre,
les joueurs rouge et bleu deviennent plus vigilants et mettent à mal la défense des Etoiles
Filantes. Mais l’équipe tient bon, empêchant leurs adversaires par deux fois, grâce aux retours
de Jochen et d’Helmut, de marquer. Lors d’une nouvelle attaque des Charretiers, les Etoiles
Filantes récupèrent la balle sur une passe hasardeuse. La mi-temps est proche, Jochen puis
Hadden écartent le danger. L’arbitre siffle la pause.

A la reprise, les joueurs de Bersgburg engagent à nouveau et surprennent la défense trop à plat
des Etoiles Filantes. Malgré une bonne réaction de Conrad et de Hantz, Bischoff, l’ailier droit
adverse profite de sa vitesse et passe sur l’aile gauche. Helmut en dernier défenseur rate
malheureusement son blocage, laissant filer l’attaquant. Les Charretiers de Bersgburg
égalisent.

Helmut et ses compagnons s’organisent pour l’engagement suivant. Conrad a l’idée de leurrer
leurs adversaires en concentrant leur effort au milieu du terrain mais en laissant Helmut près
de l’aile droite. Conrad a la balle et engage l’action. Il traverse la moitié de terrain vers
Helmut et lui adresse une passe précise. Hantz et Hadden foncent alors sur les deux joueurs
les plus proches de leur capitaine et les bloque. Helmut s’élance alors en terrain dégagé, suivi
par Jochen prêt au soutien. Seul le capitaine adverse peut tenter d’intervenir, ses deux autres
joueurs étant trop éloignés. Il court en direction d’Helmut quand Jochen le gêne en lui
coupant sa trajectoire. Helmut file à travers le camp adverse et marque ! Les Etoiles Filantes
reprennent l’avantage !

Les rouge et bleu engagent et se font menaçants. Mais Helmut et les siens ont pris plus de
profondeur et présentent deux rideaux défensifs couvrant toute la largeur du terrain. Les
attaques des Charretiers sont repoussées les unes après les autres mais ils conservent la balle.
Soudain, Bischoff, leur ailier vedette, attaque sur la droite. Hadden ne parvient pas à l’arrêter.
C’est Hantz qui s’en charge mais, d’une passe lumineuse saluée par la foule, l’ailier adresse la
balle à son capitaine, situé pourtant plus de trente pas plus loin. Celui-ci perce et est près de
marquer quand Jochen et Helmut lui barrent la route. Il tente une passe mais la rate. Le ballon
tombe en avant et est rendu à la Chance du Graf. C’est la fin de la rencontre. Les Etoiles
Filantes ont gagné, déjouant tous les pronostics ! Les aventuriers n’en reviennent pas eux-
mêmes tant ils ont bien cru devoir jouer les prolongations en cas d’égalité.

La foule les acclame et scande un moment le nom d’Helmut, capitaine victorieux. Cela faisait
une éternité qu’une équipe, représentant la Chance du Graf, n’avait pas gagné une rencontre et
passé un tour dans la compétition. Helmut prend l’initiative d’aller saluer les joueurs de
l’équipe adverse, aussitôt suivis par ses compagnons qui l’imitent. Les Charretiers de
Bergsburg, dépités par leur défaite, sont un peu surpris de la sollicitude de leurs adversaires.

Le Magister Ludi fait signe à Helmut de le rejoindre avec les autres. Il les invite à gravir à
nouveau l’escalier de la loge du Graf pour saluer les membres de la Cour, impressionnés par
leur exploit. Au premier rang, le jeune homme, qui s’était levé à leur arrivée sur le stade et
qu’ils soupçonnaient d’être Gothard, ne tient plus en place. Il passe une jambe par-dessus la
rambarde et enserre Helmut dans ses bras, débordant d’une affection spontanée et
surprenante. Il est bien trop jeune en fait et paraît vraiment simple d’esprit. L’homme à ses
côté, barbu, peut-être un précepteur, le ramène à la raison en l’appelant Stephan. Le Graf, à

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peine plus loin, témoin de la scène, semble consterné et va réagir d’une colère sourde quand
sa compagne à sa droite lui pose une main sur le bras pour l’appeler au calme. Hadden qui
ferme la marche de ses congratulations générales l’entend dire au Graf qu’ils vont être en
retard pour l’opéra.

Le Bernabau Stadion se vide peu à peu. Les aventuriers restent encore sur place et profitent
des connaissances de Hantz pour mettre un nom sur les seigneurs qui leur sont inconnus. Le
boulanger leur indique la présence de William Goebbels, chef de la Ligue Marchande, ainsi
que celle de Josef Sparsam, le chancelier, peu populaire en ce moment à cause des dernières
taxes en vigueur. Quant au jeune Stephan, il est le fils du Graf, considéré comme débile,
surnommé « la tremblote », et toujours accompagné de Pavarotti, le barbu derrière lui, un
médecin tiléen aux méthodes douteuses qui jouit d’une aura surprenante tant il passe pour un
véritable charlatan !

Le Magister Ludi, ravi de ce premier jour de tournoi, rejoint les aventuriers, leur propose de
se laver, de se changer et les invite à un repas au Bateau Théâtre. Ils acceptent, conscients que
cette victoire peut leur permettre de rencontrer du monde.

La nuit n’est pas encore tombée quand les aventuriers quittent le stade. Une haie d’honneur un
peu spéciale les attend à la sortie, constituée par des partisans de la Porte Sud, contenus par la
milice. Les partisans vocifèrent leur hostilité, scandant leur cri de ralliement « un, deux, trois,
Porte sud » d’un salut martial. Un homme s’adresse à eux, menaçant, en leur promettant de les
retrouver en finale ! Surpris par tant d’agressivité, les aventuriers quittent l’enceinte du stade
sous la conduite du Magister Ludi qui les mène jusqu’au lac du parc. Ils découvrent au bord
de l’eau une taverne de style campagnard, visiblement très renommée. Un portier plutôt
costaud surveille l’entrée et échange un regard avec le Magister Ludi à leur arrivée.

A l’intérieur, un foyer central illumine la salle commune autour de laquelle se répartissent


plusieurs alcôves rondes à l’ambiance feutrée que l’on peut fermer par des rideaux. Dans
l’une d’elles, les aventuriers reconnaissent les deux elfes du concours de tir à l’arc,
Allavandrel et Rallane, en compagnie de trois jeunes femmes. Piotr Yarblinsky se dirige vers
une alcôve où sont déjà arrivés un vieil ami à lui, le Comte von Krushtern, passionné de
rotzball, et l’ailier Bischoff des Charretiers de Bergsburg ! Le Magister invite les aventuriers,
Artus et Hantz à prendre place et annonce qu’il offre cette soirée en l’honneur de la Chance
du Graf qui a tenu toutes ses promesses pour cette première rencontre.

La soirée est agréable et une discussion avec Bischoff permet aux aventuriers de mieux cerner
les équipes adverses du tournoi. Les Ereinteurs de la Porte sud et les Ostlanders sont les deux
équipes les plus fortes chaque année. L’une d’elle éliminera l’autre mais Bischoff conseille de
faire très attention à l’équipe de la Tour du Roc qui a su visiblement se préparer pour le
tournoi de cette année. Ils ont une très bonne défense, un excellent capitaine et ils se déplacent
vite. Mais ils sont sigmarites et seront mal accueillis par la foule, ce qui est un petit
désavantage.

Conrad est dans ses pensées et réfléchit à Gothard Wittgenstein qui pourrait très bien avoir
changé d’apparence à l’aide d’un sortilège pour mieux passer inaperçu à la Cour du Graf. Il
dévisage soudain le Magister Ludi, dont la fonction est idéale pour assouvir sa passion du
rotzball s’il est l’héritier des Wittgenstein.

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Helmut a une idée et s’adresse à Bischoff pour savoir si en cas de blessure de l’un des leurs, il
serait intéressé pour le remplacer. Mais l’ailier de Bergsburg doit décliner la proposition car
aucun joueur d’une équipe déjà engagée et éliminée ne peut rejouer dans une autre équipe.
D’ailleurs, à ce sujet, il est déjà arrivé qu’une équipe finisse et remporte le tournoi à quatre
joueurs seulement.

Conrad s’adresse au Magister Ludi pour savoir comment il est arrivé à Middenheim et ce qui
l’a conduit à s’occuper du tournoi de rotzball. Il est arrivé dans la cité d’Ulric il y a déjà dix
ans et organisait à l’époque des combats de taureaux. Il a découvert le rotzball et est resté.
Mais le rotzball à Middenheim existe depuis fort longtemps, c’était le quatre centième
anniversaire du tournoi l’an dernier, et il n’a fait que reprendre le flambeau.

Le repas servi est un vrai festin, lorsque les rideaux de l’alcôve sont ouverts par les deux elfes
accompagnés d’une jeune femme blonde et d’une autre, brune. Ils tenaient à féliciter
personnellement les joueurs de la Chance du Graf tant le spectacle de leur rencontre a été
divertissant et couronné de succès. Allavandrel envoie un sourire moqueur à Bischoff et se
tourne vers Jochen. L’elfe s’étonne d’un ton amusé de le voir partout, au tir à l’arc, au rotzball
et s’attend demain à le voir défier le champion Dieter… L’archer confirme son envie de
profiter pleinement du carnaval mais reste modeste. L’elfe lui adresse un signe de la main et
rappelle qu’ils se verront au concours de tir à l’arc.

Artus profite de l’atmosphère détendue de la soirée pour rappeler que Conrad et Helmut
avaient parlé de se rendre à la Chapelle de Grugni. Les aventuriers lui confirment qu’ils iront
demain. Soudain, le son mélodieux d’un luth fait cesser toutes les discussions et s’ouvrir les
alcôves. Rallane a pris place sur une petite scène, attenante à la salle commune, et joue avec
une grande habileté de l’instrument de musique. Sa voix s’élève alors au milieu de
l’assistance captivée par la beauté d’un chant triste et mélancolique. Le Magister Ludi
s’étonne à voix basse de voir les elfes, d’un habituel rieur, se transformer dès qu’il s’agit de
chanter. A la fin de sa chanson, l’elfe reçoit plusieurs salves d’applaudissements nourris.

Les clients de la taverne, encore sous le charme, reprennent peu à peu leurs discussions quand
les aventuriers s’intéressent à un échange entre le Magister et son ami von Krushtern. Le
vieux Comte se rappelle le temps où il avait combattu les hommes-bêtes dans les égouts de
Middenheim. Il en avait tué trois à lui tout seul ! C’était en 1487. Il était jeune encore à cette
époque mais aujourd’hui il est convaincu que ces mêmes hommes-bêtes séjournent dans les
forêts autour de la cité. Le Magister Ludi sourit et lui assure qu’il a trop abusé de ce vin
délicieux servi ici.

La soirée se termine. Les aventuriers remercient Piotr de son invitation et de ce bon moment
partagé ensemble. Dehors, quelques amoureux tardifs se promènent encore sur le lac à bord
de leur barque, éclairée par des lanternes multicolores, se reflétant à la surface de l’eau et
donnant à la nuit un aspect féérique.

Les aventuriers décident de raccompagner Hantz chez lui. Sa femme, sa famille et quelques
amis l’attendent devant sa maison. L’accueil est jovial et la boulangère lui saute dans les bras
tant elle est heureuse de l’avoir vu gagner ! Helmut lui conseille de se reposer et de ne pas se
lever à l’aube pour travailler. Hantz, hésitant, finit par être d’accord mais l’idée d’un pain,
baptisé la Chance du Graf, lui trotte dans la tête. Helmut et Hadden lui conseillent de le faire
en forme d’étoile, provoquant un éclat de rire général. Un rendez-vous est pris demain devant

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la boulangerie puis les aventuriers, prudents, rentrent à l’auberge en faisant un détour par la
voie principale éclairée.

Sur leur trajet, le bruit soudain d’une cavalcade attire leur attention. Au détour d’une ruelle,
ils voient passer un fuyard poursuivi et insulté par un groupe d’enfants. Les aventuriers se
plaquent contre le mur d’une maison, bien décidés à ne pas se faire voir, quand Jochen se
dissimule dans l’ombre et avance plus loin dans le passage. Au bout d’une autre ruelle, le
fuyard est pris dans une cour sans issue et cerné par six nains menaçants, prêts à lui faire
payer ses actes et à reprendre l’argent qu’il leur a volé. Les aventuriers se rapprochent de
Jochen et se demandent s’il ne pourrait pas s’agir de Josef Sparsam, le chancelier. Hadden,
d’une voix forte, simule un sergent de la garde et donne l’alerte, claquant quelques ordres de
mise en place aux hommes qu’il n’a pas. Mais sa ruse est efficace et Jochen voit débouler les
six nains dans la ruelle et prendre la fuite. Les aventuriers se rapprochent de l’homme
effondré et terrorisé par cette agression. Passée sa stupeur, il se relève et se présente : il est
effectivement le chancelier Sparsam. La voix encore tremblante, il fouille sa poche, en extirpe
une petite boîte et avale une espèce de pilule blanche. C’est en fait un remède pour calmer son
cœur à l’épreuve. L’homme remercie ses sauveurs à qui il doit la chance d’être encore en vie.
A propos de chance, Helmut en profite et se présente comme le capitaine de la Chance du
Graf. Le chancelier le dévisage puis écarquille les yeux en le reconnaissant. Sparsam confie
qu’il a passé la soirée avec des amis mais s’en veut d’avoir voulu rentrer seul. Depuis ces
nouvelles taxes, il est la cible d’un mécontentement général mais c’est le Graf qui a décidé de
ces impôts.

Les aventuriers le raccompagnent jusqu’au palais. Le chancelier leur demande un dernier


service en leur confiant qu’il préfèrerait que cette mésaventure ne s’ébruite pas. Les
aventuriers l’assurent de leur entière discrétion. Hadden lui demande ce qui est prévu à la fin
du carnaval. Une fête grandiose est organisée comme chaque année et le chancelier les invite
à en profiter pleinement. Arrivés devant le palais, Sparsam les remercie encore de leur
dévotion et se dit leur être redevable. Les aventuriers conviennent avec lui de se présenter au
palais sous le nom de la Chance du Graf s’ils ont besoin de le rencontrer puis ils rentrent à
l’auberge.

25 juin 1512 (jeudi)

Des coups de marteaux dans la rue, suivis d’une altercation entre plusieurs personnes, tirent
les aventuriers de leur sommeil. Un homme, à la voix déterminée, finit par menacer quelqu’un
d’autre de son épée. Conrad se lève et jette un œil curieux par la fenêtre de leur chambre :
deux templiers de Sigmar, en cotte de mailles et toge blanche frappée de la croix, sont en train
de clouer une affiche à une planche en bois pour un avis public.

Quelques curieux viennent lire l’annonce dès que les deux templiers se sont éloignés pour
clouer plus loin leur affichage. Hadden, craignant soudain des nouvelles contrariantes, bondit
sur ses pieds et descend, l’air inquiet, dans la rue. Ses compagnons le suivent et découvrent
avec lui l’affiche des templiers. C’est l’annonce officielle de la destitution de la famille
Wittgenstein de ses titres et de ses terres à travers l’exécution, après question, de la baronne
Ingrid von Wittgenstein, reconnue coupable de sorcellerie, d’œuvre avec le Chaos et de
trahison envers l’Empereur !

Au rythme des coups de marteaux, la nouvelle se répand dans la ville. Hadden ne peut
s’empêcher de jurer contre ces Templiers de malheur, ce chevalier Tasseninck qui les envoie

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en mission ici dans le plus grand secret pour placarder quelques jours à peine après leur
arrivée des nouvelles d’une importance capitale ! Ses compagnons l’appellent au calme mais
sa colère est grande : comment faire maintenant pour débusquer Gothard, déjà que l’affaire
n’était pas évidente ? Comment ne pas penser un instant qu’il risque de se faire plus discret
que jamais, se terrer ou pourquoi pas quitter la ville ? Hadden enrage.

Les aventuriers remontent dans leur chambre pour réfléchir mais l’événement les accable.
Conrad remonte le moral des troupes. Ils n’ont pas trouvé la moindre trace du conspirateur.
Gothard est là incognito, protégé par ses supérieurs. Il n’a peut-être aucun intérêt à quitter la
ville où il est intégré depuis plusieurs années maintenant. Et partir pour aller où ? La nouvelle
va être répandue dans toutes les villes de l’empire…

Les aventuriers, maussades, se rendent à la boulangerie où ils retrouvent Hantz. Il n’y a pas de
tir à l’arc aujourd’hui et Artus insiste lourdement pour aller à la chapelle de Grugni. Une
rumeur commence à circuler en ville au sujet de l’agression de Sparsam qui ne doit la vie
sauve qu’à l’intervention d’inconnus. Les badauds y vont de leur commentaire quant aux
taxes décidés dernièrement : tout le monde paye, sigmarites comme ulricains. Artus, d’un air
renfrogné, leur reproche de ne pas tenir leurs promesses. Helmut s’explique vivement avec
lui. Le jeune nain leur demande alors ce qu’ils auraient fait hier soir si ses congénères
n’avaient pas délaissé le chancelier en fuyant. Hadden lui rappelle comment ils ont défendu
l’honneur des nains à Grissenwald. La tension monte.

Les aventuriers décident de se rendre à la chapelle pour passer le temps et détendre l’humeur
générale. Elle est située dans le quartier près de la Porte Sud. Helmut et Hadden échangent un
regard en espérant ne pas faire de mauvaises rencontres. Malgré le début de l’après-midi, il
n’y a pas grand monde dans les rues. Le quartier est essentiellement ouvrier et les aventuriers
repèrent l’entrée très spécifique de maisons naines. Ils trouvent l’endroit de la chapelle, un
bâtiment tout simple dont la porte est ornée d’une rune naine. Les aventuriers passent la porte,
traversent une petite cour et descendent un escalier à pic souterrain vers une salle troglodyte.
A l’entrée de la grotte, des nains chargés de colis leur indiquent que la chapelle est fermée.
Conrad cherche quelques explications et apprend qu’ils déménagent la chapelle. Un nain
surenchérit et confie qu’ils quittent Middenheim ! Artus est triste mais Helmut intervient et
relate leur long périple et la promesse d’Artus faite à son père ! Les nains se regardent et
donnent leur accord pour une dernière visite. Un des nains passe devant puis Artus et les
aventuriers s’engagent dans un couloir étroit, creusé dans la roche. Ils débouchent peu après
dans une petite salle, éclairée par des torches, au milieu de laquelle, sur un socle, trône une
magnifique statue en or, immaculée, représentant un casque nain d’une taille impressionnante.
Les aventuriers ouvrent grand leurs yeux devant l’imposante beauté de l’ouvrage. Ils
s’interrogent en même temps sur la façon de déplacer un tel poids. Leur guide les rassure.
Conrad en profite pour demander les raisons de ce départ. Le nain s’étonne qu’ils ne soient
pas au courant des taxes de ce maudit chancelier ! Les nains ont construit cette cité et depuis
l’extraordinaire labeur de leurs ancêtres, ceux qui y vivent n’ont jamais eu à payer d’impôt.
Cette réforme est injuste et révoltante. Mille nains résident à Middenheim, font profiter la cité
de leur savoir-faire et participent à l’entretien de la ville et de ses égouts mais, d’ici quelques
mois, la moitié au moins va s’en aller. D’ailleurs, les nains sont en grève depuis trois mois et
les égouts sont laissés sans entretien. Les aventuriers tentent de comprendre les intentions du
chancelier mais les explications du nain indiquent que Sparsam n’est pas seul en cause. Trois
Seigneurs des Lois votent les textes à appliquer et les soumettent au Graf qui les signe. Il
s’agit de Herr Warsmeier, Ehrlich, et Höfflich. Le chancelier ne serait-il qu’un exécutant livré
à la vindicte populaire ? Le nain a un geste d’énervement tant la gestion des affaires est

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injuste dans cette ville. Il explique que le Théogone lui-même, représentant local du culte de
Sigmar, est sur le point de se rendre à Altdorf auprès de l’Archthéogone pour rapporter
qu’une taxe plus importante est demandée aux sigmarites qu’aux ulricains. Les aventuriers se
souviennent en effet de leur arrivée à Middenheim et des questions posées pour évaluer leur
taxe d’entrée dans la ville.

Sur le chemin du retour, Artus est à la fois triste du départ des nains et content d’avoir pu tenir
sa promesse en visitant à temps la chapelle de Grugni. Les aventuriers, soucieux, récupèrent
Hantz et se dirigent vers le stade. Le Magister Ludi est là et les accueille avec joie. Il leur
trouve une place en bas d’une tribune. La loge du Graf est déserte si ce n’est la présence
d’Allavandrel et de Willy Goebbels qui s’ignorent royalement. Conrad se demande si la
nouvelle de ce matin concernant la famille Wittgenstein expliquerait un si grand nombre
d’absents.

La première rencontre cet après-midi oppose les Ostlanders aux Charpentiers de Middenheim.
Les chants des partisans de l’Ostland envahissent le stade « Ostland, Ostland… » Leur équipe
est favorite et ils le font savoir. Après le protocole au cours duquel le Magister Ludi présente
les deux équipes, l’arbitre donne le coup d’envoi. Rapidement, les Ostlanders prennent
l’ascendant et marquent une première fois. Les Charpentiers s’organisent et résistent. Ils
égalisent même sous les vivats d’une partie de la foule. Les Ostlanders repartent à l’assaut du
camp adverse et marquent une nouvelle fois avant la mi-temps. Une bagarre éclate alors dans
le public.

A la reprise, les Ostlanders marquent et mènent trois à un. Les Charpentiers trouvent des
ressources insoupçonnées pour ne pas sombrer et marquent à leur tour. Mais les Ostlanders
creusent l’écart à nouveau. La rencontre est soutenue et la résistance des Charpentiers
inattendue. Ils marquent encore une fois puis c’est la fin du match. Les Ostlanders l’emportent
quatre à trois.

Vers la fin de la rencontre, la loge du Graf s’est légèrement remplie avec l’arrivée d’autres
personnes. Le maréchal, le général et un autre militaire sont là ainsi que le médecin tiléen
qu’Allavandrel est ravi de retrouver.

La deuxième rencontre voit s’affronter les redoutables Ereinteurs de la Porte Sud et les
Forestiers de Beeckerhoven. Les deux équipes entrent sur le terrain pour être présentées au
public venu en nombre pour assister à cette affiche prometteuse. Le Magister Ludi au centre
du terrain présente les joueurs et leur entraîneur. Celui des Forestiers est appelé Herr Raag,
attirant soudain l’attention de Hadden. Le jeune bûcheron d’Untergeschatt reconnaît son père
dont il était sans nouvelle. Ses compagnons reconnaissent aussi la silhouette familière leur
jetant autrefois un œil bienveillant lorsqu’ils apprenaient à jouer au rotzball. Hadden est à la
fois soulagé de le savoir en vie et étonné de le retrouver à la tête d’une équipe inscrite à la
Coupe du Graf !

La rencontre commence et, à la surprise générale, les Forestiers ouvrent le score. Mais les
Ereinteurs égalisent rapidement mettant en place leur jeu, fait de force et de vitesse. A chaque
attaque dangereuse, leurs partisans émettent un grondement sourd et frappent du pied sur le
sol. Les Forestiers jettent toutes leurs forces dans l’affrontement pour enrayer les actions de
leurs adversaires mais ils ne tiendront pas longtemps tant les deux équipes paraissent
déséquilibrées. C’est alors qu’un joueur des Forestiers intercepte la balle sur une attaque des

111
Ereinteurs et file marquer dans leur en-but ! La foule s’est levée pour assister à l’exploit mais
les sifflets des partisans de la Porte Sud fusent et couvrent les applaudissements.

L’arbitre indique la mi-temps. Les Ereinteurs sont menés deux à un ! Leurs partisans sont
mécontents et ils le font savoir : les tribunes du stade tremblent sous le martèlement.

A la reprise, le rouleau compresseur des Ereinteurs se met en marche alors que les Forestiers
semblent payer leurs efforts de la première mi-temps. Les Ereinteurs égalisent, neutralisent les
attaques adverses et marquent une seconde fois, prenant le score à leur avantage : trois à deux.
Les Forestiers engagent pour la dernière action avant la fin de la rencontre. Ils déploient une
belle attaque et marquent pour l’égalisation, arrachant la première prolongation du tournoi et
provoquant une véritable tempête dans les rangs du public !

Une courte pause est marquée mais les deux équipes restent sur le terrain. Hadden, pris par
l’enjeu de la rencontre, devient nerveux. Il observe son père, Pieter Raag, haranguer ses
joueurs et prodiguer ses conseils. Il ne faut rien lâcher !

La rencontre reprend sur un rythme soutenu. Les Ereinteurs passent à l’attaque lorsque,
soudain, le porteur de la balle est gêné dans sa course par un de ses coéquipiers. Le joueur
tombe, créant la stupeur, et lâche la balle. Les Forestiers se jettent dessus pour s’en emparer et
contre-attaquent. Ils reprennent l’avantage ! Ils manquent par contre leur action suivante,
ratant l’occasion de creuser l’écart. Lors de la deuxième partie de la prolongation, les
Forestiers engagent, conservent la balle et marquent à nouveau. La dernière action voit les
Ereinteurs jeter toutes leurs forces dans une attaque puissante et marquer un essai. Mais la
rencontre est finie ! Les Forestiers l’emportent cinq à quatre ! Une émeute générale éclate
dans le stade. Les partisans de la Porte Sud s’en prennent à tout le monde. Des miliciens
viennent protéger l’équipe des Forestiers et les accompagnent jusqu’à leur vestiaire. D’autres
arrivent, soutenus par des cavaliers, pour contenir la foule sur le terrain et dans le stade, dans
le parc et les rues avoisinantes. C’est la confusion la plus totale. Hadden renonce à retrouver
son père.

La nuit est tombée quand les aventuriers parviennent à leur auberge. La journée de demain
promet d’être intense et il est temps de reprendre des forces.

26 juin 1512 (vendredi)

Les aventuriers se rendent le matin sur le pas tir du concours à l’arc. En passant, ils récupèrent
Hantz avec eux. Ils sont encore quinze à concourir. Les cibles sont maintenant à cent pas !
Conrad donne six couronnes au prêtre d’Ulric. Mais le nautonier manque trois fois la cible.
Trois autres concurrents échouent dans leur tentative. Puis Jochen exécute un tir parfait.
Allanvandrel lui sourit et place sa flèche dans la cible. L’elfe lui fixe rendez-vous à dimanche
pour le dernier tour.

Les aventuriers vont manger avec Hantz à leur auberge.

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