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Nouvelle série n° 11 (380) - 11 juin 2010 - 0,50 euro
Sommaire :
Pages 2 / 3 — Algérie :
Correspondance du Parti des
Travailleurs d’Algérie (PT)
« Bienvenue à Alger ».
— Afrique :
Conférence mondiale ouverte (CMO)
L’Organisation unitaire des syndicats
africains (OUSA) s’implique.
Page 4 - Guadeloupe :
Interview d’Elie Domota,
secrétaire général de l’UGTG.
Page 5/ 6 / 7 / 8 - Chine :
Appel
• A tous les militants et organisations
qui préparent la CMO (Alger 27, 28, 29,
novembre) ;
• A toutes les organisations du mouve-
ment ouvrier :
« Solidarité avec les travailleurs
chinois de Honda à Foshan
Réintégration des délégués
licenciés !»
2 documents
1 L’appel des travailleurs de Honda
aux ouvriers de par le monde.
2 Soutien aux salariés de Honda à
Foshan (Document des travailleurs de
Foshan transmis par Labour Action
China)
AFRIQUE
Dans le cadre de la préparation de la CMO continent africain ainsi que ceux de la région Si certains ont d’emblée signé l’appel à la
une rencontre du comité d’organisation (PT/ du Magreb et du Machrek doivent être réunies. » tenue de la CMO en annonçant leur intention de
UGTA) a eu lieu à Alger le 4 mai 2010 en pré- prendre part à cet important regroupement
sence de la secrétaire générale du Parti des C’est la condition qu’ont tiré les membres international car, comme l’a déclaré Semba
Travailleurs, Mme Louisa Hanoune. L’UGTA du comité d’organisation. DIOP secrétaire adjoint de l’OUSA : « Le seul
était représentée par Hassen Djemane, ex Des dossiers liés à la préparation de la intitulé de la conférence « contre la guerre et
Secrétaire général de la CISA (2) et Badredine CMO ont été ainsi préparés pour le déplace- l’exploitation » suffit pour apporter ma cau-
Mohamed Lakhdar, chargé des dossiers écono- ment de H. Djemane au Liban (siège de la tion et celle de mon organisation » a-t-il dit.
miques au niveau de l’UGTA. CISA). La tenue du conseil général de l’OUSA, D’autres, tout en montrant leur intérêt à l’initia-
Cette rencontre, qui devait fixer une date offi- qui s’est réuni à Alger du 12 au 16 mai 2010, a tive, préfèrent transmettre les documents à leurs
cielle de l’installation solennelle du comité mixte aussi été une excellente opportunité pour ren- organisations respectives afin de décider quelle
d’organisation de la CMO, a été une occasion contrer les responsables syndicaux venus de forme prendra leur participation.
pour ses membres d’avoir un échange sur les dizaines de pays africains. Dix huit membres et secrétaires généraux
sujets ayant un lien avec la préparation du En accord avec le secrétaire général de de centrales syndicales africaines et du secrétai-
rendez-vous international de novembre 2010. l’UGTA, M. Sidi Said, des contrats ont été re national de l’OUSA, ont signé l’appel à la
« Toutes les conditions pour une participa- établis avec plusieurs membres de délégations conférence de la CMO.
tion importante des responsable syndicaux du d’organisations syndicales. R. Y. TAZIBT
Signataires : Adewusi Promise Ade Bunmi, Niger labour congress (à titre personnel et au nom de son organisation) ; Shaibou Assama, USTN Niger ; Bambara Fatimata,
USTB Burkina Faso ; Hassan A. Sunmunu, Organization of african trade union unity OUSA (S.G) (au nom de son organisation) ; Martha Mamoseh Le Mosoang, Lesotho
trade union congress (au nom de son organisation) ; Benjamin Sampson, OATUU/OUSA (à titre personnel) ; Kurreeman Bhye Omar, Mauritius labour congress (au
nom de son organisation) ; Abdul Wahed Ibrahim Omar, Nigeria labour congress (NLC) (au nom de son organisation) ; A François Biondang, Union des syndicats du
Tchad (au nom de son organisation) ; Boumedienne Ahmed Salem, Union des travailleurs de Mauritanie (UTM) (au nom de son organisation) ; Diallo Abdoulay
Lelouma, Guinée (Conakry), représentant de l’OUSA au BIT (à titre personnel) ; Kabore Paul, ONSL, Organisation nationale de syndicats (à titre personnel et au nom
de son organisation) ; Tyoto James, Afrique du Sud (à titre personnel) ; Setondsi Anounou Florentine, Union nationale des syndicats des travailleurs du Benin (UNSTB) ;
Demba Diop, Organisation de l’unité syndicale africaine (OUSA), Ghana (à titre personnel et au nom de son organisation – dont il est secrétaire général adjoint) ;
Chaiberi Hassana Moussa, USTN Niger ; Gueye Sidi Tidiane, Syndicat des travailleurs immigrés France (à titre personnel) ; Youseif Ali Abd Elkareem, secrétaire géné-
ral de Soudan workers trade union federation ; Ntone Diboti Maximilien, Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun.
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GUADELOUPE
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CHINE
Nous venons de recevoir de Chine des informations sur la grève des travailleurs de Honda et leurs appels lancés aux travailleurs du monde entier.
• Au moment où, face à la crise mondiale, dans tous les pays, les travailleurs et leurs organisations sont confrontés à la remise en cause de leurs
conditions de travail, aux attaques contre leurs droits collectifs, contre leurs salaires ;
• Au moment où, dans le monde entier, une offensive se développe pour remettre en cause l’existence même des organisations ouvrières en
s’attaquant à leur indépendance,
• Au moment où, sur tous les continents, les libertés syndicales sont menacées et parfois remises en cause,
« Pour quelle raison les salariés se sont-ils mis en grève ? A cause des salaires trop bas et des mauvaises conditions de travail », est-il écrit dans
l’un des appels, qui poursuit : « Leur travail leur permet-il d’avoir leur dignité ? Non, ils ne gagnent pas assez pour pouvoir se loger, se soigner,
élever un enfant, ni prendre soin de leurs parents. Confrontés à toutes ces difficultés, ils se sont adressés en interne à leur direction. Mais on ne
les a pas écoutés. Le rapport qu’ils ont envoyé a disparu comme un caillou dans l’océan. Ils ont été forcés de se mettre en grève. »
Dans leur appel à la solidarité internationale, les travailleurs de Honda écrivent : « Le 17 mai, tous les salariés se sont mis en grève, et lors de
l’Assemblée générale convoquée par la direction, les ouvriers ont élaboré 108 revendications et ont élu 30 représentants. Cependant, non
seulement le patron a fait preuve de mauvaise foi lors des négociations, mais de plus, il a renvoyé deux des représentants élus des salariés afin
d’essayer d’intimider les autres. » Nous portons à la connaissance des militants ouvriers dans le monde entier les documents sur la grève de
Foshan. Nous vous invitons à les faire circuler.
Nous faisons nôtres et appelons partout à soutenir les exigences contenues dans la plate-forme des travailleurs chinois de Honda :
Dans leur appel à la solidarité internationale les travailleurs de Foshan nous demandent d’ « exiger de l’entreprise qu’elle mette fin à ses pratiques
discriminatoires et aux pénalités à l’encontre des grévistes. » Ils veulent choisir librement leurs délégués syndicaux. Ils veulent organiser leur
syndicat comme ils l’entendent. C’est le droit à l’organisation de la classe ouvrière.
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Document N° 1 L’appel des travailleurs de Honda
aux ouvriers de par le monde
(31 mai 2010)
« L’entreprise de fabrication de pièces détachées Honda située à Foshan City, dans la province de Guandong, vient d’entrer dans sa 14ème jour-
née de grève. Cette grève est la plus longue des nombreuses grèves qu’ont faites les salariés chinois ces dernières années. Alors que
beaucoup de personnes s’inquiètent et s’alarment de la situation tragique des salariés de Foxcom qui se sont suicidés en sautant par la fenêtre d’un
bâtiment, le combat des salariés de Honda est certainement très encourageant.
Des salariés de Honda nous ont dit que leur combat avait payé. Sur un total de plus de 1 800 employés dans l’usine, 80 pour cent sont des
stagiaires venant de lycées professionnels. Comme ils ont signé un contrat de stage, ils ne sont pas protégés par les conventions collectives et
leurs salaires ne se montent pas à plus de 900 yuans par mois, ce qui est inférieur au salaire minimum. Ils ne bénéficient d’aucune assurance
maladie. Quand ces stagiaires ont été recrutés dans les lycées professionnels, l’entreprise leur a promis qu’ils seraient logés et nourris mais ils
ne reçoivent qu’un seul repas par jour. Après déduction des frais de logement, les salariés ne perçoivent que 700 yuans par mois. Les stagiaires ne
peuvent être intégrés dans l’entreprise qu’après avoir travaillé pendant un an comme stagiaires et obtenu un diplôme. Même lorsqu’ils sont
embauchés, leur salaire n’est que de 1 000 yuans par mois.
Le 17 mai, tous les salariés se sont mis en grève et, lors de l’assemblée générale convoquée par la direction, les ouvriers ont élaboré 108 reven-
dications et ont élus 30 représentants à la demande de la direction. Cependant, non seulement le patron a fait preuve de mauvaise foi lors des
négociations, mais il a renvoyé deux des représentants des salariés afin d’essayer d’intimider les autres.
Le 24 mai, l’entreprise a accepté d’accorder 55 yuans par mois pour les repas, ce que les salariés ont fermement rejeté. Les salariés non
stagiaires aussi bien que stagiaires sont restés très courageux, solidaires et ont décidé de continuer la grève.
Le 26 mai, la direction de Honda a fait des propositions visant à traiter différemment les stagiaires qui se verraient offrir une augmentation de
477 yuans par mois alors que les non stagiaires ne seraient augmentés que de 355 yuans. Tous les salariés ont refusé cette proposition
discriminatoire.
Le 27 mai, après en avoir collectivement discuté, les salariés ont à nouveau présenté un certain nombre de revendications importantes :
1. Augmentation de 800 yuans par mois du salaire de base. Dans un délai de trois jours après obtention de
l’augmentation, signature d’un nouveau contrat de travail portant augmentation annuelle de salaire en aucun cas
inférieure à 15 %. Les primes de fin d’année et de jours de fête ne doivent en aucun cas être inférieures à celles
de l’année précédente.
2. Augmentation systématique à l’ancienneté – 100 yuans d’augmentation supplémentaire par année de service avec
une limite de 10 ans ;
3. Réintégration des salariés renvoyés, aucune sanction pour les salariés grévistes ;
4. Réorganisation de la section syndicale de l’usine. De nouvelles élections doivent être organisées pour élire le
président et les responsables du syndicat.
Nous en appelons à nos amis et à nos alliés qui s’inquiètent de la situation des salariés chinois et nous leur demandons de
continuer à suivre le développement des événements et d’apporter leur soutien aux revendications et à l’action des
salariés autant que de besoin. »
31 mai 2010
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Document N° 2 Document des travailleurs de Foshan transmis par Labour Action China
Le 17 mai 2010, plus de 1 800 salariés de l’usine de construction automobile Honda de Foshan ont décidé de se mettre en grève. Le
27 mai, les quatre usines Honda de Chine avaient interrompu toute production.
Pour quelle raison les salariés se sont-ils mis en grève? A cause des salaires trop bas et des mauvaises conditions de travail ! Les salariés de
Honda à Foshan sont payés en moyenne 1 200 yuans par mois (175 $US). Les salariés stagiaires sont des élèves d’établissements techniques
qui ne sont pas protégés par le code du travail national parce qu’ils travaillent pour Honda aux termes de contrats de stagiaires. Leur salaire est
inférieur au salaire minimum local et ils ne bénéficient pas d’une couverture sociale. Que peuvent faire les salariés Honda avec des salaires
aussi bas à un moment où les prix de denrées de base augmentent sans cesse ? Une fois qu’ils ont acheté les produits de première nécessité, il ne
leur reste pratiquement rien. Peuvent-ils espérer s’installer en ville ? Non. Leur travail leur permet-il d’avoir leur dignité ? Non. Ils ne
gagnent pas assez pour pouvoir se loger, se soigner, élever un enfant ni prendre soin de leurs parents. Avec le taux d’inflation élevé, ils ont
déjà des difficultés à subvenir à leurs propres besoins.
Confrontés à toutes ces difficultés, ils se sont adressés en interne à leur direction, mais on ne les a pas écoutés. Le rapport qu’ils ont envoyé
a disparu comme un caillou jeté dans l’océan. Ils ont été forcés de se mettre en grève. Ils demandent une augmentation pour que leur salaire
atteigne 2 000-2 500 yuans. C’est une revendication très modérée puisque c’était le niveau moyen des salaires à Foshan il y a trois ans.
Pendant la grève, ils ont espéré que l’entreprise se pencherait sérieusement sur le problème et améliorerait leur situation difficile. Mais
qu’ont-ils obtenu comme réponse ? Ils ont été menacés, tournés en dérision et confrontés à des manœuvres de division. La direction a
promis une réponse après un délai d’une semaine. Qu’a fait la direction pendant ce temps ? La direction les a menacés : ceux qui ne repren-
draient pas le travail seraient licenciés. La direction a renvoyé ceux qui avaient pris la tête de la grève. Elle a aussi menacé tous les stagiaires
disant qu’ils n’auraient pas leur diplôme s’ils ne reprenaient pas le travail. Voilà ce que l’entreprise Honda a fait entre-temps.
Le 24 mai, la direction a répondu aux revendications disant qu’elle accorderait à chaque salarié 55 yuans pour les repas ; c’était vraiment
se moquer des salariés ! Les salariés ne sont pas des mendiants ! Une telle mauvaise foi de la part de Honda a suscité la colère des salariés
qui ont décidé de poursuivre la grève.
Le 26 mai, Honda a avancé une proposition destinée à diviser les salariés : une augmentation de 477 yuans pour les stagiaires et une
augmentation de 355 yuans pour les salariés Honda. Avec cette manœuvre de « diviser pour régner », la direction espérait que les stagiaires
seraient tentés de reprendre le travail.
Ce qui a surpris la direction, c’est l’unité dont ont fait preuve les salariés.
Le 27 mai, les salariés ont fait une contre-proposition d’augmentation de 800 yuans pour tous, sans discrimination. Honda n’a pas
encore compris mais a essayé encore une fois de « diviser pour régner » : 634 yuans pour les stagiaires après trois mois et 355 pour les sala-
riés Honda. En même temps, Honda a intensifié les pressions sur les stagiaires et a exigé qu’ils signent un engagement « de ne pas faire
grève » avant le 31 mai 9 h du matin. La direction a également fait intervenir des autorités locales et des enseignants des établissements
d’enseignement technique pour obliger les stagiaires à reprendre le travail avant le 31 mai. La direction de Honda avait promis qu’elle
traiterait positivement le problème. Et voilà comment ils ont procédé. Voilà ce que Honda appelle une attitude positive.
Les salariés à Honda se battent pour vivre dans la dignité, ils ont été forcés de se mettre en grève. Mais la direction de Honda n’avait aucu-
nement l’intention de résoudre les problèmes; elle a constamment essayé de diviser les salariés et a fait intervenir des personnes extérieures
pour faire pression sur eux. A présent, les salariés ont accepté de reprendre le travail pendant trois jours pour donner du temps à la direction (avant
vendredi) pour satisfaire leurs revendications. Nous en appelons donc à tous les salariés de Honda, tous nos camarades, tous ceux qui, en
Chine et dans le monde entier, se sentent concernés par ce qui se passe pour les salariés, nous leurs demandons de soutenir le combat des
salariés de Honda à Foshan !
Parce que leur combat est juste et sensé. Ils résistent à l’oppression de ceux qui les exploitent et ils se battent pour que tous les salariés
puissent vivre dans la dignité.
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La parole à Suki Chung (Labor Action China)
Tu fais circuler un appel en soutien aux travailleurs de Honda en élire leurs délégués. Ils exigent que le syndicat de la compagnie soit
Chine. Peux-tu nous en dire un peu plus ? réorganisé, qu’il y ait de nouvelles élections pour le président et les
Les travailleurs de Honda on rédigé eux-mêmes une lettre ouverte et membres du bureau de la section, afin qu’ils puissent élire des repré-
des appels à l’opinion publique, appelant leurs amis et alliés, préoc- sentants qui défendent leurs intérêts.
cupés de la situation des travailleurs chinois, à continuer d’informer Les syndicalistes qui, dans différents pays, préparent la confé-
sur ce qui se passe et à soutenir les revendications et les actions entre- rence d’Alger vont recevoir ces appels. Qu’en attends-tu ?
prises quand ils le demandent. Je propose que vous informiez les camarades de la conférence
Est-il vrai qu’un des appels fait état de la demande que soient d’Alger et que, si c’est possible, il y ait une lettre cosignée de ces
organisées de nouvelles élections afin d’élire leurs représentants camarades exprimant leur solidarité et leur soutien au combat des tra-
indépendants ? vailleurs chinois, et que cette lettre soit publiée dans le bulletin de
Oui, les travailleurs de Honda exigent de nouvelles élections pour préparation de la conférence d’Alger.
A renvoyer à :
• Entente internationale des travailleurs et des peuples (EIT)
87, rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris, France - mail : eit.ilc@fr.oleane.com (chèques à l’ordre de CMO)
• Labour Action China
Unit A, 10/F Hillier Commercial Building, 89-91 Wing Lok Street, Sheung Wan, Hong Kong SAR - mail : lac@lac.org.hk
• Comité international pour les droits ouvriers en Chine
25, rue Ledion, 75014 Paris France - mail : comenchine@wanadoo.fr (chèques à l’ordre de Commission Enquête Chine)