Op Erateurs Tensoriels Et Le TH Eor'eme de Wigner-Eckart 1 Survol/Introduction

PHY 3813, Hiver 2004
22 juillet, 2004
Mecanique Quantique Avancee

Operateurs tensoriels et le theorème de Wigner-Eckart Page 1
Operateurs tensoriels et le theorème de Wigner-Eckart

1 Survol/Introduction
En mecanique classique (MC), et dautant plus en mecanique quantique (MQ), si un système
possède une ou plusieurs symetries, on peut utiliser cette symetrie afin de simplifier lanalyse
` titre dexemple, le moment angulaire dun système invariant sous rotation
du système. A
(e.g., une particule sous linfluence dun potentiel central) est conserve.
Lanalyse du moment angulaire en MQ est particulièrement fructueuse. Un resultat est
lexistence de multiplets de moment angulaire {|j, mi}. Ces etats, qui different lun par
rapport à lautre seulement par la composante z du moment angulaire, se melangent sous
rotations.
On peut trouver des ensembles doperateurs qui se melangent sous rotations aussi. Lexemple le plus intuitif est le vecteur de position. Clairement, si deux observateurs utilisent
des systèmes de coordonnees qui sont relies par une rotation, la composante x de la position
dun observateur sera un melange des trois composantes de lautre.
Un ensemble doperateurs qui se transforment entre eux sous les rotations forment les composantes dun operateur tensoriel, dont un exemple est un operateur vectoriel (ou simplement, un vecteur). Comme nous allons voir, les composantes cartesiennes dun vecteur ne
sont pas le choix ideal pour deduire des relations entre les differents elements de matrice;
plutot, on definit les composantes spheriques de loperateur. Les composantes spheriques
dun operateur tensoriel portent deux indices analogues au moment angulaire total et à la
composante z du moment angulaire; le comportement des composantes spheriques sous une
rotation ressemble celui des etats |j, mi sous rotation.
Le grand resultat de ce sujet est le Theorème de Wigner-Eckart (TWE), qui exprime la
relation entre les elements de matrice des differentes composantes dun operateur tensoriel
entre etats qui forment des multiplets de moment angulaire.
Meme si nous allons voir le TWE seulement dans le contexte familier des rotations (et dans
un deuxième contexte mathematiquement equivalent mais moins familier, lisospin), les idees
sous-jacentes sappliquent à des situations plus complexes : les rotations forment le groupe
SO(3); on peut construire un TWE pour nimporte quel groupe de symetrie. (En physique
des particules, par exemple, on travaille avec nombreux groupes dependant de la situation
physique : U(1), SU(2), SU(3), SU(5), SO(5), SO(10), et ainsi de suite.)
Le TWE nest pas discute dans Gasiorowicz, qui est un livre relativement introductoire.
Jai appris le sujet du livre de G. Baym, Lectures on Quantum Mechanics, donc si la
presentation dans ces notes ressemble à un livre plus que dautres ce serait le Baym. Le TWE
est aussi discute dans J.J. Sakurai, Modern Quantum Mechanics, dont la discussion est
très bonne mais assez differente de celle dans ces notes. Dautres references qui en discutent
sont les livres de L. Schiff, Quantum Mechanics, Cohen-Tannoudji et al., Mecanique

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Quantique (cest une discussion assez superficielle), et A. Messiah, Quantum Mechanics

(du moins, je suis presque certain que le TWE sy trouve. . . ). Le TWE est aussi discute dans
beaucoup de livres de la theorie des groupes, par exemple, lexcellent livre de M. Tinkham,
Group theory and quantum mechanics.
Un AVIS : Ces notes de cours ne sont pas tellement polies (plutot rudes?), et risquent de
contenir des erreurs profondes et moins profondes. Si vous en rencontrez, je serais très
content si vous pouviez men faire part.
2 Rotations en Mecanique Quantique

Bien que les implications de letude des rotations en MQ sont nettement plus profondes et
importantes quen MC, pour nous orienter dans un contexte plus familier, regardons dabord
la situation classique (comme on fait souvent en mecanique quantique). Supposons que nous
avons une particule au point P dont les coordonnees sont r0 = (x1 , x2 , x3 ) dans un referentiel
R. Si nous regardons la particule à partir dun autre referentiel R0 qui est tourne par rapport
les coordonnees r0
à R par un angle infinitesimal de grandeur autour dune direction ,
dans le nouveau referentiel sont :
r00 = position dans R0 = r0 r0 .
X2
X2
x2
x2
(1)
x1 X1
x1
X1
Figure 1: Referentiels relies par une rotation.

(Si (1) vous parat mysterieux, je vous suggère de regarder lexemple dune
Ici, = .
rotation dans le plan xy, auquel cas = z. Vous devriez etre capable de construire la matrice
de rotation R, telle que ri0 = Rij rj . Pour une rotation infinitesimale, cette expression reduit
à (1).)
En mecanique quantique (MQ), la situation est un peu plus riche. Imaginons un système
quantique dans letat |r0 i, etat propre de loperateur de position : R |r0 i = r0 |r0 i. Considerons loperateur R0 = R R sur |r0 i.
R0 |r0 i = (R R) |r0 i = (r0 r0 ) |r0 i .
Le ket |r0 i est donc un etat propre de R0 de valeur propre r0 r0 , qui sont les coordonnees
du point r0 dans le referentiel R0 . On conclut que R0 est loperateur de position dans R0 .
Regardons la relation entre les operateurs R0 et R en plus de details. Avec la convention
dEinstein sur la sommation des indices repetes, on a
Rj0 = Rj jkl k Rl .
3

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Or, la relation de commutation de R avec loperateur de moment cinetique est (verifiez!)

[Lk , Rj ] = ihkjl Rl = i
hjkl Rl .
(2)
Donc,
ik
(Lk Rj Rj Lk )
h
i
i
= Rj LRj + Rj L
h
i
i
= (1 L)Rj (1 + L),
h
Rj0 = Rj
jusquà lordre . (Pour ce voir, multiplier le dernier membre et laisser tomber 2 .) Alors,
i
i
R0 = (1 L)R(1 + L)
h
= operateur de position dans R0 .
(3)
Supposons maintenant que nous avons un système dans letat |i et que nous tournons le
système par un angle (toujours infinitesimal). Le système est maintenant decrit par un
nouvel etat | 0 i. Examinons la relation entre les deux etats.
X2
X1
Figure 2: Rotation dun etat.
Pour debuter, considerons le cas particulier |i = |r0 i. Le nouvel etat sera un etat propre
de loperateur R0 de valeur propre r0 (à noter : pas de prime!), car R0 est loperateur de
position dans le referentiel tourne, et | 0 i est letat tourne. Donc, on a :
R |r0 i = r0 |r0 i
Utilisant (3),
et
R0 |r00 i = r0 |r00 i
i
i
(1 L)R(1 + L) |r00 i = r0 |r00 i .
h

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Multipliant à gauche par (1 + hi L), on a, au premier ordre dans ,

i
i
R(1 + L) |r00 i = r0 (1 + L) |r00 i ,
h
c-à-d, letat (1 + hi L) |r00 i est un etat propre de R de valeur propre r0 , ce qui nest rien
dautre que letat |r0 i. Multipliant à gauche par (1 hi L), on arrive à :
i
|r00 i = (1 L) |r0 i .
h
Ce raisonnement est valide pour tout etat r0 ; ces etats forment une base, donc pour un etat
quelconque,
i
rotn par 0
|i
| i = (1 L) |i .
h
Loperateur (1 hi L) effectue une rotation infinitesimale sur les etats ainsi que sur les
operateurs. La version finie de ces operateurs de rotation est
R eiL/h ,
quon peut deduire par analogie avec le resultat bien connu limN (1 + x/N )N = ex .
En resume, pour un etat,
| 0 i = R |i = eiL/h |i = |i tourne par ,
et pour un operateur quelconque O,
O0 = R OR = eiL/h OeiL/h = O dans R0 .
Tout ce quon vient de dire sapplique à un système dune particule sans spin. La generalisation à un système quelconque est :
R =
1 ih1 J rotation infle

eiJ/h
rotation finie
(4)
o`
u J est loperateur de moment cinetique total du système.
Un système qui subit une rotation change detat, |i | 0 i : les vecteurs detat sont
transformes par une rotation. Il est clair intuitivement que lensemble detats dune valeur
donnee de j ne se melange pas avec dautres etats : les etats |N, j, mi et |N, j, m0 i ont la
meme valeur du moment cinetique total, mais ce dernier est dans une direction differente
pour les deux etats.1 Mathematiquement, ce fait est une consequence du fait que
Ji |N, j, mi = comb. lin. des |N, j, m0 i ,
1
N represente les etiquettes non-rotationnelles necessaires pour specifier letat, e.g., le nombre quantique
radial.

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car loperateur de rotation nest quune combinaison de produits doperateurs de moment

cinetique.
Une facon utile de voir les etats |N, j, mi , m {j, . . . , j}, est que ce sont les ensembles detats qui se melangent de facon simple (irreductible) sous rotations. (Pour les
interesse(e)s, on peut exprimer la transformation dun etat |N, j, mi sous rotation par :
R |N, j, mi =
j
X
(j)
|N, j, m0 i Dm0 ,m (),
m0 =j
o`
u D(j) () est une matrice de la representation irreductible de spin j du groupe des
rotations.)
3 Operateurs scalaire, vectoriel, et tensoriel

On peut aussi trouver des ensembles doperateurs qui se transforment de facon simple. Par
exemple, si un operateur S verifie
S 0 eiJ/h SeiJ/h = S,
loperateur prend la meme valeur avant et après la rotation. Une telle grandeur est nommee
un scalaire. Daprès lequation precedente, on voit quun operateur est scalaire si et seulement
si
[S, Ji ] = 0.
On peut montrer facilement que, par exemple, r2 est un operateur scalaire.
Comme lon a vu à la dernière section, les composantes de R se transforment dune certaine
manière sous rotation. Cela avec la relation de commutation entre loperateur de position et
le moment cinetique ((2) avec L J) nous a permis de deduire loperateur de rotation, R
(4). Une fois quon a en mains ce-dernier, ou peut modifier la logique : etant donne R et la
relation de commutation (2), on peut determiner comment se transforment les composantes
de loperateur de position :
[Ji , Rj ] = i
hijk Rk
R0 = R R
sous une transformation infinitesimale par angle .

Un ensemble de 3 operateurs V1 , V2 , V3 qui possèdent la meme relation de commutation que
celle des composantes de R avec les operateurs de moment cinetique sont dits composantes
dun operateur vectoriel V : V est un vecteur si
[Ji , Vj ] = ihijk Vk .
(5)
Comme tout operateur, V se transforme de la manière suivante :

V0 = eiJ/h VeiJ/h .
De plus, comparant (2) et (5), on voit que les composantes dun operateur vectoriel se
melangent de la meme manière que celles de R sous rotation :
V V0 = V V ou Vi Vi0 = Vi ijk j Vk .
(6)
Quelques exemples doperateurs vectoriels sont : r (par definition), p, L, p S, etc.

Une autre facon decrire les operateurs vectoriels qui nous amène à la generalisation aux
operateurs tensoriels est en terme de leurs composantes spheriques. Ce sont des operateurs

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qui ressemblent à des etats de moment cinetique, comme on va voir. Les composantes
spheriques (ou parfois dites standard ) dun operateur vectoriel V sont :
1
= (V1 + iV2 ),
2
= V3 ,
1
= + (V1 iV2 )
2
(1)
V1
(1)
V0
(1)
V1
(7)
` partir de (5), on montre les relations de commutation suivantes entre J,3 et Vm(1) :
A
hVm(1) ,
[J3 , Vm(1) ] = m
q
[J , Vm(1) ]
2 m(m
(1)
1)hVm1 .
(8)
Ces relations de commutation ressemblent à lapplication des operateurs de moment cinetique

sur les etats de moment cinetique 1 :
J3 |1, mi = mh |1, mi ,
(9)
J |1, mi =
2 m(m 1)h |1, m 1i .
Trois operateurs Vm(1) qui verifient les relations de commutation (8) sont les composantes
spheriques dun operateur tensoriel de rang 1 (ou autrement dit, un operateur vectoriel).
Par analogie, 2k + 1 operateurs {Tm(k) , m = k, . . . , k}, qui verifient les relations de commutation suivantes sont dites les composantes spheriques dun operateur tensoriel de rang k
:
[J3 , Tm(k) ] = m
hTm(k) ,
[J , Tm(k) ]
k(k + 1) m(m
(k)
1)hTm1 ,
(10)
à comparer avec laction des operateurs de moment cinetique sur les etats de moment
cinetique k :
J3 |kmi = m
h |kmi ,
q
J |kmi =
k(k + 1) m(m 1)h |k, m 1i .
(11)

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Notez que la première des Eqs. (10) indique que Tm(k) agissant sur un etat propre de Jz augmente la valeur propre de cedernier par m
h.2 On dit que les operateurs tensoriels sont porteurs de moment angulaire. Cet aspect de ces operateurs sera fort utile dans les prochains
developpements.
Tout comme pour le cas des operateurs vectoriels, les differentes composantes dun operateur
tensoriel se melangent sous une rotation. La similitude entre (10) et (11) nous permet de
tirer des conclusions sur le resultat de laction des operateurs tensoriels sur des etats de
moment cinetique qui ressemblent fortement à laddition du moment cinetique, comme nous
allons voir. Exemple : un tenseur de rang k agissant sur un etat de moment cinetique j
produit une combinaison lineaire detats de moments cinetiques entre |j k| et j + k. Ces
resultats sont decrits par le theorème de Wigner-Eckart.
Voir (12) pour la preuve de ce resultat.
4 Theorème de Wigner-Eckart
Soit un operateur tensoriel T (k) (composantes Tq(k) ). Soient deux ensembles detats qui
forment des multiplets de moment cinetique, |N, j, mi et |N 0 , j 0 , m0 i. Ici, m, m0 prennent les
valeurs habituelles; N et N 0 representent toutes les autres etiquettes necessaires pour specifier
letat (exemple : nombre quantique principal n de latome dhydrogène). Le theorème de
Wigner-Eckart (TWE) donne une relation entre les differents elements de matrice de T entre
les etats de ces deux multiplets. En effet, le theorème factorise lensemble de ces elements
de matrice en un premier facteur independant des composantes z (soient m, m0 , q) et un
deuxième facteur qui est completement independant des details de loperateur et des etats.
Le premier facteur est lelement de matrice reduit. Le deuxième facteur depend seulement
des proprietes rotationnelles de loperateur et des etats; cest en fait un coefficient de ClebschGordan.
Pour deriver le TWE, considerons lensemble des etats formes par laction des operateurs Tq(k)
sur les etats |N, j, mi.3 Il y a (2k + 1)(2j + 1) combinaisons possibles. Les etats |N, j, mi
se transforment sous rotation; les operateurs Tq(k) se melangent aussi sous rotation. Par
consequent, lensemble detats Tq(k) |N, j, mi se melangent sous rotation. Mais un ensemble
detats qui se melangent sous rotation doit se diviser en multiplets de moment cinetique.
La decomposition de cet ensemble detats en multiplets de moment cinetique va ressembler
fortement à letude de laddition du moment cinetique.
Partons avec le calcul suivant :
J3 Tq(k) |N, j, mi
[J3 , Tq(k) ] + Tq(k) J3 |N, j, mi
= h
(q + m) Tq(k) |N, j, mi .
(12)
Letat Tq(k) |N, j, mi possède donc composante-z du moment cinetique h

(q + m) : loperateur
(k)
Tq augmente J3 par h
q.
De la meme manière, à partir de (10) on montre que
J
Tq(k)
|N, j, mi
(k)
= h
k(k + 1) q(q 1) Tq1 |N, j, mi
q
+h j(j + 1) m(m 1) Tq(k) |N, j, m 1i
(13)
Rassemblons toutes les informations que nous avons devant nous. Les etats Tq(k) |N, j, mi
forment un ensemble de (2k +1)(2j +1) objets qui se transforment sous rotation. Laction de
J3 sur lun de ces etats est donnee par (12). Laction de J sur lun de ces etats est donnee
par (13).
3
2 remarques : 1. Cette derivation repose de facon importante sur la derivation de la composition du

moment cinetique, quon a vu seulement rapidement au cours. 2. La derivation est, en fait, un petit peu
illegale!
10

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Avant de continuer, rappelons-nous de la composition de deux spins,4 J1 = k et J2 = j, car

les idees se repètent ici. Les etats |k, j; q, mi forment un ensemble de (2k + 1)(2j + 1) kets
qui se melangent sous rotation. Laction de J3 et de J sur lun de ces etats est donnee par
J3 |k, j; q, mi = h
(q + m) |k, j; q, mi ;
q
(14)
J |k, j; q, mi = h
k(k + 1) q(q 1) |k, j; q 1, mi
q
+h j(j + 1) m(m 1) |k, j; q, m 1i .
(15)
Lensemble de ces informations est tout ce quil nous a fallu pour obtenir la relation entre
les etats propres du spin total et ceux des deux spins individuels en terme des CCG, soit,
|J, M i =
|k, j; q, mi hk, j; q, m| J, M i,
(16)
q,m
o`
u les hk, j; q, m| J, M i sont les CCG.
Nous sommes maintenant bien près du TWE, car le travail qui nous a amene à (16) peut etre
repete presque sans modification dans le cas des etats Tq(k) |N, j, mi. Je ne vais pas repeter
` familières).
lanalyse, mais regardons les grandes lignes (qui devraient vous etre TRES
On commence avec lobservation quun simple comptage du nombre detats de chaque valeur
de M (la composante-z du spin total) donne un schema no. detats vs. M trapezodal,
et nous induit à la conclusion quil y a un multiplet de spin total k + j, un autre de spin
(k)
total k + j 1, et ainsi de suite jusquà |k j|. Ensuite, on remarque que Tk |N, j, ji est
le seul etat de M = k + j, et doit donc etre un etat de spin total |k + j, k + ji. Lorsquon
opère sur cet etat avec (J )n , on genère tout le multiplet de spin k + j.
Pour construire le multiplet de spin total k + j 1, on trouve letat qui a les deux proprietes
suivantes: (i) M = k + j 1; (ii) letat est orthogonal à letat |k + j, k + j 1i dejà obtenu.
Cet etat est un etat de spin total |k + j 1, k + j 1i. En agissant sur cet etat avec (J )n ,
nous construisons tout le multiplet de spin k + j 1. On procède jusquà ce quon ait epuise
lespace des etats.
Grace au fait que les relations (12,13) et (14,15) se ressemblent fortement, les coefficients
obtenus en agissant avec J afin dobtenir les etats de chaque multiplet dans cet exercice
sont les memes que ceux obtenus dans laddition du moment cinetique. Donc, tout comme
X
|k, j; q, mi hk, j; q, m| JM i
q,m
est un etat de moment cinetique |J, M i, letat

X
q,m
4
Tq(k) |N, j, mi hk, j; q, m| J, M i
(17)
Jutilise spin plutot que moment cinetique simplement puisque cest moins long à taper. La nature
du moment cinetique na aucune importance.

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est aussi un etat de moment cinetique |J, M i. Les nombres quantiques non angulaires etant
inclus dans letiquette N , letat (17) peut etre ecrit comme une combinaison lineaire des
etats |N 00 , J, M i pour toutes les valeurs de N 00 ; les coefficients dans cette somme seraient
determines par les aspects non rotationnels du problème. Soyons quelque peu imprecis sur
ce point : ecrivons simplement
X
q,m
Tq(k) |N, j, mi hk, j; q, m| J, M i = |N 00 , J, M i ,
(18)
o`
u N 00 depend de T (k) , N, j.
Or, les CCG representent une transformation entre deux bases detats orthonormees, et on
peut donc inverser (18), obtenant ainsi :
Tq(k) |N, j, mi =
|N 00 , J, M i hJ, M | k, j; q, mi.
(19)
J,M
Maintenant, frappons (19) avec letat hN 0 , j 0 , m0 |; le resultat est zero à moins que J = j 0 ,
M = m0 :
hN 0 , j 0 , m0 | Tq(k) |N, j, mi = hN 0 , j 0 , m0 | N 00 , j 0 , m0 i hj 0 , m0 | k, j; q, mi.
Dernière observation : lelement de matrice hN 0 , j 0 , m0 | N 00 , j 0 , m0 i est independant de m0 ,
car, heuristiquement, differents valeurs de m0 representent la meme quantite vue dun autre
referentiel. Il depend seulement, en fait, de N 0 , j 0 , j, T et N (les trois dernières dependances
etant incluses dans N 00 ). Ecrivons-le,

donc,
hN 0 , j 0 | |T (k) | |N, ji
0
hN , j , m | N , j , m i
.
2j + 1
0
00
Le numerateur est dit lelement de matrice reduit; la racine carree est incluse par convention,
pour des raisons que jignore.
Voici le resultat central de cette partie du cours, le theorème de Wigner-Eckart :
hN 0 , j 0 , m0 | Tq(k) |N, j, mi =
hN 0 , j 0 | |T (k) | |N, ji 0 0
0
hj , m | k, j; q, mi.
2j + 1
(20)
On peut voir immediatement lutilite de ce resultat. Fixons N 0 , j 0 , N, j, et fixons loperateur T (k) . Il y a un total de (2j + 1)(2j 0 + 1)(2k + 1) elements de matrice distincts. Tous ces
elements de matrice sont egaux à un produit de deux facteurs : le premier est independant
des valeurs de m, m0 et q; le deuxième nest rien dautre quun CCG. Donc, le rapport de
deux de ces elements de matrice est un rapport de CCG, et on peut levaluer presque sans
aucun travail. Autrement dit, une fois que lon a evalue (ou mesure experimentalement) lun
des elements de matrice, les autres se calculent très facilement. Ceci peut donner lieu à une
grande economie de travail.
5 Utilisation du TWE en MQ
Il y a 2 classes de situation dans lesquelles le TWE est utile. Premièrement, on peut faire
une economie importante de travail en calculant explicitement (et souvent peniblement) un
seul element de matrice dun operateur tensoriel entre deux etats de moment cinetique, et en
deduisant dautres avec un minimum de travail, en utilisant le TWE. Voici deux exemples.
Exemple 1. Supposons, par exemple, que nous ayons un système de moment cinetique
1 dont les etats sont |N, 1, mi, et que nous voulons les elements de matrice dun certain
operateur vectoriel Vq(1) . Par un calcul long et laid, on arrive au resultat :
(1)
hN 0 , 1, 1| V0 |N, 1, 1i = v.
` calculer sont tous les autres elements de matrice, en variant les composantes z des etats
A
et de loperateur, tout en gardant les autres etiquettes (spins totaux, N , N 0 ) fixes.
On applique le TWE. On a que
hN 0 , 1, m0 | Vq(1) |N, 1, mi =
hN 0 , 1| |V (1) | |N, 1i
h1, m0 | 1, 1; q, mi.
3
Avec m0 = m = 1, q = 0, le membre de gauche est v et le CCG à la droite est 1/ 2. On

peut donc evaluer lelement de matrice reduite :
hN 0 , 1| |T (1) | |N, 1i = 6v.

Les autres elements de matrice sont donc donnes par
hN 0 , 1, m0 | Vq(1) |N, 1, mi = 2v h1, m0 | 1, 1; q, mi.

Par exemple, si m0 = q = m = 0, on voit que le CCG est ze
ro et lelement de matrice est
zero. Par contre, si m0 = 0, q = 1 et m = 1, le CCG est 1/ 2 et lelement de matrice est
v.
Exemple 2. Lorsquon etudiera de la theorie des perturbations un peu plus tard dans ce
cours, on va voir limportance des elements de matrice dune perturbation ajoutee à H dans
un sous-espace degenere. Par exemple, si un atome dhydrogène est plonge dans un champ
electrique uniforme, certaines degenerescences sont levees; ce phenomène est nomme leffet
Stark. Dans ce cas, on sinteresse (pour des raisons qui vont etre expliquees plus tard) aux
elements de matrice
hn, l0 , m0 | z |n, l, mi .
Prenons le cas n = 2; il y a 4 etats degeneres (un etat de l = 0 et 3 etats de l = 1). On a à
calculer la matrice 4 4 suivante :
h2, 0, 0| z |2, 0, 0i
h2, 0, 0| z |2, 1, 0i
h2, 0, 0| z |2, 1, 1i
h2, 0, 0| z |2, 1, 1i
h2, 1, 0| z |2, 0, 0i
h2, 1, 0| z |2, 1, 0i
h2, 1, 0| z |2, 1, 1i
h2, 1, 0| z |2, 1, 1i
h2, 1, 1| z |2, 0, 0i
h2, 1, 1| z |2, 1, 0i
h2, 1, 1| z |2, 1, 1i
h2, 1, 1| z |2, 1, 1i
h2, 1, 1| z |2, 0, 0i h2, 1, 1| z |2, 1, 0i h2, 1, 1| z |2, 1, 1i h2, 1, 1| z |2, 1, 1i
(21)
13

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Ici, par exemple,

Z
h2, l0 , m0 | z |2, l, mi =
d3 x(R2l0 (r)Yl0 m0 ()) z(R2l (r)Ylm ()).
Donc, nous avons 16 integrales plutot laides à evaluer. Avec le TWE, nous pouvons reduire
le travail à levaluation de seulement 2 integrales plutot laides à evaluer.
Il apparat 3 types delement de matrice dans (21) :
h2, 0, 0| z |2, 0, 0i h0, 0 |1, 0; 0, 0i = 0;
h2, 1, m0 | z |2, 0, 0i h1, m0 |1, 0; 0, 0i 6= 0 si m0 = 0;
h2, 1, m0 | z |2, 1, mi h1, m0 |1, 1; 0, mi 6= 0 si m0 = m.
Donc, la simple observation que les elements de matrice sont relies à des CCG nous permet
de simplifier enormement la matrice :
0
h2, 0, 0| z |2, 1, 0i
0
0
h2, 1, 0| z |2, 0, 0i h2, 1, 0| z |2, 1, 0i
0
0
0
0
h2, 1, 1| z |2, 1, 1i
0
0
0
0
h2, 1, 1| z |2, 1, 1i
Les elements (1,2) et (2,1) sont conjugues complexes lun de lautre, et doivent etre evalues
en faisant une integrale; ecrivons
h2, 1, 0| z |2, 0, 0i = h2, 0, 0| z |2, 1, 0i = a.
Quant aux autres elements de matrice, appliquons le TWE :
(1)
h2, 1, m0 | z |2, 1, mi = h2, 1, m0 | T0 |2, 1, mi
(1)
h2, 1| |T0 | |2, 1i
h1, m0 |1, 1; 0, mi .
=
3
On trouve les CCG dans le tableau des CCG :
h1, m0 |1, 1; 0, mi =
1/ 2 m = m = 1
0 m = m0 = 0
+1/ 2 m = m0 = 1
Donc, dès quon a evalue lun des trois elements de matrice, les autres sont egaux à celui-ci,
à un rapport de deux CCG près. Si
h2, 1, 1| z |2, 1, 1i = b,
alors la matrice recherchee est :
0 a
a 0
0 0
0 0
0 0
0 0
b 0
0 b

22 juillet, 2004

La deuxième situation dans laquelle le TWE est utile est de tirer des informations sur les
elements de matrice dun operateur qui est inconnu (à part ses proprietes de transformation sous un groupe). Meme si cela semblerait impossible, cette situation arrive souvent en
physique des particules, car souvent on ignore lhamiltonien dun système; par consequent,
ses elements de matrice ne peuvent pas etre calcules. Mais tout de meme, il se peut quon
sache que lhamiltonien doit posseder certaines symetries (que H est un operateur tensoriel
de rang connu, par exemple). Les elements de matrice entre differents etats, meme sils
sont incalculables individuellement, peuvent neanmoins etre relies lun à lautre en appliquant le TWE. Ceci donne une facon de tester experimentalement un modèle physique. Les
prochaines sections discuteront de quelques exemples de cela.
6 Isospin et linteraction forte

Q : Pourquoi est-ce quun electron de spin vers le haut a la meme masse quun autre de spin
vers le bas?
R : Une facon dexpliquer ce fait est la suivante : lorientation du spin depend du referentiel,
et on pense que les lois de physique sont invariantes sous rotation. Deux observateurs qui
regardent le meme electron devraient lui attribuer la meme masse, meme si leurs referentiels
sont relies par une rotation, qui change letat de spin :
Cest un
electron,
spin vers
le haut,
masse m.

Cest un
electron,
spin vers
le bas,
masse m.
Figure 3: Deux scientifiques etudient un electron.

On peut dire que lelectron est une particule qui a deux etats internes distincts (les deux
etats de spin); linvariance des lois de physique sous le groupe des rotations (qui fait un
changement entre ces deux etats) explique que la masse ne peut pas dependre de letat de
spin.
En fait, les notions de symetrie et invariance se decrivent naturellement par la theorie des
groupes; presque tout le sujet du moment cinetique a une telle interpretation :
Mecanique Quantique
Multiplets de moment cinetique
Existence de spin 1/2
Addition des moments cinetiques
Theorie des Groupes

Representations irreductibles du groupe SO(3)
Distinction entre SO(3) et SU(2)
Decomposition du produit tensoriel
de deux representations irreductibles
Une autre situation o`

u presque la meme description mathematique sapplique est la physique
des interactions fortes. Dans le spectre des particules subatomiques, on voit des multiplets
de particules qui se ressemblent fortement en particulier, qui ont presque la meme masse.
Voici quelques exemples :
Famille
Baryons
Mesons
Multiplet (particules)
Nucleon (p, n)
Sigma ( , 0 )
Delta ( , 0 , + , ++ )
Pion ( , 0 )
Kaon (K , K 0 , K0 )
16
Masse
938 MeV
1190 MeV
1232 MeV
135 MeV
493 MeV

22 juillet, 2004

Avant la decouverte de toutes ces particules sauf le proton et le neutron (toutes les autres
ont une duree de vie de lordre de 108 sec), la diffusion pp, pn et nn a montre que, malgre
la difference des charges entre p, n, il y a une force forte de courte distance très similaire
entre pp, pn et nn. On a donc propose que le p et le n sont deux etats differents de la meme
particule, le nucleon N, et que linteraction forte est symetrique sous le changement p n.
La symetrie en question est nomme lisospin; (ou spin isotope) cest une symetrie qui ressemble mathematiquement à celle des rotations, dans le sens quil y a 3 operateurs I , I3 qui
obeissent aux memes relations de commutation (à un facteur h
près) que celles des operateurs
J , J3 . (Ces relations de commutation forment lalgèbre du groupe SU(2).) Etant

donne que
lalgèbre de lisospin et celle du spin sont identiques, les multiplets disospin sont precisement
les memes que ceux de spin : il y a des multiplets disospin entier ou demi-entier; pour isospin
i le nombre detats dans un multiplet est 2i + 1, etc.
Il peut sembler etrange de dire que le proton et le neutron sont les etats differents dune
seule particule, pas plus distincts lun de lautre que deux electrons, lun de spin vers le haut,
lautre de spin vers le bas. Mais cette impression detrangete est basee sur nos experiences
quotidiennes, et dans la vie ordinaire la force electromagnetique est très importante. Donc
on est habitue à penser que le proton, etant charge, se comporte très differement du neutron.
Le point est quil y a des situations o`
u la force forte est beaucoup plus importante que la
force electromagnetique; alors il devient très commode dinventer le concept de nucleon, et
la symetrie isospin.
Regardons les proprietes du nucleon et du pion sous cette symetrie.
6.1 Nucl
eon.
Les deux particules p et n forment un doublet disospin. Comme je viens de mentionner, on
postule lexistence de 3 operateurs Ii qui verifient :
[Ii , Ij ] = iijk Ik
(pas de h
ici!); les etats |pi et |ni forment un doublet disospin 1/2 exactement comme |+i,
|i forment un doublet du spin. On a, par exemple,
1 3
( ) |pi
2 2
1
I3 |pi = + |pi
s2
1 1
1 3
( ) ( ) |ni = |ni
I |pi =
2 2
2 2
I2 |pi =
1 3
( ) |ni
2 2
1
I3 |ni = |ni
s2
1 1
1 3
( ) ( ) |pi = |pi
I+ |ni =
2 2
2 2
I2 |ni =
Si la Nature etait strictement invariante sous lisospin (c-à-d, si [H, Ii ] = 0), on aurait que
les masses du p et du n sont exactement egales (de meme pour leurs charges!). En fait, des

22 juillet, 2004

3 interactions pertinentes à la physique des particules (forte, faible, electromagnetique), on

a que
[Hforte , Ii ] = 0,
mais que
[Hfaible ou He.m. , Ii ] 6= 0.
Cependant, dans le cas des baryons et mesons, les deux dernières sont relativement petites
et à une très bonne approximation, mp = mn (elles sont, respectivement, 938.3 MeV et 939.6
MeV).
6.2 Pion.
Les 3 mesons sont aussi similaires : presque la meme masse, la meme interaction forte. La
difference la plus flagrante est la difference des charges electriques. On les combine en un
triplet disospin (isospin 1) :
E
+
= |1, 1i ,
I2 +
I2 0
E
0
= |1, 0i ,
= 2 +
= 2 0
= |1, 1i
I3 +
I3 +
E
E
I2 = 2
= + +
= 0
E
E
I3 =
I ,0 = exercice.
Il est important de comprendre que lisospin est une symetrie dite interne, plutot de type
espace-temps (comme la symetrie sous rotation). Pour le spin, on a vu que letat depend
de lorientation de lobservateur. Ce nest pas le cas pour lisospin :
Cest un
nucleon,
isospin vers
le haut - i.e.
un proton

Cest un
nucleon,
isospin vers
le haut - i.e.
un proton.
Figure 4: Deux scientifiques etudient un nucleon.

Un proton est un etat disospin |+i, mais il ny a rien qui se dirige vers laxe e3 dans lespace
physique!

22 juillet, 2004

3/2
1x1/2
+3/2
+1 +1/2
3/2
1/2
1 +1/2 +1/2
+1 -1/2
0 +1/2
1/3
2/3
3/2
1/2
2/3 -1/3 -1/2 -1/2

0 -1/2
-1 +1/2
2/3
1/3
3/2
1/3 -2/3 -3/2

-1 -1/2
Figure 5: Table des coefficients de Clebsch-Gordan, 1 1/2.
6.3 Diffusion N .
Etudions
maintenant la diffusion N .5 On considère un système forme dun et un nucleon.
Il y a 3 types de et 2 types de N , et alors il y a au total 6 situations possibles :
| + , pi , | + , ni, etc. Pour trouver les etats propres disospin total, on joue le meme jeu
quon a fait avec le spin ordinaire. Etant

donne que lalgèbre de lisospin est celle du spin,
les memes CCG donnent les combinaisons disospins individuels qui forment les etats propres
disospin total. La table des CCG pertinente est celle pour 1 12 (voir table).
References : Baym, ch. 16; Perkins, Introduction to High Energy Physics (A-W, 1972), 3.11. Cest
probablement discute dans la majorite de livres dintroduction à la physique des particules.

22 juillet, 2004

Les etats propres de I2 , I3 sont (vous devriez etre capable de construire ces etats propres à
partir de votre table des CCG) :
3 3
,
2 2
3 1
,
2 2
3
1
,
3
3
,
1 1
,
2 2
1
1
,
E
1
1
= 1, ; 1,
= + , p ,
2
2
s
s
1
1 1
2
=
+
1,
1, ; 1,
3
2
2
3
s
s
1 + E
2 0 E
, n +
, p ,
=
3
3
s
s
2 1
1
1
=
+
1,
1, ; 0,
3
2
2
3
s
s
2 0 E
1 E
=
, n +
, p ,
3
3
E
1
1
= 1, ; 1,
= , n ,
2
2
s
s
2 1
1
1
=
1,
1, ; 1,
3
2
2
3
s
s
2 + E
1 0 E
=
, n
, p ,
3
3
s
s
1 1
2
1
=
1,
1, ; 0,
3
2
2
3
s
s
1 0 E
2 E
=
, n
, p .
1
1
; 0,
2
2
1
1
; 1,
2
2
(22)
1
1
; 0,
2
2
1
1
; 1,
2
2

22 juillet, 2004

Dautre part, on peut inverser ces relations afin dobtenir les etats propres des isospins
individuels en terme des etats disospin total :
E
+
, p
+ , n
E
0
, p
E
0
, n
E

, p
, n
+
3 3
= ,
,
2 2
s
s
1 3 1
2 1 1
=
,
+
,
,
3 2 2
3 2 2
s
s
2 3 1
1 1 1
,
=
,
,
3 2 2
3 2 2
s
s
2 3 1
1 1 1
=
+
,
,
3 2 2
3 2 2
s
s
1 3 1
2 1 1
=
,
, ,
3 2 2
3 2 2
3
3
= , .
Donc, les etats | , pi et | , ni sont des etats propres disospin total; les autres etats sont
des melanges de deux etats propres disospin total.
Un peu de physique : Lisospin est conserve par linteraction forte; mathematiquement,
[Ii , Hforte ] = 0. On peut modeliser le système N par un hamiltonien de la forme suivante :
H=
h
2 2 h
2 2N
+ V (r, I2 ).
2m
2mN
La force entre les deux particules depend de lisospin total, mais non pas de I3 . Ce fait nous
permet de tirer des relations entre la diffusion de differentes combinaisons de , N , meme si
nous navons pas la moindre idee de la forme exacte de Hforte .
Considerons lexperience suivante : on a un faisceau de mesons dirige vers un nucleon
stationnaire; le a une certaine impulsion, k. Pour une energie donnee du , la nature de la
diffusion va dependre de la force entre les deux particules, et donc de lisospin. Supposons que
la force pour le canal I = 3/2 est telle quune diffusion du par un angle a une amplitude
de probabilite de f3/2 (), et que celle pour le canal I = 1/2 est telle que lamplitude de
diffusion est f1/2 (). Si un etat est un melange disospin 3/2 et 1/2, lamplitude sera un
melange de ces deux amplitudes. On va considerer plusieurs cas.
6.3.1 Diffusion + p + p.
On a initialement letat disospin 23 , 32 , et letat spatial est une onde plane. Cest un etat
disospin 3/2; par consequent, lamplitude de diffusion est f3/2 (); très schematiquement,
letat final est
3 3
.
|f i = f3/2 () ,
2 2
La probabilite de diffusion à un angle est |f3/2 ()|2 a ().

22 juillet, 2004

6.3.2 Diffusion p.
q
Letat disospin initial est | , pi = 13 32 , 12 23 12 , 21 . Maintenant la situation est

un peu plus compliquee, car les deux parties de letat initial vont diffuser avec amplitudes
de diffusion differentes. Letat final sera
s
|f i =
3
1
1
f3/2 () ,
3
2 2
1
2
1
f1/2 () , .
3
2 2
Cet etat nest plus un etat | , pi!!! Utilisant (23), nous pouvons reecrire letat final de la
manière suivante :
s
|f i =
1
2 0 E
f3/2 ()
, n +
3
3
1
2
=
f3/2 ()
3
3
s
1 E
, p
2
1 0 E
f1/2 ()
, n
3
3
2 E
, p
3
2
1 0 E
f1/2 ()
, n
3
3
1
1
+
f3/2 ()
+
3
3
2
2 E
f1/2 ()
, p
3
3
E
E
2
1
f3/2 f1/2 0 , n +
f3/2 + 2f1/2 , p .
3
3
` noter : la charge est

Donc, parfois la diffusion change le type de particule, p 0 n. (A
conservee.) Si nous denotons le processus p p le processus (b) et celui p 0 n

(c), on a les deux probabilites de diffusion

2
2
2
1
f3/2 f1/2 .
b = f3/2 + 2f1/2 ,
c =
3
3
On a derive 3 probabilites de diffusion en terme de 2 paramètres, f3/2 et f1/2 . Une fois quon
a mesure deux probabilites de diffusion, la troisième est determinee en termes des autres;
on peut donc verifier si cette description de la diffusion N est valide en faisant la troisième
mesure.
Par exemple, il arrive que, si lenergie cinetique du est près de 195 MeV, lamplitude f3/2
est enormement plus grande que f1/2 . Donc, à cette energie,
a = |f3/2 |2 ,
1
b = |f3/2 |2 ,
9
2
a = |f3/2 |2 .
9
Cela donne le rapport des probabilites de diffusion

a : b : c = 9 : 1 : 2,
en très bon accord avec lexperience.
7 Isospin et linteraction faible

On vient de voir comment nous pouvons utiliser la conservation de lisospin par linteraction
forte afin de determiner la relation entre les probabilites de certains processus.
On a dejà mentionne que seule linteraction forte conserve lisospin. Est-ce que cela veut
dire que lisospin ne nous aide pas dans le cas des autres interactions? Non : Meme si Hfaible
ne commute pas avec lisospin, il se transforme dune manière simple, et on peut deduire (en
appliquant le TWE) des relations interessantes.
Pour se convaincre que Hfaible ne conserve pas lisospin, on na quà regarder la desintegration
du neutron :
n pe .
Lelectron
et
ero; cette desintegration est une transition entre un
E le neutrino sont
E disospin z
etat 21 , 12 et un etat 12 , 12 , pour lequel I3 6= 0.
Un autre exemple est la desintegration du baryon 0 , qui est un singulet disospin, |0, 0i.
On observe dans la Nature les desintegrations
0 p
n 0 ,
ou
o`
u I3 , I2 6= 0.
En fait, Hfaible peut etre ecrit sous la forme dune somme de termes, chacun etant un tenseur
sous lisospin.
(1/2)
Par exemple, pour les desintegrations du 0 , il arrive quon peut ecrire Hfaible = H1/2 ,
un tenseur disospin 1/2 avec I3 = 1/2. Cela etant, on peut faire une prediction de la
fraction des desintegrations du 0 qui sont en p vs. n 0 , et ce malgre le fait que nous
ne connaissons pas la forme detaillee de Hfaible !. Cette grandeur est nommee le rapport des
embranchements, et est une quantite relative accessible experimentalement.
Il nous faut linformation suivante : lamplitude pour une desintegration (ou nimporte quel
autre processus) est proportionnel à lelement de matrice de lhamiltonien entre letat initial
et letat final. Cela etant, la probabilite est proportionnelle au carre de lelement de matrice.
Donc,
D
A0 p = K p Hfaible 0 ,
A0 n0 = K n 0 Hfaible 0 ,
o`
u K est une constante inconnue. On peut appliquer le TWE afin de determiner le rapport
des embranchements pour ces deux desintegrations.
Regardons la desintegration en p . On a les etats disospin :
E
0
E

p
= |0, 0i ,
s
1 3 1
,
3 2 2
23
2 1 1
, .
3 2 2

22 juillet, 2004

Lamplitude A0 p est donnee par

A0 p
(1/2)
(1/2)
1
3
1
2
1
1
, H1/2 0, 0
, H1/2 0, 0 .
=K
3 2
3 2
Le TWE peut etre utilise sur ces deux elements de matrice. Pour le premier,
E *
H (1/2) 0
3 1 (1/2)
2
, H1/2 0, 0 = q
2 2
2(3/2) + 1
3 1 1
1
, , 0; , 0 = 0,
2 2 2
2
car le CCG est zero. Pour le deuxième,
E *
D
+
1 (1/2)
H
0
1 1 1
1
2
q
, , 0; , 0
2
2(1/2) + 1 2 2 2
E
D
1 (1/2)
H
0
2
1 1 (1/2)
0, 0
, H
2 2 1/2
=
Donc,
A0 p
E
s D
1

(1/2)

H
0
2
1
1
2
= K
= K H (1/2) 0 .
De la meme manière,
A0 n0
(1/2)
(1/2)
3
1
2
1
1
1
, H1/2 0, 0 +
, H1/2 0, 0
= K
3 2
3 2

1 (1/2)
1
= . . . = K H
0 .
Le rapport des embranchements est donc

R=
|A0 p |2
prob. 0 p
=
= 2.
prob. 0 n 0
|A0 n0 |2
Comparons cela avec le resultat experimental :

un rapport bien près de 2 : 1.
p
n 0
64.5 .5%,
35.7 .5%,

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PHY 3813, Hiver 2004

Mecanique Quantique Avancee