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Rép Dém Congo: Un nouveau rapport met

en lumière les viols en série commis à l’Est


du pays
15 avril 2010

Les forces de maintien de la paix doivent créer un environnement de sécurité

“Il est scandaleux de constater un si grand nombre de viols commis avec une telle brutalité.
C‟est un rappel à l‟ordre, à un moment où le retrait du pays des casques bleus onusiens est
discuté. ”

Krista Riddley Directrice de la politique humanitaire d’Oxfam

Une enquête révèle que 60 pourcent des victimes sont violées par des bandes,
plus de la moitié d’entre elles à leurs propres domiciles, et fait état d’une
effroyable augmentation du nombre de civils parmi les violeurs

Une enquête de grande ampleur portant sur les victimes de viols en République démocratique
du Congo (RDC), sollicitée par Oxfam International et réalisée par The Harvard
Humanitarian Initiative, montre que 60 pourcent des victimes de viols interrogées ont été
violées par des bandes d‟hommes armés et que plus de la moitié des agressions ont eu lieu la
nuit, aux domiciles censés être des lieux sûrs, souvent en présence du mari et des enfants de la
victime.

Même si la majorité des violeurs sont des soldats ou des miliciens, le rapport révèle
néanmoins qu‟entre 2004 et 2008, dix-sept fois plus de viols ont été commis par des civils.

Le rapport « Aujourd‟hui, le monde est sans moi » (« Now, the world is without me ») est
basé sur une étude réalisée par la Harvard Humanitarian Initiative qui a analysé les
informations recueillies auprès de 4 311 femmes soignées à l‟hôpital de Panzi, dans la
province du Sud-Kivu, sur une période de quatre ans.

Les résultats du rapport indiquent que l‟incidence des viols a fortement augmenté lors des
périodes de combat. En raison des offensives actuelles menées contre des groupes de
miliciens à l‟Est du Congo, le rapport et ses recommandations sont plus que jamais
d‟actualités. Selon les Nations Unies, plus de 5 000 personnes ont été violées au Sud Kivu
pour la seule année 2009. Ce rapport est publié juste avant la visite du Conseil de sécurité de
l‟ONU en RDC ce week-end, alors que le Conseil doit reconduire le mandat des casques bleus
de l‟ONU en mai.

« Il est scandaleux de constater un si grand nombre de viols commis avec une telle brutalité.
C‟est un rappel à l‟ordre, à un moment où le retrait du pays des casques bleus onusiens est
discuté. La situation ne peut être considérée comme sûre si une femme ne peut même pas
dormir dans son propre lit la nuit sans que sa sécurité ne soit menacée. Le rapport indique les
moments et les endroits où les femmes sont agressées, et les raisons pour lesquelles les forces
de maintien de la paix doivent continuer à jouer un rôle crucial en matière de sécurité pendant
que le gouvernement congolais renforce ses propres capacités en matière de protection des
civils.

L‟enquête révèle que 56 pourcent des agressions ont été perpétrées au sein même du foyer
familial par des hommes armés, près de 16 pourcent de ces agressions dans des champs et
près de 15 pourcent dans la forêt. Cinquante-sept pourcent des agressions sont perpétrées la
nuit. L‟esclavage sexuel, selon le rapport, touche 12 pourcent des femmes, et certaines d‟entre
elles ont été retenues en captivité pendant des années.

Le rapport parle également de la stigmatisation dont sont victimes les femmes au sein de leurs
familles après avoir été violées et des difficultés qu‟elles rencontrent en matière d‟accès aux
soins médicaux. Moins d‟un pourcent des femmes victimes de viols et qui se rendues à
l‟hôpital de Panzi, y ont été avec leurs maris et neuf pourcent d‟entre elles ont été
abandonnées par leur conjoint. Une femme sur trois est venue seule.

Cette stigmatisation pousse les femmes à ne pas solliciter de soins médicaux, et seulement 12
pourcent d‟entre elles sont allées à Panzi dans un délai d‟un mois suivant l‟agression. Très
peu de femmes sont allées se faire soigner suffisamment à temps pour pouvoir éviter une
infection par le VIH. Plus de 50 pourcent des femmes ont attendu plus d‟un an avant de se
faire examiner, et un grand nombre d‟entre elles ont attendu plus de trois ans.

Pour Krista Riddley d’Oxfam:


« Panzi est le seul hôpital de ce type dans le Sud-Kivu, une région où vivent environ cinq
millions de personnes. Beaucoup de femmes vivant en zone rurale ne peuvent faire le voyage
jusqu‟à l‟hôpital et meurent souvent des complications liées à un viol et son corolaire de
violences. Les donateurs des pays riches et le gouvernement congolais doivent accroître de
manière radicale les services médicaux à destination des survivants de violences sexuelles
dans les villes et villages isolés du Congo. Chaque femme devrait pouvoir recevoir le
traitement dont elle a besoin. »

Les résultats de l‟étude montrent qu‟en en 2004, moins d‟un pourcent des viols étaient
commis par des civils. En 2008, cette proportion avait atteint 38 pourcent.

Susan Bartels, la principale chercheuse de l‟étude réalisée par la Harvard Humanitarian


Intitiative a déclaré : « Cette étude ne fait que confirmer les témoignages qui nous sont
parvenus jusqu‟à présent, à savoir que la violence sexuelle se répand dans le quotidien des
civils. Les nombreux viols commis au fil des années de guerre au Congo ont rendu ce crime
plus acceptable. Bien que les lois du Congo contre le viol soient parmi les plus progressistes
d‟Afrique, peu de violeurs sont poursuivis en justice. La loi doit être appliquée et la justice
accessible aux survivants. »

Le rapport appelle le gouvernement congolais et la communauté internationale à :

 Accroître l’accès aux soins médicaux pour les survivants de violences sexuelles,
surtout dans les zones rurales. Plus il sera facile d‟obtenir localement un soutien, plus
les femmes seront en mesure d‟obtenir à temps de l‟aide pour ce qui est du VIH, et
garder toute confidentialité vis-à-vis d‟autres personnes. La stigmatisation demeure un
obstacle important limitant l‟accès aux soins de santé après une agression sexuelle.

 S’assurer que la protection fournie par les forces de maintien de la paix des
Nations Unies soit adaptée aux réalités locales. Les forces de maintien de la paix et
les services de sécurité doivent consulter la communauté locale afin de fournir des
solutions innovantes, telles que des systèmes d‟alerte précoce et des patrouilles de nuit
pour satisfaire ses besoins. Ces solutions existent déjà dans certains endroits et doivent
être déployées de manière plus systématique pour parer aux menaces mises en lumière
par ce rapport.

 Réformer le secteur de la sécurité et le système judiciaire congolais pour garantir


une intolérance totale des viols, qu‟ils soient commis par des civils, des miliciens ou
des soldats.

Note aux éditeurs

L’étude a été réalisée par la Harvard Humanitarian Initiative et financée par Oxfam
America.

1. 1. Un peu plus de la moitié des auteurs des viols – 52 pourcent – ont été identifiés
comme étant des combattants armés. 42 pourcent ont été identifiés comme n‟étant que
des « assaillants », mais selon les chercheurs, l‟analyse des données suggère que ce
groupe est également composé en grande partie d‟hommes armés.
2. Ce rapport est basé sur une étude rétrospective réalisée à l‟hôpital de Panzi sur un
large groupe de patients. Les personnes interrogées étaient des survivants de violences
sexuelles s‟étant présentés à l‟hôpital entre 2004 et 2008. Les entretiens ont été
réalisés en privé par des agents féminins formés et sur la base d‟un questionnaire
semi-structuré de deux pages, lorsque les victimes venaient se faire examiner. Les
chercheurs de la Harvard Humanitarian Initiative ont saisi les données dans une feuille
de calcul électronique, et une analyse à la fois quantitative et qualitative a été réalisée.
4 311 personnes, sur les 9 709 survivants de violences sexuelles s‟étant présentés à
l‟hôpital de Panzi entre 2004 et 2008, ont été interrogées.
3. Les résultats du rapport indiquent que le nombre total d„agressions signalées à
l‟hôpital de Panzi a régulièrement baissé entre 2004 et 2008, et une diminution des
viols de la part de militaires de 77 pourcent a été enregistrée au cours de la même
période. Cependant, les chiffres sont impactés par un certain nombre d‟évènements
particulièrement graves survenus en 2004, tels que le viol de 16 000 femmes pendant
un seul week-end de juin par des militaires à Bukavu.
4. En 2009, les cas de viols commis par les militaires ont connu un accroissement suite à
l‟offensive Kimia II. Plus de 9 000 personnes, essentiellement des femmes et des
filles, mais également des hommes et des garçons, ont été violés dans les provinces
touchées par l‟offensive pendant l‟année. Les informations concernant le nombre de
viols associés aux nouvelles offensives militaires de 2010 ne sont pas encore
disponibles.

Témoignages extraits du rapport (davantage de témoignages sont disponibles


auprès d’Oxfam) :

 « C’était une nuit de 2007 et ma famille et moi dormions à la maison. On a frappé à la


porte. Des assaillants ont ordonné à mon mari d’ouvrir la porte. Un groupe de six
hommes vêtus d’uniformes militaires, quatre d’entre eux armés et deux non armés,
sont entrés dans la maison. Ils ont commencé à voler nos biens. Ils nous ont emmenés
dehors et nous ont forcés à les suivre dans la forêt. Une fois arrivés dans la forêt, ils
ont libéré mon mari, mais m’ont forcée à continuer plus loin dans la forêt avec eux.
Un commandant m’avait choisie comme épouse et m’a gardée dans la forêt pendant
sept mois, période pendant laquelle il m’a violée à chaque fois qu’il en avait envie.
Comme il pensait que je n’étais pas capable de m’enfuir, il me permettait de me
promener toute seule et c’est comme cela que je me suis enfuie. »
 « Ma famille et moi dormions lorsque les soldats sont arrivés. Ils ont ligoté les mains
de mon mari dans son dos et ensuite, ils m‟ont violée l‟un après l‟autre. Après, ils nous
ont emmené, mon mari et moi, dans la forêt. Quand mon mari a cherché à leur résister,
ils l‟ont abattu. J‟ai passé trois semaines dans la forêt jusqu‟à-ce que je réussisse à
m‟enfuir une nuit. Quand je suis arrivée chez moi, j‟ai découvert que mon petit enfant
était mort. »
• « Mon mari et moi dormions à la maison. Les enfants dormaient dans la maison
voisine. Les soldats sont arrivés et ont amené ma fille dans notre maison où ils l’ont
violée devant mon mari et moi. Après, ils ont obligé mon mari à violer ma fille, mais il
a refusé et ils l’ont abattu. Ils sont ensuite allés dans l’autre maison où ils ont trouvé
mes trois fils. Ils ont tué mes trois fils. Après les avoir tués, deux soldats m’ont violée
l’un après l’autre. »
 « Nous les avons trouvés dans notre maison. Ils avaient tout volé. Ils ont mis mon mari
sur le lit et l’ont battu. Ensuite, deux soldats m’ont violée. Cette histoire est si
tragique, je n’arrive pas à croire que cela me soit arrivé. Je préfère mourir.
Aujourd’hui,, je ne suis plus de ce monde en raison de ma situation. »

Contact

Pour obtenir de plus amples informations et des témoignages supplémentaires, veuillez


contacter :

 Rebecca Wynn au : + 44 (0) 7769 887139 ou rwynn@oxfam.org.uk


 Liz Lucas au : +1 617 728 2575 ou llucas@oxfamamerica.org

En savoir plus sur :

 Congo (République démocratique du)


 droit des civils
 ONU
 protection des civils
 Viol
 violence sexuelle

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