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Le 07 Juillet 2010

N° 2010-87
NOTE DE SYNTHESE
World Social security report 2010/11
Providing Coverage in times of crisis and beyond

Premier d’une série de rapports de l’Organisation Internationale du Travail visant à évaluer la progression de la couverture
en protection sociale au niveau mondial, le World Social Security report de 2010, a pour objectif principal de présenter l’état
actuel des connaissances disponibles sur la couverture en protection sociale dans différents endroits du monde et
d’identifier les lacunes existantes dans celle-ci.

Cette présentation est également l’occasion de procéder à une défense et illustration de l’initiative pour un socle de
protection sociale lancée en avril 2009 par le Bureau des Directeurs des agences de l’ONU puis reprise dans le Global Jobs
Pact de l’International Labour Conference en juin de la même année. Selon l’OIT, il y a peu d’espoir que les objectifs du
millénaire soient atteints sans un effort global en vue de l’adoption ou l’extension du socle de protection sociale.

Cette défense se fait, d’abord par la présentation des conséquences que peuvent avoir les déficiences en protection sociale
sur les populations les plus vulnérables et le rôle essentiel que pourrait jouer un socle de protection sociale dans leur
atténuation ; mais aussi en exposant l’apport des couvertures en protection sociale dans l’amoindrissement des impacts des
crises économiques (notamment celle de 2008-09), de même que les défis qu’elle pose en termes d’arbitrages budgétaires et
de gestion des régimes de pension.

Ce rapport est important du fait des critères originaux de mesure de la protection sociale qu’il présente et des aspects de
celle-ci qu’il met en lumière, parmi lesquels :

 La notion de « vulnérabilité » d’un pays en termes de protection sociale,

 L’analyse multidimensionnelle à travers la portée, l’ampleur et le niveau de la couverture en protection sociale,

 la protection financière comme élément de la protection sociale de la couverture santé

 la différence explicitée et analysée entre couvertures légale et effective en protection sociale,

 la prise en compte du poids de l’emploi informel dans la mise en place de politiques de protection sociale

 L’impact du reste à charge sur l’accessibilité aux services de santé

 Les critères d’efficacité et d’effectivité des systèmes de protection sociale

Enfin, ce rapport fournit des appendices statistiques détaillés, riches et utiles aux chercheurs et spécialistes de la
protection sociale.

Il s’agit d’un état des lieux de la protection sociale dans le monde et d’une analyse pratique de ses lacunes, de son
influence sur le bien-être de la société et de ses enjeux. Il est important de relever que ce rapport n’aborde que très
indirectement la question de la mise en place du socle de protection sociale, de son coût, de son impact et de son financement.
Ces aspects de la construction du socle de protection sociale seront au cœur des prochains World Social Security Reports,
lesquels procéderont également à la mise à jour des données statistiques disponibles sur la protection sociale dans le monde et
d’un autre rapport de l’OIT, publié également en 2010 : Extending social security to all : A guide through challenges and
options.
I) Panorama de la couverture en protection sociale1

1) Critères de mesure

 Initiative pour un socle de protection sociale

Le socle de protection sociale, selon l’OIT a deux dimensions :

Services : il garantit la disponibilité, la continuité et l'accès géographique et financier aux services


essentiels, tels que l'eau et les services d'assainissement, une alimentation suffisante et nutritive, la santé,
l'éducation, le logement et d'autres services sociaux.

Transferts : il garantit l'accès à ses services essentiels en assurant un paquet de base de transferts sociaux
essentiels, en espèces ou en nature, versés aux personnes pauvres et vulnérables pour leur assurer un revenu
minimum, ainsi que des moyens de subsistance. Le socle inclut des transferts sociaux (mais aussi les
informations, droits et politiques) versés aux enfants, aux personnes actives disposant d’un revenu
insuffisant et aux personnes âgées.

La première tâche à laquelle s’attachent les rédacteurs de ce rapport, est de prouver l’utilité et la
nécessité de chacun des éléments du socle de protection sociale, à travers l’état des lieux et des
lacunes de la couverture sociale dans le monde

Initiative pour un socle de protection sociale

L’initiative pour un socle de protection sociale repose sur l’idée d'un niveau minimum de sécurité
du revenu et d’accès aux services de santé. Elle consiste en quatre garanties :

1) Que tous les résidents aient la protection financière nécessaire pour s’offrir et avoir
accès à un ensemble élémentaire défini au niveau national de services de santé de qualité,
par rapport auquel, l’État assume la responsabilité de s’assurer de l’adéquation des
mécanismes de financement et de fourniture des services

2) Qu’une sécurité du revenu soit garantie à tous les enfants, à travers allocations
familiales ou prestations pour enfants, afin de faciliter l’accès à l’éducation, aux soins et à
l’alimentation

3) Que tous ceux en âge de travailler se trouvant incapables de gagner un revenu


suffisant sur le marché du travail aient accès à un revenu minimum de sécurité via
l’assistance sociale, les régimes de transferts sociaux, et les garanties d’emplois publics ou
autres politiques de l’emploi

4) Que toutes les personnes âgées ou souffrantes d’un handicap bénéficient d’une
sécurité de revenu, au moins égale au seuil de pauvreté, via régime de pensions de
vieillesse ou allocations de handicap.

1
La structure de cette note suit le plan du rapport (à l’exception de la partie II consacrée aux crises économiques).
Ce dernier étant rédigé en anglais, la traduction de certains thèmes techniques est basée sur la terminologie de la
Commission Européenne http://iate.europa.eu/iatediff/SearchByQueryLoad.do?method=load.
 La notion de couverture sociale et sa mesure

Trois éléments ont été établis dans ce rapport pour mesurer la couverture en protection sociale :

Sa portée : le nombre et le type de branches de protection sociale auquel la population d’un pays peut
accéder

Son ampleur : le pourcentage de personnes couvertes, au sein d’une catégorie de population déterminée,
par chaque branche de protection sociale

Son niveau : l’adéquation de la couverture apportée par chacune de ces branches aux besoins et nécessités
de chaque catégorie

Ces critères sont complétés par une distinction entre couverture légale et couverture effective, la
première renvoyant à l’existence de dispositions juridiques assurant la couverture ou l’accès à une
protection sociale, la seconde mesurée par le nombre de personnes participant effectivement aux régimes
contributifs établis ou recevant les aides auxquelles elles pourraient prétendre.

 La vulnérabilité en termes de protection sociale

L’OIT introduit la notion de vulnérabilité mesurée par une combinaison du niveau de pauvreté (%
personnes vivant avec moins de 2$ US PPA par jour) et l’ampleur de l’emploi informel (nombre de
travailleurs salariées/nombre total de travailleurs), comme critère d’analyse de l’état de la protection
sociale dans un pays.

Si au niveau mondial la part des travailleurs salariées – ceux considérés comme appartenant au secteur
formel) est de 46,9% (seulement 26.5% de la population mondiale en âge de travailler), de fortes disparités
régionales existent. Cette proportion est de 84,3% dans les pays développés et autour de 20% en Afrique
subsaharienne et en Asie du sud. Cette proportion de l’emploi informel joue un rôle essentiel quand on sait
que dans les Pays en développement (PED dans le reste du texte) les travailleurs sans couverture sociale
sont dans l’économie informelle.

Une seconde complication vient de l’état du marché du travail, notamment les types de contrats de travail.
En Amérique Latine par exemple, si 80,3% des employés de l’économie formelle ayant un CDI ont une
couverture sociale, ce chiffre tombe à 19% pour ceux n’ayant aucun contrat de travail.

En combinant les données du marché du travail et le niveau de vie, l’OIT a établi un index de la
vulnérabilité de chaque pays (les plus vulnérables étant ceux conjuguant la plus grande par d’emplois
informels et une part importante de la population vivant avec moins de 2$US (PPA) par jour. Selon ces
calculs, 57 pays2 (majoritairement d’Afrique Subsaharienne et d’Asie du Sud) ont une haute ou très haute
vulnérabilité en termes de couverture sociale.

2
Voir annexe I
Figure 1: Pays regroupés par leur niveau de vulnérabilité, de pauvreté et d’informalité
(OIT, World Social Security Report 2010 ; p29)

 État de la couverture légale

Tous les pays étudiés ont des régimes couvrant au moins une branche de protection sociale, le plus
souvent : pensions de vieillesse, accidents du travail des employés du secteur formel et certains types de
congés de maladie ou maternité. Pourtant, en tenant compte de ceux qui ne sont pas actifs, seulement 20%
de la population mondiale en âge de travailler (et leur famille) a accès à un système complet de protection
sociale (couvrant les huit branches), soit 59 seulement des 184 pays étudiés, tous ayant de faibles ou très
faibles niveaux de vulnérabilité.

L’OIT étudie ensuite, à l’aune de ces critères, les différentes branches de la protection sociale :

 Maladie (a - soins médicaux ; b – prestations de maladie en espèces)

 prestations d’invalidité

 prestation de vieillesse

 prestations aux survivants

 prestation de maternité

 prestations familiales

 prestations de chômage

 prestations en cas d’accident du travail ou de maladies professionnelles

2) Couverture en protection sociale sanitaire

Une couverture en protection sociale en santé efficace combine protection financière et accès effectif à
des services et soins médicaux de qualité. La première vise à prévenir l’appauvrissement né d’une perte de
revenu causé par un problème de santé et à contenir la part des dépenses de santé financées par le malade.
La seconde concerne la disponibilité de services de santés (infrastructures et de personnel de santé de haute
qualité) adéquats et abordable.

L’OMS estime que 100 millions de personnes « tombent chaque année dans la pauvreté » du fait de
difficultés financières nées de risques liés à la santé ou des coûts de l’accès à des soins de santé. L’accès
effectif à des services de santé étant fortement conditionné par le montant des ressources disponibles, la
part des paiements directs par le malade des services de santé dans le PIB, utilisée peut être un utile
indicateur de l’accessibilité aux services de santé.

Les résultats montrent que plus grande est la part du reste à charge dans les dépenses de santé plus
faible est l’efficacité de la couverture en services de santé, plus grands sont le risque d’appauvrissement
lié aux dépenses de santé, le niveau de l’emploi informel dans l’emploi total, les lacunes de la protection
financière et la mortalité maternelle.

Tableau 1: part du reste à charge dans les dépenses de santé selon le niveau de pauvreté
(OIT, World Social Security Report 2010 ; p.41)
Le tableau précédent montre la part du reste à charge dans les dépenses totales de santé, selon la proportion
de personnes vivant avec moins de 2$ US (PPA)/jour. Il apparaît clairement que ce sont les plus démunis
qui doivent financer la plus grande partie de leurs services de santé, par leurs propres moyens. Ainsi, dans
les pays où plus de 75% de la population vit avec moins de 2$ US (PPA)/jour, la part du reste à
charge dans les dépenses de santé est de 69,5%, à l’inverse, dans les pays où cette proportion est
inférieure à 2%, la part du reste à charge n’est que de 13,9%.
Dans les pays les plus vulnérables, près de 90% de la population n’a ni couverture médicale légale, ni accès
aux services médicaux, ni protection financière contre les risques de santé. L’OIT estime que 30 à 36% de
la population mondiale n’a pas accès à un nombre suffisant de professionnels de la santé.

L’urgence d’introduire un ensemble de prestations sanitaires élémentaires est ici évidente3. C’est l’un des
éléments du socle de protection sociale.

3) Couverture par des régimes de pensions : sécurité du revenu dans la vieillesse

Environ 2/3 des personnes âgées ne reçoivent aucun revenu régulier et 100 millions d’entre elles vivent
avec moins d’1$ US par jour. Même lorsqu’elle existe, la couverture ne concerne le plus souvent que les
employés du secteur formel (fonction publique et grandes entreprises). Si légalement 40% de la population
mondiale en âge de travailler est couverte par un régime de pension, de très fortes différences régionales
existent. Cette proportion est de 80% en Amérique du Nord et en Europe, et inférieure à 30% en Afrique
subsaharienne. 75% des personnes ayant plus de 65 ans dans les pays de hauts revenus perçoivent un
revenu, elles ne représentent que 7% de la même population dans les pays de bas revenus.

3
L’OIT ne détaille pas le contenu de ces prestations élémentaires en services de santé.
L’effectivité de cette couverture est aussi une des conditions de son succès. Par exemple, 2/3 seulement
des Boliviens en âge avancés reçoivent une pension, alors que l’ensemble de cette catégorie de la
population y a droit, ce qui montre l’importance du montant de ces pensions et des critères d’éligibilité
dans l’effectivité de la couverture.

Dans un second temps, le fait que seulement 4% de la population mondiale en âge de travailler participe à
un régime contributif volontaire de pension met en évidence le rôle crucial joué par les régimes
contributifs obligatoires de pension. Mais ils ne peuvent être la seule réponse. Dans certains pays, ces
régimes de pensions sont relativement « jeunes », et peu de travailleurs ont cotisé assez longtemps pour
bénéficier d’une pension. De plus, un régime de pension basé sur les seuls revenus pénalise
inévitablement trois catégories de personnes, ayant généralement des revenus ou une participation sur le
marché du travail moindres : les femmes, les employés peu qualifiés et les minorités ethniques.

La solution à ces lacunes dans la couverture sociale par les régimes de pension passe par l’extension
graduelle de celle-ci à travers des régimes contributifs obligatoires mais aussi l’introduction de régimes
non-contributifs de pension. Atteindre de hauts niveaux de couverture demande des investissements
conséquents. La part du PIB consacrée aux pensions de vieillesse est de 6,9% dans les pays à hauts
revenus, 2,1% dans ceux à revenus médians et seulement de 0,6% dans les pays à faibles revenus. Or,
l’OIT estime qu’en 2050, près de 80% des personnes de plus de 65 ans vivront dans des pays moins
développés. Les exemples de l’Afrique du sud, de l’Inde, de l’Argentine, du Brésil, de l’Île Maurice, entre
autres pays ayant réussi à étendre la couverture sociale par les régimes de pension, montre que cette
extension est possible et accessible même aux pays de faibles revenus.

4) aide au revenu en cas de chômage

Dans 78 des 184 pays étudiés dans ce rapport, il existe un régime légal de prestations de chômage, parmi
lesquels 64 ont un régime contributif d’assurance-chômage, 17 offrant en plus un système d’assistance
sociale complémentaire liée à l’emploi, 8 proposant, à la place du régime d’assurance, un régime non-
contributif financé par l’impôt.

Dans les 106 autres pays, il n’existe aucune couverture pour les chômeurs, y compris ceux évoluant dans
l’économie formelle.

Figure 2 : Régimes de protection sociale en faveurs des chômeurs, par type de régime
(OIT, World Social Security Report 2010 ; p.66)

Le niveau de l’emploi informel dans beaucoup de pays du monde rend inapplicable ou peu efficient le
régime traditionnel de couverture sociale en cas de chômage. Dans les pays où cette couverture existe, elle
n’est pas toujours effective et satisfaisante. À titre d’exemple, en moyenne, l’allocation chômage ne
représente que 17.7% du salaire minimum en Turquie et n’est perçue que par 13% des chômeurs.
Si les aides au chômage ne sont pas les solutions au chômage et au sous-emploi structurel dont souffrent de
nombreux pays, des aides aux revenus pour chômeurs et travailleurs à faibles revenus, ainsi que les
programmes de garanties d’emplois publics peuvent aider à soulager les situations des personnes les plus
vulnérables.

5) couverture par d’autres branches de la protection sociale

 accidents du travail et maladie professionnelles

Dans la plupart des pays, les accidents du travail ont été les premiers risques à être couverts par la
protection sociale, mais cette couverture reste, en général, confinée aux travailleurs du secteur formel où
une partie seulement des accidents du travail est reportée et compensée.

Or l’économie informelle qui prévaut dans les pays à faibles revenus et dans laquelle les conditions de
travail et de sécurité sont souvent les plus précaires n’est pas couverte. L’OIT estime que moins de 30%
de la population en âge de travailler (environ 40% de la population active) est légalement couverte
contre les risques liés au travail, ce qui cache de très fortes disparités régionales et démographiques,
notamment la vulnérabilité supérieure des immigrés illégaux ainsi que des aides ménagères exposées aux
risques domestiques mais ne bénéficiant, généralement, d’aucune protection).

Le manque de statistiques fiables et suffisantes sur l’occurrence et la protection contre les accidents du
travail empêche toute analyse de l’effectivité de cette protection sociale, conduisant l’OIT à recommander
un plus large et profond travail statistique au niveau national.

 Protection de la maternité

Il existe une triple inégalité dans l’accès à la protection maternelle - qui correspond au cinquième Objectif
du Millénaire et dont l’inadéquation cause chaque année la mort en couche de 500.000 femmes :

- lieu de résidence (zones urbaines/zones rurales),

- le niveau de vie, et bien plus encore,

- le niveau de richesse du pays.

Les barrières principales sont l’accès aux installations sanitaires, la pénurie de personnel de santé et le
manque d’un ensemble de services de santé basiques offerts à la population.

 Revenu minimum garanti et autres programmes d’assistance sociale

Dans la majorité des pays offrant une protection sociale étendue, l’assistance sociale ne joue qu’un rôle
résiduel, bien qu’important, celui de combler les lacunes de la couverture offerte par les régimes
d’assurance sociale, ne représentant que 3% pour un total de 25% de dépenses consacrées consacrés aux
programmes de protection sociale.

Dans les PED, de plus en plus de régimes non-contributifs sont mis en place, pour jouer ce rôle, le plus
souvent via des transferts conditionnels en espèces, parmi lesquels : le programme Bolsa familia au Brésil,
le Social Grant system en Afrique du Sud et l’universal basic pension en Namibie et au Népal. Néanmoins,
beaucoup reste à faire dans la récolte de données statistiques avant qu’une analyse plus complète de l’état
et de l’effectivité de tels programmes ne soit possible.
II) Investissements en protection sociale : niveau des ressources consacrées, sources de
financement et efficacité en termes de réduction de la pauvreté et des inégalités

Niveau des ressources : en moyenne, chaque pays du monde, consacre 10,9% de son PIB respectif à la
protection sociale (au niveau du PIB mondial, cette part est de 17,2%). En analysant plus en détail les
données, et en tenant compte du niveau de vulnérabilité de chaque pays, l’OIT met en évidence une forte
corrélation entre ce dernier, le niveau de richesse et la part du PIB consacrée aux dépenses de protection
sociale.

Figure 3 : Part des dépenses publiques en protection sociale par branches


Selon le niveau de revenu du pays, et sa population (OIT, World Social Security Report
2010 ; p.118)

S’il semble nécessaire de disposer de certaines capacités budgétaires pour financer les dépenses de
protection sociale, il serait trompeur de considérer la protection sociale comme un « bien de luxe ».
D’abord, parce que l’expansion de celle-ci peut aussi avoir un effet de lever, et servir de base à la création
de richesse, mais surtout parce que, des gouvernements ayant sensiblement le même niveau de richesse,
déterminent très différemment les parts respectives de leurs ressources consacrées à la protection sociale.

La façon dont les arbitrages en matière de dépenses publiques sont réalisés est cruciale quant au niveau des
ressources consacrées à la protection sociale. La question principale étant ici de savoir quelle part de celles-
ci devra être organisée via des régimes contributifs d’assurance sociale et quelle proportion sera accessible
à tous les résidents ou au sein d’une catégorie de résidents (personnes âgées, personnes souffrant d’un
handicap, etc.)

Financement des dépenses de sécurité sociale : l’OIT estime que dans les pays à hauts et moyens
revenus, 40% des dépenses en santé publique sont financées par des les contributions en assurances
sociales contre 7% seulement dans les pays à faibles revenus (en partie grâce aux financements extérieurs
de leurs dépenses en santé, 46% en 2006).

Effectivité et efficacité : Il est difficile d’analyser l’efficacité et l’effectivité des investissements en


protection sociale.

D’abord parce qu’il est difficile de choisir un critère unique de jugement. Des pays différents peuvent avoir
des objectifs et des priorités différentes en matière de politiques de protection sociale. Il n’est pas aisé,
ensuite, de comparer l’effectivité des investissements en protection sociale de pays qui consacrent des parts
complètement différentes de leurs revenus à la protection sociale ou ayant des marchés du travail de
structures très différentes. Enfin, il est difficile de séparer les effets des différentes politiques sociales, alors
même qu’ils sont complémentaires ou imbriqués.

D’ailleurs seuls l’OCDE et l’ADB ont mis en place des indicateurs de l’efficacité des investissements en
protection sociale. Et ces critères sont différents et les résultats assez peu concluants.

À titre d’exemple, selon l’OCDE, les Pays-Bas, le Canada et la Nouvelle-Zélande consacrent relativement
peu de ressources à leurs régimes de retraite, pourtant réalisent de bonnes performances en termes de
réduction de la pauvreté des personnes âgées. Pourtant, il est très difficile d’en tirer quelque conclusion que
ce soit, étant donné que les priorités (éducation, réduction de la pauvreté, accès à la santé, réduction des
inégalités, etc.) ne sont pas les mêmes.

Les conclusions du rapport sont assez prudentes. Il note que plus les transferts sociaux en espèce sont
importants, plus grande est la réduction des inégalités. De même, plus les dépenses publiques en matière de
santé sont importantes, moins les lacunes de la couverture sociale en services de santé sont nombreuses.

Les principaux enseignements de cette analyse des investissements sont que, premièrement, la volonté
politique et l’implication de la société civile sont presqu’aussi importants que le niveau de
développement, et expliquent en partie pourquoi des pays de niveaux de vie similaires réalisent des
performances très différentes en termes de protection sociale ; dans un second temps, même si le
niveau des ressources est une barrière importante, la gouvernance et la mise en œuvre de ces politiques a
un impact considérable.

L’avant-dernière partie du rapport est consacrée à une typologie des différentes approches de la protection
sociale à travers le monde.

III) Facteurs nécessaires à l’extension de la couverture protection sociale

L’OIT établit l’analyse de la couverture en protection sociale sur les trois bases suivantes :

1 – les fondements légaux (le nombre de branches couvertes par des dispositions légales)

2 – la pérennité des financements engagés (parts des dépenses en protection sociale dans le PIB, protection
financière effective fournie à la population)

3 – Résultats (étendue de la couverture légale, ampleur de la couverture effective)

C’est à partir de cette grille d’analyse et en se basant sur les performances des systèmes de protection
sociales dans les quatre branches les plus lourdes financièrement de la protection sociale – vieillesse,
accidents du travail et maladies professionnelles, santé et chômage - que l’OIT essaie de bâtir une première
typologie des approches en termes de protection sociale :

 Couverture légale limitée ou très limitée4 – peu de ressources – couverture sociale effective
faible cette catégorie englobe 75 pays, les plus vulnérables du monde, dont 80% des pays africains,
présentant une couverture en protection sociale déficiente.

 Couverture légale étendue – peu de ressources – couverture sociale effective faible Dans cette
catégorie entrent les pays ayant, par le passé développé des systèmes très généreux qu’ils ont des
difficultés à financer aujourd’hui suite à leur appauvrissement, des changements de régimes ou de
priorités politiques.

4
NB : La couverture légale concerne le nombre de branches de la protection sociale couverte par des dispositions
légales, tandis que la couverture sociale est fonction de l’effectivité de la protection sociale
 Couverture légale limitée ou relativement étendue - beaucoup de ressources consacrées –
couverture sociale effective faible Cette situation est, le plus souvent, celle des pays fournissant de
très généreuses prestations aux employés de l’économie formelle, alors que la majorité des emplois
sont informels.

 Couverture légale limitée ou relativement étendue - peu de ressources consacrées – couverture


sociale effective complète Sont inclus dans cette catégorie, les pays où les prestations sont peu
nombreuses mais ouvertes à une grande partie de la population, environ 9% des pays étudiés.

 Couverture légale étendue - beaucoup de ressources consacrées – couverture sociale effective


complète concerne environ 30% des pays étudiés, le plus souvent riches et développés où les
prestations sociales sont nombreuses, la couverture excellente et concerne l’ensemble des branches
de la protection sociale.

Il est intéressant ici de noter qu’il n’existe aucun exemple de pays dans lequel d’importantes ressources
sont consacrées à la protection sociale en l’absence d’une couverture légale appropriée. Cela suggère que si
elles ne suffisent pas à assurer une couverture sociale adéquate, de solides bases légales préalables
sont nécessaires à l’extension de la protection sociale.

Un signe d’espoir assez intéressant est que plus de trente PED ont déjà rejoint les pays de revenus moyens,
dans leur effort de mettre en place des programmes hiérarchisés et ambitieux correspondants aux garanties
de bases du socle de protection sociale.

Figure 4 : Typologie des dispositions légales, des ressources consacrées et de la


couverture en protection sociale dans 139 pays

Le graphique suivant résume l’état et l’étendue de la protection sociale selon le niveau de revenu :
Figure 5 : typologie de la protection sociale selon le niveau de revenu (OIT, WSSR 2010, p.122)

Conclusion

La crise a permis de rappeler, le rôle important, actuel et crucial que peut jouer la protection sociale dans
les pays riches ou à revenus intermédiaires. Elle a aussi eu l’avantage l’établissement d’un consensus au
sein de la communauté internationale sur la nécessité d’investissements en protection sociale dans les pays
les plus pauvres. C’est ce nouveau consensus qui a mené l’OIT et les autres agences du réseau des Nations
Unies à développer et promouvoir l’adoption du socle de protection sociale. Il semble que cet appel est
favorablement accueilli par la communauté internationale des bailleurs de fonds et des donneurs.
Annexe I : Pays classés selon leur niveau de vulnérabilité5 (OIT, WSSR 2010, Tableau 10)

N o n -w a g e w o r k e r s a s a p e r c e n ta g e o f to ta l e m p l o y m e n t
V e r y lo w p r o p o r t io n L o w p r o p o r tio n H ig h p r o p o r t i o n V e r y h i g h p r o p o r t io n
L e s s th a n 2 0 p e r c e n t 2 0 -4 0 p e r c e n t 4 0 -7 5 p e r c e n t M o r e th a n 7 5 p e r c e n t

V e r y lo w v u ln e r a b ilit y L o w v u ln e r a b ilit y
A u s tr a lia L it h u a n ia
A u s tr ia Lux em bourg B e la r u s N e w Z e a la n d A z e r b a ija n
Bahamas M a lta C r o a t ia P o la n d
B e lg iu m M o n te n e g r o It a ly P o r tu g a l
Canada N e th e r la n d s K o r e a , R e p u b licS oe fr b ia
C y p ru s N o rw ay M a c e d o n ia ,
C z e c h R e p u b licR u s s ia n F e d e r a tioT hn e f o r m e r Y u g o s la v
Less than 2 per cent of the population
Very low level of poverty

D e n m a rk S in g a p o r e
E s to n ia S lo v a k ia
F in la n d S lo v e n ia
Fran c e S p a in
G ermany Sw eden
H u n ga ry S w it z e r la n d
Ic e la n d U k r a in e
Ir e la n d U n it e d K in g d o m
Jap an U n it e d S t a te s
L a tv ia

L o w v u ln e r a b ilit y M e d iu m v u ln e r a b ilit y
B u lg a r ia A lb a n ia M a la y s ia A lg e r ia J a m a ic a
Jo rd a n A r g e n t in a M e x ic o D o m in ic a n R e p u Mb lic
o ro c c o
B r a z il Pa n a m a Ec u a d o r Pa ra g u a y
Low level of poverty
2.1 to 25 per cent

C h ile Pe r u Gabon T h a ila n d


C o s ta R ic a R o m a n ia G u a te m a la Tu rke y
Proportion of the population living on less than $2 PPP per day

Eg y pt T r in id a d a n d T o b a Gg ou y a n a V e n e z u e la ,
E l S a lv a d o r T u n is ia Ir a n , Is la m ic R e p B. o liv
f a r ia n R e p . o f
K a z a k h s ta n Urug uay
Level of poverty

M e d iu m v u ln e r a b ilit y H ig h v u ln e r a b ilit y
A r m e n ia M a u r ita n ia Kenya
S u r in a m e B o ts w a n a M o ld o v a , R e p u b lic Bohfu ta n M o n g o lia C ô te d 'Iv o ir e
S o u th A f r ic a C h in a S a in t L u c ia B o liv ia N ic a r a g u a
25.1 to 50 per cent
Medium level of
povery

D jib o u ti T u r k m e n is ta n C a p e V e rd e P h ilip p in e s
C o lo m b ia S ri La n ka
G e o r g ia V ie t N a m
Honduras Y emen
H ig h v u ln e r a b ilit y V e r y h ig h v u ln e r a b ilit y
Ghana C a m b o d ia
N a m ib ia In d o n e s ia L e s o th o G a m b ia To g o
50.1 to 75 per
High level of
poverty
cent

T a jik is ta n K y r g y z s ta n P a k is ta n P a p u a N e w G u in eHaa it i
Cameroon Congo
Senegal
V e r y h ig h v u ln e r a b ilit y
C e n tr a l A f r ic a n R e p u b lic In d ia B a n g la d e s h M a li
U z b e k is t a n E th io p ia B e n in M o z a m b iq u e
S w a z ila n d B u r k in a F a s o Nepal
Burundi N ig e r
Very high level of poverty

Chad N ig e r ia
More than 75 per cent

C o n g o , D e m o c r a t Ric wR ae np d. ao f
G u in e a S ie r r a L e o n e
G u in e a - B is s a u T a n z a n ia , U n ite d R e p . o f
L a o P e o p le 's D e mU. gRaenpd. a
Madagasc ar Z a m b ia
M a la w i
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On remarquera la place de l’Inde parmi les pays de très haute vulnérabilité, malgré son statut de pays émergent.
Le seuil de 2$ US (PPA)/jour choisi par l’OIT explique peut-être le niveau de pauvreté (+ de 75% de la population) et
la position de ce pays dans ce classement.

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