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9 trimostre 1987 - N° 61-20 F ISSN 0182-0567 ‘Eau et Rividres de Bretagne - APPSB - 1, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - C.P.P.A.P. 52518 « EAU et RIVIERES de BRETAGNE - A.P.P.S.B. » Créée en 1969, afin de protéger les Salmoni- dés (saumons et truites) qui sont des poissons, particuligrement sensibles & la dégradation des riviéres, I'Association « Eau et Rivieres de Breta- gne — AP.P.S.B.» a peu a peu étendu son action et sa réflexion a l'ensemble des problé- mes relatifs a la gestion de l'eau, des sources aux estuaires. Trés rapidement, |'Association a été ame- née & prendre conscience des atteintes graves, voire irréversibles, que nos modéles actuels de production et de consommation faisaient subir & environnement. lest apparu, en effet, que la dégradation de la qualité de l'eau des sources, des riviéres, des estuaires, du littoral,... était la résultante des multiples agressions qui affectent le milieu naturel : Les pollutions * rejets plus ou moins épurés des aggloméra- tions et des industries. * rejets des effluents des élevages industriels (lisiers). * lessivage des sols « enrichis » d’engrais chi- miques et des produits de traitement des cultu- res. L’érosion des sols favorisée par I'arasement des talus et certaines méthodes de culture qui entrainent vers les cours d'eau importantes masses de sédiments qui envasent les cours d'eau et colmatent les graviéres ou se reprodui- sent les salmonidés. La rectification des cours d’eau effectuée lors des travaux connexes au remembrement ou & l'occasion des opérations de drainage, cette pra- tique enlaidit nos paysages, détruit la richesse des cours d'eau et favorise les orues. La destruction des zones humides dont le main- tien serait pourtant nécessaire pour régulariser le débit des cours d’eau, ralentirles crues et évi- ter les étiages trop accusés en période de séche- resse. L'enrésinement des vallées qui acidifie l'eau et banalise nos paysages. La multiplication des plans d’eau qui contri- buent au réchautfement des eaux (pollution ther- mique) et aggravent les pertes par évaporation. Ces retenues impliquent des barrages souvent dépourvus des passes nécessaires aux espéces migratrices (anguilles, lamproies, saumons, trui- tes, aloses...) Le gaspillage de l'eau engendré par des mentali- tés et des techniques peu soucieuses d'écono- miser les ressources naturelles. Bien d'autres facteurs aggravent encore ces atteintes & l'intégralité et 4 la richesse des milieux aquatiques que l'association « Eau et Riviéres de Bretagne » s'est donnée pour objec- tifs de défendre. L'association considére que la protection des ressources en eau est un impératif majeur. Des secteurs entiers de 'économie régio- nale exigent en effet une eau de qualité : l'éle- vage, l'agro-alimentaire, la pisciculture, la conchyliculture, aquaculture, la péche cétiére, le tourisme... et tolérer la pollution au nom d'un certain « réalisme économique » c'est, en verité, faire preuve d'une étrange myopie intellectuelle. Tous ceux qui se rendent ainsi complices de la pollution contribuent a fragiliser, voire a détruire les fondements de l'économie régionale dont les chances reposent sur la diversité et l'autonomie. Au-dela des questions économiques se posent, bien entendu, de redoutables problémes de santé sur lesquels il est urgent de lever le voile (nitrates, pesticides, métaux lourds, subs- tances radio-actives...) En apportant votre contribution aux efforts de l'association « Eau et Riviéres de Bretagne » vous lui permettez de poursuivre son action en totale liberté. Editorial : Le mot du Président/M. Saffre La renaissance du Gouyanzeur/Dr. Daunay L’enquéte publique : des lacunes inadmissibles! R. Léost La Brotagno vue du QuébeclY. Potvin Morbihan : de nouveaux élevages de visons en projet]. Moalic Nitrates dans l'eau : la Bretagne sous surveillance. Lassainissoment individuel/M. Goffroy ‘Traitement des ordures ménagéres/C. Cador Opération « Joli Jaudy »: une réussitelG. Le Caer L, Pelletier Un petit canard pour le coup du soir/ Los élus du Scorff sur I'Elorn/]. Moalic Premier bilan a la trappe de Kerhamon/ J-Y. Kermarrec. d'un 3 rividre est-elle évaluable 2/ j-L, Pelletier En bref — Courrier des Lecteurs A vos commandes — Adhésion et Abonnement 87 Ont partcipé a la réalisation de co numéro, outro les auteurs des articles Mise en page : Armelle Bocquenet, Marylise Desbois, Serge le Rozec 12 Moalic, Joan-Cl ae eee on ee Sere ayes ee een aa BBE Henipcrenmmee ie et inkaiel eae ae Perle Laer een eae Gerda Er oe eee ‘ieee fe ae ihe meres deTamecaparive. SEEDLavan Je ne le crois pas, pulsque c'est bien plutdt un ensemble d'idées fortes, for- (g€es depuis prés de vingt ans, qui pré- sident réellement aux destinées d’Eau et Riviéres de Bretagne - APPSB, et Inspirent un conseil d'administration ‘et un bureau dont chaque membre pourrait étre le président. Cette interchangeabilité qui évacue toute idée de prééminence est, a mon sens, le signe de la maturité, d'une totale cohérence et d'un fonctionne- ment véritablement démocratique, Cette interchangeabilité qui évacue toute idée de préeminence est, a mon sens, le signe de la maturité, d'une totale cohérence et d'un fonctionne: ment véritablement démocratique, Revient au président le devoir de réatfirmer haut et clair la politique du ‘groupe. EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE aura vingt ans en 1989. Nous avons a préparer, pour cette occasion, un Con- gres exceptional. A rassembier, tout de suite, toutes les énergies pour cette échéance. Et d’abord 4 nous réaffir- mer. Nous avons a dire ce que nous som- mes, quels sont nos objectifs, quelles stratégies nous voulons mattre en ‘ceuvre pour les atteindre, de quels moyens et outlis nous savons pouvoir disposer. Sur quelles priorités nous ‘comptons focaliser essentiel de nos actions. Un objectif : L’eau pure Notre objectif fondamental, c'est dire colui sur lequel littéralement se EDITORIAL fonde notre Association, c'est l'eau ure. Alors que I'APPSB s’était constituée Pour sauver et promouvoir le saumon, puis les salmonidés dans leur ensem: ble, elle s'est vite rendu compte qu'a se donner des objectifs limités rele- Yant trop spécifiquement de la préoc- cupation des pécheurs, elle n’embras- Sait pas assez compldtement le domaine de sa vocation devenu aussi celui de sa compétence, Ge fut done l'eau pure, bien de tous, lieu de la vie dont le saumon est extraordinaire symbole Nous nous sommes convaincus, au fil des années, que cest, au moins autant que dans d'autres éléments de environnement naturel, dans. eau, dans les riviéres que se lisent la qua lite des modes de vie, des modes de productions industrielies et agricoles et la santé de l'ensemble d'une écono: mie. Quand le poisson meurt, homme est menacé. Nous en avions l'intuition au tout début de notre action: nous avons aujourd'hui que les pollutions font peser sur l'économie une menace réelle, celle qu’elles font peser sur homme n’est plus & démontrer, A contre-courant (comme fait... le ‘saumon, des clichés que les crises ont mis @ la mode et selon lesquels l'eau ure serait devenue un luxe que nous N'aurions plus le moyen de nous offrir, qu'il conviendrait désormais de choisir U un environnement de qualité ou une économie en état de marche. Les deux termes du choix étant présentés comme absolument antinomiques, Nous nous sommes pénétrés de la cer titude que l'eau pure n'est pas seule- ment le miroir en lequel s‘observent la Vie et ses témoins, mais celui oi! 'on peut lire qu'une économie est saine, qu'elle mérite son nom d'économie. La réflexion qui porte sur les problé- mes de l'eau, et monte aujourd'hui d'un peu partout, commence a nous donner raison : 'sau pure est plus éco nomique que l'eau polluée; toute démarche instaurative allant dans le sens de notre action est aussi une démarche économique. Pleau ot ivibresiN 61 | LE MOT DU PRESIDE ‘Au cours du Conseil d’Administration du 4 Juillet a Belle-Isle-en-Terre, un nouveau Bureau a été élu suite 4 l'Assemblée Générale du 17 mai. Michel Saffre succéde a la présidence a Pierre Le Padellec tandis que Yves Landrein et Evelyne Maho demeurent respectivement vice-président ot trésoriére. Jean-Claude Pierre quant a lui devient secrétaire général ot sera aidé dans cette tache par Raymond Léost. Au cours de cette méme réunion ont été définies les orientations de l'association pour les années a venir. C'est ce programme que présente ci-dessous le nouveau président. Quelle stratégie ? Pour atteindre un tel objectif, nous avons mis en ceuvre une stratégie dont il convient de redire les axes princi- aux. N'importe qui d’entre nous, se retournant sur notre bilan, aura, si modeste qu'il soit, toutes les raisons d'étre fier... et aussi de penser que le concept de stratégie est assez réduc- teur par rapport a ce qui fut bien plutét constitué de grands élans, de ‘moments intenses, d'actions exaltan: tes. Les mots n’étant ou jamais inno- cents ou jamais lus Innocemment, je dirais simplement que notre stratégie était faite de la cohérence entre les actions certes tres diverses mais tou jours inspirées par une méme passion. Mais nous voici parvenus & un point 08, dans cette cohérence de nature il est nécessaire de mettre un peu plus d'organisation, un peu plus de structu- res — en évitant le bureaucratisme et ses structures d’enfermement — et un Peu plus de discernement des priori tes, En ce sens done, quelle stratégie? Nous avons aujourd'hui & faire des choix entre deux principaux types d'actions. 1 — Nous pourrions par exemple, nous ‘occuper prioritairement de gestion et de décider de nous insérer patiom: ment, es-qualités, dans les associa: tions, les organismes et fédérations ayant vocation a gérer la ressource eau, les riviéres, les poisons etc... Au bout d'une telle démarche, au cours de laquelle nous aurions & nous casser les dents bien plus sur des pro- blemes de structures, de forme ot d'hommes que sur des problémes de fond, bref perdre, et bien vainement, beaucoup de notre énergie, nous voyons bien ot nous en serions, les uns partageant les préoccupations des consommateurs, les autres celles des pécheurs et nous courrions tous ie risque de ne plus voir que le ruisseau, la nuissance ou... le rival a notre porte. Sill est dans notre mission d’aller apporter, ex personna, et partout ou Nous pouvons étre, les idées suscept bles d'améliorer les choses, et faire que notre objectif soit visé, il n'est pas dans la vocation d'EAU ET RIVIERES de décider ni de participer a la déci- sion, par exemple, de quotas de prises ERRATUM Une enneun de montage a été commise en page 2, au début de e'édétoniat "Le mot du Président”. IL faut Line + “Etait-i1 si important que l'association eft un nouveau Président moins de deux ans aprés 1'élec~ tion de Pierre Le Padellec ? Je ne le crois pas, puisque c'est bien plutot un ensemble d'idées fortes, forgées depuis prés de vingt ans, qui président réellement aux destinées d'Eau et Rivigres de Bretagne - APPSB, et inspirent un conseil d'administration et un bureau dont chaque membre pourrait @tre le président. Cette interchangeabilité qui évacue toute idée de pré6minence est, @ mon sens, le signe de la maturité, d'une totale cohérence et d'un fonctionne- ment véritablement démocratique. Revient au président le devoir de réaffirmer haut et clair la politique du groupe". EDITORIAL (4,5 ou 6 saumons & prendre par an, ou plus ou moins, avec ou sans bracelets etc...) dinterdictions diverses a établir sur ies riviéres ete, etc. Il n'est pas davantage dans notre vocation de donner & notre réflexion une dimension spécifiquement politi- que et de nous engager sur d'autres terrains. Non, vraiment, nous n’avons ni le désir de gérer, & la limite, l'ensemble d'un réseau hydrographique, & devenir Une sorte d'autorité de rivigre, ni celui de nous définir dans les parts — ou les parcelles — de quelque camenbert 6lectoral — d’oi! nous sortirions nous- mémes (et nos idées !) complétement marginalisés, ivres-peutétre de quel- ques dixiémes de pourcentage au-dela du point habituel 2 — Par contre, visant plus haut et & plus long terme, nous pouvons donner la priorité aux actions de formation et information, Et crest, et cela ne,date pas daujourdhui, ce que nous avons choisi de faire. Gagner & nos idées, qui ressortissent a la fois a un projet éco- nomique et & un grand projet esthéti que (et, partant, véritablement moral et Intégrable @ un programme d'éduca- tion civique) les enfants de nos écoles, colleges et lycées. ‘Amener élus et décideurs & adhérer nos idées ; leur en démontrer le bien: fondé en nous appuyant sur les recher- ches de nos amis scientifiques et sur les compétences que nous avons acquises. Informer par toutes les voles, par nos propres publications, par nos réu- nnions, par l'exemple donné sur nos chantiers de nettoyage: aujourd'hui de tels chantiers sont mis en place un peu partout sur les riviéres, dans la logique de notre dynamique, et c'est merveilleux ! mais pas toujours dans esprit qui animait nos chantiers. I faut que nous nous le répétions, inlassablement, Il nous faut montrer sans relache que nous ne saurions étre réduits & un petit carré de gens consacrés & une quvre de simple défense, ayant des reflexes d'assiégés, formant une sorte de cartel de tous les refus. Des objectifs concrets — Un Investissement total dans la mise en marche définitive du Centre d'initiation a la Rividre de Bellesle-en- Terre. — Une participation de plus en plus ‘active aux instances de réflexion por- tant sur 'eau ot ’économle, l'eau et la santé. — Une présence importante dans les rencontres et colloques européens et internationaux: Bretagne-Québec, Bretagne-Asturies, jumelage de la Piel aus ok ces aun ee du-Nor — Des bulletins de liaison et publi cations (telle la revue Eau et Rivieres @ laquelle appeler de plus en plus de contributions), des contacts avec les médias, une forte présence dans tou tes les instances d'information. De telles actions de formation et d'information n’interdisent pas I'enga gement de nombre de nos militants dans les structures oW ils apportent 'éclairage de nos idées ou dans des travaux, telles les procédures judiciai- res, concourant au respect de notre objectif. — un engagement politique, dans Nacceptation la plus haute du terme, de nos administrateurs sur les axes les plus proches de leurs goats et de leurs competences, — Des missions clairement défi- ies, confiées 4 nos permanents, Ceux-ci ne sont pas de simples exécutants, mais participent & la déci sion, puisqu'ils comptent des adminis: trateurs parmi eux. Jean-Claude Pierre, Michel Sattre, Pierre Le Padellec. Ge programme implique aussi que nous veillions & une bonne adéquation entre nos capacités et nos objectits. Nous aurons & mettre en place une ‘organisation plus rigoureuse, moins gaspilleuse de temps, au sein de laquelle nous serons plus vite en ligne sur l'essentiel Nous aurons enfin & nous faire bien entendre. Il est arrivé tant de fois qu'on se méprit sur le sens de notre action pour l'eau pure. Dans Ia lecture qui sera faite de ce que nous disions étre et vouloir faire, velllons a ce que la bonne foi ne soit point surprise par des ambiguités que ous laisserions subsister. Ne lais- sons de place qu’a la mauvaise foi, systématiquement mauvaise lectrice. Pisleau et rvibresiN 61 Et redisons-le : nous ne réyons pas de constituer des espaces qui seraient vierges de toute pollution ou nuisance parce que vierges de toute activité éco- omique et... toute vie. C’est la vie qui nous importe et d'abord les hommes. Nous savons assez de quelles mise res matérielles notre époque vient & peine et si fragilement d’émerger pour Que nous nourrissions quelque nostal- gie pour des paradis mythiques en forme de réserves naturelles. Nous n'avons pas davantage le godt de la guerre et de la procédure. Si_nous avons & conduire ou a accompagner des procédures judiciai- res, nous ressentons d’abord la chose ‘comme un échec Quoi qu'il en soit, nous ne combat: tons pas des hommes mais des aberra- tions, que par ailleurs les lois répri- ment. Pour le respect de notre objectif, ous en appelons d’abord a la raison, Buis @ la loi Une démarche instaurative Nous sommes, quant & nous, con- vaincus que l'économie de demain, cello du XXle sigcle, et déja celle de 1992, celle de l'Europe enfin consti tuée, ne sera pas détailiée dans les seuls termes de marchés a court terme partagés, conquis ou perdus, mals qu'elle intégrera — cela commence a émerger — des dimensions supérieu- res. Un jour peut venir od: 'on intégrerait dans les comptes de Europe le projet esthétique dont je parle plus haut. Nous avons done & nous préparer & accompagner, par notre travail de for mation, d'information, l'instauration d'un environnement, d'eau et de rivie- res de qualité. Cette démarche instaurative, & des années-lumiére des comportements de défense, peut ouvrir a l'économie des: espaces nouveaux, immenses. Elle peut faire se retendre, chez les jeunes et chez ceux qui n’exaltent plus des perspectives » sempiternellement Temises au feu, les énergies on deshé: renee. J'ai récemment entendu parler de déolin, Le déclin est peut-étre inscrit dans la pauvreté du discours de ceux qui, dés lors, en sont réduits eux-mémes & décliner. Et A mettre & la mode le mot. Quand @ nous, nous ne déclinons pas. Ou plutét, si, nous déclinons « aqua pura» & tous les cas. Dans les écoles, les collages et autres lleux de la formation, & Belle- Isle-en-Terre, ce sera notre seule facon de décliner, tant est grand notre souci qu'on ne perde pas notre latin. Le Président Michel SAFFRE qui visent a la résorber. miques. Le nom de ce ruisseau s‘orthogra: phie de différentes facons si bien que fa traduction varie: eau d'hiver, eau froide, eau des marais, fraicheur du temps. Le promier filet d'eau qui:le consti- tue, car il n'est pas né d'une source, C'est une eau de ruissellement, se situe au niveau de la route Belz-Auray. Il prend progressivement forme, passe par Ploemel et se jette dans la riviere de Crac'h au niveau du moulin & marée de Kerguoc’h. La riviere de Crac’h faut- Ile rappeler ést une zone conchylicole importante. Le bassin versant du Gouyanzeur est d'environ 3.600ha, sa longueur d'une dizaine de kilométres, sa pente {és faible ; il traverse des zones maré- cageuses, des étangs en de nombreux points. Enfin, son débit est variable & extreme en hiver parfois, plusieurs matres-cube a la seconde, seulement quelques litres I'été, certains étés 2 sec. lly a plus de vingt ans, séduits parle caractére du site, nous avons ma femme et moi acheté et restauré lo moulin & eau du Goulan Deur situé & 300 m en amont du moulin & marée de Kerguoc’h. Ce ruisseau, nous le con- naissons donc trés bien surtout depuis 4 ans puisque ayant pris ma retraite nous vivons toute l'année a Carnac. Pollution et indifférence Quand nous avons fait sa connais- sance c’était un ruisseau parfaitement vivant tant au point de vue botanique que zoologique. Cependant une con: serverie de poissons installée a Ploe- mel vidait des effluents, y compris les W.C,, directement dans le Gouyanzeur qui «digérait» complaisamment ces rejets sur quelques centaines de metres. Progressivement, au fil des ans du fait de 'usure du ruisseau et de augmentation de la production de lusine les conséquences néfastes vont étre ressenties de plus en plus bas sur le cours, pour arriver & notre niveau, autant dire & la riviére de Crac’h, ily a 6 ans environ, de fagon intermittente, lest vrai et surtout été, Comble de malheur un curage intempestif du ruisseau sur la com: mune de Carnac en 1985 va le transfor- mer en un véritable égodt a ciel ouvert ! Pendant le printamps et 1'été 1986 nous ne pouvions ouvrir les fené- VIE LA RENAISSANCE DU GOUYANZEUR Iest important de dénoncer la pollution de nos riviéres mais également de saluer les initiatives DE NOS RIVIERES Le Docteur Daunay, qui est I'un des artisans de la renaissance du Gouyanzeur, nous explique les vicissitudes qu’a connues cette riviére et les raisons d’espérer aujourd'hui tout en demeurant vigilant. Encore une fois la preuve est faite qu’économie et défense de l'environnement ne sont pas antino- Bassin versant du Gouyanzeur Le Gouyanzeur, aprés un cours d'une dizaine de kilometres se jette, au niveau du moulin & marée de Kerguoc’h, dans la riviére de Crac’h qui est donc fen fait une ria (ou un aber) comme beaucoup d'estuaires en Bretagne. Elle abrite une importante activité conchylicole. tres donnant sur le bief et devions, dans le jardin, nous tenir a distance fespectueuse du ruisseau tant 'odeur 6tait infecte mélange du HS, de pois- son, d'huile. Les choses ont atteint leur maximum en septembre, le 14 avec plusieurs riverains nous avons porté plainte a la gendarmerie devant la mort d'innombrables poisson (mulets, truites, anguilles, plies et cre- vettes) au niveau de la rétenue d'eau de mer du moulin de Kerguoc'h. Citons seulement quelques chiffres des analyses pratiquées a ce moment : DCO|NTK|NH4]Coli totaux Coli fécaux | Strepto mg/l malt | ma/i| pour 100 ml fécaux Niveau Moulin de — | 176 | 18,2| 15,7| 7.200.000 | 240.000 | 11.000 Goutan Deur (eau douce) | Niveau moulin de | 215 |25,9 | 23,8| 7.500.000 | 1.100.000 | 46.000 Kerguoc’h (eau de mer) | Ces chiffres se passent de commentaires ! Peajeau et rvieresiN 61 Pendant cette agonie trés lente du Gouyanzeur, j'ai toujours été frappé par lindifférence quasi générale des gens. Ma femme et moi étions consi- dérés comme des obsédés défendant | des intéréts particuliers. Seulement quelques personnes sérieuses abon- daient dans notre sens: je veux sur- tout parler de Pierre Morice, ostréicul- teur & Carnac trés averti sur tout ce qui concerne l'eau et du Docteur Bene- zeth, vétérinaire & Auray qui avait constaté la mort de bovins qui avaient bu eau du ruisseau prés de Ploemel Bien sor I'A.P.P.S.B. a toujours et de diverses facons, soutenu notre action nous donnant espotr. Les services officiels étaient depuis longtemps au cdurant. L’industriel ayant pas obtempéré A la mise en demeure (d'installer une station d'épu: ration adaptée a ses rejets) en date du 20 septembre 1982, un proces verbal a 6té dressé en juin 1983. Mais jamais les choses ne furent poussées trop loin de crainte, argu: ‘ment supréme brandi par des person: nalités influentes, de provoquer la fer- meture de lusine, le chomage. Cependant en 1983 et 1984 de tres sérieuses campagnes pour l'étude d'impact sont faites. Les analyses physicochimiques et bactériologiques trés nombreuses pra- tiquées par la Cellule pollution de la D.D.E. concluent toutes une altéra- tion profonde et grave du Gouyanzeur : pollution organique en particulier par les graisses, pollution microbiologi- que, pollution saline. Pourquoi en arriver 1a !! Beaucoup pensent: manque de moyens. Nous pensons : manque de conscience des uns, manque de fermeté des autres. Aujourd’hul si le probléme est enfin résolu, on le doit tout d'abord & Mon- sleur Jean-Luc Le Douarin, maire de Ploemel qui, dés son entrée en fonc- tion, a concrétisé les projets dormant Seules restent les pierres. Le souvenir des lavandiéres emporté au fil de l'eau. Le Gouyanzeur : si discret et non moins charmant au placard. Qu'll soit ici remercié ainsi que tous les services qui ont contribué 2 cette réalisation, Etant donne a quantité et le type de rejets de l'usine une station de prétrai- tement était absolument indispensa- ble. Sa construction a été décidée par la direction enfin consciente de ses responsabilités. Son fonctionnement s'avere trés efficace notamment en ce ui conceme les graisses, principal probleme. Les effluents transitent ensuite par une importante station communale (17.000 equivalents habitants) de type biologique par lagunage constituée de 3 basins: aération sur 6.300 m*, décantation sur 3.200 m2, finition sur 4.200 m?. Les eaux de cette station se déversent ensuite dans le Gouyanzeur. Bien sdr des controles de qualité des eaux sont faits sur l'ensemble a difté- rents niveaux et de facon réguliére. Le résultat est deja excellent sur le cours inférieur du ruisseau. Avec une rapidité stupéfiante, en 3 semaines environ apres la mise en route de I’épu- ration, la nature reprend ses droits eau est claire, transparente, les fonds se normalisent; les plantes aquati ques apparaissent ; civelles, alevins reviennent. Bien sir en aval de l'usine sur plusieurs centaines de métres, il Pisveau ot rivbresiN" 67 reste a résoudre le probleme des nap- pes de gfaisse accumulées au cours des ans. Un ourage est prévu. Espé- ons que cette situation récemment favorable va s'établir définitivement, Nous sommes obligés de faire certai- nes réserves étant donné I'existence dincidents de maintenance au niveau de la station de l'usine, Enfin, notons au passage avec grand piaisir que l'usine se porte bien, qu'elle a plus que doublé sa produc tion ot quelle a embauché. Donc histoire exemplaire d’une pol- lution importante mais nous ne per- dons pas de vue que de petits foyers polluants, difficiles & détecter, s’ajou- tant les uns aux autres peuvent avoir une action néfaste. II faut coordonner les efforts locaux et valoriser absolument la notion capi tale de bassin versant dont les habi- tants doivent étre tous solidaires et responsables surtout quand les eaux susceptibles d’étre polluées débou: chent dans une zone sensible comme C'est le cas par exemple pour la Riviere de Crac’h, Beaucoup des problémes que con- naissent les ostréiculteurs n’existe- raient pas sila lutte contre la pollution 6tait réelle et efficace. La préservation des «zones humi- des » (tant décriées hélas) qui consti- tuent un lagunage naturel et contri- buent au maintien du climat, est elle aussi indispensable. Notre conclusion est que la lutte contre la pollution peut et doit étre entreprise par tous les moyens : pré- vention, récupération, épuration ; qu'elle procure des emplois, et aug: mente la richesse nationale. Il faut d'autre part metire en garde les pouvoirs publics contre le risque certain que représente la « dérive des normes » : de plus en plus, du fait de importance et de la diffusion des pol- lutions on a tendance & se contenter trop facilement et & accepter officielle- ment tant dans les domaines bactério- ogiques que physicochimiques des chiffres anormaux Docteur DAUNAY L’ENQUETE PUBLIQUE des lacunes inadmissibles Une installation classée soumise a autorisation doit faire 'objet d’une enquéte publique relative aux incidences du projet sur la santé, la salubrité ot la sécurité publiques, la commodité du voisinage, la nature et l'environnement, la consi «vation des sites et des paysages. L’enquéte publique a pour objet d'informer le public et de recueillir ses appréciations, sugges tions et contrepositions, postérieurement a I’étude d’impact, lorsque celle-ci est requise, afin de permet- tre a l'autorité compétente de disposer de tous les éléments nécessaires a son information (article 2 ali- néa 1 de la loi du 12 juillet 1983 sur la démocratisation des enquétes publiques et la protection de l'env ronnement). Toute enquéte publique implique la production d'un dossier étayé et com- Plet (1), mais exige aussi une bonne information de tous ceux qui sont inté- fessés par les demandes d'autorisa- tion d'explotation d'une installation classée, L’enquéte publique se tradult par un ensemble d'obligations minimales de publicité : — par des mesures de publicité dans la presse voire par des moyens audiovisuels. — par laffichage & la mairie et au voisinage de linstallation projetée. Le contenu de ces mesures Selon la clrculalre du 28 décem- bre 1979, ces mesures comprennent la communication des informations sul- vantos — qualité de Mautorité chargée de conduire I'enquate. — «nature de I'installation projetée de maniére aussi explicite que possi- ble», lieu d'exploitation, identité du demandeur. — durée, date de l'enquate et lieu 00 le public pourra prendre connais- sance du dossier. = le nom du commissaire- enquéteur. La circulaire du 29 avril 1985 ajoute que les installations classées qui, par leur Importance ou par leur localisa- tion peuvent entrainer des dangers ou inconvénients particuliérement nota- bles méritent une information plus ‘complete dans son contenu et plus large dans sa diffusion a "occasion de annonce de l'enquete et de la publi- cité de l'arrété dautorisation. PREFECTURE SOUEMoRLAe ton, 9816201.77 Ht {iby 08 environ Avis. D’ENQUETE PUBLIQUE ‘COMMUNE do SIZUN ‘manda piteanee pe Berd FSSLSUEN SDenouedel, on St Blue, "Sronde cones farce om prefecture oo fire "9f nama, 08 Sees, du commssere Shavetour Latourette, P.S/eau et rivibresiN® 61 Une information sommaire Dans le Finistére, a l'exception de ‘arrondissement de Brest, les avis douverture d'enquéte publique parus @ la rubrique des annonces légales dans la presse régionale n’indiquent plus la production annuelle des éleva- ges de pores, de veaux et de volailles. Curieuse conception de l'information. Faute d'observations, la _banalisa tion des enquétes publiques permet ‘obtenir des registres d’enqueéte réuti- lisables pour la prochaine extension ! Un citoyen ou une association ne peu- vent distinguer importance des éleva- ges et apprécier impact réel des déchets produits, Liidentité du commissaire- enquéteur n'est jamais indiquée dans annonce légale. Llannonce légale et I'affiche doivent en outre comprendre les informations suivantes — capacité de production projetée. — nature et volume des effluents Inhérents a l'installation projetée. — mode de traitement des effluents: localisation et superficie des terrains d'épandage. Au lieu de dissimuler ces informa: jons qui ne portent atteinte ni au ecret industriel et commercial, ni & la vie privée, leur publication et lour aff chage conduiraient 4 une participation effective des citoyens et des associa- tions a l'enquete publique.

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