9 trimostre 1987 - N° 61-20 F
ISSN 0182-0567
‘Eau et Rividres de Bretagne - APPSB - 1, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - C.P.P.A.P. 52518« EAU et RIVIERES de BRETAGNE - A.P.P.S.B. »
Créée en 1969, afin de protéger les Salmoni-
dés (saumons et truites) qui sont des poissons,
particuligrement sensibles & la dégradation des
riviéres, I'Association « Eau et Rivieres de Breta-
gne — AP.P.S.B.» a peu a peu étendu son
action et sa réflexion a l'ensemble des problé-
mes relatifs a la gestion de l'eau, des sources
aux estuaires.
Trés rapidement, |'Association a été ame-
née & prendre conscience des atteintes graves,
voire irréversibles, que nos modéles actuels de
production et de consommation faisaient subir &
environnement.
lest apparu, en effet, que la dégradation de
la qualité de l'eau des sources, des riviéres, des
estuaires, du littoral,... était la résultante des
multiples agressions qui affectent le milieu
naturel :
Les pollutions
* rejets plus ou moins épurés des aggloméra-
tions et des industries.
* rejets des effluents des élevages industriels
(lisiers).
* lessivage des sols « enrichis » d’engrais chi-
miques et des produits de traitement des cultu-
res.
L’érosion des sols favorisée par I'arasement des
talus et certaines méthodes de culture qui
entrainent vers les cours d'eau importantes
masses de sédiments qui envasent les cours
d'eau et colmatent les graviéres ou se reprodui-
sent les salmonidés.
La rectification des cours d’eau effectuée lors
des travaux connexes au remembrement ou &
l'occasion des opérations de drainage, cette pra-
tique enlaidit nos paysages, détruit la richesse
des cours d'eau et favorise les orues.
La destruction des zones humides dont le main-
tien serait pourtant nécessaire pour régulariser
le débit des cours d’eau, ralentirles crues et évi-
ter les étiages trop accusés en période de séche-
resse.
L'enrésinement des vallées qui acidifie l'eau et
banalise nos paysages.
La multiplication des plans d’eau qui contri-
buent au réchautfement des eaux (pollution ther-
mique) et aggravent les pertes par évaporation.
Ces retenues impliquent des barrages souvent
dépourvus des passes nécessaires aux espéces
migratrices (anguilles, lamproies, saumons, trui-
tes, aloses...)
Le gaspillage de l'eau engendré par des mentali-
tés et des techniques peu soucieuses d'écono-
miser les ressources naturelles.
Bien d'autres facteurs aggravent encore
ces atteintes & l'intégralité et 4 la richesse des
milieux aquatiques que l'association « Eau et
Riviéres de Bretagne » s'est donnée pour objec-
tifs de défendre.
L'association considére que la protection
des ressources en eau est un impératif majeur.
Des secteurs entiers de 'économie régio-
nale exigent en effet une eau de qualité : l'éle-
vage, l'agro-alimentaire, la pisciculture, la
conchyliculture, aquaculture, la péche cétiére,
le tourisme... et tolérer la pollution au nom d'un
certain « réalisme économique » c'est, en verité,
faire preuve d'une étrange myopie intellectuelle.
Tous ceux qui se rendent ainsi complices de la
pollution contribuent a fragiliser, voire a détruire
les fondements de l'économie régionale dont les
chances reposent sur la diversité et l'autonomie.
Au-dela des questions économiques se
posent, bien entendu, de redoutables problémes
de santé sur lesquels il est urgent de lever le
voile (nitrates, pesticides, métaux lourds, subs-
tances radio-actives...)
En apportant votre contribution aux efforts
de l'association « Eau et Riviéres de Bretagne »
vous lui permettez de poursuivre son action en
totale liberté.Editorial : Le mot du Président/M. Saffre
La renaissance du Gouyanzeur/Dr. Daunay
L’enquéte publique : des lacunes inadmissibles!
R. Léost
La Brotagno vue du QuébeclY. Potvin
Morbihan : de nouveaux élevages de visons
en projet]. Moalic
Nitrates dans l'eau : la Bretagne sous surveillance.
Lassainissoment individuel/M. Goffroy
‘Traitement des ordures ménagéres/C. Cador
Opération « Joli Jaudy »: une réussitelG. Le Caer
L, Pelletier
Un petit canard pour le coup du soir/
Los élus du Scorff sur I'Elorn/]. Moalic
Premier bilan a la trappe de Kerhamon/
J-Y. Kermarrec.
d'un
3 rividre est-elle évaluable 2/
j-L, Pelletier
En bref — Courrier des Lecteurs
A vos commandes — Adhésion et Abonnement 87
Ont partcipé a la réalisation de co numéro, outro les auteurs des articles
Mise en page : Armelle Bocquenet, Marylise Desbois, Serge le Rozec
12 Moalic, Joan-Cl
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meres deTamecaparive. SEEDLavanJe ne le crois pas, pulsque c'est bien
plutdt un ensemble d'idées fortes, for-
(g€es depuis prés de vingt ans, qui pré-
sident réellement aux destinées d’Eau
et Riviéres de Bretagne - APPSB, et
Inspirent un conseil d'administration
‘et un bureau dont chaque membre
pourrait étre le président.
Cette interchangeabilité qui évacue
toute idée de prééminence est, a mon
sens, le signe de la maturité, d'une
totale cohérence et d'un fonctionne-
ment véritablement démocratique,
Cette interchangeabilité qui évacue
toute idée de préeminence est, a mon
sens, le signe de la maturité, d'une
totale cohérence et d'un fonctionne:
ment véritablement démocratique,
Revient au président le devoir de
réatfirmer haut et clair la politique du
‘groupe.
EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE
aura vingt ans en 1989. Nous avons a
préparer, pour cette occasion, un Con-
gres exceptional. A rassembier, tout
de suite, toutes les énergies pour cette
échéance. Et d’abord 4 nous réaffir-
mer.
Nous avons a dire ce que nous som-
mes, quels sont nos objectifs, quelles
stratégies nous voulons mattre en
‘ceuvre pour les atteindre, de quels
moyens et outlis nous savons pouvoir
disposer. Sur quelles priorités nous
‘comptons focaliser essentiel de nos
actions.
Un objectif :
L’eau pure
Notre objectif fondamental, c'est
dire colui sur lequel littéralement se
EDITORIAL
fonde notre Association, c'est l'eau
ure.
Alors que I'APPSB s’était constituée
Pour sauver et promouvoir le saumon,
puis les salmonidés dans leur ensem:
ble, elle s'est vite rendu compte qu'a
se donner des objectifs limités rele-
Yant trop spécifiquement de la préoc-
cupation des pécheurs, elle n’embras-
Sait pas assez compldtement le
domaine de sa vocation devenu aussi
celui de sa compétence,
Ge fut done l'eau pure, bien de tous,
lieu de la vie dont le saumon est
extraordinaire symbole
Nous nous sommes convaincus, au
fil des années, que cest, au moins
autant que dans d'autres éléments de
environnement naturel, dans. eau,
dans les riviéres que se lisent la qua
lite des modes de vie, des modes de
productions industrielies et agricoles
et la santé de l'ensemble d'une écono:
mie.
Quand le poisson meurt, homme
est menacé. Nous en avions l'intuition
au tout début de notre action: nous
avons aujourd'hui que les pollutions
font peser sur l'économie une menace
réelle, celle qu’elles font peser sur
homme n’est plus & démontrer,
A contre-courant (comme fait... le
‘saumon, des clichés que les crises ont
mis @ la mode et selon lesquels l'eau
ure serait devenue un luxe que nous
N'aurions plus le moyen de nous offrir,
qu'il conviendrait désormais de choisir
U un environnement de qualité ou une
économie en état de marche. Les deux
termes du choix étant présentés
comme absolument antinomiques,
Nous nous sommes pénétrés de la cer
titude que l'eau pure n'est pas seule-
ment le miroir en lequel s‘observent la
Vie et ses témoins, mais celui oi! 'on
peut lire qu'une économie est saine,
qu'elle mérite son nom d'économie.
La réflexion qui porte sur les problé-
mes de l'eau, et monte aujourd'hui
d'un peu partout, commence a nous
donner raison : 'sau pure est plus éco
nomique que l'eau polluée; toute
démarche instaurative allant dans le
sens de notre action est aussi une
démarche économique.
Pleau ot ivibresiN 61
|
LE MOT DU PRESIDE
‘Au cours du Conseil d’Administration du 4 Juillet a Belle-Isle-en-Terre, un nouveau Bureau a été
élu suite 4 l'Assemblée Générale du 17 mai.
Michel Saffre succéde a la présidence a Pierre Le Padellec tandis que Yves Landrein et Evelyne
Maho demeurent respectivement vice-président ot trésoriére. Jean-Claude Pierre quant a lui devient
secrétaire général ot sera aidé dans cette tache par Raymond Léost.
Au cours de cette méme réunion ont été définies les orientations de l'association pour les années
a venir. C'est ce programme que présente ci-dessous le nouveau président.
Quelle stratégie ?
Pour atteindre un tel objectif, nous
avons mis en ceuvre une stratégie dont
il convient de redire les axes princi-
aux.
N'importe qui d’entre nous, se
retournant sur notre bilan, aura, si
modeste qu'il soit, toutes les raisons
d'étre fier... et aussi de penser que le
concept de stratégie est assez réduc-
teur par rapport a ce qui fut bien plutét
constitué de grands élans, de
‘moments intenses, d'actions exaltan:
tes. Les mots n’étant ou jamais inno-
cents ou jamais lus Innocemment, je
dirais simplement que notre stratégie
était faite de la cohérence entre les
actions certes tres diverses mais tou
jours inspirées par une méme passion.
Mais nous voici parvenus & un point
08, dans cette cohérence de nature il
est nécessaire de mettre un peu plus
d'organisation, un peu plus de structu-
res — en évitant le bureaucratisme et
ses structures d’enfermement — et un
Peu plus de discernement des priori
tes,
En ce sens done, quelle stratégie?
Nous avons aujourd'hui & faire
des choix entre deux principaux types
d'actions.
1 — Nous pourrions par exemple, nous
‘occuper prioritairement de gestion et
de décider de nous insérer patiom:
ment, es-qualités, dans les associa:
tions, les organismes et fédérations
ayant vocation a gérer la ressource
eau, les riviéres, les poisons etc...
Au bout d'une telle démarche, au
cours de laquelle nous aurions & nous
casser les dents bien plus sur des pro-
blemes de structures, de forme ot
d'hommes que sur des problémes de
fond, bref perdre, et bien vainement,
beaucoup de notre énergie, nous
voyons bien ot nous en serions, les
uns partageant les préoccupations
des consommateurs, les autres celles
des pécheurs et nous courrions tous ie
risque de ne plus voir que le ruisseau,
la nuissance ou... le rival a notre porte.
Sill est dans notre mission d’aller
apporter, ex personna, et partout ou
Nous pouvons étre, les idées suscept
bles d'améliorer les choses, et faire
que notre objectif soit visé, il n'est pas
dans la vocation d'EAU ET RIVIERES
de décider ni de participer a la déci-
sion, par exemple, de quotas de prisesERRATUM
Une enneun de montage a été commise
en page 2, au début de e'édétoniat "Le
mot du Président”.
IL faut Line +
“Etait-i1 si important que l'association eft
un nouveau Président moins de deux ans aprés 1'élec~
tion de Pierre Le Padellec ?
Je ne le crois pas, puisque c'est bien plutot
un ensemble d'idées fortes, forgées depuis prés de
vingt ans, qui président réellement aux destinées
d'Eau et Rivigres de Bretagne - APPSB, et inspirent
un conseil d'administration et un bureau dont chaque
membre pourrait @tre le président.
Cette interchangeabilité qui évacue toute idée
de pré6minence est, @ mon sens, le signe de la
maturité, d'une totale cohérence et d'un fonctionne-
ment véritablement démocratique.
Revient au président le devoir de réaffirmer
haut et clair la politique du groupe".EDITORIAL
(4,5 ou 6 saumons & prendre par an, ou
plus ou moins, avec ou sans bracelets
etc...) dinterdictions diverses a établir
sur ies riviéres ete, etc.
Il n'est pas davantage dans notre
vocation de donner & notre réflexion
une dimension spécifiquement politi-
que et de nous engager sur d'autres
terrains.
Non, vraiment, nous n’avons ni le
désir de gérer, & la limite, l'ensemble
d'un réseau hydrographique, & devenir
Une sorte d'autorité de rivigre, ni celui
de nous définir dans les parts — ou les
parcelles — de quelque camenbert
6lectoral — d’oi! nous sortirions nous-
mémes (et nos idées !) complétement
marginalisés, ivres-peutétre de quel-
ques dixiémes de pourcentage au-dela
du point habituel
2 — Par contre, visant plus haut et &
plus long terme, nous pouvons donner
la priorité aux actions de formation et
information,
Et crest, et cela ne,date pas
daujourdhui, ce que nous avons
choisi de faire. Gagner & nos idées, qui
ressortissent a la fois a un projet éco-
nomique et & un grand projet esthéti
que (et, partant, véritablement moral et
Intégrable @ un programme d'éduca-
tion civique) les enfants de nos écoles,
colleges et lycées.
‘Amener élus et décideurs & adhérer
nos idées ; leur en démontrer le bien:
fondé en nous appuyant sur les recher-
ches de nos amis scientifiques et sur
les compétences que nous avons
acquises.
Informer par toutes les voles, par
nos propres publications, par nos réu-
nnions, par l'exemple donné sur nos
chantiers de nettoyage: aujourd'hui
de tels chantiers sont mis en place un
peu partout sur les riviéres, dans la
logique de notre dynamique, et c'est
merveilleux ! mais pas toujours dans
esprit qui animait nos chantiers.
I faut que nous nous le répétions,
inlassablement,
Il nous faut montrer sans relache
que nous ne saurions étre réduits & un
petit carré de gens consacrés & une
quvre de simple défense, ayant des
reflexes d'assiégés, formant une sorte
de cartel de tous les refus.
Des objectifs concrets
— Un Investissement total dans la
mise en marche définitive du Centre
d'initiation a la Rividre de Bellesle-en-
Terre.
— Une participation de plus en plus
‘active aux instances de réflexion por-
tant sur 'eau ot ’économle, l'eau et la
santé.
— Une présence importante dans
les rencontres et colloques européens
et internationaux: Bretagne-Québec,
Bretagne-Asturies, jumelage de la
Piel aus ok ces aun ee
du-Nor
— Des bulletins de liaison et publi
cations (telle la revue Eau et Rivieres @
laquelle appeler de plus en plus de
contributions), des contacts avec les
médias, une forte présence dans tou
tes les instances d'information.
De telles actions de formation et
d'information n’interdisent pas I'enga
gement de nombre de nos militants
dans les structures oW ils apportent
'éclairage de nos idées ou dans des
travaux, telles les procédures judiciai-
res, concourant au respect de notre
objectif.
— un engagement politique, dans
Nacceptation la plus haute du terme,
de nos administrateurs sur les axes
les plus proches de leurs goats et de
leurs competences,
— Des missions clairement défi-
ies, confiées 4 nos permanents,
Ceux-ci ne sont pas de simples
exécutants, mais participent & la déci
sion, puisqu'ils comptent des adminis:
trateurs parmi eux.
Jean-Claude Pierre, Michel Sattre,
Pierre Le Padellec.
Ge programme implique aussi que
nous veillions & une bonne adéquation
entre nos capacités et nos objectits.
Nous aurons & mettre en place une
‘organisation plus rigoureuse, moins
gaspilleuse de temps, au sein de
laquelle nous serons plus vite en ligne
sur l'essentiel
Nous aurons enfin & nous faire bien
entendre. Il est arrivé tant de fois qu'on
se méprit sur le sens de notre action
pour l'eau pure.
Dans Ia lecture qui sera faite de ce
que nous disions étre et vouloir faire,
velllons a ce que la bonne foi ne soit
point surprise par des ambiguités que
ous laisserions subsister. Ne lais-
sons de place qu’a la mauvaise foi,
systématiquement mauvaise lectrice.
Pisleau et rvibresiN 61
Et redisons-le : nous ne réyons pas
de constituer des espaces qui seraient
vierges de toute pollution ou nuisance
parce que vierges de toute activité éco-
omique et... toute vie. C’est la vie qui
nous importe et d'abord les hommes.
Nous savons assez de quelles mise
res matérielles notre époque vient &
peine et si fragilement d’émerger pour
Que nous nourrissions quelque nostal-
gie pour des paradis mythiques en
forme de réserves naturelles.
Nous n'avons pas davantage le godt
de la guerre et de la procédure.
Si_nous avons & conduire ou a
accompagner des procédures judiciai-
res, nous ressentons d’abord la chose
‘comme un échec
Quoi qu'il en soit, nous ne combat:
tons pas des hommes mais des aberra-
tions, que par ailleurs les lois répri-
ment. Pour le respect de notre objectif,
ous en appelons d’abord a la raison,
Buis @ la loi
Une démarche
instaurative
Nous sommes, quant & nous, con-
vaincus que l'économie de demain,
cello du XXle sigcle, et déja celle de
1992, celle de l'Europe enfin consti
tuée, ne sera pas détailiée dans les
seuls termes de marchés a court terme
partagés, conquis ou perdus, mals
qu'elle intégrera — cela commence a
émerger — des dimensions supérieu-
res.
Un jour peut venir od: 'on intégrerait
dans les comptes de Europe le projet
esthétique dont je parle plus haut.
Nous avons done & nous préparer &
accompagner, par notre travail de for
mation, d'information, l'instauration
d'un environnement, d'eau et de rivie-
res de qualité.
Cette démarche instaurative, & des
années-lumiére des comportements de
défense, peut ouvrir a l'économie des:
espaces nouveaux, immenses. Elle
peut faire se retendre, chez les jeunes
et chez ceux qui n’exaltent plus des
perspectives » sempiternellement
Temises au feu, les énergies on deshé:
renee.
J'ai récemment entendu parler de
déolin,
Le déclin est peut-étre inscrit dans
la pauvreté du discours de ceux qui,
dés lors, en sont réduits eux-mémes &
décliner. Et A mettre & la mode le mot.
Quand @ nous, nous ne déclinons
pas.
Ou plutét, si, nous déclinons « aqua
pura» & tous les cas.
Dans les écoles, les collages et
autres lleux de la formation, & Belle-
Isle-en-Terre, ce sera notre seule facon
de décliner, tant est grand notre souci
qu'on ne perde pas notre latin.
Le Président Michel SAFFREqui visent a la résorber.
miques.
Le nom de ce ruisseau s‘orthogra:
phie de différentes facons si bien que
fa traduction varie: eau d'hiver, eau
froide, eau des marais, fraicheur du
temps.
Le promier filet d'eau qui:le consti-
tue, car il n'est pas né d'une source,
C'est une eau de ruissellement, se
situe au niveau de la route Belz-Auray.
Il prend progressivement forme, passe
par Ploemel et se jette dans la riviere
de Crac'h au niveau du moulin & marée
de Kerguoc’h. La riviere de Crac’h faut-
Ile rappeler ést une zone conchylicole
importante.
Le bassin versant du Gouyanzeur
est d'environ 3.600ha, sa longueur
d'une dizaine de kilométres, sa pente
{és faible ; il traverse des zones maré-
cageuses, des étangs en de nombreux
points.
Enfin, son débit est variable &
extreme en hiver parfois, plusieurs
matres-cube a la seconde, seulement
quelques litres I'été, certains étés 2
sec.
lly a plus de vingt ans, séduits parle
caractére du site, nous avons ma
femme et moi acheté et restauré lo
moulin & eau du Goulan Deur situé &
300 m en amont du moulin & marée de
Kerguoc’h. Ce ruisseau, nous le con-
naissons donc trés bien surtout depuis
4 ans puisque ayant pris ma retraite
nous vivons toute l'année a Carnac.
Pollution et
indifférence
Quand nous avons fait sa connais-
sance c’était un ruisseau parfaitement
vivant tant au point de vue botanique
que zoologique. Cependant une con:
serverie de poissons installée a Ploe-
mel vidait des effluents, y compris les
W.C,, directement dans le Gouyanzeur
qui «digérait» complaisamment ces
rejets sur quelques centaines de
metres. Progressivement, au fil des
ans du fait de 'usure du ruisseau et de
augmentation de la production de
lusine les conséquences néfastes
vont étre ressenties de plus en plus
bas sur le cours, pour arriver & notre
niveau, autant dire & la riviére de
Crac’h, ily a 6 ans environ, de fagon
intermittente, lest vrai et surtout été,
Comble de malheur un curage
intempestif du ruisseau sur la com:
mune de Carnac en 1985 va le transfor-
mer en un véritable égodt a ciel
ouvert ! Pendant le printamps et 1'été
1986 nous ne pouvions ouvrir les fené-
VIE
LA RENAISSANCE DU GOUYANZEUR
Iest important de dénoncer la pollution de nos riviéres mais également de saluer les initiatives
DE NOS
RIVIERES
Le Docteur Daunay, qui est I'un des artisans de la renaissance du Gouyanzeur, nous explique les
vicissitudes qu’a connues cette riviére et les raisons d’espérer aujourd'hui tout en demeurant vigilant.
Encore une fois la preuve est faite qu’économie et défense de l'environnement ne sont pas antino-
Bassin versant du Gouyanzeur
Le Gouyanzeur, aprés un cours d'une dizaine de kilometres se jette, au
niveau du moulin & marée de Kerguoc’h, dans la riviére de Crac’h qui est donc
fen fait une ria (ou un aber) comme beaucoup d'estuaires en Bretagne.
Elle abrite une importante activité conchylicole.
tres donnant sur le bief et devions,
dans le jardin, nous tenir a distance
fespectueuse du ruisseau tant 'odeur
6tait infecte mélange du HS, de pois-
son, d'huile. Les choses ont atteint
leur maximum en septembre, le 14
avec plusieurs riverains nous avons
porté plainte a la gendarmerie devant
la mort d'innombrables poisson
(mulets, truites, anguilles, plies et cre-
vettes) au niveau de la rétenue d'eau
de mer du moulin de Kerguoc'h.
Citons seulement quelques chiffres
des analyses pratiquées a ce moment :
DCO|NTK|NH4]Coli totaux Coli fécaux | Strepto
mg/l malt | ma/i| pour 100 ml fécaux
Niveau Moulin de — | 176 | 18,2| 15,7| 7.200.000 | 240.000 | 11.000
Goutan Deur
(eau douce) |
Niveau moulin de | 215 |25,9 | 23,8| 7.500.000 | 1.100.000 | 46.000
Kerguoc’h
(eau de mer) |
Ces chiffres se passent de commentaires !
Peajeau et rvieresiN 61Pendant cette agonie trés lente du
Gouyanzeur, j'ai toujours été frappé
par lindifférence quasi générale des
gens. Ma femme et moi étions consi-
dérés comme des obsédés défendant |
des intéréts particuliers. Seulement
quelques personnes sérieuses abon-
daient dans notre sens: je veux sur-
tout parler de Pierre Morice, ostréicul-
teur & Carnac trés averti sur tout ce qui
concerne l'eau et du Docteur Bene-
zeth, vétérinaire & Auray qui avait
constaté la mort de bovins qui avaient
bu eau du ruisseau prés de Ploemel
Bien sor I'A.P.P.S.B. a toujours et de
diverses facons, soutenu notre action
nous donnant espotr.
Les services officiels étaient depuis
longtemps au cdurant. L’industriel
ayant pas obtempéré A la mise en
demeure (d'installer une station d'épu:
ration adaptée a ses rejets) en date du
20 septembre 1982, un proces verbal a
6té dressé en juin 1983.
Mais jamais les choses ne furent
poussées trop loin de crainte, argu:
‘ment supréme brandi par des person:
nalités influentes, de provoquer la fer-
meture de lusine, le chomage.
Cependant en 1983 et 1984 de tres
sérieuses campagnes pour l'étude
d'impact sont faites.
Les analyses physicochimiques et
bactériologiques trés nombreuses pra-
tiquées par la Cellule pollution de la
D.D.E. concluent toutes une altéra-
tion profonde et grave du Gouyanzeur :
pollution organique en particulier par
les graisses, pollution microbiologi-
que, pollution saline.
Pourquoi en arriver 1a !! Beaucoup
pensent: manque de moyens. Nous
pensons : manque de conscience des
uns, manque de fermeté des autres.
Aujourd’hul si le probléme est enfin
résolu, on le doit tout d'abord & Mon-
sleur Jean-Luc Le Douarin, maire de
Ploemel qui, dés son entrée en fonc-
tion, a concrétisé les projets dormant
Seules restent les pierres.
Le souvenir des lavandiéres emporté au fil de l'eau.
Le Gouyanzeur : si discret et non moins charmant
au placard. Qu'll soit ici remercié ainsi
que tous les services qui ont contribué
2 cette réalisation,
Etant donne a quantité et le type de
rejets de l'usine une station de prétrai-
tement était absolument indispensa-
ble. Sa construction a été décidée par
la direction enfin consciente de ses
responsabilités. Son fonctionnement
s'avere trés efficace notamment en ce
ui conceme les graisses, principal
probleme.
Les effluents transitent ensuite par
une importante station communale
(17.000 equivalents habitants) de type
biologique par lagunage constituée de
3 basins: aération sur 6.300 m*,
décantation sur 3.200 m2, finition sur
4.200 m?. Les eaux de cette station se
déversent ensuite dans le Gouyanzeur.
Bien sdr des controles de qualité des
eaux sont faits sur l'ensemble a difté-
rents niveaux et de facon réguliére.
Le résultat est deja excellent sur le
cours inférieur du ruisseau. Avec une
rapidité stupéfiante, en 3 semaines
environ apres la mise en route de I’épu-
ration, la nature reprend ses droits
eau est claire, transparente, les fonds
se normalisent; les plantes aquati
ques apparaissent ; civelles, alevins
reviennent. Bien sir en aval de l'usine
sur plusieurs centaines de métres, il
Pisveau ot rivbresiN" 67
reste a résoudre le probleme des nap-
pes de gfaisse accumulées au cours
des ans. Un ourage est prévu. Espé-
ons que cette situation récemment
favorable va s'établir définitivement,
Nous sommes obligés de faire certai-
nes réserves étant donné I'existence
dincidents de maintenance au niveau
de la station de l'usine,
Enfin, notons au passage avec
grand piaisir que l'usine se porte bien,
qu'elle a plus que doublé sa produc
tion ot quelle a embauché.
Donc histoire exemplaire d’une pol-
lution importante mais nous ne per-
dons pas de vue que de petits foyers
polluants, difficiles & détecter, s’ajou-
tant les uns aux autres peuvent avoir
une action néfaste.
II faut coordonner les efforts locaux
et valoriser absolument la notion capi
tale de bassin versant dont les habi-
tants doivent étre tous solidaires et
responsables surtout quand les eaux
susceptibles d’étre polluées débou:
chent dans une zone sensible comme
C'est le cas par exemple pour la Riviere
de Crac’h,
Beaucoup des problémes que con-
naissent les ostréiculteurs n’existe-
raient pas sila lutte contre la pollution
6tait réelle et efficace.
La préservation des «zones humi-
des » (tant décriées hélas) qui consti-
tuent un lagunage naturel et contri-
buent au maintien du climat, est elle
aussi indispensable.
Notre conclusion est que la lutte
contre la pollution peut et doit étre
entreprise par tous les moyens : pré-
vention, récupération, épuration ;
qu'elle procure des emplois, et aug:
mente la richesse nationale.
Il faut d'autre part metire en garde
les pouvoirs publics contre le risque
certain que représente la « dérive des
normes » : de plus en plus, du fait de
importance et de la diffusion des pol-
lutions on a tendance & se contenter
trop facilement et & accepter officielle-
ment tant dans les domaines bactério-
ogiques que physicochimiques des
chiffres anormaux
Docteur DAUNAYL’ENQUETE PUBLIQUE
des lacunes inadmissibles
Une installation classée soumise a autorisation doit faire 'objet d’une enquéte publique relative
aux incidences du projet sur la santé, la salubrité ot la sécurité publiques, la commodité du voisinage, la
nature et l'environnement, la consi
«vation des sites et des paysages.
L’enquéte publique a pour objet d'informer le public et de recueillir ses appréciations, sugges
tions et contrepositions, postérieurement a I’étude d’impact, lorsque celle-ci est requise, afin de permet-
tre a l'autorité compétente de disposer de tous les éléments nécessaires a son information (article 2 ali-
néa 1 de la loi du 12 juillet 1983 sur la démocratisation des enquétes publiques et la protection de l'env
ronnement).
Toute enquéte publique implique la
production d'un dossier étayé et com-
Plet (1), mais exige aussi une bonne
information de tous ceux qui sont inté-
fessés par les demandes d'autorisa-
tion d'explotation d'une installation
classée,
L’enquéte publique se tradult par un
ensemble d'obligations minimales de
publicité :
— par des mesures de publicité
dans la presse voire par des moyens
audiovisuels.
— par laffichage & la mairie et au
voisinage de linstallation projetée.
Le contenu de
ces mesures
Selon la clrculalre du 28 décem-
bre 1979, ces mesures comprennent la
communication des informations sul-
vantos
— qualité de Mautorité chargée de
conduire I'enquate.
— «nature de I'installation projetée
de maniére aussi explicite que possi-
ble», lieu d'exploitation, identité du
demandeur.
— durée, date de l'enquate et lieu
00 le public pourra prendre connais-
sance du dossier.
= le nom du commissaire-
enquéteur.
La circulaire du 29 avril 1985 ajoute
que les installations classées qui, par
leur Importance ou par leur localisa-
tion peuvent entrainer des dangers ou
inconvénients particuliérement nota-
bles méritent une information plus
‘complete dans son contenu et plus
large dans sa diffusion a "occasion de
annonce de l'enquete et de la publi-
cité de l'arrété dautorisation.
PREFECTURE
SOUEMoRLAe
ton, 9816201.77
Ht
{iby 08 environ
Avis.
D’ENQUETE
PUBLIQUE
‘COMMUNE do SIZUN
‘manda piteanee pe
Berd FSSLSUEN
SDenouedel, on St
Blue, "Sronde cones
farce om prefecture oo
fire "9f nama, 08
Sees, du commssere
Shavetour
Latourette,
P.S/eau et rivibresiN® 61
Une information
sommaire
Dans le Finistére, a l'exception de
‘arrondissement de Brest, les avis
douverture d'enquéte publique parus
@ la rubrique des annonces légales
dans la presse régionale n’indiquent
plus la production annuelle des éleva-
ges de pores, de veaux et de volailles.
Curieuse conception de l'information.
Faute d'observations, la _banalisa
tion des enquétes publiques permet
‘obtenir des registres d’enqueéte réuti-
lisables pour la prochaine extension !
Un citoyen ou une association ne peu-
vent distinguer importance des éleva-
ges et apprécier impact réel des
déchets produits,
Liidentité du commissaire-
enquéteur n'est jamais indiquée dans
annonce légale.
Llannonce légale et I'affiche doivent
en outre comprendre les informations
suivantes
— capacité de production projetée.
— nature et volume des effluents
Inhérents a l'installation projetée.
— mode de traitement des
effluents: localisation et superficie
des terrains d'épandage.
Au lieu de dissimuler ces informa:
jons qui ne portent atteinte ni au
ecret industriel et commercial, ni & la
vie privée, leur publication et lour aff
chage conduiraient 4 une participation
effective des citoyens et des associa-
tions a l'enquete publique.