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DECEMBRE 1990 ISSN 0182-0567 N° 75 - 20F Pesticides : une grave négligence ! Science et profit La Bretagne sous perfusion Préservation des arbres Le fantéme de Kidour Eau et Riviéres de Bretagne - APPSB - 1, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - C.PP.A.P. 52518 ABONNEZ-VOUS A COMBAT NATURE” = "COMBAT NATURE” numéro dans les principaux magasins de presse. Cela ne laisse aucune marge béné: ‘ieiare Pour nous, clest simplement une opé- ration de publicé vers de nouveaux lecteur. Cest pourquoi nous vous proposons de vous abonner. Ains! vous nous aiderez ! * Lerwoi des 4 numéros de année 1990 au prix de 120, 150 ov 200 F et plus, selon vos. possibiltés (? 88 -Février 1990 ; 89 - Mai 90 - AoOi et 91 - Novembre 1990) + A titre dessai, i vous préférez, Venvoi des deux derniers numnéras seulement (Aodt et Novembre 1890) au prix de 60, 75 ou 100 F au choix ‘= Promotion ; si vous voulez abonner un parent, des amis, vous avez la possibilité, & partir du deuxiéme abonnament, de payer est vendu au 100 F au lieu de 120 F pour 'envoi des qua: tre numéros de année 1990 * "COMBAT NATURE" - 8 3046 - 24003 PERIGUEUX CEDEX - tl, 63 08 29 01 INDEX PAR THEMES DES ARTICLES PUBLIES DE 1974 4 1988, ‘Avant d'entreprendire une action, et de réd ger un texte, consultez cet index afin uti ser au mieux tout ce que les autres ont deja ppensé et écrit dans " Combat Nature” depuis, 1974, Cela vous permettra de mieux argu: menter votre réflexion. CChaque article est épertorié dans au moins trois rubriques. + Lindex des articles publiés de 1974 a 1988, 31 pages, franco : 35 F Ensuite la copie de chaque article paut vous tre fournie contre regiement de 5 F franco (bien préciser pour chaque cas le ttre de Feartcle et le numéro de revue concernée). Les stations d’épuration qui fonctionnent bien produisent des BOUES qu’il faut éliminer... ou utiliser ! Le recyclage en agriculture de ces BOUES est souvent, a la bonne dose, au bon moment, une bonne solution. Choix de solution - Etude de plan d’épandage - Suivi agronomique annuel ABER ENVIRONNEMENT est préte a étudier ces problémes avec vos élus. La Lande de I’Oiselais - 44360 SAINT-ETIENNE DE MONTLUC - tél. : 40 92 90 06. elf elf france DIRECTION COMMERCIALE REGIONALE BRETAGNE - NORMANDIE - LOIRE parc de l'angeviniére - b.p. 80 - 44816 saint-herblain cedex téléphone 40 67 19 19 - télex 710800 antar Mirileaton en sive do Got vin lve an Ot de chine FTM le n° 4 du MONTAGE MOUCHE vente par correspondance - livraison sous 48 heures en commandant par téléphone de 7 h du matin & 21 h du soir 2383.21.20 ‘ou par minitel a” ws 24 hetves sur 24 9616 code " MOUCHE constr aus es rubriues owveauts rate es, cascetios vido, fc catalogue 30 __ FTM.- BP. 231 - 02406 CHATEAU THIERRY CEDEX Eau et Rivieres de Bretagne "Eau et Riviéres de Bretagne - A.P.P.S.B." est une association créée en 1969. Son objectif est de défendre l'eau pure des "sources a la mer”, de protéger les rivieres, leurs vallées et leurs estuaires contre tout ce qui porte atteinte & leur beauté et a leur équilibre naturel. Si la lutte contre toutes les formes de pollution est la principale préoccupation de l'association, celle- i s‘efforce aussi, en permanence, de faire ceuvre Educative et de Susciter le respect de la nature. En démontrant qu'une eau pure et des riviéres propres sont les conditions d'une économie saine et respectueuse des hommes, V'association s'est atti rée de nombreuses sympathies. Iln’en demeure pas moins qu'elle méne une action difficile et qu'elle a besoin de votre concours per- sonnel pour la poursuivre et l'amplifier. Bienvenue Beaucoup d'entre vous lisent pour la premiére fois notre revue. Suite a notre appel dans le n® 74, des amis, des parents, lecteurs fidéles de notre revue ont eu, en effet, la gen- tillesse de nous communiquer vos noms et adresses car ils vous savent sensibles au probléme de l'eau et de la protection de la nature en Bretagne. Nous espérons que vous trouverez plaisir et intérét & lire ce n? 75, Grace & notre revue, vous découvrirez sans doute la démarche globale de l'association "Eau et Riviéres" qui depuis 20 ans agit pour la qualité de eau et la beauté des rivigres en Bretagne. Si vous étes sensibles & notre action, venez rejoindre nos adhérents ou nos abonnés en 1991. Diavance, nous vous remercions de votre participation gui permettra a notre association de s‘exprimer avec plus de force encore sur le plan régional. N° 75 - SOMMAIRE 2 Editorial : De nouvelles tyrannies 3. Science et profit 4 La Bretagne sous perfusion? , 6 Contamination par les pesticides 8 La préservation des arbres 10 Nouvelles du Parlement 11 Produits propres 12) Le récolement des piscicultures 14 Nouvelles du Finistére 17 Nouvelles des Cotes d’Armor 18 Nouvelles d'Ille-et-Vilaine 19 Rosalie Bertell 20 Formation interne 21 Poésie : 'Soif'’ 22 Le fantéme de Kidour 24 A vos commandes ‘Ont participé la réalisation de ce numéro, outre les auteurs des articles : ‘Mise en page : Jean-Claude Pierre, Régine Daras, Evelyne Maho, Jacques Dumar. Photo de couverture : Jean-Claude Pierre Photos intérieures : G. Duigou, J-C. Pierre, J-Y. Uguet, E, Maho, Ouest-France Quimper. Carte : Christian Jourdren, Christophe Le Gall ae Tontvensanpretcion Tat patanie cosa areas 5 peoerenee lei eels ny near ont aan, ene on Skee SS yooe PE Ser: Salers Orme teptenin; REP Pae a ima HEE ceecinieeme core ee fect oe een oon rope Pactra ea eral ieeare Teistoes mene ae Er maton See |e Le i) Peretti Tepe cea Editorial De nouvelles tyrannies ‘Au cours des vingt derniéres années nous avons vu évoluer Uattitude de ceux qui récu- saient nos analyses sur les pollutions. Hier encore, il leur était relativement facile de jouer la désinvolture, de balayer nos craintes d'un haussement d'épaules. Lopinion, completement sous-informée, et de surcroit tout a Veuphorie du progrés, était totalement incapable de relayer nos propos. "“Effets de seuil’, “effets de somme"; "effets @ long terme’ étaient alors des notions qui n’avaient pas trouvé les tragiques et angois- santes illustrations que nous commencons & connaitre. Parler de microgramme, voire de nanogramme pour évoquer la toxicité de substances “inodores, incolores et sans saveur..” n’était pas chose facile. A vrai dire, le débat sur la toxicité de ces nouveaux polluants n’existait méme pas. Il était d'ailleurs commode, en cas de besoin, de se contenter de livrer quelques "moyen- nes’... un procédé dont nous avons souvent dénoncé la perversité mais qui a longtemps permis @ notre région d'occulter le débat sur les nitrates, avec les conséquences que Ton sait. Mais voici que les choses changent ! ‘Tehernobyl, Veffet de serre, le trou dans la couche d‘ozone, les pluies acides ont contri- bué a Vémergence d'une “conscience écologique” avec laquelle il faut désormais compter. Une réglementation européenne plus contraignante s'impose aux Btats : de nombreux organismes socio-professionnels commencent a s‘inquiéter des conséquences de la pol- lution sur l'image de marque de leurs produits ; des fonctionnaires plus sensibles a la gravité des problemes environnementaux et aux soucis légitimes de la population acce- dent a des postes de responsabilité, facilitant ainsi la transparence des données. Tout rest pas gagné, pour autant. Cest ainsi, puisqu'il n'a pas été possible de stopper la progression des nitrates et des pesticides, que l'on commence, ca et la, de remettre en cause les normes actuelles ! Des esprits forts affirment en effet sans état d’dme, que Von peut sans probleme consommer de l'eau contenant jusqu’a 100 mg de nitrates ! D'autres, leur faisant écho, précisent qu'il faudrait boire pendant 50 ans de l'eau contenant quelques microgram- ‘mes datrazine pour développer un cancer. Et, ainsi de suite, puisqu'il est possible d'appli- quer le méme raisonnement aux métaux lourds, aux résidus médicamenteux, aux colo- rants, aux substances radio-actives.. Ils oublient, ces esprits forts, de préciser que si nos organismes ingarent de plus en plus de substances toxiques du fait d’une “chimisation” croissante de notre environnement, nos systémes immunitaires, eux, ne peuvent pas étre mobilisés sur tous les fronts @ la fois, ni étre constamment sollicités, sinon ils s‘épuisent. Ne nous laissons done pas abuser. Dénoncons les véritables motivations de ceux qui s‘efforcent de promowvoir la révision des normes dans un sens plus laxiste : l'incapa- cité des uns faire respecter la législation actuelle, le mercantilisme des autres. Dénon- gons leur alliance objective et disons-le méme, leur complicité de fait Si doute il y a, c’est aux consommateurs qu'il doit profiter. Non pas @ ceux qui dictent les choix et orientent la recherche et les méthodes avec le seul souci d'assurer, dans un mimimum de temps, la rentabilité maximum de leurs capitaux. La encore le débat est de nature éthique, comme le souligne bien l'article ci-contre. Loublier, ce serait se tromper de cible, s‘exposer a subir encore davantage l'impitoya- ble culte de la production qui tend a devenir la foi et la loi de notre société. . Jean-Claude Pierre P.2/ eau ot rviéros NP 75 Science et profit Début aoat s'est tenu a Hambourg le '"7* Congrés international de chimie des pesticides’: Ces importantes assises — 1.700 participants, 960 communications par affiche — permet- tent de verifier, comme le dit Aristote, que “esprit n'a pas de bornes, il s‘étend @ mesure que l'Univers se déploie"’ Mais, a c6té de communications faisant état — entre autres — des perspectives qu’ouvre Ia biologie moléculaire ou d'une protection des récoltes basée sur les substances naturelles ‘ou leurs “copies” faites au laboratoire, d'autres ont essayé, @ leur maniére, de répondre aux critiques que l'on adresse aux produits agrochimiques : "Les résidus de pesticides dans Yeau et dans les aliments ne sont pas dangereux, les sols ne souffrent pas de l'usage des pesticides, la réglementation régissant ces produits est inutilement contraignante, ces subs- tances permettent de lutter contre la faim dans le monde..." Pourtant, & la demande de I'Agence de Protection de l'Environnement (EPA), l'‘Académie des Sciences américaines a rendu public le 20 mai 1987 un rapport — qui a eu a l'époque les honneurs de la premiare page du New-York Times” — dans lequel elle affirme qu'au cours des 70 prochaines années les Américains risquent de développer plus d'un million de cancers du fait de la présence de 28 pesticides cancérigenes dans leur alimentation LUS National Research Council, de son cété, a publié en septembre 1989 une étude sur "Vagriculture alternative” qui prouve que les fermiers qui n‘utilisent pas de pestici- des ont pratiquement les mémes rendements que ceux qui en utilisent de grandes quan- tités : on lira a ce sujet Vexcellent article de J-P. Reganold ®, Dans un livre récent publié par American Chemical Society, le grand entomologiste David Pimentel écri- vait: "En moyenne, les pertes qu’infligent les insectes aux récoltes ont été pratique- ment multipliées par deux, passant de 7% a 13% depuis les années 40 et ce, en dépit d'une multiplication par dix des quantités d'insecticides utilisées’ et comme en écho Thomas Bisner, président de la Société américaine d'entomologie ajoutait, @ occasion de Assemblée générale du centenaire de cette société, 4 Washington, en septembre 1989 : “Les insectes ne vont pas hériter de la terre. Ils la possédent dja” et dle conclure : “L'usage a tout-va des pesticides chimiques est une technique dont les temps devraient étre révolus”' S‘inscrivant dans une certaine logique sociale, le Congres de Hambourg n‘a pratique- ‘ment pas fait mention des problémes qui assaillent le Tiers-Monde — dont les repré- sentants du reste a ces assises étaient fort peu nombreux —, ce Tiers-Monde oi le palu- disme menace plus que jamais des centaines de millions d’étres humains du fait de la résistance acquise par lanophéle — le moustique vecteur — @ beaucoup d’insectici- des °!, Il est vrai que le Tiers-Monde n'est pas un marché tres attractif a cet égard. Coupable désintérét des nantis ! De méme, ce congrés ne semble guére avoir été ému par la publication en juillet 1990 du rapport de VOffice of Technology Assessment (OTA) dépendant du Congrés améri- cain et qui prouve que les 12 millions de litres d'insecticides répandus en Afrique dans le cadre de la lutte antiacridienne Vont été en pure perte . Bien entendu, on a beau savoir que la science n'est pas neutre, un tel dédain pour les souffrances des autres laisse pantois. La science ne saurait étre mise au seul service de la logique du profit. “Maudite soit la science qui n'est pas utile aux hommes’; dit le proverbe arabe. M-L. Bouguerra, Directeur de l'lLN.R.ST., Tunisie snces, Washington DG, 1987 ov “La Recherche n° 198, [1)_ "Regulating pesticides in fod’ US National Acad. of ‘nov. 1987, p. 13867. (2). J-P Reganold et a, Sustainable agriculture, in "Scontifc American’ juin 1990, p. 73-78. (3)_J-¥. Nau, Vitoies du paludisme, "Le Monde”, 22 aot 1990, p. 1; M-B. Lanter, Palu: 1 Vaccin: 0, "Scince vie" juin 1990, p. 5663, (8) A plague of locust. A special report OTA, F450, Washington DC, July 1990 Ce texte est extrait de la "Lettre de Vézelay’’ (N° 3 - Aoat 1990). Le “Groupe de Véze- lay" qui édite cette “lettre” a été constitué en 1986 par des personnalités indépendan- tes désireuses de constituer une voix collective sur les grands problémes de notre temps. T regoit l'aide de la "Fondation pour le Progrés de I’ Homme’, fondation de droit suisse elle-méme totalement indépendante. - Contact : Rue Bonnette - 89450 VEZELAY. P.8/eau ot rivires / N° 75 LA BRETAGNE SOUS PERFUSION Vers un schéma régional d‘aménagement des eaux ? Comment assurer Valimentation en eau de la Bretagne a horizon 2000 ? Crest pour répondre a cette question, qu‘a la demande du Conseil Régional, un groupe de travail administratif piloté par la Direction Régionale de Agriculture a recensé les ressources disponibles et les besoins, avant de proposer les orientations d’aménage- ments estimés nécessaires pour combler le déficit constaté. Bau et Rivieres de Bretagne entend appor- tersa contribution a cette réflexion, ayant eu occasion, depuis 1976, de se préoccu- per des nombreux projets de barrages fleu- rissant & droite ou & gauche... Les grandes lignes du schéma régional Pour procéder au bilan des ressources et Les besoins résultent de deux types d'évolutions = evolution des populations humaines, males, des industries raccordées Vévolution des consommations par individu ; Le tableau ci-dessous résume les principa- les hypotheses retenues dans le schéma : A Vhorizon 2000, le schéma évalue ainsi les besoins entre 348 et 377 mil- ions de m* et le déficit en eau (diffe rence entre besoins et ressources) est estimé entre 43 et 50 millions de m*, soit 'équivalent du volume de la rete nue de Guerlédan. ‘Afin de compenser ce déficit, la DRAF pro- pose la construction de diverses retenues 1évaluation des besoins, le schéma a pro- 5 = = céde au découpage dela region en 29 see. | Consommation par roiion de pop | Blin deb consommnion teurs, correspondant & des zones dalimen- c 19908 c 19908 tation a partir d'une meme ressource. HUMAINE, ~ Population rurale +5% +1142 Les ressources “Population urbane 158 +158 Elles sont au nombre de trois - Population touristique + 30% les eaux souterraines, dont le débit de référence est celui de 1989 ; ANIMALE les eaux de surface, pour lesquelles le | Pores sass + 35% schéma a intégré V'application de l'article | - Volalles chair. + 30% 282-5 du Code Rural qui tipule, qu‘au droit dindes... + 45% de chaque barrage de prise d'eau, le débit pondeuse... = 30% maintenu dans la rivigre doit étre égal au ‘anards, + 15% 1/40" du débit moyen [a parti de 1987) et = tendre vers le 1/10" de ce débit aucun dela = 25% nest fixé pout la mise en ceuvre de cette + 125% derniére disposition); Gros consommateurs...) + 108 de la moyenne des consommations du cheptel et de la - les eaux de surface en barrage, dont | ¢ B les capacités utiles ont étéretenues avec un | {industries et collectivités J consommation domestique debit de retour de vingt ans. pee ae P.4/ eau ot rvibres NP 75 sur VAulne, le bassin de El, le Meu, la Cantache et le Nangon, ainsi que diverses opérations de transfert d'eau brute (d'un bassin versant a un autre) et d'eau trait. Quelle politique de l'eau ? Interrogée par de nombreux élus sur les hypothéses et conclusions de ce schéma, notre association a passé ce schéma a la loupe, en eyant constamment a esprit que rien dans les orientations de celui-i, ne devait permetire la poursuite de la dégra- ‘dation de la ressource observée depuis une izaine d'années. Certes, s'il nous faut reconnaitre que le niveau régional constitue pour ces problé- mes dialimentation en eau le bon niveau approche, que le schéma affirme que les notions de quantité et de qualité sont étroi- tement lies, nous devons regretter que le schéma ne sécarte pas d'une double evolution : - celle d'un accroissement illimité des besoins. Nulle part le schéma ne s'inter roge sur le caractére inéluctable ou pas de augmentation des besoins, sur les limites ce type de consommation inflationniste, sur les politiques & mettre en oeuvre pour stopper cette course sans fin... Quand poseract-on enfin le probleme de Tadapta- tion des besoins aux ressources et non Vinverse ? - celle d'une dégradation de la quali des eaux. Aprés [abandon de nos puits, de ros sources et ce nos captages locaux, pol- Jués bactériologiquement et par les nitrates, le schéma accentue la tentation d'une cen- tralistion extréme de Ialimentation en eau, qui déresponsabilise les consommateurs et Taisse la porte ouverte & toutes les aberra tions en matiére d'aménagement des bassins versants. La méthodologie adoptée ist es ertabe que le chem en choi sissant d ¢tablir sa réflexion sur la base des "secteurs d'études", remette en cause la notion de bassin versant, dont nous savons tous quelle est indispensable pour une gestion sérieuse de la ressource. Voila vingt ans que notre association, rejointe aujourd hui par de nombreux élus, s'efforce dd faire comprendre que la rivigre et son bassin versant constituent une seule unité de gestion valable. Au moment méme of cette notion est traduite dans la réalité au travers des operations contrats de rivigres, bassins baie de Saint-Brieuc ou de Morlaix, le schémea régional balaie cette dimension cn Tui substituant les “secteurs d'études Qui, pour tous les acteurs de nos vallées, ne veulent et ne voudront jamais rien dire. Les hypothéses Lestimatiort de la ressource disponible a &té effectuée, avec une grande sévérit, pour ne pas dire plus. Blleilustre en outre la mécon- najssance actuelle qui régne en matiére eaux souterraines, ainsi que linadaptation des dispositions du Code Ruial (1/10* du debit moyen) pour nos cours d’eau bretons dont le régime trés nerveux, engendre en période estivale des débits trés inférieurs a ce dixiéme, parfois pendant plusieurs mois. Ilya sure point, de toute évidence, néces- sité d examiner impact de cette disposition en intégrant ensemble des données dispo- niles tant en matiére de debits relevés, que a’évolution qualitative des milieux et des spices. Par contre, Mévaluation des besoins ne fait pas preuve, cest le moins qu’on puisse dire, une extréme rigueur. Elle parait tres large et certains chiffres surprennent - augmentation de 30% de la consomma- tion touristique prise su la base d'une capa- cité daccueilrégionale entiérement remplie de juin a septembre : les plus optimistes de nos hoteliers ou gérants de camping ne Savanceraient pas eux-mémes sur de tlles, prévisions ! augmentation de 35% de la production porcine va au-dela des voeux et prévisions {es plus acharnés du lobby porcin. - alors que les données réventes de lAgence de Bassin font état d'un tassement des con- sommations industrielles, "les €conomies de consommation compensant le léger déve- loppement prévisible' le schéma régional refient une augmentation des besoins ne se basant sur aucune donnée fiable ! Enfin, comment ne pas relever lextraordi- naire manque de précision concernant les volumes d’eau perdus dans les réseaux ou par gaspllage et done économisables au moins en partie... Aucun chiffre méme approximatif nest fourni Les orientations Audela de ces querelles de chifres, cst bien lorienitation générale des.propositions ui savére inquiétante : - alors qu‘aujourd’hui.nous savons que le véritable probleme de 'eau est surtout qua: litatif, les. solutions préconisées par le schéma risquent de conforter latitude de ceux gui ont abandonné les ressources loca les-et laissé s‘installer la pollution... Les transferts d'eau, brute ou traitée, sont un mauvais service quand ils conduisent satisfire les besoins de régions qui nont fait 5 /eau ot vires / N° 75 aucun effort pour préserver leur ressource.. Be refusant de mettre en cause la lgique intensification agricole, pollution de la res source, transferts d'eau, le schéma régional ne fait qu’éloigner un peu plus la mise en ceuvre de solutions véritables et fait encore une fois porter sur la collectivité les coats cexternes de la pollution. +a travers les propositions financiéres du schéma, on mesure parfaitement les prio- ités accordées aux ouvrages et transferts d'eau (820 MF) par rapport aux économies dea (10 MF) ua la recherche d'eaux sou- terraines (10 ME}, Fautil rappeler ici, que faute d'une polit que régionale volontariste, les actions déoo- nomies d'eau ont été laissées a Vinitative de quelques élus particuligrement motives, alors que les expériences engagées a Con- ccarneau, Saint-Malo et Lannion prouvent "Fintérét de ces différentes démarches, tant ‘au plan des résultats obtenus que de la ren- tabilité des investissements opérés ; - sur le plan des milieux naturels, nul ne peut aujourd hui affirmer, et surtout pas les promoteurs de ces barrages et des transferts eau, quel sera limpact de ce schéma sur Je milieu naturel. Le fait par exemple, de mélanger dans un bassin, 'eau de deux ow trois rivigres différentes, ma-til aucune influence sur les espéces, notamment cel- les qui ont un caractére migratoire et Sorientent en partie grace a "Todeur" de chaque rivigre ? ‘Toutes ces raisons conduisent notre associa tion soliciter des élus départementaux et régionaux -la poursuite de la réflexion sur les ‘moyens dassurer a la Bretagne de Tan 2000, la satisfaction de ses besoins en eau... de qualité. -Texamen et l'étude, par un organisme indépendant, des conséquences possibles de Vapplication des solutions préconisées, au niveau du miliew naturel aquatique. La Bretagne a, en matiére deau, trop sou fert de imprévoyance des technostructures, pour qu'on ne prenne pas quelques mois de plus pour préparer sereinement lavenir. Gillles Huet CONTAMINATION PAR LES PESTICIDES Quand on cherche, on trouve ! 1990 : Enfin une campagne d’analyses des pesticides ! Avant cette date, seulement quelques études ponctuelles ont été réalisées, ce qui ne permettait ppas de dresser un véritable état des lieux de la situation. En Bretagne, l'accent a été particuligrement mis, ces derniéres années, sur les problémes de pollution azotée et les impacts de l'utilisation des produits phytosanitaires ont été occultés. "Mais ce nest pas parce qu‘on a pas de thermometre qu’on na pas de fievre !”. Les premiers résultats de la teneur en pesticides des eaux dalimentation viennent hélas conforter cette maxime. est important de souligner qu'il s‘agit de la premiére campagne d’analyses conséquente et qu’elle permet seulement de dresser une ébauche de la situation. Lévolution dans le temps de ce probleme ne peut donc pas encore étre abordée. Les rést proviennent = de W'étude réalisée par le Service Régio- nal d’Aménagement des Eaux (SRAE} por- {ant sur la ‘contamination des eaux super- ficielles de Bretagne par les pesticides’ - des campagnes d‘analysesréalisées par les DDASS breionnes. c présentés ci-dessous I - Les résultats de l'étude du SRAE Le SRAE a procédé a une série d'analyses sur 5 riviéres bretonnes : Laven a Pont:Aven, -1!Oust a Saint-Congard, - Ia Vilaine a Chateaubourg, + La Seiche & Bruz, UArguenon Ces rivieres, qui comptent plusieurs prises d'eau sur leurs cours, correspondent & des bassins versants présentant une forte con- centration de la culture du mais. Le SRAE a recherché les produits de traitement de cette culture dans la mesure oi elle cou: vre le quart de la surface agricole utile (SAU) de Bretagne. Les analyses ont done porté sur le lindane {insecticide organochloré), le carbofuran (insecticide, famille des carbamates), 'atra- ine et la simazine (herbicide, famille des triazines} Les prélévements d'eau brute ont été réa- lisés pendant la principale période d’ util. sation des produits, cesta-dire d'avril a juillet, et principalement aprés les €pisodes pluvieux. Cesta cette période que logique- ‘ment on trouve les concentrations les plus fortes. ‘Tous les pesticides recherchés ont été trouvés, pratiquement a chaque prélévement. Le Lindane : Les résultats sont satisfaisants sur l’Aven, VArguenon et ‘Oust. La norme réglemen- taire (100 ng) a 66 dépassée sur La Vilaine ct La Seiche, le maximum enregistré ayant €t6 de 400 ng/l sur La Vilaine (cf graphique) La Simazine : 60% des prélévements dea brute ont dépassé la norme eau potable (100 ng), sans atteindre la valeur de I'OMS. Le Carbofuran : fa été mis en évidence que sur La Vilaine, La Seiche et !Arguenon (maximum atteint: 250 ngyl|. Mais il faut signaler que cest la premiere fois que cette matiére active de toxicité élevée est décelée dans les eaux bretonnes. LAtrazine, un phénoméne inquiétant Crest pour cette substance que les flux les plus importants ont été constatés (cf, gra phigue) Les2rividres les plus contaminées sont La Vilaine et 'Oust, la moins touchée étant l’Aven. 92% des échantillons d'eau brute dépas- saient la norme CEE (100 ngil} et 50% @aient méme supérieurs @ la recomman- dation de 'OMS (2,000 ng), avec un maxi- ‘mum de 8,000 ngil atteint sur La Vilaine ! Ces différents résultats montrent que Ja contamination des eaux superficiel- Jes varie d'un bassin & l'autre, en fonc- tion des épisodes pluvieux et des subs- tances recherchées. Crest Aven qui présente la situation la moins mauvaise. Ces différentes observations prouvent gu’en plus des conditions de cultures, Jes facteurs géologiques, pédologiques | et climaiquesjouent également un grand role Il - Résultats des campagnes d’analyses des DDASS bretonnes Globalement, 1a contamination des eux bre tonnes par les pesticides démontrée par Vétude iu SRA e3tconfirmée par les campagnes de mesure des DDASS. Par circuleire du 12 goat 1990, le Ministére de la Santé a demandé aux DDASS de procéder & des, ‘mesures de pesticides dans les prises deau dans le but de publier un bilan national dés P.6/ eau ot rviéros/ NP 75 la fin 90, Les recherches ont porté sur le lindane, Vatrazine et la simazine Concernant eau traitée des 4 départe ‘ments bretons, le Finistére semble étre le ‘moins touché : on ne note aucun dépasse- ‘ment pour le lindane et un seul pour atrazine. La situation est loin d’étre aussi satisfai sante dans les autres départements bretons. Une différence aussi importante est éton- nante, ou tout du moins difficilement expli- cable aujourd'hui. Pour les autres départements, on note peu de dépassements de la norme (100 ng/ pour le lindane. Mais la situation se dégrade pour la simazine et tout particulirement pour atrazine (cf. graphique). En Morbiban, en juin, sur 26 prises d’eau analysées, 8 seu- ement respectaient la norme CEE pour Yatrazine. En Cates d'Armor, seules 2 pri ses d'eau respectaient la norme réglemen- taire et 7 prises d'eau dépassaient la valeur OMS. Nos commentaires : A la lumitre de ces résultats, il est clair quill existe une contamination de notre res- source en eau par les pesticides et tout par- ticuligrement par Vatrazine. Ces données posent de sérieux problémes pour 'alimentation en eau potable, Les trai ements curatifs, seuls, ne les résoudront pas. En effet, actuellement beaucoup de stations de traitement de Teau ne possédent pas les équipements nécessaires (charbon actif) pour diminuer les teneurs en pest cides. Le coat de ce type d’unité de traite- ment est élevé et les rendements ne sont jamais de 100%. e plus, analyse du probléme de la pol- lution des eaux superfcielles par les pes ticides ne doit pas uniquement se limiter une réflexion sur leau potable et la santé humaine, Il est important d'aborder le pro- bléme dans son ensemble et done de connaitre impact des produits phytosani taires sur les biocénoses aquatiques, sur les sol... Ine faut pas perdre de vue, non plus, | que la pollution des rividres a toujours pour exutoire le milieu marin et donc les chai- nes alimentaires au terme desquelles on retrouve bien sar l'homme. ‘Vous allez peut étre dire que la gravité de la situation dépend des normes qui servent de référence {norme CEE, valeur OMS..) | Ace sujet, il parait intéressant de repren- dre un paragraphe de la note écrite par la DDASS des Cates d'Armor accompagnant Jes résultats d'analyse : La position sanitaire, prise en France aprés consultation du Conseil Supérieur d'Hiygidne de France, considére qu'une eau contenant jusqu’a 2.000 ng/l atrazine et jusqu’a 1.700 ng/l de simazine peut étre ‘consommée sans qu'il en résulte de risque pour la santé de la population, Mais elle rappelle également que la norme est de 100 ngil et que d'un point de vue sanitaire il convient davoir pour objectif que la teneur en triazine dans les eaux d'alimen- {ation sot la plus faible possible et en tout état de cause inférieure & la norme. IIn'y a done qu'une norme applica- ble : 100 ngil. Les recommandations ne constituent pas une autre norme, peuvent qu’aider les autorités sa apprécier les risques en cas de dépasse- ment de la norme réglementaire" La démarche retenue par la CEE présente Vavantage d’étre prucente. Eu égard aux risques que sont susceptibles de présenter tun grand nombre de pesticides (effets mutagéne, cancérigéne, effets des produits de degradation, synergie entre les pro- duit), il est essentie de prendre toutes les ‘mesures et précautions nécessaires pour faire en sorte que la teneur en pesticides dans Yeau soit la plus faible possible. Pour avoir une vision globale de la situa- tion, ces études devront étre répétées, réa- lisées sur d'autres. secteurs en. suivant autres substances. Le lindane, latrazine.. siils sont des indicateurs fiables de la con- tamination des eaux par les pesticides dans les secteurs de polyculture-Clevage, ne peu- vent par refléter par exemple les problemes qui se posent dans les zones légumiéres. I- ANALYSE DU S.R.A.E. . EVOLUTION DES CONCENTRATIONS EN LINDANE DANS LES RIVIERES Concentration en nanogrammesilitre a = VILAINE . —2- SEICHE = oust + ARGUENON 400 20 — AVEN =! NORMES CEE. EAU POTABLE 200 12MIN 27 QIN 3 ATL DATE DES PRELEVEMENTS EVOLUTION DES CONCENTRATIONS EN ATRAZINE DANS LES RIVIERES 00 Concentration en nanogrammellitre 7 am 26 TL SEICHE VILAINE oust ARGUENON i AVEN ne NORMES OMS. BAU ad POTABLE or NORMES CEE. EAU POTABLE wha. tnt 2M 27 Uv 3 Jin 7 2 ATL DATE DES PRELEVEMENTS Il- CAMPAGNE D'ANALYSE DES DDASS CONCENTRATIONS EN ATRAZINE LES NORMES DANS LA COMMUNAUTE CONOMIQUE EUROPEENNE DE EAU TRAITEE, ee a Nombre ae Dl jr fi pS Da 5 | Seales on - Par substance ” (0,1 microgrammellitre ow 100 nanogrammes/itre " ~ Pour le total des substances... 05 mizrogrammelitre ov 500 nanogrammestitre | = k | Be LES VALEURS DE LORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE Concentrations nanogrammeslitre i plempar pel aoe Exemple: Atrazine Lindane Simazine 1 microgramme (gl nillioniéme de gramme [ nanogramme (ng) = 1 milliaeditme de gramme COTES D‘ARMOR [ial nf 2.000 nanogrammeslitre 3.000 nanogrammesiitre | aK 17.000 nanogrammeslitre | eI Re Concentrations nanogrammesilitre P.7 eau et rivigtes / N° 75 = Chacun d'enire nous a pu assister & Yara sement des haies, des talus des arbres, voire a la disparition de bois complets En collaboration avec dautres associations ir Breton, Buez-an-Douar..), res de Riviéres a eu occasion, de formuler une proposition pour modifier les dispositions darrétés préfectoraux qui incitaient les anciens propriéiaires fonciers a araser les arbres. Le processus d'une opération de remem- brement se déroule ainsi: ‘ Par un premier arrété, le Préfet définit les parcelles intéressées. par Vopération: A Compter de sa notification aux propriétai- res, “sont également interdits, dans le cadre de ta protection de la nature et la préserva- tion du bocage, sauf autorisation spéciale caccordée par ia commission communale de remembremeni, les arasements de talus et Uabatiage des arbres et des haies a Tintérieur du périmeire di remember’ M. Gauthier, agriculteur a Noivoutou avait coupé 46 chénes et un peuplier au mépris, d'un tel arrété. Par jugement du 18 octo- ‘bre 199, le tribunal correctionnel de Ren- nes I'a condamné a la demande d'Bau et Riviéres de Bretagne et de la Société pour 1'Btude et la Protection de la Nature en Bre- tagne qui s étaient constitués partie civil, a replanter les arbres irréguliérement abattus pour le 11 juin 1991 et a ver- ser une somme de 1.000 F a chaque asso ciation en remboursement des frais de procédure. Stagissant des parcelles occupées par tous, types darbres (isolés, en groupe ou sur talus, chénes, arbres fruitiers, tail futaies), article 3 paragraphe 4 de Varrété- type dit “d'envoi de possession des parcel- les échangées" prévoit: lancien proprié faire aura la faculté de couper et d'enlever les arbres de toute nature se trouvant dans les parcelles qu'il est appelé a délaisser”. Vabattage lui étant permis dans un bref délaifixé par Tarrété. Pour obtenir l'arase- ‘ment total des arbres, une disposition sub- séquente, corollaire de la premiére ajoute que "passé ce lai, les arbres conservés pas- seront au nouveau propriétaire, sans indem- Cette licence et cette incitation proviennent du fait que tous les arbres méme de grande valeur sont estimés sans importance au ‘moment de la fixation de la valeur des par: celles incluses dans le périmétre de remem- bbrement et considérés seulementacomme de la terre de mauvaise qualité qui les sup- porte. Les dispositions actuelles précitées de l'arrété de prise de possession des ter- res incitent & méconnaitre les conclusions de l'étude d'impact demandant de conser- ver certains talus et arbres. Dans cette optique, nos associations ont proposé au Ministre de l’Agriculture et au Ministre de l'Environnement de modifier Varrété préfectoral de prise de possession PB / eau ot rviores /NP 75, des terres de la manitre ci-aprés: "Les arbres délaissés sur les parcelles devront Bre consersés, dans le respect des plans drecteurs de remembrement, des plans d occupations des sols, de l'étude d impact ainsi que de la régle- ‘mentation des sites classés ow inscrits & Vinventaire’ En second lieu, toutes les parcellesclassées fen zone ND en raison de Vintérét paysa- ger ou écologique quelles présentent a ftre principal, par un plan d'occupation des sols, soient exclues des périmétres de remembrement. En troisiéme lieu, il convient de reconnai fre une véritable valeur aux arbres au ‘moment de la détermination de la valeur des parcelles pour maintenir une veritable égalité entre tous les propriétaires et pour éviter une incitation a la coupe des arbres. En quatriéme lieu, le financement de ces opérations par les collectivités publiques doit étre conditionné par le maintien des arbres et des haies conformément a l'étude impact. Lédiction de ces mesures doit permettre Ad éviter des coupes d’arbres et arasements de haies ou de talus injustfiés. Conscients des abus intervenus dans les années pas sées, certains agriculteurs ont décidé de replanter des haies avec l'aide du Conseil Général du Finistére et de la Direction Départementale de Agriculture du Finistére. La réalisation des voies routiéres devraient également saccompagner de la reconstruc: tion des talus arasés pendant ces opé: rations. Au lieu de reconstruire & des cots trés éle vés, mieux vaut adapter les mesures pré- ventives pour empécher les destructions. Raymond Léost IL ETAIT UNE FOIS... 11 était un fois un veil homme qui aimait les arbres. r, en ce temps-la, s'étendait un vaste empire couvert de foréts Cet empire était !'Autriche Hongri=, Le vieil homme était |'Empereur Franz-Joseph Il Avant le fin du sicle précedent, il prit un décret par lequel il décida qu’un arbre ne powvait ére abatu qu'il wed ét, préalable- rent, remplace ‘Ceest sous ce trés vieux décret que vivent, aujourd'hui encore, tous les pays de l'ancien empire austro-hongrois. Et cst ce text, fort simple dans son énoncé, qui fait que les foréts de Bohéme, de Slovaquie, de Hongrie, d/Autriche, voir de ITtalie du Nord, sont aujourd'hui quasi intactes quant a leur emprise totale. En France, des kilogrammes de textes que se partagent, se dis- pputent ou se renvoient une dizaine de ministéres, dadministra- tions centrales,régionales ou départementales — dont une foule de services, de fédérations diverses, d'entreprises publiques ou privées de toute nature, de collectivités de toutes tailles font des exégéses d'une infinie variété — régissent l'eau qui ruisselle sur nos sols, s'yinfiltre, forme nos sources, nos ruisseaux, nos rivié- res, nos fleuves et conditionne Iétat des mers et des océans bai- ghant nos cétes. [Mais a la différence de ce qui se passe pour les eaux douces se mélant aux eaux salées dans les estuaires, les textes relatifs aux premieres n'interférent jamais avec ceux qui traitent des secondes}. Face aux nombreuses atteintes dont soutfrent les eaux douces on ‘a multiplié les textes — et, c'est promis, on les multipliera encore encore — nous avons en France un tel respect du proportionnel "plus y a de dommages plusil faut de textes”. Pour mettre tout ce papier a la moulinette, on a créé un ministre, affublé du nom indéfinissable d'environnement et on a de toute urgence, dressé des cartes dites d'objectif de qualité : quand on veut la paix, on peut bien laisser la qualité au rang d objectif.Viser peut étre, mais tirer, surtout pas ! Lensemble de ces textes posant quelque chose comme 14.269 interdictions, forment un vaste filet au travers duquel ne passent que dérogations, demandes de dérogations, violations délibérées ou inconscientes ou delibérément inconscientes,rejets de droit, de face ou de c6té et autres lisers de la méme fosse. Bref, il y ala un torrent de bonnes intentions qui ne filtrent rien et Iétat de nos eaux continue de saggraver. Alors, que faire ? Il y a plusieurs solutions. La premiére, c'est de dire trés haut et trés fort, comme font les villes jonchées de detritus od passent des camions porteurs de panonceaux “ville propre’, que tout va mieux. Ceest lantienne du “niveau qui monte" (vous connaisse2 ? Il y ‘2 moins de délinquance, un meilleur niveau scolaire, la pollu- tion régresse, la société se porte de mieux en mieux, elle est sur la pente montante, etc, etc. En d'autres termes, abaisser les quais...pour rehausser le niveau ! LAutre solution, c'est peut-étre, tout simplement, de s'inspirer de exemple de Franz-Joseph. De trancher, dans un premier temps, le nocud gordien de tous les textes et d’en mettre au feu les morceaux (a les relire, je me dis que, si'intelligence se tient au sommet de la complexité, le crétinisme, qu'il soit de bas ou de haut de gamme, se tient au sommet de la complication ; ne jamais négliger la part du créti nisme dans ce qui ne va pas... Poles Puis de prendre un texte simple spécifiant quill ne peut étre fait usage de l'eau que sa propreté nit préalablement assurée lors de son rejet dans la nature (ce qui donne, pratiquement, des utilisateurs — privés ou collectifs — puisant leur eau en aval de leurs propres rejets) -quiaucune activité humaine ne peut, sur un bassin versant donng, porter atteinte a la qualité des eaux (cela conduit, par exemple, & une fertilisation des sols mieux étudiée, a des plans d'épandages mieux respectés qui prennent en compte cette fer- tilisation, a imaginer des pistes souvrant sur des schémas agri coles différents, etc...) Leessentiel est, cette fois, de poser fermement la REGLE : c'est a utilisateur de faire que les détails la prennent en compte et ce nest plus au politique, qui pose la régle, dentrer avec des kilos dattendus, jusque dans les moindres recoins de ce quelle implique. Je ai point détourné V'eau des canausx, je wai point souillé les sour ‘es et les ruisseau' est, je le répéte, un texte simple qui permettrait & nos sociétés de reprendre un jour la priére des ames demandant leur entrée au paradis d Osiris. Une Loi, osons dire un Commandement. Simple comme celui qu’édicta un jour un vieil homme dont Vamour pour la nature rejoignait les grands intéréts — non point immédiats mais a la mesure du destin — d'un grand empire. M. Saffre ot rvidres 7 NP 75, Nouvelles du Parlement Plus de deux ans aprés nos premiéres démarches ' nous obtenons enfin, par les voies officielles, quelques données sur Ia relation entre nitrate des eaux et cancers de l'estomac. Données établies a partir de l'étude épidémiologique engagée en 1984, dans le Léon, suite a une suggestion d’ “Bau et Ri res" au Préfet du Finistére.. Jusqualors, le ministére avouait uniquement des travaux conduits dans le Nord de la France, ‘aux conclusions plut6t rassurantes. Nous avons pu nous procurer l'étude de "I'Observatoire Régional de la Santé en Bretagne" (ORSB). Elle est nettement moins optimiste que les données précédemment disponibles. LA QUESTION LA REPONSE Incidence der nitrates sur ler cancers gasirigues 8788, - 8 mare 1990, - M. ‘Alain Gérard attize Pattention de Mz Ie ministre de In solldasite, de Ia santé ct de la protection sociale sur les regsltuis dune vécente enguete épidemialogique Avant fait Pobjet d'une these ie doctorate miéecing 4 Tuniver= sité de Bretagne occidentale, Cote Elude a pers d'alfirmer qu'il fste une pis Torte incidence de qincets gastriques chez, les femmes residant ans lee aones & teneur tlevee de nitrates dans eau de boisson. Dans le depactement du Funisiere, vingldeux communes recevaient, gate 1979 et 1989, une eau Wadduction & feneur en mirates supérieure 475 miligrammes par ite. 1 lub emande.s, comple tenu de Vimpociance dc ez probleme de fim "publique dass ice département comme dans les autres ‘Separtgments bretons, sl envisage de fae mener par des services Compltenis des enguétes plus Glendues du point ds vue glogra- Phique que ‘celles qui ot 4 mendes jusqu'd présent, afin de préciser le role des facteurs environnementaux dans, Petiologie ‘Ges cancers gastsiques superficiels. ~ Question tronsmise dM. le Iminisre de affaires sociles et de Te salidarié La question reproduite ici a été posée au ministre de la Santé, en ces termes ou sous une forme voisine, par MM Loic Bouvard, député 56 - Jean-Charles Cavaillé, député 56, - Didier Chouat, député 22 - Josselin de Rohan, séna- teur 56 - Hubert Falco, député 83 - Alain Gérard, séna- teur 29 - Edmond Hervé, député 35 - Claude Miqueu, député 65 - Pierre-Yvon Trémel, député 22. Le point de vue de Eau et Riviéres Préalablement analyse des données finistériennes, !'ORSB cite le cas du Chili, it les cancers de 'estomac ont été associés & une activité professionnelle agricole et a I'usage d’engrais ; il nous apprend que les chercheurs colombiens ont établi un lien entre cancers gastriques et ingestion de nitrates; qu’en Chine, les teneurs en nitrates des legumes et de l'eau de boisson sont plus levées dans les zones & risque pour ces mémes cancers, etc. En Bretagne, notent les auteurs de cette étude, a ot les taux de nitrates dans les eaux dépassent 50 mgll depuis 18 ans, il est "hau: tement probable que le nombre de cancers gastriques soit anor rmalement élevé". Cette conclusion est corroborée par un travail ultérieur de J.B, Nousbaum, docteur en médecine et interne au centre hospit lier universitaire de Brest ® : les femmes finistériennes recevant tune eau fortement contaminée par les nitrates sont les plus tou- cchées par le cancer de 'estomac. Malheureusement, si pour le ministre !épidémiologie est une ‘chose, la réglementation en est une autre. On se souvient de la norme de 0 mgjl imposée par la CEE. Cette rnorme a 6 adoptée par la France au début de V'année 1989 (décret P.10/ eau ot riviéres NP 75 re — Au cours des demitres années, diftrentes dudes gat Eee n Hance, potter de icon preci let ‘ventas ngues de cancers fess consommation d'eau conte: tant des tongue en natatessuperieuces & a norme eglementaie equate: Une strie de ravaus a fie rtaliute Gans fe nord de in France par une unite de TTosttut national de fa sant et dea fecherche médicale, Hl ont mont gue spar Ticermediaite de isars deivdsnitrons, tere causal des mkfaes ne pevt tee fore tellement cart, les nia, aun concetations rencontrees Jus {Galas Gane ey ea et aie conditons de censonmaton ‘ieles ne joven pas un role determinant dans Pappariion es ‘ancers Diabtrey tfodes ont ete resaces en Bretagne, dans tin premier temps, conointement par Tobsertoire regional dela Enna ‘ie acrvice “ce gutrcaterologle Gu centre nospitalier enl de Bre bm on clin Gennes Sapo {ar ne longue période (1984 984), poor les toners em strates des enc auttntee a consommator humaine dan i Fister, fives des donntes incidence Televtes en 1984, dans Te care Sun envegitrement es tumeurs Sgestves dane ce Separement 9 fait apparatte une incidence anormalement levee des cancers fasigues chex les femmes. dans une aone fortes teneary en ‘Bates dan ee fave dutbudee Uanalys dela morale fae nue sur une période allantjuagu'en 1985 ne permetat pas de Sonfirmer une Gequence plus tee’ de tls cancers dant cee one, Pour approfendiy 2 consattons, pe tode a GU entre Bite par le service de gastoenttrologc du centre Hosplalier ‘gional de Brest ele ft Pobjet dune these de doctor en mede- ihe et apparu gue Femplot de glferes modes diotrprets- tion des données conduisat des rsulats contradictoires et que, Sans quill sit possible aetuellement den determiner la cause, fotamment de If mete en relation avec les tency. en nitrates des eaux alimentation, une augmentation de Tincidence des ganecrgastngue et consu™e ceaies once de, Bretagne pourtite de cet travaux ne peut se fare qu'en employant Grasees methodes dont Fanalyse Geilée de chaque cancer et les. enguetes reirospectves sur les conditions de vie des per Sones “atcintes, Une reunion dexpers sera organises il {in T980"pour examiner les moyens possbles intervention dans ce sens. Bar ailleurs au vu dos connaissances actullement ispo- les Sar plane atonal ttcmatina la cea ne 1325 da Hpiter io, pre apres avis du Consel supercar hygiene ubligae de "France, ‘a confrmé In’ postion sanitaire selon Eiguelle, én cat de depassement de ia norme de qualite de Simg/t finte parle dtcfet ne 89-3 ds 3 janvier 1989, la consom. ‘ation d'eau contenant ence SO et 100 ig de miraes'peu tre dnise saul pour is femmes encentes et les noutisons. Ate Seid de" 100"mgrt de neaes, Hl est eecommande Gene pas consemmer eau {89-3 du 3 janvier). Mais le minister, tres actif 'été dernier mal gréla canicule, a pondu au mois de juillet une circulaire aténuant singuligrement sa portée. Aux termes de ce nouveau texte les, ‘eaux excessivement polluées par les nitrates pourraient, en toute légalité, couler a votre robinet ! Ce serait faire bien peu de cas de la protection des consomma- teurs, et des directives communautaires.. Pascal Mugnier (a), Eau et Rivitres, n° 74, octobre 1990 (2). Nowsbauim J-B, Nitrates et cancers gastriques -Btude dans le dar fement du Finltere. Th. Med. Brest 1988. Changer ses habitudes Tout le monde a conscience aujourd'hui de provoquer des nuisances inhérentes d son mode de consommation. Il est temps de revoir ses pratiques ‘achat. Le bon réflexe est alors d’ache- ter mieux, de refuser les emballages inutiles et de recycler ce qui est possible pour polluer moins et préserver certaines ressources naturelles épuisables. Voici quelques réalisations personnelles que chacun pourra adapter selon ses possibilités et motivations. En parler autour de soi en montrant lexemple accélérera les prises de conscience et servira bon nombre dassociations. Domaine d'action Actions possibles LE VERRE Dans les villes, il existe des containers et déchetteries pour recevoir le verre (sans capsules ni bouchons}. Le cofit du ramassage est moins onéreux pour la collectivité et le recyclage est facilit. Une entreprise ploérmelaise et I'Association de Recherche contre le Cancer fone- tionnent grace a ces collectes. En milieu rural, certaines communes organisent des collectes mensuelles ou gerent des lieux spécifiques. LE PAPIER Des organisations humanitaires telles que le CCFD, Emmaiis, des associations ou entreprises spécialisées telles que La Feuille d’Brable a Rennes nous invitent a stoc- ker les vieux journaux et autres papiers (de préférence non glacé) et les déposer dans les lieux prévus a cet effet : Maisons de quartier, locaux de leur siege... En achetant du papier recyclé dans les coopératives d'alimentation biologique ou directement a La Feuille d'Brable, vous sauverez des arbres... LES VETEMENTS, LES JOUETS... Lassociation des Paralysés de France, le Secours Catholique, le Secours Populaire, Emmaiis... acceptent les vétements, jouets, affaires de cuisine en bon état et suscep- tibles de rendre service a des families qui ne peuvent s'en acheter. Ces associations peuvent aussi les revendre pour couvrir leurs frais de fonctionnement. LES ENCOMBRANTS, LES HUILES, LES PILES, LES MEDICAMENTS, LES BOUTEILLES EN PLASTIQUE... Les grandes villes et méme certaines communes rurales s'équipent de déchetteries ou de services spéciaux pour trier ces déchets relativement polluants et difficiles a éliminer. Les vendeurs eux-méme comme les pharmaciens, les photographes, les PTT repren- nent les huiles, les cartes usagées... ‘MEURS", vendu 5 F piéce. cose a PRODUITS PROF ‘Au bout du compte, il vous restera peu de déchets a déposer dans votre poubelle : plastiques et boites de conserves car si vous avez un jardin, les épluchures feront la joie des vers de terre. Et pour apprendre a recycler en jouant, 'ANRED (BLP. 406 - 49004 ANGERS} a édité un JEU de !'OIE LES TRANSFOR. Ne vous inquiétez pas a l'avance, ces nouvelles pratiques ne seront pas du tout difficiles a mettre en ceuvre. Au contraire, elles vous feront mieux prendre conscience de la valeur des choses et de nos excés en emballages... et produits polluants. Anne Carafray Produits '‘propres”’ : Pour consommer sans polluer, faites le bon choix LUnion Fédérale des Consommateurs (URC) vient de publier un numéro spécial de la revue "Que Choisir" Cet important document (146 pages) mérite de figurer en bonne place dans tous les foyers ot Von se préoccupe d'économie, de pollution, de sant. I traite des lessives, aérosols, peintures, colles, lampes "fluo" et halogénes, chaudiéres, pestici- des.. et de nombreux autres sujets "ménagers’ ‘Au terme de leur enquéte, les spécialistes de “Que Choisir" tirent deux conclusions les produits les moins agressifspour 'environnement sont auss les moins mauvais pour a santé; - le plus souvent, les solutions respectant l'environnement conduisent a des économies. Une étape sur la voie des éco-produits dont les protecteurs de la nature devront se faire les actifs promoteurs. [1] Now-De. 90 - 45 F en kiosque, P11 / eau at rvieres (N° 75

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