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JUIN 1994 - N° 88 - 40 F ISSN 0182-0567 Sar raneconacs PT okoe en ees Dossier : l'environnement et l'Eur Protection des captages Eau et Riviéres de Bretagne - APPSB - 1, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - CPPAP 52518 “BAU et RIVIERES de BRETAGNE - APPSB” “Fau ot Rivibres de Bretagne - APPSB" a étendu son action et sa réflexion a Vensemble des problémes relatifs 2 la gestion de. eau, des sources aux estuaites. Il est appary, en effet, que la dégradation de: la qualité de eau des sources, des riviers, des estuaires, dy litoral... était la résultane des multiples agressions qui affectent le miliew naturel Les pollutions : + rejets plus ou moins épurés des agglomé tries; + ellen des Sevages industriel sits) * lessivage des sols. “enrichis™ dengrais chimiques et de pro- its de traitement des cultures. Lérosion des sols, favoriée par I arasement des talus et certaines mathodes de culture, qui entrafne vers les cours d'eau d'impor tantes masses de sédiments. La rectification des cours d'eau, elfectue lors des travaux Connexes au remembrement ou a Ioccasion des opérations de drainage, qui enladit nos paysages, détruit la richesse des cours, dleau et favorise les crues. 1 et des indus- La destruction des zones humides dont le maintien serait pour- tant nécessaire pour régularser le débit des cours d'eau, ralent les erues et éviter les etages trop accusés en période de séche- ress. ‘La multiplication des plans d'eau qui contribuent au réchautfe- ‘ment des eaux {pollution thermique) et aggravent les pertes par Evaporation. Ces retenuesimpliquent des. barrages. souvent dépourvus des passes nécessaires aux poisons migrateurs Le gaspllage de Meau engendré par des mentalités et des tech- niques peu soucieusesc'économies d'eau. DDes secteur entiors de économie régionale exigent pourtant tune eau de qualité 'élevage, Nagro-alimentare, la pisciculture, Ja conchyliculture, 'aquaculture, la péche cote le tourisme, Tolérer la pollution au nom d'un certain “réalisme économique” ‘est contribuer 2 fragiliser, voire & détuire les fondements de Fréconomie régionale dont es chances reposent su la diversi ‘Aurela des questions économiques se posent, bien entendu, de redoutables problémes de santé sur lesquels il est urgent de lever le voile (nitrates, pesticides, métaux lourds, substances radioactives,. En apportant votre contribution aux efforts de association “Eau et Rivitres de Bretagne" vous lui permettez de poursuivre son action en totale liberte, Crp de fon fav et pacides Statin con- kde Bane Cosi Fore Rites dette APVSD plas dee memes e Tales Dieceur de peon: "Kon srs MU gare inane Pascal MUGNIER, ataquv Is dinisent Ie Anne Mare olan, Jod Pee. x paca elk cosmmen eel gestern (ton cent Oe pa 3 iP ie" oe take ie ce mete feotinceeme; A To i Coo ae Cl deco ye Tw di de rede he (Gaul, ils Hit ou ES 3 Ew ties de ties eae bls aie as, ad Dipti 2 wine 195 1 a by eee dy Mats Pare bow RCI 6 Gyo fenchie Pare, Taide abonemens; Yannick tcr, sale hme. 1S0F para Pe lammnnns patients 20 esse Cersate ike Ta dpa athe sear er ar tee Sr We ‘ar faimint te ‘xe ine ar vine: for tone or ee ‘or 1 potable 1 iéparter u Fon ne al Quien: Ven san pr sent pa ue ict dr oe ris settee raccoon, man, ‘Macgawe | Cte ng Ade Sitter - 2980 ieee 198 01820 terre ‘nino Cie 24d Si ‘Henan S30 en ibaa 840 retagne esi Gi dam fee eng es aco ce mine er sro It ice, deo os thre qe Takoma slant et ae ofa paren at fete Fa Rees APSE pea se pcr ue, so Fa so omar ‘Tet npleque mre asec Senet tt aca eco: ee T EDITORIAL Autres temps, autres méthodes La présence a Rennes lors du débat sur laménagement du tertoire, aux cétés du Premier ministre, du ministre des Transports, du ministre de l'Aménagement du territoire et de celui de agriculture et de la Péche, était amplement justiliée. Comment, en effet, déhatire du devenir de la Bretagne sans prendre en compte sa desserte et son insertion dans Ihexagone et espace européen, comment envisager son économie future sans débattre des nouvelles données aux- quelles sont confrontées les activités agro-alimentaires et les activités maritimes ? ‘Mais comment débatire de l'avenir dactivités intimement liées & lenvironnement et aux équilibres naturels sans se placer dans la perspective d'un ‘développement durable" ? La Bretagne tout entiére classée "zone vulnérable* en raison du niveau élevé des pollutions dues aux nitrates ! Ce fait, lui seul, aurat justiié la présence du ministre de I'Environnement ‘aux c6lés du Premier ministre mais cette absence, curieusement, n'a pas été relevée... Les Bretons, d'illeurs, n’ont pas encore mesuré toutes les conséquences quti décaulent de ce classe- ‘ment. Il nécessitera une rapide et profonde évolution de nos méthodes d'aménagement et de production car les mesures curatives — qui absorbent I'essentiel des crédits du plan Bretagne Eau Pure — vont vite s'avérer dérisoires. Seule la mise en ceuvre, @ grande échelle, de méthodes “agr-environnementales" est suscep- tible dinverser de maniése profonde et durable les tendances lourcles la dégradation des sols et des eaux par les nitrates et les pesticides. Or, sur les bases actuellles du XP plan régional, qui prévoit de consacrer 60 millions de francs 3 ces méthodes respectueuses de Venvironnement, la Bretagne ne pourra les promouvoir que sur environ 12 000 hectares, soit moins de 1 % de ses surfaces agricoles | A comparer a d'autres régions d'Europe : 1,9 milliard de francs en Baviere, affectés & 2,6 millions d'hectares ; 2,4 milliards de francs en Bade-Wurtemberg pour 1 million d hectares ; 0,5 milliard de francs sur 20 zones sensibles totalisant 800 000 hectares en Grande- Bretagne ! Tous les landers d'Allemagne, mais aussi la Catalogne, le Danemark, l'lande, simé- ressent au plus haut point 3 ces méthodes, alors que nous continuons & les bouder, comme nous avons boudé les voies ouvertes en ce domaine par Vaticle 19 du réglement communautaire... Ces méthodes respectueuses dle l'environnement ne sont pas seulement réservées aux tour- biéres, aux landes ou & quelques zones marginales. Bruxelles prévoit méme de les étendre 15 % des surfaces agricoles européennes avant la fin de la décennie. Les programmes sont financés 4 50 % par le FEOGA, ce qui témoigne de S'ampleur des changements qui s'operent. Autre signe : le budget *agri-environnemental de la Communauté ppassera de 43 millions d'ECU en 1993 4 922 millions d'ECU en 1997 ! Un budget multiplié par 40 en 4 ans 11! serait consternant que nos régions de I'ouest sous-estiment les implications éco- nomiques, sociales et politiques d'une telle évolution. Le probleme nest plus de produire, mais de vendre ; il est de ‘cultiver’, et non plus d“ex- ploiter" ; d'occuper et dientretenir harmonieusement espace afin de répondre aux nouvelles exigences sociales et aux impératifs d'un développement durable soucieux des générations futures. Sur ces bases, une réconciliation en profondeur entre lagriculture et Menvironnement est aujourd'hui possible. Le débat n'est pas seulement un exercice d'école qui ne concererait que quelques futuro- fogues a Bruxelles ou @ Rio : il doit aussi se concrétiser sur cette terre de l'Ouest puisque nous sommes conduits, nous aussi, 4 penser globalement pour mieux agir localement. Jean-Claude PIERRE | FAU ET RIVIERES. N°88 SSEMBLEE WAND Incontestablement, les idées défendues par l'association ont beaucoup progressé en un an. Tant au niveau régional, avec la remise en cause de projets de barrages, qu'au niveau local ot de spectaculaires actions en justice ont frappé Mopinion et les médias. BARRAGES : COPIE A REVOIR ———— Le projet_de barrage sur le haut bassin de l'Aulne, en Finistére, aura mobilisé les énergies. Par nos actions passées, par nos prises de posi- tions, et surtout par une série de questions précises tous les élus du département, nous avons contri- bue a I'évolution des esprits. Le débat de fond qui stest tenu au Conseil général du Finistére le 11 octobre 1993 en a fourni la preuve. Une évi- dence, concernant les problémes liés a l'eau : le clivage ne se situe plus entre les partis politiques, mais entre les "cigales' et les *fourmis'. Les cigales prénent la fuite en avant : continuons a produire, & consommer, a polluer chez nous, on trouvera bien leurs d'autres ressources, méme artificielles. Les fourmis, plus sages, considerent que cette poli- tique est suicidaire a moyen terme, Elles insistent sur la nécessité de mieux protéger la ressource, de I'économiser, de réfléchir a la notion de dévelop- pement durable et a l'aménagement du territoire. Comme sur le Trieux en 1976, comme a Lémézec en 1981, Eau et Rivieres a fait reculer les Cigales, et a conduit les élus a repenser leur poli- tique de Meu. Bien que le projet de barrage en Cenire-Finistére ne soit pas totalement écarté, c'est un succés important pour notre association, pour les organisations de consommateurs et les autres défenseurs de environnement rassemblés dans la coordination Eau Pure en Finistére. Le schéma régional d'alimentation en eau est en cours de révision, et d'autres projets de bar- rages actuellement a l'étude, sur I'Aff en particu- lier, en forét de Brocéliancle. Souhaitons que nos élus fassent preuve de a méme rigueur pour ces dossiers fondamentaux. BRETAGNE EAU PURE-1 Le plan Bretagne Eau Pure, lancé en 1990, a déja fait couler beaucoup diencre, et des flots de subventions. Ce programme, disaient a I'époque les optimistes, allait «donner une veritable dimen- sion la lutte contre les pollutions agricoles», reconnue responsable de la montée des teneurs en nitrates. La fin justifiant les moyens, 1 273 millions de francs lui étaient affectés, dont 752 MF de fonds publics. Au moment ott l'on parle d'un second plan Bretagne Eau Pure, les pouvoirs publics doivent titer les lecons de léchec de Bretagne Eau Pure 1 (Bretagne Eau-Purin ?) : -sans davantage de cohérence dans les po tiques de développement économique, d'amé- nagement du territoire et de protection de la resource, ans une détermination nouvelle dans l'applica- n des réglementations, -sans_un engagement résolu pour un autre modéle agricole, la situation ne fera qu'empirer. Avec tiois ans de recul, le bilan est tout a fait décevant. Selon la DIREN, «les résultats de ces efforts ne sont pas encore mesurables, et la situa- tion reste médiocre et insatisfaisante». Le Conseil régional estime que les programmes lancés en 1990 et 1991 «commencent a porter leurs fruits», meme si «/'évaluation précise de leurs effets posi- tifs est difficile 4 quantifier» (sic). Et conclut cepen- dant qu'«il est fondamental de les actualiser, de les enforce, et d'améliorer les liaisons entre eux. En clair : on a dépensé beaucoup de sous, on est incapable de vous démontrer que ¢a en valait la peine, mais on vous propose den depen- ser encore davantage... Nous relevons donc avec force que : 1 -lincohérence des politiques publiques, 2-I'absence de rigueur, et surtout de volonté dans application de la réglementation aux activités agricoles, la complaisance coupable de l'admi- nistration, 3-le comportement irresponsable de certains acteurs du développement agricole, ont conduit & I'aggravation d'une situation déja qualifige en 1990 d'«extrémement préoccupante».. EAU ET RIVIERES CONTINUERA A DERANGER De trés nombreuses structures de concertation ou de décision fonctionnent aux niveaux départe- mental, régional, national, sous l'autorité des pou- voirs publics, Eau et Rivieres participe toujours a ces différentes instances (conseils départementaux d'hygigne, commission des. sites, observatoire régional de Meau...). Ces activités nous prennent beaucoup de temps, heures de bénévoles, heures de salariés. Mais notre capacité a déranger reste intacte. Trois exemples récents le démontrent : les controles dans les. porcheries industrielles, les actions en justice a Mencontre des maires et la défense du consommateur. ee a N° 8B * Les contrdles dans les élevages, tout d'abord. Puisque certaines porcheries fonctionnent dans Villégalité, et que l'administration laisse faire, nous avons demandé aux tribunaux de faire compter les cochons. Par des huissiers ! Et nous avons démon- tré que certains industriels du porc ont doublé ou triplé leur cheptel sans autorisation, Maintenant, nous demandons aux préfets de prendre la suite, et d’engager des contréles systématiques dans les élevages. | * Toujours en nous appuyant sur les tribunaux — le seul pouvoir indépendant des groupes de pres- sion ? — nous avons mis en cause le comporte- ment désinvolte ou abusif de certains élus locaux en mati@re diassainissement_ communal. Cette démarche a fait grand bruit. Gilles Huet l'analyse en pages 4 et 5. * Enfin, avec nos partenaires associatifs (consom- mateurs, environnement) et professionnels (mou- vements paysans, agriculteurs bio), nous contes- tons activement cette tendance a faire payer par les consommateurs les effets de la pollution. Et c'est dans le Morbihan qu'on trouve le projet le plus grotesque : le Conseil général essaie de finan- cer le traitement industriel des lisiers par des fonds publics, et surtout par une taxe sur les consomma- teurs d'eau ! LE RECUL DU DROIT DE L'ENVIRONNEMENT L'année 1994 aura été marquée, pour la pre- miere fois depuis bien longtemps, par un recul du droit de l'environnement. La “loi Bosson”, présen- t€e fin 93 par le ministre de l'Equipement, prétend relancer les grands travaux d'urbanisme. Cette loi 1 faite pour les bétonneurs, contre les associa- ions de protection de la nature. Pour les béton- nneurs, elle assouplit la loi littoral. Et elle rend plus difficile les recours en justice des associations contre des projets défigurant le patrimoine naturel. Cette évolution est dangereuse pour l'environne- ment et représente une atteinte a la démocratie, Un autre projet de loi est a l'étude au ministére de l'Environnement. Il concerne notamment les conditions d'ageément des associations, leur capa- Cité & agir en justice et & participer au fonctionne- ment des commissions départementales.. Ensemble, avec France-Nature-Environnement, nous en appelons au ministre pour que soit recon- nu, par ce projet de loi, I'intérét pour la collectivi- {6 tout entigve d'un mouvement associatif fort et indépendant DEVELOPPEMENT DU CENTRE DE BELLE-ISLE Liannée 93 aura confirmé le vif succes du Centre diinitiation a la riviére de_Belle-Isle-en- Terre, et démontté la nécessité pour Eau et Rivieres d'agrandir les structures daccueil des stagiaires. La pédagogie doit rester un élément phare de nos actions et de notre développement FONCTIONNEMENT INTERNE ET 25° ANNIVERSAIRE- Liiniluence de notre association est grande et ses activités toujours plus nombreuses. L'équi des permanents compte aujourd'hui une dizaine de salariés. Eau et Rivieres doit savoir grandir tout en conservant un fonctionnement associatif : forte présence sur le terrain, bonne organisation inteme, ‘communication efficace. Notre représentativité et notre force n’en seront que meilleures. Le congrés du 25° anniversaire, en novembre prochain, sera l'occasion de réaffirmer nos convic- tions. Temps fort de réflexion pour tout le mouvement associatif breton de protection de la nature, et plus largement pour tous ceux qui souhaitent voir un développement harmonieux et respectueux de environnement stinstaller en Bretagne, ce congrés sera une fois de plus, souhaitons-le, une « ape importante de laction d'Eau et Rivieres. Nous souhaitons, bien entendu, partager cette nouvelle étape importante de la vie de lassocia- tion avec tout le monde associatif breton de pro- tection de la nature et plus largement tous ceux qui s'intéressent a l'avenir de la Bretagne. Ml Fron OUEST RANE! Le panel de 'AG EAU ET RIVIERES N° 88 ASSAINISSEMEN LES MAIRES ET L'ASSAINISSEMENT le 9 février dernier, deux maires de communes diIlle-et-Vilaine étaient condamnés par le tribunal correctionnel de Rennes pour pollution des eaux. Cette premiére nationale a suscité de nombreux remous chez les élus, toutes ten- dances politiques confondues, et I'action de notre association, partie civile lors de ces proces, a été critiquée. C'est l'occasion pour nous de préciser notre analyse de la res- ponsabilité des élus en matiére d'assainissement et de prévention des pollutions de l'eau, Riviéres de Bretagne. mais aussi de rappeler les critéres qui déterminent I'action en justice d'Eau et Le texte ci-dessous a été présenté a l'Assemblée générale de notre association, en avril dernier 4 Rostrenen (22). LES RESPONSABILITES DES MAIRES —— Lexercice des responsabilités communales com- porte en matiére de gestion de l'assainissement un Certain nombre dobligations : celles-ci, définies et voiées par le législateur, sont précisées par les articles 1 372-1-1 et L 372-3 du code des communes : * | 372-1 : “Les communes prennent obligatoire- ment en charge les dépenses relatives aux systémes Hassainissement collectil, notamment aux stations d'épuration des eaux usées et a lélimination des boues qu'elles produisent, et les dépenses de contro- le des systémes dassainissement non collectit.” * | 372-3 : "Les communes ou leurs groupements délimitent aprés enquéte publique : -les zones d'assainissement collectif ot: elles sont tenues dassurer fa collecte des eaux usées domes- tiques et le stockage, I'épuration et le rejet ou la réutilisation de ensemble cles eaux collectées ; - les zones relevant de Vassainissement non collectit oi elles sont seulement tenues, afin de protéger la salubrité publique, d'assurer le controle des disposi- tifs dlassainissement, et, si elles le décident, leur entretien..." S'ajoutent a ces obligations, les missions dévolues aux communes, au travers de leur représentant légal, le maire * de faire procéder d'autorité aux raccordements des habitations non ou mal raccordées * de faire évoluer en permanence la station d'épu- ration a travers un contrdle régulier du fonctionne- ment des installations ; * de conclure des conventions avec les industriels rejetant dans le réseau public d'assainissement. Ces obligations qui pésent sur les collectivités communales sont équivalentes a celles imposées aux exploitants des installations classées. Elles n‘ont autre but que celui de prévenir la pollution de la ressource en eau, pollution qui constitue, par le vaeu du législateur, un délit. ls articles L 232-2 du code rural et 22 de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992 n'excluent de leur champ d'application aucune personne morale ou physique Stagissant du maire lui-méme, il est a noter qu'il assure de plus la fonction dioificier de police judi- ciaire, UNE NECESSAIRE GESTION PROSPEC- TIVE DE L'ASSAINISSEMENT —————_ Comme en tout autre domaine, en matiére d'as- sainissement des eaux usées communales, gouverner lest prévoir et mener une gestion prospective du traitement des eaux usées. II faut rappeler avec force la nécessité d'intégrer "a la source’, et dle préserver la ressource en eau. Gérer le développement communal, c'est. donc prendre en compte au travers des documénts d'urba- nisme et de planification, la contrainte objective que représentent le maintien et la reconquete de la quali- 16 des eaux (structures d'épuration, augmentation des rejets...). De la méme facon quiil ne viendrait a esprit de quiconque de multiplier des lotissements dans une commune sans prévoir et organiser leur desserte rou- tigre, il devrait étre exclu d'augmenter les concentra- tions urbaines sans programmer et organiser simulta- nément le traitement des eaux usées ! EAU ET RIVIERES a N° BB LA CONFUSION COUPABLE DES MIS- SIONS DES ADMINISTRATIONS DE L'ETAT Sil est un fait particuliérement mis en évidence au travers des proces qui ont abouti a la condamnation de trois élus dillle-et-Vilaine, cest bien les carences et la confusion qui regent au sein de certains ser- vices extérieurs de I'Etat, en I'occurrence la DDAF ditlle-et-Vilaine. Outre sa mission d'Etat de police des eaux, qu'elle effectue pour le compte et comme service extérieur du ministére de l'Environnement, cetie administration intervient également, moyennant rémunération, dans le cadre de missions dingénierie et de maitrise d'ou- vrage pour le compte de collectivités locales. Une telle situation revient a conférer un role de juge (dans le cadre de sa mission de police) et partie {dans le cadre cle sa mission diingénierie) au service extérieur de I'ftat conceré. La dissociation de ces deux missions s'avére donc particuliérement urgente et essentielle pour "éviter la confusion des genres’ (G. Malandain, rapport sur la gestion de Meau - 14/06/1990 doc. Ass. nat. p. 188), sinon des compé- tences, Ce probleme, lourd de conséquences, avait déja été évoqué par le maire de Gaél, le 26 mai 1993 |tri- unal correctionnel de Rennes, pollution de cours d'eau par station d'épuration) Cette premiére affaire eu pour effet, face aux vives protestations du maire condamné, dlalerter le préfet, qui ordonna & la DDAF de bien vouloir séparer ses services d'ingénierie et de police ces eaux LA DEMARCHE D'EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE Le concert de protestations qui a sui la condamna- tion des élus du Rheu et de Bédée est révélateur, sinon d'une parfaite mauvaise foi, du moins d'une grande incohérence de la part de ceux qui se sont Cru autorisés faite la econ’ 3 Eau et Rivigres de Bretagne. Qu'on en juge “ILy a en Mlle Vilaine des cours d'eau beaucoup plus pollués que le Lindon (...). Rien de ce qu'a fait Fau et Rividres de Bretagne dans cette affaire ne peut apparaitre comme une action écologique désintéres- ‘sée en faveur de l'environnement.” J. Missonnier, ex- professeur d'écologie a |'ENSAR, fondateur du labo- ratoire d'écologie hydrobiologique de "INRA. "Ye souhaite que les maires ne soient pas les boues émissaires chargés de tous les péchés de pollution de notre société.” Y. Freville, député dllle-et-Vilaine. “observe que Jassociation Eau et Riviéres de Bretagne s'attaque aux maires des petites communes." A. Egu, sénateur dllle-et-Vilaine, prési- dent de I'Association départementale des maires. Réponse d'ERB a M. Missonnier jexwis "Monsieur Je Frofesseur, ‘Nous accusons bonne réception de votre "lettre ouverte.) Les propos que vous y tenez relevent certes dune incompé Henson.) mats galement de la maa fo etd proces intentions (.. incompréhension, quand vous considérez, tort, qu’au tra- vers de Faction juridique engagée a lencontre de Monsieur Te Maire du Rhew, c'est toute fa politique communale et ‘notamment la politique d'urbanisme qui se trouverait mise-en cause) [Méme si notre association exerce une action essentiellement préventve (..), elle doit cependant constater que l'appica- tion du drott de environnement consttue un moyen parm diauires,(..) & émergence de comportements plus respec- tueux vise-vis des ressources naturelles.) (..) il aura €€ utile a la suite de la longue liste de vos ref rences scientifiques, de préciser que Madame Missonnier, votre épouse, a exercé, aux cdtés de Monsieur le Maire du Rheu, c'importantes esponsabiltés municipales... Nous vous prions d’agréer, Monsieur, lexpression de notre consideration distinguee. Le Président.” Eau et Rivieres, suivant ces critiques, en fait troy (Ou pas assez, ou niintervient pas [a od il faudrait. Sans _vouloir offusquer nos contradicteurs, i! nous paraft cependant que le discours selon lequel "c'est pas moi, c'est le voisin qui est responsable" est un peu dépassé, surtout sur le bassin versant de la Vilaine, pour lequel la DIREN parle de "situation médiocre et de dégradation de fa qualité biologique et piscicole’, Eau et Rivieres de Bretagne ne peut, sauf a faire preu- ve de grave incohérence, apprécier une situation de pollution en fonction de la personnalité de son auteur, et distinguer entre ceux qui seraient des "petits! et les "gros" , entre les élus et ceux qui ne le sont pas, entre les ruraux et les citadins, entre les professions... Une pollution est une pollution. Notre association, pour déterminer la suite qu'elle entend donner & une situation objective de dégradation de l'eau ou des milieux naturels aquatiques, examine - le caractére plus ou moins accidentel des faits, - leur chronicité, - l'importance des conséquences pour le milieu, -la bonne ou mauvaise foi de l'auteur, -son comportement, et notamment les efforts qu'il a engagés pour réduire les conséquences de a pollu- tion, et respecter la Iégisiation. En adoptant cette rigueur dans l'analyse des faits, en faisant preuve de la plus grande indépendance, nous savons qu'Eau et Rivitres dérange. Qu'on ne compte pas sur notre association pour fléchir dans cette action légitime et légale, notre liberté n'est pas a vendre. i EAU ET RIVIERES N° 88 LBV de) LE CONTROLE DES ELEVAGES. _ lest normalement du ressort de NEtat. Stadressant aux préfets en 1984, le ministre de l'Environnement de ‘'époque affirmait fort justement : "(..) La prévention des pollution, est de_mes abjectfs. principaux. Votre rile est a cet égard détermi- nant au travers de l'application de la égislation des installations clas- sées pour la protection de environ nement." Et le ministre de demander aux préfets de dresser une liste des prio- fités pour le contrdle des installa- tions classées sur laquelle devra'se focaliser l'action des services char- 6s de l'inspection, et de présenter chaque année au Conseil hygiene le bilan de cette action Nous n'avons jamais eu connaissance d'un tel bilan, II faut dire que, faute de moyens pariois, de volonté la plupart du temps, les contrales d'élevage étaient rarissimes = peu de vérifica- tion de application réelle des plans d'épandage, pas le moindre complage du cheptel élevé : les ser- vices vétérinaires se montraient | bien rétcents a verifier le respect des milliers d'autorisations.d'éle- demieres ages accordées ces années, LES CONTROLES D'EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE Qu'a cela ne tienne, puisque les administrations ne veulent pas faire leur travail, notre _ association, obtient de plusieurs tibunaux dns: tance l'autorisation de faire procé- der a des constats dhuissiers dans plusieurs élevages _porcins du Finistore et des Cotes d'Armor. Les résultats de ces contréles (voir tableau) sont éloquents + ils nous inspirent trois réflexions -de ‘elles infractions n'ont pu se faite qulavec l'accord, sinon l'ap- pul de toute la filgre (groupement de producteurs, organismes. ban- aires, firmes daliments..), ce qui discrédite quelque peu ceux-la meme qui depuis, des mois nous aifirmaient sans rire quills multi- pliaient les efforts en faveur de l'environnement ; une telle situation d'augmentation du cheptel rend caduques toutes les estimations de charge en azole effectuses par divers organismes Véchelle communale ou cantonale A partir des productions autorisées. est le président de la Chambre Agriculture du Finistére lui- meme qui afimmait lors d'une récente réunion a la préfecture de Région, que 80 % des élevages porcins étaient en dépassement de cheptelautorse ; le moins que l'on puisse dire, au moment ou l'argent public investi dans la lutle contre la réduction MIRACLES EN SERIE DANS LES ELEVAGES BRETONS : LA MULTIPLICATION DES COCHONS ET DES VOLAILLES | maginons un instant qu'en matiére de circulation routiére, I'Etat ne fasse aucun contréle de I'application des régles du code de a route... On voit tout de suite 4 quels désordres, 4 quels abus et 4 quels incidents conduirait une telle situation... En matiére d'élevage et d'environnement, c'est pourtant aujourd'hui, sauf en Cétes d'Armor, ce qui se passe, et notre association a donc da pallier provisoirement la carence de I'Etat. des effets de la pollution azotée se compte par_ millions de francs, est que l'état a completement failli ces demitres années. asa mission de controle des activités didlevage. UNE SITUATION QUI EVOLUE Dans les Cotes d'Armor au moins, la situation évolue. En janvier der- nier, le Conseil départemental dhy- iene était informé de la décision lu préfet de procéder & environ 200 contrdles di'élevages au cours de Hfannée 1994. On est certes loin de matrser la situation des 10 000 élevages du. département, mais cest un bon début. Résultat, sur 42 élevages contrdlés, 19 dépassements de cheptel. "Cela confirme importance de cette démarche : derriére les augmenta- tions illégales de chepiel se cachent augmentation des volumes de lisier produits, et linsuffisance des surfaces d'épandage déclarées Au ministre de |'Environnement cchargé de veiller a la protection de la nature, de tirer les lecons qui slimposent, et de donner aux admi- nistrations cépartementales des ins- tructions précises et fermes, ll DATE __EXPLOITANT COMMUNE _Chepieautorisé__Cheptelprésent rere e Hegarat int Bl G20pINGV 145) pl NGV 31092 LeHgarat Saint Bihy 620 vie (ie 2 5at IF Dib 23-11-93 Guégueniat}, Saint-Nic—=“S50pIMGY 6p GY Gasol ng, 2.380 prs 130 8 20-01-94 Guégueniat). _Plomodiern 3501 MGV 663. o MGV G658pl Eng, 1481 pl Ear. 240294 LeBihan Loudéac «520 pIMGY 1.06091 MGV ‘ya tna. Sobol Ew. Moa pfs TiaplPS Nc Ga nsf an: EAU ET RIVIERES N°B8 L'ENVIRONNEMENT RURAL ET L'EUROPE Leagriculture et l'environnement, en Europe, se portent mal, trés mal. L'agriculture s'est intensifiée, au détriment de la qualité de ses productions, de son environnement du maintien des paysans dans nos campagnes. Face a ces contradictions, Bruxelles tente de faire appliquer les dispositions déja existantes et propose un nouvel outil pour lagri- culteur : les mesures agri-environnementales qui devraient permettre d'épargner la nature, de sauvegarder les agriculteurs et leur environnement, et de les réconcilier avec leurs concitoyens. Ainsi, de directives en reglements, les problémes sont bien cernés. Seront-ils pour autant résolus ? C'est une autre histoire... REFORME DE LA PAC ET AGRI-ENVIRONNEMENT Pour accompagner la réforme de la politique agricole commune (PAC), la Communauté euro- péenne met en ceuvre trois séries de mesures : une action en faveur de la protection de l'environne- ment, un régime d'aide au boisement, et une refonte du régime de la préretraite pour les agri- culteurs. Pour Bruxelles, il s'agit d'abord de pro- mouvoir des méthodes de production agricole «compatibles avec les exigences de la protection de l'environnement et I'entretien des espaces natu- rols». 1\ s'agit également de réduire le deficit pr occupant de la Communauté en bois et en pro- duits dérivés du bois, tout en soulignant importance de la sylviculture pour Mutilisation du sol, la protection de Menvironnement et la lutte contre effet de serre. Enfin, les mesures daides a la préretraite doivent entratner un agrandlissement des surfaces des exploitations, et auront un impact certain sur l'extensification des productions, notamment animales. Le réglement CEE 2078/92, référence importan- te pour les années a venir, vise en particulier a Hintroduction ou au maintien «de méthodes de production compatibles avec les exigences accrues de la protection de Wenvironnement et des ressources naturelles, ou avec les exigences du maintien de l'espace nature! et du paysages. tl a ambition, en favorisant certaines méthodes de production plut6t que d'autres, de «contribuer non seulement 4 une diminution des risques de pollu- tion d'origine agricole, mais également a 'adapta- tion des divers secteurs de production aux besoins des marchés» En résumé, ce programme ambitieux favorisera des méthodes culturales moins polluantes, l'exten- sification, Ventretien des terres agricoles et fores- ti@res abandonnées, le gel "longue durée" de cer- tains terrains. Il prévoit, sur d'autres terres, accueil du public et organisation d'activités de loisirs. Les agriculteurs seront sensibilisés a ces nouvelles pratiques moyennant des séances de for- mation. (Un des objectfs des mesures agri-environnement Hextonsification des levages dans les zones sensibles EAU ET RIVIERES. N° 88 L'INDEMNISATION DES AGRICULTEURS. Bien stir, des mesures financiéres sont prévues pour compenser le manque & gagner des agriculteurs, et rémunérer le r6le qurils joueront au service de la prote tion de l'environnement. La CEE ouvre donc la voie a tun «régime d'aide aux exploitants qui s'engageront dans Hun ou autre des objectifs et notamment a fa diminu- tion des engrais et autres produits phytopharmaceu- tiques, 4 l'extensification des productions végétales, a la réduction du cheptel bovin ou ovin, ou encore dans une action de gel des terres de longue durée — au moins vingt ans — destinée a constituer des réserves de bio- topes, des parcs naturels, ou pour protéger les eaux. Pour assurer la cohérence du programme, la CEE demande aux Etats membres de planitier l'application de ces mesures agri-environnementales, dans un cadre régional ou national, et de préférence pour des zones homogenes du point de vue de l'environnement et de Hespace naturel (cf. détermination des PZP, plans zonaux pluriannuels). Les aides financiéres ne seront distribuées qu'a des projets stinscrivant dans de tels pro- ssrammes. II s'agira de primes annuelles par hectare, ou par unité de bétail déduite. Une condition pour bénéi- Cier de ces primes : stengager a respecter pendant cing ans au moins un ou plusieurs objects environnemen- taux poursuivis par le programme. Dans le cas du retrait des terres, cet engagement est porté & vingt ans LES PROGRAMMES POUR LA FRANCE En ce qui conceme la France, 25 programmes agri- environnementaux ont été présentés pour toutes les régions métropolitaines, ainsi que pour la Guadeloupe, Ja Martinique et la Réunion. Ces projets, sls sont rete- nus par la Commission, bénéficieront d'un financement total (Etat, collectivités, CEE) de six milliards de francs sur 5 ans qui alimentera le Fonds national de gestion de U'espace, prévu dans le cadre de la prochaine loi quin- quennale sur l'aménagement du territoire. Trois catégo- actions se détachent par l'importance des budgets 4qui leur sont consacrés : les opérations locales, la pro- tection des eaux, extensification par agrandissement. Au plan national, les agriculteurs francais bénéficient déja—d'un—systtme deformation a lagri- environnement, chaque région definissant ses pro- grammes spécifiques. Les exploitants qui siengagent & maintenir un systéme d'élevage extensif et a veiller au bon entretien de leurs prairies se voient attribuer une prime annuelle de base (200 francs par hectare en 1994, 300 francs & partir de 1995), a laquelle peuvent s'ajou- ter des primes complémentaires. Le financement prévu en 1993 pour attribution de cette prime est de 550 MF, il pouvait done, au mieux, concemer 2,7 millions dha, sur les 33 millions de surface agricole que compte la France. Au niveau régional, signalons le dynamisme des Pays de la Loire, qui ont mis en place des péri- mitres de protection des captages, des rives de cer- tains cours d'eau sensibles, ou des abords de Au 1" octobre 1993, en Bretagne, un seul site benéficait dun progamme agi-envirannerrental. 1! s'agit des pelouses séches des Monts d'Avrée, dans le pare naturel régional d'Armorique. Pour sa part, le GALCOB (1) vient tout juste de demander officiellement application des mesures agri- environnementales sur la zone qu'elle fédére. Eau e¢ Rivieres a fait la méme proposition sur les péri- Iétres de protection de captages de Rennes | En comparaison, les Pays de la Loire semblent avoir impulsé une politique plus ambitieuse, puisque 9 opérations locales sont déja en cours, essentiellement dans des secteurs de biotopes rares et sensibles, et notamment dans les zones humides, biotopes de I'avifaune migratrice (marais poitevin, marais breton, marais et vallées du pays d’Ancenis, basses vallées angevines et marais salants de Guérande). 10) GALCOB : Groype ection Local pour Ie, Développement du Cente Oves Bape ul regu une Wane de conan retenues dlalimentation en eau potable, Le projet : reconvertir des terres arables en herbages sur 2 400 hec fares, Autre idée, toujours en Pays de Loire : constituer des jachéres floristiques et faunistiques sur 620 hectares de terrains bien identifi (sauvegarde de pelouses seches, de tourbieres, de haies bocageres, de cultures & gibien. Pour compléter ce programme régional, des actions locales sont menées, visant & préserver des zones dle biotopes rares et sensibles, et des secteurs fra- gilisés par une forte déprise mettant en péril habitat sau- vage et paysages. LES MESURES AGRI-ENVIRONNEMENTALES : UN OUTIL A DEVELOPPER Tous ces exemples montrent bien que les outils exis- tent pour freiner la spirale productiviste dans les zones environnement fragile et pour maintenir un tissu d'ex- ploitants ruraux, au premier rang desquels se trouvent les tenants de Mextensif et de la pluriactivité rurale. Il faudra en faire bon usage, et s'attacher a faite évoluer les esprits, marqués par trente années exploitation intensive des terres. L'agriculteur devra se soucier moins de performance technique, et apprendre un autre réle, aussi valorisant que celui de producieur : un role de gestion patrimoniale de espace, véritable fonction nou- Velle au service de toute la société, Dans cette perspective, l'application nationale des mesures _communautaires __agri-environnementales devrait facilter Hexpérimentation de nouveaux modes de développement rural "durable', au. sein desquels Hagriculteur, loin d'etre marginalisé, se verrait confer dde nouvelles activités en liaison avec sa fonction de producteur, dans le cadre d'un nouveau contrat passé avec les institutions territoriales, nationales et communautaires. I “EAU ET RIVIERES oO N° 88 APPLICATION DES MESURES AGRI-ENVIRONNEMENTALES DANS LES AUTRES PAYS DE LA CEE (période de 1993 a 1997) Programme régional du Land de Baden-Wurttenberg (RFA) Codt total 348 ME (millions d’ECU), A milliards de F Financement commufautaire 50 % (FEOGA-Garant). Application sur ensemble de la surface agricole ui Caractérstique : programme & géométre variable, garantssant souplesse et efficacité (mise en place d'un systéme de points ‘octroyés aux agriculteurs en fonction de chacun des engage- menis aunquels il souscrivent pour Mentetien de Hespace rural tla proiection de environnement, points servant dassete pure caleul des primes). Programme national anglais Procédures ‘ néerlandais ea dadoption des mesures ott ttl SON agri-environnementales cyte Financement commu Promulgation des réglementsagi-environnementaux et répatiion 50% (FEOGA- nnautaire : 50% es celts par les Eats membres, Garantie). (FEOGA Garantie. Préparation des PZ (plans zonaux plriannuels par les DDAF, Application Application: sur 60, 2.80 % de la surface agricole utile dans 20 zones {fenviconnementally sensitive areas), 16 en Angleterte et 4 en Fosse, représentant 785 000 ha. Caractérstique versement de primes aux agriculteurs vatiantde 15 £ (2 ECU) a 350£ (375 ECU, object d'explotation extensive des surfaces agricole. Programme régional du Land de Sachsen (ex-RDA) Coit total : 219 ME 14 milliards de F Financement communautaire : 75 % (FEOGA-Garantie). tion: Sur million d hectares tique : dspositifs aux objects args: limitation de augmentation de la production ; modification des meéthodes de production ; exploitation extensive Caract des herbages. S0it 57 ills de F pour tis Tes DRAF et DIREN, Présentation de PZP aux services ceniraux dy ministne de Agile, en association avec e ministre de nvionnement Tiarsison des poets aux services de a Commision europe Détermiaton des pros bles au pan national et au plan oa ‘Mise en are des PP au plan national au pln local Suiviet aan a poser de impact des PP. Programme régional du Land de Baviere (RFA) Coiit total : 276 ME 1,9 milliards de F Financement communautaire : 50 % (FEOGA-Garantie). Application sur 2,6 millions d'hectaes Caractéristique : multiplicité des objectfs poursuivis | = modification des méthodes de production : ertilisation sur base d'analyses de sols, reduction de l'utilisation des pest cides, rotation des cultures ~ extensifcation : diminution du chargement en bétail, soutien au pturage a fortes pente,alpages ; ~ développement de agriculture biologique ; = protection de biotopes. Programme national sur 60 2 80 % de la SAU dans 211 zones réparties sur ensemble du terr- toire, représentant 000 ha Caractéristique : versement de primes | variant de 181 HFL (68 FCU) 81 400 HEL | soit 529 ECU), objectifs de protection des sites f rables a lavifaune, de m: tien des herbages, de gestion des Zones tampons. EAU ET RIVIERES N°88 L’aPPLICATION DES MESURES AGRI-ENVIRONNEMENTALES : OBJECTIFS ET EXEMPLES Les mesures agri-environnementales existent bien. Nous les avons rencontrées. Mais avant de passer aux exemples de terrain, il convient de préciser clairement les objectifs de ces aides aux agriculteurs désireux de vivre et de produire en harmonie avec leur environnement humain et naturel. * La protection de la ressource en eau object principal des mesures agr-environnementales, pour la Bretagne, est de présenter des solutions au sujet de la protection de fa ressource en eau, ‘Les moyens sont les suivants = le retrait & long terme (20 ans) de parcelles agricoles (terres arables, prairies, cultures permanentes) qui seront reconverties en couvert herbacé proche d'une prairie naturelle, pour diminuer les risques de pollu- tion des captages, des cours d'eau, ainsi que pour lutter contre érosion, La durée de engagement devrait donner une garantie particuliére a la collecti- vité utilisant la ressource en eau : 3.000 F par hectare retiré et par an, pendant 20 ans ; la diminution des intranis sur les cultures afin de réduire les risques de pollution diffuse dans les aires d'alimentation de captages (1 000 Fha); la modification des pratiques culturales et La limita- tion des apports azotés, alin de réduire la pollution par les nitrates ; la conversion des terres arables_ en herbages ‘extensifs : 2 500 F par hectare reconverti et par an, pendant cing ans ; - la comversion a Magrobiologie (700 a 2 650 Fihal. Ce deuxitme object s'insere dans le cadre de zones de protection et de gestion de la faune et de la flore, ot s'ap- pliquera un retrait des teres & long terme (20 ans) du syst®- me de production agricole : 3 000 F par hectare et par an, durant 20 ans. Ces zones sont pour la plupart déja repé- rables par d'autres definitions juridiques : = les ZICO : zones d'intérét communautaire pour les oiseaux (directive 79/403 davril 1979}, - les ZPS : zones de protection spéciale, selon cette meme directive, - les zones pour la conservation des habitats naturels (directive 92/43 de mai 1992), ~ les ZNIEFF : zones d'inéréts écologique, faunistique et floristique. Face aux objectifs des mesures agri-environnement, il faut trouver des moyens d'application. Nous vous en pré- sentons deux + les plans de développement durable en Finistére ainsi que l'opération groupée d'aménagement foncier "Landes et prairies humides des Monts d'Arrée" LES PLANS DE DEVELOPPEMENT DURABLE OU PDD UN OUTIL TRES CIBLE Les aides destinées aux Agriculteurs ont toujours appor- 16 avec elles un flot de papier, de clémarches toutes plus complexes les unes que les autres. Avec larrivée des mesures agri-environnementales, le minist@re de lagricul- ture a souhaité éclaicir les choses afin de ne pas retomber dans les difficuliés précédentes. Pour cela, il. fallait connaitre le public concerné, on a donc analysé les aitentes. Pour intégrer le développement durable dans les struc- tures agricoles, les plans de développement durable ont vu le jour. Leur but est de permetie a une exploitation de se réorienter en fonction des exigences en matiére d'environ- rnement. Une phase expérimentale a été lancée sur 93-94 en Finistoe. Elle conceme en fait des groupes d'agriculteurs (un groupe sur le bassin versant de I'Elorn, et un groupe CEDAPA-Finistére, au total 22 agriculteurs). Des diagnos- tics d'exploitation ont &16 réalisés par les ingénieurs de VEDE (Ftablissement départemental de I'élevage). Cette structure est aussi le maitre cceuvre de la démarche. La Maison de Wagriculture biologique est maitre d'ceuvre associé. Pour suivre 'action, un comité de pilotage est mis en place (EDE, département, chambre d'Agriculture, MAB). La démarche PDD nécessite de mettre en place, de facon tres précise, des simulations ou scénarios d'évolu- tion des exploitations. Le diagnostic peut orienter sur deux hypotheses, celle de optimisation du fonctionnement actuel de Fexploitation et celle de la reconversion. Cette méme reconversion peut vise trois objecif diférents : ~ lextensifcation par réduction du cheptel ou par aug- mentation de la surface fourragére (au detriment de la surface céréali¢re); ~ la conversion de surfaces en mais fourrage en surface en herbe ; - la reconversion & Hagriculture biologique. Ces PDD ne disposent pas cle ligne financiére particulid- re, Toutefois, les agriculteurs peuvent bénéficier des finan- cements déja existants, d'aides a la reconversion et bien sir des mesures agri-environnement puisque ces expé- riences sont menées sur des zones tests comme les bassins EAU ET RIVIERES 10 NP 8B versants afin d'optimiser les efforts financiers et humains. Le souhait des partenaires de l'opération est d'étendre cette démarche et de pouvoir contractualiser un maximum diagriculteurs. Pour l'instant, les dossiers PDD sont sur le bureau du ministre de Agriculture, pour examen en vue du financement des projels. La réussite des PDD dépend avant tout des mesures dincitation financieres detinies dans des lignes budgétaires annexes. tes lands au Cloite-Saint-Thegonnec LE CLOITRE-SAINT-THEGONNEC AL'HEURE EUROPEENNE ‘Au Clottre-Saint-Thégonnec (Finistére), 22 contrats d' tretien de l'espace naturel ont été signés et inclus dans la dynamique plus générale d'une opération goupée d'amé- agement foncier appelée "Landes et prairies humides des Monts d'Arrée" Pour en savoir plus, nous avons rencontré Mme Rogues, conseiller de !ADASEA du FINISTERE ERB : L'OGAF des Monts d'rrée, quelle est son histoi- re, quelles sont les raisons de sa mise en place ? L, Rogues : La dynamique a été lancée par le Pare d'Armorique. C’était ala fin de 1990. La premiére phase a 616 une phase d'étude et de concertation. Le projet aboutit le 25 juin 1993 a l'arrété préfectoral qui fixe les conditions de réalisation de !OGAF. Cette opération a été mise en place afin de pérenniser, et si possible amplifier, entre lien des landes et des zones humides des Monts d'Arrée ERB : Quels sont les partenaires de I'OGAF ¢ 1, Rogues : Les partenaires se retrouvent dans le comité de pilotage. II s'agit de la DDAF, du Parc d'Armorique, de la SEPNB, de ADASEA, de la Chambre dlagriculture, du Syndicat intercommunal du Centre-inistére, du Conseil général et des syndicats agricole, ERB : Quelles sont les communes ci démarche ? L. Rogues : LOGAF conceme 22 communes entre Hanvec et Guerlesquin. 22 communes et 815 ha dont ncernées par cette 60 ha sont abjet d'une restauration. ERB : Une OGAF dispose d'un financement de l'état qui permet l'atribution de primes. A combien se monte ce financement 2 L, Rogus : Le budget de 'OGAF est de 1,7 MF/an. Au 31 mars, 0,5 MF étaient engayés. 56 dossiers ont été déposés pour l'instant, Cela représente en moyenne une prime annuelle, tous contrats confondus, de 9 193 F par agriculteur DYNAMISER LES AGRICULTEURS ——— LIADASEA a un role tres important dans animation de cette OGAF. Aujourc'hui, il faut relancer la dynamique et inciter les agriculteurs qui n'ont pas encore signé de contrats Les agriculteurs qui jouent le jeu n'ont pas l'air mécon- tenis ! Loin sien faut puisque, pour une bonne partie (750 ha sur 815 ha), VOGAF favorise des pratiques qui existaient déjatraditionnellement. Louis K., exploitant au Cloftre-Saint-Thégonnec, a été informé de cee initiative par la presse et par les reunions de la Chambre d'agriculture. Il entretenait les landes ot les prairies humides tous les 3 & 5 ans en fonction de la pro- ductivité des parcelles. La barre de coupe permet de préle- ver la lande, qui additionnée a de la paille, donne une liter trés convenable UNE PRIME ANNUELLE DE 10 000 F —— Les contrats souscrits pour cette exploitation sont de deux sortes : l'entretien de la lande et l'entretien des prai- ties humides grice notamment au paturage extensif (0,8 UGB/ha}. 20 & 25 ha sur cette ferme font Vobjet de contrats. En faisant une moyenne on évalue 2 environ 10 000 F/an la prime totale versée a |'agriculteur, soit 50 000 F sur la durée totale de l'opération. La satisfaction apparente des agriculteurs ne doit pas cacher le fait que Hinitiative de gestion sur les Monts d'Arrée est antérieure a I'arrivée des mesures agri- environnement. Pour optimiser laction, il faut chercher un terrain favorable sur le plan humain et sur le plan des structures agricoles. La phase d'étude et de concertation est donc fondamentale. Dew: exemples de conirats types ‘CONTRATD: *Resiauration de la pie humid”: débrousilae et dhoisement sdleti suisi de 13 faces du I> atta I mar dans es 5 ans. Prime: 950 Fafa, CONTRATE: "Rehabilitation de ones tourbeuss et des lands hates pieeuses’: pose lune clture et péturage annul sasonnier. Chargementcom- pris ene 0.5 0,8 UGB Prime 900 Flan. somrce = ADASEA EAU ET RIVIERES N° 88

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