Sie sind auf Seite 1von 28
JUIN 1995 - N° 92 - 50 F- ISSN 0182-0567 Panera macace Bretagne Eau Pure 2 Les zones humides Inondations 95 Eau et Riviéres de Bretagne - APPSB - 1, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - CPPAP 52518 EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE : L DE TERRAIN ! Fondée en 1969 par des amoureux du saumon, Eau et Rivieres a su redonner vie aux cours d'eau ‘oubliés, envahis par la véeétation et menacés par la pollution. Ses opérations Riviéres propres ont mobi- lisé, tout au long des années soixante-dix, des mil- liers de bénévoles et le nettoyage des cours d’eau est rapidement devenu |'affaire de tous. Mais la dégradation de la qualité de l'eau des sources, des rivigres, des estuaires, du littoral est due une multitude d’agressions qui affectent le milieu naturel. Eau et Riviéres a done étendu son action, et s'intéresse 4 des questions trés diverses : - aux pollutions : rejets industriels, urbains, pollu- tions agricoles : - 4 l'érosion des sols, favorisée par |’arasement des talus et certaines méthodes de culture, qui entraine des sédiments vers les cours d'eau ; - ala rectification des cours d’eau qui enlaidit nos paysages, détruit la richesse des ruisseaux, des rividres, et favorise les crues ; - ala destruction des zones humides, qui pourtant régularisent le débit des cours d’eau et ralentissent les crues ; = a la multiplication des plans d’eau qui contri- buent au réchauffement des eaux (pollutions ther- mique) et aggravent les pertes par évaporation ; - au gaspillage de l’eau, pourtant si précieuse. La pollution de l'eau est dangereuse pour I'écono- mie de la Bretagne, dangereuse aussi pour la santé des Bretons. Vefficacité et 'indépendance d’Eau et Rivieres sont reconnues par tous. En lui apportant votre soutien, vous permettez a l'association de poursuivre son action en totale liberté, rane de Fase Ea Raton vas Beayme ASD Pads acs ath Direcerdelapction: sm beng ete. Pa UCN pret abot ci les ok mami Se a ckon ti es trove te sens ‘sect, conn ed (devs an pat aiken, Recherche ongoptique mettre Lolo Now, rene, CH Temps Cale Pelee Tous des de reeds Sect dea rs ae aes eee [Shame nae ier rage APIS Dade Dipl 2 rinse 195 amt de diction + Sickle crPAP SB Conti lls Huet Yaxen (nin, Pcal es @ Tie sone: * Reacns + Pere ie, BOF ano Cond, fan Han, 30 Fle aul -n Bretagne 2 lire 24 "smal Aikalentimotice Quiche es pins nies ds E oh le pm ea ok Taide mt icon im mt i oh Toe S000F ' Sle dt ct ee 2500 orem tastiest Tou peste ton ae ps BOF Nona bangin: ee a ube ASD Vp 250 idee pina fw pce are a np SOOT DAde Soa toun ~ 2390 nit sense {andene 1498401840" tet ape ave me oc saan Tone ten Kea "pe Yo. wei 330F ean 290 der iit Keven 840 Fs econ: Gil eee {OOF Gamatketwetins. Pawel YT EDITORIAL Retour aux sources ! Vhetcing ans nous séparent de te création de Vassociation. Nous les avons dignement fétés en novembre dernier 4 Rostrenen, par un congrés au cours duquel avec vous, adhérents d’Eau & Riviéres, nous avons fait le point sur ce que nous sommes devenus. Que de chemin parcouru entre les premiéres réunions publiques de nos débuts et nos activités daujourd’hui ! De la pédagogie au juridique en passant par les nom- breuses commissions dans lesquelles nous siégeons 4 coté des administrations, des élus et socioprofessionnels, Eau & Rivieres est devenue incontournable. Pour répondre 4 cette évolution, les “doux réveurs” — qualificatif qui nous collait & fa peau dans les années soixante-dix — ont dé acquérir une véritable technicité, une plus grande pertinence et progressivement s‘entourer de permanents salariés. C'est 2 ce prix qu’Eau & Riviéres constitue aujourd'hui ce que les sociologues appellent un “éco-pouvoir””, ‘Mais la médaille, comme toujours, a un revers. Et si nous nous sommes montrés capables ces derniéres années d'intensifier nos actions pédagogiques, en particulier avec I'éclatant succés du Centre d’initiation a la Riviere de Belle-Isle-en-Terre ; si nous avons fait progresser la jurisprudence en matiére d’environnement ; si nous avons su convaincre les parlementaires francais et les instances européennes de importance de notre combat, ces différentes actions ont souvent été menées dans I'urgence. Cela sest fait sans doute au détriment d'une véritable communication au sein de notre associa- tion, de la formation et de animation des groupes locaux, du nécessaire développe- ment des liens avec nos adhérents. Dans un tel contexte, les militants bénévoles ne pouvant répondre a toutes les sollicitations, les permanents salariés se sont trouvés de plus en plus impliqués. Les fonctions de responsabilité, de représentation d’Eau & Riviéres leurs sont échues plus souvent qu’a leur tour, ce qui n’est pas tout a fait conforme a ce que l'on attend d'une association “loi 1901” reposant sur engagement bénévole. Bref, si association a pu accorder dans le passé la plus large place a Yauto- organisation des permanents et des militants, le temps est sans doute venu d‘inventer un nouvel équilibre entre Vinitiative individuelle et l'inter-dépendance des difiérenis ples d’Eau & Rivieres. Ces difficultés, nous les percevions depuis deux ou trois ans et nous en avons largement débattu. D’abord de facon informelle, puis plus précisément & mesure que les points de vue des uns et des autres se rapprochaient, pour terminer — fin 94, début 95 — par une réflexion dans laquelle notre congrés a tenu une grande place. Trois objectifs fondamentaux ont été retenus : renforcer lengagement collecti, ren- forcer le travail d’équipe élus-salariés et surtout intensifier notre vie associative. Ces objectifs impliquent une organisation souple mais précise de l'association. Les rap- ports entre les élus et les salariés, entre les groupes de travail, entre les groupes de sec- teurs devront étre davantage formalisés. Chacun aura a coeur de respecter ses engage- ments, et d’évaluer réguliérement les différentes missions effectuées. Bien entendu, chose dite n’est pas chose faite et, afin de répondre aux défis ainsi identifiés, nous devons maintenant faire vivre ce nouveau concept de réseau qui se veut avant tout associatit. ! est de notre responsabilité 4 tous, militants, sympathisants, simples adhérents, permanents, d’en assurer le succes par un engagement fort. Cette ambition que j‘appelle de mes vceux garantira, j’en suis certain, la cohésion dau & Rivieres pour les années a venir, la réussite de ses projets, la force de ses convictions, le développement de ses idées. Youenn LANDREIN °F. Pierre Lascoumnes, Leosposcor, environments et poltqtes,Etons La Découcert, 1994 | EAU ET RIVIERES NPR LE SAUMON EN BRETAGNE : UN CERTAIN RETOUR OU UN RETOUR CERTAIN ? La saison saumon 1994, en Bretagne, a été saluée comme un cru exceptionnel, avec une estimation de plus de 3000 captures. Tout a concouru a rendre cette année correcte : les niveaux d’eau, les conditions climatiques et les soutiens de population de saumons sur certains bassins ont eu un effet de synergie incontestable. De ce constat, que peut-on dire ? Un castlon pris la mouche séche. QUELQU Sur 'Elorn, qui bénéficie d'un bon suivi des cap- tures grace a une identification précise du. linéaire péchable et d’un excellent quadrillage associatif, les responsables de I'APPMA considérent que, si 150 cap- tures ont été déclarées au CSP, ill a été peché 240 pois. sons, Cette différence s'explique par deux facteurs prin- cipaux CHIFFRES + le passage de pécheurs “nomades’, popula tion qui globalement persiste ne tenir aucun compte de la réglementation. + la pratique de quelques pécheurs locaux qui, apres avoir réalisé leur quota, ont continué a prendre: du poisson. Le ratio captures/déclarations est de 100 % pour le “parcours mouche’, soit 16 captures. ‘Avec 240 captures estimées, |'Elorn revient donc au chifire de 1988, Rappelons néanmoins que le nombre EAU ET RIVIERES. N°92 de captures atteignait_ 320 en 1980, au cours des années soixante, il oscillait entre 350 et 400 avec une pointe a 550 en 1986. Sur VAulne, année 1994 a été révélatrice du suc- ces de Vopération de soutien des populations de sau- mons. I est estimé que les remontées 1994 se situent dans une fourcheite allant de 3000.8 5 000 poissons. Pour ces trés bons résultats, il faut saluer les travaux de Iréquipe de techniciens de la pisciculture du Favot, pro- prigié de la fédération de péche du Finistere, et en par- ticulier la compétence de Hervé Lasseau, son garde chef. Le CSP estime qu'il y aurait eu 1.040 captures en 1994, alors que seules 280 déclarations ont été enregis- trées. Pour mémoire, les chifires officiels étaient de 62 en 1990, de 59 en 1991, de 172 en 1992 et de 107 en 1993. En 1994, le ratio _captures/déclarations, (1.040/280) est trés faible ! L’explication : un important braconnage et surtout le peu d'importance qu’attachent bien des pécheurs a participer a la gestion piscicole par la déclaration de leurs captures. - Sur le Trieux, 1994 marque également année de la renaissance avec une estimation de 130 captures pour 101 déclarées, ce qui donne un ratio convenable. Souhaitons que soit ainsi clos le cycle funeste de la péche au saumon sur cette rividre. Le Trieux revient de loin. A partir des années 1970, c’est la catastrophe, les captures chutent vertigineusement : 200 en 1970, 10 en 1971, 13 en 1972, 8 en 1973 et 1 en 1974. Entre 1975 et 1979,"toute péche au saumon est interdite pour reprendre en 1980 et stagner 20-30 prises. Comme sur lElomn, est I'excellent travail des gestionnaires de la péche et d'Eau & Rivigres qui contribue & faire remonter la pente. Le plan “1000 saumons en I'an 2000" permettra sans doute, si ses objectifs sont respectés, de pérenniser cette amélioration. QUELQUES ENSEIGNEMENTS ET REFLEXIONS @+ Sur Wefficacité des soutiens des populations de saumons La saison 1994 a eu le mérite de confirmer, en particulier par l'expérience de l’Aulne, que les techniques de soutien artificiel des populations de saumons sont aujourd’hui maitrisées. Les pécheurs ne peuvent que s‘en réjouir, d’une part parce que c'est leur argent qui a 616 investi dans ces programmes, d’autre part parce que les risques d’étre bredouille se réduisent. @+ Sur le “certain retour” du saumon Les chiffres observés en 1994, comparés a la moyenne de ces six derniéres années, sont excellents. A titre indicati la situation est identique en Irlande et en Ecosse. La comparaison a échelle vingt-cing, ans paratt plus judicieuse et fait apparaitre 1994 comme une année de “petite moyenne”. @+ Sur les quotas de saumons Uhistoire a montré plusieurs reprises qu’exploiter Une resource sans en connaitre "importance condui- sait a "impasse. En d'autres termes, «if faut connaftre pour gérer». Concemmant le saumon, la déclaration obli- gatoire des captures est tout a fait indispensable. observation des ratios captures/déclarations sur cer- taines rivieres laisse pantois. C’est en particulier le cas de Aulne, rivigre sur laquelle pourtant la. démarche était plus que nécessaire pour évaluer Vincidence réelle des investissements engagés. Dans ce contexte de frau- de quasi généralisée, il est scandaleux que certains réclament une augmentation du quota individuel des captures. En effet, en prenant I'exemple du Finistére, et les chiffres officiels connus pour 1994, c'est-a-dire dune part le nombre de timbres “saumon” vendus, soit 602, et d'autre part le nombre de captures déclarées, soit 1 089, on obtient 1,8 poisson par pécheur. Le quota actuel étant de 6, la marge de progression est encore grande. Les responsables de la péche doivent faire un effort important auprés des pécheurs afin de les convaincre de participer a la gestion piscicole, seul moyen a terme d‘augmenter le quota individuel © Sur le “retour certain” du braconnage Ici, pas d’équivoque, 1994 a bien vu le retour certain du “démon” du braconnage. Le saumon, mal- heureusement, n’attire pas seulement des pécheurs rai- sonnables, Sans parler de ceux qui ne prennent méme pas de permis de péche, la société des pécheurs com- porte, comme toutes, sa part diindividus_irespon- sables... Il est évident que la surveillance devra étre accrue. Cela passera par l'augmentation du nombre de gardes-pache et par la synergie de tous les agents habi lites a intervenir (gendarmes...). @+ Sur les conditions climatiques et hydrauliques Les bonnes conditions climatiques de 1994 ont cer- tainement influé sur les captures de saumons. Une bonne année pour la péche, c’est une année affectée d'une pluviosité supérieure & la normale (130 % envi ron) et surtout répartie dans le temps. Les pécheurs et observateurs attentifs des rivigres connaissent le désé- quilibre actuel de l’écoulement de Veau dans notre région. Ce début d'année 1995 en est I’exemple type : malgré les crues ts importantes de janvier, les débits des rividres sont d'ores et déja bien faibles, quelques mois apres. Comment ne pas penser aux arasements de talus, aux comblements des zones humides, aux drai- rages et rectifications de ruisseaux et rividres, aux cul- tures dans le sens de la pente et sols nus, aux bétonnages et bitumages, etc. 2 ~ © Sur la nécessité de reconquérir la qualité de Veau: Certains imaginent que le soutien artficiel des populations de saumons pourrait rendre moins utile la reconquéte de la qualité de I’eau. Née en 1969 pour la protection des salmonidés en Bretagne, avec un slogan toujours d/actualité : «Quand le poisson meurt, homme est menacés, notre association ne mettra pas le doigt dans cet engrenage qui conduirait a impasse dont elle essaie de sortir la Bretagne depuis plus de vingt-cing ans. Parfaitement consciente qui ne faut pas laisser disparaitre le saumon, symbole de l'eau pure, Fau & Rividres considére que “la mise sous perfusion” des rivigres (comme pour un malade) ne doit éte qu’une étape, la plus courte possible, et que la nature doit ensuite reprendre ses droits. Le combat pour la qualité de eau doit donc se poursuivre et s‘intensifier. Maintenir indéfiniment nos rivieres sous perfusion serait tun échec pour l'environnement régional. Sur un plan urement halieutique, les pécheurs savent que les conditions de péche dépendent autant de la quantité que de la qualité de l'eau. Sur ce plan, les rivigres bre- tonnes, I’Aulne en particulier, ont encore beaucoup a envier & leurs cousines d'Irlande et d’Fcosse EAU ET RIVIERES Ne92 SAUMON @1 Sur le potentiel halieutique de la Bretagne Au vu des résultats plutOt encourageants issus de ces quelques expériences de soutien de population de sau- mons, on se prend a songer au potentiel halieutique de la Bretagne. En effet, s'il en allait de méme pour la truite de mer que pour le saumon et si des efforts iden- tiques étaient étendus & tous les bassins versants, y compris de taille modeste, c'est une véritable activité économique diffuse liée a la péche de loisir et au tou- risme qui viendrait donner un plus incontestable a notte région. Pour que le “Produit Péche Breton” soit complet, il est évident qu'une bonne gestion des tres nombreuses riviéres a truites de la région s‘impose. Celle-ci passe par une reconquéte de la qualité du milieu (cours principal et affluents), et par 'entretien des parcours. -Manquage de tacon par ablation de la nageoie adipeuse. FILETS EN ESTUAIRE : MENACE SUR LES SAUMONS Suite aux travaux du comité de gestion des poisons migrateurs du 7 décembre 1994, la direction régionale des affaires maritimes a signé plusieurs arrétés libéralisant la péche au filet en estuaire, en particulier sur I’Odet. L’affaire fait grand bruit sur les riviéres, surtout 4 I’heure ou un certain retour du saumon est constaté. SANS NOUS ET LES PECHEURS A LA LIGNE, OU'EN SERAIT-ON ? ——— Le décret_du ministére de l'Environnement du 16 février 1994 relatif a la péche des poissons migrateurs, a instauré la mise en place de plans et de ‘comités de gestion : 8 en France, dont 1 pour les cours deau bretons, sous Vautorité du préfet de région. Dans le plan de gestion breton, approuvé par le pré- fet de région le 22 décembre 1994, on reléve que : «La Bretagne est la région de France qui a le mieux conser- V6 son patrimoine “Saumon” : 62 cours d’eau sont actuellement classés (...) comme cours d'eau a sau- ‘mons, et bon nombre d'entre eux possedent un stock abondant en regard de leur potentiel de production». Le rapport poursuit en précisant que «cette situation favorable est notamment due 4 deux caractéristiques des cours d'eau bretans - les zones favorables & la reproduction des sal- monidés (...) rapidement accessibles aux géniteurs ; les barrages situés sur les axes de migration (...) ne constituent souvent que des obstacles tempo- raires a la migration». I naurait pas 6 injuste de rajouter que la «situation actuelles des rivigres bretonnes résulte aussi d'une forte mobilisation des pécheurs et défenseurs de la nature pour la reconqueéte de la qualité de l'eau et le nettoyage des rivieres EAU ET RIVIERES N°92 (frayeres), mobilisation dont Eau & Rivieres de Bretagne s‘honore e’étre a lorigine, il y a vingt-cing ans. Au-dela de cet effort, il faut reconnaitre que les opérations de repeuplement en saumons ont permis de reconstituer les stocks des riviéres gravement touchées par la pollu- tion dans le passé. C’est le cas de l’Aulne et de I'Odet, ui, en 1989, ont subi un anéantissement quasi total du stock de reproducteurs. NE FAUCHONS PAS LE BLE EN HERBE ! La Bretagne représente au moins 70 % des captures sportives de saumnons réalisées en France ; le Finistére, lui seul, en représente environ 50%. Le plan de ges- tion, validé par le préfet de région, précise qu'une étude sur impact économique global de cette activité, faite ‘en Basse-Normandie, «@ montré que fa péche du sau: ‘mon et de la truite de mer générait un accroissement annuel du revenu régional (valeur ajoutée) de 3,2 MF, et placait cette activité au méme niveau économique que Vexploitation des gites rurauxs. Au vu du résultat des captures de saumons dans notre région, le rapport ajoute que le plan de gestion met en évidence «la pos- sibilité pour la Bretagne de développer un produit tou- ristique de grande valeur économique, fondé sur exploitation par péche sportive de la resource» Les résultats de remontées et de captures de ces toutes derniéres années laissent apparaitre sur quelques rivigres un “certain retour” du saumon. Au sein des associations, on connait la fragilité de ce léger mieux. On sait que rien n'est acquis, qu'il faut compter avec les fluctuations naturelles des stocks et qu'il faudra encore plusieurs années defforts et dinvestissements pour confirmer ces résultats. Le plan de gestion est lui méme prudent. Ses objectifs affichés sont + «de contribuer a la préservation des stocks en bon Gtat et de les resiaurer sur les bassins oi ils ont été amoindris par Vimpact des activités humaines * de mettre en place progressivement sur les bassins fréquentés par le saumon des méthodes de gestion adaptées aux caractéristiques des stocks ; *de promouvoir Iactivité économique lige a Vexploitation du saumon par péche sportive, en fonction des capacités de production propres a chaque bassin ». Concernant la protection des stocks, le plan de gestion précise que «Comple tenu de la taille modeste des cours d’eau a saumons bretons, la production en juvéniles de saumons, et par conséquent importance du stock propre @ chaque bassin, est limitée et se monte au maximum 2 quelques centaines ou millers dindivi- dus. 1 apparait, par conséquent, nécessaire d'assurer tune protection particuliére de lespece sur les sites ott elle est le plus vulnérable. 1! est donc indispensable de renouveler les interdictions de péche existantes pour certaines riviéres bretonnes, voire de les compléter sur certains sites». Ce serait donc une grave erreur que de compromettre la possibilité de développer un produit “tourisme péche". Le rapport sur le plan de gestion des poisons migrateurs se termine d’ailleurs par cette phra- se : «ll serait également utile d'appuyer ces réalisations par des actions de promotion du foisir péche, incluant Ja mise au point de produits touristiques, et de mesurer les bénéfices apportés 4 V’économie régionale par Vexploitation de la ressource “poisons migrateurs”» Au vu de ces bonnes résolutions, on nest pas surpris qu'au chapitre “réglementation de la péche’, le plan propose prudemment pour 1995, «de reconduire (..) la réglementation existante pour la péche du saumon> et ceci que ce soit en zone maritime ou fluviale. Du caté des pécheurs en eau douce, cette orientation a été res- pectée. Du cdté des affaires maritimes, il semble que le message du plan de gestion ait été mal interprété, alors quill Sagissait cau minimums de reconduire les inter- dictions en cours. Comment la direction régionale des affaires maritimes a-telle réussi a prendre un arrété remettant en cause, sur 'Odet en particulier, linterdic- tion de pécher au filet existant depuis 1978, @ partir de Pors-Keraing, soit sur une bonne douzaine de kilometres de la partie amont de estuaire ? SERONS-NOUS, UNE FOIS DE PLUS, EN RETARD D’/UNE GUERRE ? ——— Tout en reconnaissant Vampleur des difficultés vécues aujourd'hui par les marins-pécheurs, Eau & Rivieres considére qu'il n’est souhaitable ni de libérali- ser, ni d’encourager aujourd'hui la péche des salmoni- dés migrateurs en estuaire. La profession, elle-méme, aifirme que le saumon n’est pas sa cible. Si les prises annoncées, 13 saumons en 94 sur 'Odet, sont vraiment si faibles, il parait évident qu’interdire la péche du sau- mon dans lestuaire ne doit pas étre une affaire d’Ftat, ni_un enjeu économique majeur! Au-dela du cas de VOdet, autoriser la péche du saumon en estuaire est - dune part, en totale contradiction avec la connaissance des stocks de poissons, les efforts engagés par les pécheurs a la ligne, sur le milieu et pour la gestion, les moyens actuels de controle sur’ tout fe cycle de vie du saumon, les retombées économiques actuelles et sur- tout potentielles de la péche a fa ligne au niveau local ; - dautre part, en totale contradiction avec ce qui se passe a I'étranger oi, avec des stocks pourtant bien plus importants, des mesures sont prises, depuis plu- sieurs années, pour supprimer les droits de pécher le stuaire ‘Sauron issu de repeuplement (ablation nageoire adipeuse) Fau & Rivieres demande donc que les arrétés 190 et 191/94 de la direction régionale des affaires maritimes soient modifiés, car ils sont en totale contradiction avec les «mesures de protection des stocks» annoncées clairement dans le plan de gestion des poissons migra- teurs, les estuaires faisant partie de ces sites oit les sal: monidés sont trés vulnérables. Fau et Rivigres le dit avec force : la péche du saumon au filet ne devrait pas tre pratiquée dans les estuaires. mi EAU ET RIVIERES Neg2 RESSOURCE EN nouveau Bretagne Eau Pure Finis lincohérence des politiques publiques, le saupoudrage des crédits, le financement diactions ou d'études aux objectiis mal définis, Vabsence d’évalua- tion. Place a la mobilisation locale, & la concentration des actions, 4 [’évaluation rigoureuse des démarches financées. il est plus que temps de résoudre «une situa- tion de qualité des eaux et son évolution prévistble par- ticuliérement préoccupantess. «La nécessaire recon- quéte de qualité représente enjeu majeur de la décennie pour cette région afin de satisfaire aux objec- tifs d'un développement économique durable, de pré- server un patrimoine naturel d'une grande richesse et d/améliorer la qualité de vie des citoyens». Pour cela, deux principes essentiels guideront désormais la mise en ceuvre du programme : concenirer les moyens sur des bassins versants ot la dynamique locale est suffisamment forte pour per- metire dobtenir des résultats significatifs 8 court ou moyen term rendre cohérentes les politiques économiques et environnemeniales pour améliorer Iefficacité des actions entreprises. Ceci suppose de «veiller au caracté- re complémentaire des actions incitatives et réglemen- taires, afin qu’elles se complétent et se renforcent mutuellementy. Environ 800 MF vont done @tre investis d'ici 1998 sur une petite dizaine de bassins versants, dans des actions de réduction des pollutions industrielles, agricoles, domestiques, d/aménagement de l'espace... POSITION RESERVEE D’EAU ET RIVIERES Associée depuis quelques mois a la préparation de ce programme, notre association a enregistré avec sine de déititication de Binic (Cotes d’Armon) BRETAGNE EAU PURE 2 : | L'ILLUSION... L’ échec retentissant de Bretagne Eau Pure 1 a l’égard des pollutions diffuses a valu une nouvelle fois notre région d’étre montrée comme le mauvais exemple au plan national. I aura cependant servi au moins 4 une chose : les partenaires financiers ont remis a plat toutes les bases du programme défini en 1989 pour élaborer un satisfaction le sérieux et la cohérence de Warchitecture générale de ce programme. De toute évidence, préparé ar une analyse profonde de I’échec de Bretagne Eau Pure 1, ce second programme marque un pas en avant. II ne doit cependant pas faire trop illusion : =ce programme ne dispose pas des _moyens financiers de son ambition. Compte tenu de larbitrage de I'Etat et des élus régionaux en faveur du plan routier breton, Bretagne Eau Pure ne dispose pas des crédits suffisants : avec quatre fois moins d'argent pour l'eau que pour les routes, BEP 2 permettra d’obtenir une amélioration au mieux sur 10% de la région. Tres modeste, au regard de el’enjeu majeur de la décennie pour notre région» ! en appeler a la cohérence des politiques publiques est certes généreux, mais cette cohérence devra rapide- ment rentrer en application pour donner & ce second programme des chances de succ’s. Trois exemples pour illustrer importance de cette évolution + pour préserver les fonds de vallées et la qua- lité des eaux, il faut arréter de trouer le bocage breton de centaines de kilometres de fossés hydrauliques, comme on continue de le faire au travers des opéra- tions d'aménagement foncier. L’exemple récent de Muel, commune d'llle-et-Vilaine est révélateur des progtés considérables qu'il reste & accom + pour favoriser les cultures herbagéres qui contrairement au mais, limitent le ruissellement et le lessivage, réclament peu de pesticides et exportent de azote, il faut arréter de subventionner la culture du mais (dans les Cétes d’Armor, en 1993, il a été versé 110 MF de primes au mais, pour seulement 8 MF de primes a I'herbe) ; * pour éviter que ne s‘aggravent les exeédents dazote, il faut aréter au plus vite d’autoriser des exten- sions d’élevages hors sol en déséquilibre avec une ges- tion agronomique des sols. En conclusion, méme si Bretagne Eau Pure 2 constitue un indéniable progrés par rapport aux politiques antérieures, rien n’est_gagné. Il faudra davantage de moyens financiers, beaucoup de vi lance et de détermination, pour que notre région retrouve des eaux pures. i EAU ET RIVIERES 6 | Ne 92 POLLUTIONS DI SES LES CADEAUX DE BARNIER AUX ELEVAGES INDUSTRIELS Les déplacements en Bretagne de Michel Bamier, ex-ministre de l'Environnement, n’auront pas servi a grand-chose, sinon a le faire reculer sous la pression du lobby de Vélevage industriel. Il avait pourtant reconnu a issue de sa visite dans les départe- ments, la gravité de la situation de qualité des eaux bretonnes et la nécessité de mesures de reconquéte. Mais, en quelques mois, les intentions affichées ont cédé sous le poids conjugué des pressions corporatistes et de I’électoralisme. Le ministre avait déja renoncé a appliquer le principe pollueurpayeur en accepiant l’exonéra- tion du paiement de la redevance pour les éle- vages industriels. Puis, dans le cadre du programme de maitrise des pollutions agricoles, il a tenté d’amnistier les infractions (dépassements de production, non-respect des prescriptions tech- niques) commises par ces ateliers industriels. est intervenue Heureusement, Eau & Rivigres dans plusieurs dossiers d’exten- sions illégales de porcheries (Gueguéniat, Ferchal, Le Bihan) et les. tribunaux ont considéré que ces infrac- tions devaient etre poursuivies et sanctionnées. Un peu plus tard, Michel Bamier a accepté le princi- pe cl'attribution de fonds publics aux ateliers en situation administrative inéguligre, tout en repoussant discrétement le délai de mise aux normes pour les élevages les plus importants, MICHEL BARNIER N’A PAS DE PAROLE Dernier cadeau en date : le 17 janvier, il saisit pour avis le conseil supérieur des installations classées d'un projet d’arrété relatif aux regles de distance pour I’épandage des lisiers vis a vis de tiers, ainsi qu’aux quantités maximales d/azote pouvant étre introduites dans les plans d’épanda- ge. Le ministre propose de réduire les limites de distances d’épandage vis-a-vis des tiers et, dans certaines situations, les distances d’implantation des batiments. Au plan des apporis d/azote, son- projet prévoit de limiter 2 170 kg/ha, la quantité ‘Des moyens dérsoires pour le contle des atelies industri, maximale d’azote a épandre dans les zones vulné- rables (zones contaminées par les nitrates, au sens de la directive CEE du 12 décembre 1991). Le conseil supérieur des installations classées désap- prouve le projet du ministre de réduire les dis- tances d’épandage et d’implantation des bati- ‘ments. II donne par contre un avis trés favorable a la limitation des apports d’azote dans les zones vul- nérables. Sous les pressions des groupements de producteurs les plus libéraux, parfaitement relayés par Jean Salmon, respon- sable environne- ment (sic) de la FNSEA, Michel Bamier a tranché dans le sens des imtéréts de le vage industriel. Ceci contre avis du conseil supé- rieur des installa- tions classées. «dndécent», esti- me Jean-Claude Pierre, «ce qui va se passer, c'est une augmentation de la pollution dans les zones vulnérables et un accroissement des zones en excédent structurel, puis des nitrates dans eau. Grace & ce nouveau texte, on pourra épandre du lisier 4 10 m de votre porte, si la tonne est équipée d'un enfouisseur. Michel Bamier est revenu sur son projet de limitation des apports dazote. La norme maximale de 170 kg/ha n’est plus 2 présent applicable que sur les zones d’excédents structu- rels, soit moins de 40 % du territoire breton, alors que toute la Bretagne est classée “zone vulné- rable”. Varrété moditicatif a 66, c’est pur hasard, publié le 30 avril au journal officiel, quelques jours avant le second tour de I’élection présidentielle, Ceux qui y voient une décision électoraliste sont évi- demment mal intentionnés ! EAU ET RIVIERES Ne92 REGLEMEN ION / SORTIES NATURE LES VETERINAIRES-INSPECTEURS. CRIENT AU SCANDALE Dans une longue lettre adressée & notre associa- tion le 27 avril dernier, le président du syndicat national des vétérinaires-inspecteurs du ministére de VAgriculture, changés du controle des installa- tions classées d'élevage, s’éléve contre la «dégra- dation de la situation» et «Vattitude de laxisme qui illustre le décalage entre la politique de protection de environnement affichée par le Gouvernement et les moyens qu'il y consacre effectivement». Le président du SNVIMA. analyse longuement les moyens de l'inspection des installations classées d’élevage et les conditions de mise en ceuvre du programme de maitrise des pollutions agricoles «Aujourd’hui, 105000 installations classes en France sont’ placées sous le controle de 120 vétérinaires-inspecteurs et techniciens des services vetérinaires. 1! apparait des lors évident que cette inspection des installations classées__est aujourd'hui trés insuifisante : elle ne permet en aucun cas, faute de moyens, dassurer le niveau minimal de contréles propres apporter une garantie de protection de environnement» Concerant le programme de mattrise des pol- lutions agricoles, il se montre extrémement sévere. Ce programme, estime M. Barrigre, «codtera aux contribuables francais plus de 10 milliards de francs. II ratiecte pas un centime supplémentaire au contréle par les inspecteurs des ‘installations classées, des élevages bénéficiaires de ces fonds publics... Par défaut de contréle satisfaisant et adapté, ce programme _ne_ permet_nullement dassurer que des améliorations sérieuses de l'environnement seront apportées. De plus, rien, faute de vérification digne de ce nom, ne garantit non plus que les fonds investis se’ seront pas accompagnés dans certains cas d’augmentations de production aggravant les pollutions de l'eau, notamment par des épandages mal matirisés des déjections animales». «J'ai 2 plusieurs reprises alerté M. le ministre de _|’Environnement, M. le ministre du Budget et M. le ministre de Agriculture sur ce sujet», ajoute M. Barriére PAtaicaniomentty) eter tlisepah) uneent de “mettre en ceuvre les moyens de controle appropriés». Depuis des mois, Eau & Rivitres alerte le ministre de Environnement et I'agence de l'eau Loire- Bretagne sur les conditions cle mise en ceuvre de ce programme. Apparemment, nous ne sommes pas seuls & douter de son succes, et 4 nous interro- ger sur la portée du “cheque en blanc” accordé par les pouvoirs publics aux élevages industriels hors-sol. m Le vendredi 7 juillet et Je vendredi 18 aoait_ “La vie de ta rividre” des eaprces de "Dame Nature", nous pourrons a ia velocte du martin: plchelur ou calle del tte observer Jes adaptations au courant de quelques invertebres, fui encore edaitec les nombrevaesplastes dela vibes et de tes shore, Le end 15 juillet et 3 levvendredi [oat “Et edu daamnor Symbole de quilté de Teau, espice remarquable par ses_migrtions, ou trophee de chet pour les pécheure 8 Tn ligae, Ade fnldples garde le sat mon suscite de intr Au programe $ Moctage audiovinl de presenta tion dela bislote du ssunct =:Sorda sur le irri obace¥aBS des sad dereproclicton vite de lliests ooageen tne (Gnseal alleons ecsaa.)- leet levendredi 4 ot “ea vie dea libellules” Liggeiemseleareet eine feteslesttre tele fat Ie ooedelepaate aeil@ als ec ae neras de quelqueruns de ces invecteslggants et delcas Cette animation est une invitation & la découverte globale d'un milicu naturel riche en couleurs, en odeurs, en vie + la rivitre. Aprés un montage diapositives d'introduction, et en fonction apprécier SORTIES NATURE AU CENTRE D'INITIATION A LA RIVIERE «que nous vous proposons de découvrir. = Présentation en salle de la biologie des ibellles. = Sortie sur le terrain & la recherche des différentes es quentant les cours d'eau et les étangs. Capture, identification dles espéces, puis libération des prises, bien entendu ! + Le vendredi 28 juillet ‘tlevendredi 25 woe, 20 *e Aes étangs (Quelle vie dans un étang ! De la surface, od se pro- iménent les foulques et les grébes, aux profon- deurs envasées, oi se eachent toutes sortes de bestioles étranges, c'est ce monde fasci Than que nous vous proposons de décou- ‘Au programme ~ Présentation en salle des esptces les plus caractéristques, ~ Sortie aur le terrain : observation de la faune et de la lore d'un étang de Centre-Bretagne. Horaire : 14b 00-176 00. Réservation obligatoire au 48 08 59. Rendez-vous au Centre Initiation a la Riviére de Belle-Lslewen-Terre, Prévoir des bottes ! EAU ET RIVIERES oa = NP92 ROSTRENEN 1995 Moment fort de la vie de Vassociation, a la fois bilan d'une année passée et espoirs d’une année a venir, 'assemblée générale dEau et Riviéres s’est tenue au mois de mars a Carhaix. Carhaix, indispensable “noeud routier” depuis I’époque romaine, lieu de rassemblement naturel, donc, pour des militants venus de toute la Bretagne. Malgré une relative stabilité du nombre de ses adhérents, Eau & Rivieres a marqué des points en 1994. Au plan national, la loi Barnier prend en compte certaines de nos revendications. Au plan régional, nous nous engageons fortement pour la défense des consommateurs et, avec l'aide des tribunaux, nous rappelons la responsabilité des élus en matiére d’assainissement. Mais le nouveau plan Bretagne Eau Pure, s/il integre certaines analyses d’Eau & Riviéres, ne nous enthousiasme pas pour autant. I a eal af ee ACen se 0 ca ipaeal paeeretiCs [eard ermel ec ii lanl galt poner tc ee pas ds barge feats con © ern ptenatnerent he pe Dement joer eclore {aaplein dl rattea/ ca cat nel ge La deldton laren bale cmenacainte ll faut venforer la part @ucaton comeacne 8 Uo ot ue Petes as planar Be ations Wi cbloeet sefitued ds Hee be a plain’ Be Umer gd re ae at ot (akties pers a pate Pee le eas pla) ob Cmte elect elles endmes; barges parking waa Ser Paiaie mle Vas asscas rhe das het Bd cea pablipas les ccs bade een ine ads tind eur gestion et lear entetion atte el slat ligne cg a pros es reenanci ds agence de La eae Ma ee incpprtal pla ale elctnd gue ee ee ae ot ed ce ares ee ee fascias EAU ET RIVIERES N°92

Das könnte Ihnen auch gefallen