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ici « d’ailleurs Le Chemin des Dames : la bataille perdue du général Nivelle Lancée le 16 avril 1917, Poffensive du Chemin des Dames commandée par le général Nivelle sest soldée par un échec sanglant. Pour autant, fallait-il faire de Robert Nivelle un symbole @’incompétence et de mépris de la vie du soldat ? Dans Nivelle, Vinconnu du Chemin des Dames, Denis Rolland, spécialiste de la Premigre Guerre mondiale, remet en cause cet rina name re i 87 aspect de la mémoire collective. © Theure est venue ! Courage, _possibilité de briser d’un coup la__ne sont pas atteints. Certes, 10 000 confiance! Vivela France!» résistance d'une armée allemande _soldats ennemis ont été faits pri- Cestparcesmotsquelesoir que on dit usée, Nivelle a plus de __sonniers mais la ligne de front n'a du dimanche 15 avril 1917, le mal & convaincre son ministre de la pas été percée. Le vendredi 20 avril, ‘général Nivelle conclut le commu- guerre, Paul Painlevé.Polytechnicien, _ la premifre offensive est arrétée. niqué diffusé a ses troupes prétes Robert Nivelle,dont la formation est. Quelques jours plus tard, Nivelle doit pour une offensive décisive, dont celle d'un officier d’artillerie,a joué _reconnaltre devant Paul Painlevé et Vobjectif est, ni plus ni moins, de un r6le non négligeable dans la vic-___ Raymond Poincaré, président dela gagnerla guerre. C’est peu dire que _toire de Verdun, réussissant, avec le République, importance des pertes Taconfiance est aubeau fixe du cbté général Mangin, A reprendre aux humaines, plusieurs dizaines de des Francais. Dans esprit du géné- Allemands les forts de Douaumont —_miilliers de blessés ayant été évacués tal Nivelle, nommé fin décembre ‘et de Vaux en octobre 1916. Au-dela vers des hépitaux saturés. La seconde 1916 commandant en chef des de ses compétences, c'est sa force de offensive débute le 30 avril sur les armées francaises en replacement conviction qui rassure. Nivelleale monts de Champagne et le 5 mai du général Joffre qui avait initiale- sentiment, le soir du 15 avril 1917, sur le Chemin des Dames, précédée ment congu ce projet,/’attaque sur avoir rendez vous avec Histoire! _Ia veille par une attaque sur Craonne Je Chemin des Dames doit « ram- Crest dire Tampleur de la déception _dont le village sera pris par les pre le front Pun seul coup entre 24 —_quiLattend. Engagées le lendemain —_Frangais. Mais les Allemands se et 48 heures». Ce sont plus d’un A 'aube, les offensives frangaises se montrent plus résistants que prévu. million d’hommes, répartis entre _heurtent & une résistance beaucoup _et, Je 8 mai, la seconde phase de les 4% 5%, 6° et 10° armées qui vont _plusforte que prévue. Malgrélesfor- offensive est stoppée. L’échec de étre engagés sur le front deT'Aisne, __midables pilonnagesdeTTartillerie,la_Nivelle est officiel. I! est remplacé entre Soissons et les monts de _ prise de Loivre par la 5 armée,au _la 15 mai par le général Pétain qui ‘Champagne. Surle plan logistique, nord de Reims, déclenche, au début __va changer de stratégie. L'idée de la puissance de feu est impression- _deT'aprés-midi, une puissante contre-_ offensive décisive est abandonnée. nante : entre le 6 et le 16 avril, _attaqueallemande. Du cOté francais, _T1s'agit dans esprit de Pétain, ’at- 5 millions @obus de 75 et 1,5 mil- _uneattaqueen direction de Moulin _teindre des objectifs militares limi- lion d’obus de gros calibre sont de Laffaux se solde par un échec. Si _tés qui usent la résistance allemande. tirés par Vartillere frangaise sur les les Frangais dela" armée prennent, Cette stratégie est couronnée de suc- positions allemandes, ce qui repré- aY’arraché, le fort de Condé, sur le cs fin octobre avec laprise du village sente pas moins de 533 obus 1a Chemin des Dames, puis ceux de de Malmaison. Les Allemands se minute! Lobjectif étant de détruire _la 6* armée le village de Braye en _replient dans la nuit du I" au 2 au maximum les mitrailleusesalle- __ Laonnois le lendemain, les objectifs novembre, a plusieurs dizaines de mandes qui fauchent les fantassins frangais. En soutien, des blindés et des moyens aériens conséquents ‘ont également été mobilisés avec 128 chars engagés dans la bataille, dont 81 seront hors de combat au soir du 16 avril, ainsi que 500 avions de chasse. Soutenu par ceux qui, comme Foch et Jofire, croient en la nghneatit an on bron e197. ccor epee ene / em an chet Ne Kilometres derritre la rive droite de PAilette. La bataille du Chemin des Dames est « gagnée » mais 2 quel prix ! Les pertes humaines sont considérables des deux cotés méme sion ne peut, aujourd'hui encore, les chifftertr2s précisément, Selon les estimations les plus récentes, il yaurait eu, c6té frangais et anglais, plus de 230 000 hommes tués, disparus ou blessés. D’oit la vision de tuerie inutile de cette bataille dont sera rendu responsable Robert Nivelle dans esprit du grand public. Comme le rappelle Denis Rolland dans sa biographie Nivelle, Je méconnu du Chemin des Dames celui-ci va devenir, au fil des années, le symbole de Pincompétence de ces généraux qui jouent au poker avec la vie de leurs hommes. Avec Bazaine et Gamelin, Nivelle, pergu comme le responsable des mutine- ries qui vont suivre, va prendre place dans la légende noire de Phistoire militaire de ce pays. Une vision que Phistorien, qui a consacré un livre aux mutineries de 1917, considére comme excessive. S’étant plongé dans la lecture des archives de Pé- poque et des divers rapports de la commission d’enquéte du général Brugére, qui devait statuer sur la responsabilité de Nivelle dans Pé- chec de cette offensive, Rolland conclut que les causes du fiasco ne peuvent reposer sur un seul homme, aussi critiquable fut-il. Pour lui, 'hécatombe du Chemin ddes Dames n’est pas plus considé- rable que celle des batailles précé- dentes, notamment celle de la Somme. La stupeur devant une telle saignée a été d’autant plus forte ‘qu'une victoire rapide, loin ’étre impensable, était attendue. En mai 1918, les Allemands parviennent, ‘en quelques jours, a percer le front du Chemin des Dames ;il s'en est méme fallu de peu quills gagnent Ja guerre a ce moment-Ia ! Pourquoi alors un tel échec ? Pour Denis Rolland, aucun facteur d’explica- tion n'est crédible a lui seul. I rela- tivise Pidée répandue selon laquelle ce sont les conditions météorolo- ‘giques qui anéantirent les efforts de Yantillerie. En effet, s'il y eut de la pluie et méme de la neige, ce ne fut. ‘que les deux premiers jours de Pof- fensive. Vidée que Peffet de surprise joua bien moins que prévu est en revanche avérée. Les Allemands avaient repéré les mouvements de troupes dis le mois de mars et '¢- taient préparés a l’éventualité de assaut, calfeutrés dans leurs tran- chées, & Fabri des barbelés. Leurs mitrailleuses n’avaient pas été dé- truites et ce sont elles qui causérent le plus de dégats, sans compter ceux Produits par leurs avions de chasse ct leurs 2.000 canons. Cependant, une part d’énigme subsiste. La guerre n'est pas une opération mathématique. erreur principale ‘du commandement frangais fut sans doute de croire que les Allemands taient moralement usés alors que leur capacité de résistance était intacte. Si Nivelle fut écarté du ‘commandement pour cet échec — il devint commandant en chef des troupes d’Afrique du Nord en Algérie — connut cependant un retour en grace aprés-guerre. « II regoit le 31 décembre 1921 la ‘Médaille militaire, décoration conaé- dée a titre exceptionnel aux maré- chaux de France et aux généraux qui ont exercé en temps de guerre un ‘commandement en chef devant l'en- emi» écrit Rolland. Aprés sa mort en 1924, ses cendres sont transfé- rées aux Invalides. S'il a été mis en cause au lendemain de la défaite, ‘notamment dans la presse, la vraie descente aux enfers débute dans les années soixante. « C'est I'€poque ott es mutineries de 1917 sont mises a ‘Phonneur par de nombreux ouvra- ges et font également l'objet de la remiére étude sérieuse. Nous som- ‘mes entrés dans 'ére du soldat vic- time» écrit Rolland. En outre, Pétain allait, aprés la guerre, fagonner I'i- mage de homme économe du sang de ses soldats, notamment & travers son fameux livre La Bataille de Verdun, paru en 1929, et réédité & plusieurs reprises jusqu’en 1986. Face au vainqueur de Verdun, Nivelle ne pouvait « faire le poids ». Loin de prétendre « réhabiliter » ce dernier, Denis Rolland rappelle que Thistoire, qui est souvent écrite par Jes vainqueurs du jour, est un per- pétuel questionnement. Ill Pour en savoir plus : Nivelle,Pinconnu du Chemin des Dames, Denis Rolland, €d. imago, 2012. «La Greve » des tranchées, Les mutineries de 1917, Denis Rolland, postface de Nicolas Offenstadt, Imago 2005.

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