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Texte :
Javais vu mme des morts dcouverts, poss simplement sur la civire* et sans personne pour les accompagner
leur dernire demeure. Javais trouv cela infiniment triste.
Mon pre, qui javais fait part de mon impression, trouva cette histoire pour me consoler :
Dans un souk trs frquent, tenait boutique Sidi (Jen ai oubli le nom). Ctait un homme pieux, honnte et
courtois envers tout le monde. Chaque fois quun cortge funbre traversait le souk, ce saint personnage prenait ses
babouches, les enfilait en hte, et accompagnait le mort jusquau cimetire. Un jour, vinrent deux croque-morts**
transportant la civire o gisait le cadavre dun mendiant que personne naccompagnait.
Lhomme se leva, prit ses babouches de dessus ltagre o il rangeait chaque jour, mais resta debout sans les
enfiler. Il finit par les remettre leur place. Les boutiquiers jugrent sa conduite peu charitable.
Il naccompagne que les cortges denterrement de riches, dirent-ils.
Sidi qui surprit leurs murmures leur dclara :
tes-vous des croyants ? Alors, coutez pourquoi je nai pas accompagn ce frre jusqu sa tombe. Quand jai
pris mes babouches, jen avais lintention, mais jai vu arriver derrire la civire une foule immense dtres dune
incomparable beaut. Ctaient les anges du paradis. Moi simple pcheur, je nai point os me mler ces formes de
lumire. Un ami de Dieu sen allait dans la misricorde de son Crateur. Jtais heureux de le savoir et me rassis parmi mes
pices.
Chaque fois que je rencontrais deux croque-morts portant un cadavre solitaire, je rptais avec eux :
Dieu taccompagne, tranger sur cette terre !
Jajoutais mentalement : Lui aussi rejoint sa tombe accompagn dune foule danges dune incomparable
beaut. Jen tais tout heureux.