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Le geste suicidaire
Vincent Caillard
Françoise Chastang
Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que re-
présente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le
domaine universitaire, le développement massif du « photo-
copillage ». Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans
les établissements d’enseignement, provoque une baisse brutale
des achats de livres, au point que la possibilité même pour les
auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correc-
tement est aujourd’hui menacée.
Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisa-
tion, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes
d’autorisation de photocopier doivent être adressées à l’éditeur
ou au Centre français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des
Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
mais représente aussi une histoire ou l’étape d’une histoire dramatique (« la
geste » au sens moyen-âgeux du terme).
On distingue habituellement les suicidés (sujets dont le geste a abouti),
les suicidants (dont le geste [suicidaire] n’a pas abouti) et les suicidaires (qui
pensent à la mort auto-infligée mais ne passent pas à l’acte). Les Américains
parlent de « comportements à lésions auto-infligées » pour une nébuleuse
de gestes souvent improprement qualifiés d’« automutilateurs ».
Où classer les recherches d’oubli, les ingestions médicamenteuses volon-
taires pour trouver un sommeil que l’angoisse ou les impasses existentielles
ont amputé ?
Dans nos pratiques, nous avons pu constater, et ce n’est pas contredit par
de nombreux écrits, que les « primo-suicidants » rencontrés aux urgences
d’un CHU ont dans près d’un cas sur deux déjà réalisé un tel geste, et que
celui-ci généralement est passé inaperçu des proches.
Il serait paradoxal, dans un ouvrage sur le comportement suicidaire de
l’adulte, de ne pas s’attarder sur le suicide lui-même, tant il peut nous ap-
prendre sur les circonstances qui y conduisent, qu’elles soient intrinsèques
au sujet ou extrinsèques. Il reste essentiel, dans une optique de prévention,
de considérer à la fois les symptômes précoces des configurations patho-
logiques qui peuvent y conduire, et d’écouter le langage des corps et des
actes qui expriment une détresse qui, à défaut d’être entendue, contribuera
inévitablement à la répétition. La répétition (ou réitération, termes à préfé-
rer à celui, connoté pénalement ou médicalement, de récidive) est un des
facteurs prédictifs les plus fiables de l’issue fatale.
Définitions
Le suicide reste un événement rare. C’est en tout cas l’aboutissement rare de
conduites suicidaires, beaucoup plus fréquentes, dont il constitue l’extrême
achèvement.
Il est classique d’évoquer une sorte de continuum qui va des idées de
mort et de suicide, au geste contre soi-même, jusqu’à l’issue fatale.
Il reste malaisé de définir précisément chacun de ces termes, tant il peut
y avoir de degrés dans les idées de mort ou de suicide, tout comme des va-
riantes – des degrés aussi – dans le passage à l’acte.
Les classifications internationales actuellement en vigueur, que ce soit la
CIM-10 (Classification internationale des troubles mentaux et des troubles
du comportement) ou la classification américaine DSM-IV-R (Diagnostic and
Statistical Manual of mental disorders IV-revised), ne mentionnent pas le suicide
ou les gestes suicidaires autrement que comme des symptômes ou, dans
le cas de la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),
dans une énumération de « lésions auto-infligées », incluant « intoxication
ou lésion traumatique volontaire ; suicide (tentative de) ».
Suicide
Le suicide implique qu’il y ait décès et que ce décès ait été provoqué par la
victime. Le décès doit résulter d’un acte volontaire, avec comme intention
consciente le désir de mort. Une telle définition, très restrictive, peut être
prise en défaut sur chacun de ses points.
Le plus important, l’issue fatale, peut survenir en dépit d’un désir de
mort marqué d’une grande ambivalence. Elle peut aussi survenir sans désir
de mort, par sous-estimation de la gravité du geste, le sujet pensant à tort
prendre une substance inoffensive, dans un autre but que la mort.
L’intentionnalité du décès a donné lieu à de nombreux débats. En effet, à
un extrême se situe le décès consécutif à la mise en œuvre d’une recherche
active de mort ; à l’opposé, des gestes auto-agressifs, plus fréquents, sont
considérés comme des appels à l’aide, des appels au secours, et n’aboutissent
pas souvent parce qu’ils n’avaient que peu de chance d’entraîner une issue
fatale autre qu’accidentelle. Mais lorsque le sujet trouve la mort, comment
Le geste suicidaire
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4 Définitions, épidémiologie et déterminants
Méthodes de suicide
Le recensement des méthodes d’auto-agression par l’OMS comporte vingt-
quatre codes de lésions auto-infligées inscrits au sein des causes externes de
morbidité et de mortalité (VOI-Y98).
8 Définitions, épidémiologie et déterminants
x
23. X82. Lésion auto-infligée par accident d’un véhicule à moteur.
24. X83. Lésion auto-infligée par d’autres moyens précisés. Inclure : par avion,
par électrocution, par substances caustiques (sauf intoxication).
25. X84. Lésion auto-infligée par des moyens non précisés.
Tableau 1-1
Conduite autodestructive directe et indirecte
Dynamique Autodestruction directe Autodestruction indirecte
Sentiments Incapacité, infériorité, mauvaise Ennui, nihilisme, bien-être
estime de soi, désespoir, épuise- Absence de problématique
ment, douleur morale
Motivations Interpersonnelles : provoquer un Puissance et contrôle
changement
Intrapsychique : fuite, suppres- Plaisir, excitation
sion de la douleur
Projection dans l’avenir Faible : rétrécissement du champ Faible : gratifications immé-
de conscience, perte de projec- diates, intolérance au délai
tion dans l’avenir
Prise de risque Orienté vers un but : solution Processuelle : prise de risque
finale, changement Recherche de sensation
Mécanismes de défense Régressifs : immatures, passifs- Déni
agressifs Suppression de l’inconfort
Constrictifs
Réactions sociales Condamnation du meurtre de soi Condamnation des jeux
avec la mort
Contre-transfert : rancœur, culpa- Contre-transfert : colère,
bilité, angoisse, colère ressentiment, frustration
Possible acceptation (maladie Possible acceptation : défi
terminale, sacrifice de soi, suicide avec la mort
altruiste)
Droit d’intervenir et de prévenir Pas d’espace d’intervention
l’issue fatale, assistance à per- ou de sanction sociale
sonne en danger
Source : adapté de Farberow (1980)
Une étude récente (Värnik et al., 2008) a recensé les méthodes de suicide
au sein d’une vaste cohorte d’Européens (seize pays, couvrant 52 % de
la population européenne, 119 122 hommes et 41 338 femmes) décédés
entre 2000 et 2005. Cette étude fait apparaître que la pendaison est la
méthode la plus fréquente, que ce soit chez les hommes (54,3 %) ou chez
les femmes (35,6 %).
10 Définitions, épidémiologie et déterminants
Crise suicidaire
La crise suicidaire est l’aboutissement d’un processus suicidaire qui se dé-
roule par étapes. Pour Shneidman (1993), l’un des pères fondateurs de la
suicidologie, les caractéristiques communes des suicidants sont :
1. la recherche de solution ;
2. un certain degré d’abolition de la conscience ;
3. une douleur psychologique (nous dirions morale) insupportable ;
4. des besoins psychiques non satisfaits ;
5. des sentiments de désespoir-déréliction ;
6. l’ambivalence ;
7. la constriction ;
8. la régression ;
9. la communication de l’intention suicidaire ;
10. une longue carrière de perturbation des mécanismes de défense.
12 Définitions, épidémiologie et déterminants
Les trois conditions nécessaires pour que le suicide soit envisagé sont
ainsi définies : une intense douleur morale, une pression psychologique
intolérable et une pression extrême des circonstances de vie. Shneidman
souligne l’ambivalence inhérente à chaque geste suicidaire, qui se traduit
par une hésitation à la réalisation du geste et la communication, directe ou
indirecte, de l’intention de mourir.
Dans le chapitre 5, « Données psychopatholgiques », une synthèse de ces
éléments sera exposée, et d’autres, dont la conceptualisation du syndrome
présuicidaire par un autre père de la suicidologie, Ringel, seront développés.
Tableau 1-2
Fréquence globale de pathologies psychiatriques parmi les suicidés,
retrouvées par autopsie psychologique
Diagnostic Pourcentage médian Extrêmes (%)
Troubles thymiques 61 39-89
Abus de substance 41 19-63
Troubles anxieux 10 3-27
Troubles schizophréniques 6 0-15,6
Troubles de la personnalité 42 29-57
Source : adapté de Tanney (2000)
Les diverses facettes des comportements suicidaires 15
Le geste suicidaire
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18 Définitions, épidémiologie et déterminants biologiques
femmes, soit 8 % du total des années perdues. Pour situer ce chiffre, les tumeurs
malignes représentent 26 % des années de vie perdues (Mouquet, 2006).
Le suicide concerne essentiellement l’adulte jeune et l’homme de plus de
85 ans. La classe la plus touchée est celle des 35-54 ans. Les suicides mascu-
lins représentent près de 80 % de l’ensemble des suicides chez les 15-34 ans,
alors que les suicides féminins constituent près du tiers des suicides de la clas-
se des 55-64 ans. Le taux de mortalité par suicide est de 25/100 000 chez les
hommes et de 8,6/100 000 chez les femmes. Les hommes se suicident trois fois
plus que les femmes, et cette surmortalité masculine demeure constante
quelles que soient les tranches d’âge. Ce sont cependant les hommes âgés qui
se suicident le plus, environ cinq à six fois plus que les femmes du même âge.
Le suicide croît lentement avec l’âge chez les femmes. Il est caractérisé
chez les hommes par une courbe bimodale, avec une première augmenta-
tion entre 15 et 34 ans, suivie d’une relative stabilisation entre 35 et 54 ans,
et une diminution modérée jusqu’à 64 ans, puis une augmentation impor-
tante dans les grands âges de la vie. Le taux de suicide est donc dix fois plus
élevé après 84 ans qu’entre 15 et 34 ans.
Les suicides sont donc en nombre absolu plus fréquents chez les personnes
âgées, mais constituent l’une des principales causes de surmortalité relative
chez les jeunes. Ils sont plus élevés chez les hommes seuls veufs ou célibatai-
res, et moins élevés chez les femmes mariées de moins de 65 ans.
Données évolutives
L’évolution du suicide en France sur les quarante dernières années met en
évidence une incidence relativement stable du phénomène jusqu’en 1975,
puis une importante augmentation, de l’ordre de plus 40 % de 1975 à 1985,
atteignant en 1995 le taux de 22,6/100 000. Cette évolution a également été
constatée dans tous les pays européens.
Après avoir connu une stabilisation de 1985 à 1990, le taux de suicide
étant en 1990 deux fois plus élevé chez les 15-24 ans qu’en 1960, une dimi-
nution lente mais progressive est notée depuis 1995, avec à partir de 1998
un taux plus bas (18/100 000) qu’en 1979 (18,7/100 000). Cette décroissance
est constatée tant chez les hommes que chez les femmes, les taux masculins
étant redevenus inférieurs à 30/100 000 depuis 1996, et celui des femmes
inférieur à 10/100 000 depuis 1998. Le taux brut de suicide tous âges confon-
dus a donc diminué d’environ 2 % par an, avec une décroissance plus rapide
chez les plus jeunes, de 5,5 % pour les 15-24 ans et de 4,7 % chez les 75-
84 ans. Cette diminution lente et progressive du nombre de suicide perdure
de 2000 à 2007 dans toutes les tranches d’âge (en 2007, 6,5/100 000 chez les
15-24 ans, 13/100 000 chez les 25-34 ans, 22,9/100 000 chez les 35-44 ans),
sauf chez les 45-64 ans (26,9/100 000 chez les 45-54 ans, 22,9/100 000 chez
les 55-64 ans) qui conservent, ainsi que les personnes âgées, des taux élevés.
Épidémiologie descriptive des comportements suicidaires 19
Méthodes utilisées
Utilisé dans la moitié des cas dans les années 1960, puis de façon moindre
au profit des armes à feu dans les années 1980-1990, le mode de suicide le
plus fréquent demeure la pendaison, employée dans 45 % des suicides. Les
autres méthodes sont les armes à feu dans 16 % des cas, les intoxications
dans 15 % des cas, la noyade dans 8 % des cas et la précipitation dans le vide
dans 6 % des cas (Batt et al., 2005 ; Mouquet, 2006). Comme le montre le
tableau 2-1, les chiffres français sont assez proches des données européennes
Tableau 2-1
Moyens autolytiques utilisés en France et en Europe
Année Sexe Pendaison Armes Intoxication Noyade Précipita- Autres
(%) (%) volontaire* (%) tion (dont
(%) (%) véhicule)
(%)
France Hommes 40,4 30 11,4 5,3 4,5 8
2002
Femmes 27,7 7,3 24,8 16,9 11,6 12
Europe Hommes 54,3 9,7 8,6 7,8 19,6
2008 (4,9)
Femmes 35,6 1,3 24,6 7,7 14,5 16,3
(5,2)
Source : adapté de Batt (2005), Mouquet (2006) et Värnik (2008)
20 Définitions, épidémiologie et déterminants biologiques
Dans le monde
Les tendances internationales sont homogènes avec une diminution des
suicides chez les jeunes hommes de 15-24 ans sur l’ensemble des pays euro-
péens depuis 2000 (Värnik et al., 2009). Dans le groupe des 15-34 ans, la
proportion des décès attribuables au suicide est de quinze à vingt fois celle
notée pour la classe d’âge des 65-74 ans. Chez les 15-34 ans, le suicide re-
présente donc approximativement un décès sur huit chez les femmes et un
décès sur six chez les hommes. Dans certains pays comme le Japon et le
Danemark, le suicide dans cette même classe d’âge est devenu la première
cause de mortalité, en étant responsable de 25 % des décès féminins et de
30 % des décès masculins.
À partir du tableau 2-2 portant sur les comparaisons internationales, cer-
taines particularités méritent d’être notées. Les pays de l’ex-Union Soviéti-
que ont un taux de suicide particulièrement élevé chez les hommes, avec un
rapport hommes/femmes supérieur à 5, alors que certains pays asiatiques
comme l’Inde et plus particulièrement la Chine ont des taux de suicide très
proches dans les deux sexes.
• Après une chute spectaculaire des suicides dans les deux sexes grâce à
une sévère prohibition de l’alcool dans les années 1985-1990, correspon-
dant à la période de perestroïka, le suicide a connu une remontée spectacu-
laire avec la désintégration de l’Union soviétique en 1991, excepté dans les
pays à taux de suicide traditionnellement faible comme les pays du Caucase
ou les pays d’Asie centrale où domine l’islam. Sont apparus des change-
ments radicaux de société, avec une population passant brutalement d’une
certaine passivité sous un joug dictatorial à une nouvelle politique socio-
économique et des attentes peu réalistes. Les conséquences négatives ont
été nombreuses, comme l’instabilité économique, le chômage, l’augmenta-
tion de la criminalité, la persistance de la pseudo-information – vestige de
l’ex-Union Soviétique –, et un différentiel majeur entre les extrêmes de la
société, les uns devenant très riches, les autres très pauvres, le tout dans un
climat de désorganisation sociale générale (Värnik et al., 2005, 2009).
• En Chine, le suicide est en hausse importante depuis les années 1990 et
touche plus particulièrement les zones rurales où les suicides des femmes
sont particulièrement élevés, de l’ordre de 30/100 000. Cela confère à ce
pays une place particulière dans le paysage de la suicidologie internationale.
La répartition géographique actuelle, prédominant dans les zones rurales, et
l’essor économique extraordinaire des dernières années tendent à confirmer
les hypothèses durkheimiennes. La Chine est le seul pays au monde où
les femmes se suicident autant que les hommes. Les suicides se produisent
dans 84 % des cas en milieu rural, et les moyens utilisés sont dans 62 %
des cas les produits agricoles (pesticides et raticides), et dans 20 % des cas
la pendaison (Phillips et al., 1999, 2002 ; Zhao et al., 1994 ; Cheng et Lee,
22 Définitions, épidémiologie et déterminants biologiques
Tableau 2-2
Taux de suicide dans le monde : 15/100 000, un toutes les 40 secondes
(données OMS, 2002)
Hommes Femmes Sex-ratio hommes/
femmes
Europe de Sud
Grèce 5,2 11,2 4,3
Italie 11,4 3,1 3,8
Portugal 17,5 4,9 3,6
Espagne 12,6 3,9 3,2
Europe de l’Ouest
Autriche 26,1 8,1 3,2
Belgique 32,2 11,4 2,7
France 27,5 9,1 3,0
Allemagne 19,7 6,6 3,0
Pays-Bas 12,7 6,0 2,1
Suisse 23,7 11,3 2,1
Grande-Bretagne 10,8 3,3 3,3
Pays scandinaves
Danemark 19,2 8,1 2,4
Finlande 31,7 9,4 3,4
Norvège 15,8 7,3 2,2
Suède 19,5 7,1 2,7
Nouveau Monde
Australie 17,1 4,7 3,6
Canada 18,3 5,0 3,7
Nouvelle-Zélande 19,8 4,2 4,7
États-Unis 17,9 4,2 4,3
Asie
Japon 35,6 12,8 2,8
Chine 13 14,8 0,9
Inde 12,2 9,1 1,34
Pays de l’Est
Russie 61,6 10,7 5,7
Lituanie 70,1 14,0 5,0
Ukraine 43 7,3 5,9
Source : adapté de Bertelote et Wasserman (2009)
Épidémiologie descriptive des comportements suicidaires 23
2000 ; Qin et Mortensen, 2001 ; Zang et al., 2004 ; Yip et al., 2008 ; Jiang et
Cheng, 2009).
• L’Inde a connu un envol des suicides parallèlement à l’essor économique
industriel, avec une augmentation de 64 %, entre 1982 et 2002. Il semble-
rait que le nombre réel de suicides effectifs soit de six à neuf fois plus élevé
que les statistiques nationales, ce qui conduirait, si cela s’avérait exact, au
nombre de 500 000 suicides par an. Les moins de 30 ans commettent 38 %
des suicides, et les moins de 44 ans en réalisent 71 %, ce qui constitue un
poids économique et social très lourd pour ce pays émergent en pleine ex-
pansion. En deçà de 30 ans, les femmes ont plus de facteurs de risque liés
à leur statut et, au-delà de 30 ans, ce risque suicidaire diminue, leur statut
familial étant différent, avec famille et enfants. Le nombre de suicides varie
en fonction des régions, les états du Sud ayant un taux de suicide inférieur
à 3/100 000, et les états du Nord un taux de suicide supérieur à 15/100 000.
Les possibles explications d’un taux de suicide plus élevé au Nord sont un
meilleur niveau d’instruction, un meilleur accès aux informations, un ni-
veau socio-économique plus élevé assorti d’aspirations sociales supérieures.
En touchant plus volontiers les catégories les plus éduquées du pays, le sui-
cide réalise en Inde un tableau assez identique à celui décrit pour la France
du xixe siècle par Durkheim, pour lequel les personnes, en s’éduquant, ac-
quièrent une part plus importante d’autonomie les rendant d’autant plus
vulnérables aux transformations brutales de la société.
Ces résultats montrent que la prévalence des suicides varie selon les pays,
et que ces variations sont fonction de nombreux paramètres, tant religieux,
culturels, sociaux, que climatiques.
Tableau 2-3
Autopsies psychologiques
Objectifs primaires de l’autopsie Informations recueillies
psychologique
Identifier et expliquer les raisons du suicide Détails de la mort
Évaluer les facteurs de risque suicidaire Antécédents familiaux
Accumuler des données pour mieux com- Trajet de vie
prendre le comportement suicidaire d’une Enfance, adolescence, éducation
façon générale, dans une démarche de
prévention
Impliquer un tiers dans le processus suici- Vie actuelle
daire Relations avec le partenaire, la famille, les
amis
Support social, isolement
Style de vie et situation maritale
Problèmes éventuels avec la justice
Situation et conditions professionnelles
Disposer d’un outil de recherche pour aider Santé physique
à la compréhension et à la prévention du
suicide
Disposer d’un outil thérapeutique permet- Santé mentale
tant d’aider les survivants d’un suicide Dernière visite chez le médecin traitant
Antécédents de suivi psychiatrique ambula-
toire ou hospitalier
Contact avec un psychiatre
Historique d’un traitement psychiatrique
Dernier rendez-vous psychiatrique
Durée du suivi
Antécédents de tentatives de suicide et/ou
automutilations
Troubles de personnalité et facteurs associés
Comportement religieux
Événements de vie
Contact avec un professionnel de soin avant
le décès
Réactions des proches face au décès
Tableau 2-4
Risque suicidaire (risques relatifs) lié aux pathologies psychiatriques
Prévalence Odds-ratio
(%) (intervalle de confiance)
Trouble psychique 87,3 10,50 (9,60-13,56)
Conduites addictives 25,7 3,51 (3,09-4,50)
Alcool 2,53 (2,08-3,30)
Autres produits 3,72 (2,37-8,06)
Trouble de l’humeur 43,2 6 (5,37-7,81)
Trouble dépressif 6,23 (5,37-8,12)
Trouble bipolaire 3,03 (1,49-9,87)
Trouble psychotique 9,2 6,62 (3,94-11,87)
Schizophrénie 5,56 (3,12-10,24)
Troubles de personnalité 16,2 4,47 (3,53-6,38)
Troubles de l’adaptation 1,33 (0,72-2,38)
Troubles anxieux 2,43 (1,71-3,58)
Troubles de l’enfance 2,37 (1,51-3,78)
Troubles organiques 0,32 (0,17-0,57)
Source : adapté d’Arsenault-Lapierre et al. (2004)
Tentatives de suicide
Incertitude du recensement des tentatives de suicide
Contrairement à ce qui existe pour le suicide, il n’y a pas de statistiques
officielles concernant les tentatives de suicide. Sont seulement disponibles
les résultats d’études ponctuelles, le plus souvent réalisées à partir d’échan-
tillons hospitaliers, et qui, par conséquent, sont difficilement généralisables
ou extrapolables à la population générale.
En effet, ces enquêtes ne tiennent pas compte des tentatives de suicide
non hospitalisées, de l’ordre de 20 à 30 %, et des tentatives de suicide non
déclarées notamment chez les jeunes (Choquet et Ledoux, 1995 ; Mouquet
et Bellamy, 2006). Choquet, dans son enquête nationale sur la santé des ly-
céens âgés de 11 à 19 ans, constate que 6,5 % des jeunes étudiés ont déjà réa-
lisé une tentative de suicide, et que seuls 1,3 % des suicidants, soit 1/5, ont
été hospitalisés au décours du geste, ce que confirme une étude plus récente
de la DREES (Choquet et Ledoux, 1995 ; Mouquet et Bellamy, 2006). Les rai-
sons de ces faits peuvent être liées au patient, qui garde son geste secret, ou
à l’attitude de l’entourage ou du médecin, qui banalisent la tentative, et ce
d’autant plus qu’elle apparaît somatiquement bénigne ou qu’elle fait suite
à une longue série. Les suicidants hospitalisés, facilement comptabilisables,
ne représentent donc que la partie visible d’un iceberg. Ce constat est facile
ment retrouvé en pratique quotidienne, plus particulièrement auprès des
adolescents et des jeunes adultes, chez lesquels est très souvent notée, lors
d’une tentative de suicide donnant lieu à une hospitalisation ou à une prise
en charge psychiatrique, la notion d’un geste suicidaire antérieur passé in
aperçu et non déclaré à l’entourage proche.
28 Définitions, épidémiologie et déterminants biologiques
29
30 Définitions, épidémiologie et déterminants biologiques
Récidives
Quarante-cinq pour cent des femmes et 42 % des hommes ont antérieure-
ment réalisé un geste suicidaire avant la tentative identifiée. Quinze pour
cent des hommes et 16 % des femmes ont récidivé au moins une fois, en gé-
néral pendant la première année. Les réitérants sont plus souvent divorcés
que les primo-suicidants (hommes : 22 versus 1 %, femmes : 22 versus 16 %),
et plus fréquemment au chômage (hommes : 40 versus 23 %, femmes :
28 versus 17 %).
Le risque suicidaire est corrélé dans tous les pays, industrialisés et émer-
gents, avec l’existence de troubles psychiques, comme les troubles thymi-
ques (OR = 3,4-5,9), les troubles du contrôle des impulsions (OR = 3,3-6,5),
les troubles anxieux (OR = 2,8-4,8) et les consommations de substance
(OR = 2,8-4,6). Le meilleur facteur prédictif d’un comportement suicidaire
demeure le trouble de l’humeur dans les pays industrialisés, et le trouble du
contrôle des impulsions dans les pays émergents.
Le geste suicidaire
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36 Définitions, épidémiologie et déterminants
Théories contemporaines
Dans les approches contemporaines, le thème du suicide est plus volontiers
abordé par les gens de lettres que par les philosophes.
Les grands philosophes français dans leur ensemble, Montesquieu, Vol-
taire, Diderot ou Rousseau, font preuve d’une certaine tolérance face au sui-
cide et défendent les différents aspects de la vie. Spinoza ignore le suicide ;
le suicide tue la moralité humaine pour Kant, et ne représente qu’une dé-
livrance imaginaire pour Schopenhauer. À l’opposé, le philosophe anglais
Hume fait l’apologie du suicide en rejetant les idées reçues et en défendant
la thèse selon laquelle les hommes doivent faire constamment violence aux
lois naturelles pour survivre.
Le suicide est l’occasion pour les écrivains de s’interroger sur le sens de la
vie, à l’instar d’Albert Camus pour qui, dans le Mythe de Sisyphe : « Il n’y a
qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. »
L’approche psychanalytique de Freud et de Menninger (1938), évoquée
plus haut, renvoie à la pulsion de mort et à la tendance à l’autodestruction
chez l’homme, retrouvées dans certains troubles psychiques.
L’approche psychologique aborde le suicide sous un angle différent. L’une
de ces approches, prônée par Shneidman, met la souffrance morale au cœur
du geste suicidaire (voir plus haut). Joiner mettra l’accent sur le processus de
répétition des gestes suicidaires.
Baechler, quant à lui, s’attache essentiellement au motif du geste, à savoir
le scénario liant le sujet et la société dans laquelle il vit. Il décrit ainsi diffé-
rents types de suicide : le suicide oblatif ou sacrificiel, le suicide ludique, dans
lequel la vie se joue comme à la roulette russe, et duquel pourraient se rap-
procher certaines conduites à risque, comme le jeu du foulard, et le suicide
escapiste, où la notion de fuite est essentielle, pour échapper à la perte d’un
être cher (situation de veuvage), à une situation douloureuse (maltraitance)
ou à la douleur physique ou psychique.
vite que leurs moyens de les satisfaire. À côté de cette anomie conjonctu-
relle, existe une anomie dite chronique, liée à l’absence de réglementation
dans le monde du commerce et de l’industrie, le marché s’étendant de ma-
nière peu contrôlée, exacerbant ainsi l’ambition de chaque producteur à
la recherche de gains toujours plus élevés. L’état d’anomie devient alors
un phénomène quasiment normal pour la société ainsi décrite. De même,
dans le groupe familial, à l’anomie aiguë correspondant aux situations de
veuvage, s’ajoute une anomie chronique liée à l’augmentation du nombre
des divorces et surtout à leur institutionnalisation.
Deux des quatre types de suicide décrits par Durkheim, à savoir le sui-
cide fataliste (le plus méconnu) et le suicide altruiste, « ne semblent exister
que parce qu’ils constituent des référents symétriques ou logiques aux deux
autres » (Mucchielli et Renneville, 1998). Le suicide fataliste s’oppose ainsi
au suicide anomique, et le suicide altruiste au suicide égoïste.
Le suicide égoïste et le suicide anomique correspondent pour Durkheim
à deux types d’action de la société sur l’individu, l’intégration et la régula-
tion. Leur distinction est donc toute relative, et il existe entre suicide égo-
ïste et suicide anomique des « rapports de parenté » ; ces deux types de
suicide « ne sont généralement que deux aspects différents d’un même état
social », car dans les deux cas, « la société n’est pas suffisamment présente
aux individus ». Les situations de vie sociale que recouvrent ces deux types
ne sont pas très différentes et parfois même compatibles. Durkheim consi-
dère qu’ils ne concernent pas les mêmes milieux sociaux, « l’un (égoïste) a
pour terrain d’élection les carrières intellectuelles, le monde où l’on pense,
l’autre (anomique) le monde industriel ou commercial ». Durkheim va en-
core plus loin en décrivant un suicide dit « mixte » qui mêle détachement
et déréglementation.
Suicide du désespoir
Halbwachs abandonne la typologie durkheimienne des suicides. Quels que
soient les motifs immédiats, il n’y a pour lui qu’un seul et même type de
suicide, le suicide du désespoir, et une seule et même théorie, celle de l’in-
tégration sociale. Cette position lui permet, toujours à partir des travaux
de Durkheim, de préciser l’impact des crises financières et de conclure que
« ce n’est pas la crise comme telle…, c’est la période de dépression qui suit
la crise, qui détermine une augmentation de morts volontaires ». L’inter-
prétation alors proposée est en relation avec l’intégration et non plus la
Données sociologiques et culturelles 41
régulation. S’articulent ainsi chez Halbwachs les causes sociales et les mo-
tifs individuels que Durkheim oppose traditionnellement… encore que
toutes les interprétations soient permises à la lecture de cette remarque de
Durkheim, postérieure à son ouvrage Le Suicide : « Le suicide n’apparaît
guère qu’avec la civilisation… Le vrai suicide, le suicide triste, est à l’état
endémique chez les peuples civilisés. »
Pour Halbwachs, les hommes se suicident toujours après un événement
qui a pour effet de les isoler de leur milieu social, après avoir perdu affec-
tion, honneur, considération ou statut.
« Tous voient s’abaisser leur niveau social. Ils sont dans une certaine me-
sure des déclassés. Or, qu’est-ce que se déclasser ? C’est passer d’un groupe
qu’on connaît, qui vous estime, dans un autre qu’on ignore et à l’apprécia-
tion duquel on n’a aucune raison de tenir. On sent alors se creuser autour
de soi un vide. Ceux qui vous entouraient autrefois, avec qui vous aviez tant
d’idées communes, tant de préjugés en commun, dont tant d’affinités vous
rapprochaient parce que vous vous retrouviez en eux comme eux en vous,
s’éloignent soudain. Vous disparaissez de leurs préoccupations et de leur
mémoire. Ceux au milieu desquels vous vous retrouvez ne comprennent ni
votre dépaysement ni votre nostalgie et vos regrets. Détaché d’un groupe
par un ébranlement soudain, vous êtes incapable, ou du moins vous vous
croyez incapable de retrouver à jamais dans un autre quelque appui, ni rien
qui remplace ce que vous avez perdu. Mais lorsqu’on meurt ainsi à la so-
ciété, on perd le plus souvent la principale raison qu’on a de vivre. »
trouvé les moyens pour se prévenir du suicide, par une intégration sociale
plus forte grâce au développement de réseaux de sociabilisation moderne
(associations, monde du travail) et des conditions matérielles de qualité,
notamment dans le recours aux soins. Dans les couches sociales moins
favorisées, la « pauvreté disqualifiante », décrite par Paugam, rejoint le
concept de disqualification sociale d’Halbwachs, qui dévalorise et stig-
matise les individus en les privant progressivement de toutes les formes
de participation à la vie sociale et économique ; cette pauvreté s’est ac-
crue depuis les années 1970, avec la montée du chômage, l’apparition des
emplois précaires et du sous-emploi. Elle n’apparaît pas comme un état
stable partagé comme dans la pauvreté intégrée, mais comme une chute
et un déclassement. Devenir pauvre dans une société riche engendre plus
de souffrance que d’être pauvre dans une société pauvre. Ainsi s’explique
pour les sociologues une plus grande vulnérabilité à tout un ensemble de
risques dont le suicide.
Suicide et âge
Les chiffres du suicide confrontent à une double réalité, avec d’une part la
surmortalité des jeunes liées au suicide et d’autre part une augmentation du
nombre absolu des suicides avec l’âge (Anguis et al., 2002).
L’explication retenue est que le vieillissement confronte le sujet à son
déclin et à sa signification, à savoir la marginalité socio-économique, la ma-
ladie, la pénibilité croissante de la vie physique, relationnelle et sociale, le
tout conduisant à la dévalorisation d’un quantum d’existence restant à par-
courir. « Un adolescent et un sexagénaire ne sacrifient pas la même quantité
d’existence… Cette explication, qui consiste à voir dans le suicide non pas
un sacrifice de la vie, mais le sacrifice d’une certaine quantité d’existence,
est beaucoup plus simple. » (Baudelot et Establet, 1984)
L’idée prévalente est donc que le lien entre âge et suicide viendrait de ce
que la jeunesse correspond en fait à un capital de temps et de ressources
potentielles qui s’érodent peu à peu au fur et à mesure du vieillissement.
Cela semblait vrai selon les données statistiques disponibles jusqu’aux an-
nées 1990. Mais l’évolution des taux de suicide en France, ainsi que dans
l’ensemble des pays industrialisés, montre que cette hypothèse simple
n’est plus d’actualité. En effet, le taux de suicide de certaines classes d’âge,
comme par exemple celle des 35-54 ans, est devenu supérieur à celui de
la classe d’âge suivante. On passe ainsi d’un modèle de croissance quasi
linéaire avec l’âge à un profil bimodal avec deux pics de suicide correspon-
dant à deux classes d’âge, celle des 40-45 ans et celle des plus de 75 ans.
Cette bimodalité, nouveauté des années 1990, n’est en fait que le prolon-
gement des changements observés depuis plus de vingt ans. De nouveaux
modèles statistiques permettent d’espérer une meilleure compréhension de
la dimension sociologique du suicide.
Données sociologiques et culturelles 45
Suicide et travail
Depuis les années 1950, la société française a fonctionné à partir du postu-
lat implicite que le fait de travailler était une donnée intangible des socié-
tés contemporaines. Travailler était au xixe siècle un devoir pour les classes
populaires, considérées comme dangereuses par l’ordre bourgeois et reli-
gieux, l’oisiveté des plus démunis étant effrayante et inquiétante : « qui ne
travaille pas est considéré volontiers comme un délinquant » (Bart, cité par
Demazière, 1995). Le travail, considéré comme un droit, est actuellement
vécu comme « une expérience sociale centrale » (Maruani et Reynaud,
1993).
Depuis les années 1980, deux événements sociaux ont profondément
modifié le paysage social français. Tout d’abord, la population active s’est
transformée sous l’influence de deux phénomènes : l’afflux des femmes sur
le marché du travail et le rétrécissement de la pyramide des âges aux deux
extrémités, avec la diminution des actifs de moins de 25 ans et des actifs
de plus de 55 ans. Puis la crise, avec irruption d’un chômage massif et mul-
tiplication des formes particulières d’emploi, a généré une situation de ra-
tionnement et de déstabilisation qui affecte actuellement l’ensemble de la
population active.
Stress et travail
Le stress lié au travail est une donnée importante à considérer dans notre
société actuelle, et la prévention des risques psychosociaux et du suicide
en milieu professionnel est une telle priorité nationale qu’un chapitre lui
est consacré. Sont plus exposées aux conduites suicidaires les personnes
travaillant isolément, les femmes ayant une activité traditionnellement
considérée comme masculine et les personnes chargées de clientèle, entre
un supérieur hiérarchique exigeant des résultats et des clients très souvent
mécontents.
48 Définitions, épidémiologie et déterminants
Morbidité psychiatrique
La morbidité psychiatrique associée joue également un rôle non négligea-
ble, surtout dans certaines professions comme les professions artistiques.
Facteurs d’opportunité
Certaines professions, comme les professions médicales, les fermiers ou les
policiers, ont un accès direct à des moyens létaux.
• Les policiers, les surveillants de prison et les militaires, porteurs d’une arme
de service, sont considérés comme ayant un risque supérieur.
• Les agriculteurs se caractérisent par une mortalité suicidaire élevée, sur-
tout en France. Ce sont des hommes très solitaires, très peu entourés, sou-
mis à des pressions professionnelles fortes aggravées par les impacts des
crises économiques et les pressions politiques de la mondialisation, d’où les
fréquents problèmes financiers. Les troubles psychiques fréquents (alcool
et surtout dépression) sont rarement détectés ou reconnus, ou traités de
façon peu adéquate. Les troubles physiques qui limitent les activités profes-
sionnelles majorent la potentialité de la dépression. Les pensées suicidaires,
rarement communiquées à autrui, ont souvent précédé le suicide, et le pre-
mier geste est fatal une fois sur deux.
Mobilités professionnelles
La mobilité professionnelle, dans le sens d’ascenseur social ou de déclasse-
ment professionnel, est-elle liée aux conduites suicidaires ?
Cette mobilité prend deux aspects, une forme intergénérationnelle et une
forme intragénérationnelle.
Dans la dimension intergénérationnelle, les enfants peuvent avoir une pro-
fession socialement supérieure à celle de leurs parents et plus particulière-
ment de leur père. C’est l’ascenseur social qui les conduit de facto dans un
autre milieu, où il leur faut acquérir d’autres valeurs et d’autres normes de
vie. Ils peuvent également rester dans le même cadre social que leurs pa-
rents ou avoir une profession considérée comme socialement inférieure.
Les rares études réalisées dans ce domaine sont contradictoires, certaines
signifiant un risque suicidaire plus élevé chez ceux ayant un statut socio-
professionnel supérieur à celui de leurs parents, et d’autres, un peu plus
fréquentes, soulignant que ce risque est plus important chez ceux ayant un
statut inférieur, par sentiment de frustration et perte d’estime de soi et des
autres.
Dans la dimension intragénérationnelle, le déclassement professionnel aug-
mente significativement le risque de suicide. Une étude rapportée par Stack
(2000) note que 33 % des suicidés employés à temps complet ont été déclas-
sés, contre 5 % dans la population témoin ; 50 % des suicidés employés à
temps partiel ont également connu le déclassement ; 51 % des suicidés ont
connu une baisse de leurs revenus dans les années précédant leur suicide
contre 11 % de la population témoin.
Chômage et suicide
La crise économique mondiale du début du xxie siècle n’est pas sans rap-
peler celle de 1929. En France, plus de 3 327 200 chômeurs sont recensés
50 Définitions, épidémiologie et déterminants
Données macro-économiques
L’un des pays les plus industrialisés, le Japon, durement frappé par la crise
économique, a vu croître son nombre de suicides de façon importante, pas-
sant de 22 000 par an en 1997-1998 à plus de 30 000 par an. D’une façon
plus générale, on estime que la crise économique asiatique est responsable
de plus de 10 000 suicides en 1998 par rapport à 1997 au Japon, en Corée et
à Hong Kong, avec une augmentation du taux de suicide chez les hommes
de 39 % au Japon, de 44 % à Hong Kong et de 45 % en Corée, l’impact étant
moindre chez les femmes et en Thaïlande (Chang et al., 2009 ; Jai et al.,
2008 ; Inoue et al., 2007 ; Yamasaki et al., 2008).
Considérant les données macro-économiques de vingt-six pays européens
touchés par l’actuelle récession économique, Stuckler montre qu’une aug-
mentation de 1 % du chômage est associée à une majoration de 0,79 % des
suicides chez les moins de 65 ans, sans effet notable sur les autres causes
de mortalité. Les hommes âgés de 33 à 44 ans et les femmes âgées de 15
à 29 ans sont les plus touchés. Ce type d’étude ne considère que le court ter-
me et n’évalue pas l’insécurité professionnelle et les conséquences de la crise
économique actuelle dans ses effets à long terme (Stuckler et al., 2009).
et Sundquist, 1997 ; Kposowa, 2001). Les suicidantes ont neuf fois plus sou-
vent une expérience de chômage dans les cinq dernières années et dix-huit
fois plus pendant l’année écoulée que les femmes n’ayant pas vécu l’expé-
rience du chômage (Runeson et al., 1996).
Les chômeurs suicidants appartiennent très souvent aux classes sociales
les moins favorisées. Mais avoir un travail n’est pas synonyme d’une bonne
intégration dans l’environnement. Parmi les 2 256 hommes évalués réguliè-
rement depuis leur enfance, 12 % d’entre eux ont fait l’expérience du chô-
mage entre 22 et 32 ans, et les facteurs prédictifs en étaient les conditions
socio-économiques et psychologiques défavorables dès l’enfance (Montgo-
mery et al., 1999). Être une femme seule et au chômage est une situation
associée à la tentative de suicide indépendamment de toute pathologie psy-
chiatrique (Runeson et al., 1996).
Certaines classes d’âge apparaissent plus vulnérables, notamment les
hommes d’âge moyen vivant un chômage de longue durée dont la princi-
pale conséquence est la diminution de l’estime de soi (Broomhall et Wine-
field, 1990 ; Lester et Yang, 2003).
La part attribuable au chômage dans les gestes suicidaires est variable en fonc-
tion des études, estimée à 7,3 % pour Beautrais et al. (1998), à 6 % pour Bla-
kely et al. (2003) et à 2,8 % pour Qin et al. (2003), qui considèrent, comme
Fergusson et al. (2001, 2007), qu’une part importante de cette relation est
attribuable à des facteurs d’enfance, des facteurs familiaux et des facteurs
psychiatriques eux-mêmes associés à un haut risque suicidaire.
Suicide et genre
Le suicide a-t-il un genre ?
L’analyse des décès par suicide confronte à un vrai paradoxe, du moins
en Europe. Les hommes se suicident en moyenne trois fois plus que les
femmes. Il existe un lien démontré par les autopsies psychologiques entre
l’existence d’un trouble psychique, et plus particulièrement la dépression,
et le suicide. Or, toutes les études épidémiologiques le prouvent, la dépres-
sion est plus souvent retrouvée chez les femmes. De même, les tentatives
de suicide sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, mais
elles sont néanmoins l’un des principaux facteurs de risque d’un suicide
ultérieur (Mishara et Tousignant, 2004).
Centrer ce propos sur l’Europe parce que nous y résidons est particuliè-
rement réducteur. En effet, de grands pays, comme l’Inde et la Chine, qui
représentent à eux deux un tiers de la population mondiale, sont des excep-
tions connues, où les taux de suicide féminin sont particulièrement élevés,
avec des distributions assez similaires dans les deux sexes. Sont alors mises
en avant comme facteurs explicatifs des hypothèses plus sociales en rapport
avec le statut de la femme dans ces pays.
Néanmoins, comment expliquer ce paradoxe masculin du suicide ?
D’une façon très simpliste, Durkheim, déjà confronté à ce problème,
considérait, à juste titre, que la famille protégeait, mais créditait les femmes,
et plus particulièrement les célibataires, d’une moindre intelligence et d’une
moindre créativité, ce que plus personne n’oserait écrire actuellement.
Il est actuellement avancé que les hommes se suicident plus parce que les
moyens utilisés (pendaison, armes à feu) sont plus létaux, les femmes leur pré-
férant les intoxications médicamenteuses, par disponibilité, par « tradition »
ou par une relation différente à l’image du corps, en pensant à ceux qui vont
les retrouver. Les hommes témoignent de plus d’impulsivité et de violence.
L’expérience de l’île de Gotland, détaillée dans le chapitre 13, « Le méde-
cin généraliste », a bien montré que la prévention habituelle du suicide par
une meilleure détection et prise en charge de la dépression profitait essen-
tiellement aux femmes, et non pas aux hommes qui par ailleurs n’avaient
pas plus consulté qu’auparavant. L’hypothèse retenue est que la dépression
chez les hommes se manifeste de façon différente, par plus d’agressivité,
de comorbidité – avec l’alcool – ou de traits de personnalité avec des com-
portements agis de nature antisociale. Les activités « paravent » seraient
différentes, plus agies pour les hommes (sport, alcool, tabac) que pour les
femmes (religion, lecture, expression des sentiments). La dépression serait
mieux détectée chez les femmes, qui verbalisent mieux leurs émotions,
qui consultent plus et parce que les critères diagnostiques actuels leur cor-
respondraient mieux. Une échelle de dépression considérée comme plus
54 Définitions, épidémiologie et déterminants
spécifique aux hommes (The Gotland Scale for Assessing Male Depression) a
d’ailleurs été élaborée par Rutz et Rihmer (2009). Cet autoquestionnaire re-
cherche plus spécifiquement l’irritabilité, l’agressivité, le sentiment d’épui-
sement, de fatigue inexplicable, le recours aux médicaments et à l’alcool,
les troubles du sommeil, la perception que l’entourage peut avoir de la per-
sonne, et les éventuels antécédents familiaux.
Tous ces éléments, y compris les données transculturelles, renvoient à la
notion de genre et non de sexe, opposant en fait le genre masculin au genre
féminin (Maris et al., 2000b ; Houle et al., 2008 ; Payne et al., 2008). Il est
traditionnellement attribué au genre masculin des valeurs de stoïcisme (un
homme ne doit pas exprimer ses émotions), d’autonomie (un homme doit
résoudre lui-même ses problèmes), de réussite (un homme doit réussir tout
ce qu’il entreprend), et un potentiel d’agressivité (un homme doit être ca-
pable d’être agressif si besoin). Le genre féminin est habituellement lié aux
relations aux enfants, aux autres, à la vie de famille et aux liens sociaux.
Les suicidants ayant vécu dans l’année un événement particulièrement
stressant (rupture, divorce, décès d’un proche, maladie, etc.) adhèrent beau-
coup plus au rôle traditionnel attribué à l’homme que les non-suicidants,
qui ont tendance à plus et mieux exprimer leurs émotions et rechercher de
l’aide (Houle et al., 2008). Cette notion de genre pourrait être le maillon
intermédiaire entre l’homme et la dépression et expliquer en partie la sur-
mortalité masculine par suicide. En effet, si beaucoup d’études s’intéressent
au suicide du jeune ou au suicide du sujet âgé, peu s’intéressent à l’adulte
en milieu de vie. Or, 40-50 ans correspond à un palier de vie, où l’on peut
ressentir, après une période de créativité, une relative stagnation. C’est une
période propice aux pertes (décès des parents, des amis), aux maladies,
aux changements de vie (divorce, ruptures), aux problèmes professionnels
(changement de travail, perte d’emploi) et à la renégociation des objectifs de
vie. C’est une « crise de milieu de vie », où les événements de vie contraires
peuvent s’enchaîner rapidement, débordant les capacités d’adaptation de la
personne, avec le sentiment de perdre le contrôle de sa vie, d’autodéprécia-
tion, d’avoir honte de ne pas avoir atteint ses objectifs ou de perdre ce qu’il
avait atteint. Ces blessures narcissiques peuvent s’avérer plus déstabilisantes
et mortifères chez l’homme que chez la femme, qui aura quant à elle gardé,
même si elle travaille, plus de relations familiales et sociales, filet protecteur
qu’il lui serait difficile, de par son genre, de rompre.
Au Japon
Dans le Japon traditionnel, la religion, le « shinto », a une position plutôt
ambivalente face au suicide. Tout en le condamnant, car cette religion
prône le respect de la vie transmise par les ancêtres et donnée par la na-
ture, le suicide sacrificiel, qui n’empêche pas le retour de l’homme à la
nature, est pardonné. Les traditionnels suicides pour l’honneur sont bien
ancrés dans la culture japonaise, tel le seppuku des samouraïs (suicide
rituel par éventration pour mourir dans l’honneur et éviter de tomber
dans les mains de l’ennemi) ou sa forme plus connue, le hara-kiri, avec
un coup de poignard profond dans l’abdomen. Les kamikazes de la Se-
conde Guerre mondiale reflètent également la culture japonaise, où le
suicide est pour le soldat japonais le véritable acte honorable (Kaneko
et al., 2009).
Au cours du temps, la société est devenue plus individualiste que groupale
et les méthodes suicidaires utilisées dans le Japon contemporain sont ac-
tuellement très proches de celles utilisées dans les pays occidentaux. Mais il
existe des formes de suicide très spécifiques au Japon contemporain comme
le shinju, ou suicide familial, détaillé dans le chapitre 12, « Suicides collec-
tifs », et le karôjisatsu, le suicide lié au travail et explicité dans le chapitre 19,
« Prévention du suicide en milieu professionnel ».
Bien que le suicide puisse être stigmatisé dans le Japon actuel comme
dans les cultures occidentales, beaucoup de Japonais ne considèrent pas le
suicide comme un comportement anormal et éprouvent de la compassion
dans les cas de suicides familiaux, pactes suicidaires ou homicide suicide.
Traditionnellement, l’acte suicidaire est la forme la plus élevée du sacrifice,
mais une personne qui commet un geste qui n’aboutit pas n’est pas consi-
dérée comme honorable, la personne et sa famille étant plutôt rejetées par
la société et objets de honte et de disgrâce.
Les troubles mentaux constituent au Japon un immense problème de
santé publique et font l’objet d’une telle stigmatisation qu’ils empêchent
les personnes de consulter. Les troubles psychiques ne sont pas considérés
comme des maladies, mais comme une absence de volonté, un problème de
self-control et de faiblesse de caractère : c’est une faute individuelle (Kawa-
nishi et Kanoko, 2009).
58 Définitions, épidémiologie et déterminants
En Inde
En Inde, le Code pénal considère le suicide comme punissable, ce qui n’est
pas sans conséquences. En effet, nombre de médecins hésitent à considérer
les gestes suicidaires en tant que tels ou à les prendre en charge par peur des
problèmes légaux, et nombre de tentatives de suicide sont donc déclarées
comme des « accidents ».
Et là réside toute l’ambiguïté de l’Inde face au suicide. Le suicide est pu-
nissable par la loi et condamné par l’hindouisme, l’une des plus vieilles
religions du monde, qui agit comme un mode de vie pour les Hindous ;
cependant, les suicides religieux sont excusables, voire glorifiés. Le suicide
est donc beaucoup plus lié aux problèmes psychosociaux qu’aux problèmes
psychopathologiques. C’est ainsi qu’ont été décrits dans l’Inde ancienne les
suicides religieux dits mahaparasthana ou great journey, où l’homme marche
jusqu’à épuisement vers le nord-est, et le jauhar, suicide de masse réalisé par
une communauté médiévale face à une défaite pour échapper à la honte, à
la torture et au déshonneur, pouvant donc concerner hommes, femmes et
enfants (Vijayakumar, 2009). Le sati correspond à l’immolation de femmes
hindoues se jetant dans le bûcher funéraire de leur époux ou s’immolant
après le décès, car elles n’ont plus aucun rôle social. En réalisant le sati, la
femme est acclamée, considérée comme une martyre dont le sacrifice est
censé protéger sa famille sur trois générations (Bhugra, 2004).
Bien qu’actuellement interdite, l’immolation par le feu demeure un phé-
nomène particulier toléré et parfois même encouragé et, en tout cas, ac-
cessible dans chaque maison. Cette méthode, actuellement utilisée dans
10 % des suicides (majoritairement des femmes), est en lien avec la culture
hindoue dans laquelle le feu est sacré et sanctifie les naissances, les mariages
et les décès par la crémation.
Les femmes indiennes se suicident plus que les femmes occidentales et
utilisent dans 37 % des cas le poison, dans 36 % des cas la pendaison et dans
8 % des cas l’immolation. Ce sont surtout des facteurs sociaux liés au sta-
tut de la femme qui expliquent ces gestes, comme par exemple le divorce,
les affaires de dot, les annulations de mariage, une grossesse illégitime ou
une relation extramaritale (Maselko, 2008). Ceux qui s’aiment mais dont
l’amour est désapprouvé par leur famille songent souvent au suicide, seuls
ou ensemble dans le cadre d’un pacte suicidaire, car une telle attitude rompt
les liens familiaux et constitue un réel défi aux familles. Sont ainsi expliqués
3 % des suicides (Tousignant et al., 1988 ; Sharma, 2007 ; Vijay et Links,
2007 ; Mohanty et al., 2007).
L’approche préventive du suicide en Inde est délicate, car ce pays est
confronté à beaucoup d’autres priorités de santé publique. Les services de
santé mentale sont peu nombreux pour répondre aux besoins, et on comp-
tabilise 3 500 psychiatres pour un billion d’habitants. Des organisations
Données sociologiques et culturelles 59
Migrants
L’émigration, quelles qu’en soient ses raisons (politiques, économiques,
culturelles), est un processus long et difficile comprenant différentes éta-
pes : la pré-émigration, lorsque les personnes décident d’émigrer et élabo-
rent leurs stratégies, la migration physique en temps que telle, puis la post-
migration, lorsque les personnes sont confrontées à une nouvelle culture et
à une nouvelle société. L’émigration, réel événement de vie majeur et
60 Définitions, épidémiologie et déterminants
éstabilisant, n’aura pas le même impact sur les individus si elle est choisie
d
ou contrainte, et si elle les conduit loin de leurs racines. Elle sous-tend
également un processus d’acculturation, c’est-à-dire un processus d’adapta-
tion d’un individu ou d’un groupe à un autre groupe social.
Il est habituellement considéré que le nombre de suicides peut être plus
élevé dans certains groupes d’émigrés. Les tentatives de suicide sont plus
souvent le fait des femmes jeunes contraintes de suivre leurs conjoints. La
religion, la cohésion familiale et l’existence d’un réel support social sont des
facteurs de protection contre la dépression pendant le processus d’accultu-
ration (Sharma et Bughra, 2009).
4 Données biologiques
et neuro-anatomiques
Génétique
Compte tenu des extrêmes complexités et variabilité des comportements
auto-agressifs et notamment suicidaires, ainsi que du caractère transnoso-
graphique de la crise suicidaire, il est finalement assez surprenant que la gé-
nétique, dans son aspect de « science dure », se soit avérée un outil d’inves-
tigation pertinent. Les querelles nature/culture ont de tout temps traversé
l’histoire de la psychiatrie et, finalement, le gène de la folie, le gène de la
schizophrénie ou le gène de la psychose maniaco-dépressive, pour prendre
les exemples de maladies bien caractérisées, n’ont jamais été mis en évidence.
Au contraire, quelques gènes candidats pour rendre compte de certaines
formes cliniques, ou une influence héritable diffuse, prédisposante plus que
causale, ont pu être invoqués.
Le même flou existe si l’on se penche sur la problématique suicidaire.
Dans l’hypothèse d’un modèle stress/diathèse, même si un certain nombre
de circonstances existentielles ou d’événements de vie ont pu être impli-
qués dans les comportements suicidaires, tous les sujets qui traversent les
mêmes épreuves n’y succombent pas, ce qui laisse supposer des facteurs de
fragilité intrinsèques ou, à l’opposé, des facteurs de résilience personnelle.
Les études étayant l’existence de composantes génétiques, directes ou indi-
rectes, dans la genèse du comportement suicidaire sont d’abord les études fa-
miliales, mais surtout les études de jumeaux, ainsi que les études d’adoption.
Études familiales
Elles consistent à comparer le taux de suicide ou de comportements suicidaires
chez des apparentés de suicidés ou de suicidants, avec ces mêmes com
portements d’une population témoin aussi appariée que possible, constituée
d’apparentés de sujets, patients ou non, sans problématique suicidaire.
Très nombreuses, elles ont largement alimenté le vieux débat, aujourd’hui
obsolète, entre les partisans de l’influence environnementale ou psychody-
namique et les « organicistes ».
La transmission au sein des familles est un « héritage » dont il n’est pas
possible de séparer la composante naturelle et la composante culturelle
ou psychosociale. Ce qui se transmet au sein des familles touchées par
Le geste suicidaire
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62 Définitions, épidémiologie et déterminants
impulsive chez les déprimés suicidants que chez les autres. S’agirait-il là du
« chaînon manquant », de l’endophénotype caché qui recoupe par ailleurs
tous les travaux biologiques mettant en cause la régulation sérotoninergique ?
Brent (2009) objecte qu’il serait un peu rapide de considérer le cluster B et ses
manifestations agressives ou impulsives comme un « endophénotype », ce qui
sous-tendrait une héritabilité génétique, sans prendre en compte les travaux
évoqués par ailleurs (cf. chapitre sur les Événements Précoces, p. 91) montrant
qu’une grande part (au moins 60 %) de ce qui court dans les familles peut être
analysée en termes de transmission intergénérationnelle du traumatisme (ce
qui est à l’œuvre de façon emblématique dans les familles à abus sexuels).
Études de jumeaux
Les études de jumeaux constituent une étape supplémentaire vers la distinc-
tion entre le facteur génétique et le facteur environnemental. Les « vrais »
jumeaux ou jumeaux homozygotes partagent le même capital génétique,
ainsi que les mêmes influences environnementales. Ils sont comparés aux
« faux » jumeaux, dizygotes, de préférence de même sexe, qui ne partagent
que 50 % du capital génétique, tout en ayant des influences environne-
mentales proches, même si leurs différences induisent naturellement des
différences de comportement parental.
Roy et Segal (2001) ont réalisé trois de ces études, la dernière, confirmatoire,
en 2001, et concluent de façon consistante à une concordance pour le compor-
tement suicidaire chez les monozygotes, non retrouvée chez les dizygotes.
Une méta-analyse de trente-deux publications (Voracek et Loibl, 2007),
regroupant les études de cas et les études de registres de cas, montre une
concordance statistiquement plus forte pour le suicide chez les monozygotes
comparés aux dizygotes. L’héritabilité est estimée à 30-50 % pour le com-
portement suicidaire. Les facteurs d’environnement non partagés contri-
buent largement au risque de comportement suicidaire, ce qui ne semble
pas être le cas pour les facteurs d’environnement communs familiaux. La
principale de ces enquêtes a été réalisée en Australie (Statham et al., 1998)
auprès de 5 995 jumeaux interrogés par téléphone, et retrouve des corréla-
tions attendues entre la suicidalité et divers troubles psychiatriques, notam-
ment dépressifs, anxieux et alcooliques. Sont également mises en évidence
des corrélations avec des événements traumatiques comme des abus sexuels
dans l’enfance ou des pertes d’emploi ou de cadre familial. Interviennent
aussi des traits de personnalité, comme le neuroticisme et l’affiliation reli-
gieuse. La part de la variance attribuable à l’héritabilité génétique, attestée
par la différence de concordance entre jumeaux monozygotes et jumeaux
dizygotes (OR = 3,9), est de l’ordre de 45 %. Fu et al. (2002), dans leur étude
portant sur 3 372 paires de jumeaux, concluent eux aussi à un mélange d’in-
fluences génétiques additives (36 % pour l’idéation suicidaire, 17 % pour les
64 Définitions, épidémiologie et déterminants
Études d’adoption
Elles consistent à comparer l’incidence d’un trouble dans les familles adoptives
d’un sujet victime de ce trouble, et dans leurs familles biologiques, avec com-
me groupe contrôle les familles adoptives et biologiques d’adoptés « sains ». La
part environnementale et la part génétique sont ainsi assez bien disséquées.
Il n’existe que trois études d’adoption se prêtant à une méta-analyse. Ces
études montrent huit fois plus de suicides au sein des familles biologiques
d’adoptés décédés de suicide (tout comme, d’ailleurs, d’adoptés schizophrènes
ou souffrant de troubles de l’humeur), par comparaison avec les familles
biologiques de sujets sains. La première étude de Kety et al. (1968) n’était
pas spécifiquement centrée sur le suicide, mais 10 ans après, la même équipe
(Schulzinger et al., 1979) retrouve six fois plus de suicides chez les appa-
rentés biologiques d’adoptés suicidés que dans leurs familles adoptives. La
troisième étude exploitant ce même registre d’adoptés danois se centre sur
des proposants souffrant de troubles de l’humeur, et trouve quinze fois plus
de suicides chez les apparentés biologiques d’adoptés pathologiques que
chez les apparentés biologiques d’adoptés indemnes. Le lien entre troubles
de l’humeur et suicide est ainsi réaffirmé, mais avec un risque important de
comportement suicidaire chez les apparentés biologiques des sujets souf-
frant non pas de pathologies thymiques avérées, mais de troubles réactifs
proches de ce qui s’observe dans le cadre actuel de la personnalité limite,
avec son impulsivité et ses réactions agressives-explosives.
Dans leur ensemble, ces études convergent vers l’existence d’une contri-
bution d’un facteur génétique à la prédisposition ou à la fragilité suicidaire,
sans toutefois que l’importance de cette contribution ni sa nature génétique
intime soient précisées. Quelques recherches pointent toutefois vers le sys-
tème sérotoninergique, très concerné dans la problématique dépressive et
suicidaire à la suite des travaux sur les neuromédiateurs cérébraux.
Un certain nombre de gènes candidats ont donc été explorés.
(1994) ont d’abord publié une association entre un allèle du gène de la TPH et
une histoire de suicide violent chez des alcooliques. Bien d’autres investigations
ont suivi, résumées par Wasserman et al. (2007), mais ont donné des résultats
très contradictoires. Les premières investigations sur les variants génétiques de
la TPH se sont révélées contradictoires, voire négatives. En fait, ces premières
recherches portaient sur la TPH1, un autre gène (TPH2) d’identification plus
récente localisé sur le chromosome 12 (et d’expression plus spécifiquement
cérébrale) s’étant révélé plus prometteur. Mais il en va des « découvertes » de
la psychiatrie biologique, notamment des données génétiques, comme des sai-
sons ou des modes, et seul le recul permet de décanter les connaissances.
D’autres pistes ont été explorées, comme le gène du transporteur de sé-
rotonine (SERT) ou les gènes des récepteurs 5HT1A, 5HT1B et 5HT2A, ainsi
qu’une possible relation entre le suicide et un polymorphisme directement
impliqué dans la régulation de la transcription du gène 5HT1A.
Médiateurs cérébraux
Sérotonine
L’implication de la sérotonine dans la neurobiologie des comportements
suicidaires a été évoquée à partir des travaux de Marie Asberg sur les méta-
bolites de la sérotonine chez des patients souffrant de troubles de l’humeur
(acide 5-hydroxyindolacétique – 5HIAA – dans le liquide céphalorachidien ;
Asberg et al., 1976). En fait, il est assez rapidement apparu que cette particu-
larité, retrouvée de façon consistante dans diverses populations pathologi-
ques étudiées, n’était pas tant reliée à la catégorie de trouble psychiatrique
sous-jacent qu’à la capacité à réaliser des actes suicidaires, plus encore dans
un climat de violence et sur un fond de trouble de contrôle des impul-
sions avec agressivité. Traskman et al. (1981) ainsi que Roy et al. (1989) ont
montré dans des études prospectives de sujets ayant fait une tentative de
66 Définitions, épidémiologie et déterminants
suicide et ayant fait l’objet d’une mesure du 5-HIAA rachidien à cette occa-
sion, dans l’année suivante pour la première équipe, dans les 5 ans pour la
seconde, que la réitération suicidaire était nettement plus fréquente chez
ceux qui avaient des taux de 5-HIAA inférieurs à 80-90 pmol/ml.
Cette réduction de la fonction sérotoninergique chez les suicidants a aussi
été confirmée par l’exploration de la densité des récepteurs sérotoninergiques
5HT1A et 5HT2A, avec des variations de densité inégales selon les régions
cérébrales étudiées à partir de cerveaux de sujets décédés de suicide (Arango
et al., 1995, 1997). On retrouve une augmentation de densité, notamment
au niveau du cortex ventral préfrontal pour les récepteurs post-synaptiques,
ce qui peut être interprété comme le reflet, par up-regulation compensatrice,
d’une relative désafférentation sérotoninergique. Une diminution des affé-
rences sérotoninergiques présynaptique a d’ailleurs été rapportée.
Pour Mann (1998), l’importance du cortex ventral préfrontal tient no-
tamment à son implication dans les fonctions exécutives inhibitrices. Un
défaut sérotoninergique à ce niveau peut donc être lié à une propension
au passage à l’acte, qu’il soit auto- ou hétéro-agressif. Une diminution
du nombre des récepteurs 5HT1A a aussi été évoquée dans l’hippocampe
(Cheetham et al., 1990).
Une autre approche est de considérer que le chaînon manquant entre
sérotonine et suicide pourrait se situer au niveau de prédispositions ou de
dimensions agressives, explosives ou impulsives (certains parlent de « phé-
notype intermédiaire »). C’est ce qui a été envisagé avec une étude entre les
gestes suicidaires et la constellation de traits de la personnalité enclins aux
déchaînements de colères violentes et/ou disproportionnées (Manuck et al.,
1999). Là encore, quelques indices fragmentaires peuvent pointer vers une
association avec un allèle du gène TPH1 (Rujescu et al., 2002).
Le gène du transporteur de la sérotonine (SERT) a lui aussi été étudié dans
plusieurs pathologies liées au suicide. Il existe deux allèles fonctionnels de
ce gène qui joue un rôle important dans la régulation de la fonction séro-
toninergique : un allèle court, lié à une forme moins performante du trans-
porteur, et une forme longue. Plusieurs études mettent en évidence une
interaction entre la présence de cet allèle court et l’existence d’événements
de vie ou de conditions d’élevage défavorables dans l’enfance (Caspi et al.,
2003), et la capacité à développer ultérieurement des syndromes dépressifs,
de même que les sujets à allèle court résistent moins bien aux événements
de vie traumatiques récents (Currier et Mann, 2008).
Si la voie sérotoninergique est la plus constamment évoquée et l’objet des
investigations les plus poussées, la réalité neurobiologique est largement
plus complexe, et les neuromédiateurs connus et explorés interagissent
les uns avec les autres (sans parler de ceux qui ne sont pas encore dans le
champ de vision des biologistes !).
Données biologiques et neuro-anatomiques 67
Noradrénaline
En ce qui concerne la noradrénaline, le détail des investigations explorant
directement un lien avec le suicide et le comportement suicidaire est inutile
dans le cadre de cet ouvrage, car les données sont anciennes, fragmentaires
et ne concordent guère. Les résultats négatifs prédominent à telle enseigne
que l’on retiendra un rôle noradrénergique minime ou nul dans la phy-
siopathologie du comportement suicidaire au sens strict du terme. Mais
il n’en est pas de même dans un modèle stress/diathèse. De même que la
piste sérotoninergique s’oriente plus vers un phénotype intermédiaire que
sur un lien direct, la piste noradrénergique s’orienterait vers une problé-
matique de mauvaise gestion du stress. Le stress aboutit à une hyperpro-
duction de noradrénaline notamment au niveau du locus coeruleus, et la
noradrénaline est considérée comme cruciale dans la gestion de ce stress.
Or, quelques travaux mettraient en évidence des variations génétiques de
la tyrosine hydroxylase associées au diagnostic de trouble de l’adaptation,
si souvent associé à la production de gestes suicidaires ou auto-agressifs.
D’autres résultats pointent vers une association de l’allèle T8 de la tyrosine
hydroxylase et des scores élevés de neuroticisme, d’hostilité/colère et de
vulnérabilité au questionnaire NEO (Neuroticism-Extroversion-Openness) de
personnalité.
Dopamine
Encore moins de données lient le système dopaminergique à la suicidalité
(Pitchot et al., 2001). En revanche, à l’instar de la noradrénaline, la dopamine
est impliquée dans le contrôle des impulsions, celles-ci requérant pour
s’activer une activation dopaminergique. Cela passe par le système de gra-
tification et de récompense, qui influe sur la recherche de satisfactions im-
médiates, notamment sur les comportements d’appétence toxique et donc
sur la réponse impulsive à la frustration. Il y a là les contours d’un autre
« phénotype intermédiaire » qui peut concourir à la psychopathologie sui-
cidaire et auto-agressive, les liens entre ces composantes apparaissant tant
dans les données de l’épidémiologie que dans celles de la clinique. En effet,
des polymorphismes fonctionnels des gènes impliqués dans la libération
striatale (donc au niveau du système de récompense) de dopamine sont
associés à la dimension impulsive, ce qui n’est pas le cas pour des variants
qui fonctionnent au niveau du cortex orbitofrontal.
Par ailleurs, de nombreux travaux mettent en relation des variations gé-
nétiques du gène codant pour le récepteur dopaminergique D4 et la qualité
de l’attachement maternel dans le jeune âge, avec les conséquences éven-
tuelles sur la génération de traumatismes précoces ou de troubles rattachés
à une anxiété de séparation. C’est un autre exemple de convergence vers un
68 Définitions, épidémiologie et déterminants
Facteurs métaboliques
Les facteurs métaboliques impliqués dans la physiopathologie du suicide ou
des actes auto-agressifs ou violents renvoient tous au métabolisme lipidique.
Cholestérol
Plusieurs études ont lié la suicidalité et la violence à des taux bas de cho-
lestérol, que ce soit chez des patients psychiatriques, chez des suicidants
indépendamment du diagnostic psychiatrique (Modai et al., 1994) ou tout
simplement chez des sujets violents (Golomb, 1998).
En population générale, une association a été décrite entre des taux bas
de LDL cholestérol (< 40 mg/dl) et les gestes suicidaires chez la femme, sans
corrélation avec les idées suicidaires, ni corrélations chez l’homme (Zhang
et al., 2005). Mais d’autres études avaient suggéré chez l’homme une cor-
rélation entre la mortalité suicidaire et des taux de cholestérol inférieurs à
160 mg/dl (Neaton et al., 1992, chez 351 000 hommes suivis depuis 12 ans).
En dépit de certaines contradictions, une méta-analyse de dix-huit études
sur ce thème reste évocatrice d’un lien entre les taux bas de cholestérol et le
risque de suicide (Jacobs et al., 1992).
D’autres études ont suggéré que les hypocholestérolémiants pouvaient
diminuer la mortalité coronaire, mais que la mortalité totale des groupes
traités ne diminuait pas du fait d’une augmentation des décès par accident,
suicide ou comportement violent (Golomb, 1998). L’examen de cerveaux
de sujets décédés par suicide montre une diminution des taux de choles-
térol au niveau du cortex frontal (Lalovic et al., 2007). Les mécanismes
biologiques d’une telle corrélation sont encore obscurs. Une hypothèse
stipule qu’une diminution du cholestérol cérébral, notamment au niveau
membranaire, pourrait retentir sur le système sérotoninergique en fonction
d’une altération de la microviscosité des membranes cellulaires (Kaplan
et al., 1994). De même, le cholestérol étant une composante de la constitution
des synapses, sa réduction pourrait affecter la plasticité synaptique.
Facteurs nutritionnels
Très étudiés en ce moment sont les acides gras poly-insaturés. Un consensus
épidémiologique converge vers l’association entre des taux bas d’oméga-3
70 Définitions, épidémiologie et déterminants
Faisons d’abord justice d’un lieu commun qui survit : l’influence lunaire
sur les comportements suicidaires. Les études de vérification publiées à ce
jour ne trouvent aucune influence des phases de la lune, quelle que soit la
façon dont les données sont analysées et les paramètres pris en compte,
notamment le degré de violence des suicides (Bierman et al., 2005 ; Voracec
et al., 2008).
En ce qui concerne la saisonnalité, une tendance nette va dans le sens
d’un pic de suicides et de tentatives autour du printemps, avec une baisse à
l’automne (Rocchia et al., 2007). Pour les tentatives de suicide, le pic serait
automnal avec une baisse au printemps (Valtonen et al., 2006). Selon les
données et les pays, cette tendance peut être générale, plus accentuée ou ne
concerner que les femmes, être plus marquée pour les suicides violents ou
imperceptible pour les tentatives de suicide médicamenteux. Sur l’ensemble
des décès entre 2000 et 2004 aux États-Unis, Kposowa et D’Auria (2009)
trouvent plus de décès par suicide en juillet et août.
On a aussi rapporté, pour les femmes, une plus grande fréquence des ges-
tes suicidaires le dimanche, avec une moindre fréquence le vendredi. Mais
pour Kposowa et D’Auria (2009), il y a plus de suicides le mercredi que le
dimanche.
Peu de travaux ont tenté de croiser les variations saisonnières du compor-
tement suicidaire et les diagnostics de pathologies psychiatriques (Valto-
nen et al., 2006). Il n’y a guère de variation saisonnière dans les catégories
diagnostiques apparentées à la schizophrénie. En revanche, les troubles de
l’humeur sont bien caractérisés par une augmentation printanière et une
diminution hivernale. Une évaluation de la variation circannuelle des sites
de liaison du transporteur de la sérotonine montre une densité augmentée
l’hiver, avec pour corollaire une baisse des niveaux synaptiques de sérotonine
(Praschak-Rieder et al., 2008), ce qui concorde avec les données chrono-
biologiques sur la dépression. Les auteurs constatent paradoxalement une
diminution printanière alors que c’est à ce moment que l’on trouve les pics
de suicide, mais interprètent cet apparent paradoxe en fonction de spécifi-
cités de localisation anatomique des familles de récepteurs.
Les tentatives de suicide en liaison avec l’alcool ont plutôt un pic esti-
val, ainsi que lors des fins de semaine. Dans le nycthémère, les suicidants
contactent les services de santé plutôt en fin de soirée ou autour de minuit,
et ceux qui contactent plus tard dans la nuit reçoivent moins d’attention,
de temps d’écoute et d’orientation adéquate que ceux qui expriment leur
souffrance à des horaires plus civilisés.
Ces données en disent finalement assez peu sur la chronobiologie du sui-
cide, mais plus sur les variations de la demande de soins liée aux comporte-
ments de mise en danger de soi et sur le souhaitable renforcement des équipes
spécialisées dans l’accueil des suicidants à certaines heures de la nuit.
72 Définitions, épidémiologie et déterminants
Syndrome présuicidaire
L’un des modèles les plus éclectiques que nous ayons rencontré est ce que
Ringel appelait en 1958 le syndrome présuicidaire (détaillé dans Ringel, 1976),
qui définit l’état d’esprit spécifique qui prélude au passage à l’acte. Il s’agit en
quelque sorte d’une configuration psychopathologique de base, transnoso-
graphique au sens où ses diverses composantes peuvent être liées aussi bien à
telle ou telle pathologie psychiatrique, aux événements de vie ou au contexte
psychosocial, tout comme certaines d’entres elles semblent d’une étonnante
modernité eu égard aux théories cognitivo-comportementales en vigueur
actuellement. Et pourtant, le « syndrome présuicidaire » d’Erwin Ringel a
fêté son demi-siècle en 2008. Rappelons qu’Erwin Ringel a fondé à Vienne
en 1960 l’Association internationale pour la prévention du suicide.
La triade qui compose le syndrome présuicidaire associe une situation de
constriction, une agressivité inexprimable (par des mots) et la production
de mentalisations et de fantasmes suicidaires.
La constriction peut être situationnelle. Ce peut être une situation réelle :
deuil, abandon. Ce peut être aussi une impasse existentielle subie (maladie ou
handicap physique) ou à laquelle le sujet a fortement contribué par ses pro-
pres actions ou agissements. Ce peut être enfin une situation subjective, sym-
bolique, voire délirante comme dans le cas des mélancolies ou des paranoïas.
La composante « dynamique » de la constriction aboutit à une rigidité
des perceptions et des associations et à un rétrécissement de la variété des
comportements qui deviennent raides, stéréotypés.
La constriction « affective » aboutit à une réduction de la capacité d’adap-
tation et à un appauvrissement des mécanismes d’homéostasie émotionnelle
et de la capacité à « relativiser », à « donner du temps au temps ». Ringel si-
tue à ce niveau une perception du temps comme figé, proche de ce qui est
Le geste suicidaire
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76 Définitions, épidémiologie et déterminants
Tableau 5-1
Syndrome présuicidaire
Constriction (situationnelle)
Dynamique Cognitions et pensées négatives
Systèmes de croyance et désespoir
Rigidité de traitement des informations
Affective Dépression
Maladies anxieuses
Des mécanismes de défense Prédominance des mécanismes égocentrés
Conversion
Répression
Refoulement
Inhibition
Des relations humaines Pertes de soutien
Pertes des groupes d’appartenance
Isolement
Des valeurs Perte des références morales et religieuses
Autodépréciation
Agression bloquée Refoulée
Retournée sur soi
Personnalités à surmoi tyrannique
Inhibition
Isolement
Fantaisies suicidaires Idée de mort
Idée de suicide
Élaboration d’un scénario
Rumination avant le scénario
1 Système diagnostique d’origine germanique, mis au point par l’Association pour la métho
dologie et la documentation psychiatrique.
Données psychopathologiques 79
car cela va contre le « bon sens clinique », une corrélation négative avec
l’agitation. En fait, la contradiction n’est qu’apparente, car si en effet les
états où s’expriment agressivité et agitation anxieuse peuvent préluder à
des raptus suicidaires, la capacité à s’exprimer, à donner issue à la tension
intérieure, peut avoir la valeur cathartique que lui attribuait Ringel.
Sentiment de désespoir
Il a été exploré par Beck et al. (1985) dans une étude prospective de 10-
15 ans sur des sujets repérés par des tentatives de suicide passées. Au cours
du suivi, 14 des 207 sujets sont décédés de suicide. Parmi l’ensemble de
données cliniques recueillies initialement, seules les échelles de désespoir
et l’item de pessimisme de l’inventaire de dépression de Beck auraient pu
permettre de prédire l’issue fatale. Un score supérieur à 10 à l’échelle de
désespoir identifiait 91 % des suicides.
Rumination
Les ruminations sont inhérentes au stress post-traumatique ainsi qu’aux for-
mes cliniques intenses de dépression, même si les processus attentionnels
80 Définitions, épidémiologie et déterminants
Pensée dichotomique
La pensée dichotomique, ou pensée manichéenne, est une forme d’appré-
hension du réel en termes binaires : tout ou rien, blanc et noir. Neuringer
(1961), utilisant un test de différenciation sémantique, a ainsi démontré
qu’un groupe de suicidants s’est avéré significativement plus dichotomique
que des patients psychosomatiques ou des témoins. La conclusion de cette
série de travaux (Neuringer, 1976) est que les suicidants ont une pensée
rigide et extrémiste, les privant de la flexibilité psychique autorisant l’élabo-
ration de solutions de compromis devant les épreuves de la vie.
Rigidité cognitive
Explorée dans de nombreux tests, dans cette continuité, elle renvoie à
un défaut de capacité de résolution de problèmes, avec une plus grande
dépendance au champ (dépendance au contexte environnemental). L’in-
térêt pour cette rigidité cognitive s’est déplacé des outils élémentaires
d’investigation que sont les tests sémantiques ou arithmétiques, à la réso-
lution de problèmes interpersonnels, autrement plus complexes (Linehan
et al., 1986).
Résolution de problèmes
Elle est au centre des difficultés du suicidant. Ses différentes phases abou-
tissent chez le sujet normal, à une succession d’étapes articulées de façon
suffisamment fluides pour qu’elles soient en général, dans la vie courante,
inconscientes. Mais dans la pensée dépressive et chez le suicidant, il peut y
avoir achoppement dans les différences étapes que sont (D’Zurilla et Nezu,
1990) :
• l’orientation du problème ;
• la génération de solutions alternatives ;
• la prise de décision (choix d’une solution) ;
• la mise en œuvre de la solution ;
• la vérification de la solution.
L’étude de ces processus de résolution de problèmes dans le domaine des
relations interpersonnelles montre des différences qualitatives entre les dé-
primés et les suicidants récents et des témoins, et met bien en évidence les
dysfonctionnements dans la pensée dépressive ; la variable thymique liée à
l’état est prépondérante. La différenciation entre la composante « état » et la
composante plus stable de « trait » est moins claire. Linehan (1993) souligne
que les stratégies dysfonctionnelles et les assertions inutiles (assertions à
Données psychopathologiques 81
Mémoire autobiographique
Un lien entre la difficulté de résolution de problèmes face aux événements
de vie adverses pourrait résider dans une distorsion de la mémoire autobio-
graphique (Wilson et al., 1995). Le trouble aboutit à ce qu’à la présentation
de mots inducteurs, le sujet ne répond pas par une évocation mnésique
précise ou spécifique, mais par une évocation mnésique à caractère général
ou global. Cette tendance serait associée à des antécédents d’événements
négatifs (Williams, 1999). Dans le stress post-traumatique, ce même phé-
nomène a été évoqué chez des anciens combattants arborant leurs déco-
rations, ce qui signe l’incapacité à dépasser un rôle passé et à se projeter
dans l’avenir.
Le psychanalyste et le suicide
Premières contributions : Freud et Menninger
La contribution psychanalytique à la compréhension du suicide trouve ses
origines dans l’œuvre de Freud lui-même, bien que la thématique suicidaire
n’ait pas vraiment fait l’objet d’une réflexion spécifique. C’est d’ailleurs
autour de la pathologie psychiatrique, dans Deuil et mélancolie (1915) que
Freud situe « la défaite de la pulsion qui oblige tout vivant à tenir bon à la
vie ». Il est très intéressant de rappeler que, dans cet essai, Freud prend bien
soin de faire un parallèle non pas avec toute mélancolie (puisqu’il recon-
naît l’hétérogénéité du concept), mais avec « un petit nombre de cas dont
l’origine psychogène ne fait guère de doute », écartant les formes les plus
« somatiques ».
82 Définitions, épidémiologie et déterminants
Narcissisme
Les travaux sur le narcissisme découlent largement de ces vues et, pour
Rosenfeld (1971), les composantes agressives et destructrices du narcis-
sisme sont déterminantes. La structuration narcissique est une défense
contre la dépendance, et la dépendance à un objet (supposé bon) va sus-
citer le désir de possession et de maîtrise. Lorsque les composantes des-
tructrices sont exacerbées, l’objet est menacé, tout comme le self, avec un
désir de mort mégalomaniaque comme une solution à tous les problèmes.
Dans la suite de ce courant de pensées, Kernberg (2001) stipule que le self
est identifié à l’objet haï, et l’auto-élimination devient la seule issue pour
attaquer l’objet. Il utilise le terme de malignant narcissism pour qualifier
une perturbation infiltrante du surmoi caractérisée par les comporte-
ments asociaux, le sadisme ego-syntonique et l’installation dans une pro-
blématique suicidaire chronique prenant la valeur d’une maîtrise froide
et parfois calculée d’un environnement (et parfois d’un thérapeute) im-
puissant et désarmé.
Kohut (1971) a mis en parallèle les sentiments de honte et d’envie,
l’idéal du moi et la colère narcissique avec le suicide. Le maintien du
contrôle sur l’environnement pour maintenir l’estime de soi conduit à
une relation objectale particulière, avec un « objet-soi » renvoyant une
image positive, comme un miroir flatteur. La perte de cet objet-soi aboutit
pour cet auteur à deux formes d’auto-agression : celle du moi envers le soi
défaillant (forme dépressive) ou celle du surmoi cruel envers le soi (ven-
geance narcissique).
La réflexion sur le narcissisme dans son influence sur le geste suicidaire ne
doit pas faire oublier qu’il y a trois acceptions : (1) pathologie de la person-
nalité (personnalité narcissique, finalement assez proche de la personnalité
borderline) ; (2) dimension narcissique, construction psychologique explo-
rable par des instruments adaptés ; (3) vulnérabilité narcissique avec mise
en jeu de défenses inadaptées contre l’attaque du soi.
Ce qui peut être en jeu dans certains suicides (souvent graves) est le
mécanisme narcissique, car les investigations des liens entre la dimension
narcissique de la personnalité et les troubles comportementaux (Svindseth
et al., 2008) montrent au terme d’analyses multivariées que si violence,
estime de soi exacerbée et hospitalisations sous contrainte sont corrélés
à des scores élevés de narcissisme, la corrélation est inverse pour dépres-
sion et tendance suicidaire. Plus souvent en effet, la dynamique suicidaire
Données psychopathologiques 85
s’inscrit dans une mauvaise image de soi, dans des failles narcissiques.
Pour les psychanalystes de langue germanique (Erzerdorfer, cité par Ron-
ningstam et al., 2009), le suicide constitue une réaction extrême à l’at-
teinte de l’estime de soi, une forme d’autopréservation par fusion avec un
objet primaire.
La dimension relationnelle
On retrouve fréquemment des antécédents suicidaires aux générations
précédentes. Le patient a souvent une fonction familiale particulière. Par
exemple, il est chargé de résoudre un problème qui le dépasse comme
élever un collatéral ou un puîné, soigner un ascendant, remplacer un
mort ou incarner des valeurs familiales. Il peut être pris dans des conflits
parentaux ou conjugaux ouverts ou larvés, avec alliances secrètes et
transgénérationnelles, conflits de loyauté non formulables. Le position-
nement familial est mal différencié, avec confusion des rôles et confusion
générationnelle.
Des ruptures sentimentales interrogeant la sexualité et la capacité à
s’autonomiser ou à créer de nouvelles « appartenances » agissent comme
des révélateurs. Les problématiques familiales sexuelles sont fréquentes :
climat relationnel incestueux ou violences sexuelles. On retrouve souvent
aussi une pauvreté de la communication tant quantitativement que quali-
tativement, interprétée comme un manque d’amour ou pire encore comme
de l’indifférence. Le risque de suicide est rarement évoqué : chacun sait qu’il
existe, mais personne ne sait que tout le monde sait (Neuburger, 1995). Tout
le monde compte sur les autres pour résoudre le problème ou sur le temps et
le silence. Les menaces de suicide sont connotées moralement. On parle de
« chantage affectif », de « comédie », « d’enfantillage ». Pour Vallée (1988),
la tentative de suicide est d’emblée située sur le plan des interactions fami-
liales. Cet auteur distingue les familles à transactions suicidaires et les fa-
milles à transactions mortifères. Dans tous les cas, le discours des survivants
du suicide est toujours le même : déni et banalisation qui invalident toute
démarche psychologique de mise en perspective, de recherche de sens et
d’expression de la souffrance.
Événements de vie
La question de l’interaction entre le sujet suicidaire et son environnement
est complexe. Elle concerne à l’évidence les suicides « psychogènes », les
crises psychosociales et les gestes suicidaires se déroulant dans un contexte
névrotique. Elle peut être aussi retrouvée dans les situations pathologiques
les plus « biologiques » (états psychotiques, troubles bipolaires).
Les événements de vie peuvent être des déclencheurs récents (dans les
six mois précédents) de gestes suicidaires. Ils peuvent aussi être survenus
précocement dans la construction de l’individu et de sa personnalité. La
situation la plus fréquemment rencontrée chez les suicidants est la somma-
tion de circonstances événementielles adverses précoces, fragilisant la per-
sonne à la survenue ultérieure de traumatismes psychiques dont les effets
se trouveront alors amplifiés. Il s’agit alors d’une forme de prédisposition
indirecte. Mais pour d’autres auteurs, il pourrait y avoir un lien plus direct
90 Définitions, épidémiologie et déterminants
infantiles ou de viols. En fait, les opinions peuvent très bien diverger entre
les études, tout simplement parce que diverses formes de maltraitance in-
fantile sont souvent associées et que, selon les populations, ce ne sont pas
tout à fait les mêmes qui font l’objet de l’attention. Pour Kessler (1997), re-
trouver une influence des abus sexuels dans le développement ultérieur de
tentatives de suicide ne doit pas faire négliger que l’abus sexuel est aussi le
marqueur d’un climat familial où précarité, violence, promiscuité, divorces,
criminalité et perte des références morales constituent un contexte patho-
gène beaucoup plus large. Pour Sarchiapone et al. (2009), les tentatives de
suicide sont nettement corrélées aux traumatismes infantiles, notamment
aux agressions subies, qu’elles soient physiques ou sexuelles, et ils consta-
tent une forte tendance agressive chez ces suicidants.
Bebbington et al. (2009) confirment en population générale (enquête
épidémiologique réalisée au Royaume-Uni en 2000) que les antécédents
d’abus sexuels sont fortement associés au comportement suicidaire, quatre
fois plus chez la femme (plus exposée) que chez l’homme. L’évaluation de
l’état psychique lors de l’entretien montre un lien entre les antécédents sui-
cidaires et l’instabilité thymique, confirmant ici la fragilisation de la sphère
émotionnelle par ces traumatismes précoces.
Une étude transgénérationnelle illustre bien toute cette complexité
(Brodsky et al., 2008). L’originalité de la démarche est de partir de sujets
déprimés avec ou sans antécédents de maltraitance (sexuelle, ou sexuelle
et physique) dans l’enfance, et de suivre le devenir tant des proposants que
de leurs enfants.
Le fait que les patientes maltraitées (plus jeunes, plus souvent non cau-
casiennes, de moindre niveau d’éducation et de moindre niveau social)
souffraient plus souvent de stress post-traumatique et d’abus toxiques que
les non-traumatisées et avaient fait plus souvent des tentatives de suicide
(particulièrement liées aux antécédents d’abus sexuel) confirme les études
concurrentes sur le sujet. Les résultats les plus importants sont la mise
en évidence, à partir de l’antécédent d’abus sexuel précoce chez un parent,
d’une constellation de troubles qui vont atteindre leur progéniture, avec
des conséquences indirectes comportant, chez ces enfants, une victimisa-
tion sexuelle et, logiquement, des tentatives de suicide. Ces enfants de vic-
times, devenant eux-mêmes victimes, vont souffrir à leur tour de stress post-
traumatique et comporter des dimensions impulsives de leur personnalité.
Cette étude scientifiquement rigoureuse apporte du crédit aux observations sur
la transmission transgénérationnelle des climats familiaux « incestueux ».
Par ailleurs, toutes les victimes de maltraitance ne se suicident pas, le
suicide étant heureusement bien plus rare que les facteurs qui y président.
Dervic et al. (2006) se sont penchés sur cette question, en comparant les
suicidants et les non-suicidants au sein d’un groupe de 119 patients
92 Définitions, épidémiologie et déterminants
Troubles dépressifs
Les troubles dépressifs de l’humeur, qu’ils soient isolés, réactionnels ou
qu’ils s’inscrivent dans le cadre de la dépression récurrente ou dans celui
du trouble bipolaire, comportent intrinsèquement le risque suicidaire dans
leur définition clinique ou dans les actuelles définitions critériologiques.
Les sujets cliniquement déprimés ont un risque de décès par suicide mul-
tiplié par vingt par rapport à la population générale (Harris et Barraclough,
1997) et le risque de tentative de suicide concerne 40 % des sujets ayant fait
un premier épisode dépressif.
Tous les sujets déprimés, même si nombre d’entre eux expriment des
« idées noires », ne se suicident pas ou ne font pas de tentatives de suicide.
Il est donc important, face à un déprimé, de tenter de repérer les éléments
favorisants ou les signes cliniques qui doivent alerter.
Le geste suicidaire
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98 Clinique des conduites suicidaires
Tableau 6-1
Troubles de l’humeur (affectifs) et suicide
Trouble Effectifs Effectifs ICM** IC95 %***
de suicides de suicides (× 100)
observés attendus*
Dépression 351 17,25 2 035 1 827-2 259
majeure
Dysthymie 1 436 118,45 1 212 1 150-1 277
Troubles de 377 23,41 1 610 1 452-1 781
l’humeur non
spécifiés
*
Terme d’épidémiologie qui évalue le nombre de décès dans une population exempte du facteur de risque étudié.
**
ICM : indice comparatif de mortalité (l’ICM de référence étant de 100, un ICM de 2 000 signifie dans ce
cas que la présence du trouble multiplie par 20 le risque de suicide).
***
Intervalle de confiance à 95 % (l’ICM est une mesure statistique qui permet d’apprécier la puissance du
phénomène observé).
Source : adapté de Harris et Barraclough (1997)
La dépression méconnue
Si la pathologie dépressive est considérée comme responsable de suicides
dans 30 à 87 % des cas examinés dans le cadre d’autopsies psychologiques,
l’importance d’une reconnaissance diagnostique est majeure. Or, dans leur
Conduites suicidaires et troubles de l’humeur 101
Ces résultats décevants devaient évoluer dans le bon sens avec le déve
loppement des sérotoninergiques, qui ont un ajustement posologique plus
aisé et une meilleure tolérance. On rencontre néanmoins encore en pra-
tique de nombreux patients recevant des posologies manifestement trop
faibles de ces « nouveaux antidépresseurs ».
Des études plus récentes retrouvent le même type de résultats. Druss et
al. (2000) ne retrouvent de traitement antidépresseur que chez 7,4 % des
312 sujets repérés comme déprimés au sein d’un échantillon représentatif
de la population générale âgée de 17 à 39 ans.
Andersen et al. (2001), en examinant 390 suicides consécutifs recensés
dans un comté danois entre 1991 et 1995, constatent qu’un quart des pa-
tients ayant antérieurement été hospitalisés pour un trouble de l’humeur
étaient adéquatement traités par antidépresseur à l’époque de leur décès, et
que 3 % de ceux sans antécédent d’hospitalisation psychiatrique recevaient
un traitement antidépresseur apparemment bien conduit.
Chez les Danois âgés de plus de 50 ans, Erlangsen et al. (2008) indiquent
qu’un sujet suicidé sur quatre, seulement, était traité par antidépresseur au
moment de l’acte. Dans la mesure où l’on estime que 70 % des suicidés de
cette tranche d’âge souffrent de troubles de l’humeur, la carence thérapeu-
tique dans ce groupe d’âge est frappante.
En France, même récemment et en tenant compte de l’accès à des antidé-
presseurs plus maniables, les recommandations ne sont pas suivies autant
qu’elles devraient l’être (Hérique et Kahn, 2009). À partir d’une évaluation
des pratiques en Lorraine et Champagne-Ardenne, les traitements conformes
à la fois pour la durée et pour la posologie ne représentaient que 40,2 % des
traitements par IRS et IRSNA (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et
de la noradrénaline), 23 % pour les autres antidépresseurs et 18 % pour les
imipraminiques.
Données pharmaco-épidémiologiques
Sur le plan démographique, les courbes de suicide évoluent de façon inverse
aux courbes de prescription des antidépresseurs. Cela est confirmé par di-
verses équipes, notamment sur de larges populations américaines (Gibbons
et al., 2005 ; Grunebaum et al., 2004).
En Europe, une telle tendance est retrouvée dans les pays scandinaves, en
Suède (Isacsson, 2000) et au Danemark (Rosholm et al., 1997). En Hongrie,
une baisse importante de la mortalité suicidaire a été constatée malgré une
augmentation importante du chômage (multiplié par 6) et de l’alcoolisme
(+ 25 %) pendant la période concernée (Rihmer et al., 2001). Parallèlement,
des efforts particuliers avaient été consentis pour augmenter le recrutement
de psychiatres, l’accès aux soins ambulatoires, ainsi que la mise en place de
campagnes de sensibilisation à la dépression et à son traitement, avec pour
corollaire une augmentation du recours aux antidépresseurs.
La mise en place de programmes de sensibilisation à la dépression et à son
traitement auprès des médecins généralistes de l’île de Gotland a contribué,
en un an de formation intensive, à l’augmentation de la consommation
d’antidépresseurs de 52 % et à la diminution des suicides de 60 % (Rutz et
al., 1989). Ce résultat est tempéré par le fait que ces progrès se cantonnent
aux populations féminines. Le dispositif a été reproduit quelques années
après dans le comté de Jamtland (Henrikson et Isaacson, 2006). Un point
important avait été mis en lumière dans l’expérience menée sur l’île de Got-
land : la dissipation de l’effet thérapeutique dans le temps, les programmes
de formation à la dépression, au suicide et à leur traitement n’ayant pas été
poursuivis. D’après ces expériences de terrain, la corrélation entre la baisse
de la mortalité suicidaire et l’augmentation de prescription d’antidépres-
seurs n’est sans doute qu’un facteur parmi d’autres.
D’autres études ne confirment d’ailleurs pas ces tendances, ou permet-
tent de les nuancer. Tout en confirmant le lien global entre la prescription
d’antidépresseurs et la baisse de la mortalité suicidaire en Australie, Hall
et al. (2003) montrent que le déclin du suicide chez les plus âgés a pré-
cédé la période évaluée, et que, la multiplication par 6 de la prescription
Conduites suicidaires et troubles de l’humeur 105
Tableau 6-2
Taux nationaux de suicide dans les dix pays connaissant la plus importante
diminution de la mortalité suicidaire entre 1980 et 1998/2002
Pays 1980 1985 1990 1995 1998-2002 Différence
Danemark 31.6 27.9 23.9/17.7/14.4 − 54 %
Hongrie 44.9 44.4 39.9 32.9 28.0 − 38 %
Allemagne 20.8 16.5 17.8/15.8/13.6 − 35 %
Autriche 25.7 27.7 23.6/22.2/18.3 − 34 %
Estonie 36.7 22.3 27.1/27.5 − 31 %
Suisse 25.7 25.0 21.9/20.2/18.1 − 30 %
Suède 19.4 18.2 17.2/15.3/13.8 − 29 %
Finlande 25.7 24.6 30.3/27.2/22.5 − 26 %
Tchéquie 20.9 19.3 17.5/16.1 − 23 %
France 19.4 22.5 20.0/20.6/17.5 − 22 %
Source : OMS, Genève, 2003
106 Clinique des conduites suicidaires
Trouble bipolaire
Le trouble bipolaire, selon la CIM-10, se caractérise par plusieurs épisodes de
perturbation profonde de l’humeur et de l’activité allant tantôt dans le sens
de l’élévation (manie ou hypomanie), tantôt dans le sens de l’abaissement
(dépression). Théoriquement, il y a restitutio ad integrum entre les accès,
mais la fréquence des complications évolutives, des pathologies associées
Conduites suicidaires et troubles de l’humeur 107
C’est dans le trouble bipolaire méconnu que peuvent survenir des désin-
hibitions dangereuses lors de prescriptions d’antidépresseurs sans couverture
thymorégulatrice ou sédative. Cela est particulièrement vrai chez l’enfant et
l’adolescent, chez lesquels la dépression peut être inaugurale d’un trouble
bipolaire. Ce risque justifie pleinement l’interdiction des antidépresseurs
chez les mineurs, en vigueur dans de nombreux pays, en dehors d’une éva-
luation soigneuse par un spécialiste averti.
7 Conduites suicidaires
et psychoses
Le geste suicidaire
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112 Clinique des conduites suicidaires
NB : un seul symptôme du critère A est requis si les idées délirantes sont
bizarres ou si les hallucinations consistent en une voix commentant en
permanence le comportement ou les pensées du sujet, ou si, dans les hallu-
cinations, plusieurs voix conversent entre elles.
B. Dysfonctionnement social ou dans les activités : pendant une partie si-
gnificative du temps depuis la survenue de la perturbation, un ou plusieurs
domaines majeurs du fonctionnement tels que le travail, les relations inter-
personnelles ou les soins personnels sont nettement inférieurs au niveau
atteint avant la survenue de la perturbation.
C. Durée : des signes permanents de la perturbation persistent pendant au
moins 6 mois.
D. Exclusion d’un trouble schizo-affectif et d’un trouble de l’humeur.
E. Exclusion d’une affection médicale générale due à une substance.
F. Relation avec un trouble envahissant du développement : en cas d’an-
técédent de trouble autistique ou d’un autre trouble envahissant du déve-
loppement, le diagnostic additionnel de schizophrénie n’est fait que si des
idées délirantes ou des hallucinations prononcées sont également présentes
pendant au moins un mois.
Il existe plusieurs sous-types : paranoïde, désorganisé, catatonique, indif-
férencié et résiduel.
La Classification internationale des maladies, dans sa dixième révision
(CIM-10), place la schizophrénie dans son chapitre F20. « Les troubles schi-
zophréniques sont caractérisés par des distorsions fondamentales et caracté-
ristiques de la pensée et des perceptions, ainsi que par des affects émoussés
ou inappropriés. »
Tout en reconnaissant qu’il n’existe aucun symptôme pathognomonique,
l’OMS classe les symptômes de schizophrénie en :
(a) écho de la pensée, pensées imposées ou vol de la pensée, divulgation de
la pensée ;
(b) idées délirantes de contrôle, d’influence ou de passivité, se rapportant
clairement à des mouvements corporels ou à des pensées, actions ou sensa-
tions spécifiques, ou perception délirante ;
(c) hallucinations auditives dans lesquelles une ou plusieurs voix com-
mentent en permanence le comportement du patient, ou parlent de lui, ou
autres types d’hallucinations auditives dans lesquelles une ou plusieurs voix
émanent d’une partie du corps ;
(d) autres idées délirantes persistantes, culturellement inadéquates ou in-
vraisemblables, concernant par exemple l’identité religieuse ou politique,
ou des pouvoirs surhumains (être capable de contrôler le temps ou de com-
muniquer avec des extraterrestres) ;
(e) hallucinations persistantes de n’importe quel type, accompagnées soit
d’idées délirantes fugaces ou à peine ébauchées, sans contenu affectif évident,
Conduites suicidaires et psychoses 113
Dépression post-schizophrénique
La dépression post-schizophrénique selon l’OMS est habituellement un épi-
sode dépressif, éventuellement prolongé, survenant au décours d’une ma-
ladie schizophrénique qui doit toutefois avoir laissé sa trace, même si les
symptômes schizophréniques, que l’on peut dès lors qualifier de résiduels,
n’occupent plus le devant du tableau clinique. La symptomatologie dépres-
sive doit correspondre aux critères d’un épisode dépressif (F32) et persister
depuis au moins 2 semaines.
Le « trouble dépressif post-psychotique de la schizophrénie » n’existe au
sein du DSM-IV que dans l’appendice B des troubles soumis à des études
ultérieures. Il est conçu comme une dépression surimposée à un trouble schi-
zophrénique et ne survenant que lors d’une phase résiduelle de la maladie.
On ne retrouve donc, à aucun niveau de cet énuméré de caractéristiques,
la moindre mention de risque suicidaire. Or, sans parler de comorbidité,
l’existence de nombreux schizophrènes est jalonnée de mouvements
dépressifs et anxieux, qui sont moins finement étudiés à notre épo-
que que les composantes déficitaires, qu’elles soient liées au mécanisme
114 Clinique des conduites suicidaires
Le suicide schizophrène
Le déséquilibre des sexes est moins marqué, c’est-à-dire que la proportion
de femmes réussissant leur suicide est supérieure à celle citée dans les trou-
bles de l’humeur. Le recours aux moyens les plus violents est fréquent, y
compris par les sujets de sexe féminin.
Chez les schizophrènes, les gestes suicidaires spécifiquement liés à la
problématique schizophrénique, c’est-à-dire totalement détachés de toute
composante dépressive ou de la prise de conscience angoissante d’une perte
de maîtrise, sont rares. Entrent dans cette catégorie les gestes suicidaires
déterminés par un automatisme mental peuplé de voix ou de commandes
irrésistibles enjoignant un passage à l’acte. On décrit aussi classiquement
des gestes apparemment immotivés, caractérisés par la brutalité, la violence
auto-agressive, les mutilations parfois symboliques et le choix de moyens
radicaux ou bizarres.
Mais ces passages à l’acte marqués du sceau de l’impénétrabilité, parfois
inauguraux, ne sont pas les plus fréquents. Le mythe du suicide impulsif du
schizophrène est entretenu en grande partie par la prééminence de l’émous-
sement affectif et de la désorganisation chaotique du comportement de cer-
tains patients.
Les tentatives de suicide des schizophrènes sont bien plus souvent dé-
pressives, avec 42 % d’intoxications médicamenteuses volontaires, 18 % de
phlébotomies et 32 % de méthodes violentes et dangereuses (pendaison,
précipitation, utilisation d’arme blanche ou à feu) (Harkavy-Friedman et
al., 1999).
La comparaison des suicides aboutis montre une grande fréquence de pré-
cipitations (40 %), un moindre usage d’arme à feu chez les schizophrènes
que chez les non-schizophrènes (on est aux États-Unis), ainsi qu’une moin-
dre planification de l’acte (Kreyenbuhl et al., 2002). Mais, dans l’ensemble,
la détermination est forte, comme en témoignent les précautions pour ne
pas être interrompu.
Selon certains auteurs, seraient entachées d’une plus grande suicidalité
les formes paranoïdes, les formes précoces marquées par l’anxiété, la perte
d’espoir, le sentiment d’altérité et la perte des liens affectifs, ainsi que les
formes tardives des patients chroniques répondant mal aux traitements,
Conduites suicidaires et psychoses 117
Personnalité paranoïaque
Il s’agit d’un état de méfiance soupçonneuse envahissante envers les autres
dont les intentions sont interprétées de manière malveillante. La personna-
lité paranoïaque implique la présence d’au moins quatre des sept symptômes
suivants (DSM-IV) :
120 Clinique des conduites suicidaires
Réactions au délire
Grâce à la description ci-dessus, on comprend aisément que la probléma-
tique paranoïaque constitue un prototype exemplaire de « constriction »
généralisée et pathologique (seul contre tous), au sens qu’y donnait Ringel.
Le recours au suicide peut correspondre à un épuisement de la lutte ; il peut
aussi s’envisager avec une composante agressive, comportant à son acmé
un risque de suicide collectif pas toujours altruiste.
Considérés comme des entités autonomes ou, conformément à la « loi de
l’âge et de la massivité » de Clérambault, comme l’extrême d’un continuum
avec faible retentissement cognitif et affectif du fait de la survenue tardive
d’un processus schizophrénique, ces états délirants se caractérisent généra-
lement par une conviction inébranlable, les caractéristiques de la structure
paranoïaque protégeant dans une certaine mesure le sujet du doute et de
la dépression.
C’est le cas pour les structures paranoïaques « de combat » qui ne plie-
ront qu’au terme d’une confrontation souvent douloureuse avec la réalité.
Le mécanisme psychopathologique du délire implique alors une forme
d’épuisement liée à un combat coûteux en énergie psychique, et aboutis-
sant aussi parfois à des situations de désinsertion sociale et professionnelle.
Le mouvement dépressif face à l’échec peut alors, sur ces sujets à structure
psychotique, entraîner des manifestations intenses, les réactions auto- ou
Conduites suicidaires et psychoses 121
Maladies anxieuses
Les données sur les liens entre les maladies anxieuses et la suicidalité dans
son ensemble ne distinguent pas toujours clairement les idées suicidaires et
les tentatives de suicide.
De plus, les troubles anxieux sont très souvent associés entre eux ainsi
qu’avec d’autres pathologies psychiatriques.
Le geste suicidaire
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124 Clinique des conduites suicidaires
Trouble panique
L’association entre le trouble panique et les comportements suicidaires est
confuse et contradictoire selon les études épidémiologiques, voire selon les re-
lectures des mêmes études. C’est ainsi qu’initialement, à partir de l’étude ECA
(Epidemiological Catchment Area), Weissman et al. (1989) évoquent des taux de
47 % d’idées suicidaires et de 20 % de tentatives de suicide chez les patients
souffrant de trouble panique. Allgulander et Lavori (1991), à partir d’une co-
horte suédoise, notent une augmentation du risque suicidaire chez des sujets
présentant un trouble panique en l’absence de comorbidité associée. Cette
question de la comorbidité a été revue à partir du matériel rassemblé dans
l’étude ECA, et Johnson et al. (1990) trouvent des taux de tentatives de suicide
de 7 % pour le trouble panique en l’absence d’une association avec de la
Suicide et troubles anxieux 125
Stress post-traumatique
Les idées suicidaires ainsi que les tentatives de suicide sont retrouvées de
façon concordante et fréquente chez des sujets souffrant de stress post-
traumatique.
126 Clinique des conduites suicidaires
Anxiété généralisée
Il existe assez peu de données sur les liens directs entre l’anxiété généralisée
et les idées suicidaires ou les tentatives de suicide. Il faut admettre que le
trouble « anxiété généralisée » est assez mal délimité. Au-delà des définitions
des classifications officielles, l’anxiété généralisée peut se concevoir comme
Suicide et troubles anxieux 127
Phobie sociale
Schneier et al. (1992), à partir de l’étude épidémiologique ECA, trouvent
une augmentation des idées suicidaires chez les sujets souffrant de phobie
sociale, y compris dans les cas où le trouble est isolé. Mais le risque de
passage à l’acte n’est augmenté qu’en présence d’un autre trouble mental.
Cette notion est confirmée dans d’autres études ultérieures et met en lumière
les liens entre phobies sociales et troubles de l’humeur. Ainsi, Perroud et
al. (2007), examinant la comorbidité anxieuse chez 407 bipolaires avec ou
sans tentatives de suicide, trouvent une influence suicidogène uniquement
en présence de phobie sociale, la phobie sociale précédant souvent l’entrée
dans la maladie bipolaire.
Comorbidité anxieuse
Au-delà des catégories de maladies anxieuses que nous venons de décrire,
l’anxiété apparaît contributive d’un risque suicidaire soit en tant que
128 Clinique des conduites suicidaires
Trouble bipolaire
Pour Simon et al. (2007a), un diagnostic de trouble anxieux chez des patients
bipolaires fait plus que doubler l’incidence de tentatives de suicide. Même
si cette association est variable en fonction de l’âge de début de la maladie
et de la réactivité thérapeutique de la maladie bipolaire, l’augmentation de
l’idéation suicidaire demeure constante. L’association entre phobies sociales
et trouble bipolaire reste au travers des âges une configuration déterminante
dans l’augmentation du risque de passage à l’acte suicidaire, dans cette étude
comme dans d’autres. L’anxiété, la sensitivité, les évitements phobiques et
Suicide et troubles anxieux 129
les crises aiguës d’angoisse sont chez les bipolaires des facteurs prédictifs
indépendants de suicidalité (Simon et al., 2007b).
La dimension anxieuse est aussi particulièrement prégnante dans les
formes mixtes de trouble bipolaire. Balazs et al. (2006) montrent dans cette
population une incidence importante de divers troubles anxieux, associés à
plus d’irritabilité et d’agitation psychomotrice.
Schizophrénie
L’angoisse psychotique est de nature bien différente de l’anxiété névrotique
qui fait le lit des pathologies anxieuses proprement dites. Les sujets schi-
zophrènes présentant une idéation suicidaire ont des symptômes anxieux,
des symptômes dépressifs et des perceptions négatives d’eux-mêmes et des
autres plus importants que les schizophrènes non suicidaires (Fialko et al.,
2006). Mais il ne s’agit pas là à proprement parler d’angoisse psychotique,
mais plus d’une anxiété situationnelle et réactionnelle aux difficultés réelles
ou hallucinatoires vécues dans la trajectoire psychotique. Dans les troubles
anxieux spécifiques, seule la névrose obsessionnelle constituerait un facteur
de risque comorbide d’idéation et de gestes suicidaires chez le schizoph-
rène, surtout dans les formes avec prédominance de compulsions (Sevincok
et al., 2007).
Dépressions
La clinique de la dépression enseigne que l’existence d’une comorbidité
anxieuse dans la dépression constitue un facteur de risque supplémentaire
de développer des idées ou des comportements suicidaires. En dehors de la
coexistence de pathologies catégorielles, l’existence d’une dimension an-
xieuse est donc une donnée à prendre très au sérieux, avec ses risques de
désinhibition, de raptus anxieux, d’aggravation de l’insomnie inhérente au
syndrome dépressif et de la tendance à la rumination. Ces évidences qu’il
est primordial de prendre en compte, notamment au début du traitement
des épisodes dépressifs, sont telles qu’il n’y a finalement qu’assez peu de
recherches spécifiques sur le sujet, et que les études de comorbidité ne met-
tent pas en avant dans leurs résultats ces particularités qui concernent plus
la relation thérapeutique individuelle que les modèles théoriques.
La prévalence de la dépression anxieuse est toutefois estimée à plus de
40 % (Fava et al., 2004), et ces déprimés anxieux ont plus de risque d’être
plus âgés, au chômage, de niveau éducatif moindre et d’avoir une idéation
suicidaire, même en tenant compte d’un niveau de dépression plus sévère
que celui des dépressions moins anxieuses.
Les liens entre anxiété généralisée et dépression ont aussi été soulignés
chez le sujet âgé (Jeste et al., 2006).
130 Clinique des conduites suicidaires
Conclusion
Bien que l’influence autonome des troubles anxieux ou de la dimension an-
xieuse sur les diverses formes de suicidalité (en dehors des idées suicidaires,
qui sont en fait banales) reste discutée, leur contribution comme facteur
aggravant de la plupart des pathologies suicidogènes est constamment re-
trouvée, tous âges confondus. Cette réalité a des conséquences thérapeu-
tiques importantes, que ce soit dans les domaines psychothérapiques ou
dans les traitements médicamenteux. Il n’est ainsi plus possible de négliger
cette composante cliniquement pertinente pour respecter par exemple le
dogme de la monothérapie antidépressive chez les déprimés, tout comme
dans d’autres domaines, comme celui de la douleur, on a pu longtemps
choisir de se passer des antalgiques majeurs, pour des considérations de
risque ultérieur de dépendance. Le maniement des anxiolytiques doit rester
circonspect et raisonné mais, en présence d’un risque suicidaire identifié (et
donc à rechercher), le traitement de la composante anxieuse ne doit plus
être négligé.
9 Personnalités et addictions1
Le geste suicidaire
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132 Clinique des conduites suicidaires
Répétitions
Les répétitions des gestes suicidaires et des automutilations chez les border-
lines, assez spécifiques du trouble, ont des particularités.
Elles ont un effet cathartique immédiat, en apaisant instantanément mais
pour une courte période la souffrance de la personne, ce qui pourrait être
comparé à l’effet produit par une substance toxicomanogène et qui peut
conduire à une addiction comportementale à ces gestes vécus comme apai-
sants et libérateurs (Yen et al., 2004).
Ces comportements possèdent en eux-mêmes un potentiel suicidogène,
chaque geste, automutilation ou tentative de suicide renforce le risque de
répétition de tentative de suicide de 10 à 100 %, et d’automutilation de
30 % (Cailhol et al., 2007). C’est un auto-entretien du geste dans une spirale
d’autodestruction (Brodsky et al., 2006).
Prise en charge
Les patients borderlines sont polyconsommateurs de soins, surtout aux
urgences qu’ils fréquentent assidûment ; 97 % des borderlines reçoivent
des soins ambulatoires par en moyenne six thérapeutes différents aux États-
Unis (Lieb et al., 2004).
Ils affectionnent particulièrement les médicaments, principalement les psy-
chotropes ; 40 % en prennent plus de trois, 20 % plus de quatre et 10 % plus
de cinq, alors que selon les règles de l’American Psychiatric Association (APA)
et du bon sens clinique, la psychothérapie demeure l’indication de première
intention, la chimiothérapie n’étant que symptomatique (APA, 2001). Il n’y a
pas de traitement chimiothérapique spécifique aux borderlines.
La prise en charge est fondée sur l’instauration d’une alliance thérapeutique
de qualité, la prévention des conduites suicidaires, la prise en compte des
comorbidités et l’abord des dysfonctionnements cognitifs.
dans le cadre d’un projet de soins bien construit, avec un cadre de soins
défini et la participation active du sujet.
Conclusion
Il y a un intérêt majeur à détecter les troubles de la personnalité, et plus par-
ticulièrement le trouble borderline. Ces troubles ont un impact non négli-
geable sur le risque suicidaire, notamment en cas de comorbidité associée.
Leur présence reconnue permet un angle de prise en charge complémen-
taire par la mise en place de psychothérapies adaptées.
Conclusion
Une attention particulière doit être apportée à toute personne addictive
traversant une crise suicidaire, à la recherche d’un état dépressif qui ma-
jore le risque de passage à l’acte. L’association addiction et dépression est
fortement corrélée avec un trouble de personnalité borderline et peut le ré-
véler. L’association addiction et syndrome dépressif ou pathologie anxieuse
nécessite également une approche prudente. Même s’il est parfois possible
d’invoquer une conduite addictive comme secondaire « autothérapeutique »
du malaise psychique, ce type d’analyse perd de sa pertinence au-delà de
quelques années d’évolution, l’inscription dans la trajectoire addictive
prenant le pas sur la pathologie initiale. La prise en charge doit alors être
séquentielle, et les thérapeutiques spécifiquement antidépressives ou anti-
anxieuse gagnent à être envisagées lorsqu’un temps minimal de sevrage a
été réalisé. Cette vigilance particulière devrait renforcer les liens entre ad-
dictologues et psychiatres dans le cadre de prises en charge mieux coordon-
nées pour ces patients à risque.
10 Populations particulières
Le geste suicidaire
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146 Clinique des conduites suicidaires
Épidémiologie
D’un point de vue épidémiologique, les taux de suicide du jeune ont forte-
ment varié au cours du dernier siècle. On a ainsi assisté à une augmentation
croissante des taux de suicide dans les sociétés occidentales, juste interrom-
pue par des décroissances contemporaines des deux conflits mondiaux. De-
puis les années 1960 jusqu’au début des années 1990, l’augmentation ne s’est
pas démentie, culminant chez nous en 1993, année noire, à 12,6/100 000.
Mais depuis une dizaine d’années, les taux de suicide chez les 15-24 ans
n’ont cessé de baisser, passant d’environ 10/100 000 à environ 7/100 000
(derniers chiffres connus en 2006, source INSERM : 6,6/100 000).
Une telle évolution a été aussi observée aux États-Unis (Bridge et al.,
2008), ainsi que dans d’autres pays européens.
Il existe à cet égard un débat qui n’est pas encore tranché sur le lien entre
cette diminution du suicide chez le jeune et la mise à disposition du public
d’antidépresseurs maniables à tout âge, et peut être plus efficaces chez l’en-
fant et l’adolescent que les antidépresseurs de première génération, les imi-
praminiques. Olfson et al. (2003) montrent, au niveau national américain
et en fonction des régions, une corrélation inverse entre l’augmentation de
prescriptions d’IRS et les taux de suicide de jeunes : une augmentation de
prescription de 1 % aboutirait à une diminution de la mortalité suicidaire
de 0,23/100 000/an. Ce gain est plus marqué pour les jeunes de sexe mascu-
lin, pour les tranches d’âge supérieures (15-18 ans) et pour les jeunes vivant
dans des zones économiquement moins favorisées.
Pour Biddle et al. (2008), la diminution du suicide du jeune en Angle-
terre s’explique par divers facteurs, dont la diminution des intoxications à
l’oxyde de carbone des gaz d’échappement automobile du fait de la géné-
ralisation des pots catalytiques. Mais ce type d’explication semble un peu
sommaire, et les auteurs invoquent aussi la baisse des taux de chômage et
de divorce en Angleterre et pays de Galles pendant la période considérée.
Ces auteurs restent ouvertement sceptiques sur le lien entre la diminution
du suicide dans cette tranche d’âge et la prescription sur une large échelle
d’antidépresseurs sérotoninergiques. C’est aussi la position de Wheeler et
al. (2008) qui confirment l’augmentation des prescriptions d’antidépres-
seurs sérotoninergiques entre 1999 et 2003 au Royaume-Uni, accompagnée
d’une réduction constante des chiffres annuels de suicide chez les mineurs,
mais n’observent pas d’augmentation du suicide ou des gestes suicidaires
entre 2003 et 2005, malgré une diminution des prescriptions liées aux prises
de position alarmistes des agences de régulation.
C’est à peu près le seul pays et les seules équipes qui tiennent cette posi-
tion, car aux États-Unis, comme aux Pays-Bas, ce sont des augmentations
(respectivement de 14 % et de 49 %) du suicide qui ont été rapportées (Gib-
bons et al., 2007). Cette tendance a été confirmée par Bridge et al. (2008).
Populations particulières 147
Facteurs existentiels
Les déceptions sentimentales, les pertes de groupes d’appartenance, les bi-
zutages, les situations d’exclusion, le harcèlement ou la position de bouc
émissaire peuvent conduire à une situation présuicidaire chez le jeune.
La sensation d’être différent peut reposer objectivement sur un surpoids
prétexte ou objet de moqueries. En fait, pour Swahn et al. (2009), le sen-
timent d’être trop gros est un facteur de risque aussi important que le
surpoids objectif.
La prise de conscience, parfois occulte et honteuse, d’attirances homo-
sexuelles (Fergusson et al., 1999 ; McDaniel et al., 2001) est aussi un facteur
de risque suicidaire, qui dépend largement des capacités de la famille à ac-
cueillir cette éventuelle différence.
Les situations de désinsertion scolaire, sociale et professionnelle, ou d’in-
clusion dans des bandes ou « gangs » marginaux possédant des cultures et
150 Clinique des conduites suicidaires
fréquentes chez l’âgé qu’aux autres âges de la vie, et les équivalents suici-
daires, tels l’interruption des traitements ou le refus de soins, sans doute
nombreux, ne sont pas comptabilisés.
Tentatives de suicide
Chiffres
Les données internationales sur les tentatives de suicide des personnes âgées
sont extrêmement disparates, et donc peu fiables. Dans l’enquête OMS/
Europe, le taux des tentatives de suicide est estimé à 37/100 000 chez les
154 Clinique des conduites suicidaires
de plus de 65 ans décédés de suicide. Dix à 14 % des sujets âgés n’ont
donc aucun diagnostic psychiatrique en rapport avec leur geste (Préville
et al., 2005). La pathologie la plus fréquente est la dépression, retrouvée
dans 44 à 88 % des cas, associée dans 20 % des cas à une conduite ad-
dictive, plus particulièrement l’alcool. Les personnes décédées de suicide
ont présenté un état dépressif caractérisé antérieur dans 55 à 60 % des
cas (Henriksson et al., 1995 ; Boyer et al., 2005 ; Roy et Séguin, 2008 ;
Beautrais, 2002 ; Harwood et al., 2001). Les troubles psychotiques ne sont
retrouvés que dans 8 à 9 % des cas, les troubles de personnalité sont
moins fréquents, et les troubles anxieux sont plus rarement associés au
suicide chez l’âgé.
En ce qui concerne les tentatives de suicide, plus de 55 % des suici-
dants âgés souffrent de troubles psychiques, notamment d’ordre thymi-
que, dans lequel domine le sentiment de désespoir qui peut persister dans
le temps et être associé à un risque suicidaire notable (Draper, 1996). Les
abus d’alcool sont retrouvés dans 5 à 32 % des cas, et les autres diagnos-
tics dans moins de 10 % des cas. Le risque de répétition suicidaire est de
5,4 % par an, soit un risque inférieur à celui des plus jeunes. En revan-
che, le risque ultérieur de décès par suicide est plus important (Hepple et
Quinton, 1997).
Les états dépressifs dans leur ensemble, qu’ils soient initiaux, isolés, ré-
currents, dysthymiques ou d’intensité faible, voire sous-syndromiques, sont
associés à un risque suicidaire important chez le sujet âgé. Mais le trouble
de l’humeur le plus souvent retrouvé est la dépression majeure unipolaire
non psychotique sans psychopathologie concomitante (Waern et al., 2002 ;
Waern, 2003 ; Roy et Séguin, 2008). Peuvent y être cependant associés les
troubles liés à la consommation d’alcool, et les autres troubles dépressifs
comme la dysthymie ou les troubles anxieux (Waern et al., 2002 ; Waern,
2003). La symptomatologie dépressive analysée à partir des lettres laissées
par les personnes décédées laisse entrevoir plus de sentiments de désespoir
que d’agressivité ou de culpabilité sur des personnalités rendues plus vulné-
rables par l’avancée en âge.
Les ruptures de liens sociaux, les discordes familiales et les problèmes
financiers sont fréquemment associés au suicide du sujet âgé, ainsi que les
maladies physiques et le handicap fonctionnel (Rubenowitz et al., 2001).
À partir de ces constats, il s’avère donc indispensable, dans le cadre de la
prévention du suicide de la personne âgée, de rechercher l’état dépressif,
d’organiser sa prise en charge idéalement bimodale, à savoir psychothérapie
et chimiothérapie appropriées, d’autant plus que ces dépressions ont un
pronostic favorable dans 75 % des cas (Rahme et al., 2008). Or, actuelle-
ment, on estime que seules 20 à 30 % des personnes âgées déprimées décé-
dées de suicide sont traitées (Pompii et al., 2008).
156 Clinique des conduites suicidaires
Contexte socio-économique
Le contexte socio-économique contraint la personne âgée à s’adapter à
de nouveaux besoins plus modestes. Le changement de statut social, les
Populations particulières 157
Théories biologiques
Chez la personne âgée, la dépression en rapport avec le risque suicidaire
peut être biologiquement provoquée par un trouble organique, comme un
accident cardiovasculaire ou une lésion cérébrale. Les dysfonctionnements
cérébraux et métaboliques conjugués peuvent augmenter le risque chez les
personnes âgées.
Théories développementales
Les capacités d’adaptation sont défaillantes chez la personne âgée, et le pro-
cessus d’adaptation est d’autant plus difficile, voire impossible, qu’existe
un déclin des fonctions physiques et psychiques. C’est lorsque la réalité
du vieillissement envahit le sujet âgé que le suicide peut apparaître le seul
moyen de maîtriser ces fonctions défaillantes.
Théories sociologiques
Le suicide de la personne âgée est un suicide de la personne seule, repliée
sur elle-même, n’ayant que peu de relations sociales et dans une constric-
tion des opportunités. En ce sens, il pourrait être une illustration du suicide
égoïste décrit par Durkheim.
158 Clinique des conduites suicidaires
Tableau 10-1
Les axes de la prévention du suicide chez la personne âgée
Niveau médical Niveau socio-économique
et politique
Prévention primaire État de santé global Niveau de bien-être
Support social
Planification des retraites
Prévention secondaire Détection des idées suici- Programmes d’aide dans
daires la cité
Reconnaissance de la Programmes de formation
dépression multidisciplinaire et réseaux
Soins aux sujets âgés de soins
Accès aux soins en santé
mentale
Prise en compte des
conséquences physiques et
psychologiques des maladies
somatiques
Prévention tertiaire Intervention de crise Programme de formation
Psychothérapies Aides à la resocialisation
Suicide
Chiffres du suicide en milieu carcéral
En France, le taux de suicide en milieu carcéral est de 177/100 000 détenus
écroués, soit un taux dix fois supérieur à celui de la population générale.
Les prisons françaises comptent actuellement 63 263 détenus, 17 804 pré-
venus, c’est-à-dire en attente de jugement, et 45 464 condamnés.
Le taux de suicide en milieu carcéral, estimé à 99/100 000 en 1980, n’a
cessé de s’accroître pour atteindre un maximum de 244/100 000 en 1996.
Après une phase de stabilisation haute, le nombre de suicide a progressive-
ment diminué alors que le nombre de détenus s’est accru. En 2005, 122 sui-
cides ont été comptabilisés, soit un taux de 204/100 000, similaire à celui
de 2003. Il y a eu, en 2006 et 2007, moins de 100 décès par suicide par an,
Populations particulières 161
24 % des cas, les problèmes au sein de la détention dans 19 % des cas, l’exis-
tence de troubles psychiques plus ou moins graves dans 18 % des cas, la révolte
contre les autorités judiciaires dans 10 % des cas, la peur d’une agression dans
6 % des cas, et aucun motif défini dans 15 % des cas (Bourgoin, 1994).
Actions pénitentiaires
La circulaire ministérielle du 29 mai 1998 souligne l’importance de la qualité
de l’accueil lors de l’incarcération, de la surveillance lors de la détention et
plus particulièrement au quartier disciplinaire, de la prise en charge rapide
et individualisée en cas d’auto-agression, et de la nécessaire coordination en
cas de suicide autour de la famille, des codétenus et du personnel impliqué.
La note de 12 mai 1981 préconise l’amélioration des relations entre admi-
nistration pénitentiaire et proche d’un détenu malade ou décédé.
La loi du 18 janvier 1994 rappelle la compétence du personnel de santé,
donc dépendant du ministère de la Santé, auprès des détenus malades.
La circulaire du 5 juillet 2001 met en place la Stratégie nationale d’action
face au suicide 2000-2005 dans les suites de la conférence de consensus sur
la crise suicidaire.
La circulaire du 26 avril 2002 précise que la prévention du suicide en mi-
lieu carcéral nécessite une réponse pluridisciplinaire et une nécessaire coor-
dination entre les différents intervenants du système pénitentiaire et du
système de santé.
168 Clinique des conduites suicidaires
Conclusion
Même s’il existe dans certains cas, du fait du milieu carcéral, une part de
« décision rationnelle » ou une part de « manipulation », ou que le geste, de
l’aveu même des surveillants pénitentiaires, est a priori incompréhensible,
il n’en demeure que certaines dimensions caractérisent les gestes suicidaires
en milieu pénitentiaire.
Ces gestes sont réalisés par une population psychiquement fragile au re-
gard des trajectoires de vie, rendant compte de la constitution d’une vulné-
rabilité précoce générant des troubles psychiques dominés par les organisa-
tions limites de la personnalité et des conduites addictives.
La sur-suicidalité en milieu carcéral s’explique non seulement par cette
dimension psychique, mais aussi par des facteurs pénitentiaires qui ampli-
fient cette vulnérabilité, par le sens donné aux événements contraires qui
déstabilisent aisément et émotionnellement un détenu déjà fragilisé et par
Populations particulières 169
Le geste suicidaire
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172 Clinique des conduites suicidaires
Bien que le risque de suicide soit supérieur chez les hommes à tous les âges
de la vie, le groupe particulier des jeunes femmes de moins de 24 ans mul-
ti-suicidantes apparaît à haut risque (× 7) par rapport au groupe des primo-
suicidantes du même âge.
Les sujets hospitalisés en psychiatrie au décours de tentatives de suicide
graves constituent un sous-groupe spécifique à gravité psychopathologique
plus marquée. Le taux de réitération est similaire à celui décrit dans la litté-
rature, voire un peu moindre, de l’ordre de 12 % à un an, mais pour un taux
de suicide quasiment trois fois plus important, estimé à 3,2 %. Les risques
sont plus élevés dans les pathologies thymiques pour les femmes, dans les
troubles psychotiques pour les hommes, et la période suivant la sortie de
l’hôpital est un moment à très haut risque suicidaire (Oquendo et al., 2007 ;
Haukka et al., 2008 ; Tidemalm et al., 2008).
Le risque de suicide, supérieur dans les 6 mois suivant le geste, voire
même dans le mois qui suit la tentative (Gunnell et al., 2008), reste impor-
tant dans les dix années suivantes, les deux tiers des suicides se produisant
dans les 15 ans après le geste index. Ce risque perdure sur la vie entière,
estimé à 13 % à 37 ans, voire même de 16 à 19 % si l’on considère la part des
décès de cause inexpliquée imputable aux suicides (Suominen et al., 2004).
Le risque de suicide est donc selon les auteurs multiplié par 30 à 100 chez
les suicidants par rapport à la population générale, et par 66 dans l’année
qui suit le geste (Hawton et Zahl, 2003 ; Owens et al., 2002 ; Cooper et al.,
2005 ; Jenkins et al., 2002).
Tableau 11-1
Facteurs de risque de la réitération suicidaire et du suicide
Facteurs cliniques de réitération Facteurs cliniques de suicide
Tentatives de suicide antérieures Tentatives de suicide antérieures
Troubles psychiques antérieurs (troubles de Abus d’alcool
personnalité)
Statut professionnel Précautions pour ne pas être découvert
Faible niveau éducatif Traitements psychiatriques antérieurs
Statut marital (divorce) Problèmes de santé physique
Âge : 30-49 ans Sexe masculin
Utilisation de sédatifs et opiacés Âge
Chômage, inactivité et précarité Score d’intentionnalité suicidaire
Traitements psychiatriques antérieurs Solitude
Sortie récente de l’hôpital Sortie récente de l’hôpital
Ce sont des facteurs essentiellement individuels
qui jouent dans les réitérations suicidaires
(Johnston et Cooper, 2006)
178 Clinique des conduites suicidaires
Hospitalisation
Y compris très courte, elle peut et doit être proposée au multi-suicidant. Elle
souligne l’importance accordée au geste, permet la réévaluation de la situa-
tion en dehors du cadre strict de l’urgence, la mobilisation de l’entourage
ainsi que l’organisation ou la réorganisation de la prise en charge.
La question du lieu de l’hospitalisation se pose. Il peut être impor-
tant d’éviter les hospitalisations répétées dans les services de psychiatrie
de secteur, s’il n’existe pas de pathologie psychiatrique de l’axe I, ce qui
n’est pas toujours possible, compte tenu des troubles psychiques chro-
niques associés à la réitération, et plus particulièrement les lourds trou-
bles de personnalité. Un dispositif de référence extrahospitalière solide
et disponible a toute son utilité dans de tels contextes. Plus que le lieu
en tant que tel, c’est le sens donné à l’hospitalisation et les connexions
entre l’équipe qui reçoit et l’équipe référente si elle existe qui sont im-
portants pour le multi-suicidant, qui a trop souvent rencontré solitude,
lassitude, souffrance, désespoir et ruptures multiples dans sa vie et dans
son parcours de soins. Un bref séjour en unité d’hospitalisation de cour-
te durée, pour garantir la sécurité somatique, permet d’offrir un temps
neutre d’évaluation avant le retour dans le monde extérieur. Ce dispositif
permet d’éviter les phénomènes de renforcement liés aux réhospitalisations
indéfinies dans les services de psychiatrie avec lesquels certains multi-
suicidants revivent les interactions précoces qui ont sans doute contribué à
forger leur problématique borderline ou psychopathique.
Prédiction du suicide et répétitions suicidaires : une clinique du risque 179
pas continuer comme cela »… soit leur perception de leur propre mal-être :
« je ne me sens bien nulle part, « je n’arrive à rien », « je me sens vide », « je
ne pense qu’à la mort »…, comme si, reprenant les termes d’Albert Camus,
« l’habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même ».
Homicide suicide
L’homicide suicide désigne une situation dans laquelle une personne com-
mettant un homicide se suicide au maximum dans la semaine qui suit.
Sont incontournables dans la définition à la fois le lien entre les deux évé-
nements et la séquence temporelle. Au-delà d’une semaine entre les deux
actes, il ne s’agit plus d’un homicide suicide, mais de deux événements
différents.
Le geste suicidaire
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182 Clinique des conduites suicidaires
Pactes suicidaires
Le pacte suicidaire est un arrangement mutuel entre deux personnes qui dé-
cident de mourir ensemble au même moment, et le plus souvent au même
endroit (Cohen, 1961).
Ces actes ont une intense dimension dramatique digne des plus grandes
tragédies, comme en témoignent des exemples célèbres, tels la mort
conjointe de Rodolphe, prince héritier d’Autriche, et de sa compagne
Marie Vetsera à Mayerling, ou le décès de l’écrivain Stephan Zweig et de son
épouse, ou plus récemment le suicide du couple Quilliot (ancien Ministre et
Suicides collectifs 183
Suicides sectaires
Une autre forme de suicide collectif est celle perpétrée à l’instigation d’un
gourou charismatique créateur d’une secte. Les personnes faisant partie de
sectes, toutes à la recherche d’une croyance particulière et d’une apparte-
nance, sont victimes de manipulation mentale, parfois même droguées, et,
par la force persuasive du gourou, sont dans une dépendance psychique qui
les conduit à obéir au « maître » jusqu’au suicide. Encadrées et surveillées
dans leurs moindres faits et gestes, isolées des leurs, dépouillées de leurs
biens, leur libre choix et leurs pensées sont effacés.
Suicide et secte sont souvent associés, liés à la recherche du martyre,
ultime résistance pour ne pas tomber vivant aux mains de l’ennemi, ou
subir le joug de la société considérée comme néfaste et impure.
Suicides collectifs 185
Maints exemples abondent dans l’histoire et dans l’actualité, l’un des plus
sensibles étant sans doute celui de l’Ordre du Temple Solaire. Dans cette
secte européenne à ramifications internationales a été mis en évidence un
trafic d’armes et de blanchiment d’argent. Une seule issue est alors possi-
ble pour le gourou, le suicide, qui décide également d’entraîner ses adeptes
dans sa chute. En octobre 1994, 53 personnes se donnent la mort, leurs
corps sont retrouvés carbonisés dans des demeures incendiées, après qu’ils
aient été drogués puis tués. Dans une note laissée par le gourou, la France
a été accusée de ce suicide collectif par sa lutte contre les sectes. Un se-
cond massacre s’est déroulé en décembre 1995 dans le Vercors. Ce second
drame a été fortement médiatisé par la présence d’une triple championne
de France de ski alpin et par les témoignages des familles qui ont assuré que
les adeptes pensaient assister à une cérémonie du solstice d’hiver et qui ont
considéré qu’ils avaient été assassinés.
Attentats suicides
Dans le cas des attentats suicides, le suicide est utilisé comme arme de guerre
et constitue, pour Pierre Conesa (Le Monde Diplomatique, juin 2004), « un
acte opérationnel violent indifférent aux victimes civiles, dont la réussite
est largement conditionnée par la mort du ou des terroristes ».
Même si l’on retrouve dans l’histoire des témoignages de l’ancienneté de
ce comportement, c’est pendant la Seconde Guerre mondiale que les Japo-
nais ont pour la première fois utilisé le suicide de façon planifiée et volon-
taire comme acte guerrier, avec des objectifs uniquement militaires.
En dehors de quelques exceptions, c’est un phénomène très largement
d’origine musulmane, qui ne nécessite pas de plan d’évasion, dont le coût
organisationnel est faible et qui est « progressivement devenu une technique
terroriste d’une effroyable banalité » (Conesa, 2004).
Ces volontaires de la mort sont plus volontiers jeunes, issus de la classe
moyenne de la société, jamais enfants uniques, plutôt doués en informa-
tique, profondément religieux, repérés à la mosquée et généralement bien
intégrés dans la société. En échange de sa vie, il est promis au futur martyr
le paradis, les vierges, voir la face d’Allah et l’assurance qu’il sera consi-
déré comme un martyr héros, et que cette considération rejaillira sur sa
famille.
L’entraînement est rigoureux dans le cadre de la mission confiée, entre-
coupé de longues heures de lecture du Coran. Ceux qui ont survécu ont
décrit un état de bonheur et d’extase pendant la période de préparation. Il
n’y a pas de prise d’alcool ou de drogue, et ces volontaires sont jusqu’alors
considérés comme indemnes de tout trouble psychique (Townsend, 2007 ;
Post 2009).
186 Clinique des conduites suicidaires
Deux types d’attentat suicide peuvent être décrits (Conesa, 2004). Dans
le premier type, par exemple en Palestine, l’objectif de la lutte appartient au
champ politique malgré la justification religieuse, et pourrait s’apparenter
au suicide altruiste de Durkheim. Dans le second type, l’ennemi est plus
global, dispersé, les cibles plus universelles et plus symboliques – comme
le World Trade Center –, les méthodes aveugles et les dégâts collatéraux
indifférents.
Ces comportements ont un réel impact psychologique et répandent un
sentiment de peur permanent, ce qui est en fait l’un des principaux effets
attendus de l’acte terroriste. Aucun pays ne peut se considérer à l’abri de ces
attentats suicides.
III
Prise en charge
des conduites
suicidaires
188
Le geste suicidaire
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190 Prise en charge des conduites suicidaires
Les résultats sont extrêmement variables, modestes pour Lin et al. (2001) et
Valentini et al. (2004), prometteurs pour Hannaford et al. (1996) et Nais-
mith et al. (2001). En Australie, Pfaff et al. (2001), en s’intéressant plus
précisément au repérage par les généralistes de la détresse psychologique et
de l’idéation suicidaire chez les jeunes, montrent qu’il est possible d’aug-
menter de 130 % la détection des patients suicidaires.
Mais les études les plus convaincantes quant à la capacité de programmes
de prise en charge de la dépression sur l’infléchissement des gestes suici-
daires sont celles réalisées en Hongrie par Rihmer et al. (2001) ou sur l’île
scandinave de Gotland par Rutz et al. (1989).
L’expérience de Gotland à elle seule est très éclairante. Cette île suédoise
de la mer Baltique est peuplée de 58 000 habitants, desservis par dix-huit gé-
néralistes et un psychiatre. Le taux de suicide, de 20/100 000, est supérieur
à la moyenne suédoise, avec un taux de prescriptions d’antidépresseurs plus
faible que dans le reste du pays.
Face à l’impuissance des médecins devant l’augmentation du nombre des
patients en détresse, la mise en place en 1982 et 1983 d’un programme
de formation aux divers aspects de la suicidologie et de la reconnaissance
et du traitement de la dépression a fourni des résultats positifs, avec une
diminution de 60 % des taux de suicides (de 20/100 000 à 7/100 000), de
75 % des hospitalisations en psychiatrie, de 50 % des consultations de psy-
chiatrie et de 50 % des arrêts de travail pour dépression. Parallèlement, la
consommation d’antidépresseurs augmentait de 50 à 80 % et la prescrip-
tion de lithium de 30 %, alors que la consommation d’anxiolytiques et de
neuroleptiques diminuait de 25 %. Les conséquences médico-économiques
ont pu être estimées à un bénéfice net (direct et indirect) de 155 millions
de couronnes suédoises (soit 26 millions de dollars) pour un coût initial de
400 000 couronnes.
Malheureusement, ces résultats ont dû être nuancés. Dans l’immédiat, il est
apparu que n’a bénéficié de cette démarche que la population féminine ayant
été en contact avec les soignants, et que les taux de suicide sont restés élevés
chez les hommes, l’expression de la souffrance psychique chez l’homme
passant plus par les alcoolisations et la violence que par la dépression. Trois
ans après la fin du programme, les principaux indicateurs de suicide et
le nombre d’hospitalisation en psychiatrie ont ré-augmenté en dépit d’une
stabilité de la prescription d’antidépresseurs. Il est donc aisé de conclure
que la vigilance demeure possible sur un temps court correspondant à des
conditions expérimentales idéales, mais qu’elle se maintient difficilement
avec le temps, la problématique suicidaire repassant à l’arrière-plan de la
vigilance en condition de pratique quotidienne. Les omnipraticiens ne sont
pas (ou ne restent pas longtemps) majoritairement et spontanément sensi-
bles à cette dimension.
Le médecin généraliste 191
Les tentatives de suicide représentent 2 à 4 % des consultants dans les ser-
vices d’urgences. La majorité d’entre elles (91 %) sont des intoxications
médicamenteuses volontaires dont le profil qualitatif s’est modifié avec le
temps. Les comportements suicidaires font appel à un modèle plurifactoriel
associant des facteurs socioculturels, environnementaux et psychopatho-
logiques interagissant entre eux. Tous les troubles mentaux peuvent être
associés à la crise suicidaire, qui peut également survenir en dehors de toute
décompensation psychiatrique. La tentative de suicide demeure l’un des
facteurs prédictifs les plus significatifs d’un éventuel suicide ultérieur.
On estimait à environ 195 000 le nombre de tentatives de suicide prises
en charge en 2002 par le système de soins français. Le médecin généraliste
est sollicité dans près de trois cas sur dix, et décide l’envoi aux urgences dans
80 % des cas et le maintien au domicile dans 20 %. Selon l’enquête réalisée
par la DREES dans les services d’urgences, 162 000 (soit 83 % des tentatives
prises en charge annuellement) sont admises dans les services d’urgences, la
sortie sans admission en hospitalisation est prononcée une fois sur quatre,
l’orientation en psychiatrie est effective également une fois sur quatre, et la
personne est hospitalisée en soins somatiques, le plus souvent en hospita-
lisation de courte durée, une fois sur deux. À l’issue de l’hospitalisation en
soins somatiques, le patient peut être orienté vers les services de psychiatrie,
qui reçoivent donc près de 40 % des suicidants transitant par les services
d’urgences, et près de 33 % des suicidants pris en charge annuellement par
les services de soins (Mouquet et Bellamy, 2006).
La majorité des gestes suicidaires identifiés et nécessitant une prise en charge
convergent donc vers une structure d’urgence pour une évaluation médico-
psycho-sociale. Le premier temps de prise en charge globale est toujours somati-
que, complété par un temps psychosocial. Donner du temps à la crise suicidaire
marquée par ce passage à l’acte est le maître mot qui permet d’instaurer une
relation de confiance, de réaliser un diagnostic psychiatrique, d’évaluer le po-
tentiel suicidaire, de dénouer la crise et de programmer la suite des soins pour
prévenir les réitérations suicidaires fréquentes dans l’année suivant le geste.
De nombreux gestes suicidaires, notamment chez les jeunes, ne donnent
pas lieu à une orientation hospitalière et ne sont parfois même pas déclarés
à l’entourage, ce qui peut en partie expliquer la fréquence des répétitions
des gestes qui représentent, quel que soit l’âge, environ un suicidant sur
deux aux urgences.
Le geste suicidaire
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194 Prise en charge des conduites suicidaires
Accueil
Plus de 90 % des suicidants accueillis aux urgences y arrivent après consom-
mation de benzodiazépines. Le préalable à l’intervention du psychiatre est
l’évaluation du niveau d’imprégnation cognitive du sujet. De même qu’aucun
urgentiste ne prétendrait à une évaluation fine du fonctionnement psychique
chez un sujet en état d’ivresse, un sujet présentant, à son arrivée, une intoxi
cation massive aux benzodiazépines ne saurait être évalué et orienté au terme
d’un unique entretien. Les paramètres pharmacocinétiques des benzodiazépines
et hypnotiques font qu’il faut au moins 24 heures au mieux pour que le
réveil apparent soit compatible avec un travail d’investigation et de création
d’alliance thérapeutique. Cette période peut être mise à profit pour des appro-
ches de nursing ou de holding, pour un « accueil » qui ne passera pas par le
langage. À partir du moment où le pronostic somatique n’est plus engagé, ce
travail peut être confié aux structures de post-urgence si elles existent.
Tableau 14-1
Évaluation du potentiel suicidaire (d’après la conférence de consensus)
Évaluation du potentiel suicidaire
Évaluer le degré de chaque item Faible Moyen Élevé
R Recherche des facteurs de RISQUE de suicide
Facteurs sociodémographiques (sexe masculin, âge,
statut matrimonial, absence de liens sociaux, etc.)
Troubles psychiatriques familiaux (gestes suicidaires,
alcool, dépression, etc.)
Troubles psychiatriques personnels (antécédents sui-
cidaires, troubles psychiatriques anciens ou actuels
notamment dépression, conduites addictives,
troubles de personnalité, schizophrénie, trouble
du comportement alimentaire, comorbidité psy-
chiatrique, etc.)
Trajectoire de vie (accumulation d’événements de
vie, contexte professionnel, séparations diverses,
deuils traumatiques, enfance difficile, mal-
traitances, etc.)
U Évaluation de l’URGENCE et du SCÉNARIO
Idées suicidaires
Absentes
Ponctuelles et fluctuantes
Fréquentes (plusieurs fois par semaine)
Quotidiennes et obsédantes
Scénario suicidaire
Absent
Présent mais différé
Présent et programmé prochainement
Présent et immédiat
D Évaluation de la DANGEROSITÉ du MOYEN
Absence de moyen
Létalité du moyen choisi (armes à feu, voies ferrées,
pendaison, noyade, médicaments, etc.)
Accessibilité
Acquisition envisagée
À disposition
Accès immédiat et sans délai
E EMPATHIE
198 Prise en charge des conduites suicidaires
Appréciation de l’urgence
Dans un climat empathique permettant des réponses claires et précises,
l’appréciation de l’urgence se fonde sur :
• le degré d’instabilité émotionnelle et la dimension impulsive ;
• l’existence d’idées suicidaires, leur fréquence et leur intensité ;
• le scénario suicidaire, présent ou absent, immédiat ou différé.
On considère comme une urgence faible une situation dans laquelle la per-
sonne, en souffrance mais non perturbée, parle et recherche des solutions
à la crise, a des projets réels pour les prochains jours et n’exprime pas de
scénario suicidaire. Le thérapeute ou l’intervenant de crise dispose alors de
temps pour organiser la prise en charge.
Dans une urgence moyenne, la personne exprime son désarroi et présente
un équilibre émotionnel fragile. Elle envisage clairement le suicide, sans
autre solution et le scénario est établi, mais différé. L’intervention de crise
doit être rapide et encadrée.
Il y a urgence élevée lorsque la personne est coupée de ses émotions par une
douleur et une souffrance omniprésentes. Elle est immobilisée par la dé-
pression ou agitée, elle a l’impression d’avoir tout essayé, et la planification
du geste est claire (où, quand, comment). Dans cette situation où le degré
élevé d’urgence est généralement couplé à une accessibilité immédiate ou
du moins rapide au moyen, l’urgence est de tout mettre en œuvre pour
protéger le patient.
Tableau 14-2
Évaluation chronologique des événements suicidaires
Événements suicidaires actuels Réponses et commentaires
Méthode utilisée
Sévérité du geste
– Si médicaments, nature du produit et nombre de compri-
més
– Si coupure, gravité et nombre de points
– Quelle soit la méthode utilisée, et sans a priori médical, le
geste était-il considéré comme potentiellement létal par le
patient ?
Intentionnalité suicidaire
– Le patient avait-il l’intention de mourir ?
– A-t-il averti quelqu’un de sa tentative ?
– En a-t-il parlé avant de faire l’acte ?
– Était-il isolé ou pouvait-on facilement le retrouver ?
– Avait-il rédigé auparavant un testament ou une lettre
d’adieu, ou dit au revoir aux êtres chers ?
Sentiments et émotions du patient en lien avec le fait d’être en vie
« Que pensez-vous du fait d’être toujours vivant ? »
Planification du geste
Le geste était-il préparé plus ou moins minutieusement ou
a-t-il été réalisé de façon impulsive ?
Association avec alcool ou drogues
Facteurs interpersonnels
– Sentiment d’échec
– Sentiment d’avoir été trahi, abandonné
– Sentiment d’avoir été humilié
– Colère vis-à-vis d’autrui
200 Prise en charge des conduites suicidaires
Styles cognitifs
Les processus de pensée utilisés dans la verbalisation des émotions des sui-
cidants peuvent déstabiliser. Mieux les connaître permet souvent de les an-
ticiper et de mieux contrôler le domaine émotionnel du patient et de la
relation.
La pensée de la personne suicidaire est le plus souvent une pensée dichoto-
mique basée sur les impressions immédiates et les émotions vécues sur l’ins-
tant. À partir de là, un phénomène de sur-généralisation englobant l’ensemble
de l’entourage gravitant autour du suicidaire peut conduire à une vision catas-
trophique du monde, à un autodénigrement qui trouve sa justification dans la
perception qu’a la personne de ne pas avoir le contrôle de la situation.
La capacité à résoudre les problèmes est également altérée. Le suicidaire trouve
peu de solutions alternatives à sa souffrance, rejette les solutions alternatives
potentiellement viables, le tout dans une grande dépendance aux autres.
La matrice émotionnelle est extrêmement volatile, pouvant passer d’un
extrême à l’autre selon le principe des montagnes russes. La personne
demeure émotionnellement instable, réactive et impulsive, avec une très
grande sensibilité et réactivité à la perception du rejet.
Contre-attitudes négatives
Certaines situations aux urgences sont propices aux attitudes contre-
thérapeutiques. Ces situations concernent essentiellement les suicidants
itératifs et les suicidants demandant rapidement leur sortie.
Les multi-suicidants imposent à l’équipe de soins qui les reçoit un mode
relationnel particulier proche du challenge, avec un système institution-
nel souvent épuisé, parfois même hostile. Ce sont des patients impulsifs,
sensibles au rejet, chez lesquels le geste suicidaire est le mode de réponse
prévalent aux conflits externes ou internes ressentis, et à risque élevé de
décès par suicide. Leurs croyances (« rien ne peut marcher, la preuve »)
s’opposent le plus souvent au désir des soignants (« aller mieux »), la vo-
lonté acharnée de réduire le comportement suicidaire pouvant par ailleurs
paradoxalement le renforcer. Une courte hospitalisation en lieu neutre
peut permettre, en se gardant d’hospitalisations réitérées en psychiatrie,
un réaménagement de la relation et de l’espace thérapeutique en évitant
toute escalade symétrique.
Les demandes de sorties prématurées représentent 10 à 20 % des suici-
dants admis dans les services d’urgences. À titre d’exemple, 23 % des
Conduites suicidaires aux urgences 203
Hospitalisation de protection
Certaines situations imposent dès les urgences une hospitalisation de pro-
tection, y compris sous contrainte. L’hospitalisation est particulièrement
recommandée quand :
• le sujet présente une décompensation psychiatrique avérée en relation
avec son geste suicidaire, par exemple des symptômes dépressifs particu-
lièrement intenses et/ou des symptômes évocateurs d’un trouble grave de
personnalité , ou un trouble psychotique ;
• le sujet est réfractaire à toute forme de suivi ; il exprime des idées de sui-
cide et présente des symptômes anxio-dépressifs ;
• le sujet semble incapable de lutter seul contre ses idées suicidaires et mul-
tiplie des demandes directes ou indirectes comme des appels téléphoniques
ou des demandes incessantes de rendez-vous ;
Conduites suicidaires aux urgences 205
Conclusion
L’admission en un lieu hospitalier comme les urgences, dans les situations
de crise suicidaire, avec ou sans geste suicidaire, avec ou sans hospitalisation
secondaire, est donc un moment charnière dont il faut tirer profit. À l’hé-
térogénéité des conduites suicidaires correspond en miroir l’hétérogénéité
des réponses thérapeutiques. Chaque rencontre, chaque patient et chaque
situation sont uniques. C’est toute l’importance des enjeux initiaux, de l’al-
liance thérapeutique précoce et des conditions de son installation chez un
suicidant replacé dans son histoire de vie personnelle, sociale et familiale.
La réussite de cette première rencontre aux urgences d’un hôpital résulte des
capacités d’empathie du clinicien qui reçoit, de l’intérêt porté à la personne en
souffrance et à son entourage, avec une réelle disponibilité psychique, en un
lieu de soins et de collaboration devenu espace transitionnel.
15 Prise en charge hospitalière
de la crise suicidaire
et du suicidant
Hospitalisation psychiatrique
Le recours à l’hospitalisation psychiatrique dans les situations où le com-
portement suicidaire résulte d’une crise psychosociale, d’un trouble de
l’adaptation, voire d’un trouble de la personnalité, tout comme le recours à
l’hospitalisation d’une façon générale, est beaucoup plus discuté.
La plupart des cliniciens impliqués dans la prise en charge de la crise suici-
daire ou dans la prévention de la réitération suicidaire insistent pour consi-
dérer que la réponse par l’hospitalisation au geste suicidaire peut constituer
un renforcement positif à ce même geste, et constituer paradoxalement un
facteur iatrogène si certaines précautions ne sont pas prises. D’où la mise en
Le geste suicidaire
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208 Prise en charge des conduites suicidaires
Unités de crise
Pour autant, le recours à un temps d’hospitalisation, à un moment aussi
précoce que possible de la crise suicidaire, ne saurait être exclu et a donné
lieu à divers types d’organisation, en centres de crise ou unités d’hospitali-
sation dédiées à certaines populations, notamment les adolescents.
Pour que l’hospitalisation dans de tels lieux puisse conserver une poten-
tialité thérapeutique, des conditions rigoureuses doivent être respectées.
L’hospitalisation en centre spécialisé dans la crise suicidaire ne doit pas être
qu’une réponse à tout geste suicidaire, mais un temps privilégié dans la
prise en charge globale du patient, avec des objectifs précis, comme le bilan
personnel, familial, psychiatrique et social d’une première situation de crise,
ou l’analyse pluridisciplinaire d’un processus de réitération, ou encore le
temps d’hospitalisation pour un bilan diagnostique lorsqu’une entrée dans
une pathologie psychiatrique peut être soupçonnée.
L’intérêt de concevoir des lieux spécifiques d’accueil des suicidants réside
justement dans la mise en œuvre d’un authentique accueil. Le sujet en souf-
france, qui a mis sa vie en jeu d’une façon ou d’une autre, devrait être admis
dans un lieu neutre, calme, non stigmatisé par la psychiatrie et animé par
des professionnels formés. Ce type de travail implique empathie, capacité
à maîtriser les réflexes de jugement moral, contrôle des contre-attitudes,
« neutralité bienveillante » face aux sujets souffrants et à leurs familles sou-
vent déstabilisées, et une certaine dose d’engagement personnel pour créer
les conditions de l’alliance thérapeutique.
En effet, l’hospitalisation des suicidants – hormis les cas les plus patholo-
giques et hormis la phase aiguë où le risque est important – est inutile, voire
iatrogène sans le consentement du principal intéressé, qu’il faut parfois sa-
voir mériter. Les primo-suicidants devraient tous pouvoir bénéficier de ce
type d’accueil. Pour les multi-suicidants, la question se pose différemment,
et les hospitalisations itératives en service de crise pour suicidants sont à
déconseiller, car notoirement inutiles ou renforçant le comportement.
D’autres stratégies thérapeutiques sont alors à mettre en place, fondées sur
la création d’un lien thérapeutique et d’un suivi ambulatoire.
Dans notre pays, la conférence de consensus sur la prise en charge
de la crise suicidaire diligentée par l’ANAES en 2000 préconise que tout
Prise en charge hospitalière de la crise suicidaire et du suicidant 209
suicidant – a fortiori s’il est adolescent – doit être adressé aux urgences d’un
établissement de soins en vue d’une triple évaluation somatique, psycholo-
gique et sociale, l’évaluation psychologique étant réalisée par un psychiatre
et comprenant un entretien avec l’entourage signifiant. L’hospitalisation
est fortement recommandée, pour toutes sortes de raisons qui, au-delà de
l’existence d’une pathologie psychiatrique à évaluer ou du risque de réci-
dive, de l’absence de support social ou de la difficulté d’accès à des soins
ambulatoires, sont liées en fait à la commodité de travail sur la crise dans un
espace transitionnel permettant d’approfondir l’approche éclectique, bio-
psychosociale, des déterminants de la crise suicidaire.
Expérience caennaise
Nous avons développé à Caen, depuis 1997, une unité de crise et de post-
urgences (UCPU) de dix lits, reposant sur des principes de fonctionnement
à la fois similaires et différents, tant il est vrai, comme l’ont souligné divers
auteurs, qu’il n’y a pas de recette s’imposant à tout contexte, mais que cha-
que équipe doit s’approprier les principes qui correspondent le mieux à son
contexte et à son cheminement propre.
L’UCPU de Caen accueille des suicidants de plus de 15 ans, dont le geste
ou la menace suicidaire ne s’inscrit pas dans une pathologie avérée et déjà
prise en charge par des structures psychiatriques, ou dans une trajectoire ad-
dictive ou psychopathique. Le volontariat est la règle. Dans notre expérience,
la diversité des générations accueillies (inversement aux structures réser-
vées aux sujets jeunes), même si la pyramide des âges est majoritairement
jeune (50 % de moins de 25 ans, 20 % de mineurs), constitue un point ex-
trêmement positif, en favorisant notamment le travail intergénérationnel,
l’expression des représentations parentales et des processus identificatoires,
et en limitant les phénomènes de réverbération et de potentialisation des
troubles du comportement adolescent.
Les durées d’hospitalisation ne sont pas a priori déterminées, mais notre
expérience montre que la durée moyenne de sortie d’une crise psychoso-
ciale est de l’ordre de la semaine, un peu plus (deux semaines) en cas de
révélation d’une composante thymique ou chez les sujets les plus jeunes,
notamment dans des configurations familiales perturbées ou en cas d’an-
técédents de maltraitance majeure. Il est en tout cas inapproprié, comme
le font tant de centres d’accueil de crise (CAC), de limiter à 72 heures le
séjour des suicidants, car cette durée correspond à peine à l’élimination
des toxiques généralement ingérés. L’objectif prioritaire de sortie de crise
suicidaire et de mise en place d’un projet d’accompagnement doit primer
sur les considérations comptables de durée moyenne de séjour (DMS).
Prise en charge hospitalière de la crise suicidaire et du suicidant 211
Conclusion
Les expériences nationales et internationales montrent clairement que
les interventions les plus éclectiques, notamment celles qui prennent en
compte le contexte et l’entourage signifiant, sont les plus efficaces. À l’op-
posé, les propositions de prise en charge uniquement centrées sur le sujet,
souvent d’inspiration comportementale (résolution de problème), s’avè-
rent décevantes.
Un temps d’hospitalisation au décours immédiat d’un geste suicidaire
inaugural est intéressant car il peut représenter un espace transitionnel,
neutre ou chaleureux. La distance avec l’entourage impliqué, combiné au
respect et au travail sur les liens, est favorable à la restauration du contrôle
émotionnel.
À condition de maintenir l’énergie mise en jeu dans la crise suicidaire, un
séjour bref est l’occasion de mettre en œuvre une évaluation pluridiscipli-
naire intensive, tant du sujet, de sa famille que de son réseau socioprofes-
sionnel. La mise en œuvre de techniques stratégiques vise à donner au sujet
et son entourage dans une forme de contrainte au changement, à favoriser
la récupération des mécanismes de défense antérieurs ou à ouvrir un travail
vers des mécanismes de défense de niveau supérieur.
En cas d’échec, la répétition des hospitalisations, au gré des réitérations
suicidaires doit être considérée comme un renforcement positif et faire
envisager d’autres modalités de prise en charge, strictement ambulatoires
et plus calquées sur les protocoles adaptés aux sujets borderline (Chiles et
Stroshal, 1995).
L’hospitalisation au décours d’une crise suicidaire n’a donc de sens que
si :
• elle n’est pas focalisée sur le geste suicidaire mais sur le travail sur la crise
dont le geste suicidaire a été un court-circuit ;
• elle est proposée (hormis les cas de pathologie psychiatrique connus ou
avérés) dans des lieux spécifiques, non stigmatisants, centrés sur l’accueil ;
• elle permet un travail pluridisciplinaire, prenant en compte les émotions
et les cognitions personnelles en même temps que la dimension relation-
nelle et les interactions psychosociales ;
• elle prévoit d’emblée une mise en lien du sujet et de son entourage avec
les intervenants susceptibles de prolonger le travail psychothérapique au-
delà de la sortie de crise (nécessité d’un travail en réseau).
16 Outils thérapeutiques
Le geste suicidaire
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216 Prise en charge des conduites suicidaires
Thérapies cognitivo-comportementales
Les thérapies cognitives proposent ainsi des thérapies brèves fondées sur la
résolution de problèmes. Il peut sembler évident qu’une meilleure capacité
en résolution de problèmes va diminuer le poids des problèmes non réso-
lus et diminuer l’idéation suicidaire (Schotte et Clum, 1982). Ces straté-
gies de résolution de problèmes sont enseignées au cours de séances où les
problèmes sont listés, hiérarchisés, avec examen de l’éventail des solutions
possibles, en choisissant les orientations les plus appropriées. Les problèmes
sont éventuellement divisés en étapes intermédiaires dont chacune est plus
facilement franchissable que le tout. Chaque difficulté rencontrée par le
patient est recadrée en un nouvel apprentissage. Le patient est donc finale-
ment entraîné à généraliser ses acquis à de nouvelles situations probléma-
tiques. La relation entre le patient et le thérapeute est active, interactive, et
vise à rendre le sujet conscient de ses distorsions cognitives et de ses pensées
automatiques négatives générées par les mécanismes de sur-généralisation,
d’attributions dysfonctionnelles ou d’adoption systématique de conclu-
sions négatives.
Thérapie interpersonnelle
La thérapie interpersonnelle (Klerman et Weissman, 1989) est une variante
de thérapie fondée sur la fidélité à une procédure écrite dans un manuel.
Elle est assez proche des thérapies comportementales classiques dont elle
partage l’interactivité entre le patient et le thérapeute. Les difficultés in-
terpersonnelles sont considérées comme une cause majeure de difficultés
psychologiques, notamment dépressives, et de comportements suicidaires.
La mise en œuvre rapide, dans la semaine qui suit la sortie, d’une thérapie
Outils thérapeutiques 219
Psychothérapies familiales
Psychothérapies systémiques
Elles représentent l’approche idéale pour évaluer et travailler, autour du sui-
cidant itératif, les problématiques qui entretiennent les répétitions. Mais
elles ne sont pas toujours applicables, en raison de la motivation insuffi-
sante des groupes familiaux, qui ont naturellement tendance à refermer le
couvercle une fois la crise passée (apparemment), ou de la faisabilité.
Dans un premier temps, trois ou quatre entretiens familiaux sont pro-
posés dans le mois qui suit le geste suicidaire, de façon à prévenir la mise
en place de mécanismes de défense collectifs annulant la signification du
geste (banalisation, déni, rationalisation, intellectualisation, etc.). Le tra-
vail se centre sur le thème du désir de mourir (« pourquoi avez-vous voulu
mourir ? », « pourquoi a-t-il [elle] voulu mourir ? »). Il s’agit d’éviter la réor-
ganisation des transactions aboutissant aux tentatives de suicide. Toutes
les techniques d’entretien systémique peuvent être mises en œuvre comme
pour n’importe quelle autre problématique, après avoir créé le contexte
(affiliation) permettant que tout le monde s’écoute : circulation de la pa-
role, des émotions et des représentations, construction d’hypothèses, su-
pervision de la neutralité systémique, etc. Il est nécessaire que la famille
revienne aux trois ou quatre séances nécessaires pour que les processus de
changement soient activés : position basse, complémentarité, utilisation
du discours analogique, initiation des thèmes de travail, connotation posi-
tive réaliste et sincère. Au-delà de cette phase centrée sur le désir de mort,
d’autres étapes peuvent être abordées selon le contexte familial.
Psycho-éducation
L’implication de l’entourage familial dans la prise en charge du suicidant
reste incontournable et doit être recherchée, au minimum dans une opti-
que psycho-éducative. Quelques principes doivent cependant être garantis.
Certains sont inspirés des principes systémiques, d’autres sont tout simple-
ment des règles de comportement médical et imposent la coopération et
l’assentiment du principal intéressé, assortis d’un respect strict de la confi-
dentialité.
L’un des premiers réflexes des suicidants, au réveil, est d’effacer ce qui
s’est passé et bien sûr d’échapper à la psychiatrisation vécue comme une
stigmatisation supplémentaire. C’est aussi bien souvent le réflexe des fa-
milles culpabilisées par cet aveu public d’impuissance et d’incompétence.
Ces réactions de fuite sont d’ailleurs des motifs forts d’aménagement d’es-
paces transitionnels, accueillants, dédramatisants, permettant dans une
220 Prise en charge des conduites suicidaires
Dans le cas des suicidants chez qui les expériences précoces négatives
sont si fréquentes, la réactivation des MIO anciens par les difficultés inter-
personnelles récentes peut être reprise et analysée dans la thérapie, dans la
perspective d’une « expérience correctrice » (Guedeney et al., 2006).
Il n’est pas illusoire d’espérer, en réunissant le sujet et ses imagos paren-
tales, modifier ces représentations, nombre de familles s’avérant étonnam-
ment capables de verbaliser des émotions positives qui n’avaient pu l’être à
l’origine, ou d’expliciter les difficultés qu’elles rencontraient dans l’enfance
du sujet, permettant dans une certaine mesure à celui-ci de mettre en pers-
pective sa propre souffrance avec celle des siens.
Le travail sur l’estime de soi est un autre axe psychothérapique désormais
bien codifié.
Au-delà de la crise, l’abord psychothérapique du patient suicidaire est
semé d’écueils. Hendin et al. (2006) ont recensé 36 suicides de patients sui-
vis au long cours par 36 thérapeutes, prescrivant ou non des psychotropes
en association avec la psychothérapie. L’évaluation approfondie de ces cas
tragiques, en séminaire, a permis de mettre en lumière les principaux mé-
canismes – parfois associés – qui ont été à l’œuvre dans ces échecs. Les re-
commandations issues de cette forme particulière d’autopsie psychologique
peuvent être classées en deux registres distincts et complémentaires.
Figure 16-1
Phases de la dépression : évolution spontanée et sous traitement.
Tableau 16-1
Inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine
Fluvoxamine Floxyfral® 100-300 mg
Fluoxétine Prozac®
20 mg
Sertraline Zoloft® 50-100 mg
Citalopram (escitalopram) Séropram (Seroplex )
® ®
20 mg (10 mg)
Paroxétine Deroxat® 20-40 mg
Venlafaxine Effexor ®
> 150 mg/j
230 Prise en charge des conduites suicidaires
Tableau 16-2
Inhibiteurs spécifiques de la recapture de la noradrénaline et de la
sérotonine
Venlafaxine Effexor® 150-375 mg
Minalcipran Ixel® 100 mg
Duloxétine Cymbalta ®
60 mg
Tableau 16-3
Antidépresseurs atypiques
Miansérine Athymil® 60-120 mg
6-Aza-miansérine Norset ®
15-45 mg
Tianeptine Stablon® 37,5 mg
Outils thérapeutiques 231
Instauration du traitement
Pour nombre d’antidépresseurs récents, notamment les sérotoninergiques,
il n’y a pas de précautions particulières à prendre, la posologie habituelle-
ment efficace étant atteinte d’emblée dans la dépression.
232 Prise en charge des conduites suicidaires
Pour les imipraminiques, la dose efficace est atteinte par paliers afin de
minimiser les effets indésirables, notamment les effets hypotenseurs, sur-
tout chez le sujet âgé.
L’objectif du traitement de l’épisode est l’obtention d’une rémission totale.
En effet, si le patient demeure symptomatique au-delà des 4 à 6 semaines
de traitement aigu ou s’il conserve des troubles sous-syndromiques ou
des symptômes résiduels, le risque de rechute est grand et, par ailleurs, les
conséquences en termes de qualité de vie, de retour au niveau d’activité
antérieur et de difficulté à restaurer le réseau relationnel social ou affectif
restent importantes. Tous ces éléments sont susceptibles de faire le lit d’une
réapparition d’idées suicidaires.
Dans cette perspective, en cas de persistance de symptômes thymiques
non réduits par un traitement conduit selon les règles, tant en posologie
qu’en durée, il s’avère nécessaire soit de changer de traitement antidépres-
seur, soit d’envisager des stratégies de potentialisation.
thyroïdienne n’aurait pas été adéquatement explorée dans les essais théra-
peutiques concernés, et nombre de patients étudiés étaient tout simplement
réfractaires au traitement antidépresseur du fait d’une hypothyroïdie fruste.
Les rationalisations biochimiques des associations d’antidépresseurs sont
nombreuses et pas toujours convaincantes : associer un sérotoninergique
et un noradrénergique, ajouter un dopaminergique, voire un psychostimu-
lant, associer un sédatif et un désinhibiteur, etc. Ces tâtonnements empiri-
ques ne sont fondés sur aucune étude sérieuse et ne sont pas conseillés.
Le thème du traitement des dépressions résistantes justifierait à lui seul
un volume. Doit être considérée comme dépression résistante une dépres-
sion laissant persister des symptômes spécifiquement dépressifs après 4 à
8 semaines de traitement antidépresseur bien conduit et sous étroite super-
vision clinique. À partir de là, tout doit être fait, dans une attitude thérapeu-
tique active, pour obtenir le retour à l’état antérieur, y compris l’association
à la démarche médicamenteuse d’un renforcement du volet psychothé-
rapique, notamment en cas de problématique suicidaire prévalente, avec
passage à l’acte violent ou réitérations suicidaires. Lorsqu’aucune approche
chimiothérapique ne semble efficace, l’humilité autorise à reconsidérer le
diagnostic et à réexaminer les interactions contextuelles cachées qui parfois
expliquent bien des situations d’impuissance thérapeutique.
Après la rémission
La nécessité de poursuivre le traitement au moins 4 mois après disparition
de la symptomatologie dépressive pour empêcher la rechute est dorénavant
bien admise.
Au terme de cette phase de 4 à 6 mois de traitement d’entretien (ou de
consolidation), la persistance de l’état de rémission permet d’espérer une
authentique guérison de l’épisode, avec la perspective d’arrêter du traite-
ment ou d’instaurer un traitement préventif d’éventuelles récidives.
Au décours d’un épisode unique, le traitement peut être interrompu plus
ou moins rapidement dans l’année qui suit la rémission. Ce peut être aussi
le cas dans les formes pauci-récurrentes définies par l’existence de moins de
trois épisodes en 5 ans.
La décision d’interruption du traitement doit prendre en compte divers
éléments qui sont :
• la qualité de la « guérison » ;
• la qualité du support social et affectif ;
• les particularités de la personnalité ;
• les facteurs de comorbidité ;
• les échéances existentielles prévisibles, la possibilité d’aborder les conflits
psychopathologiques ou les distorsions cognitives ;
• la demande du patient.
234 Prise en charge des conduites suicidaires
Tableau 16-4
Critères d’identification des patients candidats à un traitement anti
dépresseur à durée indéfinie dans le cadre du trouble dépressif récurrent
Au moins trois épisodes dépressifs caractérisés antérieurs lors des 5 années précédentes
Ou
Deux états dépressifs majeurs (EDM, ou états dépressifs caractérisés) antérieurs ou plus et un des
éléments suivants :
– histoire familiale de trouble de l’humeur avec au moins l’un des membres de la famille
atteint
– plus de 120 jours de la vie en EDM
Ou
Un ou deux EDM sévères antérieurs avec deux ou plus éléments suivants :
– âge précoce du premier épisode
– histoire familiale de trouble de l’humeur
– plus de 120 jours de la vie en EDM
– résistance au traitement
– psychose
– rechute précoce ou récidive immédiatement après l’arrêt du traitement
– antécédents de tentative de suicide ou persistance d’idéation suicidaire pendant les épisodes
– sévérité des épisodes (avec score à l’échelle de dépression d’Hamilton > 24)
– pathologies médicales ou environnement personnel ou professionnel qui rendent impré-
visibles l’évolution ou non vers la récidive
– présence d’une ou plus anomalies biologiques suivantes :
persistance d’une régulation anormale des hormones du stress
atrophie hippocampique ou amygdalienne à l’IRM, sans autre cause possible
EEG du sommeil anormal
Trouble bipolaire
Important pourvoyeur de tentatives de suicide, le trouble bipolaire, quelle
que soit sa forme clinique, dépression bipolaire ou excitation bipolaire, se
traite avant tout par les thymorégulateurs.
Toutefois, les cas sévères tout comme les états mixtes de forte sévérité, dé-
finis par un mélange de symptômes maniaques et mélancoliques, peuvent
faire recourir à l’électroconvulsivothérapie.
Il existe divers types de thymorégulateurs. Le chef de file est le lithium
et les autres appartiennent à la classe des anticonvulsivants. Des agents
d’autres familles, comme les neuroleptiques, ont pu être utilisés au long
cours comme thymorégulateurs, notamment en cas d’échec des thymoré-
gulateurs de première intention. Plus récemment, des neuroleptiques aty-
piques ont été approuvés par diverses autorités de régulation sanitaire dans
cette indication. Mais cela n’en fait pas, à notre sens, d’authentiques thy-
morégulateurs, et les risques métaboliques de la plupart de ces nouveaux
agents méritent considération.
236 Prise en charge des conduites suicidaires
Psychoses
En dehors du cas particulier de la clozapine, il n’est pas vraiment démon-
tré que l’optimisation de la prise en charge thérapeutique des psychoses
diminue la morbidité suicidaire. En fait, les essais thérapeutiques de médi-
caments antipsychotiques ne montrent pas de différence à court et à long
termes entre les paramètres suicidaires chez les patients traités par médi-
caments et ceux qui reçoivent du placebo (Storosum et al., 2003, rassem-
blant 31 études totalisant 1 888 sujets sous placebo et 5 264 recevant divers
neuroleptiques). Sur le plus long terme (comparaison de cohortes pendant
10 ans), une étude chinoise (Ran et al., 2009) ne trouve aucune différence
entre les sujets traités et ceux qui ne l’ont jamais été, que ce soit en termes
de mortalité globale ou de mortalité suicidaire.
Quoi qu’il en soit, au niveau individuel, les thérapeutiques antipsychoti-
ques doivent obéir à un certain nombre de principes :
• elles ne sauraient, hors le cas de l’urgence floride, être imposées seules,
sans avoir pris le temps de créer un lien d’alliance thérapeutique et de ga-
gner l’assentiment du patient ;
• il existe suffisamment de molécules aux profils psychopharmacologiques
différents et de profils d’effets indésirables différents pour qu’il soit possible
de trouver le traitement qui serait le plus adapté à tel patient donné ;
• les effets indésirables doivent être détectés précocement, corrigés si
possible ; sinon, il faut modifier le traitement. L’akinésie ou l’akathisie ne
sont plus acceptables et encore moins les prises de poids incontrôlables
238 Prise en charge des conduites suicidaires
Problème de l’akathisie
L’akathisie est l’incapacité de rester immobile. On parle aussi d’impatiences
dans les membres inférieurs, obligeant le patient à un piétinement forcé et
à des déambulations impérieuses (tasikinésie). Elle s’accompagne d’agace-
ment, d’angoisses, voire d’idées suicidaires, d’où l’importance de la repérer,
ce qui est facile, et surtout de la traiter.
Elle est très peu présente chez les patients traités par clozapine, olanza-
pine ou amisulpride (une étude comparant sa prévalence chez 103 patients
la retrouve chez environ 7 % des patients traités par clozapine, 17 % des
240 Prise en charge des conduites suicidaires
patients traités par rispéridone contre 24 % des patients traités par neuro-
leptiques classiques). Elle est deux fois moins fréquente chez les patients
traités par olanzapine (2,5 à 17,5 mg/j) que chez ceux traités par halopéridol
(10 à 20 mg/j, ce qui, rappelons-le, est dans la majorité des cas une poso-
logie plus forte que nécessaire), mais aussi fréquente sous aripiprazole que
sous neuroleptiques classiques.
Maladies anxieuses
Dans les maladies anxieuses constituées (troubles phobiques, obsessionnels,
post-traumatiques, panique), l’approche médicamenteuse n’est pas systé-
matiquement privilégiée. Elle ne doit être envisagée qu’en complément
d’une approche psychothérapique ou malheureusement, à défaut, lorsque
le contexte psychosocial ou le réseau sanitaire psychiatrique est défaillant à
assurer l’accès aux soins psychologiques.
Le traitement psychotrope se conçoit de toute façon selon deux axes : le
traitement de fond et les traitements ponctuels associés. Le traitement de
fond, sous forme d’une cure durable prolongée, fait appel généralement à
des antidépresseurs le plus souvent de dernière génération du fait de leur
meilleure tolérance. Tous ont d’ailleurs peu ou prou l’indication pour la
plupart des maladies anxieuses (trouble panique, phobie sociale, anxiété
généralisée, trouble obsessionnel compulsif). Les principes de ces cures
diffèrent peu de ceux d’une cure antidépressive, à quelques nuances près : si
l’effet antidépresseur nécessitait quelques semaines à se manifester pleine-
ment, l’effet anxiolytique peut prendre un peu plus de temps, de 1 à 3 mois.
Les posologies recommandées peuvent être quelque peu différentes : un peu
plus faibles pour la venlafaxine ou la clomipramine dans les états anxieux
paroxystiques ou l’anxiété généralisée, et nettement plus élevées dans le
trouble obsessionnel.
En dehors du traitement de fond associé si possible à une approche psy-
chothérapique, des prescriptions symptomatiques ou en appoint disconti-
nu pour contrôler d’éventuels paroxysmes anxieux peuvent être nécessaires
dans les premières semaines du traitement de fond. Ces traitements peuvent
faire appel à des benzodiazépines, sur des périodes aussi brèves que possibles
ou selon des modalités discontinues, afin d’éviter le risque d’accoutumance
et de dépendance. D’autres agents psychotropes – Atarax®, neuroleptiques
sédatifs à petites doses (Nozinan®, Tercian®, Largactil®), miansérine à faible
posologie – peuvent être proposés.
Comorbidité anxieuse
Nous l’avons vu, la composante anxieuse de tout trouble psychiatrique
suicidogène, même quand ce n’est pas une véritable comorbidité, constitue
un facteur globalement aggravant et un facteur de risque de décourage-
ment, voire de raptus suicidaire. C’est pourquoi il convient d’être attentif,
Outils thérapeutiques 241
Clozapine
Numériquement moindres dans la mesure où la schizophrénie est moins
fréquente que les pathologies thymiques, les gestes suicidaires de ces pa-
tients n’en sont pas moins lourds de conséquence en termes de pertes en
vies humaines, car ils sont le plus souvent déterminés, violents et létaux.
Or, il est permis de penser que le traitement approprié des diverses phases
de la psychose est de nature à diminuer le risque de suicide, tout comme
d’ailleurs le traitement approprié des dépressions doit faire chuter le risque
d’issue suicidaire. Il n’en reste pas moins que les neuroleptiques ont intrinsè-
quement des propriétés qui ont pu être impliquées dans le risque suicidaire,
que ce soit par « deuil » du délire, effets pharmacologiques dépressogènes
intrinsèques ou effet pharmacologique indésirable comme l’akathisie. Seule
la clozapine (Leponex®) semble échapper à ces critiques. Ce neuroleptique
de première génération, transitoirement abandonné à cause de ses effets
242 Prise en charge des conduites suicidaires
Figure 16-2
Méta-analyse comparant les taux de suicide et de tentatives de suicide (pour
100 patients/an) chez des sujets souffrant de troubles de l’humeur selon qu’ils
sont ou non traités par lithium, en référence à la population générale.
Source : adapté d’après Baldessarini et al. (2003)
chez 378 patients traités soit par lithium, soit par carbamazépine, soit par
amitryptiline, neuf suicides et cinq tentatives, mais aucun événement chez
les patients sous lithium.
En fait, les données s’accumulent non seulement en faveur du lithium,
mais aussi pour faire penser que les thymorégulateurs anticonvulsivants
pourraient avoir une action (faiblement) suicidogène à l’instar des anti
dépresseurs, au point que dès 2008, et cela est confirmé par une alerte émise
le 23 avril 2009, un avertissement concernant l’ensemble de la classe des
anti-épileptiques devra figurer dans les conditionnements pharmaceutiques
sans aller jusqu’à la procédure de « black box » (voir plus haut). Le risque
suicidaire est faible et porte plus sur l’idéation ou les tentatives que sur des
données concernant les suicides aboutis, non démontrés à ce jour.
Conclusion
La prévention pharmacologique du suicide repose incontestablement
sur l’optimisation de la prise en charge des troubles de l’humeur et de la
dimension thymique (comorbidité ou complication) des psychoses. Les anti-
dépresseurs n’ont que peu d’application dans les troubles de l’adaptation et
les pathologies réactionnelles, mais la prise en compte de l’angoisse ou de
la perte de contrôle émotionnel est essentielle pour permettre au sujet de
prendre la distance affective suffisante lui permettant d’avoir accès au volet
psychothérapique du soin.
17 L’entourage dans la prise
en charge du suicidant
et la postvention
Le geste suicidaire
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248 Prise en charge des conduites suicidaires
2005). L’approche humaniste met l’accent sur l’empathie, d’autant plus que
pour certains auteurs, seuls les thérapeutes empathiques sont les plus efficaces,
indépendamment des thérapies utilisées. L’empathie s’avère donc être la pierre
angulaire, le pré-requis sur lequel se fonde l’intersubjectivité, base d’un accord
commun, d’une compréhension et d’une définition d’une problématique.
L’alliance avec les familles ou, de façon plus large, avec l’entourage est
un système complexe dans lequel intervient l’alliance distincte entre le
thérapeute et le patient, le thérapeute et l’entourage, les soignants et l’ins-
titution. Le fonctionnement familial antérieur détermine en grande partie
ce que sera l’alliance, ou du moins les difficultés rencontrées dans l’éta-
blissement de l’alliance avec la famille ou l’entourage désigné. L’alliance
avec l’entourage est le fait que plusieurs personnes se joignent afin de
poursuivre le même traitement, les mêmes buts ou les mêmes intérêts afin
d’adopter les mêmes attitudes ou les mêmes comportements. Elle est du
côté de la constitution d’un lien et de la définition de la lecture commune
d’une situation.
La mobilisation de l’entourage permet de passer d’une logique indivi-
duelle à une logique collective, avec non seulement écoute du suicidant,
mais également écoute de l’entourage qui peut demander, directement ou
indirectement, à être soutenu dans les difficultés.
L’alliance est donc du côté du lien. Face à une crise, il est important de
prendre en considération la famille et d’une façon plus large l’entourage,
de respecter la famille et l’entourage, et d’envisager avec elles les différentes
solutions. En effet, les projets futurs auront d’autant plus de chance de se
concrétiser si l’entourage a préalablement participé au projet de soins du
suicidant.
bien, mais pas à ce point quand même ». Cela va de pair chez les très jeunes
avec la méconnaissance de certains gestes suicidaires, dites tentatives de
suicide mineures, passés inaperçues jusqu’au geste repéré qui motive enfin
l’hospitalisation ou du moins les soins.
Il peut y avoir également de l’ambivalence dans l’aide apportée au sui-
cidant, plus particulièrement dans les situations de répétition suicidaire,
ou quand il y a des comportements addictifs associés. L’hostilité cachée de
l’entourage entre dans le cadre d’un processus suicidaire long et épuisant,
les problèmes du suicidant étant considérés, non sans culpabilité, comme
envahissants et insolubles.
Conclusion
L’évaluation de l’alliance thérapeutique chez les suicidants et leurs pro-
ches doit tenir compte du contexte d’urgence ou de semi-urgence, em-
preint d’une lourde charge émotionnelle, dans lequel elle est réalisée. Dans
l’évaluation des interactions réciproques, on ne peut en aucun cas exclure
l’entourage, car le geste, court-circuit de la parole, lui est principalement
destiné. Il est alors important de redéfinir les enjeux et les liens entre le
suicidant et l’équipe de soins, le suicidant et son entourage, et l’entourage
et les soignants. Les émotions peuvent être verbalisées dans un climat em-
pathique propice aux ententes, aux projets thérapeutiques et aux engage-
ments réciproques dans les soins.
Cette conception de la clinique suicidologique et de la place incontour-
nable de l’entourage est largement supportée par les théories actuelles sur la
crise suicidaire et la conférence de consensus, base de formations diffusées
à grande échelle depuis quelques années dans le cadre de la Stratégie natio-
nale de prévention du suicide organisée en France par le professeur Terra.
Postvention1
Une enquête SOFRES réalisée en France au début de l’année 2000 pour éva-
luer la place prise par le suicide dans la vie des Français rapporte que 35 %
des sondés, soit au moins 20 millions de personnes dans notre pays, ont un
proche décédé par suicide, que 2 % ont perdu père ou mère par suicide et
que 1 % ont perdu un enfant par suicide (Hanus, 2004).
Les programmes actuels de prévention préconisent la reconnaissance et
le traitement de la dépression, ainsi que la prise en charge coordonnée des
endeuillés après suicide. Prévenir les complications du deuil et accompa-
gner les endeuillés, c’est participer à la prévention du suicide. Ce nouveau
domaine à explorer est appelé la postvention (Alarich, 2009).
Initialement utilisé pour la prévention de la récidive suicidaire chez un
même individu, le terme de postvention a ensuite été redéfini par Shneid-
man (1968) comme une assistance à ceux qui restent après un suicide, visant
Culpabilité
La culpabilité (Hanus, 2004 ; Bourgeois, 2003) est le sentiment le plus intense
exprimé par les endeuillés. La question du « pourquoi » et le sentiment de
culpabilité qui s’y rattache, la recherche des motivations au geste, parfois
explicitées dans un courrier laissé, le plus souvent inconnues, favorisent
l’émergence d’un sentiment de culpabilité s’exprimant le plus souvent sous
la forme de « je n’ai pas vu sa souffrance », « je ne l’ai pas pris au sérieux »,
« je n’ai pas su l’aider ». Sur cette dimension consciente, se greffe une di-
mension plus inconsciente, notamment lorsque les relations au suicidant
sont ambivalentes, marquées par un certain degré d’hostilité qui renforce la
culpabilité. Cette ambivalence peut aussi se manifester par un certain soula-
gement lorsque la relation affective s’est dégradée ou lorsque la maladie est
trop évoluée. Ces sentiments de culpabilité sont plus intenses lorsqu’il
s’agit de personnes très proches, comme un conjoint ou un enfant. La
culpabilité, mécanisme de défense habituellement retrouvé en situation
post-traumatique, a pour fonction essentielle de maintenir un lien avec le
disparu, de garder un fil rouge dans l’espoir de donner un jour un sens au
geste et de reprendre la maîtrise de la situation.
Les proches des suicidés se sentent moins soutenus, moins aidés, et jugés
plus sévèrement que les proches des personnes décédées brutalement d’une
autre cause, par exemple d’un accident de la route. Ce ressenti est de plus
aggravé par une « autostigmatisation » qui se traduit par une tendance à
s’isoler, à avoir une mauvaise image de soi entretenue par le sentiment de
culpabilité (Séguin et al., 2004 ; Séguin et Castelli-Dransart, 2006).
Anxiété
Elle est en rapport avec la peur du possible risque de contagion, surtout s’il
y a déjà eu des comportements suicidaires dans l’entourage.
Colère
La colère éprouvée est liée à l’absence de réponse au « pourquoi » du geste, à
l’ambivalence vis-à-vis du disparu. Cette émotion permet d’externaliser les
émotions et la culpabilité vers ceux jugés responsables de l’acte, comme les
médecins ou l’hôpital.
Tableau 17-1
Variables susceptibles d’influencer le processus de deuil
Facteurs existants avant le décès
Réactions aux pertes antérieures
Histoire personnelle et/ou familiale de santé mentale
Difficultés précoces de l’enfance
Nature et intensité de la relation avec le suicidé
Type d’attachement
Capacité à exprimer ses sentiments
Capacité à rechercher et à accepter un soutien familial et social
Conditions ou circonstances du décès
Âge de la personne décédé
Âge de la personne endeuillée
Exposition aux scènes traumatiques
Anticipation ou non du décès
Existence ou non d’un processus judiciaire associé
Lien entre les personnes (parents, fratrie, conjoint, etc.)
Après le décès
Relations conflictuelles avec la famille
Cumul d’autres éléments négatifs
Présence ou absence du réseau social et amical
D’un point de vue clinique, il existe un lien significatif entre deuil com-
pliqué et comportement suicidaire. Les sujets souffrant de deuil compliqué
ont neuf fois plus de risque de présenter des idées suicidaires et des troubles
psychiques (Prigerson et al., 1999 ; Mitchell et al., 2005). Le deuil compli-
qué diffère du deuil pathologique. Le deuil pathologique correspond au dé-
veloppement d’affections, par exemple des états dépressifs, ou de troubles
psychiques autres qui se manifestent comme des conséquences spécifiques
au deuil chez des personnes ne présentant pas cette symptomatologie avant
la perte.
L’entourage dans la prise en charge du suicidant et la postvention 257
Cependant, dans des cas plus rares, le deuil vécu dans des circonstances
dramatiques n’engendre pas nécessairement un deuil compliqué. Ce sont
des constats certes surprenants, mais qui mettent bien en évidence les ap-
titudes remarquables de certaines personnes à traverser des situations diffi-
ciles, à réorganiser leur vie, faisant preuve de réelles capacités de résilience
(Cyrulnik, 2002 ; Castelli-Dransart, 2004).
Thérapies individuelles
Différents types de thérapie peuvent être proposés :
• les thérapies interpersonnelles, explorant les relations et les interpréta-
tions des conflits ;
• les thérapies cognitivo-comportementales, axées sur les résolutions de
problèmes ;
• les psychothérapies de deuil traumatique, associant les deux thérapies
précédentes.
Groupes de soutien
Les groupes de soutien sont apparus pour la première fois après la Seconde
Guerre mondiale en Amérique du Nord et au Royaume-Uni pour venir
en aide aux veuves de guerre. Les groupes spécifiques pour les personnes
concernées par le suicide d’un proche ont été créés dans les années 1980
dans les pays anglo-saxons afin de lutter contre la stigmatisation sociale et
favoriser le partage des émotions. Ces structures se sont généralisées puis
officialisées avec la création en 1960, sous l’impulsion du professeur Ringel,
de l’International Association of Suicide Prevention (IASP) et la mise en
place d’un groupe de travail spécifiquement chargé de développer la post
vention et les programmes dédiés aux endeuillés. Il existe dorénavant des
répertoires d’associations, actualisés chaque année, dans différents pays. En
France, ces groupes sont soutenus par l’association « Vivre son deuil » créée
en 1995 par le professeur Hanus, dont les objectifs sont de venir en aide aux
endeuillés et de former des professionnels à cette aide (Hanus, 2004).
Le Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie
(CRISE) de l’université du Québec conseille de ne pas intervenir trop tôt
et de « proposer de l’aide aux endeuillés lorsque le processus de deuil ne se
résorbe pas après un certain temps ».
Ces groupes fermés sont animés par deux co-animateurs formés et super-
visés, un psychologue ou un psychiatre et une personne endeuillée (Hanus,
2004). Les objectifs sont de rassurer les participants quant à la normalité
du deuil et de leur donner le sentiment d’être compris. Les professionnels
présents sont à même de dépister les dépressions ou les idéations suicidaires
L’entourage dans la prise en charge du suicidant et la postvention 259
Principes de la postvention
Expériences internationales
Ce sont essentiellement les pays anglo-saxons qui sont les plus actifs dans
le soutien aux endeuillés après suicide. Le Royaume-Uni, les États-Unis et
le Québec ont mis en place des programmes spécifiques. Le programme
de recherche-action de Séguin au Québec, en collaboration directe avec les
coroners, sollicite l’équipe de recherche dès qu’un suicide est porté à leur
connaissance. Ce programme reprend les étapes décrites précédemment
pour organiser au mieux le suivi des endeuillés après suicide en faisant
intervenir un binôme de professionnels formés qui se déplacent d’emblée
bien que « les proches n’aient pas nécessairement donné de consentement
clair à notre venue » (Séguin, 2006). Il est tout à fait possible de discuter cette
démarche volontariste et quelque peu intrusive aux yeux des Français, mais
l’évaluation de ces programmes montre que ces déplacements au domicile
sont plutôt bien perçus, et qu’ils apportent un soutien psychologique plus
adapté aux endeuillés.
De tels programmes n’existent pas encore en France.
Conclusion
Si le médecin généraliste demeure en France le « tuteur majeur de résilience »
autour duquel se greffent les différentes possibilités de prise en charge pour
les endeuillés par suicide dans le déroulement de leur deuil, les groupes
de soutien permettent de briser l’isolement et de retrouver une identité.
En effet, comme le souligne Charazac-Brunel (2009), en l’absence de prise
en charge, les effets du suicide sont susceptibles de se transmettre de façon
traumatique à travers les générations suivantes lorsque le clivage a été le
processus défensif dominant. Les expériences étrangères montrent qu’une
intervention active, empathique et chaleureuse prend tout son sens auprès
des personnes tétanisées par le choc, le traumatisme et la douleur, et ces
expériences, actuellement largement diffusées sur un plan théorique par
Séguin en France, ne demandent qu’à être concrétisées.
18 Place de la société dans la
prévention du suicide
Le geste suicidaire
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264 Prise en charge des conduites suicidaires
Tableau 18-1
Thèmes des Journées nationales de prévention du suicide
1999 Prévenir le suicide, c’est possible
2000 Défi médical, défi social : je m’engage
2001 Choisir la vie
2002 Politiques locales, politique globale
2003 Suicide : la relation humaine en question
2004 Violence et suicide au travail
2005 Droit, éthique, suicide : interdire, assister ou prévenir
2006 Certitudes et incertitudes de la prévention
2007 Envie de vivre : le suicide n’est pas une fatalité
2008 Envie de vivre
2009 Précarité et suicide
le libre accès font l’objet d’enjeux politiques forts dans une optique d’auto-
protection, sous l’égide de la très puissante National Rifle Association. En
France, la majorité des armes sont des armes de chasse, détenues dans le
cadre de cette tradition. Une réflexion sur le contrôle de l’accès individuel
ou législatif aux armes à feu demeure importante, les études confirmant
dans leur ensemble une corrélation entre le décès par suicide et la présence
d’une arme au foyer (Humeau et al., 2007). La probabilité augmente lors-
que l’arme est une arme de poing et qu’elle est entreposée chargée dans un
endroit libre d’accès. Cette constatation a aussi été réaffirmée sur diverses
populations, notamment chez les adolescents (nombreuses études citées
par Leenars, 2009). De ces constatations robustes découlent d’évidentes
instructions et mesures de précaution, notamment dans l’entreposage des
armes au domicile, qu’il est indispensable de diffuser au public en général
et aux personnes en particulier (collectionneurs, chasseurs, tireurs sportifs,
professionnels armés).
Les mesures législatives de limitation d’accès aux armes édictées dans
certains pays, notamment au Canada et en Nouvelle-Zélande, permettent
de diminuer le suicide par arme à feu chez le sujet jeune, sans que soit
observé d’effet rebond important sur d’autres techniques de suicide dans
ce groupe d’âge. Les résultats sont plus controversés dans les populations
plus âgées.
Concrètement, dans notre pays, au-delà des précautions d’accès aux
armes déjà citées, il est important, face à toute problématique suicidaire,
que dans l’exploration des éventuelles intentions suicidaires ou des moyens
à disposition au foyer la présence d’armes ne soit pas négligée, et qu’en
cas d’identification d’un niveau de risque important, la soustraction de ces
armes au moins pendant le temps de la crise soit envisagée.
Internet
Internet constitue depuis des années un vecteur médiatique planétaire
mais, à la différence des médias traditionnels, l’accès aux ressources et thé-
matiques hébergées implique un acte volontaire et exploratoire, même si le
travail de recherche est grandement facilité par les moteurs modernes, dont
Google est l’aboutissement la plus achevé à ce jour.
En matière de suicidologie, Internet est une arme à double tranchant
(Tam et al., 2007). Dès 1999, des voix se sont élevées pour en dénoncer le
danger potentiel. En Grande-Bretagne, tout en alertant sur les premiers cas
de suicide facilités par des informations trouvées sur le net, Susan Thomp-
son (1999) rapporte l’anecdote du hacker qui, découvrant une note d’adieu
sur un site, parvient à localiser la suicidante par son adresse IP et à prévenir
les secours qui arriveront à temps La même anecdote s’est reproduite au
moins une fois dans notre pays, en août 2009. En entreprenant en 2001
des recherches sur Internet, en utilisant diverses clés d’entrée (« deliberate
self harm », « attempted suicide », « how to commit suicide », « suicide self
help »), Prasad et Owens (2001) ne parviennent pas vraiment à trouver
des informations concrètes sur des méthodes de suicide dangereuses. Au
270 Prise en charge des conduites suicidaires
personnes ne se connaissaient pas autrement que par le biais d’un site In-
ternet par l’intermédiaire duquel ils étaient entrés contact. Le jeune homme
avait laissé une seule lettre dans la voiture où il avait écrit que lui et ses deux
compagnes ne s’étaient rencontrés que pour une seule et unique raison :
« Mourir ensemble, et rien d’autre. »
Selon la police nationale japonaise, en 6 mois de la même année, trente-
eux personnes, hommes et femmes âgés entre 15 et 20 ans, se sont sui-
d
cidées après s’être rencontrées sur Internet. La police estimait à 8 000
le nombre de sites Internet qui, sans pour autant encourager directe-
ment le suicide, proposent différentes méthodes pour réussir, comme
l’utilisation de monoxyde de carbone ou l’absorption de certains som-
nifères. La plupart de ces pactes suicidaires conclus par l’intermédiaire
d’un site Internet sont le fait de personnes qui fuient la société, n’ont
ni travail, ni amis, ni responsabilités familiales (Osawa-de-Silva, 2008).
L’Asie a connu de véritables épidémies de « charcoal burnings » collectifs
échafaudés sur Internet, en dehors de toute organisation délibérée par
les sites concernés.
Des illustrations sporadiques ont été aussi vite censurées que lancées sur
les sites de vidéo les plus populaires tels que You Tube. Les hébergeurs sont
désormais très conscients des poursuites qu’ils encourent et tentent d’agir
sans délai dès que les dérives sont repérées. Hagihara et al. (2007) ont mis
en corrélation, entre 1987 et 2005, les comptes rendus de tels faits divers
japonais tant dans la presse écrite que par Internet. Ils trouvent une in-
fluence des échos de presse écrite sur la suicidalité dans les deux sexes et,
pour Internet, chez les hommes seulement, ce qu’ils expliquent par une
plus grande consommation de consultations Internet chez l’homme que
chez la femme.
Ces phénomènes, particulièrement spectaculaires en Asie, gagnent
dans une moindre mesure les pays occidentaux, les principales victimes
étant des jeunes et des très jeunes, comme l’histoire de ces deux ado-
lescentes s’étant suicidées ensemble en janvier 2005, en se jetant d’une
falaise du Pas-de-Calais après avoir affiché plus ou moins clairement
leurs intentions sur un blog. Des faits analogues ont été rapportés en
Grande-Bretagne, en France (deux jeunes filles de régions différentes se
sont rencontrées sur un blog et se sont sacrifiées dans une voiture sur
un passage à niveau à Toul en septembre 2008) et en Belgique. Cette
issue tragique faisait suite à une double trajectoire suicidaire, y compris
collective, chez chacune d’elles. Internet n’a été qu’un outil de réalisa-
tion d’une détermination inscrite dans la problématique profonde de
ces victimes.
Il est donc possible d’affecter à Internet, dans ces drames, la valeur d’un
facteur de facilitation, que ce soit dans la mise en contact d’individus
272 Prise en charge des conduites suicidaires
Perspectives
L’expansion constante d’Internet et son évolution rapide au fil du temps
rendront probablement ces lignes obsolètes lors de la publication. La fré-
quence des sites suicidogènes ou des pages dangereuses par la mise à dis-
position d’informations facilitant les mises en acte suicidaire ne cesse de
décroître, avec le contrôle des contenus illégaux. Le net constitue un formi-
dable outil de diffusion d’informations et d’échanges qui sont actuellement
plus tournés vers la prévention que vers l’incitation.
Est-il pensable d’aller plus loin, vers le dépistage et l’accès aux soins ?
Au-delà des renvois à des numéros verts d’assistance téléphonique, la com-
Place de la société dans la prévention du suicide 273
Le geste suicidaire
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276 Prise en charge des conduites suicidaires
Épidémiologie
La part des risques psychosociaux en Europe touche environ 20 % des
salariés. En France, 23 % des salariés estiment être dans une situation de
Prévention du suicide en milieu professionnel 277
Indicateurs humains
Ils englobent les différents comportements individuels et collectifs des sa-
lariés tant au travail que hors travail, en d’autres termes tous les liens qu’ils
peuvent tisser entre eux.
Dans les phases de décompensation d’une situation au travail, ces in-
dicateurs de santé se dégradent souvent progressivement en touchant les
salariés les plus vulnérables ou les plus exposés dans la situation de travail.
Les premiers signes cliniques sont souvent insidieux mais doivent alerter
d’une situation prodromique de décompensation. L’absentéisme avec le
nombre d’arrêts de travail augmente. Les causes des arrêts peuvent être
multiples, mais ce sont principalement des vécus du travail qui devien-
nent difficiles avec de la démotivation, du découragement, des sensations
de dégradation du travail, des sensations diffuses de ne plus voir l’objectif
ou un sentiment de blocage dans l’avenir au travail. La répercussion sur
la santé psychique se révèle par des sensations de mal-être, d’anxiété ou
d’angoisse à la pensée du travail, des attaques de panique ou des crises
de larmes sur le lieu de travail. La consommation de psychotropes ou les
conduites addictives augmentent parallèlement à la souffrance. Certains
signes psychosomatiques peuvent aussi être mis en évidence, notamment
les signes digestifs, cutanés et surtout l’apparition de troubles musculo-
squelettiques. Le début de la perte d’identité au travail se manifeste par des
difficultés psychiques à prendre des initiatives ou des décisions au travail.
Des conflits internes peuvent apparaître dans l’entreprise avec de la vio-
lence, des agressions verbales ou physiques, et parfois même des situations
de harcèlement moral.
Dans cette phase, les salariés font face à la situation pathogène en mettant
en place des mécanismes de défense individuels ou collectifs qui permettent
de rester dans la « normalité souffrante » au travail. Ces mécanismes,
souvent multiples et fonction des traits de personnalité de chacun, peuvent
prendre, par exemple, la forme du déni, de l’anticipation anxieuse ou de la
rationalisation.
Cette phase peut être suivie d’une décompensation. Les salariés présen-
tent alors des signes physiques et/ou psychiques retrouvés en lien avec la
situation de travail et pouvant être datés dans leur apparition en fonction
des événements. Ce sont les pathologies aiguës et chroniques spécifiques du
travail car créées par une situation de travail particulière. Dans ces phases
de décompensation, la violence est toujours retrouvée, soit contre les autres
(collègues ou clients), soit retournée contre soi avec suicide ou tentative de
suicide.
Ces signes sont des indicateurs psychosociaux pour l’entreprise quand
ils deviennent collectifs, touchant en même temps un certain nombre de
salariés.
Prévention du suicide en milieu professionnel 279
Législation du travail
Les risques professionnels sont définis par les éventualités d’un dommage
sur un salarié ou un bien exposé à un danger dans le cadre du travail.
La notion de risque professionnel date de la loi du 9 avril 1898 qui rend l’em-
ployeur civilement responsable de tout accident survenu dans son entreprise.
La loi du 31 décembre 1991 contraint l’employeur à promouvoir l’amé-
lioration de la sécurité et de la santé des salariés. Il doit prendre des mesures
de prévention des risques professionnels, d’information et de formation de
ses salariés et mettre en place une organisation et des moyens adaptés à la
prévention. Les risques et les moyens mis en œuvre sont recensés dans des
documents officiels : la fiche d’entreprise et le plan d’activité sont sous la
responsabilité du médecin du travail, et le document unique, traduction
écrite de l’évaluation des risques a priori dans l’entreprise, est sous la respon-
sabilité de l’employeur. Jusqu’à cette période ne sont pris en compte que les
risques en relation avec les conditions de travail, c’est-à-dire à l’environne-
ment physique et visible des salariés.
La loi de modernisation sociale de janvier 2002 précise que l’employeur
prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé
physique et mentale des travailleurs de l’établissement, y compris les tra-
vailleurs temporaires. C’est la première fois qu’une loi tient compte du ris-
que psychique des salariés dans un environnement de travail. Le risque
psychosocial devient donc un risque à part entière dans l’entreprise et doit
de ce fait être considéré comme tel et selon les termes de la loi être « com-
battu à sa source ». Depuis 2002, la jurisprudence impose aux employeurs
une obligation de résultat dans cette prévention.
L’accord cadre européen sur le stress au travail du 8 octobre 2004, puis son
extension en France le 2 juillet 2008, définit la notion de stress au travail et
donne des pistes de solution pour réduire ce risque. Le but de l’accord est
280 Prise en charge des conduites suicidaires
position de travail qui n’a pas été expliqué dérive, dans un second temps,
sur le vécu d’un conflit entre deux êtres humains. Le conflit initial et l’évo-
lution de la situation de travail sont souvent perdus de vue. Malgré tous les
mécanismes de défense mis en place pour justifier de la situation, l’absence
de sens pour le salarié crée une souffrance sans issue. L’épuisement progres-
sif des ressources pour faire face au conflit évolue vers des phases d’anxiété
réactionnelles avec mise en place de nouvelles défenses psychiques plus
ou moins efficaces. De par la chronicité de la situation de travail et les évé-
nements de la vie personnelle, les défenses s’effondrent pour atteindre la
phase de dépression.
Chaque évolution de la souffrance psychique ou physique peut être mise
en relation avec les différents événements survenus au travail. Le traitement
repose sur les thérapeutiques habituelles de la dépression et dans la recher-
che du sens en lien avec le travail.
Karôshi
Au Japon, les pathologies de surmenage ou karôshi (mort par surtravail)
sont reconnues en maladies professionnelles dans certains cas depuis les
années 1970. L’expression découle de celle de karôbyô ou « maladies du sur-
travail », qui sont apparues dans les années 1960 pour désigner les douleurs
physiques dues aux hypersollicitations des tendons ou des articulations
provoquant des troubles musculosquelettiques.
Le salarié, qui initialement devait être âgé de 25 à 45 ans, sans antécédent
clinique, décédait sur son lieu de travail soit par infarctus du myocarde, soit
par accident vasculaire cérébral de type hémorragique. Pour être reconnu
en maladie professionnelle, il fallait que le salarié ait travaillé 72 heures
d’affilée et n’ait pas dormi plus de 2 heures par nuit pendant cette période.
Depuis 2001, sous la pression des familles, les éléments permettant la
reconnaissance du karôshi se sont élargis, notamment sur les critères d’âge,
de lieu de l’accident et de symptomatologie en dehors du décès. Cependant,
le salarié ou ses ayants droit doivent, prouver un total de plus de 100 heures
supplémentaires de travail dans le mois qui précède la survenue de la
maladie ou de la mort, ou bien une moyenne de 80 heures et plus par mois
durant les 6 derniers mois. Le karôshi est un processus psychosomatique qui
semble lié à la dégradation du fonctionnement psychique par l’hyperacti-
vité professionnelle qui bloque tout fonctionnement cognitif.
sur l’individu qui en est supposé victime. Il s’agit d’une notion avant tout
juridique, le « harcèlement » ne saurait être invoqué a priori, mais doit être
affirmé au terme d’un débat contradictoire.
Le concept a d’abord été introduit dans les années 1980 par Leymann
sous le terme de mobbing, défini comme « toute conduite abusive se ma-
nifestant notamment par des comportements, des paroles, des actes, des
gestes, des écrits unilatéraux, de nature à porter atteinte à la personnalité, à
la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne et mettre
en péril son emploi ou à dégrader le climat de travail » (Leymann, 1990).
Le mobbing est différent du harcèlement moral pervers décrit par Hiri-
goyen (2001), car son mécanisme est lié à une persécution collective. Les
agissements relevant du harcèlement moral au travail ont pour objectifs
d’empêcher la victime de s’exprimer, l’isoler, la déconsidérer et la discrédi-
ter. Ces attaques, en s’en prenant à l’identité et à l’intimité de la personne,
sont particulièrement délétères. Pour Davezies (2003), il n’existe pas de per-
sonnalité spécifique à la victime, et chacun peut être un jour harcelé. Pour
d’autres, des profils particuliers peuvent être retrouvés : personne « en trop »
ou « en moins », avec des typus melancolicus, personnes trop exigeantes,
sensitives, avec un sens du devoir et un perfectionnisme rigide.
Les niveaux hiérarchiques du harcèlement moral peuvent être variables :
descendant par un hiérarchique, horizontal par un collègue, ascendant par
un subordonné.
Les formes de harcèlement peuvent être différentes selon les objectifs :
harcèlement stratégique, dont l’objectif est de se débarrasser de quelqu’un
à moindre coût en lui rendant la vie impossible, ou harcèlement institu-
tionnel qui utilise la peur. Les techniques de harcèlement sont diverses et
concernent différents registres du travail et du sujet. Ce sont, selon Hiri-
goyen, l’atteinte aux conditions de travail, l’isolement et le refus de com-
munication, l’atteinte à la dignité, les violences verbales, physiques ou
sexuelles. Les nouvelles organisations du travail, notamment par l’efface-
ment des collectifs de travail, facilitent et entretiennent ces méthodes par
des mécanismes de consentement passifs et de non-réactions de la part de
l’entourage de travail, souvent motivés par la peur.
Ignorer l’organisation du travail dans le cadre des situations de harcèle-
ment, c’est privilégier des explications en termes de psychologie individuelle
alors que dans beaucoup de situations, c’est l’organisation de travail qui est
à l’origine des comportements et non pas des structures de personnalité.
Dans la genèse d’un harcèlement, il y a quasiment toujours un conflit de
travail à l’origine de la dégradation de la relation, ce conflit étant lié à des
confrontations de points de vue différents quant à la façon de « faire » le
travail. Il n’y a pas de proportionnalité objective entre la gravité de la situa-
tion et la gravité symptomatique.
Prévention du suicide en milieu professionnel 285
« Burn-out syndrome »
Le « burn-out syndrome » ou « syndrome d’épuisement professionnel » est
un épuisement physique et émotionnel décrit au Canada à la fin des an-
nées 1970. Pour Freudenberger, ces personnes présentent un sentiment de
vide de leur existence et s’épuisent de par les contraintes de travail et le
stress quotidien. Le terme « burn-out » (to burn out) signifie être consumé,
brûlé par frottement (Freudenberger, 1987).
Le sujet s’épuise professionnellement le plus souvent dans des tâches
d’aide ou de responsabilités envers autrui, de services aux clients ou d’as-
sistance. Ce sont les relations prônant le dévouement et la disponibilité
poussée dans ses extrémités qui épuisent psychiquement le sujet.
Les déficiences de l’organisation du travail, tant sur le plan matériel
que sur le plan humain, contraignent le salarié à accepter d’endosser de
plus en plus de tâches pour maintenir son image identitaire intacte. De-
vant l’ampleur de la tâche qui semble « sans fond » selon les termes
recueillis, le salarié augmente ses amplitudes de travail tout en étant tou-
jours insatisfait de ses résultats. Les symptômes de « burn-out » apparais-
sent quand les réserves psychiques et physiques du sujet sont épuisées.
Cliniquement, outre les signes anxio-dépressifs, on retrouve des symp-
tômes spécifiques comme le découragement, la démotivation au travail,
la perte d’empathie et surtout une baisse extrême de l’estime de soi et
de ses compétences. Dans la forme ultime, malgré un « présentéisme »
important, le sujet devient totalement inefficace au travail. L’arrêt de tra-
vail qui en résulte toujours exclut le salarié de cette situation aiguë et
une réorientation professionnelle est généralement envisagée, à un poste
sous-qualifié.
Responsabilités médicales
La suicidologie est une clinique du risque, dont certains aspects sont fondés
sur des « standards de soins », c’est-à-dire le degré de soins qu’une per-
sonne raisonnable et prudente professionnellement exercerait dans des
circonstances similaires, sur lesquels les médecins peuvent et doivent s’ap-
puyer, mais qui diffèrent selon les pays concernés. Les impératifs économi-
ques sont de plus en plus exigeants dans le domaine de la santé, comme
en témoignent par exemple les durées moyennes de séjour, alors qu’il faut
délivrer des soins conformes aux dernières données de la science médicale.
Ne pas respecter les « guidelines » américains, les « recommandations », les
« conférences de consensus » ou les « bonnes pratiques cliniques » en France
pourrait, en cas de conduite suicidaire et de plainte déposée, être considéré
comme une négligence plus ou moins lourde, voire une faute profession-
nelle. C’est ainsi que se développent des évaluations des pratiques profes-
sionnelles dans les établissements de santé, comparant, à partir de dossiers
cliniques, ce qui est réellement fait aux recommandations en vigueur.
Chaque rencontre avec le suicidant engage directement le médecin, son
équipe et leur responsabilité dans une clinique du risque et de l’ambiva-
lence, où la répétition du geste suicidaire, au pire son aboutissement fatal,
est redoutée. Il est néanmoins rare, sauf dans des cas très particuliers et très
caricaturaux, qu’il soit démontré une faute personnelle lourde du médecin
en cas de suicide d’un patient. C’est plus la notion de « négligence » d’un
service, à un moment donné dans le déroulement des soins, qui est rete-
nue.
C’est pourquoi :
• l’évaluation du potentiel suicidaire initial puis tout au long de la prise
en charge, ambulatoire ou hospitalière, doit être régulière et notée dans le
dossier clinique ;
• les hypothèses diagnostiques permettant de traiter ce qui doit être traité
sont clairement énoncées et les traitements mis en route ;
Le geste suicidaire
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292 Prise en charge des conduites suicidaires
Dans les situations de crise suicidaire, les hospitalisations les plus fré-
quemment utilisées sont l’hospitalisation libre acceptée, voire demandée,
par le patient, et l’hospitalisation sous contrainte à la demande d’un tiers,
régie par les articles L 3212-1 et L 3212-3 du Code de santé publique et
nécessitant un ou deux certificats médicaux (selon le degré d’urgence) d’un
médecin thésé non lié au patient et à sa famille, et la demande écrite de la
famille selon une formulation bien spécifique.
Le but de ces hospitalisations est l’évaluation et le soin des troubles men-
taux, en raison de troubles psychiatriques qui rendent le sujet potentielle-
ment dangereux pour lui-même et pour autrui, dans un contexte où le sujet
s’oppose à cette hospitalisation ou n’est pas considéré apte à consentir de
façon fiable à cette hospitalisation.
La loi du 27 juin 1990 modifiée par la loi du 4 mars 2002 précise que le
consentement aux soins est la règle, que la contrainte doit demeurer l’ex-
ception et que c’est l’absence de soins qui crée un préjudice au patient rem-
plissant les conditions de la loi et non l’inverse.
Il est donc nécessaire :
• d’évaluer le patient et son entourage, en tenant compte des capacités de com-
préhension, de soutien et d’épuisement physique et psychique de l’entourage ;
• d’évaluer la capacité du sujet à consentir, à savoir :
– capacité à recevoir une information adaptée,
– capacité à comprendre et à écouter,
– capacité à raisonner,
– capacité à exprimer librement sa décision,
– capacité à maintenir sa décision dans le temps ;
294 Prise en charge des conduites suicidaires
Débat éthique
Suicide assisté et euthanasie
(Maris et al., 2000a, 2000c ; Leenars et al., 2001 ; Hendin, 2009)
Même si la législation française ne reconnaît pas le suicide assisté et l’eutha-
nasie, ces sujets reviennent de façon récurrente dans l’actualité. Le décès de
Freud fut plus que probablement un suicide médicalement assisté. Dans l’ac-
tualité récente, Marie Humbert, qui prit la décision d’abréger volontairement
Aspects médico-légaux et éthiques 295
les terribles souffrances de son fils Vincent, vécut un procès médiatique et fut
acquittée. Une enseignante au visage déformé et douloureux écrivit une lettre
pour demander l’autorisation de mourir et, suite au refus qui lui fut opposé,
fut retrouvée morte à son domicile avec mise en évidence à l’autopsie de
produits mortels sans que l’on sache si elle les avait elle-même pris ou si ces
produits lui avaient été prescrits plus spécifiquement. D’une façon plus litté-
raire et particulièrement émouvante, Noëlle Châtelet (veuve du philosophe
François Châtelet et sœur de Lionel Jospin, ancien Premier ministre) a laissé
le témoignage bouleversant du parcours de sa mère qui a décidé de mettre
elle-même fin à ses jours avec l’accord de ses enfants.
Euthanasie
Elle est définie comme l’acte intentionnel d’une personne causant la mort
d’une personne souffrante. Elle est active (l’acte en lui-même provoque la
mort), volontaire (la mort est décidée par le patient lui-même), directe (l’acte
génère directement la mort) ou indirecte (la mort est produite indirecte-
ment, par exemple un antalgique prescrit contre la douleur qui provoque un
arrêt respiratoire à l’origine du décès).
Elle se distingue des arrêts et refus de traitement ou « absence d’acharne-
ment thérapeutique ». Dans ces cas, décrits par certains comme une « eutha-
nasie passive ou involontaire », l’omission d’un acte entraîne la mort. C’est
par exemple prendre la décision de ne pas réanimer une personne, arrêter
les soins d’un patient en coma prolongé ou interrompre les soins d’un can-
cer en phase terminale.
Suicide assisté
Il implique les actes d’une tierce personne, médecin ou non, qui fournit les
moyens de se suicider ou les renseignements sur la façon de procéder à une
personne désirant mettre fin à ses jours.
Les Pays-Bas et l’État de l’Oregon, aux États-Unis, ont une pratique du
suicide assisté.
Aux Pays-Bas, toute demande doit émaner de la volonté propre de l’in-
dividu, qui doit avoir toutes ses facultés psychiques, un problème de santé
sans espoir d’amélioration, être animé par un désir persistant de mourir,
avoir consulté un second médecin et présenter un rapport circonstancié
ultérieur. Malheureusement, de nombreuses dérives en relation avec des
interprétations différentes des termes et de la loi ont été constatées. Mais
depuis le développement des soins palliatifs ces dernières années, les de-
mandes de suicide assisté ont considérablement diminué.
L’Oregon est le seul État américain à permettre le suicide assisté selon cer-
taines règles. La clause de conscience est respectée, il peut y avoir prescrip-
tion de médicaments létaux, mais en aucun cas d’injection, et la condition
suprême est de n’avoir pas plus de 6 mois à vivre.
296 Prise en charge des conduites suicidaires
Il est remarquable de constater que, dans les deux cas, l’avis psychiatrique
n’est en aucun cas requis, y compris si le médecin consulté considère son
patient comme dépressif, alors que la plupart des personnes demandant
euthanasie ou suicide assisté sont dépressives, et que la dépression est le
meilleur facteur prédictif de cette requête.
Depuis peu, la Belgique autorise l’euthanasie et la Suisse le suicide assisté.
Néanmoins, l’OMS reste très prudente (et sage) en recommandant aux
pays de n’envisager légalement le suicide assisté qu’après avoir démontré la
disponibilité et la pratique des soins palliatifs.
Devant une situation à risque suicidaire, les pratiques de soins sont sous-
tendues par des convictions, des « idées reçues » par rapport au suicide.
D’un côté, il y a les « extrémistes », à tendance « moraliste », qui soutien-
nent qu’il faut toujours intervenir pour sauver une vie, et leur opposé, les
tenants de la liberté de soi, qui prônent l’autodétermination et la possibi-
lité d’abréger la vie intentionnellement. Il semble raisonnable de penser,
à l’instar de Mishara et Tousignant, que la majorité de la population est
entre les deux, « relativiste », c’est-à-dire acceptant d’abréger la vie en fonc-
tion du contexte ou des conséquences réelles ou anticipées. Un contexte
est fait de circonstances qui n’ont pas la même signification pour chacun
d’entre nous, et la décision qui est prise, que l’on décrit alors comme étant
« rationnelle », relève en fait plus de l’émotion, de la subjectivité et de
l’intersubjectivité. Et Mishara d’ajouter : « Même les personnes adoptant
une approche plutôt libertaire doivent admettre que la liberté de choisir
la mort n’est pas plus importante que la liberté de trouver des solutions à
nos problèmes et de choisir de continuer à vivre. » (Mishara et Tousignant,
2004). Ce que Michel Debout, auteur en 1992 d’un rapport remarqué sur le
suicide au Conseil économique et social, très impliqué dans la prévention
du suicide, formule ainsi : « C’est toujours dans l’ambivalence entre vie et
mort, dans la confusion des désirs et des représentations de la vie après la
mort que se situe la très grande majorité des gestes suicidaires… Face à cette
ambivalence, le rôle du médecin qui fait professionnellement le pari de la
vie est de permettre au suicidant de développer l’autre face du choix, celle
qui n’est pas mortifère… Être du côté de la prévention du suicide, ce n’est
pas porter atteinte à la liberté d’autrui, c’est simplement lui témoigner que
sa vie a de l’importance. » (Debout, 2005).
Conclusion
Le geste suicidaire
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300 Conclusion
Auto-évaluations
Dénomination Auteur/ Caractéristiques Sensibilité Spécificité Commentaires
année
Échelle de Beck et al. 20 items en vrai/ 0,91 0,50 Traduite et
désespoir de (1974) faux validée en
Beck Mesure l’inten- français
[Beck Hope- sité du désespoir Place centrale
lessness Scale du sujet du désespoir
(BHS)] Gravité si score meilleur
≥ 9 moyen de
prédire un ris-
que suicidaire
ultérieur
Échelle d’idéa- Beck et al. Évalue fréquence, Largement
tion suicidaire (1979, intensité et utilisée dans
de Beck 1988) durée des idées les études
[Beck Suicidal suicidaires cliniques sur la
Scale] 19 items cotés dépression et
de 0 à 2 le suicide des
Pas de valeur adolescents
seuil Plus le score
est élevé,
plus le risque
suicidaire est
important
Tout item posi-
tif mérite d’être
investigué
Index de sui- Zung et 19 items sociaux Pas de traduc-
cide potentiel Moore et 50 items tion française
[Index of Poten- (1976) cliniques cotés Valeur prédic-
tial Suicide] de 0 à 4 tive faible
Autoquestion- Pour adultes
naire et version Peu usitée
pour clinicien
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302 Le geste suicidaire
Auto-évaluations
Dénomination Auteur/ Caractéristiques Sensibilité Spécificité Commentaires
année
Inventaire des Linehan 48 items en vrai/ Initialement
raisons pour et al. faux pour adultes,
vivre (1983) Répartis en six mais égale-
[Reasons of catégories de ment déve-
Living inventory] type croyance loppée pour
(raisons de adolescents
faire face et de Usitée
vivre, sens de Pas de traduc-
la responsabi- tion française
lité familiale,
relations avec
les enfants, peur
du suicide, peur
de la désappro-
bation sociale,
objections
morales)
Approche cogni-
tivo-comporte-
mentale
Échelle de Cull et al. 36 items cotés 1 0,5 Pas de traduc-
probabilité (1984) de 0 à 4 tion française
suicidaire Sous-échelles Pour adultes
[Suicide Probabi- (désespoir, idées Ne détermine
lity Scale (SPS)] suicidaires, idées pas la létalité
négatives sur soi, de l’intention
hostilité) suicidaire
Échelle de Plutchik 14 items vrai/ 0,6 0,6 Pas de traduc-
mesure du ris- et al. faux tion française
que suicidaire (1989) Pour adultes
[Suicide Risk
Measure]
Annexe 303
Hétéro-évaluations
Dénomination Auteur/ Caractéristiques Sensibilité Spécificité Commentaires
année
Échelle d’inten- Beck et al. Évalue la Traduite et
tionnalité suici- (1974) sévérité des validée en
daire de Beck intentions de français
[Suicide Intent suicide chez Utilisée chez
Scale (SIS)] des sujets ayant les adolescents
déjà réalisé une N’est pas pré-
tentative de dictive dans sa
suicide globalité d’un
20 items cotés risque ultérieur
de 0 à 2 de suicide mais
Trois parties : un score élevé
(1) les circons- pourrait corres-
tances objectives pondre à une
de la tentative sévérité plus
de suicide ; importante
(2) volonté de et à un plus
mort ; grand risque de
(3) trois sous- récidive
échelles : la
gravité, la
précaution,
la planification
Pas de valeur seuil
Instrument cli- Motto 15 items 0,80 0,84 Pas de traduc-
nique d’estima- et al. comprenant tion française
tion du risque (1985) des données Pour adultes
suicidaire démographiques Valeur prédic-
[Clinical et cliniques tive variable en
Instrument to Identifier le ris- fonction des
Estimate Suicide que à 2 ans chez études
Risk (CIESR)] patients ayant
été hospitalisés
Instrument Cohen 14 items en vrai/ 0,68 0,96 Pas de traduc-
d’évaluation du et al. faux tion française
potentiel suici- (1966) Trois catégories Pour suicidants
daire (IEPS) de résultats : ris- adultes hospi-
[Instrument for que faible (0-3), talisés
the Evaluation moyen (4-6),
of Suicide élevé (+7)
Potential]
304 Le geste suicidaire
Auto-évaluations
Dénomination Auteur/ Caractéristiques Sensibilité Spécificité Commentaires
année
Échelle d’inten- Pierce 12 items Pas de traduc-
tionnalité de (1977, cliniques et tion française
Pierce 1981) circonstanciés Pour adultes
[Intent Scale] cotés de 0 à 2 Bonne corréla-
tion avec la sis
Bonne valeur
prédictive posi-
tive à 5 ans
Échelle d’éva- Tuckman Liste de 14 varia- Pas de traduc-
luation du ris- and bles démogra- tion française
que suicidaire Yougman phiques dérivés Pour adultes
[Scale for Asses- (1968) des éléments Différencie
sing Suicide Nimeus mis en évidence groupes à
Risk] et al. à partir des suici- haut et faible
(2006) des de personnes risque à partir
aux antécédents du jugement
de tentative subjectif
Échelle courte Pallis 6 items de varia- 0,81 0,84 Pas de traduc-
de Pallis et al. bles cliniques et tion française
[Short Scale] (1982) personnelles Pour adultes
SAD Person Patterson Check-list 0,94 0,74 Pour adultes
SAD Person et al. des items démo- Fait appel
modifiée (1983) graphiques issus au jugement
(MSPS) de la littérature subjectif du
Évaluation de la clinicien
nécessité d’une Utile pour
hospitalisation : étudiants ou
retour possible jeunes clini-
avec suivi ciens
(0-2), envisager
l’hospitali-
sation (3-4),
hospitalisation
indiquée (5-6),
hospitalisation
incontournable
(7-10)
Annexe 305
Auto-évaluations
Dénomination Auteur/ Caractéristiques Sensibilité Spécificité Commentaires
année
Échelle de sui- Dean Check-list de Pas de traduc-
cide potentiel et al. 26 items démo- tion française
[Suicide Poten- (1967, graphiques, Pour adultes
tial Scale] 2005) version courte à Fait appel
16 items au jugement
subjectif du
clinicien
Échelle de Buglas et 6 items cotés en 0,63-0,73 0,44-0,68 Pas de traduc-
prédiction d’un Horton présent/absent tion française
comportement (1974) Pour adultes
suicidaire Fait appel
[Scale for Predic- au jugement
ting Subsequent subjectif du
Suicidal Beha- clinicien
vior (SPSSB)]
Los Angeles Sui- Beck et al. 65 items repartis Pour entretiens
cide Prevention (1974) en six catégories téléphoniques
Center Scale cotés de 0 à 9 Pas de traduc-
(LASPC) Scores : risque tion française
faible (0-3), Pour adultes
moyen (4-6),
élevé (7-9)
Échelle de Lettieri Version courte et Pour entretiens
prédiction (1974) longue d’items téléphoniques
du décès par élaborés à partir Pas de traduc-
suicide de suicidants tion française
[Suicidal Death décédés de Pour adultes
Prediction Scale] suicide Versions
Trois groupes : pour quatre
risque faible, catégories
moyen, élevé (femmes/hom-
mes ± 40 ans)
Échelle Stanley 20 items Pas de traduc-
d’évaluation et al. cotés de 0 à 4, tion française
suicidaire (1986) différents axes Pour adultes
[Suicide Asses- évalués (affects,
sment Scale capacités à faire
(SUAS)] face, émotions,
pensées et
comportement
suicidaire)
306 Le geste suicidaire
Auto-évaluations
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année
Échelle de léta- Smith 10 items cotés Traduction
lité suicidaire et al. Évalue la létalité française
(LSARS) (1984) du geste Simplicité
[Lethality of Berman Score de 0 à 10, d’utilisation
Suicide Attempts et al. grave si > 3,5 Indique la léta-
Rating Scale] (2003) lité physique
du geste et non
une prédiction
d’un futur
geste suicidaire
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Index
A amygdale 72, 73
abandon 75, 85, 133, 218 ANAES 263
absentéisme 52 anciens combattants 126
abus 100 anesthésie affective 99, 115
––de substance 62, 108, 137, 140, 224, angoisse 86, 133, 245
––nocif 140 angoisse psychotique 129
––sexuel 62, 63, 90, 91, 126, 138, 175 anomie 37
––toxiques 91 antécédents familiaux 108
accessibilité 198 antécédents suicidaires 91, 125, 128
accoutumance 240 anti-psychotique 236
accueil 194 anticonvulsivants 235, 237
accueil aux urgences 212 antidépresseurs 101–106, 128, 139, 190,
acide éicosapentaénoïque 70 227–229, 240
acides gras poly-insaturés 69, 70 antidépresseurs sérotoninergiques 102
activation anxieuse 106 antidépression 118, 239
activité métabolique cérébrale 72 antipsychotiques 114, 117, 237, 238, 241
activités « paravent » 53 antisociale (personnalité) 86, 132
addiction 133, 136, 138, 140–142, 174, 179 anxiété 63, 116, 128, 130
adieu (mot d’) 269 ––de séparation 67
adolescent 62, 90, 106, 130, 208, 209, ––généralisée 125, 126, 129
210, 263, 268 ––paroxystique 99
adulte jeune 102, 105 ––relationnelle 86
Afrique 59 apologie du suicide 270
âge 44, 100 appartenance 87–89, 92
agé (sujet) 189 appel 77, 88
agitation 128, 129, 79 approche sociologique 36
agranulocytose 242 aripiprazole 236, 239, 240
agressivité 54, 62, 65, 66, 75–77, 79, 82, armes à feu 264, 265, 267, 268
84, 91, 92, 100, 137, 141 Asie 56
akathisie 115, 116, 237, 239, 241 assistance téléphonique 272
akinésie 116, 237 attachement 67, 85, 171, 183, 223, 249,
alcool 45, 53, 71, 140, 141, 143, 181, 182 252, 259, 260
alcoolisme 63, 65, 88, 104, 108, attentats suicides 185
140–142 attitudes contre transférentielles 215
allèle court 66 auto-agression 75, 76, 78, 84, 108, 215,
alliance thérapeutique 86, 138, 194, 195, 218
208, 211, 220, 222, 237, 247, 252, 253 auto-agressivité IX, 62, 88, 90, 98, 107,
ambivalence 201, 225, 251, 291 116, 119, 123, 133
Amérique du Nord 184 autodépréciation 115
Amish 62 autodestruction 83, 93, 138
amisulpride 239 auto-entretien 138
Le geste suicidaire
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346 Le geste suicidaire
E F
échec thérapeutique 102 facteur(s)
échelles ––de prédisposition 68
––de Beck 176 ––de protection 100
––de risque suicidaire 175 ––de risque 93, 108, 114, 117
348 Le geste suicidaire
O prédisposition 62, 89
observance thérapeutique 115, 224 présentéisme 52
obsessionnelle (personnalité) 132 pressions psychologiques 52
olanzapine 236, 239, 240, 242 prévalence 99
oméga-3 69, 70 prévention IX, 53, 138, 175, 189, 211,
opiacés 141 253, 272
orientation sexuelle 54 ––des récidives 234
––du suicide 263
P primo-suicidants X, 173, 208
pactes suicidaires 182, 270, 271 prise de poids 237
paracétamol 267 programme(s)
paradoxe 53 ––de sensibilisation 104, 267
paranoïa 75, 116, 117, 119 ––d’éducation 264
paraphrénies 118, 119 ––de formation 104
parasuicide 98 ––régionaux de santé 191, 226, 263
paroxétine 102, 229 projets suicidaires 226
passage à l’acte 66, 99, 103, 104, 118, psychanalyse 81, 83
128, 270 psychiatrie de liaison 220
pathologie psychiatrique 71, 81, 208, psycho-éducation 117, 118, 219,
209, 270 221, 239
––réactionnelles 245 psychologie du soi 85
––somatique 100 psychorigidité 120, 121
––thymiques 241 psychoses 89, 111, 222, 237, 245
pendaison 116, 265, 267 ––hallucinatoires chroniques 119
pensée dichotomique 80, 179, 202 ––non schizophréniques 118
pensées dysfonctionnelles 179 ––paranoïaques 118
personnalité 63, 65, 83, 90, 92, 119, psychostimulant 233
126, 218
psychothérapies 78, 83, 117, 138, 139,
perte d’espoir 100, 115, 118 239
perte(s) 117, 143 ––psychanalytique 81, 83
––d’emploi 100, 127 ––systémiques 87, 211, 219
––d’objet 92 psychotropes 138, 139, 223
pesticides 266 pulsions suicidaires 104
pharmacologie 216
phénothiazines 238
Q
phlébotomies 116
qualité de vie 131
phobie sociale 125, 127, 128, 142,
174, 240 quinolinones 238
planification de l’acte 116
plasticité synaptique 69 R
polymorphisme 64 ralentissement 98, 223
POPH 139, 140 raptus anxieux 99, 129
post-mortem 68 raptus suicidaires 79
postvention 253, 259 rationalisation 88
potentialisation 102, 232 réaction suicidaire 117
potentiel suicidaire 196, 291 réaction dépressive brève 98
potentiels évoqués 72 réaction dissociative 133
précarité professionnelle 51 réactivité sérotoninergique 72
prédiction 171, 175 récepteur dopaminergique 67
Index 351
––urbain 41 traitement
––violent 65, 116 ––anti-psychotique 118
––ferroviaires 266 ––biologique 223
––par précipitation 265 ––de maintenance 236
suicidologie 222, 226, 269 ––d’entretien 229, 233
suivi ambulatoire 208 traits de personnalité 53
support social 209 trajectoire de vie 93, 198, 204
surmoi 84 transactions mortifères 88
surveillance 292 transfert 247
symptômes transmission intergénérationnelle 63
––de dépression 98, 104, 204 transmission transgénérationnelle 91
––« négatifs » 113 transnosographie 75, 77
––présuicidaire 75, 77, 78, 211 transporteur de la sérotonine 65, 66, 71
––résiduels 102, 232 traumatiques récents 66
––schizophréniques 113 traumatisme 63, 89, 93, 175, 255, 266
système sérotoninergique 64, 69 traumatismes de l’enfance 67, 90–92, 137
systémique (thérapie) 87, 211, 219 travail 47, 174
travail (organisation) 52, 54
T travail (souffrance) 92
tasikinésie 239 troubles
TAU (treatment as usual) 221 ––anxieux 98, 123, 130, 142, 240
taux de mortalité 267 ––bipolaire 62, 70, 97, 106, 109, 127, 128,
taux nationaux de suicide 105 227, 235
télévision 266 ––de l’adaptation 83, 131, 204, 207
tentatives de suicide 71, 135, 137 ––de l’humeur 62, 64, 68, 70, 71, 97, 103,
test 112, 127, 222, 227, 245
––à la fenfluramine 68, 72 ––de la personnalité 62, 92, 100, 107, 108,
––de stimulation à la CRH 68 125, 131, 204, 207, 210, 229
––de suppression à la dexaméthasone 68 ––des conduites 90
théories contemporaines 36 ––délirant 119
thérapie(s) 179, 180 voir également ––dépressif 97, 135, 142
Psychothérapie(s) ––dépressif récurrent 227, 235
––cognitive et comportementale 208, 213, ––du comportement alimentaire 134,
215, 217, 218 137, 210
––comportementale dialectique 139, 140, ––dysthymique 134
208, 216, 217 ––limite de personnalité 132
––interpersonnelle 218 ––obsessionnel compulsif 127, 134
––orientée sur l’insight 216 ––panique 124, 125, 134
––psychanalytique 211, 139, 215 ––psychotique 173, 204
––psycho-éducatives 215 ––réactionnels 97
––systémiques 215, 216 ––schizo-affectif 112, 242
––brèves 217 ––sous-syndromiques 232
thioxanthènes 238 tryptophane hydroxylase 64
thymorégulateurs 128, 235, 236, 241, tyrosine hydroxylase 67
242, 244
tianeptine 230 U
topiramate 237 unité de crise et de post-urgences
toxicomanie 62, 88, 142 (UCPU) 210
traditions 56, 59 unité de crise 208, 220
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