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Publications de l'École française

de Rome

Georges Vallet, la céramique, l'histoire


Jean-Paul Morel

Résumé
Dans l'oeuvre de Vallet, un rôle important revient à la céramique, conçue comme auxiliaire de l'histoire, avec quelques
exigences fondamentales : inventaires des données, terminologie, classification, précision chronologique. Ce rôle est analysé
dans deux domaines, l'histoire grecque (nouveauté de Rhégion et Zancle à cet égard), et l'histoire économique. Vallet, seul ou
avec Villard, a ouvert des voies : attention portée aux données quantitatives, distinction entre «vases- marchandise» et «vases-
récipients», entre «commerce colonial» et «commerce international», entre «produits de série» et «articles de luxe». La période
«céramique» de Vallet remonte surtout à 1955-1976, mais un intérêt critique pour l'instrumentum domesticum est venu
ultérieurement la prolonger. Provocateur et animateur, Vallet se distingua par sa lucidité et son honnêteté dans le débat
scientifique

Citer ce document / Cite this document :

Morel Jean-Paul. Georges Vallet, la céramique, l'histoire. In: La colonisation grecque en Méditerranée occidentale. Actes de la
rencontre scientifique en hommage à Georges Vallet organisée par le Centre Jean-Bérard, l'École française de Rome, l'Istituto
universitario orientale et l'Università degli studi di Napoli «Federico II» (Rome-Naples, 15-18 novembre 1995) Rome : École
Française de Rome, 1999. pp. 23-38. (Publications de l'École française de Rome, 251);

http://www.persee.fr/doc/efr_0223-5099_1999_act_251_1_5385

Document généré le 17/06/2016


JEAN-PAUL MOREL

GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE *

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Messine, Paris, 1958 (BEFAR , 189); - Vingt ans après = G. Vallet, Rhégion et
Zancle, vingt ans après, dans II commercio greco nel Tirreno in età arcaica (Atti del
seminano in memoria di Mario Napoli [ Salerno, 1977]), Salerne, 1981, p. 111-125.
24 JEAN-PAUL MOREL

recherche et le «senno del poi1», en revanche il n'est pas tellement


facile (il est franchement impossible) de prendre Georges Vallet en
flagrant délit, sinon d'erreur, du moins de sottise. Toutefois, en ce
qui concerne les remontrances à Vallet, nous avons un maître, qui
est Vallet lui-même : car c'est le propre des grands que de re¬
connaître leurs méprises et de s'en servir pour aller plus loin (et
puisqu'il s'agit ici de céramique, je ne puis m'empêcher de penser
aussi à Nino Lamboglia). Georges Vallet a évité l'auto-hagiographie,
et nous éviterons l'hagiographie avec lui. Il n'a pas détesté, loin de Jà,
revenir sur ses pas, réexaminer sa démarche, accompagner, voire
devancer, la critique envers ses propres lacunes, élaguer impitoya¬
blement les branches sèches de son œuvre pour fortifier le reste.
Cela m'apparaît particulièrement vrai dans son travail sur le dé¬
troit de Messine. Nous en voyons des exemples frappants dans son
article Rhégion et Zancle, vingt ans après2·, ou encore dans cet autre,
intitulé Après le XXVIe Convegno di studi sulla Magna Grecia : quel¬
ques réflexions sur le Détroit de Messine 3, où il apportait quelques re¬
touches à l'œuvre du «Vallet d'il y a trente ans4». S'y ajoutent çà et là
des avertissements, ou des postfaces, par exemple dans les Actes du
Convegno de Tarente de 1986, parus seulement en 1993 - d'où de
nouvelles retouches apportées jusqu'en 1992 à l'article qu'il y don¬
na5. À chacune de ces étapes, Vallet inventorie ce qui résiste de ses
idées et ce qui peut être tranquillement éliminé6.
En d'autres termes, on ne peut se sentir mal à l'aise lorsqu'on
examine cette œuvre d'un œil critique au sens large du terme (sans
être nécessairement «provocateur»). C'est en quelque sorte le meil¬
leur moyen d'en faire ressortir les parties saines, qui sont nom-

chimiques
toujours
p.
lonté
Sicile
postulats
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des
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culture, Atti del XXVI Convegno di studi sulla Magna Grecia (Taranto-Reggio Cala¬
bria, 1986), Tarente, 1987 (1993), p. 723-743 et notamment p. 743.
6 Sur «l'équilibre et l'honnêteté scientifique» des «révisions» par Vallet de
ses propres travaux, voir aussi C. Ampolo, La funzione dello Stretto nella vicenda
politica fino al termine della guerra del Peloponneso, ibid., p. 45-46.
GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE 25

breuses et essentielles. Georges Vallet l'entendait bien ainsi, dans ses


auto-recensions parfaitement lucides et objectives : «Ici je me suis
trompé, ou j'ai exagéré; mais là, mes idées tiennent le coup, et j'ai
été suivi»7. Du grand art.
La céramique a joué un rôle essentiel dans toute une partie de
l'œuvre de Vallet. Il l'a conçue comme une auxiliaire de l'histoire, et
a beaucoup réfléchi sur ce problème. Cela m'autorise à prendre ce
thème comme centre de mon propos, et éventuellement comme pré¬
texte pour évoquer d'autres aspects de l'œuvre de Vallet. Naturelle¬
ment, dans ce domaine aussi (surtout?) il faut tenir compte de sa
collaboration avec François Villard. Et j'espère que ce dernier accep¬
tera pro sua parte les quelques réserves et les nombreux assenti¬
ments que je pourrai formuler à cet égard.
Dès son arrivée à l'École française de Rome, Vallet a entrepris,
sur la suggestion de Villard, d'étudier les «vases chalcidiens8». Rap¬
pelons aussi qu'un des buts principaux de la fouille de Mégara Hy-
blaea était initialement d'affiner la chronologie de la céramique pro¬
tocorinthienne9, et, ce faisant, de préciser les dates de fondation de
certaines colonies de Sicile, dans le cadre d'un débat pour le moins
vigoureux avec René Van Compernolle10. C'est là sans doute un des
moments où la céramologie «pure» a été le plus visible dans son
œuvre, et lui a donné ses plus belles satisfactions. Je renvoie au col-

Vietableau
ranto,
ce
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Pourtant,
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8 Vingt ans après, p. 121. Voir G. Vallet, Le groupe de Polyphème et la céra¬


mique «chalcidienne». À propos de deux amphores inédites du Louvre, dans REA,
LVIII, 1956, 1-2, p. 42-50; Rhégion et Zancle, p. 211-228.
9 Ibid., p. 111.
10 Voir par exemple R. Van Compernolle, La date de fondation de Sélinonte,
Bull, de l'Inst. hist, belge de Rome, XXVII, 1952, p. 317-356; G. Vallet et F. Villard,
Les dates de fondation de Mégara Hyblaea et de Syracuse, dans BCH, LXXVI, 1952,
p. 289-346; R. Van Compernolle, À propos des dates de fondation de Sélinonte et de
Syracuse, dans Bull, de l'Inst. hist, belge de Rome, XXVIII, 1953, p. 165-200;
G. Vallet et F. Villard, À propos des dates de fondation de Mégara Hyblaea, de Syra¬
cuse
214;
Hyblaea
p. 215-240.
R.
et de
Van
etSélinonte,
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dans dans
Bull,
À propos
Bull,
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des
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belge
hist.
fondation
de
Belge
Rome,
de Rome,
Syracuse,
XXIX, XXIX,
1955,
de Mégara
p.1955,
199-
26 JEAN-PAUL MOREL

loque sur la céramique grecque du VIIIe siècle, qui s'est tenu au


Centre Jean Bérard en 1976, et je cite ce qu'y déclarait Vallet à pro¬
pos
siciliennes11
des polémiques
: «Je laisse
passées
de côté
suricilesle dates
recours
de àfondation
la double des
tradition
colonies
de
Thucydide et d'Éphore sur l'ancienneté relative de Mégara et de Sy¬
racuse [...], mais je retiens et je souligne ceci : les coupes de Thapsos
étaient nées. Voici leur acte de naissance dans l'article déjà cité de
1952» : suit la lecture de la première description par Vallet et Vil-
lard12
sos». des coupes géométriques protocorinthiennes dites «de Thap¬

C'est un des moments où Vallet (en complicité avec Villard) a


été le plus proche de la céramologie, avec l'article sur les lampes du
VIIe siècle et la chronologie des coupes ioniennes13 et avec Mégara
Hyblaea II, consacré à la céramique archaïque14.
Lorsque Georges Vallet est en situation d'utiliser la céramique à
des fins historiques, il manifeste une véritable obsession : souligner
la nécessité d'inventaires rigoureux. Dans son étude sur Rhégion et
Zancle, vingt ans après, nous lisons, à propos des trafics ar¬
chaïques : «Il me semblait que toute réflexion historique sur l'Oc¬
cident archaïque supposait au départ l'inventaire critique le plus
exact possible des données archéologiques»; «il faut procéder à une
élaboration des données, dont on est encore loin aujourd'hui»; «il
faudrait procéder aujourd'hui à un nouvel inventaire des données15».
Sur un cas plus précis comme celui de la céramique grecque du VIIIe
siècle en Italie, nous le voyons, en ouverture d'un colloque, souhaiter
«un inventaire des données : ces données devront être parfaitement
claires, tant du point de vue de leur contexte, de leur provenance que
de leur date16»; nous le voyons dénoncer l'erreur de méthode par la¬
quelle «la thèse, ou l'hypothèse, a précédé un inventaire critique suf¬
fisant des données17»; nous le voyons, enfin, annoncer «un bilan pré¬
cis [italiques de lui] dressé ensemble [italiques de moi] des dis¬
cussions» sur divers points, et notamment sur un «inventaire
complet du matériel antérieur au matériel le plus ancien d'Ischia18».
Et déjà dans l'article Céramique grecque et histoire économique (en

p.
logie
suppl.
337.
131211 Position
161514des
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Dans
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G.
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dans
Mégara
119.
p.1979).
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14-15.
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II.
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p.lacéramique
7-34.
nécessité
etdudeVIIe
Syracuse,
archaïque
d'un
siècle
«bilan
etart.
(MEFR,
chrono¬
précis
cité,
GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE 27

1963), il insistait avec François Villard sur la nécessité de recueillir


tout le significatif, de publier avec des tableaux, de faire un inven¬
taire complet19.
C'était évidemment plus facile à dire qua faire. Il y manquait
une véritable équipe de Mégara Hyblaea, et la révolution informa¬
tique. C'était plutôt la génération suivante qui s'en chargerait : je
pense notamment au colloque sur Marseille grecque de 1990, un
temps fort sinon un tournant à cet égard20.
Une autre exigence profondément ressentie, au moment d'ex¬
ploiter historiquement la céramique, est celle d'un vocabulaire
commun à l'usage de la communauté scientifique. «Encore faut-il
bien nous entendre sur ce dont nous parlons»21. Cela concerne la ter¬
minologie aussi bien que la classification et la typologie. Pour la ter¬
minologie, Vallet souligne volontiers ce qu'ont d'artificiel, et de dan¬
gereux, des appellations telles que «céramique phocéenne», «chalci-
dienne» ou «rhodienne», «coupes ioniennes» ou «lécythes
samiens22», parlant à ce propos d'« appellations conventionnelles» et
de «confusion dans le vocabulaire23». La classification et la typo¬
logie, c'est-à-dire la définition des productions et celle des formes,
sont des domaines où Vallet a prêché d'exemple. Pour les coupes io¬
niennes il a élaboré avec Villard une typologie qui, reconnaît-il, n'é¬
tait pas idéale, certes, mais «il était nécessaire d'en proposer une24».
On sait la fortune extraordinaire qu'a eue celle-ci, qui a été immé¬
diatement, durablement et universellement adoptée : c'est bien un
cas où il y a un «avant» et un «après», où une typologie a radicale¬
ment changé l'approche d'une vaste question.
Au total, cependant, la typologie n'a pas été véritablement un
point fort de Vallet (on note en effet chez lui une certaine inatten¬
tion aux détails de formes25, et par exemple un désintérêt évident

grecque
de Congrès
semble»).
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des
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campa-
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qu'en¬
etdéfi¬
Vil-
du
28 JEAN-PAUL MOREL

pour le rendu des vases par des dessins en section). La classification


l'a été bien davantage, et pas seulement à propos de cette céramique
«chalcidienne» qu'il a en quelque sorte rapatriée en Grande Grèce.
Enfin une autre nécessité profondément ressentie au moment de
l'exploitation historique de la céramique est celle de la chronologie.
On doit renvoyer ici à quatre observations regroupées en deux pages
exemplaires de Les céramiques de la Grèce de l'Est et leur diffusion en
Occident, et qui portent sur les «repères possibles pour une chrono¬
logie absolue» et «pour des chronologies relatives», et sur les «déca¬
lages» possibles entre production et diffusion, entre originaux grecs
et imitations locales26. Ce sont là des pages à méditer encore.
C'est sur ces bases que s'érige l'édifice central, la synthèse résu¬
mée dans deux articles de Vallet et Villard qui ont fait date : Céra¬
mique et histoire grecque, et Céramique grecque et histoire écono¬
mique. Ce sont les deux thèmes sur lesquels je m'attarderai un peu
maintenant.

La céramique et l'histoire grecque

Le premier article de Georges Vallet, Athènes et l'Adrìatique, en


1950, utilisait déjà la céramique dans une perspective historique27.
Certes, Vallet a une nette conscience de la séparation des disciplines.
Voir sa Présentation d'un colloque : «Ce colloque en recouvre au
moins deux. Je le dis tout de suite, et clairement, nous l'avons voulu
tel : plutôt que d'aborder dans deux démarches séparées, ici avec des
spécialistes plus orientés vers la céramologie, là avec des archéo¬
logues plus tournés vers l'histoire, d'un côté le problème de la défini¬
tion de ces céramiques et de l'autre celui de leur inventaire en Oc¬
cident, il était souhaitable de provoquer, avec des risques inévitables
de confusion, une rencontre unique de tous ceux qui travaillent, fût-
ce avec des perspectives diverses, sur un même matériel archéo¬
logique28». On notera le couplage des mots «spécialistes» et «céra¬
mologie» d'une part, «archéologues» et «histoire» de l'autre : si
cette phrase n'est peut-être pas particulièrement gratifiante pour la
céramologie, elle fixe à tout le monde - y compris les céramologues
- un même but, l'histoire, ou ce qu'on pourrait appeler une «archéo-

vations
-,
liers».
époque
peine
mais
26 de
27
28 Ibid.,
Athènes
Présentation
Les
stylistiques
de
oùl'histoire
particularités
l'archéologie
mots
p. et12-13.
l'Adrìatique,
«théoriquement»
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l'art.
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colloque,
techniques
théoriquement,
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p.MEFR,
qui
et8. matérielle»
«éventuelles»
pourraient
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42, 1950,ne
permettre
p.s'était
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33-52.
remarques
bien
dégagée
de l'héritage
préciser
surqu'à
les les
formes
grand-
d'une
ate¬
GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE 29

logie historique». Cette volonté de convergence est très consciente :


«secondo una mia vecchia fissazione, associo sempre i dati dell'ar¬
cheologia e le conclusioni storiche» - ce qui va de pair, souligne Val-
let, avec la nécessité de mettre toutes les données possibles «à la dis¬
position» de celui qui doit dresser un tableau historique29. D allait en
cela se trouver en total accord, en totale fraternité d'esprit avec un
historien comme Ettore Lepore, disparu peu de temps avant lui - un
historien tout disposé de son côté à collaborer étroitement avec les
archéologues, à s'appuyer sur leurs données, à les tancer amicale¬
ment s'ils se montraient trop réticents, trop peu précis ou trop peu
exigeants.
Il faut reparler ici de Rhégion et Zanch. En 1958, cette étude
conjointe et équilibrée des sources écrites et des documents archéo¬
logiques a véritablement inauguré une nouvelle façon de faire l'his¬
toire de l'Antiquité, qu'allait renforcer deux ans plus tard La céra¬
mique grecque de Marseille de François Villard30, concernant l'autre
extrémité d'un domaine tyrrhénien que de la sorte les deux
complices prenaient sous leurs feux croisés. En 1964, John Board-
man, avec ses Greeks overseas 31 , prolongerait cette tendance qui dé¬
sormais n'allait plus se démentir. Mais on risque de ne pas
comprendre l'origine et la portée de ce mouvement né voici guère
plus d'un tiers de siècle si l'on n'a pas conscience de la nouveauté
qu'apporta en l'occurrence la thèse de Vallet. En effet, en 1957 en¬
core, dans sa deuxième édition de La colonisation grecque de l'Italie
méridionale et de la Sicile dans l'Antiquité, Jean Bérard ne consacrait
qu'une vingtaine de pages au chapitre «Données de l'archéologie et
données de la tradition», affirmant à propos de l'archéologie : «ce
serait, à notre avis, commettre une grave faute de méthode que de la
négliger32». On ne saurait guère mieux marquer que par cette affir¬
mation minimaliste la frilosité qui était encore celle de l'histoire de
la colonisation grecque (et pas seulement d'elle) par rapport à l'ar¬
chéologie, et le bouleversement que représenterait dès l'année sui¬
vante la thèse
conscience sur de
le moment.
Vallet, même si l'on semble n'en avoir guère eu

Si les choses sont allées depuis lors vite et loin, ce ne fut pas
sans une certaine timidité au début, sans une certaine crainte de s'a¬
venturer sur ces pistes nouvelles, et d'abord de la part de ceux

économique,
29 J.
3130 G. Boardman,
F. Villard,
Vallet,
Paris,
Città
La 1960
céramique
The
sul(BEFAR
Greeks
mare grecque
eoverseas,
,relativo
195). de territorio,
Marseille
Ie éd., Harmondsworth,
(VIe-IVe
art. cité,siècle).
p. 731.Essai
1964. d'histoire

32 J. Bérard, La colonisation grecque de l'Italie méridionale et de la Sicile dans


l'Antiquité. L'histoire et la légende, Paris, 1957, p. 278-299, et notamment p. 279.
30 JEAN-PAUL MOREL

mêmes qui les avaient ouvertes. On relève en effet cette phrase dans
Céramique
tion de l'histoire
et histoire
des mœurs
grecque,eten
des1961
modes
: «même
de vie,sil'étude
l'on fait
de abstrac¬
la céra¬
mique n'est pas sans intérêt pour l'historien33». Ce qui pourrait ap¬
paraître de prime abord comme une litote finalement orgueilleuse
était bel et bien une atténuation dont la prudence nous surprend au¬
jourd'hui. Les auteurs eux-mêmes le confirment, qui poursuivaient
en ces termes : «pourtant, des réserves s'imposent», montrant que
«par exemple il peut être dangereux d'utiliser pour l'histoire les
grandes périodes que détermine l'évolution de la céramique», et
qu'il faut distinguer phases culturelles et histoire politique. Cho¬
quante de prime abord pour un archéologue de la fin du XXe siècle,
cette affirmation est en seconde analyse légitime, car si l'on consi¬
dère l'ensemble des céramiques on s'aperçoit que leur évolution glo¬
bale est rarement en phase avec les périodes historiques, et que la
campanienne A, par exemple, ne connaît pas ses mutations aux
mêmes dates que la campanienne B, ou que les amphores italiques.
Après avoir affirmé «la vanité de telles tentatives», Vallet et Villard
concluaient toutefois sur une note plus optimiste, reconnaissant
dans la céramique «une source historique de premier ordre quand il
s'agit de préciser l'histoire d'un site grec ou de la progression de
l'hellénisme dans une région déterminée34» : ce qui du reste, dans ce
deuxième cas, serait à nuancer, de même que l'optimisme «pro¬
céramique» des deux auteurs paraît franchement excessif lorsqu'ils
font de la céramique un auxiliaire meilleur que les monnaies, les¬
quelles, soulignent-ils, ont pu circuler longtemps35 (mais nous
connaissons tous des cas où l'apparente durée de vie d'une céra¬
mique embarrasse fort l'archéologue au moment des datations!)
Un des plus beaux exemples d'utilisation de la céramique à des
fins historiques que Vallet nous ait donné est un article où il analyse
la circulation des amphores commerciales et des vases à parfums
pour dater du VIIe siècle l'apparition de l'olivier en Étrurie et dans le
Latium, et en créditer les Chalcidiens de l'Ouest36. Cette théorie vient
d'être critiquée par Dominique Frère, au triple motif que l'huile d'o¬
live n'est pas la seule base grasse possible pour les parfums; que si
huile il y eut comme excipient dans les parfums étrusques, elle a pu
être importée; et qu'en tout état de cause la production «massive»
des balsamaires étrusques n'implique pas une utilisation d'huile im¬
portante, puisque les chiffres envisageables s'échelonneraient, selon
les estimations, entre 270 et 2700 litres de parfum par an seule-

33 L'introduction
34
35
36 Cér. ettout
Pour
Ibid., p.hist,
311.
cela,
grecque,
devoir
l'olivier,
ibid.,
p. 309.
p. 309-310.
1554-1563.
GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE 31

ment37. Il faut cependant observer que Georges Vallet donnait


d'autres arguments fort valables, et que notamment, agrégé de
grammaire, il savait joindre la philologie à la céramique, par
exemple à propos des termes désignant l'olive et l'huile en latin, et
du mot amurca, qui a dû être introduit à Rome par un intermédiaire
étrusque.

La céramique grecque et l'histoire économique

Malgré mon souci d'éviter les répétitions sur ce thème que Mi¬
chel Gras a déjà traité, il me semble nécessaire de revenir, dans le
cadre que je me suis fixé, sur quelques aspects de ce problème qui
l'ont peut-être moins retenu que d'autres.
Le premier concerne l'histoire quantitative, et les innovations
dans ce domaine - graphiques, tableaux... - de Vallet ou du tandem
Vallet-Villard. Dans l'article des Études archéologiques, à propos du

nombre
siècle
qui était
serait
des
quelque
importations
peut-être
chose
à nuancer
d'assez
attiquesnouveau38.
maintenant39
à Marseille,Certes,
figurait
: maisla nous
un
chute
graphique
n'avons
du Ve

jamais en la matière que des états provisoires, comme Vallet était le


premier à en avoir conscience.
En 1967, lors du colloque sur la circulation du monnayage d'A¬
thènes en Sicile et en Grande Grèce, Georges Vallet a donné, sans
titre (il s'agissait en principe d'une simple intervention), des consi¬
dérations sur les importations de céramique attique en Italie, fon¬
dées sur les attributions de Beazley40. Ceux qui se trouvaient ce jour-
là dans l'Aula de Sanctis de la Faculté des lettres de Naples se sou¬
viennent de la sensation que provoqua alors la démonstration de
Vallet à propos des importations attiques de vases peints dans di¬
verses zones : Sicile, Locres, Campanie, Étrurie, Apulie, Adriatique.
Le tableau
sembler relativement
statistique que
modeste,
dressait
était
Vallet,
alorset profondément
qui pourrait aujourd'hui
novateur,
et s'accompagnait de propos lucides et précurseurs, par exemple sur

subgéométrique,
conomie
Nantes,
lard,
Méditerranée
Grecia
1967),
matica),
37LaRome,
38
39
40 D.
Cér.
Voir
G.
(Atti
place
1995
p.massaliète,
Frère,
Vallet,
gr.
225-227.
L.-F.
del
occidentale
(dactyl.).
de
1969
etIRecherches
thèse
hist,
Marseille
dans
Convegno
Gantés,
(Suppl.
dans
écon.,
La
de (Ve-IVe
L'apport
doctorat
circolazione
Marseille
dans
del
au
sur
p.vol.
Centro
215.
le
les
s. commerce
des
sous
av.
12-14
aryballes
grecque
intemazionale
fouilles
J.-C.),
della
lades
direction
moneta
et
Annali
des
ibid.,
récentes
alabastres
la vases
Gaule,
p.dell'Istituto
ateniese
de
di181.
àattiques
J.-R.
studi
l'étude
op.
italo-corinthiens
Jannot,
cit.,àSicilia
in
numismatici,
quantitative
italiano
figures
p. 174;
Université
e di
in
rouges
P.Napoli,
ànumis¬
Magna
Rouil-
de
décor
l'é¬
de
en
32 JEAN-PAUL MOREL

la nécessité de joindre aux céramiques figurées intactes ou presque


les fragments figurés trouvés dans les habitats, mais aussi les pro¬
ductions à vernis noir; ou sur l'opportunité d'inventaires des ré¬
serves de musées et des grandes collections, et de décomptes régio¬
naux de toutes les céramiques importées depuis les principaux
centres
Vallet
de est
production
avec Villard
grecs.
l'auteur de la distinction entre les «vases-
marchandises» et les «vases-récipients41». Distinction fondamentale,
à propos de laquelle Vallet s'est élevé contre l'opinion d'E. Pottier,
selon qui les vases grecs peints auraient été exportés comme conte¬
neurs42. C'est dire - et il faut le souligner à l'usage des nouvelles gé¬
nérations d'archéologues pour qui cette distinction est toute na¬
turelle - si l'on venait de loin! Si incroyable que cela puisse sembler
maintenant, on peut même affirmer tranquillement que Georges
Vallet a été l'un des véritables découvreurs de l'amphore commer¬
ciale dans toute son importance. En témoignent du reste des flotte¬
ments qui ne pourraient être retenus à sa charge que par qui oublie¬
rait que dans ce domaine presque tout restait à construire il n'y a
guère plus d'une génération encore. Ainsi de quelques lourdeurs d'é¬
noncé imputables au fait qu'un certain vocabulaire n'était pas entré
dans les mœurs (Vallet désigne en 1962 les amphores SOS comme
«de grandes amphores à décor très rudimentaire», qu'il entreprend
de décrire43). Ainsi de constatations qui paraissent d'une surpre¬
nante évidence à qui aujourd'hui est familier des amphores
commerciales, comme celle-ci : «il existe de nombreux types d'am¬
phores à vin archaïques sans décor ou simplement ornées de bandes
peintes44». Mais en même temps il est clair que Georges Vallet a tra¬
cé dans ce domaine de larges pistes, que d'autres emprunteraient
sans se rendre compte de quelle déréliction sortait alors l'étude des
amphores commerciales. Il l'a fait non seulement dans la mesure où
il a été de ceux qui ont tiré de l'oubli cet immense domaine45, mais
aussi parce qu'il a contribué à rendre perceptible ce couple essentiel

grecque
et
Couronne
ces
dire
20),
hist,
mêmes
suivi
4144
42
45
43leur
L'introduction
Ibid.,
Rappelons
écon.,
avec
par
acte
(Bouches-du-Rhône)
années
p.lecelui
p.1559,
1558.
de213.
monde
que
baptême
de
décisives)!
note
deC.occidental,
lesl'olivier,
Lagrand,
4.
amphores
dans
,Et
dans
p.p.qu'en
dans
l'article
Un
1556-1558;
1556-1558.
Gallia,
étrusques,
habitat
Riv.st.Lig,
1962de
XVII,
encore
côtier
Cér.
F.par
Benoit,
1959,
XXII,
etdeF.
exemple,
hist,
l'Âge
Villard
p.1956
grecque,
Relations
187-188
du (notamment
ont
Fer
devait
(toujours
àp.eul'Arquet,
de312;
attirer
pour
Marseille
Cér.
p.dans
ainsi
à19-
l'at-
gr.
la
GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE 33

que forment, catégorie par catégorie, les amphores commerciales et


la vaisselle de table46.
Une autre grande distinction introduite par Vallet, puis dévelop¬
pée par Villard et lui-même, est celle qui concerne le commerce co¬
lonial et le commerce international47. On comprend très bien, dans
la perspective qui était la sienne dans Rhégion et Zancle, dans ce
contexte d'une ville caractérisée par son statut de charnière entre
deux mondes, que cette distinction se soit imposée à Vallet, et
qu'elle se soit avérée opératoire. Elle peut toutefois laisser quelques
îlots de perplexité. Par exemple, qu'en est-il de Cumes, et quel type
de commerce a concerné cette colonie eubéenne, mais de la mer
Tyrrhénienne, qu'implicitement nos auteurs semblent, de ce fait, ex¬
clure de la «zone du domaine colonial» et inclure dans «celle du
commerce lointain avec l'étranger48»? Comment expliquer que la cé¬
ramique de Corinthe fût en position de quasi-monopole même dans
des colonies non-corinthiennes, ce qui ne laissait pas d'intriguer Val¬
let lui-même49? Ou, pour changer d'époque, que faut-il penser de la
céramique attique à vernis noir du IVe siècle si abondante en Es¬
pagne, et y a-t-il vraiment là un de ces produits «susceptibles de sup¬
porter un fort accroissement de prix» qui caractérisent aux yeux de
Vallet et Villard le commerce international50? Cette céramique per¬
met-elle d'affirmer que «le commerce lointain d'Athènes [...] im¬
plique une exportation d'objets de luxe51»? Sur ce point précis, nous
gardons donc l'impression d'une réflexion intéressante, mais qu'il
faut poursuivre.
Autre binôme encore, sinon introduit du moins affiné par
Georges Vallet avec François Villard : celui qui distingue entre pro¬
duits de série ou d'usage courant et articles de luxe52. Je salue au
passage cette formule : «il faut renoncer pour cette époque [le VIIe
siècle] à la théorie [de F. Oertel] selon laquelle 'le risque des trans¬
ports et les prix qui en découlaient ne permettaient que l'exportation

tention
d'exportation,
importations
liennes
Dial,
sans 4852
46di
47
49
5150
décor»
Rhégion
Ibid.,
Présentation
«En
Cér.
du
archeoL,
surgr.
VIIIe
etce
ce
p..
{Les
hist,
de
dans
qui
et
qu'il
315.
etsiècle].
hist,
Corinthe
III,
canthares
Zancle,
concerne
grecque,
Hommages
d'un
nommait
1969,
écon.,
Pour
colloque,
p.1-2,
qui
p.de
205-207;
p.
lesquelles
313.
encore
bucchero
217.
prédominent
p.
208
àrapports
Albert
149).
p.et15.
Cér.
raisons,
«une
213-215.
Grenier,
etcommerciaux,
etlasérie
hist,
absolument
chronologie
il op.
n'est
assez
grecque,
cit.,
paslimitée
ce
t.facile
[dans
du
p.
Ill,
sont
312-313.
commerce
p.d'amphores
les
de
dès
1628).
lecolonies
ledire»
départ
étrusque
(dans
àsici¬
vin
les
34 JEAN-PAUL MOREL

des produits susceptibles de supporter une telle augmentation',


c'est-à-dire les articles de luxe ou les produits de première nécessi¬
té53». Vallet s'opposait là à un courant de pensée assez fort à l'é¬
poque. Qu'on pense à l'affirmation de Roger Rémondon selon la¬
quelle, sous l'Empire romain, «le problème [du commerce «inter¬
national»] revient à imposer sur un vaste marché, soit par sa qualité,
soit par son prix, un article de fabrication locale : or cela n'est guère
possible54» - affirmation qu'une meilleure évaluation du commerce
antique, notamment dans le domaine céramique, a fortement mise à
mal55. En fait, Vallet a bien montré - sans peut-être creuser tout à
fait la question - la possibilité de relever ce défi, si l'organisation
d'une production en série (par exemple la céramique corinthienne)
et des circonstances historiques et géographiques favorables per¬
mettent de concurrencer dans des pays lointains les productions lo¬
cales et de conquérir un «marché de grande envergure56».
Il faut enfin parler, justement, de l'organisation de la produc¬
tion. Vallet (éventuellement avec Villard) a consacré un début de ré¬
flexion à la pluralité des centres de production57, à l'ergastérion, à la
concentration des ateliers, à 1'«industrialisation58». Il laisse de côté
l'identité et la personnalité de l'artisan ainsi que son statut social, le
problème de l'anonymat ou des signatures (mais cette dernière ques¬
tion est particulièrement difficile pour l'archaïsme).

* * *

Deux groupes de remarques pour finir.


1) Dresser, dans l'optique du «cattivo» que je suis censé être,
une liste d'erreurs ou de lacunes serait profondément ingénéreux et
injuste. J'aimerais plutôt remarquer ceci. La céramique et ses impli¬
cations historiques occupent dans l'œuvre de Georges Vallet une
place très importante, certes, mais moindre, en durée, que je ne

histoire
écon.,
«si l'on
leurs 585756555453-p.
R.n'a
De
Présentation
Rhégion
excepte
et211.
Rémondon,
même
antiquité,
guère
etl'Athènes
que
rêvé
Zancle,
d'un
Paris,
cette
Le
quecolloque,
monde
de
p.
autre
d'autarcie».
s.206-207.
206.
208-209;
Périclès,
d. remarque
[1959],
romain,
p. 16.
lep.monde
Cér.dans
143.
et
(ibid.
hist,
Histoire
) du
antique
grecque,
même
générale
- pas
p.
auteur,
315;
seulement
du Cér.
selon
travail,
gr.lui
laquelle,
etI, d'ail¬
hist.
Pré¬
GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE 35

l'imaginais avant de réfléchir à ce problème. Si l'on excepte l'article


sur Athènes et l'Adriatique, remontant à 1950, il s'agit d'une période
de vingt ans ou à peine plus, de 195559 à 197660. Pendant ces quelque
vingt ans, Vallet a écrit pendant environ dix ans avec Villard, et pen¬
dant environ dix autres années seul. Après 1976, on ne relève plus
grand chose dans ce domaine.
Pourquoi? Division du travail avec François Villard? Lassitude
envers la céramique, peut-être considérée comme un domaine trofÎ
étriqué? Désintérêt, désamour? Fin d'un cycle en tout cas, tandis
que d'autres thèmes retenaient désormais Vallet - d'abord son cher
«Stretto», auquel il est revenu jusqu'à la fin, mais aussi l'architec¬
ture et l'urbanisme (recherches où l'ont conforté les incitations de
Roland Martin et la collaboration avec Paul Auberson)61, l'Italie du
Sud, les voyageurs en Italie...
Quoi qu'il en soit, je retiens comme typique de cette nouvelle pé¬
riode le compte rendu qu'il fit en 1979 de L'instrumentum domesti-
cum di Ercolano e Pompei62. On notera qu'il y rompait une lance, en¬
core, en faveur d'une étude des amphores, pourvu qu'elle fût fondée
sur «un établissement rigoureux des données63». On notera égale¬
ment qu'il risquait en l'occurrence une incursion dans la période ro¬
maine, lui qui ne s'aventurait qu'à peine jusqu'à l'époque hellénis¬
tique (ce qu'il fit, récemment, à propos d'une étude de Roberto Spa-

niennes,
rard
centrale
sion
tion
Vallet
d'un
59sur
60
en en
Mégara
C'est
Occident».
et
art.
«La
colloque
cette
méridionale»
lacité.
céramique
grande
Hyblaea,
année-là.
etPubliés
position
année
V
grecque
et: sur
respectivement
lampes
des
des
«Les
problèmes
ou
deux
du
de colloques
céramiques
tradition
VIIeen
reflètent
siècle
1978
de
napolitains
grecque
etlaetenchronologie
Grèce
1982,
faitaulales
deVIIIe
du
pensée
l'Est
articles
Centre
des
siècle
etde
coupes
leur
Présenta¬
Jean
en
Georges
diffu¬
Italie
Bé-
io¬

61 Voir par exemple G. Vallet, Les cités chalcidiennes du Détroit et de Sicile,


dans Gli Eubei in Occidente, Atti del XVIII Convegno di studi sulla Magna Grecia
(Taranto , 1978), Tarente, 1979 (1984), p. 103-116, où le faciès culturel des cités
chalcidiennes est étudié à partir de la céramique, analysée avec finesse, mais aus¬
si des proportions des temples, des techniques de construction, des terres cuites
architectoniques, des pièces architecturales en marbre, ainsi que des bronzes, de
la sculpture, des structures sociales, des us et coutumes.
62 Compte rendu de M. Annecchino et alii, L'instrumentum domesticum di
Ercolano e Pompei nella prima età imperiale (Quaderni di cultura materiale, I,
Rome, 1977), dans RA, 1979, 2, p. 369-371.
63 Ibid., p. 370 : «Le problème des amphores, de leur circulation dans la Mé¬
diterranée, reste évidemment fondamental et on est loin d'avoir aujourd'hui
toutes les indications que souhaitent, à juste titre, les historiens de la Rome ou de
la Méditerranée antiques. En effet, avant de tirer des conclusions sur l'économie
des diverses régions du Mare nostrum, il faut d'abord procéder à un établisse¬
ment rigoureux des données».
36 JEAN-PAUL MOREL

dea sur les productions hellénistiques de la région du Détroit64 -


mais il s'agissait du Détroit65 -, tout en déplorant ce déséquilibre66.
C'est d'ailleurs avec un étonnement mêlé de regret que nous obser¬
vons que ce latiniste, qui avait étudié Calpurnius Siculus et Tite-Live
et consacré notamment à ce dernier quelques études importantes,
n'a curieusement rien écrit, ou à peu près, sur la céramique et le
commerce des Romains, non plus que sur ceux des Phéniciens et des
Étrusques67, malgré ce qu'il aurait sûrement apporté de neuf dans
ces domaines et malgré l'intérêt heuristique qu'il aurait pu trouver
aux parallèles ou oppositions possibles.
Pourquoi alors l'instrumentum domesticum ? On peut penser
que, de plus en plus passionné par l'histoire de l'archéologie et par
l'époque des «voyages» en Italie, humaniste aussi, il a été intéressé
par ces villes vésuviennes où est née l'archéologie italienne des
temps modernes, et par les réactions des Encyclopédistes contre des
archéologues collectionneurs de petits détails et de petits faits. Il
laissait en tout cas percer in fine une certaine désillusion quant à
l'aide que, pour les études historiques, nous pouvons attendre de la
céramique ou de vestiges analogues, et, en citant son cher Braudel,
une certaine envie pour les ressources dont disposent «les historiens
de la modernité68». Comment s'empêcher du reste de trouver à cet
aveu quelque vérité?
2) Quand il s'est occupé de céramique, Vallet l'a fait (en parti¬
culier au début) en novateur - rappelons qu'il fut l'un des premiers à

près
culture,
parte,
mo
il
tique,
assez
l'objet
paraît
vaux
cité,
en
sous
tés,
a'de
été
lui
filigrane
gestes
sempre
sur
les
64lades
65
66
67
68
p. était
immense
vrai)
l'equilibrio
la
R.
G.
Ibid.,
guère
À
Compte
d'un
370-371
cendre
données
op.
ce
part
céramique
Spadea,
Vallet,
archéologues
répétés,
arrivé
qu'était
la
«et
cit.,
commerce
les
exact,
p.l'article
tentazione
du
rendu
ce
et
738,
travaux
:p.
de
Città
d'affirmer
«Il
fra
le
Produzioni
Vésuve
sont
d'histoires
337-360.
la
pas
la
abruit
reste
G.
ildéjà
civilisation
perdu
céramique.
de
sul
d'importation
momento
essentiellement
plus
ne
Vallet
des
diilmare
L'instrumentum
àcependant
cité
peuvent
accordare
ypeine
(en
historiens
presque
Cér
anciennes,
aellenistiche
sur
évoque
etout
mille
. matérielle
relativo
gr.
ellenistico
perceptible'».
L'introduction
donner
cas
et
-toute
neuf
ou
una
de
et
hist,
l'opportunité
des
de
que
d'exportation»
sullo
territorio,
illa
domesticum
cents
maggiore
valeur
que
réalités
suffit
amphores
faite,
emodernité
écon.,
pour
iStretto,
periodi
quelques
ans
de
pour
selon
comme
l'époque
p.
de
art.
et
attenzione».
l'olivier
de
207)
longue
dans
contenant
di
rendus
s'en
precedenti
-cité,
la
(ce
Ercolano
«ristabilire,
que
aperçus,
formule
objet
: convaincre
archaïque).
Lo
qui
«à
en
p.durée
les
au
Stretto
736-738.
l'époque
Italie
maintenant
d'art»
jour
Précédemment,
objets
du
ai
combien
de
e dont
Pompei,
quali
vin
centrale
F.
crocevia
par
almeno
(ce
d'évoquer
ensevelis
hellénis¬
Braudel,
qui
leles
qui
abbia¬
poids
n'ap¬
limi¬
font
d'a¬
tra¬
art.
est
di
in
GEORGES VALLET, LA CÉRAMIQUE, L'HISTOIRE 37

susciter, à Clermont-Ferrand, des recherches en laboratoire69 -, en


précurseur, en incitateur, en provocateur. Lui et Villard le firent par¬
fois sans trop y toucher. L'article Géométrique grec, géométrique sicé-
liote, géométrique sicule 70 vise surtout, à bien voir, à contrer l'idée de
précolonisation. Mais cet article donne à penser, cette idée est fé¬
conde, et ses implications sont innombrables (même si ses auteurs
eux-mêmes en ont assez peu tenu compte) dans les domaines de l'ac¬
culturation, des formes de diffusion différentes du commerce pro¬
prement dit, de la dépossession progressive des centres initiaux,
qu'on l'applique à la céramique eubéenne, à 1 etrusco-corinthien,
aux coupes ioniennes, à la céramique grise phocéenne, à la céra¬
mique attique à vernis noir, ou encore à des céramiques phéni¬
ciennes (transmission en Ibérie des modèles d'amphores phéniciens
aux Puniques, puis aux indigènes) ou romaines (sigillée arétine et
ses succursales pisanes et lyonnaises).
Mais le plus souvent c'est très sciemment qu'il fut ce provoca¬
teur à l'affût de tout ce qui était décapant. Dans trois grandes ren¬
le
contres
rôle du
scientifiques
trublion, de
internationales
l'admonestateur
sur -lade
céramique,
l'animateur
Vallet
et du
a joué
ras-
sembleur, aussi. Lors des colloques sur les céramiques grecques du
VIIIe siècle en Italie71 et sur les-céramiques de la Grèce de l'Est en
Occident72, il a défini les règles du jeu avec la volonté d'une dé¬
marche, sinon unitaire, du moins visant à une convergence, avec un
refus sans équivoque du consensus mou, des faux accords, des mo¬
tions nègre-blanc; et il n'est guère de problème important qu'il n'ait
posé, fût-ce rapidement. Lors de 1'«Incontro di studi sugli inizi della
colonizzazione greca in Occidente» (Naples-Ischia, 1968), Vallet
proposa de discuter point par point ses propres réflexions sur les cé¬
ramiques d'importation et d'imitation dans la Sicile d'avant 730,
avec la volonté qu'on ne s'arrêtât point sans qu'un accord se fût fait -
et jamais sans doute les Dialoghi di archeologia, qui publièrent inté¬
gralement ce débat, ne méritèrent et n'illustrèrent mieux leur nom73.
On assista in fine à un renversement de situation qu'on eût pu dire
théâtral si le ton n'avait pas été celui de la franche discussion scien¬
tifique, lorsque Vallet, répondant à «une demande très claire» de

sicule.
de
Ischia,
Sicile,
69Cér.
7170
12
73 Voir
Incontro
F.
Étude
29Villard
dans
febbraio-2
etPrésentation
Position
sur
hist,
MEFR,
diet
lesstudi
grecque,
G.
premiers
des
marzo
Vallet,
48,
sugli
problèmes.
d'un
1956,
p.1968),
contacts
inizi
Géométrique
colloque.
297-298;
p.della
dans
7-27.
entre
Présentation
colonizzazione
Dial,
grec,
Grecs
digéométrique
archeol.,
et indigènes
d'un
greca
III,
colloque,
sicéliote,
in1969,
sur
Occidente
lap.1-2,
côte
géométrique
16.p.orientale
(Napoli-
1-234.
38 JEAN-PAUL MOREL

Bruno D'Agostino et reconnaissant que les coupes à chevrons étaient


précoloniales, bascula du camp de la non-précolonisation dans celui
de la précolonisation. Citons-le encore : «Je dirai franchement que,
sans ces deux jours de dialogues, sans ces données que nous a pré¬
sentées
être été Johannowsky
différente. Mais
[à propos
il faut se
de rendre
Capoue],
à l'évidence
ma réponsedesaurait
faits peut-
et ce
sont des faits évidents que nous a soumis hier Johannowsky. Ma ré¬
ponse est donc sans ambiguïté74» - affirmation qu'il préciserait et
renforcerait encore spontanément quelques années plus tard75.
Bel exemple d'une renonciation consentie et assumée à une opi¬
nion antérieure, qui grandit celui qui préfère cette reddition avec les
honneurs à une demi-victoire ou à un doute persistant. Céramique
ou non, tout Georges Vallet, le savant, est dans la netteté de cette at¬
titude, dans cette façon de s'incliner devant une certitude scienti¬
fique qui pouvait contredire tel ou tel de ses propos passés, mais
qu'en même temps il avait contribué plus que quiconque à faire
éclore.

Jean-Paul Morel

74 Ibid., p. 169.
75 Cf. Vingt ans après, p. 113 : «Contrairement à ce que j'écrivais il y a vingt
ans, et allant plus loin que ce que j'admettais, un peu à contre-coéur, il y a quel¬
ques années,
importés en Étrurie,
je reconnais
dans qu'il
le Latium
convient
et end'assigner
Campanie,à un
une
certain
date plus
nombre
ancienne,
de vases
au
moinsded'une
celle Pithécoussai».
génération, à celle de la première fondation grecque dans l'Ouest,

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