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JuriBistroMD eDOCTRINE

Date: 2017/12/13

Collection de droit 2017-2018


Volume 7 - Contrats, sûretés, publicité des droits et droit international privé
Titre VI - Le droit international privé
Chapitre I - Le droit international privé
Me Patrick Ferland*
Me Guillaume Laganière*
Informations bibliographiques

Table des matières


Titre I - Le contrat d'entreprise ou de service
Titre II - Le mandat
Titre III - Le droit des assurances
Titre IV - Les priorités et les hypothèques
Titre V - La publicité des droits
Titre VI - Le droit international privé
Chapitre I - Le droit international privé
Patrick Ferland et Guillaume Laganière
Introduction
1- Les principes généraux du droit international privé
A- La typologie des règles
B- Les principes généraux de la méthode conflictuelle
1. La qualification et le dépeçage
2. L’éviction de la loi désignée par la règle de conflit
a) La clause échappatoire
b) La fraude à la loi
3. Le renvoi et la question préalable
4. Les conflits transitoires
a) Le droit transitoire des règles de conflits
b) Le conflit mobile
c) Le droit transitoire de la loi désignée
5. L’application de la loi étrangère
a) Le statut et la preuve de la loi étrangère
b) La détermination des règles étrangères applicables
c) L’ordre public et le droit international privé
2- Les conflits de lois
A- Le statut personnel
1. L’état et la capacité en général
a) Les personnes physiques
b) Les personnes morales
2. La famille
a) Le mariage
b) L’union civile
c) La séparation de corps et le divorce
d) La filiation et l’adoption
e) L’obligation alimentaire
B- Le statut réel
1. Les principes généraux
2. Les règles particulières
a) Les successions
b) Les sûretés mobilières
c) La fiducie
d) Les valeurs mobilières et les titres intermédiés
e) La faillite et l’insolvabilité
C- Le statut des obligations
1. Les actes juridiques
a) La forme des actes juridiques
b) Le fond des actes juridiques
i) Les règles générales
ii) Les règles de conflits particulières en matière d’actes juridiques
1) La vente
2) La cession de créance
3) La représentation conventionnelle
4) Les contrats de consommation, de travail et d’assurance
5) Le régime matrimonial
6) L’arbitrage
7) Les autres contrats nommés
2. Les faits juridiques
a) Les « quasi-contrats »
b) La responsabilité civile extracontractuelle
3. Le régime de l’obligation, la prescription et la preuve
D- Le statut de la procédure
3- Les conflits de juridiction
A- La compétence internationale des autorités québécoises
1. Les règles de conflit relatives à la compétence des autorités québécoises
a) La règle générale : le domicile du défendeur
b) Les actions personnelles à caractère extrapatrimonial et familial
c) Les actions personnelles à caractère patrimonial
i) Les critères généraux de compétence
1) Domicile, résidence et établissement
2) Faute, préjudice, exécution d’une obligation
3) Élection du for québécois par les parties
4) Reconnaissance de la compétence des tribunaux québécois
ii) L’exception relative aux clauses compromissoires ou d’élection de for étranger
iii) Les critères de compétence propres à certains types spécifiques de litiges
d) Les actions réelles et mixtes
e) Le cas particulier des actions collectives
2. La modulation des règles relatives à la compétence des autorités québécoises
a) La doctrine du forum non conveniens
b) Le sursis pour cause de litispendance ou chose jugée internationale
c) Le for de nécessité
d) La compétence à l’égard des mesures provisoires, conservatoires ou d’urgence
e) La compétence à l’égard des demandes incidentes ou reconventionnelles
B- La reconnaissance et l’exécution des décisions étrangères
1. La notion de « décision étrangère »
2. Les effets indépendants de la procédure de reconnaissance
3. Le régime de l’exequatur
4. Les conditions d’application de l’exequatur
a) La compétence de l’autorité étrangère
i) Le principe du miroir
ii) Les règles spécifiques en matière d’actions personnelles à caractère extrapatrimonial
iii) Les règles spécifiques en matière d’actions personnelles à caractère patrimonial
1) Domicile et établissement
2) Préjudice et faute ou fait dommageable
3) Obligations contractuelles
4) Élection de for
5) Reconnaissance de la compétence
b) Le caractère définitif et exécutoire de la décision
c) Le respect des principes essentiels de la procédure
d) L’absence de litispendance ou de chose jugée
e) Le respect de l’ordre public
f) Les décisions rendues en matière fiscale
5. La nature du contrôle effectué par l’autorité québécoise
6. La procédure et les modalités de la demande de reconnaissance et d’exécution
a) La procédure à suivre
b) La prescription applicable à la demande de reconnaissance et d’exécution
c) Le cas des décisions statuant sur des demandes dissociables
d) La conversion monétaire et les intérêts
7. Les transactions internationales

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Introduction

Le droit international privé est la branche du droit s’intéressant aux relations juridiques de droit privé
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lorsque celles-ci s’insèrent dans un contexte international , c’est-à-dire lorsqu’elles ont un ou plusieurs
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points de contact pertinents avec des juridictions étrangères (les « éléments d’extranéité » ). À titre
d’exemples :

• Une Suédoise et un Italien se sont mariés en France. Ils se sont d’abord établis
en Italie, puis au Québec. Ils désirent aujourd’hui divorcer;

• Un résident de Rivière-du-Loup s’est blessé en manipulant une scie sauteuse


défectueuse fabriquée en Chine, distribuée au Canada par une entreprise de Toronto et
qu’il avait achetée dans une quincaillerie du Nouveau-Brunswick. Il veut intenter des
procédures contre le vendeur, le distributeur et le fabricant;

• Une femme de nationalité belge, domiciliée dans l’État de New York, décède
sans testament. Son mari en secondes noces (un Américain) et ses enfants d’un
premier mariage (belges) se disputent les biens de la succession. Parmi ceux-ci se
trouvent une unité de copropriété et un compte bancaire à Mont-Tremblant;

• Une société étrangère a obtenu en Alberta un jugement condamnant une société


québécoise domiciliée à Montréal à lui verser des dommages-intérêts en vertu d’une
clause pénale. Elle souhaite exécuter ce jugement contre les biens de la société au
Québec.

Dans ce genre d’hypothèses, de plus en plus fréquentes avec la mobilité accrue des personnes et
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l’internationalisation croissante des échanges de biens et de services , se pose la question de savoir
quel ordre juridique régit la situation. C’est la question du conflit de lois : quelle loi (i.e. les règles de quelle
juridiction) régit le divorce ou la dissolution du régime matrimonial dans le premier exemple, la
responsabilité civile du vendeur ou du fabricant dans le second, la dévolution successorale des biens
dans le troisième? À cette question s’en ajoute une autre : devant les tribunaux de quel ordre juridique
les procédures peuvent-elles ou doivent-elles être intentées? C’est le conflit de juridictions. Ainsi, dans le
second exemple, les tribunaux québécois sont-ils compétents pour entendre la demande intentée
contre le distributeur ontarien ou le fabricant chinois? Le sont-ils quant à la dispute successorale
opposant des ressortissants belges et américains relativement à une succession ouverte à New York?
Et lorsqu’un jugement a été obtenu à l’étranger, à quelles conditions peut-il être reconnu ou exécuté au
Québec? C’est la question de la reconnaissance des

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jugements étrangers (soulevée dans le quatrième exemple), aspect particulier des conflits de juridiction.
Le droit international privé se distingue de la plupart des autres branches du droit en ce sens que les
règles qu’il énonce ne donnent généralement pas de solution de fond au problème juridique envisagé
mais permettent plutôt de déterminer quel ordre juridique apportera cette solution. La nature du droit
international privé, qui traite des conflits de lois dans l’espace, se rapproche ainsi de celle du droit
transitoire, qui régit les conflits de lois dans le temps : dans chaque cas, il s’agit d’un droit qui énonce
des « règles d’attribution », lesquelles indiquent les règles de fond qui seront applicables à la situation
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envisagée . Contrairement au droit international public, il ne s’agit pas d’un droit supranational : les
règles de droit international privé varient d’un ordre juridique à l’autre, et, sous réserve des conventions
internationales en vigueur, le juriste québécois doit se tourner vers ses propres règles afin de
solutionner les conflits de lois ou de juridictions qu’il rencontre.

On peut voir les règles de droit international privé comme un compromis, une recherche d’équilibre,
5
entre deux principes qui s’opposent . D’une part, celui de la personnalité des lois voulant que chaque
personne, où qu’elle aille, reste soumise à sa loi personnelle, c’est-à-dire la loi de son domicile ou de
sa nationalité; d’autre part, à l’opposé, le principe de territorialité des lois, selon lequel toute personne se
trouvant sur le territoire d’un État donné est soumise aux lois de cet État, d’où qu’elle vienne. La
question de savoir dans quels cas il est juste et approprié de s’en remettre à la loi personnelle ou plutôt
à la loi territoriale a donné lieu, dans les juridictions civilistes, à la « théorie des statuts » (travaux de
Bartole au XIVe siècle, puis de Dumoulin, de Coquille et d’Argentré au XVIe siècle), fondée
essentiellement sur la distinction entre le statut des choses – qui sont soumises aux lois territoriales –,
et le statut des personnes – qui restent régies par leur loi personnelle (fixée par la nationalité ou le
domicile) même lorsqu’elles se trouvent sur un autre territoire. Avec la montée en puissance de l’État
moderne, le principe de territorialité s’est imposé davantage. Au XVIIe siècle, les Hollandais Huber et
Voët ont proposé un système de droit international privé qui s’est surtout répandu dans les juridictions
de common law. Son point de départ est le principe de territorialité, lequel en principe s’appliquerait
même au statut des personnes. L’autorité souveraine sur un territoire donné doit cependant, au nom de
la courtoisie internationale, accepter de bonne grâce qu’une loi étrangère (plutôt que sa propre loi
territoriale) puisse régir certaines situations. Cette courtoisie internationale est dans l’intérêt de chacun
des États qui veulent participer aux échanges internationaux car ceux-ci seraient sérieusement
entravés, voire rendus impossibles, si chaque État appliquait toujours sa propre loi territoriale sans
jamais tenir compte des attentes légitimes des parties ou des « droits acquis » sous l’empire de la loi d’un
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autre État . Ainsi, le principe de courtoisie internationale vient contre-balancer l’application intégrale du
principe de territorialité et rend possible l’élaboration de règles nuancées de droit international privé. On
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rejoint ainsi, quoique par une autre voie, la théorie des statuts .

Le droit international privé québécois se retrouve essentiellement au Livre X du Code civil du Québec
8
(art. 3076 à 3168), qui contient des règles détaillées en la matière . Ces règles doivent être complétées
9
par les conventions internationales applicables (art. 3076 C.c.Q.) et, bien sûr, par l’interprétation qu’en
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font la jurisprudence et la doctrine . Lorsqu’il s’agit de les appliquer dans un contexte canadien, les
règles du Code civil doivent aussi

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11 12
être examinées à la lumière des principes constitutionnels . Ainsi, dans l’affaire Morguard Investments Ltd. c. De Savoye , la Cour suprême a
jugé que le cadre fédéral canadien requérait une application plus exigeante du principe de la courtoisie, obligeant à toutes fins utiles les provinces
canadiennes à reconnaître un jugement rendu ailleurs au Canada, dès lors qu’existait un lien réel et substantiel entre le litige et la juridiction ayant rendu le
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jugement. Le même raisonnement a été appliqué dans l’affaire Hunt c. T&N plc , où la Cour suprême a jugé que les dispositions d’une loi québécoise
visant à empêcher la sortie hors du Québec des dossiers ou documents d’entreprises québécoises étaient constitutionnellement inapplicables à l’égard des
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autres juridictions canadiennes .

1- Les principes généraux du droit international privé


A- La typologie des règles
Les règles du droit international privé visent à déterminer quel ordre juridique régit une situation
comprenant des éléments d’extranéité ou quelles juridictions sont compétentes pour entendre un litige
visant une telle situation. On distingue trois types de règles à cet égard.

Les plus communes sont les règles de conflits. Dans ce type de règle, un ensemble abstrait de
rapports juridiques défini de façon plus ou moins large, appelé catégorie de rattachement, est associé à un
facteur de rattachement de manière à ce que, pour une situation internationale donnée, les règles de fond
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applicables soient en rapport de proximité avec la situation envisagée . Par exemple, la capacité juridique
d’une personne physique (catégorie de rattachement) est régie par la loi de son domicile (art. 3083 (1) C.c.Q.).
Le domicile de la personne est ici le facteur de rattachement qui permet à la règle de conflit de désigner
le droit applicable à la situation, ce droit pouvant être soit la loi du for (i.e. la loi du forum saisi du litige),
soit la loi étrangère. Ainsi, dans notre exemple, si la personne est domiciliée en France, c’est la loi
française (et non la loi québécoise) qu’il faudra consulter afin de déterminer si cette personne a ou non
la capacité de conclure un acte juridique au Québec. La loi désignée par l’application d’une règle de
conflit s’appelle la « lex causae ».

Il existe bien sûr plusieurs catégories de rattachement, elles-mêmes réunies en de larges ensembles
(les « statuts »), et aussi plusieurs facteurs de rattachement associés à l’une ou l’autre de ces
catégories (domicile, résidence, nationalité, choix des parties, situs d’un bien ou d’un événement, etc.). Il
peut d’ailleurs arriver qu’une même règle de conflit contienne plusieurs facteurs de rattachement
alternatifs ou successifs (« en cascade »).

De manière générale, le recours aux règles de conflits s’effectue de façon « abstraite (la désignation
de la loi applicable s’effectue sans que le juge saisi prenne connaissance de la teneur matérielle des
lois en présence au préalable), neutre (elle ne tend à privilégier aucune solution possible), bilatérale (la
règle désigne indifféremment la loi du for ou une loi étrangère suivant l’élément de rattachement
retenu), et [...] dénuée de nationalisme (elle ne privilégie pas la loi de la juridiction saisie par rapport aux
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lois étrangères) » . Il pourra toutefois arriver que la loi applicable soit choisie « suite à un examen
concret de la situation juridique dans laquelle se trouvent les parties [afin] de déterminer la loi ayant
davantage vocation à s’appliquer suivant les données de l’espèce et une analyse concrète de la
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situation juridique » .

Contrairement aux règles de conflits, les règles matérielles ne désignent pas un ordre juridique dont les
règles de fond seraient applicables, elles donnent plutôt directement une solution de fond à une
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situation internationale . Le second alinéa de l’article 3085 C.c.Q. (qui permet la nomination d’un tuteur à
la personne incapable ayant des biens ou des droits à exercer au Québec lorsque la loi de son domicile
ne prévoit pas de mécanisme de représentation)

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et l’article 3110 C.c.Q. (qui permet à un notaire du Québec de recevoir des actes hors du Québec à certaines conditions) en sont des exemples.

Les règles d’application immédiate sont des règles de fond du for qui, en raison de leur but particulier,
s’appliquent à une situation internationale même lorsqu’elles ne sont pas désignées par une règle de
conflit (art. 3076 C.c.Q.). Contrairement aux règles matérielles, ces règles ne visent pas spécifiquement
les situations internationales; ce sont plutôt des règles substantielles de droit interne, qui, en raison de
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l’objectif visé par le législateur, doivent être appliquées en dépit de l’existence d’éléments d’extranéité .
En d’autres mots, ces règles s’imposent au juge, que celui-ci soit face à une situation purement interne
ou à une situation internationale.

Les auteurs considèrent que les lois mettant en jeu des intérêts véritablement vitaux et essentiels de
l’État en ce qui a trait à son organisation politique, sociale ou économique (dites « lois de police ») sont
20 21
généralement d’application immédiate . Ainsi, la Loi sur la concurrence et la Loi sur la protection de la
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jeunesse ont été considérées comme des lois d’application immédiate en raison des objectifs qu’elles
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visent . Selon certains, les règles relatives au consentement aux soins prévues au Code civil du Québec
24
(art. 14 et s.) seraient aussi d’application immédiate . En revanche, la jurisprudence, non sans
hésitations, a décidé que la Loi sur la protection du consommateur n’était pas vitale au point de se qualifier
25
de loi d’application immédiate . Ne se qualifient pas non plus les dispositions relatives au patrimoine
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familial et la règle permettant de poursuivre directement l’assureur de la personne responsable d’un
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préjudice .

En toute logique, avant d’appliquer une règle de conflit afin de solutionner un problème de droit
international privé, il faut auparavant vérifier si la solution n’est pas donnée directement par une règle
matérielle ou par une règle qui serait d’application immédiate. Au cas contraire – situation la plus
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fréquente en pratique –, il faut s’en remettre à la méthode conflictuelle .

B- Les principes généraux de la méthode conflictuelle


Cette méthode soulève plusieurs questions – parfois complexes – dont l’étude fait partie intégrante
de la théorie générale du droit international privé. Sans tenter ici de les approfondir, ce qui nécessiterait
des développements qui dépassent largement le cadre de la présente collection, il importe cependant
de les aborder brièvement.

1. La qualification et le dépeçage
Dans la tradition civiliste, les règles de conflit sont regroupées en de larges ensembles appelés les
« statuts ». Il est utile d’en brosser ici les grandes lignes :

• le statut personnel : il vise les questions liées à l’état et à la capacité des


personnes, tant physiques que morales. Le facteur de rattachement est en principe le
domicile dans le cas des personnes physiques et le lieu de constitution dans le cas des
personnes morales. Le statut personnel vise également les questions liées à la famille
(mariage, union civile, filiation, adoption, régimes matrimoniaux), ce qui étend
considérablement son domaine;

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• le statut réel : il concerne le régime des biens meubles ou immeubles (droits réels
principaux ou accessoires), les successions, les fiducies, les sûretés grevant les biens
et la faillite. Le situs des biens est le facteur de rattachement privilégié en ce cas, mais,
pour certaines règles de conflits, d’autres facteurs de rattachement entrent en ligne de
compte;

• le statut des obligations : il couvre un domaine très large, incluant les actes juridiques
(contrats) et les faits juridiques (responsabilité extracontractuelle et quasi-contrats), le
régime des obligations, la prescription et la preuve. Les actes juridiques, quant à leur
forme, sont régis par la loi du lieu où ils sont conclus; quant au fond, ils sont en principe
régis par la loi désignée par les parties. Les faits juridiques sont régis par la loi du lieu
où ils surviennent. La prescription et la preuve sont en principe régies par la loi
applicable au fond du litige, tandis que le régime des obligations est assujetti à
diverses règles de conflits.

• le statut de la procédure : il vise les questions liées à l’exercice des droits devant les
tribunaux étatiques ou consensuels (arbitrage). La procédure est en principe régie par
la loi du forum saisi (loi du for).

Ce « découpage » du monde juridique en grands ensembles de catégories de rattachement (les


statuts), eux-mêmes subdivisés en plusieurs règles de conflit distinctes, est au cœur de la méthode
conflictuelle. Il met en lumière le caractère fondamental de la qualification en droit international privé. Afin
de déterminer le droit applicable à une situation juridique internationale donnée, il faut qualifier le
problème envisagé : s’agit-il d’une question de procédure? de formation d’un acte juridique? d’état ou
de capacité? etc.

La qualification consiste en définitive à délimiter le champ d’application de chacune des règles de


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conflit afin de déterminer laquelle s’applique à la question juridique précise qui se pose . On ne se
surprendra pas que ce processus crée parfois des difficultés : si certaines qualifications coulent de
source, d’autres sont beaucoup plus délicates. Par exemple, la capacité d’une société de personnes
(partnership) étrangère d’ester en justice devant les tribunaux québécois est-elle une question personnelle
(qui serait donc régie par la loi du lieu de sa constitution), une question contractuelle (régie par la loi
applicable au contrat de société) ou, encore, une question de procédure (régie par le droit québécois à
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titre de lex fori) ?

Il se peut bien sûr qu’une même question soit qualifiée différemment selon la loi du for ou selon la loi
étrangère. Il y a alors conflit de qualifications. Dans notre exemple, si, selon la loi constitutive de la société,
la capacité d’ester en justice est une question d’état et de capacité, mais que, selon la loi du forum
saisi, il s’agit plutôt d’une question de procédure, quelle qualification doit-on retenir? En toute logique, la
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qualification doit se faire selon la loi du forum . En effet, la qualification revient à interpréter les règles
de conflit les unes par les autres, de façon à assigner à chacune son véritable domaine d’application.
Or, on ne voit pas pourquoi l’interprétation des règles de conflit étrangères devrait influencer
l’interprétation des règles de conflits québécoises : si un tribunal québécois est saisi d’une question de
droit international privé, c’est à ce tribunal de délimiter le champ d’application des règles de conflit
québécoises pertinentes (donc à interpréter ces règles), et ce, à l’aide des concepts du droit
québécois. De plus, il y aurait une incohérence à appliquer la qualification étrangère afin de déterminer
si le droit étranger s’applique. Cette solution classique est consacrée au premier alinéa de l’article 3078
C.c.Q.

Par exception, la qualification des biens, comme meubles ou immeubles, se fait selon la loi du lieu
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de leur situation (art. 3078, al. 1 C.c.Q.) . Cette exception se justifie par des considérations pratiques : si
un ordre juridique considère qu’un bien est immeuble, il considérera qu’il a compétence exclusive à son
égard et refusera probablement de reconnaître une décision étrangère le concernant. En effet, la règle
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voulant que les immeubles soient régis par la loi du lieu de leur situation , et sous la compétence
exclusive des tribunaux de ce lieu, est appliquée par la plupart des juridictions.

Même si la qualification se fait selon la lex fori, on ne peut cependant pas faire abstraction de la loi
étrangère

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dans le processus de qualification . Il faut souvent examiner le contenu de la loi étrangère afin de qualifier le problème à résoudre. Il en est ainsi,
35 36
notamment, lorsqu’une institution juridique étrangère n’a pas d’équivalent direct en droit québécois . Ainsi, dans l’affaire Pouliot c. Cloutier , la Cour
suprême du Canada a dû analyser en détail la teneur d’une loi du New Hampshire afin de déterminer s’il s’agissait d’une loi relative au régime matrimonial
des époux ou plutôt d’une loi de nature successorale. De cette qualification dépendait le sort du litige puisque le régime matrimonial était soumis au droit du
New Hampshire, qui conférait des droits au conjoint survivant, alors que la succession était régie par le droit québécois, qui ne connaissait pas de limite à la
liberté testamentaire. La Cour, constatant que la loi du New Hampshire n’avait de réel effet qu’au décès, en a conclu qu’il s’agissait d’une loi successorale
limitant la liberté de tester plutôt qu’une forme de régime matrimonial. Cette loi fut donc jugée inapplicable puisque c’est le droit québécois qui régissait la
succession. La prise en considération de la loi étrangère aux fins de la qualification selon le droit québécois est désormais expressément mentionnée par le
second alinéa de l’article 3078 C.c.Q.

Il arrive fréquemment qu’une même situation juridique internationale soulève plusieurs questions
distinctes de droit international privé. On doit alors scinder les questions en cause afin d’appliquer à
chacune la règle de conflit (ou la règle matérielle) appropriée. C’est ce qu’on appelle le « dépeçage »,
qui peut mener à soumettre les divers aspects d’une même situation juridique internationale à
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l’application de lois différentes . Ainsi, la validité formelle d’un contrat international est en principe
soumise à la loi du lieu où il est conclu, la capacité pour le conclure est régie par la loi personnelle de
chacune des parties, et le fond du contrat est régi par la loi désignée par ces dernières. En outre, un
même contrat peut, quant au fond, être régi par des droits différents s’appliquant distinctement à
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certaines de ses parties (art. 3111, al. 3 C.c.Q.) .

2. L’éviction de la loi désignée par la règle de conflit


Par le processus de qualification et de dépeçage, le juriste analyse une situation juridique
comprenant un élément d’extranéité et interprète ses règles de conflit afin de déterminer laquelle
indique le droit substantiel qui solutionnera la question en cause. Il peut toutefois arriver, dans certaines
situations exceptionnelles, que la loi désignée par la règle de conflit pertinente soit écartée parce que
l’on considère qu’elle est en définitive sans relation de proximité réelle avec la situation envisagée.

a) La clause échappatoire
La loi désignée par la règle de conflit sera tout d’abord écartée lorsque, en raison des circonstances
particulières de l’espèce, elle n’a qu’un rapport éloigné avec la situation en cause et qu’une autre loi se
trouve en relation beaucoup plus étroite avec celle-ci. L’article 3082 C.c.Q. permet alors, à titre
exceptionnel, d’appliquer la loi qui se trouve en relation étroite avec la situation plutôt que la loi
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désignée par la règle de conflit, et d’ainsi répondre aux attentes légitimes des parties . C’est ce qu’on
appelle la « clause échappatoire » (ou « clause d’exception ») parce qu’elle permet d’« échapper » au droit
qui s’appliquerait à la situation selon l’application normale des règles de conflit.

L’existence d’une telle exception se justifie par le fait que les règles de conflit visent essentiellement
à faire en sorte que le droit applicable à une situation internationale soit en relation de proximité avec
celle-ci, notamment par l’utilisation d’un facteur de rattachement destiné en principe à assurer cette
proximité. Mais il peut arriver, en raison de circonstances particulières ou inusitées, que l’application
mécanique de la règle de conflit (et du facteur de rattachement qui lui est associé) aboutisse au
contraire à l’application d’une loi qui apparaît fortuite,
[Page 259]

sans lien réel avec la situation envisagée. La clause échappatoire vise à éviter un tel résultat. Son application doit cependant rester exceptionnelle car
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l’utilisation trop libérale de l’article
3082 C.c.Q. risquerait de rendre le droit international privé trop imprévisible . Soulignons, en outre, que la clause
échappatoire ne peut servir à écarter le droit désigné dans un acte juridique (art. 3082 C.c.Q. in fine).

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b) La fraude à la loi
La loi désignée par une règle de conflit peut également être écartée en cas de fraude à la loi, c’est-
à-dire lorsqu’une personne, dans le but de déjouer l’application de la loi normalement désignée par la
règle de conflit, simule ou modifie artificiellement le facteur de rattachement dans l’intention d’entraîner
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l’application d’une autre loi . On cite souvent, à cet égard, le cas de la princesse de Beauffremont
(XIXe siècle) qui, séparée de son mari et voulant obtenir un divorce alors interdit par la loi française,
avait obtenu sa naturalisation allemande malgré qu’elle n’ait dans les faits eu aucune intention de ne
plus être française. Son second mariage a été considéré invalide par les tribunaux belges, qui ont jugé
que la princesse était restée soumise à la loi française au motif que son premier mari n’avait jamais
autorisé son changement de nationalité. On aurait tout aussi bien pu invoquer la théorie de la fraude à
la loi. Celle-ci n’est pas expressément prévue au Code civil du Québec, mais, comme le suggère un
auteur, le tribunal pourrait certainement utiliser la clause échappatoire pour appliquer à la situation
litigieuse, non pas la loi indiquée par le facteur de rattachement simulé, mais plutôt celle indiquée par le
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facteur de rattachement réel . En fait, selon les professeurs Goldstein et Groffier, en dehors de
certaines dispositions spécifiques faisant appel à ce concept, « la fraude à la loi ne représente plus
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qu’un type de cas d’application de la clause échappatoire » .
3. Le renvoi et la question préalable
Lorsqu’une règle de conflit conduit à l’application du droit étranger, doit-on uniquement considérer
les règles internes du droit étranger ou doit-on aussi prendre en considération les règles de conflit de la
juridiction étrangère? En supposant que les dernières renvoient à l’application d’un droit différent de
celui indiqué à l’origine par la règle de conflit du for, doit-on ou non accepter ce « renvoi »?

La doctrine en distingue plusieurs types. Dans le renvoi « simple », le juge du for applique les règles
de conflit du droit désigné par sa propre règle de conflit. Si la règle de conflit étrangère renvoie à
l’application des règles de fond de la lex fori, ce qui mène le juge à appliquer son propre droit
substantiel, on dit qu’il y a renvoi simple au premier degré. Si la règle de conflit étrangère renvoie au
droit d’une troisième juridiction, dont le juge est alors appelé à appliquer les règles de fond, on dit qu’il y
a renvoi simple au second degré. Dans le « double renvoi », le juge saisi du litige va aller jusqu’à
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appliquer les règles du droit étranger quant à l’application du renvoi lui-même .

Le caractère approprié ou non du renvoi sous l’une ou l’autre de ces formes est une question très
controversée. Certains affirment que le renvoi peut, à certaines conditions, servir à harmoniser les
solutions. D’autres soulignent que son acceptation ne fait que rendre encore plus complexes et
imprévisibles les solutions du droit international privé (qui n’en ont réellement pas besoin!). En outre, il y
aurait un certain paradoxe pour le tribunal saisi à appliquer un droit autre que celui désigné par ses
propres règles de conflit, ce qui aboutit en quelque sorte à ne pas respecter son propre droit positif.
Les règles de conflit seraient-elles moins « obligatoires » que les autres lois?

En vertu du Code civil du Bas-Canada, la question du renvoi restait incertaine. Certes, dans une
ancienne affaire, la Cour d’appel du Québec, puis la Cour suprême du Canada, avaient entériné un
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renvoi simple au premier degré dans un contexte où cela favorisait la validité d’un testament , mais en
général la jurisprudence demeurait indécise, notamment parce que la doctrine restait très divisée sur la
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question . Le Code civil du Québec a tranché la controverse en rejetant la théorie du renvoi, sous toutes
ses formes : lorsqu’une règle de conflit désigne le

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droit étranger, celui-ci doit être appliqué sans tenir compte des règles de conflits du système juridique étranger (art. 3080 C.c.Q.) . Cette solution
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semble logique et favorise la prévisibilité des solutions .

Un problème se rapprochant du renvoi, mais qui en est conceptuellement distinct, est celui de la
question préalable. Selon le professeur Emanuelli, « [l]a question préalable survient lorsqu’une question
se pose accessoirement à la question principale en litige, que sa résolution préalable est nécessaire à
la résolution de la question principale, et qu’elle pose un problème de droit international privé distinct du
50
conflit de lois que pose la question principale. » . La difficulté est de savoir si l’on doit résoudre une
telle question préalable par les règles de conflit du for, comme s’il s’agissait d’une question autonome
de droit international privé, ou si l’on doit plutôt appliquer la loi étrangère désignée par la règle de conflit
51
du for relativement à la question principale .
52
L’affaire ontarienne Schwebel c. Ungar en est une célèbre illustration. Dans cette affaire, le
demandeur cherchait à obtenir l’annulation de son mariage avec la défenderesse pour cause de
bigamie. La défenderesse, une femme juive d’origine hongroise, avait auparavant été mariée avec un
homme également d’origine hongroise. Alors qu’ils étaient toujours domiciliés en Hongrie mais se
trouvaient en Italie, dans un camp de réfugiés, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, un rabbin
avait prononcé leur divorce. La défenderesse s’était par la suite établie en Israël, où elle était toujours
domiciliée au moment de son mariage avec le demandeur, survenu en Ontario. Dans le cadre des
procédures en annulation de ce second mariage, le demandeur prétendait que le divorce obtenu par la
défenderesse n’était pas valide, si bien que celle-ci n’avait pas la capacité de contracter un nouveau
mariage.
La question principale que soulevait la demande (la capacité de la femme de se marier) était ainsi
tributaire d’une autre question distincte de droit international privé (la validité du divorce). En effet, pour
savoir si la femme avait la capacité de se marier, il fallait se demander si son divorce antérieur était
valide.

Selon les règles de conflit ontariennes, la capacité de se marier de la femme était soumise au droit
du domicile de l’épouse au moment du second mariage, c’est-à-dire le droit israélien. Or, selon le droit
53
israélien, le divorce prononcé par le rabbin était valide , si bien que la femme avait la capacité de se
marier. Les règles de conflit ontariennes prévoyaient toutefois que la validité du divorce devait être
déterminée suivant le droit du domicile des époux au moment du divorce, c’est-à-dire le droit hongrois,
ce qui menait à conclure que le divorce n’était pas valide puisqu’il n’avait pas été prononcé par les
tribunaux de la Hongrie. La question était donc de savoir si la résolution de la question préalable (la
validité du divorce) devait être assujettie à la règle de conflit ontarienne normalement applicable à cette
question, ce qui menait à l’application du droit hongrois, ou si elle devait plutôt être assujettie à la règle
de conflit applicable à la question principale (la capacité de l’épouse de se remarier), ce qui menait à
l’application du droit israélien. La Cour suprême du Canada, sans se prononcer directement sur la
théorie de la question préalable, a considéré que, dans les circonstances exceptionnelles du dossier, il
convenait de trancher la question en fonction de la loi du domicile de la défenderesse au moment de
son second mariage. Ainsi, la Cour suprême a déterminé la validité du divorce à la lumière du droit
54
israélien, droit applicable à la question principale selon les règles de conflit du tribunal saisi , plutôt qu’à
la lumière du droit désigné pour trancher la question de la validité du divorce antérieur.

Le droit applicable à la question préalable a fait couler beaucoup d’encre et la question reste
55
controversée chez les auteurs , qui proposent à cet égard diverses solutions parfois très nuancées et
difficiles à appliquer. Au Québec, le rejet du renvoi semble interdire d’appliquer les règles de conflit de
la lex causae pour résoudre la question préalable.

[Page 261]

Il faudrait donc, en principe, solutionner celle-ci en appliquant les règles de conflit du for. Cependant, s’il apparaît plus juste, à la lumière des circonstances,
de régler la question préalable selon le droit interne désigné par la règle du conflit applicable à la question principale (i.e. la lex causae), il serait
56
toujours possible de le faire par l’intermédiaire de la clause échappatoire de l’article 3082 C.c.Q. . En effet, étant donné le rapport que la question
préalable entretient avec la question principale, il y aurait lieu de mettre exceptionnellement de côté la loi désignée par la règle de conflit pour régler la
question préalable afin de lui appliquer plutôt les dispositions de la lex causae qui se trouvent en relation beaucoup plus étroite avec la situation. Ainsi,
l’utilisation de la clause échappatoire permet d’aboutir à la solution – qui semble juste – à laquelle est arrivée la Cour suprême dans l’affaire Schwebel.

4. Les conflits transitoires


Aux difficultés résultant de la dispersion géographique des éléments d’une situation internationale
(les conflits de lois dans l’espace) peuvent parfois se greffer celles découlant de leur étalement dans le
temps (les conflits de lois dans le temps). Ces conflits transitoires soulèvent des difficultés particulières
en droit international privé qu’il convient d’aborder succinctement.

a) Le droit transitoire des règles de conflits


Il peut tout d’abord arriver que les règles de conflit applicables soient modifiées, comme ce fut
parfois le cas avec l’entrée en vigueur du Code civil du Québec. Il s’agit alors d’un problème de droit
transitoire interne, qui doit donc être résolu par les principes et règles du droit transitoire québécois.
57
Le législateur n’a pas prévu de règles spécifiques en matière de droit international privé lors de
58
l’adoption du Code civil du Québec . Les auteurs, suivant en cela l’opinion de Roubier, enseignent que
l’application dans le temps des règles de conflit devrait suivre l’application dans le temps du droit
substantiel qu’elles visent. Autrement dit, on appliquera les nouvelles règles de conflit aux situations
pour lesquelles il y a application, en droit interne, de la loi nouvelle, tandis que les anciennes règles de
59
conflit continueront de régir les questions pour lesquelles il y a survie de la loi ancienne . Par exemple,
puisque la responsabilité civile extracontractuelle relative à un fait générateur survenu avant 1994 est
60
régie par l’ancien droit (art. 88 L.a.r.C.c.), on appliquera les règles de conflit d’avant 1994 en la matière et
61
non la nouvelle règle prévue à l’article 3126 C.c.Q. . En revanche, puisqu’en principe il y a application
immédiate des règles relatives à la preuve (art. 9 L.a.r.C.c.), la nouvelle règle de conflit en la matière,
prévue à l’article 3130 C.c.Q., aura un effet immédiat.

b) Le conflit mobile
Dans ce type de conflit transitoire – propre, celui-là, au droit international privé –, le facteur de
rattachement pertinent subit une modification entre la naissance d’une situation juridique internationale
et le moment où l’on doit appliquer la règle de conflit, si bien qu’après cette modification, la loi
62
désignée n’est plus la même que celle qui était auparavant désignée . Par exemple, un bien meuble qui
fait l’objet d’une sûreté créée alors qu’il se trouve en une juridiction donnée est ensuite transporté dans
une autre juridiction qui ne connaît pas cette forme de sûreté. Quelle loi régit la validité de la sûreté? En
principe, la validité d’une sûreté est régie par le situs du bien, mais doit-on considérer le situs original ou
le situs actuel du bien en question?

Il y a une parenté conceptuelle évidente entre le conflit mobile et le droit transitoire des règles de
conflits : dans les deux cas, la dispersion dans le temps des éléments factuels pertinents mène à la
désignation successive de deux lois distinctes. Aussi, certains proposent de traiter le conflit mobile
essentiellement comme un conflit transitoire : la « loi nouvelle » (i.e. celle désignée par le nouveau
facteur de rattachement) régirait les effets à venir des situations juridiques en cours, alors que la « loi
ancienne »

[Page 262]

(celle désignée par l’ancien facteur de rattachement) régirait les effets qui s’étaient déjà produits avant la modification du facteur de rattachement. Ainsi, les
principes de non-rétroactivité et de l’effet immédiat de la loi nouvelle seraient à la base des solutions à appliquer en matière de conflit mobile, tout comme
63
en droit transitoire . L’article 3102 C.c.Q., qui fait régir la validité d’une sûreté par la loi du situs du bien grevé au moment de sa constitution, mais
les effets de la publicité par la loi du lieu de la situation actuelle de ce bien, peut être vu comme une application de cette solution.

D’autres auteurs font cependant valoir qu’il est impossible d’en arriver à des résultats appropriés par
l’intermédiaire d’une solution unique, applicable à toutes les hypothèses de conflits mobiles. Ils estiment
préférable d’analyser, au cas par cas, chaque règle de conflit susceptible de soulever un conflit mobile
et de solutionner ce dernier de façon à favoriser les objectifs que cherche à atteindre la règle de conflit
en cause. Cette façon de « solutionner » le conflit mobile permet certes une grande flexibilité, mais cela
64
au prix d’une indéniable complexité (et imprévisibilité) . Il peut donc sembler préférable de traiter le
conflit mobile selon les principes de non-rétroactivité et de l’effet immédiat de la loi nouvelle, quitte à
écarter, par l’intermédiaire de la clause échappatoire, une loi ainsi désignée qui ne serait pas en relation
de proximité suffisante avec la situation en cause.

c) Le droit transitoire de la loi désignée


Un dernier type de conflit transitoire survient lorsque la loi désignée par la règle de conflit subit elle-
même des modifications entre le moment de la création de la situation juridique et le moment où la
question de droit international se soulève.

En pratique, la question s’est surtout posée en matière de régimes matrimoniaux. Dans l’affaire
65
Zamkovetz c. Korneychuk , ils’agissait de savoir quel était le régime matrimonial des époux. Ceux-ci
s’étaient mariés en 1922 en Pologne, où ils s’étaient d’abord établis, puis avaient émigré en 1930 au
Québec, où ils vivaient depuis. Selon la règle de conflit applicable, leur régime matrimonial était régi par
le droit de la Pologne, lieu de leur premier domicile matrimonial. Selon le droit polonais en vigueur en
1922, les époux étaient mariés sous le régime de la séparation de biens. Cependant, une loi soviétique
de 1968 était venue modifier rétroactivement le régime matrimonial légal applicable dans cette région.
Cette modification, bien que rétroactive, était-elle applicable à des personnes ayant quitté le territoire
quelque quarante années auparavant?

Selon les professeurs Goldstein et Groffier, on peut envisager quatre pistes de solutions pour régler
66
ce type de conflits transitoires : (1) la « pétrification absolue » : le juge du for refuse de tenir compte
du droit transitoire étranger et applique la loi étrangère telle qu’elle existait lors de la création de la
situation; (2) la « mutabilité absolue » : le juge du for applique le droit transitoire étranger; (3) la
« pétrification ou mutabilité relative » : le juge du for admet les modifications à la loi étrangère selon le
droit transitoire étranger, à condition cependant qu’au moment de la modification de la loi applicable
par l’ordre juridique étranger, ce dernier ait conservé un lien suffisant avec la situation en cause; et (4)
le rejet de toute théorie : le juge du for détermine la solution la plus juste, au cas par cas, en tenant
compte des objectifs généraux du droit international privé et des règles de conflits en cause dans
chaque situation.

Dans l’affaire Zamkovetz, tout comme dans d’autres décisions qui ont suivi, les tribunaux québécois,
67
notamment la Cour d’appel , ont adopté une attitude pragmatique, refusant d’appliquer les
modifications à la loi étrangère qui étaient survenues postérieurement à la perte de domicile des époux
dans cette juridiction. On peut donc penser que le système de « mutabilité relative » est retenu en droit
québécois, et ce, d’autant plus que le législateur, en 1994, n’est pas intervenu pour modifier cette
68
jurisprudence. Les auteurs restent cependant divisés sur la question .

5. L’application de la loi étrangère


L’application par le juge du for d’une loi autre que la sienne nécessite certains commentaires.

[Page 263]

a) Le statut et la preuve de la loi étrangère


En vertu du Code civil du Bas-Canada, la loi étrangère (par opposition au droit interne) était considérée
comme un fait devant dans tous les cas être allégué et prouvé. Le tribunal ne pouvait donc pas prendre
connaissance d’office du droit étranger, même si celui-ci était allégué et facilement accessible. Si le
droit étranger était applicable mais que sa teneur n’avait pas été prouvée, le juge devait appliquer le
droit québécois qui était alors réputé identique au droit étranger.

Le Code civil du Québec est venu modifier la situation. Selon l’article 2809 C.c.Q., le tribunal peut
69
prendre connaissance d’office du droit étranger, pourvu cependant qu’il ait été allégué . Cela signifie
donc qu’en principe, le tribunal ne doit pas d’office déterminer qu’il y a lieu d’appliquer le droit étranger :
ce sont les parties qui doivent en invoquer l’application. Une fois le droit étranger invoqué, le tribunal
peut toutefois en prendre connaissance d’office, à moins qu’il ne préfère que les parties en établissent
70
la teneur . Le droit étranger n’est donc pas, à strictement parler, considéré comme un « pur fait » : il
s’agit de règles de droit qui, pour des raisons évidentes, ne sont pas nécessairement connues du
71
tribunal et dont il peut être nécessaire de faire la preuve .

En pratique, sauf dans certains cas où la loi étrangère est facilement accessible, la teneur du droit
72
étranger devra être mise en preuve . Dans la majorité des cas, on aura recours au témoignage d’un
expert, c’est-à-dire un juriste (avocat, notaire, juge à la retraite) qui exerce ou a exercé dans la
73
juridiction donnée, ou encore une personne qui y enseigne ou y a enseigné le droit . L’article 2809 C.c.Q.
envisage également un « certificat établi par un jurisconsulte », ce qui autorise la preuve du droit
étranger par le dépôt d’un écrit dont l’auteur n’est pas nécessairement tenu de témoigner; l’article ne
74
précise toutefois pas les formalités requises de ce mode particulier de preuve . Dans un cas comme
dans l’autre, l’expert étranger doit se borner à établir la teneur du droit étranger sans chercher à
appliquer ce droit aux faits de la cause, ce qui relève du domaine exclusif du juge du forum saisi. Il faut
donc éviter que l’expert retenu pour établir le contenu du droit étranger donne une opinion juridique (i.e.
sur la solution du litige); il doit plutôt s’en tenir à décrire les règles du droit étranger que le juge
75
québécois saisi doit appliquer pour solutionner le litige . Si le droit étranger n’est pas allégué ou établi
76
à la satisfaction du tribunal, ce dernier appliquera alors le droit québécois (art. 2809 C.c.Q.) .

b) La détermination des règles étrangères applicables


Lorsque la règle de conflit du for renvoie à l’application de la loi étrangère, les catégories de
rattachement de cette dernière doivent-elles ensuite intervenir afin de déterminer, parmi les règles de
droit étrangères, celles qui devront servir à solutionner le litige? C’est le problème de la qualification
secondaire.

Raisonnons à partir d’un exemple. La responsabilité intervenant dans le cadre de la négociation d’un
contrat (par exemple, la rupture abusive de pourparlers) peut être qualifiée, selon les systèmes
juridiques, de contractuelle ou d’extracontractuelle. Supposons que, selon la qualification du forum
saisi, cette responsabilité soit de nature contractuelle, mais que la loi applicable au contrat soit la loi
étrangère, laquelle considère cette responsabilité comme étant de nature délictuelle. Doit-on alors
solutionner le litige en appliquant uniquement les règles de la loi étrangère en matière contractuelle ou
peut-on appliquer les règles étrangères de la responsabilité délictuelle?

[Page 264]

Limiter l’application du droit étranger aux seules règles contractuelles étrangères aboutirait en quelque sorte, dans un tel cas, à un « vacuum juridique »
(i.e. une absence de règles de fond pour solutionner le litige) puisque celles-ci ne prévoient pas le cas de la rupture abusive de pourparlers.

Afin d’éviter un tel résultat, il semble préférable de suivre l’opinion de ceux qui rejettent le recours à
77
une telle « qualification secondaire » . Ainsi, lorsque la loi étrangère est désignée par une règle de
conflit, il faut solutionner le litige selon les règles de fond du droit étranger, sans égard aux catégories
78
de rattachement étrangères . Pour reprendre notre exemple, la loi étrangère désignée à titre de loi
contractuelle solutionnera le litige même si, pour ce faire, il faut appliquer les règles qu’elle prévoit en
matière de responsabilité délictuelle.

Le même raisonnement conduit à ne pas tenir compte des lois « autolimitatives » étrangères, c’est-
à-dire des lois étrangères qui fixent leur propre champ d’application international (en général pour les
79
limiter aux situations purement internes à la juridiction étrangère) . En effet, les dispositions
autolimitatives de ces lois sont en fait des règles de conflit prévues par le droit étranger, lesquelles ne
peuvent pas être prises en compte par le juge québécois saisi de la question. Le juge québécois peut
donc appliquer, pour apporter une solution au litige, des règles de fond que le juge étranger, s’il était
saisi de la question, ne pourrait pas lui-même utiliser.

Pour paradoxale que puisse sembler cette situation, elle est parfaitement cohérente avec la
qualification lege fori et le rejet du renvoi. Le paradoxe n’existe, en effet, que si l’on croit que le juge
québécois qui applique le droit étranger doit rendre la même décision que celle qui aurait été rendue
par le juge étranger. Mais tant la qualification lege fori que le rejet du renvoi font voir que tel n’est pas le
cas. Le juge québécois qui applique le droit étranger en raison de ce que lui indique sa propre règle de
conflit n’est pas dans la même position que le juge étranger qui serait aux prises avec la même
situation internationale : en effet ce dernier appliquerait alors ses propres qualifications et ses propres
règles de conflit.

En réalité, le juge québécois qui applique le droit étranger doit agir comme le ferait le juge étranger si
ce dernier était saisi de la même question, abstraction faite cependant de tout élément d’extranéité.

c) L’ordre public et le droit international privé


Les systèmes juridiques diffèrent à plusieurs égards, notamment sur ce qui est d’ordre public : des
règles qui sont ici impératives ne le seront pas ailleurs, et vice-versa. Lorsque la règle de conflit
québécoise désigne la loi étrangère comme régissant une situation internationale, le juge doit appliquer
ce droit étranger même si le contenu de celui-ci ne respecte pas certaines règles impératives du droit
québécois. Décider le contraire reviendrait à enlever toute pertinence au droit international privé. Cela
dit, certaines règles sont à ce point fondamentales pour la société québécoise que celle-ci ne peut
tolérer qu’elles soient enfreintes, même par application de la loi étrangère désignée par une règle de
conflit. L’article 3081 C.c.Q. exclut donc l’application du droit étranger lorsqu’elle « conduit à un résultat
manifestement incompatible avec l’ordre public tel qu’entendu dans les relations internationales ». Il en
sera ainsi d’une loi étrangère qui heurte de plein fouet certains principes fondamentaux, essentiels,
intangibles du droit québécois : telle serait une loi qui autoriserait la bigamie, voire la polygamie, une loi
80
sexiste ou qui établirait une discrimination raciale ou fondée sur l’orientation sexuelle, etc. . Il faut
cependant bien comprendre que cet « ordre public au sens international » ne se confond pas avec
l’ordre public du droit interne. Il s’agit d’une notion bien plus restrictive qui ne vise que les principes
fondamentaux de la société québécoise, notamment ceux qui sont consacrés par les chartes des droits et
81 82
libertés . Ainsi, dans l’affaire Auerbach c. Resorts International Hotels Inc. , la Cour d’appel a jugé que la loi
étrangère qui autorise le recouvrement en justice d’une dette de jeu n’était pas contraire à l’« ordre
public au sens international », et ce, même si, en principe, le droit interne québécois ne l’autorise pas.
Compte tenu de l’existence au Québec de loteries et de casinos d’État, on ne peut certainement pas
dire que la règle empêchant le recouvrement en justice des dettes de jeu soit essentielle à la société
québécoise.

[Page 265]

À l’inverse, il peut arriver que ce soit l’ordre public étranger qui s’interpose aux dépens de la loi
désignée comme étant applicable. En effet, l’article 3079 C.c.Q. permet au tribunal de mettre de côté la
loi compétente afin d’appliquer une disposition impérative étrangère présentant des liens étroits avec la
situation « lorsque des intérêts légitimes et manifestement prépondérants l’exigent ». Selon les auteurs, cette
disposition vise à permettre au tribunal québécois d’appliquer les règles d’application immédiates
83
étrangères, dans les circonstances appropriées, et ce, au nom de la courtoisie internationale . Le texte
de l’article 3079 C.c.Q. fait bien voir qu’il s’agit d’une disposition exceptionnelle puisque, même lorsque
les conditions énoncées ci-dessus sont remplies, le tribunal peut toujours décider, compte tenu des
conséquences qui découleraient de l’application de la règle impérative étrangère, de ne pas y donner
effet.

Les tribunaux québécois ont eu à s’interroger sur le champ d’application de l’article 3079 C.c.Q. dans
84
l’affaire Arab Banking Corp. c. Wightman , qui portait sur une question de secret bancaire. Il s’agissait de
savoir si, dans le cadre d’un litige mû au Québec, on pouvait donner effet aux dispositions impératives
suisses et allemandes relatives au secret bancaire ou si on devait plutôt s’en tenir à la loi québécoise,
qui ne contenait pas de semblables restrictions. La Cour supérieure a jugé que l’intérêt du droit
québécois à ce que toute preuve pertinente soit offerte surpassait l’intérêt des droits suisse et allemand
au maintien du secret. Elle a ainsi refusé de faire jouer la disposition exceptionnelle de l’article 3079
C.c.Q.

85
Dans la même veine, la Cour d’appel a jugé dans Globe-X Management Ltd (Proposition de) que le
recours à l’article 3079 C.c.Q. ne pouvait servir à donner effet à une loi des Bahamas qui exigeait
l’autorisation préalable du tribunal pour le dépôt d’une preuve obtenue dans le cadre de la liquidation
d’une compagnie, ce qui aurait violé le principe fondamental de la publicité des débats.

2- Les conflits de lois

A- Le statut personnel
1. L’état et la capacité en général
a) Les personnes physiques
Les questions liées à l’état ou à la capacité d’une personne sont régies par la loi de son domicile
(art. 3083, al. 1 C.c.Q.). L’état d’une personne concerne son statut juridique au sein de la société et de sa
famille. Ainsi, les questions relatives au nom, au statut civil (marié(e), célibataire, divorcé(e), absent(e)),
à la filiation (naturelle ou adoptive) et à l’identité sexuelle sont des questions d’état. La capacité
concerne la possibilité pour une personne de jouir ou d’exercer certains droits, en fonction notamment
86
de son état : capacité de contracter, de se marier, d’ester en justice , ou, à l’inverse, incapacités
diverses, résultant notamment des régimes juridiques visant la protection des personnes (art. 3085, al. 1
87
C.c.Q.) .
88
Le domicile d’une personne est le « lieu de son principal établissement » (art. 75 C.c.Q.).
89
Contrairement à la résidence (qui est une simple question de fait, art. 77 C.c.Q.) , le domicile comporte
à la fois un élément objectif (le lieu où une personne réside habituellement) et un élément subjectif
90
(l’intention que ce lieu soit son principal centre d’intérêt) . C’est pourquoi un simple changement de
résidence, sans intention d’en faire un nouveau domicile, n’opère pas de changement de domicile (art.
91
76 C.c.Q.) . Ainsi, la personne qui est appelée à une fonction

[Page 266]

publique temporaire ou révocable (un député, par exemple) n’est pas présumée vouloir changer de domicile (art. 79 C.c.Q.), pas plus que celle ayant
92
déménagé sur la foi de promesses qui ne se sont, en définitive, pas matérialisées .

Le mineur (non émancipé) est domicilié chez son tuteur, c’est-à-dire, en principe, chez ses parents.
Lorsque ceux-ci exercent ensemble la tutelle mais n’ont pas de domicile commun, le mineur est
93
considéré être domicilié chez le parent avec lequel il réside habituellement , à moins que le tribunal n’ait
94
fixé ailleurs son domicile (art. 80 C.c.Q.) . Le majeur en tutelle est domicilié chez son tuteur, celui en
curatelle chez son curateur (art. 81 C.c.Q.). Soulignons que les époux et les conjoints unis civilement,
même s’ils ne sont pas séparés, n’ont pas nécessairement le même domicile (art. 82 C.c.Q.). La
personne dont on ne peut établir le domicile avec certitude est réputée domiciliée au lieu de sa
résidence habituelle (art. 78, al. 1 et 77 C.c.Q.); à défaut, elle est réputée domiciliée au lieu où elle se
95
trouve ou, si ce lieu est inconnu, au lieu de son dernier domicile connu (art. 78, al. 2 C.c.Q.) .

Le principe selon lequel l’état et la capacité d’une personne physique sont régis par la loi de son
domicile souffre certaines exceptions. Tout d’abord, l’article 3086 C.c.Q., qui vise à protéger les
cocontractants de bonne foi, empêche une personne d’invoquer l’incapacité découlant de la loi de son
domicile lorsque telle incapacité n’existe pas selon la loi de l’État du domicile du cocontractant, que
l’acte a été conclu dans ce dernier État et que le cocontractant ne connaissait pas, ni n’avait à
96
connaître, cette incapacité . Ensuite, une règle matérielle contenue au second alinéa de l’article 3085
C.c.Q. permet au tribunal québécois de nommer un tuteur ou un curateur (selon la loi québécoise) à
l’incapable qui possède des biens au Québec ou qui a des droits à y exercer lorsque la loi de son
domicile ne prévoit pas de mécanisme de représentation. Enfin, en cas d’urgence ou d’inconvénients
97
sérieux , le tribunal saisi peut appliquer sa propre loi à titre provisoire afin d’assurer la protection d’une
personne ou de ses biens (art. 3084 C.c.Q.).

b) Les personnes morales


L’état et la capacité d’une personne morale – c’est-à-dire les questions liées à son organisation, sa
structure, son régime de fonctionnement, ses modes de dissolution, la responsabilité personnelle de
98
ses membres (actionnaires) ou de ses dirigeants – sont régies par la loi de l’État en vertu de laquelle
99
elle est constituée, et ce, même si son siège légal ou réel peut se trouver ailleurs . Le droit québécois,
suivant en cela la tradition anglo-saxonne, considère en effet que les personnes morales sont
domiciliées au lieu de leur constitution plutôt qu’au lieu de leur siège (art. 3083 C.c.Q.). Par analogie, les
entités étrangères qui, sans être dotées de la personnalité juridique, sont cependant suffisamment
organisées (par exemple, les sociétés de personnes) devraient aussi être régies par la loi les
constituant en ce qui concerne les questions liées à leur structure, organisation et mode de
100
fonctionnement .

[Page 267]

L’article 3083 C.c.Q. précise que la loi constitutive d’une personne morale ne régit cependant pas les
activités de cette dernière, lesquelles sont évidemment régies par la loi du lieu où ces activités
s’exercent. Si une société constituée en Espagne exploite une entreprise au Québec (e.g. une mine),
cette société espagnole devra ainsi évidemment posséder les permis requis selon la loi québécoise
pour exploiter ici cette entreprise, et respecter les lois québécoises s’appliquant au type d’entreprise en
question (e.g. la réglementation s’appliquant à l’exploitation minière au Québec, les lois sur la sécurité du
101
travail, sur le respect de l’environnement, etc.) .

Selon nous, l’article 3086 C.c.Q. – qui empêche à certaines conditions la partie à un acte juridique
d’invoquer une incapacité inconnue selon la loi de l’État du domicile du contractant lorsque l’acte a été
conclu dans cet État – s’applique tant aux personnes physiques qu’aux personnes morales, le texte du
code ne distinguant pas. Par ailleurs, une disposition similaire s’applique uniquement aux personnes
morales. L’article 3087 C.c.Q. empêche en effet la personne morale, lorsqu’elle est partie à un acte
juridique, d’invoquer les restrictions posées par sa loi constitutive aux pouvoirs de ses représentants
(administrateurs, officiers, agents) lorsque de telles restrictions n’existent pas selon la loi du lieu de
l’État du domicile de l’autre partie contractante et que l’acte a été conclu dans cet État, pourvu que le
cocontractant n’ait ni connu, ni dû connaître ces restrictions en raison de ses fonctions ou de ses
relations avec la partie qui les invoque.

2. La famille

a) Le mariage
Il faut distinguer les conditions de fond des conditions de forme du mariage.

Les conditions de fond (âge légal pour contracter mariage, consentement requis, capacité de se
102
marier , possibilité de marier une personne du même sexe, interdictions relatives au mariage entre
parents ou entre alliés) sont régies par la loi applicable à l’état de chacun des époux, donc la loi de leur
domicile respectif (art. 3088, al. 1 C.c.Q.). Pour qu’un mariage soit valide, il faut donc, si les futurs époux
sont domiciliés dans des États différents, que les conditions de fond de l’une et l’autre des lois
103
applicables soient satisfaites . Quant aux conditions de forme du mariage (publicité requise,
qualifications et qualités du célébrant ou des témoins), elles sont soumises soit à la loi du lieu de
104
célébration, soit à la loi du domicile ou de la nationalité de l’un des époux (art. 3088 C.c.Q.) .
105
Les effets du mariage sont régis par la loi du domicile des époux (art. 3089 C.c.Q.) . Si ces derniers
n’ont pas de domicile commun, la loi prévoit des rattachements « en cascade » : résidence commune
actuelle; à défaut, dernière résidence commune; à défaut, lieu de la célébration (art. 3089, al. 2 C.c.Q.).

Que faut-il entendre par « effets du mariage »? Le législateur, par le langage utilisé à l’article 3089
C.c.Q., semble renvoyer aux règles qui s’appliquent aux époux indépendamment de leur régime
106
matrimonial (art. 391 et s. C.c.Q.) : droits et devoirs des époux , mandat domestique, résidence
familiale, patrimoine familial, prestation compensatoire. Certains auteurs sont cependant d’avis que le
patrimoine familial se rattacherait aux régimes matrimoniaux et serait donc soumis à la loi applicable à
107
ce régime . Par ailleurs, d’autres sont d’avis qu’en principe, les règles du « régime primaire » (prévu
aux articles 391 et s. C.c.Q.) s’appliquent à tous les époux résidant au Québec à titre de lois d’application
108
immédiate . La jurisprudence a cependant tranché pour la qualification « effets du mariage » du
109
patrimoine familial .
[Page 268]

110
b) L’union civile
L’union civile est régie, quant à ses conditions de forme et de fond, et quant à ses effets, par la loi
du lieu où elle est célébrée. Cependant, à l’instar des « effets du mariage », la loi du domicile actuel
des conjoints s’applique aux effets de l’union qui sont applicables à tous les conjoints quel que soit le
régime de leur union (art. 3090.1 C.c.Q.). Comme dans le cas du mariage, la loi prévoit des
rattachements « en cascade » lorsque les conjoints n’ont pas de domicile commun (art. 3090.3 C.c.Q.).

La dissolution de l’union civile est régie par la loi du domicile des conjoints ou par la loi du lieu de
célébration, et les effets de la dissolution sont régis par la loi appliquée à la dissolution elle-même (art.
3090.2 C.c.Q.). L’obligation alimentaire que peuvent se devoir les conjoints ou ex-conjoints est régie par
les articles 3094 et 3096 C.c.Q., selon le cas.

c) La séparation de corps et le divorce


La séparation de corps est régie par la loi du domicile des époux. À défaut de domicile commun,
d’autres rattachements sont prévus. Les effets d’une telle séparation (notamment sur la dissolution du
régime matrimonial des époux et sur la garde des enfants) sont régis par la loi qui a été appliquée à la
111
séparation elle-même (art. 3090 C.c.Q.) .
112
Le divorce est de compétence fédérale. La Loi sur le divorce prévoit que le tribunal de la province
où l’un des époux a résidé habituellement pendant l’année précédant l’introduction de l’instance a
113
compétence pour prononcer un divorce (art. 3 (1)) . La loi ne contient toutefois pas de disposition
quant au droit applicable au divorce, et les tribunaux canadiens appliquent la loi canadienne même si les
114
époux ne sont pas domiciliés au pays , ce qui va à l’encontre de la règle normalement applicable en
matière de statut personnel.

d) La filiation et l’adoption
115
En matière de filiation et d’adoption, le législateur a établi une règle de conflit favorisant l’enfant .
Selon ce qui est le plus avantageux pour ce dernier, la filiation sera régie par la loi du domicile ou de la
nationalité de l’enfant ou de l’un ou l’autre de ses parents. En revanche, les effets de la filiation établie
relèvent toujours de la loi du domicile de l’enfant (art. 3091 C.c.Q.). En matière d’adoption, les questions
relatives à l’admissibilité à l’adoption et au consentement requis sont soumises à la loi du domicile de
l’enfant, tandis que les effets de l’adoption sont régis par la loi du domicile de l’adoptant (art. 3092
116
C.c.Q.) . Il faut par ailleurs tenir compte des dispositions de la Loi assurant la mise en œuvre de la
117
Convention sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale , laquelle
prévoit
les modalités de l’adoption d’un enfant résidant dans un pays contractant par un adoptant résidant dans
118
un autre pays contractant .

Selon l’article 3093 C.c.Q., la garde d’un enfant (et donc l’autorité parentale) est régie par la loi de son
119
domicile . Cependant, lorsque la garde est accessoire à une

[Page 269]

120
séparation ou un divorce, elle est régie par la loi applicable à la séparation ou au divorce .

e) L’obligation alimentaire
En principe, l’obligation alimentaire est régie par la loi du domicile du créancier. Cependant, si cette
121
loi ne lui permet pas d’obtenir des aliments, la loi du domicile du débiteur s’applique (art. 3094 C.c.Q.) .
Dans le cas de la créance alimentaire d’un collatéral ou allié, le législateur exige dans tous les cas qu’il y
ait obligation alimentaire selon la loi du domicile du débiteur (art. 3095 C.c.Q.).

Lorsque l’obligation alimentaire entre ex-époux ou ex-conjoints résulte d’une séparation, d’un
divorce, de la nullité d’un mariage ou encore de la nullité ou dissolution d’une union civile, elle est régie,
selon le cas, par la loi applicable à la séparation, au divorce, à la nullité du mariage ou de l’union, ou à
122
la dissolution de cette dernière (art. 3096 C.c.Q.) .

B- Le statut réel
1. Les principes généraux
Le statut réel, comme son nom l’indique, concerne les questions liées aux biens, meubles ou
immeubles, notamment les questions relatives à la création, à la conservation, à l’extinction et aux
effets des droits réels – principaux ou accessoires –, ainsi que celles liées à leur publicité.

L’article 3097 C.c.Q. établit le principe que les droits réels ainsi que leur publicité sont régis par la loi du
lieu où se situe le bien qui en fait l’objet. Les droits réels relatifs aux biens en transit sont cependant
régis par la loi du lieu de leur destination.

La règle de conflit énoncée à l’article 3097 C.c.Q. fait en sorte qu’il est nécessaire de situer les biens.
123
Si, en général, cela ne pose pas de difficultés quant aux biens corporels , on doit cependant apporter
124
certaines précisions en ce qui concerne le situs des biens incorporels . On considère généralement
125
que les créances sont situées au domicile du débiteur , que les actions des sociétés se situent au lieu
126
où se trouve le registre de transfert (généralement au siège social) , et que les sommes déposées
127
dans la succursale d’un établissement financier se trouvent à cette succursale .

2. Les règles particulières

128
a) Les successions
129
En matière successorale, l’article 3098 C.c.Q. reprend le principe de la « scission » : les immeubles
sont régis par la loi du lieu où ils se situent, alors que les meubles sont régis par la loi du dernier
130
domicile du défunt . Cela signifie, par exemple, que si le défunt était domicilié à Montréal, où il
possédait une maison, qu’il en avait une autre en France, ainsi qu’un condominium en Floride et deux
comptes de banque (l’un à Montréal, l’autre en Floride), il faudra appliquer la loi successorale française
à
[Page 270]

l’immeuble français, la loi floridienne au condominium et la loi québécoise au reste.

Cependant, selon le second alinéa de l’article 3098 C.c.Q., une personne peut, par son testament,
désigner la loi applicable à sa succession (professio juris), ce qui permet de soumettre l’ensemble de la
131
succession à une seule et même loi . Il faut cependant que cette loi soit celle de l’État de la nationalité
ou du domicile du défunt au moment du testament ou du décès. Le même alinéa permet d’exclure de
l’application de la loi désignée pour régler l’ensemble de la succession, la succession d’un immeuble
particulier, laquelle peut ainsi être régie par la loi de sa situation.

Une telle désignation par testament d’une loi applicable à la succession comporte cependant des
132
limites . Elle est sans effet si elle a pour conséquence de priver, dans une proportion importante,
l’époux, le conjoint uni civilement ou un enfant du défunt d’un droit de nature successorale qu’il aurait eu
en l’absence d’une telle désignation (art. 3099, al. 1 C.c.Q.). Cette limitation vise à protéger les droits
successoraux des personnes qui bénéficient de la réserve successorale que l’on retrouve dans
certaines juridictions. La professio juris ne peut non plus porter atteinte aux régimes successoraux
particuliers auxquels certains biens sont soumis, selon la loi de leur situation, en raison de leur
destination familiale, économique ou sociale (art. 3099, al. 2 C.c.Q.).

La loi successorale vise notamment les questions liées à l’ouverture de la succession, à la vocation
successorale, au mode de transmission des biens, aux limites à la liberté de tester, à la liquidation de la
succession et au partage. Il importe de souligner que le testament en tant qu’acte juridique n’est pas
soumis à la loi successorale : la capacité de tester ou de recevoir un legs est soumise à la loi
133
personnelle , tandis que les questions relatives à la forme du testament sont réglées par l’article 3109
134
C.c.Q. . Cependant, la validité des legs quant au fond et les restrictions à la liberté testamentaire sont
135
soumises à la loi successorale .
136
En cas de succession testamentaire, il faut donc procéder à un dépeçage des questions .

Certaines dispositions visent à assurer, dans la mesure du possible, le règlement harmonieux des
successions qui incluent des biens au Québec et à l’étranger. Tout d’abord, lorsque certains biens
successoraux sont situés à l’étranger, il peut arriver que les solutions résultant de l’application des
règles de conflits québécoises ne puissent pleinement se matérialiser. L’article 3100 C.c.Q. permet alors
que des correctifs soient apportés à même les biens situés au Québec afin d’en arriver à des solutions
proches de celles qui avaient été envisagées par le législateur. Ensuite, lorsque la loi étrangère ne
137
permet pas à un administrateur ou un liquidateur étranger d’agir au Québec , mais que les héritiers ont
des droits à y exercer ou que certains biens de la succession s’y trouvent, il est possible de nommer un
138
administrateur ou liquidateur selon la loi québécoise (art. 3101 C.c.Q.) .

139
b) Les sûretés mobilières
Le Code civil du Bas-Canada ne contenait pas de dispositions précises quant aux règles de conflits
applicables aux sûretés mobilières. Cela causait des difficultés étant donné, précisément, le caractère
mobile des biens grevés : faut-il appliquer la loi contractuelle ou plutôt celle du lieu où ils se situent (ce
qui peut donner lieu à des conflits mobiles)? Les articles 3102 à 3106 du Code civil du Québec apportent
140
désormais des réponses à ces questions .

[Page 271]

Le principe général est énoncé à l’article 3102 C.c.Q. La loi établit une distinction entre la validité d’une
sûreté mobilière et la publicité de celle-ci. La validité de la sûreté est régie par la loi de l’État de la
situation du bien au moment où elle est constituée, ce qui élimine la possibilité d’un conflit mobile. En
revanche, la publicité et ses effets sont régis par la loi de la situation actuelle du bien grevé.

La rédaction de l’article 3102 C.c.Q. pose problème puisqu’elle ne précise pas quelle loi s’applique aux
effets de la sûreté. Les professeurs Talpis et Castel sont d’avis que les effets de la sûreté sont régis
141
par la loi régissant sa validité , alors que le professeur Emanuelli opte plutôt pour la loi de la situation
142
actuelle du bien, en se fondant sur le principe général de l’article 3097 C.c.Q. . La première solution nous
semble devoir être préférée, car, en éliminant la possibilité d’un conflit mobile à cet égard, elle assure
une plus grande prévisibilité des solutions.

Des règles particulières régissent cependant les sûretés grevant les biens en transit, les biens
ordinairement utilisés dans plus d’un État ou encore les meubles incorporels.

Le bien « qui n’est pas destiné à rester dans l’État où il se trouve » (e.g. un bien en transit) peut être
grevé d’une sûreté suivant la loi de l’État de sa destination (plutôt que la loi du lieu où il se trouve au
moment de la constitution de la sûreté, qui peut être fortuit). Une telle sûreté peut être publiée suivant
cette même loi, pourvu cependant, pour qu’elle produise effet, que le bien arrive à destination dans les
30 jours de la constitution de la sûreté.

Par ailleurs, la sûreté grevant les biens ordinairement utilisés dans plusieurs États (e.g. un camion de
transport, un « container ») et les meubles incorporels (e.g. les créances, les actions de sociétés, les
droits de propriété intellectuelle) est régie quant à sa validité – et ses effets – par la loi de l’État où
143

était domicilié le constituant au moment où elle a été constituée. La publicité et ses effets sont
cependant régis par la loi de l’État du domicile actuel du constituant (art. 3105; al. 1 et 2 C.c.Q.). Selon le
dernier alinéa de l’article 3105 C.c.Q., ces règles particulières ne s’appliquent pas aux sûretés grevant un
meuble incorporel constaté par un titre au porteur ni à celles publiées par la détention du titre par le
créancier; ces sûretés sont donc soumises à la règle générale de l’article 3102 C.c.Q.

Lorsqu’arrive au Québec un bien qui a été grevé d’une sûreté selon la loi du lieu où il se situait au
moment de sa constitution, la loi permet, aux conditions énoncées à l’article 3104 C.c.Q., que cette
144
sûreté soit réputée publiée au Québec à compter de la première publication à l’étranger . Ceci n’a
cependant pas pour effet de rendre cette sûreté opposable à l’acheteur qui a acquis le bien du
constituant dans le cours des activités de ce dernier (art. 3104 in fine). Un mécanisme similaire est prévu
lorsque la sûreté est régie par la loi du domicile du constituant (art. 3106 C.c.Q.).

145
c) La fiducie
146
La fiducie créée par un acte juridique est régie par la loi qui est désignée expressément dans l’acte
constitutif ou dont la désignation résulte de façon certaine de ses dispositions. S’il n’y a pas de telle
désignation, ou encore si la loi désignée ne connaît pas l’institution, la loi alors applicable est celle
présentant avec la fiducie les liens les plus étroits, compte tenu notamment du lieu où elle est
administrée, du situs des biens, de la résidence ou de l’établissement du fiduciaire, de la finalité de la
147
fiducie et des endroits où cette finalité s’accomplit (art. 3107, al. 1 C.c.Q.) . Le second alinéa de l’article
3107 C.c.Q. permet qu’un élément de la fiducie susceptible d’être isolé du reste, notamment son
administration, soit régi par une loi distincte (dépeçage subjectif).

Par exception au principe de la qualification lege fori, la loi applicable à la fiducie détermine la
question de savoir si une question concerne la validité ou l’administration de la fiducie. Il y a donc ici
148
qualification lege causae . C’est aussi la loi applicable à la fiducie qui détermine si elle peut être
remplacée par une autre loi

[Page 272]

applicable et, le cas échéant, les conditions d’un tel remplacement (art. 3108, al. 2 C.c.Q.).

d) Les valeurs mobilières et les titres intermédiés

La Loi sur le transfert de valeurs mobilières et l’obtention de titres intermédiés , entrée en vigueur le 1er
149

janvier 2009, est venue énoncer certaines règles de conflit particulières quant aux valeurs mobilières ou
autres titres financiers qu’elle vise. Essentiellement, la validité d’une valeur mobilière est régie par la loi
150
en vertu de laquelle l’émetteur est constitué (art. 3108.1 C.c.Q.) . Cette loi régit également certaines des
relations entre l’émetteur de la valeur mobilière et les personnes prétendant avoir des droits
relativement à celle-ci (les « revendications »), tel qu’indiqué à l’article 3108.2 C.c.Q. Cependant, si la loi
en vertu de laquelle l’émetteur est constitué le permet, ces questions peuvent être régies par la loi
désignée par l’émetteur. Les autres questions soulevant l’opposabilité de la valeur mobilière à son
émetteur sont soumises à la loi en vertu de laquelle l’émetteur est constitué (art. 3108.5 C.c.Q.). Lorsque
la valeur mobilière est constatée dans un certificat, c’est la loi du situs du certificat, au moment de sa
délivrance, qui régit la question de savoir si la valeur peut faire l’objet de revendications à l’encontre de
la personne à qui le certificat a été délivré (art. 3108.6 C.c.Q.).

En ce qui concerne les titres intermédiés (c’est-à-dire lorsque des titres relatifs à des actifs
financiers sont portés, au nom d’une personne, à un compte de titres détenu par un intermédiaire en
valeurs mobilières, tels les courtiers, les banques, les sociétés de fiducies), les questions relatives à
l’obtention d’un tel titre et des revendications à son égard sont régies par la loi désignée pour leur être
applicable. À défaut, on applique la loi mentionnée expressément dans l’acte juridique pour régir le
compte de titres. Si aucune loi n’est ainsi désignée, on applique la loi où se situe l’établissement
expressément mentionné comme étant celui où est tenu le compte de titre ou, s’il n’y a pas de telle
mention, l’établissement auquel réfère le relevé de compte du titulaire. Si ce relevé ne permet pas de
déterminer l’établissement, on le situera au lieu du centre de décision de l’intermédiaire en cause (art.
3108.7 C.c.Q.).

Enfin, l’article 3108.8 C.c.Q. contient des règles particulières régissant la validité et les effets de la
publicité des sûretés grevant les titres intermédiés ou les valeurs mobilières, en distinguant, en ce
dernier cas, selon que la valeur mobilière est ou non représentée par un certificat.

e) La faillite et l’insolvabilité
Étant donné qu’elle se traduit par la saisine des biens du failli et leur liquidation, il semble que la
151
faillite devrait être rattachée au statut réel , même si d’autres, compte tenu de l’importance de ses
152
aspects procéduraux, l’abordent plutôt avec le statut de la procédure .

Lorsqu’une faillite a des aspects internationaux, on peut envisager un régime unique ou, au contraire,
un régime pour chacune des juridictions en cause. On parle ainsi d’unité ou de pluralité de la faillite
153
internationale . Dans le premier cas, la faillite est régie par la loi du domicile du débiteur failli et a
vocation à s’appliquer à tous les biens du failli, où qu’ils se trouvent. Séduisant par sa simplicité, ce
154
régime universel se heurte cependant à des difficultés d’exécution qui font qu’au Canada , comme
155
dans plusieurs autres pays, c’est le régime de la pluralité qui est appliqué . Cela signifie que l’ouverture
de procédures en faillite dans un État étranger n’a pas pour effet d’empêcher l’ouverture de procédures
156
similaires au Canada .

[Page 273]

Lorsque les tribunaux canadiens sont compétents en matière de faillite – c’est-à-dire lorsque le
débiteur résidait ou exerçait des activités au Canada – les tribunaux appliquent la Loi sur la faillite et
157
l’insolvabilité . Celle-ci contient des dispositions (art. 268 et suivants) permettant au juge canadien de
158
tenir compte des procédures de faillite ouvertes à l’étranger afin d’harmoniser les solutions . La Loi sur
les arrangements avec les créanciers des compagnies contient également des dispositions visant à faciliter
159
la coordination des procédures dans un contexte d’insolvabilité transfrontalière .

C- Le statut des obligations


Le statut des obligations couvre un large domaine. Il vise les règles de conflits relatives à la forme et
au fond des actes juridiques, incluant celles relatives à certains contrats nommés et celles qui
s’appliquent aux faits juridiques, tant légitimes (les « quasi-contrats »), qu’illégitimes (la responsabilité
civile extracontractuelle). On y rattache aussi les règles de conflits en matière de preuve et de
prescription.

1. Les actes juridiques


En ce qui concerne les actes juridiques, le Code civil contient des règles générales auxquelles
s’ajoutent, pour divers contrats nommés, des règles particulières.
a) La forme des actes juridiques
Un des principes les mieux établis du droit international privé est celui voulant que la forme d’un acte
soit régie par la loi du lieu où il est conclu (lex loci actus). Ce principe est repris au premier alinéa de
l’article 3109 C.c.Q. C’est donc la loi du lieu où l’acte est passé qui déterminera les formalités requises
pour sa perfection (nécessité d’un écrit, de témoins, de la forme notariée, etc.).
160
Reprenant une idée déjà dégagée par la jurisprudence , le législateur, voulant favoriser la validité
formelle des actes, autorise cependant l’application d’autres lois liées à l’acte ou aux parties. Ainsi, un
acte sera valable s’il est fait selon les formes prescrites par la loi applicable au fond de l’acte, par la loi
du lieu où se situent les biens qu’il vise, ou encore par la loi du domicile de l’une des parties au moment
de sa conclusion. Un testament peut, en outre, être fait selon les formes autorisées, au moment de sa
rédaction ou au moment du décès du testateur, par la loi du domicile ou de la nationalité de ce dernier
(art. 3109, al. 2 et 3 C.c.Q.).

Rappelons ici que l’article 3110 C.c.Q. édicte une règle matérielle autorisant un notaire québécois à
recevoir un acte à l’étranger lorsque cet acte porte sur un droit réel situé au Québec ou que l’une des
parties y est domiciliée.

b) Le fond des actes juridiques


i) Les règles générales
161
Le fond d’un acte juridique international est soumis à la loi expressément ou implicitement choisie
162
par les parties (art. 3111, al. 1 C.c.Q.), que celle-ci présente ou non un lien avec le contrat . Le législateur
(art. 3111, al. 3 C.c.Q.) autorise même les parties à désigner la loi applicable à une partie seulement d’un
acte juridique. On pourrait donc avoir un contrat régi pour partie par une loi et pour une autre partie par
163
une autre loi .

[Page 274]

À défaut de telle désignation – ou si la loi ainsi choisie rend l’acte invalide – on applique la loi qui
présente les liens les plus étroits avec l’acte, compte tenu de sa nature et des circonstances entourant
sa conclusion (art. 3112 C.c.Q.). C’est ce que, dans les juridictions de common law, on appelle la « proper
law of the contract ». Les lieux de conclusion et d’exécution du contrat, le situs des biens visés, le domicile
ou l’établissement des parties, la langue et les concepts juridiques utilisés, la monnaie de paiement, les
clauses d’attribution de compétence, etc., seront parmi les critères alors utilisés pour déterminer la loi
164
de l’État ayant les liens les plus étroits avec l’acte .
165
À cet égard, la loi présume que les liens les plus étroits existent avec la loi de l’État dans lequel la
partie qui doit fournir la prestation caractéristique de l’acte a sa résidence ou, dans le cas d’un acte
conclu dans le cadre des activités d’une entreprise, son établissement (art. 3113 C.c.Q.). La prestation
caractéristique est celle qui permet de qualifier le contrat : l’aliénation et la délivrance du bien dans le
cas de la vente; la fourniture du service dans le cas d’un contrat de service ou d’entreprise; les
166
obligations du mandataire dans le cas du mandat, etc. . En général, il s’agit de la prestation en
échange de laquelle l’autre partie effectue un paiement en argent. Soulignons qu’il arrive qu’il soit
impossible de dégager une prestation caractéristique pour un acte donné (e.g. le cas de l’échange ou du
contrat de mariage). Il faut alors s’en remettre à l’application des critères mentionnés au paragraphe
précédent afin de déterminer la loi ayant les liens les plus étroits avec l’acte en question.

La loi applicable au fond d’un acte juridique régira les questions de sa validité (consentement requis,
167
vices de consentement, objet, cause) ainsi que les sanctions applicables en cas de non-respect de
ces conditions (nullité, annulation et leurs effets). Elle régira de même son interprétation, les questions
liées à l’exécution des obligations qu’il contient et les sanctions ou recours liés à leur inexécution, ainsi
168
que son effet entre les parties et même à l’égard des tiers . C’est aussi la loi contractuelle qui régira la
possibilité de l’option entre les régimes contractuels et extracontractuels de responsabilité (art. 3127
169
C.c.Q.) .

ii) Les règles de conflits particulières en matière d’actes juridiques


1) La vente

Il faut distinguer selon qu’il s’agit de la vente d’un meuble ou d’un immeuble.

La vente immobilière, en l’absence d’une loi désignée par les parties, sera soumise à la loi de l’État
du situs de l’immeuble (art. 3114, al. 2 C.c.Q.).

Le cas de la vente mobilière est plus complexe. En l’absence de loi désignée par les parties, la vente
170 171
d’un meuble corporel est régie par la loi de l’État où le vendeur avait sa résidence (ou son
établissement, s’il s’agit d’une vente conclue dans le cours des activités d’une entreprise) au moment
172
de sa conclusion . Par exception à ce principe, la vente sera régie par la loi de l’État où l’acheteur
avait sa résidence ou son établissement lorsque l’une ou l’autre des situations suivantes se présente :
(a) des négociations ont été menées dans cet État et le contrat y a été conclu; (b) le contrat prévoyait
expressément que la délivrance devait être exécutée dans cet État; ou (c) le contrat est conclu en
réponse à un appel d’offres à des conditions fixées essentiellement par l’acheteur (art. 3114, al. 1 C.c.Q.).

En cas de vente mobilière, il faut en outre tenir compte des dispositions de la Convention sur les
contrats de vente internationale de marchandises, à laquelle le Canada est

[Page 275]

173
partie et qui a été mise en vigueur dans les provinces canadiennes, dont le Québec . Cette convention établit de nombreuses règles quant aux ventes
qu’elle vise, et le praticien doit connaître à la fois son domaine d’application et son contenu. Sous réserve de certaines exceptions prévues à son article 2,
la Convention vise toutes les ventes internationales de marchandises et s’applique entre les contractants ayant leur établissement dans des États
174
différents l’ayant adoptée. Elle s’applique également lorsque les règles de conflit du forum saisi mènent à l’application du droit d’un État partie à la
Convention (art. 1). Ainsi, un contrat pour vente de marchandises conclu entre un Québécois et un Français sera régi par la Convention puisque le Canada
et la France sont parties à la Convention. Malgré que le Royaume-Uni ne soit pas partie à la Convention, il en ira de même de la vente de marchandises
conclue entre des entreprises québécoises et britanniques si les règles de conflit applicables mènent à l’application du droit québécois. Les parties peuvent
175
cependant exclure, en tout ou en partie, l’application de la Convention (art. 6) .

La loi applicable à la vente régira la formation du contrat, son interprétation et son exécution.
Cependant, les questions directement liées au transfert de propriété (moment de ce transfert, réserve
du droit de propriété, individualisation des choses de genre, vente de la chose d’autrui) mettent aussi
176
en jeu le statut réel; les auteurs hésitent alors entre une qualification contractuelle ou réelle .

2) La cession de créance

Opération triangulaire, la cession de créance soulève la question de la loi régissant les rapports
cédé-cédant, cédé-cessionnaire et cédant-cessionnaire.

Les rapports cédé-cédant (autrement dit les rapports entre le débiteur et le créancier d’origine) sont
évidemment soumis à la loi qui régit la créance elle-même. Par ailleurs, les rapports entre le cédant et
le cessionnaire (c’est-à-dire le créancier d’origine et l’acquéreur de la créance) sont soumis à la loi qui
régit le contrat de cession, soit la loi désignée par les parties ou, à défaut, la loi présentant les liens les
plus étroits avec l’opération (art. 3111 à 3113 C.c.Q.).

La question plus délicate est celle de savoir quelle loi régit les rapports entre le cédé (le débiteur
d’origine) et le cessionnaire (son nouveau créancier). L’article 3120 C.c.Q. établit que la question de
savoir si la créance est ou non cessible, ainsi que les rapports entre le débiteur cédé et le cessionnaire,
sont soumis à la loi qui régit les rapports entre le cédé et le cédant, c’est-à-dire à la loi qui régit la
créance elle-même. Selon certains, la loi du situs de la créance, c’est-à-dire la loi du domicile du
177
débiteur cédé, régit les conditions d’opposabilité de la cession .

À bon droit, la jurisprudence a étendu l’application de l’article 3120 C.c.Q. au cas de la subrogation
178
conventionnelle, celle-ci étant conceptuellement très proche de la cession de créance .
179

3) La représentation conventionnelle

Il s’agit ici aussi d’une relation triangulaire pouvant donner lieu à des difficultés. L’article 3116 C.c.Q.
établit que l’existence et l’étendue des pouvoirs du représentant (par ex. un mandataire) dans ses
relations avec un tiers, ainsi que les conditions auxquelles tant la responsabilité du représentant que
celle du représenté sera engagée, sont régies par la loi désignée expressément par le représenté (i.e. le
180
mandant) et le tiers .

Lorsque le représenté et le tiers n’ont pas désigné de loi applicable à cet égard, la loi du lieu où le
représentant a agi s’applique pourvu que le représenté ou le tiers ait son domicile ou sa résidence dans
cet État. Si ces conditions ne sont pas remplies, il faut s’en remettre à la loi présentant les liens les plus
étroits avec la situation, selon les articles 3112 et 3113 C.c.Q.

[Page 276]

4) Les contrats de consommation, de travail et d’assurance

Les articles 3117 à 3119 C.c.Q. visent à faire en sorte que la protection accordée aux consommateurs,
aux travailleurs et aux assurés par la loi de leur résidence habituelle ne puisse pas être trop facilement
écartée par la loi choisie par les parties à un contrat international.

Dans le cas du contrat de consommation, le choix de la loi applicable au contrat ne peut avoir pour
effet de priver le consommateur de la protection auquel il a droit selon les dispositions impératives de
la loi de l’État où il a sa résidence lorsque l’une ou l’autre des situations suivantes se présente : (a) la
conclusion du contrat a été précédée, dans cet État, d’une offre spéciale ou d’une publicité, et les actes
nécessaires à sa conclusion y ont été accomplis par le consommateur; (b) la commande du
consommateur a été reçue dans cet État ou (c) le consommateur a été incité par son cocontractant à
se rendre dans un État étranger afin d’y conclure le contrat. En outre, dans ces mêmes circonstances,
la loi applicable au contrat de consommation, lorsque les parties n’ont pas désigné de loi applicable,
est la loi de l’État de la résidence du consommateur (cette dernière règle dérogeant à l’article 3112
181
C.c.Q.) .
182
L’article 3118 C.c.Q. établit un mécanisme similaire pour le contrat de travail . Le choix de la loi
applicable au contrat de travail ne peut avoir pour effet de priver le travailleur de la protection que lui
183
assurent les dispositions impératives de la loi de l’État où il accomplit habituellement son travail , ou,
lorsqu’il n’accomplit pas habituellement son travail dans un même État, celles de la loi de l’État où son
employeur a son domicile ou son établissement. Dans ces mêmes circonstances, la loi applicable au
contrat de travail est, en l’absence de loi désignée par les parties, la loi de l’État où le travailleur
accomplit habituellement son travail ou, s’il n’accomplit pas habituellement son travail dans un même
184
État, la loi de l’État où son employeur a son domicile ou son établissement .

Enfin, lorsqu’il porte sur un bien ou un intérêt situé au Québec ou qu’il y est souscrit par une
personne qui y réside, le contrat d’assurance est obligatoirement régi par la loi du Québec dès lors que
le preneur en a fait la demande au Québec ou que l’assureur y a signé ou délivré la police (art. 3119
185
C.c.Q.) . Le contrat d’assurance collective est par ailleurs régi par le droit du Québec lorsque l’adhérent
186
y a sa résidence au moment de son adhésion (art. 3119, al. 2 C.c.Q.) . Encore là, si ces conditions ne
sont pas rencontrées, il faudra appliquer la loi désignée par les parties, ou, à défaut, la loi présentant
187
les liens les plus étroits avec la situation .
188

5) Le régime matrimonial

Les régimes matrimoniaux conventionnels, c’est-à-dire ceux résultant de contrats de mariage ou


d’union civile, sont soumis aux règles générales applicables au fond des actes juridiques (art. 3122
C.c.Q.). Comme le souligne un auteur, puisque ce genre de contrat ne comporte pas de prestation
caractéristique, il faudra appliquer la loi présentant les liens les plus étroits avec le contrat de mariage
ou d’union civile envisagé. Le domicile des époux ou conjoints au moment de la conclusion du contrat,
ou encore le premier domicile commun des époux ou conjoints, sont évidemment des facteurs à
189
considérer .

Le régime matrimonial légal résultant du mariage ou d’une union civile est régi par la loi du domicile
190
commun des époux ou conjoints au moment de leur union (art. 3123, al. 1 C.c.Q.) . À défaut de domicile
commun,

[Page 277]

191
on applique la loi de leur première résidence commune ou, à défaut, la loi de leur nationalité commune ou, à défaut, la loi du lieu de la célébration de
l’union (art. 3123, al. 2 C.c.Q.). Comme on l’a vu précédemment, l’utilisation en cette matière de facteurs de rattachement fixés dans le temps peut faire
naître des conflits transitoires internationaux.

L’article 3124 C.c.Q. envisage la possibilité de la modification conventionnelle du régime matrimonial


des époux ou conjoints. La validité et les effets d’une telle convention sont régis par la loi du domicile
des conjoints au moment de la modification. À défaut de domicile commun, on appliquera la loi de leur
résidence commune ou, à défaut, la loi qui gouverne le régime lui-même.

Tel que mentionné plus tôt, la question de savoir si le patrimoine familial fait partie du régime
matrimonial ou des « effets du mariage » a fait l’objet d’une controverse. L’opinion voulant que les
règles de ce régime, applicable aux époux quel que soit leur régime matrimonial, fasse partie des
192
« effets du mariage » a été retenue par la jurisprudence .

6) L’arbitrage

La convention d’arbitrage – considérée comme un contrat autonome par rapport au contrat auquel
193
elle se rattache (art. 2642 C.c.Q.) – est régie par la loi désignée par les parties . À défaut, on lui applique
la loi gouvernant le contrat qu’elle concerne ou, si cette loi invalide la convention d’arbitrage, la loi du
lieu de l’arbitrage (art. 3121 C.c.Q.). Soulignons par ailleurs que la procédure de l’arbitrage (par
opposition à ses conditions et effets de fond) est régie par la loi (ou le règlement institutionnel ou
194
particulier ) désignée par les parties ou, à défaut, par la loi du lieu où l’arbitrage se déroule (art. 3133
C.c.Q.)

7) Les autres contrats nommés

Le Code civil ne prévoit pas de règles de conflit pour tous les contrats nommés. Il faut alors appliquer
195
les règles générales ou, par analogie, certaines des règles particulières prévues au code .

2. Les faits juridiques

a) Les « quasi-contrats »
L’article 3125 C.c.Q. énonce que la gestion d’affaires, la réception de l’indu ou l’enrichissement sans
cause sont régis par la loi du lieu de survenance du fait dont elles résultent.

Pour la gestion d’affaires, ce facteur de rattachement implique l’application de la loi du lieu où le


gérant a agi puisque c’est cet acte de gestion qui est susceptible de faire naître des obligations à la
charge du géré. Pour la réception de l’indu, puisque c’est cette réception qui fait naître l’obligation de
restitution, il est permis de penser que c’est la loi du lieu où le paiement de l’indu a été effectué (donc le
196
lieu où survient l’enrichissement) qui gouverne . La même réponse (loi du lieu de l’enrichissement)
197
nous semblerait devoir être donnée dans le cas de l’enrichissement sans cause , mais certains font
198
valoir que le lieu de l’appauvrissement pourrait être tout aussi pertinent .

199
b) La responsabilité civile extracontractuelle
Dans la tradition civiliste, la règle de conflit en matière de responsabilité extracontractuelle a toujours
été d’appliquer la lex loci delicti, c’est-à-dire la loi du lieu de survenance du délit ou du quasi-délit.

[Page 278]

Cette règle avait été appliquée par les tribunaux québécois jusqu’à ce que la Cour suprême, dans un
arrêt fort critiqué de 1930, décide que l’on devait plutôt appliquer au Québec la même règle de conflit
200
que celle qui prévalait alors en Angleterre . Selon cette dernière règle, connue sous l’expression
« actionable here, wrongful there », le défendeur ne pouvait être tenu responsable d’un délit survenu à
l’étranger que si, d’une part, l’acte commis à l’étranger aurait conféré un droit d’action s’il avait été
commis dans la juridiction du for et que si, d’autre part, cet acte était injustifiable (« wrongful ») au lieu
où il avait effectivement été commis. Par un ironique retour des choses, la Cour suprême du Canada a
201 202
décidé, dans un arrêt de 1994 , de mettre de côté la règle traditionnelle de la common law pour lui
préférer la lex loci delicti.

Le recours à la lex loci delicti soulève toutefois la question de la localisation du délit. Lorsque le fait
générateur (faute ou événement générant une responsabilité sans faute) et le préjudice surviennent au
même endroit (par exemple, un accident d’automobile), il n’y a pas de difficultés. Mais lorsque le fait
générateur survient en un lieu et que le préjudice est subi ailleurs, il devient plus délicat de situer le
203
délit . Selon la doctrine classique, en cas de dissociation géographique des éléments du délit, il faut
204
en règle générale situer le délit au lieu de survenance du préjudice plutôt qu’au lieu du fait générateur ,
205
et ce en raison du caractère compensatoire (et non punitif, de la responsabilité civile . En outre, il
arrive fréquemment qu’un seul et même préjudice soit causé par plusieurs faits générateurs (cas des
fautes contributoires, par exemple) qui peuvent être survenus dans diverses juridictions : la situation
devient inextricable si l’on situe le délit par le lieu du fait générateur plutôt que par le lieu (unique)
206
d’apparition du préjudice . À l’inverse, toutefois, il peut arriver des cas où une même faute cause des
préjudices distincts dans plusieurs juridictions différentes, si bien que le recours au lieu du préjudice
207
pourrait mener à l’application de plusieurs droits . La Cour suprême du Canada ne s’étant jamais
clairement prononcée à ce sujet en vertu de l’ancien code, une certaine jurisprudence continuait de
208
préférer le lieu de la faute pour localiser le délit .

[Page 279]

L’article 3126 C.c.Q. codifie essentiellement la règle de la lex loci delicti et cherche à régler ces
difficultés. En cas de dissociation géographique entre les éléments du délit, il fait régir la responsabilité
extracontractuelle par la loi du lieu où le dommage est apparu, mais uniquement si l’auteur du fait
209
générateur (le défendeur) pouvait prévoir que le préjudice s’y manifesterait . En effet, l’application de
la loi du lieu du dommage plutôt que de celle du fait générateur ne devrait pas résulter en l’imposition au
210
défendeur d’une responsabilité qu’il ne pouvait prévoir . Ainsi, lorsque l’auteur de la faute ne pouvait
pas prévoir que son geste aurait des répercussions en une juridiction étrangère, on appliquera la loi du
211
lieu du fait générateur . Il nous apparaît que c’est à la partie (demanderesse ou défenderesse) qui
cherche à faire appliquer la loi du lieu du dommage – plutôt que la loi du lieu du fait générateur – qu’il
appartient de démontrer que l’auteur du fait générateur était en mesure de prévoir que son geste
212
pouvait entraîner des conséquences ailleurs qu’au lieu où il a agi . Cet examen devrait se faire à l’aide
de critères à la fois objectifs et subjectifs : la loi du lieu du dommage aura vocation à s’appliquer si une
personne raisonnable aurait dû prévoir que son geste aurait des répercussions ailleurs; elle
s’appliquera aussi, bien sûr, si l’auteur de la faute était subjectivement en mesure de le prévoir, bien que
213
cela puisse ne pas avoir été prévisible pour une personne raisonnable . Par ailleurs, la Cour d’appel a
également refusé d’appliquer la loi du lieu de survenance du préjudice lorsque la multiplicité de victimes
ayant subi leur préjudice dans des juridictions différentes aurait mené à une « cacophonie juridique » en
raison de la nécessité pour le tribunal d’appliquer plusieurs droits distincts dans le cadre du même
214
litige .

Plusieurs exceptions à l’application de principe de la lex loci delicti sont cependant prévues.

Tout d’abord, le second alinéa de l’article 3126 C.c.Q. établit que lorsque l’auteur du fait générateur et
215
la victime sont domiciliés dans la même juridiction, c’est la loi de cette juridiction commune qui est
applicable à la responsabilité extracontractuelle, indépendamment du lieu où survient le délit. Cette
exception ne semble pas inappropriée car il est permis de penser qu’en une telle hypothèse, la loi qui
est commune au demandeur et au défendeur a un lien de proximité plus étroit avec la situation que celle
216
du lieu où le délit s’est produit. Ce sont les faits de la célèbre affaire Babcock c. Jackson qui sont à
217
l’origine de cette exception, aussi reconnue par le droit suisse et le droit belge . Dans cette affaire,
deux amis habitant l’État de New York avaient décidé d’effectuer un court voyage en Ontario dans la
voiture appartenant au conducteur, laquelle était immatriculée dans l’État de New York. Un accident
d’automobile était survenu en Ontario pendant le voyage, et le passager, qui avait été blessé,
poursuivait le conducteur. La loi de New York permettait l’action, au contraire de la loi ontarienne qui
refusait tout recours au passager à titre gratuit. Il semblait plus approprié, en ces circonstances, de
régler la question de la responsabilité du conducteur envers son passager par la loi de New York, lieu
du domicile du demandeur et du défendeur, que par la loi de l’Ontario, lieu de l’accident. C’est d’ailleurs
ce qu’a décidé la Cour d’appel de l’État de New York, en appliquant la théorie de la « proper law of the
218
tort » (i.e. la loi ayant les liens les plus étroits avec la situation extracontractuelle) .

Ensuite, l’article 3127 C.c.Q. établit que « lorsque l’obligation de réparer un préjudice résulte de
l’inexécution d’une obligation contractuelle, les prétentions fondées sur l’inexécution sont régies par la
loi applicable au contrat ». Ce texte confirme bien sûr que la responsabilité contractuelle est assujettie à
la loi applicable au

[Page 280]

contrat. Mais il est permis de penser que le législateur ne se serait pas donné la peine de codifier un tel truisme. En fait, selon nous, cet article ne vise pas
tant la responsabilité contractuelle que la responsabilité extracontractuelle pouvant résulter de l’inexécution d’un contrat. Deux cas de figure peuvent être
219
envisagés. Tout d’abord, l’option : dans certaines juridictions , le créancier d’une obligation contractuelle inexécutée peut, à certaines conditions, opter
pour le régime extracontractuel plutôt que de s’en tenir au régime contractuel. Le tribunal québécois devra ainsi permettre l’option lorsque la loi applicable
220
en vertu de l’article 3127 C.c.Q. le permet . Ensuite, il peut arriver que l’inexécution d’un contrat cause un préjudice à un tiers. Du point de vue du
droit international privé, se pose la question de savoir quel droit est applicable pour régir une telle responsabilité puisqu’il s’agit, dans les deux cas, d’une
responsabilité extracontractuelle mais survenant dans un contexte contractuel. L’article 3127 C.c.Q. établit qu’une telle responsabilité est régie par la
loi applicable au contrat, et non par la lex loci delicti, ce qui favorise la prévisibilité des solutions. Ainsi, ce sera la loi applicable au contrat qui
déterminera si l’option est possible. Selon nous, ce sera aussi cette loi qui régira la responsabilité extracontractuelle découlant de l’inexécution du contrat,
221
même à l’égard d’un tiers .

L’article 3128 C.c.Q établit une règle de conflit particulière en matière de responsabilité du fabricant
222 223
d’un bien meuble , que celle-ci soit contractuelle ou extracontractuelle . Celle-ci est régie, au choix de
la victime, soit par la loi de l’État dans lequel le fabricant a son établissement ou, à défaut, sa
224
résidence, soit par la loi de l’État dans lequel le bien a été acquis .
L’article 3129 C.c.Q. reprend la règle de l’ancien article 8.1 C.c.B.-C. imposant l’application du droit
québécois pour régir la responsabilité civile relative à tout préjudice, subi au Québec ou à l’étranger,
résultant soit de l’exposition à une matière première provenant du Québec, soit de son utilisation, que
cette matière première ait été traitée ou non. Cette disposition, quoique d’application plus large, vise
notamment le cas de la responsabilité pouvant exister à la suite de l’exposition à l’amiante ou à ses
225
dérivés .
226
Soulignons enfin que certaines lois particulières, notamment la Loi sur l’assurance automobile et la
227
Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles , contiennent des règles matérielles qui
peuvent faire échec aux principes établis par le Code civil du Québec quant au droit applicable en matière
228
de responsabilité civile .

3. Le régime de l’obligation, la prescription et la preuve


Bien que le code n’en fasse pas mention, il est généralement reconnu que le régime de l’obligation –
paiement, recours en cas d’inexécution, droit de surveillance du créancier (action oblique, en
229
inopposabilité , en déclaration de simulation), risques de l’obligation, modalités et

[Page 281]

230
conditions d’extinction des obligations – est en principe soumis à la loi applicable à l’obligation dont il est question .

La prescription, extinctive ou acquisitive, est régie par la loi applicable au fond du litige (art. 3131
C.c.Q.). Dans la tradition civiliste, contrairement à celle de common law, la prescription est vue comme
une question de fond plutôt que comme une question de procédure (cette dernière qualification
231
entraînant l’application de la lex fori) . Bien que l’intention du législateur d’affirmer que la prescription est
une question de fond et non une question de procédure soit claire, le texte de l’article apparaît quelque
peu imprécis. En effet, un même litige peut soulever divers aspects qui peuvent être régis par des
droits différents. Il faut comprendre, selon nous, que la prescription est soumise à la loi régissant
l’obligation ou le droit susceptible d’être éteint par prescription, ou par la loi régissant les biens dont on
232
prétend qu’ils ont été acquis par prescription .

Le droit applicable à la preuve a donné lieu à certaines hésitations. Sous l’influence de la common
law, elle était traditionnellement vue, au Québec, comme une question relevant de la lex fori car
intimement liée au processus judiciaire. Cette qualification était toutefois critiquée par les auteurs qui y
voyaient plutôt une question de fond, donc soumise en principe à la loi applicable au fond du litige. Le
législateur, en 1994, a tranché en faveur de cette dernière qualification, tout en laissant la porte ouverte
à l’application de la lex fori lorsque celle-ci se montre plus favorable à l’établissement des faits (art. 3130
C.c.Q.). Ainsi, les questions relatives à l’objet de la preuve, au fardeau ou à la charge de preuve (y
233
compris la question des présomptions légales ) et à l’admissibilité des moyens de preuve sont des
questions relevant en principe de la loi applicable au fond de la question – sous réserve, en ce dernier
234
cas , des règles du for qui seraient plus favorables à l’établissement des faits. En revanche, selon les
auteurs, les présomptions de fait et l’administration de la preuve, qui sont intimement liées à la façon
235
dont le juge forme sa conviction, relèvent de la lex fori .

D- Le statut de la procédure
La procédure est régie par la loi du tribunal saisi (art. 3132 C.c.Q.). Il s’agit d’une règle universellement
admise.

La procédure concerne tout ce qui relève de l’exercice de leur compétence par les tribunaux, y
compris les règles relatives à l’instance et à son déroulement (les interrogatoires au préalable, par
236 237
exemple ), de même que les règles relatives à l’exécution des jugements . Rappelons, par ailleurs,
que les voies d’exécution sont d’application strictement territoriales : les tribunaux du Québec, même
s’ils étaient compétents pour trancher le litige, sont sans compétence pour imposer des mesures
d’exécution à l’extérieur des limites de la province, de la même manière que les tribunaux étrangers ne
238
peuvent imposer leurs mesures d’exécution au Québec . Cela découle du fait

[Page 282]

239
que chaque juridiction possède un monopole exclusif quant aux moyens de contrainte sur son territoire . C’est notamment pour cette raison qu’un
jugement étranger doit d’abord être reconnu (i.e. incorporé dans un jugement local) avant que ses conclusions puissent être exécutoires dans une
juridiction donnée. Dans la même veine, il a été décidé que les articles 51 et s. C.p.c., qui permettent aux tribunaux de sanctionner les abus de
procédures, ne visent pas les procédures intentées à l’étranger puisqu’il est impossible pour le tribunal québécois d’exercer les pouvoirs qui lui sont
240
conférés par l’article 53 C.p.c., notamment celui de rejeter la procédure étrangère ou de radier l’une de ses conclusions .

Lorsqu’un recours présentant des aspects internationaux est institué devant les tribunaux québécois,
241
certaines règles matérielles trouveront application : 1) possibilité d’obtenir du demandeur qui ne
réside pas au Québec un cautionnement pour frais (art. 492 C.p.c.); 2) règles régissant la notification
242
internationale (art. 494 et s. C.p.c.) ; 3) règles prévoyant le délai pour répondre à l’assignation ou pour
déposer le protocole de l’instance dans le cas d’un défendeur n’ayant ni domicile ni résidence au
Québec (art. 490 C.p.c.); 4) règles régissant les commissions rogatoires émanant des tribunaux
243
québécois ou étrangers (art. 499 et s. C.p.c.) ; et 5) article 497 C.p.c., qui permet au tribunal québécois
244
de convoquer des témoins résidant dans une autre province ou territoire du Canada .

3- Les conflits de juridiction

Les règles relatives aux conflits de juridictions visent à répondre à deux types de questions. D’une
245
part, les autorités québécoises sont-elles compétentes pour se saisir d’un litige présentant un
caractère international? D’autre part, à quelles conditions une décision rendue à l’étranger peut-elle être
reconnue et rendue exécutoire au Québec?

Contrairement à ce que l’expression « conflit de juridictions » pourrait laisser croire, rien n’exclut en
principe que les autorités de plusieurs États soient compétentes pour entendre une affaire. Ainsi, le
tribunal québécois à qui est soumis un litige international n’a qu’à vérifier s’il est lui-même compétent
pour se saisir du litige en question, sans égard à la possibilité qu’un tribunal étranger puisse également
l’être. De même, le tribunal québécois appelé à reconnaître et rendre exécutoire au Québec la décision
d’un tribunal étranger ne se demandera pas si d’autres juridictions auraient pu entendre l’affaire, mais
simplement si le tribunal en question répondait aux critères de compétence fixés par le Code civil du
246
Québec .

A- La compétence internationale des autorités québécoises


Les règles relatives à la compétence internationale des autorités québécoises (art. 3134 à 3154 C.c.Q.)
établissent

[Page 283]

247 248
quelles conditions doivent être remplies pour qu’une autorité québécoise accepte de se déclarer compétente à l’égard d’un litige comportant un
249
élément d’extranéité pertinent . Il y a lieu de distinguer deux types de règles. D’une part, des règles de conflit précisent quel élément de la situation
internationale (quel « facteur de rattachement ») doit être pris en compte pour déterminer si l’autorité est compétente (art. 3134 et 3141 à 3154
C.c.Q.). D’autre part, un certain nombre de règles viennent moduler l’effet de principe de ces règles de conflits en permettant aux autorités québécoises
de se saisir de litiges à l’égard desquels elles ne seraient autrement pas compétentes ou, à l’inverse, de refuser d’entendre des litiges à l’égard desquels
elles l’auraient autrement été.
Soulignons que les règles relatives à la compétence internationale des autorités québécoises ne
doivent pas être confondues avec les règles édictées par le Code de procédure civile en matière de
compétence territoriale des tribunaux en droit interne (art. 41 à 48 C.p.c.). Bien que ces deux types de
règles se fassent souvent écho, les règles de compétence internationale sont des règles de fond visant
à déterminer si les tribunaux québécois sont compétents pour entendre un litige, tandis que les règles
de compétence interne sont des règles de procédure destinées à déterminer le district dans lequel un
250
litige peut être introduit . En ce sens, il faut être extrêmement prudent avant de tenter d’appliquer par
analogie ou à titre supplétif les règles du Code de procédure civile pour combler un vide dans le Livre X
du Code civil du Québec, méthode qui rappelle l’époque où le droit international privé québécois n’avait
251
pas encore fait l’objet d’un effort de codification .

De façon générale, les règles relatives à la compétence des autorités québécoises visent à assurer
252
l’existence de liens jugés suffisants entre le Québec et le litige soumis . Cet objectif répond à des
considérations multiples. Tout d’abord, des considérations d’opportunité entrent en jeu puisqu’il
convient de s’assurer que les liens existants entre le litige et le Québec soient suffisamment étroits pour
justifier que les ressources du système judiciaire soient mises à contribution pour l’entendre. Des
considérations d’efficacité entrent aussi en ligne de compte, le jugement recherché devant pouvoir être
exécuté au Québec ou reconnu à l’étranger. Enfin, dans certains cas, des considérations de politiques
législatives seront présentes, le législateur souhaitant que les tribunaux québécois puissent se saisir de
certains litiges spécifiques.

La nécessité d’établir un lien suffisant entre le Québec et le litige répond aussi à un impératif
constitutionnel. La Cour suprême a en effet établi que les règles relatives au partage constitutionnel des
compétences interdisent aux provinces de donner une portée extraterritoriale à leur

[Page 284]

253 254
législation et imposent à leurs tribunaux de se déclarer compétents à l’égard d’un litige uniquement lorsque « des liens réels et substantiels » existent
255
entre la province et l’objet du litige. Dans l’affaire Spar Aerospace c. American Mobile Satellite , la Cour suprême du Canada, sous la plume
256
du juge LeBel, a considéré que cette exigence se trouvait en quelque sorte subsumée dans les dispositions du Code civil du Québec .

Lorsque la compétence internationale de l’autorité québécoise saisie d’un litige est contestée, ce qui
257
se fera généralement par voie de moyen déclinatoire , il reviendra à la partie qui prétend que le
tribunal est compétent d’en faire la démonstration. Pour les fins de ce débat, les faits allégués aux
actes de procédure seront tenus pour avérés, à moins qu’ils ne soient spécifiquement contestés par la
258
partie adverse . Si tel est le cas, ou si les faits allégués sont insuffisants, il reviendra à la partie qui
souhaite saisir l’autorité québécoise d’établir les faits nécessaires à l’établissement de cette
259
compétence .

Il est à noter qu’une fois la compétence d’un tribunal québécois établie à l’égard d’un litige en vertu
du titre troisième du Livre X du Code civil du Québec, celui-ci aura le pouvoir de rendre toutes les
ordonnances nécessaires à l’exercice de cette compétence, y compris le pouvoir de rendre des
260
injonctions à portée extraterritoriale .

1. Les règles de conflit relatives à la compétence des autorités québécoises


Les règles de conflit prévues par le Code civil du Québec font appel à des facteurs de rattachement
variant d’un type de litige à l’autre. Suivant la nature du litige, il pourra s’agir de facteurs de
rattachement relatifs aux parties (leur domicile ou résidence, leur présence dans la juridiction ou le choix
qu’elles ont fait de soumettre les litiges pouvant naître entre elles aux autorités québécoises) ou encore
de facteurs relatifs à l’objet du litige (lieu où les événements à l’origine du litige sont survenus, endroit
où un acte juridique a été passé ou devait être exécuté, situs des biens en cause, etc.).
Alors que l’article 3134 C.c.Q. édicte la règle générale applicable en l’absence de dispositions
contraires, les articles 3141 à 3154 C.c.Q. édictent une série de règles de conflits spécifiques selon que le
litige constitue une action personnelle à caractère extrapatrimonial et familial, une action personnelle à
caractère patrimonial, ou une action réelle ou mixte.

Selon le facteur de rattachement prévu par le code, il faudra soit que les conditions attributives de
261
compétence aient existé au moment des faits en litige , soit qu’elles existent au moment de l’institution
262
du recours .

[Page 285]

a) La règle générale : le domicile du défendeur


En l’absence de disposition particulière à l’effet contraire, les autorités québécoises sont
compétentes à l’égard d’un litige lorsque le défendeur est domicilié au Québec. Édictée par l’article 3134
C.c.Q., cette règle de conflit est la règle générale en droit québécois, le domicile du défendeur étant
263
traditionnellement considéré comme le for naturel pour l’institution d’un litige . Cette règle générale est
cependant loin d’être absolue : comme l’exprime bien le libellé de l’article 3134 C.c.Q., elle ne trouve
application que lorsqu’aucune disposition particulière ne s’applique aux circonstances.

b) Les actions personnelles à caractère extrapatrimonial et familial


En matière d’actions personnelles à caractère extrapatrimonial et familial, l’article 3141 C.c.Q. énonce
que les autorités québécoises sont compétentes lorsque l’une des personnes concernées est
domiciliée au Québec. Il peut s’agir du demandeur, du défendeur ou des autres personnes concernées
par le litige. Les articles 3142 à 3147 C.c.Q. prévoyant des dispositions spécifiques en matière de garde
d’enfants, d’aliments, de mariage et d’union civile, de séparation de corps, de filiation et d’adoption, la
règle de l’article 3141 C.c.Q. trouvera application dans les autres types d’actions personnelles à caractère
extrapatrimonial et familial, comme les demandes de changement de nom, les demandes de
264
déchéance de l’autorité parentale et les demandes en matière d’absence .
265
Les autorités québécoises sont compétentes pour statuer sur la garde d’un enfant lorsque celui-ci
266 267
est domicilié au Québec (art. 3142 C.c.Q.) . En matière d’aliments , les autorités québécoises sont
268
compétentes lorsque l’une des parties a son domicile ou sa résidence au Québec (art. 3143 C.c.Q.) .
S’appuyant sur la décision du législateur de traiter de la garde et des aliments dans des dispositions
distinctes, la Cour supérieure a jugé que les aliments ne pouvaient être considérés comme un simple
accessoire de la garde. Le tribunal québécois pourrait donc se déclarer compétent pour entendre un
litige sur des aliments lorsque l’un des conjoints a son domicile ou sa résidence au Québec, tout en
déclinant compétence sur la question de la garde de l’enfant si celui-ci est domicilié à l’extérieur du
269
Québec . En matière de nullité du mariage ou de nullité ou de dissolution de l’union civile, les autorités
québécoises sont compétentes lorsque l’un des conjoints a son domicile ou sa résidence au Québec,
ou lorsque l’union y a été célébrée (art. 3144 C.c.Q.). Pour ce qui est des effets du mariage ou de l’union
civile, les autorités québécoises sont compétentes lorsque l’un des conjoints a son domicile ou sa
résidence au Québec (art. 3145 C.c.Q.). En matière de séparation de corps, les autorités québécoises
sont compétentes lorsque l’un des époux a son domicile ou sa résidence au Québec à la date de
270
l’introduction de la demande (art. 3146 C.c.Q.) . Finalement, les autorités québécoises sont
compétentes en matière de filiation si l’enfant ou un de ses parents a son domicile au Québec, et elles
sont compétentes en matière d’adoption lorsque l’enfant ou le demandeur a son domicile au Québec
271
(art. 3147 C.c.Q.) .

Contrairement à ce qui prévaut en matière d’actions personnelles à caractère patrimonial (art. 3148,
al. 2 C.c.Q.), les parties à un litige familial ne peuvent, par convention, convenir d’exclure la compétence
272
des autorités québécoises que confèrent les règles applicables aux litiges familiaux .
[Page 286]

273
Par ailleurs, en matière de divorce, les dispositions applicables sont celles de la Loi sur le divorce ,
dont le paragraphe 3 (1) prévoit qu’est compétent pour entendre une demande en divorce « le tribunal de
la province où l’un des époux a résidé habituellement pendant au moins l’année précédant l’introduction
274
de l’instance » . Les articles 3 à 6 de cette loi contiennent des règles de conflits spécifiques lorsque
des instances en divorce ont été instituées dans des provinces différentes par chacun des époux, de
même que les règles applicables en matière de mesures accessoires ou de modification.

Lorsqu’une demande de mesures accessoires, y compris en matière de garde, est accessoire à une
demande en divorce, en séparation de corps ou en nullité du mariage, le tribunal québécois compétent
275
pour entendre l’action principale pourra également entendre la demande accessoire .

c) Les actions personnelles à caractère patrimonial


Les articles 3148 à 3151 C.c.Q. prévoient les règles spécifiques applicables en matière d’actions
276
personnelles à caractère patrimonial . L’article 3148 C.c.Q. prévoit les critères généraux donnant
compétence aux autorités québécoises en la matière, sous réserve du cas où les parties ont choisi de
soustraire un litige à leur compétence (art. 3148, al. 2 C.c.Q.), tandis que les articles 3149 à 3151 C.c.Q.
permettent aux autorités québécoises de se saisir de certains types spécifiques de litiges même
lorsque les critères généraux de l’article 3148 C.c.Q. ne sont pas remplis.

i) Les critères généraux de compétence


L’article 3148 C.c.Q. prévoit cinq critères alternatifs donnant compétence aux autorités québécoises
dans les cas d’actions personnelles à caractère patrimonial. Il suffit que l’un d’eux soit rempli pour que
277
soit établie la compétence des autorités québécoises .

1) Domicile, résidence et établissement

Lorsque le défendeur est une personne physique, les autorités québécoises seront compétentes
278
lorsque celui-ci a son domicile ou sa résidence au Québec (art. 3148 (1) C.c.Q.). Dans le cas des
personnes morales, la question est plus complexe. Les autorités québécoises seront compétentes
279
lorsqu’une société défenderesse a son domicile au Québec (art. 3148 (1) C.c.Q.), peu importe que le
litige porte ou non sur ses activités dans la province.
280
Si la société défenderesse n’est pas domiciliée au Québec mais qu’elle y a un établissement , les
autorités québécoises seront compétentes si la contestation est relative à ses activités au Québec (art.
281 282
3148 (2) C.c.Q.) . Dans l’arrêt Interinvest (Bermuda) Ltd. c. Herzog , la Cour d’appel a confirmé la solution
283
retenue par la Cour supérieure dans l’affaire Rosdev Investments Inc. c. Allstate Insurance Co. of Canada ,
concluant qu’il n’est

[Page 287]

pas nécessaire que les activités en question soient celles de l’établissement québécois du
284
défendeur .

2) Faute, préjudice, exécution d’une obligation

Le troisième paragraphe de l’article 3148 C.c.Q. prévoit que les autorités québécoises sont
compétentes à l’égard d’un litige lorsqu’une faute a été commise au Québec, qu’un préjudice y a été
subi, qu’un fait dommageable s’y est produit, ou que l’une des obligations découlant d’un contrat devait
y être exécutée. Il s’agit de facteurs alternatifs de rattachement, et il est suffisant que l’un de ces
285
éléments soit situé au Québec . Cette disposition a eu pour effet d’élargir considérablement les
286
critères qui étaient utilisés par la jurisprudence avant l’entrée en vigueur du Code civil du Québec , et ce,
d’autant plus que la Cour d’appel a statué qu’en cas de jonction de causes d’action contre un même
défendeur, il est suffisant que la compétence des autorités québécoises soit établie à l’égard d’une des
287
causes d’action pour que le tribunal puisse se saisir de l’ensemble du litige .

Chacun des facteurs de rattachement mentionnés à l’article 3148 (3) C.c.Q. mérite que l’on s’y attarde.

Tout d’abord, l’article 3148 (3) C.c.Q. renvoie à la survenance au Québec d’une faute ou d’un « fait
dommageable ». Cette disposition vise tant la faute délictuelle que l’inexécution d’une obligation
288
contractuelle ou légale . Dans les cas de responsabilité sans faute, elle vise le fait dommageable qui
289
est à l’origine du préjudice subi . Lorsque la faute consiste en une omission, la jurisprudence reconnaît
que celle-ci doit être située au lieu où l’acte aurait dû être accompli, c’est-à-dire au lieu où aurait dû être
290
exécutée l’obligation dont l’omission constitue une violation . Par ailleurs, il a été jugé que le fait de
poser à l’extérieur du Québec des gestes destinés à faciliter la commission d’un délit au Québec peut
291
être considérée comme une faute y ayant été commise au sens de l’article 3148 (3) C.c.Q. .

Le second facteur de rattachement mentionné à l’article 3148 (3) C.c.Q. est la survenance au Québec
d’un préjudice. Lorsque le préjudice subi concerne de façon tangible une personne ou un bien situé au
Québec, l’application de cette règle ne pose pas de difficultés particulières. Ainsi, les tribunaux
québécois reconnaissent leur compétence lorsqu’un bien situé au Québec est endommagé ou lorsque
292
sont livrés au Québec des biens endommagés ou impropres à l’usage auquel ils sont destinés . De
même, les tribunaux québécois se considèrent compétents lorsqu’une personne subit un préjudice
corporel ou moral alors qu’elle se trouve au Québec, voire même lorsqu’un résident du Québec
293
continue à y souffrir des suites d’un accident survenu à l’étranger .

La jurisprudence a aussi reconnu comme fondement à la compétence des tribunaux québécois


294
l’atteinte à la réputation d’une personne domiciliée au Québec ou la

[Page 288]

295
violation de ses droits de propriété intellectuelle , et ce, même si l’atteinte ou la violation en question résultait d’actes commis à l’étranger.

296
La question de savoir si le préjudice purement économique d’une personne domiciliée au Québec
297
suffit pour conférer compétence aux tribunaux québécois a quant à elle donné lieu à une controverse .
Pour certains, dans la mesure où tout préjudice finit nécessairement par se répercuter au lieu du
patrimoine de la victime, donc de son domicile, conclure que cette répercussion suffit pour conférer
compétence aux tribunaux québécois mènerait à l’établissement d’une compétence exorbitante. Les
tribunaux québécois auraient alors compétence à l’égard de quasiment tout litige institué par un
demandeur québécois, allant ainsi clairement à l’encontre du principe voulant que le for naturel d’un
litige soit celui du domicile du défendeur. Pour d’autres, la loi n’établissant pas de distinction entre les
types de préjudice, les tribunaux québécois seraient en principe compétents en un tel cas, quitte à ce
que le tribunal utilise la doctrine du forum non conveniens pour décliner compétence dans les cas
298
appropriés. La Cour suprême du Canada, dans l’arrêt Spar Aerospace c. American Mobile Satellite , a
clairement indiqué sa préférence pour cette dernière approche, mais les tribunaux québécois se sont
299
montrés remarquablement réticents à suivre cette voie .
300
Dans l’arrêt Option Consommateurs c. Infineon Technologies. a.g. , la Cour d’appel et la Cour suprême en
sont arrivées à une solution permettant de concilier les préoccupations à la source de ces deux
tendances jurisprudentielles. Elles concluent que les tribunaux québécois sont compétents lorsqu’un
préjudice financier est réellement subi au Québec, mais qu’ils ne le sont pas lorsqu’un tel préjudice, subi
301
ailleurs, n’est que comptabilisé au Québec, lieu du patrimoine du demandeur . Cette approche nous
semble à la fois respecter la lettre du Code et éviter de conférer une compétence potentiellement
302
exorbitante aux tribunaux québécois .

[Page 289]

En vertu du dernier facteur de rattachement énuméré à l’article 3148 (3) C.c.Q., les autorités
québécoises seront compétentes si l’une des obligations découlant d’un contrat devait être exécutée au
Québec, peu importe que le contrat ait été conclu ailleurs ou que la plupart de ses obligations devaient
être exécutées dans une autre juridiction. Il n’est toutefois pas suffisant de démontrer qu’une obligation
contractuelle a dans les faits été exécutée au Québec : cette disposition exige en effet que le contrat
303
impose l’exécution au Québec de l’obligation en question . Il n’est cependant pas nécessaire que le
304
litige soit fondé sur l’inexécution de l’obligation devant être exécutée au Québec .

3) Élection du for québécois par les parties

Le quatrième paragraphe de l’article 3148 C.c.Q. vise le cas où le litige entre les parties prend sa
305
source dans un contrat contenant une clause d’élection de for stipulant qu’un litige relatif à celui-ci
306
pourra être soumis aux tribunaux québécois . Il vise également la situation, moins fréquente, où des
parties décident par convention (le « compromis ») de soumettre aux tribunaux québécois un litige déjà
né entre elles. Cette possibilité qu’offre le Code civil du Québec aux parties de choisir le for qui entendra
les litiges nés ou pouvant naître entre elles vise à assurer aux parties une plus grande prévisibilité et
confère une plus grande sécurité juridique des transactions internationales. Dans l’affaire GreCon Dimter
307
Inc. , la Cour suprême a souligné que le respect de l’autonomie de la volonté des parties participe
d’une reconnaissance des principes fondamentaux du droit international privé que sont l’ordre et
l’équité.

4) Reconnaissance de la compétence des tribunaux québécois

Le cinquième paragraphe de l’article 3148 C.c.Q. vise la situation où le défendeur a reconnu la


compétence des autorités québécoises, la loi considérant que cette reconnaissance a pour effet de
couvrir la possible absence de compétence du tribunal. La reconnaissance par le défendeur peut être
308
explicite ou implicite, mais dans ce dernier cas elle doit être claire .

ii) L’exception relative aux clauses compromissoires ou d’élection de for étranger


Le second alinéa de l’article 3148 C.c.Q. établit l’absence de compétence des autorités québécoises
309
lorsque les parties ont convenu de soumettre à une autorité étrangère ou à un arbitre les litiges
survenus ou pouvant survenir entre elles à l’occasion d’un rapport juridique déterminé. La validité et
l’applicabilité de telles clauses, qui privent les tribunaux québécois d’une compétence qu’ils auraient
310
autrement, ont fait l’objet de nombreux débats avant l’adoption du Code civil du Québec . Il ne fait
cependant plus de doute aujourd’hui que ces clauses doivent recevoir plein effet dans la mesure où
elles sont claires et précises, qu’elles ont un caractère impératif et qu’elles confèrent une compétence
311
exclusive à l’autorité étrangère ou à l’arbitre. Celles-ci pourront dans certains

[Page 290]

312 313
cas être opposables au cessionnaire d’un contrat ou d’une créance ou encore au bénéficiaire d’une stipulation pour autrui . Encore faut-il toutefois que
314
le recours entrepris soit bel et bien de ceux visés par la clause .

Comme l’a reconnu la Cour suprême dans l’affaire GreCon Dimter, « l’art. 3148, al. 2 C.c.Q. constitue, en
matière de conflits de juridiction, la pierre angulaire d’une politique législative de respect de l’autonomie
315
de la volonté des parties » , laquelle vise à assurer la prévisibilité et la sécurité juridique des
transactions internationales. La reconnaissance sans équivoque des clauses d’élection de for étranger
est également conforme aux principes découlant des obligations internationales du Québec et du
316
Canada .

Le caractère obligatoire de la clause ne fera cependant pas dans tous les cas échec à la
compétence des autorités québécoises. En effet, si le défendeur reconnaît la compétence des
317
autorités québécoises , l’autorité québécoise à qui le litige a été soumis pourra en demeurer saisie
318
(art. 3148, al. 2 C.c.Q. in fine) .

iii) Les critères de compétence propres à certains types spécifiques de litiges


En vertu de l’article 3149 C.c.Q., les autorités québécoises sont compétentes pour connaître de toute
319 320
action fondée sur un contrat de consommation ou de travail lorsque le consommateur ou le
travailleur, selon le cas, a son domicile ou sa résidence au Québec. L’article 3149 C.c.Q. prévoit de
même que la renonciation du consommateur ou du travailleur à cette compétence ne peut lui être
opposée. La présence d’une clause compromissoire ou d’élection de for étranger ne pourra ainsi faire
321
échec à la compétence des autorités québécoises .

[Page 291]

L’article 3150 C.c.Q. établit quant à lui la compétence des autorités québécoises en matière de litiges
fondés sur un contrat d’assurance. Il prévoit que les autorités québécoises sont compétentes dans les
trois cas suivants : lorsque le titulaire, l’assuré ou le bénéficiaire du contrat a son domicile ou sa
résidence au Québec, lorsque le contrat porte sur un intérêt d’assurance situé au Québec, ou lorsque le
322
sinistre est survenu au Québec .

L’article 3151 C.c.Q. prévoit que les autorités québécoises ont une compétence exclusive pour
connaître en première instance de toute action fondée sur la responsabilité civile pour tout préjudice
résultant soit de l’exposition à une matière première provenant du Québec, soit de l’utilisation d’une telle
matière (c’est-à-dire la responsabilité prévue à l’article 3129 C.c.Q.). Cette compétence s’applique peu
importe l’endroit où a été subi le préjudice, où sont domiciliées les parties, et où a eu lieu l’exposition
323
ou l’utilisation . Les autorités québécoises ayant une compétence exclusive à cet égard, une décision
rendue par un tribunal étranger dans le cadre d’une telle action ne pourra être reconnue au Québec (art.
324
3165 (1) C.c.Q.). Dans l’arrêt Worthington Corp. c. Atlas Turner Inc. , la Cour d’appel du Québec s’est
penchée sur la validité constitutionnelle des articles 3151 et 3165 (1) C.c.Q. dans un contexte international,
et a conclu que ceux-ci établissaient une compétence fondée sur un lien suffisamment réel et
substantiel entre le litige et le Québec pour être valides. On peut toutefois se questionner sur leur
325
applicabilité dans un contexte canadien .

d) Les actions réelles et mixtes


L’article 3152 C.c.Q. prévoit que les autorités québécoises sont compétentes pour connaître d’une
action réelle (c’est-à-dire une action par laquelle on demande la reconnaissance ou la protection d’un
droit réel, par exemple l’action en revendication) si le bien en litige, qu’il soit meuble ou immeuble, est
326
situé au Québec . La compétence des autorités québécoises ainsi établie ne pourra être écartée par
327
l’existence d’une clause contractuelle d’élection de for .

En matière successorale, les autorités québécoises sont compétentes lorsque le défendeur ou l’un
des défendeurs a son domicile au Québec, lorsque la succession s’est ouverte au Québec (c’est-à-dire
lorsque le Québec était le dernier domicile du défunt) (art. 613 C.c.Q.), ou lorsque le défunt a choisi le
328
droit québécois pour régir sa succession (art. 3153, al. 1 C.c.Q.) . Cette compétence des autorités
québécoises s’étend même aux biens de la succession qui sont situés à l’étranger. Par ailleurs, les
autorités québécoises sont compétentes pour statuer sur la dévolution ou la transmission de biens
situés au Québec même si elles ne sont autrement pas compétentes à l’égard de la succession (art.
3153, al. 2 C.c.Q.). En matière de régime matrimonial ou d’union civile, les autorités québécoises sont
compétentes lorsque l’un des conjoints a son domicile ou sa résidence au Québec à la date de
329
l’introduction de l’action (art. 3154, al. 2 C.c.Q.) . Elles le sont également dans les cas où le régime est
dissous par le décès d’un conjoint et qu’elles sont compétentes quant à la succession de ce dernier (art.
330
3154,al. 1 (1) C.c.Q.), ce qui évite d’avoir à entreprendre des procédures devant plusieurs juridictions .
Finalement, les autorités québécoises sont également compétentes lorsque l’objet de la procédure ne
concerne que des biens situés au Québec (art. 3154, al. 1 (2) C.c.Q.).

e) Le cas particulier des actions collectives


Le Code civil ne contient pas de règles spécifiques relatives à la compétence internationale des
tribunaux québécois en matière d’action collective. Plusieurs questions se sont soulevées en
jurisprudence. De quelle façon la compétence des tribunaux québécois doit-elle être

[Page 292]

établie? L’action doit-elle nécessairement être telle que les tribunaux québécois seraient compétents pour entendre le recours de chacun des membres du
groupe proposé comme si chacun avait plutôt choisi d’instituer une demande individuelle? Comme l’action est en quelque sorte « imposée » aux membres
du groupe, les tribunaux québécois sont-ils compétents pour l’autoriser si le groupe visé comprend des membres qui ne sont pas des résidents du Québec?
Le cas échéant, quels critères doit-on appliquer pour leur conférer une telle compétence à l’égard de non-résidents? Par ailleurs, comment les tribunaux
331
québécois doivent-ils traiter les actions collectives instituées à l’extérieur du Québec pour le compte de groupes comprenant des Québécois , et quelle
compétence doivent-ils reconnaître aux tribunaux étrangers en la matière? La mécanique particulière des actions collectives (et le fait que celles-ci imposent
aux membres du groupe un litige dans un forum qu’ils n’ont pas choisi) rend difficile l’application des règles usuelles en matière de conflits de juridiction. Les
332
motifs divergents rendus par les juges Baudouin, Chamberland et Bich, de la Cour d’appel, dans l’affaire Hocking c. Haziza en sont une illustration.

La question des règles applicables aux actions collectives « nationales » ou « multi-juridictionnelles »


s’est ainsi posée dans l’affaire Société canadienne des postes c. Lépine, la Cour d’appel du Québec ayant
333
exprimé des réserves à leur égard , mais la Cour suprême a préféré régler le pourvoi sur une base
plus étroite, se contentant de mentionner au passage que « la formation de [...] groupes nationaux
334
semble à l’occasion nécessaire » et invitant les législatures provinciales à se pencher sur la
335
question . Dans l’arrêt Vivendi Canada inc. c. Dell’Aniello, la Cour suprême a noté que les actions
collectives nationales pouvaient être intentées au Québec dans la mesure où il n’existe pas de
divergences substantielles entre les régimes juridiques applicables susceptibles de faire perdre à
336
l’action sa dimension collective . Dans l’arrêt Amram c. Rogers Communications inc., la Cour d’appel a
cependant indiqué que l’article 3148 C.c.Q. faisait obstacle à l’octroi d’une autorisation pour exercer une
action collective au nom de personnes résidant hors Québec si aucun des critères de l’article 3148 C.c.Q.
ne trouvait application, par exemple lorsque le défendeur n’a ni résidence ni domicile au Québec.
Autrement dit, la grille d’analyse de l’article 3148 C.c.Q. doit être appliquée à chaque membre du groupe
337
visé par l’action .

Sur le plan procédural, il faut noter l’existence du Protocole judiciaire canadien de gestion de recours
collectifs multijuridictionnels, adopté par l’Association du Barreau canadien en 2011, un outil qui a pour
338
but de faciliter la gestion des actions collectives multijuridictionnelles . D’ailleurs, le Code de procédure
civile envisage maintenant directement ce genre d’actions. Ainsi, l’article 577, al. 1 C.p.c. empêche le
tribunal québécois de refuser d’autoriser l’exercice d’une action collective au seul motif que les
membres du groupe décrit font partie d’une action collective multiterritoriale, déjà introduite à l’extérieur
339
du Québec . Le tribunal doit également prendre en considération

[Page 293]

la protection des droits et intérêts des résidents du Québec dans sa décision de décliner compétence ou de suspendre l’action (art. 577, al. 2 C.p.c.).
Finalement, si une action collective multiterritoriale est intentée à l’extérieur du Québec, le tribunal peut, pour assurer la protection des droits et des intérêts
des membres du Québec, refuser le désistement d’une demande d’autorisation ou encore, si cela assure mieux de respect de l’intérêt des membres,
autoriser l’exercice d’une action collective ayant le même objet et visant le même groupe (art. 577, al. 3 C.p.c.).

2. La modulation des règles relatives à la compétence des autorités québécoises


Afin de déterminer si les autorités québécoises seront compétentes ou accepteront d’exercer leur
compétence à l’égard d’un litige particulier, l’application des règles de conflits énoncées jusqu’ici doit
être complétée par le recours aux règles des articles 3135 à 3140 C.c.Q. Celles-ci pourront avoir pour
effet, selon le cas, d’amener l’autorité québécoise à se dessaisir d’un litige à l’égard duquel elle est
compétente, ou à surseoir à statuer sur un tel litige. À l’inverse, l’application de ces règles pourra
amener l’autorité québécoise à se saisir d’un litige à l’égard duquel elle ne serait autrement pas
compétente, ou encore à rendre des ordonnances relativement à des litiges dont elle ne peut autrement
se saisir.

a) La doctrine du forum non conveniens


La doctrine du forum non conveniens, reconnue dans de nombreuses juridictions, permet à un tribunal
compétent pour connaître d’un litige de s’en dessaisir au motif que les tribunaux d’un autre ressort
seraient mieux placés pour entendre celui-ci. C’est ce que prévoit l’article 3135 C.c.Q., qui indique qu’une
autorité québécoise peut, « exceptionnellement et à la demande d’une partie, décliner [sa] compétence
340
si elle estime que les autorités d’un autre État sont mieux à même de trancher le litige » . Il s’agit d’un
341
pouvoir discrétionnaire que le juge ne peut exercer d’office .

La doctrine du forum non conveniens ne peut trouver application que dans la mesure où la compétence
de l’autorité saisie est établie; comme l’écrit la Cour suprême dans l’affaire GreCon, « un tribunal ne peut
342
décliner une compétence qu’il n’a pas » . On ne doit donc pas confondre la contestation de la
compétence du tribunal et la demande en forum non conveniens, bien que la seconde soit souvent
343
présentée de manière subsidiaire à une contestation de la compétence .

Un tribunal ne devrait se dessaisir d’un litige en application de la doctrine du forum non conveniens que
344
dans des cas exceptionnels . Il existe en effet une « présomption favorable au forum choisi par le
345
demandeur » . Il n’est ainsi pas suffisant de démontrer que le litige présente

[Page 294]

peu de liens avec le Québec ou que le fait d’y tenir le procès serait peu pratique ou causerait préjudice à une partie. Il faut établir par une preuve claire
346
que les autorités d’un autre État sont plus à même d’entendre le litige et qu’il serait nettement préférable qu’il soit entendu par elles . Cela implique
évidemment que les autorités de cet autre État soient en mesure de se saisir du litige en application de leurs propres règles de compétence
347 348
internationale et que les parties puissent s’attendre à y recevoir un traitement équitable . Il devra de même exister des liens réels et substantiels entre
349
le litige et cet autre État, si bien que ses autorités constituent clairement le ressort le plus approprié pour entendre le litige .

Dans leur analyse, les tribunaux doivent tenir compte de l’ensemble des facteurs pertinents, lesquels
350
varieront d’un litige à l’autre . Au fil du temps, la jurisprudence en est venue à énumérer un certain
351
nombre de facteurs qui pourront être considérés :

• le lieu de résidence des parties et des témoins;

• la situation des éléments de preuve;

• le lieu de formation et d’exécution du contrat qui donne lieu au litige;

• l’existence et le contenu d’une action déjà intentée à l’étranger, ainsi que le degré
d’avancement de celle-ci;
• la situation des biens du défendeur;

• la loi applicable au litige;

• l’avantage dont jouit le demandeur dans le for choisi par lui;

• l’intérêt de la justice;

• l’intérêt des parties;

• la nécessité éventuelle de faire reconnaître et exécuter le jugement à l’étranger.


352
Cette liste n’est pas exhaustive, et aucun de ces facteurs n’est en soi déterminant . Ceux-ci doivent
plutôt être considérés dans leur ensemble, la décision du tribunal devant « être subordonné[e] aux
353
exigences d’ordre et d’équité, et non à un calcul mécanique de rapports ou de liens » .

Au final, il devra donc se dégager de l’ensemble des circonstances une impression nette tendant
354
vers un seul et même forum étranger , et la situation devra présenter un caractère exceptionnel, la
355
jurisprudence récente insistant sur le fait qu’il s’agit là de conditions cumulatives .

b) Le sursis pour cause de litispendance ou chose jugée internationale


Lorsqu’une demande similaire à la demande instituée au Québec est déjà pendante devant une
356
autorité étrangère, une des parties peut, en vertu de l’article 3137 C.c.Q., s’adresser au tribunal
québécois pour lui demander de

[Page 295]

357
surseoir à statuer . Comme le libellé de l’article 3137 C.c.Q. l’indique, l’exception de litispendance ne trouvera application que si le recours devant
358
l’autorité étrangère a été institué avant le recours québécois .

Bien que cette « exception de litispendance internationale » soit semblable à l’exception de


litispendance prévue en droit interne par l’article 168 C.p.c., ses conditions d’application ne sont pas
identiques. D’une part, l’article 3137 C.c.Q. impose des conditions relatives à la nature de l’action
instituée à l’étranger : celle-ci doit être « entre les mêmes parties, fondée sur les mêmes faits et ayant
359
le même objet » . Ces conditions se rapprochent de la triple identité de parties, d’objet et de cause
360
requise pour l’application de l’exception de litispendance en droit interne , mais la nécessité que
l’action soit fondée sur les mêmes faits est moins exigeante que la notion d’identité de cause. En
raison des différences existant entre les divers systèmes juridiques, l’identité des causes d’action
361
pourrait en effet être difficile à établir . D’autre part, l’article 3137 C.c.Q. impose une condition relative
au jugement recherché devant le tribunal étranger en exigeant que l’action « puisse donner lieu à une
décision pouvant être reconnue au Québec ». Cela imposera à l’autorité québécoise de déterminer si le
jugement que le tribunal étranger pourrait rendre serait susceptible d’être reconnu au Québec,
362
détermination que le tribunal fera en se référant aux dispositions des articles 3155 à 3168 C.c.Q. (infra) ,
dont il sera question plus loin.

L’article 3137 C.c.Q. prévoit également une exception pour chose jugée internationale en ce qu’il
autorise l’autorité québécoise à surseoir à statuer si une décision susceptible d’être reconnue au
Québec a déjà été rendue à l’étranger à l’égard d’une action entre les mêmes parties, fondée sur les
mêmes faits et ayant le même objet.

Les dispositions de l’article 3137 C.c.Q. visent à éviter la multiplication des actions et la possibilité de
jugements contradictoires qui en découle. Il ne s’agit toutefois pas de priver une partie d’obtenir justice
363
au Québec . Si l’article 3137 C.c.Q. trouve application, le tribunal québécois ne rejettera pas la
364
demande : il se contentera de la suspendre, quitte à la reprendre si l’action instituée à l’étranger ne
mène pas à un jugement ou si le jugement rendu n’est pas reconnu au Québec. En ce sens, l’article 3137
C.c.Q. ne permet pas au tribunal de décliner compétence, mais simplement de surseoir à exercer cette
compétence tandis qu’une autre action est pendante à l’étranger ou que se déroule au Québec une
procédure de reconnaissance de la décision étrangère. D’ailleurs, pour que l’article 3137 C.c.Q. puisse
trouver à s’appliquer, l’autorité québécoise doit d’abord établir sa propre compétence à l’égard de
365
l’affaire .

Comme l’indique le libellé de l’article, il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire qui ne peut être exercé
366
qu’à la demande d’une partie , et les critères applicables à

[Page 296]

l’étude d’une demande pour forum non conveniens peuvent être considérés par l’autorité québécoise saisie d’une demande en vertu de l’article
367
3137 C.c.Q. . De même, un tribunal convaincu que l’autorité étrangère constitue elle-même un forum non conveniens pour entendre la cause
368
pourrait refuser de surseoir à statuer .

369
c) Le for de nécessité
L’article 3136 C.c.Q. permet aux autorités québécoises de se saisir de litiges à l’égard desquels elles
ne seraient autrement pas compétentes. Les conditions de son application sont, d’une part, qu’une
action à l’étranger « se révèle impossible » ou qu’on ne puisse « exiger qu’elle y soit introduite », et,
d’autre part, que le litige présente un lien suffisant avec le Québec. Cet article vise essentiellement la
370
création d’un for de nécessité destiné à éviter un déni de justice . Comme l’exprime le juge LeBel dans
l’arrêt Lamborghini (Canada) Inc. c. Automobili Lamborghini S.P.A., cette disposition « veut régler certains
problèmes d’accès à la justice, pour un plaideur qui se trouve dans le territoire québécois, lorsque le
forum étranger normalement compétent lui est inaccessible pour des raisons exceptionnelles, comme
371
une impossibilité en droit ou une impossibilité pratique, presque absolue » . Il en irait de même si
aucune juridiction n’était en mesure de se déclarer compétente à l’égard du litige en fonction de ses
372
propres règles de conflits .

Bien que la règle du for de nécessité se veuille « une exception étroite aux règles normales de
373
compétence » , il n’est pas nécessaire de démontrer l’existence d’une impossibilité totale. L’article 3136
C.c.Q. précise bien qu’il s’applique également « si on ne peut exiger » qu’une action soit introduite à
l’étranger. Dans l’arrêt Lamborghini, le juge LeBel donne quelques exemples de situations visées par
l’article : « on peut penser à celles résultant de la rupture des relations diplomatiques ou commerciales
avec un État étranger ou de la nécessité de la protection d’un réfugié politique, ou à l’existence d’un
374
danger physique sérieux, si l’on entame un débat devant le tribunal étranger » . La jurisprudence
reconnaît également que la paralysie des institutions judiciaires d’un État ou le fait que leur action soit
375
compromise par la précarité des institutions politiques pourraient constituer des motifs suffisants .
Les auteurs suggèrent qu’il pourrait en aller de même si un jugement n’avait aucune chance d’être
376
obtenu à l’étranger dans des délais raisonnables ou utiles . La jurisprudence semble jusqu’à
maintenant avoir refusé de fonder la compétence de l’article 3136 C.c.Q. sur le caractère prohibitif des
377
coûts associés à l’institution d’un recours à l’étranger , mais certains auteurs suggèrent que cet
378
argument pourrait être retenu dans un cas approprié . Par ailleurs, le fait que le for étranger ne
possède pas de procédure équivalente à une action collective n’y rend pas nécessairement impossible
379
l’institution d’un recours au sens de l’article 3136 C.c.Q. .

La seconde condition de l’article 3136 C.c.Q. est que le litige « présente un lien suffisant avec le
380
Québec » . Ce lien pourra découler de l’ensemble des circonstances de l’affaire.

[Page 297]

Il convient de souligner que l’article 3136 C.c.Q. ne vise pas la création d’un « for de convenance »
381
(forum conveniens) qui ferait en quelque sorte écho à l’article 3135 C.c.Q. en conférant compétence aux
tribunaux québécois dès que c’est avec le Québec que le litige présente le plus de liens, ou lorsqu’il
serait utile ou pratique pour les parties que le litige leur soit confié. À notre avis, c’est à raison que le
professeur Emanuelli critique certaines décisions des tribunaux où il a été jugé suffisant, pour que
s’applique l’article 3136 C.c.Q., qu’un litige présente des liens suffisants avec le Québec tandis qu’il n’en
382
présentait que peu ou pas avec d’autres États .

383
d) La compétence à l’égard des mesures provisoires, conservatoires ou d’urgence
Les dispositions de l’article 3138 C.c.Q. permettent aux autorités québécoises d’ordonner des
mesures provisoires ou conservatoires même lorsqu’elles ne sont pas compétentes pour entendre le
fond du litige. Il pourra s’agir de mesures telles la saisie avant jugement, le séquestre, l’ordonnance
384
d’injonction, etc. . Une partie pourra ainsi demander au tribunal d’ordonner des mesures
conservatoires avant même que n’ait été réglée la question de la compétence (ou de l’exercice de la
compétence) du tribunal sur le fond de l’affaire.

L’article 3140 C.c.Q. confère également aux autorités québécoises une compétence exceptionnelle
pour ordonner certaines mesures même dans les cas où elles ne sont pas compétentes à l’égard du
fond du litige. Cet article n’est cependant applicable qu’« [e]n cas d’urgence ou d’inconvénient
sérieux », et les mesures qui pourront être adoptées devraient être provisoires et limitées à celles qui
sont « nécessaires à la protection d’une personne qui se trouve au Québec ou à la protection de ses
385
biens s’ils y sont situés » . Il pourra par exemple s’agir de mesures de protection d’un mineur ou d’un
386
majeur sous tutelle séjournant au Québec .

Conformément à l’article 3084 C.c.Q., en cas d’urgence ou d’inconvénient sérieux, le droit québécois
pourra, à titre provisoire, être appliqué à la détermination des mesures qui pourront être ordonnées en
vertu des articles 3138 et 3140 C.c.Q.

Par ailleurs, étant donné la nature des dispositions des articles 3138 et 3140 C.c.Q., la doctrine du forum
non conveniens ne devrait pas pouvoir être invoquée pour amener le tribunal québécois à décliner
387
l’exercice de la compétence que lui confèrent ces articles .

e) La compétence à l’égard des demandes incidentes ou reconventionnelles


En vertu de l’article 3139 C.c.Q., l’autorité québécoise compétente pour entendre la demande
388
principale est également compétente à l’égard de la demande reconventionnelle ou incidente , ce qui
389
inclut la demande en garantie . Il s’agit là d’une exception au principe général en vertu duquel la
compétence doit s’évaluer à la lumière des circonstances particulières de chaque demande en justice.

En cherchant à favoriser la réunion d’instance, cet article répond à des considérations


essentiellement procédurales, c’est-à-dire l’économie des ressources judiciaires et l’efficacité de
390
l’administration de la justice . Ces considérations ne sont toutefois pas absolues et « doivent être
évaluées dans un contexte de droit international privé où d’autres impératifs prévalent, telles
l’autonomie de la volonté, la sécurité juridique des transactions internationales
[Page 298]

391
et la nécessité de ne pas étendre indûment la compétence des États » . C’est ainsi que l’article 3139 C.c.Q. doit, selon la Cour suprême, être
392
interprété comme s’il exigeait la présence d’un élément de connexité entre la demande principale et la demande incidente .

En l’absence de connexité suffisante entre les deux demandes, le tribunal devrait ainsi dissocier la
393
demande reconventionnelle ou incidente, ou la demande en garantie, de la demande principale .
Même en cas de connexité, l’autorité saisie de la demande principale pourra également, si elle le juge à
propos, s’autoriser de l’article 3135 C.c.Q. pour dissocier la demande incidente ou reconventionnelle de
394
la demande principale et s’en dessaisir .

Par ailleurs, en cas de conflit entre l’article 3139 C.c.Q. et le second alinéa de l’article 3148 C.c.Q., qui
exclut la compétence des autorités québécoises en présence d’une clause d’élection de for ou d’une
clause compromissoire, il ne fait pas de doute que le principe du respect de l’autonomie de la volonté
des parties devra primer. Un tribunal ne saurait en conséquence s’autoriser de l’article 3139 C.c.Q. pour
prétendre exercer sa compétence à l’égard d’une demande incidente ou reconventionnelle si celle-ci est
395
visée par une clause conférant compétence aux autorités d’un autre État ou à un tribunal d’arbitrage .

En terminant, il convient de noter qu’en cas de multiplicité de défendeurs, l’article 3139 C.c.Q. ne peut
être invoqué pour proroger aux autres défendeurs la compétence dont disposent les autorités
396
québécoises à l’égard de l’un ou plusieurs d’entre eux .

B- La reconnaissance et l’exécution des décisions étrangères


Le titre quatrième du Livre X du Code civil du Québec (art. 3155 à 3168 C.c.Q.) traite de la
397
reconnaissance et de l’exécution au Québec des décisions rendues par les autorités étrangères . Bien
que le praticien aura principalement recours aux dispositions de ce titre dans les cas où une partie
ayant obtenu un jugement à l’extérieur du Québec s’adresse aux tribunaux québécois dans le cadre
d’une demande destinée à rendre le jugement étranger exécutoire au Québec (c’est-à-dire une
demande d’exequatur), leur application est plus générale. D’une part, il n’y a pas que les jugements
rendus par les tribunaux et autres autorités judiciaires qui soient susceptibles d’être reconnus et rendus
exécutoires au Québec : le Code civil traite en effet de l’ensemble des décisions rendues par des
autorités étrangères, de même que des sentences arbitrales rendues à l’étranger. D’autre part, une
décision étrangère est susceptible d’avoir au Québec des effets indépendants de tout jugement
d’exequatur.

Sauf mention contraire, le présent texte ne traitera que du régime général de reconnaissance et
d’exécution des décisions étrangères prévu aux articles 3155 et suivants du Code civil du Québec. Des
régimes particuliers de reconnaissance

[Page 299]

398 399
et d’exécution de certains types de décisions étrangères existent toutefois, notamment en matière de faillite et d’insolvabilité , d’obligations alimentaires
400 401 402
et d’adoption , de même qu’à l’égard des décisions rendues par les tribunaux français . De plus, certaines autres lois peuvent prévoir des modalités
particulières en ce qui a trait aux effets des décisions étrangères et à leur reconnaissance et exécution.

1. La notion de « décision étrangère »


De façon générale, la décision rendue « hors du Québec » dont il est question au paragraphe
introductif de l’article 3155 C.c.Q. sera celle d’une autorité étrangère, c’est-à-dire une autorité investie d’un
403
pouvoir « au nom d’une souveraineté étrangère » .

Les décisions rendues en matière de droit privé par toute autorité étrangère, « quel que soit son
404
nom ou son caractère » , sont susceptibles d’être reconnues et rendues exécutoires. Il pourra ainsi
s’agir des décisions de tribunaux judiciaires ou quasi-judiciaires, mais également des décisions
d’autorités administratives (officier de l’état civil, registraire des entreprises, officier de la publicité des
droits, etc.) ou religieuses.

La décision rendue par un tribunal d’une autre province canadienne constitue en principe une
« décision étrangère » au même titre que la décision émanant d’un État étranger (art. 3077 C.c.Q.), et
elles sont assujetties de la même manière à la procédure de l’exequatur. Dans les arrêts Morguard et Hunt,
la Cour suprême a toutefois expliqué que les arrangements constitutionnels canadiens exigent que les
tribunaux donnent plein effet aux décisions émanant d’une autre province (dans la mesure où existait un
405
lien réel et substantiel entre le litige et le tribunal saisi) . Ce principe n’est toutefois pas absolu. Ainsi,
406
dans Société canadienne des postes c. Lépine , la reconnaissance au Québec d’un jugement rendu en
matière d’action collective par un tribunal ontarien compétent à l’égard du litige a été refusée au motif
que l’avis dont le tribunal ontarien avait ordonné la publication était insuffisant, ce qui était contraire aux
principes essentiels de la procédure.

Certaines lois fédérales contiennent toutefois des dispositions prévoyant que les ordonnances
407
rendues sous leur empire s’appliquent dans l’ensemble du Canada, par exemple la Loi sur le divorce et
408
la Loi sur la faillite et l’insolvabilité , si bien qu’aucune procédure en exequatur n’est requise pour les rendre
409
applicables dans toutes les provinces . De même, la décision rendue par une autorité créée par une
410
loi fédérale et ayant une compétence pancanadienne ne devrait pas y être soumise . Ainsi, les
décisions de la Cour fédérale ou de la Cour d’appel fédérale, quel que soit l’endroit où elles ont été
rendues, ne requièrent pas de procédure en exequatur pour être

[Page 300]

411
exécutoires au Québec . De même, les dispositions législatives conférant leurs pouvoirs à certains organismes décisionnels pan-canadiens (par exemple
412 413
le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes ou l’Office national de l’énergie ) prévoient que leurs décisions peuvent être
exécutées au même titre que les ordonnances de la Cour fédérale ou d’une cour supérieure d’une province ou d’une autre.

Quant à la nature des décisions ou jugements susceptibles de reconnaissance et d’exécution au


Québec, il s’agit des décisions rendues tant sur le fond d’une affaire que sur un aspect incident comme
414
une mesure d’instruction ou d’exécution . Il faut toutefois noter que les jugements étrangers
reconnaissant une sentence arbitrale ne devraient pas être soumis au même régime puisque l’article 652
C.p.c. prévoit spécifiquement que la procédure de reconnaissance des sentences arbitrales rendues à
l’étranger s’applique tant aux sentences qui n’ont pas été reconnues par une autorité judiciaire qu’à
415
celles qui l’ont été . De la même manière, il ne devrait pas être possible, à notre avis, de reconnaître
au Québec un jugement étranger qui reconnaît lui-même le jugement rendu par une tierce juridiction.
Seul le jugement rendu par cette dernière juridiction devrait pouvoir faire l’objet d’une demande de
reconnaissance : admettre le contraire pourrait permettre de contourner les dispositions impératives de
l’article 3155 C.c.Q.

2. Les effets indépendants de la procédure de reconnaissance


416
Le Code civil du Québec établit une présomption de validité des décisions étrangères . Cette
présomption entraîne certains effets qui sont indépendants de la reconnaissance formelle qui pourrait
être obtenue des autorités québécoises à la suite d’une procédure en reconnaissance et exécution.

Premièrement, l’existence de la décision étrangère constitue un fait dont les tribunaux pourront tenir
compte. Ainsi, indépendamment de toute considération du bien-fondé de la décision étrangère, le fait
qu’une telle décision ait été rendue peut être pertinent aux fins d’un litige québécois, et pourrait donc
être pris en compte par le juge.

Deuxièmement, la décision étrangère constitue un moyen de preuve. Le juge québécois devra ainsi
présumer de la véracité des conclusions de faits tirées par le juge étranger, de même que présumer
417
que les droits découlant du jugement ont été régulièrement acquis . Ainsi, le directeur de l’état civil
peut délivrer un certificat de naissance sur la base d’un jugement étranger même si ce dernier n’a pas
418
fait l’objet d’une procédure en reconnaissance et exécution .

En l’absence de contestation, les décisions étrangères relatives à l’état ou à la capacité d’une


personne physique pourront généralement produire leurs effets au Québec. Ainsi, la personne nommée
à l’étranger tuteur à un mineur ou syndic à une faillite pourra exercer ici ses fonctions sans devoir
419
demander la reconnaissance de la décision l’ayant nommée à cette fonction , et le jugement
d’adoption « locale » prononcé à l’étranger produira ses effets au Québec sans qu’il soit besoin de le
420
faire reconnaître . De même, une personne divorcée à l’étranger n’aura pas à demander la
421
reconnaissance formelle de ce divorce avant de pouvoir se remarier au Québec . La présomption de

[Page 301]

422
validité de telles décisions ne permettra toutefois pas d’accomplir des actes d’exécution sur des biens ou de coercition sur des personnes : il sera alors
nécessaire de demander aux tribunaux québécois de déclarer la décision étrangère exécutoire au Québec.

3. Le régime de l’exequatur
La procédure de reconnaissance et d’exécution, ou exequatur, est la procédure par laquelle les
autorités québécoises sont appelées à reconnaître formellement et à donner plein effet, ou force
exécutoire, à une décision étrangère. La reconnaissance par le tribunal québécois permettra à la
décision étrangère de jouir au Québec non seulement d’une présomption de validité, mais bien de la
même autorité de chose jugée que celle qui est conférée aux jugements des tribunaux québécois. Le
fait de rendre exécutoire la décision étrangère permettra ainsi d’avoir recours au Québec à des
mesures d’exécution forcée.

Les articles 3155 à 3168 C.c.Q. prévoient les règles et modalités de l’exequatur. Celles-ci visent
notamment à favoriser le développement des relations internationales du Québec, particulièrement
dans le domaine commercial, en facilitant la reconnaissance des décisions rendues à l’étranger.
Conformément au principe de courtoisie internationale, elles limitent le contrôle que peuvent exercer les
tribunaux québécois à l’égard de ces décisions. Essentiellement, ce contrôle se limite à vérifier la
compétence de l’autorité qui a rendu la décision, à s’assurer du caractère final de la décision et du
respect des droits de la défense, à s’assurer de l’absence de contrariété à l’ordre public, de même qu’à
s’assurer de l’absence de litispendance ou de chose jugée. Comme l’indique bien le paragraphe
introductif de l’article 3155 C.c.Q., ce n’est que dans les cas limités définis par le Code civil du Québec
qu’un défendeur pourra empêcher que la décision étrangère soit reconnue et déclarée exécutoire au
Québec. En somme, toute décision étrangère doit être reconnue, sauf exceptions prévues
423
expressément par le code .

Il convient de noter qu’aucune des exceptions prévues à l’article 3155 C.c.Q. ne porte sur la suffisance
des liens pouvant exister entre le litige (ou les parties) et la juridiction québécoise saisie de la demande
424
d’exequatur. Comme le suggère la Cour suprême dans l’arrêt Chevron , le demandeur n’aurait donc pas à
établir l’existence d’un lien réel et substantiel avec le Québec pour y obtenir l’exequatur de la décision
étrangère. Bien qu’il s’agisse d’une affaire issue de la common law, le juge Gascon y souligne en effet
qu’aucune des exceptions de l’article 3155 C.c.Q. « n’a trait à un obstacle en matière de compétence de
l’État d’exécution, ce qui indique que le législateur québécois n’avait pas l’intention d’assujettir la
reconnaissance et l’exécution à l’existence d’un lien entre le débiteur étranger et le tribunal
425
d’exécution » .

Sauf exceptions, le tribunal québécois ne pourra intervenir à l’égard du bien-fondé de la décision.


L’article 3158 C.c.Q. édicte en effet que « [l]’autorité québécoise se limite à vérifier si la décision dont la
reconnaissance ou l’exécution est demandée remplit les conditions prévues au [titre quatrième], sans
426
procéder à l’examen au fond de cette décision » .

4. Les conditions d’application de l’exequatur


L’article 3155 C.c.Q. établit les principales conditions devant être respectées pour qu’une décision
étrangère puisse être reconnue et, le cas échéant, déclarée exécutoire au Québec.

La question de savoir si le tribunal doit vérifier d’office si ces conditions sont remplies fait l’objet
d’une controverse. Pour certains, les articles 3155 et 3158 C.c.Q. imposent au juge de vérifier d’office le
427
respect des conditions énumérées au titre quatrième du Code civil du Québec . Pour d’autres, toutefois,
à l’exception de la compatibilité de la décision avec l’ordre public, le juge ne devrait vérifier que les
428
conditions de reconnaissance soulevées par l’opposition du défendeur .

a) La compétence de l’autorité étrangère


L’article 3155 (1) C.c.Q. prévoit qu’une décision ne peut être reconnue et déclarée exécutoire si
« [l]’autorité de l’État dans lequel la décision a été rendue n’était pas
[Page 302]

429
compétente suivant les dispositions du présent titre » . Il reviendra donc au tribunal saisi de la demande de reconnaissance d’examiner la preuve soumise
430
pour s’assurer que l’autorité étrangère était bel et bien compétente suivant les dispositions du droit québécois .

i) Le principe du miroir
De façon générale, la compétence de l’autorité étrangère sera établie suivant le « principe du
miroir », c’est-à-dire la bilatéralisation des règles relatives à la compétence des autorités québécoises.
L’article 3164 C.c.Q. édicte en effet que « la compétence des autorités étrangères est établie suivant les
règles de compétence applicables aux autorités québécoises en vertu du titre troisième du présent livre
dans la mesure où le litige se rattache d’une façon importante à l’État dont l’autorité a été saisie ».

Sauf disposition spécifique, il faudra donc se reporter aux règles du titre troisième pour déterminer
s’il convient de reconnaître la compétence exercée par l’autorité étrangère. Selon certains, les règles
modulant l’application des règles de conflit relatives à la compétence des autorités québécoises (forum
non conveniens, for de nécessité, litispendance, compétence à l’égard des demande incidentes et
reconventionnelles, etc.) pourraient devoir être prises en compte dans l’analyse effectuée par le tribunal
431 432
québécois . Selon d’autres, toutefois, elles ne devraient pas l’être . Dans l’arrêt Société canadienne des
433
postes c. Lépine , la Cour suprême du Canada a tranché la question par la négative en ce qui a trait à la
doctrine du forum non conveniens, soulignant que le libellé de l’article 3155 C.c.Q. requiert du tribunal
d’exequatur qu’il se demande si l’autorité étrangère était compétente, et non si elle aurait dû exercer
cette compétence. La Cour d’appel a cependant laissé la porte ouverte à l’application d’autres
434
dispositions telles que l’article 3136 C.c.Q. (for de nécessité) . De même, la Cour d’appel s’est dite
d’avis, dans l’arrêt Ortega Figueroa c. Jenckel, que l’arrêt Lépine n’avait pas pour effet d’exclure les articles
3138 et 3140 C.c.Q. (mesures provisoires et conservatoires et mesures d’urgence) de l’analyse requise
435
par l’article 3164 C.c.Q. .

Les règles applicables à la compétence des autorités étrangères (ou « règles de compétence
indirecte ») sont par ailleurs généralement plus restrictives que les règles applicables à la compétence
des autorités québécoises, si bien qu’un tribunal québécois pourrait refuser de reconnaître la
compétence d’une autorité étrangère alors qu’il aurait lui-même, dans des circonstances identiques,
accepté d’entendre le litige. En effet, les critères de compétence contenus aux articles 3166 à 3168
C.c.Q., dont il sera question plus loin, sont souvent plus étroits que ne le sont les critères énoncés aux
dispositions correspondantes du titre troisième à l’égard de la compétence des autorités québécoises.
De plus, l’exigence posée par l’article 3164 C.c.Q. que le litige « se rattache d’une façon importante à
l’État dont l’autorité a été saisie » constitue une exigence distincte qui pourrait empêcher de reconnaître
la compétence de l’autorité étrangère même dans un cas où sont rencontrés les critères établis par les
436
articles 3165à 3168 C.c.Q. (ou ceux établis par les dispositions du titre troisième, lorsque le principe du
miroir trouve application).

La récente affaire Ortega Figueroa c. Jenckel constitue un exemple intéressant d’application du principe
437
du miroir . L’affaire concernait la reconnaissance au

[Page 303]

Québec d’une décision allemande concernant la succession d’un défunt originaire d’Allemagne mais résidant depuis une vingtaine d’années au Guatemala.
Le tribunal allemand avait désigné de manière conservatoire l’intimé Jenckel à titre de curateur à la succession afin d’assurer la gestion et la préservation
du patrimoine du défunt jusqu’à ce qu’un litige entre les héritiers soit tranché par les autorités allemandes. En plus de ses biens en Allemagne et au
Guatemala, le défunt possédait un compte de placement à Montréal, ce qui avait poussé les intimés à présenter une requête en reconnaissance et
exécution de la décision allemande devant les tribunaux québécois. La Cour d’appel a jugé que les autorités allemandes n’avaient pas compétence sur le
438
fond du litige portant sur la liquidation et le partage de la succession , mais que l’application du principe du miroir et de l’article 3138 C.c.Q.
permettait en théorie au tribunal allemand de prononcer des mesures conservatoires à l’égard des actifs de la succession. La Cour d’appel a toutefois
souligné que cette compétence devait être modulée par l’article 3164 C.c.Q. afin de s’assurer de l’existence d’un lien important avec l’Allemagne,
ajoutant que cette analyse de la suffisance du lien ne devait pas « résulter d’un examen critique de chacun des facteurs [de rattachement] », mais plutôt
439
« d’une analyse globale de ceux-ci qui tient compte de toutes les circonstances pertinentes » . En l’espèce, la Cour d’appel a jugé que les liens avec
l’Allemagne étaient trop ténus pour que le tribunal allemand puisse désigner un curateur à l’ensemble des biens de la succession. Autrement dit, la
reconnaissance de la compétence du tribunal allemand découlant de l’application de l’article 3138 C.c.Q. devait être limitée par l’effet de l’article
440
3164 C.c.Q. aux seules mesures conservatoires portant sur les biens de la succession situés sur le territoire allemand . Conformément à l’article
3155 (1) C.c.Q., le jugement allemand ne pouvait donc pas être reconnu.

Par ailleurs, il convient de noter que l’application du principe du miroir est limitée par l’article 3165
C.c.Q.,qui interdit de reconnaître la compétence des autorités étrangères dans un certain nombre de
cas, c’est-à-dire : lorsque le droit québécois attribue une compétence exclusive aux autorités du
441
Québec, que ce soit en raison de la matière ou d’une convention entre les parties (par. 1); lorsque le
droit québécois admet, en raison de la matière ou d’une convention entre les parties, la compétence
exclusive d’une autre autorité étrangère que celle qui a rendu la décision (par. 2); et lorsque le droit
québécois reconnaît une convention par laquelle une compétence exclusive a été attribuée à un arbitre
442
(par. 3) .

ii) Les règles spécifiques en matière d’actions personnelles à caractère extrapatrimonial


En matière de filiation, les autorités québécoises reconnaîtront la compétence des autorités d’un
État étranger « lorsque l’enfant ou un de ses parents est domicilié dans cet État ou a la nationalité qui y
est rattachée » (art. 3166 C.c.Q.), cette dernière notion étant définie comme « l’appartenance juridique
443
d’une personne à la population constitutive d’un État » . Le deuxième critère permet de fonder une
compétence indirecte plus large pour l’autorité étrangère que celle prévue à l’article 3147 C.c.Q., mais il
ne faut pas oublier que l’exigence de l’article 3164 C.c.Q. in fine devra également être remplie.

Le premier alinéa de l’article 3167 C.c.Q. porte sur la compétence des autorités étrangères en matière
de divorce. Il prévoit que celle-ci sera reconnue « soit que l’un des époux avait son domicile dans l’État
où la décision a été rendue, ou y résidait depuis au moins un an, avant l’introduction de l’action, soit
que les époux ont la nationalité de cet État, soit que la décision serait reconnue dans l’un de ces
États ». Le divorce étant une matière de compétence fédérale, cette règle pose toutefois problème.
444
Dans l’affaire Droit de la famille – 2054 , la Cour supérieure l’a d’ailleurs déclaré inapplicable
constitutionnellement, décidant qu’il fallait plutôt s’en remettre aux dispositions de l’article 22 de la Loi sur
445
le divorce . Celui-ci prévoit qu’un divorce prononcé à l’étranger est reconnu à condition que l’un des ex-
époux ait résidé habituellement
[Page 304]

446
dans l’État en question pendant au moins l’année précédant l’introduction de l’instance .

Le second alinéa de l’article 3167 C.c.Q. porte sur la compétence à l’égard des actions en matière de
dissolution de l’union civile. Dans la mesure où l’État étranger connaît cette institution, il pose la même
règle de compétence indirecte que celle existant en matière de divorce. Contrairement à cette dernière,
toutefois, sa validité constitutionnelle ne semble pas faire de doute, les provinces ayant
indubitablement compétence à l’égard de l’union civile.

iii) Les règles spécifiques en matière d’actions personnelles à caractère patrimonial


L’article 3168 C.c.Q., qui porte sur la compétence des autorités étrangères en matière d’actions
personnelles à caractère patrimonial, est en quelque sorte le pendant de l’article 3148 C.c.Q. Certains des
critères prévus par l’article 3168 C.c.Q. sont toutefois plus restrictifs que ceux prévus à l’article 3148 C.c.Q.
pour fonder la compétence internationale des autorités québécoises. Le texte de l’article 3168 C.c.Q.
précise que les critères qui y sont mentionnés sont les seuls qui peuvent être pris en compte pour
déterminer la compétence de l’autorité étrangère – excluant par-là, à notre avis, tout élargissement de
447
cette compétence en application des articles 3134 à 3140 C.c.Q. . Par contre, l’exigence que le litige se
rattache « d’une façon importante » au for étranger continuera à s’appliquer (art. 3164 C.c.Q.).

1) Domicile et établissement

L’article 3168 (1) C.c.Q. prévoit que la compétence de l’autorité étrangère est reconnue lorsque le
448
défendeur était domicilié dans l’État où la décision a été rendue, mais ne reconnaît pas la résidence
comme facteur de compétence, contrairement à l’article 3148 (1) C.c.Q. L’article 3168 (2) C.c.Q. prévoit que
la compétence des autorités étrangères est reconnue lorsque le défendeur y avait un établissement et
que la contestation est relative à son activité dans cet État, une règle similaire à celle prévue à l’article
449
3148 (2) C.c.Q. .

2) Préjudice et faute ou fait dommageable

Alors que l’article 3148 (3) C.c.Q. permet de fonder la compétence des autorités québécoises dès
qu’une faute a été commise au Québec, qu’un préjudice y a été subi, qu’un fait dommageable s’y est
produit ou que l’une des obligations d’un contrat devait y être exécutée, le troisième paragraphe de
l’article 3168 C.c.Q. exige que tant le préjudice que la faute ou le fait dommageable qui l’ont causé aient
450
eu lieu dans l’État en question .

3) Obligations contractuelles

L’article 3168 (4) C.c.Q. prévoit que la compétence de l’autorité étrangère sera reconnue au Québec si
les obligations d’un contrat devaient être exécutées dans l’État en question. Cette disposition exigeant
que toutes les obligations découlant du contrat aient dû être exécutées dans l’État dont émane la
451
décision , il s’agit d’une règle bien plus restrictive que la règle correspondante de l’article 3148 (3) C.c.Q.

4) Élection de for

L’article 3168 (5) C.c.Q. reconnaît la compétence de l’autorité étrangère lorsqu’elle est fondée sur une
clause d’élection de for la désignant pour entendre le litige. Comme l’article 3149 C.c.Q., il prévoit qu’on
ne peut opposer au consommateur ou au travailleur sa renonciation à la compétence de l’autorité de
452
son domicile .

5) Reconnaissance de la compétence

Finalement, les autorités québécoises reconnaîtront la compétence des autorités étrangères lorsque
le défendeur a lui-même reconnu celle-ci en ne la contestant pas et en plaidant au fond (art. 3168 (6)
C.c.Q.).
[Page 305]

À moins que les circonstances ne démontrent une véritable reconnaissance de la compétence de


l’autorité étrangère, le fait pour le défendeur de s’être défendu au mérite après avoir contesté sans
succès cette compétence à l’intérieur des délais prescrits ne devrait cependant pas constituer une
453
reconnaissance de compétence au sens de l’article 3168 (6) C.c.Q. . En effet, il nous semble qu’on ne
saurait exiger qu’un défendeur se laisse condamner par défaut en vue de préserver son droit de
contester la compétence internationale du tribunal étranger lors d’une éventuelle demande d’exequatur.

b) Le caractère définitif et exécutoire de la décision


L’article 3155 (2) C.c.Q. prévoit qu’une décision étrangère ne sera pas reconnue si, « au lieu où elle a
454
été rendue, [elle] est susceptible d’un recours ordinaire, ou n’est pas définitive ou exécutoire » . Cette
disposition vise à assurer que seules soient reconnues au Québec les décisions qui ont acquis un
caractère de finalité et qui ne sont pas susceptibles d’être modifiées.

Il va de soi que cette condition interdit de donner effet à des décisions étrangères qui ont été
455
portées en appel ou dont le délai d’appel n’est pas expiré . L’article 508 C.p.c. impose d’ailleurs au
demandeur en exequatur de produire une attestation d’un officier public étranger compétent affirmant
que la décision n’est plus susceptible de recours ordinaire et qu’elle est définitive ou exécutoire dans
l’État d’origine. Même si une décision étrangère était exécutoire malgré l’appel dans la juridiction qui l’a
rendue, celle-ci ne serait pas susceptible d’être reconnue au Québec avant l’expiration du délai d’appel
456
ou pendant celui-ci .

La nécessité que la décision ait un caractère définitif et exécutoire implique que la décision ne soit
457
pas susceptible de révision par le tribunal qui l’a rendue et qu’elle soit une décision disposant de
façon finale – et non simplement « interlocutoire » – d’un aspect de la contestation entre les parties.
Comme le soulignent les auteurs Goldstein et Groffier, on peut toutefois se demander si cette condition
458
interdit de donner effet à des décisions de nature injonctive rendues en cours d’instance .

Dans le cas de décisions étrangères ordonnant l’exécution périodique d’une obligation, la condition
du paragraphe 3155 (2) C.c.Q. interdit que la reconnaissance et l’exécution de la décision puissent
s’appliquer aux versements non encore échus. Le créancier de l’obligation devra donc s’adresser
périodiquement aux tribunaux québécois pour obtenir l’exécution de la décision à l’égard des
versements échus. Dans le cas d’une décision accordant des aliments par versements périodiques,
toutefois, l’article 3160 C.c.Q. permet au créancier de faire reconnaître et déclarer celle-ci exécutoire tant
pour les versements échus que pour les versements à échoir (et ce, même si la décision est
459
susceptible de révision) .

c) Le respect des principes essentiels de la procédure


La condition imposée par l’article 3155 (3) C.c.Q. que la décision n’ait pas été rendue « en violation
des principes essentiels de la procédure » exige le respect des droits

[Page 306]

460
procéduraux de la défense, notamment tel qu’entendus par la notion d’audi alteram partem . À notre avis, l’article 3155 (3) C.c.Q. impose
également le respect de garanties procédurales fondamentales comme l’indépendance judiciaire et l’imposition de règles de déontologie équitables pour
461
régir la conduite des participants au système judiciaire .

462
Cette disposition est complétée par l’article 3156 C.c.Q., qui vise les décisions rendues par défaut .
Celles-ci ne seront reconnues et déclarées exécutoires « que si le demandeur prouve que l’acte
introductif d’instance a été régulièrement signifié à la partie défaillante, selon la loi du lieu où elle a été
463
rendue » . L’article 3156 C.c.Q. indique bien que le fardeau de faire cette démonstration repose sur le
464
demandeur en exequatur, qui devra alléguer et éventuellement faire la preuve du contenu de la loi
étrangère applicable à la signification. Comme le reconnaît une décision récente, l’exigence de faire la
preuve de la signification vise à permettre au tribunal de « déterminer si [les] documents [signifiés]
informent adéquatement les défendeurs quant à la teneur des procédures entreprises contre eux à
465
l’étranger et quant aux mesures à prendre pour y répondre adéquatement et en temps utile » . Même
si le tribunal est satisfait de la façon dont la signification a été effectuée, toutefois, il pourra refuser
l’exequatur si le défendeur « prouve que, compte tenu des circonstances, [il] n’a pu prendre
connaissance de l’acte introductif d’instance ou n’a pu disposer d’un délai suffisant pour présenter sa
466
défense » (art. 3156, al. 2 C.c.Q.) .

d) L’absence de litispendance ou de chose jugée


Le quatrième paragraphe de l’article 3155 C.c.Q. prévoit qu’une décision étrangère ne sera pas
reconnue en cas de litispendance ou de chose jugée internationale. En ce qui a trait à la litispendance,
cette disposition interdit la reconnaissance de la décision d’une autorité étrangère lorsqu’un litige
« entre les mêmes parties, fondé sur les mêmes faits et ayant le même objet » est pendant devant une
467
autorité québécoise et que celle-ci a été saisie du litige avant l’autorité étrangère .

Pour ce qui est de la chose jugée, l’article 3155 (4) C.c.Q. introduit une distinction entre les décisions
québécoises et les décisions étrangères. On refusera ainsi de reconnaître une décision étrangère dès
468
lors qu’une décision a été rendue au Québec à l’égard d’un litige entre les mêmes parties, fondé sur
les mêmes faits et ayant le même objet, et ce, peu importe que la décision québécoise soit ou non
passée en force de chose jugée et qu’elle soit antérieure ou postérieure à la décision étrangère dont on
469
recherche l’exequatur . Dans le cas où le défendeur ferait valoir l’existence d’une autre décision
étrangère, l’exequatur sera refusé si cette autre décision étrangère remplit les conditions pour sa
reconnaissance au Québec. Bien que le texte de l’article 3155 (4) C.c.Q. ne le prévoie pas clairement, il
nous semble que l’exequatur ne devrait dans un tel cas être refusé que si l’autre décision étrangère est
470
antérieure à la décision dont le demandeur recherche l’exequatur .

[Page 307]

e) Le respect de l’ordre public


Une décision étrangère ne sera pas reconnue au Québec si son résultat est « manifestement
incompatible avec l’ordre public tel qu’il est entendu dans les relations internationales » (art. 3155 (5)
471
C.c.Q.) .

Cette disposition ne constitue pas une exception au principe général de non-intervention du juge
québécois à l’égard du bien-fondé de la décision. En effet, ce n’est que si le résultat de la décision – et
472
non son raisonnement ou la loi sur laquelle celui-ci est fondé – est contraire à l’ordre public que la
reconnaissance pourra être refusée. Le juge québécois saisi d’une demande de reconnaissance d’une
décision étrangère n’aura donc pas à se demander si la loi ou le raisonnement sous-tendant la décision
473
sont en eux-mêmes contraires à l’ordre public . Il ne pourra pas davantage refuser de reconnaître la
décision étrangère au motif qu’une disposition québécoise d’ordre public aurait trouvé application si
474
l’affaire avait été soumise au droit québécois ou entendue par un tribunal québécois .

Le texte de la disposition fait bien ressortir que ce n’est que dans les cas où le résultat obtenu est
incompatible avec l’ordre public « tel qu’il est entendu dans les relations internationales » que le refus
de l’exequatur sera justifié. Comme on l’a vu, il importe de faire la distinction entre l’ordre public au sens
475
du droit interne et l’ordre public au sens du droit international privé, lequel est moins exigeant . Un
résultat qui serait contraire à l’ordre public interne québécois ne serait pas nécessairement contraire à
l’ordre public tel qu’il est entendu dans les relations internationales.
476
Selon le professeur Emanuelli et les professeurs Goldstein et Groffier , une décision étrangère ne
devrait pas non plus être reconnue lorsque son résultat contrevient à une loi québécoise d’application
477 478
immédiate. Le professeur Glenn , se fondant sur l’abrogation de l’article 180.1 C.p.c. , n’est pas de cet
avis. La première opinion nous semble préférable, compte tenu du fait que l’article 3076 C.c.Q.
subordonne toutes les règles du droit international privé (y compris celles régissant la reconnaissance
des décisions étrangères) aux « règles de droit en vigueur au Québec dont l’application s’impose en
479
vertu de leur but particulier » . En outre, il nous apparaît qu’une décision étrangère ordonnant de poser
480
un acte que la loi québécoise interdit ne devrait pas être reconnue .

f) Les décisions rendues en matière fiscale


Alors que le juge québécois saisi d’une demande d’exequatur n’a généralement pas à prendre en
compte la nature de l’obligation dont la décision étrangère ordonne le respect, cette règle reçoit
exception en matière fiscale.
[Page 308]

En effet, l’article 3155 (6) C.c.Q. interdit aux autorités québécoises de reconnaître et de rendre exécutoires les décisions sanctionnant des obligations
481
découlant des lois fiscales d’un autre État . Cette prohibition ne s’appliquera toutefois pas en situation de réciprocité, l’article 3162 C.c.Q. prévoyant
qu’une décision étrangère pourra être reconnue si elle sanctionne les obligations découlant des lois fiscales d’un État qui reconnaît et sanctionne lui-même
482
les obligations découlant des lois fiscales du Québec .

5. La nature du contrôle effectué par l’autorité québécoise


Alors que l’ancien droit permettait au juge québécois de contrôler le bien-fondé de la décision
483
étrangère soumise à l’exequatur , le Code civil du Québec établit clairement que tel n’est plus le cas. Le
juge saisi d’une demande d’exequatur ne peut en règle générale ni étudier la justesse du raisonnement
suivi par l’autorité étrangère, ni modifier le dispositif du jugement. L’article 3158 C.c.Q. édicte en effet que
« [l]’autorité québécoise se limite à vérifier si la décision dont la reconnaissance ou l’exécution est
demandée remplit les conditions prévues au présent titre, sans procéder à l’examen au fond de cette
décision ». Un défendeur ne pourrait ainsi s’opposer à la reconnaissance et à l’exécution d’une
décision étrangère au motif que celle-ci serait mal fondée. De même, l’article 3157 C.c.Q. précise que
« [l]a reconnaissance ou l’exécution ne peut être refusée pour la seule raison que l’autorité d’origine a
appliqué une loi autre que celle qui aurait été applicable, d’après les règles du présent livre ».

Essentiellement, le tribunal saisi d’une demande d’exequatur doit donc prendre le jugement tel quel et
déterminer, sur la simple base des conditions énoncées par le titre quatrième, s’il convient d’en
reconnaître ou non le dispositif à l’encontre du défendeur. Le principe de non-intervention à l’égard du
bien-fondé de la décision n’a toutefois pas pour effet de priver le tribunal québécois du droit de vérifier
l’existence des conditions requises pour fonder la compétence de l’autorité étrangère ayant rendu la
décision (domicile du défendeur ou survenance d’une faute ou d’un préjudice dans la juridiction, par
484
exemple) . Évidemment, ce principe n’empêchera pas non plus le tribunal de s’assurer que le
défendeur à la demande d’exequatur est bien la personne à l’encontre de qui le jugement étranger doit
485
être rendu exécutoire . Par ailleurs, le principe de non-intervention à l’égard du bien-fondé de la
décision étrangère n’empêchera pas le défendeur d’opposer à la demande d’exequatur un moyen fondé
sur l’extinction de la dette – dans la mesure où la cause d’extinction qu’il invoque est postérieure au
486
jugement qu’on cherche à rendre exécutoire contre lui .

Il convient de noter que certaines exceptions existent au principe de non-intervention du juge à


l’égard du bien-fondé de la décision étrangère. Ainsi, en matière d’adoption, l’article 574 C.c.Q. exige que
le tribunal québécois appelé à reconnaître une décision d’adoption étrangère s’assure que les règles
québécoises en matière de consentement et d’admissibilité à l’adoption ont été respectées par
487
l’autorité étrangère . Selon la jurisprudence, il devra aussi, de façon plus générale, s’assurer que la
488
décision est conforme à l’intérêt de l’adopté . La Loi assurant l’application de l’entente sur l’entraide
489
judiciaire entre la France et le Québec prévoit de même la vérification de la loi appliquée par le tribunal
d’origine.

De même, en matière d’actions collectives, le nouveau Code de procédure civile innove en imposant

[Page 309]

expressément certaines exigences au tribunal saisi d’une demande d’homologation d’une transaction ou d’une demande de reconnaissance d’un jugement
portant sur une action collective étrangère (art. 594 C.p.c.). Le tribunal doit ainsi s’assurer que les avis donnés au Québec dans le cadre de cette action
collective ont été suffisants, que les modalités d’exercice des droits des résidents du Québec sont équivalentes aux exigences imposées dans les actions
collectives prises au Québec, que ces résidents peuvent exercer leurs droits au Québec suivant les règles qui y sont applicables et que, s’il y a lieu à un
recouvrement collectif, l’attribution d’un reliquat à un tiers soit décidée par le tribunal du Québec quant à la part qui revient aux membres résidents du
Québec.

Par ailleurs, il existe certains cas où les dispositions du droit québécois donnent aux autorités
québécoises compétence pour réviser une décision étrangère, c’est-à-dire en modifier le dispositif.
Ainsi, l’article 3143 C.c.Q. permet aux autorités québécoises de réviser un jugement alimentaire étranger,
tandis que la compétence conférée par l’article 3142 C.c.Q. leur permet de réviser un jugement étranger
490
rendu en matière de garde d’un enfant domicilié au Québec .

6. La procédure et les modalités de la demande de reconnaissance et d’exécution

a) La procédure à suivre
Les dispositions applicables à la procédure de la demande de reconnaissance et d’exécution d’une
décision étrangère sont contenues aux articles 507 et 508 du nouveau Code de procédure civile. La
demande de reconnaissance et d’exécution peut soit être introductive d’instance, soit être faite de
manière incidente, en demande comme en défense, dans le cadre d’une demande ayant un autre objet
491
(art. 508 C.p.c.) .

La partie qui fait la demande doit joindre la décision et une attestation d’un officier public étranger
compétent « affirmant que la décision n’est plus, dans l’État où elle a été rendue, susceptible d’appel ou
qu’elle est définitive ou exécutoire » (art. 508, al. 1 C.p.c.). La jurisprudence a toutefois donné une
interprétation libérale à cette dernière exigence : en l’absence de l’attestation requise, la Cour
supérieure s’est déclarée satisfaite d’autres types de preuves établissant le caractère final et exécutoire
492
de la décision visée .

Comme on l’a vu plus haut, lorsque la décision a été rendue par défaut, le demandeur en exequatur
doit prouver que l’acte introductif d’instance a été signifié à la partie défaillante conformément à la loi
de l’État où la décision a été rendue. Pour ce faire, il doit joindre à sa demande d’exequatur une copie
certifiée des documents permettant d’établir que cette signification a bel et bien eu lieu (art. 508, al. 2
493
C.p.c.) .

Si la décision, l’attestation ou les autres documents soumis sont dans une langue autre que le
français ou l’anglais, une traduction certifiée au Québec doit être jointe (art. 508, al. 3 C.p.c.).

b) La prescription applicable à la demande de reconnaissance et d’exécution


Le Code civil du Québec ne prévoit pas de règle expresse permettant de savoir de combien de temps
dispose le titulaire d’une décision étrangère pour faire reconnaître et déclarer celle-ci exécutoire au
Québec, c’est-à-dire de déterminer le délai de prescription applicable à la demande d’exequatur. Les
auteurs ne s’entendent d’ailleurs pas à ce sujet, les professeurs Goldstein et Groffier privilégiant
494
l’application du délai de 10 ans prévu à l’article 2924 C.c.Q. tandis que le professeur Emanuelli privilégie
plutôt l’application du délai de prescription prévu par la loi en vertu de laquelle le juge étranger a tranché
495
le fond du litige . Avec égards, il nous apparaît qu’aucune de ces deux solutions n’est satisfaisante et
qu’il convient plutôt d’appliquer le délai de prescription applicable aux droits résultant d’un jugement en
vertu de la loi du lieu où le jugement a été rendu. Il s’agit d’ailleurs, selon nous, de la solution retenue
496
par la Cour d’appel .

[Page 310]

En effet, il nous apparaît que les droits résultant d’une décision (le droit d’obtenir paiement du
montant de la condamnation prononcée par le tribunal, par exemple) doivent être considérés comme
conceptuellement distincts des droits que les parties ont pu faire valoir devant l’autorité qui l’a rendue
497
(le droit d’obtenir réparation d’un préjudice) . En prévoyant que « [l]a prescription est régie par la loi
qui s’applique au fond du litige », l’article 3131 C.c.Q. ne prévoit à notre avis rien de différent puisque le
« litige » dont il s’agit alors est non pas celui qui a donné lieu à la décision étrangère (ce litige étant
réglé par la décision étrangère, dont le résultat est intangible), mais bien le litige soulevé par la
demande d’exequatur elle-même, lequel se résume à la question de savoir si les droits obtenus par le
498
demandeur en exequatur doivent être reconnus et déclarés exécutoires au Québec . Or, quels sont ces
droits? Ce sont à notre avis ceux que lui confère la décision elle-même.

Les droits résultant d’une décision judiciaire existant en raison du prononcé de cette décision, leur
exercice ne peut, il nous semble, être assujetti à un autre délai que le délai de prescription applicable
aux droits résultant d’un jugement à l’endroit où la décision a été rendue : « [à] la loi qui attribue un droit,
499
il appartient de fixer le délai dans lequel ce droit est susceptible d’être exercé » . Appliquer le délai de
500
prescription de la juridiction saisie de la demande d’exequatur aurait pour effet que les droits du titulaire
d’une décision rendue par une autorité nationale déterminée varieraient dans les faits d’une juridiction à
l’autre, selon le délai de prescription prévu par le droit de chaque État qui pourrait être appelé à
reconnaître la décision. Au surplus, appliquer le délai de 10 ans du droit québécois à l’exequatur d’une
décision rendue dans une juridiction prévoyant un délai de prescription plus court aurait pour effet de
501
faire revivre un droit éteint au lieu de sa naissance .

c) Le cas des décisions statuant sur des demandes dissociables


Lorsque la décision étrangère statue sur plusieurs demandes qui sont dissociables, la
reconnaissance ou l’exécution peut être accordée partiellement (art. 3159 C.c.Q.), c’est-à-dire à l’égard
502
d’une ou plusieurs de ces demandes dissociables . Il pourra en être ainsi lorsqu’un appel a été institué
à l’encontre de la décision mais qu’une portion de la décision portant sur certaines demandes
503
dissociables ne fait pas l’objet de cet appel .

d) La conversion monétaire et les intérêts


Lorsque la décision étrangère prévoit une condamnation pécuniaire exprimée dans une monnaie
étrangère, la conversion en monnaie canadienne doit être effectuée au cours qui était en vigueur le jour
504
où cette décision est devenue exécutoire dans l’État d’où elle émane (art. 3161, al. 1 C.c.Q. ). C’est le
jour de la conversion en monnaie canadienne – c’est-à-dire le jour du jugement québécois de
reconnaissance – qui déterminera la loi applicable au calcul des intérêts que porte la décision. Jusqu’à
cette date, les intérêts seront déterminés suivant la loi de l’autorité qui a rendu la décision (art. 3161
505
C.c.Q.); après cette date, les intérêts seront plutôt ceux prévus par le droit québécois .

7. Les transactions internationales


506
L’article 3163 C.c.Q. prévoit que « [l]es transactions exécutoires au lieu d’origine sont reconnues et,
le cas échéant, déclarées exécutoires au Québec aux mêmes conditions que les décisions judiciaires
507
pour autant que ces conditions leur sont applicables » . Bien qu’en droit

[Page 311]

québécois une transaction doive être homologuée pour être exécutoire (art. 2633, al. 2 C.c.Q.), le Code civil du Québec n’exige pas qu’une
transaction étrangère soit homologuée au lieu d’origine pour qu’elle puisse être reconnue et déclarée exécutoire au Québec. Dans la mesure où le droit qui
s’y applique n’exige pas l’homologation pour que la transaction soit exécutoire, celle-ci pourra faire l’objet au Québec d’une demande d’exequatur sans
508
passer par l’étape de l’homologation .

Notes de bas de page


*. Me Patrick Ferland est associé au sein du cabinet LCM Avocats Inc. (Montréal); Me Guillaume Laganière est avocat au sein du cabinet Woods
S.E.N.C.R.L. (Montréal) et candidat au doctorat en droit à l'Université McGill. Jusqu'en 2015, les éditions de ce chapitre ont été rédigées par le juge Serge
Gaudet, j. c.s. et M
e Patrick Ferland. Les auteurs tiennent à remercier le juge Gaudet pour son inestimable contribution.

1.
Certains États sont subdivisés en diverses unités territoriales ayant des compétences législatives distinctes (par exemple, les provinces ou territoires du
Canada ou les États américains). En ce cas, chacune de ces unités est considérée comme un État distinct aux fins de l'application des règles de droit
C.c.Q.), ce qui signifie qu'en principe, les autres provinces canadiennes sont, aux fins du droit international privé
international privé (art. 3077, al. 1
québécois, des juridictions « étrangères ». 171486 Canada Inc. c. Rogers Cantel Inc., 1994 CanLII 3644 (QC CS), [1995] R.D.J. 91, EYB 1994-28666
(C.S.). Voir aussi A. PRUJINER, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 1, par. 7; Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d'érable
c. 416 Candies Inc., 2011 QCCQ 5738, EYB 2011-191520.

2.
Sur la notion d'élément d'extranéité pertinent, voir Dell
Computer Corp. c. Union des consommateurs, 2007 CSC 34 (CanLII), [2007] 2
R.C.S. 801, EYB 2007-121973; Adoption (En matière d'), J.E. 2006-1817, EYB 2006-109348 (C.S.); BalGlobal Finance Canada Corp. c.
Aliments Breton (Canada) Inc., 2008 QCCS 2749 (CanLII), EYB 2008-132395. Pour une critique de l'approche de la majorité dans l'arrêt Dell
Computer, voir G. SAUMIER, « La sphère d'application de l'article 3149 C.c.Q. et le consommateur québécois », (2007) 37 R.G.D. 463.

3.
À ce sujet, N. DUVAL-HESLER, « L'influence du droit international sur la Cour d'appel du Québec », (2013) 54 C. de D. 177.

4.
C. EMANUELLI, Droit international privé québécois, Montréal, Wilson & Lafleur, 2011, n° 19 (ci-après : « C. EMANUELLI »).

international privé, Cowansville, Éditions Yvon Blais, Tome I – Théorie générale, 1998 (nos 1 à 198) et Tome
5.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, Droit
os o o
II – Règles spécifiques, 2003 (n 199 à 528), n 12 (ci-après : « G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER », avec référence au tome I ou II, selon le n de
o
paragraphe); C. EMANUELLI, n 11; H.P. GLENN, « Droit international privé », dans Barreau du Québec et Chambre des notaires du Québec, La réforme
du Code civil, t. 3, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, 1993, p. 671 (ci-après : « H.P. GLENN »), nos 1 et 2; A. PRUJINER, op. cit., note 1, par. 30
et s.

6.
Selon la Cour suprême du Canada, le droit international privé est notamment fondé « sur la nécessité qu'impose l'époque moderne de faciliter la circulation
ordonnée et équitable des richesses, des techniques et des personnes » : Morguard Investments Ltd. c. De Savoye, 1990 CanLII 29 (CSC), [1990] 3
R.C.S. 1077, p. 1096, EYB 1990-67027.

7.
C. EMANUELLI, n
os 35 et s.

8.
Contrairement à ce qui était le cas en vertu du Code civil du Bas-Canada, qui ne contenait que quelques dispositions (art. 6 à 8 et 27, 28
C.c.B.-C.) dont le caractère insuffisant était notoire. Le droit international privé québécois d'avant 1994 était donc essentiellement jurisprudentiel et doctrinal.
os
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 17 à 20.

9.
G. c. M.E., 1998 CanLII 9631 (QC CS), REJB 1998-05136 (C.S.); F. c. G., 2002 CanLII 41087 (QC CA), REJB 2002-33403 (C.A.).
C.E. CÔTÉ, « La réception du droit international en droit canadien », dans P. VERGE (dir.), Droit international du Travail-Perspectives canadiennes,
Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2010, p. 341. Pour une liste des principales conventions pouvant s'appliquer, voir A. PRUJINER, op. cit., note 1, par. 23.
Rappelons qu'un traité n'a force de loi que s'il a été intégré au droit interne par l'autorité compétente; Turanli Elektronik Ithalat San. Tic. Ltd. c.
Guris, 2014 QCCS 3169 (CanLII), EYB 2014-239278; UL Canada Inc. c. Québec, 1999 CanLII 11667 (QC CS), [1999] R.J.Q. 1720, REJB
1999-12934 (C.S.); S.A. Louis Dreyfus & Cie c. Holding Tusculum B.V., 1998 CanLII 12964 (QC CA), [1998] R.J.Q. 1722, REJB 1998-06805
(C.A.). C'est notamment le cas de la Convention relative à la signification et la notification à l'étranger des actes judiciaires
et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale, faite à La Haye le 15 novembre 1965 et applicable au Québec par
l'entremise de l'article 494 C.p.c.
10.
Soulignons que de nombreuses dispositions prévues au Code civil du Québec sont inspirées de la loi suisse : Loi fédérale sur le droit
international privé du 18 décembre 1987 (ci-après : « L.d.i.p. (Suisse) »), adoptée en 1987. J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, « Le Code Civil du
Québec : Interprétation des règles du droit international privé », dans Barreau du Québec et Chambre des notaires du Québec, La réforme du Code
civil, t. 3, Sainte-Foy, P.U.L., 1993, p. 801, no 4 (ci-après : « J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL »). En droit canadien, on peut consulter J.-G. CASTEL et J.
e
WALKER, Canadian Conflicts of Laws, 6 éd., Markham, LexisNexis, 2005.

11.
Sur la nature constitutionnelle des principes de droit international privé, voir généralement Club Resorts Ltd. c. Van Breda, 2012 CSC 17
(CanLII), [2012] 1 R.C.S. 572, EYB 2012-205198.

12.
Précité, note 6.

13.
1993 CanLII 43 (CSC), [1993] 4 R.C.S. 289, EYB 1993-68597.

14.
Cette loi reste cependant applicable à l'égard des juridictions non canadiennes : voir Aker BioMarine AS c. Neptune Technologies &
Bioressources Inc., 2013 QCCS 4841 (CanLII), EYB 2013-227663; Samson Bélair/Deloitte & Touche c. Teleglobe Communications Corporation, 2006
QCCA 819 (CanLII), EYB 2006-106592; F. SABOURIN, « La reconnaissance et l'exécution des décisions et des actes publics étrangers (art. 507, 508) »,
e
dans D. FERLAND et B. EMERY, Précis de procédure civile du Québec, vol. 2, 5 éd., Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2015, n
os 2-885 et s. Sur l'influence
os os
du fédéralisme, sur le droit international privé québécois, voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 21 à 23; C. EMANUELLI, n 85 et s.

15.
o
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 15.

16.
Giesbrecht c. Nadeau (Succession de), 2016 QCCS 4929 (CanLII), EYB 2016-271584, confirmé par 2016 QCCA 1811 (CanLII), EYB 2016-
272534 (à la note 10).

17.
Ibid. Voir par exemple le cas du recours à la clause échappatoire, infra.

18.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 53 et 54; G. GOLDSTEIN, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 6.

19.
Certaines dispositions peuvent cependant être à la fois des règles d'application immédiate et des règles matérielles. Il en est ainsi, nous semble-t-il, des
dispositions de la Loi
sur l'immunité des États, L.R.C. (1985), ch. S-18 : elles sont d'application immédiate en raison de l'objectif qu'elles visent
(Kuwait Airways Corp. c. Republic of Iraq, 2008 QCCS 4560 (CanLII), EYB 2008-148244, confirmé par 2009 QCCA 728 (CanLII), [2009]
R.J.Q. 992, EYB 2009-157437 (C.A.), infirmé pour d'autres motifs par 2010 CSC 40 (CanLII), EYB 2010-180775) et ce sont également des règles
matérielles puisqu'elles apportent directement une solution à une situation internationale. Voir cependant les critiques de J.G. CASTEL, « Kuwait Airways
Corp. c. Irak, 2010 CSC 40 », (2011) 56 R.D. McGill 751 et G. GOLDSTEIN, Droit international privé, vol. 1 – Conflit de lois : dispositions générales et
spécifiques (art. 3076 à 3133 C.c.Q.), coll. Commentaires sur le Code civil du Québec, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2011, p. 14 et s.,
EYB2011DCQ1160. Pour ces auteurs, en dépit du texte de l'article 3076 C.c.Q., la notion de loi d'application immédiate ne viserait que les conflits de loi, et
non les conflits de juridictions.

20.
À ce sujet, voir les observations de H.P. GLENN, n
o 8 et de J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, no 33. Voir aussi G. GOLDSTEIN, op. cit., note 18.

21.
L.R.C. (1985), ch. C-34.

22.
RLRQ, c. P-34.1.

23.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 50; Protection de la jeunesse – 1378, 2013 QCCS 1063 (CanLII), EYB 2013-219495.

24.
Id., n
o 206.
25.
St-Pierre c. Canadian Acceptance Corp., J.E. 82-654, EYB 1982-139838 (C.A.). Voir la discussion sur cette question dans Bousquet c. Acer
America Corporation (Canada), 2012 QCCQ 1261 (CanLII), EYB 2012-202866 et les commentaires de C. CHABOT-LAPOINTE, « Commentaire
sur la décision Bousquet c. Acer America Corporation (Canada) – La protection du consommateur face au droit international privé », Repères, mai 2012,
EYB2012REP1181. La Cour suprême du Canada a cependant utilisé la technique des lois d'application immédiate pour appliquer une loi albertaine visant la
protection des acheteurs albertains de machinerie agricole, alors que le contrat liant cet acheteur à son vendeur était régi par la loi du Nouveau-Brunswick :
R. c. Thomas Equipment Ltd., 1979 CanLII 226 (CSC), [1979] 2 R.C.S. 529, EYB 1979-147733.

26.
G.B. c. C.C., 2001 CanLII 20627 (QC CA), [2001] R.J.Q. 1435, REJB 2001-24303 (C.A.).
27.
Ferme Avicole Héva Inc. c. Boréal Assurances agricoles Inc., 2003 CanLII 47539 (QC CS), [2003] R.J.Q. 1857, REJB 2003-41756 (C.S.).

28.
o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 43 et le tableau de la page 127.

29.
Voir R. BOUKARHI, « La qualification en droit international privé », (2010) 51 C. de D. 159; G. GOLDSTEIN, « La qualification en droit international privé
selon la perspective de l'article 3078 C.C.Q. », dans S. GUILLEMARD (dir.), Mélanges en l'honneur du professeur Alain Prujiner, Cowansville, Éditions Yvon
Blais, 2011, p. 195; H. KELADA, « Qualification et sélection des dispositions pertinentes », dans JurisClasseur Québec – Droit international
privé, fasc. 3.

30.
Sur des questions similaires : Samson c. Holden, 1963CanLII 65 (SCC), [1963] R.C.S. 373, EYB 1963-246373; Montana c. Développements du
Saguenay Ltée, 1975 CanLII 178 (CSC), [1977] 1 R.C.S. 32, EYB 1975-215916.

31.
H.P. GLENN, n
o 4; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 60; Gauthier c. Bergeron, [1973] C.A. 77; Bombardier Inc. c. Air Liquide Canada Inc., 2010
QCCS 4051 (CanLII), EYB 2010-178781, permission d'appeler rejetée par 2010 QCCA 1631 (CanLII), EYB 2010-179218.

32.
En vertu du Code civil du Bas-Canada, elle se faisait selon la lex fori (art. 6 (2) C.c.B.-C.).

33.
Art. 3097 et 3152 C.c.Q. et l'ancien article 6, al. 1 C.c.B.-C.

34.
H.P. GLENN, n
o 4.

35.
Il faut donc parfois élargir la portée des catégories juridiques du droit interne afin de tenir compte, en droit international privé, d'institutions étrangères
o o
différentes, ou carrément inconnues du droit du for. G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 61; H.P. GLENN, n 8; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n
o 46; J.S.H.
c. B.B.F., 2001 CanLII 25570 (QC CS), [2001] R.J.Q. 1262, REJB 2001-24545 (C.S.).

36.
1944 CanLII 42 (SCC), [1944] R.C.S. 284.
37.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 55.

38.
C'est ce que certains appellent le « dépeçage subjectif » : G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 56.

39.
Voir Giesbrecht c. Succession de Nadeau, 2017 QCCA 386 (CanLII), EYB 2017-277177. Dans cette affaire, la clause échappatoire fut
invoquée en faveur de la loi québécoise dans un litige résultant de l'écrasement, en Ontario, d'un avion dont le pilote et les passagers étaient tous domiciliés
au Québec. La Cour supérieure (précité, note 16) a jugé que même si la règle de conflit désignait la loi ontarienne, le « centre de gravité réel de la situation »
était situé au Québec et il convenait donc d'avoir recours à l'article 3082 C.c.Q. pour écarter l'application du droit ontarien. La Cour d'appel a rejeté
l'appel mais pour des considérations différentes, préférant fonder son jugement sur le fait que le recours des seuls demandeurs non québécois (des victimes
par ricochet domiciliées en Colombie-Britannique) aurait été irrecevable en vertu du droit ontarien.

40.
o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 46. Voir G. GOLDSTEIN, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 5; Giesbrecht c.
Succession de Nadeau, précité, note 39.

41.
Voir généralement G. GOLDSTEIN, « La fraude à la loi dans le droit international privé du nouveau Code civil du Québec », (1997) 57 R. du B.
707, EYB1997RDB30.

42.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 110 et s.
43.
C. EMANUELLI, n
o 463.

44.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 114.
o

45. os os
Sur ces notions, voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 71 et s.; C. EMANUELLI, n 417 et s.

46.
Ross c. Ross, (1893) 2 B.R. 413; (1895-96) 1894 CanLII 69 (SCC), 25 R.C.S. 307.

47.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 74.
o

48.
Selon C. EMANUELLI, l'article 3167 C.c.Q. reconnaîtrait exceptionnellement une forme limitée de renvoi puisque la compétence des autorités
o
étrangères en matière de divorce peut dépendre des règles de droit international privé d'un État étranger (n 423). Par ailleurs, l'exclusion des règles de
conflits étrangères ne signifie pas l'exclusion des règles étrangères visant à déterminer, à l'intérieur d'un même ordre juridique, quel système de droit doit être
appliqué lorsque plusieurs systèmes y coexistent et sont applicables à différentes catégories de personnes (e.g. un État ayant adopté, en tout ou en partie,
un système de « personnalité des lois ») : art. 3077 (2) C.c.Q. Pour une critique de la solution retenue en matière de renvoi, qui manquerait de souplesse,
os
voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 76 et s.

49.
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 61.
o

50.
C. EMANUELLI, n
o 424.

51.
Pour que le problème de la question préalable se pose, il faut que la question principale soit régie par une loi étrangère; si cette question principale est
régie par la loi du for, il n'y a pas de difficultés : la question préalable est alors traitée comme une question autonome de droit international privé.

52.
1964 CanLII 22 (SCC), [1965] R.C.S. 148.

53.
Selon ce droit, les époux, de religion juive, étaient soumis à la loi hébraïque qui leur était applicable où qu'ils eussent pu se trouver (système de
personnalité des lois). Selon la loi israélienne, le divorce prononcé en Italie selon la loi hébraïque, même à l'égard d'un couple domicilié en Hongrie, était donc
valable.

54.
Il faut toutefois noter que, puisque le droit israélien fait dépendre la validité du divorce de la loi religieuse des parties, il n'est pas clair si la solution retenue
dans cette affaire découle de l'application du droit interne israélien ou des règles de conflit israéliennes.

55.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 80.
o

56. o
C'est la solution proposée par les professeurs C. EMANUELLI (n 425), H.P. GLENN (n
o 11) et J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL (no 81). Voir également la
position des professeurs G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 50.

57.
La nature particulière des règles de conflits – qui indiquent un ordre juridique applicable plutôt que de régler directement la question litigieuse – rend
l'application des principes classiques de droit transitoire plus ardue. P. ROUBIER, Le droit transitoire : conflits des lois dans le temps, Paris, Dalloz, 1960,
o
n 107.

58.
Sauf quant aux conditions de forme du mariage, à la désignation de la loi successorale (professio juris), aux successions et à la reconnaissance des
jugements étrangers, art. 167 à 170 de la Loi sur l'application de la réforme du Code civil, L.Q. 1992, c. 57 (ci-après « L.a.r.C.c. »).

59.
P. ROUBIER, précité, note 57, n
o 107; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, no 95; C. EMANUELLI, no 429.

60.
Tolofson c. Jensen, 1994 CanLII 44 (CSC), [1994] 3 R.C.S. 1022, EYB 1994-67135.

61.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 84.
o

62.
Il ne peut évidemment pas y avoir de conflit mobile lorsque le facteur de rattachement est fixé dans le temps (e.g. premier domicile matrimonial, lieu de
célébration du mariage, situs du délit, etc.).
63.
C. EMANUELLI, n° 483.

64.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 92.
o

65.
[1972] C.S. 855, EYB 1972-223624.

66.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 85.
o

CanLII 2998 (QC CA), [1985] R.D.J. 247, EYB 1985-143861 (C.A.); Patterson c. Edwards, C.A. Montréal, no 500-09-
67.
J.L.P. c. D.E.M., 1985
001114-750, 23 novembre 1977.

68.
os 476 et s.), alors que les professeurs Goldstein et Groffier finissent
Le professeur Emanuelli semble pencher pour le respect intégral du droit étranger (n
par considérer que toute solution a priori risque d'être insatisfaisante et proposent de procéder au cas par cas (n
os 85 et s.).

69.
Vivendi Canada Inc. c. Dell'Amello, 2014 CSC 1 (CanLII), [2014] 1 R.C.S. 3, EYB 2014-231631. Les lois des autres provinces ou territoires
canadiens peuvent cependant être prouvées par la copie de ces lois publiée par un éditeur autorisé (art. 2812 C.c.Q.). Pour ce qui est des traités et
accords internationaux qui s'appliquent au Québec sans avoir été intégrés dans un texte de loi, de même que du droit international (public) coutumier, ceux-ci
doivent également être allégués, après quoi le tribunal devra en prendre connaissance d'office (art. 2807 C.c.Q.).

70.
La décision de prendre connaissance d'office du droit étranger ou d'exiger que preuve en soit faite revient au tribunal, qui a discrétion à cet égard:
Construction Beauce-Atlas Inc. c. Pomerleau Inc., 2013 QCCS 4077 (CanLII), EYB 2013-226033.

71. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 97; Robinson c. Souriac, 2012 QCCS 6149 (CanLII), EYB 2012-215033.

72.
Juljulian c. Juljulian, 2007BE-1041, EYB 2007-125371 (C.S.); Droit de la famille – 3403, 2000 CanLII 7307 (QC CA), [2000] R.J.Q. 2252,
REJB 2000-20015 (C.A.).

73.
Gold c. Reinblatt, [1928] R.C.S. 74; Thériault c. La Reine, 1998 CanLII 11295 (QC CS), [1998] R.J.Q. 911, REJB 1998-05326 (C.S.).
74.
o
C. EMANUELLI, n 444; S. SCHERRER, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 7. Voir J.C. ROYER et S. LAVALLÉE, La
preuve
e o
civile, 4 éd., Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2008, n 118, EYB2008PRC5; Brochu c. Loto-Québec, 2009 QCCS 4676 (CanLII), EYB
2009-165050; Takvorian c. BAE Systems Australia, J.E. 2005-788, EYB 2005-86730 (C.S.).

75.
Parkway Pontiac Buick Inc. c. General Motors du Canada Ltée, 2012 QCCS 618 (CanLII), EYB 2012-202681; Miller c. La Reine, 1997
CanLII 8284 (QC CS), [1997] R.J.Q. 3054, REJB 1997-03263 (C.S.).

76.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 100; Bard c. Appel, 2015 QCCS 4752 (CanLII), EYB 2015-257628, permission d'appeler accueillie par
2015 QCCA 2107 (CanLII), EYB 2015-259934; Aviscar Inc. c. Trandafir, 2011 QCCQ 2397 (CanLII), EYB 2011-207102; Issenman c.
Nacos, 2008 QCCS 4319 (CanLII), EYB 2008-147676; Ahsan c. The Second Cup Ltd., 2003 CanLII 10600 (QC CA), J.E. 2003-736,
REJB 2003-39565 (C.A.); Carnival Leisure Industries Inc. c. Legault, 1997 CanLII 10256 (QC CA), J.E. 98-211, REJB 1997-04215 (C.A.);
Phesco Inc. c. Canac Inc., 2000 CanLII 18203 (QC CS), J.E. 2000-2268, REJB 2000-21315 (C.S.). Notons que l'application du droit québécois
en l'absence de preuve de la loi étrangère ne résulte plus, comme en vertu de l'ancien droit, d'une présomption d'identité, mais bien plutôt d'une simple
nécessité pratique.

77.
C. EMANUELLI, n
o 414; P. MAYER et V. HEUZÉ, Droit international privé, 8e éd., Paris, Montchrestien, 2004, no 167.

78. o
C. EMANUELLI, n 414.

79.
J.S.H. c. B.B.F., précité, note 35.

80.
Voir J.A. TALPIS, L'accommodement raisonnable en droit international privé québécois, Montréal, Éditions Thémis, 2008, p. 7.

81. os
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 117 et s. Pour des exemples jurisprudentiels, voir G. GOLDSTEIN, op. cit., note 40; Droit de la famille – 1535,
2015 QCCS 106 (CanLII), EYB 2015-247012, permission d'appeler rejetée par 2015 QCCA 382 (CanLII), EYB 2015-248783; Droit de la famille –
08168, J.T. c. A.S., 2008 QCCA 199 (CanLII), EYB 2008-129189; Advant Leasing Ltd. c. 2995450 Canada Inc., J.E. 2005-139, EYB 2004-80549 (C.S.),
appel accueilli sur renonciation à jugement par 2007 QCCA 335 (CanLII), EYB 2007-116159. Sur l'application de l'article 3081 C.c.Q., voir
généralement Bil'In (Village Council) c. Green Park International Inc., 2009 QCCS 4151 (CanLII), [2009] R.J.Q. 2579, EYB 2009-163914 (C.S.),
confirmé par 2010 QCCA 1455 (CanLII), EYB 2010-177634.
82.
1991 CanLII 3485 (QC CA), [1992] R.J.Q. 302, EYB 1991-63687 (C.A.).
83.
Regazonni c. K.C. Sethia, [1958] A.C. 301, où la Chambre des Lords a appliqué une loi indienne prohibant l'exportation de biens en Afrique du Sud, et ce,
o
même si le contrat en cause qui visait à effectuer une telle exportation était régi par le droit anglais. G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 51.

84.
[1996] R.J.Q. 1715, EYB 1996-88038 (C.S.), confirmé par 1997 CanLII 10291 (QC CA), J.E. 97-306, REJB 1997-00037 (C.A.); G. GOLDSTEIN, «
La condition incertaine des lois de police étrangère et du secret bancaire en droit international privé québécois », (1997) 76 R. du B. 449.

2006 QCCA 290 (CanLII), EYB 2006-102099, autorisation de pourvoi à la Cour suprême du Canada rejetée (C.S.C., no 31431, 2006-09-28).
85.

86.
La personne étrangère ou le groupement de personnes qui a la capacité d'ester en justice peut exercer cette faculté devant les tribunaux du Québec :
art. 489 C.p.c.

(CanLII), EYB 2013-225151; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, nos 200 et s. Ces auteurs proposent des
87.
Joseph c. Palnick, 2013 QCCQ 7826
solutions nuancées relativement aux divers droits de la personnalité (consentement aux soins, garde psychiatrique, droits de l'enfant) prévus au Code
civil. Ils sont d'avis que certaines règles prévues à ces égards sont d'application immédiate. Ils estiment aussi que le mandat de protection du majeur est
régi par le statut personnel (n
os 235 et 406). Voir C. MANENTI, JurisClasseur Québec, Droit international privé, fasc. 12.

88.
Le domicile ne doit pas être confondu avec la nationalité, qui est un lien de droit unissant une personne à un État, peu importe son domicile. Ainsi, un
ressortissant français demeure de nationalité française même s'il est domicilié au Québec depuis plusieurs années.

89.
Adoption – 152, 2015 QCCA 348 (CanLII), EYB 2015-248558.

90.
Voir Trottier v. Rajotte, 1939 CanLII 25 (SCC), [1940] S.C.R. 203 où le juge en chef Duff écrit que « the process of the acquisition of a new
domicile involves two factors – the acquisition of residence in fact in a new place and the intention of permanently settling there ». Voir cependant les
commentaires de la Cour d'appel sur cet arrêt dans Adoption – 152, précité, note 89. Notons par ailleurs que l'analyse aux fins de l'article 75 C.c.Q. est
contextuelle : Adoption – 152, ibid.

91.
(CanLII), EYB 2010-177994; Droit de la famille – 2733, 1997 CanLII 8876 (QC CS), [1997] R.D.F. 620,
Vaillancourt c. Dion, 2010 QCCA 1499
REJB 1997-01216 (C.S.); Droit de la famille – 3436, 1999 CanLII 11628 (QC CS), [1999] R.D.F. 736, REJB 1999-15436 (C.S.); Droit de la
famille – 081848, P.G. c. L.D., 2008 QCCS 3565, EYB 2008-143822; Droit de la famille – 092440, J.E. 2009-1968, EYB 2009-164839 (C.S.); Droit de la
famille – 103292, J.E. 2011-44, EYB 2010-183187 (C.S.), appel rejeté sur requête par Droit de la famille – 11603, 2011 QCCA 463 (CanLII),
EYB2011-187580; Droit de la famille – 113627, 2011 QCCS 6194 (CanLII), EYB2011-198669 (appel déserté); Adoption-1258, 2012
QCCQ 5904 (CanLII), EYB 2012-210604; Droit de la famille – 121514, 2012 QCCS 3293 (CanLII), EYB 2012-209185; Droit de la famille – 15307,
2015 QCCS 669 (CanLII), EYB 2015-248634.

92.
Voir, pour un exemple, Droit de la famille – 1553, 2015 QCCA 137 (CanLII), EYB 2015-247411, infirmant Droit de la famille – 142906,
2014 QCCS 5572 (CanLII), EYB 2014-244706.
93.
(CanLII), EYB 2016-264069; Droit
Le déplacement illégal d'un mineur ne saurait modifier son domicile : Droit de la famille – 16774, 2016 QCCA 565
de la famille – 15984, 2015 QCCA 781 (CanLII), EYB 2015-251718; Droit de la famille – 143017, 2014 QCCA 2188 (CanLII), EYB 2014-245127; Droit
de la famille – 143160, 2014 QCCA 2290 (CanLII), EYB 2014-245714. Dans la même veine, l'absence ou l'irrégularité du statut d'immigrant au sens des
lois canadiennes sur l'immigration ne rend pas impossible l'établissement d'un domicile au Québec au sens du Code civil : Adoption – 152, précité, note
89.

94.
L.F. c. N.T., 2001 CanLII 27958 (QC CA), [2001] R.J.Q. 300, REJB 2001-22143 (C.A.); Droit de la famille – 3451, 1999 CanLII 13453
(QC CA), [1999] R.D.F. 641, REJB 1999-15081 (C.A.); Droit de la famille – 091236, 2009BE-830, EYB 2009-159530 (C.S.); Droit de la famille –
091216, 2009 QCCS 2349 (CanLII), [2009] R.D.F. 491, EYB 2009-159453 (C.S.); Droit de la famille – 08384, 2008 QCCS 652 (CanLII),
EYB 2008-130332; Droit de la famille – 081848, P.G. c. L.D., précité, note 91; Droit de la famille – 082841, C.A. c. J.D., 2008 QCCS 5319 (CanLII), EYB
2008-150402, confirmé par 2009 QCCA 530 (CanLII), EYB 2009-156174; Droit de la famille – 3510, 1999 CanLII 10301 (QC CQ), [2000] R.J.Q.
559, REJB 1999-16297 (C.S.).

95.
Adoption – 152, précité, note 89.

96.
Bien sûr, si le contractant a des raisons de se douter de l'existence d'une incapacité, l'article 3086 C.c.Q. ne le protégera pas : Joseph c. Palnick,
précité, note 87.

97.
Par exemple, si la teneur du droit étranger ne peut être établie assez rapidement ou qu'à grands frais eu égard à la question litigieuse.

98. o
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 137; M. PICHÉ-MESSIER et A. MERMINOD, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 13; J.A.
TALPIS, « Les aspects juridiques de l'activité des sociétés et corporations étrangères au Québec », (1976) C.P. du N. 215. Pour une description plus détaillée
o
du domaine de la lex societatis, G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 238. Voir aussi l'article 155 L.d.i.p. (Suisse) et, en droit belge, l'article 110 du Code de
2004 (la Loi
du 16 juillet 2004 portant le Code de droit international privé belge). Sur le droit applicable au contrat pré-incorporatif, voir Société
Sylvicole de l'Outaouais c. Rasmussen, 2005 QCCA 729 (CanLII), EYB 2005-93956.

99.
Selon J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, l'utilisation de la loi de l'incorporation comme facteur de rattachement plutôt que la loi du siège, légal ou réel, a
l'avantage de la simplicité, de la clarté et de l'unicité. En effet, si les tiers ne sont pas nécessairement au fait du lieu où s'effectue le contrôle d'une société, le
lieu de son incorporation est connu, les sociétés étrangères faisant affaires dans une juridiction étant le plus souvent obligées de publier leur forme juridique.

100. o o
C'est la solution de l'article 150 L.d.i.p. (Suisse). J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 135; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 436. Pour le reste, une
société de personnes est soumise à la loi applicable au contrat de société qui l'a créée.

101. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 240.

102.
Ce qui inclut en théorie la question de savoir si l'on peut être bigame ou polygame. En pratique, cependant, l'ordre public au sens international viendra
s'interposer, sauf peut-être quant à certains effets de mariages bigames (ou polygames) célébrés dans une juridiction l'autorisant et contractés entre
personnes domiciliées dans des juridictions le permettant. J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n
os 159-160; C. EMANUELLI, no 492. Sur le mariage et ses effets
en droit international privé, voir H. AL-DABBAGH, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 14.
103.
H.P. GLENN, n
o 19.

104. o 20; Droit de la famille – 091897, J.E. 2009-1486, EYB 2009-162094 (C.S.); Droit de la famille – 3394, 99BE-1034 (C.S.). En vertu
H.P. GLENN, n
du Code civil du Bas-Canada, seule la lex celebrationis était compétente à cet égard. La règle du nouveau code s'applique aux mariages célébrés
avant son entrée en vigueur : art. 167 L.a.r.C.c.

105.
L.P. c. F.B., 2003 CanLII 37433 (QC CS), J.E. 2003-2081, REJB 2003-48992 (C.S.); Droit de la famille – 113547, 2011 QCCS 5997
(CanLII), EYB 2011-198212. Voir généralement F. SABOURIN, Les effets patrimoniaux du mariage en droit international privé
québécois, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 1997.

106.
À l'exception de l'obligation alimentaire que se doivent les époux, le droit applicable à cet égard faisant l'objet de règles spécifiques : art. 3094 et 3096
C.c.Q.
107.
o
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 167.

108.
À ce sujet, C. EMANUELLI, n
o 495; E. GROFFIER et G. GOLDSTEIN, no 758.

109.
H.O. c. C.B., 2001 CanLII 19820 (QC CA), [2001] R.D.F. 692, REJB 2001-27191 (C.A.); G.B. c. C.C., 2001 CanLII 20627 (QC CA), [2001]
R.J.Q. 1435, REJB 2001-24303 (C.A.); L.P. c. F.B., précité, note 105; J.S.H. c. B.B.F., précité, note 35; D.F. c. R.G., J.E. 2005-1116, EYB 2005-90941
(C.S.); B.C. c. L.M., J.E. 2007-2205, EYB 2007-121055 (C.S.), confirmé par 2008 QCCA 549 (CanLII), EYB 2008-131506. Sur cette question, voir aussi
S. GUILLEMARD, « Les points de rattachement en matière de régimes matrimoniaux et d'union », (2014) 1 C.P. du N. 233, EYB2014CPN115.
110.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 310-1 et s. Dans Hallé c. Goyer, 1998 CanLII 11501 (QC CS), [1998] R.D.F. 529, REJB 1998-08199 (C.S.),
la cour a appliqué les dispositions d'un « contrat de cohabitation » conclu par des conjoints de fait et soumis au droit ontarien.
111.
o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 271; S. HEYEUR, JurisClasseur
Québec – Droit international privé, fasc. 18. Voir aussi Topala c.
Burrogano, 2013 QCCS 1068 (CanLII), EYB 2013-219544. Voir cependant la critique de M. AL-DABBAGH, SOQUIJ, L'Express, vol. 4, no 45.

112. e
L.R.C. (1985), ch. 3 (2 suppl.).
113.
Droit de la famille – 162593, 2016 QCCS 5072 (CanLII), EYB 2016-271776; M.I.B. c. M.-P.L., 2005 QCCA 1023 (CanLII), [2005] R.J.Q. 2817,
EYB 2005-97055 (C.A.); Droit de la famille – 2054, 1997 CanLII 8430 (QC CS), [1997] R.J.Q. 1124, REJB 1997-00235 (C.S.), confirmé par
1998 CanLII 12833 (QC CA), J.E. 98-1237, REJB 1998-06057 (C.A.), autorisation de pourvoi à la Cour suprême du Canada refusée
o
(C.S.C., n 26790, 1999-01-21); Droit de la famille – 092727, J.E. 2009-2194, EYB 2009-166186 (C.S.); Droit de la famille – 3618, 2000 CanLII
17981 (QC CS), [2000] R.D.F. 327, REJB 2000-17885 (C.S.); Droit de la famille – 3148, 2000 CanLII 18998 (QC CS), [2000] R.J.Q. 2339,
REJB 2000-19964 (C.S.).

CanLII 25570 (QC CS), REJB 2001-24545 (C.S.); G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 265; C.
114.
B.C. c. L.M., précité, note 109; H. c. F., 2001
o
EMANUELLI, n 507. Il ne faut pas confondre le divorce et les effets qu'il peut entraîner sur la dissolution du régime matrimonial : S.P. c. S.A.N., 2005BE-172,
EYB 2004-85753 (C.A.).

115. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 275. J. TUGAULT-LAFLEUR, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 16. Voir aussi G.
GOLDSTEIN, « Une lecture critique des règles relatives à l'adoption en droit international privé québécois », (2010) 69 R. du B. 57, EYB2010RDB100; Droit
de la famille – 151172, 2015 QCCS 2308 (CanLII), EYB 2015-252851.

116.
(CanLII), EYB 2011-199844; Droit de la famille – 3403, précité, note 72; Droit
Adoption – 152, précité, note 89; Adoption – 11356, 2011 QCCA 2353
de la famille – 3969, 2000 CanLII 17953 (QC CS), [2000] R.D.F. 777, REJB 2000-19784 (C.S.); P.M. (Dans la situation de), 2001 CanLII 24556
(QC CQ), [2001] R.D.F. 940, REJB 2001-27252 (C.S.); Adoption (En matière d'), J.E. 2007-16, EYB 2006-111257 (C.Q.); Adoption – 106, 2010
QCCQ 2040 (CanLII), [2010] R.J.Q. 966, EYB 2010-172297 (C.Q.); Adoption – 10100, 2010 QCCQ 10528 (CanLII), EYB 2010-183978, inf.
pour d'autres motifs par Adoption – 11117, 2011 QCCA 1129 (CanLII), EYB 2011-198669; Adoption – 13318, 2013 QCCQ 16271 (CanLII), EYB
2013-233060.

117.
L.Q. 2004, c. 3, entrée en vigueur le 1
er février 2006; Adoption – 14143, 2014 QCCQ 7727 (CanLII), EYB 2014-242008.

118. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 282.

119.
F. SABOURIN, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 17. Il faut tenir compte des dispositions de la Loi sur l'enlèvement
international et interprovincial d'enfants, RLRQ, c. A 23.01. Voir, par exemple, Droit de la famille – 161254, 2016 QCCA 910 (CanLII), EYB
2016-266209; Droit de la famille – 15751, 2015 QCCA 638 (CanLII), EYB 2015-250806; Droit de la famille – 153286, 2015 QCCS 6070 (CanLII),
EYB 2015-260326; Droit de la famille – 141610, 2014 QCCS 3144 (CanLII), EYB 2014-239197 (inscription en appel, 2014-07-30); Droit de la famille –
141061, 2014 QCCS 2012 (CanLII), EYB 2014-237064; Droit de la famille – 141601, 2014 QCCS 3121 (CanLII), EYB 2014-239151; Droit de la
famille – 133094, 2013 QCCS 5527 (CanLII), EYB 2013-229139; Droit de la famille – 1222, 2012 QCCA 21 (CanLII), EYB 2012-200494; Droit de la
famille – 092549, J.E. 2009-1960, EYB 2009-165242 (C.A.); Droit de la famille – 091499, J.E. 2009-1245, EYB 2009-160687 (C.A.); Droit de la
famille – 122533, 2012 QCCS 4393 (CanLII), EYB 2012-211365, Droit de la famille – 112106, 2011 QCCS 3612 (CanLII), EYB 2011-193332; Droit
de la famille – 111933, 2011 QCCS 3385 (CanLII), EYB 2011-192997; Droit de la famille – 112477, 2011 QCCS 4266 (CanLII), EYB 2011-194641; F.
SABOURIN, Développements jurisprudentiels récents sur les aspects civils de l'enlèvement international d'enfants, Cowansville,
Éditions Yvon Blais, 2009, p. 153, EYB2009CBL20; F. RÉMILLARD et F. SABOURIN, Aspects civils de l'enlèvement international et
interprovincial d'enfants, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2013.

120. o
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 187.

121.
Droit de la famille – 14994, 2014 QCCS 1893 (CanLII), EYB 2014-236767; Droit de la famille – 08168, J.T. c. A.S., précité, note 81.

3096 C.c.Q.? C. EMANUELLI le suggère (no


122.
L'obligation alimentaire des enfants, dans ces mêmes cas, est-elle aussi visée par la règle de l'article
506), mais voir les commentaires de G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 300.
o
123.
Sous réserve du cas des biens corporels dont la fonction est de se déplacer : à l'instar des biens incorporels, il faut situer ceux-ci juridiquement plutôt
que physiquement. Ainsi, les navires et les aéronefs sont censés être situés au lieu de leur enregistrement (C. EMANUELLI, n
o 147).

124.
Pour le cas de la propriété intellectuelle, voir A. LUCAS, « Droit international et droit d'auteur », (2010) 22 Cahiers de propriété intellectuelle
762.

125. o
C. EMANUELLI, n 147; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 318.

126.
Bern c. Bern, [1995] R.D.J. 510, EYB 1995-64873 (C.A.); MacDonald Oil Corp. c. MFC Bancorp Ltd., 2002 CanLII 13432 (QC CS),
J.E. 2002-1704, REJB 2002-33779 (C.S.); Vilamar, s.a. c. Sparling, [1987] R.J.Q. 2186, EYB 1987-78444 (C.S.).
127. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 318; C. PAULUS, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 19, par. 15 et s.

128.
G. GOLDSTEIN, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 22. Pour une analyse de divers mécanismes alternatifs de transmission de biens
au décès, voir J.A. TALPIS, « La transmission des biens au décès autrement que par succession en droit international privé québécois », dans Barreau du
Québec, Service de la formation continue, Développements récents en successions et fiducies, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2010, p. 121,
EYB2010DEV1689.

129. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 506. Le législateur québécois n'a pas entériné le principe de l'unité de la succession, retenu par la Convention
er
de La Haye du 1 août 1989 sur la loi applicable aux successions à cause de mort (http ://www.hcch.net).
130.
Pavlatos c. Millas, J.E. 2007-2154, EYB 2007-124999 (C.S.), confirmé par 2010 QCCA 624 (CanLII), EYB 2010-171829; Robinson c. Souriac, précité,
note 71. Rappelons que, selon l'article 3078 C.c.Q., la qualification des biens comme meubles ou immeubles se fera selon la loi où ils se situent.
131. o o
Selon C. EMANUELLI (n 516) et J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL (n 208), une telle désignation doit être expresse. À cet égard, Juljulian c. Juljulian,
précité, note 72; voir cependant Martel-Rozan c. Chiasson, 2005 CanLII 26787 (QC CS), [2005] R.L. 512, EYB 2005-93273 (C.S.).
Soulignons qu'une telle désignation faite dans un testament datant d'avant l'entrée en vigueur du Code civil du Québec
(1er janvier 1994) est valide si les conditions de l'article 3098 C.c.Q. sont respectées (art. 168 L.a.r.C.c.). Sur la professio juris, voir J. TALPIS, «
Quelques développements récents en droit des successions internationales suscitant certains débats ou soulevant quelques incertitudes », dans Barreau du
Québec, Service de la formation continue, Développements récents en successions et fiducies, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2012, p. 3,
EYB2012DEV1885 et E. VÉZINA, « Les successions en droit international privé québécois », (2010) 112 R. du N. 393. Sur les lettres de vérification destinées
à l'étranger, voir Naivi Chicok BARREDA, « La preuve de la succession internationale en droit québécois : ces étranges lettres de vérification destinées à
l'étranger », (2014) 73 R. du B. 393.

132.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 151.
o

133.
C. EMANUELLI, n
o 520.

134.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 510.

135. o o
Id., n 520; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 205; Reichman c. Kadar, 2014 QCCA 1180 (CanLII), EYB 2014-238347.

136.
H.P. GLENN, n
o 30.

137.
Il peut en effet arriver que les pouvoirs d'un administrateur ou liquidateur nommé selon les dispositions de la loi étrangère soient limités territorialement.

138.
Snyder c. Levy, 2013 QCCS 1656 (CanLII), EYB 2013-221016.

139.
Voir généralement D. BASHILOVA, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 20; J.A. TALPIS, « La reconnaissance et l'exécution des
sûretés mobilières étrangères en droit international privé québécois : où en sommes-nous? », dans B. LEFEBVRE (dir.), Mélanges Roger Comtois, Montréal,
Éditions Thémis, 2005, p. 485. Les sûretés grevant un immeuble sont régies par la loi de leur situation, selon le principe général de l'article 3097 C.c.Q. In
er
re Gareau, 1997 CanLII 8192 (QC CS), [1997] R.J.Q. 1954, REJB 1997-03315 (C.S.). Depuis le 1 janvier 2009, des règles particulières,
énoncées à l'article 3108.8 C.c.Q., régissent la validité et les effets de la publicité des sûretés grevant les valeurs mobilières ou titres intermédiés (voir
infra, note 150).
140. os
H.P. GLENN, n 33 et s. Pour un exemple jurisprudentiel, voir Lake Motors Inc. c. Location Dagenais Inc., 2015 QCCQ 10427 (CanLII), EYB 2015-
258648.

141. o
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 240.

142.
C. EMANUELLI, n
o 522. Les professeurs G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER distinguent entre les effets inter partes, qui seraient régis par la loi
o
régissant la sûreté, et les effets vis-à-vis les tiers, qui seraient régis par la loi réelle (n 324).

143.
Sous réserve de la controverse énoncée ci-dessus quant à la loi applicable aux effets de la sûreté.

144.
Voir BMW Canada Inc. c. Florin, 2010 QCCQ 9781 (CanLII), EYB 2010-182195.
145.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 333 et s.

146.
Ce qui exclut donc les fiducies créées directement par loi, telles les constructive trusts des juridictions de common law. Une fondation dotée de la
personnalité juridique est régie par la loi du lieu où elle est constituée, selon le principe de l'article 3083 C.c.Q. : voir Canada c. Sommerer, 2012
CAF 207 (CanLII).

147.
Rodger c. Rodger, J.E. 95-575, EYB 1995-84687 (C.S.); Dunn c. Wightman, [1995] R.J.Q. 2210, EYB 1995-78285 (C.S.). Voir les dispositions de la
Convention de la Haye du 1er juillet 1985 relative à la loi applicable au trust età sa reconnaissance (http://www.hcch.net) dont s'est inspiré le
législateur québécois à plusieurs égards.

148. o
C. EMANUELLI, n 529.

149.
RLRQ, c. T-11.002.

150.
À ce sujet, voir l'étude de M. DESCHAMPS, « Le nouveau régime québécois des sûretés sur les valeurs mobilières », (2009) 68 R. du B. 541,
EYB2009RDB98; D. D'ALLAIRE, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 21.
151.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 339 et s.

152. o
C. EMANUELLI, n 582; D. CARRÉ, La
faillite internationale : comparaison des systèmes canadien et européen, Cowansville, Éditions Yvon Blais,
2008. C'est d'ailleurs la qualification qui a été retenue par la Cour supérieure dans Homburg Invest inc. (Arrangement relatif à), 2014
QCCS 3135
(CanLII), EYB 2014-239196, confirmé par Taberna Preferred Funding VI Ltd. c. Stichting Homburg Bonds, 2015 QCCA 62 (CanLII), EYB
2015-246975.

153. os os
A. BOHÉMIER, « La faillite internationale », (1990) 50 R. du B. 3; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 339 et s.; C. EMANUELLI, n 582 et s. Voir
aussi les articles 116 et s. du Code belge de 2004, supra, note 98.

154.
Selon le partage des compétences constitutionnelles, la faillite est de compétence fédérale (art. 91 (21) de la Loi constitutionnelle de 1867 (R.V.
30 & 31 Vict., c. 3). Selon l'article 188 de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, L.R.C. (1985), ch. B-3, les ordonnances du tribunal de faillite
siégeant dans une province sont exécutoires partout au Canada (Sam Lévy & Associés c. Azco Mining Co., 2001 CSC 92 (CanLII), [2001] 3 R.C.S.
978, REJB 2001-27203).

155.
In re Turner, 99BE-240, REJB 1998-10405 (C.S.).

156. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 341; Re Succession Kaussen, [1986] R.J.Q. 2683, EYB 1986-95756 (C.S.), confirmé par [1988] R.L. 425, EYB
1988-63117 (C.A.). Cependant, dans la décision Re Antwerp Bulkcarriers N.V., (1996) 43 C.B.R. (3d) 284, la Cour supérieure a reconnu une procédure de
faillite instituée en Belgique et y a donné effet. Ce jugement a été cassé par la Cour d'appel, mais pour d'autres motifs. La Cour suprême a confirmé le
jugement de la Cour d'appel, mais a pris soin de mentionner l'importance de la coordination des faillites internationales et la possibilité de reconnaître au
CSC 91 (CanLII), [2001] 3 R.C.S. 951, 964, REJB 2001-27201. Voir aussi In re Matol Botanicol
Canada des procédures de faillite étrangères : 2001
Int'l Ltd., 2001 CanLII 39737 (QC CS), [2001] R.J.Q. 2333, REJB 2001-26394 (C.S.) et In re Kevco Inc., J.E. 2005-578, EYB 2005-
87224 (C.S.).
157.
Op. cit., note 154. D. CARRÉ, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 24.
158.
Marciano (Séquestre de), 2012 QCCA 1881 (CanLII), EYB 2012-212953; Provida Treuhand s.a. c. Sport Dinaco Inc., 2000 CanLII 17734 (QC
CS), [2000] R.J.Q. 900, REJB 2000-16987 (C.S.). Voir aussi Martin c. Pierre St-Cyr Auto Caravanes Ltée, 2009BE-485, EYB 2009-
158417 (C.A.); Stanford International Bank Ltd. (Syndic de), 2009 QCCS 4106 (CanLII), [2009] R.J.Q. 2544, EYB 2009-
163753 (C.S.); Stanford International Bank Ltd. (Syndic de), 2009 QCCS 4109 (CanLII), [2009] R.J.Q. 2557, EYB 2009-163769
(C.S.). Sur les récents développements en la matière, voir Barreau du Québec, Service de la formation continue,
Développements récents en droit des affaires internationales, Faillite internationale, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2010,
EYB2010DEV1666.

159.
L.R.C. (1985), ch. C-36, art. 44 à 61. Voir Gyro-Trac (USA) Inc. et Raymond Chabot Inc., J.E. 2010-791, EYB 2010-171988 (C.S.),
permission d'appeler rejetée par 2010 QCCA 800 (CanLII), EYB 2010-172927; Gyro-Trac (USA) Inc. (Arrangement relatif à), 2011 QCCS 5307
(CanLII), EYB 2011-196912; Montreal, Maine & Atlantic Canada Co. (Arrangement relatif à), 2013 QCCS 5194 (CanLII), EYB 2013-228346.
160.
Ross c. Ross, précité, note 46; Bellefleur c. Lavallée, [1957] R.L. 193 (C.A.).

161.
L'article 3111, al. 1 C.c.Q. envisage également la possibilité qu'un acte purement interne (i.e. qui ne présente pas d'éléments d'extranéité) soit régi par
une loi autre que celle qui lui serait normalement applicable. Ce choix ne peut cependant avoir pour effet d'écarter les dispositions impératives de cette
dernière. Ainsi, deux Québécois peuvent passer au Québec un contrat portant sur un bien qui y est situé et validement stipuler que leur contrat sera régi par
la loi de l'Ontario, mais ce choix ne sera effectif que pour écarter les dispositions supplétives du droit québécois, les dispositions québécoises d'ordre public
demeurant applicables. C'est ce que précise le second alinéa de l'article 3111 C.c.Q.
162.
G. GOLDSTEIN, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 26, par. 16. À bon droit, les tribunaux considèrent généralement qu'il n'y a pas lieu
de distinguer selon que la clause mentionne que le contrat est « interprété » ou « régi » par la loi désignée, ces expressions traduisant l'intention des parties
quant à la loi applicable au fond : Agat Laboratories Ltd. c. Englobe Corp., 2013 QCCS 6272 (CanLII), EYB 2013-230783. Sur la possibilité pour les
o
parties de choisir un droit non étatique tel que la lex mercatoria, voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 355; F. SABOURIN, « Le contrat sans loi en
droit international privé canadien », (2006) 19 R.Q.D.I. 35.

163.
En pratique cependant, une telle situation n'est peut-être pas souhaitable, car elle est susceptible d'entraîner des difficultés ou incohérences, à moins
d'avoir des parties de contrats qui sont véritablement divisibles les unes des autres.

164.
Oppenheim Forfait GmbH c. Lexus Maritime Inc., 1998 CanLII 13001 (QC CA), J.E. 98-1592, REJB 1998-07102 (C.A.). À titre d'exemples,
voir Société Sylvicole de l'Outaouais c. Rasmussen, précité, note 98; Vachon c. Orica Canada, J.E. 2006-473, EYB 2006-100420 (C.S.).
165.
Il s'agit d'une présomption simple qui peut être renversée.

166.
Voir par exemple Fazel c. Azarbar, 2016 QCCS 681 (CanLII), EYB 2016-262530 (en appel). Pour d'autres exemples, G.
GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 359. Voir aussi l'article 117 L.d.i.p. (Suisse).
167.
Il en ira ainsi de la qualification du contrat comme contrat d'adhésion au sens de l'article 1379 C.c.Q. et de l'impact d'une telle qualification sur la
validité de certaines de ses clauses : United European Bank and Trust Nassau Ltd. c. Duchesneau, 2006 QCCA 652 (CanLII), [2006] R.J.Q. 1255,
EYB 2006-104816 (C.A.); 9163-2802 Québec Inc. c. Pioneer Steel Pre-Fabricated Buildings Ltd., J.E. 2009-819, EYB 2009-156068 (C.S.), confirmé par
AZ50581752, EYB 2009-165604 (C.A.).

168.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 367 et s.; G. GOLDSTEIN, op. cit., note 162.

169.
Vachon c. Orica Canada, précité, note 164. Voir généralement M. LACROIX, « L'option de responsabilité en droit international privé québécois », (2005)
84 R. du B. can. 277.

170.
La vente d'un bien meuble incorporel (par ex. la vente de droits intellectuels) est donc soumise aux règles générales des articles 3111 à 3113 C.c.Q.
puisqu'elle n'est pas visée par la règle particulière de l'article 3114 C.c.Q. La cession de créance est régie par une règle de conflit particulière (art. 3120
C.c.Q.), tout comme la vente réalisée dans un marché de bourse (art. 3115 C.c.Q.). La vente aux enchères est soumise à la loi du lieu où sont effectuées
les enchères (art. 3115 C.c.Q.). Pour ce qui est de la règle de conflit applicable en matière de vente d'entreprise, voir G. GOLDSTEIN et J.A. TALPIS, « La
vente internationale d'entreprise en droit international privé québécois », (1996) C.P. du N. 121, EYB1999DSC54.
171.
Le vendeur étant celui qui fournit la prestation caractéristique de l'acte, la solution est conforme à la présomption établie à l'article 3113 C.c.Q.
172.
Voir par exemple Domaine de la Côte Mont-Rigaud Inc. c. Sabourin, 2016 QCCQ 14368 (CanLII), EYB 2016-273530.

173.
L.Q. 1991, c. 68. Voir par exemple, Mazzetta Company, LLC c. Dégust-Mer Inc., 2011 QCCA 717 (CanLII), EYB 2011-189249. E. DARANKOUM, «
Vente internationale de marchandises : la Convention de Vienne vingt ans après son adoption », (2012) 46 R.J.T. 133.

174. o o
Ainsi, la Convention ne s'applique pas aux ventes interprovinciales canadiennes (C. EMANUELLI, n 542; H.P. GLENN, n 50).

175. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 381; S. VERVILLE, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 27.

176. os
Id., n 383 et s.

177. o
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 335.

178.
Laîné c. Viking Helicopters Ltd., 1999 CanLII 12026 (QC CS), [1999] R.J.Q. 1472, REJB 1999-12303 (C.S.), confirmé par 2000 CanLII
9433 (QC CA), [2000] R.J.Q. 2817, REJB 2000-20963 (C.A.).

179.
L'article 3116 C.c.Q. ne s'applique pas en matière de représentation légale ou organique. Ainsi, dans le cas de la représentation d'une personne
morale, il faut examiner la lex societatis pour vérifier si la personne qui agit pour elle le fait à titre d'organe ou par l'intermédiaire d'une convention, ce qui
mènera, en ce dernier cas seulement, à l'application de l'article 3116 C.c.Q. (J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n
o 307). Sur ces notions, J.A. TALPIS, « La
représentation volontaire et organique en droit international privé québécois », (1989) 20 R.D.U.S. 89; M. ALLOUCH, JurisClasseur Québec – Droit
international privé, fasc. 30. Pour ce qui est du mandat de protection du majeur, É. VÉZINA, « Casse-tête notarial sur le plan international : le mandat de
protection et les successions », (2010) C.P. du N. 121, EYB2010CPN65.

180.
Pavlatos c. Millas, précité, note 130.

181.
Art. 3117 C.c.Q. Par l'adoption de cette disposition, le législateur met définitivement de côté l'idée selon laquelle la Loi sur la protection du
consommateur serait une loi d'application immédiate, idée qui avait déjà été rejetée par la Cour d'appel (St-Pierre c. Canadian Acceptance Corp.,
o
précité, note 25). G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 409. Sur les difficultés d'application de cette disposition, voir M. DEA et V. SCOTT, JurisClasseur
Québec – Droit international privé, fasc. 28. Voir également Quality Plus Tickets Inc. c. Quebec, 2013 QCCS 3780 (CanLII), EYB 2013-225461.

182.
Voir généralement G. SAUMIER, « Le droit international privé et le travail international », dans Barreau du Québec, Service de la formation continue,
Développements récents en droit des affaires internationales – Le travail international, Cowansville, Yvon Blais, 2009, p. 199,
EYB2009DEV1555; P. VERGE, « Droit national du travail et transnationalité des rapports de travail », dans Droit international du travail –
Perspectives canadiennes, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2010, p. 34; M. DEA et V. SCOTT, id.; C. PANET-RAYMOND et A. MICHAUD-TREMBLAY,
« Le choix de la loi applicable au contrat de travail », dans Barreau du Québec, Service de la formation continue, Développements récents en droit
du travail, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2013, p. 205.

183.
Et ce, même s'il est temporairement affecté dans un autre État (art. 3118 C.c.Q.).

184.
Lavoie c. Polycor Inc., 2014 QCCS 3307 (CanLII), EYB 2014-239649.
185.
Kansa c. Alfieri, AZ-01021091 (C.S.). Sur l'application de ces dispositions aux contrats de réassurance ou d'assurance excédentaire, et sur l'article 3119
en général, voir R. DUFOUR et A. BREAULT, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 29.

186.
Dalnoki c. SSQ Life Insurance Company Inc., 2011 QCCS 2763 (CanLII), EYB 2011-191531.
187.
On peut penser que la prestation caractéristique d'un tel contrat est celle de l'assureur qui, contre rémunération, prend en charge certains risques.

188.
H. AL-DABRAGH, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 34; S. GUILLEMARD, op. cit., note 109.
189. o
C. EMANUELLI, n 560.

190.
Droit de la famille – 113547, 2011 QCCS 5997 (CanLII), EYB 2011-198212; Droit de la famille – 121559, 2012 QCCS 2877 (CanLII), EYB 2012-
208377; L.P. c. F.B., précité, note 105; P.B. c. B.S., 2002 CanLII 40527 (QC CS), [2002] R.D.F. 527, REJB 2002-32089 (C.S.); Droit de la famille
– 103292, précité, note 91.

191.
Dans Droit de la famille – 121095, 2012 QCCS 2094 (CanLII), EYB 2012-206551, le tribunal indique qu'aucun délai n'est prévu au code pour
l'établissement d'une première résidence commune.

192.
Supra, p. 267.

193.
Selon la Cour suprême du Canada, le seul fait qu'un arbitrage se déroule sous l'égide d'un organisme situé hors du Québec n'est pas un élément
d'extranéité pertinent pour en faire un arbitrage international : Dell Computer Corp. c. Union des consommateurs, précité, note 2. Voir F. BACHAND, « La non-
intégration de l'arbitrage international à l'ordre juridique du siège », dans Mélanges Adrien Popovici, Éditions Thémis, 2010, p. 387; A. PRUJINER,
JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 31.
194.
Par exemple, les règles de la Chambre de commerce internationale.

195.
Sur les règles de conflit applicables aux contrats de louage, de donation, d'échange, de dation en paiement, de crédit-bail, d'affacturage, de transaction,
d'entreprise, de cautionnement, de prêt, de dépôt, de transport, de jeu et pari, de même que sur les règles de conflits applicables en matière d'effets de
os
commerce, voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 423 et s.

196.
Ross c. The King, (1902) 1902 CanLII 84 (SCC), 32 S.C.R. 532.

197.
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n
o 360.

198. os
Voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 456 et 457; H. KELADA, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 33. Par ailleurs, ces
auteurs sont d'avis que lorsque l'enrichissement sans cause découle d'un rapport juridique préexistant entre les parties (contrat annulé, dissolution d'un
mariage ou d'une union civile), il serait plus approprié de lui appliquer la loi qui régissait ce rapport préexistant.

199.
L. ROUILLARD-LABBÉ, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 32. Quant à la responsabilité du transporteur aérien, il importe de
tenir compte de la Convention pour l'unification de certaines règles relatives au transport aérien international (ci-après « Convention
de Montréal »), incorporée en droit canadien par la Loi sur le transport aérien, L.R.C. (1985), ch. C-26 : Thibodeau c. Air Canada, 2014 CSC
67 (CanLII), [2014] 3 R.C.S. 340, EYB 2014-243626. Voir aussi Zoungrana c. Air Algérie, 2016 QCCS 2311 (CanLII), EYB 2016-265934,
o
confirmé par 2016 QCCA 1074 (CanLII), EYB 2016-267107, autorisation de pourvoi à la Cour suprême du Canada rejetée (C.S.C., n 37190, 2017-02-
16).

200.
O'Connor c. Wray, 1930 CanLII 51 (SCC), [1930] R.C.S. 231.
201.
Tolofson c. Jensen, précité, note 60.

202.
Cette règle avait d'ailleurs évolué différemment en Angleterre et au Canada (sur cette question, G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 465). Elle a
finalement aussi été abandonnée en Angleterre par l'adoption d'une loi posant le principe de l'application de la lex loci delicti (Private International Law Act,
(1995) R.-U., ch. 42).

203.
Dans certains cas, le situs de la faute en elle-même soulève des difficultés. Où situer, par exemple, une faute d'omission? La Cour suprême du Canada,
dans l'affaire Wabasso Ltd. c. National Drying Machinery Co., 1981 CanLII 16 (CSC), [1981] 1 R.C.S. 578, EYB 1981-148746, a situé l'omission
d'avertir d'un danger au lieu où cet avertissement, s'il avait été donné, aurait pu être utile : ainsi, le défaut d'avertir d'un danger lié à l'utilisation d'une
machine se situe au lieu où cette machine a été reçue et utilisée. Au même effet, Air Canada c. McDonnell Douglas Corp., 1989 CanLII 54 (CSC),
[1989] 1 R.C.S. 1554, EYB 1989-67802. La même règle s'applique si des documents trompeurs ou incomplets ou des renseignements inexacts ont été
transmis d'un lieu à un autre. La faute se situe alors au lieu de la réception des renseignements inexacts. ABN
Amro Bank Canada c. Hayward &
Co., 1999 CanLII 13871 (QC CA), J.E. 99-1136, REJB 1999-12544 (C.A.); Royal Bank of Canada c. Capital Factors Inc., 2004
CanLII 10838 (QC CS), J.E. 2004-1644, REJB 2004-61615 (C.S.), confirmé par 2004 CanLII 76678 (QC CA), J.E. 2004-2164, REJB 2004-
81258 (C.A.); Yufe c. Tapping, [1986] R.J.Q. 1245, EYB 1986-78908 (C.S.), confirmé par [1986] R.D.J. 555; L. ROUILLARD-LABBÉ, op. cit., note 199,
par. 9.

international privé, 8e éd., Paris, Dalloz, 2004, nos 401-1 et s. J.-G. CASTEL, Droit international
204.
Y. LOUSSOUARN et P. BOUREL, Droit
privé québécois, 1980, Butterworths, p. 467. Dans l'arrêt Tolofson, précité, note 60, la Cour suprême semble suggérer que dans les cas de
dissociation, le délit devrait être situé au lieu de survenance du préjudice plutôt qu'au lieu de la faute (voir en ce sens la décision de la Cour d'appel d'Ontario
dans Leonard c. Houle, (1997) 1997 CanLII 1218 (ON CA), 154 D.L.R. (4th) 640), mais d'autres passages de ce même arrêt, ainsi que les précisions
apportées dans l'affaire Éditions Écosociété Inc. c. Banro Corp., 2012 CSC 18 (CanLII), [2012] 1 R.C.S. 636, EYB 2012-205199, ont été
interprétés comme indiquant que la Cour suprême avait plutôt voulu favoriser le lieu de la faute (voir en ce sens Giesbrecht c. Succession de
Nadeau, précité, note 39; Wightman c. Widdrington, 2013 QCCA 1187 (CanLII), EYB 2013-224065; Royal Bank of Canada c. Capital Factors Inc.,
2013 QCCS 2214 (CanLII), EYB 2013-222312). Indépendamment de l'interprétation correcte à donner à l'affaire Tolofson, il nous apparaît avec
égards qu'il faut éviter de confondre la lex loci delicti (loi du lieu du délit) avec la lex culpa (loi du lieu de la faute). Or, un délit ne survient pas
nécessairement au lieu où la faute est commise, et n'existe pas tant que le préjudice ne s'est pas matérialisé.

205.
Le préjudice est ainsi un élément essentiel à toute forme de responsabilité, ce que n'est pas la faute – il existe en effet de nombreuses hypothèses de
responsabilité sans faute. Voir les commentaires de la Cour suprême dans l'affaire Moran c. Pyle National (Canada) Ltd., 1973 CanLII 192
(CSC), [1975] 1 R.C.S. 393. Voir aussi A. Côté & Frères Ltée c. Laboratoires Sagi Inc., [1984] C.S. 255, EYB 1982-141163; Ostroki c. Global Upholstery
o
Co., [1995] O.J. n 4211 (Ont. S.C.).

206.
Ce sont d'ailleurs ces considérations qui ont amené le législateur européen, dans sa réglementation relative au droit applicable aux obligations non
contractuelles (Rome II), à situer le délit par le lieu d'apparition du préjudice : Règlement 864/2007 du Parlement Européen et du Conseil du 11 juillet 2007
sur la loi applicable aux obligations non contractuelles (art. 4) (ci-après : « Rome II »). Soulignons que c'est le lieu où le préjudice apparaît pour la première
fois qui situe celui-ci. Ainsi, si une personne subit des blessures à la suite d'un accident survenu en Ontario, son préjudice se situe en Ontario (lieu de
l'accident et donc de l'apparition du préjudice) même si c'est au Québec qu'elle pourrait être empêchée de travailler en raison de ces blessures. G.
GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 466. La décision de la Cour d'appel dans l'affaire Hoteles Decameron Jamaica Ltd. c. D'Amours, 2007 QCCA 418
(CanLII), EYB 2007-116978 doit être distinguée, puisqu'il s'agissait d'un conflit de juridictions et non de la détermination du
droit applicable. En matière de diffamation, le préjudice survient au lieu de la publication, ce qui peut soulever des
difficultés en cas de publication en plusieurs lieux. Il peut alors être préférable de centraliser le préjudice au lieu où il
est principalement subi, généralement au domicile de la victime, de manière à ce qu'une seule loi régisse la situation :
voir Éditions Écosociété Inc. c. Banro Corp., précité, note 204.
207.
Bien qu'il n'y ait en principe aucune difficulté à appliquer distributivement la loi du lieu du dommage à chacun des préjudices (P. MAYER et V. HEUZÉ,
Droit international privé, 8e éd., Paris, Montchrestien, 2004, no 685), la Cour d'appel a considéré, dans l'affaire Wightman c. Widdrington,
précitée, note 204, qu'appliquer des droits distincts aux recours de plusieurs demandeurs ayant été victimes d'une même faute aurait mené à une situation
chaotique, et a préféré appliquer la loi du lieu du fait générateur.

208.
Wightman c. Widdrington, précité, note 204; Royal Bank of Canada c. Capital Factors Inc., précité, note 204.

209.
Il est permis de penser que le législateur s'est inspiré de la solution que proposait la Cour suprême du Canada, dans l'arrêt Moran, précité, note 205.
Bien que l'arrêt fût rendu dans un contexte de conflit de juridictions plutôt que dans le cadre d'un conflit de lois, le parallèle entre les motifs de cet arrêt et la
solution retenue à l'article 3126 C.c.Q. est frappant.

210.
On peut penser que la lex loci delicti ne devrait pas non plus avoir pour résultat de rendre fautif un geste qui ne l'était pas au lieu où il a agi : Royal
Bank of Canada c. Capital Factors Inc., précité, note 204.

211.
Giesbrecht c. Succession de Nadeau, précité, note 39; Ferme Avicole Héva Inc. c. Boréal Assurances agricoles Inc., précité, note 27. Voir aussi British
Airways p.l.c. c. Option consommateurs, 2010 QCCA 1134 (CanLII), J.E. 2010-1160, EYB 2010-175375 (C.A.); Royal Bank of Canada c. Capital
Factors Inc., précité, note 204.

212. o o o
C. EMANUELLI, n 567. Les professeurs J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL (n 368) et G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER (n 466) divergent quant à la
question de savoir si cette preuve revient au demandeur ou au défendeur. Il nous semble, avec le professeur Emanuelli, que cette preuve repose sur les
épaules de la partie qui invoque l'application de la lex damni, qu'elle soit demanderesse ou défenderesse; Royal Bank of Canada c. Capital
Factors Inc., ibid.
213. o
Selon J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL (n 368), cette appréciation devrait être seulement fondée sur des critères objectifs.

214.
Giesbrecht c. Succession de Nadeau, précité, note 39, citant Wightman c. Widdrington, précité, note 204.

215.
Dans Giesbrecht c. Succession de Nadeau, précité, note 39, la Cour d'appel a refusé d'appliquer le second alinéa de l'article 3126 C.c.Q.
au recours de demandeurs québécois poursuivant un défendeur québécois au motif que d'autres demandeurs dans le même recours étaient domiciliés à
l'extérieur du Québec.

216.
(1963) 240 N.Y. Supp. 2nd 743 (C.A.).

217.
Art. 133 L.d.i.p. (Suisse); art. 99 du Code belge de 2004, op. cit., note 98.

218.
Cet arrêt est une application célèbre de ce qu'on a appelé, en droit international, la « révolution américaine », c'est-à-dire l'application de la loi la plus
appropriée aux circonstances (proper law of the tort, proper law of the contract) plutôt que celle résultant de l'application mécanique d'un facteur de
rattachement déterminé à l'avance. Cette méthode a l'avantage d'une grande flexibilité, mais au prix d'une incertitude accrue. Le rejet de cette approche et le
choix de la lex loci delicti par la Cour suprême du Canada dans Tolofson, précité, note 60, était notamment dicté par un souci de certitude juridique (G.
GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 463).

219.
C'était d'ailleurs le cas au Québec avant l'entrée en vigueur du Code civil du Québec : Wabasso Ltd., précité, note 203.

220. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 472. Voir généralement M. LACROIX, précité, note 169.

221.
Par analogie, la solution devrait d'ailleurs être la même s'il s'agit de responsabilité découlant de l'inexécution d'une obligation créée par la loi (une
obligation légale plutôt que contractuelle) : la responsabilité extracontractuelle fondée sur l'inexécution d'une obligation légale devrait être régie par la loi
applicable à cette obligation plutôt que par application de la lex loci delicti, de la même manière que la responsabilité extracontractuelle fondée sur
l'inexécution d'une obligation contractuelle est régie par la loi applicable au contrat (S. GAUDET et J. PINEAU, « La responsabilité légale : face cachée de la
responsabilité extracontractuelle », dans Mélanges Jean-Louis Baudouin, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2012, p. 751, aux p. 767 et s.). À cet
égard, voir l'article 2 de Rome II, op. cit., note 206, qui exclut du champ d'application de la lex loci delicti les divers cas de responsabilités
extracontractuelles qui sont accessoires à d'autres relations juridiques (e.g. responsabilité découlant du droit de la famille, du droit des sociétés, etc.). Voir
également l'article 133 (3) de la L.d.i.p. (Suisse), à l'origine de l'article 3127 C.c.Q. (Commentaires du Ministre de la Justice, t. II, Québec,
Publications du Québec, 1993, p. 1994).

222.
Sur cette disposition, voir G. LAGANIÈRE, « La loi applicable à la responsabilité du fabricant en droit international privé canadien et européen », (2016)
57 C. de D. 99.

223.
C'est le sens à donner à l'expression « quelle qu'en soit la source » utilisée à cet article. Voir Lamothe c. Chrysler Canada Inc., 2009 QCCQ
o
12757 (CanLII), J.E. 2010-83, EYB 2009-168747 (C.Q.). Selon G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER (n 475), l'article 3128 C.c.Q. ne vise que la
responsabilité relative à des biens dangereux (au sens de l'article 1469 C.c.Q.), il ne s'appliquerait pas au cas d'un bien affecté d'un vice, mais qui ne le
rend pas dangereux pour autrui. Il faudrait en ce dernier cas appliquer les règles de conflit en matière de vente.

224.
Comment appliquer ce dernier critère lorsqu'une personne, qui n'a pas acquis le bien (un locataire, par exemple), invoque l'article 3128 C.c.Q.? J.A.
TALPIS et J.-G. CASTEL sont d'avis que le concept doit être interprété avec souplesse pour favoriser la victime, ce qui permettrait l'application de la loi du lieu
où le bien a été utilisé (n
o 385). Voir aussi G. LAGANIÈRE, op. cit., note 222.

225.
H.P. GLENN, « La guerre de l'amiante », (1991) 80 R.C.D.I.P. 41. Dans Worthington Corp. c. Atlas Turner Inc., 2004 CanLII 21370 (QC
CA), [2004] R.J.Q. 2376, REJB 2004-70145, autorisation de pourvoi à la Cour suprême du Canada refusée (C.S.C., no 30581, 2005-03-17), la Cour
d'appel a jugé que l'article 3129 C.c.Q. était constitutionnellement valide.

226.
RLRQ, c. A-25.

227.
RLRQ, c. A-3.001.
228.
C. EMANUELLI, n
os 571 et s.
229.
En ce qui a trait cependant à l'inopposabilité d'une vente d'entreprise, voir supra, note 19.

230.
Certaines opérations particulières, telles la compensation, la novation ou la délégation peuvent impliquer l'application cumulative de plusieurs lois. La
subrogation légale est en principe régie par la loi de l'institution qui la met en œuvre. Le Code belge de 2004 parle, à son article 107, de la loi « applicable à
l'obligation du tiers de désintéresser le créancier » (supra, note 98). Sur tous ces sujets, G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 373 et s. G. GOLDSTEIN, op.
cit., note 162, par. 75 et s.

231.
Soulignons cependant que tel n'est plus le cas dans les autres provinces canadiennes, la Cour suprême du Canada, dans l'arrêt Tolofson, précité,
note 60 ayant jugé que la prescription extinctive devait désormais être qualifiée de question de fond et non de procédure, reprenant encore là la solution
traditionnellement admise en droit civil. Sur cette question, voir A. MOTULSKY-FALARDEAU, « Les aspects historiques de la qualification de la prescription en
droit international privé », (2014) 55 C. de D. 829.

232. o
Le professeur Emanuelli, au n 577, fait remarquer que la règle de l'article 3131 C.c.Q. peut donner lieu à un conflit mobile lorsqu'un bien est déplacé
avant l'expiration du délai nécessaire pour l'acquérir par prescription. Il suggère de régler ce conflit mobile en appliquant distributivement les lois
successivement en cause en s'inspirant, par analogie, des règles établies par le législateur lorsque les délais prévus par l'ancien et le nouveau code ont été
modifiés.

233.
Ainsi, les présomptions de faute qui existent en droit québécois en matière de responsabilité extracontractuelle ne s'appliquent que si la responsabilité est
elle-même régie par le droit québécois. Si cette responsabilité est régie par le droit étranger, il faut alors appliquer les présomptions prévues par le droit
étranger en la matière (G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
os 470-71).

234.
On ne voit pas comment les questions d'objet, de charge de la preuve ou de présomptions légales pourraient être soumises à une autre loi que la loi
applicable au fond du litige. Ainsi, la réserve de l'article 3130 C.c.Q. in fine ne vise, selon nous, que les règles relatives à l'admissibilité des moyens de
os
preuve, ce que suggère d'ailleurs le vocabulaire employé. Voir, à cet égard, J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, n 390 et s.

235. o o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 486; H.P. GLENN, n 67. Sur le droit applicable au secret professionnel, voir B. KAIN, « Solicitor-Client Privilege and
the Conflict of Laws », (2011) 90 R. du B. can. 243.
236.
Empire Life Insurance Company c. Thibault, 2010 QCCS 4297 (CanLII), EYB 2010-179243.

237.
D. D'ALLAIRE, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 35. Il n'est pas toujours aisé de distinguer ce qui relève de la procédure
proprement dite de ce qui relève du fond du droit, notamment en ce qui concerne l'exercice de certains recours : Bombardier Inc. c. Eagle Globe
Management Inc., 2011 QCCS 3561 (CanLII), EYB 2011-193204.
238.
Sous-ministre du Revenu du Québec c. Fornataro, 1982 CanLII 2805 (QC CS), [1983] R.L. 344, EYB 1982-140564 (C.S.); Widdrington (Estate
of) c. Wightman, 2014 QCCS 3263 (CanLII), EYB 2014-239503, permission d'appeler accueillie par 2014 QCCA 1601 (CanLII), EYB 2014-241615;
Instrubel, n.v. c. Ministry of Industry of The Republic of Iraq, 2016 QCCS 1184 (CanLII), EYB 2016-263573, permission d'appeler accueillie par 2016
QCCA 993 (CanLII), EYB 2016-266808. Voir généralement Pro Swing Inc. c. Elta Golf Inc., 2006 CSC 52 (CanLII), [2006] 2 R.C.S. 612, EYB
2006-111169; Chevron Corp. c. Yaiguaje, 2015 CSC 42 (CanLII), EYB 2015-256214.

239.
Ibid. Voir aussi F.A. MANN, « The Doctrine of Jurisdiction in International Law » (1964) 111 Recueil des cours de l'Académie de La Haye 1.

240.
Robinson c. Souriac, précité, note 71 (sous l'ancien code).

241.
o 579. Sur la réforme du Code de procédure civile et le droit international privé, voir généralement A. PRUJINER, « Les
C. EMANUELLI, n
nouveautés en droit international privé dans le Code de procédure civile du Québec », dans S. GUILLEMARD (dir.), Le Code de procédure
civile : quelles nouveautés? Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2016, 187; S. GUILLEMARD, « Chronique – Nouvelles règles de procédure pour les
demandes intéressant le droit international privé », Repères, Février 2015, EYB2015REP1630; F. SABOURIN, « Les demandes intéressant le droit
international privé », dans D. FERLAND et B. EMERY, op. cit., note 14, nos 2-742 et s.

242.
Cette notification doit, lorsqu'elle est effectuée dans un État qui y est partie, s'effectuer conformément à la Convention
relative à la signification
et la notification à l'étranger des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale, faite à La Haye le 15
novembre 1965. Voir également la Loi assurant l'application de l'entente sur l'entraide judiciaire entre la France et le Québec,
RLRQ, c. A-20.1 qui dispense notamment les résidents français au Québec et les résidents québécois en France de l'obligation de fournir un
cautionnement. Voir généralement N. MIGNON et X.P. VUITTON, « Droit international privé – Regards croisés sur l'application de l'entente France-Québec du
9 septembre 1977 en matière de reconnaissance et d'exécution des jugements », (2015) 74 R. du B. 329.

243.
Le Code
de procédure civile abroge ainsi la Loi sur certaines procédures, RLRQ, c. P-27 qui régissait auparavant les
o
commissions rogatoires : F. SABOURIN, dans D. FERLAND et B. EMERY, op.
cit., note 14, n 2-837. Voir par exemple ZTE USA Inc. c. Voiceage
Corporation, 2016 QCCS 3204 (CanLII), EYB 2016-267772; Spartan Race Inc. c. Weinberg, 2015 QCCS 2227 (CanLII), EYB 2015-252457.

244.
Cette disposition pourrait être contestée au motif qu'elle confère aux tribunaux québécois un pouvoir de contrainte ayant une portée extraterritoriale.
Certes, les anciens articles 282 et 284 C.p.c. permettaient la même chose à l'égard des résidents ontariens, mais ces dispositions reprenaient la
substance d'une loi du Canada-Uni (L.R.C. (1859), ch. 79, art. 4 et s.), maintenue en vigueur par l'article 129 de la Loi constitutionnelle de 1867,
o
(R.-U.), 30 & 31 Vict. c. 3, reproduite dans L.R.C. (1985), app. II n 5, et pour laquelle la question de l'extraterritorialité ne se soulevait évidemment pas à
l'intérieur des limites du Bas et du Haut Canada (i.e. du Québec et de l'Ontario). C'est d'ailleurs pour cette raison que l'ancien article 282 C.p.c. ne visait
que les résidents de l'Ontario. G. FAURE et N. ZUCKER, « La convocation de témoins extraprovinciaux : vers une meilleure harmonisation avec le reste du
Canada? » (2015) 74 R. du B. 75, expliquent par ailleurs que les tribunaux de common law ne peuvent homologuer une citation à comparaître provenant
du Québec en l'absence d'une immunité absolue offerte au témoin extraprovincial à l'égard des saisies ou autres mesures coercitives (Québec
(Fédération des producteurs acéricoles) c. Caisse populaire de Restigouche Ltée, 2013 NBCA 61 (CanLII)). Pour que les
assignations extraprovinciales envisagées par l'article 497 C.p.c. soient efficaces, le Québec aurait donc avantage à s'arrimer à la législation des autres
provinces canadiennes en la matière et à prévoir une telle immunité : G. FAURE et N. ZUCKER, ibid.

245.
L'utilisation de l'expression « autorités québécoises » est importante en ce que les règles relatives aux conflits de juridictions s'appliquent non seulement
à la détermination de la compétence des tribunaux, mais également à la détermination de la compétence du notaire québécois et de certaines autorités
publiques comme le directeur de l'état civil et le directeur de la protection de la jeunesse. En principe, ces règles ne s'appliquent pas à la détermination de la
compétence d'un arbitre consensuel, lequel ne tire pas sa compétence de la loi québécoise, mais bien de l'entente entre les parties.

246. o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 121.

247.
La notion d'« autorité québécoise » doit être interprétée largement, et inclut les tribunaux judiciaires et administratifs et les autres personnes ou instances
investies d'un pouvoir décisionnel conféré par l'État. Voir à titre d'exemple Bourgoin
c. Régie des marchés agricoles et alimentaires, 2008
QCCS 5348 (CanLII), EYB 2008-150459 (infirmé pour d'autres motifs par 2010 QCCA 1593 (CanLII), EYB 2010-178820).

248.
Lorsque plusieurs personnes choisissent de joindre leur recours à l'intérieur d'une seule demande en justice (art. 143 C.p.c.), la compétence de
l'autorité québécoise devrait faire l'objet d'une analyse pour chacun des recours ainsi réunis. Voir Cohen c. Desert Eagle Resources Ltd. (Garrison
International Ltd.), 2012 QCCS 5654 (CanLII), EYB 2012-213912.
249.
Certaines dispositions législatives particulières peuvent déroger aux règles établies par le Code
civil. À titre d'exemple, voir la Loi sur
l'immunité des États, op. cit., note 19 (voir Kazemi c. République d'Iran, 2014 CSC 62 (CanLII), EYB 2014-243058; Kuwait Airways
Corp c. Irak, précité, note 19); la Loi sur le transport aérien, op. cit., note 199 (qui met en œuvre les dispositions de la Convention de Montréal,
op. cit., note 199 (voir Thibodeau c. Air Canada, précité, note 199) et la Loi sur la responsabilité en matière maritime, L.C. 2001,
ch. 6, art. 46 (voir Magic Sportswear Corp. c. OT Africa Line Ltd., 2006 CAF 284 (CanLII), [2007] 2 R.C.F. 733 (C.A.F.)).

250.
National Commercial Bank c. Suleman, 2016 QCCA 1916 (CanLII), EYB 2016-273382; Marciano c. Universal Perfumes and Cosmetics, 2016 QCCS
4889 (CanLII), EYB 2016-271427; Droit de la famille – 162443, 2016 QCCS 4762 (CanLII), EYB 2016-271182; NAD Suppléments Inc. c. Spartan
Nutritional & Fitness Centres Inc., 2016 QCCQ 7883 (CanLII), EYB 2016-269170; Bousquet c. Acer America Corporation Canada, précité, note 25; De
Grandpré, Chaurette, Lévesque c. Musicalis, s.a., 2002 CanLII 63618 (QC CA), REJB 2002-36824, J.E. 2003-103 (C.A.).

251.
Une certaine jurisprudence avait avalisé cette distinction dans le contexte des articles 68 et 75 de l'ancien Code de procédure civile. La
controverse était née du silence du Code civil à l'égard des situations où un co-défendeur était domicilié au Québec et un autre à l'étranger. Dans ce
contexte, les tribunaux avaient rejeté l'application par analogie de l'article 75 C.p.c. (défendeurs domiciliés dans des districts judiciaires distincts) : voir
Jovalco Group Corporation c. International Association of Bridge Structural, Ornemental and Reinforcing Iron Workers, Local 765, 2014
QCCS 3647 (CanLII), EYB 2014-240608; Muridal Inc. c. Dion, 2008 QCCS 3674 (CanLII), EYB 2008-145780, confirmé par 2009 QCCA 234
(CanLII), EYB 2009-153937 et la discussion dans Société en commandite INB v. Arcturus, l.p., 2012 QCCS 5984 (CanLII), EYB 2012-214687.
D'autres avaient cependant prôné l'application de cette disposition au motif que les co-défendeurs sont alors forcément domiciliés dans des districts distincts :
Sychterz c. Bouchard, 2015 QCCS 1215 (CanLII), EYB 2015-250097; St-Victor (Municipalité du village de) c. Allianz du Canada,
[1996] R.D.J. 123, REJB 1995-58354 (C.A.); Option Consommateurs c. Sears Canada Inc., 2003 CanLII 31022 (QC CS), J.E. 2004-313,
REJB 2003-51954 (C.S.); D. FERLAND et B. EMERY, « La compétence territoriale des tribunaux », dans D. FERLAND et B. EMERY, Précis de
o
1-374; H. KELADA, Les conflits de compétences et la
procédure civile du Québec, vol. 1, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2015, n
reconnaissance des jugements étrangers en droit international privé québécois, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2001, p. 44. Sur
l'interaction entre le Code de procédure civile et le Code civil du Québec, voir aussi E. Hofmann Plastics Inc. c. Tribec Metals Ltd., 2013
QCCA 2112 (CanLII), EYB 2013-230443 (l'article 68 de l'ancien Code de procédure civile permet la jonction de deux causes d'action distinctes
contre un défendeur même lorsque les tribunaux québécois ne sont compétents qu'à l'égard d'une des deux causes d'action).

252.
CSC 78 (CanLII), [2002] 4 R.C.S. 205, REJB 2002-36015; Société canadienne des postes c.
Spar Aerospace c. American Mobile Satellite, 2002
Lépine, 2009 CSC 16 (CanLII), [2009] 1 R.C.S. 549, EYB 2009-156806.
253.
Unifund Assurance c. Insurance Corp. of B.-C., 2003 CSC 40 (CanLII), [2003] 2 R.C.S. 63, REJB 2003-44763, p. 88. Voir aussi Ordre des
optométristes du Québec c. Coastal Contacts Inc., 2014 QCCS 5886 (CanLII), EYB 2014-245344, confirmé par 2016 QCCA 837
o
(CanLII), EYB 2016-265854, autorisation de pourvoi à la Cour suprême rejetée (C.S.C., n 37135, 2017-01-12). À l'inverse, le Parlement fédéral a le
pouvoir d'adopter des lois à portée extraterritoriale, mais son intention de le faire doit être claire; Layette Minimôme Inc. c. Jarrar, 2013 QCCS
6084 (CanLII), EYB 2013-230250 (à propos de la Loi sur le droit d'auteur, L.R.C. (1985), ch. C-42).

254.
Hunt c. T&N plc, précité, note 13, p. 328. Voir aussi Morguard Investments Ltd. c. De Savoye, précité, note 6.

255.
Précité, note 252.

256.
Id., par. 51 et s. Voir aussi Club
Resorts Ltd. c. Van Breda, précité, note 11; Option Consommateurs c. Infineon Technologies, a.g., 2011 QCCA
2116(CanLII), EYB 2011-198318 (confirmé par 2013 CSC 59 (CanLII), EYB 2013-228582); Acasti Pharma Inc. c. US Neutraceuticals, LLC, 2011
QCCS 140 (CanLII), EYB 2011-185185, confirmé par 2011 QCCA 483 (CanLII), EYB 2011-187769; Hoteles Decameron
Jamaica Ltd. c. D'Amours, précité, note 206. Voir toutefois Banque de Montréal c. Hydro Aluminium Wells Inc., 2004 CanLII
12052 (QC CA), J.E. 2004-679, REJB 2004-55097 (C.A.).

257.
La contestation de la compétence du tribunal constituant une exception préliminaire (art. 491 C.p.c.), celle-ci doit être dénoncée par écrit à la partie
adverse dans les délais prévus (art. 166 C.p.c.). Voir Shamji
c. Tajdin, J.E. 2006-625, EYB 2006-102191 (C.A.); Chubb Insurance Company of
Canada c. Maynards Industries Ltd., 2009BE-683, EYB 2009-158849 (C.S.); Stavropoulos-Heliotis c. Olympic Airways, s.a., J.E.
2006-1909, EYB 2006-109118 (C.S.); Transflex Canada Ltée c. DRC Kaucuk San. Ve Tic., a.s., 2012 QCCS 3268 (CanLII), EYB 2012-
209162, permission d'appeler rejetée par 2012 QCCA 1518 (CanLII), EYB 2012-210710.

258.
Marciano c. Universal Perfumes and Cosmetics, précité, note 250; Zuckerman
c. Target Corporation, 2015 QCCA 1809 (CanLII), EYB
2015-258402; Banque canadienne impériale de commerce c. Conseil taxes Inc., 2005 QCCA 888 (CanLII), EYB 2005-95489; Republic Bank Ltd.
c. Firecash Ltd., 2004 CanLII 8560 (QC CA), J.E. 2004-818, REJB 2004-59992 (C.A.); 152330 Canada Ltd. c. 152581 Canada Ltd.,
1996 CanLII 6521 (QC CA), [1996] R.D.J. 399, EYB 1996-30273 (C.A.); Baird c. Matol Botanical International Ltd., 1994
CanLII 5569 (QC CA), [1994] R.D.J. 282, EYB 1994-56860 (C.A.); Gizzie-Habberfield c. Propair Inc., 2000 CanLII 18187
(QC CS), J.E. 2001-285, REJB 2000-22130 (C.S.). Voir toutefois Robinson c. Films Cinar Inc., 1997 CanLII 8974 (QC
CS), J.E. 97-545, REJB 1997-00255 (C.S.), confirmé par 1997 CanLII 10114 (QC CA), J.E. 97-2049, REJB 1997-03086 (C.A.);
Québec (P.G.) c. Imperial Tobacco Ltd., 2013 QCCS 2994 (CanLII), EYB 2013-223962 (permission d'appeler rejetée par RJ Reynold Tobacco
Company c. Québec (P.G.), 2013 QCCA 1702 (CanLII), EYB 2013-227502); Copaco Holdings Inc. c. Lévesque, Beaubien, Geoffrion Inc.,
1994 CanLII 3736 (QC CS), J.E. 95-165, EYB 1994-28926 (C.S.).
259.
(CanLII), EYB 2015-255446; Shamji c. Tajdin, précité, note 257; Federal Corp. c.
Église essénienne chrétienne c. Blisko, 2015 QCCS 3704
Triangle Tires Inc., 2012
QCCA 434 (CanLII), EYB 2012-203259; Baird c. Matol Botanical International Ltd., ibid.; Robinson c. Films
Cinar Inc., ibid.; Copaco Holdings Inc. c. Lévesque, Beaubien, Geoffrion Inc., ibid.
260.
Transat Tours Canada Inc. c. Impulsora Turistica de Occidente, S.A. de C.V., 2006
QCCA 413 (CanLII), EYB 2006-102724, confirmé par 2007
CSC 20 (CanLII), [2007] 1 R.C.S. 867, EYB 2007-119920; National Bank of Canada c. Weir, 2010 QCCS 402 (CanLII), EYB 2010-
169542; Dargaud Éditeur c. Presse-Import Léo Brunelle Inc., [1990] R.D.J. 341, EYB 1990-56784 (C.A.); Encaissement de chèque
Montréal Ltée c. Softwise Inc., 1999 CanLII 10997 (QC CS), J.E. 99-470, REJB 1999-10668 (C.S.).

261.
Voir par exemple l'article 3148 (3) C.c.Q. Voir aussi Rees c. Convergia, 2005 QCCA 353 (CanLII), EYB 2005-88752 (il suffit que le travailleur ait un
domicile ou une résidence au Québec au moment où est né le droit d'action pour que l'article 3149 C.c.Q. s'applique); Grenier c. Winterthur
Assicuraziori, 2003 CanLII 10595 (QC CQ), 2003 CanLII 10595, EYB 2003-49186 (C.Q.) (il faut que l'assuré ait son domicile ou sa
résidence au Québec au moment des faits en litige pour fonder la compétence du tribunal sur l'article 3150 C.c.Q.).
262.
Ce sera notamment le cas de l'article 3148 (1) et (2) C.c.Q.

263.
H.P. GLENN, p. 744; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 900. Voir note 251 pour la controverse entourant la multiplicité de défendeurs dont l'un est domicilié
au Québec.

264.
C. EMANUELLI, n
o 176. Voir par exemple Droit de la famille – 2147, [1995] R.D.F. 213, EYB 1995-78273 (C.S.).

265.
La notion de « garde » doit recevoir une interprétation large et inclut notamment les droits de visite du parent non gardien : H.C. c. M.F., 2002 CanLII
63656 (QC CA), [2002] R.D.F. 15, REJB 2002-28052 (C.A.); Droit de la famille – 091216, précité, note 94.

266.
Droit de la famille – 15984, précité, note 93; Droit de la famille – 132433, 2013 QCCA 1529 (CanLII), EYB 2013-226560; Droit de la famille – 143123,
2014 QCCS 6007 (CanLII); EYB 2014-245641; Droit de la famille – 091236, précité, note 94; Droit de la famille – 091216, précité, note 94; Droit de la
famille – 121514, 2012 QCCS 3293 (CanLII), EYB 2012-209185. Le mot « garde » s'interprète largement et inclut le droit d'accès d'un parent et ses
modalités : Droit de la famille – 152233, 2015 QCCS 4177 (CanLII), EYB 2015-256390. Lorsque le domicile de l'enfant résulte d'un déplacement illicite, la
cour pourra se fonder plutôt sur son domicile avant le déplacement illicite : Droit de la famille – 15984, précité, note 93; Droit de la famille –
143017, précité, note 93; Droit de la famille – 132433, ibid.; Droit de la famille – 3451, précité, note 94; L.F. c. N.T., précité, note 94. Lorsque la
question de la garde d'un enfant se soulève dans le cadre d'une demande en divorce, en séparation ou en nullité de mariage, la compétence des autorités
québécoises sera en principe établie en fonction de la règle de conflit applicable à la demande principale (voir infra le texte qui accompagne la note 275).

267.
Y compris lorsqu'il s'agit d'une demande de révision d'un jugement étranger rendu en matière d'aliments (art. 3143 C.c.Q.).

268.
Droit de la famille – 092440, précité, note 91.

269.
Droit de la famille – 16908, 2016 QCCS 1817 (CanLII), EYB 2016-264823; B.G.R.Y. c. Be. Re. O., EYB 2005-90943, J.E. 2005-1114 (C.S.). Le
tribunal pourrait toutefois se prévaloir de l'article 3135 C.c.Q. et refuser d'exercer sa compétence en matière d'aliments en faveur du tribunal du domicile
de l'enfant: P.L. c. B.B., 2006 QCCS 980 (CanLII), EYB 2006-101791.

270.
Droit de la famille – 131294, 2013 QCCA 883 (CanLII), EYB 2013-221903; Droit de la famille – 1535, précité, note 81.

271.
Droit de la famille – 151172, précité, note 115; G.L. c. K.M., 2008 QCCS 5244 (CanLII), EYB 2008-150241; Adoption – 1258, 2012 QCCQ 5904
(CanLII), EYB 2012-210604. Voir également Adoption – 135, 2013 QCCA 256 (CanLII), EYB 2013-217968; Adoption – 13304, 2013 QCCA 2202
(CanLII), EYB 2013-231037.
272.
Droit de la famille – 152222, 2015 QCCA 1412 (CanLII), EYB2 015-256297. Voir aussi Droit de la famille – 16908, précité, note 269; Droit de la
famille – 161161, 2016 QCCS 2283 (CanLII), EYB 2016-265868.
273.
Op. cit., note 112. Voir C. EMANUELLI, n
os 186-92.

274.
Voir, supra, note 113 et le texte qui l'accompagne.

275.
os 177, 179 et 182; Droit de la famille – 131294, précité, note 270; Droit de la famille – 132433, précité, note 266; J.N. c. M.M., 2001
C. EMANUELLI, n
CanLII 10552 (QC CS), J.E. 2002-205, REJB 2001-27842 (C.S.); Droit de la famille – 2641, 1997 CanLII 8053 (QC CS), [1997] R.D.F.
312, REJB 1997-00492 (C.S.); Droit de la famille – 2223, [1995] R.J.Q. 1792, EYB 1995-72416 (C.S.).

276.
Voir généralement C. WALSH, « The International Jurisdiction of Québec Authorities in Personal Actions : An Overview », (2012) 71 R. du B. 249. Sur la
notion d'action personnelle à caractère patrimonial, voir RJ Reynold Tobacco Company c. Québec (P.G.), précité, note 258.

277.
Infineon Technologies AG c. Option consommateurs, précité, note 256, au par. 45. Voir aussi Sterling Combustion Inc. c. Roco Industrie Inc.,
2005 QCCA 662 (CanLII), EYB 2005-92310; Axon Intégration & développement Inc. c. Pace Gallery, l.l.c., 2015 QCCS 1935 (CanLII), EYB 2015-
251756.

278.
Dans l'affaire Canada (P.G.) c. St-Julien, 2010 QCCS 2723 (CanLII), EYB 2010-175907, la Cour supérieure a conclu que le domicile
professionnel d'un avocat, au sens des dispositions législatives et réglementaires applicables, constitue un fondement suffisant à la compétence des autorités
québécoises.

279.
Tel qu'exposé dans la section sur les conflits de lois, le domicile de la personne morale est au lieu de sa constitution. Voir supra, p. 266. Une tierce
partie qui produit une demande d'intervention volontaire aggressive en vertu des articles 184 et s. C.p.c. n'est pas une « défenderesse » au sens de
l'article 3148 (2) C.c.Q. et ne devrait pas pouvoir invoquer cette disposition pour contester la compétence des tribunaux québécois : Swissair Swiss Air
Transport Company Ltd. et Société anonyme Sabena en faillite, 2015 QCCS 3879 (CanLII), EYB 2015-255865.
280.
Sur la notion d'établissement, voir Interinvest (Bermuda) Ltd. c. Herzog, 2009 QCCA 1428 (CanLII), J.E. 2009-1451, EYB 2009-161934
(C.A.); Lamothe c. Chrysler Canada Inc., précité, note 223. Une entreprise peut constituer un établissement « de facto » au sens de l'article
3148 (2) C.c.Q. en concentrant la production, la mise en marché et la distribution d'un produit au Québec : Sychterz
c. Bouchard, précité, note 251.

281.
Emerging Artists Research and Rating Service (Copyright Depository Inc.) c. Canada Post Corporation, 2012 QCCA 1116 (CanLII), EYB 2012-
207826; Takefman c. Golden Hope Mines Ltd., 2015 QCCS 4947 (CanLII), EYB 2015-257974 (un recours en oppression concerne la régie interne d'une
entreprise et non ses « activités »).

282.
(CanLII), EYB 2012-201106, autorisation
Précité, note 280. Voir aussi Anvil Mining Ltd. c. Association canadienne contre l'impunité, 2012 QCCA 117
o
de pourvoi à la Cour suprême du Canada rejetée (C.S.C., n 34733, 2012-11-01); Belley c. TD Auto Finance Services Inc./Services de financement auto TD
Inc., 2015 QCCS 168 (CanLII), EYB 2015-247391, permission d'appeler rejetée par 2015 QCCA 1255 (CanLII), EYB 2015-254963; Syndicat
canadien de la fonction publique c. Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, section locale 2013 (SCEP), 2015 QCCA 1392
(CanLII), EYB 2015-256141.

283.
1994 CanLII 3704 (QC CS), [1994] R.J.Q. 2966, EYB 1994-28904 (C.S.).

284.
Cette conclusion avait toutefois été critiquée par la doctrine : voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 144; C. EMANUELLI, no 194; J.A. TALPIS, « If I
am from Grand-Mère, why am I being sued in Texas? » : Responding to Inappropriate Foreign Jurisdiction in Quebec-
United States Crossborder Litigation, Montréal, Éditions Thémis, 2001, p. 23-24.

285.
Conserviera SpA c. Paesana Import-Export Inc., 2001
CanLII 19205 (QC CA), [2001] R.J.Q. 1458, REJB 2001-24853 (C.A.); 9245-4859
Québec Inc. c. Martel Events, s.a.s., 2016 QCCS 4550 (CanLII), EYB 2016-270698.

286.
Appliquant aux situations internationales le critère de compétence territoriale interne énoncé par l'ancien article 68 (3) C.p.c., les tribunaux québécois
n'acceptaient en effet de se déclarer compétents à l'égard de tels litiges que dans la mesure où « toute la cause d'action » avait pris naissance au Québec.
o
C. EMANUELLI, n 194; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 143; Wabasso Ltd. c. National Drying Machinery Co., précité, note 203.

287.
E. Hofmann Plastics Inc. c. Tribec Metals Ltd., précité, note 251. Selon la Cour, il faudrait toutefois que les différentes causes d'action présentent entre
elles un degré suffisant de connexité (par. 17).

288.
Dans Takefman c. Golden Hope Mines Ltd, précité, note 281, la Cour supérieure a conclu qu'un recours en oppression fondé sur les dispositions
de la loi ontarienne n'était ni un recours en dommages ni un recours contractuel, si bien que l'article 3148 (3) C.c.Q. ne pouvait conférer compétence aux
tribunaux québécois. Voir cependant Sychterz c. Bouchard, précité, note 251.

289.
Spar Aerospace c. American Mobile Satellite, précité, note 252.
290.
Voir Air Canada c. McDonnell Douglas Corp., précité, note 203, p. 1564. Voir aussi, quant au situs d'une faute, Cinar Corp. c.
Weinberg, 2007 QCCS 5994 (CanLII), EYB 2007-127657, confirmé par 2008 QCCA 838 (CanLII), EYB 2008-132967; Muridal Inc. c. Dion,
précité, note 251.

291.
Jean-Paul c. Uber Technologies Inc., 2017 QCCS 164 (CanLII), EYB 2017-275397.

292.
Bousquet c. Acer America Corporation Canada, précité, note 25; PMP Ltd. c. Transcontinental Inc., J.E. 2005-1117, EYB 2005-91107 (C.A.); Chatigny-
Bitton c. Mango Movers International Inc., 1995 CanLII 3827 (QC CS), J.E. 95-1662, EYB 1995-28860 (C.S.), appel rejeté par 1995 CanLII
4935 (QC CA), [1996] R.D.J. 14, EYB 1995-57277 (C.A.); P.J. Clayman Canada Inc. c. Gibson Textile Dyers Ltd., J.E. 94-823, EYB 1994-84404
(C.S.).

293.
Voir Hoteles Decameron Jamaica Ltd. c. D'Amours, précité, note 206; Nosseir c. Sea Pro Divers S.A., 2009 QCCA 2182 (CanLII), EYB
2009-166168; Mongrain c. Cormier, 2013 QCCS 6308 (CanLII), EYB 2013-230851. Si cette façon de localiser le préjudice peut se justifier pour
fonder la compétence des autorités québécoises, il nous apparaît qu'elle ne devrait pas être utilisée pour déterminer le droit applicable en application de la
lex loci delicti (voir art. 3126 C.c.Q.).

294.
Spar Aerospace c. American Mobile Satellite, précité, note 251; Tsubaki
of Canada Ltd. c. Posi-Plus Technologies Inc., 2009 QCCA 1780 (CanLII),
EYB 2009-164110; MP3 Networks Ltd c. Peña, 2009 QCCS 4531 (CanLII), J.E. 2009-2019, EYB 2009-164748 (C.S.); 9079-1476 Québec Inc. c.
Apollon, 2001 CanLII 24923 (QC CS), J.E. 2001-957, REJB 2001-24626 (C.S.). Voir toutefois 9245-4859 Québec Inc. c. Martel Events, s.a.s.,
(CanLII), EYB 2016-265055; Poppy
précité, note 285; Cava Pharma Inc. c. Prime Health Ltd. (Asian Herbs and Nutritionals), 2016 QCCS 1925
Industries Canada Inc. c. Diva Delights Ltd., 2016 QCCS 1458 (CanLII), EYB 2016-264111, permission d'appeler de bene esse déférée à la formation
de la cour qui entendra l'appel, 2016 QCCA 718 (CanLII), EYB 2016-265126.

295.
Filosofia Éditions Inc. c. Entreprises Foxmind Canada Ltée, 2013
QCCS 2519 (CanLII), EYB 2013-222959, confirmé par Foxmind Games, n.v. c.
Filosofia Éditions Inc., 2014
QCCA 399 (CanLII), EYB 2014-233958; MP3 Networks Ltd c. Peña, précité, note 294. Comparer Marciano c.
Guess? Inc., 2015 QCCS 3481 (CanLII), EYB 2015-254859 (où la cour retient le concept très large d'« entrave à la capacité de gain au Québec ») et
Marciano c. Universal Perfumes and Cosmetics, précité, note 250 (où la cour semble rejeter ce concept dans un contexte où il était difficile d'établir le droit
des demandeurs aux marques de commerce en cause).

296.
C'est-à-dire le préjudice qui découle d'une perte patrimoniale qui n'affecte pas, de façon tangible, une personne ou un bien, telle la perte de valeur d'un
investissement ou d'un titre ou encore le fait que le prix d'un bien ou d'un service a été artificiellement gonflé.

297.
Pour une analyse de ces deux tendances, voir G. GOLDSTEIN, « De la pertinence et de la localisation du préjudice économique ou continu aux fins de la
compétence internationale des tribunaux québécois », (2010) 69 R. du B. 169, EYB2010RDB102; C. WALSH, op. cit., note 276.

298.
Précité, note 251; Sterling Combustion Inc. c. Roco Industrie Inc., précité, note 277. Voir aussi les motifs minoritaires du juge Philippon (ad hoc), dans
Quebecor Printing Memphis Inc. c. Regenair Inc., 2001 CanLII 39579 (QC CA), [2001] R.J.Q. 966, REJB 2001-23913 (C.A.).

299.
(CanLII), EYB 2006-106712; Banque de Montréal c. Hydro Aluminium Wells, précité,
Richelieu Projects Inc. c. Western Rail Inc., 2006 QCCA 840
note 256; Foster c. Kaycan, 2001 CanLII 39848 (QC CA), J.E. 2002-163, REJB 2001-27353 (C.A.); Quebecor Printing Memphis Inc. c. Regenair
Inc., précité, note 298. Voir aussi Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d'érable c. 416 Candies Inc., précité, note 1, où la Cour du
Québec se dit liée par cette jurisprudence. À notre avis, c'est toutefois à tort qu'il a été décidé, sur la base de cette jurisprudence, que l'existence et
l'inexécution d'une obligation contractuelle d'effectuer au Québec un paiement en argent ne constituait pas un fondement suffisant pour justifier la
compétence des autorités québécoises (voir Forest Fibers Inc. c. Newport CH International, LLC, J.E. 2009-1112, EYB 2009-158031 (C.S.). Voir par
ailleurs 9245-4859 Québec Inc. c. Martel Events, s.a.s., précité note 285, où la Cour supérieure admet que le préjudice purement économique peut servir de
facteur de rattachement en vertu de l'article 3148 (3) C.c.Q. mais invoque la nécessité faite aux tribunaux par l'article 491 C.p.c. de tenir compte des
principes directeurs de la procédure, et donc du principe de proportionnalité, pour rejeter un recours où seule une portion limitée du préjudice avait été subi
au Québec, en l'occurrence le préjudice subi en raison d'une atteinte à la réputation. La Cour supérieure a jugé que cette atteinte était indissociable des
autres préjudices ayant pris naissance à l'extérieur du Québec. Sur ce point, voir aussi Cava Pharma Inc. c. Prime Health Ltd. (Asian Herbs and Nutritionals),
précité, note 294 et Poppy Industries Canada Inc. c. Diva Delights Ltd, précité, note 294.

300.
Précité, note 256.

301.
Dans cette affaire, un Québécois ayant acheté un ordinateur personnel via Internet à partir de son domicile prétendait que le prix de celui-ci aurait été
artificiellement gonflé en raison du fait que les manufacturiers de certaines de ses composantes auraient illégalement fixé les prix. Dans de telles
circonstances, le préjudice purement financier subi par le demandeur n'est pas que comptabilisé au Québec : il y a été réellement subi. Voir aussi
Stormbreaker Marketing and Productions Inc. c. Weinstock, 2013 QCCA 269 (CanLII), EYB 2013-218059 (autorisation de pourvoi à la Cour
o
suprême du Canada rejetée (C.S.C., n 35312, 2013-07-25). À l'opposé, lorsque le préjudice allégué par un demandeur québécois consiste dans le fait de
ne pas avoir reçu un paiement qui aurait de toute manière dû être effectué à l'étranger, le préjudice est véritablement subi à l'extérieur du Québec et n'est
que comptabilisé dans son patrimoine, ce qui est insuffisant pour conférer compétence aux tribunaux québécois. Il en allait ainsi dans les affaires Banque
de Montréal c. Hydro Aluminium Wells, précitée, note 256 et Quebecor Printing Memphis Inc. c. Regenair Inc., précitée, note 298. Sur cette
question, voir aussi Viandes Seficlo Inc. c. Petra Pet Inc., 2016 QCCS 1699 (CanLII), EYB 2016-264576; 9245-4859 Québec Inc. c. Martel
Events, s.a.s., précité, note 285; Cava Pharma Inc. c. Prime Health Ltd. (Asian Herbs and Nutritionals), précité, note 294; Marciano c. Guess? Inc., précité,
note 295; Axon Intégration & développement Inc. c. Pace Gallery, l.l.c., précité, note 277; 6766285 Canada Inc. c. Gray, 2015 QCCS 1976 (CanLII),
EYB 2015-251799; Istore Inc. c. Paradies Shops, l.l.c., 2014 QCCS 5995 (CanLII), EYB 2014-245582; MNC Multinational Consultants Inc. c.
Natraceutical Group, 2014 QCCS 5400 (CanLII), EYB 2014-244350; Filosofia Éditions Inc. c. Entreprises Foxmind Canada Ltée, précité, note 295.
302.
Pour d'autres exemples de préjudices financiers suffisants pour fonder la compétence des tribunaux québécois, voir Marciano c. Guess? Inc., précité,
note 295 (la violation des droits de propriété intellectuelle à l'étranger constitue une entrave à la capacité de gain d'une entreprise au Québec); Federal
Corporation c. Triangle Tires Inc., 2012 QCCA 434 (CanLII), EYB 2012-203259 (perte de profit causée par l'impossibilité de vendre au Québec
des produits importés de l'étranger); 3790908 Canada Inc. c. Green Films Inc., 2014 QCCS 4542 (CanLII), EYB 2014-242571 (perte financière découlant
de la signature au Québec d'une quittance); Ferme Jolicap Inc. c. Select Genetics of Indiana, l.l.c., 2014 QCCS 5552 (CanLII), EYB 2014-244704
(perte de profits futurs). Dans Zuckerman c. Target Corporation, précité, note 258, la Cour d'appel juge qu'il est inapproprié d'analyser la
qualification des dommages au stade d'une exception déclinatoire plutôt qu'au stade de l'autorisation d'exercer une action collective.

303.
Green Planet Technologies Ltd. c. Corporation Pneus OTR Blackstone/OTR Blackstone Tire Corporation, 2013
QCCA 56 (CanLII), EYB 2013-
216742; Banque canadienne impériale de commerce c. Conseil taxes Inc., 2005 QCCA 888 (CanLII), EYB 2005-95489; D.D.H.
Aviation Inc. c. Fox, 2002 CanLII 41085 (QC CA), J.E. 2002-1293, REJB 2002-32386 (C.A.); MNC Multinational Consultants Inc. c.
Natraceutical Group, précité, note 301.

304.
o
H.P. GLENN, n 90; C. EMANUELLI, n
o 194; Forest Fibers Inc. c. Newport CH International, LLC, précité, note 299; Brien c.
Parliament Building Supplies, 2009BE-1030, EYB 2009-163328 (C.S.); Kilburg-Ouellette c. Tréché, J.E. 95-1919, EYB 1994-94355 (C.Q.).

305.
Dans 3790908 Canada Inc. c. Green Films Inc., précité, note 302, la Cour supérieure a conclu que la clause d'élection de for contenue dans un contrat
de distribution et visant toute question en découlant (« any matter arising out of this Agreement ») ne s'étendait pas à un litige découlant de la
quittance par laquelle les parties avaient convenu de mettre fin au contrat.

306.
Il reviendra évidemment à la partie qui allègue la présence d'une clause d'élection de for québécois d'en faire la démonstration : MNC Multinational
Consultants Inc. c. Natraceutical Group, précité, note 301.

307.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., 2005 CSC 46 (CanLII), [2005] 2 R.C.S. 401, EYB 2005-93019.

308.
Ellipse Fiction/Ellipse Programme c. International Image Services Inc., 1997 CanLII 10253 (QC CA), J.E. 98-210, REJB 1997-03899 (C.A.);
171486 Canada Inc. c. Rogers Cantel Inc., précité, note 1. Voir également Shamji c. Tajdin, précité, note 257. Ainsi, dans National Commercial
Bank c. Suleman, précité, note 250, la Cour d'appel a conclu que le fait de présenter une requête en rétractation à l'encontre d'un jugement rendu par
défaut ne pouvait constituer une reconnaissance implicite de la compétence du tribunal québécois. Le fait de ne pas soulever l'absence de compétence à
l'intérieur des délais applicables (voir note 257) peut constituer une reconnaissance implicite de compétence. Pour un exemple de cas où le long délai écoulé
avant le débat sur une exception déclinatoire a été considéré ne pas constituer une reconnaissance implicite de la compétence des autorités québécoises,
voir Takefman c. Golden Hope Mines Ltd, précité, note 281. Pour des exemples de cas où la présentation de requêtes pour précisions ou la
signature de multiples ententes sur le déroulement de l'instance ne prévoyant pas d'exception déclinatoire a été considérée comme une reconnaissance
implicite, voir Transflex
Canada Ltée c. DRC Kaucuk San. Ve Tic., a.s., précité, note 257; Ellipse Fiction/Ellipse Programme c. International Image
Services Inc., ibid. Voir aussi, sous l'ancien Code
civil du Bas-Canada, Alimport (Empresa Cubana Importadora de Alimentos) c. Victoria Transport
Ltd., 1976 CanLII 206 (CSC), [1977] 2 R.C.S. 858, EYB 1976-215715.
309.
Voir généralement Dell Computer c. Union des consommateurs, précité, note 2.
310.
o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 149.

311.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, p. 417. Voir aussi Pirs S.A. c. Compagnie d'arrimage de Québec Ltée, 2013 QCCA 31
(CanLII), EYB 2013-216425; St-Arnaud c. Facebook Inc., 2011 QCCS 1506 (CanLII), EYB 2011-188728; General Motors du Canada Ltée c. 178018
Canada Inc. (Laurier Pontiac Buick GMC Cadillac Hummer Ltée), 2011 QCCA 1461 (CanLII), EYB 2011-194047; Citadelle, coopérative de
producteurs de sirop d'érable c. 416 Candies Inc., précité, note 1; 155030 Canada Inc. (Family Games) c. Gigamic, s.a.r.l., J.E. 2009-636,
EYB 2009-156111 (C.A.); STMicroelectronics Inc. c. Matrox Graphics Inc., 2007 QCCA 1784 (CanLII), J.E. 2008-116, EYB 2007-127613
(C.A.); Robertson Building Systems Ltd. c. Constructions de la Source Inc., J.E. 2006-812, EYB 2006-103491 (C.A.); Achilles (USA) c. Les Plastics Dura
Plastics (1977) Ltée/Ltd., 2006 QCCA 1523 (CanLII), J.E. 2006-2335, EYB 2006-111285 (C.A.); Groupe Germain Inc. c. Moneris Solutions
Corp., 2014 QCCS 4058 (CanLII), EYB 2014-241277 (désistement d'appel, 2014-04-10); Groupe Mount Real Vest (Syndic de), 2010 QCCS 4985
(CanLII), EYB 2010-180968; United European Bank and Trust Nassau Ltd. c. Duchesneau, précité, note 167; 9163-2802 Québec Inc. c. Pioneer Steel
Pre-Fabricated Buildings Ltd., précité, note 167; Ben & Max Inc. c. Éditions Bibi et Geneviève Inc., J.E. 2009-1966, EYB 2009-164697 (C.S.); Bal Global
Finance Canada Corporation c. Aliments Breton (Canada) Inc., précité, note 2; Classé Audio Inc. c. Linn Products Ltd., 2006 QCCS 301
(CanLII), EYB 2006-100448, permission d'appeler rejetée par 2006 QCCA 426 (CanLII), EYB 2006-103054; Lemieux Nolet c. Marcus Evans (Amérique
du Nord) Ltée, 2008 QCCQ 1235 (CanLII), EYB 2008-130815. Ainsi, une clause par laquelle les parties reconnaîtraient la compétence des autorités d'un
État étranger sans pour autant préciser que cette compétence est exclusive n'aurait pas pour effet de priver les tribunaux québécois de leur compétence :
Bedford Resources Partners Inc. c. Adriana Resources Inc., 2010 QCCA 2030 (CanLII), EYB 2010-181673; STMicroelectronics Inc. c. Matrox Graphics
Inc., ibid.; Investia Services financiers Inc. c. Services financiers Dundee, 2012 QCCS 4411 (CanLII), EYB 2012-211425. Dans SMC Pneumatiques
(Canada) Ltée c. Ressort Déziel Inc., 2014 QCCA 300 (CanLII), EYB 2014-233240, la Cour d'appel a considéré qu'une clause prévoyant que
les parties « attorn to the jurisdiction of the courts of the Province of Ontario for any litigation [...] and waive any objection to the
jurisdiction of same » constituait une clause d'élection de for étranger privant de compétence les tribunaux québécois même en l'absence de mention
d'exclusivité. La présence d'une clause d'élection de for étranger dans un contrat entre une personne faillie et un tiers n'interdira pas nécessairement au
syndic à la faillite de poursuivre le tiers devant les tribunaux québécois lorsque la faillite y a été ouverte, les règles de compétence prévues au Code civil
cédant en cette matière le pas aux règles propres à la faillite : Lawrence Home Fashions Inc./Linge de maison Lawrence Inc. (Syndic de), 2013 QCCS 3015
(CanLII), EYB 2013-224038.

312.
PS Here, LLC c. Fortalis Anstalt, J.E. 2009-634, EYB 2009-156191 (C.A.).

313.
Construction injection EDM Inc. c. SNC-Lavalin Construction (Atlantic) Inc., 2013 QCCS 5049 (CanLII), EYB 2013-228184.

314.
Voir par exemple SMC Pneumatiques (Canada) Ltée c. Ressort Déziel Inc., précité, note 311 (litige visé par la clause d'élection de for
même si une partie des allégations porte sur des faits postérieurs à la résiliation du contrat qui la contient); C.H. Robinson Worldwide Inc. c.
Ground Level Transport Inc., 2013 QCCQ 15009 (CanLII), EYB 2013-230421 (une clause d'élection de for étranger ne s'applique pas lorsque le
recours du signataire de la clause est exercé à titre de créancier subrogé dans les droits d'un tiers non signataire).

315.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, p. 420. Voir également Achilles (USA) c. Plastics Dura Plastics (1977) Ltée/Ltd., précité, note
311; United
European Bank and Trust Nassau Ltd. c. Duchesneau, précité, note 167; General Motors du Canada Ltée c. 178018
Canada Inc. (Laurier Pontiac Buick GMC Cadillac Hummer Ltée), précité, note 311.

316.
Le législateur étant présumé légiférer d'une manière conciliable avec les obligations internationales de l'État, les dispositions relatives à la
reconnaissance des clauses d'arbitrage doivent être interprétées à la lumière de la Convention pour la reconnaissance et l'exécution des
sentences arbitrales étrangères, 330 R.T.N.U. 3 (ci-après « Convention de New York »), laquelle vise notamment à assurer le respect des
conventions d'arbitrage par les tribunaux des États contractants. L'article 3148, al. 2 C.c.Q. traitant à la fois des clauses d'élection de for et des clauses
d'arbitrage, il convient de donner la même portée à ces deux types de clauses (voir GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, p.
422-425.)

317.
Cette reconnaissance peut être tacite, mais elle doit être claire : Forest Fibers Inc. c. CSAV Norasia Container Lines Ltd., J.E. 2007-2149, EYB 2007-
125411 (C.S.); 171486 Canada Inc.
c. Rogers Cantel Inc., précité, note 1. Voir aussi Bombardier Transportation c. SMC Pneumatics (UK) Ltd.,
2009 QCCA 861 (CanLII), EYB 2009-158343 et la jurisprudence supra, note 308.
318.
Simex International du Commerce Inc. c. Western Grain Cleaning and Processing, J.E. 2007-1224, EYB 2007-120707 (C.A.); Dominion Bridge
Corp. c. Knai, 1997 CanLII 10221 (QC CA), [1998] R.J.Q. 321, REJB 1997-03823 (C.A.); Takeishi c. Henderson, 99BE-126, REJB 1998-
08752 (C.S.).

319.
Voir Option Consommateurs c. Infineon Technologies, a.g., précité, note 256; Option consommateurs c. British Airways p.l.c., J.E. 2010-
587, EYB 2010-168653 (C.S.), confirmé par British Airways p.l.c. c. Option consommateurs, précité, note 211; Chatigny-Bitton c. Margo Movers International
Inc., précité, note 292; Bousquet c. Acer America Corporation Canada, précité, note 25. Voir généralement M. DEA et V. SCOTT, op. cit., note 181.

320.
Voir Rees c. Convergia, précité, note 261; Sychterz c. Bouchard, précité, note 251 (recours en oppression et en congédiement injustifié); Commission
des normes du travail c. Aisa Corporation, 2010 QCCQ 7045 (CanLII), EYB 2010-177862; Mironowicz c. Barudan Canada Inc., J.E. 2009-
845, EYB 2009-157460 (C.Q.). Voir généralement G. SAUMIER, précité, note 182; M. DEA et V. SCOTT, op. cit., note 181.

321.
eBay Canada Ltd. c. Mofo Moko, 2013 QCCA 1912 (CanLII), EYB 2013-229061; Dominion Bridge Corp. c. Knai, précité, note 318. Dans l'affaire
Dell Computer, la majorité de la Cour suprême a tranché que l'article 3149 C.c.Q. n'interdisait le renvoi à l'arbitrage que dans les cas où le litige
présente un élément d'extranéité suffisant pour justifier l'application des dispositions du Livre X du Code civil du Québec. Selon la majorité, comme
l'arbitrage est une institution neutre, une clause prévoyant le renvoi à l'arbitrage devant un tribunal constitué en vertu des règles d'un organisme étranger ne
constitue pas un élément d'extranéité pertinent : Dell
Computer c. Union des consommateurs, précité, note 2, par. 48 et s. La Cour suprême
omet cependant de noter que la défenderesse était domiciliée en Ontario, ce qui constitue évidemment un élément d'extranéité (voir G. SAUMIER, op. cit.,
note 2, p. 466-67; S. GAUDET, « Le livre X du Code civil du Québec : bilan et enjeux », (2010) 88 R. du B. can. 313, 324).

322.
C.G.U. Compagnie d'assurances du Canada c. Équipements Pierre Champigny Inc., 2003
CanLII 48255 (QC CS), [2003] R.R.A. 1298, REJB
2003-47821 (C.S.), appel rejeté par [2005] R.R.A. 302, EYB 2005-88298 (C.A.); Mega Bloks Inc. c. American Home Assurance
Company, J.E. 2006-1876, EYB 2006-110400 (C.S.); Grenier c. Winterthur Assicuraziori, précité, note 261.
323.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307. La compétence fondée sur l'article 3151 C.c.Q. étant impérative, la doctrine du forum
non conveniens (art. 3135 C.c.Q.) ne pourrait alors trouver application : G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 126.

324.
Précité, note 225.

325.
C. EMANUELLI, n
o 203.

326.
Acasti Pharma Inc. c. US Neutraceuticals, LLC, précité, note 256; MacDonald
Oil Exploration Ltd. c. M.F.C. Bancorp Ltd., précité, note 126; Bern c.
Bern, précité, note 126; Nord Iron Mines Inc. c. Specogna, 2013 QCCS 230 (CanLII), EYB 2013-217283. Pour une analyse de la compétence en matière
d'action réelle dans le contexte d'une action fondée sur un titre autochtone, voir : Uashaunnuat (Innus de Uashat et de Mani-Utenam) c. Compagnie minière
IOC Inc. (Iron Ore Company of Canada), 2016 QCCS 5133 (CanLII), EYB 2016-272015, permission d'appeler accueillie par 2017 QCCA 14 (CanLII),
EYB 2017-274901.

327.
C. EMANUELLI, n
o 206; Behaviour Communications c. Virtual Image Productions, 1999 CanLII 10658 (QC CQ), J.E. 99-1518, REJB 1999-
13612 (C.Q.).

328.
Beaupré c. Beaupré, 2008 QCCS 5999 (CanLII), EYB 2008-151941; Robinson c. Souriac, précité, note 71.
329.
Elles seront compétentes même si un jugement de divorce a été rendu à l'étranger : Droit de la famille – 3148, précité, note 113; G.M. c. M.A.F., 2003
CanLII 41691 (QC CA), [2003] R.J.Q. 2516, REJB 2003-46894 (C.A.).

330.
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 911.

331.
Sur la question des exigences procédurales imposées pour la reconnaissance de jugements portant sur des actions collectives étrangères, voir, infra, la
section 3-B-5 « La nature du contrôle effectué par l'autorité québécoise ».

332.
2008 QCCA 800 (CanLII), EYB 2008-132646. Voir également Goyette c. Glaxo Smith Kline Inc., J.E. 2009-1589, EYB 2009-162939 (C.S.),
confirmé par 2010 QCCA 2054 (CanLII), EYB 2010-182057; Schnurbach c. Full Tilt Poker Ltd., 2013 QCCS 411 (CanLII), EYB 2013-217705;
Mouaikel c. Facebook Inc., 2013 QCCS 4176 (CanLII), EYB 2013-226326; Brown c. Roy, J.E. 2009-2131, EYB 2009-165797 (C.S.); Brito c. Pfizer
Canada Inc., 2008 QCCS 2231 (CanLII), EYB 2008-134053; Option Consommateurs c. Infineon Technologies a.g., précité, note
256. Soulignons que dans Cunning c. FitFlop Ltd., 2014 QCCS 586 (CanLII), EYB 2014-233551; Schnurbach c. Full Tilt Poker Ltd., 2013 QCCS 411,
EYB 2013-217705 et Albilia c. Apple Inc., 2013 QCCS 2805 (CanLII), EYB 2013-223723, la Cour supérieure a refusé d'autoriser des actions
collectives pancanadiennes au motif que dans les circonstances de l'espèce, les tribunaux québécois n'avaient pas juridiction à l'égard du recours des
membres hors Québec.

333.
2007 QCCA 1092 (CanLII), [2007] R.J.Q. 1920, EYB 2007-122903 (C.A.).
334.
Précité, note 252, par. 56.

335.
Voir généralement G. SAUMIER « Competing Class Actions Across Canada : Still at the Starting Gate after Canada Post v. Lepine », (2010) 48
Can. Bus. L.J. 462 et S. FINN et J. OSTREGA, « Défendre la frontière? : Le futur incertain des recours collectifs multijuridictionnels », dans Actes de la
formation juridique permanente, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2010, vol. 7, p. 62; D. BISSON, « Quelques considérations de base relatives aux
recours collectifs dits « nationaux » au Québec », dans Barreau du Québec, Service de la formation continue, Développements récents en recours
collectifs, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2012, p. 13, EYB2012DEV1833.

336.
Vivendi Canada Inc. c. Dell'Aniello, précité, note 69, par. 62. Voir par exemple Belley c. TD Auto Finance Services Inc./Services de financement auto TD
Inc., précité, note 282.

337.
Amram c. Rogers Communications Inc., 2015 QCCA 105 (CanLII), EYB 2015-247204, autorisation de pourvoi à la Cour suprême du Canada
o
rejetée (C.S.C., n 36348, 2015-09-24). Voir aussi Charbonneau c. Apple Canada Inc., 2016 QCCS 5770 (CanLII), EYB 2016-273344;
Zoungrana c. Air Algérie, précité, note 199; Zuckerman c. Target Corporation, 2017 QCCS 110 (CanLII), EYB 2017-275197.

338.
En ligne : Ministère de la justice du Québec
http://services.justice.gouv.qc.ca/dgsj/rrc/Commun/Canadian_Judicial_Protocol_for_the_Management_of_Multijurisdictional_Class_Actions.pdf.
Pour un exemple d'application du Protocole par la Cour supérieure, voir St-Marseille c. Procter & Gamble Inc., 2012 QCCS 1527 (CanLII), EYB
2012-205239. Sur le Protocole en général, voir M. EIZENGA, S. BJORKQUIST et M. PATERSON, « Multi-jurisdictional Class Actions : Will the New CBA and
ABA Protocols Solve all our Problems? », dans Barreau du Québec, Service de la formation continue, Développements récents en recours
collectifs, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2012, p. 193.

339.
En vertu de l'article 3137 C.c.Q. et au nom de l'économie judiciaire et de l'intérêt des membres au Québec, le tribunal pourrait toutefois surseoir à
l'action collective en attendant le sort de procédures intentées ailleurs au Canada. Voir par exemple Boehmer
c. Bard Canada Inc., précité, note 337;
Conseil pour la protection des malades c. Biomet Canada Inc., 2016 QCCS 4574 (CanLII), EYB 2016-270775; Gagnon c. General Motors of
Canada, 2016 QCCS 1421 (CanLII), EYB 2016-264056; Vitoratos c. Takata Corporation, 2016 QCCS 4892 (CanLII), EYB 2016-
271421; Future Electroniques Inc. c. QMI Manufacturing Inc., 2016 QCCQ 13055 (CanLII), EYB 2016-273057; Parker c. Apotex Inc.,
2015 QCCS 1210 (CanLII), EYB 2015-250075. Voir cependant Côté c. Iko Industries Ltd., 2016 QCCQ 2716 (CanLII); Blanchon c. Iko
Industries Ltd., 2015 QCCQ 13252 (CanLII). Sur cette question, voir É. DUNBERRY et C. LEBRUN, « L'exception de litispendance au stade de la requête en
autorisation d'exercer un recours collectif au Québec », (2006) 66 R. du B. 267.

340.
Sur la codification de la doctrine du forum non conveniens en droit québécois, voir généralement S. GUILLEMARD, A. PRUJINER et F. SABOURIN, «
Les difficultés de l'introduction du forum non conveniens en droit québécois », (1995) 36 C. de D. 913; J.A. TALPIS et S.L. KATH, « The Exceptional as
Commonplace in Quebec Forum Non Conveniens Law : Cambior, a Case in Point », (2000) 34 R.J.T. 761; L. LEBEL et G. CHABOT, « L'essai d'un mariage :
l'intégration du forum
non conveniens dans le droit international privé québécois », dans S. GUILLEMARD (dir.), Mélanges en l'honneur du professeur
Alain Prujiner, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2011; G. SAUMIER, « Le forum
non conveniens au Québec : bilan d'une transplantation », dans S.
GUILLEMARD, (dir.), Mélanges en l'honneur du professeur Alain Prujiner, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2011; S. GUILLEMARD et M. TÊTE, « Le forum
non conveniens au Québec, une vingtaine d'années plus tard : encore quelques questions non résolues », (2012) 25 R.Q.D.I. 175.

341.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, par. 33; Boucher c. Stelco Inc., 2005 CSC 64 (CanLII), [2005] 3 R.C.S. 279, EYB 2005-
97371, par. 37.

342.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, p. 427. Voir aussi Droitde la famille – 143017, 2014 QCCA 2188 (CanLII), EYB
2014-245127; Droit de la famille – 131294, précité, note 275; Birdsall Inc. c. In Any Event Inc., 1999 CanLII 13874 (QC CA), [1999] R.J.Q. 1344,
1354, REJB 1999-12546 (C.A.); Lamborghini (Canada) Inc. c. Automobili Lamborghini S.P.A., 1996 CanLII 6047 (QC CA), [1997] R.J.Q.
58, 67, EYB 1996-65621 (C.A.); J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 901; H.P. GLENN, p. 744-745.

343.
Dans un cas comme dans l'autre, la demande doit être présentée avec les moyens préliminaires (art. 491 et 166 et s. C.p.c.). Sous l'ancien Code de
procédure civile, la contestation de la compétence devait être soulevée dans les délais applicables aux moyens préliminaires, mais aucun délai
spécifique n'était applicable au forum non conveniens (Simcoe & Erie General Ins. Co. c. Arthur Anderson Inc., 1995 CanLII 3694 (QC CS), [1995]
R.J.Q. 2222, EYB 1995-28851 (C.S.)). Le caractère tardif de la présentation d'une demande en forum non conveniens pouvait toutefois
justifier son rejet : Reichman c. Kadar, précité, note 135; Droit de la famille – 2546, J.E. 96-2263, EYB 1996-65585 (C.A.); Banque de Montréal c.
Banque générale de Grèce (Geniki), J.E. 2010-231, EYB 2009-167218 (C.S.); Droit de la famille – 082180, 2008 QCCA 1672 (CanLII),
o
EYB 2008-146963; C. EMANUELLI, n 164; S. GUILLEMARD et M. TÊTE, op. cit., note 340.

344.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, par. 33; Spar Aerospace c. American Mobile Satellite, précité, note 252; Coopers &
(CanLII), EYB 2013-232682; Droit de la famille – 131294, précité, note 270; Stormbreaker Marketing and
Lybrand c. RSM Richter Inc., 2014 QCCA 194
Productions Inc. c. Weinstock, précité, note 301; 155030 Canada Inc. (Family Games) c. Gigamic, s.a.r.l., précité, note 311; Goldman
c. Law Society of
Upper Canada, 2007BE-1000, EYB 2007-124383 (C.A.); Stanford International Bank Ltd. (Liquidation de), 2014 QCCS 204 (CanLII), EYB 2014-
232295; Acasti Pharma Inc. c. US Neutraceuticals, LLC, précité, note 256; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 902.

345.
Coopers & Lybrand c. RSM Richter Inc., précité, note 344; Bennaouar c. Machour, 2012 QCCA 469 (CanLII), EYB 2012-203645.
346.
Lamborghini (Canada) Inc. c. Automobili Lamborghini S.P.A., précité, note 342; Oppenheim Forfait GmbH c. Lexus Maritime Inc., précité, note 164;
Chenail Fruits & Légumes Inc. c. AN Deringer Inc. (USA), 2007BE-299, EYB 2007-115184 (C.A.); Sychterz c. Bouchard, précité, note 251; Swissair
Swiss Air Transport Company Ltd. et Société anonyme Sabena en faillite, précité, note 279.

347.
Bennaouar c. Machour, précité, note 345; Cohen c. Desert Eagle Resources Ltd. (Garrison International Ltd.), supra, note 248; J.A. TALPIS, op.
cit.,
note 284, p. 43-51. Il n'est en principe pas nécessaire de démontrer spécifiquement quel tribunal serait compétent dans le pays étranger (Bennaouar c.
Machour, ibid.). Il n'est pas non plus nécessaire de démontrer que les autorités de l'autre État seraient compétentes en application des règles
o
québécoises de compétence indirecte (C. EMANUELLI, n 168). Voir aussi Yassin c. Green Park International Inc., 2010 QCCA 1455 (CanLII), EYB
2010-177634.

348.
Droit de la famille – 131294, précité, note 275, par. 127.

349.
Stanford International Bank Ltd. (Liquidation de), précité, note 344; Droit de la famille – 2577, J.E. 97-262, EYB 1996-65623 (C.A.). En common law, voir
généralement Club Resorts Ltd. c. Van Breda, précité, note 11.

350.
J.A. TALPIS, op. cit., note 284, p. 44-45; Capital Factors Inc. c. Royal Bank of Canada, précité, note 203; Lamborghini (Canada) Inc.
c. Automobili Lamborghini S.P.A., précité, note 342; Stormbreaker Marketing and Productions Inc. c. Weinstock, précité, note 301. Pour une
analyse de la question dans un contexte de common law, voir Lapointe Rosenstein Marchand Melançon S.E.N.C.R.L. c. Cassels Brock & Blackwell LLP,
2016 CSC 30 (CanLII), EYB 2016-267937; Club Resorts Ltd. c. Van Breda, précité, note 11; Breeden c. Black, 2012 CSC 19
(CanLII), [2012] 1 R.C.S. 666, EYB 2012-205200; Éditions Écosociété Inc. c. Banro Corp., précité, note 204.

351.
Birdsall Inc. c. In Any Event Inc., précité, note 342; Oppenheim Forfait GmbH c. Lexus Maritime Inc., précité, note 164; Stormbreaker Marketing
and Productions Inc. c. Weinstock, précité, note 301; Transat Tours Canada Inc. c. Impulsora Turistica de Occidente, S.A. de C.V., précité, note 260;
Bil'In (village Council) c. Green Park International Inc., précité, note 81. Voir aussi Club Resorts Ltd. c. Van Breda, précité, note 11.

352.
Oppenheim Forfait GmbH c. Lexus Maritime Inc., précité, note 164; Stormbreaker Marketing and Productions Inc. c. Weinstock, précité, note
301; Spar Aerospace c. American Mobile Satellite, précité, note 251. Voir aussi PS Here, LLC c. Fortalis Anstalt, précité, note 312; Teck Cominco Metals et
al. c. Lloyd's Underwriters, 2009 CSC 11 (CanLII), EYB 2009-154787. Ainsi, en matière familiale, ces critères devront être modulés et pourra s'ajouter
l'intérêt des enfants : Droit de la famille – 131294, précité, note 275; M.I.B. c. M.-P.L., précité, note 113.

353.
Hunt c. T&N plc, précité, note 13, p. 326. Voir aussi Royal Bank of Canada c. Capital Factors Inc., précité, note 203, par. 34.
354.
St-Arnaud c. Facebook, précité, note 311; Beaupré c. Beaupré, précité, note 328; Muridal Inc. c. Dion, précité, note 251.

355.
Droit de la famille – 152222, précité, note 272.

356.
Cormier, Cohen, Davies, Architectes, s.e.n.c. c. Bizzotto, J.E. 2009-619, EYB 2009-156131 (C.A.). Dans Bell c. Molson, 2008 QCCS 992
(CanLII), EYB 2008-131112, la suspension était demandée par les demandeurs au motif que des procédures avaient été intentées par eux en Alberta et
que la question de la compétence des tribunaux de cette province devait d'abord être tranchée.

357.
Cormier, Cohen, Davies, Architectes, s.e.n.c. c. Bizzotto, précité, note 356; Axon Intégration & développement Inc. c. Pace Gallery, l.l.c., précité, note
277. À notre avis, cette disposition ne devrait pas s'appliquer lorsqu'un litige est pendant devant un arbitre. Voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 137.
Voir toutefois A-Z Pharma Inc. c. Biowin, s.a., 2015
QCCQ 11035 (CanLII); Ego-Beltex Underwear, LLC c. Agi Logistice USA, LLC, 2009
QCCS 995 (CanLII), [2009] R.J.Q. 1141, EYB 2009-156010 (C.S.); Lac d'amiante du Québec Ltée c. 2858-0702 Québec Inc., 1997
CanLII 9037 (QC CS), J.E. 97-1167, REJB 1997-00787 (C.S.).

358.
Fastwing Investment Holdings Ltd. c. Bombardier Inc., 2011 QCCA 432 (CanLII), EYB 2011-187497; Meubles Poitras (2002) Inc.(Syndic de), 2013
QCCS 1131 (CanLII), EYB 2013-219675, confirmé par 2013 QCCA 1671 (CanLII), EYB 2013-227259. Le tribunal examinera donc le droit procédural
en vigueur dans le for étranger afin de déterminer quand le recours doit être considéré y avoir été institué : Droit de la famille – 161738, 2016 QCCS 3357
(CanLII), EYB 2016-268058, requête pour permission d'appeler accueillie par 2016 QCCA 1520 (CanLII), EYB 2016-270685. L'inapplicabilité de
l'article 3137 C.c.Q. ne prive toutefois pas le tribunal québécois de son droit d'user de son pouvoir inhérent pour suspendre une action instituée au
Québec avant l'action étrangère s'il est dans l'intérêt de la justice de le faire, par exemple lorsqu'il existe un risque de jugements contradictoires ou que les
procédures pendantes au Québec ne mettraient pas fin au litige entre les parties : Meubles Poitras (2002) Inc. (Syndic de), ibid., citant Mulroney c.
Schreiber, 2009 QCCA 116 (CanLII), EYB 2009-153269.
359.
Une identité parfaite ou absolue n'est pas requise; une identité substantielle est suffisante. Ainsi, la présence de parties supplémentaires dans un des
recours ne fera pas automatiquement obstacle à l'application de la doctrine : Birdsall Inc. c. In Any Events Inc., précité, note 342; CBS Canada Holdings Co.
c. Canadian National Railway Company, 2013 QCCS 471 (CanLII), EYB 2013-217939.
360.
Rocois Construction Inc. c. Québec Ready Mix Inc., 1990 CanLII 74 (CSC), [1990] 2 R.C.S. 440, EYB 1990-95664. Voir Beaupré c. Beaupré,
précité, note 328; Bell c. Molson, précité, note 356.

361.
Société canadienne des postes c. Lépine, précité, note 251, par. 51-52; Birdsall Inc. c. In Any Event Inc., précité, note 342; DirecTV Inc. c. Scullion,
2002 CanLII 27406 (QC CS), [2002] R.J.Q. 2086, REJB 2002-32664 (C.S.). Voir aussi G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 137.

362.
Hi-Lex Corporation c. Bombardier Recreational Products Inc., J.E. 2008-164, EYB 2007-127831 (C.A.); Lebrasseur c. Hoffmann-La Roche
Ltée, 2011 QCCS 5457 (CanLII), EYB 2011-197218.
363.
C. EMANUELLI, n
o 170.

364.
Royal Trust Co. c. Webster-Tweel, 2008 QCCA 1643 (CanLII), EYB 2008-146888; Sudaco, S.p.A. c. Connexions commerciales
internationales CT Inc., 2012 QCCA 2254 (CanLII), EYB 2012-215438. Il faut toutefois rappeler que les critères de l'article 3137 C.c.Q.
pourraient entrer en ligne de compte dans l'étude d'une demande pour forum non conveniens, laquelle pourrait de son côté mener au rejet de la demande
instituée au Québec : voir par exemple Droit de la famille – 2032, [1994] R.J.Q. 2218, EYB 1994-84383 (C.S.), commentée par G.
GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 137. Cette affaire avait cependant donné lieu à un sursis en vertu de l'article 3135 C.c.Q. plutôt qu'un rejet
pur et simple.

365.
Droit de la famille – 2054, 1994 CanLII 3712 (QC CS), J.E. 94-1588, EYB 1994-28653 (C.S.), permission d'appeler rejetée par J.E.
94-1790, EYB 1994-64504 (C.A.).

366.
Fastwing Investment Holdings Ltd. c. Bombardier Inc., précité, note 358; Melley c. Toyota Canada Inc., 2011 QCCS 1229 (CanLII), EYB 2011-188022,
permission d'appeler rejetée par 2011 QCCA 829 (CanLII), EYB 2011-190125, autorisation de pourvoi à la Cour suprême du Canada rejetée (C.S.C., no
34364, 2011-12-08); Birdsall Inc. c. In Any Event Inc., précité, note 342; Samson c. Banque Canadienne Impériale de Commerce, 2010 QCCA 604
(CanLII), EYB 2010-171648; Axon Intégration & développement Inc. c. Pace Gallery, l.l.c., précité, note 277; Droit de la famille – 16440, 2016 QCCS
843 (CanLII), EYB 2016-262836.

367.
Droit de la famille – 161738, précité, note 358. Voir aussi Lebrasseurc. Hoffmann-La Roche Ltée, précité, note 362; G. GOLDSTEIN et E.
o
GROFFIER, n 137. Le moyen fondé sur l'article 3137 C.c.Q. n'est toutefois pas exceptionnel, voir Bell c. Molson, précité, note 356; Majerovics c.
Tanenbaum, 2008 QCCS 5780 (CanLII), EYB 2008-151336. De plus, le fait que les parties aient convenu d'appliquer la loi québécoise au contrat
n'empêche pas le tribunal québécois de surseoir à statuer en vertu de l'article 3137 C.c.Q. : Axon Intégration & développement Inc. c. Pace Gallery, l.l.c.,
précité, note 277.

368.
o o
C. EMANUELLI, n 171; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 137. Voir, par exemple, Melley c. Toyota Canada Inc., précité, note 366.
369.
À cet égard, voir l'étude du professeur John P. McEVOY, « Forum of Necessity in Quebec Private International Law : C.C.Q. art. 3136 », (2005) 35
R.G.D. 61. Voir aussi G. SAUMIER, « Commentaire sur Anvil Mining » (2013) 9 J.S.D.L.P. 145; S. GUILLEMARD, JurisClasseur Québec – Droit
international privé, fasc. 8, aux par. 7 et s.

370.
H.P. GLENN, p. 745; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 900-901; Thériault c. Gauvreau, [1996] R.J.Q. 2328, EYB 1996-88011 (C.S.). Voir aussi A.D.
JOHNSTON, « (Almost) Any Port in a Storm – Forum of Necessity Jurisdiction in Quebec and Canada », (2010-2011) 20 R.J.E.U.L. 130.

371.
Lamborghini (Canada) Inc. c. Automobili Lamborghini S.P.A., précité, note 342, p. 68; Droit de la famille – 143017, précité, note 93; Zoungrana c.
Air Algérie, précité, note 199.

372.
J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 903.

373.
Lamborghini (Canada) Inc. c. Automobili Lamborghini S.P.A., précité, note 342, p. 68. Certains auteurs sont à cet égard d'avis que l'exception est
devenue trop étroite : voir notamment la critique de l'affaire Anvil Mining Ltd. c. Association canadienne contre l'impunité, supra, note 282, par G. SAUMIER,
op. cit., note 369. Notons toutefois que selon une certaine jurisprudence, l'article 3136 C.c.Q. doit être interprété de manière large et libérale en matière
familiale : Droit de la famille – 1381, 2013 QCCS 136 (CanLII), EYB 2013-217232; C. EMANUELLI, n 168.
o

374.
Ibid.

375.
L.F. c. N.T., précité, note 94. Voir Anvil Mining Ltd. c. Association canadienne contre l'impunité, supra, note 282.

376.
J. McEVOY, supra, note 369, p. 111; C. EMANUELLI, n
o 168.

377.
Droit de la famille – 143017, précité, note 93; Lamborghini (Canada) Inc. c. Automobili Lamborghini S.P.A., précité, note 342; J.S. Finance Canada c. J.S.
CanLII 13870 (QC CA), J.E. 99-1067, REJB 1999-12408 (C.A.).Voir cependant Turner c. United Nations, 2013 QCCS 2982
Holding S.A., 1999
(CanLII), EYB 2013-223941 (jugement par défaut) et Lemieux Nolet c. Marcus Evans (Amérique du Nord) Ltée, précité, note 311.

378.
C. EMANUELLI, n
o 168; J. McEVOY, op. cit., note 369, p. 111.

379.
Zoungrana, précité, note 199. L'article 3136 C.c.Q. ne peut non plus permettre à des individus de contourner les règles de compétence prévues dans
la Convention de Montréal, op. cit., note 199 en matière de transport aérien international.
380.
Anvil Mining Ltd. c. Association canadienne contre l'impunité, précité, note 282; Souffrant c. Haytian American Sugar Company, [2007] R.D.I. 125, EYB
2006-111676 (C.S.).

381.
Lamborghini (Canada) Inc. c. Automobili Lamborghini S.P.A., précité, note 342, p. 62. Voir aussi Zoungrana c. Air Algérie, précité, note 199; Droit
de la famille – 1381, précité, note 373.

382.
C. EMANUELLI, n
o 168. Voir, par exemple, H.H.N. c. O.X. Ng., 2002 CanLII 63084 (QC CS), [2002] R.D.F. 604 (C.S.), REJB 2002-32589;
Thériault c. Gauvreau, précité, note 370.

383.
Voir S. GUILLEMARD, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 8, par. 23 et s.

384.
Trudeau c. Thibert, 2015 QCCA 1486(CanLII), EYB 2015-256628; Droit de la famille – 081848, P.G. c. L.D., précité, note 91; R.G. c. J.L., sub nom.
Droit de la famille – 082569, 2008 QCCS 4784 (CanLII), EYB 2008-149080; T.M. c. M.K., sub nom. Droit de la famille – 082664, 2008 QCCS 4970
(CanLII), EYB 2008-149548.

385.
Droit de la famille – 143017, précité, note 93. En ce sens, l'article 3140 C.c.Q. est de portée plus restreinte que l'article 3138 C.c.Q. (Ortega
o
Figueroa c. Jenckel, 2015 QCCA 1393 (CanLII), autorisation de pourvoi à la Cour suprême rejetée (C.S.C., n 36705, 2015-10-30)).

386.
CanLII 12100 (QC CS), J.E. 99-217, REJB 1998-10013 (C.S.); A.F. c. W.R.H., 2005BE-8, EYB 2004-
Droit de la famille – 3201, 1998
80200 (C.S.); Droit de la famille – 113456, 2011 QCCS 5856 (CanLII), EYB 2011-197918. On pourrait également penser à une ordonnance de
sauvegarde interdisant à un parent de quitter le Québec avec son enfant : Droit de la famille – 1155, 2011 QCCA 99 (CanLII), EYB 2011-185214.

387.
o
C. EMANUELLI, n 174.

388.
En matière familiale, lorsque les autorités québécoises sont compétentes pour entendre une demande de séparation de corps, l'article 3139 C.c.Q.
aura pour effet d'étendre cette compétence aux mesures accessoires comme l'obligation alimentaire ou la garde d'enfants et les droits d'accès : Droit de la
famille – 131294, précité, note 275; Droit de la famille – 152233, précité, note 266.

389.
Al-Kishtaini c. Yesrasien Investments Inc., 98BE-349 (C.S.). Il faut cependant distinguer la demande en garantie véritable de celle visant à forcer un
CanLII 13663 (QC CA), [1999] R.J.Q. 443, REJB 1999-10958 (C.A.);
assureur à défendre son assuré : Wellington c. MEC Technologie Inc., 1999
Hi-Lex Corporation c. Bombardier Recreational Products Inc., précité, note 362.
390.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, par. 30. Voir aussi Birdsall Inc. c. In Any Event Inc., précité, note 342.
391.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, par. 30. En ce sens, l'article 3139 C.c.Q. est d'interprétation restrictive : GreCon Dimter
Inc. c. J.R. Normand Inc, id., par. 29; Istore Inc. c. Paradies Shops, l.l.c., précité, note 301; Desjarlais (Succession de), 2015 QCCS 6136 (CanLII), EYB
2015-260458.

392.
Id., par. 31; Construction Beauce-Atlas Inc. c. Pomerleau Inc., précité, note 70; Desjarlais (Succession de), précité, note 391. Il faut d'ailleurs noter que
l'article 172 C.p.c. impose déjà la nécessité d'une certaine connexité entre la demande principale et la demande reconventionnelle puisqu'il spécifie que la
demande reconventionnelle doit résulter de la même source que la demande principale, ou d'une source connexe. La jurisprudence a également reconnu
que l'introduction d'une demande en garantie en vertu des articles 188 et s. C.p.c. requiert l'existence d'un lien de connexité entre la demande principale
et la demande en garantie : T.P.Q. Terminaux portuaires de Québec Inc. c. Commission de la construction du Québec, 2004 CanLII 1212 (QC CA),
[2004] R.J.Q. 2052, REJB 2004-66522 (C.A.).

393.
L'article 190 C.p.c. prévoit d'ailleurs que la demande principale et la demande en garantie sont jointes dans une seule instance « à moins que le
tribunal ne les disjoigne ».

394.
Birdsall Inc. c. In Any Event Inc., précité, note 342; Construction Beauce-Atlas Inc. c. Pomerleau Inc., précité, note 70. Sur la possibilité de joindre dans
une seule demande plusieurs causes d'action contre un même défendeur lorsque seule l'une de ces causes d'action relève en elle-même de la compétence
des tribunaux du Québec, voir E. Hofmann Plastics Inc. c. Tribec Metals Ltd., précité, note 251.

395.
GreCon Dimter Inc. c. J.R. Normand Inc., précité, note 307, par. 37; Achilles (USA) c. Les Plastics Dura Plastics (1977) Ltée/Ltd., précité, note 311;
9122-8171 Québec Inc. c. Leader Auto Ressources LAR Inc., 2014 QCCQ 6004 (CanLII), EYB 2014-240201. Dans Transcore Linklogistics c.
Mike's Transport and Auto Haul Inc., 2014 QCCA 776 (CanLII), EYB 2014-235953, la Cour d'appel a appliqué la même logique en matière d'intervention
forcée, rejetant la demande d'une défenderesse d'ajouter au litige une autre défenderesse avec qui elle était liée par un contrat contenant une clause
d'élection de for étranger. Voir à l'inverse ArcelorMittal Exploitation minière Canada c. SNC-Lavalinc Inc., 2017 QCCS 574 (CanLII),
EYB 2017-276452, inscription en appel (2017-03-09). Dans cette affaire, la défenderesse principale avait appelé en garantie un tiers lié par une clause
compromissoire avec la demanderesse principale. La Cour supérieure s'est déclarée compétente pour entendre l'appel en garantie en vertu de l'article
3139 C.c.Q., rappelant au passage que la clause compromissoire n'était pas opposable à la défenderesse principale-demanderesse en garantie. En
conséquence, l'article 3148, al. 2 C.c.Q. et l'arrêt GreCon ne pouvaient s'appliquer.

396.
H.P. GLENN, p. 748; J.A. TALPIS, op. cit., note 284, p. 36. Les dispositions de l'article 41 C.p.c. ne devraient pas non plus être invoquées à cette fin :
voir supra, note 251 et le texte qui l'accompagne. Sur la question de la multiplicité de causes d'action contre un même défendeur, voir E. Hofmann Plastics
Inc. c. Tribec Metals Ltd., précité, note 251.

397.
Voir généralement G. GOLDSTEIN, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 10; H. KÉLADA, Reconnaissance et exécution des
er
jugements étrangers, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2013. Ces dispositions ne s'appliquent ni aux décisions déjà rendues le 1 janvier 1994 ni aux
instances alors en cours devant une autorité étrangère : art. 170 L.a.r.C.c. Voir Nateus c. Canadian Forest Navigation and Company Ltd., 2009 QCCS
2867 (CanLII), EYB 2009-160879, confirmé par 2011 QCCA 1731 (CanLII), EYB 2011-196076.

398.
Voir, supra, la section 2-B-2.e) « La faillite et l'insolvabilité ».

399.
Par exemple la Loi
sur l'exécution réciproque d'ordonnances alimentaires, RLRQ, c. E-19; la Loi concernant
l'obtention et l'exécution réciproques des décisions en matière d'aliments, L.Q. 2005, c. 12 (non encore en vigueur; elle
remplacera la Loi sur l'exécution réciproque d'ordonnances alimentaires). C. EMANUELLI, n
os 329-48.

400.
565 et 574 C.c.Q. et la Convention de La Haye du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en
Voir les articles 563 à
c. M-35.1.3. C. EMANUELLI, nos 377 et 502. Voir notamment Adoption –
matière d'adoption internationale, mise en œuvre au Québec par RLRQ,
11356, 2011 QCCA 2353 (CanLII), EYB 2011-199844; Adoption – 14143, précité, note 117; Adoption – 1258, 2012 QCCQ 5904 (CanLII), EYB 2012-
210604.

401.
L'Entente sur l'entraide judiciaire entre la France et le Québec, mise en œuvre par RLRQ, c. A-20.1. C. EMANUELLI, nos 350-59; N. MIGNON et X.P.
VUITTON, op. cit., note 242; Baudry c. Patella-Acda, 2008 QCCS 133 (CanLII), EYB 2008-128831.

402.
Par exemple, la Loi
sur le divorce, op. cit., note 112; la Loi sur la protection de la jeunesse, RLRQ, c. P-34.1; la Loi sur les
aspects civils de l'enlèvement international et interprovincial d'enfants, RLRQ, c. A-23.01. Voir à ce sujet F. SABOURIN, op.
cit., note 119; F. RÉMILLARD et F. SABOURIN, op. cit., note 119.
403.
e o o
H. BATTIFOL et P. LAGARDE, Droit international privé, 7 éd., vol. 2, Paris, L.G.D.J., 1983, n 713, cité par G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 371.
Notons que dans Goldenberg c. Griffon, [1955] C.S. 341, EYB 1955-223626, la Cour supérieure a considéré que le divorce prononcé par un rabbin mandaté
par une autorité israélienne constituait une décision d'une autorité étrangère même s'il avait été prononcé au Québec.

404.
Voir les Commentaires du ministre de la Justice, t. II, Québec, Publications du Québec, 1993, p. 2015. Il ne nous apparaît pas qu'un arbitre
tenant ses pouvoirs uniquement de la volonté des parties constitue une telle autorité étrangère : voir Varma-Sampo c. Beninco Holdings Canada
Inc., 2001 CanLII 19290 (QC CS), J.E. 2002-95, REJB 2001-28277 (C.S.); J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 912. Voir toutefois, dans le
contexte de l'article 3137 C.c.Q., Ego-Beltex Underwear, LLC c. Agi Logistice USA, LLC, précité, note 357 et Lac d'amiante du Québec Ltée c.
2858-0702 Québec Inc., précité, note 357.

405.
Morguard Investments Ltd. c. De Savoye, précité, note 6; Hunt c. T&N plc, précité, note 13. Sur l'applicabilité de ces principes aux décisions rendues à
l'extérieur du Canada, voir Beals c. Saldanha, précité, note 256; Pro Swing Inc. c. Elta Golf Inc., 2006 CSC 52 (CanLII), [2006] 2 R.C.S. 612, EYB
2006-111169; Chevron Corp. c. Yaiguaje, 2015 CSC 42 (CanLII).

406.
Précité, note 252. Voir J.A. WOODS et D. BOURGOIN, « Les règlements nationaux au Québec : un protectionnisme juridictionnel? », dans Barreau du
Québec, Service de la formation continue, Développements récents en recours collectifs, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2008, p. 173,
EYB2008DEV1500.

407.
Loi sur le divorce, op. cit., note 112, art. 13 : « À sa prise d'effet, le divorce accordé en application de la présente loi est valide dans tout le Canada
».

408.
L.R.C. (1985), ch. B-3, art. 188 (1) : « Une ordonnance rendue par le tribunal, sous le régime de la présente loi, est exécutée dans les tribunaux ayant
compétence en matière de faillite ailleurs au Canada, de la même manière, à tous les égards, que si l'ordonnance avait été rendue par le tribunal tenu par les
présentes de l'exécuter. »

409.
Voir par exemple Hy Bloom Inc. c. Banque nationale du Canada, 2010 QCCS 737 (CanLII), EYB 2010-170433, par. 86 et s.
410.
G. GOLDSTEIN et J.A. TALPIS, L'effet au Québec des jugements étrangers en matière de droits patrimoniaux, Montréal, Éditions
Thémis, 1991, p. 19; J.-G. CASTEL, Droit international privé québécois, Toronto, Butterworths, 1980, p. 835.
411.
L'article 55 (1) de la Loi sur les Cours fédérales, L.R.C. (1985), ch. F-7, prévoit d'ailleurs que « Les moyens de contrainte de la Cour d'appel
fédérale et de la Cour fédérale sont exécutoires dans tout le Canada et en tout autre lieu où s'applique la législation fédérale. ».

412.
Loi sur la radiodiffusion, L.C. 1991, ch. 11, art. 13; Loi sur les télécommunications, L.C. 1993, ch. 38, art. 63.
413.
Loi sur l'Office national de l'énergie, L.R.C. (1985), ch. N-7, art. 17.

414.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n
o 371. En ce qui a trait à la possibilité de faire reconnaître et exécuter au Québec une ordonnance d'injonction
QCCS 4649 (CanLII), EYB 2010-179965; 2736349 Canada
étrangère, voir J.A. TALPIS, op. cit., note 284, p. 125; Facebook Inc. c. Guerbuez, 2010
Inc. c. Rogers Cantel Inc., 1998 CanLII 9527 (QC CS), J.E. 98-1178, REJB 1998-06854 (C.S.); G. GOLDSTEIN, op. cit., note 397, par. 52.
Dans un contexte de common law, voir Pro Swing Inc. c. Elta Golf Inc., précité, note 238.

415.
Quant à la sentence arbitrale elle-même, celle-ci ne constitue pas une « décision étrangère » au sens des dispositions du titre quatrième du Livre X
puisqu'elle n'émane pas d'une « autorité étrangère » (supra, note 404 et le texte qui l'accompagne). La procédure de reconnaissance et d'exécution des
sentences arbitrales étrangères est prévue aux articles 652 et s. C.p.c.

416.
Cette présomption découle notamment du texte de l'article 3155 C.c.Q., in limine, qui stipule que les décisions étrangères sont reconnues « sauf dans
les cas » qui y sont énumérés. Voir les Commentaires du ministre de la Justice, t. II, Québec, Publications du Québec, 1993, p. 2015. L'article
2822 C.c.Q. appuie cette présomption de validité puisqu'il prévoit que « [l]'acte qui émane apparemment d'un officier public étranger fait preuve, à l'égard
de tous, de son contenu, sans qu'il soit nécessaire de prouver la qualité ni la signature de cet officier ». La présomption de l'article 2822 C.c.Q. est une
présomption simple (voir l'article 2825 C.c.Q.), qui pourra être contestée suivant les modalités prévues au Code de procédure civile (art.
262 et 263 C.p.c.). Voir Compagnie de fiducie du Groupe Investors Ltée c. Bourque, 2000BE-936 (C.S.).

417.
Voir Seb Sas c. 9141-7411 Québec Inc. (Modulex Inc.), 2011 QCCS 4466 (CanLII), EYB 2011-195130; Nateus c. Canadian Forest Navigation and
Company Ltd., précité, note 397.

418.
Droit de la famille – 3677, 2000 CanLII 19209 (QC CS), [2000] R.D.F. 472, REJB 2000-19739 (C.S.); C. EMANUELLI, no 327.

419.
R.R. c. An.G., 2010 QCCS 5314 (CanLII), EYB 2010-181739.
420.
Adoption – 111, 2011 QCCA 38 (CanLII), EYB 2011-184676.
421.
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 156.
o

422.
o
C. EMANUELLI, n 328.

423.
Société canadienne des postes c. Lépine, précité, note 252; Chevron Corp. c. Yaiguaje, précité, note 405, par. 72.

424.
Chevron Corp. c. Yaiguaje, précité, note 405.

425.
Id., par. 72.

426.
Zimmermann Inc. c. Barer, 2016 QCCA 260 (CanLII), EYB 2016-262017. Voir, à cet égard, infra, la section intitulée « La nature du contrôle effectué
par l'autorité québécoise ».

427.
H.P. GLENN, n
o 101; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, no 484 (en ce qui a trait à la compétence de l'autorité étrangère). Cette position nous semble
davantage conforme à l'historique législatif de l'article 3155 C.c.Q. et au contenu des débats parlementaires ayant entouré son adoption. Voir en ce sens
e re o
Québec, Assemblée nationale, Sous-commission des institutions, Journal des débats : commissions parlementaires, 34 législature, 1 session, n 28
(3 déc. 1991) à la p. 1141.

428.
o
C. EMANUELLI, n 326.

429.
Voir généralement G. GOLDSTEIN, JurisClasseur Québec – Droit international privé, fasc. 11.

430.
Iraq (State of) c. Heerema Zwijndrecht B.V., 2013 QCCA 1112 (CanLII), EYB 2013-223384, par. 15; Zimmermann Inc. c. Barer, précité, note 426.

431.
o os os
C. EMANUELLI, n 280; H.P. GLENN, n 117 et s.; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 175 et 177; G. GOLDSTEIN et J.A. TALPIS, « Les
perspectives en droit civil québécois de la réforme des règles relatives à l'effet des décisions étrangères au Canada (1
re partie) », (1995) 74 R. du B. can.
641, 647 et s. Voir aussi Cortas Canning and Refrigerating Co. c. Suidan Bros. Inc./Suidan Frères Inc., [1999] R.J.Q. 1227, REJB 1999-11889 (C.S.). Les
professeurs Goldstein et Groffier estiment que certaines de ces règles devraient être prises en considération mais recommandent ultimement de ne pas le
faire à l'égard des pouvoirs découlant des articles 3135 et 3136 C.c.Q. (forum non conveniens et for de nécessité) : G. GOLDSTEIN et E.
o
GROFFIER, n 177.

432.
J.A. TALPIS, op. cit., note 284; G. SAUMIER, « The Recognition of Foreign Judgments in Quebec : The Mirror Crack'd? », (2002) 81 R. du B. can.
677; Worthington Corp. c. Atlas Turner Inc., précité, note 225, par. 21. Voir aussi les motifs de la juge Bich dans Hocking c. Haziza, précité, note
332.

433.
Précité, note 252.

434.
Précité, note 252, par. 36. Sur les difficultés de fonder la reconnaissance de la compétence d'une autorité étrangère sur l'application de la doctrine du for
de nécessité, voir toutefois les commentaires de G. SAUMIER, op. cit., note 432.
435.
Ortega Figueroa c. Jenckel, précité, note 385.

436.
Iraq (State of) c. Heerema Zwijndrecht B.V., précité, note 430; Zimmermann Inc. c. Barer, précité, note 426. On peut d'ailleurs penser que l'exigence que
le litige « se rattache d'une façon importante » à l'État étranger constitue un critère plus exigent que celui du « lien réel et substantiel » : voir à cet égard Iraq
(State of) c. Heerema Zwijndrecht B.V., ibid. Voir cependant Ortega Figueroa c. Jenckel, précité, note 385, par. 41, où la Cour d'appel exprime l'idée
que l'exigence du rattachement important constitue « un rappel de [l']idée de lien réel et substantiel ». Dans le cas des décisions émanant des tribunaux
d'une autre province canadienne, toutefois, l'article 3164 C.c.Q. devrait vraisemblablement être lu comme s'il n'imposait que la présence d'un tel « lien réel
et substantiel ». Comme on l'a vu, la Cour suprême a en effet conclu que les tribunaux d'une province étaient constitutionnellement tenus de reconnaître
toute décision émanant d'une autre province dès lors qu'un lien réel et substantiel existait entre le litige et la province d'origine : Hunt
c. T&N plc, précité,
note 13; Morguard Investments Ltd. c. De Savoye, précité, note 6; Beals c. Saldanha, précité, note 256. Voir toutefois Société
canadienne des postes c. Lépine, précité, note 252, où la reconnaissance d'un jugement ontarien a été refusée au motif de contrariété aux
principes essentiels de la procédure.

437.
Ortega Figueroa c. Jenckel, précité, note 385.

438.
L'application de l'article 3153 C.c.Q. et du principe du miroir menait en effet à reconnaître compétence aux seules autorités du Guatemala, lieu du
dernier domicile du défunt.

439.
Id., par. 61.

440.
Id., par. 69.

441.
C'est le cas de la compétence conférée aux tribunaux québécois par l'article 3151 C.c.Q. à l'égard de toute demande fondée sur la responsabilité
prévue à l'article 3129 C.c.Q.

442.
Voir les remarques faites plus haut à l'égard de l'absence de compétence des autorités québécoises en présence d'une clause compromissoire ou
d'élection de for.

443.
o
Droit de la famille – 151172, précité, note 115, citant G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 40.

444.
Précité, note 113.

445.
Op. cit., note 112. La Cour d'appel ne s'était toutefois pas prononcée sur la question dans cette affaire, mais pourrait devoir le faire dans Droit de la
famille – 161738, précité, note 358, où la constitutionnalité de l'article 3167 C.c.Q. avait été soulevée en première instance mais où la Cour supérieure
avait refusé de trancher la question.

446.
Voir à titre d'exemple Droit de la famille – 131574, 2013 QCCS 2721 (CanLII), EYB 2013-223448.
447.
Voir toutefois Société canadienne des postes c. Lépine, précité, note 252, par. 36; Ortega Figueroa c. Jenckel, précité, note 385. Voir les
autorités au soutien des deux points de vue, notes 431-432.

448.
La détermination du domicile du défendeur sera soumise à l'application des règles québécoises en la matière, c'est-à-dire celles des articles 75 et 307
C.c.Q.

449.
L'article 3168 (2) C.c.Q., contrairement à l'article 3148 (2) C.c.Q., ne fait toutefois pas la distinction entre le défendeur personne morale et le
défendeur personne physique. H.P. GLENN, p. 776-777.

450.
Iraq (State of) c. Heerema Zwijndrecht B.V., précité, note 429; Labs of Virginia Inc. c. Clinitrials Bioresearch Ltd., 2003 CanLII 33227
o
(QC CS), J.E. 2003-1205, REJB 2003-39907 (C.S.); C. EMANUELLI, n 290.

451.
o
C. EMANUELLI, n 290; J.A. TALPIS et J.-G. CASTEL, p. 918; H.P. GLENN, p. 777; Iraq (State of) c. Heerema Zwijndrecht B.V., précité, note
429; Labs of Virginia Inc. c. Clinitrials Bioresearch Ltd., précité, note 450.

452.
L'article 3149 C.c.Q. est toutefois plus large puisqu'il prévoit que cette inopposabilité s'étend également à la renonciation à la compétence des
autorités du lieu de la résidence du consommateur ou du travailleur.

453.
J.A. TALPIS, op.
cit., note 284, p. 118-119; Worthington Corp. c. Atlas Turner Inc., 2003 CanLII 722 (QC CS), [2003] R.J.Q. 1197,
REJB 2003-40010 (C.S.), confirmé par 2004 CanLII 21370 (QC CA), [2004] R.J.Q. 2376, EYB 2004-70145 (C.A.), précité, note 225. Voir aussi, par
analogie, Bombardier Transportation c. SMC Pneumatics (UK) Ltd., précité, note 317. Voir cependant Knight Brothers, l.l.c. c. Central
Bearing Corporation Ltd., 2016 QCCS 3471 (CanLII), EYB 2016-268368, requête en rejet d'appel rejetée par 2016 QCCA 1400
(CanLII), EYB 2016-270182. On peut penser qu'il devrait également en aller ainsi, même en cas d'absence de contestation par le défendeur de la
compétence du tribunal étranger, lorsque toute contestation aurait été vouée à l'échec en raison des dispositions du droit de la juridiction étrangère. Il nous
semble toutefois que le défendeur placé dans de telles circonstances devrait faire valoir clairement que sa défense n'emporte pas reconnaissance de la
compétence du tribunal étranger et qu'il considère qu'aucun lien véritable n'existe entre le tribunal et le litige.

454.
L'article 281 de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, op.cit., note 154 déroge à ce principe général : Marciano (Séquestre de),
2012 QCCA 1881 (CanLII), EYB 2012-212953.

455.
Lorsque la décision porte sur des demandes dissociables (art.
3159 C.c.Q.) et qu'un appel n'a été institué qu'à l'égard de certaines d'entre elles, une
demande de reconnaissance et d'exécution peut toutefois être accordée à l'égard des portions qui ne font pas l'objet de l'appel : Société
Biorthex c.
Imago Technologies international Inc., 2004 CanLII 27878 (QC CQ), [2004] R.L. 134, EYB 2004-55200 (C.Q.).

456.
Goldstein c. Shahak, 2007 QCCS 5807 (CanLII), EYB 2007-127119; M. c. S., [2005] R.D.F. 8, EYB 2005-82710 (C.A.); Bond Architects &
Engineers Ltd. c. Compagnie de cautionnement Alta, 1994 CanLII 3722 (QC CS), [1994] R.J.Q. 1603, EYB 1994-28607 (C.S.); G.
o
GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 162.

457.
La notion de « recours ordinaire » semble exclure les recours extraordinaires qui pourraient être institués devant un autre tribunal que celui qui a émis la
warranto). G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 162.
décision, telles les demandes de pourvoi en contrôle judiciaire (évocation, mandamus ou quo
Voir Notiplex Sécurité Incendie Inc. c. Honeywell International Inc., 2010 QCCA 1028 (CanLII), EYB 2010-174513.

458.
o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 162. Ainsi, en matière d'arbitrage, l'article 638 C.p.c. prévoit qu'une partie peut demander au tribunal
l'homologation des mesures provisionnelles ou de sauvegarde ordonnées par l'arbitre.

459.
La Loi
sur l'exécution réciproque d'ordonnances alimentaires, op. cit., note 399 et la Loi assurant l'application de
l'entente sur l'entraide judiciaire entre la France et le Québec, op. cit., note 242, modifiée par L.Q. 1982, c. 21, contiennent également
des dispositions spécifiques en matière de versements périodiques d'aliments.

460.
o o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 167; C. EMANUELLI, n 296. Voir par exemple B.C. c. L.M., précité, note 109.

461.
Beals c. Saldanha, précité, note 256, p. 448. En matière d'actions collectives, l'article 3155 (3) C.c.Q. exige également le respect des droits
procéduraux des membres du groupe, notamment en ce qui a trait à la publication des avis : Société canadienne des postes c. Lépine, précité, note 252.

462.
Sur cette notion, voir Notiplex
Sécurité Incendie Inc. c. Honeywell International Inc., précité, note 457. Pour des exemples récents, voir
Mountbatten Surety Company Inc. c. Merola, 2015 QCCS 2701 (CanLII), EYB 2015-253428 (appel caduc, 2016-05-03); Canada Mortgage and
Housing Corporation c. Pedram, 2015 QCCQ 14185 (CanLII), EYB 2015-261067.

463.
Platania c. Di Campo, 2017 QCCS 430 (CanLII), EYB 2017-276024, permission d'appeler de bene esse déférée à la formation de la cour qui
entendra l'appel, 2017 QCCA 368 (CanLII), EYB 2017-276981.
464.
La simple mention dans le jugement étranger que la procédure a été régulièrement signifiée sera insuffisante; on ne peut en effet justifier la
reconnaissance d'une décision étrangère par cette décision elle-même : Yousuf c. Jannesar, 2014 QCCA 2096 (CanLII), EYB 2014-244458, autorisation
o
de pourvoi à la Cour suprême rejetée (C.S.C., n 36271, 2015-10-29). Voir au sujet de la décision de première instance dans cette affaire les commentaires
de H. AL-DABBAGH et J.A. TALPIS, « Jugement rendu par défaut à l'étranger : le droit québécois protège-t-il suffisamment les défendeurs résidant au
Québec? – Commentaire sur la décision Jannesar c. Yousuf de la Cour supérieure », (2013) 72 R. du B. 555, EYB2013RDB30. À l'égard de la
possibilité pour le tribunal de prendre connaissance d'office du droit étranger et de la façon, le cas échéant, de faire la preuve de celui-ci, voir supra, le
texte qui accompagne les notes 69 à 76.

465.
Platania c. Di Campo, précité, note 463.

466.
Id., précité, note 463.

467.
Notiplex Sécurité Incendie Inc. c. Honeywell International Inc., précité, note 457; Marble Point Energy Ltd. c. Stonecroft Resources Inc., 2009 QCCS
3478 (CanLII), EYB 2009-162279, confirmé par 2011 QCCA 141 (CanLII), EYB 2011-185403; DirecTV Inc. c. Scullion, précité, note 361; Droit de la
famille – 132212, 2013 QCCS 3967 (CanLII), EYB 2013-225780. Il ne peut y avoir de litispendance si l'un des deux tribunaux n'est pas compétent : Droit
de la famille – 143160, précité, note 93. Sur la triple identité requise, voir supra les notes 350 et 351 et le texte qui les accompagne. En matière d'actions
collectives, la saisine du tribunal québécois est déterminée par le moment d'introduction de la demande d'autorisation : Société canadienne des postes c.
Lépine, précité, note 252.

468.
Dans l'arrêt Martel-Rozan c. Chiasson, 2006 QCCA 1546 (CanLII), EYB 2006-111664, la Cour d'appel a conclu que l'article 3155 (4) C.c.Q.
pouvait être utilisé pour faire obstacle à la reconnaissance d'un jugement étranger lorsqu'une transaction antérieure au jugement était intervenue au Québec
entre les parties.

469.
Selon le professeur Emanuelli, l'article 3155 (4) C.c.Q. serait source d'ambiguïté en ce qu'il ne précise pas si l'existence d'une décision québécoise doit
être déterminée au moment où une partie demande de faire reconnaître la décision étrangère ou plutôt au moment où la décision étrangère a été rendue : C.
EMANUELLI, n
o 297.
470.
o o
Voir, dans le même sens, G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 164 et C. EMANUELLI, n 297. Voir aussi G. GOLDSTEIN et J.A. TALPIS, op. cit., note
410, p. 662; H.P. GLENN, p. 764. C'est la date de chacune des décisions étrangères qui serait déterminante, et non la date de la saisine du tribunal l'ayant
rendue.

471.
D'autres dispositions législatives prévoient également une exception à la reconnaissance de décisions étrangères fondée sur l'ordre public. Il en va ainsi
de l'article 82 de la Loi
sur le tribunal de la concurrence (L.C. 1986, ch. 26) et de l'article 3 (1) de la Loi sur les mesures
extraterritoriales étrangères (L.R.C. (1985), ch. F-29) qui donnent au tribunal de la concurrence et au Procureur général du Canada,
respectivement, le pouvoir de prendre des mesures pour empêcher la reconnaissance et l'exécution de décisions étrangères susceptibles d'avoir certains
impacts sur le commerce ou les intérêts du Canada. Voir également l'article 254 de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, op. cit., note 454,
analysé par la Cour d'appel dans Marciano (Séquestre de), précité, note 454.

472.
En ce sens, la solution québécoise diverge de la solution retenue dans les juridictions canadiennes de common law, où les tribunaux sont appelés à
considérer le contenu de la loi étrangère. Voir Beals c. Saldanha, précité, note 256, par. 71 et s. Dans Droit de la famille – 131574, précité, note 446, la
Cour supérieure a appliqué l'exception d'ordre public à un jugement obtenu par fraude, à la suite de la collusion des parties. Dans Droit de la famille –
151172, précité, note 115, la Cour supérieure a refusé d'appliquer l'exception d'ordre public et a accueilli une demande d'homologation de l'acte de
naissance d'un enfant né d'une mère porteuse, malgré l'article 541 C.c.Q.

473.
C. EMANUELLI, n
o 298; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 166. Voir toutefois Droit de la famille – 2054, précité, note 113. La solution serait
différente, cependant, si le fait d'avoir suivi ces principes de droit devait être qualifié de violation des principes essentiels de la procédure au sens de l'article
3155 (5) C.c.Q.

474.
À moins, dans un tel cas, que la disposition du droit québécois en soit une d'application immédiate.

475.
H.P. GLENN, p. 764; Auerbach c. Resorts International Hotel Inc., précité, note 82. Voir aussi The
Mutual Trust Co. c. St-Cyr, [1996] R.D.J. 623,
EYB 1996-65571 (C.A.); Worthington Corp. c. Atlas Turner Inc., précité, note 225; Marble Point Energy Ltd. c. Stonecroft Resources
Inc., précité, note 467. À titre d'exemple, les tribunaux ont refusé de reconnaître que le caractère extrêmement élevé d'une condamnation monétaire
étrangère constituait une telle violation de l'ordre public : Beals c. Saldanha, précité, note 256; Facebook Inc. c. Guerbuez, précité, note 414; DirecTV Inc.
c. Scullion, précité, note 361. Voir toutefois Cortas Canning and Refrigerating Co. c. Suidan Bros. Inc./Suidan Frères Inc., précité, note 431. Pour une analyse
de cette question dans le contexte de l'application de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, voir Marciano (Séquestre de), précité, note 454.

476.
o o
C. EMANUELLI, n 300; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 166.

477.
H.P. GLENN, n
o 106. Voir aussi The Mutual Trust c. St-Cyr, précité, note 475.

478.
Cet article, abrogé lors de l'entrée en vigueur du Code civil du Québec, prévoyait notamment que « la reconnaissance et l'exécution d'un
jugement rendu hors du Québec sont refusées [...] lorsqu'il est fondé sur des règles du droit étranger alors qu'existait au Québec une règle de droit dont
l'application est impérative ».

479.
En ce sens, l'abrogation de l'article 180.1 C.p.c. n'aurait pas eu l'effet que lui attribue le professeur Glenn (n
o 106) puisque son principe a été repris
par l'article 3076 C.c.Q. Voir toutefois les arrêts Mutual Trust Co. c. St-Cyr, précité, note 475 et Worthington Corp. c. Atlas Turner Inc., précité,
note 225, où la Cour d'appel indique que la reconnaissance ne sera refusée que dans les cas où la violation d'une disposition d'application immédiate
constitue également une violation de l'ordre public au sens international. La cour, dans ces deux arrêts, ne semble cependant pas avoir étudié l'effet de
l'article 3076 C.c.Q. à cet égard.

480.
Polaris Industries Inc. c. Rasidescu, 1999 CanLII 12217 (QC CS), J.E. 99-471, REJB 1999-10622 (C.S.).
481.
Dans l'affaire Matol Botanical International, 2001 CanLII 39737 (QC CS), J.E. 2001-1743, REJB 2001-26394 (C.S.), permission
d'appeler rejetée par J.E. 2001-1969, REJB 2001-26364 (C.A.), la Cour supérieure a estimé qu'une demande d'interprétation
d'un plan d'arrangement présenté par une compagnie québécoise à ses créanciers et approuvé par les tribunaux
canadiens et américains ne constituait pas une réclamation fiscale étrangère même si le plan tenait compte des
réclamations des autorités américaines. Sur cette question, voir J.A. TALPIS, op. cit., note 284, p. 165-176.
482.
Cette règle de réciprocité, autrefois limitée aux autres provinces canadiennes par l'article 21 C.p.c. (abrogé en 1994), a été étendue aux États
étrangers par le Code civil du Québec.

483.
Avant la réforme du Code civil du Québec, les articles 178 et s. C.p.c. permettaient au défendeur de contester le jugement étranger quant au
fond en faisant valoir à son encontre tous les moyens de défense qu'il aurait pu faire valoir à l'encontre de la demande originale. Dans le cas de jugements
d'autres provinces canadiennes, ce droit était limité aux cas d'absence d'assignation personnelle et de comparution (ou réponse) du défendeur. G.
o o
GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 159, C. EMANUELLI, n 305.

484.
J.A. TALPIS et G. GOLDSTEIN, « Analyse critique de l'avant-projet de loi du Québec en droit international privé », (1989) 91 C.P. du N. 606, 627-628; C.
EMANUELLI, n
o 306; Iraq (State of) c. Heerema Zwijndrecht B.V., précité, note 430; Zimmermann Inc. c. Barer, précité, note 426.

485.
Notiplex Sécurité Incendie Inc. c. Honeywell International Inc., précité, note 457; Nateus c. Canadian Forest Navigation and Company
Ltd., précité, note 397.

486.
William Millénaire Inc. c. Conceria Cadore, s.r.l., 2008 QCCA 703 (CanLII), EYB 2008-132188.
487.
Adoption-135, précité, note 271; Y.E. (Dans la situation d'), [2002] R.D.F. 1050, REJB2002-34761 (C.Q.); A.B.M.
(Dans la situation d'), 2002
CanLII 28550 (QC CQ), [2002] R.J.Q. 1161, REJB 2002-30019 (C.Q.); Droit de la famille – 3696, 2000 CanLII 17953 (QC CS), J.E. 2000-
os o
1666, REJB 2000-19784 (C.Q.). C. EMANUELLI, n 304 et 306; G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 160.

488.
o
C. EMANUELLI, n 306. Y.E. (Dans la situation d'), précité, note 487; Droit de la famille – 2954, 1998 CanLII 11023 (QC CQ), [1998] R.J.Q. 1317,
REJB 1998-06082 (C.Q.); Protection de la jeunesse – 898, 1997 CanLII 6567 (QC CQ), [1997] R.J.Q. 1806, REJB 1997-07378 (C.Q.). Voir aussi
les dispositions de la Convention sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale, mise en œuvre au Québec (L.Q. 2004,
c. 3) : C. EMANUELLI, n
os 306, 377 et 502.

489.
Précité, note 242.

490.
os
C. EMANUELLI, n 177, 179 et 306.

491.
Droit de la famille – 2147, précité, note 264.

492.
CanLII 9201 (QC CS), J.E. 97-1325, REJB 1997-00950 (C.S.); Gareau (Syndic de) c. Walden,
C.S. First Boston Corp. c. Yaraghi, 1997
précité, note 139. C. EMANUELLI, n° 312: G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, no 172.
493.
Sur l'exigence de produire également une copie des actes de procédure signifiés, voir Platania c. Di Campo, précité, note 463.
494.
o
Art. 2924 C.c.Q. : « Le droit qui résulte d'un jugement se prescrit par dix ans s'il n'est pas exercé ». G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 172; Walker
c. Transport Garfield Inc., 2008 QCCS 5187 (CanLII), EYB 2008-150158, appel rejeté sur requête par 2009 QCCA 1009 (CanLII), EYB 2009-159251.

495.
o 316.
C. EMANUELLI, n

496.
Minkoff c. Society of Lloyd's, 2004
CanLII 964 (QC CA), J.E. 2004-1459, REJB 2004-66709 (C.A.); Ginsbow Inc. c. Pipe and Piling
Supplies Ltd., 2002 CanLII 63530 (QC CA), J.E. 2002-1871, REJB 2002-35015 (C.A.). Voir aussi Bard c. Appel, précité, note 76.

497.
Ainsi, il ne fait aucun doute que les droits résultant d'un jugement québécois se prescrivent par dix ans, quel que soit le droit (québécois, français, suisse,
etc.) qui ait pu être applicable au fond du litige. D'ailleurs, il peut arriver que les droits des parties à un litige doivent être déterminés en application des lois de
plus d'un État, certaines portions du litige pouvant être gouvernées par des droits différents.

498.
Ginsbow Inc. c. Pipe and Piling Supplies Ltd., précité, note 496.

499.
Minkoff c. Society of Lloyd's, précité, note 496; Bard c. Appel, précité, note 76.

500.
Comme le proposent les professeurs G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER en suggérant le recours à l'article 2924 C.c.Q. (supra, note 494).
501.
Minkoff c. Society of Lloyd's, précité, note 496; Ginsbow Inc. c. Pipe and Piling Supplies Ltd., précité, note 496.

502.
Mutual Trust Co. c. Ubani, 1994 CanLII 3732 (QC CS), [1996] R.L. 173, REJB 1994-28660 (C.S.); Mutual Trust Co. c. Chikezie-Ubani,
J.E. 95-906, EYB 1995-72747 (C.S.).

503.
Société Biorthex c. Imago Technologies international Inc., précité, note 455.

504.
Hayasa Productions Ltd. c. Bahlawanian, 2015 QCCS 1621 (CanLII), EYB 2015-251169. L'article 3161 C.c.Q. ne s'applique toutefois pas à
l'homologation d'une sentence arbitrale étrangère.

505.
DirecTV Inc. c. Scullion, précité, note 361; Hayasa Productions Ltd. c. Bahlawanian, précité, note 504. Voir toutefois J.A. TALPIS et G. GOLDSTEIN, p.
915.

506.
En droit québécois, la transaction est « le contrat par lequel les parties préviennent une contestation à naître, terminent un procès ou règlent les
difficultés qui surviennent lors de l'exécution d'un jugement, au moyen de concessions ou de réserves réciproques » (art. 2631 C.c.Q.).
507.
Voir G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, t. II, n
o 423; C. EMANUELLI, no 307; G. GOLDSTEIN, « La méthode de la reconnaissance : une nouvelle clé pour
décoder les règles relatives à l'effet au Québec d'une transaction internationale », (2009) 68 R. du B. 283.
508.
o
G. GOLDSTEIN et E. GROFFIER, n 423. À noter de plus qu'une transaction étrangère pourrait, au même titre qu'une transaction soumise au droit
québécois, faire l'objet d'une demande d'homologation devant un tribunal québécois. Puisqu'il ne s'agirait pas alors d'une demande de reconnaissance au
sens de l'article 3163 C.c.Q., la condition fixée par cet article que la transaction soit exécutoire au lieu d'origine serait inapplicable.

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