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Chapitre 7

Des contrats corrects

I-,e Congo mnsare trois années à reaoir soixanTe uieax contrats miniers
à son aaantage. Its plus améicain et
coriaces ? I-es goauernements
canadien. Ceux-ci ne reculent deaant aîlctm chantage pour protéger
lears enlreprises miniàru.

Quand le Uberia d'abord etlaZambie ensuite (eg de l'aufte côté de l'océan,la


Boliüe) modifient leurs contrats miniers et pétroliers, ils déclenchent toute une
vague de réüsions de conttats. Celle-ci s'avère contagieuse au Congo également.
Ces réüsions examinent les contrats de proiets miniers mixtes avec, d'une part,
un partenaire public (les entreprises qui, en tout ou en partie, sont âux makrs
de I'Etat et qui s'occupent des mines ou des approüsionnements en minerais),
et, d'autre part, un partenüte ptivé (des entreprises privées qui apportent des
investissements en vue d'une exploitation et qui se chatgent elles-mêmes de cette
dernière). « Partenaires » est le terme usuel, dans ce genre d'affaires, même si les
parties sont purement impüquées dans un rapport de forces. Iienieu : le parte-
naire public (et donc la population, en théode, du moins) retirera-t-il quelque
chose de ces contrats ?

Au Congo, la révision débute en avril 2007. Le flouveau gouverflement de


Kinshasa, formé après les élections d'octobre 2006 et dirigé par Antoine Gizenga,
n'est en place que depüs trois mois. D'abord, il décide provisoirement de ne
pas conclure de nouveaux contrats qü permettraient à des entreprises privées
d'exploiter les téserves de minerais du pays. « Vryors d'abord », déc)are le tout
nourzeâu ministre des Mines, Martin Kabuelulu, « $ le Congo tire quelque auantage des
cufltratr ruiniers existattts. »I* 20 avril, un arrêté du ministre officialise ce « voyons
d'abord ». Pour le gouvernement, est-il stipulé, il est absolument priotitaire de
réexaminer les contrats miniers entre les entreprises congolaises, publiques ou
mixtes, et les partenaires privés.1
142 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

C'est ainsi que la version congolaise de la révision des contrats miniers en vient
à un intitulé plutôt bizare: I-.a Revisitatior des Contrats Minierc. Pat contre, la déci-
sion de réexaminer les contrats, elle, est tout sauf bizane, elle est on ne peut
plus logique. Les Congolais ont été scandalisés par ce quïs appellentles contrats
léonins, c'est-à-dire des contrats particulièrement déséquilibrés dont une seule
des parties tire profit. Ca4 an même titre que les bonus des banquiers et des
patrons d'entreprise en Belgique, les contrats miniers au Congo sont une source
d'irritation pour la population et une corne d'abondance pour les administrateurs
de sociétés.

A propos des contrats léoninq Ly aurartdéjà eu beaucoup à faue dans les années
qü ont précédé 2007. Ainsi, par exemple, durant la période où l'entreprise
minière de l'Etat (a Gécamines) est démantelée sous l'impulsion de la Banque
mondiale. De toutes les entreprises minières de l'Etat au Congo, la Gécamines
est de loin la plus importante. Par le passé, elle a extrait d'énormes quantités de
cuivre et de cobalt dâns la province du Katanga et elle a également conclu la
plçart des contrats avec des partenaires privés. C'est pourquoi, à l'époque de la
planification du démantèlement, ea 2002-2003, elle est examinée sous toutes les
coutures. Des experts répertorient alors les dizaines de contrats de Gécamines
avec des entreprises privées. Les experts du bureau de consultance Duncan &
Allen sont unanimes et impitoyables : la Gécamines s'est fait rouler sur tous
les plans. IJentreprise a cédé des droits d'exploitatiorl sâns compensation éqü-
table ; personne fle sait exactement combien Gécamines àpporté à des projets
^
avec des enteprises privées, car la valeur de cet apport da jamars été étabüe ;
la Gécamines est partout actionnaire minoritaire sans avoir quoi que ce soit à
dire et sans pouvoi.r exercer le moindre contrôle sur les décisions d'entreprise ;
à peu près nulle part, la Gécamines ne joue un rôle dans la gestion ni ne peut
forcer les partenaires privés à respecter leurs obügations ; et, dernière constata-
tion, la Gécamines est bel et bien actionnaire mais ne perçoit pas de dividendes
sur les rentrées des proiets miniers, car ces rentrées servent à rembourser les
investissements des partenafues privés.2 La Banque mondiale reprend ces cooclu-
sions. Dans une flote intetne, on peut lire textuellement : la Gécamines dilapide
les ttois quarts de ses réserves dans les plus grosses entreprises mixtes. Ce n'est
plus taisonnable, poursüt la note, car les ptopriétés qü sont transférées auprès
des firmes privées sont si extraordinairement imporantes qu'elles ne pourront
pas être exploitées de façon optimale. C'est tout à fait involontâirement que cette
note â été rendue publique.3'

Après Duncan & Allen etla Banque mondide, c'est au tour du Padement congo-
lais de vouloir en savoir plus; en 2005.Llinstaure une commission censée exfin-
iner les coritrâts de la période trouble des guerres (1,996-1,997 et 1998-2003). Il en
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 143

sortle rapport Lutundula, du nom du président de la commission. Vu son budget


modeste, la commission ne peut terminer sa tâche. Son rapport fle sera jamais
publié officiellement non plus, et c'est yia une fuite, en 2006, quï se retrouve
dans le domaine public.

Gràce à ces études et à ces documents, le nouveau gouvernement Gizenga sait


par où il doit commencer, âu printemps 2007.Ils'y attelle de pied ferme. I1 établit
une üste de soixante contrats conclus par six entreprises minières congolaises
avec des entreprises privées. Une commission d'experts en pfovenance de plus-
ieurs ministères et cabinets se met au travail. Ils doivent examiner si les contrats
sont viables ou pas.a A l'automne 2007,|a Commission de révision a terminé son
travatf. Elle a réparti les soixante contrats en trois groupes. Dans le groupe A ("rien
à signaler'), ori ne trouve aucun contrat tout à farrt en ordre. Le groupe B compte
38 contratss qui doivent être renégociés avec les firmes concernées ; le groupe
C compte 22 contrats qü, d'après la commission, devraient être annulés.6 « Une
bombe »>, titre en gros caractères le journal I-t Phare.Ilaffare se corse.

Le Congo n'est pâs le Liberia, où le gouverflement n'a dû renégocier un contrat


déséquilibré qu'avec une seule firme Q{ittal). Les deux pays présentent des
différences importantes. Le gouvernement de Kinshasa a en face de lü plusieurs
entreprises transnationales. Il
existe encore une différence importante. Nous y
reviendrons plus en détail d'ici peu. La Reuisitation requiert donc beaucoup de
temps. Ce n'est qu'au bout de deux ans, à l'automne 2009, que le processus est
bouclé pour la plupart des contrats. Les commentaires ne sont pas particulière-
ment positifs. Mais il y a quand même un résultat tangible. La Reuisitation permet
au Congo de récupérer bien des arriérés, pour quelque 307 millions de dollars. Il
s'agit de pas de porte que les entreprises privées avaient promis de payer quand
elles étaient entrées en partenariat avec les entreprises minières congolaises, mais
qui n'avaient iamais été tansférés.

Dans son bilan, le ministre Kabuelulu reprend également des « produits tech-
niques ». De la sorte, l'Etat congolais reçoit enfin des mandats de gestion dans
des partenariats auxquels ses entreprises d'Etat participent. En outre, pour
un certain nombre de projets miniers, on a désormais mentionné les réserves
minérales qü s'y trouvent, « defaçon que fllus sachions au rnoins de quoi nous paions »,
ajoute le ministre.T Trente contrats miniers ont été renégociés et vingt autres
annulés. Tout ce üavai n'a pas été fau't pour rien. Mais la Rttisitation est loin
d'être terminée. Il va encore falloir croquer les plus gros morceaux. Ce sont les
contrats des sociétés Tenke Fungurume Mining GFM, eo catégorie B / àrenégo-
cier) et Kingamyambo Musonoi Tailings (KMI, en câtégorie C / à annuler). Ca4
dans ces sociétés, les patrons sont une firme minière américaine et canadienne.
144 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

Et, autre différence impotante avec le überia, elles bénéficient de la protection


solide de leurs gouvernements et des milieux les plus püssants de l'hémisphère
occidental.

On ne touche pas à mes déchets

La société Kingamyambo Musonoi Taiüngs a étê fondée, cofiune son nom


l'indique, afin de recycler les crassiers des vieilles mines. Pas nlmporte où, mais
à Kolwezi, la ville mioière par excellence de la ptovince du cüwe, le Katanga.
Les crassiers que KMT va recycler - environ trois millions de tonnes - contien-
flent encore de nombteux restes de cüvre et de cobalt et, avec l'amélioration des
techniques, on peut encore les en extraire. Le projet de KMT porterait sar 22 ans.
Durant une première phase, on pourrait encore récupérer annuellement 42.000
tonfles de cuivre et7.700 tonnes de cobak.s

Dès le début de la réüsion des contrats, il est clair pour le gouvernement


congolais que le contrat avec KMT doit être annulé. Qü sont les acteurs, ici ?
Llentreprise mixte est alors sous contrôle de la firme canadienne First Quantum
Minerals (FQND, qü y détient une participation de 65 %. FQM est notée à la
Bourse de Toronto et au Stock Exchange de Londres. Les participations pour le
secteur public sont réparties enffe Gécamines (72,5 o/o de KMÏ) et I'Etat congo-
lais (5 7o). Les participations restantes sont celles de l'International Development
Corporation (IDC), un service d'investissement du gouveroement sud-africain
$0'A et de l'International Finance Corporation (IFC) de la Banque monüale
0/ù.
Q,5

Que trouve le gouvernement à redire ? En février 2008, Ie ministre des Mines,


Martin Kabuelulu, transmet ofâciellement à la firme les remarques du gouverne-
ment congolais.e Succinctement, ,roici de quoi il retourfle : la firme KMT n'a pas.
été fondée de façon correcte et l'investisseur privé n'a pas effectué ce qü avait
été convenu. Il
conüent donc de discuter avec les propriétaires de la façon de
dissoudre KMT. First Quantum Minerals ne fait en effet pas partie des fonda-
teurs, mais est un repreneur et rt'est entré que plus tard à KMT. C'est poutquoi le
Congo entend accorder un délai à First Quantum.

Pour plus de clarté, reprenons dès le début. Kingamyambo Musonoi Tailings


QKMT) a été fondêe en 1996. C'étut à l'époque une des entreprises mixtes qui
avaient été formées en toute hàte par le Premier mirristre Kengo. Au début, il
y a pas mal de confusion sur lldentité du partenaire privé. Il s'avère que c'est
Congo Mineral Developments (CMD), une filiale d'Âmerican Mineral Fields
(AMD. A l'époque, ÀMF est cotée à la Bourse de Toronto mâis, en fait, clest
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 145

« ane entrepise essentiellement sphulatiae s>.10 F,n 1996, AMF a elle-même manæuvré
afin d'entrer dans KMT. Mais, durant la période üoublée de la destitution du
dictateur Mobufu, la firme a falsifré les contrats, lesquels n'ont pas été reconnus
par le nouveau président Laurent-Désiré Kabila.ll Fin 1998, AMF reçoit quand
même le contrôle de Tailings, via sa âliale CMD, qui détient à l'époque 82,5 o/o
de
KMT, contre 12,5 o/o
pour Gécamines et 5 o/o poat l'Etat congolais. Mais, estime
désormais le gouvernement congolais, tout cela s'est déroulé de façon trop nébu-
leuse à l'époque. Donc il veut annuler Ia fonction de KMT.

Le gouvernement invoque encore d'autres raisons. Il teproche à KMT d'avoir


paye tfop peu, cinq millions de dollars seulement, pour les réserves de minerais
transférées par la Gécamines (alors que ces résetves valent neuf milliards de
dollars).12 Au départ, Ie transfert avut été convenu pour 130 millions de dollars.
Il est également reproché à KMT de n'avoir pas réalisé d'étude de faisabiüté
pour le projet concernant les crassiers. De ce fait, il n'est pas possible de déter-
miner avec précision la part que le Congo était censé recevoir dans cette entre-
prise mixte. En outre, KMI n'a vraiment débuté ses activités que dix ans après
sa création. Tous ces facteurs sont énumérés dans la notification officielle de
févder 2008 et ils ont trait au « partenaiat entre Gécamines, CMD Adastra et First
Quanturu ». Voilà qü résume l'histoire des propriétaires. Car CMD appartient
à American Mineral Fields qui, en 2004, change de nom et devient Adastra.
Ce n'est que l'année suivânte que les flouveaux actionnairesIDC et IFC (de la
Banque monüale) entrerit dans KMT. Adastra détient alors 65 0Â encore de
KMT. En 2006, toutefois, Adastra est reprise pour 275 millions de dollars cana-
diensl3 par First Quantum, qui reçoit ainsi en main une participation dans KMT.
Le gouvernement négocie donc autour de KMT avec sorl principal ptopriétaire,
First Quantum. Mais le gouvernement, comme on dit, fait preuve de patience.
KMT peut continuer à exister porrr autant qu'elle tienne compte des remarques
qui ont précédé, qu'elle présente son étude de faisabiüté et qu'elle laisse participer
activement la Gécamines âu rnaflâgement de l'entreprise.la Au printemps 2009, il
appaaît que KMT est d'accord avec un surcroît de participation de la Gécamines
aux décisions, ainsi qu'avec un paiement de pas de porte. Mais elle rechigne sur la
o/o
question des rolalties (1 % des ventes). La Gécarnnes réclame 2,5 etle princtpal
propriétaire n'en cède que 1,5.1s C'est ainsi que, finalement, le Congo maintient
quand même l'annulation de KMT. I-r 4 août 2009, le gouvernement entérine
définitivement la chose. C'est alors que le Premiet ministre congolais, Âdolphe
Muzito, en informe les actionnaires. Dans une lettre du27 aoit,il écrit que KMT
doit restituer immédiatement à la Gécamines son « autoisation 652 » d'exploitation
des crassiers.lG Chez First Quantum, on firlmine. Ils ont repris Adastra, parce
qu'avec KMï ils disposaient ainsi d'un ptojet particulièrement rentable. Adastra
146 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

a expliqué un iour à des investisseurs que le traitement des tailings aurait permis
une marge bénéficiaire de 30 o/o.11
Et voilà que First Quantum voit désormais
cene affurc lü passer sous le nez.

Un voyage d'agrément

La firme canadienne ne se résigne pas. F.lle va organiser toute une campagne.


Juste avant que le gouvernemellt congolais ne livre son verdicg First Quantum
emmène à sa süte un groupe de journalistes durant toute une semaine. Ils visitent
les tailingsà Kolwezi, mais aussi les deux autres projets miniers de First Quantum
au Congo - Frontier et Lonshi - dans la pointe sud de la province du Katanga.

 Kolwezi, il se passe quelque chose de remarquable. Tout d'abord, Matt Pascall,


un directeur de First Quantum, prend la parole. Mais, ensuite, c'est au tour de
l'ambassadrice du Canada. Le journaliste Faustin Kuediasala note ceci, dans son
discours : « I-a présence de First puantum Minerals, me frrre canadienne, prouue que h
Canada soatient les efforts de diuers inaestisseurs en use du deaeloppenent du Corgo. » F,rr
d'autres termes :Le Canada soutient le développement du Congo par Ie biais de
First Quantum. Le journaliste poursuit : « Elle ne termine pas son interueùion sans
oTout
appeler le gouuerneruent à la raison. ce que finuJ uous demandors ut d'appliquer les kis
que uoas aueqmisæ en place. Cbst la neilleurefaçon de rassurer les inuestissears et dbn atÿirer
d'autres.' .,>18 Uambassadrice veut dire que le Congo ne respecte pas ses propres
lois minières et que les investisseurs pourraient manifester leur désapprobation.
A un moment décisif, l'ambassadrice du Canada rappelle donc le Congo à l'ordre.
Un mois plus tard, i'adresse un courriel à l'ambassade du Canada à Kinshasa en
demandant « si I'ambassadrice a été correctemert citée, au lefait qae la presse congolaisefait
mention de prerions sur le gouaerneruent congolais ». La réponse est laconique : « Oui, la
il est mentionné que ni l'ambassadrice
citation est bonne.l> Dans la même réponse,

- Signd AnnaJohnson - ni d'autres fonctionnaires canadiens n'ont tenu d'autres


propos de la même teneur.le L,e Canada aime se faire passer powt wn Gentle
Giant, avx yeux du monde extérieur. Mais les cas où le gouvetnement canadien
s'immisce directement dans les affaites intérieues de gouvernements africains
sont nombreux. La pression explicite en faveur de First Quantum en est un bel
exemple.

Soit dit en passânt : le journaliste Faustin Kuediasala, du quotidien I-,e Potentiel,

rentre de son voyâge de presse eî été chatmé par First Quantum. D'après
^yarû
lui, FQM innove en matière d'exploitation minière. Ici, notre journaliste va un
peu trop vite en besogne, La réputation de First Quantum au Congo n'est pas
des plus enviables. Bn2002,la firme canadienne a déià êté accusée par un groupe
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS o 147

d'enquête des Nations unies de corruption active.2o First Quantum passe égale-
ment des minerais en fraude vers la Zambie. Il s'agit entre autres de minerais
bruts de sa mine de Lonshi, qü franchissent la frontière vers la Zambie, où ils
sont trâités à l'usine de Bwana Mkubwa. Cette usine appartient aussi à FQM.
Mais tout le monde sait que c'est FQM elle-même qui pèse les chargements,
dans ses propres installations, avant de fournir ensuite les chiffres aux autorités
congolaises. En d'autres termes, FQM se contrôle elle-même ; c'est une façon
de contourner les droits de douane. La fuatde est décrite dans le rapport de la
Commission Lutundula et, manifestemeflt, ce petit jeu se poursuit toufours.2l
Pour cette raison, en décembre 2007, le Katanga finit par interdire à FQM
d'encore exporter quoi que ce soit à patir de sa mine de Lonshi.z

Dès aofrt 2009, lorsque le gouvernement de Kinshasa décide d'annuler KMI, la


guerre s'intensifie. Un procureur congolais fait poser les scellés sur les installa-
tions de KMT à Kolwezi. Cette action (< illégale », d'après les avocats de First
Quantum) fùtmal.La frrme canadienne fait savoir que les travaux à KMT sont à
trois quarts terminés et que la production va pouvoir débuter en automne 20L0.
Début 2010, First Quantum dposte. La frrme annonce qu'elle désire obtenir un
arbitrage international. J'y reviendrai un peu plus loin. Mais qu'en est-il entre-
temps de l'autre dossier délicat, celui de Tenke Fungutume Mining ?

Redresser ce qü va de travers
Là où Kingamyambo Musonoi Tailings, comme son nom lInüque, entend traiter
les crassiers de l'ancienne industrie minière, Tenke Fungurume Mining développe
une mine absolument nouvelle, dans le cadte d'un prcietgreenfield (en site vierge).23
Sur l'emplacement situé entre les villages de Tenke et de Fungunune, non loin de
Kolwezi, il n'y a jamais eu auparavdrt de véritable exploitation. TFM a commencé
à y opérer en 2006, En 2009, l'entreprise mixte produit ses premiers minerais.
TKM est une société mixte américano-suédo-congolaise. Elle est cofltrôlée par
la multinationale (une n@or)Frceport McMoran (avec une participation de 57,75
7o). Les autres actionnaites sont le groupe suédo-canadien Lundin Q4,75 \ et
la société d'Etat congolaise Gécamines, avec un petit 17,5 70. Freeport est une
grosse multinationale : elle fait partie des dix plus grosses entreprises minières
au monde.

Chez TFM aussi, c'est ü1. contrat léonin - donc très déséquilibré - qui se trouve à
la base de la société. A l'instar de KMT, elle a étê créée durant l'ancien régime, à
la fin de la dictature mobutiste. Lors de sa création, en novembre 7996, sous le
dernier gouvernement Mobutu dirigé par Kengo §7a Dondo, la Gécamines avait
148 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

une participation de 45 oÂ, contre 55 pour le seul partenaire privé de l'époque,


le groupe Lundin. La Gécamines cède à la société un vaste territoire minier de
1437 km2, divisé en deux concessions minières et doflt on sait depuis longtemps
quï dispose de riches gisements de cüvre et de cobalt. L apport de Lundin ne
le contrebalance guère. Les participants à une entreprise mixte peuvent changer.
C'est ce qü se passe aussi à TFM, en 2004-2005. Une société minière améticaine,
Phelps Dodge, conclut un accord avec Lundin. On ignore tout du contenu de
leurs arrangements, de même que les montants des trânsactions. Il s'ensüt toute-
fois que leur importance s'accroît et qu'ensembie, ils détiennent désormais 82,5
% de TFM, alors que la Gécamines reste à la traîne avec le reste. Fin 2007, Phelps
Dodge est absorbé par Freeport-McMoran. Freeport (qü possède désormais un
intérêt effectif de 57,75 7o) devient le maître incontesté de Ia société TFM en
même temps que l'opérateur du projet minier. La patticipation de l'Etat, elle, a
o/o.
régressé, de 45 à 17,5

Cette disproportion, le Congo entend la rectifier üa une renégociation. Le Congo


süt la même procédure que pow la KML II adresse à Tenke Fungurume Mining
un avis à propos de ce qui va devoir être tediscuté. La Gécamines devrait pouvoir
disposer à nouveau d'une participation de 45 o/o.En outre, Freeport-McMoran va
devoir payer un arn&é de 185 millions de dollars en guise de prime pour ce que
la Gécamines a cédé. La société doit également acctoîüe considérablement ses
objectifs et üser une production d'au moins 500.000 tonnes de cuivre par et
^fl,
elle doit en outre metfte au point un plan d'action sociale ciair. Dans l'aüs qu'il a
adressé à la TFM en février 2008,le ministre Kabuelulu écrit enfin que la société
a tiré des âvantages de deux régimes mirriers successifs. Elle a été fondée en tant
que Convention minière (efltre autres, avec d'impoftants avantages âscaux), alors
qtt'er, 2002, un Code minier est entré en ügueur. Mais manger à deux râteliers,
cela ne se peut. Désormais, la TFM va devoir se conformer aux dispositions du
Code minier.2a

Freeport-McMoran devient la principale adversaire du Congo pendant la révi-


sion des contrats. La société minière américaine adopte une attitude formelle.
Elle n'accepte aucune modification, car le coîtrat TFM a été approuvé par le
gouverrrement congolais après de longues négociations, il est conforme à la légis-
lation congolaise et il doit donc être exécuté sans le moindre remaniement. Le
prédécesseur améi,.catn de Freeport, la firme Phelps Dodge, a déjà défendu ce
point de vue bien avant qu'il soit question d'une << revisitation ».25 Et les hautes
instances de Freeport-McMoran répètent ce point de vue. Elles en foflt pârt au
président congolais Joseph.Kabila lorsque celui-ci se tend aux Etats-Unis en
visite oftcielle, en octobre 2007, et quT visite entre autres la mine de Morenci, de
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 149

Freeport-McMoran. Freeport reprend la balle au bond et déclare que le groupe


Lundin a conclu la toute première convention deTFM et qu'il était donc présent
dès le début. Voilà pour ce qü est des arguments formels. Mais Tenke Fungurume
est un site minier de classe mondiale. Et, pas plus que First Quantum, Freeport-
McMoran fle veut donc modifier quoi que ce soit. C'est une question de grosse
gâlette et c'est là que se situe le fond du problème. La durée de vie de la mine
est de 41 ans. Au début, on pourait produire annuellement 115.000 tonnes de
cüvre et 8.000 de cobalt. Mais, après quelque temps, la production annuelle doit
augmenter. Une fois de plus, il s'agit d'un projet minier à potentiel énorme.

Sur le radar américairn


Fungurume, un dimanche dès I'aube, à l'hôtel 6600 Volt.Je süs réveillé en sursaut
paf tout un boucan devant mâ pofte. Dans la cour intérieure sont garés quatre
véhicules tout-terraifl. On est en train de donner des coups de marteau ou de je
ne sais quoi sur l'un d'eux. Fer contre fer, bang, bang, bang ! Personne ne fait
la grasse matinée. Personne ne traînaille dans cet hôtel. On n'est pas là pour ça.
Vous voulez déjeuner ? Il faut payer d'abord. C'est ainsi que ça va. Je file quel-
ques thunes au réceptionniste, qui s'efl va en maraude. Dieu sait avec quoi il va se
ramener. Un peu plus tard, tlaprepaÉ une omelette avec une baguette. Dieu soit
loué en ce jour du Seigneur...

Fungurume n'est pas encore prêt pour Ia grande affluence. C'étatt un village de
routiers au bord de la grand-route menant aux mines de cuivre de Kolwezi. Mais,
maintenant, Fungurume devient lü-même une ville minière. TFM est occupé à
s'installer ici. Teefen, comme disent les gens. Le nom complet de la société est
Tenke Fungurume Mirirg. Les patrons sont américains ; parmi les directeurs,
on trouve des Belges ; et les sous-ftaitants viennent dâftique du Sud. Le Congo
peut y participer. Avec la ruée vers le cuivre de Fungurume, le village change
d'allure à vue d'æil. Cette nuit, c'était une nuit de sortie. Le bar-tente de Shekina
n'a pas désempli jusqu'aux petites heures. L'hôtel 6600 Voh est juste en face et
n'est pas demeuré en reste,

Hier, je suis venu jusqu'ici en voiture âvec mon ami Santa, de Lubumbashi. Pas de
panne en coufs de toute, pas d'histoire aveclapolice, la chance éta;rtavecnous. A
Mulungwishi, nous croisons des méthodistes rastas. Ils sont en deuil, ils pleurent.
En Afrique du Sud, leur musicien favori, Lucky Dube, a été abaml Notez que
nous écrivons ces lignes en octobre 2007.Les rastas demandent de l'argent: <<Ut
peu dt courtoisie routière, s'il uous plaît.» Ça leur permet de noyer leur chagrin. Il est
un peu plus de midi quand nous atte[nons Fungurume.
150 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

Le lendemain, après que j'ai été ué de mon sommeil à l'hôtel 6600 Voh, §Talter
Couttenier passe me prcndre âvec sa l-and Rouer.26 Quant à son père Frans, je le
verai quirze jours plus tard à Bruxelles.2T Les Couttenier sont entreprenerrs,
et ils sont ancrés à Fungurume. IIs ont vu bien des allées et venues. Après les
Belges de l'Union Minière, ce fut le tour d'un consortium avec les Américains
d'Amoco et Ie clan de Maurice Tempelsman et son fils Leon. Ils ont fondé la
Société Minière de Tenke Fungurume (SMT$.'z8 Cela se passait en 1970.2e A
partir des années 1950, Maurice Tempelsman s'était fait une place dans le monde
du diamant. Il entretenait des liens étroits avec ce qu'on appelle aujourd'hui
l'intelligerce la communauté du renseignement, les services secrets des
Etats-Unis et d'Israël et il faisait de petits boulots pour eux en Afrique. Son
fils, Leon Tempelsman, représentait le clan des Tempelsman au sein d'un loin-
tain précurseur de Tenke Fungurume Mining, la société SMTR dont je padetai
ufl peu plus loin. L'un de leurs hommes de paille sur place étattLarry Devlin.
En 1974, celü-ci quita la Central Intelligence Agency (CIÀ) américaine et alla
travailler à Kinshasa pour Cainves-Zure, une entreprise diamantaire du clan
Tempelsman. En même temps, Devlin devint également conseiller du président
Mobutu. Il avait une drôle de réputation dans la capitale congolaise. En 1960,
il y avait dingé le buteau de la CIA à l'ambassade des Eats-Unis, qui fut impli-
quée dans un complot visânt à assassiner le Premier ministre Patrice Lumumba.
C'est par l'entremise de Tempelsman que le gouvernement américain apprenait
ce qü se passait à la SMTF.30 I-r. capital arrrér:icatn et sud-africain y avauit tout à
dire. Gtâce à la SMTE, en quâtre ans, ils injectèrent 280 millions de dollats dans
Tenke Fungurume. Ils firent réaLiser de nouvelles études du sous-sol. Ils constrü-
sirent un village minier pour les ingénieurs et les directeurs, sans oublier les salles
de squash et le terain de golf et ils aménagèrent une piste d'atterrissage. Avec
§Talter Couttenier, ie fais le tour du propdétaire. §ÿ'alter a toujours un bungalow
dans la concession minière.

La SMTF avut égùement âcheté des machines. Frans Couttenier espérait pouvoii
réaliser d'importants contrats pour la firme.3l Mais, en 1976, les gros actionnaires
décidaient d'arrêter les frais avec la SMTF. Il n'y eut jamais de vériable exploi-
tation. Entre-temps, l'économie mondiale avait sombré dans une crise grave, et
ce fut une ptemière taison. Une seconde raison, c'est que, dans l'Angola voisin,
par lequel on exportâit les minerais du Katanga, une guerre civile venait d'éclater
et on ne pouvait plus utiüser le chemin de fer reliant leKatzrrga à Benguela, sur
lâtlantique. Frans Couttenier acheta les maisons qui avaient été construites pat
la SMTf, ainsi qu'une fabrique de traverses. « L^a SMTF pensait produire 400.000
tonnes de cui»e par an t>, expkqae le père, Frans Couttenier. Les investisseurs ont
perdu beaucoup d'argent, <t plus de 400 nillions de dollars.rr, estime-t-il. Mais les
Etats-Unis ont continué à tenir Ie site à l'æil de près.
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 151

D'où vient cet énotme intérêt des Etats-Unis pour Tenke Fungurume ? Âu début,
en 1.970, ils avaient un motif stratégique évident. Cètte année-là, au Chili, le prési-
dent socialiste Salvador Allende avait été élu et son gouveroement avait exproprié
les mines de cuivre américaines. Iæs Etats-Unis étaient en quête d'autres sources
d'approvisioffiement et, du coup, manifestèrent leur intérêt lorsque le président
Mobutu rendit disponible le site minier de Tenke Fungurume. Ce site n'est pas
un'r,'trlgaire tas de minerai, on y trouve une quantité incroyable de minerai de
très haute teneur.32 Mettre cette réserve en exploitation âurait des conséquences
directes pour le prix du cuivre sur le marché mondial. Les hautes instances poli-
tiques aux Etats-Unis et au Zaire Qe Congo de l'époque) en étaient très consci-
entes. Le président Mobutu discuta petsonnellement de la question avec le prési-
dent américain de l'époque, Richard Nixon. Mobutu reprochait aux Etats-Unis
de spéculer autour de leurs réserves stratégiques de cuivre. Quand le prix du
cüvre devint trop élevé, ils vendirent une partie de leurs stocks.33

La conversation entre les présidents Mobutu et Nixon eut lieu à la Maison-


Blanche à §Tashington, Ie 10 octobre L973, un mois après la mort du président
chilien Allende lors d'un coup d'Etat. Mobutu déclara que les Etats-Unis avaient
vendu du cuivre en 7970 afin de faire baisser les prix et de faire capoter le gouyer-
nement d'Allende. Le Chili était un important producteur de cuivre, mais Allende
avait nanonahsé les mines de cuivre américaines. « En agissant de la nrte », ajouta
Mobutu, « ulur Ftrnu.î aaeq rfgaleruent causé da tort, mais nzr.ls Jzmmes toutefois uotre fdàk
allié. » Nixon répondit : « Now aaons décidé à l'époque de uendre nos stocks pour des
raisons budgétairu, il ne s'agissaitpas d'une altaque clfitre le?réiidelttAllenda Noat resîons
pleinement conscientr que azas et d'autres nations amiet altachequne grande impoÉance à nos
stocks. Cbxpourquoi nzar ulus consulterons,parce q,./e nl,ls fie uoalons léserpersonne. »>La
spéculation des Américains autour de leurs réserves a fait baisser les rentrées des
exportations de cüvre duZake, et donc le Zake a eu plus de mal à honorer ses
factures de l'étranger. Mais, cette fois, on sortait au grand jour, et aaZaite même,
une réserve de minerai en sommeil. Cela aussi pourrait avoir un impact sur le
prix du cüvre.

« Apràs k SMTF.», explique Ftans Couttenie4 <r Tenke Fungarume n'a plat jamais
dispara des écrans de radar américains. » II se rappelle que Melissa rü(/ells, l'ambassadrice
des Etats-Unis à Kinshasa, avait visité le site à plusieurs reprises. « Elle était d4à
uenaeiciaaantlespilkgesdel99l »,expliqueFransCouttenier,«et,@rèskspillagu,elle
déÿts. " Les pillages avaient touché tout le pays. Ils avaient duré
est ÿenile éualrcr hs

plusieurs jours d'affilée. Le dictateur Mobutu avait laissé fare,par pur calcul. Car,
tant que les Congolais se mâssacraient entre eux, ils Ie laissaient tranquille. Chez
les Couttenier, les pillages se sont poursuivis durant 27 jo,ars. Ils sont toujours
152 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

convaincus auiourd'hui que quelqu'un d'imporant se trouvait là derrière, quel-


qu'un qui voulait s'emparer de leurs biens. Quand tout a été terminé, ils ont
également reçu la visite de l'ambassadrice américaine. « lYashington garde un ail ssr
Tenke F*ngurane r>, dit Frans Couttenier. Celui qui contrôle Tenke Fungurume
possède dans ce cas rür levier permettant une influence directe sur le marché
international du cuivre.

Lundin, homme de paille

Tenke Fungurume occupe une fois de plus l'avant de la scène à l'époque du


fameux saucissonnage des années 1990, quand le Premier rninistre Kengo priva-
tise le patrimoine de la Gécamines. Il fait également appel à des offres intetna-
tionales en vue de fonder une société d'exploitation de Tenke Fungurume. Le
candidat le plus corlnu est Anglo Âmerican, de l'Aftique du Sud, mais c'est le
groupe inconnu Lundin qü l'emporte. Lundin recourt à des pots-de-vin afin
de pouvoit déctocher le contrat. Le grand patron Adolf Lundin reconnaît dans
ses mémoires qu'il a rencontré petsonnellement le maréchal Mobutu dans l'une
des villas de ce dernier en France et quT lui a promis de l'argent pour sa caisse
électorale. Je r'ai« Adolf Lundin en faisant labète, « car
toutefois rien pEté », ajoute
ces élections n'ortjarzais eu lieu, »» En effet, en mai 1997, à l'issue d'une insurrection

populaire, Mobutu est chassé. Lundin a également rencontré le Premier ministre


Kengo, ainsi que le patron de la Gécamines, Umba Kyamitala. C'est grâce au
réseau mobutiste qu'Umba se trouve à la tête de la Gécamines. Et il ramasse tout
ce qu'il peut prendre.

« Nous aÿnfis pu uoir les gens de l-zndix pour k preruiàre fois ex 1996 )), tacortte §Talter
Couttenier. « Au début, lbnterte a été borne. Ik noas ont loaé des maisors polrl toger les
agents de leur seruice de suryeillance. Ils sefaisaientpasserpour des irufrmiers, mais ils n'étaient

même pas capables de faire ane piqûre. Adolf l*ndin est aenu ici en personne. L.a prenière

fois, il est ÿenu aÿec deuxjets et toate une armada de banquiers el d'aaocats. Ça deuait être
en décernbre 1996,yste @rùs quel-,ondir aaaitobtenu fexploitatiot des cotcessions. Ils oû
essalé de nous acheter. Ils uoulaient qae rous uendions nos i.nstallations et qae nous renoncions à

tous not droilt. De cheqnous, ils y sont euuolés poar Kinsltasa où le conrcil d'administration de
TFM deuait se réunin Selon nroi, ib aoulaient aller raconter là-bas qulls aaaient d/à dépensé

des millions ici, defaçon à pouaoir ercore mettre k Gécamines nn pe* plus en minoité. Mais
nous n'aaofis pas été d'accord C'est alors que L,uxdix a sorti hs lill)efls brztatx poar nous

faire céder Un Belge qli trauaillaitpour eux a démantek ur de nos ltangars. Ils noas ont coupé
I'eau et ont démoli les antennes de nos radios. »
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 153

Quand on fait des affaires au Congo, il faut avoir les pieds bien sur terre. Sinon,
on risque d'être secoué. Au départ, t1,n'y avutaucun capital améicatn dans Tenke
Fungurume Mining. Mais, d'après Frans Couttenieq Lundin était un homme de
paille censé ptéparer le terrain pour les intérêts américains. Le groupe Lundin
ne pouvait ni ne voulait investir dans Tenke Fungurume. Le groupe iavittpayé
que 50 millions de dollars, un cinquième des 250 millions de dollars quï devait
apporter, selon l'acte de fondation de TFM. Mais il s'était toutefois fait engager
par TFM comme consultant et i1 palpa de la sorte plus de commissions que le pas
de porte qu'il avait déboursé au départ. Et Lundin surveilla le site jusqu'à l'arivée
des véritables entrepdses minières.

Le capital amêr:.cin fit son apparition au bout de six ans, en 2002, quand la
frrme amêitcaine Phelps Dodge prit une option sur ufle participation à TFM.
A l'époque, avec 120 filiales, Phelps Dodge était bel et bien we rn@or. Mais elle
n,était pas pressée. Il fallut encore attendre deux ans avaflt que Phelps Dodge
conf,rme son option et entre dans le capital de TFM. Ce n'est qu'en 2006, dix
bonnes années après la convention TFM, qu'on donna le ptemier coup de pioche
dans le sol de Tenke Fungurume. Les Couttenier gênent et se retrouvent empê-
ttés dans tout un embrouillamini de procès qui vont traîner des années. <r I-er
Améicains qui dingenTTTM nous évitent Ils ne ueulenTpasfaire dhfairu auec nous », üt
§ÿ'alter Couttenier, «rztême si ça doit leur cauter du frais inutiles. » Sur le chemin du

retour, en direction du village de Fungurume, il fait un détour pour me montrer


à quel gaspillage cela peut mener. Nous débouchons sut un terrain ouvert où
se trouvent à côté l'une de l'autre deux installations de concassage. Toutes deux
servent à transfotmer en gravillon des blocs de roche. « I.a plus grande noas @par-
tient », üt §7alter, <r et nous uoulons la louer à TFM. » Mais les managers de TFM
ont eux-mêmes acheté leur propre installation de concassage, qü est plus petite
que celle des Couttenier. « Elle est trop petite.,r, explique §7alter. « l*s soas-traitants
de TFM uiennent sbn pkirudre cbeq nous. Mais WM leur interdit de Trauailler aaec notre
installation. s>

§Tashington tient les choses à l'æil

Chez Tenke Fungurume Mining, ils disent à qui veut l'entendre quïs exploitent
le plus gros gisement de cuivre et de cobalt encore ittact au monde. Ce genre de
discours impressionne les investisseurs et fait suttout gdmper le cours des actions
de Fteeport-McMoran. Mais, dans ce cas, le bluff s'appüe sur des mesures, des
études et des faits. La première estimation de la mine de Tenke Fungurume faisait
étatde réserves de 103 millions de tonnes, avec une concentration moyenne de
2,1, o/o de cüvre et de 0,3 o/o
de cobalt.3a Quand, àla frn de la révision des contrats,
154 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

il s'avère que le Congo veut renégocier à propos de TFM, Freeport-McMoran


s'accroche donc à tout prix. La m4for, dont le siège se trouye à Phoenix (Anzona,
Etats-Unis) ne lâche pas d'un pouce. Car ce qu'elle pourrait concéder diminu-
erait les bénéfices des actionnaires. I-3année précédente, ceux-ci ont connu une
forte augmentation du couts des actions. En 2006, chacune de ces actions de
Phelps Dodge rapporte trois fois plus qu'en 2004. Le bénéfice net par action
s'élevait en effet à 5,29 dollars et 2004, l'année süvante à 7,69 dollars et, en
2006, à 14,83 dollars déià. Fifl 2006, les actionnaires reçoivent encore un bonus
supplémentaire. C'est alors que Fteeport McMoran reprend Phelps Dodge pour
25,9 miltaÀs de dollars, avec la participation à TFM et tout le réseau logistique
et poütique en prime. Les actionnaires s'attendent à bien plus encore de bonus
de ce genre, à l'avenir.3s

I-e management américain de TFM se sait soutenu par §Tashington. Quand


Phelps Dodge a reçu officiellement le contrôle de TFM, les bouchons de cham-
pâgne ont sâuté à l'ambassade des Etats-Unis à Kinshasa.36 En 2006, quand la
première pierre de la nouvelle mine a été posée, une grande fête a été organisée
dans la ville minière toute proche de Kolwezi. L'ambassadeur américain y pofta
un toast en disant : « Sij'ai réalisé quelque chose aa Congo, alors, c'est ced. »37

Les Etats-Unis défendent leurs prétendus intérêts d'Etat bien au-delà de leurs
frontières. Mais la mine de Tenke Fungurume fait-elle bien partie des intétêts
nationaux américains ? Cela se pourrait bien. Hillary Clinton, la ministre améÀ-
caine des Affaires étrangères sous la première présidence de Barack Obama, a
fait réaliser en2009 un inventaire des points stratégiques àl'étanger Selon les
Etats-Unis, ces points sont d'une importance vitale pour « la sécuité, la sécurité
honomique xatiolale, la nnté publique raüonale ou are cornbinaison dc ce qui pÉcède », avx
Etats-Unis. S'ils se retrouvaient hors d'usage ou s'ils devaient être détruits, cela
saperait la stabilité des Etats-Unis.

C'est incroyable tout ce qüfigure dans cette liste. Depuis des canalisations
jusqu'à des câbles téIéphoniques au fond de l'océan, et même, en Belgique, des
entreprises phatmaceutiques et le port d'Anvers. Au Congo, ofl ne trouve qu'uo
seul point stratégique. Aucun nom de lieu n'est repris, mais uniquement cette
description : cobalt (mine et usine).38 Il pourrait très bien s'agir d'une grande
usine à minerai à Lubumbashi. Mais ce pouttait tout aussi bien être les instal-
lations de TFM. Car TFM est le plus gros investissement amédcain au sud du
Sahara. Ces dernières ânnées, enviton 1,9 milliard de dollars y ont été investis.3e
Du fait que le capital américain y participe, TFM bénéficie donc de liens étroits
avec le premier défenseur dês intérêts américains au Congo, l'ambassade des
Etats-Unis. Au mileu des années 2000,1a conseillère politique Melissa Sanderson
CHAPITRE 7: DES CONTMTS CORRECTS . 155

y üavaille aussi. Depüs l'ambassade, elle fait tout un tavail de lobbying pour
Phelps Dodge, le précurseur de Freeport-McMoran. Melissa Sanderson noue des
liens avec tous ceux qui pourraient être de quelque utilité à TFM et ce, jusqu'aux
niveaux les plus élevés. Après les changements de propriétaires de TFM, elle va
trouver personnellement « les senices da président » afin d'obtenir que la préséance
de Phelps Dodge soit entérinée par un décret. C'est chose faite en octobre 2005,
quand la paticipation de Phelps Dodge et de Lundin est portée à 82,5 o/o, au

détdment de la Gécamines. En décembre 2006, quand Joseph Kabila est offi-


ciellement désigné conrme premier président élu du Congo Phelps Dodge est
présente à la cérémonie. La frtme a pu envoyer sur place un de ses agents pour
accomp agne r \a délé gaaon o ffi cielle américatne.

Melissa Sanderson ne tarde pas à être récompensée pour son travail. En 2006,
elle quitte la rtif'lomatie améÀcitne et entfe au service de Phelps Dodge ! Phe$s
Dodge la bombarde uice-présidente charÿe des relations goauernementales en Afique.
Est-ce bien légal ? N'y a-t-il pas de confusion d'intérêts ? J'ai posé la question
à Chdstopher Corkey, le conseiller économique de l'ambassade des Etats-Unis
à Kinshasa, ainsi qu'à Mark Hardin, qü a dirige les programmes sociaux. Mais
persoffle n'y voit Ie moindre problème. D'après Mark Hardin, Melissa Sanderson
ne contrevient en rien aux prescriptions de la législation américaine contre Ia
corruption. Aux Etats-Unis, on ne voit guère d'objection à ces allées et venues
entre le secteur public et le secteur privé. Ils appellent ça les reuoluing doors, les
portes tournantes. Rien de plus normal, là-bas, que les entreprises privées aient
des représentânts au sein des instances officielles ou que des fonctionnaires
aillent travailler pour des entreprises privées. Car les intérêts privés sont en même
temps ceux de l'Etat, et inversement.

It's a deal

Freeport-McMoran sait donc qu'au moment des renégociations, elle pourra


compter sur des protections afin de défendre ses investissements. Au début, la
firme émet des signes de bonne volonté. Elle insiste sur le fait qu'elle travaille
avecla SNEL, la compagnie d'électricité congolaise, afin de relancer une centrale
hydroélectrique de sorte que TFM puisse recevoir du courant pour son usine.ao
Freepot ne le fait d'ailleurs pas gratuitement, mais facture à la SNEL un intérêt
de 10,5 oh. Un autre signal : Freeport fait savoir qu'elle va investir davantage,
pour un total de 1,9 milliard de dollars, soit rois fois l'investissement qui avait
été prévu en 2006.41 Richard Adkerson, le grand patron de Freeport, déclare que
le Congo n'a pas à se plaindre. Selon les normes internationales, le Congo teçoit,
dit-il, une part honnête de TFM. « En additionnant tout, la participation plus fimpôt
156 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

ssr les rentrées plas les rryalties », explique Adketson, « ils prennent plas dc la noitié des

rentnîes. »a On trouvait déjà plus tôt des chiffres comparables dans les dépliants
de Pheips Dodge. Phelps écrivait que 60 0Â de toutes les üquidités générées par le
profet minier de Tenke Fungurume allaient rester au Congo.a3

Mais il s'agit d'un attrape-nigaud. Car ces entreprises sont les seules qui Peuvent
savoir à l'avance ce qu'elles vont dépenser et gagner dans le futur et quel pour-
centage, par conséquent, elles vont céder au Congo, quand elles tripoteront leurs
chifftes. F.lles peuvent le faire en s'échangeant des factutes entte filiales, lesquelles
se facturent mutuellement des prix de transfert. En pratiquant de la sorte, on
peut surestimer les faux ftais et sous-estimer les rentées. Les entreprises transna-
tionales, qui consistent en un patchwork de filiales et de sous-traitants faisant du
cornmefce entre eux, fecoufent souvent à ce genre de techniques. C'est pourquoi
elles chargent une âliale de vendre leur production et fondent des filiales dans
des paradis fiscaux. Quant à dire que Freeport-McMoran se livre à ce ier.r, je ne
püs le prouver. Mais c'est déià fort en soi de faire ctoire au Congo qu'ils vont y
dépenser beaucoup et céder de gtosses sommes en impôts.

Par moments, porrr mettre la pression sur les négociations avec le Congo, Richard
Adkerson, de Freeport McMoran fait voir son côté tenace. En octobre 2009,1)
donne une interview awFirurcialTimes,un des journaux boursiers les plus lus au
monde. « I-t Congo denande le retour de ce qu'il a cédé au coars des négociations de 2003-
2005 », expüque le directeur gétéra7, « rnais il aeut égalament continur à peræadr les
irupôts etroyaltjes considérables dont nous aÿ0/1.î clnueflil. AdditionneTh tout: honomiqae-
ment parlant, cela ne tient absolument pas debout L.e Congo est hien trop gourruand. » Cela
ne fait pas bonne impression, d'après Adkerson. «Toute I'irdastie minière el le sectesr

finarcier international ont lesleax riués sur lafaçon dont notre contrat sera négocié », afoute-
t-il. C'est le genre de cüché que les entrepteneurs privés sortent volontiers, quand
ofl meflace de toucher à leurs intérêts.e

Mais, en octobre 2010, Freeport-McMotan et le Congo ânissent tout de même


par conclure un arrangemeflt au sujet des modifications de la convention TFM.
Le Congo et la Gécamines n'en tirent dkectement que peu d'avantages. Lapxtt-
cipation de la Gécamines passe de 17,5 à 20 % (et non les 45 o/o exigés). Avec
56oÂ,Frceport-McMoran garde royalement la maionté, alors que Lundin garde
touiouïs 24 oh de TFM. La Gécamines voit toutefois toute une série de prêts
ttansformés en capital d'entreprise. Les avantages porlr l'Etat congolais sont plus
tangibles. Freeport-McMoran continueta en effet à payu 30 o/o de taxes sur les
rentrées et 2 o/o de toyalties, mais, par-dessus le marché, puera également 30
millions de dollars au Congo'en fonction des volumes de cuivre et de cobalt qui
ont déià été produits à Tenke Fungurume. En outre, Freeport versera aussi 5
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 157

millions de taxes de surface. L'arrangemerit tient compte également du fait que


TFM découvrira.de nouveaux gisements de minerai, en sus de la réserve de 2,5
millions de tonnes déjà connue. Pour chaque nouvelle réserve de 100.000 tonfles,
Freeport verserâ donc 1,2 million de dollats au Congo.as

Toutle monde ne déborde pas d'enthousiasme à propos de l'accord. Le spécialiste


Barry Sergeant admet que le nombre de modifications apportées à la convention
est impressionnant. Il estime néanmoins que le Congo a capitulé. « L.e contrat que
le Congo a oblenu ne l'apas été de haute lutte », écnt Sergeant. « Cb$ toatjaste si le Congo
saaue laface..,r D'après Sergeant, les Congolais se sont montrés bien trop mous,
face à Freeport-McMorân, pour limiter les dégâts du dossier First-Quantum.«
C'est également la façon de voir du journal boursier The Financial Times.aT Le
Congo n'arache que peu de satisfactions, et cela pour empêcher de se faire sanc-
tionner par le monde des entreprises internationales.

L'artillede lourde

Du côté de Kingamyambo Musonoi TaiÏngs, c'est encore bien plus ardu. Là,
la communauté internationale ou, du moins, une minorité de celle-ci, s'emploie
activement à soutenir le princrpal propriétaire, First Quantum.Ln 4 aoàt2009, un
jeudi, le gouverflement congolais décide d'annuler le cofltrat de KMT. Cinq jours
plus tard, le mardi 9 août, Robert Zoelhck,le président améicun de la Banque
mondiale, est à Kinshasa chez le premier ministre congolais Adolphe Muzito.
Zoel\ck veut que le gouvernement revienne sur sa décision.as Comme on l'a
déjà mentionné, la Banque mondiale a une participation de 7,5 o/o dans KMT. Le
gouverflement hésite mais, finalemeût, ne revient pas sur l'annulation du conffat
avec la KMT.

LeCanada, où First Quantum a son siège, sort alors la grosse artillerie. Il essaie
d'organiser un boycott du Congo. La dette extérieure du Congo sert de moyen de
pression. Le Canada exige des éclaircissemeflts sur ce qü va se passer avec First
Quantum, du côté de KMT. En même temps, le Canada bloque le Club de Paris,
qü regroupe les créanciers du Congo. En novembre 2009,1e Canada s'oppose à
un règlement concernaflt la dette du Congo.ae Les Etats-Unis prennent parti pour
le Canada. La société First Quantum essaie elle-même d'obtenir gain de cause
devant les tribunaux. Au tribunal de gande instance de Kinshasa, sa filiale CMD
conteste bec et ongles l'annulation du contrat KMT. Le juge prononce son juge-
ment 28 octobre, mais ne livre son verdict que quelques jours après la réunion du
Club de Paris. La CMD perd son procès.
158 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

Quelle conclusion le Congo tire-t-il de ce jugement ? A la Gécamines, on a déià


décidé que KMT nexistait plus. D'après la Gécamines, il ne reste plus qu'un
ayant droit pour exploiter les taiüngs de Kolwezi, et c'est la Gécamines elle-
même. Pourquoi, pensent les administrateurs de la Gécamines, ne fonderions-
nous pas une nouvelle société d'exploitations des taiüngs, en compagnie d'un
rouveau partenaire ? La direction de la Gécamines discute de cette proposi-
tion le 30 novembre. Manifestement, urr candidat s'est présenté, même s,il n'est
pas nommément cité. Le candidat est d'accord pour céder davantage que First
Quantum du temps de la KMT. Il propose un pas de porte de 60 millions de
dollars (contre 15 millions à la KI\fI), des rEalties de 2,5 o sur la vente commer-
ciale (0 o/o,avec la KI\fI) et une participation de30o/o à la Gécamines (contre 17,5
o/o, avec la KMT). La direction de la Gécamines ne se décide pas tout de suite.
Elle demande d'abord un avis furidique auprès de deux bureaux d'avocats (dont
le bureau Liedekerke, à Bruxelles). Sur base de ces avis, les hautes instances de
Gécamines donnent leur accord en vue d'une nouvelle enteprise mixte. La chose
est décidée lors d'une réunion du conseil d'administration, le 8 janvier 2010.s0

KMT rlexiste plus et est templacée par une nouvelle société, Metalkol, officiel-
lement fondée le 30 janvier 2010. LÊ. partenaire privé de la Gécamines au sein
de Metalkol est désormais Highwind Properties. La frrme est emegistrée aux îles
Vierges, qui appartiennent à la Grande-Bretagne. La fondation de la firme est
confirmée chez un notaire le 5 février. Ce n'est que quelques mois plus tard que
la presse occidentale en feta mention.sl

Il peut que First Quantum art déjà étê aa cotrant, au début 2010, de la fonda-
se
tion de Metalkol. Serait-ce la raison pour laquelle First Quantum entame son
action süvante ? Début février 2010, au Cap, a lieu la Mining Indaba, une confé-
rence annuelle très süvie rassemblant des sociétés minières et des investisseurs.
Devant un public de quatre mille spécialistes, First Quantum fait savoir quï se
rend avec le dossier KMT à la cour d'arbtnge de la chambre internationale de
commerce, à Paris. L'IDC de l'Afrique du Sud et I'IFC de la Banque mondiale,
tous deux coactionnaLes de Kingamyambo Musonoi Tailings, soutiennent la
dématche de FQM.

« Expropriation >>, crie l'Occident

First Quantum a perdu les tailings et perd d'autres « propriétés » encore au


Congo. Alors que la procédure débute à Paris, la Haate cour de justice congo-
laise franchit une nouvelle étape, cette fois en relation avec les mines de Frontier
et de Lonshi. First Quantum les a toutes deux reçues en 2000, de l'entreprise
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 159

minière d'Etat Sodimico. La cession s'est faite par lettre. Mais, en men2070,la
Haute cour de justice annule ce document et resitue Frontier et Lonshi à la
Sodimico.s2 Officiellemenq FQM a perdu tous ses avoirs congolais. La firme va
se plaindre auprès de son gouvernement, à Ottawa, et précisément à un moment
important...

Fin iuin, le Canada reçoit Ia visite des chefs d'Etat du groupe des pays du G20
et First Quantum veut que le Canada mette son affæe sur le tapis, en même
temps, une fois de plus, que les dettes du Congo en tânt que monnaie d'appoint.
Une fois encore, le gouvernement canadien joue son rôle dans l'affure. Pour le
Congo, la réunion du G20 tombe à un moment crucial. Âprès des années de
saine gestion, il en est presque arivé à ce qu'un énorme paquet de dettes püsse
lü être remis. Le Canaàa s'y oppose. Un membre (anonyme) du gouvernement
canadien estime qu'il est scandaleux d'annuler pour des milliards de dettes <r alors
que Le Congo fie re§?ecte pas ses contrats t>.s3 I-n Canaàa trouve un allié dans la Banque
mondiale. Le G20 adopte une déclaratiorl sur la situation au Congo, mais ne
s'exprime pas sur la question de Ffust Quantum. Peu après le sommet du G20, le
Fonds monétaire international donne le signal qu'on peut annuler quelque douze
milliards de dollars de la dette du Congo.

La société Metalkol ne reste pas longtemps comme elle était quand on l'a ctéée.
En aotrt, Eurasian Natural Resources Coqporation (ENRC) s'assure pout 175
millions de dollars le contrôle de Highwind Properties et devient actionnaire
maioritaire de Metalkol. ENRC est une entreprise miniète du Kazakhstan, cotée
en Bourse au Stock Excbange de Londres.5a First Quantum avait prévu une opéra-
tion de transfert et la venue d'ENRC apporte de l'eau au moulin des critiques.
Dans un article du Financial Post qü porte clairement le sceau de Fitst Quantum,
on peut lire ce qui s,;.it « Des soarces (?) disent que la transruission des droits à Highwind
nnstitue axe partie de la stratégie de gab and flip (prendre ü reilre) ina§née par le
goauernemenl et dans kquelle les droits sont uendas à an tiers, de sorte qae les insiders?eiluefit

J » Qü ces insiders peuvent-ils bien être ? La personne pivog d'après


gagner.
ce discouts, est un « mystérieux homme d'affaires israélien », du nom de Dan
Gertler. Le sieur Gertler est un courtier en entreprise actif depuis longtemps au
Congo. Il achète et vend des entreprises ou des participations. Selon un analyste
cité parle Post, Gertler dispose d'« une ligne dirun
Pfisidefit congolais Kabik et
aaec h

ses collaborateurs hsplusprocbes.,r. En d'autres termes, le Post suggère que le prési-


dent Kabila et ses tdèles collaborateurs gagnent de l'argent via des opérations
de transfert orchestrées par Gertler. Ce que vit First Quantum constitue, selon
le Fixancial Post, « I'une det expropriations les plus graaes jamais subies par lTnd,lstrie
160 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

miniàre canadiente» ainsi qu'un cas de corruption particulièrement honteux. First


Quantum est la victime. Tout cela quand on sait qtrc « First panntum et d'aulres
sociétés ninières ont injecté des rzilliards au Congo dau une tentatiae de cEitaliser h icbesses
ruinérales ».ss

Cette version des faits est très parüùe et s'appuie sur des suppositions. C'est pour-
tantla version qü domine dans les milieux occidentaux. Cela ne s'améliore pas
quand, pour Frontier aussi, on fonde une nouvelle société mixte. Elle s'appelle
la Sodifor. Le propriétaire original, la Sodimico, y prend une participation de 30
oÂ,alors que le pârtenaire privé, la firme Fotune Ahead Limited, de Hong Kong,
0/0.56
s'octroie 70 La Sodifor est fondée en iuin 2010.

La réputation du Congo empire rapidement. I-lagence de p tesse Reüers mentionne


par exemple, sur la foi de la Banque mondiale, qu'à un pays près, sur 183, le
Congo est le pire endroit où investir.5T Les banqüers influents de Barclays versent
de l'huile sur le feu. Dans un bulletin d'information d'octobre 2010, ils tirent à
boulets rouges sur ce qu,ils appellent le nationalisme des matières premières. Une
véritable plaie, sT faut en croire Barclays, car ûombre de pays riches en matières
premières, tels l'Àustralie, le Chili et le Congo, veulent toujours gagner plus avec
leurs richesses naturelles. Ce n'est pas très étonnant, vu les prix des métaux
en hausse, aioute Barclays. D'ailleurs, dans le secterr des matières premières,
ces risques géopolitiques ont touiours joué. Mais ce que tait le Congo, estime
Barclays, est absolument anormal. «I-tpire isquepoar le sectear nétallurgiqae et minier
uienr da Congo >>,pense la banque. La révision des conüats miniers y a fait plusieurs
victimes, cofilme First Quantum, <t alors qae la réuision des contrats de la mine de cuiure
Mais le plus grand facteur de risque est
dc Freeport-McMoran est toujours efi conrc ».
l'impréüsibiüté politique du président Kabiia : d'après le ministère américain des
Affaires étrangères, le président est « 0n ne peut plus in?réuisible, et cela re promet rien
de bon ».s8 C'est du langage subversif. « Barclay @pelh à un ptisclt contre Kabila »,
Éag1t avec à ptopos l'analyste améÀcatnJason Stearns. On devine le tort infligé
au Congo par de telles informations.

Kabila doit s'en aller


First Quantum s'est mué en une affaire de politique internationale. Âprès le
gouvernement et les iournaux canadiens, et après Barclays CapitaT, d'auftes
acteufs estiment qu'ils doivent passer à l'action. First Quantum devrait encore
expliquer une fois comment il les a fait rouler pour lui. Lors du préambule des
élections générales de novembre 2071, Etienne Tshisekedi exploite l'affarre de
First Quantum. Durant son demi-siècle de carière, Tshisekedi a margé à tous
les râteliers. Avec First Quantum, il peut marquer des points chez les éIecteurs
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 161

congolais et chez les banqüers comme ceux de Barclays. Au cours d'un voyage
aux Etats-Unis et au Canada, Tshisekedi fraternise avec les gens de Firct Quantum.
Ensuite, il promet de faire du Congo un Etat de droit et que, une fois en place
en tant que nouveau président du Congo, il fera revenir les investisseurs en foule
au Congo.se

Dans le camp anglo-saxofl, le politicien travailliste écossais EticJoyce apparaît lü


aussi juste avant les élections au Congo. Joyce n'a jamais rien entrepris de sérieux
pour le Congo. La presse britannique l'a par contre accusé à plusieurs reprises,
en tant que pademeît^ke, de rentrer et de se fute payer des notes de frais pass-
ablement salées. C'est le premier député à cumuler des ootes de frais pour plus
d'un million de üvtes. Pourquoi ce bonhomme se met-il précisément en quatre
pour First Quantum ? A l'automne207'1., EricJoyce attaque les hautes instances
congolaises avec rul dossier qu'il publie srü son propre site Internet. D'après

Joyce, le Congo a vendu les tailings de Kolwezi et Frontier à un prix bien trop bas,
bien inférieur à la valeur marchande de 5,5 milliards de dollars, alors quï a pour-
tant bien besoin de chaque dollar. 5,5 milliards, c'est beaucoup d'argent et c'est en
outre un chiffre qu'on n'oublie pas de sitôt. Joyce vise à la tête. On lui a transmis
des documents « qui, pour la premièrefois, confrment que des retponsables du gouuerneruent
corgolais et, en particulier, I'actuel priidett Josepb Kabila, ont yendu d'iruportants intérêrs
miniers, à des prix bradés ».

Le raisonnement deJoyce tourne autour de quatre projets miniers, dont les tailings
de Kolwezi et Frontier-Lonshi. Joyce cite leur valeur marchande (5,7 milliards de
dollars) et le prix que le Congo en a reç:u (272 millions). La conclusion de Joyce
est que le Congo a perdu 5,5 milliards de dollats. Mais son raisonnement ne tient
pas la route. Quelle mine a-t-on jamais vendu pour la valeur intrinsèque qu'elle
peut rapporter durant toute la durée de son exploitation ? Aucune. Ce serait hors
de prix.60 Tous les acheteurs, ajoute Joyce, sont des firmes fictives installées aux
îles Vierges, un paradis fiscal. Comme si cela suffisait pour ête suspect. Dans
ce cas, Joyce devrait également s'en ptendre à First Quantum, qü a également
enregistré sa âliale, Congo Minerals Developmeng aux îles Vierges. Toutefois,

Joyce ne frappe que sur un seul clou : contre les hautes instances congolaises
autour du président Kabila.

Quand la Gécamines est mise sur la sellette par le Fonds monétaire interna-
tional à propos de la vente des propdétés, cette entreprise fait elle aussi remar-
quer que le raisonnement de Joyce ne tient pas la route. Le FMI demande entre
autres comment a été déterminée la yale:ut des possessions des Mutanda and
,162 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

Kânsuki Mining Operations O{"Mi). Aux yeux de Joyce, le montant s'élève à


1,05 milliards de dollars. LaGécamnes répond du tac au tac au FMI : «Noas auors
utiné k participation à MuMi (r ses parts mciales ») à 137 nillions de dollars, un peu phs
qae la ualeur üterrzinée par BNP Paribas en awil 2010 et qui n'était qrc de 108 milüons
de dollars. Noas nous basons poar cela sur un escorrpte du flux de trésoreie. »61 Joyce et ses
amis lancent une attaque bien préparée. A-t-elle été mijotée par First Quantum ?

Je n'exclus pâs cette possibilité. Joyce aurait également pu obtenir ses informa-
tions d'une organisation privée congolaise. En tout cas, quelqu'un a déniché pour
lui toute une série de documents, notaclment auprès du tribunal de commerce
de Lubumbashi.

La campagne va éroder davantage eflcore la crédibilité du Congo, même si First


Quantum a depuis aplani son conflit avec le Congo. Début ianier 201.2, en effet,
Fitst Quantum a conclu un arrangement à l'amiable avec ENRC vendant ses
intérêts au Congo à cette même ENRC pour 7,25 milliard de dollars. Après cela,
Firct Quantum s'est désormais abstenue de toute démarche judiciaire contre le
Congo. Dans cet arrangement étaient également concernées üois entreprises liées
à First Quantum. Toutes trois enregistrées aux îles Vierges qui appartiennent à
la Grande-Btetagne.62 Iæs partisans de First Quantum l'ont-ils déjà mentionné ?

Notes

1 Sergeang 8., « D-Day in the Congo », dans Minen eb, 2 avnl 2007 .
2 Le passage qui süt est extait du rapport d'évaluation des consultants de Duncan & Âllen : « 1 .1.3.
Il wble qile h Gcarîines ait alàônî lzphtpart ù
set dmits mfuim tats s'arstrer dhnejuic a@mution

ett reto,lr. Il nj a pas c* d'éualuation objcaiue (ni par m expert ind@endanî ni par k GCM) des @potts de
la CCM a*x pafteaariatt Par anseqrcxt, on ignon la jun »afur fu æs @ports- Daar to* let partmariats,
la CCM ut actioxnaire mhoritaire et n'exerce pas lt con*ôlt tur les diciioxs de la soeiété eommtxe. Dans
presq* tots les pamuiats, la G@I n'a pas un rôle in@nafi daur lbrgarc ù geûion et darc b nnnôb
tubni4ue et, donc, elb ne peut pat ittftienm h gesîion des patlenariats or exmer les prctsions nêeessoins potr
qrc set partenaires réalinnt ltrrs obligations nnlractuelles. De phs, bin qte h Gécamines soit actionrairy
sapercEtitnde diaideùarettuquri illxsoin,panequel$projetsrrrirriersmeltnt*tærtain*nptàêtru
proftablet et ht béwfæs tmtettt d'abord à rembourser les dettet prioitairæ ou sonr rûnjeetés dans lz projet »
PrSet d'éwbatioz jaidiqre det dccords
dc Pdrtararidt ù h Gécatiacs. » (CONTRAT Ni î / COPIKEP /
SE/02/ 2005), Rapport final, Duncan&Allen pour Copitep, 6 arn12006.
3 Contracts betuen Gécamiæs andpiute compaties. Of6ce memorandum, Banque mondiale, 8
septembre 2005.
4 « Mines : mise en place de la Commission portant révisitation des contrats miniers », dans Iz
Potenîie l, 21 avnl 2007 .

5 En fait, 39 contrats, parce que plusieus coûtrats de la 6rme aurifère Okimo sont repris dans ce
Groupe B.
CHAPITRET: DESCONTRATSCORRECTS . 163

6« Toute la vértté sur les contrats miniers >>, dans Lt Phare,2 novembre 2007.
7« Revisiation des contrats miniers : enfin, voici les résqlats »>, darls Fontm des As,16
novembre 2009.
8 Reviep of MiningAgreenents in the DRC. Memorard.um to minister Kabuelulu,Ropes and Gray LLI
New Yotk, 31 décembre 2007.
9 Notifcation Conchtions reùsitation contrat minien L.cttre de Martin Kabuelila, ministre des Minu, à la
tociété KMT sarl, Kinshasa, 11 féwier 2008, 3 p.
10 Kennes, E., « Le secteur minier au Congo : 'Déconnexion' et descente aux enfets », dans
LAfique des Grands L.acs, Annaaire 1 999-2000, p. 344.
11 Voit: De Villers, G. e.a., « Chronique politique d'un entre-deux-guerres. Octobre 1996
-Juillet 1998 », dans Cahiersaficains; Kennes, 8., o.c. ;Maters,L., Kabila et la nÿohation
eongolaise, Anvers,2002, p. 246.
72 Tableau d'éualÿation et de classifcation des conTrafi (Source : iournal Le Phare du 2 novembre
2007).
.V/.,
13 Deneault, À., Abadie, D., Sacher, Noir Canada. Pillage, clrruptilrl et crininalitâ en Afiqæ,
Montréal,2008, p. 109.
14 « Considérart l'ayènement ds noweaa partettaire First Qraatun l-td, ce ÿarTenaiat peort toutqfois être
naintenu, aux conditions suiaanter. ,. », dars Notifcation, o.c., p. 3,
75 PrEositions des Organirations de la Société Ciuile Congolaise Oesurant dans h Secte*deskessosres
Naturelht poar la Finalisation des Rtnégociations det Contats Miniers TFM Et KMT, Kinshasa, 14
juillet 2009, p. 31.
KÿIT Sarl, Letue du Ptemier ministe Âdolphe Muzito à
76 Notif.cation conehtsiou renégociation
l'administrateur gén.éral de la Gécamines et au directeur général de CMD, Kinshasa, 21
aottt 2009,2 p.
17 DeliwringTrue Valæ, Presentation to CANACCORD I Adan5 Adastra Mineralt,30 mars 2006.
18 « L,a prâsence dt First plaxtum Minerab, lne frme caradienne est k preuae qle le Canada @paie let
ffirts de dffirenfi inautisseurs potr le déaekppenent de k RDC.(...) », Kuediasala, F., « KMT et
Frontier, nouvelle façon de faire les mines », dans Le Potentiel, 28 iuillet 2009.
19 Réponse à mon courriel de l'ambassade du Canada à Kinshasa, le 28 août 2009.
20 Selon un rapport de 2OO2 du groupe d'experts des Nations unies, FQM a rétribué de
hauts fonctionnaires en argent üquide et en parts. Il s'agissait entre autres du rninistre de
l'époque, Mwenze Kongolo, et du directeur du service de renseignement ANR, Didier
Kazadt. Yott : Bapport fnal du Groupe dbxperts s* lbxploitation ilkgale du ressonæt nahcelhs et
aüres formes de icbetses de la Republiqre démoeratiqm dt Cotgo - S / 2OO2/ 1146 §33, p. 10.

21 Au printemps 2010, un blogueur de Lubumbashi écrira même que la production de Frontier


ftanchit la frontière delaZambie via une bande ttansporteuse et est acheminée vers son
usine de ruffrnage de Mopani. Grand Bean ü Nehe Pay,14 mu 2010.
22 «La société minière 'Comisa' accusée de fraude à la frontiète zambienne >>, dans I: Poteûiel,
5 décembre 2007 ; « Sakania : Comisa, plus de 700 âgents vont au chômage >», dzLrrs Raüo
Okapi,11 janvier 2008.
23 Pour des infotmations de contexte sur TFM, voir : Custets, R., Norbrand, 5,, Nspt Businett
- the l-,ttndin Grorpl inaolaemeü in tlte Tenke Fnngurume Mining prQut in tbe DR Corgo, Anvers-
Stockholm, février 2008. Eo ügne via ipisresearch.be.
24 Noîifrutiox conchrsions reuisitation eontrat minie4 Lettre du ministre Kabuelulu à TFM SARL,
Kinshasa, 2 féyner 2008.
25 Rosnd Table DRC Rtsouræt Meeting bosted b1 tbe All Pa@ Parliamentary Croap on tbe Great Lakes
fugion of Africa on lVedtesdqt 6th Deeenber 2006 at Hosses of Parliament.
26 Les entretiens avec \f,/alter Couttenier ont eu lieu le vendredi 26 octobre 2007 à
Lubumbashi et le dimanche suivant (28 octobre 200n à Fungurume.
164 . CHASSEURS DE MATIERES PREMIERES

27 Interview de Frans Couttenier le 10 novembre 2007 à Bruxelles.


28Le capitalétalrtrépati comme suit : Mitsü (apon, 14 o/ÿ,Bveaw de Recherche Géologique
et Minier @RcM/Omniming Francg 7 7o), Amoco (Eats-Unis, une âüale de Standard Oil
of Indiana, 28 o/ÿ, Charter Consolidated (Afrique du Sud, du groupe minier Anglo Amedcan,
28 o§,Tempelsman (3 o/o), Congo Q0 oÂ, en échange des concessions et des rés€rves). Pour
un historique succinct de SMTF, voir : Willame,J.C., Zaire, lepopée de hga,Peis,7986,p. 136.
29 Nday"wel è Nziem, 7., Histoire générah dt Corgo, Paris-Bruxelles, 1998, p. 7 29 .

30 Voit : Devlin, L., Cbief of New York,2007,p.265 ;«Maurice Tempelsman's


station Cazgo,
African connections >», dars Forttne, 15 novembre 7982, cité dans Gibbs, D., Political economl of
tltcTltird aorld,1991, p. 182;Fw*,J.,UJe is att uælhil adwnt*re, sans date ni üeu.
31 Interview de Frans Couttenier le 10 novembre 2007 à Bruxelles.
32 Le Finarcial Post d,a 71 avnl 1997 , cité par le serüce géologique des Etats-Unis, mentionne
qu'en certains endroits de la région minière de Tenke Funguume, on a découvert des
concentrations en cuivre allant iusque 4,37 oh, parmi les plus élevées dans le monde. Cela
signiâe que, dans ces endroits du moins, on peut obtenir un rendement de près de 4,5
kilogrammes de méal par tonne de minerai brut extraite du sol. Voir: pubs.usgs.gov/
ds / 2005 / 139 /Data/ 1997 dataftles/1 99Tsitedata.xls

33 Memorandln oJ coruersaîion. Foreign Relations of the United States, 1969-1976. Volume E-6,
Documents on Àfric4 1973-1976, Document 258.
34 TFM Fear;bil;A Sad1. Tecbnical Report, GRDMinprog fffier 2007.
35 Forn / 0-IÇ Anrual Rcpard Phelps Dodge Corp. Ftled,:27 fffiet 2007 (période : 31 décembre
2006).
36 Congo: Consolidating tbe peace, Afica Report N"128, International Crisis Group, 5 juillet 2007.

37 Ciation reprise dans le magazine en ligne destiné au « responsible business » Corporate lhigltt.
http: /,/www.corporateknights. ca / cotæntf page.asp?nâme=OECDmatrix.
38 USCable 09STATE151 1 3, fuque$for irformation: criticalforeign dependencies (eritical irÿastrucUre and
kg resonces hcated abmad), crêé le 18 février 2009, publié le 5 décembre 2010, §[ikileaks.

39 « The largest U.S. investrnent underway in southern Africa »>, dans USCable 08KINSI1ASA646,

Drc Coppnùeh-Tenke Fangrrume MhingMakes No SnallPlanq crééle 6 août 2008, publié la


première fois le 24 aoit 2011.

40 « Freepott McMoRan wotking with DRC govt to ensure mine povrer supply », dans

E n§neerittgneus, 1 4 fffier 2008.

47 Re-baseline / CEital inæonntreùeu,Frceport McMoran, 4 avrt 2O08.

42 « Freeport offering Congo fair contract for big mine >>, dans Bruters,l0 awil 2008.

43 Tenke Furg,nume Vorld-class copper/cobaltproject, Phelps Dodge, 2007.

44 « Tbe eûire mining indtsTry and intemational fnancial eonnunifl it watcbing inteù|1 to see how orr
contract is hailled', aæording to Ncbard Adkeron, cltief exuûiae of Fre@ort, Freeport in $andof ouer

copper rine' », dans Tbe FinancialTinu,9 octobre 2009.

45 Tous les amendements sont tepris dans Auaant Nol à k Conaention Minière Anendde et

Rtfomuke dr 28 septenbre 2005, signé le 11 décembre 2010 par le gouvernemeot congolais,


Gécamines et le représefltaût des sociétés minières privées Lundin et Freeport-McMoran.
[æs amendements sont entrés en vigueur dès avrr7201J, après la publication d'un décet
présidentiel en la matière dansJe iournal officiel congolais.

46 Sergeang 8., « Copper capitulation by the DRC »>, dats Miæweb,22 octobre 2010.
CHAPITRE 7: DES CONTMTS CORRECTS .

47 McNamara, W, « Congo resolves dispute over copper mine », dans The FfuancialTines,26

octobte 2070.

48 « Résüation du partenariat KMT, la Banque mondiale fait pression sur Kinshasa », dans I-e

Pxentiel,12 rcût2009.

49 « Paris Club Close to Reaching Accord on Congo's Debt - Updatel », dans Bbonberg 79
novembre 2009.

5O Pmcès-aerbal Slntbéliqae de la réanion extraordinaire du CA GCM du I janyier 2010. ï* npport a été

déposé au Tribunal de Commerce de Lubumbashi, le 2 mars 2010.

51 Voir, par exemple : « Who's behind Highwind Properties? », dans Afica Mininglntelligeree, no
230,7 iailet2010.

52 « More setbacks for First Quantum in DRC », dans Noftbem Miner, 1.4 iuln 2010.

53 << I-r. Calnz;de saisit le G20 »>, dans l-c Potentiel, 25 ÿtî 2010 .

54 « ENRC buys majority of Kolwezi, Congo assets », dans RtuTers, 27 aoit 2070.

55 « Sotrces said tbat passing tbe igbts to Higlaind it pa* of a 'grab-and-fip' stratqy ileuiæd b1 tlte

glÿan fient, in atbicb tbe rigbts are lanr sold to a tbird part1, albwing insid.ers to prlft ». Dans: « British
Columbia mining firm shafted in the Congo? », daas FinancialPost, 17 jün2010.
56 Conaention dz loint-Vent*re entre k Société dr Déueloppement Indusîriel et Minier du Congo et Forture
Altead Li*ited relatiae à lbxpkitation dts §semettTs de aitre et de cobalt dan la prouinæ dr Katanga,
Tefitoire de Sakania, 14 iwn 2010, 44 p.
57 « FACTBOX-Key political risks to watch in DR Congo »>, dans Btüers,2 ao:ût 201.0.
58 Daiÿ Focttt. Connodiy daiÿ briefngBatclay Capitat 14 octobre 2010.
59 Braeckman, C., « Etienne Tshisekedi, I'étetnel opposant qü croit son heure venue >», dars blog.
hsoir.be, 30 septembre 201 1.

60 La discussion figure entre autre sur le blog CongoSiasa de Jason Stearns. Voir : « Selling the
state Kinshasa loses up to $5.5 billion in assets », dxrs Coxgo-Siasa,18 novembre 2011 et ss.
67 Btponsa de Gécamiæs Sarl at qtestionnaire dt FMI str la Cesion des Pafts Sociales dans MUMI Sprl,
Gécamines SARL, 16 septembre 2011.
62 Les enreprises concernées par I'arrangement sont : « (l) PARIIES - (2) FIRSI QUANTUM
MINERAIS LTD., a companl fucorporated ÿrrder the la»s of Bitislt Cohtnbia (FPM) - (3)
INTEBNATIONALPUANTUM RESOURCES If,MITED a n@arry incorporated mder
the laas of the Bititb Viryb hhndr (fPR') - (4) KOIIY/EZI HOLDINGS LTD., a con?anJ
ineorporated urder tbe h»s of rbe Brititb Virgtu Islandt (KII) - (5) ÀDASTBA OFFSHOKE
l-lID., a companl incorporated unfur the la»s of rhc Bilisb Virgin kk tds (AO') - (6) ENRC
CONCO 8.V., a clrTtpat!! iltclrporated rnder tbe lzws of tbe Netlterlaxdr Ql:e 'tsryer') - @
EUBÿ45L4]{ I\L TIIRALRESOURCES COkPORATION Pll, a companl incorporated *nder
tbe kw of Enghnd and Vales (the 'Original Brler't Gurantor")'. Dans : Agreement i.n rehtion to
thares in tbe c@ital of Frontier SPPJ- Conpagnie Miùàre De Sakania SPKI- Kolweqi Inaestnent Ltd.
and Roan'Pmpectixg dt Mining SPKL and arset azd claims relating to operaîions at ilte l-.onslti and
Fmntier Mines and tbe Kohteqi Tailirgt Prÿeû, 5 ianier 2072, par Ffust Quântum, déposé chez
SEDÂ& l'autorité canadienne en matière boursière.

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