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Le Régime Ecossais Rectifié Du rite au Régime. Est il encore possible de pratiquer un Rite Ecossais Rectifié
Willermozien à notre époque?
08/11/2013
dans Forum du Régime Ecossais Rectifié
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« Phaleg »
i
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« Phaleg » :
place, sens et fonction de ce nom au sein
du
Régime Ecossais Rectifié
*
« … Il serait imprudent de « ‘s’a��aquer » à Phaleg,
soit en méconnaissant le type de séparation qu’il symbolise,
soit en le considérant comme disqualifié pour l’Ordre maçonnique,
par suite de sa présence dans les grades bleus du Rite Rectifié. » (Jean Tourniac)
Une farouche hostilité à l’égard du Régime Ecossais Rectifié avait déjà conduit René Guénon (1886‑1951),
en divers textes, à des jugements excessifs d’une rare inexactitude à l’égard des spécificités rituelles que
l’on rencontre au sein de nos Loges, se lançant d’ailleurs dans des a��aques irraisonnées qui n’ont
cessées, depuis, d’être reprises et réitérées par les modernes et mimétiques disciples de l’auteur de la
Crise du monde moderne. Rien ne semblerait, en apparence, justifier ce��e opposition violente et agressive
que nous observons à notre encontre, si ce n’est une volonté d’imposer, par tous les moyens, les vues
faussées d’une théorie erronée qui n’accepte pas de voir ses principaux arguments réduits à néant dés
lors qu’elle est confrontée aux vérités de la Révélation.
On nous affirme ainsi dernièrement, reprenant une antienne bien connue conjuguée à d’autres
compliments plus ou moins aimables, que la place de Phaleg, nom reçu par les Apprentis lors de leur
introduction dans l’Ordre, serait le signe que le Régime place, dès les premiers instants de leur
réception, sous les auspices de la « division » les nouvelles pierres qui nous rejoignent. Jugement
inquiétant il est vrai, et qui ne manquerait pas de jeter un certain trouble s’il était fondé. Mais quel crédit
devons‑nous accorder à pareille so��ise et non moins brutale affirmation ? Il nous fut donné de nous
1, mais nous ne voudrions pas
exprimer sur ce point extrêmement significatif dans un texte à paraître
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18/03/2017 « Phaleg » | Le Régime Ecossais Rectifié
1
exprimer sur ce point extrêmement significatif dans un texte à paraître , mais nous ne voudrions pas
laisser croire, en ne répondant pas aux arguments qu’on nous oppose, qu’il s’agisse d’une question
auxiliaire, alors même que ce��e emblématique présence de Phaleg, est à la source du puissant
mouvement de rejet du Rectifié vis‑à‑ vis de la tradition « caïniste », tradition déviée et souillée
productrice de crimes et d’une orientation opposée aux lois divines.
1 René Guénon et le Régime E cossais Rectifié, Editions du Symorgh
I. Qui est Phaleg ?
Le livre de la Genèse, en ces chapitre X et XI, nous apprend que Phaleg était un descendant de Sem, l’un
des trois fils de Noé qui sut se préserver de l’influence perverse de Cham 2. Ce��e « préservation », cet
éloignement volontaire, sa mise à distance de la perversion et du mal, en font un emblème significatif de
la pureté, de la fermeté dans le souci du service de Dieu, de la rigueur et fidélité envers les
commandements saints et sacrés du Ciel.
2 Voici ce que nous dit l’Ecriture Sainte dans le Chapitre onzième du livre de la Genèse :
« 1 Et toute la terre avait une seule langue et les mêmes paroles. 2 Et il arriva que lorsqu’ils partirent de l’Orient,
ils trouvèrent une plaine dans le pays de Shinhar ; et ils y habitèrent. 3 Et ils se dirent l’un à l’autre : Allons,
faisons des briques, et cuisons‑les au feu. Et ils avaient la brique pour pierre, et ils avaient le bitume pour mortier.
4 Et ils dirent : Allons, bâtissons‑nous une ville, et une tour dont le sommet [a��eigne] jusqu’aux cieux ; et faisons‑
nous un nom, de peur que nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre. 5 Et l’Éternel descendit pour voir
la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes.6 Et l’Éternel dit : Voici, c’est un seul peuple, et ils n’ont, eux
tous, qu’un seul langage*, et ils ont commencé à faire ceci ; et maintenant ils ne seront empêchés en rien de ce
qu’ils pensent faire. 7 Allons, descendons, et confondons là leur langage, afin qu’ils n’entendent pas le langage l’un
de l’autre.8 Et l’Éternel les dispersa de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. 9 C’est
pourquoi on appela son nom Babel*, car là l’Éternel confondit le langage** de toute la terre ; et de là l’Éternel les
dispersa sur la face de toute la terre.
10 Ce sont ici les générations de Sem : Sem était âgé de cent ans, et il engendra Arpacshad, deux ans après le
déluge.
11 Et Sem, après qu’il eut engendré Arpacshad, vécut cinq cents ans ; et il engendra des fils et des filles.
12 Et Arpacshad vécut trente‑cinq ans, et engendra Shélakh.
13 Et Arpacshad, après qu’il eut engendré Shélakh, vécut quatre cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.
14 Et Shélakh vécut trente ans, et engendra Héber.
15 Et Shélakh, après qu’il eut engendré Héber, vécut quatre cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.
16 Et Héber vécut trente‑quatre ans, et engendra Péleg.
17 Et Héber, après qu’il eut engendré Péleg, vécut quatre cent trente ans ; et il engendra des fils et des filles.
18 Et Péleg vécut trente ans, et engendra Rehu.
19 Et Péleg, après qu’il eut engendré Rehu, vécut deux cent neuf ans ; et il engendra des fils et des filles.
20 Et Rehu vécut trente‑deux ans, et engendra Serug.
21 Et Rehu, après qu’il eut engendré Serug, vécut deux cent sept ans ; et il engendra des fils et des filles.
22 Et Serug vécut trente ans, et engendra Nakhor.
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22 Et Serug vécut trente ans, et engendra Nakhor.
23 Et Serug, après qu’il eut engendré Nakhor, vécut deux cents ans ; et il engendra des fils et des filles.
24 Et Nakhor vécut vingt‑neuf ans, et engendra Térakh.
25 Et Nakhor, après qu’il eut engendré Térakh, vécut cent dix‑neuf ans ; et il engendra des fils et des filles.
26 Et Térakh vécut soixante‑dix ans, et engendra Abram, Nakhor, et Haran.
27 Et ce sont ici les générations de Térakh : Térakh engendra Abram, Nakhor, et Haran.
28 Et Haran engendra Lot. Et Haran mourut en la présence de Térakh, son père au pays de sa naissance, à Ur des
Chaldéens.
29 — Et Abram et Nakhor prirent des femmes : le nom de la femme d’Abram était Saraï et le nom de la femme de
Nakhor, Milca, fille de Haran, père de Milca et père de Jisca.
30 Et Saraï était stérile, elle n’avait pas d’enfants.
31 Et Térakh prit Abram son fils, et Lot, fils de Haran, fils de son fils, et Saraï, sa belle‑fille, femme d’Abram, son
fils ; et ils sortirent ensemble d’Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan ; et ils vinrent jusqu’à Charan, et
habitèrent là.
32 Et les jours de Térakh furent deux cent cinq ans ; et Térakh mourut à Charan . » (Genèse XI ).
Certains exégètes hébreux vont même jusqu’à considérer que Phaleg fut une forme de manifestation du
Verbe qui, dans une préfiguration de ce que sera son rôle, sépara la terre entre les élus et les ennemis de
Dieu : « Héber רבֵ ע, génère deux principes distincts dont le premier a nom Phaleg ֶפּ
ֶ ֶגל, l’expansion génératrice du
Verbe vivant, principe; or, du fait même de sa manifestation, se produit la division sur la terre.
II. Raison de la présence de Phaleg eu sein du Régime Ecossais Recitifié.
Le nom de Phaleg, de par ce��e image de retranchement du vice que lui confère l’Ecriture, fut
heureusement « substitué » à celui de Tubalcaïn dans les rituels rectifiés, nous indiquant clairement, et
non uniquement à cause d’une « pieuse folie » provenant de l’esprit dérangé d’une « crisiaque » selon «
l’aimable » et charitable jugement de quelques auteurs parfois eux‑mêmes membres du R.E.R., que la
Réforme lyonnaise voulut se placer dans la descendance de Sem 3.
Lisons, à ce titre, ce que Jean‑Baptiste Willermoz exposa, dans un argumentaire circonstancié et étayé
dont on ne peut soutenir qu’il donne des signes particuliers de dérangement intellectuel produit par les
visions de Mademoiselle Marie‑Louise de Vallière (1731‑1814), chanoinesse de Remiremont, par ailleurs
sœur du chevalier Alexandre de Monspey (1739‑1807), i.o. Eques Paulus a Monte Alto, pour justifier ce��e
éradication de Tubalcaïn devenue nécessaire, lors de la tenue du Directoire Provincial d’Auvergne, à
Lyon , le 5 mars 1785 :
« …On n’a pas remarqué que c’est une contradiction de donner à l’Apprenti ce mot de ralliement [Tubalcaïn]après
lui avoir fait qui��er tous les métaux qui sont l’emblème des vices. En effet, d’un côté, on lui apprend que ce n’est
point sur les métaux que le vrai Maçon doit travailler ; et de l’autre, on le met dans le cas de croire que Tubalcaïn,
le Père et l’inventeur du travail sur les métaux, serait le premier instituteur de la Maçonnerie élevée.
Si Tubalcaïn fut le fondateur d’une initiation quelconque, on voit quel devait en être l’objet et le but par ce qu’en3/8
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Si Tubalcaïn fut le fondateur d’une initiation quelconque, on voit quel devait en être l’objet et le but par ce qu’en
dit
l’Écriture, et dans ce siècle où tant de Maçons s’occupent de l’alchimie, un Régime qui en connaît les dangers ne
doit pas
conserver un nom qui ne s’est perpétué que par l’ignorance ou le défaut d’a��ention de plusieurs qui n’ont pas
aperçu ce
3 Voici le Commentaire intéressant de Dom Ceillier, concernant le rôle que joua Héber, le père de
Phaleg lors de la construction de la Tour de Babel, se tenant éloigné de ce��e folle entreprise,
correspondant bien au sens que lui reconnaît Jean‑Baptiste Willermoz et le Rectifié : « Dieu ordonne à Noé
de qui��er l’arche; lorsqu’il est sorti, il offre à Dieu un sacrifice et il est béni avec ses enfants. Il reçoit de Dieu la
promesse que les hommes ne périront plus par un déluge. Ensuite, il bénit Seni et Japhet; mais il maudit Chanaan,
parce que Chain, dont il était le fils,, avait révélé la nudité de son père. Ce��e malédiction fut accomplie sur les
Gabaonites, et, à vrai dire, elle eut l’apparence d’une (525) malédiction, mais en réalité ce fut une prophétie. Liste
des descendants de Noé jusqu’à Phaleg, à qui ce nom fut donné parce que la terre fut divisée air temps où il vécut.
Alors fut construite la tour dans le lieu qui fut appelé Babylone, c’est‑à‑dire confusion, parce que dans cet endroit
eut lieu la confusion, des langues. Héber, père de Phaleg, ne consentit point, dit‑on, à construire la tour avec les
autres et pour cela, sa langue ne fut point changée; mais il garda son idiome intact, et lui imposa même son nom.
On l’appelait Héber, sa langue fut l’hébraïque, et ainsi est‑il prouvé que l’idiome hébreu est la plus ancienne des
langues. Ce��e langue était celle dont tous se servaient avant la confusion.
Héber fut l’ancêtre d’Abraham. Généalogie des descendants de Seth jusqu’à Abraham. Tharé, père
d’Abraham, prend avec lui ses fils Abraham et Nachor et Loth, son petit‑fils, et vient au pays de Charran, ayant
résolu d’habiter la terre de Chanaan. Tharé mort, Abraham reçoit de Dieu l’ordre de qui��er le pays de Charran et il
s’en va à Sichem, dans le pays de Chanaan. Dieu lui promet de donner ce��e terre à sa race. Abraham élève à Dieu
un autel et fixe sa tente vers la mer. » (Dom Rémy Ceillier, Commentaire de la Genèse, Abbaye Saint‑Benoît de
Port‑Valais).
rapport et ce��e inconséquence, et sont encore par là liés à ceux qui s’occuperaient à imiter Tubalcaïn qui, le premier
a touché les métaux.
Si de ce��e observation on passe à l’examen du temps auquel vécut Tubalcaïn, on voit que c’est avant le déluge, fléau
par lequel Dieu voulut effacer de dessus la terre les ouvrages des hommes. Si l’initiation de Tubalcaïn s’est
propagée, elle est impure, et il paraîtra important de rompre tous les rapports avec lui, puisqu’on fait qui��er aux
Maçons tous les métaux, emblème vrai et retenu dans tous les Régimes, comme pour les séparer de celui qui les a
travaillés le premier. C’est donc après le déluge, au temps de la confusion des langues, qu’on trouve la raison de la
fondation d’une initiation secrète qui a dû se perpétuer et qui est l’objet de la recherche des Maçons.
Une étude de la vérité faite dans les intentions pures a conduit à apprendre que c’est dans les descendants de Sem
qu’il faut chercher la fondation de la vraie initiation. Sem fut béni par Noé, et l’on est fondé de croire que Phaleg,
fils d’Héber et descendant de Sem qui fut père de tous les enfants d’Héber, est le fondateur de la seule vraie
initiation, et ce motif paraît déterminant pour substituer au nom de Tubalcaïn celui de Phaleg. Cham maudit par
Noé aura eu son initiation : tout l’a��este, et que son mot de ralliement ait été Tubalcaïn ; il est emblème des vices,
et il convient aux enfants de Chanaam qui l’auront transmis ; mais on doit se rappeler qu’il est dit : que Chanaam
soit maudit, qu’il soit à l’égard de leurs frères les esclaves des esclaves. »
Phaleg incarne donc, comme il nous est largement démontré ici par Jean‑Baptiste Willermoz, en tant que
fondateur des « Justes et parfaites Loges » 4, la véritable « Tradition », l’initiation sainte et pure des «
enfants de Dieu » qui se sont maintenus dans la grâce de l’Eternel ; Daniel Fontaine, dans un article
portant sur ce��e question, soulignera d’ailleurs justement ce��e élection promesse de fécondes
bénédictions, par une judicieuse remarque sémantique : « … la racine du nom de Phaleg est PHAL et veut
dire une élection, une mise à part, en même temps qu’une germination[…] » 5.
III. Une étrange hostilité vis‑à‑vis d’un « nom très juif dans un rituel très chrétien »
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III. Une étrange hostilité vis‑à‑vis d’un « nom très juif dans un rituel très chrétien »
Toutefois, certains esprits chagrins, pas toujours bienveillants, n’acceptent pas ce��e interprétation et,
refusant les évidences, aveuglés par une étrange hostilité, ne souhaitent voir dans Phaleg qu’un germe
de division et de disqualification, ce qui est bien plutôt sans doute, si l’on y prend garde a��entivement et
en éclairant objectivement leurs motivations, que la projection de leurs propres contradictions irrésolues.
C’est pourquoi il nous semble judicieux de rappeler les analyses de Jean Tourniac en la matière, qu’on
ne pourra soupçonner d’une quelconque prévention anti‑guénonienne, analyses que nous partageons
entièrement et qui rejoignent parfaitement celles que nous soutenons, à savoir que Phaleg représente
certes une séparation mais une « séparation » ayant le sens d’une « mise à part pour Dieu » :
4 Rituel du Grade d’Apprenti du Rite Ecossais Rectifié, rédigé en Convent Général de l’Ordre l’an 1782,
version complétée par Jean‑Baptiste Willermoz et communiquée par lui en 1802 à la Respectable Loge de
la Triple Union à l’Orient de Marseille.
5
D. Fontaine, À propos de Phaleg, Les Cahiers Verts n° 10‑12, Grand Prieuré des Gaules, 1992.
« La « séparation » qui relève de l’élection ou de la sortie du monde, ne contredit en rien, affirme ainsi Jean
Tourniac en introduction à son propos, l’état requis par l’élévation à la maîtrise maçonnique. » Fort justement
il rajoute que l’on ne voit d’ailleurs pas en quoi Tubalcaïn, si chargé d’une suspecte réputation malgré
son image de « constructeur » mis à l’honneur dans divers Rites maçonniques, « qui comporte des « côtés
maléfiques et « ensorcelants », sous jacents au gauchissement des applications de l’Art Royal et aboutissant à
l’inversion du but recherché dans l’initiation », soit mieux adapté à l’état de franc‑maçon ayant vocation à «
rassembler ce qui est épars ».
Ainsi, poursuit Tourniac : « si nous adme��ons une dualité de significations, opposées ou complémentaires, pour
Tublacaïn, il ne nous est pas interdit de reconnaître une dualité de sens identique pour Phaleg. Ce dernier signifie
« séparé et distingué ». Quelques commentateurs traditionnels du Judaïsme ont vu dans ce mot le symbole de la
séparation entre le temps et l’espace, à quoi se réfère justement la division des arts traditionnels entre peuples
sédentaires et peuples nomades. A ce��e conception se ra��achent les idées de bouleversement, scission, séparation et
guerre ou lu��e.
Mais le même mot qui, remarquons‑le dans la mesure où il établit la « distinction » ou la « séparation » est à
l’opposé de la « confusion », se trouve à l’origine de dérivés très intéressantes dans les langues sémitiques. Nous
citerons, entre autres :
– fellouque : la barque qui fend les eaux et sépare ;
– fellah : le paysan qui ouvre le sol pour l’ensemencer.
Dans ce��e acception la racine du mot contient l’idée d’une pénétration mâle – phallique – d’un réceptacle féminin
de potentialités.
On peut découvrir la même racine dans la mot fellagah, celui qui coupe la route et la fend, et qui, dans une
perspective évidemment sans rapport avec l’histoire contemporaine, peut qualifier l’action des « gardiens du seuil »
et du garde extérieur de la Maçonnerie. Le mot possède donc un certain rapport avec la démarche et les péripéties
de l’Apprenti ou du candidat à l’initiation.
La même racine engendre les mots hébraïques suivants :
– Phaleg : noble, distingué du reste, élu (on retrouve ici l’idée d’élection « du mileu du monde », Jean XVII, 6).
– Peleg : fleuve, torrent.
– Pelougah : cohorte, « phalange ».
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– Pelougah : cohorte, « phalange ».
– Pelageh : famille, clan.
– Ha‑phelah : discerner, préférer, élever, donner la grâce.
Pelah : tracer la voie, silloner, fendre la terre. (A la racine Phé‑Lamed sont associés les mots suivants : fléau de la
balance
– Pélès : prier, s’incliner, supplier (hith phelel), circonscription, district,
division territoriale, et aussi discussion
d’exégèse doctrinale (Pilpoul), parvis du Temple.
Dans ce « sillon » d’idées on remarquera que la racine a pu distinguer le partage des terres, déterminant le lieu
géométrique d’édification d’une synagogue dans les temps anciens.)
Mais déjà Fabre d’Olivet, étudiant selon sa méthode la racine bilitère double des trois consonnes de Phaleg, en
donnait les
sens suivants [ce qui, soit dit en passant, justifie totalement l’interprétation effectuée par Daniel Fontaine
sur
6
la base bilitère du radical PHAL ]אלפ : symbole de toute élévation, idée de distinction et de privilège, chose
admirable et dont on fait mystère, noblesse, germe, chose liée, fève, mesure de l’étendue.
On voit donc qu’il y a des séparations qui, si elles sont déjà logiques au grade d’Apprenti, auquel se réfère le
nom…, ne seraient pas tellement contradictoires avec le but poursuivi par les maîtres. Et je serais presque tenté de
penser que ce nom n’est finalement pas si mal choisi que cela au Rite Rectifié, ne croyez‑vous pas ? 7»
La démonstration de Jean Tourniac nous semble sans appel, et il faudrait faire preuve d’une évidente
mauvaise foi, ou d’une perverse intention, pour en refuser les conclusions. D’ailleurs l’ancien Grand
Prieur du Grand Prieuré des Gaules que fut Tourniac, convaincu du caractère valide et fondé de son
raisonnement, n’en reste pas là, bien au contraire, et nous entraîne plus avant dans une compréhension
approfondie du sens important et de la haute valeur de Phaleg à l’intérieur de notre Régime : « Si nous
interrogeons maintenant l’Ecriture, nous voyons que Phaleg, de la race de Sem, est le nom d’un fils d’Héber,
ancêtre d’Abraham, le père des croyants, et qui fut appelé de ce nom parce que de son temps « la terre était
partagée » (Genèse X, 25). Il habitait avec Jectan, son frère, la « montagne d’Orient » et non pas l’Empire de
Babel, en terre de Sennaar, comme Nemrod, de la Race de Cham et de la parenté symbolique de Tubalcaïn (Genèse
X, 7‑11) 8.
6 Effectivement tout mot hébreu se ra��ache en principe à une racine de trois consonnes, généralement
un verbe. L’Hébreu connaît toutefois un certain nombre de noms anciens ne possédant que deux le��res
ainsi que des dits « faibles » dont la racine apparaît fréquemment sous la forme bilitère. Une autre
caractéristique des langues sémitiques étant la fixité des consonnes relativement aux éléments
vocaliques qui sont plus ou moins « flo��ants », on est donc parfaitement autorisé sur le plan de l’étude
sémantique à se fonder sur l’isolation du radical bilitère de Phaleg pour en dégager le sens évoqué.
7 J. Tourniac, Un nom très juif dans un rituel très chrétien : un certain « Phaleg », in Vie et perspective de la
Franc‑ Maçonnerie traditionnelle, Dervy, 1978, pp. 163‑172.
8 Il n’est pas anodin de noter que Phaleg, fils d’Héber, c’est‑à‑dire de celui qui donnera son nom aux
hébreux, habite un lieu « séparé », tenu à l’écart de l’endroit où réside Tubalcaïn, endroit qui n’est autre
que celui où sera érigée la Tour de Babel. Un deuxième élément mérite toute notre a��ention, non moins
troublant, pour ne pas dire inquiétant, c’est celui qui nous est révélé par le « Sloane Manuscript » , 1711,
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troublant, pour ne pas dire inquiétant, c’est celui qui nous est révélé par le « Sloane Manuscript » , 1711,
(SM 3329, Bibliothèque de Trinity College à Dublin ; le manuscrit commence par un dessin représentant
un H majuscule surmonté d’une croix, visiblement extrait du monogramme IHS du nom de Jésus), tel
que la revue le Symbolisme de janvier 1967 nous l’apprend sous la plume de J.‑P. Berger, à savoir que le
Nom d’El Shaddaï fut sans doute prononcé pour la première fois à la Tour de Babel ! Jean Tourniac,
voyant bien le caractère pour le moins renversant d’une telle affirmation qui pouvait avoir des
conséquences redoutables sur ses tentatives « d’acclimatation » des visions guénoniennes à l’intérieur du
Rectifié, tenta de temporiser et expliqua quelque peu gêné et embarrassé : « Le dit manuscrit, s’il précise
que c’est à la Tour de Babel que le mot des Maçons fut employé pour la première fois, ne spécifie nullement la
nature de ce mot. » (Op. cit., p. 169). Or, il y a là de quoi vraiment s’interroger sérieusement devant la
faiblesse d’une telle discrète et rapide évacuation du problème, pour ne pas dire évidente dérobade,
sachant que Jean Tourniac n’eut de cesse d’expliquer et soutenir à l’envie, à la suite de Guénon, et dans
de nombreux ouvrages dont Les Tracés de lumière, Dervy, 1976, témoignent amplement et éloquemment,
que le mot des Maçons, la fameuse « Parole perdue », n’était autre que le Nom El Shaddaï !
(…) En second lieu, on note dans le Judaïsme traditionnel, qu’à l’époque de Phaleg, la vie humaine subit un
raccourcissement de moitié – de 464 ans pour Heber, le père, à 239 ans pour Phaleg, le fils aîné Ce��e division est
d’ordre symbolique et se réfère à la prophétie de Phaleg. En effet ce dernier est considéré par certains exégètes juifs
comme ayant eu pour rôle providentiel de prédire les conséquences funestes – dont la dispersion des constructeurs
– du Mémorial de Babel. Et c’est ainsi que par un détour imprévu, Phaleg nous ramène à Tubalcaïn et à ce��e
parenté « parfois charnelle et parfois symbolique » qui unirait Caïn, Tubalcaïn, et Nemrod (Deutéronome
XXXII, 7‑8). 9»
Jean Tourniac, que l’on ne peut accuser à cet endroit d’inconséquence, réagissant en authentique frère
du Rectifié, lance ce sage avertissement qui aurait dû inspirer quelques réserves à d’imprudentes
plûmes : « Si la prophétie de Phaleg, telle que la rapporte la tradition juive, n’est pas « réjouissante » – et la Vérité
n ‘a pas a être consolante comme le rappelait René Guénon – elle est hautement salutaire pour les Maçons « qui
ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre », et qui sont a��entifs aux signes, dont celui de la Tour de
Babel. La malédiction prophétique a valeur d’avertissement divin et il serait imprudent de « s’a��aquer » à Phaleg,
si l’on peut dire, soit en méconnaissant le type de séparation qu’il symbolise, soit en le considérant comme
disqualifié pour l’Ordre maçonnique, par suite de sa présence dans les grades bleus du Rite Rectifié ou
10
inversement. » Soit, traduit clairement, il serait très dangereux de refuser à Phaleg le rôle qui lui fut
conféré par l’Ecriture et Willermoz, et l’on ne s’a��aque jamais sans d’incalculables risques au type de
séparation qui caractérise Phaleg en la regardant par erreur comme « disqualifiante » pour le Régime
Ecossais Rectifié, sous peine d’être soi‑même, en retour, durement et sévèrement frappé en
disqualification.
IV. Conclusion
On ne peut donc, en conclusion, qu’encourager les « cherchants » sincères à se garder d’utiliser les peu
sérieuses interprétations guénoniennes concernant le Régime Ecossais Rectifié regardé par les modernes
disciples de la pseudo cause « traditionnelle » comme porteur d’éléments suspects, alors même que René
Guénon ne pénétra jamais dans une loge du Régime Ecossais Rectifié, ne put accéder, ni à la doctrine
spécifique des Maîtres Ecossais de saint André, ni au sein de l’Ordre Intérieur, et donc méconnut le
cœur du dépôt initiatique willermozien et les fondements « opératifs » de la chevalerie chrétienne,
n’accédant jamais aux Instructions de la Profession et de la Grande Profession, et pire même, ayant
toujours, par l’effet d’une incroyable méprise, confondu l’état de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte
avec celui de Chevalier Profès.
S’il n’y avait pas déjà suffisamment d’éléments plus que problématiques concernant l’utilisation de ce «
Nom » par des chrétiens placés sous une économie différente depuis la venue du Christ, c’est‑à‑dire non
pas celle de la « loi » mais celle de la « Grâce » devant de ce fait invoquer le seul Nom de Jésus afin
d’être sauvés et rétablis en justice devant le Père, ce signe troublant suffirait à montrer l’origine non
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18/03/2017 « Phaleg » | Le Régime Ecossais Rectifié
d’être sauvés et rétablis en justice devant le Père, ce signe troublant suffirait à montrer l’origine non
conforme à l’esprit du Régime Ecossais Rectifié du Nom El Shaddaï et son inadéquation totale du point
de vue de la perspective spirituelle fondamentale dans laquelle sont inscrits les frères.
9
Ibid., p. 172‑173.
10 Ibid., p. 174.
Tout ceci est donc tout de même extrêmement gênant lorsqu’on prétend parler d’autorité sur un sujet
dont on est ignorant, et dont on méconnaît profondément l’authentique esprit et l’essentielle perspective
spirituelle, tout en se croyant cependant autorisé à en tancer les prétendues « limites » et «
disqualifications », sous couvert d’une fallacieuse, quoique bien légère, science.
Les véritables « hommes de désirs » seront donc heureusement inspirés de se tourner sans délai, sachant
comme Phaleg se protéger des germes de la corruption, vers des sources bien plus pures en la matière,
qui leurs seront d’une aide largement supérieure en ces domaines subtils qui exigent rigueur et
cohérence, ayant tout intérêt à s’instruire auprès de maîtres porteurs d’une authentique connaissance
éclairée par les lumières, non de la très hasardeuse pensée de Guénon, mais des fondateurs du Rite
Ecossais Rectifié et de la Révélation contenue dans la « Sainte Parole » des Evangiles.
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