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Repères
requise par la mondialisation, y com- Un tel projet pourra sembler uto-
pris culturelle. Celle-ci déborde les pique à ceux qui voient l’État comme frontières nationales existantes, les seul acteur politique, et aux multina- autorités nationales et la compétence tionales qui imposent actuellement leur des organisations internationales. Un pouvoir. C’est pourtant une expéri- indicateur de cette réalité : loin de pou- mentation qui mérite d’être envisagée voir réguler l’espace géoculturel mon- pour tenter de surmonter la crise du dial, pratiquement tous les acteurs politique qui ne peut se réduire à gérer importants, y compris les États, les les conséquences de la mondialisation. mouvements sociaux et les entreprises, George Ross sont plutôt réduits à chercher à influencer ses orientations en se pliant aux règles du système et en jouant le jeu des médias globaux. Face à cette Xavier Accart situation, l’argument habituel soutient GUÉNON qu’on n’a d’autre alternative que d’es- OU LE RENVERSEMENT sayer de tirer le maximum du système DES CLARTÉS. Influence d’un international existant. À quoi les métaphysicien sur la vie littéraire et auteurs répondent que la mondialisa- tion culturelle constitue un tournant intellectuelle française (1920-1970) beaucoup trop décisif pour rester à Paris-Milan, Edidit Arché, 2005, l’extérieur du politique qu’elle oblige 1 222 p., 100 € à se renouveler. La gouvernance mon- La destinée posthume de René Gué- diale appelle de nouvelles instances de non (1886-1951) ne donne qu’une concertation associant les diverses par- faible idée de l’impact qu’eut de son ties prenantes – pouvoirs publics, vivant ce penseur hors normes, ni écri- entreprises, acteurs civiques et so- vain, ni professeur, pour reprendre les ciaux, experts – pour définir des cadres deux figures classiques du « clerc » à de responsabilités qui permettront à la française. On doit donc être recon- chacun des acteurs d’exercer ses fonc- naissant à Xavier Accart d’avoir entre- tions avec efficacité, en reconnaissant pris de combler cette lacune. Depuis qu’aucun ne peut réussir de façon iso- des années, Xavier Accart étudie, lée. Ceci suppose la reconnaissance de comme l’équipe de la revue Politica la diversité culturelle comme un fait hermetica dont il fait partie, les pen- irréductible et le choix du pluralisme sées qui se disent elles-mêmes « tra- culturel comme projet politique. Ce ditionnelles », avec les instruments choix pourrait être matérialisé d’abord combinés de la science des religions et par les entités géoculturelles – dont la de l’histoire intellectuelle. Le livre, francophonie, l’Europe des cultures, volumineux, se présente comme « une l’Ibéro-Amérique constituent des pro- contribution à l’histoire intellectuelle jets possibles – et conduire à la mise de la France du siècle passé ». Mais il sur pied d’un conseil mondial des offre aussi tous les éléments d’une bio- cultures, analogue au conseil de sécu- graphie intellectuelle de René Guénon, rité économique proposé notamment laquelle n’a jamais été faite, cette par Jacques Delors et celle d’une haute absence contrastant avec l’inflation des autorité de la mondialisation évoquée hagiographies ou des dénonciations par Muhammad Yunus en recevant sectaires, souvent inspirées par l’ob- récemment le prix Nobel de la paix. session du complot. Cette rupture épis-