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Enquête sur la qualité de vie des avocats:

balance ton cabinet


 Published on Published onJanuary 12, 2018

Sandrine Lagorce

Assistante de Direction chez ASSOCIATION DES AVOCATS CONSEILS


D'ENTREPRISES - ACE

416 articles

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AVOCAT

CIVIL | Profession juridique et judiciaire

Par Valérie Duez-Ruff, Solenne Brugère et Emmanuel Raskin le 11 Janvier 2018

Dans le cadre d’une démarche de responsabilité sociétale, la commission Égalité et Diversité


du syndicat des Avocats Conseils d’Entreprises (ACE), a initié en 2017 une grande enquête
nationale sur la qualité de vie des avocats, en collaboration avec l’Association Moms à la
Barre, dont les résultats sont analysés au travers de la présente synthèse. Les conclusions de
cette enquête ont en effet pour vocation de fournir, en 2018, certains constats objectifs
nécessaires pour guider de façon prospective la réflexion et l’action des institutions de la
profession et de l’ensemble de ses acteurs.

Cette enquête a permis d’actualiser une étude sur l’impact de la maternité dans la carrière
d’avocate menée en 2013 par l’association Moms à la Barre au sein du barreau de Paris, en
l’élargissant à l’ensemble des confrères, quels que soient leur genre et leur barreau
d’appartenance, et en ajoutant un volet plus général sur la qualité de vie incluant des
questions sur le stress, le harcèlement et la discrimination.

Plusieurs milliers de réponses émanant de multiples barreaux et de confrères de tous âges ont
été collectées en à peine quelques semaines, démontrant une sensibilisation notable pour ces
sujets et composant un panel significatif et instructif eu égard aux questions évoquées. Les
avocats ayant répondu à l’enquête pourront par commodité être dénommés ou qualifiés ci-
après par les vocables : sondés, avocats sondés, etc.

Bien que l’enquête ait été diffusée auprès de tous, les réponses recueillies ont été très
majoritairement féminines (73 %). Signalons que le choix a été fait de proposer comme
hypothèse de réponse l’option « sexe neutre », laquelle a été cochée à 8 reprises.

Toutes les formes d’exercice ont participé (collaboration : 43,66 %, exercice individuel :
34,38 %, en association : 21,96 %) avec une répartition assez égale selon l’ancienneté au
barreau.

Une qualité de vie paradoxale et un stress préoccupant

Sur le principe, les avocats sondés sont majoritairement contents d’exercer la profession (très
: 26,5 % et assez : 53,6 % contre 17,9 % ensemble pour les peu ou pas du tout (2 %)
satisfaits).

Toutefois, il est intéressant de constater que lorsque l’on aborde plus en détail la qualité de
vie des avocats, les réponses sont plus nuancées, voire s’opposent.

En premier lieu, se pose la question du stress lié aux conditions d’exercice.

Dans une volonté de sensibilisation, les enquêteurs, conscients de la banalisation du facteur


stress – voire de l’encouragement au stress – dans la vie professionnelle actuelle, en
particulier chez les cadres supérieurs ou assimilés, ont scindé la réponse positive en deux
options : un stress excessif ou un stress normal.

La réponse est éloquente : plus de 99 % des avocats interrogés ont indiqué être stressés du
fait de leurs conditions d’exercice.

Parmi les sondés, seuls 0,78 % estiment ainsi ne subir aucun stress, tandis que 48,20 % le
jugent excessif. La plupart (49 %) répond subir du stress mais en le qualifiant de normal,
corroborant ainsi la banalisation du stress dans la profession.

Le stress est pourtant susceptible d’engendrer des troubles de la santé.

À cet égard, les avocats ayant répondu à l’enquête pensent majoritairement que leur
profession les expose particulièrement aux troubles de la santé (beaucoup : 37 %, assez :
47 %) alors que d’autres, de façon beaucoup plus marginale, estiment l’être peu (12,5 %) ou
pas du tout (3,5 %).

Parmi les facteurs de stress, l’élément économique semble jouer un rôle prépondérant.
Ainsi, les avocats sondés estiment que les aspects économiques (revenus, dépenses,
investissements) de leur activité sont un facteur de stress qu’ils jugent très important (47 %),
présent mais normal (39 %), rares étant ceux qui considèrent que ces aspects seraient peu ou
pas responsables de leur stress (14 %).

Sur l’aspect économique d’ailleurs, pour ¾ des sondés (73 %), leurs revenus professionnels
ne sont pas en adéquation avec le temps et l’énergie consacrés au métier.

Néanmoins, le cadre de travail reste majoritairement propice au bien-être des avocats (très :
21 %, assez : 50 %).

L’opinion est plus mitigée en ce qui concerne la conciliation vie privée/vie professionnelle
puisque si la satisfaction est majoritairement exprimée (tout à fait : 9 %, assez : 50 %),
nombreux sont ceux qui s’en plaignent (41 %).

Invités à s’exprimer librement sur leur éventuelle satisfaction à exercer la profession


d’avocat, il ressort des réponses obtenues des sondés que si ce métier conserve une réelle
attractivité grâce à son sens, qui fait que l’avocat se sent utile, à sa stimulation intellectuelle,
à son évolution constante, à la diversité de ses tâches, aux sentiments d’indépendance et de
liberté qui s’y attachent, les avocats se plaignent néanmoins beaucoup d’un certain manque
de reconnaissance, de conditions d’exercice éprouvantes – parmi lesquelles le stress et les
difficultés à concilier tiennent une part importante – ressenties comme se dégradant ces
dernières années, tout autant que les relations avec les clients, les confrères et les magistrats.

Les confrères déplorent également des charges trop lourdes, une inflation des tâches
administratives et de la législation ainsi qu’une concurrence trop forte avec les notaires et
experts comptables, estimant souvent que la profession n’aurait pas su défendre son périmètre
d’intervention.

Ces différents résultats, qui peuvent parfois paraître paradoxaux, entraînent des réponses
disparates à la question d’un éventuel départ de la profession.

Ainsi, 28 % des sondés envisagent de quitter la profession pour un meilleur équilibre avec
leur vie familiale, ou pour une autre raison (13 %). 47 % n’y songent pas. D’autres enfin
souhaitent rester avocats mais tout en élargissant leur champ d’action ou y ajoutant une autre
activité (12 %). Parmi les activités envisagées, figurent très souvent celles de coaching,
formation, médiation, mandataire en transactions immobilières. Étonnamment, peu de
souhaits exprimés de devenir juristes d’entreprise. Et un boulanger !

Ce désir de changement semble, selon les résultats de l’enquête, pouvoir s’expliquer


notamment par la proportion d’avocats estimant les perspectives d’évolution au sein des
métiers traditionnels de l’avocat comme étant insuffisantes (53,5 %), mais de nombreux
autres (40,5 %) les jugent encore assez bonnes, et seulement 6 % très bonnes.

Harcèlement et discrimination

Parmi les difficultés rencontrées par les avocats dans leur exercice professionnel, les
situations de harcèlement ou de discrimination sont malheureusement assez fréquentes.
Ainsi, 35 % des sondés estiment avoir subi une discrimination et 26 % un harcèlement au
cours de leur vie professionnelle d’avocat.

Précisons que les motifs de discrimination les plus couramment relevés sont en premier lieu
le genre et précisément le fait d’être femme, la maternité, puis viennent les considérations
raciales /ethniques, l’origine sociale, l’âge et le physique.

Pour les victimes de harcèlement, celui-ci ressort très majoritairement d’ordre moral
(87,8 %), rarement strictement sexuel (3,6 %), parfois une combinaison des deux (8,6 %).

Toutefois, ces chiffres sont à pondérer en fonction du genre.

En effet, sur une hypothèse de réponses exclusivement féminines, les résultats sont
augmentés à 43 % pour la discrimination et à 28,2 % pour le harcèlement. Surtout le type de
harcèlement est substantiellement modifié selon le genre puisque le harcèlement moral
descend à 82,9 % tandis que celui d’ordre sexuel est porté à 5,3 %, la combinaison des deux
également augmentant à 11,8 %.

Selon les résultats de l’enquête, lorsque les avocats rencontrent une difficulté de ce genre, ils
se tournent majoritairement vers leur famille et amis (62 %), mais également vers des
confrères en qualité d’avocats (35 %), vers l’Ordre des avocats (8,5 %), plus rarement vers le
milieu associatif ou syndical (2,2 %), et enfin vers d’autres interlocuteurs (sans précision :
10 %). Plus inquiétant, 15 % des avocats ayant répondu à cette question déclarent n’avoir pas
osé en parler.

L’impact de la parentalité dans la carrière

Socle commun avec l’enquête de 2013, les résultats obtenus sont sensiblement identiques,
démontant une faible évolution en la matière.

Toutefois, contrairement à l’enquête initiale, le questionnaire de 2017 était ouvert à tous et


non plus seulement aux femmes, ce qui permet là-encore d’obtenir une pondération selon le
genre, très présente dans ces questions.

La parentalité impacte la carrière de l’avocat dès ses prémices puisque selon 28 % des
réponses, l’accueil de l’annonce par l’environnement de travail (managers, associés, clients) a
été plutôt défavorable, pourcentage porté à 35 % pour les avocates.

L’impact se poursuit au-delà des prémices puisque 51% des sondés s’exprimant (60 % dans
le groupe des avocates) ont rencontré une difficulté particulière au cours de l’une ou plusieurs
de leurs périodes de parentalité, liée à leur statut.

Interrogés sur la période la plus compliquée à gérer à cet égard, les avocats visent celle de la
collaboration qui arrive en tête avec 42 % (49 % des femmes), puis l’exercice individuel pour
16 % (18 % des femmes) et l’association (9 %).

De fait, 28 % des avocats qui se sont exprimés sur ce point ont changé de mode d’exercice du
fait de leur parentalité, chiffre porté à 34 % pour les femmes, très majoritairement au profit
d’un exercice individuel.
Malgré les efforts fournis par la profession en ce sens, 46 % des sondés (et 51 % des femmes)
n’ont constaté aucune amélioration de leur situation au fil du temps (évolution des mentalités
et meilleure acceptation de la parentalité par l’environnement, meilleure prise en charge,
meilleure information…).

La pondération en fonction du genre s’inverse sur la question de l’arrêt de travail.

Ainsi, si 46 % des sondés n’ont pas pu prendre l’intégralité de leur(s) arrêt(s) maternité/
paternité/ adoption, ce chiffre descend à 39 % pour les femmes, démontrant que ce sont les
hommes qui n’ont pas été en mesure de s’arrêter librement.

Les motifs des difficultés pour prendre l’intégralité de l’arrêt maternité/ paternité/ adoption
sont variés et, de nouveau, différents selon le genre. En premier lieu, l’obligation imposée par
les organismes sociaux de cesser toute activité pendant la durée de l’arrêt, empêchant le
maintien de la clientèle (38% - pour les femmes 45 %), puis la réticence du cabinet (31,5 % -
pour les femmes 35 %), la réticence de clients (31 % - pour les femmes 36 %), les difficultés
financières (30 % - pour les femmes 36 %) et enfin une volonté personnelle (26 % - pour les
femmes 16,5 %).

Étant précisé que 19 % des sondés ont rencontré des difficultés de trésorerie liées à un différé
de versement de leurs indemnités maternité/ paternité/ adoption.

Et que 76 % des sondés ont continué à suivre leurs dossiers au cours de leur(s) période(s)
d’arrêt maternité/ paternité/ adoption, sur demande du cabinet pour 20 % d’entre eux ou par
obligation professionnelle dans les situations d’exercice individuel ou d’association (54 %).

Certains (28 %) se sont vu retirer des dossiers ou des clients sont partis du fait de leur future
parentalité.

Outre leur environnement immédiat, 22 % des avocats sondés ont également rencontré des
difficultés avec des magistrats ou des confrères pendant leur(s) période(s) de congé maternité/
paternité/ adoption, tels qu’un refus de prise en compte de l’arrêt pour la fixation d’une
audience.

De fait, nombreux (74 %) et nombreuses (80 %) sont ceux et celles qui voudraient que les
cabinets soient aidés à gérer l’absence des avocats pour parentalité, notamment par une sous-
traitance ou un escadron de remplaçants.

Ils voudraient aussi que l’Ordre des avocats les accompagne en leur proposant des modes de
garde adaptés, notamment par la création de crèches avec des horaires plus souples et que les
pères soient obligés de prendre leur congé paternité, ce qui permettrait de moins faire peser
sur la seule mère l’impact de la parentalité.

Les avocats ayant répondu à l’enquête voudraient également bénéficier de certains avantages
dévolus aux salariés tels que le congé parental, des jours de congé pour enfant malade, du
télétravail.

Ils espèrent ainsi des mesures concrètes pour les aider à ne plus appréhender leur future
parentalité.
En effet, avant l’arrivée de l’enfant, la perspective de la conciliation vie privée/vie
professionnelle inquiète globalement les avocats (un peu : 37,5 %, beaucoup : 24 %).

Ils changent d’ailleurs leur rapport au travail pour 77,5 % d’entre eux et plus particulièrement
83,5 % d’entre elles. Ce changement passe majoritairement par une réorganisation de leur
temps (télétravail, horaires fixes, etc.) pour une meilleure conciliation avec la vie familiale
(59 %). Nombreux réduisent leur vie sociale pour parvenir à tout mener de front (49 %).
D’autres supportent moins bien les exigences, en termes de stress et/ou d’horaires de leur
travail (36 %). Enfin, certains (14 %) assument se reposer au cabinet du stress domestique
(enfant qui pleure, dort mal, etc.)!

Parfois, le conjoint a dû adapter son emploi pour une meilleure conciliation vie privée /
professionnelle (38 % des sondés) ou même le quitter pour s’occuper des enfants (4,5 % mais
plus que 2 % pour les réponses féminines). Aucun changement n’a été opéré pour 48 % des
sondés, ou 54% des avocates, démontrant que ce sont encore les femmes qui arrêtent ou
suspendent leur activité professionnelle en cas de parentalité.

D’ailleurs, 80 % des avocats et 85,5 % des avocates estiment que la maternité demeure un
frein dans une carrière, dont les sondés indiquent que l’effet pourrait n’être rattrapé que dans
les 5 années suivant la naissance ou l’adoption (43,5 %), dans les 10 années (26 %) ou au
contraire qu’il ne le sera jamais (30,5 %).

Pour rappel, en 2013, 82,87 % des avocates sondées du barreau de Paris avaient jugé la
maternité comme un frein, avec l’espoir d’être compensé dans les 5 années suivant la
naissance/adoption (33,7 %), dans les 10 années (22,2 %), ou jamais (27,5 %).

Conclusion

Les avocats demeurent très attachés à leur profession bien qu’ils déplorent souvent une
dégradation des conditions d’exercice.

Exigeants, ils veulent continuer à jouir des bénéfices du caractère libéral de la profession
grâce à la liberté et à l’indépendance du statut mais tout en bénéficiant d’avantages liés au
salariat.

Préoccupés, ils s’inquiètent de leurs conditions d’exercice et mettent en exergue de


nombreuses difficultés.

Pour aider les confrères à mieux s’adapter aux évolutions sociétales et professionnelles, en
réduisant les frustrations et insatisfactions constatées, la synthèse des résultats de cette
enquête doit permettre à tous les acteurs de la profession de se mobiliser, dès 2018, pour
qu’évoluent les cadres sociologiques et juridiques de la profession d’avocat dans la
perspective de l’amélioration des conditions de travail des professionnels.

En particulier, il est urgent de mettre en place des indicateurs de prévention, détection et lutte
des risques psycho-sociaux et d’accompagner les confrères par des formations adaptées à
l’activité managériale, essentielles à la qualité de chef d’entreprise que revêt tout avocat,
notamment dans des situations telles que celles décrites par l’enquête, dont celles liées au
stress, au harcèlement et à la discrimination, à la conciliation et à l’égalité.
L’univers des avocats est en pleine mutation, soyons-en acteurs, au bénéfice de tous !

L’infographie des résultats de l’enquête sur le site de l’ACE

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