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MÉCANIQUE
des A N A LY S E G LO B A L E
MÉCANISMES
L ’analyse globale des mécanismes donne aux ingénieurs
des informations sur la structure cinématique des
mécanismes. Ces informations constituent un élément
important dans les décisions à prendre sur la validité des
solutions envisagées en phase de conception. L’analyse
s’effectue à partir de la théorie des mécanismes.
p1
MÉCANIQUE des MÉCANISMES A N A LY S E G L O B A L E
P R E M I E R E PA RT I E
1 - Présentation des mécanismes.
Chaîne d’action d’un système
1.1 - Contexte. On définit un modèle de représentation
Les systèmes techniques du quotidien ou du monde industriel présentent une fonctionnelle qui s’appuie sur la notion de
partie commande qui gère le fonctionnement au travers d’informations multiples chaîne associée à celle de flux. Une chaîne est
comme les demandes de l’utilisateur ou les paramètres de l’environnement, et une suite cohérente de fonctions qui assurent
une partie opérative qui opère ou agit sur le milieu extérieur en exécutant successivement la transformation du flux qui
les ordres donnés par la partie commande. Les mécanismes s’inscrivent dans la la traverse. La chaîne d’action, encore appelée
partie opérative au sein de la chaîne d’énergie, elle même incluse dans la chaîne chaîne fonctionnelle, est l’unité fondamentale
d’action (Voir encadré). de tout système, c’est à dire que tout système
est constitué d’au moins une chaîne d’action et
1.2 - Définition. souvent plusieurs.
On appelle «mécanisme» tout composant qui transmet de l'énergie mécanique
sous sa forme cinétique. Ce type de composant se rencontre principalement La chaîne d’action se répartie en une chaîne
dans la chaîne d'énergie, mais aussi, très exceptionnellement, dans la chaîne d’énergie et une chaîne d’information suivant
d'information si l'énergie mécanique constitue le vecteur de l'information à la la disposition donnée par le schéma figure 1.
place de l'énergie électrique généralement utilisée.
La chaîne d’information véhicule un flux de
Un mécanisme est formé d’un ensemble de pièces reliées entre elles et en nature informationnelle et la chaîne d’énergie
mouvement les unes par rapport aux autres, formant une structure cohérente un flux de nature énergétique. La figure 1
réalisant une ou plusieurs fonctions techniques associées à une fonction de donne les différentes fonctions se succédant
service du cahier des charges. La cohérence d’un mécanisme est caractérisée par
dans ces deux chaînes.
la permanence des mouvements originaux des pièces entre elles.
Une structure, comme une charpente par exemple, dont les pièces n’ont aucun D’un point de vue structurel, un système
mouvements relatifs, n’est pas un mécanisme. comprend deux parties. La partie opérative
réalisant la ou les chaînes d’énergie et la
1.3 - Comportements. partie commande réalisant la ou les chaînes
d’information.
Au sein de la chaîne d’énergie, un mécanisme véhicule un flux d’énergie
mécanique (figure 2). Il transmet donc à chaque instant, une puissance mécanique
qui est le produit d’une action mécanique par sa vitesse de déplacement. On peut
alors faire apparaître deux types de comportements pour un mécanisme : 2 - Introduction à l’analyse globale des
• un comportement cinématique qui caractérise ses possibilités à transmettre mécanismes.
la puissance mécanique entre l’entrée et la sortie, c’est à dire sa capacité à
remplir sa fonction principale inscrite au cahier des charges. L’analyse globale des mécanismes s’appuie sur
• un comportement statique qui caractérise sa capacité à conserver une l’analyse de la structure du mécanisme, c'est à dire
structure cinématique cohérente, c’est à dire sa capacité à résister avec sur l'analyse des liaisons (voir paragraphe 5) entre les
une bonne rigidité aux actions mécaniques induites par la puissance pièces du mécanisme.
mécanique transmise. L'objectif de l'analyse globale d'un mécanisme
matière d'oeuvre
infos
Grandeurs
Chaîne dinformation Ordres physiques Compte
à acquérir rendu
énergie
DISTRIBUER AGIR
Chaîne d’énergie
Chaîne d’action
fig 1
matière d'oeuvre
+
valeur ajoutée
p2 Filière PSI Lycée Carnot - Dijon Cours
MÉCANIQUE des MÉCANISMES A N A LY S E G L O B A L E
ement
cinématique
glo
est de définir des critères quantifiables permettant de statuer sur sa capacité
m port ission de puis bal de à transmettre la puissance mécanique requise, avec ou sans transformation de
C o n sm sa
tra nce mouvement. L'analyse porte sur les liaisons entre les pièces, que l'on aborde selon
Mécanisme deux approches : L'analyse du comportement cinématique et l'analyse du
énergie énergie comportement statique.
mécanique flux d’énergie L'analyse du comportement cinématique s'appuie sur la théorie appelée
mécanique mécanique
d’entrée de sortie "cinématique" dont l’outil de base est le torseur cinématique qui permet de
caractériser le mouvement d’une pièce par rapport à une autre.
L'analyse du comportement statique s'appuie sur la théorie appelée "statique"
dont l’outil de base est le torseur statique (ou sthénique) qui permet de caractériser
Comportement statique les actions transmissibles entre deux pièces.
de cohérence interne Si on considère le modèle de la figure 3, d’un mécanisme construit sur la base
d’un système bielle‑manivelle, la théorie des mécanisme permettra d'estimer,
fig 2 par une analyse des torseurs cinématiques, d'une part sa capacité à transmettre
Fr v2 la puissance mécanique depuis l’entrée, soit Cm.w1 , jusqu'à la sortie, soit Fr.v2
2 et d'autre part son niveau de rigidité. Que dira la théorie pour les modèles de la
3 figure 4 et de la figure 5 ?
y1
x3 On connaît V Q1 ,2 /1 = 0 et Ω2 /1 = θ z . Ce qui permet de calculer V P , 2 / 1 en
y2
y3 P x2 utilisant
la
relation deVarignon
:
V P , 2 / 1 = V Q1 , 2 / 1 + PQ1 ∧ Ω 2 / 1 qui donne :
3 V P ,2 /1 = PQ1 ∧ Ω2 /1 = − r x 2 ∧ θ z = r θ y 2 . Et on trouve le même résultat !
2
3.2.3.2 - Composition des mouvements.
q La notion de composition de mouvement est essentielle dans l'analyse
Q1 x1
globale des mécanismes. En effet les deux relations vectorielles de composition
z 1 de mouvements que l'on peut condenser en une relation torsorielle, soit :
i =n
fig 10 { V1/ n }Q = ∑{ Vi / i +1 }Q , permettent d'obtenir les relations qui traduiront les
i =1
Bref
liens entre les solides, c'est à dire l'identité du mécanisme.
Pour terminer sur ces rappels de cinématique, soulignons que les deux
S relations :
Q i =n
Sref V Q ,1/ n = ∑ V Q , i / i +1 et V Q , i / i +1 = V P , i / i +1 + QP ∧ Ωi / i +1
i =1
Ceci permet de calculer une vitesse sans faire Dans ces conditions, on peut choisir d’exprimer les deux vecteurs caractérisant
le calcul d'une dérivée. A utiliser dans tous les le torseur, dans une base Bref liée à Sref. Ceci permet de substituer au torseur
cas, si cela est possible, bien entendu. cinématique les six composantes (scalaires) des deux vecteurs exprimés dans la
Le champ des vecteurs vitesse d'un solide peut base Bref, qui, précisons le, est choisie arbitrairement.
se mettre sous la forme d'un torseur dit "torseur
cinématique" et généralement noté : En notant ( x ref , y ref , zref ) les vecteurs unitaires de la base Bref,
{ VS/ Bref }Q = { }
V Q ,S / Bref , et pour
ΩS / Bref
on définit généralement les six composantes comme suit :
ΩS / Sref = p x ref + q y ref + r zref et V Q , S / Sref = u x ref + v y ref + w zref . Ce qui conduit
Ω p u
d'autres : { VS / Bref } = S / Bref
Q
V S / Bref
à écrire
: {V } S/S ref
Q , Bref
=q v
r w Q , Bref
Exemple : Reprenons l'exemple précédent des deux
remarque : les six composantes scalaires sont des fonctions du temps, soient :
solides en liaison pivot, voir figure 9. p(t), q(t), r(t), u(t), v(t), w(t).
4.2 - Degrés de liberté entre deux solides. des contacts ponctuels. Cependant la modélisation
des pièces par des solides indéformables permet de
La notion de degré de liberté est attachée à la notion d’indépendance entre les considérer les surfaces géométriquement parfaites en
composantes du torseur cinématique caractérisant le mouvement relatif de deux formes et dimensions qui peuvent ainsi conduire à des
solides. Ainsi, en reprenant les notations du paragraphe précédent, le mouvement contacts surfaciques. Cette approche est utilisée pour
p u construire (réaliser) des liaisons, ce qui n’est pas notre
relatif de S/Sref défini par q v , montre que les six composantes : propos.
r w Q , Bref
(p, q, r, u, v, w) suffisent à caractériser le mouvement de S/Sref. La deuxième approche définit une correspondance
unique entre le mouvement relatif de deux solides et
Si ces six composantes sont parfaitement indépendantes, alors le solide S la liaison existant entre ces deux solides. C’est cette
possède 6 degrés de liberté par rapport au solide Sref. On note nc ce nombre de approche qui analyse le mouvement possible entre
degrés de liberté. deux solides et permet de modéliser la cinématique
Si, par contre, les six composantes sont liées par des relations du type d'un mécanisme. Enfin le mouvement possible entre
fi (p, q, r, u, v, w)=0 avec i=(1, ... , n), alors le solide S possède nc = (6‑n) degrés deux solides est caractérisé et quantifié par le concept
de liberté. On se limitera à n ≤ 6. Le cas n > 6 ne fait pas partie de cet exposé, en de degré de liberté.
effet l’analyse des mécanismes se préoccupe de l’architecture du mécanisme et pas 5.2 - Définition.
de la réalisation particulière de chaque liaison. Finalement : 0 ≤ nc ≤ 6.
Définir une liaison entre deux solides, c’est définir
remarque : les relations fi (p, q, r, u, v, w)=0 les plus simples et les plus les degrés de liberté qui existent entre les deux
fréquentes sont celles qui expriment la nullité d’une de ces composantes, solides dont les surfaces en contact sont supposées
comme, par exemple, p = 0 ou bien v = 0. géométriquement parfaites.
5 - Concept de liaison. Or définir les degrés de liberté, c'est exprimer le
torseur cinématique associé au mouvement relatif
5.1 - Présentation. des deux solides. L'expression cherchée est telle que
ses composantes soient indépendantes, afin que le
Le concept de liaison résulte de deux approches. Une approche de type
nombre de composantes non nulles soit exactement le
réalisation, correspondant à l’analyse des contacts entre les deux pièces et une
nombre de degrés de liberté. Pour atteindre cet objectif,
approche de type modélisation, correspondant à l’analyse des mouvements
il suffit de choisir un repère judicieux lié au solide
possibles entre les deux pièces.
pris comme référence, dans lequel les composantes
La première approche est à l’origine du mot « liaison », car ce sont les contacts seront effectivement indépendantes. Ce repère de
entre les deux pièces qui induisent le caractère « lié » des deux pièces. A noter que référence, associé à la liaison est appelé le repère local
ces contacts sont les contacts de deux surfaces quelconques, c’est à dire, en général, ou encore idéal. Les possibilités de choix de ce repère
3 rotations perpendiculaires p u
Sphère Plan sphère-plan ponctuelle + q v 5
2 translations perpendiculaires r 0 Q, B
1 rotation 0 u
+
Plan appui plan 2 translations perpendiculaires
0 v 3
(orthogonales à la rotation) r 0 Q, B
1 rotation p u
pivot +
Cylindre 0 0 2
glissant 1 translation
0 0 Q, B
(colinéaire à la rotation)
Cylindre
3 rotations perpendiculaires p u
sphère- linéaire
Sphère + q 0 4
cylindre annulaire 1 translation r 0 Q, B
p 0
Sphère Sphère sphérique rotule 3 rotations perpendiculaires q 0 3
r 0 Q, B
p u = k . p
1 rotation - translation
Hélicoïde Hélicoïde hélicoïdale hélicoïdale (liées par une relation linéaire)
0 0 1
0 0 Q , B
0 u
2 plans 2 plans
glissière 1 translation 0 0 1
orthogonaux orthogonaux 0 0 Q, B
cylindre cylindre p 0
+ + pivot 1 rotation 0 0 1
plan orthogonal plan orthogonal 0 0 Q, B
fig 16
MODÉLISATION DE LA SUSPENSION ARRIÈRE D'UN VTT
DU RÉEL
AUX MODÈLES
A
F 5
4
2 G
E 3 B
1
0
C
D
L50
5 0 L10
L54
L03 1
4 2 L21
L34 3 L32
D E U X I E M E PA RT I E —
7 - Analyse cinématique globale.
Liste des paramètres cinématiques (inconnus)
— des solides de sortie la structure d'un mécanisme sur sa capacité à transmettre le mouvement de
— ceux qui sont imposés
l'entrée à la sortie. En d'autres termes, le mouvement de sortie doit être imposé et
— parfaitement défini par le mouvement d'entrée.
—
— 7.2 - Principe de l'analyse.
— mc
— — On caractérise les différents mouvements des pièces du mécanisme par les
— — mcu degrés de liberté des liaisons. Parmi tous les degrés de liberté du mécanisme,
— — l'analyse cinématique globale évalue les degrés de liberté indépendants, c'est à dire
— — ceux que l'on doit piloter afin que tous les autres soient fixés.
— mci
—
— Dans ces conditions, les degrés de liberté pilotés constituent le mouvement
— d'entrée et permettent de maîtriser l'ensemble des mouvements du mécanisme et
— plus particulièrement le mouvement de sortie.
—
— 7.3 - Notion de degré de mobilité.
— paramètres indépendants
— = La notion de degré de mobilité repose sur le concept de degré de liberté, or le
paramètres d'entrée
ceux qu'il faut piloter
nombre de degrés de liberté dépend directement du choix des liaisons, donc du
ils sont au nombre de mc modèle associé au mécanisme. Il est alors facile de comprendre que, même si on
parle souvent du degré de mobilité d'un mécanisme, on devrait en toute rigueur,
parler du degré de mobilité du modèle d'un mécanisme.
fig 17
Définition du degré de mobilité :
Le degré de mobilité du modèle d'un mécanisme est donné par le
Exemple de graphe de structure nombre de paramètres cinématiques (degrés de liberté) indépendants
parmi tous les paramètres. Il est noté mc.
On note Si = i et Lij=Lk
Les paramètres cinématiques indépendant sont ceux qu'il faut piloter (choisir)
pour imposer tous les autres.
L1 2 Remarque : Parmi les paramètres cinématiques indépendants ont peut distinguer :
• les paramètres d'entrée qui fixent les paramètres de sortie, au
1 sens où ce sont les paramètres du mouvement des solides de sortie.
Leur nombre se nomme le degré de mobilité utile et se note
mcu.
• les paramètres d'entrée qui fixent les paramètres de mouvements
internes, au sens où ce sont les paramètres du mouvement des
solides internes au mécanisme. Leur nombre se nomme le degré
de mobilité interne et se note mci.
Ln
On peut donc écrire la relation : mc=mcu+mci
La valeur du degré de mobilité constitue le critère cherché pour valider la
n i structure d'un mécanisme au sens de l'analyse des mécanismes.
Cependant on peut souvent alléger cette notation par Lk, où k est le numéro de la
liaison, en perdant l'information de position qui n'est pas toujours nécessaire. 4
La modélisation des liaisons ne tient généralement compte que des mouvements
de grande amplitude (voire infinie), mais nous verrons qu'il est possible de tenir
compte des mouvements de faible amplitude introduits par les jeux existants dans
9
la réalisation des liaisons.
Le torseur cinématique : 7
Le mouvement du solide i par rapport au solide j, défini par la liaison Lij,
sera modélisé par le torseur cinématique exprimé dans le repère local (voir
pij uij
paragraphe 5.2). On adopte la notation suivante :
{V }
ij
Q,B
= qij vij .
rij wij Q , B
8
C'est à dire que : Ωi / j = pij x + qij y + rij z et que fig 19
V Q , i / j = uij x + v ij y + wij z avec B = ( x, y , z ) . 4
L3 L4
Le repère local (Q,B) permet une expression simple du torseur cinématique où
n'interviennent que les degrés de liberté, représentés par les composantes non 3 5
nulles qui sont indépendantes. Ces composantes constituent alors les paramètres L2
cinématiques associés à la liaison dont le nombre est noté nc. Le nombre des
paramètres cinématiques associés à la kième liaison sera noté quant à lui nck.
2
Les paramètres globaux du mécanisme :
NS : nombre de solides L1
NL : nombre de liaisons
m = NL - NS + 1 : nombre cyclomatique ou nombre de chaînes fermées
indépendantes du graphe de structure.
1
nck : nombre de paramètres cinématiques associés à la kième liaison ou nombre fig 20
de degrés de liberté de la kième liaison.
NL
Ic = ∑n : nombre total de paramètres cinématiques associés au mécanisme,
ck
k=1 appelés également inconnues cinématiques.
Ec : nombre de relations ou équations reliant les Ic paramètres cinématiques.
Ces relations proviennent du réseau de liaisons du mécanisme que l'on
observe aisément sur le graphe de structure (voir figure 18).
Description du modèle :
4 Ce mécanisme à chaîne ouverte est composé de (voir schéma figure 22) :
L3 • un bâti 1 auquel est lié un repère ( A, x1 , y1 , z1 )
glissière - ( z1 ) • un solide 2, en liaison pivot d'axe ( A, z1 ) avec le bâti 1, auquel est lié le
3 nc3=1 → w43= λ 43
repère ( A, x 2 , y 2 , z 2 ) tel que ( x1 , x 2 ) = ( y1 , y 2 ) = θ21 et z 2 = z1 .
• un solide 3, en liaison pivot d'axe ( B, z1 ) avec le solide 2, auquel est lié
L2
le repère ( B, x 3 , y3 , z3 ) tel que ( 2 3 ) ( 2 3 ) 32 et z 3 = z1 . La
x ,x = y ,y = θ
pivot - (B, z1 )
position de B est donnée par AB = d x 2 .
nc2=1 → r32= θ 32
• un solide 4, en liaison glissière d'axe z1 avec le solide 3, auquel est lié le
2
( M, x 4 , y 4 , z 4 ) tel que B4 = B3. La position de 4/3 est repérée par
repère
BM.z1 = λ 43 .
L1 Graphe de structure : (voir figure 23)
pivot - (A, z1 )
nc1=1 → r21= θ 21 Analyse globale du mécanisme :
Comme il a été dit précédemment, ce mécanisme présente un degré de mobilité
1 3
tel que : mc = Ic = ∑ n ck , soit : mc = 3. Ce qui permet de conclure qu'il faut installer
k=1
fig 23 trois actionneurs pour piloter les mouvements du robot.
d'une suite de solides et de liaisons en série (voir figures planes de calcul de la figure 24.
figure 20). Pour cela on calcule VB,3/ 2 = VA ,3/ 2 + BA ∧ Ω 3/ 2 = 0 − d x 2 ∧ r32 z1 = d.r32 y 2 .
Le graphe de structure ne présentant aucune boucle, Or : y 2 = − sin θ21 x1 + cos θ21 y 1 d'où VB,3/ 2 = −d.r32 .sin θ21 x1 + d.r32 .cos θ21 y 1 .
le nombre d'équations cinématique est nul : Ec = 0. Il 0 −d.r32 .sin θ
s'en suit que les paramètres cinématiques, n'étant liés
par aucune relations, sont tous indépendants. Ce qui
Et ainsi : {V }32
A , B1
= 0 d.r32 .cos θ .
r32 0 A ,B1
conduit à mc = Ic . Finalement la relation de composition des mouvements donne :
0 −d.r32 .sin θ21
{V }
Ce type de mécanisme nécessite donc le pilotage de
chaque paramètre cinématique. Pour des considérations 41 = 0 d.r32 .cos θ21
A , B1
r32 + r21 w43 A ,B1
de réalisation, il est délicat d'implanter plus d'un
actionneur pour piloter le mouvement d'une liaison. Pour conclure, on constate que le mouvement de 4/1 possède quatre
Ceci conduit à construire ces mécanismes sur la base composantes avec trois degrés de liberté, c'est à dire les trois paramètres à piloter
de liaisons à un degré de liberté (nck = 1), c'est à dire mis en évidence lors de l'étude globale.
des liaisons pivots et/ou des liaisons glissières. Chaque
liaison ainsi pilotée peut s'appeler un axe et on parle 8.3 - Mécanismes à chaîne fermée.
alors de robots trois axes, quatre axes, etc… .
8.3.1 - Présentation.
8.2.2 - Étude d'un exemple : Robot SCARA.
Ces mécanismes constituent la majorité des mécanismes. On pourrait même
Présentation : dire que ce sont les seuls mécanismes car ils répondent à la définition. En effet
si l'on veut que le mouvement de sortie dépende du mouvement d'entrée, il faut
Ce type de robot est très utilisé dans les chaînes établir une relation de dépendance que seule la fermeture d'une chaîne peut
d'assemblage (voir figure 21) et exécute des mouvements établir.
identiques au bras humain. D'ailleurs SCARA est
l'acronyme de Selectiv Compliance Assembly Robot Ce sont les relations de composition de mouvement, traduisant la fermeture des
Arm (ce que l'on pourrait traduire par : Bras adaptatif chaînes de solides, qui fourniront les relations de dépendance entre les paramètres
de robot d'assemblage). cinématiques ou équations cinématiques. Il reste alors que les équations ne sont
elle même pas toutes indépendantes, mais que chaque mécanisme est un cas
z2 z2 z1
z3
q23 q21 L4 = pivot - (A, z1 )
z3 z4 3 1 nc4=1 → r41= θ 41
4
H2
z1
l32 fig 26
C
y3 q43 D coulisseau 350 et l'arbre oscillant 330, on a une autre
l34 liaison pivot glissant d'axe orthogonal à la première et
x1 y4
B 2 réalisée par un contact direct. Enfin l'ensemble bras
oscillant 330+arbre 390+outil 580 est en liaison pivot
H4
par rapport au bâti 300+320, grâce au roulement à
billes 410 associé à la douille à aiguilles 380.
A 4
y2 q41 Cette description conduit au graphe de structure
y1 (voir figure 26) puis au schéma cinématique paramétré
y4
1 (voir figure 28).
La géométrie du mécanisme est définie par :
fig 28 AB = − l 1 y 1 ; AH 4 = −l 4 y 4 ; CD = l 3 y 1 et BH 2 = e z2 .
fig 27
Dessin technique
Éclaté en perspective
x2 q21 x1 y4 q41 y1 or x 4 = cos θ41 x1 − sin θ41 z1
d'où : VA,4 / 3 = -l 4 .r43 .cos θ41 x1 − l 4 .r43 .sin θ41 y 1 + w43 z1
Ce qui donne finalement :
z2 x4
0 −e.q32 .cos θ21 0 −l 4 .r43 .cos θ41
q21 q41 {V }32
A , B1
= q32 v32 et
0 e.q32 .sin θ21
{V }
43
A , B1
= 0 −l 4 .r43 .sin θ41
r43 w43
z1 x1 La relation de composition des mouvements donne le système de de 6 équations
x2 q23 x3 y4 q43 y3 suivant :
0 = 0
q32 + q21 = 0
z2 x4 r43 – r41 = 0
q23 q43 – l4.cos q41.r43 – e.cos q21.q32 = 0
– l4.sin q41.r43 + v32 = 0
z3 x3 w43 + e.sin q21.q32 = 0
fig 29 On peut remarquer que ce système d'équations est :
Les paramètres géométriques associés aux liaisons • linéaire (les inconnues ne sont pas les angles !) et
sont les suivants : • homogène (le second membre est nul).
• paramètres de position → H 4 D = λ 34 z1 et On peut alors mettre ce système sous forme matricielle. Soit :
H 2C = λ 32 y 1
0 0 0 0 0 0 q32 0
• paramètres d'orientation → q21, q32, q43 et q41
(voir figure 29). 1 0 0 0 0 1 v32 0
8.3.3 - Analyse cinématique. 0 0 1 0 −1 0 r43 0
=
La démarche d'analyse comprend quatre étapes : −e.cos θ21 0 −l 4 .cos θ41 0 0 0 w43 0
• définition des paramètres cinématiques 0 1 − l 4 .sin θ41 0 0 0 r41 0
• établissement du système d'équations
e. sin θ 0 0 1 0 0 q21 0
traduisant la fermeture des chaînes de solides par 21
composition des mouvements
• détermination du nombre d'équations que l'on peut abréger en : [A] {X} = {B} et dans laquelle :
indépendantes parmi les équations du système • [A] est la matrice des coefficients et que l'on appellera matrice cinématique
précédent. C'est ce que l'on appelle le rang du • {X} est le vecteur colonne des inconnues
système. • {B} est le vecteur colonne 2e membre (pour nous il est nul et le système est
• évaluation du degré de mobilité dit homogène)
1 Définition des paramètres cinématiques Remarque : La matrice cinématique [A] est une matrice d'ordre n x p, c'est à
dire formée de n lignes et p colonnes où n = Ec = 6.m et p = Ic. Le nombre de
Il s'agit d'écrire les torseurs cinématiques de chaque lignes n est donc un multiple de six, alors que le nombre d'inconnues p est
liaison en projection dans le repère local de celle-ci. quelconque et dépend du type des liaisons constituant le mécanisme.
Pour les quatre liaisons du mécanisme, on obtient :
3 Détermination du rang
0 0 0 0
{V } 21
A, B1
= q21 0 ;
0 0
{V 32 } H 2 , B1
= q32 v32
0 0
;
Il s'agit de déterminer le nombre d'équations indépendantes parmi les équations
du système, c'est à dire le rang du système.
0 0 0 0
{V }43
H 4 , B1
= 0 0 et
r43 w43
{V } 41
A, B1
= 0 0.
r41 0
Sous forme matricielle, le rang du système devient le rang de la matrice des
coefficients, c'est à dire l'ordre du déterminant non nul le plus grand que l'on
peut extraire de la matrice.
2 Fermeture cinématique
La détermination du rang d'une matrice d'ordre important est long et fastidieux.
Pour le cycle 4-3-2-1-4, la relation de composition On utilise donc des moyens informatiques comme le logiciel Maple. Cependant
de mouvements traduisant la fermeture de la chaîne de un cas simple comme le nôtre peut être traité manuellement. Notons également
solides, est : que les logiciels de simulation mécanique associés aux modeleurs volumiques
{V } + {V } + {V } −{V }
43
A , B1
32
A , B1
21
A , B1
41
A , B1
= {0} tels que Inventor© ou Solidworks© donne le résultat à partir de la saisie de la
structure cinématique du mécanisme.
Cette relation est écrite au point A puisque deux
torseurs sur quatre étaient déjà exprimés au point A. On notera rc le rang de la matrice cinématique [A]. Pour notre exemple, le
Il reste donc à exprimer les torseurs cinématiques des rang de la matrice cinématique vaut visiblement 5 car la ligne de zéros annulera le
mouvements de 3/2 et 4/3 au point A. Ce qui donne : déterminant d'ordre 6. On obtient donc rc = 5 .
VA,3/ 2 = VH2 ,3/ 2 + AH 2 ∧ Ω 3/ 2 = 4 Évaluation du degré de mobilité
v32 y 1 + ( −l 1 y 1 + e z2 ) ∧ q32 y 1 = v32 y 1 − e.q32 x 2 Comme il a été dit précédemment, le degré de mobilité mc représente le nombre
or x 2 = cos θ21 x1 − sin θ21 z1 de paramètres cinématiques (ou inconnues cinématiques) que l'on ne peut pas
d'où : VA,3/ 2 = -e.q32 .cos θ21 x1 + v32 y 1 − e.q32 .sin θ21 z1 exprimer en fonction des autres puisqu'ils sont indépendants. Or un paramètre est
D'autre part : VA,4 / 3 = VH4 ,4 / 3 + AH 4 ∧ Ω 4 / 3 indépendant quand il n'est relié aux autres par aucune relation ou équation.
Soit : VA,4 / 3 = w43 z1 + ( −l 4 y 4 ) ∧ r43 z1 = w43 z1 − l 4 .r43 x 4
On évaluera donc le degré de mobilité par la différence entre le nombre de rc inconnues Ic – rc inconnues
paramètres cinématiques et le rang du système d'équations. Soit : calculables non‑calculables
{ {
{
{
mc = Ic – rc
déterminant
rc équations rc x rc non nul
Remarque : le degré de mobilité est un nombre positif et pour un mécanisme indépendantes d'ordre le plus Ec
élevé
réputé mobile, il sera même strictement positif. Soit : mc ≥ 1. équations
Ic – rc équations
Dans le cas général une représentation graphique des inter-relations entre les
éléments caractéristiques de la matrice cinématique peut être celle de la figure 30, où
dépendantes des
autres (sans utilité)
{
{
Ic inconnues
on suppose que Ic > Ec. On peut alors constater que les rc équations indépendantes
permettraient de calculer rc inconnues en fonction des Ic – rc inconnues non- fig 30
calculables qu'il faut donc fixer arbitrairement. Ces paramètres qui constituent
0 0 0 0 0 0
le degré de mobilité, sont dits les paramètres moteurs puisqu'ils seront pilotés
1 0 0 0 0 1
par un actionneur. Les rc paramètres que l'on peut exprimer en fonctions des
Ic – rc = mc paramètres moteurs seront dits les paramètres récepteurs. 0 0 1 0 −1 0
Il reste que pour extraire un déterminant non nul d'ordre rc de la matrice −e.cos θ21 0 − l 4 .cos θ41 0 0 0
cinématique, les possibilités sont multiples. En effet pour les rc lignes indépendantes 0 1 − l 4 .sin θ41 0 0 0
il faut choisir rc colonnes parmi les Ic colonnes pour former le déterminant. Ce
e. sin θ 0 0 1 0 0
choix est un choix de conception effectué par les ingénieurs suivant la fonction 21
visée par le cahier des charges. Nos études portant sur des mécanismes existants, fig 31
ces choix sont déjà faits et nous les utiliseront pour valider les mécanismes étudiés.
En d'autres termes les paramètres moteurs d'un mécanisme sont connus.
Mécanisme
Pour notre exemple la matrice cinématique est de dimension 6 x 6 et le rang Actionneur Récepteur
rc vaut 5. Le déterminant non nul d'ordre 5 que l'on peut extraire de la matrice B Â T I S0
est grisé sur la figure 31. En effet le paramètre moteur, pour ce mécanisme, est q21, action liaison liaison action
c'est à dire la vitesse de rotation de l'arbre d'entrée 2 par rapport au bâti 1. Or mécanique d'entrée de sortie mécanique
d'entrée de sortie
la colonne relative à ce paramètre est la dernière (bien sûr, ce n'est pas un hasard S O L I D E S1 S O L I D E S7
puisque l'on peut classer les paramètre dans l'ordre que l'on veut). sortie entrée sortie entrée
actionneur mécanisme mécanisme récepteur
La valeur de ce déterminant que l'on notera D5 est : D5 = l4.cosq41 . On peut
remarquer que ce déterminant est non nul à condition que q41 ≠ p/2, ce qui sera
toujours vérifié par la géométrie du mécanisme.
2 6
B1 B2 B1 B1 B2 les notations de l'énoncé, donne : −l 1 y 1 + e z2 + λ 32 y 1 + l 3 y 1 − λ 34 z1 + l 4 y 4 = 0 .
Cette équation vectorielle permet d'écrire 3 équations scalaires en projection
sur une base. La base la mieux adaptée sera celle dont les vecteurs de base sont
les plus représentés dans l'équation vectorielle. On constate ici que la base B1 sera
B4 la plus judicieuse. Pour cela il reste à écrire les formules de changement de base
B3 B4 B3 B3 suivantes :
z2 = sin θ21 x1 + cos θ21 z1
a b
y 4 = − sin θ41 x1 + cos θ41 y 1
fig 33 Et on obtient les trois équations scalaires suivantes :
on fait passer dans la matrice colonne {B} les paramètres proj/x1 : e.sinq21–l4.sinq41 = 0
moteurs considérés comme connus. proj/y1 : –l1+l32+l3+l4.cosq41 = 0
Pour notre exemple, on obtient ceci : proj/z1 : e.cosq21– l34 = 0
1 0 0 0 0 q32 -q21 Remarque : ces trois équations n'étant pas linéaires, on ne peut pas les
0 0 1 0 −1 v32 0 exprimer sous forme matricielle.
−e.cos θ21 0 − l 4 .cos θ41 0 0 r43 = 0
2 Fermeture angulaire
0 1 − l 4 .sin θ41 0 0 w43 0
La fermeture de la chaîne de solides se traduit pour les bases liées à ces solides
e.sin θ21 0 0 1 0 r41 0
par la représentation graphique donnée figure 33a.
Le paramètre moteur ou paramètre d'entrée est q21 Si on note Pij la matrice de passage de la base Bi à la base Bj, alors la relation de
et le paramètre de sortie est r41. La relation cherchée fermeture angulaire s'écrit : P12 . P23 . P34 . P41 = I où I est la matrice identité. Les
consiste donc à exprimer r41 = f (q21). Ce qui donne : équations scalaires issues de l'égalité matricielle sont au nombre de neuf mais dont
seulement trois seront indépendantes car l'orientation d'une base par rapport à
e.cos θ21 une autre n'est définie que par trois paramètres angulaires comme, par exemple,
r41 = q21
l 4 .cos θ41 les angles d'Euler.
On s'aperçoit que cette relation fait intervenir les Cette expression longue à mettre en oeuvre et très répétitive se prête bien à un
angles q21 et q41 dont les dérivées respectives ne sont calcul informatisé mais reste impropre à un calcul manuel. On limitera donc nos
autres que q21 et r41. Il est donc nécessaire d'exprimer études aux cas simples où les mouvements sont plans et où la fermeture angulaire
q41 = f (q21) qui est une relation géométrique. Il faut se réduit à sommer les angles.
alors effectuer une étude géométrique du mécanisme. Notre exemple, bien que spatial, peut se ramener à deux études planes car les
9.3 - Étude géométrique. bases B1 et B3 sont identiques (voir figure 33b). La fermeture angulaire se traduira
alors par les deux relations suivantes :
Comme pour l'analyse cinématique, l'étude ( x 1 , x 3 ) = ( x 1 , x 2 ) + ( x 2 , x 3 ) = 0 et ( x 1 , x 3 ) = ( x 1 , x 4 ) + ( x 4 , x 3 ) = 0 .
géométrique, qui recherche les relations entre les
D'où : ( x1 , x 2 ) + ( x 2 , x 3 ) = q21 – q23 = 0
paramètres géométriques, est menée en traduisant la
fermeture des chaînes de solides.
( x1 , x 4 ) + ( x 4 , x 3 ) = q41 – q43 = 0
1 Fermeture linéaire Le paramètre r41 est donc ainsi entièrement exprimé en fonction de q21 et de la
Elle s'écrit : AB + BC + CD + DA = 0 , mais dérivée q21. La loi entrée-sortie est alors parfaitement définie à tout instant.
les données géométriques nous obligent à écrire :
9.4 - Positions singulières et irréversibilité du mouvement.
BC = BH 2 + H 2C et DA = DH 4 + H 4 A .
Finalement l'équation de fermeture linéaire s'écrit La recherche du degré de mobilité est effectuée pour le fonctionnement
AB + BH 2 + H 2C + CD + DH 4 + H 4 A = 0 , ce qui, avec "normal" du mécanisme, c'est à dire pour l'ensemble des positions parcourues
On constate alors que les composantes des actions paramètres statiques associés à la liaison dont le nombre est noté ns. Le nombre
mécaniques transmissibles correspondent à des degrés des paramètres statiques associés à la kième liaison sera noté quant à lui nsk. On
de liberté manquants. Cette propriété est extrêmement parle aussi du nombre de degrés de liaison par opposition aux degrés de liberté.
importante dans l'analyse de l'hyperstatisme d'un
Les paramètres globaux complémentaires du mécanisme :
mécanisme.
nsk : nombre de paramètres statiques associés à la kième liaison.
10.3 - Notion de degré d'hyperstatisme. NL
à transmettre jusqu'à la sortie où un organe récepteur exerce, lui aussi, une action le nombre d'équations Ec traduisant la fermeture de
mécanique non nulle, dite réceptrice. Or il existe autant de composantes d'actions la chaîne de solides est nul, l'indice de mobilité vaut
mécaniques motrices (ou réceptrices) que de degrés de liberté à piloter, puisque ce m = Ic. Or, on a vu au paragraphe 8.2.1 que, pour la
sont elles qui les pilotent. Leur nombre s'élève donc à ce qu'on a appelé le degré même raison, le degré de mobilité valait mc = Ic. Le
de mobilité. degré d'hyperstatisme étant donné, grâce à la formule
de mobilité, par h = mc – m, on trouve donc que h = 0
Ceci conduit à dire que dans le système de Es équations indépendantes
.
traduisant l'équilibre des (Ns – 1) solides, figurent les Is inconnues introduites par
les liaisons mais également les mc composantes des actions mécaniques réceptrices En conclusion et pour les mécanisme à chaînes
inconnues ainsi que les motrices qui elles sont connues, ou inversement suivant fermées, la matrice cinématique constitue un outil
le problème. d'analyse globale du mécanisme très efficace aussi bien
du point de vue cinématique pour estimer le degré de
Il se trouve que ces mc inconnues supplémentaires, par rapport aux inconnues
mobilité que du point de vue statique pour estimer le
introduites par les liaisons, peuvent être déterminées en isolant l'ensemble du
degré d'hyperstatisme.
mécanisme hors bâti. En effet l'équilibre de l'ensemble donne 6 équations dont mc
sont indépendantes et permettent de déterminer les inconnues supplémentaires. 11.3 - Retour sur l'exemple de la ponceuse.
Donc les mc équations ne sont que des combinaisons linéaires des Es = 6 (Ns – 1)
équations indépendantes constituant le système d'équations initiales. On peut On applique tout simplement la relation h = mc – m.
également trouver ces mc équations en appliquant le théorème de l'énergie On connaît déjà mc qui vaut 1. Il reste à calculer
cinétique à l'ensemble grâce à l'hypothèse des liaisons énergétiquement parfaites. l'indice de mobilité m qui vaut Ic – Ec. Ce qui donne :
On conclue de cette analyse que pour déterminer les Ic inconnues statiques, il ne m = 6 – 6 = 0. On obtient donc : h = 1.
reste en fait que (Es – mc) équations utilisables. Le nombre d'équations indépendantes L'observation de la matrice cinématique pouvait
utilisables est justement ce que l'on avait appelé le rang rs de la matrice statique. également nous renseigner rapidement sur le degré
Il vient donc que, si on connaît le degré de mobilité du mécanisme, le rang rs d'hyperstatisme puisqu'elle contenait une ligne de
de la matrice statique s'obtient par la relation : zéros, ce qui conduisait à : h = 1.
La formule de mobilité permet de déterminer le degré d'hyperstatisme h Comme il l'a été dit au paragraphe 11.2.4,
après avoir déterminé l'indice de mobilité m et le degré de mobilité mc. l'hyperstatisme d'un mécanisme provient de l'existence
de chaînes fermées puisque sinon il est parfaitement
11.2.4 - Conclusions. isostatique. Pratiquement, on peut "sentir"
l'hyperstatisme d'un mécanisme quand, en imaginant
On peut remarquer que le calcul du degré d'hyperstatisme par la méthode un défaut dans la géométrie initiale des liaisons (celle
directe n'est pas la plus simple. On procède donc généralement en calculant qui assure un degré de mobilité non nul), on ne peut
d'abord le degré de mobilité du mécanisme puis en appliquant la formule de pas fermer la chaîne de solides sans forcer sur les
mobilité. pièces, c'est à dire en les déformant. Théoriquement
On peut également remarquer que le degré d'hyperstatisme peut être obtenu par ceci signifie que pour un mécanisme hyperstatique,
une simple observation de la matrice cinématique. En effet, comme h = mc – m, les inconnues statiques ne peuvent pas être toutes
alors : h = Ic – rc – Ic + Ec. Ce qui donne h = Ec – rc . Ce nombre correspond calculées en appliquant le PFS qui suppose que les
au nombre d'équations non indépendantes parmi les Ec équations dont les solides sont indéformables et que pour toutes les
coefficients forment les lignes de la matrice cinématique. Il vient donc que le calculer il faudrait adjoindre aux équations issues du
nombre des lignes de la matrice cinématique qui sont des combinaisons linéaires PFS, des équations dites de déformation qui seraient
des autres lignes, ou mieux encore, des lignes de zéros (à condition de choisir obtenues en prenant en compte dans le modèle, le
judicieusement la base de projection des équations vectorielles), constituent le caractère déformable des pièces réelles.
degré d'hyperstatisme du mécanisme. Nous verrons un peu plus loin que leur Ceci étant, on constate qu'un mécanisme
position dans la matrice cinématique nous renseignera, de surcroît, sur l'origine hyperstatique est plus rigide qu'un mécanisme
de l'hyperstatisme. isostatique et qu'il est d'autant plus rigide qu'il est
On peut enfin remarquer que, pour les mécanismes à chaîne ouverte, comme fortement hyperstatique. On peut illustrer cette
13 - Recherche de l'isostatisme.
13.1 - Présentation générale.
fig 40
Un modèle isostatique d'un mécanisme présente deux avantages. D'abord, il
assure le calcul, grâce au PFS seulement (hors hypothèse des solides déformables
qui ne sont pas au programme de PSI), de toutes les inconnues statiques
transmises par les liaisons, ce qui permet de les dimensionner. Ensuite, il permet
de concevoir un mécanisme qui ne présente aucune contrainte géométrique
rigoureuse pour fonctionner. En effet, comme il a été dit au paragraphe 12, un
3 paliers mécanisme hyperstatique qui présenterait des défauts géométriques ne pourrait
plus fonctionner, c'est à dire que son degré de mobilité serait nul. Le paragraphe
14 reviendra plus précisément sur ce sujet.
La recherche d'un modèle isostatique constitue donc un problème important
pour un ingénieur qui conçoit un mécanisme.
Pour passer d'un modèle hyperstatique à un modèle isostatique, il suffit de
modifier les liaisons afin de supprimer autant d'inconnues statiques que la
4 paliers valeur du degré d'hyperstatisme. Cependant il est plus facile de raisonner sur les
inconnues ou paramètres cinématiques. On utilise donc, à nouveau, la dualité des
fig 41
torseurs statiques et cinématiques des liaisons, ce qui conduit à ajouter autant de
affirmation par l'examen d'une structure très simple paramètres cinématiques que d'inconnues statiques à supprimer.
donnée par la figure 38. Un solide est lié au bâti par une On pourrait envisager d'ajouter les paramètres cinématiques au hasard mais
liaison pivot et une liaison ponctuelle. Il est sollicité par ceci ne conduirait pas à coup sûr à un modèle isostatique. Un raisonnement assez
une action extérieure F. On peut facilement vérifier que simple permet de savoir quel est exactement le type des paramètres cinématiques
les actions transmises par les liaisons sont calculables à ajouter, c'est à dire s'il s'agit de degrés de liberté en translation et/ou rotation
grâce au PFS et qu'ainsi le mécanisme est isostatique. et suivant quelles directions. Pour cela il suffit d'observer la matrice cinématique.
Si on ajoute une liaison ponctuelle supplémentaire En effet, le degré de mobilité du mécanisme, c'est à dire sa fonction cinématique,
comme l'indique la figure 39, on en déduit que le ne doit pas être affecté par la modification du modèle du point de vue statique.
système est maintenant hyperstatique de degré 1, Or mc = Ic – rc, donc, si on ajoute des inconnues cinématiques, il faut augmenter
puisque l'on a ajouté une inconnue statique aux d'autant le rang de la matrice cinématique. L'ajout d'inconnues cinématiques
inconnues précédentes qui étaient justes calculables. augmente de nombre de colonnes de la matrice mais pas nécessairement son
On comprend qu'avec cet appui supplémentaire le rang. Pour cela il faut augmenter le nombre de lignes indépendantes. Or pour y
solide va moins se déformer sous l'action de l'effort F parvenir il suffit que les coefficients des nouvelles inconnues figurent sur les lignes
et donc qu'un système hyperstatique est plus rigide. qui n'étaient pas indépendantes des autres ou, plus simplement, sur les lignes de
On comprend également facilement que le système zéros quand la base de projection des équations a été judicieusement choisie.
de la figure 40 est hyperstatique de degré 2 et qu'il est Remarque : Le rôle particulier joué par les liaisons d'entrée et de sortie impose
encore plus rigide. La figure 41 donne un exemple de qu'elles ne soient pas modifiées pour obtenir le modèle isostatique,
cette situation où le nombre de liaisons pivots, appelées mais il reste toutes les autres.
également paliers, entre le vilebrequin et le carter
d'un moteur thermique, augmente afin d'améliorer 13.2 - Étude de l'exemple de la ponceuse.
la rigidité du vilebrequin fortement sollicité par les
actions transmises par les pistons. Le mécanisme de transformation de mouvement de la ponceuse est
hyperstatique de degré 1. Ce qui apparaissait dans la matrice cinématique car la
L'augmentation de la rigidité d'un mécanisme première ligne est une ligne de zéros (voir figure 31). On en déduit donc qu'il faut
améliore une caractéristique mécanique essentielle. ajouter un paramètre cinématique dont le coefficient figurera sur la première
fig 44
VA,4 / 3 = ( w43 + l 4 .p43 .cos θ41 + l 4 .q43 .sin θ41 ) z1 − ( l 4 .r43 . cos θ41 + λ 34 .q43 ) x1 − ( l 4 .r43 .sin θ41 − λ 34 . p43 ) y1
La matrice cinématique admet maintenant un rang
Et l'expression du torseur cinématique du mouvement de 4/3 au point A devient : égal à 6 (voir déterminant grisé figure 44). Mais avec un
p43 −l 4 .cos θ41 .r43 − λ 34 .q43
{V }
nombre de paramètres cinématiques de 8, on obtient
43 = q43 −l 4 .sin θ41 .r43 + λ 34 . p43 . un degré de mobilité mc = 2. D'autre part comme
r43 w43 + l 4 .cos θ41 . p43 + l 4 .sin θ41 .q43
A , B1
rc = Ec, on obtient h = 0. Le modèle est bien isostatique
La relation de composition des mouvements traduisant la fermeture de la mais son degré de mobilité est modifié. Il reste donc à
chaîne de solides : {V } + {V } + {V } −{V }
43
A , B1
32
A , B1
21
A , B1
41
A , B1
= { 0 } donne vérifier que le degré de mobilité supplémentaire est un
degré de mobilité interne, sinon le modèle isostatique
le système d'équations suivant : envisagé n'est pas une solution valide.
p43 = 0 Cette vérification s'obtient en recherchant la loi
q43 + q32 + q21 = 0 entrée-sortie. Deux cas peuvent se présenter :
r43 – r41 = 0 et sous forme matricielle : • r41 = f (q21, q43) alors le paramètre de sortie
– l4.cos q41. r43 – l34. q43 – e.cos q21. q32 = 0 dépend des deux paramètres moteurs et le
– l4.sin q41.r43 + l34.p43 + v32 = 0 degré de mobilité utile vaut 2.
w43 + l4.cos q41. p43 + l4.sin q41. q43 + e.sin q21. q32 = 0 • r41 = f (q21) alors le paramètre de sortie ne dépend
p43 0
que d'un paramètre moteur et le degré de
1 0 0 0 0 0 0 0 q32 0 mobilité utile vaut 1.
0 1 0 0 0 0 1 1 v32 0
Pour obtenir la loi entrée-sortie, il suffit de résoudre
0 0 0 1 0 −1 0 0 r43 0
les trois équations 12, 13 et 14.
=
0 −e.cos θ21 0 −l 4 .cos θ41 0 0 −λ 34 0 w43 0
• l'équation 12 donne : q32 = – ( q21 + q43 )
r41 0
λ 34 0 1 − l 4 .sin θ41 0 0 0 0
• l'équation 13 donne : r43 = r41
l .cos θ e.sin θ21 0 0 1 0 l 4 .sin θ41 0 q43 0 • reportés dans l'équation 14, on obtient :
4 41
q21 0 – l4.cos q41. r41 – l34. q43 + e.cos q21.( q21 + q43 ) = 0
1 0 0 0 0 0 0 0 p32 = 0
0 1 0 0 0 0 0 1 q32 + q21 = 0
r32 + r43 – r41 = 0
0 0 0 1 0 −1 1 0
– l4.cos q41. r43 – ( l1 - l32). r32 – e.cos q21. q32 = 0
0 e.cos θ21 0 l 4 .cos θ41 0 0 ( l1 − λ32 ) 0 – l4.sin q41.r43 + e.cos q21. p32 – e.sin q21. r32+ v32 = 0
e.cos θ21 0 1 −l 4 .sin θ41 0 0 −e.sin θ21 0 w43 + ( l1 - l32). p32 + e.sin q21. q32 = 0
( l − λ ) e.sin θ 0 0 1 0 0 0 et sous forme matricielle :
1 32 21
p32 0
fig 45
1 0 0 0 0 0 0 0 q32 0
• que l'on peut mettre sous la forme : 0 1 0 0 0 0 0 1 v32 0
– l4.cos q41. r41 + e.cos q21. q21 +(e.cos q21 – l34 ). q43 = 0 0 0 0 1 0 −1 1 0 r43 0
• or l'équation 3 de l'étude géométrique page 15 =
0 e.cos θ21 0 l 4 .cos θ41 0 0 ( l 1 − λ 32 ) 0 w43 0
donne : e.cos q21 – l34 = 0.
e.cos θ21 0 1 −l 4 .sin θ41 0 0 −e.sin θ21 0 r41 0
Ce qui montre que r41 = f (q21) q23, c'est à dire que
( l − λ ) e.sin θ
r 0
1 0 0 1 0 0 0 32
mcu = 1 et mci = 1. 32 21
q21 0
Remarque : Cette recherche analytique des degrés
de mobilité utile et interne est le plus souvent La matrice cinématique admet maintenant un rang égal à 6 (voir déterminant
menée par une simple observation du schéma grisé figure 45). Mais avec un nombre de paramètres cinématiques de 8, on obtient
cinématique où on aurait pu "voir" que le solide 3 un degré de mobilité mc = 2. D'autre part comme rc = Ec, on obtient h = 0. Le
peut effectivement tourner autour de l'axe (C, y 1 ) par modèle est bien isostatique mais son degré de mobilité est modifié. Il reste donc à
rapport à 2 ( q23 ), car le point D est sur cet axe, vérifier que le degré de mobilité supplémentaire est un degré de mobilité interne,
sans que ce mouvement est une influence sur le sinon le modèle isostatique envisagé n'est pas une solution valide.
mouvement de sortie.
On procède de manière identique à la recherche précédente, et pour obtenir la
On conclut donc de cette étude que le modèle loi entrée-sortie, il suffit de résoudre les trois équations 22, 23 et 24.
isostatique proposé est valide.
• l'équation 22 donne : q32 = – q21
Examinons maintenant la deuxième solution • l'équation 23 donne : r43 = – ( r32 – r41 )
proposée. • reportés dans l'équation 24, on obtient :
Étude du modèle isostatique de la figure 43 l4.cos q41. ( r32 – r41 ) – ( l1 - l32). r32 + e.cos q21. q21 = 0
• que l'on peut mettre sous la forme :
Le torseur cinématique de la liaison linéaire annulaire
– l4.cos q41. r41 + e.cos q21. q21 +(– l1+ l32+ l4.cos q41 ). r32 = 0
p32 0
au point C est le suivant : 32 {V }
C, B1
= q32 v32 .
r32 0
• or l'équation 3 de l'étude géométrique page 15 donne :
– l1+ l32+ l4.cos q41 = – l3 .
On conserve le point A pour exprimer la relation de Ce qui montre que r41 = f (q21, q43) , c'est à dire que mcu = 2 et mci = 0.
composition des mouvements traduisant la fermeture
de la chaîne On conclut donc de cette étude que le modèle isostatique proposé n'est pas
de solides. Ce qui conduit à calculer :
valide puisque le degré de mobilité utile est modifié.
VA , 3 / 2 = VC , 3 / 2 + AC ∧ Ω3 / 2 , soit :
VA,3/ 2 = v32 y1 + ( λ 32 − l1 ) y1 + e z2 ∧ ( p32 x1 + q32 y1 + r32 z1 ) 14 - Écarts d'agencement.
qui donne : VA,3/ 2 = − ( l 1 − λ 32 ) .r32 x 1
14.1 - Présentation du problème.
+ ( v32 + e.cos θ21 . p32 − e.sin θ21 .r32 ) y 1
Il est question ici, de l'étude des mécanismes réels qui peuvent présenter des
+ ( l 1 − λ 32 ) . p32 z1 − e.q32 x 2
écarts d'agencement des liaisons ou défauts géométriques de la structure. En effet
Or : x 2 = cos θ21 x1 − sin θ21 z1 , d'où :
rappelons que l'analyse globale des mécanismes repose sur trois hypothèses :
VA, 3/ 2 = − ( l 1 − λ 32 ) .r32 − e.cos θ21 .q32 x1
1 - Les liaisons sont énergétiquement parfaites, c'est à dire que l'on
+ ( v32 + e.cos θ21 . p32 − e.sin θ21 .r32 ) y 1 néglige les pertes par frottement dans les liaisons. Cette hypothèse
assure la dualité des torseurs cinématiques et statiques et constitue un
+ e.sin θ21 .q32 + ( l 1 − λ 32 ) . p32 z1 point important de la théorie.
Et l'expression du torseur cinématique du mouvement 2 - Les liaisons sont géométriquement parfaites, c'est à dire que l'on
de 4/3 au point A devient : néglige les jeux dans les liaisons. Cette hypothèse permet de limiter le
p32 − ( l 1 − λ 32 ) .r32 − e.cos θ21 .q32 nombre de paramètres cinématiques et d'apprécier le degré de mobilité
{V } 32
A , B1
=
q32 v32 + e.cos θ21 . p32 − e.sin θ21 .r32 .
r32 ( l 1 − λ 32 ) . p32 + e.sin θ21 .q32
du mécanisme. En effet on ne prend en compte que les mouvements
d'amplitude importante, voire infinie, qui sont les seuls paramètres
La relation de composition des mouvements significatifs pour l'étude de la transmission de puissance.
traduisant la fermeture de la chaîne de solides : D'ailleurs les liaisons modélisent des mouvements et considèrent
{V } + {V } + {V } −{V }
43
A , B1
32
A , B1
21
A , B1
41
A , B1
= {0} l'amplitude de ceux-ci toujours infinie.
Il n'en reste pas moins que la recherche d'un modèle isostatique, met
donne le système d'équations suivant : à mal cette hypothèse puisqu'on ajoute des mouvements issus des jeux
dans les liaisons pour obtenir l'isostatisme. Mais il faut alors garder à
On peut noter que le degré d'hyperstatisme passe de 1 à 0 quand le degré de
mobilité en fait autant, ce qui est conforme à la formule de mobilité.
Si on tient compte alors du jeu dans la liaison entre 3 et 4, et qu'on élabore
une structure isostatique, comme celle trouvée au paragraphe 13, on obtient la
structure donnée figure 47. Le résultat donné par le module de simulation est
alors :
fig 48
Avec ce modèle, la simulation mécanique permet de
connaître les déplacements dans les liaisons et de vérifier
que ces déplacements restent compatibles avec les jeux
dans les liaisons. Ici la rotation reste constamment égale
à 2°, c'est à dire la valeur du défaut introduite pour
mener la simulation. On peut ainsi conclure que la
valeur du défaut ne doit pas dépasser la valeur permise
par le jeu dans cette liaison.
p 22 Filière PSI Lycée Carnot - Dijon Cours
MÉCANIQUE des MÉCANISMES A N A LY S E G L O B A L E
T R O I S E M E PA RT I E 15 - Liaisons équivalentes.
15.1 - Présentation.
Cette troisième partie traite de la recherche des liaisons dites équivalentes. Il
s'agit de remplacer un groupe de liaisons par une seule liaison. Cette recherche
se justifie par la simplification du modèle du mécanisme, en vue de :
• simplifier son étude (traitement et/ou saisie)
• mieux appréhender la cinématique d'une partie du mécanisme en
condensant sur une liaison des mouvements répartis sur plusieurs liaisons
(voir photo de la tête d'une machine à mesurer figure 49).
• simplifier la construction même du mécanisme
On peut aussi, dans certains cas, faire la démarche inverse en recherchant quelle
combinaison de liaisons serait équivalente à une seule liaison. Une telle étude est
utile pour passer du modèle à la construction du mécanisme réel quand les actions
mécaniques transmises par les liaisons sont importantes et que le modèle est
composé de liaisons à contacts ponctuels ou linéïques. En effet de tels contacts ne
sont pas appropriés à la transmission d'actions mécaniques importantes (pression
de contact élevée) et on est donc amené à leur substituer des contacts surfaciques.
fig 49 Cependant les liaisons à contact surfacique étant moins mobiles (moins de degrés
de liberté) que les liaisons à contact ponctuel ou linéïque, on peut être conduit
à remplacer une seule de ces liaisons par plusieurs liaisons à contact surfacique.
L1 Ce problème inverse ne sera pas aborder dans ce cours, mais on pourra garder en
mémoire des résultats du problème direct pour répondre dans les cas simples et
Lk j usuels au problème inverse.
~
initiales.
• une équivalence statique : les actions mécaniques transmissibles par la
liaison équivalente sont identiques à celles transmissibles par le groupe de
liaisons initiales.
Lij
j Ces deux types d'équivalences conduisent au même résultat à cause de la dualité
i des torseurs statique et cinématique.
i On dira que la liaison Lij est équivalente aux n liaisons simples Lk pour k = 1, ... , n.
~
On peut alors représenter le problème sous la forme donnée figure 51.
Les torseurs {Fe-i} et {Fe-j} représentent les actions mécaniques résultantes de
F Lij F
e-j
tout ce qui n'est pas relatif aux actions de liaison entre i et j, respectivement sur
les solides i et j.
e-i j Condition d'équivalence statique :
i La liaison Lij sera statiquement équivalente aux n liaisons Lk, si le solide
i (le solide j donnerait le même résultat) est en équilibre dans les deux cas
fig 51 de liaison.
0 M1
Y 1
Z 0
0
1
0
0
0
0
0
0
1
0 1 N 1
En posant BA = l x1 , l'expression de F1 { } A, B1
prend la forme :
L = 0 0 0 0 0 0 0 X1 0 0
M 0 0 1 0 0 0 0 Y2 { F1 }A,B = Y1 l.Z1 .
N 0
0 0 1 0 0 0 Z2 1
Z1 −l. Y1
2 Le système d'équations devient alors : X = X2 L = 0
0 0 0 0 1 0 0 Y = Y1 + Y2 M = l.Z1
1 0 0 0 0 1 0 Z = Z1 + Z2 N = - l.Y1
Le rang de la matrice [ A S ] =
0 1 0 0 0 0 1
0 0 0 0 0 0 0 X 0 0 1 0 0 Y
0 0 1 0 0 0 0 Y 1 0 0 1 0 Z1
0 0 0 1 0 0 0 Z 0 1 0 0 1 X1 .
qui sous forme matricielle donne : =
L 0 0 0 0 0 2
vaut évidemment rsq = 5. M 0 l 0 0 0 Y2
N −l
0 0 0 0 Z2
Ce qui nous permet de conclure que la liaison
statiquement équivalente aux deux liaisons L1 et L2 Le rang rsq de la matrice [AS] est comme précédemment égal à 5. La composante L
est une liaison possédant un degré de liaison nS12 = 5 et est toujours nulle, donc le type de la liaison équivalente est conservée (liaison pivot
un degré de liberté de nC12 = 1. La composante statique d'axe ( A , x1 ) ), mais sa nature hyperstatique a disparu car CS = 5 pour rsq = 5. Ce
nulle est la composante L, ce qui permet d'écrire le qui montre bien que le groupe de liaisons initial est isostatique.
torseur statique de la liaison équivalente L12 sous la
X 0 15.2.3 - Recherche d'une liaison cinématiquement équivalente.
forme : { F12 }A,B = Y
1
M . Il s'agit donc d'une
Z N Le problème se pose sous la même forme que pour l'équivalence statique (voir
figure 50).
liaison du type : pivot d'axe ( A , x1 ) .
Condition d'équivalence cinématique :
Pour ce qui concerne l'hyperstatisme, on a hq = 7 - 5,
soit un groupe de liaisons initial hyperstatique La liaison Lij sera cinématiquement équivalente aux n liaisons Lk, si le
de degré hq = 2. En effet les deux liaisons L1 et L2 mouvement autorisé par la liaison Lij est compatible avec chaque mouvement
introduisent 7 composantes statiques alors que la autorisé par chacune des n liaisons Lk.
liaison équivalente n'en possède que 5.
Cette condition peut s'exprimer avec les torseurs cinématiques par la relation :
Si on souhaite rendre isostatique le modèle de
liaison réalisé par les deux liaisons en parallèle, il faut
donc annuler deux composantes statiques parmi les
{V } ij
Pk , Bk
= {V }k
Pk , Bk
k = 1, 2, ...... , n.
sept introduites. Leur choix ne peut pas se faire au Remarque : Il est indispensable d'exprimer chaque égalité dans le repère local
hasard car on risque alors de faire chuter le rang rsq de de la liaison Lk, c'est à dire (Pk, Bk). Ceci permet de garder le bénéfice des
la matrice [AS] à une valeur inférieure à 5. Il faut donc composantes nulles, correspondant aux degrés de liberté manquants, dans
supprimer deux colonnes de la matrice [AS] tout en l'expression des torseurs cinématiques relatifs à chaque liaison Lk.
conservant son rang de 5. Observons la matrice [AS] en A ce stade de l'étude, il faut se souvenir que la recherche porte sur la liaison
équivalente, c'est à dire le torseur {Vij}. Or ce torseur inconnu comporte à priori On peut également conclure sur la nature du
6 composantes qui constituent les 6 inconnues du problème. Les composantes groupe de liaisons initial :
des torseurs {Vk} sont, quant à elles, parfaitement connues (en tout cas la forme D'une manière générale les [(6n – CC) - rcq] équations
k =n
canonique du torseur). On peut noter CC = ∑ n ck , le nombre des composantes supplémentaires sont automatiquement vérifiées car
k =1 le système est homogène.
cinématiques connues non nulles, où nck est le nombre de composantes • si (6n – CC) > rcq → les liaisons Lk sont
cinématiques de la liaison Lk. On a bien sûr CC = IC, mais la notation IC pourrait surabondantes, car elles introduisent plus de
laisser penser que ces composantes sont inconnues alors que pour cette étude il composantes cinématiques nulles que celles de
n'en est rien. la liaison équivalente. Elles ne sont donc pas
suffisamment "mobiles".
La relation donne en général un système de 6n équations à 6 inconnues
On dit que le groupe de liaisons initial est
que l'on peut mettre sous forme matricielle car le système est linéaire.
hyperstatique de degré hq = [(6n – CC) - rcq].
Soit : [AC]{XC} = {BC}. • si (6n – CC) = rcq → les liaisons Lk sont justes
p suffisantes, car elles introduisent autant de
q
p u composantes cinématiques nulles que celles de la
Si on pose : { Vij }P,B = q v
r
alors, {XC} = .
u
liaison équivalente.
On dit que le groupe de liaisons initial est isostatique
r w p1 v
p2 w (hq = 0).
pn
Exemple : reprenons l'exemple donné figure 52.
pk uk q
Et si : {V }k
Pk , Bk
= qk v k alors, {BC}= 1
de dimension = 6n x 1. Pour déterminer la liaison cinématiquement
rk wk q équivalente L12 aux deux liaisons L1 et L2, on écrit
k successivement les conditions d'équivalence cinématiques.
p1 u1
Avec les notations : { V1 }A,B = 0
0 ,
0 0
wn 1
Lk k L'expression de {V } 12
A, B1
au point B, en posant BA = l x1 , est :
k-1 p u
{V }12
B, B1
= q v - l .r .
n-1 r w + l.q
On obtient dans ce cas un système de 12 équations comportant CC = 7 composantes
1 Ln cinématiques connues, c'est à dire non nulles. Le système est le suivant :
p = p1 p = p1
L1 q = q1 q = q1
~
n r = r1 r = r1
0
u = u1 u = u1
v – l.r = 0 p = p2
Lij n
w + l.q = 0 q = q2
p = p2 que l'on peut ordonner en : r = r2
0 q = q2 v – l.r = 0
r = r2 w + l.q = 0
fig 56
u = 0 u = 0
Lk k
v = 0 v = 0
w = 0 w = 0
k-1
Son expression matricielle est alors :
n-1 1 0 0 0 0 0 p1
0 1 0 0 0 0 q1
1 0 0 1 0 0 0 r1
Ln p u1
L1 Fe-n
0
1
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0 q p2
~
n 0 1 0 0 0 0 r q2 ,dont on peut extraire le sous
0 0 0 1 0 1 0 u = r2
0 0 −l 0 0 0 v 0
Lij n
Fe-n
0
0
+l
0
0
0
1
0
0
1
1
0
w 0
0
0 0 0 0 0 0
0 0
0 0 0 0 0 1 0
fig 57
système constitué des 5 (c'est à dire : (6n – CC)) équations caractéristiques, soit :
On voit alors que l'on peut extraire de ce système
p
un sous système constitué des 7 (c'est à dire : (6n – CC)) 0 0 −l 0 1 0 q 0
équations caractéristiques, soit : 0 +l 0 0 0 1 r 0
0 0 0 1 0 0 u = 0 . La matrice [Ahc] ainsi
0 1 0 0 0 0 p 0 0 0 0 0 1 0 0
0 0 1 0 0 0 q 0 0 0 0 0 0 1 v 0
0 0 0 0 1 0 r 0 w
0 0 0 0 0 1 = 0 formée est de rang rcq = 5. Le degré de liberté de la liaison L12 est donc
0 0 0 1 0 0 u 0
0 v 0 p 0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0 1 w 0
nc12 = 6 – 5 = 1. On trouve facilement que p ≠ 0, soit
et qu'il s'agit donc d'une liaison pivot d'axe ( A , x1 ) .
{V }12
A, B1
=0 0
0 0
La matrice [Ahc] ainsi formée est de rang rcq = 5. Le Mais dans ce cas le groupe de liaisons initial est isostatique car le système
degré de liberté de la liaison L12 est donc nc12 = 6 – 5 = 1. On comporte 5 équations caractéristiques pour un rang rcq qui vaut toujours 5.
p 0
trouve facilement que p ≠ 0, soit : { V12 }A,B = 0
0 15.3 - Liaisons en série.
0
0
1
{F } 0n {F }
Pk , Bk
= k
Pk , Bk
k = 1, 2, ...... , n. 1
2
en posant : { F } k →k-1
= {F }
k
Pk , Bk Pk , Bk fig 58
Remarque : Il est indispensable d'exprimer chaque égalité dans le repère
local de la liaison Lk, c'est à dire (Pk, Bk). Ceci permet de garder le bénéfice
L1 = pivot - (B, x1 )
des composantes nulles, correspondant aux degrés de liaison manquants,
dans l'expression des torseurs statiques relatifs à chaque liaison Lk.
1 2
Un raisonnement identique à celui effectué pour l'étude cinématique des L4 L2
liaisons en parallèle, montrerait que l'on peut extraire du système d'équations pivot glissant L42 appui plan
complet, un système homogène constitué de (6n – CS) équations caractéristiques
(A, x1 ) (A, x 3 )
X
Y
Z 4 3
que l'on peut mettre sous la forme matricielle : [A'hs] = {0}. L3 = sphérique - (A)
L
M
fig 58
N
où la matrice [A'hs] comporte (6n – CS) lignes et 6 colonnes. Le rang r'sq de cette 15.3.2 - Recherche d'une liaison
matrice permet de connaître le nombre d'inconnues nulles de {F } 0n
P, B
. cinématiquement équivalente.
Ceci permet de conclure sur le type de la liaison statiquement équivalente : Le problème se présente sous la forme donnée figure 56.
• si r'sq = 6 → L0n = liaison "libre" (pas de liaison). Condition d'équivalence cinématique :
• si r'sq < 6 → L0n = liaison ayant r'sq inconnues nulles parmi les La liaison L0n sera cinématiquement équivalente
X, Y, Z, L, M, N. La notation ns0n pour le nombre de degrés de liaison de aux n liaisons Lk, si le mouvement de n/0, autorisé
la liaison L0n, donne ns0n = 6 - r'sq. Comme nc0n = 6 - ns0n alors nc0n = r'sq, par la liaison L0n, est identique au mouvement de
et le nombre de degrés de liberté de la liaison vaut donc nc0n = r'sq. n/0 autorisé par la succession des n liaisons Lk.
• si r'sq = 0 → L0n = liaison encastrement.
Cette condition se traduit en écrivant la composition
Remarque : La nature du groupe de liaisons initial est toujours isostatique
{ V } = ∑{ V }
k =n
puisque l'on considère une chaîne ouverte de solides. des mouvements, soit :
0n k
P, B P ,B
Exemple : Considérons le mécanisme d'entraînement d'une pompe à pistons k =1
p u
{ V42 }A,B = q
3
v .
r w
La relation d'équivalence cinématique donne :
{V }42
A, B3
= {V }
2
A, B3
+ {V }
3
A, B3