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2018. 01. 24. Catalogne : les indépendantistes pourront-ils contrôler le nouveau Parlement ?

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Catalogne : les indépendantistes pourront-ils


contrôler le nouveau Parlement ?
La prochaine législature de la région espagnole doit être constituée mercredi. Elle comptera 127
députés au lieu de 135, huit élus sécessionnistes se trouvant en prison préventive ou en fuite en
Belgique.

LE MONDE | 16.01.2018 à 15h24 • Mis à jour le 17.01.2018 à 11h43 | Par Sandrine Morel (/journaliste/sandrine-morel/) (Madrid,
correspondance)

Des affiches de campagne à Barcelone, le 20 décembre, la veille des élections régionales. MANU FERNADEZ / AP

Moins d’un mois après les élections régionales catalanes du 21 décembre 2017, le nouveau
Parlement catalan a commencé à siéger , mercredi 17 janvier à Barcelone. Il doit élire son président
et les membres de son bureau lors de cette première séance.

La formation antinationaliste Ciudadanos, arrivée en tête avec 36 députés (sur 135) et 25 % des
suffrages, n’est a priori pas en mesure d’empêcher la formation d’une majorité indépendantiste. Mais
Madrid, qui a placé la région sous tutelle jusqu’à l’installation d’un nouveau gouvernement, espère
un renouvellement des dirigeants nationalistes afin de reprendre des relations institutionnelles
« normales » avec Barcelone, enterrer la demande d’un référendum d’autodétermination et négocier
un meilleur financement pour diminuer le soutien à l’indépendance en Catalogne.

Quels sont les plans des indépendantistes ?


Entre des formations divisées, les visées des partisans de l’indépendance restent floues. Ensemble
pour la Catalogne (JxC), la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et la Candidature d’union
populaire (CUP) ont obtenu, à elles trois, la majorité absolue des sièges dans la Chambre
régionale : 70 des 135 députés (47,5 % des suffrages).

Ensemble pour la Catalogne

Arrivée en seconde position, derrière Ciudadanos, avec 34 députés, Ensemble pour la Catalogne
(JxC) est la liste du président destitué Carles Puigdemont, lequel se définit toujours comme « le
président légitime de la Catalogne en exil » depuis son départ pour la Belgique , le 27 octobre 2017.
En tant que première force du bloc indépendantiste, elle entend faire pression sur la Gauche
républicaine de Catalogne pour que M. Puigdemont soit investi à distance comme président de la
Généralité, soit par vidéoconférence, soit par le biais d’un député à qui il aurait délégué le soin de
lire son discours. Pour cela, il lui faut à tout prix obtenir le soutien de la majorité du bureau du
Parlement, chargé d’interpréter le règlement pour lui permettre ou non d’être président depuis la
Belgique.

Gauche républicaine de Catalogne

De son côté, ERC (32 députés) a hésité. La formation a plaidé pour le « réalisme » lors de la
prochaine législature et affirme renoncer à la « voie unilatérale », tout en promettant de construire la
« République catalane ». Mais, bien que réticente à l’idée de braver les services juridiques du
Parlement, qui ont émis un rapport – non contraignant – s’opposant à l’investiture à distance du
prochain président catalan, elle s’est engagée, le 16 janvier à « soutenir la proposition de candidat à
la présidence de la Généralité [le gouvernement catalan] de Carles Puigdemont » dans le cadre de
la « restauration des institutions légitimes » destituées par Madrid.

Candidature d’union populaire

Enfin, la CUP, qui a obtenu quatre députés, exige de continuer sur la voie de la désobéissance au
Tribunal constitutionnel et de « l’unilatéralité » pour défendre la République catalane proclamée le
27 octobre 2017. Mais contrairement à la précédente législature, son soutien n’est plus
indispensable : son abstention suffit pour que les autres formations indépendantistes gouvernent.

Lire aussi : Madrid évalue à 1 milliard d’euros le coût de la crise catalane


(/europe/article/2018/01/01/madrid-evalue-a-un-milliard-d-euros-le-cout-de-la-crise-catalane_5236517_3214.html)

Quel sera le sort des élus mis en examen ?


Dix-sept élus du nouveau Parlement sont mis en examen dans le cadre de la tentative de sécession
du mois d’octobre. Tant qu’ils ne sont pas sous le coup d’une condamnation ferme, ils gardent leurs
droits politiques, dont celui de siéger au Parlement, sauf les trois élus en détention préventive et les
cinq autres réfugiés en Belgique pour fuir la justice espagnole qui les a mis en examen pour
« rébellion, sédition et malversation de fonds publics ».

Les trois prisonniers

Les trois élus emprisonnés près de Madrid – le président d’ERC, Oriol Junqueras, l’ancien conseiller
à l’intérieur Joaquim Forn et le président de l’association indépendantiste Assemblée nationale
catalane (ANC), Jordi Sanchez – se sont vu refuser par le juge du Tribunal suprême, le 12 janvier, la
possibilité de se rendre au Parlement catalan pour voter , au motif de risques de trouble à l’ordre
public.

Cependant, le juge a estimé que la préventive « ne peut pas supposer la modification de


l’arithmétique parlementaire configurée par la volonté des urnes ». Il invite donc le bureau du
Parlement catalan provisoire (formé par le député le plus âgé et les deux plus jeunes, tous d’ERC) à
examiner la possibilité que les prisonniers délèguent leur vote à d’autres députés, ce qu’ils feront
probablement.

Les cinq fugitifs ou « exilés »

En revanche, le juge a précisé que l’arrangement proposé ne concerne « pas les autres », une
référence à Carles Puigdemont et ses anciens conseillers (ministres régionaux) Clara Ponsati, Lluis
Puig, Toni Comin et Meritxell Serret, qui se trouvent en Belgique et sont considérés comme fugitifs
par la justice espagnole. Pour le juge, ils ne pourront donc ni voter ni se faire représenter depuis
Bruxelles.

Quel est l’enjeu de la composition du bureau du Parlement ?


On ne peut pas écarter que le bureau du Parlement ignore les considérations de la justice
espagnole et des juristes de la Chambre régionale. Il a le dernier mot pour interpréter le règlement,
déterminer comment se déroule le vote des prisonniers, et permettre celui des fugitifs, et présenter
ou pas Carles Puigdemont à la présidence de la Généralité lors de la session d’investiture, prévue
entre le 29 et le 31 janvier.

Lors de la précédente législature, le bureau du Parlement – indépendantiste – a ignoré à plusieurs


reprises les rapports des services juridiques du Parlement catalan et les décisions du Tribunal
constitutionnel, et a joué un rôle clé dans le vote des lois indépendantistes.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/16/catalogne-les-independantistes-pourront-ils-controler-le-nouveau-parlement_5242496_3214.html 1/2
2018. 01. 24. Catalogne : les indépendantistes pourront-ils contrôler le nouveau Parlement ?
Cependant, les élus connaissent à présent les possibles conséquences pénales de leurs actes et
peu sont prêts à en prendre le risque. L’ancienne présidente du Parlement Carme Forcadell, mise en
examen, a d’ailleurs renoncé à se présenter de nouveau au poste. Selon les partis
indépendantistes, c’est le porte-parole d’ERC Roger Torrent qui prendrait sa place.

Lire aussi : Catalogne : le principal parti nationaliste a reçu 6,6 millions d’euros de
financements illégaux (/europe/article/2018/01/15/catalogne-le-principal-parti-nationaliste-a-recu-6-6-millions-d-
euros-de-financements-illegaux_5241984_3214.html)

Les indépendantistes risquent-ils de perdre leur majorité ?


C’est peu probable. Si les cinq élus fugitifs ne peuvent pas voter et ne sont pas remplacés par les
suivants sur les listes, les indépendantistes perdront certes leur majorité absolue au Parlement
régional. Avec 65 députés, ils seraient alors à égalité avec les partis qui ne sont pas clairement
indépendantistes.

Mais la position des huit élus du parti de la gauche radicale Catalogne en commun-Podem, opposés
à l’indépendance unilatérale mais aussi à la mise sous tutelle, leur permettrait de maintenir la
majorité simple. La formation de la maire de Barcelone, Ada Colau, s’est en effet déclarée opposée
à l’investiture du candidat de Ciudadanos, que ce soit pour présider le bureau du Parlement ou la
Généralité. Les indépendantistes espèrent l’obliger à prendre position dans l’élection de dirigeants
indépendantistes, ou en tout cas à assumer une part de responsabilité.

Que ferait Madrid si M. Puigdemont se présente à l’investiture ?


Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a été clair, le 15 janvier, lors d’une réunion avec
la direction du Parti populaire : « Dans le cas supposé où on prétendrait que M. Puigdemont assiste
à un débat d’investiture depuis Bruxelles, le gouvernement déposerait un recours immédiat. »

Et, a-t-il ajouté, dans l’« hypothèse impossible » qu’il soit élu président de la Généralité depuis
Bruxelles, il devra prendre ses fonctions « et cela doit se faire physiquement ». « S’il ne le fait pas,
l’article 155 [celui de la mise sous tutelle de la région] restera en vigueur, non pas parce que je le dis
moi, mais parce que le Sénat a décidé que l’article 155 resterait en vigueur jusqu’à la prise de
possession de son mandat par le nouveau président après les élections en Catalogne », a rappelé
M. Rajoy.

Afin d’éviter un blocage, les indépendantistes pourraient donc décider de présenter un autre
candidat pour la présidence effective de la Généralité, quitte à donner un titre symbolique à M.
Puigdemont. Un blocage pourrait déboucher sur la tenue de nouvelles élections, au printemps.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/16/catalogne-les-independantistes-pourront-ils-controler-le-nouveau-parlement_5242496_3214.html 2/2

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