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LE MONDE | 16.01.2018 à 15h24 • Mis à jour le 17.01.2018 à 11h43 | Par Sandrine Morel (/journaliste/sandrine-morel/) (Madrid,
correspondance)
Des affiches de campagne à Barcelone, le 20 décembre, la veille des élections régionales. MANU FERNADEZ / AP
Moins d’un mois après les élections régionales catalanes du 21 décembre 2017, le nouveau
Parlement catalan a commencé à siéger , mercredi 17 janvier à Barcelone. Il doit élire son président
et les membres de son bureau lors de cette première séance.
La formation antinationaliste Ciudadanos, arrivée en tête avec 36 députés (sur 135) et 25 % des
suffrages, n’est a priori pas en mesure d’empêcher la formation d’une majorité indépendantiste. Mais
Madrid, qui a placé la région sous tutelle jusqu’à l’installation d’un nouveau gouvernement, espère
un renouvellement des dirigeants nationalistes afin de reprendre des relations institutionnelles
« normales » avec Barcelone, enterrer la demande d’un référendum d’autodétermination et négocier
un meilleur financement pour diminuer le soutien à l’indépendance en Catalogne.
Arrivée en seconde position, derrière Ciudadanos, avec 34 députés, Ensemble pour la Catalogne
(JxC) est la liste du président destitué Carles Puigdemont, lequel se définit toujours comme « le
président légitime de la Catalogne en exil » depuis son départ pour la Belgique , le 27 octobre 2017.
En tant que première force du bloc indépendantiste, elle entend faire pression sur la Gauche
républicaine de Catalogne pour que M. Puigdemont soit investi à distance comme président de la
Généralité, soit par vidéoconférence, soit par le biais d’un député à qui il aurait délégué le soin de
lire son discours. Pour cela, il lui faut à tout prix obtenir le soutien de la majorité du bureau du
Parlement, chargé d’interpréter le règlement pour lui permettre ou non d’être président depuis la
Belgique.
De son côté, ERC (32 députés) a hésité. La formation a plaidé pour le « réalisme » lors de la
prochaine législature et affirme renoncer à la « voie unilatérale », tout en promettant de construire la
« République catalane ». Mais, bien que réticente à l’idée de braver les services juridiques du
Parlement, qui ont émis un rapport – non contraignant – s’opposant à l’investiture à distance du
prochain président catalan, elle s’est engagée, le 16 janvier à « soutenir la proposition de candidat à
la présidence de la Généralité [le gouvernement catalan] de Carles Puigdemont » dans le cadre de
la « restauration des institutions légitimes » destituées par Madrid.
Enfin, la CUP, qui a obtenu quatre députés, exige de continuer sur la voie de la désobéissance au
Tribunal constitutionnel et de « l’unilatéralité » pour défendre la République catalane proclamée le
27 octobre 2017. Mais contrairement à la précédente législature, son soutien n’est plus
indispensable : son abstention suffit pour que les autres formations indépendantistes gouvernent.
Les trois élus emprisonnés près de Madrid – le président d’ERC, Oriol Junqueras, l’ancien conseiller
à l’intérieur Joaquim Forn et le président de l’association indépendantiste Assemblée nationale
catalane (ANC), Jordi Sanchez – se sont vu refuser par le juge du Tribunal suprême, le 12 janvier, la
possibilité de se rendre au Parlement catalan pour voter , au motif de risques de trouble à l’ordre
public.
En revanche, le juge a précisé que l’arrangement proposé ne concerne « pas les autres », une
référence à Carles Puigdemont et ses anciens conseillers (ministres régionaux) Clara Ponsati, Lluis
Puig, Toni Comin et Meritxell Serret, qui se trouvent en Belgique et sont considérés comme fugitifs
par la justice espagnole. Pour le juge, ils ne pourront donc ni voter ni se faire représenter depuis
Bruxelles.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/16/catalogne-les-independantistes-pourront-ils-controler-le-nouveau-parlement_5242496_3214.html 1/2
2018. 01. 24. Catalogne : les indépendantistes pourront-ils contrôler le nouveau Parlement ?
Cependant, les élus connaissent à présent les possibles conséquences pénales de leurs actes et
peu sont prêts à en prendre le risque. L’ancienne présidente du Parlement Carme Forcadell, mise en
examen, a d’ailleurs renoncé à se présenter de nouveau au poste. Selon les partis
indépendantistes, c’est le porte-parole d’ERC Roger Torrent qui prendrait sa place.
Lire aussi : Catalogne : le principal parti nationaliste a reçu 6,6 millions d’euros de
financements illégaux (/europe/article/2018/01/15/catalogne-le-principal-parti-nationaliste-a-recu-6-6-millions-d-
euros-de-financements-illegaux_5241984_3214.html)
Mais la position des huit élus du parti de la gauche radicale Catalogne en commun-Podem, opposés
à l’indépendance unilatérale mais aussi à la mise sous tutelle, leur permettrait de maintenir la
majorité simple. La formation de la maire de Barcelone, Ada Colau, s’est en effet déclarée opposée
à l’investiture du candidat de Ciudadanos, que ce soit pour présider le bureau du Parlement ou la
Généralité. Les indépendantistes espèrent l’obliger à prendre position dans l’élection de dirigeants
indépendantistes, ou en tout cas à assumer une part de responsabilité.
Et, a-t-il ajouté, dans l’« hypothèse impossible » qu’il soit élu président de la Généralité depuis
Bruxelles, il devra prendre ses fonctions « et cela doit se faire physiquement ». « S’il ne le fait pas,
l’article 155 [celui de la mise sous tutelle de la région] restera en vigueur, non pas parce que je le dis
moi, mais parce que le Sénat a décidé que l’article 155 resterait en vigueur jusqu’à la prise de
possession de son mandat par le nouveau président après les élections en Catalogne », a rappelé
M. Rajoy.
Afin d’éviter un blocage, les indépendantistes pourraient donc décider de présenter un autre
candidat pour la présidence effective de la Généralité, quitte à donner un titre symbolique à M.
Puigdemont. Un blocage pourrait déboucher sur la tenue de nouvelles élections, au printemps.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/16/catalogne-les-independantistes-pourront-ils-controler-le-nouveau-parlement_5242496_3214.html 2/2