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Échos d'Orient

Les chrétiens sous les sultans (1553-1592). Un recueil de


documents turcs
Vitalien Laurent

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Laurent Vitalien. Les chrétiens sous les sultans (1553-1592). Un recueil de documents turcs. In: Échos d'Orient, tome 28,
n°156, 1929. pp. 398-406;

doi : 10.3406/rebyz.1929.2620

http://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1929_num_28_156_2620

Document généré le 24/01/2017


Les chrétiens sous les sultans

(1553-1592)

Un recueil de documents turcs

Pendant la guerre parut à Stamboul un ouvrage au titre bilingue,


turc et français : Ùnungi 'asri hegrïdah Istänböl hayätl (La vie
à Constantinople au x° siècle de l'hégire). L'Allemagne, alliée de
l'empire ottoman, fut la première à connaître la publication et nous
devons à ses islamisants de savantes recensions de ce recueil (i).
Nos lecteurs nous sauront sans doute gré de faire à leur intention
ce travail et de leur donner une analyse aussi complète que
de documents dont la langue n'est pas à la portée du grand
nombre. Le point de vue auquel nous nous plaçons est d'ailleurs
absolument différent de celui qui a guidé d'autres critiques; nous
y chercherons conformément au programme de cette revue, non
pas des témoins de la civilisation islamique, mais des traces de la
législation, à laquelle étaient soumises, après un siècle
musulmane, les chrétientés d'Orient.
Sous un titre aussi bien fait pour attirer la curiosité du folk-
loristeque l'attention de l'érudit, l'auteur, Mr Ahmed Réiiq, a
sur les Archives ottomanes un recueil de 242 documents
concernant les manifestations les plus diverses de la vie
municipale à Constantinople à la lin du xvie siècle. Le grand
intérêt de ces pièces vient d'abord de leur ancienneté; elles furent,
en effet, rédigées de l'an 961 de l'hégire ( 1 553- 1 554) à l'an 1000
(1 591-1592). Mais la diversité même de leur objet fait que le recueil
s'adresse à toutes les branches de l'orientalisme. Nous nous
de relever d'abord en traduction française les grandes
dans lesquelles sont distribuées les matières; nous y
le détail des ordonnances portées à propos des chrétiens.
Enfin, à titre d'échantillons et à cause de leur nature, nous joindrons
à cette description la traduction de cinq documents.

La répartition des matières est systématique et reproduit,


croyons-nous, l'ordre même des registres ou les actes ont été
copiés.

(1) Ci. Der Islam, t. IX, 1910, p. zio sq.


l.ES CHRETIEN'S SOUS LES SULTANS Λ()Ο.

Tous les documents sont groupés en dix séries :


ι. Affaires du Palais, p. 5-22, 02 pièces.
2. Direction des fondations pieuses, mosquées et fontaines publiques,
p. 20-48, 33 pièces.
3. Vie et opinion publiques, médressés, bibliothèques, p. 49-54,
<■> pièces.
4. Vie des femmes, p. 55-6 1, H pièces.
5. Des ηοώβ musulmans et des églises, μι. 62-82, 2i pièces.
6. Affaires de la préfecture, hygiène, maisons et rues, p. Mo-97.
t6 pièces.
7- Monnaies et tarifs, p. 98-iott, 14 pièces.
8. Provisions et vivres, p. 109-145, 46 pièces.
9. Commerce, arts, affaires douanières, p. 146-192, 60 pièces.
10. \*ie publique et affaires de police, p. 19.3-212, 20 pièces.
La topographie de Constantinople et de ses faubourgs prolitera
certainement des indices précieux épars dans les règlements de
l'administration locale autorisant la construction de nouveaux
ou prescrivant la réparation des aqueducs nécessaires à
d'innombrables fontaines (1). Leur mise en œuvre
déborderait les limites prescrites à cette note: nous les utiliserons
d'ailleurs dans de futurs travaux.
Les règlements à caractère religieux comportent presque tous
des sanctions prises contre les communautés non islamiques. Leur
lecture convainc que le pouvoir occupant, tout en laissant aux
minorités indigènes certaines franchises, veillait à ce qu'il ne se
cFéât point, sur l'un ou l'autre côté de la Corne -d'Or, au sein
d'une population encore en majorité grecque, des mouvements
d'idées ou des institutions qui eussent pu paraître un danger pour
Ja religion officielle. Ainsi, il est interdit aux chrétiens de bâtir
près des remparts ou dans le voisinage des mosquées (deux points
sur lesquels s'appuyait à Constantinople la puissance ottomane en
face de l'Europe menaçante) ; puis une série d'autres mesures
d'année en année les libertés consenties un siècle
par la sage libéralité du conquérant. Le présent recueil
nous en fait connaître une vingtaine dont voici le détail.
Les suscriptions mises par l'éditeur à chacune des pièces ne nous

(1) V. ,!î. p. 33, le numéro i5 concerne la provision de marbre â faire dans les ruines
des districts de Sabandja et d'Ezenghemide en vue de la construction à Scutari d'une
mosquée que la mère de Mourad III veut y bâtir. Pour les aqueducs, voir p. 2 5. n. 5:
p. 2.3, n. j ; p. 27. n. y; p. 28, n. 10, etc.
400 échos d'orient

ont pas toujours paru correspondre à leur contenu ; nous les avons·
donc, en les traduisant, librement interprétées, quand besoin en
a été.
1. Défense aux chrétiens d'habiter aux environs des mosquées, p. 2.3-
24, n. 2.
2. Ordre de procéder à une enquête et de dresser la liste des
de guerre et des jeunes esclaves se trouvant chez des non musulmans,
p. 62;λΓ, ι.
3. Ordre de se saisir de ces prisonniers et de ces esclaves et de les
livrer aux mulsumans, p. 02-63; V, 2.
4. Ordre de démolir une église sise au delà de Balat Capou et
contrairement à la loi, p. 64; V, 4. (Voir plus bas„ p. 401.)
5. Ordre de démolir des églises construites contrairement à la loi, p. 64-
66; V. (Voir plus bas, p. 401.)
6. Ordre de démolir un monastère bâti près de Soulou Monastir p. 66-
67; V, 5. (Voir plus bas, p. 402.)
7. Ordonnances concernant le costume des non musulmans, p. 60-69 >'
V, 6, 7
8. Déportation au Mont Athosde l'ex-patriarcheMétrophane III, p. 70-71 ;
V, 9· (Voir plus bas, p. 403.)
10. Interdiction aux chrétiens de transporter le vin dans des peaux de
chèvre, p. 70; V, 8.
10. Ordonnance réglant l'importation par les chrétiens du vin à
p. 71-72; V, 10.
11. Interdiction de vendre aux non-musulmans des prisonniers de guerre,
p. 72; \, 11.
12. Défense aux chrétiens d'ouvrir des tavernes dans les quartiers
p. 73; V, 12.
13. Défense au non-musulmans de circuler dans la tenue des
p. 73-74; V, i3.
14. Ordonnance concernant le port à Constantinople du chapeau
par les Juifs, p. 74-75; V, 14.
15. Interdiction faite aux chrétiens d'habiter aux environs d'Eyoubr
p. 75;V, i5.
16. Interdiction de lever de trop grands impôts sur les chrétiens
à Constantinople pour travailler aux jardins, p. 164-165; IX, 27.
17. Pour l'ouverture d'un bazar à Galata, p. 187-188; IX, 55. (Voir
plus bas, p. 404.)
18 Protestations adressées par des non-musulmans à Mahmoud pacha-
contre des non musulmans, p. 193; X, 1.
19. Le procès d'un étranger (Européen) demeurant à Constantinople
doit être jugé devant le tribunal religieux turc, p. 198; X, 6/
. LES CHRÉTIENS SOUS LES SULTANS 4OI

'
CHOIX DE DOCUMENTS
I. — Pour la démolition de l'église construite contrairement aux lois
au delà de Balat Capou.

Ordre au cadi de Stamboul.


Les pécheurs infidèles ont eu recours à mon trône impérial pour dire
que leur église construite au delà deJBalat Capou avait été fermée à clé
et l'entrée interdite conformément à mon ordre sacré.
Or, ayant appris que l'église en question n'était auparavant qu'une
maison et que les infidèles en ajoutant un étage l'ont transformée en
église, j'ai ordonné de la démolir et j'ai chargé de cela Ali. Je vous
enjoins de ne pas tarder à l'accompagner sur les lieux et de faire démolir
toutes les maisons qui dépasseraient les autres en hauteur et de ne pas
permettre que l'on agisse contre mon ordre. Vous signifierez aux infidèles
qu'ils ne devront plus se réunir dans cette maison pour célébrer leurs
rites, et recommanderez en même temps aux musulmans du voisinage de
vous avertir au cas où les infidèles se réuniraient dans la maison
ou projetteraient d'en construire une autre. Qu'ils le sachent
donc, et vous ne permettez aucun acte qui serait contraire au chéri et
à mon ordre.
Le 8 rebiul ewel 973 (3 novembre i565).

II. — Ordre pour la démolition d'églises bâties contrairement à la loi.

Ordre au cadi de Stamboul et au chef des architectes.


Toi qui es cadi de Stamboul et toi qui es chef des architectes, vous avez
porté à ma connaissance, refuge de la justice, que les notables du quartier
Seid Eumer se sont présentés par-devant le Conseil du chéri pour dire
que dans ce même quartier, près de la mosquée, il existait un bâtiment dont
la démolition avait été décrétée par le chéri, que vous vous êtes rendus sur
les lieux pour l'examiner en présence d'une foule de musulmans, et que
parmi les musulmans justes quatre vieillards ont déclaré que cette bâtisse
était nouvelle et qu'elle avait été construite environ soixante ans
Leur témoignage a été jugé digne d'être reçu et il a été décidé que
d'après le chéri elle devait être démolie.
La population infidèle, par contre, a présenté de son côté une pétition
à ma cour pour dire que du temps de feu Sultan Mehmed han il leur avait
été assigné un quartier et une propriété; -il leur avait été en même temps
délivré à cet effet un acte du chéri et depuis lors elle habitait dans ce
et occupait l'immeuble susmentionné; lorsque, du temps du Sultan
Sélim, on procéda à la révision des propriétés, on en démolit beaucoup,
mais on ne toucha pas à celle-là parce qu'elle était ancienne, et même on
délivra un acte de propriété...
402 ÉCHOS D'ORIENT

Or, j'avais donné l'ordre à l'architecte de se rendre sur les lieux pour
vérifier en présence des musulmans et des infidèles si cet édifice était
ancien ou récent, et de porter le résultat à ma connaissance. L'architecte
de l'Etat, Haireddine, a contrôlé l'état des choses en présence d'une foule
nombreuse de musulmans et d'infidèles; il a été constaté que trois murs et
la toiture de l'édifice situé dans la cour d'un infidèle ont été bâtis après la
conquête du territoire, et que l'autre mur était, en grande partie, l'œuvre
des infidèles ; et en examinant attentivement l'endroit du mur où était l'autel
on 'a constaté que ce n'était pas un mur antique, mais qu'on avait creusé
dans le mur.
Or, on appelle édifices antiques ceux qui ont été construits avant la
conquête et qui, après la conquête, sont restés dans le même état; s'il
s'est écroulé, if doit avoir été reconstruit d'après une autorisation du cadi,
Sur ce, il a été demandé aux infidèles s'il existait un arrêt ou un hodjet
délivré par fe chéri. On a alors exhibé un teskéré portant les armoiries de
feu Sultan Mehmed han délivré quatre années après la conquête, il y est dit
que cela était cédé à titre de propriété et qu'il serait possible d'en tirer
profit sous n'importe quelle forme, qu'on pourrait le vendre, si on le
îe donner en cadeau ou en faire un bien vakouf. Seulement, dans ce
teskéré, il n'y a pas mention que la cession est faite à un infidèle; et à
qu'il l'ait été, il n'est pas spécifié qu'il le conserverait dans les mêmes
conditions.
En outre, une lettre portant la signature d'un certain Halil informe que
l'église se trouvant en la possession du prêtre Besclor à Alti Mermer est
une église ancienne, mais que les exercices (religieux) y ont cessé. Depuis
lors, soixante-six années se sont écoulées. Conséquemment il n'y a pas
lieu de la laisser en leur possession (des infidèles).
Je vous ordonne donc qu'aussitôt reçu mon ordre sacré vous vous
sur les lieux mêmes; vous démolirez jusque dans ses fondements
en question sans y laisser trace d'une bâtisse. Vous m'avertirez par
écrit que vous avez reçu mon ordre sacré.
Le 24 rebiul ewcl 972 (3i octobre 15641'.

III. — Four la démolition d'un monastère bâti près de Soulon Monastir.


Ordre au cadi de Stamboul.
Le cadi de Galata porte par lettre à ma connaissance que les
de la petite mosquée sise aux environs de Soul ou Monastir, à
demandent la démolition d'un monastère que les prêtres arméniens
auraient fait construire à Soulou Monastir dans leur propriété.
Conformément à mon ordre on s'est rendu sur les lieux mêmes à Soulou
Monastir et l'on a constaté, en effet, qu'un nouveau monastère avait été
construit tout près de l'ancien, que les infidèles y faisaient du tapage,
LES CHRÉTIENS SOTS LES SULTANS

buvant des boissons de façon à empêcher, dans la mosquée la prière et la


lecture du Coran. Hadji Bairam, imam du quartier, Issa, fils de Habdi le
muezzin, Mehmed, fils de Abdullah, Mehmed, fils de Ramazan, tous les
deux du corps des Sipahis, Idris, fils de Youssouf, Ali·, fils de Abdullah le
Gaucher, Iskender, fils de Abdullah janissaire, Ali, fils àe Abdullah,
Suleiman, fils de Murad, Murad, fils de Abdullah, Mehmed, fils de
Abdullah, Issa Dédé, fils de Moussa, etc., se sont plaints de cet état de
choses et se sont joints à une foule du musulmans pour demander la
du nouveau monastère. <;

:
Je vous ordonne donc de vous rendre sur les lieux et de vérifier l'état
de choses; et s'il est tel qu'on le prétend, de démolir le nouveau
et d'empêcher les réunions, l'usage des boissons et la musique dans
l'ancien monastère. Et s'ils vont à l'encontre de mon ordre, celui-là' aussi
sera détruit. Faites donc aux prêtres les recommandations nécessaires et
ne permettez à personne d'aller à l'encontre du chéri et de mon ordre,
Le 3 dhielkadé 972 (3 juin 1 565) .

IV. — Déposition et relégation du patriarche de Constantinople au Mont Athos.


Ordre au cadi de Scutari.
Jérémie, actuellement patriarche des infidèles à Stamboul, porte à la
connaissance de mon seuil de bonheur que le prêtre du nom de Métro-
phane (1), ex-patriarche domicilié à Scutari, pousse à l'insubordination les
métropolitains, les évêques et les autres prêtres en les empêchant de verser
à l'Etat les redevances exigées.
Or, ceux qui sont déchus du siège patriarcal vont depuis les temps
antiques vivre au Mont Athos; le »susdit aussi devra être relégué au Mont
Athos; je vous ordonne donc d'expédier a« Mont Athos le prêtre'Métro-
phane susmentionné et vous intime l'ordre qu'à la réception de la présente
vous l'expédiiez sans retard au Mont Athos, afin qu'il aille habiter là où
ont vécu depuis les temps reculés ceux qui ont été dépossédés du siège
patriarcal (2).
16 zilhidjé 981 (9 avril 1074).

yi) Métrophane 111, dout il est ici question, était démission naire depuis le 5 mai 1572.
Réfugié à Scutari, où il avait affecté de résider pendant son pontificat, il ne cessa
contre son successeur devenu son rival. Le présent arrêt prouve que Jérémie II
Tranos put déjouer les premières menées du remuant prélat et obtenir du pouvoir civil
qu'il fût mis hors d'état de lui nuire. Mais il n'y eut jamais rien de si inconstant que là
faveur des hommes d'état turcs: elle eut toujours pour règle l'intérêt pécuniaire.
dut renchérir sur le patriarche, car le 29 novembre 1579, grâce aux pouvoirs publics,
il obtenait sa revanche et remontait sur le trône œcuménique.
(2) Cf. A. Papauopoulos-KéraueiïSj Πατριαρχικοί κατ^γοι (i453-iG36),dans la By z
Zeitschr.,t. VIII, 1899. p.-3ç5. ■■..■: *

404 ÉCHOS D'ORIENT

V. — Ordre pour les réparations nécessaires à la mosquée de Sainte-Sophie.


Ordre au gérant de Sainte-Sophie et à maître Mehmed,
architecte du Palais.
Toi qui es le gérant de Sainte-Sophie et toi qui es l'architecte du
Palais, dans une lettre que vous m'avez adressée, vous exposez que, dans
le voisinage de la mosquée, quelques contreforts tombent en ruines et
qu'il faut en construire les sommets en pierre, les couvrir ensuite de
planches ou bien de plaques de plomb ; les contreforts construits en briques
auraient besoin de réparation et le minaret en bois, également en ruines,
devrait être aussi construit en briques.
Je vous ordonne donc de construire l'endroit menant au minaret (la
tour) dans une forme convenable, de couvrir avec des planches les faites
dont les planches seraient détériorées et d'employer des briques pour les
contreforts en briques, de réparer convenablement les crépis des autres
.

et de vous employer h les terminer.


Zilhidjé 980 (avril 1.57.3).

VI. — Construction d'un bazar à Galata.


Ordre au cadi de Galata et au gérant de Sainte-Sophie.
Toi qui es cadi et toi qui es gérant, vous avez, l'un par une lettre, l'autre
en personne, accompagnés dune foule de musulmans, fait connaître à ma
haute cour l'absolue nécessité de créer un bazar à Galata; vous avez dit
que les infidèles voulaient faire un bazar de la grande bâtisse à vingt
couples qu'ils possèdent, moyennant un versement à l'evkaf de 20 akdjés
par mois, le local faisant partie du graud vacouf de Sainte-Sophie; vous
avez dit que le local se prêterait fort bien à- la création d'un bazar.
Il avait été ordonné que l'on devait se rendre sur les lieux mêmes afin
de me renseigner sur le vrai état de choses après enquête. Or, l'architecte
de la cour, maître Djafer, accompagné d'une foule de musulmans, s'est
rendu sur les lieux et a constaté que la bâtisse en question avait une
de 20 pics sur 25 de profondeur, et qu'elle est munie de 20 coupoles,
de poutrelles en fer et de 16 colonnes en marbre, qu'elle possède trois
portes et se prêterait à la création d'un bazar.
Il paraît qu'anciennement cette bâtisse servait de bazar. Je vous ordonne
donc, après l'avoir fait évacuer, de prendre vos mesures pour la
en bazar et la céder à qui en fera la demande. Et toi qui es
gérant, tu en percevras et conserveras les revenus.
29 zilhidjé 993 (2.3 décembre i585).

Nous ne saurions mieux faire que de terminer ce petit dossier


■en lui adjoignant la traduction d'une pièce intéressante concernant
LES CHRÉTIENS SOUS LES SULTANS

un métropolite d'Andros agacé par le fisc de son île. J'en dois


communication à un ami, M. Stylianidès, que je remercie de son
aimable entremise.

Mon ordre au cadi, chef religieux d'Andros.


Le patriarche grec Cyrillos, en résidence près de ma porte de félicité,
m'a exposé ce qui suit :
L'évêque en fonction de cette île, Karimos, qui a environ iooooo akthés
de dette envers ma caisse impériale, est importuné par d'autres
(m. à m. par des gens envers lesquels il a aussi des dettes), et ces
gens exigent de lui qu'il leur paye d'abord leur dû; ensuite, il pourra
verser à la caisse impériale.
Alors, j'ordonne par mon firman impérial ceci : tu dois faire savoir à ces
gens qu'ils s'abstiennent d'importuner cet évêque jusqu'au payement
intégral de sa dette envers ma caisse. Tu dois agir en stricte conformité
avec mes ordres; après le payement de ses dettes envers ma caisse, qu'il
règle aussi ses dettes envers ces gens.
12 eheial 1047 (.28 février i638).

On saisira mieux l'importance de documents de ce genre en


remarquant les correctifs que celui-ci permet d'apporter à la liste
des évêques d'Andros que l'historiographe de l'île, Mir Pascales,
continue de dresser avec un soin louable (Dans la revue θεολογία,
depuis 1926.)
Il est tout d'abord évident que le nom de l'évêque en cause ici
a été mal lu par le traducteur ou plutôt mal transcrit par l'éditeur
turc; l'original n'étant pas à ma portée, je ne puis fournir la preuve
matérielle de ce qui me paraît évident, à savoir que Karimos est
une fausse graphie pour Makarios. De fait, un prélat de ce nom
contresigne, en date du 21 février i638 (une semaine, par
avant l'émission du présent décret), la déposition du
d'Athènes Sophrone. (Cf. D. G. Kambouroglou, Μνημεία τής
Ιστορίας των 'Αθηναίων, II, ρ. 1 6ο,·)
Paschalès se trompe en .-affirmant que le signataire de cet acte
a nom Cyrille. La référence qu'il donne était le nom du titulaire
que nous avons lu à l'endroit que nous citons.
Il semble bien que Macaire occupait depuis quelque temps le siège
d'Andros quand fut libellé le présent firman. Le montant de la
dette contractée envers l'État (1 346 piastres or), à laquelle s'ajoutent
les sommes dues aux particuliers, prouve qu'il gérait depuis quelque
4<-)6 échos d'orient

l'ile."
temps les affaires de On connaît son prédécesseur, Cyrille, qui,
à la même date, signe πρώην "Ανδρου.
11 est possible que le Macaire de notre document soit le même
qui, du 19 décembre 1626 au i3 mars i63o, gouverna l'Eglise
insulaire. En effet, les dépositions et les restaurations sont un fait
normal des fastes épiscopaux à l'époque moderne. Rien cependant
ne s'oppose à ce que deux homonymes se soient succédé sur le même
siège à un très court intervalle.
V.

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