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HORS-SÉRIE
SEPTEMBRE 2015 NUMÉRO 8
comprendre
L’ÉCONOMIE
DOM : 9,40 € - MAROC : 100 MAD - TUN 19 DT - CFA 5900 - LIBAN 17500 LBP
problèmes économiques c a h i eç r s c a h i eç r s
HORS-SÉRIE
SEPTEMBRE 2014 NUMÉRO 6
L A FRANCE
PEUTELLE RESTER
comprendre COMPÉTITIVE ? ÉCONOMIE ET POLITIQUES
DOM : 9,40 € - MAROC : 100 MAD - TUN 19 DT - CFA 5900 - LIBAN 17500 LBP
L’ÉCONOMIE MONDIALE
DE LA CULTURE
Septembre-octobre 2014
Mai-ajuin 2014
3’:HIKLTH=ZU]UUY:?a@a@k@g@p";
M 01975 - 6H - F: 8,00 E - RD
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M 05068 - 380 - F: 10,00 E - RD
4,90 € 9€ 10 €
internationales internationales
LE PATRIMOINE
Les canaux de Suez et Panama Le Nigeria au défi de Boko Haram
Histoire des capitales ivoiriennes À propos d’Incendies de Denis Villeneuve
Questions
Questions
du Sud
YANN POTIN
ports
N° 70 Novtembre-décembre 2014
N° 71 Janvier-février 2015
mondiaux
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3’:HIKTSJ=YVUUUX:?k@a@r@a@a";
M 09894 - 69 - F: 10,00 E - RD
M 09894 - 70 - F: 10,00 E - RD
CANADA : 14.50 $ CAN
10 €
11,80 €
➜ EN VENTE EN KIOSQUE
Rédaction
de Problèmes économiques
Patrice Merlot (Rédacteur en chef) Tout le monde connaît quelques aphorismes autour du thème de l’économie. Certains
Markus Gabel mettent clairement en évidence son importance comme le fait le célèbre « It’s the
(Analyste-rédacteur, rédacteur en
economy, stupid ! » (C’est l’économie, imbécile !), formulé par James Carville, l’un
chef des hors-série)
Stéphanie Gaudron des conseillers du candidat Bill Clinton lors des élections américaines de 1992 afin de
(Analyste-rédactrice) souligner la place capitale de ces questions pour les citoyens. Jean Tirole, l’économiste
Secrétariat de rédaction français désormais le plus célèbre, l’a dit à sa manière quand il confiait après son
Anne Biet-Coltelloni discours de réception du prix de la Banque de Suède – dit « prix Nobel » – à l’université
Promotion de Stockholm en décembre dernier : « L’économie est partout, on ne peut y échapper… ».
Anne-Sophie Château
Loin de nous l’idée de mettre en cause ces déclarations, puisqu’elles traduisent, à leur
Secrétariat
Paul Oury manière, le projet ambitieux de vulgarisation auquel s’est attaché notre revue. Mais,
29, quai Voltaire
outre l’importance de la matière, il faut souligner une autre spécificité : l’économie ne
75344 Paris cedex 07 s’arrête jamais. Comme un jeu perpétuel, elle produit en flux continu des données et
Tél. : 01 40 15 70 00 des chiffres nouveaux, et booms et crises se succèdent. Avec l’économie, rien ne paraît
pe@ladocumentationfrancaise.fr jamais vraiment gagné, jamais perdu ; la naissance et le déclin dans la hiérarchie des
http://www.
entreprises, comme dans ceux des nations ou des régions, sont la règle.
ladocumentationfrancaise.fr/
revues-collections/problemes- Cette place éminente et ces transformations incessantes contribuent certainement
economiques/index.shtml
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au succès de nos titres « Comprendre l’économie ». Après une livraison consacrée aux
concepts et mécanismes fondamentaux (hors-série no 7 du printemps 2015), ce second
Avertissement tome se penche sur l’économie contemporaine, les grands problèmes de notre temps et
Les opinions exprimées
dans les articles reproduits
leurs solutions.
n’engagent que les auteurs
En cet automne 2015, les traces laissées par la « Grande Récession » de 2008 sont
Crédit photo : toujours profondes. Le dossier commence ainsi par faire le point sur l’état de l’économie
Couverture : Corbis mondiale : quels sont les pays sortis de la crise ? Lesquels la subissent encore ? Quels
Page 2 : Corbis ; Page 3 : iStock
pays sont menacés par la déflation et comment évoluent les déséquilibres financiers
© Direction de l’information légale
et administrative. Paris, 2015 dans le monde ? Quelles sont les conséquences de la baisse du prix des matières
premières et de la dépréciation de l’euro ? Une deuxième partie porte sur des évolutions
Conception graphique
Célia Pétry
plus structurelles : quelles sont les tendances longues qui se dessinent, quels aspects
Nicolas Bessemoulin institutionnels – en termes de protection sociale, d’emploi, de modèles de croissance,
En vente en kiosque et en librairie de compétitivité ou de systèmes fiscaux – marquent la période récente ? Enfin, une
(Adresses accessibles en ligne) troisième partie examine les nouveaux défis de régulation des économies, autant dans
# Retrouvez-nous sur le domaine des politiques publiques qu’au niveau de la gouvernance mondiale. C’est
Facebook et sur Twitter l’occasion de faire le point sur les politiques monétaires non conventionnelles, sur
@ ProbEcoPE la refonte de la gouvernance bancaire et financière (mondiale et européenne), ainsi
que sur d’autres sujets d’actualité comme – au moment du sommet Cop21 à Paris – la
gouvernance environnementale. Cette dernière partie, qui met notamment en relief la
IMPACT-ÉCOLOGIQUE très forte sollicitation des pouvoirs publics pour faire face à la crise, peut aussi se
www.dila.premier-ministre.gouv.fr
comprendre comme une ultime illustration de l’importance de l’économie et de l’utilité
PIC D’OZONE 141 mg eq C2 H 4 de bien comprendre ses rouages.
Pour un ouvrage
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2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
France Allemagne Italie Japon États-Unis Grande-Bretagne Espagne
publics ont été réduits, mais les résultats sortie de la Grèce de la zone euro. Elle a éga-
ont été moindres qu’attendu. La confiance lement réouvert la possibilité d’un défaut
dans les économies européennes et sur- sur les titres publics en zone euro, ainsi que
tout le soutien politique se sont émoussés. le débat sur l’opportunité des politiques
Il a fallu l’intervention de la Banque cen- conduites depuis 2010. La comparaison avec
trale européenne (BCE) en juillet 2012 – son les États-Unis ou le Royaume-Uni, tant sur le
action était conditionnée au renforcement plan de l’activité que du chômage, n’est pas à
et au respect du pacte de stabilité – pour l’avantage de la zone euro dans son ensemble.
que les taux souverains regagnent une zone La dette publique a moins augmenté dans la
plus acceptable pour les pays en crise et leur zone euro qu’aux États-Unis ou au Royaume-
permettent d’espérer un retour de la crois- Uni (d’une dizaine de points de PIB), mais le
sance. Cette intervention a pris la forme prix payé est important au regard des autres
d’un programme de rachat de titres publics résultats économiques. Ainsi, le chômage
pour les pays en crise (annoncé en sep- agrégé de la zone euro dépasse encore de plus
tembre 2012), conditionnellement à l’adop- de trois points le taux de 2007 et le PIB par
tion d’un programme de stabilisation des tête est inférieur au niveau de cette même
finances publiques (en fait un programme année. En revanche, aux États-Unis comme
de restriction budgétaire). Cet outil n’a pas au Royaume-Uni ou au Japon, la situation
été utilisé, mais la possibilité qu’il le soit du marché du travail est presque normali-
a suffi à convaincre les marchés financiers sée. Seul le taux d’emploi aux États-Unis est
que la zone euro prenait en charge sa mon- plus dégradé qu’en zone euro, traduisant un
naie. Ce programme a été ensuite complété, impact encore fort de la crise sur la partici-
lorsque les risques de déflation sont deve- pation au marché du travail (et touchant plus
nus plus forts, à la fin de l’année 2014, par particulièrement les Noirs et les femmes).
un programme massif de rachat de titres Les situations des pays de la zone euro
divers par la BCE. sont très diverses. L’Allemagne (ainsi que
L’élection du gouvernement Syriza au début l’Autriche) est aujourd’hui sortie de la crise.
de l’année 2015 a relancé les craintes d’une Le PIB par tête a augmenté, le chômage a
diminué et le taux d’emploi y est supérieur à sur les évolutions salariales. L’Italie se dis-
celui de 2007. La dette publique nette (concept tingue de l’Espagne ou de l’Irlande en ce que
légèrement différent de celui entendu au la crise ne semble pas pouvoir s’interrompre
sens de Maastricht, mais plus adapté aux et la dégradation du PIB par tête est la pire
comparaisons internationales avec les pays après celle de la Grèce.
non couverts par le traité de Maastricht) On qualifie souvent cet épisode d’échec de
est presque la même qu’en 2007. Un second l’austérité. Il faut bien comprendre que l’aus-
groupe de pays, avec la France, la Belgique térité a eu des effets mal anticipés et peu
et les Pays-Bas sont revenus pratiquement contrôlés, mais qu’une politique radicale-
au niveau de PIB par tête d’avant la crise. La ment inverse n’aurait pas pour autant réduit
dette publique nette a augmenté significati- les déficits publics ou apporté une solution
vement (surtout en France) et le chômage est à la crise des dettes souveraines. La bonne
plus élevé qu’en 2007. Un troisième groupe de voie, telle que l’ont suivie les États-Unis,
pays, pour lesquels la crise des dettes sou- aurait été une austérité raisonnée, permet-
veraines a été massive, reste englué dans la tant une réduction progressive des déficits
crise. Ce groupe comporte la Grèce, mais aussi mais aussi du chômage. L’intervention de la
le Portugal, l’Irlande, l’Espagne ou l’Italie. BCE aurait pu permettre l’étalement de l’aus-
Le retour de taux de croissance positifs ces térité en empêchant la sanction des marchés
derniers trimestres en Espagne ou en Irlande financiers de conduire à une hausse des taux
n’a pas encore suffi à effacer les effets de la souverains. En maintenant les taux souve-
récession violente passée. De plus, y compris rains bas, l’effet boule de neige de la dette
en Irlande, la situation du marché du travail publique (mais aussi de la dette privée) aurait
est fortement dégradée et pèse lourdement été contenu et on aurait évité la trajectoire
2%
Écart de chômage (2015)
EST SVK Chômage-chômage plein emploi
IRL USA
FRA
LUX FIN
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–4 –2 0 2 4 6 8 10
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ITA
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–2%
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R2 = 0,7725
–4%
Note : la taille des bulles est proportionnelle à la taille des économies (PIB en volume, en parité de pouvoir d’achat).
Source : OCDE, Economic Outlook, no 97.
premières années de la monnaie unique, com- La réduction des salaires réels provoque
binés à l’incomplétude institutionnelle de la néanmoins un effet positif. La réduction des
zone euro, alimentent maintenant le risque coûts de production permet, lorsque les taux
de déflation. de change sont fixes, de gagner en compéti-
tivité et donc de conquérir des parts de mar-
En moyenne depuis 2008, le pouvoir d’achat
ché. Mais lorsque les changes sont variables,
des salaires a évolué négativement en Italie,
l’appréciation de la monnaie annule le gain
en Espagne, au Portugal ou en Grèce. Cela
strictement nominal. Ainsi, ce canal positif
s’ajoute à la faiblesse de la demande exté- ne peut jouer qu’à l’intérieur d’une même
rieure, se traduit par une inflation de plus en zone monétaire et son effet est d’autant plus
plus basse et introduit un véritable risque de important qu’aucun autre pays ne réduit
déflation. La spirale déflationniste est lente à également ses prix. Ainsi, ce processus au
s’installer, mais la réduction du chômage est sein de la zone euro alimente une déflation et
elle-même très lente. L’exemple de l’Espagne, ne permet que de réduire les déséquilibres
qui connaît pourtant une réduction nette de de compétitivité internes à la zone.
son chômage est édifiant. Au rythme actuel Ce processus de déflation va condition-
de réduction du chômage en Espagne de deux ner pour longtemps (disons une décennie)
points par an, il faudra plus de sept années la question de la soutenabilité des dettes
pour revenir au taux de chômage d’avant publique et privées et dominera les débats
2008. Pendant ces sept années, la pression à économiques. Le graphique 3 complète le
la baisse sur les salaires persistera et accen- tableau de l’impact de la crise par un élément
tuera les difficultés espagnoles. qui est souvent ignoré. On a ici calculé quel
DEU IRL
GBR JPN
0
USA BEL
– 10 0 10 20 30 40 50 60
NLD FRA
AUT PRT
–2
ITA ESP
–4
–6
–8
GRC
R2 = 0,4804
– 10
est son impact sur les perspectives d’acti- réduction de ces droits. Enfin, pour d’autres
vité futures telles que les experts de l’Orga- pays, l’impact de long terme de la crise est
nisation de coopération et de développement considérable et dépasse 10 %. En Espagne, en
économiques (OCDE) les apprécient. Pour ce Irlande, Italie et surtout en Grèce, la révision
faire, on a comparé ce que ces experts anti- des perspectives ne pourra pas se faire sans
cipaient pour le moyen terme juste avant la une refonte complète des systèmes sociaux
crise (à partir des évaluations de croissance (qui est d’ailleurs partiellement à l’œuvre).
potentielle) à ce qu’ils estiment aujourd’hui. Les travaux historiques du Fonds moné-
[1]
Zdzienicka A. et Le résultat de ce calcul indique quel est l’im- taire international (FMI)1 ont montré que les
Furceri D. (2011),
« How Costly Are Debt
pact de long terme de la crise, une fois les crises bancaires et financières avaient des
Crises? », IMF Working aléas de la politique économique absorbés. conséquences sur le long terme de l’ordre
paper, 11/280, 1–30. Pour l’Allemagne, les États-Unis ou les Pays- d’une dizaine de points d’activité. La crise
Bas, l’effet est modéré et ne dépasse pas de 2008 présente tous les aspects d’une crise
quelques pourcentages. Pour la France, la financière et bancaire. Elle diffère des crises
Grande-Bretagne, la Belgique ou l’Autriche, passées en ce qu’elle a touché tous les pays
il est plus significatif, entre 5 % et 10 %. Dans développés et que des solutions massives,
ces cas, la réduction estimée par les experts du soutien des systèmes financiers aux poli-
de l’OCDE de l’activité dans les prochaines tiques monétaires non conventionnelles, ont
années implique un ajustement notoire des été mises en œuvre puissamment en utili-
systèmes de protection sociale. Les droits sant l’expérience des crises passées. L’ana-
ouverts ne pourront pas être garantis sans lyse historique donne en fait beaucoup de
une hausse notable des prélèvements ou une poids à des crises localisées dans des pays
par les ménages les amène à différer leurs monétaires « non conventionnelles », consis-
achats. Ce recul de la consommation conduit tant à injecter massivement des liquidités
à leur tour les entreprises à freiner leurs dans les banques et sur les marchés. Si ces
investissements, leurs embauches et leur politiques ont contribué à éviter l’effondre-
production, contribuant ainsi à aggraver la ment du système financier, elles ne sont pas
récession et le chômage, et à engendrer une suffisantes pour conjurer le risque de défla-
pression à la baisse des salaires et des prix. tion (voir infra).
rant par les revenus supérieurs qu’il tire en ces effets collatéraux ne participent pas
compensation des risques qu’il prend. Lors d’une « guerre des changes » entre les pays.
des crises globales, en revanche, les pertes Ils témoignent plutôt d’un défaut de coordi-
en capital sur sa richesse nette extérieure nation internationale lorsque chaque pays
conduisent à des transferts de richesse vers cherche à réduire ses déséquilibres internes
le reste du monde. sans aucune concertation.
Ainsi, la crise n’a entraîné ni l’effondrement « Le dollar, c’est notre monnaie, c’est votre
du dollar, ni l’atterrissage en catastrophe problème », affirmait le secrétaire au Trésor
de l’économie mondiale. Cependant, elle a du président Nixon, John Connaly, en 1971,
laissé les zones développées, États-Unis, au lendemain de la décision unilatérale de
Japon et Europe, exsangues, au bord de la Washington de mettre fin à la convertibilité
déflation, avec de forts taux de chômage et du dollar en or. Pas plus aujourd’hui qu’hier,
de lourdes dettes. Au contraire, les grands les États-Unis ne se préoccupent des consé-
pays émergents, Inde, Chine et Brésil, ont quences de leur politique monétaire sur le
connu une croissance supérieure aux pays reste du SMI.
avancés. Les pays avancés les plus durement
touchés par la crise financière furent ainsi
assez vite acculés aux politiques monétaires Les déséquilibres globaux
de taux zéro.
Ce faisant, ces politiques monétaires ultra-
après la crise
accommodantes ont eu d’importants effets Les déséquilibres courants ont atteint leur
collatéraux sur les pays émergents. Ils ont pic en 2006-2007, puis se sont fortement
connu une forte croissance des flux de capi- contractés. Mais alors que ces déséquilibres
taux entrants avec une hausse des prix des mondiaux du compte courant – les « désé-
actifs et une appréciation des monnaies, quilibres de flux » se réduisaient, les posi-
détériorant alors leur compétitivité. Mais tions créditrices et débitrices nettes – les
A All Allemagne
C 80 C Chine
Fr France
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US États-Unis
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Parfaite mobilité des capitaux
Lecture :
Losange BaOc = prépondérance de règles de change strictes et d’une forte mobilité des capitaux
Losange AbOc = prépondérance des contrôles de capitaux et de régimes de change à la discrétion des autorités nationales
Source : Aglietta M., Berrebi L., Cohen A. (2009), « Banques centrales et globalisation », Expertises, no 7, Groupama Asset Management.
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Produits alimentaires
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2014 2015
Note : l’indice des métaux comprend : aluminium, cuivre, or, plomb, nickel, zinc, étain. L’indice des produits alimentaires comprend : graisses
et huiles, grains et autres produits alimentaires. L’indice du pétrole mesure le prix du pétrole WTI (West Texas Intermediate).
Sources : World Bank Cross Country Data et US Department of Energy.
geons enfin quels effets la baisse du prix Depuis le second choc pétrolier, le prix du
du pétrole pourrait avoir sur la croissance pétrole a diminué de plus de 30 % à cinq
mondiale : les pays importateurs de pétrole reprises : en 1985-1986, en raison de l’aug-
bénéficient de cette baisse alors que les pays mentation de l’offre et d’un changement de
exportateurs doivent faire face à des pertes politique de l’Organisation des pays expor-
de revenus et à des déséquilibres budgétaires. tateurs de pétrole (OPEP) ; en 1990-1991
et en 2001, après une récession aux États-
Unis ; en 1997-1998, au moment de la crise
Les faits asiatique ; et en 2007-2009, pendant la crise
financière. L’épisode de 1985-1986 présente
Les prix des matières premières sont carac-
des similitudes avec la situation actuelle. La
térisés par des alternances de hausse et de
baisse de 61 % du prix du baril de janvier à
baisse. Depuis le milieu de l’année 2014, ils
juillet 1986 a été attribuée à la réduction de
ont connu une diminution forte et rapide
la consommation d’hydrocarbures des pays
(voir graphique 1). Ainsi, le pétrole a perdu
développés, à l’exploitation de nouveaux
plus de 50 % de sa valeur entre juin 2014
gisements offshore en mer du Nord et en
(pic de 107 dollars le baril) et janvier 2015
Alaska et à la décision de l’Arabie saoudite
(44,08 dollars le baril). Durant la même
d’augmenter sa part de marché.
période, l’indice des prix des métaux et
l’indice des prix des produits alimentaires
reculaient de 20 % environ.
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2016
Source : Regional Economic Outlook, IMF, mai 2015.
Pour beaucoup de ces pays, la baisse du prix du
pétrole va se traduire par des mesures fiscales
et d’Afrique du Nord, pourrait se réduire de destinées à lutter contre le déficit des finances
0,8-2,5 points suite à une baisse du prix du publiques, un ralentissement de l’activité éco-
pétrole de 10 % sur une année. nomique, et une dépréciation de la monnaie.
L’existence éventuelle de fonds souverains per-
Quelques chiffres permettent d’illustrer l’im-
mettra d’atténuer la dureté de l’ajustement.
portance des revenus pétroliers pour ces éco-
nomies. Les hydrocarbures représentent 25 % ***
du produit intérieur brut (PIB) de la Russie, La forte baisse du prix du pétrole obser-
70 % de ses exportations et près de 30 % des vée entre juin et décembre 2014 semble être
recettes de l’État fédéral. Ils représentent due pour 25 % à 30 % au ralentissement de la
30 % du PIB des Émirats arabes unis. En demande et le reste à une offre plus impor-
Arabie saoudite, les exportations de pétrole tante que prévue. L’augmentation de la crois-
s’élèvent à 35 % du PIB en 2014, 83 % des sance qui pourrait en résulter pour les pays
recettes d’exportation et près de 90 % des importateurs est cependant relativement
revenus du budget de l’État. Au Gabon, le modérée. La moindre dépendance des éco-
pétrole représente près de 40 % du PIB, plus nomies développées aux hydrocarbures, les
de 80 % des exportations et près de 50 % des modifications de parité des monnaies et le peu
recettes budgétaires9. de marge de manœuvre de la politique moné- [9]
La baisse du prix
taire expliquent en partie ce résultat. Les pays du gaz s’ajoute
La conséquence mécanique de la baisse des exportateurs de pétrole voient leur équilibre à celle du prix
revenus d’exportation est de fragiliser l’équi- macroéconomique fragilisé par la perte de du pétrole
libre budgétaire de ces pays. L’Arabie saou- revenus et les déficits budgétaires induits par
et aggrave la perte
de revenus et
dite connaît en 2014 un déficit de ses comptes la baisse du prix du pétrole. Les prix actuels de recettes fiscales.
publics pour la première fois depuis 2009. sur les marchés à terme et les prévisions de
Le déficit budgétaire 2014 atteint en effet l’IAE (2015) indiquent que le prix du pétrole
14,4 milliards de dollars, soit environ 2 % du devrait vraisemblablement remonter autour
PIB, alors que les prévisions tablaient sur de 60 à 70 dollars le baril en 2015-2016 en rai-
un excédent supérieur à 2 % du PIB. Ce défi- son d’une contraction de l’offre. Malgré cette
cit s’explique en partie par une baisse des légère remontée, les gains potentiels de crois-
recettes de l’ordre de 10 % en valeur nomi- sance des pays importateurs devraient être
nale. Le budget de la Russie est équilibré préservés, mais l’équilibre budgétaire de beau-
en 2014, en partie parce que la dépréciation coup de pays exportateurs restera précaire.
du rouble a compensé la baisse du prix du
11,80 €
À paraître :
• La Chine, puissance mondiale
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Royaume-Uni Canada
Allemagne France
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Zone euro à 15 Japon
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défavorables aux pays riches gains de productivité est-elle récente dans les
pays riches ?
Dans tous les pays riches on assiste à un Depuis le milieu des années 1960, les pays
retrait des baby-boomers du marché du tra- riches n’ont cessé de voir le niveau de leur
vail. La population en âge de travailler dans croissance reculer. Cette dégradation, si
le meilleur des cas se stabilise ou diminue. elle devait se poursuivre, conduirait à une
Les effets du vieillissement de la population croissance quasiment nulle dans la décen-
active s’accompagnent généralement d’une nie à venir. Cette hypothèse pessimiste a
diminution de la productivité du travail et également été nourrie par la lenteur et la
d’une réduction du taux d’activité. Une part faiblesse de la reprise malgré l’importance
plus importante de la population en âge de des politiques de relance aux États-Unis.
travailler est sortie découragée du marché Ainsi, Lauwrence Summers, en 2013 lors d’un
du travail. La réduction du taux de chômage discours au Fonds monétaire international
aux États-Unis doit beaucoup à ces phéno- (FMI), a été le premier à émettre cette hypo-
mènes. Au Royaume-Uni, c’est la réduction thèse. Aux sommets des cycles précédents les
de la productivité du travail qui expliquerait économies avancées n’ont pas rencontré de
la réduction du chômage. Ainsi, la proximité tensions inflationnistes. Cela indique la pré-
du plein-emploi dans certains pays ne consti- sence d’importantes capacités de production
tuerait pas une excellente nouvelle dans la inutilisées. C’est la traduction des effets de
mesure où cela pourrait signifier une réduc- la mondialisation. Les capacités de produc-
tion durable de la croissance potentielle : tion ne sont plus limitées au territoire natio-
soit par la réduction de la population en âge nal. Le trop-plein de capacités de produc-
de travailler, la réduction du taux de parti- tion dans l’économie mondiale favorise une
cipation au marché du travail ou à cause de réduction des prix des biens et même ceux de
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1950-1959 1960-1969 1970-1979 1980-1989 1990-1999 2000-2009 2008-2014
Sources : Penn World table 8.1 ; Feenstra R. C., Inklaar R. et Timmer M. (2015) ; « The Next Generation of the Penn World Table », American
Economic Review, à paraître.
certains services. Cette situation produit des l’instabilité financière. L’épargne qui n’est
effets sur la répartition des revenus entre les pas investie physiquement sert à acheter des
nations et au sein des nations. La globalisa- titres financiers ou immobiliers. La faiblesse
tion a produit un choc d’offre positif massif. de l’investissement productif limite la réali-
Elle crée une dépression sur les salaires des sation des gains de productivité. La réduc-
pays riches et tend à faire monter ceux des tion de la substitution du capital au travail et
pays les moins avancés selon le théorème de la réduction de l’intégration du progrès dif-
Heckscher-Ohlin-Samuelson. fusé par les nouveaux équipements réduisent
Ces effets sont évidemment différenciés en l’apparition de gains de productivité.
fonction du niveau de qualification et des Selon Paul Krugman, le coût d’opportunité
capacités de négociation des groupes pro- des investissements productifs serait jugé
fessionnels concernés. Mais globalement, trop important par les entreprises. Pour
durant les années 2000, les revenus ont aug- relancer l’investissement, les taux d’intérêt
menté plus rapidement dans les pays émer- devraient être nuls ou négatifs. Mais d’un
gents qui ont une propension à consommer autre côté, plus les taux sont bas, plus il est
faible et ont augmenté moins rapidement difficile pour la politique monétaire d’avoir
dans les pays riches qui ont une propension une influence sur la conjoncture. Par ailleurs,
à consommer plus élevée. La faiblesse des la faiblesse des taux favorise la formation de
salaires limite la demande globale qui se bulles et réduit les marges de manœuvre des
répercute sur le niveau de l’investissement. banques centrales. La situation devient inex-
La faiblesse des opportunités d’investisse- tricable. Favoriser la croissance en baissant
ment dans les pays avancés, accompagnée les taux pourrait plus facilement favoriser
d’une augmentation de l’épargne, conduit à la formation de bulle. Mais dans le régime
une baisse des taux d’intérêt, ce qui favorise de croissance financiarisé où la demande est
poussée par la dette, il semblerait que la seule capital. Les normes de profit les plus élevées
manière d’accroître l’investissement durant se diffusent à l’ensemble de l’économie mon-
les quinze dernières années eût été de lais- diale. Les secteurs qui ne parviennent pas à
ser des bulles se former. La croissance dans dégager le niveau de profit requis voient leur
les pays riches est entretenue par des désé- taille diminuer ou simplement disparaître.
quilibres financiers croissants. Finalement, Ils sont délocalisés ou simplement rempla-
les bulles ont été le seul moyen de repousser cés par des importations. En raison de coûts
temporairement la stagnation. nettement plus élevés, les pays riches avaient
un handicap de compétitivité vis-à-vis des
pays émergents. Les investissements produc-
Les régimes de croissance nationaux tifs ont été réduits dans les pays riches, la
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2009 Moyenne 2010-2014
ainsi l’interdiction du financement monétaire dans ces pays. Dans les années qui suivent,
direct des déficits publics (article 123 du l’orientation budgétaire est en moyenne
traité de l’Union européenne [UE]). expansive dans ces pays, sauf en Grèce. Le
Les politiques budgétaires ont soutenu la soutien budgétaire à l’économie est plus fort
demande globale via les stabilisateurs auto- aux États-Unis que dans la zone euro. La zone
matiques, c’est-à-dire une baisse des recettes euro a connu deux autres années de récession
fiscales et une hausse des dépenses publiques après 2009, en 2012 et 2013 (pas les États-Unis
(indemnisation du chômage) qui sont sensibles ni le Royaume-Uni). Pire, il n’y a pas eu une
au mauvais état de la conjoncture. Toutefois, orientation budgétaire expansive dans deux
si on examine de près les mesures discré- grands pays de la zone euro, Allemagne et Ita-
tionnaires prises par les gouvernements pour lie, où le solde budgétaire structurel primaire
relancer l’activité, en utilisant l’indicateur du s’est amélioré depuis 2009.
solde structurel primaire, alors on constate Pour répondre à la crise de la dette souve-
que les politiques budgétaires dans la zone raine, des mécanismes d’assistance finan-
euro n’ont guère été expansionnistes, en com- cière ont été créés. Une capacité de prêt de
paraison de l’orientation des politiques bud- 500 milliards d’euros est en principe dispo-
gétaires menées dans d’autres pays de l’Orga- nible pour aider les pays en difficulté, par [5]
Le solde structurel
nisation de coopération et de développement l’intermédiaire du Mécanisme européen de primaire est le solde
budgétaire ajusté des
économiques (OCDE) (voir graphique 3)5. En stabilité (MES) qui a été créé en 2011, et qui fluctuations cycliques
2009, le solde budgétaire structurel primaire a remplacé en 2012, les deux précédents ins- (la partie du solde
s’est fortement détérioré en Grèce, en Irlande, truments créés en 2010, à savoir le Fonds qui ne dépend pas
des stabilisateurs
en Espagne, aux États-Unis et au Royaume- européen de stabilité financière (FESF) et le automatiques) et hors
Uni. Il y a donc eu une relance budgétaire forte Mécanisme européen de stabilité financière paiements d’intérêts.
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Grèce Mai 2010 30 110 49
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Décembre 3,8
Irlande 17,7 22,5 22,5 67,5 41
2010 (Royaume-Uni)
0,6 (Suède)
0,4
(Danemark)
La protection sociale
en contexte de crise
Une imbrication ¥ DOMINIQUE ARGOUD
entre l’économique et le social Maître de conférences, université Paris-Est - Créteil
Dans un pays comme la France, l’écono- le niveau de couverture sociale des travail-
mique et le social sont intimement liés. Ce leurs et de leurs ayants droit. Un tel lien
lien est double. En premier lieu, le système entre la bonne santé économique d’un pays
de protection sociale ne s’est réellement et la protection sociale n’est toutefois pas
développé qu’à partir du moment où le pays automatique : le développement économique
a connu une forte période de croissance éco- ne se traduit pas nécessairement par l’émer-
nomique. Celle-ci a alors permis de dégager gence d’un État providence. Certains pays,
les ressources nécessaires pour abonder les comme les États-Unis par exemple, bien que
diverses institutions et prestations sociales bénéficiant d’un haut niveau de développe-
mises en place essentiellement après la ment économique, n’ont jamais connu une
Seconde Guerre mondiale. La période des forte expansion de leur système public de
Trente Glorieuses symbolise cette phase protection sociale. Cela suppose en effet pré-
d’édification du système de protection alablement l’existence d’un contexte idéo-
sociale en France. Ainsi, la sécurité sociale logique favorable. En l’occurrence, s’agis-
– instituée par les ordonnances des 4 et 19 sant de la France, l’avènement d’une classe
octobre 1945 – a considérablement amélioré moyenne salariée plus encline à bénéficier
la France se situe parmi les pays ayant le l’économique et le social et donc de l’épuise- [3]
Beffy M. et al., dir.
plus fort taux de dépenses sociales par rap- ment de la synthèse keynésienne. Désormais, (2015), La Protection
une distinction plus nette tend à s’opérer sociale en France et
port au PIB ; seuls la Belgique, le Danemark
en Europe en 2013,
et la Finlande dépassent le seuil des 30 % du entre les prestations correspondant à des édition 2015, DREES,
PIB. Les dépenses sociales continuent d’aug- droits alloués en contrepartie de l’emploi et collection « Études et
statistiques ».
menter à un rythme annuel d’environ 3 %, qui celles qui sont attribuées sous conditions de
est certes bien moindre que celui observé au ressources et sans contrepartie à des popula-
cours de la période 2000-2009 (de l’ordre de tions dans le besoin. Si une telle dualisation
4-5 %), mais supérieur à la croissance éco- permet le maintien du système et de son rôle
nomique qui, elle, est inférieure à 1 % depuis d’amortisseur de la crise, elle n’en ouvre pas
plusieurs années. En particulier, aujourd’hui, moins la porte à une contestation du bien-
les risques vieillesse et maladie absorbent fondé des prestations d’assistance (voir infra).
respectivement 46 % et 37 % de l’ensemble
des dépenses sociales3. Un mode de financement
moins ancré sur le travail
Des pouvoirs publics confrontés Dans le même ordre d’idées, le mode de
à une raréfaction des ressources financement de la protection sociale a pro-
gressivement évolué afin de le rendre moins
Comment les pouvoirs publics parviennent- dépendant du travail. À l’origine, compte tenu
ils à gérer cette situation dans un contexte où du compromis salarial précédemment men-
seur émérite
Préface d’ Alfred GROSSER, profes
des Universités à Sciences Po.
du magazine
Cécile CALLA est rédactrice en chef
franco-allemand ParisBerlin.
du
Claire DEMESMAY est responsable
de l’Institut
programme Relations franco-allemandes
).
allemand de politique étrangère (DGAP
184 pages, 9 €
tationfrancaise.fr
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Éclatement de Période de rattrapage Période de consolidation budgétaire
la crise des et de relance budgétaire
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Sources : comptabilité nationale, calculs Éric Heyer, mai 2015, audition COE.
discutée. Nous évoquerons ensuite la pro- de rebond des économies, six ans plus tard,
tection des emplois, et les réformes enga- diffère très largement, avec des pays comme
gées par exemple en Espagne ou en Italie. l’Espagne ou l’Italie qui se trouvent encore
Enfin, les enjeux entourant l’assurance chô- plus de 5 % en dessous du niveau de 2008, et
mage seront finalement présentés, en nous l’Allemagne ou le Royaume-Uni environ 3 %
appuyant notamment sur l’expérience des au-dessus de ce niveau. La France, pour sa
réformes Hartz en Allemagne, pour mener à part, apparaît dans une situation intermé-
bien cette discussion. En préambule, nous diaire, la récession à court terme ayant été
proposons une brève présentation synthé- moins importante que chez ses principaux
tique des caractéristiques des marchés du partenaires européens, mais la reprise res-
travail européens depuis la crise. tant aujourd’hui limitée.
Ensuite, se pose la question de la diffusion
taux chez les 55-64 ans, comme résultat des Le niveau de ce dernier est en effet un déter-
dernières réformes du système de retraites minant essentiel de la demande de travail, et il
favorisant l’activité à un âge plus tardif. Sur est vrai que les études à disposition suggèrent
cette période, seule l’Allemagne a en fait vu une élasticité conséquente de l’emploi par rap-
son taux d’emploi global progresser signi- port au coût du travail, par ailleurs d’autant
ficativement, avec une dynamique positive plus élevée que l’on s’intéresse à des niveaux
du marché du travail pour les travailleurs de de rémunération faibles ou à des catégories de
25 ans et plus. En revanche, l’Italie, et sur- population plus particulièrement sensibles à
tout l’Espagne, présentent des statistiques ce coût (comme les seniors), l’élasticité pou-
[2]
Une diminution de d’emploi particulièrement mauvaises. vant aller jusqu’à 22. L’impact ainsi mesuré tra-
1 % du coût du travail
serait ainsi responsable Cette disparité importante des ajustements duit non seulement une certaine incidence du
d’une augmentation du marché du travail est pour partie le résul- coût du travail sur les embauches, mais aussi,
de l’emploi de 2 % (ou
tat de différences institutionnelles, tradui- pour ne pas dire surtout, son incidence sur le
limiterait la baisse
de l’emploi dans un sant en amont des choix politiques et éco- maintien en emploi (via son effet sur la hausse
contexte récessif). Selon nomiques, comme par exemple les réformes ou la baisse du nombre de destructions d’em-
les études, l’élasticité plois). D’autres types de coût, comme ceux de
de la demande de
Hartz entre 2003 et 2005 (sur lesquelles nous
travail à son coût est reviendrons), qui, à l’initiative de Gerhard recrutement ou de formation, interviennent en
généralement comprise Schröder, ont principalement visé à inci- effet tout autant dans la décision d’embauche
entre 1 et 2.
ter les chômeurs à la recherche d’emploi et par l’employeur, alors qu’ils ne rentrent pas en
à favoriser un placement plus efficace des ligne de compte s’agissant de la décision de
demandeurs d’emploi. En aval, elles ont conserver un travailleur en place.
conduit des pays comme la France, mais sur- Le coût du travail dépend de multiples fac-
tout l’Espagne et l’Italie à mettre en œuvre teurs. Directement, il est fonction du niveau
des réformes structurelles, notamment en d’un éventuel salaire minimum (tel que le
matière de protection des emplois. Salaire minimum interprofessionnel de crois-
sance [SMIC], en France) ou des cotisations
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Note : le coût salarial unitaire correspond au coût salarial total (salaire moyen/tête multiplié par le nombre de salariés)
divisé par les quantités produites.
Sources : Commission européenne, calculs Éric Heyer, mai 2015, audition COE.
Dans la plupart des pays européens, et notam- surance chômage, ont largement favorisé les
ment en France, le coût du travail ne s’est pas modérations salariales dans la période pré- [3]
Il est ici fait référence
ajusté face à la baisse du PIB, contrairement à cédant la survenue de la crise. Par ailleurs, aux chiffres de 2010,
synthétisés dans
ce qui a été observé aux États-Unis. La France l’instauration d’un salaire minimum (horaire) la récente étude de
possède aujourd’hui le 4e salaire minimum le au niveau national n’est effective que depuis l’OCDE (novembre
plus élevé au monde (derrière le Luxembourg, le 1er janvier 2015 (8,5 euros de l’heure contre 2013) intitulée
« France. Redresser la
l’Australie et les Pays-Bas). Depuis le milieu 9,61 euros en France). Au bilan, le coût salarial compétitivité ».
des années 1990, les gouvernements succes- moyen horaire en Allemagne demeurait ainsi
[4]
sifs ont fait le choix d’imposer un revenu mini- sensiblement inférieur à celui en France : Le coin salarial donne
une mesure de l’écart
mum du travail élevé, près de 60 % supérieur 28,7 euros contre 32,3 euros (Ciornohuz et entre le coût du travail
à la moyenne de l’OCDE, et parallèlement de Darmet-Cucchiarini 20146). pour l’entreprise et le
maintenir, voire de renforcer, les exonérations salaire réel net perçu
La fixation d’un salaire minimum à un niveau par l’employé.
de charges sur les bas salaires. Malgré ces allé- relativement élevé constitue un choix poli-
[5]
gements, la France reste au 4e rang mondial en tique dont les enjeux sont clairement établis. OCDE (2014), Les
réformes structurelles :
termes de coût horaire net3. Plus récemment, En garantissant un revenu plancher du travail impact sur la croissance
un rapport de l’OCDE indique néanmoins que suffisamment élevé, les inégalités salariales et options pour l’avenir,
la réduction du coin salarial4 permise par le sont réduites. Le poids accordé à cet argument octobre.
crédit impôt compétitivité et le Pacte de res- d’équité dépend toutefois de sa contrepartie [6]
Parallèlement, en
ponsabilité pourrait être responsable d’une en termes d’optimalité économique, au travers Allemagne, l’essentiel
augmentation de 0,1 point du rythme de crois- notamment de l’emploi et de la productivité,
des ajustements se
sont en fait opérés via
sance annuelle5. qui tous deux conditionnent la création de la baisse des heures
En Allemagne, les lois Hartz au début des richesse (le PIB). Les études macroéconomiques travaillées par tête, avec
un développement du
années 2000, qui ont notamment fortement et économétriques menées notamment sur le temps partiel et des
durci les modalités d’accès au régime d’as- cas français indiquent que le niveau du salaire minijobs.
Concurrence fiscale :
où en sommes-nous ?
Depuis 2008, l’assainissement des finances ¥ AMÉLIE BARBIER-GAUCHARD
publiques, notamment dans le cas français, est
au cœur du débat public. Face à ce défi, deux Maître de conférences, université de Strasbourg
options, non exclusives, existent pour les pou-
voirs publics : réduire les dépenses publiques (le travail et le capital). Plus les différentes
ou accroître la fiscalité. La seconde option ne entités sont intégrées (l’intégration peut être
peut toutefois être envisagée sans considérer commerciale, financière, monétaire…), plus
l’environnement européen dans lequel évolue cette concurrence fiscale risque d’être pro-
la France, un environnement marqué par une noncée, puisque la mobilité des facteurs de
intensification de la concurrence fiscale. production en sera facilitée.
Il y a concurrence fiscale dès lors que les sys- Ainsi, pour que la concurrence fiscale existe,
tèmes fiscaux sont en compétition. La concur- deux conditions doivent être réunies. Il faut
rence fiscale peut donc exister à tous les tout d’abord que les systèmes fiscaux soient
niveaux de la décision publique : aussi bien relativement différents d’une entité à l’autre
entre les communes françaises, les départe- (on parle d’hétérogénéité des systèmes fis-
ments, les régions, mais aussi entre les États caux). Il faut ensuite que les facteurs de
membres de l’Union européenne (UE). La production que sont le travail et le capital
concurrence fiscale s’exerce donc entre dif- puissent se déplacer lorsque les systèmes
férentes entités bénéficiant de la prérogative fiscaux voisins leur sont plus favorables.
de lever l’impôt, qui tentent de renforcer leur Nous étudierons successivement la vali-
attractivité en modulant leur fiscalité pour dité de ces deux conditions dans le contexte
attirer les facteurs mobiles de production européen.
Les systèmes fiscaux raît que les systèmes fiscaux sont très diffé-
rents d’un État membre à l’autre.
sont-ils si hétérogènes dans l’UE ? Des taux de pression fiscale
La manière la plus courante de comparer les
très différents
fiscalités nationales consiste à analyser des
[1]
Voir Commission
indicateurs globaux comme la pression fis- Le taux de pression fiscale mesure le poids
européenne (2014), cale et la structure de la fiscalité. Ces don- des prélèvements obligatoires (impôts et
Taxation Trends in nées sont fournies par l’Organisation de coo- cotisations sociales obligatoires) dans le
the European Union,
Eurostat Statistical
pération et de développement économiques produit intérieur brut (PIB). Il a connu une
Books. (OCDE) ou par Eurostat1. Dans l’UE, il appa- hausse tendancielle dans tous les pays de
Ces migrations intracommunautaires ont nier facteur qui explique que la mobilité du
cependant eu tendance à progresser ces dix travail s’est accrue depuis la crise de 2008.
dernières années avec une intensification
depuis 2008 pour certains pays comme l’Al- Une mobilité du capital forte,
lemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Dane- mais affectée par la crise
mark ou encore la Finlande, où le poids des
migrants intracommunautaires a, dans cer- La mobilité du facteur capital peut être
tains cas, doublé. Par exemple, en Allemagne, évaluée à partir des flux d’investisse-
la part des migrants intracommunautaires ments directs étrangers (IDE) intra-UE qui
est passée de 25 % de l’ensemble des migrants indiquent avec quelle intensité les capitaux
en 2000 à près de 40 % en 2013. Au contraire, se déplacent entre les pays européens. Au
d’autres pays voient leur proportion reculer, cours des vingt dernières années, les flux
comme le Portugal ou encore la Grèce. d’investissements directs à l’étranger dans
Ainsi, la mobilité des travailleurs dans l’UE l’économie mondiale ont fortement aug-
apparaît encore assez limitée. Généralement, menté. Ce phénomène est largement concen-
trois explications sont avancées pour expli- tré dans les pays développés, qui constituent
quer cette situation : l’existence de barrières à la fois leurs principaux points d’origine
culturelles et linguistiques, l’existence de et leur principale destination. Les IDE font
facteurs institutionnels liés notamment à la donc l’objet d’un processus croisé et les pays
transférabilité des droits sociaux dès qu’un européens ne dérogent pas à cette règle,
individu change de pays de résidence, et comme l’illustre le graphique 2.
la situation de l’emploi dans l’UE, puisque Alors que les années 2000 ont été marquées
la décision de migrer dépend à la fois de la par une accélération forte des IDE intra-euro-
situation dans le pays d’origine et de celle péens dans les IDE totaux (ils représentaient
dans le pays d’accueil. C’est d’ailleurs ce der- près de 80 % du total des IDE dans l’UE en
Politique
Politique volontariste
communautaire de
Coordination menée par l’UE visant
rapprochement des
des politiques à rapprocher les
Absence de toute fiscalités (notamment
Politique nationales bases, les taux et les
action dans le sur les bases fiscales
conduite visant à limiter règles applicables
domaine fiscal les plus mobiles) :
les effets de la aux principaux
assiettes, voire
concurrence impôts, quels qu’ils
règles d’ensemble
soient
sur les taux
Coexistence de
Taxation systèmes fiscaux
concentrée sur différents mais
les bases les comparables À terme, système
moins mobiles unique (possibilité de
donc moins Effet intégrateur sur taux ou d’exemptions
Impact à concernées par Fiscalité plutôt le marché commun variables, dans des
long terme la concurrence instable Un consensus est limites définies)
entre États nécessaire sur Fiscalité a priori
membres des niveaux de lisible
Fiscalité plutôt fiscalité proches des
complexe principales catégories
d’imposition
l’UE, force est de constater que l’intensifica- Toutefois, la crise a profondément affecté
tion de la concurrence fiscale ces dernières la mobilité des facteurs de production dans
années entre les pays européens constitue l’UE. Le facteur travail est devenu plus mobile
une contrainte forte avec laquelle les déci- entre les pays européens alors que le facteur
deurs publics doivent composer. Les initia- capital circule moins intensément entre les
tives au niveau de l’UE pour tenter de limiter États membres de l’UE. À terme, cette évolu-
les effets dommageables de cette concurrence tion risque d’alourdir la contrainte qui pèse
fiscale restent modestes et ne concernent sur les États membres en termes de fiscalité
pour l’instant que la fiscalité sur le capital et sur le travail.
la consommation.
Quels remèdes pour restaurer Si l’expérience du XXe siècle a montré que l’in-
tégration économique internationale n’était
la compétitivité de la France ? pas toujours bénéfique pour une économie
nationale3, elle a également montré que les [3]
Stiglitz J. E. (2002),
L’évolution de l’environnement international trajectoires de croissance les plus dyna- La Grande Désillusion,
Fayard, Paris.
de la France rend nécessaire un changement miques incluaient toutes une forte ouverture.
d’orientation des politiques économiques. En France, les entreprises qui maintiennent [4]
Bellone F.,
Quatre grandes recommandations peuvent Musso P., Nesta L. et
le mieux leur taux de marge sont celles qui Warzynski F. (2014),
être suivies : la première concerne directe- exportent (Bellone et al., 20144) et les meil- « International Trade
ment la politique d’ouverture internationale leures perspectives de croissance se situent And Firm-Level Markups
When Location and
de la France ; la deuxième porte sur le rôle de bien à l’international. Qualitè Matter »,
la politique industrielle ; la troisième est liée La difficulté à laquelle est confronté le gou- Journal of Economic
aux réformes dites structurelles ; et la qua- vernement français est donc la suivante : Geography, novembre.
trième et dernière a trait au renforcement de d’un côté, l’ouverture internationale est un
l’État providence. vecteur fort de dynamisme économique ; d’un
autre côté, cette même ouverture peut engen-
Repenser notre intégration drer de fortes pertes, au moins pour certaines
internationale sans céder catégories de citoyens.
aux sirènes du protectionnisme Pour naviguer sur cette corde raide, les gou-
vernements disposent de peu d’aide de la
Une réponse instinctive aux difficultés de la part des économistes, qui ont trop longtemps
France face à l’accentuation de la concur- défendu de manière dogmatique les vertus
rence internationale pourrait être une du libre-échange, et qui peinent à proposer
reprise en main de notre politique d’ou- une analyse systématique des conditions
verture. En la matière, l’autonomie de la sous lesquelles une ouverture internationale
France s’est très largement réduite du fait plus poussée est bénéfique ou non pour un
de son appartenance à l’Union européenne pays à un moment donné de sa trajectoire de
(UE) et à la zone euro. Néanmoins, les évé- croissance. Cela est d’autant plus vrai dans
nements récents montrent que certains l’économie mondialisée du XXIe siècle, qui se
les plus de 65 ans se vérifiait déjà à l’aube sées, l’accroissement du ratio après 2007
de la crise, ce n’était pas nécessairement le s’explique par la détérioration des revenus
cas au milieu des années 1980. Par ailleurs, au sein de la population en âge de travailler.
les inégalités se sont certes accrues dans
les deux groupes, mais en général plus for- Revenus primaires
tement au sein de la population en âge de et redistribution
travailler, ce que l’on pouvait déjà observer
avant la crise. Quant au rapport entre reve- Par ailleurs, les chiffres précédents se
nus moyens des deux groupes, il montre une rapportent aux revenus disponibles des
certaine convergence sur la période entre ménages, c’est-à-dire aux revenus primaires
revenus d’activité et retraites. Si l’évolution desquels on a retiré l’impôt et ajouté les dif-
avant la crise est surtout liée à la hausse férents transferts sociaux. En comparant
des pensions de retraite due à l’augmenta- les inégalités avant et après redistribution
tion de l’activité féminine et à l’amélioration (voir graphique 3), on peut distinguer ce qui
des revenus des personnes aujourd’hui en relève des changements en matière de rému-
retraite par rapport aux générations pas- nération du travail et du capital, et ce qui
Des inégalités porteuses de risques 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8 0,85 0,9 0,95
Les nouveaux
espaces
du jihadisme
Menaces et réactions
N° 75 Septembre-octobre 2015
10 €
3’:HIKTSJ=YVUUUX:?a@a@r@c@k";
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99 LES POLITIQUES MONÉTAIRES NON CONVENTIONNELLES : QUELLES ACTIONS POUR QUELS RÉSULTATS ?
1. Taux d’intérêt de la politique monétaire et bilan de la Réserve fédérale (en % du PIB)
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T1 T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T
tous les QE ne sont pas strictement équiva- gestion des liquidités. Les banques centrales
lents. Ainsi, évaluer les effets potentiels des endossent également le rôle de prêteur en
politiques monétaires non conventionnelles dernier ressort, ce qui leur confère de fait une
nécessite en premier lieu de définir ces poli- mission en matière de stabilité financière,
tiques. Une description des quelques mesures restreinte ici à la gestion de la liquidité du
prises par les principales banques centrales système bancaire et donc au bon fonctionne-
depuis 2008 montre également qu’elles ont ment du marché monétaire.
été très différentes selon les pays. Enfin, nous Ces différentes opérations sont au cœur
discutons de leurs effets empiriques. du processus de création monétaire et
entraînent donc des fluctuations de l’offre
de monnaie – et de la taille du bilan – de la
De la politique monétaire banque centrale. Elles ont cependant une
101 LES POLITIQUES MONÉTAIRES NON CONVENTIONNELLES : QUELLES ACTIONS POUR QUELS RÉSULTATS ?
de transmission de la politique monétaire.
En essayant d’agir directement sur ces Des interventions qui diffèrent
variables clés (taux publics à long terme ou
prix sur certains marchés spécifiques), la
d’une banque centrale à l’autre
banque centrale cherche alors à rétablir le Les principales banques centrales ont eu
fonctionnement des canaux de transmission recours à une large palette de mesures qui
de la politique monétaire standard. ont eu pour effet d’augmenter et/ou de modi-
fier la taille et la composition de leur bilan.
Injecter des liquidités La nature des mesures privilégiées diffère
dans le système financier néanmoins fortement d’une banque centrale
Enfin, en cas de crise financière systé- à l’autre, ce qui s’explique par des arguments
mique, la banque centrale peut être amenée d’ordre juridique ou économique. Juridique,
à modifier le cadre usuel de la conduite de parce que les traités européens interdisent à
ses opérations de prêteur en dernier ressort la BCE l’achat de titres souverains sur le mar-
afin de pourvoir à la demande de liquidité ché primaire. Économique, car la transmission
du système financier, ce qui peut induire de la politique monétaire dépend fortement
une modification de la taille du bilan et de la structure financière des économies en
du risque porté par la banque centrale. Si question. La BCE a ainsi privilégié le soutien
la gestion de la liquidité n’est pas stricto au système bancaire du fait du rôle principal
sensu une politique monétaire non conven- qu’il joue dans le financement de l’économie,
tionnelle, elle peut le devenir lorsque les tandis qu’aux États-Unis, où les financements
banques centrales ne sont plus en mesure de marché sont prépondérants, la Fed a plutôt
de s’en tenir à un principe de séparation4. cherché à agir sur les prix de marché par le [4]
Selon le principe
Dans le cas d’une crise systémique, les biais d’opérations d’achats de titres. de séparation, le taux
d’intérêt permet
objectifs de stabilité financière et de sta- d’atteindre les objectifs
bilisation macroéconomique sont interdé- Fed et Banque d’Angleterre : macroéconomiques
tandis que les opérations
pendants, ce qui peut conduire la banque
centrale à adapter son cadre opérationnel.
des programmes d’achats de titres de liquidité sont
destinées à assurer la
Ainsi, après la chute de Lehman Brothers, augmentant fortement stabilité financière.
en septembre 2008, les banques centrales la taille de leurs bilans
ont accru la fréquence de leurs opérations
D’un côté, la Fed et la Banque d’Angleterre
d’octroi de liquidités, autorisé l’accès à
sont, dans un premier temps, principalement
un plus grand nombre de contreparties et
intervenues en prêtant aux banques faisant
élargi la gamme des collatéraux (garanties
face à des problèmes de liquidité. Elles ont
qui doivent être présentées par l’établisse-
ensuite privilégié les achats de titres sur les
ment en contrepartie du montant alloué par
marchés afin d’agir sur certains marchés spé-
la banque centrale). De par leurs décisions,
cifiques et faire baisser les taux d’intérêt de
elles ont accepté de porter un risque plus
long terme pour stimuler l’économie. Ainsi,
élevé, en prenant en garantie des actifs de
la Réserve fédérale a mis en œuvre des pro-
moins bonne qualité et peu liquides et elles
grammes d’achats de bons du Trésor améri-
se sont substituées au marché monétaire
cain (le premier a débuté en mars 2009) et de
devenu illiquide. On voit ici que la frontière
mortgage backed securities (actifs adossés à
entre les politiques conventionnelles ou
des crédits hypothécaires immobiliers). Ces
non conventionnelles devient floue.
différentes actions se sont répercutées sur
la taille et la composition du bilan de la Fed
(voir graphique 2a). Dans la première phase
de la crise, entre l’été 2007 et septembre 2008,
la taille du bilan est restée stable avec une
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Titres du Trésor britannique Avances au Trésor britannique des prêts collatéralisés au secteur bancaire
Autres obligations et actifs Opérations de pensions à long terme (voir graphique 2c). Elle a fortement modi-
2c. Banque centrale européenne (en milliards d’euros) fié les conditions d’octroi de liquidités afin
3500 de pallier les dysfonctionnements du mar-
3000 ché interbancaire. Depuis octobre 2008, les
2500 appels d’offres des opérations de politique
2000 monétaire sont menés à taux fixe avec allo-
1500 cation intégrale des demandes de refinan-
1000
cement des banques. L’évolution de la taille
du bilan fut donc complètement dépendante
500
de la demande de liquidités en provenance
0
des banques commerciales. La BCE a par
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0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
ailleurs augmenté la fréquence de ses opé-
Autres actifs
rations de refinancement à trois mois (LTRO)
Titres émis par des résidents et accru leur maturité à un an, puis à trois
Opérations de politiques monétaire
Créances en devises sur les résidents ans dans le cadre de deux opérations menées
Avoirs en or et créances devises ou euros sur les non-résidents en décembre 2011 et février 2012 (VLTRO).
Sources : Réserve fédérale, Banque d’Angleterre, BCE. Elle a aussi lancé des programmes d’achat
103 LES POLITIQUES MONÉTAIRES NON CONVENTIONNELLES : QUELLES ACTIONS POUR QUELS RÉSULTATS ?
ZOOM actifs substituables, ce qui a pour effet
d’augmenter leur prix. Les prix d’actifs étant
inversement corrélés à leur rendement, la
LES CANAUX hausse des prix induit une baisse du coût
de financement. Dans le même temps, la
DE TRANSMISSION hausse des prix d’actifs provoque un effet de
de titres (CBPP, SMP et OMT) lui permettant la taille du bilan n’en rendent qu’imparfaite-
de cibler des marchés particuliers. L’objectif ment et indirectement compte. C’est pourquoi
était, en particulier, de restaurer l’efficacité une littérature récente se développe pour
de la transmission de la politique moné- déterminer un équivalent de ces actions non-
taire, atténuée notamment par la crise des conventionnelles en termes de taux d’intérêt
dettes souveraines. Ces programmes furent directeur. On parle alors de taux implicite (ou
toutefois limités en taille. En début d’année « shadow rate »). Il apparaît que les mesures
2013, le cumul des achats d’obligations col- prises par la BCE ont bien amplifié le carac-
latéralisées et souveraines ne dépassait pas tère expansionniste de la politique monétaire
280 milliards d’euros, soit moins de 10 % du puisque le taux implicite est négatif (voir
bilan de la BCE. On est bien loin des mesures graphique 3). Pour autant, la politique de la
de la Banque d’Angleterre ou de la Fed. BCE a été relativement moins expansionniste
L’annonce du 22 janvier 2015 représente alors que celles de la Banque d’Angleterre ou de la
un changement important dans l’orientation Réserve fédérale.
de la politique monétaire non convention-
nelle de la BCE puisqu’elle prévoit l’achat de
titres – titres adossés à des actifs (asset-bac-
Quels effets ?
ked securities ou ABS), titres souverains et Si les premières études sur l’impact des
titres émis par des agences supranationales mesures non conventionnelles sont liées à
– pour un montant de 60 milliards d’euros l’expérience japonaise, la littérature s’est
par mois de mars 2015 à septembre 2016. depuis considérablement développée. Les
Il devrait en résulter une augmentation de travaux existants se distinguent selon qu’ils
la taille du bilan de près de 1 100 milliards se concentrent sur des variables financières
d’euros, rapprochant ainsi l’action de la BCE jouant un rôle clé dans la transmission des
de celle d’autres banques centrales. mesures non conventionnelles (taux d’inté-
rêt de marché à long terme principalement)
Des politiques plus ou moins ou sur les objectifs finaux, à savoir l’activité
expansionnistes (mesurée par la croissance ou le chômage) et
l’inflation. De fait, l’étude de l’impact sur les
Alors qu’en temps normal, le niveau du taux variables financières permet alors d’évaluer
d’intérêt directeur des banques centrales per- les premières étapes de la transmission de
met de comparer directement l’orientation de la politique monétaire. Il en ressort premiè-
la politique monétaire, les modifications de rement que les mesures prises pour atténuer
105 LES POLITIQUES MONÉTAIRES NON CONVENTIONNELLES : QUELLES ACTIONS POUR QUELS RÉSULTATS ?
3. Taux implicite (shadow rate) de politique monétaire (en %)
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Fed
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Source : http://faculty.chicagobooth.edu/jing.wu/research/data/WX.html
les tensions sur les marchés monétaires ont de crise aux États-Unis et au Royaume-Uni.
eu des effets positifs. Par ailleurs, de nom- Au Royaume-Uni, le QE, en réduisant les
breux travaux suggèrent que les programmes taux d’intérêt à long terme, aurait eu un effet
d’achat de titres adoptés par les États-Unis positif sur le produit intérieur brut (PIB) réel
et le Royaume-Uni ont significativement – d’environ 1,5 % – et sur l’inflation, d’envi-
fait baisser les taux d’intérêt publics mais ron 1,25 point. Dans la zone euro, le taux de
aussi privés à moyen et à long terme. L’effet chômage aurait été plus élevé de 0,6 point en
irait, selon les différentes études, de 0,3 à l’absence des mesures non conventionnelles
1 point de baisse du taux d’intérêt. Ces effets prises par la BCE jusqu’en fin d’année 2011.
peuvent cependant être plus faibles et de très La conclusion générale qui peut être tirée
courte durée. Dans la zone euro, les différents de ces expériences est que les mesures non
programmes de la BCE auraient également conventionnelles ont un impact significa-
contribué à réduire significativement le coût tif sur les rendements des titres souverains
des conditions de financement, et notamment et privés (effets de rééquilibrage du porte-
le taux des obligations souveraines émises feuille), même si cet impact est souvent de
par les pays en crise. courte durée. Quant aux effets sur l’inflation
S’il est plus difficile d‘identifier l’impact et la croissance, ils pourraient également être
macroéconomique des politiques monétaires significatifs, mais généralement insuffisants
non conventionnelles en raison des délais de pour compenser les coûts réels de la crise
transmission, des études suggèrent néan- financière et des politiques budgétaires res-
moins que les mesures prises ont diminué trictives, notamment dans la zone euro.
les risques de déflation et accéléré la sortie
’
DOC EN POCHE
ENTREZ DANS L’ACTU ’
DOC EN POCHE
P L A C E A U D É B AT
107 LES POLITIQUES MONÉTAIRES NON CONVENTIONNELLES : QUELLES ACTIONS POUR QUELS RÉSULTATS ?
Relancé en 1994 par la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le multilaté-
ralisme semble aujourd’hui dans l’impasse. En témoigne l’enlisement des négociations du
cycle de Doha, ouvert en 2002 et toujours pas conclu. Dans le même temps, la forte croissance
des accords régionaux et bilatéraux entamée dans les années 1990 s’est poursuivie. Le bilaté-
ralisme est-il en train de se substituer au multilatéralisme ? Quel est l’impact sur le commerce
international ? Selon Jean-Marc Siroën, la prolifération des accords bilatéraux a plutôt
tendance à affaiblir les gains que l’on peut attendre de la libéralisation commerciale.
Néanmoins, cet essor n’est pas la cause du déclin des négociations multilatérales. Il constitue
plutôt une réaction à l’incapacité d’un cadre construit dans l’après-guerre à s’adapter aux
nouvelles conditions de l’économie mondiale.
Problèmes économiques
Commerce international :
le multilatéralisme face à l’essor
des accords bilatéraux
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ¥ JEAN-MARC SIROËN
volonté des gouvernements alliés, menés par
les États-Unis et le Royaume-Uni, est d’em- Professeur, université Paris-Dauphine et IRD
pêcher le retour des politiques nationales
d’« égoïsme sacré » menées dans les années vel ordre commercial, défini dans la Charte
1930. En « exportant » le chômage causé par de la Havane, signée en 1948. Mais ce traité
la dépression économique, les politiques pro- international, faute d’être ratifié, ne fut
tectionnistes et les dévaluations compétitives jamais appliqué et c’est l’Accord général sur
auraient, en effet, contribué à propager la crise les tarifs douaniers et le commerce (GATT),
dans le monde entier et, finalement, favorisé moins ambitieux, qui s’est imposé. Il faudra
l’arrivée de pouvoirs totalitaires. En juillet attendre le traité de Marrakech de 1994 pour
1944, les accords de Bretton Woods posèrent que soit créée, l’année suivante, une nouvelle
la première pierre d’un ordre économique organisation internationale, l’Organisation
international fondé sur des politiques coo- mondiale du commerce, dans laquelle s’in-
pératives « gagnant-gagnant », c’est-à-dire tègre l’ancien GATT.
sur des règles strictes en matière monétaire Mais, quelles que soient leurs péripéties
et financière. Ce nouveau régime monétaire historiques, le GATT, puis l’Organisation
et financier devait être complété par un nou- mondiale du commerce (OMC), se présentent
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Source : OMC.
comme des institutions multilatérales. D’ail- de nombreuses exceptions. Ainsi, les articles
[1]
Accord général sur le leurs, les négociateurs du traité de Marrakech XXIV du GATT et V du GATS1, permettent,
commerce des services,
avaient un temps envisagé que le « M » d’OMC sous certaines conditions assez peu contrai-
qui a complété le GATT
en 1995. Ces deux soit le M de « multilatéral ». gnantes, d’y déroger dans le cas d’accords
accords sont administrés
Dans le cadre des échanges internationaux, le de libre-échange ou d’unions douanières.
par l’OMC.
terme de « multilatéral » signifie que : En effet, dans ce type de traités, les parte-
– les négociations commerciales impliquent naires bénéficient de préférences commer-
tous les pays membres et les accords éven- ciales, notamment douanières, auxquelles les
tuels s’appliquent à tous. La règle du consen- autres pays n’accèdent pas. Pour reprendre
sus (aucun pays ne s’oppose) assure la légiti- notre exemple, le droit de douane sur les
mité des obligations qui en découlent ; tee-shirts peut être ramené à 0 pour les pays
qui adhèrent à un accord de libre-échange et
– la politique commerciale des pays membres
maintenu à 10 % pour les autres.
concerne tous les pays membres, sans discri-
mination. Pendant longtemps, ces accords ont été peu
Un des principes fondamentaux de l’OMC est nombreux ; mais depuis les années 1990,
ainsi celui de la « nation la plus favorisée » ils ont proliféré et il n’existe pratiquement
(NPF). Il stipule que chaque pays accorde à plus aucun pays qui ne soit lié à un ou
tous les autres pays membres le régime com- plusieurs autres pays par un accord com-
mercial le plus favorable. Par exemple, si mercial préférentiel. Le plus ancien traité,
le droit de douane le plus bas appliqué par encore en vigueur, est le traité de Rome de
un pays aux importations de tee-shirts est 1957 créant la Communauté européenne. En
de 10 %, toutes les importations venant de 1990, on en comptait 22 et, en 2014… 268
pays liés à cette clause (les pays membres du (voir graphique).
GATT) se verront appliquer ce droit. Ces accords, appelés improprement « accords
En réalité, comme pour tous les principes, commerciaux régionaux » (ACR) par l’OMC, ne
même fondamentaux, les textes prévoyaient sont pas les seules exceptions à la clause NPF.
15 % 23 % 43 % 41 % 34 % 49 %
Source : OMC (au 15 mai 2015, sur 273 accords en vigueur).
étendrait l’accord aux mesures prises « à l’in- n’auraient plus d’autres choix que d’y adhé-
térieur des frontières » (OMC, 2011). rer ou, du moins, de se rallier aux normes
et règles de ces nouveaux blocs (Baldwin et
Vers un nouveau multilatéralisme ? Jaimovich, 2010).
117 LA CONFÉRENCE DE PARIS 2015 : UNE NOUVELLE ÉCONOMIE POLITIQUE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
construction américaines. Les États-Unis ont tème […] difficilement ramenable au schéma
obtenu tout ce qu’ils voulaient en matière de l’externalité néoclassique » (Godard,
de flexibilité pour les engagements des pays Sachs, 1978, p. 795 à 796). Cette manière de
industrialisés (pays dits de l’annexe I dans le voir a été oubliée.
langage de la CCNUCC).
S’il y a bien des effets externes non marchands,
Le Président Clinton et ses diplomates ils sont inhérents à l’activité humaine, et en
savaient cependant parfaitement, lors des particulier à la civilisation industrielle. Ils
négociations de décembre 1997 à Kyoto, que ne peuvent être que minimisés, en réduisant
jamais le Sénat américain ne ratifierait un tel les prélèvements sur les stocks de matière et
accord international : en juillet de la même d’énergie ainsi que les rejets dans les puits à
année, il avait voté à l’unanimité une motion déchets. C’est pourtant ce concept d’externa-
affirmant que les États-Unis ne devaient lité qui est en arrière-plan de toute la problé-
signer aucun protocole sur le climat qui por- matisation des deux premières décennies de
terait de sérieuses atteintes à leur économie lutte contre les changements climatiques.
sans engagement des pays du Sud.
En cohérence avec le modèle d’équilibre géné-
En 2001, la décision du Président George ral néoclassique, le point de vue de Arthur-
W. Bush de ne pas soumettre la ratification Cecil Pigou a irrigué durablement l’économie
du protocole au Sénat – dont on vient de voir standard de l’environnement. En donnant un
qu’elle était perdue d’avance – met à mal l’es- prix à la pollution par le biais d’un instru-
poir de renforcement d’un accord internatio- ment économique du type taxe chez lui, ou
nal contraignant. En 2009, la Conférence de permis négociable pour les économistes ins-
Copenhague (COP15) va se solder par l’aban- pirés par Ronald Coase, l’externalité peut être
don de la perspective d’un accord élargi et de internalisée – en théorie, et sous des condi-
la prolongation du protocole de Kyoto. tions strictes – dans les prix de marché1. La [1]
La filiation analytique
entre la pensée
L’accord minimaliste alors obtenu, emmené construction de l’action, jusqu’au protocole de
de Ronald Coase
par les États-Unis et les pays émergents, Kyoto en 1997, a reposé sur ce cadre d’analyse, et le système de permis
Chine en tête, voit le basculement en direc- avec trois composantes : 1. Un diagnostic : la négociables (et équilibre
général) est hautement
tion de politiques nationales, les États devant réduction des émissions de CO2 est un pro- discutable. Il s’agit
se limiter, à l’avenir, à décliner des réductions blème de pollution, une externalité pour les d’une lecture biaisée, à
d’émissions internes. De nouvelles négocia- économistes ; 2. Une vision d’ensemble, « par l’encontre de laquelle
Coase lui-même a
tions pour un nouvel accord devaient donc le haut » : puisque la pollution est globale, constamment marqué
être envisagées. C’est lors de la Conférence l’enjeu planétaire et le climat un « bien public son opposition.
de Durban (COP17), en 2011, que sera prise global », un accord international contraignant
la décision majeure d’élaborer, pour l’horizon est la seule réponse appropriée pour répartir
2015, un nouvel accord global, applicable à les efforts de réduction des émissions entre
tous les États. tous les États, et empêcher que certains se
comportent en « passager clandestin » ; 3. Une
pierre d’angle : le signal prix offert par le sys-
Le protocole de Kyoto : les limites tème des marchés de permis négociables est
l’instrument le plus incitatif, le plus efficace
de l’approche « pollutionniste » et le plus efficient pour modifier les compor-
tements des entreprises et des consomma-
Il y a près de quatre décennies, Olivier
teurs en direction de technologies et de biens
Godard et Ignacy Sachs, soulignant « l’ina-
à moindre teneur en carbone.
déquation de la position néoclassique » en
matière d’environnement, écrivaient que les Ces trois piliers de l’architecture clima-
problèmes climatiques sont un bon exemple tique initiale ont tous montré leurs limites
de « ce que l’on peut appeler un effet de sys- (Damian, 2012, 2014).
119 LA CONFÉRENCE DE PARIS 2015 : UNE NOUVELLE ÉCONOMIE POLITIQUE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
doucement et graduellement en direction protocole de Kyoto, les États-Unis se placent
d’une plus grande efficacité énergétique. Une aujourd’hui sur un terrain plus politique, qui
telle approche serait un test de la flexibi- privilégie l’acceptabilité interne de l’accord
lité de l’économie sans que les résultats ne international. Ces orientations représentent
mettent en péril notre mode de vie. » (Council le seul dénominateur commun acceptable
of Economic Advisers, 1990, p. 218). pour une majorité de grands pollueurs et de
En matière de permis, la question centrale est pays en développement. La COP21 marquera
évidemment celle du prix. Celui du carbone ainsi un triple tournant :
est aujourd’hui beaucoup trop faible pour – un accord sur le climat – l’accord de Paris
qu’il soit incitatif. Aux États-Unis, alors que – sera sans doute signé par les représentants
les estimations, très larges, du coût social du des 195 États (plus l’UE) présents. Il sera
carbone, par les experts et économistes, vont fondé sur les seules politiques nationales ;
de 15 dollars à 150 dollars par tonne de CO2, il tournera le dos à la première politique cli-
les évaluations disponibles pour le consen- matique, à l’architecture ancienne « par le
tement à payer des ménages pour combattre haut » et à l’ambition d’un accord internatio-
le changement climatique ne dépassent pas nal contraignant. Ce ne sera pas un protocole,
les 2 dollars à 8 dollars. En Europe, le prix qui demande à être ratifié par les parlements
des permis ne dépasse pas celui des 5 euros nationaux, une opération inenvisageable aux
à 7 euros la tonne, du fait notamment d’une États-Unis ;
allocation initiale trop généreuse et de
contraintes institutionnelles et politiques – dans le langage climatique, des « contribu-
entre les 28 membres de l’Union qui rendent tions nationalement déterminées » (intended
toute réforme sérieuse de ce marché extrême- nationally determined contributions) sont
ment difficile. Ce système européen des mar- attendues pour réduire les émissions. Ces
chés de permis ne couvre plus aujourd’hui contributions – des promesses, des engage-
que quelque 12 % des émissions mondiales de ments politiques et moraux mais pas juri-
gaz à effet de serre. La première période d’en- diques – proviendront de tous les États, y
gagement du protocole s’est terminée à la fin compris ceux inclus par le protocole de Kyoto,
de l’année 2012. L’UE a cependant obtenu, lors comme la Chine (aujourd’hui, premier émet-
de la COP17 de Durban, son prolongement teur mondial de gaz à effet de serre), dans la
jusqu’à 2020. On sait déjà que les États-Unis liste des pays en développement. Les contri-
ne participeront ni à sa survie ni à un hypo- butions seront de nature hétérogène et d’am-
thétique marché international du carbone, en bitions modestes à moyen terme, elles seront
tout cas pas avant 2025. Ils l’ont confirmé offi- fonction des contraintes et circonstances
ciellement le 31 mars 2015, lors de la remise nationales de chaque pays (capacités, stade
de leur contribution au titre du futur accord de développement et spécificités propres).
de Paris auprès du secrétariat de la CCNUCC. Du fait de leurs responsabilités historiques,
celles des pays développés sont attendues
plus ambitieuses ;
L’accord de Paris : – quelles que soient les limites et faiblesses
un changement de paradigme – déjà repérables – de l’accord de Paris, celui-
ci est là pour durer. Il n’aura pas d’échéance
Les États-Unis ont été le premier pays à faire fixe, du type de la première période d’engage-
connaître, le 12 février 2014, leurs proposi- ment 2008-2012 du protocole de Kyoto. Prévu
tions pour la Conférence de Paris : des « poli- pour être mis en œuvre à partir de 2020, il
tiques nationales », avec des « contributions » sera ensuite périodiquement évalué et – c’est
et non plus des engagements. Loin du subs- ce qui est espéré – renforcé, la première fois
trat économiciste qui présidait au design du certainement en 2025.
121 LA CONFÉRENCE DE PARIS 2015 : UNE NOUVELLE ÉCONOMIE POLITIQUE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
ne pourra cependant produire de miracle (la « décarbonisation profonde » ou « totale »)
en matière de stabilisation rapide des émis- au plus tard au début de la seconde moitié
sions : avec quelque 80 % de la consomma- de ce siècle. Enfin, aboutir, autour des années
tion énergétique mondiale aujourd’hui, la 2100, à ce que l’on appelle la neutralité cli-
part des combustibles fossiles pourrait matique, c’est-à-dire le stade – peut-être
encore représenter, selon les scénarios de impossible à atteindre – où les écosystèmes
l’Agence internationale de l’énergie (AIE), et la technologie permettront d’absorber la
entre 60 % et 80 % vers 2040-2050. totalité des émissions de gaz à effet de serre
Durant les onze dernières décennies, de 1900 restantes de source anthropique.
à 2010, l’intensité carbone de l’offre totale Pour réduire les émissions, on connaît
d’énergie primaire a diminué de 40 % à 50 % aujourd’hui le chemin. Le Président François
dans les pays développés (environ 60 % en Hollande, le 20 mai 2015, lors de son discours
France), mais seulement de 25 % en Chine et de pour l’ouverture du « Sommet des entreprises
30 % au plan mondial (Smil, 2013, p. 259). Com- pour le climat », a eu des paroles justes pour
ment faire plus et plus vite à l’avenir ? Pour situer les enjeux de longue durée : « une révo-
contrer les impacts les plus dévastateurs des lution » doit s’opérer « dans les modes de
changements climatiques, la décarbonisation production, de transport, de consommation,
impliquera cependant beaucoup plus que la de développement et, pour tout dire, dans les
seule diminution de l’intensité carbone. modes de vie ». Programme immense. Mais
Les objectifs et ambitions se déclinent nommer correctement les choses, ce nous
aujourd’hui en trois volets. Tout d’abord, semble être déjà un progrès pour affronter
atteindre un pic des émissions mondiales au les turbulences de changements qui ne se
cours de la (ou des) prochaine(s) décennie(s). limiteront pas au seul « climat ».
Ensuite, arriver à un niveau zéro d’émissions
Les principales réformes levier simple non pondéré qui inclut les opé-
rations de hors-bilan vise à réduire l’endet-
Le G20 a énoncé des principes ambitieux de tement excessif des banques et à diminuer
régulation financière postcrise qui se sont la capture du régulateur. Parallèlement à ces
traduits par des réformes diverses relatives mesures s’ajoutent des surcharges de fonds
aux marchés de capitaux, aux produits, aux propres pour les banques « systémiques »
intermédiaires financiers au sens large ou permettant de prévenir le risque systémique
encore au cadre institutionnel. Ces textes ont dans sa dimension transversale. C’est le
été le fruit de négociations avec les différents Conseil de stabilité financière (créé lors de la
lobbies des parties prenantes. En effet, une réunion du G20 à Londres en avril 2009) qui
régulation financière conçue pour relever les établit la liste des banques « systémiques »
défis de la crise est forcément coûteuse pour à partir de plusieurs critères : la taille de la
le secteur financier ; mais il ne faudrait pas banque, son degré d’interconnexion avec les
oublier les gains en termes de stabilité finan- autres banques qui signale l’ampleur des
cière et de financement de l’économie. Nous externalités négatives en cas de crise.
ne présenterons ici que les réformes les plus Dans l’ensemble, ces mesures vont dans le
importantes. bon sens, même si, à l’exception des mesures
contracycliques, elles s’inscrivent toujours
Une grande réforme bancaire ? dans une logique microprudentielle. La dif-
ficulté d’ajustement a été largement suresti-
Les accords de Bâle III et leur transposi- mée par les banques, tant pour la liquidité
tion européenne avec la directive CRD IV que pour les fonds propres.
et le règlement CRR durcissent incontesta-
blement la régulation bancaire. Ils reposent
sur quatre mesures principales : des fonds
La réforme du cadre de supervision
propres renforcés, des ratios de couverture La régulation financière est souvent asso-
de liquidité à court et à long termes plus éle- ciée à la réglementation définie comme l’en-
vés, une plus grande maîtrise de l’effet de semble de normes applicables aux acteurs
levier et des surcharges en capital pour les du système financier. Toutefois, il existe une
banques systémiques. autre dimension dans cette notion, celle de
Plus précisément, ces accords impliquent supervision, qui correspond au contrôle de
des exigences accrues en capital (notam- la bonne application de ces normes. Sou-
ment pour les activités de marché qui ont vent, la frontière est ténue entre l’édiction et
généré des pertes importantes pendant la le contrôle des règles. Cette seconde dimen-
crise) et de meilleure qualité. À cette capi- sion est précisément l’objet du deuxième
talisation s’ajoute une composante contra- grand chantier. La révision de la supervi-
cyclique : des coussins en capital sont accu- sion financière, qui a vocation à être inté-
mulés en période normale pour pouvoir grée par la coordination des niveaux micro
être utilisés quand la situation se détériore. et macroprudentiels, a été adoptée en 2010,
L’idée est de ne pas pénaliser le financement suite aux préconisations du rapport de Laro-
de l’économie quand les banques font des sière4. Elle comprend la création de trois [4]
« The High-Level
pertes. L’introduction de ratios de liqui- autorités sectorielles prenant la suite des Group on Financial
dité est apparue comme nécessaire car les trois comités de contrôleurs micropruden- Supervision in the EU
(2009) », rapport présidé
crises ont montré que les problèmes de sol- tiels avec des règlements sur la création des par de Larosière J.,
vabilité des banques pouvaient provenir non autorités européennes de surveillance pour Bruxelles, 25 février.
de lien direct avec le grand public. C’est le cas crédits structurés et obligations standards, Collective Investment in
Transferable Securities)
des hedge funds et des agences de notations, les conflits d’intérêts… Pour corriger cela, et fonds non-UCITS (or
dont la régulation était jusqu’alors quasi un règlement sur les agences de notations non-harmonised). Les
a été adopté en 2009. Les trois principales premiers sont contraints
inexistante. par des règles contenues
agences (Standard & Poor’s, Moody’s et dans la directive UCITS
Élargissement aux hedge funds Fitch), qui représentent 90 % du marché, se (85/611/EEC) et sont
verront désormais imposer une plus grande autorisés à la vente aux
Parce que la Commission a reconnu que les ménages investisseurs.
hedge funds avaient joué un rôle dans la transparence (sur le système de notation) et Les derniers sont
propagation du risque systémique, la direc- pourront être tenues responsables de leurs ceux qui ne sont pas
erreurs. harmonisés sous la
tive AIFM (Alternative Investment Fund directive UCITS.
Managers) relative aux gérants de fonds dits *** [7]
Organismes de
« alternatifs5 » a été promulguée en 2010. Elle Ainsi, si on observe des avancées réglemen- placement collectif en
a pour objectif de créer un cadre de super- taires importantes, des sources de fragilité valeurs mobilères.
En 1700, elle représentait 22,3 % du PIB mon- il était tentant de penser que les émergents
dial, l’Inde 24,4 %, et l’Europe 24,9 %. auraient abandonné le consensus de Wash-
– Ils couvrent de grandes superficies ; le ington pour suivre le modèle chinois, et ce
plus petit étant l’Inde : 3 290 000 km2 (contre que l’on pourrait alors appeler le consensus
4 375 000 pour l’Europe). de Pékin. L’étude des politiques économiques
ne permet pas une telle conclusion : ni un
– La Chine et l’Inde ont connu l’humiliation
éventuel modèle chinois (Bird, Mandilaras
de l’invasion étrangère avec les « traités
et Popper, 20128)ni même le modèle préco-
indignes » pour la première et la colonisation
nisé par le « consensus de Washington » ne
pour la seconde. C’est ce qui pourrait expli-
peuvent expliquer la réussite des BRIC. Leur
quer en partie leur volonté de jouer un rôle
succès repose sur des politiques adaptées
majeur dans l’économie mondiale.
[6]
Wade R. (1990), Governing aux spécificités de chacun des pays.
the Market, Economic – Les BRIC ont profité de l’évolution du
Theory and the Role of contexte économique à partir du milieu des D’une façon générale, l’intérêt porté aux
Government in East Asian
années 1980 : l’accroissement de l’intégration BRIC et aux autres émergents résulte de leur
Industrialization, Princeton
University Press, 496 p. internationale des économies, la libéralisa- part croissante dans le commerce mondial.
tion des mouvements de capitaux, l’appari- L’une des principales caractéristiques du
[7]
De Vries G. J., commerce mondial est le développement des
Erumban A. A.,
tion des nouvelles technologies de l’informa-
Timmer M.-P., tion et de la communication. échanges Sud-Sud, en raison de la stratégie
Voskoboynikov I. et
– Leurs réformes ont été marquées par un d’ouverture des pays en développement et des
Wu H. (2012),
« Deconstructing the rôle important de l’État, qui par l’intermé- pays émergents. Entre 1994 et 2008, la part
BRICs: Structural diaire de la politique industrielle ou du rôle des pays à bas revenu ou à revenu intermé-
Transformation and
des entreprises publiques a accompagné le diaire dans le commerce mondial est passée
Aggregate Productivity
Growth », Journal of développement des marchés (Wade, 19906). de 24 % à 42 %, la Chine et l’Inde comptant
Comparative Economics, 40. pour la moitié de cette croissance (Hanson,
– À l’exception du Brésil, l’amélioration de la
[8]
20129). Mais ils présentent aussi des vulnéra-
Bird G., Mandilaras A. productivité qui a permis ces forts taux de
et Popper H. (2012), bilités, notamment parce qu’ils sont très sen-
croissance a résulté d’une réallocation inter-
« Is There a Beijing sibles à la conjoncture mondiale, par exemple
Consensus on International sectorielle du travail (de Vries et al., 20127).
à l’évolution des taux d’intérêt américains, à
Macroeconomic Policy? »,
World Development,
– L’ouverture économique qui a accompagné la baisse du prix des matières premières ou
vol. 40, no 10. la croissance s’est principalement faite sur la au ralentissement de la demande des pays
[9]
base d’une spécialisation fondée sur l’avan- occidentaux. De plus, les institutions ne sont
Hanson G. H. (2012), « The
Rise of Middle Kingdoms: tage comparatif. Le résultat est particulière- pas toujours suffisamment développées et la
Emerging Economies in ment spectaculaire dans le cas de la Chine. stabilité sociale devra être assurée pour que
Global Trade », Journal of
Economic Perspectives, Comment expliquer cette ascension écono- ces trajectoires de croissance ne soient pas
vol. 26, no 2, printemps. mique ? Partant de la réussite de la Chine, remises en question.
0 2 500 5 000
Km
Entrée PMA
1971 Sortie
1972-1979 1994 Date de sortie
1980-1989
1990-2000 Autres pays
2001-2012
Source : auteurs.
Les pays les moins avancés chés, aux engagements dans le cadre de l’Or-
ganisation mondiale du commerce (OMC),
« L’émergence du Sud » dissimule des situa- à l’aide publique au développement (APD),
tions hétérogènes, masquant notamment à l’allégement de la dette et à l’assistance
la marginalisation persistante des pays les technique. Pourtant, ces pays éprouvent
moins avancés (PMA). Selon les critères des des difficultés à trouver leur place dans la
Nations unies (2014)10 – ayant trait à la fai- mondialisation et demeurent extrêmement
[10]
Nations unies (2014),
blesse conjointe des revenus, des indica- The Least Developed
sensibles aux aléas macroéconomiques. Les Countries Report 2014 -
teurs humains (en santé et en éducation) et PMA partagent en majorité une forte dépen- Growth with Structural
de la vulnérabilité économique –, ce groupe dance aux importations de produits alimen- Transformation: A
Post-2015 Development
de pays est considéré comme extrêmement taires et pétroliers, et aux exportations de Agenda, United Nations
désavantagé dans son processus de dévelop- produits de base, ce qui les rend particulière- conference on Trade and
pement. Malgré l’empressement de la com- ment vulnérables aux fluctuations des taux Development.
munauté internationale pour aider les PED à de change et aux chocs sur les prix des biens
se développer (comme l’illustre la poursuite échangés. Ces dernières années, le contexte
des objectifs du millénaire pour le dévelop- mondial particulièrement défavorable a
pement [OMD]), le nombre de PMA – dont la pesé sur les performances à l’exportation
majorité se situe en Afrique subsaharienne – des PMA et sur leur croissance économique.
a quasiment doublé, passant de 25 en 1981 à Le taux de croissance réel moyen des PMA
48 aujourd’hui. en 2013 était néanmoins de 5,6 % (mais le
Le statut de PMA confère des avantages liés PIB par habitant n’a progressé que de 2,8 %
notamment à l’accès préférentiel aux mar- compte tenu du boom démographique conco-
signés en 2000 par 189 États membres de puisqu’ils concerneront les trois dimensions [17]
Fait référence à
l’Organisation des Nations unies (ONU) et du développement durable (économique, la Conférence des
pauvreté, la faim, la mortalité infantile et à la priorité donnée jusque-là aux pays les plus juin 2012.
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problèmes économiques
Problèmes économiques invite les spécialistes à faire le point
HORS-SÉRIE
SEPTEMBRE 2015 NUMÉRO 8
comprendre
L’ÉCONOMIE
2. Questions économiques contemporaines
Après les « Concepts et mécanismes », ce deuxième tome de la série « Comprendre
l’économie » présente les grandes questions économiques de notre temps.
Le numéro est organisé en trois parties. Il commence par faire le point sur la
conjoncture mondiale pour se concentrer ensuite sur des tendances plus structurelles
dans des domaines comme la compétitivité, les modèles de croissance, la fiscalité ou
la protection sociale. Une dernière partie s’intéresse à la régulation des économies,
car les pouvoirs publics sont toujours très sollicités pour gérer les effets de la crise :
les politiques monétaires non conventionnelles, la refonte de la gouvernance bancaire
et financière, la gouvernance environnementale…
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