Notice STC n° 79-2 Mai 1979
Les digues des Voies Navigables
Auteur : Y. BRYGO Wu, 1'Ingépieur en ChefT = GENERALITES
Cette notice se propose d'attirer l'attention sur les différents
problémes que posent la conception, la réalisation et l'entretien des digues
construites pour 1"aménagement des voies navigables.
Le progrés des connaissances et des techniques autorise, ici comme
dans d'autres domaines, 1a réalisation d'ouvrages toujours plus performants,
Mais, si l'on consid@re que les canaux ont résisté aux offenses du temps et
sont encore exploités aujourd'hui, il nous faut veiller @ ce que nos ouvrages
actuels offrent une sécurité et une durabilité satisfaisantes.
Des modestes levées aux digues de grande hauteur, les problémes ne
sont pas fondamentalement différents mais simplement plus complexes, et les
premi@res doivent @tre concues avec autant de soin que les secondes, car la
gravité des ruptures de digue est sans commune mesure avec la cause souvent
localisée qui les a produites.
On congoit que les digues de grande hauteur fassent L'objet d'études
plus détaillées, mais dans tous les cas il faut assurer la sécurité de
L'exploitation de la voie d'eau et celle des populations en contrebas.
On trouvera en annexe la description de quelques incidents et de
leurs causes probables.
Ceci améne & recenser les fonctions de la digue :
~ bien sdr maintenir un niveau constant (canal) ou variant lentement
(fleuve canalisé) dans 1a retenue, dans les zones of la ligne d'eau est plus
haute que le terrain naturel ;
- limiter les fuites a un niveau acceptable 3
- garantir la sécurité du riverain.
On peut considérer plusieurs fonctions pour les digues :
1 ~ Pour les canaux artificiels, les digues sont indispensables
lorsque le niveau du plan d'eau normal est plus élevé que le terrain naturel.
2 ~ Pour les rivigres canalisées, la construction de digues est
nécessaire, lorsque, du fait de la canalisation, le plan d'eau est porté au-
dessus de son niveau naturel, ce qui provoquerait des submersions de terrains.
3 ~ Pour les rivigres, indépendamment de toute perspective de navi-
gation, les digues peuvent @tre destinées 4 éviter la submersion de zones
habitées inondables.
4 = Lorsqu'un canal longe une rivire, les digues empéchent les
erues de la rivire de pénétrer dans le canal.
5 ~ Divers : digues de bassins d'épargne.
Les barrages en terre pour réservoirs sont trés analogues aux
digues, mais ne seront pas traités explicitement dans la présente notice.
Gette notice traite toutes les phases depuis les études avant réali-
sation, jusqu'a l'entretien des digues récentes ou anciennes.IL ~ MECANIQUE DES SOLS
IL. -
Les Etudes géologiques et géotechniques du site d'un projet ont
pour objet de répondre aux questions concernant
~ lexistence sur le site ou a proximité des matériaux nécessaires
& 1a construction de la digue et leurs caractéristiques,
~ la stabilité mécanique de la digue et du terrain sur lequel elle
sera fondée,
- les conditions d'étanchéité et d'infiltrations dans le corps de
la digue,
= la pérennité de L'ouvrage.
La reconnaissance des sols se fait de manigre progressive en plu-
sieurs phases qui se complétent et recoupent les phases de 1'élaboration
administrative du projet. En dehors des études initiales, il est courant que
le programme général de reconnaissance ne puisse étre entirement arrété en
une seule fois et que des compléments d'étude se révélent nécessaires. Il
faut tenir compte de ce point et réserver du temps et des moyens suffisants
pour pallier aux difficultés éventuelles.
On peut distinguer trois phases principales :
lere_phase_:_s'informer
Lors du choix des grandes options du tracé, 1a qualité des terrains
traversés est un critére particuligrement important. C'est en effet lui qui
déterminera les techniques 4 mettre en oeuvre et il influera donc notablement
sur le coit de l'opération. La proportion du volume des déblais réutilisables
en remblais doit d'ores et déja étre précisée, a la fois de par son impact
sur les cofits mais aussi de par sa répercussion sur l'environnement. On
évitera la mise en dépdt importante de déblais non réutilisables qui détériore
fortement le site, sauf si une utilisation particuliére peut leur étre trouvée
(renblaiement de terrains, aménagement touristique).
Ainsi les deux premiéres questions se posant pour une zone oii est
prévu un endiguement sont elles bien la qualité du terrain de fondation et
la provenance du remblai a mettre en oeuvre.
Ace stade, le projeteur utilisera surtout des documents existants
tels que cartes géologiques, hydrogéologiques, cartes de végétation, photo-
graphies aériennes, études antérieures pour des travaux récents dans la méme
zone (notamment remblais routiers). I1 en fera des interprétations (coupe
géologique de la zone traversée, nature des formations superficielles d'aprés
la végétation) et s'entourera du conseil des spécialistes (universitaires,
CETE, maitres d'oeuvre de grands travaux, ...), sans omettre de procéder Lui-
méme & des visites sur le site.
Il reconnaitra les zones d'emprunt potentielles, les sites poten~
tiels de carriére pour enrochements ou agrégats.-3
Ltensemble de ces observations aboutit & une connaissance détaillée
des différentes formations de surface et donne quelques éléments quant a la
nature des matériaux sous-jacents et 4 la présence de nappes phréatiques.
Ces éléments, complétés éventuellement par quelques sondages de
reconnaissance pour les points douteux, concourrent, par leurs incidences
sur le coft du projet et sur l'environnement, au choix d'un parti d’aména~
gement.
2eme_phase_: travaux de reconnaissance
Ctest au stade de 1'élaboration de 1'Avant-Projet Soumaire que
prennent normalement place les premiers essais et mesures (in situ et en
laboratoire). Les deux axes de reconnaissance sont ici le niveau et le régime
des nappes phréatiques, la réutilisation des déblais et les ressources du
site en matériaux d'emprunt. 11 convient d'établir pour chacun d'eux, au vu
des résultats de la lére phase, un programme de reconnaissances permettant
d’établir avec certitude 1'Avant-Projet Sommaire.
Le niveau de la nappe est suivi dans le temps par L'observation
d'un réseau de piézométres permettant de dresser des cartes de 1a nappe.
Son niveau varie en fonction de la saison mais aussi souvent en fonction du
niveau du fleuve voisin, qui devra étre mentionné.
Niveau et étendue des nappes servent @ la fois pour le calcul des
digues et pour 1'état initial de l'environnement, que le projet devra
s'efforcer de modifier le moins possible, sinon dans un sens positif.
Les sondages mécaniques permettent de connaftre, outre le niveau
du substratum imperméable, la puissance des divers horizons susceptibles
de fournir des terres en remblai : couche de graviers, épaisseur des éléments
fins.
Une reconnaissance superficielle par exécution d'une tranchée, de
puits et par décapage pourra leur @tre adjointe en cas de doutes.
Des essais en laboratoire sont nécessaires et permettront 1'iden~
tification et la classification des sols et 1a détermination de leurs carac~
téristiques mécaniques. Cette étude en Laboratoire permet de confirmer les
zones d'emprunt & retenir.
Une attention toute particulire sera apportée & l'étude des points
singuliers que la premigre phase aura mis en évidence. Les anciens méandres
de fleuve par exemple seront souvent des points délicats. Il en est de méme
des singularités géologiques (couche de qualité médiocre localisée, faille,
présence de sols compressibles, telles que poches de tourbe, risques d’effon-
drements souterrains, etc...).
La maille des sondages exécutés dés 1'établissement de 1'APS devra
done @tre suffisamment courte pour les appréhender. En outre, elle pourra
Btre localement resserrée.
Les résultats de cette deuxiéme phase de reconnaissance doivent
permettre au minimum d'arréter le tracé en plan de la digue, sa structure
et son profil en travers type.-4
L'origine des matériaux, ainsi que les difficultés probables d'exé-
cution devraient déja Gtre bien connues. En effet, ces éléments ont une
grande importance dans le chiffrage du projet d’APS.
Cette troisi’me phase, d'une ampleur trés variable, coincidera
avec 1"établissement de |'Avant-Projet Détaillé.
Le profil en travers type proposé a 1'APS n'a pas fait L'objet de
calculs détaillés. C'est au niveau de 1'APD qu'on procéde a ces derniers, en
accord avec le paragraphe ci-dessous traitant de la conception et de la
structure des digues. Des considérations théoriques peuvent remettre en cause
les dispositions prises 4 1'APS, qu'il ne faut pas regarder conme impératives.
Pour parfaire la connaissance des sols, on pourra procéder & des
sondages complémentaires sur une maille plus courte. Le réseau piézométrique
sera complété. Son suivi se poursuivra et 1'interprétation des mesures sera
faite. Les essais géotechniques seront précisés. 11 s'agit 14 en somme de la
continuation de 1a 28me phase.
Mais des travaux plus spécifiques sont éventuellement nécessaires,
tels que tranchée de reconnaissance, chantier expérimental de compactage.
Ltemprise des digues doit maintenant @tre déterminée. I1 y a néan-
moins lieu de ne pas limiter les expropriations a la stricte limite théorique
d'emprise mais @ prévoir une zone de sécurité pour se garantir contre les
aléas d'exécution. Cette précaution évite une deuxiéme série d'expropriations
toujours délicate et difficile (enquétes et délais supplémentaires).
Sur le site des emprises ainsi définies on procéde alors 2 une
campagne de reconnaissances fines par des sondages et des excavations
complémentaires. Ces opérations ont tout intérét a Stre effectuées systéma~
tiquement sur des profils en travers réguliérement distancés (par exemple
100 m) et réguligrement implantés sur ces profils.
De 1a méme maniére 1'étendue et 1a puissance des zones d'emprunt
doivent @tre connues avec précision, qu'elles soient A proximité inmédiate
de la digue (cas d'une canalisation d'un fleuve o& les emprunts permettront
simultanément le remaniement des profils en travers du fleuve) ou plus ou
moins distantes (cas d'un canal en remblai sur une grande longueur).
Enfin, on précisera la réutilisation des matériaux inutilisables
pour la digue.
II.2 - Les mesures et les essais géotechniques
Les essais évoqués ci-dessus relévent des méthodes d'études des
sols. A ce titre, on se référera trés utilement au dossier Fond 72 réalisé
par le SETRA et le LOPC.
Les renseignements qui suivent se veulent essentiellement pratiques.
Il existe en effet une littérature abondante sur le sujet (cours de mécanique
des sols, publications du LCPC et du SETRA, etc...).Le piézom’tre permet de mesurer la pression interstitielle en un
point donné d'un sol saturé, et en particulier de situer la cote de la
surface d'une nappe libre ou de la surface piézonétrique d'une nappe captive.
Il est utilisé également pour les problémes de consolidation des sols, les
problémes de stabilité qui nécessitditde connaitre les contraintes effectives,
et pour suivre 1'établissement d'un régime hydraulique dans un massif de sol.
Sur ce sujet, on se référera a la "note d'information théorique"
du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées intitulée "Mesure en place de
la pression interstitielle" (Décembre 1977).
L'appareil le plus simple et le plus utilisé est le piézométre
ouvert, od la mesure s'effectue par relevé du niveau hydrostatique a
L'intérieur d'un tube mis a l'atmosphére. On utilise des tubes courants du
commerce de 30 a 50 mm de diamétre, posés dans un forage de reconnaissance,
la partie crépinée ou lanternée étant généralement entourée d'un matériau
trés perméable jouant le rdle de filtre. La lecture se fait en introduisant
un ruban lesté dans le tube ou a l'aide d'un détecteur électrique de niveau.
Dans les piézomatres fermés, le procédé de mesure est tel que le
volume d'eau échangé entre le sol et l'appareil est trés faible. Citons le
piézométre & cellule filtrante et manom@tre, dont le piézométre LPC, les
appareils @ diaphragme, oi! la pression interstitielle déforme en permanence
un diaphragme, Citons encore le piézom@tre Glétz, oi la pression interstitielle
est équilibrée par une pression d'air envoyée par l'opérateur depuis la sur-
face. Enfin, le pi&zométre LPC PAC, a contre pression d'air également, est
muni de systémes de filtrage différents selon le mode de mise en oeuvre
par forage statique ou dynamique ou dans un forage.
La document cité préconise différentes méthodes de pose, selon les
types d'appareils et les types de sols oi ils sont mis en place. Il recom
mande également les appareils le micux adapté au type de mesure que l'on se
propose.
Les investigations par sondage sont particulirement cofteuses et
il faut done en tirer un maximum de renseignements. La qualité de ceux-ci
dépend bien sir du type de sondage retenu mais aussi de la qualification de
L'équipe de sondage. Il y a tout intérét a ce que le prélévement proprement
dit et les essais de laboratoire soient effectués par le méme organisme.
On distingue les forages destructifs et les forages avec prélévement
4'échantillons intacts.
Les premiers fournissent des échantillons remaniés, dont il faut
un volume assez considérable pour procéder aux essais de laboratoire. Ceux-ci
permettent d'identifier les sols (granulométrie, limite d'Atterberg, teneur
en matiére organique, ...). La teneur en eau pourra @tre obtenue si le son-
dage est effectué & sec et 1'échantillon aussitét placé en gaine étanche. De
méme dans certains cas ce forage pourra étre utilisé pour l'essai pressiomé-
trique (Cf infra). Par contre, ces échantillons sont inaptes aux essais
mécaniques : essais triaxial et oedométrique.-6
Les seconds ont un prix de revient trés élevé que justifie 1'en-
semble des précautions (type de forage, conservation des échantillons, trans-
port) prises pour obtenir un échantillon "intact", c'est-a-dire sans modifi-
cation de 1'état ni de la structure du sol. Sur ces carottes, il est théori-
quement possible d'effectuer tous les essais de laboratoire.
11.2.3 -
Les sondages pressiométriques sont bien adaptés pour 1'estimation
de 1a portance du sol de fondation vis-a-vis du remblai que constitue, en
premigre approche, la digue.
L'essai pressiométrique consiste mesurer au moyen d'une sonde
cylindrique dilatable que l'on introduit dans un forage de reconnaissance
le champ des déformations des parois du forage en fonction de la pression
et du temps.
Ltessai est rapide : il donne donc des caractéristiques @ court
terme, d'une part, en contraintes totales, d'autre part.
T1 permet de calculer les deux paramétres pressiométres :
~ Le module pressiométrique standard E, calculé dans la partie
linéaire de la courge variation de volume de la sonde en fonction de la
pression ;
= La pression limite P), abscisse de 1'asymptote paralléle a l'axe
des ordonnées sur 1a méme courbe. Py est corrigée en fonction de la hauteur
piézométrique et de la pression propre de la sonde.
Pour le calcul des fondations superficielles et profondes E et Py
sont introduits dans des formules semi-empiriques du type :
a, 7 45 = K @y - 2)
dy Pression verticale de rupture
P] pression Limite
Po et 4g + pressions horizontale et verticale au repos
K coefficient dépendant de 1a forme et de 1a nature de la fondation,
de la nature du sol, de l'encastroment dane le terrain de fonda
tion,
Les tassements sont estimés a partir d'une formule type essai de
plaque faisant intervenir, outre le module pressiométrique standard E, la
nature du sol, la largeur et la forme de la fondation, c'est-a-dire du
remblai.
L'exploitation se fait a partir de formules semi-empiriques. C'est
Pourquoi L'essai est standardisé et fait l'objet d'un mode opératoire offi-
ciel. C'est pourquoi également il faut éviter de sortir de son domaine
d'emploi en essayant de le relier aux paramétres intrinséques du sol (c ety).
Les sols grenus (sables et graviers, ...) sont en général trés per-
méables et les tassements sous remblais (par expulsion de l'eau interstitielle)
se font rapidement et demeurent faibles.Ltessai pressiométrique est bien adapté a ce type de sols. IL
permet de traiter de la stabilité a court terme (qui est également celle a
long terme, si la perméabilite est suffisante pour 1'élimination rapide des
surpressions) - mais également des tassements.
Par contre, l'essai au pressiométre n'est pas suffisant pour les
sols compresibles (probléme des tassements et consolidation).
IL.2.4 ~ L'essai ocdométrique
La perméabilité des sols fins peut @tre faible. L'élimination des
surpressions interstitielles apportées par le remblai demande alors beaucoup
de Cemps. Ce phénoméne, dit de consolidation, est étudié en laboratoire par
L'essai oedométrique.
La représentativité de cet essai est parfois sujet a caution. En
effet, si les conditions sous 1'axe de la digue sont bien reproduites, il
nien est pas de méme sous les talus. Par ailleurs, il faut procéder & plusieurs
essais sur des échantillons prélevés a des hauteurs différentes pour déter-
miner des caractéristiques de terrain en place significatives.
Le tassement total de consolidation est obtenu au bout d'un temps
assez long (plusieurs mois, voire des années). Si le tracé emprunte des zones
a terrains compressibles, il faut donc prévoir une mise en remblai progressi-
ve, s'étalant sur plusieurs mois, éventuellement combinée avec d'autres mé-
thodes (drainage vertical par exemple) pour accélérer les tassements.
D'une manigre général, le comportement des sols fins est beaucoup
moins favorable aux remblais que celui des sols grenus et c'est 1a un argu
ment pouvant influer sur le choix du tracé.
Exécuté sur un échantillon intact, cet essai vise a déteruiner les
caractéristiques intrins®ques du matérieur c’ et y'. L'essai peut @tre effec-
tué sous les trois types : non consolidé non drainé (le plus fréquent),
consolidé non drainé (moins fréquent), et consolidé drainé (rare).
Ltessai consolidé non drainé avec mesure des pressions intersti
tielles permet les calculs & court terme et A long terme. C'est un escai
performant pour un coft relativement modeste.
Il permet de vérifier la stabilité des pentes des talus.
11.2.6 - Autres essais
D'autres essais sont bien sir possibles. Citons 1'essai pénétro~
métrique et scissométrique. Tous deux peuvent étre utilisés 4 grande échelle
wu leur faible prix de revient.I1.3 - Essais de perméabilité
Ces essais visent a déterminer le coefficient de perméabilité K
du terrain en place. Pour le corps du remblai, si le compactage est soigné,
ja valeur de K est voisine de celle du terrain en place, ce dont un essai de
laboratoire sur une carotte prélevée dans le remblai permet de s'assurer.
11.3.1 ~ L'essai Lefranc
Cet essai consiste a injecter (si on est au-dessus de la nappe) ou
pomper (si on est au-dessous) de l'eau dans une cavité appelée lanterne
ouverte dans le terrain et a mesurer la variation de charge et le débit cor-
respondant.
Les mesures s'effectuent a niveau constant (injection ou pompage
d'eau jusqu'a stabilisation de niveau) dans les sols 4 perméabilité élevée
(Kz 10°4 m3/s) - ou A niveau variable (prélévement ou injection d'un volume
d'eau donné) pour les sols moins perméables.
Lessai peut @tre réalisé dans les sondages de reconnaissance au
fur et A mesure de 1"avancement. Dans l'essai a niveau variable par remplis-
sage, on prendra garde au colmatage qui pourra donner un coefficient K de 10
A 1000 plus faible que le K réel.
Ltessai donne, calculé dans de bonnes conditions, une approximation
de la perméabilité locale, plus sure et plus aisément interprétable si la
géologie est connue. On peut le répéter 3 plusieurs niveaux dans un forage,
ce qui peut donner une idée de 1'hétérogénéité du sol.
De plus, il a l'avantage d'étre assez rapide (1 h 30 environ).
La valeur de la perméabilité K mesurée peut avoir jusqu'a une puis-
sance de 10 d'écart avec le K réel selon les conditions de l’essai et compte
tenu des remaniements du terrain autour du forage. L'estimation des débits
pourra &tre fausse dans cette proportion.
Dans l'essai A niveau constant, en régime permanent, soit H la
différence de charge sous le débit Q. La perméabilité K est donnée par
Q
K = m# od m est un coefficient de forme de dimension 1!
Dans les sols anisotropes, ce seul essai ne permet pas de connaftre
tes perméabilités Kyeeicate °t Khorizontale.
En adjoignant au dispositif de pompage ou d'injection une série de
piézométres disposés dans trois directions radialement autour du forage
principal, on peut, par la connaissance des rabattements dans les trois lignes
de piézonétres, connaitre les trois pernéabilités principales Ky, Ky maximale
et Ky minimale.
Ltexploitation de l'essai sort du cadre de 1a présente notice. on
la trouvera dans les cours d'hydraulique, notamment "Hydraulique souterraine"
de G. SCHNEEBELLI - Editions EYROLLES, PARIS.11.3.2 ~ L'essai Lugeon
11 consiste @ envoyer dans une tranche de forage de hauteur h,
isolée du reste du forage par un obturateur, de l'eau sous charge constante
et a mesurer le débit. I1 renseigne sur la circulation de l'eau dans les
roches, sur 1'état de fissuration de celles-ci et sur les possibilités de
colmatage-décolmatage des fissures.
On réalise divers paliers de pression et on mesure le débit q
lorsque le régime permanent est atteint. Puis on trace la courbe débit -
Pression qui peut prendre des allures trés diverses suivant qu'il y ait col-
latage ou débourrage, écoulement laminaire ou turbulent, etc...
L'essai se fait 3 1"avancement dans un forage (un seul obturateur)
ou aprés réalisation compléte de ce dernier (deux obturateurs). $'assurer
que l'obturateur n'est pas contourné par l'eau.
Correctement exécuté, il renseigne sur la perméabilité du terrain
de fondation d'une digue et sur la possibilité de colmatage. Cette donnée
est intéressante pour prévoir 1'évolution des débits de fuite recueillis par
les contre-canaux qui se situent en général dans le terrain en place.
TIT ~ CONCEPTION, STRUCTURE ET CALCUL DES DIGUES
TII.1 ~ Problémes d'hydraulique de la digue
Le comportement hydraulique de la digue revét 1a plus haute impor-
tance puisque la plupart des incidents affectant les digues sont dus &
L'écoulement des eaux 4 travers celles-ci.
Il faut avoir conscience de ce que 1'étanchéité parfaite n'existe
Pas. N'en concluons pas que tout dispositif d'étanchéité est inutile, bien
au contraire, mais notons dés maintenant que toutes les digues sont le siage
d'un écoulement et qu'elles doivent donc faire l'objet d'une étude hydrau-
lique précise.
Du point de vue fonctionnement hydraulique, on peut distinguer
trois types de digues :
~ une percolation permanente s'effectuera a travers une digue
perméable (graviers par exemple). L'ouvrage sera congu (drainage, contre-
canal) pour assurer un écoulement des eaux de percolation et également pour
éviter de modifier le niveau de la nappe phréatique ;
~ la digue est revétue de matiére imperméable (chemisage béton,
enrobé bitumineux). Elle est donc théoriquement étanche. Le dispositif
d*étanchéité n'étant jamais parfait, la digue est néanmoins le si&ge d'écou-
lements, éventuellement au bout de quelques années
= la digue est pourvue d'un écran d'étanchéité interne (rideau de
palplanches) ou d'un massif étanche (corroi d'argile). Ces dispositions
modifient le tracé des lignes de courant, les allongent et diminuent donc le
gradient hydraulique.L'étude hydraulique doit permettre de déterminer les éléments
suivants qui interviennent dans les calculs de stabilité de 1'ouvrage
~ Ligne phréatique, ligne le long de laquelle 1a pression hydro~
statique de l'eau dans le massif est nulle j
= La pression de l'eau interstitielle dans le massif qui peut étre
déterminée & partir d'un réseau d'équipotentielles, c'est--dire de lignes
traversant le massif de digue et de fondations et le long desquelles le
potentiel hydraulique est constant ;
~ Le débit de fuite par unité de longueur de digue, nécessaire au
dimensionnement des ouvrages d'évacuation (contre~canal) .
Le principe de l'étude consiste en la détermination des équipoten-
tielles et des lignes de courant, qui constituent un réseau orthogonal au
premier. La loi fondamentale de I'hydraulique des sols est 1a loi expérimen-
tale de Darcy qui exprime que la vitesse d' écoulement est proportionnelle
au gradient du potentiel hydraulique :
Y=-k grade
Le coefficient k est appelé coefficient de perméabilité et il varie
dans des proportions trés larges suivant 1a nature du sol (de l'ordre de
10-2 m /s dans les graviers a 10~!0 dans les argiles). Le plus souvent la
perméabilité horizontale du sol en place Kh est différente de la perméabilité
verticale Ky. Ky/Ky peut varier entre 1 et 100, 10 étant une valeur courante.
Ceci a son Ymportance dans le calcul des débits.
Il existe de nombreuses méthodes pour construire les équipoten-
tielles, depuis le calcul numérique sur ordinateur, précis mais lourd,
jusqu'aux méthodes électriques en passant par les méthodes graphiques plus
ou moins compliquées. Le projeteur veillera a ne pas utiliser un procédé
trop lourd quand les solutions graphiques approchées sont suffisantes.
Deux cas au moins sont a envisager :
= Le régime permanent correspondant aux conditions normales
dtexploitation : niveau maximal pour la retenue, niveau de 1a nappe phréa~
tique calé par le contre-canal ;
= Le régime transitoire correspondant @ une vidange rapide. Deux
situations peuvent alors se présenter :
+ Le niveau d'eau dans le bief est inférieur au niveau de la
nappe dans le massif de digue. Le régime transitoire consiste
en L'écoulement de l'eau interstitielle de la digue dans le
bief. Il crée des sous-pressions sous le revétement étanche du
canal, si celui-ci en est pourvu, sous-pressions pouvant mettre
Amal la protection des berges ou du plafond.
+ La nappe extérieure est plus haute que le plafond du canal.
Le bief étant vide, L'eau du contre-canal ou de la nappe
s'écoule vers le plafond, ce qui occasionne également des sous~
pressions.
Dans le cas de revétements étanches, on peut procéder au méme type
de calcul en affectant un coefficient de perméabilité au revétement.
sheeIII.1.2.1 - Forces exercées_par_1'écoulement de l'eau
Dans un sol soumis @ un écoulement, la perte de charge hydraulique
est dissipée en frottement visqueux exercant sur les grains du sol des forces
dirigées dans le sens de 1'écoulement.
On montre que le squelette d'un sol soumis 4 écoulement subit deux
forces volumiques :
~ La pensantewi
(x = poids spécifique di
Vunjeé de volume est sounise 8 son poids x"
jaugé, g vecteur pesanteur) ;
es forces d'écoulement : l'unité de volume est soumise a une
force ¥,, grad E avec ¥, poids spécifique de 1"eau et E potentiel hydraulique.
Il faut tenir compte de cette dernidre force dans les calculs de
stabilité des talus (méthode des cercles de glissement) car elle augmente le
moment moteur tendant & mettre en mouvement le massif de sol le long de la
Ligne de rupture.
4
TIL. 1.2.2 = Le_phénomine de ren:
Dans le cas,d'un écoulement vertical ascendant (1e long d'une pal-
Planche par exemple) g et grad F sont paralléles et de sens contraire. Le
sol n'est plus stable dés que le gradient hydraulique atteint localement 1a
valeur critique = (de rapport est voisin de 1, y" = 1,1 étant une valeur
courante pour les“sables et graviers.
Les grains de surface sont alors entrainés, puis les grains voisins
révélés par l'amorce de mouvement, etc... I1 se forme un petit tunnel qui,
en diminuant 1a distance de percolation, augmente le gradient hydraulique et
le phénoméne s'amplifie jusqu'a remonter dans le canal. Il se produit alors
une fuite importante qui peut entrafner la rupture de la digue.
Dans le cas d'un écoulement de direction queleonque, 1'instabilité
apparait localement lorsque 1a force volumique d' écoulement ¥,, grad E est
supérieure aux forces résistantes mobilisables, c'est-a-dire lorsque l'état
tridimensionnel des contraintes atteint l'état limite de rupture,
Ce premier type de renard est directement 1ié a la vitesse d'écou-
lement, de part les deux relations F motrice =¥ grad’E et V = - k grad EB.
Tl] existe un autre type de renard, dé 4 1'érosiof par un écoulement trop
rapide dans une fissure due @ un retrait par dessication, lorsque 1a digue
est restée longtemps & sec (argiles gonflantes) ou a une déformation plasti-
que trop importante (surévaluation de la cohésion). Le phénoméne démarre
brusquement et s'amplifie suivant le méne schéma que pour le premier type.
I] se produit surtout dans les terrains argileux.III.1.2.3 - Protection
Les conditions de drainage ou de perméabilité devront @tre sutfi-
santes pour que la ligne phréatique débouche sur le talus extérieur suffi-
samment bas (au niveau du contre-canal) pour éviter tout ruissellement
continu le long du talus extérieur.
Si un dispositif de drainage est mis en place, il permet de rabattre
Ja ligne phréatique a l'intéricur du corps de la digue.
Aux effets des écoulements internes jusqu'ici considérés s‘ajoutent
ceux du ruissellement des eaux pluviales (protection du talus extérieur par
végétalisation) et ceux du courant et du batillage sur le talus intérieur
(défense de berge).
I1I,2 - Structures d'ensemble
La structure des digues en terre est conditionnée par les caracté-
ristiques mécaniques de la fondation, révélées par la géologie et 1a géo-
technique, par la nature, la qualité et la quantité des matériaux disponibles,
révélés par la géotechnique et par les conditions d'écoulement et 1a situation
de la nappe révélée par l'étude hydraulique.
‘Trois types de structures sont 4 envisager :
= Les digues homogénes
= Les digues A noyau ou écran d'étanchéité interne
= Les digues a étanchéité de surface.
Dans pratiquement tous les cas, la digue doit étre complétée par
un contre-canal dont le but est double
- recueillir le débit de fuite a travers la digue,
= emp@cher le relévement de la nappe phréatique en fixant le niveau
de cette derniére A celui de l'eau dans le contre-canal.
Le niveau de l'eau dans le contre-canal est donné par 1
par gravité soit dans le canal lui-méme a 1'aval d'une écluse, i
possible, soit dans un autre réseau, ou par pompage.
Si 1’on dispose sur place des quantités suffisantes de matériaux
permettant d'obtenir aprés compactage les conditions d'étanchéité et de
stabilité suffisantes, ce type de digue est le plus facile & réaliser.
La digue en terre homogéne est constituée d'un massif en terre
compactée ou en sable voire en graviers, le plus souvent muni d'un dispositif
de drainage dans sa partie aval et, d'autre part, d'une simple protection
mécanique contre le batillage du cété en eau.Tap
Tapis filtrant aval et drain oblique vers I'avat
Le drainage peut se faire par coin drainant aval, par tapis drainant
c6té aval, éventuellement prolongé par un drain vertical ou oblique dans le
corps de digue. L'obliquité de ce dernier drain peut tre dirigée vers le
canal, ce qui est plus favorable @ 1'élimination des pressions interstitielles
dans le cas de vidange rapide. Elle peut aussi étre dirigée vers le contre-
canal, ce qui réalise une économie de matériau de filtre, mois aussi un
risque éventuel pour la stabilité du talus aval.
Si la perméabilité d'ensemble est suffisamment faible, ou la hauteur
de L'endiguement faible, le drainage séparé peut méme ne pas exister.
Cette solution de digue homogéne a été retenue dans certains sec~
tions de L'aménagement du Bas-Rhéne pour les digues en gravier avec tapis ou
écran drainant aval. La perméabilité initiale élevée du gravier est trés vite
atténuée par un colmatage naturel dans l'ensemble du corps de digue. Le débit
de fuite moyen est de 250 1/s par métre de charge et par kilométre au début
de 1a mise en eau avant colmatage. Ces digues sont congues de telle sorte que
la perméabilité aille croissant de la recharge amont a la recharge aval et
bénéficient du colmatage de surface par les matigres fines en suspension du
Rn6ne, vis-A-vis desquelles les graviers constituent un filtre,
Lorsque le matériau de remblai n'est pas suffisanment imperméable,
on peut équiper 1a digue d'un organe d'étanchéité interne qui peut prendre
diverses formes sous réserve d'étre assez souple pour suivre les mouvements
de la digue.
Outre son réle d'étanchéité, ce dispositif peut participer utilement
A la stabilité d'ensemble de la structure. On distingue :- 14
~ Le noyau d'argile : noyau constitué d'un matériau de faible per-
méabilité et suffisamment plastique et venant s'ancrer dans 1'horizon imper-
néable. L'épaisseur minimale est de 2 m, généralement on prend une épaisseur
voisine du quatr de la charge hydraulique totale.
Le noyau peut tre vertical ou incliné vers le canal. Ce cas permet
de monter la recharge aval en avance sur le noyau et la recharge amont. I1
accroft la stabilité du talus aval en régime permanent au détriment de la
stabilité du talus amont en vidange rapide.
Cette technique est assez peu employée car 1'exécution d'un noyau
d'argile est une opération difficile et done codteuse,
~ Un écran étanche souple (technique paroi moulée) ou un rideau de
palplanches descendu jusqu'a L'horizon imperméable offrent une trés bonne
Stanchéité. Le rideau de palplanches peut @tre battu auvoisinage de l'axe de
la digue mais aussi cdté amont, pour participer a la tenue de l'ensemble et
a la défense de berge.
L'écran étanche doit se raccorder a la formation étanche lorsque
cela est possible. La paroi moulée est descendue jusqu'a un encastrement
suffisant dans L'horizon imperméable. Le rideau de palplanches est battu a
refus dans ce massif.
Quand cela est impossible, on se contente de donner a ces ouvrages
une longueur suffisante pour que les débits de contournement soient faibles.
LiGtude du réseau des lignes de courant est mené en tenant compte du dispo-
sitif d'étanchéité.
IIL.2.3 - Les digues a étanchéité de surface
La solution se veut radicale puisque théoriquement, la cuvette
étant étanche, 1a digue n'est pas soumise un écoulement permanent. Toutefois,
il ne faut pas se cacher les difficultés d'exécution d'un revétement étanche
sur le plafond et les berges et considérer les fuites conme inévitables a
plus ou moins long terme.
Tl existe de nombreuses natures de revétement étanche et 1a techno
logie dans ce domaine a évolué trés rapidement
= Le rev@tement en béton de ciment, mis en oeuvre sur le Canal du
Nord par exemple. Ce type convient mal aux digues en terre qui sont relative-
ment souples du fait de sa rigidité qui l'empéche de suivre les déformations
de 1a digue, L'étanchéité au niveau des joints des dalles n'est alors plus
assurée.
> Le revétement en béton bitumineux est plus apte : en général
trés efficace au point de vue étanchéité, il a un comportement suffisamment
Blastique puis plastique pour suivre les déformations de 1a digue. Les pro-
blames spécifiques sont le fluage, le vieillissement et son atteinte par la
végétation.
sleve-15
- Les membranes souples sont un apport technologique assez récent
mais promis & un grand développement. En régle générale ces membranes sont
sensibles au poingonnement pat le dispositif de protection (enrochement de
protection), aux chocs qui les déchirent et aux racines des végétaux qui les
percent. Les principaux produits employés sont les plastiques, les membranes
bitumineuses. La membrane est posée sur une assise finement réglée. Le
contact peut @tre amélioré par une natte synthétique de bonnes qualités méca-
niques. Les feuilles de 1a membrane sont soudées ou vulcanisées ou collées
sur place, La membrane est ensuite protégée par enrochement naturel ou arti-
ficiel ou par une recharge en tout venant.
Pour ces diverses étanchéités se pose le probléme de la tenue sur
les talus des berges.
Pour les membranes, il faut prévoir un ancrage en pied de talus,
au niveau du plafond, ou un Clouage sur le talus, ou une fixation en téte.
Dans tous les cas également un drainage efficace doit étre assuré
immédiatement sous 1'étanchéité de surface pour éviter les soulévements par
sous-pressions dans le cas de vidange rapide.
IIL.3 ~ Filtration et drainage
L'écoulement de l'eau travers 1a digue influence la structure
de celle-ci : organes de filtration et de drainage, organes d'étanchéité.
Cette question a déja été abordée en III.1 ot était défini le principe de
l'étude : détermination des équipotentielles et des lignes de courant, perméa-
bilité. Ce paragraphe aborde les dispositions constructives des drains et
filtres.
L'écoulement est organisé par un réseau de filtres et de drains,
avec diverses dispositions possibles selon la spécificité du probléme.
Le drain est un organe d'évacuation d'eau. Le filtre est destiné
bloquer 1'entrainement des fines du sol éventuellement mises en mouvement
par la circulation d'eau.
Drains et filtres peuvent @tre associés : la partie la plus perméable
du filtre constitue le drain. C'est 1a dieposition 1a plus communément adoptée.
Les filtres doivent étre surs, efficaces et pérennes. Les sables et graviers
employés doivent Sere de bonne qualité. La granulométrie est fixée par des
régles plus ou moins empiriques (conditions de Terzaghi). I1 est préférable
dtutiliser des matériaux de granulométrie assez uniformes, ce qui conduit a
des filtres multicouches.
Enfin, il existe des filtres synthétiques dits "géotextiles" (non
tissés) dont l'usage tend a se répandre.
Les dispositions courantes sont :Fondation a leutilles sableuses
Puits Avat
(op pedzodtre
Puts de
decompression 2ca--4'
= Le tapis drainant horizontal sous le talus aval. Dispositif
efficace si la perméabilité est isotrope. Compte tenu des techniques d'exé-
cution par compactage des couches horizontales, la perméabilité verticale
est souvent inférieure A la perméabilité horizontale, ce qui peut réduire
trs fortement 1'efficacité escomptée.
= Le drain vertical s'effectue par creusement d'une tranchée d'au
moins 1 métre de large dans le remblai en cours d'exécution. La tranchée est
remplie de matériaux de granulométrie étudiée. L'eau de percolation est
évacuée par drainage subhorizontal a la base du drain.
~ Le drain oblique disposé sur la recharge concernée : drain
oblique vers L'extérieur : la recharge amont est montée avec avance sur
Maval. On dispose le matériau filtrant. La recharge aval s'appuie sur
celui-ci en oblique.
~ Puits de décompression : leur but est le drainage des fondations
pour éliminer les sous-pressions dans la partie aval du talus de la digue.
Ce cas est fréquent dans les dépdts alluvionnaires souvent trés hétérogenes
o8 des lentilles perméables (sables graviers) peuvent @tre incluses dans des
formations nettement moins perméables. On peut également avoir & drainer une
couche perméable sous une couche imperméable supportant 1a digue.
Dans le ler cas, le puits doit traverser les lentilles. Dans le
second, il doit pénétrer dans 1a couche perméable sur au moins le quart de
la couche imperméable traversée.
Aprés creusement, les puits sont remblayés en matériau filtrant,
comme les drains verticaux, et débouchent soit dans le drainage horizontal de
la partie aval du talus, soit @ l'extérieur de celui-ci avec écoulement dans
le contre-canal.
Les puits de décompression sont utilement équipée de piézométre
pour surveiller 1'évolution des sous-pressions au début de la vie de la digue.III.4 - Calcul et dimensionnement des divers éléments
Sans prétendre expliciter l'ensemble des calculs, ce paragraphe se
propose d'éveiller L'attention sur les différentes phases de calcul et de
dimensionnement et sur la sécurité qu'on peut en attendre.
La portance du sol de fondation a été étudiée par les cssais géo-
techniques (pressiométre, scissomBtre, etc...) et sa compressibilité par
L'essai oedométrique entre autres.
Deux grands cas de figure se dessinent
- TL n'y a pas de tassements importants a prévoir. C'est le cas
généralement des sols grenus de caractéristiques élevées, du rocher sain,
etc... La fondation est suffisante pour supporter le supplément de contrainte
totale YH apporté par le remblai de hauteur totale H.
- Des tassements importants sont prévisibles. La digue est alors
un remblai sur sol compressible. On se référera au Numéro Spécial du Bulletin
de Liaison des Laboratoires des Ponts et Chaussées de Décembre 1976 “Stabi-
lité des talus" Volume 2. Pour "instant, notons qu'au niveau de la fondation,
le probléme important est celui des tassements.
La question n'est pas théoriquement résolue dans son intégralité.
On ne sait calculer le tassement que dans le cas d'une surface chargée de
grande étendue et dans 1a partie centrale de cette surface, c'est-a-dire,
pour une digue, sur l'axe.
Lthabitude est de distinguer dans le tassement d'une couche compres-
sible, saturée, chargée par un remblai, 4 termes
a) ~ Le tassement inmédiat, 4 volume constant (avant drainage)
avec déplacements latéraux : Shi
b) ~ Le tassement de consolidation primaire sans déformation laté-
rale, il correspond 4 1'écoulement de l'eau pendant la consolidation : dhe
c) - Le tassement secondaire a déformation latérale nulle (fluage
du squelette) : ahs
4) ~ Tassement supplémentaire provoqué par les déplacements latéraux
du sol de fondation, duquel on a déduit Ahi : hf.
ahi peut @tre calculé par 1 a formule de Giroud a partir d'essais
triaxiaux en laboratoire. Toutefois, ce calcul est trés imprécis par suite
de 1'imprécision de la détermination en laboratoire du module d'élasticité
et de la nature méme de la fonction déformation-contrainte probablement non
élastique.
She est calculé a partir de l'essai ocdométrique, Le tassement final
est obtenu aprés un temps assez long qui peut @tre réduit par drainage.
Divers procédés sont utilisés 4 la construction pour accélérer le tassement.
Le tassement total est apprécié avec une bonne approximation par le calcul.- 18
ahs est calculé par la méthode de Gibson et Lo. La validité de la
méthode n'est pas encore vérifiée expérimentalement.
Ahf correspond a un lent fluage latéral du sol non pris en compte
dans Shs et Ahc. Ce tassement supplémentaire ne peut @tre apprécié a 1'avance.
Il est d'autant plus important que le coefficient de sécurité du remblai au
poingonnement est plus faible. Expérimentalement un coefficient de sécurité
supérieur ou égal 4 1,5 le rendrait négligeable.
La pente des talus est fixée par les conditions de stabilité méca-
nique a court terme et & long terme de la digue et des fondations.
Généralement on se fixe la pente, compte tenu de 1a nature des maté-
viaux et de leurs caractéristiques mécaniques, compte tenu également des
sujétions d'exécution (réglage des pentes par les engins de chantiers, ...) et
d'exploitation (fauchage mécanique des pentes, etc...) ~ et on vérifie par une
étude de stabilité que la digue offre une sécurité suffisante au glissement.
La méthode employe a l'heure actuelle est la méthode de Bishop
qui fait L'hypothése que la surface de rupture est un cylindre circulaire et
que la rupture a lieu en méme temps en tout point de cette surface.
Il est hors de question de détailler ici cette méthode. Retenons
que pour chaque cercle de glissement (section du cylindre de rupture), le
calcul par itérations détermine un coefficient de sécurité F. On calcule ainsi
un grand nombre de cercles de diamdtre variable, pénétrant plus ou moins
profondément dans 1a fondation et dans le talus et le coefficient de sécurité
de la digue est le plus petit des coefficients des différents cercles.
Le calcul doit tenir compte des pressions interstitielles. Pour le
talus extérieur, le cas de calcul est celui de l'exploitation normale, avec
un écoulement permanent vers le contre-canal. La stabilité du talus intérieur
(c&té canal, et donc de hauteur bien plus faible) est envisagée dans le cas
de vidange rapide.
Le calcul est donc trés lourd et confié le plus souvent a 1'ordina~
teur qui calcule jusqu'a plusieurs milliers de cercles.
Bien que lourde, 1a méthode n'est pas entirement satisfaisante en
théorie et des approximations sont faites 4 plusieurs niveaux :
x La valeur de F est directement fonction des paramétres g6otechni-
ques et mécaniques introduits dans le calcul (C,q, u). Ceux-ci sont calculés
en Laboratoire.
Il est bon d'apprécier la sensibilité de F aux variations de ces
paramétres.
xDans le cas des remblais sur sols compressibles, le calcul se fait
A court terme et A long terme. A court terme la valeur de 1a cohésion non
drainée Cu dans le sol de fondation aboutit statistiquement & surévaluer le
coefficient de sécurité F, et ce d'autant plus que la plasticité du sol est
élevée.-19
x La connaissance des variations de pression interstitielle dans
le sol de fondation en fonction de la surcharge de remblai et de son évolu~
tion dans le temps en fonction des tassements n'est pas encore théoriquement
suffisante,
% Il peut exister des surfaces de rupture plus critiques que les
cercles,
x Les lois contraintes-déformations retenues sont encore loin d'une
appréciation correcte du comportement des sols.
Toutes ces réserves font que le coefficient de sécurité F ne devra
pas @tre inférieur 4 1,5 ou 1,6 dans les cas les plus surs et devra encore
@tre augmenté dans les cas de digue fondée sur sol compressible et plastique.
Pour terminer, signalons encore le cas de ruptures planes dans la
fondation, qui peuvent se produire quand celle-ci comporte une couche plane
offrant une faible résistance au frottement (par exemple argile plastique
saturée) formant un plan de glissement privilégié. Un calcul trés simple per-
met de calculer un coefficient de sécurité qui doit étre supérieur a 1,5.
LLLILLLLLL LLL LLL
Le Couche olissante
Soit P La résultante de poussée en haut du talus. 1 faut calculer
P(x) Pour différentes valeurs de I'abscisse x pour tenir compte de l'effet de
la Ligne préatique (déjauger les terrains saturés) ;
B la résultante de butée en pied de talus ;
L(xyCyy eSt la résultante des forces de cisaillement (Cyy
cohésion non consStidde, non drainée) ;
Be rene
F(q) coefficient de sécurité est égal a F(,) = —~—
et doit 6tre minoré par la valeur 1,5. (x)
La largeur en créte sera suffisante pour permettre la circulation
des engins de chantier en phase de construction et la circulation de service
ultérieurement. Une largeur de plateforme de 5 métres est un minimum impératif
pour un ouvrage neuf,
Il faut en outre se protéger contre les amaigrissements qui peuvent
se produire pendant la vie de l'ouvrage. Une défaillance localisée des dé-
fenses de berges peut provoquer un glissement en créte, qui vient mordre sur
la plateforme. Le ruissellement peut également produire un amaigrissement du
talus extérieur. La dimension transversale doit alors rester suffisante pour
supporter la charge d'eau,= 20
La largeur du corps de digue est évidemment fonction de la pente du
talus. Mais si le volume des déblais excédentaires est important, une solution
peut consister a les intégrer a la digue. Dans cette digue élargie les condi-
tions de stabilité sont plus favorables. Si la surlargeur est importante, elle
peut m@me amener le projeteur a une modification de structure.
III.5 - Ouvrages annexes
TIT.5.1 - Le. nal est dimensionné pour les débits de perco-
lation calculés, augment Tlement des débits de drainage de 1a nappe
phréatique et des débits de ruissellement en période de pluie, venant du
talus extérieur. 11 faut tenir compte également des débits divers que l'on
peut avoir a évacuer (ruisseaux, ...).
Il est calé en fonction du niveau a donner & 1a nappe et des possi-
bilités d'écoulement. L' écoulement gravitaire est vien sGr préférable quand
il est possible.
Les traversées de conduites seront étudiées avec le plus grand
soin si elles intéressent le corps du remblai. Posée sur un lit de sable,
surmontée inévitablement d'une zone moins bien compactée, la conduite est en
effet une zone préférentielle d'écoulement (risque de renard).
Les conduites doivent @tre suffisanment souples pour suivre les
tassements du terrain. On proscrira les conduites rigides type béton armé qui
risquent de se cisailler ou de se rompre par traction en fibre inférieure
tendue par la déformation du remblai.
Les conduites en acier sont plus adaptées, d'autant mieux qu'au-dela
des déformations élastiques, elles présentent une déformation plastique de
sécurité.
En outre, il faut prévoir des écrans anti-renard qui sont des
disques métalliques perpendiculaires 4 1'axe de 1a conduite, soudés sur la
face extérieure de celle-ci et 1'entourant d'une sorte de couronne qui augmence
1a longueur de cheminement de l'eau.
Les écrans anti-renard sont placés au droit des zones oi le gradient
hydraulique est le plus fort, pour le diminuer, c'est-a-dire des zones les
moins perméables. Il faut éviter de les placer trop prés du drainage aval,
supprimer éventuellement localement celui-ci. On évitera également de les
placer a proximité de 1'étanchéité amont.
En cas de doute sur la sécurité vis-a-vis des écoulements, ou en cas
de risques élevés qu'aménerait une rupture accidentelle de 1a conduite (gaz
sous pression élevée par exemple), il est préférable de déplacer la conduite,
en effectuant la traversée au droit d'un ouvrage d'art.