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I. INTRODUCTION
Les idées que j’avance ici font suite á celles que j’ai précédemment
développées dans mon article "Le contre-transfert et la réponse
qu’y apporte le patient ". Elles me sont venues á la fois de l’analyse
de mes patients et de ma propre analyse. Je les illustrerai par le
matériel issu de l’analyse d’un seul patient. La plupart de ceux que
j’ai analysés entrent dans la catégorie connue sous le nom de «
psychopathie » et « névrose de caractère », certains de ces
patients étant sérieusement malades et perturbés, avec une
grande angoisse psychotique. Bien que la plus grande part de ce
que j’ai á dire semble s’appliquer plutôt aux patients de cette sorte,
je pense que ces assertions ne doivent en aucun cas être limitées
á ces derniers, mais s’appliquer au contraire á la fois aux névrosés
et aux psychanalystes.
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Humpty Dumpty disait : " Quand je me sers d’un mot, il veut dire
exactement ce que j’ai décidé qu’il voudrait dire - ni plus ni moins
». Et quand Alice lui demanda comment il était possible de faire
dire aux mots tant de choses différentes, il répondit : « La question
est de savoir qui sera le mai tre - c’est tout ». Notre difficulté ici est
de trouver un mot qui ne signifie pas autant de choses différentes
qu’il y a de personnes a l’utiliser.
‘R’, dés lors, comprend tout ce qui est conscient et tout ce qui est
inconscient - tout ce qui est inconscient consistant en ce qui est
refoulé (normalement ou pathologiquement), et bien des choses
qui n’ont jamais été conscientes. En d’autres termes, ‘R’ comprend
des éléments qui appartiennent á la fois au moi, au surmoi et au ça
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a) réponse totale
b) besoins
a. La responsabilité de l’analyste
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Les mots, les idées, les sentiments, les actes, les réactions de
l’analyste, ses décisions, ses rêves, ses associations lui
appartiennent en propre, et il doit en assumer la responsabilité,
même s’ils résultent de processus inconscients. II ne pourra la
partager avec quiconque la déléguer d’aucune façon. Ce me
semble être vrai, invariablement pour toute analyse.
b. L’engagement
Les patients très malades, et parfois ceux qui le sont moins, sont
incapables de faire des déductions appropriées : que les
sentiments de l’analyste soient laissés à leur déduction ou qu’ils
soient mentionnés n’a donc pour eux aucune signification. Il leur en
faut une expression directe, comment ils surgissent et au moment
où ils surgissent (mais pas d n ‘importe quel moment). Dans
Souvenirs de la maison des morts, Dostoïevski écrit : «
L’impression donnée par la réalité est toujours plus forte que celle
que fait une description » - ce qui m’a semblé particulièrement vrai
ici. Des sentiments feints seraient plus qu’inutiles, inadéquats.
L’absolue retenue de sentiments intenses n’est pas plus utile -
c’est inhumain, et cela fausse le but de l’analyse, qui est de
permettre au patient d’éprouver et d’exprimer ses sentiments, en
lui donnant l’impression qu’exprimer des sentiments n’est permis
qu’aux enfants et aux patients, et interdit dans un monde «
normal» ou adulte.
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Le patient est dès lors à lui-même dans son analyse. Son angoisse
paranoïde s’allège de façon directe, et les interprétations de
transfert peuvent signifier quelque chose pour lui. Il commence à
rencontrer la réalité, et à pouvoir établir des relations avec des
personnes réelles et non plus avec ses seuls fantasmes. Le
développement relationnel devient possible, avec ce qu’il implique :
nécessité de supporter la fusion et la séparation, et risque de
provoquer des sentiments chez une autre personne, ou d’en
éprouver pour quelqu’un.
Elle m’avait été adressée pour kleptomanie, bien qu’elle ne l’ait pas
mentionné pendant plus d’un an. Au lieu de quoi, elle parlait de ses
difficultés avec son mari et ses enfants. Elle souffrait d’un urticaire
de la face, de la vulve et de la face intérieure des cuisses. Outre
son mari et moi-même, une seule de ses relations était au courant
de sa kleptomanie : une assistante sociale en psychiatrie qui s’était
trouvée là quand un policier avait interrogé Frieda. Cette femme,
l’ayant vue avec le policier, s’était arrangée pour que les effets
volés soient restitués et que Frieda trouve une aide psychiatrique.
En Allemagne, l’enfance de Frieda avait été extrêmement
traumatisant. Ses parents étaient juifs. Son pere, un homme très
brillant, était cependant vaniteux, égocentrique et mégalomane. Sa
croyance magique qu’aucun mal ne pouvait l’atteindre le conduisit
à rester sur place alors que toute sa famille émigrait, et à trouver
ainsi la mort dans un camp de concentration. Sa mère possessive
au dernier degré, méchante, est toujours en vie. Elle s’est
querellée avec les siens pendant trente ans, puis avec son mari,
brisant leur ménage. Elle l’insultait devant les enfants, et dit
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Frieda était l’aînée. Elle fut une déception pour ses parents, qui
désiraient un fils, qu’ils auraient appelé Friedl, comme le père. Elle
n’avait été allaitée que quelques jours, le lait s’étant « taris » après
que le père ait plaisanté sa femme de ce que l’enfant ressemblait
davantage à l’un de ses amis qu’à lui-même. A l’école, elle était
malheureuse, la plupart du temps repliée sur elle-même,
tourmentée et rêveuse. Un jour, elle dut subir une remontrance de
la part d’un professeur devant tout le personnel et les élèves, pour
avoir apporté des morceaux de pain à l’école et les avoir mangés
sous son pupitre. Après l’école, elle eut de nombreuses aventures
sexuelles, se maria finalement avec un Russe, et vint s’installer en
Angleterre. Ses amis la trouvaient capable, douée, cultivée,
généreuse. Elle est tout cela, mais derrière cette façade, se cache
une enfant profondément malheureuse, d’une sauvagerie
impétueuse, impatiente, qui ne supporte ni tension ni séparation.
Ses enfants sont le prolongement de son propre corps, comme elle
l’a été pour sa mère, et sont inconsciemment exploités, comme elle
l’a été elle-même. La kleptomanie apparut progressivement,
comme élément d’un ensemble de comportements impulsifs qui la
mirent véritablement en danger de multiples façons. Les actions
impulsives se produisaient sous le coup de n’importe quelle
tension. Les sept premières années de son analyse se
caractérisèrent par mon incapacité à rendre le transfert réel pour
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Elle me raconta cette histoire : une enfant avait pénétré dans une
chambre interdite et surveillée non par Barbe Bleue, mais par la
Vierge Marie. Les doigts de l’enfant s’étaient couverts de l’or
qu’elle y avait trouvé, et pour sa punition, elle fut chassée. Mes
interprétations relatives à sa curiosité pour son propre corps ou
pour moi-même, le fait que je lui dise qu’elle se faisait de moi l’idée
d’une vierge, punissant et interdisant l’or caché, n’avaient aucun
sens pour elle. Il semblait que la clé de sa propre porte fermée soit
perdue au-delà du champ de nos découvertes.
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Il était clair pour moi que sa vie était en danger : risque de suicide
ou d’épuisement. D’une manière ou d’une autre, il me fallait mettre
un terme à cette situation. Finalement, je lui dis combien sa
détresse est douloureuse, pas seulement pour elle-même et pour
sa ~ pour moi-même. Je lui dis que nul ne peut la voir dans cet état
sans en être profondément affecté, que j’éprouve de la peine, avec
elle et pour elle, dans la perte qu’elle a subie.
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VII- LE CONTRE-TRANSFERT
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que cela puisse avoir le moindre rapport avec elle, car elle n’était
pas de méchante humeur à ce moment-là. Elle voit maintenant
qu’elle avait vraiment cru que c’était le pénis de son père ; et elle
avait été irritée et déçue qu’il le lui prenne. Elle sait maintenant qu’il
est vrai, comme je le lui ai dit, qu’elle n’a jamais pu faire le deuil de
son père, car sa mort n’a « aucun rapport avec elle )>, elle « ne l’a
pas provoquée par sa colère )> mais elle croyait quand même
l’avoir fait.
Son ambivalence est devenue plus nette. « Je vous hais parce que
je vous aime tant », dit-elle ; et aussi : « Soyez damnée, soyez
brisée, soyez bénie de ce que je vous aime tant ! »
Ici enfin, se fonde, selon ses propres dires, l’illusion sur laquelle
elle a vécu, et qui a constitué sa vraie défense contre l’analyse.
que, lorsqu’elle avait deux ans, son père avait pris un nouvel
emploi, et que la famille avait alors habité à l’hôtel pendant un
court laps de temps. Pour autant qu’elle se souvienne, c’était la
seule fois où elle avait dormi dans la chambre de ses parents, et le
souvenir en avait été dénié.
Elle est désormais plus heureuse qu’elle ne l’a jamais été, et plus
malheureuse à la fois. Son deuil n’est pas encore accompli, mais
elle est sur la bonne voie. Sa maison est un endroit plus solide
pour son mari et pour ses enfants, car elle peut affirmer une chose
et s’y tenir, elle peut avoir un différend avec son mari sans faire de
furieux éclats devant les enfants comme elle le faisait auparavant,
et permettre à chacun d’être un individu particulier.
A considérer des cas comme celui que j’ai décrit, nous découvrons
que les patients dont le sens de la réalité est sérieusement
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La réalité qui est présente, sûre, dans toute analyse, est l’analyste
lui-même, sa fonction, sa personne et sa personnalité. C’est à lui
de trouver ses propres moyens de les utiliser pour rencontrer les
besoins individuels de ses patients, de trouver ce qui est faisable,
et de définir ses propres limites à maîtriser les angoisses de ses
patients, autant que possible en déterminant consciemment ce qu’il
fera ou ne fera pas, mais en étant déterminé à agir sur les
impulsions et, à l’occasion, à réagir. C’est, pour une part, son
acceptation de lui-même tel qu’il est.
Ce que j’ai tenté de montrer, c’est que nous pouvons obtenir les
résultats que nous cherchons tous à obtenir et que nous
attendons, Si nous sommes disposés à considérer l’attitude de
l’analyste à l’égard de son patient sous un nouvel angle, et à
admettre quelques unes des choses qui ont en fait lieu dans
l’analyse, mais que souvent nous méconnaissons ou ne vouIons
pas admettre.
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s’agissait pas non plus d’un coup de chance, car j’ai fait
l’expérience de choses semblables dans nombre d’autres
analyses, avec des résultats similaires.
Le but de ces variations est tout à fait clair: il est de rendre le moi
du patient accessible a l’interprétation de transfert en cassant un
transfert illusoire.
VIII. CONCLUSION
Car l’analyse est chose vivante, et comme tout être vivant, elle est
en perpétuel changement. Même Si la psychanalyse n’existe que
depuis peu, nous pouvons déjà constater les nombreux
changements qu’elle a subis, surtout dans le domaine de la
technique. Nous traitons aujourd’hui des patients que l’on aurait
dits inanalysables il y a seulement quelques années. Mme Klein
nous a rappelé récemment que l’analyse d’enfants et
l’interprétation du transfert étaient jadis tout à fait désapprouvées.
Nous ne pouvons prévoir ce que deviendra l’analyse. Nous ne
pouvons que savoir qu’elle changera, que nous contribuons à son
avenir, et que les changements qui sont en train de se produire
paraîtront tout autres à ceux qui nous succéderont.
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BIBLIOGRAPHIE
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