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Royaume du Maroc ‫المملكة المغربية‬

‫المجلس األعلى للحسابات‬


Cour des comptes

Forum Panafricain de Haut niveau


organisé par

le Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative


pour le Développement (CAFRAD) et ses partenaires

EVALUATION DES REFORMES DES COURS ET INSTITUTIONS DE


CONTROLE DES COMPTES PUBLICS EN AFRIQUE: « Innovations et
transformations majeures introduites en vue d’une meilleure gestion des
comptes de l’Etat »

Intervention

Par
La Cour des Comptes du Maroc

1er - 3 Décembre 2014


Tanger (Maroc)

1
Monsieur le Directeur Général du CAFRAD,

Messieurs les présidentes des Cours, des Chambres et des


institutions supérieures du contrôle des Finances Publiques,

Messieurs les représentants de ces institutions,

Mesdames et Messieurs,

C’est avec grand plaisir que je prends ma place parmi vous


dans ce forum, pour vous présenter l’expérience des Juridictions
Financières au Maroc.

I- Mais d’abord, permettez-nous avant de vous présenter,


comme vous l’avez proposé, les Juridictions financières
marocaines et leurs missions, de projeter d’abord la lumière sur
les réformes multiformes et multifonctionnelles qu’elles ont
connues au fil du temps.

En fait, pour mieux déceler la nature et mesurer l’étendue des


compétences de ces juridictions, et pour comprendre leurs rôles
respectifs dans le fonctionnement des institutions publiques, il parait
parfaitement utile de faire en amont un court détour historique relatant
les grandes accumulations capitalisées au fil du temps.

Le Maroc a entrepris durant la dernière décennie un important


dispositif de réformes visant l’amélioration de la gouvernance publique,
comme couronnement logique d’un processus de mutations et de
maturation de son institution de contrôle supérieur des finances
publiques. En fait, celle-ci s’est façonnée de manière progressive en
n’étant au début, qu’un mécanisme rudimentaire d’apurement plutôt

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administratif et comptable que juridictionnel des comptes des
comptables publics légué à l’organisme institué en 1960 relevant du
Ministère des Finances dit «la Commission Nationale des Comptes»,
puis érigée en 1979, en vertu de la loi N° 12-79, en une vraie Cour
des comptes en tant qu’organe juridictionnel chargé d’assurer le
contrôle supérieur des finances publiques. En 1996, le législateur
marocain a hissé la Cour des comptes à une véritable institution
constitutionnelle chargée du contrôle supérieur, indépendante des
pouvoirs exécutif et législatif.

Un tournant historique a eu lieu en 2002, puisque cette évolution a


été consacrée par la promulgation de la Loi N° 62-99 formant Code
des Juridictions Financières. De même et en vue de promouvoir la
politique de décentralisation, le constituant marocain a institué des
Cours régionales des comptes qu’il a investies des missions mieux
définies dans l’objectif d’assurer l’exercice d’un contrôle intégré et
équilibré sur tous les intervenants dans les différents actes de gestion
des finances publiques de l’Etat et des collectivités territoriales. Ce
statut a été renforcé par la constitution de 2011 qui a conféré une
place de choix aux principes et valeurs du contrôle de la régularité, de
la conformité, de l’appréciation des résultats atteints en termes
d’efficacité, d’économie, d’efficience, d’environnement et d’éthique.
C’est dire un attellement définitif à l’esprit de la bonne gouvernance
ainsi qu’à la qualité des institutions qui en ont la charge, qui ont
désormais la tache, outre de contrôler et conseiller le Gouvernement,
d’assister le Parlement, d’apporter appui au pouvoir judiciaire et à faire
le suivi du patrimoine des décideurs et responsables publics.

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Quelles sont donc les innovations phares apportées par la réforme
des juridictions financières du Maroc ?

Il s’agit des innovations suivantes :

* La constitutionnalisation des Juridictions financières ;

* La constitutionnalisation du contrôle et du suivi des déclarations


obligatoires du patrimoine, de l’audit des comptes des partis politiques
et la vérification de la régularité des dépenses des opérations
électorales ;

* La création des Cours régionales des comptes ;

* L’indépendance ;

* Le statut des magistrats ;

* Le renforcement de la mise en jeu de la responsabilité des


gestionnaires ;

* L’harmonisation des procédures ;

* L’extension de la portée des attributions de la Cour des Comptes ;

* La possibilité d’apporter l’assistance, outre des pouvoirs législatif et


exécutif, au pouvoir judiciaire ;

* La publication de l’ensemble de ses travaux y compris les rapports


particuliers et les décisions juridictionnelles ;

* La présentation à sa Ma Majesté le Roi d’un rapport annuel retraçant


l’ensemble de ses activités, qu’elle transmet également au Chef du
Gouvernement et aux Présidents des deux Chambres du Parlement ;

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* La présentation enfin, d’un exposé des activités de la Cour par le
Premier Président devant le Parlement, suivi d’un débat.

En plus de ces axes qui sont d’ordre légal, des actions d’ordre
managérial ont été mises en œuvre et portent essentiellement sur la
modernisation des méthodes de travail et le positionnement sur la
scène internationale.

Toutefois, il convient de préciser que cette réforme du contrôle


supérieur des finances publiques ne s’est pas faite d’une manière
isolée, mais d’autres réformes ont été engagées parallèlement. Je cite
particulièrement, la nouvelle loi organique des lois de finances (1998),
les nouvelles approches budgétaires (2002), la redéfinition du contrôle
financier exercé sur les entreprises publiques (2002), la définition du
champ de responsabilité des différents intervenants dans la gestion
publique (2002), le nouveau code des Juridictions Financières (2002),
l’allègement du contrôle a priori au niveau de l’Etat (2005), l’obligation
de reddition des comptes des partis politiques (loi n° 36.04 sur les
partis politiques), le contrôle des dépenses électorales (loi n°9-97
formant code électoral), le nouveau système de déclaration du
patrimoine, confiée à la Cour et aux Cours régionales des comptes,
etc …

1. S’agissant de la Constitutionnalisation :

La Constitution de 1996 et celle de 2011 ont réservé un titre à la Cour


des comptes et aux Cours régionales des comptes. Elle a ainsi défini
leurs attributions, délimité leur champ d’action et renforcé leur
indépendance.

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2. Concernant l’indépendance :

Elle se manifeste à travers les points suivants :

 Les Juridictions financières sont indépendantes par rapport au pouvoir


législatif et au pouvoir exécutif ;

 Le Premier Président et le Procureur Général sont nommés par le Roi


et ont rang de ministre ;

 Les magistrats sont nommés par Dahir ;

 La Cour des comptes a un budget propre dont l’ordonnateur est le


Premier Président ;

 Les juridictions financières élaborent elles mêmes leur programme


annuel d’intervention ;

 Leurs procédures d’intervention sont prévues par la loi ;

 Tous les actes relatifs à leurs contrôles sont pris dans des formations
collégiales.

3. S’agissant du Statut et formation des magistrats :

Les magistrats sont dotés d’un statut, objet du livre III du code des
Juridictions Financières. Ce statut considère les magistrats de la Cour
des comptes et des Cours Régionales des Comptes comme un corps
unique caractérisé par sa polyvalence (ingénieurs, juristes, économistes,
…) et consacre le principe de l’inamovibilité des magistrats.

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4. Concernant la création des Cours régionales des comptes

La création des Cours régionales traduit la volonté des Pouvoirs publics


d’instaurer un contrôle décentralisé portant sur la gestion des finances
publiques locales.

En effet, le code prévoit la transposition au niveau local des compétences


de la Cour des comptes en matière de jugement des comptes, de gestion
de fait, de discipline budgétaire et financière et de contrôle de la gestion.
Les Cours régionales des comptes sont chargées, en outre, de missions
de contrôle sur certains actes budgétaires et sont appelées à émettre des
avis sur les conditions d’exécution des budgets des Collectivités locales
et de leurs groupements.

5. S’agissant de l’élargissement du mandat des Juridictions


financières :

Il se manifeste à travers les points suivants :

 Définition des attributions en deux grandes compétences

Le contrôle intégré prévu par le code des Juridictions financières permet


à celles-ci d’appréhender l’ensemble de leurs attributions qui ont trait à
deux grandes catégories de missions : juridictionnelles (jugement des
comptes, discipline budgétaire et financière, Gestion de fait) et
administrative, à savoir le contrôle de la gestion (Auditing), tout en
accordant une place de choix à l’audit et au contrôle de gestion qui
permettent de mieux informer sur la gestion des services et organismes
publics et de proposer en conséquence les redressements et les actions
correctives qui s’imposent.

 Délimitation des organismes soumis aux différentes compétences

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Le code des Juridictions financières a délimité clairement les organismes
soumis au contrôle des Juridictions financières. Ainsi, pour la Cour des
comptes, elle exerce ses compétences sur les départements ministériels
et entreprises et établissements publics nationaux. Quant aux Cours
régionales des comptes, elles exercent leurs compétences sur les
Collectivités locales, entreprises et établissements publics locaux et les
concessions.

 Possibilité d’apporter son assistance au Parlement et au


Gouvernement dans les domaines prévus par la loi.

Outre les compétences qui sont communes aux Juridictions financières,


la Cour est désormais chargée d’exercer de nouvelles attributions dans
le domaine de l’assistance au Parlement et au Gouvernement.

A l’égard du Parlement, la Cour peut répondre aux demandes de


précision que les Présidents des deux Chambres du Parlement peuvent
lui soumettre, à l’occasion de l’examen du rapport sur l’exécution de la
Loi de finances et de la Déclaration générale de conformité.

A l’égard du Gouvernement, la Cour peut inscrire à ses programmes, à


la demande du chef du gouvernement, des missions d’évaluation de
projets publics et de contrôle de gestion de l’un des organismes soumis
à son contrôle.

6. Concernant le renforcement de l’audit

A côté du contrôle juridictionnel, les Juridictions financières exercent un


contrôle de la gestion ou audit étendu. Ce type de contrôle vise à
s’assurer que l’utilisation des deniers publics a été empreinte d’efficacité,
d’efficience et d’économie (contrôle de la performance). Ce contrôle
(audit étendu) porte sur les différents aspects managériaux des entités

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contrôlées (Gestion comptable et financière, budgétaire, programmes,
ressources humaines, procédures, …).

7. S’agissant du renforcement de la mise en jeu de la responsabilité


des gestionnaires

Les Juridictions financières exercent désormais leur contrôle sur


l’ensemble des intervenants dans la gestion des finances publiques, à
savoir les ordonnateurs, les contrôleurs, les comptables ainsi que tout
autre fonctionnaire ou agent qui intervient dans le processus d’exécution
des opérations financières publiques. A ce sujet, les dispositions du code
des Juridictions financières ont apporté les innovations suivantes :

 Énumération des personnes assujetties et des organismes soumis ;

 Clarification des infractions par nature de responsabilité (ordonnateurs,


contrôleurs et comptables publics) ;

 A côté de la saisine externe, introduction de l’auto- saisine ;

 Mise en harmonie des procédures ;

 Restitution de l’indu en principal et intérêts ;

 Application d’amendes révisées à la hausse :

8. Concernant l’harmonisation des procédures

Le code des Juridictions financières a introduit également des


dispositions visant l’harmonisation des procédures en s’inspirant de celles
du droit commun. Ainsi, les procédures relatives au jugement des
comptes et à la discipline budgétaire et financière s’inspirent du Code de
procédure civile et du Code de procédure pénale. Parmi les aspects
caractérisant les procédures des Juridictions financières, il s’agit du :

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 Renforcement du principe de la contradiction :

- Au niveau du jugement des comptes : instauration de la notion du


double arrêt pour donner la possibilité aux assujettis le droit de
réponse aux injonctions émises par les Juridictions financières.

- Au niveau de la discipline budgétaire et financière : le droit de la


défense est assuré à travers la présence de l’avocat et la
consultation du dossier.

- Au niveau du contrôle de la gestion : Droit de la réponse


contradictoire.

(toujours concernant l’harmonisation des procédures, il y a lieu d’indiquer)

 Consolidation de la collégialité

- La formation est composée de cinq magistrats.

Le code des Juridictions financières a prévu aussi des passerelles entre


les différentes compétences (juridictionnelles et contrôle de la gestion) en
vue d’asseoir davantage le contrôle intégré.

10. Concernant le rapport annuel

Le rapport annuel de la Cour est présenté à SA MAJESTE LE ROI, que


Dieu Le Glorifie, par le Premier Président avant la fin de l’année
budgétaire qui suit celle à laquelle il se rapporte. Ce rapport rend compte
de l’ensemble des activités des juridictions financières, fait la synthèse
des propositions visant l’amélioration de la gestion des finances publiques
et donne un résumé du rapport de la Cour sur l’exécution de la loi de
finances par le Gouvernement.

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Ce rapport qui est publié au Bulletin Officiel, constitue une véritable
source d’informations pour toutes les forces vives de la Nation.

A côté de ces innovations découlant de la réforme institutionnelle qu’a


connue la Cour des comptes, d’autres actions novatrices ont été
entreprises par le management de cette institution. Il s’agit notamment de
l’introduction des nouvelles technologies de l’information et du
développement de la coopération internationale.

11. S’agissant des Nouvelles Technologie de l’Information et de la


Communication (NTIC)

La Cour des comptes mène une double action à ce niveau :

 Elle doit s’assurer du parachèvement de la mise en place d’un


système d’information et de communication intégré reliant la Cour
des comptes et les Cours régionales des comptes permettant ainsi
la constitution d’une banque de données partagées, mettant
l’ensemble des Juridictions en interconnexion et faisant de cet outil
aussi bien un instrument de travail que d’«auditing».

 La deuxième action tend à développer les capacités des magistrats


visant l’utilisation de logiciels d’audit (IDEA notamment,…) dans les
différents contrôles effectués par la Cour.

12. Concernant le positionnement sur la scène internationale

Sur le plan international, la Cour fait partie de l’INTOSAI (qui regroupe


les Institutions Supérieures de Contrôle -ISC- des pays membres de
l’ONU) où elle joue un rôle actif en particulier au niveau des comités
spécialisés créés par cette organisation internationale.

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La Cour des comptes du Royaume du Maroc est un membre actif de
Capacities Building Comittee.

La Cour est membre de l’AFROSAI qui rassemble les ISC africaines.


Elle fait partie également de l’ARABOSAI.

La Cour est également membre de l’Association des ISC ayant en


commun l’Usage du Français (AISCCUF). Elle participe aussi aux
réunions des Cours des comptes méditerranéennes.

Par ailleurs, la Cour a noué plusieurs relations de coopération avec de


nombreuses Institutions, notamment le Government Accountability Office
des USA (GAO), la Cour des Comptes Française, le Bureau du
Vérificateur Général du Canada, la Cour des comptes Belge, le National
Audit Office du Royaume Uni (NAO), le National Audit Office de la Chine
(NAO) …, dans le but d’échanger et de partager les informations, les
expériences et les expertises ainsi que l’organisation de visites et de
séminaires, l’envoi d’experts et la formation des magistrats.

II – Quelles sont, par conséquent, les attributions des Juridictions


Financières Marocaines, en tant que hautes institutions de
contrôle des Finances Publiques avec attributions étendues et
objectifs assignés ?

Voulues par les Hautes Instances du pays comme institutions


supérieures de contrôle de référence, productrices de travaux de
valeur et de qualité, en vue de garantir la bonne gouvernance, de
rationaliser la gestion publique et de moraliser la vie publique, la Cour
et les Cours régionales des comptes marocaines sont invitées, plus
que par le passé, en raison de la stratégie globale du Maroc de se
moderniser et d’assurer son rôle de pays avant-gardiste sur les plans

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socio-économique et démocratique, mais également appelées, en
raison des attentes des citoyens en matière d’information et de
moralisation de la vie publique, à exercer un rôle accru, à travers les
différentes attributions qui leurs sont dévolues par la loi, en terme de
transparence, de responsabilité et de reddition des comptes.

En ce sens, le législateur marocain a, bel et bien, su joindre l’utile


à l’agréable, puisqu’il avait cru bon de s’atteler au modèle français
marqué par l’assurance des principes de l’indépendance, de
l’impartialité et de la collégialité garanties par la juridictionnalité de ses
procédures, tout en s’inspirant du système anglo-saxon prônant les
normes professionnelles internationales d’Audit orientées vers la
logique de performance et du résultat.

Il convient de signaler qu’en poursuivant leur objectif visant à


participer activement à la rationalisation et à l’optimisation de la
gestion des deniers publics, dans un contexte économique et financier
en quête de la performance et du résultat, tant à l’échelle national
qu’international, les Juridictions financières marocaines, en vertu des
nouvelles dispositions de la loi organique relative à la loi des finances
(LOLF ) adoptée par le parlement l’année courante 2014, sont
appelées à jouer un rôle primordial, non seulement dans la
performance des organismes publics, mais aussi dans la certification
des comptes publics comme assurance raisonnable sur leur qualité et
sur la situation financière du pays, sur son patrimoine et sur les risques
auxquels il est exposé.

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1- S’agissant des missions et objectifs de la Cour des
comptes.

Outre ses attributions régaliennes de la régularité et de la


conformité des comptes des comptables publics et du contrôle de la
gestion des ordonnateurs de recettes et de dépenses publiques, la
Cour des Comptes, indépendante des pouvoirs législatif et exécutif,
autonome dans sa programmation des thématiques et gestions à
contrôler et outillée par les méthodes modernes d’Audit, largement
inspirées des normes techniques internationalement reconnues,
s’adjuge la mission d’auditer la performance des entités publiques, de
contrôler et de faire suivi des déclarations de patrimoine, d’auditer les
comptes des partis politiques et vérifier la régularité des dépenses des
opérations électorales, sollicitée d’assister les pouvoirs législatif,
exécutif et judiciaire, en sus de la publication de ses travaux via les
rapports particuliers et les décisions juridictionnelles ainsi que la
présentation de son rapport annuel à Sa Majesté le Roi qu’elle
transmet au Chef du Gouvernement et aux Présidents des deux
Chambres du Parlement et enfin, la présentation d’un exposé de ses
activités par le Premier Président devant le Parlement suivi d’un débat.

1.1 – Concernant la typologie des contrôles juridictionnels.

Les deux attributions classiques assurées par la Cour des


Comptes entant que juridiction spécialisée en matière des finances
publiques sont caractérisées par leur aspect Juridictionnel avec ses
multiples facettes , portant sur la régularité des opérations et la
conformité des états financiers et budgétaires, elles concernent le
Jugement des comptes des comptables publics ainsi que les comptes
des comptables de fait qui usurpent les fonctions de comptables

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patents, puis la Discipline Budgétaire et Financière exercée sur les
décideurs de la gestion publique ainsi que sur leurs subalternes dont la
responsabilité peut s’avérer engagée devant la Cour.

1.2- S’agissant des contrôles extra juridictionnels ou


contrôles techniques.

La Cour des Comptes exerce plusieurs autres types de contrôles


visant la rationalisation de la gestion publique et la moralisation de la
vie publique. Ces contrôles portent sur la gestion des deniers publics,
l’emploi des fonds, l’emploi des fonds collectés par appel à la
générosité publique, les dépenses des partis politiques, les opérations
électorales, les déclarations obligatoires du patrimoine, outre la
possibilité d’assister le Parlement et le Gouvernement.

Et comme nouveauté apportée par la dernière constitution de


2011, elle peut assister les instances judiciaires du pays dans les
domaines relevant de ses compétences.

Elle assiste aussi le Gouvernement dans les domaines se


rapportant aux fonctions de l’exécutif.

1.3. Concernant la Publication, Présentation, et exposition


des décisions juridictionnelles, rapports particuliers et rapport
d’activités.

Conformément aux mêmes dispositions de l’article 148 de la


constitution de 2011, la Cour des Comptes publie l’ensemble de ses
travaux y compris les rapports particuliers et les décisions
juridictionnelles.

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Outre la soumission, à Sa majesté le Roi d’un rapport annuel sur
l’ensemble de ses activités, elle le transmet aussi au Chef du
Gouvernement et aux présidents des deux Chambres avant sa
publication au «Bulletin Officiel» du Royaume.

Enfin, un exposé des activités de la cour est présenté par son


Premier Président devant le Parlement. Il est suivi d’un débat.

2- S’agissant du rôle et attributions des Cours régionales des


comptes.

Fidèle à son choix irréversible de construire un Etat de droit


démocratique moderne et décentralisé, et à la poursuite résolue
d’achever son processus de bonne gouvernance, de moralisation de la
gestion de la chose publique dans le cadre du principe de corrélation
entre les droits et les devoirs de la citoyenneté, le Maroc s’est doté en
1996 de Cours régionales des comptes avec des attributions propres à
elles qui consistent dans la tache d’assurer le contrôle des comptes et
de la gestion des collectivités territoriales et de leurs groupements. Un
contrôle étendu et multiforme avec aspects juridictionnel, technique et
consultatif qui porte sur environ 1740 collectivités territoriales.

2.1- Concernant les compétences juridictionnelles des Cours


régionales des comptes (CRC).

Elles sont le prolongement et la transposition, à l’échelon local, de


celles de la Cour des comptes au niveau national, elles concernent le
Jugement des Comptes des Comptables Publics et des Comptables
de Fait, et la Discipline Budgétaire et Financière. Ses jugements
définitifs sont susceptibles d’être portés en appel devant la Chambre
d’Appel de la Cour des Comptes.

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2.2- S’agissant du contrôle de la Gestion.

Dans le cadre de sa compétence, la CRC assure le contrôle de la


qualité de la gestion des services publics locaux ou décentralisés, des
concessions et gestions déléguées de services publics locaux, et des
entreprises dans lesquelles les CL et leurs groupements, les
établissements publics locaux possèdent une participation majoritaire
au capital ou un pouvoir prépondérant de décision, en vue d’en
apprécier la qualité et de formuler, éventuellement, des suggestions
sur les moyens susceptibles d’en améliorer les méthodes et d’en
accroître l’efficacité, le rendement et la performance.

2.3- Concernant le contrôle de l’emploi des fonds publics.

Le but de ce contrôle par la CRC, est de s’assurer de l’emploi


adéquat des fonds publics reçus par les associations ou tout autre
organisme bénéficiant d’apports au capital de la part d’une CL ou tout
organisme soumis à son contrôle.

2.4- S’agissant du contrôle des Actes Budgétaires.

Etant une attribution exclusive de la CRC, eu égard au principe de


la territorialité, un Contrôle des Actes Budgétaires est exercé sur les
CL et leurs groupements par l’émission d’avis sur les conditions
d’adoption et de mise en œuvre de leurs budgets.

2.5- Concernant les Déclarations Obligatoires de Patrimoine.

En quête de transparence, de moralisation de la chose publique


locale dans le cadre de l’égalité des chances des citoyens, et au
regard de son statut d’institution juridictionnelle, constitutionnelle,
indépendante et impartiale, la CRC est chargée de recevoir et de

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contrôler les déclarations de biens faites par les différents
responsables, gestionnaires et décideurs publics locaux et des
chambres professionnelles.

Il convient de souligner que si aucune mention n’est faite pou les


CRC, au niveau d’autres attributions telles que celles de la
présentation et la publication des décisions juridictionnelles, des
rapports particuliers et des activités de la Cour, c’est parce que les
deux institutions ont le même statut et sont similaires, chapotées et
encadrées par le Premier Président responsable de la présentation, de
l’exposition et de la publication des décisions juridictionnelles, des
rapports particuliers et des activités de toutes les Juridictions
Financières.

Enfin, dans le cadre du chantier de réformes important initié par le


Maroc avec le projet ambitieux de « Régionalisation Avancée », les
Juridictions financières marocaines et les CRC surtout seront amenées
à accompagner ce nouveau modèle d’autogestion régional conçu par
Sa Majesté le Roi au Maroc, et qui aura forcément des implications sur
l’étendu de leurs missions aussi bien au niveau quantitatif que
qualitatif.

Pour conclure, il convient d’affirmer que toute réforme devrait


s’inscrire dans le temps et dans l’espace et atterrir doucement et
progressivement en tenant compte du contexte socio-économique et
financier spécifique à chaque pays.

Toute bonne gouvernance passe impérativement par la promotion


d’une reddition des comptes claire et transparente à tous les niveaux
de responsabilité, en tant que pilier fondamental de l’activité
économique, financière et sociale de chaque pays.

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Ce sont là quelques points de réflexion, inspirés essentiellement
de l’expérience marocaine en matière de contrôle, que nous
partageons avec vous, pour contribuer à l’amélioration du travail de
nos institutions afin qu’elles puissent être à la hauteur des aspirations
des citoyens de nos pays respectifs.

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