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Les grands enjeux [ OPINIONS ] 21

Le miracle turc
KHALID ADNANE de restructuration économique. ont réussi à atteindre. En effet,
Deux acteurs clés vont pilo- plusieurs ombres sur ce beau
ter ce programme de réformes. tableau demeurent : le spectre
ANALYSE Le premier est le ministre des de l’inflation, l’instabilité de la
Finances de l’époque, Kemel valeur de la livre, le déséqui-
Lorsqu’on entend parler de puis- Dervis. Il lancera un vaste libre chronique de la balance
sances économiques émergen- plan de mesures visant, entre commerciale et du compte cou-
tes, les noms qui reviennent autres, à recapitaliser les ban- rant (10 % du PIB) et enfin, la
régulièrement sont ceux du ques turques et à contenir la dépendance face aux capitaux
groupe communément appelé spirale inflationniste, à priva- étrangers. Mais qu’à cela ne
BRICS : Brésil, Russie, Inde, tiser certaines sociétés publi- tienne, ces grisailles ne sem-
Chine et Afrique du Sud. Or, ques comme Turk TeleKom, à blent pas perturber la popula-
un nom risque de s’ajouter moderniser la fonction publique tion turque et ses dirigeants,
— et s’imposer davantage — et à relancer les exportations. qui prennent le temps de savou-
dans cette liste : il s’agit de la Le deuxième acteur est le rer l’extraordinaire parcours que
Turquie. En effet, ce pays fait premier ministre (PM) Recep leur pays a réalisé. Ils doivent
de plus en plus les manchettes, Tayyip Erdogan, chef du Parti certainement le considérer
non seulement pour ses attraits pour la justice et le dévelop- comme la plus belle revanche
touristiques, mais aussi bel et pement, l’AKP. Son arrivée au face à l’UE qui hésite depuis des
bien pour ses prouesses et suc- pouvoir en 2003 avait suscité années à accepter leur demande
cès économiques. quelques craintes à cause des d’adhésion.
Il faut dire qu’en une dizaine orientations religieuses de son
d’années à peine, la Turquie parti (l’AKP est un parti isla- L’adhésion à l’UE :
est passée d’une économie très miste modéré). Mais il n’a pas encore pertinente ?
marginale et peu compétitive à tardé à rassurer les observa- Les Turcs doivent, en effet,
celle d’une puissance en émer- teurs, européens en particulier, se poser de sérieuses questions
gence, la 15e au monde. C’est en clamant son attachement à sur ce projet d’adhésion, par-
tout juste derrière le Canada et la laïcité et à la séparation entre ticulièrement lorsqu’ils regar-
bien en avant des pays comme la religion et l’État. dent la situation dramatique
l’Afrique du Sud, la Norvège, les D’ailleurs, en termes de dans laquelle se trouve leur
Pays-Bas. Ce bond extraordi- philosophie, il n’hésite pas à voisin immédiat, la Grèce, tout
naire, pour ne pas dire ce mira- comparer son parti aux partis comme l’Espagne ou le Portugal
cle économique, lui a d’ailleurs chrétiens-démocrates euro- et par extension l’ensemble de
valu le titre emblématique de péens. En plus de donner une l’Europe.
« Tigre économique » à l’image pérennité aux réformes initiées En ce sens, il n’est pas éton-
des tigres asiatiques, comme la par Dervis, le PM Erdogan va nant que les dernières enquêtes
Malaisie ou l’Indonésie. À tel faire du développement éco- d’opinion montrent que l’appui à
point que le réputé magazine nomique de la Turquie son une intégration européenne est
britannique The Economist l’a principal leitmotiv, notamment en net recul : moins de la moitié
surnommée, dans une livrai- pour une adhésion potentielle des Turcs appuient maintenant
son parue en 2010, « la Chine à l’Union européenne (UE), une entrée dans l’UE comparati-
de l’Europe ». laquelle serait un élément vement à 75 % en 2004 et 30 %
catalyseur de cette quête. Tout seulement d’entre eux pensent
Des années difficiles et compte fait, le pilier le plus que ce projet se concrétisera
des réformes décisives ! important dont il va doter son un jour. Quant au PM Erdogan,
Pourtant, l’entrée dans le pays, c’est une stabilité politi- qui s’est battu avec énergie
nouveau millénaire était loin que et économique qui lui fai- depuis son arrivée au pouvoir
de laisser entrevoir un tel scé- sait cruellement défaut depuis agence france-presse
pour cette adhésion, il conti-
nario. En 2000-2001, le pays, plusieurs années. Au pouvoir depuis 2003, le premier ministre de la Turquie, Recep nue d’y croire, mais pas pour
qui était déjà sous la tutelle du Tayyip Erdogan, a grandement contribué à la restructuration du les mêmes raisons qu’en 2003. Il
Fonds monétaire international Des indicateurs pays. n’a d’ailleurs pas manqué l’occa-
(FMI), entre dans une profonde éloquents, mais… sion de le rappeler à quiconque
crise financière et économique. D’ailleurs, plusieurs com- d’individus). Le chômage recule PIB, un niveau qui ferait l’envie voulait l’entendre — notamment
Le système bancaire est au pagnies étrangères se sont passablement et l’inflation se de presque n’importe quel pays aux médias européens — lors de
bord de la faillite, l’inflation et installées en Turquie depuis maintient sous la barre des européen. (Les chiffres pro- sa campagne électorale de juin
les taux d’intérêt s’envolent à 2003, dans plusieurs secteurs 10 %. Le PIB, quant à lui, enre- viennent de l’OCDE, du FMI et dernier : l’Europe a plus besoin
presque 60 %, la monnaie tur- manufacturiers, notamment gistre des taux de croissance d’EUROSTAT.) [aujourd’hui] de la Turquie que
que, la livre, perd plus du tiers dans la construction auto- fulgurants : 8,9 % en 2010, 7 % Cependant, malgré ce beau la Turquie a besoin de l’Europe.
de sa valeur et le PIB plonge de mobile (Volkswagen, Fiat, pour 2011 et un « modeste » parcours, il reste beaucoup Tout compte fait, le jeune
plus de 6 %. Le FMI doit à nou- Hyundai, Renault, etc.). Les 3,5 % prévu pour 2012 (comparé d’étapes à franchir pour la « tigre économique » turc vient
veau intervenir pour soutenir capitaux étrangers reviennent à 2 %, 1,6 et 0,6 pour l’UE). Turquie. Celle-ci reste aux de réaliser qu’il a des griffes!
la Turquie dans cette crise en au pays aussi, ce qui témoigne Dans cette foulée, le revenu prises avec des problèmes
lui accordant une tranche totale de ce regain de confiance des par habitant a presque dou- cruciaux qu’elle doit résoudre Khalid Adnane est économiste et
d’environ 11 milliards de dol- investisseurs et de leur engoue- blé, passant de 8789 $ en 2003 si elle espère accéder un jour professeur à l’École de politique
lars avec la condition que cette ment et appétit pour le marché à 15 320 $ en 2010. Enfin, le au stade de maturité économi- appliquée et au Département
dernière s’engage à poursuivre, turc (un marché non négli- niveau d’endettement du gou- que que d’autres puissances d’histoire de l’Université de
voire renforcer son programme geable de presque 80 millions vernement se situe à 47 % du émergentes, comme le Brésil, Sherbrooke.
Sherbrooke samedi 11 février 2012 - La Tribune

TRIBUNE LIBRE

Nos pensions dans la mire de Stephen Harper


Selon toutes les indications, apporter des changements ce que la vague de retraite des pas changé d’idée depuis 1998, financière des Canadiens pen-
le premier ministre Stephen importants à vos projets de baby-boomers atteigne son apo- alors qu’il disait que le Régime dant leur retraite. Les libéraux
Harper se prépare à hausser retraite. gée, en 2031, l’augmentation du de pensions du Canada devrait préconiseront l’instauration
de 65 à 67 ans l’âge minimum Et vous n’êtes pas seul. financement des prestations de être aboli. La participation du d’un Régime de pensions du
requis pour que les Canadiens Au cours des dix prochaines la Sécurité de la vieillesse ne gouvernement à la sécurité Canada complémentaire et
puissent bénéficier des pres- années, plus de quatre millions représentera que 0,7 % du total financière de la population facultatif, qui offrira une option
tations de la Sécurité de la de Canadiens fêteront leur de l’économie canadienne. canadienne va à l’encontre de universelle, à rendement élevé
vieillesse. Ce faisant, nos aînés 65e anniversaire. À moins de Alors, pourquoi Stephen l’idéologie de Stephen Harper et à peu de frais, sur laquelle les
les plus vulnérables se retrou- pouvoir compter sur une pension Harper agit-il ainsi? Parce que et de ses acolytes. Canadiens pourront compter.
veront privés, pendant deux de retraite de plus de 112 000 $, pour lui, fondamentalement, Les conservateurs choisissent Nous ne vous laisserons pas
années supplémentaires, d’un Stephen Harper vous dit : « Ne le gouvernement n’a pas d’af- d’amputer les prestations ver- tomber.
soutien financier des plus néces- vous fiez pas sur moi et surtout, faire à soutenir les aînés qui sées aux aînés? Les libéraux,
saires, représentant quelque révisez vos projets de retraite! » ont pris leur retraite : il n’a pas eux, continueront de favoriser Denis Coderre, député
30 000 $. Pour vous, cela peut Harper blâme la génération non plus à les aider à planifier une réforme équilibrée des pen- Président du caucus québécois
vouloir dire qu’il vous faudra des baby-boomers. Mais d’ici à cette retraite bien méritée. Il n’a sions, qui garantira la sécurité du Parti libéral
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