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ENJEUX SECURITAIRES DANS L’ESPACE SAHELO - SAHARIEN

PR NDIORO NDIAYE
QUELQUES FAITS ET CHIFFRES

 Le Sahel nous est présenté comme l’espace de démarcation entre l’Afrique


noire et blanche. La zone actuellement appelée » Bande Sahélo-
Saharienne » -BSS- pour les experts militaires, est un vaste espace d’une
superficie de près de 8 millions de km2, soit près de deux fois la superficie de
l’Europe à 28
 Il s’étend de l’Atlantique jusqu’aux bords du Golfe d’Aden. Cette donnée à la
fois historique et géographique produit des répercussions géopolitiques dans
toute la région, sur fond de conflits d’ordre économique, ethnico-social. C’est
un tel contexte qui a présidé à la naissance de la Communauté des Etats
Sahéliens (CENSAD), à l’initiative de l’ancien guide de la Grande Jamahiriya
libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, le 4 février 1998, à la suite de la
Conférence des leaders et chefs d’Etat regroupant outre la Libye, le Burkina
Faso, le Mali, le Niger, le Soudan et le Tchad.
QUELQUES FAITS ET CHIFFRES

 La CENSAD qui s’étend de l’océan Atlantique à la mer Rouge – et


regroupe des pays membres de quatre blocs régionaux : l’Union du
Maghreb arabe (UMA), la Communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de
l’Afrique centrale (CEEAC) et l’Autorité intergouvernementale pour le
développement (IGAD) en Afrique de l’Est, constitue une des
organisations régionales les plus importantes du continent, de par sa
couverture géographique. Elle est peuplée de plus de 480 millions
habitants sur une superficie globale de 15,54 millions de km2, soit 51% de
celle de l’Afrique.
Particularités de la CENSAD

 La CENSAD a la particularité de concentrer des pays aux niveaux de


développement socioéconomiques disparates. Des Etats au processus
d’industrialisation bien avancé côtoient des Etats à la pauvreté
endémique et la majorité d’entre eux est actuellement confrontés à des
cycles réguliers de violences.
 Les évènements dans le monde arabe et, notamment la chute du régime
libyen de KHADAFI, n’ont fait que renforcer le vide sécuritaire dans la zone
sahélo saharienne. La crise au nord du Mali a combiné les risques
sécuritaires dus à des réseaux terroristes djihadistes avec la criminalité
organisée, la fragilité des états et les conflits ethniques et religieux pour
atteindre une nouvelle expression.
Particularités de la CENSAD

 Dans un tel contexte marqué par une instabilité chronique et une inégalité
de croissance économique comme démographique, les activités
migratoires au sein de l’espace sahélien sont importantes. Les flux
migratoires se font non seulement intensément entre eux mais aussi en
direction des pays du Nord de l’Afrique et au-delà.
 Les pays membres de cette communauté se trouvent aujourd'hui
confrontés à des défis multiples qui sont autant de menaces sérieuses à
notre sécurité. Il s’agit notamment de: l’immensité des espaces ; la
porosité des frontières ; la circulation anarchique des armes ; le grand
banditisme ; le trafic en tous genres ; les incursions de mouvements armés ;
la précarité économique ; l’immigration clandestine ; terrorisme et
criminalité transfrontalière.
Les Questions Migratoires dans la
CENSAD

 Le Sahara central est devenu, depuis le début des années 1990, le théâtre
d’importants mouvements migratoires. Ces migrations, qui représentent un
enjeu grandissant des relations entre les États d’Afrique subsaharienne,
d’Afrique du Nord et d’Europe, ne constituent pourtant pas un phénomène
nouveau. Mais dans un contexte de crispation identitaire et de rejet de
l’altérité, elles tendent à entretenir la peur d’un « péril migratoire ».
 En dépit des obstacles politiques, économiques et sécuritaires qui
entravent les circulations au sein de l’ espace CENSAD , des dizaines de
milliers de migrants originaires d’Afrique subsaharienne se rendent chaque
année en Afrique du Nord via le Niger et la Libye. Ces migrations,
représentent un enjeu grandissant des relations entre les États d’Afrique
subsaharienne, d’Afrique du Nord et d’Europe..
Les Questions Migratoires dans la
CENSAD

 Mobilité à l’intérieur de l’Afrique


- Avec la détermination de placer la mobilité au cœur du processus d’intégration
régionale, les États et les entités communautaires s’engagent de plus en plus à assurer
dans un cadre harmonisé une saine réglementation et une bonne régulation de ces
mouvements à l’intérieur de leur espace respectif. Les Communautés économiques
régionales, ou CER (CEN-SAD, COMESA, CEA, CEEAC, CEDEAO, IGAD, CDAA, AMU), se
sont assignées, entre autres, comme objectif la liberté de circulation et d’établissement à
l’intérieur de leur sous-région. Dans chacune d’elles, un protocole de libre circulation des
personnes ou, à tout le moins, de facilitation de cette libre circulation a été adopté. Ces
protocoles soutiennent les efforts de l’Union africaine qui encourage la libre circulation
des personnes dans le continent, considérée comme une première étape vers la mobilité
totale des individus dans la future Communauté économique africaine.
- Certaines communautés, comme la Communauté économique des États d’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (CEA), sont arrivées à
des degrés élevés d’harmonisation des politiques concernant la mobilité dans la zone.
Les Questions Migratoires dans la
CENSAD

 Depuis une dizaine d’années, avec la reprise à Lisbonne (en 2001) du


« dialogue 5+5 », noué entre 5 pays du Maghreb arabe et 5 pays de
l’Union européenne , et l’affirmation récurrente des gouvernements
européens à vouloir « renforcer et rendre plus efficace la lutte contre les
migrations irrégulières dans les pays d’origine et de transit » , la gestion
« concertée » des flux migratoires entre ces deux continents est dominée
par une approche sécuritaire.
Les Questions Migratoires dans la
CENSAD

 Le durcissement des politiques migratoires européennes s’est ainsi


accompagné d’une externalisation du contrôle des migrants : après les
côtes méridionales de l’Europe et les côtes septentrionales de l’Afrique, le
Sahara est devenu le nouvel espace à contrôler. Dans le cadre d’accords
bilatéraux et parfois multilatéraux, les États européens ont progressivement
incité les États d’Afrique du Nord à renforcer la surveillance de leurs
frontières terrestres et maritimes, dans le but d’endiguer l’ensemble des
flux migratoires transsahariens. Qu’en est-il de la réalité des pratiques
migratoires contemporaines au Sahara, qu’observe-ton aujourd’hui sur le
terrain, et quelles sont les incidences, dans ces régions du durcissement
des politiques migratoires européennes et nord-africaines?
Les Questions Migratoires dans la
CENSAD

 Durant les 25 dernières années, les migrations ont doublé et on retrouve 40% des migrants dans
les pays en développement, cette tendance Sud-Sud se confirme. Aujourd’hui, on ne peut plus
faire la distinction entre pays d’origine, de transit ou de destination car de nombreux pays entre
dans les trois cas. Dans les trois (03) les problèmes sécuritaires sont récurrents et ont comme
conséquences :
-Une mauvaise gestion des frontières
 La gestion effective des frontières est un élément clé de tout système national de migration.
 Les objectifs stratégiques pour la sécurisation des frontières sont :
 Le contrôle des mouvements de biens interdits y compris les drogues, les armes etc. ;
 Le recours approprié aux permis, quotas et contrôle de change en matière d’importation,
d’exportation ;
 Le contrôle de la circulation des personnes en vue de supprimer toutes traversées illégales des
frontières, la traite des êtres humains et l’immigration clandestine ; le contrôle de la
contrebande de biens.
Les Questions Migratoires dans la
CENSAD

 D’une manière générale, en Afrique les frontières sont longues, d’accès facile
et poreuses.
 Le contrôle des frontières est très difficile pour les Etats voire même inexistant
par endroit.
 Postes frontières: manque de tout ou presque isolés, sous équipés, gardés par
des agents isolés sans moyens de travail adéquats et parfois sans formation ni
expérience, à la merci d’attaques de criminels.
 A cela, ajoutez l’absence de gestion collective des frontières.
 De telles insuffisances font des espaces transfrontalières des zones de trafic de
tout genre et des lieux de grande criminalité « vol de bétail à main armée,
trafic d’armes », traite d’enfants et de femmes, circulation fluide des
mercenaires, réseaux terroristes internationaux, etc.
La population de l’Afrique au Sud du
Sahara

- La population de l’Afrique au sud du Sahara et en particulier de l’Afrique de l'Ouest, a


stagné jusqu’à la fin du XIXème siècle tandis que la plupart des autres continents étaient
en pleine croissance démographique. Elle n’a commencé à croître significativement
qu’au début du XXème siècle avec l’amélioration des conditions sanitaires et médicales.
C’est alors que le boom démographique a pris son essor. Depuis cette époque, la
population ouest africaine enregistre des taux de croissance proches de 3 % par an, qui
l’a fait passer d’un effectif total de 40 millions en 1930 à 290 millions en 2005 selon les
Nations Unies. Cette dynamique devrait se poursuivre ; la population régionale pourrait
atteindre 430 millions d’habitants à l’horizon 2020 et dépasser le demi-milliard autour de
2040.
- Les projections moyennes des Nations Unies indiquent que la population du Niger pourrait
être de 50 millions en 2050 contre 12 millions en 2004 ; celle du Mali et du Burkina de 40
millions contre respectivement 13 millions en 2004 ; celle de la Côte d'Ivoire de 34 millions
contre 18 millions en 2004. Une telle expansion démographique est-elle humainement et
économiquement possible ? Quelles implications cette perspective induit-elle,
notamment en ce qui concerne les besoins de mobilité et de migrations de ces
populations ?
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 UNE LONGUE GEOPOLITIQUE DE L’INSTABILITE


- De par la spécificité des Etats sahéliens qui, pour la plupart, sont des Etats
fragiles, la zone est livrée depuis l’indépendance à la prolifération de
mouvements irrédentistes fondant la légitimité de leurs actions sur le droit
à l’autodétermination.
- Cette instabilité s’est accrue par la porosité des frontières qui facilite le
transit dans cette zone aussi bien des hommes que des biens. Ainsi, outre
les revendications indépendantistes, le banditisme transnational s’est
accru. De même, les trafiquants de drogues, contrebandiers de
cigarettes, et autres « coupeurs de routes » ont massivement investi cet
immense territoire désertique hors de contrôle, pour l’essentiel.
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 Les tensions interétatiques ont aussi bouleversé le fragile équilibre


géopolitique de la région. Les soubresauts post-électoraux algériens de
1991 ont ainsi donné naissance au Groupe Salafiste pour la Prédication et
le Combat (GSPC), né des flancs du Front islamique du Salut (FIS). La
guerre entre le Tchad et la Libye ainsi que la Révolution libyenne sont
autant d’étincelles qui ont fini d’embraser la poudrière sahélienne.
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 Les défis sont nombreux :


 La circulation des armes légères et lourdes .
- A la faveur des rébellions, qui ont eu pour décor le Sahel depuis les guerres
d’indépendance, le trafic intense qui s’y déroule, l’incorporation des
populations touaregs du Mali et même du Niger dans l’armée libyenne est
révélatrice de toute l’artificialité des frontières coloniales et du nomadisme.
 Le premier canal d’approvisionnement reste le marché noir qui recèle l’arsenal
de guerre des conflits meurtriers de la décennie 1990. En effet, le trafic le plus
intense concerne les stocks publics officiels achetés en toute légalité, avant
d’être détournés vers les marchés illicites. «La zone du Sahel, c’est à la limite
une poudrière. Le trafic et la vente d’armes y sont très denses. Cela expose
trop la sous-région (…) (plus de 80 000 kalachnikov en circulation dans cette
zone selon l’ONUDC).
Importantes Saisies d’Armes Illicites et direction du trafic
en Afrique de l’Ouest entre 2008 et 2011
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 Le trafic de stupéfiants et contrebande


- Le trafic de drogue est un phénomène récurrent au Sahel depuis le début
des années 1980. Avec la prolifération des bandes armées, le commerce de
la drogue a pris plus d’ampleur. La collusion entre les mouvements djihadistes
et les narcotrafiquants ne fait l’objet d’aucun doute. En effet, pour financer
leurs activités, les groupes terroristes se muent en convoyeurs de drogues
(cocaïne et héroïne principalement) en provenance de l’Amérique du Sud
vers l’Europe. L’insécurité qui règne au Sahel rend la région moins propice
aux patrouilles des forces de sécurité et les opérations de lutte contre les
cartels de drogue.
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 Les pays du Sahel sont devenus des zones de transit privilégiées de la drogue
en direction de l’Europe. Les cartels d'Amérique du Sud abandonnent la route
nord qui les reliait directement à l'Europe pour les pistes sahéliennes beaucoup
plus sûres. Depuis l’Amérique du Sud (Brésil, Venezuela, Colombie, Pérou,
Bolivie, Equateur), en effet, la drogue est acheminée en avion jusqu’au Sahel
avant d’être débarquée sur des véhicules de type 4X4 en direction de la
Méditerranée et/ou du reste de l Afrique.
 Ce trafic intercontinental s’est agrégé à la traditionnelle production du
haschich dans la région du rift marocain. Selon les dernières estimations de
l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, datant de mars 2015, au
moins 18 tonnes de cocaïne, d’une valeur de 1,25 milliard de dollars,
transiteraient chaque année par la région. Ce qui en ferait le commerce illégal
le plus rentable au monde. Toujours d'après l'ONUDC, environ 1000 tonnes de
résine de cannabis marocaine traversent également le Sud saharien, pour être
revendues 4500 euros le kilo, dans les pays de la Péninsule arabique
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MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 La traite des êtres humains


L’article 3 du Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre
la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la
traite des personnes dispose : « L’expression “traite des personnes” désigne le
recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de
personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres
formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou
d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements
ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité
sur une autre aux fins d’exploitation.»
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MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD
(suite)
 Avec l’insécurité croissante dans la région, la migration irrégulière et le
rapt sont devenus deux activités lucratives dans le Sahel. Si la migration
irrégulière reste une activité qui, à première vue, peut ne pas avoir de
rapport direct avec la traite, l’existence de passeurs dissipe vite
l’éventualité d’une absence de la menace de recours ou le recours à la
force ou à d’autres formes de contrainte, dans la migration irrégulière. Il
est attesté du rôle joué par les organisations criminelles dans la traite des
personnes au Sahel. En 2008, l’Organisation internationale de la migration
(OIM) estimait que « le portrait courant des migrants Africains irréguliers
comme des victimes de trafiquants et passeurs est en contradiction avec
la preuve que la vaste majorité des migrants partent de leur propre
initiative.
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 La traite des êtres humains y est relativement fréquente même si les


passeurs ne sont habituellement pas enregistres dans le registre de la
criminalité organisée internationale, parce que ils opèrent localement et
seuls ou en petits réseaux. Mais entretemps, le contexte sahélien a évolué,
la conflictualité et les menaces se sont accentuées criminalisant
davantage cette région déjà sensible. On ignore la proportion exacte de
traffiquants migrants clandestins qui procèdent de la sorte, mais selon les
estimations, elle serait de l’ordre de 75 à 90 % des personnes concernées.
Les trafiquants gagnent de l’argent en aidant les candidats au départ à
se procurer des visas par des moyens frauduleux et en leur expliquant
comment ne pas éveiller les soupçons des agents de la police des
frontières ETC……
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MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 L’insécurité humaine
- Le concept de sécurité humaine trouve sa pertinence dans l’identification de
l’être humain comme référent sécuritaire et non plus l’Etat comme le laissait
entendre une large part de la doctrine dominée par le triomphe du réalisme
en Relations internationales. Elle comprend deux piliers centraux que sont les
besoins essentiels de l’Homme : santé, habitat, éducation et le maintien à l’abri
de toute violence physique et morale. Elle se situe à plusieurs niveaux
d’intervention : économique, social, écologique, sanitaire, etc.
- Au Sahel, l’insécurité humaine se décline souvent sous forme de famine qui
sévit dans la région. Les migrants n’échappent pas à cette calamité. En effet,
parmi les 40 000 migrants ayant perdu la vie depuis 2000 en tentant de
rejoindre l’Europe, à partir des côtes libyennes, beaucoup sont morts de faim.
A cela, il faut ajouter, le nombre de migrants morts dans le Sahara.
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MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD
(suite)
 Le fondamentalisme religieux
- Le fondamentalisme religieux s’est installé au Sahel à la faveur de la migration.
Aujourd’hui, la couverture géographique des groupes djihado-terroristes écumant tout le
Sahara est inquiétante. Ex. : la zone d’influence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique
(AQMI) de l’algérien Abdelmalek Droukdel s’étend de l’Algérie, au Mali, en passant par
la Mauritanie, la Tunisie, la Libye, le Niger et le Burkina Faso. Une telle mobilité de ces
groupuscules intégristes dans, le Sahel, pose, en filigrane, la question de la gestion des
frontières dans nos régions.
- Dans le contexte qui prévaut dans le Sahel, il est évident que les flux massifs de migration
incontrôlée peuvent avoir un impact important sur la stabilité et la sécurité, aussi bien
nationale qu’internationale, par exemple en empêchant les Etats d’avoir un contrôle réel
sur leurs frontières, et en créant des foyers de tensions entre les pays d’origine et de
destination, ainsi qu’aux seins des communautés d’accueil locales. La montée du
fondamentalisme religieux facilitée par la mobilité des idéologies, dans une région où les
représentants de l’islam confrérique ont longtemps cohabité, dans la paix et la tolérance,
prouve toute la fragilité de la paix et de la sécurité pour des millions de sahéliens.
La Secte Boko Haram et la Securite Regionale
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

 Sur le plan sécuritaire, entendu comme absence de violence physique, les


risques liés à la migration demeurent nombreux. Il se dessine une tendance
lourde ces dernières années : une migration forte des femmes et des
enfants. Or, ces deux couches sont d’une vulnérabilité plus élevée
principalement dans le contexte du Sahel où l’insécurité règne. Les
femmes et les enfants restent, en effet, les plus vulnérables des réfugiés, les
plus susceptibles de subir des violences physiques et sexuelles notamment.
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

- L’effectif croissant de groupes islamistes : Boko Haram compterait jusqu’à


30 000 membres, Al-Mourabitoune 600, Al-Qaïda au Magreb Islamique 1500.
Opérant principalement en Cyrénaïque, le groupe djihadiste Ansar Al-Charia
de Mohamad Al-Zahawi compterait jusqu’à 3000 miliciens. La fascination des
jeunes pour le djihadisme et leur réceptivité aux discours extrémistes
renseignent sur le fort taux de pénétration du fondamentalisme dans le Sahel.
Le nombre en progression de candidats au djihad originaires des Etats
sahéliens (Mali, Sénégal, Mauritanie, Soudan, etc) combattant dans les rangs
de l’Etat islamique (EI) en Libye témoigne des tendances nouvelles de la
migration particulièrement pour les pays sahéliens.
L’industrie des enlèvements et de la rançon dans le Sahel
LES DEFIS SECURITAIRES LIES A LA
MOBILITE DANS L’ESPACE CENSAD

- Le risque d’une déstabilisation de ces Etats n’est pas à écarter notamment


en cas de retour des anciens combattants dans leur pays d’origine.
L’exemple des Moudjahidines algériens, rentrés d’Afghanistan dans les
années 1980 et leur implication dans les tensions d’abord en Algérie, lors de la
guerre civile, ensuite dans la sous-région, constitue une référence. Cette
courbe conflictuelle se prolonge jusqu’à la Corne de l’Afrique où la Somalie
est rongée par la gangrène des miliciens Shebab.
LA CENSAD…AU CENTRE D’UNE LUTTE
DE LEADERSHIP REGIONALE

 A l’instar de toutes les zones d’influence du monde, le Sahel n’échappe


pas aux jeux d’influence des puissances régionales ou de ceux qui tentent
une hégémonie sous régionale voire régionale.
 Née à l’initiative de la Libye de Kadhafi, la CEN-SAD est l’illustration
parfaite de cette guerre de leadership pour l’hégémonie régionale. Une
tendance qui pourrait faire croire à une opposition entre le continental et
le régional tant la quête hégémonique peut conduire les Etats à mener
des politiques extérieures ne tenant pas compte de l’agenda de l’Union
africaine, elle-même.
LA CENSAD…AU CENTRE D’UNE LUTTE
DE LEADERSHIP REGIONALE

 En dépit de la chute de Mouammar Kadhafi, cette tendance à briguer le leadership dans le


Sahel continue. Dans ce registre le Tchad semble bien positionné. En effet, de tous les Etats
partie au Traité de la CEN-SAD, le Tchad est le plus actif. C’est lui qui a sorti cette organisation
en charge du Sahel de sa léthargie suite à la disparition du dirigeant libyen. Cette quête de
leadership est confirmée par le chef de la diplomatie tchadienne pour qui le Tchad est obligé
de s’engager;…..
 L’affirmation du leadership tchadien se manifeste dans la région, sur le plan diplomatique et
stratégique avec un engagement total dans la luttc ontre le fléau endémique du djihadisme.
La promptitude de Ndjamena à envoyer de plus 1400 soldats tchadiens sur le front malien en
2013 alors que les forces de la Mission des Nations Unies (MISMA) balbutiaient est le symbole de
ce nouvel élan du pays. La situation financière du pays n’est pas étrangère à cette dynamique
interventionniste. En effet, « l’influence de la situation pétrolière qui prévaut depuis 2003 permet
l’affirmation d’un leadership régional et dessine une figure originale d’insertion dans la
mondialisation. » Ce leadership est d’autant plus étonnant qu’il s’exerce dans une zone qui est
d’ordinaire sous surveillance ou même d’influence tout autre. Géraud Magrin, « Les ressorts de
l’intervention militaire tchadienne au Mali (2013) », EchoGéo [En ligne], Sur le Vif, mis en ligne le
28 juin 2013, consulté le 10 février 2016, p. 3.
Quelques questions stratégiques…

 Où et comment vivra la population de la région à l’horizon 2020 ? •


Comment les États de l’Afrique de l’Ouest et la région dans son ensemble
peuvent-ils se préparer et accompagner au mieux les migrations à venir et
développer des zones d’accueil, notamment en termes d’aménagement
du territoire ?
 Quelles politiques volontaristes permettront une recomposition spatiale et
l’aménagement du territoire régional au bénéfice de populations
inévitablement en mouvement ?
 Quel avenir pour les femmes ? Quel est/sera l’impact des flux migratoires
(notamment ceux des jeunes) pour les femmes et les familles ?
Quelques questions stratégiques…

 Comment promouvoir la paix et la sécurité dans la région ?


•Quels outils politiques à caractère régional la CENSAD peut-elle mettre en
place pour renforcer le processus de paix et de sécurité embryonnaire?
• Comment gérer les dynamiques de crises et de conflits afin d’améliorer la
sécurité humaine dans la CENSAD ?
• Quels rôles complémentaires les États et la région peuvent-ils jouer en
faveur de la paix et de la sécurité ? • Quel devrait être le rôle
complémentaire des partis politiques, de la société civile et des médias dans
la construction de la paix et de la démocratie dans cet espace ?
RECOMMANDATIONS

 Quel avenir demain pour les jeunes ?


Par EX :A l’horizon 2020, l’Afrique de l'Ouest pourrait compter environ 200
millions de personnes de moins de 20 ans, soit l’équivalent de la population
totale de l’Afrique de l'Ouest en 1990. Ils exprimeront une demande
considérable en terme de santé, d’emploi, de logement mais aussi de
ressources naturelles.
 Ils auront sans aucun doute un niveau moyen d’éducation très supérieur à
celui de leurs aînés car les efforts entrepris depuis quelques années dans le
domaine de l’éducation auront porté leurs fruits. Cette perspective
n’enlève rien, au contraire, à la nécessité de réfléchir dès aujourd’hui à
l’adéquation entre les systèmes de formation en vigueur et les besoins
futurs des jeunes
RECOMMANDATIONS

 Au plan national
- La migration est un phénomène très récurrent dans le Sahel. Au cours de l’histoire cette
tendance des Sahéliens à voyager n’a pas faibli. Il importe ici de distinguer deux types de
migration. Une migration orientée vers les pays africains et ceux dirigée vers l’Europe,
principalement ceux du bassin méditerranéen. Nous avons tous à l’esprit la situation
humanitaire des migrants subsahariens en Libye, en 2011
- Il est urgent et nécessaire de disposer d’une législation nationale adaptée au contexte,
de s’occuper des frontières nationales et de mieux gérer les limites géographiques
héritées du colonialisme.
- Il convient également de développer des projets générateurs de revenus afin de lutter
contre le chômage et la pauvreté. L’analphabétisme et la misère créent un climat
favorable aux dérapages de la jeunesse. D’où la nécessité de les circonscrire. Les
populations éloignées ne doivent pas être livrées à elles-mêmes. Car, une telle situation
facilite leur allégeance à ces groupes. Elles pourraient ainsi constituer, non seulement un
réservoir de recrutement, mais aussi un refuge.
RECOMMANDATIONS

 Au plan national
- le degré de connaissance et de formation des officiers en charge de la gestion des
frontières et ceux en charge de la migration doivent être améliorés, conformément aux
exigences actuelles. Chaque pays doit nécessairement formuler sa propre politique
migratoire.
Au plan régional
- Il est important d’améliorer l’effectivité des politiques régionales ou sous régionales sur la
migration, de les lier aux aspects sécuritaires selon les différents contextes des pays qui
composent la région
- créer des processus régionaux de consultations régulières sur des questions qui les
concernent : mouvements de populations, la gestion des frontières, la sécurité des
personnes, la législation du travail des migrants, la mobilité et l’utilisation des
compétences régionales, les transferts d’argent, les échanges d’informations, etc.
RECOMMANDATIONS

 Sur le plan international


- l’initiative de l’opération Barkhane lancée le 1er août 2014, par la France et qui repose
sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux
pays de la bande sahélo-saharienne (BSS), peut servir d’exemple de complémentarité et
de partenariat sur le plan international.
- Les Etats-Unis ont initié une vaste politique de formation des armées africaines connue le
nom de l’African Crisis Response Initiative (ACRI), un programme de formation,
d’entraînement et d’équipement des troupes de pays africains, entre 1997-2002,
reformulé plus tard sous le nom de l’African Contin-gency Operations Training Assistance
(ACOTA). Cette assistance technique doit être prolongée dans le cadre de la
restructuration de l’armée malienne, avec l’installation de l’USAFRICOM.
- L’intensification de la coopération et la mise en place de mécanismes de concertation
entre ses partenaires multilatéraux apparaît comme une priorité.
Conclusion

 Le Sahel est devenu au fil des années un sanctuaire au potentiel


crisogène incommensurable. La chute du raïs libyen a accentué la
fragilité de cette région. Elle a dispersé dans le désert des milliers
d’hommes rompus aux tâches martiales et disposant d’un imposant
arsenal de guerre.
 Ce contexte singulier combiné à un nomadisme protéiforme dans le
Sahel : écartelé entre brigands, extrémistes religieux, et migrants
traditionnels en quête d’horizons plus cléments, a réactivé les vieilles
velléités indépendantistes des Touaregs de l’Azawad. La conjonction de
ces trois types de migrants aux agendas forts antagonistes est
symptomatique de toute la complexité de l’approche sécuritaire au
Sahel.
Conclusion

 La migration (autant l’émigration que l’immigration) demeure un facteur de risque dans le


Sahel. Le conflit malien, outre une lointaine manifestation de sentiments régionalistes, est irrigué
par une vague de migrants d’origine malienne ou étrangère (algérienne) qui y ont importé une
idéologie salafiste. Iyad Ag Ghaly, et surtout Abdelmalek Droukdel, Mokhtar Belmokhtar, tous
deux transfuges du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) sont les symboles
de cette infiltration des routes migratoires sahéliennes par les djihadistes.
 Une pauvreté endémique accentuée par la crise en Libyenne a poussé beaucoup de citoyens
sahéliens à fuir leurs pays, des milliers d’individus ont grossi, moins par conviction que par survie,
les rangs des troupes islamistes. En 2015, l’historien camerounais Achille Mbembé traduisait de
fort belle manière l’attrait des jeunes sahéliens pour les organisations intégristes, en ces termes :
« Ces jeunes n’ont rien à perdre. Ils ont le choix entre l’émigration et la guerre, qui offre, elle
aussi, une mobilité sociale. Il n’y a pas si longtemps, ils pouvaient aller en Libye, dans les pays du
Golfe ou en Europe. Mais les possibilités d’émigrer s’amenuisant, il ne leur reste plus qu’à se faire
enrôler sur les marchés régionaux de la violence. La foi ne joue ici qu’un rôle assez mineur. Ce
choix est avant tout pragmatique, dénué de tout sentimentalisme. Faire la guerre est devenu un
boulot comme un autre, l’un des mécanismes de la mobilité sociale.»
Conclusion

 La lutte contre le terrorisme doit s’inscrire ainsi dans une perspective de


complémentarité .Le renforcement de la stratégie nationale tant sur le plan
sécuritaire, juridique que socioéconomique ne sera efficace que si elle s’inscrit
dans un cadre régional coordonné qui prendra en compte les différentes
stratégies des pays concernés. L’intensification de la coopération et la mise en
place de mécanismes de concertation entre ses partenaires multilatéraux
apparaît comme une priorité.
 Les menaces, qui pèsent lourdement sur la stabilité de la zone sahélo-
saharienne peuvent bien être maitrisées si les pays en question soient animés
de la volonté réelle et la détermination claire. Il est temps pour ces pays de
dépasser le stade de la coopération théorique et inégalitaire pour planifier et
conduire ensemble des actions concrètes qui puissent convaincre .
L’implication de l’ensemble des acteurs concernés est la condition sine qua
non d’une réussite durable.
JE VOUS REMERCIE

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