Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Préparé par :
Sous la direction de :
LABORATOIRE DES ETUDES
ET RECHERCHES
M. ABDOUH ECONOMIQUES
Mohamed ET SOCIALES
Mots clés :
Dette publique – Politiques publiques– Croissance économique – Modèle économique
marocain
1
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
PLAN
Résumé …………………………………………………………………………………….. 2
Introduction ……………………………………………………………………………… 3
Conclusion ................................................................................. 20
Bibliographie ............................................................................. 21
2
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
RESUME
Grimpant de près d’un milliard de dirhams en 1963 à plus de 743 milliards de dirhams
en 20141, la dette publique marocaine s’est nourrie au fur et à mesure que notre
modèle économique se construisait, aspirant lui apporter soutien. Par ailleurs, la
relation entre la dette publique et la performance économique d’un pays a toujours
fait l’objet de controverses. En effet, tandis que beaucoup s’inquiètent sur les effets
pervers d’une dette publique qui ne cesse d’accroître sur une croissance économique à
long terme, certains préfèrent dire qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, du moment que
croissance actuelle, chômage et inflation sont maintenus dans des taux raisonnables ;
chacun présentant de son côté des arguments solides. Notre travail, qui met la lumière
sur le cas marocain, tente de répondre à cette problématique en alliant théorie,
empirisme et outils économétriques.
ABSTRACT
As the business model of morocco was being built, simultaneously, the public debt
nourished itself and rose from one billion in 1963 to over 743 billion dirhams in 2014.
Furthermore, the relationship between public debt and economic performance of a
country has always been controversial. Indeed, while many worry about the negative
effects of public debt on long-term economic growth, some prefer to say that there is
no need to be concerned because of the current economic growth, unemployment and
inflation are kept within reasonable rates; while each have strong arguments and
compelling evidences for their opinions. This study takes morocco as a case and,
attempts to address this problem by combining theory, empirical and econometric
tools.
ملخص
و التً كان الهدف منها،ًازدادت الدٌون العمومٌة تدرٌجٌا مع تطور النموذج االقتصادي المغرب
ملٌار743 لتصل إلى1963 حٌث أنها ارتفعت من ملٌار درهم فً سنة.أساسا دعم هذا األخٌر
وفً الوقت الذي ٌعبر فٌه الكثٌرون عن قلقهم من تنامً الدٌون وآثارها.4114i درهم خالل سنة
ٌفضل البعض القول أن ال مجال للقلق ما دام النمو،المضرة لتنمٌة االقتصادٌة على المدى الطوٌل
فكال الطرفٌن ٌقدمان حججا قوٌة وفً عملنا هذا الذي ٌسلط.الحالً والبطالة تسجل نسبا معقولة
سنحاول إٌجاد أجوبة لهذه اإلشكالٌة عن طرٌق الجمع ما بٌن،ًالضوء على النموذج المغرب
.ً و أدوات االقتصاد القٌاس، و التجرٌب،النظرٌة
3
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
INTRODUCTION
D
epuis cinquante ans, la dette de l’Etat marocain augmente sans cesse, se
nourrissant au fur et à mesure que le modèle économique marocain se
construit, aspirant lui apporter soutien. En apparence, tout ne va pourtant pas
si mal : le pays a beaucoup évolué et a réussi à se forger un nom parmi les
pays les plus performants de la région MENA. Mais vue de plus près, la situation est en
réalité très préoccupante.
La dette publique marocaine, qui renvoie aux crédits contractés par le Trésor, les
collectivités territoriales et les entreprises et établissements publics, a atteint plus 700
milliards de dirhams en 2014, soit 81% du PIB. Un niveau qui dépasse le seuil de 60%
défini par le FMI comme ligne rouge à partir de laquelle la croissance serait menacée.
Mais aussi, la dette publique marocaine fait payer à l’Etat des dizaines de milliards de
dirhams d’intérêts annuels, soit 4 ans de recettes fiscales, 2 fois le budget alloué à
l’éducation, 5 fois le budget de la santé, ou encore 7 fois le budget dédié à
l’enseignement supérieur si l’on se tient aux chiffres de l’année 20141. Pis encore, la
dette publique marocaine ne sert plus qu’à financer les dépenses d’investissement,
mais aussi le train de vie de l’Etat (masse salariale, matériel et compensation).
Ces faits témoignent du succès qu’a gagné la dette publique auprès des
gestionnaires publics qui se sont succédés depuis l’indépendance du royaume, et qui
ont privilégié cet instrument de la politique budgétaire à l’impôt, vu l’impopularité et
le coût politique de ce dernier. Seulement, ce choix n’est pas sans conséquence
aucune sur la performance et la croissance économiques du royaume. La crise récente
de la dette souveraine qui a détruit la Grèce et a mis à mal les finances publiques des
Etats les plus développés en témoigne haut et fort. C’est pourquoi aujourd’hui, s’il est
impossible de revenir en arrière et réparer les erreurs du passé, il est important de se
demander « Quel est l’impact réel de la dette publique marocaine, cumul de plus de
cinquante ans, sur la croissance du modèle économique national en chantier ? ».
1
Voir Graphique 3, page 10.
4
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
5
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
2
L’effet inverse étant constaté dans le cas d’une baisse de la dette publique.
3
Van Manseel et Nautet M. (2009) Impact économique de la dette publique. p.13.
6
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
Tout d’abord, et pas très loin de ce que la théorie classique a abordé, une dette
est nuisible à la croissance dès lors qu’elle décourage les investissements4. En effet,
selon ces auteurs, lorsque la dette excède les ressources internes d’un pays, ce dernier
risque de ne plus être capable de rembourser les emprunts passés, ce qui aura un effet
dissuasif sur les créanciers et investisseurs potentiels.
4
Krugma, Paul (1988) Financing versus Forgiving a Debt Overhang », NBER Working Paper n°2486.
J. Sacsh (1989) The Debt Overhang of the Developing Countries.
7
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
Dans un même contexte, Minea et Villieu (2009) ont cherché à établir une
relation entre les déficits et l'investissement public. Après l’examen d'un panel de 22
pays de l'OCDE pour la période 1978- 2006, ils ont constaté qu'au delà d'un ratio de
dette publique de 120% les déficits ne bénéficient guère à l'investissement public. Ils
expliquent ce résultat par le raisonnement suivant : plus la dette est faible, plus l'Etat
peut compenser les charges d'intérêts par une réduction des dépenses de
consommation, et plus les dépenses d'investissements sont préservées. A l’inverse,
plus la dette augmente, moins il est possible de réduire les dépenses de
consommation, et plus l'Etat est obligé d'opérer des ajustements par les dépenses
d'investissement. Ainsi, au delà d'un certain niveau de dette, la relation entre déficit et
investissement public devient négatif.
Sans être exhaustives, ces études avancent dans l’ensemble que l’emprunt public
a un impact positif sur la croissance jusqu’à un certain seuil ; au-delà duquel son effet
devient négatif. Le FMI rajoute qu'un niveau élevé de la dette publique rend le PIB plus
volatile, notamment à cause de la pression des marchés et des mesures d'austérité
mises en place pour tenter de redresser les finances publiques. Toutefois, les seuils
avancés par chacune de ses études sont loin d’être consensuels. Pourquoi tant de
divergence ?
La raison est qu’il est impossible de généraliser cet état de fait pour un panel de
pays hétérogènes.
C’est pourquoi la problématique de l’endettement doit être traitée en fonction
des caractéristiques socio-économiques, politiques et institutionnelles de chaque pays.
8
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
Au début des années 60, le Maroc s’est engagé dans des programmes ambitieux
pour améliorer les conditions de vie de sa population.
5
Rahmani, Mimoun. Comment le Maroc s’est-il retrouvé dans le cercle vicieux de la dette. Article traduit
de l’arabe par nos soins. Disponible sur www.catdm.ma
6
Agourram, Abdeljalil et Belal, Aziz (1970) L’économie marocaine depuis l’indépendance. p. 165.
9
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
Face à des créanciers exigeants et pour remettre à flot son économie fragile en
quête de croissance, le Maroc a bénéficié d’un rééchelonnement11 de sa dette
extérieure portant sur 4,4 milliards de dollars et s’est engagé, à partir de 1983, à
appliquer un Programme d’Ajustement Structurel sous l’auspice de la BIRD et du FMI.
Ce plan, qui allait se poursuivre sans relâche pendant dix ans, visait à réorienter la
stratégie du pays vers la libéralisation de l’économie et le renforcement de son offre
7
Banque Mondiale
8
Le prix du phosphate est retombé à 30 dollars en 1976.
9
Les principaux pays prêteurs étaient les USA, la France et l’Allemagne occidentale.
10
Ce n’est ici que l’une des première retombées désastreuses à long terme du recours aveugle à la
dette.
11
Le rééchelonnement signifie une modification des termes d’une dette, soit en modifiant les échéances
soit en reportant les paiements du principal et/ou des intérêts. Il s’agit d’accorder une période de grâce
où les remboursements peuvent être interrompus.
10
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
Déficit budgétaire,
dette publique et service de la dette
122%
103,6% Taux d'endettement (encours de
97,9% la dette/PIB)
86,9%
81,2%
72%
57% 61% Ratio du service de la dette
54% (charges totales de la dette /
49%
38% Recettes courantes en devises)
36%
11
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
C’est alors que la stratégie du royaume a pris une nouvelle trajectoire. A partir de
1993, il était désormais question de renforcer l'orientation des investissements vers les
secteurs prioritaires, la rationalisation des incitations à l'investissement privé, la facilité
du commerce extérieur, et l’élaboration d’une stratégie sociale pour les ménages à
revenus modestes. Dans un contexte macroéconomique en difficulté, le Maroc a du
recourir encore une fois à l’endettement pour atteindre ces objectifs.
Par ailleurs, le Maroc a revu sa stratégie d’endettement afin de réduire sa
dépendance vis-à-vis de ses créanciers étrangers. Il a donc mis en place plusieurs
réformes, afin d’emprunter au marché national dans les meilleurs conditions.
Evolution de la structure de la dette (1993-2009) A partir de 2010, la dette
79% 80% 77% publique a repris un trend haussier
73%
65% suite à la baisse de la performance
61%
57% économique, la hausse des cours
52%52%
mondiaux des produits de base, le
48%48%
43%
39%
coût élevé des subventions aux
35%
27% denrées alimentaires et aux
21% 20% 23%
carburants. La dette publique est
alors passée de 47.1% du PIB à
2001
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Ceci étant, peut-on dire que la dette publique de l’Etat marocain a augmenté au
service de la croissance ?
12
Vergne, Clémence (2014) Le modèle de croissance marocain : opportunités et vulnérabilités. Revue
Macroéconomie et Développement. Agence Française de Développement, n° 14, p. 7.
13
L’exemple le plus éloquent reste celui du secteur textile. Le libre échange prôné à travers le monde à
cette époque a favorisé l’essor de ce secteur, mais a aussi donné naissance à des concurrents tels que la
Chine, la Turquie qui ont détrôné l’offre marocaine. D’autant plus que l’image de cette dernière était
entachée par une main d’œuvre non qualifiée, des retards de livraison et une gestion de qualité
médiocre.
12
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
D
epuis David Ricardo, nous savons que l’option de l’emprunt public pour
laquelle a opté le Maroc depuis des années est tributaire d’un certain
nombre de paramètres qui conditionnent son efficacité et ses répercutions
sur l’activité économique. Quelles sont alors les répercutions de ce choix sur
les politiques économiques entreprises récemment par le Maroc ?
La dette publique : un prétendu moyen de relance économique
14
FMI, calculs faits par nos soins.
13
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
D’autant plus que les recettes fiscales n’ont cessé de diminuer passant de plus
de 22% du PIB en 1981 à 17% en 2008 puis à 19,2% en 201415. Ceci a été du à la baisse
des impôts directs à savoir l’IS et l’IR, et au ralentissement des droits de douane
impacté par la politique nationale d’ouverture commerciale. A cela s’ajoute le
caractère exceptionnel des recettes non fiscales, telles que les dons et la contribution
libératoire16.
Si les transferts des MRE et l’avènement croissant des IDE ont joué un rôle
important dans le financement des mutations du modèle économique marocaine,
l’économie nationale a continuellement souffert d’un besoin de financement qui
contrariait la réalisation de ses objectifs.
Dans ces conditions, l’endettement a permis de compenser l’absence ou
l’insuffisance d’une épargne nationale, et de combler un déficit budgétaire devenu
structurel. Il va donc sans dire que la dette publique a effectivement permis de réaliser
les politiques économiques publiques engagées, dans un contexte macroéconomique
national et international en souffrance.
La dette publique et l’alibi de l’austérité
15
DTFE, 2015.
16
La contribution libératoire consiste pour les marocains résidents à l’étranger de déclarer leurs actifs
détenus à l’étranger (immobiliers, financiers et liquides) auprès de l’office des changes. Cette opération
a donné lieu à la déclaration d’actifs d’une valeur globale de 27,85 milliards de dirhams, ce qui a permis
de collecter 2.3 milliards de dirhams.
14
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
-1,7 -2,2
-2,6
-3,1 -3,1
-4,1 -4
-4,7
-5,2
-5,2
-6
-7
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
58
47,95
22,79
13,92 12,91 9.4 8.92 3,2
17
Akesbi, Najib (2015) Le modèle de développement de l’économie marocaine : Est-il porteur
d’émergence ? Conférence à l’HEM Rabat, 44 Janvier.
15
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
Sans prétendre être exhaustifs, les mesures prises pour assainir le budget
marocain ont certes permis d’alléger temporairement le déficit budgétaire. Mais dans
un contexte économique malmené par un taux de chômage élevé, une croissance
volatile, au lieu de jouer sur le déficit et accentuer l’austérité, n’est-il pas plus efficace
de s’attaquer directement au PIB ? L’histoire des finances publiques de l’Etat marocain
18
Loi de Finances 2015, page 116.
19
AGENOR Pierre-Richard et AYNAOUI Karim, op.cit, p.47-48.
20
En 2005, le gouvernement marocain a élaboré une politique de départs volontaire initiée par la
banque mondiale pour réduire sa masse salariale. Or, cette politique n’a pas eu les effets escomptés.
21
PDLF 2015.
16
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
qui se réitère ne montre-t-elle pas que derrière la montée de la dette publique se cache
l’inefficacité des dépenses publiques ?
Hypothèses de travail :
Tout d’abord, il apparaît que la dette publique n’agit pas directement sur la
croissance économique. En effet, l’impact de la première variable sur la deuxième se
fait, principalement, via l’effet multiplicateur des dépenses publiques, à savoir les
dépenses de fonctionnement et les dépenses d’investissement. Les premières
affectent la consommation finale des ménages et des administrations publiques ; soit
le premier élément de la fonction de demande qui contribue à la croissance
économique du Maroc (58% en moyenne en part du PIB entre 2000 et 2013). Quant
aux deuxièmes, elles constituent une part importante de la FBCF nationale, deuxième
élément de la demande intérieure qui contribue à la croissance économique. Sans
oublier leur participation à la création de l’emploi.
Enfin, toute dette implique le paiement des intérêts. Ici, il est important de
distinguer entre les intérêts relatifs à la dette intérieure, et ceux de la dette extérieure.
Pour les premiers, ils constituent une fuite de la trésorerie de l’Etat mais sont
réinjectés dans l’économie par le jeu du marché de capitaux national. Cependant, les
17
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
Nous supposons donc que les charges de la dette publique intérieure22 ont un
effet neutre, tandis que celles de la dette extérieure exercent un effet négatif sur la
croissance.
De ce fait, nous avançons qu’au Maroc, la dette publique agit sur la croissance
économique via trois principaux canaux, à savoir les dépenses d’investissement, les
dépenses de fonctionnement et le service de la dette extérieure :
18
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
terme, leur effet reste négatif mais s’amoindri à -19%. Cet effet négatif est la
conséquence logique du fait que ces dépenses de consommation sont contre-
productives et n’ont aucune rentabilité financière et économique. D’autant plus que
celles-ci se substituent aux dépenses les plus utiles au développement du royaume,
notamment les dépenses d’éducation et de recherche et développement qui ont
stagné durant ces vingt-cinq dernières années. Par ailleurs, si les investissements
publics sont en théorie très bénéfiques à long terme, les résultats de notre modèle
démontrent le contraire. En effet, elles exercent un effet positif mais très limité sur la
croissance économique nationale à court terme. Un effet qui devient négatif à long
terme. Les dépenses d’investissement ont donc augmenté sans efficacité conséquente.
Ceci étant, d’autres facteurs résiduels peuvent être impliqués dans la relation
dette publique et croissance marocaines, parmi lesquels nous citions l’importance des
conditions initiales budgétaires, structurelles et institutionnelles, qui sont malmenées
par des déséquilibres et des défaillances considérables, la non convergence des
politiques publiques axées sur une vision sectorielle et non une vision stratégique et
intégrée, ainsi que les effets de contagion retardés issus des crises et chocs extérieurs,
surtout ceux de l’Union Européenne à laquelle le pays demeure étroitement
dépendant sur le plan économique.
25
Ces limites ont été abordées et détaillées par la Cour des Compte dans son rapport annuel de 2013.
19
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
CONCLUSION
La dette publique marocaine est, tout compte fait, un cadeau empoisonné. Elle
n’a pas financé un effort structuré en faveur des dépenses les plus utiles à la
croissance et à la préparation de l’avenir. Elle a surtout favorisé la mauvaise
gouvernance, le laxisme et la vision courtermiste des gestionnaires publics qui se sont
succédés. En effet, la dette publique a permis au Maroc de vivre largement en dessus
de ses moyens, et l’obsession du retour aux équilibres lui a fait oublier de guérir les
véritables maux de sa société qu’il a considérés comme secondaires, et de palier aux
menaçantes fragilités de son économie, qu’il a laissées entre les mains d’une
conjoncture des plus incertaines.
20
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
BIBLIOGRAPHIE
- Agenor, Pierre et Aynaoui, Karim (2015) Maroc : Stratégie de croissance à l’horizon 2020
dans un environnement international en mutation. Rabat : OCP Policy Center.
- Aghion et Howitt (2000) Théorie de la croissance endogène. Editions Dunod.
- Agourram, Abdeljalil et Belal Aziz (1970) L’économie marocaine depuis l’indépendance. .
- Amable, Bruno et Guellec, Dominique (1992) Un panorama des théories de la croissance
endogène. Revue de l'économie politique, n° 3.
- Attali, Jacques (2010) Tous ruinés dans dix ans ? Dette publique : la dernière chance.
Editions Fayard.
- Banque Africaine de Développement, Gouvernement du Maroc et Millenium Challenge
Corporation (2015) Diagnostic de croissance du Maroc : Analyse des contraintes à
une croissance large et inclusive.
- Biales, Christian (2013) Choix intertemporels et équivalence ricardienne. Editions
Christian Bialès.
- Millet, Damien (2005) L’Afrique sans dette .Paris : Editions Syllepse.
- Millet, Damien et Toussaint, Eric (2011) 65 Questions/réponses sur la dette publique, la
banque mondiale et le FMI. Liège : Editions CADTM.
- Millet, Damien et Toussaint, Eric (2014) La dette ou la vie. Liège : Editions CADTM.
- Piketty, Thomas (2014) Le capital au XXIème siècle. Paris : Editions Seuil. (Collection Les
livres du nouveau monde).
- Raffinot, Marc (2008) La dette des tiers-monde. Paris : Editions La Découverte.
(Collection Repères).
- Reinhart, Carmen et Rogoff, Keneth (2011) A decade of debt, NBED working paper series.
- Ricardo, David (1817) Principe de l’économie politique et de l’impôt. Paris : Calmann Levy,
Chp VII.
- Ajili, Wissem (2006) La gestion de la dette publique selon les approches économique,
institutionnelle et financière : Application à une petite économie en développement,
la Tunisie. Thèse de doctorat : Université Paris Dauphine.
- Akesbi, Najib (2013) Le modèle de développement de l’économie marocaine : Est-il
porteur d’émergence ?. Conférence à l’HEM Rabat, 46 Janvier.
- Akesbi, Najib (2013) Crise de la dette publique : le Maroc est-il à l’abri », Conférence à
l’HEM Rabat, 46 Janvier.
- Alder et Thieliant (2011) Dettes nationales et croissance économique : théorie et
empirisme. Revue de politique économique, La vie économique, Paris.
- Barro, Robert (1989) The Ricardian approach To Budget Deficits . The Journal of
Economics Persectives, vol 3, n°2.
21
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
RAPPORTS :
- Bank Al Maghrib (2015) Rapport annuel 2014, n° de Juillet.
- Bank Al Maghrib (2015) Rapport sur la politique monétaire, n° 34, Mars.
- Bank Al Maghrib (2015) Revue mensuelle de la conjoncture économique, monétaire et
financière, n° de Mai.
- Bank Al Maghrib, CDVM et DAPS (2014) Revue de la stabilité financière 2013.
- Banque de France (2012) Dette publique, politique monétaire et stabilité financière.
Revue de la stabilité financière, Eurosystème, n°16, Avril.
- Banque mondiale et FMI (2003) Guidelines for Public Debt Management.
- BOUSSAID Mohamed (2014) Point de presse de monsieur le ministre sur la dette
publique . Ministère des finances, Royaume du Maroc, 20 juin.
- COFACE (2015) Maroc : le pari de l’émergence ? », Publication économiques du groupe
COFACE, n° de Mai.
- Cour des comptes (2013) Rapport annuel : 2012. Royaume du Maroc.
- DTFE (2015) Rapport accompagnant le PLDF 2015 – Synthèse de la dette publique 2013.
- DTFE (2015) Tableau de bord annuel des indicateurs macroéconomique.
22
L’IMPACT ECONOMIQUE DE LA DETTE PUBLIQUE MAROCAINE : ENTRE ASPIRATIONS ET REALITE
BASES DE DONNEES :
- Base de donnée du Ministère de l’économie et des Finances “MANAR”
- Perspectives monde, Sherbrook University
23