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LITTÉF'1I.

TIJRE GRECQIJE

I{ISTO IRE

DT LA GI] TRRT
DU pÉl,oPolÈsn
DD T}IUCYDIDE

TRADUCTIOII T{(1UVELLE

AVEC UNE INTRODUCTION ET DES NOTES

PAR E.-À. nÉrntr


. DIREcrriuR DU cyMltÀsli DE cËNÈvE

PARIS
LIBRÀIRI!] DE t. IIACHETTE ET 0i",
BouLEvÀRD SÀINT-GERM^rN, No 77

t 863
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HISTOIRE
DE LA GUERRE
DU PÉLoPoNÈsu

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PARIS. IMPRIMERIE DE CH. LAHURE llT C'"
- Rue de Fleurus, 9
HISTOIRI]

DE LA GT] TRRT
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DT] PELOPONÈSE
DE THUCYDIDE

TRADUCTIOlI I{llUVELLE
AYEC UNE INTRODTTCTION ET DES NOTES

PAR E.-À. BÉTANT


DtRECTDUn DU CYMN^SE DE C ENr-:VE

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LIBRÀIRIE DE L. HACHETTE ET C" ' tt'

BOULEVÀRD SAINT-ûERMAIN, NO ?7 It
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A tA MÉMOIRE

DB J. CAPODISTRIAS
pnÉsronwr DE ll cnÈcu

RETIGIEUX HOMMÀGE

DE SON ANCIEN' SECRÉTAIRE

TllucyoD'Ê,
{

.i

NOTICE BIOûRAPHIQUE.

Lesseu]srenseignementscertainsqueDouspossêdionssurlaper.
se tirent de que\ues passages de son livre' Les
ro"". ït iftucydiie
"qui -notamment
il; Jooné.. se rencontrent ie .i tl, dans les deux
biocraphies, dont I'une est attribuée à lllarcellinus et
l'autre est ano-
;;;i;;;'dil;; da1. trop récenre pour avoir beaucoup d'auroriré.
6ffi,';;;i;., dans des'détails d,un intérêt secondaire, nous bor-
essentielles de lavie
nerons-nous à rapporter les circonstances les plus
;; i;6Àd", duitu" qui ont eu quelque influenoe sur sa carrière
d'historien.
comme
Thucvditle s'est nommé en plusieurs endroits de son ouYraget
,,iiuît-"rîi"i q". i.titre nà se perdlr. En têre du livre, it prend lail
illi;é d-;;it;y;* dâthènes; unË seule rois
Jt'iv, l]-1.,:l1l'crv)'
se cite lui-
iioute à son nôm ..tri Or soh père Oloros I c'est lorsqu'il
mê.e en qualité de fonctionuaire public'
- Tous les témoignages ,te t'antiquité s'accordent à représenter Thu-
.vaia.commeap-partenantparsanaissanceà]afamil|edeMiltiadeetem'
dË cimon. I.e nom même àe sotr père oloros semble
avoir été
;;r;6t;.; ancien roi de Thrace dont Miltiade devint le gendre dans
ï" i..pt où il gouvernait la Chersonèse pour Ie compte des À-théniens'
iiuir nïràiaeg"rê Thucydide était-il parônt du vainqueurde Marathon,
o'est
- ce que aucun autzur n'a eu ie ioin de nous apprend-re'-
épousa une
ielon î{arcellinus et le biographe anonyme, Thucydide
de Scapté-Hyie, ttotàee Hogesip-yte' comme la mère de Ci-
femme
mon. Il tlut à cette allianee les fameusei"otintt
d'or qu'il-posséd'ait
.rr;ïnro.u, et dont ii fait merrtion au Livre IV, chap' cv' Thucydide
if;;;i,'ne parle que tle I'exploitarion.et non de la propriété de ces
les Àthé-
minesl or, colnme dËfuis la conquète de I'tle cle Thasos'
oiàoll'eiui*nt rendus maîtres dei mines du mont Pangéer on
peut
rv NOTICE BIOSRAPHIQUE.

aussi bien crorre que Thucydide n'en était que le fermier. Àu surplus
ce détail a peu d'importance;oe qui n'est pas douteux, c'est que notre
auteur possédait une fortune considérable, qui lui assurait à la fois
I'indépendance nécessaire à I'exécution d.'un immense travail et les
moyens de se livrer à la plus vaste enquête, en pecueillant à grands frais
les matfriaux dont il avait besoin.
Pour ce qui est de son âge, Ia seule chose que Thucydide nous ap.
prenne est qu'il assista à toute la durée de la guerre du Péloponèse,
en pleine possession de toutes ses facultés (Liv. Y, chap. xxu). Selou
Marcellinus, il avait plus de cinquante ans lorsqu'il mourut I or' comme
cette mort est certainementpostérieure à la prise d'ethènes, ilfaudrait
admettre qu'au début des hostilités il avait à peine vingt-quatre ans,
ce qui ne stallie guère avec I'expérience politique et la sûreté de coup
d'æil qu'il s'attribue dès lespremières lignes de son histoire.
Aulu-Gelle (XV, xxttt) nous fournit une irrdication plus précise
et beaucoup plus probable. Il I'emprunte à Pamphila, dame romaine
qui vivait du temps de Néron , et qui avait recueilli un grand
nornbre de documents chronblogiques. c Les historiens Hellanicos,
Hérodote et Thucydide, disait-elle, fleurirent à peu près à Ia même
époque; en effet, au commencement de la guerre du Péloponèse, Hel-
Iànicos pouvait avoir soixante-cinq ans, Hérodote cinquanle-trois et
Thucydide quarante. > La naissance de ce dernier serait donc reportée
à I'an 471 av. J. C., date qui s'accorCe bien mieux que la précédente
avec les passages ci-dessus indiqués.
Nous savons peu de chose sur la jeunesse de Thucydide. Tout le
monde connaît la gracieuse anecdote qui nous ie montre assistant avec
son père à une lecture publique faite par Hérodote, et révélant sa
future vocation par des larmes d'enthousiasme et d'envie. Ce trait de
l'enfance de Thucytlide a été mis en doute. On objecle en premier
lieu qu'il ne s'appuie que sur des témoignages très-modetttes,Ies
seuls auteurs qui Ie rapportent étant Marcellinus, Suidas et Photius;
ensecoud lieu, qu'il implique un anachronisme. S'il est vrai qu'Hé'
rotlote ait lu des fragments de son histoire à Olympie ou à Athènes,
ce fait doit être nécessairement antérieur à I'an 444, oir iI quitta la
Grèce pour allcr s'établir à Thurii; nous avons d'ailleurs le témoignage
formef de Ia chronique d'Iiusèbe, qui fixe cette lecture à I'an 446 av.
J. C. Or, àcette époque, Thucydide n'était plus un enfatltl il avait au
moins vingt-cinq ans, d'aprèsladate que Pamphila assigneàsanais-
sance. linfin cette anecdote serait fort peu en harmonie avec le carac-
tère historique des deux écrivains. Loirt d'être un admirateur d'Héro-
dote, Thucydide ne Ie nomme pas tnôme; il critique ouvertement sa
méthode, et ne perd aucune occasion de relever ses erreurs' A Ia vé-
rité, cette dernière objection n'est pas sans réplique; uue admiration
juvénile excitée piir une première audition pouvant très-bien se con-
cilier avec un jugement plus sévère dicté plus tard par la réflexion e[
la maturité.
\1.
0n a également contesté une autre assertion de Marcellinus, d'après

ri

i
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Y
laquelle Thucydide aurait étudié Ia philosophie sous Anaxagoras et
l'éloquence sous Àntiphon. En soi, le fait n'a rien d'improbable. Ces
deux hommes éminents furent Ies contemporains et les aînés d'e Thu-
cydide, et ils eurent trop d'ascendant surla jeunesse athénienne pour
qu'un esprit aussi investigateur que le sien ait pu ignorer leurs doc-
tiines ou échapper à leur actionl d'un autre côté I'opinion qui place
Thucydide à leur école peut très-bien s'être formée après coupr_ et
n'être qu'une simple irrduction tirée de la lecture de son histoire. Thu-
cydide ne cite nulle part Ânaxagorasl mais, dans ses explications des
phénomènes de la nature, iI manrfeste une telle indépendance de ju-
gement, un si grand éloignement des préjrrgés populaires, qu'on est
portê à voir en lui un disciple du philosophe spiritualiste, dont la
pensée s'éleva avec tant de hardiesse au-dessus des vieilles supersti-
iions. Pour ce qui est d'Antiphon, il n'est pâs irnpossible qu'on I'ait
clonné pour maître à Thucydide uniquement à cause du magnifique
éloge que ceiui-ci fait de cet orateur. Tout bien considéré, nous
sommes donc réduits aux conjeotures sur la manière dont Thucydide
passa les meilleures annêes de sa jeunesse I mais ce qui est hors de
ôontestation, c'est que ces années coincidèrent avec l'époque Ia plus
brillaute de I'histoire d'Athènes. Alors sous la conduite de Cimon, cetle
ville établissait au dehors son empire; puis sous I'administration
royale de Périclès, elle acquérait ce merveilleux développement inté-
rieur quilui a valu I'admiration des siècles. Assurémentr ollne s1urAit
imagintr un milieu plus farorable à I'éclosion d'utt grand génie.
Illst naturel de se demander quel était, d'entre les pattis qui divi-
saient Athènes, cetui que Thucydide préférait' Sa naissance et sa for-
tune font assez naturellement supposel qu iI inclinait vers l'aristo-
cratie; cela est d'autant plus probable qu'il avait personnellement à
se plaindre d'une démocratie sans frein. Cependant malgré les torts
de ies concitoyets envers lui, il ne laisse percer aucune amertume indi'
viduelle. S'il jette du blâme sur les partis, c'est seulement pâI crainte
des dangers qu'its font courir à la République. Pour lui, toujours dé-
voué à la patrie, il ne cesse pas de I'aimer et de la défendre , quelle
que soit ta forme cle son gouYernement. Ce n'est pas à dire qu'il soit
iudifférent à toute espÈce de pacte politique; dans un passage signi-
ficatif (Liv. VIII, cha!. xcvrr), il énonce clairement son opinion à cet
égard. Âthènes venaii d'échapper à une crise réactionnaire, et s'était
donné un régime sagement potrdéré. Thucydide ne dissimule pas sa
sympathie pour cette constitution équilibrée, qui tenait la halance
égalé entre les divers éIéments de l'État : G C'était' dit-ilr un heu-
rôux mélange d'aristocratie et de démocratie; jamais de mon vivant
les Àthéniens ne furent mieux gouvernés. ,
Du reste ce n'est pas dans Thucydide gu'il fautcherclrer I'exposition
complète d'un système politique. Il évite avec soin tout ce gui res-
semble au dogmatisme, aux formules générales et qentencieuses, à ce
que nous appellerions des professions de foi; il veut que du simple
ê^noncé dei-faits naisse la déduction des théories; en tln mot, il
vr NoÎICE BIOGRAPHIQUE.
aspire à instruire sans avoir I'air d'enseigner. Il n'est $uère plus er-
plicite sur les circonstances de sa vie active. S'il parle de lui, c'estlors-
qu'il ne peut s'en dispenser ou qu'il y voit un moyen d'inspirer plus
de confiance à ses lecteurs. Ainsi (Liv. II, chap. xlvur), à I'occasion
de la peste qui sévit à Athènes dans la deuxième année de la guerre,
ilnous apprendqu'ii fut atteint lui-même, qu'il vit souffrir d'autres
personDes, et put ainsi étudier de près la marche du fléau.
Dans la huitième année de la guerre (tr24 av. J. C.), Thucydide'fut
nommé I'un desdix genéraux d'Athènes et envoyé sur le littoral de la
Thrace &yec une escadre de sept vaisseaux. Il se trouvait dans le port
de Thasos, lorsque Amphipotis, coionie athénienne, fut attaquée à
I'improviste par le Spartiate Brasidas. Thucydide, mandé par son col-
lègue Euolès, accourut avec toute la célérité possrble; mais il ne put
prévenir la reddition de la place et se contenta de conserver aux Athé-
niens la ville malitime d'Éïon (Liv. IY, chap. crv-cvtI).
Ce contre-iemps eut pour lui les suites les plus graYes. Irrités de Ia
perte d'Àmphipolis, Ies Àthéniens condamnèrent Thucydide comme
ôoupable de trahison. D'après la loi, ce crime était puni de mort I toute-
fois, Thucydide ne parle que d'un exil de vingt années (Liv. V, ch. xxvi)
et, suivaut Pausanias., Ia sentence qui le frappait fut révoquéeaprès
cet intervalle sur Ia proposition de I'orateur Gnobios (['ausan., I, xxrtt].
Ici se rencontre une difliculté historique. Suivant les propres indi-
cations de Thucydide, la fln de son exil fut postérieure à la prise
d'Athènes par Lysandre (-Liv. V, chap. xxvl ); or on sait gu'un
des premiers actes du vainqueur à cette époque fut le rappel des exilès
(Xénophon, Hel,Iéniques, II, rr, 23). Comment donc se fait-il que
Thucydide n'ait pas été compris dans cette mesure générale, et que
les portes de sa patrie ne lui aient été rouvertes que par un décret
partlculier? Pour résoudre ce problème, il faudrait supposer que Thu-
cydide accusé de trahison, fut condamné à mort cortformément à la
loi athénienrrel mais que, prévoyant ce dénotment, il se garda de
revenir à e.thènes après son écheo d'Amphipolis et convertit lui-même
la sentence capitale en bannissement perpétuel. Dès lors il n'était pas
dans la catégorie des simples exilés, et se trouvait par conséquent
exclu de la proclamation de Lysaudre.
Quelle que soit, à cet égard, I'opinion qu'on préfère, il est con-
stant que Thucydide passa vingt années loin de son pays natal. Ce-
'pendant, pour lui comme pour tant d'autres illustres victimes des vi-
cissitudes politiques, I'exil servit la cause de la postérité, en faisant
tourner à l'éternel honneur de I'intelligence humaine les admirables
facultés qu'il erit peut-être dépensées tlans les luttes du moment.
Lors même que ses biographes ne I'aflirmeraient pas ffune manière
positive, on présumerait sans peine que Thucydide passa la majeure
partie de son exil dans son domaine de Scapté-Hylé, où iI trouvait
le calme indispensable à l'exécution du grand ouvrage qu'il avait conçu.
Peut-être cet éioignement prolongé du centre des événements con-
tribua-t-il à augmenter en lui cette sérénité impartiale avec laquelle il
NOTICE BIOçRAPHTQUE. VIr
les a jugés. frans cette retraite opulente, il recueillait les documents
alors si difficiles à se procurer; il interrogeait les témoins oculaires,
et se livrait à ce travail opiniâtre de rédaction dont, plus qu'aucun
autre, son livre porte les traces. Longtemps après la mort de Thucy-
dide, latradition populaire montrait, dans les environs de Scapté-Ilylé,
un platane vénératrle, à I'ombre duquel il aimait à composer.
Thucydide nous apprend qu'iI consacra une partie de ses loisirs à
visiter les principaux endroits du théâtre de la guerre, et que son ca-
ractère de proscrit lui ouvrit les pays de I'alliance péloponésienne. Au
défaut de son témoignage, nous en aurions une preuve sulfisante dans
I'exactitude minutieuse de ses descriptions de lieux. Qui pourrait s,i-
maginer, par exemple, que J.a topographie de la Sicile, surtout des
environs tle Syracuse, ne soit pas de première main? Cette obser-
vation n'est pas nouvellel déjà l'iristorien Timée s'en autorisait pour
soutenir que Thucytiide avait habité i'Italie, et même qu'il y avait fini
ses jours.
Il régnait chez les anciens une grande obscurité sur le lieu et sur I'é-
poque de la mort de Thucydide. On croyait généralemênt c1u'il avait
été victime d'un assassinatl mais les uns, comme Marcetiinus pla-
caient cet événement à Àthènesl d'autres, comme Plutarque, à
Scapté-Hylé en Thracel enfin selon Pausanias, il aurait pér'i pendant
son retour de I'exil. En présence de ces versions contradictoires, si l,on
ne veut se jeter tlans les hypothèses, il faut renoucer â démêlerla vé-
rité. La seule chose avérée, c'est que I'hucydide fut enterré dans le
sépulcre de la famille de Cimon, qui était Ia sienne. plutarque et
Pausanias affirment gue son tombeau se voyait encore de leur temps,
sur le chemin d'Athènes au Pirée, avec I'inscription : Ci-git Thucy-
did,e,lil,s d,'Oloros, d,u dême d'Halimuse.
Cette mort inopinée explique fort naturellement I'état d'imperfec-
tion relative oir le dernier Iivre de son histoire nous est parvenu. Il
s'arrête brusquement à la vingt et unième année de la guerre, c;uoi-
que I'auteur eût annoncé (Liv. V, chap. xxvr) qu'il conduirait son
récit jusqu'au moment où les Lacédémoniens renversèrent Ia domi-
nation d'Àthènes en s'emparant du Pirée et des longs murs. Appa-
remment Thucydide avait I'intention d'ajouter un neuviëme livre à
ceuxqui nous restent, et de compléter ainsi le nombre consacré par
les Musesd'Hérodote. Il en avait sans doute rassemblé les matériaux;
aussi a-t-il pu parler de son histoire comme d'un tout entièrement
achevé, bien gue la perfection même qu'il désirait donner à son ou-
vrage ne lui art pas laissé le temps d'y mettre la dernière main.
Il n'entre pas dans le cadre étroit que je me suis tracé d'appré-
cier littérairement I'histoire de Thucydide, d'analyser la mérhode
qu'il a suivie et de montrer avec quelles dispositions d'esprit il de-
mande à être lu. Plusieurs écrivainsfrançais ont fait cette étude d'une
manière à peu près complète; qu'il me suffise d'en indiquer ies prin-
crpaux.
NI. Daunut, a consacré à Thucydide Ie dixième volume de son cours
tIIl NOTICE BrOGRÂPHTQUE.
d'études historigues, ainsi qu,un article inséré dans la biographie de
Michaud. MM. Diilot, 2 doort, et Ri ll,iet ont pracé d.'intéressanles ïotices
en tête de leurs traductions. fuL Piemon a traité sommairement le
même sujet dans son histoire de la littérature grecque. Enfin ù1. Girard,
a publié sur Thucydide un essai remarquable récemment couronné
par I'Institut.
HI STO IRE
DE tÀ GI]ERRE

DT] PTLOPO}TESE.

TIVRE I.
Iutt'otluclion. L'auteur passe el) revus lgs temps primitifs de la Gr'èce,
afin de prouver que lâ guerre du Péloponèse a surpassé en impor-
tance toutes les guerres qui avaient précédé, chap. r-xrx. But qu'il
s'est proposé dans la rédaction rle son ouvrâge; méthode et moyens
r1u'il a employés lour y parlenir, chap. xx-xxrrr. Epidamne et
Potidée. Ér'énements qui provoqui:rent Ia guerre -du Péloponèse.
-\ffaire d'Épidamne; guerre entre Corcyre et Corinthel premier
combat naval, chap. xxrv-xxxr. Les Corcyréens obtiennent I'alliance
tl'Athènes. Discours des Corcyréens etdes Corinthiens, chlp. xxxu-
xr,rrr. Seconrlcombat naval entre les Corcyréens et les Corinthiens;
fin de la guerre de Corcyre, chap. xi.rv-Lv. Défection de Potidée;
combat livrt! sous lcs murs de cette ville et siége commencé par
les Athéniens, chap. Lvr-Lxvr. Les Lacétlémohiens, dans leur as-
semblée ordinaire, déclarent que le traité avec Athènes e-ct rompu.
Discours des Corinthiens, rles Athéniens, d'Archidamos et de Sthé-
nélaïdps, chap. r,xvlr-Lxrxylr.
- Les ci,rtquante ans. Digression sur
la période écoulée entre ies guerres médiques et celie du Pélo-
ponèse. Progrès de la puissance des Athéniens; origirre et condi-
tions de leur empire, chap. Lxxxytrr-cxv nr.
'.Les
Laçédémoniens convoquent une assemblée - Préparatifs cle guerre.
générale de leurs
alliés, et conviennent avec eux de déclarcr la guerre aux Athé-
niens. Discours des Corinthiens, chap. cxrx-cxxv. Plaintes et ré-
crirninations réciproques des Lacédémoniens et des Atliéniens. Con'
juration de Cyloni sacrilége à expier, chap. cxxvr-cxxvrr. Trahi-
son et mort tle Pausanias, chap. cxxvrrr-cxxxrv. Exil et fin de I'hé-
mistocle , chap. cxxxv-cxïxvrrr. Ultimatum des Lacédémoniens ,
chap. cxxxrx. Les Athéniens se décident à la guerre. Discours de
I'ériclès. chap. cxr.-cxl,vl.

I. Thucydide, eitoyen d'Athènes, a écrit I'histoire de la


suerre que se sont faite les Pdloponésiens et les Athéniens.
TuLctLrtrr. I
2 GUERRE DU PÉtoPoNESE.

I1 s'est mis à l'æuvre dès le début ile cette guerre, en présu-


mant qu'elle surpasserait en grandeur et en importance toutes
celles qui ont précédd. Ce qui le lui faisait croire, c'est que
ces deux nations dtaient alors au faîte de leur puissance, et
qu'il voyait le reste des Grecs ou prendre parti dès I'origine
pour l'une ou pour ltautre, ou en former le projet. Ctest en
effet le plus vaste 'conflit qui ait jamais ébranlé la Grèce, une
partie tles pays barbares et, pour ainsi dire, le monde entier.
La distance des temps ne permet pas de discerner bien clai-
rement les événements antérieurs ou d'une époque plus re-
culée; néanmoins, d'après les intlices que mes investigations
m'ont mis à même cle recueillir en rernontant jusqu'à la plus
haute antiquité, j'ai lieu de'croire que ces événements furent
peu considérables sous le rapport militaire, comme à tout autre.
égard.
II. Le pays qui porte aujourtl'hui le nom cle Grèce, ne fut pas
primitivement habité d'une manière stable, mais il fut le théâ-
tre de fréquentes migrations. On abanclonnait sans peine ses de-
meures, pour faire place à de noureaux flots d'arrivants. Comme
il n'y avait aucun comm€rce, aucune communication assurée ni
par terre ni par mer; que chacun exploitait le sol uniquement
tlans la mesure de ses besoins, sans penser à s'enrichir, sans
même faire rle plantations (car avec des vilies ouvertes, on ne
savait jamais si les récoltes ne seraient pas enlevées par rles
ravisseurs étrangers); enfin, comme orr espérait trouver partout
la subsistance jourrialière, on émïgrait sans difficulté. Aussi
la Grèce n'avait-elle ni grandes villes , ni aucun des éléments
essentiels de la puissance. La meilleure terre était celle qui
changeait le plus souvent de maîtres : parexemple la Thessalie'
et ]a Béotie actuelles e, Ia majeure partie d.u Péloponèse, à la
réserve de I'Arcadie ô, et en général les cantons les plus fertiles.
Ctest que la richesse du sol, en accroissant, les forces de quel-
ques individus, donnait naissance à des dissensions qui ruinaient
le pays, plus exposé d'ailleurs à la convoitise des étrangers.
Yoilà pourquoi l'Attique, préservée des fact jons par son inferti-
litd, a toujours eu les mêmes habitants depuisl'antiquité laplus
reculée. Et ce qui prouve combien jlai raison de clire que les
migrations crintinuelles empêchèrent les autres contrées de
prendre un semblable développement, c'est que, dans tout le
reste de Ia Grèce, les plus puissants de ceux que chassaient les
guerres ou les séditions se retirèrent à Athènes, comme en un
asile assurér. T)evenus oitoyeus, ils augnrentèrent, à cl'anciennes
LIYRE I.
dpoques, la population de cette ville, au point que dans la suite
elle fut en état d'envoyer des colonies en lonie, I'Attique ne
pouvant plus suffire à ses habitantss.
III. Ce qui achève de'me démontrer la faiblesse de l,ancienne
Q1èc.e,
c'est qu'avant la guerre de Troie on ne voit pas qu'elle
ait rien entrepris en commun. Je crois même qu'elreïe portait
pas encore tout entière le nom d'Ilellust, mais qu'avant Hellen,
fils de Deucalion, ce nom était complétement inconnu. Chaque
peuplade, et la plus étendue était celle des pélasges, donnait
son propre nom au sol qu'elle occupait. Mais lorsque I{eIIen et
ses fils furent devenus puissants en phthioticler et que diverses
villes commencèrent à les appeler à leur aide, alori, par I'efïet
de ces relations journalières, Ie'om d'Heiiènes se prôpagea de
plus en plus, bien que de longtemps il ne ptt pievitoir.. t.a
preuve en est dans Ilomère : quoique ce poête soit bien posté_
rieur à la guerre de Troie", nulle part il ne donne aux Grecs
un nom collectif I il n'appelle lIellènes que les sordats tl'achille,
yenus de Phthiotide, et les seuls à qui cette qualification
ap-
partînt primitivenientl mais il spécilie dans ses vers les Da-
naensJ les Argiens et les Achéens. Il n'emploie pas non plus le
nom de Barbares, sans doute parce que les Grecs ne se âirtin-
guaient pas encore par une dénoruination commune, en oppo-
sition aux autres peuples. Quoi qu'il en soit, ces llellénes, àônt
le nom, borné d'abord à guelquàs peuplades par)a't le même
luoglgu-, s'dtendit plus tard à toute la nation, ne firent, grâce à i
Ieur isolemenI ef à ]eur faiblesse, aucune entreprise commune
ayant la guerre de Troie; enc.re ne se 'réuirirent-ils pour {
_cette expédition que lorsqu'ils furent plus familiarisés avec
la mer.
IY. D'après la tradition, Minos est le plus ancien roi qui se soit
crié une marinet. II étendit son empire sur la prui grande I
partie de la mer présentement appelée Grecque. Ii domùa sur i

les cyclades, coionisa Ie premiei ia plupart d'. .*, îles, dont ir


chassa-les Cariens, et oir lt établrt pôur chefs,u, proprrs fils;
ennn ll purgea cette mer, autant qu'il le put, de la piraterie,
afin de s'assurer le recouvremrnt dès tlibuis. '
Y. Jadis les Grecs et ceur des Barbares qui habitaient les -. ;

îles ou les côtes du continent, ne surent pus pius tôt communi#'


quer entre eux à I'aide de vaisseaux, que, guidés par des I
hommes puissants, ils se mirent à exercer'la piiaterie,'autant
pourleur gain particulier, que pour procuter de la nourriture
aux faibles. Fondant à I'improyiste sur des villes ouyertes,
:

4 GUERRE DU PÉtoPoNÈsE.
composées de bourgades séparées, ils les pillaient et tiraient
tle 1à leur principale subsistance. cette industrie. loin tl'être
ignominieuie, ptô.orait. plutôt de I'honneur; témoin certains
p"euples continôntaux qui, encore aujourd'hui, se fontgloire d'y
à*.Ëlt.t; témoin encorà lesanciens poêtes qui ne manquent jir-
mais de'faire demander à ceux qui abordent, s'ils sont des pi-
ratest, montrant ainsi que les hommes auxquels cette question
est adressée nc désavouent pas un tel métier, et qu'elle n'est
point injurieuse ile la part de ceux qui ont leLrrs raisons pour
Ia faire.
Même sur terre on se pillait réciproquement. De nos jours
ellcore, plusieurs peuples,de la Grèce continentale, tels que
les Locriens-6zoles, les Etoliens, les Âcarnaniens et presque
tous leurs voisins, conseryent ces anciennes mceurs.I,'habitude
t1u'ils ont d'aller toujours armés est un reste de I'antique bri-
gandage.
' YI.
-Toute
la Grèce portait le fer, parce que les habitations
itaient sans défense et les communications peu sûres; jusque
dans la vie privée on imitait les Barbares, qui ne quittent jamais
leurs armes. L.s contrées de la Grèce ou cette coutume s'est
maintenue jusqu'à ce jour, prouvent qu'autrefois elle était gé-
ntlrale.
Les Athéniens furent les premiers ir déposer le fer, pour
atlopter des mæ'urs pius douces et plus polies. ll n'y a pas
I longtemps que, chez eux, Ies vieiljards de la classe aisée ont
I renàncé-auiux" de.s trrniques de iin et des cigalcs d'or dont ils
) relevaient le næud de leur chevelure r; usage qui s'est trans-
mis aux vieillards ioniens, à cause de I'affinité des deux peu-
pies. Les premiers rlui prirent un costume simple et tel à peu
Jrrès qu'on Ie porte aujourd'hui, furenb les Lacédémoniense;
à

I
cet dgurd, comnle dans toute leur manière de vivre , les plus
richei d'eltre eux ne se distinguèrelt pas de 1a multitude. Ils
furent aussi les premiers à sc dépouillcr du leurs vètements
clans les exercices pubiics, pour se montrer nus et frottés
d'huile. Autrefois, dans les jeux 011'rnpiques, Ies athlètes lut-
taient les rtlins cntourrjs d'une ceinture., et it y a peu d'années
flird cette habitude a ccssé; actueilement cncol'e, chez certains
,Ç,eupt.t barbares, surtout en Asie, on propgse des prix de lutte
fiit a* pugilat, et les cornbattants portent des ceintures. Ce n'e'st
pas le seui exemple par lequel on pourrait prouver que la Grèce
àncienne avait des mcetlr's assez conformes à celles des Barbares
de nos iours.
.
LIVRE I. 5r

VII. Les vilies fondécs plus rdcemment, à une dpoque ou la


navigation étaib plus sùre et la richesse plus générale, fureut
construites au bord de lamer et environnées de remparts;elles
occupèrent les isthmes, pour mieux assurer leur comnrerce et
être pius fortes contre leurs voisins. Au cor:traire, comme la
piraterie se maintint pendant de iongues années, les villes an-
ciennes, soit dans les îles, soit sur Ie continent, s'étaient bâties
à distance de la mer : car les pirates se pillaient en[re eux et
ddsolaient les peuples qui, sans être marins, habitaient les
côtes; c'es[ pour cela que nous vr]yons bon nombre de viiles
situées loin de la mer.
VIII. La piraterie n'était pas moins en honneur chez les insu-
laires, Cariens et Phtiniciens, race d'hornmes qrri colonisa jad.is
la plupart des îlcs, comme l'atteste le fait suivant : lorsque,
dans la guerre actuelle, Délos fut purifiée parles Athéniensa, et
que toutes les tombes qui s'y trouvaient furent è,glevées, on
constata que plus de la moitié appartenaient.à ded€ariens, à
en jugel par la forme des armes qu'elIés renfermaient, et par
la manière dont, encore aujourd'hui , ce peuple enterre les
morts e.
Quand la marine cle Minos fut organisée, Ia navigation devint
plus libre; il expulsa des lles les pirates qui les infestaient, et
établit des colonies dans la plupart d'entrà ellcs. Dès lors les
habitants des côtes commencèrent à s'errnchir et à posséder des
hebitations moins précaires; quelques-uns rnême, clônt l'aisanee
s'él,ait accrue, clrvironnèrent leurs villes de remparts. L,intérêt
engagea les faibles à accepter la domination dei forts, el les
plus puissants s'aidèrcnt de leurs richesses pour assujettir les
petites cités. Tel était I'dtat de la Grèce , lorsque plus :[ard elle
fit I'expédition de Troie.
-.
IX. Si Agamemnon parvint à rassembler une flotte, ce fut
bien plutQt, à mon avis, grâce à la supériorité rle ses forces
gu'en vertu des serments prêtés à Tyndâre par les prétendants
d'Helèner. Ceux qui ont recueilli sur le péloponèsê les tradi-
tions les plus vraisemblables assurent que ce fut au moyen des
trdsors apportés d'Âsie chez des populations indigentes, que
Pélops établit son autorité parmi elles et, quoique dtranger,
donna son nom au paysx. Ses lils virent encoie s,àccroître ieur.
p_uissance. A\-ant de partir pour l'Attique, ou il fut tué par les
Iléraclidess, Eurysthée avait conûé ie gouvernement de Mycè-
nes et tout son royâume à son oncle maternel Atrée, exilé par
son père à cause du rneurtre de Chrysippos a. Corrrme Eurysthde
6 cUERRE DU pÉLoporcÈsr.
ne revint pas, Atrée accepté par les Mycéniens, gui reclou-
taient les Héraclicles , fort d'ailleurs de son crédii ,i du l, fu-
veur p.opulaire qu'il avait su gagner, prit en mains la souve-
raineté de l\{ycènes de tous les peuples qu'Eurysthée avait
eus pour sujets. Dès -et
lorslespélopides effacèrent lesâescenilants
de Persée.
Héritier de cet empire et possesseur d'une marine plus consi-
dérable que celle des autres princes, Agamemoon ,lot à la
crainte, .plutôt qu'à. la comprafuance, de -pouvoir rassembrer
I'expédition. c'est lui qui arma Ie plus grand nombre de navi-
res;.il en fournit même aux Arcadiens, sril faut s,en rapporter
au témoignage d'Homère(a). Dans la transmission du sceptre,
ce
poëte dit encore de iui (ô):
Il régnait sur des îres nombreuses et sur tout le pays d'Argos.

Habitant le continent , s'il n'avait pas eu de marine, res


seules lles sur lesquelles il aurait po régnu. eussent étd celles
de.son voisinage, ntrturellement pâu noùbreoses. cette
expé-
dition de Troie suffit pour donnôr une idée des temps anté-
rieurs.
x. De.c-e qu9 Mycènes ou tele autre des villes d'alorô paratt
peu considérable aujourd'hui, il ne s'ensuit pas qu'on doive
ré-
voquer en doute I'importance attachée à la guerre de Troie par
l-es poëtes et par la tradition. supposé que iacédémone
devint
déserte-et qu'il n'en restât cl'autres vestiges que les temples
et
les fondements des éclifices publics, la pistérité, penËe, au_
ie
rait bien.d. lu peine à se pelsuader quà la puissânce de cette
ville ait dté à la hauteur de sa réputition. Ei pourtant Lacddé-
mone possède les deux cinquièmes du péloponèse r; elle com_
mande au reste, ainsi qu'à un grand nombre d'alliés audehors;
mais, comme elle ne forme pCs un ensemble, qu'elle ne brillé
pas par l'éclat de ses temples ou de ses monumènts. qurelle
est
composée rl'un amas de viilages à la ma'ière des ânciennes
cités grecques e, elle paraîtrait bien inférieure à sa renommée.
si au contraire Ie même sort atteignait la ville d'Athènes, le
seul aspect de ses ruines ferair présumer que sa puissance était
doubie de ce qu'elle est e{fectivement. ie doute serait donc
mal fonrlé. On doit envisager, non pas tant l,apparence des
villes que leurs forces réelles, et peàser que t'expeclition de
Troie, bien qu'au-dessous des, entreprises qui ont eu lieu par la

Iliade,II,
- (q fbid., II, t0B.
t,a) 176 er 6 t2.
LTVBE I. 7

suite, fut néanmoins plus considérable que toutes celles qui


avaient prdcédé.
s'il faut encore s'en référer sur ce point aux vers d'Homère,
qui, en sa qualité de poëte, a dù nécessairement amplifier et
urb.llir, I'infériorité hont je parle n'en demeure pas moins tlé-
-cents
montrée. Il compte douze vaisseaux, montés, ceux des
Réotiens par ceirt vingt hommes, ceux d.e Philoctète_ par cin-
quante: ce qui est apparemment une manière d''indiquer les
plus grands ei les plus petits; car ce sont les seuls ùont il men-
iionné la force dans le-Catalogue des nauiress. Tous les hom-
mes d'dquipage étaient à la fois soldats et matelots; c'est du
moins .. qù'it donne à entendre en parlant des vaisseaux de
Philoctète, dont il représente les rameurs comme autant d'ar-
chers; d'ailleurs il ntest pas vraisemblable qu'à part les_rois et
les principaux personnages, il y ett à bord beaucoup tle gens
inoccupés-, surtôut quand on se disposait à traverser la grantle
mer, uï.. un at',irail de guerre , sur des bâtiments non pontés
et construits d'après I'ancien système, comme des barques ar-
mées en course. si donc on prend une moyenne entre les plus
grands vaisseaux et les plus petits, on Teconnalt que le nombre
des troupes réunies n'était pas fort considérabler pour une en-
trepriselormée par Ie concours de la Grèce entière{'
Xl. C'Otait moint Ie manque d'hommes que le manque d'ar-
gent qui en était la cause. Faute il'approvisionnements, on n'a-
mena qutune armée médiocre, proportionnée aux ressources que
I'on espérait trouver sur le territoire ennemi. Arrivés devant
|
Troie et vainqueurs dans un premier combat (autrement ils -

û'auraient pu s'établir dans un camp retranché). les Grecs n'u-


sèrent pas même alors de la totalité de leurs forces; mais la
nécessiié de se procurerdes vivres les contraignit de cultiverla
Chersonèse et Àe courir le pays. Leur dispersion permit aur
Troyens de tenir tête à ceux qui se succédaient autour d.e leurs
muis et d'end.urer un siége de dix anndes. Si au contraire les
Grecs fussent partis bien approvisionnés, et que, sans recourir
au brigandage et à I'agriculture, ils eussent poussé la guerre
avec v-igueui, nul douie qu'ils n'eussent emporté la ville, puis-
que, toul disséminés qu'ils étaient et n'ayant devant Troie qu'une
partie de leur monde, ils ne laissèrent pas de se maintenit' Fo
i'assidgeant avec plus de suite, ils I'auraient prise en moins de
temps et aveo moins de difficulté.
Ciest ainsi que, faute d'argent, les entreprises antérieures à
cette expédition n'eurent qu'une faible importance, et que, à
8 GUERRE DU PÉLoPoNÈss.
juger par les faits, la guerre de Troie elle-même, quoique plus
cdlèbre corliparativement, ne réponcl pas à sa renommée et it
I'opinion que les poëtes nous en ont transmise.
XlI. Même après la guerre de Troie, la Grèce vit encore dcs
ddplacements et des migrations qui, en lui ôtant le repos, firent
obstacle à son accroissement. Le r*tour des Grecs après leul
longue absence occaqionnadans beaucoup de villes deitroubtès
et des séditions. Ceux qui en furent victimes allèrent s'dta-
blir aiileurs. Ainsi les Béotiens d'aujourd'hui, chassés d.'Arné
par les Thessaliens soixante ans après la prise de Troie r, se
fllèrent dans le pays appeld maintenant Bdotie et jadis
Cadméide: il y avait déjà dans ce pâys une fraction tlu mêmtr
peuple, qui envoya des guerriers au siége d'llion'. Quatrc-
vingts ans après Ia prise de Troie, les Doriens s'emparèrent du
5.
Péloponèse sous la conduite des Héraclicles Enfin,lorsqu'après
un long intervalle la Grèce, délivrée des migrations, jouit d'utr
repos assuté, eile forma d,es établissements au d.tihors: les
Atbéniens colonisèrent I'Ionie et ia plupart des lles , et les Pélo-
ponésiens, la majerrre partie de I'Italie et de la Sicile, sans
compter quelques établissements dans le reste de la Gr'èce.
Toutes ces colouies sont pos[érieures ir ]a guerre de Troie.
XIII. Cependant Ia puissance et la richesse de la Grèce gran-
clissaient cle jour en jour. A la faveur cle cette prospérité crois-
sante, on vit dans la plupart, des villes s'élever des tyrannies I ir
la place des anciennes royautés héréditaires, dont les privildges
étaient déierminésq. En même temps les Grccs formaient leur
marine et s'adonnaient de plus en plus à la navigation. Les Co-
rinthiens furent, dit-on, les premiers qui, pour les constructiotts
navales, adoptèrent un système analogue à celui d.'aujourd'hui"
C'est à Corinthe que furent construites les premières trirèmc.s
grecquess. On sait aussi que Ie constructeur corinthien Amino-
clès fit pour les Samiens quatre vaisseaux de guerre; or I'ar-
rivée d'Aminoclès à Samos eut lieu précisément trois cents ans
avant la fin de la guerre actuelle (a). Le plus ancien combat naval
dont nous ayons conservé le souvenir est celui que les Corin-
thiens livrèrent aux Corcyréensn tleux cent soixante ans atant
la même époque(b).
Corinthe, par sa position sur I'isthme, fut de bonne heure
une place de commerce. Comme autrefois les Grecs communi-
quaient entre eux plutôb par terre que par mer, c'était cetttr

(a) I.'an 704 ny. J. C. - (r) G64 av. J. C.


LIVRE I. 9
ville qui mettait en rapport les habitants de I'intérieur du
PéIoponèse et ceux du d.ehors; aussi devint-elle très-florissante,
ainsi que I'atteste le surnom ilopulente, que les anciens pcëles
lui ont d.onné6. Quand la navigation se fut étendue, les Corin-
thiens employèreat leurs vaisseaux à détruire la piraterie; et,
ouvrant un double marché au négoce, ils eurent une ville puis-
sante par ses reyÈnus,
La marine des loniens se forma plus tard, sous le règne de
Cyrus, premier roi des Perses, et sous celui de son fils Cam-
byse. Durant la guerre qu'ils soutinrent contre Cyrus, ils eurent
un moment I'empire de la mer qui les avoisine; et du temps
de Cambyse, Polycrate, tyran de Samos, fut assez fort sur mer
pour soumettre plusieurs lles, notamurent Rhénda, qu'il prit
et consacra au dieu ile Délos 6; enfin les Phocéens , à I'époque
ou ils fondaient Marseiile, remportèrent sur les Carthaginoi-.
une victoire nayale 7.
XIY. Telles furent les marines les plus puissantes de la Grèce:
or toutes, comme on le voi[, sont postérieures de plusieurs gé-
nérations à la guerre de Troie. Eiles n'avaicnt qu'un petit nom-
bre de trirèmes etse composaient, comme dans i'ancien temps,
de pentécontores et de vaisseaux longs t. Peu avant les gueres
Médiques et la mort du roi des Perses Darius, successeur de
Cambyse, les tyrans de Sicile eurent beaucoup de trirèmes, de
même que les Corcyréens t. Ce sont les dernières marines con-
sitlérables que la Grèce ait possédées, avant i'invasion de
Xerxès: celles des Éginètes, des Atheniens et de quelques au-
tres peuples étaient sans importance et presque uniquement
composées de pentécontores. Ce fut assez tard que, sur Ie con-
seil de Thémistocle, les Athéniens, alors en guerre avec les
Éginètes et dans I'attente de f invasion barbare, firent con-
struire les vaisseaux sur lesquels ils combattirent 51 et encore
ces vaisseaux n'étaient-ils pas tous pontés.
XV. Telle d,tait la marine des Grecs dans I'antiquité et à iles
époques pius rapprochées de nous. Néaumoins ies villes qui
ayaient iles flottes se rendirent doubiement puissantes, et par
les revenus qu'elles en tiraient, et par leur supériorité sur les
autres cités; au moyen de leurs yaisseaux, elles subjuguaient
les lles, surtout quand leur propre territoire ne sufiisait 1,as à
leurs besoins. Sur terrc ii ne s'alluma aucurle guerre d'ou pùt
résulter quelque agrandissement. Parfois des voisins en vinrent
aux mains les uns avec les auires; mais les Grecs rre formèrent
aucune expddition lointaine clans un esprit de conquête. On ne
l0 GuERRE Du PÉLoPonÈsr'
vovait point les petits États se grouper sous.la sujétion
des

n.'uoas ni seiéunir pour former cles entreprises communes;


"i,i.
ii;i;;;.,t qo, a.,luttes parrielles er de voisinage. uue seule
fois la Grèce se parTagea en deux camps, -opposés : ce fut
la guerre qo" *r n"Àt jadis les Cnaicidéàns et les Éré'
dans
triensr.
"'îVi.'qo.lques États rencontrèrent des obstacles à leur déve-
parvenus à un
IoppemJnt. ie* Ioniens, par exemple, étaient
;igË^;;;'"."1 a. p*otpêtité, lorJque Cyrus' à la tète tles
perses, apres uuor, 'r*nurrsé irésus et soumis toute la. contrée
le fleuve Halys et Ia mer' attaqua et. réduisit
Darius' à Ia
.o ïrrfuouge les oiti.* du Ëontinentr' Ensuite
"o,opritt'.ntre
pareillement les
il*, a. Ïa marine phénicienne, subjugua
lles.
XYII. Les tyrans établis dans les cités grecques'.uniquement
et de I'a-
o.lopJ* ae- teors intérêts, de leur sûreté person-nelle
Erandissementdeleurmaison,secontentaientdevivreensé-
:;ilT;;; a- Ieurs viues. A part.quelques entreprises
tirà"t.
contre leurs voisinr, uo"oo d'eux ne {it
rien ile remarquable;
i,exceptelestyransa.si.it.,quiélevèrenttrès-hautleurpuis.
concourut
!rrr.l,Ài"si,,pendani une tongue suite d'années,tout
ses forces pour
à mettre Ia Gïèce dans I'impoisibilité de réunir
I'esprit
;*d- grande opJtuti""; i'isolemen[ empêchait
d'e

conouête' À'rr+LÀ,et ceux gur at'a'ient si


iir[. Mais enfin- r--
les 3-+n*-
tyrans d'Athènes
Grèce furent tous ren-
t"G;;;d ôpptimé pt.tque toute,la
à des tyrans de Ia
n.rïe* pï, r.i La.eiomoliens, I'exception
par les Do-
Sic,fe t.'Quant i lal?aemone, depuis sa fondation
plus
qoî I'bubit.nt", .lL fut iravaillée de dissensions
"iïm ce qui ne 1'emp.êcha
ooto.,i*u autre viile à nous connue ; préserver de la tyrannie,
pas

Ë; ;;;;;r. â, nonoes lois er de se


ttntpt tet plus de quatre cents
plus anciens: cal'
et cela dès les
ans se sont écouléJi"tï'it Ia fin de Ia
guerre.actuelle' depu-is
5. C'est là le
que cette ville est .Ë;i; p"l la même consritution
secret de son ascendant et de sa force'
--ii Ia tyrau-
Jgtuit purre puo aannées depuis I'extinction de entre les
nie en Grèce, q"una * iio.u fu Uâtaitte cle Marathon
tle
-gïuna,Di* unr après, le Barbare s'avançaDe-
Mè6es et les ethenïens;.
nouveau avec sa armée poot asservir la Grèce.
alors les plus
vant l,immineqce dï daoger, Ies Làcédémoniens, qui s'ar-
puissants des çreÀl t.li"jnt à la tête des peuples
tandis que les Athénieus' à
ilIiu"t pour la défeirse commune;
LIVRE I. II
I'approche des Mècles, prirent le parti d'abandonner ieur ville,
cmportèrent leurs effets, et, montant sur leurs navires, clevin-
rent hommes de mer.
Lorsque le Barbare eut été repoussé par les forces combinées
de la Grèce, ceux des Grecs qui avaient secoué le joug des
Perses on pris part à la lutte ne tardèrent pas à se diviser entre
Àthènes et Lacéilémone, Ies deux États qui avaient déployé le
plus de forces, I'un sur terre, l'autre sur mer. Pendant quelgue
temps ces deux puissances marchèrent d'accord; mais ensulte
elles se brouillèrent; et, soutenues par leurs allids respectifs,
elles en vinrent à des hostilités déclarées. Dès lors le reste des
Grecs, au moindre difiérenct qui éclatait entre eux, venaient
se ranger dans I'un ou I'autre parti. De cette façon, tout I'in-
tervalle compris entre les guerres médiques et la guerre ac-
tuelle, les Lacédémoniens et'les Àthéniens le passèrent dans
une continuelle alternative ile trêves et de combats, soit entre
eux, soit avec les alliés quiles abandonnaient. Aussi acquirent-
ils une parfaite expdrience des armes en se formant à l'école des
tlangers.
XIX. Les Lacédémoniens n'exigeaient cle leurs allids aucun
tribut; ils se contentaientde veiller à ce qu'ils eussent toujours
un gouvernement oligarchiquo en harmonie avec le leur. Les
Athéniens, avec le têmps, prirent les vaisseaux des villes
aliiées, excepté ceux de Chios et de Lesbos, et ils imposèrent
à [outes une contrihution d.'argent r. C'est là ce qui .leur a
permis de déployer à eux seuls, dans la présente guerre, des
forces plus imposantes qu'à l'époque de Ieur plus grande
prospérité , alors que leur alliance n'avait encore souffert au-
cune atteinte.
XX. Yoilà ce que j'ai découvert sur I'antiquité. Au surplus, il
est dangereux d'accueillir sans examen toute espèce de témoi-
gnage: car les homrnes se transmettent de main en main, sans
jamais les vérifier, les traditions des anciens, même celles qui
concernent leur patrie. C'est ainsi que les Athéniens sont per-
suaclés qu'Hipparque exerçait la tyrannie lorsqu'il fut tué par
Harmodios et Aristogiton{;ils igr}orent que c'était Hippias qui
avait succérlé à Pisistrate son père, comme plus âEé que ses
frères Hipparque et Thessalos I qu'au'jour et à i'instailt niarqués
pour I'exécution tle leur complot, Ilarmodios et Aristogiton ,
s'imaginant qu'llippias avait été averti par un cle leurs afûdés
et se tenait sur ses gardes, renoncèrent à le frapper, mais voulu-
rent au moins faire quelque coup d'éclat avant tl'être saisisl et
Iz GUERRE Du PÉLoPoNÈse'
appelé Léocoûon" au
qu'ayant rencontré Hipparque b I'endroit
ta procession dcs Panathénées, iis lui
moment oir il organisaii
ilonnèrent Ia mort' , '

""il;;";;;nter à des temps effacés de la mémoire' on


peut
sur lesquels la Grèce entière
citer plusieurs taits-rapptoôUe* ' paf exemple que les 'rois
;:;; fil; Iæ idAes Hs ptus fausles;
deux iuffrages au-lieu d'un et
de Lacéclémon, Aotntnt'chacun Pitanatès,le-
gueles Lacétlémonien; ,rt un bataillon nommé
hommes se mon-
il;i;'^ i"*ais existé' : tant la plupart des et ilisposés
,..î,^i*à".iur,ts a""- f" ,erh.r.'he àe la vérité
à

recevoir les opinions totttes faites'


que je viens d'exposer'
XXI. Néanmoinq t;uptès les preuves mes assertions'
admeltant
on ne risque pas de t'égu"tt.-t". poëtes ou les récits
i,tiil^"ttt Ëxagérations des
;iltï ilJ;; Ce sont des choses
plus attrayants.qubvérés deJloglgraphesr' tt qui'.pour la
qui échappent tr uri àemonttrat"io"o tigoortytg'
p.roo loute créante.) parie qu'elles sont on doit
tombées
;#il'ili
dans le domarne o*t'f^lft*- nn mutigres si anciennes'
se contenter cles ;t;l;;;; que
j'ai oi-''tenus en consultant les
témoignages les ptus aotirentiqùtt; et' bien que les hommes
aient une tenaan'cJcon'iuntt ï regarder Ia guerre-dans la-
la impor!1nte.$e toubes-
suelle ils sont ."guàet-ttmnre flus
Ë;ii,i;;n;;;i- .i fi";ie, à ad*irer plutôt, ceiles d'autrefois
il suffit d'examtner les faits pour se tionaincre que celle-ci a

surPas# toutes les Précédentes' ia guerre'


XXII. Quant aux discours tenus avant ou pendant
f..-t*p.ùuire textuellement était difficile soit pour moi
'
ceux qui m'en rendaient
lorsque je les uo"i*untu"âus, soit pour
qui m'a paru le plus en
,oÀi,it."l'ai pteté à cÏ,acun ie iangase
} harmonie avec tes ii"tÀ"ttuot'* où it se irouvait placé' tout en
aussi près que pos.sible des
me tenant. poo, iu fona des idées'
réetlemeif ptooootet' Pour ce qui es[ des faits' je ne
discours
ou à mes im-
m'en suis pu, ,uplàtié au dire du premièr Yenu
racônté que ceux clont j'avais
pressions p"r*ooo".iiut;lt
spàctat.Lt "'ui
oo sur lesquels ie m'.étais procuré des
moi-même été j'avais
Or,
renseignem."t, ;;;;i, .t a oo. entière exactitude. oculaires
â" 1" p.ite à y parvenir, parce que les témoins
événement et va-
n'étaient pas toujôurs d'accùd sur le même
riaient suivant itor, ,y*pathies ou la fidélité tle
leur mé-
moire,
Peut-être mes récits, dénués du prestige des fables, Por-
dront-ils de leur intérêt; il me rotnt qo'its soient trouvés
LIVRE I. i3
utiles par quicouque vouclra se faire une juste iclée cles temps
passés, et préjuger les incidents plus ou moins semblables d.ont
le jeu tles passions humaines doit amener le retour. J'ai voulu
laisser à la postérité un monument clurable, et non offrir un
morceau d'apparat à des auditeurs d'un instant.
XXII. De toutes les guerres prdcédentes la plus consiilérable
fut celle des Mèdes; cependant deux combats sur terre et au-
tant sur mer en décidèrent promptement I'issue r. Celle-ci au
contraire a été très-longue; et, pendant sa durée, la Grèce a
éprouvé cles désastres tels qu'il n'y en eut jamais de pareils
dans un même espace de temps. Jamais tant de villes prises et
dévastées par les Barbares ou par les Grecs arrnés les uns con-
tre les autres : il en est même qui changèrent d'habitants par
suite de la conquête; jamais tant de proscriptions, tant de
massacres dans les combats ou ies émeutes. Des événements
jadis cdldbrés par la renommée, mais rarement attestds par les
faits, ont cessd d'êlre incroyables : violentes secousses ébrau-
lant à la fois une immense étenilue de terre, éclipses de soleil
plus frdquentes qu'en aucun autre temps connu; en certains
enclroits sécheresses excessives, acoompagnées de famine; en{in
le plus terrible des fléaux, la peste, qui dépeupla une partie de
le Grèce. Toutes ces calamités se réunirerit pour aggraver les
maux de cette guerre.
Les Athéniens et les Pélopondsiens la commencèrent en rom-
pant la pair de trente ans, conclue après la conquôte de I'Eu*
bée (a). J'ai exposé cl'abord les démêlés avant-coureurs tle cette
rupture, afin qu'on ne ftrt pas à se demander un jour quelle
avait été I'origine d'un si granil conflit. La cause la plus réelle,
quoique Ia moins avouée, celle qui rendit Ia guerre inévitable,
fut, selon moi, Ia crainte qu'inspirait aux Lacéilémoniens
I'accroissement de la puissance d'Athènes. Au surplus je gais
énoncer les prétextes qui furent allégués de part et d'autre
pour rompre la paix ei pour entamer les hostilités.
XXIV. Épidarnne est une vilie située à droite en entrant dans le
golfe Ionienr; près d'elle habitent les Taulantiens, Barbares de
race illyrienne. Cette ville fut fondée par les Corcyréens; Ie
chef de la colonie fut le Corinthien Phalios, fils cl'Ératoclidès et
tlescendaut d'Elercule, appelé cle la métropole suivant I'antique
usage; desCorinthiens et d'autres Grecsd'origine dorienne se
joignirent à cet établissement. Avec le temps Épitlamne devint

(a) Plr les AthÉniens. \toy. cltap, cxrv ct cxv.


14 GUERRE DU PÉtoPottÈsu.

grande et peuplde;mais, àla suite de dissensions intestines qui


tlurèrent, dit-on, de longues années, elle eut beaucoup à souË
frir cltune guerre contre les Barbares du voisinage, et perdit une
partie de sa puissance. Enfln, peu avant la guerre actuelle, le
peuple aya.nt chassé les riches, ceux-ci se retirèrent chez les
Barbares, avec lesquels ils se mirent à pilier par terre et par
mer ceur d'Epidamne. Ainsi pressés , les Épidamniens de
la ville envoyèrent cles députés à leur métropole ile Corcyre,
avec prière tle ne pas les laisser écraser, mais de les réconcilier
avec les bannis et de mettre fin à la guerre des Barbares. Ils
firent cette requête assis en suppliants dans le temple de Ju-
nont; mais les Corcyréens n'y eurent aucun égarcl et les ren-
voyèrent sans rien leur accorder.
XXV. Les Épidaû]niens, voyant qu'ils n'avaient aucune assis-
tance à espérer cle Corcyre, se trouvèrent dans un cruelembar-
ras. Ils envoyèrent à Delphes pour demander au clieu s'ils
devaient remettre ]eur ville aux Corinthiens comme à ses fon-
rlateurs et essayer d'obtenir d'eux quelque secours. L'oracle
leur répondit de se donner aux Corinthiens et de les prenrlre
pour chefs. En conséquence les Épidamniens se renclirent à Co-
rinthe; et, conformément à I'oracle, ils remirent aux Corin-
thiens la colonie, en représentant que son fondateur était de
Corinthe et en s'appuyant sur la réponse du dieu. Ils conjurè-
rent les Corinthiens d'avoir pitié de leur clétresse et de leur
accorder protection. Les Corinthiens se crurent en droit d'ac-
cueillir cette demande. Ils regardaient Épidamne comme aussi
bien à eux qu'aux Corcyréens; de plus ces derniers leur étaient
odieux, perce qu'ils les négligeaient, quoique étant leurs co-
lons: dans les solennités nationales ils leur refusaient les
ilistinctions d'usage; ils ne prenaient pas, comme les autres
colonies, un citoyen cle Corinthe pour inaugurateur des sacri-
fices; enfin ils méprisaient leur nrétropole, parce qu'à cette
époque ils rivalisaient de richesses avec les plus opulentes cités
tle la Grèce, qu'ils surpassaient même en puissance militaire.
Ils allaient jusqu'à se vanter de possécler la première force na-
vale, en qualité d'héritiers des Phéaciens qui avaient habité
Corcyre avant eux, et dont la rnarine était très-renommée r;
aussi travaillaient-ils sans relâche à augmenter leur flotte, déjà
considérable, puisqu'ils posséclaient cent vingt trirèmes quand
la guerre éclata.
XXVI. Avec tant de sujets de plainte,les Corinthiens accorilè-
rent de grand cæur le secours demanrlé. Ils invitèrent quiconque
uvRE r, 15

le vourlrarl à aller s'dtablir à Epidamne; en même temps ils y


envoyèrent une garnison composée d'Ambraciotes, de Leuca'
diens et cle Corinthiens. Cette troupe se rendit par terre à
Apollonier, colonie de Corinthe, dans la crainte que les Corcy-
réens ne lui fermnsseut la voie de mer. Quantl les Corcyréens
surent qu'il était anivé de nouveaux habitants avec une gar-
nison à Épidamne et que la colonie s'était donnée aux Corin-
thiens, ils entrèrent en courroux, et, mettant aussitôt en mel
vingt-cinq vaisseaux suivis plus tard d'une seconde flotte, ils
sommèrent outrageusement les Épidamniens de recevoir les
bannis et cle renvoyer la garnison corinthienne, ainsi que les
Douveaux habitants. En effet les bannis d'Épidamne étaient
venus à Corcyre, et là, montrant les tombeauxe et invoquaut
la communauté cl'origine, ils avaient prié qu'on les ramenât.
Comme les Épidamnierrs refusaient de rien entendre,Ies Corcy-
réens allèrent les attaquer avec quarante vaisseaux. Ils me-
naient avec eux les bannis, qu'ils vouiaient rétablirr et avaient
pris un renfort d'Illyriens, Arrivés devant la Blace, ils firent
savoir à tous, Épidamniens ou étrangers, qu'ii ne seraiù fait
aucun mal à quiconque voudrait se retirer, mais qu'autrement
ils seraient tous traités en ennemis. Sur leur refus, ils assiégè'
rent la ville, qui est cor'struite sur une presqu'île.
XXVII. A la première nouvelle du sidge d'Épid.amne, les Co-
rinthiens mirent des troupes sur pied. En même temps ils firent
publier I'envoi d'une colonie à Iipidamne , en invitant chacun
à s'y associer, sous promesse de droits égaux t; si quelqu'un
désirait participer à la colonie sans partir sur-le-champ, il
pouvait rester moyennant le dépôt de cinquante drachmes
ôorinthiennes2. Beaucoup de gens s'embarquèrent ou déposè-
rent I'argent. On pria les Mégariens de fournir une escorte
navale pour le cas ou les Corcyréens voudraient barrer le
passage à cette expédition. Les Mégarieng se tlisposèrent à
I'accompagner ayec huit vaisseaux I les Paléens de Céphallénie
avec quatre. On s'adressa aussi aux Epiilauriens, qui en four-
nirent cinq; ies l{ermionéens en d,onnèrent un, les Trézéniens
deux,les Leucadiens dix,les Âmbraciotes huit. On clemanda tle
i'argent aux Thébains ef aux Phiiasiens I aux Éiéens des vais-
seaux vicles et de I'argent. Les Corinthiens eux-mêmes prépa-
rèrent trente vaisseaux et trois mille hoplites.
XXYIU. Quand les Corcyrdens eurent vent de ces préparatifs,
ils se rendirent à Corinthe , accompagnés de députés tle Lacé-
démone et de Sicyone. Ils demandaient que les Corinthiens rap-
16 GUERRE DU PÉLoPoNÈsr.
pelassent cl'Épidamne leurs colons et leurs solclats, parce gu'ils
n'àvaient aucun droit sur cette ville. En cas de prétentions
contraires, ils olTraient de soumettre la question à celles des
villes rlu Péloponèse qui seraient choisies pour arbitres; elles
décideraient i qui app-artenait Ia colonie, et on s'en-tientlrait à
leur jugement. Iis offraient aussi de déférer à I'oracle de Delphes ;
lret, iË ne voulaient pas la guerre : a Autrement, ilisaient-ils,
ooo, ,.rorrs contraintJ par volre violence, et pour notre streté,
cle rechercher des amis qui nous agréent peu et qui ne sont pas
ceux d'aujourd'huir. r' Les Corinthiens leur répoudirent que,
s'ils retiriient d.e d.evant Epidamne leurs vaisseaux et les Bar-
bares, on pourrait délibérei; mais gue jusqu.e.-là il .n'était pas
raisonnabll que les Épidamniens fussent assiégés -et- les corin-
thiens en proièr. Les Ôorcyréens répliquèrent qo"]t le feraient,
pourvu gle de leur côtâ les Corinthiens rappelassent leurs
gens a'Épiaâmne I enlin ils étaient prêts à conclure une suspetr-
iion d"'armes, touïes choses tlemeurant en état, jusqu'à la sen-
tence des arbitres.
XXIX. Les Corinthiens n'écoutèreut aucune de ces proposi-
tions; mais à peine leurs vaisseaux furent-ils équipés et leurs
alliés présents, qu'ils firent partir un héraut chargé de déclarer
la guerre à corc-yre, Ievèrent I'ancre avec soixante-quinze vais-
r.io* et deux milte hoplites, et cinglèrent vers Épidamne, aYec
I'intention de livrer bàtaitie aux corcyréens. La flotte avait
pour chefs Aristéus {ils de Pellichos, ca}licratès flis de callias
ôt Ti*uno. fils de Timanthès; I'armée de terre, Ârchétimos fils
d'Eurytimos et Isarchidas fils d'Isarchos. Lorqu'ils. furent à Ac-
tion, sur ie territoire d'anactorion, à I'endroit où s'élève le temple
d,Apoiion et oir s'ouvre le golfe Ambracique., ils vireÛt vc-
nir à eux dans une nacelle un héraut envoyé par les Corcy-
réens pour leur défendre de passer outre. En même temps lesI
COrcyréens armaient leurs vaisseAux, garnissant cle ceintures
les plus vieux, pour su'ils fussent-en état de tenir le mer, et
radôubant les autres. Le héraut ne leur rapporta tle la part des
corinthiens aucune réponse pacifique. aussi, dès que leur flotte.
fàrte de quatre-vingts-navirLs (il y e1 avaiù-quarante. au siége
d'Épidamne), fut piete t, paltir ils appareilièrent, .et, rangés
,o iigor, engagèrônt le combat. Iis mirent les Corinthiens en
pleinË dérouie-*t 1.ot tlétruisirent quinze vaisseaux. Le hasard
iôotot que, le même jour, ceux qui assiégeaient Épidamne I'a-
m"oarrent'à capituler. On convint que les dtrangers seraient
vendus et lcs Côrinthiens mis aux fers jusqu'à nouvel avis.
LIYRE I. 17

XXX. Après ce combat naval, les Corcyréens dressèrent un


trophée à Leucimme r, promontoire de Coroyre,-et miren-t à mort
leurs prisonniers, excepté les Corinthiens, qu'ils chargèrent de
cbaînes. A dater de cette victoire et depuis la retraite des co-
rinthiens et tle leurs alliés, les Corcyréens clevinrent les maitres
de tous ces perages. Ils cinglèrent vers Leucade, colonie de
Corinthe, et ravagèrent le pays; ils allèrent ensuite brùler
Cyllène, chantier des Éléens, pour punir ces derniers d'avoir
fourni aux Corinthiens, des vaisseaux et del'argent; enfin, pen-
dant la plus grande partie du temps qui suivit le combat naval,
ils eurent I'empire de la mer et firent beaucoup de mal aux al-
liés de Corinthe. Sur la fin de l'été, les Corinthiens, voyant
leurs alliés en sou{Trance, expédièrent une flotte et une armde
e,
qui vinrent stationner à Àction et à Chimdrion en Thesprotide
pour couvrir Leucade et les autres villes amies. Les Corcy-
iéens, de Ieur côté, alièrent camper au promontoire Leucimme
avec des troupeset des vaisseauxlmais ni les uns ni les autres
ne prirent I'offensive. Ils se contentèrent de s'observer pendant
le ieste cle i'été; I'hiver venu' ils regagnèrent leurs foyers.
XXXI. Pendant toute I'année qui suivit le combat naval et
pendant une autre année encore, les Corinthiens, irrités dc la
guerre que leur faisaient ies Corcyréens, construisirent des
vaisseaui et préparèrent une flotte formidable, en rassemblant
à prix d'argènt des rameuls dans le Péloponèse et dans le
reJte de la Grèce. A la nouvelle de ces armements, Ies Corcl'-
rdens prirent peur; et comme ils n'avaient d''alliance avec au-
cun tlei Grecs, ne s'dtant. fait inscrire ni dans le traité tl'Athènes
ni tlans celui de Lacéilémonet, ils jugèrent à propos de se
rendre auprès des Athéniens pour s'allier à eux et tâcher d'en
obtenir dJs secours. Informés de ce projet, Ies Corintbiens en-
voyèrent aussi une ambassade à Athènes, clans_Ia crainte que_la
màrine athénienne venant à se joinctre à celle ile Corcyre ne les
empêchât de iliriger la guerre comme ils I'entendaient. L'as-
semblée étant conltituée-, le débat s'engagea. Les Corcyréens
parlèrent en ces termes :
XXXII. ( II est juste, Athéniens, que ceux qui viennent,
comme nous aujourtl'hui , solliciter un appui dtranger ) sans
pouvoir s'autoriier d'un service rendu ni d'une alliance anté-
rieure, fassent bien comprendre tl'aborcl que leur tlemantle
est avantageuse ou tout au moins n'est pas nuisible, ensuite
qu'ils ne Jeront pas ingrats. S'ils ne fournissent aucune de
ces garauties, ils ne doivent pas s'initer d'un refus.
18 GUERRR DU pÉroponÈsr.
rc Les Corcyreens, persuailés qu'ils peuvent yous
ofrrir
toutes les sùretés désirables, nous ont envoyés requérir votre
appui. Le système gue nous avons suivi jusqu'à ôe jour, en
même temps qu'il est difficile à justifier auprès dâ yous,
cause en ce moment tous nos malheurs. Après nous être con-
stamment tenus en dehors de toute alliance, nous venons ré-
clamer celle tl'un peuple étranger; et cela guand, par suite du
même système, nous sommes isolés dans notre guerre avec ies
corinthiens. La saEîesse que nous trouvions jadis à ne pas nous
engager dans iles périls au gré d'autrui, n'est plus mâintenant
à nos yeux qu'imprudence et faiblesse.
r< Dans Ie dernier combat naval, nous avons, il
est vrai, re_
poussé à nous seuls les corinthiens; mais clès ltinstant qu'ils nous
menacent avec des fgrces plus considérables, tirées du pélopo-
nèse et du reste de la Grèce; que nous nous yoyons dans I'im-
possibilité de leur résister par_nous-mêmes I qu'énfin il y a pour
nous un extrême tlanger à tomber entre leurs mains, foice nous
est de recourir à votre alliance ou à toute autre, et l,on ne doit
pas nous faire un. crime de ce que, par erreur de jugement
plutôt ![ue par malice, nous hasardons une démarche cùtraire
à notre précéilent amour du repos.
xxxlll a Les circonstances qui nous obligent à demander
votreprotection auront pour vous, si vous nous I'accordez, divers
avantages : d'abord vous soutiendrez des opprimds contre des
o-ppresseurs; puis en-accueillant un peuple menacé dans ses plus
chers intérêts, vous lui renrlrez un-ser-vice rront il gardera une
mémoire éternelle; enfin nous possédons, aprè, uooJ, la marine
la plus forte. Et considérez si ce n'est pas -le coup de fortune
l_e plu.s rare pour vous, le plus fâcheux pour vos ônnemis, que
de voir une puissance, dont naguère I'aôcession vous ett paru
sans prix et ett mérité votre gratitucle, venir à vous atue-
même, se donnant sans qu'il vous en cotte ni dépense ni
danger, et vous procurant l'approbation universeile, ia recon-
naissance de vos protégés et un surcroît de forces pour vous-
rqêmgs' avantages qu'il est presque sans exemple âe trouver
réunis. Rarement ceux qui sollicitent une ailiânce apportent
à leurs alliés futurs autant de gloire et de force qo'its en
reçoivent.
.
c si quelqu'un de vou.s croit qu'il l'éclatera point cle guerre
orr nous puissions vous être utiles, il s'abuse ét ne s'aierçoit
pas que
.les Lacédémoniens, par suite de la crainte que vous
leurinspirez, brtlent de prendre les armesl-tandiù'que les
LIYRE I. i9

Corintbiens, qui ont tle I'asceûdant sur eux


et qui vous sont
à nous scumettre pour vous
h;;il.;, cherchent maintenant
vous et nous' d'u-
ït"trq"ti ensuite. IIs veulerlt nous empêcher,
no, inimitiés; ils veulent saisir I'occasion de
nir contre uo*
devoir à nous'
ooot ufuinlir ou cle se fortifier eux-mêmes' Notre
;Ë d; prenclre les devants, -les uns en offrant'attaquesIes autres en
et prévenir leurs plutôt
uôiu"d cette alliance, de
que d'avoir à les repousser.
' xxxlv. < prétend.raient-ils que vous Tt'ùvez pas le ilroit de
bien
t.à*nÀit leurs colons? Qu'ils âpptentttnt qu'une co.lonie
traitée respecte sa métôpole, ïais 9.u'opprimé" ,:ll:^.,-l:"
dé-
pas I'esclave' on
tache; en quittant le sol natal, on ne tlevient
à;;;ùt; l'égat a. .io* qu'onilaisse.derrière soi' 0r il est évi-
àent que les-torts sont de leur côté ; car invités
à soumettre
âtUitrage i'affaire d'-Épiilamne, ils ont mieux aimé pour-
e
"o
roi*. leurs"griefs par les a"'nes que par les voies.Iégales' Que
setve
leur conduitJenveis nous qui sommes leurs parentsvous
et tle
de leçon et vous .mpe.ne d'êttt dupe.s tle leurs sophismes
garan-
cdder aYec empres.ement à leurs prières' La meilleure
tie de sécurité, .'rri A. s'exposer ie moins possible au repentir
d'avoir servi ses ennemis.
XXXY. < En nous accueillant' \rous n'enfreindrez aucune-
nous ne
*.oiittraité qui vous iie aux Lacédémoniens' puisque
traité porte que
sommes ailiés ni des uns ni des autres' Ce
parties con-
toute ville grecque qui n'est al-l]ée- d'aucune des
préfère. Or
iraciantes .i'eut s'adjiinttre à celle des deux qu'elle
leurs équi-
il serait étrange qoii i.ot fût permis de recruter tle la
ùSr* chez lei pôopi*. inscrits au,traité' dans le reste
Grèce et jusque .ù'à, no, sujets, tandis qu'ils nous intercli-
autre
raient I'aliianôe qui est offerte à tous les peuples, ou-tout
secours. Puis ils ui*atuitot vous faire un crime d'avoir ac-
! c'est nous au contraire qui aurons à
ouiescé à notre demantle
aurez repoussés'
i;;ïIai"d.;,;i;";; la rejetez;.car vous nouspas
nous qui somules en pOrif it qui ne sommes vos. ennemis;
adversaires et -qui
au lieu de vous .pp.;; à ceux qui sont vos
marchent contre ;;;;;ooo' 'ouf irez, ce
qui est cle toute ini-
q"itll-ô'ils tirent Jes renforts de votre propre empire' Il fau-
recruter chez vos sujets' ou nous
dtuit'o" les empêcher de se ou enfin
;;;;y.; ies rencoris qo. uoot jugerez convenables
' '
d'ans votre alliance
ce qui serait mieux encore ' nous recevoir.
et rfrus défencl're ouvertement'
-'o-co**.nous]'avonsditencommençant,nousvousprésen-
20 GuERRE ou pÉtopon*Èsr

tons plusieuri avantages : le plus grand, c'est çlue nous


avons les mêmes ennemis, et cette garantie est la meilleure d.e
toutes; sans compter gue ces ennemis, loin cl'être sans forces.
sont à même cle faire un mauvais parti à qui se détachera d'eux.
De plus, c'est une puissance maritime et non une puissance
conl,inentale qui s'offre à vous;il n'est donc pas indifférent de la
reoousser. Avant tout, s'il était possible, il vous faudrait ne per-
mettre à aucun autre peuple de posséder des vaisseaux ; sinon,
vous devez vous faire un ami de celui qui a la plus forte marine.
XXXVI. a Peut-être quelqu'un de vous, tout en dtant con-
vaincu de ces avantages, s'eIïaroucbe à I'idée de rompre Ie traitd.
Qu'il sache bien que si tout en conservant ce scrupule il aug-
mente sa force, son at.titude imposela aux ennemis; mais si,
confiant dans les traités, il s'affaiblit en nous repoussant, iI se
fera moins respecter ile puissants adversaires. Qu'il sache aussi
qu'en ce moment il délibère moins sur Corcyre que sur Athènes,
et qu'il entencl bien mal les intérêts de sa patrie, lorsqu'à la
veille d'une guerre inévitable et presqug commencée, iI n'en-
visage que I'instant présent, et hésite à s'assurer d'une place
dont I'alliance ou I'hostilité est de la dernière importance. En
effet elle est favorablement situde sur Ie chemin de I'Italie rt
de la Sicile; elle peut empècher Ia marine de ces pays cle sc
joindre à celle du Péloponèse, comme aussl faciliter à la r'ôtrt,
ce même trajet, sans parler des autres commoilités qu'ellc vous
présente.
q Pour résumer sommairement les divers motifs qui vous
engagent à ne pas nous aband,onner, nous vous rappellerons
qu'il y a en Grèce trois marines principales : la vôtre, la nôtre
et celle des Corinthiens. Si vous permettez à deux d'entre elles
de se fontlre en une et àCorinthe de nous absorbcr, lous aurez
à combattre sur merlesCorcyréens et lesPiloponésiens réunis.
Si au contraire vous nous accueillez, au jour du périi vous
au.rez, grâce à nos vaisseaux, la supériorité du nombre. o
XXXVJI. Ainsi parlèrent les Corcyréens; après eux les Cc,-
rinthiens s'exprimèrent en ces termes :
a Puisque dans leur discours les Corcyréens ici présents ne
se sont pas bornés à réclamer votre alliance, mais qu'à les
entendre nous sommes dans nos torts et nous leur faisous uDc
guerre injuste , nous devons préalablement répondre à ce
double reproche; après quoi nous aborderons le fond clc la
question, afin que'vous avisiez plus mùrement sur notre re-
quête et ne repoussiez la leur qu'ir bon escient.
LIYRE. I. 2I
( A les entendre, c'est par modération gu't,s se sont abste-
nus jusqu'ici de toute alliance. Tant s'en faut ! Cest par
scélératesse, et nullement par vertu, qu'ils ont suivi ce
système1 o'est pour n'avoir ni associé ni témoin dans leurs ra-
pines et pour s'épargner iles affronts'. Ajoutez que leur ville,
par sa position inddpendante, leur permet mieux que ne le fe-
raient des traitds de se constituer eux-mêmes les juges de ceux
qu'ils offensent , parce gue, frdquentant peu les ports étran-
gers, ils reçoi-vent très-souvent dans le leur Ies vaisseaux des
autres nations, forcés rl'y relâcber : à ceia sc réduit ce beau
principe d'isolement dont ils font étalage; ce n'est pas qu'ils
craignent de tremper dans des iniquités; c'est gu'ils veulent
ètre injustes seuls, user de violence quand ils sont les plus forts,
ravir dans I'ombre le bien d'autrui, et nier effrontément leurs
usurpations. S'ils avaient cette prbbité dontils se vantent,plus
ils sont à I'abri des attaques du, d.ehors, plus ils tienclraient à
hrrnneur de rester dans les voies légales.
XXXVIII. < Mais ils n'ont garde d'agir ainsi ni avec les
autres, ni ayec nous. Bien qutils soient nos colons, iis n'ont
cessé de se séparer de nous, et maintenant ils nous combattent,
sous prétexte qu'on ne les a pas envoyés en colonie pour être
maltraités. A notre tour nous prétendons ne pas les avoir établis
pour être enbutte à leurs insultes, mais pour être leurs chefs et
recevoir d'eux les hommages requis. Nos autres colonies nous
vénèrent, etiln'y apasde métropole plus chèreque nous àses
colons, Si donc nous sornmes bien vus du plus grand nombre.
il est clair que nous ne saurions avec justice déplaire unique-
ment à ceux-ci, et que nous ne leur ferions pas une guerre
exceptionnelle, si nous n'avions étej exceptionnellement offensés.
Et quantl nous aurions des torts, il serait beau à eux de céder à
notre colère, comme il serait honteux à nous de faire violence à
leurmodération. Mais non;pleins d'arrogance et intatués ile
leurs richesses, ils ont commis divers outrages envers nous, et
en dernier iieu iis se sont emparés de notre ville d'Épidamne,
qu'ils se gardaient bien de revendiquer quand elle était dans Ia
détresse, mais qu'ils ont prise de force quantlnous sonmes allés
à son secours.
XXXIX. < Ils prétendent avoir d'aboril offert tle s'en rapporter
à des arbitres. A quoi nous répondons que ce n'est pas parler
sdrieusement que d'invoquer la justice en prenant d'avance ses
sùretés, mais qu'il faut avant le débat mettre ses actions d'ac-
cord ayec ses parolcs. 0r ce n'est pas avant de commencer le
zz cUERRE DU pÉLopoNÈss.

siége il'Épidamne, mais seulement lorsqu'ils ont cru que nous


n'y serions pas indifférents, qu'ils ont fait I'ofire spécieuse cl'un
arbitrage. Puis, après cette première faute, ils viennent ici vous
proposer de devenir, non pas leurs alliés,maisleurs complices,
et de les recevoir quand ils se sont séparés de nous. C'était
lorsqu'ils ntavaient rien à craindre qu'il leur fallait venir à
vous, et non lorsque nous sommes offensés et qu'eux-mêmes
se trouvent en péril. Yous qui jadis n'avez point participé à
leur puissance, vous leur accorderiez aujourdthui votre protec-
tion; et, après être restés étrangers à leurs méfaits, vous par-
tageriez avec eux nos ressentimenls ! Il y a longtemps qu'ils
auraient dû mettre en commun leurs forces aveo les vôtres, pour
courir ensemble les chances des dvénements'.
XL. a Ii est donc démontré que nos plaintes sont fonclées et
que ces gens sont coupables de violence et d'usurpation. Ap-
prenez maintenant que vous ne sauriez les accueillir sans in-
justice.
a Le traité porte, il est vrai, que toute ville qui n'y est pas
inscrite, peut à son gré s'adjoindre à I'une ou à ltautre tles
parties contractantes. Mais cette clause n'a pas été introduite
en faveur des peuples qui n'entreraient dans I'alliance gue
pour nuire à autrui; elle ne concerne que ceux-là seulemerrt
qui, ayant la libre iiisposition d'eux-mêmes, se trouvent avoir
besoin ile protection, e[ qui n'apportent pas à ceux qui au-
raient I'imprudence de les accueillir, la guerre au lieu de ia
paix. Or c'est là ce qui vous arriyerait si vous ne nous écoutiez
pas. En effet, vous ne deviendrez pas seulement leurs auxiliai-
res, mais nos ennemis au lieu de nos alliés. Si vous marchez
ayec eux, nousne pouvons )es punir sans vous frapper en même
temps. Yotre devoir est avant tout de garder la neutralité, ou
mieux enrore de vous joindre à nous;car vous êtes Iiés par un
traité avec les Corinthiens, tandis qu'avec les Corcyréens vous
n'ayez jamais eu même un simple armistice.
'aD'ailleurs vous ne devez pas encourager les iléfections.
Nous-mêmes, lors de la révolte des Samiens, nous ne fùmes
pas de ceur qui I'appuyèrent par leur suffrage r. Les Pélopond-
siens étaient partagés sur la convenance de secourir Samos;
nous soutînmes hautement qué c'est à chaoun de châtier ses
propres alliés. Si vous accueillez, si vous protégez des coupa-
bles, on verra tout autant de vos sujets se joindre à nous, et la
loi que vous aurez établie tournera contrevous plusencore que
contre nous-mêmes..
LIVRE I, 23
XLI. a Tels sont les titres que nous avons à faire valoir au-
près de vous, titres suffisants d'après les lois de la Grèce. De
plus, nous pouvùns faire appel à votre reoonnaissance, et nous
autoriser d'un ancien service, dont nous demandons aujour-
d'hui la réciprocité. N'étant pas yos ennemis, iI n'est pas à
craintlre que nous nous fassioDs une arme contre Yous ile cette
rgconuaissance, et nous ne sommes pas assez vos amis pour en
abuser. Lorsque jadis, antérieurement aux guerres Médiques,
vous manquièz de vaisseaux longs pour lutter contre Egine,
yous en reçùtes vingt des Corinthiens r. Ce service, joint à celui
que nous vous renùlmes en empêchant les Péloponésiens de se-
courir Samos, vous permit de triompher des Éginètes et de
punir les Samiens. 0r cela se passait dans une de ces circon-
stances, oir les hommes, tout entiers à Ia poursuite de leurs en-
nemis, oublienttout pour ne songer qu'à la victoire; ils regar-
dent alors comme ami quiconque les sert, ftt-il auparavant leur
ennemi, et comme adversaire quiconque les contrarie, fùt-ce
même un ami I car ils sacrifient jusqu'à lçurs intérêts domes-
tiques pour satisfaire ieur passion du moment.
XLII. c Réfléchissezàces faits, et que lesplus jeunesd.'entre
vous, après les aviiir vérifiés auprès de leurs alnés, se clispo'
sent à nous payer d'un juste retour. Et qu'on ne s'imagine pas
que , si notre cause est légitime , votre intérêt, en cas de
guerre, serait difftirent du nôtre. L'intérêt bien ententlu con-
siste à faire Ie moins de fautes possible. D'aillertrs , cette
perspeetive de guerre, dont les Corcyréens vous font peur afin
de vous déoid,er à une injustice, est encore incertaine I et iI se-
rait peu sage d'encourir oour ce motif, cle la part cles Corin-
thiens, une inimitid certaine et immétliate. Mieux vautlrait
dissiper les cléfiances soulevées au sujet de Mégare r; un der-
nier service rendu à propos, quelque légen qu'il soit, suffit pour
effacer une ollense graYe.
r Ne soyez pas séduits par I'ofTre qu'ils vous font d'une ma-
rine puissante. On assure bien mieux sa position en respectant
ses égaux qu'en se laissant entratner, par uû apparent avan-
tage, à poursuivre un périlleux avenir.
XLIII. < Mais puisque nous avons rappelé ce que nous aYons
clit autrefois à Lacédémone, que chacun a le droit cle châtier ses
alliés, nous attendons de vous une tlécision semblable. Obligés
par notre su{Irage, t'ous ne voudrez pas nous nuire par Ie
vôtre. Payez-nous plutôt de retour. Songez que c'est ici le mo-
ment 0ù celui qui nous sert devient notre ami et celui qui nous
24 cUERRE DLr PÉLoPoNÈsti.

contrarie notre ennemi. Ne recevez pas malgré uous ces Corcy-


réens dans votre alliance et ne les soutenez pas dans leurs
injustices. Par là vous ferer ce qu'exigent de vous votre devoir
et vos plus chers intérêts. ,
, XLIY. Tel fut l.e iliscours des Corinthiens. Les Athéniens
écoutèrentles tleux partis et tinrent à ce sujet deux assemblées.
Dans la première ils inciinèrent en faveur des Corintbiens;
dans la seconde ils se ravisèrent. Ils ne voulurent pas conclure
avec les Corcyréens une ligue offensive et défensive, parce que,
si Corcyre venait à réclamer leur coopération contre Corinthe,le
traité avec le Péioponèse se serait trouvé rompu; mais ils for-
rnèrent avec eux une alliance iléfensive, s'engageant à se se-
courir mutuellement en cas d'attaque tlirigée contre Corcyre,
contre Athènes ou contre leurs alhés. On sentait bien que de
toute manière on aurait la guerre avec le Péloponèse : aussi
voulait-on ne pas abandonner aux Corintiriens une ville qui pos-
sédait une si forte marine; on préférait metlre ces peuples aux
prises entre eux, aSn d.'aloir meilieur nrarché de Corinthe et
des autres puissances n avales quand viendrait Ie moment de les
combattre.Enfin Corcyre paraissait favorablement située sur la
route de I'Italie et de la Sicile r.
XLV. Tels furent les motifs qui d.éterminèrent les Àthéniens
à recevoir Corcyre dans leur alliance. A peine les Corinthiens
furent-ils partis, qu'on envoya au secours des Corcyréens dix
vaisseaux commandés par Lacédémon16-c, fils de Cimon, par
Diotirnos, Iils de Strombichos, et par Protéas, fils d'Épiclès. Ils
eurent orilre de ne pas combattre les Corinthiens, à moins que
ceux-ci ne vinssent attaquer Corcyre et ne menaçassent d'une
ûescente cetteîle ou quelque place de sa dépendanceI dans ce
cas ils devaient.s'y opposer de tout leur pouvoir. On voulait,
par ce moyen terme, éviter la rupture du fraité. Ces dix vais-
seaux arrivèrent à Corcyre.
XLn. Les Corinthiens, aussitôt leurs préparatifs terminrjs,
firent voile contre Ccircyre avec cent cinquante vaisseaux, sa-
voir. dix d'Élis, douze de Mégare, dix de Leucade, vingt-sept
d'Anrbracie, uu d'Anactorion, et quàtre-vingt-dix de Corinthe,
Chacun de ces contingents avait son général particulier; les
Corinthiens en avaient cinq, et entre autres Xénoclès lils d'Eu-
thyclès. Partis cle Leucade, ils gagnèrent le continent qui fait
face à Corcyre, et allèrent mouiller à Chimérion en Thespro-
tide. C'est un port au-dessus duquel se trouve, à quelque dis-
tance de la mer, une ville nommée Éphyra, appartenant à
LIVRE I. 2b,
I'Iiléatide, ilistrict de Thesproticle. Non loin cre cette piace, le
lac Achérusien se décharge dans la mer. Le fleuve Àchéron.
après avoir traversé la Thesprotiile, va se perdre dans ce lac
et lui donne son nom. un autre fleuve,le Thyamis, arrose aussi
cette contrée et sépare la Thesprotide de la cestrine. Dans
l'espace compris entre ces tleux teuves, s'avance le cap Chi_
mérion I. ce fut sur ce point du continent que les corinthiens
aborclèrent et qu'ils établirent un camp.
XLWI. A la uouvelle de leur approche, les Corcyréens équi-
pèrent cent dir vaisseaux commandés par Miciadès.-Ésimédèi et
Eurybatos, et allèrent camper dans une des iles nommées sv-
botat. Les dix vaisseaux d'Athènes étaient présents. L'arm?e
de terre, renforcée par mille hopiites de Zaôynthe, pr.it posi-
tion sur le promo'toire rle Leucimme. De leui côté, ies corin-
thiens avaient sur le continent un grancl nombre de Barbares
auxiliaires; car les habitants de ces contrées ont de tout remps
ntïttTiiitiîiunu
,uo., dispositions furenr terminées,, r., co-
rinthiens prirent des vivres pour trois jours et quittèrent chi-
mérion penclant la nuit, tléterminés à Iivrer batailre. Ils étaient
en mer au lever de l'aurore, lorsqu'ils découvrirent au large la
flotte corcyréenne qui s'avançait contre eux. Dès qu'on sé fut
aperçu, chacune des cleux armées se mit en ordre de combat. '

A I'aile droite cles Corcyréens étaient placés les vaisseaur


d'Athènes; le reste de la ligne était formd par les Corcyréens
eux-mêmes, partagés en trois divisions, dont chacune était
commandée par un cles trois généraux. Les corinthieus avaient
à leur aile clroite les vaisseaux de Mégare et d,Ambracie, au
centre le reste de leurs alliés, chacun à son rang; les Corin-
-bâtiments
thiens eux-mêmes occupaient la gauche avec les ies
plus )estes. Ils se trouvaient ainsi en face cles Athéniens et de
i'aile droite cle la flotte corcyréenne.
XLIX. Les signaux arborés cle part et r:l'autrer, on se joignit
et I'aotion s'engagea. Des deux côtés les tillacs étaient couverts
d'hoplites, d'archers et tle gens de trait, mais rangés suivant
I'ancienne tactique et d'une manière défectueuse. On se battait
avec acharnement, mais sans art; on ett dit que I'action se
passait sur terre. Une fois aux prises, le nombre et l,entassc-
ment des vaisseaux ne permettaient pas de se dégager aisé-
ment. Toute l'espdrance cle la victoire résiilait dans les hoplites
qui,garnissaient les ponts, d'ou ils combattaient de pieil ferme,
tandis que les bâtiments restaient immobiles. On ne cherchait
Tsucynlnr. I
26 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

point à forcer la lign_e ennemier; mais on apportait au combat


'ptus
ae courage ei tle vigueur que d'habileté; en un mot, ce
n'étuit partout que tumulte et confusion'
-_
buor ce désOidre, les vaisseaux cl'Âthènes voyaient-ils les
Corcyréens 'généraux accouraient pour intimicler les ennemis;
pressés, ils
mais leurs évitaient de prendre I'offensive, n'osant
oas enfreindie leurs instructions. L'aile droite des Corinthiens
iut très-maltraitée. Les Corcyréens, avec vingt-trois vaisseaux,
la mirent en fuite, la dispersèrent etla poussèrent à la côte;
puis, s'ava'çant jusqutau ôamp, ils débarquèrent, brùlèrentles
ientes désertes et pillèrent Ia caisse. Sur ce point, les Corin-
thiens et leurs alliés étaient donc vaincus et les Corcyréens
vainqueurs; mais il en était tout autrement à la gauche, qu'oc-
cupaient les corinthiens eux-mêmes, et orl ils avaient un avan-
ta$e décidé; car les Corcyréens , déjà inférieurs en nombre,
étiient .o.ore affaiblis par I'éloignement de leurs vingt vais-
seaux clétachés à la pôursuite des ennemis. Les Athéniens,
voyant leurs alliés ébrânlés, les secoururent avec moins d'hési-
taiion. Jusque-Ià ils s'étaient tenus sur la réserve I mai-s, quand
la déroute fui rlécidée et que les corinthiens s'acharnèrent sur
Jeurs ennemi$, chacun prlt part à i'action; tout fut confonclu;
alors corinthiens et athéniens se vit'ent forcés d'en venir aux
'mains ensemble.
L. Après la rléfaite. les corinthiens ne s'arrêtèrent pas à re-
morqoôt les coques des.bâtiments coulés1 ils ne-s'occupèrent
qo" â"t hommes-, et ce fut pour le-s massacrer bien plus que
p'our Ies faire priionniers, Ignorant Ia défaite de leur aile clroite,
ils allaient tuant indistinctement amis et ennemis; comme les
deux flottes étaient très-nombreuses et qu'elles couvraient une
vaste étendue de mer, iI n'était pas facile dans la mêlée de dis"
cerner les vainqueurs et les vaincus. ce fut, Pluf_Ie nombre
cles vaisseaux, 1è combat naval le plus considérable que les
Grecs se fussent encore livré entre eux.
Les Corinthiens, après avoir poursuivi les corcyréens jusqu'à
terre, se mirent à iassembler les débris cles navires et leurs
propies morts. Ils en recueillirent la majeure partie et les ame-
ttgtËot aux Sybote, port ilésert de la Thesprotide, _9it étaient
postés les Barbares auxiliaires'. Cela fait, ils se rallièrent et
cinglèrent de nouveau contre les corcyréens. ceux-ci, crai-
gttuît une descente sur leur territoire, réunirent ce qui leur
iestait de bâtiments en état de service, y'joignirent ceux qui
, n'ayaient pas combattu, et , accompagnés tles vaisseaux athé-
LIVRE I. 27

niens, ils se portèrent à la rencontre de la flotte ennemie. Il


était déjà tard et I'on avait chanté le pëan e comme signal d'at-
taque, lorsque soudain les Corinthiens se mirent à recuier, en
voyant s'approcher vingt vaisseaux d'Àthènes. C'était un len-
fort gue les Athéniens avaient envoyé après le départ tle leur pre-
mière escadrel ils avaient craint, non sans raison, que les Cor-
cyréens ne fussent vaincus, et que leurs dix vaisseaux ne
fussentpas suflisants pour les défendre.
LI. Les Corinthiens furent les premiers à découvrir ces vais-
seaux; ils soupçonnèrent qu'ils venaicnt d'Athènes, et, les
croyant plus nombreux qu'ils n'étaient, ils recuièrent. Les
Corcyréens, moins bien placés pour les apercevoir, s'étonnaient
de ce mouvement rétrogratle; mais enfin quelques-uns les dis-
cernèrent et ilirent que c'étaient des vaisseaux qui s'appro-
chaient. Alors eux aussi se replièrent, car'le jour comrnençait à
baisser, et les Corinthiens par.leur retraite aYaient mis fin au
combat. Ce fut ainsi qu'ils se séparèrent, et I'engagentent se
termina à Ia nuit. Les Corcyréens avaient regagné leur campe-
ment sur la pointe de Leucimme, lorsque les vingt vaisseaux
athéniens, commandés par Glaucon, fils de Léagros, et par
Anilocidès, fils cle Léogoras, anivèrent à travers les morts et
les débris , peu après avoir dté signalés. Comme il était nuit
close, les Corcyréens eurent peur que ce ne fùt I'ennemi; mais
ensuite on les reconnut et ils entrèrent en rade.
LII. Le lentlemain, Ies trente vaisseaur tl'Athènes et tous
ceux de Corcyre qui étaient encore à flot, cinglèrent vers le
port tles Sybota, ori était mouillée la flotte corinthienne, et lui
ofTrirent le combat. Les Corinthiens levèrent I'ancre et se ran-
gèrent en ligne en avant du rivage; mais ils se tinrent immo-
biles, décitlés qu'ils étaient à ne pas accepter la bataille, à
moins d'absolue nécessité. Ils craignaienb Ie renfort de vaisseaux
intacts survenu tl'Àthènes, sans parler des difficultés qu'ils
éprouvaient pour gartler à bortl leurs prisonniers et pour réparer
leurs vaisseaux s,rr une plage déserte. Ils songeaient donc à
effectuer leur retraite, et appréhendaient que les Athéniens' re-
gardant le traité comme rompu à cause de I'engagement de la
veille, ne leurfermassent le retour.
LilI. Ils résclurent en conséquence de faire monter I
des gens
dans une nacelle et de les envoyèr sans cad'ucée auprès des
Àthéniens, afin ile sond,er leurs dispositions; ils les chargèrent
d'un message conçu en ces termes:
c Athénièns, vous avez tort de commeucer la guerre et de
zB GUERRE ou pÉtopoxùse.
rompre le traité. Yous mettez obstacle à notre juste vengeance
en tourndnt vos armes contre nous. Si votre intention est de
vous opposer à ce que nous fassions voile conJre Corcyre ou
ailleurs, à notre volonté, si vous violcz ainsi la foi jurée, pre-
nez-nous d'aboril et nous traitez en ennemis. r
A ces mots, les Corcyréens qui étaient à portée de la voix.
s'écrièrent qu'ilfallait les prenclre et lestuer; mais les Athé-
niens réponclirent :
< Péloponésiens, nous ne commençons point la guerre; nous
ne rompons point le traité; mais nous sommes venus au se-
cours des Corcyréens nos alliés. Si donc vous voulez aller quel-
que autre part, nous n'y mettons aucuû obstacle; mais si vous
menacez Corcyre ou quelqu'une de ses possessions, nous nous
y opposerons de toutes nos forces. l .

LIV. Sur cette réponse, les Corinthiens se disposèrent à re-


tourner chez eul et ilressèrent un trophée aux Sybota du conti-
nent. Les Corcyréens recueillirent les clébris et les morts que
la vague et un vent survenu pentlant la nuit avaient dispersés
et jetés sur leurs rivages. Ils dressèrent à leur tour un trophée
aux Sybota de I'île, comme vainqueurs. Ainsi chacun tles deux
partis s'attribua lavictoire : les Corinthiens, parce qu'ils avaient
eu I'ayantage dans le combat naval jusqu'à la nuit, à telles en-
seignes qu'ils avaient recueilli Ia majeure partie des rtébris et
des morts, fait plus de mille prisonniers et coulé près de
soixante-dix navires; Ies Corcyréens, parce qu'ils en avaient
clétruit une trentaine, et qu'après I'arrivée tles Athdniens, ils
avaient reoueilli les ilébris et les morts jetés sur leurs côtes ;
parce qu'enfin, la veille, les Corinthiens avaient reculé devant
eux à la vue de I'escadre athénienne, et n'avaient pas accepté
le combat qui leur était offert. Telles furent les raisons pour
Iesqueiles les tleux partis se prétendirent vainqueurs et dres-
sèrent des trophées.
LY. Les Connthiens, en se retirant, s'emparèrent par sur-
prise cl'Anactorion, ville située à I'entrée clu golfe d'Ambracie,
et qu'ils avaient fondée conjointement avec les Corcyréens.
Ils y laissèrent une colonie corinthienne et regagnèrent leurs
foyers. Parmi les prisonniers corcyréens se trouvaient huit
cents esclaves qu'ils vendirent; mais ils garilèrent prisonniers
cleux cent cinquante citoyens, et leur prodiguèrent toute espèce
<le soins, afin qu'à leur retour ils les aitlassent à soumettre
Corcyre , car la plupart d'entre eux appartenaient aux familles
les plus puissantes de cette ville. Ainsi Corcyre échappa aux
LIVRE I. 29

armes de Corinthe , et la flotte athénienne se retira. Ce fut


pour les Corinthiens un premier sujet tle guerre contre les
Athéniens, qui, en pleine paix, s'titaient joints aux Corcyréens
pour les combattre.
LYI. Bientôt après ces événements. on vit éclore de nouveaux
germes de discorrle entre les Athéniens et les Péloponésiens.
Les Çorinthiens aspiraient à se venger des Athéniens; ceux-ci,
pressentant leurs intentions hostiles, orrlonnèrent à Potidée,
ville située sur I'isthme de Pallène et colonie de Corinthe, mais
alliée et tributaire d'Athènes, d'abattre lamuraille quiregartlait
la Pallène r, de livrer des otages, enfin tle chasser les épidë-
miurgeso que Corinthe y envoyait chaque année, et d.e n'en
plus recevoir à I'avenir. Ilscraignaient que les Potidéates ne se
révoltassent à i'instigation de Percliccas et des Corinthiens, et
que leur exemple ne fùt suivi par les autres alliés du littoral
de Ia Thrace 3.
IVII. Ces mesures contre Potidde furent prises parlesAthé-
niens immddiatemcnt après le combat nayal. Les Corinthiens
ne dissimulaient plus leur animosité contre Athènes, et d'un
autre côté Perdiccas, fils tl'Âlexandre et roi de Macédoine, ve-
nait cle se brouiller avec les Athéniens, après avoir été leur
ami et leur allié. Ce qui I'avait inilisposé contre eux, c'était
I'alliance qu'ils avaient conclue avec Philippe son frère, et avec
Derdas (o), qui s'étaient ligués contre lui. Aussi la crainte lui
fit-elle envoyer des députés à Lacédémone, afin d'armer le
Péloponèse contre Athènes. Il se ménageait aussi les Corin-
thiens, en vue cle la défection de Potidée; enfin il Iït faire tles
propositions de rér'olte aux Bottiéens et aux Chalcjddens du
littoral de la Thrace. Il pensait que la guerre lui serait plus
facile, quanil il aurait pour alliés ces peuples voisins. Instruits
de ces menées, les Àthéniens voulurent prévenir les défections;
et, comme en ce moment mème ils expédiaient trente vais-
seaux et mille hoplitcs contrc Perdiccas, ils ordonnèrent à Ar-
chestratos, fils de Lycomédès, et aux quatre I autres comman-
tlants de cette flotte, de prendre cles otages à Potidée, de raser
la muraiile, et de surveiller les villes voisines pour empêôher
leur rébeliion.
LUII. Les Potitléates envoyèrent une ambassade à Athènes
pour obtenir qu'on ne prîtpas de mesures nouvelles à leur égard.
Ils députèrent aussi à Lacédémone, concurremment ayec les
(zr) Neveu de Pcrdibcas et de Philippe.
30 GUERRE DU PÉtoPouÈsn'
à tout dvénement'
Cqrinthiens, afin ile s'y ménager cles s.ecours
t..ooio I'inutilité de leurs longues ilé-
ù;il ir;rqùrils eureït
rnarchesàAthènes,-qu'ilsvirentdirigeraussicontreeuxla
autorités tle La-
flotte 4estinée pour'la'nlu.Aaoint, qu'eifiu les
leur eureri;;r*; d'ônvahir I'Attique, si Potidée
cérlémone
l'instant propice,
-tot*" alors ffoyant
â*i^;i"q"ée par iÀ ltt,aniens, les Chalcitléens
ils s'empressèrent î" une ligue avec
mettre en révolte ouverte. Pertlic-
et les Bortiéens et cle se
mari-
.u, p.rrouda aux iuaiciaeeos d'at,andonner leursrlevillesla mer,
;tr;;, d; les détruire et d'aller s'établir loin à

aont ils frraient leur place d'atmes' A ces


émigrants
ôiî"tL., avec les Àthéniens'
il d.onna, potrr touæ la durée dà Ia guerre
i;J;;ir#ce de terres à lui appartenant, et situées en Mygclo-
clonc-détruisi-
nie, aux environs du lac Bolbà '' Ces
9e.uples,
rent leurs villes, ,.l.tirèrrot dans I'intérieur et se préparèrent
à laguerre
LIX. CePenclant les trente Yarssea ux d'athènes arrivent sur
les côtes de Thracl et trouvelt Potidée, ainsi que les places
noi*io.t , en pleine insurrection' Les géneraux ' ne,se,croyant de com-
Das en mesure, avec les forces dont ils disposatent'
viiles révoltées, se tournèrent
ffi;;iï; fr;'perdiccas et les
et ten-
.ont'. ta Macédoine, premier but ile leur expédition, qui de I'in-
direntlamain i, pÀiripi,* et aux frères de Derdas,
--ii.
térieur avaient envahi la Macédoine'
r,rrsqoe le, corinthiens apprirent ia révolte de Potidée
de la Ma-
,tî;p;;;nË. d'one florte athéniânne dans les eaux leur colonie '
cédoine, ils conçurcnt tles craintes au sujet .de
;i, ;. regarCant-c0mme également menacés' ilscomposés y fi'rent passer
de vo-
,uir. ,*nîu hoplites et quaîre cents peltastes dans
iootuir* de Cïrinth, ti dt soldats iecrutés àprix.d'argent
"
ie reste du péloponèse. À la tête de ces troupes était Aristéus,
fils d.'Adimantos, dévoué de trlut temps aux Potiiléates. ce fut
pu'"ru'tionpOurcechefquelaplupartd.esvolontairesdeCo-
rinthe ie suivirent. Cette ïrmde- fui rendue sur les
côtes de
ib;. quaraute jours après Ia révoite cle Potidée.
LXI. ies Àthéiiens ne tarclèrent prrs à être informés de ces
soulèvements. Quancl ils surent qu'Âristéus' avait
conduit des
Chitcidique, ils y envoyèrent deu.x mille.hoplites
ràntorts en
par callias, ûls
rl,Athènes et quarante vaisseàux, commandés
' de Calliaclès, auec qu'ltre autres généraux' A leur arrivée en
ùacéôoine, ils trouvèrent les mille hommes ile
la première ex-
pédition maîtres de Thermé depuis quelclues jours' et farsant le
I,IVRE I. 3I
murs ile cette
siéee ile P.ydna. IIs campèrent eux-mêmes sous les
ilË- q.ti.-;.h.;;t.'.i d'investir' cependt1l-',, to,T*t ils
ils se
hâte d'atteindre Potidée, où, Àristéus était déjà'
avaient
alliance
virent forcés de conclure un accommodement et une
Parvenus à
avec Perdi.rur; poit iis quittètent Ia Macédoine'
glt.heu t, ils'friànt
unË tentative contre cette ville; mais
et prirent
n'ayant po r'"o .*pur.., ils changèrent de direction
la route de terre'foo, *urrhei bontre Potidée, avec trois cle six
mille hoplites, renfôrcés d'un gran-d nombre d'alliés et et ile
cents cavafi..t *u.eào"l*t tùt les ordtes cle Philippe
pausaniase. f" *Cme temps Ia flotte, forte. ile soixante-dix
;;il;;;;geait Ia côte. lls marcbaient à pe'tites journées' et
5,
mireni troiË jours à gagner Gigonos oir ils campèrent'
"potidéates"et
LXII. Les les eéIoponésiens d'Aristéus atten-
du cÔté
daient les Athéniens dans un camp placé sur I'isthme'
d'olynthe.0navaitétabliunmarchéhorsdelaville.Lescon-
Àristéus, et
fédérés avaient rto poor chef de toute i'infanterie
Celui-ci avait promptement
pour cUet de Ia cavaierie Perdiccas'
abandonnélesAthénienspourrevenirauxPoticléates,ets'était
le plan d'A-
commandement par lolas' Le
iuii tutpfucer auns
t.oupes
ristéus âonsistait â occupet I'isthme avec ses propres Chal-
que les
et à surveiU.r t'uùto.ftô att Athénie[s' tandis-
;td;G leurs aniei du norcl de I'isthme et les deux cents ca-
à Olynthe'.avec
valiers âe percliccas, resteraient en obserfation
,;t; de prenclrÉ-i'r*.,, I'armée atbénienne à sou premier
mouvement offensit contre Poticlée'
vers
Le général athénien Callias et ses collègues f iÎl::ttt afin de
macédonienne avec q.uelql-t:
Ofy"tfie la cavalerie illLl:
deva't ceite place; pY.i* ils le-
neutraliser les t"ffit tJ"oit*
vèrent}ecampetmarchèrentcontrePotidée.Lorsqu'ilsfurentils
à l'isthme et qu'ils virent les ennemis se ranger. en
bataille'
suivirent leur exemple, et bientôt après l'action s.'engagea'
d'élite, Co-
L,aile qo, oo**unaâit A"istéus, form?e de soldats et
rinthiens.t uot..t, *it àn fuite 1e c.rps qui lui était.opposé
potideate et pé-
le poursuivit au loîn; mais le-reste. de I'armée
et se réfugia ilans
loponésienou roi *into p"t les Athéniens
la ville.
LXlIl,Àsonretourdelapoursuite,Aristéus,voyantquecette
. partie de i,armJe avait éte aétalte, Lé.itud'abord
de quel côté
Le
il tenterait at ruit. ràïtaite, vers Olynthe ou vers Potidée'
que pos-
;";i ;;q"el il.s'arrêta, fut de serrer sa troupe autant
sibleetoeseteteràl*'oottetlansPotidde'Ilyiéussit'non
32 cUERRE Du pÉLoponÈse.
sans peine, en marchant dans la mer Ie long cle la berme r pt
sous une grêle de traits r. Il perdit quelques hommes, nrais il
sauYa le plus grantl nombre.
Quaq!_au corps pJacé en observation en avant d'Olynthe, _
cette ville s'aperçoit d-e Potidée, dont elle n'est dloignée que
de soixante stades 5, lorsqu'on eut arboré les signaux et que
l'action fut engagée, -il fit un mouvement en avant poury Fren-
ilre part; mais les cavaliers macéiloniens lui barrèrentie pas-
sage. D'ailleurs, comme la victoire se déclara promptement en
faveur tles Athéniens, I'armée d'Olynthe, voyant lés signaux
abaissés, rentra dans-la place, et les Macédoniens rejoigiirent
les athéniens. ainsi des deux côtés la cavalerie ne fut pas en-
gagde.
combat, les Athéniens érigèrent un trophée et ren_
-.Aprè1ce
dirent les morts par composition. Les potidéates ei reurs alliés
avaient perdu un peu moins de trois cents hommes; les Athé-
niens cent cinquante, avec Callias leur gdnéral.
LilV. Aussitôt les Athéniens tracèrent des lignes et blo-
quèrent la ville drr côté de I'isthme!; mais ils raissèrent libre
le côtd qui regarde la Pallène. ll leur senibrait impossible de
passer dans cette presqu'ile pour y établir des )ign-es tibsidio-
nales, tout en continuant à garder I'isthme I se diviser airisi,
c'ett été prêter Ie flanc aux attaques iles ennemis. Lorsqu'on
sut E Athènes que Putidée n'était pas investie du côté de la pal-
lène,-on qn-voya un renfort de seize cents hoplites athéniens.
sous les ordres cle Phormion, iils cl'Asopios. Ce général arriva
dans la Pallène ; et, prenantAphytis; comme poinlde départ, il
s'avança.lentement vers Potidée €n ravageantle pays. personne
ne se prdsenta pourle combattre, et il éleva une ci"convallation
du côté de la PallÈne. ainsi potidée se trouva étroitement
cemde de part et d'autre, en même temps que la flotte la blo-
quait par mer.
. t{v. Aristéus, voyant la place investie et sans espoir cle sa-
iut, à moins rl.'un secours iiu péloponèse ou de queique autre
événement iuespéré, conseilla aux potidéates de nï laùser dans
la ville que cinq cents hommes, pour ménager les vivres, et de
profiter du premier vent favorable pour faiie .sortir re reste ile
la population. Il offrait d'être lui-même au nombre des demeu-
rants: mais sou avis ne fut pas gotté. vouiant donc prendre les
tlispositions devenues nécessaires et mettre dans le meilléur
otdre possible Ies afTaires du dehors, il sortit par mer, en se dd-
robant à la croisière athdnienne. Il se rendit chez les chalci-
LIVRE I. 33

tl.dens, et lit la guerre rle concert avec eux. C'est ainsi qu'il tua
bon nombre dà Sermylienst dans une embuscacle qu'il leur
tendit sous les murs rle leur ville. En même temps, il agissait
dans le Péloponèse pour obtenir quelque secours. Après I'in-
vestissemeni d. pofiaée, Phormion prit avec lui sa troupe de
e,
seize cents hommes et alla ravager Ia chalcidique etla Bottique
ori il s'empara de quelques bourgades.
LXYI. Tels furent. elrtre Athènes et Ie Péloponèse, les griefs
qui précédèrent 1à guerre. Les Corinthiens se plaignaient q'e
lèur colonie de potidée, avec les sollats de Corinthe et du PéIo-
ponèse qu'elle renfermait, fùt assiégée par les athéniens. ceux-
li e teo" tour accusaient les Péloponésiens d'avoir insurgé une
ville alliée et tributaire d,'Athènes et d'ètre venus les combattre
ouvertement, de concert avec les Potidéates. Néanmoins, Ia
rupture n,avait pas encore éclaté; la trêve subsistait toujours;
.ur l.r corinthiens n'avaient pas agi en vertu d'une délibdra-
tion publique.
l,XVtI. ùais quancl ils virent Potiilée investie, ils ne se tinrent
plus en repos, iraignant et pour 1a. place etpour ceux des leurs
qui s'y trôuvaient,-ils invitêrent leurs atliés à se rencontrer à
iacédémone. Eux-mêmes s'y rendirent et accusèrent hautemerrt
les Àthéniens d'avoir rompu Ie traité et offensé le Péloponèse'
Les Éginètes n'osèrent pas envoyer ostensiblement une am-
bassadË; mais ils poussèient sourdernent à Ia guerre,-sous pré'
texte qulils ne jouissaient pas de I'intlépendance qui leur avait
été gaiantie pai le traité. Les Lacédém.niens, après avoir con-
uoqie .uo* àr léurs alliés qui avaient à se plaindre d'Athènes,
à quelque titre que ce fût, finrent leur assemblée ordinairer et
les invitè.ent à pârler. Piusieurs répondirent à cet appe-l et-firent
successivement entendre leurs griôts. En particulier les XIiSa-
riens articulèrent diverses accuÀations graves; ils se plaignirent
suriout de ce que les Athéniens' contrairement au traité, leur
fermaient tousies ports de leur obéissance ainsi que le marché
rl'athèness. Les corinthiens, après avoir laissé les autres alliés
aigri'"les Lacédémoniens, paruie't les derniers et s'exprimèrent
ainsi :
LXYIII. c Lacéilémoniens, la loyauté qui chez vous préside
aux relations publiques of particulières fait que Yous .n'écoutez
autrui. Si d'une
f u*.uor défiance les imputâtions ilont on charge
part cette qualité est une marque de sagesse, de I'autre elle
vous laisse clans une profonde ighorance des affaires
du ilehors'
Bien que nOus yous uyons plds d'une fois prévenus des torts que
:tu GUERRE DU PÉLoPonÈss.

les Athéniens s'apprètaient à nous faire, yous ntavez pas tenu


compte rle nos avertissements et vous les avez crus ilictés par
noire ressentiment personnel. Yoilà pourquoi ce n'est pas avant
I'offense reçue, mais seulement au moment oir le mal s'accom-
plit, que vous avez convoqué les alliés ici présents, tlevant
lesquels il nous appartient d'autant mieux de prendre la parole,
que nous avons les plus justes motifs de plainte, nous qui
sommes victimes à la fois cles outrages d'Athènes et de votre
indifférence.
a Si les ilrjustices des Athéniens envers la Grèce étaient se-'
crètes, il faudrait éclairer ceux qui pourraient les ignorer;
mais qu'est-il besoin tle longs cliscours contre tles gens qui,
vous le \oyezl ont déjà asservi les uns, dressent des embt-
ches aux àutres, surtout à nos alliés, et se sont préparés tle
longue main à la guerre? Autrement ils ne nous auraient pas
enlevé Corcyre et ils n'assiégeraient pas Poticlée, tleux places
tlont I'une est admirablement située pour favoriser toutes les
entreprises sur le littoral tle la Thrace, tandis que I'autre ett
ilonné aux Péloponésiens une marine imposante.
LXIX. . La faute en est à vous, qui leur avez permis cl'aboril
de fortifier leur ville après les guerres Métliques, puis d'élever
les longs murs, et qui n'avez cessé tle ravir la liberté, non-seu-
lement à leurs sujets, mais encore à vos propres alliés; car le
véritable auteur de I'asservissement n'est pas tant celui qui
I'impose , llue celui gui , pouvant I'empêcher, néglige de le
faire, surtout s'il aspire au titre glorieux de libérateur de la
Grèce.
t Puis c'est à grand'peine que nous avons dté assemblés,
sans même que la question soit nettement posée' II s'agiqsait
en effet de savoir, non pas si nous étions offensés, mais com-
ment nous repousserions les offenses. Ceux qui les commettent
stavancent contre nous sans retartl et avec un parti pris, tanclis
que nous tlélibérons encore. Nous connaissons par quelle
marche progressive les Athéniens potrrsuivent le cours tleleurs
empiétements; aussi longtemps qu'ils se sont flattés, grâce
à votre apathie, de rester d.ans I'ombre, ils ont modéré leur
audace; mais une fois qu'ils vous sauront instruits et indif-
férents, ils se donneront libre carrière. Yous êtes les seuls cles
Grees qui vous plaisiez dans I'inaction, qui vous cléfencliez non
par les armes, mais par I'inertiel les seuls qui, pour abattre un
adversaire, attendiez que ses forces soient doublées, au lieu ile
lnattaguer au début.
LIVRE I. 35
r Et pourtant I'on vantait la fermeté de votre politique; mals
l'éloge était peu mérité. Nous savons que le Mètle est arrivé des
extrémités de la terre jusqu'au Péloponèse, avant de rencontrer
cle votre part une résistance sérieuse; et aujourcl'hui vous
fermez les yeux sur les entreprises cles Atbéniens, qui ne sont
pas éloignds comme lui, mais qui sont à nos portes. Au lieu de
prévenir leurs attaques, vous préférez les attendre et courir les
chances ile la lutte contre un ennemi devenu plus puissant.
Vous n'ignorez pas cepenilant que le Barbare n'a tlù qu'à
lui-même la majeure partie de ses revers, et que, si nous
avons jusqu'ici résisté aux c0ups des Athéniens, c'est grâce à
leurs propres fautes bien plus qu'à votre appui; car les espé-
rances placées en vous ont déjà perdu bien des gens, qui, par
excès tle confiance, ont été pri.s au dépourvu.
c Que nul tle yous ne voie dans nos paroles des accusations
haineuses plutôt qu'une juste remontrance ; les remontrances
s'aclressent à cles amis en faute, les accusations à tle coupab)es
ennemis.
tXX. c D'ailleurs nous pensons avoir, plus que personne,
le tlroit d'infliger le blâme à autrui, car cle graves intérêts sont
engagés de notre côté, sans que vous paraissiez vous en faire
une juste iclée. Yous n'a'rez pas réfldchi non plus au caractère
de ces Athéniens que vous allez avoir à combattre, caractère
qui contraste si complétement avec le vôtre.
s Ils sont entreprenants et aussi prompts à exécuter un
projet qu'à le concevoir; yous, il vous suffit de conserver ce
que yous possédez; jamais vous ne visez au delà, jamais vous
ne prenez même les mesures indispensables. Ils ont plus d'au-
dace que de force, plus de témérité que de jugement; ils vi-
vent tl'espérance au milieu même des revers. Chez vous .au
contraire I'action ne répond jamais à la puissance; vous yous
tldfiez des choses même les plus srlres, et ne pensez jamais
pouvoir sortir dtun mauvais pas. Ils aiment le mouvement,
vous le repos;volontiers ils courent le monde, tandis qu'il n'y
a pas d'hommes plus sédentaires que vùus I sortir cle ses
foyers leur parait un moyen dtaccroltre ses possessions, à
vous de les compromettre. Vainqueurs de leurs ennemis, ils
s'élanceut à de nouvelles conquêtes; vaincus, ils ne se laissent
abattre gu'un instant,. Dès qu'il faut servir leur patrie, rien tle
moins à eux que leurs corps, rien de plus à eux que leur
esprit. Echouent-ils dans leurs desseins, ils crient qu'on les
dépouille; réussissent-ils, c'est peu en comparaison de ce qu'il's
36 GUERRE DU PÉLopoNÈsE.

prétentlent. Trompés dans leurs ellorts, ils se consolent par de


nouvelles combinaisons; pour eux seuls I'espoir est iéalisd
aussitôt que conçur tant I'action suit de près la pensée. Tout
cela se poursuit avec des fatigues et iles dangers saus fin; ils
ne se clonnent pas le temps de jouir, car ils ont hâte d.'acquérir
rlavantage. Pour eux, la meilleure fête, c'est le rlevoir accom-
pli r; une oisive tranquillité leur paraît plus à plaindre qu'une
activité laborieuse. En sorte que , pour les caractérisei d,un
seul mot, on peut dire qu'ils sont nés pour n'être jamais en
repos et n'y jamais laisser les autres.
LXXI. c Et c'est en présence de tels antagonistes que vous
vous croisez les bras I Vous ne crôyez pas que le meilleur
moyen d'assurer la paix soit de se préparer à la guerre tout en
respectant la justice, tout en se montrant résolu à ne pas en-
durer un affront. Pour vous l'équité consiste à ne pas ôffeuser
les autres et à ne pas vous exposer pour votre propre défense.
Yous y réussiriez à peine, si vous aviez des voisins qui vous
ressemblassentl mais, nous venons de le dire, vos principes
sont surannés en comparaison de ceux d'Athènes. Or il en est
de la politique comme des arts; ce sont toujouis les nouveaux
procédds qui prévalent. Pour une ville pacifique, rien de mieux
que I'immobilitd; mais, quand, on est forcé de faire face de
plusieurs côtés à la fois, il faut être fécond en ressources. Voilà
pourquoi Ia politique des Athéniens, avec leur humeur aventu-
reuse, a admis plus d'iclées neuves que la vôtre.
c Que ce soit donc ici Ie terme de vos lenteurs. Fidèles à vos
promesses, marchez à Ia défense des Potidéates et de vosautres
alliés, en entrant sans_retard en Attique; n'abandonnez pas des
amis et des frères à cl'implacables ennemis, ne nour
pas à nous jeter, en désespoir de cause, dans les bras "-éduise,
d'un
autre perple..ll n'y aurait Ià de notre part aucune injustice, ni
devant les dieux qui 'les
reçurent nos sèrments, ni clevant
hommes.de sens_; car les violateurs de la foi jurée ne sonr pas
ceur qui, alantlonnés à elx-mêmes, cherchent asile et pro-
tection, mais ceux qui délaissent leurs confédérés. Si vous
montrez de la bonne volonté, nous resterons avec vous: aussi
bien ne ferions-nous pas une action louable en changeant
dtalliés, et _nous n'en pourrions trouver de plus sympathiques.
Là-dessus délibérez avec sagesse, et faites-en soite-que, sous
votre suprématie, le Péloponèse ne descende pas du-rang ori
vos ancêtres I'ont placé. r
Lxxn. Ainsi parlèrent les corinthiens. Il se trouvait alors à
LIVRE I. 37
Lacédémone d.es députés athéniens yenus pour r|autres affaires.
Informés des discours qui se tenaient dans |assemblée, ils ju-
gèrent à propos cle s'y présenter, nullement pour repousserles
inculpations des villes, mais pour montrer qu'il ne iallait rien
décider à la bâte et sans mùr examen. Ils voulaient faire con-
naître toute l'étendue de la puissance d.'Athènes, raviver les
souvenirs des vieillard.s et instruire les jeunes gens de ce qu'ils
pouvaient ignorer; en un mot, ils espdraient ramener les iacé-
démoniens à des idées de paix. Its se présentèrent donc et di-
rent qu'ils désiraient obtenir audience, s'il n,y avait pas d'empê-
chemént. Admis dans l'assemblce, ils parur-ent à li tribune et
prononcèrent le discours suivant:
LXXIII. < Nous n'ayons pas été députés vers vous pour entrer
en lice avec ros alliés, maii pour nous acquitter de notre mis-
sion. cepenclant, informés qu'il s'élève contre nous de viorentes
clameurs, nous avons demarrdé la parole, non pour réponilie
aux villes qui nous accusent, ne sauiiez être juges
entre elles et nous, - car vous
mais afinque, dans une affaire de cette
- pas légèiement et sur leurs discours
gravité, vous ne preniez
une résolution fâcheuse. Dtailleurs nous désirons, au sujet de
la question soulevée contre nous, faire voir que ce que nous
possédons nous I'avons acquis sans injustice, ei que nôtre ville
mérite que lton compte avec elle.
a A quoi bon remonter aux temps tout à fait anciens, qui
nous sont connus seulement par de vagues traditions? Mais les
Suerres Médiques et autres dvénements dont vous avez une
connalssance personnelle, nous sommes forcés de les rappeler,
dtt-on nous reprocher d'y revenir sans cesse. Lorsquï nous
bravions le danger, c'était dans I'intérêt de tous; et, puisque
Yous avez eu votre part d,es résultats, qu'il ne nous soit pas in-
terdit d'en'rappeler le souvenir, po,rr ieu qu'il nous soii utile.
Nous parlerons bien-moins pour nous âiscuiper, que pour vous
faire voir quelle est la ville que vous aurez à comËattie, si vous
prenez une résolution frrneste.
a Disons-le donc : à Marathon nous ftmes les premiers et
les seuls à combattre Ie Barbare; et lorsqu'il vint pour la se-
conde fois, trop faibles pour lui résister sur terre, nous mon-
tâmes sur nos vaisseaux, et notre peuple tout eniier livra le
combat naval de salamine; nous empêchâmes une innombrable
flotte deravager une à une les villes du péloponèse, incapabres
tle se prêter un mutuel appui. Le roi lui-même le fiï bien voir:
vaincu sur msr, il se retira précipitamment avec la majeure
Tnucyotoe. B
38 GUERRE DU PÉLOPONESE.

partie cle ses troupes, ne se jugeant plusen état.lo ,:ontinuer ia


lutte.
tXxffi. r En cet évdnement qui montra d'une manière écla-
tante que le salut cles Grecs était dans leurs navires, nous
mimes pour notre part au service tle la Grèce les trois principaux
éléments rle succès : lesvaisseaux les plus nontbreux, le général
le plus babile et un zèIe à toute épreuve. Sur quatre cents vais-
seauxr nous en fournlmes à peuprès les deux tierst;notre gé-
ndral fut ce Thémistocle, qui obtint qu'on livrerait bataiile dans
un détroit, et qui par Ià évid.emment sauva la patrie commune:
aussi lui avez-vous décerné plus d'honneurs qu'à aucun des étran-
gers qui sont venus jamais à Lacddémone!1 enfin notre zèle fut
poussé jusqu'aux dernières limites. Quancl nous vimes que, par
terre, nul ne venait à notre aide, et que les autres peuples
jusqu'à nos frontières étaient asserYis, nous abandonnâmes
notre ville, nous détruislmes nos propriétés; et, ne voulant pas
même aiors trahir les alliés qui nous restaient encore, ou par
notre dispersion leur devenir inutiles, nous montâmes sur nos
yaisseaux pour affronter I'orage, sans vous garder rancune de
votre tiédeur à nous secourir. Aussi pouvons-nous affirmer
que nous ne fimes pas moins pour vous que pour nous-mêmes.
Quant à vous, c'est en laissant vos villes habitées, c'est pour
en conserver la possession, qu'alarmés sur votre salut bien plus
que sur le nôtre, vous Yous mttes en campagne : car tant
qu'Athènes fut debout,, rien ne vint de votre côté; tantlis que
nous, c'est en partant d'une ville qui n'existait plus, c'est en
bravant le péril ayec une bien faible espérance de la recon-
quérir, que nous aidâmes à vous sauYer en nous sauvant nous-
mêmes. Si au contraire, craignant comme tant d'autres pour
notre pays, nous nous étions d'abord soumis aux Mèdesr ou que
plus tard, nous considérant comme perdus, nousn'eussions pas
eu Ie courage tle nous embarquer, I'insuffÏsancs de votre ma-
rine vous ett empêchés de livrer une bataille navale, et le Bar-
bare ftt arrivé sans obstacle à ses fins. .
LXXY. < Après tant de preuYes de dévouement et d'intelli-
gence, est-il juste que I'empire que nous posséclons excite à ce
point la jalousie des Grecs? Nous I'avons acquis cet empire,
non par violence, mais parce que les alliés, lorsque vous refu-
sâtes d'achever la guerre contre les Barbares, nous cléférèrent
le commanclement. Nous avons été contraints dès I'aboril et
par la nature des choses tle donner à clet empire son er.tension
actuelle: en oela nous ayons écouté la crainte, l'honneur et
LIYRE I. 39

I'intérêt. En butte à la haine géndrale, forcé_s tle.réprimer des


âlir.tioor, voyant votre vieillé amitié faire place à la suspicion
.i a ru *ilo.illuo.e) nous aYcns jugé périllegx fe nous re-
ia.n." sur nos droits et de per*"ttit aux cléfectionnaires.tle
qu'en
passer de votre côté. Or nul ne peut trouver mauvals
des plus grands dangerJ on prenne soin ile ses in-
;;;;;;t;
térêts.
LXXfl' s Yous-mêmes, Lacédémoniens, vous commandez
uoi-oitt.tdu Péloponèse, en y établissant le régime -qui vous
convie"t; mais sir dans le temps, vous aviezcontinué Ia guerre
et encourur cofirrfl€ nous la haine dans le commandement,
;;rrrm; nous aussi vous auriez éxé à charge à vos alliés et
ônUgO* cle les Bouverner avec vigueur' sous peine de craindre
pourvous-mêmes.
' o Ainsi nous n'ayons rien fait tl'étrange ni. cle
i contraire
- -_r_^:- à la
nature bumaine, en acceptant un empire- qu'on nous offrait' et
en le retenant d'Ïne main ferme, dominés comme nous i'étions
partes motifs les plus puissants, I'honneur, la crainte et I'in-
igrCt. C. n'est pas nous qui avons donné un tel exemple; de tout
iàtnpt 1t * ete iA*it qq. t* plus faible ftt maitrisé par le plus
fort. D'ailleurs nous ir'oyonÀ être dignes de I'empire,.et l'ous
des vues
en ayez ainsi jugé vous-mêmcs jusqu'au moment 0u
justicc
intéressées vous ont fait mettre en avant ces principes d-e
qoi n'oot jamais empêché personne-de s'agrandir par la force'
quand I'oËcasion s'etr préientait. Ils méritent des louanges,
c'eux qui, tout en obéissànt au penchant naturel à I'homme
pour
h doàination, montrent plus d'équité {}e ne le permettrait
Ieur puissance. si Ie hasard voulait que d'autres prissent notre
place, on verrait bientôt par comparaison combien nous sommes
inoaérés. Et pourtant cette modération, loin du."9Y: valoir
de justes élogôs, n'a été pour nous qu'une source de blâme'
iXXVtI. o Noos uuon* beau, dans toutes nos contestations
avec nOs allids, nous relâcher de nos droits, et maintenir I'éga-
lité clevant la loi, nous n'en passons pas moins pour rechercher
les procèsr. personne tre se demande pourquoi l'_on ne fait
pas le
*e*r reproche à l,ous ceux qui commandent à d'autres peuples
etqui se-mOntrentmoinsmodlérés que nous enyers leurs sujets:
qo., lorsqu'on peut user de violence, on n'a que faire de
pr*eË- iVtals nos ailiéi, habitués à vivre ayec n.us sur un pied
";ràt
h'égalité, viennent-ils à éprouver quelque mécompte par suite
d'uie diïerge,nce d'opiniôn ou de I'autorité que nous ilonne
nottu prééminence, au lieu d'être reconnaissants de ce qu'on ne
40 GUERRE DU PÉLOPONÈSE'

leur ôte pasle plus, mais seulement lemoins, ils montrent plus
ile colère que si il'emblée nous eussions mis tle côté la loi et
commis des usurpations manifestes. Dans ce cas, ils n'auraient
pas mêrne songé à protester contre Ia soumission du plus faible
àu plus fort. C'est qu'apparemment on s'irrite plus de I'injustice
que de la violence : Ia première, venant d'un égal, semble être
une usurpation; la seconde, appuyée sur la force,, passe pour
une néceisité. Ainsi nos alliés, quoiqu'ils eussent à subir, sous
I'oppression du Mède, des lois bien plus rigoureuses, ne lais-
saient pas de s'y résigner, tandis que notre autorité leur parait
tyrannique. Faut-il s'en étonner? La domination présente est
toujours odieuse. Quant à vous, s'il vous anivait de nous sup-
planter et dlhériter de notre prééminence, Y0us ne tarderiez pas à
voir s'évanouir cette faveur dont vous jouissez grâce à la crainte
que nous inspirons, surtout si vous suiviez les mêmes prin-
cipes que pendant Ia courte durée de votre commandement
dans la guerre Métlique e I en effet, Yos mcÊurs sont incompa-
tibles avec celles des autres nations, sans compter que cbacun
de vous, une fois hors de son pays, ne suit plus ni les usages
ile sa patrie ni ceux du reste de la Grèc-e.
LXXVIII. < Délibérez donc mtre**it, comme Ie mérite une
question de la plus haute importance; et n'allez pas, sur des
idées et des accusations étrangères, vous jeter dans des em-
barras personnels. Avant de vous engager dans la guerre' son-
gez à la grancleur des mécomptes qu'elle entratne; en se pro
longeant, elle se plait à multiplier les chances incertaines d'ont
nos deux peuples sont encore éloignés pour le moment, sans
qu'on puisse savoir quel est celui des ileux partis que favorisera"
favenii. Quand. on entreprend une guerre, on commence par ori
I'on d.evrait finir : on d,ébute par les actions, et I'on attend
d'avoir souffert pour avoir recours aux paroles. Pour nous, qui
n'avons pas commis ce genre de faute et qui ne Yous y voyons
pas disposés, nous vous conseillons, pendant que nos résolu-
tions sont libres encore, de ne pas rompre letraité et denepas
violer les serments, rnais de régler nos différends à I'amiable,
coriformément aux conventions; autrement, nous prendrons à
témoin les dieux vengeurs du parjure, et nous tâcherons de
nous défendre en suivant la route que nous auront tracée nos
;rsresseurs. )
LXXX. Tel fut le discours des iléputés tl'Àthènes. Les La-
cédémoniens, après avoir entenclu les plaintesde leurs alliés et
la rénonse des Athéniens, les firent tous retirer et délibérèrent
LIVRE I. 4I
entre eux sur la question proposée. La majorité inclinait à
prononcer que les Athéniens étaient coupables, et qu'il fallait
leur déclarer la guerre imméiliatement. Àlors Arcbiâamos, roi
des Lacédémoniens, renommé pour ses lumières et pour sa
modération, prit la parole et dit:-
LXXX. (( J'ai traversé bon nombre de guerres, et je vois ici
bien.des gens de monâge qui p.oveni en dire aïtant; ils
n'imjteront.donc_pas le commun àes hommes qui, par ineipé-
?ienee, désirent la guerre, parce qu'ils la croie-nt profitable et
sans danger.
a celle qui fait I'objet de votre délibdration ne yous paraîtra
pas sans importance, pour peu que vous y réfléchissiô2. Aux
Péloponésiens, aux peuples de notre voisinage, nous pouvons
opposer une force égale, et ils sont à portée de nos coups;
mais comment entreprendre légèrement une lutte contre des
hom.mes qui habitent une terre éloignée , qui ont une grande
expérience de la mer, qui sont abondamment pourvus de toutes
choses, richesses privées et pubiiques, vaiiseaux, chevaux,
armes, population plus nombreuse qu'en aucune autre contrée
de la Grèce, et qui de plus ont unè foule d'alliés tributaires?
Et sur quoi compterions-nous, pour nous hâter avant d'être
suffisamment préparés? sur notie marine? Mais à cet égard
nous leur sommes infér:ieurs; et, si nous voulons nous exerser
et nous mettre en éfat de leur tenir tête, il faudra du temps.
Sur nos finances ? Encore moins ; car nous n'ayons pas de
trésor public, et nous sommes peu disposés à contribuer de nos
tleniers.
Lxxxl. < Peut-être se repose-t-on sur notre supériorité
militaire et numérique, et pense-t-on qu'il nous .r.uit facile
cle- ravager leur territoire pir des invasiôns réitérées.
Mais les
Athéniens possètlent beaucôup d'autres pays soumis à leur do-
mination, et ils se procureront par *èr-c. qui reur manque.
si nous essayons d'insurger leurs alliés, il faudra des flottes
pour les soutenir; car ils sont la plupart insulaires.
Quelle
espèce de guerre ferons-nous doncf a moins d'être tei plus
forts sur mer ou de leur enlever les revenus qui alimentent
leur marine,-nous recevrons prus de mal que noris n,en ferons.
II ne sera plus possible de quitter les almes avec honneur,
surtout après avoir été les premiers à les prendre.
s Ne nous berçons pas de I'idée que cetie guerre se terminera
promptement, si nous dévastons le pays ennemi. Je crains
bien plutôt que nous ne la transmettioos à nos enfants. tant
42 GUERRE DU PÉLoPoNÈss.

il est improbable que les Athéniens , ce peuple si ûer I sÈ r0rr-


dent esclaves de leur territoire , ou se laisseut intimicler par Ia
guene, comme si c'était chose nouvelle pour eux.
LXXXII. c Je ne prétencls pas que nous devions être insen-
sibles au malaise de nos allids, ou fermerles yeux sur les em-
bùches qui leur sont tendues; ce que je dis, c'est qu'il ne faut
pas encore faire appel aux armes, mais envoyer des députés et
articuler nos grtefs, sans menaces de guerre ni lâche condes-
)
I oendance. En attendant nous pousserons nos prdparatifs; nous
t
solliciterons I'adjonclion de nouyeaux alliés grecs ou barbares,
pour tirer d'eux des secours mari[imes ou pécuniaires. Et qui
pounait nous faire un crime, menacés comme nous le sommes
par les Athéniens, de chercher notre salut dans I'alliance des
Grecs et même iles Barbares? En même temps, cléployons toutes
nos ressources. Si les Athdniens écoutent nos réclamations, ce
sera bien; autrement, dans deux ou trois années, nous mar-
cherons contre eur, si on Ie juge à propos, avec des chances meil.
leures. Et qui sait si, voyant nos préparatifs en harmonie avec
I nos paroles, ils ne seront pas plus disposés à céder, surtout quand
nous n'aurons pas enoore entamé leur territoire, et qu'ils
) auront à clélibérer, non sur cles ruines, mais sur des biens encore
intacts? Ne croyez pas qu'entre nos mains leur pays soit autre
chose qu'un otage, d"autant plus str qu'il sera mieux cultivé. Il
nous faut donc ménaser cc pays le plus possible, et ne pas
rend.re leur cléfaite pius difficile en les poussant au ilésespoir.
Si au contraire, avec des préparati(s insuffisants et sur les
plaintes de nos alliés, nous nous hâtons de ravager I'Attique,
prenez garde que Ie Péloponèse n'en recueille de la honte et
de I'embarras. On peut accorder les querelles des Etats et
des individusl mais lorsque, pour des intérêts particuliers,
nous aurons entrepris une guerre générale et d'une issue
fort douteuse, il ûe sera pas facile tle la terminer avec hon-
neur.
LXXilII. cc N'allez pas vous imaginer que, nombreux comme
r'ous l'êtes et n'ayant affaire qu'à une seule ville, ily ait lâcheté
à ne pas I'attaquer sur-le-champ. Les Athéniens n'ont pas moins
d'alliés tributaires que nous; or la guerre dépend bien moius
des armes que cle I'argent qui en seconde le succès, surtout
quand la lutte est entre une puissance continentale et une puis-
sance maritime. Commençons donc par nous en procurer, et
ne nous laissons pas d'aborcl entrainer par les discours de nos
allids. Puisque ctest nous qui aurons la responsabilité des ré-
LIVRE I. 43
sultats, quels qu'ils soient, donnons-nous au moins le temps de
la réflexion.
LXXXIV. c Quant à cette lenteur, à cette temporfsation qu'on
nous reprocbe , gardez-vous d'en rougir; la précipitation ne
ferait que reculer Ie terme, d'une guerre entreprise sans prépa-
ratifs. D'ailleurs nous habitons une ville qui n'a pas cessé d'être
libre et granrlement illustre, et ce dont 0n nous blâme n'est autre
chose qu'une sage modération. C'est à cette qualité que nous
devons deotêtre ni insolents dans les succès, ni abattus comme
tant d'autres dans les reversl de ne pes nous iaisser précipiter
dans Ie péril par les flatteries qu'on nous adresse, et d'être
impassibles aux reproches par lesquels on essaye ile nous
irriter.
c Cette prudence nous rend à la fois propres à la guerre et
au conseil: à la guerre, parce que la modération est la source
ile I'honneur et I'honneur celle du courage; au conseil, parce
que nous ayons été élevés trop simplement pour mépriser les
lois et trop sévèrement pour les enfreindre I enfln, parce que
n'étant pas initiés aux connaissances oiseuses, nous ne possé-
dons pas ltart de critiquer en belles phrases les plans de nos
ennemis, sans nous soucier si nos actions répondront à nos pa-
roles. Nous croyons que les iclées d'autrui valent bien les
nôtres et qu'on ne peut faire d'avance la pari, de I'avenir. Il faut
toujours présumer nos adversaires bien inspirés et leur opposer
des préparatifs réels, ne point placer nos espérarrces dans les
fautes qu'ils pourront commettre, mais plutôt tlans ia justesse
de nos calculs. Ne vous figurez pas qu'il y ait une grande
clifférence entre un homme et un autre homme : s't] en est
un qui ercelle, c'est celui qui a été formé à l'école de la né-
cessité.
LXXXY. q N'abandonnons pas les maximes que nos pères
nous ont ldguées et dont nous nous sommes toujours bien
trouvés. Ne décidons pas en un seul instant du sort tle tant
d'hommes, rle tant de richesses, de tant ile villes, de tant cle
gloire; mais délibérons à loisir; nous le pouvons mieux que
d'autres parce que nous sommes forts, Envoyons à Arhènes une
première ambassaile au sujet de Potidée, une seconcle pour
exposer les plaintes de nos alliés; c'est un devoir, puisque les
Athéniens offrent I'arbitrage, et gue celui qui s'y réfère ne doit
pas être de prime abortl traité en ennemi. Pendant ce temps,
préparons-nous à la guerre; c'est le meilleur parti à prendre,
celui qui inspirera à nos atlversaires le plus de terreur. p
4ii GI'ERRE Du PÉLoPonÈsr.
lxxxÏI. Tel fut le iliscours d'archiclamos. sthénélaTdas,
uu des dphores en charge, s'avança le dernier et dit :
< Je n'entènds rien à toutes les arguties des Àthéniens. Ils
se sont donné force louanges, mais n'ont nullement prouvé
qu'ils ne portent pas atteinte âux clroits de nos alliés et 1 ceux
du Pdloponèse. si jadis leur concluite fut belle contre les Mècles
et qu'aujourd'hui elle soit coupable envers nous, ils méritent
une double peine, pour être devenus méchants de bons qutils
étaient. Pour nous, nous sommes toujours les mêmes; ei, si
n_ous sommes sages, nou's ne soulïrirons pas qu'on oflense nos
alliés; nous n'hésiterons pas à prendre leur cléfense, puisqu,on
n'hésite pas à les maltraiter. D'autres ont cle I'argent,des vais-
seaux, des chevaux en abondance : nous ayons, nôus, de braves
allié-s, qu'il ne faut pas Iivrer aux Athéniens. Il ne s'agit pas ici
de discussions ni de paroles , car ce n,est pas en pa"àlei qu'ils
sont attaqués; il faut leur porter,secours au plus tôt et ile
toutes nos forces. Qg. nous parle-t-on de délibdrer lorsqu'on
nous outrage? c'est à ceux qui méditent I'injustice à déribérer
longuement. Votez clonc Ia guerre , Lacéclém-oniens, comme il
est digne de sparte; ne laissez pas les Âthéniens s'agranrlir
davantage et ne trahissez pas vos alliés; mais, avec I'aide des
dieux, marchez contre tle perficles agresseurs. D
LXXXUI. Ildit, et, en sa qualité dréphore, il mit lui-même la
question aux voir dans I'assemblée des Lacédémoniens. or,
comme ceux-ci votent par acclamation et non au scrutin, il
prétendit ne pas discerner quel était le cri le plus fortl et vou-
Iant les exciter encore plus à la guerre en rendant le su{frage
manifeste : < Que ceux volls, dit-il, qui regarclent la païx
_dg
comme rompue et les Àthéniens comme coupables, se lèvent et
passent de ce côté; que ceux qui sont d'un àvis côntraire pas-
sent de I'autre. r Les Lacédémoniens se revèrent et se parta-
gèrent; uue majorité imposante déclara Ie traité ,o*pï. En
conséquence, ils rappelèrent les alliés, et leur dirent qu'ils
donnaient tort aux Athéniens; mais qu'ils voulaient, avant de
leur déclarer _la guerre, réunir tous lei alliés et leur soumettre
la questlon, afin d'agir d,'un commun accord. Là-dessus les alliés
s'en retournèrent; les députés d'Athènes partirent plus tard,
après s'ôtre acquittés de leur manilat. ce ïote de l'âssemblée.
qui cléclarait le traité rompu, eut lieu la quatorzième année dÉ
la paix ile trente ans, conclue après la conquête cle l'Eubée *.
r L'an 432 ayant Jésus-Chrigt.
- LIVRE I. 45

tXXtrfiII. En proclamant la rupture du traitd et en votant Ia


guerre, Ies Lacddémoniens cédèrent moins aux sollicitations cle
leurs alliés qu'à la crainte que leur causaient les Athéniens.
Ils les voyaient déjà maîtres d'une partie tle la Grèce, et ils
avaient peur qu'ils ne s'agrandissent encore tlavantage.
LXXXH. Il me reste maintenant à raconter tle quelle ma-
nière les Athéniens étaient paryenus à la suprématie qui con-
tribua tant à leur puissance.
Quancl les Mèdes eurent quittd l'Europe, vaincus par les Grecs
sur terre et sur mer; quand ceux d'entre eux qui, avec leurs
vaisseaux, evaient cberché un refuge à Mycale, eurent été dé-
truits, Léotychitlas, roi rles Lacédérnoniens, qui commanilait
Ies Grecs en cette journée, retourna.dans sa patrie avec les
alliés du Péloponèse. Les Athéniens au contraire, avec les alliés
cle I'Ionie et rle I'Hellespont déjà révoltés contre le roi, conti-
nuèrent Ia guerre et mirent le siége devant Sestos, que les
Mèiles occupaient. Ils passèrent I'hiver sous les murs cle cette
place, clont ils s'emparèrent après la retraite des Barbares.
Ensuite ils abandonnèrent I'Hellespont, et chacun regagna ses
foyers.
A peine l'Attique avait-elle été évaouée par les Barbares, gue
les Athéniens faisaient revenir rles ]ieux où ils les avaient mis
à I'abri leurs enfauts, leurs femmes etle restant deleurs effets;
après quoi ils se disposèi"ent à reconstruire leur ville et leurs
murailles. Il ne subsistait presque rien de I'ancienne enceinte I
la plupart tles maisons étaient tombées, sauf quelques-unes ,
qu'avaient occupées les principaux des Perses.
XC. Les Lacéilémoniens, informés de ce projet, envoyèrent
une ambassade à Athènes. Pour leur part, ils auraient nr avec
plaisir que ni cette ville ni aucune autre n'eùt de murailles;
mais ils obéissaient surtout aux instances de leurs alliés, in-
quiets de I'essor qu'avait pris la marine autrefois nulle cles
Athéniens, et ile I'audace deployée par eux dans la guerre
Medique. Les députés invitèrent donc les Athéniens à ne point
fortifier ieur viile, mais plutôt à se joindre à eux pour détruire
tous les remparts élevés en dehors du Péloponèse. Ils clissimu-
laient leurs intentions et leurs défiances; mais il ne fallait pas,
disaient-ils, que le Barbare, si jamais il revenait, pût trouver
une place forte qui servlt cle base à ses opérations, comme cela
s'était vu en rlernier lieu pour Thèbes'. Le Péloponèse, ajou-
taient-ils, peut oflrir à tous les Grecs une retraite et une place
d'armes suffisantes.
46 GUERRE DU PÉIOPONÈSE.

Les Àthéniens, d'après ltavis de Thémistocle, congédièrent à


I'instant cette ambassade, avec réponsequ'ilsallaient députer à
Lacédémone sur ce sujet. Thémistocle demanda d'être envoyé
lui-même sur-ie-champ. Il conseilla de ne point faire partir
aussitôt ceux qu'on lui donnerait pour collègues, mais cle les
retenir jusqu'à ce que la muraille eùt atteint Ia hauteur stricte-
ment uéceslaire pour soutenir un assaut. Toute la population,
hommes, femmeÀ et enfants, eut ordre tle mettre la main à
l'æuvre, sans épargner ni édifice public ni construction parti-
culière,' mais de démoiir indistinctement tout ce qui pouvait
servir aux travaux. Après avoir donné ces instructions et laissé
entendre qu'il ferilit Ie reste à Lacédémone, Thémistocle partit.
arrivé dans cette ville, au lieu de se rendre auprès des autorités,
il usa d,atermoiements et de défaites; et lorsqu'on lui ileman-
tlait pourquoi il ne se présentait pas à I'assemblée, iI réponclait
gu'ilàttenâait ses collègues demeurés en arrière pour terminer
quelques afTaires, mais qu'il comptait sur leur arrivée prochaine
el s'étonnait tle leur retartl.
XCI. 0n croyait Thémistocle' parce qu'on avait pour lui de
i'alfection. Cepenclant il arrivait cles gens qui annonçaient
d.'une manière positive qu'Athènes se fortifiait et que le mur
prenait déjà de l'élévation; il n'y avait plus moyen d''en douter.
Âlors Thémistocle, stapercevant de I'e{Iet procluit par ces nou-
velles, conseilla aux Lacédémoniens de ne pas ajouter foi à tle
vaines rumeurs, mais d'envoyer quelques-uns de leurs conci-
toyens les plus considérés, qui feraient un-rapport fidèle après
avbir vu leÀ choses par leurs yeux. On les fit donc partir. Thé-
mistocle mantla sous main aux Àthéniens ile retenir ces tléputés
d'une manière aussi peu apparente que possible, jusqutà ce que
lui-même et ses collègues fussent de retour (ceux-ci I'avaient
enûn rejoint et lui avaient appris que le mur était suffisamment
élevé; c'étaient Abronychos fils de Lysiclès et Aristide fils de
Lysimachos). II craignait que les Lacédémoniens, une fois
informés, ne les laissassent plus aller. Les Athéniens firent ce
qu'il demandait. Alors Thémistocle leva le masque; et, se pré-
slntant aux Lacédémoniens, il leur déclara sans tlétour qu'Athè-
nes était fortifiée et désormais en étatde protégerseshabitankl
que si les Lacédémoniens et leurs alliés voulaient y enYoyer
une tléputation, ce devait être à I'avenir comme à tles hommes
qui connaissaient également leurs propres intérêts et ceux dela
Grèoe1 qu'en eIfet, lorsqu'ils avaient jugé utile il'abandonner
le'rr ville et de monter sur leurs vaisseaux, ils aYaient su pretr-
LIYRE I. 47

dre à eux seuls cette résolution courageuse;'et que, dans les


délibérations communes, ils ne s'étaient montrés inférieurs en
intelligonce à personne. Si maintenant ils avaient trouvd bon
de fortifier leui ville, c'était clans I'intdrêt des alliés non moins
que dans le leur; car il n'étaib pas possibler avec tles positions
inégales, d'apporter dans les discussions communes un esprit
ffensemble et d'égalité. II fallait donc, ajoutait-il, ou que tous
les alliés fussent dépourvus de murailles, ou qu'on approuvât ce
qu'Athènes avait fait.
XCII. Les Lacédémoniens, à ce cliscours' ne laissèrent percer
ancune aigreur contre les Athdniens. En leur emoyant une
amhassade, ils n'avaient pas prétendu, dirent-ils, leur donner
des orclres, mais simplement un conseil dicté par I'intdrêt tle
tous. a oette époque ils étaient dans les meiileurs termes aYec
Ies Athéniens, à cause du zèle dont ceux-ci avaient fait preuve
dans la guerre Médique; toutefois ils éprouvaient un secret dé-
plaisir ùavoir manqué 1éur but. Quant aux députés, ils se retirè-
rentlesuns et Ies autres sans récriminations.
xcl[. c'est ainsi que Ies Athéniens fortifièrent leur ville dans
un court espace de tèmps. L'ouvrage porte encore aujourdthui
des traces cle la précipitation avec laquelle il fut exécuté. Les
fondements sont en pierres de toute espèce, non appareillées,
telles que ehacun les apportait. 0n y lit entrer jusqu'à tles co-
lonueJ sép.ulcrales et des marbres sr:ulptés. L'eneeinte de la
ville fut éiargie en toui senst. L'empressement faisait qu'on
remuait tout sans d istinction.
Thémistocte persuada aussi d'achever les constructions du
Pirée, prdcédemment commerrcées penclant I'année de son ar-
chontat t. Cet enclroit lui paraissait favorable à cause cle ses trois
ports naturels"; il pensalt que les Athéniens trouveraient tlans
ia marine les moyens de palvenir à une grande puissanr.e. Le
premier il osa ttiie qu'il tattait s'adonner à la mer, et iI fit aus-
iitôt mettre la mair à l'æuvre. D'après son avis, on donna au
mur l'épaisseur qu'on lui voit aujourd'hui autour clu Pirée; les
pierres étaient apportées par des ôhariots attachés deuxà deux{;
àans I'intérieur il n'y avait ni blocage ni mortier, mais le mur
consistait en grosses pierres de taille, jointes par cles crampons
defer scellés àveo du plomb. La hauteurtotale ne fut guère que
Ia moitié de ce que prbietait Thémistocle; iI ett voulu q-ue 1'é-
lévation et l'épalsseur de ces murailles déliassent tous les as-
sauts, et iI pensait que pour la défense iI suffirait tl'un petit
nombie deJhommei tes moins valirles, tanilis que les autres
48 cuERRE DU PÉtoPotlùsP.

monteraient sur làs vaisseaux. La grancle importance qu'il at-


tachait à la marine venait sans doute ile ce qu'il avait reconnu
que I'armée du roi avait I'accès plus facile par mer gue par terre.
 ,.r yeuxr le pirée était plus essentiel quela villelaute; sou-
vent if conseillait aur Athéniens, s'ils venaient à être pressés
sur teTre, de descenclre au Pirée et de s'y défendre sur leurs na-
vires envers et contre tous.
ce fut ainsi que les Athéniens élevèrent leurs remparts et
les autres constructions, immédiatement après la retraite tles
Mèdes.
iCfV. Cepenrlant Pausanias, fils ite Cléombrotos, avait été
."îoye ayec vingt vaisseaux tlu Péloponèse, en
de Làcédémone, .Grecs.
oualiié de Eénéral des Cette armée, renforcée cle trente
iui.r.uo" oihéoiuor et d'une foule tl'alliés, seporta tl'abord con-
tre l'île de cypre, qu'elle soumit en grancle partie; F ta, toujours
que
sous le même commandement, elle alla attaquer Byzancer
les Mètles occupaient, et qu'elle prit à la suite d'un siége'
XCv. Mais l-e caractèrô altief de Pausanias ne tartlapas à in-
disposerles Grecs, surtoutlesloniens ettous ceux qui s'étaient
récemment soustraits à la ilomination du roi. Ils s'adressèrent
donc auxathéniens et les prièrent, en vertu de leur commune
orig{"., de se placer à leur tète et de les protéger au besoin
.oo"trc ies violênces de Pausanias. Les Àthéniens accueillirent
ættr ar*"nde et s'occupèrent cle prenilre les mesures les plus
convenables pour être en état d'y satisfaire.
Sur ces entïefaites, les Lacéclémoniens rappelèrent Pausanias
pour lui faire son procès à I'occasion des faits dont ils avaient
été iofot*és. Les Grecs qui anivaient à Lacéclémone étaient
unanimes à I'accuser, et son généralat ressemblait fort à la ty-
rannie. II fut précisément ràppelé au moment orl les alliés ,
sauf les troupôs du Péloponèie, passaient sous les ortlres tles
Athéniens. Dô retour à Làcédémone, il fut conclamné sur quel-
ques chefs particuliers, mais absous des accusations les plus
fruo.rl on l-'accusait surtout de médismet, et le reproche fit
pa-
par-
iaissait fondé. 0n lui retira tlonc Ie commandement; on
tir à sa place, avec peu de monde, Dorcis et d'autres, dont les
alliés dèclinèrent l'àutorité. Ces chefs aussitôt se retirèrent;
dès Iors les Lacédémoniens n'en envoyèrent plus. L'exemple de
Pausanias leur faisait craindre qu'ils ne se pervertissent en
sortant du pays; d'aiileurs ils étaient las de la guerre-l\{édique;
ilr r. r.posïiéoi sur les Athéniens clu soin de la concluire. car
en ce môment les tleux peuples étaient amis'
LIVRE I. 49

xcu. Ainsi investis clu commanclement par I'aclhésion spon-


tanée des alliés, auxquels Pausanias s'était rendu oclieux, les
Athdniens cléterminèr-ent quelles villes auraient à fournir de
l,argent ou des vaisseaux pour la continuation _tle la Suerre
.ooirr les Barbares. Le préiexte fut tle ravager le pays du roi
par droit de représaillei. De cette épogue date chez les Athé-
nietts l,institutiôn des Hellënotamest, magistrats chargés de
recevrÉr le tribut, car tel fut le nomclonné à cette contribution-
ce tribut fut fixé dans I'origine à quatre cent soixante ta-
Ientse. Le trésor fut déposé à DéIos, et les assemblées se tinrent
clans Ie temple.
XCVII. piacés à Ia tête cl'alliés originairement intlépentlants
et ayant droit de suffrage dans cles assemblées générales, les
athéniens étentlirent peu a peu leur domination, soit par les
armes, soit par des mesures aclministratives, clans I'intervalle
ro*p.ir entre la guerre lvlédique et celle-ci. Ils eurent tour à
tour à combattre les Barbares, leurs propres alliés révoltés,_et
enfin les Péloponésiens, qu'ils rencontraient tlanstous leurs dif-
férencls. a ce propos je me suis permis une tligr_ession_, parce
que tous mes devànciers ont laisJé cette_périotle dans,l'ombre,
dt se sont bornés à raconter I'histoire cle la Grèce avant ou pen-
clant les guerres Mérliques. Le seul qui ait abortlé..ce sujet,
t,
HellanicoJ, dans son hisioire cl'Athènes D'â fait que I'effleurer,
sans indiqier exactement la chronologie. D'a]l_l.gu13 cet.exposé
achèvera'tle faire connaitre comment s'établit I'empite des
Athéniens.
xcYIII. D'abord, sous la conduite de cimon, -{ls de Miltiacle,
ilsassiégèrent et prirent sur les Mètles la ville d'ÉÏon, à ltembou-
chure dù Strymon. Les habitants Iurent vendus comme escla-
ves. Ensuite ils lirent subir Ie même traitement à la lopulation
de Scyros, lle de la mer Egée, habitée.par des- Dolopes' et qu'ils
trp.optO.ént par une cololtie d'nthéniènst. IIs soutinrent aussi
.oi.trË les Carystiensr une guerre, à laquellele reste tlel'Eubée
demeura étranger et qui sà termina Par u1-accommodement'
.q"p.e, cela, les ÏYaxiens-se révoltèrent ; mais ils furent
attaqué9'
aJsiages ei soumis. Ce fut la première ville atliée qui fut
privée
de la"liberté, contrairement au tlroit établil plus tartl les
autres
éprouvèrent successivement le même sort.
XCx.LesdéfectionsprovenaienttleplusieuTscauses'en
cles alliés à
particulier de la difficultè qu'éprouvaient la plupart
iournir régulièrement ltarg^ent,les vaisseaux et mëme les hom-
mes. Les Àthénirnr usaieni de rigueur, et se faisaient hair
en
50 GUERRE DU pÉLopoNÈsE.
employant la contrainte envers des gens qui n'avaient ni I'habr-
tude ni la volonté d.'endurer les fatigues de la guerre r. Leur
commandement avait cessé cl'être accepté avec plaisir: dans les
erpéilitions communes, ils ne traitaient plus les alliés en égaux,
et il leur était facile de réprirner les rébellions. La faute en
était aux allids eux-mêmes; la plupart, dans leur répugnance à
porter les armes et à s'éloignerde leurs foyers, s'étaient imposé,
place des vaisseaux à fournir, une somme d'argent équiva-
-en
lente Ainsi la marine athénienne s'accroissait avec les-fonds
fourr' s par les alliés; et lorsque ceux-ci venaient à se révolter,
ils se trouvaient engagés dans la guerre sans avoir ni I'expé-
rience'ni les forces nécessaires pour la soutenir.
C. Ce fut après ces événements que les Athéniens et leurs
alliés livrèrent un combat sur terre et un combat naval contre
Ies Mèdes à I'embouchure du fleuve Eurymédon en pamphylie.
Les Athéniens, commandés par Cimon, fils de ùtiltiade. rem-
portèrent tlans le même jour une double victoire. IIs prirent
ou détruisirent les trirèmes phéniciennes au nombre de deux
cents.
Quelque temps après eut lieu la défection des I'hasiens ,
occasionnée par un différend au sujet d,es comptoirs et des mines
qu'ils possédaient sur Ia côte de Thrace, située en face de leur
île r. Les Athéniens dirigèrent une flotte contre Thasos, furent
vainqueurs sur mer et opérèrent un débarquement.
Yers la même époque, ils envoyèrent dix mille colons, Athé-
niens et ailids, pour s'établir sur le borcl du Strymon, à I'en-
clroit alors appelé Ies Neuf-Yoies et maintenant Amphipolis r. Ils
s'emparèrent rles Neuf-Voies sur les Édoniens; mais s'étant
avancés dans I'intérieur des terres, ils furent taillés en pièces
àDrabescos dans I'Éd.onie par les forces réunies des Thraces, qui
voyaient de mauvais æil l'établissement formé aux Neuf-yoies.
CI. Cependant les Thasiens, vaincus en plusieurs rencontres
et assiégés, eurent recours aux Lacédémoniens, et les prièrent
tle faire en leur faveur une diversion en Attique. Ceux-ci leur
en firent la promesse secrète, et ils auraient ienu parole, sans
le tremblement de terre I dont les Hilotes et quelques-uns des
Périèquess, tels que les Thuriates et les Êthéens, prirent occa-
s_ion p9u1s'ins,urger et se retirer sur le mont Ithomè. La plupart
de ces llilotes descendaient des anciens Messéniens asservis dans
le tempssl c'est ce qui fit donner à tous les révoltds le nom de
Messéniens. Ainsi les Lacédémoniens eurent une guerre à sou-
tenir cc::tre les révoltés d'Ithome. Pour les Thasiens, après trois
LIYRE I. 5I

ans de siége, ils capituièrent avec les Athéniens. à condition cle


raser leuri murailles, de livrer leurs vaisseaux, de s'imposer
une contribution imméiliate et de pâyer régulièrement leur
tribut à I'avenir, enfin d'abandonner leurs mines et toutes leurs
possessions du continent,.
: ClI. Les Lacédémoniens, voyant se prolonger la guerre contre
les insurgés d.'Ithome, réclamèrent I'assistance de leurs alliés
et notamment des Athéniens; ceux-ci vinrent en grand nombre
sous la conduite de cimon. ce qui les avait fait appeler, c'était
leur réputation d'habileté dans la tactique obsidionale. Mais
comme, malgrd leur présence, le siége n'avançait pas, cette
habiieté parut en défaut; avec plus de vigueur, ils auraient tlt
emportei la place. C'est à la suite de cette campagne que les
laËédémonie-ns et les Àthéniens commencèrent à se brouiller
ouvertement. Le siégetrainant en longueur, Ies Lacédémoniens
appréhendèrent la turbulence et I'audace des Athéniens, qu'ils
rô[ardaient d'ailleurs romm€ d'une race étrangère; ils craigni-
rent qu'en restant devant Ithome, ils ne finissent par prêter
I'oreilie aux suggestions des assiégés et par opérer quelque re'
volution. Ausii- t1s congédièrent-ils seuls de leurs alliés, sous
prétexte qu'ils n'avaient plus besoin d'eux, sans.toutefois leur
iémoignei aucune d.éfrance. Lep Athéniens sentirent qu'on les
renvolait sans 1eur donner Ie véritable motif, et que I'on avait
conçu contre eux quelque soupçon. Indignés de cette offense
gtutoit., à peine fuient-ils de retour dans leurs foyers qqe' blj-
iant i'alliance conclue aYec Lacédémone contre les Mèdes, ils
se liguèrent atec les Argiens ses ennemis. Les cleux peuples
stunirent également aux Thessaliens par des serments et par une
convention.
CIII. Après dix ans de siége, les révoltés d''lthome, récluit
aux abois, capitulèrent
-foi avec les Lacéclémoniens. IIs s'engagè-
rent, sous la d'un traité, à sortir du Péloponêse et à n'y
jamais tentrer, sous peine pour celui qui serait prç d.e devenir
i'esclave de quiconqui Ie saisirait. Précédemment iI était venu
de Delphes un oracle ordonnant aux Lacédémoniens de laisser
aller te suppliant de Jupiter lthomatasr. Ils sortirent donc avec
leurs enfants et leurs femmes. Les Âthéniens, en haine cles La-
cédémoniens, accueillirent ces fugitifs, et leur céd,èrent la ville
ile Naupacte, qu'ils avaient prise depuis peu sur les Locriens-
Ozoles.
Les Mégariens entrèrent aussi dans I'alliance d'Athènes et se
détachèrent de Lacedémone, à cause de la guerre que leur fais
52 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

saient ies Corinthiens pour des limites territoriales. Ainsi les


Athéniens clevinrent mattres ile Mégare et de Pagæe 1 ils con-
struisirent pour les Mégariens les longs murs qui vont de la
ville à Nisdas, et en prirent eux-mêmes la garde. Ce fut le prin-
cipal motif de la haine implacable cles Corinthiens contre les.
Athéniens.
CIV. Sur ces entrefaites, le Libyen Inaros, fils de Psammi-
tichos et roi des Libyens qui confinent à I'Égypte, parti cle
Maréa, ville située au-dessus tle Pharosr, souleva contre le roi
Artaxerxès la majeure partie de l'Égypte; et, devenu souverain
de cette contrée, il appela les Athéniens. Ceux-ci se trouvaient
alors en Cypre avec deux cents vaisseaux d'Athènes et des alliés.
IIs quittèrent cette lle pour se rendre à I'invitation d'Inaros, re-
montèrent le NiI, et, maitres de ce fleuve ainsi que cles deux
tiers de Memphis, ils attaquèrent le troisième quartier, nommé
le Mur Blarrct, ou s'étaient retirés les Perses, Ies Mèdes et les
Égyptiens qui n'avaient pas pris part à la révolte.
CY. Les Athéniens, ayant fait une descente sur le territoire
des Halienst, furent battus par les Corinthiens et les Épidau'
riens; mais plus tard, ils remportèrent une victoire navale près
de Cécryphaléer sur les Péloponésiens et leurs alliés. Ensuite il
s'éleva une guerre entre les Athéniens et les Éginètes. Ces deux
peuples, assistés ile leurs alliés, se livrèrent un grancl combat
naval ilevant Égine. Les Athéniens) commandés par Léocratès,
fils de Strébos, furent vainqueurs, prirent soixante-clix vais-
seaux, descendirent à tene et ûrent le siége ile Ia ville.
Les Péloponésiens, voulant secourir les Êginètes, leur fireut
passer trois cents hoplites, qui avaient servi comme auxiliaires
des Êpiilauriens et des Corinthiens. En même temps, les Corin-
thiens occupèrent les hauteurs de la Géranies et descenclirent
en Mégaride avec leurs aliiés; ils s'imaginaient que les Athé-
niens, dont les troupes étaient en partie à Égine, en partie en
Égypte, seraient dans l'impossibilitd de secourir Mégare, ou que
du moins ils lèveraient le siége d'Egine. Les Athéniens ne rap-
pelèrent point,leur armée d'Éginel mais les vieillartls et les
jeunes gens restés dans la ville se portèrent à Mégare, sous la
conduite cle l\Iyronidès. La bataille qu'ils livrèrent aux Corin-
thiens fut indécise, et les cleux partis se séparèrent, sans que ni
I'un ni I'autre s'estimât vaincu. Les Athéniens, qui avaient eu
plutôt I'avantage, dressèrent un trophée après la retraite des
Corinthiens. Ceux-ci, taxés de lâcheté par leurs vieillards restés
à Corinthe, se préparèrent pendant clouze jours; après quoi ils
LIYRE I. 53

revinrent et se mirent, comme vainqueurs, à ériger un trophée


en face cle celui des Athéniens; mais ceux-ci accoururent de
Mégare;massacrèrent ceux qui élevaieut le trophde, en vinrent
aux mains avec les autres et les mirent en fuite.
CYI. Les Corinthiens vaincus se retiraient; un corps assez
consiclérable d'entre eux, serré de' près, mangua la route et
alla clonner dans une propriété particulière, entourée d'un
grantl fossé et sans issue. Les Àthéniens s'en aperçurent, blo-
guèrent I'entrée avec leurs hoplites, répantlirent à I'entour
leurs troupes légères, et tuèrent à coups de pierres tous ceux
qui s'y étaient engagés. Ce fut pour les Corinthiens une perte
très-sensible. Le gros de leur armde regagna ses foyers.
CYII. Yers la même époque, les Àthéniens commencèrent la
construction des longs murs qui vont tle la ville à la mer, l'un
aboutissant au Phalère, I'autre au Pirée.
Les Phocéens avaient fait une expéclition clans la Doride r,
mère-patrie des Lacétlémoniens , contre. Bæon, Cytinion et
Érinéos,etpris une de ces bourgades. Les Lacétlémoniens, sous
la coniluite de Nicomédès, fils de Cléombrotos, tuteur du jeune
roi Plistoanax , fils tle Pausanias. marchèrent au secours des
Doriens avec quinze cents de leurs hoplites et clix mille alliés.
Ils forcèrent les Phocéens à ren<lre par capitulation la ville
qu'ils avaient prise; après quoi ils se disposèrent à la retraite;
mais ils ne savaient comment I'e{fectuer. Par mer, à travers le
golfe tle Crisae, cela n'était guère possible; car la flotte athé-
nieune, en croisière dans ces parages, ne manquerait pas de
s'y opposer; par la Géranie, le danger ne leur paraissait pas
moindre, les Athéniens étant maitres tle Mégare et tle Pagæ;
en elÏet, la route de la Géranie est tliffrcile , et elle était soi-
gneusement gardée par les Athéniens, qu'on savait décidés à
refuser le passage.Ils résolurent clonc ci'attentlre en Béotie une
occasion favorable. Ajoutez à cela qu'ils étaient sollicités sous
main par quelques citoyens d'Athènes, qui espéraient abolir la
démocratie et arrêter la construction des longs murs o. Les
Athéniens, voyant leur embarras et soupçonnant leurs inten-
tions hbstiles à Ia démocratie, se levèrent en masse et mar-
ehèrent contre eux avec mille Argiens et les contingents tles
autres alliés, en tout quatorze mille hommes. Il vint aussi, en
vertu clu traité, un corps tle cavalerie thessalienne, qui pentlant
l'action passa aux Lacédémoniens.
CVI[. ta rencontre eut lieu à Tanagra en Béotie; elle fut
sanglante ; les Lacdclémoniens et leurs alliés eurent le clessus.
54 GUERRE DU pÉLopoNÈsn.

À la suite rle cette victoire, les Lacédémoniens entrèrent en


Mdgaride, abattirent les arbres, et s'en retournèrent chez eur
par la Géranie et par I'Isthme. Soixante-deux jours après cette
bataille, les Athéniens, commandés par Myronidès, marchèrent
contre les Béotiens, les défirent aux OEnophytesr, et devinrent
mattres de la Béotie, ainsi que de Ia Phocide. Ils démantelèrent
Tanagra, prirent pour otages cent des plus riches Locriens.
Opontiens, et achevèrent à Athènes Ia construction des longs
murs.
Les Éginètes capitulèrent aussi avec les Athéniens; iis rasè-
reut leurs murailles, livrùrent leurs vaisseaux et s'imposèrent
un tribut pour I'a.venir.
Les Athéniens, sous les ordres de Tolmidès, fils de Tolméos,
firent avec leur tlotte le tour du PéIoponèse; ils brtlèrent le
chantier des Lacéclémoniense, prirent sur les Corinthiens laville
de Chalciso, êt , dans une descente, battirenI les Sicyoniens.
. qlX. Cepenclaut ceux des Àthéniens et ile leurs alliés qui
étaient en Egypte s'y maintenaient encore; mais cette guene
fut mêlée pour eux de chances diverses. D'abord ils avaiént été
les maltres du pays, si bien que Ie roi Artaxerxès avait envoyé
à Lacédémone le Perse Mégabaze avec de I'argent, pour enga-
ger les Péloponésiens à faire invasion dans I'Attique, et forcer
ainsi les Athéniens à évacuer l'Égypte. Mais, comme I'affaire
n'avançait pas et que les fonds se dépensaient en pure perte,
Ildgabaze s'en retcurna en Asie avec le reste de son argent.
--Llors Ie roi envoya en Égypte le Perse Mégabyze, ûls de Zopyre,
avec une grande armée. Celui-ci arriva par terre, tléfit en ba-
taiile les Égyptiens et leurs alliés, chassa âe Memphis les Grecs,
et finit par les enfermer clans l'île de prosopitisr, ou il les tint
assiégés pentlant dix-huit mois, jusqu'à ce gu'ayant vitlé le canal
et détourné l'eau, iI mit les vaisseaux à sec, changea en terre
ferme la majeure partie de l'île, y passa à pied et s'en renclit
maitre.
CX. Ainsi furent ruinées les affaires des Grecs, après six ans
cle guerre. Les faibles restes de cette nombreuse armée se sau-
vèrent à Cyrène à travers Ia Libye: la plupart des solilats pé-
rirent, et I'Égypte retomba sous la dominâtion du roi, à l,èr-
ception des marais or) rdgnait Àmyrtée. Celui-ci échappa à
toutesles poursuites, grâce à la vaste étendue cle ces marais et au
courage des habitants,les plus belliqueux desÉgyptiens. pour
Inaros, ce roi des Libyens, l'instigateur des troubles de l'Égypte.
il fut pris par trahison et empalé.
LIVRE I. b5

Cependant cinquante trirèmes d'Athènes et des alliés, en-


voyéés en Égypte pour relever les premières, aborclèrent à la
bouche Mendésienne, sans rien savoir de ce qui s'était passd.
Assaillies simultanément par des troupes de terue et par la
flotte phénicienne, elles furent détruites pour laplupart-; il n'en
échappa qu'un petit nombre. Telle fut la fin de la grande expé'
dition d'Égypte , enlrepl'i;e par les Athéniens et par leurs
alliés.
CXI. Yers la même époque, Oreste filstl'Échécratid'as, chassé
de laThessalie iLont iI était roir, persuacla aux Athéniens de I'y'
rétablir. ceux-ci, prenant avec eux leurs ailiés de Béotie et tle
Phociile, marchèrent contre Pharsale en Thessalie;mais' con-
tenus par la cavalerie thessalienne, ils ne purent se -rendre
mattrei que duterrain qu'ils occupaient) sans s'éIoigner de leur
camp. Ili ne prirent point la ville; et, voyant s'évanouir tous
leurl projets, ils s'en retournèrent comme ils étaient vetus,
et ramenèrent Oreste avec eux.
Peu cle temps après, mille Athdniens s'embarquèrent à Pa-
gæ, place quileur appartenait alors, et suivirent la côte jus-
-sioyonle,
{u'à sous IaConcluite de Périclès fils cle Xanthippos. Ils
descendiient à teme, défirent ceux des Sicyoniens qui voulu-
rent leur résister; puis, prenaut un renfort d'Àchéens, ils pas'
sèrent sur la rive opposée et allèrent assiéger OEniades en
Acarnanie r; maiô ils ne réussirent pas à s'en emparer' et revin-
rent à Athènes.
CXII. Trois ans après ces événements (o) , une trêve cle cinq
années fut conclue entre les Péloponésiens et les Athéniens.
Ceux-ci, se trouvant en paix avec les Grecs, portèrent leurs
armes en Cypre,'avec deux cents vaisseaux d'Athènes et des
alliés, sous-lé oommandement de Cimon. Soixante bâtiments
furent rlétachés cle cette flotte pout aller en Égypte, à la tle'
mande d'Amyrtée, roi des marais. Le reste assidgea Cition ;
mais la mort de cimon et la fdmine qui survint forcèrent les
Athéniens à lever Ie siége. En passant à Ia hauteur de Sala-
mine en Cypre, ils eurent à combattre sur mer et sur terre les
phéniciens et les ciliciens. Yainqueurs dans ces deux rencon-
tres, ils regagnèrent leurs foyers. Les vaisseaux envoyés en
Égypte rentrèrent également.
ïôs Lacédémonieris firent ensuite la guerre dite sacrée. Mal-
tres du templetleDelphes, ils le remirent aurDelphiensl mais,

(a) I,'an 4bo av. J. C.


56 GUERRE DU PEIOPONESE.

après leur retraite, une armée athdnienne s'en empara de nou-


veau et le rentlit auxPhocéensr.
CX[[. A quelque temps tle là, eut lieu I'expétlition tles Athé
niens en Béotie. Les exilés béotiens occupaient Orchomène,
Chéronée et d'autres places tle ce pays. Les Athéniens, avec
mille de leurs hoplites et les contingents desalliés, marchèrent
contre ces viiles ennemies, sous la concluite de Tolmidès, fils
cle Tolméos. Ils prirent Chéronée, y mirent garnison et se
retirèrent. Ils étaient en cbemin et sur le territoire de Coronée,
lorsque les exilés béotieus d'Orchomène , soutenus par des
Locriens, par des réfugiés eubéens et par tous ceux qui étaient
de la même opinion t, les attaquèrent, les mirent en fuite, les
tuèrent ou les prirent. Pour obtenir qu'on leur rencllt leurs
prisonniers, les Athéniens firent la paix et s'engagèrent à éva-
cuer la Béotie. Les exilds béotiens rentrèrent tlonc chez eux, et
le pays recouvra son indépendance.
CXIY. Peu tle temps après, I'Eubée se souleva contre les
Àthéniens t. Déjà Périclès y.avait concluit une armée athénienne,
lorsqu'il apprit que Mégare était révoltée, que les Pdloponé-
siens menaçaient ltAttique, enfin que la garnison athénienne
avait été massacrée par les Mégariens, exceptd cequi avaitpuse
réfugier à Niséa. Les Mégariens ne s'étaient portés à la révolte
qu'après s'être assuré I'appui cle Corinthe, de Sicyone et cl'Ê-
pidaure. Pdriclès se hâta de ramener ses troupes de l'Eubée.
Les Péloponésiens, commarrdés paT Plistoanax, fils tle Pausa-
nias et roi de Lacédémone, envabirent I'Attique ; ils s'aYancè-
rent jusqu'à Éleusis et à ia plaine de Thria, qu'ils ravagèrent;
mais ils ne poussèrent pas plus loin et opérèrent leur retraite.
'repassèrent dans
Alors les Athéniens, conduits par Périciès,
I'Eubée et la soumirent en entier. Iis reçurent à composition la
plupart des villes; mais ils expulsèrent les Hestiéehse, dont ils
confisquèrent le teritoire 5.
CXY. Immédiatement après leur retour tl'Eubée, ils firent
avecles Lacédémoniens et leurs alliés une paix de treqte ans (o).
lls rendirent les portions du Péloponèse qu'ils occupaient, sa-
voir Niséa, Pagæ, Trézène et I'AchaTer.
Six ans plus tartl, il s'éleva entre Samos et Milet uile gr1s11s
au sujet de Priène. Les Milésiens, gui avaient le dessous, vin-
rent à Àthènes, jetant feu et flammes contre les Samiens' Ils
étaient secondés par quelques particuliers cle Samos qui dési-

(a) I,'an 445 av. J. C.


LIVRE I. 57

raient une révolution. En conséquence les Athéniens firent


voile pour Samos avec quarante vaisseauf et y établirent la
ilémocratie; ils prirent pour otages cinquante enfants et autant
cl'hommes qu'ils tléposèrent à Lemuos, mirent garnison à Samos
et se retirèrent. Alors un certain nombre de Samiens, qui
avaient émigré sur le continent, se Iiguèrent avec les plus
puissants de la ville et avec Pissouthnès fils d'Hystaspe ,
gouverneur de Sarcles; ils réunirent sept cents auxiliaires et
passèrent tle nuit à Samos. D'abord ils se mirent en insurrec-
tion contre le parti démocratique, dont ils triomphèrent pres-
que entièrement ; ensuite ils enlevèrent de Lemnos leurs otages
et se déclarèrent en état cle révolte. Ils iivrèrent à Pissouthnès
la garnison athénienne, ainsi que les fonctionnaires établis
dans leur ville e, et préparèrent aussitôt'une expédition contre
Milet. La ville de Byzance était complice de cette défection.
CXYI. A cette nouvelle,les Athéniens firent voile pour Samos
avec soixante vaisseaux; ils en ddtacbèrent seize, les uns vers
la Carie pour observer la flotte pbénicienne, les autres vers
Chios et Lesbos pour demander clu secours. Ce fut donc avec
quarante-quatre vaisseaux que les Athéniens, commandés par
Pdriclès êt neuf autres généraux, livrèrent bataille devant l'île
de Tragie t à soixante-dix vaisseaux samiens, dont vingt por-
taient des soltlats2. Toute cette flotte revenait tle Milet. Les
Athéniens furent vainqueurs. Ayant ensuite reçu un renfort de
quarante vaisseaux atbéniens et de vingt-cinq de Chios ou cle
Lesbos, ils deseendirent àtene; et, après un nouvel avantage,
ils cernèrent Ia ville au moyen de trois murs 3 en même temps
qu'ils la bloquaient par mer. Sur I'avis que la flotte phéni-
cienne approchait, Périclès détacha tle Ia croisière soixante
vaisseaux, avec lesquels'iI se porta rapiclement vers Caunos
et la Carie; il savait que Stésagoras et d'autres Samiens étaient
partis avec cinq vaisseaux pourla même destination.
CXVII. Sur ces entrefaites, les Samiens, étant sortis tlu port
à I'improviste, fondirent sur la croisière athénienne que rien ne
protégeaitr, et, après avoir détruit les vaisseaux de garde, ils
tléfirent le reste ile ia flotte qui vint au-devant d'eux- Durant
quatorze jours, ils furent les maitres tle la mer qui les avoisine,
et ils en profitèrent pour faire entrer et sortir tout ce qu'ils
voulurent; mais au retour de Périclès, ils furent de nouveau
bloqués par la flotte. Ensuite il arriva tL'Athènes quarante vais-
seaux de renfort, commandés par Thucyclicler, Hagnon et Phor-
mion, vingt autres cornmandds par Tldpolémos et Anticlès'en-
58 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.
Lesbos. Les Sâmiens essayèrent encore
fin trente tle Chios et ile
d'une courte action navale; mais sentant l'irnpossibilité de te-
nir tlavantage, iLs se rendirent après un siége tle neuf mois.
Ils convinrent de raser leur muraille, cle tlonner des otages, d.e
livrer leurs vaisseaux et tle rembourser les frais de la guerre à
cles époques déterminées. Les Byzantins capitulèrent de mème.
à contlition de d,emeurer tributaires comme auparavant.
CXflII. Peu d'années s'écoulèrent ensuite jusgu'aux évdne-
ments que j'ai racontés plus haut, savoir I'a{faire d.e Corcyre,
celle cle Potiùée, et tout ce qui servit d'avant-coureur à la
guerre actuelle. Cette lutte des Grecs, soit entre eux soit avec
les Barbares, occupa une période de cinquânte ans, à dater cle
la retraite de Xerxès jusqu'au commencement de la guerre du
Péloponèser. Durant cet intervalle, Ies Athéniens a{fermirent
leur domination et parvinrent au plus haut clegré tle puis-
sance. Les Lacéclémoniens le virent et ne s'y opposèrent pas;
à part quelques efforts pâssagers, ils se tinrent généralement
dans I'inaction. Toujours lents à prendre les armes, à moins
d'yêtre forcés, ils étaient cl'ailleurs entravés par des guerres
intestines; mais en{in les progrès incessants de la puissanoe
athénienne, qui déjà touchait à leurs alliés, les poussèrent à
bout; ils crurent qu'il fallait réunir toutes leurs forces, afin de
renverser, s'il se pouvait, cet empire, et ils se résolurent à la
guerre.
Les Lacédémoniens eux-mêmes avaient ddjà décidé qu'ils
regardaient la paix comme rompue et' les Athéniens comme
coupables. Ils avaient envoyé à I'oracle de Delphes pour de-
mander si I'issue tle cette guerre leur serait favorable. Le dieu
leur avait réponclu, à ce qu'on prétend, que s'ils combattaient
à outrance, ils auraient la victoire, et que lui-même les secon-
rlerait,, qu'ils I'en priassent ou non.
CXIX. Ils résolurent de convoquer une seconcle fois leurs
alliés et de les consulter sur I'opportunité de la guerre. Les
députés rle s villes alliées étant tlonc réunis et I'assemblée consti-
tuée, chacun d'eux énonça son avis. La plupart se plaignirent
tles Athéniens et se prononcèrent pour la guerre. Les Corin-
thjens n'avaient pas attendu jusqu'alors pour solliciter cbaque
État en particulier de voter dans ce sens, à cause des craintes
qu'ils avaient au sujet d.e Potidée; en cette occasion ils s'avan-
cèreut les derniers et s'exprimèrent ainsi :
CXX. ( Nous ae pouvons plus reprocher aux Lacétléaoniens
de n'avoir pas eux-mêmes rlécrété la guerre, puisqu'ils' nous
LIVRE I. 59

ont rassefiblds dans ce but. Tel est le devojr d'une nation qui
jouit de la suprématie. Tout en respectant chez elle l'égalité,
it faut qu'elle ioit la première à veiller pour les intérêts com-
muns, de même gu'elle est la première à recevoir tous les
hommages.
n Ceux d'entre nous qui ont eu quelque démêlé avec les
Àthéniens ntont pas besoin d'avertissement pour se tenir en
garcle contre eu}. quant à ceux qui habitent dans I'inté-
rieur et loin des communications maritimes, ils peuvent être
certains que, s'ils ne soutiennent pas les habitants des côtes, ils
rencontrdront plus de dilficultés, soit pour I'exportation ile }eurs
denrées, soit p-our I'échange cles produits que la mer fournit au
continent. Ils- jugeraient clonc bien mal de la questio-n pro-
posée, s'ils croyaient qu'elle ne les intéresse pas; ils cl-oivent
ionger que, s'i1s abanâonnent les villes maritimes, le danger
s'étèndrâ jusqu'à eux, et ç[u'en ce moment ils ne délibèrent
pas moins sur leur cause que sur la nôtre.
c Pourquoi clonc appréhinderaient-ils cle faire succéiler la
guerre à la paix? Sans doute il est de la prutlence tle -rester
én repos tant que nul ne vous outrage; maiS, quantl on les of-
fense,les hommes de cæur nthésitent pas à courir aux armes'
sauf à les cléposer en temps opportun; ils ne se laissent ni
éblouir par les triomphes, ni iharmer par les douceurs ile la
paix au point de dévorer une injure. Tel qui redoute la guerre
par amoùr du repos risque cle se voir bientôt ravir, par.l'effet
âe son inertie , ia jouisiance de ce bien-être qu'il craint de
perclre I tel au contiaire qui s'acharne à la guerre, à cause de ses
Ëuccès, obéit sans s'en tlôuter à I'entralnement d'une confiance
aveugle. Souvent tles entreprises mal conçues .réussissent
grâcà à I'imprévoyance des ennemis; souvenb aussi celles qui
iemblaient lô mieux concertées n'aboutissent qu'à un résultat
cldsastreux. C'est que personne ne met à poursuivre ses pro-
jets Ia même arcleur qu'à les former; on se tlécicle avec sécu-
ritd; puis le moment-d'agir une fois venur on est retenu par la
crainte.
CXXI. a Quant à nous, c'est parce qu'on nous ofense, c'est
pour reclressér cle justes griefs, qu'aujourd'hui-nous tirons l'é-
pée; qoanilnous nous sèrons vengés des Athéniens, il sera
temps de la remettre au fotrrreau.
a Plusieurs motifs nous promettent la victoire. Nous avons
pour nous le nombre, I'expérience militaire, I'esprit de subor-
âination. Quant à la marine qui fait leur force, nous en forme-
60 cUERRE DU PÉLoPoNÈsE.

rons une, soit avec nos fiuances particulières, soit avec les
trésors de Delphes et d'Olympie. Au moyen d'un empruntt, il
nous sera facile tte rlébaucher par I'appât d'une soldeplus forte
leurs matelots étrangers. La puissance des Athéniens est mer-
cenaire bien plus que nationale; la nôtre, qui repose sur la po-
pulation plutôt que sur l'argent, est moins erposée à ce danger.
Une seule victoire navale suffit, selon toute probabilité, pour
les abattre;si leur rdsistance se prolonge, nous aurons plus cle
temps pour nous exercer à la marine; et une fois leurs égaux
en science, nous les surpasserons apparemment en valeur; car
l'avantage que nous tenons tle la nature, ils ne sauraient I'ac-
quérir par I'instruction. Cette supériorité qu'ils doivent à l'd-
tutle, il nous faut par I'exercice la rérluire à néant. L'argent
nécessaire dans ce but, nous le fournirons; autrernent il serait
étrange qu'on vlt leurs alliés ne pas se lasser de payer pour
leur propre asservissement, tandis que nous refuserions de con-
tribuer pour nous venger cle nos ennemis, pour nous sauver
nous-mêmes, enfin pour éviter d'être dépouillés de nos biens et
engloutis avec eux dans un même naufrage.
CXXII. < Nous avons encore d'autres armes à opposer aux
Athéniens, par exemple la défection cle leurS alliés, excel-
lent moyen de tarir les revehus qui alimentent leuï puissance;
la construction de forts sur leur territoire, et diverses me-
sures qu'on ne saurait préciser dès à présent; car la gueue ne
suit pas une marche détermiuée; elle se fournit à elle-même
des ressources nouyelles d'après les circonstances. L'entre-
prenrlre avec calme, c'est se ménager le succès; s'y jeter tête
baissée, c'est courir au-devant des revers.
( S'il ne s'agissait pour nous que de contestations tle dé-
tail avec nos égaux pour tles limites territoriales, on pourrait
s'y résignerl mais aujourd'hui nous avons affaire aux Athé-
niens, qui sont à même de lutter contre nos forces réunies, à
plus forte raison contre chacun cle nous isolément. Si rlonc,
nations et villes, nous ne concentrons pas contre eux tous les
efforts, nous trouvant désunis ils nous terrasssrout sans peine.
Or, sachez-le bien, quelque tlur qu'il soit de I'entendre : pour
nous, la défaite c'est I'esclavase. Et quancl ce ne serait qu'un
simple doute, il suffirait de I'énoncer pour couvrir de confu-
sion le Pdloponèse, à la pensée que tant et tant de villes au-
raient à subir Ie joug d'une seulo. Nous semblerions avoir'
méritd une telle ignominie ou la souffrir par lâcheté. Ce serait
nous montrer moins courageux quenos pèrel, qui affrancbirent
LIVRE I. ôI
Ia Grèce, au lieu gue nous n'assurons pas même notre propre
liberté. Nous laissons une ville s'ériger en tyran au milieu tle
nous, et nous avons la prétention cle renverser les tyrannies lo-
calesl Comment une pareille contluiteéchapperait-elle au triple
et sanglant reproohe tl'ineptie, de rnollesse d'imprévoyance?
C'est parce que yous n'avez pas dvité ces écueils, que vous vous
laissez aller à ce déclain superbe qui a déjà perdu bien des
gens, et qui, pour en avoir tant égaré, a changé son nom en
celui de démence.
CXXil. c Mais à quoi bon récriminer sur le passé sans pro-
fit pour les circonstances actuelles? C'est en faveur tle I'avenir
qu'il faut s'émouvoir en venant en aide au présent. Nos pères
nous ont appris à conquérir par tles travaux la bonne renom-
mde. Si vous leur êtes un peu supérieurs en richesse et en
puissance, ce n'est pas une raison pour vous départir de leurs
louables maximes; iI serait imparclonnable de pertlre par I'o-
pulence ce qui fut acquis par la pauvreté.
a Entreprenez donc cette guerre avec confTance, et cela pour
plus il'un motif : tl'abord à cause cle I'oracle du dieu qui nous
promet son assistance; ensuite parce que le re.ste de la Grèce
conrbattra pour nous, moitié par crainte, moitié par intérêt.
Enfin vous ne serez pas les premiers à rompre une paix que le
dieu lui-même, en nous excitant à la guerrer estime avoir été
violée; vous en vengerez plutôt Ia violation, car Ia rupture ne
vient pas tle ceux qui se tléfendent, mais tle ceux qui commet-
tent la première agression.
CXXIY. c Àinsi, de quelque part qu'on Ïenvisage, la guerre
se présente à vous sous un aspect favorable, et nous sommes
unanimes à vous la conseiller. Or, s'il est vrai que, pour les
États comme pour les intlividus, I'iclentité cles intérêts I soit la
plus sùre garantie, ne tardez pas à secourir les Potidéates, ces
boriens assiégés par iles loniens (c'était I'inverse jadis), et à
sauver la liberté clu reste des Grecs. 0n ne peut plus accepter
i'idée que, par I'elÏet de nos irrésolutions,.les uns soient déjà
maltraités,les autres sur le point de l'êtrd; et c'est ce qui ne
peut manquer d'arriver, si I'on apprenil que nous nous sommes
âssemblds-et n'avons pas eu le courage de porter secours à
nos alliés. Songez-y bien, la guerre est pour nous une nécessité
autant qu'un acte cle sagesse. Sachez la voter sans craintlre le
danger prochain, et par le tlésir d'une paix durable. C'est par
la gterue que Ia paix s'affermit, tandis que le reposne préserve
pal de la $uerre. Étant donc persuadés que la viile qui s'drige
'IsucvoroB. t
62 GUERRE Du PÉtoPoNÈsE.
en tyran au milieu des Grecs nous menace tous egalement,
puis[ulelle tient tldjà les uns sous sa clomination et qu'elle
âspire à y placer les autres, marchons pogr ! réduire, afin cle
vivre déioimais en sécurité et de délivrer les Grecs maintenant
^ïîTi.' aiori parlèrent les corinthiens. Quancl tous les al-
Jiés eurent dit ce qu'ils avaient à dire, Ies Lacédémoniens pri-
rent successivement ravis de chacqn cles assistants, quelle que
ftt l,importanrie de la ville qu'il représentait. la -grancle ma-
jorité fut pour la guerre. cette résolution arrêtée, il n'était pas
possible de llexéèuter sur-le-champ, car rien ntétait prêt en-
ôore. Chaque État dut se mettre en mesure dans le plus bref
clélai, toufefois une année n'était pas révolue, qu-e l9s p1ép1-
ratifs se trouvèrent terminés, 1'Attique envahie et leshostilités
commencées.
CXXYI, Penclant I'intervalle, ils envoyèrent à Âthènes iles
députés porteurs de leurs griefs, afin d'avoir un bon prétexte ile
go.rre, ii I'on refusait d'y faire clroit. Dans une première
âmbassade, Ies Lacéclémoniens 6emandèrent aux Athéniens
il'expier Ie sacrilége commis enyers la d.éesse I voici en quoi iI
consistait.
Il y avait jadis à Athènes un homme appelé Cylon, vainqueur
aux jéux glympiquesr; iI était d'une famille ancienne, noble
et puissante, ei if avait épousé la fille de Théagénès, tyran tle
Mégare. Un jour que ce Cylon consultait I'oracle de Delphes, le
dieù tui répondit âe s'emparer de I'acropole cl'A_thènes pendant
la plus grande fête de Jupiter. En conséquence cylon emprunta
tlei soldats à Théagénès, s'assura du concours de ses amis; et,
quantl vinrent les iêtes Olympiques du Péloponèse, il se saisit
de I'acropole dans le but d'usurper la tyrannie' II pensa que
c'était la plus grande fête de Jupiter, et qu'elle. leloncernait
lui-mêmel en ù qualité rle vainqueur à Otympie' Était-ce en
Afiique ou ailleurÀ qu'avair lieu Ia grande fête d,ont parlait I'o-
raclà, c'est ce qui ne vint point à I'esprit tle Cylon et ce que
le dieu n'avait point.indiqué. Or il existe à Atbènes une fête tle
Jupiter Milichios, surnommée la grancle; eile- se célèbre hors
cle'la ville, et le peuple entier y fait des sacrifices ou plusieurs,
en place d'e victimej, presentent des offrandes en usage ilans
le pïyse. Cylon, croyant bien compreudre l'oracle, exécuta son
de*rein; toàir les Athéniens n'en eurent pas plus tôt connais-
Sance qu'ilr accoururent en masse de la campagne, -cernèrent
l,acropôle et en firent le siège. Comme il tralnait en longueur,
LTVRE I. 63
les Athéniens fatigués se retirèrent pour la plupart, en laissant
auxneuf archontes le soin de le continuer, avec pouvoir tle
prendre toutes les mesures qu'ils jugeraient convenables. En ce
temps-là, c'étaient les archontes qui géraient la plus granclo
partie des affaires de l'État3. La troupe de Cyion, ainsi blo-
quée, avait beaucoup à souffrir du manque de vivres et d'eau
Cylon s'esquiva ayec son lrère; ]es autres étant serrés ile
près, quelques-uns même mourant de faim , stassirent eD
suppliants sur l'autel de I'acropole. Quand on les vit ainsi ex-
pirer dans le lieu sacré, ceux des Athéniens à qui la garde
avattété commise, Ies relevèrent avec promesse cle ne leur faire
aucun mal; mais à peine fure;rt-iis sortis qu'ils les tuèrenù;
chemin faisant, ils égorgèrent un certain nombre d'assiégés
qui s'étaient assis au pied de I'autel des déesses vénérables{.
aussi furent-ils réputés impies et entachés cle sacrildge, eux et
leurs dcscenclants. Ces rmpies furent chassés une première fois
par les Athénienss., une seconde fois par le Lacidémonien
Cldoménès, d'accord avec I'un des partis qui divisaientAthènes6.
On ne se contenta pas d'expulser les vivants; on exhuma les
ossements des morts pour les jeter hors des frontières. Cepen-
dant ces exilés rentrèrent plus tard à Athènes, et leur posté-
rité s'y trouve encore aujourd'hui 7.
CXXVII. En rdclamant cette expiation, les Lacédémoniens
avaient I'air de venger Ia majesté des dieux; mais ils n'igno-
raientpas que Périclès, fils de Xanthippos, était impliqué dans
ce sacrilége par sa mèret; et ils pensaient que, s'ils parve-
naient à Ie faire bannir, ils trouveraient les Athéniens plus
traitables. Cependant ils espéraient moins obtenir ce résultat
que discréditer Périclès auprès de ses concitoyens ? comme
étant, par sa naissance, une des causes de la guerre. Périclès
était alors l'homme le plus influent d'Athènes; il dirigeait la
république, et faisait une opposition constante aur Lacéddmo-
niens, en empêchant qu'on ne leur cédât et en soufflant le feu
de Ia guerre.
CXXVIII. Les Athdniens demandèrent en revanche I'expiation
du sacriiége de Ténare. Il faut savoir que les Lacédémoniens
avaient jadis fait leverde I'autel de Neptune, à Ténare, des IIi-
lotes suppliants, et les avaient mis à mort. C'est à cette raison
qu'ils attribuent le grand tremblement de terre de Sparte'.
Les Athéniens leur demandèrent aussi d'expier le sacrilége
'commis envers Ia déesse à maison d'airain e. Je vais clire quelle
avait étt I'occa$ion de ce sacrilége.
64 GUERRE DU PÉIOPONESE.

lacédémonien Pausanias ' tappelé


une première
Quanô le qu;il avait dans
bis par les Sparti;-Ë dt commaudement
on ne lui confia
iuirËîi,"*, #;;;-i;séJar 9uîlui-même
9l--ub'ous'
allréta une trirème
mais
plus tle mission publiqùe; il retourna
d,tlermione; et, ,"ni'l'ruuo des Lacédémoniens, mais au fonntl
dans l'Hellespont' prJtextant
la guerre cle Grèce
' le roi dans
pour continrr., tr,1ïffit' qoil avait nouéÈs avec
Grecs. L'origine d'e
ie but de s'établir "nr io*inlution sur les
toute cette affaire iut un service qu'il avait eu I'adresse de
expéditio.u'après sa
rendre au roi. Lorsque, clans sa première
Ia ville de Byeance'
retraite tle Cypre, ifi"i pris sur ies Mètles
;;h";;", pâitnir.t ptiionniers,.quelques put:lJ; et alliés clu
roi. lesi"i".ouoya
pausanias ài'insu-des ôonfétlérés' en lais-
santcroirequ'ils*utui*ntévadés'Encelailagissaitclecon-
iI avait,confré le gou-
Difence avec Gongyto* d'É"ettie, auquel
captifs'.ll envoya même
vernement de nyiance et Ia garde des
one lettre ainsi eonçue' comme
;; ilËyl;t ,"pict du roi, avec
on Ie d-écouvrit dans la suite :
"*-îrï*oiur, gé;tti âe spa"te, désirant t'être agréable' te
renvoie .u* t orriJ;-q"t ri ,'uô. a faits prisotrniers. Mon
et cle rdtluire
ta fille
intention est, si t" ilp|to"ves' d''épouser
dc Ia Grèce. Je crois
sous ton obéissance'dparte ei le'reste avec toi'
être en mesuïe a'.**"t'*t ce projet €n me concertant
é; àt* q"rtqo'ont ït *t"piopositions t'agrée' envoie vers la
rlous com-
;;;; nïmme de confiance, pir loentremise duquel
muniquerons à I'avenir' >
Xerxès en fut
CXXIX. tef etaii ie contenu de ce mess-age'-
délégua;;;t l" ;tr Artabaze'-flls de r.ha3ac-ès' avec
ravi, et r,
Ia satrapie Dascylitide
ordre de prendre i. so"r*.nement cle gouverneur' Il Ie
en était
en remplacement àe ittigulutèt.qui
chargea d,unefrtir.in,Efon*u à celle d.e Pausanias. Artabaze
en montrant le
devait au plus tôt la faire pas-ser à Byzance
quelque. demande
sceau royal ; et,-si-eaosanias lui adressait-
de son mieur et en
relative à ses propres affaires, y satisfaire
exécuta ces ordres et
toute firlélité. Dd;-;;,i artivoe, Artabaze
lransmit la lettre tlont voici la teneur :

<AinsiditleroiXerrèsàPausanias.Laconservationtles est
froà*.* ptis à Byzance et que tu m'as.1e3voVés f-oulre-mer
notre maisont' Je
ir" li.JJrt q"i a.iou"te à jamais inscrit dans
ni la nuit ni le iour
de toi. Que
me ptais ,o* pu.lGi,qlui nie.nnenr
Oani-iiac^complissement de tès promesses' Ne sois
ne t,arrêtent
retenu ni par fu iepro* dà I'or et de I'arge.t, ni pa' le.nombre
LIVRE I. (i5
des. troupes qui pourraient être necessaires mais traite
toute assu.ance ayec Artabaze, honme de bien;
en

de mes allaires et des tiennes, et règle-lcs d;J, ieovoie,


de la'façânia meit-
leu_re et la plus avantageus, à ,rooa'deux.
u
CXXX. A la réceptiàn de cette lettre, pausanias, cléjà
en
grand renom parmf les Grecs à cause du
commandeôent qu,il
avait exercé àplatde, ne mit plus cre lorr.*
a r*-ots;il. nr-
nonçant aux coutumes nationares, il sortit,de Byzanie, en cos-
|Ïy,t m9d]g_ue, et parcourut la Thrace a.vec une escorte de
rueoes et. d'Egyptiens. sa table était servie
b la manière des
rerses. Il n'avait. pius la force de dissimuler; mais,
dans res
choses de peu d'irip.ortance, il laissait
entreïoir lls granas
dçss-ei.ns qu'il avait |interrtion d'exécuter
dans la suite. Ir se
rendait inab.rdable. et affichait tant de hauteur
et d'emporte_
ment que nul n'osait plus lhpprocher. ce ne
fut pas un des
moindres motifs qui déterminèrent les aliés à p;il
du côte
cles Athéniens.
cxxxI. Informds de sa conduite, res Lacédémoniens l'avaient,
pour cette raison, rappelé une première fois.
Lorsque, sans
leur aveu, il fut sur un vaisreau d,Hermione,-ri qu,oo
le vit persdvdrer leparfi
tlans la même conduite; tor.qou,-ànusse ae
Byzance.-par les armes cl'Athènes, au lieu de retourner
à
sparte, il s'É.tablit à corones en Troade, d'ou l'on
sut qu,ir
intriguait avec les Barbares, prolongeant son séjour à
mau_
vaise. fin; alors, sans plus ta1d9r, lei dphore. rui'ààferhèrent
un héraut porteur.d'uni scytare', ét rui Ënjoignirent
âu .uuuni"
avec le héraut, s'il ne vouiait pur qo. r.r'spiriiut*
roi'ag.ru-
rassent la g,uerre.,puollnr^ul, désirânt dissiper
re, ,oufloo, et
se flattant de se tirer d'affaire avec de l'argent,
retotirira une
*.. D'abord il fut incarcéié par les éphores,
:::":j:^f:':3.1n
qur onf ce pouvoir.s'r le roi; ensuite il obtint son
éraigissel
ment et proyoqua lui-même un jugement, ollrant
de refondre
à qui voudrait l,accuser.
cxxxll. Ni les Spartiates ni res ennemis ile pausanias n,a-
vaient de preuve assez conyaincante pour sévir contre
un homme
ct. qui occupair ators un posre éminentl car it
Ll,:t:I-l?Ial
eran. rureur du Jeune roi plistarchos, fils de
Léonidas et son
cous-in germain r. Cependant sa tendance
à se placer oo_drrro,
des lois et à imiterlàsBarbares re faisait g.analmentrurprrtr"
tle vouloir atteinclre plu.s haut que sa ïortune présente.
scrutait sa conduite passée pour ddcouvrir les ului
on
permis. On se rappelait qu'autrefois, sur fe
qo'il-qou
,.etuit
trefiËA t.,
66 GuERRE Du PÉLoPoNÈsE'
à Delphes. iles prémices clu butin
enlevé
Grecs avaient consacré inscrire le distique
aux Mèd.es', iI avaii'pti*
t"t foi de iaire
suivant :
larmée des Mèdes'
Paueanias, générar
::î#ïï Ëll:îîÏîï:Ï:iti
LesLacédémoniensavaientfaitaussitôtdisparattretlutrépied
cette inscription, ;;;;;i;tt
à s-a nlace les noms cle toutes les
iu aoruitt des Barbares et consacré
villes sui avaient t;;t;;;l
^";rrrlerrirt.it pasmoins à regarder cette
;.* ;il;Jr.-O" répréhônsible; et' depuis les der-
action de Pausani*'-to*Àt a.r'uppoi des soupçons excités
nières circonstanc; ' ;ii;^;;uii intrigues auprès des Hilotes,
contre lui. On p"riuii îo*i âr ses

efrienn'étaitplusvrai;illeurpromettaitlalibertéetlabour-
avec lui et seconder tous ses
seoisie. s'iis voulaient s'insurger faites
ffiil."ùilt*, i;;iru*.tïonobstanr les révérarions point
Uilott',^ltt l*teagloniens tte voulurent
par quelqu.,
fidèles à leur coutume ùe ne
innover à son td;ï' Jt"iÀttnt
preuves sans réplique ' quand il s'a-
pas se hâter, à moins de un irrévocable arrêt'
qissait de ptonon"t-'onttu un Spartiate porter à Àrtabaze la cler-
uuuif
ilIais enfin r. *t'JugË;^ï;i .a'i étuit un Argiliens, jadis
nièrelettre de pausinias au
roi, er qoi
-toute
pausîîî"ï .1 ,r"etu de sa conflance, devint,
fort aimé de
homme' faisant réflexion qu'aucun
dit-on, sondenonclul*o"' Cet
î*ï,'e.oo:*:l*:t;,t;':HlJ:;î:ï;l-i[,1i.ïiiiïi
oo,i puoianias redemantrait sa
:l'#i:i#J;'é;;;;;iïondee
ïil;il;-ï r"itt at* ortungetp-ents' il ouvrit la missive; et'
ii y trouva Ia reconrmanclation
comme il I'avart soupçonné,
erpresse de se défaire du porteur'..
-cxxxttt^
ad;"ii *J'mi*cette lettre sous les yeux des
à se ciissiper; to-utefois ils
éphores, rerrru aoli'* commencèrent de Ia bouche même
,nto'u*Ë*toJït-qotrqu.e aveu
voulurent
D;;;;;ïu"utit*' r'Argilien s'en aIIa au Ténare
cle Pausanitt'
une"cabane à double cloison,
comme supplianii".i .o"rtruisit
î;;;iir iI cacha suelsues-uns d,es éphores'
rlans t,intérieur dL
Ie motif de sa
venu iuidemander
Aussi, Iorsquepausaniàs fut de Ia conversation' D'a-
démarche, il3 ne perdirentpas ul-mot
borcl l'Argitie" refirocha à
Pïusanias ce qu'il avait écrit sur son
reste de point en point' et finit par
compte;puis il f;i;ç".;;t le
àans ses messages auprès
lui dire qu'il ne iît'tif:t*ui' dt""oi condamné à mourir
du roi, et qu'il se voyait en récompense
67

comme t, aurni* ur, *..ltïTlr.t;"."nias convint de tout'


;;r;il d'adoucir son ressentinrent-, lui donna sa foi pour-qu'il
sortl[ du sanctuaire, et Ie pressa de partir au plus tôt, afin ile
ne pas entraver les négociatiorfs'
--ffiiin. Apte. avolr entendu tout au long cet.entretien, les
éphores se retirèrent; qqs lors, pleinement convaincus, ils pré-
pârOÀt ilans la ville I'arrestafion de Pausanias. 0n raconte
ào,uo moment d'être saisi tlans la rue, iI comprit à I'air d'un
ii"t Jpttot*s qui s'avançaient quel etait leur dessein ; et que'
,oron signe imperceptùIe que lui fit ny 3fre.clio" Ti-"111Î-1:
ces magiJtrats, il couiutvers le tempie de la déesse à la matson
d;airain", dont I'enceinte était voisiné, et parvint à s'y
réfugier'
Pour né pas être exposé aux injures du temps' il.entra
dans
premier
une cellule attenante àu temple eî y resta en repos' Au
I'ayant
instant, Ies éphores o, potuit I'attôindre; mais.ens.ui.te'
et les portes'
clécouvert dins ce réduit, ils enlevèrent le toit-Ûinrent
assiégé
l,enfermèrent dans I'intérieur, 1'y murèrent, et le
put r" faim. Lorsqu'ils virent qu'il était.p1!s-1:ltltil*i:
le,dernrer
ie lieu sacré, ils I'en retirère4t avant qu'il eùt rendu
et à peine fut-il dehors, qu'il expira'O",ttiï"le point
soupir;
â, fi jÀ*
dans Ie Céadet, commè on Jsit pour les malfa.iteurs ;

ensuite on résolut de I'enierrer dans Ie voisinage. Plus tard, le


sa
ài; d* Delphes ordonna aux Lacédémoniens d.e transférer
elle
sénulture à, t'enOroii*e*t ou iI était mort; et maintenant
I'inclique I'inscription
;;t;il i'r.ot'ô de I'enceinte, comme
qu'ils avaient
Eravée sur les ,olooo".; le ilieu déclara aussi
;;;';;-; *u.tiiesu, et enjoignit aux Lacédémoniens de rendre
"corps
à la déesse deux pbui on. Ils firent faire deux statues
â'oirain, qu'ils oonsâcrèient au lieu et place de Pausanias;
u1.11crilése'
rri*, tôt.e le clieu avait jugé. !{}'it y. avait euI'expler.
les l,ihéniens sommèrentles Lacé6émoniens de 1

CxXxY.l,esr,aceaemoniensdéputèrentcleleurcôtéàÀthè-
que
nes, pour acouser Thémistocie ilu même crime de métlisme
puor'uniur. IIs prétenttaient en avoir trouvé la preuve dans I'en-
auête relative à ce dernier, et demandaient que Thémistocle
J.ùiir- *e*. pàine. Tbémistocle, alors banni par I'ostracismer,
avait son d.omicile à Argos, tl'oir il faisait des excursions
dans
ie.urt, du péloponèse.ïe* Athéniens consentirent à se join-
aYec
âr, uo* Lacédémoniens pour le poursuivre, etenYoyèrent
quelque lieu
eux des gro, qoi uvaient ordre de I'amener, en
qu'ils le trouvassent.
CXXXVI. Thémistocle, prdvenu à temps, s'enfuit du Pélo-
68 cuERRE DU PÉtoPoNEsE. .

ponèse, et se réfugia chez les Corcyréens, qui lui avaient tles


obligations. Ceux-ci, craignant, s'ils le garclaient chez eux, de
s'attirer Ïinimitié de Lacédémone et d'Athènes', le firent passer
sur le continent qui fait face à leur lle. Suivi à la piste, il
se vit contraint, dans un moment tle clétresse, de demaniler
I'bospitalité chez Admète, roi des Molosses, qui n'était pas son
ami. Ce prince était absent. Thémistocle se constitua le sup-
pliant cle sa femme, qui lui conseilla de s'asseoir près du foyer
en tenant leur enfant dans ses bras. Admète arriva bientôt;
Thémistocle se fit connaitre, et lui représenta que, malgré
I'opposition qu'il avai[ faite aux demandes atlressées par Ail-
mète aux Athéniens, iI serait peu gdnéreux de frapper un
banni, un homme maintenant beaucoup plus faible que lui;
qu'il y avait de la grand.eur d'âme à ne se Yenger que d'un
égal;qu'enfin les requêtes d'Admète auxquelles il s'était opposd,
n'avaient qutun intérêt secondaire, tandis qutil y allait pour
lui ile la vie, s'il était livré à ses persécuteurs. Il ajouta
quels étaient leurs noms et leurs motifs.
CXXXYII. Aclmète releva Thémistocle avec I'enfant qu'il
'
continuait à tenir dans ses bras, cé qui était la supplication la
plus éloquente. Bientôt survinrent les députés d.'Athènes et de
Lacérlémone; mais malgré leurs instances, le roi refusa cle le
leur livrer; et, comme Thémistocle témoignait le désir de se
rendre auprès clu roi de Perse, Àclmète le lit concluire par terre
jusqu'à Pydna, vilie d'Alexandre, située sur I'autre rnern. Là,
trouvant un vaisseau marchand en partance pour I'Ionie, The'
mistocle s'y embarqua, et fut porté par une tempête vers le
camp des Athéniens qui assiégeaient Naxoss. Craignant de
tomber entre leurs mains, et inconnu de l'équipage, il tlécou-
vrit au patron du navire son nom et ia cause de s'ln exil;
ajoutrant que, s'il ne Je sauvait pas, il I'accuserait cle le con-
duire à prix d'argeni; que le plus sùr était de ne laisser per-
sonne sortir du vaisseau jusqu'à ce qu'on prlt reprendre la
mer; qu'enfin, s'il consentait à le servir, il serait dignement
récompensé. Le patron flt ce que Thémistocle lui clemandait,
mouilla un lour et une nuit au-clessus du camp des Athéniens,
après quoi il atteignit Éphèse. Thémistocle le gratifia d'une
somme d'argentl car il en reçut d'Athènes, d'où ses an:is lui
en firent passer, et d.'Argos ori il en avait en dépôt.
Après avoir gagné la haute Asie avec un des Perses de la
côte, il écrivit au roi Artaxerxès, {ils de Xerxès , monté depuis
peu sur le trône, une lettre ainsi conçue :
LIVRE I. 69'
( Mon nom est Thémistocle. Je viens à toi, après avoir fait
plus rle mal qu'aucun des Grecs à votre maison, aussi longtemps
rlue j'ai dt repousser les attaques de ton père; mais je lui ai
fait encore plus tle bien, lorsque je n'eus plus rien â crainclre et
qu'il fut lui-même en péril pour sa retraite. Aussi ai-je droit
à quelque reconnaissance (c'était une allusion ir I'avertissement
qu'il avait donné au roi sur Ie départ des Grecs de Salamine,
et au service qu'il lui avait soi-disant rendu en empêchant la
rupture des ponts). C'est avec le pouvoir de te servir plus efficæ
cement encore que je viens ici, victime tle mon amitié pour toi.
Je clésire attenclre un an pour te communiquer de vive voix
les motifs de ma venue. )
CXXXVIII. Le roi admira, dit-ou, la résolution cle Thén:is-
tocle, et I'invita à donner suite à son dessein. Dans l'intervalle,
Thémistocle apprit autant qu'il put la langue et les usages du
pays; puis, I'année révolue, il se présenta au roi, qui l'éleva
plus haut que pas un des Grecs yenus auprès de lui. Il dut ces
honneurs à I'estime qu'il s'dtait acquise, à I'espérance qu'il
suggérait au roi de lui assujettir la Grèce , enfin à la haute
intelligence clont il avait donné iles preuves. Thdmistocle avait
rnontré de la manière la plus frappante ce que peut la nature;
à cet égarcl, nul plus que lui ne méritait I'admiration. Grâce à
la seule force de son génie, sans étude préalable ou subséquente,
il jugeait par intuition tles affaires présentes, et prévoyait avec
une rare sagacité les événements futurs. Les questions qui lui
étaient familières, il savait les mettre dans tout leur jour; celles
qui étaient neuves pour lui, il ne laissait pas tle les résoudre.
Il discernait du premier coup d'æil les chances bonnes ou mau-
vaises cles affaires encorfrbscures; en un mot, par son inspi-
ration natu.relle et sans aucun efforl d'esprit, il excellait à
trouver sur-le-champ les meilleures résolutions.
Il mourut cle malarlie ; quelques persoDnes prétentlent qu'il
s'empoisonna volontairenient, lorsqutil eut reconnu I'impossi-
bilité de tenir les promesses qu'il avait faites au roi. Son tom-
beau.est à Magnésie tl'Asie sur la place publique. Il était gou-
verneur de cette contrée, le roi lui ayant donné pour son pain
Magnésie , qui rapportail cinquante talents de revenu annuel l
pour son vin Lampsaque, le premier vignoble d'alors; enfin
Myonte pour sa cuisine t. Ses parents assurent que, selon son
clésir, ses restes furent rapportés dans sa patrie et cléposés en
Attique à I'insu des Athéniens; cxr il n'était pas permis d'en
tcrrer un homme banni pour trahison.
70 cuERRE DU PÉtoPot{Èsr.

Àinsi finirent Ie Lacédémonien Pausanias et I'Athénien Thé-


mistocle, les deux Grecs les plus illustres de leur temps' .
CXXXiX. Tellesavaient été,lors de la première ambassatle,les
sommations faites etreçues par les Lacéùémoniens, relativement
aux sacriléges. une seconde députation vint à athènes pour
demancler li levée du siége ile Potidée et I'affranchissement
d;Égine, enfin - comme contlition absolue tlu maintien tle
fa-fraix'- I'abrogation du décret qui fermait aux Mégariens
lesiorts de 1a dimination athénienne eb le marché d'Athènes.
Les'Athéniens ne voulurent rien entendre et ne rapportèrent
point le décret. Ils accusaient les Mégariens de cultiver la
ierre sacrée et celle qui n'avait point de limitesr, comme aussi
d'accueillir les esclav-es fugitifs. Les derniers députés qui vin-
rent cle iacédémone, savoir Ramphias, Mélésippos, et Agésan-
dros, n'articulèrent aucune des réclamations précédentes, mais
rc b'ornèrent à présenter I'ultimatum suivant : tt Les Lacédé-
îIooi.o, désireni la paix; elle subsisterait si vous laissiez les
Grec.s indépendants.l t,à-aessus les Athéniens se formèrenten
assemblée, et Ia discussion s'engagea. on convint de dé]ibérer
une fois pour toutes et de donner une réponse.définitive. Di-
vers oratJurs se firententendre, et les deux opinions trouvèrent
dàs défenseurs; les uns soutenant que la guerre était nécessaire,
ies aotres que' le tlécret ne tlevàit pas être un obstacle à la
Périclès,-fiIs. de Xan-
faix et qu'if fallait le rapporter. A Ia.fin,éminent d'Athènes, le
ihippor,'qoi était alors Iàïitoy_en le_-plus
piri*'fruliiu clans la parole et dans I'action., parut à la tribune
et s'exprima en ces termes : r
cxl. c Je persiste toujours clans la pensée qu_til ne faut pas
cé6er aux péÎoponésiens, quoique je-sache que les_homlnes ne
mettent pls à poursuivre la goerre Ia même ardeur qu'à la
décréter, et que leurs opinions varient au gré des circonstances.
Je suis donc^obligé de vous répéter encore une fois les mêmes
.ànruifr; et j'espére que ceux de vous que j'aurai persuadés,
maintiendront, én caide revers, nos résolutions communes' à
moins qu,en cas de succès ils ne s'abstiennent de s'en attribuer
la gloirb. Les événements, ainsi_que
les pensées.de I'homme,
ne"suivent pastoujours une marche rationnelle; c'est pour cela
qo. oorÉ imputons à la fortune tous les mécomptes qu'il nous
at"iv. d'éprouver
o Le mâuvais vouloir dont 1es Lacédémoniens nous ont pré-
céctemment donné iles preuves est plus évident aujourd'bui _que
jamais. Bien que le trâité porte qu'on réglera les clifférends à
LIVRE I. 7I
I'amiable, chacun demeuran[ en possession de ses droits , ils
n'ont point encore clemandé d'arbitrage, et ils refusent celui
que nous offrons; ils préfèrent vider la querelle parles armes
et nous apportent, non plus tles réclamations, mais des ordres.
Ils nous enjoignent de lever le siége de Potidée, de rendre à
Egine son inilépendance,, de retin:r Ie clécret relatif à Mégare;
enfin leurs deruiers ambassad.eurs nous somment cle laisser les
Grecs inclépendants.
c N'allez pas yous imaginer que, si nous faisons la guerre,
ce sera pour une cause aussi légère que le maintien du ddcret
contre Mtigare, ce qui est ieur éternel refrain, et qu'il suffirait
de rapporter ce décretpour éviterune rupture. Ne conserrez pas
I'arrière-pensée d'avoir pris les armes pour si peu. Cette pré-
tention, minime en apparence, n'est au fond qu'un moyen de
vous sonder et de reconnaître vos tlispositions. Si vous céclez
aujourd'hui, demain vous recevrez quelque injonction plus
forte I car ils attribueront votre conilescendance à la peur;
tandis qu'en tenant fernre, vousleur ferez clairement entendre
qu'ils doivent traiter avec vous d'égal à égal.
CXLI. < Cela étant, disposez-vous ou bien à obtempérer
avant dtavoir souflert aucun donrmage, ou bien
prenez le bon parti, celui de la guerre - si vous
à ne fléchir sous
aucun prétexte, afin de ne pas éprouver- des craintes conti-
nuelles au sujet de vos possessions, car c'est toujours se laisser
asservir que de subir une prétentiou exorbitante ou légère, im-
posée avant jugement par des égaux.
< Quant à ce qui concerne cette guerre et les ressources des
cleux partis, apprenez, par le détail que je vais vous t'aire, que
nous n'aurons pas I'infétiorité. Les Péloponésiens cultivent
eux-mêmes leurs terues; ils ne possèdent ni ricbesses privées
rii richesses publiques; ils n'ont pas I'expérience des guerres
longues et transmarines, parce que leurs luttes entre eux sont
de courte durée à raison de leur pauvreté. De tels peuples ne
peuvent ni équiper des flottes , -ni expédier fréquenrment des
armées de terue, parce qu'ils se trouvent dans Ia double obii-
gation cle s'éloigner de leurs champs et de vivre de leurs ré-
coltes, sans compter que la mer leur sera fermée. Or ce sont
les trésors amassés qui soutiennent Ia guerre, bien plus
que les contributions forcées. Les hommes qui travaillent de
leurs mains sout plus disposés à payer cle leur personne que
de leurs deniers; car iis ont au moins I'espérance dtéchapper
aux périls, tandis qu'ils ne sont pas sùrs de ne pas voir leurs
72 GUERRE DU pÉropoNÈsr.
ressources prématurément épuisées , surtout si la guerre,
comme il est probable, se prolonge au delà de leurs préiisions.
c Dans un seul combat, les péloponésiens et lèurs allics
sont en état de faire tête au reste de la Grèce; mais ils ne sau-
raient soutenir la guerre contre une puissance qui la fait au-
trement qu'eux. L'absence d'un conseil unique lei empêche de
rien exécuter avec.célérité. Égaux par re-droit de iulfrage,
mais dilférents d'origine, ils poursuivênt chacun leur avantage
particulier. Il en résulte que rien ne s'achève; car les uns
veulent avant tout satisfaire leur vengeance, lei autres nuire
le moins possible- à leurs propriétés. alsembréi avec lenteur,
ils donnent peu de temps aui affaires générales et beaucoup
aux intdrêts locaux; chac.un se figure què sa propre négligencà
est sans inconvénient, qu'un autre avisera à sa piace; eicomme
ils font tous lé même calcul, il s'ensuit que, iaos [u'on s'en
cloute, I'utilité commune est sacrifiée.
CXLil. < Mais rien ne les arrêtera plus que le manque d'ar_
gent et le temps qu'ils perdront à s'en p.oruier or, à lâ guerre,
I
Ies occasions n'attendent pas. Les fortifications dont il-s nous
menacent sont aussi peu redoutables que leur marine. Il est
difficile, même en temps de paix, à une ville puissante, de
construire de semblables foriifications; à plus fôrte raison en
llls _elnemi et quancl nous leur opposeroni la même tactique.
S'ils bâtissent un fort, ils pourroni bien, par iles incursiôns,
Taveger une partie de nos terres, et provoquer des ilésertions r:
mais ils ne nous empêcheront pas de cingler contre leur terri-
toire pour y élever des forts à notre tour, et de cririger contre
eux cette marine qui fait notre force. L'habitude àe la mel
nous assure plus cl'habileté sur terre que leur expérience con-
tinentale ne leur en donne pour Ia navigation.
< Quant à la science navale, il ne leur sera pas facile de
I'acquérir. Vous-mêmes, gui yous y êtes appliqués depuis les
guerres médiques,-vous-ne I'avez pas enco,rc portée à-sa per_
fection; comment donc des peuples agr.icoles ôt nullement ma-
ritim_es, qui d'ailleurs, toujours maintenus en respect par nos
escadres, n'auront pas la ]iberté de s'exercer, obtiéndrajent-ils
quelque rdsultat? s'ils n'avaient affaire qu'à de faibles croi-
sières, peut-être, le nombre enhardissani leur ignorance. se
hasarderaient-ils à iivrer bataille; mais, bloqués pir des forces
supérieutes, ils resteront en repos; dès lors Ie défaut d'exer-
cice augmentera leur maladresse, et conséquemment reur timi-
dité. Or la marine est un art tout comme un autre : etle ne
LIVRE I. 73

souffre pas qu'on la cultive accidentellement et comme un ac-


cessoire; c'est elle au contraire qui ne comporte aucun acces-
soire.
CXLIII. <r Supposons qu'ils mettent la main sur les trésors
d.e Delphes et d'Olympie, et qu'à l'aide tl'une forte solde ils
cherchent à débaucher nos matelots étrangers : si, nous em-
barquant nous et nos métèques r, nous n'étions pas capables de
leur tenir tête, nous serions bien malheureux. C'est ià un ayan-
tage qu'on ne saurait nous ravir; et puis qui est capi-
tal - cedquipages
Dous avons des pilotes citoyens , cles plus
-
nombreux et meilleurs que n'en possècle tout le reste de la
Grèce; sans compter qu'au moment du péril aucun étranger
ne voudra, pour quelques jours de haute payte. se joindre à
eux, aver moins d'espérance et au risque de se voir exilé de
son payse.
' a Telle me paraît être, ou à peu près, la situation des Pdlo-
ponésiens; la nôtre,loin de donner prise auxmêmes critiques,
se trouve infiniment préférable. S'ils attaquent notre pays par
terre, nous ferons voile contrele leur, et le ravage de I'Attique
entière sera plus que compensé par celui d'une partie du Pelo-
ponèse. Ils n'auront pas la ressource d'occuper un autre terri-
toire sans combat, tandis que nous, nous possddons beaucoup
de terres, soit dans les lles soit sur le continent; clr c'est une
grancle force que I'empire de la mer. Je vous le demande, si
nous étions insulaires, quel peuple serait plus inexpugnable
que nous? Eh bienl il faut nous rapprocher le plus possible de
ceite hypothèse, en abandonnant nos campagnes et nos habita-
tions, pour nous borner à la défense de la mer et de notre
ville, sans que ia perte ilu reste nous inspire assez de colère
pour nous faire livrer bataille aux forces supéricures des Pé-
loponésiens. Yainqueurs, nous ne les empêcherions pas tle re-
venir en aussi granil nombre; vaincus, nous perdrions du
même coup ce qui constitue notre force, je veux d.ire nos alliés,
qui ne se tiendraient pas en repùs du moment or), ils nous ver-
raient hors dtétat de marcher contre eux. Ce qu'il laut dé-
plorer, ce n'est 1-ras la perte des maisons ni rles terres, mais
celle iles hommes; car ce ne sont p-s ces choses-ià qui ac-
quièrent les hommes, mais les hommes qui les acquièrent. Si
je me flattais de vous persuacler, je vous dirais : sortez et ra-
ragez vous-mêm,es yos campagres, nontrez aux Péloponésieus
que ce n'est pas pour de tels objets que rous v,lus humiliere:
devant eux.
TnucyornR
7I+ GUERRE DU'PÉLOPONÈSE.

CXLW'. c J'ai encore d'autres. motifs tl'espérer la victoire,


pourvu que vous renonciez à étendre votre domination durant
la guene, et que vous ne vous jetiez pas de gaieté de cæur
dans un surcroît de dangers. J'appréhende bien plus nos
propres faufes que les plans de nos aclversaires. Mais je trai-
terai ce sujet dans un autre discours, quand les opérations
auront commenct! (a) ; pour le moment, renyoyons ces ambassa-
deurs en leur répondant que nous permettron.s aux Mégariens
d'user de notre marché et de nos ports, quantl les Lacédémo-
niens cesseront d'expulser de chez eux nous et nos alliés t
I'un û'est pas plus contraire au traité que I'autre;
-
- que nous
laisserons I'ind$pendance aux villes, si elles en jouissaient
lors de la conolusion d.e la paix, et si les Lacédémoniens per-
mettent aux cités de leur ressort de se gouverner, Don pas
selon les intérêts de Lacérlémone, mais chacune comme elle.
I'entend ; que nous sommes prêts à accepter I'arbitrage selon
la teneur du traité; qrr'enfln nous ne commencerons pas la
guerre, mais que si I'on nous attaquei nous nous défendrons.
Yoiià une réponse à la fois juste et digne de notre ville.
n Au surplus, dites-vous bien que la guerre est indvitable;
que, si nous I'acceptons résoltment, nos adversaires pèseronù
moins sur nous; d'ailleurs, pour les États comme pour les par-
ticuliers, ce sont les plus granrls périls qui procurent Ie plus
d.e gloire. C'est ainsi que, dans leur lutte contre les Mèdes, nos
pères, qui étaient loin de nous égaler en ressources et qui sa-
crifièrent le peu qu'ils possédaient, trouvèrent dans leur bon
sens plus que dans leur fortune, et dans leur audace plus que
dans ieur force, Ies mo;'ens de repousser ie Barbare et d'élever
Àthènes au rang qu'elle occupe aujourd'hui.
o Ne dégénérons pas de leur vertu; défenilons-nous à ou-
trance contre nûs ennemis, et faisons en sorte de ne pas trans-
mettre cette puissance amoincirie à nos descendants. u
CXLY. Ainsi parla Périclès. Les Athéniens, convaincus que
son avis était le meilleur, votèrent ce qu'il proposait et firent
aux Lacddémoniens la réponse qu'il avait dictée. Ils déclarè-
rent qu'ils n'obdiraient poinb à des ordres, mais qu'ils étaient
prêts,, conformément au traité , à régler leurs contestations
par les voies légales et sur un pied d'egalité. Les députés se
retirèrent, et dès lors on n'en renvoya plus.
Tels furent, des deux côtis, les griefs et les dilÏéreuds qui

(a) Voy. livre II, chrp. xrrr.


LIVNE I. 75
prdcédèrent la guerre, à dater des aTfaires d'Épidamne et de
Corcyre. Cependant les relations internationales n'étaient pas
interrompues; on communiquait d'un pays à I'autre sans mi-
nistère de héraut, mais non pas sans défiance ; car il y avait dans
ce qui se passait un prétexte de guerre et une atteinte portée
aux traités.

.l

{
.TIYRE II.
première année de l,a guerce. Entreprise des Thébains contre Platée,
ch. r-vr. et alliés tles deux partis, ch' vu-rx' - Les
Préparatifs
Péloponésien,
- tattemblent à l'Isthme, ch. x' - Harargue d'Ar-
ù
d'un parlementaire à Athènes,
chidamos, ch. xr.
ch. xu.
- Inutile envoi
Périclès expOs€ aux Àthéniens son plan de guerre,, ch. xur.
- descampa[nartls dans la ville I digression sun l'ancien état
-Retraite
de I'Artique, ch. xivlxvg. -. Première invasion des Pélopcnésiens
en Attiquel enr.oi d'une flotte athénienne autour du Péloponèse,
ch. xvlll-xxv. - Expécition navale des athénienscontre Ia Locride,
ah. **ur. Expulsion tlcs 0ginètes, ch. x.x\rII' Ûclipse de -soleil,
- -
des Àthéniens aïet sitalcès, roi des odryses,
ch. xxvrrr.
-.l,lli"n""
ch. xxrx.-Les athéniens prennent sollion, Àstacos et céphallénie,
envahissent la IIlégaride et fortifient I'ile d'Âtalante, ch. xxx-xxxll.
I'hiver, expédition des corinthiens contre astacos, ch. xxxlli.
- Dans
sépulture des arhéniens morts dans les combats de l'été, ch. xxxrv.
- funèbre prononcée par Périclès, ch. xxxv-xrvt. - Deuniàme
-.Oriison l,a guerrô. Seconde invasion des Péloponésiens en Atti-
année d,e
que. Peste d'Àthènes, ch. Ïr-vti-tvtl. - Renlorts envoyis à I'armée
athénienne assiégeant Potidée,ch. lvrrr. - Irritation des Àthéniens
contre Périclès, ch. rlx. - Discours da Pêriclès, ch' r'x-r'xIv' -
Mort de Périclès et jugement porté sur son adstinistration, ch.. rxv.
nar,ale des Péloponésiens contre Zacynthe,-ch. rxvr.
- Expéditio.r de députés lacédémoniens envol'és au roi de Perse.
-Arrèsption
ch. r,xvlr. - Expétlition des ambraciotes contre Àrgos Àmphilochi-
con, ch. Lxyrrr. - Dans I'hiver, opérations maritimes des Àthéniens
,onit. le Péloponèse, la Carie et la Lycie, ch- r'xtx' - Irise dc
Potidée, ch. r,ix. - lroisiànr,e anntie de la guerre' Siége de Platée
par les Péloponésiens, ch. Lx-xr-Lxxvrrr. - Défaite des Àthéniens à
à Stratcrs, ch. r,xxx-
.'spartolos . cÉ. r,xxrx.
- Défaite des Péloponésiens
Batailles navales clans le golfe de Corinthe; 5arangues de
"i**rt. --
tsrasidas et de Phormion, clr. LXxxIIl-xcII. - Tentative des Péloponé-
siens sur le Pirée, ch. xcrrr-xcrv. - Expédition de Sitalcès en I[a.-
cédoine; digression sur Ie royaume des Odryses, ch' xcv'fi' -
Expédition de I'hormion en Acarnanie, ch- crl-cllr'

I. Ici commence la guerre entre les Athéniens e[ les Pelo-


ponésiens, souteûus [ar leurs alliés'respectifs. Penclant sa
LIYRE II. 77
durée, ils n'eurent plus de communica[ions que par rninistère
de héraut, et les hostilités une fois entamées ne disconti-
nr'èrent plus. Les évdnemerrts sont rapportds dans I'ord.re chro-
nologique, par dté et par hiver.
II. La paix de trente ans, conclue après la conquête de
i'Eubée, n'en subsista que quatorze. La quinzième annéet,
alors que Chrysis était prêîresse à Argos depuis quarante-huit
ans., Énésias éphore à Sparte, Pythodoros encore pour tleux
mois archonte à Athènes, le sixième mois après la bataille de
Potidée et au commencement du printemps, des Thébaius, au
nombre d'un peu plus de trois cents, conduits par les béo-
tarques'Pythangélos fils de Philidès et Diemporos fiIs d'Ond-
toridès, environ I'heure ilu premier sommeil, entrèrent eû
armes à Platée, ville de Béotie, alliée d'Athènes. Ce furent des
Platéens, Nauclitlès et ses adhdrentst, gui les appelèrent et
leur ouvrirent les portes. Ils voulaient, pour s'assurer I'auto-
rité, se ddfaire de leurs antagonistes et livrer la ville aux
Thébains. Le complot avait dté ourdi entre eux et Eurymachos
fils de Léontiaclès, un des hommes les plus marqtants de
Thèbes. Les Thébains, qui voyaient venir la guerre, dêsiraient,
avant qu'elle erlt dclaté, se saisir de platée, leur éternelle en-
nemie. Il ne leur fut pas difficiie d'entrer sans être aperçus;
car on ne faisait pas encore la garde. lls prirent position sur
la place publique ; mais , au lieu de se mettre aussitôt à
l'æuvre, comme I'auraieirt voulu les meneurs, et d'aller droit
aux maisons de leurs adversaires, ils préférèrent user de pro-
clamations conciliantes, afin d'amenei la ville à composiiion.
Le héraut publia que, si quelqu'un voulait entrer iùns l'al-
liance, suivant les institutions natiorrales de ia confddération
bdotienne, il ett à venir en arnles se ranger auprès d'eux.
Ils. espéraient que, par ce moyen, platée se-soumettrait sans
perne.
lII. Quancl les Platéens surent les Thébains dans leurs murs,
et ia ville occupée, ils eurent un moment de frayeur; ils les
croyaient plus nonrbreux, car Ia nuit empêchait de les voir.
Ils entrèrent clonc en accommoclement, reçurent les proposi-
tions qrri leur étaient faites et demeurèrent eu repos, d'autant
plus aisément qu'aucun d'eux n'était inquiété ; mais, durant ces
pourparlers, ils s'aperçurent clu petit nombre des Thébains et
pensèrent qu'en les assaillant ils en auraient bon marché. La
grande majorité des Platéens n'avait nulle envie de se ddtacher
d'Athénes ; I'attaque fut tlonc résolue. De peur d'être ddcou,
?8 GUERRE Du PÉtoPoNÈsE
verts en circulant rlans la ville, ils se rassemblèrent en perçant
les murs mitoyens des maisons; ils barricadèrent les rues à
I'aiile de chariots dételds, et firent cle leur mieux toutes les
d.ispositions convenables ; puis, leurs préparatifs terminés,
orofitant d'un reste tle nuit et sans attendre Ie lever tle ltau-
iore, ils sortirent des maisons, et marcbèrent aux Thébains.
En plein jour, ceux-ci eussent été plus.hardis etla partie moins
iné$ale; iandis que, cle nuit,-.les Platéens tlevaient les trouver
inti"miaes et avoir sur eux I'avantage cle Ia connaissance des
localitds. Ils les assaillirent donc sans retarcl et en vinrent im-
médiatement aux mains.
IV. Les Thébains, se voyant trompés, serrèrent leurs rangs,
firent.front de tous côtés ei repoussèrent tleux ou trois atta-
ques. Mais quand ies Platéens se ruèrent sur eux en grand
tumulte; quand, du haut des maisons, les femmes et les vale-ts,
avec d.es cris et des hurlements, fi.rent voler les pienes et les
tuiles ; quand une pluie battante vint encore augmenter.l'obsl
curité i iis furent saisis d'épouvante; et, prenant la fuite, ils
se mirent à courir à la debanclade, par la boue, tlans les tdnè-
plupart ignorant les
bres.
- la lune était
sur son déclin,
- la
clétours qui auraient pu les sauver, tanilis que leurs- ennemis,
plus expdrimentés, leur coupaient la retraite: aussi leur perte
îut-elle- considérable. Un Platéen ferma la porte par otr ils
étaient entrés et qui seule était ouverte; à cet efÏet, il se ser-
vit tl'un fer de javelot, qu'il inséra dans la barre en guise de
boulon' ; ainsi, pas même de ce côté, il n'y avait d'issue. Pour'
suivis par la ville, quelques-uns escaladèrent la muraille, sau-
tèrent ïehors et se tuèrent presque tous I d'autres avisèrent
une porte non gardée, rompirent furtivement Ia barre au
moyen d'une hiche qu'une femme leur prêta, et s'échappè-
reni, mais en peLit nontbre, car on s'en aperçut bientôt; d'au-
lres périrent çà et là dans Platée. Le gros cle la troupe ' ceur
qui étaient demeurés en corps, alla donner dans un grand
édifice ailossé à Ia muraille et dont l'entrée était ouverte;
ils la prirent pour une des portes de la ville et crurent quielle
communiquaif directement avec I'extérieur. Les Platéens, Ies
yoyant iraqués, ilelibérèrent s'ils ne les brùleraient pas tous
en mettant Ie feu à l'édifice, ou s'ils prendraient un autre
parti. Fin.alement ces Thébains et tous ceux qui étaient épars
d.ans ia ville se rendirent à discrétion, et mirent bas les armes.
Y. Tel fut le sort des Thébains entrés dans Platée. D'a'rtres
tlevaient. cette nuit mème, arriver de Thèbes en corps d'ar-
LIVRE II. 79

mée pour les soutcnir au besoin. Ils apprirent en route ce qui


se passait et pressèrent le pas. Platée est à soixante-clix stades
de thèbes ; Iiorage de la nuit retarda leur marche I le fleuve
Asopos s'enfla et âevint difficile à franchir; ils cheminèrent par
la piuie, traversèrent le fleuve à grand'peine, et n'arrivèrent
quiaprès la prise ou la mort de leurs gens. En. conséquence ils
sï mirent en devoir de dresser des embùches à ceux des Pla-
téens qui étaient hors cle la ville ; car ii y avait dans la cam-
pagne bon nombre d'hommes, avuc tout I'attirail qui s'y
irùve en temps de paix et de sécurité. Ils voulaient que ceux
qu'ils réussiraient à pren,lre leur répondissent. des captifs.
cotrl*r ils.délibéraient, Ies Platéens, ÊOupçonDant leurs_inten-
tions et alarmés poo. éeo" du clehors, envoyèrent un héraut
pour tlire aux Thèbains que c'était une impiété à.eux d'avoir
àberché à s'emparer de leur viile en pleine paili qu'ils se
gartlassent bien de toucher à ceux cle I'extérieur, s'ils ne vou-
iaient pas que les Platéens missent à mort les.priso'niers
tombés entre-leurs mains; s'engageant d.'ailieurs à les rendre
si les Thébains évacuaienî le teiritoire. C'est là du moins ce
lue aisent les Thébains, et ils ajoutent que cette.convention
fït confirmée par serment. Les Platéens au contraire soutien-
nent qu'ils n'aiaient pas promis de rendre imrnédiatement les
prisonniers, mais qu'ils étaient entrés simplemelt en^ pour-
pariers, pour essaydr d'en venir à un accord, et ils aflirment
ir,avoir'rien juré. Quoi qu'il en soit, les Thébains quittèrent
le pays sans y avoii. fait- aucun mal, tanclis que les Platéens
n'àrïnt pur plor tôt retiré dans leurs murs ce qui était tlans
les campagnôs, qu'i1s massacrèrent tous les prisonniers, au
'dJ
nombre cet t iuatre-vingts. Parmi ces derniers se trouvait
Eurymachos, le piincipal
-ils agent tle Ia trahison'
Vi. l,a-aessus dépêchèrent un cou*ier à Àthènes, per-
mirent aux Thébains d'ènlever leurs morts,, et firent clans leur
ville toutes les dispositions que réclamaient les circonstances'
Les Athénirn, tà tardèrent pas à être informds des événe-
ments cle Platée. A I'instant ilJ nrirent en arrestation tous les
Béotiens qui éLaienb en Àttique; puis ils envoyèrent aux Pla-
téens un déraut pour leur diie de ne rien.statuer sur les Thé-
bains prisonnirri, avant qu'ils en eussent déliberd eux'mêmes.
Ils neiavaient pas .trcor-. qu'ils fussent morts. Un ,premier
counier était pâr'ti de Platéè au mornent de I'entrée des Thé-
b;il;; oo ,r.otd lorsqu'ils venaient d'être vaincus et pris-; là
s'ar"êiaient les informations reçues à Athènes , et ce fut dans
80 GUERRE DU PÉLoPoNÈSE.
cette ignorance qu'on expddia re héraut. A son arrivde,
trouva les prisonniers massacrés. Les Athiniens nreni
il
passer
des troupes et cles vivres à pratée, y laissèrent g"rrirî;
et em-
menèrent les hommes les moinsvilides, ainsi "qr"i.,
rr,oo'.,
et les enfants.
vII. L'affaire de platde était une violation flagrante de la paix.
Les athénierls se préparèrent donc à la guerË;
r.* iu.àaa*o_
niens et leurs alliés eu firent autant..Les"deux.
sèrent à. en_voyer des ambassades soit en persôirrrii,,,
dispo-
,oit l â'uutres
nations barbares, de qui ils espéraient obtenir des secoo.s;
en{in
ils mirent tout en pour attirer dans leur alliance les
-æuvre
villes étrangères à leur $omination. Les Lacéda-ooiens, indd-
pendamment des vaisseaux qu'ils avaient rou, tu
*uio, com-
mandèrent aux villes d'Italie et de sicile qui avaienifris parti
pour eux d'en construire d'autres, chacune proportionnellement
à sa grandeur, en sorte que ra flotte atteignîtie chiffre de cinq
cents navires. Leurs ailiés eurent ordre àe préparer utr pre-
mier c.ontingent d'argent, et, pour Ie surpLus,^ d, -dÀuoru,
tranquilles, sans recevoir chez eux plus d;un vaisseau athé_
nien à la fois, jusqu'à ce que tout fùt prêt. Les ltt J"ià", firent
la revue de leurs alliés.et envoyèrent cles députations, particu-
lièrement aux États qui avoisinent le pé1opooèr*, à cb'rcyre,
à
céphallénie, en Acarnanie et à. zacynthe. ils sentaient bien
gue, s'ils avaient ces peuples pouramis. ils pourçaient
en toute
rqgî porter la guerre sur tous les poirrts â,, nétoponèse.
VIII. De part et d,autre on ne formait gue de -ru'rt., projet.s
et I'on était plein ile feu pour cette gue.rô. II ne faut pàs s,en
étonner: c'est toujours..au début qu'on dépioie le plus d'ar-
!e.yr. Àjoutez à cela qu.'il y avait.à cette époque, soit dans Ie
Péloponèse, soit à Athènes, une nomb.*uuà
1Ëunrrr. qui, pu,
inexpérience, ne deman$ai! pas mieux qoe d'er*uy* du tu
guerre. Tout le reste de Ja Grèce était dans l,attente,ï la veille
de ce conflit des plus puissants États. Dans les cités rivales
comme dans les autres, ce n'étaient que présages et que de_
vins qui allaient chantant des oracles. De plus,"chose'inouTe
jusqu'alors, Délos avait éprouvé, peu auparavant, une
secousse
de tremblement de tgrre r, et |on voyuit dans ôe phénomène
un pronostic des événements qui se prépar.aient. îoutes les
pariicularités de ce genre étaient recueiliies avec aviclitd. Du
reste,_la sympathie générale se prononçait hautement en fa-
veur des Lacédémoniens, surtout depuis qu'ils avaient annoncé
I'intention d'atïranchir la Grèce. villes et particuliers rivali-
LIVRE II. 8I
saient de zèle pour les seconder selon leur pouvoir, soit en
paroles soit en actions; chacun s'imaginait que les alïaires
souffriraient de son absence. Tant I'animosité contre les Àthé-
niens était grande, les uns voulant se soustraire à leur domi
nation, les autres craignant de ta subir.
IX. Ce fut avec ces préparatifs et dans ces sentiments gue la
guerre fut commencée. Il me reste à faire connattre quels
dtaient clans I'origine les alliés cles deux partis.
Les Lacécldmoniens avaient pour'eux tous les peuples du
Péloponèse situés en deçà ile l'lsthme, hormis les Argiens ei
les Achéens qui gardaient la neutralité. Les Pelléniensr furent
les seuls de I'Achaïe qui prirent tout d'aborcl le parti de Lacé-
démone ; plus taril leur exemple fut suivi par le reste des
l,chéens. En dehors du Péloponèse, les Mégariens, les Pho-
cdens, les Locriens, les Béotiens, les Ambraciotes, les Leuca-
diens, Ies Ànactoriens. Parmi ces peuples, les Corinthiens, les
Mdgariens, les Sicyoniens, les Pelléniens, les Éléens, les Am-
braciotes et les Leucadiens fournissaient cles vaisseauxl les
Béotiens, Ies Phocdens et les Locriens, de Ia cavalerie; les
autres, cle I'infanterie.
Les alliés cles Athérriens étaient Chios, Lesbos, Platée, les
Messéniens de Naupacte, Ia majeure partie des Acarnaniens,
Corcyre, Zacynthe; à quoi il faut ajouter les villes tributaires
situées en divers pays, savoir la Carie maritime, la Doricle voi-
sine de la Carie, I'ionie,l'Hellespont,le littoral de la Thrace,
toutes les lles situées à I'orient entre le Pdloponèse et la Crète,
le reste des Cyclades, excepté Mélos et Thérae. Dans ce
nombre, Chios, Lesbos et Corcyre fournissaient d.es vaisseaux;
les autres, de I'infanterie et cle I'argent.
Tels étaient les alliés et les ressources des deux partis au
début de la guerre 3.
X. Aussitôt après I'affaire de Platée, les Lacédémoniens firent
savoir à tous leurs alliés, soit tlu Péloponèse soit du dehors,
qu'ils eussent à préparer leurs troupes et le matériel nécessaire
pour une expédition hors du pays, ce qui revenait à dire qu'ou
âUait envahir I'Attique. Tout s'étant trouvé prêt pour !e mo-
ment indiqué, les deux tiers iles contingents cle chaque État se
rassemblèrenb à I'Isthme. Dès que I'armée fut réunie, Archi-
clamos, roi des Lacédémoniens et chef de cette expéilition,
convoqua les généraux. cle chaque ville, les principaux officiers
-hommes
et les les plus éminents, et leur adressa I'allocution
suivante :
82 cUERRE DU PÉLoPolrÈsu.
XI. ( Péloponésiens et alliés, pos pères ont bien des fois
porté les armes clans le Péloponèse ou au dehors, et les plus
,âgés dtentre vous ne sont pas sans expérience de la guerre.
Jamais cependant nous ne sommes entrds en campagne avec
un appareil'plus formidable qu'aujourrl'hui. Ayaut aflaire à
une ville très-puissante, nous avons voulu allier le nombre à la
valeur. On est donc en droit d'attenclre que nous ûe serons
pas moins braves que nos pères, que nous ne resterons pas au-
dessous de notre renommée. La Grèce entière. vivement émue
de notre entreprise, a les regartls fixés sur noùs et, dans son
inimitié contre Àthènes, elle fait des væux pour nos succès.
c Néanmoins, malgré notre supériorité numérique et le peu
dtapparence que I'ennemi accepte le combat, garclons-nous de
marcher sans précaution. Généraux et soldats de chaque ville
cloivent toujours être sur le qui-vive. A la guerre, rien d'as-
suré; le plus souvent les attaques sont brusques et inopinées.
Que de fois n'a-t-on pas vu des armées moindres, mais sur
leurs garcles, triompher tl'adversaires plus nombreux, mais
plongés dans une trompeuse sdcurité? Il faut toujours, en payg
ennemi, s'avancer le cæur plein de confiance, mais en réalttd
avec une circonspection.craintive; c'est Ie moyen d'assurer
I'attaque et la cléfense.
c La ville contre laquelle nous marchons, )oin d'être sans
forces, est abondamment pourvue de tout. Si jusqu'à ce jour
les ennemis sont restés immobiles, c'est que nous étions en-
core éloignés; mais tout porte à oroire qu'tis sortiront en ba-
taille du mouent qu'ils nous verront dévaster leurs propriétés.
Le spectacle d'un ilommage inaccoutumé ne manque jamais
d'enflammer la cclère; alors on ne réfléchit plus, on agit avec
emportement. Ce cloit être surtout Ie cas pour les Athéniens,
qui prétendent commander aux autres, et qui sont plus habi-
tués à rayager le pays d'autrui qu'à voir ravager le leur.
<r Puis donc que nous portons les armes contre une ville si
puissante, et que notre renommée, à nous et à nos ancêtres,
doit dépenilre de nos suscès ou de nos revers, suivez la route
qui vous sera tracée. Observez avant tout la discipline, soyez
vigilants, soyez prompts à saisir les commandements. Rien
n'est plus beau ni plus str à la fois qu'une armée nombreuse
qui se meut avec une parfaite unité. >
XII. Lorsqu'il eut achevé ce iliscours et congédié I'assem-
blée, Arcbidamos fit partir pour Athènes le Spartiate Mélésip-
pos, fils de Diacritos, a{in cle savoir si les Athéniens, voyant
LIYRE II. 83

Itarmée enmarche, se montreraient plus accomtnoilants; mais


ils ne I'admirent ni dans I'assemblée, ni même dans la ville.
Déjà en effet avait prévalu I'avis de Périclès, de ne recevoir ni
héraut ni tléputation de la part cles Lacéclémoniens en cam-
pagne. Ils [e renvoyèrent donc sans ]'entendre et avec I'ordre
de-repasser la frontière le jour même; ajoutant que, si les
Lacétldmoniens voulaient parlementet, ils eussent préalable-
ment à retouïner shez eux. On d.onna une escorte à Mélésip-
pos pour I'empêcher de communiquer avec personne. Arrivé à
iafràntière et sur Ie point cle s'éloigner, iI prononça, dit-on,
ce peu tle paroles : < Ce jour sera pour les Grecs I'origine de
grands malheurs. r Son retour à I'armée convainquit.Archi-
àamos que les Athéniens ne feraient aucune concession; en
conséquence iI donna I'ordre du départ et s'avança vers I'At-
tique. Les Béotiens avaient fourni aux Péloponésiens leur con-
tingent ile guerre et leurs cavaliers. Le reste de leurs forces
entra clans le pays tle Platée et le ravagea.
XIII. Les Péloponésiens se rassemblaient encore à I'Isthm,e ou
se mettaient en marche, lorsque Périclès fils de Xanthippos' un
iles clix généraux cl'Athènes, prévoyant 'l'invasion, se douta
qu'Archidamos, qui était son hôte, pourrait bien respecter ses
domaines, soit dé son chef pour lui être agrdable, soit d'après
I'ordre des Lacétlémoniens pour le rendre suspect, comme
lorsqu'ils avaient, à cause de lui, réclamé I'expulsion des sa-
criléges. Il déclara donc aux Aihéniens en pleine assemblée
qu'Aichiclamos était son hôtq mais qu'il n'en devait ré-sulter
a:ucun clétriment pour l'État; que, si les ennemis ne dévas-
taient passes terrel et ses maisons coû)me celles tles autres, il
en faiiait I'abandon au public, afin qu'à cet égard iI n'y ett
contre lui aucune prévention tléfavorable.
En même tempsll renouvela,, au sujet des affaires présentes'
les conseils qu'ii avait ddjà tlonnés. Il leur recommanda de se
préparer à la guerre; de retirer tout ce qui était aux champs;
àe ne pas sortir pour combattre, mais ile se borner à la dd-
fense de la ville; de tourner tous leurs soins vers ce qui fai-
sait leur force, c'est-à-dire vers la marine, et cle tenir en bridc
leurs alliés, c qui, disait-il, sont la source de notre puissance
par les subsitles qu'ils ûous fournissent;
-guerre,
or, l'âm-e
.de la
c'est I'inteliigence et I'argent. > Il les exhorta d'ailleurs
5 avoir' bonne espérànce, puisque la ville percevait , annde
commune, six cents talents cles tributs des alliést, non compris
les autres reYenus. et qu'elle aVait en réserve clanS I'acropole
84 cUERRE DU pÉLoponÈsr.
six mille talents d'argent monnayd,
- il une
mille sept cents, mais on en avaii itistrait
y en avait eu neuf
partie pour les
propyldes de I'acropole!, pour Ies autres constructions'et
le siége de Potidée; : dans cette somme ne figuraientpour pas
I'o.r et I'argent n.n monnayés, provenant des ohrand.,
fo-
'bliques.ou particulières,, res vases sacrés emptoyés-au* po*p.,
et aux jeux, les ddpouilles des Mèdesr et âutres objeis
ana-
iogues, formant ensemble une valeur au moins de cinq'cents
ta-
lents. Il ajouta que res tempres avaient des richesseË
consiae-
rables, dont on po'rrait d.isposer; qu'enfTn, poo" âerniore
ressource , on prendrait les ornements d'or de
lâ déesse, clont
la statue, à ce_qu'il leur fit connattre, était .ooorrtr-àà qou-
rante talents d'orfin_qui pouvait se détacher: mais après
s'en
être servi pour le sarut de la patrie, il faudrait ru
,Ë*pra.e,
intdgralement {.
a ces motifs cle confiance tirds de leurs richesses, péricr,is
joignit un tableau tle leurs forces militaires.
n dii gu,ils
avaient treize milre. hoplites, incrépendamment des seizermitte
placés dans les forts et le long d., ,r*purts. Ter était rrans
tjglSine,, a chaque invasion àe I'ennemi, le nombre
des
oommes de garde; c'étaient Ies vieillards, Ies jeunes
gens et
les métè.ques astreints au service c|hopliteJ'.
Ière avait trente-cinq.stacles-jusqu'à l'ànceinte
r,Ë-*"ïai pna-
de la vilre, et ra
partie de cette enceinre que fon gardait dtaiià,
stades; on laissait s.ans garde r;espace compris ;;;r;;;;-trois
àntre tà tong
mur et celui cle phalère. Les longs murs alrant au pirée
avaient quarante stadesl celui du àehors et.ii
,rlf-iardé..
L'enceinte totale cru pirée et de lr{unychie Ji.riâ.'JJxante
stades ; on n'en gardait que ra moitié r. eericles alouta
qu'on avait douze cents civaliers, y compris res
archers à
cheval8,_ seize cents archers à pi'ed et trois
cents
en état de tenir la mer. Telles éiaient, sans en rien trirèmes
rabattre,
les forces des Arhéni.nr- I'é_poque ar ra
des Péloponésiens .l fte*icrJ loîurioo
et au début de àette guerre. Enfin péricrès,
selon sa coutume, termina cette revue par diverses
rations propres à démontrer qu'on sortirait considé-
victorieux de re
Iutte.
xIV. Les athéniens se laissèrent persuacrer par
ses criscours.
Ils retirèrent des ca.mpagnes leurs' enfants, reurs
tout leur mo\ilier;_ rr*o'ËJ'ri
gnJevgrgnt jusqu,à i* .h;rp;;;
ltr et res bêtes des
maisons; les trouoeaux du rormu furent tran.plr-
tés dans I'Eubée .i drns rer rres ooiriirr.
ce dépracement leur
LIYRE II. 85
parut pénibie, accoutumés qu'ils étaient pour la plupart à la
vie champêtre.
XY. Les Âthdniens, plus qu'aucun autre peuple, avaient
adoptdce genre cle vie depuis un temps immémorial. Sous
Cdcrops et les premiers rois jusqu'à Thésée, les habitants'de
l'Àttique étaient disséminés dans des bourgades, dont chacune
avait son prytanée et ses magistratst. A part le cas de guerre,
ils ne se réunissaient point auprès clu roi pour clélibérer en
commun; ils se gouvernaient eux-mêmes et tenaient conseil
isolément. On vit mênie quelques-unes de ces bourgades faire
la guene au roi, comme il arriva aux Éleusiniens et à Eu-
molpos contre'Érechthée". Mais Thésée, qui alliait Ie génie à
la force, étant devenu roi, introduisit dans le pays diverses
améliorations : en particulier il abotit les conseils et les magis-
tratures des bourgades et réunit tous les citoyens dans la ville
actuelle, ou il institua un seul conseil et un seul prytande. Les
Athéniens continuèrent à exploiter )eurs terres comme aupara-
vant; mais il les contraignit de n'avoir que cette seule cité. Grâce
à cette centralisation, Athènes prit un rapide accroissement, et
elle était déjà considérable lorsque Thésée _la transmit à ses
successeurs. En mémoire de cet événement, t'es A.théniens célè-
brent encore aujourd'hui une fète nationale, dédiée à Minerve
et appelde Xgnæciag. Antérieurement la ville ne consistait que
tlans I'acropole et dans le quartier situé au-dessous, du côté
méridional. En veut-on Ia preuve? c'est dans I'acropole ou dans
cette partie de la ville basse que se trouvent les temples de la
plupart des divinités, par ôxemple de Jupiter Olympien,
d'Apollon Pythien, de la Terre, de Bacchus Limnéena, en
I'honneur cluquel se célèbrent les anciennes Dionysies le
douzième jour du mois Anthestérions, usage qui s'est conservd
chez les Ioniens originaires d'Athènes. ll existe dans ce quar-
tier d'autres temples anciens. Là est encore la fontaine actuel-
lement appelée aut: Neuf Bouches, par suite de la disposition
que lui donnèrent les tyrans, mais qui autrefois, quand les
sources étaient à clécouvert, se nommait Callimhoéu; comme
elle était proche, on s'en servait pour les usages principaux;
rnaintenant encore subsiste Ia coutume dtemployer I'eau cle
cette fontaine pour les cétémonies nuptiales et pour d'autres
abiutions. Enfin ce qui achève de prouver que jadis I'acropole
seule était peuplée, c'est que les Athéniens lui ont conservé le
nom de Cifd.
XYt. Ainsi, pendant longtemps. les Athéniens habitèrent
86 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

d.'une manière inclépentlante le territoire de l'Attique; €t,


même après leur concentration, ils gardèreui invariablement,
jusqu'à cette guerre, I'habitutle de vivre aux champs aYec
-Ce
ieuis familles. ne fut donc pas sans un vif déplaisir qu'ils
abandonnèrent leurs foyers, d'autant plus qu'ils avaient réparé
depuis peu les dommages occasionnés par les guerres métli-
quis. I[s quittaient à regret des habitations et des temples
iuxquels lei attachait une longue possession; ils allaient re-
noncl.r à leur manière cle vivre et semblaient chacun clire
adieu à leur ville natale.
XVII. Arrivés à Athènes, un petit nombre d'eutre eux y
trouvèrent des logernents ou un abri chez des amis ou des
parentsl la plupari s'dtablirent rlans les entlroits inhabités de
ia ville,'dani les enceintes consacrées aux dieux et aux héros,
partout enfin, sauf dans I'acropole, dans l'Éleusiniont et autres
iieux soiitlement fermés. Il n'y eut pas jusqu'au PéIasgiaon',
situé au pied de I'acropole, que la nécessité du moment ue
contraignit d'occuper, nonobstant les imprécations qui s'y
opposaùnt et I'oracle de Delphes qui I'avait expressément dé-
fentlu dans ce vers :
Mieux vaut que le Pélasgicon reste vacant'

Pour moi, je pense que cet otacle s'accomplit à I'inverse de


ce qu'on ivait prévu f ce ne fut pas I'occupation sacrilége_ qui
attira des maui sur Ia ville, mais ce fut la guerre qui néces-
sita I'occupation. c'est là ce que I'oracle n'avait pas expliqué;
mais il savait sans doute que ce lieu ne serait habité que dans
un temps de calamité publique. Plusieurs s'installèrent dans les
tours ttes remparts, cliacun enûn comme il put; sar la ville ne
suffisait pas à i'affluence. Tiualement on envahit I'intervalle des
longs murs t et la majeure partie tlu Pirée. En même temps les
Atb-éniens se préparaienb à la Suerre, rassemblaient leurs alliés
et armaient cent vaisseaux contre le Péloponèse.
XVil. Pentlant ces préparatifs, I'armée des Péloponésiens,
coutinuant sa marche, arriva d,evant OEnoé, première lille de
I'Attique du côté ou ils voulaient opérer l'invasion. Après avoir
assis ieur camp, ils se disposèrent à attaquer la muraille avec
des machines i et par d'autres moyens. OEnoé, située sur les
confins de I'Attique et cle Ia Béotie, était fortiflée et servait aux
Ath6ieus de plaie d'armes en temps tle guerre. Les Péloponé-
siens firent le siége de cette ville et y perclirent beaucoup-de
temps. L'arnée en prit occasion de murmurer contre Archi
LIVRE II. 87

damos. 0n lui reprochait son irrésolution, toute en faveur d.es


Athéniens, lorsqu'on avait agité la question de la guerre, son
séjour prolongé à J'Isthme, la lenteur de sa marche, enfin sa
temporisatiorr devant OEnoé. Les Athéniens, disait on, en avaien[
profité pour retirer leurs effets dans la ville, au lieu que, par
un mouvement rapide, Ies Péloponésiens auraient tout surpris
hors des murs. Sans s'émouvoir de ce mécontentement, Archi-
d.amos patientait, dans I'espoir que les Athéniens seraient plus
traitables , leur territoire étant encore intact, et qu'ils ne se
résigneraient pas à en contempler froidement Ie rayage.
XIX. Après avoir assailii sans résultat 0Enoé et tout mis en
æuyre pour s'en rendre maîtres, les Péloponésiens, ne voyant
venir cl'Athènes aucun.héraut, Ievèrent le siége et pénétrèrent
en Attique, quatre-vingts jours après I'entrée des Thébains à
Platée, et au moment ori la moisson était en pleine maturité.
Archidamos, fils de Zeuxidamos et roi de Lacédémone, les com-
mandait. Ils campèrent cl'aborcl près d'Éleusis, dans la plaine
cle Thria, ravagèrent la contrée et temportèrent un léger avan-
tage sur la cavalerie athénienne dans i'endroit appelé les Rhites.
Ensuite ils s'avancèrent, en laissant à droite le mont Égaléos,
traversèrent Cro;ries et atteignirent âcharnes, le plus grantl
cles tlèmes de I'Attique r. Ils y campèrent et étendirent leurs
raYages sur les environs.
XX. En prenant position près d.'Acharnes en ordre de bataille,
sans descendre encore dans la plaine, Archidamos espérait,
ilit-on, que les Athéniens, fiers de leur nombreuse jeunesse et
parfaitement préparés, sortiraient peut-être, et n'assisteraient
pas tle sang-froicl à la clévastation ile leur territoire. Ne les
ayant rencontrés ni à Éleusis ni dans la plaine de Thria, il vou-
lut voir si, en s'établissant près d'Acharnes, il ne les attirerait
pas en rase campagne. L'endroit lui paraissait favorable pour
y asseoir un camp. II pensait que les Acharniens, formant une
portion notable de l'État, puisqu'ils fournissaient trois mille
hoplites, ne laisseraient pas dévaster leurs terres, mais qulils
entraineraient la masse au combat. Enfin, si les Athéniens ne
s'opposaient pas à cette invasion, rien n'empècherait de rava-
ger la plaine et de pousser même jusqu'à la ville ; car il était
peu probable que les Acharniens, après la ruine de leurs pro-
priétés, misseni la même ardeur à cléfendre celles des autres; il
èn résulterait de la désunion. C'est là ce qui retenait Archida-
mos aux environs d'Acharnes.
XXI. Tant que I'armée était restée près d'Éleusis et dans la
88 cunnnr ou PÉtoPonÈsu.

plaine ile Thria, les Athéniens avaient espéré qu'eJle n'irait pas
plus loin. Ils-se souvenaient que Plistoanax, fils ile Pausanias
et roi des Lacédémoniens, lorsqu'il avait envahi I'Attique qua-
torze ans evant Ia guerre actuelle, s'était avancé jusqu'à Éleu-
sis et à Thria, mais qu'il avait rebroussé sans passer outre, ce
qui I'aveit fait bannir de Sparte, parce qu'on croyait qu'il avait
ieçu de I'argent pour battre en retraite | ; quancl ils virent I'en-
nemi campé devant Acharnes, à soixante stacles d''Athènes, ils
perdirent patience. Le spectacle de leurs campagnes ravagdes
sous leurs yeux, spectacle nouveau pour les jeunes gens et
même pour les vieillarcls depuis les guerres médiques, les fai-
sait frémir de rage. Tous, et principalement la jeunesse, deman-
daient à venger cet affront. Des groupes se formaient, on dis-
putait avec vivacité, les uns pour, les autres contre I'appel aux
armes. Les devins chantaient toute sorte d'oracles, que chacun
écoutait sous I'empire de sa passion. Les Acharniens, qui se
considdraient comme une fraction importante de la république,
voyant leur territoire dévasté, demandaient à grands cris qu'on
se mtt en campagne. L'exaspération était au comble; on jetait
feu et flammes confte Périclès ; on oubliait ses avis précédents,
on le taxait cle lâcheté, parce qu'étant général il refusait de
combattre; enfin on le regartlait comme i'auteur de tous les
maux.
XXII. Pdriclès, s'apercevant que les Athéniens étaient aigris
par les événements et que I'opinion était égarée, convaincu
d'ailleurs qu'il avait raison de s'opposer à toute sorlie, D€ coll-
voquait ni assemblée ni réunion quelconque, de peur que le
peuple ne fit gueique imprudence, s'il ne prenait conseil que de
son courroux. II se contentait de garder Ia ville et d'y mainte-
nir autant qu'il le pouvait la tranquillité; mais iI expédiait
journellement des cavaliers, pour empêcher les coureurs enne-
mis d'infester les environs d'Athèncs. Il y eut même à Phrygies
un léger engagement èntre la cavalerie béotienue et un esca-
tlron athénien, appuyé par des Thessaliens. Les Âthéniens sou-
tinrent le combat sans désavantage, jusqu'au moment oùr I'en-
nemi reçut un renfort d'hoplites, qui les força de sc replier avec
quelque perte; toutefois ils enlevèrent leurs morts le jour même
sans composition t. Le lendemain, Ies Pélopondsiens érigèrent
un trophée. Ces auxiliaires thessaliens étaient venus en vertu
de I'ancien pacte avec Athènes !; Ieur troupe se composait de
Larisséens, de Pharsaliens 5, de Cranoniens, de Pyrasiens, de
Gyrtoniens et de Phéréens. A leur tête se trouvaient Polyrnédès
v -- - - -

LIVRE II.
et Aristonoos, tous ùeux de Larisse, mais.de factions opposées,
et Ménon de Pharsale. Chaque ville avait son chôf parti-
culier.
XXIII. Les Péloponésiens , voyant les Athéniens ddter-
rninds à reluser le combat, partirent d'Acharnes et ravagèrent
quelques autres dêmes situés entre ies monts parnès et Briles-
sos. Ils étaient encore en Attique, lorsque les Athéniens en-
voyèrent autour duPdloponèse les cent vaisseaux qu'ils avaient
équipds, et qui portaient mille hoplites et quatre cènts archers.
Les commandants de cette flotte étaient Carcinos fils de Xéno-
timos, Protéas fils d'Épiclès, et Socratès fils il'Antigénès. Ils
rnirent à la voile. avec cet armement pour faire le tour du pdlo-
ponèse. Les Péloponésiens restèrent en Attique aussi longtemps
qu'ils eurent des vivres; ensuite ils opérèrent leur retraite par
la Béotie, et non par la route qu'ils avaient suivie au moment
de I'invasion t. En passant devant Oropos, iis ravagèrent la
contrée qui porte le nom cle Pdraîque e et qui appartient aux
Oropiens, sujets des Athénielrs. De retour dans le Péloponèse,
ils se séparèrent et chacun regagna ses foyers.
XXm. Après leur départ, les Athéniens établirent, sur terre
et sur mer, un système de défense pour toute la durée de la
guerre. On décréta qu'une somme de mille talents serait préle-
vée sur le trésor de I'acropole et mise en rdserve, et que le sur-
plus serait appliqué aux clépenses de la guerre. Il y eut peine de
mort pour quicorrque ferait ou mettrait aux voix la proposition
de toucher à cet argent, à moins que la ville ne fùt menacée
par une flotte ennemie et dans un danger imminent. On décréta
pareillement qu'on tiendrait en réserve cent trirèmes, choisies
chaque année parmi les meilleures, avec leuts triérarques t, pour
u'être employées qu'avec I'argent du trésor et pour Ia même
éventualité, c'est-à-dire en cas d'urgence.
XXY. Les Athéniens qui montaient les cent vaisseaux envoyds
autour clu Péloponèse avaient été rejoints par cinquante bâti-
ments cle Corcyre et par quelques autres alliés de ces parages.
Ils dévastèrent divers points rlu littoral, et en particulier ils
firent une descente à Méthone en Laconie. Déjà ils assaillaient
la muraille, qui était faible et clépourvue de cléfenseurs; mais,
dans les environs, se trouvait alors le Spartiate Brasidas flls
de Tellis, avec un corpsde troupes. Avertidu danger, il se porta
au secours de la place à la tête d'une centaine d'boplites; et,
traversant à la course I'armée athénienne, qui était éparse dans
la campagne et distraite par les travaux du siége, il se jeta dans
I

90 GUERRE DU PÉIOPONÈSE.

Méthone, sans perte sensible. Il sauva ainsi la ville et dut à ce


trait de bravouie tl'être Ie premier qui, dans ie cours de cette
guerre, obtint des éloges à-Sparte.
Les Athéniens repriient la mer et, côtoyant le rivage, aI-
lèrent descendre en Élide, non loin de Phéa, clont iis ravagèrent
le territoire pentlant cleux jours.Ils battirent trois cents hommes
I
choisis de I'illide-Creuse et quelques habitants du voisinage,
sujets des Éléens, qui étaient venus les attaquer. Surpris par
oo orugu s}r cette côte sunr port, la plupart- des Atheniens se
rembar-quèient et, iloublant le promontoire lchthys, gagnèrent
le port àe phéa. Dans I'intervalle, les Messéniens et quelques
aof*.r qui n'avaient pu monter sur les vaisseaux s'aYancèrent
par terie jusqu'à Phéa et s'en rendirent maltres' La flotte,
àprès avoii doubid le cap, les prit à bord et gagll le large en
aiandonnant la place, aù s.cou.s cle laquelle les liléens étaient
arrivés en force. Les Àthéniens continuèrent à suivre Ie rivage
et tlévastèrenb d'autres endroits.
XXW. Yers la même époque, les Athéniens enYoyèrent sur
les côtes cle Locride trenfe vaisseaux destinés à protéger l'Eu-
bée. Leur chef était cléopompos fils de clinias. Il opéra des
descentes, ïavagea divers points clu littoral.' s'empara cle Thro-
nion orl il prit cles otages, et défrt à Alopé un corps cle Locriens
- essaya de lui résister.
qui
XXVI|. Dans ce même été, les Athéniens expulsèrent les ha-
bitants d'Égine, hommes, fernmes et enfants. Ils les accusaient
d,avoir étél,ne des principales causes cle Ia guerre; d'ailleurs,
Êgine avoisinant le-Pélop-onèse, il leur semblait_pruclent il'oc-
tùf.t eux-mêmes cette île. Ils y envoyère1t .dgnc, quelque
teàps après, une colonie athénienne r. Aux Éginètes expul#s
les iacéûémoniens cérlèrent la ville et le territoire de Thyréa,
en haine tles Athéniens, comme aussi en reconnaissance d'es ser-
vices que les Éginètes avaient rendus à Lacédémone lors du
g.
trembliment cle terre et rlu soulèvement des Ilotes La Thy-
réatide est située sur les con{ins de I'argolide et de Ia Laconie ;
elle s'étend, jusqu'à la mer. un certain nombre d'Êginètes s'éta-
blirent en ôe iieu; les autres se clispersèrent dans toute Ia
Grèce.
XXVIU. Le même été, à l'époque de la pleine lune, seul
moment orl ce phénomène paraisse possible, le soleil s'éclipsa
après midi et iemplit de nouveau son disque, apr.ès.avoir pris
lâ forme d'un croissant et laissé percer quelques étoilesr.
XXIX. Ce fut encore dans ce même été que les Athéniens
LIYRE II. 9I
nommèrent proæene I et appelèrent chez eux ltAbcléritain Nyur-
phodoros fiis de Pythès, dont Sitalcès avait épousé la sæur, et
qui jouissait d'un grand crddit auprès de ce monarque. Ils I'a-
vaient jusque-là regardé comme leur ennemi; mais ils cédèrent
au clésir de gagner I'amitié de $italcès, fils tle Tdrès et roi des
Thraces. Ce Térès, père de Sitalcès, fut le fondateur de I'empire
iles Odryses, dont il étendit la domination sur la majeure partie
de la Thrace, quoiqu'un grancl nombre cle Thraces soient encore
indépenclants. Ce même Térès n'a rien de commun avec Téréus,
mari de Procné, fille de Pandion roi tl'Athènes. Ils n'étaient
point de la même Thrace. Téréus habitait à Daulis , dans le
pays aujourcl'hui dppele Phocide et peuplé jadis par des Thraces.
C'est Ià que les femmes commirent leur attentat contre ltys e ;
d'ou vient que plusieurs poëtes, en parlant du rossignol, I'ont
nommé l'oiseaw de Daulis 5. D'aiileurs iI est vraisemblable que
Pantlion chercha un gendre qui, voisin de lui, pùt clonner ou
recevoir promptement du secours, et ne s'adressa pas aux
Odryses, séparés par bien des journées de chemin. Térès, clont
le nom même diffère de Téréus, fut le premier roi puissant
tles Odryses. C'est ayec son fils Sitalcès que les Athéniens firent
alliance, afin qu'il les aidât à réduire Perdiccas et les villes clu
littoral de Ia Thrace. Nymphodoros vint à Athènes, traita pour
Sitalcès et obtint le droit de cité en faveur cle Satlocos, fils tle
ce prince. II promit de faire cesser la guerre de Thrace et
cl'engager Sitalcès à envoyer aux Athéniens des cavaliers et des
peltastes cle ce pays. Il réconcilia aussi Perdiccas avec les
Àthéniens en les deciclant à lui rendre Thermé. A I'instant Per-
diccas marcha contre les Chalcicléens, de concert avec les
Athéniens et avec Phormion. C'est ainsi que Sitalcès, fils de
Térès et roi iles Thraces, d.evint l'allié des Athéniens, de même
que Periliccas, fils d'Aiexandre et roi de Macétloine.
XXX. Cepend,ant les Àlhéùiens, ayec leurs cent vaisseaux,
croisaient autour du Péloponèse. Ils s'emparèrent cle Solliont,
place qui appartenait aux Corinthiens, et Ia donnèrent avec son
territoire aux Paléréens, à I'exclusion des autres Acarnaniens
Ils prirent aussi d'assaut Astacos, en chassèrent le tyran Éval
chos et firent entrer cette ville dans leur ailiance. De là ils cin
glèrent vers Céphallénie, qu'ils réduisirent sans combat. Cette
lle est située dans le voisinage de l'Acarnanie et de Leucade;
elle renferme quatre villes, qui sont celles cles Paléens, tles Cra-
niens, cles Saméens et des Pronnéens. Bientôt après la flotte
reprit la route d'Athènes.
92 GUERRE DU PÉLoPoNÈsT.
xxxl. L'automne finissait, rorsque ]es athéniens en corps de
nation., citoycns. et métèqles, envàhirent la Mégariile sous Ia
conduite de Pdriclès fils de xanthippos. Les cenivaisseaux.qui
avaient fait le tour du péloponèse là trouvaient alors e ngii..
Dès qu'on apprit sur cette flotte que ceux de la ville étaieit
en
m.as.se à Mégare, on fit voile pour les rejoinrrre. Jamais
armde
athénienne n'avait présenté un si magnifiqoe coup d'æil. La
ville était alors dans tout son éclat et n-aoaù pas encore souf-
fert dera peste. Les Athéniens à eux seuls ne comptaient pas
moins de dix mille hoplites, non compris les trois mitte quiïs-
siégeaient Potidée. Les. métèques falsant le service d,hôpttes
étaient près de trois m-ille; à quoi il faut ajouter la troupe, fort
considérable, des soldats armds à la légèr:e, Après qu;on eut
dévasté une bonne partie de la Mégandel on seietirJ. Dans la
suite et durant tout le cours ile ceite guerye, les Athéniens re-
nouvelèrent chaque année ces incursions en Mégaricle avec leurs
cavaliers ou avec toutes leurs forces, jusqu'au iroment ou Niséa
tomba en leur pouvoir (o).
xxxll. A la fin clu même été, les athéniens construisirent un
fort à atalante, île voisi'e des Locriens-opontiens et aupara-
vant déserte. Ils voulaient protéger I'Eubéâ contre les pirates
il'oponte et du reste de la iocride. Tels furent les évenements
quise_passêrent dans I'dté, depuis l'évacuation de I'Attique par
les Pélopouésiens.
xxxlll. L'hiver suivant, I'Acarnanien Évarchos obtint des
corinthiens qu'ils le ramenassent à Àstacos avec quarante vais-
seaux et quinze cents hoplites-, auxquels il adjoignit quelques
auxiliaires sou_cloyés par lui. a ta tête de cette expéiitioi étaient
Euphamidas fils d'Aristonymos, Timoxénos fils de Timocratès
et Eumachos fils de chrysis. Ils mirent à Ia voile et rdtablirent
Evarchos. après avoir inutilement essayd a. rou*.ii..!iurqo..
places maritimes de l'A.carnanie, ils repartirent pour
cirinthe.
Dans le trajet, ils touchèrent à céphallénie
et firent une clescente
chez les Craniens;
.mais, trompès par des poorpa.ter, àt uttu_
qugs à I'improviste, ils perdireni qoelqu., ho**.r,
se rembar-
quèrent précipitamment et opérèrént làur retraitu. '-- --
xxxlv. Le même hiver, les athéniens, contàrmdment à Ia
coutume
lo puyl, célébrèrent aux frais de r'Êtat les funlrailles
des pr.emières victimes de cette gue*e r. voici .o q"oironrrrte
la cérémouie. 0n expose res ossJments des toott, ioïs ooà
trote
(.r) Voyez liv. IV, chap. r,xvr.
LIVRE II. 93

dressée trois jours d.'avance, et chacun apporte ses offrancles à


celui qu'il a perdu. Quancl vient le moment du convoi, des
chars amènent des cercueils de cyprès, un pour chaque tribu;
les ossements y sont placés d'après Ia tribu clont les morts fai-
saient partie. Un lit vide, couvert tle tentures, est porté en l'hon-
neur des inuisibles, c'est-à-dire de ceux dont les corps n'ont pu
être retrouvés. Tout citoyen ou étranger est libre de sejoindre
au cortége. Les parentes viennenb auprès du tombeau faire
entendre Ieurs lamentations. Les cercueils sont déposés au monu-
ment public, dans le plus beau faubourg de la villee. C'est tou-
jours là qu'on enterre ceux qui ont perdu la vie dans les com-
bats; les guerriers ile N{arathon furent seuls exceptés : leur
vaillance incomparable les fit juger dignes d'être inhumés dans
le lieu même ou ils avaient trouvé Ia mort 5. Dès que les osse-
meûts ont été recouverts de terre, un orateur, choisi par la
république parmi les hommes les plus habiles et les plus consi-
tlérés, prononce un éIoge digne de ia circonstanoe; après quoi
I'on so sépare. Telle est Ia cérémonie des funérailles; I'usage
en fut régulièrement observé dans tout le cours de la guerre, à
mesure que I'occasion s'en présenta. Cette fois, ce fui Périclès
fils de Xanthippos qui fut chargé de porter la parole. Quand
lc moment fut venu, il s'avança vers une estrade élevée, d'ori
sa voix pouvait s'entenclre au loin, et il prononça le discours
suivant :
XXXY. c La plupart des orateurs qui m'ont,précédé à cette
tribune, ont fait l'éloge du citoyen qui a ajouté à la loi ce dis-
cours sur les victimes de la guerre, (:omme étant un hommage
renilu à leur tombeau t. Quant à moi, il m'ett semblé prdféra-
ble qutune vaillance qui s'est manifestée par des faits ftt seu-
lement honorée par des faits comme sont les pompes déployées
par I'Etat pour ces funérailles, plutôt que d'exposer la renom-
mée dtun si grand nombre d'hommes au talent oratoire d'un
seul. Rien n'est pius malaisé que de garder.une juste mesrrre
dans un sujet ou la vdrité est appréciée si diversement. L'au-
cliteur bien informé et favorablement prévenu trouve le clis-
cours peu d'accord avec ce qu'il sait et ce qu'il ddsire, tan-
dis que celui qui ignore les faits estime par jalousie qu'il y a
exagdration dans tout ce qui excède sa propre portée. On ue
tolère la louange cl'autrui qu'autant qu'on se crJit capable tle
faire soi-méme ce qu'on.entend Iouer; passé cette limite, I'en-
vie provoque I'incrèduiité. Néanmoins, puisque cette institution
a été j':gée bonne par nos pères, je dois me conformer à la loi
GUERRI] DU PÉTOPONÈSE.

et tâcher de rdpondre cle mon mieux aux væux e! a I'attente de


chacun de vous.
XXXU. c Je commencerai par nos ancêtres; c'est à eux
qu'appartient la première place dans ces augustes souvenirs.
s cette contrde que la même race d'hommis a toujours habi-
.
tée, ils nous I'ont transmise constamment libre, grâ.e à leur
valeur. aussi ont-ils droit à nos éloges, mais noi fères encore
plus; car à I'héritage_qu'ils avaient-reçu ils ont afouté Ia puis-
sance que nous possédons et, à force de travaux, Iront tésuée à
la génération présente I et nous, dans la vigueur de l'âgel nous
avons encore étendu cet empire et mis notre ville sur là pied le
plus_respectable pour la guerre comme pour la paix.
<r Les combats et les_ exploits qui nous ont
valu-ces conquêtes,
le courage avec^lequel, nous ou nos pères, nous avonsrepoussé
-Grecs,
les agressions des barbares ou des je les purrurâi ,oos
silence, ne voulant pas m'étendre sur un-sujet qui vous est
connu. Mais le regime qui nous a fait pa.rvenir à ce degré de
puissance, les institutions et les mæurs qui ont rendu notri ville
si florissante, c'est là ce que j'erposerai d'abord, avant de pas-
ser à l'éioge de rros gueniers, persuadé qu'un tel examen n'est
point ici hors de saison, e-t uu9 la foule entière cles citoyens et
des étrangers est intéressée à l'entendre.
xxxvll. ( La constitution qui nous régit n'a rien à envier
aux autres peuples; elle leur sert de modèle et ne ies imite
poil.l. Elle a reçu le nom de démocratie, parce que son but est
I'utitité du plus grand nombre et non -celle cliune minorité.
Pour les affaires privées tous sont égaux devant la loi mais Ia
;
consiclération ne s'ac_corde qu'à ceux qui se rlistingûent par
quelque talent. c'est le mérite personnel, bien plus qie tes d-is-
tinctions sociales, qui fraye la voie des honneurs.^Aucun ci-
toyen capable de servir la patrie n'en est empêché par I'inili-
gence ou par l'obscurité de sa condition.
< Libres dans notre vie publique, nous ne sc.rtons
pas avec
u:re curiosité soupçonneuse la concluite particulière de nos con-
citoyens; nous ne les blâmons pas cle rechercher quelque plai-
sir I nous n'avons pas pour eux de ces regards impràbatàurs qui
blessent, s'ils ne frappent pas.
< Malgré cette tolérance dans le commerce de la
vie. nous
savons respecter ce qui touche à I'orilre public; nous ,o*m.,
pleins de soumission envers les autorites etauties, ainsi qu'en-
v.ers les lois, surtout envers celles qui ont pour oblet la protec-
tion iles faibles, eI celles qui, pou] n'être'pas écrites, ne lais-
II.
LIVRE 95

sent pas cl'attirer à ceux qui les transgressent un blâme


universel.
XXXYIII. < Nous ayons ménagé à I'esprit cles tlélassements
sans nombre, soit par des jeux et tles sacrifices périoiliques,
soit, dans l'intérieur de nos maisons, par une élégance dont le
charme journalier dissipe les tristesses cle la vie. La grandeur
de notrè ville fait afiluer dans son sein les trésors tle toute
la tene, et nous jouissons aussi complétement des protluits
notre sol.
-r ile ceux de
étrangers que
XXkX. Quant à I'apprentissage tle ia guerre' nous l'em-
portons en plusieurs points sur nos rivaux. Notre ville n'est
iermée à peisonne ; il n'y a point ile loi qui, chez nous, écarte
les étran[ers d'une étude ou d'un spectacle dont nos ennemis
pourraient profiter. C'est qu'à I'heure du danger, nous comptons
moins ,or ies préparatifs, sur cles stratagèmes prémédités, que
sur notre courage naturel. Dtautres, par un laborieux exercice
commencé 6ès l;enfance, se font 6e la bravoure une vertu d'é-
ducation; nous, au contraire, sans nous astreinclre à cle rucles
fatigues, nous allrontons les perils avec une égale intrépidité.
Et là preuve, c'est que les Lacéclémoniens ne se mettent jamais
en campagne contie nous Sans se faire suivre de tous leurs
alliés; tindis que nous, pénétrant seuls chez nos ennemis, notts
triomphons, sins trop cle peine, de peuples qui tléfendent leurs
propres
- foyers.
a-D'ailleurs aucun ennemi ne s'est encoTe meSuré contre tOu-
tes nos forces, dont une partie est toujours distraite par les
exigences de notre marine et par l'envoi de nos troupes sur
ctivérs points clu continent. Et néanmoins, nos adversaires ontr
ils quelque engagernent avec une fraction de notre armée :
vainqueùrs, ilsie vantent tle nous avoir tous défaits; Yaincus'
ils piétendent n'avoir cédé qu'à nos forces réunies.
< Et quanit il serait Yrai que nous aimons mieux nous former
à la vaiilance par une vie facile que par un exercice pénible, à
I'aide des mæurs plutôt que cles lois, toujours est-il que nous
avons I'avantage d.e ne pâs nous tourmenter dtavance des peineS
à venir, et que, au moment tle l'épreuve' nous ne nous montrons
pas pour cdla moins braves que ceux tlont la vie est un travail
sans ûn.
XL. c Mais ce ne sont pas là nos seuls titres de gloire. Nous
excellons à concilier le goùt rle l'éIégance avec la simplicité, la
culture de I'esprit avec I'énergie. Nous nous servons de nos
richesses, non pour briller, mais pour agir. Chez nous, ce n'est
96 GUERRE DU PÉLOPONÈSS.

pas une honte que d'avouer sa pauvreté I ce. {}i e-n est une,
ô'est te ne rien faire pour en sortir. 0n voit ici les mêmes
hommes soigner à Ia fois leurs propres intérêts et ceux tle I'E-
tat, tle simples artisans entendre suffisamment les questions
politiques. C'est que nous regardons le_citoyen étranger aux
âffaires publiques. non comme un ami du repos, mais comme
un être inutile. Nous savons et découvrir par nous-mêmes et
juger sainement ce qui convient à l'État; nous ne croyons pas
que la parole nuise à I'action; ce qui nous paraÎt nuisible, c'est
tle ne pas s'éclairer par Ia discussion. Avant que d'agir nous
savons allier aclmirablement le calme cle la rdflexion avec la
tdmérité de I'auclace ; chez d'autres, Ia hardiesse est I'effet de
I'ignorance et I'irrésolution celui du raisonnement. 0r il est
juste de clécerner la palme du courage à ceux qui, connaissant
mieux que personne les charmes de la paix, ne reculent cepen-
dant point devant les hasatds de la guerre.
c Pour ce qui tient aux bons offices, nous offrons encol'e
un frappant contraste avec les autres nations. Ce n'est pas
en receyant, c'est en accordanÈ des bient'aits, que nous ac-
quérons des amis. Or l'amitié tlu bienfaiteur est plus solide,
parce qu'il est intéressé à ne_ pas laisser perclre le fruit d'une
reconnaissance qui lui est tlue : tandis que I'obligé a moins
d'ardeur, parce qu'il sait que, de sa part, un service rendu est
I'acquittement d'une clette plutôt qu'un mdrite. Nous obligeons
sans calcul ni arrière-pensée, mais avec une confiante généro-
sité.
XLI. r En résumé, j'ose le tlire, Athènes, prise dans son en-
semble, est l'école de Ia Grèce ; et, si I'on consiclère les indivi-
dus, on reconnaîtra que, chez nous, le même homme se prête
ayec une extrême souplesse aux situations les plus diverses.
r Pour se convaincie gue mon langage n'est pas ilicté par
une vaine jactance, mais qu'il est I'expression de la vérité, il
suffit d'envisager la puissance que ces qualités diverses nous
ont acquise. Seule de toutes les villes existantes, Athènes, mise
à l'épreuve, se trouve supérieure à sa renommée ; seule elle
peut combattre un ennemi sans qu'il s'irrite tle sa iléfaite, et
commancler à des sujets sans qu'ils se plaignent tl'avoir c['in-
ilignes souverains
< Cette grantleur de notre. république est atteslée par les plus
éclatants témoignages, qui nous vaudront I'admiration de la
' postérité aussi bien que cle la génération présente, sans qu'il
soit besoin pour cela ni des louanges d'un Homère, ni d'une
LIVRE II. 97

poésie qui pourra charmer passagèrement les oreilles, mais


rlont les mensonges seront démentis par la réalité des faits.
Nous avons forcé toutes les terres et toutes les mers à devenir
accessibles à notre audace; partout nous avons laissé des mo-
numents impérissables de nos succès ou de nos revers.
< Telle est donc cette patrie, pour laquelle ces guerriers sont
morts héroïquement plutôt que de se la laisser ravir, et pour
laquelle aussi tous ceux qui leur survivent doivent se dévouer
et souffrir.
XLU. c Si je me suis étendu sur les louanges de notre ville,
c'est pour bien constater que la partie n'est pas égale entre nous
et les peuples qui ne jouissent pas de semblables avantages;
c'est aussi pour appuyer sur iles preuves non équivoques l'éIoge
des guerriers qui font I'objet ile ce tliscours.
c A cet égard, ma tâche est à peu près accomplie ; car tout
ce que j'ai exalté dans notre république est dt à leurs vertus
et à celles de leurs pareils. Il est bien peu cle Grecs auxquels on
puisse donner cles louanges si légitimes. Rien n'est plus propre
à mettre en relief le mérite d'un homme que cette fin glorieuse
qui, chez eux, a été la révélation et le couronnement de la
valeur.
c Ceur qui, à d'autres égarcls, sont moins recommandables,
ont raison tle s'immoler clans les combats pour leur pays ; ils elfa-
cent ainsi le mal par le bien, ils rachètent par leurs services
publics les torts de leur contluite privtie. Mais tei n'a point été
le mobile de nos héros. Nul d'entre eux n'a faibli par le ilé-
'sir ile jouir pius longtemps de Ia fortune; nul, dans I'espoir
d'échapper à I'indigence et de s'enrichir, n'a voulu ajourner
I'heure tlu danger ; mais, clésirant par-ilessus tout punir tl'in-
justes arlversaires, et regardant cette lutte comme la plus glo-
rieuse, ils ont youlu, à ce prix, satisfaire tout à la fois leur
yengeance et leurs væux. Ils ont livré à I'espérance la perspec-
tive incertaine de la victoire ; mais ils se sont réservé la plus
forte par[ du péLil. Préférant se venger et mourir, plutôt que
.tle céderpour sauver leur vie, ils ont repoussé la flétrissure de
leur mémoire, bravé les chances du combat; et, dans un ra-
picle moment, ils sont sortis de la vie au plus fort de la gloire,
non à I'instant de Ia crainte.
XtIil. rr C'est ainsi que ces guerriers se sont montrés les clignes
enfants de la patrie. Quant à vous qui leur surviYez, souhaÏtez
que vos jours soient plus heureusement préservés, mais tldployez
ioutre lôs ennemis le nrème hdroîsme. Ne Yous bornez pas à
lsucrrruc.
98 GUFIRRE DU PÉLOPOTqÈST.
à la cléfense tlu pays et au
exalter en paloles les biens attachés
châtimenttleceuxquil'attaquent,-bierrsqu,ilestsuperflutl'ex-
oorrt ici,puisque vous les connaissez
d'e reste'
- mais contem-
la puissance de notre
;i;;;;;ôt fÀt, dans toute sa splendeur' e[' quancl vous
république; nounrssez-en votre éuthousiasme ;
;i##;ilË;J;;;',dévoueùentf que c'est à force ffintrépiilité'
de prudence et de
'ong" que ces héros I'ont élevée si
il,ir.ïiil;; Ë;;cès n'ait pas toujours co_uronné le.urs eË
louiu frusirer Aihènes de leur vaillance
forts, ils n'ont pas ;

mais ils lui ont payé le plus magnifi-que


tribut' En s'iutmolant
uie *ôire immortelle et trouvé
il; l; put.i., irt .ti icqt'is dans la tombe oir ils re'posent'
un superbe mausolée, -oio' tle leurs exploits' Les
que dans le souvenir toujours- vivant
nommesillustresootpoo'tombeaulaterreentière.Non.seuie-
ment leur pays conseive leurs noms gravés
sur des colonnes'
mais, iusque ouot'ùl tàgi9"1 les pluJlointaines'à défaut.d'9pi:
irpuË, rt runo*mée ereuË a leur mémoire un monument im'
'ï;;ôtenant
matériel.
donc aujo-u1d'hui,pour moclèle et plaçant le
bonheur tlans la file"tA, ta tiberté ilans le courage'-
ne reculez
pas les malheu-
pas tlevant tes trasards dÀ tu*luts' Ce ne sont
il\ p.iu,it a" r'.tpàt*nce d'un meilleurquisort' qui ont le plus
encore à perclre
âi-tËJoo ae ,u."inri il"t vie,lmais ceux ont
avantages' Pour
*i à qoi uo t.ou"* lcut ravi" d.e precieux de faiblesse est
l,homme de ,æor,-iùfÀinotioo qui suit un acte
plus poignante que oette mort ôo'ol ne sent pas' lorsqu'elle
aunt- ru- fottt le gire*ier animé par
I'espérance
it;;ff.ôp*
commune.
en-
XLIY. a Aussi n'est'ce pas iles larmes' mais plutôt.cles Ils
couragements que jt utot ofirir aux pères qui m'écoutent'
,rt'g;ai au milieu des vicissitutles delos la vie,
savent, eur qui fiIs'
que le bonheur est pour ceux qur ontiennentt comme
i"-É" r"ïiot grotiu,ite ou' oom-me Yous' le tleuil leplus glo-
de Ia féli-
rieux, et pour q"i i; t.t;e de la vie est la mesure
cité.
c Je sais quil est diffrcile de vous persuatler;
tT-:?:l::ll^'
vous Joursslez na-
bonheur d,aùtrui vous Tappellera celui dont
des biens
g;;;;- Je sais que la douieur n'èst pas dans I'absence
ceux dont on
qu'on u'a pas .orrn*,-^uit A-**.la privatioS àe
tlans
s,était faitune d;;;; nalituae. Repreuez donc courage
i'ô;it e'"voir d'autresenfants' vous- à qli
1'âS:.
tt
l:lT-:l
les familles oeux qul
encore. De nouveaux fils remplaceront dans
LIVRE II. ' 99
ne sont plus; l'État y gagnera à la fois de réparer ses pertes
et rle voir garantir sa streté; car on ne saurait apporter dans
les délibérations le même patriotisme et la même sages6e,
lorsqu'on n'a pas, comme les autres , des enfants à exposer au
danger.
r Et vous qui approchez du terme rle la canière, considérez
comme un gain d'en avoir passé b plus granrle partie tlans le
bonheur. Songez que Ie reste sera court et allégé par la gloire
de vos enfants. La passion de I'honneur est la seule qui jamais
ne vieillisse I et, clans la caducité de l'âge, le seul plaisir n'est
pas, comme on le prétentl, d'amasser des richesses, mais de
commander le respect.
XLY. c Quant à vous ici présents, fils et frères de ces guer-
riers, j'entrevois pour vous une granile lutte. Cha.cun aime à
Iouer celui qui n'est plus; et c'est à peine si, à force de vail-
lance, vous serez placés, je ne dis pas à leur niveau, mais un
peu au-dessous. L'envie s'attache au mérite vivant , tandis
que la vertu qui a cessé de faire ombrage devient I'objet il'un
culte universel.
< Peut-être convient-il tle rappeler aux femmes récluites au
veuvage quels seront ddsormais leurs devoirs. Un seul mot me
suffira : qu'elles mettent leur gloire à se montrer fidèles au
caractère de leur sexe, et à acquérir auprès des bommes le
uoins de célébrité possible, soit en bien soit en mal.
XLfl. a J'ai satisfait àla loi entlisant ceque je croyaisutile.
Des honneurs plus réels sont réseryés à ceux qu'on ensevelit
aujourrl'hui. Ils viennent d'en recevoir une partie; rle plus
leurs enfants seront, dès ce jour et jusqu'à leur adolescence,
dlevés aux dépens de la république. C'est une glorieuse cou-
ronne, offerte par elle aux victimes tle la guerre et à ceux qui
leur survivent; oar ià ou les plus grantls honneurs sont dé-
cernés à .la vaillance,Ià aussi se procluisent les hommes les plus
vaillants.
a Maintenantque chacun de vous se retire, aprèsavoir donné
des larmes à ceux qu'il a perdus.r
XLUI. Telles furent les fundraillescélébrées dans cethiver,
avec lequel finit la première année de la guerre. Dès le com-
mencement tle I'été (a), les Péloponésiens et leurs alliés, avec les
deux tiers tle leurs contingents, envahirent, comme I'année
précédente,'le territoire d.ei'Attique, sous la conduite d'Archi-

(a) Deurième année de la guerre, 430 ans av. J.G.


I00 GUERRE Du PÉroPoxÈsp.
damos, fils ile Zeuxid.amos et roi des tacéddnroniens. Ils y cam-
pèrent et y commirent quelques dégâts.
IIs étaient en Attique depuis peu de jours seulement lorsque
la peste se déclara dans Athènes r. Elle avait, dit-on, frappé
déjà plusieurs contrées, entre autres Lemnos; mais jamais on
n'avait entendu parler d'une si terrible épidémie. Les mddecins
n'étaient d'aucun secours, parce que, dans le principe, ils trai-
taient le mal sans le connaître. lls étaient eux-mèmes les pre-
mières victimes, à cause de leurs commûications avec les ma-
lades. Tous les moyens humains furent également impuissants;
en vain on fit d.es prières dans les temples, on consulta les ora-
cles, on eut recours à d'autres pratiques, tout fut inutile. On
linit par y renoncer et par céder à la violence du fléau.
XLVIII. Cette maladie commença, dit-on dans I'Ethiopie, au-
dessus de l'Égypte; de là elle étendit ses ravages sur l'É=
gypte, ia Libye et la majeure partie drs lltats du roi; puis
elle fonclit sur la ville d'Athènes et d'abord sur le Pirée, si
brusquement qu'on accusa les Péloponésiens d'avoir empoi-
sonné les puits, il n'y avai[ pas encore cle fontaines en ce
lieu, mais ce-fut rlans Ia ville haute que la mortalité fut la
-
plus grande.
Je laisse à chacun, mérlecrn ou noû, le soin d'exphquer I'ori-
gine probable tle ce fléau et de rechercher les causes capables
d'opérer une telle perturbation; je me bornerai à ddcrire les
caractères et les symptômes de cette maladie, afin qu'on puisse
;e mettre sur ses gardes, si jamais elle reparalt. J'en parlerai
en homme qui fui atteint lui-même et qui vit souffrir d'autres
personnes.
XLIX. On s'accordait à recounaltre que cette année avaitété
particulièrement exempte des maladies ordinaires I celles qui
venaient à se prod.uire finissaient toutes par celle-ci. En gé-
néral on était frappé sans aucun signe précurseur, mais àI'im-
proviste et en pleine santé. D'abord on ressentait de vives
chaleurs de tête; les yeux devenaient rouges et enflammés ; à
l'intérieur, le pbarynx et la langue paraissaient couleur de
sang; la respiration était imdguiière, I'haleine fétide. Venaient
ensuite I'éternument et I'enrouement. Bientôt le mal descendait
ilans la poitrine, accompagné d'une toux violente ; lorsqu'il
atteignait I'estomac, iI le soulevait avec des douleurs aiguès et
déterminait toutes les évacuations bilieuses qui ont été spéci-
f ées par les mddecius. La plupart des malades étaient saisis
d'un hoquet sans vomissements et tle fortes convulsions, qui
LtvRE rr. tOI
chez les unsne tartlaient pas àse calmeret qui se prolongeaient
r:hez tl'autres. A I'extérieur le corps n'était ni brtlant au tou-
cher ni blême; iI était rougeâtre, livicle, couvert tle petites
phlyctènes et il'ulcères ; mais la chaleur interne était telle
qu'on ne supportait pas même les vêtements les plus légers,
les couvertures les plus fines. Les malades réstaient nus et se
seraienb volontiers plongés dans lleau frôide, comme le firent
quelques malheureux qui, abandonnés à eux-mêmes et tlévo-
rés d'une soif ardente , se précipitèrent dans cles puits. Cette
soif était toujours la même , qu'on bùt peu ou beaucoup.
Le malaise, résultant de I'agitation et tle I'insomnie, ne lais-
sait point de relâche.
Tant que le mal était dans sa période tl'intensité, Ie corps,
loin tle clépérir, opposait à ses atteintes une résistance inatten-
due; en sorte que la plupart des malades conserYaient encore
queique vigueur lorsque, au bout de sept ou de neuf jours, ils
étaient emportés par I'inflammation intérieure; oubien, s'ils fran-
chissaient ce terme,Ie mal clescenilait dans les intestins, ety dé-
terminait de fortes ulcérations, suivies dtune diarrhée opiniâtre
et d'une atonie à iaquelle la plupart finissaient par succomber.
Ainsi la maladie, qui d'abortl avait son siége dans la tête, par-
courait graduellement tout le corps du haut en bas. Si I'on
dchappait aux accidents les plus graves, le mal frappait les
extrémités, qui, dans ce cas, gardaient les traces cle son pas-
sage; il attaquait les organes sexuels, les doigts des mains et
cles pieds. Plusieurs en furent quittes pour la perte de ces
membres, d'autres pour celle des yeux I d'autres en{Ïn étaient
totaiement privés de nrémoire et, en se relevant, ne reconnais-
saient ni
leurs proches ni eux-mêmes.
L. IIest impossible de dépeindre les mvages de ce fldau; il
sévissait avec une violenceirrésistible. Ce qui prouYe qu'il dif-
férait de toutes les affections connues, c'est que les animaux
carnassiers, oiseaux et quadrupèdes, ntapprochaient point cles
cadavres, quoiqu'il y en eùt une foule sans sépulture, oupéris-
saient dès qu'ils y avaient touché. 0n s'en aperçut ciairement
-d.isparition
à la tle ces animaux; on n'en voyait aucun autour
des corps morts ni ailleurs. Cette circonsta4ce était surtout
frappante à l'égarrl des chiens, accoutumés à vivre en société
avec I'homme.
LI. Tel était, pour laisser de côté les acciderids exceptionnels
et ies variétés dépendant des individus, ie caractère général
de cette épidémie. Aussi longtemps qu'elle régna, aucune des
102 GUERRE DU pÉropoxÈsu.

malatlies ordinaires ne se fit sentir, ou bien elles aboutissaient


toutes à celle-ci. Les uns mouraient sans secours, les autres
entourés cle soins. On ne trouva, pour ainsi dire, pas un seul
remède d'une efficacité reconnue; ce qui avait fait du bieu à
l'un faisait du mal à l'autre. Aucune constitution, forte ou
faible, ne mettait à l'abri ilu fléau ; il enlevait tout, quel que ftt
le traitement suivi.
Rien n'était plus fâcheux que I'abattement de ceux qui se
sentaient frappés. Àu lieu de se roirlir contre le mal, ils tom.
baient aussitôt dans le désespoir et dans une prostration com-
plète. La contagion se propageait par les soins mutuels, et les
hommes périssaient comme des troupeaux. Ctest Ià ce qui fit
le plus de victimes. Ceux qui,par crainte, voulaient se séques-
trer, mouraient ilans l'abandon; plusieurs maisons se dépeu-
plèrent ainsi, faute de secours. Si au contraire on approChait
des malades, on était soi-même atteint. Tel fut surtout le sort
de ceux qui se piquaient de courage; ils avaient honte de
s'épargner et allaient soigner leurs amis; car les parents eux-
mêmes, vaincus par I'excès du mal, avaient cessé d'être sen-
sibles aux plaintes des mourants. Les plus compatissants pour les
moribonilsetpourles malades étaient ceux qui avaient échappé
au trépas; ils avaient connu la soulfrance et ils se trouvaient
désormais à couvert, les rechutes n'étant pas mortelles. 0b-
jets de l'envie des autres, ils étaient, pour le moment, remplis
de joie, et nourrissaient pour I'avenir une vague espérance de
ne succomber à aucune autre maladie.
LII. Ce qui aggrava encore le fléau, ce fut.l'entassement des
campagnercls dans la ville. Les nouveaux venus eurent particu-
lièrement à souifrir. Ne trouvant plus de maisons clisponibles,
ils se logeaient, au cæur de l'été, dans des huttes privées d'air;
aussi mouraient-ils en foule. Les corps inanimés gisaient pêle-
mêle. 0n voyait iles infortunds se rouler dans les rues, autour
tle toutes les fontaines, à clemi morts et consumés par la soif.
Les lieux saints ou I'on campait étaient jonchés rle cadavres ;
oar les hommes, atterrés par I'immensité du mal, avaient perilu
le respect tles choses divines et sacrées. Toutes les coutumes
observées jusqu'ators pour les inhumations furent violées I on
etrtemait comme on pouvait. Les objets nécessaires aux funé-
railles étant devenus rares dans quelques familles, il y eut des
gens qui eurent recours à des moyens infâmes : les uns al-
laient déposer leurs morts sur cles bùchers qui ne leur appar-
tenaient pas, et. devançant ceux qui les avaient dressés, ils
LIVRE II. 103

y mettaient,le feu; d'autres, penclant qu'un premier cailavre


ùrtlait, jetaient le leur par-dessus et s'enfuyaient.
LIII. Cette malaclie donna ilans la ville le signal d'un autre
genre de désorclres. Chacun se livra plus librement à d.es excès
qu'il cachait naguère. A la vue d.e si brusques vicissitudes, de
riches qui mouraient subitement, de pauvres subitement enri-
chis, on ne pensait qu'à jouir et à jouir vite; la vie et la for-
tune paraissaient également précaires. Nul ne prenait la peine
de poursuivre un but honorable; car on ne savait si on vivrait
assez pour y parvenir. Allier Ie plaisir et le profit, voilà ce qui
ilevint beau et utile. On n'était retenu ni par la crainte des
ilieux ni par ce.lle'des lois. Depuis qu'on voyait tant de mond.e
périr indistinctement, on ne mettait plus aucune tlillérence
entre la piété et I'impiété1 d'ailleurs personne ne croyait pro-
longer ses jours jusqu'à la punition de ses crimes. Chacun
redoutait bien tlavantage I'arrêt déià prononcé contre lui et
suspendu sur sa tête; avant d'être atteint, on voulait gotter
au moins de la volupté.
LIY. Tels étaient les fléauxqui s'appesantissaientsur Abhènes :
au cledans la mortaiité, au dehors Ia dévastation. Dans le mal-
heur, selou I'usage, on se rappela une prétliction que les vieil-
lards prétenclaient avoir été chantée jatlis :

Yiendra la guerre dorienne et la peste avec elle'

A ce sujet, il s'éleva une contestation; quelques-uns soute-


naient que, dans ce vels, iI y avait anciennemegt, non pas lc
peste, mais ln faminet. Cependant le premier de ces mots
prévalut, comme de raison, à cause de la circonstance; les
hommes mettaient leurs souvenirs en harmonie avec leurs
maut. Mais quq jamais il s'allume une nouvelle guerre do-
rienner.accompagnée de famine, I'on ne manquera pas, je
pense, de préférer l'autre leçou. Les gens qui en avaient con-
aaissance se rappelaient aussi I'oracle rendu aux Lacédémo-
nienspar le dieu de Delphes, lorsque, interrogé par eux sur
I'oppoitunité de la guerre, il avait réponclu que, s'ils la faisaient
à outrance, ils auraient la victoire et que lui-même les secon'
cleraite. C'est ainsi qu'on cherchait à faire concorder l'oracle
avec les événements. Au reste Ia maladie commença immédia-
tement après I'entrée des Péloponésiens en Àttique; elle n'at-
taqua pas le PéIoponèse, au moins d'une manière sérieuse;
mais elte rlésola principalement Athènes et les endroits de
lo4 GUERRE Du pÉt.opoNÈsr.
I'Attique les plus peuplés. Telles furent les particularitds rera-
tives à la peste.
LY. Les Péloponésiens, après avoir dévasté la plaine, s'ayan-
cèrent dans le district nommé Paralost , jusqu'à Laurion, orl se
trouvent les mines d'argent cles Athéniens r. Ils ravagèrent
d'ab_ord la pqtig qui regarde le Péloponèse, ensuite celle qui
est du côté de I'Eubée et d'Andros. Périclès, qui était général,
pegai.t toujours, comme lors de la précddente. invasion,queles
Athéniens ne devaient faire aucune sortie.
LYI. Pendant que les ennemis étaient encore dans la plaine
et avant qu'ils eussent envahi le littoral, Périclès équipa cent
vaisseaux rlestinés à agir contre le Péloponè'se et mit à la voile
dès qu'ils furent prêts. Cette flotte portait quatre mille boplites
d'Athènes et trois cents cavaliers, embarqués sur iles transports
aménagds exprès et faits alors pour ia première fois avec de
vieux bâtiments. Cinquante vaisseaux tle Chios et de Lesbos se
joiguirent à I'expddition. Lorsque cette flotte appareilla, elle
laissait les Péloponésiens sur le littoral de I'Attique. Arrivés à
Épidaure dans le Péloponèse, les Àthéniens ravâgèrentla plus
grancle partie du pays et assaillirent la ville. Un instant ils
eurent I'espoir de- s'en emparer ; mais ils n'y réussirent pas. Ils
quittèrent donc Épidaure et allèrent dévaster les terres de
Trézène, des Haliens et d'Hermione, pals situés sur les côtes
du Pdloponèse. De là ils firent voile vers prasies, ville maritime
ile Laconie. Ils ravagèrent la contrde, prirent la place et la
mirent au pillage; après quoi ils rentrèrent dans-leur pays
et trouvèrent i'Attique évacuée par les Péloponésiens.
LnI. Tant que durèrent I'invasion des péloponésiens en
Attique et I'expéditionnavale des Atbéniens, lapeste ne cessa
d'exercer ses ravages dans la ville et sru Ia flotte. On a prétendu
que ia crainte accéléra la retraite des pélopon(piens, lorsqu'ils
apprirent par les transfuges que la maladie sdvissait dans
Athènes et qu'ils.virent de leurs yeux le grand nombre d.es
funérailles. Mais la vérité est que cette invasion fut la plus
Iongue et la plus désastreuse de toutes; car les ennemis ne
séjournèrent pas moins de quarante jours en Attique.
LYIll. Le même été, Hagnofi fils de Nicias et Cléopompos
lils de Clinias, collègues de Périclès, prirent avec eux le corps
cl'armée qu'avait commandd ce général, et sedirigèrent.contre
ies Chalcidéens de Thrace et contre Potidée, dont lô siége durait
encore. Dès leur arrivée, ils dressèrent des machines contre la
ville et mirent tout en æuyre pour s'en emparer I mais ils ne
LrYRE rr. 105

parvinrent ni à la prenclre ni à rien faire qÏi fùt digne iles


io.r., dont ils clispôsaient. La peste dclata dans I'armée avec
une violence telle que même lei trf[pes de la première expé-
àitioo, jusqu'alors p6in.s de santé,- furent infectées par le
,.rto* qo'Éugnoo avait amené. - Phormion et ses mille six
cents hommes n'étaient plus en chalcidique. - Haglon se rem-
barqua donc pour Athènes. Sur quatre mille hoplil;es-, il en
avaii pertlu par la peste quinze cents dans l'espace {e qu.a-
rante'jours r. L'anciËnne armée continua le siége de Potiilée-
-ifX] eprès la deuxième invasion des Péloponésiens, après
la peste qïi .n aggrava les ravages, il se fit une gr.alde révo-
]ution dans l'espriides Àthéniens-. Ils accusaientPériclès de les
ovoi. poussés à lu go.tte et d'être la cause de tons leurs
maux. Ils se montraËnt disposés à traiter avec les Lacédémo-
niens ; ils leur envoyèrent mêrne des député.s, mais sans succès'
Dans leur détresse,il, ,'.o prirent à Périclès' Lorsque celui'ci
s'aperçut qu'aigris par les ôirconstances ils réalisaient toutes
seJprôvisiàns,"il convoqua une assemblée; car iI était encore
général'. Son dessein éiait tle leur rendre courage' de calmer
Ëot .oottoux, enfin ile les ramener à plus de motlération et de
confiance. Il monta donc à la tribune et prononça le dlscours
suivan[ :
LX, ( Yotreirritation contre moi n'a rien qui me surprenue;
j'en connais les motifs. aussi vous ai-je rassemblés pouf vous
faire rentrer en vous:.mêmes, en vous ieprochant votre injuste
colère et votre découragement-
a pour ma part, j'estime que les individus sont
plus heureux,
dans une villè do;i I'ensemÉle prospère, que si l'intlividu Pros-
que soit son bien-être,
fÀre et l'État dépérit. L'indivicl_u, quel
i;u" àrtpur *oio* enveloppé dans Ie désastre de sa patrie;
tandis que, stil éprouv. aèt revers -pèrsonnel:: il,n, dun:-11
prospériié publique plus cle chances de salut. S'il est donc vrar
q". i'ft"t peot sopp'orter les infortunes de ses membres, mais
que ceux-ct o, p.ootnt supporter celles de l'Iitat, notre- devoir
i'est-il pas de nôus réunir'poo. sa cléfense ? Au lieu de cela,
vou" vôos laissez atterrer par Yos souffrances domestiques'
vous abandonnez le salut.où*uo, et vous me reprochez à moi
de vous avoir conseillé la guerr'e et à vous-mêmes d'avoir
partagé
- mon avis.
c Et pourtant vous attaquez en- ml p-ers-qnne un citoyen qut
le cède à nul autre qoana iI s'agit ïe discerner les intérêts
'e
p"nii.r et d'en être I'inierprète, d'aiileurs bon patriote et inac-
r06 cuERRE DU PÉLoPonÈse.

cessible à I'appât ilu gain. Avoir cles itlées sans le talenttleles


communiquer, autant vaudrait n'en point avoir. Supposez ces
deux mérites, si celui qùf les possècle est malintentionné pour
l'Etat, on ne saurait attendre de lui un avis salutaire I enfin
qu'il ait l'amour de la patrie, s'il n'y joint pas le désintéres-
sement, iI est capable de tout mettre à prix d.'argent. Si enfin
dhns la pensde que je réunissais plus que d'autres, n'importe
en quelle mesure, ces cliverses qualités, vous m'ayez cru lorsque
je vous ai conseillé la guerre, vous auriez tort de m'en faire un
crime aujourrl'hui.
LXI. a Lorsqu'on a Ie choix et quton est heureux, c'est une
insigne folie que d'entreprenclre la guerre; mais, si I'on est
placé dans i'alternative de subir immédiatemeut le joug de
l'étranger en lui céd.ant ou de tenter la fortune dans l)espoir
du triomphe, il y a moins de sagesse à fuir le péril qu'à le
braver.
a Pour moi, je suis toujours le même; je ne me cléclis pas.
C'egtvousqui variez, vous quipartagiez mon avis tlans la pros-
périté et {ui vous clémentez dans I'infortune. La faiblesse ile
votre entendement vous fait douter de la rectituile du mien.
Chacun de vous n'est sensible qu'à ses maux particuliers et
percl cle vue I'utiiité publique. Surpris parune grande etbrus-
que calamité, vous n'avez pas le cæur assez haut pour persé-
vérer dans vos résolutions primitives. Rien n'abat le courage
comme un mal imprévu, instantané, qui tléroute tous les cal-
culs. C'est là ce qui vous est arrivé par I'effet de cette maladie
jointe à yos autres souffrances. Cependant, citoyens d'une
puissante républiqne, élevés dans des institutions dignes d'elle,
votre devoir est d.e supporter les épreuves les plus pénibles,
plutôt que cle flétrir sa renommée; car les hommes ont autant
de mépris pour celui qui trahit iâchement sa propre gloire
que de haine pour quiconque s'anoge celie d'autrui. Imposez
donc silence à vos douleurs partioulières, pour ne yous préoc-
cuper que tlu salut cle I'État.
LXII. c Vous craignez que les fatigues de la guerre ne se
prolongent outre mesure, sans vous donner enfin la supério-
rité. Qu'il me suffise de vous répéter encore une fois que cette
crainte estmal fontlée. Mais je veux yous signalerunavantage
gue vous possédez pour I'extension de votre empire, avantage
auquel vous ne semblez pas donnersa juste valeur. Moi-même
j'ai négligé ile vous en entretenir dans mes discours précé-
dents, et aujourd'hui je ne vous présenterais pas ces réflexions
LIYRE II. I iJ7

tant soit peu ambitieuses, si je ne vous voyais en proie à un


ddcouragement exagéré.
< Yous croyez ne commander qu'àvos alliés: moi je soutiens
que des deui éléments à I'usage de l'homme, la terre et la mer,
1'un vous est pleinement assujetti dans toute I'étenclue que
vous en occupez, et plus loin encore, si yous le voulez. Avec la
marine clont vous disposez, il nty a ni grantl roi ni puissarrce
au monde qui soit capable rl'arrêter I'essor de vos flottes, C'est
là ce qui constitue votre force bien plus que ces maisons et ces
terres dont la perte vous paraît si cruelle. II n'est pourtant
pas raisonnable de regretter si amèrement des biens qui, en
regarrl cle votre empire, ne cloivent pas être plus estimés que
tle chétifs jardins ou tle vaines parures. Songez que la li-
berté, si nous Ia conservons par nos efforts, réparera facile-
ment toutes ces brèches; au lieu qu'en subissant la loi d,;
l'étranger, on compromet même ce qu'on possède.
c Nous ne devons pas en cela nous montrer moins braves
que nos pères, qui n'avaient pas hérité cle cet empire, mais
I'avaient gagnd parleurs travaux, et qui sont parvenus à nous
le transmettre. Or il est plus honteux de se laisser dépouiller
d'un bien acquis que d'échouer à sa poursuite.
c Marchez donc contre vos adversaires, non-seulement aver:
courage, mais encore avec dddain. Une ignorance heureuse
peut inspirer la fierté, même à un lâche ; mais le dédain n'ap-
partient qu'à celui gui a la conscience tle sa supériorité. Or ce
sentiment est le nôtre. A égalité de fortune, I'intelligence
puise ilans la sagesse de ses vues une audace bien plus as-
surée; elle se repose moins sur une espérance vacillante que
sur le sentiment d.e ses forces, qui lui permet d'envisager plus
nettement ltavenir.
Lxlil. c Ce respect universel que notre ville cloit à son empire
et tlont vous êtes si glorieux, votre tlevoir est de le maintenir
à tout prix , et tle ne pas renoncer eux fatigues, à moins de
renoncer aussi aux honneurs. Ne croyez pas que la question
soit uniquement de savoir si nous conserverons ou non ia li-
berté. il y a plus : il s'agit rle la perte de votre prééminence; il
s'agit des dangers qu'ont attirés sur vous les haines encourues
durant votre domination. Or il ne vous est plus possible tl'ab-
.diquer, Iors même que, par crainte et par amour du' repos,
vous seriez aujourd'hui portés à cet acte d'héroïsme. Il en est
de cette clomination comme de la tyrannie, clont il est injuste
de s'emparer et dangereux cle se dessaisir. Ceux qui yous le
108 cuERRs DU PÉtoPotriÈsr.
conseilleni, s'ils étaient écoutés, auraient bientôt conduit l'État
à sa ruine, en supposant même qu'ils fussent capables de main-
tenir la liberté. Le repos n'est assuré qu'à la condition de.
s'allier à I'dnergie : désastreux pour un État qui commancle,
il convient à un peuple sujet, auquel il garantit un paisible
esclavage.
LXIV. c Gardez-vous donc de vous laisser sécluire par de
tels citoyens. Après vous être prononcéu avec moi pour la
gueme, ne soyez pasirrités contre moi, bien que les ennemis,
envahissant votre territoire, vous aient fait suhir les maur
auxquels vous deviez yous attenclre du moment oir vous refu-
siez ile vous courber devant eux. La seule chose quton ne pou-
vait prévoir et qui est venue cléconcerter tous les calculs, c'est
cette malaclie, qui est pour beaucoup, je Ie sais, dans votre
déchaînement contre moi. En cela vous n'êtes pas justes, à
moins que vous ne vouliez m'attribuer aussi les succès im-
prévus que vous pouniez obtenir. II faut supporter avec rési-
gnation les maux que les dieux nous envoient et avec cou-
rage ceux qui nous viennent des ennemis. Telle était jadis la
maxime de notre république ; aujourd'hui ce tloit être encore
la vôtre.
c Songez que, si notre cité est parvenue au plus haut degré
de renommée, cela tientà ce qu'ellen'a pointcéilé à l'adversité;
à ce que, clans les combats, elle a tlépensé plus cle sang et d'ef-
forts qutaucune autre ville; enfin à ce qu'elle a su acquérir
la plus grande puissance qui fut jamais. Oui, lors même que
nous montrerions aujourd'hui quelque faiblesse, tout est
sujet à déchoir, le souvenir de cette puissance- subsistera
- la plus reculée. On clira que Grecs nous
jusqu'à la postérité
ayons eu en Grèce I'Empire le plus étendu; que nous avons fait
face aux ennemis les plus nombreux, soit réunis, soit séparés;
qu'enfin nous ayons habité la ville la plus opulente et la plus
illustrB.
c'Ces avantages, I'ami du repos pourra les contester; mais
Ithomnre d'action y verra un motif de rivalité. et celui qui ne
les possède pas, un objet tl'envie. Quant à la haine que vous
inspirez, elle a toujours été le partage de quiconque a pré-
tendu,à la tlomination. II y a sagesse à braver la haine dans
un noblc but; car Ia haine est de courte durée, tandis que la'
gloire, soit présente. soit à venir, est impérissable.
a Assurez-vous donc I'une et I'autre en yous ménageant dès
ce jour, par votre zèle, I'atlmiration des siècles futurs, et en
LIVRE II. IO9
évitant un désbonneur immécliat. N'envoyez point de héraut
aux Péloponésiens; ne yous montrez pas accabiés par vos souf-
frances actuelles. Ceux qui rdsistent Ie plus énergiquement à la
mauvaisefortune, peuples ou individus, sont les premiers entre
tous. I
LXY. Telles étaient les paroles par lesquelles pdriclès cher-
chait à désarmer le courroux des athéniens et à détournerleurs
esprits des calamités présentes. Le peuple céda à ses discours
et, renonçoant à toute nouvelle ambassade auprès des Lacédémo-
,
nlens, se passionna plus que jamais pour la guerre. Mais les
particuliers ne pouvaient prenilre leur parti- cle leur état de
malaise. T.e_ pauvre s'affligeait d'être privé ilu peu qu'il possé-
dait; les riches dtavoir perd.u leurs superbes domaines,-leurs
maisons, leurs meubles somptueux; tous d'avoir la guerre au
!9". 4r la paix. L'irritation ne s'apaisa que lorsqu,on eut mis
Périclès à l'amende; mais bientôtr pil une inconséquence
naturelle à la muititude, on le réélut général et on lui con-
fia le pouvoir suprême. c'est que les douleurs particurières
commençaient à stamortir et qu:on le regardait comme le seul
homme capable de faire face aux néceÀsités publiques. Tout
le temps qu'il fut à la t"ête tles affaires, durant ia paix, il
gouverna avec motlération, pourvut à la srlreté de I'Etat et
le lit parvenir au falte de la puissance; quancr la guerre éclata,
ce fut encore lui qui révéla aux Athéniôns le secret ile leurs
r0rce5.
Il survécut rleux ans et ilemi. Sa mort {it voir plus claire-
ment encore la justesse de ses calculs. Il avait dit aux Athéniens
que, s'ils restaient en repos et se contentaient de soigner leur
marine, sans chercher à étendre leur empire pendantla guerre
et.sans- exposer I'existence de la république, ils finiraient pa,
triompher. surtous ces points, ils firent-exactement l'inverse.
Pour satisfaire des ambitions et des cupidités privées, ils for-
mèrent, en dehors de la guene, rtes enireprisôs non moins fu-
nestes pour eux que pour leurs alliés. Les succès nrauraient
tourné qu'au profft et à l'honneur de quelques indiviclus,
tantlis que les revers entralnaient nécessaiiement la ruine de
I État.
La raison en est simple. Grâce à I'dlévation de son caractère,
à Ia profondeur cle ses vues, à son tlésintéressement sans bornes,
Périclès exerçait sur Athènes un incontestable ascendant. tl
restait libre tout en dirigeant la multitude. Ne devant son crédit
qu'à des moyens honnêtes, il n'avait pas besoin de flatter les
Tltucvunn. j
I l0 GUERRE DU PÉtoPonÈsr.

passions populaires I sa consitlération personnelle lui permet-


tait de les braver avec autorité. Yoyait-ilies Athéniens selivrer
à une audace intempestive, il les terrifiait par sa parole; étaient-
ils abattus sans motif, il avait I'art tle les ranimer. En un mot,
la rlémocratie subsistait de nom; mais en réalit#c'était Ie gou-
vernement du premier citoyen.
Ceux qui lui succéclèrent, n'ayant pas la même supériorité et
aspirant tous au premier rôle, se mirent à flatter lepeuple et à
lui abandonner la contluite cles affaires. De ià toutes les fautes
qu'on peut attendre d'une grande cité placée à la tête d'un em-
pire; de là entre autres l'expédition de Sieite: elle échoua bien
moins par une fausse appréciation des forcesennemies que par
I'ignorance de ceux qui la décrétèrent, et qui ne fournirent pas
à I'armée les moyens clont elle avait besoin. Uniquement oc-
cupés de leurs luttes d'amour-propre ou d'influence, ils paraly-
sèrent les opdrations et suscitèrent dans Athènes des discordes
civiles, inconnues jusqu'alors. Cependant,même après le désas-
tre de Sicile et I'anéantissement presque total de leur flotte,
les Athéniens, tout divisés qu'ils étaient entre eux, ne iaissèrent
pas de résister pendant trois années | à leurs anciens ennemis ,
renforcés par I'acljonction des Siciliens et de leurs propres sujets
révoltés pourla plupart, enfin à Cyrus fils du roi, qui fournit
aux Péloponésiens de I'argent pour leur mariner. S'ils suc-
combèrent, ce ne fut qu'après s'être épuisés par leurs disseu-
sions intestines. Tant Périclès avait la parfaite intelligence des
ressôurces d'Atbènes, qui lui paraissaient assurer le triomphe
facile tle sa patrie sur les Péloponésiens.
LXYI. Le même été, les Lacédémoniens et leurs alliés firent
une expéclition avec cent vaisseaux contre I'Île cle Zacynthe,
situde vis-à-vis de l'Élide. Cette île, colonie des Achéens ilu
Péloponèse, était alors alliée d'Athenes. La flotte portait urillo
hoplites lacéclémoniens et avait pour nauarquet le Spartiate
Cnèmos. lls firent une descente et ravagèrent une bonne
partie cle l'île; mais, n'ayant pu la soumettre, ils regagnèrent
leurs foyers.
LXVII. Surla fin tlu même dté, on vit partir pour l'Asie une
tléputation composée du Corinthien Aristéus, tlesLacétlémoniens
Anéristos, Nicolaos et Stratotlémos, du Tégéate Timagoras et
cleI'Argien Pollis, celui-ci sans caractère officiel. Ces députds
se rendâient auprès tlu roi de Perse pour solliciter de lui des
subsides et la coopération de ses armes. Ils passèrent tl'aborcl
en Thrace, afin cle décicler, s'il était possible, Sitalcès fils de
\
:IYRE II. lu
Térès à rompre avec les Athéniens et â secourir Potidée, tou-
jours assiégde par eux. Ils voulaient aussi qrt'il leur facilitât la
traversde de I'Hellespont et I'accès auprès de Pharnacès fils de
Pharnabaze, qui dcvait les acheminer yers le roi. 0r il se trou-
vait dejà près de Sitalcès .des ambassadeurs athéniens, Léarchos
fils de Callimacbos et Aminia rlès fils r1e Philémon. Ceux- ci engagè-
rent.Sadocos, fi ls de Sitalcès, naturalisé Athé n ien, à le ur livrer ces
députésennemis, afin qu'ils n'allasseni pas cliercher auprès du roi
les moyens de nuire à sa patrie adoptive. Sadocos se iaissa per-
suader, et, pendant que les député's traversaientlaThrace pour
gagner le vaisseau sur lequel ils devaient franchir I'Hellespont,
il aposta des gens pour 1es saisir et les remettre entle les mains
cle Léarchos et d'Aminiadès. Ils furent donc arrêtés avant l'em-
barquement, livrés aux députds athéniens et conduits par eux
à Athènes. Le jour même de leur arrivée, les Atlidniens) sâns
forme de procès, les mirent à mort et les jetèrent dans des
précipices. lls craignaient qu'Aristéus, s'ri venaib à s'dchapper.
ne leur fit encore plus de mal qu'auparavant ; c'était à lui qu'ils
attribuaient tous les troubles de Potidée et du iittoral de la
Thrace. D'ailleurs iis croyaient user du droit de représailles,
parce que les Lacédémoniens les premiers avaient jeté dans
des précipices les marchands athénirns et alliés qu'ils avaient
pris sur des bâtiments de commerce autour du Péloponèse.
Dans Ie commencement de l:r guerre, les Lacédémoniens mas-
sacraient comme ennemis tous ceux qu'ils saisissaient en mer,
sans faire aucune distinction des neutres ou des alliés d'A-
thènes.
LXYIil. A la même époque, c'est-à-dire sur la fln de l'été,
les Ambraciotes, renforcés d'une foule de barbares, firent une
expédition contre Argos Amphiiochicon et le reste de I'amphi-
Iochie. L'origine de leur inimitié contre les Argiens était an-
cienne. Argos Amphilochicon et toute I'Amphilochie furent
colonisds après la guerre de Troie, par Amphilochos fils d'Am-
phiaraos, qui, de retour dans ses foyers et mécontent de la
tournure des affaires à Argos t, alla fonder, sur le golfe Am-
bracique,rune ville à laquelle il rlonna le nom de sa patrie.
Cette ville devint la plus grande de I'Amphilochie et eut une
riche population. Mais, après un laps de plusieurs générations,
les Àrgiens, victimes de diverses calamités, invitèrent les Am-
braciotes leurs voisins à leurenvoyer une colonie. Ce futalors
seulement qu'iis apprirent de ces nouveauli concitoyens la lan-
gue grecque dont ils se servent aujourd'hui: le reste de I'Am,
I II2 GUERRE DU PÉtoPoNÈsE.

philochie est barbare. Avec le temps, les Ambraciotes chassè-


rent les Argiens et se mirent en possession tle la ville ;ce qui
engagea les Amphilochiens à se donner aux Acarnaniens. Les
deux peuples réunis invoquèrenI le secours il'Athènes, qui leur
snvoya le général Phormion avec trente vaisseaux. A I'aide de ce
renfort, ils prirent d'assaut A rgos et réduisirent lès Ambraciotes
en seryitude. Dès Iors les Amphilochiens et les Acarnaniens ha-
bitèrent en commun cette ville. Ce fut à la suite cle ces faits que
les Acarnaniens entrèrent dans I'alliance d'Athènes et que les
Ambraciotes conçurent contre les Argiens une haine implaca-
ble, à cause de I'esclavage ou les leurs avaient été réduits. PIus
tard, dans le cours de la présente guerre, les Ambraciotes s'u-
nirent aux Chaoniens et à d'autres barbares du voisinage pour
faire )'expédition dont nous yenors de parler. Ils s'approchè-
rent d'Argos et en. occupèrent le territoire; mais n'ayant pu,
malgré plusieurs assauts, prendre ia place, ils opdrèrent leur
retraite et chacun regagna ses foyers. Tels furent les événe-
ments tle l'été.
LXIX. L'hiver suivant, les Àthéniens envoyèrent autour du
Péloponèse vingt vaisseaux sous les ordres de Phormion, qui
alla se poster à Naupacte, afin de fermer le golfe cle Crisa aux
bâtiments tle Corinthe. Sir autres raisseaux, commandés par
Mélésandros , furent clétachés vers la Carie et la Lycie; ils
devaient lever les contributions dans ces contrées et s'op-
poser à ce que les pirates péloponésrens partissent de Ià pour
errtraver la navigation d.es bâtiments marchands venant de
Phasélis, de Phénicie et de toute cette partie du continent r.
Méldsantlros pénétra en Lycie avec les Àthéniens qu'il tira de
ses vaisseaux et qu'il renforça d'un certain nombre d'alliés;
mais il fut vaincu dans une rencontre e! périt avec une partie
rles siens.
LXX. Le même hiver, les Potidéates assiégés se trouvèrent
dans I'impossibilité de tenir davantage. Les incursions des Pé-
loponésiens n'ayaientpas rdussi à faire lever le siége auxAthé-
niens; les vivres manquaient, et la famiue était si affreuseque
Ies habitanrts en étaient venus à se manger entre eux.gls firent
clonc des propositions d'accommodement aux généraur athd-
niens, Xénophon fils d'Euripidès. Hestiodoros fils d'Aristocli-
dès, et Phanomachos fils de Callimachos, qui commandaient
I'armée de siége. Ceux-ci prêtèrent I'oreille, car ils consicld-
raien[ les souffrances de leurs soldats dans un climat rigoureux,
ainsi que les frais occasionnés à l'État par la proloneation de
\

LIVRE II. I 13
ce sidge,.et qui se montaient à deux mille talents(a). Les termes
de la capitulation furent que les assiégds, leurs enfauts, leurs
femmes et leurs auxiliaires sortiraient de Ia ville, les hommes
ayec un seul vêtement, les femmes ayec deux, et ntemportant
pour leur yoyage qu une somme cl'argent déterminde. ils sor-
tirent donc en ver[u de cette convention;ils se réfugièrent en
Chalcitlique et chacun orl il put. Les Athéniens surent mauvais
gré à leurs géndraux d.'avoir traitd sans leur aveu; ils s'atten-
daient à ce que Potidée se rendlt à discrétion. plus tard, ils ia
repeuplèrent par I'envoi d'une colonie athénienne.
Tels furent les événements de cet hiver, avec lequel se
termina la deuxième année de la guerre que Thucytlicle a ra-
contée.
LXXI. L'dté suivant (ô), les Péloponésiens et leurs alliés, au
lieu d'envahir I'Attique, marchèrent sur Platde. Archidamos,
fils de Zeuxidamos et roi des Lacédémoniens, les commandait.
Après avoir assis son camp) il se mit en clevoir de ravager la
campagne; mais les Platéens se hâtèrent cle lui envoyer des
députés qui lui dirent:
c Archidamos et vous, Lacédémoniens, ce n'est pas agir
d'une manière juste ni digne de vous et de vos pères que d'àn-
trer à main armde dans le pays des Platdens. Lorsque-le Lacé-
démonien Pausanias, fils de Cléombrotos, eut délivré la Grèce
de I'invasion des Mèrles, conjointement avec ceux des Grecs qui
prirent part au combat livré sous nos murs, il fit un sacrificè à
Jupiter libérateur dans la place publique de Platde; et là, en
présence de tous les alliés assemblés, il rendit aux Platéens la
libre possession de leur ville et de leur territoire ' , déclarant que,
si jamais personne les attaquait injustement et pour les asseï-
vir, les ailids présents les assisteraient de tout leur pouvoir.
Yoilà ce que vos pères nous garantirent en retour clu dévoue-
ment et de la vaillance que nous iléployâmes dans ces jours de
danger. Et vous, vous faites précisément le contraire. Yous ve-
nez ayec les Thdbains, nos ennemis jurés, pour nous asservir.
Prenant donc à témoin les dieux qui reçurent alors yos ser-
ments, les dieux de vos pères et ceux de notre pays, nous yous
sommons de respectr.:r le territoire ile Platde et de ne point en-
freintlre yos serments, mais de nous laisser jouir tle I'indépen-
tlance que nous octroya Pausanias. >

(a) Dix millions huit cent mitle francs.


(/,) Troisiùmc année de la guerle, 429 av. J. C
IlI} GUERRE DU PÉLOPONÈSE'

txx[.Ainsiparlèrent]esPlatéens.Arcbiclamosleurré.
pondit i ,. sue vos actions soient
c Ce que vous attes est just'e,
-pou,Ï:o que-Pausa-
d,accord a'ec vos Ë;Ë=Guraï, i'indépendance
à no-us pour affranchir
nias vous a garantiË]Àu1t lqignez-Yous
mêmes dangers ptêtèrent
ies peuples qui pttiigett"l ttg*.les '
gé*i*tent aujourù'hui sous-le tles-
Ies mêmes serment;î 'Ct t"i et cette guerre ntont
potisme dlathènes. dtunî armement d'y coôpérer
Le mieux serait
d,'autre but que teur-déiivrance'
vous-même, p*, ,u,puct pour les
serments; au moins faites ce
que nous ooo, uuoîJ aJil'proposé :.demeurez eu repos' tout en
Recevez les
cultivant vo* terr.;;i;;'àtservant la neutralité'
deux partis à titreïu*i*, sans aider
ni I'un ni I'autre de vos
I
co que nous vous demandons'
utÀ.*. C'esttout
Telle fut ta repon'se d'Archidamos' Les
députés -rentrèrent
p.;;ï';;;;'"û*' pt"prt:-ltt répliquèrent
Platéens
"" sans l'agrémeut
qu'ils ne pouvateni accepter ces pÏopositions enfants étaient à
leurs
des Athéniro*, oo'qoe lËurs femmes'et
pour I'existence cle leur
Àthènes; que d,ailËir*-ii, "ruignaient la retraite-tl-es
viilel car res attràîiens-poo"uÏ""t venir après
comme ausst
nJiÀion.i.iens et s'opposer à ce.tte.^convention; qui obligerait
se trouïànt compris dans re traité
res Trrébains,
peut-être une se-
P1atée à recevoir i*t ato* putiit'
tenteraient
conde fois de s'emparer de cet'te vttte'
--,q,rr1tidunro,
.'uifo'çu de les rassurer en leur disant:
c Eh bien, tt;;;;; aur iaceaémoniens votre ville et vos
les limites de votre territoire' le
nombre cle
maisons. lncliquez
vosarbresetcletoutcequiestsusceptibled'êtrecompté;puis
semblera-pour tout
retirez-vou. aa uot-pt"J*tt ou bon vous sera finie' nous
le temps qo, AorJ'i ttttt gueyg;,lorssu'elle
nous le gar-
fiùelité' Jïsque-là
vous restito.roo"ià*t;;-;;;t
et vous payerons
aà.on..n dépôt; nous cultiverons vos terres
I
une rente proportionnée à vos besoins'
LXilII. Les députés rentrèrent de nouveau dans Ia ville;
;utt ru multitude' ils répondirent
et, après s'être ;;;;;ibét t". 1ll:.Tens ces
qu'ils désiraient aolttatulle commu.niquer
leur assentiment'' ils
propositionr,..t i;;: ;i ;il;t àbttn'itni
ils demandèrent une suspen-
les accepterarentl En attendant' campagnes' Ar-
sion d,armes et ti ;r;;;;; po'r le tenrpsleurs
de respecter
que leur voyage de-
chidamos accorda une trêve
oe tovug.ta'point le territoire'
vait raisonnableÀent durer' et obtinrent audience ;
Athè;;;l.r-àéprt.s de Platle
Arrivés à
LIVRE II. ll5
ipuis ils rapportèrent à leurs conciboyeus la déclaration sui-
'
vante :
o pt.té.os, depuis lç jour ou vous êtes devenus leurs alliést
les Àthéniens ne vous ont jamais iaissés en butte à un outrage;
ils ne vous abandonneroni pas clavantage aujourd'hui, et ieur
appui ne vous fera pas défaut. Ils vous adjurent donc, en vertu
dàs serments de vos pères, de ne rien innover en ce qui con-
cerne l'alliance. r
LXilY. Sur ce rapport des députés, Ies Platéens ilécidèrent
de ne point trabir les Athéniens, mais de supporter au besoln
que leïrs terres fussent ravagées sous leurs lelxr et de se ré-
.^ig.r." à toutes les extrémites. ils résolurent également-de ne
pius Iaisser personne sortir de Ia ville, mais de répo^ndre du
îraut de leurJ murs qu'il leur était impossible de. satisfaire les
Lacédémoniens' Sur cette réponse, Àrchidamos invoqua en ces
termes les dieux et ies héros du pays :
q Dieux protecteursclu pays de Platée, et vous, héros,soyez-
nous témoio* qo. c'est ians aucune injustioe, et seulement
après Ie parjure de ces gens,que nous avons envabi cetteterre,
o^t, oo, p'èr"r, grâce à vius, tiiomphèrenttles Mèiles,
etor\vous
fites trouver aux Grecs un favorable champ cle bataille. Dt
cltin-
;;i"t"p;t, quoi que nous fassions, nul ne peut nous taxerrenou-
justiie; car nos propositions équitables et tant de tols
velées ne rencoutrent que des refus' Souffrez tlonc que les
offenseurs soient punis, et laissez un libre cours à notre ven-
$eâDCe. I
" ixXv. Àprès cette protestation, Archiùamos fit ses préparatifs
il'attaque,.iI et enfourer
commenga par faire abattre les arbres
ù oiffà d'une palissadË, lno a.rend.re impossibles
e
les.sorties.
Ensuite il éleva contre la muraiile une terraise ; et' vu le
grancl
nombre des bras, iI comptait que la place serait bientôt Prise.
bes tronos d'arbres, .oopdt sùr le Cithéron, frrrent placés en
long et en travers sur les deux flancs de cet ouvrage' en guis-e
;;;;rr; pour prévenir les dboulements. L'intervalle fut rempli
àà Uois, ae piet.es, de terre, enfin de tout ce qui pouvait
ser-
vir à te coàb1.". Ce travail dura soixante-dix jours et autant
de nuits sans inteffuption. Les travailleurs se relayaient à tour
les uns dormànt ou prenant leurs repas, tandis que les
à" tOfu,'aptortaient
Ntr.r des mat-ériaux. Les chefs lacédémoniens,
;;i;;d;ndaient les troupes de ohaque ville, pressaient I'ou-
vrage.
fit Platéens, voyant cette terrasse s'éIeYer, construisirent
I t6 GUERRE DU PÉLoPonùsn.

une muraille de bois sur leur rempart, à I'enclroit orï il était


menacé. IIs la garnirent de briques enlevées aux maisons voi-
sines; Ies pièces cle bois servaient tle lien et empêchaient que
la hauteur de cette construction n'en diminuât la solidité. Ils
suspendirent des peaux et des cuirs sur la face extérieure cle la
charpente, pour mettre les travailleurs et I'ouvrage à I'abri des
traits enflammés. Cette construction s'élevait à une hauteur
considérable ; mais la terrasse avançait ayec non moins de ra-
pidité. Les Platéens s'avisèrent alors d'un stratagème : ils per-
cèrent leur muraille du côté de cette terrasse et se mirent à
soutirer le remblai.
LXXYI. Les Péloponésiens, qui s'étaient aperçus de cette
manæurre, emplirent d.'argile des corbeilles de roseaux et les
jetèrent clans les interstices, d'ou elles d[aient moins faciles à
extraire. Privés de cette ressource, les assiégés creusèrent, à
partir de la ville, une galerie souterraine, qu'ils dirigèrent par
conjecture sous la temasse, et ils recommencèrent à entralner
les matér'iaux. Les assiégeants furent longtemps à s'en aperce-
voir. Ils avaientbeau entasser remblai sur remblai, c'étaif peine
perdue; la terresse, minée par-dessous, s'affaissait constam-
ment.
_ -L.t Platéens, craignant tle ne pouvoir, malgré cela, résister
à iles forces tellement ttisproportionnées, eurent recours à un
autre système. Ils cessèrent rle travailler à la grande construc-
tion opposée à la terrasse ; mais ils élevèrent un second mur,
en forme de croissant, en retrait du côté cle Ia ville, et à
partir iles deur points otr se terminait I'exhaussement de la
muraille d'enceinte. Ils pensaient que, si le grand mur venaità
être emporté, le nouveau arrêtera]t I'enneùi et le forcerait de
construire une seconcle terrasse et de n'avancer qu'en tlécou-
vrant ses flancs.
Les Pélopohésiens, tout en donbinuant leurs travaux, firent
approcher des machines. Une d'elles, placée sur la terrasse,
ébranla un pan cle la vaste sonstruction, au grand e{froi cles
assiégés; d'autres battaient divers points de la muraille. Mais
les Platéens les saisissaient avec des ncÉuds coulants et les atti-
raient à eux; ou bien ils suspenclaient par les deux bouts de
grosses poutres à des chaînes de fer, qui glissa.ient sur deux
mâtereauxinclinés en saillie sur lemur. Ils hissaient la poutre
jusqu'à ce que ses ertrémités touchassent les mâtereaux I puis,
lorsque la machine allait frapper, ils lâchaient les chaîne.s, :t
la poutre, tombant avec violence, brisait la tête clu bélier.
LIVRE II. II7
LXXYI. Les Péloponésiens, voyant que leurs machines
étaient inutiles et qu'un mur s'élevait vis-à-vis de leur terrasse,
jugèrent ces difficultds insurmontables. Ils se disposèrent d.onc
à investir Platde.
.Mais auparavant, comme la ville était petite,
ils essayèrent de I'incendier à la faveur du vent. Ils se munirent
donc de fagots, et les lancèrent d.u haut ile la terrasse, d'abord
dans I'interu,ullr qui la séparail de I'enceinte, et qui se trouva
bientôt comblé grâce à la multitud.e des bras I ensuite ils en
entassèrent dans la ville même, aussi loin qu'ils purent attein-
dre de la hauteur oir ils étaieni placés. par^-dessùs ils jetèrent
du soufre et de la poix et y rnirent Ie feu. Il en rdsulta une
conflagration telle qu'il ne s'en était jamais vu, du moins pro-
cluite de main d'homme ; caril arrive-Quelquefois, sur les mon-
tagnes, que les forêts battues par ies vents prennent spon-
tanément feu par ie frottement et deviennent la proie des
flammes. L'embrasement fut immense; et peu s'en ?allut que
les Platéens, après avoir échappé aux autres périls, ne succom-
bassent à celui-ci. Il y avait une grande pariie de la ville d,ou
I'on ne pouvait approcher: et, si le vent erlt soufflé dans cette
direction, comme I'ennemi s'y attendait, c'en était fait de pla-
tde. on prdtencl aussi qu'en ce moment il survint une forte
Av.erse, accompagnée de tonnerres, qui éteignit I'insendie et
mit fin au danger.
.. LXXYIII. Après cette tentative avortde, les péioponésiens
licencièrent une partie de leur monde ; le reste fut enrployd à
construire une circonvallation, dont chaque contingeni eut à
exdcuter une étendue déterminée. En dedans et en -dehors, ils
creusèrent un fossé dont la terre servit à faire des briques.
Lorsque le travail fut achevé, vers le lever de l'Àrctuius r.,
ils laissèrent des troupes pour garder la moitié de cet ouyrage;
I'autre moitié fut occupde par ies Béotiens. Le gros de l'armde
se retira e[ chacun regagna ses foyers. Déjà prééédemment, les
Platéens avaient fait passer à athènes ieurs enfants , leurs
femmes, les vieillards et les hommes les moins varides. Il ne
restait pour soutenir le siége que quatre cents platéens et quatre-
yingts Athéniens, aveo cent dix femmes pour faire Ie puio. tei
le nombre des défenseuri de piatée, lôrsque le
dtait, en tout,
siége commença. Il n,y avait dans la ville personne de plus, ni
esclave ni homme libre.
LXXH. Le même été, pendant les préparatiis du sidge de
Platée, les Athéniens, aveC deux mille iropiit.s et creux cents
cavaliers, firent une expédition contre les Chalcidéens du litto-
II8 GUERRE Du PÉ[oPoNÈSE.

ral de la Thrace et contre les Bottiéens. Le bié était mtr alors.


Cette armée était commandée par Xénophon fiis d'Euripidès et
par deur autres généraux. Arrivés clevant Spartolos, ville de la
Bottique,'ils lirent quelques dégâts dans la campagne. Ils s'at-
tendaient à voir la ville se rendre à eux par suite cl'intelligences
pratiquées tlans I'intérieur; mais le parti contraire s'était adressé
à Olyrithe, d'où I'on avait envoyé une garnison composée d'ho-
plites et d'autres solclats. Cette garnison fit une sortie, et le
combat s'engagea sous les murs de Spartolos e. Les hoplites
chalcidéens et un certain nombre de leurs auxiliaires furent
vaincus par les Athéniens et rejetés dans la place; mais la ca-
valerie et les troupes légères tles Chalcidéens vainquirent les
Àthéniens des mêmes armes. Les Chalcidéens avaient avec eux
des peltastes renus du pays de Crusis'.
Le conibat venait d.e fluir, lorsqu'un renfort de peltastes ar-
riva d'Olynthe. A cet aspect, les troupes ldgères de Spartolos,
déjà fières de n'avoir pas été vaincues, s'animèrent d'un nou-
yeau courage et chargèrent une seconde fois les Àthéniens avec
lds cavaliers chalcideens et Ib renfort survenu. Les Athéniens
se replièrent sur les deux corps qu'ils avaient laissés à la garde
des bagages. Quand tes Athéniens faisaient un mouvement offen-
sif, i'ennemi lâchait pied. ; venaient-ils à battre en retra.ite, il
les pressait et les criblait de javelots. I)e son côté', la cavalerie
chalciddenne chargeait quand elle en trouvait I'occasion. Elle
répandit l'elÏroi parmi les Atbéniens, les mit en furte et le.s
poursuivit au loin. Les Athriniens se réfugièrent à Poti,lée I et,
après avoir relevé leurs morts par composition, ils repartirent
pour Atbènes avec Ie reste de leur armée. Ils avaient perdu
dans cette action quatre cent trente hommes et tous leurs gd-
néraux. Les Ciralcidéens et ies Bottiéens érigèrent un tro-
phée, recueillirent leurs morts, et se dispersèrent dans leurs
villes.
LXXX. Le même tlté, peu après ces événements, les Ambra-
ciotes et Ies Chaoniens, rlésirant soumettre toute ItAcarnanie et
Ia détacher d'Athènes, obtinrent des Lacédémoniens I'arme-
ment de cent vaisseaux alliés et I'envoi de miile hoplites en
Acarnanie. Ils assuraient qu'en attaquant ce pays par mer et
par terre, on empêcherait les Acarnaniens de la côte de se
réunir à ceux de I'intérieur; qu'une fois en possession de I'A-
carnanie, on s'emparerait aisément de Zacynthe et de Céphallé-
nie , ce qui enlèverait aux Athéniens la facilité de faire le tour
du Péloponèse; qu'enfin il se pounait qu'on prît Naupacte elle-
T,IVRE II. I 19
même. Les Lacédêmoniens persuaclés envoyèrent aussitôt leurs
hoplites et quelques bâtiments sous la concluite de Cnémos,
encore navarque à cette époque r. Leurs alliés eurent ordre cle
diriger au plus tôt sur Leucade leurs vaisseaur en état de tenir
la mer. Les Corinthiens appuyaient chaudement les Ambra-
ciotes leurs colons. Les vaisseaux de Corinthe, de Sicyone et
des villes voisines étaient en armement; ceux de Leucade, d'A-
nactorion et cl'Ambracie, ariivés les premiers au rend,ez-yous,
les y attenclaient. Cnémos, ayec ses mille hoplites, trompa,
dans sa traversée, la surveillance de Phormion, en croisière à
Naupacte avec vingt vaisseaux athéniens, et prépara sans délai
son expédition de terre.
Son armée se composait cle Grecs et de barbares. Les pre-
miers étaient des Ambraciotes, des Leucadiens, des Anactoriens
et les mille Péloponésiens qu'il avait amenés. Quant aux bar-
bares, c'étaient d'ahorcl mille Chaoniens indépendants e, com-
rnanrlés par leurs chefs annuels, Photios et Nicanor, de la
famille dominante. Avec les Chaoniens marchaient des Thes-
protes égalemerrt inclépentlants. Venaient ensuite cles Molosses
et des Atintanes, commandds, par Sabylinthios, tuteur de leur
roi Thatypas encore enfant, cles Paravéens, conduits par leur
roi Orædos, auquel Antiochos, roi des Orestes, avait confié mille
hommes de cette nation. Perdiccas avait aussi envoyd, à I'insu
cles Athéniens , mille Macédoniens; mais ceux-ci arrivèrent
trop tard.
Ce fut avec cette armée que Cnémos se mit en marche, sans
attendre la flotte de Corinthe. Il traversa le pays des Àrgiens 3,
pilla Limnéa, village sans cléfense, et se porta contre Stratos,
principale ville de I'Acarnanie, dans la pensée que, s'il parye-
nait à s'en rendre maître, Ie reste clu pays se soumettrait sans
difÊculté.
LXXil. Les Acarnaniens, informés gu'une armée nombreuse
avait envahi leur territoire et que, du côté de la mer, une flotte
ennemie les mènaçait, ne réunirent point leurs forces I chacun
d'eux ne songea qu'à défentlre ses foyers. Ils firent demantler
du secours à Phormion; mais celui-ci répondit que, s'attendant
dtun jour à I'autre à voir une flotte ennemie sortir de Corinthe,
il ne pouvait pas laisser Naupacte à I'abandon.
Les Péloponésiens et leurs alliés se divisèrent en trois corps
et s'avancèrent contre Stratos, avec l'intention de camper clans
le voisinage cle cette ville et cle I'assaillir, à moins qu'elle n'en-
trât en accommodement. Ltarmée marchait sur trois colonnes
I2O GUERRE DU PÉLOPOIiÈSE.

formées, celle tlu .centre, par les Chaoniens et par les autres
barbares 1 celle de tlroite, par les Leucatliens, les Anactoriens et
leurs voisins ; celle de gauche, or) était Cnémos, par les Pélopo-
nésiens et par les Ambraciotes. Ces trois corps cheminaient à
une assez grande distance I'un de l'autre I quelquefois même
ils se perdaient de vue. Les Grecs marchaient en bon ordre,
toujours sur leurs gardes, et ne. faisant balte qu'après avoir
trouvé un campement convenable. Les Chaoniens au contraire,
pleins de confiance en eux-mêmes et renommés pour leur bra-
voure dans cette partie clu continent, n'avaient pas la patience
d'établir un camp I mais, s'avançant comme un tourbillon aYec
les autres barbares, ils s'imaginaient emporter d'emblée lavilkl
et en avoir tout I'honneur.
Les Stratiens, avertis tle leur approche, pensèrent que, s'ils
pouvaient les battre isolément, les Grecs se ralentiraient tlans
ieur attaque. Ils clressèrent donc des embuscatles autour cle la
ville; et, Iorsque les ennemis furent à portée, ils fontlirent sur
eux à la fois et ile la place et des embuscatles. Les Chaoniens
épouvantés périrent en grand nombre. Les autres barbares, les
voyant plier, lâchèrent piecl et prirent la fuite. Les Grecs des
deux corps il'armée ne s'aperçurent point cle ce combat I ils
étaient fort éloignés et présumaient que les barbares avaient pris
les ilevants pour choisir un campement. Lorsque les fuyartls
vinrent tomber au milieu d'eux, ils les recueiliirent, ne for-
mèrent qu'un seul camp, et se tinrent en repos le reste du
jour. Les Stratiens, en I'absence du renfort qu'ils attendaient,
ne les attaquèrent point en ligne; ils se contentèrent de les
harceler de loin à coups d.e fronde, ce qui les mit dans un
grancl embarras; car on ne pouvait faire un pas sans bouclier.
Les Acarnaniens excellent tlans ce genre de combat.
LXXilI. La nuit venue, Cnémos se replia rapidement sur le
Ileuve Anapos, à quatre-vingts stacles cle Stratos. Le lenclemain
il releva ses morts par composition; puis, les OEniacles I'ayant
rejoint en qualité d'amis, il se retira sur leurs terres, sans
attenclre la levée en masse cles Acarnaniens. De là chacun
regagna ses foyers. Les Stratiens érigèrent un trophée pour la
défaite des barbares.
LXXilII. Quant à la flotte des Corinthiens et de ieurs allids.
qui, du golfe cte Crisa, devait se réunir à Cnémos pour empê-
cher les Acarnaniens tle la côte cle porter secours à ceux tle l'in-
térieur, elle ne put exécuter ce projet; pentlant qu'on se battait
à Stratos, elle fut obligée tle livrer bataille à Phormion et aux
LIVRE II. LzI
vingt vaisseaux athéneins en station à Naupacte. Phormion
épiait sa sortie du golfe, avec dessein de :ltattaquer dans une
mer ouverte. Les Corinthiens et leurs alliés cinglaient vers I'A-
carnanie, peu disposés à un combat naval, encombrés de troupes
et fort éloignés rle prévoir que les vingt vaisseaux athéniens
eussent la hardiesse de se mesurer avec les leurs, tlont le nom-
bre s'élevait à quarante.sept. Ils serraient le rivage et comptaient
passer de la ville achdenne de Patres au continent d'Acarnanie.
Mais lorsqu'iis virent les Athéniens longer parallèlernent à eur
la côte opposée, puis quitter Chalcis t et I'embouchure de I'É,vé-
nos pour se porter à leur rencontre, sans que la nuit dérobât à
I'ennemi I'endroit ou ils jetaient l'ancre, force leur fut tl'accepter
la bataille au milieu même clu détroit.
Chaque ville avait ses commandants, qui firent Ieurs disposi-
tions de combat. Ceux. de Corinthe étaient Machaou, Isocratès
et Agatharchirlas. Les Péloponésiens rangèrent leurs vaisseaux
en un cercle, qu'ils étendirent le plus possible, sans toutefois
laisser passage aux ennemis, les proues en dehors, les poupes
en deilans e. Au centre ils placèrent les petits bâtiments qui les
suivaient et cinq de leurs navires les plus agiles, pour être à
portée cle secourir les points rnenacés.
LXXXW. Les vaisseaux athéniers, rangés à la file, tour-
naient autour du cercle qu'ils rétrécissaient peu à peu, en rasant
la flotte ennemie, et semblaient toujours au moment d,'attaquer.
Phormion avait tléfenclu aux siens d'engager l'action avant
qu'il ett donné Ie signal. Il prévoyait bien que la flotte ,iles
Péloponésiens ne garderait pas son ordre tle bataiile comrne
une armée de terre, mais que les vaisseaux ile guerre seraient
embauassés par les petits bâtiments; qu'enfin si le vent, qui
rl'orclinaire soufflait du golfe au lever de I'aurore, venait à s'é-
lever, la confusion se mettrait dans la flotte ennemie. Ses vais-
seaux étant plus légers, il se croyait maître de choisir le moment
de I'attaque et pensait qu'il n'y en aurait point de plus favo-
rable. Lors ilonc que la brise se fit sentir, que la flotte pélopo-
nésienne, resserrée dans un dtroit espâce, fut troublée à la fois
par le vent et par les bâtiments qui la gênaient; lorsque les
vaisseaux commencèrent à s'entre-choquer et que les équipages,
mêlant cles vociférations et iles invectives à leurs rnanæuvres,
se repoussèrent mutuellement à coups d'avirons; lorsque, sourds
aux coûrmandements et à la voix des céleustes t, ces hommes
sans expérieqce, incapables de rnanier leurs rames dans une
mer houleuse, rendirent les bâtiments rebelles aur pilotes;
122 GUERRE DU PÉtoPonÈsn.

alors Phormion tlonne le signal. Les Athdniens commencent


I'attaque et d'aborrl coulent bas un des vaisseaux commatrdants;
ensuite ils vont brisant tous ceux qu'ils peuvent atteindre; si
bien que les ennemis, sans faire rdsistance, s'enfuient en dés-
orclre à Patres et, à Dymé en Àchaïe. Les Athéniens les pour-
suivent, prennent clouze vaisseaux, et, après en avoir enlevéla
plus grande partie des équipages, font voile pour Molycrion.
Là-dessus, ils érigèrent un trophée sur le Rhion, consacrè-
rent un vaisseau à Neptune et rentrèrent à Naupacte. Le res-
tant de la flotte péloponésienne partit incontinent cle Dymé
et ile Patres pour gagner Cyllène, port des Éléèns. C'est là
qu'après la bataille ile Stratos, se rendit aussi Cnémos, venant
de Leucacle, avec les vaisseaux rlestinés à rallier ceux du
Péloponèse.
LXXXY. Les Lacérlémoniens envoyèrent à borrl de leur flotte
Timocratès, Brasidas et Lycophron, pour servir de conseil à
Cnémos, avec ordre de se mieux préparer à un nouveau combat
naval et cle ne pas se laisser fermer ia mer par un petit nombre
de navires. Comme c'était leur premier essai de bataille navale,
ils étaient surpris de leur défaite ; ils'I'attribuaient moins
à I'infériorité de leur marine qu'à une certaine mollesse,
et n'avaient garde de comparer,à lavieille expérience desAthé-
niens le temps si court cle leur apprentissage. Ce fut donc par
un mouve'ment tle dépit qu'ils déléguèrent ces commissaires.
Ceux-ci, dès leur arrivde , s'entendirent avec Cnémos pour
demander des vaisseaux aux différentes villes et pour mettre
en état ceux qu'ils avaient sous la main.
De son côté, Phormion fit parvenir à Atbènes la nouvelle tle
ces préparatifs et du succès qu'il venait cl'obtenir. Il demanclait
qu'on lui envoyât sans retard le plus de vaisseaux possible, un
nouveau combat étant immincnt. Les Athéniens lui expéclièrent
vingt vaisseaux, dont le commandant eut ordre d'aller premiè-
rement en Crète. Nicias, Crétois de Gortyne, Ieur proxène r, les
avait appelés à Cydonie, promettant cle mettre en leur pouvoir
cette ville ennemie; en même temps il voulait se rendre agréa-
ble aux Polichnites, voisins tles Cydoniens. Le commandant
de cette flotte partit tlonc pour la Crète; et, de concert avec
les Polichnites, il rayagea le territoire tles Cydoniens. Les vents
et une mer orageuse le retinrent là forb longtemps.
LXXXYI. Pendant qne les Athdniens s'attardaient en Crète,
les Péloponésiens mouillés à Cyllène faisaient leurs dispositions
pour un nouveau combat naval. Ils suivirent la côte jusqu'à
LIVRE IT. r23
Panormos en Achaïe, oir se trouvaient leurs troupes de tere,
prêtes à les seconder r. Phormion avait fait voile pour le Rhion
ile Molycrie et jeté I'ancre en dehors du détroit avec les vingt
vaisseaux qui avaient déjà combattu. Ce Rhion était clans la
dépendance des Athéniens, tandis que I'autre, situd en face,
appartient au Péloponèse 2. LTn bras de mer, Iarge de sept
stades, les sépare et forme I'entrée du golfe de Crisa. Ce fut
donc au Rhion d'Achaie, à peu cle distance de Parrormos orl était
leur armée de terre, que les Péloponésiens vinrent mouiller
avec soirante-clix vaisseaux, d,ès qu'ils eurent vu les Athéniens
en faire autant. Pendant six ou sept jours, les deux flottes res-
tèrent en présence, occupées à s'exercer et à faire leurs prépa-
ratifs de combat. Les Péloponésiens, instruits par leur échec
précédent, ne voulaient pas s'éloigner des promontoires ni's'a-
venturer en pleine mer; les Athéniens au contraire craignaient
de s'engager dans le détroit, ou ils sentaient bien que ies enne-
mis auraient I'avantage. Enfin Cnémos, Brasidas et les autres
généraux péloponésiens résolurent de ne pas attendre, pour
iivrer bataille, que la flotte athénienne eùt reçu des renforts.
Ils convoquèrent donc leurs soldats ; et, les voyant pour la piu-
part effrayés et découragés de leur récente défaite, iis leur
adressèrent I'exhortation suivante :
LXXXVII. < Péioponésiens, si i'issue clu dernier combat in-
spire à queiques-uns de vous des craintes pour ce)ui qui se pré-
pare, ces appréhensions sont cirimérigues. Vous le savez : nos
dispositions étaieut défectueuses et plutôt prises en vue d''une
expedition sur terre que ,ù'un conrbat sur mer. Joignez à cela
un concours de circonstances fortuites et défavorabies, sans
parler cles fautes que I'inexpérience a pu nous faire commettre
dans un premier engagement. Ce n'est donc pas au manque de
cæur qu'on doit imputer notre défaite; et il ne faudrait pas
qu'un ioorage qui n'a pas été terrassé, mais qui porte en lui-
ùême sa justification, se laissât éllranler par un résultat acci-
dentel. Songez que tout homme peut être trahi par Ia fortune,
mais que lei braves restent toujours les mêmes et que i'inexpd-
rience n'excuse pas la lâcheté.
c Quant à vous, votre inhabiieté esl amplement rachetée par
votre valeur; nos ennemis, grâce à cette science qrii vous
effraye, si elle s'alliait au coulage, pourraient, au moment de
I'action, se rappeler eb exécuter ce qu'ils ont appris ; rnais, sans
couragé, il nf a pas ile savoir qui tienne devant le danger : la
peur irouble la mémoire et met la science en défaut' A leur
124 GUERRE DU PÉIOPONÈSE

habileté opposez donc votre bravoure, et à la crainte provenant


tl'une première défaite, la pensée qu'alors vous étiez pris au
dépourvu. Aujourd'hui nous avons I'avantage clu nombre et nous
combattons à portée de nos hoplites, près d'une terre qui nous
appartient. Or, la victoire accompagne d'ortlinaire le parti le
plus nombreux et le mieux préparé.
a Ainsi, de quelque côté que nous tournions nos regards,
nous ne trouvons aucun motif raisonnable de crainte. II n'est
pas jusqu'à nos fautes passées qui ne nous servent tle leçon
pour I'avenir. Soyez donc pleins de conflance: que chacun.
pilote ou matelot, fasse son devoir tlans Ie combat, que nul ne
quitte son poste. Notre plan d'attaque ne le cédera point à celui
de vos anciens généraux. Nous ne donnerons à personne le pré-
tet'te de se montrer lâche. Si toutefois quelqu'un en prend fan-
taisie, il subira un juste châtiment. Les braves au contraire
recevront les rdcompenses de la valeur. r
LXXXilII. Telles furent les exhortations adressées par les
généraux péloponésiens à leurs soldats. Phormion ne redoutait
guère moins le découragement des siens, qui entre eux par-
laient avec effroi du grand nombre des vaisseaux énnemis. Ii
résolut donc de les réunir, afin de ranimer leur ardeur. Long-
temps à I'avance il avait préparé leurs esprits, leur répétant
gu'il n'y avait pas de flotte, si nombreuse fùù-elle, dont ils
ne dussent soutenir I'efiot't ; aussi les soidats s'étaient-ils faits à
l'iclée de ne jamais reculer, quelle que fùt la multitude tles vais-
seaux péloponésiens. Cependant, comme ii les voyait abattus,
il voulut relever leur courage; et, après les avoir rassemblds.
il ieur dit :
LXXXIX. a Soldats, le nombre tle vos ennemis, je le vois,
vous inspire de I'inquiétude ; aussi vorrs ai-je convoqués poul
dissiper une crainte mal fondée.
< D'abord., c'est à cause tle leur première défaite et dans
ie sentiment de leur infériorité, qu'ils ont réuni ce grand
nombre de navires, au lieu. de se mesurer contre nous ir force s
égales. Ensuite, ce qui leur inspire cette confiance aud.acieuse,
c'est uniquement leur habitude des combats sur teme ; comme
ils y sont ordinairement vainqueurs, ils se figurent que sur mer
il en sera de même. Mais ici c'est à nous qu'appartient I'avan-
tage, s'il est I'rai que sur terre it leur soit acquis. Nous ne leur
cddons point en brayoure, et I'auclace est toujours en proportion
de I'expérience.
,r Les Lacédémoniens, qui n'ont en vue que leur propre gloire,
LrvRE rr. 125

mènent au combat leurs alliés pour la plupart malgré eux. Âu-


trement ils ne revientlraient pas d'eux-mêmes à lacharge après
une si rutle tléfaite. Ne redoutez point leur valeur. C'est vous qui
leur inspirez one terreur bien plus forte et plus motivée, soit à
cause de votre première victoire, soit par la pensée que Yous
n'accepteriez pas la bataille si vous ne comptiez pas la gagner.
A la guerre, on cherche communément à s'assurer l'avantage
ilu nombre plutôt que de la valeur.Il n'y aque lesbravesqui,
malgré leur infériorité numdrique, résistent sans y être forcés.
Cette remarqde n'échappe point à nos adversaires. Ils sont
plus effrayés de notre attitude imprévue qu'ils rre le seraient
d'un armement moins clisproportionné.
c Que tle fois n'a-t-on pas vu tles armées plier ilevant des
forces comparativement moindres, par défaut tle tactique ou
de valeur ! A ce double égard, nous sommes sans inquiétude.
a A moins d'absolue nécessité, je n'engagerai pas Ie com-
bat dans le golfe; je me gartlerai même d'y entrer. A des vais-
seaux peu nombreux, mais exercés et agiles, ayant affaire à
une flotte considérabie et peu nabile à Ia manæuYre, une mer
rétrécie n'est pas ce qui convient. Faute d'espace et cle pers-
pective, on ne peut ni heurter de I'avant, ni reculer à propos
si I'on est serré cle trop près, ni faire des trouées ou virer de
boril, évolutions qui supposent des vaisseaux fins marcheurs.
Le combat naval se transforme alors en une lutte de pied ferme;
et, tlans ce cas, I'avantage est au plus grantl nombre.
< C'est mon aflaire à moi d'y pourvoir autant que possible.
Quant à vous, demeurez en bon ordre, chacun à son bord.
Soyez prompts à saisir les commandements; cela est cl'autant
plus nécessaire que l'ennemi est plus rapproché. Observez tlans
I'action la tliscipline et ie sile nce ; rien n'est plus essentiel clans
les batailles, surtout navales. Enfin montrez-Yous dignesde vos
précétlents exploits. Le moment est décisif : il s'agit ou ile
ravir aux Péloponésiehs toute espérance maritime ou de faire
craindre aux Athéniens la perte prochaine de leur empire sur
la mer.
c Encore un coup, je vous rappelle gue Yous avez tléjà battu
la plupart de ceux que vous allez combattre I or des vaincus
n'alfrontent pas tleux fois cle suite avec une arileur égale les
mêmes dangers. r
XC. C'est ainsi gue Phormion exhorta ses soldats. Les Pélo-
ponésiens, voyaut que les Athéniens évitaient de^ s'engager
clans le golfe et dans une mer étroite, résolurent ile les y at-
126 GUERRE DU PÉLoPonÈsr.

tirer malgré eux. Ils appareillèr'ent donc au lever de I'aurore


et cingièrent vers I'intérieur du golfe, dans Ia direction tle leur
propre territoire. Les vaisseaux étaient rangés sur quatre de
front, I'aile droite en tête, clans leur ortlre ile mouillage. A
cette aile ils avaient placé leurs vingt bâtiments les plus les-
tes, afin que, si Phormion, dans ltiCée quton allait attaquer
Naupacte, se portait au secours clo cette place menacée, Ies
Àthéniens ne pussent leur échapper en débordant leur aile,
mais qu'ils fussent enveloppés par ces vingt vaisseaux. Ce
qu'ils avaient prévu arriva. Phormion, craignant pour Ia place
qui était déserte, ne les eut pas plus tôt aperçus en mer, qu'il
se hâta cl'embarquer son monde et suivit à regret le rivage,
le long duquel marchait comme auxiliaire I'infanterie des I\{es-
séniens.
Quand les Pdloponésiens voient les ennemis, rangés à la file
sur un seul vaisseau, serrant la côte et déjà engagés dans le
golfe, près de la terre, comme ils le désiraient, soudain, à un
signal donné, ils font une conversion à gauche et se clirigent
de toute leur vitesse contre Ja ligne ales AthéDiens. Ils comp-
taient I'envelopper tout entière; mais les onze vaisseaux de la
tête échappent à cette évolution. Les Péloponésiens atteignent
les autres, les acculent àla côte, Ies brisent et massacrent ceux
iles matelots qui ne se sauyent pas à la nage. Déjà ils remor-
quaient un certain nombre de vaisseaux vides, un même avec
son équipage, lorsque les Messéniens, accourus le Iong clu
bold, entrent tout armés dans la mer, montent sur quelques-
uns de ces navires trainés à la remorque, et, combattant du
haut tles ponts, obligent les ennemis à lâcher prise.
XCI. Sur ce point, Ies PéIoponésiens étaient tlonc victorieux
et avaient mis hors tle combat Ia clivision ennemie. En même
temps leurs vingt vaisseaur de I'aile droite poursuivaient les
onze vaisseaux athéniens qui avaient échappd à leur mouve-
ment de conversion. Ceux-ci Ies devancent et, à I'exception
d'un seul, parviennent à gagner.Naupacte. Ils abortlent près
du temple d'Apollon, tournent leurs proues en ilehors et s'ap-
prêtent à se ddfendre, dans le cas où les ennemis viendraient
les chercher près. de terre. Les Péloponésiens arrivèrent plus
tartl; ils voguaient en chantant Ie péan, comme déjà vainqueurs.
Le vaisseau athénien rcsté en arrière était poursuivi par un
vaisseau de Leucaile, fort en avarrt des autres. A quelque clis-
tance rlu rivage, se trouvaib à I'ancre un bâtiment marchand.
Le vaisseau athénien en faitrapidement le tour, heurte deflanc
LIVRIi II. 127

le vaisseau leucadien et le coule à fonit. Ce spectacle inattendu


frappe de surprise et d'effroi les Péloponésiens, qui s'avan-
çaient en désordre et comme strs de ia victoire. Aussitôt
quelques-uns abaissent leurs rames et font halte pour attendre
le gros cle la flotte; manæuvre périlleuse en face d'un ennemi
'si rapproché ; d'autres , ne connaissant pas ces palages,
échouent. sur des bas-fonds.
XC[. Â cet aspect, les Àthdniens reprennent qaurage; ils
s'exhortent unanimement, et poussant un cri, ils fondent sur
leurs adversaires. Ceux-ci, déconcertés par les fautes qu'ils
avaient commises et par Ie désordre or} ils se trouvaient, ne
font qu'une courte résistance et bientôt s'enfuient vers Panor-
mos, d'ou ils étaient partis. Les Athéniens les poursuivent,
s'emparent des six vaisseaux les plus voisins, ressaisissent
les leurs que les Péloponésiens avaient endommagés près de la
côte et qu'ils traînaient à la remorque ; ils tuent les hommes
ou les font prisonniers. Sur le vaisseau leucadien coulé près
clu bâtimenb marchand, se trouvait Ie Lacéddmonien Timo-
cratès. Au moment ou le navire sombrait, il s'égorgea lui-
même; son corps fut porté par les vagues dans le poit de
Narrpacte.
, Les Athéniens, revenus de la poursuite, érigèrent un tro-
phée à ltendroit d'ou avait eu lieu leur retour offensif. Ils
recueillirerrt les morts et les débris jetés sur la rive et rendi-
rent par composition ceux de I'ennemi. Les Péloponésiens
dressèrent aussi un trophée pour avoir mis en fuite les Athé-
uiens et désemparé leurs vaisseaux près du rivage. IIs consa-
crèrent sur le Rhion d'Achaïe, devant leur trophée, le bâtiment
qu'ils avaient pris; ensuite, craignant I'arrivée d'un renfort
d'Athènes, ils rentrèrent tous pendant la nuit dans le golfe de
Crisa et à Corinthe, excepté les Leucadiens. Les vingt vais-
seaur athéniens, qui venaient de Crète et qui auraient clt re-
. jointlre Phormion avant le combat, arrivèrent à Naupacte peu
de temps après la retraite des ennemis. Là-dessus l'été se
termina.
XCil. Avant ile licencier I'armée uavale qui s'était retirée à
Corinthe et dans le golfe de Crisa, Cnémos, Brasidas et les autres
généraux péIoponésiens voulurent, à I'instigation des Méga-
riens et au commencement de l'hiver, faire une tentative sur le
Pirée, port d.'Athènes. Il nétait ni gardé ni fermé; ce qui n'est
pas surprenant, vu la grande supériorité de la marine athd-
nienne. Il tut résolu que chaque matelot prendrait sa rame,
128 GUERRE ou PÉloPoNÈsu.

son coussinet, sa courroier, et se rendrait à pied de Corinthe


à le mer qui est du côté cl'Athènes; qu'après avoir prompte-
ment gagne Mégare, on tirerait de Niséa, chantier cle cette
ville, quaiante vaisseaux qui s'y trouvaient,.et qu'on cinglerait
rmmécllatement contre ll
le Pirée. n'y avait tlens ce port au-
cune escadre rle garde, et I'on était loin ile s'attenclre àrrn coup
cie main si hardi. Les Athéniens n'appréhendaient.guère une
agressionouverte etpréméditée. ou, le cas échéant, ils croyaient
qu'ils ne pouvaient manquer tle la prévoir.
Leur plan arrêté, )es Péloponésiens se mirent aussitôt en
marche. Arrivés tle nuit à Niséa, ils tirèrent les vaisseaux à
la mer. Toutefois, intimidés par le clanger et contrariés, dit-
on? par le vent, ils cinglèrent, n0n plus contre le Pirée' selon
leur-première intention, mais vers le promontoire ile salamine
qui fiit face à Mégare; il y avait là un fort avec une station
tl-e trois vaissea':x âthéniens, qui tenaient cette ville bloquée.
Ils assaillirentle fort, emmenèrent les trirèmes vicles, et, grâce
à leur incursion soudaine, ravagèrent le reste de l'11e.
XCIV. Cependant les signaux d'alarme étaient élevés portr
r.
annoncer à Àthènes I'approche de I'ennemi Dans tout le cours
cle cette guerre, il n'y eut pas tle pius chaude alerte. Ceux cle
la ville croyaient que les ennemis étaient maitres du Pirée;
ceux du Piiée, que Salamine était prise et que d'un, instant
à I'autre ils allaiént être attaqués. Avec un peu plus de réso-
lution, c'eùt été chose facile, et le vent n'aurait pas été un
obstacle.
Au point du jour, les Athéniens se portèrent en _masse au
Pirée, mirent tles vaisseaux à flot, y montèrent à la hâte et en
grand tumulte; puis cinglèrent vers Salaminer laissant la garcle
du Pirée aux gens de pied. Les Péloponésiens, avertis de leur
approche, se iembarquèrent précipitamment pour Niséa, non
sâns avoir couru la plus grancle partie cle Salamine et enlevd
cles hommes, du butin et les trois vaisseaux du fort tle Bou-
doron. II est juste de d.ire qu'ils n'étaient pas sans inquiétutle
au sujet de leurs bâtiments, qui, n'ayant pas été clepuis long-
temps à ia mer, faisaient eau de toutes parts. De- retour à
Mégare, ils reprirent à pietl Ie chemin de Corinthe. Les Athé-
niens, ne les trouvarrt plus clans les eaux de Salamine' se
retiràrent également. Dès lors ils firent meilleure garde au
pirée, te tirnent fermé et prirent toutes les précautions dési-
rables.
XCV. Au commencement tle ce même hiver, Sitalcès, fils de
LIVRE II. I29
Térès et ror des'.lhraces Odryses, fit une expérlition contre
Perdiccas ûls d'Àlexandre, roi de Macéiloioe, et contre les
Qhalcidéens du iittoral de la Thrace. Il avait pour motif tleux
promesses, dont il voulait acquitter I'une et faire tenir I'autre.
Perdiccas, désirant que ce prince Ie réconciliât avec les Athd-
niens, qui dans I'origine lui faisaient une guerre désastreuse,
et qu'il n'appuyât pas les prétentions de Pbilippe, son frère et
son compétiteur au trône de Macédoine, avait pris envers
Sitalcès des engagements qu'il n'exécutail pas. D'autre part,
Sitalcès, en contractant alliance avec les Athéniens, Ieur avait
promis de pacifier la Chalciilique. Sitalcès menait avec lui le
lils de Philippe, Amyntas, qu'il voulait faire roi de Macétloine.
Il était accompagné ti'une députation athénienne, conduite par
Hagnon, et venue auprès de lui avec cette mission spéciale.
Les Athéniens devaient coopérer à cette expédition avec une
flotte et autant tle troupes que possible.
XCVI. Parti de chez les Otlryses, Sitalcès appela d'abord
aux armes ses sujets de Thrace, qui habitent en tleçà des monts
Hémus et Rhodope r, jusqu'au Pont-Euxin et à l'Eellespont;
ensuite les Gètes d,'au delà cle I'IIémus, ainsi que toutes les
nations ûxées en deçà ilu fleuve Ister, dans le voisinage du
Pont-Euxin. Les Gètes et autres peuples de ces contrées con-
finent aux Scythes et font usage des mêmes arlnes que cette
nation; ils sorrt tous archers à cheval. Sitalcès appela aussi
de leurs montagnes un granclnombre de Thraces indépendants
et armés d'épées, connus sous le nom de Diens, la plupart
habitant le Rhoilope I les uns étaient stipenrliés, les alrtres
marchaient oomme volontaires. II se recruta pareillement oher
les Agriens. les Lééens et les autres peuplades péoniennes qui
lui étaient soumises. C'étaient les tlerniers peuples de son em-
pire, lequel s'étenrlait jusqu'aux Grééens de Péonie et au
Strymon. Ce fleuve prend sa source tlans le mont Scombros.
traverse le pays tles Grééens, celui cles Lééens, et forme la limite
de I'empire de Orlryses; au clelà sont les Péoniens indépen-
dants. Du côté des Triballiens, également inclépendants, les
tlerniers peuples sujets des Odryses étaient les Trères et les
Tilatéens. Ceux-ci habitent au nord. du mont Scombros et s'é-
tendent à I'occitient jusqu'au fleuve Oskios, Iequel sort de Ia
même montagne que Ie Nestos et I'Hèbrc. Cette montagne,
graude et tléserte, est un anneau de la chalne du Rhodope.
XCVII. Du côtd tle Ia mer, I'empire des Odryses s'étend
cl'Abdère à I'embouchure de l'lster dans le Pont-Euxin. C'est,
I3O GTIERRE DU PÉLOPONÈSE.

DOUr un vaissrau rondt. un trajet cle quatre jours et de quatre


^nuits, en ligne directe et vent clebout. Par terre, en suivant
i. .nJ*i" tellus court, d'Abilère à I'lster, il y a onze iournées '
de route pour un bon marcheur. Telle est I'étendue du lir
i*ul. nn àttant de la côte vers l'intérieur des terres, dans la
Lééens
or"î gro"ae largéur, c'est-à-6ire de Byzance iusqu'aux
ii-uu"Sir'mon, il y a treize journées de route pour un bon
marcheur.
Le tribut levé annuellement sur les pêuples barbares et sur
r.'oiu,'grecques''autauxor)ilfutportéparSelthès,suc-
rÀ""ot dJSitaicès, ie montait à quatre cents talents cl'argent (o),
p"y$f.t en numéraire- A quoi il. faut ajouter les- présents'uneen
à.ït ,o argent, qu'on étaif obligg d'offrir et qui formaient
;;;*. éq"ïvalenie ; sans co.mpter les étoffes brotlées ou lisses
au roi' mais
cadeaux qolii futtuit iaire, non-seulement
et autres
;;;; aux grands et aux nobles rtu pays. chez les.o6ryses,
,ororo. chez-ie reste des Thraces, iI règne.une coutume op-
c'est de recevoir p-lutôtque de
;;;6t..U. a.r rois tle Perse: il'es-
àorrrr.r. Il est plus honteux de refuser une demantle que
;;;; refus. Les odryses ont encore exagéré cet usage, à
,.i'*" ""
à, t.ot puissance ; chez eux on ne vient à bout de rien
richesses im-
sans prdsents;.iussi leurs rois ont-ils acquis des
or.nràr. De torites les nations européennes comprises entre le
noti" lo"i.n et le Pont-Euxin, il n'y en a point dort les revenus
;;;;;pd"";e soient plus considérables. Pour la force militaire
et teiomlre des combattants, les Odryses le.cèdent beaucoup
S.Vtnes. Il n'est aucun, peuple, je ne dis pas en
Xurope"
""-
Ài. oi Asie, qui soit capable de se mesurer, àlui seul, contre
pour I'intelligence.des affaires, les
i".-s.yttt.r reunis. Mais
Scythes sontloin il'avoir la même supériorité'. , ,- ^- ,.
i.cvttt. possesseur d'un si vaste empire, srtalcès se dlsposa
donc à la guerre ; et, ses préparatifs terminés' iI se
mit en
*ur.fr, fo,i, fu Mâcédoine. iI iraversa d'aborô les pays de sa
J"*it"tii", puis la Cercine, montagne inhabitée' qui..sépare
les sintes de, péoniens. Il la passa par une route qu'il avait
précédemmentouverteenabattantclesforêts,lorsdeSa.SueTre
du pays
âe péonie. E1 franchissant cette montagne, au so-rtir
Sintes
à;r-Oà.y;.s, iI avait à ilroite les Péo'iens, à gauche.les
,i fr. lieaiens. It parvint ensuite à Dobéros, ville de Péonie.
ir;;; ..ùu *u*,he, son armée n'iprouva aucune perte' si ce
(c) Deux millions cent soirante mille francs'
LIYRE II' 131

n'est par les nraladies ; elle se grossit plutôt par I'aLdjonction


spontanée d'une, foule de Thraces indépenclants, par
-all99h-es
lô pilage. Aussi dit-on qu'elle prdsentait un effectif de cent
ciniluan"te mille combattanls, ia pluparr à pied, unùon tiers à
cheval. C'étaient les Odryses , èt après eux les Gètes , qui
avaient fourni le plus de cavaliers. Parmi ies fantassins, les
plus aguerris étaiènt les montagnards indépendants, armés
à'épérr" et descendus du Rhodope. Le reste consistait en une
maise confuse, redoutable surtout par le r:ombre'
XC1a. Rassômblds à Dobéros, ces différr:nts corps se clispo-
sèrent à envahir par les montagnes la basse Macédoine'l ou
régnait Perdiccas. A la Macédoiue appartiennent aussi les Lyn-
.uitr*, les Élimiotes, ainsi que pluiieurs peuplades. de I'inté-
rieur, alliées et sujettes des Macédoniens, mais qui ont leurs
rois particuliers, Quant au pays situé le long tle tg *91 et ap-
pelé'matntenant Macédoine, Ia conquête en fut-faite par
ilexandrn, père de Perdiccas, et par ses ancêtres les Témé-
nides', uiiginaires d'Argos. Ils y établirent leur domination
par ia âetuiir des pières, qu'ils expulsèrent tle la Piérie. Ceux-
ôi ailèrent habiter Pbagrèi et quelques autres places au pied
ilu monb Pangée, de llautre côté du Strymon' De-nos iours
encore, le pafs iitoé ao pied du Pangée, le. Io'g de la mer,
s'appelie goifà fietique. lis chassèrent aussi de la Bottie les
noitiéensl qoi habltent actùellement dans le voisinage des
chaicideens. tls conquirent sur les Péoniens une langue tle
te*e, le loug du flùve Axios, tlepuis les montagnes jusqu'à
-mer.
Pella et à Ia L'expulsion des Édoniens leur valut le pays
qu'on appeile Mygdonie
-De et qui s'étend au tlelà de I'Axios jus-
{u'au Sirymon. I'Éor6ie-ils expulsèrent pareiliement les
Éordiens i cette nation fut exterminée, le peg- qul échappa s'é-
tablit aui environs de Physca. De l'Almopie ils chassèrent les
Almopes. Ènfin ces MaCédoniens subjuguèrent tous les au-
tres peuples qui leur obéissent présentement, savoir anthé-
montô, Iï çrôstonie, la Bisaltie et une grande partie tle la
Macddbine proprement dite. L'ensemble de ces pa-J:s porte le
nom ile tUaôeaôine et avait pour roi Percliccas frls d'Alexanclre,
lors tle I'invasion de Sitalcès.
c. a I'approche d,une armée si formirlab'le, Ies Macétloniens,
désespéranfcle pouvoir tenir tête en rase campaqne, si retirèrerrt
dans ies lieux de difficile accès et tlans toutes les places fortes
du pays. Ces plares étaient rares ; ce {ut plus tard seulement
qo'Â.ihélacs fils tle percliccas, paryenu à la t'yauté, fit con-
,r
132 GUERRE DU PET.OPONESE.

struire les forteresses aujouril'hui existantes, perça des routes


droites et perfectionna toutes les branches tlu service public,
en particulier ce qui tient à I'organisation militaire. II amassa
plus de chevaux, d'armes et cle munitions ile toute espèce que
n'avaient fait, à eux tous, les huit rois ses prédécesseursr.
De Dobér;s, les Thraces entrèrent d'abord tlans I'ancien
royaume de Philippe et prirent Iclonrène de vive force. Gorty-
nie, Atalante et quelques autres places firent ieur soumission
par attachement au fils de Philippe , Amyntrs , qui se trouvait
présent. Ils assiégèrent inutilement Europos I ensuite ils péné-
trèrent dans le reste de la Macédoine, à gauche de Pella et de
Cyrrhos. Ils ne poussèrent pas jusqu'à Ia Bottiée etàlaPiérie;
mais lls saccagèrent la Mygdonie, la Grestonie et Anthémonte.
Les Macé<Loniens ne songèrent pas même à se défendre avec
leur infanterie I mais ils firent venir de la cavalerie cle chez
leurs alliés ile I'intérieur; et, malgré leut infériorité numé-
rique, ils attaquaient l.'s Thraces toutes les fois que ceux-ci
donnaient prise. Rien ne résistait au choc de ces cavaliers
habilçs et cuirassés; mais, enveloppés par des rnasses profondes.
ils couraient parfois tle grands dangers. Aussi finirent-ils par
rentrer dans i'inaction, ne se croyant pas en état cle lutter
contre des forces si d,isproportiounées.
CI. Alors Sitalcès entama tles pourparlers avec Periliccas
relativement aux motifs de son expéditioni tt, comme les Athé-
niens, comptant peu sur sa venue, ne paraissaient pas avec
Ieurs vaisseaux, mais s'étaient contentés de lui envoyer des
présents et tles ambassacleurs, il détacha une partie de sa troupe
contfe les Chalcitléens et les Bottiéens,les renferma dans leurs
murailles et ravagea leur pays. Penilant qu'ii y campait, Ies
peuples situés au mitli, tels que les Thessaliens, les Magnètes
et leurs autres sujets, enfin tout le reste des Grecs jusqu'aux
Thermopyles, craignirent que cette armée ne se dirigeât contre
eux et se mirent sur la.défensive. L'alarme se répandit pareil-
Iement au rlelà du Strymon, cbez ceux des Thraces septentrio-
naux qui habitent les plaines, c'est-à-dire cbez les Panéens,
les Odomantes, les Droens et les Derséens, tous peuples indé-
pendants. Même en Grèce, les ennemis d'Athènes appréhen-
dèrent que Sitalcèsn'ett été appelé par elle, à titre d'allié, pour
les combattre. Quant à lui, il suspendit sa marche pour dévaster
sirnultanément Ia Chalcidique, Ia Bottique et, la lllacédoine.
Mais, comme il n'atteignait aucun iles buts de son expéilition,
et que son armée, mal approvisionnée, avait beaucoup à souf-
LIVRE II. r33
frir de I'hiver, il se laissa persuader par son neyeu seuthès
fils tle-Spardacos, I'homme le plus puissant après lui, d'opérer
immédiatement sa retraite. seuthèi avait étd gagné en secret
par Perdiccas, qui lui avait promls de lui donner sa sceur en
mariage avec de grancles richesses. sitalcès crut son neyeu;
!1, ?p-t_èr une campagne de trente jours, dont huit passds en
Chalciclique, il ramena promptement son armde dans ses
foyers. Plus tard, Perdiccas tint parole à Seuthès en lui don-
nant sa sæur Stratonice. Telle fut I'expéd.ition de Sitatcès.
CIl. Ce même hjver, après le iicenciement de la flotte péIo-
ponésiennc, les Athéniens qui étaient à Naupacte mirent en
mer sous le command.ement de phormion. Ils rangèrent la côte
jusqu'à Astacos, prirent te.rre en cet endroit et plndtrèrent en
Acarnanie, avec guatre cents hoplites tirés de leur flotte et
quatre cents Messéniens. Ils chassèrent de strabos, cle coronta
et d.'autres p.lacoa les hommes d'une lidélité douteuse I et, après
avoir rétabli dans coronta cynès fils cle Théolytos, ils rega-
gnèrent leur bord. S'ils nratlaquèrent pas les-OEniades,les
seuls Acarnaniens qui leur fussent toujouis hostiles, c'est qu'ils
ne uurent pas possible de le faire pendant I'hiver. En effit te
fleuve_Achélotis, gui a sa source dans le pinde, après avoir tra-
versé.le pays des Dolopes, des Agréens et des Amphilochiens,
arrosé_la plaine cl'acarnanie et baignd les murs dé.stratos, se
jette dans la mer non loin de la vilte des oEniades et forme
autour d'elle des lagunes, qui en rendent les approches impra-
ticables en hiver. La plunarl des îles Échinadei sont situées en
face d'OEniacles, à I'embouchure rle l'Achéloùs, et constamment
ensablées pT c9 grand fleuve. Aussi quelques-unes d'entre
elle.s sont-elles déjà réunies au contineni, et-l,on peut prévoir
qu'il en sera de même pour toutes dans un avenir p-eu élôigné t.
Le courant du fleuve est rapide, abonrlant et bôurbeui; les
îles, par leur rapprochement, forment une harre qui arrêie la
vase. comme elles s'entre-croisent et ne sont pas alignées, eiles
gênent l'écoulement direct du fleuve à la mer. Àu Ëurplus ces
lles sont inhabitées et peu considérables.
Ol rapporte qu'Alcméon fils d'Àmphiaraos, Iorsqu'il errait
après le meurtre cle sa mère, reçut rl'apollon uo oruïI" qui lui
oonseillait d'habiter en cet endroit, lui âonnant à entendrl qu'il
ne serait pas ilélivré cle ses frayeurs avant d'avoir trouvd à
s'établir dans une contrde que le soleil n'éclairât pas encore et
qui n'eristât pas lorsqu'il avait commis son forfait et souillé le
reste de la terre. Alcméon, à ce qu'on assure) fut longtemps à
Tsucyopr.
ouERRE uu tÉloronùsr'
13[
comprendre le sens de cet oracle' Fnfin
il remarqua-ces allu-
que, depuis le remps où iI avait
;ir"Ë'l;-it.tei.uJ.i-p.o*, terre devait avoir pris assez de
;;**;- ron purri.ide, cette dlhabitation. Il se fixa dons aux en-
;;;ffid pôur lui seivir un royaume e[ donua à toute ]a con'
virons d'OEoiades, s'y créa
trée Ie nom de *oo,frt' Àcarnan. Telie est la trailition répanclue

- sujet-d'À1Té91'
au lAcarnanie
nnrntic ôe I'Acarnar
Les Athéniens et Pbormion, partis de
et
Cfi. au commencemeut
arrivés à Naupacte, retournèrent à Athènes
tboduis aient, i n dépendamme nt iles vaisseaux
J" ïtf"tttpt.' rf t.
qu'ils avaient ptrt,1àut ,es ôombattants de condition libre'
i-i""nir*oi.it-auo* les batailles navales. Ceux-ci ftrrent
échangés homme Pour homme'
qot la troisième année
Là-dessus ,. tutrnTou tti niott, ain'*i
racontée'
a.lu Àoutre que Thucydide a

------+
IIVRE III.
Quatrième onnde de l,a guerre. Troisième invasion de I'Atttque par
les Péloponésiens, ch. r. excepté Méthymne, se révolte
confte Iôs Àthéniens, ch.
- Lesbos,Expéditions maritimes des Athé-
-
'-vr.(Eniades et Leucade, ch. vtr. Les
niens contre le Péloponèse, -
Péloponésiens reçoivent les Lesbiens dans leur alliancel discours
des députés de Lesbos, ch. vlI-xv. d'une flotte athénienne
-Envoi
contre le Péloponèse,' ch. xvl. - Forces maritimes déployées par
Ies Àthénient, ih. xvir.
- Les Atiréniens commencent Ie
siége de
Mytilène, clt. xvrtt. Dans 1'hiver, Ies Àthéniens s'imposent une
-
prêmiQre contribution de guerre et envoient Lysiclès lever le tribut
ôhez les aliiés, ch. xrx. d'une partie des Platéens assié-
gés, ch.'rx-xxrv. - Évasion
Envoi du Lacédémonien Saléthos à Mytilène,
ôh.'*xv.
-
Cinquième année d'e la guerre. Quatrième invasion de
l'Àttique -par les Pélcponésiens, ch. xxvr. - Reddition de Mytilèr.e,
ch. xivu-xxvl[. pèloponésienne fait une apparition en
- Une flotte
Ionie, ch. xxtx-xxxtr. Pachès lui donne la chasse, ch. xxxlu-xlxlv.
-
envoie à Athènes mille Mytiléniens prisonniers, ch. xxxv. -
- II Athéniens
Les condamnent à mort tous les Mytiléniens; nouvelie
assemblée à ce sujet, ch. xxxvr.- Disoours de Oléon, ch. xxxvtr-xl.
de Diodotos, ch. xLr-xLvlII._. Les ethéniens se conten-
-tentDiscours
de punir les coupables et de confisquer les terres de-Lesbos,
ch. xr,rx-1. - Nicias s'empare de Minoa, ch. r,l. - Reddition de
Platée, ch. lri. Platéens, ch- LlIl-Lrx. - Réplique
- DiscourÀ desLes
des th'ébains, ch. Lx-LxYtI. Platéens sont mis à mort et leur
ville rasée. ch. lxvtu.
-
Sédition de Corcyre, ch. lxrr-lrxxr. -
- de la Grèce, ch. txxxtt-Lxxxv. Envoi
Digression sur les troubles
d'une flotte athénienne en Sicile, ch. Lxxxvl.
- Iecru-
llhiver,
. descence de la peste à Athènes, ch. t.xxxvrr.
-Dans
Expéditions des Àthé-
-
niens en $icile et des Rhégiens contre les îles d'Êole, ch. txxxvIIr.
de terre et inonda-
- Stûème année d'e Ia guerre. Tremblements
tions sur divers points de la Grèce, ch. Lxxxrx. - Les Àthéniens
s'emparent de Messine, ch. xc. - Expédition maritime contre Ie
Péloponèse et contre }Iélos, ch. xcr. d'Héraclée-Tra-
- Fondation
chinienne, ch. xctr-xcItr. - Expédition malheureuse de Démosthène
en Étolie, ch. xcrv-xcvrtr. Expédition ùes Athéniens contre Locres,
oh. xcrx. -
infructueuse des Lacétlémoniens et des Éto-
-'lentative
liens contre Naupacte, ch. c-crr. - Dans i'hiver. combats en Sicile.
136 GUERR'E DU PÉLoPoNÈsE.

ch. crrr. - Purification de Délos, !h. ctv. - Guerre des Acarna-


niens et des Ambraciotes, ch. cv-cxr'v. Affaires de sicile, ch. cxv.
Éruption de I'Etna, ch. cxvr.
-
-
I. L'été suivant(o), à Ïépoque de Ia maturité d'es blés, les
Péloponésiens et leurs alliés, sous la concluite tl'Archiilsmos'
fils dï Zeuxidamos et roi des Lacédémoniens, firentuneexpédi-
tion en Attique. Ils y campèrent ct rariagèrent le pays' La cava'
Ierie athéniônne saiiissai{, comme d'ordinaire, toutes les occa-
sions il,attaquer les ennemis. EIle empêchait leurs tro_upes
légères de s'écarter du camp et d'infester les enYirons ile la
vil-le. Les Péloponésiens restèrent en Attique aussi longtemps
qu'ils eurent dés vivres; ensuite ils repartirent, et chacun re-
gagna ses foyers.
" iI. I,'in"urion 6es Pdloponésiens étaît à peine' terminée ,
lorsque Lesbos, à I'exception de Méthymte, se.souleva contre
les Àthéniens t. Ce proiet, déjà conçu avant la guerre, mais
repoussé alors par les Lacédémoniens, ilut se réaliser plus tôt
qoi 6r Lesbîëni n'auraient voulu. Leur intention, étdit, avant
tiut, cl'obsl,ruer I'entrée de leurs ports, d'élever tles murailles,
cle cônstruire des vaisseaux, enfin d'attendre I'arrivde tle tout ce
qui clevait leur venir ilu Pont-Euxin,-savoir_ cles_archers, des
vivr*r et d'autres objets qu'ils avaient demantlés. Mais I'entre-
prise fut ilénoncée par les Ténéiliens, leurs ennemis, par les
ivtéthymniens et même par quelques citoyeo! d9 Mytilène.
hommes d.e parti et proxènes des Athéniens. Ils firent savoir
à Athènes qû'on forçâit tous les habitants cle Lesbos à se con-
centrer dani tVtytitène, qu'on activait Ia défection, de conceri
avec les Lacédémoniens et les Béotiens, unis aux Lesbiens par
I'ideritité de race t ; enûn que, si I'on n'y mettait ordre, Lesbos
serait perdue sans retour.
III. Les Athéniens, écrasés par la pestq et par la guerre, qui,
naissante encore, était déjà dans toute sa force, regardaient
comme une a{Taire grave d'avoir de p}us sur les bras Lesbos,
qui possédait une mirine et une puissance encore intacte' D'a-
Ëora itr refusèrent d'ajouter foi à ces accusations, par Ia seule
raison qu'ils eussent voulu les trouver fausses. Mais une am-
bassade quits envoyèrent aux Mytiléniens n'ayant pas_obtenu
4u'ils cessassent leurs prdparatifs et la concentration des Les-
6iens à Mytilène, ils conçurent des craintes et se décidèrent à

i,r) Quririùmc année de la guerre, an 428 av. J'-C.


LIVRE III. I37
prenalre les clevants. Une flotte de quarante voiles était prête à
cingler contre le Pdloponèse, sous le commandement de CIéip-
pidès fils de Dinias et de cleux autres généraux. Elle eut ordre
de se rendre immécliatement à Lesbos. On savait que les Myti-
léniens en corps de nation rlevaient célébrer, hors de leur ville,
une fête en I'honneur cl'Apollon Maléen r, et I'on pensait qu'avec
un peu cle promptitude il serait possible de les surprendre.
Si ce projet réussissait, rien de mieux; dans le cas contraire,
on ordonnerait aux Mytiléniens cle livrer leurs vaisseaux et de
raser leurs murailles; s'ils refusaient, on leur ferait la guerre.
La flotte partit. Il se trouvait alors à Athènes dix trirèmes my-
tiléniennes, venues comme auxiliaires en vertu de l'alliance.
Les Athéniens les saisirent et mirent leurs équipages en état
d'arrestation. Heureusement pour les Mytiléniens, un homme
passa d'Atbènes en Eubée, se renclit par terre à Gdrestos t, y
trouva un vaisseau marchanil qui mettait à la voile, et, favo-
risé par le vent, parvint en trois jours tl'Athènes à Mytilène 5.
Il annonça aux Mytiléniens I'attaque dont ils étaient menacés.
En conséquence, ils s'abstinrent de sortir pour la fête, et prirent
des mesures iléfensives en barricadant les travaux ébruchés
des murs et des ports.
IY. Les Athéniens arivèrent peu de temps après. Leurs géné-
raux, voyant I'état des choses, notifièrent aux Mytiléniens les
ordres dont ils étaient porteurs I et, sur leur refus d'obéir,
ils se disposèrent à la guerre. Ainsi pris au dépourvu et brus-
quement forcés de combattre , Ies Mytiléniens s'avancèrent
sur leurs vaisseaux. à quelque distance du port, dans le des-
sein d'engager la bataille; mais ils furent mis en fuite par les
Âthéniens. Ils entrèrent tlonc en pourparlers avec les généraux
pour obtenir. s'il se pouvait, à des conditions acceptables, l'é-
loignement cle la flotte. Les généra,ux athéniens y consentirent,
ne se croyant pas en mesure de faire la guerre à toute I'lle tle
Lesbos. Un armistice fut conclu. Des députés mytiléniens,
parmi lesquels se trouvait un des clénonciateurs que le repentir
avait saisi, se rendirent à Athènes pour solliciter le rappel de
la flotte, en s'engageant à rentrer dans le devoir. Mais, comme
on se défiait du succès de cette ilémarche,on fitpartir en même
temps pour Lacéclémone une trirème portant d'autres députés.
Ceux-ci échappèrent à la flotte athénienne qui mouillait à Maléa
au nortl tle la ville' ; et, après une traversée cles plus péni.
bles, ils anivèrent à Sparte, où ils réclamèrent des secours.
Y. Lps iléputés en\'oyés à Athènes revinrent'sans avoir rien
138 GUBRRE Du PÉLoPoNÈsE'

ile concert avec le


obtenu, Alors lesMytildniens plirent les armes,
foUmi
reste de I'ile, erceptd le ville de Methymne. Celle'CiaVait
et un
des renforts aux Àthéniens, de même qu'Imbros, Lemnos
certain nombre d'autres alliést. Les Mytiléniens firent une sor-
iie générale contre le camp- des. Athéniens, et engagèrent une
actiin oir ils n'eurent pas-le désavantage. Ils n'osèrent cepen-
dant pas bivaquer .uf Ie ciramp de batailler ; mais ils rentrè'
rent dans leurimurs et ajournèrent toute espèce de mou_vement
.ffà"rii:"rqu'à I'anivée àes secours qu'ils attendaient clu Pélo-
oonèse.'Meiéas d.e Lacéd,émone et Elerméondas de Thèbes Ye-
l^i*t d'aborder à Lesbos. Envoyés avant la défection, ils n'a-
vaient pu devancer Ia flotte athénienne; mais.ils-avaienf' réussi
alJoetru, clans Ie port _sur u11e trirème après le combat. IIs
coiseiltèrent tl'envoyer des députés sur une seconrle trirème;
qui
--Vi.
ce fut fait.
Cependant les Atbéniens, encourag-és par. I'inaction de
I'ennemij appelèrent à eux leurs alliés. Ceux-ci vinrent avec
d'eutant ptur a'empressement qu'ils n'entrevoyaient-pOur Les-
bos aucuïe chancà favorabie. Les Atiréniens nrouillèrent au
sucl de Mytilène, établirent tles cleux côtés ile la ville
un camp
les ports t. La mer se trouva ainsi fer-
r.ituo.ne et bloquèrent
;;; ;;; Mytiléïiens ; en re,vanche ils demeurèrent maîtres'à
ile la terre (avec les autres Lesbiens qui étaient cléjà v.enus
leur secours), hormis le rayon des canrps-a.t!re1iq5' Maléaser-
e.
uuii u"r assiJgeants d'ancrâge et de marché Telles furent les
pretuières opéiations tlu siége cle Mytilène'
vII. A la mème époque de I'été, les athéuiens envoyèrent
autour du péloponèse trànte vaisseaux commanclés par Asopios
fils de Phormion. Les Acarnaniens avaient demandé qu'on leur
donnât un fils ou un parent cle Phormion pour généralr. Cette
flotte côtoya Ie Pélopônèse et ravag_ea ie littoral de la Laconie-
gnsuite Aiopios ,.^uoyu la piupart de ses vaisseaux à Athènes,
et n'en gardï que douze avec lesquels il se rendit à Naupacte.
Il fit lever en masse les Acarnaniens et marcha contre la ville
àionoiud.. È. Lui-même remonta I'Achéloùs aYec ses vaisseaux,
i^"ai. q". I'armée de terre dévastait Ia campagne' Comme la
ville résistait, asopios licencia ses troupes3de terre et fit voile
oour Leucade. ll âlla d.r.eodre à Néricos I mais, perrdant sa
ietraite, iI fut tué, aYeo une partie de son monde, r'par les gens
à; t;)'J, joints à un tletachement de la garnison -Les Athé-
à la voile, après avoir fait avec les Leucacliens
"iuirïu"iirent
une trêve poirr enlever leurs morts.
LIVRE III. r39

vlII. Cepenclant les députés de Mytilène partis sur l.e pre-


mier vaissèau s'étaient rendus à Olympie, d'après I'invitation
des Lacéclémoniens, qui voulaient que tous les alliés les enten-
d.issent et délibérasseit sur leur requête. C'était l'olympiatle ou
r.
Doriéus de Rhod.e fut vainqueur pour la seconde fois Après
la fête. on se réunit en conférence, et les Mytiléniens parlèrent
ainsi :
IX. ,. Lacédémoniens et alliés, le principe établi chez les
Grecs nous est connu. Le peuple qui, peudant Ia guerre, se
détache 6'anciens alliés, esC chôyé par ceux qui ont intérêt à
l,accueillir; mais il ne doit pas s'at[endre à leur estime, parce
qu,ii passe pour traltre enoeis setrprécédents amis. Cette opi-
nion serait'fondée si, entre les transfuges et ceux dont ils se
séparent, il y avait réciprocité-de seDtirnents et d'affection,
eqiitilre'de ressources ét de forces, enfin absence de tout
*itif valable cle rupture I mais, entre 1es Àthéniens et.nous,
rien cle pareil. il n'est clonc pas étrange . {uê , menages
p"" uo* pàndant la paix,, nous lês abandonnions pendant la
guerre.
" X. u Nous traiteroûs d'abord. la question tle justice et ile pro-
bité, la première à considérer en fait d'alliance. Il ne peut
exisier diamitié clurable entre les indiviclus ni d''union sincère
entre les États sans une estime et une sympathie réciproques.
Du désaccortl cles opinions naissent les ilivergences tle con-
iluite.
iNotre alliance avec les Athéniens tlate du jour or), vous reti-
rant de la guerre *édiqou, vous leur Jaisiâtes le soin de la'
continuer. T-outefois nouJ entenflions alors nous allier, non pas
avec les athéniens pour asservir la Grèce, mais avec les Grecs
foo, *..ooer Ie loug des Mèdes. Tant qu'ils commandèrent
àvec équité, nous'les"suivlmes avec zèie; mais quanil nous les
vimes faire trêve à Ia haine contre les Mèdes pour marcher à
I'asservissement des alliés, nous commençâmes à concevoir des
craintes'
c Les alliés, hors tl'état cle concerte r leur défense à cause de
la trop grandâ extension du droit de suffrage, furent-suocessi-
rurornt"urservis, excepté nous et les habitants ile Chios- Dès
lors, n'ayant plus qo'ont intlépenclance et une tiberté nomi-
nales, noïs ar-ro.pignâmes lei ethéniens dans leurs expédi-
ïioos. Mais, instruiislar 1es exemples antérieurs, nous n'avions
plus d.ans lâur commandement Ia même confiance I car il n'était
ias vraisemblable qu'après avoir subjugué une parlie des
I trO GUERRE DU PÉIOPONÈSE.

confédérds, ils ne fissent pas subir le même sortaux autres, dès


qu'ils en auraient les moyens.
XI. < Si nous avions tous conservé I'indépendance, nous
aurions été moins en butte à leurs entreprises. Mais, comme ils
tenaieut ddjà sous le joug la majeure partie des alliés, et que
nous étions les seuls avec lesquels ils marchaient encore de
pair, il était naturel qu'au milieu de la soumission généiale,
ils vissent cle mauvais æii notre égalité exceptionnelle, d'autant
plus que leurs forees croissaient en proportion de notre isole-
ment. 0r une crainte réciproque est I'unique garant de toute
aliiance, parce que celui des deux associés qui pourrait avoir
quelque velléité agressive èst contenu par la pensée qu'il n'est
pas le plus fort.
c Si jusqu'à ce jour ils nous ont laissé I'inilépendance, c'était
pour se ménager un argument spécieux, et parce qu'ils espé-
rarent arriver plus aisément à leurs fins par la ruse que par la
violence. Ils n'étaient pas fâchés de pouvoir,dire, ennous mon-
trant, que jamais des alliés leurs égaux ne les eussent aidés
contre cles peuples qu'ils n'auraient pas jugés coupables. En
même temps ils poussaient les plus forts contre les plus faibles.
afin d'avoir meilleur marché de ceux qui resteraient les der-
niers, lorsque autour d'eux tout serait soumis. Si au contraire
ils eussent débuté par nous, quancl les autres alliés possédaient
encore leurs forces et avaient de plus un point d'appui, il leur
eût été moins facile de nous récluire. D'ailleurs ils n'étaient pas
sans inquiétutle au sujet de notre marine ; ils craignaient qu'un
jour elle ne se réunît à la vôtre ou à toute autre et ne devtnt
pour eux un danger.
( Pour nous maintenir, nous ayons dir prodiguer toute sorte
tle flatterie à leur multitucle et à ses chefs sans cesse renouye-
Iés. Et cependant, à juger par I'exemple cl'aûtrui, nous sentions
que cela ne pouvait clurer longtemps, si la guerre actuelle ne
fùt survenue.
XII. r Était-ce donc une amitié ou une liberté solicte que cet
échange mutuel cle procéclés peu sincères? Ils nous ménageaient
par crainte durant la guene ; nous les ménagions à notre tour
durant la paix ; et, tandis que chez les autres c'est I'afTection
qui est mêre de la fidélité, entre nous c'était la peur. Nous
étions retenus dans notre commune alliance moins par amitié
que par crainte, et la rupture devait venir de celui des tleux
que la sécurité ênharclirait.
s Il ne serait donc pas juste de nous blâmer pour ayoir pris
LIVRE UT. I4I
I'initiative, sans attenclre qu'ils se fussent rlémasqués. Si nous
eussions eui cornme eux, le pouvoir de préparer ou tle dilférer
I'attaque, notre coniluite aurait dt se régler sur la leur I mais,
comme ils étaient toujours les maltres de nous assaillir, nous
ilevions l'être aussi de nous ddfenilre.
XIII. a Telles ont été les raisons et les causes tle notre ilé-
fection. Elles prouvent clairement à qui veut les entenclre gue
nous n'avons pas agi sans tles motifs suffisants; elles justiûent
nos défiances et nos mesures de sùreté. Du reste il y a long-
temps qrre notre résolution était formée. La paix tlurait encore,
lorsque nous envoyâmes auprès de vous pour traiter de notre
défection; mais nous fùmes arrêtés par votre refus. Aujour-
d'hui, sollicités par les Bdotiens, nous ayons répondu avec joie
à leur appel. Nous avons cru devoir nous sdparer à la fois et
des Grecs r, pour ne pas coopérer plus longtemps à ieur oppres-
sion par notre aliiance avec Athènes, mais pour aider au con-
traire à leur affranchissement ; et des Athéniens, pour les pré-
venir et ne pas être anéantis par eux dans Ja suite.
< Il est vrai que notre défection s'est opdrée brusquement et
sans prdparatifs: raison de plus pour nous recevoir dans votre
alliance et nous envoyer un prompt secours. Par là vous ferez
voir que vous savez protéger ceux qui le méritent, et en même
temps causer du dommage à vos ennemis. Jamais I'occasion rie
fut plus belle. Les Athéniens sont aux abois par suite ile I'dpi-
démie et des dépenses toujours croissantes. Leurs vaisseaux
sont les uns occupés dans vos parages, les autres clestinés à
agir contre nous. Il n'est donc pas à croire qu'il leur en reste
beaucoup de disponibles, si dès cet été vous faites une nouvelle
invasion par mer et par terre. Dans ce cas, de tleux choses
I'une : ou ils ne pourrônt soutenir votre agression, ou ils éva-
cueront votre pays et le nôtre.
c Àu surplus, De yous figurez pas que vous allez courir des
dangers personneis en fayeur d'une terre étrangère. Tel qui
croit Lesbos fort éloignée, en recueillera un avantage pro-
chain; car ce n'est pas I'Attique, ainsi qu'on le pense, qui sera
le théâtre de cette guerre, mais ies pays d'ou les Athéniens
tirent leurs revenus. Or c'est de leurs allids que proviennent
leurs richesses ; elles s'augmenteront encore s'ils nous subju'
guent ; car nul ne fera plus défection et nos tributs iron[ gros-
sir ceux qu'i)s perçoivent. Notre condition sera même plus
triste que celle de leurs anciens sujets. Si, au contraire, vous
nous secourez avec zèle, vous y gagnerez ce qui vous manque
Itrz GUERRE DU PÉLoPouÈsB.

le plus, une marine puissante; vous abattrez plus facilement


les Athdniens en leur enlevant leurs alliés, car chacun passera
plus hardiment de votre côtd ; enfin vous échapperez au repro-
che qu'on vous fait de ne pas soutenir ceux qui secouent le
joug. En apparaissant comme des libérateurs' Yous vous assu-
rerez une victoire tléfinitive.
XIV. ( Respectez donc les espérances que les Grecs ont pla-
cées en vous. Resp eclez ee Jupiter Olympien, d'ans Ie temple
duquel nous sommes assis comme des suppliants. Secourez les
Myiiléniens en les recevant dans votre alliance. N'abandonnez
pis on peuple qui s'expose seul au danger, mais dont les suc-
ôès et plus-errcore les revers rejailliront sur tous les Grecs,
suivant que vous accueillerez ou rejetterez sa d'entande- Mon-
trez-vouJ tels que la Grèce I'attentl et que nos craintes le ré-
clament. D ç

XV. Ainsi parlèrent les Mytiléniens. Les Lacédémoniens et


leurs alliés, après les avoir entendus, agréèrent leur proposition
et ailmirent les Lesbiens dans leur alliance. Une invasion en
Attique fut résolue. Les alliés présents furent invités à envoyer
promptement à I'lsthme les deux tiers de leurs contingents. Les
Lacéd-émoniens s'y rendirent les premiers et préparèrent des
appareils pour trainer les vaisseaux par-dessus I'isthme.t, du
goite ae côrinthe dans celui d'Athènes ; car ils avaient I'inten-
tion d'agir à Ia fois sur terre et sur mer. IIs mettaient beaucoup
d'ardeur à ces travaux'; mais les alliés, occupés de leurs ré-
coltes et déjà las de la guerre, ne se rassemblaient gu'avet
lenteur.
XVI. Les Athéniens sentirent que ces préparatifs étaient
inspirés par I'opinion qu'on avait de leur faiblesse. Aussi vou-
lurènt-iÉ prouver qu'on s'était mépris, et que, sans rappeler
leur flotte- ùe Lesbôs, ils pouvaient aisément repo'rsser eelle
dont les menaçait le Péloponèse. IIs armèrent donc cent vais-
seaux, qu'ils montèrent eux-mêmes avec les métèquest; 1.*
e
chevalieis et les pentacosiontéd,imnes furent seuls exemptés.
Ils cinglèrent ie long de I'Isthme, Iirent montre de leurs forces
et opéièrent des deséentes sur tous les points ilu.Péloponèse ori
bon-leur sembla. Les Lacédémonien's, déconcertés à cet aspect,
se crurent trompés par les Lesbiens et jugèrent I'entreprise
inexécutable. D'ailleurs ils ne voyaient point venir leurs alliés,
et ils apprenaient que leur territoire était raYagé par les trente
5. lls prirent donc
vaisseaux en croisière autour du Péloponèse
le parti de se retirer. Plus tard ils équioèrent une flotte à desti-
LIVRE lir. 143

nation rle l,esbos, et demantlèrent aux villes alliées de fournir


quarante navires. Alciclas fut désigné comme navarque pour
cette expédition. Les Athéniens montés sur les cent vaisseaux,
voyant les Lacédémoniens efiectuer leur retraite, en firent
autant de leur côté.
XflI. Jamais, depuis le début de cette guerre) les Athéniens
ntavaient eu à la fois en activité une flotte plus magnifique et
plus nombreuse. Cent vaisseaux gardaient I'Àttique, I'Eub-de et
Salamine; ceut autres croisaient autour du Péloponèse, sans
compter ceux qui étaient à Poticlée ou ailleurs ; de sor[e que,
dans ce seul été, Athènes eut à flot rleux cent cinquante navires.
Les frais nécessités par leur entretien, de même gue par le
siége cle Potidée, corrtribuèrent surtout à épuiser le trésor.
Chacun des hoplites qui assiégeaient Potidée recevait, pour lui
et son valet, deux drachmes par jour r. lls étaient trois mille
dès I'origine, nombre qui fut maintenu penclant toute la durée
du siége (le renfort amené par Phormion était de seize cents
hommes, mais ils repartirent avant la fin). Cette même solde
était payéq à tous les vaisseaux e. Telle fut la grandeur de cet
armement naval, cause première de I'embarras des finances.
XYIII. Pendant le temps que les Lacédémoniens passèrent à
I'Isthme, Ies Mytiléniens et leurs alliés lirent par terre une
expédition contre Méthymne, dont ils cornptaient s'emparer par
trahison. Ils assaillirent la place ; mais, n'ayant pas trouvé les
facilités qu'ils attendaient, ils se retirèrent par Antissa, Pyrrha
et Érésos r. Ils mirent ces rrilles en meilleut' état cle défense et
regagnèrent prompternent leurs foyers. Après leur retraite, les
l{éthymniens firent à leur tour une expérlition contre Antissa;
mais, dans une sortie, ils furent battus parles Antissiens ei
par leurs auxiliaires. lls perdirent beaucoup de monde, le reste
se retira précipitamment.
Quand les Athéniens apprirent que les Mytiléniens étaient
maîtres de la terre et que I'armée de siége était insuffisante
pour les tenir bloqués, ils envoyèrent, dès les premiers jours
de I'automne, mille de leurs hoplites, commandés par Pachès
fils d'Épicouros. Ces soldats se rendirent à Mytilène en faisant
eux-mêmes I'office de rameurs. Dès leur arrir'ée, ils investirent
la ville d'un mur simple e et élevèreut des forts sur clivers points
des hauteurs. Mytilène se trouva ainsi étroitement cernée par
terre et par mer. Là-dessus lthiver commença.
XIX. Le besoin d'argent pour ce siége força les Athéniens à
s'imposer alors pour la première fois uLle contribution de tleur
lltlt GUERRE Du pÉLopoNrisg.
cents talents r. Ils envoyèrent, pour lever le tribut chez les al-
liés, douze vaisseaux comfnandés par Lysiclès, lui cinquièine.
ce général fit une_tournée pour s'aôquittér de sa missiori; mais,
s'étant avancé en Carie à travers la plaine ilu Méandre, depuié
$yonte jus-qu'à la colline de Santlios r, il fut assailli paf les
cariens et les Anéites 3, et pdrit ayec une grande partie de ses
solclats.
XX. Le même hiver, les Platéens, toujours assiégés par les
Péloponésiens et parles Béotiens, pressés d'ailleurs partla fa-
mine.et sans espoir de secours ni d,Athènes ni d'aùtre part,
formèrent, de concert avec les athéniens eufermés dans rJâtée,
le projet de sortir tous ensemble en franchissant de force, s'ii
dtait possible, Ia muraille cles ennemis. Ce plan fut conçu par
le devin Théénétos fils de Tolmidas et paile géndral f"umbt-
pidas fils ile Daïmachos. PIus taril la moitié d'entre eux y re-
noncèrent, intimidds par la grancleur du danger. Deux cent
vingt volontaires persistèrent seuls dans ce projet d,évasion,
qu'ils erécutèrent de la manière suivante.
IIs firent des échelles de la hauteur du mur obsicrional. La
mesure en fut prise d'après le nombre des couches 'de Llri-
ques- placées dans la partie qui les regardait, et qu'on avait
négligé de crdpir. Plusieurs à la fois comptaie't cei couches;
si quelques-uns se trompaient, la plupart ilevaient rencontrer
juste. D'a.illeurs ils répétaient souvent I'opdration, et ra distance
n'était pas si grande qu'on ne ptt apercevoir distinctement la
partie du mur qu'il s'agissait d.'examiner. C'est ainsi qurils me-
surèrent la hauteur des échelles, enla calculant cl'après r'épais-
seur d'une brique..
XXI. La circonvaliation consistait en une double enôeinte.
L'une de ses faces regardait Platée, I'autre était tournde vers
I'extérieur, pour s'opposer aux secours qui pouvaient venir
d'Athènes. Entre les deux reyers s'étenclait, un espace de seize
pieds, distribué en logements pour I'armée de siége. Ces loge-
ments étaient contigus, de telle sorte que le tout ensemble pid-
sentait I'apparence d'un gros mur unique, créneld des deur
côtés. De dix en dix créneaux s'élevaient de grandes tours,
d'une largeur égale à celle du mur et occupant tôut I'intervalre
compris entre leS deux faces. On ntavait point rdservé de che-
min de rontle en dehors des tours t ; celles-ci communirluaient
par des ouvertures pratiquées dans leur centre. La nuit, par les
temps pluvicux, Ies sentinelles abanclonuaient la garile des
crdneaux et se retiraient dans les tours, qui étaient iouvertes
Ltvuir lI1. 145

et per clistantes l'une de I'autre. Telle était la circonvallation


rle Platée.
XXII. Quand tout fut prêt, les assiégds attendirent une nuit
orageuse, où la pluie, le vent et ltabscnce de lune favorisassent
leur évasion. A leur tête marchaient les auteurs de ltentreprise.
Ils franchirent premièrement le fossd qui les environnait t;
puis ils atteignirent la circonvallation, sans être découverts
par les sentinelles, qui ne pouvaient les apercevoir dans les
ténèbres, ni les entend.re lr cause des mugi:sements du vent.
D'ailleurs ils marchaient fort écartés les uns des autres, de
peur que le choc de leurs armes ne les trahît. Ils étaient leste-
ment équipés, et chaussds du pied gauche sculement, pour
afÏermir leurs pas dans la g)aise. Ils se dirigèrent vers une
des courtines crénelées qui séparaient les tours et qu'ils sa-
vaient n'être pas garclées. D'abord ceux qui portaient les échelles
les dressèrent contre la muraille ; ensuile montèrcnt douze
hommes armés à la légère, ayec l'épée et la cuirasse, conduits
par Âmméas fils de Corebos, qui escalada le premier. Après lui
montèrent ses douze compagnons, six vers chacune des deux
tours. Ils étaient suivis par d'autres solclats armés à la légère
et munis simplement de lances, afin de ne pas être gênés dans
leur marche. D'autres, placés derrière eux, portaierrt leurs bou-
cliers, qu'ils devaient leur passer lorsqu'on serait près de
Itennemi.
La plupart étaient déjà parvenus sur la murailie, lorsqu'ils
furent découverts par les sentinelles retirées dans les tours. Un
Platéen, en saisissant un créneau. avait détaché une brique. Au
bruit de la chute, un cri s'élève;'un un clin cl'æil les assiêgeants
se précipitent sur le mur, sans savoir, dans cette nuit sombre
et orageuse, d'ou provenait I'alarme. En même temps, les Pla-
téens demeurés dans la ville font une fausse attaque contre la
partie du mur opposée à celle par ou leurs gens montaient.
Les Péloponésiens déconcertés restent immobiles, nul n'osant
quitter son poste dans I'ignorance de ce qui se passait. Cepen-
dant les trois cents hommes qui avaient ordre d'accourir en
cas d'alerte, s'avâncent en clehors du mur vers ltendroit d'orl
partent les cris. D'es signaux sont élevés pour donner l'éveil à
Thèbes; mais les Platéens de la ville élèvent sur leurs mu-
railles un grand nombre d'autres signaux préparés clans ce
but. Ils voulaient donner le change à I'ennemi et prévenir soo
anivée, jusqu'à ce que leurs gens eussent effectué leur sortie
et gagné un lieu de streté.
Trrtcvotne.
146 GUERRE DU PÉIOPOXÈSN.

XXIII. Pendant ce temps, les Platdens exécutaient leur esca-


lade. Les premiers arrivés au sommet s'emparèrent tles tleux
tours en massacrant les sentinelles, et occupèrent les passages
pour les intercepter à I'ennemi. Ensuite ils appliquèrent d'es
éohelles de ia plate-forme contre les tours et y firent monter
quelques-uns des leurs, afin d'écarter à coups de traits, d'en
haut comme d'en bas, les adversaires qui s'approcbaient. Au
même instant le reste cles Platéens dresse à la fois beaucoup
cl'échelles, arrache les créneaux et franchit Ia plate-forme. A
mesure qu'ils iraversaient, ils s'arrêtaient sur Ie bord clu fossér,
rl'oir ils lançaient des flèches et des javelots contre les ennemis
qui longeaiônt te mur pour s'oppo.ser à leur passage.-Quand
tous eu.ent traversé, ceux qui étaient dans ies tours descen-
dirent les derniers, n0n sans peine, et gagnèrent le fossé. En
ce moment les trois cents s'avançaient contre eux avec des
torches. Mais les Platéens, qui se trouvaient dans i'obscurité,
les discernaient mieux, et, du bor,l du fossé, les perçaient de
e, tan-
flèches et de javelots, en visant aux endroits découverts
dis que I'enne-mi, ébloui par la lueur des flambeaux, avait peine
à les distinguer eux-mêmes au milieu des ténèbres. Ainsi tous
les piatéens jusqu'au dernier parvinrent à franchir Ie fossé. ce
ne f't pas sàns-difficulté ni sans efforts I car il s'y était formé
une glaôe mince et sans consistance, comrne il a*jve par un
ventî'est plutôt que de nord. La neige tombée pendant la nuit
avait teileùent rempli d'eau le fossé qu'ils en eurent jusqu'aux
aisselles. Au reste, la violence de I'orage facilita leur éVa-
sion.
XXIY. A partir du fossé, les Platéens en colonne serrée pri-
rent Ie chemin de Thèbes, en laissant à main droite le monu-
ment du héros andocratès
t. Ils pensaient bien qu'on ne les
soupçonnerait pas de tenir Ia route qui menait chez leurs enne-
"cependant
mis. ils vovaient les Péloponésiens les poursuivre
avec dei flambeaux sur le chemin qui conduit à Athènes par le
2.
cithéron et lrs Dryoscéphales Duranf six ou sept stades, les
platéens suivirent ia roote d.e Thèbes ; ensuite ils Ia guittèrent
pour se jeter dans la montagne clu côte d'Érythres et d'Hysies3.
une fois sur les hauleurs, ils gagnèrent Athènes, ou ils arri-
vèrent au nombre de deux cent douze. Ils étaient partis plus
nombreux ; mais quelques-uns ét:ijent rentrés dans la ville
avant i'escalade, et t-rn archer avait étd pris sur le bord clu
fossé extérieur. Après une poursuire inutile, les Pélopol]ésiens
reprirent leurs positions. Les Platéens restés dans Ia vjlle
LIVRE IIi. lt+7

étaient dans une ignorance absolue ; et, le rapport de ceux


-sur
rebrou"ssé chemin, ils croyaient que personne n'é'
;;;;;ùt pour
à-it e.nuppé. Dès qu'il fit jour, ils^envoyèrent un héraut
I'enlèvementdesmorts;mieuxinformés'ilssetinren[tran-
u.,iit.'.C'estainsiquelesPlattlenss'évadèrententraversant
lès lignes des ennemis.
--
Xiï.'S"r ia fin riu rnême hiver, Ie Lacéddmonien Saléthos
fut envoyé de Sparte à Mytilène sur une trirème' alla abor- Il
tler ir- Pyrrha t,'6'o,i, continuant sa route par terre' il parvint
à s'introduile dans Mytilène en franchissant par-un- ravin la
circonvallation. Il apportait aux magistrais -ia-.doubie assu-
ranced'uneprochaineinvasionenAttiqueetd.e-I'env.oldequa-
rante vaisseaux à leur sccours. Ii ajoulait qu'il avait
pris les
à."r"tt pour le leur annoncer et pour s'occuperncdes autres
songèrent
rlispositions. Les Mytiléniens reprirent courage et
pt,is i traiter oo., i* Atliéniens' La-des'us l'hiver se lermina'
àt uuæ lui la qualrièrne année de ia guerre que Thucydide a
racontée.
XxvI. L'été suivant (a), les Péloponésiens expdd'ière nt leurs
quarante-deux vaisseaur'à Mytilène, sous les ordres du na-
't:o,'q,r* Alcidas, tandis qu'eux-mêmes et leurs alliés envahis-
,ut.ot l'ettique. tls vouiaient que les Abhéniens' doublement
menacés, fussent moins en dtat d'attaquer la flot[e
qui cinglait
ùyiifene' L'j:nvasion fut comtnandde par Cléom.énès' oncle
et tuteur de Pausanias fils de Piist'larias, qui était roi'
"L.t mais
encorc enfant t. Ils détruisirent tout ce qui avait reYerdi dans
Ies cantons de I'Attique antérieurement ravagés et
tout ce gu'a-
vaient épargné les iirvasions precétlentes' Celle-ci
fut' après la
seconde, ta"plus rlésastreusc pour les Athéniens I car les enne-
quelques
nl( Joit.nâant de jour en iour ir app.rendre de Lesbos
g.unA.t nouvelles de 1"ur flotte qo itt crol'aient dejà arrivée'
étenciirent leurs rat'ages sur la maJeure partie du pai's' Commi:
leurs espérances no i. réalisaient pas et que leurs provisions
étaient épuisées, I'armée fiit dissoute et chacun regagna
ses

1'oyers.
ixvtr. Cepenclant les vaisseaux péloponésicns n'arrivaietlt
pu, a Mytiiène et les vivres comrlençaient à y manquer' Une
iirconstan.e particulière hâta la capitulation. Saléthos, qui iui-
même ne coriptair plus sut I'arrivùe de la flr;tie et qui voulait
faire une sortie contre les Athéniens, d'nna des armes attx

(a) Cinquième rnnée de la guerte, 427 av' J' C'


tlrS cUERRE DU PÉLoPoNÈsE.
hommes du peuple, qui jusqu'alors en avaient etç ddpourvus r.
IIne fois armés, ils n'obdirent plus à leurs chefs; mais, s'as-
semblant turnultueusement, ils exigèrent que les riches expo-
sassent en public le blé qu'ils tenaient caché et Ie distribuassent
à chacun; ils menaçaient, dans le cas contraire, de traiter avec
les Athéniens et de leur livrer la ville.
XXWI. Les magistrats, sentant qu'il n'était plus possibie
de contenir le peuple ei qu'ils avaient tout à craindre s'ils
étaient exclus de la capitulation, traitèrent en commun avec
Pachès et son armée. Il fut stipulé que les Mytiléniens s'en
remettraient à la décision des Athéniens ; qu'ils recevraient
l'armée dans leur ville; qu'enfTn ils enverraicnt ir Athènes
d.es députés chargés de défendre leurs intérêts. Jusqu'à leur
tetour, Pachès s'engageait à ne mettre ni aux fers ni en escla-
vage ni à mort aucun Mytilénien. Tels furent les termes de
la capitulation. Néanmoins ceu\ qui avaicnt entretenu le
plus. de relations avec Lacédémone, furent saisis de frayeur
à I'entrée de I'armée ; et, ne se croyant pâs cn streté, ils allè-
rent s'asseoir au pied dcs autels. Pachès les releva sous pro-
messe de ne leur faire aucun mal, et les mit en dépôt à Ténd-
dos, jusqu'à ce que les Athéniens eussent statué sur leur sort.
I1 détacha ar:ssi quelques trirèrnes contre Antissa, dont se il
rendit maïtre, et prit toutes les mesures militaires qu'il jugea
convenables.
XXIX. Cependant les Péloponésiens montés sur les quarante
vaisseaux, au lieu de faire diligence comme ils I'auraient tlù,
perdirent beaucoup de temps autour du Peloponèse et opérèrent
leur traverstle avec lenteur. Leur départ ne fut connu à ethènes
que lorsqu'ils eurent touché à Délos. Ensuite ils atteignirent
Icaros et Myconos r, où. ils reçurent le premier avis de la retl-
dition de Mytilène. Youlant s'assurer du fait, ils allèrent des-
cendre à Embatos sur la terre d'Érythres, ou ils abordèrent
sept jours après la prise de la ville. La nouveile s'étant conlir-
mée, ils tinrent conseil sur le parti à prend.re. Teutiaplos d'Élis
prononça le discours sr.rivant :
XXX. < Alcidas et vous) gdndraux péloponésiens mes collé-
gues, mon avis est que nous cinglions sur Mytilène avant d'a-
voir été signalés. Les ennemis dtant depuis peu maîtres de la
ville, tout porte à croire que nous les trouverons faisant mâu-
vaise garde, surtout du côté de la mer, oir ils ne s'attendent pas
à être attaqués et oir nous sommes en forces. Ii est même pro-
bable que leurs soldats sont disperstls négligemment dans les
I,IVRE III. I49
maisons, suivant I'usage des vainqueurs. Si donc nous les as-
saillons de nuit et à I'improviste, j'espère qu'avec le concours
de ceux des habitants gui nous sont restés fïclèles. nous aurons
le dessus. Ne reculons pas devant le tlanger. Ii ne s'agit ni
plus ni moins que d'une surprise de guerre. Or le général qui,
étant lui-même sur ses gardes, sait tenter de pareils.ooor de
vigueur, est ordinairement victorieux. ,
XXXI. Alcidas demeura sourd à ce langage. Alors quelques
exilés ioniens, de même que lcs Lesbiens embarquéi sur la
flotte r, lui conseillèrent, à défaut de ce projet, d'oôcuper une
cles villes ioniennes ou Cymé d'Éolide,-qui ser','irait de point
rJ'appui pour insurger I'Ionie. A les entendre, il y avait eipoir
d'y réussir; car personne n'avait vu de mauvais ceil leui arri-
vée. Quoi de mieux clue de tarir la source principale des revenus
des Athéniens ou du moins de leur occaiionneï les frais d,'une
croisière e? Ce serait d'ailleurs ie moven d'attirer pissouthnès
clans i'alliances. Mais Alcidas o* gnïto pas davantage cette
proposition. Du momcnt que Nfytilène lui échappait, il n'eut
rien de plus pressé que de rogagner Ie péloponèse.
XXXII. Parti rl'Embatos, il rangea la côte et prit terre a
Myonnésos, place appartenant aux Téierrs. Là il égorg€a lir
plupart iles prisr,nniers qu'il avait faits pendant la traversde | ;
après quoi il alla mouiller à Éphèse. Alors des Samiens d'Anrja,
vinrent lui représenter qu'il s'y prenait liien mal pour ailranchir
la Grèce, en rnettant à mort des hommes qui n'avaient pas
porté les arrnes conire lui, qui ue lui étaient pas hostiles, et
que la nécessité seule retenait dans I'alliance d'Âthènes. Uno
telle conduite. rlisaient-ils, n'était guère propre à lui concilier
ses ennemis, mais bien plutôt à lui alidner ses amis. Àlcida.s
prêta I'oreille à cette remgntrance et relâcha les prisonniers
qu'il avait encore, et qui étaient de Chios et d'autres endroits.
En effet, Join de fuir à Ia vue <le ses I'aisseaux, on s'en appro-
chait au contraire, parce qu'on les croyait d'Athènes ; on n,i-
maginait pas que jamais une flotte péloponésienne pût aborder
en lonie tant que les Athéniens auraient I'empire de la mer.
XXXIII. Alcidas partit précipitamment d'Éphèse, d'ori son
retour eut I'air d'une véritable fuite. Penilant gu'il était encore
dans les eaux de Claros r, il avait été avisd par la Salaminienne
gt par la Paralienne e, qui venaient d'Athènes. Craignant donc
d'être poursuivi, il gagna le large, bien cléciilé à ne pas toucher
ailleurs qu'au Pdloponèse, à moins d'absolue nécessité.
Pachès et les Athéniens apprirent clu pays d'Srythresl'appa-
150 GUERRE DU PÉLoPorrrÈse.

rition de la flotte péloponésienne. Cettc nouvelle se confirma


bientôt de toutes parts. L'lonie étant dépourvue de places
fortes o, otr craignit granilement que les Péloponésiens ne
pillassent, même sans avoir I'intention tl'y séjourner, les villes
qui se trouvaient sur leur passage. Enfin la Salaminienne et la
Paralienne vinrent elles-mêmes anltoncer qu'elles avaient vu
les ennemis près de Claros. En conséquence Pachès leur donna
aussitôt la chasse. Il poussa même jusqu'à l'île de Patmos;
mais, ilésespérant de les atteindre, il rebroussa chemin; et,
ilès I'instant qu'il ne les avait pas rencontrés en mer, il s'estima
heureux qu'ils ne se fussent pas enfermés dans un camp, ce qui
Itett condamné à etablir un corps tl'observation et une croi-
sière.
XXXIY. Pachès revint en senant la côte et relâcha à Notion.
Cette place servait de port aux Colophoniens. Un certain nombre
d'eutrà eux s'y étaient retirés depuis que la ville haute avait
étd prise par Itamanès et par les Barbares, qu'une faction avait
appétes r. Cet événement avait coïncidé avec la seconcle invasion
aei nOtoponésiens en Attique. Établis à Notion, les réfugiés
colophoniens avaient recommencé leurs querelles. Une partie
d.'enire eux avaient obtenu de Pissouthnès un renfort d'Arca-
q
diens et de Barbares, les avaient placés dans un quartier re-
tranché ; et, tle concert avec ceux de la ville haute qui tenaient
pour les Mèdes, ils faisaient Ia loi clans Notion. Leurs adver-
iaires, fotcés de s'expatrier, appelèrent Pachès. Celui-ci de-
manda une entrevue à Hippias, chef des Arcadiens qui occu-
paieni le quarlier retranchd, sous promesse de lty réinstaller
iainet sauf, dans Ie cas où I'on ne parviendrait pas à s'entendre.
Mais I{ippias ne fut pas plus tôt sorti, que Pacbès I'arrêta, sans
toutefoiJ Ie mettre aux fcrs ; pui! il assaiilit brusquement la
citaclelle, s'en empara par surprisé, et fit main basse sur les
Arcatliens et sur les Barliares qui s'y trouvaient. Après quoi,
selon sa promesse, ii y reconduisit Hippias ; mais, aussitôt
entré, il l; fit saisir et percer cle traits. Là-clessus Pachès renrlit
Notion aux Colophoniens, à I'exclusion des partisans des Mèdes.
Plus tard les Athéniens peuplèrent Notion par I'envoi d'une co-
lonie, conformément à leurs propres lois5. Ils y réunirent tous
les Colophoniens disséminés en diffdrentes villes.
XXXY. De retotrr à Mytilène, Pachès soumit Pymha et Eré-
sos. Il prit le Lacédémonien Saléthos, caché clans Ia ville, et le
fit partir pour Àthènes en compagnie des Mytiléniens déposés à
ténétlos et ae tous ceux qu'il regardait comme auteurs de la
LIVRE III. I51

défection. Il renvoya pareillement la majeure partie de ses


troupes ; et, demeotunt avec le reste, il organisa à son gré
Mytilène et toute l'Île de Lesbos.
xxxu. À I'aruivée des Mytiléniens et cle saléthos, les toutes
Athé-
niens mirent imméùiatemeni à mort ce dernier, malgré
les offres qu'il put leur faire, notammenb d'éIoiSner de Platée
les péIoponé*i.n*, qui I'assidgeaient encore. Ils délibérèrent
ensuite sur le sort des prisonn*iers. Dans un premier accès ile
colère, ils résolurent dô faire périr, non-seulement ceux qui se
trouvaient à Athènes, mais encore tous les Mytiléniens adUltes,
et de réd.uire en esclivage les femmes et les enfants. Ils ne leur
parilonnaient pas ile s'êtie portésàlarévolte sans avoir, comme
ies autres, I'eicuse de l'asiujettissement
t' Ce qui augmentait
I'iilitation, c'était que la floite péloponésienne eût osé s'aven-
. turer en Ionie uo ,..oorc de Mytilène; on y voyait
I'indice
d'une rébellion ourilie de longue-main. une trirème fut dép,ê-
chée à Pachès pour lui notifier le démet et p-our lui
prescrire
à. purpr immédiatement les Mytiléniens au fil de l'épée' Mais,
dès'le lendemain, Ies Athéniens se prirent à considérer l'énor-
mité d'une sentence qui frappait un peuple e-rrtier. att iieu des
seuls coupables. Instrùits de ôe changement, Ies deputes myti-
léniens ef leurs amis d'Athènes obtinrent des magistrats qu'ils
remissent l'alïaire en délibération. Ils y réussirent sans peine,
car Ia majorité des citoyens désirait reYenir sur le vote précé-
dent. L'aËsemblée se forma sur-le-champ. On y entend.it plu-
sieurs orateurs, entre autres Cléon fils de Cléénétos2, le même
qui, la veille, avait fait passerle décret de mort. a cette épogtti,
Àthènffi n'avait pas de citoyen plus violent rri plus.écouté du
peuple. Il monta de nouveau à la tribune et prononça le rliscours
. suivant:
xxxYII. < Mainte fois j'ai re0onnu qu'un État d.émocratique
n'estpasfait pour commander à d'autres; m-ais rlen19leprouve
mieui que vôtre revirement actuel au sujet des Mytiléniens. Ac-
coutumés dans vos rapports journaliers à une confiance et une
-ioos
sécurité réciproques, avez les mêmes d.ispositions enYers
vos alliés; et^, Ioisque leurs discours ou la commisération
vous
ont fait commettre queique fau[e, vous ne songez pas que votre
faiblesse entraîne pôot uoor un péril, sans vous attirer de leur
part aucune reconnaissance. vous oubliez que votre dominatiou
r,
àst une véritable tyrannie imposée à des hommes malinten-
iiorrnés, qui n'obéiisent qu'à contre-cæur, qui ne Yous savent
uoron gté a.t concessionJ, onéreuses pour vous, que vous leur
152 GuERRE DU PÉLoPoNÈsn.

faites I mais qui se soumettent moins par défdrence que par nd-
cessité.
r Le pire à mes yeux serait qu'il n'y eùt rien cle stable dans
nos résolutions, et que nous ûe comprissions pas que mieur
vaut pour un Etat avoir des lois imparfaites, mais immuables,
que des lois ercellentes, mais dépourvues cle sanction; que I'i-
gnorance modeste est préférable à I'habileté vaniteuse; et gu'en
général les Etats sont mieux gouvernés par les médiocritds que
par les intelligences d'élite. En ellet les uns veulent se montrer
plus sages que les lois et, dans les assemblées, faire toujours
prévaloir leurs opinions personnelles, parce que c'est ltarène
la plus favorable à leurs talents, et voilà surtout ce qui perd
les rdpubliques; tandis que les- autres, se défiant de leurs
propres lumières,-ne croient pas en savoir plus que les lois. Ils
sont, il est vrai, moins aptes à critiquer les discours d'un haran-
gueur habiie; mais, jugeant avec plus de modestie que d'ému-
lation, ils éviteut mieux les écueils, C'est ià ce que nous devons
faire, nous autres orateurs, au lieu de nous engager dans une
lutte d'éloquence ou de génie, et de vous donner des conseils
contraires à nos propres convictions.
XXXVIII. .r Pour moi, je suis toujouls Ie même. Je m'd-
tonne qu'on ait remis elr discussion I'affaire des Mytiléniens et
provoqué des atermoiements qui sont tout en faveur des cou-
pahles. La colère de I'offensé contre ltoffenseur va en s'amor-
tissant; mais, quancl la répression suit immédiatement I'outrage,
la balance est dgale et la vengeance complète.
< Je serais curieur de savoir qui osera me contredire et
soutenir que les crimes des Mytiléniens nous sont utiles, ou
nos reyers prdjudiciables à nos alliés. Évidemment. à grand
renfort de sophismes, il s'évertuera pour établir que ce qui a
été voté ne I'a pas été; ou, séduit par i'appât du gain, il es-
sayera, par un discours captieux, tle 'rous faire prendre le
change. Par malheur, dans ces sortes ile luttes, c'est à d'autres
que la ville décerne les prix; pour elle, elle ne se résgrve que
les tlangers.
i< La faute en est à vous, qui présitlez mal aox débats; à
vous, qui vous posez en spectateurs des paroles et en audi-
teurs des actions. Vous jugez des éventualités futures d)après
le dire des beaux parleurs. Pour les faits accomplis, vous en
croyez moins vos yeux que ros oreilles. parce que vous êtes
éblouis par le prestige d.e l'éloquence. Éternellement dupes de
Ja nouveauté des discours, vous refusez de suivre une parole
LIVRE III. r53
dprouvée. Esclaves de ce qui est étrange, ilétlaigneux de ce
qui est connu, vous aspirez tous au talent oratoirel et, si vous
ne pouvez y parvenir, vous prenez le contre-pied de ceux qui
le possèilent, afin de n'avoir pas I'air de vous mettre à la re-
morque d'une opinion, mais d,'être les premiers à applaurlir à
une saillie. Prompts à courir au-devant des paroles, lents à
prévoir les résultats; cherchant je ne sais quel monde ima-
ginaire, sans jamais vous inquiéter de la réaliti; en un rnot,
fascinés par le plaisir de I'ouïe, et plus semTrlables à des
auditeurs de sophistes qu'à des citoyens délibérant sur les in-
térêts de l'État.
XXXX. r Je m'efforce de vous détourner de ces travers,
en vous montrant que les Mytiléniens vous ont fait le plus
sanglant outrage que jamais ville ait commis. Quant à moi, si
quelques cités se révoltent par impatience cle votre joug ou
par I'effet d'une pression étrangère, je suis presque tenté de
leur pardonner. Mais pour tles gens qui habitent une île, une
place fortiflée, que nos ennemis peuvent attaquer seulement
du côté de la mer, où même ils ont assez de vaisseaux pour
se défenclre; qui d'ailleurs se gouvernent par leurs propres
lois et qui étaient traités par vous avec une disiinction sans
eremple, je demanile si une pareille conduite tte constitue
pas un complot, une insunection plutôt qu'une défection,
car la défection suppose une oppression violent€,
-
enfin une
connivence avec nos plus cruels ennemis pour les
-
aid.er à nous
détruire.
c Leur crime est bien plus grancl que si, appuyés sur leurs
propres forces, ils nous eussent fait une guerre déclarée. Rien ne
Ieur a servi de leçon : ni le malheur des peuples qui. après s'être
révoltds, sont retombds sous le joug; ni Ia prospérité dont ils
jouissaient, et qui aurait dt les retenir sur le bord de I'ahime.
Pleins rle con{iance enl'avenir et d'un espoir au-dessus deleurs
forces, quôique au-dessous de leurs prétentions, ils ont entrepris
la guerre et préféré la violence à ta justice. Dès qu'ils se sont
crus les plus forts, ils nous ont assaillis sans avoir reçu d'in-
jures. Combien d'États ne voiL-on pas, brusquemeut parvenus
à une prospérité inespérée, en concevoir cle l'ârrogance? Au
contraire un bonheur qui n'a rien d'tmprdvu est moins dan-
gereux que celui gu'on n'attendail pas. Il est plus aisé de
Tepousser la mauvaise fortune que de se tlaintcuir dans l'a
bonne.
a Il y a longtemps que nous aurions drl traiter les lvlytilé-
t54 cUERRE DU pÉr,opollÈsu.
niens comme les autres. c'ett été Ie moyen ce les rendre moins
orgueilleux; car il est naturel à I'homme ile mépriser qui
le ménage et de resp-ecter qui lui tient tête. Qu'ils'reçoivent
donc aujourd'hui la juste punition de leur cànauite. "
t Et n'allez pas absoudre la multitude pour vous en prendre
aux aristocrates seuls. Ils sont tous également couîables.
IIs n'avaient qu'à recourir à vous, et ils seraient maintenant
réintégrés dans leurs droits; mais ils ont préféré s'exposer
avec les aristocrates et seconder.leur insuriection. songez-y
bien : si vous infligez le même châtiment aux alliés qui Je ré-
voltent sous la pression des ennemis et à ceux d.ont ia défec-
tion. est spontanée r croyez-vous qu'il en soit un seul qui ne
saisisse le plus léger prétexte pour s'insurger, quand iI aura
en perspeclrve, s'il réussit, le liberté; s'il ec[oue, un sort
supportable ? Nous. au contraire, il nous faudra à chaque in-
stant r'isq-'er nos biens et nos vies. vainqueurs, nous nô trou-
verons qu'une viile ruinée,-et nous perdrons à tout jamais les
revenus qui alimentent nos forces; vaincus, nous aurons de nou-
yeaux ennemis ajoutés à ceux quenous ayons ddjà; etletemps
qu'il eùt fallu employer contre ceux-ci sera mis â combattie
nos propres allids.
XL. n Il ne faut donc pas les bercer de l,espérance que,
moyennant des discours,ou de I'argent, ils obtiendront le par-
don d'une faute imputable à la nature humaine. ce n'est pas
malgré eux qu'ils ont faillil c'est sciemment qu'ils ont cherôhé
ir nous nuire. or les fautes involontaires sont les seules qui
méritent le partlon.
c Quant à moi, je- persiste à yous ne clevez pas
,penser que
revenir sur votre décision prdcétlente, si vous voulez dviter
les trois écueils les plus dangereux pour un empire, savoir Ia
pitié, le charnre des discours et I'indulgence. t â pitie ne doit
s'accorder qu'à charge de revanche, et nullemeni à ceux qui,
insensibles aux mé'ageuients, De cgsseront pas d'être nos en-
nemis mortels. Les orateurs dont lts discouri vou" enchantent
trouveront une arène dans d'autres occasions moins sérieuses
que celle-ci, où la ville, pour un instant de plaisir, éprouvera
un immense dommage, tandis qu'eux-mêmes- seront payés de
leur faconde à beaux deniers comptants. Enfin I'inàuigence
est clue aux hommes qui vous sonf et vous seront déviués,
mais non pas à ceux qui resteront toujours les mêmes, ei
qui n'en persévéreront pas moins dans leur hosi,iliié contre
YOUS.
LrYRE rrr. 155

( Je me résume en peu cle mots. Si vous suivez mes con-


seils, vous agirez avec justice envers les Mytiléniens et avec
utilité pour vous-mêmes. Dans Ie cas contraire, Yous ne ga-
gnerez point leur affection et vous aurez pl9lo19é votre propre
àé.héuo.r. En effet, si leur révolte a été iégitime, votre em-
pire ne saurair I'être; et si, lout injuste {-u'il- e1t' Yous croyez
â p"opo, de le conserver, f intérêt, sinon le clroit, vous fait un
er".i de les punir. Autrement il ne vous reste plus qu'à
vous démettre et à faire acte d'héroïsme à I'abri du danger'.
< Traitez-les donc comme ils vous eussent traités vous-mêmes.
Échappés au danger, ne vous montrez pas moins. sensibles à
footr'age que les provocateurs. Pensez à la manière dont ils
n'auraËnt-pas mair.lué d'en user envers vous' s'ils eussent
remporté lf victoire, surtout ayant eu les premiers torts. Lors-
quroï attaque sans motif, on poursuit son adversaire à ou-
tiance, pa..t qu'il y aurait du clanger à le laisser debout ; cal un
.oo.*i^grutuiiement offensé est plus redoutable, s'il échappe,
que celui envers qui les torts se balancent'
< Ne vous trabissez dono pas Vous-mêmes. Reportez-vous
par la pensée à I'instant oir vous étiez menacds. songez qu'alors
rien ne vous eùt coùté pour les rétluire. Rendez-leur la pa-
reille, saDS vous iaissef apitoyer sur leur sort actuel et sans
oubliér Ie 6anger naguère suspentlu sur yos têtes. Punissez-
les comme itJle méiitentl et par leur exemple, faites voir
clairement aux alliés que toute tléfection aura Ia mort pour
salaire. Une fois qu'ils en seront convaincus, Yotts aùtez
moins souvent à nêgliger vos ennemis pour combatpe vos
alliés. r
xLI. Ainsi parla cléon. après lui Dioclotos flls tl'Eucratès,
qui dans la précédente assemblée avait le plus.vivement com'
Ëattu le décret rle mort porté contre les Mytiléniens, monta'à
la tribune et s'exprima en ces termes :
XLII. a Ce n'est pas moi qui me plaindrai tle ce.qu'on a
remis en discussion I'affaire des Mytiléniens, ou qrri tlésap-
prÀoorrui jamais qu'on délibère plus d'une fois sur des causes
'"i":r"rui. b.o* défauts me parais-sent surtout contraires à la
Gur.r iles ddlibérations, savoir la précipitation.et Ia colère.
LË; provient de ldgèreté, I'atttre d'entêtement et tl'igno-
Tance.
--
i-quautàcelui qui soutient que le langage c'est pas.lltlll
prète iles faits, iI faut qu'il soit .ou aveugle o.u rnteresse :
jour
ào.ogtr, s'il croit qu'il existe un autre moyen de jeter clu
156 GU!]RRE DU PÉIOPONÈSE.
sur-les questi.ns obscures; si voulant proposer
_intéressé,'
glelque turpitucle et désespérant
.
d'appuyer pu. â*' rooo*,
ralsons une mauvaise_ cause, il cherchà-pai d'âd.oites
calom_
nies à intimider ses arrversaires et ses aùditeurs. naais
la pire
espèce est cele des gens qui accusent reurs ,rtrg.;irtes
de
trafiguer de l'art de ra parôre. s'ils se bornaieni ïi*
d'ineptie, la défaite feraii perdre la rdputation a'tuùiieié,
tr"r.
nbn
celle de probité; mais, devant le reproche a. .or.oliilo,
t'on
a beau.triompher, le soupçon restel et, si l,onrorËÀ*nu,
on
paraît à la fois dénué de talent et de vertu
rt Tout cela ne fait pas le compte
de la répubrique; car Ia
crainte la prive de ses conseilleis. Les iiui.l,t
cho^ses
mieux pour elle, si de tels citoyens dtaient a, moinr
lirn
--rrabiles

orateurs; ils ne I'entralneraient pas dans t3nt de fautes.


Le
citoyen n'use pas c'intimidatiôn cnvers ses adversaires bon
lutte contre eux à armcs égales et ne doit son trio*pil, I
il
qo'i
la supériorité de ses avis. be son côté, une *gà
sans refuser au mei[eur consei[er res honn.uri qo'h "ép'o-ùiqor,
*a.itu,
ne devrait pas res exagdrer. Loin d'infliger une
d;;à
teur qui succombe, elre devrait nerui temoigner'uo.uù aaro_
l,oru-
veur' De cette façon,.re vainqueur se laisùrait moins alrer,
par le désir de nouveiles distinitions, à parler.onirr-r*
,.n_
timent et pour praire.àra murtitude, comme aussi le
vaincu
n'aurait pas recours à la flatterie pôu, ,.gugner la popula_
rité.
XLIII. <, Nous faisons précisdment re contraire. ce n'est pas
to.ut : pour peu qu'un orateur soit soupçonné de vues
intéres_
sées, quelle Qug soit I'excellence de iei conseils,
noo, nou,
méfions de sa vénalité prétendue et nous privons
ainsi r'État
d'avantages réels. Les choses en sont venues au point
que
les meilleures idées, dmises sans détour, ne son' pas moins
suspectes que les pires. D'ou ir résulte que, non-seurement
l'au-
feg.r
d9^la plus dangereuse propositioÀ est obrige de recourir
à.fartifrce pour convaincre ra multitude, maii t'o.uli, i, pru,
utile a besoin du mensonge pour se faire accepter. avec- cette
humeur ombrageuse, notie ville est Ia seule qu,on ne puisse
servir ouvertement et sans la tromper. Faites t.un.t emeituoe
offre. profitable, et aussirôt |on vôus supç'nne de rechercher
secrètement quelque b-é_néfice personnel uf ptu, g.uod. --
. a. En présence de. telle.s dispositions et rôrsqu;il y va de nos
intérêts les plus graves, il nous importe à noui uoti.*
oÀiuo*
de vorr un peu prus roin gne vous. qui ne donnez qn'un
court
LIVRE III. I57
espace de temps à I'examen des affaires; car nous sommes res-
ponsables de nos avis et vous ne l'êtes pas de vos votes r. Si
du moins I'auteur d'un projet et celui qui I'aclopte avaient les
mêmes risques à courir, vos jugements seraient plus équita-
bles I mais non: si I'affaire tourne mal, vous sévissez contre
celui qui vous a persuadés et qui n'avait que sa propre opi-
nion, et yous n'avez garde de vous en prendre à vous-mêmes,
bien que votre faute ait été celle du granrl nombre.
XLIV. a Pour moi, si j'ai pris la parole au sujet des Mytilé-
niens, ce n'est pour contredire ui pour accuser person4e; car,
à considérer sagement les choses, ce n'est pas de leurs torts
qu'il s'agit, mais du ineilleur parti à prendre pour nous-mêmes.
Me fùt-il ilémontré qu'ils son0 coupables au premier chef, ce
ne serait pas pour moi une raison de conclure à la mort, si
nous n'ytrouvions pas notre avantage; comme aussi je ne leur
ferais grâce qu'en tant que Ie bien de l'État I'exigeraitr. J'es-
time que nous avons à délibérer sur I'avenir encore plus que
sur le présent. CIéon soutient que la peine capitale sera utile
dans Ia suite, parce qu'elle diminuera les défections; et moi,
la considération de nos intérêts futurs me conduit à une con-
clusion diamétralement opposée. Ne vous laissez pas engager,
par ce que son argumentation peut avoir cle specieux, à re-
pousser ce qu'il y a de vraiment utile dans la mienne. Son
discours, moiivé par votre colère contre les Mytiléniens, est
de nature à vous persuaderl toutefois nous n'avons point ici
à leur faire leur procès ni à peser la justice de leur conduite,
mais à délibérer sur ce gue réclanne notre intérêt à leur
égard.
XLY. c Dans la plupart des États, la peine de morL est éta-
blie contre plusieurs délits, dont quelques-uns sont loin cl'd-
galer en gravité le crime des Mytiléniens. Cepenriant I'espé-
rance induit à braver ce danger. C'est que tout homme qui
s'y expose compte sur laréussite de ses desseinsl comme aussi
toute viile qui entreprend r:ne révolte ne le fait qu'avec la
pensée de trouver en elle-même ou dans des alliances étran-
gères les moyens de Ia soutenir. Il est naturel à tous les
hommes de commettre des fautes, soit comrne États soit comme
intlividus, et il n'y a pas tle loi qui puisse y mettre obstacle.
On a parcouru successivement toute l'échelle des peines, en
les aggravant sans cesse pour se mettre en garde contre les
malfaiteurs. Il est à croire qu'autrefois elles étaient plus tlouces
pour les plus grands crimes; rnais, comme on les bravait, elles
158 cUERRE DU pÉropoNÈsp.
ont ûni avec le temps par aboutir pour la plupart à la mort;
et néanmoins on brave la mort elle-même-. Ii faut donc ou
trouver un meillerir système dtintimidation, ou c(,nvenir que la
peine de mort est une bamière illusoire.
c Tous les hommes sont poussés vers les dangers; le pauvre
par I'audace de Ia nécè.ssité; le riche par I'orgueil' d,e I'opu_
lence; les autres par I'irrésistible entrâtnement des passions
dont chacun dans sa position est possédé. a ces caus'rr si fé-
coniles enmalheurs, ajoutez encore |espéranceet la convoitise.
celle-ci ouvre la voie, celle-là s'y engage sur ses traces. L'une
forme des projets, I'autre compte sr:r le hasard pour les réa-
liser; et, comme elles agissent dans I'ombre, elies sont plus
redoutables que les clangers manifestes. Enfin la fortune y
joirtt ses excitations. Quelquefois elle surgit à l'improviste ei
précipite les faibles dans le pdril. c'est suitout re càs pour les
$!ats,.parce qu'il s'agit poui eux tles plus grands intêrêts, la
liberté ou I'empire;
.et qu_9 chaque citoyen, se voyant appuyé
par la masse, s'exagère follement ses propres forcei. En un mot
il est absurde, il serait d'une i'signe naivetd, de croire que la
nature humaine, une fois lancée à lapoursuite de quelque ôbjet,
se laissera maitriser par le frein des rois ou pai toute autre
crainte.
XLYI. c Il ne faut ilonc pas, par trop de confiance en I'effi_
cacité de la peine de mort, prendre une résolution fâcheuse,
en ôtant aux insurgés toute idée de repentir et d'une prompte
réparation de leur faute. Réfléchissez qoe, dans l'étai actuel
$9; gnosgs., Iorsq-u'urre ville révoltée se-uoit dans I'impossibi_
lité de résister, elle capitule pendant qu'elle est encore â même
de rembourser les frais de la guerre e[ de payer le tribut pour
I'avenir I mais,- clans. I'au-tre hypothèse, croyez-yous qott y
g1-eù!.u1e seule qui ne flt les plus granils piéparatifs ei ne se
défendit-jusqu'à la dernière extrémité, s'il ne devait y avoir
aucune différence entre une prompte soumission et uie résis-
tanoe désespérée ? Et comment ne serait-ce pas un dommage
pour nous de faire à grantls frais le siége d une place déte-r-
*r.ré.a à ne-pas se rendre, ou, si nous la prenons, de la trouver
ruinée et de_perdre, poul toujours les iubsides qu'elle nous
fournissait? ce sont pourtant ces tributs qui soutiennent notre
puissance.
n Gardons-nous donc de nous nuire à nous-mêmes en frap-
pant_les co rpables avec la dernière sévérité. cherchons ptutôt,
par des punitions mitigées, à laisser aux villes des ressôurces
LIVT{E III. I59
pécuniaires suffisantes. Plaçons notre sùrete, non dans la rigi-
dité de nos lois, mais dans la vigilance de nos actes. Aujour-
d'hui nous faisons I'inyerse. Si un peuple libre, assujetti à notre
empire, essaye c'est naturel de s'y soustraire, et
- comme
que nous parvenions à le réduire, nous- nous croyons obligés
rle le punir sévèrement. Ce qu'il faudrait, ce n'est pas de châ-
tier avec rigueur des hommes libres qui se révultent, mais ile
les garder avec rigueur avant leur rébellion, afin deleur en ôter
jusqu'à Ia pensée, ou, après les avoir soumis, de n'imputer
leur crime qu'au petit nombre.
XLflI. c Consiildrez encore quelle énorme faute vous com-
mettriez en suivant I'avis cle Cléon. Pour le moment, dans
toutes les villes, le peuple a de la sympathie pour vous; il ne
se joint pas âux soulèvements des aristocrates, ou, s'il y est
contraint, il ne tartle pas à se tourner contre ceux qui I'y ont
poussé; en sorte que yous avez un auxiliaire dans ia popula-
tion des villes que vous allez combattre. Mais si vous frappez
le peuple de Mytilène, qui n'a point trempé tlans la rébellion,
et qui n'a pas plus tôt eu des armes qu'iÏ s'est empressé de
vous ouvrir les portes, d'abord vous commettrez une injustice
en immolant des bienfaiteurs, ensuite vous donnerez beau jeu
aux aristocrates. Sitôt qu'ils voudront insurger un É,tat, ils au-
ront le peuple pour eux, parce que yous avrer. montré que Ia
même punition attend les innocents comme les coupables. Et
quand le peuple serait coupable, encore faudrait-il fermer les
yeux, afin de ne pas nous aliéner le seul allié qui nous reste,
Enfin je crois qu'il est beaucoup plus avantageux pour le main-
tien de notre empire d'endurer patiemment une offense que de
frapper, avec toule la rigueur du droit, des hommes que nous
tlevons épargner. Cléon a beau dire , il est impossible que,
dans ce châtiment, I'intérêt se rencontre avec Ia justice.
XLYIII. c Reconnaissez donc la supér:iorité de mon avis; et,
sans trop accorder à la pitié ni à I'indulgence, contre les-
quelles je serais le premier à vous prémunir, - écoutez uni-
quement la voix ile la raison. Jugez de sang-froid- ceux des
Mytiléniens que Pachès a envoyés comme coupables, et laissez
les autres dans leurs foyers. C'est pour I'avenir le parti le plus
sage, et c'est celui qui dans le prdsent effrayera ie plus nos
ennemis. Contre des adversaires, la prudence estune arme plus
stre que la force aveugle. a
XLIX. Ainsi parla Diotlotos. Les Athéniens, après avoir en-
tenclu ces ileux opinions contraclictoires, demeurèrent indécis,
160 GUIRRE DU PÉtoPoNÈsr.

et les voh se partagèrent presque }r egalitd. Ndanmoins I'avis


de Diodotos prévalut. 0n expédia donc en toute hâte une nou-
velle trirèmé, de peut que ltautre, qui avait un jour-et une
nuit 6'avance, n'airivât la première, et que les Mytiléniens ne
fussent égorgés. Les députés de Mytilène approvi.sionnèrent le
bâtiment de vin et tle farrine ; ils promirettt à l'équipage une
forte récompense s'il arrivait à temps. Aussi-les matelots
firentjls ooe teile d.iligence que, tout en ramant, ils mangeaient
de la farine délayée dàns duvin et de I'huiler, se releva.nt al-
ternativement pour ramer et pour dormir. Par bonheur' Aucun
vent ne contraiia leur marche. D'ailleurs le premier vaisseau,
porteur d'un message de- deuil, ne_s'était guère pressé, tandis
que I'autre faisait fôrce de rarnes. Le prenrier ne devança donc
là seconcl que du tc.mps nécessaire à Pachès pour.lire.le. tlécret
et se mettrb en devoir de l'exécuter; I'arrivée du second i'aryêta.
A cela tint que Mytilèrre ftt détruite.
. L. Quant aux Mytiléniens que Pachès a.vait envoyés
comme-auteurs de la révolte, les Athéniens, d'après I'avis de
Cléon, les mirent à mort' Ils étaient un peu Plus d-9 mille'
Mytilène fut démantelée et livra ses vaisseaux. Pour I',avenir,
lei Lesbiens ne furent frappés d'aucun tribut; mais tout
leur territoire, celui de Méthymne excepté, fut partagé en
trois mille lots, dont trois cents furent réservés aux dieux
et le reste distribué par la voie du sor[ à des colons tirés
d'Athènes. Les Lesbiens continuèrent à cultiver leurs terresl
mais ils durent payer une redevance annuelle de deux mines
par lotr. Les At[éniens s'emp:rrèrent aussi de toutesles,places
que Mytilène possddait sur le continent, et les soumirent à
làur domination. Tels furent ies événements de Lesbos'
LI. Le même été, après Ia réduction de Lesbos, les Athd-
niens, commandés par Nicias fiIs de Nicératos, firent une ex-
pédition contre Minoa, lle située en face ile Mégare. Les Mé-
gariens y avaient bâti une tour et en avaient fait une place
forte.
Nicias voulait que les Àthéniens se rendissent maitres
n
de
ce point, plus rapproché du continent que Boudoto-n { SaIa-
miie, et qu'ils y iinssent ganrison. Par ce moyen' les Pdlopo-
nésiens nè poupaient plus expédier clanclestinement, comme
cela s'était vu', des trirèmes ou desbâtiments armés en course,
ct Ies arrivage.s maritimes à Mdgare seraient interceptés. Ni-
cias s'empaù donc, par mer et avec cles machines, tle deux
tours.o saillie du cô1é de Niséa; et, après avoir rendu libre
LIYRE III. 16I
le passage entre l'îre et re contirrent, ir ferma par un mur
l,en-
droir par où il ftair possibre, aln'ae àÇ-pi;lito
ru* r.*
Ias-fonds, de porter iecoors à r'îr., peu
distante de la terre
ferme3. Tout ôela fur I'ouu.ug.-ai,'qo.rquàï
const'ruisit un fort dans Minoai y raisia :;;;, Nicias
gârnisôn ei repartit
avec l'armée.
LII. Presque au mêge. moment,.dans ie cours
de I,été, les
Platéens, à bout de subsistances Ët hor*
longtemps, se rendirent aux fretol,onesiens
a'at"i-au"îÀi. ptus
stances suivantes..Les assiégeants
dans Ies circon_
âvaient rivrJ un ïrruot qo,
les Platéens n'avaient pas éid .r, rl*r..
de repousser. Instruit
de l.eur faiblesse, re.géïerar to"JaJÀonien
ne vourut pas forcer
la ville; ses insrrucriàns le rui aarurariurJ.
prévoyant le cas où l'on ferait la
i;.'iiriiË*oniror,
stipulerait Ia rétrocession des ptucàr faix avec Athènes et où r,on
prises pendanir. go..ru,
avaient.voulu que_pratée fit eiceptiorl)
comrne s,étant rendue
volontairement. un héraut décraà aon" pioto'."i,
consentaienr à remettre reur vi[e aux "u* ioe, .,it*
r,aceàJmoniàîJàt i r.,
prendre pour juges? on ne punirait que les
.oopunfu. et que
personne ne serait flappé sans jugement.
assiégés -Èendant Sur ce message, Ies
aux abois se-iendireni. q;.ù;;"1:oo.r,
Peloponesiens leur fournirent de, viurer, r.,
en attendant que les
Juges, au nombre de cinq, fussenË venus de Lacédémone.
leur arrivée,'on ne formula'contre ies pratéens A
aucune accusa-
tion expresse; on se contentade res faire comf..-rir. -t oe reur
demander si, dans le cours de la présente
guerre, ils avaient
lundy quelque service aux Lacédèmoniens et à reurs ailiés.
Ils obtinreat pourtant de d.dvelopper f.u, d;f**,
confièrent le soin à deux d'entre âux, ;; ik en
estymachos firs d,Aso-
polaos et Lacon Iils d'Aimnestos, proxène
des Lacédémoniens r.
Ces déléguds parlèrent en ces termes :
LIII' a Lacédémoniens. quand nous avons rivrd notre vi'e,
nous I'avons fait par confiance en vous.
Arors nous étions loin
de nous attendre â un jugem"ni tui-qu,
cerui-ci; nous comp-
tions sur plus de formes.-Si nou, n,u,uons
ne voulons encoreJ. d'autres -;t;;ï;;
veulu, comme nous
l.rS..s qo, uou*,'Maintenàni ,o*
pensions que vous tiendriez ta-bàtance égare.
-craignons de nous être doublement nous
trompés; car nous soup_
çonnons à bon droit qu'il y va pour nôus de la vie, et nous
arons iles doutes sur. vôtre impariiarité. ce gui oour
gère, c'est d'abord I'absence de toute accusàtion pr.rir" rr, ,og-
qo,
nous auriols pu repousser; il nous a fallu demander nous_
-
Tô2 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

mêmes la parole; - puis la question sommaire qu'on nous


ad.resse. Vraie, notre rdponse nous conilamne; fausse, elle porte
avec soi sa réfutation. De quelque côté que nous tournions les
regards, notre embarras est le même. Nous sommes cependant
contraints, quanù la prudence ne nous en ferait pas un de-
voir, de hasartler quelques mots tle justification.. Garcler le
silence dans la situation oti nous sommes, ce serait nous ex-
poser au reproche de n'avoir pas fait tout notre possible pour
nous sauYer.
c A ces difficultés se joint encore celle cle Yous conYaincre-
si nous étions inconnus les uns aux aujres, nous pourrions al-
Iéguer en notre faveur des témoignages nouveaux pour vous;
màir voot sayez d'avance tout ce que nous pourrions dire' Ce
que nous craignons, ce n'est pas que Yous ûe jugiez n-os mé-
rites inférieurs aux vôtres, et ne nous fassiez un crime de cette
infériorité, mais bien plutôt que dans le dessein rle complaire
à d'autres, v0us ne nous fassiez plaitler une cause iléjà jugée.
LlY. ( iTéanmoins nous essayerons de nous défendre en ex-
posant, d'une part,la justice de notre conduite dans nos tld-
mêlés avec les Thébains, de !aut_re les droits que nous avons
à votre reconuaissance et à cetié de toute Ia Grèce'
a Et d'abord, quant à la question sommaire qui nous est
posée: a Avcz-vous, dans le cours de Ia guerre act-uelle, rendu
? quelque service aux Lacé6émoniens et à leurs alliés? r voici
ooire rdponse : Si c'est à des ennemis que cette question s'a-
dresse, iour ne devez pas trouver mau'ais qu'ils ne vous aient
rendu aucrin service ; Ji au contraire c'est à des amis, ce serait
plutôt vous qui seriez coupailes d'avoir tourné vos armes
ôoutre eux. Mâis ou notre conduite fut exemplaire, ce fut pen-
dant la paix et tlans la guerre contre le Barbare. Nous ne rom-
ptmes pbint celle-là les premiers, et seuls des Béotiens nous
àombatiîmes celui-ci pour la tiberté de ia Grèce. Bien qulhl-
bitant Ia terre ferme, nous primes part au combat naval ile
I'Artémision; .et, dans la journée qui eut lieu sur notre terri-
toire, nous étions près de vous et de Pausanias r. Tous les
autres dangers qui, dans ce temps, menacèrent les Grecs, nous
les partageâmes avec un zè}e au-dessus de nos forces. Lors-
quel aptès le tremblement 6e terre et la retraite cles Hilotes.
sur le mont lthome, Sparte était plongée dans la consterna-
tion, nous envoyâmes à votre secours Ie tiers ile nos ci-
toyens'. Ce sont Ià tle ces traits qui méritent cle n'être pas
oubliés.
LII-RE III. 163

LV. c Tels sont les services que nous vous rendîmes jadis.
Si depuis lors nous sommes devenus vos ennemis, c'est uni-
quement par votre faute. Lorsque, opprimés par les Thébains,
nous etmes recours à votre alliance, vous nous renvoyâtes
aux Àthéniens, sous prétexte qu'ils étaient proches et vous
trop éloignésr. Toutefois, durant cette guerre, vous rt'ayez
reçu de nous, ni de près ni de loin, aucune olTense signalée.
Il est vrai que, malgré vos instances, nous avons refusé d'aben-
donner les Athéniens. Mais comment nous en faire un crime ?
Ne nous avaient-ils pas protégés contre les Thébains, quand
vous refusiez de le faire? C'ett été urre honte de les trahin
après avoir reçu leurs bienfaits, sollicité leur appui, et obtenu
chez eux le droit de cités. Dans les ordres que les uns ou les
autres vous intimez à vos alliés, s'il y a quelque chose de ré-
préhensible, ceux qui clonnent I'impulsion vefs le mal sont plus
à blâmer que ceux qui la reçoivent.
LVI. ( Les Thébains ont commis enyers nous plusieurs of-
fenses. Yous connaissez la clernière, qui a été la cause tle tous
nos malheurs. Ils ont cherché à stemparer de notre ville en
pleine pair, dans un temps de fête t. En les punissaut, nous
n'avons fait qu'user tle cette loi universelle qui autorise à re-
pousser la force par Ia force. Aujourrl'hui vous auriez tort ile
nous sacrifier à eux. Si vous substituez à la justice votre inté-
rêt aotuel et leur inimitié pour nous, yotre sentence paraitra
fausse, inique et entachée d'égoïsme.
<r D'aiileurs, s?ils semblent aujourd'hui vous être'utiles, nous

le ftmes bien davantage, nous et les autres Grecs, dans un


temps orl vous couriez un plus grancl danger. Maintenant c'est
vous qui faites trembler les autres; mais lorsque le Barbare
apportait à tous la servitude, ils étaient avec lui. Or il est juste
de mettre en compensation de notre faute présente, si tant
est que cten soit une, notre dévouement passé. Yous le trou-
verez même d'autant plus méritoire qu'il brilla rlans un mo-
ment ou ilétait rare de voir quelqu'un des Grecs opposer de la
résistance aux armes de Xerxès. Alors on exaliait ceux qui
avaient I'héroïque imprudence de mépriser l'invasion et d'af-
fronterlepéril pour la bonne cause. Nous fùmes de cenombre;
et, après avoir été portés aux nues, nous craignons aujourd'hui
tle périr pour nous être cond.uits d'après les mêmes principes,
c'est-à-dire pour nous être attachés aux Athéniens d'après la
justice, plutôt qu'à vous d'après I'intérêt. Ii ne faut pourtant
pas avoir deux poitls et deux mesures, ni admettre que I'intérêt
164 GUERRE DU PÉLOPOUÈSN'

du moment prenne le pas sur la reconnaissance éternellement


due à de fidèles alliés.
LVII. o Consiilérez encore qu'aujourd'hui vous êtes regarilés
par Ie plus grand nombre des Grecs comme des modèles ile
vertu. Or, si yous nous condamnea contretoute justice, - cette
cause aura du retentissement, car votre renommée est grantle
et la nôtle n'est pas tout à fait nulle,
- prenez-y garcle, on ne
vous yerra pas sans horreur porter contre des bravesr vous
plus braves encore, une sentence indigne, ni suspendre dans
les temples nationaux les tlépouilles des bienfaiteurs tle la
Grècet. Il paraîtra révoltant que Platée soit détruite par les
Lacédémoniens; que vos père$ I'aient insmite sur le trépietl de
Delphes à cause cle son couragec, et que vous l'efÏaciez de la
Grèce en consiclération des Thébains. Voilà donc le degré d'in-
fortune âuquel nous sommes réduits I Si les Mèd.es eussent
triomphé, notre ruine était consommée; et aujourd'hui uous
sommes supplantés dans votre vieille amitié par les Thebains;
nous nous sommes vus aux prises avec Jes deux clangers'les
plus terribles : risquant naguère cle mourir de faim si nous ne
livrions pas notre ville, et maintenant d'être condamnésà mort.
Ces mêmes Platéens qui montrèrent pour Ies Grecs un dévoue-
ment sans bornes, sont repoussés de partout, délaissés, sans
secours. De nos alliés tl'alors nul ne vient à notre aide; et vous,
Lacdilémoniens, notre unique espérance, nous craignons que
vous ne nous donniez aucun aPPui.
LVIII. r< Au nom tles dieux qui reçurent nos serments, au
nom du patriotisme dont nous fimes preuve, nous vous conju-
rons de vous laisser fléchir et de rompre les engagements que
les Thébains ont pu vous alracher. Demanclez-leur qu'en retour
de nos services ils vous permettent cl'épargner des hommes
qu'il serait indigne d'immoler. Au lieu d'une reconnaissance
honteuse , assurez-vous une reconnaissance honorable I Èt,
par une lâche condescendance, n'attirez pas sur vous le dés-
honneur. Un instant suffit pour tlétruire nos corps ; mais ce
sera pour vous une tache indélébile; car vous frapperez en
nous, non pss des ennemis, ce qui serait juste, mais des
amis que la nécessité sp,ule a forcés d.e vous combattre. En
nous faisant grâce de la vie, vous remplirez un devoir sacré.
Rappelez-vous que notre reddition a été volontaire; que nous
vous avons tendu les mains I - orr la loi des Grecs défencl de
tuer des suppliants; qu'enfin nous avons été de tout temps
vos bienfaiteurs.
-
LIVRE IÎI. 165
a Tournez les yeux sur les tombeaux de vos ancêtres, immo-
lés par les Mèiles et inhumés dans notre tenitoire. Chaque an-
née notre ville leur ollrait des vêtements d'honneur et d. autres
sacrifices d'usage r. Nous leur présentions les prémices de
toutes nos récoltes, comme des amis au nom d'une terre amie,
comme des alliés à de vieux compagnons d'armes. Par une sen-
tence inique, vous ferez précisément I'inverse. Songez-y bien :
quand Pausanias leur donna la sépulture, il crut le.s confier à
une terre amie et à des amis; et vous, si vous nous tuez, si
vous livrez aux Thébains le pays de Platée, que ferez-vous si-
non ile priver vos pères et vos parents de l'honneur dont ils
jouissent et de les abanclonner aux mains de leurs meurtriers?
Cette terre orl les Grecs furent affranchis. la ferez-vous esclave ?
ces temples des ilieux qu'ils invoquèrent pour triompher tles
iVIèdes, les rendrez-vous déserts et Ies ddpouillerez-l'ous des
sacrifices institués par leurs fonclateurs s ?
LIX. c Lacédérnoniens, une telle concluite serait indigne de
votre gloire, contraire au droit des Grecs, injurieuse pour vos
ancêtres. Ce serait immoler des bienfaiteurs pour une inimitié
étrangère et sans motif légitime. Épargnez-nous plutôt, et que
vos cæurs s'ou\rrent à une sage commisération. Songez à I'a-
trocité du sort qui nous menace, songez au caractère des vic-
times et à I'instabilité de la fortune, qui frappe souvent ceux
qui le méritent le moins.
< Quant à nous, comme le ilevoir et la ndcessitd nous y obli-
gent, invoquant à grands cris les dieux que tous les Grecs
adorent et les serments que vos ancêtres ont prêtés, nous nous
réfugions auprès des sépulcres de vos pères; nous implorons
ceux qui ne sont plus; nous vous conjurons, au nom de notre
amitié, tle ne pas nous livrer aux Thébains, nos ennemis mor-
tels. Nous vous rappelons cette journée dont pour nous l'éclat
fut si beau, tanilis que celle-ci nous menace clu sort le plus
déplorable.
c Enfin pour terminer, chose à la fois nécessaire et pénible
pour nous, dont Ie trépas suivra peut-être la conclusion de ce
discours, nous vous disons: Ce n'est pas aux Thébains que
nous avons renris notre ville, nous eussions préféré Ia plus
homible des morts, celle de la - faim, mais c'est à vous que
nous sommes venus avec confiance. Si- donc nous ne pouvons
rien gagner sur. vous, il serait juste de nous replacer dans notre
ancienne position et de nous laisser le choix du danger. Lacé-
démoniens, nous yous en conjurons, nclus citoyens ile Platée,
166 GUERRE DU PÉIoPONÈSI].

si dévoués aux Grecs et aujourcl'hui vos suppliants; n'allez pas,


au mépris de la foi jurée, nous sacrifier aux Thdbains, nos im-
placables ennemis. Soyez plutôt nos sauveurs; et, au moment
ou yous affranchissez ies Grecs, ne devenez pas les instruments
de notre ruiue. r
LX. Lorsque les Platdens eurent fini de parler, les Thébains,
craignant I'effet proiluit surles Lacéclémoniens par leur discours,
se présentèrent eI dirent qu'ils désiraient être entendus, puisque,
contrairement à leur avis, on avait permis aux Platéens il'allon-
ger outre mesure leur réponse à la question proposée. On y con-
sentit, et ils s'exprimèrent en ces termes :
LXI. ( Nous n'aurions pas demantlé Ia parole, si les Platéens
s'étaient contentés de répondre brièvemeni à la question; en
s'abstenant cle nous mettre en cause et de présenter en leur
faveur une apologie superflue, ayec force louanges sur des
faits que nul ne songe à leur reprocher. Ceci nous oblige à une
défense et à une réplique, afin qu'iis ne tirent avantage ni tle
notre tlémérite ni de leur gloire, et que votls ne portiez un
jugement qu'après avoir entendu la vérité sur les deux parties.
c L'origine de nos démêlés avec eux remonte à I'époque où,
après nous être rendus maîtres cle la Béotie, nous constituâmes
Platée et avec elle d'autres villes dont nous aviôns exoulsé la
population mélangée r. Alors, en tldpit de la règle admise'pri-
mitivement, ils déclinèrent notre supréniatie et, seuls des Béo-
tiens, foulèrent aur pieds les lois du pays. Puis, lorsque nous
voulûmes les contraindre, ils s'unirent aur Athéniens et, con-
jointement avec eux, nous firent bien des maux, qu'à notre tour
nous leur rendîmes.
LXII. < Quand le Barbare vint attaquer Ia Grèce, ils furent,
disent-ils, les seuls des Béotiens qui ne firent pas cause com-
mune avec lui. C'est là surtout ce dont ils se prévalent pour
s'exalter eux-mêmes et pour nous insulter. Nous au contraire
nous prétendons que, s'ils ne prirent point le parti iles Mèdes,
c'est que les Athéniens ne le prirent pas non plus; et la preuve,
c'est que plus tard, lorsque Athènes menaça la liberté cle la
Grèce, ils furent en Béotie les seuls partisans des Athéniens.
D'ailleurs consitlérez queile était notre situation respective à
l'époque de ces évdnements. Notre ville n'étaib aiors gouvernée
ni par une aristocratie soumise aux lois, ni par une démocratie ;
elle subissait le régime le pius contraire à la légalité et àla
moclération, en un mot le plus voisin de la tyrannie. Une poi-
gnée cl'oligarques possétlaient seuls toute I'autorité. Ce sont eur
LIVRE III, 167
qui, dans I'espoir d'afïermir leur domination si Ie IVIètle avait
le dessus, continrent le peuple par la force et appelèrent les
Barbares t. Lorsqutelle agit ainsi,notre ville dans son ensemble
n'etait donc pas maitresse d'elle-mème; et il serait injuste de
lui imputer une faute où les lois n'eurent arlcune part. Mais
lorsque , après la retraite des Mèdes, I'ordre légal fut rétabli;
lorsque plus tard les Athéniens attaquèrent toute la Grèce ei
s'efforcèrent de subjuguer notre pays.iravaillé par les dissen-
sions, considérez si la victoire qu. nous remportâmes sur eux à
Coronée n'affranchit.pas la Béotie e, et si maintenant nous ne
contribuons pas de tout notre pouvoir à la délivrance des Grecs,
en fournissant des chevaux et un contingent plus fort que pas
un des alliés. Telle est notre réponse à I'accusation de mé-
disme n.

LXIII. c'Nous essayerons maintenant de démontrer que c'est


vous plutôt qui êtes coupables envers la Grèce et qui méritez
les clerniers châtiments. A vous entendre, c'est pou-r vous ven-
ger de nous que vous êtes devenus alliés des Athéniens et que
vous avez reçu droit de cité chez eux. Mais, s'il en était ainsi,
vous auriez dt les appeler contre nous seuls, au lieu de vous
joindre à eux pour opprimer les autres. Supposd mênre qu'ils
vous entratnassent malgré vous à leur suite, il ne tenait qu'à
vous de réclamer cette aliiance conclue avec les Lacéilémo-
niens contre les N1èdes, qui est votre éternel refrain. ElIe suf-
{isait amplement pour vous mettre à I'abri de nos attaques et
chose essentielle
-rations. - pour
Mais non, c'est
assurer la liberté de vos délibé-
de votre plein gré, sans aucune espèce
de contrainte, que vous avez pris le paiti des Athéniens. Vous
ne pouviez, dites-vous, abandonner sans honte des bienfai-
teurs. Il était bien plus honteux et plus injusre de trahir tous
le.s Grecs, qui avaient rgçu vos serments,
[ue ]es seuls Athé-
niens , dès I'instant quà ceux-ci travaillaiènt à I'asservisse-
ment, ceux-là à I'affranchissement de la Grèce. yous ne leur
lye-z pas témoigné une reconnaissance égale ni exempte cle
déshonneur ; car vous les avez app.elés, dites-vous, pou-r vous
garantir de I'oppression, et vous ïous êtes joint.'à eor poo,
opprimer les autres. Or il y a moins de honte à ne pas i'ac-
quitter d'une dette qu'à reconnaitre par des actes injustes des
services loyalement rendus.
LXry. aVous avez bien fait voir que si,dans Ie temps, vous
ne suivîtes pas le parti des Mèiles, ce ne fut point à cause des
Grecsr mais parce que les Athénîens ne le suivaient pas, et
168 GUIRRE DU PÉIOPONùSE.

palce que vous vouliez imiter les uns et faire le contraire


des

autres. Et vous prétendriez vous faire un titre d'une valeur


vous
âeri.i+, oour plaire à autrui ! cela n'est pas soutenable.
pretéré lui ethérriens ; vous devez donc partager avec eux
avà,
d'alors,
toutei les chances cle la lutte. N'alléguez pas.l'alliance y
;;;;t si elle devait vous protéger aujour{lhol'.Vous a\.ez

,àr.".E,
-Ési;Àil I'avez violde vïus-mêmes en aidant à asservir ]es
et d'autres de .vos confédérés, au lieu d'y .mettre
"ous
ofrstacte. Tout cela, vous ne l,ayez pas fait contre votre
vo-
ioote , ainsi que ooor, mais bien sous
I'empire .des lois qui
der-
vous'régissrni encore et sans la moinclre contrainte. La
oie.. r,i*mation que nous vous avons faite avant I'investis-
sement,deresterpaisiblesetneutres,vousl'avezrepoussée.
ilï-6;;;*ieux que vous mérirerair I'exécration de tous les
pour leurnuire?
Grecs,Yousqur ne iaites montre de vertu-que
qlre Yous avea fait jaclis, votre,conduite récente a prouvé
Le bien
qu'il ne vous appartenait pas, e-t I'éternel penchant de votre
Athéniens ont
i"torr *'.rt rOvÉtl dans toui son jour. Quanil les y avgl.sulvrs'
marché dans la voie de I'injustice, vous les
<YoiIàcequenousevionsàdiresurnotremédismeinvo.
sur votre libre attachement aux Athéniens'
^-îiy. etquant
lontaire
i à la dernière offense que yous pretendez avoiÏ
reçue, lorsque, selon vous! Dou-s auôns attaqué votre ville
fêlgl même
contre le droit, en-pleine paix et dans un ternps lu
à cet égard ooo, ,iu pas être plus réprehensibles que
""oyôn* dans I'in-
vous. Si de nous-*à*., ioor ètioos venus chez vous, pays'
et de ravager hostilemeilt votre
tention ile livrer bataille
que.plusieurs de
nous serions inetcosables; mais s'i-I est vrai
vos citoyens, les premieri P-a.r la fortune et par.Ia
naissance'
nous aielrt spontandment appôléspour vous
retirer d'une alliance
étrangère et vous- rattachôr à la confédération
nationale cles
oot* crime? ceirx qui donnent I'impul-
Béotiens, ou est ôoo.
sionsontplusàblâmerqueceuT,quilareçoivent.D'ailleurs,à
de la nôtre'
oo, yto",'il n'y u to at'tort ni de leur .part.ni
Citoyens comme vous' ayagt Pê*t pl.us à ptlttlill:tous
ont
nullement en
ouvert les portes et nôui oirt introduits en amis, de se
les mauvais citoyens
ennemis. IIs voulaient empêcher
qu'ils
pervertir davantage, et procurer aux honnêtes gens ce
ilil;ff;i J.-prétttdi'e. Ils voulaient corriger les esprits
sansattenteraux.p,rsonnes'vousrattacheràvosalliancesna.
I'amitid
turelles sans vous ravil votre patrie, vous concilier
générale sans vous créer aucun ennemi'
LIVRE IiI. 169

LXVI. ( La preuve de nos intentions pacifiques, c'est que,


loin d'inquiéter personne, nous avons, par une proclamation,
invité dès I'abord à se joindre à nous quiconque voulait se gou-
verner d'après les institutions nationales cle ia Béotie. Yous y
avez aclhéré cle grand cæur; et , la convention faite, vous avez
commencé par rester tranquilles. Plus tard, j'admcts que
-
nous eussions eu tort d'entrer chez vous sans I'assentiment tle
la multitucle, au moins fallait-il nous imiter en nous enga-
geant à nous -retirer sans violence. Mais non; vous n'avez pas
plus tôt reconnu notre petit nombre, que y0us nous ayez assail-
iis en dépit de la c<invention. Ceux dont uous regrettons le plus
Ia perte, ce ne sont pas tant les victimes du combat ; jusqu'à
un certain point leur mort a dté légitime I mais ceux qui vous
tenclaient les mains, ceux à qui vous aviez fait quartier et pro-
rnis la vie sauve, les avoir égorgés au mépris des plus saintes
lois, n'est-ce pas ià une atrocité? Quoi ! vous avez commis coup
sur coup trois perlïdies, rupture cle Ia convention, massacre
de sang-froid, violation de votre promesse d'épargner les pri-
sonniers si nous respections vos campagnes, et vous venez
dire que c'est nous qui sommes dans nos torts et que Yous ne
méritez aucunes représaillesÏ II nien sera rien, si du moins ces
juges font leur devoir; mais Yous recevrez le juste salaire de
votre conduite. .

LXVII. q Nous sommes entrés dans ces détails, ô Lacéclémo-


niens, afin de motiver à vos yeux la sentence que vous allez
rendre., et cle légitimer plus encore aux nôtres la vengeance
qui nous anime. Ne vous laissez pas attendrir par l'énumération
de Ieurs ancicns services, si tant est qu'ils soient réels. Les
bienfaits passés peuvent être un moyen de défense pour les
victimes d'une injustice ; mais ils doivent attirer une double
animaclversion sur les auteurs d'actes infâmes, parce que leur
crime est un tlémenti clonné à leurs mérites précédents. Que
leurs cloléances et leurs supplications ne leur soient d'aucun
secours, non plus que leurs appels aux sépulcres de vos pères
et à leur pTopre abantlon. À notre tour, nous dvoquerons notre
jeunesse impitoyablement massacrée, elle dont les pères sont
morts à Coronde pour entratner tlans votre parti la Béotie,
ou, vieux et délaissds dans leurs demeures soiitaires, vous sup'
plient bien plus fortement de les venger. La pitié n'est due qu'â
I'infôrtune imméritée ; une souffrance aussi juste que la leur
doit être au cottraire un sujet tle joie.
s Pour ce qui est de leur isolement actuel, ils ne doiveni
Tuucrnrnr:. t0
170 cuERRE DU PÉtoPoNÈss.

I'imputer qu'à eux-mêmes, Ils ont sciemment


tepoussé les

*eillrors uilidr, fould aux pieds les plus saintes lois par un
esprit ile haine plutôt que de justice. Même aujouril'hui la sa-
tisiaction qu'ils nous auront donnée ne sera pas équivalente à
leur crime ; elle sera fixée par la'loi, car ce n'est point' comme
ils le flisent, à ia suite d'un combat et les mains étendues qu'ils
se sont.livrés, mais en vertu d'une convention formelle et en
se soumettant à un jugement.
c Lacédémoniens, prêtez main forte à la loi des Grecs, qu'ils
ont violée: et. comme nous aions souffert tle cette violation,
récompensez le zèle dont nous avons fait preuve. a":il ne soit
pas dii que nous avons été supplantés dans votre amitié par la
iéduction de leurs tliscours. Montrez aux Grecs par un grancl
exemplc qu'à vos yeux le langage ne prévaudra jamais sur
le, actes: louables, une courte mention leur suffit; coupables,
il leur faub dc belles phrases pour voile. Mais si des chefs,
comme vous au-iourd'hui, savent établir contre les coupables
des jugements expéditifs, on cherchera moins à pallier des ac-
tions criminelles par des discours pompeux. D
LXYIII. Ainsi parlèrent les Thtibains. Les juges lacédémo-
niens décitlèrent qu'on s'en tiendrait à la question de savoir
si, dans le cours dè la guerre, les Platéens leur avaient rendu
quelque service. A leur avis, pour se conformer à I'ancien
traité conclu par Pausanias après la défaite des Mèdes, ils au-
raient dt rester en repos avant la guerre, et plus tard accepter
la proposition de demeurer neutres aux termes du même traité;
ce-à quoi ils n'avaient pas voulu consentir. Ils pensaient que
les Plàtéens, en repoussant leurs justes exigences, s'dtaient
mis en clehors des traités et s'étaient attiré leur infortune. Ils
les flrent donc comparaltre I'un après I'autre et leur cleman-
dèrent si, dans Ie cours de la guerre actuelle, ils ayaient rendu
quelque service aux Lacéclémoniens et à leurs alliés. Sur leur
r.eponse négative, on les emmenait à ia mort' Il n'y en eut au-
cun ,l'excepte. On égorgea de la sorte non moins de cleux cents
Platéens, ôutre vingt-cinq Athéniens qui avaient soutenu le
siége avec eux. Les femmes furent réduites en esclavage.
Quant à Ia ville, ies T'hébains la clonnèrent à habiter Ipour
une année à des Mé;ariens exilés pour cause de sedition et à
ceux des Platéens qui s'étaient déclarés pour eux et n'avaient
pas été enveloppés clans la ruine de leur patrie. Plus tard ils
iasèrent oornplétement Platée. Avec les matériaux, ils construi'
sirent près du temple de Junon un hospice de cleux cents
LIVFE III. 17 I
pieds en long et tn ltrgr, avec deux étages de logementse. Ils
employèrent à cette construction la charpente et les portes des
maisons ile PlatÉe. Les ustensiles d'airain et de fer trouvés
dans la ville servirent à faire des lits consacrds à Junon. Un
temple de marbre, large de cent pieds , fut aussi élevé en
I'honneur ile cette cléesse. Les terres furent confisqudes et af-
fermées pour dix ans au profit des Thébains.
Le motif principal, pour ne pas dire I'unique, du peu de
sympathie que les Lacédémoniens témoignèrent pour Platée,
fut le désir de conrplaire aux Thébains, dont ils croyaient
avoir besoin pour la guerre commencée récemment.
Ainsi périb P)atée, quatre-vingt-treize ans après qu'elle était
entrée dans i'alliance d'Athènes 5.
LXIX. Cependant les quarante vaisseaux peloponésiens qui
avaient été au secours de Lesbos et qui, comme on I'a vu,
avaient gagné le large pour se soustraire à la poursuite des
Athéniens, essuyèrent dans les parages de la Crète un coupde
vent qui les dispersa. Ils regagnaient isolément le péloponèse,
lorsqu'ils. rencontrèrent à Cyliène treize trirèmes de Leucade
et dtAmbracie, commandées par Brasidas fils de Tellis, placé
comme conseil auprès d'Alcidas. Les Lacédémoniens, voyant
leur expédition de Lesbos manquée, voulaient augmenter leur
flotte et cingler vers Corcyre, alors en proie aux dissensions.
Pour cet elïet, il fallait proliter de ce que les Athéniens n'a-
vaient que douze vaisseaux à Naupacte, et ne pas attendre
qu'il leur vînt des renforts. Brasidas et Alcidas se préparèrent
donc à cette entreprise^
LXX. Les troubles de Corcyre avaient pris naissance au re-
tour des citoyens faits prisonniers dans les batailles navales
d'Épidamne'. Les Ccrintbiens les ar';rient relâchés, soi-disant
'sous une caution de huit cents talents fournie par leurs pro-
xèness, mais en réalité parce que ces prisonniers promettaierit
de leur soumettre Corcyre. Ils se mirent donc à l'æuvrel et,
par }eurs démarches individuelles, ils cherchèrent à soulever
la ville contre les Athéniens.
Sur ces entrefaites, il arrivadeux vaisseaux, I'un d'Athènes,
l'autre de Corinthe, qui amenaient des députés. On tint une
assemblée, orl il fut décidé que les Corcyréens, sans rompre
avec Athènes, renoueraient leurs anciennes relations avec les
Péloponésiens. Il y avait alors à Corcyre un cerbain pithias,
proxène volontaire d.es Athénienst et chef du parti démocra-
tique. Les hommes tlont nous venons de parier le citèrent en
t-..I7 r -

172 GUERRE Du pÉLopoxÈsu.


justice, comme asservissant Corcyre aux Aihéniens. II fut ab-
sous; et, à son tour, il attaqua les cinq plus riches de ses
adversaires, les accusant de couper des échalas dans les bo-
cages de Jupiter et d'Alcinoùsr. L,amende était d'un statère
par échalas s. Coudamnés et hors d'dtat de payer cette somme
exorbitante, ils allèrent s'asseoir en suppliants tlans les tem-
ples, afin qu'on leur fixât plusieurs termes pour le payement.
Mais Pithias, qui se trouvait alors membre du conseil, obtint
qu'on appliquât la loi à la rigueur. Poussés à bout, et informés
que Pithias voulait profiter du temps ou il était encore en
charge pour engager le peuple à faile avec les Athdniens une
alliance offensive et défensive, ils formèrent un complot; et,
s'armant cle poignards, ils firent irruption dans la salle du con-
seil. Ils tuèrent Pithias, ainsi qu'une soixantaine d'autres con-
seillers ou de simplcs particuliers. Quelques rares partisans
de Pibhias se réfugièrent sur la trirème athénienne qui Ctait
encore clans le port.
LXil. Là-dessus les conjurés convoquèrent les Corcyréens
et dirent que tout était pour Ie mieux; que c'était l,unique
moyen d'échapper au joug d'Athènes; qu'à I'avenir' il fallait
rester en paix, sans recevoir à la fois plus d.'un vaisseau des
deux nations belligérantes, et, s'il s'en présentait davantage,
les traiter en ennemis. cette iléclaration faite, ils contraigii-
rent le peuple de la ratifier. Des députés furent aussirôt en-
voyés à Atnènes pour présenter la conduite des corcyréens
sous Ie jour Ie plus favorable et pour inviter les réfugiés à ne
l'aire aucune démarche intempesti'e, s'ils ne voulalent pas
exciter un soulèvement.
LXilI. A I'arrivée de ces cléputés,les athéniens les saisirent
comme tlesfactieux, ainsi.que t_ous ceux qu,ils avaient gagnés,
et les iléposèrent à Égine'. Là-dessus une trirème corinihirorre.
aborda à corcyre, avec des députés lacédémoniens. Âlors ceux
qui étaient au pouvoir attaquèrent le parti populaire et furent
vainqueurs dans un premier combat; mais, lâ nuit venue, le
peuple se retira dans ia citadelle et dans le haut de la ville, s'y
réunit et s'y retrancha.
.Il occupa aussi le por[ HyllaTque;.
Ceux du parti opposé étaient maîtr."s de I'agora, otr ia plupart
d'entré eux avaient leurs habitations, de même que du port-qui
I'avoisine et qui regarde le continent.
txXIII. Le lendemain il y eut de légères escàrmouohes.
Ch.acu-n des deur partis enyoya tlans les campagnes pour ap-
peler les esclaves en lerrr promettant la liberté. ia plipart ie
I,II'RE 1II. I73
loignirent au peuple: le parti contraire reçut du continent un
renfort cle huit cents hommes.
LXXIV. Après un jour d'irrtervalle, eut lieu un nouvel enga-
gement orl le peuple fut vainqueur, grâce à I'avantage des po-
sitions et du nombre. Les femmes secondèrent bravement les
combattants. Elles lançaient des tuiles du haut des toits et
affrontaient le tumulte avec un courage au-dessus de leur sexe.
Sur le soir, les aristocrates en déroute craignirent que Ie peuple
ne se portât au chantier de la marine, ne I'enlevât d'emblde et
ne les massacrât eux-mêmes. Pour fermer tout accès, ils mi-
rent le feu aux meisons et aux logis' qui entouraient I'agora,
sans épargner les leurs.pius que les autres. Des richesses im-
menses, appartenant au commerce, furent consumdes; et, si le
vent eùt chassé les flammes du côté de la ville, elle eùt été
complétement détruite. Cet inciilent mit {in au combat. Les
deux partis firent une trôve et passèrent la nuit sur le qui-
vive. Le vaisseau de Corinthe, voyant le peuple victorieux,
partit furtivement, et la plupart cles auxiliaires repassèrent sans
bruit sur la tene ferme.
LXXV. Le jour suivant, le gdnéral athénien Nicostratos
f,ls cle Diitréphès arriva de Naupacte avec douze vaisseaux et
cinq cents hoplites messéniens. Ii ménagea un rapprochement
entre les tleux partis. lI fut convenu grr'on mettrait en accusa-
tion les dix principaux auteurs de l'émeut€,
la fuite aussitôt;
- ceux-ci prirent
que les autres citoyens feraient Ia paix
-
entre eux et concluraient avec les Athéniens une alliance of-
fensive et défensive. Après cette négociation, Nicostratos se
clisposait à reprêndre la mer ; mais les chefs du peuple lui de-
mandèrent de leur laisser cinq de ses vaisseaux. afin de tenir
en respect leurs adversaires. Ils offraient d'équiper un pareil
nombre de leurs propres navires, qui partiraient avec lui. Ni-
costratos y consentit. Alors ils firent choix de leurs ennemis
pour composer les équipages. Ceux-ci, craignant d'être en-
voyés à Athènes, s'assirent en suppliants clans le temple des
Dioscures. Nicostratos €ssaya cle les relever et de les rassurer;
rnais ce fut en vain I aussi le peuple saisit-il ce prétexte pour
s'almer, comme si leur refus de s'embarquer cachait quelque
intention perficle. I[ enleva de leurs maisons les armes qui s'y
trouvaient I et, sans I'intervention de Nicostratos, iI aurait mas-
sacré ceux cl'entre eux qu'il rencontra dans la rue. Les autres,
témoins de ce qui se passait, allèrent s'asseoir dans le temple
ile Junonr. Ils n'étaient pas moins de quatre cents. Lt: peupie,
174 GUERRE DU pÉlopolrÈsu.

qui recloutait quelque agitation, leur persuada cle quitter cet


asile, et les transféra dans I'île située eD face du temple de
Junon, ou il leur fit passer des viyres.
IXXYI. Sur ces entrefaites, quatre ou cinq jours après la
translation de ses citoyens dans I'îIe, Ies vaisseaux pdloponé-
siens, rassemblés à Cyllène depuis leur retour d'Ionie, sur-
vinrent au nombre de cinquante-trois. Ils étaient, comme
prdcédemment, command.és par Alcidas, avec Brasidas pour
conseiller. Ils jetèrent I'ancre aux Sybota r, port du contiÀent,
et au point du jour ils cinglèrent vers Corcyre.
LXXYII. L'alarme fut extrême. Effrayés à la fois de leur
situation intérieure et de l'approche de cette flotte,les Cor-
cyréens armèrent à la hâte soixante vaisseaux; et à mesure
qu'ils étaient prêts, ils les envoyèrent contre liennemi. Les
Athdniens leur conseillaient au contraire de les laisser sortir
eux-mêmes les premiers et de venir ensuite les soutenir avec
toutes leurs forces. Les vaisseaux corcyréens s'avanQant isolé-
ment, il y en eut deux qui dès I'abord passèrent à i'ennemi:
sur d'autres les équipages se battaient entre eux et le désordré
dtait complet. Témoins tle cette confusion, les péroponésiens
opposèrent vingt vaisseaux à ceux de Corcyre; tout là reste de
leur flotte se porta contre les douze bâtiments athéniens, parmi
lesquels étaient la Salaminienne et, Ia Paraliennet.
LXXYIII. Les Corcyréens, attaquant malailroitement et avec
peu de vaisseaux à la fois, furent très-maltraités. Les Athé_
niens appréhendaient de se voir enveloppés et accablés par le
nombre. Aussi ne se portèrent-ils point, sur le gros ni sur le
oentre de Ia flotte ennemie; mais, se dirigeant sur l,une des .

ailes, ils coulèrent bas un vaisseau. Ensùte la flotte pélopo-


nésienne s'étant rangée en eercle, ils se mirent à en iairô Ie
tour, en essayant d'y jeter le désordre. Ceux qui étaient op-
posés aux Corr:yréens s'aperçurent de leur inteirtion; et, crâi-
gnant qu'il n'en ftt comme à Naupacte r, ils vinrent aû secours
des ]eurs. ainsi toute la flotte réunie se porta contre res Athé-
niens. Dès lors ceux-ci commencèrent à reculer, mais sans
tourner Ie dos, afin de donner aux Corcyréens Ie temps de se
replier, tandis qu'eux-mêmes, s'éloignant avec beauôoup de
lenteur, continuaient de fai.re tête aux ennemis. Telre fuil'is-
sue de ce combat naval, qui flnit au coucher du soleil.
LXXIX. Toute la peur des Corcyréens était que I'ennemi ne
profitât de sa victoire pour attaquer la ville, pôur enlever de
l'Île les citoyens qu'on y avait déposés ou pour pro.sgluer une
LrvRE lrr. t 75

réaction. Ils ramenèrent donc au temple de Junon les détenus


cle t'île et firent bonne garde dans leurs murs. Les Pélopo-
nésiens, quoique vainqueurs, n'osèrent pas attaquerla ville de
Corcyre; ils regagnèrerrt leur station du continent, emmenant
treizâ vaisseaux qu'iis avaient pris. Le lendemain, ils n'atta-
quèrent pas davantage la ville, bien que Ie trouble et I'alarme
y fussent au comble, et que Brasitlas insistât, clit-on, auprès
â'Alcidas pour qu'il prît ce parti. Mais son avis n'ayant pas
prévalu, lès péloponésiens sè contentèrent de faire une des-
ôente sur la pointe Leucimmer et tle ravager le pays'
LXXX. Pendant ce temps, le peuple de Corcyre, qui appré-
henclait une attaque marilime, entra en pourparlers avec les
suppliants et leur parti, pour éviter une catastrophe. Il cléter-
minï quelques-unJ d'entre eux à monter sur les trente vais-
seaux,.qu'ôn n'avait paslaissé d'équiper, dans I'attente de la
flotte ennemie. Les Péloponésiens se retirèrent après avoir
couru la campagne jusqu'âu milieu clu jour. Pen-dant la nuit,
les signaux ae ieucàae leo. anooncèrent i'approchede -soixante
vaissËaux athéniens. En effet, àla premièrenouvelle iles trou-
bles de corcyre et du prochain clépart tle la flotte d'alciilas,
les Athéniens avaient ôxpédié ce[te escadre, sous les ordres
d'EurymétloD fils de Thouctès. Les Péloponésiens se bâtèrent
donc âe partir cette nuit même. Ils serrèrent Ia côte, firent
t, palce
passer ldurs vaisseaux par-dessus I'isthme de Leucade
qu'ils craignaient d'être ilécouverts en doublant le cap, et re-
gagnèrent leurs foYers'
" f,XXXI. Quancl ies Corcyréens connurent I'artivée dp la flotte
athdnienne,-et la retraite àrs rone*is, ils firent gn-trer dans la
ville les Me'sséniens qui jusque-là étaient restés deliorS' et eu-
voyèrent dans Ie pori fiytlâique les Yaisseaux q3'tl: aYaient
Oqiipes. PeÎdaut ôe trajei,.ili égorgèrent ceux de leurs
a''1-
qu'its purent saiiir' Quant à ceux qu'ils.avaient en-
"Ëttàittt
gagés à mônteriur
'les
vaisseaix, ils les firent descendre à
ierîe et les massacrèrent jusqu'au dernier ; puis' allant au
cles sup-
temple de Junon, ils obtinreni d'une cinquantaine,
pliants qu'ils se soumissent à un jugement
-paË
et les condamnèrent
;il;;;;i: ô;;" ùi n'avaient ere leurs clupes, - c'dtait
ià pfot franJ nombie, - voyant ce qui passait' se tuèrent
-se se pendilent
mutuellement ilans te iemple même; quelques-uns
donnala mort comme lI pur'
aux arbres; enfln chacun se
Durant les sept l;;;t que la flotte d'Eurymécl-on
fut à Cor-
,y"", ft* Corcyrêeni massàcrèrent tous ceux qu'ils regartlaient
176 GuERRE DU PÉLoPoNÈsu.
comme ennemis de.la démocratie.
Quelques-uns
d'inimiriés parricurières des *eaicieÀ.
furent victimes
; r"r."i1îaî';lîî#;
ddbiteurs. La morr parui *oor o,itiu f**;;.î;"iootlrrrrnor_
reurs communes en pareille circonstanee,
qui ne fft commis.^^.,,
il.n,y en- eut point
surpassée. pè..i
on amachait des asiles sacrés ies supplia,it, t,ruitîon ru;
Tê*, !i
geait au pied des a:rrels. Enfin qo.rqi'urd; o,, oî"Ës égor-
dans re tenrple de Bacchus. Tani fut Ë;ili .oré*
atroce cette ieaition;
parut encore auuu"i"âil parce qu,eile -ia
;1[.j: rut pre_
LXXXII. prus tarrr ra Grèce en totarité fut
ébranlée. La divi-
sion résnant parrout, res chefs Ài nl,.li trprffi;îpirtui.ot
les Athéniens, i.* f,"."eO-.moniens. En gemps de
I'aristocratie
paix, on n'aurair .o^
li Je prdtexre ni ridée Jiriii*î iî,
liaires; mais, une fois ra guerre aitumee auxi_
acharnés à s'entre-détruirel re recours
.i rur-;Ë.partis
gère devint prus
à I,intervention étran-
{1c1te
aux'agitateurr. cu, créchirements
sionnèrent aux Ëtats des caramitÀr run, occa-
nombre, caramités
qui sont et seronr
l::fy Ie parrage
quoique, selon res conjoncturei.
de ta naturJ t î,triu.,
elràs puissent varier de vio-
lence ou de carac,ère. Durant ra paix^.i
États et res individus ont *.,il.i"r .*';;;;periie , f*
sont pas sous le joug d'une "o nécessitéesp.t, parce qu,ils ne
i;Ëri;;rË;tâui,
suerre' détruisant re bien-être journalier, .rtio o,rriie'irutar,to
g:t:.i*:_les passions de la mulritude sur les circonsrances
ou moment.
Les villes étaient en_proie aux dissensions.
était restée en arrière dés autres, uttr aspirait
Si l,une d,elles
à renchérir sur
e1e.mple, à imaginer de ooouruo"
Jglr
I'atrocité des ven*eances. on en vint a
excès, à raffiner sur.
crrangei*liîrîi..rr.*
l'acception des m6ts. L'audace i'.orierr,i,
rage à toute éoreuve; Ia lenteur prudente;;;ffi;;îii rou-
pour une râcheté
cléguisée; ra môdéralion pour uo'plltu"te
grande intelligence poïr.une grandu
de ta tiriàiiJ; un,
ine.tie-.'i'r*pi.ir*rrt
aveugle tletint le tràit distinci de llhomme
de
conspection. un s'éc_ieux subterfuge. L'hom;rï cæur; la cir_
fut regardd comme. t.^pl"q;r;;';?i;i qui osa* pîo, i'r.r.iur,
tui tenir têre
C;était. tuirofr.uue de finesse
l*"-U^.^.]rlj_suspecr.
r'lrer ses ennemis dans le piége et iurtout sue d,at-
de r'éluaer.iienair
on ses mesures Dour-se passer de ces
artifices, o"Jiuit tu"o au
trahison ou de pusiltanimité. Ri;;;;
valait plus d,éloges que
tle prévenir une-perfidie ou d,t;;;;i;.
celui qui n,y songeair
LME rII. 177

pas. Les liens du sang étaient moins forts que I'esprit de

irarti, parce que celui-ci inspirait plus de dévouements à toute


ept.ooe; .n .ffet, de telles âssociations n'étaient pas formées
sôus i,dgide cles 1ois, mais plutôt contre elles et dans un but
coupablà; e[es ne reposaient pas sur ]a crainte des ilieux,
maii sur la complioité du crime. Accueillait-on les ouvertures
d'un adversairef c'était par mesure de prudence eL non par
générosité. on attachait bien plus de prix à se ven8er d'une
ôff.nse qu'à ne l,avoir pas reçue. Les serments de réconcilia-
tion qu'on prêtait quelquefois n'avaient qu'une force. passagère,
ur.u.Lé, qo'il* étalentâ i'embarras des partis; mais que I'oc-
casion ftt donnée, et ie prernier qui reprenait courage en
voyant son rival sans défense I'attaquait.plus volontiers en
trahison qu'à visage découvert. Il y trouvait deux avantages:
I'un de frâpper à àup strr, I'autre ile se faire une réputation
'd'habileté én ne devant son triomphe qu'à I'astuce' Aux yeux
du vulgaire, il est plus aisé aux fripons de passer -pg-ur adroits
qu'aux-simples poue honnêtes. on rougit de la maladresse ; on
tire vanité de la méchanceté.
Tous ces maur eurent leur source dans la fureur cle tlomi-
ner, inspirée par la cupidité et par I'ambition' puis, les riva-
tités éveillées,ia passion s'en mêla. Les chefs du parti prenaient
pour mot d'ordie, ceux-ci I'égalité des droits, ceux-là une
âristocratie tempérée; et, sous le masque du bien public, ils
ne travaillaient qu'à sé supplanter mutuellement.Ils donnaient
un libre cgurs à leur audaôe et à leurs vengeances, sans nul
souci de la justice ou de l'intérêt commun, sans autre règle
que leur caprice. Une fois au pouvoir, ils s'emPTessaient, à
i;aicle de sentences iniques ou à force ouverte, de satisfaire
leurs inimités actuelles-. Ni les uns ni les autres ne respectaient
la bonne foi ; mais ceux qui, au mépris des lois tlivines, réus-
sissaient à commettre quelque noirceur, palliée d'un nom hon-
nête, étaient les plus éstimés. Les citoyens qui se tenaient à
l'écart tombaient sous les coups des cleux partis, soit parce
qu'iis refusaient de prenclre part à la lutte, soit parce qu'on
était jaloux de leur tranquillité.
LXXXIII. C'est ainsi que les tlissensions remplirent la
Grèce de toute sorte ile crimes. La candeur' compagne tle la
droiture de caractère, devint un objet de risée et disparut;
on éleva bien plus haut la duplicité cauteleuse. Ni langage ne
fut assez fort ni serment assez terrible pour cimenter une ré-
conciliation. Ne pouvant compter sur personne, op cherchait
178 cUERRE DU pÉLopotrÈsu.
à se nettre à couvert plutôt qu'à faire preuve d'une conhaute
loyauté. ceux qui avaient le plus d'avantages étaient les hom-
mes d'une intelligence bornée. La conscience de leur inhabi-
letd et du talent de leurs adversaires leur faisant crainclre d'être
tlupesdes beaux discours de leurs ennemis ou ile leursouplesse
d'esprit, ils allaient droit au but; tandis que les autres, âeaai-
gnant même de prévoir les desseins de leurs adversaires et
croyant I'action superflue là ou I'adresse semblait suffire. se
trouvaient désarmés el, succombaient.
LXXXIV. Ce fut Corcyre qui donna le signal de ces atten-
tats. On y commit tous les excès qu'on peut attendre d'un
peuple longtemps gouverné avec plus de hauteur que de sa-
gesse et qui trouve l'occasion de se venger; toutes les violences
suggérées par le désir d'echapper brusquement à une longue
misère en s'emparant du bien d'autrui; enfin toutes -les
cruautés, toutes les barbaries naturelles à des gens qui n,ont
pas l'ambitiou pour mobile, mais qui, poussés par un senti-
ment aveugle d'égalité , s'acharnent impitoyablement sur des
rivaux. En ce temps donc, toutes les lois furent renversées
dans cette malheureuse cité I la nature humaine, sesouant le
jg".S.du droit qu'elle-ne supporte gu'avec impatience, prit
plaisir à se montrer docile à la passion, rebellô à la juitice,
haineuse de toute supériorité. si I'envie n'avait pas iant de
force malfaisante, on n'ett pas préféré la vengeancô à la pitié,
l'âpreté du gain au respect du droit. C'est que les hommes,
sous l'empire d'une colère aveugle, se plaisent à violer les lois
tutélaires qui laissent au malheur quelque espoir de salut, au
risque de ne pouvoir les invoquer eux-mêmes, si jamais le dan-
ger les force d'y ayoir recours.
LXXXY. Tels furent les eflets d,es premiers troubles rle Cor-
cyrer. Eurymddon et les Atbéniens reprirent la mer. plus
tard les Corcyréens fugitifs, qui, au nombre de cinq cents,
avaient échappé au carnage, se saisirent des forts construits
sur ie continent, ainsi que de Ia côte située en face tle Corcyre
et qui lui appartenait. Partant d,e là, ils pitlèrent les habitants
de I'ile, Ieur ûrent beaucoup de mal, etréduisirent la ville à
une affreuse disette. En même temps ils députèrent à Lacédé-
mone et à Corinthe pour solliciter leur retour. Comme leurs
démarches étaient infructueuses, ils se procurèrent des moyens
cle transport et iles auxiliaires, passèrent dans l'îIe au nombre
de six cents en tout, brùlèrent leurs vaisseaux, afin ile se
mettre dans la nécessité de vaincrel puis, s'étant établis sur
LIVRE III. i 79
ie mont Istone e, rls y nâtirent un fort, infestèrent les environs
de la ville et se rendirent maitres tle la campagne.
LXXXfl. Sur la fin du même été, les Athéniens envoyèrent
en Sicile vingt vaisseaux, commandés par Lachès fils de Méla-
nopus et par Charæadès fils d'Euphilétos. Les Syracusains et
les Léontins étaient alors en guerre. Les premiers avaient pour
ailiées toutes les villes doriennes qui, dès I'origine, s'étaiént
rangées du côté de Lacédémone, sans toutefois prendre une
part active aux hostilités. Camarine seule faisait exception. Les
Léontins avaient pour eux ies villes chalcidéennes et Camarine.
En Italie, les Locriens tenaient pour Syracuse,, les Rhégiens
pour les Léontins, à cause de ienr commune originer. Les al-
liés iles Léontins députèrent à Athènes ', 0ù ils fïrent valoir
d'anciens traités et leur qualité d'Ioniens. Ils sollicitèrent I'en-
voi d'une flotte pour les secourir contre les Syracusains, qui
leur fermaient la terre et la mer. Les Athéniens accueillirent
cette requête sous prétexte cle parenté avec les Léontins, mais
au fond pour empêcher les Péloponésiens de tirer des grains
de Sicile et pour essayer ile soumettre cette lle à leur do-
mination. Ils allèrent se poster à Rhegion en ltalie, dtori ils
firent la guerre conjointement avec leurs alliés. Sur quoi l'été
finit.
LXXXUI. L'hiver suivant, il y eut à Athènes une recrudes-
cence de peste. Sans avoir complétement disparu, l'épiddmie
avait leissé quelque relâche. Cette seconde irruption dura toute
une année ; la première avait régné deux ans. Rien ne contri-
bua plus à l'affaiblissement d'Athènes. Parmi les citoyens in-
scrits au rôler, il mourut non moins de quatre mille quatre
cents hoplites et de trois cents cavaliers, et sur Ie reste de la
population, une foule incalculable. A cette époque, on ressentit
de fréquents tremblements de terre, à Athènes, en Eubée et en
Réotie, surtout à Orchomène.
LXXXVIII. Le même hiver. les Athéniens qui dtaient en
Sicile dirigèrent, de coneert avec les Rhégiens, une expédition
cle trente vaisseaux contre les lles d'Éole t. En été le manque
d'eau rendait impossible une tentative de ce Senle. Ces lles ap-
partiennent âux Lipariens, colonie de Cnide:. IIs babitent I'une
d'elles, qui a peu d'étendue et se nomme Lipara ; ils partent
ile là pour aller cultiver les autres, savolr Didyme, Strongyle
et Hiéra. Les indigènes croient que c'est dans Hiéra que Vulcain
a ses forges, parce cJu'il s'en échappe beaucoup de feu pendant
la nuit et de furnée pendant le jour. Ces iles sont situées en
i8O GUERRE DU FÉLOPONÈSE.

face du pays des Sicules et cles Messiniens; elles étaient alliées


rle Syracuse. Les Athéniens les ravagèrent; mais, n'ayant pu
Ies soumettre, ils s'en retournèrent à Rhégion. Là-dessus I'hi-
ver finit, ainsi que la cinquième année de la guerre que Thu-
cydide a racontée.
IXXXIX. L'été suivant (a), les Péloponésiens et leurs alliés,
sous Ia contluite tl'Agis fils d'Archidamos, s'avancèrent jusqu'à
I'Isthme, rlans le dessein d'envahir I'Attique ; mais ils en furent
tlétournés par tle nombreux tremblements de terre, et I'invasion
nteut pas lieu. Â l'époque de ces secousses, il se manifesta à
Orobies ! en Eubée un phénomèrrê extraordinaire. La mer s'é-
loigna ilu rivage; puis elle revint subitement à flots amoncelés,
engloutit une port,ion de Ia côte et en abanclonna une autre I en
sorte que ce qui jadis était terre fait maintenant partie cle la
mer. Beaucoup d'hommes y perdirent Ia vie; il n'échappa que
ceux qui parvinrent à se réfugier sur les hauteurs. L'île tl'Ata-
lante, voisine des Locriens-Opontiens, éprouva une submersion
sembiable, qui détruisit une partie du fort des Athéniens. Deux
vaisseaux se trouvaient à sec sur la plage; it y en eut un dc
fracassé. A Péparéthos e la mer se retira, mais sans causer d'i-
nondation; une secousse abettit un par de ]a muraille, ainsi
que le prytanée et un certain nombre de maisons. La cause de
ce fait me paraît être que, là ou les commotions furent le plus
fortes, la mer fut refoulée, et que, par un retour impétueux,
elle submergea le rivage ; sans trembl.:ment de terre, je ne
pense pas que rien de pareil puisse aruiver.
XC. Durant cet été, Ia Sicile fut le tbéâtre de divers combats
livrés soit par les Siciliens t entre eux, soit par les Athdgiens
et leurs alliés. Je me bornerai à citer ce qu'il y eut ile plus im-
portant dans ces engagements partiels. Après la mort cle Cha-
ræadès, qui périt dans une rencontre avec les Syraeusains,
Lachès eut seul le commandement de la flotte. II alla, conjoin-
tement avec les alliés, attaquer Mylæ, place dépenrlante de Mes-
sine et garrlée par deux tribus cle Messiniens. Ces gens ilres-
sèrent une embuscade aux Athénicns débarqués ; mais ceux-ci
les mirent en déroute et en tuèrent un grand nombre. Ensuite
les Athéniens assaillirent la place, et obiigèrent les habitants à
leur livrer la citadelle et à marcher avec eux contre Messine. A
I'approche de ceùte armée, les Messiniens firent leur soumission,
en donnant cles otages et toutes les stretds voulues.

(c) Sirième année tle la gur:rre, 420 avr.nt J. C.


LIVRE III. 18I
XCI. Le même été, les Athéniens envoyèrent auiour du Pé-
loponèse trente vaisseaux commandds par Démosthène fils d'Àl-
cisthdnès et par Proclès fils de Théodoros. Soixante autres
vaisseaux et deux mille hoplites furent dirigés contre Mélos,
sous les ordres de Nicias fils cle Nicératos. Quoique insulaires.
les Méiiens refusaient obstinémont d.e se soumettre et d'entrer
tlans I'alliance r. Les Athéniens avaient résolu de les y contrain-
tlre ; mais ils eurent beau ravager leur territcire, ils ne purent
les amener à composition. Ils quittèrent donc Mélos et passèrent
à 0ropos en Péraïr1ue q. Ils abordèrent de nuit, et lei hoplites
étant descendus se mirent aussitôt en marclie vers Tanagra en
Béotie. À un signal donné les Athéniens de la ville, commandés
par Hipponicos fils de Callias et par Eurymédon lils de Thou-
clès, vinrent en masse les rejoinclre par terre. Ils carnpèrent ce
jour-là dans le territoire de 1'anagra, le ravagèrent et y passè-
rent la nuit. Le lendemain, ils vainquirent en bataille les Tana-
gréens, qui avaient fait une sortie avec un certain nombre de
Thébains venus à leur secours. Ils enlevèrent des armes, éri-
gèrent un trophde, et se retirèrent les uns à Athènes, les autres
sur la flotte. Nicias, ayec ses soixante yaisseaux, suivit la côte ;
et, après avoir dévasté les rivages de la Locrid.e, iI elfectua son
retour.
XCII. Yers la même époque, les Lacédémoniens fondèrent la
colonie rl'Héraclde en Trachjnie I voici à quelle occasion. Les
Maliens I sont divisds en trois branches, sayoir les Paraliens.
les Hiéréens et les Trachiniens. Ceux-ci, écrasés par la guerre
que leur faisaient leurs voisins <lu mont OEta,, avaient d'aboril
songé à se rlonner aux Athéniens; mais ensuite, craignant de
ne pas trouver auprès d'eux tout I'appui d.dsirable, ils envoyè-
rent Tisaménos à Lacécldmone en qualité d'ambassadeur. Les
Doriens, mère patrie des Lacérlémoniens, se joignirent à cette
députation pour appuyer la demande; ils étaient eux-mêmes
inquiétés par les OEtdens. En conséquence, les Lacddémoniens
résolurent d'envoyer une colonie pour protéger à la fojs les
Trachiniens et les Doriens. La place leur semblait avantageuse-
ment située pour la guerre contre les Athéniens ; on pouvait y
construire des vaisseaux et menacer I'Eubée, qui n'est séparée
que par un bras de mer; enfin elle devait leur faciliter le pas-
sage en Thrace e. Pour ces dir.ers motifs, ils entreprirent avec
ardeur cet établissement. Ils consultèrent l'oracle de Delphes ;
et, sur sa rdponse favorable, ils eni'oyèrent des colons tirés de
leur sein ou ile leurs Périèques; ils invitèrent à s'y joinclre
Tuuctoius. ll
182 GUERRE DU PÉLC)PoNÈsr.

tous ceux d.es Grecs qui le voudraient, excepté toutefois les


Ioniens, les Achéens et quelques autres peuples. Trois Lacédd-
moniens, Léon, Alcitlas et Damagon, eurent la clirection de
cette colonie. Arrivés sur les lieux, ils rebâtireut les murailles
ile Ia ville, qui porte aujourd'hui le nom d'fléraclée. Elle est
située à quarante stacles des Thermopyles et à vingt rle la mer.
Ils y construisirent des chantiers, qu'ils commencèrent au défilé
même des Thermopyles, alTn de pouvoir les protéger plus faci-
lement.
XCIII. Les Athéniens, voyant s'élever cette nouvelle ville,
ne furent pâs sans inquiétude ; elle leur semblait menacer es-
sentieilement i'Eubée, car elle n'était séparée du cap Cénéon t
que par un carral fort étroit. Cependant ils en furent quittes
pour la peur et n'dprouvèrent aucun dommage. La raison fut
que les Thessaliens, maitres du pays ou cette ville était bâtie,
craignirent d'avoir des voisins trop puissants et ne cessèrent
de harceler ces nouveaux hôtes, jusqu'à ce qu'ils les eussent
entièrement afiaiblis. El pourtant Ia colonie avait commencé
par être florissante !; car chacun s'engageait hartliment dans
une entreprise formée par les Lacédémoniens. Les gouverneurs
envoyés de Lacédémone contribuèrent surtout à ruiner les af-
fairee et à éloigner les habitants par I'effroi qu'inspiraient Ia
rudesse et parfois I'injustice de leur conduite. Aussi les voi-
sins prirent-rls plus aisément I'avantage.
XCW. Le même été, pendant que les Athéniens séjournaient
à l\{élos, ceux d'entre eux qui, avec les trente vaisseaux, fai-
saient le tour du Péloponèse, amivèrent d'abord à Ellomène,
place appartenant aux Leucadiens. Là ils tuèrent, à la faveur
d'une embuscade, quelques soldats tle la garnison ; ensuite ils
se portèrent avec toutes leurs forces contre Leucade elle-même.
Ils avaient avec eux la levée en masse des Acarnaniens, sauf
les OEniades, un certain nombre de Zacynthiens et de Céphailé-
niens, enfin quinze vaisseaux de Corcyre, Devant une agression
si formidable, Ies Leucadiens ne lirent aucun mouvement, bien
que leurs tenes fussent ravagées, soit au delà cle f isthme, soit
en deçà, dans la partie or). se tr,ruvent la ville de Leucacle et le
temple d'Apollon. Les Acarnaniens pressaient le général athé-
nien Démosthène d'investir la place, dans I'espoir de la réduire
sans peine et cl'être ainsi délivrés d'irréconciliables ennemis.
Mais quelques Messéniens représer:tèrent à Démosthène que,
disposant de si grandes forces, il serait beau pour lui d'attaquer
les Etoiiens, peuples ennemis de Naupacte, et dont la soumis-
LrvRE rtr- 193

sion entraînerait, celle de toute cette partie du continent. Les


Étoliens, disaient-ils, sont une nation brave et nombreuse;
mais, comme iis sont armés à la légère et qu'ils habitent, des
villages non fortifiés, à une grande distance les uns des autres,
il seiait aisé de les battre isolément, avant qu'ils fussent par-
yenus à se rassembler. lls lui conseillaient d'attaquer en pre-
rnier lieu les Apodotes, puis les Optrionéens et enfin les Eury-
tanes r. Ceux-ci forment ia portiorr la plus considérable de i'Étolic,
parlent une langue tout à fait ignorde et se nourrissent, dit-on,
de chair crue. Ces peuples une fois réduits, le reste suivrait
de près.
*Cv. OOmosthène céda aux instances des Messéniens. Il se
laissa tenter par la pensée qu'à l'aide des aliiés du continent
réunis aux Étoliens, il pourrait attaquer par terre la Béotie'
sans avoir besoin des armes d'Athènes. Pour cet effet, il n'y
avait qutà trayerser Ie pays des Locriens-Ozoles, marcher sur
Cytiniàn en Doride, et, Iaissant à droite le Parnasse, descendre
chez les Phocéens. La coopération de ceux-ci paraissait assurée,
grâce à leur vieille amitié pour les Âthéniens ; et d'ailleurs otr
pouvait
- les contra.indre. Or h Phocicle touche la Béotie-
Il s'embarqua donc à Leucade atec toute son atmée, au grand
déplaisir des Acarnaniens, et suivit Ia côte jusqu'à Soilion. Il
avâit con.,muniqué son projet aux Acarnatliens ; mais ceux-ci,
mécontents cle Ce t1u'il n'avait pas voulu faire le siége de Leu-
I

crade, ayaient refusé de I'accompagner. Ce fut donc avec le reste


ûe ses troupes qu'il alla porter la guerre en Étolie, savoir avec
les Céphailénieni. les i\fesséniens, les Zacynthiens ei trois cents
r,
-\théniens, soldats de marine monteis sur leurs propres bâti-
ments ; car les quinze vaisseaux de corcyre s'étaient reiirés. Il
paltit d'OEnéon en Locrider, Les Locriens-Oz.oles, alliés d'A-
ihènes, devaient le rejoindre avec toutcs leurs forces dans l'in-
térieur du pays. Yoisins des Étoliens, habitués aux nêmes
armes, on comptait qu'ils seraient d"'un grand secours contre
ces peuples, dont ils cbnnaissaient Ia tactique et ie territoire'
X'CVI. Démosthène passa la nuit â\rec son armée dans l'en-
ceinte de Jupiter Néméen. C'est Ià, dit-on, que le poête Hésiode
fut tué par lês gens de l'endroit, un oracle lui ayant prédit qu'il
mouuail à Neméet. De grand matin, il se mit en nrarche pour
l'Étolie. Le premier jour, il prit Potidania, le second Crocylion,
Ie troisième Tichion. Là il lit halte ct envoya son butin à Eupa-
lion en Locride. son intention éta.it, quand il aurait achevé dc
subjuguer le pays, dc reYeinir à Naupacte et, cle marcher ensuite
18[ GUERRE DU PÉroPonÈsc.

contre les 0phiondens, s'ils refusaient obéissance. Mais sas prd*


paratifs n'avaient pas été tellement secrets que les Étoliens n'en
eussent eu vent dès I'origine. Aussi I'armée avait-elle à peine
mis le pietl sur leur territoire, qu'ils sc portèrent à sa rencontre.
Il n'y eut pas jusqu'aux Bomiens et aux Caliiens qui, de I'ex-
trêm-e'fronfière d.es Ophionéens, près du golfe lvlaliaque, n'arri-
q.
vassent en armes au-devant de I'invasion
XCyII. Les Messéniens d.onnaientàDémosthèneles mêmes con-
seilsqueprécédemmènt. A Ies entendre, rien n'étaitplus aisé pour
lui que la conguête de l'É,tolie, pourvu qu'il allât droit aux villa-
ges,sftns donneraux Étoliens le temps de se reconnaltre, eten se
bornant à occuper la terre qr'il foulai[, Démosthène les crut:
et, se fiant à ia fortune qui ne lui ayeit jamais fait défaut, il
n'attendit pas mênre I'anivée du ren{ori que les Locriens lui
mdnageaient, rcnforl qui lui eùt étd précieux, car i] manquait
surtout de gens de trait légèrement armés. Il marcha sur Égi-
tion, qu'il enleva d'emblée, les habitants s'étant réfugiés sur
les irauteurs voisines. Cette ville est situde sur une éminence à
quatrc-r'ingts stades de ia mer. Mais bientôt les Étoliens se
portèrent au socours d'Égition. lls attaquèrent les Athéniens et
leurs alliés, fondirent de toutes parts sur eux du haut des col-
I lines, et les criblèrent de javelots. Quand I'armée athénienne
avançait, ils cédaient le terrain; reculait-elle, ils revenaient à
la charge. Le combat se prolongea ainsi dans ces alternatives
I d.'attaque et de retraite, espèce de mauæuvre or,\ les Athéniens
avaient constarnment Ie dessous.
XtYIil. Tant que lcs archers eurent des flèches, et furent à
même de s'en servir, ils soutinrent le combat. Les Étoliens
armés à la légère se repliaient pour éviter leurs coups. Mais les
archers, privds de leur chcf, se débandèrent. Les Athéniens.
harassés par la répétition dcs mêmes mouvelnents et couverts
de traits par les Étoliens, iâchèrent pied ; et, comme leur guide,
ie Messénien Chromon, avait perdu la vie, ils se jetèrent dans
des fonclrières infranchissables, dans des lieux inconnus, où ils
trouvèrent la rnort. Les Étoliens agiles et lestement équipés
atteignirent sur-le-champ plusieurs des fuyards et les percèrent
dc javeiots. La plupart des Athéniens manquèrent la route et
s'engagèrent dans une forêt des plus épaisses; les ennemis l'en-
vironnèrent et y mirent le feu. Enfin les Athéniens en complet
désarroi s'enfuireni dans toutcs les d.irections. Ceux qui par
vinrent àr s'échapper rejoignirent ia mer et la ville d'OEnéon en
Lomidc, leur point ile départ. Il périt une foule d'alliés et nou
LiVRE IIT. 185

moins de cent vingt iiopiites athéniens, fleur de ia jeunesse


moissonnée dans cette guerre, ainsi que Proclès I'un d,es deux
généraux. Les Athdniens, après avoir relevé Ieurs morts par
composition, se retirèrent d'abord à Naupacte et ensuite à
Athènes avec le flotte. Pour Démosthène, il resta aux environs
de Naupacte ; il craignait le courroux des Athéniens après uu
désastre pareil.
XCIX. A la même époque, les Athéniens qui étaient en Sicile
flrent voile r.ers le pays de Locres t. lls vainquirent clans une
descente un corps de Locriens accouru pour les repousser, ct
prirent un fortin situé à I'embouchure du fleuve Halex,
C. Le même été, les Étoliens députèrent à Corinthe et à Lacé-
démone Tolophos I'Ophionéen, Boriadès I'Eurytane et Tisandros
l'Àpodote. Ils obtinrent l'envoi d'un corps de troupes destiné à
attaquer Naupacte, qui avait attiré contre eux les armes d'A-
thènes. Les Lacédémoniens firent partir, sur la fin de l'automne,
trois miile hoplites alliés, dont cinq cents avaient etd fournis
par la nouvelle colonie d'Héraclée-Trachinienne. Les chefs de
cette expédition étaient ies Spartiates Eurylochos, Macarios et
Ménédéos.
CI. L'armée étant rassemblée à Delphes, Eurylochos envoya
un héraui chez les Locriens-Ozoles, dont il fallait traverser le
pays pour atteindre Naupacte, et qu'ii voulait d'ailleurs déta-
cher des Athéniens. Il fut activement secondd dans ce but par
les Locriens tl'Amphissa, qui craignaient toujours les Phocéens.
Ils commenoèrent par donner eux-mêmes des otages; puis,
profitant de la terreur qu'inspirait I'approche de I'armeje, ils en-
gagèrent les autres à en faire autanf. Ils gagnèrent d'abordies
Myonéens, leurs voisins les pius proches et les maîtres des tlé-
bouchés qui conduisent en Phocide; ensuite les lpnéens, les
Messapiens, les Tritéens, les Chaléens, Ies Tolophoniens, les
Hessiens et les OEanthdens. Tous ces peuples se joignirent à
l'expédition. Les Olpéens fournirent des otages, mais point de
troupes. Les Hyéens ne livrèrent des otages que lorsqu'on leur
eut pris leur village de Polis.
CII. Quand tout fut prêt et que les otages eurent été déposés
à Cytinion en Doride, Eurylochos marcha contre Naupacte à
travers le pays des Locriens. Sur son passage, il prit les villes
tl'OEnéon et d'Eupalion, qui refusaient de se joindre à lui. Arrivé
sur le territoire de Naupacte, il opéra sa réunion avec les Éto-
liens, rayagea la contrée et prit le faubourg,{ui n'était pas
fortifid. Ensuite il s'empara de Molycrion, coTonie de Corinthe,
186 GUEnRE DU pÉlopouÈsu.

mais sujette d'Àthènes. Le gdndral athduien Ddnosthène,


r[e_
meurd à Naupacte depuis sa campagne d'Étolie, avait prévu
cette invasion. Craignant pour Naupacte, ii se rendit chez les
Acarnaniens pour en obtenir des secours. Il eut de la peine ir
y réussir, à cause de sa retraite de Leucade I cepenclanf its lui
donnèrent rnille hoplites qu'il embarqua sur ses vaisseaux. Ce
renfort sauva Naupacte, qui sans cela n'aur&it pu résister, yu
la grande étendue de I'enceinte et le petit nombre des défen-
seurs. Eurylochos, apprenant I'anivée de ces troupes, désespéra
d'enlever la ville et se relira. Au lieu de regagner le Pélopo-
nêse, il s'établit dans l'Éolid.e r, nommée aujourd'hui Calydon
ct Pleuron, dans d'autres places du voisinage et à Proschion
en Étolie. C'est que les Ambraciotes étaient venus solliciter sa
coopération contre Argos Amphilochicon et le reste de l'âm-
pbilochie. Ils assuraient que, s'il s'en rendait maitre, tout le
continent se ddclarerait en iaveur des l,acédémoniens. Eury-
lochos les crut, congédia les litoliens et demeura en repos dans
ces parages, attendant le nromenb de marcher avec ies Ambra-
ciotes à I'attaque cl'Argos, Là-dessus l'été finit.
CIII. L'hiver suivant, les Athéniens qui étaient en Sicile,
réunis aux Grecs leurs alliés et à ceux des Sicules qui avaient
embrassé leur parti pour échapper au joug cle Syracuse, atta-
ciuèrent Inessa, piace appartenant aux Sicules et d.ont la cita-
delle était au pouvoir des Syracusains ; mais, n'ayant pu s'en
rendre maitres, ils se retirèren[. Penclant ]eur narche, la gar-
nison syracusaine fondit sur I'arrière-garde dcs Athéniens, gui
était composée d'alliés, mit en fuite une partie de I'armde et lui
tua' beaucoup de monde. Plus tarcl Lachès et les Athéniens
effectuèrent quelques desccntes dans les environs de Locres et
tiéfirent près du fleuve Cicinos trois cents Locriens venus à
leur rencontre avec Proxénos fils de Capaton. Ils se retirèrent
en emportant les armes prisc,s sur I'ennemi.
Cl\'. Le nrême hiver, les Àthéniens purifièrent Dilos pour
obéir à un oracle. Déjà anciennement le tyran Pisistrate I'avait
purifide, non pas dans toute son étendue, mais seulement dans
l'horizon du tenrple. Cette fois on la purifia en entier. Torrtes
ies tombes furent enlevées ; il fut ordonné qu'à I'avenir il n'y
aurait plus dans I'ile ni décès ni accouchement, mais que les
moribonds et les femmes près de leur terrne seraient transpor-
tés à Rhénéa t. Cette dernière île est si proche cle Délos que
Polycrate, tyran de Samos, qui eut pendant un certain temps
une marine puissante et qui soumit r\ sa domination les autres
LIVRE III. 187

lles , voulant consacrer à apollon Délien Rhénéa qu'i[ avait


prise, Ia lia par une cbatne à Délos.
' cr'fot uprèr cette purification que les Athéniens célébrèrent
pour la première fois les fétes quinquennales appelées. Déli,a.
iadis il y avait à Ddlos une grande assemblée des Ioniens et
iles insuiaires du voisinage. IIs s'y rendaient avec leurs femmes
et leurs enfants, comme iujourdtËui les Ioniens aux fêtes d'É-
phêse. 0n y donnait des combats gymniques. et des concours
de musiqur, pour lesquels les villes fournissaient des chæurs.
C'es[ ce qoton peut ionclure de ces vers d'Ilomère, tirés de
l'Hymne ù Apollon:

D'autres fois, ô Phébus, c'est DéIos qui fait tes dêlices. c'est là
que les Ioniens aux tuniques llottanles,- se réunisstrnt dans tes fètes
ir,ec leurs femmes et leurs enfants. C'est là que, par Ie pugilat, par la
tlanse et par Ie chant., ils te célèbrent dans leur assemblée'

qu'on
Que clans ces fêtes il y eùt des concours de musique eJ
y vint disputer les prix, c'est ce que témoignent encore les vers
Ëuivants âmpruntéi au même poeme. Après avoir .vanté Ie
chæur des femmes de Délos, I'auteur termine par cette apo-
strophe, ilans laquelle it fait mention de lui-même:

Qu'Apollon et Diane soient propices I l':t rous toutes, adieu'


Souve-
,r.i-"oo, de moi tlans I'avenii; et si jamais sur cette terre quelque
l;oyog"r, fatigué vous interrogé en disint : c Jeunes filles, quel est ici
rle tousles chantres le plus cldux, celui qui vouscharnedavantage?"
répondez toutes d'une ioix bieûveiilante : * C'est un aveugle qui habite
la sourcilleuse Chios?. "
yoilà ce que dit Homère et ce qui pr.oqv! !1u'autrefois iliy
avait une grande assemblée et une fète à Delos. Dans la suite,
les insulaùes et les Athéniens continuèrent à envoyer des
chæurs et iles ofirandes; mais quant aux jeux, ia célebration
en fut interrompuer comme ii etait naturel, par le-m.aiheur
des
temps, jusqu'à I'époqo. ou lcs athéniens les rétablirent, en )-
a;ooianf des courses de chevaux, qui n'avaient pas lieu aupa-
ravant.
cv. Le même hiver, les Ambraciotes, conf0rmément à la pro-
messe qu'ils avaient faite à Eurylochos pour retenir son aTmée'
marcbèrent avec trois mille hôplites ôontre Argos Àmphilo-
chicon r. Ils envahirent le territôire de cette ville et s'emparà-
rent il'Olpæ, place forte, bâtie sur une éminence près de la mer'
I88 GUERRE DU pÉLopoNÈsE.
Les Acarnaniens I'avaient jadis forti{ïée pour y établir un tri-
bunal centralt. Elle est à vingt-cinq stades de la ville d'Argos,
située elle-même au borcl de la mer.
Les Acarnaniens se partagèrent: Ies uns se portèrent au se-
cours d'Argos ; les autres allèrent camper en cet endroit de
I'Acarnauie qu'on appelle Crénæ, afin d'empêcher la jonction
des Àmbraciotes avec Eurylochos et les Péloponésiens. Ils en-
voyèrent aussi vers Démosthène qui avait commandd I'armée
athénienne en Étolie, et le prièrent de se mettre à leur tête.
Enfin ils appelèrent les vingt vaisseaux athéniens qui croisaient
autour clu Péloponèse sous les ordres d.'Aristotélès {ils d,e Timo-
cratès et d'Hiérophon fils d'Antimnestos. Les Ambraciotes qui
étaient à Olpæ dépêchèrent à Àmbracie pour demander qubn
vlnt en masse à ieur secours. Ils craignaient que Ia troupe d'Eu-
rylochos ne ftt pas assez forte pour passer sur Ie corps aux
Âcarnaniens, et qu'eux-mêmes ne fussent ainsi réduits à com-
battre seuls ou à faire une retraite périlleuse.
CYl.--Eurylochos et les Péloponésiens n'eurent pas plutôt
appris I'arrivée des Ambraciotes à Olpæ qu'ils partirent de pros-
_chion et firent diligence pour les tejoindie. Ils passèrenr I'Àché-
Ioûs r et s'avancèrent à travers I'Acarnanie, déserte à cause ile
Ia concentration de ses habitants à Argos. Ils avaient à droite la
ville et sa garnison, à gauche le resle de I'Acarnanie. Après
avoir tr_avetq le pays de Stratos, ils prirent par phytia, par la
lisière de Médéon et par Limnéa; puis, quiitant i;Acarnanie,
ils entrèrent chez les Agréens, en pays ami. quancl ils eurent
atteint le Thyamos, ils franchirent cette montagne sauvage et
tlescendirent sur les terres d'Argos au moment ôri it raisaiiaela
nuit. Ils défiIèrent inaperçus entrelaviled'Argos etlesAcarna-
niens campés à crénæ, et opérèrent leur jonction avec les am-
braciotes qui étaient à Otpæ.
cul. Ainsi réunis, ils allèrent dès la pointe ilu jour prenclre
position à I'endroit appelé. Métropolis, otr ils assirent reui camp.
Peu de temps après, les vingt vaisseaux athéniens arrivèrent au
secours_ des Àrgiens dans le golfe Ambracique. Démosthène
amena deux cents Messéniens hoplites et soirante archers athé-
niens. Aussitôt Ia flotte bloqua du côté de la mer la colline sur
laquelle est Olpæ, tanclis que les Acarnaniens et quelques Am-
philochiens la plupart dtaieut retenus de forcè pai les Am-
braciotes -s'étaient déjà rassemblés à Argos et se préparaient
- Ils élurent
à combattre. Démosthène pour général des
-troupes
alliées, concurremment avec leurs piopreJchefs. Démostbêne
LIVRE IIi. 189

rapprocha son camp it'Olpæ. Un ravin profond séparait les tleux


armées.
Pendant cinq jours, on s'observa mutuellement; Ie sixièrne
on se rangea en bataille. L'armée péloponésienne, supérieure
en nombre, clébortlait la ligne des ennemis. Craignant cl'être
tourné, Démosthène embusqua, dans un chemin cleux et fourrd,
des hoplites et cles soldats armés à la légère, en tout quatre
cents hommes. IIs devaient, Ie combat engagé, se lever tout à
coup et prendre à dos I'aile qui débordait leur front de ba-
taille.
Ces ilispositïons arrêtées, on en vint aux mains. Démosthène,
avec les Messéniens et quelques Athéniens , occupait I'aile
ilroite ; le reste de s4ligne était formé par les clifférents corps
des Acarnaniens et par des Amphilochiens armés cle javelots.
Les Péloponésiens et les Ambraciotes étaient mêlés ensemble ;
les Mantinéens seuls formaient un corps distinct s'étendant sur
la gauche, urais non jusqu'à I'extrémité. Eurylochos et les siens
s'étaient réservé ce poste, en face de Démosthène et des Mes-
sdniens.
CflII. Déjà l'action était engagée et les Péloponésiens, dd-
bordant I'aile droite des ennemis, commençaient à ltenvelopper,
Iorsque les Acarnaniens. sortant de leur embuscaile, Ies prennent
à revers et les culbutent ; ils sont saisis de frayeur, se mettent
en fuite, et entraînent ilans leur déroute la plus grande partie
ile I'armde : car les Péloponésiens, voyant Ie désordre du corps
cl'élite commanclé par Eurylochos, prirent plus facilement l'é-
pouvante.
Les Messéniens , placés en cet endroit avec Démosthène ,
eurent I'honneur cle la journée. A I'aile droite,les Ambraciotes,
qui sont les plus belliqueux des peuples de ce pays, dé{irent
ceux qu'ils avaient en tête et les poursuivirent du côté d'Argos;
mais à leur retour, voyant la déroute du gros cle leur armée et
assaillis eux-mêmes par les Acarnaniens, ils se replièrent sur
Olpæ, qu'ils n'atteignirent qu'avec peine. Un grand nombre
d'entre eux perd.irent la vie au milieu de la plus horrible confu-
sion. Les Mantinéens seuls opérèrent leur retraite ett bon ordre.
Le combat finit vers le soir.
CIX. Le lentlemain Ménddéos, qui avait pris le commande-
ment depuis la mort tl'Eurylocbos et de Macarios, se trouvant
blogué par terre eb par mer, désespéra, après un si grand dé-
sastre, de poirvoir soutenir un siége ou effectuer sa retraite. ll
entra donc en pourparlers ayec Démosthène et les généraux
t90 GUERRE DU pÉLopotiÈsr.

acarnaniens pour qu'il lui ftt permis de se retirer et d'enlever


ses morts. Ils octroyèrent cette dernière demande, érigèrent un
trophée et recueillirent leurs propres morts au nombù de trois
cents. Quant à la retraite, elle fut ostensiblement refusée,à tous
;
mais en secret Démosthène et les généraux acarnaniené traitè-
rent avec les Mantinéens, avec Ménédéos, ainsi qu'avec les
autres chefs et les.plus.marquants des péroponésiensr poûr
qu'ils se retirassent au plus vite. Leur intention était d'iioler
les ambraciotes et les mercenaires étrangers,, surtout de discrd-
diter auprès des Grecs de ces contrées lès Lacédémoniens et les
Péloponésiens, en les représentant c'mme des traîtres qui n'a-
vaient songé gu'à leur propre salut. Les péloponésiens retevè-
rent leurs_mor[s, qu'ils enterrèrent à la hâte, com*e ils purent:
quoi ceux qui en avaient permission épièrent le moment
1p.è:
d'exécuter sans bruit leur retraiie.
cx. cependant Démosthène et les acarnaniens sont avertis
que les ambraciotes de la viile, sur le premier avis reçu d'Olpæ,
arrivent en masse, à travers I'Amphilochie, au ,u.oo., de leurs
compatriotes-, saus rien savoir de ce qui s'est passé. A I'instanl,
Démoshène détache une partie de seJtroup.r pour dresser des
embuscades le long de la route et pour se saisii des plus
fortes
positions. Lui-même se tient prei à marcher ou.. i. reste de
l'armée.
CXI. Pendant c,e temps, les Mantinéens et tous ceux qui
étaient compris dans la convention sortirent par petites t*opur,
sous prétexte de ramasser_des légumes et clu bois, et s'éloig-nè-
rent peu à p.*o, tout err faisant leur prétendue cueillette pluis,
;
une fois à distance d'olpæ, ils gagnèrent du chemin. Les Rm-
braciotes et la foule qui suivaiisàns autre but ne s'aperfurent
pas plutôt de leur retraite qu'ils prirent eux-mêmes'la ôourse
pour les rejoindre. Au premier monient, les Acarnaniens crurent
qu'ils partaient tous sans capitulation; aussi se mirent-ils à
leur p.oursuite I et, comme les chefs sty opposaient, disant qu'il
y avait une convention, un soldat leur lança un javelot, dans
lïdée qu'ils trahissaient. Finalemenr on laisla pur*u" les'Man-
tinéens et les Peloponésiens ; meis on fit main basse sur les
Amlraciotes. or, il s'élevait de grandes contestations, parce
qu'il n'était pas facile de les reconnattre. on en tua jusqu'à deux
cents; les autres se réfugièrent dans l'agrai,Je, puyi Iio,itrophe,
et reçurent bon a.:cueil cle Salynthios, roi des Àg.éerr..
. cxII. cependant les Ambraciotes âe la ville étaient arrivés
à Idomène I c'est le nom de deux monticules élevés. Le plus
LIVR[,. IlI. l9l
granal avait été saisi àla nuil tombante par lcl gens que Dé-
rnosthène avait envoyés en avani ; ils s'y étaient logés sans
être aperçus; I'autre se trouvait occupé par les bivacs des
Ambraciotes. Démosthène se mit en marche avec le reste cle
I'armée aussitôt après le repas du soir. Lui-même, avec la moi-
tié de son monde, s'avança vers le défilé, tandis que I'autre
moitié se dirigeait par ies montagnes de I'Amphilochie. À I'ap-
proche ilu jour, il surprit ies Ambraciotes encore couchés et
si peu srtr lcurs gardes qu'ils crurent que c'étaient des amis.
Démosthène avait eu la précaution de placer en tête les [Ies-
séniens, avec ordre de s'adresser aux avant-postes en dialecte
iloriquer, pour n'inspirer aucune défiance. D'ailleurs, on ne
pouvait se reconnaitre, car il faisait encorc nuit' Les Ambra-
ciotes furent culbutés au premier choc. Iln grand nombre fut
tué sur place; le reste se sauva sur les ntontagnes. Mais les
chemins étaient interceptés ; les Amphilochiens r qui étaient
chez eux, connaissaicnt le pays, et ils avaient sur des hoplites
I'avantage d'être légèrement armés. Les Ambraciotes, ignorant
les passages, ne sayaient de quel côté tourner; ils tombaient
dans cles ravins ou dans des embuscades et y trouvaient la
mort. lls fuyaient dans toutes les directions Quelques-uns ga-
gnèrent la mer, qui était peu éloignée; et, voyant les vaisseaux
athéniens qui rasaient la côte au moment de I'action, ils sc
jetèrent à la nage pour les atteindre, aimant mieux, dans leur
effroi, mourir, s'il lé fallait, tle la main des Athéniens que de
ceIIe d.es barbares Amphilocbiens, leurs ennemis implacables.
Ils étaient yenus en grantl nombre ; bien peu reviren[ leurs
foyers. Les Acarnaniens se retirèrent à Argos, après avoir dé-
pouillé les morts et dressé un tropbée
CXIII. Le lendemaiu arriva un héraut de la part iles Ambra-
ciotes réfugiés d'Olpæ chez les Agréens. Il demandait la per-
mission ile relever les corps des hommes tués à la suite du
premier combat, lorsque, sans y êlre autorisés, ils dtaient sor-
tis avec les Mantinéens et autres protdgés par la capitulation.
Ce héraut, voyant les armes des Ambraciotes de la ville. n'en
pouvait croire ses yeux; car il ignorait le désastre de la veille,
et prenait ces armes pour ceil's de ses compagnons. Un des
assistants, qui le croyait envoyé par ceux tl'ldomène, lui de-
manda la cause de sa surprise et combien d'hommes lls avaient
perdus. c Environ cleux cents, répondit Ie héraut'-Ce ne sont
pas là les armesde deux cents hommes, mais tle plus de mille.
Dans ce cas, ce ne sont pas c;elles tle nos gens. Ce sont
- -
192 GUERRE Du pÉLopoNÈsr.
eiles, silous avez combattu hier à klomène.
- Hierdans
vons eu aflaire avec personne; c'est avant-hier,
nous n'a-
la re_
traite.
-Et nous, c'est hier que nous nous sommes battus contre
ceux-ci qui venaient il'Ambracie. l A ces mots le hdraut com-
prit que le renfort parti tle Ia ville avait été détruit. atterré de
cette catastrophe, il poussa un profond soupir et se retira im-
médiatement, sans remplir sa mission et sans réclamer les
morts.
ce fut dans cette guerre le-plus grancl désastre dprouvé par
une grecque en si peu de jours. Je n'ai pas indiqué le
_ville_
nombre des morts, parce qu'on le fait monter â un chiflre in-
croyable, eu égard. à la grandeur de la ville. Ce que je sais
bien, c'est que si les Acarnaniens et les Amphilochiùs eussent
voulu s'emparer d'Ambracie, comme DémoÀthène et les athé-
niens leleur conseillaient, rien ne leur'ettété plus aisé: mais
ils craignirent que les_Athéniens, une fois mattrei rle cette ville,
ne fussent pour eux de dangereux voisinsr.
cxIY. Là-dessus ils assignèrent aux Athéniens le tiers des
dépouilles et partagèrent le reste entre eux. La part des athé-
niens fi{ prise enmer. Les trois cents panopriei qui se voient
aujourd'hui dans les temples de I'Attiqu-e furbnt prélevées pour
Démosthène, qui les rapporta lui-mème à son retour. cette
victoire lui pernrit de rentrer dans sa patrie avec moins de
clanger qu'il n'aurait pu Ie faire après ia malheureuse cam-
pagne d'.Étolie. Les vingt vaisseaux athéniens retournèrent à ,

Naupacte.
après le clépart des Âthéniens et de Démosthène, les acar-
n'aniens et les amphilochiens firent avec les Ambraciotes et
les Pélopondsierrs, réfugiés_d'abord auprès de salynthios,
roi
des Agréens, puis à oEniades, une convention qui leur permit
ile quitter cet asile. Ils conclurent aussi avec lôs Ambriciotes
une paix et une alliance de cent ans. Les conditions furent que
les Ambraciotes ne porteraient pas les armes avec les acarna-
niens contre le Péloponèse, non plus que res Acarnaniens avec
les Ambraciotes contre Athènes ; mais qu'ils se garantiraient
mutuellement leur territoire I que les ambraciotel renrlraient
aux acarnaniens les places et les otages dont ils étaient dé-
tenteurs; qu'enfin ils ne soutiendraient pas Anactorion, ville
ennemie des Acarnaniens. ce traité mit fin à la guerre. Dans
la suite, les corinthiens envoyèrent à Ambracie irne garnisol
de trois cents hoplites sous les ordres de xdnoclidas fi"ls d'Eu-
thyclès. ces troupes s'v rendirent par voie de terre et eurent
I,IYÂE III. r93
de Ia peine à I arrivcr. Tels furent les dvénements d)Am-
bracie.
CXV. Le même hiverr les Àthéniens qui étaient en Sicile
opérèrent une descentc sur le territoire d.'Himéra, tandis que
les Sicules faisaient de I'intérieur une incursion sur les fron-
tières du môme pays. Ils cinglèrent aussi contre les îles d'Éole.
De retour à Rhégion, ils trouvèrent Pythodoros fils d'Isolo-
chos, général athénien, qui venait remplacer Lachès dans le
commandemenb de la flottet. C'est que les alliés tle Sicile s'é-
[aient rendus auprès des Athénicns et avaient obtenu ]'envoi
d'un armement considérable. Les Syracusains, maltres de la
campagne et indignés que la mer leur fût fermée par un pelit
nombre de navires, armaient une flotte pour repousser cette
insulte. Les Athéniens équipèrent donc quarante vaisseaux pour
cette destination. Ils voyaient en cela un moyen de terminer
plus promptement )a guerre de Sicile et en même temps une
occasion d'exercer leur màrine. L'un des trois gdnéraux, Py-
thodoros, fut envoyé le premier avec quelques bâtiments; ses
tleux collègues , Sophociès fils de Sostratidès, et Euryméclon
fils de Thouclès, clevaient suivrc avec Ie reste de la flotte. Pytho'
doros, après avoir reçu des mains de Lachès le commandement,
cingla sur la fin de I'hiver contre le fortin que Lachès at'ait
pris sur les Locriens d.ans une expédition antérieuret; mais il
fut battu par les Locriens et se retira.
CXYI. Aux approches du printemps, il y eut une seconde
druption ele l.'Etna. Elle désola une parbie du territoire des
Catanéens, qui habitent au pied rie cette montâgner la plus
haute de la Sicile. 0n prétencl que cette éruption eut lieu cin-
quante ans après la précérlente et qu'il n'y en a eu que trois
depuis que la Sicile est habitée par des Grecs r.
Tels furent les événemen[s de cet hiver, âveo lequel finit la
sixième année de la guerre que Thucydide a racontée.
IIYRA IV. -
Septième annee de Lo guerre. Prise de Messine par les Syracusains,
ch. r. Cinquième invasior' des Péloponésiens en Attique. Dé-
-
mosthène fortifle Pylos, ch. u-vr.
et perdue par les_Athéniens, ch. vrr. - ÉonAttaque
en Chalcidique conquise
de Fylos parlet
I.acédémoniens, ch. vtrr-lx. -
Harangue de Démosthène à s-es sol-
rlats, ch. x. -
- Combat sous les murs de Pt'los. Une troupe de Lacé-
rlémoniens bloguée dans I'îIe tle Sphactérie, ch. xr-xrv. Armistice .
ch. xv-xyr. Discours des Lacédémoniensà Athènes,- ch. xvrr-xx.
-
des hostilités, ch. xxl-xxrri.
- Reprise
Siciie, ch. xxrv-xxv.
Événements militaires err
Cléon prend le- commandement des Athé-
-
niens à Pylos et fait prisonnlers les Lacédémoniens de Sphacté-
rie, ch. xxvr-xrr.- lixpédition navale des Athéniens en Coiinthie,
ch. xttt-xlv. à Corcl,rg; massacre du parti
- Nouveaux troubles
alistocratique, ch. xt,vr-xr.yrrr. Irrise d'Ànactorion par les ethé-
-
Iriens et les Acarnaniens, ch. xlrx.
- Dans l'hir,er, arrestation
ambassadeur du roi de Perse par les Athéniens, ch. l.
d'un
Chios dé-
mantelôe, ch. lr. -
IIuitième annd,e de la guerre. Les bannis de
llitylène s'emparent - d',{ntandros, ch. lu. Atbéniens font la
corrquète de Cythère, ch. r.ln-rv. prise-.Les
de l'hyréa par les Athé-
niens, ch. lvr. - la paix entre eux.
- Les Grecs de Sicile font
Discours d'llermocratès, ch. Lvrr-Lx\'. Les Athéniens s,emparent -
-
rle Niséa et des longs murs de l\tégare, ch. rxvl-r,rxrv. Iis re,
prennent Antandros. de Lamachos dans le pont,-ch. r,xxv.
-Revers
des Athéniens contre la Béotie, ch. r.xxvr. Brasidas
conduit par terre une armée péloponésienne en .l'hrace, -ch. r,xxvn-
-Entreprise
rxxxrr. Son expédition contre Àrrhibéos, roi des Lyncestes,
-
ch. r,xxxru.
- Brasidas
,\canthiens, ch.
s'empare d'Acanthe. Son discours aux
rxxxrv-r,xxxvrrr. Dans l'hiver, les Athéniens
lbrtifrent Délion, ch. rxxxrx-xcl.- -Harangue de pagondas aux Béo-
tiens, ch. xcrr. - Dispositions d'attaque, ch. xcur-xcrv.
rl'Hippocratès aux Àthéniens, ch. xcv. - Harangue
IJataille de Délion; défaite
-
rles Athéniensl pri,se de Délion par les Bôotiens, ch. xcvr-cl.-Bra-
sitlas s'empare d'Amphipclis, ch. ctr-cvrrr. -_ Ses progrès sur le lit-
toral de la Thrace, ch. crx.
cxvr.
- Il prend Torone et Lécythos, ch. cx-
Neuuièm,e annde cle la guerre. Trêve entre Àthènes et Lacé-
- ch. cxvn-cxrx. Défection de Scione et de Mende soutenue
rlémone,
-
plr Brasidas malgré Ia 1rêve, ch. cxx-cxxrrr. Seconde expédition
de Rrasidas et de Perdiccas contre Arrhibéos,- ch. cxxrv<xxvrrr, --
LIVRE IV. 195

Les Àthéniens reprennent Mende et assiÔgenl Scioue, clt. cxxtx-


cxxrl. - Perdiccas se réconcilie avec les Àthéniens' ch, cxxxrl. -
Les Thébains démantèlent 'Ihespies. Incendie du temple de Junott
à Argos, ch. cxxxru. Dans I'hiver, combat des Mantinéens el
-
des Tégéates, chap. cxxxtv. de Brasidas sur Potidée'
ch. cxxxv.
-'l'entative

I. L'été suivant(a), à l'époque où le blé monte en épis , dix


vaisseaux. de Syracuse et autant de Locres se rendirent à Mes-
sine en Sicile , sur I'invitation des habitants. Ils prirent pos-
session de cette ville, qui se ilétacha ainsi cle I'alliance d'À-
thènes. Ce qui détermina les Syracusains à cette entreprise,
c'est gue Messine étant i'abord de la Sicile, ils craignaient
qu'un jour les Athéniens ne s'en servissent pour 'liriger contre
eux des forces plus considérables. Le motif des Locriens était
leur haine conl.re Rhégion , qu'ils voulaient placer entre deux
ennemis'. Aussi entrèrent-ils en masse dans Ie pays des Rhé-
giens, pour les empêcher de secourir lllessine. Ils étaient d'ail-
Ieurs excités par des bannis de Rhégion, réfugiés chez eux par
suite des dissénsions qui agitaient cette ville et qui pour lors
paralysaient sa résistance ; c'est ce qui engagea d'autant plus
ies Locriens à I'attaquer. Leur armée de terre se retira après
avoir dévasté la campagne; mais la flotte resta pour garder
Messine. D'autres vaisseaux , alors en armement, devaient I'y
rejoindre et de Ià continuer Ia guerre.
iI. Vers la même époque ùu printemps et avant Ia maturité
des blés , les Péloponésiens et leurs alliés envabirent I'Attique
sous la conduite d'Agis, fils d'Archidamos, roi des Lacédémo-
niens. lls y campèrent et ravagèrent Ie pays. De .leur cô[é, les
athéniens envoyèreut en sicile les quarante vaisseaux qutils
avaient armés. Les rleux généraux restés en arrière, saYoir,
Eurymédon et Sophoclès, les commandaient; Pythodor-os , ]e
troiiième, les aviit précéclés en Sicile. lls avaient orclre de
rlonner en passant assistance aux corcyréens de la ville, expo-
|. Ceux-
sés aux brigandages des exilés établis sur Ià montagne
ci avaient été secourus par soixante vaisseaux péloponésiens;
et, comme Ia ville souffrait berucoup dela disette., ils espé-
raient s'en rendre maitres sans trop de clif{iculté. Démosthène,
resté sans emploi depuis son retour d'Acarnanie, avait obtenu
ile disposer cle cette flotte athénienne pour tenter quelque coup

(a) Septièrne annéc tle la gueue, an 49ô avant J"C'


196 GUiiItRE Du PÉLoPoNÈsE.

rle main sur telpoint de la côte du Péloponèse qu'il jugerait à


pr0p0s.
III. Arrivés dans les eaur de la Laconie et informés que la
flotte péloponésienne était déjà à Corcyre, Eurymédon et So-
phoclès avaient hâte ile s'y renrlre aussi. Dérnosthène, au con-
traire, clemantlait qu'on touchât d'aboril à Pylos et qu'on ne
reprît la mer qutaprès I'exécution des travaux nécessaires. Cet
avis rencontrait cle I'opposition, quand le hasarcl voulut qu'une
tempête poussât les vaisseaux à Pylos. Aussitôt Ddmosthène
renouvela ses instances pour qu'on fortifiât cette place, disant
ne s'être ernbarqué que dans cc but. Ii représentait que le bois
et les pierres étaient en abondance, que Ia place était fortifiée
par la nature et inhabitée, ainsi qu'une grantle partie tles envi-
rons. Pylos, située dans I'ancienneMessénie, est à quatre cents
stades de Sparte; le s Lacéddmoniens I'appellent Corypha-
sion r. A quoi I'on réporrdait que le Pdloponèse ne manquait
pas de-promontoires riéserts, dont il pouvait s'emparer, stil
voulait jeter la ville ilans rle grandes dépenses. Mais Démo-
sthène voyait clans Pylos d.es avantages particuliers. Non-seu-
Iement elle possédirit un port; mais, en s'établissant dans cette
place qu'ils sauraient bien défendre, les Messdniens, à qui elle
avait jadis appartenu et qui parlent le même dialecte que les
Lacédémoniens, leur causeraient de grands dommages.
IY. Comme il ne persuarlait ni les généraux, ni plus tarcl les
soldats lorsqu'il eut communiqué son projet aux taxiarques r,
il n'insista plus. I\{ais enfin les soldats eux-mêmes, retenus dans
I'inaction près de Pylos par les vents contraires, se prirent
d'ardeur pour la for[liier. Sur-ie-champ ils se mirent à I'æuvre.
Comme ils manquaient d'outils pour taillcr les pierres, ils les
choisissaient une à une et les assemblaient de leur mieux. Fal-
lait-il du mortier, à défatit d'auges, ils le portaient sur leur
dos, en se courbant pour le naintenir et cn croisant les bras par
ùenière pour I'empêcher de tomber. En un mot ils faisaient
toute la diligence imaginable pour fortifier les points les plus
accessibles, aïant d'être attaqués par les Lacéclémoniens. Du
reste la plus grande partic de la place était naturellement forte
et n'avait pas besoin tle murs.
V. En ce rnoment les Lacédémoniens célébraient une fête.
La nouvelle de I'occupation de Pylos les inquiéta peu; ils
croyaient n'avoir qu'à se montrer pour faire retirer les cldfen-
seurs, ou comptaient facilement emporter la position d,e vive
fouce. Les Athéniens, après avoir en six jours fortifid le flanc
LIVI1E IV. r97
regarde la terre ferme et qui était re prus exp,rsd,
_qui raissèrent
Démosthène er cinq raissearix à Ia garde
reste de la flotte remit prompteme't eà mer pour
dd ;;ilges I re
corcyre et ra
Sicile.
,
vI, Pélopondsiens qui dtaient elr. Attique n'eur.ent
^Les pas
plus tôt-appris |occu_pation de pylos, qu'ils ru natJ.rnt de re-
gagner leu_r foyers. Les Lacédémoniéni, et
t" ..i aài, à reur
tête'. re gardaie nt cette affaire c.mrne per;sonneJle.
D'a"illeurs ils
s'dtaient mis en campagne de bonne hfure; irr-ria,
core verts, les vivres rares; enfin re temps était plus
iiui.ot.o
mauvais
que de coutume et l'arrnée en souffrait. càs
diver*'*ïtir* accé-
lérèrent leur retraite et re'dirent cetie invasion
ialro, àïurte ae
toutes; car ils ne restère.t pas prus de qoinrà'joors-
tique. en at-
VII. Vers la même dpgque, Sirnoniclès, général athénien,
-it
s'e.mpêra par trahison d-,Éôn r,' ville du liitoîat à.-tu ru.r,
colonie des l\Iendéens et .nneÉi, d'Athènes.
Il avait rassembré
$llr .g but-quelques Arhénien, J b.uu.oup d,alliés du pays.
Mais attaqué oromptement par les chalcidéens
et làs-goitiéror,
il fut chasié âvec u,,e g.ande perte.
vIII' Dès que les péropondsiens furent de retour d,Àttigue,
les spartiatei et leurs périèques res-prus
voisins n'eurent rien
qu.e de marcher .ont*i Pylos; mais
9::,t,": Ol.ssé â perne
t,auetremonrens,
le reste des
revenu d.'une.autre e.rpédition, mit peu
d'ardeur à les suivie. ils firenr rouoir p";
qu'on ett à se rendre re plus tot possilte
;;;;1.'ijeiopo*eru
à eyror. rir Àpïérer*nt
leurs soixante vaisseaù uu cir;i;; cetre
flotte, transportée
par-dessus I'isthnre_-de Leucad.,"t**1ru
tu ro.uuittuoô* au,
Athdniens qui mou.iiliigit Zac,yi,ttre
et parvint à pylos. L,ar_
md9 d,e terqe y était déjà. lD'autie part
Dômostnene,lvout t,ur-
florte pelopoiésienne, ariait dépàciia ià-JvLi,
:l1::j- lr pour
r''arsseaux avertir EurTmddon et tei A.thé'iens du danger
auo*
de Pylos. Sur ce message d"e Démosthèo.,-".u*-.i-n.
pas un irrair.nt
.instant pour aller à son secours. Les Lacédémoniens se
prdparaient à attaqu..l p"" mer et par terre.
Irs espéraient
s'cmparer sans.peine d'oùvrages consiruits à la
hâte et eardés
par une poignée de défe'seurs. comnre ils s'attendaien"t
bien
à voir accourir de Zacynlhe ra, flotte athd'ienne, rrîouirott,
projet, en cas de non-réussite, rl'obstruer les enîrdes
du portr,
pour le fermer aux Athéniens. L'île de Sphactérie, qui
JOtena
un peu en avantde ce,port, le mct àr'abri desvents.i
que deux passes fort dtroites : la première,
n. ruir**
en trr. a. i'iios et
198 GUERRE D.II PÉLOPONùSS.
qu'à tleur vaisseaux de
des ouvrages athéniens, n'offre.accès en recevoir huit ou
pèut
front: la seconde, ;i;;;i; extremité'
éraii.
-boisée
et sa's chernins
Ï_rît.' ô;;t, ilr,'rir;;-ÀÀ.rte, quinze stades t' Les Lacedd-
fravés. Son étenduî *iÀ t""iton
ïifi;;r ;; ïC-^it"i i tut*tt i" pu"'* au moven tl'une
ranAée de vaisseau;;il ùt;t
en dehors' Quantà l'île' de peur
servît contre eux, ils résolurent d'yfaire
ffiï;;;ri-oïr'rn long du continent'
parrer des hoptitet *t ïtn poster ô'autres le
les Athéniens trouveraient l'îleoccupée' etla
be cette manière
de débarquement' Or'
aucun Iieu
terre ferme n. t..r-ti""litlttit point des environs oul'abord
comme la rade Otpyftt *tt le seul
pour aller au secçurs
possible, ils ne.sauiaient ou descendre emporter sans
Péloponésiens comptirient
des leurs. Atnsr tes e[
une,piace mal apprrovisionnée
combat naval' *un' danger
rJéfenclue' En conséquence ils firi:nf passer dans
insuffisamment
l'ile des hoplites ttté; ;- sort d'entre tous les bataillons' Les
relevés à tour de rôle; Ies
premiers qu'on y.l'u"tpotta {urent
enfermés' étaient au
derniers, ceux qul ltot iuta s'y trouvèrent leurs Hilotese' Le
nombre de quatre ient vingt' nott^cotpris
de Molobros'
chef de cettetroupe était Epitadas.fils sur Ie point tl'at-
IX. Démosttronèi ;;;"; ies-Lacédémoniens
.ipu* it"t' fit a son tour ses préparatifs' Lcs
taquer par mer. le rivage au pied du
sur
ùrirèmes qui rui r.Jtui."t furent_tirées
et entoure" a'unt palissad'c' Leurs matelots furent
rempart
pour ia plupart ; en effet,
ffiË;ï.;é;ù;;;. ;;uciiers,"d'osier de se procurer des
dans ce iieu oete'tl li "";tuit pas question
nrême furent empruirtées à une triacontore de
armes; celies-lâ
messéniens I'un et l'autre' que
;il;J', uïnri qu'à un brigan-tin, fournirent une quarau-
il'ffi;JJ;urii u*.n.s. c.r Messéniens incorpora parmi les siens' ll
taine d.'hopiites, lue ôemosthène
; i." rj":, î:,illî ,
*il ; iT I
ii; i
ie flanc le Ptus ïï'i ; iî J.î [î*ffi ri Tii,i avec soixante
g'nt-d'e,pied' Lui-même'
ordre de ,.poo"t'-i'*
sortit de I'enceinte et s'a-
ltprittt-tno'i.i, ti qotlq"ugs a,rchil' il présumait que les ennemis
vança vers la *.t,il;t'natoit..ou et garnie de
renteraient ta A.riÀte. C'était une iôte malaisée
9 mais ii pensait que le mur
rochers, tournée vers la haute mer ;
;;;;;i;'pr*s raii,ie-J. .. côrd, cc serair là ie point d'attaque.
en la supériorité de leur
Les Athénien., dans leur confiance
de fortilier-ce flanc' de solte que i'en-
rnarine, avaient d'e réussite' C'est
"?glig9 at'ait chance
nemi, en brusquanilid"ttnte'
le bord de la mer' Après
pourquoi Oe*orif'ïne prit position snr
"*
LIvRE Iv. lgg
avoir'
9jsposé ses hoplites de manière à faire toute la rdsistance
possible, il leur adressa l,exhortation
suivante:
x' r.solclats qui arlrontez avec moile périi de cetie journée,
que nul. de vous, en ce moment suprême,
ne s,ingénie à cal_
culer l'étentlue de^notre danger. Mirchez'
pr"mt tE;; ùaissée,
animés d,'une confiance qui ious rendra
vainqueurs. En pré-
sence d'une nécessité imp?rieuse, iI
ne faut pas'raisonour, o,oi,
aller droit au but.
< Pour moi. i'estime gue nous
avons les
leurrs, si nous ioulons feni. terme et, sanschances les meil_
nous
nombre des ennemis, ne pas trahir nos ayantages. effrayer du
La difftculté
de ltabord esb en notre fù.u". si vous restez,
ce sera un auxi-
liaire; si yous recullz, cette côte, tout ardue qu,elle
est, s,apla_
nira faute d'obstacre. D'ailreurs les ennemii seraient
craindre si, venant à être p"essés, iis se prus à
voyaient acculés à ra
mer' Tant qu'ils sont sur reurs ïaisseaux,
rien de plus aisé
que de les comba*re une fois débarqu;;', j;;#iJievient
égale.
I
- c Quant
Q-u-elque
à leur multitude, elle ne doit pas vous intimider.
nombreux qu'ils-soient, ils ne co*butt.ont
[u;en dd-
tail, grâce à la difficulté de prrrid"" irrrr. Ce nrest pas
combat
ici un
de plaine, ou, touteichoses étaut c|ailru"rr-pi.uilles,
nombre doit i,enrporter. IIs sont sur des le
vaisseau, ; o. en mer iJ
faut le concours de mille cir;onsta.ces. A mes yeux
reurs dés-
avantages. compcnsen t.ampre ment ra disprop
ortion de nos
Je parte à des athéniens : iis savent par- expérience forces.
combien
il est difûcile d'opérer
nemis résol's à I'empêcher, _un débarquement en présence d,en-
qui ie reculent
par le bruit des ramei ou par l;impétuosité tle ù,
épouvantds
l,abord.
^ r-Soyez donc fermes sur ces ,orlrers que vous atez défencrre.
sachez vous garder vous-mêmes, vous ôt te poste q"iooo,
tronfid. )
,rt
Après avoir enflammti ses sorrrats par ce rangage, Ddnro-
-xI.
sthène les fit descendre au bord de la mèr et les ,u"og".u
en ba-
taille. Les Lacédémoniens s'avancèrent alors et aliffirent
ta
par terre et par mer. Leur flotte, forre de quuràoi.-troi,
t11:"
vorles' était cornmandée par }e spartiate Thrasymdridas lils
de
cratésiclès. Elle se dirigeâ vers r'ôndroit qu;a'ait-prJ"r-rie*"-
sthène. Les Alhéniens firent face des deux côtés, ue*
nent et vers la mer. Les vaisseaux lacédémoniens,
iulonti-
écheronnés
par petits groupes pour éviter |encombrement, aitffiient
et
se reposaient to'r à tour. Les sordats déployaient
toute l,ardeur
2OO GUERRE DU PÉLOPONÈST.

imaginable, s'exhortant mutuellemeDt à se faire jour et à em-


port-er Ia place. Mais nul ne se signala autant que Brasitlal {ui
àommandiit une trirème. Voyant lcs triérarques et les pilotes
hésiter à abord.er, rnême là oir il semblait possible de Ie faire,
par crainte de briser leurs vaisseaux sur cette côte escarpée, il
Îeur criait qu'il ne fallait pas, p0ur épargner-des. planches,
laisser les ennemis se fortilier dans le pays. Il exhortait ses
compatriotes à briser leurs vaisseaux pour aborder, et les alliés
à sacriûer sans regret les leurs aux Lacédémoniens, dont ils
avaient reçu tant àe services- < Il faut, d'isait-il', se jeter à
la côte, dèbarquer à touù prix et cnlever les hommes et la
nlace. >
xII. Ctest ainsi que Brasirlas encourageait les siens. Lui-même
contraignit son piiote d'échouer son vaisseau et s'avança vers
i'dche[Ë; mais ii fut repoussé par les Athéniens. Couvert de
blessures, il tomba en cléfaillance sur i'avant ilu navire; son
bouolier glissa dans la mer; les Athéniens s'en saisirent et le
placèreniensuite dans 1e trophée élevé en commémoration de ce
ôombat. Le reste de la flotte faisait les derniers e{Ïorts pour
toucher terre, sans pouvoir y parvenir, à ctuse de I'escarpe-
ment 1e la côte et cle I'obsfinàtion iles Athéniens, qui ne cé-
daient pas ur pouce de terrain. Étrange interve.rtissement cles
rôles! ôes mêmes Athéniens qui avaient porté si haut la gloire
de leur marine, combattaient sur terre, en Laconier pour re-
pousser les Lacédémoniens. ceux-ci au contraire, si renommés
pour leur tactique continentale, venaient sur des vaisseaux
Îenter contre des Athéniens une descente dans leur propre ter-
ritoire, devenu pour eux un pays ennemi.
xlil. après avoir continué leurs attaques pendant toute la
journée ef ,tne partie du lendemain, les Lacédémoniens y re-
noncèrent. Le tràisième jour, ils envoyèrent à Asinét quelques
vaisseaux chercher des bois pour des machines, avec lesquelles
ils espéraient prendre la muraille du côté du port. c'était à la
vérité la partié la plus élevée ; mais cet inconvénient était com-
pensd par une plus grande facilité d'accès.
Sur ces entiefaitês, arrivèrent de Zacynthe les vaisseaux
athéniens au nombre de cinquantet; ils avaient été ralliés par
quelques bâtiments de Ia station de Naupacte et.par q.uatre de
inioË. Quand ils virent le continent et l'1le fourmiller d'hoplites
et le port de vaisseaux qui ne faisaient pas mine de sortir, ils
ne suient d'abortl oir prendre terre I ensuite ils gagnèrent Proté,
lle déserte et peu éloignée, où ils passèrent la nuit. Le iende-
LrvRE tv. 201

main, ils levèrent l'ancre, après avoir fait leurs prdparatifs de


combat, tlans Ia tlouble supposition que I'ennemi s'avançât au
large ou qu'ils tlussent l'alier chercher dans I'intérieur clu port.
Les Lacédémoniens ne vinrent point à leur rencontre I ils n'a-
vaient pas rlonné suite à leurprojet de barrage, mais ils étaient
tranquillement à terre, occupés à embarquer leu-rs équipages
et à se préparer, en cas d'attaque, à combattre dans le port,
assez spacieux pour cela.
XIY.- Les Athéniens s'élancent par les deux passes. Déjà ta
plupart des vaisseaux ennemis avaient démarré, la proue en
avant. Les Athéniens les assaillent, les mettent en fuite, les at-
teignent bientôt, en maltraitent un grand nombre et en pren-
nent cinq, tlont un avec son équipage. Ensuite ils fondent sur
les bâtiments qui s'étaient ietés à Ia côte; d'autres sont heurtés
pendant qu'i)s embarquent encore leur monde et avant d'avoir
démarré f enfin quelques vaisseaux abandormés de leurs équi-
pages sont saisis et remorqués par les Athéniens.
A cet aspect, les Lacéclémoniens,. désespérés d'un événement
qui enfermait leurs guerriers dans'l'11e, s'élancent tout armés
tlans la mer, ressaisissent leurs navires et les rarnènent à eux.
Chacun croit sa coopération nécessaire. Autour des vaisseaux,
c'était un épouvantable tumulte. Les tleux peuples avaient
échangé leur manière de combattre. Les Lacédémoniens, dans
leur ardeur et tlans leur trouble, livraient, pour ainsi direr un
combat naval sur la terre ferme; tandis que les Athéniens, vain-
queurs et clésireux ile poursuivre leurs avantages, combattaient
comme sur terre du haut cle leurs vaisseaux.
Enfin, après s'être fait mutuellement bien du mal et bien des
blessures, on se sépara. Les Lacéclémoniens sauvèrent leurs
vaisseaux vicles, excepté ceux qui avaient été pris au commen-
cement tle I'action. Lorsque les tleux partis se furent retirés
dans leurs camps, Ies Athéniens dressèrent un trophée, rendi-
rent les morts et recueillirent les ctébris tles vaisseaux. IIs blo-
quèrent aussitôt l'île au moyen d'uue croisière, pour s'assurer
cles hommes qui s'y trouvaient renfermés. Les Péloponésiens.
qui dtaient sur le continent et dont les renforts étaient déjà
arrivés de tous côtés, restèrent en place clevant Pylos.
XV. Quanil la nouvelle de ces événements fut parvenue à
Sparte, on déciila. comme dans les cas ile calamité graYe, gue
les magistrats se rendraient au camp' afin cle voir les choses
par leurs yeux et d'aviser saus aucun délai. Ils reconnurent
I'impossibilitd de secourir leurs gens. Voulant donc leur épar-
202 GUERRU DU pÉLoponÈsr.
gner le danger de mourir de faim ou il'être accablds par le
nombre, ils jugèrent que le mieux était rle conclure avec les
généraux athéniens, s'ils y consentaient, un armistice arr sujet
de Pylos, et d'envoyer ensuite des députés à Athènes pour
traiter d'un accommodement. Tout leur désir était rl'obtenir au
plus tôt la délivrance de leurs guerriers.
XY[. Les généraux accueillirent ces ouvertures, etl'armistice
fut conclu aux conditions suivantes : les Lacédémoniens amène-
raient à Fylos et livreruient aux Athéniens les bâtiments sur
lesqueis ils avaient combattu, de même que tous les vaissoaux
longs qui se trouvaient en Lar:onie. Ils s'abstiendraient tle
toute agression contre la place, soit par terre soit par mer. Les
Athdniens de leur côté permettraient aux Lar.édemoniens du
continent de faire pâsser à leurs guerriers de l'Île une quantité
déterminée de blé moulu, savoir deux chénices attiquei de fa-
rine par homme, cleux cotyles de vin t et de la viande, avec
demi-ration pour les valets. Ces envois auraient lieu sous' l'æil
des Athéniens, et aucune embarcation n'aborderait dans l'lle
sans leur aveu. Les Athéniens continueraient à garder I'iIe, mais
.sans y descendre. IIs s'abstiendraient de toute agression contre
I'armée péloponésienne, soit par terre soit par mer. A Ia moin-
dre infraction commise de part ou d'autre, la trêve était rompue.
Celle-ci devait durer jusqu'à ce que les ddputés lacédémorriens
fussent revenus cl'Athènes. Les Athéniens s'engageaient à les
y conduire et à les ramener sur une trirème. A leur retour la
trêve devait cesser, et les Athéniens rendre les vaisseaux dans
l'état ou ils les auraient reçus.
Telles furent les conditions cle I'armistice. Les vaisseaux fu-
rent livrés, au nombre d'environ soixante, et les députés parti-
rent pour leur destination I arrivés à Athènes, ils prononcèrent
le discours suivant :
XVII. q Lcs Lacéclémoniens nous envoient pour vous propo-
ser, au sujet des guerriers de l'ile, un amangement avantageux
pour yous et aussi tronorable pour nous que les circonstances
le permettent. Ce ne_sera pas cldroger à nos habitudes que de
prononcer un long discours, notre maxime dtant de nè dire
que' peu de- mots quand ils suffisent, et de parler plus longue-
ment quand Ie sujet I'exige. Ne prenez pas nos paroles en
mauvaise part ni comme une leçon qui vous serait donnée, mais
plutôt comme une recommandation ilont votre prudence pour-
rait se passer.
c ll ne tient qu'à yous d'asseoir votre bonheur actuel sur des
LIYRE IV. 203

bases durables, en conservant ce que vous pos#dez et en y


ajoutant une gloire éternelle. N'imitez pas les hommes sans
eipérience, {ul, surpris par la prospérité, ne mettent aucune
limite à leur ambition. Lorsqu'on a, comme vous et comme
nous, éprouvd combien la fortune est inconstante, on a le tlroit '

et le devoir de s'en défier.


XHII. < Pour vous en convaincre, iI suffit d'envisager nos
récentes disgrâces. Naguère au premier rang des Grecs, nous
venons aujouril'hui solliciter ce dorrt alors nous pensions être
les arbitrés. Et pourtant, ce changement ne provient ni. de 1a
diminution tle noi forces ni de i'insolence d'une prospérité nou-
velle. Nos forces sont ce qu'elles ont toujours été; mais nous
nous sommes trompés clani nos prévisions, comme ii peut ar-
river à chacun. Vous-mêmes.vous auriez tort r]e croire que la
puissance actuelle de votre république ei la gloire qu€ vous
ienrz dty ajouter) vous garantissent un bonheur durable. Les
hommes sages ont pour principe de regarder les avantages
comnle préCair.s et ils savenl, aussi nrieux qu9 d'autres sup-
porter lôs revers. Ils tiennent pour assuré qu'il.ntest pas pos-
tilt. ae ne prendre de la guerre que )a mesure quinou.l convient,
mais qu'il t'aut en subir les c,hances diverses. Moins éblouis par
les suôcès, ils sonb plus à I'abri des fautes, et d'au[ant plus
traitables qu'ils sont plus heureux
,r Telle Ëst, ô Athéniens, 1a conduite qu'il serait honorable
pour Tous de tenir à rotre égarrJ. Autrement il cst à craindre
qu'avec le temps, si vous éprouvez quelque revers) - et il n'y
à ia fortune vos
aurait là rien d'impossible,
- on n'attribue
avantages passés; au lieu que yous pouvez laisser à la postérité
une renommée incontestable tle pùissance et de sasesse'
XIX. ( Les Lacédémoniens vôus invitent à déposer les ar-
mes. Ils vous o{Irent Ia paix,leur alliance, une cordialité Plei_ne
et entière; en retour ils-vous demandent les guerriers de l'île.
Ne vaut-il pas mieux) pour vous comme pour nous' ûe pas
courir Ia double chance de les voir s'échapper en profitant
d'une occasion favorable, outornber, à la suite d'un siége, dans
une odieuse captivité? Le rneilleur moyeD de desarmer les
grandes haines n'est pas qu'après la lutte un rles cleux partis
ibose de sa supériorité pour imposer à ltautre cles conditions
intolérables, *ais qu'rl se nrontre généreux et trompe I'attente
du vaincu par la m-odération cle ses exigences. Dès lors I'ail-
versaire, qui n'a plus à repgusser Ia force,,_mais à reoonnaltre
un bienfaii, ..e seirt lié par un sentiment d'honneuT. C'est sur-
204 GuERRE DU PÉtoPo:vÈsn.

tout ie cas pour les inimitiés les plus fortes. 0n cède avec
plaisir à qui se relâche volontaireurent ile ses droits; mais on
résiste à outrance aux orgueilleux.
XX. a L'occasion de nous réconcilier s'ofÏre plus belle que
jamais. Ntattendons pas qu'un accident sans remède vienne
êveiller, chez lcs particuliers comme tlans l'État, une haine
imp)acable, et vous ravir les avantages que nous vous offrons
aujourrl'hui. Avant que le sort ne prononce, opérons un rap-
prochement qui doit assurer à vous de la gloire et notre amitié,
à nous les moyens d'éviler une honte et tle pallier un malheur.
Iaisons taire chez nous Ie bruit tles armes et procurons au reste
des Grecs un soulagement à leurs maux. C'est à vous surtout
qu'ils croiront en être redevables. Aujourd'hui ils supportent
la guerre sans trop savoir quels sont ceux qui I'ont provoquée;
mais si elle prencl fin et pour cela vous n'avez qu'un mot à
dire, yous acquerrez- le plus beau titre à Iettr reconnaissance.
-
En résumé, il ne tient qu'à vous d'avoir les Lacétlémoniens
pour amis fidèles; eux-mêmes vous y convient, dans I'espoir que
vous userez de condescendance plutôt que de rigueur. Songez
à tous les biens qui naitront de cette alliance. N'en iloutez pas:
une fois que nous marcherons d'accord, le concert de nos vo-
lontés commandera le respect à Ia Grèce entière, qui ne peut
rivaliser tle forces a\rec nous. n
XXI. Ainsi parlèrent les Lacdtlémoniens. Ils croyaient que
les Athéniens, naguère disposés à uu accommodement qui
n'avait échoud que tlu fait de Lacédémone, s'empresseraient
d'aocepter la paix qui leur était offerte et de rendre les guer-
riers. Mais les Athéniens, persuadés qu'ayant ces gages en leur
pou\.oir, ils seraient toujours les mattres de traiter, portaient
plus haut leurs exigences. IIs étaient surtout excités par ie
démagogue Cléon fils de Cléénétos, qui avait alors un extrême
ascend.ant dur le peupte. C'est lui qui leur persuacla d,e rdponclre
qu'il fallait préalablement que les guerriers de I'ile fussent
livrds, eux et leurs armes, et amenés à lthènes; qu'ensuite les
Lacédémoniens rendissent Niséa, Pagæ, Trézène et I'Achaier,
qui se trouvaient entre leurs mains, non par ilroit de conquête,
rnais en vertu du d.ernier traité, que le malheur des temps et le
besoin rle la paix avaient arraché aux Athdniens; qu'à c€s cot
ditions on renclrait les guerriers et I'on ferait une paix dontles
deux peuples fixeraient la durée.
XXII. Les députés ne lirent pas d'objection; mais ils cleman-
dèrent qu'on ncmmât des conrmissaires chargés de discuter à
LIVRE IV. 205

loisir avec eux ces divers articles et d'admettre ceux sur les-
quels on tomberait d'accord. Là-dessus Cléon jeta feu et flammes
contre les Lacéclémoniens, disant qu'il savait bien dès l'origine
toute leur rnauvaise foi; qu'il n'y avait plus à en douter, puis-
qu'ils refusaient de s'expliquer devant le peuple et voulaient ne
le faire qu'en petit cornité. II les soûim&, si leurs intentions
étaient droites, de les déclarer séance tenante. Les Lacédémo-
niens, quoique disposés par leurs malheurs ir faire des con-
cessions, sentaient qu'il ne leur était pas possible de s'ouvrir
en pleine assemblée. lls craignaient, si leurs oflres étaient
rejetées, de se trouver en butte à I'animadversion de leurs
alliés. Yoyant d'ailleurs que les Athdniens n'adhéreraient pas à,
des conclitions modérées, iis qriittèrent Athènes sans rien ter-
miner.
XXIII. A leur retour I'armistice cle Pylos erpirait de plein
droit. Les Lacédémoniens redemandaient leurs Yaisseaux, con-
formément à la convention. Mais les Athéniens alléguèrent une
attaque dirigée contre la place au mépris du traité et quelques
autres contraventions sans importance. Ils refusèrent de rendre
les bâiiments et se prér'alurent de la clause qui déclarait la
trêve rompue à la moindre infraction, quelle qu'elle fùt. Les
Lacéclémoniens protestèrent hautement contre I'injuste déten-
tion cle leurs vaisseaux; puis ils se retirèrent en faisant appel
aux aTmes.
La guerre autour de Pylos recommença donc de plus belle.
Pendant le jour, les Athéniens faisaient la roucle autour tle l'île
avec deux vaisseaux qui se croisaient; la nuit toute la flotte
était de gartle, sauf tlu côté cle la haute mer, quand le venf
soufflait. Ils,avaient reçu d'Athènes un renfort cle vingt vais-
seaux, ce qui avait porté leur effectif à soixante-dix trirèmes.
Les Péloponésiens, campés sur Ie continent, donnaient des
assauts à la place et guettaient I'occasion tle tlélivrer leurs
guerriers.
XXIY. Cepentlant en Sicile les Syracusains et leurs alliés,
après avoir renforcé cle tous les vaisseaux qu'ils avaient équi'
pés Ia flotte qui gartlait' Messine, continuaient la guerre en
partant de cette ville. Les Locriens les y excitaient par animo-
sité contre Rhégion; eux-mêmes étaient entrés en corps ile
nation sur son territoire. Les Syracusains étaient résolus à
tenter un combat naval. Ils voyaient que ies Àthéniens n'a-
vaient en ce moment que peu de vaisseaux dans ces paragesr
et ils savaient que Ie gros tle la flotte destinée à agir contre euxt
Tttucyorus. t2
206 GUERRE DU PÉLoPoNÈse,

se trouvait occupri à Sphaciérie. Une fois que leur marine aurait


pris le dessus, ils comptaient s'emparer aisément de Rhégion
en i'attaquant par mer et par terre, et affcrmir ainsi leur do-
minrtion. Le promontoire de Rhégion en Italie étant voisin de
Messine en Sicile, les Âthénieûs ne pourraient plus stationner
en ce lieu ni commmander le détroit. Ce détroit est formé par
le bras de mer qui sépare Rhégion et Messine. au point où la
Sicile se rapproche Ie plus du continenr. tl'est la fameuse
Charybtle, qui fut traversée, dit-on, par Ulysse!. Le peu de
largeur du passage fait que les eaux venant de ileux gtanrles
mers, celle de Tyrrhénie et celle cle Sicile, s'y engouffrent avec
vjolence et produisent des courants réputés à bon droit tlan-
sereux.
XXY. Ce fut dans ce détroit que les Syracusains et leurs al-
liés, avec un peu plus de trente vaisseaux, furent contraints
d'engager, à une heure tardive, un combat pour un bâtiment
qui traversait. Ils s'avancèrent contre seize vaisseaux d'Athè-
nes et huit de Rhégion; ils furent vaincus par ies Athéniens et
perilirent un vaisseau; après quoi, ohacun n'eut rien ile plus
pressé que de regâgner sa station de Messine ou cle Rhégion.
Le combat avait duré jusqu'à la nuit.
Lep Locriens évacuèrent ensuite le pays ile Rhégion, tandis
quc la flotte des Syracusains et de leurs alliés alla mouiller à
Péloris, place appartenant à Messine; et otr se trouvait leur
armée de terre. Les Athéniens et les Rhégiens firent voile de ce
côté. Yoyant les vaisseaux rlésarmés, ils les attaquèrent; mais
ils perdirent un de leurs bâtiments, qui lut accroché par une
mainde ferr; I'équipage se sauya à ia nage. Là-dessus les
Syracusains remirent. en mer et se haièrent Ie long de la côte
jusqu'à Messine. Attaqués derecbef par les Athéniens, ils vi-
rèrent au large, fondirent sur eux et leur ûrent perdre un se-
cond vaisseau. Ainsi les Syracusains rentrèrent dans Ie port rle
Messine, sans avoir eu le ddsavantage ni dans le trajet ni dans
ce combat.
Les Athéniens cinglèrent vers Camarine, sur la nouvelle que
cette ville allait être livrée aux Syracusains par Archias et ses
atlhérents. En même temps les Messiniens se portèrent en m&sse,
par teme et par mer, sur Naxos-Ia-Chalcidiquer, dont le terri-
toire confine ar leur. Le premier jour, ils renfermêrent les
Naxiens dans leurs murailles et coururenb Ie pays. Le lende-
main, I'armée navale stavança jusqu'à l'emboucbure de I'Acé-
sinès5 et ravagea la campagne, pendant que I'arrnée de terre
LIVRE IV. 207
assaillait la ville._Mais, sur ces entrefaites. les sicules descen-
dirent en forces de reurs_mo:rtagnes pour attaquer res Messi-
niens. A leur aspect,-les Naxiens-reprirent .oor"gu, et
s'exhor_
tant mutuellement, dans la pensée que c'étaient iôs Léontins et
d'autres Grecs alliés qui venâient à'leur secours, ils firent
une
brusque sortie, tombèrent sur les Messiniens, iu. .ir.nt
en
1'uite et en tuèrent plus de mille. Les autres
eurent bien de ra
peine à s'échapper; les Barbares leur coupèrent ra
reiraite et
les massacrèrent pour la plupart. La flottè revint à Messine;
après quoi elle fut dissoute, ei chacun regagna ses foyers.
Aussitôt les Léontins, croyant Messine"h"ors d'état de se dé-
fendre, firent une expédition contre e[e, cre concert avec ]eurs
alliés et les Athdniens. cenx-ci dirigèrent leurs attaques contre
le port, I'armée de terre contre ta vitte. Les Messiniens firent
une sortie qug]gues Locriens que commandait Démotélès.
3v9c
et qui,_après la défaite précédenreiavaient été raissés en gar-
nison.dans la_ place. Ils fondirent à l'improviste sur les Léon-
tins, les culbutèrent et en tuèrent un grand nombre. a cette
vue, les athéniens descendirent de leurs riaisseaux pour secourir
leurs alliés, et, tombant sur les Messiniens en déËordre, ils les
rejetèrent dans la ville. puis ils dressèrent un trophdJ et re-
tournèrent à Rhegion.
Depuis ce moment, les Grecs de sicile continuèrent leurs
-luttes intestines sur te*e et sur mer, sans la coopération des
Athénicns.
xxn. Revenons à Pylos. Les athdniens tenaient toujours res
Lacédémoniens blo.qués dans l'ile, tandis que l'armée pélopo-
nésienne conservait ses positions iur le continent. Le manque
de vivres et d'eau rendait aux athéniens le blocus excessive-
ment pénible. L'unique source, et encore peu abondante, était
dans la citaclelle même de pylos; aussi la plupart creusaient
des trous dans le sable sur le bord de ra mer. cf buvaient I'eau
qu'on
.peut croire. campés dans un espace étroit, ils étaient
exposés à toutes les privations. cornme il n'y avait point
de.mouillage p.ur les r'àisseaux, une partie des équipages pre*
nait s-es repas à terre, tandis que làutre restaii a l-oro. ce
qui achevait de les décourager, ô'étair de voir le blocus se pro-
longer indéfiniment. IIs avàient cru qu'il suffirait rle peù de
jours pour avoir raison de gens enfermés dans une ile àéserte
et riduits à stabreuver d'eau saumâtre. Mais les Lacécldmoniens
avaient
-olÏe$
des prix très-élevés à qui porterait dans l,île du
blé moulu, du vin, du fromage ou touie airtre esrrèce de comes-
208 GUIInRE DU PÉLoPoNÈsE.

tibles ndcessaires à des troupes assidgdes I ils avaient même


promis la liberté aux llilotes qui en introduiraient. Bien des
gens, surtout des Hilotes, y parvenaient au péril de leur vie.
Ils partaient cle tous les points ilu Péloponèse et abordaient de
nuit dans la partie de l'île qui regarde Ia haute mer. Ils profi-
taient des temps d'orage, parce qu'alors les trirèmes ne pou-
vant croiser au large, il y avait chance d'échapper. Ils s'é-
chouaient sans ménagem€nt, certains d'être indemnisés pour la
perf,e de leurs barques; d'ailleurs tous les abortls de l'ile étaient
gardés par des hoplites; mais, Iorsqu'ils se risquaient par un
temps calme, ils étaient pris. Il y avait même des plongeurs
qui traversaient le port en nageant entre deux eaux, et qui
trainaient des outres pleines de pavot emmiellé ou cle graine de
iin pilée. D'aboril ils passèrent inaperçus; mais ensuite on les
surveilla. Bref, il n'y avait pas de stratagème que les deux
partis n'imaginassent pour introduire des vivres ou pour en em-
pêcher I'introducti on.
XXYII. Lorsqu'on apprit à Athènes quel'arrnée était en souf-
fance et l'île ravitaillée, on fut dans un grand embarras. 0n
craignait que la mauvaise saison ne surprit les troupes expé-
ditionnaires, et qu'il ne devînt impossible ile leur envoyer des
vivres en faisant le tour du Péloponèse, puisqu'en été même
0n ne pouvait suf{isamment alimenter une place dénuée de
tout. La flotte ne saurait plus or) mouiller sur cette côte sans
port. Pour peu que la croisière fùt moins active, les assiégés
auraient moyen de se procurer des vivres ou même de s'échap-
per sur les embarcations qui leur en apportaient et à la faveur
d'un gros temps. On appréhendait surtout que les Lacédémo-
niens rassurés ne songeassent plus à négocier, et I'on était
aux regrets de n'avoir pas acceptd leurs propositions paci-
fiques.
Cléon, s'apercevant qu'on lui en voulait pour s'être opposé à
I'accommodement, prétentlit que les nouvelles étaient fausses I
et, comme ceux qui arrivaient ile Pylos demandaient, si on ne
les croyait pas, qu'on envoyât sur les lieur pour faire une
enquête, les Athéniens choisirent dans ce but Cldon lul-même
'et Théagénès. Alors Cléon sentit, qu'iI serait obligé de confir-
mer le rapport de ceux qu'il calomniait ou que, s'il clisait Ie
contraire, ii serait convaincu d'imposture. Yoyani tÏailleurs les
Athéniens incliner à la guerre, il leur conseilla de renoncer ir
uns snquête qui entraînerait des longueurs; mais, si les nou-
velles Ieur paraissaient vraies, de cingler immédiatement contre
LIYIiE iV. :ù9
les ennemis. Lançant ensuite une insinuation contre ie général
Nicias fils de Nicératos, dont il était I'ennemi personnel etl'ad-
versaire politique, il déclara que, si les généraux dtaient des
hommes, il leur serait aise, aYec les forces dont ils ilisposaient,
d'aller s'emparer des guerriers de l'île; ajoutant que lui-même,
s'il était général, il n'hésiterait pas à ie faire.
XXVIII. Les Àthéniens murmuraient contre Cléon et disaient :
n Que ne part-il sur-le-champ, si la chose lui paratt facile?r
Nicias, attaqué directement, réponclit que les généraux I'auto-
risaient pour leur part à prendre toutes les troupes qu'il vou-
drait et à tenter I'entreprise. Cléon, ne croyant pas d'abord que
cette offre fùt sérieuse, y clonnait les mainsl mais, lorsqu'il vit
que c'était tout de bon, il tergiversa, disant qu'après tout, ce
rt'était pas lui, mais Nicias, qui était géneral. Il commençait à
craindre, sans le eroire toutefois, qu'il nelui cédât eJÏectivement
la place. Alors Nicias, reyenant à la charge, se démit du com-
mandement cle Pylos, et en prit I'assemblée à témoin. A me-
sure que Cléon reculait et rétractait ses paroles, le peuple, par
un de ces mouvements familiers à Ia multitude, criait à Nicias
Ce se démettre, et à Cléon de partir. Ainsi pris au mot, Cldon
se ddcide à s'embarquer. II déclare devant Ie peuple qu'il n'a
pas peur des Lacéclémoniens; qu'il n'emmènera personne de Ia
ville, mais seulement les Lemniens et les Imbriens alors à
Athènest, des peltasies Yenus d'Énos en qualité d'auxiliaires, et
quatre cents archers d'autres pays. Avec ces troupes, réunies à
I'armde dejà sur les lieux, il se fait forf d'amener dans vir:gt
jours les Lacédémoniens captifs ou de les tuer sur place. Les
Athéniens riaient de Ia fatuité de ce langage; mais les gens
sensés s'applaudissaient en pensant que de deux biens I'un
était infaillible : ou d'être debarrassés de Cléon, ce qui leur
paraissait le plus probable; ou, dans ie cas contraire, de tenir
les Lacédémoniens en leur pouvoir.
XXIX. Après avoir pris toutes les dispositions dans I'assem-
blée et reçu à cel effet les suffrages du peuple, Clécn accéléra
le départ. De tous les généraux qui étaient à Pylos, il ne s'ad-
joignit pour collègue gue Démostbène. C'est qu'il avait appris
que ce général songeait Ini-mêrne à faire une desccnte dans
i'ile. Bn efTet ses soldats, qui souffraient cle leur cldntment et
qui étaient moins assiégeants qu'assiégés, brùlaient d'en venir
i une action décisive. Un incendie survenu dans l'île avait
achevé de I'y déterminer. Jusque-ià il avait craiut de s'engager
sur un terrain fotrrud, désert et sans chemins batbus. Cetle
210 cUERRE DU PÉLoPonÈsa.
circonstance lui paraissait favorable aux ennemis, qui pour-
raient, en sortant de leurs retraites obscures, faire beaucoup
de matr à une armée descendue à terre. Leurs dispositions et
les fautes qu'ils pourraient comme[tre seraient masquées par
l'épaisseur de la forêt, tandis que celles des Athéniens seraiènt
à découvert, Maltre de choisir son terrain, l'ennemi poumait,
dans un moment donnd, tomber sur eux à I'improviste. Si les
Athéniens s'elforçaient d'en venir aux mains dans le fourré, il
sentait que des troupes moins nombr.uses, mais connaissant
Ies localités, auraient nécessairement l'avantage sur des forces
plus considérables, auxquelles celte experience manquerait; en
sorte que sa grande armée courrait le risque de périr en dé-
tail, sans que les différents corps pussent se prêtei un mutuel
appui.
XXX. Ces craintes lui étaient suggérées par le souvenir de
son désastre d'Étoiie, occasionné en partie par une fcrêt. Mais
le basard voulut que, les Athéniens ayant été contraints, par
le maague d'espace, d'abord.er sur la lisière de l'île pour y pré-
parer leur repas sous la garde dtun avant-poste, un soldat, par
inadvertance, mit le feu à des broussailles; l'incendie, atiisé
par le vent, gagna de proche en proche, et la plus grand.e
partie de la forèt fut consumée. Cet accident permit à Démo-
sthène de mieux jugerdu nombre des ennemis. Il le trouva plus
considdrable qu'il ne l'avait cru d'après la quantité de vivres
qu'on leur faisait passer. Dès lors il pensa. que les Àthéniens
redoubleraient ile zèle pour une entreprise qui ne manquait
pas de grandeur ; enfin il s'assura que I'abold de l,ile ?tait
moins difûcile qu'il ne se l'était figuré; il se disposa donc à ef-
fectuer la descente. Il demanda des renforts aux alliés du voisi-
nage et fït tous les autres préparatifs.
Sur ces entrefaites CIéon, après I'avoir averti qu'il approchait
avec les troupes demandées, amive à Pylos. Aussitôt réunis, ils
envoient un héraut à l'armée du continent pour demander aux
Lacédérnoniens s'ils veulent ordonner aux guerriers de ltile de
se rendre sans combat, eux et leurs armes, à condition que les
Athéniens les tiendroni dans une captivité modérde jusqu'à la
conclusion d'un armistice ddfinitif.
XXXI. Cette proposition ayant été rejetde, les généraux athé-
niens attendirent encore un jour. Le lendemain, ils levèrent
I'ancre pendant la nuit, après avoir embarqué tous leurs ho-
plitos sur un petit nombre de vaisseaux. Un peu avant I'aurore,
ils descendirent sur les deux flancs tle l'île, âu côté delahaute
LIVR!] IV. 2ll
mer et du côté ilu port. Les hoplites, aunombre d'enYironhuit
cents, se portèrent à Ia colrrse contre lavant-poste ennemi. Les
Lacédémoniens étaient échelonnés cle la marrière suivante. Un
premier détachement se composai! d'une trentaine d'hoplites.
Àu centre de I'Îie, près de I'eaur, sur unterrain uni, était le
'gros de la troupe, commandé par Épitatlas. Une faible réserve
gardait I'extrémité tle I'île en face cle Pylos. Cet endroit était
coupé à pic d,u côté tle la mer et difficilement abortlable du
côté de la terre. Il s'y trouvait un vieux retranchement en
pierres sèches, que lesiacédémoniens comptaient utiliser rlans
ie cas ori ils seraient forcés de hattre en retraite. Telles étaient
leurs dispositions.
XXXU: Les Athéniens fontlent au pas de course sur l'avant-
poste. En un clin tltæil, ils massacrent les soltlats encore cou-
phés ou prenant à peine leurs armes. La clescente s'était opérée
aveo tant de silence que les ennemis I'avaient prise pour le
mouvement ordinaire tles vaisseaux dans leur station de nuit.
Au point du jour, le reste des soltlats, chacun selon son arme
spéciale, tlébarqua de soixante et tlix navires ou un peu plus,
sur lesquels on ne laissa que le dernier rang de rameurst. Il y
avait huit cents archers, autant cle peltastes, les Messéniens
auxiliaires, enfin toute la garnison de Pylos, excepté ceux qui
étaient de garde sur le rempart. Démosthène les distribua
par groupes de ileux cents ou davantage, auxquels il fit occu-
per ies hauteurs. Il voulait que les Lacétlémoniens, cernés de
ioutes parts, ne sussent tle quel côté faire face, assaillis en tous
sens par la multitucle, pris à tlos s'ils avançaient, en flanc s'ils
se portaient à ttroite ou à gauche. Ils ne pourraient faire un
pas sans avoir tlerrière eux les troupes légères, insaisissables
énnemis, qui les attaqueraient de loin à coups'de flèches' clê
javelots, de pierres ou ile frondes,, et qutil n'y aurait pas moyen {
âe poursuivrl I car elles triomphaient même en fuyant; et, dès
que I'unnemi rétrogradait, elles revenaient à la charge. Tel était
lè plan d'attaque précédemrnent conçu par Ddmosthène et qu'il
mit alors à exécution,
XXXIII. Les solclats tl'Épitatlas, qui formaient le gros de la
troupe, voyant leur avant-poste massacré et une armée en mou-
vement contre eux, se rângèrent en bataille et se portèrent
contre les hoplites athéniens qu'ils araient en tête, au lieu que
les troupes légères étaient rdpanclues sur leurs flancs ou derrière
eux. Mâis ilJ ne purent joindre les hoplites ni faire usage de
leur babiletd: car ils éteiànt contenus par les troupes légères,
212 GUERRE DU PÉLoPoNÈsT.
qui les couvraient de javelots; e_t les hoplites athéniens, au lieu
de marcher à leur rencontre, demeuraient immobiles.
Quand
les troupes légères s'approchaient trop, les Lacédémoniens les
mettaient en fuite ; mais ces hommeJ iestement équipés com-
battaient en se retirant et dans leur fuite prenaient iisément
I'avance; car les as!érités du sol, dans ces lieux longtemps in-
habités, rendaient la poursuite impraticable aux Lacéîémôniens
pesamment armds.
- xxxlv. Quelques mcments se passèrent ainsi en escarmou-
ches I mais bientôt les Lacéddmoniens clevinrent incapables rle
se porter. a.ssez promptement sur res points menacès, et les
troupes légères s'aperçurent qu'ils mettiient moins de vivacité
-contraire,
clans leur défense. Elles, au sentirent leur courage
cloublé en se yoyant si supérieures en nombre. Déjà elies
,,hubi-
tuaient à ne plus avoir peur des Lacédémoniens, parce qu'elles
ne les avaient pas trouvés cl'aborcl tels qu'elles s;y attenàaient.
Au premier instant, elles n'avaient pu Àe défenrlre d'un senti-
ment d'efTroi à la pensée qu'elles aliaient combattre des Lacé-
clémoniens ; mais Iâ crainfe
.fit place au dédain ; .t, pourr"rrt
un cri terrible, elles_se prdcipitèrônt sur eux en masse avec des
pierres, des traits, iles javelots, chacun avec la première
arme
venue. Leurs clameurs, iointes à cette in.cursion souilaine,
frap-
pèrent d'épouvante-des hommes peu faits à.. g.n* Ju .-Àtut.
Les cendres de Ia forêt nouvellernent consumée s'élevaient
en
tourbillons dans les airs, et, mêlées à la grêle ae iraits'et
ae
pierres, interceptaient le jour.
Dès ce moment, res Lacédémoniens se trouvèrent dans
une
position désastreuse. 'Leurs cuirasses de feutre I ne
les met-
taient pas à I'abri des flèches ; les dards aont ils-ataieJcribres
s'y enfonçaient en se brisant. Irs ne savaient otr donner de
ra
tête,incapables de rien voir devant eux et d'entendre
res com-
mandements,,.-que couv.aient les cris des ennemi..
À..u[re, a.
toutes parts, ils n'entrevoyaient aucune espérance
de se aega-
ger en combattant.
,,
xxxv. Déjà un granrl nombre d'entre eux étaient couverts de
bressures; car ils n'avaient fait que tournoyer àla même place.
Enfin, seffant Ieurs rangs, ils s'e reptierenis* f. â.1"-iË.
*u-
tranchement de l'île et. sur le p-oste qui le gardait. i*i.orp.,
légères, les voyant céder, reïoublèient d-e cris et d'audace;
elles les assaillirent dans leur retraite et tuèrent tous
ceux
qutelles purent atteinclre. La plupart cepenclant parvinrent
à
gagner le retranchement; et,-réunis à ciux qoi
t:o.cupaient,
LIVRE I\" 2I3
ils se clisposèrent à tléfendre tous ILs points accessibles, Les
Athéniens les suivirent;mais, ne pouvant tourner la position,
à cause de I'escarpement du terrain, ils l'abord'èrent cle front.
La lutte fut opiniâtre ; pendant la plus grande partie du iour,
les deux partis combattirent, malgré la lassitude , la soif et
I'ardeur clu soleil. Ils s'efforçaient, les uns d'euleverlahauteur,
Ies autres de s'y maintenir. Au surplus, la défense était plus
facile pour les Lacédémoniens depuis que leurs flancs n'étaient
plus tlécouverts.
XXXU. Comme on ne faisait aucun progrès, Ie chef des
Messéniens, s'adressant à Cléon et à Démosthène, Ieur tlit qu'on
se fatiguait en vain i gue, s'ils voulaient lui donner un certain
nombré d'archers et de peltastes, il se faisait fort de tourner
la position par Ie chemin qutrl saurait trouver et de forcer le
pas.age. ll obtint ce qu'il demandait, partit san_s bruit, et, dé-
iobani sa marche aux ennemis, il se glissa le long des escar-
pements, par tous les endroits praticables, Yers le point que
ies Lacéddmoniens avaient cru assez fort pour se passer de dé-
fense. Il y parvint à granil'peine ei après tle longs ilétours.
Tout à coup il se montta derrière eux sur la hauteur.Ilsfurent
consternds d.e cette appatition soudaine, tandis que les Athd-
niens qui i'attendaient en conçurent uue nouYelie arcleur. Dès
lors, les Lacédémoniens ., attaqués des deux côtés à la fois, se
brouvèrent, toute proportion gardde, dans la même situation
que les défenseurs des Thermopyles, quand les Perses_ le s tour-
nèrent par Ie sentier et les taillèrent en pièces. Enveloppés de
toutes parts, ils ne résistaient plus; inais, accabiés par le nom-
bre, exténués par la faim, ils recuiaient. Les Athénieus étâient
rnattres tlu passage
XXXYII. Cléon et Démosthène, sentant que, pour peu qu'ils
pliassent encore, ils seraient exterminés par I'armd-e athé-
nienne, firent cesser le combat et retinrent les leurs. Ils aspi-
raient à eoniluire à Athènes les ennemis vivants, si du moins
ceux-ci, vaincus par leurs ma,ux, humiliaient leur orgueil jus-
qu'à tlemander quartier. IIs les flrent donc sommer par un hd-
raut de mettre bas les armes et tle se rendre à discrétion aux
Athéniens.
XXXYIII. A cette proclamation, la plupart abaissèrent leurs
boucliers et agitèrent les mains en signe d'aclhésion. Une sus-
pension d'armes ayant été convenue, Cldon et Démosthène s'a'
boucbèrent avec Styphon fils de Pharax. Des chefs précédents,
Épitatlas, le premier, ava.it été tué; le second, Hippagrétas, laissd
zlk GUERRE DU pÉropomÈsn.

pour mort, quoique respirant encore. Styphon avait été dési-


gné d'après la loi pour commander en troisième, s'il arrivait
malheur arrx deux autres. D'accord avec les siens, il déclara qu'ils
ddsiraient communiquer avec les Lacédémoniens du continent
sur le parti à prendre. Les Athéniens ne permirent à personne
cle s'écarter ; mais ils appelèrent des hérauts tlu continent.
Après deux ou trois allées et venues, le dernier envoyé de la
part des Lacédémonierrs apporta cette réponse : < Les Lacédé-
moniens vous invitênt à dé]ibérer vous-mêmes sur co qui vous
concerne , sans rien faire de honteux. ,r Après s'être consultés,
iis se rendirent eux et leurs armes. Pendant ce jour et Ia nuit
suivante, les Âthéniens les tinrent sous bonne gartle ; le len-
demain ils dressèrent un trophée dans ltile, firent leurs prépa-
ratifs de départ, et confrèrent les prisonniers à la garde des
Triérarques. Les Lacédémoniens envoyèrent un héraut et obtin-
rent d'enlever leurs mor[s.
Yoici Ie chiflre de ceux qui périrent et de ceux qui furent
pris vivants. Quatre cent vingt hoplites en tout avaient passé
dans l'île; de ce nombre, deux cent quatre-vingt-douze furent
emmenés captifs; le reste avait été tué. Parmi les prisonniers
étaient cent vingt Spartiates'. La perte des Athéniens fut
légère; car on n'avait pas combattu de pied ferme.
XXXIX. La durée tolale du blocus, depuis la bataille navale
jusqu'au tlernier combat livré dans I'11e, fut de soixante et
douze jours, sur lesquels it y en eut vingt oir les Lacédémo-
niens reçurent iles vivres, savoir pendant l'absence tles envoyés
chargds de parlementer. Le reste du temps, ils ne vécurent
quo d'importations clandestines. On trouva r:ependant encore.
dans l'île du blé et d'autres substances alimentaires; car le
général Épitadas avait réduit les rations.
Les armées d'Athènes et du Péloponèse quittèrent Pylos et
rentrèrent dans leurs foyers. Air:si fut accomplie, malgré son
extravag'ance, la promesse de Cléon : en moins de vingt jours
il il ltavait promis.
amena les guerriers,, comme
XL. La nouvelle de cet événement produisit en Grèce unt:
sensation extraordinaire. On avait cru que ni la faim ni aucune
extrémité n'engagerait les Lacédémoniens à mettre bas les
armes., mais qu'ils se feraient tuer plutôt que de se rendrer
On ne pouvait se persuad.er que les captifs fussent de la même
trempe que ceux qui étaieni morts. Ii y eut même un des ai -
1iés d'Atbènes, qui, plus tard, demauda par raillerie à I'un des
prisonniers de l'île si c'étaient de braves gens que ceux qui
LIVRE IV. 2r5
avaient étd tués. A quoi l'autre rdponclit que la flèche serait
un objet sans prix, si elle savait discerner les braves; d,onnaut
ainsi à entendre que les traits et les pierres avaient frappé au
hasard.
XLI. A I'arrivée des prisonniers, les Âthéniens arrêtèrent de
les tenir aux fers en attenclant qu'une convention fùt interve-
nue, et en se réservant de les mettre à mort si jusque-là les
Lacétlémoniens envahissaient I'Attique. Une garnison fut éta-
blie à Pylos. Les Messéniens de Naupacte y envoyèrent leurs
gens les plus alertes. A leurs yeux, c'était la patrie; car Pylos
avait jadis appartenu à Ia Messtinie. IIs mirent la Laconie au
pillage et y firent d'autan[ plus de mal qu'ils parlaient le même
dialecte r. Cette guerre de brigandage était nouvelle pour les
Lacéilémoniens; leurs Hilotes désertaient ; on pouvait crainclre
que l'esprit ile révolte ne gagnât toute la ccntrée ; ils étaientdonc
fort alarmés. Aussi., tout en désirant dissimuler aux Athéniens
leurs inquiétutles, ils ne laissèrent pas de leur envoyer iles dé-
putés pour obtenir, s'il se pouvait, Ia restitution rle Pylos et
de leurs gucrriers. Mais les Àthéniens avaient des prétentions
trop élevées. Ils reçurent plusieurs ambassades qu'rls renvoyè-
rent sans rien accorder. Tel fut le dénoùment cle I'affaire de
Pylos.
XLII. Le même été, peu après ces événements, les Âthé'
niens firent une expédition contre la Corinthie. Ils avaient
quatre-vingts vaisseàux, deux mille hoplites d'Athènes et d'eux
cents cavaliers, entbarqués sur des bâtiments construits pour
cet usage. Leurs alliés cle Milet, d'Andros et tle Carystos les
accompagnaient. Cette armée était commandée par Nicias fils
de Nicératos, Iui troisième. EIle mrt à la voile au point du jour
et prit terre entre la Chersonèse el Rhitos r, au pied de cette
rnême colline de Solygie, où s'établirent jaclis les Doriens pour
faire la guerre aux Éoliens alors habitants de Corinthe r. Au
sommet se trouve aujourd'hui un viilage appelé également
Solygie. De l'eridroit ou abortlèrent les vaisseaux, il y a douze
staàes jusqu'à ce village, soixante jusqu'à la ville 6s f,odnl'he'
et vingi juiq,l'tr I'Isthme. Instruits d'aYance, par Iagvoie.d'Ar-
gos, clà I'approohe des ennemis, les Corinthiens, excepté ceux
quihabitenfen deçà de I'Isthme5, s'étaient rassemblés à I'Isthme
depuis longtemps. A part cinq cents hommes clctachés sur Am-
bricie et sur Làucadè, tous lei citoyens en armes épiaient I'en-
droit ou descenflraient les Athéniens; mais ceux-ci les mirent
en défaut et aborclèrent de nuit. A I'iustant furent élevés des
2t6 GUERRE DU PELOPONI'SE.

signaux ri'alarme ; et les Corinthiens, laissant la moitié de leur


monde à Cenchrées, pour Ie cas ou les Athéniens se dirige-
raient sur Crommyon{, marchèrent promptement à leur ren-
contre.
XLIII. Battos, I'un des tleux généraux préseuts à cette jour-
née, prit avec lui une division et alla occuper le village de
Solygie, qui n'était pas fortifié. Lycophron avec le reste des
troupes engagea le combat. D'abord les Corint,hiens atiaquèrent
I'aile tlroite des Athéniens, à peine débarquée en avant rle la
Chersonèse ; ensuite I'action devint générale. On se battit pen-
dant longtemps et toujours corps à corps. L'aile ilroite des
Athéniens et les Carystiens qui'en formaient I'extrémité, sou-
tinrent le choc cles Corinthiens et les repoussèrent non sans
peine. Ceux-ci rétrograclèrent jusqu'à une muraille située au-
dessus tl'eux, sur un terrain incliné. De là ils se mirent à lan-
cer iles pierres, chantèrenl,le Péan et revinrent à la charge.
Les Athéniens les attendirent de pied ferme et la mêlée recom-
mença. Une division de Corinthiens, venue au secours de leur
aile gauche, mit en fuite la droite des Athéniens, et la refoula
jusqutà Ia rner: mais arrivés près tles vaisseaux, Ies Athéniens
et les Carystiens firent volte-face. Le reste des tleux armées
combattit sans interuption, surtout l'aile droite tles Corin-
thiens, où était Lycophron, et qui avait afiaire à la gauche des
Athéniens. On craignait que ceux-ci ne se portassent contre le
village de Solygie.
XLIY. Pendant longtemps on fit bonne conteDance sans
broncher d'aucun côté; mais à la fin les Athéniens qui avaient
l'avantage d'être soutenus par leur cavalerie, rompirent la ligne
iles Corinthiens. Ceux-ci se replièrent sur la colline, orl ils se
mirent au repos sous les armes, sans faire mine de descendre
une seconcle fois. Dans ce mouyement rdtrogracle, leur aile droite
fut surtout maltraitée ; elle perdit entre autres son général
Lycophron. Le reste de I'armée, quoique enfoncé, ne fut que
faiblement poursuivi et eut le temps de se retirer sur les hau-
teurs, or) il s'établit. Les Athéniens demeurèrent maitres du
champ de bataille, relevèrent leurs morts, clépouillèrent ceux
de I'ennenii et dressèrent aussitôt un trophée.
L'autre moitié de I'armée corinthienne était restée en obser-
vation à Cenchrées,dans la crainte que les Athéniens ne se por-
tassent sur Crommyon. EIle n'avait pu apercevoir le combat,
dont le mont Ornéon l lui interceptait la vùe. Cependant, aver-
tie par le nuage rle poussière qui s'élevait rlu champ de bataille,
LIVRE IY. 317
eile se hâta d'accourir. En même temps, les vieillards de Corin-
the, informés de ce qui se passait, sortirent de la ville pour
aller au secours des leurs. Quand les Athéniens virent s'avan-
cer contre eux cette troupe réupie, ils crurent que c'étaient les
Péloponésiens du voisinage. Ils s'empressèrent donc de remon-
ter sur leurs vaisseaux, emportant les dépouilles et leurs morts,
excepté deux qu'ils n'avaient pu retrouver. Une fois à bortl, ils
gagnèrent les lles voisines, d'ou ils envoyèrent un héraut rede-
mander les morts qu'ils avaient laissés. Dans ce combat, la
perte des Corjnthiens fut de deux cent douze hommes; celie
des Âthéniens d'un peu moins de cinquante.
XLv. Après avoir quitté les lles, Ies Athdniens cinglèrent Ie
rnême jour vers Crommyon, place du territoire de Corinthe, à
cent vingt stades de cette ville. Ils jetèrent l'ancre, ravagèrent
ia campagne, et y passèrent la nuit. Le lendemain, ils remirent
en mer; et, longeant Ia côte, ils firent premièrement une des-
cente en ÉpirlSurie ; puis ilspoussèrent julqu'à Mélhone, qui est
située entre Epidaure et Trézène r. IIs occrrpèrent I'isthme de la
presqu'île orl est Méthone, le fermèrent d'un mur et y construi-
sirent un fort. De là ils firent des courses sur les terres de
Trézène, des Ilaliens et cl'Épidaure. Ces opérations termindes,
ils se rembarquèrent et retournèrent dans leur pays.
XLVI. Pendant que ces évdnements se passaient, Eurymd-
clon et Sophoclès, partis de Pylos pour la Sicile, avec la flotte
athénienne, étaient arrivés à Corcyre. Là, de concer[ avec ceux
de la ville, ils firent une expédition contre les Corcyréens établis
sur le mont Istone r, lesquels, après la sédition, avaient passé
dans I'lle et s'étaient rend.us mattres de la campagne qu'ils in-
festaient. Le fort fut emporté d.'assaut. Les défenseurs, retirés
ensemble sur une érninence, capitulèreni à contlitiotr ale liyrer
leurs auxiliaires, ile mettre bas les armes et de s'en rapporter
pour leurs personnes à la clécision du peuple athénien. Les
généraux transportèrent ces captifs, sous I foi d'un traitd,
dans I'ile de Ptyohia o, pour y être gardés jusqu'à ce qu'ils fus-
sent envoyés à Athènes, sous la réserve expresse que, si I'un
d'eux cherchait à s'évader, la convention serait annulée pour
tous.
Les chefs tlu peuple de Corcyre, craignant que les Athéniens
ne laissassent la vie à.ces prisonniers,-imaginèrent un strata-
gèm-e. Ils envoyèrent sous main rles hommeJdévoués, qui, avec
un faux-semblant de bienveillance , firent savoir à quelques-
uns des prisonniers que ce qu'ils ayaieht de mieux à faire-était
Tsucrnps. r3
218 cuERRE DU PÉLoPoNÈse.

cle s'échapper au plus vite suï un bâtiment qu'otr tiendrait à


leur disposition, attendu que les généraux athéniens étaient sur
le point de les livrer au peuple de Corcyte.
Xf,VU. Les prisonniers donnèrent dans le piége. Les mesures
étaient prises pour que le bâtiment qui les portait fùt capturé
à son départ. Dès lors la convention fut rompue et ils.furent
tous livrés aux Corcyréens. Les généraux athéniens se prêtèrent
à cette perficlie ; ce furent eux qui en fournirent le prétexte et
qui assuièrent toute sécurité aux auteuts de cette trame. Il fut
évident pour tout le monde que, devant part!1 eux-mêmes
pour la Sicile, ils n'avaient pas voulu laisser à cl'autres I'hon-
neur de concluire à Athènes ces prisonniers.
Les Corcyréens ne les eurent pas plus tôt en leu4 puissance,
qu'ils les enfermèrent clans un grand éclifice, d'où on les-retira
iingt par vingt, garrottés deux à deux, à travers une tlouble
haiè d'hoplites, qui les frappaient ou les piquaient à mesure
qu'ils recônnaissaient un ennemi. A leurs côtés étaient tles
hommes armés de fouets pour presser leur marche.
XIYIII. Soixante furent ainsi extraits et mis à mort à I'insu
cle leurs compagnons de captivité. Ceux-ci croyaient qu'on les
transféruit aiileurs; mais on les tlétrompa. Mieux informés, ils
invoquèrent ]es Àthéniens, les conjurant de les tue! eux'mêmes,
s'ils ie voulaient. Ils déclarèrent qu'ils ne sortiraient plus, et
qu'ils s'opposeraient de tout leur pouvoir à ce que percontre
entrât.
Les Corcyréens nteurent gartle de forcer les po-ltes; mais ils
escalatlèreni Ie toit, entr'ouvrirent le plafond, et frrent pleuvoir
rlans I'intérieur les traits et les tuiles. Les prisonniers s'abri-
taient de lcur mieux. Quelques-uns se donnaient eux-mêmes la
-mort. Ils s'enfongaient dans le gosier les flèches qu'on leur
avait lancées; ils s'étranglaient avec les sangles de quelques'
lits qui se trouvaient là, ou aveo les lambeaux de leurs vête-
ments déchirés.
penclant la plus grantle partie de la nuit qui recouvrit cette
scène de carnàge, tout fut mis en æuvre de parb et d'autre pour
donner ou pouirecevoir la mort. Le jour venu,les Corcyréens
empilèrent jes cailavres sur cles charrettes et les transpo-rtèrent
hois de la ville. On réùuisit en esclavage toutes les femmes
prisos dans le fort.
C'est ainsi que les Corcyréens ile la montagn-e fu191t- exter-
minés par le peuple. Là se termina cette grantle_sétlition, ilu
r.
moins ïo t* qui-concerne la gue*e actuelle En effet, il ne
LrvRE tv. 2lg
restait presque plus rien tlu parti. Les Athéniens mirent à Ia
voile pour la Sicile, leur première ilestination. IIs y continuè-
rent la guerre concurremment aYec leurs alliés de ce pays.
XLIX. Sur la fin cle l'été, les Athéniens qui étaient à Nau-
pacte firent, de concert evec ies Acarnaniens, une expéclition
oontre Anactorion, ville corinthienne, située à I'entrée du golfe
Ambracique. Ils la prirent par trahison. Les Corinthiens furent
expulsés et la ville repeuplée par des habitants tirés tle toute
I'Acarnanie. Sur quoi l'été finit.
L. L'biver suivant, Aristid.ès fils tl'Archippos, I'un des com-
mandants ile la flotte athénienne chargée de lever le tribut des
alliés, arrêta à Éïon, à I'embouchure du Strymon, le Perse Arta-
phernès, qui se rendait à Lacédémone aYec mission tlu roi' Ar-
taphernès fut conduit à Athènes, oir I'on d.onna lecture d.e ses
ilépêohes, après les avoir fait traduire cle I'assyrien. Entre
autres choses à I'adresse des Lacédémoniens, elles portaient en
substance que le roi ne comprenait rien à leurs demandes,
parce que tous ceux qui étaient yenus de leur part lui avaient
tenu un langage tlifférent ; que, s'ils voulaient préciser leurs
intentions, ils eussent à lui envoyer des députés avec Artapher-
nès. Plus tard, les Àthéniens reconduisirent ce clernier à Éphèse
sur une trirème, en lui adjoignant des ambassadeurs. Mais
ceux-ci, ayant appris en cet endroit la mort d'Àrtaxerxès fils cle
Xerxès, (elle eut effectivementlieu à cette époque t), revinrent à
Athènes.
LI. Le même hiver, les Chiotes tlémolirent leur nouvelle mu-
raille à la réquisition des Athéniens, qui leur prêtaient iles pro-
jets de révolte. Ils n'obéirent cependant qu'après avoir obtenu
I'assurance la plus formelle qu'il ne serait rien innové à leur
égard. Là-dessus I'hiver finit, et avec lui la septième année cle
la guerre que Thucydirle a racontée.
LII. L'été suivant ne faisait que de ùommencer (o),lorsqu'il y
eut une éclipse de soleil à I'dpoque du renouvellement de la
lune (b), ainsi qu'un tremblement cle terre dans les premiers
jours du mois.
Les bannis de Mytilène et tlu reste de Lesbos, partis clu con-
tinent pour la plupart et, soutenus par des mercenaires levés
dans le Péloponèse ou dans le pays même, s'emparèrent de la
ville de Rhétée r. Ils la frappèrent d.'une contributiou de deux
(a) Euilièrne année ile la guerre ,424 l.-C.
(â) Le 2.t uarr. ^!.
220 GUERBE DU PÉIOPONÈSS,

mille stratères phocaiquest; après quoi ils la rentlirent saus


lui faire il'autre mal. Ils marchèrent ensuite sur Antautlros, qui
leur fut livrée par trahison. Leur plan était de soustraire à la
ilomination atbénienne toutes les villes ilites de la côte t, {tri
avaient anciennement appartênu aux Mytiléniens, et eu parti-
culierAntandros. Cette place offrait de grands avantages pour Ia
construction des vaissea':x par la proximité de I'Ida, qui four-
nissait des bois en abondance ; elle dtait d'ailleurs pourvue
d'un matériel suffisant. Ils avaient le projet tle la fortifier encore,
et de s'en faire un point tl'appui pour infester Lesbos, situé.e à
peu ile distance, et pour s'emparer des autres places éoliennes
du continent.
LIII. Le même été, les Athéniens firent une expédit.ion contre
Cythère avec soitante vaisseaux, d.eux mille boplites et un petit
nombre de cavaliers. Leurs alliés cle Milet et de quelques autres
villes les accompagnaient. Les généraux étaient Nicias fils de
Nicérato's, Nicostratos fils rle Diotréphès et Autoclès fils rle Tol-
méos. Cythère est une lle atljacente à la Laconie et voisine ilu
cap MalCe. Les habitants sont des Lacédémoniens de la classe
cles Périèques. Clfaque année on y envoyait rle Sparte un ma-
gistrat nommé Cythéroilicès r. Les Lacétlémoniens y entretenaient
une garnison d'hop)ites, et gardaient cette lle avec le plus granil
soin, parce qrre son port dtait fréquenté par les vaisseaux mar-
chancls venant d'Égypte et de Libye e. De plus elle préservait
des cléprédations Ia côte mariiime, seul point vulnérable de la
Laconie. En effet cette lle s'étend dans toute sa longueur rers
les mers de Sicile et de Crête
LIV. Les Âthéniens ayant pris terre, dix de leurs vaisseaux
et deux mille hopiites àe Milett s'emparèrent de la ville de
Scandéa, située au bord de la mer. Le reste ile I'armée alla
descenclre dans la partie de l'île qui fait face au Malée, et mar-
cha contre la ville maritime des cythériens. on res trouva tous
campés hors des murs. Le combat s,engagea bientôt. Les Cythé_
riens tinrent quelque temps; mais ensuite ils tournèrent le dos
et se réfugièreut dans la ville haute 2. plus tard, irs capituièrent
avec Nicias et ses collègues; ils se rendirent à discrélion. sous
la seule réserve d'avoir Ia vie sauve. Déjà précédemment, iticias
avait noué des intelligences avec quelques cythériens. ô'est ce
qui facilita dans Ie moment la transaction et valut aux habitants
ce meilleures contlitions pour la suite I autrement les Athéniens
n'e.us,1e1t pas manqué d'expulser de Cythère toute la population,
qui était lacédémonienne et proche de la Laconie. Là,dessus
LIVRE IV. 22I
les Athéniens prirent possession de Scantléa, qui est située près
du port. Ils mirent une garnison à Cythère et firent voile pour
Âsiné, Eélos et les autres places du littoral. Ils y opdrèrent des
clescentes, passèrent la nuit ou bon leur sembla, et rayagèretrt
la campagne penclant sept jours.
LY. Les Lacéclémoniens, voyant les Athéniens maltres cle
Cythère, et s'attendant à ce qu'ils feraient de nouveaux débar-
quements clans leur pays, ne leur opposèrenb nulle part leurs
forces réunies ; ils se contentèrent d'envoyer des ilétachements
tl'hoplites sur les points les plus menacés. IIs red,oublaient cle
vigilance; car tout leur faisait'craindre quelque révolution : le
désastre aussi terrible qu'imprévu auivé à Sphaotériel laprise
de Pylos et de Cythère; enfin la vivacité d'une guerre qui mul-
tipliait autour d'eux ses coups inopinés. Aussi formèrent-ils,,
contrairement à leur usage, un corps de quatle cents cavaliers
et un autre d'archers r. Pius que jamais ils étaient las de la
guerre. Ils se royaient engagés daris une lutte maritime qu'ils
étaient mal préparés à soutenir, surtout contre des Athéniens,
aux yeux desquels l'inaction était uue perte véritable. Cette ra-
piile succession tle calamités inattendues les avait frappés de
stupeur. Sans cesse ils appréhendaient quelque nouvelle ca-
tastrophe pareille à celle de l'11e. En un mot, ils n'avaient plus
la même harcliesse. lls ne pouvaient faire un pas sans crainte de
commettre une faute, tant leur confiance était ébranlée par cles
revers inaccoutumés.
LVI. Pendant que les Athéniens dévastaient les côtes de ia
Laconie, les Lacédémoniens se tinrent la plupart du temps
en repos. Chaque garnison à proximité de laquelle s'opé-
rait une descente, se croyait trop inférieure en nombre et
obéissait aux motifs qui viennent d'être énumérés. Une seule
garnison se défendit près de Cotyrta et d'Aphroclisia'. EIle fon-
tlit sur une troupe légère clispersde dans la campagne, et la mit
en déroute; mais accueillie par les hoplites, elle se retira en per-
ilant quelques hommes. Les Athéniens enlevèrent les armes.
érigèrent un trophde et revinrent à Cythère.
De là ils longèrent la côte jusqu'à Épid.aure-Liméra, tlont ils
ravagèrent partiellement le territoire; puis ils se dirigèrent
vers Thyréa, ville située en Cynurie, sur les confins de I'Argo-
litle et tle la Laconie. Les Lacédémoniens, à qui cette ville ap-
partenait, I'avaient cédée aux émigrés d'Égine, soit en retour'
des services qu'ils en avaient reçus lors du tremblement ile terre
et de I'insurrection des Hilotes e. soit aussi parce que les Égi-
222 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

nètes, quoique sujets cl'athènes, n'avaient pas laissé de tenir


5.
constamment leur Parti
LYII. A I'approcùe tles Àthéniens, les Éginètes abandonnèrent
le fort qu'ils èonstruisaient près d.u rivage, et se-retirèrent dans
la ville haute qu'ils habitaient, à ilix stades de la mer. Une
garnison lacédémonienne clu voisinage, qui travailiait aYeo eux
I la fortification, refusa, malgré leurs instances, d'entrer dans
la ville, ou il lui sembla ilangereux de s'eufermer. Elle aima
mieux se retirer sur la hauteur I et, ne se jugeant pas en me-
sure de combattre, elle se tiut en repos.
Les Athéniens abordent; et, s'avançant aussitôt avec toutes
leurs forces, ils stemparent de'Thyréa. La ville fut entièrement
piliée et livrée aux flammes. IIs repartirent ensuite, emmenant
ious les Éginètes qui n'avaient pas péri dans la mêIée, et avec
eux le Lacédémonién Tantalos fils de Patroclès, qui cornmandait
la place et qui fut pris blessé. Ils emmenèrent pareillement un
-cylhériens,
srttuio nombre de qu'ils estimaient prudent ile.ilé-
porter. Le peuple d;Athènes décida que ces derniers seraient
àéposés dani tei iles; que les autres Cythérien_s tlemeur.eraient
dansleurpatrie, à condition de payer untributdequatre talents;
que tous ies Éginètes seraient mis à mort, à cause,de lzur ini-
ùitig invétérée; enfin que Tantalos serait tenu tlans les fers
avec les autres Lacédémoniens pris à Sphactérie'
LVIII. Le même été, en Sicile, les habitants tle Camarine
conclurent d'abord avec ceux de Géla une suspension d'armes.
Ensuite des députés cle toutes les villes grecques de la.sicile
s'assemblèrent à Géla, et ouvrirent des conférences dans Ie but
d'opérer une réconciiiation générale. une foule d'opinions con-
tradictoires furent émises de part et d'autre ; on ne s'entendait
point et les prétentions les plus opposées se faisaient jour, se-
ioo qoe cbacùn se croyait lésé clans ses tlroits. Le Syracusain
Heràocratès fils d'Ilermon contribua le plus à rallier les suf.
frages en prononçant dans I'assemblée le discours suivant:
itX. u ôéputé â'ooe ville qui n'est poi_nt_des plus faibles ni
des plus éprôuvées par Ia guerre, je prencls la parole dans cette
urr.*b1é.'pour énoncer I'ivis qui me paraît le plus conforme à
I'intérêt bien entendu de la Sicile.
c Et il'abortl, à quoi sert d'énumérer longuement les maux que
la guerre traine après elle? Ils ne nous sont que trop-connus.
D'ailleurs ce n'est pas par ignorance qu'on I'entreprend, ni par
crainte gu'on l'évitl, si I'ottcroit y trouver.du profit; mais les
uns conËidèrent ses avantages comme supérieurs à ses incon-

ir-:-
LI\RE IV. 223

vénients; les autres aiment urieux courtr un danger que de


subir une perte imméiliate. Il n'y a qu'un cas où les erhorta-
tions à la paix aient ch'rnce d,'être écoutées: c'e$t lorsqu'il y a
malentenclu entre les cleux partis. Je voudrais vous convaiacre
que telle est notre position actuelie. Dans le-princip-e, nous
dvont pris les armeJ pour soutenir ce que chacun de nous
regardait oomme son intdrêt ; aujourcl'hui nous sommes as-
semblés pour chercher à nous mettre d'accord. Si nous ne
pouvons ! réussir, ' la lutte recomttencera avec une nouvelle
.ardeur.
LX. ( Itrt pourtant si nous sommes sages' il s'agira moins
encore tlans cette essemblde cle régler nos intérêts particuliers,
que de préserver la Sicile des pidg"es que lui tenclent tes Àtné-
oiunt. Àussi, pour amener un rapprocbement entre nous, je
.compte bien moins sur mes discours que sur les Athéniens eux-
mênes. Plus puissants qu'aucun peuple de la Grèce, ils épient,
ayec un petit nombre de vaisseaux, les fautes que nou! pour-
rons commettre et, sous le voile d'une alliance légitime, ils
;
exercent au profiî de leur ambition leur haine naturèlle coutre
nous. Si noui persistons à nous faire la Suerrer si nous appe-
lons à notre aide oes bommes qui, pour intervenir, n'attend.ent
pas qu on les sollicite , si noui noùs entre-cléchirons comme à
ptuitit, en un mot, si nous travaillons nous-mêmes à I'exten-
sion a'e leur empire, n'en doutez pas : à peine nous verront-ils
épuisés, qu'ils arriveront en forces pour faire Passer tout ce
pays sous leur joug.
' LXr. a Ctest én vuu dtacquérir ce quton n'a pas, et non d'ex-
poser ce qu'on possède, quril faudrait, si I'on était sage' appe-
ier tles aoiitiairès et courir les chances des combats' Ne sait-on
pas que rien n'est plus mortel que la désu'io' pour les États
àn général, et spécialement pour-la Sicile, dont toutes les villes
soni dioisées, quoique menacées en commun ?
< Conyainc,us Oe ôes vérités , réconcilions-trous, lltats cornme
particuliers, et réunissons nos efiorts pour.ie salut.de Ia Sicile
entière. Ne vous figurez pas que les Athéniens n'en veulent
chez nous qu'aut Dôriens, et que les Chalcicléens seront plo-
tégés par lËur affinité aveô la bianche ionienne'. Ce n'est point
pi. ioîurltié nationale ni par antipatbie de races qu-'ils viennent
nous'attaquer; c'est pur.ô qu'ils ôonvoitent les richesses cle Ia
Sicile, nolre cbmmun patrirnoine. Ils ]'ont bien prouvé.en iler-
nier lieu, à I'appel d.e la race chalcidique' Jamais ils n'en
avaient reçu lè- mointlre secours en vertu d'un traité ; ee
221* GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

so_nt eux qui ont saisi avec empressement le prétexte d'une


alliance.
c Que les athéniens aient ces vues ambitieuses, je le conçois
sans peine. Je ne blâme pas ceux qui aspirent à la domination.
mais bien plutôt ceux qui se résignentâ la subir. Il est dani
la nature ile I'homme,de. fou-ler ce qui lui cèrle et de se garer
de ce qui le menace. Mais, de notre côté, serions impar_
donnables, si nous ne prenions pas d'utiies'ousprécautions, ou si
nous ne regardions pas comme notre premier clevoir de con-
jurer le danger qui est suspendu sur nos têtes.
c Il serait bientôt nul ce danger, si nous voulions faire une
transaction générale; car le point d'appui des Athéniens n'est
pas chez eux, mais chez les peuples qui les appellent. Dès lors
ce
.n'est
pâs une guerre qui mettra lin à unè autre guerre :
mais c'est la paix qui terrninera à I'amiabre nos diflérànds; et
c9s perfirles auxiliaires, qui se couvrent d,un masque spé_
cieux, s'en retournerout comme ils sont venusr sans avoir rien
gagné.
LXII. c Tel est, à l'égartl des Athéniens,l'immense avantage
que nous nous assurons en prenant une sage résolution.
Quanf
à la paix entre nous, à cette paix que chacun s'accorde à re-
garder ggTme le premier tles bienJ. pourquoi ne pas la con-
clure ? si les uns prospèrent, si les autres iouffrent"ne crovez-
vous pas que la tranquillité convienne mieux qo'r lu goirr.
pour procurer à ceux-ci la cessation de leurs maux , à ceux-là
le maintien cle leur bien-être? N'est-ce pas la paix qui garantit
les honneurs et les distinctions? N,est-ce pas elle qui produii
miile autres avantages, aussi iongs à énumérer qu-e lei maux
de Ia guerre? Pesez done mùrement rnes paroles;-et, loin d'ert
tenir peu de compte, profitez-en pour votie salut.
a Si quelqu'un de vous s'irnagine triompher à coup str,
parce qu'il a pour lui Ie droit ou la force , je crains une amère
déceplion. Que de fois n'a-t-on pas vu deJ hommes qui pour-
suivaient une juste vengeance, non.seulement ne pas-l,at-
tcindre, mais encore compromettre leur propre sécurité ? tan-
tlis que d'autres qui espéraient s'agrandir pâr la force , bien
loin de faire des conguêtes, n'ont réussi qu;à perdre ce qu'ils
possédaient. En effet, la vengeance n'aboutit pas toujours par
cela seul qu'elle est légitime; de même que la force, porir être
pleine d'espérance, n'est pas toujours un str appui. C'est la
fortùne qui décide de I'avenir. Malgré ses incertitudes, elle ne
laisse pas d'avoir son hon côté ; car ,une crainte réciproque
LrvRE r.v, 2À5
fait gu'on y regarde à deux fois avant d'en venir à iles actes
hostiles.
f,XIII. c Maintenant donc, iloublement alarmds et par la
perspective d'un a.venir impénétrable, et par la présence inquié-
taute des Athéniens ; convaincus d'ailleurs que, si nos espé-
rances particulières ont été déçues, ce malheur est I'etïet des
obstacles que je viens d'incliquer, éloignons de notre patrie les
ennemjs qui la menacent; réunissons-nous dans une paix per-
pétu.elle, s'il se peut, sinon dans une trêve aussi longue que
possible, et remettons à une autre époque le règlement de nos
démêlds. Si vous m'écoutez, chacun de vous conservera sa
ville libre et trouvera dans son.indépendance les moyens de
récompenser le bien ou de punir le mal qu'il aura r.ço.'Si uo
contraire, vous déflant d.e mes paroles, vous'prêtez ltoreille à
d'autres conseils, ce ne sera plus de vengeance gu'il sragira
pour nous; mais, dans I'hypothèse la plus heureuse, nous su-
birons forcément I'alliance de nos ennemis implacables et I'hos-
tilité d'e nos meilleurs amisr.
LXIY. o Pour moi, comme je I'ai ilit en commençant, citoyen
d'une république puissante, dont Ie rôle est moins de se tlé-
fenclre que d'attalluer, j'insiste, à raison Ce ces éventualités,
pour qu'on se fasse des concessions réciproques. Je ne veux
pas, pour faire du mal à mes adversaires, m'en faire encore
plus à moi-même. Je ne pollsse pas la manie des rivalitds
jusqu'à me persuader que la fortune, dont je ne suis pas le
maltre, m'est suborclonnée aussi bien que ma propre pensée;
mais je cède tout ce qu'il est raisonnable de céder. J'engage
les autres à suivre mon exemple et à se faire mutuellement
tles sacrifices volontâir.r, ,unr'uttenclre cl'y être forcés par nos
ennemis. Il n'y a pas de honte à se céder entre parents, Doriens
à Doriens, Chalcidéens à Chalcidéens, en un mbt, voisins à voi-
sins, habitants d'une même contrée, entourés par une même
mer, et portant le même nom de Grecs de Sicile. Le temps
viendra, j'en ai la conviction, oir nous reprendrons les armes,
sauf à nous réconcilier de nouveau. Mais, si cles étrangers nous
attaquent, nous aurons le bon esprit cle former le faisceau pour
les repousser; car noussommes toussoliilaires. À I'avenir, n'ap-
pelons plus ni alliés ni mécliateurs. Par là nous procurerons
dès aujourd'hui deux biens à la Sicile : I'un d'éloigner les Athé-
niens, I'autre d'échapper aux guerres intestines ; et clésormais
nous habiterons ensen:ble un paJS iibre, moins exposé aux.
piéges de l'étranger. r
226 GUERRE DU PELOPONESE.

LXY. Ainsi parla Hermocratês. Les Siciliens persuadds con-


vinrent ile mettre fin à leurs guenes. Chacun garda ce qu'il
possédait. Les Camarinéens acquirent Morgantine, à la charge
de payer aux Syracusains une somme tléterminée. Les alliés
d'Athèues, ayant appelé les chefs des Athénien$, leur tlirent
qu'ils avaient I'intention cl'adhérer à cet accommodemeat et
d'y faire comprendre les Àthéniens eux-mêmes. Les généraux
donnèrent leur approbation I I'accord se conclut, et les vais-
seaux athéniens quittèrent la Sicile.
A leur retour, le peuple d'Athènes condamna deux tles géné-
raux , Pythodoros et Sophoclès à i'exil, et le troisième , Eury-
médon, à I'amencle, sous prétexte qu'ils auraient pu soumettre
la Sicile eb qu'rls s'étaient laissé corrompre par des présents.
Les Athéniens , enivrés de leur fortune actuelle, ne connais-
saient plus d'obstacles. Ils prétendaient que toutes leurs ten-
tatives, praticables ou non, réussissent également, quelle que
fùt la grandeur ou I'insuffisance de leurs moyens. C'était Ie
fruit des succès inespérés qui avaient couronné la plupart de
leurs entreprises, et qui convertissaient à leurs yeux leurs es-
pérances en autant de réalités.
[XVI. Le même été, les Mégariens de la ville, pressés d'un
côté par les Athéniens, qui tleux fois chaque aunée envahis-
saient en masse leur teruitoire, tle I'autre par leurs propres
exilés qui, cle Pagæ ou ils s'étaient retirés à la suite d.'une
émeutet, mettaient Ia campagne au pillage, se dirent qu'il
faliait rappeler les bannis et ne pas laisser plus longtemps la
ville exposée à ce double clanger. Instruits de ces dispositions,
les amis des exilés se mirerrt à parler plus haut qu'ils n'avaient
encore osé le faire. Alors les chefs clu parti démocratique, sen-
tant que le peuple accablé par la souffrance ne tarderait pas à
leur échapper, furent saisis de crainte et entrèrent. en pour-
parlers avec les géndraux athéniens, Hippocratès fils d'Ariphron
et Démosthèrre fils d'Alcisthénès. Ils offraient de leur livrer la
ville; ce parti leur paraissait moins dangereux que le retour
des citoyens.qu'ils avaient fait bannir. Il fut convenu que les
Athéniens s'empareraient d'abord des longs murs qui relient à
la ville Ie port de Niséa, tlistant de huit stades. Par Ià on empè-
cherait lesPéloponésiens de sortir de Niséa, oir ils tenaient seuls
garnison pour observer Mégare. Ensuite, on tâcherait de livrer
aux Athéniens la ville haute, ce qui serait facile une fois [e
premier rdsultat obtenu.
LXVU. Lorsqu'on se fut mis cl'accortl et que tout fUt prêt
LIVRE IV. 227
pour I'exécution, les Athdniens, à I'entrée de la nuit, débar-
quèrent dans l'île de Minoa, dépenclance de Mégare , ayec six
cents hoplites commanclés par Hippocratès. Ils se blottirent à
courte distance, dans un fossé d.'or) I'on tirait des briques pour
les nrurs. Une seconde troupe, aux ordres de Démosthène,
I'autre général, composée ile Platéens armés à la legère et de
'péri,poles r, s'embusqua dans le temple de Bellone , encore plus
rapproché. A part les conjurds, nul ne s'aperçut de ces mou-
vements nocturnes. Un peu avant I'aube; les Mégariens qui
trahissaient employèrent la ruse suivante. Depuis longtemps
ils s'étaient ménagé I'ouverture des portes. IIs avaient obtenu
du commanilant la permission de transporter de nuit sur un
char, à travers le fossé jusqu'au rivage, un bateau à deux
rames, avec lequel ils couraient la mer comme des pirates;
puis, avant qu'il flt jour, ils Ie ramenaient par la porte sur le
même char. De cette façon, les Athéniens stationnds à Minoa
ne voyaient ilans le port aucun bâtiment, et leur attention n'é-
tait pas éveillée. lln ce nroment, Ie char était déjà devant la
porte; on I'ouvrit, comme d'habiturie, pour donner passage au
bateau. A cette vue, les Athéniens qui avaient le mot, s'élan-
cent tle leur embuscacle et accourent avant que la porte ne se
referme. Penclant que Ie cbar embarrasse I'entrée,les conjurés
mégariens égorgent les garcles. Au même instant, les Platéens
et les péripoles de Démosthène se précipitent les premiers, à
I'endroit ou est maintenant le trophée. Aussitôt le combat s'en-
gâge en declans cles portes avec les Péloponésiens postés dans
le voisinage et accourus au premier bruit; mais les Platéens
les repoussent et assurent I'entrée aux hoplites athéniens.
LXYil. A mesure que ceux-ci ont franchi la porte, ils se diri-
gent vers la muraille. La garnison péloponésienne, quoique
peu nombreuse, résista d'abord et eut quelques hommes tués;
mais bientôt la plupart iles soldats prirent la fuite, épouvantés
par cette attaque nocturne et par la trahison rles Mégariens;
car ils crurent toute la population complice. Une circonstance
accidentelle les confirma dans cette erreur. Le héraut athé-
nien fit de son chef une proclamation pour inviter les Méga-
riens de bonne volonté à venir en armes se joindre aux Athé-
niens. Celte proclamation acheva d'intimider les soldats du
Péloponèste. IIi se crurent en butte à une conspiration géné-
rale et se sauvèrent à Niséa.
Au lever clu soleil, les murs étaient entièrement occupés.
Une extrême agitation régnait dans Mégare. Les traltres qui
228 GUtrRRE DU PÉLoPoNÈss.

avaient négocié avec les Athéniens clemandaient qu'on ouvrît


les portes et qu'on sortit pour combattre. 0r, il était convenu
qu'aussitôt les portes ouvertes, les Athéniens s'y jetteraient.
Les conjurés, pour être reconnus et moins exposés, devaient
être frottés il'huile. Ils risquaient peu à ouvrir les portes ; car,
suivant la convention, quatre mille hoplites et six cents cava-
liers d'Athènes étaient arrivés tl'Eleusis après une marche
de nuit. Déjà les conjurés s'étaient frottés rl'huile et se te-
naient aux portes, lorsqu'un d'entre eux ddvoila le complot aux
citoyens qui I'ignoraient. Aussitôt ceux-ci accourent en foule
et soutiennent qu'il ne faut point sortir; que c'est exposer la
ville à un danger manifeste ; qu'auparavant, bien qu'ou ett
plus cle force , jamais on ne I'avait osé ; qu'enfin, si l'on s'ob-
stine, on se battra sur place. Au surplus, ils feignaient rl'être
dans I'ignorance tlu compiot, et se bornaient à maintenir leur
opinion comme la meilleure; mais en même temps ils clemeu-
raient près des portes, bien décidés à les ddfendre, de sorte
que les traîtres ne pouvaient exécuter leur projet.
IXIX. Les généraux athéniens, sentant qu'il étart survenu
quelque contre-temps et qu'il de'renait impossible de brusquer
la ville, investirent sur-le-champ Niséa, dans I'espoir de s'en
emparer avant qu'elle fùt secourue, et d'avoir ainsi meilleur
marché de Mégare. Il leur vint bientôt d'Athènes rles maçons
avec tles outils et tous les objets nécessaires. Dans I'intervalle
des murs qu'ils occupaient, ils commencèrent. par construire
une traverse du côté cle Mégare ; puis, à partir des deux extré-
mités ile cet ouvrage , ils tirèrent un mur et un fossé pour en-
fermer Niséa de part et d'autre jusqu'à la mer. L'armée se
distribua le travail. On utilisa les pierres et les briques du
faubourg; en cùupa des arbres et cles branchages pour établir
des palissades dans les endroit,s qui le réclamaient I enfin, Ies
maisons du faubourg furent crénelées et mises en état de dé-
fense. Cette opération se poursuivit toute la journée; le len-
demain au soir le mur était à peu près achevé. Les Niséens
furent dans ]a consternation. Ils manquaient de vivres; car ils
avaient coutume de s'approvisionner au jour le jour ilans la
ville haute. Ils comptaient peu sur un prompt secours clu Pé-
lopouèse; enfin, ils s'imaginaient avoir à dos les lïIégariens.
IIs capitulèrent donc, à condition de payer par tête une somme
rléterminée, ile livrer leurs armes et d'abandonner à la cliscré-
tion des Athéniens le commandant et les autres Lacéclémoniens
qui étaient dans la place; à ces conditions ils sortirent. Les
I,IYRE IV. 229

Athéniens renversèrent la portion des longs murs qui aboutis-


sait à la ville de Mégare 1et, maltres de Niséa, ils s'y dtabli-
rent solidement.
LXX. En ce moment, le Lacéilémonien Brasidas , fils cle
Tellis, se trouvait aux environs ile Sicyone et de Corinthe,
occupé à préparer une expédition pour le littoral de la Thrace.
Il connut bientôt la prise des murs. Craignant pour Mégare et
pour les Péloponésiens de Niséa, iI fit dire aux Béotiens cle ve-
nir en toute hâte le rejoinilre à Tripodiscos; c'est le nom d'un
village tle Mégaride situé au pietl de la m<intagne de Gérauie'.
Il s'y rendit lui-même avec deux mille sept cents hoplites de
Corinthe, quatre cents de Phlionte, six cents tle Sicyone, in-
clépenilamment iles solilats qu'il avait tléjà rassemblés. Il comp-
tait que Niséa tiendrait jusqu'à son arrivée. Mieux informé, iI
choisit quatre cents hommes de ses troupes; et, avant que sa
marche ne ftt découverte-il était parti de nuit pour Tripodis-
cos-il s'approcha de Mégare, sans être aperçu des Athéniens,
qui étaient-près de la mer. Il voulait qu'il fùt dit qu'il avait fait
au moins une démonstration sur Niséa ; mais il tenait surtout à
pénétrer dans Mégare pour s'assurer de cette place. Il cleman-
dait à y être reçu, dans l'espoir, clisait-il, de ressaissir Niséa-
txXI. Des deux factions qui divisaient Mdgare, I'une crai-
gnait que Brasiclas ne ramenât les bannis et ne provoquât son
expulsion I l'autre, que le peuple, appréhendant Ie même ré-
suitat, ne se tournât contre elle , et qu'ainsi la ville déchirée
ne clevtnt la proie des Athéniens qui I'épiaient. On ne reçut
clonc point Biasidas. Les deux partis aimèrent mieux garder
I'expettative. On s'attendait à une bataille entre les Àthéniens
et les auxiliaires; et I'on croyait plus str de se décider après
l'événement. Brasidas, n'ayant pas rdussi dans sa démarche,
alla rejoindre le gros de sa troupe,
LXXII. A la poirrte du jour parurent les Béotiens. Àvant
même le message cle Brasitlas, ils avaient songé à secourir
Mégare, dont le danger les touchaif de près, et déjà ils étaient
à Platée avec toutes leurs forces' L'arrivée du messager les rem-
plit cl'un nouveau zèle. Ils envoyèrent à Brasidas deux mille
âeux cents hoplites et six cents cavaliers; Ie reste de leurs
troupes se retiia. L'arrivée de ce renfort portait à six mille
hoplites I'effectif de i'armée réunie devant Niséa.
Les Athéniens avaient leurs hoplites en batailie autour de
cette ville et sur le rivage, tandis que leurs troupes légères
étaieut éparsês dans la plaine; car jusqu'à ce moment, les
-Z
930 cUERRE Du PÉLoPor{Èsr.

Mégariens n'avaient point reçu de secours. Les cavaliers


béotiens, fondant à I'improviste sur ces troupes légères, les
poursuivirent jusqu'à la mer; mais les cavaliers athéniens
s'ébranlèrent à leur tour et I'action s'engagea. On combattit
longtemps, et les ileux partis s'attribuèrent Ia victoire. La ca-
valerie béotienne ayant poussé jusque sous les murs de Niséa,
les Athéniens tuèrent le chef de cette troupe, ainsi qu'un petit
nombre de soldats. lls les clépouillèrent, restèrent maltres des
morts, qu'ils rendirent ensuite par composition, et dressèrent
un trophée. A tout prendre cepenclant, iI n'y eut d.'avantage
déoisif ni d'un côté ni de I'autre. Les combattants se séparè-
rerrt. les Béotiens pour rejoindre les leurs, les Athéniens pour
rentrer dans Niséa.
LXXIII. Là-dessus. Brasidas et ses trcupes se rapprochèrent
de la mer et de la ville de Mégare. Ils occupèrent une position
favorable, s'y rangèrent en bataille, et se tinrent en repos, dans
I'iclde que les Àthéniens viendraient les y chercher. Ils n'igno-
raient pas que les Mégariens observaient de quel côté pen-
cherait la victoire. Les Péloponésiens trouvaient dans cette
rnanæuyre un clouble avantage : en premier lieu, de ne pas com-
meDcer I'attaque et de ne pas aller de gaieté de cæur au-tle-
vant du danger ; il leur suffisait de s'être montrés disposés à
combattre pour pouyoir s'attribucr une victoire qui n'aurait
pas corlté une goutte de sang. En second lieu, c'était le meil-
teur parti à prendre relativement à Mégare. Ne pas offrir le
combat, c'était s'enlever toutes les cbances, passer infaillible-
ment pour vaincus et perdre aussitôt la ville. Si I'armée athé-
nienne refusait la lutte, I'objet pour lequel ils s'étaient mis en
campagne serait atteint par ce seul fait. Ce fut précisément
ce qui arriya. Les Athéniens sortirent et se déployèrent en
avant des iongs murs ; mais, voyaut Brasidas immobile, ils
restèrent eux-mêmes en repos. Leurs généraux consid,éraient
qu'après le succès presque complet de leur eûtreprise, la par-
tie n'était pas égale entre eux et un ennemi supérieur en nom-
bre : vainqueurs, ils ne s'assuraient gue de Mégare ; vaincus,
ils perdaient Ia fleur de leur infanterie. Au contraire, les Pélo-
ponésiens, dont les forces étaient entières et formées de con-
tingents partiels, n'avaient pas les mêmes raisons d'éviter la
Jutte. Les deux armées restèrent quelque temps en présence,
sans entamer le combat. Ensuite les Athéniens les premiers
rentrèrent à Niséa. et les Péloponésiens reprirent leurs an-
ciennes positions.
-F

LIVRE IV. 23r


Dès lors, les Mégariens amis tles exilés, regarclant Brasi-
das comme vaingueur par cela seul gue les Athtiniens avaient
refusé la bataille, conçurent plus d'auclace et lui ouvrirent
leurs portes, ainsi qu'aux autres commandants des Péloponé-
siens. lls se concertèrent tous eusemble, tandis que les parti-
sans tl'Athènes étaient frappés cle stupeur.
LXXIY. Ensuite les allids se dispersèrent dans leurs villes,
et Brasiilas lui-même retourna à Corinthe achever, pour ltex-
pédition deThrace, lespréparatifs commencés. Quand les Athé-
niens eurent également effectué leur retraite, ceux des Méga-
riens qui avaient entretenu le plus de relations ayec eux, se
voyant clémasqués, prirent aussitôt la fuite. Les autres, d'ac-
cord avec les amis des exilés, rappelèrent ceux-ci de Pagæ,
après leur avoir fait soiennellement proinettre qu'ils ne garde-
raient point cle rancune et ne prendraient conseii que de I'in-
térêt public. Néanmoins, ces hommes ne furent pas plutôt
parvenus au pouvoir, qu'ils firent une revue des milices; et,
après avoir eu soin de séparer les bataillons, ils cboisirent une
centaine ile leurs ennemis ou des principaux partisans d'A-
thènes; ils forcèrent Ie peuple de donner publiquement sur
€ux son sullrage , obtinrent ainsi leur condamnation et les mi-
rent à mort. Après quoi, ils établirent dans la ville un régime
franchement aristocratique. C'est ainsi que Mégare ne sortit
d'une sédition que pour retomber pendant longtemps sous le
joug de I'oligarchie.
LXXY. Le même dté, les Mytiléniens se mirent en devoir de
tbrtifier Antandros, comme ils en avaient le projet. Les géné-
raux athéniens Démodocos et Aristiclès, chargés cle lever le
tribut, se trouvaient alors rians I'Bellespont, tandis que Lama-
chos, leur coliègue, avait fait voile avec dix vaisseaux pour le
Pont-Euxin. Avertis des préparatifs qui se faisaient à Antan-
rlros, ils craignirent qu'il n'eu ftt de cette place comme d'Anéa
près de Samos r. Les exilés samiens s'y étaient établis, et de
Ià ils favorisaient la marine d.es Péloponésiens, en leur en-
voyant des pilotes; ils fomentaient des troubles dans la vills
de Samos et donnaierrt asile aux proscrits. En conséquence, les
généraux athéniens rassemblèrent dcs troupes alliées, firent
voile pour Antandros, battirent ceux qui essayèrent de leur
résister et reprirent la place.
Peu de temps après, Lamachos, qui était entré dans Ie Pont
et avait relâché dans le fleuve Calexe près d'Héraciée, perdit
ses vaisseaur par I'effet d'une forte crue d'eau survenue tout
2Bz GUERRE DU pÉropolÈsr.
à coup oans I'intérieur des terres. Il traversa à pierl avec sorl
armée le pays des Thraces-Bithyniens, qui habitent en Asie
au delà clu détroit, et parvint à Chalcédoine, colonie de Mé-
gare, à I'entrée du Pont.
LXXVI. Dans le même été, le général athénien Démosthène,
se rendit à Naupacte avec quarante vaisseaux, immérliatement
après son retour de Mégaride. Quelques Béotiens avaient noué
des intelligen(,es avec lui et avec Hippocratès, dans le but
d,'opérer une révolution dans leur pays, et d,y établir la dé-
mocratie à l'imitatiou d'athènes. L'agent le ptus actif de cette
intrigue était Ptéotloros, exilé thébain. Leur plan consistait it
s'emparer de-Siphæ, qui devait leur être livréê par trahison;
c'est une ville du territoire de Thespies, situéè au fond du
golfe de crisa. Quelques orchoméniens offraient aussi de leur
remettre chéronée, ville qui clépend d'Orcliomène, dite jadis
des Minyens{ et aujourd'hui de Béotie. Les bannis d'brchomène
étaient les plus arclents instigateurs de ce projet; ils avaient
même pris à leur solde quelques troupes du eéloponèse..Or
chéronée est la clernière place de Béotie, d.u côté de phanotée,
ville phocdenne. Le complot avait aussi des ramifications en
Phocide. Il fallait enfin que les Athéniens occupassent Délion.
endroit consacré à apollon et situé sur le terrifoire de Tana-
gra, en face de I'Eubée. Tout cela devait s'exécuter de concert,
dans un jour ddterminé, afin que les Bdotiens, retenus dans
leurs foyers par les agitations locales, ne fussenb pas en me_
sure de se concentrer à Délion. si I'entreprise réussissait et
que Délion fùt fortifié, dtt-il n'y avoir pour le moment aucune
révolution en Béotie, on avait iout lieu de croire que ces di-
vers points une fois occupés, le pays exposé au pillage, cha-
cun ayant un asile à proximitd, les affaires ne ilemeuieraient
pas. longtemps dans le même étatl mais qu'avec un peu de
patience les insurgés, grâce au secours des Athéniens ,t à ia
dissémination de leurs adversaires, finiraient par établir en
Bdotie un gouyernement cle leur choix. Telle était la ccnspira-
tion qui se tramait.
LXXVII. HippocratÈs ayec des troupes d'Athènes devait,
quantl il serait temps, se porter err Béotie. Il avait envoyé
Démosthène avec quarante vaisseaux à Naupacte pour lever
des troupes chez le.s Acarnaniens et autres aliids de ces pa-
ràges, et pour cingler ensuite vers Sipiræ, que la trahison de-
vait lui livrer. un jour était fixé pour I'ex.écution simultanée
de ces divers projets. A son anivée, Démosthène trouva les
LTYRE lV. 233
OEuiatles que les Acarnaniens réunis avaient forcds d'entrer
dans I'alliance d'Athènes. Lui-même fit prendre les armes à
tous les aliiés de ces contrées et marcha cl'abord contre Salyn-
thios et les Agréens. lI obtiot ieur soumission et ne songea
plus qu'à se trouver devant Siphæ en temps opportun.
LXXVIII. A Ia même époque, Brasiilas partit pour le litto-
ral de la Thrace avec clix-sept cents hoplites. Àrrivé à Héra-
clée en 'fhrachinie , iI expéùia un courrier à ses amis cle Phar-
sale, pour les prier cle lui faciliter la traversée cle leur pays.
Panéros, Doros, Hippoiochidas, Torylaos et Strophacos, proxène
des Chalcidéens, vinrent à sa rencorrtre jusqu'à Mélitie d'A-
chaier. Il se mit en route avec eur. Il avait aussi pour con
ducteurs d'autres Thessaliens, en particulier Niconiclas de
Larisse, ami de Perdiccas. En efïet, il n'était pas facile de tra-
verser Ia Thessaiie sans guide, surtout avec des armes. D'ail-
leurs, ilans toute la Grèce, ctétait se rendre suspect que cle
traverser sans permission un territoire étranger. Enfin , Ie
peuple de Thessalie a de tout temps été favorable aux Athd-
niens; en sorte que, si le pays eùt joui de son indépenilance
au lieu cl'ètre assujetti à quelques hommes puissants, jamais
Brasidas n'ett passé. Même âlotr, des Tbessaliens du parti
contraire à celui de ses conducteurs se présentèrent à lui près
tlu fleuve Énipée et lui défendirent cl'alier plus loin sans I'as-
sentiment de la nation. Ses guicles répiiquèrent qu'ils ne son-
geaient point à passer de force, mais qu'il étaitvenu sans qu'ils
I'attendissent, et qu'étant ses hôtes, ils avaient dù i'accompa-
gner. Brasidas déclara qu'il traversait le pays cles Thessaliens
en qualité d'ami ; qu'il ne portait point les armes contre eux,
mais contre les Athéniens ses ennemis ; qu'il ne savait pas
qu'il y eùt entre les Thessaliens et les Lacddémoniens aucutrr
inimitid qui les empêchât rle se prêter mutuellement passage ,
que pour l'heure iI ne .pousserait pas plus avant contre leur
gré, aussi bien la chose n'était-eile pas possible ; que cepen-
dant il n'estimait pas devoir être arrêté,
Sur cette réponse, les Thessaliensse retirèrent. Alors Brasi
ilas, il'après I'avis de ses guides, partit sans perclre un instant,
et s'avança à marches forcées, avant qu'un rassemblement plus
considérable ne lui barrât ie chemin. Le jour mëme de son
tlépart de Mélitie, il atteignit Pharsale et campa au borcl du
fleuve Apidanos. De là ii gagna Phacion et finalement Ia Per-
rhébie. En cet endroit, ses guides thessaliens le quittèrent. Les
Perrhèbes, sujets des Thessaliens, le conduisirent jusqu'à Dion,
,g[ cuDRRE DU PrroPowùsr.

dans les États de Perdiccas. Cette ville est situdo au pied de


l'Olympe, dans Ia partie de la Mecddoine qui confine à la Thes-
salie.
LXXIX. C'est ainsi que Brasidas traversa la Thessalie
comme à la sourse, ayant quton fùt en mesure de I'arrêter. II
se rendit auprès de Perdiccas et en Chalcidique.
Perdiccas et ies villes insurgées du littoral de la Thrace
avaient appelé du Péloponèse cette arnrée, à cause des craiutes
que leur inspiraieot les progrès des Atlréniens. Les Chalci-
ddens s'attentlaient à se voir attaqués les prerniers; de plus,
iis étaient secrètement stimulés par les villes de leur voisi-
nage non encore révoltées. Quant à Perdiccas, sans être posi-
tivenent brouillé aveo les Athéniens, ses anciens tlémêlés avec
eux lui avaient clonné cle I'ombrage. II aspirait aussi à sou-
mettre Arrhibdos, roi des Lyncestes. Au surplus, I'envoi de
cette armée péIoponésienne fùt singulièrement facilité par les
revers qui pesaient alors sur Lacéilémone.
Lxxx. Comme les Athéniens ne cessaient cl'infester le Pélo-
ponèse et spécialement la Laconie , Ies Lacêdémoniens pensè-
rent que le meilleur moyen de faire cliversion était cle jeter
une armée chez leurs alliés ; d.'autant plus que ceux-ci olfraient
de la défrayer, et I'appelaient dans un esprit de révolte. D'ail-
leurs, ils n'étaient pas fàchés dtavoir un prétexte pour enYoyer
au dehors un certain nombre cle leurs Hilotes; car ils crai-
gnaient qu'ils ne profitassent de I'occupation cle Pylos pour se
soulever. Les Lacédémoniens sont dans une petpétuelle appré-
hension au sujet tles Hilotes: et, comme à cette époque ils re-
doutaient leur jeunesse et leur multitude, ils poussaient à
I'extrême les précautions à leur égard,t. C'est ainsi qu'ils
avaient fait publier que ceux d'entre eux qui croyaient leur
avoir rendu Ie plus de services à la guerre eussent à se tlécla-
rer et qu'ils seraient affrancbis. C'était une manière cle les
éprouver; car on pensait bien que les plus clésireux de liberté
seraient aussi les plus enclins à la révolte' Ils en choisirent
jusqu'à deux mille, qui ûrent le tour des temples, la tête cou-
ronnée comme affranchis ; mais peu après on les fit tous dis-
paraître, saus que personne ait jamais su comment ils avaient
péri. On saisit donc avec empressement I'occasion d'en faire
partir six cents avec Brasidas en qualité tl'hoplites. Lo reste
àe son armée so composait de mercenaires levés par lui dans
le PéIoponèse.
IXXXI. C'était à sa tlemande expresse que les Lacéildmo-
LIYRE IV. 23b

niens avaient mis Brasidas à la tête de cette expétlition. Les


Chalcidéens avaient ilésiré avoir un homme qui jouissait à
Sparte d'une grantle réputation d'énetgie, réputation justifiée
pàr les services signalés que, clepuis son départ, il n_e. cessa
âe rendre à Lacédémone. En efÏet, la justice et la modération
qu'il montra dès I'abord à l'égartl tles villes en clétachèrent
plusieurs il'Athènes ; d'autres lui furent livrées par trahison.
Aussi les Lacédémoniens, lorsque plus tard ils voulurent faire
la paix, eurent des places à tlonner en échange de celles dont
ils âemantlaient Ia restitution, indépendamment clu répit pro-
curé au Péloponèse. Longtemps après, Iors de la guerre qui
suivit I'expédition ile Sicile n, la valeur et la sagesse déployées
clans le temps par Brasitlas, et que les uns connaissaient par
expérience, les autres par ouï-dire, inspiraien[ encore aux
auiés d'Athènes une inclination prononcée en faveur tles Lacé-
démoniens. Comme il frrt le premier envoyé à l'étranger et
qu'il fit briller une vertu accomplie, il laissa après lui la ferme
conviction que tous les autres lui ressemblaient.
LXXXII. lnformés de son arrivée sur le littoral de la Thrace,
les Athéniens déclarèrent la guerre à Pertliccas, qu'ils regar-
daient comme le promoteur de cet.te expédition, et surveillè-
rent de plus près les alliés cle ce pays.
LXXKII. Sitôt que Percliccas eut réuni à ses propres forces
I'armée de Brasidas, iI marcha contre son voisin Affhibéos, fils
de Broméros, roi des Lyncestes-Macédoniens t, avec lequel il
était brouillé et qu'il voulait soumettre. Lorsqqre I'armée ful à
I'entrée du Lynôos, Brasiclas déclara qu'avant-fl'en venir aux
hostilités, il désiraibfaire une démarclie pour êngager Anhi-
béos tlans I'alliance de Lacétlémone. Ce prince offrait de s'en
remettre à la médiation cle Brasidas; les cléputés chalcidéens
qui se trouvaient présents conseillaient à ce dernier tle ne pas
ôter à Percliccas tout sujet de crainte, afin de s'assurer de son
tlévouement; enfin, lesenvoyés de Perdiccas à Lacétlémone
avaient rlonné à entenclre qu'il ferait entrer dans I'ailience
beaucoup cle nations voisinei. Brasiclas se croyait donc auto-
risé à exiger que les affaires d'Arrhibéos fussent traitées en
commun.-Percliccas, au contraire, soutint qu'il n'avait pas ap-
pelé Brasidas pour être I'arbitre tle ses dillérends, mais pour
combattre Ies-ennemis qu'il lui désignerait; qu'il n'était pas
juste, quand lui-même nôurrissait la moitié de i'armée péIopo-
nésiennl, que Brasidas s'entendît avec Arrbibéos. Nonobstant
cette altercation, Brasidas ne laissa pas cl'avoir une eutreYue

.--
936 oUERRE DU PdropoNùsn.

ayec ce dernier, et consentit à retirer son armée avant tl'avoir


envahi le pays. Depuis ce moment, Periliccas se tint pour of-
fensé, et ue fournit plus que le tiers des vivres au lieu de la
moitid.
IXXXIV. Le même dté, aussitôt après ces événement$, Bra-
sidas réuni aux Chaltliiléens marcha contre Acanthe, colouie
d'Andros. C'était peu ile temps avant la venclange. Quand il fut
question de le recevoir, une lutte s'engagea entre le peuple et
ceux qui I'avaient appelé de concert avec les Chalcittéens. On
crai_gnait_pour la récolte encore pendante. Aussi Brasidas per-
suatla-t-il au peuple de le recevoir seul et de ne se déclder
qu'après ]'avoir ententlu. Pour un Lacérlémonien, il ne man-
quait pas cle talent oratoire. Il se présentatlonc à I'assembléeet
prononça le discours suivant.
LXXXV. a En me faisant partir ayec une armée,les Lacéilé-
moniens ont voulu confirmer ce que nous avons déclaré ilès le
début de cette guerre, savoir que nous prenions les armes pour
alfranchir la Grèce du joug iles Athéniens. Si nous arrivons
tard, ne nous en faites point de reproches. Nous nous sommes
trompés sur la ilurée probable cles bostilités entreprises sur un
autre théâtre. Nous avions espéré avoir promptement raison
tles Athdniens à iiaide cle nos seules forces et sans vous impli-
quer dans le danger. Nous sommes venus aussitôt que nous
l'ayons pu; et nous essayerons, avec votre coopératiou, de con-
sommer leur ruine.
c Je m'étonne que vous m'ayez fermé vos portes;,au lieu de
me recevoir à bras ouverts. Nous pensions venir à vous comme
à des allids qui, même avant notre arrivée, nous attenclaient
ayec sympathie et nous appelaient d.e leurs væux. C'est là ce
qui nous a faiu a{Tronter le péril d'une longue marche à tra-
vers un pays étranger et cléployer tout Ie zèle possible.
c Si vos intentions étaient différentes, si vous deviez con-
trarier votre propre délivrance et celle des autres Grecs, ce
serait fort regrettable; car non-seulement vous s'eriez pour
moi une entrave, mais votre exemple détournerait de se joinilre
à moi ceux à qui je pourrais m'adresser. Ils se montreraient
difficiles en me yoyant repoussé par yous, les. premiers que
j'ai. visitds; par.vous qui possddez une ville siimportante etqui
passez pour un peuple intelligent. Je ne pourrais plus alld-
guer de raison valable: il semblerait que je n'apporte qu,une
liberté mensongère ou que, si les Athéniens viennent vous at-
taquer, je serai sans force et impuissant à vous cléfenttre.
LIVRE IV. 237
c Et pourtant lorsque, ayec cette rnème armée que je com-
manrle, je me suis présenté devant Niséa, les Athéniens, quoi-
que supérieurs en nombre, n'ont point osé accepter Ie combat.
Or iI n'est pas vraisemblable qu'ils envoient par mer eontre
yous une armée aussi formidable que celle de Niséa.
LXXXYI. c Quant à moi, je viens nor pour opprimer les
Gtecs, mais pour les alfranchir. A ma demande, les magistrats
de Lacéclémone se s()nt engagés par les serments les plus solen-
nels à laisser I'ind.épendance à tous les alliés que j'aurais ga-
gnés. D'ailleurs, notre intention n'est pas de vous faire entrer
par force ou par ruse dans notre alliance ., mais tle vous déli-
vrer des Athéniens. Vous ne devez pas me suspecter, puis-
que je vous offre les meilleurs gages, ni me regarder comme
un impuissant protecteur, mais plutôt vous joinclre à moi avec
confiance.
< Si quelqu'un de vous appréhentle que je ne soumette la
ville à un parti, qu'il se rassure. Je ne viens point appuyer
une faction, ni vous offrir une liberté illusoire, en entrepre-
nant, au mépris de vos lois, d'asservir la majorité au petit
nombre ou la minorité à la multituile. Un pareil joug'serait
plus intolérable que la tlomination étrangère , et nos efforts,
à uous Lacédémoniens, n'auraient d.roit à aucune recon-
naissance. Au lieu de gloire, nous ne recueillerions que le
blâme. Les mêmes reproches que nous faisons aux Athéniens,
on les rétorquerait contre nous, avec d'autant plus ile justice
que ceux-ci ne se piquent pas de vertu. Pour qui jouit de I'es-
time publique, il est plus honteux de s'agrandir par I'astuce
que par une violence flagrante. Celle-ci du moins trouve une
sorte d'excuse dans le droit du plus fort qu'elle tient de la for-
tunel I'autre, au contraire, trahit un esprit bassement artifi-
cieux. Aussi apportons-nous la plus grancle circonspection dans
les aflaires m.êmes qui nous touchent le plus.
LXXXVII. s Une garantie bien plus stre encore pour vous
que nos serments, ce sont nos actes. Rapprochez-les de nos
paroles, et vous trouverez une preuve irréfragable de la sin-
cérité tle nos propositions. Si cepentlant à ces ouvertures vous
ôpposez I'insuffisance de vos forces; si, tout en protestant de
votre bon vouloir, vous nous repoussez avant cl'avoir sou{fert
aucune oflense I si vous dites que cette liberté ne vous paralt
pas sans danger, et qu)on ne doit I'apporter qu'aux peuples
en état de la recevoir , sans I'imposer de force à personne I
alors je prenilrai à témoin de I'inutilité de mes avances les
238 cuERRE Du PÉtoPoNÈsE.

dieux et les héros de ce pays, et je tâcherai de vous convaincre


en ravageant yos campagnes. Loin de voir une injustice dans
cette conduite, je la croirai motivée par une ilouble nécessité :
par I'intérèt des Lacédémoniens, qui, malgré votre bou vou-
ioir, ne peuvent tolérer plus longtemps que vos subsides ail-
lent accroltre les forces tl'Athènes; ensuite par I'intérêt des
Grecs, à la délivrance desquels vous ne devez pas mettre ob-
stacle. Si ce n'était pas une question d'utilité générale, notre
manière d'agir serait répréhensible, et les Lacédémoniens au-
raient tort d'affranchir les peuples malgré eux. Mais nous n'a-
vons point d'ambition personnelle; nous aspirons plutôt à ré-
primer celle d'autruil et nous serions coupables envers le plus
granrt nombre si, alors que nous apportons à tous I'inilépen-
dance, nous vous promettions de vous y opposel.
< Délibérez donc avec sagesse. Que vos elforts, en vous don-
nant une gloire immortelle, ouvrent au teste des Grecs l'ère
de la tiberté. Sachez sauvegarder vos intérêts particuliers et
assurer à votre ville entière le nom le plus g)orieux. I
LXXXVIII. Ainsi parla Brasidas. Les Acanthiens, après avoir
pesé le pour et Ie contre, votèrent au scrutin secret. Séiluits
par le langage de Brasidas et inquiets pour leur récolte, la plu-
part furent d'avis d'abandonner les Athéniens. En conséquence
ils exigèrent de Brasidas le même serment qu'il avait, à son
départ, fait prêter aux magistrats de Lacétlémone, et par lequel
il garantissait I'ind.épendance à tous les alliés qu'il aurait ga-
gnés; puis ils reçurenl son armée. Peu de temps après, Stagire,
autre colonie d'Andros, imita cette défection. Tels furent les
événements tle l'étd.
LXXXH. Dès l'entrée de I'hiver suivant, les mesures se
trouvèrent prises pour livrer la Béotie aux généraux atbéniens
Hippocratès et Démosthène. Ce dernier avec la flotte devait se
porter à Siphæ, tandis que son collègue marcherait sur Délion.
Mais il y eut erreur sur le jour convenu pour ce double coup
de main. Démosthène partit le premier et cingla vers Siphæ
avec bon nombre d'Acarnaniens et d'aliiés de ces contrées em-
barqués sur sa flotte. Le complot échoua; il fut dévoilé par
Nicomachos de Phanotée en Phocicle, qui le communiqua aur
Lacédémoniens, et ceux-ci aux Béotiens. Ces derniers,"n'étant
pas encore gênés dans leurs mouvements par laprésence d'Hip-
pocratès, accoururent en forces à Siphæ et à Chéronée. Ce
contre-temps empêcha les conjurés de fernuer dans ces villes"
XC. Hippocratès fit lever en masse la population d'Athènes,
I,IVRE IV. 239
citoyens métèques et étrangers, et marcha sur Délion, mais
après coup, alors que les Béotiens étaient déjà revenus de Si-
phæ. Il alla camper à Délion et fortifia de la manière suivante
cet enclroit consacré à Apollon. Autour de I'enceinte et du
temple on creusa un fossé; la terre qu'on en retira fut relevée
en guise de mur. 0n revêtit d'une palissade la crête de cet
ouvrage. Les interstices furent garnis avecdes sarments coupés
à la vigne sacrée, avec des pierres et des briques empruntées
aux éclifices voisins, en un mot avec tous les matériaux clispo-
nibles. Enfin on éleva tles tours tle bois sur tous les points non
protégés par les bâtisses; I'ancien portique du temple n'existait
plus. Ce travail, commencé le troisième jour après le ddpart
d'Athènes, se continua le quatrième et le cinquième jusqu'à
I'heure clu dlner. Quand tout fut à peu près terminé, Itarmde
quitta Délion pour rentrer en Attique,et s'avança cl',une dizaine
tle stades. La plupart des troupes légères marchèrent sans s'ar-
rêter I les hoplites firent halte et se reposèrent. Hippocratès
était resté à Ddlion pour placer cles gartles et mettre la dernière
main aux tléfenses.
XCI. Pendant ce temps, les Béotiens se rassemblaient à Ta-
uagra. Quand les contingents de toutes les villes furent arrivés
et qu'on sut les Athéniens en retraite, les béotarques, qui sont
au nornbre de onze, ne furent pas il'avis de les attaquer, puis-
qu'ils étaient hors de la Béotie. En etret les Athéniens, lors-
qu'ils avaient fait halte, se trouvaient sur les frontières tl'Oro-
pos r. Le seulPagondas, fils d'Êolatlas, émit I'opinion contraire.
Il était alors béotarque cle Thèbes, conjointement avec Arian-
thidas fils de Lysimachidas, et avait le commandement en chef.
II crut que le meilleur parti était d'engager le combat. Il réunit
rlonc les soldats par bataillous, atn qu'ils ne quittassent pas les
armes tous à la fois , et il prononça le discours suivant, qui
tlécida les Béotiens à prenilre I'o{Teusive.
XCII. a Il n'aurait ilù entrer dans la pensée d'aucun tle nos
généraux qu'il falltt renoncer à combattre les nthéniens du
lnoment que nous n'avions pu les joindre en Béotie. C'est bien
la Béotie qu'ils se préparent à ravager; c'est chez nous qu'ils
sont venus construire une forteressel enfin ils sont toujours
oos ennemis, quel que soit le lieu or} nous les atteignions et
celui d'orl partent leurs attaques.
r Si quelqu'un a pu croire plus prudenttle ne pas agir, qu'il
se clétrompe. Les règles de la prutlence ne sont pas les mêmes
pour des g€ns à qui I'on dispute leur territoire, ou pour un
240 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

peuple qui, maltre du sien, attaque sans proyocalion et par


esprit cle conquête. Nos pères nous ont appris, en cas d'agres-
sion étrangère, à combattre intlilféremment sur notre sol ou sur
celui d'autrui.
a Cela est surtout nécessaire à I'égard des Athéniens, tlont le
pays touche le nôtre. Entre nations limitrophes, l'équilibre des
tbrces maintient seul la liberté. Et comment ne pas lutter à
outrance contre des hommes qui prennent à tâche d'asservir
tous ceux qu'ils peuvent atteindre rle près ou tle loin ? Que leur
concluite etrvels nos voisins tle I'Eubée et envers la plupart des
Grecs nous serve de leçon. Commrrnément c'est pour des limites
territoriales que s'élèvent les guerres entre peuples voisins;
mais pour nous, si nous succombons, i[ n'y aura plus clans tout
notre pays une seule limite soiirlement piantée. Une fois chez
nous, ils nous dépouilleront violemment: tant il est vrai que
leur voisinage est pour nous le pire de tous.
r D'ordinaire ceux qui, à leur exemple, se confient en leur
force attaquent avec hariliesse un peuple tranquille, qui se
borne àdéfenclre ses foyers; mais ils sont moins artlents contre
celui qui va. à leur rencontre hors rles frontières et qui sait
prenilre I'offensive dans un moment donné. Nous I'avons
éprouvé avec ces mêmes Athéniens. La victoire que nous rem-
portâmes sur eux à Coronée, à une époque otr nos dissensions
leur avaient ouvert notre pays, a procuré jusqu'à ce jour une
profonde sécurité à la Béotie.
c Que ce souvenir nous excite, nous autres qui sommes âgés,
à nous montrer les mêmes que jadis, et les jeunes gens, ceux
clont les pères ddployèrent alors tant de vaillance, à ne pas
ternir des vertus héréditaires. Confions-nous clans la protection
ile ce dieu, dont leur sacrilége a converti le temple en forte-
resse; confions-nous dans les victimes qui nous présagent la
victoire. Marchons droit aux ennemis, et apprenons-leur que,
s'ils veulent assouvir leur convoitise, ils cloivent stattaquer à
cles peuples qui ne se d.éfenclent pas; mais qu'avec tles hommes
accoutumés à combattre pour leur liberté sans jamais attenter
à celle des autres, ils ne se retireront pas sans avoir soutenu
le combat, r
XCIII. Cette exhortation ile Pagonclas ilétermina les Boétiens
à livrer bataille. Il mit aussitôt I'armée en mouvement; car le
jour commençait à baisser. Parvenu à portée de I'ennemi, il
prit position derrière une colline qui formait un riileau entre
les deux armées I puis il rangea ses troupes et se prépara au
lME l-1. 241

combat. Hippocratès était encore à Délion. Informd de I'ap-


proche des Béotiens, il envoya sur-le-ch_amp à I'armée athé-
nienne I'ordre de se mettre en bataille. Lui-même arriva peu
après. Il avait laissé ilevantDélion environtrois cents cavallers
pôur cou-'rir cette place en cas d attaque et pour charger en '
iemps opportun les ennemis penilant I'action. Ceux-ci leur
opposèrent un corps capable de les obntenir.
Quand les Béotiens eurent achevé leurs dispositions, ils
commencèrent à se montrer sur le sommet de la colline, otr
ils firent halte en ordre de combat. lls avaient sept mille ho-
plites, plus cle ilix mille hommes légèrement armés, mille cava-
iiers et cinq cents peltastes. Les Thébains et lerrrs sujets
occupaient la d,roite; au centre étaient les Haliartiens, les Co-
ronéens , les Copéens et autres riverains du lac
t; à la gauche
les Thespiens, les Tanagréens et les 0rchoméniens' Les deux
ailes étaient appuyées par la cavalerie et par les troupes lé-
gères. Les Thébains étaient rangés sur vingt-cinq de hauteur,
les autres à volonté. Telles étaient les dispositions et I'ordon-
ûance de l'armée béotienne.
XCIV. Du côté des Athéniens, sur toute laligne,les hoplites,
égaux en nombre à ceux de I'ennemi, se rangèrent sur huit cle
hauteur. La cavalerie flanquait les ailes. Quant aux troupes
légères, il n'y en avait point alors de régulièrernent armées;
les Àthéniens n'en eurent jamais r. ll en était bien parti tl'A-
thènes, et même en plus grancl nombre que celles de I'ennemi;
mais c'étaient pour la plupatt des hommes sans armes, com-
posant la levée en masse des étrangers et cles citoyens. Or,
comme ils avaient pris les devants pour retourner au pays, il
De s'en trouva que fort peu à cette journée. Lorsque les troupes
furent en bataille et l'action près de commencer, Hippocratès
parcourut le front de son armée et la harangua en ces termes :
XCV. ( Athéniens, mon exhortation sera brève; mais qu'im-
porte à des gens de cæur? Mon but n'est pas de relever votre
courage, mais de vous en faire souvenir. Que nul de vous ne
s'imagine gue nous afirontons le péril sur une terre et pour
une cause qui nous sont étrangères, C'est sur leur territoire,
mais o'est pour Ie nôtre que nous ailons combattre. Si nous
sommes vainqueurs, jamais les Péloponésiens, clépourvus de la
cavalerie béotienne, n'oseront envahir I'Attique. Un seul com-
bat uous rendra maitres de ce pays et mettra le nôtre à I'abri
tlu danger. Marchez donc avec une bravoure iligne de ia pre-
mière des villes grecques, digne de cette patrie dont chacun
Tsuctnrnn. 14
2h2 GUERRE DU PELOPONESE.

de vous est si glorieux, digne enfin ale vos pères qui jadis,
sous la conduite ile Myroniclès, triomphèrent aur OEnophytes
et soumirent la Béotie. r
XCYI. En prononçant cette harangue, Hippocratès était par-
venu jusqu'à la moitié de la ligne, sans avoir eu le temps cl'at-
teindre I'extrénnité, lorsque les Béotiens, après une coufte
allocution de Pagondâs, entonnèrent le péan et descendirent la
colline. Les Athéniens à leur tour s'ébranlèrent, et I'on s'a-
borda au pas de course. De part et d'autre les extrémitds ne
clonnèrent pas; elles furent arrêtées par tles torrents. Le reste
se joignit avec une telle furie que les boucliers se heurtèrent
et qu'on se battit corps à corps. L'aile gauche tles Béotieus
jusqu'à la moitié ile leur ligne fut tléfaite par les Athéniens,
qui Ia poussèrent vigoureusement. Les Thespiens eurent sur-
tout à souffrir. Découverts par la retraite de leurs voisins, ils
furent enveloppés par les Athéniens et taiilés en pièces après
une lutte acharnée. Quelques Athéniens, dans le ddsord.re qui
suivit leur mouvement de conversion, ne se reconnurent pas
et s'entre-tuèrent. Ainsi de ce côté les Béotiens eurent le dessous
et se replièrent Ters ceux qui tenaient encore. L'aile clroite au
contraire, ori se trouvaient les Thébains, déflt les Athéniens,
les culbuta et les poursuivit d'aborcl assez lentementl mais
Pagondas ayant envoyé au secours cle sa gauche deuxescadrons
tle cavalerie qui devaient tourner la collioe sans être aperçus,
leur apparition sourlaine sema I'e{Iroi tlans I'aile des Àthéniens
jusqu'alors victorieuse; eile les prit pour une nouYelle armde
en mouvement contre elle. Pressds d'un côté par cette cavalerie,
tle I'autre par les Thébains qui les serraient de près et qui
étaient parvenus à les rompre, les Athéniens s'enfuirent à la
débantlade, )es uns vers Délion et Ia mer, ceux-ci vers Oropos,
ceux-là vers le mont Parnès, chacun enfin où. iI entrevoyait
quelque- chance de salut. Les fuyards tombaient sous les coups
tles Béotiens, surtout de leur cavalerie et de la cavalerie
locrienne, arrivée au moment tle la cléroute. La nuit qui sur-
vint favorisa la fuite clu plus grand nombre.
XCWI. Le leudemain, ceux qui avaient trouvé un asile à
0ropos et à Délion laissèrent garnison dans cette dernière plaoe
Ertils occupaient encore, et se retirèrent pan mer dans leur
pays. Les Béotiens érigèrent un trophée, recueillirent leurs
morts et clépouillèrent ceux de I'eunemi; après quoi, laissant
une garde suffisante r, ils se retirèrent à Tanagra et préparèrent
I'attaque cle DéIion. Un héraut envoyé par les Athéniens pour
LIVRE IV. 2&3

réclamer les morts rencontra un héraut béotien, qui ie fit re-


brousser en lui tlisant qu'il n'obtienilrait rien avant que lui-
même ne ftt rle retour. Celui-ci, s'étant présenté aux Àthé-
niens, leur déclara au nom des Béotiens qu'ils avaient commis
une injustice et enfreint les lois de la Grèce; qu'il était uni-
versellement reçu, quantl on entrait sur terre étrangère, tle
respecter les lieur sacrés; que les Athéniens au contraire
avaient fortifid Délion et s'y étaient installés; qu'ils s'en ser-
vaient comme d'un'lieu profane, et puisaient .pour leur usage
I'eau réservée aur ablutions des sacrificesl qu'en conséquence
les Béotiens, en vertu de leurs droits et de ceux du dieu, som-
maient les Àthéniens, au nom d'Âpollori et des autres ilivinités
du temple, d'dvacuer I'enceinte sacrée en emportant ce qui
était à eux.
XCVIII. Sur ce message, les Athéniens à leur tour envoyè-
rent aux Béotiens uu héraut pour Ieur dire qu'ils n'avaient faii
aucun mal au temple et n'en feraient volontairement aucun;
qu'ils n'étaient point venus dans cette intentioir, mais pour s'y
etablir afin de repousser d'injustes agresseurs i {ue, d'aprês
I'usage constant de la Grèce, Ia conquête d'un territoire grand
ou petit donnait tlroit sur les temples- qui s'y trouvaient, à la
charge de les honorer selon les rites'accoutumés et par tous
les moyens possibles; que les Béotiens eux-mêmes et tous ceux
qui, à leur exemple, s'étaient établis sur une terre étrangère
en expulsant les anciens possesseurs, avaient trouvé des tem-
ples qui appartenaient originairement à d'autres, mais qui
étaient passés entre leurs mains; que si les Athéniens avaient
pu occuper une plus grande partie cle la contrée, ils I'auraient
fait; mais qu'ils n'abandonneraient pas tle plein gré celle orl
ils étaient et qu'ils considéraient comme à eux. Quant à I'eau,
s'ils en avaient fait usage, c'était non dans un but sacrilége,
mais par l'obligation où les Béotiens les avaient mis de se dd-
fentlre en venant les attaquer sur leur propre terrain; que le
dieu aurait sans cloute cle I'indulgence pour un fait qui était la
suite inévitable tles nécessités de Ia guere; que les fautes in-
volontaires avaient pour refuge les autels; qu'on appelait crime
le mal commis sans contrainte et non celui qui résulte des ca-
lamités; qu'en prétendant échanger des cadavres contre des
temples, les Béotiens commettaient un plus grand sacrilége
qu'eux-mêmes en refusant de souscrire à cette impie transac-
tion; qu'enfin ils les sommaient de leur permettre tltenlever
Ieurs morts sous la foi d'un traité. conformément aux lois na-
244 cuERRE DU PÉLoPoNÈsr.

tionales, et nullement à conclition tl'évacuer la Bdotie,


p_uisqutils
mais sur celle qu'ils
;;;;i."i plus sur les terres des Béotiens,
avaient cànquise les armes à Ia main'
-
iCix. Le-c Béotiens réponclirent que si les Athéniens étaientà
en eéotie, ils eussent à se rebirer én emportant ce.qui.était
eux; mais'que s'ils se croyaient dans leur pays, c'était.à eux t

àiuï".* à cà qu'ils devaieut faire. Ils regardaient.bien lo ter-


ritoire rl'Oropos, sur les limites tluquel s'était clonnée la bataille,
comme faisaït partie de la domination des Àthéniens; néan-
moins ils ne crbyaient pas que.les Athéniens pussent enlever
-eux.
les morts malgré Aussi ne voulaient-ils pas traiter pour
1grritoire"dépendant tl'Athènes; ils préféraient réponclre
""
Juu.iu.*.ot qu'its eussent à se retirer en emportant ce qu'ils
réclamaient. Sur cette réponse,le héraut athénien s'en retourna
sans avoir rien conclu-
c. Aussitôt les Béotiens firent venir ilu golfe Maliaque tles
t. Depuis la bataille, ils avaient
S.nr â; truit et des frondeurs gar'
Eté renforcés par cleux mille hoplites de Corintbe, par la
oi..t pJfoponésienne sortie de Niséar, enfin par uû.certain
oorolri tle Mégariens. Avec ces forces ils marchèrent h I'atta-
le
[ue de DéIion". Entre autres moyens, ils dirigèrent-contre
ilmpart une machine qui les en rendit maitres et tlont voici
la dËscription. Ils prirent une grande poutre, qu'ils.scièrent en
long et qu'ils creusèrent d'un bout à I',autre; puis ils en ajus-
tèrent exactement les deux moitiés pour formel une espèce clc
tube. A I'une des extrémités ils suspendirent avec cles chainei
un bassin, ori venait aboutir en se courbant un bec de fet'.
Toute la pârtie antérieure ile la poutre était recouverte tlu même
métal. Côtte machine fut amenée cle loin sur cles chariots ius-
qu'au pied du retranchement, à I'endroit où se trouvait le plus
desarments et cle bois. Lorsqu'elle fut procbe, ils adaptèrent à
I'extrémité tournée vers euf ile grands soufflets qu'ils firent
jouer. L'air comprimé, pénétrant par le tube dans le bassin rem-
pti a, charbonJardents, ile soufre et de poix_., protluisit une
flamme teliement intense que toute la palissacle fut embrasée
et gue personne n'y put demeurer. Les assiégés abandonnèrent
lbur poite et la plaôe fut prise. Une partie de la garnison périt;
rleui cents hoinmes fuient faits prisonniers; le reste cle la
troupe monta sur les vaisseaux et réussi[ à s'échapper.
ct. oelion fut pris ilix-sept jours après Ia bataille. Le héraut
athénien, sans riê1 savoir cle ce qui s'était passé, revintpeu de
temps après pour demancler les morts. cette fois les Béotiens
TIVRE IV. 2t*5

ne firent plus difficulté pour les rendre..'Leur perte-dan-s le com-


bat fut d'un peu moins de cinq cents homme-s; celle des- athé-
niens de mille, parmi lesquelJ Hippocratès leur général, sans
.o*pt.. non n'ombre de vâlets et dJ soldats armés à la légère.
Quelque temps après, Démosthène,
qui av-ait échoué tlans son
.ni".pri.r rot ôipl'*où I'oo avait pratiqué des intelligences, fit
une descent. eo Si.yonie avec des Acarnaniens, d'es Agréens,
eiqoatre cents hopliies d'Athènes. Mais, avant que tous lesbâti-
*eït* eussent touôhé terre, les Sicyoniens accoururent et mirent
en fuite les soltlats debarqués. Its les poursuivirent jusqu'à la
rade, en tuèrent plusieurJ et en prirent d'autres vivants. Sur
quoi ils rlressèrent un trophée et renilirent les morts par com-
position.
' pendant le siégecle Délion, sitalcèsroides odryses trouva la
mort dans une eipéclition contre les Triballiens, où son armée
fut ttéfaite. Son néveu Seuthès, fils de Spardacos, tlevint alors
roi des oclryses et de tous les pays cle Thrace sur lesquels s'é-
tendait la tlomination de son oncle.
cII. Le même hiver, Brasidas, avec les alliés tlu littoral de
la Thrace, marcha contre Àmphipolis, colonie athériienne, située
sur le fleuve strymon. Aristagoras cle Milet, fuyant le roiDarius,
avait fait un piemier essai de colonisation sur I'emplacement
r. Trente-
de cette ville ; mais il avait été chassé par les Édoniens
y
deux ans plui tartl, Athènes envoya dix mille colins, composés
d'Athéniens et cles étrangeis qui voulurent s'y joindre. Ils fu-
rent taillés en pièces à Diabesàos par les Thracesl. Au bout de
vingt-neuf ans, les Athéniensrevinrent sous la conduite cl'I{ag-
oonl filr de Nicias. IIs chassèrent les Écloniens, et bâtirent une
ville dans le lieu appelé précédemment les Neuf-Toies. Leur
point cle clépart fut-Éion, ôomptoir maritime gu'il_s p-ossédaient
â I'emboucirure du fleuve, à vingt-cinq stades cle Ia ville ac'
tuelle. Hagnon 1a nommanmphipfi1is parce que, vo-ulant ache'
ver d'ence-indre la place baignée de deux côtés par le strymon,
il ferma rl'un long ùur I'ouverture du demi cercle décrit par le
fleuve, et constrùisit Ia ville de manière. à ce qu'elle fùt aper-
5.
çue cle la mer et clu continent
CIII. C'est contre cette place que Brasidas, parti d'arné en
Chalcidique, s'avança avet son a-rmée. Il arriva tlaus la soirée
à Aulon ei à Bromisôos, près de I'en6roit orl le lac Bolbé se dé-
verse dans la mer. Àprès le repas du soir, il continua sa route
penclant la nuit. Le temps éta.il mauvais et neigeux, raison cle
plus pour accélérer sa marche; car il voulait ilérober son ap-
2r6 GUERRE DU PELOPONESE.

proche à ceux tles habitants qui I'ignoraient. La population


d'Ampbipolis renfermait un certain nombre tl'Argiliens origi-
naires d'Andros, ainsi que d'autres gens qui étaient entrés dans
le complot à I'instigation de Perdiccas ou des Chalcidéens; mais
les plus chauds partisans tle I'entreprise étaient les Argiliens.
Habitants du voisinage, ils étaient en mauvais termes avec les
Athéuiens. ll y avait longtemps qu'en vue de s'emParer tl'Am-
phipolis, ils avaien[ noué cles intelligences avec leurs conci-
ioyéns domiciliés clans cette ville. L'amivée cle Brasiclas leur
parut le moment cl'agir. Ils accueillirent donc ce général dans
ieurs murs, se tléclarèrent en révolte contre les Athéniens,
et oette nuit même ils eonduisirent I'armée jusqu'au pont jeté
sur le fleuve t. La ville d'Amphipolis en'est peu éloignée, et à
cette époque les murs n'y aboutissaient pas comme aujour-
d'hui. On n'y tenait qu'un faible poste, que Brasiclas n'eut
pas de peine à enlever. Secondé à la fois par la trahison, par le
mauvais temps et par le mystère de son approche, il fran-
chit le pont, el se trouva aussitôt maitre d.e tout ce que les ha-
bitants possddaient hors des murs.
CIV. La surprise causée par cette occupation,Itaffluence des
gens tlu dehors qui fuyaient, Ia nouvelle que plusieurs d'entre
èux étaieut prisonniers, tout se réunit pour causer tlans Amphi-
polis une alarme tl'autant plus vive qu'on n'y était pas sans
défiances mutuelles. Aussi assure-t-on que si Brasidas, au lieu
de laisser son armée se livrer à la maraude, eùt marché sur la
ville sans per:te de temps, iI eùt eu chance de Ia prenclre' Mais
il s'amusa à camper, à courit la campagne; et, ne voyantrien
venir de ce qu'il attentlait de I'intérieur, il resta dans I'inaction.
Le parti opposé aux traltres était Ie plus nombreux.Il empêcha
d'ouvrir à I'instant les portes; et, d'accord avec le général
athérien Euclèsquiavait le commandement d'Àmphipolis, iI fit
demander du secours à l'autre général de I'armée cle Thrace.
C'était Thucydide, fils tl'Oloros, I'auteur cle cette histoire. Celui-
ci se trouvait alors dans I'île de Thasos, colonie de Paros, à une
clemi-journée de navigation d'Amphipolis. Sur cet avis, il s'em-
pressa de mettre en iner avec sept vaisseaux qu'il avait sous la
main. ll voulait, S'il était possible, prévenir la retldition d'Am-
phipolis, ou tout au moins s'assurer c['Éïon.
CY. Brasiilas redoutait I'arrivée cle cette flottille venant de
Tbasos. Iniormé que Thucydide possédait tlans cette partie de
la Thrace une exploitation tle mines cl'or qui lui ilonnait la plus
grande influence sur toute la contrée r, il s'empressa de le de-
LIVRE IY. 247

vancer en brusquant I'occupation d'amphipolis. Il craignait


gu'une fois ce gdnéral dans leurs murs, les Àmphipr-rlitains ue
ioulussent pluslien entendre, dans I'espoir d'être secourus du
côté de la mer par leurs aliiés et du côté tle la terre par les
troupes que Thucydiderassemblerait en Thrace. Brasi'Jas offrit
aoni deicontlitions moclérées. Il fit publier par un héraut que
ies amphipolitains et les athéniens qui se trouvaient dans la
vile siraiônt libres d'y rester, en conservant leurs biens et la
jouissance <le t'égalitécivile; que ceux à qui ces conditions ne
-convenaient
pas âuraient cinq jours pour sortir en emportant
leurs effets.
cYI. Cette proclamationproduisit un effet d'autant plus sen-
sible, qu,il y àvait peu d'Aihéniens dans la ville; le surplus se
composait d'oo. population mélangée; les prisonniers du de-
hors avaient beaùcôup de parents dans I'intérieur I enlin les
conclitions offertes paràissaiént équitables dans ce moment d'a-
Iarme. Les Athéniôns ne demandaient pas mieux que de sortir,
parce qu'ils se croyaient plus exposds que-les autres et comp-
iaient peo ror un piompt secours; Ie reste du peuple se voyait,
contre son attente, maiitenu dans sês droits et déIivré du dan-
ger. Déjà les affidés de Brasidas, témoins du ehangement de la
âultituâequi avait cessé d'obéir au général atbénien alors pré'
sent, ne se gênaient plus pour dire qu'il failaib .accepter ces
offres. La càpitulation fut donc conclue, et Brasid.as reçu aux
termes de sà proclamation. C'est ainsi qu'Amphipolis.fut Ii-
vrée. Ce lo.ur même, Yers Ie soir, Thucydide aborùa à ÉÏon
avec ses valsseaux. Brasidas venait d'occuper Amphipolis. Il
ne s,en fallut que d'une nuit qu'il s'empar'âtégalement d'ETon;
car, si la flottb ne s'y était portée avec célérité, au point clu
jour cette ville était Prise.
" 0YII. Après oela Thucydide pourvut à la streté d'Éion, soit
pour le môment en Ia mettant â I'abri d,'un coup de main de
brasidas, soit pour la suite en y établissantles habitants de la
ville hauie qui voulurent y transporter leur d.omicile en vertu
de Ia capitulàtion. Pour Brasidas, il se rlirigea immédiatement
contre ÉIoo, ao descenilant Ie fleuve avec un grantl nombre de
bateaux. son dessein était d'occuper Ia langue de terre qui s'a-
vance eu dehors des murs, ce qui i'ett rendu maitre de I'entrée
du fleuve. En même temps, it fit une tentative par terre; mais,
,epoussé sur les deux points, il-se contenta de mettre Amphi-
poii, .o bon état de défense. Myrcrne, ville d'Édonie, se sou-
init e lui après Ia mort de Pittacos, roi des Édoniens, qui fut
2tt8 GUERRE DU PÉtoPoxÈsu.

tué par les fiis ile Goaxis et par Brauro, sa propre femme. Ga-
lepsos et OBsymé, colonies de Thasos, ne tardèrent pas à se sou-
mettre aussi. Perdiccas, qui était venu joindre Brasidas immé-
iliatement après la reddition d'Amphipolis, lui fut d.'un grand
secourc dans ces diverses entreprises.
CYIII. La perte d'Amphipolis plongea les Athéniens dans une
profonde consternation. Cette place était pour eux d'une im-
portance majeure, à cause cles bois cle construction et des re-
venus qu'ils en tiraient. Auparavant les Lacédémoniensavaient
bien pu, en traversant la Thessalie, pénétrer jusqu'au Strymon
pour attaquer les alliés; mais, tant qu'ils n'étaient pas maiires
du pont, ils ne pouvaient franchir ce fleuve, qui forme un
vaste lac au-dessus de la ville, et d.ont i'embouchure, près
d'Éïon, dtait gardée par des vaisseaux. Désormais il n'y avait
plus d'obstacle, et I'on appréhenclait la défection des alliés. Bra-
sidas tenait la condr:ite la plus mesurée: il allait rdpétant par-
tout qu'il avait été envoyé pour affranchir les Grecs. Aussi les
villes- sujettes d'Athènel, informées de la prise d'Amphipolis,
des promesses de Brasidas et rle sa modération, se montraient-
elles disposées à se révolter. On I'appelait en lui envoyant de
secrets messâges ; c'était à qui s'insurgerait le premier.0n croyait
n'ayoir rien à craindre, et I'on ne se figurait pas la puissance
d'Athênes aussi grande qu'elle parut dans la suite; on la jugeait
d'après une passion aveugle et non cl'après une saine appré-
ciation. TeIs sont les hommes : ils croient volontiers ce qu'ils
clésirent et ne font usage de leur raisonnement que pour re-
pousser ce qui leur déplaît. Ajoutez à cela l'échec rdcent des
Athéniens en Béotie et les paroles plus séduisantes que véridi-
ques ile Brasidas, qui prétendait que les Athéniens devant
Niséa avâient refusé de se mesurer avec sa seule armée. Aussi
les alliés s'enhardissaient, dans la persuasion que nulne vien-
d.rait les attaquer. Le charme de la nouveautd, la pensée qu'ils
allaient mettre à l'épreuve le premier élan des Lacédémoniens,
les engageaient à tout risquer,
Instruits de ces dispositions, les Athéniens envoyèrent tles
garnisons dans toutes les villes, autant du moins que le per-
mettaient la brièveté du temps e[ la rigueur de la saison.
Brasidas de son côté soilicita de Lacédémone I'envoi de nou-
velles troupes, et se mit en devoir cle construire des trirèmes
surle Str;'mon. Mais ies Lacéclémoniens ne le secondèrent pas,
soit jalousie de la part rles principaur citoyens , soit désir de
recouyrer leurs prisonniers de l'Île et ile mettre fin à la guerre.
LIVRE TV. 24s
CIX. Le même hiver, les Mégariens reprirent sur les Athé-
niens leurs longs murs et les rasèrent. Brasidas, après la prise
d'Amphipolis, fit avec ses alliés une expédition contre l_e pays
qu'on appelle Acté r. C'est une presqu'Île qui s'avance tlans la
q,
mer Égèé à partir du canal du Roi et qui se termine par I'A-
thos, montagne fort élevée. On y compte plusieurs villes : Saué,
colonie d'Andros, sur le canal mêrne et tournée vers la mer
qui regartle I'Eubée; Thyssos, Cléones, Acrothoos, Olophyxos,
Dion, habitées par un mélange de nations barbar,es parlant
deux languess. On y trouve des Chalcidéens, mais la majeure
partie tle la population se compose de ces Pélasges-Tyrseniensr
qui jadis habitèrent Lemnos et Athènes, de Bisaltiens, de_Cres'
toniéns et d'Écloniens. Ces peuples sont ilisséminés dans de pe-
tites bourgades, dont la plupart se soumirent à Brasitlas. Sané
et Dion résistèrent; aussi ravagea-t-il leur territoire en y sd-
journant avec son armée.
CX. N'ayant pu les réduire, il marcha aussitôt contre Torone
en Chalcidique, place occupée par cles Athéniens. II était ap-
pelé par quàlques oitoyens de cette ville, disposés à la lui li-
vrer.-tt airivà de nuit, un peu avant I'aube, et prit position
près tlu temple tles Dioscures, à trois stacles tle la ville. La po-
pulation de Torone et la garnison athénienne ne s'aperçurent
pas de son approche; rnais ceux qui I'attentlaient sortirent fur''
iivement en petit nombre pour épier son arrivée. Dès qu'ils .

s'en fureni assurés, ils introduisirent dans leurs murs sept sol-
clats armés à la légère et munis seulement ile poignards. Sur
vingt qui avaient été désignés à cet eiÏet, ce furent les seuls
qui eurent le courage de pénétrer dans la place. -Lysistratos
d'Olynthe les comman{ait. Torone est bâtie sur le penchant
d'une colline. Ils se glissèrent sans bruit pan la muraille voi-
sine de la mer, gravirent jusqu'au poste le plus élevé, massa-
crèrent les gardei, et enfoncèrent Ia petite porte qui mène à
Canastréon.
CXI. Brasidas, après s'être un peu avancé, avait fait halte
avec le gros de sa tioupe et détaché centpeltastes, qui devaient
se jeter ôans la ville sitôt que les portes seraient ouvertes et
qu;on aurait élevé le signallonvenu; mais ce signal se faisait
aitendre. Étonnés de ce retard, Ies peltaste3 s'étaient insensi-
blement approchés tlelaville. Pentlant ce temps, les Toronéens
entrés avec les sept soltlats avaient enfoncé la petite porte et
ouver[ à coups de bache celle qui contluit à Ia place,publiqle'
par la premi[re ils introduisirent d'abord quelques solilats, afin
2bo GuERRE DU PÉLoPoNÈss'
habi-
d'efrayer des deux côtés par leur apparition souilaine les
tants.étrangerr au complôt; ensuite ils élevèrent, comme
oa
entrer le reste tles pel'
etrii *o".iu, Ie sigaal-ile feu, et lirent
tastes par la porte tle la place pullique'
CXfi. A I'aïpect de ce-signai, Brasidas s'élance à la course.
son armée se lèoe en poosiant un cri terrible, qui remplit la
oil. ar stupeur. Les uns pénètrent à l'instant par les portes; les
uotr., escaiadent àl'aicle âe poutres d'équarrissage, q.ui étaient
ioànoe.r contre Ie, mur dégiadé et qui servaient à élever des
pi;;; À..tinées à les répaier. Brasidas avec le gro-s de I'ar-
;;;t;; dirigea incontinent vers le baut de la ville, afin de s'as-
surerdes points culminants. Le reste de ses troupes se répandit
en tout sens.
Pendant qu'on prenait la ville, les h-abitants, tlont la
cfllI.
olupart ignoraient te comptot, étaient en grantl émoi'-Les traÎ-
i;.Ë ;; c[ntraire et ceux qui les approuvaient se joignirent sur'
le-champ au corps d'occupation- Une cinquantaine d'hoplites
pre-
athéniens se trouvaient couchés sur la place publique-. À la
*iet* alerte, Ies uns se mirent en défense et périrent les armes
a tu ,uio ; ies autreS se sauvèrent ou par terre o-u sur deux
uri.çu"* qui étaient en station. lls se réfugièrent tlans le fort
de Lécythos que les athéniens possétlaient, et qui occupe uns
étroit.
ùrgîoir terie sdparée du reste tle Ia ville pa1 un isthmeunasile
C*Ëa.. Toronéens qui leur étaient dévoués cherchèrent
--ôïiV.d'eux.
auprès
Le jour commencail à luire et Ia prise cle la ville était
accompli, Iorsque Brasidas adressa une proclamation
"o-iuit
aux Toronéens fugitifs-, pour les engager à rentrer chez eux
sans crainte d'être-inquiéiés. ll fit égafgment sommer les
Àthé-
ol.n, d,évacuer'Lécythos avec armes êt bagages, attenrlu que
cette place appartenait aux chalcidéens. Les athéniens répon-
dirent par un-iefus; mais ils demandèrent un jour tle trêve
pour
enlevei leurs morts. Brasidas en accorda deux. Il profità ile cet
intervalle pour fortifier les maisons voisines; les Athéniens en
firent autant cle leur côté.
Brasidas convoqua ensuite les Toronéens et leur répdtaà peu
près ce qu'il avaii ilit à ceux tl'Àcanthe: gu'il ne serait pas
citoyens ceux qui
iuste de regarder comme traltres ou mauvais
âvaient néiocié avec lui; car ils n'avaient pas agi par intérêt
ni dans le-but d'asservir leur patrie, mais au contraire, pour
assurer son bonheur et sa liberté; que ceux qui étaient tle-
meurés dtrangers à I'entreprise ne devaient pas s'attentlre à
LIYREIV. g5I

être moins favorisés que les autres; qu'il n'était venu pour la
ruine d'aucune ville ni d'aucun particulier; qu'il avait dans
cet esprit adressé une proclamation à ceux qui s'étaient réfu-
giés auprès des Athéniens et qui, pour leur être attachés, n'a-
vaient point perdu son estirne; qu'il ne doutait pas qu'après
avoir fait l'épreuve des Lacédémoniens , ils n'eussent pour eux
autant dtalfection, si ce n'est plus, en raison de leur droiture ;
que leurs craintes actuelles venaient de ce qu'ils ne les con-
naissaient pas. It les exhorta tous ensemble à être cles alliés
fidèles. a Désormais, ajouta-t-il, vous répondrez des fautes que
vous aurez commises. Pour le passé, nous ne nous plaignons
pas ; c'est vous plutôt qui avez droit de vous plaindre de I'op-
pression étrangère qui pesait sut yous et qui explique votre
résistance prdcédente. >
CXY. Lorsqu'il les eut ainsi tranquillisés et que la trêve fut
expirée, Brasiilas attaqua Lécythos. Les Àthdniens n'avaient
pour toute défense qu'un méchant rempart et tles maisons cré-
nelées; cepenrlant ils ne laissèrent pas de résister le premier
jour. Le lendemain , I'ennemi s'approcha æn poussant tlevant
lui une machine destinée à mettre le feu aux retranchements
de bois. Les Athéniens, qui s'attendaient à ce qu'elle serait
appliquée au point le plus faible, lui opposèrent une tour cle
bois, qu'ils élevèrent sur un édifice déjà existant. Ils y trans-
portèrent de grosses pierres avec quantité d'amphores et d.e
jarres pleines d'eau; enfin beaucoup d'hommes y montèrent I
urais tout à coup l'éclifice surchargé s'cffondra à grand bruit.
Ceux iles Athéniens qui étaient proches en conçurent plus de
chagrin que de crainte ; mais les autres et surtout les plus
éloignés, s'imaginant la ville prise sur ce point, s'enfuirent du
côté tle Ia mer et des vaisseaux.
CXVI. Brasiilas, voyant les créneaux abandonnés, accou-
rut avec ses troupes, stempara aussitôt clu rempart, et fit
main basse sur tous c'eux qu'il y trouva. Les Athéniens mon-
tèrent sur cles barques et sur cles vaisseaux, évacuèrent la place
et se retirèrent dans Ia Pallène. Il y a dans Lécythos un temple
de Minerve. Au moment tle livrer l'assaut , Brasidas avait fait
publier qu'il clonneraib trente mines d.'argent I au premier qui
escaladerait le mur. Attribuant la prise ilu fort à une puissance
surnaturelle, il déposa les trente mines clans le temple de la
cléesse; après quoi iI rasa complétement Lécythos et en consa-
cra Ie territoire à la divinité. Il employa le reste tle la saison à
organiser les villes qu'il avait prises et à former de nouveaux
252 GUERnE DU pÉLopoxÈsr.
p9ry tle conquête. Àvec cet hiver se termina la huitièrne an-
née cle la guerre.
cxrll. Dès le printemps_ de l'année suivante (o), les Lacé-
ilémoniens et les Àthéniens firent une trêve d'un aï.'Làs athd-
niens voulaient par là empêcher Brasidas d'erciter de nouveaux
soulèvements ilans les villes arlides, avantqu'eux-mêmes fussent
en mesure {r g'y opposer; ils pensaient qu,au besoiu cette
trêve pourrait être prolongée. Les Lacédémoniens pénétraient
à merveille leurs appréhensions. Ils espéraient qu'uprè, ce répit
apporté aux souflrances de la guerre, les Athéniàns seraient
plus enclins à la terminer par une paix. ttéfinitive et à leur
rendre leurs prisonniers. lls tenaient essentiellement à les re-
couvrer pendant que la fortune leur était encore favorable. Ils
sentaient bien que,.si Brasidas poussait plus loin ses avantages
et rdtablissait l'équilibre, leurs prisonniers seraient perduJet
eux-mêmes contraints de courir les chances de la iutte. Ils
conclurent donc, pour eux et pour leurs allids, la trêve sui-
vante r.
cxvIII. n En ce qui concerne le temple et I'oracle d'apollon
Pythien, notre avis est que. chacun puisse en user libren:ent,
sans dol ni crainte , conformément aui lois de nos pères.
- c,est
aussi I'avis des Lacérlcmoniens et de leurs al[éj ici présents.
Ilss'engagg-nt à faire l-eur possible pour obtenir, pr, rinirtèru
de héraut, I'adhésion rles Béotiens èt des phocéens.
< En ce qui coucerne les trésors du dieu, nous ne néglige-
rons rien pour en découvrir les spoliateurs, en toute drditùre
et justice, nous conformant aux lois cle nos pères, vous et nous,
de rême que ceux qui le vourlront, tous en conformité des
lois de nos pères.
a Les Lacérldmoniens et leurs alliés conviennent que, si les
Athéniens concluent la trêve, les deux partis demeureioui d.o,
leurs limites respectives, les uns et râs.autres conservant ce
qu'ils possèd,ent présentement. ceux ite coryphasionr ne tlé-
passeront pas une ligne de démarcation allant de Bouphras"à
Tomée o.Ceux ile Cythère ne communiqueront p", oo,
alliés, ni réciproquement. ceux de Niséi et de ùinoa "u.,
ne dc.
passeront pas la route qui va la porte de Nisos s au temple
-de
de Neptune et du temple de Neptune directement au pont de
Stlou, les Mégariens et leurs alliés ue dépassant pas n'on plus
ladite route ; les athéniens oonservant I'ile qu'ili ont priie r',

(a) Neuviême année dc la guerre, 423 av, J.-C.


LrvRE iY. 253

sansqu'il y ait aucune comlnunication entre eux cle part ni


d'autie, conservant aussi ce qu'ils possèdent présentement à
Trézène6, conformément à la convention intervenue avec les
Athéniens.
< Chacun aura I'usage tle ia mer le long de son territoire et
de ceiui de ses atliés , les Lacédémoniens et leurs alliés ne na-
viguant pas avec dcs vaisseaux longs, mais seulement avec des
bâtiments à rames du port de cinq centstalentsG.
< Les hérauts. ambassadeurs et toutes personnes de leur
suite, se rendant à Athènes ou dans le Péloponèse pour traiter
de la paix ou pour régler iles diflérends, iront et reviendront'
par mer ou par terre, sous assurance de la foi publique'
r< Il ne sera reçu pendanb la durée de la trêve aucun trans-
fuge, libre ou esclave, ni par vous ni par nous.
a On otïrira et on acceptera, de notre part et d'e la vôtre,
les sentenoes d'arbitres sonformément aux lois de nos pères,
les litiges étant vidés par voie légale et non par les armes.
c Tei est I'avis des Lacédémoniens et cle Jeurs alliés. Si vous
en ayez un meilieur ou plus équitabie, venez à Lacddémone
nous I'exposer. Àucune des propositions justes que Yous pour-
rez faire ne sera écartée par les Lacédémoniens et leurs aliiés.
Seulement, {u€ ceux qui viendront viennent avec cles pleins
pouvoirs, comne vous voulez que nour fassions de notre côté-
r< La trêve durera une année.
c Le peuple athénien, sous la prytanie de la tribu Acaman-
thitle , Phénippos dtant secrétaire, Niciaclès épistatet, sur la
proposition de Lachès, au nom de I'heureuse fortune des Àthé-
niens, a d,écrété :
s De faire un armistice aux conditions énoncées par les
Lacédérdoniens et leurs allids. Il a été convenu ilans l'assem'
blée que cette trêve sera d'un an à dater de ce jour, quatorzième
rtu môis Élaphébolions. Que, durant cet intervalle, des députés
et des bérauts se rendront chez I'un et chez I'autre peuple pour
coniérer des moyens de terminer la guerre. Que les généraux
et les prytanes convoqueront I'assemblée pour consulter avant
toute chose les Athénieos sur la question de la paixr lorsqu'il
se prdsentera une ambassade pour ia cessation tles bostilités.
Que I'ambassade actuellement présente s'engagera séauce
tenante, et par serment, à majntenir la trêve pour le terme
d'un au.
CXIX. q Cette convention faite avec les Athéniens et leurs
alliés a été conclue et jurée par les Lacédémoniens et leurs
Tgucvorue. 15
25t+ GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

aliiés le douze ilu mois Gérastien, style de Lacédémoner.Ont


contracté et fait les libations, pour les Lacédémoniens : Tau-
ros fils d'Échétimidas, Athénéos fils de Périclidas, Philocba-
ridas {ils d'Eryxidaïdas; pour les Corinthieus : Énéas fils d'0-
cytos, Euphamidas, fils d,'Aristonymos; pour les Sicyoniens :
Damotimos fils de Naucratès, Onasimos fils ileMégaclès; pour
les Mégariens : Nicasos fils de Cécalos, Ménécratès fils d'Am-
phidoros; pour les Epidauriens : Amphias fils d'Eupaïdas ;
pour les Athéniens : les généraux Nicostratos fils fle Diitré-
phès, Nicias fils de Nicératos, Autoclès ûls de Tolméos. r
Tels furent les termes de cette suspension d'armes, durant
laquelle il y eut des pourparlers en vue d'une paix définitive.
CXX. Dans le temps même qutavait lieu l'échange des rati-
fications , Scione, ville située tlans la Pallène, se détacha tles
Athéniens pour se donner à Brasiclas. Les Scionéens se pré-
tendent originaires de Peliène dans le Péloponèse r. À les en-
tenrlre, leurs ancêtres, à leur retour de Troie , furent assaillis
par la tempête qui rlispersa les Grecs , et jetés sur la côte où
ils s'établirent. Après leur défection, Brasidas passa cle nuit
dans leur viile. Il était précéilé par une trirème amie, et lui-
même suivait à distance dans un brigantin. C'était afin gue,
s"il rencontrait un bâtiment plus grancl que le sien, la trirème
prît sa défense ; et que, s'il se présentait un navire de force
égale, il s'attaquât cle préférence à la trirème en permettant au
brigantin de s'échapper. Àrrivé heureusement à Scione, il
convoqua les habitants et leur adressa les mêmes discours
qu'aux Acanthiens et aux Toronéens. Il ajouta qu'ils méritaient
Ies plus grands éIoges, eux qui , enfermds d.ans la Pallène par
les Athéniens qui occupaient Potidée, et rétluits pour ainsi d.ire
à l'état d'insulaires, n'avaient pas laissé tle courir au-clevant de
la liberté, sans attendre timidement que la nécessité les pous-
sât vers leur avantage manifeste I que c'était I'indice du cou-
rege avec lequel ils sautaient soutenir les épreuves les plus
fortes, une fois leurs alfaires réglées selon leurs væux; qu'il
les regarderait cornme les plus fidèles amis ile Lacédémone,
et qu'il ne manquerait aucune occasion de les honorer.
CXXI. Les Scionéens s'exaltèrent à ce langage et ne songè-
rent plus qu'à supporter hravement la guerre. L'enthou-
siasme se communiqua même à ceux qui, dans le principe ,
avaient désapprouvé le mouvement. 0n fit à Brasidas la ré-
ception la plus brillante. La vilie lui décerna une couroDDe
d'or comme au libérateur cle la Grèce. Les simples particuliers
LIVRE IV. 2b5
lui ceignaient le front de bandelettes et lui ofTraient, des pré-
mices comme à un athlète vainqueur. Pour le moment, il ne
leur laissa qu'une faible garnison et repartit; mais bientôt il
leur fit passer des forces plus considérables; car il avait I'in-
tention de faire avec eux une tentative sur Mencle et sur Poti-
dée. II pensait bien que les Athéniens ne laisseraient pas à
I'abandon un pays qu'ils regardaient comme une Île, et il vou-
lait prentlre les devants , en profitant iles intelligences qu'il
avait nouées dans ces villes.
CXXII. Pendant qu'il préparait ces entreprises, les ildputés
chargés cle promulguer I'armistice arrivèrent sur une trirème
auprès ile lui. C'étaient Aristonymos pour les Athéniens et
Athénéos pour les Lacéddmoniens. L'armée dtait repassée à
Torone. Les députés notifièrent la trêve à Brasiclas ; tous les
allids cles Lacédémoniens sur le littoral tle la Thrace donnèrent
leur adhésion. Aristonymos approuva en général ce qui s'é-
tait fait; mais quant aux Scionéens, il reconnut, en supputant
les jourS, que leur défection était postérieure au traité, et re-
fusa de les y comprendre. Brasidas, au contraire, soutintqu'elle
avait prdcédé et s'obstina à gariler cette ville. Dès qu'Aristo-
nymos en eut référé aux Athéniens, ceux-ci se montrèrent dis-
posés à sévir contre Scione. Les Lacédémoniens leur reprdsen-
tèrent par ambassade que c'était enfreindre le traité ; ils se
fondaient sur la cléclanation cle Brasidas pour tlétenir la vilie,
tout en oflrant ndanmoins de soumettre i'a{faire à un jugement
arbitral. Mais les Athéniens n'en voulaient pas courir la chance;
ils aimaient mieux faire appel aux armes, irritds que des peu-
ples maritimes osassent se révolter contre eux, en se confiant
dans la puissance continentale de Lacéddmone, frêle appui
pour des insulaires. Au reste, la vérité sur la tléfection de
Scione était plutôt conforme aux prétentions tles Athéniens;
car cette ville s'était insurgde deux jours après la conclusion
tlu traité. A l'instant, surla proposition cle CIéon, ils arrètèrent
ile tlétruire Scione, d'en mctre à mort tous les habitants, et
ne soup4èrent plus qu'à exdcuter ce décret.
CXHII. Sur ces entrefaites, Illende, coionie des lirétriens
dans la Pallène, se souleva contre les Athéniens. Quoiqu'eile
si donnât à lui ouvertement pendant la trêve, Brasidas crut
qu'il pouvait la recevoir sans injustice , parce qutii avait iui-
mtme quelques infractions à reprocher aux Athéniens. La
bonne volonté tle Brasidas et I'exemple ile Scione qu'il u'aban-
donnait pas accrurent I'audace des Menddens. D'ailleurs, Jes
256 GUERRE DU PELOPONESE

auteurs clu complot, étant peu nombreux, ne voulaient pas


renoncer à une ôrrtreprise si avancée; car une fois découverts,
ils n'étaient pius en sùreté. Ils poussèrent donc bon gré mal gré
le peuple à fa révotte. À cette nouvelle,les Athéliens toujo_urs
plu^s eiaspérds s'apprêtèrent à châtier ces deux villes. Brasitlas,
qui s'attendait à-ieur approche, tt transporte-r à.Olynthe en
ch"l.idiqoe les femmes lt les enfants cles scionéens et des
Mendéeni; puis il leur envoya cinq-cents hoplites du Pélopo-
nèse et troii cents peltastes chalcidéens, les uns et les autres
sous la coniluite rte Polydamidas. Les Athéniens ne pouvant
tarder à paraltre, les villes insurgées concertèrent ieurs moyens
de défense.
cxxlv. Pendant ce temps, Brasidas et Pertliccas réunirent
leurs forces pour faire un-e nouvelle expédition c-o1t1e Arrhi-
-Lyncestes.
béos, roi des Perdiccas menait avec lui les trou-
p., âu ses Etati de Macécloine , ainsi qug {gs hoplites tirés
cles villes grecques de ce pays. Brasidas, indépendamment du
reste tle I'aimée péloponésienne', avait encore desChalcidéens,
rles Acanthiens, èt les renforts que les autres villes lui avaient
fournis. Les hoplites grecs formaient un corps d'environ trois
mille hommrs; les civaliers macétloniens et chalcidéens réu-
nis étaient on peo moins de mille, sans compter.lne foule cle
Barbares. Parvenus sur les terres d'arrhibéos, ils trouvèrent
les Lyncestes campés pour les attentl-re ; eux-mêmes s'établi-
rent Ën face de l,ennemi. De part et d'autre, I'infanterie occu-
pait une colline; une plaine srétenùait au milieu. Les cavaliers
âes deux armées y deicenclirent et entamèrent I'action. Ensuite
les hoplited iles Lyncestes s'avancèrent les premiers ile la col-
line; Ët, réunis à leor cavalerie, ils_ s'apprêtèrent au .combat.
grasiaas et Percliccas marchèrent à leur rencontre, et I'enga-
gement devint général. Les Lyncestes furent mis en déroute'
in grand. nombie taillés en pièces I le reste se réfugia sur les
hauieurs et s'y tiut enrepos. Après cette action, leslainqueurs
dressèrent un trophée et attendirent tleux ou trois jours I'aÛi-
-mercenaires
vée des lltyriens qui devaient venir renforcer Per-
diccas. Ceiui-ci voulait qu'on marchât sur les villages d'Arrhi-
béos, au lieu de rester ilansl'inaction; mais Brasitlas, craignant
que Mencle ne ftt trop exposée si les Athéniens y aborclaient
avant son retour, et nà voyant point venir les lllyriens' se sou-
ciait peu ile rester tlavanta8e et s_ongeait plutôt à l_a retraite.
cxxy. Au milieu de ce ilissentiment, on apprencl tout à coup
que les lltyriens ont trahi Perdiccas pour se ioindre à arrhibéos.
T,IVRE IY. zot

Dès lors il n'y eut plus qu'une opinion sur I'opportunjté cle la
retraite; cat ôn craignait ces peuples belliqueux. \tailla mésin-
telligenée fut causJqu'on né {îia point I'heure du départ. La
nuit-étant survenue, les Macétloniens et la foule des Barbares
furent, on ne sait pôurquoi, saisis d'une de ces terreurs pa-ni-
qo., uo*quelles làs giands corps d'armée sont quelquefois
so1rt.. S'Jxagérant foilement le nombre tles enrtemis et per-
rordé* qu'ilJallaient paraître, ils se mirent soudain en fuite du
côté de leur puys. D'abord Perdiccas ne s'en aperçut point;
ensuite il fut entralné avant d'avoir vu Brasidas, car leurs
camps étaient fort éloignés I'un de I'autre. Au point clu jour.
Br.aËidas apprit à la fois Ie ttépart des Macédoniens et I'approche
des Illyriens unis à Arrhibéos. Il rassembla pronptement ses
hoplites,
-se les forma en carré,'Ilmit au centre les troupes légères
et ctiiposa à la retraite. désigua les plus jeunes soldats
pour sortir des rangs et courir sur tous les points-menacés; Iu_i-
*êr. avec trois ce-nts hommes rl'élite se plaça à I'arrière-garde
pour faire face aux premiers assaillants. Âvant que-l'ennemi
îtt à portée, ii adressa rapiclement à sa troupe I'exhortatiou
suivante :
CXXU. < Solclats péloponésiens, si je ne vous croyais inti-
miclés par la pensée d-e votre isolement et de la foule des Bar-
bares qui s'approchent, je me bornerais à vous encourager
.atrr aùtre expiication; mais le 6épart de nos alliés et la mul-
titucle cte nos ennemis me font un ilevoir de vous adresser en
peu de mots les exbortations et les conseils les plus indispen-
sables.
< Yotre fermeté dans les batailies ne tient pas à la présence
.constante de vos alliés, mais à votre bravoure personnelle et à
votre habitucle tle ne pas compter vos ennemis. Les Iitats d'ou
vous venez ne sont pas tle ceux oir la multitude commancle au
petit nombre; elle e1t soumise au contraire à la minorité, qui
ne doit ses privildges qu'à sa valeur guerrière.
< Ces Barbares que vous àppréhentlez faute tle les connaitre,
I'expérience que vôus avez faite cle ceux de Macétloine, mes
prop.es conjeôtures et mes informations, tout me prouve- qu'ils
ioni peu recloutables. Lorsqu'un ennemi, faible en réalité, s.e
présente avec une apparence de force, il suffit de savoir c,e qu'il
vaut ellectivement pour se défenclre avec pius de confiance;
tandis qu'en face d'adversaires cl'un mérite réel, l'ignorance
inspire une témérité tléplacée.
n Pour qui ne les connait pas, I'approche de ces Barbares
258 GUERRE DU pÉtoponÈsu.

est efïrayante. L'aspect deleur multitude épouvantel leurs


cris
assourdissent; la vaine agitation de leuri armes proâuit oou
impression de terreur. Mais, une fois aux prises uurt oo
uo-
nemi- qui ne s'e{lraye pa1 de ces ilémonstiations, ce ûe sont
plus les mêmes homrnes-. N'ayant point d'ordre de bataille,
ils
ne rougissent pasrl'abandonner leur poste dès qu'ils soni presses.
Pour eux, la fuite ou.fattaque, aussi honôrables lune que
l'autre, ne prouvent ni lâcheié ni valeur. chacun, n'ouJissant
qu'à s93 irypulsion personnelre, trouve dans son indépenaance
un prétexte plausible pour se sauver. Au lieu de joindre l,en-
nemi corps à corps, ils jugent plus pruclent de l,intimider de
loin; autreurent ils.auraient déjà fondu sur nous. yous voyez
doac que tout cet épouvantail, peu dangereux au fond, n'est
saisissant que pour les yeux et lès oreille-s.
(' Soutenez leur abord; et, le moment venu, repliez_vous
avec ordre et bonne contenance. Bientôt vour a.iiverez en lieu
str; et vous saurez désormais que ces horiles tumultueuses,
gqun{ on reçoit leur premier choc, se contentent d'étaler dé
loin leur.valeur-par des bravades impuissantes; mai* que, si
-qoigfl cède, elles font briller sans danger leu*ooru$u pu.
l'agilité
cle leurs pieds. r
cxxv[. Après cette exhortation, Brasidas mib son armée en
retraite. a cet aspect, les Barbares se jetèrent sur lui avec
gr11ds. c.ris et grand, tumulte, persuadés qu'il fuyait et ou'il
suffisait d,e I'etteindre pourl'anéantir. Mais quand,ïr" torrs te"
points, ils rencontrèrent les coureurs; quancl ils virent que
Brasidas leur tenait tête avec sa troupe d'élite; que I'armée,
après avoir contre leur attente essuyé leur premiu. àho., résis-
tait s'ils devenaient plus pressants et se r-epliait s'ils ralentis_
saien_t.leurs attaques; alors ils renoncè".ni pour la plupart à
assaillir en rase campagne les Grecs de Brasiâas. Ils laisièrent
seulement une partie des leurs pour inquiéter sa marche; les
autres coururent à Ia poursuite des Macédoniens et tuèrent tous
lgll qu'ils purent atteindre. lls réussirent aussi à occuper le
défiIé situé entre deux monticules à I'entrde du pays d,Arrhibéos.
Ils.savaient que Rrasidas n'avait pas d'autre isiue I et, tanclis
gu'il s'engageait clans ce dangereux passage, iis se rdpand.irent
alentour, afin de I'envelopper.
cxxvIII. Brasidas, devinant leur projet, ordonne à ses trois
cents ile courir tout.d.'un trait, sans garder leurs rangs, yers
celui des deux monticulesquilui paralt re plus facile à"enleuer,
et d'en déloger les Barbares, avant qu;on ftt errtièrement
LIVRE IV. 25e
et en
enveloppé. Les soldats s'élancent, balayent.Ie uramelon
iacilitenl I'accès au gros de i'armée' Depuis c-e moment' les
les
Baubare, oessèrent ia"poursuite. L'enlèvement.du mamelon
unuii .oorternés; d'ailieurs ils ne croyaient plus possible
d'at-
les Grecs aÛivds à la frontière. Une fois maitre des bau-
teintlre
iao.t, Brasidas continua sa marche sans obstacle; et ie même
ioot,'iipurvint à Antissa, première ville de la domination
de
per4iccas. Les solclats, irriiés du brusque départ d.es Macédo-
;;;;; dételaient et tuâient les bæufs qu'ils trouvaient sur la
route et faisaient main basse sur les bagages que les Macé-
doniens, clans la précipitation de leurretraite nocturne, avaient
abandonnés. Dèi c" loo" Perdiccas regarda, Brasidas. comme
qu'il
sonennemi, et, tourniat contre les Péloponésiens la baine
avait jusque-là nourrie contre les Athéniens' lI travaula' en
;;;ii â; ;'.s intérêts naturels, à s'assurer au plus tôt I'alliance
dei uns et fétoignement des autres ''
CXXIX. A son retour de Macédoine àTorone, Brasidas trouva
f.t etf":oitos déjà maîtres de Mend'e' Jugeani désormais im-
possible de pénétrer dans ia Pailène pour y porte-r secours, il se
iiniuo
- trpoi à Torone et mit cette ville en état tle détense.
p.oAuoi qu'il faisait son expédition dans le Lyncos, ies Athé-
niens avaient donné suite à leur projet d"envoyer une flotte
contre Mende et Scione. Cette flotie, forte de cinquante vais-
seauxl parmi lesquels dix de Chios, portait mille hoplites athé-
niens, iix cents archers, mille meicenaires thraces et d'au-
tr.r leftu.teslevés chez lés alliés du pav:: L:sS.9lél1T étaient
Siriir, fiIs de Nicératos, etNicostratôs, tls d.el)iitréphès.Partis
de Potidée, ils prirent tàrre près du temple de.Neptune et
mar-
chèrent contre jes Menddens. Ceux-ci, renforcés par trots cents
Scionéens et par }es Péloponésiens auxiliaires, en tout
sepf
cents hoplites sous les ordres de Polydamidas,. étaient campés
hors de la ville sur une colline escarpée' Nicias, à la- tête de
cent vingt Méthonéens armés à la ]égère, de soixante hoplites
athénienî d'éiite et de tous tes archers, essaya de gravir la col-
line par un sentier; mais il reçut une blessure et ne put se
faire jour. Nicostraios réitéra l'âltaque avec toute I'armée par
uo ctie*io plus longl mais, en abordant cette position diffrcile,
il fut mis dans Ie pius grand désordre, et peu s'en faliut que le
cette
reste de l'armée .r! t,ftïeiuit. Les Atbéniens, étonnés de
tùtittuo.t opiniâtre, se retirèrent et établirent un camp' La
ooit ounou., ies Mendéens rentrèrent dans leur ville'
crix. ie lendemain, Ies Athéniens tournèrent la côte et
260 GUERRE DU PÉtOPONÈSE.

allèrent aborder du côté qui regard,e Scione '. Ils s'emparèrent


du faubourg et ravagèrentla campagne durant toutelaJournde,
sans que personne s'y opposât1 c'est qu'il y avait de I'agitation
dans la ville. Pendant Ia nuit, les trois cents Scionéens s'en
retournèrent chez eux. Le jour suivant, Nicias, avec la moitié
de I'armée, se porta sur les limites de Scione et ravagea le
pays, pendant que Nicostratos, avec ie reste des troupes, blo-
quait Ia porte d'en haut, qui conduit à Potidde. Les Mendéens
et leurs auxiliaires se trouvaient postés dans cet endroit en
dedans des murs. Polydamidas les rante en bataille et les e:.-
horte à faire une sortie. Mais un homme de la faction du peuple
déclare qu'il ne sortira pas et qu'il n'a que faire de combattre.
Polyilamidas le saisit par le bras et le tire à iui; l'autre résiste.
Aussitôt Ie peuple furieux prend les armes, court sur les pélo-
ponésiens et sur leurs partisans et les met en tléroute. Effrayés
de cette brusque attague et voyant les portes s'ouvrir aux en-
nemis, les Péloponésiens se crurentvictimes d'un complot orga-
nisé. Ceux qui ne périrent pas dans la mêlée se réfugièient dins
la citadelle restée en leur pouvoir. L,armée athénienne tout
entière-Nicias était tevenu de son excursion-se jeta dans la
ville; et, 00mme celie-ci n'avait pas été ouverte par capil,ula-
tion, elle fut livrée au pillage, ni plus ni moins que si elle ett
été prise d'assaut. Ce ne fut pas sans peine que les généraux
empêchèrent le massacre des habitants. Après cela ils invitè-
rent les Meniléens à rétablir I'ancien ordre d,e cboses et à juger
eux-mêmes les citoyens qu'ils regardaient comme les auteurs
de la rébellion; enfin ils bioquèrent Ia citailelle en tirant un
mur d'une mer à I'au[re, et i]s y laissèrent des troupes de
siége.
CXXil. Matttes de Mende, ils marchèrent contre Soione. Les
habitants réunis aux Péloponésiens sortirent à leur rencontre
et prirent position en avant de la ville sur une éminence escar-
pée, dont les ennemis étaient obligés de s'enrparer avant de
commencer I'investissement. Les Athéniens assaillirent cette
éminence et en délogèrent ceux qui I'occupaient. lls y cam-
pèrent eux-rnêmes, érigèrent un trophée ei procéclèrent à ta
circonvallation. IIs étaieat depuis peu à I'ouvrage, lorsque les
auxiliaires assiégés dans la citadelle de Mende forcèrent lô poste
du bord de la mer et anivèrent à Scione pendant la nuit. Ils se
ddrobèrent pour la plupart aux Athéniens campés sous les murs
et s'introduisirent dans la place. '
CXXXII. Pendant qu'on travaillait à l'investissement cte
LIV.RE IV. 26I

scione, Perdiccas conclub, par le ministère d'un héraut, un


ur.o.d avec les généraux athéniens. II avait entamé cette négo-
.iution, en hainË de Brasiclas, immédiatement après sa-retraite
Jo iy"ror. Le Lacétlémonien Ischagoras était sur le point
rl'amener par terre des renforts à Brasidas. Dès que I'accord
avec Perdiccas fut conclu, Nicias pressa ce prince de tlonner
aux athéniens un gage de ûdélité I et, comme Perdiccas ne
aemandait pas mieu-x [ue de fermer aur Péloponésiens. I'accès
de ses ÉtatË, iI agit auprè* de ses hôtes de Thessalie, qui étaient
toulours les troftmes-les plus marquants. Par leur moyen, il
urréta la marche de I'armée et les préparatifs, si bien que les
eetofonesiens n'essayèrent pas mêm3 de traverser Ia Thessalie.
Cepeidant Ischagorai, Aminias etAristéus se rendirent tle leurs
puiroor., auprè"s de ilrasidas. IIs avaient mission des Lacédé-
moniens cl'exâminer ltétat des affaires, e'u amenaient avec eux
ile jeunes Spartiates, auxquels, contrairement à I'usage, -on
aevâit confier le gouvernement cles villes, afin qu'il ne ftt plus
entre les mains d"'hommes sans aveu. cléaridas, fils de cléony-
nros, fut établi gouyerneur à Amphipolis, et Épitélidasr, lils
d'Hégésantlros, à Torone.
cxxxlll. Le même été, les Thébains clémantelèrent la vi]le
de Thespies, sous prétexte qu'elle inclinait vers le parti Ùa-
-De
thènes. tout temps ils ivaient eu ce dessein. L'occasion
leur parut favorablel parce que la fleur de la jeunesse thes-
piennb avait péri tlans le combat livré aux Àthéniensr'
ce fut aussi dans le même été que le temple de Junon à ar-
gos fut incendié par I'imprudence de la prêtresse Chrysis, qui
iendormit après- avoir placé près cles guirlandes une lampe
allumée. Le ?eu prit sans quton s'en aperçtt, e-t le temple tout
entier devint la proie cles flammes. Chlysis,redo.utantla colère
des Argiens, se sauva cette nuit même à Phlionte' Les Ar-
giens, c=onformément à la loi, établirent une autre prêtresse'
io*ré. phainis. Lorsque Chrysis prit la fuite, il y avait huit
ans et clemi que la gueire était commencée'.
Sur la fin de fété; I'investissement de Scione fut achevé. Les
Athéniens y taissèrent des troupes ile siége, et Ie reste de leur
armée se retira.
cxxilv. L'hiver suivant, les Athéniens et les Lacédémoniens
se tinrent enr'epos par respect pour latrêve; mais les Mantinéens
et les Tégéates, uriirtér de 1eùrs alliés, se livrèrent un-combat
à Laodiciôn dans I'Oresthicle
r. La victoire fut intlécise : des deux
côtés, I'une des ailes eut I'avantage. Les deux partis clressè-
262 GUERRE DU pÉropoNùss.
I

rent un trophée et envoyèrent des ddpouilles à Delphes. Il est


vrai gue le nombre des morts-fut granil ile part et rl'autre, que
le succès fut balancé et que la nuit seule -sépara les combïr
tants_; néanmoins, les Tégéates bivaquèrent lur le champ cle
bataille et dressèrent un trophée rlans Ie premier moment, tandis
_quu:
les Mantinéens se retirèrent à Boucolion, et n'érigèrent
le leur que plus tard.
L'hiver tirait à sa fin et l'on touchait au printemps, lorsque
Brasidas fit une tentative sur Potidée. II s'e'n de nuit
et p_a,rvint à appliquer une échelle sans être"pptornl
âperçu. Il avait
profitd du moment où la sentinelle allait remettie Iâ clochette
à son plus procbe voisin, et n'avait pas encore regagué son
postet. Mais il fut découvert, et se retira promptoment sans
tenter I'escalad.e ni même attendre qu'il fît jour.
Là-dessus I'hiver finit, et avec lui la neuvième année ile la
gueme que Thucydide a racontée;
TIVRE V.

I)irièrne annëe d,e la guerre.- Les Attréniens erpulsent de leur îIe les
ch. tt-rn.- ÀmbaÈsade
Délions, ch. r.
- Cléon reprend Torone,
des Àthéniens en Sicile, ch. rv-v. Ciéorr marche contre Àmphi-
-
polis, ch. vr-vlrl. Earangue de Brasidas, ch. tx.
dÀmphipolisl mort- de Cléon et de Brasidas, ch. x-xr.- - Bataille
Dans
I'hiver, Ramphias part de Lacédémone avec des tenforts destinés à
I'armée de Thrace I les nouvelles pacifiques I'engagent à reblousser
chemin, ch. xu-xru. de paix, ch. xIy-xvtr.- Traité
de paix entre Àthènes- Préliminaires
et Lacédémone, ch. xvttt-xx.-Cléaridas
refuse de rendre Àmphipolis, ch. xxr. Alliance d'Athènes et rle
Lacédémone, ch. xxu-xxry.
-
année de la guerre.- Ob-
- laÙnzième
servations chronologiques sur durée de la guerre du Péloponèse,
ch. xxv-xxvr.-Les Àrgiens se mettent à la tête cl'une ligue opposée
aux Lacédémoniens, oh. xxvtr-xxvrrl. entre dans Ia
- Mantinée
ligue d'Ârgos, ch. xxrx.- Les Lacédémoniens essayent inutilement
d'engager Corinthe et la Béotie dans le traité de paix conclu par
eux avec Athènes, ch. xxx. Les Éléens, les Corinthiens et les
- d'Àrgos, cb.
Chalcidéens entrent dans la ligue xxxl.- Les Athêniens
reprennent Scione. Ies Tégéates et les Béotiens refusent d'accéder
à Ia ligue d'Argos, ch. xxxu. Expédition des Lacédémoniens
contre Pharrhasie, ch. xxxrrr.- -Récompenses accordées aux soldats
de Brasidasl dégradation des prisonniers de Sphactérie, ch. xxxn..
Prise de Thyssos par les Diens. ch. xxxv. Dans I'hiyer, intri-
-gues des éphores pour rompre la paix, ch. - xxxvr-xxxyrn.
Lacédémoniens concluent une alliance séparée ayec les Béotiens,- Les
ch. xrxrx. anruée de l,a guerre.
- Douzième ch.
Àrgos et Lacédémone, xr,-xtr. - Pourpariers
Béotiens
entre
rasent Patracton
-Les irrités à ce sujet contre
avant de le rendre aux Àthéuiensl ceur-ci,
les Lacédémoniens, conclueut une alliance avec Argos, Mantinée et
Élis, ch, xr,n-xlyrl. - Corinthe se réconcilie avec Lacédémone,
ch. xlvnr.- Itémêlés entre les Éléerrs et les Lacédémouiens au
sujet de Lépréon, ch. xr,rx-r.. Dans I'hiver, défaite des Héracléotes
-
par les (Etéens, ch. u.- Treizièrne année de la guerre.- Expé-
dition d'Alcibiade dans le Péloponèse, çh.llr. Guene entre Àrgos
et Épidaure, ch. Lur-l,rv. - Lacédémoniens
Dans I'trivern les en-
-
voient des secours aux Épidauriensl pour ce motif, les Athéniens
déclarent le traité rompu, ch. lvr.
- Quatorzième anrée de Ia
26/I GUERRE DU PELOPONESE.
guerre.- Dxpétlition des Lacédémoniens contre Àrgos; trève tle
quatre mois, ch. LvIr-Lx. - Reprise des hostilités. Les Argiens
s'emparent d'Orchomène et menacent Tégée, ch. lxr-lxu. Les
Lacédémoniens marchent
-
au secours des Tégéates, ch. r.xiu-lxrv.
de lVlantinée1 victoire des Lacédémoniens, ch. r,xv-l.xxrv.
-Bataille entre Àrgos et Épidaure, ch. r.xxv.
-paixIlostilités Dans l'hiver,
et alliance des Lacédémoniens et des Àrgiens, - ch. r.xxvl-uxrx.
d'Argos, ch. lxxx-r.xxxr.
- Dissolution de la ligue
année d,e la guerre. Révolution dénocratique à Ârgos- Qutnzièmc
- I alliance
de cette ville alec Athènes, ch. r,xxxrr. Dans I'hiver, expédition
-
des Lacédémoniens contre Àrgos et des Àrgiens contle Phlionte,
r-:h. r,xxxul. Seirième année de la guerre. Expédition des Athé-
niens contre - I'île de tr'Iélos, ch. lxxxrv. - Conférence entre les
-
tléputés athéniens et les tlléliens, ch. t-xxxv-cxrr.
eh. cxrv.- Dntreprises diverses tles Argiens, des - Siége de Mélos,
Athéniens, des
Lacédémoniens et des Corinthiens, ch. cxv.- Dans I'lriver, plise
de Mélos par les Athéniens; cruel traitement infligé à eette ville,
ch. cxvr.

I. L'été suiyant (a), la trêve tl'une année expirait aux jeux


Pythiquesr. Elle durait encore lorsque les Athéniens expulsè-
rent de leur lle les habitants de Délos, oomme coupables al'un
ancien déiit qui, suivant eux, entachait leur caractère sacré.
D'ailleurs ils trouvaient que ce point manquait encore à la
purification mentionnde ci-dessus2, et pour laquelle ils avaient
cru devoir enlever les tombes des morts. Les Déliens se reti-
rèrent en Asie, à Atramyttion, que Pharnacès leur donna;, et
ofi s'établireDt ceux d'entre eux qui le voulurent.
II. A l'expiration de Ia trêve, Cléon obtint des Athéniens
d'être envoyé sur le littoral tle la Tbrace ayec douze cents ho-
plites et trois cents cavaliers d'Athênes, un plus grand nombre
d'alliés et trente vaisseaux. Il toucha en premier lieu à Scione,
dont le siége clurait encore; et, après avoir renforcé son ar-
méed'un certain nombre d'hoplites tirés des assiégeants, il alla
descendre au port des Colophoniens t , à quelque distance de
Torone. Averti par des transfuges que Brasidas n'était pas
ilans la place et qu'elle avait peu de défenseurs; il marcha
contre elle avec ses troupes de terre, et détacha dix vaisseaux
pour pénétrer dans le port. Il s'approcha d'aborcl de la nou-
velle enceinte que Brasidas avait élevée pour annexer le fau-
bourg à la ville par le moyen d'une brèche pratiquée dans i'an-
cien mur.
(a) Dirième année de Ia guene, 4s2 avant J.-C.
LIVRE v. 265
III. Le commandant lacéclémonien Pasitélidas t I'attendait
derrière les remparts à Ia tête de la garnison ; cependant, la
vigueur ile I'attaque et I'apparition des vaisseaux détachés
contre le port lui firent craindre que si ces derniers trouvaient
la ville clégarnie et que Ie mur d'enceinte fût pris, lui-même
ne se vlt enfermé dans le faubourg. Il l'évacua donc pour se
porter à la course vers ia ville; mais il fut prévenu par les
Athéniens. Ceux de la flotte occupaient déjà Torone; I'armée
de terre, serrant de près les ennemis, se jeta avec eux tout
d'un trait dans la brèche de I'ancien mur. tTne par[ie cles Pélo-
ponésiens et des Toronéens périrent dans la mêlde; Ie reste
fut fait prisonnier, notamment Pasitélidas. Pour Brasidas, il
venait ar secours de Torone ; mais, informé en route qu'elle
était prise, il rebroussa chemin. lI ne s'en fallut que de qua-
rante stades qu'il n'anivât à temps. Cléon et les Athéniens éri-
gèrent deux trophées, I'un près du port, I'autre près du mur
d'enceinte. IIs réduisirent en esclavage les femmes et les en-
fants iles Toronéens ; Ies hommes furent envoyés à Athènes
avec les Péloponésiens etles Chalcicléens qui se trouvaient dans
la ville. En tout, ces captifs étaient au nombre de sept cents.
PIus tard, lorsque la paix fut conclue, les Péloponésiens furent
mis en liberté, et le reste échangé homme pour homme par les
Olynthiens.
Environ la même époque , Ies Béotiens prirent par trahtson
Panacton, forteresse athénienne, située sur les confins des
cleux pays. Cléon, après avoir mis garnison dans Torone, leva
I'ancte et cloubla i'Àthos, pour se cliriger sur Amphipolis.
IY. Vers le même temps, Phéax, lils d'Érasistratos, partit
avecde,ux raisseaux pour I'ltalie etla Sicile, ou il était iléputé,
lui troisième, par les Athéniens. Depuis que ceux-ci avaient
quitté la Sicile après I'édit de paoificationr, les Léontins avaient
accorilé le droit de cité à beaucoup de monde, et ie peuple mé-
ditait le partage des terres. Instruits ile ce projet, les riches
appelèrent les Syracusains et chassèrent le parti démocrati-
que. Ces bannis se clispersèrent çà et ià. Quant aux riches, ils
traitèrent avec les Syracusains, abandonnèrent leur ville, qui
clevint déserte, et allèrent s'établirent à Syracuse, qui leur
donna le titre de citoyens. PIus tarcl, quelques-uns d'entre eux,
mécontents de ce séjour, quittèrent Syracuse pour se retirer à
Phocées, quartier de ia ville cles Léontins, et à Bricinnies,
petit fort du même territoire. La plupart des bannis de la fac-
tion populaire vinrent les rcjoindre, et soutinrertt la guerre à
266 GUERRE Du PÉLoPONÈSE.

l'abri de ces remparts. Informés de cet état de choses , Ies


athdniens avaient député phéax pour engager les alliés de ces
contrées et, s'll se p_ouvait, les autres Gràcs de sicile, à réunir
leurs armes contre.syracuse et à sauver le peuple téontin.
son.arrivde, phéax rdussit à persuaderies-camarinéenÉ et
-les-a Agrigentins; mais ayant rencontré de I'opposition dans
Ggla-, il ne poussa pas plus roin cres démarches aoit it pressen-
tait la stérilité.:II revint à catane par le pays des siculÀ, visita
Bricinnies, releva le courage des habitants; et repartit.
Y. Dans sa traversée en sicile et à son retour, phéax essaya
d'engager q_uelques villes d'Italie dans I'alliao.é a eit ones.
rencontra des Lo-criens, erpulsés de Messine, otr ils s'étaient
Ii
établis à la suite de la pacilication cre la sicile. î cette dpoque,
fun des rleux partis qui divisaient Messine avaient appelé les
Locriens; ceux-ci avaient envoyé une colonie dans ceiie ville,
dont ils étaient devenus les màitres pour un certain temps,.
Phéax,. les ayant donc rencontrds , n-e reur fit aucun
il venait de conclure alliance avec les Locriens e au nom id,a-
mal car
thènes. c'étaient ies seuls alliés gui, lors de la pacili.ution
ae
la sicile, n'eussent pas traitd aver tôs Athéniens; meÀe alorc
ils ne I'auraient pas fait, s'ils n'eussent eu ,ur ies bras une
guerre contre ies Itoniens et les Méldens, jeurs voisins et leurs
colons. Phdax revint ensuite à Athènes.
cepenclant cléon, après avoir quitté Torone, avait cin-
-YI-
_D'Éion, il était allé artaquô" sirgi.e,
glé contre Amphiporis.
colonie des Andriens. Il ne I'avait point prise;ïaisli avait
emporté d'assaut Galepsos, colonie àes Thasieor. ti avait en-
voyé un_e première députation à perdiccas, rui demander, aux
termes du traitd, de venir Ie joindre avec des troupes, et une
seconde en Thrace aup,rès.de
foLè-r, roi des Odomântes, p'ùr
qu'il ame_nât le plus possible de Thraces mercenaires. En at-
tendant, il restait cantonné à Éion.
Instruit de ces détails, Brasidas alla se poster en face des
athdniens., au-dessus d.e cerdylion. c'est unô place rfpurirount
aux Argiliens et située sur une éminence , de I'autrà .ôto
oo
fleuve', à peu rle distance d'Amphipolis. û. .u
foint curmi-
nant, ses regards plongeaient sur toute Ia conirde environ-
nante, en sorte que cléon ne pouvait lui cacher aucun de ses
mouvements. Brasidas avait bien prévu que, dédaignant le
petit nombre de ses troupes, il monterait i emphipo"lis avec
les seules forces qu'il avait sous la main. Lui-même'se ména-
geait un renfort ile quinze cents Thraces mercenaires et
appe-
LTVRU V 267

II
lait la levée en masse des Édoniens, peltastes et cavaliers'
uuuit *itt. peltastes myrciniens ou..c-halcicléens' sans compter
;;;; e; ienaroit, .oui.oo deux miile hoplites elln ' trois
troupes' Brasiclas '
ne prit avec lui
cents cavaliers grecs. De ces
ooÀ quiot* cenis hommes , lorsqt'il vinb camper
sur les hau-
;.;;ilô;rdyli;". Le resr'e étaii à Amphipolis sous les ordres
ile Cléaridas.
YII.CIéonneremuaitpasencore;maisenfinilfutobligé
fatigués
6e faire ce que Brasidas aitendait. En effet ses solclats,
iouËtiorr, se prirent à consi6érer comment iI les
allait
à; i;;;
a' .o*fi.o a'expérience et d'auclace il opposerait
son
*"ï"i-.; ils
il;ùi; ;i ;t pusillanimi-é; enfin avcc quelle répugnance
quittélïurs foyers pour le suivre. Informé de ces mur-
""ri."t
mures) C'léon ne voulut pai que ses soldats s'ennuyassent
de

leur iÉmobilité. Il leva le carnp et se mit en marche' La ma-


n*oor. qu'il employa fut la même.qui lui avait réussi à Pylos
et lui avait fait r*it* à son génie. li pensait que pelsonne
simple explo-
nioserait i'attaquer. II montait, disait-il, pour une
;tiil"; s'il attônclait du renfort, ee n'était pas.po-ur'-:'assurer'
eo tai d'engagement, Ia supériorité du nombre' mals pour
investir
-- la pùcé et I'emporter de haute Iutte'
Il s'avança donc et prit position en face cl'Amp,hipolisle sur
une collineïscarpée; puit iialla jeter un coup d"'æil.sur lac
de Thrace.
formé par Ie strymon' et sur le sitê tle Ia ville du côté
tl croyïit poooôi" à son gré se retirer sans combat' Personne
ne se montrait sur les murs; personne ne sortait des portes'
[ul toutes étaient fermées. Âuisi regrettait-il de n'avoir pas
la
amené tles machines, s'imaginant qu'il aurait pu
prendre
ville, tlans I'abandon où elie se trouvait'
YIII. Pour Brasid,as, il ne vit pas plus tôt les,Athéniens en
mouvement, qu'il descéndii des hauteurs cle Cerdylion
et.rentra
rléploye.r
àans Amphipôtis. Il renonça à fairedes sorties et à se
devant tËs Àtne"iens. Il *Ë aOfiuit de ses forces et les croyait
pres-
trop inférieures? non pas en nombre (elles se balançaient
.o qhutiiO'; en-e{Iet athénienne était exclu-
quô1, mais {.uITét
s=ivemeot compàsée ae milices d'Athènes et tles
meilleurs sol-
rlats d.e Lemnos .i ai*l*s. Il méditait un stratagème.
s'il
étt montré I'effectif de ses troupes et leur chétive tenue' il
à la
aurait eu moins de chances de vaincre qu en les tlérobant Il
fontlé'
vue et en laissant ttt ltneoiens dans un mé-pris mal
cboisibilonccent.inqo'nt.hoplitesetconfialeresteàCléa-
ri6as. Son ilessein étàit cl'attaquer subitement les Athéniens
268 GuERRE Du PÉLQPoNÈss.

avant leur retraite ; car il ne croyait pas qu'il fùt possible' lors-
qu'ils auraient reçu leurs renforts, de les trouver une autre
fois réfluits à eux-mêmes. Ayant tlouc rassemblé ses soldats
pour les animer et leur exposer son projet, il leur parla en ces
t*il].t
sorrrats péloponésiens, je pourrais simplement vous
rappeler que nous venons d'une contrée-toujours libre.par son
ro|iugr, ït qoe Doriens vous allez combattre ces loniens que
vous àvez tant de fois vaincus. Mais je veux vous exposer mon
plan d'attaque, afin que vous ne soyez pas découragés ^par la
pensée qoel,ai tort dè n'engager qu'une pertie de mes forces.
' c C'eit sans cloute par mépris pour nous et dans I'espoir que
nul ne sortirait à leur rencontre, que les Athéniens sont montés
sur la colline, ou, sans aucuû ordre, ils contemplent en pleine
sécurité le paysage qui s'olÏre à leurs yeux. Lorsqu'on aperçoit
de telles fàuies chez un ennemi et qu'on mesure ses forces
pour I'attaquer, non pas ouvertement ni en bataille raugée,
mais en tirânt parti dés circonstances, on est presque assuré
du succès. Ruses glorieuses, par lesquelles en trompant ses
adversaires on rend les plus grands services à ses amis'
< Ainsi, pendant qu'ils sont encore plongés dans. une con-
fiance av.ogh et qu'iis songent plutôt à se retirer qu'à-s'établir,
je veux prifitet d-e leur inad,vertance, et, sans leur laisser le
iurpr de ]a réflexion, les gagner, s'il se peut, d.e vitesse en me
letant avec les miens sur le centre de leur
armée.
< Pour toi, Cléaridas, quand' tu me verras' aux priscs avec
eux, les frapper probablement d'épouvante, prends avec toi
tes soldats, cèox ô',+mphipolis et les autres alliés; fais brus-
guement ouvrir les portàs; sors à la course, et viens^au plus tôt
me rejoindre. Ton âspect ne peut manquer de 1es efTrayer; car
un nôuvel ennemi elt bien plus formidable que celui qui est
cn présence et déjà engagé. Montre-toi courageux en vrai
Spartiate.
'( Et yous, alliés, suivezle résoltment- Songez que pour la
victoire trois choses sont nécessaires : la volonté, I'hoûneur,
la subordination. si en ce jour vous faites preuve de bravoure,
vous pouvez compter sur lâ liberté et sur I'alliance de Lacédé-
sinon, esclaves d'Athènes, - à supposer que vous ne
monel'pas
soyeu Yendus ou mis à mort,-vous sentirez le. joug s'ap-
pesantir sur yos têtes, et vous aurez entravé la délivrance d.u
reste des Grecs.
o Mais non, vous ne faiblirez pas; Yous penserez au prix tle
LIVÂE V. 269
la lutte;. et mor je ferai v-oir que, si je sais exciter les autres,
je ne suis pas moins capab)e d'agir. r
X. Àprès ces paroles, Brasidas prdpara sa sorbie et plaça le
surplus de ses troupes, sous C!éaridas, aux portes dites de
Thrace, avec ordre de marcher quand il en serait temps. Cepen-
dant on avait vu Brasidas ilescendre des hauteurs de Cerdylion
et rentrer clans la ville, qui est toute à découvert. On le voyait
distinctement faire un sacrifice devant le temple de Minerve t
et achever ses dispositions. Cléon était allé en reconnaissance,
lorsqu'on lui annonce gu'on discerne dans la ville toute I'ar-
mée ennemie, et que par-dessous les portes on voit les pieds
rles chevaux prêts à sortir. Sur cet avis, il s'approche I et, après
avoir vérifié le fait, ne voulant pas risquer le combatavant I'ar-
rivée de ses auxiliaires, persuatlé cl'ailleurs qu'il avait le temps
d'opérer sa retraite, il commande le départ. La seule manceuvre
praticable était cle se replier par la gauche sur Éïon. Cléon en
donne I'ordre; mais, trouvant dans ce mouvement trop de len-
teur, il fait tourner I'aile ilroite et emmène I'armée en présen-
tant àI'ennemile flanc découverte. Alors Brasidas, qui voit I'in-
stantpropice et un certain flottement dans I'armée athénienne,
dit à ceux qui I'entouraient: u Ces gens ne nous attenclent pas;
on le voit assez à I'agitation de leurs lances et au mouvement
de leurs têtes; d'ordinaire, ceux qui font cette contenance n'at-
tende_nt pas I'ennemi. Qu'on ûl'ouvreles portes que j'ai dites, et
marchons à I'instant sans crainte. :r
Là-clessus il sort par la porte voisine de la palissade et par
la première de Ia longue muraille qui existait alors 5.Il s'élance
à Ia course, en ligrre clirecte, vers I'endroit le plus escarpé, otr
se trouve ac[uellement uu trophée. Il se jette sur le centre des
Athéniens , effrayés de leur désorrlre, confondus de son au-
dace, et les met en déroute. En même temps Cléaridas. d'a-
près le plan concerté, sort par les portes de Thrace et débouche
avec le gros cle l'armée, Sou attaque brusque et imprévue
achève de semer le trouble parmi les Athéniens. Leur aile
gauche , déjà bien avancée vers Eïon, se rompt à I'instant.
Brasidas la laisse fuir et se rabat surl'aile droite; mais là il est
blessé et tombe sans que les Àthéniens s'en aperçoivent. Ceux
qrri I'entouraient le relèvent et Je rapportent dansla ville. L'aile
droite des Athéniens tint plus longtemps. Pour Cléon, qui n'a-
vait pas songé un seul instant à rester , il s'enfuit au plus vite;
nrais il fut atteint et tué par un peltaste myrcinien. Les hoplites
se concentrèrent sur la colline, soutinrent deux ou trois charges
270 GUERRE DU PELOPONESE.

de Cléaridas , et ne plièrent que lorsque la cavalerie myrci-


nienne et chalcidéenne, j,ointe aux peltastes, Ies eut envelop-
pés, criblés de traits, et finalement mis en déroute.
C'est ainsi que toute I'armée atbénienne se sauva, non sans
peine, et se rlispersa en tous sens à travers les montagnes. Ceur
qui ne périrent pas sur.le-champ dans la mêlée, ou plus tard
sous les coups de la cavalerie chalcitléenne et des peltastes,
trouvèrent un refuge à Éîon.
Cepentlant ceuxqui avaient relfré Brasialas le rapportèrent,
encore vivant, du champ de bataille à Amphipolis. II eut le
temps d'apprenclre sa victoire, avant de rendre le dernier sou.
pir. Le reste de I'armée, revenu de la poursuite aveo Cléariclas,
dépouilla les morts et dressa un trophée.
XI. Après cela, tous les alliés assistèrent en armes aux funé-
railles de Brasidas. Il fut enterré aux frais ilu public clans la
ville, à I'entrée de la place actuelle t. Les Amphipolitains en-
tourèrent son tombeau d,'une balustrade ; ils lui offrent des vic-
times comme à un héros, et ont institué en son honneur des
jeux et des sacrifices annuels. Enfin , ils lui ont dédié la colo'
nie comme à son fondateur, après avoir renversé les monu-
ments d'Hagnons, et fait disparaitre toutes les traces de son
établissement. Iis regardaient Brasidas comme leur sauveur.
C'était d'ailleurs, sur Ie moment, un hommage rendu à Lacé-
démone, rlont ils se méuageaient alors l'alliance et I'appui , tan-
dis qu'ennemis d'Àthènes, ils n'avaient plus le même intérêt
ni le même plaisirà honorer Hagnon. IIs rendirent leurs morts
aux Athéniens. La perte de ces derniers dans cette journde avait
été de six cents hommes, celle des ennemis seulement de sept;
en effeb, ce ne fut point un combat régulier, mais une simple
rencontre précédée d.'une panique. Après I'enlèvement des
môrts, Ies Athéniens mirent à la voile pour Athènes. Cléariilas
réorganisa I'administration d'Amphipolis.
XII. Sur Ia fin du mêrne été, Iès Lacddémoniens Ramphias ,
Autocharidas et Épicydiclas partirent, ayec un renfort de neuf
cents hoplites. pour Ie littoral de la Thrace. Arrivds à Héraclée
en Trachinie, ils opérèrent dans cette ville les réformes gui
leur parurent inclisponsabies. IIs y étaient encore à I'époque de
la bataille cl'Amphipolis. Là-clessus l'étd finit.
XIII. Dès I'en[rée cle I'hiver suivant, Ramphias et ses collè-
gues s'avancèrent jusqu'à Piérion en Thessalie ; mais I'opposi-
tion tles Thessaliens et Ia mort de Brasidas, auquel ce renfort
était destiné, Ies tléciclèrent à rebrousser chemin. Ils estimaient
LIVRE V. 271

leur mission superflue clepuis Ia défaite et la retraite d.es Athé-


niens, et ils ne se sentaient pas capables de poursuivre à eux
seuls les projets de Brasiclas. Ce qui acheva de les déterminer,
ce fut qu'à leur clépart les Laoédémoniens leur avaient paru
animés d'intentions pacifi qu es.
XIY. Âussitôt après Ia bataille d'Amphipolis et la retraite de
Ramphias tle Thessalie, les deux partis se montrèrent égale-
ment las de Ia guerre et clésireux de la paix. Les Athéniens,
qui venaient d'essuyer coup sur coup deux tléfaites, à Délion
et à Arnphipolis, n'avaient plus dans leurs forces cette con-
fiance absolue qui naguère leur avait fait repousser les ouver-
tures cle conciliation et les avait persuaclés de la stabilité de
leur fortune actuelle. lls craignaient que leurs alliés, enharclis
par ces revers, ne fussent toujours plus enclins à la cléfection,
èt ils regrettaient de n'avoir pas profité des événements tle
Pylos pour traiter avec avantage. De leur côté , les Lacétlémo-
niens voyaient Ia guerre prend,re une tournure tout autre qu'ils
n'avaient espéré. Ils avaient cru n'avoir qu'à ravager I'Attique
pour abattre en peu d'années la puissance des Athéniens. Au
lieu de eela, ils avaient éprouvé à Sphactérie un tlésastre sans
exemple dans les annales de Sparte ; leurs campagnes étaient
pilldes par les garnisons d.e Pylos et de Cythère I leurs Hilotes
désertaient, et il était à craindre que ceux de I'intérieur, donnant
la main à ceux clu dehors , ne saisissent la première occasion
pour renouveier leurrévolte. De plus, la trêve detrente ans con-
clue avec lesArgiens était sur le point d'expirer, et ceux-ci refu-
saient de la proroger à moins qu'on ne leur renclÎt la Cynu-
rier. 0r, il paraissait impossible de soutenir à la fois Ia
guerre contre Athènes et contre Argos. Enfin ils soupçonnaient
àveo raison certaiues villes tlu Péloponèse cl'incliner vers les
Argiens.
XY. lout cela faisait sentir aux uns comme aux autres la
nécessité d'un rapprochement. Les Laoédémoniens su_rtout le
rtésiraient à iause de leurs prisonniers de I'île, clont plusieurs
étaient des Spartiates du premier rang et alliés aux meilleures
familles. Aussi des négociations avaienb-elles été entamées
dès l'origine cle leur captivité; mais les Athéniens, enorguei.l-
lis tle làurs succès, s'étaient montrés intraitables. Depuis la
malheureuse affaire tle Délion, les Lacétlémoniens, les voyant
mieux disposés, s'étaient empressés de conclure aYec eux la
trêve cl'un an, pendant. laquelle on tlevait ouvrir cles confé-
rences pour une paix cléfinitive.
272 otJ[RR[ lu pdroponnsu.

ïVI. Âprès la ddfaite des Athdniens à Amphipolis. anrès ta


rnofi ds Cleon et de Brasidas, les deul plusfougonor'prrti*rn*
ile la guerrê,
- I'un, parce qu'il rui deiait rer"trio.ffi .t ,a
fçloire, I'autre, parce qu'il sentait qu'en temps calme, ses pré_
varications seraient plus flagrantès et ses calomniôs môins
écoutéesr-les hommes qui, dans les deux villes, aspiraient à
jouer le premier rôle, savoir plistoanax,, fils de pâusanias,,
roi
des Lacédémoniens, et Nicias., fils de liicératos, re plus heu-
reux des généraux de cette époque, dlevèrent la voixbn faveur
de la,paix. Nicias voulait, pendànt que sa renommée était en-
core intacte, mettre son bonheur à àouvert, procurer quelque
à sa patrie e.t_a.lui-même, enfin, s'assu-rer la répitation
Irpg:
de n'avoir entraîné l'État dans aucun malheur. pour cet elfet,
il avait besoin d'écarter les dangers et de s'exposer le moius
possible; la paix lui était tlonc indispensable.
duant à plistoa-
nax, il était en butte..aux attaques de ses ennemis, qui ne ces-
saient d'attribuer à I'illégalité.de son retour tous lei revers de
Lacédémone. lls I'accusaient d'avoir, conjointement avec son
frère_Aristoclès, suborné la pythie, pour qu'elre réponclît aux
Lacéclémoniens chargés de consulter Ioracré de Delpîres, qu'ils
eussent à rappeler de la terre étrangère dans sa palrie la race
du ilemi-clieu, flls de Jupiterr, sous peine de labourer aveo un
soc d'argente. Ce Plistoanax avait été exilé dans le temps
comme suspect d'a'/oir reçu des présents pour évacuer I'Atii.
que. IIs'était réfugié sur Ie mont Lycée, ou, par crainte des
Lacédémoniens, iI habitait une maison à moitié attenante au
temple de Jupiter t. Au bout de drx-neuf ans , conformément
à I'oracle, il fut enfin rappelé par les Lacédémoniens, qui fêtè-
rent son retour par les mêmes chæurs et les mêmes sàcrilices
que lors de la fonclation de Lacédémone et de l'insta[ation de
leurs premiers rois. Fatigud de ces clameurs, et persuadé que
le rétablissement de Ia paix e[ ]a délivrance des prisonniers
ôteraient à ses ennemis toute prise contre lui, au- lieu qu'en
temps de gueme Ie, mauvaise fortune est invariablement impu-
tée aux chefs, Plistoanax travaillait de tout son pouvoir à ine
solution pacifique.
XYII. Pendant tout I'hiyer et jusqu'à I'approche du prin-
t-emps, les pourparlers continuèrent. En même temps, les iacd-
clérnoniens, afin de rendre les Athéniens plus traitablesr agi-
tèrent I'épouvantait cle préparatifs guerriers, et firent savoii à
_tgu_tes
les villes qu'ils allaient construire des forts en Attique.
llnfin, après maintes conférences, maintes prétentions élevées
LIVRE V. 273

de part et d'autre , on tomba d'accord ile faire ia paix à concli-


tion que chacun restituerait ce qu'il avait acquis par lesarmes.
Niséa seule resta aux Àthéniens, et voici pourquoi. Lorsqu'il
fut question tle renalre Platée, les Thébains soutinrent qu'elle
s'était soumise de gré et non de force, en vertu d'une conven-
tion libre et non par trahison. Les Athéniens en tlirent autant
tle Niséa.
Les Lacédémoniens convoquèrent leurs alliés. Tous votèrent
pour la paix, excepté les Béo1iens, les Corinthiens, les Éléens
et les Mégariens, !1ui en désapprouvaient les conclitions. Le
traité fut conclu et ratifié par l'échange cles libatrions et des
serments , entre les Athdniens et les Lacédémoniens. En voie i
la teneur :
XUII. a Les Àthéniens et les Lacédémoniens, ainsi que leurs
alliés, ont fait la paix aux conditions ci-après indiquées et clont
chaque ville a juré I'observation.
< En ce qui concerne les temples communs t, chacun pouma
s'y rendre, sacrifrer, consulter les oracles, assister aux fètes,
conformément aux usages de nos pères, soit par terre, soit par
mer, sans crainte de clanger.
< En ce qui concerne I'enceinte et le temple d'Apollon à
Delphes , ainii que les habitants tle Delpbes, ils seront inrlé-
penilants, affranchis cle tout tribut et de toute juridictionétran-
-gère,
eux et leur territoire, conformément aux usages de nos
pères.
c La palx ilurera cinquante ans, entre les Athéniens et leurs
allids d'une part,les Lacédémoniens et leurs alliés il'autre part,
sans dol ni fraude, soit sur terre, soit sur mer.
e Tout acte tl'hostilité est intertlit aux Lacédémoniens ei à
leurs alliés eûYers les Athéniens et leurs alliés , ainsi qu'aux
Athéniens et à leurs alliés envers les Lacédémoniens et leurs
alliés.
c s'il s'élève entre eux quelque clifférencl, ils auront recouts
aux voies légales et aux sermeûts, et Se conformerOntauxtran-
sactions qui seront intervenues.
c Les iacédémoniens et leurs alliés rendront aux Athéniens
Àmphipolis.
a-Da-ns toutes les villes restituées par les Lacédémoniens
aux athéniens. les habitants seront libres de se retirer otr bon
leur aemblera, en emportant ce qui leur appartient. ces villes
se gouverneront d'apiès leurs prôpres lois, en payant le tribut
tel-qu'il a été fixé du temps drAristider. La paix conclue, les
274 GUnBRE DU pÉLopoNÈsE.

,{theniens etleuru allidss'abstiendront de toute hostiliti contre


ces villes, à la condition qu'elles payent leilit tribut. ces viiles
sont Argilos, Stagire, Acanthe, Scolosr, Olynthe, Spartolos.
Elles ne seront alliées ni de Lacédémone, ni âuthénei. Toute-
fois, si les athéniens-les persuadent d'entrer dans leur alliance,
elles le pourront de leur pleingré.
c Les. Mécyberniens , les sanéens, les singiens resteront en
possession de leurs villes, ainsi que tes olynt-hiens et les
Acan-
thiens.
a Les Lacéclémcniens et leurs alliés rendront aux Athéniens
Panacton. Les Athéniens rendront aux Lacédémoniens cory-
phasion, cythère, Méthone, ptéléos et atalante. Ils renclroit
également tous les Lacédémoniens qui sont détenus à Athènes
ou tlans tout autre lieu de la domination athénienne. Ils laisse-
ront libres les Péloponésiens assiégés dans scione, tous les al-
liés des Lacédémoniens- qui se troùvent dans cette place, tous
ceux que Brasiclas y a fait passer, enfin tous les alliés des La-
céclémoniens qui se trouvent détenus à Athènes ou dans tout
autre endroit de la domination athénienne.
< Les Lacédémoniens et leurs ailiés rendront pareillement
tous ceux iles athéniens ou cle leurs aliiés qui sonl entre leurs
mains.
< Quaut aurvilles tlescione, de Torone, de sermyré etautres
au pouvoir des athéniens, ceux-ci seront libres d'ei clisposer à
leur gré.
( Les Athéniens s'obligeront par serment enyers les
Lacédé-
moniens et chacun de leurs allids. De part et d'autre, on prê-
tera le serment réputé re prus sorennei dans chaqu" iitrr. Lo
formule sera conçue en ces termes : r Je serai fidèie uo"
a ventions et stipulations du préseut traité en toute "oo-
( sans aucune fraude. l iustice et
r Les Lacéclémoniens et leurs alliés s'obligeront par serment
de la même manière envers les Athéniens.
u ce serment sera renouveré chaque année par
res parties
contractantes. Il sera gravé sur des éolonnes pùcées abtym-
qir, à Delphes, à I'Isthme, à Athènes dans I'acrop.l;; t iace-
démone dans I'Amycléonr.
n si quelque omission a étd faite par I'une ou par
I'autre des
parties contractantes, il sera loisiblÀ aox AthéniËns
et aux La-
cédémoniens rle modifier sur ce point les conventions-apre,
qu'ils seront mis d'accord.
XIX. c Le traité date cle l'éphorat rleplistolas, le suatrième
LIVRE V. 2t5
jour de Ia dernière décatle tlu mois Àrthémisient ; à Athènes,
de I'archontat d'Alcéos, le sixième jour cle la tlernière décatle
du mois Élaphébolion.
c Ont juré et fait les libations, pour les Lacédémoniens :
Plistolas, Damagétos, Chionis, Métagénès, Acanthos, Daithos,
Ischagoras, Philocharidas, Zeuxidas, Antippos, Teilis, Alcini-
clas, Empédias, Ménas, Laphilos; pour les Àthéniens : Lam-
por r Isthmionicos, Nicias, Lachès, Euthytlémos, Proclès,
Pythodoros, flagnon, Myrtilos, Thrasyclès, Théagdnès, Aristo-
cratès, Iolcios, Timocratès, Léon, Lamachos, Ddmosthène,
XX. Cette paix fut conclue sur la fin de I'hiver ou plutôt dans
les premiers jours.d.u printemps, immédiatement après les
fêtes ile Bacchus de la ville t. Dix ans et quelques jours s'é-
taient écoulés depuis Ia première invasion tle I'Attique et I'ou-
verture des hostilités. Pour s'en convaincre , il suffit cle con-
sulter l'ordre chronologique, au lieu d'établir la série cles
dvénements dtaprès les magistratures de chaque ville ou d'a-
près telle ou telle dignité. Cette dernière mdthotle est fort
inexacte; car elle n'indique pas si un fait s'est passé au com-
mencement, au milieu ou à la frn desdites fonctions. Si au
contraire on compte, comme je I'ai fait , par été et par hiver,
les ileux saisons réunies formant ltannée, on trouvera que cette
première guerre a 'lurd dix étés et autadt d'hivers.
XXI. Les Lacédémoniens, que le sort avait désignés pour
commencer les restitutions, relâchèrent immédiatement les pri-
sonniers qui étaient entrc leurs mains. IIs envoyèrent sur le
littoral de la Thrace, Ischagoras , I\{énas et Philocharidas , en
qualité d'ambassadeurs, pour porter à Cléarirlas I'ordre de re-
mettre Amphipolis aun Athéniens et I'invitation aux alliés d'ac-
cepter le traité chacun en ce qui le concernait ;'mais ceux-ci
n'y voulurent pas consentir, le trouvant trop ddfavorable. Cléa-
ridas, par iléférence pour les Chalcidéens, refusa do rendre la
ville, sous prétexte qu:il ne pouvait le faire malgré eux. Lui-
même revint en toute hâte à Lacédémone avec des cléputés
chalcidéens, afin de se tlisculper dans le cas où Ischagoras et
ses collègues se plaindraient de sa désobéissance. D'ailleurs il
tenait à savoir si la convention pouvait encore se modifier. Il
la trouva ratifiée et repartit sur-le-champ, avec i'injonction
formelle tle remettre la ville. ou au moins d'en ramener tous
les Péloponésiens qu'elle renfermait.
XXII. Les alliés étaient a]ors assemblés à Lacédémone.
Ceux d'entre eux qui n'avaient pas adhéré au traité furent in.'
276 GUERRE DU PÉLoPonÈsE.

vités par les Lacédémoniens à le faire sans retatd; mais ils


persisière1t clans leur refus, en se fondant sur ce qUe les conven-
iions n'étaient pas équitables. Les Lacéclémoniens, tlésespérant
rle les convain'cre, Iis congédièrent et ouvrirent pour ieur
propre compte des négociations d'alliance avecles Athéniens. Ils
y turent poussés par âeox motifs: d'abord iI ne fallaitplus son-
â* o" renouveliement de la trêve avec les Argiens; car ils
ivaient rejeté les propositions d'Ampélidas et d.e Lichas' appa-
remment dans la p-eojee que les Lacédémoniens sans les Àthé-
niens étaient peu redoutàbles; en second lieu, i'alliance avec
Athènes dtait le meilleur moyen de prévenir I'agitation dans
prr , n'autàjt pu: manqud
le reste clu Péloponèse qui, s'il I'avait
t. Il y avait alors d.es depu-
àe se jeter ilans les braiiles Argiens
tés atléniens à Lacédémone ; des conférences furent entamées
avec eux; on se mit d'accord, et I'alliance suivante fut conclue
sous Ia foi du serment.
xxIII. a Les Lacétlémoniens seront aiiiést pour cinquante
ans, aux conclitions énoncées ci-après :
c si quelque agresseur entre à m.ain armée sur les terres .
des Lacédémoniens, les Athéniens iront à leur secours avec
toutes leurs forces et par tous les moyens possibles'
( s'il se retire après avoir dévasté Ia campagne, les Lacé-
démoniens et les À[htiniens le tiendront pour ennemi; les deux
États lui feront la guene et ne Ia termineronl qoe d'un com-
mun accord ; le toùt conformément à la justice , avec zèle et
sans fraude.
a si queique agresseur entre à main armée sur les terres des
Athéniens, Iês Lacédémoniens iront à leur secours avec toutes
Ieurs forces et par tous les moyens possibles'
a S'il se retiie après avoir dévasté la campagne, les Lacé-
démoniens et les Atùéniens Ie tiendront pour ennemi; les deux
É,tats lui feront la guerre et ne Ia termineront que d'un com-
mun accord.; Ie tout conformément à la justice , avec zèle et
sans fraude.
c Si les esclaves se soulèvent, les Àthéniens secourront les
Lacédémoniens avec toutes leurs forces et par tous les moyens
possibles-
c Les préseutes conventions seront jurées d,e part et d'autre
par les mêmes personnes qui ont juré le précéd-ent traité. ce
serment sera renouvelé chaque année; pour cet effet, les Lacé-
ddmoniens ge rendront à Athènes à i'dpoque des Dionysies, et
les Athéniens à Lacédémone à l'époque iles Hyacinthies "'
LIVRE V. 277
( I)eux colonnes seront érigées, I'une à Lacédémone près clu
temple d'Apollon dans l'Àmycléon, I'autre à Athènes dans I'a-
cropole près ilu temple tle Minerve.
n Si les Lacédémoniens et les Athéniens jugent à propos de
faire quelque adùition ou que\ue retranchement au présent
traité tl'alliance, ils le pourront, pourvu que ce soit d'un com-
mun accord.
XX[V. c Ont juré, pour les Lacéclémoniens : Plistoanax, Âgis,
Plistolas, Damagétos , Chionis, Métagdnès, Acanthos, Daïthos,
Ischagoras, Philocharidas, Zeuxidas, Antippos, Alcinailas r,, Tel-
lis, Empéclias, Ménas, Laphilos; pour ies Athéniens : Lamponn
Isthmionicos, Lachès, Nioias, Euthydémos, Proc'lès, Pythotlo-
ros, Hagnon, Myrtilos, Thrasyclès, Théagénès, Aristocratès,
Iolcios, Timocratès, Léon, Lamachos, Démosthène. r
Cette alliance fut conclue peu de temps après le traité de
paix. Les Athéniens rendirent aux Lacéclemonierrs les prison-
niers de I'îIe. Là-dessus commença l'été de la onzième annéeq.
Ici se termine le récit de la première guerre, qui avait durd
dix ans consécutifs.
XXY. Après le traité de paix et tl'alliance entre les Athé-
niens et les Lacédémoniens, traité qui mit fin à Ia guerre cle
dix ans et fut conclu sous l'éphorat d.e Plistolas à Lacéilémone
et sous I'archontat d'Alcéos à Athènes, la paix fut rétablie entre
les États qui en avaient accepté les conditions. Mais les Corin-
thiens et quelques villes du Péloponèse cherchèrent à brouiller
les affaires, et bientôt I'on vit s'dlever des diflicultés nouveiles
entre les Lacédémoniens et leurs allids. Avec le temps, les
Lacédémoniens ilevinrent suspects aux Athéniens, parce qu'ils
n'exécutaient pas certaines clauses d,u traité. Pendant six ans
et dix rnoisr, les deux peuples s'abstinrent, il est vrai, d'a-
gressions directes; mais au dehors ils se firent tout le mal
compatible avec une réconciliation mal assurée, jusqu'à ce
qu'enfin ils furent amenés à rompre la paix conclue après les
drx ans d'hostilités, et en vinrent de nouveau à une guerre
ouyerte.
XXYI. Le même Thucydide, citoyen d'Athèncs, a continué
la relation tles événements dans I'ordre ori ils ont eu lieu, par
étés et par hivers , jusqu'au moment où les Lacédémoniens
et leurs alliés renyersèrent définitivement la domination d'A-
thènes et s'emparèrent clu Pirée et des longs murs r. La durée
totale rle Ia guerre jusqu'à cette époque fub de vingt-sept ans'
On aurait tort d'en retrancher i'intervalle de la trêve. Il suffit
Tuuctnmr. 16
278 GUERRE DU PELOPONESE.

cl'envisager la succession rles faits pour reconnaltre qu'on ne


. saurait avec raison donner le nom de paix à un état de choses
'dans lequel ne furent faites de part ni d'autre toutes les resti-
tutions convenues; dans lequel les deux parties eurent bien
des reproches à s'adresser, pâr exemple à I'occasion de la
guerre deMantinde et d'Épidauree; dans lequei enfin les allids
du littoral de ia Thrace ne posèrent point les armes, et les
Béotiens ne se lièrent que par des armistices de dix jourss.
Si donc à la première guerre de clix ans on réunit Ia fausse
paix qui la suivit et Ia guene qui vint ensuite, on trouvera Ie
nombre d'années que j'ai indiqué et quelques jours en sus. De
toutes les assertions qui reposaient sur des oracles, ce fut la
.seule que l'événement justifia; je me souviens que, dès I'ori-
gine rle cette guerre, et pendant sa tlurée, plusieurs personnes
annonçaient qu'elle devait se prolonger trois fois neuf ans.
Quant à moi, j'ai assisté à toutesa durée, jouissantde laplé-
nitude de rnes facultés et donnant une attention soutrnue au
spectacle que j'avais sous les yeux. J'ai passé vingt années
ioin de ma patrie, à la suite de mon commandement d'Amphi-
polis {. Mêié aux allaires des deur partis , j'ai dt à mon eril
de voir de plus près celles du Péloponèse, et à mes ioisirs de
mieux étudier les faits. Je vais donc rapporter }es événements
qui succédèrent à cette première gueme de dix années, la rup-
ture iie la trêve et la reprise des hostilités.
XXHI. La paix de cinquante ans et I'aliiance qui la suivit
une fois conclues, les députés du Péloponèse, venus à Lacécté-
mone pour cet objet, quittèrent cette ville et re*agnèrent leurs
foyers. Les Corinthiens se rendirent d'abord à Argos, où ils
s'abouchèrent avec quelques-uns des citoyens. Ils leur repré-
sentèrent qu'en iaisant un traité de paix et d'alliance avec les
Âthéniens , naguère leurs ennemis jurés, les Lacédémoniens
avaieni en vue, non I'intérêt, mais I'asseryissement du Pélopo-
nèse; que c'était aux Argiens cle le sauver , en statuant que
toute ville grecque et indépendante, qui offrirait de soumettre
ses différends à un arbitrage, pourrait conclure avec Argos
une alliance défensive; qu'il fallait élire un petit nombre de
citoyens et les munir cle pleins pouvoirs, sans porter la ques-
tion devant I'assemblée du peupie, pour ne pas s'exposer à ses
refus. A les entendre, beaucoup de villes ne demandaient pas
mieux que d'entrer dans cette ligue par haine pour Lacddd-
mone. Après cette communication, les Corinthiens s'en retour-
nèreni chez eux.
LIVRE V. 279
XXUII. Les Argiens qui avaient recu ces ouvertures les
conrmuniquèrent aux magistrats et au peuple d'Arqos. Il fut
tlécidé qu'on dlirait douze citoyens, autorisés à conôlure une
alliance avec tous ceux des Grecs qui le voudraient, ercepté
toutefois les Athéniens et les Lacéttémoniens, qui ne geraient I
admis que sur un arrêté du peuple. Ces mesures furent accueil- {
lies par les Argiens ayec d'autant plus de faveur qu'ils se
voyaient à la veille d'une guerre avec Lacéclémone, leur traité )
avec cette ville touchant à sa fin. D'ailleurs , ils aspiraient à ,

se placer à la tête tlu Péloponèse. Lacédémone à cette époque


était complétement déconsidérée à cause de ses revers ; les
Argiens au contraire jouissaient d'une prospérité parfaite ,
ayant su demeurer étrangers à la guerre contre Athènes et
recueillir les fruits de cette neutralité. C'est ainsi que les Ar-
giens ouvritent leur alliance à tous les Grecs qui voulurent y
entrer.
XXIX. Les Mantinéens et leurs alliés furent les premiers à
entrer dans la confédération, et cela par crainte de Lacédé-
mone. Ayant profité de Ia gu-erre contre Athènes pour sou-
mettre à leur domination une partie tle I'Arcadie, ils pensaient
bien que les Lacérlémoniens, maintenant qu'ils n'avaient plus
les mains liées, ne toléreraient.pas une pareille usurpation. Ce
fut dono avec joie qu'ils se jetèrent dans le parti d'Argos, qui
leur offrait une ville puissante , ennemie constante de Lacéclé-
mone et gouvernée démocratiquement comme eux. La défec-
tion des Mantinéens mit en émoi le reste du Péloponèse. Cha-
cun rdsolut de suivie leur exemple. On se dit qu'après tout ils
clevaient avoir leurs raisons pour changer il'alliés. On en vou-
lait d'ailleurs aux Lacédémoniens; on ne pouvait leur pardon-
ner la clause par laqueile les cleux villes d'Athènes et de Lacé-
clémone s'étaient réservé le droit d'ajouter au traité ou d'en
retrancher ce qulelles jugeraient à propos. Cet article inquié-
tait singulièrenrent le PéIoponèse. On y voyait chez les Lacé-
démoniens I'intention de I'asservir avec I'aide cles Athéniens;
autrement, disait-on, la justice etl exigé que tous les alliés
eussent le même droit d.e moclification. Aussi la plupart, sous
I'empire cle ces craintes, s'empressèrent tle traiter avec les
Argiens.
XXX. Alarmés de cette agitation du PéIoponèse et sachant
qu'elle était due aux menées des Corinthiens, qui eux-mêmes
n'étaient pas éloignés d'entrer clans Ia ligue cl'Argos, les Lacé-
démoniens envoyèrent des tléputés à Corinthe , afin de préve-
280 GUERRE Du PÉroPonÈsu.
nir un dvénement qu'ils retloutaient. Ces ddputés se plaignirent
des Corinthiens, qui avaient fomenté tous ces troubles et qui
étaient sur Ie point il'abandonner I'alliance de Lacédémone
pour celle d'Argos. Ce serait, dirent-ils, ure violation de la
foi jurde, ur nouveau tort ajouté à celui de n'avoir pas arlhéré
à la paix faite avec Athènes, quoiqu'il ftt expressément sti-
pulé I que toute décision prise par la majorité des allids serait
exécutoire, à moins d'empêchement d.e la part des dieux ou des
héros. Les Corinthiens avaient eu soin de convoquer tous ceux
des alliés qui, à leur exemple, n'avaient pas accédé au traité
cle paix. llsréponilirént en leur présence auxLacéclémoniens;
t,.t, sansariiculer aucun grief personnel, sans dire un mot de
Sollion ni il'Anactorion que les Athéniens ne leur avaient pas
rendus, non plus que de leurs autres sujets ile plainte, ils se
retranchèient tlerrière I'impossibiiité où. ils étaient tle trahir
leurs alliés du littoral de la Thrace. Ils s'étaient, clisaient-ils,
engagés envers eux par des serments particuliers, aussitôt
après leur défection et celie iles Poticléates, et ces serments
avaient étd renouvelés dès lors plus d'une fois. Ce n'était point
violer la foi jurée que de ne pas souscrire au traité fait avec
Athènes; car) après avoir solonnellement promis fidélité aur
peuples de Thrace, on ne pouvait les abantlonner sans parjure.
On avait dit : u A moins d'empêchement ile Ia part iles tlieux
ou des héros; r eh bien, c'était à leurs yeux un empêchement
divin. Telle fut ieur réponse au sujet tles anciens serments;
quant à I'alliance avec Argos, ils tlirent qu'ils se consulteraient
avec leurs amis, et ne feraient rien que de juste. Les députés
lacédémoniens s'en retournèrent chez eux.
ll se trouvait aussi à Corinthe des envoyés d'Argos, qui sol-
Iicitaient les Corinthiens d'entrer sans délai tlans leur alliance.
Les Corinthiens les invitèrent à se trouver' à Ia première réu-
nion qui aurait lieu clans ieur ville.
XXXI. Là-dessus arrivèrent des ddputés d'Elis, qui firent
amitié avec les Corinthiens, et se rendirent ensuite à Argos
pour conclure I'alliance qui leur était offerte. Les Éléens s'é-
taient brouillés avec les Lacéclérnoniens au sujet cle Lépréont.
Les Lépréates, dans une guerre qu'ils ar-aient eu jadis à sou-
tenir contre une portion de I'Arcadie, avaient sotlicité I'assis-
tance des Éldens, en offrant de partager le pays avec euxe. Les
Éléens avaient mis fin à cette guerie et lâislé aux Lépréates
la jouissance du territoire conquis, à charge de payerannuel-
lement un talent à Jupiter Olympien. Jusqu'à la guene d'At-
LIYRE V. 28I
tiquer, les Lépréates s'acquittèrent de cette redevancc; puis
ils s'en dispensèrent sous prétexte tle la guerre; et, comme les
Éléens les pressaient de payer, ils en appelèrent aux Lacérlé-
moniens. Les Éléens, ne se fiant pas à I'impartialitd de ces
médiateurs, déclinèrent leur arbitrage et dévastèrent le ter-
ritoire cle Ldpréon. Les Lacédémoniens n'en ddclarèrent pas
moins les Lépréates inclépendants{, et firent passer à Lépréon
une garnison d'hoplites. Les Éléens prétendirent que Lacédé-
morre soutenait dans sa révolte une ville de leur ressort I ils
invoquèrent la clause d'après laquelle chacun clevait conseryer,
au sortir de la guerre d'Attique, ce qu'il possédait à son dé-
but; et, s'estimant lésés, ils se jetèrent dans le parti des
Argiens, avec iesquels ils conclurent alliance aux termes ci-
dessus énoncés.
Bientôt après, les Corinthiens et les Chaiciiléens du littoral
de la Thrace entrèrent aussi dans ia ligue d'Àrgos. Les Béo-
tiens et les Mégariens, malgré leurs sympathies avouées, se
tinrent à l'écart. Ils étaient fort ménagés par Lacédémone,
dont la constitution s'accordait mieux que la démocratie d'Ar-
gos avec leur régime oligarchique.
XXXII. Yers la'même époque de i'été, les Athéniens prirent.
Scione qu'ils assiégeaient. Ils mirent à mort tous les adultes,
réduisirent en esclavage les femmes et les enfants, et donuè-
rent aux Platéens la jouissance du terriioire. Ils rétablirent
les DéIiens à Délos, tant à cause du malheur de leurs armesr,
que pour obéir à I'oracle de Delphes. Les Phocéens et les Lo-
criens commencèrent ia guerre.
Les Corinthiens et les Argiens, ddsormais alliés , se ren-
rlirent à Tégde, pour détacher cette vilie du parti des Lacédé-
moniens. Ils pensaient que, s'ils parvenaient à s'acljoinrlre une
place de cette importance , tout le PéIoponc\se suivrait. Mais
ies Tégéates s'étant refusés à rien entreprendre contre Lacé-
ddmono, les Corinthiens , très-ardents jusqu'alors , commen-
cèrent à se refroidir, tians la crainte de ne pius trouver d'adhé-
sion. Ils se rendiren[ cependant auprès des Béotiens , pour
les engager à entrer dans I'aliiance des deux villese et à faire
cause commune avec elles. Les Béotiens avaient avec les
Athéniens un simple armistice de dix jours, conclu peu ile
temps après la paix de cinquante ans. Les Corinthiens les
prièrent de les accompagner à Athènes ei de les faire com-
prendre dans cet armistice. En cas de refus d.e la part d,es
Atbéniens, ils voulaien[ que les Béotiens renonçassent à leur
282 cUERRE Du pÉropoxÈss.
trêve et prissent l'engagement rle ne traiter que cl,un commun
accord. ainsi mis en demeure, les BéotienJ demandèrent rlu
tgmps pour sq prononcer surl'alliance d'Argos; mais ils sui_
virent les corinthiens à athènes , orl irs ne purént obtenir en
leur faveur la trêve de dix jours. Les athéniens répondirent
que corinthe était comprise tlans Ie traité, si elre éiait alliée
de Lacédémone 5. Ndanmoins les Béotiens ne renoncèrent pas à
leur trêve de dix jours, malgré les instances des corintËiens
et.leurs reproches sy ce manque de parole r. Au surplus, la
trêve subsistait de fait, sinon de droit , entre athènei et co-
rinthe.
XXffII. Le même été, les Lacéilémoniens en corps cle na_
tion, sous la conduite tle leur roi plistoanax, fils cle pâusanias,
marcbèrent en arcadie contre les parrhasiens, sujets rle Marr-
ti,né.e.. Appelés par une des factions qui divisaient le pays, ils
vôulaient en même temps , s'il était possible, ddtruirà ie rort
de Cypséla t. Cette place, située en pàrrhasie, avait été forti-
fide et pourvue dtune garnison par les Mantinéens, de manière
à menacer la sciritidez', clistrict de Laconie. Les Lacéilémo-
niens ravageaient les terres rtes paruhasiens. Les Mantindens
avaient confié leur ville à une garnison argienne , et gardaient
le_ pays de leurs allids; mais , sentant I'impossibi_
-qul-pêTg!
lité ile iléfenilre à la fois le fort de cypséra et les villes par-
rhasiennes, ils opérèrent leur retraite. Lès Lacédémoniens ren-
tlirent I'indépenrlance aux Panhasiens, démolirent le fort et
sten retournèrent chez eux.
XXXIV. Le même é+"d, lorsque les troupes employées en
Thrace eurent été rameuées par cléaridas en conséquence de
la paix, les Lacéclémoniens -décrétèrent que les Hilotes gui
avaient servi sous Brasidas seraient afÏranchis et libres d'ha-
biter orlils voudraientr. Peu de temps après, rorsque la guerre
avec les Éléens eut éclaté , ils les piacèrent, ave^, Ius frgoa"-
modes 3, à Lépréon sur les confins de la Laconie et de l'Élide.
Quant a_ux prisonniers de l'11e, on pouvait craindre que le sen-
timent d.e leur disgrâce ne les portât à tenter quelque mouve-
ment, s'ils conservaient la plénituile de leurs aibits. Ils furent
donc quoique plusieurs d'entre eux fussent déjà
-dégrarlés,
dans les charges. cette peine les rendait inhabiles à exercer
aucune fonction publique, à contracter ni vente ni achat. Dans
Ia suite, ils fulent réhabilités.
XXXV. Ce fut encore clans le même été que les Diensr pri_
rent Thyssos, ville située sur l'Àthos et allide d'Athènes.
LIVRE V. 283

Durant toute cette saison, les Àthéniens et les Pélopondsiens


communiquèrent librement ensemble. cepentlant.la paix était
à peine rétablir qu'on vit surgir entre eux des défiances réci-
prôqoes au sujef de la non-reddition cle quelques places. Les
Lacêdémoniens, designés par le sort pour commencer les res*
titutions, ne rendaientni Amphipolis ni le reste. Ils n'avaient
obtenu l'âdhésion ni de leurs alliés de Thrace, ni cles Bdotiens,
ni rles corinthiens, quoigu'ils promissent toujours-de stunir
aux Athéniens pour ôontiaindre les récalcitrants. Ils avaient
même fixé verbâlement un terme , passé lequel ceux qui n'au-
raient pas acquiescé à I'alliance seraient considérés comme
ennemii par lôs deux nations. Les. Athéniens, ne voyant s'ac-
complir ao.onr de ces promesses r commençaient à- révoquer
en doute Ia loyauté deJ Lacédémoniens. Àussi , malgré leurs
instances, refusèrent-ils la rétrocession de Pylos; ils r_egret-
taient même d'avoir renilu les prisonniers de l'Île I enfin, ils
résolurent tle. détenir les autres places jusqu'à ce que les Lacé-
clémoniens eussent rempli ieurs engagements. Les Lacédémo-
niens prdtendaient avoii fait tout ca qui était en leu_r pouvoir,
en retùant les soldats du littoral d,e Ia Thrace et de tous les
endroits dont ils étaient maîtres. Quant à Amphipolis, ils assu-
raient qu'il ne dépendait pas d'eux de la livrer'1 Qu'ils feraient
leur pôssible pour obtenii l'aclirésion des Bdotiens et tles Co-
rinthiïns, de même que la remise de Panacton et des prison-
niers athûniens qui Je trouvaient enBéotie. IIs insistaient pour
que les Athéniens leur remjssent Pylos, ou,que tout au moins,
zuivant I'exemple qu'eux-mêmes avaient donné en rappeiant
leurs solilats di thrace, ils retirassent de Pylos les Messéniens
et les Hilotes, saut à y placer, s'ils le voulaient, une garnison )
athénienne. Enfin, aprèi des discussions prolongées pendant
tout l'été, ils obbinrent que les Athéniens fissent sortir de Py- /
los les Messéniens, les Hilotes et tous les iléserteurs lacédémo-
niens. 0n les établit à cranies, ville de céphallénie. ainsi, l'été
se passa tranquillement et sans que les communications fus-
sent interrompues.
XXXfi. L'fiiver suivant, les éphores sous lesquels le traitd
avait eu lieu se trouvaient sortis de charge et rernplacés par
d'autres, tlont quelques-uns étaient oppoggs à la paix. Des dd-
putations cles villes alliées vinrent à Lacétlémone et s'y rencon-
irèrent avec des ambassadeurs athéniens, béotiens et corin-
thiens. Il y eut beaucoup tle paroles échangées, 'rârls. âllcûIle
solul,ion. Ôomme ces ddputés se disposaient à repartir ceux '
284 GUERRS DU pÉLoponÈsn.
des éphores qui étaient partisans de la guerre, savoir, CIôo-
boulos et Xénarès, prirent à part les Béotiens et les Corinthiens.
Ils les engagèrent fortement à se mettre d'accord et à faire en
sorte que les Béotiens entrassent dans I'alliance d'Argos, afin
d'entrainer ensuite les -{rgiens ilans celle de Lacëdémone.
C'étaib, disaient-ils, pour Ia Béotie le meilleur parti à prendre
afin de se soustraire au traité conclu avec les Athéniens. Et
- quant aux Lacédémoniens, ils craignaient moins une rupture
avec Athènes qu'un conflit avec Argos: car ils ont toujours
eu pour principe de rechercher I'amitié de cette dernière ville,
comme un moyen de leur faciliter la guerrc au dehors
du Péloponèse. En même temps ils prièrent les Béotiens de
leur remettre Panacton , afin de l'échanger, s'il se pouvait ,
contre Pylos, ce qui rendrait plus facile la guerre ayec
Athènes.
XXXflI. Les Béotiens eLles Corintbiens se retirèr,ent. char.
de ces communications pour leurs États de la pârt de
gé.s
Xénarès, de Cléoboulos et de leurs amis à Lacédémonè. Deux
Argiens de Ia plus haute dignité ies guettaient au passage. Les
ayant rencontrés, ils se mirent en rapport avec eux, afin dtat-
tirer les Béotiens dans I'alliance d'Argos , à I'exemple de Co-
rinthe, d'Élis et de Mantinée. Ils ieur représentèrent que, ce
but une fois atteint, il leur serait facile, en se concertànt, de
I'aire à leur grd la guerre ou la paix, soit avec Lacéddmone,
soit avec toute autre nation. Les rtéputés béotiens accueiilireni
ces ouvertures, qui se trouvaient d'accord avec les recomman-
dations de leurs amis de Lacédémone. Les Argiens, voyant
qu'ils prêtaient l'oreille à leurs propositions, paitirent en di-
\ sant qu'ils allaient envoyer des députés en Béotie.
Les Béotiens, à leur retour, ne manquèrent pas de rapporLer
aux-béotarques les propositions cle Lacédémone et des Àrgiens
\ qu'ils avaient rencontrés. Ces magistrats entrèrent dans ces
.'. vues, d'autant plus facilement que les sollicitations de leurs
lmis à Lacédémone coïncidaientavec celles des Argiens. Bien-
tôt arrivèrent des députés d'Argos, apportant les propositions
dont il a été parlé. Les béotarques y dbnnèrent leur approba-
tion, et congédièrent ces députés avec promesse d'envoyer
eux-mêmes une députation à Argos pour conclure I'ailiance.
XXXVIII. Cependant les béotarques , les Corinthiens, les
Mantinéens et les députés cleThrace jugèrent à propos de s'en-
gager avant lout par des serments mutuels à se prêter, à tout
éyénement, I'assistance requise, et à ne faire la guerre ou la
LrvRE v. 285

paix que d'un commun accord. A ces conclitions, les Béotiens


ài frr'ifnA*ariens, qui agissaient de concert, promettaient
cle

s'allier avec Argo.. wtuii, avant que cle faire ce serment, les
con-
béotarques crurent cle leur clevoir d'en référer aux quatre
seils dc Béotie t , en qui réside I'autorité suprême, et de leur
à*,ou"art qu'on s'obtigeât solennellement avec toutes les villes
qui voudraient se liguer pour la défense commune' Les con-
ôiI* ,l*. Béotiens ràjetèrent cette proposition,, pour_ ne pas
àorrn.r de I'ombrage à Lacédénone e' s'uttissa*-t pa1 des ser-
;;;t; u;*Corinthi"ens, qui avaient rompu avec elle' c'est que les
frloiurq"ur ne leur urruiùt pas dit qu'àtparte, les éphores Cléo-
fooio*àt Xénarès, ainsi quô leurs àmis, les avaient e_ux-mêmes
exhortés à entrer dans I'ailiance tles argieng et de_s- .corin-
fn-ir"r, porr les ramener ensuite dans celle de Lacéilémone.
Ils n'avaient pas cru cette confidence nécessaire po-ur obtenir
du conseil un vote conforme à leurs désirs. L'affaire ayant
pris une autre tournrire, les cléputés d,e corintho eb cles villes
âe fnrace se retirèrent ians résultat. Si les béotarques
avaient
trouvé de I'appui dans les conseils, leur intention était de
mettreenavantunprojetd'aliianceavecArgos;maisilsre-
noncèrent à toute ptopoiitiott de ce genre, et ne tinrent point
f u"* fto*usse cl'envoyer des dép.utés à Argos'
L'affaire tralna
en longueur et fut indéfiniment ajournée'
XXilX. Le même hiver, les Olynthiens prirent par incur-
sion Mécyberna, ou dtait une garnison athénienne'
Les iliscussions contiuuaieni entre les Athéniens et les Lacé-
démoniens au sujet des restitutions mutuelles. Les Lacérlémo-
niens, espérant ,"L.oour., Pylos si les Béotiens abandonnaient
funu&o", envoyèrent une ambassacleenBéotie, avec prière de
leur remettre cette place et les prisonniers athéniens, afin de
les échanger contrô Pyios; mais les Béotiens refusèrent de
.irn drrrrËir, à moinr qoe'les Lacédémoniens ne voulussent
conclure ayec eux une aliiance particulière, comme ils I'avaient
i;il;;"" athènes. Les Lacéttémoniens sentaient bien que c'é-la
tait ireurter les Athéniens; car il était dit qu'on_ne ferait
r. cepenilant, comme
paix ni la guerre que d.'un commun accord
ils avaienfà cæur de recevoir Panacton pour I'échanger contre
pyr.r,'.t que d'ailleurs les partisans d'une rupture appuyaient
cËuoaemeot les Béotiens, i'alliance en question fut _conclue.
L'hivertirait alors à sa fin etleprintemps était proche. Panacton
ilut aussitôt rasé. ainsi se termina la onzième année tle la
guerre.
286 GUERRE Du pÉropoxÈsn.
XL. Dès les prettiers jours du printemps suivant (a), les
Argiens ne voyaut pas venir les députés qu'ils attendaient de
Béotie, informés de la démolition rle Panacton et ile I'alliance
particulière des Béotiens avec les Lacédémoniens, craignirent
de se trouver isolés, si tous leurs alliés passaient tlu côté de
Lacéilémone. Ils croyaient que c'dtait cette ville qui avait en-
gagé les Béotiens à raser Panaeton et à entrer dans I'alliance
d'Athènesr; que les Athéniens en étaient instruits; que ilès lors
il ne fallait plus songer à nouer amitié avec eux, comme ils
s'étaient flattés de Ie faire dans le cas ou les démêlés avec
Lacéilémone amèneraient une rupture. Dans cette situation ,
les Argiens appréhendèrent d'avoir à la fois sur les bras les
Lacéddmoniens, lesTégéates, les Bdotiens et les Athéniens.
Eux qui naguère avaient refusé de traiter avec les Lacéclémo-
niens, et porté leur ambition jusqrr'à rêver la suprématie du
Péloponèse, députèrent en toute hâte à Lacédémône Eustro-
phos et Éson, qui leur semblaient y devoir être le mieux ac-
cueillis. Leur intention était de conclure avec les Lacédémo-
niens une paix aussi f'avorable que possible, et d'attentlre ensuite
les événements.
XLI. Dès leur arrivée, ces députés eureut des conférences
avec les Lacédémoniens, pour tâcher cle se mettre d'accord.
Âvant tout, ils erigèrent qu'on soumit à ltarbitrage d'une
ville ou cl'un particulier leur éternel ililférencl au sujet de, la
Cynurie. Ce pays, situé entre les deux trltats, comprend les
villes de Thyréa et ffAnthène, et appartient aux Lacédémo-
niens. Ceux-ci ne voulurent pas entenclre parler de cette af-
faire; mais ils offrirent de traiter avec les Aigiens aux mêmes
termes que précéclemment. Toutefois les ddputés les amenèrent
à souscrire aur dispositions suivantes. On ferait pour le mo-
ment une trêve cle cinquante ans, pendant la durée de laquelle
chacun des tleux peuples aurait le droit
claration préalable et sauf le cas de peste- oumoyennant une dé-
tle guene.à Lacé-
ddmone ou à Argos d'en appeler aux armes pour la posses-
- commecela
sion rle cette contrée, s'était pratiqud jadis, lorsque
les tleux partis s'étaient attribué la victoire t ; la poursuite ne
pourrait pas s'étendre au tleià des limites cl'Àrgos ou de Lacé-
démone. Les Lacédémoniens voyaient dans cette prdtention une
véritable démence; néanmoins le désir de se concilier à tout
prix l'amitié iles Argiens les fit passer outre, et le traité fut

(a) Deuxième année de Ia guerre, an 420 avant J.-C.


LIVRE V. 287

rédigé. Mais, avant de le ratifier, ils voulurent que lcs dé-


putés retournassent à Argos pour le soumettre au peuple.
S'il était approuvé, ils devaient revenir aux Ilyacinthies' pour
l'échange des serments. Les députés se retirèrent.
XLII. Pendant ces négociations, les ambassadeurs lacédé-
nroniens Ànilromddès, Phétlimos et Antiméniclas, chargCs tle
recevoir des Béotiens et de remettre aux Athéniens Panacton
et les prisonniers, trouvèrentPanacton rasé. Les Béotiens s'ex-
cusèrent en disant que jadis , à la suite tle démêlds survenus
entre eux et les Athdniens au sujet de cette place, il avait été
convenu sous serment que ni les uns ni les autres ne I'habite-
raient, mais qu'ils en exploiteraient en comrnun Ie territoire.
Quant aux prisonniers athéniens détenus en Béotie , la remise
en fut faite à Andromédès et à ses collègues, qui les condui-
sirent à Athènes et les rendirent. IIs annoncèrent aussi que
Panacton était rasé; c'est ce qu'ils appelaient le rendre, par la
raison qu'auoun ennemi des Âthéniens n'y habiterait plus. Les
Athéniens dclatèrent en reproches contre les Lacédémoniens.
soit pour Ia tlestruction cle Panacton, qui devait, disaient-ils,
leur être remis intact , soit pour I'alliance séparée qu'ils sa-
vaient exister entre les Lacétlémoniens et les Béotiens. lls sou-
tenaient que les Lacddémoniens s'dtaient engagés à snunir h eux
pour contraindre les récalcitrants. Enfin ils recherchaient mi-
nutieusement toutes les autres cldrogations au traité rle paix,
et se regarilaient comme joués. Aussi répondirent-ils avec ai-
Sreur aux députés et les congédièrent.
XLIil. Profitant de ces altercations, ceux des Athéniens qui
désiraient la rupture clu traité se mirent aussitôt à l'æuvre.
De ce nombre était Alcibiade fils de Clinias, personnage qui
ett alors passé pour un jeune homme clans toute autre viller,
nrais ù qui tles.ancêtres illustres avaient légué un immense
'crédit. Au fond, il était convaincu que I'alliance d'Argos valait
mieux pour Athènes; mais son opposition aux Lacédémôniens
venait surtout d'un orgueii froissé. II ne.leur pardonnait pas
d'avoir négocié la paix par I'entremise de Nicias et tle Lacbès,
de I'avoir dddaigné lui-même à cause de sa jegnesse et frustrd
d'un honneur qu'il croyait }ui êtte dù; il est vrai que son aieul
avait jadis renoncé à la proxénie de Lacédémone r, mais lui-
même avait travaillé à la renouerpar ses prévenances pour les
prisonniers de I'11e. Se tenant donc pour offensé à tous égards,
il avait dès i'origine témoigné son éloignernent pour les Lacd-
démoniens , en les représentant comme cles gens peu strs, qui
288 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

chelchaieut à dcraser les Ârgiens pour attaquer ensuite les


Àthéniens isolés. Dans la circonstance présente, il fit dire aur
Argiens de venir au plus tôt, aveclesMantinéens et lesEléens,
pour solliciter I'alliance rl'Athènes. L'instant, .selon lui, était
propice, et lui-même les seconderait de tout son pouvoir.
XLIY. Sur ce message d'Alcibiade , les Argiens', informés
d'ailleurs que I'alliance ayec les Béotiens avait eu lieu en dé-
pit des Athéniens, et que ceux-ci étaient en pleine brouille avec
les Lacédémoniens, ne s'inquiétèrent plus des députés qui
étaient partis pour traiter en ieur nom à Lacédémone , et ne
songèrent qu'à se rapprocher d'Àthènes. Ils voyaient en elle
une ville clès iongtemps leur amie, gouvernée démocratique-
ment comme eux, et maltresse d'une marine qui, en cas de
guerre, leur serait tl'un puissant secours. Ils s'empressèrent
donc de faire partir pour Athènes une députation , à laquelle
s'atljoignirent les Mantinéens et les Eldens. De leur côté les
Lacédémoniens .envoyèrent en toute hâte aux Athéniens des
ambassadeurs qu'ils croyaient leur être agréables, savoir Phi-
loohariclas, Léon et Endios. Ils craignaient que les Athdniens,
n'dcoutant que leur colère, ne s'alliassent avec les Argiens. lls
voulaient par la même occasion réclamer Pylos en échange
de Panacton et justifier leur alliance avec les Bdotieni,
en la représentant comme tout à fait inollensive pour
Athènes.
XLV. Ces iléputés exposèrent dans le conseil I'ob;et de leur
mission I et se cléclarèrent munis de pleins pouvoirs pour
régler tous les différentls. Là-dessus Alcibiade craignit que,
s'ils tenaient le même langage tlevant le peuple, ilg n'entral-
nassent la multitucle et ne fissent repousser l'alliance d,Argos.
Il imagina tlonc de leur tenclre un piége. lI leur insinua que,
s'ils dissimulaient dans I'assemblée les pleins pouvoirs dont ils
étaient porteurs, ilse faisait fort determinerleurs litigesetde
leur faire obtenir la restitution de Pylos, qu'il appuierait à ce prix
comme il I'avait jusqu'alors combattue..Ctétait une manière
de les détacher cle Niciase, de les discréditer auprès du peuple
comme coupables de perfidie et ile duplicité, enfin de pousserles
Athéniens dans I'aliiance des Argiens, des Éléens et des Manti-
néens. Alcibiade y réussit. Quancl les députés lacéddmoniens
parurent dans l'assemblée r 0t qr1'4s11 questions qui leur furent
faites ils ne répondirent plus, comme ilevant le conseil , qu'ils
venaient munis de pleins pouvoirs, les Athéniens éclatèient.
Alcibiatle se déchaina de plus belle contre les Lacédémoniens et
LIVRE V. 289
entraina les suffrages. Déjà même on se disposait à introduire lcs
Argiens et les autres députés pour conclure ayec eux I'alliance,
lorsqu'un tremblement de terre, survenu avant le vote, fit ajour-
ner Itassemblée5.
XLU. Dans la sdance suivante, Nicias, rnalgré le piége oir
I'on avait fait tomber les Lacedémoniens et lui-même, en les
engageant à taire leurs pleins pouvoirs, ne laissa pas d'insister
pour qu'on s'en ttnt à I'alliance cle Lacédémone, qu'on suspen-
dît les négociations avec Argos, et qu'on envoyât aux Lacédri-
moniens une nouvelle ambassade pour s'assurer de leurs inten-
tions. Il représenta que c'était un honneur pour Athènes et un
abaissement pour Lacédémone d'éviter la guerrc I que cette
prospérité dont on jouissait présentement, il fallaic la conser-
ver le plus longtemps possible, tanrlis que Ies Lacédémoniens
humiliés avaient tout-intérêb à recommencer au plus tôt la
lutte. Il obtint qu'on enverrait une députation, clont lui-
même ferait partie, pour sommer les Lacéclémoniens, si leurs
intentions étaient droites, de rendre Panacton intact, ainsi
qu'Âmphipolis, et de renoncer à l'alliance cles Bdotiens , à
moins que ceux-ci n'adhdrassent au traité, {ui interdisait
toute alliance séparée. Les iléputés avaient ordre cle dire que,,
si les Athéniens avaient voulu déroger à la justice, ils auraient
pu, eux aussi, stallier avec les Argiens , venus dans ce but à
Athènes. Nicias et ses collègues reçurent des instructiorrs sur
les autres points en litige et partirent.
A peine arrivés, ils firent connaltre leur mantlat et iléclarè-
rent que, si les Lacédémoniens persistaient dans leur alliance
avec les Béotiens et ceux-ci dans leur refus d'accéder au traité,
les Athéniens à leur tour s'allieraieut avec les Àrgiens et leurs
amis. Les Lacétlémoniens, influencés par l'éphore Xénarès et
par ses adhérents , refusèrent de rompre avec ies Béotiens;
toutefois, à la sollicitation de Nicias, ils consentirent à renou-
veler les serments. Nioias craignait, s'il revenait sans avoir
absolument rien fait, il'être en butte aux reproches , comme.
il arriva
en effet, d'autant plus qu,e le traité passait pour être
son ouvrage. A son retour, Iorsque les Àthéniens apprirent .

qu'onn'avait rien obtenu, ils entrèrent en courroux; et aussitôt


se croyant lésés, ils conclurent avec les Argiens et leurs alliés,
qui se trouvaient présents et qu'Alcibiacle introcluisit, un traité
de paix et rl'alliance dans les termes suivants :
XLVII. c La paix a été faite pour cent ans entre les Âthd-
niens d.'une part, les Argiens, les Mantinéens et les Éléens
Ttlttcvunn. fi
rt
290 GUERRE DU PELOPONESE.

d'autre part, soit pour eux, soit potrr leurs alliés , sans dol ni
fraude, sur terre et sur mer.
a Ts.ut acte tl'hostilité est interdit aux Argiens, aux Éléens,
aux Mantinéens et à leurs alliés enyers les Athéniens eû les
alliés de Ia cldpenclance d'Atbènes, ainsi qu'aux Atbéniens et à
leurs alliés envers les Àrgiens , les ÉIéens, Ies Mantinéens et
leurs alliés.
c Les Athéniens, les Argiens, les Eléens et les Mantinéens
seroat alliés pour cent ans aux conclitions iniliquées ci-après.
c Si quelque agresseur entre à main armée sur les terrps
des Athéniens, les Argiens , les Éléens et les Mantinéens iront
au secours cl'Athènes , suivant qu'ils en seront requis par les
Athéniens, avec toutes leurs forces et par tous les moyens
possibles.
c S'il se retire après avoir clévasté la campagne, les Argrens,
les lWantinéens , los Éléens et les Athéniens le tientlront po,ur
ennemi , lui feront la guerre, et ne la termineront que d'un
commun accorcl.
c Si quelque agresseur entre à main armée sur les terres
rles Éléens, des Mantinéens et des Argiens, les Athéniens iront
au secours il'Argos, de Mantinée ou d'Élis , suivant qu ils en
seront requis par ces villes, avec toutes leurs forces et par tous
les moyons possiblos.
c S'iI se retire après avoir dévasté la campagne, les Atbé-
niens , les Argiens, les Mantinéens et les Éléens le tientlront
pour ennemi, lui feront la guerre, et ne la termineront que
cl'un commun accord.
c Iæs villes contractantes empêcheront tout passage de
truupes à travers leur domaine ou celui des alliés d,e leur res-
sort, par voie de mer aussi bien que par voie cle terre, à moins
que ltautorisation n'en ait été accordée par les villes réunies
d'Athèaes, d'Argos, de Mantinde et d'Elis. .
e La ville qui enverra iles troupes auriliai.rrcs leur fournira
des vivres pour trente jours, à dater ile leur arrivée dans la
lille qui les aura appelées , et pourvoira de même à leur re-
tour. Si le séjour de ces troupes se prolonge, Ia ville qui les
aura nandées donnera pour son ordinaire à chaque hoplite,
peltaste ou archer, trois oboles cl'É,gine par jour, et à ohaque
cavalier une tlrachme d'Égine t.
< La ville qui aura mantlé les troupes auxiliaires aufa le
commandemett,, tant que la guene se fera sur soû territoire.
Si les. riilles oontractantes jugent à propos de faire quelque
LIVHE Y. 29I
tl'elles aura une part égale
,expédition en commun, chacune
dans Ie commandement'
-",,ï;
pui" t.tu jurée par les Athéniens, tant. pour eux--mêmes
oo, oooi leurs ailiés. Les argiens, Ies Mantinéens, les Eléens
,=ir"irr, ,iliés jureront ville par vi[e. on _prêtera le. serment
;;p"té 1e plus" solennel dans ihacun des États ' en imrnolant:
s:ra conçue en ces termes
des victimôs parfaites. La formule
c Je serai haete à I'alliance telle qu'elle est convenue '
en
< toute droiture, sans dol ni fraude' Je n y contrevrendrar en
(aucune manière ni par quelque moyen que ce soit'- r . .
c Le serment sera prêta, à Àthènes par le conseil et les au-
torités locales, entre les mains des prytanes;
e, I Àrgos.par Ie
conseil, les Quatre-Yingts et les Artynes entre les
mains des
le conseil et'
ô"îtt*Vi^gis; à iltaniinée par les Démiurges,
théores et des polé-
il, uoi.., iototiter. entre les mains des
**tq*t ; à Élis par Ies clénriurges , les magistrats suprêmes
thesmo-
et Iei six Cents, éntre les mains iles démiurges et des
phylaques.
s Les serments seront renouvelés, par les Athéniens en se
tu"a*i à Élit, à Mantinée et à Argos trente jours avant lês
ieux olympiques I par les Argiens, les Eléens et les Mantinéens
l'' -, -Ë"a"rrt e ÂtirAnes diijours avant les grand,es Panathé-
o.
nées
--
q Les conventions relatives à la paix, aux serments. et à I'al-
liance seront inscrites sur une colbnne de marbre' à.Athènes
d** t'".topole; à Àrgos sur I'agora dans le temple cl'Apollon;
à Mantinée dans le teirple de Jùpiter sur I'agorat' 9o
placera
d'airain it olympie pentlant
aussi à frais commoo, ,rnr colonne
les jeux olymPiques Prochains..
s'Si les nittà* contractantes jugent à propos tle faire quelque
pourvu
arlclition aux présentes conventions , elles le pourront
;" ioit d'un accord; et les additions ainsi consen-
ô; commun
ties auront force de loi. I
xLElI. Ainsi fut conclu ce traitd de paix et il'alliance. Quant
a celoi q"i existrit entre les Athéniens et les Lacédémoniens,
ce ne tut ni pour les uns ni pour les autres un motif tle Ie
Les iorinthiens, quoique alliés d'Argos' n'adhérèrent
"ottptu.
pas à ce nouveau traité, oôtt plo* {}'au précédent '
par lequel
les Éléens, Ies trrgiens'et les Maniinéens s'étaient engagds.à
ne faire la paix oo"iu go"rre que d'un commun accord.
Ils tlé-
clarèrent s'entenir à lËncienne alllance défensive, en vertu de

iuq"*ri. on clevaii se prêter mutuellement secours, sans s'unir


292 GUERRE DU pÉropoNÈsu.

pour attaquer presonne. c'est ainsi que les


corinthiens se sé_
parèreut de leurs alriés et inclinèrent
derechef vers Lacddd_
mone. o

XLIX.
Pendant cet dté, on célébra les jeux
olympiques, ou
I'Arcadien androsthénès. fut pour Ia première
au pancrace r' fo"is ïainqueur
Les Lacédcmoniens sô virent rrrm.r-pu. res
Éléens I'accès du temple, a* rac.in.u, .i
aur-iËor.ir, o'u-
vaient pas payé à,laquelle, d'après rnioi-a6rympie,
l^11..r4.
les Eléens les avaient condamïds pour àvoir porté rÀ armes
contre leur fort de phyrcos! et envôyé
pendant la trêve olympique'. L'amende {es }topiites Àïep.aoo
était de cteux mille
mines{, à raison,de deux *ines par hoplite,
;o;io;;;ment
la loi. Les Lacédémoniens récramèrent par ambassade à
cette sentence ; suivant eux, la trêve n,dtait pas contre
bliée à Lacédémone quanrr ils avaient envoyé
,ororc po-
Éléens répondirent qu'eile e*istaiipour
i.u.,
gens. r,es
eux-mêmes, effet
ils la proclamèrent d'abord chez Ëur
i_ et que, se-en
reposant
sur la foi publique, ils,avaient été pris
les Lacédémoniens répliquèren! 1" a=ep.irio.i qooi
qu*i, ..it[-ffiuc,
a res
Éléens s'dtaient .ror offensds, ils'nLuraient 'pas
proclamd ra
trêve à Lacécrémone.;puisq-u'ils |avaient r,ii,
l?il t'uïliiii, etuirot
pensdel enfrn, depuis ce moment,
.d* .cette eux-mêmes
s'étaient abstenus de toute agretiion. r,., rià.",
rien entendre. Jamais, direnï-irs, 0n ne reur iu"îoturrot
les Lacéilémoniens ne Jussent pur dun, r;;
feraii.roi.. qou
tut;'sipîurunt
ceux-ci voulaient rendre Lépréon, lrs renonceraient
part de I'amende et payeraient pou* Ies Lacécté"ioniïn,à reur
qui revenait au dieu. ..rru
L. Sur leur refus, les Éléens leur firent une autre proposi_
tion : qu'ils
-gardassent Léprdon, puisqu'irs ne vouraient déci-
démeat pas le rendre; mais, s'its ienaient à avoir i;"rîâ.
temple, qu'ils montassenr sur lauter ae Jupiirrït a*
présence de tous les Grecs, le serment
nrrËïrt, ."
ae payer phs îaJ cette
.amende. Les Lacédémoniôns r,y-consentir*t pu, aauantug,
aussi furent-irs excrus du iem_preidu ;
sacrifice ut à., j.oî'ir, ,u_
crifièrent chez eux. Lg res.te a'0. ôt..r prit
pa.t a ta rËiJl"rupte
les Lépréates. cependant res_Élé.n*,-c'.uigïant
que res' iaceaa-
moniens n'eussent recours.à la force, mirJnt
.u. îi;â;";iarae
d.e jeunes gens. Ir leur vint aussi
miitr n"girns, autant à.'uun-
tinéens, et descavariers d'Athènes., q.i
céldbration des ieux. yn*_Srql4. tiufuo.
.il",tLi."itïîg.*
ru
s,empara de l,assem_
blée; on craignii que les LàcédémoniËns
ne vinssent en armes,
LIVRE V. 293
surtout après que leur compatriote Lichas {ils d'Arcésilaos eut
été frappé de verges clans l'arène par les rhobdo,phorest. Ses
chevaux avaient mérité le prix; mais , comme il n'avait pas le
droit de concourir, on proclama vainqueur le peuple de Béotie"
Alors Lichas, s'avançant dans I'arène, ceignit d'une bande-
lette le front du cocher, pour faire voir que le char était à tui.
Cet incident augmenta la crainte générale, et I'on s'attendit à
quelque mouvement. Toutefois il n'en fut rien , et la fête s'a-
cheva sans trouble.
Après les jeux olympiques , les Argiens et ieurs alliés se
rendirent à Corinthe, pour engager cette ville à se joindre à
eux. ll s'y trouvait déjà des ambassadeurs de Lacédémone. On
échangea bien d.es paroles sans rien terminer; car il survint
un tremblement de terre qui fit lever la séance, et chacun
regagna ses tbyers. Là-dessus l'été finit.
LI. L'hiver suivant, les babitants d'Héraclée en Trachinic eu-
rent un combat à soutenir contre les liniens,les Dolopes, les Ma-
iiens et un certain nombre de Thessaliens. Ces peuples voyaient
de mauvais æil cette ville s'élever dans leur voisinage; car sa
fondation était une menace essentiellement dirigée cbntre eux.
Aussi,_à peine commençait-elle à s'établir, c1u'ils I'attaquèrent
et lui trent tout le mal possible. En cette occasion , ili vain-
quirent en bataille tes lléracléotes, tuèrent leur chef, ie Lacd-
tlémonien xénarès flis de cnidis , et raillèrcnt en pièces une
partie de sa troupe. Là-dessus I'hir.er finit, ainsi quc la dou-
zième année de la guerre.
LII. Dès Ie commencement de l'été suivant(c), les Brjotiens,
voyant l'état fâcheux ou cc combat avait réduit IJtlraclée ,
prirent en mains I'administration de cette ville, ct renvoyèrent,
pour abus de pouvoir, le gouverneur lacédémonien Hégésip-
pidas. Ce qui les y détermina, ce fut la crainte que tes-,tthé-
niens ne s'emparassent d'Héraclée à la faveur des emba*as
du ,Péloponèse. Les Lacdddmoniens ne lcur en gardèrent pas
moins rancune.
Le même été, Alcibiacle Iils de Clinias, général athénien,
seconclé par les Argiens et leurs alliés , pénétra dans le pdlo-
p_onèse avec un petit nombre d'hoplites ei il'archers athéniens.
Il prit avec lui un renfort d'aliéj du pays, régla tout ce qui
concernait I'alliance, traversa le péloponèse avec une armdt,
et persuarla aux Patrée's de construire des murs jusqu,à lri
(a) Troisième annéc de la guerre, an 4tg ayrnt J.-C.
294 GUERRE Du PÉroPoxÈsu.
mert. lI avait aussi le projet d'élever un fort sur le Rhion
d'Achaïe, mais les Corinthiens , les Sicyoniens et tous ceux à
qui cette coustruction portait ombrage, s'y opposèrent les
armes à la main.
LI[. Le même été, il y eut une guerre entre les Épitlau-
riens et les Argiens au sujet d'un sacrifice que les Épiilau-
riens devaient o{frir à Apollon Pythden I pour les terres rive-
raines, et dont ils ndgligeaient de s'acquitter. Les Argiens
étaient les mattres absolus de ce temple. Ind.épentlamment de
ce motif, Àlcibiade et les Argiens voulaient, s'il dtait possible,
s'assurer d'Épidaure, afin de tenir Corintbe en respect et d'ou-
vrir aux Athéniens, allant d'Égine au secours d'Argos, une
route plus directe, sans avoir à doubler le cap Scylléone. Les
Argiens se disposèrent clonc à envahir l'Épidaurie pour obliger
les habitants à fournir la victime.
LlV. Vers la même époque. les Lacéilémoniens en corps de
nation, sous la conduite de leur roi Agis fils d'Archidamos,
s'avancèrent jusqu'à Leuctra, dernière ville cle leur pays du
côté du Lycée t. Nul ne connaissait le but de cette erpédition,
pas même les villes qui avaient fourni les troupes, Mais les
sacrifices pour Ie passage tle la frontière n'ayant pas dté favo-
rables , les Lacédémoniens regagnèrent leurs foyers, et prd-
vinrent les alliés de se tenir prêts pour une autre expédition
aussitôt après le mois suivant
de fête pour les Doriense. - c'était le mois Carnéen, temps
Après leur retraite,les Argiens
-
se rnirent en campagne le quatrième jour de la ilernière ild-
cade du mois qui précède le Carnéen. Ils employèrent ce jour
à faire la route, et tout le reste du tempsi à envahir et à dé-
vaster les terres des Épidauriens. Ceux-ci appelèrent leurs
alliés; mais les uns s'excusèrent sur les fêtes de ce mois,les
autres s'avancèrent jusqu'aux limites de ltÉpiilaurie, et s'y
tinrent en repos.
LV. Pendant que les Argiens étaient dans le pays il'Épi-
daure , des députations des villes se réunirent â Mantinée sur
I'invitation des Athéniens. Des conférences s'étant ouvertes,
Euphamiclas de Corinthe soutint que les actions rdponclaient
mal aux paroles ; qu'gn était assemblé pour s'occuper de la
paix, tandis que les Épidauriens , leurs alliés et lei Àrgiens
dtc.ient en armes et en présence; qu'avant tout il faltait séparer
les deux armées I qu'alors seulement on pourrait parler de
paix. Cette proposition admise, on partit sur-le-champ, et I'on
obtint l'éloignement des Argiens; puis on reprit les confdrences,
LIVRE Y. 295

flrent-
inais sans réussir à se mettre tl'accord. ÀusSi les Àrgiens
ils une nouvelle irruption dans l'Épi<laurie, qu'il-s ravagèrent'
ies Lacédémoniens i'avancè,ent jûsqu'à Caryptl .mais' cctte
foit uo.ot., les vit:timr*pootle pissage ile la frontièren'ayant
Argiens ra-
ûas été favorables, ils r-ebroussèrent-chemin. Les
et rentrèrent chez eux'
i;i;;-près du iiers de I'Épidaurie
Mille Àthéniens, coÀmandés par Alcibiade, élaient.venus
à

iào. tu.oors; mais, quand ils surent que les


1l:é,*t"l::i:1t
plus ne-
s'étaient retiîés et qïe leur présence à eux n'étatt
;.;il, ils reprirent ta route de leut pays' Ce fut ainsi que
l'été s'dcoula.
LVI. L'hiver suivant, les Lacédémoniens, à l'insu des Àthé-
nieos, envoyèrent put ur.t à Épidaure une garnison
tle tmis
cents homror* ,ou* les ordres â'.egésippidas' Les Àrgiens se
plaisnirent aux athéniens de ce qu'ils avaient permis cette
quoiqu'il fùi dit expressément pat le
;;îFiïi;;-À-ritir*, par- eu€un
t.JiiJ qu'on ne laisseràit tiaverser son tlomaine
**ttttil lft alootertot que si, par représailles' Ies.,Athéniens
Hllo[es pour
ne replaçaienl pas à Pylos.les- Messéniens et les
po*r ofiensés. Les Atbé-
i*.ii" ia Laconie,lf*"ru tiendraient
oirorrro"trptopotition-d'l'ltibi"de,inscrivirentaubasdela
I avaient trahi
colonne lacédémoni;; que les Lacédémoniens
de cranies
leurs serments I p"i* ir* trànsportèrent les Hilotes
à Pylos pour y u*Àt" Ie briiandage' D'ailleurs ils se tinrent
en repos. r^^ Àrgtens
L:_-^- les
-e hiver ,r
Daàsh guerre que se firent penilant cet rargÉe, rnais
utl.* ÉpiaË"ri*,'ii ny- eut ioint de bataille
,.ote*rot cles esârmoo-.hes ei des incursions, où les pertes
al farl et il'autre t" teaoi*itent à quelqtgt l1ÏT::' IÎ:::
finiàsaitet I'on touchait au printemps-, lor-s.que les .Arglens
iles écheiles. llJ avaient comptd
ffi;;;;ù;-"r d'É;id;ti ào''.ô tle la guerre et.l'emporter
la trouver ,"o* àéf.nse cause
rnui" iir- of réussirenr pas. Là-dessus I'hiver finit,
;;.;ù;;
ainsi que'la treizième année de Ia guerre'
voyant
ivfi. Au milieu cle lt été suivant (o!, I es Laoéctémoniens'
-dÉpidaore
r.*rïiriet en souffrance' le reste dy
-l!]onolese
ue ferait qu'-em-
ou révolté oo *econt.nt, se clirent que le mal
porter remède' Ils prirent donc
pir.r, s'ils ne *u-net*iunt'd'y
et mercbè-
les armesn eux et leurs Hilotés en corps de nation'
fils tl'Àr'
tent contr. E got *s Ia concluit€ d; leur roi Âgis
(e) Qnatrième année dela guerreo an 418 avantJ'4'
296 GUIRRE Du pÉropoNrisn.

chidamos, Avec eux ctaient les Tdgiates et


les autres ellids
il'Arcailie ; ceux du reste du pélopoièse et ao aunoi,l,
.u*_
semblèrent à Phlionte. Les Béotiens avaient tourni
cùq mitte
hoplites, autant de soldats armés à ra légère, .i"q-.r"ticava_
liers arec_un pareil nombre d'hamippesrl tes coriirttrieù
aeu"
mille hoplites; les-.autre's à proporii'on. Les phliasiens dtaient
venus en masse, le rassemblement ayant lieu sur leur
toire.
te*i-
Les Argiens , p_révenus d'aborri des préparatifs des
,,LIJIL
Lacédémoniens, puis de leur marche sur phlionie
à la ren_
contre rle leurs alliés , se mirent eux-mêmes en campagne.
étaient. sout€nus par les Mantinéens et reurs altiés,ïiisi
tt,
que
par trois mille hoplites d'Élis. En s'avançant, ils rentontrèrent
les Lacédémoniens à Méthydrion en arcadie r. chacune des
deux.armées s'empara d'unô hauteur. Les Argienr- ,,
à;rpo-
saient à profiter de I'isolement des Lacédémàniens-pour'les
combattre; mais A.1sis décampa sans bruit pencrant'ia nuit,
et se porta vers Phlionte pour rejoinclre le gros de ses alliés.
Aussitôt.que.les argiens s'en furent apetços, ils se mirent.e'
marche à l.a pointe du jour et se portè*ot premièrement sur
Argos, puis sur le chemin de Némée, par oû ils prdsumaient
que les Lacédémoniens descenclraient avec leurs âtties.
Mais,
au lieu de suivre cette route, Agis, à la tête cle Lacédémoniens.
des Arcadiens et cles Épidauriens, en prit une autre fort
dif-
ficile, et descendit dans Ia plaine cfArgos q. Les corinthiens
,
les Pelléniens et les phliasiens se dirigèient par d,autres
rapides"; les Mégariens et les sicyoniens eùrent orilre dï funtr*
aes-
cendre par la route de Némée quloccupaient les Argiens, afr'
tle les prenclre à rèvers avec la cavalerie au premie"r mo.uve-
ment qu'ils feraient dans la plaine contre leiLacédémoniens.
ces dispositions arrêtées, agis cléboucha dans Ia plaine; où il
ravagea Saminthos et d'autres localités.
LIX. Dès qu'il fit jour, les argiens mieux renseignds parti-
rent de Némée. Ils rencontrèrent le corps des pùiasiens et
tles corinthiens', tuèrent quelques hommes aux phliasiens et
en pertlirent eux-mêmes à peu près autant, qui tombèrent sous
le,s coups des corinthiens. Les Béotiens lei Mégariens et les
,
s-icyoniens,-d'après I'ordre qu'ils avaient reçu, se-portèrent sur
Némée, mais san-q trouver les Ârgiens ; ceui-ci étâient descen-
dus en voyanl le ravage de leuis terres, et dtaient occupés à
,3e_ ranger en bataille. Les Lacédémoniens s'étaient
également
déployds. De toutes parts les argiens étaient environiés d'en-
LIVRE V. 297

nemis : ilu côté de la plaine, les Lacédémoniens et leurs alliés


Ieur barraient le chemin d'Argos ; sur Ies hauteurs étaient les
Corinthiens, les Pbliasiens et les Pelldniens ; du côté-de .Némée,
les Béotiens, les Sicyoniens et les Mégariens. Enfin ils n'a-
vaient pas de cavalerie; car de tous leurs alliés les Athdniens
seuls étaient en retarcl.
Les Argiens et leurs alliés ne iugeaient. pas généralement la
position si fâcheuse ; au contraire leschances leur paraissaient
être en leur faveur; car ils s'imaginaient tenir les Lacédémo-
niens enfermés dans leur propre territoire et sous les murs de
leur ville. Ddjà les deux armées s'ébranlaient pour en venir
aux mains, lorsque tleux Argiens, savoir. Thrasyilos, un des
cinq généraux, et Alciphron, proxène tles Lacédémoniens, allè-
rent trouver Àgis et Ie dissuadèrent de livrer bataille, I'a.ssu-
rant gue ies Argiens étaient prêts à soumettre à un arbitrage
leurs clifférencls avec les Lacédémoniens et à faire avec eux un
traitd de paix pour i'avenir.
LX. Les Àrgiens qui faisaient cette démarche agissaient de
leur chef et sans aucune mission publique. Agis gofrta leurs
propositions; et seul, sans en délibérer plus amplement, sans
en dire mot à personne , si ce n'est à I'un des magistrats qui
étaient au camp, il conclut une trêve de quatre mois, pendant
laquelle les Argiens devaient accomplir leurs promesses; après
quoi iI ramena aussitôt I'armée , avant d'avoir pris I'avis d'au-
cun autre de ses compagnons.
Les Lacédémoniens et leurs alliés oSéirent par d'éférence
pour la loi ; mais entre eux il n'y avaib qu'un cri contre
Agis. On avait, disaient-ils , une occasion unique de livrer ba-
taille; I'ennemi était complélement cerné, soit par la cavalerie,
soit par I'infanterie 1 et I'on se retirait sans avoir rien fait qui
répondît eux forces dont on disposait. Jamais en effet plus
belle armée grecque n'avait été rtjunie I on put s'en convaincre
lorsqu'elle fut rassemblde à Némée. C'étaient les Lacédémo-
niens en masse, les Arcad.iens, les Béotiens, les Corinthiens,
les Sicyoniens , Ies Pelléniens , les Phliasiens, les Mégariens,
tous gens choisis , I'éIite de leurs nations , et qui sembiaient
faits pour tenir tête, je ne dis pas à la ooalition d'Argos, mais
à une force clouble. Ainsi I'arnrée se retira fort mécontente
tl'Agis. Elle fut licenciée, et chacun regagna ses foyers.
Les Argiens étaient encore plus imités contre ceux qui, trai-
tant sans I'aveu de Ia multitude , leur avaient fait manquer la
plus belle occasion qui pût jamais se présenter, et avaient fait
298 GUERRE Du PÉLopoNù$u,

dchapper les Lacédémoniens : en ellet, ils allaient combattre


sous les murs de leur ville., avec I'assistance d'alliés braves et
nombreux. Aussi, à leur retour, se mirent-ils en clevoir de la-
pider Thrasyllos dans le Charadront, endroit ori ils jugent,
avant de rentrer, Ies délits militaires. Thrasyllos se réfugia
sur I'autel et échappa ainsi à la mort ; mais ses biens furent
confisqués.
LXI. Là-dessus il arriva d'Athènes un renfort de milte ho-
plites et detrois cents cavaliers, commandés par Lachès et Nicos-
tratos. Les Argiens, qui craignaient cle rompre la trêve conclue
avec Lacéd.émone, les invitèrent à repartir; et quoique les Àthé-
niens clemandassent à parler au peuple, ils refusèrent de leur
donner audience. A la fin cependant ils y iurent forcés par les
instances cles Mantinéens et des Éldens, qui étaient encore à
Argos. Les Athénipns, par i'organe d'Àlcibiade leur ambassa-
deur, soutinrent, en présence des Argiens et d.e leurs alliés,
que lton avait eu tort de conclure une convention sans la par-
ticipation des confédérés, et qu'il fallait profiter de leur ar-
rivée pour entamer les hostiiités. Les allie s prêtèrent I'oreille
à cet avis; ettous, à I'exception des Argiens, marchèrent aus-
sitôt contre Orchornène d'Arcadic. Les Argiens , tout en parta-
geant I'opinion générale , restèrent néanmcins en arrière et ne
rejoignirent que plus tard. Ainsi réunis, ils allèrent mettre Ie
siége ilevant Orchomène et donnèrent plusieurs assauts. Leur
intention était d'attirer à eux cette ville et surtout de délivrer
les otages arcadiens que les Lacédémoniens y avaient ildposés.
Les Orchoméniens, alarmés de la faiblesse de leurs murailles
et clu nombre des assaillants , ne se voyant d'ailleurs aucune-
ment secourus, craignirent de succomber. IIs capitulèrent ilonc
sous condition d'entrer d.ans l'alliance , de donner eux-mêmes
des otages aux Mantinéens et cle livrer ceuE que les Lacétlé-
moniens leur avaient confiés.
LXII. Maîtres d'Orchoùène, Iesconfdilérés agitèrent la ques-
tion de savoir quelle serait celle des autres viiles ennemies
qu'on attaquerait ensuite. Les Ûléens opinaient pour Lépréon,
les Mantinéens pour Tégée. Les Argiens et les Athéniens se
réunirent à ce dernier avis. Âlors les Éléens, irrités de ce
qu'on n'avait pas voté pour Lépréon, se retirèrent chez eux.
Les autres alliés firent à Mantinée leurs dispositions pour aller
attaquer Tégée, qu'une trahison devait leur iivrer.
LXIII. Cependant ies Lacédémoniens , après leur retraite
d'Argos et la conclusion de la trêve de quatre nrois, murmu-
LIVRE V. 299

râient tout haut contre Agis, qui avait laissé échapper une oc-
casion, unique jusqu'alors, de leur soumettre cette ville ; car
il n'était pas facile de réunir une autre fois un si grantl nombre
de braveJ alliés, La prise d'Orchomène mit le ôomble à I'eur
fureur. Obéissant, contre leur coutume, àleur premiermouve-
ment, ils parlaient de raser sa maison et dc le contlemner à
cent mille tlrachmes d'amendet. Il les conjura tle n'en rien
faire, assurant qu'à la première campagne il rachèteraib ces
reproches par une actron d'éclat I autrement, ils agiraient à
leur fantaisie. Les Lacédémoniens ajournèrent I'amencle et
la démolition; mais ils rendirent alors une loi nouvelle : ce fut
tl'élire un conseil de Spartiates, sans I'assentiment desquels iI
ne serait pasmaitre d'ér'acuet le tenitoire ennemiq.
IXIV. Sur ces entrefaites, ils sont avertis par leurs amis de
Tégée que, s'ils n'arriyent prontptement, cette ville passera
dans I'alliance des Argiens, et que sa défection est imminente.
A I'instant les Lacédémoniens et les Hilotes en masse prirent les
,armes et se portèrent, âvec une célérité jusqu'alors sans exem-
ple, sur Oresthéon en Ménalier. Ordre fut donné aux ailiés
d'Arcadie ile les suivre à Tégée. Arrivés à Oresthéon avec
toutes leurs forces, les Lacédémoniens en congédièrent la
sixième partie, savoir les plus vieux et les plus jeunes, qu'ils
laissèrent à la garde du pays; le reste gagna Tégée, ou il fut
bientôt rejoint par les Arcadiens alliés. Ils fiLent aussi deman-
der à Corinthe, en Béotie , en Phocide et en Lomide, I'envoi
cle prompts secours à Mantinée. Le délai était bref, et il n'était
pas facile aux alliés de traverser isolément, sans s'attendre les
uns les autres,le teruitoire ennemi qui leur fermait le chemin;
cepenilant ils firent diligence. Quant aux Laeétlémoniens, ils
prirent ayec eux les Arcadiens présents et envahirent le terri-
toire de Mantinée. Ils campèrent près du temple d'Hercule et
ravagèrent le pays.
LXY. Les Argiens et leurs alliésneles eurent pas plustôt aperçus
qu'ils alièrent occuper une colline cle difficile accès et s')'ran-
gèrent en bataille. Les Lacédémoniens s'avancèrentcontre eux.
Déjà ils n'étaient plus qu'I une portée de pierre ou cle javelot,
quanil un des vieillards, voyant la force de la position prise
par l'ennemi, cria au roi qu'il guérissait un mal par un autre ;
ce qui voulait dire que son arileur inconsid.érée cherchait à
réparer sa malencontreuse retraite d'Argos. Soit qu'il fùt
frappé de cette remontrance, soit qu'ilett spontanément changé,
Agis s'arrêta court avant rlten venir aur mains; et, se portant
3OO GUERRE DU PÉLOPONÈST.

vers la Tégéatide, il tlétourna sur le territoire de Mantinée


I'eau qui est un perpétuet sujet de guerre entrelesMantinéens
et les ïégdatet, à cause ttes dégâts qu'elle occasionne en se je-
tant de I'un ou de I'autre côté t. Il espdrait qu'à cette nouvelle
les Argiens et leurs alliés tlescenclraient tle la colline pour
s'oppoier à la dérivation de I'eau, et qu'ainsi le combat s'en-
ga$èrait dans la plaine. II passa tout le jour en :. 11.9 occupé
i ditoo.oer I'eau. Cette brusque retraite surprit cl'abortl les
Argiens ert leurs allids, qui ne pouvaient se I'expliquer; mais,
quànd I'ennemi eut disparu, sals, qu'eux-mêmes fissent aucun
mouvement à sa poursuite, ils éclatèrent en murmures contre
leurs généraux. n Ce n'était pas assez' disait-on, d'avoirune pre-
mièreJois laissé échapperles Lacédémoniens enfermés près il'Ar-
gos;maintenant ils fuient sansque personne s'y oppose;ils se
Iauvent à leur aise, tanclis que nous sommes trahis. > Au premier
instant , les généraux furent tléconcertés; ens.uite ils firent
descendre l'armée de la colline dans Ia plaine, oùils campèrent
avec I'intention de livrer bataille.
IXVI. Le lendemain, les Argieas et leurs alliés se mirent
tlans I'orflre oir ils tlevaient combattre, s'ils en trouvaient I'oc-
casion. Les Lacédémoniens revenaieni des bortls de I'eau et
regagnaient leur position delaveille près du temple d'Ilercule,
toËqî'ils aperçurent à courte distance toute I'armée ennemie
en liigne devani eux. Jamais, de mémoire d'homme, les Lacé'
I tléminiens n'avaient e* si vive alerte; il n'y avait pas un in-
stant à perdre. Ils prirent leurs rangs en toute hâte, le roi
I Agis donnant orclre à tout. ainsi Ie veut la loi; lorsque-le roi
t
er-t à I'ur*ée, tout est soumis à son commandement. II clicte
lui-même ses injonctions aux poldmarques; ceux-ci les trans-
mettent aux locËages, les lochages aux pentécontères_, ceux-ci
aux énomotarques, etces derniers àlténomotier. Tous les ordres
du roi suivent cette marche et parviennent avec rapitlité I car
l,armée lacédémonienne, à peu d'exceptions près, ne contient
que des commandants de commandants, ce qui étentl àun plus
grand nombre Ia responsabilité de I'exécution'
I
LXVII. Dans cettô journée, les Scirites occupèrent I'aile
gauche, poste qui leur est exclusivement réservé. Yenaient
énsuite lôs soldàts qui avaient fait sous Brasidas la campagne
de Thrace, et aveô eux les Néoclamodes;..puis les Lacéilé-
moniens proprement tlits, rangés par bataillons ;, a'p-rès eux,
les Arcaclieni d'Héréu, ceux tte Ménale; enfin à I'aide d.ro_ite le"s
Tégéates s, avec quelques Lacéilémoniens à I'extrémité. La ca-
LIV,RE V. 301

valerie flanquait les tleirx ailes. Telle était I'orclonnance des


Lacédémoniens.
Dans I'armée opposée, les Mantinéens occupaient la tlroite,
parce que I'affaire avait lieu sur leur territoire 5. Immédiate-
ment après étaient les alliés d'Arcadie; puis les mille soldats
ct'élite, auxquels clepuis longtemps Ia ville tl'Argos fournissait
à ses frais ,l'instruction militaire I ensuite les autres Argiens,
et après eux leurs alliés de Cléones et cl'Ornées r; enfin les
Athéniens à I'extrême gauche, soutenus par leurs cavaliers.
LXVIII. Telles furent les dispositions des deux armdes. Les
f,acdclémoniens parurent supérieurs en nombre; cependant je
ne saurais indiquer au juste Ie chilfre des uns et des autres,
ni en détai,l ni en totalité. Le nombre cles Lacédémoniens était
ignoré à cause du mystère de leur gouvernement I d'autre
part on ne peut s'en rapporter aux exagérations de I'orgueil
national. Toutefois le calcul suivant permet d.'évaluer la force
numérique de I'armée lacdrlémonienne. Sept bataillons figu-
' rèrent à cette journée, sans compter les Scirites au nombre de
six cents.' Chaque bataillon contenait quatre pentécostys;
chaque pentécostys quatre énomoties. Dans chaque énomotie
quatre hommes formaient le premier rang. Ils ne se placèrent
pas tous sur Ia même hauteur, mais au gré de chaquelocbage;
en général cependant ils étaient sur huit de hauteur. Dans
toute la ligne, clécluction faite des Scirites, le front se com-
posait de quatre cent quarante-huit combattants '.
[XIX. Quelques instants avant Ia rencontre, les généraux
des deux armées exhortèrent leurs soldats. Aux Mantindens ils
rappelèrent qu'ils allaient combattre pour la patrie, oomme
aussi pour I'empire ou pour I'esclavage; qu'il s'agissait pour
eux de conserver la jouissance de I'un et de ne pas retomber
dansl'autre. AuxArgiens, qu'ils devaient reprendre leur ancienne
suprématie, reconquérir la possession, jadis égale, du Pélopo-
nôse, et tirer vengeânce cle voisius mal intentionnés. Aux
Àthéniens, qu'ils étaient glorieux, en combattant au milieu de
tant et de si braves alliés, de ne le céder à personne en vail-
lance; qu'une fois vainqueurs des Lacédémoniens tlans le
Pdloponèse, ils étenrlraient, iis afÏermiraient leur clomination,
et n'auraient plusà redouter d'invasion étrangère. Telles furent
les exhortations aclressées aux Argiens et à leurs alliés. Les
Lacédémoniens, en hommes cle courage, s'excitaient indivi-
tluellement et tous ensemble., par des chants guerriers r' à se
souvenir de I'instruction qu'ils avaient reçue. Ils savaient qu'un
:J02 GUERRE DU PELOPONESE.

long exercice pratique est un meilleur garant de la victoire


que tles exhortations orales, toujours fugitives, quelque élo-
quentes qutelles soient.
LXX. Ensuite les deux armées s'ébranlèrent. Les Argiens et
leurs alliés s'avançèrent à pas accélërés etavec véhémence, Ies
Lacéclémoniens lentement et au son rl'un grancl nonrbre de
flttes r; ce qui n'est point un usage religieux, mais un moyen
de régler leur marche par la catlence et d'éviter que leur ligne
ne se rompe, comme iI advient fréquemment aux grands corps
d'armde allant à I'ennemi.
LXXI. 0n était encore en marche, lorsque ,le roi Agis eni-
ploya la manæuvre suivante. En général, dans les rencontres,
les armées sont sujettes à obliquer sur la clroite, en sorte que,
ile part et d'autre, on déborde la gauche de I'ennemi. Celatient
à ce que chacun tâche instinctivement d'abtiter la partie dé-
masquée de son'corps derrière le bouclier de son voisin, et
çlu'mespère être mieux protégé en ne laissant aucun vide. Cette
rléviation est ocsasionnée par le guitle de droite, qui cherche
toujours à dérober aux ennemis le flanc non couvert par le
bouclier;leq autres suivent par I'effet tle la même crainte. En
cette journée, Ies Mantinéens débordaient ile beaucoup I'aile
des Scirites, tandis que les Lacédémoniens et les Tégéates, tu
leurs supdriorité numérique, clébordaient encore plus les Atbé-
niens. Agis, craigrrant donc que sa gaucbe ne ftt tournée, et
trouvant que les Mantinéens s'étendaient trop, enjoignit aux
Scirites et aux solclats de Brasidas de se ilétacher du corps de
bataille pour aller se placer en face des Mantinéens. En même
temps il prescrivit aux polémarques Hipponoïdas et Aristoclès
de prendre deux bataillons et ile fermer la brèche. Il pensait
que sa droite n'en serait pas trop affaiblie et que I'aile opposée
aux Mantindens gagnerait en solidité.
IXXII. Mais I'ortlre ayant été donné avec précipitation et au
moment de la rencontre, Aristoclès et Hipponoïdas refusèrent
d'obéir; ce qui plus tard les fit exiler de Sparte comme cou-
pables de lâcheté. Aussi les enncmis eurent-ils le temps de
commencer i'attaque; et, Iorsqrre Agis, vo5ant que les d.eux
bataillons ne se portaient pas vers les Scirites, eut rappeld ces
derniers à leur poste, il ne leur fut plus possible de le reprenclre
ni de combler le vide. Mais si, en cette occasion, ies Lacédé-
moniens se montrèrent à tous égards inférieurs en tactique,
ils se relelèrent par leur valeur. Quand le combat fut engagé,
l'aile droite oir étaient les Mantinéens culbuta les Scirites et les
LIVRE V. 303

soldats de Brasidas; puis les Mantinéens, Ieirrs alliés et les


mille Argiens d'élite, se jetant tlans la brèche, ddfirent les
tacéilémorriens, les enveloppèrent, les mirent en déroute, et
les poussèrent jusqu'à leurs chariots, otr ils tuèrent quelques-
uns rles vétérans préposés à la garcle des bagages. Sur ce
point, ies Lacédémoniens eurent donc Ie dessous; mais le reste
de leur armée, et surtout Ie centre ou était le roi Agis avec le
corps dit des trois cents cavaliers ', chargea les vétérans
d'Aigos, ou ce qu'on appelait les cinq bataillons, ainsi que les
Cléonéens, les Ornéates et les Athéniens rangés près d'eux.
Tous ces gens furent mis en fuite; la plupart n'attendirent pas
même le ôhoc des Lacédémoniens, etplièr'ent dèsleur approche.
Quelques-uns furent foulés aux piecls, pour n'avoir pu éviter le
mouvement enveloppant de ltennemi.
LXXII. Ce poini enfoncé, I'armée des Argiens et cle leurs
alliés se trouva coupée en deux. Penilaut ce temps, I'aile ilroite
des Lacédémoniens et cles Tégéates tourna les Athéniens qu'elle
débordait, et les mit clans une fâcheuse situation, car ils étaient
cernés cl'un côté et rompus de I'autre. De toute I'armée ils au-
raient eu le plus à souffrir, sans I'appui de leur cavalerie. Mais
par bo4heu.i Lgis , apprenant la défaite de son aile gauche
opposée aux Mantindens et aur mille Argiens, ordonna à toute
l'àimée de se rabattre à son secours. Ce mouvement dégagea
les Àthénienset leur permitd'elTectueràleur aise leur retraite,
de concert avec les Argiens vaincus. Dès lors les Mantinéens,
leurs alliés. et les Argiens d'élite ne songèrent plus à presser
I'ennemi ; mais, voyant Ia déroute des leurs et I'approche tles
Lacéclémoniens, ils se mirent en fuite. Les Mantinéens per-
dirent beaucoup de monde; les Argiens tl'élite s'échappèrent
pour Ia plupart. Du reste la fuite et la retraite ne furent ni
viotentes ni prolongées ; car les Lacédémoniens ont pour prin-
cipes de combattre obstinément et tle piçd' ferme tant que I'en-
neml résistel mais, une fois la fuite âéclarée, Ieur poursuite
dure peu et ne s'étend pas loin.
t XilV. Telles furent, à peu cle chose près, les particula- .

rités de cette bataille, Ia plus sanglante que les Grecs se fussent


livrés d.epuis longtemps, et à laquelle concoururent les villes
les plus importanies. ies Lacédémoniens, après s'être rangés
en avent, dés ennemis tués t, érigèrent sur-le-champ un trophée
et dépouillèrent les cadavres. Ils relevèrent leurs propres morts,
les rapportèrent à Tégée pour leur tlonner Ia sépuiture, et ren'
dirent par composition ceux de I'ennemi. Il périt en cette
304 cUERRE DU pÉLoponÈsn.
journée sept cenis Argiens, Ornéates ou Cléonéeqs, deux cents
Mantinéens, cleux cents athéniens ou Éginètes e avec leurs
cleux généraux. Les alliés de Lacéilémone ne souflrirent pas
d'une manière sensible. Quant aux Lacédémoniens eux-mêmis,
il n'était pas facile de savoir la vérité; cependant on évaluait
leur perte à trois cents hommes environ.
LXXY. Peu avant la bataille , plistoanax, second roi de
Lacédémone, partit de cette ville avec un renfort composé des
plus jeunes et des pl'rs vierlx citoyens mais, parvenu â tégér,
;
il apprit la victoire d'Àgis et rebroussa chemin. Les Lacéd&
momens firent contremander les corinthiens et les alliés d'en
dehors de I'Isthme. comme on était dans le mois carnéen .
eux-mêmes se retirèrent, après avoir licencié leurs alliés, ei
allèrent célébrer les fêtes. Par ce seul fait d.'armes. ils rache-
tèrent aur yeux cles Grecs leur désastre cre sphaciérie et se
lavèrent du reproche rl'imésolution et de lenteur. on reconnut
que,la fortune avait-bien pu les trahir, mais que par le courage
ils étaient toujours les mêmes.
la veille de cette action, les Épidauriens en masse avaient
envahi I'argolicle qu'ils croyaient'sans défense, et avaient mas-
sacré u_ne bonne partie cles hommes laissés par les argiens à
la garcle du pays. Mais les Mantinéens ayant été rùforcés
aples la bataille par trois mille hoplites d'Élis et par une nou-
velle troupe de mille,Athéniens, ces forces réuniei se portèrent
incontinent contre Épidaure, pôndant quo les Lacédêmoniens
célébraient les fêtes carnéennès. Ils se mirent à investir ra ville
en se partageant les travaux; mais ils ne tarclèrent pas à y
renoncer. Les Athéniens seuis achevèrent leur tâche, et fortl-
ûèrent la pointe ori se trouve le temple de Junon r. Cei ouvrage
, terminé, on y plaça une garnison dé toutes les troupes
alliées,
et chacun regagna ses foyers. Sur quoi l'été fnit.
LXXYI. Dès les premiers jours ile I'hiver suivant, Ies Lacé-
démoniens. après les fêtes Carnéennes, se remireni en cam-
pagne; et, s'étant avancés jusqu'à Tégée, ils ûrent porterà
{rgos tles paroles d.'accommorlement. II y avait dansseite ville
des hommes qui leur étaient dévoués ei qui désiraient abolir
le régime démocratique. L'issue cle Ia bataille leur fournit une
occasion excellente d'amener la multitude à des vues de con-
ciliation. Leur plan était de ménager avec Lacédémone d'abord
une trêve, puis une alliance, et de s'attaquer ensuite au gou-
vernement populaire. Lichas, fils d,Arcésilaos, proxène des
Argiens, se rendit à Argos avec mission tles Lacéctémoniens.
LIVRE V. 305

Il était porteur tle deux propositions différente$, selon qu'ils


opteraient pour la guerre ou pour la paix. Malgré I'opposition
tl'Alcibiarle qui se trouvait alors à Argos, les partisans de
Lacérlémone, devenus plus audacieux, persuatlèrent au peuple
d'accepter les ouvertures pacifiques. Elles étaient conçues en ces
termes :
LXXVII. a L'assemblée des Lacétlémoniens arrête de traiter
avec les Argiens aux conditions incliquées ci-après r.
c Les Argiens rendront aux Orchoméniens leurs enfants, aux
Ménaliens leurs hommes, aux Lacédémoniens les hommes qui
sont à Mantinée !.
< Ils sortiront du territoire tl'Épidaure et détruiront les forts
qu'ils y ont construits. Si les Athéniens n'évacuent pas Épidaure,
ils seront ennemis cl'Argos et de Lacéiiémone, ainsi que des
alliés de ces deux États.
< Les Lacéilémoniens renclront à toutes les villes ceux de leurs
esclaves qu'ils peuvent avoir 3.
< En ce qui concerne Ie sacrifice du dieua, les Argiens se-
ront libres de tléférer le serment aux Épidauriens ou de le
prêter eux-mêmes o.
c Les villes clu Péloponèse, grandes ou petites, se4ont toutes
iuclépenrlantes, conformément aux usages de nos pères.
c Si quelque peuple étranger au Péloponèse y'entre à main
armée, on se concertera pour le repousser, cle la manière qui
paraitra la plus juste aux Péloponésiens.
<r Tous les alliés cle Lacdctémone hors du Péloponèse seront
sur le même pied que les alliés des Lacéclémoniens et des
Argiens, c'est-à-clire maîtres ile leur propre territoire.
c Les alliés recevront notification tlu présent traité, pour
avoir la faculté d'y souscrire. S:ilg ont à faire quelque propo-
sition, ils enverront à Lacédémone. ) '
LXXnlI. Les Argiens acceptèrent ces articles. L'armée lacé-
démonienne quitta Tégée pour regagner sesfoyers, et lescom-
munications entre Argos et Lacérlémone furent rétablies. Bien-
tôt après, les mêmes citoyens amenèrert les Argiens à se
séparer cle Mantinée , cl'Elis et d'Athènes, pour f,aire avec Lacé-
démone un traité de paix et d'alliance dont voici la teneur:
LXXIX. < Les Lacéilémoniens et les Argiens conviennent
de conclure paix et alliance pour cinquante ans aux conditions
incliquées ci-après, s'engageant les uns et les autres à régler
Ieurs clifférends par les vôies légales, conformément aux usages
de nos pères.
306 GUERRT DU PÉIOPONÈ$,

c f,es autres villes du Pdloponèse pourront se faire con-


prenilre dans le traité de paix et d'alliauce, en resiant inilé-
pendantes, maitresses d'elles-mêmes et de leur territoire, à la
condition ile régler leurs rlifÏérends par res voies légales, con-
formément aux usages de nos pères.
c Les alliés des Lacédémoniens en dehors du pélopouèse
seront sur le même pied que les Lacédémoniens. Les allids des
,{rgiens seront sur le même pied que les Argiens et maitres de
leur territoire.
a s'il est besoin de-quelque expédition commune. les Lacé-
démoniens et les argieirs se concérteront de Ia mani'ère ia plus
équitable pour les alliés.
u si quelque di.fférencl, au sujet iles limites ou de toute
autre
question, s'élève entre les villes ilu péloponèse, il sera viclé à
I'amiable. si quelqu'une des villes ailiées est en contestation
aveo u[e autre, toutes deux se soumettront à ]'arbitrage d'un
État neutre qu'e)les auront choisi pour médiateur. aui parti-
cu]ig_p-!a justice sera rendue d'apiès les usages de nos pères. r
txxx. ainsi fut conclu ce traité de paix et d'alliancà. 0o s.
restitua réciproquement Ies conquêtes et I'on régla les diffd-
..1.d.*. Les deux peuples, flisant dès lors cause càmmune, dd-
crétërent de ne recevoir ni héraut ni ambassadeur de Ia part
des âthénieù,s, que ceux-ci n'eussent évacué le péloponèse
et
les forts qu'ils y a_vaient construits; enfln cre ne faire ni la paix
ni.la.guerre que d.'un commun accord. Déployant une extrême
activité en toutes c\9s.es, ils_ envoyêrent dè côncert oou aepo-
tation aux villes du littoral de ra fhrace, ainsi qu'à perdicËas,
qu'ils parvinrent à entralner dans teur liguel Toutefois ce
prince n'eut garcle de rompre immddiatemeit avec les athé-
nien:* I mais il en conçut le projet, lorsqu'il vit I'exemple donné
par la ville d'argos, dont il tirait son origine'. Finaiement ils
renouvelèrent avec les chalcidéens leurs ànciens serments et
en-ajoutèrent de nouveaux. Les Argiens députèrent aussi aux
4thdniens pour leur demander r'évàcuation du fort construit à
Ep-i-daure. ceux-ci, considdrant que leurs solclats étaient
bien
inférieurs en nombre au reste dô h garnison, cbargèreni oé-
mosthène cle les ramener. a soa arrivée, ce géné-ral simula
d9s je-ux gymniques, attira ainsi hors des murs ia partie étran-
gère de la garnison, et fit ensuite fermer les portes r. plus tard
les Athdniens renouyelèrent leur traité avec les Épidauriens
et ]eur rendirent le fort, '
LXXXI.'Après la ddfection d'Argos, les Mantinéens, Çui
LIYRE V. 307

d'abord avaient voulu résister, cornprirent que seuls ils étaient


; ils firent clcnc à leur tour la paix
irof iuilf.r avec,Lacétlémone,
et ienoncèrént à la 6omination qu'iis exerçaient daus quelques
villes.
i.r Lacédémoniens et les Argiens mirent, chacun de leur
côté, mille hommes sur piect pour une expédition. c.ommune'
Les bacédémoniens seulise rendirent à Sicyone, ori ils raffer-
mirent le gouvernement aristocratique. Ensuite les ileux troupes
réunies ailèrent à Argos pour renverser 1a démocratie et Ia
remplacer par une olig:archie^déY0q9...à Lacéitémone' Ces évé-
oi-Lnts se passèrent'sur la fin de I'hiver et aux approches du
printemps. Àinsi finit la quatorzième année de la guerre'
'-iXXXff . L'été suivantla), les Diens du mont Athos passèrent
a"-f utii tl'Athènes dans càlui cles Chalcidéens. Les Lacédémo-
t'
niens établirent en Achaie le régime qui leur convint A Àrgost
i- p*ii populaire releva peu à-peu là t6te et attaqua _l'oligar-
,ir[-; p.iicet effet, il attËndit r.le moment or\ Ies Lacédémoniens
combat s'engagea ilans la
"ftt uàioqouot,Unmassacra
.etelrài*ttt les Gymnopéùies
une partie de ses
ville; le peuple
aclversairei et chassa i'autie. Les Lacédérnoniens, appeiés par
irutr u*is, se firen[ longtemps attenilre; enfin ils ajournèrent
les Gymnopécties et se mirent en route pour Argos' Parvenus
les
e tJSéè, ils apprirent la défaite des arisiocrates; et, malgré
instJnces des fugitifs, iis refusèrent d'aller plus loin. IIs re-
tournèrent chez cux achever les Gymnopéilies.
Ensuite iI arriva des députés envoyés-par les Argiens Ce ia
ville et par ceux du dehois. Après de longs_débats.contratlic-
toires, q^ui eurent lieu en présence cles alliés, les Lacédémoniens
,lonnèrônt tort à ceur de la ville et résolurent de marcher contre
Ârgos; mais il survint tles retards et des ajournemelts. sur
ceJenirefaites, Ie peuple d'Argos, recloutant Ies Lacéclémoniens
et aspirant à renouer avec Athènes une alliance dont il espé-
rait â'heureux fruits, entreprit de construire ile longs murs
jusqu'à la mer. Il voulait par là, s'il venait à être bloqué par
ierri, s'assurer, avec I'aide des Athéniens, la ressource des
arrivages mariiimes. Quelques villes clu Péloponèse-avaient
eu coniraissance rle ce projet. Toute la population tl'Argos,
hommes, femmes et esclaves, mit la main à l'æuvre. Athènes
leur envoya des maçons et des tailleurs de pierre. c'est ainsi
que l'été finit.

(a) Quinzième année de la guerre, aî 417 avant '1.-C'


308 GUERRE Du PÉLoPoilÈsn.

tXXXru. L'hiver suivant,les lacédémo:riens, avertis de ces


travaux, marchèrent contre Argos avec tous leurs alliés, sauf
les Corintbiens, sous la contluite du roi Agis fils ct'Archiclamos.
Ils .avaient conservé dans Argos quelques intelligences I mais
le mouvement sur lequel ils comptaient n'eut pas lieu. En re-
vanche, ils prirent et rasèrent les murs en construction. Ils
s'emparèrent aussi d'Hysies en Argoliile et mirent à mort tous
les hommes libres qui tombèrent entre leurs mains; après quoi
ils se retirèrent, et chacun regagna ses foyers.
Les Argiens firent à leur tour une expdclition contre phlionte,
ilont ils ravagèrent le territoire. IIs en voulaient à cette
ville pour avoir reçu leurs bannis; c'est là en effet que la plu-
part d'entre eux avaient trouvé un asile.
Le même hiver, les Athéniens bloquèrent les côtes tle la Ma-
cédoine r. Ils ne pardonnaient pas à perdiccas de s'être ligué
avec Argos et Lacédémone, comme aussi .d'avoir, à l,époque
orl Nicias fils de Nicératos se disposait à marcher contre Am-
phipolis et les Chalcidéens du littoral de la Thrace r, aban-
donré I'alliance et occasionné par sa retraite la dispersion de
I'armée. Ils le traitèrent donc en ennemi. Là-tlessus l,hiver se
termina, ainsi que la quinzième année cle Ia guene.
LXXXIY. L'été suivant (a), Alcibiade se rendit à Argos avec
vingt'vaisseaux. Il enleva trois cents Ârgiens, qui étaient encore
suspects d'attachement pour Lacéclémone, et les déposa dans
les iles voisines qui dépendaient d'Àthènes.
Les Athéniens firent une expéclition contre l'Île cle Mélos avec
trente de leurs vaisseaux, six tle Chios et deux ile Lesbos. Ils
avaient à bord douze cents hoplites athéniens, trois cents ar-
chers et vingt archers à cheval, inrlépendamment tle quinze
cents hoplites fournis par les alliés et par Ies insulaires. Les
Méliens, colonie de Lacéddmone, refusaient d'imiter les autres
habitants, des îles en s'ayouant sujets ct'Athènes. Àu commen-
cement, ils avaient gardé Ia neutralité et s'étaient tenus en
reposl mais ensuite, forcés par les tlévastations que les Athé-
niens commettaient sur leurs terres, ils en étaiint venus à
une guerre ouverte. Les généraut athéniens, Cléomédès fils
de Lycométlès et Tisias fils de Lysimachos, campèrent avec leur
armée sur le tenitoire de Mélos; mais, avant dty exercer aucun
.ravage, _ils envoyèrent des ambassad.eurs chargés de parle-
menter. Les MéIiens, au lieu de les introtluire dans I'assemblée
ç
(a) Seizième année de Ia guerre, en 4t6 ay. J.-C.
LIYRE V. 309

du peuple, les invitè,rent à s'expliquer sur I'objet tle leur mis-


sion clevant les magistrats et les principaux citoyens. Les
ddputés athéniens parlèrent en ces termes :
LXXXY. Lns AruÉNrells. Puisquton ne nous permet pas de
nous faire entendre de ia multitude, mais qu'on nous introduit
seulement auprès d'un petit nombre cl'auditeurs, de peur sans
doute qu'un discours soutenu, persuasif et sans réplique im-
médiate n'induise votre peupie en erreur, vous qui siégez ici,
procéclez plus strement encore. Laissez là les discours suivis,
et examinez Ies questions au fur et à mesure qu'elles vous se-
ront soumises. Quancl nous aurons énoncé une opinion, si elle
vous paraît inadmissible, réfutez-la sur-le-champ; et , pour
commencer, dites si cette propositiou vous agrée.
LXXXYI. LBs MÉr,tens. Nous n'avons rien à objecter contre
cette manière calme et mocldrée tle s'éclairer mutuellement;
cependant elle nous semble s'accorder mal avec la guerre
qui nous menace, non dans un avenir éloigné, mais à I'instant
même. Nous le voyons : yous vous posez en juges de nos pa-
roles I et I'issue probable de cette discussion s€ra pour nous la
guerre, si, fondés sur le droit, nous refusons tle céder, ou,
dans le cas contraire, I'esclavage,
LXXXVII. Lps ÀrnÉNrnrqs. Si vous êtes réunis pour calculer
les chances d'un avenir incertain, au lieu d'aviser au salut
immédiat de votre patrie, nous garderons le silence lautrement
nous parlerons.
LXXXYIII. Lus MÉr,rnrs. Il est naturel et pardonnable, dans
la situation où nous sommes, de s'dcarter parfois, et en pensée
ef en paroles, de la question proposée. Nous reconnaissons que
cette réunion a pour objet notre salut. Rien ne s'oppose donc
à ce que Ia tliscussion reste dans Ies termes or) vous voulez la
maintenir.
LXXXE. Lus AruÉnruxs. Nous n'irons point chercher de
belles phrases I et nous n'entreprendrons pas de démonrer, par
de longs discours qui ne convainoraient personne, que notre
dornination .se justifie par nos triomphes sur les Mèdes, et
notre agression actuelle par vos torts envers nous. Mais tle
votre côté, ne venez pas non plus nous dire gue c'est en qua-
lité de colons de Lacédémone que vous avez refusé de vous
joindre à nous, et qu'à cct égard vous êtes san3 reproche. II
l'aut sc tenir dans les limites du possible, et partir d'un prin-
cipe universellement ailmis : c'est que, dans les affaires hu-
maines, on se règle sur Ia justice quancl cle part et d'autre on
3r0 GUERRE DU PELOPONESE.

eu sent Ia nécessité, mais que les fort's exercent leur pirissance


et que les faibles la subissent.
XCj Lus lt{Ér,rnns. Eh bien, pour nous placer sur Ie terrain
tle I'intérêt
- nous y sommes obligés,
principe I'utile plutôt que le juste,
puisqu'e vous érigez en
selon nous cet intérêt exige
-
que vous ne fassiez pas abstraction de I'utilité commune, mais
qu'il soit bien entendu que , pour quiconque se trouve en
ilanger, la convenance se substitue au droit, et que, n'ett-il à
alléguer que les raisons les plus faibles, il doit être admis à les
faire valoir. Cette manière tle poser la question est âussi bien
dans votre sens que dans Ie nôtre; car, si vous poussiez à
I'excès ltesprit de vengeance et que vot'.s vinssiez à éprouver
des revers, on ne manquerait pas de rétorquer contre Yous
I'exemple que vous auriez donné.
XCI. Lus ArsÉmrnxs. Si notre tlomination tloit avoir un
tertrte, nous sommes loin cle nous en alarmer. Ce ne sont pas
les peuples possesseurs d.'un empire, tels que les Lacédémoniens,
gui sont retloutables aux vaincus: cl'ailleurs il n'est pas ques-
tion des Lacédémoniens ; ce sont les sujets, lorsqu'il leur arrive
d'attaquer et cle vaincre leurs anciens maitres. Mais ceci nous
concerne à nos risques et périls. Ce que nous tenons à établir,
c'est que nous sommes ici pour le bien de notre empire et que
nous parlons en yue tle votre salut, notre désir étant de vous
commàncler sans obstacle et tle vous voir sauvés dans I'intdrêt
tles tleux partis.
XCII. Lrs MÉr,rnNs. Et comment peut-il être aussi avauta-
geux à nous d'être esclaves qu'à vous de dominer ?
XCilI. Lrs ArsÉuruns. C'est qu'en vous soumettant vous
éviteriez les derniers malheurs, et que nous trouverions notre
compte à vous les épargner.
XÔtV. Lns MÉlrnxs. Et sinous restions neutres et tranquilles,
en étant vos amis au lieu d'être Yos ennemis., vogs n'y consen-
tiriez pas?
XCY. Lns AtsÉxrexs. Non; car votre hostilité nous est rnoins
préjudiciable qu'une amitié qui, aux yeux de nos sujets, serait
un inilice de faiblesse, tandis que votre hai4e atteste notre
puissance.
XCYI. Lrs MÉnnus. Yos sujets ont-ils donc assez peu tle
cliscernement pour placer sur le même rang les peuples qu'au-
cun lien ntattacbe à vous et ceux qui,, étant vos colons -
comme ctest le cas tlu plus grancl nombre, se sont révoltés
et ont été soumis ?
-
LIVRE V. 311

XCYII. Lrs ArnÉnrnns. IIs pensent que ni les uns ni les au-
tres ne manquent d'arguments plausibles; mais que ceux qui
se conservent Ie d.oivent à leur puissance et à Ia crainte qui
nous empêche tle les attaquer, Aussi, en vous subjuguant,
non-seulgment nous augmenterons le nombre ile nos sujets,
mais encore nous assureroDs notre sécurité; d'autant plus
qu'insulaires et moins puissants que tl'autresr Yous ne sauriez
tenir tête aux dominateurs des mers.
XCHII. Lns MÉr,rrws. Et ne croyez-Yous pas qu'une cqn-
d"uite opposée o{Trirait les mêmes gages tle sécurité?
- Puis-
que vous nous ayez fait sortir du terrain de la justice pour
nous arnener sur celui cle ltutilité, force uous est de démontrer
que votre intérêt se confond avec le nôtre.
- Ceux qui sont
neutres aujourcl'hui, comment ne les pousserez-Yous pas à vous
faire la gu-erre, lorsque, tournant les regartls verÊ nous, ils
penseront qu'un jour ou I'autre Yous marcherez contte eux?
N'est-ce itonc pas accrottre vos ennemis actuels et attirer mal-
gré eux contre vous des peuples qui n'y songeaientmême pas?
XCIX. Lns AtnÉwrnxs. Nullement. Les peuples que Dous
redoutons le plus ne sont'pas ceux tlu continent, qui, par cela
même qu'ils sont libres, ne se presseront pas cle nous attaquer;
ce sont les ihsulaires inilépentlants comme vous l'êtes, et ceux
qui, iléjà soumis à notre joug, ne le supportent qu'1v!9 peine-
Ce sont eux qui, obéissant à un entrainement irréfléchi, pour-
raient uous précipiter avec eux dans l'abime.
C. Lrs MÉlrenï. À coup str, puisque rien ne cotte, à vous
pour maintenir votre domination, à eux pour s'y soustraire. il
y aurait bien cle la faiblesse et ile la lâcheté à nous qui sommes
ôncore libres, à ne pas tout risquer plutôt que de tomber tlans
1'esclavage.
CI. Lss ÀrsÉxrnxs. Non, si vous ddlibérez sag'ement. Il ne
s'agit pas ici cle courage ni d'une lutte tl'égal à égal, oir vous ne
poùrriiz succomber Jans ignominie; il s'agit d'aviser -à votre
ôonservation, sans vous hasariler contre des forces infiniment
supérieures:
-Ctt. \
Lns MÉr,rslrs. Nous savons gue le sort iles armes est
sujet à bien tles retours, Qui ne se règlent-pas sur les forces
reiativesl cécter sur-le-champ, c'est nous fermer toute espé-
rilnce, tandis qu'avecdel'énergie, il y a encors chance de nous
sauYer.
0III. tes ArsÉNrENs. L'espérance soutient les homme's dans
le péril. Unie à la force, ele pôut nuire sans ruiner ; mais quanù
312 GUERRE DU PÉLoPorcÈsr.

elle porte à risquer le tout pour le tout,


- oarpaselleplusest de sa
nature mauyaise ménagère,
-les reyers ntont tôt fait
conraitre les piéges otl elle entraine, qu'il ne reste plus aucnn
moyen de s'en garantir. Faibles comme vous l'êtes et placés
dans la position la plus critique, ne vous laissez pas. séduire
par cette clangereuse illusion. N'imitez pas Ie commun des
hommes, qui, pouvant encore se sauver par les voies humaines
lorsque, dans leur clétrèsse, lesappuis visibles leur échappent,
ont recours aux invisibles, à la divigation, aux oracles et à
d'autres pratiques analogues, qui, jointes à I'espérance, les
perdent sans retour.
CIY. Lrs MÉr,rnNs. Nous aussi, n'en doutez pasr nous croyons
clifficile d'entrqr en lutte avec votre puissance et votre fortune;
il faudrait pour cela des armes moins inégales. Toutefois, pour
ce qui est de Ia fortune, nous plaçons notre conûance ilans la
faveur divine, car notre cause estjuste et la vôtre ne I'estpas;
et pour ce qui est cle nos forces, I'infériorité en sera compensée
par I'alliance des Lacédémoniens, alliance dictée par la com-
munauté d'origine et par un sentiment d'honneur. Notre assu-
rance ntest donc pas si mal fondée.
CV. Les ÀruÉrrnns. Nous ne craignons pas non plus que
la protection ilivine nous manque; car nous ne recherchons
ni ne faisons rien de contraire aux sèntiments religieux ou
aux prétentions humaines. Nous estimons que, par une nécesr
sité de leur nature, les dieux et les hommes ont ung égale ten-
dance à dominer, ceux-là dans I'ordre des itlées, ceux-ci dans
le cercle des réalités. Cette loi, ce n'est pas nous qui l'avons
faite ni appliquée les premiers ; nous I'avons trouvée établie,
et après nous elle subsistera à tout jamais. Nous ne faisons
qu'en user, bien convaincus qu'à notre plaoe ni vous ni per-
sonne nragirait autrement. Ainsi, pour la faveur divine, nous
n'avons aucun motif de nous en croire tléshérités. Quant à
votre confiance dans les Lacédémoniens, que vous vous flgurez
prêts à vous secourir par un sentiment d'honneur, nous atlmi-
rons votre innooence, tout en plaignant votre crédulité. Les
Lacédémoniens, entre eux et pour ce qui touche aux mæurs
nationales,, se guiilent en général d'aprèsla droi0ureq mais leur
politique extérieure peut se résumer en ceci : savoir qu'à notre
connaissance il n'est pas d'hommes qui confondent plus habi-
tuellement i'agréable et l'honnête, I'utile et Ie juste. Or une
telle disposition ne s'accorde guère avec vos rêves actuels ile
salut.
LIVRE V. 313
OVI. Lus MÉlrnr.rs. Ctest là précisément ce qui nous rassure 3

dans leur propre intérêt, ils ne voudront pas abandonner leur


colonie de Mélos, de peur de s'aliéner ceux des Grecs qui leur
sont favorables, et de servir ainsila cause de leurs ennemis.
CVII. Lns ÀruÉNrnNs. Ne pensez-vous pas que I'intérêt et la
sùreté vont de compagnie, tanclis que la justice et I'honneur
sont inséparables cles dangers ? Or en général les Lacédémo-
niens s'y exposent le moins possible.
CWII. Lrs MÉlreNs. Nous croyons qu'ils n'hésiteront pas à
Ies affronter pour notre tléfensc, et qu'ils auront pleine et en-
tière contance en nous. Notre proximité tlu Péloponèse leur
facilite les moyens d'action, et la communauté d'origine leur
garantit notre ûdélité.
CIX. Lns ArnÉNrsNs. Pour ceux dont on réclame Ie concours,
le meilleur gage n'est pas Ia sympathie qu'on a, mais les forces
dont on tlispose. C'est là ce que les Lacédémoniens envisagent
avant tout. Se défiant de leurs propres ressources, ils n'atta-
quent jamais. qu'à grancl renfort d'alliés. Il est donc peu pro-
bable qu'ils passent dans une Île, quand nous ayons l'empire
tte la mer.
CX. Lus MÉLraNs. Ils pourront en envoyer d'autres. Les eaux
de la Crète sont vastes, et les dominateurs des mers auront
plus de peine à y exercer leur poursuite qu'on n'en aura à
i'éviter. D'ailleurs, si les Lacéclémoniens éohouent de ce côté,
ils se tourneront vers votre territoire et vers ceux de vos alliés
que n'a pas visités Brasidas. Dès lors ce ne sera plus pour une
terre étrangère, ce sera pour vos alliés et pour votre pays que
Yous aurez à combattre.
CXl. Lns ArsÉtrruNs. C'est une expérience qui a déjà été
faite. Jamais, vous le savez, la crainte d'autrui nta fait âban-'
donner un siége aux Athéniens. Mais nous étions convenus de
délibdrer sur votre salut; et nous remarquons que, dans cette
discussion prolongée, vous n'avez pas encore articuld uu seul
mot qui puisse vous inspirer I'assurance de votre conserva-
tion. Yos plus fermes soutiens consistent en espérances loin-
taines, et vos forces ilisponibles sont bien peu de chose pour
triompher de celles qui se tléploient sous vos yeux. Ce serait
le comble del'aveuglemeût que ile ne pas prendre, après notre
départ, une résolution prutlente. Yous ne serez pas les jouets rle
ce fol amour-propre qui, dans les dangers manifestes et sans
gloire, mène les hommes à leur ruine. Corubien de gens, sans
se faire illusion sur les conséquences'de leur coniluite, se lais-
TnucrnDr. ttr
,t
314 GUERRE DU PELOPONESE.

sent entralner par le prestige cl'un seul mot , l'honneur I Infa-


tués de sa vertu magique, ilsse jettent de gaieté de cæuralans
des maur sans remède, et se couvrent d'un opprobre d'autant
plus grand qu'il est rlt à leur folie plutôt qu'à la fortune. C'est
là ce que vous évitetez, si vous écouter la raison. Yous ne
tienclrez pas à déshonneur tle cétler à une ville puissante, qui
borne ses prétentions à vous demander cle tlevenir ses alliés
tributaires, tout en coDservant vos biens, Libres cl'opter entre
la paix et la guerre, yous ne préférerez pas le mauvais parti.
Résister à ses égaux, respecter les forts , ménager les faibles,
tel est Ie moyen tle se maintenir. Réfléchissez ilonc mtrement
après notre départ, et clites-vous bien que c'est ici une ques-
tion de vie ou de mort pour votre patrie; lJue vous n'en avez
qu'une, et que son avenir rlépendra d'une seule résolution
bonne ou mauvaise. l
CXII. Là-clessus les Athéniens quittèrent I'assemblée. Les
Mdliens, demeurés seuls, prirent une décision conforme aux
principes émis par eux dans Ia conférence et répondirent:
c Athéniens, notre manière de voir n'a pas changé. Il ue
sera pas dit qu'une ville qui compte sept siècles d'existence I
se soit laissé en quelques instants ravir sa liberté. Pleins de
confiance dans la protection divine qui nous a préservés jus-
qu'à ce jour, dans Ie secours tles hommes et notammeut cles
Lacédémoniens, nous essayerons de pourvoir à notre salut.
Nous ne vous demanilons qu'une chose : c'est tle consentir à
ce que nous soyons vos amis, tout en gartlant la neutralité.
Nous vous invitons à évacuer notre territoire, après avoir
fait un traité aux conilitions qui seront agréées par les deux
partis. r
CXII. T'elle fut la réponse des Méliens. Les Athénieus, rom-
pant Ia conférence, s'exprimèrent en ces termes :
n Il paralt, tl'après votre résolution, que Seuls dlentre les
hommes yous consitldrez I'avenir comme plus assurd que ce
qui est sous yos yeux, et I'incertain comme déjà réalisé par le
fait de votre désir. Yous hasardez beaucoup en vous fiant aux
Lacéddmoniens, à la fortune , à I'espérance. C'est vous prdpa-
rer uue amère déception. !
CXIV. Là-dessus les députés athéniensrejoig:rirent I'armde.
Les généraux , voyant les Méliens s'obstiner, firent aussitôt
leurs rlispositions tl'attaque. Ils investirent l\félos d'un mur de
circonvallation, ilont les troupes cle chaque ville se partagè-
rent le traYail, selon leur force' numérique. Ils laissèrent des
LIVRE V. 315

ddtachements athéniens et a]liés pour faire Ia garde pa'r terre


;; p;;;*1 puis ils remirent à ià voile avec .1e reste de I'ar-
mée. Ceux'qïi demeuraient continuèrent le siége
CXY. Â la même époque, les Argiens envahirent le terri-
toire de Phlionte; mais, étani tomtéi dans une embuscade qui
leur fut tendue par les ilhlio*i.ot et par leurs propres.bannis,
ils perdirent près de quatre-vingts hommes' Les Athéniens
qoi'eiaiunt à Éylos firent en Laconie un butin consitlérable. Ce
,iu f"t pu* poo" les Lacédémoniens un motif de romp_re.
Ia trêve
et de leur déolarer )a guerre ; seulement ils firent publier qu'en
,àpi,isailte* chacun Ierait libre tle piller les Athéniens. tes
CJ"i"ini*os prirent aussi les armes contre Athèues à I'occa-
sion de qouiqoe, 6ifficultés particulières. Dans le reste 6u
Péloponèie la-paix ne fut pas troublée'
t es Méliensidans une aitaqoe nooturne, s'emparèrent d'une
pa*ià de la circonvallation athé'ienne en face tle I'agora.
if" rogrent quelques hommes, et introduisirent tlans ils la ville
du blé et d'aïtrei substances alimentaires; après quoi ren-
trèrent et se tinrent en repos. Les Athéniens firent dès lors
rnuilrot. garde. ce furent les clerniers événements tle l'été. à
cxvl. L-'hiver suivant, les Lacédémoniens se tlisposèrent
marcber contre ltArgolide ; mais les victimes pour Ie passage
au tu f.ontièren'ayait pas été favorables, ils rebroussèrentche-
min. Cette démonstratlon inspira aux Argiens tles soupçons
que)ques-uns cle leuri concitoyens' lls en arrètèrent
"orrtrt
une partie ; les autres prirent la fuite.
-ï;; la Àeme époquà, les Méliens enlevèrent une nouvelle
partie tle la circonvailàtion, faiblement gardée p"".P: llhéniens'
beu de temps après, une seconde armée arriva d'Athènes sous
laàoniluite^de Éhilomatès fils de Déméas. Dès lors lesiége fut
poor*J uo.o plus de vigueur. La trahison s'en étant mêlée , les
àssiégés se rendirent à discrétion. Les Àthéniens.passèrent au
âi a.'iApel toor les ailultes tombésenleurpouvoir, et rdduisi-
rent en Ërviturte les femmes et les enfants. Plus tard, ils repel-
pie-rent l'tle par I'euvoi d.e cinq cents colons tirés de leur sein.
TIYRE VI.
Les Athéniens-projettent de conquérir Ia sicile; grandeur, population
et colonisation de cette île, ch. r-vr.- nxpéditions des ra,iéae^o-
niens en Argolide et des Àthéniens en tvtaôédoine, ch. y.,., _ Din_
septièmt annde d.e la gu,erre. Les athéniens décrètent I'enroi d,une
flotte en sicile pour secourir les Égestains et rétablir les Léontins,
ch. vrrr. Nicias s'oppose à cette expédition, ch. rx-xrv._ Àlci_
biade au-contraire la iecommande, ôh. xv-xvrrr.
voteni I'expédition de sicile, ch. xrx.-Nicias cherche - Les Àthéniens
à les effrayer
ga1 la grandeur des préparatifs, ch. xx-xxrr.- son discours pro-
duit l'eflet contraire., ch. xxrv-xxv.
tifs, ch. xvr.- Mutilation des Hermès, - commencement des prépara-
ch. xxvn-xxtx._D'épart de
Ia llotte athênienne, ch, xxx-xxxrr.- À Syracuse Hermocraiès an-
norlce I'approche des athéniens et sollicite-des mesures de défense.
ch. xxxur-xxxrv. Âthénagoras cherche à Ie réfutér en parlani
-
dans le sens populaire, ch.xxxv-xl.- Un des générau* m.t fln uu
débat, ch. xlr.- Marche de la flotte athénienne, ch. xrrr-xr,rv. _
Préparatifs des.syracusains, ch. x'-v. conseil dô guerre tenu par
les généraux a-th(rrriens, ch. xr.vr-xr,rx.- Naxos et c-atane se décla-
.ent.pour.Ies athéniens, ch. l-lrr. -itappel d'Àlcibiade, ch. rln.
- r.rv-irx.
Digression sur les pisistratides, ch.
-il est.condamné-par contumace, -Alcibiaile s;échapp" ;
ch. lx-rxr.-prise d.'Hyccara par
les^Athéniens, ch. lxu.-Dans I'hiver, les Athéniens abordent piès
de syracuse, battent les syracusains et ietournent à catane. ch. r.xru-
LXXI.
- Les syracusains
r,acédémone,
demandent des secours à corinthe et à
ch. lxxrr-lxxrrr.- Les Athéniens hivernent à Naxos,
ch. r,xxrv.
- Lesà camarinel
desdeux partis
Syracusains se fortifient, ch. r.xxv. Ambassade
discours d'Hermocratès et-d'Euphémos,
ch. rxxvr-r,xxxvrr.
secours - corinthe et Lacédémone décident lùnvoi de
à_ syracuse, ch. lxxxvru.- Discours cl'alcibiade,
ch. lxxxrx-
xcrr. Gylippe est désigné pour aller prendre le commandement
-
cles sxracusains, ch. xcur.- Dir-huitième annëe d,e l,a guerre. En-
treprises partielles .des Athéniens et des Lacédémonieni. ch. xcrv-
xcv.- Les Àthéniens s'établissent sur les Épipoles et entreprennent
le siége de syracuse, ch. xcvr-xcvrr. Ils-c-ommencent liinvestis-
sement de Ia place; Ies syracusains -cherchent inutilement à s'v
opposer' ch. xcvnr-cru.
- Gylippe arrire en Italie avec des ren"_
LtvRE Vr. 317
forts, .ch. crv. Les lacédémoniens envahissent l'Ârgolide; Ies
-
Athéniens ravagent les côtes de laconie I rupture ouverte de la
paix, ch. cv.

I. Le même hiver,les Athéniens formèrent le projet de re-


tourner dans la Sicile avec des forees supérieures a, celles {e
Lachès et d'Euryméclont, afin de Ia subjuguer, s'ils le pou-
vaient. La plupart d'entre eux ignoraient la grandeur de cette
île et Ie nombre de ses habitants, Grecs et Barbares. Ils ne s€
dsutaient pas que c'était entreprendre une guerre presque
égale à celle du Péloponèse.
. Pour faire le tour de la Sicile, il ne faut pas moins de huit
jours à un bâtiment marshand. Quoique si vaste, elle n'est sé-
parée du continent que par un bras de mer large tout au plus
de vingt stad.es. J'indiquerai d,'abord quels furent les anciens
habitants de cette îie et les divers peuples qui la colonisèrent.
II. Les premiers qui en occupèrent une partie furent , à ce
qu'on prétend ,.les Cyclopes et les Lestrygons. Il m'esf impos-
sible de préciser I'origine de ces peuples, Ie lieu d'ou ils étaient
sortis, ni celui où ils se retirèrent. A cet égard, nous sommes
réduits aux récits iles poëtest et aux opinions individ,uelles.
Après eux, Ies Sicaniens paraissent avoir formé les premiers
établissemeuts. A les croire, ils seraient même antérieurs, car
ils se disent autochthones; mais le fait est que ce sont,cles
Ibériens, chassés par les Ligyens rles bortls clu fleuve Sicanos
eu Ibérier. Ce sonteuxquidonnèrentàl'lle le nom de Sicanie,
au lieu de celui cle Trinacrie qu'elle portait auparavant. Ils
occupent encore aujourd'hui la parti'e occitlentale de Ia Sicile.
Lors de la prise d'Ilion, quelques Troyens dchappés aux
Grecs amivèrent par mer en Sicile et s'établirent dans le voi-
sinage des Sicaniens. Ces peuples réunis prirent le nom d'É-
lymes. Leurs villes sont Éryx et Egeste. A cette colonie s'ad-
joignirent quelques Phocéens revenus de Troie et poussés par
des tempêtes d'aborcl en Libye, puis en Sicile.
Quant aux Sicules, ils habitaient primitivement I'Itaiie, d,ori
ils passèrent en Sicile pour fuir les Opiquesô. On dit avec assez
de vraisemblance qu'ils franchirent le détroit sur des raoeaux
en profitant dtun vent favorable, ou n'importe par quel moyen.
Il existe enoore aujourd'hui des Sicules en Italie; cette contrée
e mème tiré son nom d,'un de leurs rois, qui s'appelait ltalos.
trrivés en Sicile avec des forces consiclérables, ils défirent en
bataille les Sicaniens, les refoulèrent vers le sud et vers I'ouest
318 GUERRE DU PÉLOPONÈSE'

de I'tle, et changèrent le nom tle sicanie en celui de sicile. Ils


s'établirent ilans la partie ia plus fertile du pays, qu'ils occu-
pèrent près ile trois cents ans à dater de leur passage jusqu'à
i'arrivéé tles Grecs en Sicile. De nos jours encore le centre et
le noril tle I'îIe sont habités par eux.
Les Phéoiciens créèrent aussi des établissements autour de
tâ Sicile. Ils se saisirent d.es caps et des llots voisins des côtes,
pour faciliter leur commerce avec les Sicules. MaisJorsque les
ôrecr arrivèrent par mer en nombre toujours croissant , les
Pbéniciens abanclonnèrent la plupart de ces places r pour se
concentrer à Motya, SoloTs et Panormos, dans Ie voisinage des
Élymes. Ils y trouvaient Ie double avantage d'avoir un .point
d'àppui tlans I'alliance de ces peuples, et d''être à proximité de
Cart-hage, qui en cet endroit u'est séparde cle la Sicile que par
un court trajet.
IIL TeIs furent les Barbares qui peuplèrent la Sicile..Quant
aux Grecs, Ies premiers furent des Chalc'idéens venus d''Eubée
sous la conduitè de Thouclès. Ils fondèrent Naxos, ainsi que
I'autel d'Apollon Archégétèst, {ui est actrtellement hors de la
ville, et oo les theoress partant de Sicile offrent leur premier
sacrifice.
L'année suivante, Syracuse fut fondée par I'Héraclille Ar-
chias, venu decoriuthes. Ilchassa d'aborcl les sicules de l'île
mainienant reliée à la terre ferme et qui forme le quartier inté-
rieur{. Avec le temps, la ville extérieure devint aussi fort peuplee.
Cinq ans après la fond.ation de Syracuse,- Thnuclès et les
Chalciïéens, p4rtant de Naxos, cbassèrent les Sicules par la
force des armes, et foadèrent premièrement Léontini, puis
Catane. Les Catanéens prirent Évarchos pour fondateur.
IV. A la même époque, Lamis arriva en Sicile à Ia tête d''une
colonie de Mégariens, et fouda, près clu fleuve Pantacyas, une
place nomméJ Trotiios. lI I'abanrlonna ensuite pour s'asso-
ci.r aux Chalcidéens ile Léontini; mais quelque temps après,
chassé par elrx, ii alla fonder Thapsos. Après sa.mort, ses
compagnons furent expulsés de cette ville; et, sur I'invitation
a'nylton, roi des Sicules, qui leur cécla tlesterres, ils allèrent
fonàer Mégara-Hybléa. Après une occupatiou .cle cleux cent
quarante-cinq ans, ils furent chassés rle cette ville et de son
territoire paf Gélon, tyran 6e Syracuse. Mais, avant leur ex-
pulsion et cent ans après leurpremier établissement, ils avaient
ànvoyé pamillos fonrler Sélinonte. Celui-ci était venu de Mé-
gare, leor métropole, pour présider à ia colonisation.
LIYRE VI. 3r9

Géla fut fondée , quarante-cinq ans après Syracus-e,. par Ia


réunion cle deux coionies, I'une de Rhodiens contluits par
antiphémos,l'antre de crétois ayant pour chef Eutimos. La ville
prit ion nom du fleuve Géla; mais le quartier qui maintenantr.
iorme la citail,elle et qui fut bâti Ie premier, s'appelle Linclies
Cette ville reçut des institutions dorierines. Il y avait près tle
cent huit ans qu'elle subsistait, lorsgue ses babitants fonilè-
rent Agrigente, dont ils empruirtèrent le nom au fleuve Acra-
gas. IG piirent pour fonilateurs Aristonotis et Pystilos, et don-
aèrent à cette ville les institutions de Géla.
Zanclé dut sa fondation à des pirates de Cymé , ville chalci-
déenne du pays des opiques. Plus tarcl une troupe partie de chal-
cis et du reltà de I'Eubée vint partager le territoire avec eux.
Les fondateurs furent Périérès et CratéméIès, I'un de Cymé,
I'autre ile chalcis. son nom primitif de z,anc\é lui avait été
donné par les Sicules, parce que I'emplasement qu'elle occupe
a la foime d'une{aucill-e, instrument que les Sicules appellent
zanclon. Dans la suite , les habitants furent expulsés par des
Samiens et par d'autres loniens, qui, fuyant les llèdes, vinrent
aborder en sicile. ces samiens furent chassés à leur tour par.
Anaxilas, tyran tte Rhégion, qui {tablit clans la ville une popu'
lation métangée, et I'appcla Messiue du nom de son ancienne
patrie r.
v. Eiméra, colonie de zanclé, eut pour fontlateurs Euclidès,
simos et sacon. EIle fut peuplée par iles chalcicléens, &lxK-
quels s'adjoignirent des exilés de Syracuse, vaincus clans une '
émeute et-appelés Mylétides. Leur idiome fut un amalgame du
chalcidéen ef ao dorirn I mais Ia législation chalcidéenne pré-
valut.
Acræ et Casmèues furent foutlées par des Syracusains, h
première soirante-d,ix ans après Syrabuse, la secontle viugt
ans après âcræ.
camarine fut originairement fonilée par des syracusains,
enViron cent trente-cinq ans après Syracuse. Les conducteurs
de la colonie furent Discon et Ménécolos. Mais elle fut dé-
truite par les Syracusains parce qu'elle s'était révoltée. Dans
h suitô, Eippocratès , tyran de GéIà, requt le territoire d,e Ca-
marine'poof mnçon'dÀ prisonniers syrac*uiltf etdevint Ie
oouveao'fondateur cle ceite ville. Plus tarct elle fut dépeuplée
derechef par Gélon , puis restaurée pour la troisième fois par
les habitants ile Géla t.
YI. Telles sont les nations grecques et barbares qui peuplè-
320 GUERRE DU PÉIOPONÈSE.

rent la sicile, et c'est daas un pays de cette étendue que les


lthéniens s'apprêtaient à porter la guerre. Leur vrai motif
était de faire la conquête ile toute l'ilé : mais le préterte dont
ils coloraient cette e_ntreprise était de secourir les populations
unies à eux par les liens du sang t ou par des traitéï. A cela il
faut jointlre les instances des députés d'Égeste, venusàAthènes
po.ur rdclamer aitle et protection. voisins de sélinonte, lesllges-
tains dtaient e-n g-uerrè avec cette ville pour des qoËriiooJ a,
mariages_e et de frontières. Les sdlinontins, souten'us par leurs
allids de syracuse, pressaient les Égestains par terre et par
mer. Ceux-ci, au nom de I'alliance conc:lue du temps ile Laclès
et de la première guerre tles Léontins, demandaieni aux Athè-
niens d'eavoyer une flotte à leur secours. Entre autres argu-
ments à l'appui de cette requête , ils faisaient valoir surtout
celui-ci : n Qu'on laisse impunie. disaient-ils , I'expulsion des
Léortins;_.qu'on permette aux syracusains de s'èmparer de
toute la sicile en écrasant les derniers alliés d'athènes, et
bientôt on les verra s'unir comme Doriens aux Doriens dn
Péloponèse, comme colons à leurs foncrateurs, pour renverser
la domination athénienrre. La prudence exige âonc de soutenir
les alliés q_ui restent encore,en sicile et clei'opposeraux syra-
cusains, d'aubant plus que les Égestains ofirint de défrayer
I'armée. , A force d'entendre-les Ëgestains et les orateurs qui
l.eq appuyaient répéter ces discours dans les assembrées, ies
Athéniens rdsolurent d'envoyer des députés à Égeste, pour vé-
rifier I'existence tles valeurs qu'on disait êtrJdani'le trésor
public ou dans les temples, et pour s'informer du point où en
était la guerre avec sélinonte. ces députés partirànt pour la
Sicile.
YII. Le même hiver, les Lacédémoniens et leurs alliés. sarif
les corinthiens, firent une incursion en Argolide, ravagèrent
une portion du teritoire, et emportèrent du blé sur dei cha-
riots qu'ils avaient amenés. Ils établirent à ornées r les exilés
argiens, y laissèrent des troupes, et firent une convention en
vertu de laquelle les Ornéates et les argiens devaient tempo-
rairement s'abstenir de toute agression mutue[e ; puis ils ren-
trèrent dans leurs foyers avec le reste de reur armée. Mais les
Athdniens étant peu après survenus avec trente vaisseaur et
six cents hoplites, les Argiens en masse sortirent arec euf, et
assiégèrent Ornées pendant un jour. La nuit suivante, les or-
néates profitèrent de l'éloiguement des campements ennemis
pour s'évarler. Dès le lendemain, les Argieni, s'étant aperçus
LIYRE VI. 32I
dc leur ilépart, rasèrent Orndes et firent leur retraite. La flotte
athénienne repartit également.
Les Athéniens expédièrent par mer à Méthone, sur les con-
fins de la Macédoinei, un corps de cavalerie. composd de ci-
toyens et d'exilés macéiloniens réfugids à Àtbènes. Ces troupes
infestèrent le pays de Perdiccas. Les Lacédémoniens tléputèrent
aux Chalcidéens clu littoral de Ia Thrace, qui n'avaient avec
les Athéniens qu'une trêve de dix jours t, pour lês engager à
joinrlre leurs armes à celles tle Perdiccas I mais les Chalcitléens
s'y refusèrent. Sur quoi I'hiver finit,, ainsi que la seizième an-
née de la guerre que Thucydide a racontée.
YIII. Dès lespremiers jours duprintemps suivant(a), les dé-
putés athéniens-revinrent ile Sicile, aveo des envoyés d'.Égeste
apportant soix.ante talents d'argent non monnayé' comme solde
dtun mois pour soixante vajsseaux, dont ils se proposaient cle
solliciter I'envoi r. Les Athéniens tinrent une assemblée. dans
laquelle ils ententlirent les rapports captieux et mensongers
tles Égestains et de leurs propres tléputés, affirmant qu'ils
avaient vu tle grancles valeurs toutes prêtes, soit dans les tem-
ples, soit dans le trésor public. Les Athdniens clécrétèrent I'en-
voi de soixante vaisseaut en Siciie, avec des généraux munis
de pleins pouvoirs; c'étaient Alcibiade fils de Clinias, Nicias
fils-de Nicdratos , et Lamachos ûls de Xénophanès. Ils eurent
ordre de secourir Egeste contre Sélinonte, cle rétablir tlans
leur pal,rie les Ldontins , si la guerre prenait- une tournure
favoràble; enfin ile rdgler toutes les affaires de Sicile de la
manière qu'ils jugeraient la plus avantageuse aux Athéniens-
Cinq jours après cette assemblde, il y en eut une au[repour
aviser aux moyens d'activer I'armement de la flotte et pour
voter les demandes supplémentaires des généraux. Nicias, qui
avait été élu malgré lui, et qui pensait que la ville avait été
mal inspirée en formant, sous un prétexte spécieux, le gigan-
tesque projet tle conquérir toute la Sicile , parut à la trtbune
pour détourner le peuple tle oette résolution , et prononça le
discours suivant :
IX. n Cette assemblée a pour objet les pr6paratifs de notre
expédition de Sicile. Selon moi cepeutlpnt, iI convient de. reve-
nii sur le fond même cle la question, pour examiner si nous
faisons bien, après une courte délibération sur un sujet si
grave, d'envoyer nos vaisseaux et tle nous lancer , à I'instiga-

(n) Dix-septième année tle Ia guerre, an 41 5 avant J.-C.


322 GUERRS Du PÉtoPonÈsr.
tion détrangers, dans une guerre qui ne nous touche en
rien.
c Et pourtant la carrière des arrnes a été pour moi une source
de gloire. Moins que d.'autres j'appréhenile pour ma personne
que je nie le patriotisme tle celui qui ménage sa vie ou
-non
sa fortune; un tel homme, dans son propre intérêt même, re-
cherche la sùrete ile t'État; jamais\dans mavie anté-
- mais
rieure I'attrait tles honneurs ne m'a porté à trahir ma con-
science, et aujourd'hui comme toujours je parlerai selon ma
conviction.
c Je sais qu'avec votre caractère j'aurais peu cle chance
d'être écouté, si je vous exhortais à conserYer ce que Yous
possédez, sans risquer le certain pour I'incertain. le réel pour
i'imaginaire. Âussi me bornerai-je à vous tlémontrer que le
rhoment est mal choisi pour cette entreprise, et que le but
auguel vous visez n'est pas facile à atteindre.
X. u Je soutiens qu'entreprendre cette expétlition lointaine,
c'est vouloir , aux nombreux ennemis qu€ nous laissons iler-
rière. nous, en ajouter de nouveaux et les attirer ici. Yous
croyez peut-être que la paix récemment conclue a quelque
sotidité. Cette paix, tant que Yous serez tranquilles, subsistera
de nom c'est à quoi I'ont récluite les intrigues pratiquées
-
soit chez nous, soit ailleurs 1'- mais au m oindre écheo que nous
viendrons à snbir, nos ennemis s'empresseront de nous atta-
quer: d'aborcl parce qu'ils ont traité à la suite de revers, par
nécessité, à' des conditions humiliantes ; puis parce que le
texte du traité laisse plusieurs points en litige. II est même tels
peuples
- et ce ne sont
pas les moins puissants
- qui !'ont
pas encore accepté cette paix. Les uns nous font un-e guerre
ôuverte, les autres ne sont retenus que par i'inaction tles Lacé-
ilémoniens et par rles armistices de tlix jours. Qui sait si, trou-
vaut nos forces ilivisées - et c'est à quoi nous travaillons pré-
sentement, its ne seront pas tentés de nous attaquer, tle
-
concert avec les Grecs tle Sicile, ilont naguère ils eussent mis
I'alliance à un si haut Prix ?
rt C'est Ià ce qu'il nous faut envisager, au lieu d'aller, quand
la situation de notre république est si incertaine , rous jeter
rlans cles périls pour étendre notre clominatiou avant de I'avoir
affermie. Les Cnâtciaéens du littoral de la Thrace, révoltés 6e-
prris tant d'années,, sont encore insoumis; certains peuples du
ôontinent ne montrent qutune obéissance douteuse ; et n-ous ,
qui sommes si prompts à- prendre fait et cause pour les Éges-
I,IVRE VI. 32:t

tains, nous différons de venger nos propres outrages sur des


sujets tlès longtemps insurgés.
Xl. a Si nous venions à bout de les rétluire, iI y aurait
moyen de les csntenir. Pour ceux de Sicile, nous aurions beau
les vaincre, il nous serait presque impossible, vu leur éloigne-
ment et leur grand. nombre, de les faire rester dans le devoir.
0r il est insensé de marcher contre des peuples que la victoire
ne pourra soumettre, tandis qu'un échec suffit pour gu'on ne
puisse plus les attaquer avec le même avantage.
q A mon avis, les Grecs de Sicile, dans leur dtat prdsent,
nous sont peu redoutables. Ils ie seraient bien moins s'ils de-
venaient ,sujets de Syracuse , ce qui est le grand épouvantail
agité par lesÊge,stains. Aujourd'hui, divisés comme ilsle sont,
ils pourraient marcher contre nous par complaisance pour
Lacéclémone; mais, dans i'autre hypothèse, il n'est pas à pré-
sumer qu'un empire s'attaque à un autre empire. Supposez en
effet que, d'accortl avec les Péloponésiens, ils parvinssent à
détruire notre domination I la leur, selon toute apparence su-
birait le même sort de la part des mêmes hommes. Pour nous, '
le meilleur moyen d'imposer aux Grecs de ces contrées, c'est
d.e nous en tenir à d,istance ou de n'y faire qu'une courte appa-
rition pour leur montrer notre puissance, et de nous retirer
aussitôt après. Autrement, au premier échec de nos armes, ils
ne manqueraient pas de nous mépriser et de se joindre à nos
anciens adversaires. Nous savons tous quton arlmire ce qui est
lointain, ce qui nta pas encore donné Ia mesure cle ses forces.
Vous I'avez éprouvé vous-mêmes à I'égard des Lacéclémoniens
et de leurs alliés. Pour avoir triomphé d'eux contrairement à
votre attente et à vos premiéres appréhensions, vous en êtes
yenus à les clédaigner et déjà même à convoiter la Sicile. Or
i] ne faut'pas se prévaloir des revers de ses ennemis, mais
attendre pour prentlre confiance que I'on ait terrassé leur
orgueil. \

c Ne croyez'pas que les Lacéilémoniens, dans leur abaisse-


ment actuel , aient d'autre ambition que cle déjouer . s'il se
peut, nos ptoiets, et d'elfacer une tache compromettante pour
leur réputation si lentement et si laborieusement acquise.
Aussi n'est-ce pas des Égestains , peuple barbare , que nous
devons nous préoccuper) si nous sommes sages, mais plutôt
des meilleurs moyens de prévenir les embtches il'un gouver-
nement oligarchique.
XII. t Ne perdons pas ile vue qu'à peine sortis il.'une guerre
tl
324 GUERRE ]]U PEI,OPONESE.

et il'une épiddmie terribles, nous commençons seulement à r'e-


prendre haleine et à voir s'accroitre nos richesses et notre
population. Ces ressources , il est juste tle les .employer pour
nous-mêmes, et non pour ces bannis qui mentlient iles secours.
Ils ont leurs raisons pour déguiser adroitement Ia vérité. Aux
autres les périls; pour eux l'enjeu n)est qu'en paroles. En cas d.e
sucqès , jamais leur reconnaissance n'égalera le service rendu;
en cas rle malheur , ils entraineront leurs amig dans la ruine,
< Si certain personnage r, tout fier d'un commandement qu'il
.
est trop.jeune pour exercer, vous excite à une expétlition qul
lui permettra de briller par ses chevaux et de faire servir à
son faste la dignité clont il est revêtu, ne sacrifiez pas I'utilité
publique à I'ostentation d.'un particulier. Songez que cle tels
citoyens sont les fléaux de l'État et les dissipateurs de leur
patrimoine. Ne livrez pas une si vaste entreprise à la témérité
d'un jeune homme.
XIII. c Quantl je vois ses adhérents groupés autour de lui,
je ne puis me défendre d'un sentiment de crainte. À mon tour,
j'exhorie les hommes d'âge, qui se trouvent assis à leurs côtCs,
à ne pas se laisser dominer par uue fausse houte ou par la
peur de passer pour des lâches en se prononçant contre I'expé-
ditiou. Qu'ils se gardent d'imiter leurs voisins ilans leur fol
engouement pour les objets lointains; car on ne gagne rien
par la passion, mais bien par la prudence. Qu'ils votent en
sens contraire, par affection pour cette patrie qui s'expose au
plus grand de tous les tlangers. Qu'ils décrètent que les Sici-
liens conserveront, par rapport à nous, leurs limites actuelles,
limites fort bien tracées, savoir le golfe lonien t en suivant la
côte,la mer Sicilienne en tirant au large , et qu'ils peuvent
régler entre eux leurs tlifférends. Aux Égestains en particulier
disons qu'ayant commencé leur guerre avec Sélinonte sans
nous consulter , c'est à eux de la terminer par eux-mêmes.
Gardons-nous désormais de faire alliance avec des peuples qu'il
nous faut soutenir dans leurs disgrâces, et qui ilans les nôtres
De nous sont d'aucun appui.
XIY. " Et toi, prytane t, si tu crois de ton devoir cle veiller
au salut cle l'État, et si tu veux faire acte cle palriotisme, remets
I'affaire aux voix et fais procéd,er à une seconde ilélibération.
Si tu appréhendes de revenir sur la chose votée, songe que
cette dérogation à la ioi ne saurait être répréhensible quaucl
elle a iieu devaut tant cle témoins. Songe aussi que tu seras le
sauveur de la ville mal conseillée, et que le rôle d'un bon ma-
LIVRE VI. 325
gistrat est de rendre à la patrie le plus tle services possible,
ou tout au moins de ne lui causer volontairement aucun mal. >
XY. Tel fut le discours de Nicias. Les orateurs qui lui suc-
cédèrent à la tribune parlèrent pour la plupart dans le sens de
la guerre et du maintien tlu vote précéclent ; quelques-uns fu-
rent d'avis coutraire. Mais le plus arclent promoteur de I'en-
treprise fut Alcibiacle fils de Clinias. II y était porté par anta-
gonisme contre Nicias, son adversaire politique, et aussi parce
qu'il veuait cl'être ddsigné d,'une manière offensaute. D'ailleurs
il ambitionnait un commandement qui devait amener la con-
quête de la Sicile et de Carthage, en lui procurant à lui-même
cles richesses eT de la gloire. Jouissant cle la considération pu-
blique, il portait ses vues fort au-clessus cle sa condition, et
tlévorait son patrimoine en chevaux et en autres prodigalités.
Cet homme fut undes principaux auteurs cle ia ruine d'Àthènes,
Bien des gens, alarmés ilu luxe effréné qu'il déployait clans sa
manière de vivre , et de I'audace qui perçait tlans toutes ses
conceptions , prirent de I'ombrage contre lui , et le soupgou-
nèrent d'aspirer à la tyrannie. Aussi, quoiqu'il ett fait comme
général les meilleures dispositions stratégiqucs, I'animosité
qu'inspira sa conduite privée fut cause qu'on lui substitua d'au-
tres chefs , qui ne tardèrent pas à mener la ville à sa perte.
En cette occasion, il parut devant le peuple et parla en ces
termes :
XYI. ( Puisque Nicias m'a pris à partie, je dirai d.'abord que
le commandement m'appartient mieux qutà dtautres et que
j'ai droit à cet honneur. Ce qui m'attire Ia malveillance, o'est
précisément ce qui faiL ma gloire, oelle cle mes ancêtres et
i'avantage cle l'Éiat. En effeb,-les Grecs, à la vue de la magni-
ficence déployée par moi arix jeux Olympiques, se Sont exa-
géré la puissance de notre ville , qu'ils se figuraient écrasée
par la guerre. J'ai lancé sept chars dans I'arène, ce qu'aucun
particulier n'avait fait avant m,oi ; j'ai rernporté le prix t , ob-
tenu le second et le quatrième rangl enfin j'ai fait les choses
d'une manière digne de ma victoire. Or, d'après la loi, c'est là
un honneur, et c'est aussi en réalité un indice de puissance.
c Quant à I'éolat que je répancls clans la ville par les choré-
gies! ou à d'autres égards, on conçoit qu'il offusque les ci-
toyens; mais, aux yeux des étrangers , c'est encore un sigrre
de force. Elle n'esb pas sans utilitd, pette extravagance s par
laquelle on sert à ses propres dépens et soi-même et I'Etat.
Est-ce donc un crime , à qui est animé cl'un noble orgueil, rle
Tnucvoton. l9
326 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

ne pas aller cle pair avec tout le monde? S'il est vrai gue le
malheureux n'ait personne qui lui tende la main, si toutËs les
portes se ferment devant lui, tle même on doit prendre son
parti de se voir tlédaignë par les favoris ile la fortune. Pour
qu'il en fùt dilféremment, il faudrait accorder aux autres cette
réciprocité qu'on réclame pour soi-même.
r Je le sais, tous ceux qui se tlistinguent de la foule pro-
voquent de leur vivant la jalousie de leurs égaux et même de
tous ceux qui les entourent; mais plus tarcl il se trouve des
gens qui revendiquent, même à tort, I'honneur de descenclre
d'eux; leur patrie s'enorgueiilit de leur renommée, et, Ioin cle
la tenir pour étrangère ou de mauvais aloi, elle se I'approprie
et la proclame sans tache.
c C'est là I'objet de mon ambition. Bien que ma concluite
privée soit en butte à la médisance, examinez si les affaires
publiques ont périclité sous ma direction. C'est moi qui ai ligué
les plus puissants États du Péloponèse, et forcé les Lacécté-
moniens, sans trop de danger ni de dépense pour yous, à jouer
en un seul jour le tout pour le tout àMantinée;et malgré leur
victoire, ils ne sont pas encore pleinement rassurés.
XVII. c Il y a plus : ma jeunesse et mon extravagance pré-
tendue ont su, par tles discours convenables, gagner à votre
cause la masse des Péloponésiens, et, à force de zèle, leur
communiquer de Ia confiance. Maintenant donc ne craignez
rien de ces mêmes qualités ; mais, tanclis que je les possètte
encore et que Ia fortune semble'favoriser Nicias, profitez des
services que nous pouvons vous rendre. Surtout ne vous laissez
pas détourner ile I'expéclition de Sicile par la pensée qu'ello
est dirigée contre des peuples puissants.
r Les villes de ce pays ont une population nombreuse, à la
vérité, mais composée d'éléments hétérogènes; ce qui les rend
sujettes à des révolutions et à des bouleversements sans fiu.
Personne ntyregarde la patrie comme son bien; aussi personne
ne se fournit d'armes pour la défenilre. L'État lui-même nta
point de matériel régulier. Chacun prend ses mesures pour
tirer quelque avantage du public par la persuasion ou par
l)émeute; s'il échoue, il en est quitte pour s'expatrier. Com-
ment clonc cle pareilles agglomérations pourraient-elles mettre
de lfunité dans leurs conseils ou dans leurs actes ? On verra
bientôt les villes venir à,ilous I'une après I'autre à Ia première
ouverture capable de leur plaire, surtout si, comme on I'assure,
elles sont en proie aux dissensions.
l
LrvRE vl. 327
a Dtailleurs ne croyez pas que leurs-hoplites soient aussi
nombreux qu'on I'affirme. II doit en être à cet égard comme
I
rlu reste des Grecs, chez qui les forces réelles se sont trouvées \
fort au-clessous tles évaluations arbitraires que chaque peuple
en faisait. La Grèce, après avoir accusé cles chiffres fabuleux,
a reconnu dans la présente guerre que I'effectif de ses troupes
rdglées ne dépassait pas le strict nécessaire.
c Telles sont, si je suis bien renseigné, les facilités quenous
t

trouverons en Sicile, sans parler d.'une foule de Barbares qui, I


par haine pour Syracuse) se joindront à nous pour I'attaquer. ,i

Les affaires tle Grèce ne nous arrêteront point, si nous prenons


bien nos mesures. Outre ces mêmes adversaires qu'on nous
reproohe tle laisser clerrière nous? nos pères avaient encore à 1
combattre Ie Mède; ce qui ne les empêcha pas de fonder leur
empire, sans autre appui que leur supériorité navale. Les Péls-
ponésiens sont plus éloignés que jamais de toute veiléité agres-
sive contre nous; supposé même qu'ils s'enhardissentau point
I
de recommencer la 6;uerre, ilsn'ont pas besoin d'attendre notre {
départ pour envahir notre pays; mais sur mer ils ne peuvent
absolument rien contre nous , car nous laissons ici une marine
imposante.
XfiII. <r Comment donc justifier notre déiaut de zèle et notre
refus cle secourir nos alliés? Nous leur devons aide et pro-
tection; nos serments nous y obligent. N'écoutez pas ceux qui
vous disent qu'il ne faut attendre d'eux aucune réciprocité. Si
nous les. ayons accueiilis, ce n'était pas pour qu'ils vinssent !
ici nous défendre, mais pour qu'ils retinssent chez eux nos
ennemi-". Par quel autre système avons-nous obtenu I'empire, I

nous et tous ceux qui I'ont possédé, si ce n'est en dtant tou-


jours prêts à secourir les Grecs et les Barbares qui réclamaient
notre appui? Si chacun de nous, quantl son aide est néces- {
saire, demeurait en repos ou chicanait sur les races, nous i
étenclrions peu notre puissance, ou plutôt nous Ia, mettrions I
en péril. Avec des adversaires formidables , la prudence
consiste. à prévenir leurs attaques , non moins qu'à les re-
pousser. Nous ne sommes pas libres de graduer à volonté I'ex-
tension cle notre empire. Force nous est de menacer les uns
et de comprimer les autres; car nous serions en danger de
tomber sous une domination étrangère, si nous cessions nous-
mêmes cle dominer. Yous ne pouyez envisager le repos clu
même æil que les autres peuples, à moins cle modeler vos prin'
cipes sur les leurs.
328 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

a En navrguant vers ces parages, nous augmenterons sans


aucun doute la puissance que nous possétlons déjà. Faisons
cette entreprise, ne fùï-ce que pour rabattre I'orguer] des Pé-
lopbnésiens, et pour leurntontrer qu€, peu soucieo* 9.t la tran-
quittitO présente, nous portons nos armes jusqu'en Sicile. Par
ù ae Aeux choses I'une: ou nous ferons une conquête qui nous
vaudra I'empire ile la Grèce entière, ou tout au moins nous
écraserons les Syracusains, ce qui sera un bénéfice réel pour
nous et pour nos alliés. Nos vaisseaux assureront notre séjour
en cas de succès, ou notre retraite; car nous ltemporterons
toujours par la marine sur les Siciliens réunis.
u Ne vôus Iaissez pas influencer par les discoure de Nicias,
par i'inaction qu'il yous conseille, ni par Ia scission qu'il cherche
à établir entre les jeunes et les vieux I mais, fidèles à nos an-
ciennes coutumes et à I'exemple de nos pères, qui, par I'union
d.e ces deux âges, ont élevé notre patrie au rang qu'elle occupe
aujourcl'hui, eflorcez-vous d'accroltre sa puissance en marchant
sui leurs traces. Songez que la vieillesse et la jeunesse ne
peuventrien I'une sans I'autre; mais que ce qui fait_la_force'
ô'est I'assemblage et la combinaison cle la faiblesse, de la mé-
diocrité et de laperfection. Soyez-en bien persuatlés: si la ré-
publique est inaôtive, elle s'usera elle-même comme tout Ie
ieste, et tous les talents y périront de clécrépitude, tandis
que par la lutte elle acquerra sans cesse une nouvelle vigueur
et s'àccoutumera à se cléfendre par tles actions plutôt que par
des paroles. En un mot, j'estime qu'un État accoutumé à I'ac-
iivitê marche rapitiement à sa ruine lorsqu'il se plonge dans
I'inertie, et quc, pour un peuple, le meilleur moyên d'assurer
sa sécurité, c'est de s'écarter Ie moins possible des mæurs et
des lois dtablies, quelque imparfaites qu'elles soient' I
XlX. Ainsi parla Alcibiade. Après lui, les Athéniens-enten-
dirent les Egeslains et les exilés léontins, qui les strpplièrent,
au nom de 1à foi jurée, de venir à leur secours. Aussi I'ardeur
des athéniens fut-elle visiblement accrue. Nicias, jugeant dé-
sormais impossible de les clissuader par la même argumenta-
tion, mais èspérant encore les effrayer par Ia grandeur de I'ar-
mement qu'iliéclamerait, prit une seconde fois Ia parole et dit:
XX. a l,théoitot, du moment que votre résolution est irré-
vocable, puisse cette guerre réussir selon vos vceux. Dans cette
situation, ir ooo* doii compte de toute ma pensde. Nous allons
attaquer d"es villes gu'on tlit grancles, inclépend.antes, et nulle-
m*ni désireuses de ies révolutions oir I'on se jette volontiers
LIVRE VI. 329

Four échapper aux rigueurs de la servitude. Il esi donc peu


probable qu'elles acceptent notre domination en échange de
leur libertd. D'ailleurs le nombre des villes grecques est con-
sid.érable pour une seule île. Indépendamment de Naxos et de
Catane, qui, je i'espère, feront cause commune avec nc'us, à
cause d.e leur parentd avec les Léontins, on en compte sept r,
qui possèdent des forces militaires semblables aux nôtres, no-
tarnment Séiinonte et Syracuse, qui sont toutes deux le principal
l:ut de notre expédition. Eiles sont abondamment iourvues
d'hoplites, d'archers, de gens de trait, de trirèmer ei d* ma-
telots. Elies ont des richesses immenses, proyenant soil des
parficuliers, soit des temples de Sélinonte, soit des tributs ]evds
par Syracuse sur les Barbares de sadépenilance. Elles ont enfin
sur nous le double avantage de posséder une forte cavalerie
et de s'approvisionner à i'intérieur, sans recourir aux impor-
tations.
XXI. ( Contre une telle puissance, une armde navale et mé-
dioere ne suffit pas. Ii faut emmener des troupes de terre en
granrl nombre, si nous voulons obtenir un résultat signi{icatif,
et ue pas nous 1'oir fermer la campagne pa]' la cavalerie en-
nemie; car il est à craindre que les villes épouvantdes ne se
coalisent contre nous, et que les Egestains seulÀ nous fournisserrt
des cavaliers auxiliaires. or il serait honteux pour nous d'être
forcés à la retraite, ou réduits à ilemander dès renfurts pour
n'avoir pas pris tout d'abord nos mesures.
c Il nous faut donc partir avec un armement complet. N'ou-
blions pas que nous allons porter la guerre dans une contrde
lointaine; qu'il ne s'agit pai ici d'uné de ces expéditio's en-
treprises.pâr_ngus en qualité d'alliés, chez nos sujits, dans une
terre amie, d'où il est aisé de se procurer tout ôe dont on a
besoin. Yous allez opérer à une diÀtance énorme, dans un pays
tout à fait étranger, d'ou, pendant les quatre mois d'hiver,'il
n'99! gas facile de recevoir un simple message.
XXII. < J'estime donc que nous devons emmener un très-
grand nombre d'hoplites, levés chez nous, chez uos alliés, chez
nos sujets, même dans le Péloponèse, si nous pouvons en atti-
rer par la- persuasion ou par I'appât du gain. Il faut aussi
beaucoup d'archers et tle frdndeurs, pour làs opposer à la ca-
valerie ennemie. Il faut une flotte formidabie pour assurer nos
communications. Il faut des transports ,pour embarquer des
provisions de bouche, du froment, de I'orge torréfide, avec iles.
meuniers mis en rdquisition moyennant ialaire et tirés pro-
330 GUIRRE Du pdloponÈsu.
portionnellement des moulins, afin que ltarmée, forcée cle relâcher,
ne matrque pas d.e subsistances; car nombreuse comme elle
sera, toutes les vjlles ne pourront pas Ia recevoir. En un mot,
il nous faut faire tous les préparatifs imaginablesr pour ne pas
être à la merci des étrangers; surtout emporter d'ici beaucoup
d'argent; car pour celui qu'on assure êtro prêt à Égeste, dites-
vous-bien qu'il ne I'est qu'en paroles.
XXm. r Et quand nous partirious avec des forces tron.-seo-
Iement capables de tenir tête à celles des ennemis, mais encor€
supérieures à tous dgards, je ne sais si nous serions en état ile
vaincre et de nous maintenir. Nous clevons nous consiilérer
go.Tme des gens qui vont foncler une colonie au sein de popu-
tattons étrangères et hostiles; obligés par conséquent de s'em-
parer ilu sol dès le premier jourde leur arrivéefsous peine de'
voir, au moindre revers, toui le monde se tourner contre eux.
c C'est dans cette apprdhension, r'est dans la pensée que
nous avons besoin de beaucoup de prudence et de plus ile bon-
heur encore, * deux choses raies dàns ia vie,
- qreje
jedois partir, donner auhasaril le moins possible-,
veux, si
et ne m'em.
barquer qu'après avoir pris les dernièrôs précautions. A se
prix, selon moi, est la stretd de l'État, d.e- même que nr:tre
salut à nous qui ailons combattre. Si quelqu'un est d'un avis
contraire, je lui cèile le commandement. r
XXI\r. Ainsi parla Nicias. Il comptait refroidir le zèle des
Athéniens par ses exigences, ou, s'il était obtigé cle partir, le
faire avec moins de danger. Mais il arriva précisément I'inverse:
Ioin de reculer deyant I'énormité de I'armement, Ies Athéniens
en conçurent une ardeur nouvelle; I'avis cle Nicias parut ex-
cellent, et l'on crut n'ayoir plus rien à craindre. La passion
de s'embarquer saisit tout lc monde à la fois : les vieillards,
dans l'espoir qu'on subjuguerait le pays ou I'on allait porter la
g'uerre, ou tout au moins gutune si grande armée ntaurait à
redouter aucun malheur; les jeunes $ens, dans le désir de vi-
siter une contrée lointaine et dans I'espoir d'échapper aux
pdrils; la masse et les gens de Suerue, par I'appât d'une solde
immédiate et de conquêtes qui seraient pour eux une source
intarissable de gain. Au nrilieu de cet élan universel, les ci-
toyens peu nombreux qui désapprouvaient I'entreprise n'osaient
ouvrir la bouche ni refuser ieur suirrage, de crainte de paraître
malintentionnés.
XXY. Enûn un Athdnien monte à la tribune, interpelle Nicias,
et le somme de renoncer aux tergiversations et aux défaites,
LIVRE VI. 33I

mais de déclarer nettement et séance tenante quels sont les


prdparatifs que I'assemblée doit voter. Ainsi mis en demeure,
iti.ios répondit qu'il en conférerait à loisir avec les généraux
ses collègues; màis quer pourle momentr son opinion person'
nelte étaii qo;on oe deviii pas se mettre en mer avec moins de
cent trirèmôr ; qor les bâtiments pour le transport des hoplites
seraient fournis-en partie par les Àthéniens ilansune proportiou
déterminée,çn parti; pardes réquisitions faites chez les alliés;
que la totalite a.s hopiites, soit d-'Athènes, soit cles.villes alliées,
cl-evait être d'au moins cinq mille, et au-dessus s'il se pouvait;
qu'on réglerait en conséquince le reste de I'armement, savoir:
alrchersiationaux ou crétois, frondeurs, et en un mot tout ce
qui serait jugé nécessaire.
XXy1. Àpier avoir enteudu ces paroles, les Athéniens.tlécrê
tèrent surJô-champ queles généraul auraient pleinpouvoir pour
firer, selon teur prudence, la force des troupes et tous J.e^s dé-
tails cle I'expédition. Ensuite commencèrent les prépara_tifs. On
envoya cheiles alliés; on fit des levées à Athènes. La ville avait
depuis peu réparé les brèches causées par la peste et par une
guèrte prolongde; durant la paix, elle avait vu s'accroltre sa
populatiïn et ses revenus. Aussi I'on pouvait se procurer tout
pius facilement. Les préparatifs se poursuivaient.
XXWL SuT ces entreJaites, il arriva qu'en une seule nuit
les Hermès de pierre n , Tïgures quatlrangulaires qui , -suivant
l'usage du pays', sont plac?es en lrand nômbre devant les tem-
ples ét les ?difices paiticuliers, se trouvèrent-pour 1a plgpart
mutilés au visage. Nul ne savait les auteurs ile cette profana-
tion ; la ville promit de fortes récompenses à qui les tlécouvri-
rait. On invità aussi tout citoyen, étranger ou esclave' qui au-
rait connaissance de quetquô autre sacrilége commis, à le
cléclarer librement. Cetie alTaire prit des proportions oonsidéra-
bles I on y voyait un présage relâtif à I'expéditiol, un complot
organisé pour bouleuàrser I'Etat et pour abolir la démocratie.
XXVtn. En conséquence un certain nombre de métèques et
de valets firent une déposition relative, nullementaux Hermès,
rnais à d'autres statuôs, que des jeunes gens ivres s'étaient
précédemment fait un jeu de mutiler.Ils ajoutèrent qu'on.p1-
iodiait ilans quelques maisons les mystères, et qu'Alcibiade
n'y était pas éttaoger. Ses ennemis , qui voyaient en .lui un
obitacle à leur ascendant sur le peuple, et qui espéraient,
grâce à son éloignement, devenir les premiers perso-nnages de
É répubiiqoe, sàisirent avec avidité ce prétexte et I'amplifiè-
3rl GUIRRE Du PÉLoPoNÈ$u,

rent à plaisir: lls allaient répdtant partout que la contrefaçon


des mystères et la mutilation des Hermès étaient son ouyrage,
et qutelles avaient pour but le renversement de ra démocratle.
Pour preuve, ils alléguaient la manière antipopulaire dont il
mettait toute sa conduite en désaccord. avec les-lois.
xxffi. alcibiade chercha dans I'instant à repousser ces ca-
lomnies. Il offrit de se présenter en justice avant le départ de
I'expédition, dont les apprêts étaient terminés. Il demandait à
être puni si sa culpabilité était démontrée , ou, d.ans le cas
contraire, à conserver son commandement. Il conjurait le
peuple rle ne pas accueillir des imputations dirigées cbntre lui
p.enrlant son absenc!, mais de le mettre à mori sur-le-champ
s'il le croyait coupable; ajoutant qu'il serait de ra dernière im-
prucl_ence de I'expédier à la tête cl'une grancre arrrée sous le poids
tle telles charges et avant jugement. Mais ses ennemis s'y oppo_
sèrent de toutes leurs forces; ils craignaient, en lui- faisant
immddiatement son procès, qu,il n'eùt pour lui I'armée, et que
le peuple ne le ménageât parce que c'dtait à lui qu'ôn dtàit
1
redevable de la part que les argiens et quelques tùantinéens
prenaientà I'expédition. Ils suscitèrent donc d.;autres orateurs,
qui dirent qu'Alcibiaile tlevait prdalablement s'embarquer et
ne pas retarder Ie tlépart, qu'au besoin il reviendrait plairler sa
cause tlans un délai déterminé. Leur intention était dô te aitra-
mer toujours davantage en son absence, puis de Ie mander
p.our qu'il ett à se justifier. lI fut résolu qu'Alcibiacte par-
tirait.
XXX. 0n dtait ddjà au milieu de l'étd quanrl la flotte appa-
reilla pour la sicile. L-e gros des alliés, les transports chaigés
de vivres,.les autres bâiiments et toui le matériel de guerre
avaient été précédemment acheminés sur corcyre, d'of, I'ar-
mde réunie devait traverser le golfe lonien eo re dirigeant
vers la pointe d'lapygiet. Au joui fixé, les Athéniens et ceux
des.allid.s qui se trouvaient à Àthènes descendirent au pirée,
et,.dès ltaurore,-montèrent sur les vaisseaux prêts à les rece-
voir. Avec eux descendit_presque toute la popolution, citoyens
et étrangers. Les-gens _d_u
pays accompafnaient leurs amis,
reurs parents ou leurs tls; ils marohaient pénétrés à la fois
d'espérance et de tristesse, en pensant d'une partauxconguêtes
qu'ils allaient faire, d'autre part à I'incertitude de jamàis se
revoir et à la clistance qui allait se trouver entre eui et leur
patrie. Dans ce moment de séparation et à la veille du clanger,
les diffi cultés ile I'entreprise leur apparaissaient plus frappautes
LtvRE Vr. 333

que lorsqu'ils I'avaient décrétée I néanmoins le grand déploie-


ment ile forces qu'ils avaient sous les yeur leur renclait con-
fiance. Quant aui étrangers et au reste tle la foule, ils étaient
accourus par simple curiosité, pour jouir d'un spectacle gran-
cliose et véritablement incroyable.
XXil. Jamais armée glecque si superbe et si magnifique'
ment équipée n'était sortie d'un même port. Pour le nombre
des vaiiseaux et des hoplites, celle qui alla à Épidaure avec
Périclès et ensuite à Potidée avec Hagnon n'était point infé-
rieure I I car elle comptait quatre mille hoplites ., quatre cents
cavaliers, cent trirèmes d'Athènes, cinquante de Lesbos et ile
Chios, sans parler des autres alliés; mais elle n'avait qu'une
courte traversée à faire et son équipement laissait beaucoup
à désirer. Ici au contraire I'expéctitiondevait être tle longue du-
rée, et il fallait qu'elle ptt agir au besoiu sur terre et sur mer.
La flotte avait été armée à granrls frais par l'État et par les trié-
rarques. L'État donnait une tlrachme par jour à chaque matelotr;
il fournissait les vaisseaux, soirante bâtiments légers, quarante
pour le transport des hoplites, avec des équipages de choix. Les
iriérarques allouaient un supplément cle solde aux matelots dits
thranitàs3 et aux autres rameurs ; ils avaient orné leurs navires
cle riches emblèmes et de toute sorte d'embellissements ; cha-
cun d.'eux avait fait les plus grands sacrifices pour que son
bâtiment se tlistinguâb par son éldgance et par la rapidité de
sa marche. L'infanterie avait été recrutée d'après des rôles soi-
gneusement dressés a I les soltlats avaient rivalisd entre eux
pour la beaut{ des vêternents et des armes; en un mot' chaoun
avait fait les derniers efforts pour brÏller à la place qui lui
était assignée. On eùt dit une démonstration de force et de
puissance pour éblouir la Grèce, plutôt qu'un armement dirigé
contre des ennemis. Si l'on atlditionne ce que i'État et les par-
ticuliers avaient déboursé pour cette expédition, l'État par ses
avances et par les sommes fournies aux généraux partants, Ies
particuliers par les frais des solclats pour leur équipement et
àes triérarques pour leurs navires; si I'on y joint tout I'argent
que chacun, inilépendamment de la solde pub]ique, devait se
procurer pour un voyage de long cours, enfin celui que les
iotdats et les marchanils emportaient pour trafiquer, on se fera
une idée de l'énorme quantité cle numéraire qui sortait alors
cl'Atbènes. L'expédition n'était pas moins remarquable par sa
prodigieuse hartliesse et par l'éclat de son appareil, que par
ia disproportion cle ses forces aYec son bu! avoué. L'immense
334 GUERRE DrJ pÉLopoxÈsn.

étendue du trajet ajoutait encore à la grandeur d'une entre-


prise qui offrait la perspective illimitée d'un splendide avenir.
XXXII. L'embarquement terminé, la trompetté commandâ
le silence, et I'on fit les væux accoutumés avant le départ,
non pas sur chaque vaisseau isolément, mais sur la flotte en-
tière et par le ministère cl,un héraut. Dans toute I'arrnée. on
mêla ilu vin tlans tles cratères ;'chefs et soldats firent des fba*
tions avec des coupes d'or et d.targent. a ces invocations s'u-
nissaient celles de la multitutle resiée sur le rivage, et compo-
1ée_d9
citoyens et d'attres assistants favorablemint clisposés.
Le Péan chanté et les libations achevées, la flotte prit le iarge.
D'aborcl elle sortit du port à la file ; puis ele jouta de viteËse
lyrql'à É_qjne; de là .elle se dirigea rapidemenr sur Corcyre,
lieu de ralliement assigné au reste des alliés.
_ Cependant à Syracuse, bien qu'on reçtt de toutes parts I'avis
de cette expédition, Iongtemps on ne voulut pas y àjouter foi.
Une assemblée fut convoquée, et I'on entendit plusieurs ora-
teurs , les uns confirmant, les autres contestant la nouïeile.
Elermocratès fils d'Ilermon, qui se croyait bien informé, parut
alors à la tribune et s'exprima en ces termes :
XXXIII. c Moi aussi, I'ous refuserez peut-être de me croire,
quand je vous clonnerai comme certaine I'attaque dont nous
sommes menacés. Je sais qu'à soutenir ou à dénôncer des faits
invraisemblables , on ne rencontre que le cloute et |ironie.
Cependant, lorsque la patrie est en danger, la crainte ne me
fermerapas labouche, et ne m'empêcheia pas d.e vous trans-
mettre.des renseignements que je sais plus exq,cts que ceux
des autres.
t Les Athéniens, bien que cela yous étonne grandement,
stavancent contre nous avei une nombreuse arrnéé de tene et
tle mer. Leur prétexte est I'ailiance des Égestains et ra restau-
ration des 1léontins; mais au fonrl ils aspirent à s'emparer cle
la sicile et surtout cle notre cité, persuàdés qu'avec'elle ils
auront bientôt tout le reste. Dites-vous rlonc qu'ils arriveront
sous peu, et voyez, d'après vos ressoureesr comment vousleur
opposerez la plus vigoureuse résistance. Gardez-vous do vous
laisser-prendre au dépourvu par dédain pour ces ennemis, et
de négliger par inméclulité le salut cle la république.
( Il ne faudrait pourtant pas, tout en crbyant à leur entre-
prise, steffrayer outre mesure de leur rudace ôu de leurs forces.
Tout E mal qu'ils nous pourront faire, ils I'éprouveront à leur
tour. La grandeur même de leur armement est pour trous un
LIVRE VI. 335
avantage; car elle augmentera I'alarme tles autres Grecs cle
Sicile, et les disposera à se joindre à nous. Soit que nous par-
venious à les vaincre, soit qu'ils repartent sans succès obtenu
car je ne crains pas que leurs projets se réalisent, sera
-pour nous un résultat des plus glorieux, et, pour ma-cepart, sur
lequel je compte. Rarement on a vu, réussir ces grandes expé-
rlitions grecques ou barbares, opérant à d'énormes clistances.
Elles ne peuvent surpasser en nombre les indigènes, qutune
teneur commune groupe en un seul faisceau;et, si la diffi-
culté cle subsister sur un sol étranger leur attire quelque de.
sastre, leurs revers ont beau être leur propre ouvrage, la gloire
n'eD reste pas moins aux peuples attaqués. C'est ansi que les
Athéniens eux-mêmes, bjen que le Mècle ett commis des fautes
impardonnables, ont dt cependant à I'opinion qu'il marchait
sur Athènes de voir leur renommée grandir au delà ile toute
proportion. Je ne désespère pas qulautant ne nous en ad-
vienne.
XXÎff. c Ayons donc bon courage. Sans ralentir nos prépara-
tifs, envoyons chez les Sicules, pour rallermir les uns et nous
attacher les autres. Envoyons, soit clans lereste de la Sicite pour
signaler le danger commun, soit vers les peuples d'Italie pour
ies engager à se joinclre à nous ou tout au moins à ne pas
recevoir les Athéuiens, soit enfin à Carthage. Cette ville n'est
pas sans inquiétude à l'égard des Athéniens, dont elle appré-
hentle sans cesse une attaque. II se peut donc que Ies Cartha-
ginois, dans la pensée que, stils négligent cette occasion, leur
propre streté sera compromise , soient disposés à nous aider
d'une manière quelconque , ou bien ouverten:ent ou bien en
secret.rS'ils en ont I'intention, cela leur est plus facile qu'à per-
sonne ; carils possèclent en abondance I'or etl'argent, qui sont
l'âme de la guerre cornme de toute chose. Envoyons aussi à
Lacétlémone et à Corinthe , avec prière de nous secourir sans
retarcl et cle renouveler en Grèce les hostilités.
c Il y aurait, à mon sens, une mesure plus eflicace encore.
Yotre apathie habituelle vous empêchera de I'adopter ; cepen-
rlant je ne laisserai pas cle vous la soumettre. Ce serait de vous
concerter avec tous les Grecs de Sicile , ou du moins avec
la plupart; de nrettre en mer avec tous les navires ilisponibles
et des vivres pour deux mois ; puis d'aller à Ia rencontre rles
Athdniens jusqu'à Tarente et à la pointe d'Iapygie. Par là nous
Ieur montre.rions qu'avant de nous d.isputer la Sicile, ils auront
à lutter pour la traversée clu golfe lonien. Rien ne serait plus
336 GUERRE Du PÉ[oPoNÈsE.
capable tle les frapper de terreur. IIs verraient que nous aYons
pour point de départ une terre amie Tarente nous ac-
cueillera, qu'ils ont eux-mêmes- car
à franchir la grande
-tandis
mer avec un attirail de guerre; la longueur tlu trajet ne leur
permettrait pas tle rester en ordre, et nous aurions bttn mar-
ché d'une flotte manæuvrant sans ensemble et avec lenteur.
< Supposons qu'ils allégent leurs navirest et ne s'avancent
qu'avec les plus mobiles : stils naviguent à la rame, nous les
trouverons fatigués, ou , dans I'hypothèse la moins favorable,
Tarente nous servira cle refuge. Pour eur, n'ayant gue peu de
vivres et cinglant en vue cl'un combat rraval, ils se verront
clénués de tout sur des plages désertes. S'ils y séjournent, ils
seront bloqués; s'ils essayent de ranger la côte, ils ne pour-
ront se faire suivre de leur matériel ; enfin I'incertitude ou ils
seront sur ltaccueil que les villes leur réservent achèvera de
les démoraliser.
r Âussi suis-je convaincu qu'arrêtés par ces consiclérations,
ils ne partiront pas même de Corcyre, mais qu'ils se donneront
Ie temps de délibérer et de s'enquérir cle nos forces et ile nos
positions par des reconnaissances multipliées ; ce qui les pous-
sera jusqu'à la mauvaise saison ; à moins qu'intimidés par
notre attitude inopinée, ils ne renoncent définitivement à leur
projet. Cela est tl'autant plus probable que, si j'en crois mes
rnformations, le plus expérimenté de leurs généraux n'a ac-
cepté qu'à contre-cæur le commandement, et ne tlemanderait
pas mieux que de trouver un prétexte dans une démonstration
sérietse de notre part. La renommée, qui grossit tout, ne man-
querait pas il'exagérer nos forces. L'opinion se règle sur les
ouï-dire. Celui qui prenrl I'offensive, ou qui du moins se montre
fermement résolu à se défendre, est craint davantage, parce
qu'ou le croit en mesrrre de résister. C'est là sans aucun doute
ce qu'éprouveront les Athéniens. Ils s'avancent contre nous
dans I'idée que nous n'oserens pas leur tenir tête.Ils nous mé-
prisent à juste titre, parce que nous ne nous sommes pas joints
aux Lacédémoniens pour les attaquer I mais. s'ils nous voient
déployer une audace inattendue, ils en seront plus effrayés que
de nos forces rdelles.
Suivez donc mes conseils; prenez barcliment le parti que
<
je vous propose; autrement, hâtez-vous de faire vos prépara-
tifs de défense. C'est quancl I'action est engagée qu'il faut té-
moigner du mépris pour soû adversaire; jusque-ià, Ie mieur
est de s'entourer tle précautions méticuleuses,, comme si I'on
LIVRE VI. û.) /

était à Ia veille du danger. 0r I'ennemi s'approche; tenez pour


certain qu'il est ddjà en mer et qu'au premier jour il va pa-
rattre. .u
XXXV. Lorsque llermocratès eut fini de parler, une longue
iliscussion s'engagea dans l'assemblée. Les uns révoquaient en
tloute ses asseptions, et soutenaient que les Athdniens ne vien-
clraient point; d'autres ilisaient: < S'ils viennent, quel mal
nous feront-ils que nous ne leur rendions avec usure? r D'au-
tres enfin affectaient un souverain mépris , et tournaient en
tlérision toute cette affaire. Quelques-uns seulement croyaient
Ilermocratès et appréhenclaient I'avenir. Ath.énagoras, qui était
alors Ie chef du parti populaire et I'orateur le mieux écouté,
parut à la tribune et prononça le rliscours suivant :
XXXVI. c II faut être un lâche ou un mauvais citoyen pour no
pas souhaiter que les Athéniens commettent la folie de venir se
livrer entre nos mains. Que certains hommes prompts à s'a-
larmer cherchent à répandre I'inquiétude parmi vousr leur au-
dace n'arien gui m'étonnel ce qui m'étonne, c'estleursottise,
s'ils s'imaginent n'être pas ddmasqués. Ces rumeurs mena-
çantes, la timidité s'en saisit et les colporte, afin de dérober
sa propre frayqur sous le voile de la frayeur pub)ique. Voilà
toute leur portée. Elles ne sont pas nées spontanément, elles
émanent de gens qui s'efforcent par là d'entretenir une agita-
tion permanente.
c Pour vous, si vous m'en croyez, vous ne jugerez pas I'ave-
nir d'après des bruits sans consistance, mais d'après ce qu'on
doit attendre de I'expérience consommée des Athéniens. Estril
à croire que, laissant clerrière eur le Péloponèse mal pacifié,
ils se jettent de gaieté de cæur dans une autre guerre non
moins sérieuse? IIs iloivent, ce semble, tenir à grand bonheur
que nous n'allions pas les attaquer, nous dont les villes sqnt si
nombreuses et si puissantes.
XXXVII. n Et quand ils vienclrarent, comme on ie prétend,
je oois la Sicile plus en état que le Péloponèse tle leur te-
nir tête; car elle possède de plus amples ressources à tous
égards. Notre seule ville est incomparablement plus forte que
I'armée qu'on dit en marche, celle-ci ftt-elle clouble de ce
qu'elle peut être. Ce rlont je suis certain, o'est qu'ils n'amène-
ront point de chevaux, et qutils ne s'en procureront ici qu'un
petit nombre, à Egeste. Leurs hoplites ûe peuvent pas être
non plus aussi nombreux que les nôtres, car ils vienrlront sur
des vaisseaux ; or c'est déjà pour eux une granile affaire que
'v!

338 GUERRE DU PÉLoPonÈsr.

de se transporter à une telle distance avec leurs seuls bâti-


ments légers, sans parler de I'dnorme matériel dont ils devront
se faire suivre pour attaquer une cité aussi consiclérable que
la nôtre.
s Je suis d.onc bien éloigné de partager ces terreurs. Non,
non; eussent-ils fondé dans notre voisinage une ville aussi
grande que Syraause et leur servant de base cl'opérations
contre trous, à peine, selon moi, dviteraient-ils une destruction
totale; à plus forte raison au milieu tle la Sicile toute ennemie,
car elle se coalisera contre eux, avec des troupes obligées cle
se cantonner au sortir des vaisseaux, qui n'auront que de misé-
rables tentes, un appareil insuffisant, et que nos cavaliers em-
pêcheront de s'étenclre. Bref, je ne crois pas même qu'ils puis-
sent prendre pied, tant nos forces leur sont supérieures.
XXXYru. a Tout cela, les Athéniens le savent aussi bien que
moi; ils ne sont pas assez fous pour compromettre ce {u'ils
possèilent. Toutes Ies paroles que nos orateurs nous débitent
sont des contes faits à plaisir. Leur tactique au surplus ntest
pas nouvelle : de tout temps je les ai vus semer I'inquidtude
parmi le peuple, soit par des inventions pareilles à celle-ci ou
plus perfides encore, soit par leurs actes, dans Ie but de s'em-
parer de I'autorité. Je crains que leurs machinations sans cesse
renouvelées ne finissent par rdussir, et que nous ne manquions
ile vigilance pour ies cléjouer ou d'énergie pour les combattre.
Voilà pourquoi notre ville jouit si rarement du repos; voilà ce
qui donne naissance à tant de dissensions, ce qui arme les
citoyens plus souvent les uns contre les autres que contre les
ennemis, enfin ce qui parfois suscite des tyrans et des domi-
nations injustes.
a Pour moi, si vous voulez m'appuyer, je me fais fort de
mettre uu terme à ces manæuvres. Auprès de yous, auprès tle
la multitude, j'emploierai la persuasion; enyers les agitateurs,
la répression; non-seulement en les prenant sur Ie fait, ce qui
n'est pas toujours facile, mais en signalant leurs tendances
criminelles.Pour se défenclre d'un ennemi, c'est peu de repousser
ses actes; il faut êlre en garde contre ses intentionsl autre-
ment, faute tle clairvoyance, on risque d'être frappé Ie pre-
mier. Quant aux aristoorates, je saurai tour à tour les con-
fondre, les surveiller et les avertir. Ce sera, je pense, le
meilleur moyen de les détourner Ce leurs coupables desseins.
< Et cl'ailleurs, j'y ai souvent réfléchi, que clésirez-vous, jeunes
gens?exetcerdéjà les cbarges publiques? mais la loi le ddfend ; et
f,IVRE YI. 339
cette loi a été portée, DoIl pour yous frapper cl'rncapacité,mais
parce gu'on ne yous jugeait pas encore capables. Demandez-
vous des, priviléges? mais est-il naturel que les enfants d'uue
même patrie n'aient pas tous les mêmes droits?
XXXIX. c 0n m'objectera que la ilémomatie est contraire à
la raison et à la justice, et que les riches ont seuls qualité pour
bien gouverner. Moi je soutiens, en premier lieu, que le peuple
c'est l'État tout entier, tandis que I'aristocratie n'en est qu'une
fraction; qu'ensuite, si les riches sont les meilleurs garcliens
des richesses, les hommes d'intelligence sont les meilleurs con-
seillers, et la multitude le meilleur juge des questions qui lui
sont soumises gu'enfin dans la ddmocratie ces dilÏérentes
I
classes, séparées ou confondues, jouissent des mêmes droits.
' L'aristocratie au contraire fait participer la multiiude aux dan-
gers; mais pour les avantages, non contente de s'en résetYer
la meilieure part, elle s'en arroge la totalité, qu'eile confisque
à son bénéfice. Et voilà Ie régime auquel aspirent parmi vous
les bommes influents et la jeunesse, régime incompatible avec
I'existence d'une grancle cité.
< Ce serait, je vous le rdpète,le comble de la folie. Ilfaudrait
que yous fussiez ou les plus aveugles des Grecs à moi connus,
pour ue pas sentir I'iniquitd de telles prétentions, ou les plus
peryers si, la cornprenant, vous persistiez dans votre audace.
XL. ( PIus instruits ou mieux avisés, que I'intérêt commun
devienne votre unique guiile. Soyez strs que I'aristocratie y
gagnera autant, si ce n)est plus, que la multitutle, tantlis
qu'avec un esprit d.ifférent vous risquez de tout compro-
mettre.
a Cessez donc ile répanclre des bruits de cette nature; car
vous avez affaire à cles gens qui vous pénètrent et qui ne Yous
laisseront pas agir. Supposé même que les Athéniens se pré-
sentent, notre ville saura les repousser d.'une manière digne
d'elle, et nous ayons des généraux pour y pourvoir. Si au con-
traire, comme j'en ai la conviction, tout ceci ntest qu'une pure
fabie, Syracuse ne se laissera pas intirnid.er par Yos rapports,
au point de vous prendre pour chefs et de s'imposer une ser-
vitucle volontaire. Eile examinera les choses par ses propres
yeux, jugera vos paroles comme équivalentes à cles actes; elle
ne sera pas la dupe cle vos discours I mais, jalouse de sa liberté,
elle se gardera de retomber sous votre dépenclance. I
XLI. Après ces paroles tl'Athénagoras, un tles généraux coupa
court à la tliscussion en disant:
340 cuERRE DU PÉtoPottÈsu.
a Il ne sied pas aux drateurs de faire assaut d.'invectives,
ni aux auditeurs tl'y applaudir. En présenee des rumeurs qui
circulent, le mieux est de voir comment chaque citoyeu' com-
ment Ia ville eutière trouvera le moyen tle repousser victo-
rieusement les agresseurs. Et guand cela ne serait pas indis-
pensable, otl est Ie mal que la ville fasse provision de cbevaux,
d'armes et ile tout le luxe cle Ia guerre ? C'est à nous, géné-
raux, gu'appartiennent ces soins et oette prévoyance,.comme
aussi ltenvoi d'émissaires dans les villes pour surYeiller les évé-
nements. Nous y avons déjà pourvu en partie, et tous les ren-
seignements qui pourront nous parvenir vous seront commu-
niqués. .u
Cebte rléclaration tlu général mit fin à la séance.
XLIL Cependant les Athéniens étaient déjà rassemblés a
Corcyre avec tous leurs alliés. Le premier soin tles généraux
fut de passer la revue tle I'armée pour régler ltordre des mouil-
lages et des campements. IIs formèrent trois divisions, qu'ils
se partagèrent au sort. Naviguer de conserve les eùt exposés à
manquei d'eau, d'espace et de vivres dans les enclroits ile re-
lâche ; d'ailleurs I'orrlre et la disoipline de I'armée ne po-uvaient
que gagner à ce que chaque division eùt son chef distinct.
Après cela, ils envôyèrent en Italie et en Sicile trôis vaisseaux,
qui devaient s'enquérir iles villes disposées à les recevoir, et
revenir à Ia rencontre de la flotte avec les informations dont
eIIe avait besoin.
XLIII. Là-dessus les Athénierls, avec toutes léurs forces,
appareillèrent de Corcyre pour Ia Sicile. Leur flotte se com-
posait de cent trente-quatre trirèmes et de deux pentécontores
rhodiennes. Athènes à elle seule avait fourni cent trirèmes,
clont soixante légères, les autres portant des soldats; le surplus
provenait de Chios et des autres alliés. Les hoplites montaient
à cinq mille cent, dont quinze centsAthéniens insmits au rôle,
indépenclamment de sept cents |hètes r, soldats tle marine. Le
reste comprenait les troupes auxiliaires, fournies par les sujets
et par les Argiens. Cer clerniers avaient envoyé cinq cents
hommes. II y avait aussi tleux cent cinquante Mantinéens et
mercenaires, quatre cent quatre-vingts archers, dont quatre-
vingts Crétois; enfin sept cents frondeurs rhotlierrs et cent vingt
bannis de Mégare, armés à la ldgère. Pour le transport des
chevaux, iI niy avait qu'un seul bâtiment, chargé cle trente
cavaliers.
XLIV. Tel fut le premier armement qui partit pour cette
LIVBE VI. 34I
guene. II dtait accompagné cle trente bâtiments de charge, por-
tant les bagages, les vivres, les boulangers, les maçons, le-s cliar-
pentiers, ainsi que les outils destinés à la construction des murs.
cent autres navires avaient été mis euréquisition r; enfin beau-
coup de barqueset de vaisseaux marchands suivaient volontaire-
ment pour le négoce. Toute cette flotte réunie sortit alors de cor-
cyreet traversale golfe lonien. Quandilseurent gagné, les uns
lapointe rl'Iapygie, les autres Tarente, chacun eifiii'endroiile
plus opportun, ils se mirent à longer Ia côte d'Italie. Les villes
leur fermaient leurs portes et leuis marchés, leur permettant
se r'lement cle prendre rade et de faire de lteau .n.o.e Tarente
;
et Locres le leur refusèrent-elles. Enlîn ils atteignirent Rhé-
gion, à I'extrémitd de I'Italie, et se.rallièrent ericet enclroit.
Comme on ne les reçut pas dans la ville, ils campèrent au de-
hors, dans I'enceinte consacrée à Diane, orl un mârché ]eur fut
ouvert. on tira les vaisseaux sur la grève et I'on se tint en
rep.s. Les gdnéraux s'adressèrent aux Rhégiens, et leur repré-
sentèrent que leur qualité de chaicicréens lzur faisait un devoir
d'assister les Léontins ]eurs parents. La réponse des Rhégiens
fut qu'ils garderaient la neutràlité, etse coniormeraient aui ré-
sohrtions prises en commun par les Grecs d'Italie.
Les Athéniens étutliaient Ia situation des affaires en sicile et
le plan cle campagne qu'ils ilevaient adopter. Ils attendaient le
retour des vaisseaux qu'ils avaient envoyés à Égeste pour
s'assurer de I'eristence des trésors dont lei députés-revenus à
Athènes avaient parlé.
XLY. Cependant les Syracusains recevaient cle toutes parts,
et notamment rle leurs érnissaires, la nouvelle positive que la
flotte athénienne était à Rhégion. Dès rors il fallut bien sL ren-
dre à l'évirlence, et les préparatifs furent poussés avec la cler-
nière activité. on envoya chez les sicules, ici des garcles, là
tles.ambassldeu.l-s onmit garnison dans les forts du îerritoire
; ;
on fit dans la ville une inspection détaillée des armeg et deé
chevaux; enfin on prit toutei les mesures usitées en cas de gueme
rmmrnente.
XLVI. Les trois vaisseaux athéniens envoyés à Égeste re-
vinrent.à Rhégion, annonçant que, de toutes ies somires pro-
mlses, il ne se trouvait en réalité que trente talents. Les géné-
raux furent déconcertés do ce premier mécompte, joint au
refus des Rhégiens, auxquels on s'était cl,abordadrèssé èn vertu
de_leur parenté avec les Léontins etd.e leur vieille amitié pour
Àthènes. Nicias avait prévu ce qu'on apprenait d'Égeste; mais
,3tr2 GUERRE DU PÉLOPONÈST.

ses collégues s'en montraient fort surpris. Yoici, au surplus,


I'artifice employé par les Égestains à I'arrivée tles premiers dé-
putés renus d'Athènes pour vdrifier l'état de leurs finances. Ils
les avaient conduits dans Ie temple rle Vénus à Éryx; là ils
avaient étalé à leurs yeux quantité d'offranrles, consistant en
vases, calices, encensoirs et autres objets d'argent, de beau-
coup cl'apparence, mais ile peu ile valeur réelle. Les particu-
liers avaient invité dans leurs maisons les marins des trirèmes :
ils avaient rassemblé Ia vaisselle d,'or et tltargent d'Égeste, em-
prunté même celle tles villes voisines, phéniciennes ou grea-
ques, et chacun la prorluisait dans les festins comme étant à
lui. Presque partout c'était la m,ême qui figurait, et toujours
à profusion. Aussi les dquipages des galères avaient-ils étd
éblouis; et, cle retour à Athènes, ils n'avaientparlé que tles
Xrésorsqu'ils ayaient vus. Ces gens ainsi abusés avaient fait
partager leur erreur aux autres; mais, quand la vérité fut con-
nue, ils furent accablés cle reproches par les soldats.
XLYII. Les généraux tinrent conseil sur les circonstances
présentes. L'opinion tle Nicias était de cingier avec toute la
flotte contre Sélinonte, principal but tle I'expéclitiou; et, si les
Égestains fournissaient cle I'argent à toute I'armée, rl'aviser là-
dessus;sinon, cl'exiger tles vivres pour les soixante vaisseaux
qu'ils avaient denandés I de rester le temps nécessaire pour
les réconcilier de gré ou ile force avec les Sélinontins I cle
passer ensuite devant les autres villes pour leur montrer la
puissance d'Athènes, son dévouement à ses amis et alliés I enfin
tle rentrer en Àttique, à moins qu'il ne s'offrit bientôt une
occasion imprdvue de secourir les Léontins ou de s'attacher
quelque autre ville, sans entralner Athènes clans iles dépenses
qu'elle aurait seule à supporter.
XLVIII. Alcibiade soutint qrr'après être partis avec cle si
grancles forces, il serait honteux tle revenir sans résultat obtenu I
qu'il fallait envoyer des hdrauts clans toutes lçs villes, sauf
à Sélinonte et à Syracuse, se mettre en rapport avec les Sicules,
pour rlétacher d.es Syracusains les uns et se concilier I'amitié
des autres, afin d'en tirer tles vivres et cles renforts; qu'avant
tout il fallait persuader Messine, qui occupait Ie passage et le
principal abord de la Siclle, et où la flotte trouverait un port
et un lieu tle croisière excellents; qu'une fois les villes gagnées
et les alliés déclarés, on agirait contre Syracuse et Sélinonte,
à moins que oelle-ci ne flt accord avec Egeste, et que celle-là
ne consentït au rétablissement des Ldontins.
LIVRE VI. 3&3
XttX. Lamachos ouvrit I'avis de crngler tlroit contre Syra-
cuse et tl'y livrer au plus tôt bal,aille, avant que la ville fùt en
état ile iléfense et revenue de sa frayeur. ( Toute armée, dit-il,
est d'abord formidable I mais si elle tartle à se montrer, l'en-
noni se rassure et l'envisage avec dddain. Au contraire une
attaque brusque, dans le premier moment tl'effroi, procure or-
tlinairement la victoire, soit par la peur qui grossit les forces
de I'assaillant, soit par la perspective des ravages, soit surtout
par le clanger imminent du combat. Il est à présumer qu'une
foule cle personnes seront surprises ilans les champs, parce qu'on
rloute encore ile notre arrivée I d'ailleurs les Syracusains au-
ront beau transporter leurs elfets dans la ville, I'armée qui
vienilra victorieuse camper sous leurs murs ne manquera pas
cle butin. Par là nous détournerons les Siciliens cle l'alliance
de Syracuse, et nous les attirerons à nous, sans leur permettre
d'attendre les événements. r Lamachos ajouta que le port à
choisir pour lieude retraite et cle mouillage clevrait être Mégara,
enilroit inhabité, peu distant de Syracuse soit par terre, soit
'par mer r.
L. En tenant ce langage, Lamachos ne laissa pas cle se ran-
gerà l'avis d'Alcibiade. Ensuite celui-ci passa avec son vaisseau
à Messine, et fit aux habitants des propositions d'alliance qu'ils
ntacceptèrent point. ll lui fut répondu qu'on ne recevrâii pas
les Athéniens dans la ville, mais qu'on léur fournirait un mar-
ché au tlehors. Alcibiacte revint à Rhégion. Là-dessus les gé-
néraut mirent en mer soixante vaisseaux choisis sur toute la
flotte, les pourvurent de vivres, et s'avancèrent Ie long de la
côte jusqu'à Naxos, en laissant le reste cle I'armée a nhégion
avec I'un d'entre eux. Les Naxiens leur ayant ouvert leurs
portes, ils se renclirent à Catane I mais cetre ville, qui "ren-
fermait un parti syracusain, ayant refusé ile les recevoir, ils
poussèrent jusqu'à I'embouchure du fleuve Térias t et biva-
quèrent en ce lieu. Le lendemain, rangés.à la file, ils cinglèrent
vers Syracuse ayec cinquante vaisseaux ; les dix autres prirent
les devants, aveo ordre tle pénétrer tlans le grantl port et t['ob-
server s'il s'y trouvait quelque navire à flot e. Ils devaient
aussi s'approcher tle terre et proclamer clu haut de leur bortl
que les Athéniens venaient, en vertu de leur alliance et de
leur parenté, rétablir les Léontins clans leur patrie ; qu'en con-
séquence ceux d'entre eux qui étaient à Syracuse pouvaient se
renclre sans crainte anprès des Athéniens, comme auprès
d'amis et de libérateurs. Après avoir fait cette proclamation et
3Ltt GUERRE DU PÉLOPOTIÈSU.

reconnu Ia ville, les ports et la contrde qui allait devenir le point


de départ rle Ia guerre, ils repartirent pour Catane.
LI. Les Catanéens tinrent une assemblée, et, sans recevoir
I'armée athénienne, ils permirent aux généraux tl'entrer pour
faire connaître leurs desseins. Pendant qu'Alcibiacle parlait et
que I'attention des citoyens était absorbde, les soldats enfon-
cèrent clandestinement une petite porte mal construite, péné-
trèrent dans la ville et se répanclirent sur I'agora. A leur aspect
les partisans de Syracuse prirent peur et s'esquivèrent au plus
vite. C'éteit .e petit nombre; Ies autres votèrent I'alliance avec
les Athéniens, et les pressèrent cl'amener de Rhégion le reste
cle I'armée. Là-ilessus les Âthéniens retournèrent à Rhégion,
d'otr la flotte entière mit à la voile pour Catane. Àrrivés en ce
Iieu, ils y établirent un camp.
LI[. Deux nouvelles leur parvinrent de Canrarine : la pre-
mière, que, s'ils se présentaient, cette ville se prononcerait en
leur faveur; la seconde, que les Syracusains équipaient une
flotte. Ils partirent donc avec toute leur armée e[ cinglèrent
tl'abortl vers Syracuse; mais, n?y trouvant pas d'armement,
ils continuèrent leur route vers Camarine, abordèrent, et en-
voyèrent un héraut. Les Camarinéensrefusèrent de les recevoir;
ils s'dtaient, dirent-ils, engagds par serment ' à n'admettre
qu'un seul vaisseau athénien à la fois, à moins qu'eux-mêr.ues
n'en eussent mandé un plus grancl nombre. Ainsi les Athéniens
s'en retournèrent comme ils étaient venus. Chemin faisant, ils
opérèrent une descente sur un point du territoire de Syracuse,
ofi ils firent quelque butin; mais, assaillis par Ia cavalerie sy-
tacusaine, ils perdirent quelques peltastes disséminds I après
quoi ils regagnèrent Catane.
LIII. Là ils trouvèrent la galère salaminienne, venue d'A-
thènes avec ord.re d'amener Alcibiade ppur réponilre aux
accusations de la ville, et de remener avec lui quelques-uns
ile ses compagnons d.'armes, afin qu'ils eussent à se justifier
au sujet tle I'affaire de3 mystères ou cle celle cles Hermès. De-
puis le départ de la flotte, les Athéniens n'avaient pas cessé de
poursuivre I'enquêle relative à ces deux objets. Dans leur dé-
fiance universelle, ils accueillaient inilistinotement toutes les
clépo'sitions I et, sur la foi de gens sans aveu, ils arrêtaient et
incarcéraient les hommes les plus honorables. Ils aimaient
mieux éclaircir I'affaire et ddcouvrir à tout prix la vérité, que
de laisser cles gens d.'une réputation sans tache se soustraire
aux perquisitions grâce à I'infamie du délateur. Le peuple sa-
LIYRE VI. Jtri)

vait par oui-dire que la tyrannie d,e Pisistrate et de ses iils avait
Iini par être intolérable, et qu'elle n'avait été renversée ni par
les Athéniens seuls ni par Harmodios, mais par I'intervention
cles Lacédémoniens t : aussi était-il animé d'une crainte inces-
sante et d,'une défiance générale t.
LIT. L'entreprise d'Aristogiton et d'Harmodios dut son ori-
gine à une aventure amoureuse, que je raconterai avec quelques
détails, afin de montrer dans queile ignorance sont, je ne dis
pas les étrangers, mais les Athéniens eux-mêmes, au sujet de
leurs propres tyrans et du trait dout il s'agit.
Après la mort de Pisistrate, qui finit vieux et dansla tlrrannie,
ce nr fut pas Hipparque, ainsi qu'on le croit communément,
mais Hippias, qui lui succéda par ilroit cle primogéniture. A
cette époque, Harmoclios était dans la fleur de I'adolescence.
Aristogiton, citoyen de la classe moyenne, devint épris de lui
et Ïobtint. De son côté, Hipparque, fils dePisistrate, ayant inu-
tilement essayé tle le séduire, Harrnodios en avertit Aristogiton.
Celui-ci, piqué de jalousie, et maignanù qu'Hipparque n'eùt
recours à la foroe pour en venir à ses fins, résolut aussitôt de
tout mettre en couvre pour renYerser la tyrannie.
Cepenclant Hipparque ayant renouvelé, sans plus de-succès,
sa tentative auprès d'Harmodios, ne voulut pas employer la
violencel mais il prit ses mesures pour lui faire un affront in-
direct. L'autorité de ces tyrans n'avait rien tl'oppressif pour la
multitude. Pendant longtemps ils se conduisirent avec pru-
dence et moclération. Sans fouler le peuple ni exiger plus de la
vingtième partiecles revenus, ils embellissaient laville, soute'
naient les guerres et faisaient les frais des sacrifices publics.
L'État se gouvernait d'après les anciennes coutumes; seule-
ment ils avaient soin que les premières magistratures fussent
toujours occupées par un des leurs. C'est ainsi-que plusieurs
cl'entre eux exercèrent la charge annuelle d'archonte, en par-
ticulier Pisistrate, qui était fils du tyran Hippias et pontait le
nom de son aleul i.-C'est lui qui, pendant son archontat, clétlia
l'autel des douze dieux sur I'agora, et celui d'Apollon Pythien
dans I'enceinte consaorée à cette divinité. Par la suite, le peuple
ajouta cle nouvelles constructions à 1'autel de I'agofa, et fit
disparaltre I'inscriptionl mais celle d'Apollon Py-thien est en-
.orï lisible. EIIe porte ces mots en caractères à demi e{facds :
Pisistrate, fiIs d,Hippias, a collsacré ce monument de son archontat
dans I'enceinte d'Apollon Pythien.
346 cùnnnn ou ,Jrono*trr.

LY. Qu'Hippias ait erelcd la tymnnio en qualitd de ûls ainé


de Pisistrate, c'est ce que je puis affirmer d'après les preuves
les plus authentiques. Pour s'en convaincre, iI suffit deÀ obser-
vations suivantes. Il est certain que, parmi ses frères légitimes,
lui seul eut rles enfants; ctest ce qu'inrliquent I'inscription que
je viens de citer et la colonne érigée dans I'acropole d'Athènes
en mémoire ile I'iniquité des tyrans r. Aucun enfant de Thes-
salos ni d'Hipparque D'y est mentionnd, tandis quton y voit
figurer cinq tls qu'flippias eut de Mynhiné fille de Callias
fils tl'Hypéréchidèsl or il était naturel que l'ainé se nariât le
premier. En second lieu, sur la même colonne, le nom d'Hippias
suit imméiliatement celui cle son père1 ce qui est encore dans
I'ordre des choses, puisqu'il tenait le premier rang après lui et
qu'il lui succéda dans ia tyrannie. Enfin je ne conçois pas com-
ment Hippias aurait fait pour se saisir instantanément du pou-
voir , s'il s'en ftt emparé le jour même de la mort de son frère;
mais la terreut qu'il avait dès longtemps inspirée aux citoyens
et I'exacte discipline établie parmi les satellites furent plus que
suffisantes pour lui assurer la possession ilu pouvoir, et iI
n'éprouva pas les difficultés qu'il ett rencontrées si, plus jeune
que son frère, iI n'eût pas eu déjàune longue habitutle du com-
mandement. La mésaventure d'I{ipparque I'a rend.u célèbre,
et a fait croire dans Ia suite qu'il avait été tyran.
LYI. Ilipparque, voyant donc sa poursuite rgpoussée par
Harmorlios, exécuta son projet de lui faire un sanglant outrage.
Harmodios avait une jeune sæur : on Ia fit venir pour porter
la.corbeille dans une cérémonie, puis on la chassa endisant
qu'on ne I'avait pas invitée à un honneur dont elle était indi-
gne. Harmodios fut mortellement blessé de cet alÏront, et Aristo-
giton le ressentit plus vivement encore à cause de lui. Ddjà ils
avaient .tout concerté avec leurs complices. Ils n'attendaient
plus que les grandes Panathénées , seul jour otr les citoyens
pouvaient, sans éveiller cle soupçon, se rassembler en armes
pour le cortége. Eux-mêmes devaient porter les prenriers coups,
et les autres conjurés prendre immédiatement leur défense
contre les satellites. Pour plus de streté, ils n'avaient initié
que peu de gens au complot, dans I'espérance qu'il suffirait de
I'audace d'un petit nombre, pour qu'à I'instant ceux même qui
n'étaient pas prévenus, se trouvant en armes, se joignissent à
eux pour reconquérir leur liberté.
LVIL Le jour de la fête étant venu, Hippias ayec ses garcles
était dans le Céramique, hors de la ville t, occupé à organiser
LIVRE VI. 347

le cortége. Déjà Barmodios et aristogiton, armés ile poignartls,


,;uornfii.ot piur le frapper, lorsqu'ils aperçurent .un.cle leurs
affidés s'entretenant famiiièrement avec lui; en effet Hippias se
iuirruit-"l"rder par tout le monde. EITrayés.à.cet_t-e v'e'.ils se
crurent ilécouverts et sur le point tl'être arrêtés. voulant
donc
avait
aunaravant se venger' s'il ie pouvait, de celui qui-les
àrir.ier et récluits-à risquer letr vie, ils ren{rent à la,course
ltio-
dans Ë ville, rencontrent Hipparque près du lieu appelé
;;;;-;r;'; et, âans Ia rage qu'inspirl à I'un son amour, à I'autreà
son offense, itt t* jettËntiur tùi e-n forcenés et Ie frappent
môrt. Àrist'ogiton Oinappa aux gardes à la faveur tlu tumulte;
mais ensuite il fut pris èt cruelllment traité; pour Harmotlios,
il fut massacd surle-chamP,
iVfff. Averti dans le Céràmique, Hippias se dirigea aussitôt,
noo uu., le lieu cle la scène, miis vers les citoyens armés_qui
formaient le corlége et que leur élo.ignement.mettait tlans
l\gnorance de ce [ui s'étâit passd. Là, sans laisser paraltre
uoioo trouble, iI leur enjoignit tle se renclre sans armes vers
un enaroit qu'il leur désigna. lls obéirent,, croyant qu'il voulait
leur parler. Mais lorsque, ?ar son ordre, ses satellites,eurent
soustiait les armes, il saisit à I'instant les citoyens qu'il soup-
çonnait et tous ceux qui se trouvèrent munis de
poignards.
i'orug, était cl'assister au cortége seulement avec la lance et
Ie bouclier.
LIX. C'est ainsi qu'un chagrin d'amour donna naissance au
complot, et un effrôi subit au coup de main il'Harmodios et
a'aristogiton. Dès lors le joug s'appesantit sur Athènes. Hip-
pias, deienu ombrageux, fit ptrir bon nombre de citoyens' En
*ê*. temps il jetaii les yeux au dehors, pour.se-ménager un
asile en .ur d. révolutioi. Quoique athénien, il clonna sa fille
Archédicé au tyran tle Lampsaquè', Æantidès fils_tl'Hippoclos,
parce que cette famille jouissalt d.'un grand _créclitauprès tlu
roi narius. 0n montre èncore à Lampsaque Ie sépulcre cl'Ar-
chédicé, portant cette éPitaPher :

Cette poussière couvre Àrchédicé, fille d'Hippias, d'e .I'homme--qui


se distingua par-dessus tous les Grecs tle son temps. Bienque fille,
épouse, i,to.', mère de tyrans, elle n'enfla point son cæur d'arro-
gance.

Hippias exerça encore trois années la tyrannie à Athènes; la


quatii6me il fut renversé par les Lacédémoniens et par les
5. Il se retira tl'abord à Sigée sous assurance
Âlcnréonides exilés
3lr8 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

de la for publiquen, iluis à Lampsaque chez Æanticlès, et ûna-


Iement auprès àu roi-Darius. Yingt ans plus tarcl et déjà vieux,
il accompagna les Mèiles à Marathon.
LX. Ll peuple athénien, qui avait ces faits encore présents
à la mémoirei montrait alors beaucoup d'irritation et de dé-
fiance contre les auteurs présumés d-e la profanation des myg-
tères. Il y voyait une conspiration oligarchique et tyrannique.
Déjà son couiroux avait jeté tlans les fers une fouie cl'hommes
honorables, sans qu'on entrevlb un terme à ces rigueurs. cha-
que jour ne faisaii qu'accrollre I'exaspération de la multitutle
ôt Ie-nombre des ariestationc. Alors un des détenusr, sur le-
quel pesaient les charges les plus fortes, fut amené par un tle
ù, cômpagnons de captivité à faire des révélations vraies ou
- à cet égarcl le champ est ouvert aux conjecttrres,
fausses et
nul n'a jamais su incliquer aYec certitude les auteurs cle I'at-
prisonnier détermina son com-
tentat.
- A force d'instances, ce
pagnon, ftt-il innocent, à s'assurer I'impunité et à.tlélivrer la
vitte ae I'inquiétucle qui planait sur elle. II lui représenta qu'il
risquait bien moins à faire des aveux qui lu.i vaudraient sa
grâce, qu'à persister dans ul système de d'énégalions qui en-
traherait son-jugement. Enfin cet homme se clénonça' lui et
quelques autres, iomme coupable cle la mutilation des Hermès'
ie peuple atbénien accueillit avec joie ce qu'il crut être la
vériié. Satisfait d'avoir enfin découvert la trame ourclie contre
Ia démoffatie, il relâcha immédiatement le dénonciateur et
tous ceux qu'il n'avaib pas désignés; aux autres on fit leur
procès. Toui ceux gu'on put atteindre furent mis à mort; les
iugitifs furentcondamnés par contumace, et leurs têtes mises à
brii. Reste à savoir si les victimes avaient mérité leur sort;
mais la ville entière en ressentit sur rheure un incontestable
soulagement.
LXi. Pour ce qui est il'Alcibiade, les Athéniens, prêtant
I'oreille âux ennemis qui ltavaient noirci avant son clépart,
étaient fort animés contre lui. Sitôt qu'ils se crurent suffisam-
ment éclairés sur I'alTaire des Hermès, ils se persuaclèrent qu'à
plus forte raison celle tles mystères, clans laquelle ilétait im-
ptiqué, émanait également cl'une conspiration contre la démo-
ôraiie.'Pu" une singulière coïncidence, dans le même temps où
régnait cette agitation, un corps de.troupes lacédémoniennes
stavança jusqu'à I'Isthme, par suite cle quelque.intelligence avec
les Béôtiôns. On se persuacla qu'Alcibia6e n'était pas étranger
à ce mouvement; qu-il s'agissait, non cle la Bdotie, mais d'un
TIVRE VI, 349
complot dont il était l'âme, et que, si on ne I'ett prévenu par
I'arrestation des prétendus coupables, la ville ett dtd prise pay'
trahison. Il y eut même une nuit que les oitoyens passèrent en
armes dans le temple de Thésée à Athênes. A Ia même époque,
les hôtes qu'Alcibiade avait à Argos furent soupçonnés de
conspirer contre Ia démocratie I ce qui fut cause que les Athé-
niens livrèrent au neuple d'Argos, pour être massacrés, les
otages argiens déposés dans les lles. Ainsi tout concourait à
rendre Alcibiade suspect. Le's Lthéniens, résolus à le traduite
en justice et à le mettre à mort, tlépêcbèrent en Sicile la galère
salaminienne pour I'amener, lui et tous ceux qui étaient com-
pris dans la dénonciation. L'ordre portait qu'il eùt à revenir
pour se cléfenilre; mais on ne ilevait pas I'arrêter. 0n eût craint
de mettre en émoi I'armée ou les enûemis, et de provoquer le
clépart des Mantinéens et iles Argiqns, dont la coopération était
due à son influence. Alcibiade et les autres prévenus s'embar-
quèrent sur son vaisseau et partirent de Sicile pour Athènes
de conserve avec la Salalni,niennel mais, arrivés à Thurii, ils
cessèrent de la suivre, quittèrent leur bâtiment et disparurent.
Ils appréhendaient de comparaitre sous le poids d'une pareille
prévention. Les marins de la Salaminienne les cherchèrent
pendant un certain temps; puis ils perdirent leurs traces.
Alcibiatle, dès lors exilé, monta bientôt après sur un bâtiment
marchancl et passa de Thurii dans le Péloponèse. Les Athé-
niens le condamnèrent à mort par contumace, Iui et ses com-
pagnons.
LXII. Après son départ, les généraux athéniens restés en
Sicile firent deux divisions de I'armée et se les partagèrent au
sort; puis ils cinglèrent avec toutes leurs forces Yers Sélinonte
et vers Égeste, pour savoir si ies'Égestains d-onneraient I'ar-
gent promis, pour reconnaître llétat des affaires à Séiinonte et
s'enquérir de ses ddmêtés avec Égeste. Ils côtoyèrent à main
gauche la partie de la Sicile qui fait face au golfe Tynhénien,
et touobèrent à Himéra, seule'ville grecque cle ces parages-
Comme on ne les y reçut point, ils passèrent outre. Chemin
faisant, ils s'emparèrent d'ÉIyccara, petite ville sicanienne' en-
nemie d,'Égeste et située au borcl de la mer. IIs réiluisirent les
habitants àn esclavage, et remirent la ville aux Égestains, dont
la cavalerie les avait seconilds. Ensuite I'armée de terre prit sa
route par le pays des Sicules et parvint à Catane, tanclis que
la flotæ, ayant les esclaves à bord, faisait le tour d'e la Sicile'
En quitiant Hyccara, Nicias ût voile directement pour Égeste,
Tuuctntos. 2c
3b0 GUERRE Du pÉtopoNÈsE.
y rdgla toutes res questions pendantes,
reçut trente tarents, et
rejoignil eusuite r'ârmée. r..,a v.oi, d.J
vingt talents. Les Athdni*or, rontinuant ;r.i;;;;-i.iiuisit.unt
présentèrent chez res sicuies -r1iie1 à côtoyei ra sicile, se
pour reur deman.er des
rroupes. La moitié de ,,armée maiiirar
;;;t.;îyil;illnurir.,
donr elte ne put Jemparer. on atîeigrit
;lti.riffiie, ainsi la
LXIII. L',hiver suivant, res Athéniens se disposèrent
agir conrre svracuse. De leur .ola enfin à
r*, by;#i;;iïsorurenr
de marcher contre.eux. Dans t'origiou,
s,étaient attendus
unè auaqu- irT:li-T1; *?ir, .orniru
taient de jour en jour renaîtrô reur
's Orri, ,i.", ils sen_à
iin,en
confiance. Lorsqu,'s
tes athéniens fairl voile à
lhuiiJ extrémite a. ru êî.ite,virentpuis
attaguer Ilybra sans p'uv'ir s'en
rendre
redoubra: et. nar.un au .*-*o*u*.or, maltres, leur mdpris
titude ennardie.'s presJ-rl;ï;r fam'iers à une mur-
généraux de res conduire
puisque trË eirreoir* oïr'uouoçuienr
I lrlll:t
t'es pas
cavariers syracusains venaient journellement cônDre eux.
tour du camp des.Athdnie_ns, -ài-lro. caracerer au-
railleur s'ils -étaient venus nrùit.r demandaient d,un ton
au tieu de retabtir tes tdontiil
,ur, ,u* en terre étrangère
LxIr/' En conséquence, r* ;;;! teurs foyers.
-ffirrux
d'attirer en masse tes syracusarir'i. athdniens résorurent
prus roin possible de leur
qyaant qu'eux-mé** roioraiànt ae nuit ra côte sur leurs
,v,1tt^1
varsseaux et occuperaie*t
à roisir une rorte
qu'ils lositioî. î), *ro-
:i::,"j_ltrl l^t:1,*iËi;
quarent en présence i,c*. avantage s,ils débar_
d'un ennimi sur ses gardes ou s,ils
çaient par terre à déc.ouvert; i."r .. s,avan-
et ta foute I auraienr beaoroup- .asreurs troopuîlégères
à ;"ff.;; ;. h ;;"Ëffi syra-
cusaine, car eux_mê*.*_ o,uuii;;;r
chevaux. De l,a'tre
manière au contraire, p;";.;;;"i choisir
-de
un
contre la cavarerie'.Des's ôx'és-.ytu.oruins, quiterrain
eux, leur indiquaient un poste
abrité
étaient avec
ri,ieîrer ao't,i*pËîJ"lupiter
git:ry: e, cgi u i;r à
generaux emplovèrent
* e*T qî,ii; ;:";-è
un jtratagème. ; i" o ",î,-1,ï,,, r,,
Syracuse un toËr*e -tts Rrànt-pu.ii. poo,
:ur,- a."îiiur-".nrrr ryra.oruins étaient
loin de se défier. Cet homm;;l*;;;""Carane.
envoyé par querqu.es-uns ar se donna pour
syracusains connaissaient '
rer rori*itoyens, que les généraux
de
risans restds dans certe v're. "r;;;;r-otrr',iu-ae
iiËftir iJ* p*r_
saient les nuits à Catane f.i" qou rur-eînariîrî
à. fr*Ju*rou. r; que si, danso"_-
J'ur margué, au lever de irJ syru.usains voulaient se
un
'aurore.
LIVRE VI. 351

porter en masse contre le camp, eux-mêmes se chargeaient tlten-


fermer les soldats dans la ville et tle mettre Ie feu aux vaisseaux ;
qutil suffirait d'attaquer la palissade pour s'emparer clu campl
enfin qu'un grancl nombre de Catanéens seconderaient cette
entreprise, pour laquelle ceux qui I'envoyaient avaient déjà
tout préparé.
LXV. Les généraux syracusains, qui étaient pleins cle cou-
ûance, et qui songeaient eux-mêmes à marcher sur Catane,
crurent cet émissaire sur sa simple parole, et le renvoyèrent
après être convenus avec lui tlu jout ou ils paraltraient. Déjà
étaient arrivés les renforts cle Sélinonte et de quelques autres
alliés. Ordre fut clonné aux Syracusains de se tenir prêts à sortir
en masse. Les dispositions étant terminées et le jour fixé appro-
chant, ils prirent la route de Catane, et passèrent la nuit sur
Ies bords du fleuve Siméthos, dans le pays des Léontins. Les
Athéniens ne les surent pas plus tôt en marche, qu'ils délogèrent
avec les Sicules et autres alliés, montèrent sur les vaisseaux
etles transports; puis, ilurant la nuit, ils cinglèrent vers Sy-
racuse. An point du jour, ils descendirent nou loin de
I'Olympéion, à l'endroit qu'ils voulaient occuper. Les cavaliers
syracusains poussèrent jusqu'aux portes de Catane. Là, s'étant
aperçus que toute la flolte avait clémarré, ils tournèrent bricle
et avertirent l'infanterie. A I'instant tous ensemble rebroTssèrent
chemin et revinrent en toute tliligence au secours cle la ville.
LXfl. Penclant ce temps, comme la route était longue, les
Athéniens purent à leur aise asseoir leur camp tlans une position
qui les rendait maîtres de commencer à volonté le combat,
sans avoir à craintlre la cavalerie syracusaine. Ils étaient pro-
tégés d'un côté par tles clôtures, des maisons, des arbres et un
marais I de I'autre, par des pentes rapides. Ils abattirent les
arbres clu voisinage, les transportèrent vers la mer, et plan-
tèrent une palissatle le long des vaisseaux. Près du Dascon r,
dans ltendroit le plus accessible aux ennemis, ils élevèrent à Ia
hâte un retranchement en pierres sèches et en bois; enfin ils
coupèrent le pont de l'Anapos. Durant ces préparatifs, personne
ne sortit de Ia ville pour les troubler. Les premiers qui accou-
rurent furent les cavaliers s1rracusains, bientôt suivis de toute
I'infanterie. D'abord ils s'approchèrent du campdes Athéniens;
mais, nul ne venant à leur rencontre, ils se replièrent, fran'
chirent la route d'Hélore ! et bivaquèrent.
LXYII. Le lendemain, les Athéniens et' leurs alliés se clé-
ployèrent dans I'ordre suivant : à l'aile droite les Argiens et
3â2 GUERRE Du pÉtopllNÈsu.

les Mantindpns, au centre les Àthéniens, à gauche le reste des


alliés. La moitié de I'armée fut rangée en avant, sur huit d,e
hauteur; I'autre moitié près des tentes, en carré sut huit éga-
lement. Celle=ci tlevait rester en observation et se porter là où
besoin serait. Les valets furent placés au milieu de ce corps
de réserve. Les Syracusains formèrent leurs hoplites sur seize
de hauteur. C'était leur levée en masse, jointe à quelques auxi-
liaires, tirés principalement de SéIinonte. Géla leur avait en-
voyé deux cénts cavaliers; Camarine uae vingtaine cle cavaliers
et cinquante archers. A I'aile droite ils placèrent leur cavalerie,
forte d'au moins douze cents hommes et soutenue par leurs
6ens d.e trait. Au moment d'engager le cumbat, Nicias par-
ûourut les rlifférents corps de son arrnée, eù Jesharangua tous
ensemble en ces termes :
IXYIII. <rSoldats, qui allez combattre pour une même cause,
qu'est-il besoin de vous ad,resser une longue exhortation? Ce
seul appareil.est bien plus fait pour vous inspirer la confiance
que ne pourraient les plus beaux discours avec utre faible
armée. Quand les Argiens, les Man[inéens,les Athéniens et les
premiers des insuiaires sont ici réunis, comment, avec tant et
d.e si braves compagnons d'armes, ne pas concevoir les plus
brillantes espérances? It y a plus : c'est à une levée en masse
que nous avons alïaire, et non à des hommes d'élite comme
nous; c'est à des Siciliens, qui peuvent bien nous mépriser,
mais qui ne nous tiendront pas tête, parce qu'ils ont moins
drinstruction que d'audace. D'ailleurs dites-vous bien que nous
sommes fort loin de nos foyers, sur un sol oir tout nous est
hostile, hormis ce que nous pourrons conquérir à la pointe de
l'épée. Aussi mes exhortations sont-elles I'inverse de celles que
nos adversaires s'adressent actuellement. Ils se répètent sans
aucun doute que c'est pour leur patrie qu'ils vont combattre :
moi, je vous dis que vous êtes dans un pays ori il faut vaincre
sous peine de faire une retraite difficile devant une nuée d.e
cavaliers. Souvenez-vous de votre vaillance; marchez avec
intrépidité, et songez que yos difficultés et vos embarras sont
pius redoutables que I'ennemi. u
LXIX. Après cette exhortation, Nicias fit aussitôt avancer
I'armée. Les Syracusains ne s'étaient pas attenrlus à combattre
si promptement; quelques-uns même étaient allés à la ville,
qui était proche. Quelque empressement qu'ils missent à revenir,
ils arrivèrent tardivement et se placèrent au hasarcl, à mesure
que chacun rejoignait. Dans cette action. comme dans toutes
I,IVRE VI. 353

les autres, ils ne manquèrent ni tle courage ni d'arcleur; ils


se moutrèrent braves autant que Ie comportait Ieur expérience;
mais quand eIIe leur fit cléfaut, ils furent .contraints de quitter
la partie, malgré toute leur bonne volonté. Quoique surpris
par one âttaque brusque et inopinée, ils ne laissèrent pas de
prendre les armes et de marcher résoltment à I'ennemi. D'abord
âe part et r1'autre, les soldats armés de pierres, Ies frondeurs
et Iôs archers prélud,èrent au combat et, comme il arrive aux
troupes légèrel, se mirent en fuite alternativement. Ensuite les
ileviirs apportèrent les victimes d'usage, les trompette-s des
hoptites idnnèrent Ia charge, et les deux armées s'ébranlèrent
à la fois. Les Syracusains se disaient qu'ils ailaient combattre
pour leur patrie, pour leur salut clans le-présent, poul leur
iiberté clani I'avenir. Chez I'armée ennemie, c'étaient d'autres
motifs : pour les Athéniens, le désir de conquérir un pays
étranger el cle ne pas exposer le leur par une défaitel pour les
Àrgieirs et les alliés irrdépendants, I'envie de partager Ies con-
quéter qu'on allait faire et de retouruer victorieux ôans leurs
foyers;intîn les alliés sujets d'Athènes étaient soutenus par
ta pensée qu'il II'y avait cle salut pour eux que dans la.victoire,
et gu'en âldant à subjuguer les autres ils allégeraient leur
propre serviturle.
' L-XX. Le combat se
l,rolongeait sans qu'aucun des deux
partis fit mine ile plier, lôrsqu'it survint cles tonnerres et des
?clairs, accompagnés de torrents de pluie. Les nouveaux soklats,
ceox qoi assiJtaient à leur première bataille, s'effrayaient de
ce phénomène; mais les vieux le regardaient comme l'effet de
la saison et s'étonnaient bien davantage ile la résistance qu'ils
rencontraient. Enfln les Argiens enfoncèrent I'aile gauche,
tandis que les Athéniens forçaient le centre d,e la ligne opposée;
.dès lori tout le reste des Syracusains lâcha pied. La poursuite
ne fut pas longue; car la cavalerie syracusaine,-qui était nom-
breuse et n'avàit pas été rompue, fondait sur les soldats en-
nemis qui s'écartiient du groi de la troup_e et les ramenait.
Les AtÉéniens, Ies rangs sirrés, suivirent I'ennemi aussi loin
qu'ils le purent sans siaventurer; puis ils revinrent et dres-
Jèrent un trophée. Les Syracusains se railièrent sur la route
d,Bélore, s'yïeformè*ent d,e leur mieux, et orvoyèrent un dé-
tacbement â l,6ly*péion, cle crainte que les Athéniens ne
missent la main sur les trésors qui s'y trouvaient. Le reste de
I'armée rentra dans la vilie.
LXXI. Les Athéniens ne firent Aucun mouYelnent contre ic
35& GUERRE Du pÉroponÈsu.
temple. Ils relevèrent leurs morts, les placèrent sur un btcher,
ei bivaquèrent sur le champ de bataille. Le lendemain, ils
renclirent aux Syracusains leurs morts, au nombre de deux
cent soixante, y cornpris les alliés, et recueillirent res osse-
ments des leurs, montant à une cinquantaine, Athéniens ou
alliés. chargés des dépouilles des ennemis, iis se rembarquèrent
pour Catane. On était alors en hiver, et il ne sembtait guère
possible de continuer les opérations avant d'avoir reçu des ca-
valiers tl'athènes et cles alliés siciliens, pour ne pas être abso-
lument dominés par la cavalerie ennemie. Ils avaient aussi le
projet d.e ramasser cle I'argent en sicile, cl'en faire venird'athènes
et de s'allier certaines villes, qu'on devait trouver plus trai-
tables tlepuis I'issue clu combat; enfin ilsvoulaient se procurer
tles viwes et tout le matériel nécessaire pour attaquer syracuse
dès le printemps. c'est dans cette intentlon qu'iljretournèrent
prendre leurs quartiers cl'hiver à Naxos et à batane.
LXXII. Les Syracusains, après avoir enterré leurs morts,
tinrent une assemblée. oo y entenilit, rlermocratès firs d'fIermon,
lhomme gui, à I'intelligence la plus rare, joignait le plus de
talents militaires et rl'éclatante valeur. II chèrcha à releïer les
esprits et à prévenir I'abattement résultant d'un premier échec.
Selon lui, ce n'était pas le courage des Syracusàins qui avait
été vaincu; tout le mal venait tlu clésortlre ; et encord ne s'é-
taient-ils pas montrés aussi inférieurs qu'on pouvait s'y attenrlre
dans une lutte avec les plus habiles àes Grecs, ort iis avaient
eu allaire, eux novices et apprentis, pour ainsi'clire, avec des
ennemis consommés ilans I'art de Ia guerre r. Ce qui nuisait
surtout, c'était Ia multiplicité des généraux * il nf en avait
pas moins de quinze
- jointe à I'insubordination de la multi-
tude. Avec un petit nombre de chefs expérimentés, en profitant
tle I'hiver pour recruter les hoplites, pour fournir cles armes à .
ceux qui en manguaient et les astreindre à des exercices rd-
guliers, on ûnirait selon toute apparence par triompher rles
_ennemis,
puis:iu'au courage qu'on possédai1 déjà s'ajouterait
la discipline, deux qualités qui s'accrottraient naturellement,
la discipline parl'habitude des dangers, le courage par le savoir
qui double la confiance. Il fallait donc étire peu ae généraux,
les revêtir,d'un pouvoir absolu, et s'engager enyers eux par
serment à les laisser gouverner à leur guise. par là il y aurait
plus cle secret, tl'unité et ile vigueur dans Ie commandement.
LXXIII. Les Syracusains suivirent ses conseils. Ils élurent
trois gdudraux, savoir Hermocratès lui-même, Eéraclidès fls
LIYRE VI. 355

de Lysimachos et Sicanos fils d'Exdcestos. Ils députèrent à


Corinthe et à Lacédémone pour réclamer assistance, et pour
engager les Lacédémohiens à faire en leur faveur une diversiotl
pius active contre I'Attique. C'était le moyen de contraindreles
Athéniens à évacuer Ia Sicile, ou du moins d'entraver I'envoi
des renforts destinés à I'expédition.
LXXIY. L'armée athénienne, qui était à Cataue, partit pré-
cipitamment pour Messine, dont elle espérait s'emparer par
trahison I mais les menées qui s'y tramaient avortèrerit. Lorsque
Alcibiade avait quitté la Sicile, rappelé cle son commandement
et sùr tl'êfre exi)é, iI avait dévoile.le complot, d'ont il avait le
secret, aux Messéniens partisans de Syracuse. Ceux-ci, pre-
nant les devants, avaient fait périr les auteurs du projet, mis
la ville en pleine insurrection, et fait adopter l'avis cle ne pas
recevoir les Athéniens. Après treize jours d'attente, les Àthé-
niens, incommodés par le mauvais temps et le manque de vivres,
ntentrevoyant d'ailleurs aucune solution, retournèrent à Naxos,
et slétablirent, pour le reste cle Ia saison, dans un campretran-
ché. De là ils dépêchèrent une trirème à Athènes pour que, dès
le printemps, on leur envoyât de I'argent et des cavaliers.
IXXY. Les Syracusains profitèrent de I'hiwr pour annexer
à leur ville le Témdnitès r, au moyen d'une muraille ennbrassant
toute la partie qui regard,e les Épipoles. Leur intention était
tle rendre plus difficile I'investissement cle la place en cas de
malheur. Ils élevèrent un fort àMégara, un autre à l'Olympéion,
et palissadèrent le rivage de la mer sur tous les points acces-
sibles. Sachan[ que les Athéniens hiyernaient àNaxos, ils sepor-
tèrent en masse contre Catane, ravagèrent une portion du
territoire, mirent le feu aux baraquements athéniens, et s'en
retournèrent.
Informés que les Athéniens députaient à Camarine dans le
dessein d'attirer à eur cette ville en vertu du traité de Lachès,
les Syracusains y députèrent également. Ils craignaient que
Ies Camarioéens, déjà si tièdes à les secourir, ne les abandon-
nassent tout à fait, et que, témoins du succès obtenu par les
Athéniens, ils ne rencuassent avec eux leurs relations arnicales.
Le chef de la députation syracusaine était Hermocratès, celui
de la députation athénienne Euphémos. Arrivés à Camarine, ils
parurent devant le peuple assemblé. Hermocratès, voulant
prévenir les esprits contre les Athéniens s'exprima en ces
termes: '
DXXfl. c Camarinéens, notre ville nous a ddlCgués auprès
356 GUERRE DU PÉLOPONùSE.

de v'us, non dans la orainte qus la


!ffi$0[09 tg$ Athglliens
gtdeleur* forcrrnoo, efiraye, mais .nn[ue vous ne vous laissiez
pas influencerpar les tliscours qu'ils pourraient vous tenir les
premters.
- < Ils viennent en Sicile sous un prétexte avoué, mais ilans
un but qu'on devine sans peine. Ils visentr non pas à rétablir
les Léontins dans leur patrie, mais à nous obasser de la nôtre;
sans quoi il y aurait contradictiou à tlépeupler les villes de
Grèce et à restaurer celles de Sicile; à prendre fait et cause
pour les Ldontins, à cause de leur origine chalcidéenne, et à
,ienir sous le joug les Chalcidéens d.'Eubée, ancêtres de ceux
d'ici. Le mème esprit gui là-bas leur a inspiré des idées tle con-
quête les amène iujourd'hui cbez nous. DeYenus, par un libre
cbnsentement, les chefs de leurs colons dtlonie ligués contre le
Mède, les Athéniens les ont successivement asservis, Ies uns
pour refus du service militaire, les autres sous couleur de
guerres intestines, ou pour le premier motif vqnu. Cela prouve
assez que, dans leur lutte contre le Mède,les Atbéniens ne com-
battaient pas pour la liberté des Grecs, ni les Grecs eux-mêmes
pour leuf indépendance t; il s'agissait pourles premiers de se
substituer.au despotisme du Mède, pour Ies autres de passer
sous une domination plus éclairée à la vérité, mais plus mé-
chante.
LXXYII. c Au reste, ce serait une tâche par trop facile d'd'
numérer, rlevant un aud.itoire qui les connait, toutes les in-
justices des Àthéniens. Nous venons plutôt Dous-accuser nous-
mêmes, tror.rs {uir ayant I'exemple tles Greçs il'Asie asservis
pour n'avoir pas concertéleur défense, et voyant évoquer contre
nous les mêmes fantômes ile restauration des Ldontins à titre
ele parents , de protection des Ëgestains à titre d'alliés, ne
savons pas former ]e faisceau et leur montrer par notre attitucle
courageuse qu'ils n'ont pas affaire ici à des Ioniens, à des Hel-
lespontiens ou à des insulaires, habitués à obéir à tous les
maltres, Mèdes ou autres, mais â des Doriens , libres et indd-
penilants comme Ie Péloponèse, Ieur berceau. Ou bien atten-
drons-nous d'être pris en détail, ville après ville? quand nous
voyons les Àthéniens, fltlèles à ce système, le seul qui nous
soit recloutable, ddsunir les uns par leurs discours, mettre aux
prises les autres par I'appât cle leur alliance, enfin s'e{forcer
de nous faire tout le mal possible, en sécluisant chacun de nous
par un langage insidieux? Et nous pourrions nous bercer tle
I'espoir que, la ruine cle noire voisin une fois consommée, le
LIVRE VI. 3b7

dangcr ne s'étenclrait pas jusqu'à nous' et que celui qui aura'


souffert le premier sera le seul frappé ?
LXXVIII: < Si I'un de vous s'imagine que les Athéniens n'en
veulent qç'à Syracuse , et que , n'étânt point mer'acé,.iI aurait
tort de rid"poitt pour'etlef je l'invilie à consiclérer qu'en çom-
battant sur notre territoire il agira pour sa patrie non moins
que pour la mienne ; que sa position sera même plus solitle en ce
{ue,'syracuse
-seul debout, il aura en elle un-point-tl'appui, au lieu
,i,êttr à soutenir Ia lutte; qu'enfin les Athéniens aspirent
bien moins à châtier I'insolence de Syracuse gu'à s'en faire un
prétexte pour s'assurer votre amitié.
' ,r Sid.'iutres,par jalousie ou par crainte,'- cleux sentiments
auxquels tout ce qui s'élève est exposé , - tlésirent que Syra-
cuse subisse une humiiiation qui lui serve de leçon, sans. toute-
fois être anéantie , parce qu'il y va tle leur propre sdcurité,
c,est concevoir une ôspérance irréalisable. Il n'est pas en leur
pouvoir cle modérer au gré cle leur passion Ie cours des événe-
ments ; et, si leur attente vient à être déç!e, peut-ètre regret-
teront-ils avec amertume le temps ori ils portaient envie à
notre prospérité ; mâis il sera trop tarci, lorsqu'ils nous au-
ront aËandônnés à la merci des dangers qui nous menacent
tous sans distinction. En apparence, c'est notre pouvof qu'on
défend; en réalité, on se défend soi-même.
< C'éiait à vous , Camarinéens, placés c.mme vous l'êtes,
'
sur nos frontières, et destinés à être attaqués immédiatement
après nous, qu'il appartenait surtout cle montrer cette pré-
vôyance, au lieu de Ia froideur avec laquelle vous nous avez
..Ëoo*o.. c'était à vous tle prenclre I'initiative. si ies athé-
niens avaient corrrrnencé parâttaquer Camarine, vous n'auTiez
pas manqué cl'invoquer nôtre soutien I de même, par.une juste
réciprociié, vous auriez dt nous aicler dans notre résistance;
maiS, pas plus que les autres , vous ne I'avez fait jusqutici'
LXXIX.-o Peut-être, par excès de circonspection, voudriez-
vous mdnager tout à lafôis nous et nos agresseurs,à cause de
I'alliance qiti uous unit avec Athènes. Cette alliance, vous I'a-
vez contraôtée, non pas contre vos amis, mais contre les enne-
rnis qui pourraient Yous menacer. Yous vous êtes engagés à
,e.oo-.ir fes Athéniens lorsqf ils seraient attaqués, et non lors-
qu'ils commettraient des a-gressions injustes. Yoyez les Rbé-
fiuor t quoiqueChalcicléens-de race, ils refusent de coricourir à
iâ restauratiôn des Léontins, Chalcidéens comme eux. II serait
étrange que ce peuple tînt pour suspects les beaux semblants
358 GUERRE DU PÉLOPONÈSE

dont se parent les Athéniens, et montrât une sagesse inconsé-


quente en apparence, tandis quevous iriez, sous un prétexte spé-
cieux, favoriser vos ennemis naturels et causer laruine cle vos
meilleurs amis en vous joignant à leurs implacables aclversaires.
Ce serait le comble cle I'iniquité. Yous clevez plutôt nous secourir
contre les Athéniens, sans retlouter les forces qu'ils déploient.
Si nous sommes unis, ces forces sont peu recloutables ; elles ne
sauraient le devenir que si nous nous ilivisions comme ils le
désirentl et la preuve, c'est que, tlans l'attaque dirigée contre
nous seuls, ils n'ont pu, malgré un premier avantage, en ve[ir
à leurs fins, mais qutils sont repartis à la hâte. Si dono nous
serrons nos rangs, il n'y a pas de raison pour ddsespérer.
Réunissons-nous dans une alliance commune. Le moment est
d'autant mieux choisi que nous attendons le secours des Pélo-
ponésiens, bien supérieurs aux Athéniens dans I'art militaire.
IJCXX. a Et n'allez pas vous flgurer que cette prudence, qui
consisterait à rester neutres comme alliés des deux partis, soit
équitable envers nous et bien entendue pour vous-même$. En
clroit, cela peut être vrail mais en fait, c'esttout le contraire.
Si votre refus de nous secourir a pour conséquence la chute
des uns et le triomphe cles autres, qu'aurez-vousTait par votre
abstention que d'empêcher le salut iles vaincus et de favoriser
la perfidie des vainqueurs ? Assurément iI serait plus honorable
cle vous joindre à des frères opprimés, pour tléfenclre i'intérêt
commun cle la Sicile et pour sauyer une faute à vos amis les
Athéniens.
q En résumé. et sans nous arrêter plus longtemps à soute-
nir des vérités évidentes dont vous êtes parfaitement instruits,
nous réclamons votre concours. En cas de refus, nous ptotes-
terons qu'en butte à nos éternels ennemis , nous sommes tra-
his, nous Doriens, par vous Doriens. Si les Àthéniens noussub-
juguent , c'est à vous qu'ils en seront redevables; mais ils en
auront seuls I'honneur) et Ie prix de Ia victoire sera le peuple
même qui la leur aura procurée. Si au contraire nous sommes
vainqueurs, yous portereZ la peine des clangers dont vous au-
rez été la cause.
c Réfléchissez donc , et choisissez dès à présent ou de subir
un esclavage immédiat et sans péril, ou rle triompher avec
nous, en échappant à la honte de I'asservissement et à tout le
poids tle notre haine. r
LXXK. Ainsi parla Eermocratès. Après lui Euphémos, dd-
puté des Athéniens, prononça Ie cliscours suivan[ :
LIVRB vI. 359
LXXXII. ( Nous sommes venus pour le renouvellement de
I'ancienne alliance ; mais, puisque nous sommes attaqués par
l'orateur syracusain, il faut bien que nous démontrions Ia légi-
timité de notre empire.
( Le meilleur de tous les arguments est celui qu'il a donné
lui-même, lorsqu'il a parlé du vieil antagonisme entre Ioniens .
et Doriens. Nous loniens, placés en regard des Doriens du
Péloponèse, nation beaucoup plus nombreuse que la nôtre,
nous avons cherché clès I'abord les moyens de nous soustraire
à leur domination. Après la guerre Médique, nous trouvant en
possession d'une marine, nous ayons secoué le joug des Lacé-
démoniens; car ii n'y avait pas plus de raison à eux de nous
I'imposer qu'à nous de le leur faire subir, si ce n'est que leurs
forces alors étaient supérieures aux nôtres, Devenus chefs des
peuples auparavant soumis au roi ) nous ayons établi sur eux
notre suprématie parce que pour nous la seule manière d'd-
chapper à I'ascend,ant' des Pélopongsiens était de posséder une
puissance imposante.
< D'ailleurs, il faut le dire, ce n'est pas sans motif que nous
avons fait la loi à ces loniens et à ces insulaires, qu'on nous
reproche d'avoir subjugués au mépris des liens du sang. Ces
peuples avaient marché avec le Mède contre nous, contre leur
métropole. Ils n'avaient pas eu le courage de rompre avec lui
et cle ruiner leurs propriétés, comme nous le flmes nous-
mêmes en abandonnant notre ville. Esciaves, ils nous appor-
taient leur propre esclavage
TXXXII. n Ainsi notre domination se justifie à tlouble
titre : en premier lieu, par les services que nous rendlmes à la
Grèce en mettant à sa disposibion la flotte la plus nombreuse et
le dévouement Ie plus héri.rique, tandis que ces peuples aidaient
volontairement les Mèdes contre nous ; en second lieu, par la
nécessité oir nous étions de prendre nos stretés contre le Pélo-
ponèse. Mais laissons là les beaux discours , par lesquels nous
pourrions prouver que nous sommes dignes du commauile-
ment pour avoir à nous seuls renversd le Barbare, e[ couru
plus'de dangers pour la liberté de ces peuples que pour celle
de tous les Grecs et pour la nôtre; et bornons-nous à dire
qu'on ne saurait faire un crime à personne d'aviser à sa propre
conservation; or c'est pour y pourvoir que nous sommes venus
ici ; c'est pour cles intérêts qui s'identifierrt avec les vôtres.
ct Nous en donnerons pour preuve les faits mêmes clont se
servent les Syracusains pour exciter eD Yous iles craintes era-
360 GUERRE Du PÉLoPoNÈsr.
gérées. On peut bien, sous I'empire de ia peur, ctre momen-
ianément subjugué par Ie prestige de I'éloquencel mais plus
tard, au moment de I'action, on ne consuite que ses intérêts
naturels. Nous i'avons dit; c'est par mesure de précaution que
nous avons recherché i'empire en Grèce; c'est le même motif
qui nous amène en Sicile pour y établir, de coucert avec nos
amis, un ordre de cboses conforme à notre sécurité; non pour
imposer, mais pour écarter I'esclavage.
LxXXtV. <t On nous objectera peut-être qu'en vous témoi-
gnant cette soilicitude nous nous mêlons de ce qui ne nous
regarde pas. La réponse est bien simple: si vous vous main-
tenez et que vous soyez assez forts pour tenir tête aux Syra-
cusains, ils seront moins à même de nous nuire en fournissant
cles renforts aux Péloponésiens; nous sommes donc directe-
ment intéressés dans vos affaires. C'est pour la même raison
que nous travaillons au rétablissement tles Léontins I ce n'est
point pour nous les assujettir comme leurs frères il'Eubée,
mais pour leur tlonner au contraire toute la force possible ,
afin qu'à la faveur du voisinage iis nous rendent le service
d'occuper les Syracusains. En Grèce, nous suffisons à nous
seuls contre nos ennemis. Dès lors ces Chalcitléens qu'on nous
reproche tle tenir sous Ie joug, tandis que nous venons a{Ïran-
chir ceux ile Sicile , doivent dans notre intérêt être désarmés
et tributaires ; au lieu qu'ici ce qui nous importe, c'est que
les Léontins et nos autres amis jouissent d.e la plus complète
inrlépenclance.
f,xxxV. ( Pour un tyran 0u pour une ville qui possède
un empire , rien d'utile n'est déraisonnable ; il n'y r pa-
renté que s'il y a garantie; ce sont les circonstances qui déci-
tlent tles amitiés ou des inimitiés. 0r notre intérêt dans ce pays
n'est pas d'affaiblir nos alliés, mais tle nous servir d'eux pour
neutraliser nos adversaires. Yous pouvez nous en croire. Nous
traitons nos alliés de Grèce cbacun en raison de son utilité :
ceux de Chios iit de lVtéttrymne sont ind.épendants à'condition
de fournir cles vaisseaux ; la plupart des autres sont astreints
à des subsitles, quelques-uns, quoique'insulaires et d'uqe con-
quête facile, conservent une entière liberté, parce qu'ils occu-
pent des positions avantageuses autour du Péloponèse. On
peut donc présumer qu'ici encore notre ligne de coniluite sera
iracée par notre intérêt r ou , comme je I'ai dit , par la crainte
des Syracusains.
c Ils aspirent à vous subjuguer. Leur but est de former une
LIVRE VI. 361
coalition contre nous en exploitant vos déliancesl puis, lors-
que nous serons repartis sans sùccès obtenu, ils espèrent, soit
par force, soit à I'aide de votre isolement, étenrlre leur clomi-
nation sur toute la Sicile. Ce résultat est immanquable, si
vous faites cause commune ayec eux I en effet, nous ne sau-
rions avoir si aisément raison d'une coalition puissante, et,
quand nous serons éloignés, ils seront assez puissants pour
vous soumettre.
LXXXVI. o Si quelqu'un est d'une opinion contraire, les
faits se chargeront de le détromper. Quancl yolrs nous appe-
iâtes la première fois, vous cherchâtes à nous effrayer par Ia.
perspective du danger qu'il y aurait pour Dous à vous laisser
en proie aux Syracusains. 0r il n'est pas juste de repousser
aujourd.'hui I'argument par lequel vous prétendiez alors nous
convaiucre, ou de prendre ombrage cle ce que nos forces ac-
tuelles paraissent trop considérables pour que nous n'ayons
en vue que les Syracusains. C'est à eux que vous clevez réser-
ver vos déûances. Pcur nous, il nous est impossible de rester
ici sans votre coopération ; et, quand nous pousserions Ia per-
fidie jusqu'à soumettre Ia Sicile, nous serions hors d'état de
la gariler, vu la distance et la grandeur de ses villes, aussi
puissantes que des places du continent. Au contraire, le voi-
sinage des Syracusains, établis non pâs comme nous dans un
camp, mais'dans une ville fortifiée, est pour vous une me-
nace permanente. OIfrez-leur uue occasion favorable, et ils la
saisiront avidement. IIs I'ont bien fait voir par leur conduite
enyers les Léontins et dans mille autres circonstances. Aujour-
d'hui encore, comme si leur finesse n'était pas percée à jour,
ils ont I'audacè de vous inclisposer contre ceux-lir mêmes qui
contrecarrent leurs projets, et qui, jusqu'à ce moment, ont
empêché Ia Sicile tle tomber entre leurs mains.
< Écoutez donc des exhortations dictées par un intérêt sin-
cère pour votre salut. Ne renoncez pas aux avantages ile notre
alliance. Songez que les Syracusains, forts comme ils le sont,
n'ont pas besoin d'aide pour vous attaquer,.que la route leur
est toujours ouverte, tandis que vous n'aurez pas souvent de
si puissants auxiliaires. Si, dans vos injustes suspicions. yous
nous laissez repartir sans résultat, ou même après une défaite,
il viendra un temps ou vous souhaiterez de revoir ne fùt-ce
qu'une fraction de notre armée , alors que toute assistance
vous serait inutile.
IXXXVII. a Gardez-vous tlonc , Camarin jens, vous et les
Tuucynrns. fI
362 cUERRE DU PÉLoPowÈss,

autres peuples, ile prêter I'oreille à des insinuations perfiiles.


Nous vous avons dit toute la vérité au sujet des déûances ré-
ilanrlues contre nous. Pour nous tésumer, nous Yous déclaronç
qu'en Grèce nous imposons le joug afin de ne pas le subir nous-
mêmes; qu'ici nous apportons la liberté aux peuples pour n'a-
voir rien à retlouter tle leur part; que nous sommes obligés
tle beaucoup entreprenclre parce que nou3 avons à repousser
bien des dangers; qu'enfin, aujourcl'hui comme naguère, ce
ntest pas spontanément, mais $ur une demancle formelle, que
nous sommes venus en aicle à ceux de vous qui étaient opprimés.
a Quant à vous, qui n'êtes ni les,juges ni les censeurs de
nos projets, n'essayez pas ile nous en d.étourner-ce qui d.'ail-
leurs serait difficile; si tlans notre besoin cl'activité ou
-mais
tlang notre politique, yous aperceyez pour vous quelque avan-
tage, n'hésitez pas à en tirer parti. Soyez persuadés que notre
manière d'agir, loin cl'être dommageable à tous les Grecs,
est plutôt un service rentlu au plus grancl nombre. Dans les
lieux les plus éloignés, ceux qui redoutent ouquiméditent une
injustice, sùrs cle se voir ou soutenus ou réprimés par noust
sont amenés, les uns à so morlérer malgré eux,les autres à se
laisser sauyer sans qu'il leur en cotte.
c Ne repoussez donc pas cette sauvegarde qui vou's est
olferte, à vous et à tous ceux qui en ont besoin. Faites comme
les autres; et, au lieu d'être toujours sur le qui-vive à l'égartl
eles Syracusains, unissez-vous à nous pour retourner contre
eux I'agression dont ils vous menacent. r
LXXXWII. Tel fut Ie discouls d'Euphémos. Les Camari-
néens ne savaient à quoi se résoudre. D'une part, ils étaient
favorablement disposés pour les Athéniens faite
cles vues qu'ils leur prêtaient sur la Sicile
- abstraction
en qualité de
-'et,
voisins , ils avaient d'éternels démêlés avec les Syracusains I
d'autre part, ils craignaient que ceux-ci ne se Passassent de
leur secours, et qu'à eux seuls ils ne sortissent victorieux ile
la lutte. Aussi leur avaient-ils envoyé un premier renfort de
quelques cavaliers, et ils se proposaient de les aider plus effi-
cacement, quoique avec toute la rés.erve possible. Toutefois,
pour ne témoigner aucun mauvais vouloir aux Athéniens, sur-
tout tlepuis leur récent avantage, ils jugèrent à propos ile faire
la même réponse aux deux partis. Ils déclarèrent que, se trou-
vant alliés tles uns et tles autres, ils croiraient manquer à leurs
serments si, claus l'état actuel tles choses, ils se départaient
d'une stricte neutralité. Les députés se retirèreut.
LIVRE YI. 363
Penclant ce temps, les Syracusains continuaient leurs pré-
paratifs tle tléfense. Les Athéniens, carnpés à Naxos, faisaient
d.es_ démarches auprès des Sicules, pour èn attirer le plus pos-
sible à leur parti. Ceux de la plaine, pour la plupart, sujetl de
Syracuse, se tenaient à l'écart; maiJ ceux de linttirieur, qui
cle tout temps avaient joui de I'inddpendance, étaient, à piu
cl'exceptions près, avec les Àthéniens.lls apportaient cres vivres
à I'armée, quelques-uns même de I'argent. Les Athéniens mar-
chèrent contre Ies récalcitrauts et en contraignirent un certain
nombre; les Syracusains, qui env.oyaient de ùus côtés des gar-
nisons et des renforts, les empêchèrent de venir à bout du reste.
Durant I'hiver', les Athéniens se transportèrent de Naxos à Ca-
tane, rdtablirent les baraquements incendiés par les Syracu-
l*.ro.s, et s'y logèrent pour la fin cle la saison. Ils hrent partir une
trirème pour carthage, dans le but rle faire amitid èt d'obte-
nir, s'il se pouvait, quelques secours. Ils députèrent pareille-
ment en Tyrrhénie , ou certaines villes promettaient léur coo-
pération. Ils demandèrent aux sicules .i uo* Egestains cre reur
fournir le pius possible de chevaux. Enfin ils drent provision
de briques, de fer et de tous les objets nécessaires pour les tra-
vaux du siége, rlans Ie dessein de commencer lei opérations
dês Ie printemps.
Les députés syracusains , partis pour Corinthe et Lacérlé-
mone, essayèrent, sur leur passage, d'éclairer les Grecs d'Ita-
lie sur les entreprises deJ Athéniens , et de leur farre com-
prendre qu'elles les menaçaient également. Anivés à Corinthe,
ils exposèrent l'objet de làur misiion, firent valoir leur com-
munauté d'origine, et réclamèrent des secours gu'ils obtinrent
sans dif{iculté ; puis ils partirent pour Lacédémane avec des
{éputés corinthiens, qui devaient presser les LacéCémoniens
d'activer la guerre conlre Athènes .i du fui.e parvenir des ren-
forts en sicile. a Lacédémone, ces députés se rencontrèrent
avec Alcibiad.e. Celu,i-ci, en quittant Thurii avec ses compa-
gnons d'exil sur un bâtiment de transport, avait d'abord passé
à Cyllène en Élide; puis, sur I'invitaiion expresse des iacd-
rlémoniens , il s'était rendu à Sparte, muni d;un sauf-concluit:
car il n'était pas sans inquiétude, à cause de la part qu'il avaii
prise dans I'affaire de Mantinée. Les députés de Côrinthe et
de syracuse se trouvèrent d'accord avec iui pour acrresser res
mêmes sollicitations aux Lacédémoniens, qu'ils réussirent à
persuacler. Jusque-là les éphores et les magislrats avaient bien
eu I'intention ile députer aux syracusains pour les détourner
364 GUERRE Du PÉLoPoNÈsE.
de faire un accommodement avec Athènes, mais ilsn'étaient pas
ddcidés à les secourir. Alcibiade parut dans I'assemblée, et
entraina les Lacétlémoniens par le discours suivant :
IXXXIX. < Avant tout, je dois faire justice des préventions
tlont je suis I'objet, afin que votre iléfiance à mon dgard'ne
vous fasse pas écouter avec cléfaveur ce que j'ai à rlire pour
I'utilité commune.
c Mes ancêtres ayant renoncé, pour quelque mécontente-
ment, à la proxénie de Lacéclémone, je I'ai reprise pour mon
propre compte et vous ai rendu plusieurs services, en particu-
lier lors de la malheureuse affaire de Pylos. Néanmoins, mal-
gré mon tlévouement à vos intérêts, lorsque vous ettes à trai-
ter rle la paix avec Athènes., ee fut par I'entremise de mes
adversaires r, honneur pour eux, affront pour moi. Aussi ai-je
eu raison de vous desservir, soit en me jetant dans le parti
cles Mantinéenset des Argiens, soit en vous faisant une oppo-
sition constante. Si donc quelqu'un de vous me garde rancune
pour le mal que je vous ai fait dans Ie temps, qu'il consiclère
la vérité et revienne de sa malveillance.
., J'en dis autant à ceux qui pourraient me faire un crime
de mon attachement au parti démomatique. De tout temps
nous avons professé Ia haine des tyrans; or tout ce qui est
opposé à I'absolutisme s'appelie démocratie I d'où. vient que
nous avons toujours été àla tête ile ltopinion populaire. D'ail-
l€urs, sous un gouvernement démocratique, il faut bien, dans
la plupart d.es cas, se plier au régime établi. Cependant, au
, milieu de la licence régnante , je me suis toujours guidé par
un esprit de moclération. Il ne manque pas, iln'a jamais man-
qué, de gens enclins à pervertir la multitude; ce sonteux qui
m'ont banni. Tant que j'ai dirigé l'État, j'ai eu pour principe
de maintenir Ia constitution que j'avais trouvée en vigueur et
à laquelle notre ville avait dt sa grandeur et sa liberté. Toute-
fois les hommes raisonnables savent bien ce que vaut la dd-
mocratie, et moi mieux que personne , car j'ai plus à m'en
plaindre; mais il n'y a rien de nouveau à tlire sur I'extrava-
gance reconnue de cette forme de gouvernement. En tout cas,
il ne me semblait pas sage de le renverser, quand vous étiez en
armes à nos portes.
XC. a Telle a étd la source des préventions répandues contre
moi. Maintenant il faut aborder la question qui vous est
soumise , et sur laquelle mon exqérience peut vous guider uti-
lement.
LIVRE VI. 3ô5
(
Nous nous sommes rendus en Sicile pour subjuguer, s'il
se pouvait, les Greos de ce pays, ensuite ceux cl'Italie, fi.nale-
ment les sujets des Carthaginois et Carthage elle-même. Si ce
projet ett réussi en totalité ou en majeure partie, nous comp-
tions rlès lors nous rabattre sur le Péioponèse, avec I'adjonc-
tion de tous ces peuples, et en prenant à notre solde une foule
rle Barbares, Ibériens ou autres, réputés les plus belliqueux
de ces contrées.
c Indépendamment des trirèmes que nous possédons, nous
en aurions construit une infinité d.'autres, à I'aide tles bois gue
I'ltalie fournit en abondance. Par ce moyen , nous aurions blo-
qué tout le Péloponèse; en même temps nos troupes de terre,
faisant des invasions sur le continent, auraient pris de force
une partie des villes et cerné tou+" Ie reste. Àinsi nous espérions
réduire sans clifficulté ce pays et dominer ensuite sur la Grèce
entière.
c Quant à I'argent et aux munitions nécessaires pour I'ac-
complissement de ce projet, il suffisait des pays cônquis pour
en fournir une source intarissable, sans conrpter nos propres
revenus.
XCI. n Telle est , ie le sais mieux que personne , la pen-
'sée qui a présid.é à notre expédition. Les généraux qui restent
ne ndgligeront rieu pour en poursuivre I'accorirplissement, Ap-
prenez maintenant que , sans vos secours, la Sicile doit in-
failliblement succomber.
c Les Siciliens manquent d'expérience. S'ils se coalisaient,
ils pouruaient eucore se défendre ; mais les Syracusains isolés,
déjà vaincus en corps de nation, bloqués d'ailleurs par notre
flotte, sont hors tl'état de rdsister longtemps. Or, Syracuse prise,
la Sicile est perclue et I'Italie suivra de près. Dans ce cas, le
danger que je vous ai signalé ne tardera pas à vous atteintlre.
a Ce n'est donc pas seulement de la Sicile , c'est du Pélopo-
nèse qu'il s'agit, si vous ne prenez immédiatement les mesures
que je vais indiquer. Envoyez en Sicile des soldats qui, après
avoir manié la rame pendant ia traversée, feron[ le service
d'hoplites aussitôt après leur débarquement. Joignez-y
gue j'estime plus essentiel qu'une armée - ce
un commandant
spartiate, chargé d'organiser les hommes -présents et de con-
traindre les retardataires. Par Ià vous doublerez les forces de
yos amis, et vous entratnerez Ies tièdes.
c Ce tr'est pas tout : iI faut faire ici une guerre plus rlécidée,
a{in que les Syracusains, vous voyant prendre intérêt à eux,
366 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

résistent avec plus d.'dnergie, et que les Àthénienssoient moins


en dtat d'envoyer des renforts à leur armée.
a Il faut aussi fortilier Décélie en Àttique, C'est Ià l'éternelle
appréhension des Athéniens; c'est, dans leur pensée, le seul
d,es maux de la guerue qui leur ait été jusqu'ici épargné. 0r le
plus str moyen de nuire à ses ennemis, une fois qu'on a Ie
secret de leur crainte, c'est d'employer contre eux l'arme qu'ils
redoutent le plus; car chacun estle meiileur juge des dangers
qui ie menacent. Quani aux avantages que yous recueillerez
de cette occupation et aux dommages qu'elle occasionnera à
vos adversaires, il suffit de les indiquer. Toutes les richesses
du pays tomberont, de gré ou de force,, entre vos mains. Vous
leur enlèverez du même coup les reyenus des mines de Lau-
rion t, ceux qu'ils retirent actuellement de leurs terres et des
tribunaux e; enfin ies alliés leur fourniront moins de subsides,
parce qu'ils se relâcheront en vous yoyant pousser Ia guerre
avec vigueur.
XCII. a Ils ne tient qu'à vous, Lacédémoniens, avec un peu
de promptitude et de bonne volonté, tle réaliser, partiellement
au moins, ce plan de campagne; car pour sa possibilité, elle
ne fait pas à mes yeux I'ombre d'un doute.
a Au surplus, n'allez pas me faire un crime de ce que, re-
nommé jatlis pour mon attachement à ma patrie, je me joins
maintenant contre elle à ses ennemis déclarés, ou ne voir dans
mon langage que des rancunes d'exilé. Je fuis, iI est vrai, la
perversité de mes proscripteurs , mais Iron pas I'occasion de
vous servir par mes conseils, si vous voulez les suivre. Ma
haine Ia plus profonden'est pas pour les bommes qui cherchent
à nuire à leurs ennemis; elle est pour ceux qui forcent leurs
amis à leur devenir hostiles. Je fais consister mon patriotisme,
non pas à supporter patiemment les injures, mais à ne pas va-
rier dans mes convictions. Aussi n'est-ce pas contre une patrie
que je crois marcher aujourd'hui; j'estime bien plutÔt recon-
quérir celle clue j'ai perdue. Le vrai patriote n'est pas celui
qui n'cntreprend rien contre la patrie qubn 1ui a injustement
ravie; c'estl'homme qui, par arnour pour elle, cherche tous les
moyens de la recouYrer.
a Je vous invite donc, Lacéilémoniens, à m'employer sanp
crainte, soit dans les fatigues, soit dans les dangers , vous sou-
venant d'une vérité qui est passée en proverbe : c'est que, si
en qualité d'ennemi je vous ai fait bien du mal, je peux en
qualité d'ami vous rendre non moins de services; car je con-
LIYRE VI. 367
nais par expérience les affaires des Athéniers , et je crois me
faire une juste idée des vôtres.
c Pour vousr ne perdez pas de vue que vous ddlibérez sur
une question de vie ou de mort. N'hésitez pas à faire la double
expédition de Sicile et d'Attique. Par là., moyennant de idgers
sar:rifices, yous sauverez des intérêts majeurs, et vous renver-
serez pour jamais la puissance d'Athènes. Dès lors, tranquilles
dans vos foyers, vous vemez la Grèce entière se soumettre à
ïous, non par contrainte, mais libiernent et par affection. >
XCIil. Tel fut le discours d'Alcibiaile. Les Lacédémoniens
avaient déjà pensé à faire une expédition contre Athènes;
mais ils ilifféraient et hésitaient encore. Lorsqu'ils eurent en-
tendu ces détails de la bouche de I'homme qu'ils regardaient
comme le mieux informé, Ieur ardeur s'enflamma; ils ne son-
gèrent plus gu'à fortifier Décélie et à faire passer immédiate-
ment des secours en Sicile. Gylippe, {ils de Cléandridas, fut
désignd pour aller prenilre le commandement des Syracusains.
II eut ordre de s'entendre avec leurs cléputés et avec ceux de
Corinthe, aûn de diriger au plus tôt sur la Sicile toutes les
troupes qu'on pourrait réunir. Gylippe demanda aux Corin-
thiens de lui envoyer sur-le-champ deux vaisseaux à Asiné et
d'équiper les navires qu'ils voudraient y ajouter, de manière
à ce qu'ils fussent prêts à partir au premier jour. Ces mesures
prises, les députés quittèrent Lacétlémone.
Sur ces eirtrefaites n arriva de Sicile à Athènes Ia trirème
que }es généraur avaient expédiée pour demander cle l'argent
et des cavaliers. Les Athéniens votèrent ces deux demandes.
Là-tlessus I'hiver fut fini, ainsi que la dix-septième année de
la guere que Thucyclide a raconbée.
XCIV. L'année suivante (c), dès les premiers jours rlu prin-
temps, les Athéniens qui étaient en Sicile partirent de Oatane
et rangèrent la côte jusqu'à Mégara. Cette place appartenait
dans I'origine aux Sicules; mais les Syracusains, du temps
tlu tyran Gélon , en ayaient, comme je I'ai dit plus hautr,
chassé les habitants et occupé le territoire. L'armée lit une
descente, dévasta la campa{ne, et, après avoir assailli sans
succès un fort défendu par d,s Syracusains, elle repartit
par mer et par terre ; puis elle parvint à i'embouchure du
fleuve Térias. Les Athéniens s'ayancèrent clans I'intérieur du
pays, rayagèrent la plaine, et incendièrent les moissons. Ayant

(a) Dix-huitième année de la guen'e, an {t4 avant J. C.


368 eUERRE DU pÉLopoNESE.
rencontré _un parti cle Syracusains , ils lui tuèrent quelques
hommes, ilressèrent un trophée et reioignirent leurs valsseaux.
De 1à ils revinrent à Catane ; et, après s'y être approvisionnés,
iE se portèrent avec toutes leurs forces contre Centoripes,
ville des Sieules, dont ils se renrlirentmaitres par capitulation ;
après quoi ils repartirent en mettant Ie feu aux blés des Ines-
séens et tles Hybléense. A leur retour à Catane, ils trouvèrent
les cavaliers venus d'Athènes au nombre de deux cent cin-
quante avec leur harnachement, mais sans chevaux ; on avait
pensé qu'ils s'en procureraient sur place. Il y avait aussi trente
archers à cheval et trois cents talents d'argentt.
XCV. Le même printemps, lesLacédémoniens fir:ent uneex-
pédition contre Argos, et s'avancèrent jusqu'à Cléones; mais
il survint un temblement rle terre qui leur fit rebrousser che-
min. Les Argiens à leur tour envahirent le temitoire de Thy-
réa, qui conûne à I'Argolide , et Iirent sur les Lacérlémoniens
un butin considérable, dont ils ne tirèrent pas moins cle vingt-
cinq talents. Le même été, peu de temps après cette campagne,
le peuple de Thespies se souleva contre son gouvernement;
mais il n'eut pas le dessus. Les Thébains intervinrent, arrê-
tèrent quelques-uns des mutins , et forcèrent Ie s autres à se
réfugier à Athènes.
XOVI. Ce même étC, les Syracusains, averlis que les Athé-
niens avaient reçu de Ia cavalerie et se disposaient à marcher
contre eux, pensèrent que sil'ennemine s'emparait pas des Épi.
poles, colline escarpée qui domine immédiatement Syracuse,
il ne lui serait pas facile, même après une bataille gagnée,
d'investir la place. Ils résolurent donc tl'en garcler les avenues,
pour empêcher les Athéniens d'y monter à la dérobée, car c'é-
tait Ie soul point accessible. En effet, de tous les autres côtés
sont des collines qui s'abaissent en pente douce vers la ville,
d'ori I'on aperçoit toute leur étendue. Les Syracusains ont
donné à cette position Ie nom d'Epipolest, parce qu'elle do-
mine le reste du pays. Au point clu jour, les Syracusains en
masse sortirent de la ville pour se rendre dans la prairie qu'ar-
rose I'Anapos. Hermocratès et les généraux ses collègues ve-
naient d'entrer en fonctions. Ils firent la revue cles hoplites,
et ilésignèrent six cents hommes d'élite , commandés par Dio-
milos, exilé d'Andros, avec charge de garder les Epipoles et de
se porter rapidement partout oir besoin serait.
XCVII. La nuit qui précéda le jour de cette revue r, les
Athéniens part;rent de Catane avec toute leur armée; et, sans
I,IVRE VI. 36e

être découverts cles Syracusains, prirent tene à I'endroit nommé


Léon r, à six ou sept stades des Epipoles. Quancl le's vaisseaux
eurent déposé I'infanterie, ils allèrent mouilier à Thapsos. C'est
une presqu'île qui s'avance dans la mer avec un isthme étroit.
à peu de distanàe tle Syracuse, soit par mer soit par terre.-
L'armde navale cles Athdniens ferma cet isthme par une palis'
sacle et se tint en repos. L'infanterie se porta au pas de course
vers les Épipoles qu'elle gravit par I'Euryale, avant que les
Syracusains I'eussent aperçue de iaprairie ou ils étaient. Ceux-ci
accoururent àtoutes jambes, précétfés par les six cents hommes
de Diomilos; mais I'intervalle à franchir n'était pas moindre
tle vingt-oinq stacles ; iis attaquèrent en désordre, furent vaincus
sur les Épipoles, et rentrèrent dans la ville, après avoir pertlu
Diomilos et près de trois cents des leurs. Les Athéniens éri-
gèrent un trophée et rend.irent les morts par composition. Le
jour suivant, ils descendirent jusque sous les murs de la place;
mais I'ennemi ne sortant point à leur rencontre, ils se reti-
rèrent et construisirent un fort au Labdalon, sur la crête des
Épipoles, tlu côté qui regarde Mégara. Il devait leur servir de
dépôt pour les bagages et pour la caisse lorsqu'ils iraient au
combat ou au travail 5.
XCYIII. Peu de temps après, il leur arriva d'Égeste trois
cents cavaliers, ainsi qu'une centaine ile chez les Sicules, de
Naxos et de quelquei auires endroits. Les deux cent citr-
quante cavaliers yenus d'Athènes se procurèrent des chevaux
à Égeste, à Catane, ou en achetèrent à prix d'argent; de sorte
que I'effectif de la cavalerie se trouva de sir cent cinquante
hommes. Les Athéniens, après avoir mis garnison au Labdalon,
s'avancèrent vers Syka r, y prirent posi"ion, et dlevèrent à la
hâte leur retranchement Cirôulaire i. La célérité cle ôe travail
consterna les Syracusains, qui firent une sortie pour I'inter-
rompre. Déjà les armées étaient en présence, lorsque les gé-
nérauxsyracusains, voyant que leurs soldats étaient disséminds
et se formaient difficilement. les ramenèrent dans Ia ville. lls ne
laissèrent qu'un détachement cle cavalerie, pour empêcher les
Athéniens de transporter des pierres et rle se répandre au loin.
Une tribu tl'hoplites athéniens, soutenue partoute la cavalerie,
attaqua et mit en fuite ces cavaliers syracusains, en tua quelqu es-
uns, et dressa un trophée en commémoration de cette victoire.
XCIX. Le lenclemain, une partie des Athéniens, prenant
pour point tle tlépart le reiranchement circulaire, commencèrent
à construire le mur d'investissement tlu côté septentrional,
370 GUERRE DU PÉLoPoNÈsg.

tanilis que les autres apportaient des pierres et tles troncs


d'arbres, qu'ils déposaient en s'avançant tle proche en proche
vers I'endroit appelé Trogilos r. C'est là que devait aboutir,
par la ligne la plus courte, la circonvallation entre le grancl
- port et i'autre mer.'Les Syracusains, sur I'avis de leurs géné-
raux et notamment d'Hermocratès, renoncèrent à se mesurer
avec les Athéniens en rase campagne; mais ils crurent préfé-
rable d'élever une contre-approcbe, qui croiserait la circon-
vallation daus sa partie non achevée. Si ce projet réussissait,
I'inveàtissement ét,ait arrêté.. Si, penclant ce travail, I'ennemi
fais4it une attaque, ils comptaient lui opposer une portion de
leurs troupes et avoir le temps de planter la palissade, tandis
que les Athéniens seraient obligés de suspendre I'ouvrage pour
se tourner de leur côté. Les Syracusains sortirent donc et éle-
vèrent, à partir de leur ville, un mur transversal au-dessous
du retranchemerit circulaire tles Athéniens. IIs coupèrent les
oliviers du Téménitès pour établir des tours de bois. La flotte
athénienne n'avait pas encore passé de Thapsos dans le grand
port; Ies Syracusains étaient toujours maitres cle Ia mer qui
les avoisine. Les Àthéniens tiraient leurs subbistances tle Thapsos
par voie de terre.
C. Quand les Syracusains crurent avoir consoliclé les palis-
sacles et la contre-approche, sans avoir été troublés dans ce
travail par les Athéniens, qui craignaient en se tlivisani de
leur donner prise, et qui d'ailleurs avaient hâte d'achever ltin-
vestissement, ils laissèrent une tribu à la gartle cle cet ouvrage
et rentrèrent dans leurs murs. Les Athéniens clétruisirent les
canaux souterrains qui abreuvaient la ville. Ayant remarqué
que les Syracusains se retiraient dans leurs tentes vers le mi-
lieu du jour, que plusieurs même s'en allaient à la ville, enfin
que les 'gardes ile Ia palissacle faisaient négligemment leur
service, ils désignèrent trois cents hornmes d'élite et quelques
soltlats des troupes légères, choisis et bien armés, qui euient
ordre cle se porter brusquement et à la course vers lacontre-
approche. Le reste de I'armde fut divisé en deux corps : le pre-
mier, avec I'un tles géuéraux, s'ayança du côté de la ville,
pour Ie cas ou les assiégés feraient une sortie; Ie second, ayec
l'autre général, vers la palissade qui masquait Ia poterne. Les
trois cents assaillirent la contre-approche, qui fut enlevée; les
défenseurs I'abandonnèrent pour se réfugier dans I'enceinte
avancée du Téménitès. Les vainqueurs s,y jetèrent avec eux;
mais à peine y avaient-ils pénétré, qu'ils furent violemment
LIYRE VI. 371
refoulés parlesSyracusains. En cet endroit, iI périt des Argiens
et desAthéniens en petit nombre. L'armée en se retirant abattit
la contre-approche, arracha les pieux, les transporta de son
'côté et dressa un trophée.
CI. Le jour suivant, les Athéniens, à partir du retrauche-
ment circulaire, entreprirent de fortifier Ia rampe qui domine
le marais, et qui, sur ce flanc cles Épipoles, fait face au granil
port. En suivant la ligne Ia plus courte, la circonvallation de-
vait descendre cette rampe, pour rejoinclre le port à travers le
marais et la plaine. Pendant ce temps, Ies Syracusains sortirent
et élevèrent rle leur côté, en partant de la ville et en se cliri-
geant par le milieu du marais, une seconde palissade protdgée
par un fossd, afin d'empêcher les Athdniens de pousser I'inyes-
tissement jusqu'à la mer.
Ceux-ci n'eurent pas plus tôt terminé la partie située sur
la rampe, qu'ils formèrent le projet d'enlever à son tour cette
palissacle et son fossé. Orclre fut donné à la flotte de passer ile
Thapsos dans le grand port de Syracuse. Eux-mêmes, un peu
avant le lever rlu soleil, tlescendirent des Épipoles dans la plaine,
traversèrent le marais à I'endroit où il était fangeux et le plus
solide, en s'aidant tle planches et de claies qu'ils jetaient devant
eux. Àu point du jour, ils étaient maîtres tlu fossé et de la pa-
lissarle, excepté une parcelle qu'ils prirent bientôt après.
Une action s'engagea, clans laquelle les Athéniens furent en-
core vainqueurs. L'aile droite des Syracusains s'enfuit vers la
ville, la gauche vers le fleuve. A I'instant, les trois cents
Àthéniens cl'élite coururent au pont, a{in rie couper le passage.
Les Syracusains eurent un moment de frayeur; mais, soutenus
par le gros de leur cevalerie, ils marchent aux trois ceuts,
les culbutent et les rejettent sur i'aile droite des Athéniens.
Ce mouvement répantl I'alarme dans ltextrérnité cle cette aile.
Lamachos s'en aperçoit; et, prenant avec lui quelques archers
et les Argiens, il se porte de I'aile gauche au secours de la
droite; mais, au moment or\ il venait de franchir un fossé et
se trouvait presque seul avec quelques hommes de son entou-
rage, il est tué, lui et ciriq ou six des siens. Les Syracusaius
réussirent à enlever rapidement leurs cadavres et à les trans-
porter au delà clu fleuve en lieu de streté; puis, à I'approehe
tlu gros de l'armée athénienne, ils se retirèrent.
CII. A cet aspect, ceux d'eutre eux qui cl'aborrl avaient fui
vers la ville, reprirent courage et revinrent à la charge contre
les Athéniens. En même temps, ils détachèrent quelqr€s:utre
3t2 GIJINRI DU PETOPONESE.

des leurs pour aller attaquer le retranchement circulaire des


Épipoles, qu'ils croyaient abanilonné. Ils enlevèrent elfecti-
vement l'avant-mur, long de dix p1èthres r; mais, quant au
retranchement lui-même, Nicias, qu'une indisposition y avait
retenu, les empêcha de s'en emparer. Quancl il vit que, faute
de défenseurs, il ne restait pas d'autre parti à prendre, il or-
ilonna aux valets de mettre le feu aux machines et aux pièces
de bois déposées devant le mur. L'expédient réussit;.l'incendie
anêta les Syracusains, qui ne tardèrent pas à battre en retraite:
car les Athèniens en force remontaient de la plaine vers le re-
tranchement pour les en déloger. Au même instant, la flotte
partie cle Thapsos, selon I'ordre qu'elle avait reçu, faisait son
entrée ilans Ie grantl port. À cette vue, les Syracusains qui
étaient sur la hauteur se replièrent à la hâte, et toute leur
armée rentra dans la ville, ne jugeant plus possible, avec les,
forces actuelles, d'empêcher I'investissement cl'être concluit
jusqu'à la mer.
CIII. tà-dessus les Athéniens drigèrent un trophée, ren-
dirent par composition les morts des Syrac.usains, et reçurent
les carlavres ile Lamachos et cle ses compagnons. Leurs forces
rle terre et tle mer étant au complet, ils commencèrent à in-
vestir Syracuse tltun tlouble mur depuis les Épipoles et lesi
pentes escarpées jusqu'à la mer. L'armée recevait des vivres
en abonclance cle tous les points ile I'Italie. Il arriva aussi aux
Athéniens cles renforts de chez les Sicules, qui avaient attendu
jusqu'alors pour se prononcer; enfin trois pentécontores tyr-
rhéniennqs. Tout marchait à souhait. Les Syracusains, ne
voyant vénir du Péloponèse ni tltailleurs aucun secours, com-
mençaient à ne plus compter sur le succès tle leurs armes. Ils
parlaient entre eux d'accommodement, et faisaient cles ouver-
tures à Nicias, qui, depuis la mort cle Lamachos, avait seul le
commandement cle I'armde. Rieu ne se concluait; mais. ainsi
qu'on peut I'attenclte tl'un peuple à bout de ressources et tou-
iours plus étroitement cerné, on mettait ert avan[ une foule de
propositions, soit auprès cle Nicias, soit surtout ilans la ville;
car le malheur avait semé la tléfiance entre les citoyens. On
retira le commanclement aux généraux sous lesquels avaient eu
lieu ces revers, imputés à leur trahison ou à leur mauvaise
fortune; on élut à leur place Héraclitlès., Euclès et Tellias.
CIY. Cepenclant le Lacéclémonien Gylippe et les vdisseaux
partis avec lui de Corinthe dtaient déjà dans les eaux de Leu-
ôade, et faisaieut diligence pour gagner la Sicile. Les uouvelles
LIYRE VI. 373

c1u'ils recevaient dtaient alarmantes, quoique toutes également


controuvées; elles s'accortlaient à reprdsenterSyracuse comme
investie en son entier. N'ayant donc plus d'espoir pour la Si-
cile, mais voulant au moins préserver I'Italie, Gylippe et le
Corinthien Pythen, avec deux vaisseaux lacédémonienset deux
de Corirrthe, traversèrent en grande hâte le golfe lonien, le
cap sur Tarente. Indépendamment de ces vaisseaux, les Co-
rinthiens en avaient armé dix des leurs, deux de Leucade et
trois d'Ambracie, qui devaicnt suivre plus tard. De Tarente,
Gylippe se rentlit d'abord, en qualité d'ambassadeur, chez les
Thurièns, en s'autorisant tle I'anciennebourgeoisie de son père t ;
mais, n'ayant pu les persuailer, il se rembarqua et côtoya
I'Italie. Par le travers du golfe Tdrinden e, ilrfut assailli par un
vent du nord, qui souffle avec impétuosité dans ces parages,
et qui I'emporta en pleine mer. Après avoir longtemps lutté
contre la tempête, il regagna Tarente, où. iI tira ses vaisseaux
à sec et répara ses avaries. Instruit ile son approche, Nicias
méprisa le petit nombre de ses bâtiments, comme avaient fait
les Thuriens I et, le croyant simplement armé en course, il ne
prit contre lui aucune précaution.
CY. Yers la même époque, les Lacédémoniens et leurs alliés
firent une invasion dans I'Argoiide, dont ils ravagèrent la plus
grande partie. Les Athéniens vinrpnt au secours des Argiens
avec trente vaisseaux. Ce fut la vioiation la plus flagrante du
traitd de paix avec Lacérlémone. Jusque-là tout s'était borné i\
des incursions dont Pylos était }e point de départ. Si I'alliance
avec Argos et Mantinée avait conduit les Athéniens à opérer
quelques descentes, c'était moins en Laconie que dans le reste
du Péloponèse. Bien qu'à plusieurs reprises les argiens les
eussent pressés de faire une simple apparition en armes sur un
seul point cle la Laconie, pour repartir aussitôt après y avoir
commis avec eux quelques dévastations, ils s'y étaient con-
stamment refusds. Cette fois, sous le commandement de Py-
thotloros, tle Lespoclias et cle Démaratos, ils tlébarquèrent à
Épidaure-Liméra, à Prasies et sur d'autres points du littoral,
otr its exercèrent des ravages. Par là ils fcurnirent aux Lacé-
démoniens un excellent prétexte de représailles. Aprês la re-
traite des vaisseaux athéniens et I'évacuation cle I'Argolitle par
les Lacédémoniens, les Argiens envahirent le territoire de
Phlionte, dévastèrent la campagne et tuèrent quelques habitants;
après quoi ils regagnèrent leurs foyers.
TIVRE VII.
Gylippe arrive à Syracuse par Iliméra; il prend le fort de Labdalon,
ch. r-ur.- Les Syracusains élèvent un mur à travers les Epipoles;
les Athéniens fortifient le Plemmyrion, ch. tv.
- Deux combats sur
terrel dans Ie premier les Syracusains sont vaincus, dans le second
vainqueurs, ch. v-vr.-Arrivée de la flotte corinthienne à Syracuse,
ch. vrr.- Niciasdemande des renforts àAthènes, ch. vrrr.-Expé-
dition des Àthéniens contre Àmphipolis, ch. x.- Dans I'hiver, la
tlépêche tle Nicias parvient à Athènes, son contenu, ch, x-xy.
rymédon et Démosthène sont envoyés en Sicile avec des renforts,
- Eu-
ch. xvr-xvrrt. D'iu-new:ième année de I'a gueme. Les Lacédémo-
niens entrent- en Attique et fortifient Décélie, ch. xIx. - Envoi
rl'une flotte athénienne sur les côtes du Péloponèse, ch. xx.
-
Gylippe engage les Syracusains à tenter une bataille navale, ch. xxr.
Àttaque du Plemmyrion par terre et par mer; Gylippe s'empare
-
des foltsl la flotte syracusaine est repoussée, ch. xxl-xxrv.- Les
Syracusains envoient douze vaisseâux. en Italie, ch. xxv.
- Les
Athéniens fortifient un promontoire en Laconie vis-à-vis de Cythère,
ch. xxvr. mercenaires pillcnt la ville de Nlycalessos,
- Des Thraces
'ch. xxvlr-xxx.- Démosthène prend des troupes ù Corcyre, clr. xxxr.
Sicules interceptent un renfort destiné aux Syracusains,
-ch.Les
xxxrr.- La Sicile entière, excepté Àgrigente et les alliés d'À-
thènes, se coalise avec Syracuse, ch. xxxlrr.- Combat naval dans
le golfe de Corinthe, ch. xxxlv. Démosthène et Eurymédon en
Italie, ch. xxxv. - Deux bataiiles- navales dans Ie grand port de
Syracusel dans la seconde les Athéniens ont Ie dessous, eh. xxxvr-
xr.r.- Démosthène et Eurymédon arrivent au camp, ch. xlu, -
Attaque nocturne des Épipoles; défaite des Àthéniens, ch. xlru-xl,v.
Syracusaius appellent de nouveaux secours de Sicile, ch.xlvr.
-Les Conseil de guerre tenu par les généraux Athéniens, ch. xr.vu-
-xLIx.
- Les Athéniens, sur le point de partir, sont retenus par une
éclipse de lune, ch. L-r,r.- Grand combat sur te:'re et sur merl
défaite des Àthéniens, ch. Lrr-Lrv.
- Leur abattementl espéranees
des ennemis, ch. Lv-Lvr.- Énumération des alliésdes deux partis,
ch. lvrr-r,vlu. - Fermeture du port de Syracuse, ch. r,rx. Les
Athéniens abandonnent leurs lignes sur terre et se préparent- à un
combat naval , ch. rx. Harangue de Nicias, ch.r.xr-r,xrv.
- Pré.
paratifs des Syracusains,- ch. Lxv.-Harangue de Gylipperch.r,xvr-
LIVRE VII. 375

Lxvr[.-Nôuvelle exhortation de Nicias, ch. r.xrx.-Dernier combat


navall déroute des Athéniens, ch. Lxx-LXXr. -Ils prennent le parti
de se retirer per terrel ruse d'Hermocratès pour les arrêter,
Athéniens' ch. txxv-
ch. r-xxrt-r,xxrv.
- Evacuation du camp par les
trxxvr.
- Discours de Nicias, ch. Lxxvrt.
- Retraite des Àthéniens,
ch. lxxvrrr-r,ru(.- Capitulation de Démosthène, ch. Lxxxl-Lxxxrr.
de la tlivision de Nicias au passage de l'Àssinaros; Ni'
-Massacre
cias se rend à Gylippe, Lxxxllr-l.xxxv. - Mort de Nicias et tle Dé-
mosthène; triste sorÎ des captifs, ch. r.xxxv-r.rxxYu.

I. Gylippe et Pythen, après avoir radoubé leurs Yaisseauxt


partirent de Tarente et rangèrent la côte jusque chez les Lo-
èriens-Épizéphyriens. Là ils apprirent avec plus de certitucle
que Syracusé n'était pas encore complétement investie, mais
qu'it était possible à une armée d'y entrer par.les Épipoles.
Ils délibérèient donc s'ils côtoieraient la sicile à main droite
et tenteraient tl'entrer dans le port, ou s'ils la tientlraient à
main gauche et se dirigeraient d'aborcl sur Himéra, pour ga-
gner ànsuite Syracuse par terre, en grossissant leur armée tles
iliméréens et de tous ceux qu'ils poupaient persuâder. lls s'ar-
rêtèrent à ce dernier parti, d'autant plus volontiers que les
quatre vaisseaux athéniens détachés enfin par Nicias lorsqu'il
avait appris I'auivée cles ennemis à Locres, n'étaient pas encore
à Rhégiôn. Ils les prévinrent, franchirenl Ie détroitr 9!. apr'èS
avoir iouché à Rhégion et à Messine, ils atteignirent Himéra.
Là ils tirèrent à sec leurs vaisseaux, et persuadèrent aux IIi-
méréens de se joindre à eux et de fournir des armes à ceux de
leurs matelots qui en manquaient. Ils donnèrent rendez-vous
aux sélinontins pour qu'ils vinssent enarmes à leur rencontre.
Les habitants cle Géla et quelq.ues-uns des Sicules leur pro-
mirent des secours. Les Sicules étaient mieux disposés depuis
la mortrécente tl'Àrchonidas, prince assez puissant, qui régnait
surune partie de la contrée, et qui tenait pour les Athéniensl
ce qui acheva de les cléterminer, ce fut I'empressement que
Gylippe avait mis à venir de Lacédémone. Gyli-ppe prit donc .
avec-lui sept cents de ses matelots et soldats de marine-.qui'
.avaient dei armes, mille hommes d'Himéra, composés d'ho-
plites, de troupes légères et de cent cavaliers, un certain
uombre de soldâts légèrement armés et de cavaliers de
'séli-
nonte et de Géla, enfin un millier cle Sicuies, et se mii en
marche pour Syracuse.
II. Cependant les Coriathier:s avaient quiltd Leucatle avec
'Ç+rl'I Drtl-__

376 GUIRRE DU pÉroponnsr.

lc gros. de leur flotte, et s'avançaient avec toute la célérité pos-


sible. Gongylos, un tle leurs généraux, parti le clernier avec
uuseul bâtiment, arriva le premier à Syracuse un peu avant
Gylippe. Il trouva les Syracusains à la veille de tenir une
assemblée pour entrer en accommodement avec les Athéniens.
II les en détourna etreleva leur courage, en leur tlisant que
d'autres vaisseaux étaient en route et que Lacédémone lôur
envoyait pour géndral Gylippe, fils de Cléandriclas. Les Syra-
cusains reprirent assurance, et sortirent aussitôt en masse au-
clevant de Gylippe, dont on venai[ de signaler I'approche.
Gylippe, après avoir pris en passant Gétæ, château fôrt des
Sicules, et rangé ses lroupes en ordre de combat, parvint aux
Epipoles. Il y monta, comme les Athéniens la première fois,
par I'Euryale; et, réuni aux Syracusains, il se porta contre
les lignes ennemies. Au moment ou il arriva, les Athéniens
avaient déjà termind sept ou huit stades de la d,ouble murailie
qui devait s'étenclre jusqu'au grand. port; il ne leur restait
plus qu'un petit espace près de la mer, ou ils travaillaient en-
core. De l'autre côté du retranchement circulaire, dans la
direction de Trogilos et de l'autre mer, les piemes étaient
déjà déposées à pied d'æuvre sur la plus grande partie de la
ligne; en certains enclroitsle mur était àmoitié fait, en d'autres
complétement achevé. C'est à cette extrémité gu'en étaient ré-
duits les Syracusains.
,III. Les Athéniens, surpris de I'apparition de Gylippe et des
Syracusains, eurent un moment d'hésitation; cependant ils se
rangèrent en bataille. Gylippe, après s'être mis au repos sous
les armes à peu de distance des ennemis, leur envoya un
héraut pour leur signilier que, s'ils voulaient évacuer Ia Sicile
avec armes et bagages dans le déiai de cinq jours, il était
prêt à traiter avec eux. Les Athéniens accueillirent avec mé-
pris ce message, et renvoyèrent le héraut sans réponse. En-
suite on fit de part et d'autre les clispositions du combat.
Gylippe, s'apercevant que les Syracusains dtaient en désordre
et avaient cle la peine à se former, ramena son armée sur un
tenain plus ouvert. Nicias ne le suivit point, et resta immobile
devant ses retranchements. Les Athénieus n'avançant pas,
Gylippe allaprenclre position sur l'éninence appelée Téménitis,
or) il bivaqua. Le lendemain il se porta en avant et ddploya
le gros de ses troupes en face des murs des Athéniens, afin de
les empêcher de porter ailleurs des secours. En même temps,
il envoya un détachement contre le fort tle Labdalon, situé
LIVRE vII. 37'.|

il le prit et massacra tous ceux


hors cle la vue iles Athéniens;
qui s'y trouvaient. Le même jour les Syracusains enlevèreut
une trirème athénienne en station devant le port.
IV. Là-dessus les Syracusains et leurs allids commencèrent
à construire, vers le haut et en travers des Épipoles, un murr.
simple qui partait de Ia ville et croisait la contre-approche
Ils voulaient que les Athéniens, s'ils ne voulaient empêcher
cette constructlon. fussent dans I'impossibilité d'achever i'in-
vestissement. Les Athéniens étaient tléjà remontés sur Ia hau-
r.
teur, après avoir terminé le mur aboutissant à la mer
Gylippe, qui avait remarqué un point faible dans cet ouvrage,
fii, pendant la nr:it, prendre les armes à ses troupes, et s'a-
vança pour I'attaquef; mais sa tentative fut déjouée par les
Athdniéns, qui sè trouvaient bivaquer en tlehors de leurs
lignes. Gylippe, se voyant découvert, battit promptement en
retraite. Les Àthéniens donnèrent plus cl'éldvation L leur mu-
raille, et se réservêrent ce poste à garder. Déjà ils avaient
assigné à leurs ailiés la place que chacun d'eux ùevait défendre
sur tout le reste du retranchement. i
Nicias résolut de fortifier le Plemmyrion. C'est un promon-
toire qui fait face à la ville et dont la saillie rétrécit I'entrée
du granil port. En occupant cette position, il avait en vue de
faciliter llanivage des subsistances, et pensait que les Athé-
niens seraient plus à portée de surveiller I'arsenal des Syra'
cusains, au lieu d'avoir à partir du granil port au moinclre
mouvement tle la marine ennemie. Nicias attachait plus d'im-
portance aux opérations navales depuis que l'arivée de Gy-
lippe avdit climinué ses espérances du côté tle la lerre. Ayant
tlonc fait passer au Plemmyrion des troupes et les vaisseaux,
it y éleva trois forts , où il déposa la plus grande partie du
matdriel, et près desquels stationnèrenb dès lors les bâtiments
de charge, ainsi que les vaisseaux légers. A ilater tle cette
époque, les équipages eurent considérablement àsouffrir. Lteau
était rare et éloignée; et quand les matelots sortaient pour
faire clu bois, ils étaient maltraités par les cavaliers ennemis,
qui tenaient la campagne. Deprris I'occupation du Plemmyrion,
lès Syracusains avaient posté au bourg del'Olympéion le tiers
de leur cavalerie, afin d'empêcher les dépréilations. Informé
que le gros tle la flotte corinthienne approchait' Nicias détacha
vingt vaisseaux pour la tenir en respectr avec ordre de sta-
tionner aux enviions de Locres, ,le Rbégion, et aux aborcls rle
la Sicile.
378 GUERRE Du pÉropoNÈse.
V. Gylippe eontinuait à construire le mur en travers des
Épipoles, et se servait à cet e{let de pierres que les Athéniens
avaient amassécs pour leur propre comptel en même temps,
il faisait sortir les Syracusairrs et leurs alliés, qu'il déployâit
au fur et à mesure devant le retranchenrent. Les Athdniens à
leur tour se rangèrent en bataille. Lorsque Gytippe crut le
moment venu, il donna le signal de I'attaque. Le combat fut
liyré dans I'intervalle des murs, orl les Syracusains ne pou-
vaient faire usage de leur cavalerie; aussi furent-ils yaincus
avec leurs alliés.
Après qu'ils eurent relevé leurs morts par composition et que
les Athéniens eurent dressé un trophée, Gylippe convoqua ses
soldats et leur dit que la faute n'était point à eux, mais à lui
seul ; qu'en s'engageant trop au deilans des murs il avait rendu
inutile Ia cavalerie eb les gens de trait; qu'il aliait donc les
ramener à la charge. Il aiouta qu'ils ne devaient point se croire
inférieurs aux ennemis, ou mettre le moins du monde en doute
que des PéIoponésiens et iles Doriens ne sussent pas vaincre
des lonisns, des insulaires, un ramas dtétrangers, et les chasser
de la contrée.
VI. Ensuite, quand il fut temps, il les mena une seconde
fois au combat. Nicias et les Athéniens,lors même qu,on ne les
etrt pas provoqués, sentaient bien qu'il y avait nécessité pour
eux de ne pas permettre I'achèvement de la muraille parallèle,
car déjà elle était sur le point de dépasser I'extrémité de leur
retranchemenf, et, une fois au delà, il devenait indifférent
pour eux d'entasser victoire sur victoire ou de ne pas com-
battre du tout.Ils marchèrent donc à Ia rencontre dti Svracu-
sains. Gylippe, avant d.'en veniraux mains, concluisitseshôplites
à une plus grande distance des murs que la première fois. Il
plaça la cavalerie et les gens de trait sur le flanc cles Athéniens,
d.ans I'espace plus ouvert oir finissaient les ouvrages des deux
armées. Au milieu de I'action, cette cavalerie fondit sur |aile
gauche des Athéniens qui était en face d'eile et ia culbutal sa
déroute enùratna celle du reste de l)armée, qui fut rejetée dans
les retranchements. La nuit suivante, les syrÀcusains parvinrent
à prolonger leur mur parallèle au d,eià des lignes ènnemies;
ils.nJavaient donc plus d'obstacle à redouter âe la part des
Athéniens, tandis que ceux-oi, fussent-iis victorieux, ne pou-
vaient plus achever I'investissement.
YII. Sur ces entrefaites, les vaisseaux de Corinthe, d.'Am-
bracie et de Leucade, restés en arrière au nombre de douze.
LIVRE VII. 379
entrèrent rlans le port, après avoir mis en cléfaut la croisière
athénienne. Ils étaient commandés par Ie CorinthienÉrasinidès.
Leurs équipages aiclèrent les Syraousains à terminer leur mur
jusqu'à la contre-approche.
Gylippe parcourut ensuite le reste de Ia Sicile, pour y ras-
sembler cles forces cle terre et de mer, comme aussi pour attirer
celles cles villes qui n'avaient encore montré que peu cle zèle,
ou qui même étaient restées totalement étrangères à la guerre.
D'autres députés, Syracusains et Corinthiens, partirent pour
Lacédémone et pour Corinthe, afin d.'obtenir I'envoi de nouvelles
troupes à embarquer sur des vaisseaux marchands, sur tl6s
transports ou des bâtiments quelconques, attendu que les
Athéniens tlemandaient aussi des renforts. Les Syracusains
équipaient une flotte et s'exerçaient à la manæuvre dans I'in-
tention de porter arJssi leurs elforts du côté de Ia mer. Ils dé-
ployaient en même temps beaucoup d'ardeur tlans toutes les
autres dispositions.
YIII. Nicias ne I'ignorait pas; chaque jour il voyait grandir
les forces des ennemis, pendant que ses embarras ne faisaient
que s'aicroitre. II envoyait donc message sur message à
Àthènes, afin de tenir les citoyens au couraût cle ce qui se
passait. Cette fois il crut nécessaire d'entrer tlans plus rle
détails, persuarlé que sa position était critique et à peu près
désespérée, à moins qu'on ne rappelât I'armée expéclitionnaire
ou qu'on ne lui envoyât de puissants secours. Comme il crai-
gnait que ses ilélégués n'exposassent pas le véritable état des
choses faute ile talent ou de mémoire, peut-être aussi pour
complaire à la multiturle, il consigna ses observations par écrit.
C'était, selon lui, le meilleur moyen de faire connaltre aux
Athéniens toute sa pensée, sans qu'elle ftt afiaiblie en passant
par l'organe d'un messager, et de les mettre à même de déli-
bérer en pleine connaissance de cause. Ces envoyds partirent
douc, chargés de sa dépêche et des explioations orales qu'ils
clevaient ajouter. Quant à lui, il faisait bonne garde clans son
camp, évitant dès lors de s'exposer volontairement.
IX. Sur Ia fin du même étéf le général athénien Évétion fit,
avec Percliccas et une troupe nombreuse de Thraces, une ex-
pédition contre Amphipolis. Il ne réussit pas à s'emparer de
cette villel mais il la l,ourna ayec ses trirèmes par le Strymon
et, du fleuye, il assiégea la place,,en prenant 'Himéréon pour
base d'opérations. Sur quoi l'été finit.
X. L'hiver suivant.les euvoyés cle Nicias, amivés à Àthènes,
380 GUERRE DU PETOPONESE.

s'acquittèrent de leur message verbal, répondirent aux llues-


tions qui leur furent adressées, et remirent la lettre tlont ils
étaient porteurs.Le secrétaire de la ville, montant à la tribune,
en donna lecture aux Athéniens. Elle était conçue en ces
termes :
XI. a Mes nombreux rapports vous ont tenus au courant ile
nos opérations précéilentes; aujourtl'hui il est à propos que vous
sôyez également, instruits de la situation où Dous sommes, afin
de prenclre un parti décisif.
s Dans la plupart des rencontres, nous avons défait les Sy-
racusains, contre lesquels nous avons été envoyés. Déjà nous
avions éIevé les ouvrages que nous occupoDs prdsentement,
iorsqu'est venu le Lacéclémonien Gylippe, ayec cles troupes
tirées tlu Péloponèse et de quelques villes de Sicile. Dans une
première affaire , nous I'avons vaincu I mais le lentlemain,
accablés par une nuée cle cavaliers et de gens tle trait, nous
sommes rentrés dans nos lignes. Aujourd'hui nous avons sus'
pentlu I'investissement à cause tle la multitude tle nos atlver-
saires, et nous restons dans I'inaction; aussi bien ne pourrions-
nous faire usage de toutes nos forces, car la garcle tles ouvrages
occupe une partie cles hoplites. De plus les ennemis ont élevé,
parallèlement à nous, un mur simplel en sorte qu'il n'y aplus
moyen de les investir, à moins d'enlever à I'aide de forces
supérieures cette nouvelle enceinte. Ainsi nous avons I'air
d'aisiégeants, et en réalité nous sommes assiégés, au moins du
côté de la terre ; car la cavalerie ennemie ne nous permet pas
de nous écarter. I

XII. a Ils ont envoyé dans le Péloponèse des tléputés pour


demander une nouvelle armée, et Gylippe paroourt en ce mo-
ment les villes de Sicile, pour engager les neutres à se pro-
noncer, et pour obtenir des autres, s'il le peut, tle nou-
veaux renforts de terre et de mer.Ils ont, à ce que j'apprentls,
I'intention cle tenter une clouble attaque contre nos retran-
chements, par tene avec leurs troupes et par mer avec leurs
vaisseaux.
a Et que nul de vous ne s'étonne de ce qu'ils pensent à
prentlre I'offensive mêrne par mer. Notre flotte
â merveille
- ils le savent
était brillante dans I'origine par le bon état des
-
vaisseaux et Ia vigueur des équipages; maintenant aucontraire
les navires font eau par suite de leur long séjour à la mer,
et les équipages sont clésorganisés. Ii est impossible cle caré-
ner les vaisseaux à terre, parce que la flotte ennemie, égale ou
LIVRE VII. 38I

même supérieure à la nôtre, fait tor:jours mine d.e nous atta-


q"... nffà s'y prépare visiblement; elle a toute liberté d'agir
.i du g cle croisière.
radàuler, car elle n'a point à fournir
XIII. Pour nous, c'est à peine si nou*" aurions cet avantage
rr
quancl nos vaisseaux seraient beaucoup plus nombreux, et que
,roo, nu serions pas, comme aujourd'hui, dans Ia nécessité de
les employer tous pour la garcle; car' pour peu que nous nous
relâchions de la suiveillance, les vivres no.us manqueront; ce
n'est ddjà pas sans difficulté qu'ils nous parviennent en passant
devant iu îitt" ennemie '. Quânt aux équipages' ce qui les a
ruinés et les ruine encore à présent, c'est que les matelots,
onfige r de s'dloigner pour allei au bois, à I'eau ou à la maraude,
tomËentsous les-coupEdes cavaliers ennemis. Les gsclaves déser-
tent clepuis que les iortes se balancent. Les étrangers, embar-
qués pir coitrainte, profitent de la première occasion pour se
dirpr.r*t dans les villis; tandis que ceux qui d'aborô avaient
dté'sétluits par I'appât djune forte paye, et qui croyaient avoir
pir,tOf à s'Ënrichir qu'à combattrè,-voyani, contrairement à
ieur attente, les eniemis nous tenir tête sur mer et ailleurs,
àirfu.uigrot, lrr uns sous prétexte 6'aller à Ia recherche de
leuis esclaves fugitifs, les autres comme ils peuvent'. Or la
-I1
Sicite est grantle. .tt ôst même qui' pour traliquer, achètent
àes esclav"es d'Hyccara r, obtiennent- iles triérarques de les
embarquer à leur place, et détruisent ainsi ia régularité du
servlce.
XIV. a Yous le. sâvez, sans qu'il soit nécessaire de vous
t'écrire, un équipàge n'est pas lôngtemps e.n parfait état; ils
sont rares les mateiots qui donnentf impulsion au navire et le
branle aux rameurs. Màis le pire de tout, c'esi qu'il ne m'est
pas possible, à moi général, d'empêcher ccs désordres; car vous
ètes tl'un caractère mataisé à gouverner. Nous ûe savons pas
oir recruter nos équipa$es, tandis que rien n'est plus facile aux
ennemis. pour satisfàité service journalier et pour combler
"o
nos vides, nous sommes réduits aux seules ressources que nous
avions en arrivant; car les villes alliées, Naxos et catane, ne
nous sont d'aucun appui. Pour peu que les ennemis aient en-
core un seul avantag'e, si par exempleles villes tl'Italie qui nous
alimentent, voyant Ïa situation oir-nous sommes et I'absence de
vos secours, passent ile leur côté, nous ne pourrons plus sou-
ienir Ie siége, et la guerre se terminera pour eux sans coup
férir.
(( J'aurais pu vous mander des choses plus agréables, mais
382 GUERRE DU PÉroPor.tÈsn.
non plus utiles, si vous tenez à être exactement renseignés sur
l'état de nos affaires pour en ilélibérer. D'ailleurs il est clans
vos habituiles de n'écouter que ce qui vous platt, sauf à vous
irriter ensuite si l'événement ne répond pas à votre at-
tente. J'ai clonc cru qu'il était ptus str de vous dire toute la
vérité.
XV. c Et maintenant, quant au but primitif de notre expé-
ilition, tenez pour certain que chacun de nous, solclats et com-
mandants, a fait son devoir. Mais, depuis que la Sicile se lèvo
tout entière,, et qu'une nouvelle armée est attendue du Pélopo-
nèse, la base de vos délibérations doit être que nos forces ac-
tuelles sont insuffisantes, même 'contre les ennemis présents,
et qu'il faut ou nous rappeler, ou nous e*péilier une armée cle
terre et de mer non moindre que la première. II faut aussi
eûvoyer tle I'argent en abonclance, et pour moi un successeur,
la ndphrétique dont je suis atteint ne me permettant pas de
rester davantage. Jtose compter sur votre inclulgence; car,
lorsque j'étais en santé, je vous ai renrlu plus d'un service dans
les commanclements.
c Au surplus, que votre résolution, quelle qu'elle soit, stexé-
cuie dès le printemps et sans aucune remise f car les ennemis
recevront sous peu leurs renforts de Sicile I quant à ceux du
Péloponèse, ils tarderont sans doute I cepenilant, si vous n'y
prenez garde, les uns vous échapperont, comme cela s'est cléjà
vu, les autres vous gagneront de vitesse. r
XVI. Telétaitle contenutle Iaclépêche deNicias. Les Âthéniens,
après en avoir entenclu la lecture, ne le déchargèrent pas du
commandement; mais, en attendant l'anivée cles collègues qui
lui étaient destinés, on lui adjoignit deux des chefs qui se trou-
vaient sur les lieux, savoir, Ménandros et Euthymétlos, afin
que, malacle comme il l'était, il n'ett pas seul à supporter le
poiils du commanclement. 0n décréta aussi Jtenvoi cl'une nouvelle
armée de terre et de mer, composée d'Athéniens inscrits au
rôle et d'alliés. Pour collègues de Nicias, on élut Démosthène
fils d'Alcisthénès et Eurymédon fils cle Thouclès. Orr s'empressa
de faire partir Eurymédon, vers le solstice d'hiver, avèc dix.
vaisseaux et vingt talents d'argent t ; il devait annoncer à
I'armée ile Sicile que des secours allaient lui parvenir et qu'on
ne la négligerait pas. Démosthène resta pour le moment, èt fit
ses préparatifs pour s'embarquer au printemps. Il leva des
troupes chez les alliés, et tira dtAl,hènes cle I'argent, des vais-
seaux et des hoplites.
LIVRE VII. 383

XYII. Les Athéniens envoyèrent aussi vingt vaisseaux autour


du Péloponèse, afin cl'empêcher tout passage ile troup_es ile
Corinthe et clu Pdloponèse en Sicile. Les Corinthiêns, tlepuis
I'arrivée des députés et I'annonce {ue les affaires de Sicile pre-
naient une meilleure tournure, avaient reconnu I'opportunité
de leur premier envoi ile vaisseaux et s'enflammaient cl'une
ardeur nouvelle. Ils se d.isposèrent donc à faire passer des ho-
plites en sicile sur fles transports, tantlis que les Lacéclémoniens
én expétliaient d'autres par Ie même moyen, en les tirant du
Pélopônèse. De plus, les Corinthiens armèrent vingt vaisseaux
danJle ilouble but de tenterun combat naval contre la croisière
ile Naupacte et rle faciliter le départ des transports, en détour-
nant vels les trirèmes I'attention tles Athdniens stationnés en
ce lieu.
xYIlI. Les Lacétlémoniens préparaient aussi leur invasion
en Attique. Ce projet n'était pas nouveau; m.ais I'exécution en
fut accélérée pir les instances des Syracusains et des Corin-
thiens, qui espéraient, par cette tliversion, arrêter I'envoi des
secours âi.igei par les Âthéni.ns sur la Sicile. Alcibiade à son
tour pressait pour qu'on fortifiât Décélie et qu'on p-oussât la
gue"ie avec vigueui. Ce qui acheva de ildterminer les Lacé-
démoniens, ce iut l'espoirt'en finir avec Athènes, qui -aurait
sur les bras une tlouble guerle, contre eux et contre la Sicile;
ce fut aussi la pensée que les athéniens avaient les premiers
foulé la trêve aux pieds-. Dans la guerre précédente, la rupture
avait été leur propre ouvrage; car les Thébains étaient entrés
dans Platée en plôine paix, et, bien que le traité portât qu'on
n'aurait pasrecôurs aux armes contre ceux qui se soume^ttraient
à un arbitrage, ils avaient eux-mêmes repoussé les offres cle
médiation faites par les Athéniens. Aussi regartlaient-ils leurs
revers, et en paiticulier le désastre de Pylos, comme Ie- juste
châtiment tle iette faute. Mais, lorsqu'iis virent les Athéniens
rayager, aveC leurs trente Vaisseaux t, Ies territoires tl'Épitlaure,
de piasies et d'autres villes, faire cle Pylos un foyer de bri-
ganclages, en6n, à chaque contestation sur quelque article rlu
t-raité,-refuser I'arbitrage qui leur était offert, alors, pe1suadés
que les Àthéniens à leur tour s'exposaien* à la peine d'une
oiol"tioo semblable à celle dont eux-mêmes s'étaient naguère
rendus coupables, ils se clécidèrent avec ardeur à la guerre.
pendant I'hiver, orilre fut clonné aux alliés de s'approvisionner
de fer et tle tous les outils destinés à la construction cles forts.
En même temps ils se tinrelrt prêts à envoyer des secours en
384 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

Sicile sur cles bâtiments tle charge, et astreignirent Ie reste des


Péloponésiens à en faire autant. Là-ilessus I'hiver finit, ainsi
que la dix-huitième année de Ia guerre que Thucydide a ra-
contée.
XIX. Dèsles premiers jours iluprintemps (a), les Lacédémo-
niens et leurs alliés entrèrent en Àttique sous la conduite clu
roi Agis fils il'Archidamos. Ils ravagèrent tl'abord la plaine;
puis ils se mirent à fortifier Décélie, en répartissant le travail
entre les contingents tle chaque nation. Décélie est à ceut vingt
stailes cl'Athènes et à la même distance, ou un peu plus, tle.la
Béotie. De cette position culminante, on dominait la plaine et
la partie la plus fertile tlu pays, de manière à y faire tout le
mal possible. Les fortifications se voyaient d'Athènes même.
Pendant que les Lacétlémoniens et leurs alliés travaillaient
à cette construction, les Pélopondsiens embarquaient des ho-
plites sur des transports et les expédiaient en Sicile. Lacédé-
mone avait tlésigné à cet effe[ l'élite des Eilotes et des Néoda-
modes | , au nombre cle six cents en tout, avec le Spar[iate
Eccritos pour chef. Les Béotiens avaient fourni trois cents ho-
plites, commantlés par les Thébains Xénon et Nicon et par le
Thespien Hégésandros. Ce premier convoi mit à la voile tle
Tdnare en Laconie; il fut suivi ile près par un second, com-
posé dg cinq cents hoplites corinthiens et arcadiens merce-
naires , commandés par le Corinthien Alexarchos, et auxquels
les Sicyoniens adjoignirent deux cents hoplites sous les ordres
cle Sargéus. Les vingt-cinq vaisseaux d.e Corinthe, équipés
pendant I'hiver, tenaient en échec les vingt trirèmes athé-
niennes de Naupacte, en attenclant que les transports cbargés
d'hoplites eussent quitté le Péloponèse. C'est dans cebut qu'on
les avait armés, afin que les Athéniens s'occupassent moins
des transports que tles vaisseaux cle guerre.
XX. Dans le même temps où l'on fortifiait Ddcélie et au com-
mencement du printemps, les Athéniens envoyèrent trente
vaisseaux autour clu Péloponèse. Chariclès , ûls d'Apollocloros,
quiles commandait, eut ordre ile toucher à Argos, pour y ile-
mander, en vertu tle I'alliance, qu'on embarquât cles hoplites
sur ses bâtiments. Démosthène fut également envoyé en Sicile,
comme on I'avait résolu; iI emmenait soixante vaisseaux d'A-
thènes, cinq de Chios, douze cents hoplites athéniens inscrits
au rôle,, les insulaires qu'on avait pu ramagser , enfin tout ce

(a) Dir-neuvième année de la guerre, an 4{ 0 avant J. C.


IIVRE YII. 385
(iutil y ayait, chez les alliés sujets, d'hommes en état de faire
la guerre. Il devait se réunir préalablement à Chariclès, pour
infester , de concert avec lui, les côtes cle la Laconie. Démo-
sthène fit voile pour Égine, orl il attendit que les retartla-
taires I'eugsent rejoint et gue Chariclès ett embarqué les
Àrgiens.
XXI. En Sicile, vers la même époque du printemps, Gylippe
revint à Syracuse, amenant les renforts qu'il avait obtenus.
Il convoqua les Syracusains et leur dit qu'il fallait équiper le
plus rle vaisseaux possible , pour tenter un combat naval; que
c'était le moyen iltaccomplir un glorieux fait d'armes. Ilermo-
cratès se joignit à lui pour vaincre leur répugnance à se me-
surer sur mer avec les Athéniens. Il leur représenta que, chez
ces derniers la pratique de la mer n'était pas un héritage de
leurs ancêtres ni une possession ancienne; qu'ils dtaient au
contraire plus continentaux que les Syracusains; qu'ils n'd-
taient clevenus marins que par circonstance et poui y avoir été
forcés par les Mèiles ; que pour cles hommes autlacieux, comme
les Àthéniens, les ennemis les plus redoutables étaient ceux qui
montraient une pareille audace ; que cette même terreur qu'ils
inspiraient aux autres, moins par leurs forces réeiles que par
la hardiesse de leurs agressions, les Syracusains la leur inspi-
reraient à leur tour; qu'enfin, s'ils avaient le courage d'oppo-
ser à la marine ennemie une résistance inattendue , nul d.oute
que la surprise qui en résulterait ne compensât largement leur
défaut d'expérience. Il les exhorta donc à faire sans hésiter
l'épreuve de leurs forces maritimes.
âinsi excités par les rliscours de Gylippe, d'Hermocratès
et d'autres orateurç, les Syracusains se ddcidèrent à livrer une
bataille navale, et montèrent sur leurs vaisseaux.
XXII. La flotte ainsi préparée, Gylippe flt prendre les armes
peudant la nuit à toutes les troupes tle terre, et les conduisit
a I'attaque des forts du Plemmyrion. En même temps, les tri-
rèmes syracusaines mirent en mer à un signal donné; trente-
cinq sortirent du grand port , quarante-cinq du petit, ori se
trouvait I'arsenal de la marine. Celles-ci tournèrent I'île pour
rejoindre les autres et se porter ensemble contre le Plemmy-
rion, dans le but ile déconcerter les ennemis par cette attaque
simultanée. Les Athéniens montèrent à la hâte sur soixante
vaisseaux; vingt-cinq s'élancèrent contre les trente-cinq tri-
rèmes syracusaines du grand port; le reste alla au-tlevant de
celles qui venaient de l'arsenal. L'action s'engagea à I'entrde
Tnucvprns. 2:
,l
386 OUERRU DU PELOPONESE.

du grand pod; elle fut longue et.opiniâtre, les uns s'achar-


o.oi à foroer le'passage, les autres à le fermer'
---XXii.
Les .A,théniùs du Plemmyrion étaient d.escendus sur
l.;;il; pour jour être spectateurs ilu combat naval. Tout à coup,
a f, ,rl"tË du , Gylippe attaque les forts et enlève d'a-
;.td'ifi ùt p uis t e s' deux aut' es-, q
:lf:
:.,I.::, lit"u::
l:,pl-ttitt
donnèreut quand rrs virent avec quelle promptitutlt
"ùq, t:
avait étd piis. Les solrlats athéniens ,$oi :u:I9lult !;t ntt-
de charge, n'attei-
*iî, io.i, lurdes barques et sur un bâtiment tlu
goir.nt Ie camp qo'ui.. peine.,. car la d'ivision syracusaine
détacha
srand nort. qrr1 Se trouvaiten cetinstant avoirl'avantage,
contraire, gua3d
;ffi;;;;"iil;;n- vaisseau fin marcheur;Iaauflotte
irr agi* derniers forts furent emportés , -syracusaine
vaincue , ce qui facilita Ia retraite des fuyartls'
"ïo.iia'Cire
Lesvaisseuo"'y.u'usainsquicombattaientirl'entréedu
-athéttiennu
ooii fot.etent d'abird Ia ligne ; mais ils cntrèrent
muruellement, et livrèrent ainsi Ia
Ë;i* ;;dr.,ït*i*.ru*sèreni
,;x ceux-ci tes mirenr en fuite, et défirent
;î;i.ir, ethénilns.
p;;;iii;;.ot lu.diuition-qui avait eu,.dans 1* porll
,11
avan-
syracusains et
tage momentane. tls coulèient onze vaisseaux '
de trois
tuèfentla plupart tles hommes, excepté les équipages trois
nrà"t prisonniers.; eux-mêmes perdirent
itrte.ttl il;ils
vaisseaux.ltsrecueillirentlesdébrisdesnaviressyracusains,
le Plemmyrion'
ilressèrent oo t.oplà. sur l'llot qui est devant
-
et rentrèrent dans leur camP'
en re-
iiiv. Les Syracusains àvaient pe,rdu-la bata.illel
vanche ils étaienî-tuitttt forts de Plemmyrion pour la
cles
'
eïàuettnt' trois trophées' Ils rasèrent I'un
ilt
;il;.;.;îrr.rt enievo,
des deux torts tu* derniers; mais ils réparèrent les au-
des forts' beaucoup
iÀ .t y mirent g".;itoo' Dans la-prise prisonni.ers, Toutes les
tle leurs d.éfenseuls ï;;; tués ou fairs
donna un butin considé-
riohesses en foruil ;t"é;t; ce qui
à I'armée athénienne' iI
rable ; ces forts ;;*t;; àu-àuguôins
àe provisions et d'e{Iets appar-
;ï;;;";;t quaniite ô'argent,
y saisit.les voiles
tenant uo* -u"roïnatoo iux iriérarques; on
de suarante trirè;;;;iooi. "ort* 4'agrès
ettiois galères tirées
;"J;:ï;;;;^;;';'iLÀrrion rut oi des c'ups -les plus sen-
momeni I'arrivage des
sibles pour I'arm;" ;;hft;;;*' oèt ce ' établirent
subsistancr. o. f'ù pl", urr"ré I car les syracusains I'entrée
en ce lieu on, .*irii" poot u"êt*r
les cônvois dont
Aussi
'
toute I'armée fut-elle
ne s'eJÏectuu pfo, utns' combat'
pùogé. auos Iâ consternation et le tlécouragement'
LIVRE VII. 387

XXY. Là-dessus les Syracusains expétlièrent douze vais'


seaux, commandCs par Âgatharchos de Syracuse. Un de ces
bâtiments se dirigea vers le Péloponèse; il portait des ambas-
sadeurs qui devaient faire part tle leurs nouvelles espérances
et presser les Péloponésiens de pousser la guerre aYec une
nouvelle vigueur. Les onze autres firent voile pour I'Italie au-
devant de vaisseaux athéniens richement chargés, dont I'ap-
proctre était signalée. Ils les rencontrèrent en effet, les tlétrui-
sirent pour la plupart, et brùlèrent, dans le tenitoire tle
Caulon, des bois de construction destinés aux Athéniens. De là
ils passèrent à Loores. Pentlant leur séjour en ce lieu, un des
transports partis tlu Péloponèse arriva aveo des boplites cle
Thespies. Les Syracusains les prirent à bord, et retournèreut
chez eux. Les Athéniens les guettaient avec vingt vaisseaux
dans les parages de Mégara; ils enlevèrent un bâtiment avec
son équipage ; mais les autres écbappèrent et atteignirent Sy-
racuse.
Il y eut aussi une escarmouche dans le port, au sujet do
I'estacade que les Syracusains avaient plantée clans Ia tter, en
avant de leurs anciens hangars, pour protéger I'ancrage tlo
Ieurs vaisseaux et les préserver tlu ohoc des navires ermemis.
Les Athéniens firent avancer un bâtiment du port de dix mil-
liers | , garni de tours en bois et de bastingages. Montés sur
des bateaux, ils arrachaient les pieux avec des treuils ou les
sciaient en plorrgeant. Les Syracusains, postés dans les han'
gars, lançaient des traits oontre les Athéniens.' qui ripostaient
de leur navire. A la fin,Ies Athéniens enlevèrent Ia plupart
despieux. La plus grande difficulté venait cle la partie sous-
maiine de I'estacaile. Quelques pieux ne s'élevant pas à fleur
d'eau, il était dangereur d'en approcher; Ies vaisseaur ris-
quaient ile s'y heurter comme à des récifs. Néanmoins des plon-
geurs Ies sciaient sous I'eau moyennant une récompense. Les
Syracusains parvinrent à rétablir I'estacade. Enfin,'dans ces
engagemeûts partiels,les deux partis faisaient assaut de stra-
tagèmes, comme il anive entre des armées campées à proxi-
mité.
Les Syracusains envoyèrent dans les différentes villes
des députés corinthiens, arnbraciotes et lacéilémoniens, pour
annoncer la prise rlu Plemmyrion et pour expliquer leur dé-
faite navale, en I'attribuant à ieur propre clésorrlre plutôt qu'à
la supériorité de l'ennemi. Ils tlevzrierrt aussi faire connatlre
leurs espératrces. solliciter I'envoi de secours en vaisseaux et
388 cUERRE Du pÉroponÈss.
en troupes de terre, enfin dire qu'une nouvolle armée était at,
tendue d'Athènes, et que si , avant son arrivée, 0n pouvait
anéantir celle qui était sur les lieux, la guerre serait finie.
Telle dtait la situation des a{Taires enSicile.
XXW. Quant à Démosthène, clès qu'il eut recueilli les ren-
forts qu'il y ilevait conduire, il leva ltancre cl'Égine, fit voile
pour le Péloponèse et rejoignit Chariclès, ainsi que les trente
vaisseaux athéniens. Ils prirent à bord les hoplites d'Argos et
cinglèrent vers la Laconie. Après avoir dévasté une partie du
territoire d'Épirlaure-Limdra, ils allèrent aborrler sui Ia côte
de Laconie qui fait face à I'Île de Cythère, près rlu temple d'A-
pollon, et ravagèrent une certaine étenilue du pays. Ensuite ils
fortifièrentune langue de terre I pour servir d'asile aux Hilotes
fugitifs, et de repaire aux brigands qui sortiraient de là, comme
de Pylos, pour cornmettre des ddprédations. Ce point soliclement
occupé, Démosthène oingla vers Corcyre pour y prendre des
auxiliaires et se diriger au plus tôt vers ia Sicile. Chariclès tle-
meura jusqu'àr ce qu'il eùt mis la dernière main aux ouyrages.
Il y laissa garnison , et revint à Athènes aveg ses trente vais-
seaux. Les Argiens rentrèrent également.
XXY[. Ce même été, arrivèrent à Athènes treize cents pel-
tastes thraces armées d'épées, de la tribu des Diens. Ils auraient
dù accompagnerDémosthène enSiciie; mais, comme ilsétaient
venus trop tard, on iléeida de les renyoyer chez eux. Leur paye
était d'une drachme par jour et par tète; or ii semblait dispen-
dieux de Ies garder alors qu'il fallait déjà subvenir aux frais de
Ia guerre cle Décélie.
Cette place, fortifiée clans Ie cours d.e I'été par toute I'armée,
lut ensuite occupée par des garnisons que fournissaient les
Etats confédérés, et qui se relevaient alternstivement. Rien ne
fut plus funeste aux Athéniens , par les pertes énormes, en
hommes et en argent , qui en résuitèrent. Jusqu'alors les in-
cursions avaient eté de courte durée, et n'avaient pas empêché
d'exploiter le pays le reste du temps: mais, une fois que I'en-
nemi se fut établi en permanence r que les campagnes furent
dévastées, tantôt par des troupes nombreusesr, tantôt par la
garnison ordinaire qui vivait ctu piilage; une fois qu'Agis, roi
de Lacédémone, constamment sur place , fit de la guerre son
unique occupation , alors les Athéniens éprouvèrent des dom-
mages incalculables. Ils perdirent d'un seul coup la jouissance
de leurs terres, leurs troupeaux, leurs bêtes de somme; ils
virent déserter pius de vingt mille esclaves, artisans pour la
LIVRE VII. 389
plupart e; enfin , comme les cavaliers faisaient journellement
des patrouilles, soit vers Ddcélie, soit dans le reste de la contrée,
leurs chevaux recevaient des blessures ou s'estropiaient, en
parcourant sans relâche un sol hérissé d'aspérités.
XXVIII. D'autre part, le transport des denrées alimentaires
fournies par l'Eubée, qui précédemment avait lieu par voie
cle terre, en suivant la route directe par Oropos et, Décélie,
ilut s'elÏeçtuer à grauds frais par mer, en doublant le cap Su-
nion. Athènes tirait absolument tout du clehors ; ce n'était
plus une ville, c'était une place de guerre. Le jour, les citoyens
à tour de rôle faisaient la garde des créneaux; la nuit, tous à
la fois, hormis les cavaliers , étaient ile service , les uns près
des armes, les autres sur les remparts. Ces fatigues n'étaient
interrompues ni I'été ni I'hiver.
Ce qui mettait le comble à la tlétresse, c'était d'avoir cleux
guerres sur les bras. Néanmoins, à cette époque, Athènes dé-
ploya une énergie qui auparavant ett sembld incroyable. pres-
que- assiégée par les Péloponésiens, au lieu de rappeler ses
soldats cle Sicile , elle assiégeait Syracuse , ville qui 1e clispu-
tait avec elle en granrleur. Au clébut clela gueue. ônavait cal-
culé que les Athéniens ne résisteraient qu'une , deux ou tout
au plus trois années aux invasions rles Pdloponésien.s; et voici
qu'ils étonnaient les Grecs par un prodigieux déploiement de
puissance et d'audace, portant leurs armes en Sièile dix-sept
. ans après la première invasion cle lerr pays. Bien qu'à bout
de_-res_sources, ils entreprenaient une guerre non mointlre que
celle des PéIoponésiens. Qu'on y joigne les pertes occasionnées
par I'occupation deDdcélie, les frais qui allaient toujours crois-
sant, et l'on se fera une iclde du clélabrement des ûnances. Ce
fut alors qu'au tribut payé par les sujets, ils substituèrent un
droit du vingtième sur toute espèce de provenances mari-
timest, dans I'espoir gue cet impôt serait plus productif. Les
dépcnses n'étaient plus les mêmes qu'autrefois; elles grandis-
saient avec la guerre, tanclis que les revenus clisparaissaient,
XXIX. Ce fut donc par mesure d'économie et à cause de la
gêne clu moment , que les Athéniens renvoyèrent les Thraces
arrivds après le clépart de Démosthène. On chargea Diitréphès
tle_les emmener ; et, comme il devait traverser lEuripe, il eut
ordre_ de les employer à faire, pendant ce trajet tout le mal
,
possible à I'ennemi. Diitréphès les fit descendre sur le terri-
toire il,e Tanagra, et enleva rapitlement quelque butin; puis il
partit de Chalcis en Eubde, traverse I'Euripè sur le soir, dé-
390 GUERRE DU PÉTOPONÈSE.

barsua
a
les Thraces en Bdotie, et les conduisit à Mycalessos'

Il passa la nuit prôs du temple .de lt[erc.u1e,.à seize stades de


ceite ville, sans que son approche ett été signalée; au point
du iour il se précipita tlans la place., qui est peu étentlue, et
s'en empara.'Les-habitants n'étaient pas sur.l9ur9 gardes, et
ne s'atteïdaient guère à être attaqués du côté tle la mer, qui
est si éloignée; là muraille était faible, é^cro-ulée en certains
endroits oit d',,ne hauteur insuffisante I enfin les portes étaient
ouvertes comme en temps cle paix. Entrés tlans Mycalessos, les
Thraces saccagèrent leJ maisons et les temples, firent main
basse sur toutà Ia population, n'épargnant ni la vieillesse ni
I'enfance, et passani au fil de l'épée femmes, enfants, bêtes de
somme, en or mot tous les êtres vivants qu'ils rencontraient.
Il n'y a pas de peuple barbare plus sanguinaire qu-e.Ie-s Thraces,
tant qu'ils sont duns I'ivresse du carnagu. L3 désolation fut
immùse, et la mort parut sous mille formes. Il y avait à Myca-
lessos une école trèJ-nombreuse, ou les enfants venaient cl'en-
trer : les Thraces y firent irruption, et les égorgèrent tous'
Jamais clésastre plus imprévu ni plus'complet ne frappa une
ville entière.
XXX. Au premier bruit cle cet événement, les Tbébains ac-
coururent en armes. Ils atteignirent les Thraces encore peu
éloignés, leur a,rrachèrent leur butin, et les poursuivirent- jus-
qu'f I'Euripe, oir les vaisseaux les attenclaient. Ils en tuèrent
ù bon nôrnbre , surtout pendant I'embarquement; car les
Thraces ne savaient pas'nager, et les équipages, voyant ce qui
se passaient à terre, avaient mouillé hors de la portée des
traits. Jusque-là les Thraces s'étaient assez habilement cléfen-
dus contre la cavalerie thébaine, qui fut la première à les as-
saillir. Par une manceuyre particulière à leur nation, ils pre-
naient les tlevants à la course. puis se formaient en hérisson
pour résister; aussi leur perte pendant Ia retraite fut-elle mi-
nime. Quelques-uns, attartlés au pillage, furent surpris tlans la
ville et y trbuvèrent la mort. Sur treize cents Thraces, il en
périt cleux cent cinquante I les Thébains et leurs alliés perdi-
rent une vingtaine d'hommes, cavaliers et hoplites, entre
autres Ie béotarque thébain Scirphonclas. Quant aur Mycales-
siens, ils forent presque tous exterminés. Telle fut la cata-
strophe tle Mycalessos, catastrophe qui, proportion garclée, ne
le céila à aucune autre de cette guerre.
XXXI. Dértosthène, après I'acbèvement'clu fort construit en
Laconie, fit lvoile pour Ôorcyre. En passant à Phéa en Élide.
LIVRE VII, 39I

il y trouva à I'ancreun vaisseau de charge, tlestiné-à trans-


poitrr en sicile des hoplites corinthiens. Le vaisseau fut could ;

mais les hommes s'échâppèrent, et plus tard continuèrent leur


route sur un autre bâtimènt. Démos[hène toucha ensuite à Za-
cynthe et à céphallénie, y prit des hoplites et en demanda aux
I\iesséniens ile-Naupacte. De Ià il passa sur Ia côte'de I'Acar-
nanie, à Alyzia et à Anactorion, que les Athéniens occupaient'
Il était d.ani ces parages, Iorsqu'il rencontra Eurymédon' reve-
nant de Sicile ou il avait été envoyë pendant I'hiver pour porter
des fonds à I'armée t. Ce général lui annonça' entre autres
nouvelles, qu'étant déjà en mer il avait su la prise du. Plem-
myrion pi.i.t Syracusains. Conon, qui commandait à Nau-
puïtr, vint ttouoer les deux généraux,.etleur dit que les..vingt-
cioq iaisreaux corinthiens, in oroisière devant cette viile, ne
disàntinuaient pas les hostilités, et se disposaient à livrer un
combat. Il insisfa pour qu'on lui prêtât quelques navires, Ies
dix.huit qu'il avaii souJ Ia main ne pouvani tenir.tête aux
vingt-cinq- de I'ennemi. Démosthène et Eurym_édon lui donnèrent
dix-de lerirs bâtiments les plus agiles, afin de renforcer la sta-
tion cle Naupacte; eux-mêmes s'occupèrent à lever des troupes.
Eurymédon, qoi avait rebroussé chemin en apprenant son
dleciion comml collègue de Démosthène, se rendit à Corcyre
pour y équiper quinZe vaisseaux et y enrôler des^boplites,
iandis que Oémosthène rassemblait en Acarnanie tles frondeurs
et des gens tle trait.
XXXII. Les députés que les Syracusains avaient envoyés en
tournée après la prise tlu Plemmyrion, avaient réussi dans
leur mission et sô disposaient à amener les renforts quils
avaient recueillis. Nicias, prévenu à temps, fitdire aux sicules
alliés, dont ces renforts devaient traverser Ie pays, savo_ir aux
Centoiipes, aux Alicyéens et à d'autres, de ne pas leur tlonner
passag., mais de se réunir pour les affêter. Toute autre route
ieur était fermée, car les Agrigentins ne leur permettaient pas
de traverser leur pays. sur cet avis tle Nicias, Ies sicules
dressèrent une triple embuscade aux Grecs de Sicile déjà en
marche, fondirent sur eux à I'improviste, et leu_r, tuèrent près
de huit cents hommes, parmi les(uels tous les députés., à I'er-
ception d'un seul, le corlnthien. celui-ci recueillit les fuyarris,
au nombre de quinze cents, et les conduisit à Syracuse'
XXXIII. A lf même époque, ii arriva de Camarine un renfort
de cinq cents hoplites, deirois cents gens de trait et tle trois sents
archeri. Géla envoya cles rameurs pgur cinq vaisse&ux, quatre
392 cuERRE DU PÉLoPoltÈsr.

cents hommes armés de javelots et deux cents cavaliers. Depuis


ce m6ment, sil'on excepte Âgrigente qui gardait la neutralité,
presque toute la sicile, même les peqrles jusqu'alors indécist
i'étaii ralliée à Syracuse et lui fournissaiI des secours. Néan-
moins les syracusains, après l'échec essuyé chez les sicules,
ajournèrerit i'attaque projetée contre les Athéniens'
Dès que les troupesâe Corcyre et du continent furent prêtes,
Démostiène et Eurymédon, avec toute leur armée, traversèrent
le golfe lonien, en se clirigeant sur la pointe tl'Iapygie. De là
ils [ouohèrent aux lles Chérades r, qui appartiennent à ce pays.
Ils prirent à borcl cent cinquante gens tle trait,.Iapygiens
cle la iace messapiennel et, après avoir renoué d'anciennes
relations d'amitié avec oo chef nommé Artas, qui leur avait
fourni ces gens tle trait, ils passèrent à Métaponte en ltalie.
Ils obtinrent iles Métapontins , à titre il'alliés, trois cents
hommes armés de javelots et deux trirèmes; aYec ces renforts.
ils gagnèrent Thurii, otr ils trouvèrent le parti contraire aux
Athénlens récemment expulsé par une sédition. Leur clessein
était d'y concentrer toute ]eur armée et d'en faire la reYue,
après avoir rallié les traineurs; ils voulaient aussi profiter tle
lâ circonstance pour conclure avec les Thuriens une alliance
offensive et défensive. lls s'anêtèrent donc à Thurii pour cette
négociation
iXXly. penclant ce temps, les Priloponésiens qui croisaient
avec vingt-cinq vaisseaux devanb Naupacte-, dans le but ile
faciliter te aopa.t de leurs transports pour la sicile, se déci-
tlèrent à livrei un combat naval. Ils armèrent encore quelques
vaisseaux, tle manière à égaler présque le nombre de ceux
d'Athènes, et vinrent jeter l'ancre à Érinéos en Àchaïe, dans
le territoire de Rhypæ, sur une oôte en forme de croissant.
L'infanterie des Coiiïthiens et des alliés du pays s'était réuuie
et rangée en bataille sur les tleux promontoires; les vaisseaux
occupàient tout I'intervalle. Le commandant cle cette flotte était
le Corintlien Polyanthès. Les Athéniens, sous Ies ordres de
Dipbilos, appareillèrent de Naupacte avec trente-trois vais-
seâux t et s'âvancèrent. contre eux. Les Corinthiens se tinrent
tl'abord.immobiles; ensuite, quand le signal fut élevé et que
I'instant parut propice, ils fonclirent sur les Àthéniens et I'action
s'engagea. Elle fut longue et opiniâtre. Les Corinthiens per-
direntlrois vaisseaux; les Athéniens n'en eurent ausun d'en-
tièrement coulé; mais sept furent mis hors tle service. Ileurtés
rle proue, ils eurent leur avant fracassé parles Yaisseaux corin-
LIVRE VII. 393
thiens, armes tour exprês de fortes égtotides e. Le combat fut
inclécis, et des cleux côtés on s'attribuâ la victoire. Cependant
les Athéniens demeurèrent maîtres des r!ébris, {u0 le vent
poussa au large, et les Corinthiens ne revinrenr pas à la cbarge.
On se sépara sans gu'il y eùt, de part ou d'autre, ni poursulte
ni prisonniers. Les Corinthiens, combattant près du rivage,
n'avaient pas eu de peine à s'échapper, et, du côtd des Athé-
niens, aucun vaisseau n'avait sombré. CeIa n'empêcha pas les
Corinthiens, une fois les-Athéniens rentrés à Naupacte, drériger
un trophée et dè se prétendre victorieux, pour avoir désemparé
un plus grand nombre de vaisseaux ennemis. Ils croyaient n'a-
voir pas été vaincus, par la seuie raison que les Athéniens ne
s'esùimaiÊnt pas vainqueurs. Pour les Corinthiens, c'était un
succès que de n'avoir pas éprouvé une infériorité marquée;
pour les Athéniens, au contraire, c'était une vraie défaite que
de n'avoir pas obtenu un avantage déclaré.
Après la retraite de la flotte péloponésienne et de I'arrnée de
terre, les Athéniens, en signe de victoire, dressèrelt à leur
tour un trophée sur Ia côte d'AchaTe, à vingt stades d'Érinéos
ou ayaient mouillé les Corinthiens. Telle fut I'issue de ce
combat naval.
XXXY. Démosthène et Euryméclon, après avoir reçu de3
Thuriens un renfort tle sept cents hoplites et tle trois cents gens
de trait, ordonnèrent aux vaisseaux de longer la côte jus(u'à
Crotone; eux-mêmes passèrent en revue toute ieur infanterie
au bortl du fleuve Sybaris, et se mirent en marche par Ie ter-
ritoire des Thuriens. Quand ils furent près du fleuve Hylias,
les Crotoniates leur,interdirent le passage. Ils se rapprochèrent
donc de la mer, et vinrent bivaquer à i'embouchure de I'Hy-
Iias, ou la {lotte les rejoignit. Le lendemain ils s'embarquèrent,
e[ suivirent Ia côte en touchantàtout,es les villes, Locres seule
exceptée, jusqu'à ce qu'ils fussent paryeuus à Pétra, sur le
tenitoire de Rhégion.
XXXYL A la nouvelle de leur approche, les Syracusains ré-
solurent de les prévenir et de tenter de nouveau le sort des
armes sur les deux éléments avec les forces qu'ils avaient réu-
nies. Ïls firent subirà leur flotte les modificationr dont le pré-
céclent combat leur avait démontré I'utilité. Ils abattirent I'ex-
trémité des proues cle leurs vaisseaux, afin de les fortifier en
les accourcissant; ils ailaptèrent aux dtraves de lourdes épo-
titles, solidement arc-boutées contre les deux flancs du navire,
sur urle longueur de six courlées en dedans et en ilehors. C'était
39[ GUERRE DU PÉIOPONÈSb

la tlisposition employée par les Corinthiens à Naupacte, Iors-


qu'ils avaient combattu rle I'avant. Les Syracusaius espéraient
avoir ainsi I'avantage sur les vaisseaux athéniens diffdremmeat
construits et dont la.proue était légère, parce que leur ma-
næuvre favorite consistait moins à heurter de I'avant qutà
tourner le navire ennemi. C'était pour les Syracusains une
circonstance éminemment heureuse que d'avoir à combattre
dans le grand port, ori une foule de vaisseaux seraient entassés
dans une enseint erétrécie. En attaquanf,de pointe, ils briseraient
I'avant des bâtiments ennemis, dont les proues faibles et creuses
ne résisteraient pas au choo d'éperons vigoureux et massit's.
Le manque de place empêcherait les Athéniens d'user de la
tactique où ils excellaient, savoir: de tourner et de traverser la
ligne ennemie I car les Syracusains ne leur perrnettrâient pas
de faire des troudes, et le peu de largeur du port renilrait im-
possibles les circuits. Ainsi la manæuvre qu'on avait d,abord
imputée à l'inhabileté de leurs pilotes, celle de heurter ile I'dpe-
ron, tournerait à leur avantage et leur assurerait la supérioritd.
Une fois repoussés, les Athéniens ne pourraient reculer que
vers- la terre, à petite distance, vers l'étroite lisière occupé.
par leur 9amp,. tandis que les Syracusains auraient le champ
Iibre. Si les Athéniens venaient à être enfoncés, ils se porte-
raient tous ensemble sur le même point, s'embanasseraient
faute d'espace, et tomberaient dans Ia confusion;
- en effet,
rien ne leur fut plus nuisible, dans toutes les rencontres, que
de n'avoir pas, comme les Syracusains, toute I'dtendue du pôrt
poxr man@uyrer;
- quant à prendre le large pour les tourner,
cela ne leur serait pas possible, car les Syracusains seraieui
les maîtres de I'attaque et d.e la retraite vers la haute mer,
sans compter que les Àthéniens auraient contre eux le plem-
myrion et l'étranglement de la passe.
XXXYII. Tels furent les expddients imaginés par les Syra-
cusains pour supplder à leur inexpérience et à leur faiblesse.
Encouragds par ie résultat ile la précéilente action, ils se dis-
posèrent à attaquer simultanément sur terre et sur mer. D'abord
Gylippe fit sortir de Syracuse les troupes de terre, et les con-
duisit contre le mur des Athdniens du côté qui regardait la
ville. En même temps, les troupes syracusaines postées à
l'0lympéion, hoplites, cavaliers, soldats armés à la ldgère, so
portèrent contre le revers opposé. Immédiatement après, les
vaisseaux des Syracusains et de leurs atliés démarrèrent. Au
premier moment, les AthCniens De s'étaient crus meDacés quo
LIVRE YII. 395
par terre. Quanil ils vrrent cles vaisseaux s'approcber, ils furent
déconcertés. Les uns se rangèrent sur les murs ou au devant
pour les défendre I d'autres allèrent à la rencontre cle Ia nom-
breuse cavalerie et des gens de trait qui s'avançaient rapiile-
ment ile I'Olympéion et tle I'extérieur; d'autres enfin montè-
rent sur les vaisseaux ou se portèrent Yers le rivage. L'em-
barquement terminé, ils mirent en mer avec soixante-quinze
navires; les Syracusains en avaient quatre-vingts r.
XXXilII. Une bonne partie clu jour fut employée à ma-
næuvrer en avant, en arrière, à se tâter réciproquement, sans
aucun avantage prononcé ni dtun côté ni de I'autre, si ce n'est
que les Syracusains coulèr€nt un ou denx vaisseaux athéniens:
ensuite, on se sépara. L'armée de terre se retira aussi de devant
les murs.
Le jour suivant les Syracusains se tinrerlt tranquilles, sans
manifester leurs intentions. Nicias, qui s'attendait à une nou-
velle attaque après I'issue douteuse du combat naval, obligea
les triérarques à réparer leurs avaries. Il fit mettre à I'ancre
cles bâtiments cle charge en avant de I'estacatle qu'il avait établie
clans la mer, pour abriter Ia flotte et tenir lieu d.e port fermé.
Les bâtiments furent placés de cleux en deux plèthres r, afin
que le vaisseau qui serait pressé par I'ennemi pùt se retirer en
srlretd et ressortir à son aise. Ces opérations occupèrent les
Âthéniens tout le jour jusqu'à la nuit.
XXXE. Le lenclemain, de meilleure heure, les Syracusains
renouvelèrent leur attaque sur terre et sur mer. Les deux
flottes en présence passèrent, comme I'avant-veille, une grancle
partie du jour en tentatives réciproques. A la fin, le Corinthien
Ariston, ûls cle Pyrrichos, le meiileur pilote cles Syracusains,
conseilla aux chefs de leur flotte tl'envoyer aux cornmissaires
des marchés r I'ordre tle faire transporter au plus tôt le débit
des comestibles sur le borcl de la mer, en contraignant tous
les vencleurs à exposer leurs marchandises en ce lieu. C'était
afin que les matelots n'eussent qu'à descendre à terre pour
prenclre leur repas près des vaisseaux, et qu'ensuite, sans perte
tle temps, ils revinssent attaquer les Athéniens le même jour à
l'improvisle.
XL. 0u suivit son conseil; I'orclre fut transmis et le marché
préparé. Tout à coup les Syracusains reculent à la rame, cin-
glent vers la ville, et descenilent pour prendre leur repas saus
s'éloigner. Les Athéniens, s'imaginant que ce mouyement rétro-
gxade était un ayeu tle leur cldfaite, débarquent à loisir, et
396 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

s'occupent à préparer leurs aliments. Ils étaient loin de s'at-


tendre à combattre encore une fois Ie même jour, lorsque sou-
dain les Syracusains se rembarquent et reviennent à la charge.
Les Athéniens, dans une affreuse confusion et à jeun pour la
plupart, montèrent tumultueusement sur leurs vaisseaux, et ne
se mirent en ligne qu'avec peine. Pentlant quelque temps, ou
s'observa sans s'attaquer; ensuite, les Athéniens, craignant,
par un plus long retard, de succomber à la fatigue, résolurent
d'en finir; ils slencouragèrent les uns les autres, et I'action
s'engagea. Les Syracusains reçurent leur choc I et, heurtaut
de l'avant, selon leur tactique, ils brisèrent à coups d'éperons
la plus granrle partie des proues ennemies. Les Athéniens
étaient fort incommodés par les gens cle trait postés sur les
tillacs, et plus encore par les Syracusains qui, montés sur des
barques légères, circulaient autour d'eux, passaient sous les
rangées de rames, et se glissaient le long tles flancs clesnavires,
diorl ils criblaient les matelots.
XLI. Enfi.n, grâce à cette manceuvre, les Syracusains furent
complétement vainqueurs. Les Athéniens se retirèrent à travers
les transports et se réfugièrent dans leur station. Les Syracu-
sains les poursuivirent jusqu'aux vaisseaux de charge; mais là
ils furent arrêtés par les antennes armées de d.auphins I et
ilressées au-dessus-des passages. Deux vaisseaux syiacusains,
ilans I'entrainement de la victoire, s'y engagèrent et se perili-
rent; I'un d'eux fut pris avec son équipage. Les Syracusains,
!près avoir could sept vaisseaux athéniens, maltraitd beaucoup
d'autres, pris ou tué ceux qui les montaient, se retirèrent et
érigèrent des trophées pour leurs deux victoires navales. Dès
lors ils se crurent invincibles sur mer, et ne désespérèrent
même pas de triompher de I'armée de terre. Ils se préparèrent
donc à renouveler leurs attaques sur les deux élémenti.
XLII. Peu de temps après arrivèrent Démosthène et Eury-
médon, à Ia tête des renforts envoyés d'Athènes. Ils amenaient
soixaute-treize vaisseaux, y compris les bâtimeuts étraugers,
environ cinq mille hoplites athéniens et alliés, un grantl nombre
tle gens de trait grecs et barbares, en un mot uu armement
complet. Les Syracusains et leurs alliés eurent un moment de
stupeur; ils se demandaient si Ie péril n'aurait aucun terme,
puisque I'occupation de Décdlie n'empêchait pas les Athéniens
d'expéclier une armée égale à la première et de faire cet im-
mense déploiement de forces. L'ancienne armée athénienne, au
contraire, reprit courage après les maux qu'elle avait soufferts.
LIVRE VII. 397
Ddmosthène, voyant l'état des choses, estima qu'il ne fallait
pas perdre de temps ni tomber dans Ia même fauie que Nicias.
celui-ci avait d.'aboril répandu l'épouvante; mais, ari lieu cl'at-
taquer immédiateme't syracuse, il avait passé I'hiver à catane
I
son irrésolution avait provoqué le dédain cle ses adversaires e[
donné à Gylippe le temps diarriver avec les secours du pélo-
p939rc: secours que les Syracusains n'auraient pas même eu
I'idée cle réclamer si Niciàs les eût assaillis d,emblée; dans
leur sécuritd présomptueuse, ils n'auraient reconnu I'insuffi-
sance de leurs forces qu'en se voyant investis alors, eussenLils
;
clemandé du secours, il ne leur ett plus été si uiile. Démo-
sthène faisait ces réflexions, et convaincu que jamais il n'iu-
spirerait plus de terreur que dans ce premierlo"r, iI voulut pro-
{iter.aussitôt du prestige de ses armes. quand iliit quele mur
parallèle, opposé à la circonvailation par les syracusâins, était
simple et que, pour faire tomber.toute résisiance, il suffirait
d'enlever la montée des Épipoies.et le camp placé en ce lieu,
il se hâta tle tenter une entreprise qu'il regârâait comme déci-
sive. En cas de succès, il étaii mailie de Syracuse; autrement,
il..lèverait le siége, sans laisser les Athéniens, les alids et ra
ville entière s'épuiser en efforts superflus.
En conséquence, Ies Athéniens sortirent d'aboril, et dévas-
tèrent le territoire voisin de I'anapos. Leur armée reprit son
ancien ascendant sur terre et sur mer. Les syracusaini ne lui
opposèrent d'autres forces que les cavaliers ei les gens de trait
postds à I'Olympéion.
XLIII. Ensuite Démosthène jugea à propos d'attaquer avec
des machines le mur parallèle; mais, dès la première ipproche, ,
elles furent brùlées par les ennemis, qui se défendâient du.:
haut drr rempart. Les assauts tentés sor àivers points ne réusr-,i
sirent pas_davantage. sentant alors qu'il n'y avait prus de temptsli
à perdre, Démosthène, après avoir fàit agiéer son plan à NiciâS;;
et à ses autres collègues, entreprit l,attaque des Épipolesv beji
jour, il paraissait impossible d'en approchôr et cl'y monteÉ.rsatld:r
être aperçu. Il fit prendre pour cinq jours de vivres, rasrsemhiàlr
les maçons ct les charpentiers, se pourvut de traits ef hê'.rôiytfJ
le matériel nécessaire pour se retrancber er cas délbueilêsg:r
p_uis, à I'heure du premier sonrmeil, Iui-même, Eurymëtlotrrl€tl
Ménandros mirent en mouv'ment toute Ia troupe eDînafuhërëËûu
aux Épipoles. Nicias resta dans les retranchemenùgl,J -:i/ J;r;.r.lrri;..i
Ils abordèrent les Épipoles par l'-0uryale, à l'éndroi0 6plraiprr
cienne armée rtait montée la prernière fois. llstf0ùIpèteritj,làiiJ
Tsucyump.
gg8 cuERRE DU PÉLoPot'iÈsn.

vigitance clu poste syracusain placé en ce lieu, et enlevèrent


leJort que les assiégés y avaient construit. Ceux des garrles
qui ne furent pas tués s'enfuirent aussitôt, vers les trois camps
établis sur les Épipotes et occupés I'un par les Syracusains, Ie
second par les Grecs de Sicile, le troisième par les aliiés. Ils
signalèrent la présence de I'ennemi, et donnèrent I'éveil aux
six cents Syracusains formant le poste d'observation de ce côté
des Épipoles. Ceux-ci se portèrent imméd.iatement au secours;
mais Démosthène et les Athéniens qui arrivaient les culbutèrent,
malgré uue résistance des plus vives. Les Athéniens r sans.
perdre un instant, marchent en avant, afin de ne pas laisser se
ralentir leur ardeur; d'autres occupent la tête du mur parallèle
des Syracusains, et en arrachent les créneaux.
Cependant les Syracusains et leurs aliiés, Gylippe en tête,
accourent des ouvrages avancés I mais, ddconcer[és par cette
brusque attaque de nuit, ils n'abordent I'ennemi qu'avec effroi,
sont enfoncés et d'abord ramenés en arrière. Dejà les Athéniens,
se croyant vainqueurs, s'avançaient toujours plus en désordre;
ils voulaient passer sur le corps de ce qui restait d'ennemis à
combattre, sans leur laisser le temps de se reconnaitre et de se
rallier, lorsque les Béotiens les premiers leur résistent, les
chargent victorieusement et les mettent en fuite.
XLIV. Dès ce moment les Athéniens tombèrent dans une
dtrange confusion. Quant aux détails, aucuo cles deux partis
n'a pu me les fournir d'une manière précise. De jour, oit tout
est plus tlistinct, ceux qui assistent à une bataille savent à
peine ce qui se passe autour d'eux : comment d.onc, pour un
combat nocturne le seul gue, dans le cours de cette guerre,
se soient livré de - grandes armées,
- obtenir des renseigne-
roents certairrs? La lune brillait à la vdrité, mais on ne se voyait
qge comme on peut se voir à sa lumière, c'est-à-dire qu'on
apqrcevait bien Ia forme des corps, mais sans discerner I'ami
de I'ennemi. Une foule d,'hoplites des deux partis tournoyaient
dans un étroit espace. Parmi les Athéniens, les uns étaient
d{jà vaincus, d'autres poussaient en avant sans rencontrer
dlqbstaoles; ceux-ci dtaient sur la hauteur, ceuxlà gravissaient
ensore. On ne savait ou se diriger; car, une fois la défaite
lqmmencée, le ddsordre devint général, et les clameurs empê-
chaient de se reconnaltre. Les Syracusains et leurs aliiés, se
sentant victqrieux, s'exhortaient à grands cris, seule ma-
nière ùe oommuniquer entre eux pendant la nuit I en même
tqsF,s, iJs recevarent le choc des assaillants. Les Athéniens se
LIVRE VII. 399
cherchaient les uns les autres, et prenaient pour ennemis tous
ceux qu'ils rencontraient, même les leurs en retraite. N'ayant
d,tautre moyen de ralliement que le mot d'ordre, ils le deman-
ilaient tous ensemble et augmentaient ainsi la confusion; leurs
questions réiterdes finirent par le rdvéier à I'ennemi, tanclis
qu'ils n'apprenaient pas de même celui de leurs adversaires,
qui, vainqueurs et non dispersés, se recùnnaissaient mieux.
Aussi, quand les Syracusains venaient à se heurter contre des
forces supérieures, ils échappaient grâce à la connaissance
de ce signe I les Athéniens, au contraire, ne pouvant répondre,
étaient massacrés. Rien ne leur fit plus de mal que le cbant ilu
Féan, qui, étant à peu près Ie même des deux côtés, les plongeait
dans I'incertitude t. Toutes les fois que les Argiens, les Corcy-
rdens et les autres Doriens de I'arrnée athénicnne entonnaient
cet hyrnne, ils causaient aux Athéniens Ie même eflroi .que ies
ennemis; si bien qu'en plus d'un endruit oîr ils se rencontrèrent
au milieu tlu tumulte, amis avec amis, citoyens aveq citoyens,
ils ne se bornèrent plus à s'effrayer, mâis iis se chargèrent
mutuellement, et ne se séparèrent qu'à grand' peine. Poursuiyis
dans leur fuite, plusieurs se jetèrent dans des précipices où ils
trouvèrent Ia mort, car la descente des Épipoles est étroite.
De ceux qui parvinrent dans la plaine, la plupart, surtout les
soldats tle la première expédition, qui connaissaient ruieux le
paIS, se réfugièrent au camp ; quelques-uns des nouyeaux
venus se fourvoyèrent dans la campagne. Dès qu'il fit jour, Ja
cavalerie syracusaine battit I'estrade et les sabra.
XLY. Le lendemain, ies Syracusains érigèrent deux trophées :
I'un à la montée des Épipoles,l'autre h I'endroit ou les Béotiens
avaient les prerniers résisté. Les Athéniens relevèrcnt leurs
morts par composition. La perte, p0ur cux et leurs alliés, fut
consiclérable; ie ncmbre des armes prises dépassa de beaucoup
celui des morts; en effet, plusieurs solclats avaient jeté leurs
boucliers pour être plus légers clans leur fuite.
XIYI. Ce succès inespéré rendit aux Syracusains leur prernière
ardeur. Ils envoyèrcnt àAgrigente, alors en dissension, Sicanos
avec quinze vaisseaux, pour essayer de soumettre cette ville.
Gylippe parcourut derechef la Sicile, afin d'en tirer de nou-
veaux renforts. Depuis I'affaire des Épipoles, iI ne désespérait
pas d'enlever de haute lutlo les retranchements des ennemis.
XLVII. En présence du désastre qu'ils yenaienl d'essuyer
et cle la d,émoralisation croissante de l'armée, les généraux
athéniens tinrent coûseil. Tous leurs plans avaient échoué;
400 GUERRE Du pÉLoponÈss.

les soldats succombaient à la fatigue; les maladies se ddvelop.


paient sous la double influence d'une saison malsaine et il'un
campement incommode et marécageur; en un mot, la situation
ne leur paraissait plus tenable. Aussi Démosthène était-il con-
vaincu qu'il ne fallait pas rester plus longtemps; il persistait
dans l'avis qu'il avait énoncé lors de I'attaque risquée contre
les Épipoles, et opinait pour que, après cet échec, on partît
sans le moindre délai, pendant que la mer était encore prati-
cable et que la flotte renforcée promettait la supériorité. < Mieux
vaut, rlisait-il, pour Athènes faire la guerre aux ennemis can-
tonnés sur son territoire, qutaux Syracusains dont il n'est plus
facile d'avoir raison, et ne pas prodiguer en pure perte nos
ressources par un séjour indéfiniment prolongé. r Teile était
I'opinion de Démosthène.
XLYIll. Nicias tenait aussi Ia position pour fâcheuse; mais
il ne voulait pas en convenir ouyertement, ni que les généraux,
délibérant sur le déparl dans un conseil nombreux, révélassent
ainsi eux-mêmes ces projets à I'ennemi, au risque d'en rendre
I'exécution plus difficile. D'ailleurs il savait pertinemment que
les aflaires des Syracusains n'étaient guère plus brillantes, et
qu'elles empireraient si I'on continuait le siége. Par là on les
écraserait de dépenses toujours croissantes, à présent surtout
que la flotte augmentée promettait aux Athéniens Ia supério-
rité sur mer. Enfln il y avait à Syracuse un parti qui tlésirait
le triomphe des assiégeants, et qui envoyait à Nicias message
sur message porr Iui déconseiller de lever le siége. Ces con-
sidérations Ie faisaient hésiter, et I'engageaient à s'opposer
manifestement au clépart. II savait bien, dit-il, que les Athé-
I
niens n'approuveraient pas une retraite qu'ils n'auraient pas
I décrétée. Ceux qui prononceraient sur le sort cles géuéraux
n'auraient pas vu de leurs yeux I'état des choses; ils ne le
connaîtraient gue par les critiques répétées autour d)eux, et
jugeraicnt d'après les assertions des beaux parleurs. Ce n'est
pas tout : un grand. nombre de soldats, Ia majorité peut-être,
qui maintenant se plaignaient le plus haut de leurs souffrances,
une fois à Athènes seraient les premiers à déblatérer contre
)es généraux et b les représenter comnre des traîtres vendus
à I'ennemi. Connaissant donc le caractère cles Athéniens, il ne
voulait pas être victime d'une accusation injuste et ignomi-
nieuse, et préférait, s'il était nécessaire, périr les armes à la
main. Il ajoutait que la situation des Syracusains était encore
plus difficile que la leur, la solde cles troupes étrangères, l:s
LIVRE vlr. lr0l
garnisons des forts, I'entretien d'une grosse flotte depuis plus
d'une année, causant des embarraJqui ne feraient que s'ac-
-leur
croître; car ils avaient déjà dépensd deux milre tarents, sans
parler d'une dette dnorme ; et 1 pour peu qu'ils voulussent
réduire leur ejlectif en supprimant ia sord-e, ils-seraient perdus,
puisque leur armée se oomposait principalement d'auxiliaires,
_e!'.
non pas de troupes rdglées, comme celle des Athdniens.
Nicias concluait do-nc qu'il fallait patienter et poursuivre le
siége' sans reculer devant des dépenses qu'Athèndr, uu bout d.u
coggle, était bien en mesure de supporter.
_.
xLIx- ce qui engageait Nicias à-tenir ce langage avec tant
d'assurance, c'est qu'il connaissait à fond t'état lntérieur de
syracuse, les embarras {Tnanciers, I'existence d'un parti dis-
posé à livrer la ville aux athéniens et qui les pressàit de ne
point lever le siége; c'est enlin qu'il aviit dani la flotte plus
ile confiance qu'auparavani. Démoithène au conLraire ne voùlait
pas entendre parler d.'un plus long sdjour, u s'il faut, disait-il,
pour lever le siége attendre que le décret en soit v.oo d,Àthènes,
le mieux est d'aller s'établir à Tbapsos ou à Catane, d,ou
I'armée d.e terre pou*a étendre ses âévastations sur lb pays
ennemi et vivre de pillage, tandis que la flotte ne ,rru plu,
obligée de lutter à l'étroit, circonstance favorable aux adver-
saires, mais agira dans une mer ouverte, ou elle pourra tirer
parti de son expdrience en manceuvrant à son gré, sans avoir:
à circonscrire ses mouyements d'attaque et dle retraite. , Il
ajouta qu'à aucun prix il ne consentirait à rester davantage,
mais qu'il fallaii partir immédiatement.
Euryméilon se réunit à i'avis de Démosthène; mais I'oppo_
sition de Nicias amena de I'irrésolution ct des lenteurs. Oir- ie
croyait mieur renseigné que les autres. Il s'ensuivit gue les
Athéniens ajournèrent leur départ, et ne firent aucun mou-
Yement. t
L. Gylippe et, Sicanos étaient de retour à Syracuse. Sica*
nos. avait mlngué so-n entreprise sur Agrigente; pendant qu'il
était encore à Géla, les partisans des Syràcusainî avaient été
chassés. Gylippe, en reyanche, amenait de puissants renforts,
ramassés en sicile, ainsi gue les hoplites péloponésiens expé-
diés au.printemps sur des transportJ, et qui ae linye avaient
abortlé à sélinonte. Jetés sur lei côtes de la Libye, ils avaient
regudes cyrénéens deux trirèmes et des piiotes. Après avoir,
s-ur
_19-ur
passage, secouru les Évespéritâins qu'aisiégeaient
des Libyens et battu ces derniers, ils avaient longé ia côte
,t
442 GUERRE DU PELOPONESE.

jusqu'à Ndapolis, comptoir des Carthaginois, d'otr le trajet en


Sicile n'est que de deux jours et tl'une nuit; de Ià ils avaient
passd à Sélinonte. Dès leur arrivée, les Syracusains se dispo-
sèrent à attaquer de nouveau les Athéniens par terue et
par mer.
Les géndraux athéniens, voyant que I'ennemi avait reçu cles
renforti, tandis que leur propre situation ne faisait qu'empirer
de jour en jour, surtout à cause des maladies qui désolaient
I'armde, en étaient aux regrets de n'être pas partis plus tôt.
Nicias lui-même ne faisaib plus d'objection, et se bornait à
demander que la résolul,ion ne fùt pas ébruitée. En conséquence
on {it avertir dans te plus grand secret toute }'armée ile se
tenir prôte à leverle carnp et à s'embarquer au premier signal.
Les prdparatifs terminis, comme on allait parfir, la lune, alors
cn son plein, s'éclipsa. La piupart des Athdniens, intimidés
par ce phénomène, demandèr'ent qu'on attendit. Nicias, {ui
attachait aux présages et à tous les faits de cette nature une
importance exagérée, soutint que le départ del'aif être sus-
pendu, jusqu'à ce que, suivant la déclaration des devins, il se
fùt écoulé trois fois neuf iours. Cette contrariété occasionna
une perte d.e temps et relint les Athéniens sous les murs de
Syracuse.
LI. Informés tle ces particularitds, les Syracusains n'en de-
vinrent que plus ardents à serrer de près les Àthéniens, qui
par ces projets faisaient I'aveu de leur faiblesse sur terre et
sur mer; d'ailleurs ils ne voulaient pas qu'ils s'établissent sur
quelque autre point de la Sicile, ou jls seraient plus difficiles
I vaincre. Ils resolurent donc de pro{iter au plus tôt de leurs
avantages pour engager un combat naval. Ils équipèrent leurs
vaisseaux et s'exercùrent le temps nécessaire I puis, la veille
du jour {ixé pour la balaille, ils assaillirerit les murs des Àthé-
oiens. Un ditachemerrt cf iropiites et de cavaliers étant sorti à
leur rencotttre par une po[erne, les Syracusains coupèrent une
partie de ces troupes, ies mirent en fuite et. les poursuivirent.
Comme Ie passage dtait étroit, Ies Athéniens perdirent soixante-
dix chevaux et un certain nombre d'hoplites.
LIL Ce jour-là les Syracusains se rttirèrent; le lendemain
ils mirent en trrer avec soixante-seize vttisseaux, en même
trmps qu'ils lançaient, Ieur infanterie contre les retranchements.
Les Athéniens leur opposèrent quatre-vingt-sir vaisseaux. On
se joignit et I'action commença. Eurymédon, qui commandait
i'aiie âroite des Àthénieus, voulut envelopper la flotte ennemie;
LIYRE YII. 403
mais ce mouyement l)entraîna trop près de la terre. Les Syra-
cusains et leurs ailiés, après avoir errfoncé le centre des Athé-
niens, séparèrent Eurymédon du reste de la flotte, I'acculèrent
dans un enfoncernent du port, d.étruisirent son vaisseau, ainsi
que ceux qui I'avaient suivi, et Ie tuèrent lui-même. Ensuite
ils se mirent à la poursuite de toute la flotte athénieûne, qu'ils
poussèrent au rivage.
LIiI. Gylippe, voyant les vaisseaux ennemis vaincus et jetés
hors de I'estacade et tle leur camp, voulut faire main basse sur
les hommes qui débarquaienb,.et faciliter aur Syracusains la
remorque des vaisseâux en occupant Ie rivage. Il s'avança
clonc le long de la grève avec une partie de ses troupes; mais
les Tyrrhéniens, qui étaient de garde en cet entlroit, voyant
ce corps s'approcher en désordre, sortent à sa rencontre, fon-
dent sur les preniers, les arrêtent court, et les jettent dans le
ruarais nommé Lysimélia. Les Syracusains et leurs alliés
s'avancent alors en force; les Athéniens, inquiets pour leurs
vaisseaux, accourent, sont vainqueurs, et poursuivent itennemi
en lui tuant quelques hoplites. IIs sauvèrent ainsi la plupart
de ieurs vàisseaux, et les réunirent près du camp. Les Syra-
cusains et leurs alliés leur en prirent dix-huit, dont ils massa-
crèrent les équipages. Dans le dessein dtanéantir ce qui restait
de ia flotte, ils remplirent un vieux vaisseau de sarments et
de matières inflammables; puis, profitant du vent qui portait
sur les Athéniens, ils mirent le feu à ce brùlot, et le laissèrent
aller en dérive. Les Athéniens, ellrayés pour leur flotte, mirent
toirt en æuvre pour écarter Ie navire incendiaire. Ils y réus-
sit'ent, et en furent quittes pour Ia peur.
LIY. Là-dessus les Syracusains drigèrent un trophée pour
leur victoire navale et un autre pour l'avantage remporté par
eux en avant des murs, ou ils avaient intercepté les hoplites
et pris les chevaux. Les Athéniens dressèrent aussi un trophée
pour le succès obtenu soit par les Tyrrhéniens sur I'infanterie
qu'ils avaient rejetée dans lÀ marais, soit par eux,mêmes avec
Ie reste de I'armée.
LY. Cette victoire éclatante, remportée sur la flotte par les
Syracusains, qui jusqu'alors avaient redouté le renfort amené
par Démosthène, acheva de plonger les Athéniens dans le dé-
couragement. Grancl était leur mécornpte et plus grand encoro
le regret de i'expédition. C'était la première fois qu'ils atta-
quaient des villes senrblables à la leur, soumises au même ré-
gime ddmocratique, pos#dant des vaisseaux, des cheyaux, une
404 GUERRI] DU PÉLOPONÈSE.

population nombreuse. Ils n'avaient pas la ressource d'y sus-


citer des tissonsions et des troubles, pour les exploiter h leur
profit ; les moyens d'attaque étaient peu supérieurs- à ceux de
âéfeose ; enfin ils avaient commis des fautes Dombreuses, et
leurs embarras s"étaient consiclérablement augmentés depuis
1'échec imprévu qu'ils venaient d'essuyer sur mer. Àussi étaient-
ils fort abattus.
LYI. Dès ce moment, les Syracusains circulèrent librement
dans le port; ils songeaient même à en fermer I'entrée, afin
que les Athéniens ne pussent pas s'échapper i leur insu. Ce
n'était déjà plus deleur propre conservation qu'ils s'occupaient;
ils aspiraient à empechér celle tle leurs adversaires. Ils se cli-
saieni, norl sans riison, que, dans I'état actuel des choses, la
supdriorité leur étaitlargement acquise ; que s'ils venaient à bout
de-vaincre les Athéniens sur tene et sur merr ce triomphe les
couvrirait de gloire aux yeux tle la Grèce entière, dont les
peuples seraient aussitôt délivrés, ceux-ci du joug, ceux^'là tle
ia ciainæ; que les Athéniens, avec Ie restant de leurs forcqs,
seraient hori d'état cle soutenir la guerre; tandis gue les Sy-
racusains, auteurs tle cette révolution, exciteraient I'admiration
des contemporains et d.e ]a postérité. a tous égards, la lutte était
bien glorieuse; mais ce n'était pas tout : ils allaient triompher
non-séulemelt des Athéniens, mais encore de leurs alliés, non
moins nombreux que ceux de Syracuse, partager Ie comman-
dement avec les Corinthiens et les Lacédémoniens; enfin, en
s'erposant les premiers, d,onner I.a plus grande extension à leur
rnarine.
LVII. Jamais on ne vit un plus grancl nombre ile nations se
liguer contre une setle ville, si I'on excepte Ia grande coalition
de- celles qui, dans cett,e'guerre prirent parti pour Athènes
ou pour LacéCémone. Àu surplus je vais énumérer les nations
qui s'armèrent porrr ou contre Syracuse, dans Ie but de con-
courir à la conquête ou à Ia défense tle la Sicile. Leur asso-
ciation n'avait pour principe ni le droit, ni Ia communauté
d'origine I chacune d'elles avait obéi aux circonstances, à I'in-
térêt ou à la nécessité.
Les Athéniens proprement dits, Ioniens cl'origine, portaient
spontandment les armes contre les Doriens de Syracuse. Avec
eux marchaient des peuples issus d'Athènes, unis à elle par
conformité de langage eb de mæurs, saYoir les Lemniens, les
Imbriens, ceux qui alors habitaient Égine I et la ville d'Hestiéa
en Eubée. Le reste d.es auxiliaires se composait de sujets,
LIVRE VII. 405

d'alliés indépentlants et cle mercenaires, Parmi les sujets tribu'


taires on comptait, dans I'Eubée, les Érétriens, les Chalcidéens,
les Styréens et les Carystiens; dans ies îles, les habitants de
Céos, d'Andros et de Tdnos; dans l'Ionie, ceux de NIiIet, de
n'dtaient pas tributaires; ils
Samos et de Chios
- ces deruiersn'étant
jouissaient de I'indépendance, astreinl,s qu'à fournir
des vaisseaux. Ces divers peuples, sauf ies Carystiens qui
sont Dryopes,- étaient pour la piupart loniens ou colonies
d'Athènes; ils marchaient en qualité de sujets et par contrainte,
mais au moins c'étaient des Ioniens opposés à des Doriens.
Yenaient ensuite des peuples d'origine éolienne, tels que les
Mdthymniens, tenus à fournir des vaisseaux, mais sans payer
tribut, Ies Ténédiens et les Éniens tributaires. Ces peuples de
race éolienne étaienl forcés de combattre les Béotiens a]liés de
Syracuse, quoique ceux-ci fussent Éoliens comme eux, et de
plus leurs fondateurs. Les Platéens, bien que natifs de Bdotie,
se trouvaient seuls, par une juste haine, opposés au reste des
Bdotiens. Les'habitants de Rhodes et d.e Cythère, Doriens les
uns et les autres, étaient contraints, ceux de Cythère, colonie
de Lacédémone, de porfer les armes avec les Athéniens contre
les Lacédémoniens de Gylippe; ceux de Rhodes, c'riginaires
d'Àrgos, contre les Doriens de Syracuse et contre leurs propres
colons de Géla, auxiliaires d.es Syracusains. Parmi les insu-
laires voisins du Péloponèse, les Cephalléniens et les Zacyn-
thiens étaient indépendants ; mais leur qualité d'insulaires lcur
faisait un devoir d'accompagner les Athéniens, maitres de la
mer. Les Corcyréens, non-seulement Doriens, mais d'origine
corinthienne, marchaient contre les Corinthiens et les Syra-
cusains, quoique colons des uns et parents des autres, sous
couleur de nécessité, rnaig au fond par haine pour Corinthe.
Les Mésséniens, tant ceux qu'on appelle aujourd'hui de Nau-
pacte, que ceux. de Pylos, alors aux Athéniens, avaient été
pareillement requis pour cette guerre. Il y avait aussi un petit
nomhre de Mégariens exilés, qui se trouvaient dans la fâcheuse
nécessité de combattre les Sélinontins originaires de Mégare.
Quant aux autres alliés, la part qu'ils prirent à cette expédition
fut plutôt volontaire. Les Argiens, de race d.orienne, portaient
les armes contre ]es Doriens avec les loniens d.'Athènes, moins
peut-être en vertu de leur alliance, que par baine contre Lacé-
q.
démone et pour un motif intdressé Les Mantinéens et autres
Àrcadiens, toujours prêts à marcher contre I'ennemi qu'on leur
tlésigne, se trouvaieut face à face avec leurs compatriotes enga-
40ô GUERRE DU PELOPONESE.

gés à prir tl'argent par Corinthe et les regard'aient comme leurs


ànnemis. Les Athéniens avaient aussi des Créiois et des Étoliens
mercenaires. Ainsi les Crétois, qui ont fondé Géla, concurrem-
ment avec les Rhodiens, au lieu d'aller au secours de leurs
colons, leur faisaient la Suerre sans aucune animositd, mais
uniquenrent pour de I'argent. Quelques Acarnaniens s'étaient
aussi enrôlés dans I'armée athénienne, soit par I'appât du gain,
soit surtout par affection pour Démostliène et pardévouement aux
Àthéniens leurs alliés. Tous les peuples que je viens de citer
habitent en deça du golfe lonien. Parmi les Grer:s d'Italie, les
Thuriens et lcs Métapontins s'étaient vus forcés par leurs dis-
cordes intestines de se joindre aux Athéniens, comme aussi,
parmi les Grecs de Sicile 6, les Naxiens et les Cataneens. Quant
àux barbares, les Àthéniens avaient pour eux les Égestains
qui les avaient appelés cn Sicile, de mêrrte que la majeure
partie des Sicules; parmi les peuples étrangers à la Sicile,
quelques Tyrrhéniens, qui vinrent par hostilité pour Syracuse;
enfin des Iapygiens mercenaires. Tels étaient les ailiés d'es
Athéniens.
LYIII. Les Syracusains furent secourus par leurs voisins de
Camarine et par Géla, qui est plus éloignée. Agrigente resta
neulre ; mais Séiinonte, siluée ercore plus loin, dans la partie
de la Sicile qui regarde Ia Libye, se joignit à eux, de même
qu'Himéra, seule viile grecque sut la côte de Ia mer Tyrrhé-
nienne, et la seuie aussi de ces parages qui soutînt Syracuse.
Tels furent les Grecs de Sicile , tous Doriens et indépendants,
qui s'armèrentpour les Syracusains. Parmi les barbares, leurs
seuls alliés furen[ ceur de Siculcs qui ne s'étaient pâs pro-
noncés en faveur des Àthéniens. Quant aux Grecs du dehors,
Ies Lacédémoniens fournirent un commandant spartiate, des
Néod.amos et d,es Hilotes le nom 'de Néod,arnocJe signifie af-
franchi. -
Les Corinthiens seuls envoyèrent des vaisseaux et
- terre. Les Leucadiens et les Àmbraciotes se joi-
des troupcs de
gnirent à eux à cause de la conimunauté d'originet. Il vint
d'Arcadie des mercenaires levés par les Corintbiens, de même
que des Sicyoniens qui servaient par contrainte ". En dehors J
du Péloponèse , Ies ailiés de Syracuse éiaient les Béotiens. Si
I'on compare ie nombre de ces auxiliaires avec les forces four-
nies par les Grecs de Sicile, on trouve celles-ci fort supé-
rieures sous tous les rapports, ce qui esb naturel, vu I'impor-
tance des villes qu'ils habitent. Ils rassernblèrent une foule
d'hoplites, de vaisseaux, de cavaliers et d,es troupes légèr'es.
LIYRE VII. â07
Toutefois les Syracusains à eux seuls, on peut le clire, contri-
buèrent plus fortement que tous les autres ensenrble, soit à
cause de la granrleur de leur ville, soit parce qu'ils étaient
plus directement menacds.
Telles furent les forces auxiliaires des rleux partis. A cette
époque elles étaient cornplètes, et dès lors elles ne reçurent
plus d'augment'ation.
LIX. Après la victoire navale qu'ils venaient de remporter,
les Syracusains et leurs alliés pensèrent aveo raison que ce
serait mettre le comble à leur gloire que de faire prisonnière
la granile armée des Athéniens, sans lui laisser aucun moyen
de s'échapper ni par mer ni par tcrr€. Dans ce but, ils fermè-
rent le granil port, dont I'entrtie est large de huit stades à
peu près, au moyen d'une rangée cle trirèmes, de transports
et cle bateaux qu'ils fixèrent par cles ancres. Ils firent aussi
ieurs préparatifs pour Ie cas d'un nouveau,combat naval. Sur
tous les points ils ne méditaientrien que de granil.
LX. Les Athéniens, voyant la fermeture du port et devinant
Ieur pensée, jugèrent à plopos de délibérer. Les généraux et
les taxiarques se réunirent donc pour aviser aux embarras de
la situation. Les vivres étaient, épuises; car, dep,uis qu'on avait
pris la résolution de décamper, on avait fait dire à Catane de
suspendre les envois ; et I'on ne pouvait en e:spérer pour I'ave-
nir, à moins d'une bataille navale. Il fut donc arrêté qu'on
abanclonnerait lep retranchements situés sur la hauteur, et
qu'on établirait à proximité de la flotte un campement stricte-
ment suffisant pour les bagages et pour les malades; qu'on y
laisserait une garde, et que tout le reste de I'armée de terre
monterait sur les vaisseaux, tant ceux qui étaient en bon état
que ceux qui étaient moins capables de servir. Si I'on était
yainqueur, on cinglerait vers Catane ; sinon, I'on brùlerait les
vaisseaux, et I'on se retirerait par terre, en bcn ordre, dans la
prernière piace amie, grecque ou barbare, qu'on pourrait ga-
gner. Celte résolution prise, on I'exécuta sur-Ie-champ. On
évacua ]es retranchements supérieurs et I'on descendit vers la
tr mer. On fit monter sur ia flotte tout ce qu'il y avait d'hommes
valides, et I'on parvint ainsi à équiper jusqu'à cent dix vais-
seaux, On embarqua beaucoup d.'archcrs eb de gens tle traitt
Acarnaniens ou étrangers; en{in I'on prit toutes les précautious
que permettaient les circonstances.
Quanrl. les préparatifs furent à peu près achevés, Nicias,
voyant les soldats abattus par la grandeur inaccoutumée ile
408 GUERRE DU PETOPONESE.

Ieur défaite navale, et pourtant déterminés, vu le manque tle


vivres , à risquer le plus tôt possible un combat décisif , Ies
rassembla pour leur adresser I'exhortation suivante :
LXI. q Soldats athéniens et alliés, lalutte qui s'apprête nous
est commune à tous également : pour Yous comme pour les
ennemis, il s'agit cle salut et cle patrie I si en ce jour nous
sommes vainqueurs , cbacun de vous reverra sa ville natale.
Gardez- vous cle cécler au découragement , et dlimiter ces
hommes sans expérience, à qui un premier revers fait sans
cesse appréhender de nouveaux désastres. Vous, Àthéniens,
qui avez assisté à tant de batailles, et vous, alliés_, qui avez
toujours combattu ilans nos rangs, souvenez-vous des chances
de la guerre I espérez que la fortune cessera eufin de nous
tenir rigucur, et préparez-vous à prendre une rwatrche pro-
portionnée aux forces que vous avez maintenant sous les
yeux.
LXII. < Toutes les mesures qui peuvent obvier à ltentasse-
menc tles navires dans un port si resserrd et à la disposition
cles tillacs ennemis, nous les aYons étualiées cle notre mieux et
arrètées de concert avec les pilotes. Nous embarquerons un
grand nombre d'archers et de gens de trait ; cette fou1e, nous
n'aurions garde de I'employer dans un combat au large, ou la
pesanteur rles bâtiments entraverait la mancsuYre; mais elle
ne laissera pa.s de nous être utile dans la nécessité ou nous
sommes tle combsttre de pietl ferme du haut de nos vaisseaux.
Nous avons trouvé les combinaisons les plus propres à neutra-
liser celles de l'ennemi. A ces massives époticles qui nous ont
si fort incommoclés, nous opposerons des mains de ferr, qui,
une fois lancées sur un navire, ltempêcheront de reculer,
pourvu que sur le pont chacun fasse son ùevoir. Nous sommes
réduits à une lutte cl'abortlage; par conséquent il nous importe
de ne pas reculer nous-mêmes et de ne pas permettre à I'en-
nemi de reculer; tl'autant plus que, à part l'espace occupé par
nos troupes de terre, tout le rivage n'ous est hostile.
IXIII. o Que cette pensée vous excite à combattre vaillam-
ment, sans songer à regagner la terre. Quanrl vous aurez ac-
costé un bâtiment, ne lâchez prise qu'après avoir balayé le til-
lac ennemi. Cette recommandation s'adresse aux soldals encore
plus qutaux mateiots, car c'est aux hommes placés sur les ponts
qu'appartient surtout cette tâche; c'es[ sur eux que reposent
principalemeut nos espérances de victoire. Quaut aux, mate-
lots, je les exhorte et les conjure tout à la fois tle ne pas se
LIYRE VII. 409
laisser abattre par leurs reversr maintenant que nos vaisseaux
sout plus nombreux et nos dispositions meilleures.
<r Et vous, alliés, qui, sans être Athdniens de naissance, par-
tagez notre langage, nos mcÊurs, et obtenez contme nous le
respect de la Grèce; vous qui jouissiez de notre empire autant,
si ce n'est plus quenous, qui lui devezleségarrls de nos sujets
et votre propre sécurité, songez combien cette position mérite
d'être conservée. Seuls vous ayez trouvd la liberté en partici-
pant à notre empire; il serait donc injuste ile letrahir aujour-
d'hui. Pleins cle mépris pour ces Corinthiens que vous ayez
tant de fois battus, pour ces Siciliensdont nul n'ett osé nous re-
garder en face aux beaux jours d.e notre marine, repoussez-
les courageusemeût, et prouvez-leur que , malgré nos revers et
notre faiblesse, notre habileté I'emporte sur leur force heu-
reuse.
LXIV. c Quant à vous, citoyens d'Athènes, je vous rappelle
que vous n'avez laissd derrière vous ni flotte pareille à celle-
ci, ni jeunesse en état de porter les armes. Si clonc il nous
arrive autre chose que d'êtrevainqueurs,nos ennemis présents
feront voile immédiatement conl,re l'Àttique, et nos conoitoyens
seront incapables de résister à ce surcrolt d'adversaires. Yous
tomberez aussitôt, vous au pouvoir des Syracusains
savez dans quel esprit vous êtes venus les combattre,
- eteuxvous
au
-
pouvoir des Lacédémoniens. Cette seule journée décidera de
notresort à tous. Soyez donc fermesdans ce moment suprême.
Dites-vous bien, tous et chacun en particulier, qu'avec vous ,
sur ces vaisseaux où vous ailez monter, se trouvent I'armée des
Athéniens, leur marine, tout ce qui reste de l'État, enfin le
granrl nom d'Athènes. Si I'un de vous se distingue par son
talent ou son courage, c'est le cas ou jamais de le montrer. !
LXV. Après cette exhortation, Nicias prescrivit aussitôt
I'embarquement. Gylippe et les Syracusains, à la seule vue de
ces préparatifs, n'avaient pas eu tle peine à comprendre que
les Athéniens songeaient à livrer un combat naval. Ils avaient
connaistance de ces mains de fer qui devaient être lancées sur
les vaisseaux ; pour prévenir ce danger, ils garnirent de peaux
les proues et la partie autérieure des tillacs, afin que la
main d,e fer glissât sans trouver prise. Quant tout fut prêt,
les généraux et Gylippe exhortèrent leurs soldats en ces
termes :
LXYI. c Syracusains et alliés, vos actions précédentes ont
été glorieusei, et la lutte qui se prépare ne le sera pas moins.
4r0 GTJERRE DU pÉroponÈsu.
Yous Ie c.mprenez vous-mêmes, à en juger par votre zèle.
cependant' qlglqg'un de vous conserve Àncore des craintes,
:i
nous allons les dissiper.
< ces athéniens, veaus dans nos parages pour asservir
Ia
sicile et, en cas de succès,.le-péloponèse-et li Grèce entière;
ces Athéniens, maîtres déjà du plus vaste empire que jamaiÉ I
Grecs aient lossédé ou possèdent aujourd'hui, vous êies les pre-
Pie.rs .qui les ayez vaincus sur |erdment ou irs s'estimaient
invincibles, et vous les vaincrez encore aujourd'hui. L'homme
qui a dté. frappd sur Ie te*ain oir il se croyait maître percl la
haute.opinirn_qu'il avait de lui-même I et, I'orgueil uïe fois
humilié , le découragement achève dà pararysË. iàs-fo.ces.
Telle ttoit être aujourd'hui la situation dei ltËéniens.
LXYII. < Pt.rur n.us r quand nous étions enc.re sans expé-
rience, notrc courage naturer nous a fait affronter les porils.
Maintenant il est bien plus-
.ferme ;. et, comme il s,y jôint la
conviction d'être .les plus habiles, pulsque nous avons vaincu
les plus habiles, notre espérance bit aourte.. or, en ioute
en-
treprise, plus on espère, plus on a d,ard-eur.
<Quant. aux dispositions qu'ils nous ont empruntées,
elles nous
sont familières, et aucune d'eiles ne n'us prôndra au ddpourvu.
Eux au contraire, ils ont, en dehors de leurs habitudÀ's, pracé
sur ies ponts une foure d'hoprites et de gens de trait, Acarna-
autres, espèce de-marins deierre ferme,'qoi, uou
i].i,r,ou
lors a bord , ne saurtlnt
-comment s,y prendre pour lancer un
javelot en restant immobiles. Est-il-àïroire qo" .u"-tàn, ou
troublent pas la mânæuvre, ou ne s'emharrassànt pas ains
aes
mouvements nouveaux pour eux ? D'ailleurs que ceux d'entre
,
vous qui pourraient apprériender leur superio'ité numérique
le sachent bien, cette multitude de navires ne leur sera
d,au-
cun secours; des vaisseaux nombreux, dans un espace étroii,
seront moins agiles et plus vulnérabhs.
a Mais-apprenez un fait des prus certains : succombant
aux
mau-x qui les accablent, les Àthéniens sont en proie
au plus
:,."yll,i 1..îyt?g..*ent. Its ne se ûenr guère à teurs prJpuru_
trls ; rls veulent tenter la fortune, forcer, sril se peut, le pas-
sage et partir par mer: sinon, elrectuer leur retraite par terre,
parce que dans aucun.cas. le.ur position ne saurait-être
plui
fâcheuse qu'elle ne I'est actuellement.
< En préseDce d'une désorganisation si
,,...IV.tt_tl complète et
clur livre en nos mains nos irnplacables ennemis,
ï^ïï:_r-.*ne
ro'dons sur eux avecfurie. Rien n'est plus làgitime que de pu-
LIYRI) YII. 4I I
nird'injustes agresseurs, et, comme on clit, rienn'est plus iloux
-1. à savourer (true Ia vengeance.
-enn.*is
I < Qu'ils sôient oo, et nos ennemis acharnés, c'est
l ce gue vous savez de reste. Ils sont venus dans notre pays
Jr po"t I'asservir ; s'ils avaient réussi, iis auraient infligé aux
hommes les traitements les plus cruels, aux enfants et aux
femmes les plus sanglants outrages, à la ville entière le plus
infâme de tous les noms. Aussi, que nul de vous ne faibiisse
et ne croie avoir gagné qurlque chose en ies laissant partir
impu nément. C'est tout ce qu' ils-désirtint, fuss ent-iis vainqueurs.
Mais les traiter comme ils Ie méritent, les punir et assurer à la
Sicile son antique liberté, voiià un glorieux prix du cornbat.
EIIes sont bienrares les occasions ou Ia défaite est peu à reclou-
ter, et ou I'on a tout à gàgner par Ia victoire. >
LXIX. Les troupes ainsi baranguées, les généraux syracu-
sains et Gylippe s-e hâtèrent de les embarquer , lorsqu'ils vi-
rent les e.théniens monter sur leurs vaisseaux. Sur le point de
gagner Ie large, Nicias, effrayé de la situation et mesurant toute
llétendue du danger, éprouva le sentiment habituel aux hommes
engagés clans lés luties décisives : il crut ses préparatifs in-
complets et ses exhortations insuffisantes. Appelant de nou-
veau clracun des triérarques par son nom, par celui de son
père et de sa tribu, il les conjuia de ne pas trahir leur illus-
iration personnelle ou les vertus de leurs aÏeux, leur relraçant
Ia liberié illimitée dont jouissait leur patrie, la parfaitp indé-
penclance assurée à chacun dans sa vie privée. ll ajouta à ces
paroles tous les lieux communs auxquels on a rÈc0uls dans un
moment suprême, en leur parlant de ieuLs femmes, de leurs
enfants, des dieux nationaux.
Après avoir dit, non tout ce qu'ii eùt voulu , mais ce qu'il
jugôait indispensable , Nicias revint en a*ière, et conduisi[
i'aimée sur Ie bord de la mer. It étendit sa iigne ie plus pos-
sible, afin d'augmenter la contiance de ceux qui étaient sur les
vaisseaux. En même temps Démostbène , Ménandros et Euihy-
démos, qui commandaient Ia flotte athénienne , partirent de t
leur station, en se dirigeant rlroit vers Ie barrage du port et 1

i'intervalle resté libre. Leur intention était de forcer le pas-


sage.
r.xx. Les syracusains et leurs allids s'avancèrent avec le
même nombre-de vaisseaux que rlans Ie combat précéclent. Ils
en employèrent uue partie à gariler Ia passe, et disposèrent
les autrei eu tlemi-cercle ilans le reste du port, afin d'attaquer
ttll cUERRE DU PÉLoPonÈsr:.

de tous les côtés à la fois. Au même instant , leur armée ile


terre se portait sur tous les points accessibles. La flotte syra-
cusaine était sous les ordres de Sicanos et tl'Agatharchos, qui
commandaient chacun une iles deux ailes. Pythen et les Coria-
thiens occupaient le centre.
Quand les Athéniens eurent atteint le barrage, ils enfoncè-
rent du premier choc la division qui le garclait, et tentèrent de
se faire jour. Ensuite les Syracusains fondant sur eux, de tous
côtés, I'action s'engagea, non pius seulement auprès tlu bar-
I
rage, mais aussi dans I'intérieur ilu port. La lutte fut acharnée
et hors de toute comparaison avec les précédentes. De part et
d'autre les matelots se montraient impatients de commencer
I'attaque au premier signal; les pilotes rivalisaient de talent
et de zèle; Ies soldats du bord, sitôt que les vaisseaux s'é-
taient accostés, avaient soin que le service du pont ne ftt
pas infdrieur à la manceuvre. C'était à qui se signalerait dans
le poste qui lui était assigné. Jamais un espace si étroit n'a-
vait vu combattre tant cle navires ; car les deux flottes réu-
nies comptaient près de deux cents bâtiments. Aussi I'ensom-
brement pioduit par cette accumulation rendai[ très-rares les
attaques directes, vu I'impossibilité de reculer ou cle percer la
ligne ennemie. te plus souvent les vaisseaux.ne faisaient que
s'entre-choquer, en voulant fuir ou courir sur un autre bâti-
ment. Un vaisseau s'avancait-il pour attaquer,, il essuyait une
grêle de traits, de flèches, de pierres lancées du tillac ennemi;
puis, lorsquton s'était joint, les soldats en venaient aux mains
et s'efforçaient de monter à I'aborilage. Souvent il arrivait,
faute de place, qu'un même navire heurtait peudant qu'il était
heurbé, en sorte qu'on voyait deux vaisseaux , ou quelquefois
davantage, accrochés autour d'un seul, sans pouvoir se déga-
ger. Les pilotes , occupés de I'attaque et de ià défense, étaiént
obligés il'avoir l'æil de tous les côtés à la fois. Le bruit âssour-
dissant, causé par la recontre de cette multitude de navires,
couvrait la voix d.es céleustes , qui, de parb et d'autre, redou-
blaient de cris et d'exhortations pour commander la manæuvre
ou ranimer I'ardeur des matelots. Àux Athéniens, ils criaient
de forcer le passage; que c'était le moment ou jamais de com-
battre vaillamment pour revoir leurs foyers; aux Syracusains,
et à leurs alliés, qu'il était beau d'empêcher i'évasion de leurs
adversaires et d'augmenter par ce fait d.'armes la gloire de
leurs nations. Les généraux des tleux armées voyaient-ils un
vaisseau reculer sans nécessité, ils appelaieut nominativement
LIVRE YII. 4I3
le tridrarque et lui demandaient, les Athéniens, s'ii pensait que
cette terre hostile, vers laquelle il rétrogradait, fùt plus favo-
rable que la mer conquise par tant ile travaux; les Syracusains,
s'il fuyait des ennenris qu'il savait bien n'avoir d'autre but
que la fuite.
E LXX[. Pendant que sur mer on se disputait ainsi la victoire,
les deux armées de terre, placées sur le rivage, étaient en proie
faux plus cruelles perplexités. Pour les indigènes, il s'agissait
E de compléter leur triomphe ; pour les étrangers, d.'échapper à
un désastre. Les Àthéniens. dont toute Ia fortune était sur
leurs vaisseaux, éprouvaient de mortelles alarmes au sujet de
I'avenir. Les sinuosités du rivage présentaient aux spectateurs
le combat naval sous des aspecbs divers. Comme Ia scène était
très-rapprochée et ne pouvaib s'embrasser d'un coup d'æil,
ceux qui apercevaient sur quelque point les leurs victorieux,
reprenaient courage) invoquaient les dieux, et les suppliaient
de ne pas leur envierleur salut; ceux, au contraire, qui voyaient
le ilésavantage d'une partie de la flotte, éclataient en cris tle
désespoir; leur esprit était encore plus absorbé par ce spectacle
que celui cles combattants eux-mêmes. D'autres enfin, tournés
vers les endroits ou I'avantage était balancé et la lutte incer-
taine, passaient par les émotions les plus pénibles; dans leur
efïroi, Ies mouvements de leurs corps suivaient les oscillations
cle leurs pensées ; à chaque instant ils se croyaient ou sauvés
ou perdus.
Tant que la batailie demeura inilécise, ce ne.fut, dans toute
I'armde athénienne, que gdmissements, cris de victoire ou de
défaite, en un mot les diverses exclamations qu'arraehe à une
troupe ngmbreuse ia présence d'un grancl péril. Sur les vais-
seaux, I'anxiété n'était pas moinclre. Enlin, les Syracusains et
leurs alliés, après une lutte désespérée, mirent en fuite les
Athéniens, les poussèrent avec vigueur, et, s'exhortantà grands
cris, les poursuivirent vers le rivage. Tout ce qui restait de la
flotte athdnienne, tout ce qui n'avait pas été pris en mer, se
jeta confusément à la p1age, et chercha un abri vers le camp.
Dès lors I'armée de terre ne fut plus partagée entre des senti-
ments divers; ce fut une explosion unanime de douleur, de
lamentations et de sanglots. Les uns couraient au secours des
vaisseaur; d'autres à Ia iléfense ilu reste des retranchements:
d.'autres, enfin et c'était le plus granil nombrq ne son-
geaient déjà plus- qu'à leur salut personnel. Jamais- on ne vit
consternation plus géndrale et plus profoude. Ls situation des
414 GUERRE DU pÉroponÈse.

Athéniens était exactement semblable à celle ou ils avaient nis


les Lacddénoniens à Pylos. Pour ceux-ci, la perte de leurs
vaisseaux entraîna celle des soklats passés dans l'île; de même
alors les Âthéniens n'avaient plus aucun espoir de se sauver
par terre, à moins d'un événement impossible à prévoir.
LXXII. Après ce grand combat naval, oir une foule d'homnes
et cle vaisseaux avaient péri cle part et d'autre, les Syracusains
et leurs alliés victorieux recueillirent les débris et les morts,
rentrèrent dans la ville et ilressèrent un trophée. Les Atbéniens,
dans I'excès rle leurs maux, ne songeaient pas même à réclamer
leurs morts ou les debris cle Ieurs navires ; leur unique pensée
était d,e partir immédiatement, cette nuit même. Démosthène
alla trouver Nicias, et lui proposa d'équiper à nouveau ce qui
restait de Ia flotte, pour essayer de forcer le passage au lever
de I'aurore. II soutint qu'on avait encore plus de vaisseaux ea
état de tenir la mer que les ennemis; ce qui était vrai, puisqu'il
en restait aux Athéniens une $oixantaine, et moins de cinquante
aux Syracusains. Nicias donna les mains à ce projet I mais,
quand on pella de s'embarquer, Ies matelots, encore consternés
de leur tléfaite et désespérant de reprendre I'avantage, s'y re-
fusèrent obstinément. Dès lors il ne fut plus question que de

I
se retirer par terre.
LXXIII. Hermocratès de Syracuse pénétra ce dessein. Sen-
tant le danger qu'il y aurait à ce qu'une si grande armée allât
s'établir sur quelque point de Ia Sicile, d'ou eIIe voudrait peut-
être éterniser la guerre, il se rendit auprès des magistrats et
ieur représenta qu'on ne devait pas laisser les ennemis partir
penrlant Ia nuit, mais qu'il fallait à I'instant même sortir en
masse, Syracusains et alliés, pour couper les routes et s'assu-
rer des défiIés. Les généraux approuvèrent cette idée; mais ils
ne crurent pas qu'il ftt possible d'obtenir obéissance de gens
qui commençaient à gotter Ie repos après un terrible combat,
d'autant que ce jour se trouvait être une époque de fête et de
sacrifice à Hercule, et que la plupart des solclats, dans les
transports de la victoire, célébraient leur triomphe en buvant.
A leur avis, la dernière chose à leur persuader était cle prendre
les armes et de sortir eû ce moment.
Hermocratès, n'ayant pu les gagner à un projet qui leur
semblait inexécubable, imagina un stratagème poru parvenir à
ses fius. Dans la crainte que les ennemis ne profitassent de
I'obscurité pour franchir les plus mauvais pas, il envoya, sur
le soir, quelques afûdés avec des cavaliers vers le camp tles
LtvRE VrL 4l5
athénions. Ils's'approcnèrent à portée de la voix, eb, se donnant
pour des Syracuiains amis de Niciatn ils firent dire à ce général
âe nr pas rLrnuer cette nuit, vu que les routes étaient gard.ées,
mais d''attendre qu'ii fit jour pout se mettre en marche, après
s,être pai,siblement préparé. Là-dessus ils se- retirèrent. Leur
communication fut transmise aux généraux athéniens'
LXXIY. Ceux-ci, d'après cet avertissement, suspenclirent
pour cette nuit le départ, sans s0upçonner la ruse I etr comme
ôn n'était pas parti sur,le-champ, oD résolut cle laisser passer
encore le lËrrdemain, a{în de procurer aux soldats le temps de
{aire les préparatifs les plus urgents. ordre fut donné de se
tenir prêts à partir en n'emportant que les objets de première
nécesiité, Iei vivres strictement indispensables., et d'aban-
donner tout le reste. Dans I'intervalle, les syracusains et Gyiippe
prirent les tlevants aveo I'armée de terre, banicadèrent les
routes par ou it était à croire que les Athéniens se dirigeraient,
occupèrent tous les cours d'eàu, enfln se disposèrent de leur
mieux à recevoir les ennemis et à les repousser. En même
ternps, la flotte s'approchait du rivage et saisissait les vaisseaux
athéniens; quelques-uns avaient été brtlés par les Athéniens
eux-mêmes, âinsi qu'il avait été décidé; tous les autres, qui se
trouvaient épars sur la plage, furent remorqués à loisir et em-
menés sans opposibion vers Ia ville.
LXXY. Quind Nicias et Démosthène jugèrent les apprêts suf-
fisants, le départ de I'armée s'effectua; c'était Ie surlentlemain
du combat naval. La situation des Athéniens était afÏreuse.
Non-seulement ils avaient perd,u leurs vaisseaux et voyaien!
leurs belles espérances faire place aux plus noirs pressentiments
pour eux et pôur leur patrie, mais encore l'évacuation du camp
présentait tqptus douloureux spectacle à la vue et à I'esprit de
chacun. Les morts étaient sans sépulture; le soldat, qui voyait
un des siens étendu sans vie, était glacé de tristesse et d'effroi.
ceux qu'on abandonnait vivants, les blessés ei les malades, iu-
spiraient encore plus de compassion et de sympathie; leurs sup-
piications et leurs gémissements étaient à fendre le cæut. Ils
conjuraient qu'onleJemmenât, appelaient à grands cris tous ceux
qu'iis apercevaient de leurs compagnons ou de leurs proches,
si c.rmponnaient à leurs camarades de tente déjà en_ marche,
les suivâient aussi loin qu'ils pouvaient; puis, à bo_ut de forces,
ils s'arrètaient en proférant des obsécrations et iles sanglots;
en sorte que I'armée entière fondait en pleurs et avait la mor"
dans I'âme. EIle avait peiae à s'éloigner de cette terre eone-
lilô GUrRii.E DU Pt:LoPOnÈsn,

mie, oir elle avait souffert tles maux qu'elle ne pouvait assez
déplorer; mais ceux qu'on entrevoyait dans une vague per-
spective étaient plus cruels encore. Les soklats étaient mornes
et profondément humiliés. 0n eùt dit une ville prise d'assaut,
d'oir s'enfuit une population sans nombre; en effet, il n'y avait
pas moins de quarante mille hommes dans cette fouie chemi-
nant à la fois. Chacun s'était chargé du bagage le plus in(is-
pensable; les hoplites et même les cavaliers, contrairement à
l'usage, portaient leurs aliments sous leurs boucliers, soit
faute de serviteurs, soit défiance: en efIet, la désertion des es-
claves, commencée depuis lopgtemps, était clevenue générale.
Les provisions qu'on emportait n'étaient pas même suffisantes,
car il n'y avait plus d.e vivres dans le camp. Cette espèce cl'al-
légement qu'on éprouve à partager ses souffrances ayec beau-
coup de compagnons n'adoucissait aucunement la situation
prdsente, surtout lorsqu'on songeait à quel triste ddnoùment
venait aboutir tant d'ostentation etd'orgueil déployés au début.
En effet, jamais armée grecque ne subit un plus cruel mé-
compte : ils étaient venus pour asservir les autres, et ils s'en
allaient avec Ia craiute d'être eux-mêmes asservis; aux ycsux
et aux péans du départ, succédaient des cris du plus funeste
augure; partis sur des vaisseaux, ils s'en retournaient à pied,
et aux fonctions de marins s'étaient substituées celles d.'ho-
plites. Toutefois ces maux leur paraissaient encore supportables,
en comparaison des périls qui les menaçaient.
LXXYI. Nicias, voyant la démoralisation de son armée, par-
comut les rangs, a{in de relever de son mieux le courage des
soklats par ses exhortations. L'ardeur qui I'animait, le désir
de se faire entendre aussi loin que possible, donnaient à sa'
voix un timbre et une intensité extraorrlinaires.
LXXVI. <t Même dans l'état où nous sommes, Athéniens et
alliés, il faut conserver de I'espoir; on se tire de plus mauvais
pas., Ne vous reprochez point outre mesure des maux et des
désastres que vous n'avez, pas mérités. Moi qui suis plus faible
qu'un autre voyez oir mta réduit la malaclie, qui
ne le céclais-vous - moi
à personne dans ma vie privde et pubiique, je me
vois exposé au même danger que Ie dernier des soldats. Et
pourtant je me suis toujours montré, envers les dieux, fidèle
observateur des pratiques établies; envers les hommes, con-
stamment juste et sans reproche. Aussi n'ai-je pas perclu toute
espérance en I'avenir; les malheurs m'elfrayent moins qu'on ne
peut croire; bientôt, peut-être, ils nous laisseront du répit. Le
LIVRE VII. bT?

bonheur cle nos ennemis a dépassé toute limite. Si notre'expé-


dition a été vue par quelque clieu cl'un æil jaloux, c'est une
faute que nous avons assez chèrement expiée. Nous ne sommes
pas les premiers qui se soient permis des actes hostiles I d'au-
tres I'ont fait avant nous ; mais, après avoir agi en hommes,
ils n'ont rien soul[ert que I'homme ne ptt supporter. Nous
aussi, nous pouvons espérer de fléchir Ie courroux des rlieur,
car notre sort actuel est plus digne de pitié que d,'envie.
c Que vos regarils se tournent sur vous-mêmes, et que I'as-
pect d'une telle masse d'hoplites, marchant en belle ordon-
nance, ranime vos esprits abattus. En quelque endroit qu'il
vous plaise de vous fi.xer, à I'instant vous formerez une cité
inexpugnable, à qui nulle ville sicilienne ne pourra aisément
résister. Yeillez vous-mêmes à ce que votre retraite s'opère
avec ordre et vigilance; que chacun de vous se dise bien que
le.lieu ou il sera obligé d,e combattre sera pour iui, en cas de
succès, une patrie, un boulevard assuré. Nous irons nuit et
jour, à marches forcées, car nos approvisionnements sont res-
treints; mais si uue {ois nous atteignons quelque piace cles
Sioules, sur I'amitié d,esquels nous pouvons compter à cause
cle la crainte qu'ils ontde Syracuse, dès lors vous pourrez vous
croire en sùreté. Je leur ai fait dire de venir à notre rencontre
et de nous apporter cles vivres.
s En un mot, soldats, songez-y bien : c'est pour vous une
nécessité que lavaillance, car il n'y a dans le voisinage aucune
place oir la timidité puisse trouver un abri. Si vous échappez
maintenant aux ennemis, vous obtiendrez chacun de revoir les
objets de vos vcÊux; et vouso en particulier, Athéniens, vous
relèverez Ia grandeur, momentanément abattue, de votre pa-
trie; car ce sont'les hommes qui font les villes, et non les murs
ou Ies vaisseaux dénués ile défenseurs. p
LXXYIII. En prononçant cette harangue, Nicias parcourait
les rangs cle son armée. S'il voyait des sold.ats marcher à la
clébandade, il les ralliait et les reformait. Ddmosthène tenait
aux siens à peu près le même langage. L'armée marchait en
carrét,Ie corps de Nicias en avant, celui de Démosthène en ar-
rière; les valets et Ia foule sans armes étaient en dedans des
hoplites.
Arrivés au passage cle I'Anapos, ils y trouvèrent en bataille
une clivision de Syraousains et d'alliés; ils. Ia culbutèrent,
franchirent le fleuve et poussèrent en avant. Les Syracusains
les harceiaient sur Ies flancs avec leur cavalerie et leurs gens
4r8 crrERRE nu pÉr,oponÈsn.

de lrait. Ce jour-là, les Àthéuiens firent environ quarante


stades, et allèrent bivaquer sur une éminence.
Le lenrlemain, ils partirent de très-bonne heure, firent envi-
xon vingl stades, et descendirent dans une plaine orl ils cam-
pèrent. ce lieu etant habité, ils voulaient s'y procurer des-
vivres et faire provision tl'eau; car la route qu'ils devaient
parcourir en était dépourvue à une grande rlistance. penclant (

cetemps, les Syracusains prirent les devants, et retranchèrent


le passage qu'il fallait traverser. C'était une colline élevde,
bordée de part et d'autre par un ravin escarpé; elle s'appelaii
Acréon-Lépas.
.lesL9 lour suivant,ayeo
les Athéniens continuèrent à avancer; mais
$yracusains, une nuée cle cavaliers et ile gens de trait,
entravaient leur marche en les couyrant de javelots et en vol-
tigeant sur leurs flancs. Les Athéniens, après avoir Iongtemps
combattu, regagnèrent leur campement d.e la veille. Le manque
tle vivres commençait à se tlaire sentir, la cavarerie enneùie
te permettant plus à personne de s'écarter.
LXXE. De grand matin ils levèrent le camp, se remirent.en
route, et tâchèrent de gagner la colline fortifiée. Ils trouvèrent
rlerant eux, au-dessus des rètranchements, I'infanterie syracu-
saine, massée sur ce terrain étroit. Les Athéniens abordèrent
la position et tentèrent de I'enlever d'assaut; mais, exposés à
des-.coups plongeants, ils ne purent forcer ie pa*rag.; ils se
replièrent et prireut du repos. En ce nroment il suivint des
tonnerres mêlés de pluie, phénomène ordinaire aux approches
do l'arrière-saison. L'abattement des Athéniens en fut accru ;
ils s'imaginèrent que tout conspirait pour leur perte. pendant
gg'ils se reposaient, Gylippe et les Syiacusains ènvoyèrent un
détachement élever un second. mur dôrrière eux, su. ie chemin
qu'ils avaient parcouru; mais les Athdniens I'empêchèrent.
Après cela, toute I'armée se rabattit vers la pliine, et y
, bivaqua.
Le lendemain, elle continua sa marche, malgré les attaques
incessantes cles Syracusains. Si les Athéniens s'avançaient
' ertx, ils reculaient; s'ils cérlaient le terrain, les ennemis
-contre
les pressaient en assaillant les derniers ran€Ts, afin de répandre,
par ces engagements partiels, I'dpouvante dans toute la troupe.
Les Athéniens résistèrent quelque temps à ce genre il'attaque;
ils firent ainsi cinq ou six stades, après quoi ils se reposèieni,
dans la plaine. Les Syracusains s'éloignèrent et regagnèrent
leur camp.
LIYRE YII. 4I9
LXXX. Nicias et Démosthène, voyant le fâcheux état de
I'armée, le manque absolu de subdistances et le grand nombre
de bles#sn prirent le parti d'allumer pendant la nuit autant'cle
foux que possible, et cl'exécuter leur retraite, non plus dans la
rlirection projetée, mais en sens contraire aux positions gardées
par les Syracusains, c'est-à-dire vers la mer I. Cette clernière
route ne conrluisait plus I'armée à Catane, mais dans la partie
opposée de la Sicile, yers Camarine, Géla et les autres villes,
grecques ou barbares, de ces parages. Ils allumèrent donc une
multitucle de feux, et partirent de nuit; mais ils tgmbèrent
clans la confusion, résultat ordinaire des terreurs paniques aux-
quelles sont sujets tous les grantls corps d'armée dans les mar-
ches nocturnes, exéeutées à travers un pays hostile et à proxi-
mité ile I'ennemi. La clivision de Nicias, qui était la première,
conserya ses rangs et prit beaucoup d.'avanpe; mais celle de
Démosthène, qui formait plus de la moitié de I'armde, se rompit
et chemina en désordre. Cepenilant, à la pointe du jour, ils
arrivèrent au boril de la mer; ils prirent Ja route tl'Hélore s et
gagnèrent du terrain.-Leur intention était, une fois au bord du
Cacyparis, d'en remonter le cours. Ils espéraient rencontrer
ainsi les Sicules qu'ils avaient mandés. Parvenus à ce cou-
rantd'eau, ils trouïèrent un détachement syracusain, occupé
à retrancher et à palissader le passage. L'ennemi culbuté,
'ils passèrent outre, en se dirigeint vers une autre rivière
nommée Érinéos. C'était,l'itinéraire que leur traçaient leurs
tïïht.
Dès qu'il fit jour et que les Syracusains et leurs
alliés se furent aperçus de la tlisparition des Athéniens, ils ac-
cusèrent pour la plupart Gytippe de les avoir volontairenrent
laissé échapper. lls n'eu,rent pas tle peine à reconnattre la route
quiils ayaient prise, et se mirent en toute hâte à leur poursuito;
ils les rejoignirent avant I'heure d.u dîner. Le corps de Démo-
sthène, formant I'arrière-garde, avait marché lentement et sans
ordre, par suite clu trouble tle Ia nuit; ils I'attaquèrent sur-le-
champ, et l'action s'engagea. La cavalerie syracusaine eut
bientôt enveloppé et resserré sur un même point ce corps isolé.
La division de Nicias avait cinquante stades d'avance. Nicias
hâtait le pas, sentânt qu'il s'agissait, si I'on voulait être sauvé,
de gagner de rapiilité, sans s'amêter à combattre, à rnoins d'y
être forcé. Démosthène était plus exposé et cl'une manière plus
continue; comme iI formait I'arrière-garde, il était le premier
assailli. Se voyant serré de près par les Syracusains, iI songea
420, cUERRE Du pÉloponÈsn.

moins à faire du chemin qu'à se rarlger en bataille,


'qutenfin iusqu'â ce
sa lenteur permlt aux ennemis de le cerner co*pléte-
ment et de jeter ses solclats dans une affreuse confusion. Con-l
finés sur un terrain tout entouré de clôtures, bordd de part et
d'autre par une route et couvert d'oliviers, ils se trouvèrent èrr
butte à une grêle cle traits. Les Syracusains préféraieut, comme
tle raison, ce genre d'attaque à une lutte de pieil ferme, car ils
n'avaient aucun intérêt à se risquer contre des gens au ctéseà-
poir. Désormais assurés de Ia victoire, ils voulaient s'épargner
des sacrifices inutiles, et jugeaient cette manæuyre suffisaute
pour faire tomber leurs ennemis en leur pouvoir.
IXXXII. Quantl ils eurentainsi, toutela journée, criblé cle traits
les Athéniens et leurs alliés, et qu'ils les virent accablés de bles-
sures et de souffrances cle toute espèce, Gylippe, Ies Syracusains
et leurs alliés firent une proclamation pour inviter les insulaires
à passer à eux sous promesse cle laliberté. Les soldats de quelques
villes y consentirent, mais en petit nombrc. Ensuite toutris les
troupes de Démosthène mirent bas les armesi à condition qu'on
ne ferait pdrir personne ni de mort violente, ni dans les fers,
ni par la privation du strict nécessaire. Ils se rendirent tous,
au nombre de six mille. Tout I'argent qu'ils avaient, ils le dépo-
sèrent dans cles boucliers renversés; ils en remplirent quatre.
0n les cond,uisit immédiatement à Ia ville
LXXUII. Quant à Nicias et à ses compagnons, ils arrivèrent
la mêmejour au fleuve Érinéos, et allèrent camper sur une
hauteur. Les Syracusains les atteignirent le lendemain, leur
clirent que la troupe de Démosthène s'étaitrendue, et Jes enga-
gèrent à en faire autant. Nicias, qui ne pouvait les croire, con-
vint d'envoyer un cavalier pour s'assurer du fait. Quand cet
émissaire, de retour, eut confirmé le fait, Nicias fit déclarer par
un héraut à Gylippe et aux Syracusains qu'il était prêt à traiter
avec eux, au nom des Athéniens, pour Ie remboursemer.rt des
frais cle la guerre, à conclition que son armée aurait le loisir
ile se retirer. Pour garantie du payement, il offrait ile livre.r
des otages athéniens, à raison d'un homme par talent. Les
Syracusains et Gylippe s'y refusèrent. Ils assaillirent les Athé-
niens, ies enveloppèrent entièrement, et les aqtablèrent cle traits
j-usqu'au soir. Les Athéniens étaient exténutis par le manque
de vivres et de toutes les choses nécessaires ; néanmoins, iis
profitèrent du calme de la nuit pour prendre les armes et se
mettre en devoir de partir. Les Syracusains s'en aperçurent et
€utonuèrent le péan. Se voyant découverts, Ies Athéniens renon-
LIVRE VII. 421
cèrent à leur tentative,.exceptC trois cents homrnes, qui for-
cèrent les garcles et s'en ailèrent ori ils purent pendaut la
nuit.
TXXXI\r. A l'aube du jour,Nicias rernitl'arméeen rnarche. Les
Syracusains et leurs alliés ne cessèrent de les harceler en tirant
sur euxde toutes parts et en les criblaut de javelots. Les Athé-
niens se hâtaient cle gagner le fleuve Assinaros; ils espéraient,
une fois au tlelà, être moins exposés aux attaques des cavaliers et
des tyoupes légères, comme aussi échapper aux tourments de la
faim etde la.soif. Arrivés sur le bord dece fleuve, ils s'y pré-
cipitèrent pêl'e-mêle, chacun voulant traverser le premier.-Les
ennemis, qui les poursuivaient d,e près, ajoutèrent bientôt à la
diificulté du passage. Les Athéniens, forcés de marcher en co-
lonne senée, se jetaient les uns sur les autres et se foulaient
aux pieils. Enchevêtrés au milieu des lances et des bagages, les
uns succombaient sur-le-champ, les autres étaient entrainés
par les flots. Les Syracusains, postés sur I'escarpement de la
rive opposée, dirigeaient des coups plongeants surles Athéniens,
occupés pQur la plupart à étancher leur soif et entessés confu-
sément dans le lit encaissé cle la rivière. A la lin, les Pélopo-
nésiene y descendirent, et massacrèrent tout ce qui s'y trou-
vait. Bientôt I'eau fut troubiée ; cependant on la buvait encore,
toute bourbeuse et ensanglantde qu'elle était; on se la disputait
même les armes à la main.
IXXXV. Déjà les cadavres étaient amoncelés dans la rivière I
déjà I'armée était anéantie, une partie ayant péri sur les rives,
une autre dans la fuite sous les coups des cavaliers, lorsque enfin
Nicias se renrlit à Gylippe, auquel iI se confiait plui gu,aux
Syracusains. II livra sa personne à la discrétion de ce gdnéral
et des Lacéclémoniens, Ies priant seulement de mettre fin au
carnage. Dès lors Gylippe ordonna de faire des prisonniers. Ce
qui restait, déduction faite d'un bon nombre distrait par les
Syracusains, fut emmené vivant. On envoya aussi à la pour-
suite de la colonne fugitive et on I'arrêta. Cependant ce qu'on
recueillit de captifs pour le compte cle l'Êtat fut peu de chose;
la plupart furent détournés par les particuliers. Toute la Sicile
en fut remplie, attenclu qu'ils n'avaient pas été pris par capitu-
Iation comme ceux de Démosthène. Le nombre des morts fut
aussi très-grand, car le massacre fut immense et surpassa tout
ce qui s'était vu dans le couis de cette guerre; enlin I'armée
avait soulfert d'énormes pertes dans ies fréquents engagements
soutenus pendantla retraite. Plusieurs parvinrent à s'échapper,
TnucyptpE. 24
t$z G'ERRT Du PritoPol{ùsr,

plu, tard, et aptès avoir zubi


I'esclavage'
soit à l,instant, uoit
ôataqe leur servit de refuge'
'|

re-
LXXXVI. t es syracusains et leurs alliés. se réunirent,
torir"Ot""i à la vilie avec leurs prisonniers et lgur butin'- Tous -

,."* à.r eihéoiunr et des alliés qu'ils 'avaient pris, ifs-Ies


t, de détention.qu'ils re-
descendirent dans les Latornies lieu
;il;il; ,orn*u le plus. str' Pour ce-qui est de Nicias et ile
Gylippe'
Démosthène, ils les égorgèrent, malgré lbpposition.dg
oui ett voulu .ooroinei glorieusement ses exploits en ame-
;;;;;;" iu.Od.*ooiens l-es chefs de I'armée ennemie. Llun '

;;;, Dé*osthène, ;;était attiré leur haine à cause des évdne-


.ï'â" pylos; I'autre leur amitié pour le
ments de Sphactdrlu
que les Athé-
même motif : car c'était à I'initigation de Nicias
et les prisonniers de l'1le;
;ir;, avaient fait la paix. relâché
et de là
aussi ies Lacédémonilns lui étaieut-ils affectionnés,
vintlaconfianceaveclaqueileilserentlitàGy}ippe.Maisles
àV*u."r"i"r, sacbant qo, i{i.iu" avait eu ilts intelligenoes clan-
clestines avec quelqoâr'ont d'entre eux, craiglireut' d'it'on"
que,mis lta quesiifnpoot ce sujet,.il né troubiâtpour eux la
qu'à
jï;'t; la vicioire; diautres, et iurtout les Corinthiens,
i'uidu de ses richesses ii ne réussît à s'évader et à leur susciter
â, nooouuox embarras; ils persuadèrent donc à leursdealliés ile
la mort
1, f"ir; périr. Telles ou'à peu près furent les causes
âu-fli.iit, celui cles Grecs deïos jours qui, par ia riunion de
ses vertus, méritait le moins cet excès d'infortune
LXXXVII. Quant à ceux qui furent enfermés dans les Lato-
mies, Ies Syràcusains les tiaitèrent dans les premiers temps
ayec une extrème rigueur' Parqués dans une enceinte creuse
-resr.rrée,
àt ils fuient d'abord exposés sans abri h I'ardeur
sufiocante du soleil; puis survinre{lt les fraîches nuits
d'au-
pour
tomne, et cette. transition détermina des malad.ies. N'ayant
étroit, et les tle ceux- qui'
tt *oitooir qu'un espace cadavres
quelque
succombai.nt à l"urs'bl.rrott*, aux intempéries ou.à
accident, gisant pêle-nêle, il en- résulta une infection-insup-
portablei {o'aggôuèrent encore les souflrances du froid et de
ia faim;'.âr, àùtant huit mois, on ne donna àt'chaque prison-
Enfin, de t'ous
;;ù;';"; totyle rl'eau et deux ootyles de blé pareiile' aucun
itt otàut qu'on peut endurer dans une capt'ivité
o* tto. tui epargné. Pentlant soixante-dix jqurs,'ils.vécurent
ainsi tous ensemble; ensuite, ceux qui n'étaient ni athéniens
ni de Sicile ou d'Italie furent vendus ''
--IiGrecs
est impossible de préciser le nombre total des prison-
LIVRE. VII. 423
nicrs ; tout ce qu'on peut dire, c'est qu'iI ne fut pas inférieur
à sept mille. Ce fut pour ies Grecs I'dvénement le plus saillant
de cette guerrer et, selon moi, de tous les temps dont nous
avons conservé le souvenir. Jamais fait d.'armes ne fut plus
glorieux pour les vainqueurs, ni plus lamentabie pour les
vaincus. Le désastre de ceux-ci fut aussi complet que possible:
armée, vaisseaux, tout fut perdu; et il'une si grande muititude
dthommes, bien peu revirent leurs foyers. Ainsi se termina
I'expédition de Sicile.
TIYRE YIII.
consternation d'Athènes à Ià nouvelle du désastre rle sicile, c4ap.
r.
- Dans I'hiver de la dix-neuvième année, effervescence'génorate
des Grecs pour prendre part-à la guerre, chap. n. _ nriùition
. d'Agis conrre les (Etéens, chap. ui.
Athéniens, chap. rv_. L'Eubée, Lcsbos,- niaparatifs de défe'nse des
Chios et Érythres mani_
-
festent I'intention de se révolter contre ies Athénienr, chap. v.-
Les Lacédémoniens se décident à secourir
_d'abord chibs, .drp.
* Yingtième annc,e d,e la guerre. Les Lacédémonieus enioient une."r.
flotle à chios; elle est bloquée par. les Àthéniens au port de piréos
en corinthie, ch. vrr-*r.
- Àlcibiaàe est envoyé pu. fu* Lacédémo-
{e3s -en lonie, ch. xu.- Retour de ra frorte pétoponésienne de
Slcile à Corinthe, ch. xrn. Défection de Chios, d,Érythrss, ds
cla_zomènes, de Téos et de-Milet, ch. xrv-xvrr. traité
d'alliance des Lacédémoniens avec rc roi de perse, -premier
ch. ivru.
opérationr des athéniens contre chios, ch. xrx-xx. -- Insurrection -
démocratique à samos, ch. xxr. Inutile tentative tles péloponé-
-
siens sur Lesbos; les Athéniens soumettent clazomènes, ch.'xxrr-
xxrrr. Guerre âutour de Milet, ch. xxrv_xxvu. _ Les péloponé_
-
siens aident rissapherne à prentlre Jasos et te reretie eâoiger,
ch. xxvur.
- Dans l'hiver, Tissapherne se rend. à Milet et eni.e en
né_gociation pour des subsides à fournir aux péIoponésieor,
.h.'**r*.
partie de Ia tlotte athénienne passe de samos à chios, ch.
-une Péloponésiens xxx.
-Les attaquent inutifement ptéléon et clazomènes,
ch. xxxr.- Lesbos négocie sa défection, ch. xxxrr. ïu nott*
athénienne partie de Samos pour- attaqu.i Clrios, est dispersée - par
la tempête, ch. xxxrrr-xxxrv. Les Fêroponésiens echouenrà-t'at-
taque de cnide; ch. xxxv. -seco.d traitè d'alliance
démoniens et Ie roi,de perse, - ch. xxxvr-xxxur. entre leJace-
lbordqnt_! chios, ch. xxxv'r. - Les péroponésie"rlnuoiÂî unu
- Les Athéniens
flotte.à Pharnabaze, ch. xxxrx. défait uo* urroare
athénienne près de tnide, ch. xl-xr.lr.- - Astioch'os
Les commissaires lacédé-
monie-ns désapprouvent lè traité conclu avec Tissapherne, .
ch.
Défectionde Rhodes, ch. xlrv.- Àtcibiade, susJrect nuipÀropone- ""rrr.
-siens,_ pasqe chez Tissapherne et I'engage à tenir la balance
égale
sntre deux partis,
.les _ch. xlv-tr.vr.-SeJ premières démarches pour
obtenir son rappel, ch. xly'. Conjuraiion ourdie t a;;; il;;
-
LIYRE VIII. 425
le rappel d'Alclbiade et Ie renversementde la démocratie à Àthènes.
ch. xr.vrrr-uv. Les Athéniens attaquent lthode et bloquentChios,
ch r.v. -
llémarche infructueuse de Pisandros auprès de Tissa-
pherne- et d'Atcibiade, ch. Lvr. Tissapherne conctut avec les
Péloponésiens un troisième traitê, - ch.r,vrr-ux.-Les Béotiens s,em-
parent d'Oropos, ch. r,x. Yingt-unième année de la guerre. Les
-
Chiotes livrent aux Àthéniens une bataille navale sans résultat pro-
noncé, ch. r,xl.- Défection d'Àbytlos et de Lampsague; les Àthé-
niens reprennent cette dernière, ch. r,xrr. et les con-
- Pisandros
jurés établissent I'oligarchie d'abord à Samos, puis ù Athènes.
Gouvernement des Quatre-Cents, ch.,r,xrrr-r,xxt.
nienne à Samos se déclare pour le maintien de - laL'armée athé-
démoeratie,
ch. txxu-Lxxvrr.
- Mécontentement
tyochos, ch. r.xxvnr-Lxxrx.
des Péloponésiens corrtre Às-
Les Péloponésiens envoient qua-,
- défection de
rante vaisseaux à Phalnabaze; $yzance, ch. Llxx.-
Alcibiade rappelé par l'armée athénienne revieht à Samos, où il est
élu général, ch. L)rxxr-Lxxxr.
- Émeute
à Milet contre Àstyochos; celui-ci
de I'armée péloponésienne
est remplacé par Mindaros,
ch. Lxxxrrr-Lxrxv. - Des députés des euatre-Cents arrivent à
Samos el essayent en vain de faire accepter ce gouvernement par
I'armée, ch. r-xxxvr. Tissapherne et Alcibiade se rendent à As-
-
pendos au-devant de la flotte phénicienne, ch. Lxxxvrr-Lxxxv[r.-
Opposition que rencontre à Athènes l'établissement de I'oligarchie,
ch. r,xxxrx-xcrrr.- Une flotte pêloponésienne fait r.évolter i'nulOej
ch. xclv:xcvr. Âthéniensdéposent les Quatre-Centset instjtuent
un gouvernement- Lescomposé de cinq mille citoyens. ch. xgxvrr-xcxvrrr.
- À I'invitation
- I'Ileilespont;
de Pharnabaze, les Péloponésiens passent dans
la flotte athénienne les suit, ch. xcrx-crrr,
navale de Cynosséma I les Àthéniens sont vainqueurs, ch. - Bataille
'- Les Athéniens reprennent Cyzique, ch. cvrr.- Retourcrv-cvr. d'Àlci-
biade et de Tissapherne; ce dernier se rentl dans l,Ilellespont,
ch. cvur-clx

I. Quapcl ces nouvelles furent arriyées à Athènes, on refusï


Iongtemps de croire à un désastre si complet, malgré les as-
sertions formelles des témoins les plus tlignes de foi, échappés
du milieu même de la clérqute. Il fallut bien cependant se
reûtlre à l'évid.ence. Alors le peup)e se déchaîna, d:une part
contre les orateurs qui avaient poussé à I'expédition , comme
si lui-même ne I'ett pas yotée I ile I'autre contre les colporteurs
d'oracles, les devins et tous ceux qui, dans le temps, avaient
par leurs prédictions éveillé I'espoir tle conquérir la Sicile.
0n n avait sous les yeux que des sujets de tristesse , d'elïroi,
de consternation. Les citoyens, chacun en particulier, avaient
fait d.es pertes cruelles. La ville avait à regretter cette foule
I
426 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

d'hoplires, cete cavaterie nettg jtunnw I qll'il ttailûtÏ8nu


,
impossible de remplacer, L'aspect des chantiers dégarnis, I'd-
puisernent ilu trésor, le manque d'dquipage pour la flotte, tout'
se réunissait pour faire désespérer du'salut. Au premier jour
on s'attendait à voir les ennemis de Sicile cingler contre le
Pirée après ia victoire éclatante qu'ils venaient de remporter ;
ceux de Grèce, dont les forces étaient cloublées, venir fondre
sur Athènes par terre et par mer; enfin les alliés soulevés
leur donner la main. Néanmoins il fut décidé qu'on résisterait
aveo les ressources disponibles; quton équiperait tant bieu
que mal une flotte, en rassemblant des bois et de I'argentl
qu'on surveilleraitles alliés et particulièremqnt I'Eubée; qu'on
introduirait dans I'administration la plus sdvère économie ;
enfin qu'on éliralt un conseil de vieillards pour donner leur
avis préalable sur toutes ies mesures à prendre t. Dans ce pre-
mier moment d.e terreur le peuple,, selon sa coutume , était
disposé à tout régulariser. Ces résolutions arrêtdes furent
mises à exécution sur-le-champ. L'été finit.
II. L'hiver suivant, le désastre des Athéniens en Sicile ex-
cita parmi les Grecs une fermentation générale. Ceux qui jus-
gu'alors étaient demeurés neutres ne croyaient pas pouvoir
s'abstenir plus longtemps de se mêler à la guerre, même sans
y être invités. Ils se d,isaient que, si les AthéDiens eussent
triomphé en Sicile, ils n'auraient pas manqué de les attaquer;
d'ailleurs il Ieur semblait que cette Suerre serait bientôt ûnie
et qu'il était honorable d'y prendre part. Les alliés de Lacédé-
monÊ retloublaient de zèIe, dans I'espoir d'être bientôt clélivrés
ile leurs longues souflrances. Mais rien n'égalait I'empressement
des sujets d'Athènes à se révolter; sans consulter leurs forces,
sans écouter d'autres voix que celle de la passion, ils soute-
'naient que les Athéniens seraient hors d'état de se maintenir
même l'été suivant. Chez les Lacédémoniens, Ia confiance était
surtout accrue par la certitucle que les alliés de Sicile, ne pou-
vant plus leur refuser le concours de leur marine, arriveraieut
en forces dès Ie printemps. Pour tous ces motifs, ils se prépa-
raient à pousser les hostilités à outrance, convaincus que la
guerre une fois terminée à leur avantage , ils n'auraient plus
à redouter les dangers dont les eussent menacés les Atbéniens
et les Siciliens réunis; et que, Athènes abattue , leur propre
domination sur toute la Grèce serait irrévocablement assurée.
III. En conséquence et sans attendre la fin de I'hiver, Ieur
roiegis partit de Décélie avec cles troupes, afin d'aller chez les
LIVRE VIII. 427

alliés lever des subsitles pour ltentretien de la flotte. Il se porta


d'abortl vers le golfe Maliaçlue, reprit aux QEtéens, anciens
r
ennemis de Lacéàémone , une granile partie de leur butin et
les frappa d'une co[tribution. Il contraignitensuite les achéens
phthiolès et les autres sujets des Thessaiiens dans ces con-
trées, malgré I'opposition et les plaintes de ccs derniers, à four-
nir d.es otages et de I'argent. Il déposa ces otages à Corinthe,
et ne négligea rien pour attirer ces peuples dans l'ailiance'
Les Lacéddmoniens ordonnèrent aux villes de leur ressort
de construire cent vaisseauxl eux-mêmes durent en fournir
vingt-cinq; les Béotiens un pareil nombre; Ies Phocée.ns et Ies
Lociiens quiuze I les Corinthiens quinze ; Ies Arcadiens, Ies
Pelléniens et les Sicyoniens dix ; les Mégariens , les Trézé-
niens, les Épidauriens et les Hermionéens dix. Enlin ils firent
toùtei leurs dispositions pour entrer en campagne d.ès Ie re-
tour du printemps.
IY. Lés Athéniens, comme ils I'avaient résolu, employèrent
I'hiver à construire une flotte; à cet ellet ils se procurèrent
des'matériaux. Ils fortifièrent aussi le cap sunion I'pour assu-
rer I'arrivage des subsistances. IIs Sbandonnèrent le fort qu'ils
ayaient élevé en Laconie lors de I'expétlition de sicile, et sup-
primèrent, dans des vues d'économie, toutes ies dépenses $u-
perflues; enfin iis reiloublèrent tle vigilance pour prévenir les
défections des alliés.
Y. Penclant .qu'on se préparait ainsi cle part et il'autre à la
gueue comme si elle n'ett fait que de commencer, Ies Eu-
Ëéeot les premiers députèrent, cet hiver même, auprès-d'Agis,
ilans I'intdntion de se tlétacher d'Athènes. Ce roi accueiilit leur
proposition, et fit venir d.e Lacédémone Alcaméuès fils de sthé-
oeÉiaur aveo Mélanthos, pour leur confier le commanclement
6e l,Eubée. Ceux-ci arrivêrint, amenant avec eux environ trois
cents Néodamodes; mais pendant qu'Agis disposait tout pour
Ieur trajet, survinrent dei Lesbiens qui oflraient aussi de faire
d.éfection. secondés par les Béotiens, ils décidèrent agis_à
ajourner ses projetsïur I'Eubée pour appuyer la révolte de
I
ii*Uo*. Agis leur donna pour harnioste Alcaménès, qui était
à la veille de s'embarquef pour I'Eubée; les Béotiens ieur pro-
mirent dix Vaisseaux et Agis le même nombre.Tous ces afia(I-
gements se prenaient san-s Ia participation cle I'État cle Lacé-
àé*ooe. psndant tout Ie temps qu'Agis était à Décélie avec
son armée, il était mattre d''envoyer âes troupes ori bon lui
senblait, comme aussi ale faire des levées d'hommes et cl'ar-
428 cUERRE DU PÉLoPoxÈsr,

gent. 0n peut dire qu'à cette époque les alliés lui obéissaient
mieux qu'aux Lacédémoniens de la viile; car les forces dont il
ilisposait le rendaient partout recloutable
Au moment où il se préparait à secourir Jes Lesbiens, les
habitants tle Chios et d'Érythres, également portés à la défec-
tion, s'adressèrent , non point â Agis, mais à Lacéctémone. En
même temps arriva un ambassadeur de la part de Tissapherne,
qui gouvernait au nom du roi Darius fils d.'Artaxerxès les pro-
vinces inférieurest. Tissapherne appelait les Péloponésiens, en
s'engageant à leur fournir tles vivres. Le roi venait de lui ré-
clamer les tributs de son gouvernement , que les Athéniens ne
lui avaient pas permis tle faire payer aux villes grecques. Il
espérait donc, en affaiblissant la puissance d'Athènes, faciliter
la rentrée des tributs. D'ailleurs il désirait attirer les Lacédé-
moniens dans i'alliance d,u roi, afin qu'ils I'aidassent à exécuter
I'ordre qu'il en avait reçu de prendre mort ou vif Amorgès,
bâtard de Pissouthnès, rdvolté en Carie. C'est ainsi que les
Chiotes et Tissapherne se trouvèrent agir de concert.
YI. Sur ces entrefaites , Calligitos fils de Laophon tte Mé-
gare, et Timagoras fils dtAthénagoras de Cyzique, tous deux
erilds de leur patrie et réfugiés auprès de pharnabaze ûls de
Pharnacès, arrivèrent à Lacédémone avec mission d'obtenir
pour ce satrape I'envoi d'une flotte tlans I'Hellespont. Il aspi-
rait, ainsi que Tissapherne, à détacher des Athéniens les viiles
de son gouvernement, pour faciliter la perception des tributs,
et à négocier une alliance entre Ie roi et les Lacédémoniens.
Tandis que les cleputés tle Pharnabaze et, ceux de Tissapherne
agissaient ainsi chacun de leur côté, il y eut une grancfu lutte
à Lacédémone, les uns voulant qu'on envoyât d'abord une flotte
et une armée en Ionie et à Chios, Ies autres dans I'Hellespont.
Cependant les Lacéclémoniens, à une grande majorité, accueil-
lirent de préférence les propositions de Chios et cle Tissa-
pherne I et cela devait être, car elies étaient appuyées par
Alcibiade que d'anciennes relations d'hospitalité uniisaient à
I'dphore Endios même à cause de ôes relations que sa
- c'est
famille avait adopté le nom lacéclémonien d'Alcibiaae, déjir
porté par le père d'Enclios'. Les Lacddémoniens envoyèreut
préalablement à Chios un périèque nommé phrynis, poui s'as-
surer s'il y avait effectivement dans cette ville autant de vais-
seaux qu'on prétentlait, et si le reste de ses ressources était
d'accord avec la renommée. sur le rapport favorable de cet
envoyé, les Lacédémoniens reçurent aussi[ôt dans leur alriance
LIVRE VIII. 429
les villes de Chios et tl'Erythres, et cldcrétèrent I'expédition de
quarante vaisseaux , nombre suffisant, puisque les Chiotes aË
Iirmaient n'en avoir pas moins de soixante. 0n devait d'abord
en faire partir clix avec le navarque Melancriclasl mais un
tremblement de terre étant survenu e, Mélancridas fut remplaod
par Chalcicléus, et le nombre des vaisseaux équipds enLaconie
réduit à cing. Là-dessus I'hiver finit , ainsi que la clix-neu-
vième année cle la guerre que Thucyclide a racontée.
YII. Dès le commencement de I'été suivant (o), les habitants
de Chios pressèrent I'envoi de la flotte; ils craignaient que
leurs démarches ne parvinssent à la connaissance des Athéniens,
à I'insu desquels toutes ces députations avaient lieu. Les Lacé-
démoniens envoyèrent en conséquence à Corinthe trois Spar-
tiates, avec ordre tle faire transporter au plus tôt par-rlessus
I'Isthme les bâtiments, de la mer ou ils se trouvaient dans celle
qui est du côté cl'Athènes t et de les diriger tous sur Chios,
ceux qu'Agis avaient destinés pour Lesbos' aussi bien que les
autres. Ces navires, appartenant aux alliés, étaient au nombre
de trente-neuf.
YIII. Calligitos et Timagoras , agents tle Pharnat,aze, ne
prirent aucdne part à I'expédition dl Chios. Ils ne donnèrent
point I'argent qu'ils avaient apporté pour I'équipement d.'une
flotte, et qui montait à vingt-cinq talents I mais ils songeaient
à faire plus tard une expédition pour leur propre compte.
Agis, voyant les Lacédémoniens décidés à se rendre tl'abortl à
Chios, se rangea lui-même à cet avis. Les alliés réunis à Co-
rinthe tinrent conseil et résolurent qu'on irait pre,mièrement à
Chios, sous les ordres de Chalcidéus qui équipait les cinq
vaisseaux en Laconie, {uê de là on passerait à Lesbos sous la
concluite d'Alcamdnès, déjà rlésigné par Âgis , et finalement
dans I'Hellespont, ou Cléarque fils de Ramphias I aurait le
commanclement. II fut convenu qu'on transporterait il'abortl
par-dessus I'Isthme Ia moitié cle la flot[e et qu'on I'expédierait
sans délai, afin que I'attention des Athéniens ftt partagde entre
,ce
premier convoi et celui qui devait suivre. Au surplus, si
Ïon prenait cette voie sans mystère , c'est qu'on méprisait la
faiblesse iles Athéniens, dont la rirarine ne se montràit nulle
part en force. Cette résolution arrêtée, on fit traverser immé-
diatement vingt-un vaisseaux.
IX. Les Corinthiens, malgré les instances de leurs alliés, ne
(a) Yingtièrne année de la guerre, ou 4ts avant J. C.
430 GuERRE nu PÈroPoNùss.

se pressèrent pas de partir avant d'avoir célébré les ieux Isth.


mi[ues, dont Ie temps était arrivét. Agis consentait volontiers
à cà qulils ne rompissent pas la trêve samée, et offrait ile
prendre l'expédition sous son nom ; mais les corinthiens re[u-
sèrent. Il en résulta d.es longueurs, qui permirent aux Athè-
niens d'ouvrir les yeux sur ce qui se tramait à Chios. Ils y
déléguèreni Aristo*atès, 1'un de leurs généraux , pour faire
enteiclre leurs plaintes ; et, romme les Chiotes opposaient des
ilénégations , ili les requirent, en ,vertu de I'alliance, de leur
envoler d.es vaisseaux pour gage de fidélité. Les Chiotes leur
en ctonnèrent sept. Ce qui les y ddtermina, ce fut que le peuple
de Chios ignorâit ces menées et que les oligarques, mieux
instruits, nà voulaient pas s'aliéner Ia multitude, aYant d'avoir
pris leuis stretés. D'àileurs ils n'attendaient plus l'arrivée
âes Péloponésiens, qui tardaient à. se montrer'
X. Sui ces entrefâites, eurent Iieu les jeur Isthmiques. Les
athéniens y assistèrent, car ils yavarent été invités. Ils eu-
rent donc ioute facilité pour éclaircir leurs doutes relative-
men[ à Chios ; aussi , dès leur retour, s'empressèrent-ils de
prenclre leurs mesures pour que la flotte ne pùt leur cacher
ion clépart de Cenchrées.
Les'eéloponésiens, ,après la fête, mirent ên mer pour Chios
avec vingt.Ln vaisseaui commandés par Alcaménès. Les Athé-
niens mârchèrent à eux ayec utr pareil nombre tle bâtiments
et cherchèrent cl'abord à les attirer en pleine mer; mais,
comme les Péloponésiens, loin de les suivre, rebroussèrent
chemin, les lthéniens se retirèrent également. Ils n'étaient pas
sans rléfiance à l'égard des sept vaisseaux de chios qu'ils
avaient avec eux. Pius tartl, ils équipèrent une nouvelle es-
cadre de trente-sept voiles, atteignirent la flotte enuemie qui
longeaib la côte et lui donnèrent Ia chasse jusqu'à Pireos, port
désért, appartenant aux Corinthiens et situé sur la lisière de
i,Épidauriè,. Les péloponésiens perdirent un vaisseausurpris
au large; mais ils rallièrent les autres et ietèrent l'ancre. Les
Âthénùns les attaquèrent par mer avec lerlrs vaisseaux et par
terre avec des trôupes de débarquement, les mirent dans le
plus grancl clésordre-, enrlommagèrent la plupart des bâtiments
àur le-rivage et tuèrent le commanclant Alcaméuès; eux-mêmes
perdirenb queiques hommes.
XI. Lorjqu'on se fut séparé, les Athéniens laissèrent un
nombre suffisant de vaisseaux pour tenir les ennemis bloqués;
avec le reste, ils allèrent mouiller à la petite lle qui est située
LIVRE VIII, 431

à peu de distance et ou ils carnpèrent. De 1à ils envoyèrent à


Athènes demander du renfort; en effet , dès ie lendemain , les
Corinthiens, et bientôt après les autres peuples du voisinage,
accoururent au secours de la flotte; mais, voyant la difficulté
de la défendrc sur une plage ddserte , ils ne savaient à quoi
s'arrêter. Leur première idée fut de brùler leurs vaisseaux;
ensuite ils résolurent de les tirer à sec et de les garder avec
leur infanterie , jusqu'à ce qu'il s'offrit une occasion cle std-
chapper. lnformé d,e leur situation, Agis leur envoya le Spar-
tiate Thermou.
A Lacédémone on apprit d'aborcl que les vaisseaux avaient
quitté I'isthme ; en effet les éphores avaient enjoint à Alcaménès
d.eleur erpédier un cavalier à I'instant du départ. Aussitôt on
décida d'envoyer, sous la conduite de Chalcidéus accompagné
dâlcibiade , les cinq vaisseaux armés en Laconie ; mais, au
moment oir ils appareiilaient, on apprit la retraite de la flotte
à Piréos. Découragés par ce fâcheux début de la guerre cl'Io-
nie, les Lacddémoniens renoncèrent à faire partir leurs vais-
seaux, et songèrent même à rappeler les quelques bâtiments
qui étaient tlejà en mer.
XII. Témoin de ces fluctuations, Àtcibiad.e persuatla ile nou-
veau à Endios et aux autres éphores cle ne pas renoncer à
I'expédition. II leur dit qu'on avait le temps d'aniver avant
que la mésaventure de la flotte fùt connue à Chios I qu'une fois
en lonie, il n'aurait pas cle peine à déterminer les villes à Ia
révolte par le tableau qu'il leur ferait de la faibiesse d.'Athènes
et de I'ardeur des Lacéiémoniens; que sur ce point on le croi-
rait mieux que personne. A Endios en particulier il représen-
tait qu'il serait glorieux pour lui d'attacher son nom au soulè-
vement cle I'Ionie et à I'alliance du roi avec les Lacédémo-
niens; qu'il ne devait pas laisser cueillir cette palme à Agis,
avec lequel il était brouillé. Alcibiade, ayant réussi à le con-
vaincre lui et les autres éphoreÈ, partit avec les cinq vaisseaux
et le Lacéd.émonien Chalcidéus. Ils firent promptement la tra-
versée.
XIII. Yers Ia même époque, revinrent de Sicile les seize
vaisseaux péloponésiens qui avaient fait la campagne aYec
Gylippe. Arrivés dans les eaux de Leucade, ils furent joints et
maltraités par les vingt-sept vaisseaux athéniens qui, sous les
orclres ct'Hippoclès fils tle Ménippos, épiaient leur retour. Ce-
pentlant tous , à I'exception cl'un seul, dchappèrent aux Athé-
niens et aborclèrent à Corinthe.
[32 GUERRE DU pÉropoNÈsg.

xlv. chalciddus et alcibiade, apfès avoir intercepté sur leur


route, de peur d'êtresignalds, touiles bâtiments qo;il, rencon.
trl!e1!, touchère.nt d'abord à corycos sur re coïtinent. Irs y
relâchèrent les bâtiments arrêtés .t se mirent en rapport
avec
quelques chiotes_.qui trempaient rrans le complot.
ceix-ci reur
ayaut conseillé d,'aborder dans leur ville sans avis préalable,
ils se présentèrent inopinément devant chios, ei'rern'ptirent te
peuple de surprise et d'effroi; mlis les oligarqo.r uou'i.nt
pris
leurs mesures pour que le conseil se trouvât rassemblé. chat-
ciddus et Alcibiade annoncèrent I'arrivée d'une flotte nombreuse
et se garclèrent bren <le parler des vaisseaux bloqués piréos.
à
En conséquence, les chiotes d'aborcl et les ErytnieÀns ensuite
s'insurgèrent contre les Athéniens; après quoi"ils allèrent
avec
trois vaisseaux à clazomènes, qu'ils èntratnèrent dans leur d.é_
fection. Les clazoméniens passèrent aussitôt sur Ie continent
et se mirent à fortifier polichnar, afin de pouvoir siy retirer
au besoin, en abandonnant I'ilot qu'ils habitent. iooi te, in_
surgds travaillaient à se fortifler et se préparaient à la guerre.
xv. a Athènes on eut bientôt ra nouvelie de la défeciion de
chios. Dès lors les Athéniens jugèrent le péril rorri g.uoe que
manifeste, et 1e doutèrent pas que les autres alliés ne fussent
{i5losés aussi à se soulever-aprèi la révolte a'uou oitt* ,i consi_
dérable. Dans le premier mbment d'ellroi ils revlrent les
,
peines portées coutre quiconque ferait ou môttrait
aui voix la
proposition de toucher aux miile talents qu'ils tenaient
à gar_
der en réserve durant toute la guerrer. tt, décidèreni
d'en dis-
poser pour I'armement d'une flotte nombreuse. guliviirseaux
qui, sous le commandement de strombichidès firs de proti,'or,
avaient été ddtachés de I'escadre de pireos a ra po".siife
de la
flotte de chalcidéus et qui étaient reyenus sans iiavoir atteinte,
eurent ordre de se rendre immédiatement à chios. Ils fureni
bient.ôt suivis-par dgor: âutres, comma'dés par Thrasycrès
et
pareillement ddtachés de ra croisière. on rappela les
seit vais-
seaux chiotes qui p.articipaient au blocus âe piréos
il., .r-
claves qui les rnontaient furent affranchis, et les hommàr til.r,
.mis aur fers. En remplacement de tous lÉs vaisseaux Jistraits
du blocus, on se hâia d'en équiper d'autres et de les faire
partir. 0n songeait même à er aimer trente nouveaux. L'ar-
deur dtait extrême, et l'on ne prenait contre chios qoe aes
mesures énergiques.
xvl. sur ces entrefaites, Strombichidès arriva à samos avec
ses huit vaisseaux. Il s'adjoiguit un bâtiment samieD et se
LtvRE Vlr.r. 433

rendit à Téos, dont il engagea les habitants à demeurer tran-


quilles. Chalcidéus de son côté avait fait voile cle Chios pour
Téos avec vingt-trois vaisseaux, soutenus par I'armée de terre
des Clazoméniens et des Érythréens, qui suivait le rivage.
Strombichidès, averti à temps, leva I'ancre et gagna le large ;
1nais, à la vue cle la flotte nombreuse qui venait tle Chios , iI
s'enfuit vers Samos. Les ennemis le poursuivirent. Les Téiens
avaient d'abortl refusé de recevoir I'armée de 'terre; mais ,
lorsqu'ils virent les Athéniens en fuite , ils lui ouvrirent
leurs portes. L'armée de terre attentlit d'abord' sans faire au'
cun mouvement que Chalcidéus fùt revenu de sa poursuite ;
comme il tardait. Iès Téiens renversèrent le mur que les Athé-
niens avaient étevé du côté qui regarde Ie continent. Ils
furent aidés dans cette opdration parun certain nombre tle Bar-
bares qu'avait amenés Stagès, lieutenant de Tissapherne.
XYli. Chalcidéus et Alcibiade, après avoir poursuivi Strom-
bichidès jusqu'à Samos , armèrent les équipages cle la floite
péloponésienne et les laissèrent à Chios. Ils les remplacèrent
par âes matelots d.e cette 1Ie, équipèrent vingt-autres vaisseaux,
èt cinglèrent vers Milet pour I'insurger. Alcibiacle voulait pro-
flter d-e ses liaisons avec l.s principaux habitants de oette ville
pour la gagner avant I'arrivée cle la flotte péloponésienne' Il
âmbitionnait cet honneur pour Chios, pour lui-même ' pour
Chalcitléus, enfi.n pour Enclios qui I'avait envoyé et auquel il
avait promis de s|ulever le plus tle villes possible avec les
seuleJ forces tte Chios et de Chalcidéus. IIs frrent secrètement
la plus granile partie de leur traversée, devancèrent cle peu
la poursùite tle Strombichidès et de Thrasyolès , qui arrivait
d Âthènes avec un renfort de clouze vaisseaux, et ûrent révol-
ter Milet. Les athéniens les suivaient de près avec dix-neuf
voiles; mais n'ayant pas été reçuspar les Milésiens, ils allèrent
stationner dans une lle atljacente nommée Ladé.
XVIII. Aussitôt après le soulèvement tle Milet, la première
alliance des Lacédémoniens avec le roi fut conelue, par I'entre-
mise de Tissapherne et de Chalciddus, dans les termes sui-
Yants:
c Les Lacétlémoniens et leurs alliés font alliance aYec le roi
et Tissapherne aux conclitions inCiquées ci-après j
a Tout Ie pays et toutes les villes que possède Ie roi ou que
posséclaient ses ancêtres appartiendront au roi.
c En ce qui concerne lei revenus, soit en argent, soit cle
toute autre nature r ![ue les Athéniens retiraient tle ces villes,
Tnucvntoe. 25
â34 GUERRE DU PELOPONESE.

le roi, les Lacédémoniens et leurs alliés empêcheront les Athé-


niens de les percevoir.
< Le roi, les Lacédémoniens et leurs alliés uniront leurs
forces pour-soutenir la guerre contre les Athdniens, et ne fe-
ront la paix avec eux que d'un commun accord.
< Quiconque se révoltera contre le roi sera tenu pour en-
nemi cles Lacédémoniens et de leurs alliés. Pareillement, qui-
conque se rdvoltera contre les Lacédémoniens et leurs alliés
sera tenu pour ennemi du roi. D -

XIX. Telles furent les bases de cette alliance. Aussitôt après


sa conclusion, les Chiotes armèrent dix nouveaux bâtiments et
firent voile pour Anéa r, clans le double butde s'informer de ce
qui se passait à Milet et d'exciter les viiles à la révolte. Mais
Chalciiléus les ayant rappelés sous prétexte qu'Amorgèsr ap-
prochait par terre avec une armée, iis cinglèrent vers Dios-
Hiéront. Là ils aperçurent seize vaisseaux que Diomédon ame-
nait ù'Athènes, d'ori il était parti après Thrasyclès; à leur
aspect,ils prirent la fuite, I'un des bâtiments vers Éphèse,, les
autres vers Téos. Les Athéniens se saisirent de quatre vais-
seaux abanilonnés de leurs équipages; le reste gagna Téos.
Après cette rencontre, les Athéniens se retirèrent à Samos; les
Chiotes, avec Ie surplus de leur flotta et leur armée de terre,
allèrent insurger Lébédos et ensuite Éræ; après quoi, les trou-
pes et la flotte rentrèrent dans leurs foyers.
XX. Vers la nrême époque, les vingt vaisseaux péloponé-
siens qui, après avoir été poursuivis, colnme on I'a vut, étaient
bloqués à Piréos par un nombre égal de vaisseaux athdniens,
sortirent clu port à I'improvistel et, après un engagement dans
lequel ils eurent I'avantage, s'emparèrent de quatre bâtiments
athéniens. Ensuite ils firent voile pour Cenchrées, tl'ori ils sè
disposèrent de nouveau à gagner Chios et I'Ionie. 0n ieur en-
voya de Lacédémone, en qualité ile navarque, Astyochos, dès
Iors investi du commanilement général de la flotter.
Lorsque I'armée de terre fut revenue de Téos, Tissapherne
s'y rendit avec des troupes; iI acheva de démolir ce qui restait
du mur d'enceinte et s'en retourna ". Peu après son départ,
Diomédon survint à son tour avec dix vaisseaux athéniens,
et conclut avec les Téiens un accord en vertu duquel ceux-ci
clevaient Ie recevoir. De là il rangea la côte jusqu'à Eræ qu'il
attaqua, mais sans succès; après quoi il se retira.
XXL Ce fut aussi vers le même temps qu'eut lieu à Samos
I'insurrection du peuple contre I'aristocratie' Cç rnouvement fut
LIVRE YIII. 435
appuyé par les Athéniens, qui se trouvaient là avec trois vais-
seaux. Le peuple samien fit périr deux cents de ses ailversaires.
en bannit quatre cents, et se partagea leurs terres et leuri
maisons. Les Athéniens, regardant désormais les $arniens
goTmg dignes de confiance, leur octroyèrent le droit de légis-
lation r. Depuis ce moment, les samiens furent maitres chez
eux; ils ne laissèrent aucun droit aux propriétaires fonoiers, et
allèrent même jusqu'à i'terdire au peuple la facurté de s'unir à
eux par des mariages.
XXII. Le même été, à la suite de ces événements, les
chiotes, toujours pleins du même zèle, continuèrent à se pré-
senter en force, sans le concours des Lacédémoniens, devant
les villes et à les insurger, afïn d'en associer le plus grand.
nombre possible à leurs propres périls. C'est ainsi-que ieuls,
avec treize vaisseaux, iis se rendirent à Lesbos, qui avait été
désignée par les Lacédémoaiens comme le secoÀd. but à at-
teindre, avant de passer dans I'Hellespont. En même temps, les
troupes de terre des Péloponésiens présents et res alriés de
la contrée se dirigèrent parallèlemenl sur clazomènes et sur
Cymé. Leur chef était Ie Spartiate Évalas; celui de la flotte, le
périè-que Diniadas. La flotte aborrla premièrement à Métbymne,
qu'elle fit révoiter et ou elle laissa quatre vaisseaux; Ies âutres
alièrent insurger Mytilène.
-
XXUI. Astyochos , navarque lacdcldmonien, partit de Cen-
chrées avec quatre vaisseaux et se rendit à chios, seron sa des-
tination. Le surlendemain de son arrivée, les vingt-cinq vais-
seaux athéniens commandés parLéon etparDiomédon cinglèrent
vers T,esbos. Léon, parti d'Athènes après son collègue, lui avait
amené un renfort de dix vaisseaux. Àstyochos se mit en mer Ie
T9** jour, sur le soir; et, après s'être adjoint un vnisseau
chiote, il fit voiie pour Lesbos, afin d'y porter secours' s'il était
encore temps. Il atteignit Pyrrha et ie lendemain Érésos. Là, il
fut informé que Mytitène avait été prise d'emblée par les Athd-
niens. Leur flotte s'y était présentée à I'improvisfe, avait pé-
ndtré dans le port et s'était emparée des vaisseaux cÉiotes ,
1^ils
avaient ensuite debarqué, defait les opposants, et o.copé lu
ville. Astyochos apprit ces nouyelles des Érésiens et des vais-
seaux chiotes venus avec Eubouios de I\fdthyrnne, ou ils avaient
été laissds comme on I'a yu, et qui, aussilôt après la prise de
Mytilène, avaient gagné le large. IIs n,étaient plus que irois, le
quatrième
lyant été capturé par les Athéniens. Asiyochos re-
nonça dès lors à reprendre Myrilène; mais iI insurgea Érésos,
/r30 GuERRE ou PÉroPonùsn.

hoplites yuo'
arma les habitants er envoya par terre les lgllt
seaux à Antissa et à Métbymne sous Ia conduite
d'Eteonlcos.
i"t;À;. s'y rendit par mer avec,ses vaisseaux et les trois d'e
6friæ, arnsi'espéranie que les Méthymniens,-en le,voyant'
rrptettàtuient côurage et' persisteraient dans leur ddfection;
mais. ,'e rencontrutià Lesbos que des obstacles, il rembarqua
qui
,r|-*r'ar et reprit la route de Chios. I,'arméeded,elaterre,
flotte et
uuritâ,.fse renclie dans I'Hellespont, se sépara
--i;?;;"tlu,
regagna ses foYers-
*i* d'es vaisseaux fournis par les {lie.s du Pélo-
dil;;;;ivôrent de Cenchrées à Chios. Les Athéniens, après
ivoir rétabli.à Lesbos I'ancien ordre de choses, reprirent la
*.r, *'rtnparèrent de Polichna que les clazoméniens fortifiaient
sur le conti'ent, et ramenèruni ces derniers à la ville située
aun.-i'itr, exceptâ toutefois les auteurs de la défection. Ceux-ci
se rétugièrent à Daphnonte, et clazomènes rentra sous ladomi-
nation des Athéniens.
xxlY. Le même été, les athéniens qui bloquaient Milet avec
vingt vaisseaux stationnant â Ladé, fiient une clescente à Pa-
ootîoot dans les campagnes de Milet, et tuèrent le général
lu.eae*ooien Chalcidéïsl venu à leur rencontre avec une poi-
noer a* monde. Le surlentlemain, ils revinrent élever un tro-
ifrJr, mais les Milésiens le renvcrsèrent, sous prétexte que les
àon.*i* n'étaient pas restés maîtres du champ de_bataille.
Léon et Diomédôn, avec la flotte athéuiennede Lesbos, com-
mencèrent alors des courses contre les chiOtes, en prenant
pour point de départ les lles OEnusses Yis-à-vis de chios, si-
âorru rt ptétéo*, .bât*oo* forts qu'ils occupaient sur le teni-
ioire d,Érythres, et finalement Lelbos. lls avaient comme sol- r.
dats de mirine des hoplites mis en réquisition il'après_le rôle
Ils allèrent descendre à cartlamyla, battirent à Bolissos les
chiotes qui essayèrent de leur résister, en tuèrent uu grand
nombre Ët dévasierent la campagne. lls remportèrent une se-
conde victoire à Phanae et un tioisième à Leuconion. Depuis
cà moment, les Chiotes ne firent plrrs de sortie, tandis que les
Athéniens pitterent cette contrée abondammeut pourvue, et qui
n'avait aucunement souffert depuis les guerres médiquese. A part
les Lacédémoniens, les habitints de Chios sont, à ma connais-
sance, le seul l,euple qui ait su ailier la sagesse a-vec-la
prospe-
,ité. pto* teur vitte prùait d'accroissement, plus ils cherchaient
ly fui*u régner lelon ordre. S'ils paraissent avoir compromis
tôr sùreté par leur défection, il est juste de clire qu'ils te s'y
I,IVRE VIII. 437
portèrent qu'après s'être ménagé l'appui
d'auxiliaires puissants
et n ombreux, et,lorsqu e res atù'éniens eux-mêmes,
sous le coup
de leurddsastre de sicile, ne fTrent prus
mystère de Ieur situation
ddsespdrée. Ils tombèreni, il esi viai, danï
u" au,i, *écomptes
si fréquents dans.la vie; mais Ia même erreur
fut partagée par
bien d'autres. sui.crurent égaremunt a r" pr..rrri",iâ.rtruction
de ia puissanôe athdnienne]
Lorsqu'ils se bloqués par me_r et pillés par tene,
-yrrrent
quelques-uns d'entre .nt"uprirent de soumettre rerrr ville
"u*
aux athéniens. Les magistrats, informds ae ce prol.1iie firent
eux-mêmes aucun mouyement; mais
irs mandèir'rt ti'r,;rytrrrrï
pyu.rque Astyochos,
l:et tâchêrent ,'y irououft avec ;;r;;; iuir**ur*,
_qui
de calmer l agitation, soit. prenant des otages,
toiliS-{flque alrre_raçoi. ruiie etoirenru'poritioo
XXY. Sur la J, cnior.
-d.Lthèrr.r,
{in du mêpe étd, miile hàptites
guinze cents d'Arg's, sur turquJs'cinq
pes légères avaient.é.té armés
centsï"t"*;;e trou-
pïr lus athéniens, et mitre hoprites
tes alliés, partiràni ï;eu,eou, ;.
l.r"y::^':
yarsseaux, t*y compris fi;;;;te_buir
les transports. Les chefsdtaieni en"jnichos,
onomaclès et Sôironidès. rri io"rno.ent
à samos et passèrenr
ensuitr': àMilet, oir.ils campùrent.
Les'Mirésiens 1ïrent
au nombre de huit cents 'hoprites., "";;;;i;
soutenus par )es péloponi-
siens de chalcidéus_, par res atixiliai'res
étrangeis a* il*rupnurou,
et pa.r Tissapherne rui-même à ra têre
rent bataille aux athéniens etateursailids.
aà -rirïJ*i..Jii riu.o_
tes î"gir"r,'aIuil,
où ils étaient, se portèrent.o uuuotut marchèreni'endlsordre,
méprisant les Ioniens et persuadés
qu'ils ne res attendraient
pas; mais ils furent vaincus par
les rtiilé.i.n, -t;.;il;t près
de trois cents hommes. Les aînEniro,
au contraire défirent d,a-
bordles Péloponésiens, puis rer ilà'r"ir**,
e[ finaleme't le reste
troupe. cepenaâni';";""1;;;nirâ.nt pas rer-naiiàsiens,
*_l:
parce que ceux-ci, lorsqu'il.
res hrgien*.n-ruit, .t
qu'ils virent ta déroute a--gr*-âl
"ore.rt-mis
reur, armée, se retirèrent
tlars la' ville' Les athdniens i'rri*"t,
comme vainqueurs, cam-
per s'us les murs dc Milet. Dans
ceite journée, te'trarurà vou-
Iut que, de part et d.'autre,rÀî."i."I remportaisent l,avantage
sur les Doriens; en effet res ethéniens vainquirent
res péropo-
nésiens gu'ils avaient.en tête,
troJir-["u ]es"Milésien, varoqui-
rent.les Argiens. Ap-qès auoi" arc*rJ
se mirent en devoir d'investir
in trophée, les Athéniens
ru fî"ru, qui est situde dans une
presqu'îIe. Ils pensaient
que, s'iîs polvâient réduire Milet, le
reste se soumettrait sans ôifficulté. '
438 GUERRE DU PÉIOPONÈ$E.

XXVI. Mais, sur le soir, ils reçurent la noulelle- que les vais-
seaux {u Péloponèse et de la Sicile, au nombre de cinquante-
cinq, allaient iarattre. Les Siciliens, pressés par le S-yracusain
Herinocratèsde porter le tlernier coup à la puissance d,'Athènes,
avaient envoyé ïingt vaisseaur tle Syracuse et tleur de Séli-
nonte. Ceux [u'on armait dans Ie Péloponèsese trouvanJ prê.ts,
les deux es.aôrcs réunies avaient été confiées au Lacécldmonien
Théraménès, pour être conduites au navarque Astyochos. ces
|
vaisseaux touihèrent premièrement à Léros , Île située en
avant de Milet; ensuite, ayant appris que les Athéniens étaient
sous les murs de cette place, ils entrèrent dans le golfe d'lasos,
afin de se pfocurer de pius amples renseignements. ParYenus
à Tichiusia sur le territoire de Milet, ils y passèrent la nuit et
apprirent les détails du combat par. Alcibiade, qui vint les y
iôinare à cheval. Alcibiade avait assisté à cette rencontre, otr il
âvait combattu pour les Milésiens, à côté de Tissapherne' Il
exhorta les Peloponésiens, s'ils ne voulaient pas ruiner les af-
faires en Ionie et ailleurs, à secourir promptement Milet pour
i'empêcher d'être bloquée.
Xi.V[. II fut donc résolu qu'on s'y porterait sitôt qu'il ferait
jour; cepenclant les Athéniens avaient reçu de Léros des nou-
ïelles précises de la flotte ennemie. Phrynichos_, un de leurs
généraïx, voyant ses collègues d.isposés à I'attentlre et à livrer
Ine bataiile navale, déclara que) pour lui, il n'en ferait rien, et
qu'il s'opposerait de toub son pouvoir à une pareille impru-
d.or*. . Pirisqu'on peut, disait-il, connaitre plus tard le nombre
exact des vaisieaux ennemis et préparer à loisir les moyens de
défense, ce serait folie que de se met[re en danger par, fausse
bonte; il n'y a poinf de ddshonneur pour la marine athénienne
à recuier à propôs; il y en aurail bien davantage à être vaincue ;
c'est alors [ue-la république serait expusée, non pas seulement
àla bonte, mais à un tlanger imminent; après ks revers anté-
rieurs, à peine était-il permis, avec des forces éprouvées, -de
prendie lioffensive sans y être absolument contraint; à plus,
îorte raison) comment serait-il pardonnable de se jeter de gaieté
de cæur dans des périls volontaires ? ) II conseillait d'embar-
quer au plus tôt lei blessés, les troupes de terre et le matériel
de siégeid'abandonner, p.ur alléger les navires, tout le butin
fait sui le territoire ennerni, et de cingler rers Samos, d'ou l'on
pourrait, une fois la flotte réunie, faire des courses à I'occasion.
Cet avis ayant prévalu, on I'exécuta sur'le-champ. Ce ne fut
pas seulement alor*, mais dans la suite et dans tout le reste de
LIVRE VIII. 439

sa carrière, que Phrynichos fit preuve de sagacité. Les Àthé-


niens s'éloignèrent donc de Milet dès le soir même, laissant
leur victoire incomplète. Les Àrgiens, furieux de leur écheo,
partirent immédiatement de Samos pour retournèr chez eur.
XXYU. Au lever de I'aurore, les Péloponésiens quittèrent
Tichiussa et abordèrent à Milet, où ils restèrent un jour. Le
lendemain, ils rallièrent les vaisseaux chiotes qui avaient ac-
compagné Chalcidéus et que I'ennemi avait poursuivis, et re-
tournèient à Tichiussa pour prentlre les gros bagages qu'ils
y avaient laissés'. Â peine y étaient-ils arrivés, que Tissa-
pherne survint avec son armée de terre, et leur persuada ile
ôingler contre Iasos, résiclence d'Amorgès son ennemi.Ils atta-
quèient à I'improviste cette place, otr I'on ne s'attentlait pas à
voir paraltre d autresvaisseaux gue ceux des Athéniens, et s'eD
enrpàrèrent. L'honneur tle la journée revint aux Syracusains.
Ambrgès, bâtard de Pissouthnès, révolté contre le roi, fut pris
vivant et livré à Tlssapherne, avec pouvoir .le le mener au roi,
selon I'ordre qu'il en àvait reçu. Les PéIoponésiens pillèrent
Iasos, or\ ils firent un imrnense butin, car c'était une ville
extrêmement opulente. IIs ûrent venir les mercenaires d.'amor-
gès, tlont la plupart étaient Péloponésiens ; et loin de leur faire
àucun mal, ils ies incorporèrent dans leur armée. La place fut
remise à Tissapherne, ainsi que les prisonniers, tant esclaves
qu'hommes libres, moyennant un statère darique par. têtee.
ies péloponésiens revinrent ensuite à Milet. IIs envoyèrent à
Chios, par voie de terre jusqu'à Érythres et avec les merce-
naires d'Amorgès, Péclaritos, fils de Léon, venu de Lacédémone
pour prendre le commanilernent tle Chios; celui cle Milet fut
donnéà Philippos. Là-dessus l'été finit.
XXIX. L'hiver suivant, Tissapherne, après avoir mis lasos
en état de clefense, se rendit à Milet. Là' selon I'engagement
qu'il avait pris avec Lacédémone, il paya un mois- de solde aux
élquipages âe tous les vaisseaux, à raison d'une clrachme atti-
qùu i,ai homme; pour le reste du temps, il ne voulut tlonner
que irois oboles, jusqu'à ce qu'il en ett référé au roi; promet-
tànt, avec son autorisation, de donner la drachme entière. Le
général syracusain Hermocratès fut seul à réclamer; car Théra-
ùéoès, n'étarrt pas naYarque, mais seulement chargé tle re-
mettre la flotte à Astyochos, prit médiocrement à cæur la ques-
tion de la solde. Toutefois, il fut couvenu quer par groupe de
cinq vaisseaux, on donnerait aux équipages une légère somme
en ius cles trois oboles par homme : en elÏet, Tissapherue
{lr0 OUIRNB DU PETOPONISE,

payait trOis talents par mois pour oinq Yaisseaux, et pout Ie sur'
plus une somme proportionneller.
XXX. Le nrême hiver, Ies Athéniens, qui étaient à Samos,
reçurent d'Athènes un reniort de trente-cinq vaisseaux, cortr-
.mandés par Charminos, Strombichidès et Euctémon. Ils y réu-
nirent ceux qu'ils avaient à Chios et ailleurs, dans le double
dessein de bioquer Milet par mer et de tliriger contre Chios
une attaque combinée. Le sort consulté désigna Strombichidès,
Onomaclès et Euctémon pour agir contre Chios. Ils par[irent
avec trente vaisseaux et des transports chargés d'une portion
des mille hoplites qui avaient fait I'expédition de Milet. Les au-
tres généraux, avec soixante-quatorze vaisseaux, restèrent à
Samos, maitres cle la mer et faisant des courses contre Milet.
XXXI. Astyochos, qui, dans le temps, s'était rendu à Chios
pour choisir des otagespar suite de la trahison r, suspendit cette
mesure en apprenant I'arrivée de la flotte que Théraménès lui
amenait et la fortune meilleure des alliés. Il prit avec lui clix
vaisseaux du Péloponèse et dix de Chios, mit à la voile et alla
attaquer Ptéléos; mais n'ayant pu s'en emparer, il poussa jus-
qu'à Clazomènes. Là, il ordonna aux partisans d'Athènes de se
retirer à Daphnonte et cle faire leur soumission. Il dtait appuyé
par Tamos, sous-gouverneur tle I'Ionie. Sur Ieur refus, il assail-
lit la ville, qui n'était pas fortifiée; mais ayant été repoussé. il
repartit par un grand vent et aborda de sa personne à Phocée
et à Cymé, tandis que le reste de sa flotte allait jeter I'ancre à
Marathussa, Pélé et Drimussa, lles voisines tle Clazomènes. Les
vents les y retinrent huit jours, penclant lesquels ils pillèrent
ou consommèrent sur place les provisions déposées dans ces
îles par les Clazomdniens; puis ils se rembarquèrent en empor-
tant leur butin, et rejoignirent Astyochos à Phocée et à Cymé.
XXXII. il était dans ces parages lorsqu'il reçut une tléputa-
tion cles Lesbiens, qui offraient de nouveau de se révolter. Il
accueillit leurs ouvertures; mais comnle les Corinthiens et les
autres alliés montraient db la tiédeur pour une entreprise avor-
tée, il mit à la voile pour Chios, où ses vaisseaux, battus par
une tempête, arrivèreut tarcl et isolément.
Péclaritos, parti de Milet par voie de terre, avait traversé
d.'Érythres à Chios avec ses troupes. Il avait près de cinq cents
hommes armés, provenant des cinq vaisseaux laissés par Chal-
ciiléus. Quelques Lesbiens garantissaient la tléfection tle leur
patrie. Astyochos proposa clonc à Pédaritos et aux Chiotes d'al-
ler avec leurs vaisseauxà Lesbos pour I'insurger. Par là, disait-
LIVRE VIII. LILI
il, on grossirait le nombre des alliés, et, dtt-on dchouer, on ne
manquerait pas cle faire clu mal aux Athéniens. Mais il ne fut
point écoutd ; Pédaritos déclara même qu'il ne lui céderait point
la flotte de Chios.
XXXIII. Àstyocbos prit avec lui les cinq vaisseaux d.e Co-
rinthe, un de Mégare, un d'flermione, indépentlamment de
ceux qu'il avait amenés de Laconie, et cingla vers Milet, où il
clevait se saisir du commandement cle la flotte. En partant, il se
répanilit en menaces contre les Chiotes, et protesta que, si ja-
mais ils avaient besoin de secours, ils ne devaient pas compter
sur lui pour leur en fournir. Il toucha à Corycos, sur Ie terri-
toire d'Erythres, et y passa la nuit. Les Athéniens, partis de
Samos pour aller attaquer Chios avec toutes leurs forces, vin-
rent jeter I'ancre au même lieu, mais derrière une éminence
qui leur masquait la vue de I'ennemi; en sorte que ni les uns
ni les autres ne s'aperçurent. Pendant Ia nuit, iI vint une lettre
de Pétlaritos annonçant que des Érythréens, prisonniers à Sa-
mos et relâchés dans un but de trahison, venaient cl'arriver à
Érythres. Sur cet avis, Astyochos reprit aussitôt la mer pour
retourner tlans cette ville. A cela tint qu'il n'allât donner au
milieu des Athéniens. Pédaritos étant venu le rejoindre, I'en-
quête qu'ils firent ensemble prouva que cette prétendue conspi-
ration n'était qu'uû préterte inventé par ces gens pour s'é-
chapper de Samos; aussi furent-ils libérés. Pédaritos repar[it
pour Chios et Astyochos pour Milet, sa destinationprirnitive.
XXXIV. Cependant la flotte athénienne avait quitté Corycos
et tournait le rivage. A la hauteur d'Arginont, elle {it la ren-
contre de trois vaisseaux longs cle Chios, et à l'instant elle leur
donna la chasse I mais urr violent orage s'étant élevé, les vais-
seaux chiotes se réfugièrent à granri'peine tlans leur port;
quant à ceux d'Athènes, les trois qui s'étaient le plus avancés
firent côte et furent jetés près cle la ville de Chios. Les équi=
pages furent pris ou massacrés; Ie reste cle la flotte chercha un
asile au pied d.u Mimase, clans le port appeié Phéniconte. De là,
les Àthéniens allèrent mouiiler à Lesbos et firent leurs prdpara-
tifs de siége.
XXXY. Le même hiver, le Lacéilémonien llippocratès partit
clu Péloponèse avec dix vaisseaux de Thuriit commandés par
Doriéus, fils de Diagoras, lui troisième, un vaisseau de Laco-
nie et un de Syracuse. II prit terre à Cnide, que Tissapherne
avait déjà fait révolter. Dès que son arrivée fut connue à Milet,
la moitié de la flotte eut ordre de couyrir Cnide, tandis que
4t+2 GUERRE Du PÉroPonÈsu.

I'autre moitid irait croiser à Triopion pour enlever les vaisseaur


marchands qui venaient d'Égypte. Triopion est un cap ilu ter-
ritoire ile Cniile, consacré à Apollon. LesAthéniens, à cette nou-
velle, appareillèrent de Samos. Ils prirent les six vaisseaux qui
étaient de garcle à Triopion et dont les équipages s'échappèrent;
ensuite ils descentlircnt à Cnide, attaquèrent la ville, qui n'é-
tait pas fortifiée, et faillirent s'en emparer. Le lendemaiu, nou-
velle attaque ; mais pentlant la nuit les habitants s'étaient mieux
retranohés et avaient été renforcés par les équipageS des vais-
seaux de Triopion I aussi les Athéniens n'eurent-ils plus le
même avantage. IIs repartirent donc après avoir dévasté la
cempagne, et regagnèrent Samos.
XXXYI. A l'époque ou Astyochos vint à Milet prenclre le
commandement ile Ia flotte, I'abondanoe régnait encore dans
I'armée péloponésienne. La solde était servie avec régularitd ;
le pillage d'Iasos avait enrichi les soldats I en{in les Milésiens
supportaient courageusement les charges cle la gueme. Néan-
moins les Pdloponésiens trouvèrent que le premiertraité conclu
entre Tissapherne et Chalcidéus laissait à désirer et n'était pas
assez à leur avantage. Ils en firent donc un autre pendant
que Théraménès était encore à Milet. Il était conçu en ces
termes :
XXXVII. c Entre les Lacédémoniens et ]eurs alliés, d,'une
part, le roi Darius, ses fils et Tissapberne d'autre part, est con-
clu un traité cle paix et d'amitié aux conclitions suivantes :
c Tout le pays et toutes les villes qui sont au roi Darius ou
qui étaient à son père ou à ses ancêtres, seront à I'abri detoute
hostilité et dommage quelconque de la part d.es Lacéclémoniens
et de leurs alliés. Àucun tribut ne sera levé sur lesdites villes
ni par les Lacéclémoniens ni par leurs alliés.
q Le ror Darius s'engage, ainsi que ses sujets, à ne com-
mettre aucune bostilité ni dommage quelconque envers les La-
céilémoniens et leurs alliés.
tr Si les Lacédémoniens et leurs alliés ont besoin ile I'assis-
tance du roi, si le roi a besoin tle celle cles Lacédémoniens ou
cle leurs alliés, on s'entendra pour agir d'un commun accord.
t Les parties contractantes s'engagent à continuer ensemble
la guerre avec les Athéniens et leurs alliés, et à ne la terminer
que de concert.
c Tout corps de troupes qui, à la tlemande du roi , se trou-
vera sur son territoire, sera défrayé par le roi.
a Si quelqu'une des villes comprises dans le fiaité attaque
LIVÂE VIII. &43

ile pays du roi, les autres s'y opposeront et prêteront m.ain-


, fotiu-uo roi de tout leur Pouvoir.
I s Si quelqu'un du payi clu roi ou des États soumis à son
:,
empire'attaque le pays-des Lacédémoniens ou cle leurs alliés,
le roi s'y opposera e[ prêtera main-forte de tout son pou-
voir. ,r

xxxvlll. Après la conclusion de ce traité , Tbéraménès re-


mit la flotte Âstyochos, monta sur un brigantin et disparut.
à
Déjà les Athénienà étaient passés de Lesbos à Chios avec une
utùéu; maîtres sur terre et sur mer, ils fortifiaient Delphi-
nion, place défendue du côté de terre r lourllg de ports et
située i proximité de la ville de Chios. Les Chiotes , battus
antérieurËment dans plusieurs rencontres, étaient en mésin-
telligence entre eux. Pédaritos avait fait perir comme partisans
, d'AtËènes Tyctéus fils d'Ion et ses aclbérents; le reste cle la po-
pulation était soumis de force à un régime oligarchique.; aussi
ies citoyens , livrés à des cléfiances réciprogues, restaient-ils
dans I'inaction; ils ne comptaient ni sur eux-mêmes ni sur les
auxiliaires du Peloponèse pour résister aux ennemis. cepen-
dant ils avaient envoyé e- uitet demander des secours à as-
tyochos, et, sur son rôfor, Péclaritos avait écrit à LacéCémone
pïot r. plaindre de lui. Teile etait pour les Athéniens la situa-
iion des allaires à Chios. La divisiôn navale qu'ils avaient à
samos fit unc démoustration contre la flotte stationnde à Mi'
let; mais celle-ci ne sortant pas à sarencontre, elle revint à
Samos et s'y tint en repos.
XXXX.Lemêmehive.,lesvingt-septvaisseauxarmés
par les Lacétlémoniens à la'sollicitation de Calligitos de Mé-
gare et tle Timagoras de Cyzique, agents de Pharnabazet par.
t"irent du pelopùèse pour i'Ionie, yers le solstice. Ils étaient
commandés par le Spàrtiate Antisthénès. Les Lacéclémoniens
firent monter sur Ia même flotte onze spartiates pour servir de
conseil à astyochos ; I'un d'eut était Lichas fils cl'Arcésilaos'
Ces commisrâires avaient toute latitude pour prentlre les me-
sures les plus convenables; pour envoyei, s'ils le jugeaient à
propos , dâns itgellespont vers Pharnabaze cette même flotte
ào iro nombre plus ou moins grand de vaisseaux, s'us la con-
duite cle cléarque fils de Ramphias qui était à borcl, enfin pour
révoquer et remplacer Par I'niistnénès le navarque Astyochos,
deveiu suspect ïepuis- la lettre de Pétlaritos. Ces vaisseaux,
partis de Màlée, prirent le large et touchèrent à Mélos. lls y
irouvèrent dix bâiiments d'Athènes , en saisirent trois vid s et
4Ut] GUERRE DU PELOPONESE.

brtlèreut; puis, craignant comme il arriva en elfet


les
-
les vaisseaux dchappés de Mélos ne donnassent I'dveil L la - gue

flotte athénienne de Samos, ils firent voile vers la Crète, allon-


geant à dessein la route, et allèrent jeter I'ancre à Caunos en
Asie. De là, se croyant hors de danger , ils avertirent de leur
approche la flotte de Milet, pour qu'elle vlnt à Ieur rencontre.
XL. Cependant les Chiotes et Pédaritos , nonobstant le
mauvais vouloir dtAstyochos, lui envoyaient message sur mes-
sage pour le presser de venir avec toute sa flotte au secours
de leur ville assiégée , et de ne pas soulTrir que la plus impor-
tante des cités alliées en Ionie fùt bloquée par mer et infeitée
par teme. Aucune ville, celle de Lacédémone exceptée , ne
posséilait plus d'esclayes que Chios; leur multitude nécessi-
tait à leur égarcl un système de répression sévèrer. Aussi, dès
qu'ils virent I'armCe Ces Atheniens solidement établie clans
une position retranchde, ils se mirent à déserter en foule ; et,
par leur connaissance cles localités, ils firent un mal incal-
culable. Les Chiotes insistaieut donc pour être secourus, pen-
dant qu'on avait encore I'espoir et le moyen d'arrêter les tra-
vaux inachevés de Delphinion , et avant que I'ennemi ett
entouré-d'ouvrages plus étenclus son,camp et sa flotte. Astyo-
9h-os, il'après ses précédentes menaces, n'était guère disp-osé
à les secourir; cependant il se mit en devoir de le faire, lbrs-
qu'il vit les alliés en manifester le clésir
XLI. Sur ces entrefaites, on apprit de Caunos I'arrivée des
vingt-sept vaisseaux et tles commissaires lacédémoniens. As-
tyochos, jugeant que tout clevait être suborrlonné à la clouble
nécessité d'escorter une flotte sinombreuse, qui lui promettait
I'empire de la mer, et d'assurer la traversée des iacéclémo-
$ery ch-argés ile contrôler sa conduite , renonça sur-le-champ
à I'expédition ile Chios et se mit en route pour Caunos. Dan!
le trajet, il descenilit à CosJa-Méropicter. - Il pilla cette ville
ouverte, et alors bouleversde par le plus violent tremblement
de terre qui, de mémoire d'homme, Je soit fait sentirl les ha-
bitants s'étaient réfugids sur les montagnes. II fit des courses
sur le territoire et enleva tout, à I'exception des hommes libres
qu'il relâcha. De Cos, il arriva pentlant la nuit à Cnide. Là il
fut contraint par les instances cles Cnidiens à ne pas clébarqucr
ses équipages , mais à se porter sans désempaier contre les
vilgt vaisseaux d'Athènes, avec.lesquels Charminos, I'un des
géndraux ile Samos , guettait ces mêmes vingt-sept navires
péloponésiens qu'Astyoohos venait chercher. iIn avis tle Mélos
LIVRE VIII. UI+5

avait fait connaître à Samos I'approche de cette flotte : aussi


Charminos se tenait-il en croisière dans les parages tle Symé,
de Chalcé, de Rhode et de la Lycie; déja même il était instruit
de sa présence à Caunos.
XLII. Astyochos, avant que sa marche fùt signalée, cin-
gla immédiatement vers Symé. afin de surprendre en pleine
mer I'escadre ennemie. Mais la pluie et la brume dispersèrent
sa flotte dans les ténèbres; au point clu jour elle était en dé-
sordre, et déjà I'aile gauche se trouvait en vue des Athéniens,
tantlis que Ie reste errait encore autour de i'Île. Charminos et
les Athéniens s'avancent à la hâte, avec moins de vingt vais-
seaux, dans Ia persuasion que cette flotte est celle de Caunos
qu'ils épiaient. Ils attaquent à I'instant, coulent trois vais-
seaux et en endommagent cl'autres. L'affaire en était Ià et
semblait tourner à leur avantage , Iorsque le gros de la flotte
ennemie parut à I'improviste et les cerna de toutes parts. Les
Athéniens prirent alors la fuite et perilirent six vaisseaux: le
reste se réfugia dtabord dans l'île de Teutlussa, puis à Halicar-
nasse. Àprès ce succès, Ies Péloponésiens abordèrent à Cnide, ou
ils furent rejoints par les vingt vaisseaux venant de Caunos.
Les deux flottes réunies firent voile pour Symé, y érigèrent un
trophée, et revinrent mouiller à Cnide.
XLIII. À la nouvelle de ce combat naval, les Athéniens sta-
tionnés à Samos appareillèrent avec toutes leurs forces et firent
voile vers Symd. IIs n'attaquèrent point Ia flotte qui était à
Cnide et n'en furent pas attagués ; mais ils'prirent les gros
bagages qu'elle avait déposés à Symé , touebèrent à Lorymes
sur Ie continent et regagnèrent Samos
Les vaisseaur pélopondsiens rassemblés à Cnide reçurent les
réparations d,ont ils avaient besoin. Tissapherne s'y trouvait
aussi. Les onze commissaires de Lacédémone entamèrent avec
luides conférences sur les points qu'ils n'approuvaient pas
dans les conventions déjà faites, de même que sur la meilleure
clirection à donner aux a{faires militaires dans I'intérêt com'
mun. Lichas était celui qui apportait à cet examen I'attention
la plus scrupuleuse. Il soutint que les deux traités, celui tle
Chàlcidéus aussi bien que celui de Théraménès, étaient défec-
tueux. Selon lui, il était inatlmissible que le roi se prétendit
maltre de tous les pays que lui ou ses ancêtres avaient jadis
possédés: c'était dire en effet que toutes les lles, la Thessalie,
ia Locride et jusqu'à la Biotie rentreraient sous sa domina-
tion r, et queles Lasédémoniens, au lieu d'affranrhir les Grecs,
I l --
rllr6 GUERRE.Du PÉ[ÔpôN[g[.

devraient leur imposer le joug des Mèdes. Lichas voulait


donc

un nùuveau traitd , fait sur de meilleures bases I autrement le


précédent serait nul et non avenu; il ajoutait qutà cc prix on
n'avait que faire des subsides, Tissapherne indigné se retira
plein de colère et sans avoir rien conclu.
XLIY. Les Lacétlémoniens forrnèrent le projet ile passer à
Rhode, oir ils étaient appelés par les principaur citoyens. L'ac-
quisition tle cette lie avait pour eux de I'importance par le
grantl nombre de ses marins et tle ses soldats ; ils espéraient
d'ailleurs, ayec le concours de leurs alliés, pouvoir entretenir
leur flotte sans demander d'argent à Tissapherne. Ils partirent
donc aussitôt de Cnide ce même hiver, et allèrent première-
ment aborder à Camiros sur terre cle Rhode avec quatre-vingt-
quatorze vaisseaur. Le peuple, qui ne savait rien des négocia:
tions entamées, s'enfuit épouvanté ; car la ville était ouverte.
Les Lacéclémoniens convoquèrent les habitants de Rhode avec
ceux rles deux villes de Lindos et d'Ialyssos , et les déterminè-
rent à se détacher d'Athènes. C'est ainsi que Rhode passa d.u
côté des Péloponésiens.
CepenCant, au premier avis reçu, les Âthéniens étaient par-
tis cle Samos pour prévenir I'ennemi, et déjà ils se montraient
au large ; mais il était trop tard : aussi remirent-ils à la voile,
cl'abord pour Chalcé , puis pour Samos. Ensuite ils se mirent
en course contre Rhocle , en partant de Chalcd, de Cos et de
Samos. Les Péloponésiens levèrent sur les Rhod.iens une con-
tribution de trente-deux talents r, tirèr'enb leurs vaisseaux à
sec, et se tinrent dans I'inaction durant quatre-vingts jours.
XLV. Darrs I'intervalle et même avanti'expédition de Rhode,
il survint quelques incidents. Depuis ]a morb de Chalcidéus
et la bataille de Milet, Alcibiade était devenu suspect aux Pé-
loponésiens, comme ennemi d'Agis et comme traitre, à tel
point que de Lacétlémone on avait mandé à Astyochos rle le
faire périr. Alcibiade ellrayé se retira chez Tissapherne et s'at-
tacha de tout son pouvoir à le brouiller avec les Péloponésiens.
Devenu l'âme de ses conseils. il flt réduire Ia solde d'une
drachme attique à trois oboles r, qui n'étaient mêmepas payées
régnlièrement. D'après ses conseils, Tissapherne déclara que,
si les Athéniens, bien plus expérirnentés dans la marine, don-
naient seulement trois oboles à leurs matelots, c'était moins
par économie que pour les empêcher de se pervertir par I'a-
bondance, d'a{Taiblir et de ruiner leur santé par des excès, ou
d'abandonner leurs navires en laissant pour gage I'arriéré qui
LIVRE YIII. 4t+7

leur était dù. Il lui apprit encore à gagner par des gratifica-
tions i'appui cles triérarques et des généraux rles villes. Tous
s'y laissèrerrt prendre, excepté les Syracusains. Hermocratès
fut seul à protester au nom des conféd.érés. Lorsque les villes
venaient demander de I'argent, Alcibiade les éconcluisait lui-
même en répondant, au nom de Tissapherne r que les Chiotes
étaient bien imputlents, eux les plus riches des Grecs et recle-
vables de leur salut à une assistance étrangère, de prétendre
que d'autres exposassent leurs vies et ieurs biens pour les affran-
chir. Quant aux autres villes, elles seraient , disait-il, impar-
donnables, elles qui, avant leur défection, contribuaient si
largement en faveur d'Athènes, de se refuser aujourd'hui à
faire les mêmes sacrifices et de plus grands encore dans leur
propre intérêt. Enfin il représentait que Tissapherne, faisant
la guerre à ses dépens, avait bien raison d'user d'économie ;
mais que le jour ou Ie roi enverrait des fonds, la solde serait
intégralement payée et les villes rccevraient il'équitables in-
demnités.
XLVI. Alcibiade exhortait encore Tissapherne à ne pas trop
se hâter de terminer la gueue, et à ne pas donner au même
peuple I'empire de la terre et de la mer, soit en faisant yenir,
comme il eu avait f intention , la flotte phénicienne, soit en
soudoyant un plus grancl nombre cle Grecs. Il valait'mieux,
lui disait-il, laisser la prépondérance indécise, afin que Ie roi,
lorsqu'il aurait à se plaindre de I'un tles cleux partis , pùt tou-
jours lui opposer I'autre I si au contraire Ia force continentale
et la force maritime étaient concentrées dans les mêmes mains,
il ne saurait plus à quels alliés recourir pour abattre la puis-
sance prédominante, à moins qu'il ne voultt un jour s'enga-
ger lui-même dans une lutte dispendieuse et pleine depérils;il
était bien plus simple, moins coùteux et plus sûr pour iui cle
laisser les Grecs s'entre-détruire. Mieux vaut, ajoutait-il, par-
lager l'empire avec les Athéniens; moins ambitieux du côté
de la terre ferme et plus accommodants soit en actions soit en
paroles , ils soumettent la mer à leur autorité, mais ils aban-
donnent au roi les Grecs qui habitent son empire I les Lacédé-
moniens au contraire se posent en libérateurs; dès lors il n'est
pas à croire que, venant pour affranchir les Grecs de la domi-
nation d'autres Grecs, ils ne veuillent pas aussi les délivrer de
celle des Barbares, à moins qu'on ne les empêche de terrasser
les Athéniens. II lui conseillait donc de les affaiblir les uns aû
moyen des autres ; puis, lorsqu'il aurait autant qne possiblo
4lr8 cUERRE Du PÉroPonÈsi.
amoinrlri la puissance athénienne, d.e se tourner alors contre
les Péloponésiens et rl'en débarrasser le pays.
Tissapherne entra en granile partie dans ces vues, à en juger
tlu moins par saconcluite. Charnré des avis d'Alcibiade, il lui
donna toute sa confiance, fournit irrégulièrement la solde aur
Péloponésiens, et ne leur permit pas rle livrer une bataille na-
vale. En affirmant que la flotte phénicienne allait venir et qu'on
aurait alors des forces de reste, il ruina leurs affaires et paralysa
leur marine, si florissante jusqu'à ce moment. Enfin, ilans toute
la part qu'il prit à cette guerre, il manifesta trop cl'inertie
pour qu'on pùt méconnattre ses véritabies intentions.
XLHI. Tout en donnant à Tissapherne et au roi, en retour
ile leur hospitalité, les conseils qu'il estimait les plus utiles,
Alcibiaile se ménageait les moyens de rentrer clans sa patrie,
persuadé que, s'il Ia préservait rle la ruine, il poumait un jour
obtenir son rappel l dans ce but, il comptait en première ligne
sur I'effet de ses liaisons avec Tissapherne. L'dv'énement lui
donna raison. Les soldats athéniens cle Samos furent bientôt
informés de son crétlit auprès tlu satrape. D'autre part Alci-
biade se mit en rapport avec les plus influents d'entre eux, pour
qu'ils déclarassent de sa part aux honnêtes gens que, s'il était
rappelé à Athènes sous le rdgime de I'aristocratie et non de
I'odieuse démagogie qui I'avait cbassé, il offrait ile ieur procu-
rer I'amitié de Tissapherne et de partager Ie pouvoir avec eur.
Ces propositiôns eurent d'autant plus de succès que les trié-
rarques et les plus puissants tles Àthéniens en station à Samos
étaient naturellement portés au renversement de la démocratie r.
XLVIII. L'affaire fut d'abord agitée dans Ie camp, puis dans
ia ville. Quelques ethéniens étant venus ile Samos pour s'abou-
cher avec Alcibiacle, iI se fit fort de leur concilier I'amitié rle
Tissapherne et ensuite celle rlu roi, pourvu qu'ils renonçassent
à la ddmocratie, et qu'ainsi le roi ptt avoir confiance en eux.
Dès lors, les principaux citoyens, ceux qui supportent les
plus lourdes charges, conçurent un grand espoir de se saisir
de la direction cles affaires et de triompher des ennemis.
De retour à Samos, ils réunirent leurs affrdés, se lièrent entre
eux par serment, et déclarèrent sans détour à la foule que le
roi serait I'ami des Athéniens et leur fournirait des subsiiles
sitôt qu'Alcibiade aurait eté rappelé et la démocratie abolie.
Bien qu'au premier moment ia multitude ne l'Ît pas de bon
teil ces menées, la perspective des subsides fournis par Ie roi
la fit tenir trarrquille. Les chefs du partr oligarchique, après
LIVRE VIII. {49
avoir communiqué au peuple leurprojet, examinèt'ent entre eux
et avec le reste rles conjurés les propositions d'Àlcibiade. Elles
leur parurent à tous avantageuses et stres. Le seul Phryni-
chos, alors général, les repoussa complétement. Al'entendre,-
et c'était la vérité,-Alcibiaile ne tenait pas plus à I'oligarchie
qu'à la cldmocratie; il ne cherchait qu'un lnoyen de_ renversor
fordre établi dans la ville, afin de s'y faire rappeler par ses
auris; or on devait avant tout prévenir les dissensions. Quant
au roi, il n'était pas de son intérêt, au moment ou les Pélopo-
nésiens étaient devenus sur mer les égaux des Athéniens et oc-
cupaient dans ses États des places importantes, de se- créer des
embarras en s'unissant aux Athéniens dont il
se défiait, au
lieu tles Péloponésiens dont iI n'avait point à se plaindre. À 1'é-
gard des vilies alliées auxquelles on promettait l'oligarchie
parce gue Athènes cesserait cl'être gouvernée démocratique-
rnent, ii savait bien, disait-il, que ce ne serait ni un motif de
soumission pourles cités révoltées, ni un gage de fidélité pour
celles qui leur restaierrt ; car plutôt que d.'être esclaves de
I'oligarchie ou de la démocratie, elles aimeraient mieux être
libres, ntimporte sous lequel de ces deux gouvernements; elles
se diraient sans aucun doute que ceux gu'on appelait les hon-
nêtes genst ne leur susciteraient pas moins d'ennuis que la tlé-
mocraiie. puisgue c'étaient eux qui commettaient toutes les
exactions, et causaient au peuple mille vexations dont ils ti-
raient bénéfice ; que s'assujettir à eux, c'était vouloir le régime
iles condamnations arbitraires et des exécutions violentes, atr
lieu que le peuple était un refuge ouvert à tous et un frein aux
excèJ du petit nombre. Phrynichos prétentlait savoir pertinem-
ment que les villes s'étaient formé cette opinion-par expérience;
aussi iepoussait-il à la fois les olÏres cl'Alcibiade et I'ensemble
du projet.
)ILIX. L'assemblée cles conjurés nten persista pas moins
dans sa première résolution d'approuver ce qui avait été pro-
posé. On décida tltenvoyer à Athènes Pisandros avec d'autres
députés pour travailler au rappel tl'Alcibiatler au tenversement
deJa démocratie et à la rdconciliation de Tissapberne avec les
Àthéniens.
L. Phrynichos, sachant que le rappel cl'Alcibiatle serait mis
en avant â lthènes et probablement accepté, craignit, après
I'opposition qu'il. y avait faite, qu'Alcibiacle, une fois cle retour,
ne-Iui en voultt pour ce motif. Il s'avisa donc rl'un stratagème.
Il envoya un message au naYarque lacédémonien Astyocbos,
450 GUERRE Du pÉropowÈsr.
alors à Milet, pour lui maniler en grand secet qu'Alcibiade
ruinait les allaires de Lacédémone en opérant un rapproche-
ment entre Tissapherne et les Athéniens. Il entrait ààns tous
les tlétails, ets'excusait de poursuivre un ennemi personnel au
détriment de sa patrie. Astyochos ne songea pas-à tirer ven-
geance cl'Alcibiade, qui il'ailleurs n'était plus comme aupara-
vant sous sa main; au contraire, il alla le trouver à Magnésie
oir il était avec Tissapherne, leur communiqua la lettre di Sa-
mos_et- prit le rôle de délateur. En même temps, il profita, dit-
on, de la circonstance pour tdmoigner de son dévouement à Tis-
sapherne, en yue de son intérêt particulier. C'était déjà pour la
même raison qu'il avait pris si froidement à cæur la diminution
de la solde. Aussitôt Alcibiade éccivit à Samos pour rlénoncer
Phrynichos et demander sa mort. Phrynichos, ddconcerté et fort
compromis par cette accusation, écrivit, à Astyochos une seconde
lettre. Il se plaignait ile ce que le secret n'ett pas été mieux
gardé, et olTrait ile lui livrer toute I'armée athénienne ile Sa-
mos. La place étant ouverte, il suffisait ile suivre la marche
_qu'il lui traçait. Phrynichos ajoutait gue, risquant sa vie pour
Lacétlémone, il était bien excusable il'avoir iecours aux der-
niers expédients plutôt que tle tomber sous les soups de ses
ennemis jurés. Astyochos communiqua pareillement cette lettre
à Alcibiade.
LI. Phrynichos, qui s'attentlait à cet acte de per.fidie, de
même qu'à un norlveau message d'Alcibiade, prit les devants.
ll avertit I'armée que, Samos étant ouverte et les vaisseaux ne
mouillant pas tous clans I'intérieur du port, il teuait de bonne
!o-yr9e _que les ennemis se clisposaient à I'attaque du camp ; qu'il
fallait donc fortifier la yille au plus tôt et faire soigneuse
garile. Comme général, I'exécution tlépenrtait rle lui. Onie mit
tlonc à l'æuvre; voilà pourquoi Samos, tlestinée d'ailleurs à
être fortiliée, le fut plus promptement. Bientôt vint la lettre
d'Alcibiade annonçant que I'armée était trahie et les ennemis
sur le point de I'attaqterl mais on ne donna aucune attention
à ses paroles. On pensa qu'instruit iles projets de I'ennemi,
il en avait, par rnotif de haine, rejeté la complicité sur phryni-
chos. Loin de rendre celui-ci suspect, cet avertissement nô nt
que confirmer son témoignage.
LII. Là-dessus Alcibiade mit tout en æuvre pour réconcilier
Tissapherne avec les Athéniens. Quoique ce satrape redoutât
les.Pé_loponésiens, qui_avaient en ,meiune flotteplus forte que
celle cl'Athènes, il ne demandait pas mieux que-de se laisier
LIYRE YIII. 457

convaincre, surtout depuis gutil avait connaissance cles difé -


rencls qui s'étaient élevés à Cnide entre les Péloponésiens au
sujet d.u traité de Théraménès I
où ils étaient à Rhode. - ceci se passait dans le temps
Cette contestation était yenue à point
-
nommé pour eotroboret I'assertion d'Alcibiade sur le projet
prêté aux Lacédémoniens d'aflranchir toutes les villes grec-
ques. 0r Lichas, sans s'eil douter, lur avait pleinement donné
raison, en déclarant inadmissible la clause qui conférait au roi
la souverainetd des villes jadis appartenant â lui ou à ses an-
cêtres. Alciblade, qui avait pris en main de si grands intérêts,
déployait toutes ses ressources pour s'insinuer dans I'esprit de
Tissapherne.
LIII. Les députés athéniens envoyés de Samos avec Pisan-
dros arrivèrent à Athènes et parurent devant le peuple assem-
blé. La conclusion de leurs discours fut que, si I'on voulait
rappeler Alcibiade et renoncer au gouvernement populaire, on
pouvait compter sur I'aliiance du roi et triompher des Pélopo-
nésiens. Plusieurs voix s'éIevèrent en faveur de la démocratie.
Les ennemis.d'Alcibiade criaient à I'indignité, s'il rentrait dans
une ville dont il avait foulé aux piecls les lois. Les Eumolpides
et les Elérautsr protestaient contre son rappel au nom des dieux
et cles mystères qui avaient occasionné sorr exil. Pisandros,
montant à la tribune, répondit à ces plaintes et à ces réclama-
tions. Interpellant ch'acuu des opposauts, il lui demandait quel
espoir de salut il conservait pour 1à république, lorsque les
Pélopondsiens avaient autant de vaisseaux en mer et plus dtal-
lids qu'Athènes; lorsque Ie roi et Tissapherne le.ur fournissaient
de I'argent, tandis qu'ils étaient à la veille d'en manquer eux-
mêmes, s'ils n'attiraient le roi dans leur parti. Quand il leur
avait ainsi fermé la bouche, iI ]eur disait ouvertement : a Notre
seule et unique ressource est d'adopter un régime plus modéré,
en remettanl le pouvoir à un petit nombre de citoyens, pour
inspirer de ia cohflance au roi. Aujourd'hui, ce i'est pis de
coustitution, c'est du salut qu'il s'agit pour nous; plui tard,
nous pourrons faire les modifications désirables. pour le mo-
ment rappelons Alcibiade, le seul homme capable de mener à
bien ce projet. >
- Iry.
Le peuple ne put tl'abord entendre parler d,oligar-
chie sans un vif déplaisir; mais quanil pisandros lui eut àlai-
rement démontré que c'était le dernier moyen de salut, d'uDe
part la crainte, de I'autre I'espoir que è. changement .ue
serait que temporaire, le ddcidèrent à céder. 0n d?créta que
GUERRE nu pÉi,oPoNÈss.
459
pisandros et dix autres iraient auprès de Tissapherne et tl'41-
à prenilre.
.iuira, four s'entenilre avec eux sur les mesures
le
Conformément aui- plaintes de Pisanclros , peuple
. $énosa

Ë;.ryilth;;- ut s.i.oiidès, qu'il -remplaça*par Diomédonen


et
vou-
Léon d.ans le commandement de Ia flotte' Pisandros
lar; ; Fhrynicho* poot son opposition au rappel .d'Àicibiade;
i. *otif q['il fit và]oir contre iui fut qu'il avait livré Iasos et
Amorgès.
-- , r-_^_^^^i^ri^v
pirToaros se mit en rapport avec toutes les associations qui
procès.'..I1 leur
existaient dans la uiif. po* les élections et les
se concerter dans le but d'abolir
recommanda de se réunir et de
i;ïé*;;;ie. Enfin, après avoir pris les derniers arrangements
tes ret;rds, il s'embâtqoa aYec ses dix
collègues
afin d'éviter
nour se rendre auprès cle Tissapherne'
"";i. ;; *ê;r-;ir% ieon etbiomédon, après avoir rejoint la
contre Rhode' Ils trou-
nottt ttnenienne, dirig'èrent une.attaque
les vaissea;;i;l.tt"dsiens iitet a sec' mirent pied.à
vèrent
dans un combat et s'en retournè-
terre, délirent tes Rhàdiens Ia base
rent à Chalcé. Cettà tt. d'evint, préférablement à Cos' pour sur-
a* Ho*. opérations. EIle leur oti.âit plus de facilités
veiller les mouvements cle Ia flotte péloponésigll9'
II arriva aussi ir Rhode un Laconien nommé Xénophantidas'
l-t fort tles Àthé-
uoïoyA de Chios par Pédaritos' II annonça gYe
et qu,e,si la flotte entière ne
;i;;J etuit .o*pÏétement achevé
venaitausecoursdeChios,cettelieétaitperdue..9nsongea s'étant mis à
donc à 1a secourir. î*; ces entrefaites PédÀritos,
Ia têbe de ses uoriiiuit.* et de ia levée en masse tle tbios, alla
le retranchement élevé autour des vaisseaux athéniens'
assaillir
ll emporta une partie de cet ouvÏage ut.plit lollques vaisseaux
tirésàsec;mais,-lesAtbéniens-étant-accourus'}esChiotes de I'ar-
furent défaits et iniratnèrent dans leur fuite le restebeaucoup
inée. pédaritos pirit avec bon nombre de chiotes;
plus. étroite-
d,armes furent pri..r, Dès lors chios fut encore
rnent bloquée par terre et par mer, et la famine s'y fit cruel-
lemerrt sentir.
cependant pisandros et les autres députés athénieos,
ivi. pour
u*ioàt auprès de Tissaphelne' -guTrirent des àconférences
pas tout fait sùr de Tis-
se mettre d,accoral. Àlcibiade n'était
saoherne : cetuici redoutait les Péloponésiens et
vou}ait, tl'après
Ëffi;;t a;l,frniuae lui-même, affâiblir les uns au moyen des
la négociation
aurres, Alcibiade i*ugiou donc âe faire échouer
e iorr. d'exigenc'es. îissapherne avait, je crois les mêmes
'
IIYRE YIII. 453

vues mais chez lui, c'était I'effet de Ia peur, tandis qu'alci-


;
liade, témoin de ses hésitations, voulait rlissiniuler aux Àthé-
oiunr'ru propre impuissance; rt préféra donc leur faire accroire
qor tl$àpnerne éiait bien disposé à traiter, mais peu satisfait
de leurs côncessions. Aloibiade, portant la parole au nom et en
présence de Tissapherne, annonça des prétentions teliement
àxÀrbitantes que les Atfiéniens, *ul't leur intention tle
souscrire à toùt, en furent scandalisé3. II réclama I'aband.on
.l,Ionie, des lles adjacentes et de clivers autres points.
de toute 'y
Les Athéniens consentirént. Enfin d.ans la troisième confé-
,.o.r, AlcibiadË, craignant de laisser entrevoir combien son
ascenâant était iaible] exigea pour le roi 1a faculté de con-
des côtes
,t*i* des vaisseaux de guJ".e èt de naviguer le long-bâtiments
e;;o; empire, dans Ia cliiection et avec le nombre de patience;
[",if foipfàirait,. pour le coup les Àthéuienstleperdirert
voyant qu'iI était impossible ïe traiter sur pareilles.bases et
qoÏelcibiade les avaii joués, iis rompirent la négociation et se
retirèrent à Samos.
LVII. Le même hiver, aussitôt après ces événements, Tissa-
pherne se renclit à caunos, ilans le dessein de ramener les Pélo-
ponésiens à Milet, de conclure avec eux un nouveau traité à
ielles conditions qu'il pourrait, de leur fournir des subsides et
de ne pas se brouiiler définitivement avec eux. II craignait que,
faute âe subsistances pour leur nombreuse flctte, ils ne fussent
contraints de livrer un combat naval aux Athéniens et u'eussent
iu àrtroor, ou que la désertion ne se glissât dans leurs équi-
pages et ne permlt aux Àthéniens d'en venir à leurs fins sans
âvoir besoin ïe lui I surtout il appréhendait qu'iis ne piiiassent
le continent pour sé pto.ot*r des vivres. Ce fut donc par suite
de ces calculï et de ces prévisions, c.mme aussi dans le but
d,établir l'équilibre entre les Grecs, qu'il appela Ies.Peloponé-
siens, leur fiurnit tles subsid,es et conclut un troisième traité
dans les termes suivants :
LY[I. a La treizième année clu règue tle Darius r, sous I'd-
phorat d'alexippidas à Lacétlémone, le traité suivant a été con-
ôlo dans la plaine du Méandre, entre les Lacédcmcniens et leurs
alliés il'une part, Tissapherne, Hiéraménès et les fils de Phar-
nacès tl'autrô pait, touchant les affaires clu roi, des Lacédémo-
niens et de leurs alliés.
< Tout le pays que le roi possède en Asie demeure sa pro-
priétd,
- avec fàcutté d'en tlispoJer comme bon lui semble'
< Les Lacéiléuoniens et leurs allids ne commettront aucun
45/I GUERRE DU PÉIOPoNÈSE.

acte d'hostilité contre Ie pays du roi; non plus que Ie roi contre
le pays des Lacédémoniens et de leurs alliÉs.
r Si quelqu'un des Lacédémoniens ou de leurs alliés commet
un acte d'hostilité contre le pays du roi, les Lacéclémoniens et
leurs alliés s'y opposeront. Pareillement, si quelqu'un des su-
jets tlu roi commet un acte cl'hostiliié contre les Lacédémoniens
et leurs alliés, le roi s'y opposera.
c Tissapherne s'engage à fournir aux vaisseaux actueilement
prisents les subsides conyenus, jusqu'à l'arriyée de la flotte
du roi,
r Si, après I'arrivée rle Ia flotte ilu roi, Ies Lacédémoniens et
leurs alliés veulent entretenir leurs propres vaisseaux, ils en
seront les mattres. s'ils aiment mieux recevoir de Tissapherne
la solde convenue, celui-oi Ia fournira, à la charge pour les
Lacéclémoniens et leurs alliés, la guerre terminée. de rômbour-
ser à Tissapherne tout I'argent qu'ils auront reçu.
c Quand ia flotte clu roi sera veme, Ies vaisseaux des Lacé-
démoniens et de leurs alliés, de concert avec c€ux. du roi, feront
la guerre en commun, selon le plan convenu entre Tissapherne,
les Lacétlémoniens et leurs alliés. s'ils veurent faire la pâix avec
les Athéniensf ce sera d'un commun accord.. ))
LIX. Telles furent les stipulations de ce traité. Aussiiôt Tis-
sapherne se nrit en devoir de faire venir, comme il était dit, la
flotte phénicienne, et d'accomplir toutes ses promesses ; du
moins voulait-il en avoir I'air.
LX. Sur la fin de cet hiver, Ies Béotiens prirent par trahison
oropos, qui était occupé par une garnison athéniennè. Irs furent
secondés. par quelques habitants d'Érétrie et même d,Oropos,
qui méditaient la défection de I'Eubée. Oropos érant situé en
face d'Érétrie, il ne pouvait y avoir de sécurité pour cotte ville
ni pour le reste ile I'Eubée tant qu'il serait aux Athéniens.
Maltres d'Oropos, les Érétriens se rendirent à Rhode pour
attirer en Eubée les Péloponésiens. ceux-ci étaient arors occu-
pés à secourir Cbios, toujours plus étroitement bloquée. Déjà
ils avaient quitté Rhode avec toute leur flotte et se irouvaient
so'rs voiles, lorsque, à la hauteur du Triopion, ils aperçurent
au large les vaisseaux athéniens venant de- chalcé. .e,ucùn des
deux partis n'ayant commencé l'attaque, ils se retirèrent les
uns à Samos, Ies autres à Mile.". Dès lors iI fut reconnu qu'à
moins d'une bataille navale, il était impossible de secoùrir
chios. Là-dessus I'hiver finit, ainsi que la vingtième année de
la guerre que Thucydid,e a racontée.
LIVRE VIII. qcc

LXI. L'été suivant (o), dès les premiers jours du printemps, le


Spartiate Dercyilidas, fut envoyd par terre dans i'Hellespont
avec quelques troupes, afin d'insurgcr Abydos, colonie de Milet.
Les Chiotes, pendant I'inaction forcée d'Astyochos, se virent
contraints par Ia rigueur du siége à livrer un combat naval. Dans
le temps ou Astyochos était encore à Rhode, le Spartiate Léon,
qui avait fait la traversde sur Ie vaisseau d'Antisthénès, était
veuu de Milet pour les commander après la mort de Pédaritos.
IIs avaient également reçu douze vaisseaux détachés de la sta-
tion de Nliiet, savoir : cinq de Thurii, quatre de Syracuse, un
il'Anéa, un de Milet, enfin celui de Léon. Les Chiotes firent une
sortie cn masse et occupèreut une forte positi,rn, tandis que
leurs vaisseaux, au nombre de trente-six, se portaient contre
les trente-deux vaisseaux athéniens et engageaient le combat.
La lutte fut acharnée. Les Chiotes et leurs alliés n'eurent pas
le dessous ; mais, comme ie jour baissait, ils rentrèrent dans
leur ville.
LXII. A peine Dercyllidas était-il arrivé par terre tle Milet à
Abydos sur l'Hellespont, que cette ville se prononça en faveur
des Péloponésiens et cle Pharnabaze. Lampsaque en fit autant
deux jours après. À cette nouvelle, Strombichidès partit préci-
pitamment de Chios avec vingt-quatre vaisseaux athéniens, dont
quelques'uns portaient des hoplites. ll défit dans uu combat les
habitants de Lampsaque sortis à sa rencontre, prit cl'emblde
cette ville ouyerte; et, après avoir livré au pillage les effets et
les esclaves , mais rétabli dans leurs demeures les hommes
Iibres, il se dirigea vers Abydos. N'ayant pu amener cette ville
à il
composition ni la prendre d'assaut, cingla vers la côte
opposée, et alla se poster à Sestos, ville de la Chersonèse, jailis
au pouvoir des Mèdes. Il en fit une place forte destinde à com-
mander tout I'Hellespont.
LXIII. Depuis ce rnoment, les Chiotes eurent un certain
ascendant sur mer, d'autant plus qu'Astyochos et les Pélopo-
nésiens de Milet, instruits du combat naval et ilu départ de I'es-
catlre cle Strombichiclès, avaient repris courage. Astyochos avec
{eux bâtiments se renclit à Chios, en ramena les vaisseau; qui
s'y'trouvaientr, et cingla contre Samos avec la totalité de ses
forces; mais les Athéniens, qui se défiaient' alors les uns des
autres, n'étant point venus à sa rencontre, il repartit pour Milet.
A Ia même époque ou même un peu auparalant, la démo-

(.r) Vingt et unième année tle la guerre, an f { | avant J. Ç.


456 GUERRE DU PÉTOPONÈSI.

cratie avait été renyersée à Athènes. Pisandros et ses collègues,


de ietour à Samos après avoir quitté Tisupherne, s'assurèrent
encore mieux de I'armée et engagèrent les principaux des
Sauriehs à rétablir chez eux I'oligarchie, malgré I'opposition
sous laquelle ce régime avait succombé. En même temps, les
Athéniens qui dtaient à Samos tinrent conseill et, consicldrant
qu'Alcibiade refusait de les seconder, que d'ailleursil étaitpeu
fait pour entrer dans une oligarchie, ils résolurent de ne plus
sûnger â lui, mais d.e ne compter que sur eux-mêmes pour
I'exécution de leurs desseins. lls déoidèrent que la guerre serait
poussée avec vigueur, et gue, travaillant ilésormais pour leur
propre compte, ils feraient sans hésitation tous les sacrifices
pécuniaires ou autres que les circonstances pourraient exiger.
LXIY. Après s'être confirmés dans ces résolutions, ils délé-
guèrent immédiatement à Athènes Pisandros et la moitié des
députés pour effeqtuer leur projet, avec charge tl'établir I'oli-
garchie dans toutes les villes sujettes oir ils toucheraient en
passant. L'autre moitié fut envoyée dans les divers entlroits de
la clomination athénienne. Diotréphès, commandant désigné du
littoral de la Thrace et alors à Chios, eut ordre rie se renùre à
sa destination. Àrrivé à Thasos, il y abolit le gouvernement
populaire I mais deux mois ne s'étaient pas écoulés depuis son
départ, que les Thasiens se mirent à fortifier leur ville r, sans
plus se soucier cle I'oligarchie d'Athènes, et s'attenclant cl'un
jour à I'autre à ce que les Péloponésiens leur apportassent Ia
liberté. II se trouvait en effet dans le Péloponèse une émigra-
tion composée d'hommes bannis par les Athéniens. Ces gens,
de concert avec leurs amis de la ville, travaillaient avec ard,eur
à obtenir I'envoi d'une flotte et à provoquer la défection de
Thasos. Le hasard les servit à souhait. Leur ville se maintint
sans danger, et la démocratie, qui leur avait été contraire, fut
renversée. Ainsi donc à Thasos les choses tournèrent tout au-
trement que n'avaient cru les oligarques athéniens; et sans
cloute il en fut de même chez beaucoup d'autres peuples sujets.
Une fois émancipées, Ies villes marchèrent vers une franche
liberté, sans se laisser éblouir par I'indépendance équivoque
que leur olTraient les Athéniens.
LXV. Pendant leur traversée, Pisandros et ses collègues,
conformément au plan adopté, abolirent la démocratie dans les
villes et remul,èrent çà et là quelques hoplitespourauxiliaires.
Arrivds à Athènes, iis y trouvèrent leurs affaires déjà bien
avancées par les conjurés. Quelques jeunes gens, s'étant donné
LIVRE VIil. 457

le mot, avaient tué secrètement un certain Androclès, i'homme


le plus influent du parti populaire et Ie principal auteur du
bannissement cl'Alcibiacle. En I'immolant, iis avaient voulu à
la fois frapper le ilémagogue et complaire à Alcibiade, dont le
retour semblait prochain, et qui devait leur procurer I'amitié
de Tissapherne. Ils s'étaient également défaits de queiques
autres citoyens qui leur portaient ombrage. Enfin ils avaient
ddclard, dans un discours médité cle longue main, que les seuls
emplois rdtribués devaient être ceux cle I'armée, et la gestion
iles aflaires n'appartenir qu'à cinq mille citoyens, les plus
capables cle servir l'État de leur fortune et de leurs per-
s0nnes.
LXYI. Ce n était là qu'une amorce jetée à la multitude; car
les meneurs entenclaient bien garder pour eux le gouverne-
ment. Néanmoins le peuple et le conseil élu au scrutin des
fè',"es t se rassemblaient encore; mais ils ne décidaient rien
sans I'agrément des conjurés. Les orateurs mêmes étaient du
complot et leurs discours concertds rJ'avance. Personne n'osait
les contredire, tant la faction inspirait de frayeur. Quelgu'un
élevait-il la voix, on trouvait bientôt le moyen de s'en défaire.
Les meurtriers n'étaient ni recherchés, ni poursuivis lorsqu'on
les soupçonnait. Le peuple ne remuait point; sa terreur était
telle que, même en restant muet, il stestimait heureux d'échap-
per à la violence. Les esprits étaient subjuguds, parce Qr'(rrt
croyait les conjurds bien plus nombreux qu'ils ne l'étaient. A
cet égard, on ne savait à quoi s'en tenir, à cause de la gran-
deur cle la ville I et parce qu'on ne se connaissait pas assez les
uns les autres. Aussi, malgrd I'indignation qu'on éprouvait,
nul n'osait confier à son voisin le secret de ses plaintes ou ses
projets de vengeance; il ettfallu pour cela s'ouvrir à des in-
connus ou à des suspects. La défiance était générale tlans le
parti populaire I on se soupçonnait mutuellement de tremper
dans le complot, surtout depuis qu'il y était entré des gens
qu'on croyait incapables de pactiser avec l'oligarchie' Rien ne
contribua davantage à inspirer au peuple d.e llinquiétutle et aux
oligarques clela sécurité, en confirmant la multitude danscette
suspicion enYers elle-même.
LXVU. Telle était Ia situation tl'Athènes, lorsque Pisanclrcs
et ses collègues y arrir.èrent. A I'instant ils se mirent â l'æuvre
pour achever ce qui était si bien commencé. D'abord ils con-
voquèrent les citoyens et firent déoider quton nommerait dix
conmissaires munis de pleins pouvoirs et qu'on les charge-
Tsucrutrp.
458 GUERAE DU PIiLOPONÈSE.

rait d'élaborer un projet tle constitution et de Ie sounettre au


Deuple clans un délai déterminé. Le jour Yenu, ils réunirent
i'assemblée rlans une enceinte close, à Colone, lieu consacré à
{.
Neptune et situé à dix stades de la ville tà les commissair€s
T proposèrent un article unique, portant que tout Athénien aurait
ie aioit d'émettrp I'avis qutil voudrait et prononçant des peines
sévères contre quiconqué poursuivrait, pour vioiation de loi ou 2.
pour tout autre motif, celui qui aurait usé de cette liberté
ilela fait, on proposa nettement I'abolition des anciennes ma-
gistratures, Iâ suppression des emplois salariés et Ia nomina-
t"ion de cinq preslâents. chargés d'dlire cent citoyens, qui à
leur tour s'én adjoindraien[ chacun trois autres. Ces quatre
cents devaient siéger au conseil, exelcer selon leurs lumières
une autorité sans limites, et rassembler les cinq mille quaad
ils le jugeraient à Propos.
f,XVlif. Ce fut Pitàndros qui ouvrit cet avis et qui en gé-
néral se montra Ic plus ardent atlversaire ile la démocratie-
Mais celui qui avait conçu le plan de cette résolution et qui
l'avait longuement préparée, fut Âltiphon, I'un des hommes
les plus ve-rtueux qui fussent al.ors à Attiènes. Penseur profond.
et uon moins habiie orateur, iI n'intervenait pas volontiers
dans les debats politiques ou jurliciaires, car sa réputation
d;éloqueoce prévênait 1a multitude contre iui; mais c'était
I'homrne le plus capable de servir par ses conseils ceux qui
avaien[ une iutte à soutenir dans I'assemblée ou dans un tri-
Uuoaf. Lorsque plus tard, après la chute des Quatre-Cents,
il
il; uutte à l;animosité du peuple pour la part qu'il avait
,prise à leur établissement, il présenta, contre I'accusation capi-
Lle qu'on lui intentait, 1a plus belle qui mémoire
t. _défense -de I'un
J'hoÂ-. ait jamais été prononcéc Phrynichos fut aussi
des plus fougfue,rx irartisins de I'oligarchie. Il craignait AIci-
bia,le, qu'il iavait instruit de toutes ses intrigues _de Samos
,"fre, d,Astyochos, et il ne croyait. pas son rappel^possible
,oo* oo régime oligarchique. une- fois compromis, il fit preuve
d'une ferm"eté puu lo*mune. Enfin, au premieL rlng des en-
nemis de la démocratie, on tloit encore placer Théraménès fils
d'Ilagnon, homme qui ne manquait ni d'éloquence ni de géni-e'
I'aut-il dônc s'étonrret qo'unÀ a{ïaire, conduite par tant de
gàns habiles, ait réussi malgré son extrême difflculté? Ce n'é-
iuit pu* chosâ aisée en effet, cent ans après I'ex.pulsion des
tyrairs il'Athènes ", {uê d'arracher au.peuple sa liberté; d'au-
tint plus que, alurant plus de la moitié de cette période, Ioin
LIVRE ]TNl. 459 ,

de subir aucune sujétion, il avait contracté I'habitude de com-


mancler à d'autres 6.
LXIX. L'assemblée dissoute et oes rliverS articles sanctionnés
*ro" opporition, il fut immécliatement procédé à .l'installat'ion
des euaire-Cenis dans la salle du conseil. Les Atbéniens étaient
continuellement en armes, ou sur les murailles ou ilans les
corps de réserve, tlepuis que les ennemis occupaient DécéIie.
Ce jourJà on licencia, comme de coutume, ceux qui-n'étaient
pas-du complot; les autres eurent pour consigne d'attendre
paisiblement, non sur la place d'armes, mais à une certaine
distance, prêts à donner rnain-forte en cas d'obstacle. c'étaient
des gens à'A.tdros, de Ténos, trois cents Carystiens, quelques
Athéniens ile la colonie tl'Égine, venus tout armés dans ce but ''
Ces mesures prises, les Quatre-Cents, munis tle poignards
sous leurs vêtements et accompagnés des cent vingt jeunes
Grecs e qui les servaient clans les coups de main, se _présen-
5.
tèrent à la porte tlu conseil élu au scrutin cles fèves Ils som-
mèrent les membres de se retirer en recevant leur inclemnité.
Ils avaient apporté eux-mêmes la somme nécessaire pour le
reste du temps à courir, et ils Ia leur distribuèrent à leur
sortie'.
LXX. Le conseil s'était écoulé sans mot dire et les citoyens
ne faisant aucun mouvement, les Quatre-Cents entrèrent tlans
la salle, tirèrent au sort parmi eux des Prytanes r, et s'instal-
lèrent {ans leurs fonctiols avec les cérdmonies, les væux et les
sacrifices d'usage. Ensuite ils motlifièrent profondément_la con-
stitution tlémociatique, saus toutefois, à cause d'Alcibiade, râP-
peler tous les bannii. En général leur administratioir fut vio-
iente. IIs se défirent cle quelques citoyeus qui leur portaient
ombrage; ils en condamnèreut d'autres aux fers ou à la dépor-
tationf einn ils envoyèrent un héraut à Ddcélie auprès tl'Agis,
roi cle Lacédémone, pour lui dire qu'ils étaient prêts à conclure
un accord, et qu'il aimerait mieux sans doute traiter aYec eux
qu'avec une populace incligne cle confiance.
LXXI. Mais Agis se refusait à croire gu'Athènes ftt tran-
quille et le peupÉ résigné à la perte de son antique liberté' il
s-'imagina qu'it iui suffiiait de se présenter en forces p_our t'aire
éclatei un moovement déjl tout préparé. Aussi ne fit-il aux
envoyés cles Quatre-Cents aucune réponse paci{ique : au con-
trairà, iI mantla du Péloponèse des troupes nombr-eusel; 9t'
peu de temps après, joignânt ce renfort ir la garnison de DécéIie.,
il descendii iosqoe ious les murs d'Athènes. Il espérait que les
460 GUERRE DU PÉtoPoNùsr.

Athéniens, dans leur état de trouble, se soumettraient plus ai-


sément, ou même qu'il prendrait la ville fl'emblée, loisqu'au
ilanger du tlehors s'ajoute'r'aient, selon toute apparence, les
agititions du cleclansl au moins comptait-il s'emparertles longs
ml.r, abandonnés par I'effet des circonstances. Mais à son ap-
proche, les Athéniens' sans remuer Ie moins tlu montle à I'in-
idrieur, firent sortirleur cavalerie avec lne partie des hoplites,
des peltastes et tles archers, renversèrent ceux des ennemis
qui J'étaient trop aventurés, et restèrent maîtres de qu.elques
armes et de queiques cadavres. Agis, sachant clès lors à quoi
s'en tenir, effectua sa retraite, reprit ses anciens cantonne-
ments cle Décélie, et renvoya au bout de peu de jours les nou-
vclles troupes dans leurs foyers. Les Quatre-Cents ne laissè-
sent pas ae Iui adresser une nouvelle ambassatle , qu'il reçut
mieui que Ia première. Sur son conseil , ils députèrent à La-
céilémone pour traiter de la paix.
LXXII. Ils firent aussi partir pour Samos dix commissaires
chargés tle tranquiiliser I'armée et ile lui faire entendre que
ce n'était pas au détriment cle la ville ou des particuliers que
I'oligarchie avait été établie, mais dans un but d'intérêt géné'
ral ; que c'étaient cinq mille citoyéns et non pas seulement quatre
centJ qui géraient les afiaires ; que les Athénieus, tlistraits par
les guelres et les occupations lointaines, n'aveient jamais tlans
aucune assemblée atteint le nombre de cinq mille, quelle que
fùt I'importan'ce de la délibération. Ils leur dictèrent le langage
à tenir et les expédièrent aussitôt après leur entrée en charge.
IIs craignaient, comme il auiva, que la foule iles marins ne
voulût pas de I'oligarchie, et que de là ne parttt un mouvement
qui les emporterait eux-mêmes.
IXXIII. Déjà s'opérait à Samos, contre I'oligarchie ' uns
réaction, dont I'origine clatait cle I'établissement des Quatre-
Cents. Ceur des Samiens qui formaient le parti populaire et
qui, dans le temps r, s'étaient soulevés contre les riches, avaient
modifié leurs opinions. Sollicités par Pisandros pendant son
séjour à Samos et par les conjurés athéniens qui étaient dans
cette ville, trois cents d'entre eux avaient ourdi une conspi-
ration dans Ie but d'attaquer les citoyens restés fidèles à la dé-
mocratie. Il y avait alors à Samos un Athénien nommé Hyper-
bolos, homme pervers , qui avait été banni par I'ostracisme e,
non pas qu'on reclorrtât son pouvoir et son crédit, mais pour
sa méchanceté et pour son infamie. Les conjurés I'assassinè-
ient, d'accorcl en cela a'rec Charmiuos, I'un des généraux, et
LIYRE VIII. 45I
avec d'autres Athéniens rdsiclant à Samos , auxquels ils vou-
Iaient donner un gage tle fidélité. Ils accomplirent de concert
quelques enlreprises tle la même espèce I après quoi ils se mi-
rent ân devoir d'assaillir les clémocrates. Ceux-ci , instruits de
Léon et Diomédont
-deux en donnèrent avis auxgénéraux
leur projet,
tous fort mal tlisposés pour l'oligarchie, à cause tle la
considération dont le peuple les entourait. Ils en parlèrent
également à Thrasybulos et à Thrasylos,I'untriérarque,, I'autre
servant clans les hoplites, ainsi qu'à d'autres Athéniens ' enne-
mis avoués des conjurés. Ils les supplièrent d.e ne pas soulTrir
qu'eux-mêmesfussent égorgés et que Samos se détachât d'A-
thènes après avoir tant travailld au maintien de son empire.
Sur cet àvis, ces Athéniens prirent à part chacun cles soldats
et les engagèrent à faire avorter Ie complot. lls s'adressèrent
eu particulier à I'équipage de la Paralienne, exclusivement
composé d'Athéniens rle conilition libre, touiours prêts à pour-
suivie Ie fantôme même de I'oligarchie. Dès lors Léon et Dio-
métlon ne s'éloignèrent jamais de Samos sans y laisser $el-
ques vaisseaux de garde. Aussi , à la première levée cle bou'
.llirrr faite par les tiois cents, tous ces gens et notamment les
Paraliens, prirent les armes et tlonnèrent la victoire au parti
populaire. Les Samiens tuèrent une trentaine tle conjurés, en
bannirent trois des plus coupables, amnistièrent les autres, et
se constituèrent désormais en pleine démocratie.
LXXIV. Les Samiens et les soldats, qui ne savaient pas en-
core les Quatre-Cents au pouvoir , firent promptement partir
pour Athènes la Paralienne avec I'Athénien Chéréas, fils d'Ar-
ôhestratos,l'un des principaux acteurs des derniers événements.
Il devait annoncer ce qui veuait de se passer. Mais à peine la
Paralienne ftheilo arrivée, que Ies Quatre-Cents mirent aux
fers deux ou trois de ses matelgts, ôtèrent aux autres leur
vaisseau, et les transférèrent sur un bâtiment cle charge iles-
tiné à croiser autour de I'Eubée. Chéréas trouva moyen de s'é'
vader; et, sitôt qu'il eut vu ce qui se passait à Athènes, il
revirrt à samos, apportant aux soltlats des nouvelles étrange-
ment exagdrées. Ii Ieur dit que les citoyens étaient battus cle
verges ; que nul ne pouvait ouvrir Ia bouche devant les maÎ-
treJde I'État; que ceux,ci outrageaient leurs femmes et leurs
enfants qu'ili sôngeaient à saisir et à emprisonner les parents de
;
tous ceuf qui, datts I'armée de Samos,ne leur étaient pas favo-
rabies, ann aô les mettre à mort si I'on refusait de leur obéir.
ll ajouta encore beaucoup d'autres détails aussi peuvéridiques.
t*62 GUERRE DU PÉLoPoNùSE.

. [XXV. À ce récit, les soklats faillirent lapider les prin-


cipaux fauteurs de I'oligarchie et leurs atlhérents. A la fin
oependant ils se calmèrent, grâce à I'intervention des gens
moclérés, qui leur firent comprenrlre qu'en présence de la flotte
ennemie, ctétait le moyen ile tout perdre. Alors voulant asseoir
soliden:ent la ilémocr"atie à Samos, Thrasybulos fils de Lycos,
et Thrasylos, qui étaient à la tête du mouvement , firent prê-
ter à tous les soldats, surtout à ceux qui avaient trempé dans
l'oligarchie, les plus terribles serments de maintenir le régime
ilémocratique, de vivre en bonne harmonie, cle poursuiyre ayec
artleur Ia guerre contre les Pélopondsiens , d'être ennemis tles
Quatre-Cents et ile n'entretenir avec eux aucune relation quel-
oonque. lous les Samiens en âge de porter les armes se lièrent
par le même serment. Les soldats mirent en commun ayec eux
tous leurs lntérêts, toutes les éventualités, tous les périls, per-
suaalés que c'était I'unique chance de salut pour les uns comme
pour les autres, et qu'ils seraient perdus sans retour si les
Quatre-Ceuts ou les ennemis postés à MilBt prenaient le
dessus.
txX'fl. Il y eut alors une scission bien prononcée, Ies uns
voulant ramener la ville à la démocratie ,les autres faire pré-
valoir I'oligarchie dans le camp. Aussitôt les soldats se formè-
rent en assenblée. Ils déposèrent les précédents généraux et
tous ceux tles triérarques qui leur étaient suspects; à leur
place ils en élurent d'autres, notamment Thrasybulos et Thra-
sylos. Les solalats se levaient pour s'adresser des exhortations
mutuelles. Il ne fallait pas, disaient-ils, se laisser abattre parce
quo la ville avait fait divorce avec eux; c'était la minorité qui
s'était séparée d'une majorité bien plus puissante. Maitres de
toutes ies forces uavales, ils obligeraient les villes de leur dé-
pendance à leur payer tribut, aussi bien qu'ils I'auraient fait
en partant il'Athènes. Ils avaient dans Samos une cité consi-
dérable, qui, lors tle sa guerre avec Athènes , avait failli lui
enlever I'empire de la mer r. Elle leur servirait, comme aupa-
tavant, de point d'appui contre I'ennemi. Grâce à leurs vais-
seaux, ils étaient mieux en état que les citoyens tle la ville de
se procurer rles subsistances. Ctétait la flobte qui, de Samos
comme tl'un poste avancé, avait jusqu'alors assuré les com-
munications du Pirée. Dorénavant, si la ville leur déniait leurs
ilroits, il ne tientlrait qu'à eux cle lui fermer la mer , ce qu'ils
n'avaient pas à eraindre d'elle. Les secours à attenilre d'A-
thènes pour la continuation cle la guerre étaient uuls ou à peu
LIVRE VIII. 463
près. On n'ayait pas perdu grandtchose, puisqutelle n,avait à
leur envoyer niargent-les soldats s'eL piocuraient eux-
mêmes
- ni conseil
soit supérieure
utile, seuls points sur lèsquels une ville
à une armée. C'était à eux à se plaindre de
la. ville, qui abrogeait les lois rle la patrie, tandis qu'eux-
mêmes les mainterraient et s'efÏorçaient de les rétablir ainsi
i
I'armée ne le cédait point en sagesse à la ville. Alcibiâde, si
I'ou-clécrétait sa grâce et son rappel , s'empresseraii de ména-
ger I'alliance du roi. En cléfinitive, quand iout vienclrait à reur
tâire défaut, une flotte aussi nombËuse que la leur saurait
bien trouver des retraites, otr les champs et les villes ne leur
manqueraient pas.
LXXVII. Tout en s'excitant de la sorte, Ies soldats n'en con-
tinuaient pas moins leurs préparatifs ile guerre. Quant aur rrix
députés que les Quatre-Cents avaient envoyés à Samos, ils
éLaient déjà à Délos lorsqu'ils apprirent ces nouvelles; ils ne
poussèrent pas plus loin.
LXXnIl. A cette même époque , les Péloponésiens de l,ar-
mée de Milet murmuraient tout haut contre Astyochos et Tis-
sapherne qui, disaient-ils, ruinaient leurs affaires. Ils accu-
saient le de s'être refusé à livrer un combat naval,
-premier
lorsque leur flotte était au grand complet et celle des Athi-
niens pe.u lombregle; de différer maintenant encore, quoique
Itennemi fùt en dissension et n'ett pas concentré-tôus ses
moyens;'d'attendre indéfiniæent, et au risque de tout cornpro-
mettre, la flotte phénicienne, dont on parlait toujours et qui ne
paraissait jamais. À Tissapherne ils reprochaient de ne point
amener cette flotte et de paralyser leur marine en ne fournis-
sant la solde ni régulièrement ni en son entier, ll fallait, selon
eux, ne pas rester plus longtemps dans I'inaction, mais livrer
une bataille tlécisive. Les Syracusains surtout se montraient
exaspérés.
LXXH. Les alliés et Astyochos, instruits de ces murmures
et de I'agitation qui régnait à Samos, tinrent conseil et réso-
lurent cl'engager une actiou générale. En conséquence, ils se
mirent etr mer avec tous leurs bâtiments au nombre de cent
douze, prescriviient aux Milésiens cle se réndre par terre au
Mycale, et firent voile pour Ia même clestination. Les Àthé-
nieng, ayec quatre-vingt-ileux vaisseaur, étaient alors en sta-
tion à Glaucé près du Mycale, en face et à peu ile distance de
Samos. Dès qu'ils virent la flotte pélopondsienne en marche
contre eux, ils se retirèrent à Samos , car ils ne se ooyaient
tt
I+64 GUERRE DU PEI,OPONESE.

pas en mesure cle risquer une action décisive ; d'ailleurs, ,ayant


reçu tle Milet I'annonce du mouvement offenlf de la flotte pé-
lopouésienne, ils avaient fait dire à Strombichiilès de ramener
de I'Hellespont l'escailre détachée ile Chios pour Abydos, et ils
voulaient attendre son arrivée. Tels furent les motifs cle leur
retraite ir Samos. Les Péloponésiens aborclèrent à Mycale et y
campèrent, ainsi que les troupes de terre de Milet et tles en-
virons. Le lentlemain, au moment ile cingler contre Samos,
ils apprirent le retour de Strombichiilès et de la flotte cle I'Hel-
lespont; ils se hâtèrent alors de rentrer à Milet. Les Athé-
niens, dont ce renfort avait porté la flotte à cent huit navires,
firent voile à leur tour contre Milet, dans le dessein de livrer
bataille; mais personne ntétant sorti à leur rencontre, ils re-
ga*nèrent Samos.
LXXX. Le même été, peu de temps après ces événements,
les Péloponésiens qui, maigré la concentration ile leurs forces,
ne s'é[aient pas crus en état de se mesurer contre les Athé-
niens, se trouvèrent fort embarrassés pour I'entretieu d'une
flotte si consiclérable, surtout avec le peu de régularité que Tis-
sapherne mettait dans ses payements. Ils songèrent donc à
exécuter les instructions qu'ils avaient reçues à leur clépart du
Péloponèse, en envoyant vers Pharnabaze, Cléarchos fils rle
Ramphias avec quarante vaisseaux. Pharnabaze les appelait en
leur olfrant des subsides, et Byzance manifestait I'iutention de
se révolter. Ces vaisseaux prirent le large pour dérober leur
marche aux Athéniens; mais ils furent assaillis par une tem-
pête : la plupart, avec 0léarchos, gagnèrent Délos et revinrent
à Milet, d'ou Cléarchos se rendit ensuite par terre dans I'Hel-
lespont pour y prenilre le commantlement. Dix vaisse.aux, con-
cluits par Hélixos de l\Iégare, parvinrent heureusement clans
I'Hellespont et firent soulever Byzance. A cette nouvelle, les
Athéniens envoyèrent de Samos clans I'Hellespont un renfort de
vaisseaux et tle troupes. Il y eut même devant Byzance un ldger
engagement de huit vaisseaux contre huit.
LXXXL Cependant Thrasybulos, qui depuis la révolution
opérée à Samos n'avait pas cessé tle travailler au rappel cl'Alci-
biade, parvint enfiir, de concert avec les meneurs, à obtenir
I'assentiment des solclats assemblés. Dès qu'il eut fait voter par
eux son rappel et sa grâce, il se rendit auprès de Tissapherne
et ramena Alcibiaile à Samos I car à ses yeux le seul moyen
de salut était de s'altacher Tissapherne en I'enlevant aux
Pélopondsiens.
LtvRE vItI. tr6b

Une assemblée fut convoquée. Alcibiade commença par déplo-


rer les malheurs de son eiil; puis il s'étenclit sur les a{faires
publiques et fit briller les plus belles perspectives pour I'ave-
ni.; ùnn il exagéra démesurément son crédit auprès tle.Tissa-
oherne. Par là il voulait intimider les chefs cle I'oligarchie d'a-
ihèoes, rlissoudre les associations t, inspirer à ceux rle Samos
plus tte respect pour lui et cle confrance en eux-mêmes, enfin
Lrouiller toujouis plus les ennemis avec Tissapherne, .en fai-
sant évanouir les eipérances qu'iis avaient mises en lui. elci-
biacle étala donc les promesses les plus pompeusest affirmant
que Tissapherne lui avait d'onné sa parole que, s'il pouvait se fier
iux Âthéniens. I'argent ne leur manquerait pas, tant qu'il lui
resterait quelque ressource, dùt-il faire monnayer son propre
lit; qu'il âmènerait pour eux, et non pour les Péloponesiens,
la iloite phénicienne déjà arrivée à Aspenclos; maiq qu'il ne se
fierait aux Atnéniens que lorsque Alcibiade rappelé lui répon-
clrait de leurs sentiments.
LXXXII. Après avoir entenilu ces promesses et d'autres sem-
blables, jis I'élurent aussitôt général, conjointe_ment avec ceux
qu'ils ivaient déjà nommés, et lui remirent la direction des
affuirer. Dès lors thucun se crut tellement assuré tle son salut
et cle la punition des Quatre-cents, qu'il n'ett échangd cet-.espoir
contre rien au monde. Déjà mêmà. sur la foi de ce qu'ils ve-
naient d'entendre, ils étaie;t tout disposés à cingler imméclia-
tement contre le Pirée, sans s'inquiéter des ennemis qu'ils
avaient devant eux. Mais Alcibiade, maigré leurs instances,
s,opposa formeilement à ce qu'ils prissent un tel parti en lais-
runf d* adversaires qu'ils avaient plus près ffeqx_._ Il dit quet
étant nommé générat, son premier soin'était d'aller trouvet
Tissapherne pùr concerter un plan de guerre-' et en effet, au
sortir cle I'asiemblée, il partit sur-le-champ. Il voulait d'une
part faire croire à une entente complète entre lui et ce satrape,
àe I'autre se granclir à ses yeux en se montrant investi du com-
mandement eî ddsormais èn mesure de lui faire ou ilu bien ou
rlu mal. Atcibiaite avait ainsi I'avantage d'effrayer les Athéniens
par Tissapherne et Tissapherne par les Athéniens'
' LXXXûI. Quantl les Péloponésiens .cle Milet connurent le
rappel d'Alcibiarle, la méfiance qu'ils avaient déjà pour Tissa-
pherne s'accrut considérablement. II s'y. joignait encore un
àutre motif de baine, provenant rte Ia négligence aveo laquelle
Tissapherne servait ià solde depuis la rlémonstration faite par
les Àîhéniens contre Milet, lorsque les Pélopotdsiens avaient re-
,166 GUERRE DU PÉtOPOUÈST.

fusé le coftbat. Formant iles gtoupes entre eurr comme précé-


tlemment, les soltlats et même quelques hommes haut placés se
prirent à considérer qu'ils n'avaient pas encore touché la soltle
àntière, que le peu qu'ils recevaient n'étaitpas même payé régu-
lièrement; qu'enfin, à moins cle livrer une bataille ilécisive ou
de se transporter 1à ori il serait possible ile subsister, on verrait
la désertion se mettre dans les équipages. c Tout le mal, ilisaient-
ils, vient il'Astyochos, qui, pour tles intérêts privés, caresse
les passions de Tissapherne. I
LXXXIV. Pendant qu'ils se livraient à ces réflexions, il s'é-
leva tout à coup une mutinerie contre Astyochos. Les matelots
syracusains et tburiens, dtautant plus arrogants_ q!'ils étaient
de contlition libre, se portèrent en masse auprès de lui en récla-
mant la eolde. Astyochos répondit avec hauteur; il alla même
jusqu'à lever son bâton sur Doriéusr, qui stétait fait I'organe
âe Jon équipage. À cette we, la foule des solclats, en véritables
geus rle mer, éclate avec furie contre Astyochos et s'apprête à
ft lapider. Il prévint le tlanger en se réfugiant près d'un autel.
Il en fut quitte pour la peur,. et la foule se dissipa.
Les Milésiens s'emparèrent par surprise clu château que Tis-
e,
sapherne avait fait construire dans leur ville et en chassèrent
la garnison. Cette action fut bien Yue par les ailiés, surtout
pur" 1r, Syracusains; mais elle n'eut pal I'approbation de Li-
ôhas. Selon lui, les Milésiens et tous les autres habitants du
pays du roi devaient se soumettre à une servitude motlérée et
ménager Tissapherne jusqu'à ce que la guerre ett pris une
heureuse fin. Ce propos et d'autres analogues indisposèrent
contre lui les Milésiens ; aussi lorsque plus tard il fut mort dc
maladie, ils ne permirent pas qu'on I'enterrât à l'endroit qu'a-
vaient choisi les l,acédémoniens présents.
LXXXV. Les choses en étaient là et I'irritation contre Astyo-
cbos et Tissapherne était parvenue à son comble, lorsque Min-
daros arriva ile Lacétlémone pour remplacer Astyochos tlans
les fonctions de navarque t. Astyochos lui remit le comman-
dement et s'embarqua. Il était accompagné par un ambassadeur
de Tissapherne, le Carien Gaulitès, qui parlait les tleux langues.
Ce tlernier était chargé de se plaindre des Milésiens au sujet
du fort et rle disculper Tissapherne ; car celui-ci n'ignorait pas
que les Milésiens étaient partis dans I'intention de I'accuser et
qu'avec eur se trouvait Hermocratès, qui devait le représenter
comme ruinant, d.e concert avec Alcibiade,les affaires tlesPélo-
ponésiens par ses fluctuations. Tissapherne ne lui avait pas
LIVRE VIII. {6,7
pardonné sa conouite dans la question de la solde. Lorsqu'en
dernier lieu ce gdnéral avait été banni ile Syracuse e et rem-
placé par Potamis, Myscon et Démarchos dans le commancle-
ment de I'escadre syracusaine alors à Milet, Tissapherne avait
redoublé d'acharnement contre Hermocratés dès iors exilé. Il
lui reprochait, entre autres choses, cle ntêtre devenu son ennemi
que parce qu'un jour il lui avait demanclé cle I'argent sans I'ob-
tenir. c'est ainsi qu'astyochos, les Milésiens ef Hermocratès
partirent- pour Lacédémone. Âlcibiaite quitta Tissapherne et
revint à Samos.
Lxxxvl. Là-dessus arrivêrent de Délos les ctéputés envovés
dals.le Temps par les Quatre-cents pour tranquilliser I'arriée
et iui faire entendre raison. alcibiade était alors à samos. une
assemblée fut convoquée; mais lorsque les députés voulurent
prendre la parole, les solclats refusèrènt de les écouter et s'ti-
crièrent qu'il fallait tuer ces destructeurs de ra ilémocratie. a la
fin cependant ils se calmèrent, non sans peine, et consentirent
à les laisser parler.
Les députés déclarèrent que la rdvolution avait eu pour but'
non pas la ruine, mais le salut de la ville ; qu'on nj songeaii
aucunement à la livrer anx ennemis : et la preuve, c'est quJrien
n'était plus facile à faire lors de I'incursion des irélopoiésiens.
quancl onétait déjà au pouvoirl que tous les citoyenJ à tour de
rôle feraient partie des cinq-I\{iile; que les familles cres soldats
n'étaient point outragées, comme chéréas I'avait faussement
anno.ncé; qu'on ne leur faisait aucun mal et qu'elles vaquaient
paisiblement à leurs affaires. Ils eurent beau iépéter ceiasser-
tions, les soldats n e voulurent rien entendre ; I a coière leur suggé-
raittoute sorte d'avis, surtout celui d'aller au pirée. En cette occa,
sion, Alcibiacle renrlit à la patrie le service le plus signalé : au
moment ou I'armée, cédant à l'entrainement, allait faire voile
pour Athènes, ce qrri était évidemment livrer aux ennemis I'Io-
nie et I'Hellespont, il sut I'en empêcher. Nul autre que lui n'é-
taient alors capable de contenir la multituile. arci6iade Ia tt
renoncer à son dessein et apaisa par ses remontrances I'irri-
tation contre les députés. Ce fut lui qui les congédia, en leur
disant qu'il ne s'opposait point à ce que les Cinq-Mille gouver-
nassent; mais que les Quatre-Cents devaient se démettre et
rétablir I'ancien conseil des Cinq-Cents I que si I'on avait fait
qu_elque réductiou clans les ilépenses pour àlimenter l,armée, il
y donnait son plein assentiment. au surplus il recommancrait de
tenir ferme et tle ne point cécler aux ennemis: car, dit.il, la
lr08 GUERRE DU PÉIOPONÈSE.

ville sauvée, on peut espérer un rapprochement I mais si I'un


d.es deux partis, celui de Samos ou celui d'Athènes, vient à suc-
comber, il ne restera plus personne avec qui se réconcilier.
Il y avait là des députés d'Argos, venus pour offrir leurs ser-
vices au parti populaire résitlant à Samos. Alcibiade les remer-
eia, et leur clit en les renvoyant qu'on s'adresserait à eux en
temps utile. Ces députés avaient fait ieur traversée avec les
Paraliens. Ceux-ci, comme on I'a vu,. avaient été placés par les
Quatre-Cents sur un bâtiment de transport avec ordre de croi-
ser autour de I'Eubée ; ensuite ils avaient été chargés cle con-
duire à Lacédémone Lespodias, Àristophon et Mélésias, envoyés
en ddputation par les Quatre-Cents; mais parvenus à la hauteur
d.'Argos, ils s'étaient saisis de ces ambassadeurs et les avaient
iivrés aux Argiens, comme coupables du renversement cle la
démocratie; puis, au lieu cle revenir à Athènes, ils avaient pris
à bord des ddputds argiens et s'étaient rendus à Samos avec
leur trirème.
LXXXYI. Le même été, dans le temps oir divers motifs et
surtout le rappel d'Aicibiade avaient porté au comble I'irrita-
tion des Péloponésiens contre Tissapherne, qu'ils regarclaient
comme partisan cléclaré d'Athènes, celui-ci, voulant apparem-
ment dissiper ces fâcheuses impressions , prit le parti d'aller
à Aspeudos au-clevant ile Ia flotte phdnicienne. Il engagea
Lichas à I'accompagner et promit que.son lieutenant Tamos
fournirait en son absence les subsides à I'armée. Les opinions
varient au sujet de ce voyage, et iI n'est pas facile cle savoir dans
guelle intention Tissapherne se rendit à Aspeuclos, ni pour-
quoi, après y être allé, il n'en ramena pas les vaisseaux. Que
la flotte phénicienne , forte cle cent quarante-sept voiles , soit
venue jusqu'à Aspenclos, c'est un fait avéré; mais pour quel
motif ne poussa-t-elle pas plus loin ? à cet égartl le champ est
ouvert aux conjectures. Les uns prétenclent qu'en s'absentant
ainsi iI était fidèle à son système d'a{Iaiblir les Péloponésiens,
et pour preuve ils citent I'extrême négligence apportée par
Tamos dans le règlement cle la solcle ; d'autres, qu'en faisant
venir les Phéniciens à Aspendos, il voulait spéculer sur leur
retraite, sans avoir la moindre intention de les employer; d'au-
tres enûn, qu'il n'avait pas d'autre but que de répondre aux
plaintes élevées contre lui à Lacédémone, en disant à sa clé-
charge qu'il était allé bien réellement chercher cette flotte,
dont la présence n'était pas une fiction. Quant à moi, ce qui rue
paralt le plus probable, c'est que, s'il n'amena pns la flotte
LIYRE VIIT. 469
phénicienne, ce fut pour miner et paralyser la puissance iles
Grecs. II les ruinait par les lenteurs que causait son absence,
et maintenait 1'équilibre entre les deux partis. S'il ett voulu
sérieusement mettre fin à la guerre , il ne tenait qu'à lui ; car
en amenant la flotte, il eùt selon toute probabilité clonné la
victoire aux Lacéddmoniens , dont les forces navales balan-
çaient presque celles d'Athènes. Enfin rien ne révéla mieux sa
pensde que le prétexte allégué par lui pour n'avoir pas amené
ces vaisseaux. A I'entendre, ctest parce qu'ilr étatent moins
nombreux que le roi ne I'avait ordonné ; mais, dans ce cas, il
aurait d'autant mieux servi son maître en épargnant les fi-
nances royales et en atteignant le même but à moins cle frais.
Quoi qu'il en soit, Tissapherne se rentlit à Aspendos ou iI trouva
les Phéniciens. Sur sa demancle, les Pdloponésiens envoyèrent
au-devant de cette flotte le Lacéclémonien Philippos avec deui
trirèmes.
tXXXnlI. Pour Alcibiade, il ne sut pas plutôt Tissapherne
en route pourÀspentlos, qu'il partit lui-même avec treize vais-
seaux. It dit à ceux de Samos qu'il ne manquerait pas de leur
rendre un granil service en amenant aux Athéniens la flotte
phdnicienne, ou tout au moins en I'empêchant de se joindre
aux Péloponésiens. Apparemment il'savait depuis longlemps
que I'intention de Tissapherne n'était pas de faire venir cette
flotte; ii voulait le brouiller de plus en plus avec les Pélopo-
nésiens, en le faisant passer pour son ami et pour celui d'A-
thènes , et Ie forcer ainsi tle se jeter dans les bras des Athé-
niens. Il mit donc à la voile et se dirigea en droite ligne sur
Phasélis et sur Caunos.
tXXXm. De retour à Âthènes, les députés envoyés à Samos
par les Quatre-Cents rapportèrent la réponse d'Alcibiade , qui
dtait d.e tenir ferme sans céder aucunement à I'ennemi, vu qu'il
avait les rneilleures espérances ile les réconcilier avec I'armée
et de triomper d.es Péloponésiens. Déjà plusieurs de ceux qui
avaient donné les mains à i'établissement de I'oligarchie en
étaient aux regrets, et ne demanclaient pas mieux que de trou-
ver un prétexte pour y échapper sans danger. Le langage d'Alci-
biade les enhardit; ils formèrent des rdunions, dans lesquelles
on critiquait la direction des affaires. Parmi eux se trouvaient
quelques-uns des chefs d,u parti aristocratique, p;énéraux et
fonctionnaires , tels que Théraménès fils d'IIagnon , Aristo-
cratès fils de Scellias, et plusieurs autres. Bien qu'ilstinssent le
premier rang dans le régime actuel, ils n'étaient pas, disaient-
THtrcvnrpr. 2i
h,70 GUERRE DU PELOPONESE,
..,
ils, sanirnquiétude à I'égartl de I'armde' de Samos, et particu-
iièrement d'Alcibiade ; ils cr'aignaient même que les députés
partis pour Lacédémone ne prissent , sans I'aveu de ceux qui
les avaient envoyés, quelque résolution fune-ste à I'État. Sans
donc renoncer à une tendance oligarchique , ils se bornaient à
rlemander qu'on désignât effectivement les Cinq-Mille , qui
n'existaient encore que de non, et qu'on établit plus d.'égalité
entre les citoyens. Du reste il n'y avait là que de vains sem-
blants ile popularité; au fond, Ia plupari n'dcoutaientque leur
ambition personnelle, cause fréquente de ia chute des r,rligar-
chies issues de l'état populaire; chacun aspire à devenir de
plein saut, non pas l'égal , mais le premier de tous ; tlans la
démocratie an contraire on prencl mieux son parti du résultat
des élections, parce qu'on ne se voit pas préférer ses égauxt.
Mais rien ne fit sur eux pius d'impressiou que I'autorité
dont Alcibiade jouissait à Samos et le peu d'avenir que leur
semblait avoir I'oligarchie. Àussi travaillaient-ils à i'envi à de-
venir chacun les chefs du parti populaire.
XC. Ceux des Quatre-Cents qui étaient le plus opposés à
cette forme de gouvernement et qui avaient alors Ia haute
main dans Jes affaires, savoir : Phrynichos, le même qui dans
son commandement de Sainos avait eu des démêlés avec Alci-
biade ; Aristarchos, l'un des plus ardents et des plus anciens
adversaires rie la démocratie ; Pisandros, Antiphon et d'autres
hommes des plus puissants, avaient, dès }eur entrée en charge,
envoyé quelques'uns des leurs en ambassade à Lacédémone
pour travailler à un rapprochement '; plus tartl ils en firent
partir d'autres, iorsqu'ils connurent la rdaction ddmocratiqûe
de Samos. Iis avaient aussi commencé à fortifier I'endroit ap-
peié Éétionéa s. Leur activité ne fit que s'accroitre , lorsqu'au
retour de leurs iléputds de Samos, ils virent le changement qui
s'opérait dans la multitude et même chez plusieurs de ceux sur
lesquels ils avaient jusqu'alors compté. Doublement inquiets,
à l'égard d'Athènes et de Samos , ils se hâtèrent d'envoyer à
Lacédémone Antiphon , Phrynichos et dix âutres, qu'ils char-
gèreut d.e traiter à tout prix, pour peu que les conditions fus-
sent tolérables. Ils pressèrent aussi les travaux d,'Éétionéa.
Le but de cette constiuction , au dire de Théraménès et de ses
adhérents, n'était point de fermer je Pirée à la flotte de Samos,
dans le cas ou elle voudrait en forcer I'entrée, mais plutôt d.e
recevoir à volonté les ennemis par terre et par mer. L'Éétio-
néa sert de môle au Pirde , dans lequel on pénètre en la rasant,
LIVNE VIII. 471

A la muraille déjà existante du côté du continent, on en ajou-


tait aiors une nouvelle , afin qu'ii suffit d'une garnison peu
nombreuse pour commander l'entrée du port. Eu effeb, c'était
à I'une des deux tours fermant son étroite embouchure 5 que
venaient aboutir I'ancien mur du côté du continent et le nou-
veau mur intérieur que I'on construisait alors du côté de la
mer. IIs barrèrent aussi par une traverse un portique spacieux
qui touchait au Pirée, et en lirent un entrepôt, dont ils se ré-
servèrent I'administration; chacun fut tenu d'y déposer le blé
qu'il pouvait avoir et celui qui arrivait par mer. C'est de lir
qu'on devait Ie tirer pour le meilrc en vente.
XCI. Depuis longtemps, Théraménès allait se plaignant ile
toutes ces mesures. Lorsque les députés furent rever.r,us de La-
cédémone sans rapporter de solution, il prétendit que ce fort
menaçait la sùreté de la ville. Par une singulière coïncidence,
quarante-deux vaisseaux _-dont quelques-uns italiens, de Ta-
rente et de Locres , quelques autres siciliens
- partirent du
Péloponèse et vinrent mouiilcr à Las en Laconie r, se dispo-
sant à passer en Eubée à la requête des Eubéens. Cette flotte
était commandée par le Spartiate Agésandridas fils d'Agésan-
dros. Théraménès soutint qu'elle avait moins en vue de secou-
rir I'Eubée que d.'appuyer ceux qui fortifiaient I'Éétionéa, et
que, si I'on n'y prenait gardc, la vilie s'en irait bout douccmcnt
à sa perte. Il y avait quelque chose de vrai dans cette accusa-
tion et ce n'était pas une pure calontnie. Les Quatre-Cents vou-
laient avant tout maintenir leur autorité oligarchique, même
sur les alliés; si cela n'était pas possible , conseryer f indépen*
dance en gardant la fl<.rtte et les murs; enfin, en désespoir de
cause, n'être pas les premières victimes du peuple redevenu
souverain, mais plutôt introduire les ennemis, traiter avec eux,
moyennant ie sacriiice des murs eL de ja flolte, et sauYer ce
qu'ils pourraient de la viile, en âssurant ieur sdcurité person-
nelle. Aussi pressaient-ils I'achèr,'ement de ia fortilication
commencée : ils y ménageaient des guichets et des passages
dérobés pour rlonner entrée'aux ennemis. Tout devait être
achevé en temps utile.
XCII. Ce furent d'abord de sourdes rumeurs répand.uesentre
peu de personnes; mais sur ces entrefaites Phrynichos, au re-
toul' tle son ambassade à Lacédémone, fut frappé en trahison par
un d es péripoles' et tué roide en pleine eg:ora, au sortir même tlu
conseil. Le meurtrier s'échappa. Un Argien) son compiice, arrêté
et mis à Ia question par les Quatre-Cents, ne nomma aucun in-
472 GUERRE DU PÉroponùsr.

stigateur de ce crime , et cléclara ne savoir autre chose , sinon


qu'il y avait de fréquents conciliabules chez le commanclant
des péripoles et en d'autres maisons. Comme cette affaire nreut
pas de suites, Thdraménès, Aristocratès et leurs adhérents
pensèrent que le moment d'agir était venu. Déjà la flotte pélo-
ponésienne, partie cle Las, avait tourné la côte jusqu'à Épi-
daure, d'ou elle avait fait une excursion contre Égine. Théia-
ménès soutint que , si elle était efiectivement à destination cle
I'Eubée, il n'était pas naturel qu'eile entrât dans le golfe d'É-
gine pour retourner mouiller à Epidaure, à moins qu'elle ne
ftt appelée dans le but qu'il ne cessait de lui prêter, ajoutant
qu'il n'était plus possible de se croiser les bras.
Enfin, après maint propos séditieux et sur quelques nouyeaux
soupçons, I'on en vint aux effets. Les hoplites du Pirée qui tra-
vaillaient aux fortifications cl'Éétionéa et parmi lesquels se trou-
vait, en qualité de taxiarque, Aristocratès avec sa tribu, se
saisirent d'Àlexiclès, I'un des généraux les plus dévouds à I'o-
ligarchie, le conduisirent dans une maison et I'y enfermèrent.
Ils furent activement secondés par Hermon, chef des péripoles
de garde à Munychie ; et, ce qui était plus grave, la masse des
hoplites les soutenaient.
Les Quatre-Cents se trouvaient alors en séance au conseil. A
cette nouvelle leur premier mouvement fut de courir aux armes,
excepté toutefois ceux à qui ne plaisait pas l'état actuel; en
même temps ils éclataient en menaces contre Théraménès et
ses adhérents. Celui-ci se défendit en disant qu'il était prêt à
aller de ce pas ayec eux tlélivrer le prisonnier. Il s'adjoignit un
des généraux de la même opinion que lui et se rendit au Pirée.
Aristarchos s'y porta de son côtd avec quelques jeunes gens
d'entre les cavaliers. Le tumulte était à son comble. Dans la
ville on croyait le Pirée occupé et le prisonnier déjà mort; au
Pirée on s'attednait de moment en moment à se voir attaqué
par les citadins. De toutes parts on prenait les armes. Ce ne fut
pas sans peine que les vieillards parvinrent à contenir la foule.
Ils furent aidés par le Pharsalien Thucydide, proxène d'Athènes,
qui, se jetant entravers tles plus échauffés, criait cle ne pas per-
clre la république menacde de près par I'ennemi. À la fin cepen-
dant ils se calmèrent et s'absbinrent de s'entrtégorger.
Arrivé au Pirée, Théraménès, en gualité de général, se fâcha
contre les hoplites, mais pour la forme seulement. Aristarchos
au contraire et Ies ennemis cle la multitutle étaient furieux tout
de bon. La plupart cles hoplites n'en persévérèrent pas moins
LIVRE VIII. ItlS
'sans
,Ui:: ]:y entreprise,
oemandèrent
té,moigner le moindre repentir. Ils
à Théraménès s'il croyait les fortifications élevées
à bonne fin et s)il ne vaudrait pas *i.o* res détruire.
Ir répon-
dit que, si tel était leur avis, cÈtait aussi le sien. a I'initant res
hoplites et beaucoup de gens du pirée escaladèrerrt la
muraille
pour la démolir. Le mot d'ordre parmi ra foule était : n
ceux qui prdfèrent re gouvernement iles cinq-Mille â
al'*our.
r.lui d.,
Quatre-cents. r 0n employait encore le nom des cinq-Mile, pour
se mettre à couvert et ne pas dire ouvertement re peu'pte.
ôn crai-
gnait que^les cinq-Mille n'existassent en réarité, et qu'on
ne se
compromit en s'adressant à des inconnus. c'est pour cette
raison
que les Quatre-cents n'avaient vouiu ni désigner effectivement
les cinq-Mille, ni faire savoir qu'ils n'étaient pir aerigné;.
D,onu
part, un personnel si nombreux leur semblaii être urie
véritable
démocratie; de I'eutre, ils pensaient que i'incertitude sur reur
existence entretiendrait la àrainte parmi les citoyens.
xcIII. Le lendemain les Quatre-cents, margrê leur trouble,
s'assemblèrent au conserj. Lis hoplites âu pËée, u!te,
uuoi,
relâché Alexiclès et rasé la muraillè, se rendirent au ihéâtre
de
Bacchus près de Munychie, mirent ies armes à terre et se
mèrent en assemblée. Après une courte délibdratioo, -il,for-
transportèrent à la ville, et allèrent faire halte dans I'Anacéion r.
,*
Quelques émissaires cles Quatre-cents vinrent les y trouyer,
s'entretinrent individuellement ayec eux et engagèrent les ptus
modérés à demeurer en repos et à contenir lei àutres. Ils leur
tlirent g,r'ol allait proclamer les Cinq-Mille, que dans cu nomb..
seraient pris alternativement les Quàtre-cénis, d,après le mode
que les cinq-Mille auraient fixé e qu'en attendant il ne
; fallait
pas perdre la république ni la livref aux
ennemis. ces discours,
d."rs.les groupes, calmèrent la masse des hoplites, en
,t^..f:|t
r.eur rnspirant des craintes pour Ie
salut de I'État. 0n convint
de convoquer, à jour déterminé, une assemblée dans Ie
théâtre
de Bacchus 5 pour Ie rétablissement de la concorde.
,xcly.--Le jour marqué pour cette assembrée était venu etla
seance allait s'ouvrir, lorsqu'on apprit que les quarante-deux
vaisseaux d'Agésandridas, partis aï Meg"re, côtoyaient.
sara-
min-e, II n'y eut alors parmi re peuple r personne qoi ne
vît dans
ce fait la réalisation des craintes éxprimées aepùis longtemps
par Théraménès et par ses aclhérentJ. on ne *it pu, ei
doute
que cette flotte ne vint occuper le fort d'Éétionéa, et I'on
s'ap-
plaudissait de sa destructio-n. Ir se peut qu'agéiandridas
fût
resté clans les parages d'Epiclaure par suite àe qietques intelli-
474 GUERRE Du PÉLoPoNÈsu.
gences ; peut-être aussi attendait-il tout simplement I'issue tles
tlissensions d'Athènes pour intervenir à propos. A la première
nouvelle de son approche, les Athéniens en masse coururent au
Pirée, pensant que leurs divisions intestines rlevaient s'effacer
en présence de I'ennemi, qui était, non plus à distance, mais
déjà devant le port. Ceux'ci rnontaient sur les vaisseaux qui
étaient à flot ; ceuxlà en tiraient d'autres à la mer; quelques-
uns couraient à la iléfense des murailles ou vers I'entrée du
port.
XCV. La flotte péloponésienne, après avoir rangé la côte et
rloublé le cap Sunion, alla mouiller devant Thoricos et Prasies t,
cl'ori elle atteignit ensuite Oropos. Les Athéniens, malgré I'dtat
rle désorganisation de leurs équipages, conséquence inévitable
rles troubles civils, voulurent néanmoins secourir promptement
la plus importante de leurs possessions I en elÏet, depuis le blo-
cus cle I'Attique, l'Eubée était tout pour eux. IIs envoyèrent
d.onc eu grande hâte à Érétrie une flotte commandée par Thy-
mocharès. Cette flotte, réunie aux vaisseaux qui étaient déjà à
Érétrie, se trouva forte de trente-six voiles. Bientôt elle fut con-
trainte livrer bataille. Agésandriclas, après 1e repas clu matin.
de
avait levé I'ancre d'Oropos, ville qui n'est séparée d'Érétrie que
par un bras de mer large de soixante stades. Dès qu'il s'avança,
les Athéniens commencèrent à s'embarquer, croyant leurs sol-
dats dans le voisinage; mais ceux-ci n'ayant pas trouvé de vivres
au marchd, ou les Érétriens avaient eu soin de ne rien laisser
en vente, avaient été obligés d'aller dans les maisons situées à
i'extrémitd de la ville. Par 1à on avait voulu que i'embarquement
se fit avec lcnteur, afin que les ennernis eussent le temps ile
fondre sur lesÀthéniens et les forçassent à combattre dans l'état
ou ils se'trouveraient. Un signal avait été élevé cl'Érétrie pour
indiquer à Oropos I'instant de mettre en mer. Ce fut dans cette
situation que les Athéniens appareillèrent et engagèrent le com-
bat en avant du port d'Ërélric. Ils tinrent que)ques instants;
mais ils ne tardèrent pas à être mis en fuite et jetés à la côte.
Ceux d'entre eux qui cherchèrent un asile dans Érétrie, comme
dans une ville amie, furent Ie plus maltraités; le peuple les
massacra; ceux au contraire qui gagnèrent le fort occupé par
les Athéniens sur la terre rl'Érétrie furent sauvés, de même que
la partie de la flotte qui atteignit Chalcis, Les Péloponésiens
prirent vingt-deux vaisseaux athéniens, tuèrent ou firent pri-
sonniers les équipages, et dressèrent un trophée. Peu cle temps
après, ils insurgèrent toute I'Eutrde, excepté Oréos que les
I,IYRE VIiI. {75
Athéniens occupaient, et ils organisèrent le pa,ys à leur vo-
lonté.
. XCfl. Quantl on connut à Athènes les événements cle I'Eubée,
on fut dani la dernière consternation. Ni le désastre de Sicile,
, tout affreux qu'il parut dans le temps, ni aucun autre revers
j' n'avait encore causê une pareille épouvante. L'armée de Samos
était en pleine révolte; ptus de vaisseaux, plus tl'équipages ;
dans la ville, 1a désunion ; 1a guerre civile près d'éclater; enfin,
pour comble cle tlisgrâee, on venait de perdre une flotte et, ce
qui était encore pis,l'Eubée, I'Eubée plus précieuse à elle seule
que l'Àttique elle-même. comment ne pas éprouver un profond
décourugr*ent ? ce qui augmentait encore Ies alarmes, c'était
la craint-e que les ennemis, enharilis par leur victoire, ne cin-
glassent diiectement contre Ie Pirée dépourvu d.e_vaisseauxl à
àh*qo. instant on s'attendait à les voir arriver. S'ils eussent été
pluJauclacieux, ce ]eur ett été chose aisée; leur présence ett
âccru la clivision entre les citoyens; le blocus ett forcé les sol-
dats de Samos, quoique hostiles à I'oligarchie, de- venir au se-
cours ile leurs pa"ents et de ta république entière; dès lors
I'Hellespont était aux ennemis, de même que I'Ionie, les lles,
tous leJpays jusqu'à I'Eubée, en un mot la totalité de I'empire
des Athéniôni; Uàis ce ne fut pas la seule occasion orI les Lacé-
démoniens se montrèrent pour les Athéniens les plus commocles
adversaires. L'extrême différence cle caractère de ces deux
peuples, I'un vif et audacieux, l'autre circonspect et timide,
procura un tmmense avantage aux atbéniens, surtout tlans une
iutte maritime. C'est ce que firent bien voir les Syracusains I ce
peuple qui avait avec les Athéniens plus d'e ress-emblance que
tout autie, fut aussi celui qui leur fit la plus rude guerre'
XCYII. Sur ces nouveiles, les Àthéniens n'en équipèrent pas
moins vingt vaisseaux et convoguèrent inrmédiatement, pour la
-fois
première depuis la révolution r, une assemblée dans le
Fnyx", lieu ordinaire des séances. Là ils déposèrent les Quatre-
cents;' ils décidèrent que le pouvoir serait remis aux cinq-Mille,
dont firait partie quiconque se fournissait d'armes ; et qu'au-
3

cun emploi-ne seràit rétribué, sous peine de malédictiona' Il y


eut par Ia suite de fréquentes asiemblées, où l'91 vota la
création ile nomothètes E et divers arrêtés législatifs. Jantais
ile mémoire d'homme les Athéniens ne furent mieux gouvernds
gu'en ces premiers temps ; il y avait une sage combinaison de
I;oligarchiô et de la tlémoeratie; aussi la ville ne tartla-t-elle
pa* L se relever tle son abaissement. Enûn on vota le rappel
lr 70 GUERRE uu pÉlopoNÈsr,
6.
d'Alcibiade et d'autres exilés 0n lui envoya, ainsi qu'â I'ar-
mée de Samos, un message pour ltinviter à se mettre à la tête
iles affaires.
XCflII. Penclant que cette révolution s'accomplissait, Pisan-
dros, Alexiclès et les principaux oligarques se réfugièrent à
Décélie. Le seul Aristarchos, se trouyant alors général, prit à
la bâte quelques archers des plus barbares I et se dirigea
vers OEnoé, château fort des AthéDiens sur la frontière de
Béotie. Les Corinthiens, avec un certain nombre de Béotiens.
I'assiégeaient comme volontaires e, pour venger le massacre de
quelques-uns d.es leurs, tombés sous les coups de ceux dtOEnoé
en revenant de Decélie. Aristarchos, après s'être concerté avec
les assiégeants, trompa la garnison d'OEnoé en lui disant qu'A-
thènes avait conclu un accommodement avec les Laoédémo-
niens et qu'il fallait remettre la place aux Béotiens en vertu du
traité. Ces gens le crurent sur parole, parce qutil était général
et qu'eux-mêmes, étant assiégés, ne savaient rien tle ce qui se
passait au dehors. Ils sortirent donc sous assurance de la foi
publique. C'est ainsi que les Béotiens devinrent maltres d'OEnoé
en même temps que prenaient fin I'oligarchie et les troubles
d'Athènes.
XCIX. Yers la même époque de cet été, les Péloponésiens
qui étaient à Miiet se clécidèrent à passer vers Pharnabaze. La
solde n'dtait servie par aucun de ceux qu'à son ddpart pour
Aspendos Tissapherne avait chargés cle ce soin. Ni la flotte phé-
nicienne ni Tissapherne ne paraissaient. Philippos, qui I'avait
accompagné dans ce voyage ainsi qu'un autre Spartiate nommé
Hippocratès, mandaient de Phasélis au nayarque Minrlaros que
cette flotte ne viendrait pas et qu'ils étaient ccmplétement joués
par Tissapherne. D'autre part, Pharnabaze les appelait à lui et
se montrait clisposé à insurger , dès leur arrivée, les villes ile
son gouvernement qui restaient encore aux Athéniens; en quoi
il trouvait pour son compte le même avantage que Tissapherne
pour le sien. Par ces d;.vers motifs, Mindaros , avec soixante-
treize vaisseaux, partit tle Milet pour I'Hellespont dans le plus
grand ordre, à un signal donnè à I'irnproviste, afin de dérober
sa marche aux Athéniens stationnés à Samos. Déjà ce même
été seize vaisseaux étaient entrés dans I'Hellespout et avaient
infesté une portion tle laChersonèse. Mindaros, assailli par une
tempête, fut contraint de relâcher à lcaros , où les vents con-
traires le retinrent cinq ou six jours ; il aborila ensuite à
Chios.
LIVRE VIil, tLI7

C. Dès que Thrasylos le sut parti de Milet, il quitta lui-


même Samôs avec cinquante-cinq navires, et fit diligence afin
de ne pas être devancé par lui dâns l'Ilellespont- Informé que
Mindaros était à Chios, et croyant qu'il y séjournerait, iI éta-
blit des vigies à Lesbos et sur le continent voisin, afin tl'être
prévenu d-u moindre mouvement que ferait la flotte ennemie.
Luimême se renilit à Métbymne, ou il ordonna tle prdparer
de la farine et d'autres substânces alimentaires., dans le des-
sein de diriger des courses de Lesbos contre Chios, pour peu
que la gou"ie tralnât en longueur. De pl1s, cgTme Érésos '
dans l'île de Lesbos avait fait détlection, iI vouiait se porter
contre cette ville et, s'il se pouvait, ia détruire. Il faut savoir
que les plus riches banuis de Mdthymne avaient fait venir ile
Cymé , frâce à leurs affi]iations, une cinquantaine d'hoplites,
levé deJrnercenaires sur le continent, et réuni ainsi trois cents
homloes, clont ils avaient donné Ie commandement au Thébain
Anax'a,ntlros, à cause de la parenté des deux peuplesr. Ils avaient
d'abord assâil[ Méthymnà; mais I'entreprise avait manqué par
un mouvement tle la g'arniion athénienne de Mytilène. Vaincus
ilaus un second. combat et rejetés au d.ehors, ils avaient franchi
la montagne et fait révolter Érésos. Thrasylos commença donc
par s'y rJntlre avec toutc sa flotte et fit ses dispositions d'at-
iaque. Thrasybulos I'y avait précédé avec cinq vaisseaux par-
tiide Samos à Ia première nouvelle clu passage iles bannis;
mais, arrivé trop tarcl, il s'étaib contenté de mettre le blocus
clevant Érésos. Les Athéniens furent aussi ralliés par deux vais-
seaux venant de I'Ilellespont et par d.es hâtiments de Méthymne,
ce qui porta I'effectif dô leur flotte à soixante-sept voiles. A
I'aide dès troupes qui étaient à borcl, ils se disposèrenl à enle-
ver Érésos avec deÀ rnachines et par tous les moyenspossibles.
CI. Cependant Mindaros etla flotte péloponésienne qui était
à Chios, après avoir mis deux jours à se procurer des vivres
et reçu des Chiotes trois tessoracostes t cle Chios par tête, ap-
pareiùèrent à la hâte le troisième jour. Craignant, s'ils pre-
nent le large, de rencontrer la flotie qui assiégeait Érésos, ils
laissèrent Lesbos sur la gauche e et cinglèrent vers le conti-
nent. Ils touchèrent au port cle cartéries sur le territoire de
Phos{s, y prirent leur rèpas du matin, côtoyèrent' ensuite la
campagne de Cymé et alièrent souper aux Ârginuses du con-
tinent 1 à I'oppôsite de Mytilène. De là,, pâr une nuit obscure,
ils continuOrent e serrer le rivage et atteignirent Harmatonte
sur le contiuent en face rte Méthymne. Après le repas du ma-
478 GUERRE DU PÉLOPONÈSE.

tin, ils passèrent avec rapiditd devant Lectos , Larissa , Ha_


maxitos et d'autres places de ces parages, et avant minuit ils
parvinrent à Rhétée ,.qui fait déjà partie de I'Helrespont.
Quel-
ques-uns de leurs vaisseaux prirent terre à sigée ei sur d'au-
tres points cle la côte.
cII. Les dix-huit vaisseaux athéniens qui étaient à sestos
comprirent, allx signaux des vigies et au grand nombre des
feux allumés tout à coup sur le territoire ennemi, que les
Péloponésie's entraient dans I'Heliespont. En consdquence, et
sans attendre la fin de ia nuit, ils se dirigèrent de toute lôur
vitesse sur Eléonte, en côtoyant la chersonèse et tâchaut de
gagner le large avant Ia rencontre des ennemis. lls échappè-
rent aux seize vaisseaux péloponésiens qui étaient à Abydïs,
bien que ceux-ci eussent reçu des leurs qui s'avançaientl'ordre
d'avoir l'æil ouvert sur les mouyementi des Athéniens mais,
;
au.point clu jour.-ils furent_ aperçus par la flotte tle uindaros,
qui aussitôt leur donna la chasse. La plupart se sauvèrent dans
la direction d'Imbros et de LemnoJ; mais quatre vaisseaur
I qui fermaient la marche furent atteints devant Éléonte. L'un
d'eux alla s'échouer près du sanctuaire de protésilas r et fut
I
I
pris avec ceux qui le montaient; deux autres furent capturés
sans leurs- équipages; le quatrième, qui était vide, fut brilé
devant Imbros.
CIII. Ensuite les Pdlopondsiens, ayant rarlié les vaisseaur
d''A-bydos et porté leur flotte ao no*bte de quatre-vingt-six
voil_es, assiégèrentEléonte le même jour; maisï,ayant pu
s,en
rendre maîtres, ils se retirèrent à Abydos.
cependant les Athéniens, trompés par ieurs vigies et ne pré-
:o.*tnl la flotte ennemie passât à Izur insu, iat_
taient à ,S|è1e.que
loisir les murailles d'Ërésos. lllieux informés, ils le-
vèrent à I'instant le siége et se portèrent en toute hâte vers
i'rlellespont. Deux vaisseaux péloponésiens qui, dans l'ardeur
de Ia poursuite, s'étaient aventurés en pleine'mer, yinrent
donner au milieu d'eux.-et furent- pris, Arrivés un joo. trop
taril, lesAthéniens mouillêrent à Éléonte, recueillirent les ba-
timents rdfugiés à Imbros et se préparèrent au combat pendant
cinq jours.
cIY. Ensuite I'action s'engagea cle la manière suivante. Les
Athéniens,
tggos en file, se*aient la côte en se dirigeant vers.
Sestos;.les Péloponésiens, qui les avaient aperçus î'Abydor,
s'ayancèrent à leur rencontie. Quanù le comiat'parut immi-
nent, les Athéniens se déployèrent le long de la chersonèse,
I+79
LIYRE YIII.
Taisseàux'
d.epuis ldacos jusqu'à Àrriana, avec soixante-seize
Abvdos jusqu'à Dar-
Les Péloponésiens en firent autant, {epuis
d.anos, avec quatt*"i"gï:h"it- À i'uitt droite cles Péloponé-
siens étaient les s1:ra.oJuins, â I'autre
aile Mindaros en pel-
sonne avec les bâtiments qui marchaient
le mieux' Du côté
la
cles Athéniens, rnffi; ilil.ii-lu gautttt' Tbrasybulos
chacun a son
ilroite; au centre étaient les autres généraux'
Pdlopooititn. t"hâtèrent dientamer Ie combat'Leur
reng. Les
aroite des Athéni9ns, .ils.vou)ait'nt'
'ft*l.tÀtr
aile gaucbe débordinl-ta
, if itu;t possible, ia sortie du détroit' les charger
au oentre et les po"tt."-e ia côte qui est peu. éIoigrrée' Mais
oir
les Athéniens, deuinïJ leur intentiàn,-s'étôndirent'ùy,,1ôté
les ennemis manæuYraient pour les enferûer,
prireot l'ava]tce
pro-
et les débordèrent. ieur ailË gauche avait déjà -depas.sé.le
laissait faible et
montoire nommé Cynossémal. Cu moouement
le centre-de--i."t-1ignt,-déjà inférieur en nombre à
dégarni
i.îo.*i; tle plus, le contour"du Cynosséma, formant un angle
;t*. n"'pr"Â.ttuii pus d'apercevoir ce qui se passart au delà'
-
iÏ. Les Péloponéiiens, ayant donc enfoncé le centre' pous-
les,enneris
sèrent à la côte r** vui**éuux athéniens, suivirent
Thra'
à terre et eurent sur ce point une supériorité marqude'
bras un grand nombre de vaisseaux'
tyïofot, qui avait sur les
éiait dans I'impossibilité de se porter de l'aile droite au I'aile
secours
tlu centre. thrasylos ne le pouvait pas davantage de
lui masquait en-
!uo"tt, ; car tt p**ontoire de Cynoiséma
tièrement la vue, quand il n'auraii pas été empêché Pfr !e.s
tête et qui n'é-
Taisseaux *yru.oruios et autres qu'ii avait en
Jcs Pélopo-
tffi; p; inférieurs aux siens' À la fin c:pend-a-llli poursuiYaient les
;;i;"; qui , dans I'entralnement du succèi,
à se mettre
ennemis ïans toutes les directions , commencèrent
âper-
en clésorrlre sur quelques points' Thrasybulos' .qui.s'en
mouvement allongé ; et'
çoii, t"tp.nd auisitôt son -tournant
o.r, tr, ïaisseaux qui le menacent ' il les attaque.brusque-
vers le
ment et les force à prendre la fuite' 1l se porte
ensuite
vais-
iliii ;ti;* eaop-oiesiens ont I'avantage, to.lpt-t:-1]eurs
;;;" àpu*' les enfonce et les met en déroute' sans résistance
pour la plupart. Àu même instant, les Syracusains-pliaient
à;;;";- t'a a'ivisio; de Thrasylos ; iis s'enfuirent encore plus
vite lorsqu'ils virent la défaite des autres'
péloponésiens se réfu-
cvr. eprès tu prrl"â, Ia bataille, les
eièrent draboril i*", re fleuve Midios et ensuite à Abydos. Les
ilTé"i,f,, o. prir.ot qu'un petit nombre de bâtiments: car le
[80 ou[RR[ DU putopoNÈst.
peu de largeur de I'Hellespont procura aux
ennemis des re.
traites voisines. Mais rien ne pouvait pfo,
?rliy... e, prlpos que
cette victoire navale- Jusqu'aiors les athénieo*
,"riàoi
-rîoreredouté
11 yaline péloponésieanel à cause de leurs
revrrr ,otir,
et du désastre de Sicile ; depuis ce moment,
ils cessèrent de se
défier d'eux-mêmes et de fâi.e cas des forces
ennemis. Ils leur prirent huit vaisseaux-de
*r"iii*u, au,
chios,--cinq ae
Corinthe, deux d'Ambracie, deux ,fe gEoJiel
;';;'Llor"dr,
un de Laconie. un de syracuse et un ar e.ir'e"u;
de leur côtd quinze vaisïeaux. Ik Jrrgerent
ii, iurairunt
un trophée sur le
promontoire de cynosséma, recueilliient res
aux ennemis reurs morts par. comp.sition,
débrùiËairent
rt aJpérileient une
lrir.ème pour annoncer cette victoirà à Athdnes. iSrrriuaf au .,
bâtiment, apportant la nouvelle d'un succès
inespéré, releva
les courages abattus par res récentes i"t..tr.*aii
par lds dissensions intistines. Les athéniuo" noug. u*
p.orcrrotlo,rou.
du zèle il était encore possible de prendre le )
dessus.
.cnl. Le quatrième jour après'ce combat o"u.i, les athd-
niens, qui avaient radàubé à^la hâte teu* ouviiJrr'riïgta"rnt
de Sestos vers Cvzique , insurgée contre eux.
à I'an*e devant ir-uùrsio" ;tË;i";;,les huit
IIs aperçurent
vaisseaïx venus
de Byzance. Ils fondirent ro. .ui aénrent i.r
étaient débarquées et s'emparèrent âe
,. tiroi., qoi
,r,làt-i*.otili*.iue,
à cyzique, ili firent rentrôr sous reur obéissance cette
ville
ouvert-e et la frappèrent d,une contribution.
pendant ce temps,. les pdlopo-nésiens
passèrent d,Abydos à
Éléonte et reprirlnr ceux au tror, îtË;;,J'ï":*ï
etri.ri.oro'.'ioi*.t*; res autres
Éléonrins. ns envovèrent npp..Àie,
.
;'Jt:ffffi
li
oTiiJ,o*
ïpirreJ^ïo"houeu
ï;
pour ramener la flotte qui s'y trôuvait.
cy[I. S'r ces entrefàites-, .ilcibiade, avec ses treize
-uîoioçuot
vais-
seaux' revint de caunos et de phasélis' e
qu'il avait empêchd ra flotte pneniciennu sanos,
-dr;'ioio-âi*
Péloponésiros et cimenté tur'r*o., dispositions "r*
ph:pe pou-r Athènes. Il é-quipa de Tissa-
bâtiments outre ceux
""r
gu'il avait_déjà, reva une fôrtô contribution
sur Halicarnasse
et fortifia cos: après quoi, il établit un gouverneur
'et
rlernière ville irgagoa sa*o, a i'frpro.ne dans cette
son.. Lorsqo-r
de l,arrière-sai-
Tittrplelne.apprir qou ià noit. peràpoïàri.nn,
avait passé de Milet dans l'giirespo^nt, il partir
pendos et s'achemina vers I'Ionie. ---' r^oi-dJ*ïa,ar-
Penclant que res péroponésiens
étaient dans I'Hetespont, res
LIVRE VIII. 48I
habitants d'Antanclros , Iioliens cl'origine, ayant à se plaindre
d'Arsacès, lieutenant tle Tissapherne , firent venir par terre , à
travers Ie mont Ida , des hopiites d'Abydos, qu'ils introcluisi-
rent dans leur ville. Cet Arsacès avait indignement traité ceux
des Déliens qui s'étaient établis à Atramyttion , lorsque les
Athéniens les avaient expulsés de Délos pour purifier cette ller.
Sous prétexte de combattre un ennemi qu'il ne désignait pas ,
iI avait mis en réquisition les principaux d'entre eux, les avait
emmenés sous les tlehors cle I'amitié et cle I'alliance;puis, sai-
sissant le moment de leur repas, il les avait fait envelopper
par ses gens et percer ile traits. Cette action f t craindre aux
Antanclriens qu'un jour il ne se portât contre eux à quelque
violenc'e analogue ; et, comme ils ne pouvaient plus supporter
les charges qu'il leur imposait, ils chassèrent sa garnison d.e
leur citadelle.
CIX. Tissapherne, sentant que cette expulsion était I'ou-
vrage des Péloponésiens, non moins que ce qui s'était passé à
Milet et à Cnitler, dont ses garnisons avaient été pareillement
chassées , les crut définitivement brouillés avec lui, et appré-
henda de leur part quelque nouveau dommage. D'ailleurs il ne
voyait pas sans dépit que Pharnabaze, qui les avait appelés
depuis moins de temps et à moins cle frais que lui, en tirât
contre les Athéniens de plus grands services. Il résolut rlonc
ile les aller trouver dans I'Hellespont, afin ile se plainilre des
événements d'Àntandros et de se disculper de son mieux au
sujet de la flotte phénicienne et des autres griefs articulés
contre lui. Il se rendit en premier lieu à Éphèse, ou il olfrit
un sacriflce à Diane.
Quand. I'hiver qui suit cet été aura pris fin, la vingt et
e.
unième aunée de la guerre sera terminée
NOTBS.

LIYRE PREMIER.
CEÀp. II.- 1. Àvant d'être occupée par les Thessaliens, peuple venu
de Thesprotide, la Thessalie s'appeiait Éolide, Ilémonie, Pélasgie,
d'après les différents peuples qui l'habitaient. L'immigration des Thes-
saliens est postérieure à la guerre de Troie. Ils subjuguèrent les Éolieris,
les Magnètes, les Perrhèbes et les Achéens..
2. Les Béotiens étaient une des peuplades éoliennes qui furent
expulsées de Thessalie par I'immigration des Thessaliens. Les anciens
babitants de la Béotie étaient les Cadméens, du nom desquels le pays,
ou du moins sa partie centrale, s'appelait Cadméide. Ohassés par les
Béotiens soixante ans après la prise de Troie, ces peuples allèrent en
Àsie Mineure fonder les colonies qui , de leur nom, furent appelés
éoliennes.Ils y furent conduits par Penthilos, fils d'Oreste.
3. Les Aroadiens se vantaient d'ëtre autochthones, et d'avoir fondé
leur ville de Lycosoura antérieurement à I'existence de la lune. L'â-
preté de leurs montagnes les préserva de I'invasion dorienne.
4. Par exemple Ia famille des Néléides, venue avec Mélanthos, père
de Codros, lequel, chassé de Pylos par les Héraclides, se retira en
Attique, et devint roi d'Athènes.
6. Les Ioniens, partis d'Àthènes sous la conduite de Néléus et d'au-
tres fils de Codros (1044 av. J. C,), fondèrent douze villes en Asie
Mineure, dix srrr le continent, savoir: Phocée, Clazomènes, Erythres,
Téos, Priène, Colophon, Lébédos, Myonte, Éphèse et Miletl deux
dans les lles voisines, savoir: Chios et Samos. Les Ioniens d'Asie
étaient originairement unis par une confédération, dont le centre
étaitle temple de Neptune Héliconien, sur le promontoire de Mycale,
où se cêlébraient les fêtes appelées Panionia.

Csi,p. III.- l. C'est mal à propos qu'on restreint quelquefois le


nom d'-tellos à la Grèce sontinentale. par exclusion du Péloponèse.
tr Blr NOTES.

ce nom désignait en génêral tout pays habité paT une population hel-
lénique, et spécialement la Grèce d'Europe dans sa totalité.
2. La phthiotide ou pays de Phthie, berceau de la race hellénique
et rovaume d'achille à I'époqùe de la guerre de Troie, comprenait la
partiË ùe la vallée du Sperchios, - entre I'Ctlta^et Ie mont
'aoyenneseptentrionale de la Grèce moderne.-Les ûls d'Hellen
btnryr,Iinite
étaient'loros, xùthos (père d'Ion et d'Àchéos) et Æolos, patriarches
tles guatre branches de Ia natiott grecque.
3. Hérodote (II, 53) fixe l'âge d'Homère à 400 ans plus haut que
f" riÀ, c'est-à'-dire à 884 av.J. C.Onsaitgl'iln'yap.asd.e$19dus
incertaine dans toute I'histoire ancienne. Larcher, d'après Yelléius
p"t..cutus, place Homère à I'an 968. L'auteur de la vie d'Ilomère,
iuurr.ù*nd aitriboée à Hérodote, dit qu'il naquit 622 ans avant I'expé'
dition de Xerxès, c'est-à-dire 1102 av. J. C.

csep. IV. 1. D'après }Iomère, Minos était roi de cnosse en crète'


oère de Deucalion et aieul d'Idoménée, conséquemment-antérieur tle
âàui àenar"rions à la guerre de Troie. Les Cariens qu'il expulsa des
Cyctaàes habitaient la-cOte S. O. de I'Asie Mineure, où était leur
fiincipatevitle rle llylassa. De là its s'étaient étendus dans les lles
voisines.

Cglp.Y.-l.Parancienspoêtes,Thucydicleentendessentiellement
llomUru. Dans l'gdgssde gtl, Z 1) , Nestor dit I 't6témague :
o Êtrangers ,

qï-et.r-"ous? d'ori venez-vous à travers les plaines humides? est-ce


Ë;;t ;;.ilà affaire, ou- bien errez-vous à faventure , comme des
'otti, qui pur"ou.ént les mers en exposant leur vie et portant le
it
iào"g. ân'd'aùtrespays? > - Le Cyclope adresse la même question à
Ul1'sse (Od. IX, 252).

CHÀP.vI.-1.C'est-à.diredesépinglesd'orenformedecigales.
La cigale, qu'on croyait naître de la tene, était un symbole d'autoch-
thonie pour les anciens Àthéniens.
2. Les Spartiates portaient sur, leur tunique un manteau ertrême-
ment courtl d'étofre grossière et de couleur brune'

crr.l,p. vIII. - 1. Sur les détails de cette purification, voy. livre III,
OÀ. pitirttate avâit déjà purifié un tiers de I'lle de DéIos
f
(Hérodote,
I, 64).
2. Le scholiaste de Thucydide explique ce passage en disant que les
cariens avaient la coutume de dépoier dans lei sépulcres de petits bou'
cliers et des aigrettes de casque, en mémoire des perfectionnements
qu..* peuple avait introduitJdans la fabrication de ces armes (Héro-
dote, I,'l?1, et Strabon, XIV, p. 976). Quant aux Phéniciens, le même
schoiiaste qu'ils enteiraient les morts la tête tounnée vers
l'0ccident, "ffit-e
contrairément à I'usage des autres peuples'
I,IVNE I. 485

Cn.lp. lX. - 1. Une ancienne légende, inconnue cependant à Ho-


mère, portait que T1'rrdare, père d'Ilélène, craignant que la beauté
rle sa fiIle n'attirât des ennemis à celui qu'ii lui aurait donné pour
époux. rassembla, avant de faire connaître son choix, tous les pré-
tendants, et Ieur fit solennellement jurer qu'ils prendraient tous la
défense du futur époux d'Hélène, dans Ie cas où il serait outragé dans
son hymen; serment en vertu duquel Agamemnon et Ménélas leur
firent ensuite prendre les armes, pour yenger I'attentat tle Pâris.
2. Pélops, fils de Tantale qui régnait â Sipyle en Phrygie, chassé
rl'Asie Mineure probahlement par les armes des Troyens, se réfugia en
Grèce, où il épousa Hippodamie, fille d'(Enomaos, roi de Pise en
Élide. Les fils de Pélops (Atrée, Thyeste, Pitthée) obtinrent, par des
alliances matrimoniales, la royauté des principales villes de la pénin-
sule, qui, du nom de leurpère, fut ensuite appelée PéIoponèse ou lle
rle Pélops. On peut présumer que Ie motif de la guerre de Troie fut le
rlésir que les Pélopides, devenus puissants, eurent de se venger des
Troyens, qui avaient détrônê leurs ancêtres.
3. Il s'agit ici del'expédition qu'Eurysthée, roi de Mycènes, fils de
Sthénélos et petit-fils de Persée, fit contre les Àthéniens pour les forcer
à lui livrer les fils d'Hercule réfugiés à Athènes. Le combat eut lieu à
I'isthme de Corinthe, jusqu'ou I'Attique s'étendait alors. Eurysthée fut
tué, les uns disent par Hyllos, fils aîné d'Hercule, les autres par
Iolas, ami et compagnon de ce hêros.
4. Atrée et Thyeste, fils de Pélops et d'Hippodamie, avaient tué
t)hrysippos leur frère, que Pêlops avait eu d'une autre femme. Ce
meurtre les fit exiler de Pise par leur père. C'est alors qu'ils se retirè-
rent à Mycènes, auprès d'Eurysthée, gui était leur neveu, puisqu'il
avait pour mère Astydamie, fille de Pélops.

Cnrp. X.
- 1. communément
quelles on divise
D'autres entendent que des cinq provinces dans les-
le Péloponèse, les Lacédémoniens en
possédaient deux (la Laconie et la l{essénie). Il vaut mieux, d'après
I'usage ordinaire de la langue grecque, entendre ici la division en
surface carcée.
2. La ville de Sparte était bâtie sur plusieurs collines et comprenait
quotre quartiers (Limnæ, Messoa, Cynosoura, Pitane). Du temps de
Thucydide, elle n'était pas entourée de muraillesl elle ne fut fortifiée
gue par le tyran Nabis (190 ans av. J. C.)
3. Le catalogue des navires dans l'fliode est l'énumération détaillée
des divers contingents qui composaient la flotte desGrecs devantTroie.
Ce catalogue , appelé aussi Bototia parce qu'il commence par les
vaisseaux des Béotiens, occupe toute la dernière partie du II' chant
ùel'll,iade, depuis le vers 494. Le nombre total des vaisseaux n'est
pas de 1200, mais de 1186. Ceux des Béotiens sont cités au vers 510,
ceux de Philoctète au vers 719.
486 NOTES.

4. Si I'on prend le nombre rond de 1200 vaisseaux, nombre indiquê


par Thucydide, la moyenne serait de 85 hommes par vaisseau, c'est-
à-dire 102 000 hommes pour la totalité de I'armée.

- 1.
Culp. XI. Ce premier combat livré sur le rivage de la Troade,
Homère n'eu fait aucnne mention, à moins gue ce ne soit celui où
périt le héros Protésilas (Ildade, II, 695). Mais il dut nécessairement
avoir lieu I car les Troyens ne pouvaient manquer de s'opposer au
débarquement des Grecs, avûnt de leur permettre de tirer leurs rais-
seaux à terre et de s'entourer d'un retranchement.

Cnlp. XII.-l. La ville d'Àrné, métropole des Béotiens, était, à ce


qu'on croit, située dans la partie centrale de la Thessalie, entre les
fleuves Énipée et A.pidanos. Cette ville disparut dans Ia suitel mais il
en resta un temple de Minerve ltonienne, divinité nationale des
Béotiensl et à laquelle ils en élevèrent uu nouyeau près de Coronée en
Béotie.
2. Thucydide va au-devant d'une objectiop que les Grecs n'auraient
pas manqué de lui faire, Dans Ie catalogue des navires, Homère cite
en première ligne les Béotiens. Suivant I'usage , il leur assigne I'ex-
trême droite, parce que I'armée avait été rassemblée dans le port
d'Àulis, sur leur territoire. Il fallait donc gu'à cette époque il y erlt
déjà des Béotiens en Béotie.
3. La conquête du PéIoponèse par les Doriens, ayant à leur tête les
Héraclides ou descendants d'Ilercule, eut lieu, selon les calculs les
plusprobables,ll0l âns ay.J.C.; ce qui reportela date de la prise de
Troie à 1184 av. J. C. Hérodote parle incidemment (IX' 26):de la ten-
tative faite par Hyllos, fils d.'Ilercule, pcur rentrer en possession du
royaume de Mycènesl mais il ne ratonte pas la grande expédirion des
Doriens. ûn peut consulter sur ce sujet I'ouvrage classique d'O. Mùller
(Die Dorier), ouvrage qui attenrJtoujours une traùuction française.
Cslp. XIIL - 1. Le tyrannie chez les Grecs était une autorité illé-
gitime que s'arrogeait un citoyen dans un Etat ayant une constitution
républicaine. C'était un retour extralégal à I'ancienne royauté. Pres-
que partout les tyrans avaient commencé par être les chefs du parti
populaire dans la lutte de celui-ci contre I'aristocratie, ou des classes
indigènes contre la noblesse dorienne dans les États fondés par les
Doriens, C'est pourquoi Lacédémone fit partout la guerre aux tyrans,
jusqu'à ee qu'elle les erlt renversés. Le sixième et le septième siècles
avant notre ère sont, pour la majeurepartiede la Grèce, l'époque des
tyrannies.
2. Les'priviléges des rois dans les temps héroiques consistaient à
rendre la justice, à commander I'armée, à présider les assemblées (sans
ceperrdant rien décider que de l'aveu des vieillards ou du peuple)' à
faile fonctions de sacrificateurs tlans les sacriûces publics. Ils avaient
LIVRE i. 487
un domaine réservé, une double portion des victimes, des présents
nombreux et une part prélevée sur le butin. La royauté était héré'
ditaire, mais toujours aYec I'agrément de Ia multituile.
3. La trirème (rpvi1p1ç) était une galère à trois rangs de rames et
à 200 hommes d'équipage. C'était le modèle gniforme des vaisseaux de
guerre grecs à l'époque de Thucyriide.
4. On ignore le sujet de cette ancienne guerre de Corinthe contre
sa colonie. Le scholiaste prétend qu'elle eut lieu à la suite du meurtre
rle Lycophron, fils de Périandre, tyran de Corinthe (Hérodote III, 50).
Mais Wesseling et Larcher ont prouvé que ce serait reculer de plus
d'un siècle la date fournie par Thucydide. Au surplus Homère ne fait
jamais mention de bataille navale. De son temps, les vaisseaux ne ser-
vaient qulau transport des guerriers, sans qu'on ett I'idée de se battre
sur mer.
5. L'épithète ilopulente (&çver6ç) est donnée à Corinthe par Eomère
(lliade II, 570) et par Pindare (0r. XIII, 4).
6. Ceux des loniens d'Asie llineure qui eurent le plus de vaisseaux
furent les Milésiens, les Phocéens, les Chiotes et les Samiens. Leur
marine était déjà considérable du temps de Crésus, roi de Lydie
(Hérod. 1,27 eI 163). Sous Ie règne de Cambyse, une flotte ionienne
prit part à I'expédition de oe prince contre I'Égypte. A lui seul Poly-
crate, tyran de Samos, y envoya 40 trirèmes (Hérod. III, 44). Sur
I'empire maritime de Polycrate, voy. encore Hérodote, IIIr 122 et 39'
où il est dit qu'il possédait 100 pentécontores ou bâtiments à 50 rames-
Sur Rhénéa, voy. III, 104.
?. La fondation de }larseille par une colonie tle Phocéens est placêe
communément 600 ans av. J. C. Hérodote (I,166) parle bien d'un
gombat naval entre les Carthaginois et lesPhocéens, dans lequel ces
derniers eurent le dessousl mais il ne dit mot de la fondation de Mar-
seille. Cette fondation est indiquée par Isocrate (Archid., p. 149), par
AtMnée (XIII, v), parJustin (XLIII' rn) et par Agathias (I' p. 12)-
Cnp. XIV. Les pentd,contoræ étaient des vaisseaux de guerre à
-1. sur un seul rang, 25 de chaque côté. Les pre-
50 rames, disposées
miers bâtiments de ce.genre qui servirent en Grèce furent ceux sur
lesguels arrivèrent à Àrgos les Égyptiens de Danaûs (Pline, Nat. Hist. ,
Vd 5?). C'est probablement à cette circonstance qu'il faut -rapporter
te ioÀTtu légenclaire des b0 filles de ce irince et des 50 fils de son
frère Ægyptus (sésostris). Plus tard, le navire Argo fut construit sur
ce modèlè. Le nàm de oaisseaufr l,ongs est un terme générique, dési-
ginant Ies laisseaux de guerre, par opposition aux taisseaun rond,s
ou bàtiments marchands.
2. Gélon, tyran de Syracuse, offrit aux Grecs menacés par les
Perses, 200 trirèmes, à ôondition qu'il aurait le commandement en
chef rtes alliés; ce gui ne fut pas accepté. Les Corcyréens envoyèrent
lr88 NOTES.

60 vaisseaux qui ne rejoignirent pas la flotte grecque (Hérod., flI.


158 et 166).
3. À Salamine. Peu avant la guerre, Thémistocle avait persuadé aur
Àthéniens de oonsacrer à I'angmentation de leur flotte les revenus des
mines d'argent de Laurion (Plutarq. , Thém., 4).

et Érétrie, villes principales de I'Eubée, se


Cslp. X.Y.
- 1. Chalcis
firent la guerre au sujet delaplaine_fertile de Lélanton. Les Milésiens
soutinren-t Érétrie, les Samiens Chalcis. L'époque de cette guerre est
approximativement fixée à I'an 800 av. J. C.

Cnlp. XVL 1. Les villes grecques d'Asie }Iineure. Le fleuve Halys


-
(Kisil-Irmak) formait la limite orientale de I'empire de crêsus-Il sort
àu mont Aniitaurus, coule au nord et se jette dans le Pont-Eurin,
en séparant la Paphlagonie et le Pont.

puissant des anciens tyrans de la Sicile


CsÂ.p. XVII.
- t. Le plus
fut Gélon de Syracuse, qui remporta sur les Carthaginois une grande
oi.toi.r près dé la ville d'Himera en Sicile, le même jour, dit-on, que
fui gagnOe par les Grecs la bataille de Salamine (30 septembre 480
av. J. C.).

crup. XVIII. - 1. Les Lacérlémoniens expulsèrent les cypsélides de


Co.iniità, Lygdamis de l'{axos, Eschines de Sicyone,.Symmachos de
ifr"ror, À,rfis"de phocide, Àrisiogénès de Milet, enfin les Pisistratides
d'Àthènes.
2. Thucyttide parle encore, au livre v' 16,-de-!a fondation de La-
céalémone par les Doriens. Ii veut dire leur établissement dans cette
nill"; elle existait longtemps a-vant I'invasion dorienrrel mais elle
"u,
é;it p;;considérable, tandis fiue les Doriens en firent la capitale du
pays.
S.onfixecommunêmentà885av.J.C.l'époquedelalégislation
de Lycurgue. La guerre du Péloponèse finit en404' Donc Thucydide
rapproche de 8l ans la date de Lycurgue.
4. L'expulsion des Pisistmtides eut lieu en 510 av. J. C. ; la bataille
de lvlarathon en 490.

Cs.â.p. XIX.- 1. Les conditions primitives de I'alliance d'Athènes sont


indiquées aux chap. xcxYr et xcvlr. Àu eommencement de la'guerre
âu rïroponose, il ne restait plus que les lles de chios et de Lesbos à
Iri s'appliquassent encoie. Tôutes les autres villes alliées, après
ivoir"if"J
vouluËcouer le joug, avaient été successivement désarmées et
soumises à une aggravation de tribut'

Cslp. XX.- 1. Comparez YI' 54-59' Ce préjugé populaire, déjà


.oÀI"ito pur l{éro,lote'(VI, lvi, se troltre reproduit dans l'hymne
LIVRE I. 489
patriotique d'Harmodios et ti'Aristogiton, ainsi que clans le clialogue
d'Hipparque, attribué au philosophe Platon.
2. Monument érigé en I'honneur iles filles de Léos, immolées pour
la patrie. Sur Ies Panathénées ou fètes de Minerve, vb-vez liv. V,
ch, xl,vu, note 3.

3. Allusion dirigée, à ce qu'il paralt, contre I'historien Hérodote,


auquel appartiennent ces deux opinions (YI, Lvrr, et IX, lru).

tslp. Xil. 1. Ce nom désigne les plus anciens chroniqueurs


-
grecs, qui recueillirent les traditions concernant les origines des
villes, des teinples, des peuples ou des rois, et qui les rédigèrent en
prose, dans un style simple et naif. Les Iogographes furent la plupart
Ioniens. Parmi eux on cite Cadmos, Hécatée et Denys, tous trois de
Milet, Hellanicos de Mytilène. Charon de Lampsaque. Sauf de rares
fragments, leurs ouvrages sont per<lus.
Csep. XXIII.- 1. Suf terre, les batailles des Thermopyles et de
Platée; sur mer, celles de I'Artémision et de Salamine.

Cnlp. XXIV. - 1. Thucydide, ainsi qu'Hérodote, donne à I'Adria-


tique le nom de golfe Ionien ou de golfe de Ia mer lonienne. Epi-
damne était située sur une presqu'île de I'Illyrie, à quarante lieues au
N. de Corcyre. Elle fut fondée en 62? av. J. C. Corcyre elle-nême
avait été fondée par les Corinthiens-sept cent trente-cinq ans av. J. C.,
la même année que Syracuse. Les Rouains changèrent le nom d'É'
pidamne en celui de Dyrrachium. C'est aujourd'hui la ville de DurraLzo.
2. Les tléputés d'Épidamne se constituaient suppliants, parce gue,
venant d'une vilte qui avait fait une révolution populaire, ils crai-
gnaient que le gouvernenent aristocratique de Corcyre ne voultt pas
les écouter. La posture des suppliants consistait à s'asseoir sur les
marches d'un autel, en tenant à la main un rameau d'olivier entouré
de laine. Par ce moyen on était sùr d'obtenir audience. Junon était
la divinité nationale de Corcyre.
Cu,rp. XXY.-1. L'lle de Corcyrepassaitpour être la même qu'Homère
appelle Schëria, et où il place I'habitation des Phéaciens. Âussi les
Corcyréens rendaient-ils un culte au héros Àlcinoùs. Yoyez liv. III,
ch. rxx.
CEep. XXYI.
- l. Yille située près de I'embouchure du fleuve
Aoùs (Tofoussc) en lllyrie. Elle s'appelle aujourd'hui Pol,lina,
X. Ils faisaient remarquer I'identité des noms inscrits sur les sé-
pulcres de Corcyre avec ceux qu'ils portaient eux-mêmes, afin d'éta-
blir leur filiationren prouvant que les deux peuples avaient les mêmes
ancêtres.

Crup. XXYII.-1. C'est-à-direque les arciens habitants n'auraient


490 N01ES.

aucun pririlége, mais seraient sur Ie pied d'égalité avec les nouveâUt

venus.
2. Soixante-quinze francs. La drachme corinthienne était la même
que celle d'Égine, ou d,rachrne épaisse, en usage dans le Pélo-
ponèse. Elle valait un franc cinquante centimes, tandis que celle d'À-
thènes, oa drachme l{gère, ne valait que quatre-vingt-dix centimes.

Crup. XXYIII. C'était donner assez clairement à enteudre


- 1.I'alliance
qu'ils rechercheraient des Athéniens. Les Corcyréens étant
d'origine dorienne, leurs alliés naturels étaient les Péloponésiens,
malgré la rupture survenue avec Corinthe et I'êloignement systéma-
tigue où se tenaient les Corcyréens.
Cnep. XXIX.- 1. En termes de marine, Ia ceinture d,un navire
est un renfort adapté extérieurement à la coque des vieur bâtiments
pour en consolider les bordages.

Cslp. XXX. - 1. Pointe méridionale de I'ile de Corcyre; elle s'ap-


pelle encore aujourd'hui Leukimo. Le trophée d'une victoire navale
était la carcasse d'un raisseau ennemi, gu'on tirait sur le rivage et
qu'on dédiait à une divinité. Le trophée d'une victoire sur terre con-
sistait dans une panoplie ou armure complète prise à I'ennemi, et
qu'on érigeait autour d'un pieu planté sur un champ de bataille, à
I'endroit où la déroute avait commencé. Dans lesguerres entre Grecs,
ces Eortes de monuments étaient toujours temporaires; on ne les rele-
vait pas lorsqu'ils venaient à être abattus.
2. Port et promontoire de l'Épire, près de I'embouchure du fleuve
Achéron, vis-à-vis de la pointe méridionale de Corcyre.
Csep. XXXI. 1. Traitê conclu entre les Àthéniens et les Laoédé-
moniens, après -la conguête de I'Eubée (I, cxrv, cxv). Ce traité stipu-
lait que tous ceux des Grecs qui le voudraient pourraient, à leur
choix, se faire inscrire parmi les alliés de I'une ou de l,autre des par-
ties contraclantes. Jusqu'alors les Corcyréens u'avaient pas jugé à
propos d'user de cette faculté.
Culp. XXilI. l. Les affronts qu'ils ne mangueraient pas d'es-
suyer, lorsqu'ils -s'adresseraient à des alliés pour obtenir -teul coopé-
ration à des entreprises injustes.
Culp. XXXIX.- 1. Après ces mots, les éditions anciennes ajoutent
une phrase gue Didot traduit ainsi : c Il n'y a que les orimes auxguels
vous-n'ayez point participé; vous n'en divei donc pas parlagei les
con-séquences. r cette phrase mangue.dans les meilleurs manuicrits,
et doit être considérée comme une glose explicative.
Cn,lp. XL. Pour les détails de cette révolte des Samiens et sa
- 1.par
répression opérée Périclès, vôlez liv. I, ch. cxv. Elle eut lieu
quatre cent quarante ans av. J. c., sept ans avant Ia délibération achrelle.
LIVRE I. 491

Cnep. XLI. 1. Ce lhit est rapporté par Hérodote (VI, rxxxlx).


-
Cette guerre d'Égine et d'Àthènes se place quâtre cent quatre-r'ingt-
onze ans av. J. C. , llannée qui précéda la bataille de l[arathon.
Cnrp. XLII.- f . ilne s'agit pas ici du décet contre Mégare, qui
ne fut rendu que I'année suivante, mais de la défection des Méga-
riens , gui , à la suite d'une guerre avec Corinthe, avaient quitté I'al-
liance de Lacédémone pour celle d'Athènes. Les Corinthiens en avaient
été fort irrités contre les Àthéniens. Voyez liv. I, ch. crtt.
Cuep, XLIV.- 7. Le trajet de Grèce en Sicile s'opérait en longeant
la côte occidentale de la
Grèce jusqu'au promontoire Acrocêraunien
(cap Ltnguetfa) en Épire. De là on traversait vers la pointe d'Iapygie
enltalie (canal d'}trante), sans perdre de vue la terre. Il était donc
naturel que, dans ce trajet, on relâchât à Corcyre.
Culp. XLVI.- l. D'après ce qui vient d'être dit' il parait gue,
près de ce promontoire, était un port du même nom. Strabon (VIIt
-p.
ZZ+) mentionne le port Glykys, comme étant situé à I'embouchure
de l'Àchéron.

Cs.tp. XLYII.- 1. II y avait deur endroits distincts, désignés par


ce même nom: 1o de petltes tles, adjacentes à la côte d'Épire, vis-à'
vis de la pointe méridionale de corcyrel 2. un port sur le oontinent,
dans le voisinage de ces mêmes lles.
Cslp. XLYIII. - 1. Les apprêts d'un combat naval consistaient
principalement à débarrasser les vaisseaux de tout le matériel superllu.
bn déposait à terre les glandes voilesl car on ne manæuvrait qu'à la
rame pendant Ie combat.

- l. Au commencement d'une
Csap. XLIX. action navale, I'usage
était d'arborer pour signal un drapeau sur la rive voisine, où iI lestait
déployé tant que durait Ie combat. La même chose avait lieu sur
terre, quand I'action se passait sous les murs d'uûe lille. Voyez liv. I,
ch. lxur.
2. Manæuvre favorite des Âthéniens. Elle consistait à percer la
ligne de bataille, en endommageant les flancs des vaisseaul ennemis,
puis I virer de bord pour les attaquer par derrière, en semant le
désordre parmi eur.

Cnp. L.-1. On peut s'étonner que ce corps auriliaire n'ett pas été
placé par les Corinthiens à la garde de leur camp, pour.l'empêcher
d'être-pillé. Dans I'attente d'une bataille navale, on cherihait à s'as-
surer de la côte la plus proche, afin de protéger les vaisseaux échoués
ou de recueillir ies hommes échappés au naufrage. Comme la flotte
corinthienne ayait un long trajet à faire pour rejoindre celle des Cor-
cyréens, les Barbares avaient dû suivre parallèlement Ie rivage et se
trouvaient par consôquent assez éloignés du campemeirt de la nuit.
492 NOTES.

2. Il s'agit ici du péan de guerre, hymne martial que les armées


grecques chantaient avant le combat et après la victoire. Cette espèce
de Marseillaise grecque était l'æuvre de'Iynnichos de Chalcis, lequel,
ainsi que Rougé Delisle, n'avait fait aucun autre poême. Ce péan ne
s'est pas conservé. Il y en avait un autre qulon chantait pour inroquer
Apollon dans les épidémies. Homère (Ir..I,4?3) parle de cette der-

I nière espèce de péan, mais jamais de I'autre. Le péan attribué à


Àristote et cité par Athénée est de la seconde espèce.
Csep. LIII.
- 1. Led'armes
distinctif des hérauts
caducée (baguette de l\[ercure) était le signe
ou parlementaires. Si les Corinthiens
eussent envoyé un de ces derniers, sa personne erlt été respectée.
conformément au droit des gens, etle but que les Corinthiens se pro-
posaient n'eût pas été âtteint. Son retour au camp n'erlt pas été la
preure de la non-hostilité des Athéniens.
Crnp. LYI. 1. Presqu'ile sur I'isthme de laquelle était bâtie la
- En
ville de Potidée. détruisant le murdece côté dti iaville, lesAthé-
niens se ménageaient la faculté d'y entrer quand bon Ieur semblerait,
parce qu'ils étaient toujours les maitres de descendre par mer dans la
Pallène.
2. C'étaient probablement des inspecteurs ou commissaires, comme
Ies harmostes des Lacédémoniens, ou comme les magistrats que ceur-
ci envoyaient chaqr^re année à Cythère. Yoyez liv. IV, ch. r.rri.
3. Désignation ordinaire de la péninsule Chatcidique et de toute la
côte septentrionale de la mer Egée jusqu,à Amphipolis. C'est par suite
d'un ancien usâge gue ces pays sont ainsi désignés; car ili étaient
plutôt sur les côtes de la Macétloine, la Thrace proprement dite ne
commencant à se rapprocher de la mer qu'à I'est du Strymon. Mais
anciennement elle s'étendait davantage à I'O.
Curp. LYII.- 1. Le texte porte d,iu; mais ce chiffre est nécessai-
rement fautif. Le nombre des généraux ordinaires, choisis chaque
année par les Athéniens, était tle dix, savoir un par tribu. Or, comme
iI y en aurait eu onze d'après le texte, et qu,au chap. r,xr cinq nou-
veaux sont expédiés, il faudrait admettre la création de six généraur
extraordinaires, ce qui serait sans exemple. M. Krùger a donc pense
ârec assez de vraisemblance que Ie texte original portait Â, c'est-a-
dire quatre, chiffre qu'on aura confondu avec ôéxa. De cette manière
les dix généraux auraient été employés à cette expédition, vu son
importance , de même qu'ils I'aVaient été à celle de Samos. voyez liv.I,
ch. cxvr.
Csrp. LVIII. 1. La Mygdonie était une province de la Macédoine,
située au N. -
de Ia Chatcidique,
et s'étendant depuis le fleuve Axios à
I'O., jusqu'au golfe Strymonique à I'8.. Le lac Bolbé (aujourd'hui
Beschih) se trouve dans cette province, et communique âvec le golfe
Strymonique pâr un canal.
LIYRE I. 493
crrrp. LX.- I.Les peltastes étaient des soldats arnés à la légùre
et destinés à combattre de loin, par opposition aux hoplites, qui re
ralgeaient en phalange. Leur nom de pêltastes venait aï peiiinou-
clier échancré (né),rr1) dont Ia plupart d'entre eux étaient àrmés. Ils
sont fréquemment conlondus avec les psiles ou gymnètes, archers,
frondeurs, gens de trait et lanceurs de pierres, toùs soldats'faisant le
service de voltigeurs. a Athènes les peltastes n,avaient pas d'armure
régulière (lY, xcrv)1 ils n'en reçurent une que du temps d'Iphic'ate.

cuap. LXI.'- 1. Berrhée était une ville de l'Émathie en Macédoine,


au N. O. de Pydna et à cent soixante stades tlu golfe Thermaique. En
essayant un coup de main sur cette place, les Athéniens violaient
la paix qu'ils venaient de conclure avec pertliccas. ce fut peut-être
cette perfidie qui engagea ce prince à rompre de nouyeau a".c uu*.
2. Probablement un de ces frères de Derdas, dont il est parlé au
chap. rrx.
3. Petite ville de Macédoine, sur un promontoire du golfe Ther-
maique.

cslp. LXIII. 1. En termes de constructions maritimes on appelle


-
berme ou risberme un enrochement destiné à protéger contre les vagues
le pied d'gn mur baigné par la mer.

- 2. Potidée occupait toute la largeur tle listhme , et ses murs étaient


de part et d'autre battus par les flots. aristéus ne pouvait pénétrer
dans la ville par les portes dites de Thrace, tournées vers le continent.
et apparemment fermées-pour empêcher lesAthéniens de s'y jeter ioui
d'un.trait.avec-les fuyardi. tt rut àonc otrligé de gagner les"portes ou-
vrant surla Pallène, et pourcet eflet de longer te piea du mur de Ia
ville, en s'exposant aux iraits des vaisseaux Âthéniens.
-3. Le stade, mesure de distances, équivaut à cent quatre_vingt-
cinq mùtres. Il faut huit stades grecs pour faire un milte romain.

, Clf".,FXIY..-
la
1.
_Le mur construit par les Athéniens pour bloquer
vilIe du côté de I'isthme devait être double, afin d?tre à I'àbri
des-attaques du dehors. celui qu'ils éler'èrent pfus tarrt du côté de la
Pallène pouvait être simple, puisqu'il n'y avait rien à craindre de ]tr
part de la péninsule. u'e foil ceJmursélevès, il suffisait d.'une gar-
nison pour les défendrel le reste d.e I'armée tle'enait disponible.
2. Petite ville maritime, surla côte S. O. de la pallène.
Cslp. LXV.- 1. Sermylé, petite vilie située sur I'isthme de la
la-piesqu'tle sithonia, a tin. ae u pallène. Elle était alors alliée des
Athéuiens.
2. Pays habité à cette époque par les Bottiéens, peuple d'origine
grecque et alors allié des chalcirléens. ce pays éiait situé à I'n. de
Tuucrorun 2g
d94 NOTES.

primitivement les Dottiéens avaient


I'otirlée et tlu 6olfe l'hermaique,
habité à I'0. de ce golfe, sur la rive droite du fleuve Àxios; mais
ils avaient été chasséÀ' de Ià par ies llacédoniens. Le nom de Bottiée ou
Bottie étaitresté àleur ancien pays (lI, xc). Il ne faut dono pas con-
fondre la Bottiée , province macédonienne (capitale- Pella), arec Ia Bot'
ttrlue, habrlée pâi des Grecs. Dans I'invasion de la Macétloiue (II,c,
crj, Sit"t.èr ratàge Ia Bottique, mais ne pénètre pas jusqu'à Ia Bottiée.
crup. LXVTL 1. II se tint à
Lacéclémone deux assemblées dis-
-
tinctes au sujet de la guerre. Dans Ia première, dolt il est ici
ques-
tion, Ies l,a-cédémoniens sont réunis.pour entendre les plaintes de
Ieuri aliiés et pour décider en principe s'il y a lier.r de regarder le
traité de paix cômme rompu. Dans Ia seconde (ch. cxrx), Ies députés
ile toutes les villes alliées sont convoqués à Lacédémone, arec voix
déIibérative, pour voter Ja déclaration de guerre aux Athéniens.
Dans cette,lerniare assemblée, on rote pailrille et non par tête.
2. Ce tlécet, qui tuaitle commerce de Mégare' iut p91!é par Cha-
rinos, à I'instigition de Périclès, probablement dans l'été de I'an-
née lr'32 av. J. C., très-peu de temps avant I'assemblée actuelle. Voyez
plutarque (périciès, xxix) et plusie*rs allusions d'Aristophane.

Cnlp. LXX.- 1. Critique indirecte des Lacédémoniens, gui ne se


rlétournaient à aucun prix de Ia célébration de leurs grandes fêtes, les
Hvacinthies et les carnies. II est reconnu que ce qui retarda leur
rlépart lors de la bataille de uarathon, fut ce genre de scrupule-,
nlutôt que Ia raison ailéguée par Hérodote (YI, cvI) et qui consistait
I attenâre la pleine lune. Voyez un exemple du même genre pour les
Gymnopédies (liv. V, ch. txxxu).
D'après Hérodote (YIII, xr,vtrt), le nombre
Cnrp. LxxW.
- 1.
exact des vaisseaux grecs rassemblés à Salamine était de trois cent
soixante-dir-huitl celui des vaisseaux athéniens de deux cents (dont
cent quatre-vingts montés par les Athéniens ou pal.Ies Platéens, et
vingt prêtés h ia ville de Chalcis). Le rapport indiqué par Thucydide
est-dùc eragéré à I'avantage des Athé1iens. C.e sont licences ora-
toires. La le.àon ræputoo(aç est celle de tous Ies bons manuscrits.
poppo a cep"h,Iant préféré rpr.axociuç. Si ce dernier chiffre était véri-
taniô. t'oriteur athénién u'aurait eu garde de dire r) peu prêsdeux
tiers.
2. Hérotlote (YIII, cxxrv) rapporte que Thémistocle s'étant rendu à
Lacédémone après ia bataille tle Salamine, y reçut !e plus honorable
accueil on lui décerna une couronne de laurier; on lui fit présent du
plus beau char qu'il y erlt dans la ville; entn, à son-départ, trois
àents jeunes gens I cheval I'accompagnèrent jusqu'à la frontière.
cup. LXXVII.- 1. IIs'agit ici des procès errtre les Athéniens et
leurs alliés. Chez ies Grecs, le droit de rendre la justice étaii insé-pa-
rable du rlroit de législation, doDt il émanait. Aussi, dès qu'un État
LIVRE I. 495
I)eralâit son autonomie, il perdait en même temps sa juridiction. Il
résultait de Ià que Ia plupart des alliés d.'Athènes, réduits à I'état de
sujets, étaient obligés d'allerplaicler leurs causes devant les tribunaux
de la ville souveraine, au risque d'y rencontrer peu d'impartialité,
lorsque leur partie adverse était un citoyen d'Athènes.
2. Àllusion à la conduite despotique de Pausanias (ch. xcv), la-
quelle fut une des principales causes du mouvement qui porta les
alliés ioniens et insulaires à abandonner I'alliance de Lacètlemone
pour se ranger sous celle d'Àthènes.
Cnrp. XC. 1. On sait que Thèbes servit de quartier général à
Mardonius, et- qu'après la bataille de Platée, les Grecs furent obtigés
de faire le siége de cette ville (Hérodote, Iiv. IX, ch. xrrr et r.xxxvr).
Cnlp. XCIIf.- 1. C'est pour cela qu'on fut obligé de démolir les
sépulcres les plus voisins de I'ancienne enceinte I autrement ils eussent
été enclavés dans la nouvelle ville, contrairement à la loi.
2. On n'est pas d'accord. sur la date de I'archontat de Thémistocle.
Clirrton çFasti Hellenici) Ie place en 481 av. J. C.
3. Les trois darses du Pirée s'appelaient Zéa, Aphrodision et Can-
tharos.
4. Ceci d.oit s'ententlre de chars â deux roues. attachés de manière
à n'en former qu'un, ressemblant à un fardier. La pierre, trop grosse
pour être placée sur un seul char, était supportée d'un bout par le
premier train, de I'autre par le second, comme cela se pratique pour
le transport des longues pièces de hois.
CEAp. XCY. Attachement au parti des Mèdes, crime de haute
trahison. Yoyez
- I,1.cxxxv; III , lxrr, r,xrv.
Csrp. XCVI.- 1. TrésorierF des Grecs. Ces magistrats athéniens,
probablement au nombre de dix, étaient chargés de recevoir le tribut
que les alliés apportaient à Athènes à l'époque des fêtes de Bacchus.
Le trésor commun ne resta pas longtemps à DéIos; les Àthéniens le
transportèrent à Àthènes, et en disposèrent comme d'un revenu. Les
assemblées de Délos cessèrent pareillement.
2. Environ deur millions cing cent mille francs. Àu commence-
ment de la guerre du Péloponèse, la somme était de six cents talents
(II, xur,1, parce que les défections successives avaient été punies par
une aggravation de tribut.
, Cnrp. XCVII.- 1. Hellanicos, ancien historien grec, né à Myti-
iène dans l'île de Lesbos.Il est classé parmi les logographes et doit
être antérieur à lIérodote. Les ouvrages attribués à Hellanicos, et
d,ont nous ne possédons guère queies titres, sont fort nombreux. Son
histoire d'Àthènes (hc0<), dont il est ici question, était ilivisée en
quatre Iivres, et remontait jusqu'aux temps fabuleux.
lr96 l{0Tls.

Culp, XCYIII. - l, ['Tle de Scyros est voisine de la Thessalie, Ses


habitants exerçaieni la pilaterie. Ils furent condamnés par les Am-
phictyons pour avoir capturé tles vaisseaux qui se rendaient à Delphes.
Les .tihéniens furent chargés de I'exécution de Ia sentence. De la dlme
rlu butin fait à Scyros, ils élevèrent à Àthènes le célèbre temple de
Thésée, Cimon ayant soi-disant retrouvé dans l'île les ossements de
ce héros.
2. Carystos, ville située sur Ia côte méridionale de I'Eubée, art
pied du mont Ooha. Le reste de I'tle était tributaire des Athéniens.

Cu,rp. XCIX.- 1. Sur Ia répugnance des loniens pour le service


militaire, royez Hé1otlote, YI, xu.
Cn,rp, C. - 1. Ce sont les fameuses mines d'or et d'argent du mont
Pangée, dans Ia Thrace méridionale, entre les fleuves 'qtrymon et
Nestos. Ces mines avaient été découvertes par les Phéniciens I puis
les Grecs Ies avaient erploitées; enfin elles tombèrent entre les mains
rle Philippe de Macédoine, qui en tira un rerenu considérable, et
bâtit dans Ie voisinage la ville de Philippes
2. Àmphipolis était situé à I'endroit où Ie Strymon sort du lac Cer-
cinitis, à deux lieues de la mer. Aristagoras de Milet avait essayé d'y
établir une colonie; mais elle avait été détruite par les Édoniens
(Hêrodote, V , cxxlv, oir I'endroit est nommé Myroinos;. Àttirés par les
avantages de cette position, les Àthéniens tenouvelèrent deux fois la
même entreprise, d.'abord sans succès; mais enfin, en 437 av. J. C.,
sous la conduite d'Hagnon, ils ttiomphèrent de Ia résistance des
Thraces, et fôndèrent définitivement la ville d'Amphipolis. loyez
liv. IV, ch. cu.
tI. - 1. te tremblement de terre çutlieu en 4ô5 av. J. C.
Cnlp.
Ilrenversa toute la ville de Sparte, excepté cinq maisons' et fit périr
vingt mille personnes. Voyez Diodore de Sicile, IX, r,xIlt; Plutarque,
Cimon, xvrl Pausanias, IV, xxrvl YII, xxv-
2. Les phièques de Laconie étaient les anciens habitants du pays,
Àchéens d'origine, qui furent soumis â une sorte de vasselage par les
conquérants doriens. A la suite d'une révolte, un grand nombre
rl'entre eur furent réduits à Ia condition d:Bilotes ou d'esclaves
publics.
3. Du temps de Thucytlide, la Messénie était, rlepuis près detrois
siècles, incorporée à la Laconie, et avait perclu son nom. Ethéa était
en Laconie, Thuria en Messénie, à I'embouchure du Pamisos. Ithome
est Ia célèbre montagne qui, dans la première guerre de Messénie,
avait servi de citadelle aur Messéniens.

sommet du mont lthome, de même que oelui


Cnrp. CIII.
- 1. Le
rle toutes les hautes montagnes de la Grèce, était consacré à Jupiter.
LrvRE r. 497

Ce tlieu y avait un autel entouré d'une enceinte en pierres brutes.


Voyez Pausanias, III, xxvr I IV, v.
2. Place maritime, appartenant à la Mégaride, et située au N. de
ce pays, sur le golfe de Corinthe. Elle occupait un passage menant en
Béotie.
3. Port de Mégare, à 18 stades tle cette ville et sur Ie golfe Saro-
nique. Yoyez liv. III, ch. Lr, note 3.
Csep. CIY.
- l. Petite ile située sur la côte cl'Êgypte et célèbre par
son fanal. Àlexandre Ia relia au continent par une chaussée de 7
pour former le port d'Àlexandrie. était une ville de la
stades
basse Égypte, à I'exFêmité N. o. près
- Maréa
dela bouohe Canopique et du
Iac Maréotis, qui lui doit son nom-
2. Quartier de Memphis, ainsi appelê, dit le scholiaste, parce qu'il
était construit en pieires de taille, tandis que le reste des murailles
de Memphis était en briques rouges. Le Mur-Blanc servait de citâdelle
à Ia garbison que les Perses tenaient à Memphis.
Cslp. CV. 1. Dislrict situé au S. de I'Ârgolide, entre la ville
r-l'Hermione et- Ie promontoire ScyIIéon.
2. petite lle du golfe saronique, entre Égine et Êpirlaure (aujour-
d'hui .{.ngdslri).
3. La Géranie, montagne faisant partie de Ia chalne des monts
Onéens, gui traiersent I'isthme de Corinthe dans toute sa largeur en
trtOgaride.'ne Corinthe à Mégpe il y a deur chemin5r presque aussi
maivais I'un que I'autre : le piemier traverse les défiIés de la Géranie
au centre de l'isthme, en paisant par le village de Tripodiscos (au-
jourd'hui Deraenia) :'c'était la rouie militaire I le- second n'est qu'un
"étroit
sentier Ie long des roches Scironienles, au bord du golfe Saro-
nique (aujourd'hui Kalti Shalal.
Crup. CVII.- 1. Canton montueux, situé au N. de la Phocide et au
s. du mont Gta. c'est de là que les Doriens étaient anciennement
partis pour marcher à la conquête du Péloponèse. lI renfermait quatre
vities,-d'où lui venait le nom de Téffapote d,orienne. La quatrième,
que Thucydide ne nomme pas, était Pindos.
2. C'est ainsi que I'auteur appelle toujours le golfe de Corinthe.
Crisa était une petite ville maritime, située au S' de Delphes. Les
Athéniens tenaient en tout temps une croisière à Naupacte.
3. L'aristocratie athénienne, qui s'appuyait sur les Péloponésiens,
avait intérêt à ce que ceux-ci pussent, dans un moment donné-, in-
vestir Athènes et Ia séparer de Ia mer. La construction des longs
murs avait précisêment pour but d.e leur ôter cette possibilité.
Cglp. CYIII-- 1. Yille de Béotie, située entre Oropos et Tanagra,
sur la rive gauche de I'Asopos.
II98 N01ES.

1. Gythion, au fond du golfe de Laconie: Cette place était te port


militaire des Lacédémoniens. EIIe avait un bassin creusé de nain
d'homne, deg arsenaux et \rne citatelle.
3. Il ne s'agit pas de Chalcis en Eubèe, place appartenant depuis
longtemps aux Àthéniens ; mais d'une autre ville du même nom,
située en Étolie, à.I'embouchure de I'Événos (II, r,xxxru).

Cnlç. GlX.- l. Ile 0ontiuentale, fais&nt partie du Delta, et men-


tionnée par Hérodote (I{, xr.r). Elle était probablement oorrprise entre
les bouchss tanopique et Sébennytique et un canal que les Perses
desséchèrent. Ce dernier devait suivre à peu près Ia direction du canal
actuel de Mahmoud.

Curp. CXL-1. La Thessalie ne formait point un tôyâume unique,


mais chaque ville avait son gouvernement particulier; Oreste ne devait
donc être roi que de Pharsale. Hérodote (VIII, rnu) qualifie égale-
ment tle rsis de Thessalie les ÀIévades de Larisse.
X. Ville maritime d'Àcarnanie, à I'embouchu're de I'Àchéloos. Elle
était indppendante et fréquemment en guerre aveo les Àchéens, en
faveur desquels los Àthéniens paraissent avoir fait cette expédition.

Crup. CXII.-1. La haute surveillance de I'oracle tle Delphes ap-


partenait aux Àmphictyons; mais, dans I'intervalle des sessions de
cette assemblée, I'administration des affaires courantes, Ia justice
criminelle et la garde du temple étaierrt du ressort du gouvernemett
local. Les Delphiens avaient un régime oligarchique, en harmonie
avec celui de Lacédémone, tandis que les Phocéens, alors alliés d'À-
thènes, se gouvernaient démocratiquement. La rille de Delphes, bien
gue comprise dans les limites générales de Ia Phocide , était indépen-
dante des autres cités phocéennes, et faisait bande à part.

Csrp. CXIII.* 1. C'est-à-ûire de I'opinion aristocratique, Ia pré-


sesce dos Athéniens ayant momentanément donné gain de cause au
parti populaire, et occasionné I'exil des hommes les plus marquants
du parti opposé.

tuep. tXlY.- 1. Cette révolte, ainsi quecelle de lfégare, fut une'


conséquencè naturelle de la perte de la Béotie par les Athéniens.
2. Hestiéa ou Histiéa était une viile du N. de I'Eubée, dans un
cânton extrêmement fertile. Depuis que les Àthéniens s'en fure4t em-
parés, en y établissant une colonie de deux mille de leurs cottcito-\'ens,
èlte prit le nom d'Oréos gu'elle atoujoun conservé.
3. C'est-à-dire qu'ils so mirent en possession de leurs terres, et les
pettagèr€nt au sort entre des crolons athénieng. Cette espèce de colo-
nisation s'appelait xtrqpouXir et les colons x),r1poûXor. Voyez II, xxvtt;
III. r. note 1.
LI\rRË I. lr99
Csnp. CXV.
- 1.0n a vu au chap. lrr que les Achéens étaient
alliés des Athéniens; mais, pour ce qui est de Trézène, Thucydide ni
aucun autre auteur ne dit à quelle occasion elle était entrée dans
I'alliance d'Athènes. La même énumération se lit au liv. IY, ch. xxr.
2. Apparemment des employés civiis que les Athéniens avaient placés
à Samos.

Cnlp. CXYI.-l. Petite lle au sud de Samos et à i'entrée du granrl


golfe de Milet.
2, Bâtiments de transport, approptiès à I'embarquement des troupes
de terre, comme on en avait arr*si pour le transport d.es chevaux.
C'était sans doute I'armée expéditionhaire dirigée par Ies Samiens
contre Milet.
3. Cela doit s'entendre de trois forts élevés contre les trois côtés de
ladlle qui regardent la terre, et non d'une muraille triple, qui erlt
été sans objet.

Crr.l,p. CXV[. * 1. La llotte athénienne n'était protfuée pâr âucune


estacad.e, comme on avait coutume d'en plantei devant les stations
maritimes pour les mettre à fabri d un coup de main.
2. Il ne s'agit pas ici de I'historien, qui a soin de se désigner plus
exactement lui-même, lorsqu'il figure comme général, et qui d;ail-
leurs erlt été beaucoup trop jeune pour commander alors. peut-être
indique"t-il Thucydide fiIs de Méiésias, le célèbre adwrsaire de
Périclès.

Culp. CXVIII. 1. À larigueur, iI ne s'écoula que quarante-neuf


ans entrc la fuite-de Xerxès,480, et le commencement de Ia guerre du
Péloponèse, 331 av. J. C. Mais d'une date à une autre, les Grecs,
avaient coutume de compter le point de rlépart et celui d'arrivée. Il
n'y âdônc rien à cbanger ni à I'erpressionhi à Ia chronologie.
CHrp. CXXI.- l.IIn'est pas question d'un emprunt tel que nous
I'entendons aqiourd'hui. Le ôrédit publie était alors chose iriconnue.
Mais, en cas de nécessité, I'Etat pouvait emprunter les trésors des
plusieurs inscrip-
temples
.nationaux, en s'engageant à les restituer.
tions présentent des reconnaissances d'objets précieux ainsi enprun-
tés aur temples.
Cs,Àp. CXXIV.
- I. Je lis tcùrù, eailern, au lieude taûru, kæt, et
gell à cause du sens, gui me paratt être le même gue cette phrase de
Salluste (Catilina,xx): Id,em rel,l,e atque noll,e, ea d,en,um f,ima ami-
citia cst. Comparez Cicéron, pro pl,ano,II, et Tite l,ive, iXXVl, vrr.

'CElp. CXXVI.
- I. La tentative de Cylon pour s'emparer cle la
tyrannie d'Athènes eut lieu en 612 av. J. C., cilrquante-deu.-r ans avant
500 NorEs.
l'époque où Pisistrate exécuta le même projet. On n'est pas d'accord sur
I'olympiade où 0ylon avait été vainqueur.
2. D'après le scholiaste, Ies pauvres offraient des gâteaux de farine
qui avaient la forme d'animaux, tandis que les riches offraient des
yictimes proprement dites.
3. Depuis la constitution de Solon et les progrès de la démomatie à
â.thènes, les attributions des archontes furent successivement res-
treintes. A l'époque de la guerre du Péloponèse, ces magistrats n,a-
vaient plus que des fonctions judiciaires, I'instruction des causes, la
présidence des tribunaux et I'intendance des fêtes. euant au crime
oylonien, Hérodote (V, r,xxr) l'attribue, non pas aux archontes, mais
aux prytanes des naucrares, qui, selon lui, avaient alors I'autorité. Le
passage de Thucydide pourrait être une rectification d'Hérodote (comme
au chap. xx), quoique au fond les deux assertions ne soient pas con-
tradictoires.
4. Les Euménides ou Furies, dont le sanctuaire se trouvait situé
au pied de I'acropole.
5. Lorsque, affligéspar une maladie contagieuse, ilsfirent venirde
Crète Ie devin Epiménide, qui ordonna Ia purification d'Àthènes, eu
694 av. J. C. (Plutarque, Yie de Sol,on, xn.)
6. Avec le parti aristocratigue ou la faction d'Isagoras, à laquelle
i:léoménès, roi de Lacédémone, était venu prêter main-forte. (Héro-
tlote, V, t"xxu.)
7. II s'agit en particulier de la grande famille des Alcméonides,
tton! le chef Mégaclès se trouvait être premier archonte ou éponyme
à l'épogue du crime cylonien.
Csep. CXX VII. I . Agariste , mère de périclès , était nièce de I'Alc-
méonide Mégactès.-

Cs.ap. CXXVIII.- 1. Comme étant I'efretde la vengeance de Neptune.


Ce dieu était considéré comme l'auteur des tremblements de terle.
2. Minerve, protectrice de Sparte. Le surnom d.e 1a),xroixoç donné
à cette divinité vient de ce que son temple avait des portesd'airain et
un revêtement intérieur de plaques de ce métal. Ce temple était situé
au sommet de I'acropole, c'est-à-dire de la plus haute des collines sur
lesquelles Sparte était bâtie.

Cnlp. CXXIX.- l. Cette préfecture de l,empire des perses tirait


son nom de la ville de Dasoylion, située sur Ia propontide, à I'embou-
chure du Rhyndacos. Cette ville était la résideuce du satrape de la
proYlnce.
2. Les rois de Perse regardaient comme un devoir sacrê de témoi-
gner une reconnaissance royale pour les moindres services qu'ils
avaient reçus. 0n tenait pour cet effet un registre officiel, oir étàient
LiVRE I. 501

inscrits les bien.faiteurs du roi (en langue perse Orosanges, Hérodoxe,


YIII, txxxl). On voit dals I'histoire d'Esther que les rois se faisaierrt
lire de temps en temps ce registre.
Crrrp. CXXXI. 1. Message officiei. La scytale était un bâton routl
et allongé, que -les magistrats de Lacétlémone remettaient à chaque
général en mission. lls en gardaient eux-mêmes un pareil, et, lors-
r1u'ils avaient à envoyer quelque dépêche secrète, ils euroulaient au-
tour de ce bâton une bande de cuir, sur laquelle ils écrivaient dans
le sens de Ia Iongueur du bâton; puis ils déroulaient la bande, etl
sorte que les caractères n'étaient irrtelligibles que pour Ie général, qui
en rétablissait I'ordre à I'aide de son propre bâ,tou.

Cu,rp. CXXXIL- 1. Cléombrotos, père cle Pausanias, et Léonidas,


père de Plistarchos, étarent frères.
2. Voyez Hérodote, IX, t-xxxr. La base de ce trépied, formée par un
errroulement de trois serpents de bronze, aèIé retrouvée en 1856, sur
la place de I'Àtméidan lHippod,rorne) à Constantinople.
3. Argilos, ville grecque en Macérloine, située à i'O. d'Amphipolis
et colonie d'Andro's.
Cslp. CXXilII. Sur Ie cap Ténare, pointe méridionale de'la
- 1. de Neptune, asile particuiièrement révéré
Laconie, étaitun sanctuaire
rles Laoédémoniens. Yoyez liv. I. ch. cxxvlrl.

Cslp. CXXXIV.- l. C'était la roche Tarpéienne de Sparte' comme


à Athènes Ie Bdpagpov, et à Delphes les roches Phédriades.
sentence de I'assemblée
Csap. CXXXV.
- 1. L'ostracisme étaiL une
du peuple à Àthènes, par laquelle on banrtissait pour un temps, sans
acctsation formelle ni-débats publics, le citoyen dont la présence
paraissait dangereuse pour l'égalité républicaine. C'était une précau-
iion introduite, dit-on, par Clisthénèi, après I'expulsion des Pisis-
tatides (5()g av. J. C.) pour prévenir le retour de la tyrannie. Ladurée
de cet exil fut d'abord. de àix ans, puis de cinq. Il n'entralnait ni
confiscation ni infamie. Le bannissement de Thémistocle remonte à
l'an 4?3 av. J. C.
Cslp. CXXXVII. - 1. Pydnaétait en Macédoine, sur le golfe Ther-
maïque. La Molosside, d'où venait Thémistocle, est la portion méri-
dionale de l'Épire, conséquemment sur la mer lonienne. ÀIexandre
est le fils d'Amyntas et Ie prédécesseur de Perdiccas sur le trône de
Macédoine.
2. À I'occasion ilela révolte ile oette lle contre les Àthéniens.Yoyez
liv. I, cb. xcrrr.
employêe pour dêsigner les pen-
Cn.rp. CXXXVIII.
- 1. Formule
sions allouées par lesrois de Perse. Àinsi, selon Hérodote (I, rvcll)'
quatre villages de la Babylonie étaient affectés à I'entretien de la
502 NOTES.

meute du satrape de la pfovince. Àinsi encofe Xênophon (Anabase,l.


rv) parle de villages donnés pour sd, ceinture, c'est-à-ùire pour sa toi-
teitô, I Parysatis, mère d'Àrtaxerxès. Platon (Alcibiade, I' p. 123)
fait aussi aliusion à cette coutune des rois de Perse. Cinquante talents
valaient enviroh deux cent soixante-quinze mille fraucs.
cnrp. cxxxlx.-1. Deux territoires distincts, situéssurles confins
rle I'Àttique et de la Mégaride. Le premier était consacré à cérès et â
proserplne, comme tlépéndance du temple d'Éleusis. Le second avait
êté tongtemps un sujef de litige entre les deux peuples_l-oisins, mais
enfin iiavai-t été convehu que ni I'un ni I'autre ne le cultirerait.
Cnrp. CXLII.- 1. Désertions d'esclales fugitifs, telles qu'Àthènes
en éprouva un si grand nombre pendant I'occupation de Décélie par
les Lâcériémoniens. Voyez liv. YII, ch. xxvtr.

cnrp. cxLIII. - 1. Les rnétèques étaient les étrangers domiciliés à


Athènes. Ils formaient près du quart de Ia population libre. Entre
autres obligations, ils étàient astreints au service militaire. Les plus
aisés faisaiènt forrction d'hoplites; les autres servaient comme troupes
légères ou tùmme tameurs sur les vaisseattx de I'État.
2. ParCe que ces matelots devaierrt, pour la plupart, appafiexir aux
lles et aux villes maritimes de I'empire d'Athènes, et que les Àthéniens
puniraient de bannissement ceux de leurs ressortissants qui auraient
pris duservice dans la marine cnnemie.
Csrp. CXLIV.- 1. À Sparte, une loi, d\te uénélasle, nè permettait
pas l'établissement des étrangers. on re tolérait que.-ceux qui étaient
en passage, mais aucun métèque ou étranger domicilié.

LIVRE II.
Cn,lp. II.- 1. Première année de la guerre, 431 av. J. C.- f,'au-
teur accumule les indications chronologiques, afin de bien établir ce
point de départ. Chaque peuple de la Grèce avait sa manière de
compter les annéesl civiles : les Athéniens, d'après I'archonte-éponyme
(entiant en charge au commencement de juillet); les Lacédérnottiens,
d'aprèsle premier de leurs éphoresl les Argiens, d'après le sacerdoce
de la prètresse de Junon. Dans sa narratiotl. Thucydide ne suit pas
I'année civile, mais I'année solaire, qui cadre mieux avec I'époque
des opératiôns militaires, L'entreprise tles Thébains sur Platée corres-
pond à la lin tl'avril 431 av. J. C.

2. Magistrats supérieurs de la confédération béotienne. IIs étaient


annuels, rééIigiblei, et commaûdaient les ttoupes tle leur État. La
I.IYRE Ii. 503
viile ile Thèhes at'ait deux béotarquesl Ies autres seulemetrt utt. Le
uombre de ces magistrats varia suivant Ies temps. A la bataille de
Délion, où se trouvaient toules les forces bÛotiennes, il y avait onze
béotarques (IV, xct).
3. La faction oligarchique de Platée. Ce Léontiadès est Ie même qui
.êtait lr la tête du gouvernement thébain pendant la guerre Médigue.
(Héro'Iote, VII, ccv et ccxxlu.)
4, Les portes tle ville se fermaient au mo)'en d'une bane mobile,
qui s'ajustait ù deux crochets Iixés aux battants, et dont les deux bouts
s'enfonçaierrt datrs tles cavités ménagées dans les montants. Pour que
la porte fùt fermée aussi bienen detlans qu'en dehors, on insérait un
boulon ou cheville de fer (pd),avoJ dans un irou pratiqué à la barre
et à I'un tles montants, de manière à ce que Ia chcvilie s'y noyàt
complétement. Cette chevilIe était creuse et munie d'uu pas de lis à
I'intérieur. Pour ouvrir, il fallait une clef (pcr).avÉype), qui s'adaptait
au boulon et permettait de I'extraire. Ici le Platéen remplace le boulon
par un fer de javetot, à peu prùs de Ia même forme, et dont il casse
ensuite le bois, en sorte qu'il n'y ait plus moyen d'ouvrir,

Nouveau démenti donné à llérodote, lequel


Cnlp. VIII.
- 1.que
(VI, xcvrrr) affirme Dêlos éprouva un tremblement de terre peu
avant Ia gueme Médique. On a cherché assez inutilement à concilier
ees rleux assertions contradictoires.

CHlp. IX.
- l. Pellène, une des douze villes de la confédération
achéenne, était située à I'extrémité orientale de ce pays, sur les
confins de Ia Sicyonie. Le lien fédéral entre les villes achéennes était
assez faible, àl'époque de Ia guerre du Péloponèse, pour que chaeune
ptt agir isolément. Sicyone formait une république inddpendante,
nullement comprise dans l'ÀchaTe.
2. Ces deux îIes étaient des colonies iacédémoniennes. Théra (,San-
torin) est ordinairernent attribuée au groupe des Sporadesl mais cette
dernière dénomination est inconnue de Thucydide.
3. Yoyez liv. VII, chap. r.vrr, tvnl, une nouvelle énumération des
alliés des deux partis à cette seconde époque de la guerre.
Crrp. XIII. Environ trois millions trois cent mille francs. La
somme du tribut- 1.fixée par Àristide était de quatre cent soixante ta-
lents (I, xcvr). Le surplus provenait de I'adjonction de nouveaux al-
liés, des subsides consentis en remplacement des prestations mili-
tairès, enfin de I'aggravation de tribut imposée aux alliés révoltés
et soumis,
2, La construction des Propylées cotta seule deux mille douze ta-
lents; celle du Parthénon mille. Ajoutez-y l'Odéon, le temple de Cé-
rès à Éleusis, et une foule d'autres édifices moins considérables. Le
siége de Potitlée corlla aux Athéniens deux mille talents. (Yoyez liv. II,
ch. lrx.)
50[ NOTES.

3. Entre autres,le trône tr pieds d'argent nâssif qur avait âppâilen[


à Xerxès, et le cimeterre de Mardonius.
4. Le talent pesant équivalait à trente-deux kilogrammes. La statue
de Minerve, Guvre de Phidias et placée dans le Parthénon, avait
trente-sept pieds de haut. Le buste, Ies bras et les pieds étaient d'i-
voirel le vêtement et les arrnes étaient d'or.
- Sur les emorunts
temporaires faits aux temples par les États, voyez liv. I, ch. cxxr , note 1.
5. Les jeunes Àthéniens, avant d'être incorporés dans la milice
régulière, devaient faire pendant deux ans, sous le nom de péripol,es,
un service de garnison dans les places fortes sur les frontières de l'Àt-
tique. (IV, Lxvrl, note l, et VIII, xcrr, note 1.)-Pour cequi est des
métèques et deleur service militaire, roler,liv. I, ch. cxr,rrr, note 1.
6. Le bras occidental des longs.murs, appelé aussi Ie mur extérieur,
et dansla direction duquel venaient les Péloponésiens. Le bras oriental,
qui était couvert par I'Ilissus et par les pentes de I'Hymette, se trou-
vait d'ailleurs protégé par les fortiûcations du Phalère.
7. La partie qui bordait Ia mer n'avait pas besoin de défense.
8. Les archers à cheval, Thraces ou Scythes, étaient une sorte de
gendarmerie que les Àthéniens entretenaient pour faire la police.
Leur quartier était sur I'agora et s'appelait la tente des Scythes.

Csep. XV.-l. Les bourgades de I'ancienne Attique étaient au nombre


de douze, comme dans les autres États ioniens. Le prytanée était
I'hôtel de ville , où s'assemblaiert les prytanes ou présidents du
conseil.
2. Suivant Ia légende, Eumolpos étaitd'origine thrace, fils de Nep-
tune et roi d'tleusis. On lui attribue la fondation des mystères de
Cérès, dont le sacerdoce resta dans sa famille, les Eumolpides.
Érechthée est le plus ancien roi d'Athènes connu, prédécesseur de -
Cécrops, Ii eut à soutenir une guerre contre les Éleusiniens, Ies vain-
guit, tua leur roi Eumolpos, etfut lui-même tué par Neptune.
3. .La fête rJes Xynæcto (réunion tles habitations), que plutargue
(Yie d,e Thésée, xxrv) appelle Metæcia, se célébrait le seizième jour
du mois Hécatombéon (juillet-août). On rapporte à la même origine
I'institution des Panathénées.
4. Les Limnæ ou Marais étaient le quartier d'Athènes situé au S.
de l'acropole jusqu'à I'llissus. C'est dans ce quartier que se trouvaient
le grand théâtre et le temple de Bacchus.
5. Il y avaii à Athènes quatre fêtes de Bacchus : 1" les petites Dto-
nysies, dites des champs, qui se célébraient dans toute l,Attique au
mois Posidéon (décembre-janvier)1 2. les Lenæa (fête des presioirs) ,
particulières à Athènes, et qui avaient lieu au mois Gamélion fianvier-
fév-rier); S les Anthestërôes (février-mars), dont il est ici question;
4" les grandes Dionysies, dites de la ville, le douzième dumois Éla-
LIVRE IT. aui)
phéboliou (mars-alril). celles-ci duraicnr plusieurs jours et contenaieut
J es représentations dramatiques.

6. I'isistrate ou, selon d'autres. ses fils, avait fait arrarrger'la fon-
taine Callirrhoé (au beau counrnt), de manièr.e que I'eau frlt ùistt'ibuée
lriir neuf bouches, d'où lui vint'te nom ,J,Ennë,crcrounos. Elle élait
située un peu au S. de l'Olympéiorr.

Cslp. XVII. l. Temple de Cérès ûleusinienne, situé au N. rle


I'acropole, dans- le voisinage de I'agora.
2. Bspace situé le long du mur septentrional de I'acropoie, mur que
les Pélasges avaient anciennemerrt construit (Hérodote, vI, cxrxvu). Ce
tenain devait rester vague et inhabité, peut-être pour des raisons
religieuses, comme le pontærium romain, peut-être aussi pour des
motifs militaires, comme le rayou des forteresses moclernes.
3. D'après les vestiges encore existants tles longs murs près du
Pirée, la distance entre leurs deux lignes parallèles ètait de cirtrJ cent
cinquante pieds.

Crup. XVIII.- l. Des béliers. Les autres machines de siége, telles


que catapultes, balistes ou oxvbèles, sont d'un usage plus récent, et
rlui tlate tle I'époque de I'ancien Denys, tlTan de Syracuse. (Voyez
Diodore de Sicile, XIV, xltrt.)

Crtlp. XiX. Les dènrles (bourgs ou commuiles rurales) de I'At-


tirtrue
- 1.division
étaient urre terr:itoriale du pays. Àutre est la division
par tribus; celle-ci était basée sur I'origine des citoyens. Du temps
rle Clisthénès (509 av. J.C.), auteur de la division des Àthénierrs en
rlix trlbus . it y avait cent dèmes, dix par tribLr (Hérodote, V, lxrx); mais
le nr-lmbre en fut ensuite augmenté; et, du temps de Strabon, con-
temporain de l'ère chrétienne, iI 1'avait cent soixante-quatorze dèmes.
Ils étaient d'inégale importauce. Leurs norns se tiraient des villes ou
rillages qui s'y trolrvaient.
Cn.rp. XXI. 1. Sur I'expédition de Piistoanax en Attique , voyez
liv. I, ch cxrv,- et, sur son exil à Sparte, liv. V, ch. xvr.
Cnlp. XXII.- l. Demander à I'ennemi la permission d'enlever les
morts, c'était reconnaître qu'on n'était pas maltre du champ de ba-
taille, et par conséquent s'avouer vaincu.
2. Sur I'alliance des Thessalierls avec Athèues, volez liv. I, ch. or
rll cvrr. Voyez aussi liv. IY, ch. Lxxvrrr, oh il estdit que le peuple de
'l'hessalie était de tout temps favorable aux Athéniens. Cependant Ia
cor:pératiou des'Ihessaliens parait s'être iroruée à ce premier elvoi de
cavalerie auxiliaire. Dès lors il n'en est plus questionl c'est ce qui
explique pourquoi Thucydide ile mentiorute pâs les Thessaliens dans
sotr értumération des alliils d'Alhùne.;.
Tltucrnlrrti. 29
506 NOTES.

3. [e texte reçu ajoute [Iap6.ow, nom d'une ville tout à fait in'
$nnuo. Il y rvdt bisn uno dllo do Pmfusio on lruntlior mtis lo
scholiaste de Thucydide est le seul qui parle de Parasie en Thessalie'
Or ce scholiaste n'est pas très-versé dans la géographie, puisque
(I, iI
place en Àfrique
xrrr) la ville de Marseille, la confondant sans
doute avec les MassYles.
Csrp. XXIII.- 1. Àu lieu de revenir sur leurs pas en traversant
les cantons ravagés de l'Àttique, ils suivirent la route de Décêlie, et
laissèrent à gauche le mont Parnès. D'Oropos ils remontèrent Ia vallée
de l'Àsopos, et prirent, t travers le Cithéron, Ie chemin des Dryos-
céphales et d'Éleuthères, qui les ramenait à Éleusis
2. Cette dénomination n'est pas certaine. D'autres lisent lpa'ircr1v.
ll s'agit d'un district situé entre Oropos et Tanagra, en face de Chalcis'
et d'Érétrie, et qui, pour cette raison, se nommait zrepa,îa ou nÉpav
1fr. Hérodote (YIII, xrtv) appelle ce même pays i nepu(.4 tfr; Bouoriqç
X6pîç.
Csnp. XXIY.
- L. Les triérarques étaient les commandants des
trirèmes. Chaque année les généraux désignaient à tour de rôle , parmi
lescitoyens les plus imposés, autant de triérarques qu'il y avait de
galères disponibles. L'État fournissait les raisseaux, leurs agrès et la
Joltle des équipages. Les triérarques étaient chargés de I'entretien de
leur galère pendant la durée de Ia campagne. Cet impôt était tès-
onéreux. Àprès la guerre du Péloponèse, I'amointlrissement des for'
tunes particulières rendit cette organisation impossible. On permit
alors à deux ou à plusieurs citoye'ns de se réunir pour'faire les frais'
de la tiérarchie.

proprement dite, comprenant la


Cs.r,p. XXV.
- 1. Nom de i'ÉIide
va[ée encaissée qu'arrose le fleuve Pénéos. C'est là gue se trouvait la
ville d'ÉIis. Les sujets des Éléens sont iciles habitants de la Pisatide,
où était située la ville de Phéa.

probablement alors que de la dlme pré-


Cuep. XXYII.
- 1. C'est
levée pour légitimer cette spoliation, les Àthéniens firent construire
le fameux temple d'Égine, dont les ruines sttbsistent encore, et dont
les statues frontonales se voient à Munich. Ce temple était consacré à
llinerve, comme le prouvent les deux grandes figures de cette déesse,
au centre des deux frontons. Les groupes représentent des sujets athé-
niensl I'architecture est de I'ancien style attiquel enfin la situatiol
du temple, éIevé loin de la ville et en face dÀthènes, est une preuYe
qu'il ne fut pas I'cÉuvre des Êginètes indépendants. Le Panhelléniorr
d'Éaque, avèc lequel cet édifice a été souvent confondu, étaitsur Ia
cime'du mont Pinhellénien (Sadnt-É1,;ei, la plus haute sommité de
I'tle, et 0ù se trouve encore aujourd'hui la clôture d'un terrain con-
sacré.
I.IYRE II. 507
2. Yoyez liv. I, ch. cr, et liv. IV, ch. r.vr.

Cslp. XXVIII.
- l. C'est I'éclipse que les tables de pingré placelt
le 3 aorlt 431 av. J. C.

ftrep. XXIX. 1. Les ltrorènes ou hôtes publics , qu'on a quelquefois


assimilés à nos -consuls de commerce, étaient des agents que les dif-
férents États grecs désignaient dans les villes étrangèies aveô lesquelles
ils entretenaient des relations. Les fonctions des rrio"xènes consiitaient
essentieliement à recevoir et à héberger les ambassadeurs de l,État
dont ils exerça.ientla proxénie, et à les introduire dans les assemblées
publiques de la ville où ils résidaient; ce qui suppose qrr'ils irtaient
citoyens de cette dernière. La proxénie était ordinairement hérédi-
taire. Ainsi la famille tl'alcibiade exeiçô longtemps à Àthènes la
proxénie des Lacédémoniens. yoy. \'I , Lxxxrx.
2. Itys, Iils de Téréus et de procné, fut tué rrar sa mère. qui fit
.c.Tiry-:glr 09rps et le ùonna à manger ù Téréui, pour se renger ,te
I'inlidélité de celui-ci.
3. Nous n'avons à ce sujet aucune citation d,auteurgrecl maiscette
locution -se trouve dans Ovide (IIé,roi'des, Xv, 144, arl, Lia.l06) et
dans catulle (r.xv, 14), qui I'avaient sans rloute empruntée aux Grecs.

Culp. XXX.
- l. Sollion ou Solion(Strabon, X, p.4ig), place ma-
'côlonie
ritime de I'acarnanie, située à I'opposite de Leucade, ct cle
Corinthe.

Culp. XXXIY. 1. Ceux qui avaien*" péri dans les combats rle l'été.
Àprès une action,- le premier soin des généraux était de releller leurs
morts et de les brrller. on recueillait les os de chaque tribu dans rles
-djstinctes, qui étaient rapportées à Àthènes, en attenilant les
urnes
funérailles qui avaient lieu en hiver.
2. Le Céramique extérieur, à l,O. d,Àthènes, sur le chemirr rl,Éleu-
s]s.9n y jouit d.'une belle vuel il y avait d.es arnres et des ruisseaux.
Ce faubourg était réservé pour lei sépultures publiques; Ies lom-
beaux particuliers étaieut sur les autres avenues de ta viile.
3- Le sépulcre des morts de Marathon consistait en deux tertres ou
Tynul!, lels qu'en éleyaient à leurs chcfs les Grecs des âges héroiques-
L'un de ces tertres éta,it potrr ics Àthéniens, I'autre pour les platéeus.
Ces tumuli existent encore. Hérorlote 1lX, r.xxxv) rlit qu,on enterra
pareillement sur le champ de bataille les Àthéniens morti à la iournée
de Platée; mais peut-être ne veut-il parler que cl'un cénotaphà.

Cs,lp. XXXY.-1. L'institution rles obsèques publiques est a.ttribuée


à Solon (Diog. Laert. I, r,rf . Plus tarrl on y joignit un discours. cu
ignore depuis quelle époque (Dion. Hal. V, xvrr). Ce discours différait
de nos oraisons furrèbres en ce que I'oraterrr clel'ait louer norr-seulr-
508 NOTES.

rnent ceux à qui l'on donnaitla sépulture, mais encore tous les guer-
riers enterrés dans le Céramique, ce qui faisait que ces discours,
coupés sur Ie même modèle, offraient toujours une revue tles fastes
militaires d'Athènes. Ici Périclès s'écarte de I'usage, en prenant pour
thème l'éloge des institutions et des mæurs des Arhéniens. C'était Ie
conseil qui dêsignait I'orateur ofliciel très-peu tle jours d'avance.
tiomparez le Mtinerène de Platon, I'oraison funèbre réellement pro- -
noncée par Lysias, celle qu'on attribue à Démosthène sur les Athé-
niens morts à Chéronée, enfin les fi'agments de Gorgias et d'Hypé-
riclès.

Cu,tp. XLVII.
- l. Ce morceau, justement célèbre, a donné lieu à
rle grandes controrerses, principalement entre médecins, les uns 1'
retrouvant les caractères de la peste d'Orient, les autr,es ceux de la
rougeole, de la petite vérole ou de Ia suette miliaire, malaclies qui tour
à tour ont décimè I'espèce humairie. Sans entrer dans cetle discussion,
rrous ferons remarquer que la peste proprement dite, endémique dans
I le Delta, où elle reparaît tous les âutomnes, se pronage, deux ou trois
I
lbis par siècle, jusqu'â Thèbes; mais qu'on ne lui a janrais vu suivre
la marche inverse, c'est-à-dire descentlre d'Ethiopie en Égypte; que
notre auteur ne fait aucune nrention cle bubons ni cl'anthrax, lésions
I particulièrement caractéristiques et aussi lpparentes que formidables;
enlin que les exanthèrnes ftbriles, ci-clessus nommés, lr'ont fait leur
première apparition en Europe rlue )rrrit ou neuf siècles plus tartl , et
rlue les traits pathognomouiclues ne catlrent pas non plus a\:ec ceux
rle la maladie décrite par 'l'hrrcvdide. Il ne faut pas s'oltstiner à pour-
suivre, dans ces pages atlmilables, la solution d'une question tl'irlentité
nosologiqrre. Il doit notis suffire d'y reconrraître la folme d'une de se.ç
affections très-meurtrières, à la fois épirlémiques et contagieuses, qui
ont avec Ie typhus des camps une étroite parenté, et qui recevaieut
rles Grecs, au siùcle d'Hippocrate et de Tliucydide, le nom générigue
rle ).orp.6;.

Ctt,tp. LIV.- 1. En grec les deux mots signifiant peste et lamine


(iorpa; et ).rg.ôc) ne diffèrent que d'uue voveile, et,, d'après la pronon-
r;iation indigène, ont absolument Ie même son.
2. Yoyez liv. I, ch. cxvrrr. Orr regardait communément la peste
ccmme suscitée par Apollon, en tant que produite par I'excès de la
chaleur atmosphérique.-

CH.rp. LY.
- l.Paralos ot Paral,ia (le littoral),'district de l'Attique
situé le long de la côte occidentale, cntre Ie Pirée et le cap Sunion,
ou ltlus exactement depuis le dème d'Halæ Æxonides jusqrr'à celui de
Prasiæ. Du côté de I'intérieur, il touchait au district appelé trIesoga:a
intérliterranée), autrement clit la Plaine, et contprenant les aleulout's
ri'Àthènes.
2. Laurion, bourg el nrotrllg'ne ù I'extréurite nréridiouale tle I'.lt-
LIVRE II. 5(,I]
tique. Les mi'es s'étendaient depuis le cap-su.ion jusrlu'au village tle
'l'horicos.

Cnlp. LYIII. la.mortalité produite à Athènes par ia pestc,


-
compârez le calcul Ifait au
.Sur
liv. IlI, ctr. lxxxvlr.
Cu.tp. LIX. _. l. Les Athéniens avaient deux sortes tl'assemblées
du
perqrle : les ordinaires (xupia èxx).4oia), qui étaie't ,o"i:oqi.,
1,u,.
le corseil, clix fois par année (une pai'piytanie), avec unirdre tlrr
jour affiché d'avancel et Ies exiraor,iinairei (oû1*i,"1"oç
êrx).1oie;, qui
étaient co.nvoquées par les généraux,
Ijour aes cirôorrrturru, prlrrurrr.*,
et surtout pour affaires militaires.
CH,c.p. LXV.- 1 Si le texte est fidèle, ces
trois ans doivent se
compter entre I'explosion des tlo.bles tl,athènes et I'irrtervention
de
Cyrus dan-s la guerre du péloponèse (de 4ll à 40g av. J. C.).
€t nou
pas entre le désastre cle. sicïe et la piise d'Athèues pur
rlui ferait une période tle tlix arrs.
ryrni,tre, ce
2' L'alliance de cyrus avec res Lacétlémonie's est postérieure *
l'époque où s'arrète ra narration de Thucydide;
e[e ert'"ucàirtée po,:
,\énophon (Hel.t. il, rr,). preuve de plus- que îh.,cy,lide
nà pas eu
le temps d'achever r;r rédactio' tle scrn histoire. compa'ez tu--porrngo
formel du liv. y, ch. xxvr.
Cu.rp. LXVI.- 1. Amiral rles Lacétlémoniens,
fonction annuelle et
élective., qui donnait re commarrdement rle 1a flotte,
rois étaient les chefs
i""âir^[u. r",.
de |armée de terre. Les Athéuiens n'a-
vaient pas de 'aturels
Leurs gé'éraux exercaie.t intliiTéremmerrt
'avarq*es.
leur autorité sur terre et sur mer..
Culp. LXVIII.- l,larce que, daus I'iniervalle, son frère alcméorr
avait tué sa mère Ériphyle,. pou"rungu*lamort
âe .on père le der.in
Amphilochicon" étair situé au fond du
l:ll:::":.,;.alg,or-
.q,rnrlracrque @'Arla), tlu côté méridional.
sorfe

- l. Ces_.
CH.c,p. LXIX. biltiments_ apportaient surtout des grains
d'Égypte en Grèce. phasélis ert te iEtOlre port tle
- mer en Lycie.
sur les confins de la.pamphyhe. Sur ce rommerce, vo],ez liv. I\-,
ch. Lrrr, et liv. yll, ch. xxxv.
Cnep. LXXI. 1. Repris.sur les perses, I'avaient occupé. pour
la déclaratioh de- pausanias à l'honneurdes piatéen*,
qr.ri
ooy., Èiràaot.,
IX, r.txl Diodore de Sicile, XI , xxrx: plutarque,,,lrrsf. xvrr.

. Csap. LXXV. 1. On a soui,errt cité


le siége de platée comme ulr
19!ant!tton
de la- poliorcétique aes crecs, c'esi'ne erreur. Les Lacé-
oemonrens etare.t très-ig'orants tla's la tactiq'e obsidionale. ce
siéiie, loin de faire règlef ne ooit être considé.a,
sa petitesse, q,re comnie ir' lrait to.t
irr,r lir.rr..i.
"t
ir, feit excéptionuer, ii.rti,,o,i
DlU NOTES.

rhire sourire de pitié tous les tacticiens d:Àthènes. L'auteur parart


aloir voulu, par cette.description,.faire la contre-parti* o, iiç âe
Syracuse, clue les Àthéniens conduisent selon les principes.

.. 2'.
L'attaque des villes.par le moyen de terrasses ou de ptates-formes
élevées e'plan irrcliné jusqu'au niveau des murs de ra prace
assiégée,
était une tactique ancienne, que nous rro]'ons emptoyeJpar t., p..r*,
pour prendre les viles grecques d'Àsie ltiineure (neiooôte,-i,
cr,xr4.
cette métirotle était depuis l.ngtemps abandonnàe po".1à'.ii..onval_
lation, dont I'elIet était beaucoup plui srir.
Cnlp. LXXYIII"-.1. Le ]ever héliaque (Ënrro]d) de l,Àrcturus a lieu
peu de jours avant l'équinoxe d'automne; 'ce qui'torrrrpona-J
la rlate
tlu 17 au 20 septembre.
crrrp. LxXIx.- 1' ville de la périinsure chalcirrigue, située rrans
I'iutérieur des terres, à peu de distânce d'olynthe, ao'.oto N. o.
. 2. District de Ia chalcidique, Iongeant re gorfe Thermaique, au
N. o. de Potidée. c'est le mème pays qu'Hérotlo-te appelle croslséa.
Cu,lp. LXXX.- l. rJ exerçait riéjà la même fonction I'année pré-
!r.h."_"ut). II devait donc avoir été prorogé dans Ie.o**"rr-
cédente
dement. D'après la règle, ra charge de navaique àu d'amiral
des La-
cédémoniens était annuelle (r'huJytlirre, yIII. xx; xénoptron,
rertr,,
I, vr).
--2.' Qui.n'.ont point de rois. Les chaoniens. Ies Thesprotes et res
lfolosses étaient les trois grandes tribus de l'Épire. r,"r
iti.ià"es, res
I-aravéens et les orestes étaient des peuptides situées -oo--N.
a.
l'Àthamanie, entre i'Épire et Ia Macédoinie.
3. Territoire d'Argos Amphilochicon. L,expédition, partie du goltè
'\m-bracique, traversa I'aràarnanie du N. au s. La ville de stratos
était située sur |achéroos, à dix rieues au-d.essus de son embou-
chure, à l'enclroit où ce fleuve est guéabre, parce qu'il se di'ise e.
plusieurs bras.

Cur.p. LXXKIII. I. petite vifle de l,Étolie mêridionale, au pied


d'une montagne du- même nom. L'Er,énos, aujourd.,n"i pn;àaÀ.

- 2_. Les Péloponésiens donnaient rà un exemple de I'esprit routinier


de la race dorienue. La ilisposition circulaire qui avait ruorri
,ootr"
les Perses à I'Àrtémision (Hérodote, VIII, xr) n'éiait pto, p.uiicuble
de-
puis les perfectionnements apportéi par ût Àthéniens aan,
navale.
b àctique

csep. LXXXIY.- t. Les céleustes étaient des officiers inférieurs,


espèce de contre-maîtres,
-qui, sur les vaisseaur, réglaient pur.rn cri
catiencé les mouvements des rameurs.

Cs,rp. LXXXV. 1. Sur les prorènes, voyez chap. xxrx, note l.


-
LIVRE II. 5il
-- Cydonie était sur la côte septentrionare de Ia Crète. Ses ruines
(Paléocastro) sont clans Ie voisinage de la Canée. Polichna était limi-
trophe.

Cs,rp. LXXXVI.
- 1. Les batailles navales ayant presque toujours
lieu près tles côtes, on réunissait des troupes de terre à'proximité,
af;n de recueillir les naufragés ou les vaisseaux poussés au rivage.
2. Les deux promontoires qui forment I'entrée du golfe de Corinthe
(chtl,teaur de llorrie et de Rountélfe) s'appelaient I'un et I'autte Rhion
(ancien mot grec signifiant cap). Toutefois ce nom désignait plus par-
ticulièrement le promontoire du Péloponèse. Celui d'Étolie s'appelait
communémert Anlirrltion ou Rlr,ion de Molycriort,, à cause d'une
petite ville êtolienne de ce nom située dans Ie voisinage.

Cnrp. XCIII.-1. La courroie servait à attacher Ia rame, Ie cous-


sinet à s'asseoir sur les bancs de rameurs. Corinthe n'est qu'à vingt
kilomètres de Mégare.
Curp. XCIY.- 1. Sur cette espèce de télégraphie nocturne au
moyen de signaux de feu, comparez liv. III, ch. xxu, txxxl liv. IY,
ch. xLrI, cxrl liv. VIII, ch. ctr. Selon Ie scholiaste, I'approche de
I'ennemi était indiquée par des flambeaux agités en I'air, celle d'arnis
par des flambeaux éIevés tranquillement.
Crup. XCYI.-- 1. Le mont Hémus des Grecs et des Romains estle
Balkan mod.erne, qui sépare la Roumélie de Ia Bulgarie etqui s'étend
jusgu'à I'Euxin. Les Gètes habitaient la Ilulgarie moderne, ou.le pays
situé entre Ie Balkan et le Danube. Le Rhodope est la cbaîpe qui
séparait la Thrace et Ia Macédoine en allant du N. au S.

Cnu. XCVII. - l. Yaisseau marchand, par opposition aux vaisseaur


Iongs ou de guerre. La forme arrondie donnait aux bâtiments de charge
pluJ de capacité. Hérodote (IV, r,xxxvt) évalue le trajet de jour à
iept cents siades et celui de nuit à six cents. Le mème auteur compte
iaJournée d'un piéton à deux cents stades. On sait que le stade, me'
sure de distance, équivaut à cent quatre-vingt-cinq mètres,
2. I-es nombréuses villes gtecques situées sur le littoral de la
Thrace, depuis I'embouchure du Nestos jusqu'à celle_ de I'Ister, c'est-à-
dire sur la mer Êgée, Ia Proponlide et Ie Pont-Euxin.
Cs,r,p. XCIX..- 1. Famille de I'Iléraclide Téménos, roi d'Argos de-
puis la conquête dorienne. Un de ses descendants, Caranos, frère du
iyran nhidon, alla s'établir en ]ttacédoine, et, par ses exploits, fonda
IË royaume de.ce nom (Hérodote, YllI, cxxxvtr). Le pglplq macédo-
nien était barbare; mais la famille régnante, jusqu'à Philippe et
Alexandre, était grecque, originaire d'Argos et issue d'Hercule.
,CHÂp. C. 1. D'après Hérodote (YIII, cxxnx) , ces huit rois furent :
-
512 N0Tls,
Perdiccas, Argéos, Philippe, Àéropos, Alcétas, Àmyntas, Alexantlre,
Perdiccas.

Cnlp. ClI. t. La prédiction de I'auteur s'est depuis longlemps ac-


-
complie. Les Échinades sont, pour la plupart, soudées au continent,
et n'apparaissent plus que comme des collines s'élevant dans un ma-
rais, sauf quelques-unes qui forment une barre à I'embouchnre de
I'Achéloos. Le cours même du fleuve a changé près de la mer. Sorr
ancien lit se reconnait au milieu des lagunes de Mesolongi. La posi-
tion exacte d'(Euiades est incertaitre. Elle ne devait pas ôtre éIoigrrÉe
d'Ânatolico. Voyez lir'. IIi, ch.. vlr.

LIVNE III.
Cs.lp. lL - l. On voil, par ce qui suit que cette défection fut I'ou-
vrage du parti aristocratique.
2. Ces rleux peuples étaient de race éolienne. Lesbos considérait la
Béotie comme sa métropole, parce que c'était de ce pays qu'était
parti Penthilos lils d'Oreste, conducteur de la colonie éolienne clont
Lesbos fut Ie centre. Yotez Hérodote, liv. VII, ch. clxxvt.

Cnep. III.-1. Ainsi appelé parce que le temple de ce dieu était


situé près du promontoire Maléa, pointe méridionale de l'île rle
I.esbos.
2. Port situé près tlu promontoire du même nom. à I'extrémité
mériclionale de l'Eubée, où était un temple de Neptune.
3. La tlistance entre ces tleux villes est de cent quatre-vingt-douze
milles nautiques de soixante au degré.

- 1. il est évident
Cslp. IV. qn'il n'est pas ici question du pro-
montoire Maléa, pointe méridionale de I'ile de Lesbos. Si la leçon est
exacte, ilfaut admettre qu'il y avait un autre endroit du même nom.
situé au N. de Mytilène. Ce serait Ie seul passage ou un tel eutlroit
aurait été mentionné. Yo1'ez ch. vr.
Cnlp. Y.
coloniséeS
- l.lesLes
par
deux îles d'Imbros et cle Lemnos avaient été
Âthéniens cinq cents arts av. J. C. Leurs habitauts
étaient considérés comme citoyens d'Àthènes. YoXez liv. YII, ch. lvtl.
2. Manière ordinaire de cotrstater la victoire, en obligeant l'ennenr{
i\ rlemarrtler une trêve pottr enlever ses morts, et par là à s'avorter
vaincu. Comparez liv. lV, ch. clxxtv
CHa,n. VI. 1. L'ancienne ville de Mytilène était dans tne petite île,
-
LIVRE III. b l:J
sépar'ée de Ia grancle île de Lesbos par urr canal mirinl,enarrt comlrlé.
cette petite lle formait deux baies, I'une au s. et hols de la r,ille,
I'autre aq N., plus vaste et ser\iand par.ticulièrement de port. Cette
dernière était protégée par un môle, rlui existe encore aujourd'hui err
grande partie. Ce sont là les deux ports de Mytilène.
2. Ici encore il
n'est pas possible de songer au promontoire Malée,
situé à 70 stades de Mytilène, et par conséquent beaucoup tro1,
éloigné pour un marché. Nouvelle raison pour admettre l'existence
rl'un second lieu du même nom et plus rapproché de la ville. peut-
ôtre était-ce Ia dénomination du port septeDtrional.

Cnlp. VII.-1. Ilparatt qu'à cette époque phormion était mort. Orr
concoit que sa campagne d'Acarnanie (tI, r,xvlrr), et surtout ses bril-
lants combats maritimes (II, r,xxxur-xcrr), eussent donné aux Acarna-
niens une haute idée de ses talents militaires.
2. Surla situation de cette ville, voyez liv.II, ch. cu note 1.
3. Néricos ou Néricon, r.iile de I'tle ou prestlu'île de Leucacle, quel-
quefois confondue avec Néritos, tlot voisin d'Ithague.
4. Les Corinthiens entretenaient des garnisons dans les villes de leur
alliance situées sur les côtes, pour lespréserver des déprédations.

Csîs. VIII.-1. Olympiade 88 (428 av. J. C.). 't'hucydide ne dêsigne


les olympiades que par Ie nom de I'athlùte vaingueur (oomparez liv. y,
ch. xr,lx). L'indication nurnérique ne se rencontre que dans les auteurs
d'un âge plus récent. On doute qu'elle soit authentique dans I'histoire
grecque de Xénophon. Selon Polybe (XII, xt), I'historien Timée,
contemporain d'Alexandre le Grand, fut le premier qui établit la
chronologie d'après l'ère des olympiades. Ce fut postérieuremerrt
encore, par exemple par Diodore de Sicile, qu'elle fut suivie aleu
régularité.
Curp. XllI.- l. Dans ce passage, comme dans le second para
graphe du chapitre x, le nomde Grecss'applique, non pas à latota-
iité de Ia nation, mais seulement aux peuples qui se confédérèrent
contre les ['erses après les guerres médiques. Cette ligue fut appelée
I'alliance des Grecs, cluoiqu'elle ne comprît qu'une partie de la Grèce.
C'est pour la rnêrne raisorr. que les gartliens du trésor commun furent
appelés Hell,énotames, ou trésoriers des Gt'ecs.

Cse,p. XY.- L Manæuvre usitée chez les Grecs, et consistant à


faire glisser sur d.esrouleaux, et à force de bras, Ies vaisseaux par-
dessus une langue tle terre. L'endroit où I'isthme de Corinthe es1 le
plus étroit (ôio),:roç), n'a que six mTlles de largeur et n'offre gue des
collines peu élevées. La même opération est répétée liv. VIII, ch. vrr,
et poru l'isthme de Lcucade, liv. III, ch. lxxxr et liv. ly, ch. vur.

Cuep. XYI. -Voyez liv. I, ch. cxr,rrr, note 1.


5Ut NôTEs.

2. Les Athéniens étaient divisés, sous le rapport d.u cens, enquatre


classes :
1" les pentacosiomédimnes, c'est-à-dire ceux qui avaient un
revenu d'au moins cinq cents boisseaux provenaut de leurs pro-
priétés; 2' les cheual,iers, de trois cents I 3. les zeugitcs , de cent
cinquantel l+" les thètes, qui ne possédaient pas de biens-fonds.
Les pentacosiomédimnes fournissaient les triérargues; les chevaliers -
rlevaient recruter la cavalerie.
3. Voyez II, ch, txvl et r,xxx.

Csap. XYII.- l. Cette solde était supérieure à Iapaye ordinaire,


qui, pour un hoplite athénien, était de guatre oboles ou soixante
centimes par jour. L'augmentation était motivée par )a rigueur de
I'hiver dans Ie ctimat de Thrace. Yoyez liv.II, ch. r.xx.
2. C'est-à-dire la même que les hoplites, savoir une drachme par
jour, le matelot'n'ayant pas de valet. La paye ordinaire des matelots
n'était que de trois oboles ou demi-tlrachrnes (VIII, xr.xv); mais en
certains cas elle était augmentée. Àinsi, dans l'expédition de Sicile,
elle était d'une drachme par jour (YI, xxxr).

Culp. XVIIL-I. Trois petites villes qui, avec llytilène et Mé-


thymne, complétaient la population de Lesbos. Àntissa et trésos
étaient situées sur la côte occidentale de I'tle ; Pyrrha sur un golfe au S.
2. Les assiégeants avaient peu à redouter du dehors, Ia majeure
partie des Lesbiens étant concentrée à ltlgilèrre. Une double circon-
vallation était donc superflue.
Cslp. XIX.- 1. Un million quatre-vingtmille francs. Les Athéniens
ne payaient point d'impositions directes régulières. Lorsque les re-
venus ordinaires de I'État ne suffisaient pas, on décrétait une contri-
hutiorr extraordinaire (eiogopri) pour une somme dêterminée. Cette
levée cl'argent était répartie par tribus, et payée proportionnellement
au cens, par les citoyens des trois classes imposables, savoir: les
pentacosiomédimnes, les chevaliers et les zeugites.
2. On suppose que cet endroit était voisin du Méandre.
3. Habitants de Ia petite ville d'Ànéa, située sur le continent, en
face de Samos, et I'asile ordinaire rles mécontents Samiens. Voyez
liv. III, ch. xxxu; liv. IV, ch. rxxvl liv, YIII, ch. xlx.
Cslp. XXI. - 1. C'était une faute de Ia construction, puisque les
pouvaient, en cas d'alarme. se porter sur le mur que
assiégeants ne
par les élroits passâges des tours, et que les ennemis, en s'empa-
rant de ceux-ci, devenaient maîtres de la plate-forme.
Cnlp. XXII. la circonvallation était borclée tle deur fossês,
-1. I'autre du côtê de la ville (lI, r.xxvrn). La
I'un à I'extérieur, place
elle-même de Platée ne paratt pas avoir eu de fossé.
LIVRE lii. 515
Cnlp.XXIII.
-1. ici,
-iion du fossé extérieur
comme dans la phrase suivanl,e,
t1e la circouvallation.
il est ques-

2. Le flanc rlroit, uon protégé par le bouclier.


Cn.rp. XXIV. Ancienhéros platéen, dont Ie sanctuaire èlait au
- 1.dans
pied du Cithéron, le voisinage clu champ de bataille de Platée.
Hérodote, lX, xxvrrl Piutargue, Aristide, u.
2. Les Têtes de chêne. C'était le nom d'un des principaux pa-ssages
du Cithéron, conduisant d'Hysies à ÉIeuthères.
S. Deux petites villes du pays de Platée, au pied septentrional du
Cithéron. Hysies étâit à vitgt-six stad.es de platée, Erythres à trente
slatles

Cnep. r.XXV.
- 1. Voyez liv. III, ch. xvnr, note 1.
Cnæ. XXVI. exerçait la tutelle parce que son
- 1. Cléomènes
frère, Ie roiPlistoanax, êtait alors en exil (II, nrl y, ivr). Clébmènes
et Plistoanax étaient fils de Pausanias, qui commandait à ta bataille
de Platée. Suivant l'usage des Grecs, Ie petit-fiIs portait Ie même nom
<1ueson a,reuJ.

- 1.deC'était
Cs.lp. XXVII. une coutume généraie dans les villes
grecques. Les gens Ia cl.asse pauvre ne faisaient pas le service
d'hoplites, comme n'ayant pas les moyens de s'armer. Ils servaient seu-
lement en qualité de troupes légères ou de rameurs sur lçs vaisseaux.
linsi la force militaire se trouvait concentrée dans Ia main des classes
aisées, ce qui contribuait à éloigner les réyolutions.

Cslp. XXIX. 1. La situation géographique de c.es deux îles, par


-
rapport au Péloponèse, d'où la flotte était partie, erlt exigé que
Myconos fùtnomméeIa premiêre, comme étant à I'O. d'Icaros.

Csr.p. XXXI.- 1. Quelquesaristocrates, parùisans de Lacédémone,


€t notamment les députés qui avaient été envoyés dans cetie ville, ei
qui revenaient alors sur ces vaisseaux.
2. De toutes les corrections qu'on a proposées pour.cet obscur pas-
sage, la seule gui me paraisse acceptable est tle lire aùroiç(au lieu de.
aùtoùç) oçisw. Le premier des deux pronoms se rapporte aux Âthé-
niensl_ lc second (ogiorv) à ceux qui parlerrt. La phrasè-entière présente
une réticence; après 1i1v4rar on, doit sous-ententlre tai.rrg-d,pwra.,
c'est bien.
3. Pissoulhrlès, fils d'Hystaspes et satrape de Sardes, avait déjà
^
fayorisé la défection de Samos. Voyez liv. Il ch. cxv.
xxxll. L Trait de barbarie déjà reproché aux Lacédémo-
crr,rp.
niens' - Iæs. corcyréens tirent-aus.i leurs prisonniers
(II, r.xvrr). de
guerre (t, xxx), ainsi que les Platéens (lI, v), mais par inimitié
Il0 NOTES.

que la cruauté d'Alcidas naissait du préjugé iltri


ilûtiOnale, tantlis
peUplel ilâtiSalettrs
faisait considéreruu* laeôdôtn6ttiet1s |OUS leS
comme alliés actifs d'Athènes.
2. Yoyez III, ch. xlx, note 3.
liv.
Cru,p. XXXIII.- 1. Endroit de I'Ionie situé près cle Colophou.
entre Myonnésos et Éphèse, arec un temple d'Àpollon et un.oracle- Il
faut admettre, malgré Ie silence de I'auteur, qu'Alcidas avait relàchÉ
eu cet endroit pendant sa navigation Ie long des côtes de I'Ionie'
2. Deux vaisseaux de guerre athéniens, toujours armés et cortt-
missionnés pour le service public, par exemple pour le transport des
rlépêches et tle I'argent, pour les voyages des ambassadeurset autres
nrissions officielles. Ces vaisseaux avaient rles équipages ti'élite, u1i-
quement composés de citoyens. Voyez liv. III, ch. Lxxvtr! lir'. \'I.
ch. lur et lxtl liv. YllI, ch. r,xxttt et rxxw.
3. Les villes grecques d'Asie Mineure avaient été démantelées par
les Perses à la suite de Ia révohe d'Ilistiée et d'Aristagoras (Héro-
doie, VI, xxxtt). PIns tard, lorsque sur la fin de la guerré du Pélo-
ponèse elles se rér.oltèrent contre les Athéniens, leur premier soiu
lut de relever leurs murailles (VII[,. xlv, Lxxxlv). Auparavant les
Athéniens ne leur eussent pas permis de le faire par crainte des tlé-
fections.

Cnlr, X{XIV. - 1. La vilie rle Colophon était située à quelque tlis-


tance de Ia mer. Notion lui servait d'échelle. on ignore qui était cet
Itamanès1 peut-être était-ce un lieutenant du satrape de Sartles.
2. Les satrapes perses avaient I'habitude tle prentlre à leur soltlc
des bandes de Grecs mercenaires, principalementrecrutés en Arcadie,
et dont ils se servaient pour garder les foçteresses tle leurs pro'
vinces.
3. Non pas une colonie exclusivement composée d'Àthéniens, mais
dont les chefs étaient tl'Àthènes, et dont cette ville prenaitla dircc-
tion.
Cnlp. XXXVI.- l. Les Lesbieus et les Chiotes étaient les seulir
alliés d'Athènes qui fussent demeurés jusqu'alors indépendants, en se
conformant aux corrditions primitives tlu traité d'alliance, telles qu'elles
avaient été stipulées du temps tl'Àristide, c'est-à-dire en fourttissattt
leur contribution de guerre et leur contingetrt de vaisseaux.
2. Ce Cléon est le célèbre démagogue qui fut à la tête de la réptt-
blique pendaht les sept arrnées écoulées depuis la mort, de Périclès
jusqu'à la bataille d'Àmphipolis (429-422 ar'. J. C.). '

Csrp. XXXVII.- l. Le mot de tyrannieest pris ici dans Ie sels


grec de souveraineté absolue, de domination monarchique, sans in-
pliquer I'idée de despotisme ou d'abus rl'au(orité.
LI TRE IiI. 517
Crr,rp. XL. 1. Il v a ici utte ironie. Ce serait sans doute, pottt'
-
ies Athénierrs, faire preu\:e tle rertu que d'alxliquer volontairemetrt
I'empire qu'ils exercent surleul alliés; mais CIéon, ett parlant ainsi,
n'igùore pas qu'ils sont fort éloignés d'une abnégation pareille

- t. À Alhènes, lors même


Cu.4.p. XLIU. que I'assemblée du peqrle
avait adopté un projet de loi, I'orateur qui I'avait proposé n'en demeu-
rait pas moins responsable. On pouvait lui intenter utte accusatiott
Lt'illêgalité (rpoqù na.yavdpr,rv), si par exemple son décret se trouvait
être en contradiction avec une loi antériettre. C'est pour cette raisott
que la formule des arrêts législatifs portait toujours eu tête le uom tle
I'orateur sur la proposilion tluquel ie décret avait été rendu.

Curp. XLIV.- 1. Le texte porte: {v re xai ë'trovré.ç tt [uylvdrp.ri;


eîev, construction barbare et inintelligible. Je regar(le le mot eiev
comme une glose à supprimer. La proposition entière est ellilttique:
on sous-entend : solt, ù la bonne heure, ou même un simple geste
d'adhésion. '
Cslp. XLIX.-I. Cuite en fotme de gâteaux ou de beignets. Le mets
appelé p.ii(a, et très-goùté des Grecs, se composait de farine pétrie
dans de l'eau et de I'huile.

Csle. L. - 1. La mine. valait cent drachmes ou quatre-yingt-dix


francs. Cette redevance était au profit des colons athéniens. Par ce
partage tle leurs terres, les Lesbiens perdaient lerrr droit de pro-
priété et devenaient les fermiers de leurs propres domaines. Leur état
se trouvait donc de beaucoqp pire que celui des sujets tributaires
rl'Athènes. ll se peut que la perspective de ce partage entrât pour
quelque chose dans I'excès de rigueur rlépioyé enYefs Lestros par les
athénieris.
Curp. LI.-1. Château fort sur la pointe occidentale de I'ile de
Salamine. Les Àthéniens y tenaient une station nal'ale d'observatiott.
Yoyez liv. II, ch. xcrv.
2. Àllusion à I'expédition racontée au livre II, ch. xctlt.
3. IIestdifficile de se rendre compte de I'état des lieux. On regarele
ordinairement comme Niséa la petite colline située près de la mer au-
dessous de Mégare, et sur laquelle se voientles ruines d'une aucienne
tour. Maisil n'y a auculte ile assez rapprochée de ce point pour ré-
pondre à la description rle Minoa. Les ingénieurs anglais qui olrt
dressé Ia carte marine de I'Archipel ont admis l'ltypothèse que ladite
colline, actuellement partie de la terr-e-fetme, était jarlis l'île cle
Minoa, et que Niséa ciet'ait être située vis-à-'t'is, dans la plairte. L'as-
pect ttes lieux ue confirme guère cette suppositiotl. Il serait satrs
exemple qu'une ville grecque aussi ancienue que Niséa etit été bâtie
sur lule côte absolument plane et à la merci des coureurs cle mer'
Reste rI slploser que Iltiuoa ait dispnru clatis les flots, à moius qu'ott
518 NOTES.

ne la. chercire plus ù 1'E. dans la presqn'ile de Ticho, et que le port


Ce l\Iégare, au lieu d'être piacé où on le met communément, ne fût
sur Ia baie de Ticho. Du temps de Strabon (lX, p. 270) $Iinoa n'étart
plus une île, rnais ulr promontoire. Cette dernière h-vpothèse pré-
sente aussi des objections. Niséa était à dix-huit statles de Mégare.
Ticho serait trop éIoigné.
Cslp. LII.- l. Aimnestos est le Spartiate qui tua Mardonius àla
bataille de Platôe (Hérodote, IX, r.xvlr). C'est apparemment à sa
mémoire que Ie Platéen ici mentionné avait reeu le même nom. A
sou tour il avait appelè son fils Lacon, de môme que l'Âthérrien
Cimon avait nommé Ie sien Lacédémonios (I, xrv) en témoignage de
son attachement à Lacèdémone. I,e choix de cet orateul frrt sans
- qualité
doute dicté par I'opinion gu'en sa de proxène il serait bieu-
lenu des Lacériémoniens. Sur les proxènes, voyez liv. II, ch. xxlx,
note l. -
Csap. LIY.
- 1. Yoyez Hérodote, iiv. VIII, ch. r, et liv. IX, ch. xxvur.
2. Comparez, Iiv, I, ch. cvrrr.
Csep. LV.
- 1. C'est la réponse que leur fit Ie roi Cléomènes, selon
Hétorlote (VI, cr).
2. Depuis Ia bataille de Marathon, où ils étaient venus en masse au
secours d'Àthènes, Ies Platéens avaient reçu dans cette ville le droit
de cité. Cette naturalisation générale conférait aux platéens les droits
utiles, mais non pas les droits honorifiques, par eremple d'être eligi-
bies aux charges rle l'État.

CnrF. LVI.- 1. Litléralement: dans un mois sacré. I1 ne peut


s'agir du mois Carnéen, Platée n'étant pas dorienne, et I'entreprise
des Thébains a.yant eulieu à la fin d'avril, taudis queie moisCarnéen
correspond, pour la plus grande partie, au mois d'aorit.Ce n'était pas
non plus I'année des jeux olympiques. II doit donc ôtre question -ici
rie quelque sole.nnité particulière à Platée.

Cnlp. LYII.- 1. C'était l'usage, après les grandes spoliations pu-


bliques, de les légitimer en quelque sorte en consaclant aux dieux la
tltme du butin.
2. Voyez liv. I, ch. cxxxrr, note 2-
Cuep. L\[II. 1. foblation de vêtements qu'on brrtlait sur les
sépulcres est une- coutume tles temps héroTques, dont I'exemple ici
indiqué est une sorte de réminiscence. Plutarque (Aristid,e,xxl)-donne
le détail des cérémonies funèbres qu'accomplissaient les platéens dans
la fète des Ëleuthéries.
2. Après la victoire de Platée, les Grecs instituèrent une fête per-
pétuelle en I'honneur de Jupiter protecteur de la liberté. cette iête
s'appelait'[] e:r0dpte.
LIVRE III. 519

- 1. fl ne faut pas prendre au pied tle la lettre cette


'Cn,rp. LXI.
manière d'expliquer les origines béotiennes. Platée n'avait été ni
fondée ni constituée par les 'l'hébains; mais I'assertion s'applique ù la
contrée située Ie long de I'Asopos jusqu'à I'Euripe, contrée qui était
primitivement habitée par des Hyantes, des Thraces et des I'élasges.
Yoyez Strabon, liv. IX, p.217.
Crrep, LXII.- 1. Selon Hérodote (IX, r,xxxv), Ies chefs de I'oii-
garchie thébaine ètaient Timagénidas et Attaginos. IIs furent chassés
par les Grecs immétliatement après la bataille de Platée.
2. Voyez liv. I, ch. cxur.
ll. Voyezliv. I, ch. xcv, note 2.
CH.lp. LXYIII. 1. C'étaient des membres du parti aristocratique,
exilés
- contraire et réfugiés à Pagæ. Yoyez liv. IV,
par la faction
ch. r,xvr.
2. Itaison de refuge, sorte de kan destiné à héberger les voyageurs.
Sur cette manière de sanctifier les spoliations publiques, voyez liv. II,
ch. xxvu, note l.
3. On doit conclure de lâ que I'alliance de Platée et d'Athènes (Hé-
rodote, VI, cutt) eutlieu en 5lg av. J. C. Les Platéens échappés àIa
catastrophe furent trahsplantés par ies Athénieris à Scione (lY, cxx).
Après lapaix d'Antaicidas (387 ans ay. J. C.), Platée fut rebâtie, puis
détruite de nouveau, en 374, par les TJrébains, EIle sortit ensore une
fois de ses ruines. PIus tard, sous Alexandre le Grand, les Platéens se
vengèrent tle Thèbes en conrourant activement à sa prise et en obte-
nant du roi de Macèdoine I'arrêt de sa complète destruction.
Culp. LXX.-1.Yoyez livre I, ch. xlvlt.
2. tes prisonniers étaient au nombre de deux cent cinquante
(I, lv). La somme de huit cents talents paratt exorbitante. La rançou
offerte pour les prisonniers athèniens en Sicile est d'un talent par
tête (VII, lxxxrrr). Cependant, comme il ne s'agit ici que d'une cau-
tion pominale, iI se peut gue les Corinthiens I'eussent exagérée à
dessein, pour mieux dissimuler leur intention véritable.
3. Apparemment iI remplissait les fonctions de la proxénie par bonne
volonté et sans caractère ofûciel. Sur les proxÙnes, voyez livre II,
ch. xxrx, note l.
4. Ancien héros national de Corcyre, et qui, dans I'Odyssde, est
roi des Phéaciens. Suivant lusage, son tombeau avait été converti en
sanctuaire et entouré d'un bocage sacré. It était sévèrement interdit
de toucher aux fruits et aux arbres de ces sortes d'enceintes.
5. Vu Ia grandeur de la somme, iI est probable qu'il s'agit du sta-
tère d'or, valant l'ingt drachmes ou dix-huit fraucs. Il y avait aussi
des statères d'argent, valant quatre drachmes 0u trois francs soixante
centimes.
520 TiOTES.

.
crrep. LXXII.
- 1. L'rle cl'Égi*e était alors peuplée d'une coloiiit.
tl'Alhéniens. \rovez liv. II, ch. xxyu.
2. ,Corcyre avait deux- ports principaux : le port H1ùaique (ainsi
-
appelé de la rivière Hyllos qui s'y jette) et celti d'alcinoùi, le pre_
ql_er au N., le second au s. de la presq''île sur laquelle I'ancien'e
ville de Corcyre êtait bâtie.

cHep. LXXIY. 1. Maiso*s où habitaient plusieurs ménages.


-
maisons ordinaires rr'étaient habitées que par une seule famiùe.
Les

Cslp. LXXV.- l, Principale ttivinité de Corc1,re. Les suppliarrts


ebpéraientêtre plus en srlreté dans son temple que aans ielui oe
castor et de Poliux. L'Héréon ou temple de Junon éiait situé au ln.l
rle la mer. ll y a plusieurs îlots tler.ant I'ancien site de torcyre.

Cn.c.p. LXXVI.
- I, ch. xr.vl, note l.
1. Voyez liv.
Cuep. LXXYII.- l. Voyez liv. III, ch. xxxur, note 2.
Csrp. LXXVIII.
-1. Voyez lir.. II, ch, r.xxxnl, Lxxnv,
Cglp. LXXIX.
- 1. Voyez iir'. I, ch. xxx, note l.
Csl,p. LXXX. Leucade était primitivement une presqu'ilé,
- 1.
jointe au continent par un isthme de cinq cents pas. Les ieucâdieus
coupèrent cet isthme pour se rnetire à I'abri des Àcarnaniens I mais,
du temps de Thucydide, ii était de nouveau ensablé. plus tard, pro_
bablement à_i'époque romaine, le canal fut rétabli, en sorte-que
Leucade est demeuréc uueîle.-sur le transport des vaisseaux, Ïoyez
Iiv. III, ch. xv, note 1"

Csap. LXXXY. 1. Plus tard il y eut, à Corcyre une nouvelle


- cruelle
sédition non moins que la première. voyeiliv. IV, ch. xr.vr.
2. On présume gue c'est la montagne qui domine la villed.e Corfou.
et sur laquelle sont les ruines du fort saint-ange, construit dans le
moyen.âge; à moinsque cette montagne d'Istone ne soit autre que le
mont lthone qui traverse I'lle dans toute sa longueur.

CHep. LXXXVI.- t. Ces deux villes étaient des colonies de Ohalcis


en Eubée, et par conséquent de race ionienne.
2. C'est la célèbre ambassade dont faisait partie I'orateur Gorgias.
son éloquence eut un si grand succès auprès des athéniens qu'ils i'en-
gagèrent à se flxer dans leur ville.

Cuep. LXXXVII. 1. Les Athéniens en âge de porter les armes


étaient inscrits sur-des rôles ou catalogues, fenus pïr chaque trihu.
ces rôles servaient d'état civil. on n'enregistrait li les femmes, ui
les enfants, niles esclaves, D'lprès les données du livre II, ch. x.rrr,
LIVRE III. 52I
le rromlrre total ries hoplites athérriens était de vingt-neuf mille, et
oelui des cavaliers de douze cents. t-lela suppose urie rnortalité trùs-
considérable, àrépartir vraisemblablernent sur les deux irruptious.
t-lomparez liv. II. ch. lvrrr.

Crrep. LXXXYII.
- 1. Ainsi appelées comme séjour présumé du dieu
des vents (Ilomère, Oilyssée, X, 1) lles Yulcaniennes ou de Lipari"
Elles sont au rtombre de clix.'l'huclrlirle ne cite que Ies principales;
Ies autres sont Phénicusa, Uricusa, I,Jvonymos, Hicésia, Basilidia et
Ostéodès.

Cn.rr.p. LXXXIX.- l. Petite ville strr le golfe tl'Oponte en Eubée,


ris-à-vis tle Ja ville béotienne d'Anlhédon. Sur l'ile d'Àtalante et sur
le fort des Àthéniens, voyez liv. II, ch. xxxrr.
2. lle nommée aujourd'hui Scopélos, et qui fait partie du groupe
situé près de la côte S. E. de la Thessalie. BiIe est voisine de l'ïle
d'Halonésos, à qui elle appartenait.

Cu.l,p. Xt.
- 1. Les Erxe),rôra,r sont les Grecs de Sicile, habitants des
colonies grecques de cette île, tandis que les Xrxe),oi ou Sicules étaient
un peuple barbare qui occupait l'intérieur et la côte septentrionale de
la Sicile.

Cnlp. XCI.- 1. Les Athéniens, qui étaierrt maltresde la mer et


qui avaient soumis presque toutes les lles à leur empire, trouvaient
étrange que Mélos ftt exception. Or cette tle était une colonie des
'Doriens du Péloponèse; il était donc naturel qu'elle se refusilt à mar-
cher contre sa métropole. Mélos ne fut réduite que dix ans plus tard.
Yoyez lir'. Y, ch. cxvr.
2. Voy. lir'. II, ch. xrxrtr, note ?.
Cnlp. XCII.- 1. Peupiatle du S. cle la'l'hessalie, entre les monts
tItâ et Othrys, dans la vallée du Sperchios. Elle a donné son IIoIrt
au golfe Maliaque.
2. Il paralt que les l.acédémoniens songeaient déjà à I'expéditiorr
qu'ils effectuÈ'.rent deu;< ans plus tard sous la conduite de Brasidas.
Vo.vez liv. l\r, ch. rxxvln.
Cuep. XCIIL
- l. Pointe septentrionale de I'Eubée, en face de la
Locricle. L'Eubée tout entière appartenait alors aux Athéniens.
2. D'après Diodore de Sicile (XII, r,u), la colonie d'Héraclée
compta dans I'origine quatre mille Péloponésiens et six mille colons
rlu reste tle la Grèce.
CH,lp. XCIV.- 1. Les trois peupleS ici mentionnés faisaient partie
de l'Étolie conquise (ànixt4ro6). Les Apodotes habitaient au S.. près
littrv-
'le l'laupactc; les Ophionéens sur le mont Coraxl les balbares
522 NoTls.

tanes étaient les plus septentrionaux I ils s'étendaient jusqu'à la chaîne


de l'(Eta.
Cnrp. XCV. Épibates, soldats de bord ou tle marine, servant
-1.
comme troupes de débarquement. Ce n'étaient pas toujours des citoyens
de la classe inférieure. On voit au chapitre xcyilr que ceux-ci étaient des
jeunes gens appartenant aux meilleures famil.tres d'Àthènes. peut-être
étaient-ce des péripoles.
2. Chez les Locriens-Ozoles , près rlu golfe de Crisa, à I'8. de
Naupacte.
CsA.p. XCVI.- 1.
-Sur
la fin tragique du poëte Hésiode, voyez
Plutarque lBo,nqitet des sept Soges) et Pausanias (IX, xxxr). L'oracle
se vérifia pour lui d'une manière imprévue. Il fuyait Némée du pélo-
ponèse, et vint mourir en Locride dans un endroit du même nom.
2. Ces peuplades peu connues habitaient le revers méridional du
mout CEta, près des sources de I'Événos et sur les confins de la Tétra-
poie dorienne. Elles ne s'étendaient pas jusqu'au golfe Maliaque, mais
elles n'en étaient pas fort éloignées.

Csen XCIX. 1. La ville des Lolriens-Épizéphyriens, située à


I'extrémité S. E.- de I'Italie. Le fleuve Halex formait la limite entre le
territoire de cette ville et celui de Rhégion. Les Locriens d'Italie
étaient alliés de Syracuse et par conséquent ennemis des Àtbéniens.

Cnlp. CII. 1. District de I'ûtoJie méridionale ou ancienne, compris


-
entre le mont Aracynthe et le cours de I'Événos. Ce pays était primi-
tivement appplé Eoliiln, parce qus les Éoliens s'en étaient emparés
sur les Curètes, ses anciens habitants. Les lioiiens furent à leur tour
expulsés par les Étoliens. Calydon et Pleuron étaient les villes de cette
contrée.

Cslp. CIY.- 1. Sur la première purification de Délos par Pisis-


trate, vôyez Hérodote, liv. I, ch. r,xrv. Les décès et les accouche-
ments étaient considérés comme des souiilures pour les lieux sacrés.
Délos fut donc traitée comme aurait pu l'être un vaste temple. Diodore
de Sicile (XII, r.vur) prétend que I'oracle dont il est ici question fut
rendu aux Àthéniers comme un moyen de se déIivrer de la peste.
2. Ces vers et lesprécédents se lisent, avecquelquesvariantes, dans
I'hymne à Apollon, attribué à Homère. Thuc-vdide'ne paraît pas
mettre en doute l'authenticité de ces petits poêmes, qu'on s'accorde
aujourd'hui à regarder comme d'un âge plus récent. II les appelle
préludes (æpooipta), et en effet ce sont moins des hymnes que des
chants destinés à préluder à la récitation des vers d'Homère, telle que
la faisaient les rapsodes dans les fêtes où elle était I'objet d'un prix.
Curp. CV.-1. Sur I'origine de I'inimitié entre les Ambraciotes et
,Ieurs voisins d'Argos ÀmphilochicoD, voyez liv. II, ch. r,x'l'ur.
LIYRE III. 523

2. Les villes aôarnaniennes formaient ensemble une confédération


plutôt artministrative que militaire. Outre ce tribunal central. elles
âvaient une monnaie commune, mais IIon un chef unique'
csA.p. cYI. 1. L,Àchéloos fait la limite entre l'Étolie et I'acarnrtnie.
-
On ne le passe à gué que Ià ôù il se divise en plusieurs branches,
c'est-à-dire-près de son embouchure et vis-à-vis de stratos. Les Pélopo-
nésiens, voirlant éviter cette ville, qui est située sur la rive droite du
fleuve, prirent vraisemblablement la première de ces deux routes, et
traversèient I'Acarnanie du S. au N., en remontant, mais à dis-
tance, le cours de I'Achêloos.
'Cnlr. CXII. 1. Les Messérriens, retlus de Naupacte, étaient de
-
race dorienne et originaires du Péloponèse. Les Âmbraciotes, colonie
rle corinthe, parlaient également Ie dialecte dorien. ceux-ci pouvaient
<lonc assez facilement prendre les Messéniens pour des compatriotes.

Crup. CXIII.-1. Ambracie se releva plus tard. ElIe était redevenue


la plus grande ville de Ia coutrée à I'époque de Pyrrhus, qui en fit sa
résidence.

-1. Àristophane (les Guêpes, v. 240)


Csrp. CXY. nous apprend que
Lachès fut rappelé à Athènes pour cause de malversations.
1. Yoyez chap. xctx. ll paraît que, dans l'intervalle, les Locrieus
I'avaient repris.
Cslp. CXYI. l. Àinsi la première éruption de I'Etna' aurait eu
Iieu en 475 av.- J. C. Les marbres de Paros la placent en 479. Selorr
Diodore ile Sicile (xrv, 59), une quatrième érupton eut lieu en 396.
Thucydide n'en parlant pas, on en conclut qu'il ne vivait plus à cette
dernière époque.

LIVRE IY.
Csep. I. 1. Au N. Rhégion avait pour ennemie la ville de
Locres, dont- le territoire était limitrophe du sien, et au S. celle de
Messine, dont elle n'était séparée que par le détroit.

Cslp. II.
- l. Sur le mont Istoue. Voyez liv. III, ch. r.xrxv.

Cup. III.- l. Coryphasion était proprement le nom du promon-


toire qui ferme au N. la baie de Pylos, et sur lequel étaient les
ruines de I'ancienne ville de Pylos en Messénie, aujourd'hui Vieun
Nuaarùn.

Csrp. IY.- 1. Les toaiatquæs étaient des officiers commandant les


52t+ NOTES.

hoplites dans I'armée athénienne. Ils étaierrt au nombte de dix, urr


pai tribu, subordonnés aur généraux ou stratéges. Il est probable que,
dans la circonstance actuelle, Démosthène se sert de leur intermé-
diaire pour communiquer aYec les soldats.
Crup. VIL - 1. II ne faut pas confondre cette ville avec celle d'Éion,
située à I'embouchure tlu Strymon. Celle-ci était une colonie d'Àthènes
(I , xcvrlr) , et tes Àthéniens n'avaient pas cessé d'en être les maitres
(IV, cvr, cvll). La ville d'Éon, qui n'est pas mentionnée ailleurs'
était probablement en Chalcidique.
Csep. YIII. plus de deux kilomètres et demi. Le stade
- 1. Un peu
vaut cent quatre-vingt-cinq mètres. La longueur de l'îIe qui s'étend
devant le port de Navarin est au moins Ie double de cette indica-
tion. Aussi le chiffre donné par le texte a-t-il soulevê quelques doutes'
2. Probablement à raison d'un serviteur pâr hoplite, suivant l'usage
général des Grecs. On ne peut appliquer ici le calcul fait par Héro-
rlote (Iiv. IX, ch. xxvnt) à I'occasion de la bataille de Platée; car il
n'y avait point à Sphaotérie de troupes légères.
légers, à trente rames' et armés en
Cslp. IX.
- 1. Bâtiments
tourse. Les Messéniens sont ceux de Naupacte.
2. On peut conclure de là que le premier combat livré par Démo-
sthène n'èut pas lieu sur la côte qui borde le port de Pylos, mais dans
la partie extérieure, au N. de la pointe de Sphactérie. Le mot nâ'a-
1oç, dont se sert ici Thucydide, indique toujours une mer ouYerte.
Cnr,p. XIII.- 1. Place maritime, appartenant aux Lacétlémoniens.
et située à I'entrée du golfe de Messénie, à. quarante stades du cap
Àcritas.
2. Le texte reçu porte teooapd,:tovta. Le nor-nbre primitif des vais-
seaux athéniens était de quarante. Démosthène en avait gardé cinq,
puis renvoyé deux; restaient trente-sept. Ajoutez le renfort de quatre
-bàtiments
ihiotes et de quelques-uns de Naupacte, cela ferait déjà
plus de quarante. Enfin, on voit au chapitre xxru qu'après-.un nou-
oeau reniort de vingt vaisseaux envoyés d'Àthènes, la totalité de la
flotte athénienne fut de soixante-dix (sans variante); preuve qu'on
doit lire ici nevc{z.ovrct avec quelques manusorits.
Cnr,p. XVI.
- 1. Le chdnice'
un litre huit centilitres.
était une mesure de capacité valant
La cotyle était Ie quart du,chénice, soit vingt-
sept décilitres.

I, ch. cxv, note 2.


Culp. XXI.
- 1. Yoyez liv.
Cn,tp. XXIY.- 1. La llotte d'Eurymédon. Yoyez liv. IIIr ch. cxv'
et liv. IV, ch. u.
2. Homère, Odyssée, XIl, 235. La légende clu cap monstre (xÉ.'
LIVRE IV. 525
).'pov) fut probablement accrétlitée par les premiers navigateurs
grecs qui exploitèrent la mer Tyrrhénienne et qui voulurent écarter la
concurrence commerciale en exrrgérant les tlangers de cettc navigation,

rluap. XIV. 1. Grrppin destiné à retcnir le vaisseau ennemi


pendant qu'on -I'attaquait à I'abordage. Voyez liv. VII, ch. r.xir.
2. Ainsi appelée pour la distinguer de l'ile du même nom. La ville
<Ie Naxos, sur Ia côte N. E. de lasicile, était une colonie cle chalcis
en Eubée. Voyez liv. VI, ch. rrr.
qui se jette dans la mer, un peu au S. de Naxos. La
- 3. Rivière
llotte devait donc avoir passé devant cette viile, puisqu'elle venait de
]lessine.

- CsA,p. XXVIII. - 1. Les îles de Lemnos et d'Imbros, dans la mer


Ëgée, étaient habitées par des colonies d'athènes. La vilie d'Énos, en
'lhrace, était éolienne, mais alliée et tributaire
des Àthéniens. voyez
lir'. VII, ch. r,vrr.
Cnlp. XXXI.- l. Près du centre de Sphactérie, on remargue une
excavation, qui paraît avoir servi de puits. c'est là apparemment I'eau
saumâtre dont s'abreuvaient les Lacédémoniens. .[oyâz ch. xx,l'r.

Cn.l,p. XXXII.
- 1. distinctes
lbrmaient trois classes
Les trois rangs de rameurs dans les trirèmes
de matelots. le rang supérieur, com-
posé des homnres les plus vigoureux et qui maniaien] les plus longues
IaPe.., s'app-elait thranites, le rang intermédiairu Frt gitrsrle rang
inférieur tltalamient.Voyez iiv. VI, ch. xxxr, note S.

- 1 . Les cuir.assos
Csep. XXXIV. des fantassins grecs ètaient rle
laine ou de lin fortement_clrapé, et assez épaisses pour"être à l'épreuve
tles projectiles, Les cavalieri portarent .i'es corsôlets de rnétal, pour
suppléer au bouclier d'airain, arme défensire des hoplites.
Cu.{p. XLI. 1. Ll dialecte dorien, parlé en Laconie, et qui leur
permettail, de -parcourir plus srlrenent le pays, d.e qommuniquer avec
Ies esclaves et de les exciter à la désertion.

cner. xLII.
- l. Ladans
rle terre qui s'avance
chersonùse corinthienne doit être une langue
Ie golfe saronique, au s. de cenchrées,
en prolongement du mont Onéon: Rhitos esi, à ce qu'on présume, le
nom d'un ruisseau qui coulait un. peu prur au 's. r,u colline de
Solygie était une des sommités du mont Onéon.
?. Les-Doriens qui, l'époque du retour des l{élaclitles, s,emparè.

rent de corinthe, ètaient conduits par I'Héraclide Àlétas. Ils assié-
gèrent corintl're à I'ancienne manière, consistant à s,étabiir solide-
ment dans. Ie voisinage de Ia place qu'on voulait preudre, et à ravager
son territoire, alïn d'amener les ennemis à combatlre'en ,ase
flll'jr)e ou à crpitrrler. "u*-
526 N01ES.

prObablement jus'
B. La corinthie s'étendait au N, de |tisthme,
oui"u* monts onéens, limite de la Mégaride, à laquelle la Géranie
appartenait (liv. I, ch. cv). Dans ce district étaient les petites places
dè-Schærms, de Sidus et de Crommyon.
4. Les corinthiens craignaient que I',armée atbénienne n'eùt fait
qu'une fausse démonstration en abordant à la Chersonèse, afin d'at-
tirer les ennemis de ce côté; mais que son intentiÔn véritable ne ftt
que de traverser ie golfe pour aller âttaquer crommyon, sur Ie chemin
de,Corinthe à Mégare.

Csrp. XLIV.- l. Le mont Onêon s'étendait à l'8. de Corinthe


iusqu'au golfe Saronique. Il ne faut pas le confondre aYec les monts
ônêlns, qui croisent l'isthme entre Corinthe et Mégare.
Cup. XLY. - 1. Méthône en Trézénie, pour la d'istinguer de Mé-
tbone en Messénie (tIod,on). Le village moderne de Méthana est sur
l'emplacement de Ia première de ces deux villes.

Crur. XLYI.- l. Yoyez liv.III, ch. r.xxxv, note 2-


2. Ilqt situé devant le port de Corcyre.
Ce passage semble indiquer gu'il n'y eut de
Cslp. XLVIII.
- 1.
nouveaux troubles à Corcyre qu'après la fin de la guerre du Pélopo-
nèse, c'est-à-dire postérieurement à 404 av. J. C., et que Thucydide
vécut assez longtemps pour en être témoin. D'autres, s'autorisant de
ce que Diodore de Sicile (XIII, xlvrrr) parle d'une sédition arrivée à
Corcyre en 410, en concluent que par ces mots : I'a guerre actuell,e,
fhuC riide désigne seulement le première partie de la guerre {g .Pélo-
ponèse, jusqu'à la Pair de Nicias.

Cnlp. L.-1. Selon Diodore (XII, uv), Artaxerxès mourut sous


I'archontat de Stratoclès (olympiade 88, 4), ce qui s'accorde avec
l'époque indiquée ici. Il eut pour successeur Xerxès II, qui ne_régna
que quarante-cinq jours, puis Sogdien pour six mois. Après ce dernier
vint Darius lI, surnommé Nothus, qui est cité plusieurs fois dans le
YIII" livre de Thucydide. Voyez liv. YIII, ch. lvltt, note l.
Cu.Àp. LII. 1. Yille de Mysie, près du cap du même nom, à
-
I'entrée de I'Hellespont. Yoyez )iv.YIII, ch. cr.
2. Le statère de Phocée était une monnaie d'or, équivalente au
darique, c'est-à-dire à vingt draehmes athéniennes, soit tlir-huit
francs. Voyez liv. Il[, ch. txx, note 5.
3. Les mêmes qui, au livre III, chapitre l, sotrt ditesles villes du
continent en face de Lesbos. Les Àthéniens s'en étaient emparés après
la soumission de Mytilène.
Cnlp. LilI.- 1. Juge de Cythère,'sorte de bailli ou de provédi-
LIVRE IY. 527
teur. Sur I'importance de Cythère pour Lacédémone, comparez Héro-
dote, liv. YII, ch. ccxxxv. La restitution de Cythêre fut stipulée en
première ligne par les Lacédémoniens dans Ie traité de paix. Yoyez
liv. IY, ch. cxvur, et liv. Y, ch. xvur.
2. Cet abord des vaisseaux marchands venant d'Égypte est de neu-
yeau mentionné au livreVIII, chapitre xxxv. Il paralt avoir surtout con-
sisté en cargaisons de blé , la'Grèce ne suffi.sant pas à sa consom-
mation.

Crup. LIV.- 1. Si le nombre indiqué est exact, iI faut ad.mettre


qu'il y avait sur la flotte autant d'hoplites milésiens que d'hoplites
athéniens, et que les troupes de débarquement étaient aussi nom-
breuses que les équipages, ceux-ci devant monter à deux mille hommes
pour dix vaisseaux, à raison de deux cents par trirème. Enfin Poppo
remarque avec justesse que les Milésiens n'étaient guère en état
de fournirtant d'auxiliaires, eux qui; ayant à défendre leursfoyers
(liv. VIII, ch. xxv), ne mettent sur pied que huit cents hoplites. II
est probable qu'il Y a dans le texte une erreur de chiffre'
2. II y avait dans lllle de Cythère deux villes distinctes : celle
de -ccandéa au S., et celle de Cythère au N. Celle-ci se subdivisait
en deux parties : Ia ville basse ou maritime et la ville haute ou
acropolis,

Cnlp. LY. doute un corps permanent de troupes merce-


- 1. Sans
naires. La cavalerie de Lacédémone étaii mauvaise et peu nombreuse'
(Yoyez Xénophon, Hel,I., YIo rv). Elle se composaitde six compagnies
de ôent hommes, attachées à chacune des six divisions (p'6par) de
i'armée lacédémonienne, et comrnandées chacune par un hippar-
moste. Le seriice de cavalier était dédaigné par les Spartiates- .Les
archers étaient étrangers, ordinairement Crétois.

Csep. LYI.- l. Bourgades situées près de la ville de Bææ, entre le,


oap Malée et Ia presqu'lle d'Onougnathos.
2. Yoy. tiv. I, ch. cl, note 1-
3. Yoy. liv. I, ch. lxvr, etliv' II, ch. rxvu.
Cs.le. LXI.- l. La race chalcidique, dont faisaient partie plusieurs
villes de Sicile, paf erelDple : Léontini, Naxos, Catane, était un
rameau de la grancle famille ionienne, à laquelle appaxtenaieut les
Athéniens.

- 1. Ils seront forcés


CsAp. IXUI. d"entrer dans I'alliance des
Àthéniens, qu'ils détestent, et de faire avec eux la guerre aux Pélo-
ponésiens., auxquels les unissent les liens d'une antique amitié.

csap. LXYI. - 1. L'auteur a pen# sous silence les détails de cette


sédition de Mégare, à la suite-de laquelle les aristocrates erilés se
528 NOTES.

réfugièrent ù Pagæ; mais elle se trouve racoutée par Diotlore tle


Sicile (Xil, [rvl). Quent aux ddvestations périodiques exercées en
Mégaride par les Athéniens, voyez thucydide, liv. II, ch. r.xxxv.
Sur le décret qui interdisait sous peine de mort aux Mégariens I'entrée
rle l'Àttiqrre, voyez Plutarque, Périclès, xxx. Sur Ies souffrances qui en
résultèrent pour Mégare, voyez Àristophane, les Aclr,anrdens, v.761.

tlnln. LXVII. - 1. Les përipotes étaient un corps de jeunes Athé-


rriens de dix-huit à vingt ans, qui, avant d'être incorporês dans la
milice régulière, faisaient un service d'école, et étaient ordinairement
employés pour la garde des frontières. Voy. liv. It;ch. xrrr, note 5.
et lir'. YIIIr ch. xcu, note 1.

Cnrp. LXX.-1. Sur la Géranie et le village de Tr.ipodiscos, voyez


lir'. I, ch. c\',
note 3. En cet endroit se rencontr.aient les deux
chemins, venant I'un de Corinthe par I'isthme, l'autre de Béotie par
Phtée ou par Creusis.
Cnes. LXXV.
- 1. Yoyez tiv. III, ch. xrx et xxxu.
2. Fleuve de Bithynie, plus souvent appelé Calès (aujourd'hui
CItelit). Il se jette dans le Pont-Eurin, un peu au S. 0. d'Héraclée-
Pontique.

Csap. LXXVL 1. Cette ville est ainsi désignée pour la distinguer


rl'Orchomène en- Àrôadie. Les llinyens étaient une ancieune tribu
hellénique, ayantpour chef le héros Minyas, dont le fils Orchoménos
passait pour le fondateur de Ia ville d'Orchomène en Béotie.

CHlp. LXXVIII. L'Àchaïe thessalienne ou le Davs des Àchéens-


Phthiotes, était Ia -1.
partie S. E. de la Thessalie. compienant les deux
versants du mont Othrys, depuis le golfe Maliaque jusqu'à celui de
Pagase. entre les fleuves Sperchios et Énipée. La Thessalie propre
commencait à ce dernier

ûnlp.. LXXX.- 1. C'était le but d'une institution atroce. attribuée


à Lycurgue et nommée xpuzrraic, la chasse aux Hilotes (plutarque,
Lycurgue, xxvrrr). Les jeunes Spartiates sortaient en secret delaville,
se réllandaient dans les campagnes en se cachant pendant le jour, et
lir nuit ils couraient sus à tous les Hilotes qu'ils rencontraient, pour
les ttrer et diminuer ainsi leur nombre. Platon (Des l,oisr I, p. ?gB)
cherche à atténuer la barbarie de cette institution.
Crr,rp. LXXXI. situé au N. O. de la Macédoine, sur les
- 1.LesPays
confins de l'lllyrie. Lyncestes, alors ind,épendanls, fuient plus
tard annexés à la Macédoine.
Culp. XCI.
- 1. Ville située
rppartenait originairement
sur I'Euripe, en face d'Erétrie. Elle
à la Béotie, mais les Athéniens s'en étaient
rendus maltre$. Voyez liv. II, ch. xxllr.
LiVRE IV. 529
tittlp. XÛIII. I. Le lac Copais ou Cèpirissis.
-
tu.lp. XCIV.
- l. I'armement
risé que par Iphiclate,
des psr'las athéniens ne fut régula-
postérieurement à la guerre du péloponèse.
Il leur donna un petit lrouclier ou rondelle (zrâ.rn), une lance plus
longue et une épée plus forte que celle des hoplites, une cuirasse de
lin et une chaussrue commode, à laquelle son nom demeura attaciré.
Yoyez liv.I, ch. r,x, note 1.

Cx,*.XC!II. - 1. Sur le cliamp de hataille, afin d'empècher les


Athéniens d'enlever. leurs morts sâns en avoir préalablemeni demandé
L'autorisation. t
Culp. C. I. Probablemeut des Trachiniens et des Étoliens auxi-
liaires, qui- sont mentionnés (liv. III, ch. xcvu et xcvut) comme
d'habiles gens de trait. Les Bomiens et les Calliens, peuplades éto-
liennes, habitaient dans le voisinage tiu golfe Maliaque (Iiv. III,
ch. xcvr).
2. Il paratt qu'un petit nombre seulement des Péloponésiens en-
fermés à Niséa avaient été livrés aux Àthéniens lors de la capitulation
dç cette place (ch. lxrx), et que la mqieure partie avait réussi à
s'échapper.

Os.lp. CII.- 1. Comparez Hérodote, liv. V, ch. u etcxxtv.


2. Voyez liv. I , ch. c. On rapporte généralement Ia mort d'Aristagoras
à l'an 497 av. J. C., I'envoi de dix milie colons athéuiens à I'an 46b,
enfin I'étabiissement d'Hagnon* l,an 437 ar. J. C.
3. Le Strymon, après sa sortie du lac Cercinitis, forme un coude
ouvert du côté de I'8. L'espace circonscrit de la sorte est occupé
par. une eolline, sur les deux penchants de laquelle fut bâtie Àmphi-
polis. Le mur construit par Hagnon formait la corde de l'arc décrit
par le fleuve. De cette situation dérive le nom d,Àmphipolis (la t:il,le
doubl,e), parce qu'elle était à cheval sur la colline , partie sur Ia pente
septentrionale et partie sur la pente méridionale.

Cnep. CIII. l. Le pont d'Àmphipolis était le seul qui existât sur


- campagnes
le Strymon. Les des Amphipolitains étaient pôur la plupart
situées au delà du fleuve. Depuis cette époque Ia ville s'agrandit et
atteignit la rive gauche du $trymon
Cnlp. CV. 1. Sur les mines situées vis-à-vis de Thasos, voyez
liv. I,'eh" c.- Ces mines appartenaient alors aur Athéniens, qui les
affermaient comme les autres branches du rer.enu public. Thucydidc
avait peut-être soumissionné I'exploitation, et V employait un grand
nombre d'ouvriers.

- l. Le pays de la cûte, presqu'ile du mont Àthos,


Cn.Lp. CIX.
Tsucyunu. B0
53ù NOTES.
à r'0 c'es'l

,orre l0 solfe srTruuiq9lll:::::ii:,il:iiii


regar
ce tlerniei qui est indiqué ici comme
de Xerrès' Yoyez Héro-
2. C'est le célèbre canal creusé par ordre
dote, liv. YII, ch. xxrret cxxu'
langue maternelle'
3. Peuples bilingues, parlant le grec outre leur
les mêmes gui con-
4. Les Pétasges tyrséniens ôu tyrrhéniens sont
tuj Li6eni.nr lei murailles de I'acropole, et qui,
,truirir.ni pouî passèrent à Lemnos, à Imbros,
ilrèr;;i-'eiJ-e*pures de l'Àttique,
à"il;;;;; no"r.-.otenThrace' Yoyez Hérodote' liv' I' ch'
r'vrr'

une
Cuep. CXYL - 1. Deux mille sept cents francs 'L.mn'.etait
quatre-vingt-dix francs'
monnaie de compte valant cent drachmes, soit
Cslp. CXYII. 1. Cet instrument, qui est moins un traité
qu'un
-
pr;t*;i., ;;t éiidemment composé de paitieshétérogènes, savoir: d'un
plénipoten-
âouot-proj.t' comprenant les instruètions données aux
;;i;r: eî aânt les différents articles sont insérés textuellement, à

il;;; qo,ii. iont admis p.ar parris conrractantos. Yiennent en-


le-s
;;;;;'qr;ù"es points addiiionnelsi proposés par |es Lacédémouiens
fait à Àthènes
d,accord avec leurs alliés; puis te âOôre[ d'accèptation '
puis enfin I'échange des ratifications'

Cslp. CXYIII, - 1' La garnison athênienne établie à Pylos' Le


Uoi Au cette clause et des suivantes est de faire cesser
les courses et
brigandages partant de ces différents points'
2. Localités inconnues, qui devaientdtre voisines de Pylos'
3. Porte de Mégare, située près du tombeau ou sanctuaire de I'an-
cien roi Nisos.
4. |,11e tle Minoa. Yoyez liv' III, ch' rr'
5. La presqu'île de Méthone. Yoyez liv' IY, ch' xr'v'
6. Manière d'évaluer Ie tonnage des vaisseaux de charge' Le talent'
poid. attique, valant trois kil. , ét le tonneau mille kil., Ies bàtiments
c-e qui paraît bien
ï;;i;;;i;-,iu t.t"i.nt que d'e quinze tonneaux, plus coilsidérable,
faible. Peut-ètre s'agir-i} d'une mesure maritime
mais dont nous.ne connaissons pas la Yaleur'
7. présirlent de I'assemblèe du peuple dans laquelle ce décret avait
oto-renau. 0n I'appelait aussi le prytane, parc.e qu'il .était désigné
àù"qo" jour par le iort rlans la fraciioî du conseil des Cinq-Cents qui
ererçait la prytanie ou présidence.
g. Neuvième'mois athénieu. correspondant à la fin de mars et att
commencement d'avril.

Cslp. CXIX.- l. Ce mois lacédémonien paratt correspondre à la


date indiquée en style attique au chapitre précédent. on voit pateil-
LIVRE IV. 531

Iement (liv. Y, ch. xrx) une double date ajoutée au traité de paix.
Ce chapitre cxlx est ordinairement considéré comme historique.
-Cependant I'indication de la date d'après le calendrier lacédémonien
et la réd.action générale prouvent qu'il n'est pas l'æuvre de Thucy-
dide, mais que, sauf la dernière phrase, c'est un appendice du traité.

Gsrp. CXX.-1. Une des douze villes cle la confédération achéenne.


Yoyez lin II,
ch. rx, note 1.
CÊÀp. CXXIV.-I. Sur les dix-septoentshommes qr.fil avait amenês
du Péloponèse (ch. r.xxvru), Brasidas en avait mis cing cents en
garnisof à Sciope (ch. cxxru) et âvait fourni probablement encore
d'autres détachements.

- l. Le roi de Maoédoine
Csrp. CXXVII. avait intérêt â éloigner
les Athéniens. gui. parleur alliance avec les villes gtecques du littoral
de son empire, èxérçaient une sorte de souveraineté dans ses États. Il
devait aU contraire voir avec plaisir les LaCédémoniens pousser ces
villes à Ia révolte., bien convaincu gu'aYec le temps ils les abandon-
neraient et qu'elles finiraient ainsi par tomber entre ses mains. C'était
également li politique de Tissapherne et de Pharnabaze à l'égard des
villes grecques de I'Àsie Mineure.
CsÀp. CXXX. 1. En doublant le cap Posidonion, sur les deux
-
pentes duquel était bàtie la ville de Mende.
Cup. CXXXIL - 1. Le même est appelé Pasitélidas au liv' Vt
ch,ru, ou ce nom est répétértrois fois.
cn,rp. txxxIIL - 1. La batailte de Délion, où les Thespiens avaient
été particulièrement maltraités. Voyez ch. xcvl.
2. On a vu liv. II, oh. ilr gue,les Àrgiens comptaient les années
cisiles d'après la série des prêtresses de Junon,.et que Chrysisr au
co*meor.'.ent de la guerre f étalt e.r charge depuis quarante-huit ans.
cr.lp. cxxxlv.- 1. Territoire de la ville d'oresthéion, fontlée par
oresthéus, fils de Lycon. Elle ètait dans le tlistrict tle Ménale en Âr-
cadie. Voyez liv. Y, ch. r,xlv.
heures de la nuit, les sentinelles
cuA,p. ÇxxxY.
- 1. À certaines
des remparts faisaient la ronde ) en se transmettant de main en main
une ctoôn"tte qu'elles agitaient, afin de stassurer qu'aucune rl'elles
n'était endormie.
i32 NOTES.

LIVRE Y.

- l. On admet communément queles


Crrlp. I. jeux Pythiques se
célébraient en automne la troisième année de chaque clympiade. Cette
êpoque cadre mal alec la fin de latrève, qui avait commencê Ie 10du
mois Ëlaphébolion (mars-avril). Àussi, pour éIutler cette difficulté,
ô-t-on proposé d'entendre cette phrase comme si la trêr'e était expirée
et que la guerre ett recommencé jusqu'aux jeux Pyttriques, à I'occa-
sion desquels une nouvelle trêve aurait eu lieul explication bien com-
pliquée et qui s'accorde mal avec la précision ordinaire du récit de
Thucydide. L'époque des jeux Pythiques est controversée. Ne pour-
rait-on pas inférer de ce passage qu'ils avaient lieu au printemps?
2. Yoyez liv. III, ch. ctv. On reprochait aux Déliens de n'avoir
pas toujours respecté la sainteté de leur île.
3. Pharnacès était le père de Pharnabaze elle satrape de la province
Dascylitide pour le roi Àrtaxerxès. Yoyez liv. VIII, ch. vr et lvlil.

CsEp. IL
- 1.' Place maritime appartenant aux Toronéens. On
ignore I'origine de son nom et le rapport qu'il pouvait avoir avec la
ville de Colophon en lonie.
Csep. III.
- 1. Au liv. IV, ch. c1rxu, le commandant lacédé-
monien de Torone est appeté. sans variante, ÉpitéItdas. tl faut donc
admettre, ou bien un changementde gouverneur à un si court inter-
valle, ou bien, ce qui est plusfrrobable, une confusion de noms.
Ctrep. IY.
-1. Voyez liv. IY, ch. xrv.
2. Contre les Syracusains, qui voulaient les forcer à résrder à Sy
racuse.

Cnap. Y.-1. Plus tard une réactionles en avait chassés.


2. Locriens-Épizéphyriens, habitants de la ville de Locres en
Italie.

Cnl.n. Yl. 1. En partant d'Amphipolis. Le fleuve est le Strymon.


-
Csrrp. VII. - 1. Le lac Cercinitis, au N. d'Amphipolis,

Cnlp. X. - l. Les autels destinés arrx sacrifices n'étaient pas dans


les temples, mais dans les pourpris extérieurs.
2. Le côté droit, non protégé par le bouclier. L'armée athénienne
était déployée sur Ies hauteurs qui s'étendent à I'8. d'Amphipolis,,
ayant sa droite du côté du lac Cercinitis, sa gauche du côté qui regarde
TIVRE Y. 533

la mer et Ia lille d'0ion. En présence de I'ennemi , elle ne pouvait se


retirer que par la manæuvre d'abord indiquée. L'aile gauche devait se
replier la première et prendre position, pour permettre à la droite
d'opérer à son tour son mouvement rétrograde. Celle-ci rlevait jus-
que-là faire face aux ennemis, afin de masquer la retraite. La préci-
pitation de (lléon fit ohanger cette prudente manæuvre et amena la
déroute des Àthéniens.
3. La muraillementionnée au liv. IV, ch. crr. Àmphipolis avait une
double enceinte du côté qui n'était pas couyert par le Strymon.

Cg.lp. XL-1. La loi chez les Grecs ne permettait pas d'enterrer


dans I'intérieur des villes. On ne dérogeait à cet usage gue pour les
fondateurs de la cité ou pour des bienfaiteurs signalés. Dans ce oas'
le tombeau était considéré comme un sanctuaire. C'est ainsi que Ti-
moléon fut enterré sur la place publique de Syracuse, et Thémistocle
sur ceJle de Magnésie. I

2. L'ancien conducteur de la oolonie athénienne (liv. lY, ch. clt),


et qui, en cette qualité, conservait à Àmphipolis les honneurs rendus
par les colonies à leurs fonciateurs.

Cslp. XlY.- 1. District de'l'hyréa, situé entre la Laconie et l'Àr-


golide. ll avait anciennement appartenu aux Àrgiens, qui n'avaient
jamais cessé de le revendiquer. Voyez Hérodote, liv. I, ch. lxnx,rr.

Cuep. XVI.
- l. Hercule, ancêtre des rois de Lacédémone.
2. Leur donnant à entendre que leur sol serait frappé de stérilité,
et'qu'ils ne se procureraient des vivres gu'à un prix exorbitant.
3. Afin d'y être à I'abri comme dans un asile, sals toutefois se prilet'
de I'usage d'une habitation profane. Il y avait sur le nont Lycée, ett
Arcadie, un célèbre temple de Jupiter Lycéen (Pausanias, Iiv. VIII,
ch. xxxvrrr).

CHrp. XVIII. 1. C'est-à-dire qui n'rppartenaiedt pas en particu-


lier à uneville,-mais qui étaient la propriété de tous les Grecsl par
exemple le temple de Delphes, appartenant aux villes Amphictyoni-'
ques, et celui de Délos aux loniens.
1,. Lors de la conclusion de l'alliance primitive avec les Athéniens
après les guerres Médiques.
3. La défection de Scolos n'est pas mentionnée par thucydide.
4. Le temple d'Apollon Àmycléen, particulièrement vénéré par les
Lacédémoniens, et situé, suivant Polybe (liv. Y, ch. xtx)r à vingt
stades de Sparte. Lacêdémone est ici Ie nom du pa1's.

Cnlp. KII.
- l. Calendrier lacérlémonien. Sru le mois athénieu
filaphébolion, voyez liv. IV , ch. uivur.
53û NorEs.

Culp. XXII.- 1. Je lis Apleiouç au lieu de' i[0ryr'uiov<, quoiqu'il


n'y ait pornt de variante, parce que je ne couprends pas eette in-
clination générale des Péloponésiens pour Âthènes. Comparez la fin
du ch. rrr.
Cnrp. XXilI. Il mangue tles Ath{niens, parce que le texte du
- 1. de
traité â été transuit la colonne d.'Àthènes, ou l'addition était su-
perflue.
2. Sur les Dionysies ou lêtes de Bacchus à Àthènes, .l'oyez hv. II,
ch.xv, note 6. Les llyaciuthies étaient une des plus grandes fêtes
de Sparte, instituée en mémoire de la mort prématurée du héros
national Hyacinthe, fiIsd'Gbalos. On la célébrait en grande pompei
rlurant trois jours, à Amyclæ en Laconie, à la fin du mois Hécatom-
béon {uin-juillet).
Cnnp. XXIV. 1. Àu ch. xm, dans une énuméraiion itlentigue,
on liL Âlciniùas.
-
2. La onzième année de la guerre correspond à 421 av. J. t.
XXV.
CuA,p.
de la - 1. Les hostilités ne recommencèrerit que dans I'été
dix-huitième année (liv. VI, ch. cy; liv. VII, ch.-xvur), clest-
à-dire plus de sept ans après la première paix. Aussi plusieurs commen-
tateurs regardent-ils la donnée du passage actuel comme inexacte, et
proposent dans Ie texte divers changements. Il est super{lu d'y avoir
recuurs, si I'on admet que Thucydide a eu en vue ici Ia résôlution
prise par les,Lacétlémoniens d'envahir i'Àttique (liv. VI, ch. xcru),
résolution qui eut lieu dans I'hiver de la dir-septième anné€, six ans
et dix mois après la paix.

Csrp. XXVI. -_ 1: Ce passage prouve que Thucyrliile comptait


pousser son histoire jusqu'à cette époque, en ajoutant à son ouvrage
un neuvième livre, dont il avait sans doute rassemblé les matériau}.
2. Yoyez ch. xrxru et lirr.
3. C'est-à-dire renouvelés de dix en dix jours.
/r. Yoyez liv. IV, ch. crv. L'exil de Thucydide corDmença âu mois
-
de janvier 423 av. J. C.

Csap. XXX. 1. Dans le traité par lequel les confédérés de Lacêdé-


mone s'étaient -liés en commençant la guerre du péloponèse. L'auteur
ne cite pas Ie texte de ce traité I mais il en fait encoie mention vers
la fin du ch. xxxr.
Cxlp. XXXI. t. Principale ville de ta Triphylie, pays situé au
S. Je l'Élide. A -cette époque la Triphylie était ànCore indépendante;
plus tard elle fut soumise par les Eiéens. La viile de Lépréôn était i
quarante stades de la côte, entre pylos et pyrgi.
LIYRE Y. J.JO

_ -2.
Il
s'agit probablement du pays contesté et conguis surl,Àrcadie.
D'autres l'entendent du territoire des Lépréates eur_-êmer.
3. La guerre du Péloponèse au point de vue des péIoponésiens.
_ -4. rn s'astreign&nt à l'offrande d'un talent au temple de Jupiter, les
Léprêates s'étaient constitués dans une sorte de sujétion à t,egard des
Eléens, mattres de ce temple.
cn.lp; xxxll. Àthéniens ,. par un scrupule de conscience
s-e - I . . Les
reprochaient d'avoir expulsé les Déùens, et attiibuaient à cet acte
,

d,'inhumanité l'échec éprouvé par eux e oelioo et r emphiporis.


2. Les deux villes d'Argos et de Corinthe-
3. Les corinthiens avaient refusé d'adhérer à ce traitê : aussi se
considéraient-ils comme 'en dehors de la convention r mais leur
refus ne regardait que Lacédém'one, et, les Athéniens étiient censés
l'ignorer.
â on traduit ordinairement Euv0Éo0cr ogior par s'allier et)ec eufi.
Jepense qu'il s'agit, non pas d'une alliance, mais de I'engagement
tacite par les Béotiens de rompre avec Athènes, et iu{uel les
-pris
Corinthiens leur reprochaient de manguer.
Cs.Àp. XXXIII. 1. Ville d'Àrcadie, situêe dans une plaine près du
-
cours, supérieur de l'Àlphée et de l'endroit où plus tard fut coistruite
Mégalopolis.
2. Pays montueuxr formant la partie N. O. de Ia Laconie, et con-
^
fiuant aur terriloires de Ménale et de parrhasie en Arcadie.
tmp. xxxlv. - l. Dans l'état de seryage les Hilotes étaient atta-
chés àla glèbe, Leurç mattres n'avaient pâs re droit de res vendre
hors du pays.
2. C'était le nom des affranchis à Sparte et, à ce qu'on croit, Ie
premier degré pour parvenir à Ia bourgeoisie. 'Les Néôdamodes ser-
vaient-comme hoplites. Leur nombre était considérable. xénophon
(Agèsil,as, r) en cite deux mille dans une expédition.

Curp, XXXV.- t. Iæ texte reçu porte Ârrtràrfrs, nom absolument


inconnu. J'ai suivi la conjecture de Didot, qui aproposé de lire Ârfr6,
Ies Diens, habitants de la ville de Dion, sui la côte-du mont Àthos.
Il est vrai que les Diens éteient alliés d'Âthènes et gu'ils ne se révoltè-
r€nt que plus tard 1liv. Y, ch. rxxxu); mais, arant leur défection,
ils peuveut avoir eu une guerre particuiière avec leurs voisins de
Thyssos.

Cnlp. XXXVilL
- 1. Thucydide
mention de cette autorité
est le seql auteur ancien qui fasse
supérieure de la confédération béotienne.
On a prétendu que ces guatre conseils correspondaient à une cir-
conscription teffiûorirle de la Béotiel mais cette conjecture ne repose
536 NOTES.

une division admi-


sur aucgl fondement. D'autres pensent que c'était
nistrative, eyant pour but I'expéditiOn des affaires. Nous eonnaissons
béotien pour atoir
nop peu i'or[unirutioo intérieuie tlu gourerttement
q-ue ces quatre con-
à tet égard une oplnron arrêtée' On peut croire bas' il
eû commun' pursque, q-uelques.ligne.s,plus
seils délibéraient que cette
;;;;i;i;, question que d,un seul conseit. It esr vraisemblable
ie tenait-à Thèbes, sous la présidence du premie-r.béotarque
"*.rîfe,
â. iîiî.ïrif., ilquet, rlans quelques inscriptions, est
qualiûé de ripl<'rv
3v xor',ô Boltorôv'

Cup. XXXIX.- 1. Cette olause ne se trouve pas dans le texte


du
et Lacé-
tr"ile à. faix ui dans celui du traité d'alliance entre Àthènes
démone Il sg.peut qtre ce fùt
(ch. xvru ei xxlu)' un-article addi-
d'ajouter d'un
;,î;;,,';;'s;;;; ôr'on s'étàit réiervé le droit
a".u""
;;-ffiÉaccôrd, et tel qu'ii se trouve rlans le traité entre Arg.s
et
Lacédémone (ch. lxxx)'
Crup.XL._1.L'alliancepariiculièrequelesBéotiensvenâientde
même que celle
conclure avec les Lacédémôniens êtait sans doute la
une accessi'n
;;;;;;_"i aveo athènes. c'était donc pour les Béotiens
i"ai..rtu à Ia paix conclue entre les lihêniens et les Lacédémoniens,
ti'Àthènes'
fuitqot c'étaif s'allier avec les alliés
Cslp.XLI.-l.CetanciencombatentrelesArgienset.lesLacédé-
Iiv' I'
t*lun, se disputant Ia Cynurie, est raconté par Hérodote'
ch.lxxxu. lI eut iieu en 555 av' J' C'
Crup'XLIII.-1.Àcetteépoque,Àlcibiaden'avaitquevingt.sept
-aaot
ô*, r" pttputt tles ïilies grecquest .notamm.ent.à Sparte'
"oJ.-
l'exercice des droits
'politiques ne Commençait gu'à trente ans' A
du peuple dès
Àthènes, les citoyens' taisaient partie--de I'assemblée
I'âge de vingt ansl tuit po"t être éligible aux charges' au conseil'
aui t.ibunaux , il fallait avoir trente arIS'
Le grand-père
2. Sur les proxènes' voyez liv' II, ch' xxtr, note 1' d'origine laco-
maternel d'Atcibiatle L'apielait iom.qe.lui' Ce
nom'
famille athé-
nienne, indiqueles relatiôns qui eristaient entre cette
;;;;;'";1;;i..eJeroniens. càmparez lir'. YII, ch. rxxxrr, et liv. VIII '
ch, vr.

Cnrp,XLV.-l.Lesambassadeursétrangers.étaientin.troduitspar
présenter dans
lu;;';;;t"u, ,ranrî;;;;it, qui deval énsuite les
l,assembléerlupeuple'aÏetsonavispréa}ablesurl'otrjetdeleur
mission.
2. En leur faisant croire que sa propre influence était supèrieure à-
celle de ce général.
un couP de
3. Un tremblement de terre, une éclipse tle soleil,
serein, en un mot totts
tronnorre, des gouttes de pluie par un tomps
LIVRE V. 537
les signes célestes (âroovlpiar), suffisaieut poul faire lever la séauce dans
les assemblêes du peuple. Comparez livre V , ch. L, et liv. YIII, chap. vr.

Cnlp. XLVII.
- I. Yoyez livre I, xxYlr, note 2.
ohap,
2. Ces noms et les suivants désignent des magistratures locales,
dont les attributions sont peu connues ou même ne Ie sont pas.
3. Le déIai assigné au voyage des députés athéniens est plus long,
parce qu'ils devaient aller successivement dans les trois villes, tandis
que les députés pétoponésiens n'avaient à se rendre qu'à Àthènes- Ce
serment sè renouvelait tous les quatre ans. Les grandes Panathénées
se célébraient ia troisiùme année de chaque olympiade; les jeux
Olympiques tous les quatre ans, et ils commençaient le 11 du mois
Hûcatombéon (j uin-j uillet).
4. La ville d'Êlis n'est pas mentionnée, parce qu'il sufôsait pour
elte de la colonne d'Olympie.
quatre cent vingt ans av. J. C.
Csep. XLIX.
- 1. Olympiade XC,
Thucydide désigne ordinairement les olympiades par le nom du vain'
queur à la course du stade; ici I'exception est motivée par la célébrité
de I'atlrlète victorieux. Le panerace était une combinaison de pugilat
et cle lutte, dans laquelle toutes les forc:s du corps trouvaient leur
emploi. Ce genre de combat fut introduit pour la première fois à la
trente-troisi ème olympiade.

2. Probrblement situé en Triphylie.


3. Voy. chap. xxxr. On sait qu'il y avait, pour le tentps des jeux
Olympiques, une trêve sacrée dans tout le Péloponèse, afin d'assurer
la libre fréquentation de ces jcux. Les Éléens. en qualité de prési-
dents des jeux Olympiques, faisaient publier cette trêve dans tous les
États.
4. C'est-à-dire trois cent mille francs. La somme doit être calculée
en monnaie d'Egine, puisqrr'il s'agit drun litat péloponésien. Or, la
drachme éginétique était à la drachme attique dans le rapport de dix
à six.

Cnlp. L. I. Porte-verges ou licteurs, chargés) de veiller à ce que les


combats du- stade eussent lieu selon toutes les règles établies, et de
punir les infractions. Il paralt, par Ia 1irê$ence de Lichas, que la
défente faite aur Lacédêmoniens tl'assister atix jeux Olympiques ne
s'étendait pas aux particuliers en taut que simples spectateurs.

- l. L'ancienne ville achèenne de Patræ


Cnep. LII. était située à
quèlque distance de la mer. Ces murs devaient la relier à son port.
Quant au Rhion, Toyez livre II, chap. lxxxvt, note 2.

Cnlp. LllI. (II. xxlv- xlix\'. xrrYr) cite trois ten-


- 1. Pausanias
538 NOTES.

ples de ce ilom en Àrgolide. Probablement il s'agit ici de celui gui


ètait dans le voisinage d'Asiné.
2. Les Àthéniens, maîtres d'Égine, n'avaient qu'un bras de mer à
traverser jusqu'à Épidaure, et de là il leur restait un assez coult
trajet par-terie jusqu'à Argos. La route de mer était beaucoup plus
tonguel il fallait tourner toute I'Àrgolide, dont le cap Scylléon fcrme
I'ertrémité méridionale.
Cnlp. LIY. - l. Montagne située au S. de I'Arcadie, et se pr+-
longeant jusqu'à I'ancienne province de ïIessénie. - Leuctra ou Leuc-
itori" et"ii li dernière place de Laconie sur le chemin de Sparte à
Irfiégatopolis.II y avait unà autre ville de Leuctra au bord ilu golfe de
lfeisénie. Ni I'une ni I'autre n'ont rien de commun avec la ville béo'
tienne de Leuctres, iilustrée par la victoire d'Épaminondas'
2. Le mois carnéen, Correspondant au mois athénien Métagitnion
Carnéen,. qui s-e
ljuiltet-aorit), devait son nom aux fêtes d'Apoilon
àetOlraient i'cette époque et duraient neuf jours. Le moisentier était
p;;i;;-ô"ti*.'u"^-t*i"fs-de réjouirrun"u, une espèce rle, carnhal
âu de ramatlan, pendant leguel les hostilités étaient généralement
suspendues.
3. I,es sir jours qui restaient avant le commencement du mois car-
néen. Àu surplus lelens de Ce passage est coutroversé. D'autres tra-
duisent : n qu-oiqu'ils eussent de tout temps observé ce jour, ! en_ ponc-
tuant après 7p6itov, et non après te6qv. J'ai-préfé.r! I'autre leçon,
qui nécïssitél it est trai, èo66atr).ov au lieu rle Ëoé6æ),0v, I'invasion
s'étant prolongée un certain temps.

Cnlp. LV.- 1. Yilte de Lacorrie, à I'extrémité N. E- de ce pays'


sur les confins de la Thyréatid.e et sur Ia route de sellasie à Àrgos.
Cslp. LvI. - 1. La colonne iur laguelle était gravé le traité d'al-
liance entre Àthènes et Lacédémone. Voyez chap'.xxlu.
à la cavalerie. cette institution
cs.Àp. LVII.
- 1. Fantassins mêIês
était particulière aux Béotiens parmi les Grecsl mais elle existait chez
les Germains (César, Gueme des Gaules, liv. I, chap' xlvur)' D'au-
tres llentendeni de soldats instruits à combattre à pied ou à cheval,
comme nos dragons.

Cslp. LYI[. - 1. Le chemin direct de Tégée à Phlionte passait


par Mantinée; mais cette ville étant aupouvoir des ennemis, Ies-La-
ôédémoniens ia laissèrent à leur droite, et passèrent par Mêthydrion,
qui est plus au centre de I'Àrcadie.
2. De Némée à Àrgos il y a encore aujourd'hui deux routes : I'gne,
plus longue et meilleure, par le village de Saint-Georgel I'autre, plus
ôourte et très-mauvaise, par le village de Carvathi, près des ruines de
Mycènes. Celle-ci est connue dans le payssous )e nom deContoporia.
LIVRE Y. 539

Les Àrgiens ne supposaient pas qu'une armée ptt passer par ce der-
nier chemin.
3. Sur la clroite clu grand chemin tle Némée, de manière à former Ia
troisième colonne d'attaque.
Cslp. LX. -1. Torrent près d'Àrgos (Pausanias, liv. II, ch. xrv),
sur le bord duquel se tenaient les assises militaires des Argiens, par
la raison qu'une fois rentrés dans la ville les citoyens ressortissaient
à la justice civile, qui se serait opposée à des condamnations som-
maires.

Cslp. LXm. l. Apparemment des drachmes d'Egine


- francs. '
soit
cent cinquante milie
2. J'ai suivi la correcton de Haase ; âx ric no).ey'(æç au lieu de
zrôIetoç. $i I'auteur ett voulu dire que Ie roi ne pouvait pasr sans
l,avis des Commissaires, faire sortir àucune troupe de Sparte, ll eût
misêfciprv, et non ùnâ1ew. D'ailleurs, les Lacédémoniens n'a'vaieltt
pas tlô irécaution à prendre pour I'entrée en campagne, -car c'était
àux-mèmes qui la voiaient. Cô qui leur importait, c'était de prévenir
le retour au tait imputé à Agii, de même qu'à Plistoanax.(liv' V,
chap. xvt), de l'évacuation intempestive du territoire eDtrsmr'
tsÀp. LXIV.-1. Yoyezliv. IYr !hap. lrxxw,note 1'
C,sA.p. LXY Ordinaireuent les eaux coulaient au S' de la
- 1. Agis
plaine, vers Tégée. leur donna une direction contraire, vers
iittantinee. Il ne peut donc être ici question du lleuve Ophis, qui tra-
verse Ia plaine-de Mantinée dans toute sa lonlueur, {-q S'-au N'
Plusieurs-rivières d'ArCadie se perdent sous terre, faute d'écoulement
direct.
le polémarque était le chef
CsÀp. LXYI.
- 1. D'après Xénophon,
d,une mora, I'une des six divisions de I'armée lacédémonienne. on
n'est pâs str du rapport qui existait entr-e la mota de Xénophon et le
lochoi de Thucydide-. Le ioohos ou bataillon se composait de cinq cent
douze hommesl et se subdivisait en quatre penlécostgs, composées
chacuue de cerit vingt-huit hommes, èt oommandées par un penté'
costère. La pentécostls se divisait à son tour en quatre ën_ornoties, de
treutedeur'hommes- chacune, sous le commandement d'un énomo-
tarque.
cnlp. LXYII. - 1. Habitants de la sciriticte, dïstriet de Ia Laconie
septentrionale. Ils formaient un corps spécial d'infanterie légère. On
ignore d'où leur venait le privilége d'occuper un poste d'honneur'
2. Les Tégéates occupatent I'aile droite de l'armée lacédémonienne
-ptioitégt
d'après uo qùi leut avait été accordé-depl'r que.leur roi
nrËAroç toÈen combat singulier Hyllos, fils d'Hercule (IIéro-
dote, iîv, "oàiq
IX, chap. xxvt).
,
540 NOTES,

3. C'était uno ancienne coutume grecque. Déjà dans Homùre le


catalogue des vaisseaux commence par les Béotiens, ptrce que la
flotte s'était rassemblée à Aulis en Béotie,
4. Iæs villes de Cléones el d'Ornées étaient sujettes des Àrgiens.
Thucydideles appelle alliées, parce gue, pour les Athéniens, cesdèux
mots étaient ordinairement synonymes.

Cnu. LXVIII. - 1. Le front de bataille étant composé de quatre


cent guarante-huit hommes sur huit de hauteur, donne trois milie
cinq cent quatre-vingt-guatre, et avec Ies six cents Scirites, un total
de quatre mille cent quatre-vingt-quatre combattants. Ce chiffre ne
comprend que les hoplites, qui seuls se rangeaient en phalange. Il
laut y joindre les cavaliers, les troupes légèrys, très-nombreuses dans
l'armée lacédémonienne, et enfin les alliés, Car Ie calcul de Thucydide
ne s'applique qu'aux Lacédémoniens proprement dits.

Cttlp. LXIX. Ces chants de guerre étaient sans doute du genre


-1. è,g.6oil1pw.)
rles anapestes (p.É).q du poête Tyrtée, dont quelques vers
nous ont été conservés1 mais nullement de ses élégies.

Cnlp. LXX. - l. Les Spartiates étaient les seuls Grecs qui se ser-
vissent de flûtes comme musique atilitaire. Les Crétois marchaient au
son des lyres; les autres ffecs avaient généralement des tr'ompettes,
dont I'invention est attribuée aux Tyrrhéniens.. Ce qui a pu faire
nattre l'opinion que c'était, chez Ies Lacédémoniens, un usage reli-
gieux, c'est qu'à Sparte les aulètes ou joueurs de {ltte formaient une
corporation composée de certaines familles, comme les prêtres et les
devins.

Csap. LXXII. C'était une élite de jeunes Spartiates qui, à la


- la1.garde
guerre, formaient du roi. Leurs chefs s'appelaient hippa-
grètes.

CHlp. LXXIV.l- 1. Manière d.e constater lavictoire et Ia possession


du clramp de bataille, en forcant les ennemis à demander une trêve
pour I'enlèvement de Ieurs morts. Voyez liv. IY, chap. xcvrr.
2. L'tle d'tgine était alors habitée par une colonie athénienne.
Yoyez liv. II, chap. xxvu.

Culp. LXXY.
- 1. Pausanias (II, xxrx): c Le temple qui est près
du port (d'Épidaure), sur un promontoire qui s'avance dans la mer,
est celui de Junon."

Cs.lp. LXXVII.- l. Le lexte de ce traité et du suivant (chap. r,xxrx)


est en dialecte dorien, tel qu'on le parlait dans le Péloponèse. plu-
sieur.s passages sont obscurs et controversés.
2. Les enfants sont les otages mentionnés au chap. lxl. Ies hornmes
ront prohalrlement des prisonniers de guerre.
LIVRE V. 541

qui
3. Les esclaves fugitifs. Les États en guerre étaient les seuls
leur donnassent asile.
4. D'Apollon Pythéen, sacrifice qui avait occasionné la guerre entre
Àrgos et Épidaure. Yoyez ohap. r,rrr.
5. Ce passage est inintelligible dans le texte reçu' Je.lis : ai pèv
liv, toiç 'Enràoup(orç ôpxov ôJpev. ai ôÈ,- aùtoùc ôPôoas'-Si ptracet, ius-'
jirând,um in Epidaurios transferant; sin minus, ipsiiurent'
1. La famille royale de Macédoine descendait de
cHep. LXXX.
-
I3Héraclide Téménos, roi d''Argos. Yoyez liv' II , o,hap' rcrx, note l'
2. Démosthène voulait conserver aux Athéniens le fort d'Épidaure'
poo. cut effet, il fallait que la garnison cessât d'être composée d'élé-
, r€Dts étrangers, mais qi'elle frlt exclusivement formée par des Àthé-
niens.
3. Les Épidauriens, en gualité d'alliés des Lacêdêmoniens, étaient
le traité de pâix conclu par ces derniers avec les Àthé-
"o-p.ir-a"irs
niens.

Cuep.LXXXII.-I.C,est.à-direunrégimefranchementaristocratique.
Dès lors tous les Àchéens prirent une part active à la guerr-e du Pélo-
porrèse. Àu commencemeni, les Pelléniens seuls I'avaient fait. Yoyez
liv. ll, chap. rx.
2. Une des principales fêtes lacédémoniennes. Elle tombait sur le
milieu de fété, durait de six à dir jours, et consistait en exercicesde
danse, de musique et,de gymnastique. c'éuit une occasion de grandes
réjouissances à Sparte. ïes fêtei y attiraient un concours consitlé-
*a'ùle, car les étrangers pouvaient y assister.

Cnlp. IXXXIII. lis, avec la plupart des éditeurs modernes :


- 1. Je
xctéxh,1octv.... Ma'*eôovicrv 'A04vaior, ilepôixnç^Ëztrla)'oiv'ceÇ",etc"
au
lieu de lUexeôovla6.... Ilepôiær.av, ce qui signifierait qu'ils fermèrent
de cette
e i.rOiôr.r I'ar:cès de soo proptu royaume. Gôller est I'auteui
àorrection, que le ,eos ràod indis'ensable. Seulement it lit llfa:ce-
ôov[a6,.
fait mention, dans ce qui préc.ède, cette
2..Thucytliite n'a pas .de
les Àthéniens- contre Àmpliipolis, et proba-
"*féditiootprOparee'par
blement postérieure à la mort de Brasidas.

Cnre. CXII.- l. MéIos fut colonisée, en même temps que Théra'


par des Doriens partis de Laconie peu'de temps après le retour
des
héraclides, c'està-dire environ 105d av. J. t. Ii y avait donc
précisé-
.ment six cent quarante-guatre ans à cette époque de la guerre du
Péloponèse.

Tnucrops. 3l
bttg NOTES.

LIYRE YI.
I.-
Csep. 1. Yoyez liv. III, cbap. uxxvr etcirv, et liv. fY, ch. u
et uKv. .
Cnlp. II.
- 1. Spécialementd'Ilomère , Od,ysséer IX-XII.
2. On ignore.quel est le fleuve que Thucydide appelle Sicanos.
3. Les Opigues ou Osques étaient un des plus anciens peuples de
I'Italie centrale. lls habitaient principalement la Campauie et le
Samnium.

Cnrp. Iil.-l. C'est-à-dfte conilucteur primoriliot, épithète donnée


à Àpollon dans son temple de Naxos, parce que ce fut le premier en-
droit où les Grecs abordèrent en Sicile.
2. Députés sacrés, que les villes envoyaient pour consulter I'oracle
de Delphes ou pour prend.re part aux solennités religieuses des autres
pays. 1

3.Syracuse et Corcyre, colonies de Corinthe, furent fondées la


même année (probablement sept cent trente-cinq ans av. J. C.), la pre-
mière parÀrohias, Ia seconde par erchitélès. c
4. La petite lte de Syracuse, que Virgile appelle Ortygie et Tite
Live Nasos, par û;,position au quartier d'Achradine, situé sur la
grande lle cle Sicile. Du temps de Thucydide , Syracuse ne comprenait
que ces deux guartiersl plus tard elle embrassa aussi les faubourgs.
Le nom d'Àchradine ne se trouve pas dans Thucydide.
Cn.lp. IY.- 1. No- dérivé de Lindos. une d.es villes de l'île de
Rhode.
2. Ànarilas était d'origine messénienne (Strabon,.VI, r). Son entre-
prise sur Zdnclé, avec des Samiens et des Milésiens fugitifs, est
racontée par llérod.ote, ]iv. YI, ch. xrur.

Csap. V.- 1. J'ai suivi la correction proposée par Dodwell, de


Ieldrov au lieu de fé),ovoç. Le fait de la restauration de Ca.marine par
les habitants de Géla, postérieurement à la mort de Gélon, est d'ail-
leurs attesté par Diodore de Sicile, XI, Lxxn.

Cslp. VL-I. Les Léontins, comme aussi les Naxiens et les Catanéens,
en tant que colonies de Chalcis en Eubée, appartenaient à la grande
famille ionienne, dont les Chalcidéens étaient un rameau, et se
trouyaient ainsi en .arenté ayec les Àthéniens.
LIVRE VI. 543
2. Le droit d'épigamie (jus connubir) consistait dans la faculté ac-
cordée, sous réciprocité, entre tleux peuples, de prendre des femmes
I'un chez l'autre. Ce droit formait souvent une clause des traités. et
sa violation pouvait devenir un cas de guerre.

Cslp. VII.-1. Ii faut admettre, malgré le silence de I'auteur,


que les Lacédémoniens s'étaient précédemment emparôs de cette
ville, sujette et ailiée des Àrgiens, dans les rangs desquels les gr-
néates figurent à la bataille de Mantinée.
2. A cette épocJue, la ville de Méthone (située près du golfe Ther-
maïque, à peu de distance de Pyrlna.) n'était pas encore soumise âux
llacédoniens; mais elle était aliiée d'e.thènes, Voyez liv. IV, ch. cxxrx.
t. 6'"r1-i-,lire renouvelée de dix en dix jours. Yoyez liv. Y, cit. xxvt.
Csap. VIIi. 1. soixante talents font trois cent quarante mille francs.
-
L'éguipage d'une trirème étant de deux cents hommes, la solde offerte
à chaque malelot était d'une drachme par jour, c'est-à-dire le rlouble
de la paye ordinaire.

Crr.rp. XII. 1. Allusion dirigée contre Alcibiade. Àcette époque


- il
derrait avoir trente-trois ans.

Cslp. XIII.
- I. La mer Àdriatigue.
Cuirp. XIV.-1. Président de I'assemblée du peuple. il était dêsigné
par le sort, etpour un jour serrlement, parmi la fractiorr du conseil des
Ciuq-Cents qui exerçait la prytanie.

Culp. XYL- 1. La victoire d'Alcibiade remonte, à ce qu'on croit,


à I'olympiade LXXXIX, soit à 424 av. J. C. tres d.isposilions prisespar
lui à cette occasion consistaient dans les sacriÊces, les offrandes faites
dans les temples, les festins donnés par le vainqueur, les chants
composés à sa louange. La loi, chez les Grecs, honorait les vain-
queurs aux jeux Olympiques, comme ayant proturé de Ia gloire à
leur patrie. On leur ménageait un retour triomphal , et on leur assi-
gnait I'entretien dans le prytanée.
2. La chorégie était une des plus lourdes charges incombant aux
riches citoyens. Elle consistait à fournir un chæur pour les représen-
tations dramatiques
3. Je lis, avec tous les éditeurs modernes, fiô' fi d,votu..

Cnlp. XX.
- 1. Il
n'est ici question gue des principales villes grec-
ques de SiciIe. Ce sont Syracuse, Sélinonte, Géla, Agrigente, Messine,
Himéra et Camarine.
CEep. XXYII.- 1. Bustes de Mercure, placés sur un piédestal ou
stylobate, et considérés comme symboles de la sécurité des chenins
(statuæ aial,es). ,
544 N01ES.

nonué
Cnrp. XXX.- 1. La pointed'lapygie est le cap actuellement
Santa trIaria ùi Leuca,dans la Pouille.

Cnlp. XXXI. Yoyez liv. II, ch. r,vr et r,vlIt.


-1.
2. C'était Ie double de lapaye ordinaire, vu lalongueur du voyage
et les dangers de I'expédition. La même augmentation avait eu lieu
pour Ie siége de Polidée (liv' III' ch. xvll).
3. Sur la division des rameurs des trirèmes, voyez liv. IY, ch.xxxtt.
uote 1. Les tltranites ou rameurs de la première classe avaient à manier
les rames les plus longues et à supporter le travail le plus pénible. Ils
se composaient d'hommes de choix.

4. La milice ré.gulière d'Àthènes (hoplites et cavaliers) était formée


des citoyens des trois premières classes, inscrits à cet efl'et dans un
rôle {zerÉ).o1oç) tenu dans chaque tribu. La quatrième classe, com-
posée des thètes , n'était astreinte qu'au sert'ice maritime ou à celui de
troupes légères. Yoyez }iv. III, ch. Lxxxvtr, note 1-

Crup. XXXIV. déposant à terre leurs grandes voiles, lerrrs


-1. En
gros bagages et leurs troupes de débarque'ment, comtrle on le faisait
lorsqu'on s'apprêtait à livrer un combat naval. Voyez liv. I, ch. xLYllI'
note l, et livre YIII, ch. xxYtII.

- 1. Les thètes étaient la


Cr,,rr,. XLIII. guatriùme tlasse des citoyens
d'Àtliènes d'après le cens. IIs correspondaient aux prolétaires de Rome,
et, comme ceux-ci , ne possédaient pas de biens-fonds' Ils étaient dis-
pensés tlu service d'hopliles, parce qu'ils n'auraient pu faire les frais
de leur équipement, et peut-être aussi par mesurede sûretépublique;
mais ils servaient sur les vaisseaux et comme troupes légères-

Cs.lp. XLIV.- 1. C'étaieut probablement des bâtiments de com-


merce à destination de la Sicile ou de I'Italie, et que la flotte forçait
de naviguer à sa suite, afin de les empêcher de porter prématurément
de ses nouvellcs aux ennemis,

semble plus conforne à la


CH.c.p. XLIX.
- I. L'opirrionde Lamachos
tactique moderne, etThucydide luimême (VII, xr,lr) paraît lui donner
raison. Cependant le plan proposé par Àlcibiade s'accordait mieux
avec les priucipes de la stratégie ancienne. Pour faire la guerre à une
grande puissance, qui possédait un empire, on regardail comme
i nécessaiie de dêtaclier préalabiement d'elle le plus grand nombre
possible de ses sujets, et de ne I'assaillir directement que lorsqu'on
i'avait rêduite à sés propres forces. Tel est le plan suivi par Àlexandrc
I

I
contre les Perses, par Annibal contre les Romains,- et par-les Lacé-
démoniens contre Àthènes dans la dernière période de la guerr(l
du péloponèse. Même après Ie désastre de sicile, ils ne secrurent pas
eu état d'assiéger Athènes.
LME YI. 5lr5
Culr. L.- 1. Riçière qui coule près de Léontini, et s'appelle au-
jourd'hui San Leonardo.
?. Syracuse avait rleux ports: le grand ou Ia rade au S. de la ville,
et- le petit (Àdx:<.roç trrg.rlv, Diodore de Sicile, XIV, vu), situé entre
l'lle d'Ortygie et l'Achradine, et dans lequel se trouvait I'arsenal des
Syracusains. La présence de vaisseaux dans le.grand port eût été
l'inùice de préparatifs maritimes extraorrlinaires.
Cuep. LII. Prcbablement lors de l'édit de pacification inter-
- 1.
renu entre tous les Grecs,de Sicile dans I'année 4Z4.yoyez liv. Iy,
chap. lxv.
Cnep. LIlt.
- 1. Yoyez l{érodote, liv. Y, ch. lxr-r.xvr
?. On a.vu, au ch. xxvlr, que le peuple regardait Ia mutilation dcs
Hermès comme Ie résultat d'un compiot crganisé contre la démo-
cratie.
Csap. LIV.
- 1.
était de donner
Les Grecs n'avaient point de nom de familte. L'usage
à I'aîné des fits le nom de son aieul paternel, quàl-
quefois avec une légère modification.

Csa.p. LY.-1. Thucydide est Je seul tuteur qui parle de ce mo-


nument de malétliction érigé par les Athéniens après la chute de la
tyrannie.
Cuep. LYII. Il y avait à Àthènes deux Céramiques : I'un, dit
- il1. est
entCrieur, dont ici question, était le faubourg situé à l'0.
d'Athènes: l'autre était un quartier de la ville, à I'O. de l,acro-
polis. I
2. Yoyez liv. I, an. note 2.
"*,
CHlp. LIX. Le mariage d'une Athénienne avec
- 1.par
n'était pas permis les lois ordinaires d'Athènes.
un étranger

?. C:e.tte inscription est attribuée par Àristote (Ilhë.tofiçter I, rx) au


poëte Simonide.
3. Sur les Alcméonides, famille noble d'Alhènes, qui avait été
exilée par Ie tyran Fisistrate et gui contribua efficicement à l,ex-
pulsion de ses fils. Voyez Hérodote, liv. V, ch. r.v.
4. Hippias sortit d'Athènes err vertu d'une capitulation qu'il fit
pour recouvrer ses enfants, devenus prisonniers des ennemis qui
l'assiégeaient-dans I'acropole. voyez Héiodote, liv. y, ch. rxy.

cuep. LX.- 1. Àu direde Plutarque (alciûiade, xxr) ce rréncncia-


tcur ne fut autre que l'orateur Ândocicle, dont nous possétlons le dis-
cours intitulé : Sur les JIy$ères

Csep. LXII.
- 1. Il y avait en Sicile deux villes tl,Hybla : l,une
5116 NOTES.

(IIybl'a naio-y), située pied méridional de I'Etna, à peu de distance


-au
de catanel I'autre Ileyæa), dans la partie mérid.ionale de l'île,
-(rIy!!û
et assez voisine cle Géla. d'ou elle empruntait aussi Ie surnom de
Gdl,datis.

cnep. LXIV,- 1.La foule des varets et des hommes sans armes'
qui accompagnaient les armêes, en nombre quelquefois aussi grand
que celui cies soldats.

- 2. Ce temple était situé sur une éminence, au S. de la vallée


de l'Ànapos, à quinze cents pas de Syracuse (Tite-Live, liv. XXIV,
ch. xrxnr). ll avait été construit par le tyran Gélon, avec ier dépouilles
des Carthaginois.
3. Le camp athénien était placé hors de catane. Les armes. telles
que lances et boucliers, étaient déposées en front de bandière.'catanu
est à dix Iieues au N. de Svracuse.

Cuep. LXVI.
- 1. C'était le nom d'une darse et d'un village situé
au fond du grand port de Syracuse et au pied des pentes de l'Olym-
péion. Yoyez liv. YII, ch. r,rr.
2. Ou voie Hélorine. C'était la route qui conduisait de Syracuse à
la ville d'IléIore, en suivant le bord de la mer, au S. de Syracuse.
Voyez liv. ViI, ch. r,xxx.

Csrp. LXXII. 1. Le texte reçu porte yetpo.;éyva;, qu'on rapporte


par opposition à- iôr,ôraç, êI qu'on traduit par de sim,ples nrtisans.
Maiserr lisant letporé7va4, on établituneantithèse exf)ressive entre les
soldats passés maîtres et les simples apprentis. J'ai suivi cette variante.
guoiqu'elle n'ait pour elle gue I'autorité tl'un seul manuscrit-

Cn,rp. LXXV. l. Faubourg de Syracuse, ainsi appelé à cause du


temple d'Apollon- Téménitès qui s'y tlouvait. Ce faubourg était contigu
à la nouvelle ville, plus taril appelée Néapol'is.

CH.q.p. LXXYI.-1. Il no s'agit pas ici des Grecs en général, mais


seulement des Grecs d'Asie, confédérés contre les perses après les
guerres médiques.

Csap. LXXXH.
- i. C'est-à-dire de Nicias, qui avait attaché son
nom à ce traité tle pair. Voyez liv. Y, ch. xvr,

la guerre du Péloponèse
Cn,rp. XCI.
- 1. Du
d'argent de Laurion
temps de
produisaient
les mines
à I'État un revenu annuel de mille
talents (Xônophon, Red,. tv).
2. Les amendes et les confiscations, ainsi que les rétributions des
juges payées par les plaideurs. La guerre intérieure constituait pour
Athènes une espèce d'état de siége pendant lequel les tribunaux de-
vaient fréquemment chômer.
LME VI. 5Ir7
CsÀ.p. XCIV.- 1. Voyez liv. VI, ch. rv.
2. Il s'agit ici d'Ilybla Major, qui-se trouve sur le chemin de Cento-
ripes à Catane.
3. Un million six cent vingt nille francs. Sur les archers à cheval,
voyez liv. II, ch. xnr, note 8.

Csp. XCVI.- 1. Le nom d'Epipoles dérive tle êæræolÉ(sl, qflanelr


o,u'dessus, et non pas de z16lr;, comme on l'admet communément"'

Csap. XCVII.
- l. 1l doit y avoir ici quelque altération dans Ie
texte, bien que le sens soit parfaitement clair. Le moindre des chan-
gements qu'on a proposés consiste à insérer le relatif fr après tfrç
vuxr6ç.
2. Au fond de la baie qui est auN. de Syracuse, à moitié chemin
entre la presgu'îIe de Thapsos (aujourd'hui ll[agnisi) et la pente sep-
tentrionale des Épipoles.
3. Pour bien entendre les opérations de ce siége, il faut se rap-
peler que Syracuse n'avait pas à cette époque I'étendue qu'elle acquit
plus tard, du temps de Denys ou des Romains. Elle ne renfermait pas
encore dans son enceinte les cinq quartiers dolrt pallent Diodore, Cicéron
et Tite Live. EIle ne se composait alors que de deux parties : I'an-
cienne ville (Nasos, l'île d'Ortygie) et la nouvelle, ou Achradine, au
S. 0. des Épipoles. Le faubourg Téménitès avait seul été annexé à la
nouvelle ville (Iiv. VI, ch. rxxv).
Crup. XCYIII.- 1. Faubourg situé au N. E, de I'Achradine, et
nommé aussi Tycha, à cause d'un temple de la Fortune qui s'y trouyait.
(Cicéron, Ven'., I\, r.rrr.)
2. Il parait, dtaprès les ch. xcrx, cr etc[, que c'était un ouvrage
préliminaire, unesorte de camp retranché ou de réduit, distinct de la
cirsonvallation proprement dite, à laquelle il servait de centre et de
point d'appui. M. Didot est Ie premier qui ait donné à ce terme sa
véritable valeur. Àvant lui, on prenait le nûx).0ç pour I'ensemble des
lignes obsidionales élevées par les Athéniens. L'emploi de I'article
montre qu'il s'agit d'un travail connu et usité dans les siéges.
Cnlp. XCIX. C'est probablement une petite crique, appelée
- 1.
aujourd'hui Santa Bonagia, et située à I'extrêmité septentrionale de
I'Achradine, entre ce faubourg et celui de Tycha. Tite Live (XXV, xxur)
cite aussi le Trogil,iorum portus, qu'iI place près des murailles des
Épipoles. Quetques interprètes supposent qu'il était plus à I'O,, et
croient en trouver un vestige dans Ie village moderne de Targia ou
Targetta; mais dans ce cas Ia circonvallation eùt été démesurément
étendue.
Csrp. CII.
pieds.
- 1. Le pl,êthre, mesure de distance, longue de cent
5lr8 NOTES.

Cnlp. CIV. 1. Cléandridas, père de Gylippe, avait été adjoint au


-
jeune roi Plistoanax pour commander une expédition en Attique'(liv. I,
ch. cxrv). Àccusé à son retour de s'être laissé corrompre par Périclès,
il avait été exilé de Sparte et s'était retiré à Thurii, où il avait reçu
le droit de cité. Voyez Plutarque, Périctr.,xxrl, et Diodore, XIII, cvr.
2. Le golfe Térinéen (aujourd'hui ile Sainte-Euphùnie) est situé sur
la côte occidenlale du midi de I'Italie, dans la mer Tyrrhénienne. Il
doit y avoir ici une erreur dans le texte.

LIVRE YII.
CH.c.p. IV.-I. Cette contre-approcbe est celle qui est mentionnée au
Iiv. VI, ch. xcrx. Elle n'existaitplus, ayant été détruite par les Athé-
niensl il n'est donc ici question que de sa place. Le nouveau mur,
construit par les Syracusains, est un troisième ouvrage de défense,
partant de l'enceinte de la ville, et se dirigeant parallèlement à la
circonvallation, qu'il croisait dans la partie N., ou s'était arrêtée Ia
première contre-approche abattue par les Àthéniens. Ce mur parallèle
était simpls, parce que, étant adossé à la ville, il n'était exposé que du
côté qui faisait face au mur des ennemis.
2. La partie de Ia circonvallation qui s'étendait au S. du retran-
chement circulairedes Àthéniens jusqu'au grand port.

Cslp, XIII. 1. Les Athéniens tiraient surtout leurs vivres de


-
Catane (ch, r,x). Pour pénétrer daus le grand port, les bâtiments qui les
amenaient étaient donc forcés de passer devant la ville de Sycuse.
?. Yoyez liv. YI, ch. lxll.
Csep. XVI.-1. On a soupçonné ici une ereur de chiffre dans le
texte, vingt talents (cent huit mille fr.) paraissant une soùme trop
faible pour les besoins d'une armée. C'était probablement un premier
envoi provisoire. Àu reste, c'est pendant son absence qu'Eurymédon
fut élu comme collègue de Démosthène. Voyez ch. xxxr.
Cnlp. XVIII.
- 1. Les trente vaisseaur envoyés au secours d'Àrgos
et qui avaient dévasté la Laconie. Yoyez liv. YI, ch. cv.
Crrlp. XIX. Nom des affranchis àLacédémone. Yoy. ch lvrrr où
-1.
ce mot est défini.

Csrp. XXV.- 1. C'est-à-dire dix mille talents pesants (le talent valait
trente kil.). C'était un forttonnage, correspondant à trois cents tonneaux.

Cup. XXVI. 1. Ce doit être la presqu'lle appelée 'Ovou 1vé90ç


-
LIVRE VII. 5â9
(aujourd'hui Etaphonisi). Elle est située un peu à I'O._du cap trfalée,
à l'ôntrée tlu goifè Laconique. Aucun autre auteur n'y place un temple
d'Apollon.
de Péloponésiens arrivait
Cnlp. XXVII.
- 1. Lorsqu'une troupe
pour relever la précédente, la garnison de Décélie se trouvait momen'
tanément doublée.
2. A Âthènes'les professions manuelles étaient en général exer-
cées par des esclales, sous la direction et pour le compte tle leurs
maîtres. On peut se faire une idée du tort occasionné à ceux-ci par Ia
fuite de Ieurs ouvriers, en se rappelant qu'un esclave sans apiitude
spéciale vatait jusqu'à cinq cents tlrachmes, et que les artisans de-
vaient avoir beaucoup plus de prix.

Crup. XXVIII.- 1. C'était remplacerun impôt direct par un impôt


indirect de cinq pour cent sur les provenances maritimes. Le nom de
tribut était devènu otlieux. D'ailleurs la perception de cette nouvelle
taxe était plus commode pourl'État, parce qu'elle s'affermait à des
particuliers ou à des compagnies.

- 1. On a vu "u .tt'
Crup. XXXI. xvr que Ia mission d'Durymédon
en Sicile était antérieure à sa nomination comme collègue de Nicias
et de Démosthène. lI n'apprit qu'alors cette élection, qui avait eu lieu
pendant son absence.

cnap. xxxlll-1. Deux liots adjacents à la côte orientale de l'Italie,


et nommés aujourd'hui Sainte-PéIagie et Saint-André.
Cslp. XXXIV. Il paratt
- il1.s'en
qu'aux vingt'huit vaisseaux men'
tionnés au ch. xxxr, était joint cinq autres., anienés vraisen-
blablement par Diphilos, successeur de Conon.
2. Les épotid,es (oreillettes) étaient deux pièces de bois, arc-boutées
des dcux c-ôtés de Ia proue, afin de renforcer l'éperon. L'imovation des
Corinthierrs consistalt à donner plus tle solidité à ces pièces, en les
raccourcissant, afin cl'avoir I'avantage dans la lutte de Ia proue cqntre
les vaisseaux athéniens, plus légèrement construits.

C'est ]e même nombre que dans le combat


Culp. XXXVI.
naval où
- 1.perdrr
ils en avaient onze (ch. xxrl). il paraît que, dans I'in-
tervalle, cette perte avait été réparée.
pieds. Yoyez liv. YI'
Cs,lp. XXXVII.
flI, note 1. - 1. C'est-à-dire deux cents
ch.
cnrp. xxxlx. - 1. Il y avait dans toutes les villes grecques une
magistrature de cette espèce, connue sous le nom d'ogorûnootes ou
surieiliants des marchés. À I'ordjnaite, la vente des denrées se faisait
sur la place Publique.
I ..
550 NOTES.

cslr. xLI. - 1. Les ilauphins suspendus à ces vergues consistaient


en lourdes masses de métal qui, en tombant sur le navire ennemi. en
f.acassaient les ponts. Les mains de fer ou corbeaux, également'em-
_ployés
dans les batailles navales, étaient des grappins destinés à saisir
le vaisseau ennemi pour I'empêcher de reculer.

Cnlp. XLIV,- 1. Sur le péan, voyez lir'. I, ch. L,' note 2,. La con-
fusion venait des deuxdialectes, ionien et dorien, et de leur accent
tlifférent; car il n'est pas prouvé qu'il y ett plusieurs espèces de péans
de guerre.

Culp. LYII.
- l. On a vu (liv. II, ch.xxvu) qud, h seconde année
de la guerre, les Éginètes furent expulsés de leur lle par les athéniens,
qui s'en partagèrent Ie territoire. Mais cette spoliation n'eut qu,un
temps. Àprès la prise d'Athènes par Lysandre,les Eginètes furent
réintégrés dans leursfgvgp.Thucydide,qui a rédigé son histoire après
cette époque, indique-ici la population athénienne qui occupait Êline
penclant la guerre du PéIoponèse.- Lemnos, Imbros et ttestiéa
étaient également peuplées tl'Àthéniens.
2. C'est-â-ùire pour Ia solde et pour les profits de la guerre.
3. Le texte reçu porte Isxelôv, contre-sens manifeste; il faut néoes-
sairement ù,xe).rolrôv.

Cnep. LYIII.
- 1. Àvec Corinthe, leur métropole.
2, lagsdoute par suite du gouvernement oligarchique, qui leur
avait été imposé par les Lacédémoniens. Voyez liv. V, cb. ix"xr.

Cs.À,p. LXII.: l. Corbeaux ou grappins. Yoyez ch. rr,r, note 1. Sur


les épotides, voyez ch. xxxry, note 2. Latactique de's Syracusains cou-
sistait à heurter à plusieurs reprises le vaisseau ennemi ! en se servant
de l'éperon comme d'un bélier. Les mains de fer étaient destinées à les
empêcher, après un premier choc, de reculer à la rame pourheurter
-
de nouveau, Dès lors Ie combat devenait un abordage,

Cs.q.p. LXXYIII. 1. Le carré (n).aiorov) était un ordre de marche.


Il se composait de
-quatre divisions, rangées , la première et Ia d.er-
nière en phalanges,
les deux latérales en colonnes, Le centre était
réservé pour les bagages et pour les troupes légères. on adoptait cet
ordre lorsqu'on avait à traverser des pays ourerts, oir I'on s'attendait
à être attaqué d'un côté ou de I'autre. Dans ce cas, le carrê tout
entier faisait halte, de manière à faire face à l,ennemi, de quelque
côté qu'il se présentât. Ici iI doit y avoir deux de ces catr'ér, côtoi-,le
Nicias et celui de Démosthène.

Cn.o,p. IÀXX.-I. Le premier projet des Àthèniens était de se retirer


Ils avaieut donc d'abord à traverser I'Anapos, puis à oheminer
à Catane.
au N., en laissant les Épipoles à main droite. Le chemin moderne,
LIYRE VII. cJl
passant par le viliage de Fl,ortdia et par Ies montagnes dites Sierra d,i
Buon Giwanni., rcjoint près de Thapsos la route directe de Syracuse
à Catane.. Mais les Athéniens, n'ayant pu franchir ces montagnes
défendues par les Syracusains, se décident à changer de direction et
à se retirer chez les Sicules, dans la partie S. O. de la Sicile. IIs re-
viennent donc sur leurs pas pour atteintlre Ia route qui longe la côte
au S. de Syracuse.
2. Yoyez liv. VI, ch. Lxyt, note 2.

Csep. IXXXVI. l. Les Latomies sont les célèbres carrières de


- excavations situées sur les Épipoles, et qui
Syracuse, profondes
existent encore aujourd'hui. Elles sont connues pour avoir' souvent
servi de prison.
Cuep. IXXiVII. jour sans doute. La mesure appelée cotyle
-1. Par
équivalait au quart du chénice, c'est-à-dire à vingt-sept décalitres.
2. Lauteur ne dit pas ce que devinrent les prisonniers Àthéniens-
On voit seulement, par c'e qui précède, qu'ils furent détenus pendant
huit mois. Après ce temps, il est à croire gu'ilsfurentvendus comme
les autresl s'ils eussent étê éohangés, il en serait fait mention dans
le livre suivant.

LIYRE VIII.
Csep. I. - l. D'après $ loi, touie décision de I'assemblêe du
peuple devait être précédée d'un avis du conseil d,es Cinq-Cents. ll
est probable que I'autorité dont il s'agit ici était une commission
choisie parmi les membres les plus âgés de ce corps, et chargée
d'examiner préalablement les questions, avant que le conseil lui-même
ne formulât son avis.

Cs*p. III.
- l. Lc butin que les peuplades du mont (Eta avaient fait
dans leurs continuelles incursions contre les habitants dlléraclêe-Tra-
chinienne. Yoyez liv. Y, ch. rr.
Cnep. Y.- 1. Les harmostes étaient des commissaires exfraordi-
naires qu'â cette époque les Lacédémoniens envoyaient dans les villes
alliées., pout commatider les garnisons et les habitants. C'est le seul
enrlroit de Thucydide où cette autorité soit mentionnée. Peut-être
était-elle alors tle nouvelle création. PIus tard les exemples abondent.
2. Les provinces inférieures ou maritimes étaient la portion de
l'Àsie Mineure située le long des côtes occidentales, savoir: la carie,
la Lycie, la Pamphylie, la Mysie et la Lydie. L'empire_ des Perses
avaii une double circonscription : l' les satrapies, pour le gouverne-
bb2 NOTES.

ment civil et la perception des impôts; 2. les arrondissements mili-


taires, composant plusieurs satrapies et ayant une place d.,armes et
un commandant désigné d'avance éventuellement. ôe commandant
militaire (orpcr4yôç) cumulait quelquefois ces fonctions avec celles de
satrape d'une province, comme o'est ici le cas pour Tissapherne et
plus tard pour Cyrus le Jeune.

Cnlp. VI.- 1. Le nom d,Àlcibiade, comme l,indique sa désinence,


était d'origine iacédémonienne. Il y avait deux séiies d'alcibiades,
I'une à Lacédémone, I'autre à athènes. Le père de clinias s,appelait
comme celui d'Endiosl et, selon I'usage des Grecs, qui n'avaient pas
.. de noms de famille, ces noms propres se transmettaiônt de,l'aTeul au
petrt-fi1s.
2. ce phénomène, au début d'uneentreprise, étaitconsidéré comme
d.e mauvais augure. Pour le même motif , une assemblée est ajournée,
liv. V, ch. xr.v.
cslp. YII. 1. c'est-à-diro du golfe de corinthe trans le golfe
- le
saronique. sur transport des vaisseaux, voyez liv. III, ch."xv,
note 1.
cnEp. YIII.- 1. Lemême qui, plus tard, commanda Ies dix mille
Crecs de l'expédition de Cyrus le Jeune.

curp. IX- Les jeux Isthmiques se célébraient tous les deux


- 1. er
ans (la première la troisième année de chaque olympiade), au
commencement de l'été, dans I'enceinte consacrée à Neitune, sur
I'isthme de corinthe. Les corinthiens , qui les présidaient, lôs faisaient
publier par toute la Grèoe, avec proclamation d'ûne trêve sacrée, comme
pour le_s jeux olympiques Bien que cette trêve frit moins rcÉgieuse-
ment observée gue celle d'olympie,les corinthiens, dans le cas-actuel,
ne voulaient pas donner eux-mêmes I'exemple de sa violation.
CH,c.p. X.
- 1. Piréos o_u piréon (Steph. Byz., Ilarpardç. Xénoph.,
IIeIL.,.lYr- rh..Ti Agés., II, xvrrr, rà lleiparou),- aujourd'hui boie d,e
sopltico, à moitié chemin entre ûpidaure èt l,istnme-de corinthe. En
avant de cette baie sont quelques îlots, dont le plus grand s'appelle
Hëaréonisi.. i

cslp. xtY. 1. Bourg situé sur le eontinent asiatigue, vis-à-vis


de clazomènes.- Le nom de polichna était commun à plusieurs bour-
gades.

Cs.lp. XV.
- 1. Voyez liv. II, ch. xxrv.
(lnlp. XlX.- 1. Yoyez liv. III, ch. xtx, note 3.
2. Yoyez ch. v et xxvnr. Il devait tenir pour les Athéniens, puis_
que Tissapherne avait apperé les Lacédémôniens dans le
nud âe le
détruire.
LIVRE VIII. 553
3. Place d'Ionie, située entre Lébédos et Colophon. Elle tirait son
nom d'un temple de Jupiter, construit dans Ie voisinage, de même
qu'une autre ville du Bosphore, également appelée Dios-Hiérou. S'il
s'agissait ici du templc et ncn pas de la ville, I'article ne serait pas
omis.

Crup. XX.
- I. Yoyez ch. x.
2. Dn remplacement du navarque Chalcidéus, dont les fonctions
n'étaient que temForaires (ch. vi). Àstyochos devait prendre le com-
mandement de toutes les forces maritimes dès alliés, tandis que son
prédécesseur n'avait que celui de la flotte Iacédémonienne.
3. Contre Ia puissance maritime des Àthéniens, c'était une garantie
gue ci'assurer la communication de la ville arec Ie continent.

Cs.rp. XXI.
- 1. Samos alait étê privée de I'autonomie à
de sa révolte, comprimée par Périclès (liv. I, ch. c:wu).
ia suite

Crup. XXIII. 1. Ces vaisseaux devaient être au nombre de neuf,


puisque sur les- treize indiqués au chapitre xxlr, quatre avaient été
laissés à Méthymne
2. Les mots ô &æà rôv veîw rrel6ç sont diversement interprétés. Je
pense qrfils désignent I'armée de terre, mentionnée au ch. xxri, et
qui, sans être à bord, devait appu]'er les opérations maritimes. Cette
armée,'qui jusqu'alors avait marché de conserve avec la flotte, s'en
sépare ici pour regagner ses foyers,

Csp. XXIY. Les hoplites ne faisaient qu'exceptionnellement


- 1. de
le service de,soldats marine (liv. III, ch. xcv; lin VI, ch.xtrr).
Ceux-ci étaient tirés, pour I'ordinaire, de Ia dernière classe des ci-
toyens, Cest-à-dire des thètesl or, Ie rôle de conscription ne compre-
nait que les citoyens des trois premières classes. Ici I'exception se
justifie par I'embarras des affaires d'Àthènes.
2. Sur les désastres éprouvés par les Chiotes dans Ia révolte de
I'Ionie contre'les Perses, voyez Hérodote, liv. V, ch. xv et Xxvu.

Culp. XXVI.
- l. Le texte reçu porte 'Dle6v, nom parfaitement
inconnu. On a proposé d'y substituer celui de Léros, lte qui se trouve
è I'entrée du golfe lasique, et qui, bien qu'assez éloignée de Milet,
peut cependant être considérée comme en avant de cette ville, puis-
que, pour une flotte venant du Péloponèse, elle est le dernier endroit
de mouillage avant d'arriver à }Iilet. On voit tl'ailleurs, au ch. xxvrr,
que c'est de Léros (ici la lecon est certaine) que les Àthéniens re-
çoivent la nouvelle de I'apparition de la flotte péloponésienne,
Csep. XXVIII. l. Dans la perspective d'une bataille narale, à la
veille de laquelle -on déposait toujours à terre les grandes voiles des
vaisseaux et les agrès les plus encombrants.
DDI* NOTES.

2. Monnaie d'or, frappée par Ie roi Darius fils d.,Hystaspe, et équi-


valente à vingt drachmes attiques, soit dix-huit franôs.

Cslp. XXIX.- 1. A deuxc.ents hommesd'équipage par trirème, la


solde d.'un mois pour cinq vaisseaux, à raison tte irois oboles ou d'une
demi-drachme par jour-et par homme, n'aurait fait que guinze mille
drachnres- Tissapherne donnait trois talents ou dix-huit millé drachmes;
il y avait donc un excédant meusuel de trois mille drachmes, à répartii
entre les mille hommes qui formaient I'équipage des cinq'vaisùaux.
Ainsi chaque matelotrecevait par mois dix-huit drachmes, au lieu de
trente qu'ilaurait eues, si la solde promise ett été payée iniégralement.

CsA,p. XXXI.
- 1. Voyez la fin du ch. xxrv.
Crep. XXXIV.-1. Arginon ou Argennon (aujourd'hui Cap Blanc),
promontoire du pays d'Érythres.
2. Montagne située sur la côte de l'Àsie Mineure, en face de chios.
On croit que Phéniconte est la fameuse baie de Tchesmé,.

Csep. XXXY.
-1. 0n a vu (liv. VII, ch. xxxrrr) gue. l,année pré-
cédente, Ies Thuriens, à Ia suite d'une révolution, s;étaientprononcés
en faveur d'Athènes. Plutarque (Din Orat.) nous apprentl que, plus
tard, le parti oligarchique reprit le dessus, et contracta unè alifnce
avec Lacédémone.

Cnlp. XL.- l. Étienne de Byzance (s. v. Xioç) dit : a Les Chiotes


sont lçs premiers qui aient usé de serviteurs (5e pÉrovrsç) comme les
Lacédômoniens usent des Hilotes, les Àrgiens des Gymnés,iens, les
Sicyoniens des Corynéptrores, les Grecs d'Italie des pélasges, les
Crétois des l\.lnriïdes. > Àthénée (VI, xxvur), en confirmant le fait,
palle desséditions excitéesà Chios par Ies esclaves, et ajoute que les
chiotes étaient les premiers rhs Grecs qui eussent établi la traite (oopa-
rep.aopia) ou le commerce des esclaves.

Cnlp. XLI.
-'1. Méropis était I'ancien nom de l'île de Cos. On avait
continué à la désigner par oette épithète, quoiqu,il n'existât pas en
Grèce d'autre ville du même nom.

Curp. XLIII.- 1. Ces divers pays avaient été anciennement soumis


aux Perses, les uns, tels que les tles de la mer Égée et le littoral de
la Tirrace jusqu'à Ia Thessalie, dès avant Ie règne de Xerxès, les
autres à l'époque tle I'expédition de ce prince contre Ia Grèce.

Cslp. ILIY.
- 1. Cent soixantedouze mille huit cent francs.
CuA,p. XLY.
- 1. C'étaitlamoitié de la solde promise (chap. xxrx1. ia
drachme attique (guatre-ving[-dir centimes) se subdivisait en six oboles.

Csep. XLYII.
- 1. Les triérarques ou commandants des trirèmes
LIVRE VIII. b55

étaient pris exclusivement dans la classe des pentacosiom4dimnes,


c'est-à-dire des plus riches citoyens. Ils devaient donc avoir peu de
gott pourla démocratie, qui faisait peser sur eux les charges les plus
lourdes.

Calp. XLYIII,- 1. Dênomirration ordinairement donnée à I'aristo-


cratie d'Àthènes.
Cslp. LUI.- 1. Deux corporations sacerdotales, tlont les membres
appartenaient à d'anciennes familles d'Alhènes. Les Eumolpide-s, des-
càndant tl'Eumolpos, prêtre-roi d'Eleusis, exerçaient le sacerdoce de
cérès ÉIeusinienne. Les Hérauts ou céryces étaient des espèces d'au-
chargés des sacrifices officiels. L'arrêt porté contre alcibiade
gures,'été
àvait aôcompagné de malédictions solennellement prononcées
conlre lui par ces colléges de prêtres.

- 1. On souvent
Cnrp. LlV. a assimilé ces associations aux clubs
nolitiques et aursociétés secrètes des États modernes. Elles avaient
peu d;analogie avec les uns et avec les autres. C'étaient des confrê-
iies, dont les membres s'engageaientpar sermentà se prêter un appui
mutuel, soit dans les candidatures pour les charges politiques, soit
ilans les affaires judiciaires, auxquelles les Àthêniens êtaient si fré-
guemment exposés. Pour ce double motif, ces associations se recru-
tïient dans l-es classes aisées, et devaient par conséquent être déià
disposées à soutenir I'oligarchie. Yoyez ch. lxxxt.
11 est difûcile d'entendre ce passage autrement
CH,lp. LVI.
- 1.
qu'en admettant l'existence de la paix dite de Callias. A la suite des
victoires de Cimon, .le roi de Perse conclut avec les Àthéniens un
traité par'lequel , en reconnaissant I'indépendance des Grecs d'Àsie,
il s'en$ageait-à éloigner de leurs fiontières ses armées et ses flottes.
Ce traité fut négocié par l'Athénien Callias, flls d'Hipponicos, proba-
blement en 449 av. J. C. La critique moderne a contesté la réalité de
cet acte, sur lequel les historiens grecs gardent, à la vérité, le silence,
mais qui est cité à I'envi par les orateurs Athéniens.

Cnlp. LYIII.- l. Darius II, surnommé Nothus, père d'Artaxerxès-


Mnémon et de cyrus le Jeune, régna clix-neuf ansl iI était monté sur
le trône en 424 av. J. C. - Hiéra.ménès, beau-frère du roi Darius,
êtait probablement alors satrape de Sardes. Les fils de Pharnacès sont
pharnabaze et ses frèrest celui-ci avait tâ satrapie Dascylitide sur
I'Hellespont.

csÀp. LXIII.- 1. C'est-à-dire les vaisseaux péloponésiens ou alliés


que I'alrteur a énumérés au ch. [xr., et que Léon avait conduits de
Milet à Chios.
Csrp. IXIY.- 1. On a vu (liv. I, ch. cr) qu'à la suite d'une pré-
cédente révolte de Thasos, les Àthéniens vainqueurs aYaient exigé
556 NOTES.

que cette ville ftt démantelée, afin qu'à I'avenirelle ne pùt opposer
aucune résistance à leur marine.

Cs.rp. LXVI.
- 1. Le conseil des Cinq-Cents était ainsi appelê à
cause de son mode d'élection. Chacune des Cix tribus nommâit cin-
quante menbres, tirés au sort parmi les citoyens âgés d'au moins
trente rns et n0n récusables. Pour l'élection, on se servait du registre
nominatif Q.4[ro.p7.rr.ôv lpay.pareïov) tenu dans chaque tribul et, à
mesure qu'on lisait les rroms (probablement par rang d'âge), on tirait
dtune urne des fèr'es blanches ou noires. Celui dont le nom était
accompagné d'une fève blanche était élu, sous la réserve de I'examen
de vie et de mæurs (ôoxrp.aoia).
2. D'après un calcul approximatif, on évalue ù cent mille âmes le
chiffre de la population d'Àthènes à cette époque.
Cs,r,p. LXVII. - l. Le lieu ordinaire des assemblées du peuple à
Athènes était le Pnyx (eh. xcvrt), quelguelcis le théâtre de Bacchus
(ch. xcrv) , ou d'autres endroits voisins de la ville. En convoquant
le peuple dans urr local fermé et restreint, I'intention des meneurs
était apparemment d'exclure de la délibération une partie de leurs
adversaires. Les corrjurés avaient le mot pour occuper la majeure
portion de I'enceinte et empêcher Ia multitude d'y trouver place. Les
clôtures consistaient en balustres ou cancellages qu'on ne devait pas
franchir.
2. Par cette décision préalable, on enlevait aux démagogues leur
arme favorite, qui consistait à intenter une action d'illégalité (fpoçù
rap,cv6porv) à quiconque proposait le moindre changement à la con-
stitution.
Culp. LXVIIL 1. On assure gue I'orateur Antiphon avait été le
maltre d'éloquence- de Thucydide. On ne peut attribuer qu'à un sen-
timent de reconnaissance Ies éloges excessifs tlonnés par lui à un
homme qui, de son aveu, était le principal auteur tl'une révolution
attentatoire à la liberté d'Athènes, et blânlée par Thucydide lui-même.
Àprès la chute des Quatre-Cents, Antiphon paya de sa vie la part
qu'il avait prise à leur établissement. II fut condamné à mort cette
même année. Le discours qu'il prononca en cette occasion, et dont
Thucyditle fait un si bel éloge, ne s'est pas conservé. Il ne reste
d'Àntiphon que dix-sept plaidoyers ou fragments de plaidoyers, in-
sérés dans Ia collection des orateurs athêniens.
2. L'expulsion des Pisistratides eut lieu en 510 av. J. C. Il y avait
donc précisément un siècle à cette époque. r
3. À dater de I'alliance dite des Grecs, laquelle fut l'origine de
I'empire d'Athènes. jusqu'à l'époque actuelle, il y aurait eu soixante-
clnq ans.
CH,c.p. LXIX.- l. Sans doute les hoplites que Pisandros ayait ra-
LIYRE VIII. 557

massés pendant sà traversée (ch. lxv). sur la colonie atliénienne


d'Égine, voyez liv. II, ch. xxvrr.
2. cette désignation, regardée par quelques éditeurs. comme su-
p",;flo", est a5ùtoe pai oppositi*- 1" cotps ordinaire des soldats de
police (archers seythes), composé d'étrangers'
3, Voyez ch. txvt, note 1.
4. L'indemnité ou droit tle présence des membres du conseil des
Cinq--Cents était d'une drachrie par iour de séance. L'année civile
athénienne commençant au mois Hécatombéon (juillet-aott)' il restait
encore à I'ancien conseil environ quatre mois jusqu'à I'expiration de
ses fonctions.

Cnlp. LXX.*1. Le conseil des Cinq'Cents, composé rle cinquante


*.rlt.r de chaque tribu, se trouvait naturellement clivisé en dix
sections, dont chaôune à son tour exerçaitla prytanie. ou présidence,
et devait consacrer tout son temps aux affaires publiques pendant Ia
Àirième partie 6e I'année. Les Quatre-tents, n'étant pas également
tirés des âi" ttibur, étaient obligés de recourir au sort pour constituer
entre eux des prytanies de guarante membres.

Crup. LXXIII'- 1' VoYez ch. xxl.


2. Selon Plutarque (Âlcibiade, ch. xttt), le bannissement d'TY'
perbolos fut le rgiultat d'une coalition entre Nicias, Phéax et Àlci-
[i"J", lesquels se voyant menacés d'ètre baunis eux-mêmes, s'enten-
dirent ensômbte pooi l"uir. tomber Ia sentence sur cet homme mal
famé. La condamnation d'Hyperbolos fut le dernier exemple d'ostra-
cisme à Àthènes (guatre cent ssize ans av. J' C')'
cnlp. LXXVI. - 1. AllusiOn à la guerre soutenue par samos contre
Athènes du temps de Périclès. Voyez liv. I, ch' cxv'
.csep.
Lxxxl. - 1. Voyez ch. r,w, note 1. Quoique ces associations
eussent été travaillées dàns le sens'de son rappel (ch. xrvur), Àlci-
biade aspirait à les dissoudre à cause de la froideur gue I'aristocratie
avait montrée envers lui (ch. lxru).

csrp. LXXXN, - 1. Voyez ch. xxxv. Les Chefs lacédémoniens


portaient habituellement unè canne, et s'en servaient pour se faire
ôbOir. C.tt" rudesse leur est souvent reprocbée par les Athéniens. Du
reste, il ne faut pas conclure que le port d'un bâton fùt un insigne
distinctif de Ieurthrrgu; car à Lacédémone cet usage était général.
2. I1 paraît de 1à, quoique I'auteur n'en.ait pas fait meniion, qu'à ].a
suite dà I'accord faif avâc{es Milésiens (ch. lvrrr), Tissapherne avait
élevé un chàteau fort à Milel
de navarque était annuelle'
Crup. LXXXV. - 1. La charge
558 Norus.
2. Ilernocratès était, comme on I,a yu, un des chefs du parti aris-
tocratique de Syracuse. A l'épogue dont il s'agit, un mouvement
populaire avait eu lieu dans- cetie ville, et, suivant l'usage, les chefs
du parti opposé avaient été bannis (Diodore de Sicile, Xth, r,xlu).

cs.q'p. LXXXIX. l. sous la constitution démocratique d'gthènes,


toutes les élections,- excepté- celles des généraux, se faisaieÀt par lô
sort. <Le sort, ditMontesquieu, est unefagon d'élire qui n'afflige per_
_sonne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonuable de servir
Ia patrie. D

Cuep. XC. 1. Àu lieu de ôlt1cp1iav, je lis ôp,o).oy(av, d'après le


manuscrit du- Yatican. on ne voit pas ce gue signifieiait ce zèle
déployé en faveur de l'oligarchie déjà établie [.tttrènes.

2- tÊétionéa est une jetée naturelle, située à gauche en entraat


par mer au Pirée. L'intention des Quatre-cents était d'en faire un
point isolé, égatement défendable du côté de la mer et du côté de La
terre. Extérieurement elle était protégée par les fortifications du
Pirée. Le nou\:eau mur qu'on élevait alors devait mettre à I'abri des
attaques de I'intérieur. À i'extrémité de I'Éétionéa s'élevait unc rour.
où aboutissait l'ancien mur du pirée. Le nouveau partait de ce mêmé
point, et, longeant la côte, formait le second côté d'un triangle
allongé; le troisième était formé par le mur transversal qui bàr-
_côté
rait Ie portique ou halle aux grains.
3. a l'entrée du Pirée étaientdeuxtours, I'une à gauche, à r'extré-
mité de l'étionéa1 I'.Eautre à droite, sur la presqu'il-e de Munychie.
cslp. xcl. 1- petite viile_ sur le golfe de Laconie, à quarante
s.tad_es s. o. de- Gythion. ses ruines subsistent près du villige iroderne
de Passat:o.

Cslp. XCII. 1. Voyez iiv. II, ch.. trrrr, note 5. Les péripoles
étaient sous les- ordres d'un commandant spécial, nommé péiipo-
Larqu,e.

csap. xcul. castor et de pollux ou des Dioscures


- 1. Temple de situé
(Lvcrxeç dans la langue sacrée) , au pied. de I'acropole.
2. Ils entendaient que I'institution des euatre-Cents serait Derma-
Dente' e! que ce corps remplacerait le conseil des cinq-centi, avec
cette différence gue les Quatre-cents ne seraient pas inamovibles,
mais qu'ils seraient pris alternativement parmi les cinq mille.
3. Le grand théâtre d,Àthènes, dit de Bacchus aux Marais, servait
quelquefois aux assemblées du peuple , surtout à celles qu''on pré-
voyait devoir être fort nombreuses. Il y avait place dans oe théâtre
pour trente mille personnes.
LIVRE VIII. 559
Cslr. XCIV.
- 1. Je lis,tôv
ao),).ôv. Le texte reçu porte
d'après les meilleures
ôn).ttôv. I
manusorits, rôv

Cslp. XCY. - 1. Deux dèmes de I'Attique, situés sur la côte orien-


tale de ce pays, en face de I'Eubée. Il y aussi une ville de Prasies en
Laconie (lI, lvt).

- 1,
Çsap. XCVII. Depuis fétablissement des Quatre-Cents les
du peuple avaient été suspendues.
assemblées
2. Colline située dans I'intérieur d'Àthènes, au S. O. de I'acropole-
-Le Pnyx servait aux assemblées ordinaires du peuple. À cet effet, il
avait été garni de gradins de pierre, en forme de théâtre ou rl'hémi-
cyole, et en face desquels s'élevait la tribune aux harangues-
3. Il n'y avait doncqueles hoplites et les cavaliers, c'est'à-tlire les
citoyens appartenant aux trois premières classes, qui fissent pa-rtie
de cie corpi-privilégié. Les thètes ou prolétaires en étaient exclus.
Cette forme politique répondait à notre cens électoral.
4. Âinsi furent supprimées les indemnités allouées aux conseillers,
aux juges et aux citoyens qui assistaient aux assemblées.
5. C'est-à-ilire législateurs. C'était une commission permanenter
chargée de rédiger les projeis de lois qui devaient être soumis à la
sanction du peuple.
6. Le retour d'Alcibiade à Àthènes n'eut ccpendant lieu que guatre
, I, rv).
ans plus tard (Xénophon, Hell,éni.ques

Cuæ. XCVIII. 1. Probablement de ces Scythes que les Athéniens


entretenaient pour- faire la poiice.
2. Cette opération n'entrait pas dans le plan général de la guerre,
et n'avait étê ordonnée ni par les Lacédémoniens ni par le roi Agis'
Les Corinthiens faisaient le siége de cette place à leurs frais et pour
leur propre compte.

Les Lesbiens et les Béotiens étaient d'origine éo-


Csep. C.
lienne 1liv.
- ilt,1* ch. u). Les Lesbiens, se corisidérant comme une
colonie béotienne, déféraient le commandement à un Thébain qui se
trouvait parmi eux.

cuep. cI. une monnaie particulière à


- 1. La tessaracoste était
I'lle de chios, et qu,on suppose valoir la quarantième partie du statère
d'or, c'est-à-dire une demi-drachme attique, soit 45 centimeq.
2. Ils traversèrent le canal qui sépare Lesbos du continent. Érésos
était située dans cette partie de l'île qui regarde la haute mer.
3. Cette désignation est ajoutée pour distinguer cette localité d'avec
les îles Àrginuies, situées dans le oanal, entre Lesbos et la côte
560 NorES,

d'Asie. Pareillement il y avait sur Ia côte d'Epire tleux Sybota, ceur


rle iÏle et ceux du continent.
tombeau de Protésilas, Ie premier des héros
Cnr,p. CII
- 1. Le
grecs qui mourut au siége de Troie, était situé à Ia pointe méridio-
nale delathersonèse de'thrace. Àvec le temps il fut considôré comme
un sanctuaire et un oracle.
Cnrp. CIV. 1. Pointe de la Chersonèse deThrace, un peu à l'8.
- nom (Ie Tontbeau de la
tle ltadytos. Son chtenne) dérive d'Hécube,
qui, daris I'excès de sa douleur, fut métamorphosée en chienne, et à
laguelle on avait élevé un tumulus en cet endroit.

Cnap. CVIII. - 1. VoYez liv. Y, ch. r.

Csap. CIX. 1. Voyez liv. YIII, ch. r,xxxtv.


-
2. Cette dernière phrase a été probablement ajoutée par une mâin
élrangère, pour indiquer le point d'interruption où Thucydide a laissé
son histoire.

FIN.
TÀBrE arPnAnmiouu
DES NOMS ET DES CIIOSES.

lV. B. Le chitfre romain indique le livre, et le chiffre arabe le chapitre.

A
AnlÈne, ville de Thrace, II, 971 un t8, VIII, 3; Àchéens, nom des Grecs
Abdéritain, II, 29. à Troie, I, 3, IV. l2o1 Vr,2.
ABRoNYcEos, Àthénien, I, 91. AcHAnNEs, dême d'Attiquel Il, 19, 20,
AByDos, ville de I'Hellespont,VItI, 6t, 2t.23.
62,79, 102, lu3; bataille navale livrée ÀcnÉr-oûs, fleuve d'Acarnanie, II. {0!,
dans son voisinage. vIIl. to{. IlI,1(r6.
AcAÀr.aNrrDE. tribù d'Athènes, IV, { { 8. ÀcuÉnox, {leuve de Thesprotide, I,40.
Ac.{NTrrE! vitle de Thrace,IV, 84, tl(, ACHILLE, I, 3.
Y, 18; Âcanthiens, IV, 88, 124; dis- Acnæ, ville de Sicile. VI. 5.
cours que leur adresse Brasidas, IV, AcnaGAs. ville et fleuve de Sicile, VL
85. 4. Yov. Àcntcrttrr.
Acentnos. Lacédémonien, y, t9, 24. AcnÉorr:-Lupes, colline de Sicile, YII.
AcARNAN, flls d'Alcméon. II, lo2. 78.
ÀcARriaNrE, origine de son nom, II, AcRoPoLË n'ÀtItÈsus; occuPée Par
lo2: mæurs des Acarnaniens, f, 5, CYlon. I. t26: angiennen,ent nom-
II, bt; leurconfédération, IlI, 1051 niée la cité, If, t5; renferme un au-
leur alliance aveo Athènes, II, ?, 9, tel et un temple de lllirlerve, I, l?6,
?E, VII, 5?; les Lacédémoniens en- V, 23; une colonne sur I'injustice
voient Cnémos pour les soumettre, des tyrans, VI,55: ProPYlées de I'a-
II,8o; campagrie de Phormion en cropole, II. l3; dite simplement la
Aéarnanie, II, 102; les Àclrnaniens citadelle. V, t8. 23, 4?.
regoivent Argos Àmphilochicon, II, Acnouoo's. vrlle de lilthos, Iv, top.
68; attaquent Leucade. IlI, 94 ; font AcrÉ, presqu'ile de 'thrace. IY, 109.
la guerre aux Âmbraciotes, III, lo5; Acrrcif, pr-omontoire d'Acurnanie, I,
fou-rnissent des troupes légères aux 29. 30.
Âthéniens en Sicile. vII, 3l) 60) 67. Aoulilxros, Corinthien, I, 60.
AcÉsrsÈs, fleuve de Sicile, IV,25. AulrÈtn, roi des Molosses, I, 136.
AcHAïE. frovince du Péloponèse; alliée ÆeNiloÈs, tyran de Lampsaque, YI,
d'Athènes. I. ltt: rendue aux Pélo- tv,
ponésiens, I. tt5; revendiquée oar ÀOAÀTEilINoN. I .9.
les Athéniens, lV, 2l, les Achéens, Açetsencntiras, Corinthien, II, 83.
excepté ceux de Pellène, neutres au ÂGATHAncHos, Syracusain) YII, 25r 70.
début de la suerre: puis touie I'e- AcÉs.rsunroes, Spartiate, YIII, 91,
chaie prend'parti boirr les Lacédé- AcÉsexonos, Spilrtiatc, I, t39, VIII'
monieris, II, s; I'echaïe reconstituée 9t.
Dar ces derniers. V. 82 i Achêens- AcÉstPnloes, Spartiûtc. V, 56.
hhthiotes, peuplê dé théssalie, tY, Aors, roi de! tacédémonicns, III, 89;
562 TABLE ÂTPHABÉÎr0UE
envahit I'Attique, IV, î,61 jure le ses prisonniers, III, 32; sa fuite, III.
traité, V. 2{ i marche sur Areos. 33; Ies Lacédémoniend lui donnenû
Y, s4'; s'e redire, V, 60; défait'leé Brasidas pourconseil, III, 69; il est
Àrgiens à ltlantinée. Y, 72: fait une qnvoye â Corcyre, III, Z6 ; sa timi-
autre expédition contre Argos, V, dite, IlI, 29; déllgué pour la fonda-
s3; fortihe Decélie, VII , f nt t": tion d'Héraclde-Tràchinienne, UI. 92.
vage I'Atrique, yII. 27 I son auto- Àrcrr"oiis, héros.de Corcyre, IlI, i0.
rité à Décélie. VIII, 3, 5; traite ALclPrrRoN. Argien, V. i9.
avec les aristocrates athéniens, VIII, AlcrsrnÉxÈs, À1hénien, III, 91, Iyr 66,
70 ; s'approche d'Athènes, VIII, ? t. vII, t6.
AGnÉENS, peuple qui habitait au nord Àr,clriiox, lils d'Amphiaraùs, II, 102.
de I'Acar'nanic, .lI, 102. III.'lt|i'
| 06, t t 3; ALcMrroNrDEs, ancienne famille d'À-
'59.
leur roi Salynthios, t'l|, s'al! thènes. VI.
lient aux Athéniens, IV, ?7,' lol; Àluxaxoîe, roi de Macédoine, père de
leur pays nommé I'Agraïde, III, ltl: Perdiccas, I, i7, tS7, II, :rg;- origi-
AcRtENs, peuplade péonienne, III, 96. naire d'Argos) II, 99.
-{GRTGENTE, ville de Sicile; sa fonda- ALDxaRcrros, Corinthien, VII, lg,
tion, YI,4; scs dissensidns, VII, 46, Arexlcr-Ès, un des Quatre-Cents, VIII,
50 i reste neutre entre Athèneï et 92, 93, 98.
Syracuse) VII,32, 33, 58. ÂttcyÉnws, tribu des Sicules, VII, 32.
ArRArN, déesse à maison d'airain, IIi- ArrrÉs d'Athènes et de Lacédeinone
nerve Ghalciecos à Sparte, I,' llg, dans laguerre du peloponèse, II, 9.,
I 34. o'Atnenes et de Syrucuse dans la
tlceMÉNÈs, Lacédémonien, VIII, 5, L guerre de Sicile, VIi, 52.
1t ; défait et tud au pirtion. VIII, io. Àr.lroprr, district. de Macédoine; ses
..l.r,cÉos, archonte à Àthènes, Y, t9. habitants AImopes,
- II, 99.
-{LcrBrÂDE, Athénien; sa famille. V. Ar_oeri, ville des Ldcriens-Opontiens,
43I soncaractèle, YI, t5, 29; sa vici. II, 26.
toire aux.ieux olympiques, VI, l6: AL\zrL, ville d Acarnanie, VII. Bl.
proxène des Lacédémoniens, Vt, gs i AMB.RACTE, colonie- Èe Co.rinthb, II, 80;
trompe leurs députis. V, 4s i fait uné alliée des Lacédémoniens, II, 9; S0:
expédition dans'le Pélop'orrèÉe, V, sz; III, VltL to6 ; Ies ÀmbfacioteÉ
09,
pousse les Argiens à la cuerre contré aident les Corinth:ens dans leur
i,acédénione. V, 61, ?6;"emmène des guerre conl,re Corcyre) I, 2tj, 17, L6,
Argierrs suspects, V, s4; élu général 48 ;,tres-treJllqucux; III, 108. or'g'rl
pour l'expddition de Sicile, -Vi, g, l5; oc reur lnlniltle contre Ârcos Am_
son dlscours en reponse :L Nicias, phiiochicon , II , u8 I leur" gucrr.e
YI, 1.6 ; accusé de sacrilége, VI, 23: contre cette ville. II, 80, ils fonl une
29; son aris dans le ionseil dé expédition malheureusô contre les
guerre, VI, 4B; rappelé de Sicile, VI, Acarna_niens., alliés de Syra-
i'3; il s'évade et- èst condamné à cuse,.VI, .104,II_I,_105;
VII, 7, 25, 5g; $olfe
mort par contumace, VI, 6t I rufuCié d'Ambracie. I. 19. 55,
à Sparte, il conseillearrx Lacédem-o- ÂurNrerÈs. .tthénien, lI, 6?,
niens de fortifier Décélie, VI, 8B i ArrrNrAS. Lacédénronien,'IV, I32.
leur persuade d'envoyer une flotté AurNocrÈs, constructeîr ôorinttien,
9II I-o!!9, VIII. 6, t2; s')r rend avec I,13.
Chalcidéus, VIII, tz;'se Ërouille avec AlnrÉas, Platéen, III. 22.
les Péloponésiens. et passc
-4i; auprès ArroncÈs, révolté contre le roi de perse.
de Tis-"apherne, VJII, proôure VIII, s, t9; pris ct. livré. VIjI, 21.
aux Atheniens I'amitié de ce satrape, ÂunerrDes, Lacédémonien. V, 22.
VII[, 5'2 ; rappelé de I'exil et nommé AMpHtaRAùs, père d'Amphildchos, II,
général par lhrmée de Samos, VIII. oa; d'Alcméôn, rI, rrr2.
9tr !:.i son rappel est également voté AMpttrAS, Epidaurien, IV, ll9.
a Athenes, VIII, 97 ; se rend à As- AupHrDonos, ludgarien, IV, il9.
pendos av c Tissapherne, VIII. 88'. ALrpHrLocnrE, situde au nord de I'A-
revientà Samos, VîIL to6; le noni carnanie, ct annexée à ce payg, 11.
d'A.lcibiade était d'origine iacédémo- 68; enrahie par les embraciôttis. ftf,
nienne; c-'etait celui du père de l'é- 102; les Amphilochiens barbareÉ, II,
phore lindios, VIII, 6- 68, III, I r2.
Àr,crDAs, navarque lacédémonien, en- Àlrpnnocrros, fils d'Amphiarùs, lI. 6g.
voye à Lesbosl III, 16, 16; refuse Alrpflrpor.rs , ville du -littoral' dé la
d'attaquer l\Iytilène, III, 3l ; égorge Thrace, colonie dâthènes, I, 100, Iy,
DES NOMS ET DES CHOSES. 563
t02, to3; sa situation, v, 7) ll i ArirrPPos, Lacédémonien, V, 19.
prise par Brasidas. lV, lo2; Cléonse ANrrssA, ville de Lcsbos, III, 18, 2$
àiriee vers elle avec une flotte athd- VIII, 23.
nierine. V. 3; batuille livrie sous ses Axrrsr:nrlxÈs, Spartiate, VItI, 39, 61.
murs, V, b; inalgré le traité, cette aPHnoDrsra, îilie de Lâconie, IV; 56.
ville n'est pas renclue aux Athéniens, APHYrrs, ville de la Pallène, I, 6{.
V, 18, tt, 35, 46: ceux-ci préfal'ent AprDANos, fleuve de Thessalie, tV, 78.
une expédition contre elle, V,83; ApoDorEs, peupladc étolienrre, lII, 9[.
Évétionl général athénien, la bloque, APoLLoDORos, ÂLhénien, VII, 20.
. vII, 9. APoLLoN, son temple à Action) I, 29 ;
ÀMpnrssa, ville des Locriens-Ozoles , près de Nauprrcte,II, 9l ; à Leucade,
lII,101. l[t, 94; à Dilion, tV, 9o ; au cap
ÀMYcL,E. ville de Laconie, V. I8. IWalée, VII, '.:G; l't Cnirle, VIil, 35;
Autnras, roi de Macédoine, U, 05, temple d'Àpollon Pythien. à Del-
loo. phes, IV, tt$. V, 18; à Athènes, I[,
I. Ilo.
-q.M1RrÉ8. Éqvpticn.'dés t5, VI, 54 ; Pytltéen, cn Argolide, V,
Aw.tcÉrow , Ièirple
-e3. n ioscures à 53 Archécétès. prtls dc Naxos cn
:
Athènes,'VIII, 1; féte- d'Àpollon l\Ialt!en
Sicile, VI,
ÂNACTOfiTON, Colonie de corinthe, à à Lesbos, III, 3; I'ile de Rhenét
I'enl,rée du golfe Àmhraciclue, I, 55; consacréé à apollon Délien, I, l:t.
alliée des Làcédémoniens,- Il, 9, 80;IIl, 104 I hymne à Àpollon, III ,
8l ; ennemie des Acarnaniens, III, 104.
1lû; prise par eux et par les Athé- APoLLoNTE, colonie corinthienne en
niens, IV, 49; n'est pas rendue aux lllvrie. L 26
CorintLiens, V, 30, VtI, 3t- Ànceorn, frovince du PéloPonèse; a
.{NAposr fleuve d'Acarnanie, II, 821 de tou.iours eu les mêmes habitants, I,
Sicile, YI, 66, 96, VII, 42, 78. z; àttiée des l,acédémoniens, V, 57,
ÀNAxaNDRos, Thébain, VIII, to0. 60, 6l+, 6? I soumise en partie Par les
ANAxTLAS, tyrande Rhégion, VI, 4. l\'Iantinéens, V, 29; en guerre avec
ÀwoocroÈs, général athérricn, I, 5t. Lépréon, V, 3l; otages arcadiens
ÂNDRocLÈs,-Athénien, TIII, b5: déirosis'à oi'chomène, V, 6l; Arca-
ÀronocnrrÈs, son monument près de diÉns mercenaires, III, 34, VII, 19,
Platee. III.24. 57.58.
AtonourixÈs, Lacédémonien, V, 42. ARcÉsrLAS, Lacéddmorrien, VIII, 39.
ANDRos, une des Cyclades, U, 55; aI- Âncrri;nrcÉ, {ille d'Hippias; son épita-
liée dAthènes, IY,42, VII,57, VIII, phe, VI, 59.
69. Àncrrr::r,e,os, roi de l\Iacédoine,II, 100.
ÀnunosrnÉxÈs, Arcadien, vainqueur à ÀRCHERS à cheval,.à Athènes, II, t31
Olympie, V, 49. V, 84, VI, 9i; Getes, II, 96.
AxÉ,r, ville surle continent en face de ARcHESiRA'ios, fils de Lycomédès, I,
Samos, III, 32; refuge des e:rilés, 57; père de Chéréas, VIII, 74.
IV,75, VIII, {91 les Anéites tuent ÂRcuÉrrr'ros, Corinthien, l, 29.
Lysiclès, ilI, tg ; un vaisseau dh- ÂRcIIlas, Camarinéen, lV, 25; Héra-
néa. YIII. 61. clide. fondar,eur de Syr:rcuse, VI, 3.
Àr.lÉntstos, Lacédémonien, II, 67. ARcrrDAMos. roi des Lacédémoniens,
ANTaNDIros, ville tl'.Éolide , VIII, 108 ; I, ?9 i son'discours à Lacédémone,
prise par les exilés de Leshos, IV, I, commande Ia Première inva-
oo;'de
52; reprise par Ies Àthéniens, IV, sion I'Attique, I[. toi hôte de
75; chasse la garnison perse, VIII, Périclès. II. t3: lenteur dé ses opé-
108,109. rations,'I[,'18, 19, 20; sa deuxièine
ÀrvrnÉMoxrn, ville de Macédoine, II, invasion, II, 17 ; troisièmc. Ill' t;
99. commenôe le siége de Platée, II, 7l
AxrxÉw.a, ville de Cynurie, V, 41.. son tls et successeur Agis' ItI, 89,'
.Lrtrnp-rrÉnroN, mois attique, II, 15. rv, 2, v, 54.
ANrrcLÈs, Athenien, I, {17. ÀRclroNrDAS, roi des Sicules, VII, {
ÀxrrcÉlrËs, Athénien, II. 23. ARcHoNTEs, leur nombre et leur poq -
ÂNrrMÉNlDÂs, Lacédémonien. V. 42. voir, I, 126; auciennement il Y avait
ANrrMNESros, Athénien, IlI, t05. des archontes dans toutes les villes
ÀNTIocBos, roi des Orestes, II,80. de l'Attique. II. t5t archontat de
AxrrruÉuos, fondateur de Géla, VI,4. Thémistoôle,' I, !;3 I 4s Pythcrdoros,
ÀNrrpuolv, orateur athénien, YIII, 6E, II, 2; d'Alcéosr V, 19, 25; de Plsls-
90. trate, YI, 51.
56lr TABIE ATPHABÉÎIQUE

Ancrunus, lever de cette constella' ÀnslcÈs, lieutenant de Tissapherne'


tion. II,'ville
7E. vIII, 108.
Ancrr-ôs, de Thrace, colonie ÀRTÂBaZE, satrape, I, 129,132, vlllr 5.
d'Andros, IV, lo3, V, 6' 18; un Ar- ÀRTAPHERNE, Perse, IV, 50, VIIIr 5.
eilien serviteur de Pausanias, I, 132. ARTAs, roi d'IaPYgie, VII, 33.
Àn"otwox, en Ioniet VIII, 3/r. AtttexrnxÈs, roi de Perse; son avéne-
AnarxusÉs, iles voisines de Lesbos, ment, I, tbz; sa mort, IVr 50; cité
outre cela, I, 104, 109, VIII, 5,
n."#l: l,Îtl; u" Pél'ponèse, ennemie AntÉurstnx, mois à Lacédémone, V,
de Lacédémone, I, 102; gouvernee 19.
démocratiquement, V, {4 I ses. ma- AnrcrirsroN, promontoire de I'Eubée,
eistrats. V, 47, 591 son anclenne III. 54.
àomination, V,69 ; Thémistocle exilé ARrrNEs, magistrats d'Argos, V, 47.
s'y réfugie, I, 135 ; temPle de Junon à AsrE, II, 97 ; mineure, I, 16.
Aicos. II, 2, lV, 133. Les Arglens AsrrÉ, ville de luessénie, IYr 13, 54t
for*meirt une' ligue contre Lacédé- vI,93.
mone, V, 27, 28; s'allient , avec AsoÉros, Athénien. père de Phormion,
,lthènes, V, 4z; sont en Presence I, 64 i fils de Phormion, III, 7.
des Lacédémoniens et de leurs alliés, Àsdroleos, Platéen. lII, 52.
v, 58 ; sont defaits à l\Iantinée Par AsoPos, fleuve de Béotie, II, 5.
le's t,a'cédémoniens, V, 7o; font avec AsPENDos, ville de Pamphylie, Y[I,
ces derniers un traité de Paix et 8t. 87. 88. 99, t08.
d'alliance, V, 761 le gouvernement Àssrivenôs. Îeuîe de Sicile, YlI. 84.
démocratiqrte d'argos est renverse Assccrerror.ts à Athènes, VIII, il, Et.
par les Lâcédémonicns, V, 8l; les AssYRrENs (caractères), IV, 50,
Argiens le rétablissent, s'rliient avec AsrÀcos, viile d'Àcarnanie, II, 30,
etËènes, et construisent leurs longs 102.
murs, V, 82; renouvellent la guerre AsryMÀcrros, Platéen, III, 52.
avec Lacédémone, Y, E3' VI, 7t 105; Asryocuost nayarque Lacédémonien,
Ârgiens auxiliaires des athéniens en VIII, 20; envoyé à Chios, 23; ses
sidile, vI, 29, vII, 14, 57; battus Par opirations en lonie, 2{t'Lacédémo-
refuse de
les Milésiens, VIII, 25 i Argos Am- sêcourir chios. 38:'des les
philochicon, I1.68, IIIr ltr2r 105. niens lui donrient conseillers,
Ânt.cxrnroÈs, Âtlrénien, lV, 91. 39; continue la guerre marititne,
ARrPnRoN. Athénien, IV, 66. 4o:, mutinerie de ses soldats, 7E,
ARrsraconAs tle ilIilet, lV, 102. Sg. 8û i son retour à Sparte, 85.
ARISTaRcrlos, Athénien. VIII, 90r 92; Àreilxrr. ile voisine rie Ia Locride
Iivre G.noé aux tséoticns, VIII, 9E. ooontienne. II. 32. IlI. 89, V. r8.
^
Lnrsrrius. Corinthierr, tls de Pelli- Ar:riÉn,rconei, Syraôusain, YI; 35, 4t.
chos, f, 29 ; {ils d'Àd.imantosr I, 60, VIII. 6.
61, 63; Il,' 67; Lacédémonien, IY, ArHÉlrÉos, Lacédémonien, IV' ll9
132. 122. '
AntsT tDE, lils de Lysimachos, I, 91, ÀruÈxrs, ancien asile, I, 2; centre de
96, Y, 18; fils d'erchiPPos, IY, 50, I'lltat sous Thésée, II, t5 ; embellie
75. par les Prsistratitles, YI, 54; rétablie
AÂrsrocrÈs, Lacédémonien' Y' 16, 7l' âprès la retraite des Perses' I' 89 i
72. fôrtiliée par Thémistocler I' u0 ; ses
Ànrsrocr,tnÈs, Athénien, II, 70. longs milrs, I, 93, 107;'étendue de
Antstocnatùs, Athénien, Y, 19, 24 sorienceinte, lt, l3; reçoit les habi-
VIII, 9,89, . ' tants des campaBnes, II, l4; origine
ARrsrocrroN, I, 20, VI, 51. de I'empire des Àthéniens, I, 96, 99 ,
ARrsroN, pilote syracusain. vII' 39. VI, E2 i tributs payés par leurs al-
AnuÉs pesamment, voy. HoPLITES; à liés,I, 96, II, t3, V, tE; caractère
la léqère. vov. PELTASTES. des Athéniens, I, 70, l02, II,40, VI,
Ans,c,-vill'e dr! chalcidique, Iv, 103. 87, VlI, t4, 48; leur gotit Pour la vie
AnnÉ, ville de thessalie, I, t:- champêtre, I[, l4; leur amour Pour
AnNISsa. ville de Macédoine, Iv, ,28. les piocès, I, 77; les premiers des
ArrnntuÉbs, roi des Lyncestes, IV' ?9' Grecs qui aient déposé Io fer pour un
'civilisé, I,-6 leur
83; sa grierre contre Perdiccas, IY, cettre âe vie plus ;
124. Constitution,ÏI,37, vt, E9; leur ha-
Ànnrep6, ville de la Chersonèse, VIII, bileté dans la'tactique obsidionale.
I 04. I, t02; leursprogrès dans la naviga'
DES NOMS ET DES CHOSES. 565
ltonl-_L q3, t2t, 143, II, 88) 89, IV, BrsÀLrrE, district de Macédoine. II,
t&' VII' 3rl. 99. IV. r09.
Àrn.os, situation de cette montagne et Brtnvnrnus de Thraee, IVr75.
ville-s qui s'y trouvent, IV, tî9, y BolnÉ, Iac de Mygdonie, I, 54, IY. 103,
3. 35.82. DoLlssos, village de Chios. VIII, 2,*.
ATItrreNns, peuplade d'Epire. II, 80. BoMTENS, peuplade étolienne, III, 96.
ATR_AMyrrIou, ville d'Eolide, y) I, BonÉE, IlL 23, VI, l04.
VIII, t08. BonrloÈs, Eurytane, III, t00.
AtnÉe, fils de-pélops, I,9. Bortrs ou BorlÉe. district de l\In-
AuLoN, ville de châtéidique. Iv. {0s. qédoine, IL 99, t0o; Bottique, partie
Au-1q1, des Euménjdes â Athènes, I. 4e la Chalcidique, i, os, ti, rbi; ses
r.?9 ; g.e Jupiter .à. otympie, V, so j habitarrts sont appeies bottiéens, I,
(t'Apolton.e,rchégétès e ndxo3. vr. s i 57. II. 79.
rl Apollon pythien à .e,ilrènes, Vt,'5L; BoucolroN, ville d'Arcldie, IV, tg4.
oes.douze dieux, VI, 54; aritel ser- BouDonoN, fort à Salamine, II, 94. IIL
- Vant de refuge, IV, 98, VIII, S4. 5t.
AUTocLÈs, Athénien, IIf, 5J, it9. BouPnRÂs, endroit près de Pylos, Iv,
Axros, fleuve de l\lacédoineril, 90. 118.
Bn.âsrDAs, Spartiate. secourt IIIéthone,
II, 25; donné pour conseil à Cné-
.B mos, II, 8ir : à Âlcidas, lIL 69, 76,
79 ; tente un coup de main sur le
P_iree, Il,93; sa vaillance à pylos,
BaccHUs, A-on. temple aux Marais, II. IV, t l, 12
ls; .son théâtre a etnènes. vriil'sïl ; secourt Mégare, IV. 70 :
94; à Munychie, VIII, 93; à Corcvre] conduit une armée en thrâce à traj
vers la Thessalie, IV, ?8 ; son éloqe,
III, 8l ; ses fêtes, voy. DroNrstEs: II, 25, IV, lo8, V, ?; son expéditlon
EaRBAnrs,.H.oryè1e n'ôppose jamais ce dans le. Lyncos, iV, s3; il s''empare
nom il cetut de Grecs, l, 3 I les Bar- dAcanthe. IV, 84; et de plusieurs
bares vont toujours' ainrés et-ônt autres viUes du iittoral de la
ptusleurs coutumes conforrnes à cel- Thrace, notamment d'amphipolis.
tes.{te l'anclenne Grèce, L 6; leur IV, l02, 120; couronne commolibé
tactique, lV, r26; partait.teui iân_ rateur de la Grèce, IV, t2l : il fait
gues, IV, 109; Ie Ènrbare, Ic roi de
Perse, comD).e ayant porti'ses armes une seconde expdditiôn dâns le
Lyncos, IV, t24 ; s'apprrrche de poli
contre Ia creceJ I, 14, lg, 69, ?9. 75. dee, lV, 135; ses manæuvres devant
9_0-, t6, 97, llg, !32, l4E. III, 5$,'
62;
Amphipo)is, Y, 6; sa victoire et sa
vI. 83. mort, Vr lo; honneurs rendus à sa
Ber.Âruots, des Lacédémoniens. Iv. mémoire, Y. 11.
8, V,.62, 68-; des Corinthiensl Iy1 BRAURo, femme de Pittacos, lV, t0?.
43; des Argiens, V. 22. BRrcrNNl.:s, fort des Léontin.s, V. +.
Plllo-r_, qgnérgl coriirrhien, rV, 49. BnrLEssos, montagne d?ttique, II, 28.
TJE,LTERS, voy, ItI_{crrrNEs.
BE_LLoNE, son temple près de llégare,
BRolrr':nos, père dârrhillée. f y. gf.
BR-oùuscos, ville de Chalcidique, IV,
rv,67. t 03.
BÉ_or'i, ville de la Tétrapole dorienne,
I,107, BRULor, VII. 53.
BÉoteneues-, magistrats supér.ieurs BrzÂNcE, prise par les Grecs sur les
Mèdes. L 94, t28; se révolte contre
de la Confédératlon béotienrie. ii. r- les Athtiniens, I, alS; rentre dans le
V.,.-SZ; Ieur nombre, IV, 9l; 'dË devoir, I, passe aux péloponé-
Thèbes, lI, 2. VrI. Bo. -tlZ;
slens. VIIL t0?.
BÉorlr, anciennemént nomnide Cad._
merde,..I, lr; sa fertilité, l,:; sa
populatton, I,t2; III. 6I : des limites-
lII, 95. IV.. 76, 99, VII, l9; ses qual c
tre_C_onseils, y, Bg; sd cavalerie, II,
9, IY.Zr; _le-s Béotiens parents'dG CAcypaRrs, fleuve de Sicile. VII. 80.
Lesbrer,ls, III, 2. VIII, i, t0l leurs C,rolrÉrpn,-ancien nom de lâ néolie,
dans_la guerre-de rîoie, r, I,
Tlls:f,1q*
r,o;jltlres ctes Lacédémoniens, lt,'S j
T2.
de Syracuse, VII. 5s.
CeoucÉr-, insigne des hérauts
CelEx, fleuve .de Fithynie,
, l, s!.
DnÀnxÉr, ville de }tacédoine, I, 61. Iy, ?S.
C.uuÀoÉs, Athénien, i, 6i.
TsucyoroB.
32
566 ÎABLE ALPIIABÉTIQUE

CALLrr.s, père de Callicralès, l, rs;-* CÉpnellÉnrc' lle de la mer lonienne'


I,1 1L,I'80'; sesvilles' II' 30;alliéé
calliadès,I, or,ol-;.oulpïrjnTcos,iII,
' dlatËènes' IÎ' e' 30' III' e4' vII' 3l'
er; {ils d'Hyperecnro*iliii-11'-' 5?;-attaqlée' pâr ies Corinl'hieus'
cat,r.rcRArÈs, corlnltrteil, i,'zb.-- ^^
ë;;i;Na, p.$ltg.d:_Iolienne' III, e6. ]t' t-tuq, d,Arhènes, vr,
c[;i;iidd. lÉgarien' VIII' 6' E' 3e' ceRÀÀrr faubourg
phanomachos , ; indiq.ue
c..u,*ro",ros ,. père de b?
lt;ril;" de Thrace, rI, 98.
!;lffll';a'l';'311,, rr, !Ëii'àîbï';ïîirË'à' rh'i"-, ï, a , t,
"^tl,i*,*: i3 tii fu ".
Ëi*".'*,llli. [t rlïTlti^"1,, gdi]::- ou HÉ nru r s,
neutrc entre athènes et.Sy- CEsTnINE'
3'
district
d'Épire^^I''tte' 'III,
5

VL 5. ôrtercÉ., ile voisine de Ia carie' VIII'


raéusé.ï5; Iesutu* pï.ii.iittiintht
i"riitiiiiizo; s'atlie'avec svracuse' nt' n,n;i,I"1o;ille du pont, rv, 7s.
.^T*i.33;
urll
o* p.erses, _ïr rB..
vttt,|ii!!i;";--
DE rlIRAcE, se ré'ioitent
t;ri'i.ti;
ëîiilnïi, pr.cc d.e lle di nhôae, f,îi,t# Ji Êjlittii; iii';
cinair"*Éo*, cn chalcidique, Iv, {.10' tttt*uâËeliiol;i*inquên't'1esÀthé-
capafoN. Locrien, ttl' toâ' nieni' ir"
ic;'silalcès dévaste la
;î;;i;;;,î;Ë9,1'-é1,r;,'ii. ôi'atiioiuui' tll
ëiiiol*nlie,.oillage de chio-s, VIIr, 24' Pl1-"
.'iti, *'i',if,ffÏiË:
;^i,t ï:*l*'Ïi*:11*' *:: ;J.q iï,1?îïJil:iT!i:ltri;
;Tiilru
ââËîiË?,ïià; ;:,i, ;f,ffi. 1n lf,i*liïidïi"X:'ff Iîù$:
;,Ëiii3;f
II, 69; Ies Cariens, ar
Gs-'és, l, I ;_"ti^*ii;",i;àl""Jil$
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o'l I|l T, ";, ii l,iJA I'll!i!:ii.l,ï;
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";i;;;cr,'centHrcrxirs, illh:l i :Ti illJ:l,li: o*.iii_"^i[?:
;i;;i' ïi; ;il+I;'- -5,r-;'1es coronies
.-
"^';'.ti: vlre o'eubË'Jiï,'rirliï, lr, em;;lni;ll.lf* lj; i,l,X;3: iii
fî;rl"ol",".."tti",-v:-s5-.,-
ôenvsroi,
si.ite; vI, r. qli.;i;Ë;; ';ii'r'iie'"' vr' i; iitié
.J'ikJ;,",liil II'siôiË,"s'a'rinàation, à;iro^lie, colonie de corinthe, I' 108'
Ëiîî|{ïîîirir'à,
-j-r;.T,
ili'iïi i3idt!"*fl;'J"f.î;; ç,ii1il;,, rpeuprade rocrien_ne, rrr, r0r.
r,îi." "liï ï i, iéi
ii, li:,:t, I f lt;
" r
x.,i, **Ti, +i
â
"{""l.qË fJi,ii:'t
cËiîii,"ïit.â1ri"tiÀ-?rt,'rs- ut'ili;11'J"hroitprèsd,Àrgos,v,
dt',ll:,:
ïl*,i'*liïie ll'1u' 'III'
I, :i.l
;' ;,:t' ni; i 8iiâiiJtr' Â*ttîii iïi-
ïru Iv, tt9- Cn-e^nutnod,Athénien' VIII1
i;,i;, *, 3
cÉcer,os. Itlégarien, -il.edémone,
CÉcrxos, fleuve d'Italie, IIIr t03' -7é'
ci'à*oui,--noy.
"oo"iIi'""'""'
d'Égine,,I-, 05'
t1tÏ;r",10.;lîîit'.:;'"'iiiuluruloiu,
-o,,,
ii:iii!ri!:1ïlp*u ^-".+t;.'ï;;;;,
{

cÉi4usr"s, sûr led vaisseaux, II' 84, 3i3*o^., Athénien, vIrI, ?4.
rr.
Lr, Ëiiiii".it,îiiiââË neôiie, I, lrs, Iv'
.rlk;l;., porr de corinrhe, rv,
r-' rt vlII'
-si;iË,'v rrr, eB. .,ituu,i.Ilu*" DE rHÂAcE,
.#i"T, i#*î.iÀil3'a,s"loe, '
Ë''-;;;i ;ïiir' à; i,' a, g'ritiiÏf;fJ:'
"Ë ."llrlnt o
iu;sl?"
otitJ;,Îi; des cyclades, vII, 5?. cntofrià,"i*iiai;'ï'iiôn' v"ts' zal
DES NOMS ET DES CHOSES. 567
Cglos, ile d'Ionie, alliée autonome Cr,Éoxnros, Lacéddmonien, IY, 132.
d'Athènes, YI, 85 : sa richesse, V[Il, Ct É;oponrpos, Athénien, II, 26, s8.
45; sa modération, VIII,2/+; grand ClÉnuçurs, colons athéniens, iII, i0.
nombre de ses esclaves, VIII, 40; CLTNIAS, Athénien, 11, 2;, 58.
sa défection, VIII, l4i assiéqée par CLOCEEîTE DEs SENTINEI,LES, IV. I35.
les Athénieris, VIiI, 24; citéelomme CnÉuos, navarque lacédémonien. II,
séjour d'Homère, III, 104. 66, 80, 81, g2, E4, 85, 93.
CrronÉorn, VI, 16. CNtDE, r'ille
de Doride; sa défection.
Cunouott, Messénien, III, 98, VIII, 35, (t. 52.' 11rq; le promontoiré
CHRTsrPPos, fils de Pélops, I, 9. Triopion dans son'teriitoire , g5 i
Ctttrtsls, prêtresse de Junon à Argos, II, I'ile de Lipara colonie des Cnidiens,
2; occasionne I'incendie du temple, ItI.88.
IV, 133 t.Chrysis, Corinthicn, tI, Sf . Curois, Lacédémonien, V, 51.
CIGALES D'oR, portées ancicnncment CoLoNE, dème d'ettique , VIII , 67;
par les Athéniens, I, 6. Colones en Troade. I. 131.
CrLrcIENs, vaincus par les Athéniens, CoLor+rts , ancien usage pour leur
I. ll2. fondation,I,24, gTrlII, gz; leurs
sénéral athénien, Drend Eïon,
Crrr.tol,r, rapports avec leurs métropoles, I,
I. 98;-défait les Perses Érès de I'Eu- 25, 34, 39, III , 34, V, I I , VI, 4, 5.
ri':néâon . lr'o: va au-secours des CoLopHoN. ville d'Ionie. III. 34 I Dort
f,icédemoniens, to:, l08tsa mort, des colophoniens prèi dd roi"dne,
tt2. V, 2.
CrrÉ., ancien nom de I'acropole d'A- ColrgusrloN sPoNT,tNÉ8, II, 77.
thènes. IL 15. CoNoN, genéral athénien, VlI, Bt.
CltuÉnofu, foontagne de Béotie, II, ?5, CoNsrrr DEs 500 à Athènes. élu au
III. 24. scrutin des fèves , VIII , 66'; son in-
CrrroN, ville de Cypre, I, Il2. stallation, ?o; expulsé par les oli-
CLARos. une des Cycladcs. III. 33. garques, 69; rétabli, 97. Les quatre
Cr-ezouÈnns, ville d'Ionie', se'révolte conseils de Béotie. V. 3S: cohseils
contre les Athéniens, VIII, l4; sou- d'Ârgos et de nraniinée , Y, 47 1 d-e
mise par eux, 23; pillée par Astyo- Corcyre, III, ?o; de Chios, VIII, t4.
chos.3t, Copæ. ville de Béotie. IV. 93.
Cr.Éexônroes, Lacédémonien , YI , 93, Concinr, colonie de'Curinthe , I, 25,
lo4, VII. 2. VII, 57 I sa situation: I, 36 , L41 sa
CrÉeucEod, Lacéddmonien, VlIIr. 8, 39, marine, I, 25, 33, 36 ; Thémistocle y
80. cherche un asile, I, 136; guerre de
Cr-Élnrols, Lacéilémonien, gouverneur Corcyre et de Coriathe al sqjet
d'Amphipolis, IV, 132, V, 6, I, I0, d'Épidamne, I, 24; son alliance avec
t1. 2t. 34. Athènes , I, 44. II . 9. VII. 57 ; ses
Cr,ÉdnÉros, Athénien, III, 36. dissensions, III,'69,'IV; 46 ; péari des
Cr.ÉrpprpÈs, ethénien, fIt, e. Corcvréens. VII- lrt+.
CrÉonour-os, éphore à Lacédémone , ConÉeôs, Plaieen,' tII, 22.
v.36. 37. 38. CoRINT'HE, ville du
Péloponèse, sa si-
Cr-Éômnnoros, Spartiate, ;,ère de Pau- tuation, son commerce, I, 13, II, 92,
sanias, I, 94, lI, 7t ; de Nicomédès, 93, 94, III, 85, t00. IV, ?0, 74, VIII,
Ir 107. 3, 7, I I son isthme, I, 13, II, 10, 13,
Cr.ÉovrÉoÈs, Lacédémonien, Y, 84, IlI ,89, V,75, VlllrT,ll; Ies Co-
Cr,nolrÉxÈs, roi des Lacédémoniens. I, rinthiens reçoivent Épidamne, I, 25;
{26; tuteur de Pausanias. III, 26. défaits sur rirer par ies Corcvre'ens,
CtÉow, orateur athénien, III. 36, IV, I.29; vainqueurs dans un'second
2l; sOn caractere, IY,21,22,27.Y, c<imbat, I, â8; instigateurs de la
?, t6; sû harangue contre les Mvti- guerre du Péloponèse , I, 67, lt9;
lénieris, III, 37 I s'oppose aux La'cé- àlliés de Lacédémone , fi, ô; sé
démoniens, IV, 2t , 22: adversaire brouillent avec elle , y, 27; auxi-
de Nicias, IV,27 ; son expédition à liaires de Syracuse, VI, 93, VII, 58 ;
Pylos, IV, 28 ; fait massacrer les repoussent une descente des Athé-
Scionéens, IV, 122; son expédition niens en Corinthie, IV, 42; livrent
en Thrace contre Brâsidas, Y, 2; sa un combat naval aui Athéniéns, vll,
mort à la bataille d'Amphipolis, V, 34; drachme corinthienne 1 I, 27 j
t0. II,9, VI, {04;
vaisseaux corinthiens,
CtÉox.r, ville d'Argolide, VI ,67,i2, territoire de Corinthe, lV, &2, VIII,
74, 96; ville de l'Acté, IV, l09. 10.
568 TABLE ATPHABÉTIQÛE

ConouÉn, ville de Béotie, I' lt3, III' CyRRHos, ville de lvlacédoinen II, t00.
62. 67. rv, 92, 93. Cvnus I'Ancien, I, 13, t61 le Jeunet
condwri. viile d'Âcarnanie, IIr 102. II. 65.
ConYcos, Place en lonie? VIII, 14, 33t Crrhrinn, ile, IV, 53; VII, 46i appar-
34. tenant à la Laconie, VI[' 261 ses
Convpgl,stott, nom donné à Pylos par villes. IV, 54; les Athéniens I'occu-
les Lacédémoniens, lV, 3' llSr V, 18. pent, lV. 54; la gardent, IV, ll81
Cos LA LÉRoPIDE, VIII' 4t.. ôirieent de là des courses en Laco-
cÀrn r ville de la) ou Acté, Iv' to9. nie,-V, {4', à rendre aux Lacédémo-
CorYLE. mesure de liquides, IV, 6; nieirs, V, 18; les Cythéréensservent
vrl.87. les .{théniens en Sicile, vII, 57.
CorrÂrr, pllce de Laconie, IV, 56. CxrrnloN.ville de la Tétrapoledorienne
counoNN'e' décernée à Brasidas , IV, I. t07; III, e5. t02.
lzt. Cyiter:B', ville de la Propontide, VIIIT
CRANIENs de CéPhallénie, II r 30 33 ; to7; Tinagoras de CYzique YIII,
V. 3ir. 56. ' 6, 39. '
Cneivowlsws de Thessalie, If, 22'
CnrrÉuÉttÈs , fondateur de zancle
vI. {. ' D
CneiÉslcrÈs, SPartiate, Iv' tt.
CnÉttæ, placê d'il'mphilochie, III, 105' DAîMAcrros, Platéen, III, 30.
106. DAiTHos, Lacédémonien, V, 1,9, 2tr,
Cnistoutu, contrée de l\{acédoine, II, Drlr,tcÉtos, Lacédémonien, V, 19, 24.
90. 100. IV. 109. DalrÂGoN. Lacédémonien' III, 92.
cnÉdus, ioi dê Lydie, I, 16. DA,\iorr[ros, SicYonien, IV, 1t9.
cnÈrs.-ile, lI, 9, 85, 92, III' 69, vIIrt DÂNAENS, nom ginéral des'Grees dans
3g: ies crétois fondent Géla, VI' 4' Homere, [, 3.
vli. 57; archers crétois, VI' 25, 43 ; DapHNo$rE. ville d'Ionie. VIII, 23, 31.
meicenâires, VII, 57 ; mer de Crète, DÀRDaNos, ville de I'Hellespont, YIII,
IV,53, v, tI0. t04.
Cnrs.l, (gblfe de), I, t07; II' 69' 83; son DaRleun ( sthtère), monnaie d'or,
entrée. Il. 8ô. vlu. 104.
Cnocrltôtt,'en Étolic, III, 96. Denrui, lils d'ttystaspe, I, l4 ; soumet
CnoMutoll', village de Corinthie, IV, les iles grecques,I. to; combat les
!12. 44. 4ï. Athdniens à trlarathon, VI, 59; Aris-
Cnoprrs'(dans les anciennes éditions, tacoras Ie fuit,. IV. t02l fils dâr-
Cécropie), en Attique' II. l9' taÏerxès. VIII. 5l traite avec les La-
Cnorox-s. ville d'Italie' VII' 35. cédémoniens, VIII, t8, 37, 581 ses
cnusrs, district de Thrace' II, ?9. fils. VItI. 37.
Cutnnssrs des Lacédémoniens' IY, 34. DAscoN. foirdateur de Camarine, VI, 51
CUME. voy. CYME. nom d'une baie près de SYracuset
Cyct-icrs, iles, I.4, 9; colonisées par vI. 66.
les Àthéniens, [, 12; alliées d'Âthè- Dlsivl-tttne, satrapie. I. 129.
nes, II, L DauLrs, ville de Phocide, II' 29; donne
CYcLoPEs, VIr 2. son nom au lossignol. II, 29.
cYDoNrE. ville de Crèt'e, II, 65. DÀupHtNS, machines navales. VII' &t.
CrlrÈue, port des Eléens, I, 3o; II, 841 DÉcÉt lB, en Attique; Ia situation, VII,
86. III, 69, 70, vI, 88. t9; fortifiée Par les PéloPonésiens,
Crrôn, sa conspiration. It 120' l2l. VI , 91 . 93, VII' 18, {9,20; Perte$
CyvÉ. ville dÏolide. III, 3t; VIII' 22' qui en iésultent pour les Àthéniens,
31. t0u; son territoire. VIIIr l0l; vII. 27.28'. Aqls Y commanoe en SOU-
vilie d'Iialie, VI, 4; ile d'Ionie' VlIl' verain,'vIiI, 5, i,l guerre de Décélie,
!tl, L2, 43. VII. 27: VIII.69'
CvuÈs, Acarnanien. II' lo2- DÉssses ïénérâliles ou Euménides,
cyttos'sùtue. promontôire de la Cher- L t26.
sonèse. VIII, t04, 105. DÉirow. temple d'Àpollon en Béotie'
CyNURTE', pays situé entre l'Àrgolide IV. ?6, 8s f fortifié-par Ies Athéniens,
et la Lacônie, IV' 56; sujet de Buerre soi pi'is par les B-éotiens, ttto; ba-
entre les deux PeuPlesrVr 4l. taille de bélion, lV, 93; ses résul-
CTPRU, ile, I, 94r loît 128, tats. V. 14. 15.
CrpsÉre. en Àrcadie, Y,23. DÉrod, uîe âes (yclades; sa purifica-
CrnÈnr, ville de'Libye, I' lt0; VII, 50. lion, I, 8, III, lo4, V, l; tresor des
DES NOIIIS ET DES CHOSES. 569

alliés. I. 96; éDlouvc un tremble- d'Ionie, 23r24, 54r 55; Partisan de la


nrcnt'de'terr'e, fI, 8; lcs PéloPoné- démocratie. g7.
siens v abortlent, III, 29. VIII, 80 ; DIoMILOs. Ântlricn, VI, 96, IVr97.
78i du
v' ' mont ville
ses fê[es. III. ro.4 ; les Déliens ex- Drox. de trIacédoiner
lV, lo0'
pulsés, V, I, vIIl,'l08; rétablis, Athos,
3Î. nrouvirns, féies âe Bacchus-; urbai-
DELprrES, son temple accessible à tous nes. V. 20, 23: anciennesr II. l5'
les Grecs, IV, 118, V. i8; sujet de Droscïnts, Castor et Pollux; leur tem-
guerre, I, tt2; rlépouilles qu'0TI, J ple à CorcYre, II[, 75r Pres de'lo-
envoie, I, 132, IV. l34l les Lacede- rone. iV. I10.
moniens songent à Y faire un em- Drotrrios,'Athénien' I' 45' VIII' l5'
prunt. I, l2l; sa Piêtresse gagnée DrPrtILos. Athénien, vII' 34.IIr 98r 99t
Èar Plistoanax, V, t6; son ofacle OonÉnos, ville de Péonie,
i. rs, zs, t03, t18, t26. l3&, fi, 17, I 00.
I, 98,
54.102, III, 9G, IV. lt8, v, 16,32' Do1-oprs, PeuPle tle Thcssalie,
DnrÉrrrryio:t II. 102. v, 51.
,' placc de Chios, VIII, Doncrs.
38.40. Lactldémonienr I, 95'
Drirtineros, Athénien, VI, t05. D;nilN;. conquérants' du PéloPonèse,
DÉrI.rncrtos, Syracusain, Vlllr 85. I. t2i fondent Lacédémone. I. lE'
DrirrÉes, Àthénien, V. lt6. V. te i ennemis constlnl,s des loniens,
Drirrtunârs, magistrats de luantinée et Iv, oi, vI, 80, 82, YII' r"r7 ; dialecte
d'nlis. v. 4?. dorien. III. ll2, VI,5; lnstltuflons
Di:lrouocos, Àthénien, IV, ?5. dorienhes, VI, 4; villes doriennes de
Dr::uosrtrrlNr, général athénien ; c0n- Sicile, III, 86: IY' 64 I Doriens de Ia
tlnit une lloite atttour du Pélopo- TétnLpole. I, tozr III' 92; Doride
nèse. III, 9l; sû malheureuse cxPe- d Âsie ltineure, II' 9.
dition eri r.tolie, IlI. 9&; élu genéral no"uir;s. àtttlèteihodien' rII,84'8; géné-
nar les Acarnaniens, il défait les ral cles Thuriens. VIII' 35r
imbraciotes , Ill , io7 ; .l'entre -ii DoRos. Thessalien' Iv. 7Ù.
Athènes, lII,'t14; son expédition de place en Édonie, I' 99r IVt
DRABEScos'
Pvlos et de Sphactérie. IV' 2; à Ni-
sda, IV. e e I ên Béotiti, IV, 76; DRÂcrrNIE attique, VIIIT 29; corinthien-
en
Sicile. VII,'te ; attaqueles Épipoles, ne, I, 27; éginétique, v, 47.
43; olline pottr la Ievéedu siége,47; DnoENS. pèuplatle thrace, II. t0t'
comniande I'arrière'garde pendant Dnruuisi, iiot près de Clazomènes,
la retraite, 8u; capituie, 821-est mis VIII,31.
ù ntort, 86. DR'roPl,ls, VII, 57.
Dr';rrorr:lÈs, Locrienr I\ lq., nnloscÉi'nerûs, col du Cithénon, Il[t
,
DERC yLLTDAST' navarqUe lacedem0nlent 2tr '
vIIr,6t. DrrrÉ, ville d'Âchaie, II' 84.
DETTDA's,Macédonien, I, 57r 59.
DnrtsÉuus, peuple de Thrace, II, t0l.
DEUCALION, I, 3. B
Dr,rcnrros, Lacédémonien, II, l2'
Dr.{GoRAs, Thurien, VIII, 35. ÉccRttos, Spartiate' VII' 19.
nr.rr.rr: d'r1phèse, III, t(14) Vtlt, 109. É,cnÉcnli'lols, Thessalien, Ir t tl.
Dtc'rtDIENS, VOy. DIElig. ÉclrÉtnltots, Lacédémonien, IV, I 19.
DrDrlrE, une dds iles d'Éole, IlI, 88. ÉcHlxeoes, iles à I'embouchure de I'A'
DrEnPoRos, Thébain. II, 2, chélotis, II, tol.
DrE];s. peuplade thrace, II. 96. V, 3É(où Écr.tpses de soleil, Ir 23, I[, 28, IVr 52't
lc teite reçu porte Dictidiens), Y, de lune, VII, 50.
82. VII. 27. Écors à Mycalessosr VII,29.
Dtt'riÉr,nÈs, général athénien. III, 75, ÉoowtRxs, peuple deTbrlce' I. 100, II'
IV, 53, llù; emmène les Thraces s9. lv, 102. to7, lo8, logt v. 6.
mercenaires, VII, 29; envoYé en ÉÉ'rr'o:lÉî, partie-du Pirée, VIIIr 90'
Thrace. VIII. 6lt' 91,92.
DrriraDAs, Lacédémonien, VIII, Éc.llÉn, montagne d'Attique, II, 19.
22.
DrNr.{s. Àthénien. III, 3. ÉcÉe (mer), I, 98, Iv, l09,
DroDoÉos, Àthénien, III, 4t ; sondis- Écrsrn.' lille de Sicile, YI, 2, 6 ; aP-
cours en faveur des ir'tvtiléniens. 4t' pclle les Âthéniens, 6. I ; artifice
I-trorrrlnoN, général athéÀien. VIII, 10, ilour Ics trompcr, 44; lcs Égestairrs
2o; dirige les opérations sur les côtes barbares, TIr tt.
570 TÂBrE aIPEABdTTQUE
Éonvt,. sa,marin_e, I, 141 sa guerne con- Éot,lDe , partie tle l'Étolie, III. I0l.
tre.Athenes' I,.r.05; sa soumission, Éorrnxs,- anciens habitairts âe iorin-
l,',108; les Ëgln-etes secourent Lace- the, IV,42; villes éoliennes. Iv. i2:
dernone lors de Ia revolte des Hilotes, Éoliens-d'Âdie et de Thrace iû;èid aJJ
IY, 56; excitent les Péloponésierrs à Athéniens. VII. 52.
la guerre contre Àthènes, I.67; ex- Éow, ville de Chalcidique, IV. Z.
jr,.,pll A.rhèljel!, Éonore , disrricr. de luaèédoinei, ir, ee.
gur la Deuprenr d une lel
I:1.,:rJ:.11y: c9-to11er_l{, ErHÈsr,__ville d'Ionie, ttI, f:, 34, IV,
s-'etablisse;rt à 1'hyrda,-rr, 27,'w; ll;b6i rol virr, rs; son 'ieinpiJ Jf'ses tetes
_ dê Diane, III, 104, ViII. ,09.
y__sont ma-ssacr.es par tes Atheniens,
rv' i7: colonsd'Éeine auxiliairesdes Épnonns, magiStrati de Lacéàémone,
Athéniensen Sicilé, yII.1 ,5.7; secon- I, ll_l_,'l83,"tra; leurpouvirr, I,87,
dent l'éûrblissemenr de I'otigârchie à i'lr, \L *,'ùil] ôl-r{i?pî"y*ur,
Arhèncs,vrrr, 6s; pilles pailafloite . Ené'siû!, lf, rfÉrijtoiâË, vl rs.
lacedemonienne. VIII, 92. ÉeHyR.+., ville,de Tbesprotide; I; 46.
Écrrrox. viue d'Érorie, rrr, e7.. Énrcr,Èsl ettiu;ie,i, i, illïils
-^'' i pero-
Éctn:rr, se révotte ôontie le roi d.e po"gri.",-lrii,'ioi.'"'
Perse. I, {04; les Àthéniens secou- Éplcounos, Athénien. flt. tr.
retombe sous Éprcroroes, Lacedémonien, V, t2.
la domination des Ts;
l:1t^l::jl...rlgls,, perses, I l0:. xou- ÉnruenNn, v.illed'Illyrie.
t, t+,, ltt,iO.
velle flotte athénienne, Jr2; [ré .ap- Énlneunu, vitteinàJËôndaiti. située à
ry:ï.$_!qyfl.: .).lit..3i ;'sarellirès i'argolide,ir,;îlùl 45 ; son
l,est de
_.egyptrens de Pausanias, I, 130. territoire conllnait à celi:i âe côrin-
xïow. ville de Thrace. I' 98, Iv, s0, the, vIII. to: en cuerrLî"J. o",^"
102, t04. {06, toz. V.6. V, sf ; templ'c de.iunon a tpilàiiËl
Ér_aplÉnouox, moi! aitique, Iv, ttg, to'rtiné piiiÀsÀth;;i;;;. i ?s.
.
- Y, lg. ÉproÉvrriÂcns , commissaireil corin_
ÉrriÀrror, district de Thcsprotide, r, ttie;À-à-p;liàor-, i,'iil"-"""
L6. Énlnolns, colline à Syiacuse, VI, ?5,
ÉlÉoxrn, ville de la Chcrsonèse, VIII, to.t, tor, I(r3.; sa aeËcriptiôir, vIr 96:
, 102, t03. 107, attaquée pirr ies etheniôns,'vtt, af.
ËrÉos, voy. Lrinos. Énrsr,tie , prosiaôni-àe iiàssemntée du
Érnusilroiv,. templc à .,tthènes, II, tz. --pàrif . ii itt .nes. ri1 lËl-..
ÉçJ'l: vitl0 .d'Auique. t, tr,i, ri. s, Épirabes. ia'àéâ6;;i;":'rv.8, Br,BE.
20, 21, IV, Jiu ; ,les.Eleusiniens en ÉprrÉr,roes, r,acédémoniin, ïi*. rsr.
guerre avec Érechrhéc,II, r5. Éporrnns_.-soutiens dÀs èpËrôirlïJ
ÉLron, provincedu péloporrèse, II,66; lères, Vtt, g4. 36. 62. sa_
crcusr', IL 25; lechanticr desÉleens, Én,e, r.ille <i'Ionie,'VIII. 19. 20.
I, 30; )eur territoire, 1., 84 I ils en- ti;nasrr,lroÈs, Coiinit iun.'Vn i.
trert dans la ligue â'aigos.j v,.er; Énesrsrniros;;ïh;;î;,'+14'.
se brouillent ave-c res r,acddémoÉienÉ nirarocrrnas,to.inïnùii,
qgs.ujet de Lépréon, V, 4,; prési- É:nrcnrriio-T.i J,,iTï.".3.ïr. is.
il r)r.
oenr aux.l ur olvmDiqucs. V, S0. Enrisos. rille de Lesbos, III; tS, 95,
Érnrror us, peuple"tte^Àràcédoinc,II, 9-0. . Vrrr, ri, iào] juTi"iot.' ""
ELlor\rE.--8, enclrolt du territoire de ÉnÉrnrn. ville'd'Eubee; sa situation,
_ Leucade. III,94. VIII, 60; -ii;
son ancienri. suô.r" uuæ
rrrrÀrns, vr, r. .. ct,aràtsl ï, .r",, r\{endé,
xMBâros, endroit du pays d r*rythres, tv, t,:s'; i.ii,i,iài*-âttnEies,
"iài.iii,îr."
,re.
rrr, - s7; ,a àbr..tlon. l,iu] ôT.'""'
vrr,
xNoros..é.Phorc. ri sparte...YIII, 6, t2 ÉnrN'Éos, ,.iii;,t; iài;;ràpôie aoricnne.
dé' utri a ethènes. v. 44. ;
r. -'"' ''-' ii;
r. roz..'.viirÀ 4u.t,"iË,iiil
"- n.oi..
É:)l!ry1, pr:upte deThessrlie, v, r, _ àà-sicile, ïriïô.
-LNrprjD. tJpuve de Tht'sslJ.ie, ÉnrrnnEs, f.illé rII,
Er-xriecnouxos , fontaine 'd,Athènes,
.1v.. is. d'Ionie, 33, vIIt.
.s, e , rt, la-, rt, ii, îi;'riïiËr.itÀi.Ë,
. lI, l5 rtr, zs i vitte de néôii", rlr,-ia.
Ér-ouorrns, subdivision de I'armée Ia- Énri, môntagne ae sicirL,-vï] ..' , , .or,
. cedémonienne V, 68. r,emple ae il*nui. vi.-;;-.'
Érrr-s. ville.de Tbrace. Iv, 24; tribu- fnvxrb.+Ioas, r,acidéùoniLn, Iv, irg.
_ tlfre tl'Ârhènes, vrr, i,z.' yf, 4.
É,ritor,rcos, laiéÀé*o"iô"1îrii, zs.
INrrMos. lbndateurde Géla. ÉrnÉrxs, rie Laconiô. ï.-iôr.-'-
H(rLArrA-s, tseotien, IV, 91. Éruroprd, II, 4g.
E0LE (ilcs d'), III. !E, XrNA, montagne de Sicile, IIT, ttc.
DES NOMS ET DES CHOSES. 57i
Érg+n, sa description, III, 94; expé- Frûrrs, leur usagedansl'armée lacé-
dition désastreuse des Athéniens'en ddmoirienne, V,io.
_ Étolie, III., 97.. Fowrarivns (l,tis),' ou CRENÆ, endroif,
EunÉe, sa situation, II,55. IiI,93, IV, de I'Amphilochie, IIt. t0i, i06,
?61 conquise par les Athéniens, I, FoRÉT ri'Étonn, III, 93; de Sphactr!-
23;,se soulève, est soumise par Pé- rie, tV,30; forêts qui s'enflammenf
riclès, I, tl4; asservie aui athé- spontanémént. II.7i.
niens, IV, 9t, vI, 26, 84; gardée par Fos'sÉ du roi de perse, IV, 109.
eux,.Il, 26,32. III, 17, YIfi, t, 74; -FRosoe Uns, IY, l0o, 1-1, 22, 25; rho-
gre-nierd'Athènes, VII, 28. VIII, 96 i diens. yI,'43;'distinctsdei lanceurs
Eubéens auxiliaires des Athéniens en de pierre!. VL 69. VII, gl. 42.
Sicile, vII, sz; défedtion de I'Eubéc. FunrËs, vov. nÉrssÉs vÉNanl,nrus.
YIII. 5, 95.
EuBouLos. lacédémonien., VIII, 23.
Eucr-Ès, géneral athénien,.'Iy, rrla; S1. G
racusarn. VI. 103.
Éucr.IoÈs, fondateur d'Himéra, YI, i. Gernnsos, ville de Chalcidique, fV, l0Z,
EucRArËs, Athenten, III, 51. V, 6.
EucrÉMox, Athénien, VIII, 30. GlulrrÈs. Carien, VIII, 85.
Eurrl.lcrros, Arg!e4, II, 33.' GÉre, villé de Sicile; sÉ fondation, VI.
EuilroLpn, roi d_'Eleusis, II, 15. 4, VII, 50; colonie de Rhode, VII, 57,
EUMoLpIDâs, Platéen, III, t0. 58; alliée de Syracuse, YII, 33, 57,
EuMoLprDES, college âe piêtres à Athè- 58.
nes, VIII,i3. GÉrÉ,c,'us. voy, HYBLÀ,
EuRlpE, canal de I'Eubée, YII, 29,30. GÉr,ox, tyranâe Syracuse, VI,4.
EuntnloÈs, général athénien, II. 70, ?9. Grinanie i montagne de Mégaride, I,
EuRopos, ïille ae Macédoin'e, II, too. {05, t07, to8, tV, 20.
EuRIALE Sommité des Épipoles de Sy- GÉneirrn*, mbis â Lacédémone, I\'..
racuse, VI, 97, VII, 2" 43. 119.
EunyBAros, Corinthien, I. 47. GÉREsros, portde I'Eubée, III, 3.
Bunyr,ocnos. Spartiate, III, 100; sou- GEI.E, fort dans le pays des Sicules"
met lcs Locriens, t0{, t02t secourt VII. 2.
les Ambraciotes.. 106;'sa môrt, lo9. GÈrué, peuple yoisin des Scythes, II,
EuRYMAcRos. Thébain.' II, 2, 5. 96.
EuRvlaÉnow, fleuvedePamphylie.I.l00. GrGoNos, ville de Macédoine. I. 61.
DqnvuÉoon, généralathénien; envoyé Gr.eucÉ, endroit du pays
'dé lrilet.
â Corcyre, III, 80; en Béotie, 9t; èn VIII, 79.
Sicile, tt5, IV, t 1 intervient à cor- cr,eucôx, Athénien, I, it.
cyre, IY, 46 ; collègue de Nicias, VII. GoAxrs, Édonien, IV, 107.
{6, qt, 33, ItZ; opine pour la levéé Gorrn d'Ambracie, I, 55, III, t07;de
du siege, VII,49; esttué,52. Crisa, I. 107, II, 92; d'Iasos, YIII.
EuRrstuÉr, roide Mycènes. I.9. 261 lonien, I,24, VI, t3, VII, 5T:
EURYTANES'peupladeétolienne,III.94. Maliaque, III, 96, IV. 100, VIII, 3:
EURYTIMoS, Corin.thien, I, 29. Piérique, II, 99; Térinien, VI, 104:
Eustnopnos. t acédémoîiên, V, 40. Tyrrtiénieq,'VI,'62.
Eu'rnvcrÈs, Corinthien, I,46, III, l14. GoNGTLos, Érétrien, I, 128; général
EutuvnÉruos, général athénién, V. tS. corinthién. VI_[, 2.
24, VII, 16, 69. GoRryNE, ville dè Crète, II,85.
EUXIN (PoNT),-II, 96, tT. GoRryNrE, ville de l\[acédoine, IIr 100.
EvaLAS, Spartiate, VIII, t2. GneÏeuu, voy. PÉuïeun.
Ev_aRcHos, tyran d'Astacos, II, 30. 38; GnÉÉnxs. peuple de Thrace, II, 96.
. lbndateur de Catane, VT, B. GyLrppE, Lacédémonien, envové pout.
fvÉNos, fleuve d'Étoliô, rI, sl. commânde.r les Syracusains,iyt, sg;
Évrspenlrqs, peuple de f,ibye, VIt, S0. sa traverséer lu4 i son arrivée à'Sy-
EYErroN, général athénien, VII, 9. racuse, VII, 1; prend le fort de Lab-
ExÉcESrOs,Syracusain,Vt, ?8.' dalon, 31 battu par les Athéniens
clans une première renconire , il orend
n sa revancïe, i. 6; rassembld. des
f troupes en Sicilc, 7, 12121; prend
FÈ1-ns, conseil élu au $rurin des rèves, lii:l'à*iJlËi#JÏîl', ffii.ifriîi
VIII,66, 69. 'te-'rivage,
les Athéniens sui rf ;
572 TABLE ArPHAisÉrrQUE
cxhorte les Syracusains, 65; défait HriRcuLE, V, 16; son temple près de
les Àthéniens, 69; fait Nicias prison- llantinée,-v, 64, 66; sa-fête'à Syra-
nier. gs; raniène ses vaisseâux de cuse, VII,73.
Sicil'e, YIII, 12. HÉnÉe, ville d'Àrgolide,v, 67.
ôvrlxopÉorrs, fête à Lacédémone, V, Ilnnrri:owoes, rhèbain, Itr, ;.
82. HERMÈs, bustes de llercure. VI, 2Zi
OyRroNrENs, peuple de Thessalie, II, enquête sur lerrr mutilation, lB,'
22. HnRlnonn, ville située au suil de I'Ar-
golide, I, 27, t2g, II, 56, VIII, 3. 33.
HnnrrocnerÈs, Syracusain, fils d'Her-
H mon, IV, 58; son caractère. VI. ?2:
exhorte les Siciliens à la paix et à Ë
HaGNoN, général athénien; envoyé à concorde, IV, 59 ; annonce I'approche
Samos. I. tt7: à Potidée. II. 581 au- des Athéniens, VI, 33; élu Âénéral.
près de sitalcès, rt, os ; ,lure ie trâité, ?3 ; député à Camarine,' 76; -exhorte
Y, tf), 24; fondeAmphipolis, IV, lo21 les Syracusains à équiper uire flotte,
ses monuments détruits, V, ll l père VII, 12.' son stratagème, pour faire
de Thdraménès, VIU. 68, 89. différe.r Ie départ des Athéhiens, 73;
HaLEx, fleuve d'Italie, III, 99. conduit unc êscadre syracusaine en
IIÂLIARrrENs, peuplede Béotie, IV, 93. Ionie, VIII, te.;. résisteâ Tissapherne,
IIALIcaRN.{ssr, ville de Doride, YIII, 29.45,85; exilé, A5.
42. t08. HEnlroN, Slracusain, IV, 59, VI, g2 ;
Her-iaus. pays maritimeau sudde I'Ar- -{ttrenlen, VIIL 92.
golide, I, lo5, II. i6, lV, 45. HÉsrooo, sâ moit, III, 96.
HALTS, fleuve d'Asie l\Iincure. I, 16. HESSIENS. peuplade locrienne. III. l0l.
HalrAxrros, ville d'Éoljde. VIII, l0t. Hnsrr{a, ville'd'Eubée. dépeûpléê par
H.lMrppns, fantassins mêlés à. la cava- l-es Atheniens, I, il4 ; tiabiiee
lerie, V, S?. irar
des colonsd'Athénes, VtI, s7.
IlARMAroNrE, ville d tolide, VIII. {01. IIEsrroDoRos, Athénien, II, Zo.
Il.tn\roDlos, I,20. VI, 54. iles d'Éole, III, gg.
H.\ nuosrE, commissaire lacédémonien,
_HrÉne, une des
Hrnn.l.lruxr)s, perse. VIII. 59.
VIII, 5. HrÉnÉe us, bianche-des Miiliens, III,92.
II.lRpÂGroN, ville de la Propontide , Hn::Roprro-N, Athénien, III, to5.
VIII. ro7, HrLorns, leur nombre, YIII,'Lacédémo-
4o: crain-
IfÈnnr, fleuve de Thrace. II, 96. tcs qu'ils inspirent aux
IlricÉslrpnos, Lacédrjmonien, IY, 1321 nlens, IV, B0; sollicités à la révolte
Thespien, VII, t9. par PausaniaS, I, t32i se retirent sur
IIricÉsrpproes, Lacédémonien, V, 52. le mont lt,home, I, I0l, III.5C, lV.
HF:LùNE. I. 9. 56; assiégés pendant dii ans'et chas-
Ilr:Lr.xos, Mégarien, VIU. S0. s-es du Pélof o.nèse, I,, I02 établis à
;
IInLLÀNrcos, historien. I. 97, .
lÇaupacte par les Athénieris, I, {03;
HELLAs, norir qui ancienriement ne s'é- employés dans I'armée lacedémo-
tendait pas à toute Ia Grèce, I, B. nienne, lV, 6, V, i?, 64, VII. 19: la
HEI-LIN, {ils de Deucalion, I, l. liberté proniise à cèux'd'enire éux
Hulrr)sus, -quels furent les premiers qui introduiront des vivres à Sphac-
peuples ainsi nommés, I, J. térie, IV., 26; on affrûnchit ceui qui
HetLrillor,luns, trésoriers des alliés, ont servi sous Brasidas, V, 34; piu-
I,96. sie.urs.dése.rtent à pylos, fV, nt j les
HEr-LESpoNT, I, 89, l28, II, 9, 96, VIII, Athéniens les en retirent, V,'35..'
6,,9, 22, 23, 39, go, 96, 96, gg, l0o) HruÉne, ville de Sicile. VI, 5; 6t, VII.
103, 106, l08, l0g, l,.58_l son territoire, III, lt5.
HÉronn (route d'), au sud de Syracu- HnrÉ_nÉox, place voisine d'Amphipolis,
se, VI, 66, 70, VII, 80. vII, 9.
HÉLos, ville de Laconie, IV, 54. HlppecnrlrAs, Lacédémonien, IV. Bg.
HÉrrus, montagne de Thrace, fI, 96. HrprÂReuc, lils de I'isistrate, T, 2o, yI,
Hl:n.cccÉe PoNTreuE, IV, ?5; Trâchi- 54.
nienne, III, 92, 93, IV, ?8, Y, 12, 51, HrpprAs, père de Pisistrate, VI. 54:
52. {ils ainé de pisistrate, I. 2b, VI, 54:
HÉnecrlors, tuent Eurvsthée. I. 9: comment,.il exerça la tyrannie, VIi
occupent l'e Peloponèse-, I, l2'; Éha: 59.; Arcadren. III. 34.
lios Héraclide, I. 24 I ,\rchias. VL 3. Hrppbclr'ts, etÉénién. VIII. tg.
HÉnecuoÈs, syracusiiin, v,l ls, r'or. HIppocLos, tyran de Lampsâclue, yI, 59.
DES NOMS ET DES CITOSES. 5 73

s'em- INEssa, ville des Sicules, III' l03r VIt


Hrppocntri:s, général athénien, 94.
pare de Niséa, lV' 66 ; trème un com-
5Ïôi.*iiJt,i néôtie,' 76 ; fortifie Dé- IoLcIos. Àthénien' V, I9r 24'
iion. 9or exhorte ses soldats, 95; est IoN, de'Chios' VIII' 38-.
parerits aeô chaloidéens, .IV'
tué, lof i tyran de Géla, VI, 5; Lace' i[ryi6ps, ct: lcd Ioniens d'Asie origlnalres
démonien, VIII, 35r 99' 107.
lIrppoLocHID,r.s, Thesstlient IY, 78' d .lthènes, l, 2, 12,91' I.I'. 15, IlI,
llrpPoNIcos, Àthénien, llt' 9t' 86. Iv. 6t; VI, 82; aYaient le meme
I IrpnoNoiois, LacédémoDien,-If r 7l 72'
côlfotite ciuc ies Atlréniens, t' 6 ; Ies
iiovr)nr, bien posterieur à-la guerre ' mèmes fê[es, II' l5 ; leurs assem'
- IiiO.i I Délos, III, lo4 ; leur marine
â" rroie. I, 3;-exagère )e-s faits' s' l0; du temDs de CYrus' I' {3 ; soumls
.rthèncs peut'se pàsscr de ses louan-
ià., i1ai; citatibn de son hYrnne à urr ce ioi, I. fo I se révoltent et se
I\pollon, III, to{. iiiicô"t soirs ta piotection des Àthé-
llodr-rtus, soldats pesalnment armcs. iii*"t, I, us. 15, vI' 7ô; I'Ionie n'a
--
féui t.mt re à Àtliènes, II, t3; Ieur nas de iilace fortifiée' III, 33; les
solde. III' 17. Lacéderrioniens font t'évolter une
grande partiede ce pays'YIIT.6' ll'
rrinre-'crir-i!erls, ville de Sicile, VI' fs I eolle Ionien. mer Âdriatr{lllet
62. 94.
rriniox, roi des Sicules, YI, &' - 62 --
i, âlittr 97r vI) 3or 3&) lo4, vlII'
iiticnnÂ,
'- ville des Sicatriens, VI' I 33,
peuplade locrienne, IIIr l0l'
àiiiauué provenant du pillage de cette lprÉuxs,
ville. VII, t 3. lsanc:uIu..rs, Corinthien' I. 29.
I, 29'
nri;pxs. peuplade étolienne, III, i0l' Iscu*conis,Corinthien,
IsÀRcIIos,
Lacédémonienr IV' l32t
Hvr,t-ls,'fl-euve d'ltalie' vll, 35',-- -^
iiviiaiirur (Port), ii Corcyre, III' 72, Isoin,riùs, v. 10, 21. 24.
8t. Corinthien, II' 83.
IIyPERBoLos, Athénien, VIII' 73' ... Isorocnos, Âthénien' III' 1t5'
IsrcH. fleuve de Scythie, II? 96' 9.7' ,
I{\'sIEs, ville de Béotiet IIIr 24; d Ar-
Isrlrrin de la Pallène' I, 56, 62' 6.1+ i.oe
eolide. V, 83. IIl, 8t. Iy' 8 ; +e..c9ltlll^e'
llY"sresÉn, Perse, f, ll5. Leucade,
voy. Contxrltn ; jeux tsthmlques '
vItI. I, t0.
IsrtltrtoNtcos, Àthénien, Vt t91 24' --
I is'r'o.rt, montâgne de Corcyre, IIIr 85t
rv. 46.
ôrisine de ce nom' vI, 2; colo-
L4.Lïsos, ville de l'ile de Rhode, VIII, rr.ri.ie.
niséé pai les eéloponésiens' I-' l2-;
4!*.
J.{pycIE (Pointe d), en. Italie, VI' 30'
iilià. li" Lacédémône, lI, 7 ; abonde
4t, VIIr 33; mercenalles lapygre[s' en bois de construction, VI,.90,.VIIt
vrl. 33. 57. ti i fournit des vivres aurAtncnle-nst
tasos, viile deCarie, VIIrr28,29' Sot VI. 103. VlI, t4; Grecs d'Italie (Ita-
54; golfe d'Iasos, VIII,26. lioies,), VI, 90, VII' E7' 9l'
IrÉnin-, VI, 2; Ibériens mercenalres' Iteros. roi des Sicules, YIr 2'
vI.90. Irarra:,1ùs, Perse' IIlr 3â'
i;iioii;,
--ioi-t Éontagrie de luessénie, I' l0l'
Ic.rnbs, ile, III, 29, 33, VIII, 99. 'autel àe Jupit'er rthotttatas,
IcutHl-s, promontoire d'Élide, II, 25.
Io.r, montâgne dePhrygier lVr 52'VIII' 10 3.
IToNIENs, PeuPle d'Italier'Yr 5'
t 08.
ID.{cos, place de la Chersonèse, VIIIT ITTS, II,20.
101*.
InorrÈFrs, ville de trIacédoine, II' 100;
colline'd'À!._lPhilochie, III, 112. r J
IL10N, I, 12,\I,2.
fl-|--t-nlEirs. attaquent Épidamne, Ir 261
-iîi-iéiaiô"as,-
'";;;fiil| ^"îiii* lv, ira, JuNoN. son temple.à corcvre' I' ?4'
Ëiii"".r"'"ir."-., !ù'rienrôl ilr, is.81t.:is; à àprarée, rrr. 68; à Ar'
I,21. gos, tY' ÉPidaur^tt ;
ile de la mer Egée, VI11, 102, fuîrdnn, ittiorhatasl-I, tot;,Uilichio-1r
Y:'15'
I\rrlRos,
'"iô;i;"i;Ët'i;Ë;iii;sT'Athiinà., III'
1r, r28; .Liberateur' iI,7t; Néméen'
i, rï, rs, v, 8, vII, 57. 96;'olvmpien' III' t&' v' 3l' 5o1
rr;nà;:ioiou'.Ïinyii,t,'i, to4, tto.
ôtlmp'iiori d"rthônês, tt, t5; desv-
57tr TÂBIE ATPHABÉTIQUE
racuse; VI, 64, 651 661 70,75, YII,4, LEMNos, lle de la mer Esée:'colonisée
soumise
3?. par le-s Àthéniens, I, tis;
par eux, VII, 57; alliée'd'Atbènes,
t II,47. IV, 28. tog, VIII,.t02.
LÉocoRroN. monument à Athènes. t.
20, vI. 5?.
LaBDALoM fort situé au sommet des LnocnerÈs, Àthénicn, I, toi.
Epipoles, Vl1 97, YII, 3. LÉocones. ethénien. r. st.
Lec Copeis, IV, 93; Bolbé, I, 5g, IY, LÉor.r, t acédémonien,. III, 92, rï7 L4,
103; du Strvmon, V, 7. VIII, 28, 6t; Athénien, V. 19, 24,
tec-ÉoÉuoup.-son aspe'ct, I, 9; coloni- VIII, 23, 241 5t+,55; nom 'd'un en-
sée par les Doriens, I, lB, V, 16; sa droit près de S.yracùse, VI, 97.
distance de Pylos, IY, 31 multilude LÉoNrDAs. Spârtiate, I, t32.
de ses esclavës, VtIt, 4o': renversée LÉoxrreoÈs, Thiibain, II, 2.
par un tremblement de terre, I, t0l, LÉoxrrns. fondation de leur ville, VI.
iV, 5o; les Lacédémoniens possèdenf 3; leur origine chalcideenne, 4, :Ol
les deux tiers du Péloponôse, I, 1o; 76, 79;.leur parenté avec ethènes,
n'ont jamais eu de tyrans, ef ont !_0_,
76; leul gu.erre avec Syracuse;
chassé ceux des autres villes. 18: III, 86; leurs dissensions, V, & ; Ieur
n'exigent point de trlbut de leurs ville détruite par les Svraônsâins.
aIiés. tS;'leur caractèrc, 69, 70, 84, VI, 6; les Athéniens veullnt la réta-
t{8, VIII,96; simplicité de leur cos- .blir, VI, 8) 19, 47, 48, 50.
tume, I, 61 leur loi de xénélasie, I, LÉorycurDÂs, roi des Lacidémoniens.
144, II, 39; division de leur armée, I, 8e.
V, 68; ils ne poursuivent pas loin LÉpRÉoNlville de Tripbylie, v, 3t, 34.
les ennemis vaincus, 73 ; leurs géné- 50,62.
raux portaient des bâtons, VIil, 84. LÉnos, ile voisine de Milet, VIII, 26,
L,rcÉpÉiror,llos. fils de Cimrin, I. ar. 27 (dans le premier de ces Dassaces.
LacrrÈs, général athénien; envoyé en I'ancien texte porte Ë,leos).
Sicile, III, 86r 90, {03, 1{5, t[E, Y, LEsBos. alliée autonome d'îthènes, I,
19,24,43 I à Argos, V,6Ii samort. {9, III,. l0; sa défcction, III.2; se
v,74. soumission, 27 ; sa punitiôn, 5o 1' se-
L.ÀcoN, Platéen, III, 52. conde défection. Vlil, s, zt.
LeuÉ, île voisine de Milct, VIII, 17,24. LEspoDras, Athénien, yI, i05, VIII, 96.
LalracHos. genéral athénien; berd sa LDSTRYG0NS. VI.2.
flotte dans le Pon[.'envoyé
IV. ?lr l'iure le LuucADE, colonie de Corinthe. I. 30:
traité. Y, 19, 24; eâ"sicile, sasituâtion, II, 30. III,94; aliee
VI, 8; son avis dans le conseil de rles Péloponésiens, II, 94. III, ?, 80.
guerre, 49; sa mort, t0l, 103. VL t04; VII. 2; Ieur fournit des
LAlns, fondateur de Trotilos, Ylr 4. Taisseaux,1,27, !+6, II, g, III, 69.
LAMPON. Athénien, V, 19, 21r. vll) 7, 58, VIII. I06; repousse une
Leulseçun, ville de la Profrontide ; descente des nthéniens, III, Z; rava-
fertile envin- I. tSBI se révbltecon- gee lar eux, III, 94. lsthme dc Leu-
tre Athènes, YIII, 62; Æantidès son cade, III,81, IV, g.
tyran, VI, 59. LEucilulrE, pointe de Corcyre, \3Orr*7,
Leoorcrow, endroit en Arcadie, IV, l14. III,79.
LaopHoN, Iuégarien, VtII, 6. LEUcoNroN, endroit de Chios, VIII, 24.
LeRrssE, ville de Thessalie, lI, 22, IV) LEUcTRA, endroit de Laconie. V. 54.
78; de Phrysie, VIII, t01. 'flotte.
LrutrroNs avant le départ d'uire
LAS, Îille de Lâconie, vIII, gt, 92. vI. 32.
Lartrros, ancienne icçon pour Patmos, LrByD,-I, 110; atteinte de.la peste,
II,
III. 83. 4s; il en vient des vaisseaux mar-
LaroMrES, carrières dg Syracusc, yII, chands, IV, 53; encore citée. VI, 2.
86.87. VII,50, 58 ; Libyens voisins de l'É-
LauÂrox, ses mines, II, 58,' VI, gl. gypte,I, 104: vaincus par des Pélo-
Lriecnos, Àthdnien,I, 51. ponésiens, VII, 50.
LÉa.ncuos, Athénien, II, 67. Ltcnes, Lacédémonien; battu de ver-
LÉnÉnos, i,iile d'roniê, Vilt, t9. ges ri Olympje, V, 50; député à Ar-
LEcros, ville d'Éolide, VtII, ror. gos, Y, 22, 76i donné pour conseil à
Lrcrrrros, ville de Chalcidique. IV, Astyochos! VIII, 39, désapprouve le
t13, tt5,116. traité fait avec îissapherne', 4J, i2:
Lri:tlnNs, peuple de Thrace, II, 96, 97. sa mort. E4.
DES NOMS ET DES CHOSES. a/c
LrouRrENs ou Ligyens, VI, 2. MlcNÈ.res, peuple de Thessalie, II, t0l.
LnrNÉa, village d-'Àcariranie, lt, 80, III, lUÀrN de 1êr, IV, 2i, VII, 62.
r06. IVIALÉe, plomontoiie de Laconie, IV,
LlN, tuniques de lin, I, 6; grâine, IV, ql, vl.lI, 30; de Lesbos, Itr, 4; fète
26. d Apollon Maléen, IIr, 3:
LrNDrEs, citadelle de Géla, VI, 4. MaLrENs, peu-ple de. Tbessalie, III, 92,
LrNDos, ville de l'ile de lrhode;VIII. {4. V,5l; golfe Maliaque, III, 96, IV,
LrpARA, une des iles d'Éole, IIL Sti. r00, VIII. 3.
Lu's d'airain et de fer, III, 68; sangles MetvrrnÉn,' ville. d'Arcadie, V, i5 I en-
des lits. IV. 4S. rre dans la lrgue_ d'Argos, 29; eB
J,ocRrENS Ozoles, I, 5 I les Athéniens guerre avec Lacédémone,' 83 ;' ba-
llur prennent Naupacte, I) t03; alliés taille livrrle dans son territoire. 66:
des Athéniens, III.-9;; servent comme fait la plix.avec les Lacédémoniens,
troupes légères, 9Z; Eurylochos tra- 8l ; fournit des mercenaires aux
verse leur pays, Io2 ; sans désigna- Atbéniens, VII, 57.
T,ron, IV, s6, V, 32, 64; Opontiens, I, l\IAR^rs, d'Égypte, I, t t0 : près rle Sy-
108. II, 32, III. 83; sans désignation, rûcuse, VI, l0l I Lysimtilia, VII, 53 ;
I, ll3. II.9, 26, VIII, 43; Épizephv- quartier d'Athèncs, II, lS.
ricns, VII, i; sans desiination, Iù. MAnATHoN. I, lE, 73, II. 34, VI, 59.
{, '.!4/ V, 5, VI, |tt, VU;4, 'Jà, VIII; l\IAnArHouss^, ilot voisin de Clazo-
91. mènes, VIII, 3I.
LoGocnApHEs, anciens historiens, I. 2I. Mancuri'aux denrées, VII' 39, 40, VIII,
LoRnrns, endroit sur la côte de b,arie, 95.
vrrl, 43. ltteHÉe, ville d'rigypte,I, Io4.
LvcÉu, montagne dArcadie, V, 16, 54. IIÂnsnrLLE, fondée par Ies Phocéens,
LrcrE. province d'Àsie Mineurê, It, ou, I, | 3.
VIII, 4t. t\IÉANDnE (elaine du), III, i9, VIII, 58.
LrcouÉoÈs. Athénien, père d'Arches- l\IÉcyBrjRNÀ, ville de Chalcidique, V,
tratos, I, 5z I père de'Cléomédès, y, 18,30.
84. place d'Acarnanie. III, 106.
Mr';rr1i6.1-,
LTcoPHRoN, Lacédémonien, II, Bf I Co- ]IÈDES, leurs guerres contre les Grecs,
rinthien. IV. 43. I, 18) III, 57, 58, VI,4; leur retraite,
LÏcos, Àthénien, VIII, ?5. I, $9 ; ancierrs maîtres de Byzance,
LyNcos, pays des Lyncestes-1\Iacédo- I, 128; de Sestos, YIII, 62; Ies Mè-
l_lels, LY-r83, 124, I29, t B2; Lyncestes, des-distingués des Perscs, i, to4; le
II, 90. IV, 83. {24. ll{ède pour le roi de Persel I) 69, ?rr,
LÏsrcrÈs, Âthénien, I, 91, III, {9. I_II, 54, VI, 17, 77, 8'2; guerres mé-
LrslMAcnos, père deristide. I. 9t : diques, I, &I, 69. 142,'Il,16, 21, VI,
di\rianthidèÈ, IV, 98; d'Heraciidès; 82; costume médique, 1, 130.
vI. 73, I\Ir;DrF:NS, peuple de Th"ace, II, gB.
Lrsr.uÉrrr, marais près de Syracuse, M.EDISiltE, crime des Grecs partisans
VII. 53. des NIèdes. I, 95. III. 62.
Lyslsrneros, Olynthien, IV, i00. MÉcenerÈs,'Pérse, I, tzs.
MDC+ABAZE, Perse, I, {09.
MEGABYZE, Perse, I, 109.
M IvlÉce,cr,Ès, Sicyonien, IV, ,t9.
MÉoenr, aliée d'Àrhènes, I, to3. lO5 :
fIacARros. spartiate, III. t00. sa défection, tl4; déciet des'Atbé-
]Iac,.ÉDorNE. sa descriptidn. II, 99; ses niens contre cette ville. I, 67, i19,
rols onglnarres d Ârgos, II, gg. y. g0: 144; son territoire annuellement ra-
sa population barbaie, IV, tt4. t26 i vagé, II, 3t; vaisseaux de guerre
cavaliers macédoniens, I, 62. II, l00i dans son port, 93; blocus de ses
exilés macédoniens, tt, l i eipédil côtes, III, 5t ; complot pour )a livrer
tion de Sitalcès en MacédoiÉe, Ii, 9i. aux Atheniens, lV, cOi ses iongs
iVACEAoN, Corinthien, II, f 3. murs. I, io3; pris pâr leÉ Athénien*s,
MacrrrNES de guerre,'spécialement bé- IV, 67; repris et démotis. l0g; sa
- '?4:
llers, IL tB,58, ?6, 77)tII,5t, IV, t3, rél:olution aristocratjque, IV.
q,.7, YI, 102, VI[,43, VIII, t'00; ma- exilés mégariens auxi liâircs des'Athé1
chine incendiaire eniployée à Délion, niens eg Sicile, VI, 43; NIégara-Hy-
Iy.100. bléa, villc de Sicile, VI, 4,- 4g, sL;
lu{cNÉsrn, villedeLydie, I, tgg, VIII, trÎégara, endroit
50. yI, 49,75r 97. voisin de Syracuse,
576 TABLE ATPHABÉTIQUE

MÉuscnlp.ls, Lacédémonien, VIII, 6. Tréeénie, IV, 4s, V, t$i de Macé-


iUÉl.utonus, Athdnien, III' E6. doine, IY, llg, YI,7,
Miir,lntttos, lacédémonien, TIII. 5. IvlÉtnrunroN, pndroit d'Arcadie, V, 58.
MÉlÉnxs, voisins des Locriens â'lta- l\IÉTHr,\rNF,, ville de Lesbos; eirnerriie
lie. V. 5. de ltytilène, IIL 2, l8;'VI,
alliée auto-
Iliir-És-l"lonos, Athénien. II, 00. nome des Àthéniehs. 85, YII.
i\'Irilr!sr,ls, Athénien' VIII' 86. 57; sa défection, YJII,22; vaisseaux
ilÉr,Éstnnos,Lacédénronien, I, 139, II, de IuethYmne. loo.
12, l{Étnor'olls, ri[le d'Acarnanie, III, t07.
ili:rrrrr, ville de Phthiotide. IV, 78. trlrcr.ADÈs, Corcyrden. I, 47.
Mt';r.os, une des .Cyclades, II, 9l colo- IvltDros, fleuve de I'Hellespont, YIItr,
nie des Lacédémoniens, 1', 841 atta- { 06,
euée par les Athéniens, III, 9t, 94; l\IrLDr, r'ille d'toniel en guerre avec
:issiégee et prise, V,84r 115; confé- Samos, I, 115; se révolte contre
rence de llélos. V. 85. Athènes, VIII. t?; repousse les Athé-
Iueupnrs, ville d'Égypter I, 104, 109. niens. 2tr I sert de station à la flotte
MÉxer-u. ville d'Arcadie, Y. û7; son péloponisienne,26. 2i,50. 78. E5:
territoire. 6&; ses habitants. 77. ies ntilésiens détrdisent le for:t de
ùIrlresonos, général athénien, VIIr l6t Tissapherne, 84, l09.
43.69. l\Irr-rcutos, voy. Julttur,
l\IÉurs, Lacédémonien, Y' l9' 2lt 24. l\IrLTrr!,Du,, pèrc de Cimon, I, {00.
I\IENDÉ, ville de Chalcidique, IY, l2l, l\IrM.cs. montagne de Lydie, VIII, 34.
123. r2&. trIrr.-rr.rRos, na.vârque lacédémonien.
I\IrNpÉsrrxr-u, une des bouches du Nil' YIII, 85; conduit sa flolte dans I'Hel-
I, { 10. lespont. 99; perd une bataille na-
IlÉxÉcor,os, fondateur de Camarine, vale. {04.
vr. 5. I\Irsn d'or près de Thasos, I, 100, IV,
Mf:xÉcn.ctùs. Ilégarien, Iv, 119. t0i; d'argent à.Laurion, Il, 55,1'I,
MrixÉrÉos, Spartiate, III. 100, 109. 9t: mine creuséc. II, 70.
IvÉxrppos. Àthénien. VIII. 13' nllliDrrÏE, sa st&tue, II, l3; son tem-
ItÉxox de Pharsale, II, :li. prleà Âthènes, V.23; à Sparte. I,
ilERcuRE. son temple Près de lIyca- l2S, liilr; à Lécythos, IV, llt; I près
lessos, VII, 29; sès bustes à Athènes, d'Amphipolis, V, 10; appelée sim-
vI,27. plemenl la décsse. I, l:,16.
l\Ii;RoprrrD, vov. Cos. i\Iixo.r,, ile voisine de Mégare, III.. 5t,
MEss.aI,rEI.-s. freuplade locrienne' III,
IV, 67, 118.
tot ; d'Italie, vII, 33. MrNrDNs d'orchomène, IV, 76.
MrssÉxrp . provinie du Pdloponèse, l\Ior.oBnos, Lacédémonien. IV) 8.
Iv, 3, 4l i itlesséniens insungés à ilIor-ossEs, peuple dÉpire, I, 136, II,
Ithome, I, 101, 102 I exPulsés du Pé- 80.
loponèse et établis à Nûupacte, tu3; l\IoLycnroN, ville d'Étolie, II, 84. III,
auxiliaires des Àthéniens. II, 9. 25, t02: Rhion de i\Iolycrie, II, 80.
90, 102, IlIr 75,8l, 95. 97, {07; par- l\toncÀ\rrNri. ville de Sicile, IY, 65.
lentdorien. IIL tl2, IV. 3i secon- l\Iorr.{, ville de Sicile, VI, 2.
dent Démosthène à Pylos, lV, 9. 32, l\Iurircrlut, dèrr'e d'Àttique , II, 13,
3e: infestent la Laconie. 4l l'replaces
retirés VIII, 92,93.
de'Pylos, V, 35; ils y sônt l\Iun-BLÀ(c, quartier de Memphis, I,
par les Âthéniens, 56 i accompagnent to4.
Ies Àthéniens en Sicile, VI, 31, 1'II. l\IYCAT-D, promontoire d'Ionie, I, 89,
i}/. YIII. 79.
l\IEssrNE ou itlrssÈxs, ville de Sicile; IurcÀLussos, ville de Béotie, YIr,29,
aa fondation, VI, 4; sa situation, 30.
III. E8. IV, 24, 25,YIt 48; se sou- Dlrcùxrs, ville d'Argolide, r, I, 10.
met aux Athéniens. III, 90; s'en dé- MTcoros, une des Cyclades, III. 29.
tache, IV, l; sa guerre avec Naxos, l\lTcDoiirfi, contrée de l\Iacédoine, I,
IV, 25; les Athéniens essaYent en 58, II,99, loo.
vain de s'en rendre maitres, VI.74, l\IrL.Æ. ville de Sicile, III, 90.
ilIÉracrinÈs. Lacédémonien. \'. 19, 24. l\IyLÉTrDEs, exilés syracusains, VI, 5.
MÉrlnoxtn, villed'Italie, VIt, 33. 57. I\{IoNÉENS, peuplade locrienne , III,
IvtÉrÈOuns. étrangers domiciliésà Athè' I0t.
nes. II, 13, 3t, IV, 90, VII, 63. MroNNÉsos, ville cl'Ionie, III, 32.
ItÉtn'or*n. ville de Laconie, I\', 4t ; de MroNTEr ville de Carie, I, 128; IlIr 19.
DES NOMS ET DES CHOSES. 577
Jlyrrcr\E, ville .d'Ëdonie, I, l0z; pel-
- I\tinoa, 5t; à Tanagra et en Locride,
__tastes myrciniens., V1.6., 10. _ 9t i en Coiinthie, iV, ar;à Cythèiei
llrno)-rDÈs. général athénien, l, rls, 53 jen chalcidique,'trsi méâiateui
{08. IV..95. de'la paix, V, io,'4f.40; un des
IrrlrnrrrNri, femme du tyran Hippias, chefs àe t,êxpéaiUôn aô siclte, vr. t;
_ VI, 55. déconseille lâguerre, s, to; son plari
I\IyRrrLos_, Athénien, V.
-19,
24. de campagne,"aZ
-syiacuse,; restê seut gériéiii
lll!!g1l!y,.cu!qirl,.VIII, 85. devant_ rot; son iapport
iUr"srEnES, leur violation, VI, 29, 53, aux Atheiriens, VII, s, it ; sa leirteur
60. le fait mépriser, 4î,, '40 ;.s,op-pose à
Illrllr,Èxe, ville de -Lesbos I ses deux la levee cu srege, rr8: se rend.'à Gv-
ilorts, III. 6_; située en-facedes Ar- lippe, SS; est his à mort, S6. Ci"é-
grnuses. VIII, l0l; sa detectron. III, tois de Gôrtvne. II. 85.
2i assiégée et prise par les Àthéniens, Nrcot.Àos. t,aéédémohien. U. 62.
27 ; décret contre les ilIytiléniens. 36, Nlcoulfiios, phocéen. IV. Sg.
49, 5oi se réyolte de nouveau, VJII,
Nlco;nriur-\s, Snartiate,'I. tô2.
5,22; reprise par les Athéniens,:t. NrcoN, fhébaih, VII, i9.
NrcoNrDAs, de Larisse, IV, 7g.
NlcesrnÂros, gdnéral athdnien, IV,
ll9; secourt le peuDle de Corcyre.
N rII, _?-5 ; prend Cythère , Iv, s3 ;
-

ilren-dé,'121i, tio; p-orte sécouri ani


N.rucl-ruiq, Platéen, II, 2. Argtens, Ea mort, V, 61.
Nlucn,rrÈs, Sicyonien, IV, lt9, Nrr,, fleuve d'Égypte, I, lo4i bouche
liÀup.{,crE, ville des Locriens-Ozoles : mendesrenne. I10.
prise par les Àthéniens, I, {01, lI, l{IsÉÂ,.po.rt de'Megare, réuni à laville
69, 90, 94, 90, 102, III, 7, 78, 94,96, pûr' de longs murs, I, 103 i au pou-
98r 100, IY, 77 ; les Athéniens y te- vorr des Àtheniens. l0B. l14: rendu
naren, une stat.ion navale, III, 69, à ses anciens maities. tr5: iéclamé
75, ttL, IV, 13, VII, t7. t9. 3t, 34 I par.les Âthéniens, IV,21 ; retombe
son territoire, III. i02; [tesséiriené en Ieur pouvoir, II, gt; IV, 69, ttB;
de l{aupacte, II,90, yII, gt. 52. n'est pas rétrocédé, v, tz.
NÀ\os, une des Cyclades.' I. 98. {32: Nrsos (Portes de) à llégare, IV, ltg.
ville de Sicile; sa fondation, VI, J; NorroruÈrrs. VIII. 97.
!g gqerre av€c luessine, IV, 2i, 26; al: \ortox, ville d'Ionie, TII, i4.
liée desAthéniens, yI, 20, i2, 98, VlI, NYNIPHoDonos, Abdéritain, II, 29.
20. 57.
NÉ.lpoI,rs, vitle de Libye, VII, i0.
NÉrrÉn, III, 96, V, i8,-5d, 60i Jupiter
Néméen, III, 96,
0
NÉoo-c.Monrs, allranchis lacédémo- Olor.E, monnaie, V, 47, VIII, 29;
niens, V, 3û. 67, VII, t9. 58. VIII. f. trio-
NEpruNr, son temple au ténare.' I. Ocr-Tos,Vrtl. 29,' 4i.
bole,
Corinthien, IV, il9.
t2B, ttt; près d-e Niséa, lV. tte i peuple de Thrace, II, i0l,
pres de trIendd, IV, {tg; à côlonos, Orov-{Nrns,
v. 6.
VIII, 67; vaisseau'consâcré à Nep- ODRYSES, leur empire, II. 29, 96. 97:
tune comme trophée d'un combàt expédition de leirr rôi Sitalcàs côntré
naval, II, s4. la lU:rcédoine et la Chalcidique. II.
NÉnrcos, endroit de Leucade, III. 7. 95; vaincus par les Triballièns; IV;
NEsros, fleuve de Thrace. II. 96. t0t.
N[uF-BoucHus, fontaine' à Athènes, CnrrxruÉnns, peuplade locrienne, IIf'
IL t5. t0l.
NEUF-VorEs, ancien nom d'Amphipo- CE1Éow, rille des Locriens-Ozoles, IIf,
lis, I, too, IV. t02. 96. 98. t02.
NlcaNot, chef des Chaoniens, IIr g0. Gr'll.inr3, ville d'Acarnanie, I. llI, It,
Nrc.q,sos, trIégarien, IV, tt9. 82,.102-, III, 7, 94, ll4r IV. 77.
NrcÉRATos, Athénien, III, 51, 9t, IV, CENor't, ville de I'Attigue, II, 18, 10,
53. il9. VIII.9s.
NrcrioÈs, Athénien, IV. ttB. CExopurrns, endroit du territoire de
NrcrAs, Àthénien, père- d'Eaenon. II. Tanagra en I, t0B, IV. pi.
s8, IV, t02; général athénie-n. fiis dé CENUssEs, ilesBéotie,
voisiner'de Chiod, VIII,
Nicératos, III, 9l; son expédition à 24.
Tnucyoton. 33
.t
v
t

578 1â3tE ATPHABÉTIQuu

cDstuÉ. ville de Thtace, rv, t07. P


@rÉrys, habitants du mont CEta, III'
92. vlII. 3. PecnÉs, général athénien, envoyé con-
or,oÉnxxos, ville de thrace' Ilt, I09. tre Illytilène , III, 18 ; la prend, l8;
OLoRos, père de ThucYdide. lV' ro4. poursuitelcidas, 33; soumet toute
or-pæ. viile d'acarnanie, III, l05t 106' I'ile de Lesbos.35: est sur le point
io?, il1, tt3. de passer les'Mytiléniens au fil de
or-vltbn, rhontagne au nord de la Thes- l'épée. 30. 40.
salie. IV. ?8. PÀcÀ, 'vill'e de Mégaride, aux Âthé-
Or.vltnÉtoti, temple de Jupiter olym- niens, I, to3, t07, tlt; rendue aux
pien près de Syracuse, VIr 64, 65' Pelopbnesi'.ris, ti5 i réclamée par
66, 70, 75, VIt, 4, 37' Athèhes, IV, 21 ; sert tle refrige âux
OLYMPTE en Élide, III. 8, V, 47 ; son Mégariens exilés, IY, 66, 74.
temple de Jupiter, III' 14' Vr 3lr 50; fer.Él ville de céphallénie, I, t7, II, 30.
son'trésor, 1, 121, 143; jeux olYm- Per.ÉnÉens. peuùled'Acarnanie, II, 30-
piques, V, 4l ,t+s; leur Publication, PerLÈNe , piesqil'ile de chalcidiqu'e, I,
V, ao; Cylon vainqueur, I, l2tj; Do- 56,64, 176, l20, 123, 129; son rsthme
riéus,'tti, 8; Androsthénès, V, 49 ; IV. t20.
Lichas, v, So; Àlcibiade, YI, 16: an- P,rNnLLos , fondateur de Sélinonte ,
ciennement les athlètes portaient vI. 4.
des ceintures, I, 61 olYmPiade, PelrÉlrrr,rn, province d'Asie Mineure,
f,II,8. I, I rr0.
Or,yxrnn, ville de Chalcidique I forti ' PANAcroN, fort d'Attique, pris par les
liée. f , 591 ennemie d'Âthènes' 62 ' Béotiens. V, 3; réclamé par les Athé-
II, 79, IV,'{23 ; déclarée libre Par niens, 18, 35, 36; démoli, 39r 40, 42,
le traité, Y, lE ; olYrrthiens, V, 3, 46.
39. PexerHÉxÉrs, fète à Àthènes, I, 20. V,
ONASIMoS, Sicyonien, lV, ll9. 47. VI. 56,
onÉ'rontoÈs, Thébain. II, r. PANCRAcE, aux jeux olympiques, V, 41t.
Or.rÉou. montagne de Corinthie, IV, {4. PeNurox, ioid'Àthènes, ti,is.
'
oxolr,rclÈs, général athénien VIII, P,lNÉEws, peuple-de Thrace, II, t0t.
' PANÉF.os, Thessalien, Iv, 78.
o#r'o'nT"n", peuplade étolienne' III, PeNcÉe, hontagne dé Ttlrace, II. 99.
94. PaxonMos, ville d'Achaie, II; 86, 92;
oPreuEs, peuple d'Italie, VI, 2, 4. ville de Sicile, VI, r; endroit du ter-
opo:{ru.'ville, de la Locride orientale. ,ritoire de i\Iilet, VIII, 24.
II, 32; Opontiens, voY. LoCRIENS. PaNTAcYÀs, fleuve de Sicile, VI,4.
0RÀCLE de Delphes, I, 25, 28, 103, PÀRÀLIENs, branche des Maliens, III,
123, l?6, 134, II) 17,54,.102, IlI,
ll8,'IV, 92.
96 , I I 8, V, 16, 32 i oracles chan- PARAL0S, partie de l'Attique, II, 55, 56,
tés au commencement de Ia guerre, nom d'une galere d'èlite à Lthènes;
II, 8, 21. III, 33, 77, VIII, 73,74,86,
OncuoiaÈnn, ville de Béotie, I. t{3, III, PÀRASIENS, ancienne lecon, II, 22.
8z; anciennement appelée des IvIi- PanlvÉaxi, peuple d'Éfiré, tt. oo.
nyens. IY, 7d ; Orchoméniens, IV, 76, PaRNAssE, montagne de Phocide, IIt.
93 I ville d'Arcadie, V, 61, 62, 63; 95.
otages orchoménien$. v. 77. PenNÈs, montagne d'Attique, I[, 23,
onÉos. ville d'Eubée. VIII, 95. IV, 96.
onnsrb, Thessalien, I, lll. Penos, une des Cyclades, IV, .1.04.
OnnsruÉonen Arcadie, V,641 Ores- PennuesrBns d'Arcadie. V, 33.
thide. IV. 134. PesrrÉlroas, Lacédemônien, IV, 132,
OnllÉrs, ville d'Àrcadie, VI, 7 ; or- v,3.
néates, V, 67,72, i4. ParMos, ile. III, 33.
ORoBIES, ville d'Bubée, III. 89. ParRÆ, ville d'Achaie, II, 83, 84, V,
ORGDos. roi des Paravécns. II, 80. 52. '
ORoPos, ville située sur I'Euripel su- Petnocr,Ès. Lacédémonien. IV. ii7.
jette d'Àthènes. II, 23; III, 91, IV, PausaNlÀs , Lacédémonien, 'lils de
9l ,96; prisepar les Béotiens, YIII, Cléombrotos. défait les mèdes à Pla-
60. lée, I,94; triteur de son neveu Plis-
OsKIos, fleuve de Thrace, II, 96. tarchos, I, {32; ses promessesaux
OsrRAcrstrE, I, 135, VIII, 73. III, 5t; 58, 6b; soumet Cy-
Platéen's.
OzoLEs, voy. LocnrENS. pre et Byzance, I, 94; sa oonduite
DES NOMS ET DES CI{OSES. 579

arrogante, 95; st trahison, son rap- née de h. suerre, 3i; les Àthéniens
nel et sa mort. {28, Pausanias. lils lui imputent leurs souffrances et le
àe Plistoanax,' roi de Lacédénione, mètt*tit à l'amende' ss I il réPond
III. 26, V. 16. avec dignité à ces accusations, 601
PÉ1il, hymne de guerre, I, 50, II, 9I; son ôloÀe,'t sa mort' 65'
IV. 43. VI. 32, YII, 44. S3. PI';nrcr-torrs. LltcerlÉmonien' l\'. I l9'
PÉo,rntros) navllr{.lue lacétiimonien, PrirrrrïnÈs, fbndateul deZanclé' I\'; I04.
VIII, 28, 32, 33, 3$. 4o r sa mot't, ir5. Prinlri:qurs de Laconie, Ir 10I, IIr 25t
Pt1;rAscns, I, 3 ; Pélasges-'lyrséniens, IV, 8. 53, VIII. 6' 2l'
IY. 109. prhr'porns, jeurrcs soldats à Àthones'
PrÎ.asctcow, endroit d'âlhènes, II, 17. IV, 67, vtll, 92.-
PrÎ-É, ile voisine de Clazomènes, VIII, prnrirrÈÉas, peuple de Thessalie, IV,
3{. 78.
PELLÀ, ville de illacédoine, II, PsniÉrors, descendlnts de Persée '
99, I00.
Prr.lùxr. ville d'ÀchaÏe, II, 9, V' I.9.
58'
VIII, 3: 106 i Ies Scioniens de la Pal- pnisrs. distincts des Mède.s, I, to4;
lène'se' disarcnt originaire d'Achaïe, table servic à la mantere de8 Perses'
IV,120. tStll géndrosité dc leurs rois, II, 97:
PELLIclIos, Corinthien, I, 29. tes ltats tlu roi de Perse rlrvagés
PÉrops. Pélopides, I. s. par la peste, lI, 48 I langue Perse,
pÉLopor.rÈse,^nom, division, habitants. I, 138, IV, 50.
colonies, I, 9, {0. t2; Iigine lui_ es+- pndre d'lthènes, II, 47,.58, III' 87-. .
adiacente. Il. 27: les Àthéniens cher- PÉrna, ville dans le territoiredc Rhé-
chênt e s'assûrer'dcs pays-2,
gui entou- sion. VII. 3s.
rent le Péloponèse. Ii, Vr, ss; il Pu'ecrdN. ville de Thessalie, IV' 78.
Dossède une nombreuse ieunesse, II, Ptt,rcnÈs. endroit de Thracc? II. 99.
'8; exemptde la peste, II, 54 ; il jouit pIt-qTr,tts. îrêt,resse de Junon, lV' 133'
dé la libèrte, vII, 7? ; il fournit des Prr,tlÈnb, ancien port tI'Athèrres; mur
soldats mercenaires, IV, 52, 76, VIII, t. l07, II, 13.
orri v aboutissait.'d'Épidamne,
28. pH,r r-rôs, fondalerrr I, 24'
PÉr-onrs, place du territoire del\fessine, Prrarn,'endroit à Clrios, VIII' 24.
IY, 25. PHANoTIÀcIIos, Athénicn, IIr ;0.
PELfasrEs, soldats armés à la.légère; PneNotÉn, ville de Phocide, IV' 76, 89'
leur équibement chez les Athtiniens PrIARax, Lacédémonien, IV, 38'
n'était-pas régulier, IV, 94; un pel- PrtlnNebezu. satrapc perse, I1,67: ap-
taste myrcinien tue Cléon, V, lo. pelte les péloponésiens tlans i'Hel
PENrÉcoN1'onr, vaisseau à' cihquantc iespont, VIII,-t;, 8, 39, 62, 80' 99t
rames, I, l4) VI,43, 103. lo9: ses Iils, VIII,58.
Plloxrur.ls, peuple de TItrace, II, 96, 98. PHÂnNAcus, Perse, Ir l29tIIr 67r Vr l.
PÉr,,rnÉruos, ilc de Ia mer Égée, lII, virr, 6, 58.
89. Pnenbs. en ÉÊvptc,lo4. I,
PÉRAïeuE, district près d'oropos (d'au- Pu,rnseLe, villê-de Thessalie, I, {ll'
tres lisent GraTque), II, 23. IV. 78 i Pharsaliens, II' 12.
PnRDrccas , roi de [lacédoine, se Psrstirrs, ville de Llcic, II' 69, VIII.
brouille avec les Athéniens, I, 5z ; E8.99,108.
ensase les Chalcidéens à se concen- PrtiÂ. ville d'Élide, II, 25, VII, 3l'
tre"ràOlynthe, I, 58; se réconcilie Puri.lôtnNs, anciens habitants de Cor-
avec les Athéniens, II, 29; sa gt'erre cYre. I, 25.
avec Sitalcès, II, 9,i; avec Arrhihée, rnÉlxi général athénien, V, 4.
IV, ?9; fait une deuxième exPidil,ion PnÉ:trctri, lt.69.
dans le Lyncos, IV, {24i sa guerre PrrÉr,rtcreus,' peupli'rent. les iles grec-
contre les Athéniens, Y, 83, VI, 7. oues et eiercèrènt jtdis'la piraterie.
' PÉnIclÈs, commande les Athéniens ii I^. s; aidèrent Darius à subjuguer les
Sicvone et en Acarnanie. I, tlt; fait ifes grccques, I' .161 colonisèrent la
la cbnquète de I'Eubée, it4; soumet Sicile. VI, 2. vallrcus sur mer Par
Samosl 116; son autorité sur Ie Peu- les Aihéniens, I, lor). tl2; assail-
ple d'Athènes, 127; ses talents, 139 ; lcnt les Athéniens en Égypte' I' 110:
prononceun discours avrnt la gucrre, viennent au secours de Samos, - I,
l4ol ses conseils et ses plans, II, 13; 116; une flotte Phénicienne appelêe
irridation des Athéniens contre lui, en Ionie, VIII? 46, 59r 78r 8t, 87r 99t
2l: Drononce I'oraison funèbre des 108,109.
citôyens morts dans la première an- PnÉntcoxtn, Fort d'Ionie, YIII' 34.
580 TABLE ÀTPHABETIQUE
I
PrrÉnÉoxs, de Thessalie, II, 22. II, 93; fermé de chaines et mieur
lunÉuon, Àthénien, II, Oi. gardé, il,
O4; crainte des Athdniens
Plrlrppr, frère de Perdiccas, I, 57,59, à son sujet, VIII, l, 96; les guatre-
II, 95, t00. cents y construisent un fort, 90; ce
prrrirppbi, Lacédémonieh, VIII, t8, fort est démoli. 92; théùtre du pi-
E7,90, rée, 93; alerte'des Àthéniens. 94:
PrrrLocrraRrD,r"s, Lacédémonien, lY, plise du Pirée par les Péloponésiiensi
ilg, V, 19, 21, 2t, ù4. v, 26.
Putr,ocR,lrÈs, général athénien, Y, PrnÉoN, port de la Corinthie, VIII, t0,
tt6. il, t4, 15. 20.
Prur-octÈrr. ses vaisseaux. I. t0, Plsri:nnos,' Athénien, VIII, 49; per-
PrrLroNrE. ville du Pétoponèse. IV. {33. suade aux Athéniens d'abolir la-dé-
v, 52, É8; ses habitaïts rtiliasiensj mocratie, VIII, 53, 54; s'abouche
I, 27, IV, 70, V, 58, 59; son terri- avec Tissapherne, i6; revient àAthè-
toire, Ph^liasie, V,. 88, ils, VI, {0s. nes, 64 I étàblit le goûvernement oli-
PRocÉc, ville d'Ionie, VIII; 3t j ftro- garchique, 65. 68; exhorte les Sa-
céens,'fondateurs dê ltardeillé, I, 13. miens à en faire autant, ?B: est un
PHocÉes, quartier de Léontini, Y, 4. des principaux des quatre-cents, 90;
PHocrDE, province de la Grèce conti- s'enfuit à becélie. sJ.
nentale, voisinede la Béotie, tII, 9ir PIsrsrRArE. tyran d'Athènes, père
1

soumise par les Athéniens,' t, ioti d'Hippias, d'Hipparque et de The-ssa-


tes Phocéens alliés de Lacédénronei los. I, 20, VI, s4; purifie Délos, III,
II, 9; en guerre avec Ies Dorierrs dé 104; sa mort, VI, 54. Pisistrate, lils
la Tetrapole, I. to7: avec .les Lo- d'Hippias, vI1 5t+. pisist,ratides, yI.
criens, Ù, si; maitres du temple de
-s'éta- 53; leur modération. 54: renvbrséé
Delphes, I, 112 ; qrrelques-uns par les Lacédemoniehs, 5'3, 59.
blis-sent,'en Sicile. Vt,-r,
'athénien PrssourrrNÈs, Perse, I, 115; III, Sli
PlroRMroN, ginéral à Samos, pcre tl'Àmorgès, VIII, 5, 28.
I, ll7 ; à Poti(lée, I, 6i, rj5 ; attirqué Prras.lT È.s, bataillon qu'on
-I, prétend
les Chalcidiens, II, 29; revicnt-dc exister a Lacérlémone, 20. '
. Potidée, II. 58; secoult les Àcarna- PrrrrrAs, Corcyrden. IIlr 70,
niens, II, 68; ir'Naupactc, II. 60l Ii- PrrrAcos, roi des Edoniens, IV. t07,
u'e rleux cornbats a'la flotte uiltjno- l'tarÉn, ville tle Béotic , 'alliôe des
nisienne, II. 83, 85. 881 frLit une èx- Athéniens, II, 2; III, i2; envahie
pidition.'en ,tcarnairie, II, 102; les par les Théhains, II, 2; assiégée par
Acalnaniens demandent un de ses lcs Péloporrésiens, II, 7t ; ëvasiorr
parents pour général, III, 7. des Plateens, II,20; sa destruction.
PrIorros, chef des Chaoniens, II, 90. III, 68; platéens établis à Scione. v.
PtInrGrEs, enrlroit de l'Attiquc. IJ. 22. 32; auxiliaires des Athéniens en'Sij
PlnryNtcnos. général athr:nien. tltl,,rl. cile, VII. ir7.
?1, rs.; opposé à Alcibiacle, VIII;48; PI-IirturnroN, promonloire à Syracuse.
deposct VIII, 5q; souticnt I'oliqar- VI[,.4:. Ies forts que Nicias y avait
chie, \rIII, Û8, 901 assassiné, \iilI, consllurts sont prrs par Gylippe ,
92. 22.
PrrrurorrDr, partie de la Thessllie, I, PLErJRoli, ville d'tltolie, III. 102.
_ 3: IV., 78 ; Àchéens-phthiotes,Vlll, l. Plrsr.rrrciros, fils de Léonidas, I, 132.
Purtrnt)s, Bdotien, II, 2. Pr.rsro.{NÀr, roi de Lacédémrjne. son
PrtrRcos, fort en Itriphylie, y,
-II, '99.' 49. expédition' en phocide, I, to?i son
PHYscA, en ilIflcédoirie, invasion de l'Attique et sa retraite. I.
PHYTT.{, en Acarnanie. III. t06, t l4; suspect de tralrison, ff, rt ; eiilé
PlÉRIE. partie de lalfacédoine. II. 99. pou-r ce fait, il suborne la'pythie et
loù; golfe niérique, II, gr. obtientson rappel, v, t6: trivaille à
l3 poi*, V, t7-r 2t; fait une expédi-
PtÉnroN, endroit de lârËessalie, V. t3.
PTNDE, montagne de Thessalie, tî, io:. tion en Arcadie. Y,33; se mèt en
PIn.{TERIE, dtait cénérale dnns l'an- campagne après la bataille de flan-
cienne Gièce, I, -51 pirates, IlI, 51, tinée, V. 75.
IV.6r. Pnrsroi.e!, éphore à Lacédémone, y,
PrnÉh, port d'Âthènes, sa construction 19. 2t+,25.
par Thémistocle. I. 93; mur qui v PLO.\-GEURS? IV, 26, VIIr 25.
àboutit, I, t.0? i sori. enôeinte, Ii,'ten-
t3"1 Pxrx..lieu des assemblées du peuple à
n'avait pas de fontaines, II, 48; Athènes. YIII. 9?.
tative dès pélopondsienssuî ce'port, PorÉrr,rn{uns,'ofliciers supérieurs de
DES NOMS ET DES CHOSES. 581
I'armée lacédémonienne, VI, 66 ma- lq rV, trB, V,
gistrats des lllantinéens. V.'42.' I E-1ie1!
vI. t4. vIIr. 70.
nrésidence, 42,
PoLrcHNÂ, endroit près de Syracuse. Ps,lriurircnoÉ, père d'Inaros, Libyen.
VII, 4; endroit près de Clazbmènes.
VIII, t4; Polichnites de Crète. II. PrÉrÉos, ou PrÉr.Éor. localité incer-
85. taine, V, iB; fort sûr le territoire
Pous, village des llyééens, III, t0l. d.'Érythres, VIII, 24, 3t.
PoLLÈs, roi des OdoimanteÉ, V,'6. Prr':ouonos, Thébain, IV, 76.
PoLLrs, Argien, lI, 62. Prycrrr.L, ilot près de Corôr're, I\., 46.
Por,r.lnrHùs, Corinthien, VII, 34. ville de Dlacédoinè, I; 61. lJ7.
PrD^\-a,
PoLycR{,rE, tyran de Sâmosj sa ma- Pyt-os, place de nlessénie, occupée par
rrne, I, l3 ; consacre l'ile de Rhénéa les Aurenlcns, IV, 3; son port, 1B:
àApollon. I, t3, TII, t04. combats autorir de eylos. ^S ; tô.1;-
Por^yDAu tDAS, Lacédémonien, IV, 123, sastre de Pylos est mc'ntionrré, V, t4.
{29. V.I, 89, VII, 7t; à la paix, led aîhei
Por.vuÉoÈs, de Larisse,.II, 22. niens refusent rle rendre pylos. V.
Po_IJ sur le Strymon, tit, iol; àllinoa, 35, 39, 4;; ils en retirent les Ittesse-
'66.
_ IV, I 18; sur I'Anapos, VI, niens, 35; lcs y ramèncnt,56; de li
Pori-r-_Euxr.\, II,96, 97; pont,III, 2, ceux-ci pillerrt Ia Lacorrie, ili, \-I.
IV. 75. Ius, VII, I B, t6 ; Messénieirs d its de
PoRrp_.de Thrace ri Amphipolis, V, l0; /r7lo.,r, auxiliaires des Athéniens en
d.e Nisos àMégare, IV, its; luvert,é Sicile. YIL 5T.
par shatageme, Iv, 67; poterne, vI, PYnasrDNs, de Thessalie, II. 22.
I 00. Py_lllrÀ, ville de t csbos, IIt, lBr 25, 35,
Po-lflouE de temple, Iv, oo; au pirée, vIII, 23.
vIU. e0. Pxnnurcnos, Corinthien, VII. 39.
Porelirs, Syracusain, VIII, 85, Ptsrrros, fondateur d'Agrigeirte, vI, t.
PorrDANrA, place d'Éiolie. itr. se . PYTTTANT}E-Los, 'Lhebain, II, :.
PorroÉn , ville de chalcidioûe . allide Py'rlrrl,i Corinthien
d'Athènes, I, sG; sa déféctiôn. 59 : , , iI ,'104, vII , I,
7t.
assiégée
-par les. Athéniens, $Li dé'- PYrnùs, ebdéritain, II, :9.
penses de ce siége, II, 13, III; tT; PTTIIIQUEs (ieux), V. ,.
prlse .par eux, IlI, Z0; attaquée par
tf : oracle Dv-
thique, l,'i ol ;' 'epbtt'on pïthien .'ri-
Brasidas. IV. t3s. if , V[, 59; prêtrèsse du'temptd, V]
'de
PBÀsrEs, ville Laconie, II, s6, VI, 16; colonrre li placer dans le ieniplé
105,VII, ls; dème de l'Attique, VIII, tle Delphes, ta.
95. Pylrroronos , archonte énonyme à
PRÉTENDAN'Is d'Héiène, I, 9. Athènes. tl, : i jure Ie trâité, V, trr.
PnrÀpos, ville tle l'ltellespont, YIII, z4; général athtlnien en Sicile,'ilI,
{ 07. 115, lv,2, 65, Vr, {05.
PnrÈNn, ville d'Ionie, I, tt5,
PuocLÈs, général athénien, III. 9t. 98:
autre Athénien, V, I O, 24.
PnocxÉ, femme de l'érius, II,29. 0
PnoxNÉrxs, division de Céphalldnie,
II.30. QuÀTnE-CENTs, gouvernement aristo-
Pnoiyr,Éns de I'acropole d'Àthènes, II, cratique établi pendantouelque temns
I ù. à Athènes ; yliI, ô8, o7 : leirr tvrah-
PRoscrrroN, place d'Étolie, III, 102. !ie,. Jg; ils propos'ent la paif aux
PRosoPrrrDE, ile d'Égypte, I, to9. l,âCeclemontens. ?l I envOir:nt dcs
PRorÉ, ilot prèsde eliôs, Ïv. rs. députes à I'arrnée de'Samos. 22, B6:
PRorÉAS, général at.hénierr,I, 45. TI, 23. fortifient I'Ë étionéa du pir'ée, 9tr, o,.lr
PROTDSILAS, son sanctuaire, YIII, 102. sont renversés, 97.
PRo-rlEs des vaisseaux, reridues plus
soli4es, VII, 34, 16.
PnosÈxus, hôtes publics, II,29, Bi, III, R
2, 52, 70, IV, 78, V, 59, 76, VIII, 14 i
volontaire, III,
70;' proxénie, foncl nArrprn.\s, Lacédémonien. I. {3t. V-
tion-de proxcne, V,48, \rI,89. 12, 13; pùre de Cldarchos.'VIII; S;
PnoxÉxos, Locrien, III. t0l. 39, 80,
PnrreNÉu, é_dificc triuhli'c, II, lÉ,III, g9. RrIÉGtor*-,. ville d'ltalie: son origirre
PRxIÀNES, fraction du ôonleil'; exer- chalcidéenne, III, 86)'\rI, 44; sà si-
582 TABLE ATPHABÉÎIQUE
tuation, IV, 2û; sonterritoire, IV, It gée par eux, 130, l3l, V, t8; prise,
24, VII, 35; sa guerre avec les Lo- 32.
criens,.IV, {, i41 neutre dans la ScrRrrrDE, district de Laconie, V, 32.
guerre de Sicile, YI, 4it, 79. Scirites.67.
ttùÉxÉ.r. ile voisine'de Délos, I, 13, scrnourrÉs, générat athénien, VIII, 25,
III. lrl4. J+.
RnÉiÉos, ville de I'Hellespont, IV, 51, SCIRPHoNDÀs, Thébain, VII, 30.
vIIr. lol. Scor,os, ville de Chalcidique, V, I8.
nlrroxl promontoire d'Àchaïe, II, 8(, ScoMBRos (vulg. Scomios), montagne
s2. V. i2 l de [Jolvcrie, II, 84, 86' de Thrace, II, 96.
Rrrrr:usi enhroit dei'ettiqué, piès dt- Scvr-r-Éox , promontoire du Pélopo-
Ieusis. II. 19. nèse. V. 53.
RflITos,.endroit de Corinthie, IV, 42. ScvnoS, ile de la mer Égée, r, 98.
RHouE, ile d'origine dorienrre, alliée SCYTALE iacédémonienne, I, l3l.
d'Athènes, VII, 57: sa défection, VI II, ScrrHES. II. 96 1 Ieur puissance. 97.
44; frondeurs rhodiens, VI, 43; Pen- SscnÉr.rinn'de ia vilki à Athènôs, IV,
técontores rhodiennes, VI, 43. {18. vII. 10.
IlHrl-e, vi.lle d'-{,chaÏe, \rII, 3tr. Sr'rr-rnovrr, ville de Sicile I sa fonda-
tion, \'I, 4, VII, s7; alliée de Syra-
cuse, vl[, 58; sa guerre avec Égeste,
vI, 6, 47, 62 I vaisseaux sélinontins,
S VIII,26.
SENTTNELLES. leur clochette, IV. {35.
SÀBvLINTHos, chef des Molosses, II, 80. SÉpurrunes bns CanlBNs rr'nBé PnÉ-
SacoN, fondateurd'Himéra, VI, 5. NrclENS. I. I : Ies traitres ne Deuvent
S.rcnÉe .guerret, entreprise par les étre enteiréé en Attique, i, 1381
Lactldémoniens. I. t t2. sépultures irrégulières pendant la
SAnocos, {ils tle Sitalcès, II, 29; natu- peite, lt, 52; sé[ultures publiques à
ralisé ethénien. o7: livre les ambas- Athènes , II , 34: sépulture héroique
sadeurs péloporiésitins, 07. de Brasidas. V. I t.
SALÀnlrNE, ile àppartenairt à l'.lttique, SËRNIrLrENS, leur ville en Chalcidique,
VIII, 94; ravagùe par les Péloponé- I. 65, V, t8.
siens, lI, 93; gardée par les Athé- SESTos, ville de la Chersonèse, f, E9,
niens, III, 17; sert de station pour le VIII. 62, lozj ItJ41 ltJ?.
blocus de I[égare, lII, 51; bataillc SnurllÈs, roi des Odryses, II, 97, l0l,
de Salamrne, tl lr, tlz:, galère sala- IV, t0t.
miniennc, vi.isseari tl'elità ri ethènes, SrcÀNt.{ , ancien nom de la Sicile, VI,
III.33, 77, VI.;tr. 01. 2 I Sicaniens, 2 ; Hyccara, ville sica-
SelÉr:uos, iacéddrhonien. envoyé à nienne, 62.
]ltytilèné, III. 25, 2?; flis pai les SIc.r}..os, fleuve d ll-rérie, VI, 2; nom
Àthéniens et mis à mort. 3;'r. 36. tl'un général syracusrin, VI, 73, VII,
SÂL'r:*Tfiros, roi des Âgréens, III, III) 46, 5ô, 70.
lI4. lv. 77 . Stcrl-n, son étendue, vI, | ; sa popu-
Srrnlit:lts, de Céphallénie, II, 30. lation grecque et barbare,27 3, 4,5;
S-{}ros, ile d'lorrie, sa situ:rtion, VIII, sa distance deI'Afrique, vll, 5u; co-
iUi sa pulssancc, VIII, 78, T6; sa Ionisée par les Pélopbnésiens, I, tr;
guerre avec \lilet, I, tl5; sa défcc- ses tyrins, I, 14, ti; les ÀthénienÉ
tion riprinrée par Périclès, tt6, ll7; v envoient une première expédition.
st révolution dérnocratique. VItt. 2t. Ïv. eo. ct I edit'de pacification entré
73; la flotte athinienne y'stationné toris lôs Siciliens, Iv, 65; seconde
pendant Ia guerre d'Ioniè, VIII, t6, expétlition tlcs Athéniens, VI, l, 8, 30;
19,39,4i, 50, 60, 63, 90, 109. Grecs de Sicile (Sicéliotes), III, 90,
S,\NDros, coiiine en Crrie. lll, lg. It5, IV, 58, VI, 103, YII. 32t 57,
565: , ville <1e'f hrace, IV, 109. VIII, 2ii,
SArilrES,ville de L-vdj{r. I, I15. slcLi.r:s, peuplc liarbare de Sicile, V[,
SrrLrcÉus, Sicyonirin, \'II, 19. 2, IlI, E8,.1v,. tr,. v, &, .!I, 3,4,;
Scaxurl,l, port de (.ythôrer IV, l-rL. leur conduite.dans la première expé-
Scrru du roi dc Perse, I, 129; contre- dition des :\théniens,-III, ts3, tiS,
feit, 132. IV, 2ir I dans la rleuxième, unebartie
ScEr-LrÀs, Àthénien, VIII, S9. de'cetie nation est alliée des .qthé-
SctoNÉ, ville de Ia Pallène; se révolte nicns,!I, 62, 65, 88, 94, ViI. {. t, 3t
contre les Athéniens, IV, t20; assic- Srcroxri, r;ille du' Piloponèsé, 'I,'108,
DES NOMS ET DES CHOSES. 583
'1 lt, I14, II , S0, V, 52, VII, t9. VIII. SrRopHAcos, proxène dos Chaleidéens,
3; alliée des Lacétlémoniehs, II, S, IV, 78.
vII, 58. STRyMoN, fleuve de Thrace. I, 100, II,
SrDr]ssA, place d'Ionie, VIII, 24. 96, 99, l0l,IY.,_1.02, lo8, V, 7, VII,9.
SrcÉoN, ville de I'Hellespont, VIII? 104. STRYPTIoN, Lacdilémonien, IV, 3E.
STGNAUx de combat, l,-49. itt. VII. Brr: SuNroN, promontoire d'Attique, VII,
{gn1ux_-{e feu, ri, 'sL,'rr; 22,' g$: 28, VIII, 95; fortifié par les ethé-
IV, 42, VIII, lo2. niéns. VIII. 4.
SrMoNrnÈs, général athénien, IV, Z. SrB.lnri, fleu've d'Italie, VII, 35,
Srltos, fondateur d'Himéra, VI, 5: SyBorÀ, ileet port de la Thesprotide,
SlxcÉrns, peuple de 1hracb,V, tA. I, 47, 5rr, 52, 54? IlI, 76.
Sr-\TDS, p-euple de Thrace, I[, 9g. Svx.r. faubourE de Svracuse. VI.98.
SrPlrÆ,. ville de Béotie, IV, 76, 89. Svtrr;înos, fleùve tle- Sicile,'vI,'65.
StrelcÈs, roi des odrvses, II.'29: son Syn.rccsE, ville de Sicile; sii fondation.
expédition conl,re la Macédôine'ct Ia VI, 3 ; aussi grandr: qu'Athènes.VII.
Chalcidique, II, 95 ; sa mort, IV, tsl dominéd par_ le! Épipoles, Vt,
101. 96j ses conduits d'eau, vi, {ooi seé
SocnarÈs, général athénien, II, 23. ports, YI, 50, l0l, 102, VII,2122123,
SoLDE des fantassins et des cavaliers. 2ir, 3ti, ;i2 I fermeture tlu grand porti
V, 47; des hoplites au siége de potij vII, 5ô, 59, 60, 69, 70.
dée, III, tT; d-es matelots,'Vt. s, et.
VIII, 29, 45 ; des Thrac'es mercei
narres! VII, 27; solde donnée par
lissapherne aux vaisseaux pélopoiré- T
siensl vttt, 2s,45. TALENT D'ancENT, I, 96, l3g, II, 13,
So_r:LroN , village en Corinthie, II, 90, 24, 70,97, III, 19, ?b, tÎ, iz, v, ar.
III, 95, V, 30. vI,8.31,46, 62,94,'9;, VII, t6: {s.
Sor.ois, ville de Sicile, VI, 2. 83, VIII, U. .t5, 29. A4; poids, U,
SotyGlE, village en Corirrthie , IV. 41. 13 I mesure de tonnage, IV, tt8.
So_nuocl-Ès, général athenien,'lII r'lll j TAlros^, gouverneur de I'Ionie,
IV, 2, 3,46, 65. YIII,
31,87.
SPAHDAcos ,'père de Seuthès, II, I 0 I. Ta..,iÀcs1, ville de Béotie, I, I08, III,
Sp,{RrE, _IVr,B, {1, Bl, V, l4;'Spar- 91, IV, 76, 9t., 93, 97, VI[,29.
l.lates, I, 132 , III, ,00, lV, 8, BS; VI. TANT^I.oS, Lacérlemonien. IV, 75.
91, VIII, 19, VIII , 39.Voy. f,ecÉlÈj TA_RE.\rl:, ville d'Itàlie, yI,srr',
441 104,
IIONE. VII, t, VIII, t)1.
SpARr_oLos, ville de Chalcidique, II, TAULAlrrnNs.,-nation illyrienne, I, 24.
79. v. r8. TÂunos,
Lacédémonien,-IV, I 19,
Spni-ciÉnrn, ile située en face de Ta\rAReuES, officiers de I'armée athé-
Pylos, IV, B; Ies Lacédémoniens pris nienne. IV, 4, VII,60.
en cet endroit sont dits souvent'lcs TÉcÉn, ville'd'Arcadie, allide de Lacé-
p1isg1nlgrs. $e_t'ile, rV, to8 , y j ri , démône, V, 32, 62, 64, 741 7s,76, 82;
24,34,35, 43, 75. en guerre avec nlantinde,'IV, t31r, V;
STAcÈsr.-lieutenant de Tissapherne, 57; Ies I'dgéates occupent I'ailedroite
VIII . r6. de I'armée, V, 67; le-ur territoire, V,
Sr.lcrrinr-ville de l\Iacédoine , IV, E8, 65.
v, 6, lE. TELLTAS, Syracusain, VI, {0A.
SretÈirn, monnaie d'or, III, ?o i da- TELLrs, Laèédémonicn, V, lg, ri; père
rique, VIII? 28;.phocaÏte, iy, ir. de Brasidas, II,25, tII, 69. IV. Zb.
-
STEsAcoRAs, Samien, I, ll6. TÉruÉxrnris. anrê.treé deÉ rois a'e ma-
S1'II;NELAIDAS, éphore à Sparte) I, g5, cédoine, II,99,
vIil. 5. Tr'irrÉNrrÈs, futr-lgot8 de Syracuse, yI,
Srn.lroolilros, Lactiddmonien, II. 67. 75? gg, lo0, VII, 3.
STR.q.TotircE, sæur de perdiccas, II. l0l. TE\IPLES communsde la Grèce, III. 57.
STn.{Tos, v_ille d'Acarnanie, If , 80, gl, V, lB; quartier d'Àthènes où Sont
82,102, III. t06. situés les plus anciens, II. l5: Dro-
Srnr'iuos,' Athénien, I, tos. fanation. dês temples, I, tâ0, IIi Er,
SrnorrnrcuruÈs, générai athénien. IV, 97.; les temples des pays conquis
VIII, 15, 16,30, 62, ?9. appartlennent aux conquérants. IV.
SrRoMBrcHos, Àthénien. I. 45. 98.; on doit respecter-les temillesj
Srnoncrr-É , une des iles â'Éole . tII . meme en pays ennemi, IV, gi; dé_
88. pouilles suspendues dans les temples,
584 TABLE ÀIPITÀBÉTIQUE
III,57, V, t6; pour les diflérents Cents, YIII, 68. 89; sa mésintelli-
temples. voy. les noms des divinités gence aYec eux, 90; navarque lacé-
auxûuelôils étaient consacrés. démonien , VllI , 2ô ; tlaite avec Tis-
I'Éx.rn-n, promontoire de Laconie, I, sapherne. 36.'43, 52; son retour,38-
l2E, 133, VII, 19, I33. TnnÀ*rÉ, ville de Macédoine, I, 61, II,
TÉxÉpos, ile adjacente à la Troade, II, 29.
2E, 85. Ténédiens alliés dAthènes, THERMoN, Spartiate, VIII, It.
lll, 2, vII, 57. TrrEnltopÏLES, II, 101, III, 92, IV, 36.
TÉsos, une des Cyclades, VII, 57, VIII, TrrÉsÉr, II, 15; son temple, VI, 6t.
69. THESMopnTLÀQuES, magistrats d'ÉIis
TÉos, ville d'Ionie, III, 32, VIII , 16, V' lt1'
I9,20. THESprEs, ville de Béotie; son terri.
Ti:nrls. père de Sitalcès. II. 29.67. 95. toire. IV, 76 i les Thespiens dans
TÉHi;usi mari de Procné, li, :Ô. I'armée Lréotienne à Délion. 93 : sur-
TÉnres,'fleuve de Sicile,'VI; 50, 94, tout maltraités, 96; les Thdbaiis dé
TÉnrxÉnr (golfe), VI, t04. mantèlent Thespies. 133: les Thes
TERnE, son lemple à Atl)ènes, IIr t5, piens se soulèveit. vL gt ; auxiliailes
TEss.rnÀcosTn, rironnaie de Chios, YIII, des Syracusains, 1'II, 2ir.
l0t. THESpRorrDE, partie de l'Épire, I, {6.
lEurrApl-os, Éléen, III,29, 30. 50; Thesrrrotes s.lns roi, II, 80.
TEUrl-ussA,' ile adjacente' à la Carie, Tluss.{Lr}: i st fertilité , I, 2'; sa coll-
vIII. 42. quéte, I, 12; son gouïernement aris-
THAL-{MIENS, rameurs du rang infe- tocratique, IV, 78; son ancien pacte
rieur dans les trirèmes. IV. 32. avec Athùnes. I. 102. 107, II, 22;
THAPsos, presgu'ile voisine de S1'ra- expérlition des Athéniens porrr râme-
cuse, VI, 97; 99, t(rt, lo2? \-I[, 49; ner Ie roi Oreste, I,t t t ; tsraiiclas
ville de Sicilô. vI. 4. traverse la thessalie, IV. 78; les
TEARypÂs, roi des Molosses, II, 80.. Thessaliens font la guerre à Héra-
TuÀsos, ilê de la mer Égée,'ses mines, clée, III, 93, V, 51, VIII, 3,
I, t00; colonie de Paros, IV, lo4, THESSALos, fils de Pisistrate, I, 20, [v,
{07 i sa défection, VIII, 64. )J.
TuÉ,lcÉxÈs, tyran'de llégare, I, t26; Trrrlrns, prolétaires d'Athènes. VI, 43.
A.thénien, Iî, 27, V I Ig;24,' TlroRtcos, dème d'Attique, VI[[, 95,
THEATRE. vov. RÀccIIUS. Trroucr,rl:s, Athérrien, pèr'e d'-Eur5'rnd-
TnÈnrs. vittd ae Béotie. quartier qéné- don, III.80, 9l) VII, l6 I fondateul de
ral dés Barbares danÉ la guerre nlé- Naxos. YI.3.
dique, I, 9o; sa distance-de Platée, THnacr, I, ioo, II, 96, Iv. tot I Thra-
lI, 5, 22; z4i son territoire, III, 53 ;
ces indépendants armés tl'épées ,
ses deux lJéotarques, VII, 19;
IV, 91,'tes
II,29; en partie autonomes, en par-
ses ressortissant^s, tÎ, bf ; i'tré- tie sotimis à Sitalcùs, II! s6, t01;
bains prêtent rle' I'argent aux Co- thraces-Rithyniens, IV, 75; les Thra-
rinthiehs, I, :t7; fournissent de la ces exigent des présents, II, 97; sont
cavalerie à l'arn,ée DéloDorrésierrne, barbares et sanguinairos, \'II, 29;
II,9; surl)rcnnent'elaiée, lt, zi mercenaircs de cette natiou, IV, 129,
comba[tent- Ies Athéniens à Délion, Y, 6, YII, 27; les
Thraces habit,tient
IV. 93: démantèlent lhespies. IV. ancienncment la Phocide, II, 19; bat-
t3â: seéourent les aristocraies ihcsj tent les Àthéniens, I, 100, IV, lo2;
piens, VI,5 I por:rsuivent les Thraces leur expédition contre la Macédoine
qui avaient pillé Mycalessos, VlI, 30. et la CÈalcidique, II, l0o: pillent
Tn'ÉÉxÉ'ros, niatéen, III, 20. Mycalessos. VII, 29: leur manière cle
TurivrstoctR , archonte à Athènes. I, comblttre en retraite, YII. 30: villes
93 ; général, 74; relève les murs de grccrluùs tlu littoral de la Thrlce,
la ville. 9ol tourne les Athéniens I, 5,i, 68; II, I, V, 12. Portes de
vers la marine, 93 I son exil, 135; sa Thrace ii Àmphipolis, V, 10.
tetraite en Perse, l3? ; son éLrge et TlrR.{NITES, rameurs du rang supùrieur
sa mort, 138. dans les trinémes. VI . 31.
TnÉooonos, Athénien, III, 91. TrrRÀsrBuLos, généial athénien, parti-
TnÉor,vros, Àcarnanien, II, t(r2. san rle la dénrocratic, VIII, ?3, ?5,
THÉonrs, deputds sacrds, V, t6, VI, 31 7ô1 ramène Alcil-riade, 8l; se rend
magistiats'à Mantinée,' V. 42.' dans I'Hellespont. 100; commanrle
THÉRA, une des Cyclades, Il,1). I'aile droite dans le combat nat'al.
THÉn.c,ilÉxÈs, Athinien, rin des quatre- 104; est rainqueur, l()5.
DES NOMS ET DES CHOSES. 585
funlstcrÈs, Athénien , V, Ig, zL, nésiens à lui Iivrer emorsès, cZ. 29:
VIII,15,17,19. se brouille avec eux, 4f ; sâ p'olitiqué
TuRAsyLLos, Athtinien. partisan de la ambiguê, 45 ; irritation dei soldàts
démocratie, Yltl, 7 i,' iZ ; élu géndral péloponésiens contre lui, 7g; solr
par les soldats, ?6; se rcnii dlns v_oyagç a Aspendos, 87, 88r 99.
I'Hellespont, t00; commande I'aile TLEIoLÉMos, général athénien , I,
gauchedans Ie combat naval, lo4, 117.
est vainqueur, 105. Argien , V; Tor,uÉos, Athénie,n, père de Tolmitli's.
59, 60. I, t08, tI3; père d'Autoclès, I\..
Txn-tsynÉrtoes, Sparliate, IV, I l. 53, t,e.
THnrA, plaine voisine d',Éleusis, I, t14, Tor,lrtuÈs, général athénien r I, l0B,
II, l$, 20, 21. 113; Platéen, III,20.
TrrRoNroN, ville des Locriens-Épiecné- ToLopnoNrENs, peuplade locriennc.
midiens. II. 26. III. tUT.
Tuu,cyDrDi, fils d'Oloros, IV, t04; at- Tolonrros, Ophionéen, III, I00.
teint de la peste, II,4li; possesleur ToMÉos. Athénien, IV, I t9.
de mines d'or, IV, 105 ; comtnlnde ToRoNE; ville de Chalcitliqrre, prise pnr
une flotte athénienne. {05 i ârrive BrasrdÂs, IV, {10, reprise par les
trop tard.au secours d'Amphipolis, Atlreniens. V. 2. 3.
106; protege Eïon contre Brasidas, TonrLAos, Thessalien, IV. 7s.
107; passe vingt ans en exil, V, tueôururr,(Héractée én),' III, I00, l',
26; ses motifs pour écrire son his- 12, Trachrniens, III, 92.
toire, I, l, lgi-autre Athénien du TnÂcur, ile adjacente à la Carie ,
môme nom, I, ,77; Pharsalien, I, t6.
vIII, 92. TnEMrlLr;]lErr
' de terre à Sparte , I,
TITURIATES, de_ Laconie, I, lot. lOt, II, 27, t'18, lII, 54; à Délos, lI.
ville d'Italie, VI , 6t, sg, I04,
THURil,'33, 8; dn divers lieux de la'ûrùce, f, zr,
VII, 35, 57 ; soh territôirc, Vtr, III, s7, IV, 52, 56, VIII, 4l; cfluse
35: vaisseaux thuriens auxiliairés deÉ des inondations, III, sO i fait lever
Lacédémoniens en Ionie, VIII, 35. les assemblées, V, 4i, 5o; arrête une
6l: mutinerie de leurs matelots, S4, expedition des Lacédémoniens, yI,
THYAilrrs, fleuve d'.Épire, I. d6. 95. trIII.6.
Txyeuod, montagïe ' tl;Acarnanie , Tnrlt,rr:t-r rle Delphes, I,lïzi IlIt i7.
III, t06. Tnrinns, peuple de Thiace, II, 06.
Tnxuocne.nÈs , général athénien , TnËzÈse, ville du Péloponèse, I. tti.
vIIr,95. IVt 211 45, 118 ; son- terfitôirê, lt.
TltrnÉe, ville de C;'nurie, Y, 4l; don- 56. IV. 45.
née aux ÉginèteË , tr,'27', IVr 56 ; Tnrn-ellinris, peuple de Thrâce, II, 96,
prise par les Athéniens, Iy, 57; son IV, 10t.
tenitoire, II, 2?,VI, 92. Tnrnl'r pavé aux Athéniens par leurs
?Hrssos, ville del'Athos, IV, {09, alliés,-lt, 13. 96 ;.lixé par Aristide, I,
TIcHroN, village d'Étolie, flf, so. 96, v; 18; abrogé, vli, tB.
Trcurussa, place du territoire de }Iilet, TRIÉRÂReuES, commantlants des trirè-
vtII, 26. 28. mes uthéniennes, II, 14,'zoyI. 3t:
Ttrrr.rÉnxS, peuple de Thrace, II, 96. leurs ollligations, VII, '
Trvroones de Tégée, IIr 67; de Cjeique,
; élui
comme les generaux, YIII, 26.
VIII, 6,39. TRTNAcRTÂ, ancien nom de la Sicile,
Tlue,non, Corinthien, I, 2g. vI, 2.
Trlr*rtnùs, Corinthien,' I, 29. TnroproN , promontoire de Carie ,
TrntocnetÈs, Lacéddmonien. II. 85: VIII, 36.
s'égorge pôur ne pas.être'fait pril Tnlloorscos, village en ltégaride
,
sonnier. II, !r2. Athénien, III,105, lv, 70.
V, 19, 24; Corinthiùn, II, 33. TnrnÈltrs, vaisseaux à trois r:rngs de
Tls.rrtt;xos, 1'rachinien, IlI, 92. rames; les prernières furent conJtrui-
Tls.rr"onos.. Apodote, IiI, lb0. tesâ Corinihe, I, 131 Itigères ou ser-
Trsr-\s, ethénièn, V, E4. vant au transport des soldats. yl.
TISrUÂcuos, Athénien, V, 84. 43; réparées âux frais des triérarl
Ttss.{pHERNE. satrtpe de I'Asie mari- ques, YII, 3E; Ies matelots athéniens
time, YIII,' 5, l6; aDpelle les Pélo- recevaient trois oboies de solde,
ponésiens, f; fait rrn ti"aité avec eux, YIII, 45.
17, 36, 57t vaincu par les ÀthénienÉ TnrTÉRxs, peuplade-locrienne, III; t01,.
'
tlevant Milet, 25; engage les Pélopo- TRoaDE (Colones en), I, lll.
580 T,{BII AIPHffiÉTIOM.
înocrr.os, endroil voisin de sïrûouss, yutc.{lN
88. ,'
$e! f0tgcl
u-- à llirin, m
VI,90, VII, l. ,

TBoIE, sa guerre, I, 8, I, tl, 12;


lroyens établis en Sicile, VI, 2; re-
I, 12, I1. 68; les
tourdes Grecs.
fondateurs de Scioné reveÉaient de x
Troie, lV, 120; la migration desBéo-
tiens est postérieure de soirantg aus, X.rNrnltpos, père de Fériolès, I, ilt,
I. 12. t2?, rI, r3,3t.
TnônnÉr, érigé par les deux partis, XÉneirÈs, éfbore à Sparte, V, 86,
I, 105, II, 62, IV, 134; le bouclier de 37; 3ù, 46 i autre Lacédémonien,
Brasidas placédans un trophée, IV, I2; v.5t.
carcasse de vaisseau ennemi servant delÉxÉr,tslu, loi qui, à Lacédémone. in-
trophée pour une vicioire navale, II, terdisait' l'étairlibsement des ét'ran-
84,'92 : leirophée d'emphipolis subsisl Bers, I, 144, lI, 39.
tait encore a I'époque où 't hucydide a I'Ésocr,rols, Corinthien, I, 46,
écrit, V, to; trophée renversé parce III, 1t4.
que ceux qui I'avaierrt élevé n'é- Xrlnou, Thébain, V, Z.
taient pts rcsttis rnaitres tlu champ XrlxonrlxÈs, Athénien. VI, 8.
de bataille. VIII. 24. \uNoprIANTrD.r.s, Lacédémonien, yIII.
TRorrLos-, place dê Sicile, VI, 4. 55.
TvuÉ.us, de-Chic's, Vttt, ft. XÉ_tqopnox , général athénien , II ,
TTNDÂnE. I.'Grèce,
9. 70 , i9.
TTRANS cir I,
13, 171 renversés XÉNorruos., Àthénien , II , 23.
par les Lacétlcmoniens, lB; puis- Xeasus, roi des Perses, I,'1q, ll4, ilg,
sance des tyrans de Sicile, {4; t7; 129, III,56; sa let[re à tâusairias,
tyrannie tles Pisistratides, VI, 53, i4 , I, 129; Arta.rerxès son lils iui suc-
59; époque de leur expulsion, VIII, cède, I, l3?, IY, 50.
68; politique des tyrans, VI, 85; XrN@crÂ, fete à Athènes, II, 15.
I'empire dds ethenieàs est une sorté
de tliranrrie, Il, 63, III, 37, VI, 85.
TtnnuÉxrn, Vl, 8û i Tyrrhéniens auxi-
liaires des Atlréniens en Sicile. VI . 7,
t03, VII,53,54. 57: nrer tvrrhéniênne.
VrI; 58i eoifi tyrrhénien, VI,62i Ze,ctNTnr, ile de la mer lonienne, II,
Pélasges-Tyrséniens, IY, 109. 7, 80, IV,.8., 13j7, 3!; sa situation,
II.'.a,0ialliée de Corcyre, I, 4z I ries
Athéniens. IIj 9, Vn,- i7:
U Za-nclÉ, ancie n nom de Messine, VI, 4;
fonde Himéra. s7.
ULf:ssEr traverse le détioit de Charybde, zANcLoN, nom de la faux chez les Si-
IV,24. cules. VI. q.
zEqxrDAMos, Lacédémonien, père d'Ar-
v chidamos,'II, lg, ttï
znuxrDAs, Lacédémonienr V, lg,
, IIlr'l'.
2+
VÉxus, son temple à Éryx; VI, d6. ZopYRE, Perse, I, 109.

FrN DF LA TASLE AlluanÉrrpue,


TABTE DES MÀTIÈRES.

LIVRE I.
Inffoiluction L'auteur passe en revue les temps primitifs de la Grèce,
afin de prouver que la guerre du Péloponèse a surpassé en impor-
tance toutes les guerres qui avaient précédé, ch. l-xrx. qu'il
s'est proposé dans la rédaction de son ouvrage; méthode-Butet moyens
qu'il a employés pour y parvenir, ch. xx-xxrlt. Épidamne et
Potidée. Événements qui provoquèrent la guerre-du Péloponèse.
Àffaire d'Épidamne; guerre entre Corcyre et Corinthel premier
combat naval, ch. xxrv-xxxr.- Les Corcyréens obtiennent l'alliance
d'Àthènes. Discours des Corcyréens et des Corinthiens, ch. xxx[-
xl,tn. Second combat naval entre les Corcyréens et les Corinthiensl
fin de la guerre tle Corcyre, ch. xrrv-r,v. Défection de Potidée;
combat livré sous les murs de cette ville- et siége commencé par
les Athéniens, ch. Lvr-Lxvr. Lacédémoniens, dans leur as-
semblée ordinaire, déclarent -Les
que Ie traité avec Athènes est rompu.
Discours des Corinthiens. des Athéniens. d'Archidamos et de Sthé-
néIaïdas, ch. lxvlr-r,xxxvtr.-
- Les cinquante ans. Digression sur
la période écoulée entre les guerres médiques et celle du Pélo-
ponèse. Progrès de la puissance des Athéniens; origine et condi-
tions de leur empire, ch. lxxxvitr-cxvllr.
Les Lacédémoniens convoquent une assemblée - Préparatifs tle guerîe.
générale de leurs
alliés, et conviennent avec eux de déclarer la guerre aux Àthé-
niens. Discours des Corinthiens, ch. cxrx-cxxv.- Plaintes et ré-
criminations réciproques des Lacédémoniens et des Athéniens.
Conjuration de Cylon ; sacrilége à expier, ch. cxxvr-cxx\rrr.
-
Trahison et mort de Pausanias, ch. cxxvrrr-cxxxrv.
Thémistocle, ch. cxxxv-cxxxvrrr.
- Exil et fin rle
Ultimatum des Lacédémoniens,
ch. cxxxrx. Les Àthéniens se -décident à la guerre. Discours de
-
Périclès,ch.cxr.-cxr,vr.... .,..e.... 1

LIVRE II.
Premièreanùëe de la guene. Entreprise des Thébains conlre Platéb,
ch. r-vr. Préparatifs et ailiés des deux partis, ch. vu-IX. Les
- -
588 TABIE DES MATIERES.

Péloponésiens se rassemblent ll l'lsthme, ch. x.


chidamos, ch. xr.
- Harangue d,Ar-
Inutile envoi d'un parlementaire à Athènes,
ch. xrr.
-
- Périclès expose aux Athéniend son plan de guerre, ch. xur.
-deRetraite des campagnards dans la ville ; digression sur l,ancien état
I'Attique, ch. xrv-xvrr. invasion des pélopcnésiens
en Àttiquel enroi d'une flotte - Première
athénienne autour du péloponèse,
ch. xvru-xxv.
- ExpéCition navale des Athéniens contre
ch. xxvr.- Exp-ulsion des ûginètes, ch. xxvtr.
la iocride,
Éclipse de soleil,
ch. xxvlrr. -
des Athéniens aVec Sitalcès, roi des Odryses,
ch. xxrx.-Les -Alliance
Athéniens prennent Sollion. Àstacos et Céphallènie,
envahissent la Mégaride et fortifient I'lle d'Atalante, ch. xxx-xxxrr.
I'hiver, expédition des corinthiens contre astacos , ch. xxxlrr.
- Dans
Sépulture des Àthéniens morts dans les combats de l'été, ch. xxxrv.
- Oraison funèbre prononcée par périclès, ch. xxxv-xl vt.
-année de la gunre. Seconde invasion des péloponésiens - Deurième
en Atti-
que. Peste d'Athènes, ch. xr,vri-r,vlr. Renforts envoyés à I'armée
athénienne assiégeant Potidée, ch. r,vrrr. - Irritation des Athéniens
contre Périclès, ch. r,rx, Discours de- périclès, ch. lx-l,rrv.
-
Mort de Périclès et jugement porté sur son adrrinistration, ch. r,xv. -
- Expédition de nayale des Péloponésiens contre Zacynthe, ch. lxvr.
députés lacédémoniens enroyés au roi de perse,
-Arrestation
ch. r,xvn. Expédition des Ambraciotes contre Argos Àmphilochi-
-
con, ch. Lxvrrr.
- Dans I'hiver, opérations maritimes des Athéniens
contre le Péloponèse, la Carie et la Lycie, ch. rxrx. prise tle
Potidée, ch. lxx. Troisième annde de la guerre. Siége - de platée
-
par les Péloponésiens, ch. rxxr-r,xïvrrr.
Spartolos. ch. r.xxrx. - Défaite
Défaite des Péloponésiens
des Athèniens à
à Stratos, ch. r,xxx-
Lxxilr. -
- Batailles navales dans le golfe de Tentatit'e
tsrasidas et de Phormion, ch. Lxxxrrr-xcrr.
Corinthe; harangues de
des pélopoué-
siens sur le Pirée, ch. xcru-xcrv. -
Expédition de Sitalcès en Ma-
cédoine; digression sur le royaume - des edr.vses, ch. xcv-cr.
Expédition de Phornion en Acarnanie, ch. ctr-crr. -î6

LIVRE III.
Quatriùne annCe d,e l,a guerre, Troisième invasion de I'Attique par
Ies Péloponésiens, ch. r. Lesbos, excepté Méthymne, se révotte
contre les Athéniens, ch. -u-vr. Expédirions maritimes des Athé-
-
niens contre le Péloponèse, (Eniatles et Leucade, ch. vn.
- Les
Péloponésiens reçoivent les Lesbiens tlans leur alliance: dis{.:ours
des députés de Lesbos, ch. vur-xv. d'une flotte athénienne
-Envoimaritimes
le I'éloponèse, ch. xvr. - Forces déployées par
_contre- -tie
les Àthéniens, ch. xvrr. Les Athéniens commencent le iiége
Mytilène, ch. xvrrr. -
Dans I'hiver, les Àthéniens s'imposent une
première contribution- de guerre et envoient Lysiclès lever le tribut
chez les alliés, ch. xrx. Évasion d'une partie des Platéens assié-
-
TABTE DES MATTÈRES. 589
gés, ch. xx-xxrv.
ch. xxv.
- Envoi du tacédémonien Saléthos à Mytilène,
Cinquième annde d,e la guerre. Quatrième invasion de
I'Àttique -par les Pélcponésiens, ch. xxvr.
ch. xxvrl-xxvlrl.
- Reddition de Mytilène,
Une flotte péloponésienne fait une apparition en
-
Ionie, ch. rxrx-xxxrr.
- Pachès lui donne la chasse, ch. xxxlrt-xxxlv.
-LesIl Athéniens
envoie à Athènes mille Mytiléniens prisonniers, ch. xxxy.
condamnent à mort, tous les Mytiléniens; nouvelle
-
assemblée ù ce sujet, ch. rxxvl. Discours de Cléon, ch. rxxvlI-xl.
-
de Diodotos, ch. xr,r-xlvjrr.
- Discours
tent - LeslesAthéniens
de punir les coupables et rle confisquer
se conten-
terres de Lesbos,
ch. xr,Lx-r,. - Nicias s'empare de }Iinoa, ch. r,t. - Reddition cie
Platée, ch. r,rt. Platéens, ch. r,rtr-rrx.
- Discour.s desles
des Thébains, ch. Lx-rxvlr.
- Réplique
Platéens sont mis à mort et leur
viile rasée, ch. r.xvut. - de Corcl-re, ch. lxrx-rxxxr.
Digression sur les troubles- Sétlition
tle la Grèce, ch. lxxxrr-r.xxxv.
-
d'une flotte athénienne en Sicile, ch. r,xxxvt.
- Bnvoi
Dans l'hiver, recru-
descence tle la peste à Athènes, ch. r,xxxvrr. -Expéclitions des Àthé-
niens en Sicile et cles Rhégiens contre les îles - d'Ilole, ch. lxxxvlrr.
de guerre. Tremblements de terre et inonda-
- Sirième année La
tions sur divers poirrts tle la Grèce, ch. Lxxxrx, Les Athéniens
s'emparent de Messine, ch. xc.
-
- Expédition marilime conlre le
Péloponèse et contre }Iélos, ch. xcr. -- Fondation d'Héraclée-Tra-
chinienne, ch. xcrr-xcrrr. - Expédition malheuleuse de Dénrosthène
eu Étolie, ch. xcrv-xcyrrr. Athéniens contte Locres,
- Expéditiontlesdes
ch. xcrx. - Tentative infructueuse Lacédémoniens et des tto-
liens contre Naupacte, ch. c-crr.
- Dans I'hiver,Guerre
ch. cur. - Purification de Délos, ch. crv.
combats en Sicile,
des Acarna-
niens et des Ambraciotes, ch. cv-cxrv.
-
Àfl'aires de Sicile, clt. cxv.
Eruption de I'Etna, ch. cxvr.
- 135
-

LIVRE IV.
Septième année d"e Ia guerre. Prise de lfessine par les Syracusains.
ch. r. en Attique. Dé-
- Cinquième invasiorr des Péloponésiens
mosthène fortifie Pylos, ch. u-vr. Éon en Chalcidique conquise
et perdue par les Àthéniens, ch. vu. -
Lacédémoniens, ch. vur-rx. - Attaque de Pylos par les
Hararrgue de Démosthène à ses sol-
-
dats, ch. x. ._ Combat sous lesmurs tle Pylos. Une troupe de Lacé-
démoniensbloquée dans i'ile de Sphactérie, ch. xr-xry.-Armistice,
ch. xv-xvt. Athènes, ch. xvrr-xx.
- Discours des Laceùémoniensà
Reprise des hostilités, ch. xxr-xxrrr. Événements militaires en
-Sicile, ch. xxlv-xxv. CIéon preud le- commandement des Athé-
niens à P1'Ios et fait - prisonniers les Lacédérgoniens de Sphacté-
rie, ch. rxr/r-xtr.-Expédition navale des Athéniens en Corinthie,
ch. xlrr-xtv. Nonveaux troubles à Corcl're; massacre du parti
-
aristocratique, ch. xr.vl-xlyru. Prise d'Anactorion par les Athé,
-
-590 TÀBIE DES MÀTIÈRES.
niens et les Àcarnaniens, ch. nm. - Dans I'hiver, arrestation d'un
ambassadeur du roi de Perse par les Athéniens, ch. l. Chios d.é-
mantelée, ch. lr. Huitième année de la guerre, Les - bannis de
-
Mytilène s'emparent d'Antandros, ch. r,n. Les Athêniens font la
conquête de Cythère, ch. uu-1,v.
-
- Prise de Thyréa par les Àthé-
niens, ch. r,vr. Les Grecs de Sicile font Ia paix entre eux.
-
Discours d'Hermoctatès, ch. Lvu-Lxv. -
- Les Athéniens s'emparent
de Niséa et des longs murs de ltégare, ch. r.xvr-rxxrv. ûs re-
prennent Antandros.
-
de Lamachos dans le Pont, ch. r,xxv.
-Revers
des Àthéniens contre la tséotie, ch. rxxvi.
-Entreprise - Brasidas
conduit par terre une armée péloponésienne en'l'hrace, ch. r.xxvtt-
Lxxxr. - Son expédition contre Arrhibéos, roi des LJncestes,
ch. r.xxxrlr. Brasidas s'empare d'Acanthe. Son discours aux
Acanthiens, -ch. lxxxrv-lxxxyr[.
- Dans I'hiver,
fortitent DéIion, ch. r,xxxrx-xcr.-Harangue
Ies Àthéniens
de Pagondas aux Béo-
tiens, ch. xcII. -Dispositions d'attaque, ch. xcur-xcrv.
rl'Hippocratès aux Athéniens, ch. xcv. -Harangue
-tsataille rle Délion; défaite
des Athéniensl prise de Délion par les Béotiens, ch. xcvi-cr.-Iha-
sidas s'empare d'Àmphipolis, ch. crl-cvnl. -- Ses progrès sur ie
littoral de Ia'lhrace, ch. crx.- II plend Toroneet Léclthos, ch.cx-
cxvl. Ia ylueme. 'l'rêve entre -{1liùrres et Lacé-
- Neut;ième année deDéfection
démone, ch. cxvrr-cxrx. de Scione et de llendé soutenue
-
par Ilrasidas malgr'é la trêve, ch. cxx-cxxrrr. Secoude expétlition
de tsrasitlas et de Perdiccas contre Àrrhibéos,- ch. cxrrv-cxxvrrr.
Les Àthéniens reprennent }Iendé et, assiêgent Sciurre, cir. cxxrx- -
cxxsr. Perdiccas se réconcilie âvec les Àthénielis, ch. cxxxrr.
-
Les 'fhébains dénrantèlent 'l'hespies. Incenrlie du temple rle Jutron -
à Argos, ch. crxxrrt. Dans I'hiter, conrbat tles .triarrtiuéens et
-
rles 'I'égéates, clrap, cxxxtv. Teirtirtive de Blasirias srrr Potidée,
ch. cxxxv. - .... . r. 194

LIVRE V.
Diæièrroe annde de La guerre. Les Àthéniens expulsent de leur lle les
Déliens, ch. r.
- Cléon reprend Torone, ch. rr-nr.- Àmbassade
des Athéniens en Sicile, ch. rv-v. CIéon marche contre Âmphi-
polis, ch. vr-vrrr. - Harangue de - Brasiclas, ch. rx. Bataille
d'Amphipolis; mort de Cléon et de Brasidas, ch. x-xr.- - Dans
I'hiver, Ramphias part de Lacédémone avec des relrforts destinés à
I'armée de Thrace ', Ies nouvelles pacifiques I'engagent à rebrousser
chemin, ch. xu-xrir. de paix, ch. xrv-xv[.- Traité
. de paix entre Àthènes- Préliminaires
et Lacèdémone, ch. xvlrr-xx.-Cléaridas
refuse de rendre Amphipolis, ch. xxr.
Lacédémone, ch. xxrr-xxrv. - Alliance d'Athènes et de
0nzième année de Ia guerre. Ob-
servations chronologiques sur- Ia ùurée de la guene du Péloponèse,
ch. xxv-xxvi.-I,es Àrgiens se mettent.à la téte d'uneligue opposée
TABLE DES MATIÈRES. 59l
aux Lacédémoniens, ch. xxvu-xxvrrr. entre dans la
- Mantinée
ligue d'Argos, ch. xxrx.- Les Lacedémonierls essayent inutilement
d'engager Corinthe et Ia Béotie dans Ie traité de paix conclu par
eux aveo Athèrres, ch. xxx. Les Éléens, les Corinthiens et les
- d'Argos, ch. xxxl.- Les Athéniens
Chalcidéens entrent dans Ia ligue
reprerrnent Scione. Les Tégéates et les Béotiens refusent d'accéder
à la ligue d'Argos, ch. xxxrr. Expédition des Lacétlémorriens
contre Parhasie, ch. xxxlrt. -
Récompenses accordées aux soldats
-
rle Brasidas; dégradation des prisonniels de Splractérie, ch. xxxrv.
Prise de Thyssos par les Diens, ch. xxxv. Dans I'hiver, intri-
-gues des éphores pour rom1)re la paix, ch. - xxxvr-xxxvrrr.
Lacédémouiens concluent une alliance séparée avec les Béotiens, - Les
clr, xxxrx. de la guerre. Pourparlers entre
- Douz'iètnech.annë,e
Àrgos et Lacédémone, xr-xlr. rasent Panacton
-Les Béotiens
avant de le rendre aux Athériiensl ceux-ci, ilrités à ce sujet contre
les Lacédémoniens, concluent une alliance avec Argos, Mantinée et
Élis, ch. xlrr-xlvrr, - Corinthe se réconciiie avec J,acédémone,
ch. xlvru.- I)émêlés entre les É,léerrs et les Lacédémoniens au
sujet de Lépréon, ch. xlm-1.-Dans.I'hiver, défaite desHéracléotes
I par les (Etéens, cir. i.i. Treiriètne année de lo guene. Expé-
, tlition d'Àlcibiatle dans le- Péloponèse, ch.lrr. Guerre entre Argos
I et Épidaure, ch. Lnr-Lrv.- Dans l'hiver, les - Lacédémoniens en-
roient des secours aux Épidaurieltsl pour ce motif, les Athéniens
| ,Iéclarent le traitê, rompu, ch. r,vr.'-- Qttaforrième année rle la
1 luerrl. Expédition des Lacédémoniens contLe Ârgos ; trêye de
i quatre mois, ch. Lyrr-Lx.
- Ileprise tles hostilités. Les Argiens
slemparent d'Orchomène et menàcent Tégée, ch. lxr-r,xu.- Les
, Lacédérnoniens marcheut au secours des Tégéates, ch. Lxtrr-Lxrv.
de Nlantinée; victoire des Lacétlémorriens, ch. rxv-r,xxrv.
-Bataille
Hostilités cntre Àrgos et Épidaure, ch. r,xxv. Dans I'hiver,
r -paix et alliance des Lacétlémoniens et des Argiens,-ch. r,xxvr-lxxrx.
de la ligue d'Argos, ch. r,xxx-l,xxxr.
- Dissolution
année de tra guerre. ltévolution démocratique à Argos;- Quinztèrne
alliance
rle celfe ville ar,ec Athènes. ch. lxxxrr.- Dans I'iriver. exnédition
des Lacédémoniens contre Àrgos et des Àrgiens contrje Piilionte,
clr. rxxxnr. Seixième année de la guerre. Expédition des Àthé-
lriens corrtre- l'île de IIéIos, ch, r,xxxrv. entre les
- Conférence
députés athéniens et les MéIiens, ch.lxxxv-cxrrr. Siége de Mélos,
ch. cxrv. -
- Ir,ntreprises diverses des Argiens, des À1héniens, des
Lacédénroniens et des Corinthiens, ch. cxv.-_ Dans I'hiver, prise
dp ll:lélos par les Àthéniens; crueL traitemeut inf)igé à cette ville,
clt. cxvr.. ...... 263

LIVRE YI.
:

Les Àthéniens projettent de concluérir la Sicile; grandeur, population


et colonisation de cette île, ch. r-vr.- Expéditions des Lacédémo-
592 TABTE DES MÂTIÈRES.
niens en Argolide et des Àthéniens en Macétloine, ch. vrr.
septième année de Ia guerre. Les Àthéniens décrètent I'entoi d'unr
- J)io
flotte en Sicile pour secourir les Égestains et rétablir les Léontins
ch. vur. Nicias s'oppose à cette expédition, ch. rx-xrv.
biade au -contraire la recommarrde. ch. xv-xvrrr. -Àlci
- Les Athénien
votent I'expédition de Sicile, ch. xrx.-Nicias cherche à les effrâye
par la grandeur des préparati[s, ch. xx-xxIII.- Son discours pro
duit I'effet contraire, ch. xxry-xxv. - Commeneement des prépara
tifs, ch. xxyl - Mutilation des Hermès, ch. xxvrr-xxrx.
la flotte athénienne, ch. xxx-xxxrl. - Départand
À Syracuse Hermocratès
-
nonce I'approche des Athéniens et sollicite des mesures de défcnse
ch. xxxrlr-xxxrv. - Àthérragoras cherche à le réfuter en pallan
dans le sens populaire, ch. xxxv-x[.
débat, ch. xlr.
- Un d,es généraux met fin ar
Marche de la flotte athénienrte, ch. xr.u-xlrv. -
-
Préparatifs tles Syracusains, ch. xl,y. de guerre tenu fa
les génér:aux athérriens, ch. xr,vt-xlrx.
- Conseil
Naros et Catane se décla
rent pour les Àthéniens, ch. r--llr. -
- Rappel d'Alcibiade,
Diglession sur les Pisistratides, ch. Ltv-r.rx.
ch. r,lrr
-iI est condamné par contumace, cb. tx-lxr.-Prise -Àlcibiade s'échappe
d'Hyccara pa
les Athéniens, ch. LxIr.-Dans l'hiver, les Athéniens abordent prè
de Syracuse, battent les Syracusains et retournent à Catane, ch. Lxrrr
LXxr.
- Les Syracusains demandent des secours à Corinthe et
Lacédémone, ch. Lxxrr-Lxxrrr.- Les Àthéniens hivernent à Naxos
i

ch. rxxrr'.
- Les S.t'racusains se fortifient, ch. rxxv. - Àmbassad
des deux partis à {lamarinel discours d'Hermocratès et d'Euphémos
ch. rxxvr-r.xxxvrr. - Corinthe et Lacédémone décident I'envoi d,
secoul's à Syracuse, ch. Lxxxvtrr.-Discours d'Alcibiade, ch. r.xxxlx
xcrr.
- Gylippe est désignè pour aller prcndre le commandemen
des Syracusains, oh. xcrrl.- Dir-huitiènte année de la guerre. En
treprises partielles des Àthéniens et des Lacédémoniens. ch. xcrv
xcv.-Les Àthéniens s'établissent sur les Épipoles et entreprenuen
Ie siége de Syracuse, ch. xcvr-xcvrr.
- Ils commencent I'investis
sement de Ia place; les Syracusains cherchent irrutilement à s''
--Gylippe arrive en Italie avec des ren
opposer) ch. xcvlu-crrr.
forts, ch, crv. Les Lacédémoniens envahissent I'Argolide; le
-
Àthéniens ravagent les côtes de Laconie I rupture ouverte de I
paix, ch. cv.. . . 3l

LIVRE VII.
Gylippe arrive à Syracuse par lliméra; il prend le fort de Labdalon
ch. r-rtr.- Les Syracusains élèvent un mur à travers les Épipoles
Ies Athéniens fortiûent le Plemmyrion, ch. rv.
- Deux
terrel dans le premier les Syracusains sont vaincus,
combats su
dans le seconr
vainqueurs, ch. v-vr.- Àruivée de la flotte corinthienne à Syracuse
ch. vrr.- Niciasdemande des renforts àAtlrènes, ch. vrlr.-Expé
TABLE DES M^TIÈRES. 593
dition des Âthéniens contre Amphipolis, ch. rx. I'hiver, la
Dans
-
dépêche de Nicias parvient à Athènes; son contenu, ch. x-rv.
-Eu-
rymédon et Démosthène sont envoyés en Sicile avec des renforts,
oh. xvr-xvnr. Din-neutsième anné,e de 10, guerre. Les Lacédémo-
niens entrent- en Attique et fortifieut Décélie, ch, xlr. Envoi
d'une flotte athénienne sur les côtes du Péloponèse, ch. - xx.
-
Gylippe engage les Syracusains à tenter une bataille navale, ch. xxr.
Attaque du Plemmyriôn par terre e[ par mer; Gylippe s'empare
-des forts; la flotte syracusaine est repoussée, ch. xtn-xxrv.- Les
Syracusains envoient douze vaisseaux en Italie, ch. xxv,
- Les
Athéniens fortifient un promontoire en Laconie vis-à-vis de Cythère,
ch, xxvt.
- Des Thraces mercenaires pillent la ville de llycalessos,
ch. xxvll-xxx.-Démosthène prend des troupes à Corcyre, ch.xxxl.
-ch.Les Sicules interceptent un renfort destiné aux Syracusains,
xxxu.- La Sicile entière, excepté Agrigente et les alliés d'A-
thènes, se coalise avec Syracuse. ch. xxxrrr.- Combat navaI dans
le golfe de Corinthe, ch. xxxrv. Démosthène et Eqrymédon en
Italie, ch. xxxv.- Deux batailles- navales dans le grand polt de
Syracusel dans la seconde les Athéniens ont le deqsousl ch. xxxvr-
xlr.- Démosthène et Eurymédon arrivent au camp, ch. xlrr, -
Attaque nocturne des Épipoles; défaite des Àthéniens, ch. xrnr-xlv.
Syracusains appellent de nouveaux secours de Sicile, ch.xlvr.
-Lesconséil de guerrà-tenu pai les généraux Athéniens, ch. xI.vrr-
-xr,Ix.
- Les Athtiniens, sur le point de partir, sont retenus par une
éclipse de lune, ch, L-LI.- Gland combat sur terre et sur merl
défaite des Àthéniens, ch. Lrr-Lrv.
- Leur abattement; espérances
des ennemis, ch. rv-r,vl.- Énumération des alliésdes deux partis,
ch. lvu-rvlu. - Fermeture tlu port de Syracuse, ch. lrx, Les
Àthéniens abanrlonnent Ieurs lignes sur tef(e et se préparent- à un
combat naval , ch. lx. Harangue de Nicias, ch.r,xt-r,xrv. Pré-
paratifs des Syracusains,- ch. LXy. Harangue de Gylippe, ch.- lxvr-
-
l,xvIu.-Nouvelle exhortation de Nicias, ch. rxrx.-Dernier combat
navall déroute des Àthéniens, cit. LXx-LXxr.-Ils prennent le parti
de se retirer par telrel ruse d'Hermocratès pour les arrêter,
ch. Lxxll-Lïxrv.
Lxxvr.
- Évacuation du camp par les
Discours de Nicias, ch. lxxvn.
Athéniens, ch. rxxv-
Retraite des Àthéniens,
-
ch. r,xxvrlr-Lxxx.- -
Capitulation de Dénosthène, ch. Lxxxr-Lxxxrr,
Massacre de la division de Nicias âu passâge de I'Assinaros; Ni-
-cias se rend à Gylippe, Lxxxrlr-Lxxxv. Mort de Nicias et tle Dé-
-
mosthène; tliste sort des captifs, ch. r.xxxv-r,xxxvn. 374

LIVRE VIII.
onsternation d'Àthènes à la nouvelle du désastre de Sicile, cbap. l.
I'hiver de la dix-neuvième année, effervescence générale
-desDans
Grecs pour prendre part à la guerre, chap. u. Expédition
-
69tr TABTE DgS MAflùRES.

' d'Âsis eontre les CItéens, chrp. il. -


Prépantifs de dÛfense des
ethiniens, chap. rv. - L'Eubée, Lesbos, Chios et Érythres mani-
festent I'intentiôn de se révolter contre les Àthéniens, chap' v'-
Les Lacédémoniens se décident à secourir d'abord cltios, chap. vl.
année d,e l,a guerre. Les Lacéclémoniens envoient une
-flotteYingtième
à Chios I elle est bloquée par les Àthéniens au Tlort de Piréos
en corinthie, ch. vrr-xr. Àlcibiade est-envoyé par les Lacédémo-
-
niens en lonie, ch. xu.- Retour de l-a flotte péloponésienne de
ch. de chios, d'Érvthres, de
sicile à corinthe, xur.
- Défection
clazomènes, de Téos et de Milet, ch. xlv-xvrt. - Premier traité
; d'alliance tles Lacédémoniens avec le roi de Perse, ch' xvtrr. -
opérations des Athéniens contre chios, ch. xtx-xx. - Insurrection
démocratique à Samos, ch. xxr. - Inutile tentative des Péloponé-
siens sur iesbos; les Athéniens soumettent Clazomènes, ch. xxIt.
xxrrl. - Guerre autour de Milet, ch. xxrv-xxYll. - Les Péloponé'
siens aident T'issapherne à prentlre Iasos et ie rebeile Àmorgès,
ch. xxvlu.- Dans I'hiver, Tissapherne se rend à }iilet et entre er
négociation pour des subsides à fournir aux Péloponésilns, ch. xxtx
partie. de la flotte atlrénienne passe de Samos à Cirios,, ch. xxx,
-Ùne Èétoponésiens attaquent inutilement Ptéléon et Clazomènes,
-Lesxxxr.- Lesbos négocie sa défection, ch. xxxu. La flottt
ch. -
athénienne, partie de Samos pour 4ttaquer Chios, est dispersée par
la tempête, ch. xxxtn-xxxlY. - Les Péloponésiens èchouent à I'at-
taque de cnide; ch. xxxv. - second traité d'alliance entre les Lacé.
démoniens et le roi de Perse, ch. xxxvt-xxxnl. - Les Athénienr
abordent à Chios, ch, xrrvrtt. - Les Péloponésiens envoient unt
flotte à Pharnabaze, ch. xxxlx. - r\styochos détait une escadrt
athénienne près de cnide, ch. xl-xr.rr.- Les commissaires lacédé-
moniens désapprouvent Ie traité conclu avec Tissapherne, ch. xltll
Défection dô Rhode, ch. xtlv' - Àtcibiade, suspect aux PéIoponé
-siens, passe chez Tissapherne et I'engage à tenir la- balance égak
entre'lôs cleux partis, ch. xrv-xlvr.-Ses premières démarches pout
obtenir son rafpel , ch. xlvrr. - Conjuration ourdie à Slmos pout
le rappel d'.llcibiade et le renversement de la démocratie à Àthènes,
ch. iivrl-uy. attaquent lihode et bloquent Chios,
ch. lv.
- Les Athéniens
Démarche infructueuse de Pisandros auprès de Tissa
pherne -et d'Àlcibiarle, ch. LvI. - Tissapherne conclut- avec let
Féloponésiens un troisième traité, ch. r,vrr-r,lx.-Les Béotiens s'em
- Yingt'unième annëc de Ia
parent dloropos, ch. r,x. guerre. Le:
Chiotes livrent aux Athéniens une bataille navale sans résultat pro'
noncé, ch. r,xr.- Défection d'Alrydos et de Lampsaque; Ies Athé
niens reprennent cette dernière, ch. r.xtr. - Pisandros et les con'
jurés établissent I'oligarchie d'abord à Samos, puis à Athènes
Gouvernement des Quatre-Cents, ch. lxltr-r,xxt. - L'armée atlré
nienne à Samos se déclare pour le maintien de la démocratie,
ch. r.xxrr-r,xxvIJ. - Mécontentement des Péloponésiens contre As'
tyochos, ch. Lxxvllr-Lxxlx. Les Péloponésiens envoieot qua'
-
TABLE DES I\{ATIÈRES. 595
rante vaisseaux à Pharnabaze; défection de Byzance, ch. Lxxx. -
Alcibiade rappelé par I'armée athénienne revient à Samos, où il est
élu général, ch.lxxxi-r.xxxll - Émeute de I'armée péloponésienne
à Milet contre Àstyochos; celui-ci est remplacé par Mindaros,
ch. Lxxxrrl-LXXXv. - Des députés des Quatre-Cents arrit'ent à
Samos et essayent en vain de faire accepter ce gouvernement par
I'armée, ch. r.xxxvI. - Tissapherne et Alcibiade se rendent à Às-
pendos au-devirnt de la flotte phénicienne, ch. lxxxvtl-t.xxxYIII.-
-Opposition
que rencontre à Athènes l'établissement de I'oligarchie,
ch. r,xxrrx-xcllr.- Une flotte péloponésienne fait rér'olter I'l'lubée,
ch. xcrv-xcvI.
- Les Àthéniensdéposent les Quatre-Cents etinstituent
un gouvernement composê de cinq mille citoyens, ch. xcvIl-xcvlil.
A I'invitation de Pharnabaze, Ies Péloponésiens passent dans
-l'Hellespont; la flotte athénienne les suit, ch. xcrx-ctII. - Bataille
navale de Cynosséma I les Àthéniens sont vainqueurs, ch. ctv-cvr.
Les Athéniens reprennent Cyzique, ch. cvrt.- Retour d'Alci-
-biarle et de Tissaphernel oe tlernier se rend dans I'Hellespont,
ch.cvur-ctx..... 424

N0res............. ...... ...... 483

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instruction pubtique et privée : cqnditions d'admission aux
-écoles du Gouvernement et aux emplois publics lecture, écriture,
I
orthographe, calcul I dessin, peinture, musique I broderie, etc. ;
- -
- savoir-vivre; -professiols diverses I
2u de !êgirlation et d'Âdministration :
Droit politique, civil et commercial; procédure I formules pour les
actesl iois, décrets, ordonnances de polioe et arrêtés munici-
paux ; -_. règlements d'administralion publique ; contributions,
douanes , octruis ; passe-ports;
- postes, télégraphie privée; -
crèches, asiles, ouvroirs, hôpitaux, monts-de-piôté , etc.;
3" de Finarrcel ;
Placement de fcnds , achat et vente de titres de toute. sorte , opéra-
tions de bourse ; banques, assurances , tcntines I sociétés de pré-
voyance et de secours mutuels, caisse d'épargne et de retraite,etc.;
6o dtlndustrie et de Gornrnerce:
Prix et qualités des marchandises; monnaies, poids mesures; pe-
sâge, mesuragel professions commercialesl
'
5" d'Économie domeetique:
Substances alimentaires, cuisine bourgeoise, pâtisserie domestique,
office, conserves, vins et liqueurs, service de la table et de'Ia mai-
lon, menus pour dîners et déjeuners, batterie de cuisine; - do-
-2-
meetiques; médecine domestique et hygiène : soins à donner
-
aux enfants; secours aur malades et aux blessés; pharmacie
usuelle, plantes médicinalesl-barns demer, eaux minéralesl :-
art vétérinaire : animaux domestiques ; habillement , blanchis-
sage, âmeublement, ménage et comptabilité domestigue; -
structions; -con-
6" dtÉcononrie rurqle :
Agriculture, horticulture et jardinage , arboriculture et sylvicultureg
- constructions rurales, arpentage , levé des plans; * drainage;
élèr'e des bestiaux , oiseaux de basse-cour; étangs naturels ou
-
artilicielsl-pisciculture; abeilles, vers à soiel in-
sectes nuisibles: maladies des plantes, etc.l
-animaux et
-
7o dttxercices de corps et de Jeux d'esprit :
Chasse , pêche , gymnastique, danse, escrime , natation, équitation
I
jeux
-trac, lesd'ariresse, de combinaison, de hasard (les échecs, le tric-
tlanes, le lyhist, etc.); jeux tl'action, jeux tl'esprit,
jeux d'enfarrtsl -
nÉucÉ Àync LA col,l.ÀsonÀTtolr o'lurs,uns spÉ,ctÀux

PAR G. BtrIEZE
i-- A ncicn élève d norrnale su périeure, a nci en chef tl'i nstitution à parisr'
e l'.École-
auteur de divers ouvrages de sciences et rl'éducltion.

I]N BEÀU V{}LIJIIIE TN,TND IN.8 I}E I89O TÂG[S, Â DBUX COTOTNIS.

PRIX, BROCI{û : 2t FRANCS.


La reliure en percaline se paye en sus 2 fr. 2s c.; la demi-reliure en chagrin
tvec rranches jaspées, tr fr.; avec trauches eI gardes peignes, 5 fr.

. Jl u paru de nos jours un grand nombro d'ouvragos destinés


à initier le public aux progrès des connaissances hùmaines, et
à mettro la science à la portéo du plus grand nombre. Les
sciences morales e[ politiques, lcs sciences physiques et natu-
relles, I'histoire et la géographie, lo droib et la meOecine, I'agri-
cullure, ['industrie et le comrnerce, ont aujourcl'hui leurs traftés
spéciaux, leurs dictiunn.aires parliculiers, dans lesqtrers les es-
prits curieux de s'inslruire peuvent puiser des notiôns utiles et
intéressailtes, apprendre la définition st, l'étymologie des tsrmes
tec-hniques,l'origine et les progrès des inventions-, les procédés
industriels de tou[ genre. l\Iais il y a un point, de vue sous le-
i}*
i
:

-3-
quel les choses n'ont pas oncore été considérées, c'est la
science pratique de la vie. S'il importe quo personne ne reste
complétement étranger aux notions générales des sciences hu-
maines, il n'est pas moins important que chacun cohnaisso
exactement, les moyens de satisfairo à toutes les exigences ds
sa condition, à tous les devoirs de la société. Il y avait là la
matièro d'un livre utile à faire: c'est ce livre dont nous ànnon-
çons aujourd'hui la publication sous le titre de : Di'ctùonnaite
unixersel ile la vie Ttralique à lauille età Ia campagne.
Le titre seul de ce[ ouvrage indique déjà suflisammont et la
pensée qui I'a fait entreprendre et le but éminemment utils
gu'on s'est proposé d'atteindro.
Réunir dans le plus commode des cadres, celui d'un dic-
tionnaire, et sous Ia formo la plus favorable aux recherches,
c'est-à-dire la forme alphabétiquo, la connaissanco exacte de
[ous ]es intérêts et de tous les devoirs de la vie; mettre à la
portée des lecteurs toutes les notions usuelles, tous los rensei-
gnements utiles dont ils ont journellement besoin I indiquer co
qu'ils doivent fzrire dans toute espèce de circonstances I leur
éviter des pertes de temps qu'enlralnent les inccrtitudes, los
démarches inutiles, les embarras de tout genrel répondre aux
millo questions qu'on se pose tous les jours et qu'on adresso
souven[ à dix personnes sans pouvoir obtenir une solution
satisfaisante; fournir enfin à chacun un guide stlr et fidèle qui
le metto en état de faire ses affaires lui-même et de résoudre,
Bans autre peine que cello d'ouvrir un livre, toutes les difficul-
tés qui Éio renciontrent dans ls cours ordinaire de la vie, tels
gont en peu do mots les avantagos qui peuvent recommander
cotte nouvelle publication à I'attention des classes diverses do
la société.
Propriétaire ou locataire d'une maison de ville ou do cam-
pagne, d'un appartement, d'uno ferme, d'un bois, on a souvent
à rédiger ou à signer un bail sous seing privé, à donner des
quittances, à demander des réparations, à fairo constater un
délit forestier ou un délit do chassel mais la plupar[ du temps
on ignoro la manière de procéder dans ces diverses circon-
stances, la forme dans laquelle les actes doivent êtro rédigés,
les obligations qu'ils imposent, los formalités qu'ils oxigent,
les frais qu'ils peuvent entralner. Veut-on obtenir une conces-
Bion d'eau, une concession do minesl s'assurer la propriété
d'une æuvre littéraire ou artistique, prendre un brevet d'in-
vention, se fairo délivrer un passe-port, un permis de chasso?
On eo demande souvent à qui il faut s'adresser et dans quelle
é.:i
1:i::,!
'Jl-.

-L-
Ë
F
l.r
forme.
- S'agit-il d'une déclaration ds naissance 0u d0
de la célébration d'un mariage, d'un engagement militaire, d'un
décès,

F,,.
placemen[ de fonds, de la constatation d'un incendie? Nou-
h
vefles obligations, nouvelles formalités, nouvelles démarches
I,! également embarrassantes.
- Un père, uno mère de famille
recherchent-ils quels sont les avantages, les inconvénients et
I les conditions d'une carrière, d'une profession pour un lils?
guels sont pour de jeunes enfants les soins d'hygiène les plus
:..,1

simples et les meilleurs? quels moyens peuvent rendre plus


faciles I'ordre et l'économie dans un ménage?-Errfin, on veut
savoir à quoi obligent les devoirs religieux, Ies devoirs de so-
ciété, les règles du savoir-vivre, et, dans un autre ordre d'idées,
quels sont, les meilleurs procédés de chasse et de pêcho, quelles
sont les meilleures recettes d'économie domestique?
Pour trouver une réponse i ces questions et à tant d'autres
semblables, il fallait jusqu'ici se procurer des ouvrages spé-
ciaux of souvent coûteux, consulter uno foulo de documents
qu'on n'a pas sous la main, ou chercher au loin les conseils des
hommes expérimentés. Le Dictionnaire de Ia uie pratique a pour
objet de répondre sur tous ces points à tout Io monde. Pro-
priétaires, commerçants, industriels, agriculteurs, ménagères,
pères do famillo, tuteurs, malt,res ou domestiques, patrons, orl-
vriers et apprentis; électeurs, gardes nationaux, maires ou
conseillers municipaux, chacun dans les diverses conditions
de la vie, pourra avoir auprès de lui comme un guide universel
ce vasto répertoiro d'indications sùres et précises. Religion,
droit et législation; administration, assurânces e[ ton[ines;
industrie et commerce, agriculture, horticulture et sylviculturel
médecine domestique, hygiène et art vérérinaire; économie
domestiquo et rurale I cuisine et office; méthodes d'ensei-
gnement, exercices du corpsl chasse, pêche, jeux do toute
sorte, etc.l toutes ces malières ont été abordées au point do
vue purement pratique, dans toul ce qui pout intéresser cha-
cun, à Paris et drns les départements, à la ville comme à la
campagne.
Malgré l'étendue de son plan et I'importance des matières
qui y sont traitées,le Dictionnaire.uniuersel de la oie yratique
no formo qu'un volume, mais co volume, avec ses quatre mille
colonnes, a permis que toute espèce de ronseignements usuels,
toute notion pratiquo de quelquo importance pùt y trouver
placo.
Parie,
- Impriuerie de Gh. Lahurs sgÇ,lcrrue de Fleurusr g.
lt .,
.4.,i.-È.4 .; rr
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A I,A llÛilB TIBRAIRIB.

LITTTiRaTURES Érn..r.ncERES.
(A 3 fnanes 60 coutlmos i,t volmc.)

Byron (tord ): OEuares complètcs, Ossian : Poëmes gaéliques recueillis


traduites de I'anglais par Benjarnin par Mac-Plterson, traduits de I'an-
Lo,rttche, 4 séries : glais par P, Christian et précêdés
l".série z Childe-Harold. t volume. de recirerches sur Ossian et les
2" série .. Poëmes, r vrrlume. Calédoniens. 1 volurne.
3é série z Drame't. I Yolulne.
lr" série : Doru Juam. I volttme. Pouchhine : Poêmes dramatiques,
Dante La Dioine Çqm,idie, traduite traduits du russe par lvan Tour-
=
de I'italien par P. A. ltiarentino. guéneff et Louis Viardot. 1 yo-
1 volume. Iume.

;;fll

IITTI,]RATURES ANûIENNBS.
(Â û francs 5|l) centlmes lê solumG.)

avec une introduction et des notes


. IITTARÀTURE GRECQUE.
par
-E'. .d. Bétant, diresteur dÉ'
Àrietopbane z Olluures complètes, Gymnase de Genève. I volume.
traduction nouvelle' avec une intro-
X,énophon : OEruures comyflètes, tra-
duction et des notes par C. Poyard,
duction nouvelle par M. E. Talbot.
professeur au lycée Napoléon. 1 vol.
2 volumes.
Eérodote t OÛu,ares complè,les, Irad.,
nouvelle par M. P. Giguet. l vol.
LITTÉRÀTURE TÀTINE.
Eomère z O0uures complètes , Ira-
duction nouvelle, suivie d'uu Bs- Sénèçre le philosopbe : OÛutsres,
sai d'encyclopédie homérique, par compl,ètes, traduction nouvelle avec
M. P, Giguet. 5'édition. 1 volume. une notice sur Iayie et lesécritsde
Lrrcien = OEutsres contpl'ètes, trad. i'auterrr et des notes, pat J. Bail,-
nouv. , suivie d'une table analytique, Iard.2 volumes.
par M. E. Ta,lbot, professeur rle Tacite t OEutres complètes, traduites
rhétorique au collége Rollin. 2 vol. en français par J. L. Burnouf, avec
Thucydide z Histoi're de l,a Guure lrne introduction et des notes.
du !éloport èse, traduction nouvelle 1 volume.

Paris. lmprimerie de Ch. Labure str Çie, r.u€ de Fleurus, 9


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