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Toutes les constitutions marocaines ont mis l’accent sur la protection de la propriété privée tout en permettant sa
limitation dans un but d’intérêt public et selon les procédures prévues par la loi.
C’est ainsi que l’article 15 de la constitution de 1996 dispose que « le droit de propriété et la liberté d’entreprendre
demeurent garantis.
La loi peut en limiter l’étendue et l’exercice si les exigences du développement économique et social de la Nation en
dictent la nécessité.
Il ne peut être procédé à expropriation que dans les cas et les formes prévus par la loi ».
Partant de ce principe, le législateur a mis en place un régime juridique particulier à l’expropriation conciliant entre le
droit du propriétaire et les impératifs de la réalisation des projets d’utilité publique. Il s’agit de la loi n° 7-81 relative à
l'expropriation pour cause d'utilité publique et à l'occupation temporaire.
Les procédures ainsi mises en place doivent être scrupuleusement respectées par l’administration à peine d’être
condamnée pour voie de fait.
En effet, l’article premier de la loi n° 7-81 précitée dispose que « l'expropriation d'immeubles, en tout ou partie, ou de
droits réels immobiliers ne peut être prononcée que lorsque l'utilité publique en a été déclarée et ne peut être poursuivie
que dans les formes prescrites par la présente loi sous réserve des dérogations y apportées en tout ou partie par des
législations spéciales ».
C’est en raison de l’enjeu de cette procédure que nous proposons ce guide relatant le circuit et les intervenant de la
procédure.
Le principe :
En application de l’article premier de la loi n° 7-81 précitée, peuvent être frappés d’expropriation :
- les immeubles ;
- les droits réels immobiliers dont la liste est donnée par l’article 8 du dahir du 2 juin 1915 fixant la législation applicable
aux immeubles immatriculés, à savoir :
1° la propriété des biens immeubles ;
2° l'usufruit des mêmes biens ;
3° les habous ;
4° les droits d'usage et d'habitation ;
5° l'emphytéose ;
6° le droit de superficie ;
7° l'antichrèse ;
8° les servitudes et les services fonciers ;
9° les privilèges et hypothèques ;
10° les droits coutumiers musulmans tels que gza, istidjar, guelza, zina, houa.
L’exclusion :
En vertu de l’article 4 de la loi 7-81, sont exclus de l’expropriation :
- les édifices à caractère religieux des divers cultes ;
- les cimetières ;
- les immeubles faisant partie du domaine public ;
- et les ouvrages militaires.
2- publicité de la DUP :
Le décret déclaratif d'utilité publique fait l'objet des mesures de publicité suivantes :
- publication intégrale au Bulletin officiel (1re partie) ;
- insertion d'un avis dans un ou plusieurs journaux autorisés à recevoir les annonces légales, avec référence au Bulletin
officiel dans lequel la publication a été faite ;
- affichage intégral dans les bureaux de la commune du lieu de situation de la zone frappée d'expropriation.
Ces mesures peuvent être complétées par tous autres moyens de publicité appropriés.
3- Effets de la DUP :
Afin de parer à toute spéculation, la loi n° 7-81 a donné à la DUP certains effets juridiques sur la zone concernée.
Ainsi en vertu de l’article 15 de ladite loi, aucune construction ne peut être élevée, aucune plantation ou amélioration ne
peut être effectuée sans l'accord de l'expropriant sur les immeubles situés dans la zone fixée par ledit acte et pendant une
période de deux ans à compter de la publication au Bulletin officiel de l'acte déclaratif d'utilité publique.
Deuxième étape : l’acte de cessibilité :
L’acte de cessibilité est l’acte qui désigne les parcelles qui seront effectivement expropriées, tandis que la DUP se
contente de préciser une zone où des parcelles peuvent être expropriées.
Bien entendu, la préparation de cet acte découle de l’enquête parcellaire que l’administration effectue sur le terrain pour
déterminer les parcelles, leur superficie, leur contenance, leurs propriétaires et les éventuels titulaires des droits réels.
Il y a lieu de rappeler que le décret déclaratif d’utilité publique peut désigner, en même temps les parcelles à exproprier,
auquel cas, il est soumis à la même procédure que l’acte de cessibilité pris postérieurement à la DUP.
1- la forme de l’acte de cessibilité :
A l’exception du le cas où la DUP porte également cessibilité auquel cas, l’acte prend toujours la forme d’un décret, l’acte
de cessibilité est pris :
- par le président du conseil communal lorsque l'expropriant est une commune urbaine ou rurale ou toute personne à qui
elle aura délégué ce droit ;
- par le gouverneur de la province ou de la préfecture lorsque l'expropriant est une province ou une préfecture ou une
personne à qui elle aura délégué ce droit ;
- par le ministre intéressé après avis du ministre de l'intérieur dans les cas autres que ceux visés ci-dessus.
2- les mesures préparatoires à l’acte de cessibilité :
Avant la prise de l’acte de cessibilité, ce dernier dans sa phase de projet fait l’objet de certaines mesures et formalités, à
savoir :
A- publicité du projet d’acte de cessibilité :
Le projet d’acte de cessibilité fait l’objet des mesures de publicité suivantes :
- publication au Bulletin officiel (2e partie) ;
- publication dans un ou plusieurs journaux autorisés à recevoir les annonces légales ;
- dépôt, accompagné d'un plan, au bureau de la commune où les intéressés peuvent en prendre connaissance et présenter
leurs observations pendant un délai de deux mois, à dater de sa publication au Bulletin officiel ;
- dépôt à la conservation de la propriété foncière du lieu de situation des immeubles contre un certificat délivré par le
conservateur de la propriété foncière attestant que la mention dudit projet d'acte a été inscrite soit sur les titres fonciers
concernés, soit, s'il s'agit d'immeubles en cours d'immatriculation, sur le registre des oppositions, en application de
l'article 84 du dahir du 12 août 1913 sur l'immatriculation des immeubles ;
- Lorsqu'il s'agit d'immeubles qui ne sont ni immatriculés ni en cours d'immatriculation, dépôt au greffe du tribunal
administratif de la situation des immeubles pour être inscrit sur le registre spécial prévu par l'article 455 du Code de
procédure civile contre un certificat attestant cette inscription est remis par le greffier à l'expropriant.
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B- l’enquête publique :
Tout acte de cessibilité doit être précédé par une enquête de deux mois.
A cet effet, un registre d’observation est ouvert dans chaque commune intéressée où les intéressés peuvent inscrire leurs
observations. Les propriétaires sont tenus de faire connaître tous les fermiers, locataires et autres détenteurs de droits sur
les immeubles, faute de quoi ils restent seuls chargés envers ces personnes des indemnités qu'elles pourraient réclamer.
Tous autres tiers sont tenus, dans ce même délai, de se faire connaître sous peine d'être déchus de tout droit.
Après la clôture de l’enquête le registre des observations est retourné à l’expropriant signé par le président du conseil
communal.
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A partir de la date de son dépôt à la conservation de la propriété foncière, l’acte concrétisant l’accord amiable produit les
mêmes effets que le jugement de transfert de propriété que nous traiterons dans ce guide.
En vertu de l’article 2 de la loi 7-81, « l’expropriation pour cause d'utilité publique s'opère par autorité de justice ».
C’est pourquoi, si la tentative de l’accord amiable n’a pas abouti ou si l’expropriant n’y a pas recouru, l’intervention du
juge devient obligatoire.
A cet effet, l’expropriant est tenu de s’adresser au juge administratif dans le délai de validité de l’acte de cessibilité (deux
ans à compter de sa publication au bulletin officiel) et lui présenter deux de requêtes tendant respectivement à la prise de
possession et au transfert de propriété.
En vertu de l’article 24 de la loi 7-81, lorsque la prise de possession est demandée par l'expropriant, le juge des référés ne
peut refuser l'autorisation que pour cause de nullité de la procédure.
L'ordonnance autorisant la prise de possession prescrit le versement aux ayants droit ou la consignation de l'indemnité
provisionnelle.
Cette ordonnance n'est pas susceptible d'appel.
- l’indemnité ne doit indemniser que du dommage actuel et certain directement causé par l'expropriation ; elle ne peut
s'étendre à un dommage incertain, éventuel ou indirect ;
- elle est fixée d'après la valeur de l'immeuble au jour de la décision prononçant l'expropriation sans qu'il puisse être tenu
compte, pour la détermination de cette valeur, des constructions, plantations et améliorations faites, sans l'accord de
l'expropriant, depuis la publication ou la notification de l'acte déclaratif d'utilité publique désignant les propriétés frappées
d'expropriation ;
- l'indemnité ainsi calculée ne peut dépasser la valeur de l'immeuble au jour de la publication de l'acte de cessibilité ou de
la notification de l'acte déclaratif d'utilité publique désignant les propriétés frappées d'expropriation. Il n'est pas tenu
compte dans la détermination de cette valeur des éléments de hausse spéculative qui se seraient manifestés depuis l'acte
déclaratif d'utilité publique.
Cependant, pour inciter l’expropriant à activer le dépôt de la requête, la loi a prévu que si l’expropriant n'a pas déposé,
dans un délai de six mois à compter de la publication de l'acte de cessibilité ou de la notification de l'acte d'utilité
publique désignant les immeubles frappés d'expropriation, la requête tendant à faire prononcer l'expropriation et fixer les
indemnités ainsi celle demandant que soit ordonnée la prise de possession, la valeur que ne peut dépasser l'indemnité
d'expropriation est celle de l'immeuble au jour où a lieu le dernier dépôt de l'une de ces requêtes au greffier du tribunal
administratif .
- le cas échéant, l'indemnité est modifiée en considération de la plus-value ou de la moins-value résultant pour la partie de
l'immeuble non expropriée de l'annonce de l'ouvrage ou de l'opération projetée.
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Il faut rappeler que les indemnités peuvent être réduites par l’effet de deux types de procédures :
- la contribution des riverains à la réalisation de la voirie, prévue par les articles 37 et 82 de la loi 112-90 relative à
l'urbanisme qui dispose que « le propriétaire de toute parcelle devenant ou demeurant riveraine de la voirie communale
projetée, est tenu de contribuer gratuitement à la création de cette voirie jusqu'à concurrence de la valeur d'une portion de
son terrain équivalente à un rectangle d'une largeur de dix mètres et d'une longueur égale à la longueur de façade dont
disposera la parcelle sur ladite voirie. Cette contribution ne saurait toutefois dépasser la valeur du quart de la parcelle ;
- l’indemnité de plus-value, prévue par l’article 59 de la loi 7-81 qui dispose que « Article 59 : Lorsque l'annonce ou
l'exécution de travaux ou opérations publics confère à des propriétés privées une augmentation de valeur supérieure à 20
%, les bénéficiaires de cette augmentation ou leurs ayants droit sont solidairement redevables envers la collectivité
intéressée d'une indemnité égale à la moitié de la totalité de la plus-value ainsi créée.
L'indemnité de plus-value est réduite, s'il y a lieu, de telle sorte qu'en aucun cas l'enrichissement restant acquis au
redevable ne soit inférieur à 20 %. »
Le transfert effectif de propriété ne peut avoir lieu qu’après paiement ou consignation du montant de l’indemnité fixé par
le juge.
Le jugement prononçant le transfert de propriété et fixant l'indemnité est susceptible d'un appel ayant pour seul objet la
fixation de l'indemnité.
Les décisions judiciaires prononçant l'expropriation sont notifiées d'office par le greffier à l'expropriant et aux expropriés
qui se sont fait connaître ainsi que, lorsqu'il s'agit d'immeubles immatriculés ou en cours d'immatriculation aux divers
ayants droit tels qu'ils sont désignés dans le certificat délivré par le conservateur de la propriété foncière et, le cas échéant,
à l'occupant.