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d'instruction primaire /
publié sous la direction de F.
Buisson,... avec le concours
d'un [...]
D'INSTRUCTION PRIMAIRE
F. BUISSON
a g* ré de )'Uni ver site
inspecteur général de l'enseignement primaire
IIE PARTIE
TOME SECOND
DEUXIÈME TIRAGE.
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET C"-
~9, BOULEVARD SAINT-GERMAIN '!9
1888
Droits de traduction et de reproduction réservés.
DICTIONNAIRE
DE PÉDAGOGIE
HT
D'INSTRUCTION PRIMAIRE
CORBEH. – IMPRIMERIE CRÉTÉ.
DICTIONNAIRE
DE PEDAGOGIE
ET D'INSTRUCTION PRIMAIRE
(DEUXIÈME PARTIE)
u
Quant aux procédés stéréctypiques que nous < An'eetioM patriotiques on amour de it patrie.
3 Amourconjugal.
venons de mentionner et qui servent d'auxiliaire à 3
la presse mécanique, bomons-n&usdire qu'ils se S
g f domestiques
Amourpaternel et ma.
tetne).
réduisent aujourd'hui à prendre un moulage, une S éternel.
empreinte de l'ensemble de la composition, et à
couler dans ce moule du métal en fusion qui,
Affections
Affeetion
indhidneUes
(
Amour
~<r.~terneI.
"M'
Amo'ur:
refroidi, produit d'un seul bloc un eliché identique
à la forme composée de caractères mobiles cette S Amour du Beau, principe de l'art.
empreinte est ordinairement prise aujourd'hui en Amour du Yra!, principe de la science.
foulant vigoureusement sur la composition une g Amour du Bien, principe de la morale.
épaisseur' de feuilles de papier humide que
Amour de Dieu, principe de h religion.
l'on fait ensuite sécher et qui donne le moule Notre intention n'est pas de traiter ici en <MtsH
où l'on coule la matière métallique. C'est même à de ce qui se rapporte & chacune de ces inclinations
la flexibilitéde ce moule que l'on doit de pouvoir nous avons voulu seulement en donner une ciassi-
transformer à la fonte l'empreinte plane en forme fication qui permit à la mémoire d'en retenir plus
cylindrique, pouvant s'adapter aux rouleMtX im- facilement la nomenclature. On trouvera des dé-
primants de la presse mécanique. H suffit pour cela veloppements relatifs à un certain nombre de ces
de les placer à l'intérieur d'un cylindre de même penchants de notre natnre aux articles /H~tyt<V,.
calibre que celui de la presse. Quoi qu'il en soit, P<M!t<Mt~, Sensibilité, Jtfcr<t<c.
la stéréotypie pernMtt&n.td'obtenir presque immé-
diatement plusieurs formes semblables à la com-
tiNBE. Histoire gettërah;; t.
primitives. Castes. – –
PopM~t'o~s
Séparée du cofttinent asia-
position première, il s'ensuit qu'on peut tirer sur tique par la gigantesque et infranchissable bar-
autant de presses le même texte, et partant arri- rière des monts Hinmiayas, enveloppée dans sa
ver à un chiffre de tirage vraiment, prodigiem en partie mandionale par l'Océan, t'Inde forme tin
très peu d'heures. Pour les procédés de eMchags toondw s part. ri a'eat anentM regton da. globe
en usage dans la gravure, Y. Sa/OtMMp/a~h'e. plus belle, plus merveilleusement douée. Nulle
Quel que Mit, du reste, le système des presses part on ne trouve une plus TasM quantité de terre
mécaniques, il a toujours pour base un va-et-vient arable, arrosée par de plus nombreux et de plus
mettant successivement en contact la forme typo- magnifiques eouM d'eau, propre à la fois à la eut-
graphique avec des rouleau* fMCMMM, puis avec tnfe du blé et du riz, du palmier et do la vigne
des rouleaux presseurs. qui amènentet appuient la possédant un climat chaud, mais tempéré par des
feuille blanche. La forme est tantôt placée telle aéries régulières de venta et de pfuies. Peuplée
qu'elle a été composée, tantôt rendue cylindrique anjourd'h~ de 240 miM!ons d'agriculteurs et de
par l'opération stéréatypiqne mat~ il &m a~oir marchands, cetteterre favorisée en pmrrait porter
vu fonctionner une; presse mécanique, s'en être et nourrir Mm peine le double.
fait explique!'lejeu et avoir réussi a~ le compren- Cette TMte penitfmi~, d'une form& trian~uîaira
dre, pour prendre une idée juste de cet que peut presque parfaite, ne eommuMiqee' avec le reste da
l'ingéniosité humaine. globe (tes eommunfcMdoM ntaritime~ étant laissées.
Notons, pour achever, qu'en ces demies temps de côté) que par ses deux angtès' nord-ouest etr
une presse mécanique a été présentée qui, tout en noMt~st. C'est en effet. Mr cew dent seut? points
gardant une extrême célérité, permet de &Me Mf que; la bairrière de montagnes s'aMMe et latsss
une même feuille des tirages de diverses cottlenft, deu~ trouvât ast)M vastes, l'une' & t'otfest pM- 1~
non seulement simultanés, maisiencoire'jnttaposëSt vaMeede;Cabeu<, L'mtrba i'ëstpar iaaaute vailea-
Serait-ce le dénué!* mat du ptogree? –Non, car du Btahmapoutra. C'esV par ces deMX Muta poïtKs~
qui dit progrèsne sturait dire-arrêt. Da'ce que neus il n'en faut pas' deutBr; que sont entrées' toutes
avons vu bien des merveilles, nous davonat con. les Ntces' ëtran~res- qui composent aujourd'hui,
clure qu'il nous en Msta bien d'autrasrà.voit'. avec I'ëlemet!t aNMchthone, ht popuiatidn de
[Eugène MNler.l l'Inda.
tNCMNATIONS, – Psychologie, IV. Les Les'habitante primitifs delTn'de appartenaient'~ r.
divers penchants inhérents à. la nature humaine
sont souvent désignés indifféremment par les une race noire, à cheYewt liases, qu~ l'on a nom-
méa ?!f'yf!<o:<~ pour la distinguer (te- la race nègre
d :McKKa<:<Msou d'!w<Mc~. Toutefois, tandisnoms africaine a cheveux crépus-. Ces ~~o~, de pe-
que
le mot d'instinct. s'emploie de préférence: en par- tite taille, aux membres grêles et chétifs, n'ayant
d'autres armes que des pierres taillées ou des bl- ainsi la plus fantastique idolâtrie qu'ait vue le monde.
tons durcis au feu, ne purent opposer une résis- Plusieurs tiède* après la conquête, les Brahma-
tance sérieuse aux premiers envahisseurs, et du- nes rédigeaient les fois de Manou, code antique
rent se soumettre ou se réfogier dans les monta- qui avait été la règle des premiers Aryas, et dans
gnes et dans les marais empestés de l'Inde cen- lequel ils introduisaienttoutes leurs barbares in-
traie, où on les retrouve encore aujourd'hui it novations. Ce code, que l'on a longtemps considéré
Ï'état primitif. Les premiers conquérants de l'Inde comme une œuvre très ancienne, ne date proba-
furent des peuplades jaunes venues du nord-est, blement, dans sa forme actuelle, que du troisième
de la Chine et du Thibet. Comme nous l'avons dit, siècie avant notre ère. Les grands poèmes épiques
ils refouleront en partie les noirs autochthones, du Mahabharata et du Ramayana ne remontent
mais ils se mélangèrent aussi à eut, donnant nai))- eux-mêmes qu'au quatrième siècle.
sance à une importante race de métis. Cette pre- Le BoM<MAnm<. – Le brahmanisme, arme puis-
mière invasion eut lieu à une époque reculée, sante des conquérants aryens, s'était répandu sur
bien des siècles avant l'arrivée des conquérants toute la péninsule, lorsque le bouddhisme vint ar-
Aryas, qui n'envahirent l'Inde qu'environ vingt rêter ton essor. Un prince aryen, Çakya-Mouni, né
siècles avant notre ère. Les Aryas, branche impor- vers <!3<t av. J.-C. dans une vallée du sud de
tante de la grande famille blanche ou indo-euro- l'Himalaya, est regardé comme l'auteur de cette
péenne, arrivaient des plateaux de l'Asie centrale, réforme; mais il parait aujourd'hui prouvé que le
au nord du Pamir. D'une civilisation relativement bouddhisme, sous une forme primitive, existait
avancée, professant un culte d'un naturalisme dans l'Inde bien avant Çakya, peut-être avant
sublime, et parlant une des plus belles langues l'invasion aryenne. En tous cas Cakya, rejetant les
imaginées par le génie humain, le sanscrit, ces doctrines brahmaniques, opposait au système dos
Aryas M divisaient en deux grandes classes, les castes l'égalité absolue de 1 homme, et promettait
Brahmanes ou prêtres et les Kchatriyas ou guer- l'émancipation finale de l'Ame au lieu de l'inces-
riers. Trop faibles par le nombre pour asservir les sante métemptjfchosedes Brahmanes. Le succès du
peuples qui les avaient précédés dans la pénin- bouddhisme fut immense refoulant le brahma-
sule gangétique, ils se les assimilèrent en leur ou- nisme, il se répandit sur l'Inde entière, puis de là
vrant leurs rangs et les classant dans la hiérarchie gagna lIndo-Chine, la Malaisie, la Chine, tout le
brahmanique. Les conquéraats de race jaune for- nord de l'Asie et peut-être le nord-est de l'Europe.
mèrent la troisième caste, celle des Vaichyas, tan- Mais ce succès, dans l'Inde, où il avait eu a lutter
dis que le peuple des métisconstituaitla quatrième contre la puissante organisation brahmanique, fut
caste, celle des Soudras. Quant aux populations d'une durée relativement courte. Sous leur appa-
noires qui ne s'étaient ni soumises ni croisées avec rente humilité, les immenses couvents bouddhi-
les jaunes, elles restèrent en dehors de l'organisa- ques, les congrégations enseignantes, le clergé
tion des castes et formèrent la classe vile et mé- régulier avaient fini par dominer, accaparer le pays
prisée des Parias. Telle est, dépouillée de l'au- entier; l'égalité était devenue un vain mot. Aussi
réole de fables dont l'entourèrent, depuis, les au vui* siècle de notre ère, après quatorze siècies
écrivains brahmaniques, l'origine de l'institution de domination, le bouddhisme disparut complète-
des castes dans l'Inde. ment, radicalement de l'Inde, balayé par une for-
Le Brahmanisme. Védas. Lois de JtfatiOM. – midable réaction. Les Brahmanes, instigateurs do
A leur arrivée dans l'Inde, les Aryas profes- ce mouvement anti-bouddhique,avaient gagné le
saient le culte brahmanique dans toute sa pu- peuple en abaissant encore leur doctrine jusqu'à à
reté, tel qu'il était exprimé par les FM<M, simple lui pour lui plaire ils remplacèrent les Yédas par
recueil d'hymnes et de pnères que la tradition tes Pouranas (tx* siècle), et détrônant les anciens
se transmettait depuis des siècles, et qui ne fut dieux, ils placèrent au sommet de leur Olympe un
rédigé définitivement dans sa forme actuelle que héros populaire, Krichna, autour duquel ils grou-
1400 ans avant J.-C. Les Védas nous montrent pèrent tous les symboles les plus grossiers. C'est
les premiers Aryas adorant la voûte du firma- ce brahmanisme, religion basse, corrompue, indi-
ment et le tonnerre, le soleil, le feu, l'aurore, gne d'un grand peuple, qui règne encore aujour-
les forces de la nature en général. Respectueux d'hui sur l'Inde.
de tout ce qui a vie, ils s'interdisaient la viande Histoire politique jusqu'à la com~M~e mtMM~-
des animaux, ne se nourrissant que de laitage ou mane. Lorsque les Aryas entrèrent dans l'Inde,
de légumes. Des divinités spéciales présidaient à ils se partagèrent en petits royaumes la région en-
chacun des éléments trois d'entre elles, Brahma, tre l'Indus et le Gange, et ce n'est que lentement,
Vichnou et Siva, finirent par occuper le premier progressivement, qu'ils avancèrent dans le pays.
rang, et constituèrentune sorte de trinité, la Tri- Quinze siècles avant notre ère, leur domination
mout-ti, dans laquelle Brahma joue le rôle de dieu s'arrêtait aux Vindhyas, chalne de montagnes qui
générateur, père de toutes choses, Vichnou celui coupe la péninsule en deux parties: au N., l'Hin-
de dieu conservateur,et Siva celui de dieu des- doustanou pays des Hindous, au S. le Dékhan ow
tructeur. Les Brahmanes, chargés de conserver les pays du Sud. C'est à cette époque, sans doute,
traditionssacrées, n'avaient d'abordaucune fonction qu faut placer l'expédition dans le Dékhan qui
fait l'objet du poème du Ramayana. Le roi Rama,
sacerdotale ils cultivaient le sol, gardaient les trou-
peaux, tandis que les Kchatriyas veillaient à la aidé' des populations noires, s'avança dans le sud
défense de la communauté. Mais à peine les et poussa son expéditionjusqu'à Ceylan. Mais il ne
Aryas furent-ils arrivés dans l'Inde, cette organi- fit que traverser le pays en conquérant, et, sauf
sation si simple, si rationnelle,ce naturalisme pur, quelques parties, le Dékhan resta, comme il est en-
se modinèrent rapidement. Enorgueillis par la core de nos jours, aux mains des races jaunes de
conquête, les Kchatriyas s'adjugèrent le gouverne- langue dravidienne. Au moment où Alexandre,
ment des vaincus, tandis que les Brahmanes, en 327, franchissait l'Indus, l'Hindoustan se parta-
abandonnantla charrue, devenaient les prêtres du geait encore en d'innombrables principautés, et
culte nouveau qu'ils créaient pour séduire les Porus et Taxile n'étaient que deux des nombreux
grossières populations primitives. Délaissant les rois du seul Pendjab. Cependant presque à la
pures doctrines des Védas, ils élevaient peu à peu même époque il se fondait dans le bas de la vallée
un monstrueux panthéisme où, non contents de du Gange un royaume, le Magadha, qui, gouverné
faire entrer Brahma, Vichnou, Siva, Indra, et tou- par un Soudra, c'eat-a-dire un homme de la der-
tesles anciennes divinités symboliques,ilsplaçaient nière caste, allait rapidementabsorber tous ses voi-
au même rang des démons ou les grossières idoles sins. Chandragoupta, le Sandrakotès des Grecs,
du calte des aborigènes. Le brahmanisme devenait roi du Magadha, étendait en 315 sa domination sur
1 commencement de
l'influence anglaise dans
l'Indus bouches du que le
empire à ~de. va grandir avec
tout l'Hindoustan, de l Inde Tandis que celle-ci une ra-
installait la capitale de son des Grands-Mo-
Gange, et il receva pidité piditE prodigieuse, la puissance
Palibothra (Patna), sur le Gange, où petit-fils, gols décline à grands pas.
l'ambassadeur grec Mégasthènes. Son222, portait peut AuranzMb
Au ~considéré 61s de Chah Djihan (1658-nui),
long règne de 263
durant puissance de l'empirede Magadha, peut à dernier empereur
comme le M~t~j~arra_
à son apogée lason
Açoka,
sceptre. Ce muM musulman de l'Inde. Lui-même 1 empire
réunissait l'Inde entière
princ~rv'entzétateurdubouddMsme~u~s
et sous son cher les plus belles provinces de par les
~'en~and~ tribu guerrière du DékhM qui se re-
cr~m~; de la religion
principaux propagateurs l'empire se morcela de pand
en une infinité de petits royaumes.
Au Ive siècle de notre ère, des peuplades d'ori- vant ces
nouveau
de Çakya- Maharates
Maha
Mais
pillards sur
Mais ses successeurs indolents enlèvent à la fin
envahisseurs qui leur
Rentier.
le
cMentbient~ de-
d~r~
,roi,
rr~o~ntte~
paraient du nom de Rajpout. c'est-à-dire
fils de ~sFran~
superstitions bar- les
l'emblème d'un che-
sou]
rent
ren1 le
indigènes. En
Dekhan, que le honteux traité de
n5S,
conduits par LaHy-TolIendal conque
de nouveau,
Paris
pusde-
bares, le culte du soleil sous ~3) rend aux Anglais. Ceux-ci, n'ayant
&~S'S~~=~
~s
;i-~M.SS
nouveaux venus comme des frères,
leur Tippou-Saib,poussentactivement
titre de Kchatriya et, pour mieux les \s et sons succesaeur
en masse le
sa
dogmes à toutes leurs s~i- leu le traité de
gagner, ouvrirent leurs Seringapatam, et en 1804
nprsdtions Les Rajpouts se répandirent alors sur u capitale,
cap
l'Inde entière, où ils s'emparèrent partout du pou- Bai
voir, mais sans que
Ce fut une conquête
leur
avoir une influence ethnique sur les
plutôt
nombre
qu'une
très restreint
invasion. S
populations, sur
en
ra~ Dés lors l'Angleterre
1lt ratea.
pût
en 18'.?
règne mrtuellement
mais est ëtouftee dans desabandonné
Compagnie des Indes ayant
flots de sang,
son
Conquête MMSM~Me.
Rajpouts, an nouvel élément ~P~ Qua~-e siècles
"rva~Pe~e-indienne.avec
redoutable faisait son
nt
pri
mé
Statistique.
1
à la reine Victoria, celle-ci
avec
superficie
&%t~la
l'hégire, en 111, les
s'emparaient du Scinde. A partir de ce i
moment,
de
de
eac~SRégal
territoire
s~ annexe,
ti)nmètres
A celui da l'Europe
occupe une
carrés, représentant un
sauf la Russie,
l'Islam va s'acharner à la conquête
Musulmans
de cette riche
nt
font
~po~ons~
ter
~~m~eM.
la Suède et la Norvège. Sa
population s'élevait
~S
'nd~
proie. Durant deux siècles, les 911, Sabouktighin, ne habitants.
en en 1812 à 243163900
~~&m~
sultan de Ghazni, s'empare
en
de tout
Goudjerat et pille la cité sainte de que le général
le Pendjab
Ln,
en
jusque dans le au carréa (non compris Ceylan), égal à quatre
Somnath.
rai foi
tri le~toire
tres
fois
~~ah'"ou'pr~!ndigenes
de l'Inde s'étendent
~s~
Delhi, et itte quitte de
dE 48 millions d'habitants.
dans linde un terrnoirEterritoire
envahit l'Inde, prend et brûle
le pays qu'il abandonne à
sordre.
Daolat Lodi, un aventurier
l'anarchie et au dé-
<té.
sur de
La France
Po~~J~
conserve
509 kilom&tres carres avec une
d ~uOO~mes;
de
sujets.. et le
population
[Louis Roussetet.J
le trône resté vacant et le Tamerlan,
1525, et
Delhi Baber, descendant de
laisse à son
fonde la dynastie des Grands-Mogolsoude
fils.
s'empare,de
En
T!S=~:&~–~B
de
Ti-
iNDCCTION.-V.M~mM<vn-
a
avec 445 000
j~MitTRIE. – XXXVII.
Histoire de France,
Histoire générale, X~A\u,
Le mot Industrie,
mourides. Son petit-fils Akbar le Grand
amène
prospérité l'Inde à unn'a
qu'elle plus possédé depuis. Sous
couvre de
(i555-t605)
routes et
;0&)
,ouss;
de
IJ
degré de grandeur et de crivéea d'une même source, il est vrai, et pins ou
de r
n
même, de ne pas confondre.
son règne, le pays se développe, de magnifiques iuea parenté
p dit Ch. Coquelin (Dict.
canaux, l'agriculturese Dans lo langa~e vulgaire, n'entond guère par indus-
monuments s'élèvent. Conquête anglaise. d'économiepolitsque),on
°'°1' c
trie genre d'opérations, plus ou moinw
commencent apparattre iltro t que ce amène à 1 état
MaAs~é~ les Européens V~codeGamad.ube
Portugais uble compliquéea, par lesquelles l'homme spontanés d~;
dans l'Inde. Le
c
produits, dits fabriqués, lea dons
~de~c~e~~ucces~
le cap de Bonne-Espérance et
atteint en 1498 8 la
lbu- la
Albu-
de
(
1 nature ou les fruita
igais sol, généralement désignés sous c'est
Portugais
directs de l'exploitation
lo nom de matiéres
la manu fac-
du
=S=xr~
1599, la reine Élisabeth Encore convient-il d'ajoutermonde que, par suite
fondation de la Compagnie anglaise des Indes, s, et merce.
qu'aprise dana le manufacture, moderne
le premier ambassadeur de la nouvelle société
té se se de l'eatensiou qui
dea forcea naturelles, la
E~Tcce~d'A;b~7~
présente en 1603 à la cour de l'empereur Akbar.
:bar.
au-
l'emploi
au- était à l'origine
à
le façonnage des chosesmécanique· la maiu,
'r'
mineront la compositiond'un bain de teinture,ins- distingua ceUes U
talleront un moteur électrique, on surveilleront
la préparation d'un sel ou d'un acide destiné a mt
.s- qui s'occuMM~
ceties qm ontpan,. objet t~catibn ~e
sp nN~
n
tac~u~MS-
du'e~~
la ~M, ceUes qu'4 tendent &
ta
vente ou à l'alimentation des ateliers ils n'en fe- fe. taon et des ~a~u; onttra~
ront pas lorsque, dans leur laboratoire,ils cher-
cheront les lois d'une combinaison ou se livreront
ceHe9
W~e Mit, parmi
~nt ces class.ncat~ns, catle qu~ fon adopte,
à des études d'un caractère actuellement théorique. t9. ciusMn commune se dëMM âne coh-
to~oMs~de Mbse~a-
Un agriculteur ou un horticulteur, de même, fera
de l'industrie lorsqu'il élèvera des bestiaux des .ra t.on des fa~ c'est qnel~'p,~ df~~e
n~t~
ndust~eu~r~~estl'~të!
ou M mouvement
volailles, effectuera des croisements ou produira
ra ret personne!, contenu çh,n&me temps ~e~
des espèces nouvelles en vue du profit; il n'en
~P~
en mu~ par concurrence; efque S~ibSe
P~
fera pas lorsque son mobile sera l'avancement des que'.to.t~e dan~
connaissances agricoles on la ffatistaction de C-est aus.i tien
's~s
m !e grand organisme du trayaii, et Uen~
goût pour tes beaux animaux ou les plantes son que ma~d~
des
dë~
rares.
.s. étroits unissent ensembie la ~andenr
Des leçons, des conférences, seront une industrie
pour le. chef d'institutionou pour le professeur qui
en vit; elles n'en seront pas une pour l'ami désin-
ie et ~grandeur tnorate, ravaccement des science
?-'
pA.~1:
a- pmspérité, p:l"JVe~.
téressé de l'instruction qui ne compte
ueine.
Dansun troisième
sens. enfin, plus
pas sa
étendu et ~E'°ys~
is
tivées arl raISon d'11eur, fel1,Wté. ne sontpas cul~
'a tioerte..)~u on ëlarg)sse la formule- en raïson:)ip.I
de
S~'&N~
en réalité plus exact (car il est aisé de voir que dee terrea ôn ',rl,ettp, )'u,l)lve~Ji,té ~es Qu'au
les distinctions précédentes sont forcément incer- E
le pro(essjons,
taines et jusqu'à un certain point arbitraires),dans
!f sens économique et philosophique du
mot. onn n'est âptlçq chos~ ~8 l'~p.nt;,ijlatIl,I\l graduelle
~~ES~
embrasse sous l'appellation générale d'industrie le do
tous les travaux, de quelque ordre qu'Us soient, t, hpmaine, d'abord dé~adée gl, tO!lIWJ, à la
qui tendent à assurer l'existence et le développe-
ment de ITiumanité en pourvoyant à la satisfaction
de ses besoins. L'industrie, ~&S'S'Sg?r.R'X
et à la liberté.
ainsi entendue, c'estnIt dana 1 ancien monde 1 antiquité
dignité
par excellence, exerce sa domination sur la naturee berté, et il est le lot d'Atrea
entière vécu sous
le IJPuvea.J¡.' il Ila subsisté
?~P''°?°~ en de cette œuvre, les lumièresa pas. I On a par,lé de jours
qui ne s'appartiennent
qui 1 éclairent et la sécurité qui la nos (je 1'ouvrfér.e, çomme
observations de l'astronome qui relèveprotège Less d'unec nou"ea\lt~ i~pie, qu'auçurl siècle n'aurait
la carte dess cconnue avant 1e n$tre. 11
cieux en font partie aussi bien l'art de l'onti- quoiq,u'on y ay¡¡.it des ouvrières,
&
cien qui fabrique les lunettes que c ert ait dit, et des ou,Vriers, auasi, fort
1 intervention du gendarme qui ou les boussoles ett misérllblcs,
r mè!pe, et fort m.6»riSés. dana
prévient le désor- monde le vigux
dre ou du magistrat qui réprime la fraude n'y B
t
estt taier~; dee
gaiqn
~"ç.es, !JIlli.. ce q,il
e'e'fcà-djr~ y a,ait surtout. c'é-
pas plus étrangère que celle du mineur qui extrait bpmmes rédpits
la houille, du voiturier qui la t à 1a CQIld¡tlon d~ bétail et q: l/JstrnDJents
chauffeur qui l'enfourne. C'est transporte ou du Sana
S entrer â cet égard dans des détails pâat~its.
°' "e M~
plaçant, ;place esx I,ill~~ (Y.. ~sc~~vQge), dont la
point de TM que Rossi a pu direenqu'un se à ce p
juge ou un l'industrie
l' s.o1\8 UI}, tel r,égime que pourait être
préfet vendent de la justice ou de l'administration 1. ~n faisapt dlJ. tra-
~T~~
!ë~
comme le boulanger vend du pain et le marchand norait v
n le t~:VI\II; et, el1 désb,oQpr,ant le on dés,bo-
étoffes. ~co~ tput éjaq et, tpnts éner~e. Ettravail
~~es~
,lui e¡¡leyait on
a rangé le professeur, le médecin et le en sépa-
parml'Iea producteurs de richesse au moraliste r. la Jouissan.ce ds 1 eftDl't qui en
le
que mattre de forges, le charpentier et le vifme- titre le
'fc. sel, on, 'fW, en,lèv, à, I$fois
tpqte saveur et
est
ron; procurer l'instruction, a-HI dit, la santé ta plaisir, la bride com!11o à
res~n?~i~
lesquellesle travail, même te p!us matériel
deshommes~
res sains et honnêtes, n'est-ce pas la pourvoir des de
instruments de production tes
J.-B. Say avait dit, plus anciennement plus
on 1.~gf
choses sans'
s'an-Att. {i!
précieux? M
ni
esc~e,
r<
d<
Mn
f!" tl!~t~~ 1~1\ qo"vQf~i~es ei
~I'n.mm~?"?'
i homme, q C est apn. motemr,
professeur
Ba~. ~t
il ~u~s lea, eai-
p01lf le, maltre ey
tB stimuiant et le &eM de ia responsaS
"eu'
et son ven~aur..Mn rémunérateur
pour
qu'une seule industrie «II n'y a Aussi a-t-OH remarque que dans p
tes sociétés à
considère son but'e~ abonden~Mmnte
ses résultata énéraux; il ~sciaves
es tes Brodmtsde ~e
<I°4e,
sidère la variété de leurs procédésmilledes où tant & ~mne-
Xsq~~ agissent. »
et
si l'on con-
matikres :ments
ml
reté
et de r<ch.esse se mMent à tant de grossiè-
dec~r~
C'ellt à la technologie qu'appartient
la description prr
l'énumération de ces madère le
nous n'avons à envisager ici que les lois eénéra~es st,
et de mis~e mais les produit
~?'M''t.es de ce queie. ~aJs~ppM courMia ies
et insuNtanta: c'est & peine
du travail ou~ telles que
révèle et que l'histoire tes montre de l'homme les compte
0
si, parmi les m~enhons de ces sociétés,
o'. quetquM-unes d'un intérêt vraiment on en
en action, nera). L antiquité, en particulier, succombé gé-
lé a sous
ses vices autant que sous les ravages des Barbares. hier, et la garenne, sans compter les pillages et
Elle ne produisaitplus assez pour se soutenir. les violences personnelles, ont, malgré des adou-
L'un des principaux effets du christianisme, très cissements graduels, continue jusqu'à la fin de
certainement, a été de relever le travail. « Quicon- l'ancien régime d'écraser les terres et les gens.
que ne travaille pas n'est pas digne de manger Aussi la première de toutes les industries, l'indus-
a dit saint Paul, faisant des tentes pour joindre trie nourricière, était-elle misérable, et les famines
l'exemple au précepte. « Qui travaille prient a dit fréquentes; telles que personne, si haut que fût
à son tour saint Augustin. Et dans les primitives son rang, ne pouvait se flatter d'en éviter toujours
communautés de l'Orient, comme plus tard chez les atteintes. On a vu, en 1663, des personnes
ces moines de l'Occident auxquels est dû en partie K vêtues de soie tromper nne faim de deux jours
le défrichement de l'Europe, le travail, la sueur avec du son bouilli et M"" de Maintenon, en 1709,
même, étaient d'obligation stricte sudore tuo à Versailles, a dû manger du pain d'avoine. Quant au
vesceris pane. Les outils étaient bénits et consa- pauvre peuple, les rapports officiels des intendants
crés et mainte légende témoigne de l'estime dans à Colbert le montrent dévorant l'écorce des ar-
laquelle étaient tenues les K vertus qui sortaient bres et broutant l'herbe des champs et le régent,
des mains, vouées au labeur même le plus rude. sous Louis XV, apporte au Conseil du pain de fou-
Des siècles se passent cependant avant que gère pour faire voir au roi de quoi ses sujets se
l'esclavage ait disparu du sein des nations nourrissent.
devenues chrétiennes. A l'esclave succède non La condition des artisans, ou de l'industrie pro-
l'homme libre, mais te serf et bien des entraves prement dite, était-elle beaucoup meilleure Sans,
encora pèsent sur le serf (V. Servage). Le chris- doute, en se groupant dans les villes, les de
tianisme, en outre, s'il relève le travail par un métiers, comme on tes appelait, avaientgens pu se
coté, le rabaisse par un autre; car il a pour la ri- donner un peu de la sécurité personnelle qui
chesse et pour tes moyens qui la procurent des manquait presque totalement aux paysans. C'est
anathèmes dont toute trace n'est pas ejfacée en- même de ce besoin de défense que paraît être née
core. Il prêche le renoncement, il exalte la pau- la corporation. Ces hommes faibles, qui s'élevaient,
vreté et il conserve, à l'égard des travaux manuels dit Rossi, « comme des plantes tendres, et frêles,
ou salariés, cette expression de serviles à laquelle au milieu des épées et des faux tranchantes
on n'a pas cessé d'opposer celle d'occupations s'étaient groupés, parce que l'isolement pour eux
libérales. L'oisiveté, en même temps, est considé- eût été la ruine et la mprt, pour travailler, pour
rée par les puissants du jour comme un privilège exister. La corporation fut d'abord une armure dé-
non moins que'l'ignorance. Tel déclare aèrement fensive gênante ou non, il n'y avait pas moyen
ne savoir signer, vu sa noblesse, et tel autre se de s'en passer.
vante d'être de race vivant noblement, c'est-à-dire Mais avec le temps le caractèrede cette associa-
sans rien faire. La plupart des professions font tion changea, et à l'esprit de légitime défense, qui
déroger; et quoique le commerce maritime, le en avait été, l'inspirateur, succéda l'esprit d'op-
K grand commerce soit au nombre des excep- pression et de monopole. Les maltres,
tions admises, lorsqu'un gentilhomme en Bretagne sion d'une situation faite, toluvèront bon en posses-
de fermer
est contraintpar la pauvreté à s'y livrer, it dépose la porte derrière eux aux nouveaux venus; et les
son épée et ne la doit reprendre que le jour où il rois, de leur côté, après avoir, comme saint Louis
aura entièrementrenoncé au négoce. Les Thébains lorsqu'il fit rédiger le t.~re des mestiers, songé
dans l'antiquité allaient plus loin ils exigaient,de surtout à la loyauté du travail et à la bonne con-
la part de ceux d'entre eux qui s'étaient souillés fection des produits, songèrent a battre monnaie
par l'industrie ou le commerce, la purification de avec les faveurs et privilèges qu'ils octroyaient ou
cinq années d'oisiveté complète avant de pouvoir maintenaient en vigueur. Ils en vinrent peu à peu
entrer au Sénat. Les temps sont bien changés ne à afhnner, comme Henri m, que « le droit de tra-
nous en plaignons pas. vailler était un, droit domanial et royal, que le roi
Des articles spéciaux, sont consacrés, dans ce pouvait vendre et que les sujets devaient acheter,
Dictionnaire, aux Communes, au Commerce, aux et à déclarer, comme Louis XIV, a qu'au roi seul
Paysans, etc. On y trouvera ce qui ferait double appartientde faire des maîtres ÈSrarts. ? u
emploi dans celui-ci; il nous suffira d'ailleurs, pour L'histoire des corporations demanderait à elle
donner une idée de la condition de la masse labo- seule un volume. Disons seulement que deux faits
rieuse et par conséquent du trayait pendant le principaux caractérisent ce tégime 1° la classifi-
moyen âge, de deux citations. cation officielle des métiers, les règlements
L'une est de ~eaumanoir, le jurisconsultede la defabrjcation etlasurveillanceavec destinée' à en garan-
féodalité « Le sire (le seigneur), dit-il, peut tir l'observation et X" la limitation du nombre des
prendre aux serfs tout ce qu'ils ont, et les tenir maitris.es, dans plus d'un corps, de métier, et, dans
en prison toutes les, fois qu'il lui plait, soit à ceux mêmes où le nombre n'en était pas limité,
tort soit à c~-ot<, et il n'est tenu à en répondre fora l'obligationde se. faire accepter par les maîtres en
à Dieu. » exercice, l'apprentissage foMé, le, ehef-d'œu.
L'autre est de Guibert de Nogent, chroniqueur Yre. et les,avec formalités de réception.
du xnc siècle. « Communes, dit-il à son tour, est L'impossibilité d'arriver librement Ma ma!trisc)
un mot nouveau et détestable; et voici ce qu.'on c'était évidemment la coalition permanente des
entend par ce mot. Les gens, taillables ne paient mattres contre les ouvriers et contre le public;
plus qu'unq fois l'an à leur seigneur ce qu'ils lui l'exclusion de quiconque portait ombrage
doivent et s'ils commettent quelque délit, i)a; en déplaisait, l'impuissance pour quiconque récla- ou
sont quittes pour. une amende légalement nxéo. » mait. « Le consommateur, dit Turgot, a toujours
Il y a eu des serfs, il ne faut pas t'oublier, jusqu'à tort. »
la Révolution la lutte de Voltaire contre les L'apprentissage forcé, c'était une servitude tem-
moines de Saint. Oaude, sur le territoire desquels poraire, généralement fort longue, sept, huit, dix
on ne pouvait demeurer un an et un jour sans ans, au profit des maîtres, et d'ailleurs sans issue
compromettre sa liberté et risquer de faire per- la plupart du temps. C'était aussi, a défaut du mé-
dre à sa famille tout droit sur son héritage, est là tier qu'on avait appris, la jjermeture des autres.
pour l'attester. Les tailles arbitraires,les corvées, « Tu as appris à faire des clavecins, dit
les taxes de toutes sortes, contre lesquelles a si ce propos Rossi on n'en fait plus, mais onencore à
fait des
courageusement travaillé Turgot, les droits de harpes, et tu pourrais y réussir. Tant pis pour toi
banalité (four, pressoir, moulin et le reste), le tu n'en feras pas.
gibier du roi, le gibier du seigneur, et le colom- »
Pour ce qui est des règlements de fabrication et..
de la divisionofncielle des professions, la moindre gnale Lyon, en t744 notamment et en t7M, d'ef.
réaeïion montre ce qu'il faut penser de cette pré- froyablescrisessuivies dt grèves et d'insurrections;
tention de « l'orgueil administratif. f En fait de chaque fois ta ville est pendantplusieurs jours aux
travail tout se touche et tout se modifie. On ne mains des ouvriers, et l'ordre n~st rétabh que par
peut, comme dit très bien M. Droz, « concilier des une occupation militaire. D'ailleurs, remarque-t-il
goût* et des besoins changeants avec des règle- justement,« les maux les plus apparentsne sont pas
ments immnaNes;et c'est un singulier moyen de toujours~ les plus réels.Des génération* entières
perfectionner les arts que de leur interdire le pro. ont pu se succéder, végétant et mourant les unes
grès. Aussi n'hésite-t-il pas, après avoir justiNé après les autres, sans même concevoir la pensée
cette conclusion par des exemples, a appeler cette d'une situation meilleure. Le silence de l'histoire
consécrationde la routine « une guerre perpétuelle cache à lapostérité ces misères muettes. Elles n'en
« de l'administration contre l'industrie. » Quelle sont pas moins réelles elles sont même d'autant
situation, dit pareillement M. F.Cadet (fM~ot.H- plus tristes pour qui saitréaechir qu'elles sont plus
brairie centrale des publications populaire*), que générâtes et moins faciles à guérir.
celle d'hommes enfermés dans ce dilemme: ou C'est donc de la chute des corporations que date,
étoutTer en eux l'esprit d'invention, ou violer la loi7 en France au moins, l'émancipation matérielle et
,Telle était pourtant, au siècle dernier encore, la morale de l'industrie, l'affranchissement du travail
situation commune, et l'on n'y échappait, exception- et l'anranchissementde l'homme qui travaille. En
neliement, comme Réveillon,le célèbre et malheu- Angleterre des règlesanaloguesavaient été édictées,
reux inventeur des papiers peints, qu'en obtenant notamment par le statut de la cinquième année
l'érection de son établissement en manufacture d'Élisabeth, ou statut des op/M'Mt~M; mais iu mal
royale. a Les règlements, d'ailtenrs toujours avait été moins grand,grâce à cette habitude d'ap-
violés, < s'entassent sur les règlements. Colbert a pliquer les lois dans leur lettre qui est un des
lui seul en lit cent quarante-neuf. Les procès de traits du caractère britannique. Les dispositions
leur côté se multiplient A s'éternisent.La querelle restrictives n'étant observées qu'it l'égard des in-
des fripiers et des tailleurs, sur la distinction d'un dustries et des localités formellement visées, le
habit neuf avec un vieilhabit, dure plus de deux travail avait pu trouver la liberté sous d'autres
siècles; eUe durerait encore sans la suppression noms ou dans d'autres lieux. Le carrossier, dont le
des maîtrises. < De t5'!8 a H67, les saveuers et les métier était réglementé, ne pouvait faire de roues
cordonniers se disputent pour arriver à la défini- mais l'ouvrier en roues, au sujet duquel la loi se
tion d'une vieille botte. Les oyers-rotisseurs,les taisait, pouvait faire des carrosses. Les centres
poulaillers, et les cuisiniers, d'une part;« les mer- manufacturiers pour la plupart n'étaient pas villes
ciers, les gantiers et les bonnetiers-chapeliers, de à l'époque d'Élisabeth t)s se trouvaienten dehors
l'autre, sont également aux prises et < le Parle- des entraves imposées aux villes, et pouvaient se
ment rend des arrêts contradictoires, maistoujours développer librement. De là, sans aucun doute.
graves, sur le droit de vendre de la viande cuite pour une bonne part, l'avance prise par l'industri''
ou crue, de faire des sauces, sur le nombre des anglaise.
plats de Meassée a porter en ville, oa sur la C'est à Turgot d'abord, à la Constituante en-
quantité de gants ou de chapeaux à mettre en éta- suite, que revient, en France, l'honneur d'avoir
lage. t brisé les chatnes de l'ancien régime industriel.
On n'en finirait pas d'énumérerseulementlesvices Turgot, en H76, après avoirmagistralement dressé
de ce régime. « Patrons et ouvriers en souffraient l'acte d'accusation des corporations, et non moins
également. Les patrons étaient gênés dans leurs magistralement proclamé, dans un immortel
moyens d'action, dans le nombre d'apprentis et préambule, la charte du travail libre, faisait rendre
d'ouvriers qu'ils pouvaient faire travailler, dans par Louis XVI, et enregistrer par le Parlement (au
leurs achats et leurs ventes, dans leur fabrication prix d'un lit de justice, il est vrai), un édit par
et leurs privilèges ne les empêchaient pas de souf- lequel, sauf l'imprimerie,la pharmacie, l'orfévrerie
frir des privilèges des autres. Les ouvriers étaient et les offices de barbiers-perruquiers-étuvistes,
enfermés dans une profession, et ne pouvaient toutes les professionsétaient déclarées libres.
d'ailleurs,sauf de rares et dispendieuses eKep- La coalition des privUégiés le renversait, quel-
tions, espérer d'arriver à la maîtrise. ques mois après, et détruisaiten grande partie son
On a dit que, du moins, la corporation étant une œuvre. Mais la Constituante ia reprenait, et après
famille, dont l'ouvrier faisait partie, il était cer- avoir, par l'art. 2 de la loi du 2 mars 1791, sup-
tain de ne jamais être abandonné; la confrérie, primé « les brevets et lettres de maltrises, et tous
sainte et bienfaisante union de fraternitéchrétienne, privilèges de profession.sousquelque dénomination
ne lui offrait-elle pas un refuge assuré? C'est une que ce soit, elle déclarait, dans l'art. 7, « libre
erreur. < Ni compagnons, ni apprentis,dit M. Le- à toute personne de faire tel négoce ou d'exercer
vasseur~ tvalent droit aux secours ils n'étaient telle profession, art ou métier qu'elle trouvera
pas plus a au bénénce de l'aumône qu'aux bon, souft la condition seulement « de se pour-
autres av tages de la communauté. Les maîtres voir d'une patente, d'en acquitter le prix et de se
seuls et le re veuves en profitaient. Encore fallait-il conformer aux règlements de police. Ce ne sont
que les sq ours fussent sollicités. En réalité, dans plus H des exclusions ni des faveurs ce sont des
,une sociét fondée sur des privilèges, chacun est mesures d'ordre, plus ou moins bien entendues,
jaloux de' elui qu'il possède, » et c'est de l'un à mais les mêmes pour tous, et qui laissent le
l'autre un* cascade de dédains. Les bourgeois mé- champ libre à toutes les ambitions comme toutes
prisaient lea artisans; « ce mépris, les artisans le les capacités.
rendaient avec usure aux ouvriers, et ceux-ci, Telle est, depuis bientôt un siècle, sauf quelques
i« de leur coté, ne ménageaient guère les appren- exceptions qui ne sont peut-être pas toutes suffi-
ti*. samment justiûées, mais qu'il serait trop long
Au point de vue social, en somme, au point de d'examiner ici, la condition du travail en France.
vue moral, aussi bien qu'an point de vue profes- Il est libre, à l'intérieur au moins, qu'il s'agisse
sionnel, le régime de la réglementation était dé- de culture, de commerce ou d'industrie'propre.
plorable. La dignité humaine n'en souffrait pas ment dite. A l'extérieur la cause est pendante, et
moins que le travail. ce n'est pas une des moindres questions de l'heure
On a dit aussi qu'il n'y avait alors ni chômages présente. Chacun, quel qu'il soit, est seul maître
ni grèves, et que les difficultés contre lesquelles du choix de sa profession; et chacun, dans cette
lutte notre temps étaient inconnues au temps profession, marche comme il lui convient, à ses
Mssé. Cela n'est pas plus exact. M. Levasseur si- risques et périts
On sait quelles ont été les conséquences de ce chesse, en tout cas, infectée dans sa source, e:t
changement; et quel essor ont pris, une fois déli- le plus souvent le prix de la rapine et de l'oppres-
vrés de leurs entraves, non seulement la produc- sion, et l'industrie, pour H peu qu'elle existe, est
tion et le commerce, mais la science. M. Moreau à toute heure la proie du brigandage. De là,
deJonnès,dans son livre surla Statistique de ft?!- pour le dire en passant, tes anathèmes, alors trop
dustrie en France, a montré cette industrie, ai- justifiés, dont le souvenir pèse encore sur la ri-
franchie de la veille, sauvant la France en 1T92, et, chesse.
pour premier emploi de sa liberté, improvisant les Les hommes cependant, par la guerre même ou
plus merveilleux moyens de défense et d'équipe- parles voyages, voient s'élargir peu àpeu leur hori-
ment. M. Droz qui, comme tut, avait connu l'an- zon. Des productions inconnues leur sont révélées i
cien régime, et pouvait parler pertinemment de des désirs nouveauxsurgissenten eux. Des échanges,
ses vices et de son dénuement,a lui aussi, dans d'abord rares, et bornés naturellement,sauf pourles
une page non moins remarquable, attribué à <t de la courtesdistances, aux objets rares, les seuls qui puis-
liberté donnée à l'industrie, dans l'intérieur sent supporterdes déplacements difficiles,commen-
~'E<<!<, la facilité avec laquelle la France, dans le cent à s'opérer, et le commerce, auquel la sécurité
premier tiers de ce siècle, a supporté tant de cala- est indispensable, impose, sous peine de refuser
mités et répare tant de ruines. Nous avons fait, ses services, de premièreshabitudes d'ordre et de
plus récemment, la même expérience c'est assu- loyauté. Il exige en même temps de premiers
rément à la puissance de son activité productrice, moyens de communication des sentiers sont tra-
affirmée avec tant d'éclat dans la dernière Expo- cés, des lignes de caravanes s'organisent,et la na-
sition, que la France a dû la rapidité avec laquelle vigation s'essaie le long des côtes pour se hasarder
elle s'est relevée des désastres de la guerre étran- bientôt plus loin. Peu à peu, avec les choses, les
gère et de la guerre civile. hommes se mêlent, et les idées s'échangentcomme
Le même Moreau de Jonnès écrivait, à la pre- les produits. Et non seulement on vend et l'on
mière page du livre qui vient d'être cité, les lignes achète, c'est-à-dire on porte ici ce qui était là et
que voici là ce qui était ici; mais on s'associe et l'on obtient,
« Abandonnée aux esclaves chez les peuples de par des rapprochements que la nature n'avait pas
l'antiquité, dévolue aux serfs pendant tout le faits, des ressources nouvelles et des produits d'o-
moyen âge, enchalnée jusqu'à nos jours par les rigine humaine. Ces trouvailles, souvent, sont
jurandes et les corporations, l'industrie a passé dues au hasard mais souvent aussi, au lieu d'at-
quarante siècles au moins dans la servitude, ran- tendre patiemment les heureuses rencontres, on
çonnée comme un ennemi, vendue comme un cap- veut aller au-devant et l'on cherche, au risque de
tif au pouvoir des pirates, opprimée dans les ne pas trouver. On observe, on expérimente, on
moindres actes de son travail et de son intelli- raisonne; des faits connus on déduit des lois, et
gence, châtiée comme le nègre et méprisée comme des lois on déduit la possibilité, la certitude même
le paria. Elle est aujourd'hui libre, riche et ho- d'autres faits. La science ainsi emprunte sa lu-
norée elle est l'arbitre des destinées des premiers mière à la pratique, et son tour l'éclaire. La
à
peuples du monde, qui lui doivent à la fois leurs chimie, la physique, la mécanique, la minéralo-
trésors, leur puissance et leur civilisationraffinée. » gie se mettent au service de la production; les
Ces lignes peuvent paraître, au premier moment, outils se perfectionnent;les machines se multi-
dictées par un enthousiasme exagéré. Elles ne plient la vapeur, l'électricité, en réduisant sous
sont, en réalité, que l'exact résumé de l'histoire de les pas de l'homme l'espace et le temps, agrandis-
l'industrie. sent sa place sur la terre et de plus en plus lui
Aux premièresheures de l'humanité, l'industrie, permettent de dominer la matière. Ce n'est plus
à vrai dire, n'existe pas. L'homme n'est qu'un ani- le bras alors qui est l'outil, il n'est que l'in-
mal qui, sous l'impérieuse impulsion du besoin, termédiaire par lequel la pensée commande à
cherche autour de lui la pâture et l'abri. Il ne l'outil. La navette et le marteau, selon la prophé-
produit pas alors; il consomme, on pourrait dire tie peut-être inconsciente d'Aristote, marchent
qu'il <Mt)<M<e. Aussi a-t-il bientôt épuisé le coin de seuls, et le labeur servile n'est plus nécessaire.
terre sur lequel il se trouve jeté, et lui faut-il, Et non seulement il n'est plus Au nécessaire, mais
pour végéter péniblementd'une vie misérable, des il est impuissant et dangereux. perfectionne-
espaces immenses. Mais l'intelligence chez quel- ment de l'outillage le perfectionnement de
ques-uns s'éveille, la prévoyance apparaît; aux l'homme doit répondre. Pour conduire les puis-
ressources spontanées de la nature on songe à sants et délicats engins de la mécanique moderne,
ajouter des ressources préparées par la main de pour ne pas compromettre à toute heure, par de
l'homme; on façonne le bois, la pierre, le métal; fausses manœuvres, non seulement le travail,
on creuse des tanières ou l'on élève des huttes; mais le matériel, et le personnel lui-même, il iaut
on garde des animaux ou l'on multiplie des plantes. des hommes a l'abri des témérités de l'ignorance
Toutefois le cercle dans lequel s'opère cette ac- et des irrégularités de l'insouciance. De là, comme
tion est étroit encore, et l'effort matériel y do- pour le maniement plus délicat et plus dangereux
mine. Les muscles, mal armés, restent le principal encore de la machine politique, la nécessité d'une
outil, et contre les résistances sans nombre de la instruction plus générale, plus étendue et plus
nature cet outil est trop faible pour remporter précise. De là aussi, par une inévitable réaction,
d'importantes victoires. Quelques-uns seulement, l'élévation du niveau général, et la mise au jour
les plus forts et les plus habiles, en se faisant des d'une foule d'aptitudes qui, dans d'autres condi-
autres des instruments, arrivent à se procurer tions, se seraient toujours ignorées. L'industrie,
quelque aisance et quelque luxe relatif la force dit admirablement encore M. Moreau de Jonnès,
est le grand moyen d'acquisition, et l'esclavage donne aux hommes la nourriture et le vêtement i
soutient, à la surface des sociétés, un état-major, elle change les torrents en force motrice, la foudre
au fond bien mat pourvu lui-même, d'hommes plus en messagère, et fait du soleil un peintre à nos
ou moins libres qui se disent la nation et la cité. ordres. Par elle les hameaux deviennent des
Le Spartiate, selon la vieille chanson dorienne,la- villes, et la richesse éclôt dans les déserts. Mais
boure avec sa lance et moissonne avec son glaive; « elle fait mieux, elle féconde les esprits par ses
il n'en est pas beaucoup plus heureux pour cela. inspirations. Un pauvre ouvrier, un barbier, un
Le Germain, d'après Tacite, estime honteux d'a- filateur, un tisserand, » un mineur, un Arkwright,
cheter au prix de la sueur ce que le sang peut un Jacquart, un Stephenson, « deviennent des
payer; sa vie ne paraîtrait guère enviable aux plus mécaniciens habiles, des hommes de génie, qui
humbles de nos ouvriers contemporains. La ri- reculent les limites du possible, et agrandis-
sent la sphère où semblaient enfermées à jamais MttpSTMES CLASSEES. – V. Sa/MOftM M.
nos destinées. C'Mt beaucoup de préeeMet le MK)'tfe.
peuple des intempsties et de la malpropreté, q<n tK~i.ORESCEKCE – Betaxtqae, VIII.
attiraient sur non aaoêtMt les Béam mettMriers –
terme d'tM/ïcfe~MMee s'emploie dans deux accep-
Le
des épidémies; mais oest davantage de « don, tions il signifie tantôt l'Mran~emeat des aeurs
ner aux populations t'acMvité du corps et de l'es.. sur la plante, tantôt un ensemble de fleurs non.
prit, qui agrandit leurs. facultés et les rend eapa- séparées les unee des autres par des teuilies bien
htes d'accomplir la ~stton départie à ftomme développées
sur ta terre, celle de gagner M vie paf son ta~ Dam *ne inaoMMexee, <M appeBe p~<<OM<t~M
beur. De tous les phémomène*, t~ pttaa nnpop. oup~Ao~M teeuto qui supportent tM tteara, et
tant pour t& moraliste et le pMtosepbe e'eat tfac~M tee tMiMes a raieseMe desqoeUw naissent
pertBctionnMttent de l'entendement h)MMia pa~ !et pM<MMa~M; ces bnMtëMmMqxentdma quel-
ta diffuion det coaMiManee* utiles. L'indMtttt 'lues inbeeœ»eee,pat
ques in~MMeeBtM. ad --Ille- 4_.lear
eMttp~ dans oeUes des
moderne a fait na)tM par iM hM~)Mttx)~die M*
nécessités pin* de. desMMteaM, de MttatatewM,
eMcMh-M. Les bMeMw ~ft~ <)MM tw farme
forme;
<!Iea Mat g6aëft)exKmo petttM (MetHe}, n<et<nbM.
de, mecanicient, de ehimiete*, que tous tee enset- neweet, TNttet,
<m dtverMm<nt to<0féee<.
gnements n'en avaient pn Meduu-e pendant dea On nomme, axe )Mnm<t<~ <t~ l'inawMaeene~ le
siècles. Elle a infuse dans dea population. no~- p4donoate oommttn d'où n<t!MMtt tMe les
breuMa des habitudes d'ordre, de devoir, de fe- eM demMU antres
prennent tes non» d'~tBM Me<n<~<fet,
flexion, de recherche, etc. Enatt, et pour terni- <MM <<f«a<~M suivantleur ordre d'apparition.
ner cette longue et incomplète nomenclature, c'est L'Maoreacence est dite <M/!Mte lorsque son axe
à 1'industrie que~ le monde moderae doit les no- primaire et tous auxquels il donne nais-
tions x, tzèSiMsufatantesasaurëment, «d'économie sance se terminenteeat par tme fleur (mouron des ot-
politique qu'il possède, » MMM, ancolie, etc.).
Où s'arrêtera ce mouTenteat? n serait témé- L'innoFescence est tM<«!~e torsqw t'Me pfi-
raire de le dire. Le passe, quel qu'it soit, ne donne maire, au lieu de se terminer une fleur, s al-
qu'imparfaitementla mesure de l'avenir. Mais il longe MMMnniment et que tes par aenM sent portées
est, dès maintenant, parmi les conditions du déve- sur les branches secondaires nées a l'aissetle des
loppement industriel et scientifique dont nous feuilles de t'axe primaire.
sommes témoins, des conséquencesqui s'impo- Les aenra sont M/ttan~, quel que soit te mode
sent, comme s'est imposée la liberté intérieure, et <Hndorescence,torsq~M chaque pedonoateest sim.
qui avant peu s~ réaliseront. Au, premier rang est ple, qn'H natt immédiatement de la tige, et
la nécessité, .pour tourtes peuples, d'étendre leur montre isoté~ des autree par des femUes se
peu défor-
sphère d'action et de devenir~ de plus en plus, méest
par tours achats et par leurs ventes, les fournis- Les CeaM t~sTMe~ Mt ~fOMpt sont tantôt poer-
seurs et tes clients les. uns des antres. t'mdustne, vues de bractëea et tantôt nues.
le commerce, ragrioaltnre elle-même', à mesure 7n/tor<MeMCM indéfinies. Les inflorescences-
qu'ils augmentent la puissance cte leurs moyens, indénnies sont ta grappe, le co~MAe~ l'OM~e,
sont forcés d'augmenter leurs ressourcée, et de l'épi et le capitule.
franchir les limites, non seulementde leur terri- La yojfpe est ineorescen~e dont te~ axes
toire propre, mais des oontinenta. Le travail, quoir secondaires, à peuune près égamt, naissent le long' de
qu'il en ait, devient international. La fraternité, l'axe primaire. La~Mtppe :tmp/e est oett6 dont les-
avant de passer dans tes esprits, est dé~t dans les pédicettes naissent immédiatement de l'aM pri-
faits. Aucun peuple. fut-it le plus riche et le plus maire et se terminent par une fleur ~réséda, gro-
sobre du monde, ne peut plus se suffire il est, seitie). liA y~ppe cot~mot~o ou paMtCM~e est une in-
à toute heure, et sous mille formes, en relations florescence composée dans laquelle tes a~as secon-
avec les autres et si, par son fait ou sans son fait, daires nés de l'axe primaire se ramifient en axes
ces relations, comme pendant la guerre de Crimée tertiaires (yucca). Le txmMM~ se nomme thyrse
ou la guerre de la sécession américaine, se trou- quand tes pédicelles. du milieu. sont plus longa
vent interrompues, n souffre. dans sa nourriture, que ceu dos ewtnSmitea, et quo l'ensemble de
dans son vêtement, dans son travail, aujourd'hui en rinuoresoenoe présente une firme ovoïde.
proie à la disette du blé et demain à la famine du Le conym&e est une inflorescence voisine de la
coton. Ainsi le veut ta solidarité croissante du grappe, danslaquelletes pédiceiles inférieurs, beau-
genre humain, et c'est l'intérêt, c'est t'industrie coup plus longs que les supérieurs, mettent les
qui, ici encore, au nom du pregrès matériel, com- fleurs sur un m6me plan, formant ainsi une sorte~
mande le progrès moral. C'est elte qui, après de parasol rayons inégaux.
avoir rapproché les viHagea, puis les provinces, et L'ombelle est une inflorescence que l'on peut
créé les peuples, rapproche les peuples eux- comparer à une grappe dont l'axe primaire extrê-
mêmes et peu à peu les pousse vers cette société mement raccourci est réduit à une surface étroite)
du genre humain que nommait déjà Gicéron, MCt'e- et dont les axes secondaires, égaux entre eux, par-
<<M 0<MM« humani. tent tous d'un même point. L'ombelle est simple
L'industrict on te voit, n'estf donc autre chose quand les axes secondatresseterminent chacun
que l'exploitation, d'abord grossière, puis moins une fleur. L'ombelle est e<wtptM<< quand les axes se.
par
imparfaite, puis savante et- puissantedu globe par condaires émettent chacun des axes tertiaiMS dis-
le travail. Elle est l'ascension graduelle de posés eux-mêmes, en ombelles si les que l'on
l'homme non seulement vers le bien-êtret mais nommeombellules(carotte). Les bractées des ombel~
vers la liberté, vers l'égalité, vera la justice, vera les, ramenées sur un même plan, puisque tous les
la paix, grâce à l'e~pénence qui éclaire et a la axes secondairespartent d'un même point; forment
science qui découvre. OEuvre~ non de la main, unYerticelIe que l'on appelle ttHK~Mcre l'om-
mais de l'esprit, elle agit sur la matière sans belle tout entière, et 'nuo/MceMe quand ilpour embrasse
doute, mais pour It dompter et pour s'étever au- la base des rayons de chaque ombellule.
dessus d'elle. Et c'est pourquoi il ne faut pas mau- L'épi est une grappe dont les axes secondaires
dire en elle, a bien dit M. de Fontenay, a le progrès sont nuls, de telle sorte que les fleurs sont sessiles
matériel e il faut saluer et bénir n le signe maté- sur l'axe primaire (plantain); h'~pt est dit com-
riel du progrès, lequel est moral. « Nous avons posé lorsque lesaxessecondairesde l'innorescenM,
des corps, avait déjà dit Franklin, mais nous au lieu de fleurir, produisent chacun un petit épi
sommes des esprits. » distique nommé épillet (blé). L'épi prend le
[Frédéric Passy, de l'Institut.] nom de chaton lorsque ses fleurs sont incomplètes
(chêne). Le chaton lui-même est désigné sous le blent ble naître sur des feuilles ou sur des bractées.
)C.-E. Bertrand.')
de co~tf oa s<fo~!7e lorsque ses écailles sont
nom
grandesetépaisses(pin);il est désigné sous le
le cha-
ÏNFUSOtHES.
1
MO~CAHONS.
t
– V. Protozoaires.XIX; Agricul-
– Météorologie,produites, soit
nom de spa<<t<:e lorsque dans sa jeunesse
bractée nommée ture,
tu; IV. Les inondations sont
ton est enveloppé par une grande des pluies prolongées ou extraordinairement
spathe (arum pied~te veau). Le spadice rameux des par pal
soit la fonte rapide des neiges
palmiers a reçu le nom de f~t~e. abondantes,
ab( par
Le capitule est une inflorescence dans laquelle acf accumulées sur le sol dans les jours antérieurs.
les fleurs sont agglomérées en tête sur un récep- Il
1 est impossible d'établir, par une formule gé-
tacle commun c'est un épi aplati dont l'axe pri- né! nérale, les relations qui existent entre le volume
maire s'est refoulé sur iui'mème de haut en bas des de! eaux pluviales qui tombent sur le bassin d'un
(composées). Le capitule, de même que l'om- fleuve Be et le volume des eaux débitées par le fleuve.
dernières sont le résidu de l'évaporation du
belle, est ordinairementmuni a sa base de bractées Ces Ce
transpiration des plantes, qui changent
dont l'ensemble forme un mvolucre. Tantôt cha- sol et desaison la
que fleur du capitule est(camomille)
pourvue de sa bractée, avec
av~ la et le climat, avec la nature et l'incli-
réduite à l'état d'écaille ou de simples naison na des terrains, avec les cultures de chaque
poils (bleuet). D'autres fois, toute trace de ces région. rej L'observation locale pourrait seule ren-
bractées intérieures a complètement disparu (pis- seigner se! à cet égard, par la mesure du débit de
senlit). C'est au capitule qu'on doit rapporter chaque cb ruisseau, comparée avec la somme des
l'inflorescence du figuier nommée A~pan~oatc. pluies pli que reçoit son bassin d'alimentation. Cette
C'est un réceptacle très déprimé qui porte des usure comparaison,
co commencée par M. Belgrand pour la
incomplètes, enchâssées dans des enveloppes à Seine Se et ses affluents, lui a permis de formuler les
bords déchirés. Les fleurs mâles occupent le haut règles rè pratiques de l'annonce des crues prochai-
de la tige, et les petites écailles qui ferment son nes ne aux populations menacées. Ces règles sont
orifice représentent un involucre de bractées qui appliquées ap couramment par M. Le Moine, élève
dans l'état normal ceindraient la base du récepta- et collaborateur de M. Belgrand. Une commis-
de commun, comme cela a lieu dans les capitules nombre sil hydrologique fonctionne depuis un grand
sion
ordinaires. d'années à Lyon pour le Rhône et la
Dans la grappe, l'épi, la corymbe, l'ombelle Saône;
Sa M. Poincarré en a établi une à Bar-le-Duc
simple, le capitule, la floraison se fait soit de bas pour
pc la Meuse. Il est à désirer que de semblables
institutions
in s'étendent à toute la surface de la
en haut, soit de la circfmférence vers le centre de France.
l'inflorescence.
/?:ore<ceKCM définies. Les inflorescences dé- Les inondations sont rares dans la saison d'été;
6nies sont désignées d'une manière générale sous M celles qui s'y produisent sont dues à de violents
le nom de cymes; les principales sont les cymes or orages, à des trombes d'eau, qui peuvent parcou-
~tparM et les cymes MHtparM. ri des bandes de terrain assez longues, mais
rir
Cymes bipares. Pour former une cyme bi- généralement g< étroites. Leur soudaineté produit
fleur dont le pé- qi1 quelquefois de grands désastres, surtout quand les
pare, la tige se termine par une les flancs d'une grande chaine de
doncule porte à sa base deux bractées à l'aisselle nuées n~ longeant
de chacune de ces dernières na!t un axe secondaire m montagnes, leurs eaux se réunissent rapidement
terminé lui aussi par une fleur dont le pédoncule dl dans les thalwegs des vallées. Le plus générale-
porte inférieurement deux autres bractées, dans ment m ces inondations sont locales et ont peu d'ac-
l'aisselle desquelles naissent deux axes tertiaires ti tion sur les grands cours d'eau. Dans cette période
terminés chacun par une fleur. Il y a donc là une d~ de l'année, en effet, la végétation dans toute son
série de bifurcations portant chacune une fleur dans activité a; retire du sol de grandes masses d'eau
son aisselle. Si, au lieu de bifurcation, en chaque q' qu'elle verse dans l'atmosphère sous forme de
point naissaient trois branches de second ordre, vapeur; v. la terre peut donc accepter des pluies
la cyme serait dite tripare (cerastium). copieuMS
et sans en être saturée et sans ruisselle-
Cymes unipares. La cyme unipare a pour ori- ments n] superficiels abondants, surtout quand sa
gine une cyme bipare dont une des branchesavorte surface s~ est peu inclinée et que sous-sol est per-
le
coMM..
constamment à chaque nouvelle division. On dis- méable. n au contraire, la végétation
tingue deux sortes de cymes unipares les cymes Dans la saison froide, considérablement
MMMMM'<Ms scorpioides et las cymes unipares héli- est e! peu active et l'évaporation
réduite.
r' La terre perdant moins d'eau est plus
La cime unipare ~corp:oMe est ainsi nommée promptement
p saturée par les pluies dont l'excé-
parce que l'espèce de grappe unilatérale qu'elle dant d fait gonfler les rivières et les fleuves.
constitue, et dans laquelle la formation des fleurs i Une différence non moins grande est produite
marche de la base au sommet, se contourne en par p la nature du sol et du sous-sol.
volute. Son rachis résulte de la superposition d'un Il est des terrains perméables par eux-mêmes et
grand nombre de petits axes nés les uns des autres. q qui reposent d'autre part sur des sables, des gra-
Les fleurs, toutes situées d'un même côté en deux viers
v ou des roches fendillées au travers desqne)-
files longitudinales, sont opposées à tout autant de hles l'eau s'infiltre aisément.
prairies sauf
Ces
dans
terrains sont im-
le voisinage des
bractées situées de l'autre coté du rachis (myo- propres
p MX
sotis). ccours d'eau, à moins que les pluies de la région
La cyme unipare hélicoïde (hémérocalle) ne dif- ne
t) soient fréquentes ou que l'on puisse irriguer
fère de la cyme scorpioïde que parce que les neurs en t
e été les vallées secondaires
qu'elle porte, et les bractées qui leur sont oppo- Bment dépourvues de tout cours d'eau et le ravine-
y sont ordinaire-
spirale.
i
sées, s'élèvent le long du rachis suivant une ligne Bment des terres y est exceptionnel.
il est d'autres terrains, au contraire, qui sont
On désigne sous le nom de glomérules ou cymes argileux a et reposent sur l'argile ou la marne, ou
contractées des cymes à pédicelles très courts, bien 1: qui sont assis sur des roches compactes. Ces
queUe qu'en soit d'ailleurs la nature spéciale. t
terrains sont toujours frais; les sources y sont
Plusieurs auteurs (MM. Duchartre et Decaisne)nombreuses, r et les prairies naturelles faciles à
appellent inflorescences mixtes celles qui parti- établir. 6
cipent à la fois des inflorescences définies et des9 Les uns et les autres se comportent tout
inflorescences indéfinies (labiées, mauve); et l'on différemmentif sous l'action des pluies un peu
Dans les premiers, les eaux du ciel
désigne sous le nom d'inflorescences épiphylless prolongées. 1
celles de certaines plantes dont les fleurs sem- pénétrent 1
profondément dans le sol elles échap-
pent ainsi, en partie, aux racines des plantes et bateaux employés sur l'Elbe. On l'attribuait
se rassemblent lentement dans tes nappes sou- déboisement; mais il s'est également produit surau
le
terraines qui émergent au dehors en sources gé- Volga, dont l'immense bassin n'a subi que des
néralement abondantes et ne subissant dans leur déboisements relativement imperceptibles. Il y a là
débit que desoscillationsgraduelles et relativement des oscillations climatériques à longues périodes
peu prononcées. Dans les seconds, les eaux du qui se sont déjà reproduitesplaceurs fois, et aux-
ciel, arrêtées à une faible distance de la surface, quelles se surajoute l'influence du progrès des
restent longtemps disponibles pour la végétation sociétés humaines. De nos jours encore, on voit,
locale; le surplus suinte du sol en sources nom- dans des régions depuis longtemps déboisées de
breuses dont le débit suit de très près la marche la France, des sources anciennes disparaître
des pluies. Dans la saison où ces dernières sont peu
à peu, tandis que les innondations d'hiver persis-
abondantes, et surtout si le terrain présente des tent et s'aggravent.
déclivités très accusées, les eaux ruissellent en Le drainage des terres, le curage des ruisseaux,
outre à la surface, et se rendent directement dans le desséchement des marais, diminuent de plus
en
les cours d'eau dont le volume augmente avec plus les eaux dormantes les résidus des eaux
rapidité et décroît ensuite avec une rapidité pres- pluviales s'écoulent plus promptement les
que égale. Neuves dont les crues sont plus rapidesvers
et plus
Tout cours d'eau dont le bassin est composé en hautes, en même temps que les nappes souter-
majorité de terrains imperméables, soit par eux- raines ont moins de ressources d'approvisionne-
mêmes, soit par suite de leur déclivité exagérée, ment. Mais il est une autre cause dont on ne
est à régime torrentiel les crues y sont souvent tient pas suMsamment compte en été. Autre.
subites et violentes,mais peu durables. Tout cours fois nos champs ne portaient que de maigres ré-
d'eau dont l'ensemble du bassin est composé de coltes et les jachères étaient fréquentes. Aujour-
terrains perméables garde des allures tranquil- d nui une culture pins parfaite
a augmenté les
les. Ses crues sont lentes et aussi ses décrues. rendements; les plantes fourragères remplacent la
Cette diiférence de régime se retrouve tou- jachère, et leurs racines vont profondément puiser
jours, que les terrains soient nus on boisés. Sur Feaudu sol qu'elles rendent a l'atmosphère à l'état
les terrains imperméables du Morvan, le Ruz de vapeur. Or, si on considère que chaque kilo-
de la Grenetière. dont le bassin est entière- gramme de blé produit enlève à la terre de 1000
ment boisé, passe par tes mêmes alternatives que à 1200 kilog. d'eau, et que le sainfoin, le trèfle, la
le Cousin, dont le bassin est aux deux tiers déboisé. luzerne, en dépensent deux ou trois fois plus
D'un débit de 2'!00 mètres cubes par heure en que le blé, on comprendra que plus les rende-
hiver, il peut tomber à sec en été. Les passages du ments s'élèvent, plus la proportion des eaux plu-
régime d'hiver au régime d'été, et réciproque- viales consommées par les récoltes augmente,
ment, y ont lieu en mai et en octobre comme dans plus aussi est faible la proportion qui s'en écoule et
les terrains déboisés. Dans les régions de la vers les sources. C'est la loi nécessaire du progrès
Champagne pouilleuse, à peu près absolument agricole et qui se retourne contre ce progrès même.
déboisées, mais à sons-sol très perméable, nous Le seul moyen d'y pourvoir est d'aménager les
voyons, au contraire, les eaux de l'Ardusson, l'un eaux d'hiver, toujours surabondantes, rarement
des principaux amuents de la Seine, ne varier que utiles et fréquemment désastreuses.
de Om,20 en hauteur dans ses plus fortes crues. En C'est à leur origine même qu'il faut lutter contre
dehors du climat et du mode de répartition des les dangers des inondations et si nous ne pouvons
pluies, le régime d'un cours d'eau dépend donc rien sur les pluies, nous pouvons, du moins, en
essentiellement du degré de perméabilité et du rég'i)ariser les effets.
degré d'inclinaison des diverses parties de son Dans les pays à pluies fréquentes et générale-
bassin. ment modérées, le ravinement des terres est peu
Les bassins de la Loire et de l'Allier sont pres- à craindre, sauf par le débordement des eaux ve-
que entièrement composés, dans leurs parties hau- nues de plus haut. La végétation naturelle suffit
tes, de terrains Imperméables leur lit, presque a à la défense du sol contre l'exagération desypluies
sec en été, a besoin d'être endigué, et souvent il qu'il reçoit. Le reboisement et le déboisement n'y y
déborde en hiver. Dans le bassin de la Seine, au sont qu'une simple question d'exploitation du sol
contratre, les terrains perméables sont en majo- et de rendement maximum. Il n'en est plus ainsi
rité le régime du fleuve est mixte et ses crues dans les pays à pluies torrentielles et à pentes ra-
sont complexes. Jusqu'à Montereau, la Seine a des pides. Alors même que le sol en serait naturelle-
allures tranquilles à partir de ce point, l'Yonne ment perméable, il n'y suffit plus à l'absorption
lui apporte des eaux torrentielles. Les crues de des eaux qu'il reçoit. Une forte partie de ces eaux
l'Yonne passent toujours avant les crues de la Hante- ruissellent à sa surface; si cette dernière est nue,
Seine qui ne font que soutenirles premières mais les ruisselets forment des ruisseauxdont la rapidité
si plusieurs crues se succèdent de manière, par et la puissance d'entraînement augmentent avec
exemple, qu'une seconde crue de l'Yonne coin- leur volume; ils deviennent bientôt des torrents
cide avec une première de la Haute-Seine, le vo- dont rien ne peut ralentir la vitesse croissante.
lume total des eaux charriées par le fleuve peut Les terres sont ravinées et charriées au loin. Leurs
prendre de grandes proportions. L'annonce des parties les plus fines et les plus précieuses sont
crues de la Seine n'est pas fondée sur le régime emportées à la mer où elles sont perdues sans
des pluies il est plus simple de s'appuyer sur les retour; les graviers qui se déposent, d'autant
allures des petites rivières, particulièrement des moins loin qu'ils sont plus lourds, encombrent les
rivières torrentielles qui résument le mieux les lits des rivières et forcent leurs eaux à se frayer
effets de ces pluies sur le sol, et que l'expérience d'autres voies en propageant le fléau et ses ruines.
a montré être le plus directement liées aux crues Il ne s'agit donc plus ici, seulement, d'aménager
générales qu'il importe de signaler à l'avance. des eaux nuisibles pour les riverains d'un fleuve,
Le régime de nos cours d'eau n'est pas invaria- mais de conserver dans la montagne les richesses
ble il change beaucoup d'une année à l'autre et, que le temps y avait accumulées et qui lui appar-
de plus, il se modifie graduellement avec )e temps. tiennent, tout en les empêchant de devenir une
L'affaiblissement de leur débit a été général en cause de ruine pour les pays situés plus bas.
Europe depuis le dernier tiers du siècle dernier, Là où les longues sécheresses, la déclivité trop
et Berghauss, en partant de cet affaiblissement, prononcée du terrain, les abus de la dépaissanee,
prétendait que s'il continuait, il faudrait dès lo ont rendu le gazon impuissant lui seul à défendre
milieu du siècle actuel changer le tonnage des le so], le déboisement a été une faute et le reboi-
sement est devenu une impérieuse nécessité. Les tous sens, plus développé chez les mâles que chez
moins leur caractère les femelles,de même que les antennes. En dessous
crues n'en conserveront pas répri- de la tête s'ouvre la bouche, entourée de pièces
torrentiel, mais leurs dévastations seront
mées. La montagne gardera sa terre et cessera buccales très diversiBées, servant aux insectes à
d'encombrer les lits des torrents; les eaux rencon- la préhensionde leurs aliments, soit à l'état solide
trant plus d'obstacles à leur écoulement,auront importance soit à l'état liquide, et qui ont une très grande
moins de tendance à se réunir, elles auront moins pour la classification des insectes, la-
d'impétuosité dans leur descente; une plus forte quelle est fondée à la fois sur les ailes et sur les ap-
proportion pourra rester sur place, dans la terre pendices qui entourent la bouche.
protégée par sa végétation. Les crues torrentielles A l'intérieur, les insectes offrent toujours l'a-
hau- à la région opposée à la bouche (caractère de
en seront donc allongées et réduites dans leur
de
nus
supériorité animale), tube digestif compli-
teur. En même temps les eaux, moins chargées qué plus
avec un
flexueux. Un incolore
détritus du sol, rendront possibles les travaux d'a- et ou moins sang
ménagement destinés à les répartir sur la saison circule entre les divers organes internes, qui en
où elles font défaut. sont baignés, sans qu'il y ait de vaisseaux propres;
Mais si le reboisement de certains cantons mon- il reçoit l'impulsion, d'arrière en avant, par une
tagneux est une opération préliminaire indispen- série de cœurs placés au milieu du dos (vaisseau
sable, il faut se garder d'y chercher la solution dorsal) et dont on voit très bien les mouvements
complète d'une question encore plus vaste. Il est de contraction sur la chenille du bombyx du mû-
des cantons entièrement boisés dont les inonda- rier ou ver à soie. L'air, destiné à l'hématose du
tions sont presque aussi redoutables en hiver, et où sang, pénètre dans toutes les parties du corps des
la sécheresse n'est pas moins nuisible en été. Il insectes, contenu dans des tubes, ou cylindriques
faut aménager les eaux d'hiver; l'intérêt de l'agri- et maintenus béants par l'élasticité d'un fil spiralé,
culture, qui est l'intérêt du pays, l'exige impé- ou renflés en ampoules d'autant plus volumineuses
rieusement. Il faut y pourvoir à l'aide de travaux que les insectes adultes sont meilleurs voiliers.
d'ensemble, mais qui sont variables suivant les Ce sont les trachées, qui s'ouvrent sur les cotés
conditions spéciales de chaque région et qui ap- du corps par des orifices nommés stigmates, en-
pellent le concours simultané de l'ingénieur et tourés d'un cercle corné, le p~fiMnte, et si visibles,
du forestier. V. Irrigations. [Marié-Davy.] par une coloration différente, sur les flancs de
INSECTES. Zoologie, XXIII, XXIV. –Classe beaucoup de chenilles.
de l'embranchement des Articulés*. Le mot insecte L'hématose devient considérable chez les insectes
signifie en latin coupé en segments il a la même adultes, surtout ceux à vol puissant ils sont.
signification que le mot grec entome, qui est inu- alors de vrais animaux à sang chaud ou à tempé-
sité, mais dont on a fait entomologie, étude des rature constante et dégagent une forte chaleur.
animaux segmentés. Le nom d'Insectesétait donné On sent entre les doigts la chaleur du corps des
par Linné à tout l'embranchement des Articulés gros sphinx (sphinx du liseron et du troène),
actuels, animaux dont le corps et les appendices papillons dont on ne distingue plus les ailes, tant
sont formés d'articles plus ou moins nombreux, en elles vibrent vite, et qui butinent le soir sur les
série à la suite les uns des autres. On a succes- Oeurs des jardins. Ce sont surtout les insectes
sivement séparé des Insectes, dans cet embran- sociaux et vivant en colonies qui offrent une cha-
chement, los classes des Crustacés* et des Arachni- leur accumuléeconsidérable, d'un grand nombre
des*, enfin celle des Myriapodes", que Cuvier de degrés au-dessus de l'air extérieur, de 8° à 12°
réunissait encoreaux Insectes. pour les nids de bourdons, les fourmilières, les
Caractères généraux. – Les Insectes, tels que guêpiers, bien plus encore pour les ruches d'a-
les restreignentles auteurs modernes, sont des Ar- beilles, où règne en hiver la chaleur du printemps
ticulés dont les anneaux du corps, à l'état parfait au milieu des pelotes d'insectes serrés les uns
ou adulte, capable de reproduire l'espèce, se grou- contre les autres; dans ces ruches, lors de l'es-
pent, presque toujours très nettement, autour saimage, la température peut monter à plus de
de trois centres, la tête, le thorax et l'abdomen 40°, au point de décoller des gâteaux de cire. C'est
les ganglions de la chaîne ventrale du système dans le thorax, portant les muscles des ailes et
nerveux suivent la même coalescence. Le thorax des pattes, que se localise la chaleur lors du
se divise en trois .segments, pro<Aofa.< mésotho- vol, chez les bons voiliers, la température du
rax, métathorax,qui portent, à leur arceau ventral, thorax peutCette être de 4° à 8° supérieure à celle de
de
chacun une paire de pattes, sorte que le second l'abdomen. dernière région du corps, qui est
caractère général des insectes adultes est d'avoir sans pattes chez les adultes, se termine souvent
six pattes (Hexapodes de Blainville) presque tou- chez les femelles en une tarière ou oviscapte,tuyau
jours les deux arceaux du dos du mésothorax et du soit rigide, soit mou et rétractile, destiné à la ponte
métathorax portent chacun une paire d'ailes il des ceufs. Une partie des Hyménoptères offre, chez
n'y a jamais d'ailes au prothorax. La tête offre en les femelles, la tarière transformée en un aiguil-
avant deux antennes, qu'on appelle vulgairement ~<M acéré, organe défensif du couvain ou réunion
cornes, présentant les longueurs et les formes les des petits.
plus variées, organes certainement de l'odorat et Malgré leur faible taille, les insectes sont, parmi
très probablement aussi de l'ouie (tiges vibrant à les Articulés, des animaux supérieurs, car ils
l'unisson des sons extérieurs). Au-dessus de la en possèdent au plus haut degré tes apanages, c'est-
tête sont assez souvent, et surtout chez les insec- à-dire le mouvement et la sensibilité. Les sphinx
tes industrieux et constructeursde nids, des yeux du liseron et du laurier-rose arrivent au vol du
simples ou ocelles, ordinairement au nombre de centre de l'Afrique jusqu'en Angleterre;les légions
trois, destinés à une vision avec grossissementà désastreuses des criquets passentau-dessus des na-
très courte distance; sur les côtés se trouvent vires en plein Atlantique diverses mouchessuivent
deux yeux composés ou à facettes, no manquant les trains de chemin de fer et pénètrent dans les
presque jamais, très aisés à voir à la loupe sur une voitures. Certains sens des insectes, l'odorat sur-
libellule, sur un frelon, sur un faux-bourdon(abeille tout, ont une perfection incroyable; dès qu'une
mâle) ou sur une grosse mouche à viande. Ce sont taupe ou un mulot sont gisants sur le sol, arrive11
plusieurs milliers de petits yeux accolés, formant la ronde la troupe funèbre des nécrophores (Co-
un réseau d'hexagones, chacun avec sa cornée, léoptères) les mouches stercoraires et celles des
son cristallin en cône allongé, son filet nerveux viandes viennent d'une grande distance, attirées
optique leur ensemble constitue un appareil par l'odeur et non par la vue, car on peut recou-
sphéroïde ou ovoïde de vision panoramique, en vrir la viande gâtée d'un linge sans mettre fin à
leur odieuse poursuite. 11 y a des papillons, les Papillons).Les pattes (appendices ventraux), après
Bombyclens, dont tes miles interrogent l'atmo- nn court article d'attache, la hanche, suivi d'ar-
sphère avec leurs larges antennes plumeuses et, ticles plus longs, la ctfi'Me et la yani&e, se termi-
d'un vol à continuelles saccades, se rendent de nent par le tarse, dont les articulations succes-
l'intérieur des bois et des jardins à plusieurs kilo- sives sont d'un continuel secours pour les
mètres auprès des femelles, même dans l'intérieur classincateurs. Le tarse présente, le plus fré-
dés villes; ainsi le Bombyx tau, le .Bo~)&y;c dis- quemment, 5 ou 4 articles, 3 plus rarement, 2 et
para<e, l'Orgyie antique, etc. Les insectes in- 1 très rarement; le dernier article se termine par
dustrieux qui construisent des nids savent, par un ou deux ongles ou crochets, parfois avec une
une paresseuse sagacité. approprierà leur usage pelote molle entre eux, servant au tact. Les pièces
les vieux nids et ceut d'autres espèces, de manière qui entourent la bouche ont aussi une importance
à n'avoir !t exécuter qu'un minimum de travail capitale pour subdiviser les insectes. D'abord
bien plus, placés par le fait de l'homme dans des vient, an-dessusde la bouche, une pièce impaire.
conditions insolites, ils exécutent des actes qu'il le labre ou lèvre supérieure puis la bouche est
est impossible d'attribuer & l'instinct seul, de entourée de pièces paires, jouant latéralement,
sorte qu'on est obligé d'accorder le raisonnement c'est-à-dire dans un sens perpendiculaire à celui
et des lueurs d'intelligence à ces ehétives des mâchoires de l'homme et des vertèbres. Ce
créatures. sont les mandibules, élargies en meules pour
Chez les insectes, les sexes sont toujours sépa- broyer, on tranchantes et coupant les aliments
rés, et les femelles pondent des œufs, à part quel- comme des cisailles (ces mandibules mordent
ques cas exceptionnels (les pucerons; certaines notre doigt chez le carabe,la sauterelle, la guêpe)
mouches à viande, etc.) où elles mettent au jour puis les Mitc~oif'M, & un on deux lobes, achevant
des petits vivants. U y a des insectes t<MM méta- la division des aliments; ennn, au-dessous de la
morphoses, dans lesquels l'évolution s'est accom- bouche, la lèvre ttt/~f~urt, à deux pièces plus ou
plie tout entière à l'tntérieur de l'œuf. Dans ces moins soudées sur la ligne médiane. Sur les cotés
insectes, toujours sans ailes ou aptères, les petits externes, les mâchoires et la lèvre inférieure
sortent de l'œuf pareil. aux adultes, sauf la taille. portent des pàlpes articulés, presque toujours
ont la même nourriture, sans autre phase que des grêles, ramenant vers la bouche les parcelles
mues ou changements de peau et l'accroissement échappées aux pièces buccales, servant surtout
général ainsi les Poux et les Ricins, parasites des d'organes de tact pour apprécier la nature et la
mammifères et des Oiseaux, et les Thysanoures consistance des aliments. Telles sont les pièces de
(lépismes, podures, etc.). D'autres insectes, à la bouche dans les insectes, soit adultes, soit
m~atMo~/KMMMcompMtM, n'ont jamais de phase larves, qui sont broyeurs. Quand les aliments,
d'inactivité. D'abord larves sans ailes, ils de- visqueux ou fluides, sont léchés ou sucés par les
viennent, après plusieurs mues, nymphes, offrant insectes, ces mêmes pièces se modifient.Certaines
des ailes renfermées dans des fourreaux et im- disparaissent, d'autres s'allongent, soit en languette
propres à la fonction du vol, puis adultes aptes molle. que l'insecte applique pour lécher, soit en
à la reproduction, ayant des ailes servant au vol dans tube flexible et spiralé au repos, lui servant à
ces divers états, ces animaux ont la même nourri- aspirer les jus sucrés, soit en lancettes perfo-
ture, ce qui rend très funestes leurs espèces nui- rantes, formant en outre une gaine de succion
sibles, dont les dégâts ne cessent à aucune phase qu'il enfonce dans les divers organes des plantes
de l'existence. Tels sont les Perce-oreilles, les ou sous la peau des animaux; dont il aspire le
Blattes, les Courtilières, les Grillons,les Sauterelles sang pour se nourrir.
et les Criquets, les Termites, les Libellules, les
Punaises des boit èt des jardins, les Cigales, les CLASSIFICATION,
Pucerons, les C ochenilles, etc. Enfin les insectes On divisé les fnséctes en cinq grandes sections,
réputés les plus parfaits passent par trois états bien comprenant chacune un
dinérentsaprès leur sortie de l'cauf; d'abord larves ou plusieurs ordres.
sans ailes, en particalte~ cAet!t/~t chez les Papii-
tons,sans pattes ou avec des pattes en autre nombre I. OXB~E~ BM'YEOt~ A L'ÉTAT D'ÀÛCL-rt ~T DE LARVE.
que l'adalte.ils prennent ensuite un état d'immobilité t" Coléoptères, a métamorphoses complètes.
presque complète, sans avoir besoin de nourri- Nous avons consacré à cet ordre, nn des plus im-
ture, ayant les organes dé l'adulte, en particulier portants~ ne article spécial.
tes ailes, envetcpjtés sous une peau phis ou moins 9* OrthoptèMjt, à métamorphoses incomplètes.
dure; ce sont les nymphes, MryM&efM ou fèves, –Tantôt carnassiers, tantôt omnivores, tantôt phy-
et pupes. Puis paraissent les adultes, à ailes bien tophages (vivant de fruits, de fleurs, de feuilles, de
développées et fonctionnelles, prenant souvent t!ges), loir Orthoptères sont les gros mangeurs de
une alimentation tout Ii fait distincte de celle de la création entomologique les moins nombreux
~eurs larves. DaiM ces inseetee a f~<tntot-pAo<M des insecte~ en espècea, ils sont en compensation
~MMpM<M ae rangent les Coléoptères, les Fourmi- d'une ëïtt'aoM fécondité, de façon que certaines
lions, Chrysopes et Phryganes, les Hyménoptères espèceo ont nae quantité d'individus excessive.
(abeilles, guêpes, fourmis, ichneumons, eynips, Deux sons-ordre* t'
FoMteoutNs ou Perce-
tenthrèdes, etc.), les Mpidoptères ou Papillons,
enfin cet ordre immense d'insectes qu'on nomme
Oreilles. –Ces insectes, toujours de couleurs
brunes on fauves, sont remarquables par la pince
Diptères, parce qu'ils semblent, au premieraspect, courbe qui existe au bout de l'abdomen dans les
n'avoir que deux ailes (cousins, moustiques, deux seMS. Cette pince, de faible force pour ser-
taons, mouches, etc.). rer, rappelle ie petit outil dont se servaient autre-
La classificationdes insectes repose 811r l'examen fois les joailliers pour percer le lobule de l'oreille
de certains appendices, sur lesquels nom devons des enfants. Leurs ailes supérieures sont de cour-
donner des notions sommaires. En France, d'après tes élytres ou étuis cernés, ne recouvrant pas
Linné, les noms des ordres sont tir6s des ailes l'abdomen, de sorte que les forficules semblent
(appendices dorsaux), qui sont toujours eh réalité porter une veste. Sous ces ailes de la première
au nombre de quatre. Elle sont formées d'une paire, si réduites, se trouvent des ailes membra-
membrane plus ou moins épaissie, tendue par neuses, très amples, pliMées en éventail, puis re-
des MefcMfet qui déterminent un réseau de cel- piiées, dont l'insecte se sert très rarement et
lules, d'un grand secours dans la classification de qu'il étale avec sa pince. Lesjardins'~ourrissenten
détai), pourvue de poils plus ou moins abondants, abondance IafO)'eM<e auriculaire, Linn., très nui-
parfois éiargis en écailles (ailes ~m'tncMSM des sible aux fruits et aux fleurs par sa voracité, et dont
les jeunes larves vivent en société. Elle fuit la lu-
grandes herbes, domestique dans les maisons en
mière on en profite pour la recueillir dans desAllemagne, en Russie, dans le nord de la France,
chiffons humides, des amas de paille, des pots à dans certains restaurants de Paris, dévorant jus-
fleurs renversés et pleins de mousse, des sabots qu'à l'encre et au cirage, difficile à détruire parce
de cheval, des cornets de papier, des feuilles de qu'elle vole bien. Il faut employer contre les
chou pliées en quatre, puis on livre les forfi- blattes les insufflations de poudre Vicat, ou les
cules aux flammes vengeresses. recueillir entre des linges mouillés, puis les brû-
2° ORTHOPTÈRESpMPBEs. Ce second sous-or- ler.
dre tire son nom des ailes antérieures ou pMM- Les Mantes sont, au contraire, d'utiles carnas-
délytres, longues et droites, demi-coriaces, sous siers de proie vivante,
verts ou jaunâtres comme
tes feuilles, toujours à l'an'ût sur les broussailles,
les vignes, les grandes herbes, saisissant les insec-
tes entre la jambe et la cuisse de devant, repliées
en pinces et munies d'épines acérées, et les portant
sous leurs mandibules. Elles semblent dire leurs.
prières aussi les paysans du Midi les nomment
/M'M-D:eM, jo~a-DMM. L'espèce principale est la.
;UaM<e religieuse, Linné, qui remonte jusqu'à Fon-
tainebleau et plus au nord sur les côtes océani-
ques. Il faut recommander aux enfants de ne pas
tuer les mantes, et de respecter les grosses cap-
sules ovoïdes et papyracées, où les œufa sont en
série dans des logettes, capsules collées aux rochers
et aux arbustes.
Les autres Orthoptères propres sont des MM-
teurs; leurs cuisses postérieures,à muscles éner-
giques, se débandent comme un ressort pour lan-
cer l'insecte en avant. Ce sont des insectes
Fi, 1. Maate'retigieuse saisissant une meuene. bruyants, surtout le soir, les mâles étant munis
d'appareils de stridulation propres à appeler les
iesqueUcs les secondes ailes membraneuses, femelles par dps bruits variés et qui diffèrent sui-
très larges, ~ont plissées en éventail au repos. vant les espèces.
Cette disposition des ailes est bien visible sur la L'instrument musical n'est pas toujours le
grande Sauterelle verte et sur ces Criquets aux même les Grillons et les Sauterelles sont des
ailes bleues ou rouges qui volent en abondance à cymbaliers, produisant le son d'appel en frottant
la fin de l'été sur les coteaux secs. Un premier l'une contre l'autre leurs pseudélytres,munies d'un
groupe, celui des marcheurs ou coureurs, a les tympan ou miroir formé par une membrane sèche
pattes impropres au saut; ce sont, en outre, des et vibrante les Criquets, au contraire, sont des
insectes muets. On y range les Blattes, insectes violonistes, les mâles frottantv vivement
1"nif"o~ t,.ôa,.l~te
Incifuges,très plats, mcuu leurs
ieura pat-
pa~-
tes postérieures cré-
bruns ou jaunâtres, nelées contre de
à corselet arrondi, fortes nervures de
cachant la tête. Les leurs pseudélytres,
femelles traînent formant des tiges
leurs œufs dans une sonores, rigides.
capsule qui ressem- Les femelles des
ble à une graine.Les groupes des Gril-
Blattes sont omni- lons et des Saute-
vores et deviennent relles ont l'abdomen
aisément domesti- terminé par une lon-
ques, dévorant nos gue tarière saillan-
provisions, nos vê- te, tantôt droite
tements, nos livres. comme une épée,
Noua citerons, par- tantôt recourbée
mi les Kakerlacs ou comme un sabre
Cancrelats comme c'est un tube formé
on les nomme aussi, de deux gouttières
la grande Blatte ou accolées, par lequel
Blatte américaine,
d'un roux ferrugi- passe l'œuf.qm est
ainsi déposé dans
neux, infestant les le sol, et, bien plus
serres, les docks, rarement, à l'inté-
les vaisseaux, où rieur de végétaux.
l'on est forcé d'en- Le groupe des
fermer en des cais- Grillons nous pré.
ses de fer-blanc sou- sente d'abord les
dées à l'étain les Courtilières (du
comestibles et mar- Ft~.3.–Dectiqueverrucivorepoudant. vieux mot français
chandises; la Blatte _·
orientale, Linna, ou blatte des cuisines (cafard, dire jardin), eoMrft<,qui veut
o~e noire, ravet), d'un brun noir, dont les pattes de devant ont les
ne volant jambes robustes, élargies digitées, fouillant la
par atrophie des ailes, souillant la nuit les aliments terre comme les mains de et
pas
dans les cuisines et les armoires, se réfugiant du la taupe, d'où le nom
dans les cheminées, sous les marches d'éscaliers, tilière genre Taupe-grillon ou Gryllotalpa. La Cour-
dans les gonds des portes, près des machines à couleur est un gros insecte d'aspect hideux, de la
et un peu de l'apparence d'une écrevisse,.
vapeur, pour manger les graisses, etc. la Blatte ses longues ailes repliées
c<'m!<MtyMf, plus petite et jaunâtre, vivant libre l'abdomen. Elle abonde dans en fourche dépassant
dans nos bois sous. les feuilles sèches et les jardins à terre
sur les meuble et sablonneuse, dévorant les légumes at
bouleversant aussi les racines pour chercher les le canon, à les poofser au-dessus de tranchées
creusées à l'avance où on tes enterre, ou sur des
larves, car sa voracité la rend omnivore. Elle pond cri
broussailles arrosées de pétrole, auxquelles on
des œufs en tas dans le fumier ou le terreau. Il br le feu. L'invasionde 1866 a causé la mort, par
faut verser de l'huile ou du pétrole dans dans les trous met m.
de refuge de la Courtilière, disposer les la famine et les épidémies, de plus d'un million
et l'histoireest pleine dM récits dues lamen-
plate-bandes, aras du sol. des vases pleins d'eau d'Arabes, d',
de ces famines suivie* de peste, au
recouverte d'essence de térébenthine, où des elle se tables
tal
espèces, de l'Eu-
ap- Criquet
Cr pèlerin. Ce sont d'autres
noie et s'empoisonne enfin, lui dresser orientale et méridionale, qui dévastent la
p<«~-p!~M, formés de petits tas de fumier chaud; rope
ro
écraser avec soin. Provence par intervalles, imposant aux villes des
ont les pattes pareilles, et sacrinces pécuniaires considérables en primes de
Les vrais Grillons sa
destruction.
dt L'une des espèces est le Pachytyle
l'abdomen de la femelle terminé par une tarière migrateur, Linné, grisâtre, à ailes membraneuses
droite et savante pour la ponte des oeufs. Ils ne m
sont pas nuisibles. Citons le Grillon domestique, incolores;
in l'autre, le Caloptène t<a~ écoles
Charpen-
peuvent
de tier, à ailes rosées. I.es enfanta des
d'un jaune enfumé, vivant derrière les plaques in- tt<
rendre de grands services en ramassant ces Cri-
cœur des cheminées etcri-o-i dans les boulangeries, re
du foyer, buvant avi- quets, ql et surtout en recueillant pondus les amas d œufs,
secte très frileux, le par un enduit glutineux et sur le soi
dement l'eau et le lait, sortant parfois en été pour cotiés ce d'instrument
se promener au soleil; et le 6< t~oa cA<Mtp<K'-< mcme m par les femelles, dépourvues
insecte brun, dont les femelles se tiennent à pour
p< creuser la terre. Les prairies nous présentent
gros et abondance deStMoto~fM,petits Acridiens, généralement.
rentrée de leurs terriers, tournés au midi, tandis verts, en
du genre que les enfants des
les mâles se promènent le soir aux alentours, Vf
que
appelant les femelles par une stridulation intense. vS villages nomment Soutriaux ou SaMMrtaM-E. Un
Les Locustes ou Sauterelles vraies lont peu L.) Criquet très commun en certaines années dans
nuisibles. On reconnaltles femelles à leur longue les vignes, sur les collines et les falaises, est
le
tarière, tantôt recourbée en sabre, tantôt droite i'ÛE~tpode tj à bandes, Siebold, remarquable par ses
elles déposent ai ailes d'un beau bleu, ou d'un rouge vifdans une race
comme une épée, avec laquelle plus méridionale, avec bande noire. Ces derniers
leurs œufs en terre ou dans les fentes des arbres, pl Criauets ne sont pas nuisibles d'ordinaire.
Les antennes des Sauterelles sont très longues, C: 3°NtvroptèrM.–Cetordreestcaractériseparses
comme des fils, et leurs tarses ont quatre articles.
La plus connue est la G' an~e Sauterelle verte, quatre q ailes membraneuses et finement réticulées,
faisant entendre tout l'après-midi son cri xtC-MC sans s: plissement, avec tous les rapports de gran-
les buissons; elle deur d, d'une paire à l'autre. Il se divise en deux
au milieu des chaumes et dans nord de la France et sous-ordres bien nets.
est appelée Cigale dans le partageaitLa Fontaine.
s<
Le premier, celui dès NÉVROPTÈRES PSEUDOR-
près de Parts, erreur que
faite sous les yeux THOPTÈRES, que les entomologistes allemands et
car, dans une édition illustrée T]
réunissent aux Orthoptères vrais, n'offre
du fabuliste, on voit la cigale de la fable si connue, anglais ai
des métamorphoses incomplètes.
la Cigale et la Fourmi, représentée sous la forme qque Un premier groupe de ces Névroptères est con-
d'une sauterelle. Une autre grande espèce, com- stitué ta!a)/eM)-s ae
mune dans les jardins, grise, marquetée de noir, si par les rerntt/M. les grands
Linné. Ces grandes << la H~M'-e des auteurs anglais, rongeant toutes les
est le Dectique MrrMCtoore. ligneuses, faisant disparaltre les végé-
Sauterelles mangent des chenilles, et nous les matières n
insectes sociaux, com-
croyons plus utiles que nuisibles leur salive brune t.taux morts. Ce sont desdes femelles ailés, qui
indique des carnassiers. Les paysans sué- prenant
p des mAles et
et âcre et perdent leurs
dois se funt mordre les verrues des mains par la sortent s au dehors par essaims des
ailes après l'accouplement; et neutres sans
seconde espèce, afin de les cautériser, a
distinguant ouvriers, en nombre im-
Les ~c; tdtcM ou Criquets, nommés très souvent ailes, a se en
allant butiner au dehors, construisant les
~m C-rnnnllue_
m aa Lurc
e~ ~aun-n:u"a, ow.oo nntlna mense,
n
autennescourtes
antennes courteset fortes, nids ou termitières, nourrissant les larves,
et fortes,
et en
mandibules
tête, armés de fortes
les tarses de trois articles, soldats, à grosse de la demeure commune,
l'abdomen des femelles dé- saillantes, défenseurs d'ouvriers. En France, l'es-
pourvu de tarière de ponte. dirigeant les colonnes
Certaines espèces, tes unes pèce la plus nuisible, l'état sauvage dans les
des Landes, est le rerMtff luci-
de l'ancien monde, les an- souches de pins tiges des plantes, les
détruisant les
tres du nouveau, méritent fuge, Rossi,planchers des maisons, tes meubles, le
véritablement le nom de poutres et les maisons de plu-
Néau que leur donne la Bi- tinge, tes fruits secs. infestant des Charentes, du nord du
ble. A certains moments, sieurs villes et village* quelque sorte
chassées des déserts par la Bordelais et d'AIgéne, où olle est en
faim, elles s'envolent, aidées en domestication. Les essaims paraissent au prin-
Fig.S.–n~tonïioirduFourmLtioa.
Fig. 4. Libellule adultesortant de sa nymphe. la pince et les yeux sortant seuls. Elles sont tra-
pues et poilues, d'un gris rosé, et lancent, avec leur
d'où sortent les adultes, ayant d'abord les ailes large te te, une pluie de sable sur l'insecte impru-
courtes, ramasséea.qui se sèchent et s'étalent peu dent qui roule au fond du précipice, dont les parois
à peu au soleil. Les Ca/o~n/.r, qui ne quittent s'éboulent sous lui. Son cadavre, sucé au fond de
pas le bord des eaux courantes, ont le vol plus l'entonnoir, estre jeté au dehors, d'un vigoureuxcoup
faible, les ailes à demi relevées au repos, ornées de tête. Ces larves se filent des cocons sphériques,
chez les mâles de magniflques bandes d'un bleu d'une douce soie blanche au dedans, mêlée à l'ex-
chatoyant. Les ~~<0~t ont le corps grêle, comme térieur de grains de sabte. De la nvmphe roulée dans
un gros fil, les yeux très proéminents sur des pé-
doncules, le vol faible, les ailes le plus souvent
relevées au repos.
Les Ephémères sont des Libellules dégradées, à
ailes inférieures réduites et même nulles dans
certains genres, ne mangeant pas à l'état adulte,
ne durant guère qu'une journée, à moins qu'on
ne les empêche de s'accoupler, auquel cas elles
peuvent vivre plus d'une semaine. En larve et en Fig. 6. Laive, nymphe et cocou du l'o~rmiiion.
nymphe aquatiques,leur vie est de près d'une année.
On voit les Éphémères voler, en montant et dés- ces berceaux soyeux, sortent d'élégants insectes,
cendant continuellement au-dessus de l'eau, leurs répandantune odeur de rose, munis de longues ailes
longues pattes de devant dressées au delà de la de gaze, à antennes grenues, ressemblantun peu à
tête. On les attire le soir avec des lumières et on des Libellules, mais bien différentes pour quiconque
s'en sert comme excellentes amorces de pêche les voit voler le soir, d'un vol frémissant, faible et
(manne des poissons); il y a des pays où leurs comme moelleux. Des espèces de genres voisins ont
cadavres couvrent le sol en nombre tel, qu'on les des larves qui ne creusent pas de pièges de chasse,
ramasse par charretées pour fumer la terre. mais se cachent dans le sable et s'élancent sur tous
Le sous-ordre des NÈVMpTÈREs VRAIS présente les insectes qui passent à leur portée.
<Ies métamorphoses complètes, une nymphe inactive Plus utiles encore sont les Chrysopes,qu'on appelle
venant s'intercalerentre la larve et l'adulte. Ils ne souvent Demoiselles ~'fMtrMou Demoisellesà yeux
nous offrent que des espèces utiles ou indinérentes. d'or, a cause de la couleur éclatante de leurs yeux.
Les fano~B~ volent sur les broussailles et dans On les voit voler le soir, mais d'un vol lent et faible,
les prairies, surtout dans les lieux ombragés et hu- sur les buissons et dans les jardins, passant la journée
mides. Leurs'pièces buccales sont prolongées en sous les feuilles, fermant leurs ailes, à nervures
une sorte de bec et perforent les insectes vivants, vertes ou jaunâtres. Si on saisit ces insectes, ils
auxquels les panorpes, très courageuses, font une laissent aux doigts une odeur d'excréments. Les fe-
chasse acharnée. Nous avons deux espèces de ces melles pondent sur les feuilles des œufs portés sur
Névroptères, la P<M<M-pe commune, Linné, et la de longs filets blancs et dont l'amas est souvent
fCMOfpe germanique, Brauer, toutes d~ux à ailes pris pour des champignons, mais qu'il faut bien re-
commanderaux jardiniers de ne pas détruire. En nymphes, laissant bien voir tous les organes de
effet il en sort des larves, que Réaumur appelle l'adulte, repliés et emmaillotés sous une mince
KotM des pMCM'o~M, et qui parcourent sans cesse les pellicule.
plantes chargées de cochenilles et de pucerons, Un premier sous-ordre, celui des HV)[ÉNOPTÈRES
dans tes sociétés desquels elles portent le carnage. A ABDOMEN PÉNCCMÈ, comprend des insectes qui
La larve saisit un puceron entre ses pattes de de- font la taille ~e ~M~pe, c'est-à-dire dont l'abdomen
vant, le suce avec sa pince buccale, puis rejette est toujours uni au thorax par un pédicule étroit,
la peau vide, ou, dans certaines espèces, la place de longueur très variable. Leurs larves sont sans
sur son dos. de sorte qu'elle porte une couverture pattes, le plus souvent aveugles, n'ayant que des
des dépouilles de ses victimes. Ces larves devien- mouvements de translationtrès imparfaits ou nuls,
nent nymphes dans de petites boules de soie un épiderme très délicat, incapables de se défen-
blanche, Bxées aux feuilles. Les instituteurs re-. dre, même contre l'ennemi le plus faible. Aussi la
commanderont aux enfants d'apporter des Chryso- mère passe toute sa vie a assurer, par des provi-
pes dans les serres et sons les châssis, où ils ver- sions convenables mises à sa portée, l'existence
ront les plantes infestées de pucerons, et de ne d'une progéniture qui lui demeure le plus souvent
pas détruire les Chrysopes qui se réfugient en inconnue.
hiver dans les maisons champêtres. Le groupe des BymA!Op<A'e< porte-aiguillon
Les Névropteres vrais se terminent par une tribu offre des femelles ayant au bout de l'abdomen un
d'insectes aquatiques dans leurs premiers états, aiguillon acéré, communiquant à une poche à
les Trichoptères (allés pollues), ressemblantun peu venin, formé surtout d'acide formique. Les mâles
à des papillons nocturnes, ne prenant pas de nour- ne piquent pas. L'aiguillon est une arme purement
riture à cause de ~imperfection de leur bouche, et défensive, dont l'insecte ne se sert que pour pro-
s'écartant très peu des eaux, où les femelleslaissent téger sa vie ou celle de son couvain; on peut sans
tomber leurs œufs en paquets gélatineux. On les danger laisser tous les Hyménoptères se poser sur
appelle encore Phryganes (fagots), parce que leurs notre corps.
larves, véritables chenilles d'eau, rampent au fond Dans ces porte-aiguillon se trouvent d'abord
des eaux, entourées de fourreaux de soie qui re- les Mellifiques, formés d'insectes léchant le nectar
tiennent des morceaux de feuilles, de mousse, de des Oeurs et apportant à leurs larves une pâtée
branchettes, des grains de sable, des débris de co- de miel et de pollen. Ils ont une grande utilité
agricole générale,car, en butinant sur les fleurs, ils
assurent la fécondité de beaucoup d'entre elles,
surtout les Légumineuses, les Crucifères, les Com-
posées on doit apprendreaux enfants il ne jamais
détruire les Mellifiques. Il en est de sociaux,
réunissant en commun une ou plusieurs femelles
fécondes, des mâles, et des ouvrières ou femelles
avortées, à la fois nourrices des larves ou couvain
et architectes des gâteaux de cire. Tels sont les
Abeilles (V. ce mot), et les Bourdons,dont les socié-
tés sont une dégradation de celles des abeilles. Les
nids des bourdons sont sous terre, ou au milieu des
mousses ou des gazons les larves vivent dans des
Fij;. 7. Fourreaux de ta tarre de Ja Phrygane rhumbique boules grossières do miel et de pollen, et il y a en
–
et de la Phrygane flavicorne, ce dernier construit avec des outre des pots de cire contenant un miel très fin,
coquilles. que savent recueillir les faucheurs. Les sociétés
des bourdons ne durent qu'un an; tout périt à
quilles, même des coquilles encore habitées aussi l'entrée* de l'hiver, sauf de grosses femelles, fé-
les paysans les nomment charrées, porte-bois, condées au début de l'automne et qui passent
porte-sables. La tête et les pattes du thorax de la l'hiver engourdies dans des trous. Réveillées par
larve sortent du fourreau; elles se cramponnent au les premiers soleils du printemps, elles parcourent
fond par une paire de crochets, ce que savent bien les prés et les bois et commencent seules les nids,
tes pêcheurs à la ligne, qui ont soin de pousser la qu'agrandissent bientôt les ouvrières nées de la
larve hors du fourreau, à partir du fond, pour l'ob- première ponte de la mère.
tenir entière; ces larvcs constituent d'excellentes La plupart des Mellifiques sont solitaires et font
amorces de pèche. des nids très variés où les femelles pondent leurs
œufs entourés de miel et de pollen souvent ces
II. ORDRE A ADULTES LÉCHEfBS~ A LARVES nids sont creusés dans la terre des talus (~M<Ao-
phores), ou dans les vieux troncs d'arbre et les po-
BROYEUSES.
teaux (Xylocopes ou Abeilles charpentiers, à ailes
4° Hyménoptères, à métamorphoses complètes. violettes), dans les murs et les coquilles de coli-
Les quatre ailes sont entièrement membraneuses, maçons (Osmies), ou façonnés en terre gâchée et
comme chez les Nevroptères, mais tes inférieures collés aux murailles (CAaHcodonte~)les Jfe~acAt/e~
toujours bien moins amples que tes supérieures, coupentavec leurs mandibules les feuilles de rosier,
auxquelles les rattachent à la base de petits cro- de bourdaine, et façonnent, avec les morceaux circu-
chets. Les mandibules sont restées pareilles à celles laires, des cornets empilés où elles pondent les
des ordres précédents,propres à couper, déchirer Anthocopes tapissent des trous en terre avec les
et broyer les aliments; mais tes mâchoires et la pétales du coquelicot on peut dire que leurs en-
tèvra inférieure se sont allongées en une longue fants naissent dans la pourpre, qui entoure le nid
langue flexible et rétractile, propre à lécher les li- d'une collerette éclatante.
quides sucrés. Ce sont des insectes souvent indus- D'autres Hyménoptères porte-aiguillon sont les
trieux, doués d'Instincts. admirables et de lueurs G~~pe~ ou Diploptères, ainsi nommées parce que
d'intelligence, d'une grande puissance de vol, avec leurs ailes de devant se plient en long au repos.
des yeux composés,qui envahissent toute la tête Les Guêpes sociales ont dans leurs nids ou gué-
chez les mâles, et possédant presque toujours trois pMM les trois sortes d'individus que nous avons
ocelles en triangle au-dessusde la tête. Les larves cités pour les abeilles et les bourdons. Elles ne font
des Hyménoptères se filent presque toutes des co- pas de cire, mais édinent les alvéoles hexagonaux
cons, qui ont en général plutôt l'aspect d'un fort de leurs gâteaux avec une espèce de papier formé
papier que d'un tissu de soie, et s'y changent en de fibres de bois agglutinées par la salive de l'in-
secte certains alvéoles contiennent du miel. et prennent, pour toute leur vie, l'état de nourri-
Les Guêpes dévorent les fruits, dont elles portent ces sur lieu.
les morceaux à leurs larves; elles déchiquètent Beaucoup de Fourmis parcourent sans cesse les
avec leurs mandibules les viandes des boucheries plantes chargées de cochenilles et de pucerons,
de village, où le mieux est d'abandonner a. leur vo- les caressant de leurs antennes, afin de leur faire
racité un foie, sur lequel elles se jettent de pré- éjaculer une liqueursucrée,dont elles sont friandes,
férence, à cause du glucose qu'il renferme elles ce qui a fait dire à Huber « Qui aurait cru que les
viennent dans les maisons dévorer le sucre, les pâ- fourmis fussent des peuples pasteurs! '<
Parfois
tisseries, les confitures. Les espèces les plus nui- les fourmilières sont établies autour de racines
sibles sont le Fr~fM, à piqûre redoutable, faisant chargées de pucerons, et les Fourmis ont alors
l'étable.
un guêpier très friable dans les vieux troncs;la tenrs vaches à détruire
Gt~pe commune et la Gudpe ~e)'mat:Me, espèces Il ne faut pas en général les Fourmis
très voisines, dont les guêpiers sont sous terre. des bois, parce qu'elles noua délivrent de beau-
La GM~pe silvestre attache son guêpier, couvert coup d'insectes nuisibles aux arbres. H est néces
de feuillets de papier gris, aux branches des ar- saire d'empêcher les Fourmis de grimper après
bustes. Les Polistes sont de petites Guêpes, peu les arbres à fruit, soit parce qu'elles dévorent les
nuisibles, dont les guêpiers sont à découvert, sans fruits ou bien qu'elles excitent outre mesure les
enveloppes, fixés par un pédicule aux murs de jar- pucerons, au détriment de l'arbre qu'ils épuisent
dins ou aux espaliers. !t faut détruire les guêpiers pour refaire leur miellat sucré. On enduit le bas
s'éboule sous les
à l'eau bouillante ou par des injections de pétrole: de l'arbre de glu ou de craie, quiFourmis
les mères-guêpes fécondées passent seules l'hiver, pattes des Fourmis. Quant aux qui enva-
car les colonies des Guêpes meurent à l'arrière- hissent les maisons, pour dévorer le sucre, le cho-
saison l'instituteur recommandera aux enfants de colat et diverses provisions, ou bien pour celles
chasser au filet les mères-guêpesqu'ils verront au qui pénètrent sous les châssis vitrés, le mieux est
printemps butinant sur les groseilliers-cassis en de les attirer dans des éponges pleines de mélasse,
fleurs; chaque femelle écrasée est un guêpier de qu'on jette ensuite dans l'eau bouillante. C'est par
moins pour la fin de l'été. des aspersions d'eau bouillante ou de pétrole qu'on
Les Guêpes solitaires ressemblent d'aspect aux détruit les fourmilières.
Guêpes sociales, par leurs colorations jaunes et Les Fourmis se divisent en trois groupes
Fourmis vraies, dépourvues d'aiguillon et dont
f
les
les
noires et leurs ailes de devant pKées en long mais
leurs moeurs, très différentes, sont celles des Fouis- nymphes sont en général entourées de cocons;
seurs. Ces derniers sont des Hyménoptères à ailes elles lancent en abondance de l'acide formique
non pliées, qui approvisionnent leurs nids d'une fa- quand on bouleverse la fourmilière 3° les Ponères,
contres curieuse. Leurnourritureconsiste en nectar qui ont un nœud au pédicule de l'abdomen, un
des fleurs; mais la nourriture du premier état est aiguillon et des cocons autour des nymphes; 3° les
tout autre, car les larves sont carnassières et ont Myrmiques, ayant deux noeuds au pédicule de
besoin d'une proie toujours fraiche et sans défense. l'abdomen, un aiguillon sensible à l'homme dans
Les femelles creusent des nids en terre, ou dans les les grandes espèces, et dont les nymphes restent
branches sèches, ou les maçonnent en terre gâchée nues. A ce dernier groupe appartient une espèce
elles y apportent des insectes de toute sorte, non du midi de la France, de Corse et d'Algérie, l\4~a
pas tués, mais engourdis et anesthésiés par le structor, très nuisible aux jardins et aux champs,
venin de l'aiguillon, et qui restent ainsi,pendant plu- car elle amasse dans de grands trous en terre des
sieurs mois, incapables de résister aux morsures graines de céréales, de plantes fourragères, de lé-
des larves. Les Sphex apportent des criquets et gumes, etc., provisions d'hiver que mangent ces
des grillons, les Bembex des diptères, les Ammo- Fourmis, quand l'amidon de ces graines a subi un
philes, à très long abdomen effilé et rougeâtre au commencement de transformation en sucre. C'est
bout, traînent des chenilles nuisibles jusqu'à leurs ce genre Atta qui a donné lieu aux fables qui cé-
nids, creusés sur les talus de sable et qu'il ne faut lèbrent la prévoyance des Fourmis; les Fourmis
pas détruire. Quelques fouisseurs nous sont nui- du nord meurent ou s'engourdissent en hiver, et
sibles le Philanthe apivore emporte au vol, dans son ne font pas de provisions comme les FoMfmM
terrier, ventre contre ventre, l'Abeille domestique moissonneusesdu midi de l'Europe.
engourdie par son venin; les Pélopées et les Po)?i- D'autres Hyménoptères du premier sous-ordre
piles ravissent les araignées, qui sont si utiles, sont appelés Térébrants, parce que l'aiguillon de
pour approvisionner leurs nids. la femelle est transformé chez eux en un tube ou
Les Fourmis sont des Hyménoptères véritable- tarière, de longueur très variable et par lequel
ment anormaux, formant des sociétés de mâles et passe l'œuf. La plupart sont des entomophages
de femelles; seules ailées~lesfemelles perdentleurs internes au lieu de donner a leurs larves une
ailes après l'accouplement qui suit l'essaimage; proie vivante engourdie, ils percent la peau des
d'ouvrières sans ailes, architectes des fourmilières larves et des chenilles vivantes et pondent leurs
et nourrices des larves parfois de soldats à fortes œufs à l'intérieur. Les larves qui en sortent vivent
mandibules. Les larves et les nymphes, qu'on d'abord du tissu graisseux sans attaquer les orga-
appelle à tort a°:< de fourmis, sont très recher- nes vitaux essentiels, de manière à prolonger
chées pour nourrir les jeunes oiseaux de faisan- le plus possible la vie de leurs victimes; puis elles
derie et de volière. Elles sont l'objet de la con- se filent des cocons soit à l'intérieur du cadavre,
tinuelle sollicitude des ouvrières, qui les por- soit aussitôt après en être sorties en perforant la
tent de place en place dans la fourmilière, aux peau. Bien plus utiles que les oiseaux, ces ento-
endroits les plus chauds et les moins humides. Les mophages internes sont les grands protecteurs de
Fourmis se nourrissent de gommes et de sucs vé- l'agriculture, en détruisant à leur premier état
gétaux, de débris de fruits, d'insectes blessés ou un nombre énorme d'insectesnuisibles. Les insti-
récemment morts et même d'insectes vivants. Il en tuteurs doivent comprendre le danger d'organiser
est qui ne savent pas nourrir et élever leurs lar- leurs élèves au hasard en sociétés de destructeurs
ves après la ponte une fureur guerrière anime ces d'insectes indistinctement; au contraire, qu'ils
amazones. Elle vont à l'assaut des fourmilières leur recommandentle respect des entomophages.
d'espèces à instinct maternel bien développé, em- Ces entomophages courent sur les talus, les murs,
portent comme esclaves tes jeunes fourmis ouvriè- les troncs des arbres et des arbustes, agitant sans
res, encore en nymphes. Celles-ci, a t'éctosion, cesse leurs longues et grêles antennes, en quête
trouvant des enfants à élever dans leurs nouvelles de victimes par l'ouïe et l'odorat. Les grandes espè-
habitations, ne s'inquiètent pas de la provenance ces nous présentent les Ichneumons, les yroyMM,
les Tryphons, les Ophions à l'abdomen comprimé sent les pontes de beaucoup de Bombyciensnuisi-
en faucille; tous ces genres, à tarière courte, atta- bles.
quent les larves et les chenilles qui vivent à dé- Les Cynips ont en général d'autres mœurs les
femelles percent tes végétaux avec leur tarière, et
un afflux de eève produit dea galles autour des
oeufs, les larves se nourrissant de la fécule de la.
galle. La forme des galles est très variée les bé-
ci~Ma~ ou galles des églantiers sont chevelues.
Le chêne offre beaucoup de galles diverses c'est
un Cynips qui, en A)gérie et dans )e midi de la
France, fait naître sur les feuilles de chêne des
galles sphériques et dures, dites noix de galle,
très riches en tannin, servant à faire l'encre et les
teintures noires l'adulte sort de la galle en y per-
çant un trou circulaire.
Un second sous-ordre,les HYMÉNOPTÈRES A ABDo-
*EN SESStLE, renferme des insectes à corps épais,
dont l'abdomen est largement implanté sur le
Fig. 8. Ophion obscur. thorax; les femelles sont munies d'une tarière de
ponte, agissant par son tranchant dentelé, pour
couvert; les Cryptes, les Pimples, les Ephialtes, pratiquer au pétioie des feuilles ou dans tes tiges
au contraire, à très longue tarière saillante, parais- des entailles dans lesquelles elles déposent leurs
sant formée de trois soies, interrogent les vieux oeufs, ce qui fait donner à ces Hyménoptères le
nom de Mouches à scie. Les larves sont munies
de pattes et ornées de couleurs variées, souvent
vives elles séjournent presque toutes à l'air libre
sur les végétaux qu'elles dépouillent de leur
feuillage, se déplaçant avec facilité. Leur ressem-
blance avec les chenilles de papillons les a fait
nommer /a~'sM c~eKt~M, le nombre des pattes
est autre que chez les vraies chenilles, étant infé-
rieur à huit ou supérieur à seize. Beaucoup s'en-
roulent quand on les touche et laissent suinter
une liqueur âcre, d'odeur forte, qui les protège
contre les oiseaux. Ces larves doivent souvent être
détruites par l'échenillage, et sont très nuisibles
par leur voracité aux bouleaux, aux aulnes, aux
Fi~.9.–Pimp)cmanifestateurfemeUe.
t"–
sépare bien de la conception. S'il n'en a pas la vi- de l'esprit pour en coordonner les produits suivant
il
vacité inépuisable, n'en a pas non plus la légè-
reté inconsistante. Prenant son point de départ
certaines règles.
dans des vérités certaines, il procède suivant une TABLMC DEt FACnMtt I~THLLECTCELLEt
marche certaine aussi et aboutit à des conséquen- du fini j
ces non moins certaines il a pour résultat une (immédiateet) ~erceph'ott ) Mterne MM.
interne:<:Ot!MKnM.
évidence non plus immédiate, comme celle des Mrtaice) t'.h- ( p~'ort.
vérités intuitives, mais médiate et néanmoins de
valeur absolument identique. g t ra~son f ~dée de Dieu.
Ces trois formes principales de la pensée peu- du passé m~KOtft.
S (immédiate <t P~ibie t'~ma~M.
vent à leur tour se subdiviser d'après l'objet S 'incertaine)
auquel elles s'appliquent. ë eoneenhon de. idées ~<'m')-ahMt!(m.
L'intuition peut s'appliquer à toutes les réalités; S
des rapports ~MMh~~tWM.
les unes sont finies, relatives, contingentes; les Ë ~~acffttMt) des t<K<~M.
autres absolues et nécessaires.
t" L'intuition du ftni ou intuition expérimen-
tale se fait par la perception. Les facultés de
perception sont celles qui nous font connaître
fmediate etet
raMeatMt)te))<
rauonnement
t
!<
~n<al au
t<edMC~
indacti
f.
particulier raisDmiemen1
an particulier:
< g~n~rat
raMon)MtKe!K
<-atMttM)ttett<
les êtres et les choses appartenant au monde de On demandera )<eut-âtre pourquoi ne fai-
l'expérience, pouvant être connus par une expé- sons pas entrer dans cette liste troisnous
ou quatre
moM qui se trouvent dans beaucoup de traftés en trait à des tpératioM la
lois intellectuelleset phy-
siologiques, parler, compter, lire; on enftn d'autres
tête des facultés inteMectuelies et dont nous ne
méconnaiasens pas l'importance l'aMenMoM, la qui concernent des opérations de h sensibilité ou
réflexion, la comparaison, le jugement. Voici nos de ta volonté unies 4 celles de l'InteHigence, a~t-
raisons. rer, se décider, obéir, etc. Notre réponse est dans
Aucun de ces termes, à proprement parler, ne le sens même de ces mots aucun ne désigne ni une
désigne une faculté intellectuelle ils indiquent, opération simple et irréductible, ni une Acuité
soit des actes de toutes tes facultés ou de certaines intellectuelle se manifestant isolément. Ce sont des
facultés, soit des manières d'être ou des caractères produits mixtes, des résuttats multiples, dans les-
de l'intelligence. quels on peut rechercher quelle est la part des
L'a<feM/to?t n'est pas une faculté spéciale ayant diverses facultés. Ce sera mêmelit un excellent exer-
nn objet spécial elle s'applique & tout, elle donne cice psychologique à faire faire dans une 3' année
a toutes les facultés leur puissance, à tous les ré- d'école normale. Mais la classification des facultés
sultats de la pensée leur valeur. L'attention, c'est intellectuelles doit évidemment se borner aux
le degré d'intensité avec lequel l'esprit s'applique groupes de faits élémentaires et irréductibles;
a un objet, soit par la perception, soit par la con- !a liste que nous en avons dressée est ce qu'ette
ception, soit par le raisonnement. On peut dans devait être s'il n'y manque aucun fait intellectuel
chaque ordre de facultés opérer avec ou sans atten- tMt ~enerM, et s'il n'y figure aucun phénomène
tion, avec plus ou moins de force d'attention. complexe pouvant être ramené à des étéments
La r~MOtt est le nom qu'on donne a fattention plus simples.
quand la pensée se replie sur etie-même; avoir INTERET (Règle d'Arithmétique, XL!–
une grande puissance de réflexion, ce n'est pas 1. On appelle intérét ie bénéncequerapporte une
exercer une faculté distincte des autres, cest somme prêtée ou placée dans une entreprise quel-
exercer son intelligence d'une certaine façon dont conque. La somme dont il s'agit prend le nom de
tous les esprits ne sont pas également capables et capital, et on appelle taux de intérêt ce que
qui varie suivant les âges, les tempéraments, les rapportent 100 fr. dans une année. L'année com-
circonstances. Tel a l'esprit porté à l'observation merciale est comptée pour 360 jours. Dans' le
externe, à la constatation des phénomènes maté- commerce, le taux stipulé ne peut être supérieur
riels tel autre a plus de facilité a se recueillir, à 6 p. 100; mais dans une entreprise industrielle
à rentrer en lui-même, observer en quelque le bénéfice peut être plus considérable.
sorte sa propre intelligence. Savoir rénéchir, t'est L'intérêt se calcule conformément à une règle
avoir conscience plus fortement et plus nettement facile à établir. Supposons, pour Oter les idées,
que le commun des esprits superficiels. que le capital placé soit de 800 fr., le taux
La eom~arauoMest un autre genre d'attention.On 6 p. 100, et que la durée du placement soit de
l'a assez mal dénnie une attention double, pour 90 jours. On raisonnerade la manière suivante
dire tout simplement qu'elle suppose l'attention
rapprochant deux faits ou deux idées. Comparer, 100f pendant S60 jours rapportent 6'
ce n'est pas être attentif & deux choses & la fois,
c'est être attentif au rapport de deux choses, en
saisir la ressemblance et la différence. Il ne faut
100f 1 jour rapporteront –
6'
nombre de jours cherché, la somme de 1360 fr. qui revient à l'énojicé ci-dessus.
produirait un intérêt marqué par En appliquant le! logarithmes a cette formule,
on obtient
1:!60'M
n
36 UUO
log A = log a + M log (1 + r) (2)
Ces deux expressions de l'intérêt total devant c'est-à-direque, pour o&<e?Mt-Wo~ar!'MMe du ca-
être les mêmes, on doit avoir pital dg/!K~t/ il faut, au /oya)'~AtKe du capital
pWMM<t' ajouter n fois le <a<~<t''t~Ame de <'M);Mp<M
164700=1360.?!
n /e centième du taux.
d'où résulte Soit par exemple
a=tt:00', n=13, et 4~)etauï, d'où r=0,045 d'où:
A==:l:6',63
on aura:
A = 12(M'(t,045~ 2. l'aide de la formule (2). dans laquelle on
A
d'où: suppose a = 1, on forme aisément le tableau des
capitaux définitifs eorreapondant aux taux tes plus
log A = log t2<M' + 13 log ft,045)
+13X0,0191163 = 3,079t8i: usités, et à divers nombres d'années depuis 1 jus-
qu'à 21. Pour toute autre valeur de a on n'aura
ou qu'a multiplier les nombres de la table par la va
log A = 3,3216931 lenr a du capital définitif. Voici ce tableau
.E =
1 +
(1
=
+ ~)<
(1 -r-
1 = f+If
~)'e<! c<M:)MM~ pendant un certain nombre d'an-
nées. Si elle était restée placée un nn de moins, le
Si, par exemple, on a r= 0,04, on trouvera
capital définitif eût été !?!eM?- de 3996/'r. 12;
T == 0,0404
si, au contraire, eMe était restée placée un an de
c'est-à-dire que le taux serait 4 fr. i.
fH. Sonnet.]
[H.
0
plus, le capital définitif eût été ~Mp~CM)' de INTESTINS. –
ÏNTESTmS. V. Digestion.
Û:OM<MM.
4J56 02. OK demande le taux de ~M~~f et la tNTERJECTXM. – Grammaire, XVIII. L'in
dM~'ef du placement. te)'ec~oyt est un cri, une exclamation qui exprime
ait+'-)'- et a () +f)"-test
conditions du problème sont
a +~)"
Remarquons d'abord que la différence entre
donc exprimées
les mouvements subits de l'âme a/)/ oh! fi!
Les
hélas!
par
Interjection vient du latin Mter/ee~o, propre-
les équations: ment action de jeter au milieu (de la phrase).
60000' (t + f)–t.r= 3996~,12 C'est une sorte de cri jeté au milieu des autres
et: mots. D'après cette définition, on comprend que
60000' (1 + f)' r = 4156',02 les véritables interjections sont simplement nos
voyelles a, e, o, u, aspirées ou redoublées, sous
En les divisant membre à membre, on en tire les formes ah, ha, Af, hihi, oh, hue, etc. Elles
n'ont en général sous cette forme aucun sens
1 + r = 0,04 particulier; leur signification très vague dépend
du sentiment qu'il s'agit d'exprimer, et de lac-
Au moyen de cette valeur, la seconde des deux cent
équations devient: avec lequel elles sont prononcées.
Les principales interjections sont
60000' (t,04)' 0,04 4156,02 Pour exprimer la joie Ah! bon
ou la douleur ~:e/ ah! AeMst
4156,02 la crainte hé! ho!
=~6u000x 0,04 l'admiration: ~A/eA/o/t/
Fi!
l'aversion
d'où l'on tire par logarithmes n = 14. Pour encourager Sus!
II. On a deux sommes, l'une de 2400 fr., Pour appeler Holà! hé!
l'autre de 3600 /f. à placer, pendant 10 ans, à
deux taux différents et à tK~eh composés. Si Il faut ajouter à cette liste un grand nombre de
fo?: place la p<MS petite au taux le plus élevé et la mots qui s emploient accidentellement comme in-
tels peste, miséricorde, allons,
plus grande au taux le plus bas, OM obtiendra un terjections, que
capital définitif de 8747 44. Si, au contraire, on courage, ~)-Mf, etc.
place la plus petite somme au taux le plus bas et Les interjections sont formées soit à l'aide de
la plus grande au taux leplus élevé, on ~aynera noms (paix! allons! courage! patience!); soit à l'aide de
à celte combinaison 341 /'< 97. On demande à quels verbes (soit! SM/~</J; soit par de simples
taux les deux sommes doivent ~rep~c~M. exclamations (ah! oh! etc.).
Si r et f' désignent rintérêt annuel de 1 fr. Si nous laissons de côté les locutions telles que
correspondant à chacun des deux taux, les condi- p<K.t/ courage! soit! etc., qui sont plutôt des
propositions elliptiques (pnur /<<e< paix, prenez Lolive. Ah monsieur, demandez-le aux voisins
courage) que des interjections proprement dites, qui m'ont vu passer.
il nous restera peu de chose à dire des interjec- M. G'~eAerof. Lui a<~tn denné t'afoine?
tions. Deux seutement,.hélas et dame, coceMitent ~/tt;e. Oui, monsieur, Gtullaume y était pré-
quelques explications. sent.
~M~7 que nos aïeux écrivaient en deux mot* M. GftcAa'Mais tu n'as pointportéces bouteilles
las est composé de l'interjection hé et de l'ad- de quinquina ou je t'ai dit?
jectlf las, qui signifiait malheureux dans notre Lolive. Pardonnez-moi, monsieur, et j'ai rap-
vieille langue. On disNt.auxin'aiè~e "~Cette mère porté les vides.
est lasse de la mort de son fils; Hé las
suis Ce n'est qu'au xv' eiècle que les deux
que je ~f. GtTcAar~. Et mes lettres, les as-tu portées à la
poste. hein?2
mots se soudèrent et qu'hélas devint inséparable. Lolive. Peste moneienr, je n'ai eu garde d'y
En même temps las perdait son 6nergle primi- manquer.
tive et passait du sens de douleur à celui de fa- M. Grichard. Je t'ai défendu cent fois de racler
tigue, comme cela est arrivé pour les mots gêne ton maudit violon; cependant j'ai ~nte~du ce ma-
et eKMW qui signifiaient à l'origine tourment et
Aattte.
tin. Lolive. Ce matin ? Ne vous souvient-il pas que
L'interjectiondame (qu'il ne faut pas confondre vous me le mites hier en mille pièces ?
avec le substantif féminin dame) est l'abréviation de M. Gt'tcAorff. Je gagerais que ces deux voies de
Dame-Dieu, exclamation de l'ancien français, qui bois sont encore.
signifie Seigneur-Dieu! (Domine-Deus.) 0n trouve Zo/tce. Elles sont logées, monsieur. Vraiment,
à chaque page dans les textes du moyen âge Que depuis cela, j'ai aidé Guillaume à mettre dans le
Dmne-fMeM nous aide o Dome-MfM, et simple- grenier une charretée de foin, j'ai arrosé tous les
ment dame, s'employait comme interjection et arbres du jardin, j'ai nettoyé les allées, j'ai bechoé
l'exclamation Ah! dame, qui pour nous a perdu trois planches, et j achevais l'autre quand vous av ez
aujourd'huitoute signineation, revientà dire Ah frappé.
~ei~MeMf. Nous retrouvons encore ce mot dame M. Gr:cAat'd. Oh 1 il faut que je chasse ce co-
dans les noms géographiques Dammartin, Dam- quia-là; jamais valet ne m'a fait enrager comme ce-
pierre, etc., qui signifient le tire Martin, le sire lui-ci il me ferait mourir de chagrin. Hors d'ici!1
Pierre. (BRUEYS.)
Les termes employés dans le Itmgage familier et 2* Dicter ou écrire au tableau le même morceau
dans le style comique, tels que corbleu, diantre, en remplaçant.les interjections par des tirets; les
~a~nf, tKor& etc., ne sont que des jurements et élevés mettront les interjections convenables.
des Maspbemes aujourd'hui déngurés. Corbleu est 3* Dicter ou écrire au tableau le même morceau
pour corpa de Dieu; diantre pour d!'aMe;/afnt ou et faire <tp!iquer ami élèves le sens et l'origine de
jarnidieu pour je renie Dieu, etc. chaque interjection. [J. DutMuchet.]
Modèles d'exercicea. – 1° Lire aux élevés MVAStONS. – Histetre générale, XXXIX-XL
<e morceau suivant en leur faisant remarquer les Histoire de France, XXXVtU-XL. – Le nom d't~-
interjections. vasion pourrait s'appliquer à teat eavahissement
LE GRONDECR. d'un pays par une armée étrangère mais on le
réserve d'ordinaire,en histoire,à rentrée en masse
if. Grichard. Bourreau! me feras-tu toujours d'un peuple encore barbare sur le territoire dun
frapper deux heures à la porte y peuple plue civilisé. En outre, abstraction faite
Zo<toe. Mensieur, je travaillais au jardin; au du degré relatif de civilisation des peuples en
premier coup de marteau, j'ai couru si vite que je jeu, une même nation appellera velentiers guerret
suis tombé en chemin. d'invasion celles où son propre territoire a été
M. Grichard. Je voudrais que tu te fusses rompu envahi, et guerres de <fM<M~f, campagnes, expé-
le cou. double chien que ne laisses-tu la porte ou- ditions, celles e& elle a joué eUe-meme le rôle
vette?.? d'envahisseur.Ainsi, dans l'histoire de France, on
to~tce. Hé monsieur, vous me grondâtes hier parle de la eoMpa~Me d'Egypte en 1798, de la cam-
à cause qu'elle l'était, quand elle est ouverte, vous pagne de Russie en 1812, et de l'invasion des
vous fâchez; quand elle est fermée, vous vous fâ- alliés en 1814. Les peuples latins désignent sous
chez aussi je ne sais plus comment faire. le nom d'invasion des &<t''6are~ la prise de posses-
if. Gfte&ard. Comment faire? comment faire ? in- sion de l'empire romain par les hordes germani-
ftme! ques, tandis qu'en Allemagne cet événement s'ap-
Lolive. Oh et, monsieur, quand vous serez pelle la grande Mt9fa<teMdes peuples.
sorti, voulez-vous que je laisse la porte ouverte ? Les principales invasions que mentionne l'his-
M. Grichard. Non 1 toire mnverseHe <ont, par ordre chronologique
ZoHt)e. Voulez-vous que je la tienne fermée?
M. Grichard. Non.
L'invasion des ~M<M ou Hyk-shos ( rois pas-
teurs ") en Egypte, vers le vingt-troisième siècle
Lolive. Si faut-il, monsieur. avant notre ère (V. E~/ofe, p. 652)
M. GrtcAo'd. Encore! Tu raisonneras, ivrogne? L'invasion des Scythes ou Awi~We~M dans
Lolive. Morbleu j'enrage d'avoir raison.
M. Grichard. Te tairas-tuT
l'Asie occidental,de 694 à 627
Perse);
(V.te, Médie,
Lolive. Monsieur, je [me ferais hacher. Il faut Les diverses invasions des Gaulois Italie, en
qu'une porte soit ouverte ou fermée choisissez, Grèce, en Asie-Mineure (V. Gaule, p. en 848)
comment la voulez-vous? Celle des Cimbres et des t et<<o?M, a la fin dn se-
Je
JM. Grichard- Je te l'ai dit mille fois, coquin la cand siècle avant notre ère (V. Rome);
veux.je
valet à
la. Mais voyez ce maraud-là Est-ce à
venir
La grande tnoaston des Barbares, anx quatrième
faire des questions ? Si je te et cinquième siècles (V. Ba)'6arM et Rome)
un me
prends, traître je te montrerai bien comment je la L'invasion ara&e, aux septième et huitième siè-
~reux. As-tu balayé l'escalier? cles (Y. drabes et Khalifes)
~o/!tx. Oui, monsieur, depuis le haut jusqu'en L'invasion normande ou scandinave, en Angle-
cas. terre, en France, en Italie, à partir du septième
M. Grichard. Et la cour? siècle jusqu'au milieu du onzième (V. Normands
Lo~tw. Si vous y trouvez ordure comme cela, et Scandinaves);
veux perdre mes gages. Les deux invasions des Mongols sous Gengis-
M. Grichard. Tu n'as pas fait boire la mule? Khan et ses successeurs, au treizième siècle, et
sous Tamerlan, à la fin du quatorzième siècle ingénieurs.Rarcmentlesinventions sontimagincet
(V. J~omyo~). de toutes pièces; elles sont le plus souvent de
tNVËNTtON. – V. CoMpOSt<M' simples Modincatieus aux procédés en vogue, aux-
INVENTIONS. Histoire générale, XXXVII. quels on donne des applications inédites, et que l'on
On demandait à Newton comment il était arrivé simplifieou l'oncomplique pour de nouveauxusages.
à formuler la grande loi de la gravitation qui ré- On a remarqué qu'il y a des époques plus fé-
Ainsi,
git notre globe, notre système solaire, l'univers en- condes en inventions que les autres. notre
tier ? a En y pensant, répondit-il avec une no- génération et celles qui l'ontEncyclopédie, Dréeédé<, à partir de
ble simplicité. Ce mot, qui donne le secret de la plus la publication de la grande ont fait
superbe découverte peut-être qu'ait faite notre es- déjà une œuvre immense, et, sans exagération au-
pèce, s'applique également à la plupart, sinon à la cune, sont en train de renouveler la face du monde.
totalité des inventions non pas que tontes soient le Il est facile de s'expliquer l'intermittence de ces
produitd'une longue réflexion,soientane déduction époques de transformation, qui sont le contre-coup
logiquement poursuivie de faits et de principes des impulsions religieuses et philosophiques, mo-
déjà connus ces découvertes par la voie théori- rales et scientifiques se produisant de période en
que sont beaucoup plus rares que celles que l'on période. Quand une idée, quand une théorie gé-
doit au hasard, comme on dit mais le hasard n'a
a nérale est lancée dans le monde, les intelligences
jamais rien montré aux hommes inintelligents; pour éveillées la transportent chacune dans la sphère
transformer l'accident en acquisition durable, il a d'activité qui lui est propre, l'y établissent, l'y dé-
toujours fallu qu'un esprit avisé analysât, raisonnât veloppent, l'y maintiennent, jusque ce qu'une
le pourquoi, le comment, dégageât le principe géné- conception nouvelle amène d'autres changements.
rai du fait particulier. L'histoire des inventions et La série de ces révolutions partielles dans le temps
des découvertes n'est autre que l'histoire de la et dans l'espace n'est autre que la grande évolu-
pensée s'appliquant à mieux connaître la consti- tion de l'humanité. Les idées ont aussi leur évo-
tution de l'univers en son ensemble et dans ses lution partielle; comme les plantes, elles germent,
détails, par l'emploi des connaissancesacquises, par frondoient, fleurissent, fructifient, et leur semence
la meilleure adaptation de l'homme à son milieu, reproduit des sujets similaires, mais cependant
et du milieu à l'homme. A mesure que cette distincts et nouveaux. Voilà pourquoi des inven-
adaptation s'accomplit, l'hommeprogresseetse per- tions analogues surgissent, à peu près au même
fectionne, il se modifie lui-même à mesure qu'il instant, dans plusieurs cervelles, et l'inventeur
transforme la nature ambiante. Dans nos pays ci- qui tarde trop à publier sa découverte s'en voit
vilisés, ces changements qti se poursuivent depuis dépouiller l'honneur par un rival plus pressé. Cette
qu'il y a une histoire, et qui avaient commencé remarque a donné lieu au paradoxe que les in-
longtemps auparavant, ont agi d'une manière déjà venteurs ne trouvaient pas leur invention, mais
puissante sur la constitution chimique du sol, sur que l'invention allait trouver son inventeur. La
le régime hydrographique, sur le climat. L'homme, vérité est que les idées nouvelles viennent en
qui a bouleversé le pays qu'il habite, avait com- leur temps, parce qu'elles sont la production des
mencé, la langue le dit eUe-mome, par être un sau- idées antérieures, le résultat des développements
vage, unebête fauve, certainementla plus féroce de de la science.
toutes. Il n'avait à l'origine que des besoins tout à Ce serait s'engager dans un dédale que de vou-
rait restreints, les seuls, d'ailleurs, qu'il pût satis- loir énumérer les inventions qui ont été faites de-
faire. Nos désirs portant tous sur quelque diminu- puis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours;
tion de peine, de fatigue et de temps, tendent, par un volume, des volumes n'y suffiraient pas sans
conséquent, à une augmentation de force, de res- parler de l'impossibilité matérielle de fournir des
sources et de loisirs, à un accroissement de vie, à une dates authentiques, des renseignements certains
augmentation quantitative et qualitative dans la va- sur plusieurs d'entre elles qui ne sont pas des moins
leurde l'homme.Notre existence est tout autrement importantes. L'histoire des inventions est une
mobile, féconde en impressions variées et en senti- science par elle-même. Précise en ce qui touche
ments profonds que celle de nos premiers ancê- aux temps modernes, elle est vague pour le moyen
tres. Il est vrai que nous employons notre puis- âge, incertaine pour l'antiquité, obscure pour les
sance accrue, notre intelligence mieux armée à temps préhistoriques. S on étude ne date que d'hier,
former de nouveau! souhaits plus vastes qui pro- et n'aurait pu être abordée utilement avant les
voqueront des efforts plus puissants, des réalisa- travaux de nos derniers géologues. Nous indique~
tions plus considérables. Notre puissance aug- rons les lignes principales de cette histoire aussi
mente et aussi nos inquiétudes, et le désir tou- exactement que le permettent nos connaissances
jours inassouvi du mieux, et encore du mieux, qui actuelles; nous en tenant principalement à la
n'est l'ennemi du bien que par exception, quoi- genèse même, à la filiation des inventions, et à
qu'on dise le proverbe. leurs relations mutuelles. Nous renvoyons aux ar-
C'est le moment de rappeler la distinction qu'on ticles spéciaux du Dictionnaire pour les détails
a faite depuis longtemps entre les inventions et relatifs aux inventions les plus importantes, telles
les découvertes. Les découvertes sont plus spé- que l'imprimerie, la boussole, la poudre à canon,
cialement la simple constatation de faits, de lois, la machine à vapeur, le <~yap~e,etc.
ou de principes inconnus jusque-là, en histoire, La classification la plus simple et la plus prati-
en géographie, dans les sciences en général. Les que nous parait être celle des inventions: 1° par
inventions impliquent le plus souvent une mise au leur objet, ou par les besoins auxquels elles doi-
point nouvelle, une transformation, une adaptation vent satisfaire, 2° par les moteurs ou par la nature
de la part de l'homme. Ainsi, la découverte des de la force qu'elles emploient.
propriétésmerveilleuses de la pierre'aimantéeren- L La nécessité est la mère des inventions, dit
dit possible l'invention de la boussole, qui permit un proverbedont l'expérience journalière prouve la
aux navigateurs de perdre les côtes de vue, de se justesse. N'était le besoin qui nous presse, nom
lancer dans la haute mer, et de mettre le cap vers nous endormirions dans la jouissance et dans l'oi-
des contrées encore inconnues. Les découvertes de siveté. Il est certain que la même cause qui au-
nos physiciens et de nos chimistes donnent aux jourd'hui nous fait perfectionner les découvertes
industriels et aux mécaniciens le moyen de faire antérieures les a inspirées sous une forme
une multitude d'inventions dans le domaine pra- barbare dans les temps primitifs. Les besoins
tique les découvertes de nos mathématiciens, les plus urgents sont les plus efficaces à réveiller
les hautes analyses de nos géomètres sont mises à l'intelligence engourdie. Les besoins moindres ne
proBtde mille et mille manières par les opticiens et se font sentir que lorsque ceux de premier ordre
sont déjà satisfaits. Nul mobile n'a été plus puis- cédés mécaniques dont on ignorait jusque-là l'ori
sant que la faim a créer des ressources nouvelles, gine tarière, vilebrequin, baratte, archet, mortier
et à modifier peu à peu l'ordrede choses précédem- et pilon, etc. La meule antique dans laquelle on
ment étaNi. L'homme, un omnivore, a commencé broyait )e grain est un de ces appareil dérivés.
par demanderà la chasse la presque totalité de sa Sur la meule gisante, qui restait Immobile,tournait
subsistance. H tuait pour manger. Ses armes ont la meule roulante emmanchée sur un axe. L'allu-
pu à l'origine n'être que celles du gorille et de mette chimique devait faire tomber ces procédés
l'orang-outang tantôt une pierre, tantôt une divers en rapide désuétude. Les trois choses que
massue dans ses poings robustes. Ce fut une véri- le monde sauvage envie te plus à notre civilisation
table inspiration de génie quand il emmancha sa sont l'allumette ou bâtonnet à feu, l'eau de feu,
pierre au bout d'un bâton fourchu, se faisant ainsi l'arme à feu.
un instrument qui fut le premier casse-tête, le Le feu ayant été ainsi obtenu à t~and'peine, il
premier marteau, la première hache, la première fallait le conserver. H est telle peuplade nomade
tance, le premier épieu, le premierjavelot, le pre- chez laquelle tes femmes portent au moindre de
mier hoyau. D'abord, it avait pris ces pierres pour leurs voyages un tison qu'elles ravivent fréquem-
'faire poids it fut amené à tes prendre pour leur ment en le faisant tournoyer dans l'air. Les tribus
dnreté. ensuite pour leur tranchant; it en vint à mieux assises entretiennent des foyers constam-
tailler tes silex qui devaient lui donner toutes sortes ment allumés autour desquels se rassemblent les
d'instruments l'un après l'autre couteaux, poi- chefs et les guerriers. Ces prytanées sont les sanc-
gnards, épingles, aiguilles, grattoirs, râctoirs, tuaires nationaux d'où les colonies emportent de
times et scies, pointes aiguës et barbetées de plu- précieux brandons dans leurs nouvelles demeures,
sieurs modètes.De ces pointes remplaçant les os où les chefs de famille vont au nouvel an prendre
et tes arêtes de poissons, il arma les ûèches qu'il des charbons pour allumer leur foyer domestique.
venait d'inventer après avoir reconnu l'élasticité C'est ainsi que nous voyons le feu à l'origine des
de certains bois et les profits qu'on en pouvait institutions nationales et familiales. Tant est vraie
tirer en courbant une branche, en la sous-tendant la légende des Grecs, d'après laquelle Prométhée
de boyaux tordus. Plus tard. il se mit à polir les ou Vulcain aurait été le créateur de l'homme
pierres les plus dures, du grain le plus fin, le plus d'autres termes, c'est au feu et à tout ce qu'ilena
serré, et même à les percer, à les forer. On trouva produit et amené que notre humanité, celle des
des minerais plus durs, plus résistants et plus civilisés ou demi-civitisés, doit son existence.
lourds que la pierre; par exemple le cuivre natif Jusque-là, on avait mangé cru; dorénavant, les
dont on flt des armes redoutables. viandes furent rôties où bouillies; fréquemment
En taillant les silex, en les frappant l'un contre on torréna le grain avant de le passer à la meule.
l'autre, on avait vu des étincellesjaillir, et l'on de- On inventa le procédé pour la fabrication du pain,
vina que cette étincelle est de même nature que on découvrit les propriétés des levains on eut do
l'éclair qui sillonne la nuée ça et là ces étincelles pain levé, des boissons fermentées.
avaient fait jaillir la flamme aux entours, ce qui ne L'art culinaire prit alors naissance. Les premiers
manqua pas de remplir l'homme d'effroi. Combien vases avaient été des coquilles, des gourdes, de
de siècles, combien d'Ages se passèrent avant qu'il grosses noix, et autres fruits creux et desséchés,
se soit familiarisé avec les feux de la foudre, des des pailles et des roseaux étroitement tressés.
cratères, des sources de gaz, de naphte, de pétrole, Bientôt, on tira parti de la plasticité et de l'im-
avec les divers usages de l'eau qui sourdait des perméabilité de l'argile pour en enduire les roseaux
fontaines thermales dans les pays volcaniques? tressés qui servaient de parois aux premières
C'est ce qu'il est encore impossible de dire. Enfin huttes, qui formaient les premièrescorbetitesqu'on
se fit la découverte des découvertes, l'invention transforma ainsi en cruches, et qu'on songea plus
des inventions. L'homme se rendit compte des ma- tard à durcir en les brûlant. Nos collections ont
tières qui sont plus facilement combustibles que encore quelques débris de anciens brocs, dans
les autres, il les disposa habilement dans le voisi- lesquels des joncs et des ces carex, enco e engagés
nage des cailloux qu'il heurtait et dont il tirait des dans la pâte, nous font surprendre les secrets de
étincelles ce fut le briquet. Il fit bien plus. A dé- la fabrication primitive. Telles furent les origines
faut de pyrites, il frotta des morceaux de bois sec de la céramique, art humble et bien modeste à ses
les uns contre lès autres, fit tourner rapidement débuts, mais qui a rendu à notre espèce d'incalcu-
la pointe d'un bois dur dans le trou d'un bois mou. lables services donnant à peu de frais une matière'
Au prix d'efforts énergiques, habiles et persévé- qui se prêtait sans effort à toutes les fantaisies des
rants, que nous avons encore l'occasion d admirer doigts qui la pétrissent, et remplaçait en une foule
chez plusieurs peuplades contemporaines, on de circonstances le bois, la pierre et les métaux.
voyaitle bois s'échauffer peu à peu, se charbonner, Les vases de toute espèce restèrent généralement
une fumée s'élever; au milieu de la tache noire lourds et irréguliers tant qu'on n'eut pas trouvé la
apparaissait un point rouge, première lueur qui avec laquelle l'art du potier entra dans la
btentot gagnait en étendue et en intensité; encore roue, période artistique. Ce n'est pas tout: avec l'argile
un moment, le bois craquait et la flamme surgissait on construisit des fourneaux qui concentraient la
vive et vermeille. Seul de tous les êtres animés, chaleur à un degré que les foyers ordinaires n'eus-
l'homme a conquis le feu, seul it sait l'entretenir. sent jamais pu atteindre; et dans fourneaux;
Nous sommes en droit de dire qu'au point de vue on obtint la fusion des substancesces jusque-lit ré-
pratique, c'est l'usage du feu qui met une ligne de fractaires, qui livrèrent des vernis, des verres, des
démarcation aussi nette et tranchée entre l'homme faïences, auxquelles les Chinois ajoutèrent la por-
et la bête qu'il est possible de le désirer. Ceux cotaine. Ils permirent de procéder à la fusion des
qui ont fait du sujet une étude spéciale n'hésitent minerais: on obtint à l'état pur des métaux tet~-
pas aafnrmer que s'il était vrai, comme quelques- que le plomb, t'étain, le cuivre, l'argent, l'or; et
uns prétendent,sans raison suffisante, nous semble- enfin les alliages déterminés, tels que le laiton, le
t-il, qu'il existe, ou qu'ilil existait tout récemment bronze, vrai métal précieux. La facilité de les obte-
encore, des hordes assez arriérées pour ignorer nir, non pas seulement en lingots, mais aussi en
l'usage du feu, ces hordes n'auraient eu d'humain lames minces, flexibles, malléables, élastiques,
que la figure. M. Tyler, le savant auteur de la susceptibles d'un beau poli, et relativement très.
Civilisation primitive, a recherché tes diverses légères, les fit rechercher pour l'ornementation.
manières employées par tes sauvages pour faire Les premiers guerriers étaient jaloux, plus encore
le feu et montré qu'elles ont pu, qu'elles,ont dû que tes femmes d'aujourd'hui, de se parer de-
donner naissance plusieurs instruments et pro- chaînes, de diadèmes, de bracelets, de cheviller.
de pectoraux, de torques et colliers, d'agrafes et vaillées jusqu'à ce que le lacis de fibres eût été
libules. L'absence bien constatée de tout oxyde de dépouillé de ses~-concrétions. Quelques-unes des
ter dans les fouilles où l'on trouve déjà de nom- étoffes ainsi préparées par les insulaires des mers
breux objets en bronze, a fait supposer que l'inven- du Sud peuvent rivaliser avec nos plus belles
tion du bronze a précédé d'un long temps l'inven- mousselines. C'est ainsi qu'on travailla le papyrus,
tion du fer, supposition que confirment certaines prototype de notre papier. C'est ainsi que nos
traditionsrelatées par les auteurs classiques. Ce- premiers livres furent écrits sur du liber, et nos
pendant, il se peut qu'on ait tout au moins exa- premiers « bouquins )) sur l'écorce du hêtre (en al-
géré la période qui s'est écoulée entre les deux lemand Buche) des forêts de la Germanie.
découvertes. M. de Mortillet explique la rareté Mais revenons aux claies qu'on fabriquait en
relative des objets de fer dans les tombes, par la entre-croisant les branches souples de saule ou
considération que ce métal, si facilement attaqué d'osier, les branches droites et flexibles de tout
par la rouille, devait être tenu en bien moindre autre arbre, les pailles et roseaux. Les plus
estime que le bronze et ne trouvait pas sa place lourdes et solides, accrochées à des pieux de
dans les cercueils des chefs, des riches et des puis- distancé en distance, formaient les toits et les pa-
sants, qui avaient seuls l'honneur de reposer dans rois les plus légères servaient de portes qu'on
des tumulus. Toujours est-il que le fer a été em- plaçait, déplaçait replaçait, à volonté; de plus pe-
ployé en Egypte, déjà du temps des premières dy- tits clayons, transportésavec la personne,servaient
nasties, et qu'on a même retrouvé dans la chambre de manteaux, de coiffures. On a remarqué que les
secrète d'une pyramide un morceau de fer qui couvre-chefs affectent eonvent une ressemblance
y avait été oublié. marquée avec le genre de toiture usitée dans le
On a lieu de croire que le fer a été inventé dans pays. Insensiblement,on étendit, on développa le
l'intérieur de l'Afrique, où se trouvent des minerais procédé dont il s'agit; on croisa des lanières de
le plus facilement réductibles, et où cette fabrica- peaux et de fourrures, qui s'enroulèrent étroite-
tion s'effectue par des procédés simples et bien en- ment autour des surfaces de plus en plus petites.
tendus qui se sont transmis de génération en géné- En rapprochant les mailles, on eut des tissus qui
ration. Les perfectionnements successifs apportés excluaient complètement l'eau, la lumière et même
au travail du fer et du bronze, des armes offensives l'air; en les écartant, on eut des Blets. Le tres-
et défensives, provoquèrent maint bouleversement, sage donna naissance à l'industrie du tricot, dont
mainte révolution dans l'histoire des empires, la mécanique vient de s'emparer. Le croisage des.
firent gagner mainte bataille, élever maint royaume fils est à l'origine de tous les systèmes de tisse-
sur les ruines d un autre royaume. Plus d'un his- randerie qui, transformés par le génie de Jacquart,
torien attribue les victoires des Romains à la su- ont pris un développement dont s'enorgueillit
périorité de leur épée, plus courte, mais mieux notre siècle. Toutes les ressources de la science
coupante et mieux trempée que celles qu'on leur ont été mises à la disposition du tissage et des
opposait. Parce que le fer a été le grand instrument filatures mécaniques, des teintureries et imprime-
de meurtre, n'oublions pas qu'il a fait le soc et le ries sur étoffes. Les lentes quenouilles, les fuseaux
contre, et que la charrue a nourri et fait vivre plus solitaires, dont nos anthropologuesretrouvent les
<)e millions d'hommes que la guerre n'en a tué. pesons dans les plus anciens palafittes, sont rem-
< "est au fer que nous sommes redevables de l'agri- placés dans nos fabriques par des milliers de
culture. broches mues simultanément par la vapeur et
La passion avec laquelle on se jeta sur la posses- avec une rapidité qui les rend invisibles. Les
sion des métaux précieux, surtout ceux qui avaient riches couleurs qu'on applique sur ces tissus
été travaillés et frappés en médailles à l'empreinte délicats, on ne les tire plus péniblement du suc
d'un dieu, d'un grand personnage ou d'un poten- de quelques fruits, de quelques bois, de quelques
tat, la facilité avec laquelle on échangeait ces herbes, d'insectes on de mollusques écrasés,
petites pièces contre des denrées et des marchan- cochenilles ou murex, mais des houilles qu'on
dises incomparablement plus lourdes et plus diffi- distille par tonnes. Comme nous sommes loin de
ciles à transporter, donna naissance au commerce, l'époque à laquelle les hommes, désireux de passer
au trafic de l'or et de l'argent monnayés. pour rouges, jaunes ou bleus, s'enduisaientd'ocre
La vanité personnelle autant que la nécessité de on de marne 1 Alors, ils s'ornaientde dessins, de re-
se protéger contre les morsures du froid et de la présentations variées de plantes et d'animaux, de
chaleur, les piqûres des insectes et des épines, marques indiquant le rang, le titre, la fonction,
firent recourir aux vêtures, qui d'abord furent très qu'ils étaient obligés de se graver sur la peau. Ces
succinctes des herbes, des feuillages, des couches ponctions, ces tatouages ont été, pensons-nous, la
de cette même argile dont on enduisait les parois première écriture. Puis la représentation directe des
des masures et des corbeilles à contenir l'eau. objets fit place à des figurations conventionnelles
Longtemps on convoita les dépouilles des ani- que, peu à peu, on abrégea jusqu'à les rendre
maux, brillantes écailles protectrices, toisons lé- méconnaissables mais grâce à l'habitude, grâce à
gères, chaudes fourrures, beaux plumages; mais la persistance des traditions, leur signification
le cuir sur lequel elles sont implantées se dessèche resta comprise; on écrivit en rébus. L'écriture
bientôt après la mort de l'animal, durcit et se rac- hiéroglyphique, se faisant de plus en plus cursive,
cornit, quand il ne pourrit pas. Avant de prendre donna naissance à nos alphabets.
possession de ces trésors convoités, il fallait in- De bonne heure, quelques dessins, des mots
venter les moyens de nettoyer le cuir, de lui magiques, des .mots de reproches, tes noms des
rendre sa souplesse sans- nuire à sa durabilité rois, des gouverneurs, des propriétaires, furent
ce qu'on fit par les procédés primitifs de tannage, gravés sur des cachets, coins et matrices, peur être
de mégisserie et de parcheminerie,qui, dans toutes ensuite reproduits sur l'argile molle, sur la cire,
leurs diversités, avaient cela de commun qu'ils sur les monnaies et médailles, sur des plaques de
étaient longs, fatigants et dispendieux. Un des métal, même sur le front des criminels. On multi-
premiers résultats de la chimie régénérée, presque pliait de la sorte les impressions et estampages.
créée par Lavoisier et par ses émules et disciples, Les Romains avaient laissé à Mayence, la ville où
fut d'opérer une révolution dans cette fabrication. naquit Gutenberg, de nombreuses tuiles avec des
Les écorces qui, conjointement aux peaux de mots y estampés. Les monastères bouddhistes dis-
b6tes, couvraient les toits des huttes, firent surgir tribuaient à foison aux pèlerins des prières et
une industrie parallèle à la tannerie. Certaines formules sacrées parfaitement imprimées sur du
écorces, qui s'y prêtent bien mieux que d'autres, papier et des étones. Les Chinois gravaient des
furent nettoyées, rouies, battues, triturées, tra- volumes entiers sur des planches de bois; en Eu-
rope, on fabriquait des cartes àjouer parles procé- d'eau dont une seule peut équivaloir au travail
dés dits xylographiques, avant qu~n eùtimaginéde utile de quelques milliers d'hommes. On parle
M servir des caractères mobiles, un pour chaque déjà d'utiliser la chute du Niagara comme on a
lettre. Cette simpliBcation,qu'on s'étonne presque utttisé celles du Rhône à Bellegarde, de la Sarma
de n'avoir pas vu se produire bien des siècles au- à Fribourg; d'utiliser la force énorme du flux et
paMvant, donna une impulsion puissante à l'esprit du reflux. Mais relatons ce qui est réalisé et non
humain. EUe généralisa l'instruction, la rendit pas ce qui pourra t'Être un jour.
accessible aux massée; une èM nouvelle com- La force du vent a été mise contribution pour
mença pour l'humanité. Aujourd'hui,,au moyen des la propulsion de nos navires à voiles et des ailes de
clichages au pHtre, au plomb, au carton-pâte, t la moulins, pour l'asseeheatantdos eaux. En divers en-
gatvanapiastie, on reprodtut MdéNnunent les ca- droits de la Chine, nous racontent tes voyageurs.
ractères d'impression. Lei matrices sont eties- le vent est utilisé pour la traction des brouet-
mêmes moulées et reproduites en autant d'exem- tes et des chars sur les grandes routes. L'air com-
plaires qu'on peut le désirer. primé a déjà aocompli l'œuvre immense des
L'indication des principaux moyens par lesquels percements du Mont Cents et du Gothard, et va
les hommes se sont efforcés de satisfaire lears be- bientôt aborder le Simplon. La scieace de l'aéros-
soins de toute nature est loin d'être complète. tation qui, à ses premiers débuts, excita un en-
Ainsi, noos n'avons encore rien dit des inventions thousiasmeImmense et bien légitime, n'est encore
qui ont été faites pour l'agrément purementintel- que dans la phase des études préliminaires, et il
lectuel et artistuma. On n'avait pas été sans re- ne paraît pas qu'on doive entrer de quelque temps
marquer que les boucliers frappés rendaient des encore dans la période des grandes réalisations. En
sons éclatants, et les calebasses vides des sons revanche, letéléphoneet le phonographe sont venuss
sourds. Dne peau fut tendue par hasard sur un pot récemmentnous éblouir par l'étalage de merveilles
de terre vide, et les tambourins et tarabankas se auxquelles nous Be nous attendions pas.
troufèrBnt inventes. Re bonne heure, on avait Les machines à vapeur .nous donnant la combi-
taillé des .roseaux en syriages on faisait montre naison de l'air, de l'eau et du feu comme moteurs.
de tibias humains accommodésen ûûtes. Avec une C'est par millions que se comptent maintenant les
outre pleine d'air, en manchéed'une de ces tllites, on chevaux-vapeurqui travaillentnuit et jour pour le
eut la cernemnse avec plusieurs flûtes combinant compte de l'homme, faisant tous les travaux les plus
leurs timbres divers, on eut l'orgue. On souf- rudes comme les plus délicats, mettant en œuvre
rait dans des cornes, dans des conques et grands des machines-outils, qui forent, percent, clouent.
coquillages, qui plus tard se transformèrent en liment, laminent, divisent ou assemblent, agrègent
trompettes retentissantes.Les archers avaient ob- et désagrègent, compriment, détendent, scient,
serve que, tandis que leur flèche partait en sifflant, même le fer, et rabotent, même l'acier, travail-
le boyau tordu qui leur servait de corde émettait lant nuit et jour, ne buvant que de l'eau, ne man-
des sons aigus ils eurent l'idée de tendre plusieurs geant que de la houille, devenue ainsi mille fois
de ces cordes sur une planche creuse ou sur une plus précieuse à l'humanité que l'or, dont, le cas
carapace de tortue, comme dit la légende et l'o- échéant, il serait facile de se passer, tandis que
reille se détecta désormais aux doux sons de la lyre toute notre industrie s'arrêterait incontinent si
et de la cithare. H leur prit la fantaisie de racler la houille venait à disparaltre soudain. Ce n'est
ces cordes tendues avec une autre corde tendue, pas ici le lieu d'entrer dans les divisions et sub-
celle de leur arc, et ils inventèrent le violon. Ils divisionsde cet immense sujet: machinesà vapeur
multiplièrent le nombre des cordes, les disposè- flxes ou locomobiles,à basse, a hautepression, ter-
rent suivant certaines grosseurs, certaines lon- restres, ûuviales, steamers à aubes, à héli-
gueurs, et ils obtinrent la harpe, maîtresse de ces, etc. La vapeur a révolutionné l'industrie et
plusieurs octaves. La harpe donna naissance à l'é- la locomotion; eUe.tate déjà l'agriculture sur plu-
,pinette, au clavecin, au piano moderne. sieurs points, et en plusieurs endroits elle ne
II. En classant par groupes la majorité des prin- manquera pas de la transformerprofondément dans
cipales inventions,en indiquantleur connexité, leur un avenir plus ou moins rapproché. Elle modiflo
Nhation tant&tprouvée, tantôtseulementprésumes, les conditions matérielles du travail et de l'indus-
nous n'avons ~as achevé notre tâche. Il nous reste trie aussi radicalement que la poudre a déjà change
à indiquer à quelles forces nos arts et nos indus- l'aspect politique des nations dans les deux mon-
tries ont eu recours, quels moteurs ils ont em- des. La pondre a été longtemps trop précieuse
ployés, quels perfectionnements ceui-ci leur ont pour servir à autre chose qu'à tuer les hommes
.apportés. mais à mesure que sa composition et ses proprié-
Chacun sait que l'homme n'a. d'abord employé à tés ont été étudiées et que sa théorie générale a
ses différents ouvrages que la force de ses bras, été mieux comprise, on a fabriqué des poudres
que l'adresse de ses doigts. A l'origine le travail de mine, des fulmi-cotons, des nitro-gfycérines.
était essentiellementpersonnel; mais dès que le et plus récemment des dynamites dont on se sert
groupe social se fut étendu et compliqué, les la- maintenant pour faire sauter les écueils, faire
beurs durs, fatigants ou simplement lourds et en- tomber des montagnes, ouvrir de larges voies à
nuyeux, furent réservés aux esclaves et plus tard travers les rochers.
aux serfs. Aristote ne croyait pas possible que les Les forces que la physique et la chimie ont en
pierres meulières pussent tourner seules, que les quelque sorte fait éclore grandissent à vue d'oMi
navettes pussent filer seules. Cependant on inventa à mesure que nous avançons dans leur connais-
des manèges auxquels des animaux domestiques sance, leur puissance et leur grandeur semblent
furent attelés au lieu et place des hommes les no- s'accroître. La chimie proprement~ftite a fait mer-
rias ou puits à roue furent une des premières in- veilte dans ces dernières années. L'immense con-
'ventMHss de ce genre. Ce fut un bien grand esprit sommation de combustible tMte par nos machines
que Cttlui qui imagina de faire tourner une roue a appelé l'attention sur les houilles, leur produc-
par la rivière elle-même, de manière à lui faire tion, leur constitution. Les mines de combusti-
déverser son eau dans les champs riverains,draguer ble se sont trouvées être en nteniB temps des mi-
elle-même les impuretés de son lit, ou bien encore nes de gaz, d'huilesdiverses, 4e geudrans, d'acides
mettre en mouvement le mécanisme d'un mou- désinfectants, de matières colorantes l'éclairée
lin. De là à nos turbines verticales et horizontales public et privé, le chauffage se sont perfectionnés
il y avait loin, mais le principe était trouvé, et de du coup. La fabrication des aciers a totalement
progrès en progrès on inventa la presse hydrauli- changé de face, et bientôt un excellent acier ne
quo. Aujourd'hui, on utilise en grand les chutes coûtera plus que ce que coûte aujourd'hui une
fonte médiocre. De nouveaux métaux ont été dé- provinces méridional'es d'une part par suite du'
couverts, parmi lesquels l'aluminium s'est fait im- climat, et d'autre part, dans les régions monta-
médiatement une ptace à part. Les découvertes gneuses où les eaux sont plus abondantes et plus
dans le domaine de ta science pure sont bientôt faciles à capter.
suivies par des inventions corollaires dans le do- L'irrigation a un double but. Elle sert d'abord à
maine industriel. Les recherches sur tes électro- donner aux plantes l'humidité qui leur est néces-
aimants, sur t'étectricité statique et dynamique, saire pour se développer. La plante exhale sans
ont précédé l'établissement des lignes télégraphi- cesse, mais surtout sous finnuence de la chaleur
ques, la création d'industries pour l'exploitation de, et de ta lumière, une grande quantité de vapeur
ta galvanoplastie, de la galvanographie, de la lu- d'eau. Quand le sol ne lui fournit pas cette quan-
mière électro-magnétique, pour la dorure, l'argen- tité d'eau indispensable, la plante végète miséra-
ture et la nickelure par l'électricité. L'électricité blement, elle languit et finit par mourir. Les pre-
s'est trouvée installée partout, même dans la thé- mières expériences sur la transpiration des plantes
rapeutique. Grâce à son action si rapide, si déli- sont dues à Hales; il a constaté, par l'expérience
cate et subtile, on a pu construire des appareils et par le calcul, que les chouxplantés sur un hec-
mesurant des modificationsde la température des tare de terre peuvent perdre, par transpiration,
corps, et notamment de l'air, qui eussent été insen- jusqu'à 20,000 kilog. d'eau pendant une journée
sibles aux anciens thermomètres.Tout ce qui ser- de douze heures. L~activitédes fonctionsde la plante
vait à peser, à chiffrer, à évaluer, a pris un degré dépend de la régularité de cette transpiration.
de précision qui nous semble admirable aujour- D'un autre côte, les eaux employées anx irriga-
d'hui, mais qui demain paraîtra sans doute impar- tions renferment toujours soit en suspension, soit
fait. Après tes gnomons, les clepsydres, les sa- en dissolution, une proportion notable de matières
bliers, les bougies graduées; après les horloges et utiles à la végétation. Les substances tenues en
les montres qui ont donné successivement l'heure suspension sont déposées sur le sol cultive, du
juste, les minutes, les secondes, on a voulu plus moins en grande partie, pendant qu'il est recouvert
ae précision, et nos navigateurs ont des chronomè- d'eau; quant à celles qui sont en dissolution, elles
tres qui varient & peine de quelques secondes dans sont introduites dans la terre végétale par feau
l'année, et nos astronomes ont des appareils qui qui y pêr.btre. It en résulte que, tout en se gardant
mesurent un espace de temps aussi court que le des exagérations par lesquelles on a dit quelque-
millième d'une seconde; ils ont des plaques pho- fois que l'irrigation équivaut s une bonne fumure,
tographiques sur lesquelles se dessinent et, au on peut considérer certaines eaux d'irrigation
besoin, se gravent les paysages de laLune, la con- comme pouvant fournir à la terre une proportion
jonction du Soleil et de Vénus. Par l'analyse des notable des principesque la fumure lui apporterait.
rayons qu'ils recueillent dans leurs télescopes, Cela est vrai surtout quand il s'agit des irrigations
ils discernent quels sont les métaux, quels sont faites avec les eaux d'égout et certaines eaux pro-
les éléments qui constituent une étoile lointaine. venant des usines et chargées de matières nom-
Et la raison de tous ces progrès rapides qui ont breuses qui enrichissent le sot, tandis que ces
été accomplis dans ces derniers temps, c'est que eaux, dirigées immédiatement sur les rivières, ne
la géométrie devient le grand instrument d'inves- pourraient que les polluer et détruire le poisson
tigation. Bon gré mal gré, notre esprit se plie à la qu'elles renferment.
méthode mathématique, et l'on commence à com- Les eaux employées à l'irrigation ont des origi-
prendre qu'il n'y a d'invention féconde que celle nes diverses. Mais on peut les placer dans quatre
tRt.AKDE. – V. Anglelerre.
[Elie Reclus.] f
qui est précédée d'une étude patiente et d'une catégories
observation consciencieuse. Les eaux de source ou de ruisseau. Le pro-
priétaire du sol a le droit de capter les sources qui
IRRK1ATIONS.–Agriculture,JV. Les irriga- sortent de terre sur son fonds, et de les employer
tions constituent des opérations qui ont pour but à sa convenance. Il peut donc les employer a des
de répandre méthodiquement sur les terres culti- irrigations. H en est de même des eaux des ruis-
vées une certaine quantité d'eau, afin de donner seaux qui traversent les propriétés, mais on est
aux plantes l'humidité qui leur est nécessaire pour obligé de les rendre à la sortie de celles-ci.
croltre et se développer. 2° Les eaux de rivière arrosant les terrains sub-
La nécessité de l'eau pour la végétation n'a pas mersibles. Sur les bords de la plupart des rivières,
besoin d'être démontrée. Que l'on seme des graines surtout dans les pays de plaines, les terres du
dans un sol absolument sec, elles n'y germeront fond de la vallée sont souvent couvertes par les
pas; qu'un champ ne reçoive aucune goutte d'eau eaux quand le niveau monte et surtout quand il y
pendant la période de la végétation, et il ne donnera a des débordements. C'est là une irrigation natu-
aucune récolte. D'un autre côté, l'excès d'humidité relle, mais souvent il est difficile de se débarrasser
est nuisible à la végétation; quand les pluies sont de l'excès d'eau qui peut être nuisible.
trop abondantes, les plantes ne poussent pas. Il 3" Les eaux des canaux. Le périmètre des terres
en est de même dans les terres naturellementsa- qui peuvent être arrosées par les eaux d'une ri-
turées d'eau, soit par leur situation, soit à raison vière est très limité. Le cours de celle-ci va tou-
de la nature de leur sous-sol. On peut voir au mot jours en descendant,de sorte qu'on ne pourrait
Drainage les opérations par lesquelles on se dé- utiliser la plus grande partie de sqs eaux qu'en les
barrasse, dans beaucoup de cas, de l'excès d'e'au. élevant artificiellement Pour parer à cet inconvé-
Il était naturel que la pratique de l'irrigation nient, on construit des canaux d'irrigation. Un
prit d'abord de l'extension dans les climats secs et canal d'irrigation est une rivière artificielle qui dé-
chauds où l'eau manque trop souvent. La plus rive les eaux d'un point déterminé,et dont le tracé
haute antiquité nous a laissé le souvenir et les est creusé avec une faible pente en s'écartant de la
traces des irrigations faites par les peuples de rivière d'où il part, et en suivant la ligne de faite
l'Orient, les Assyriens, les Arabes, etc. De là, les des terres à irriguer.Il lui faut souvent contourner
travaux d'irrigation se sont répandus d'abord en des obstacles, traverser des bas-fonds sur des
Grèce et en Italie, puis en Espagne surtout au remblais ou même des aqueducs, de manière à
moment de la conquête par les Maures. Peu à peu, embrasser le périmètre le plus étendu qu'il est
ils ont été pratiqués dans les autres parties de possible d'atteindre. Parfois il revient, sur un point
l'Europe, plus ou moins, suivant les nécessités du plus bas, à la rivière d'où il part; d'autres fois, il
climat, des diverses cultures, etc. En ce qui con- déverse dans une autre rivière l'ex.cédantde ses
cerne particulièrement la France, les travaux d'ir- eaux qui n'a pas été utilisé. Les canaux d'arrosage
rigation ont été principalement exécutés, dans les sont donc des entreprises considérables le plus
aonvent ils sont exécutes par l'État ou par des pendant longtemps, et elle t'y dépouille des subs
compagmte. concessionnaires; ce n'est que dans tances qu'elle peut renfermer. Quant aux irriga-
de rares circonstancM qu'ils peuvent être faits par tions d'été, elles agissent surtout physiquement
des particuliers. elles fournissent aux plantes rénorme quantité
Les eaux des canaux de navigation sont parfois d'eau nécessaire it leur évaporatton, et elles en ac-
utilisées, sur leur parcours, poar des travaux d'ir- tivent la végétation.
rigation. Pra~tOMe des trrt~a~MM. Après ces indica-
40 Les eaux élevées artificiellement. L'ean. des tions sur tes manières de se procurer l'eau et sur
puits peut être employée pour les irrigations. Il les diverses sortes d'irrigations, il faut insista
faut avoir recours, dans ce cas, à des machines sur la pratique des irrigations, d'abord pour les
élévatoires. Aujourd'hui, dans un certain nombre terres arables, puis pour les prairies.
de grandes exploitations, on emploie, à cet effet, Il convient d abord d'indiquer la quantité d'eau
des pompes puissantes mues par de grandes ma- nécessairepour les irrigations, suivant les circon-
chines à vapeur. Mais le plus souvent on élève stances. Dans le midi, il est admis comme une
l'eau avec une noria mise en mouvement par un règle que la quantité d'eau nécessaire à un hec-
manège à chevaux ou à mules. La noria est une tare, pour une irrigation d'été complète, doit cor-
machine dont l'origine remonte à l'antiquité; elle respondreà un litre par seconde pendant la saison
consiste en une grande roue placée au-dessus du des arrosages, c'est-à-dire pendant les six mois
puits, sur laquelle s'enroule une longue corde ou d'avril à septembre inclusivement; c'est donc une
chalne qui descend dans celui-ci; sur cette chaîne quantité totale de 15 550 mètres cubes d'eau en-
sont nxés des vases en terre qui se remplissent au viron qu'un hectare doit recevoir. C'est sur cette
fond du puits et déversent en haut leur contenu, règle que sont nxées les concessions d'eau faites
<n tournant sur la roue, dans une rigole qui aboutit aux canaux d'irrigation et que sont déterminés les
à un réservoir. L'antique noria a été perfectionnée périmètres que ces canaux peuvent arroser. Mais
aujour-
par les constructeursmodernes, et il y en aemploie, cette quantitétotale d'eau n'est pas donnée en unn
d'huid'excellents modèles.D'autresfois. on seule fois ni d'une manière continue. Elle est ré-
pour l'élévation artificielle des eaux, des turbines, partie sur la surface en un nombre d'arrosages
4es roues hydrauliques, des vis d'Archimède, etc. plus ou moins considérable, à intervalles plus ou
Les machines élévatoires peuvent aussi servir à moins longs, suivant la nature des cultures, les
élever l'eau des rivières, pour ramener sur les règles locales et les usages, etc. Pour régier cha-
terres hautes. que arrosage, on se sert, sur les rigoles de répar-
Enfin à cette catégorie appartiennentencore les tition de l'eau, de vannes d'un débit déterminé,
irrigations faites avec les eaux des puits artésiens. que l'on ouvre pendant un temps qui varie sui-
Ces eaux sont recueillies dans des réservoirs ana- vant la quantité d'eau qu'il s'agit de donner à la
logues à ceux adoptés pour emmàgasiner les eaux terre. Quant aux irrigations d'hiver, tes quantités
de source, et elles sont réparties sur les terres sui- deau qui y sont employées sont beaucoup plus
vant tes' besoins de la culture. considérables; les exemples sont nombreux où,
Dans les régions méridionales, les irrigations pendant les mois d'hiver, on donne au sol plus do
sont appliquées au plus grand nombre des cultures. 50 litres d'eau par seconde et par hectare; la pro-
Elles sont adoptées pour les céréales, tes cultures portion atteint même parfois 150 litres.
arbustives, les légumineuses, les plantes potagè- Il est certain que la quantité d'eau à employer
res, comme pour les prairies naturelles ou arti- doit varier, d'une manière générale, suivant k's
ficielles. Dans le centre de la France, au contraire, climats, la nature du sol et tes plantes que l'on
sauf quelques cas particuliers où on les emploiedans cultive. EUe dépend beaucoup des circonstances.
les cultures potagères, les irrigations sont presque Dans les cultures potagères, on va souvent jus-
exclusivement réservées aux prairies naturelles.Et qu'au double et même au triple des quantités qui
même, dans le midi, ce n'est souvent qu'à titre viennent d'être indiquées; on a même cité des
exceptionnel que les irrigations sont faites sur les exemples où il a été employé des quantités encore
céréales et les cultures arbustives, dans les an- plus considérables.
nées particulièrement sèches elles sont presque Quelquefois, on n'a qu'une faible quantité d'eau
toujours réservées aux plantes potagères et fourra- à sa disposition. Dans ces circonstances, on la ré-
gères. Il en résulte que, le plus souvent, quand on partit au mieux des intérêts des cultures, d'a-
parle d'irrigation, on s'occupe des irrigations des près la saison, la nature des terres, leur perméa-
nrairies. bilité et les autres conditions particulières.
Le terme générique d'irrigations est réservé à Le sol doit être aménagé d'une manière spéciale
l'ensemble de l'opération. On désigne sous le nom pour les irrigations. Les travaux préliminaires va-
d'arrosage l'opération partielle qui consiste à faire rient suivant la disposition du sot ils ne seront
couler l'eau sur le sol pendant un temps déterminé. pas les mêmes s'il est à peu près plan, ou s'il est
Ainsi, si, pendant une saison, on couvre deux ou en pente assez prononcée.
trois fois une prairie d'eau, on dit que l'irrigation Wt~at'o?! des terres cultivées. Les méthodes
de cette prairie comporte deux ou trois arrosages. d'irrigation des terres arables sont assez nombreu-
Suivant la saison dans laquelle les irrigations ses, mais elles peuvent être ramenées s trois ou
sont faites, on distingue entre les irrigations d'été quatre types principaux qui, dans la pratique, sont
et les irrigations d'hiver. Les irrigations d'été se assez souvent combinés ensemble.
font du 1" avril au 30 septembre quant aux irri- 1o Irrigation par déversement. On entoure le
gations d'hiver, elles se pratiquent depuis la fin du champ (dans ce qui va suivre, nous supposerons
mois d'octobre jusqu'au printemps. Dans quelques toujours qu'il s'agit d'un champ unique, ce qui est
pays, on emploie ces deux modes d'irrigation si- dit d'un champ pouvant s'appliquer à un ensem-
multanément. C'est ainsi que, dans le Limousin ble de cultures) par des rigoles communiquant à
par exemple, les prairies sont arrosées pendant leur point le plus élevé avec le canal ou le fossé
l'hiver et au printemps, puis pendant l'été, après d'amenée de 1 eau. La rigole de la partie inférieure
la fauchaison, pour activer la pousse des regains. est dite rigole de colature elle sert a l'évacuation
Ailleurs, au contraire, les irrigations sont exclusi- des eaux excédantes après l'irrigation. Pour arro-
vement des irrigations d'été. Dans la Provence, les ser, on dirige, à l'aide de vannes mobiles ou de
canaux d'arrosage chôment a partir du 1" octobre, pierres, l'eau dans une des rigoles, et on en ferme
et ils ne donnentl'eau qu'après le l*avril. D'une l'extrémité avec une vanne ou par un bourrelet en
manière générale, les irrigationsd'hiver sont sur- terre. L'eau, montant rapidement dans cette rigole,
tout des irrigations fertilisantes;l'eau couvre le sol se déverse quand son niveau a atteint le bord de
celle-ci, et elle se répand en nappe dans le champ. 7t'rt~<!<t0t! des p)'at'e~. Quand les prairies
Une grande partie est absorbée par la terre, avant font f partie d'une exploitation str laquelle les irri-
d'arriver à la rigole de colature ou d'asséchement gations d'été sontl'une pratiquées, elles peuvent être
à la partie inférieure. L'eau en excès s'échappe par arrosées 1
suivant des méthodes qui viennent
celle-ci. d'être indiquées. Mais quand on établit des irriga-
Pour que l'irrigation par déversement fonctionne tions spécialeslepour dans les prairies, comme c'est le
régulièrement, il importe que le champ n'ait plus souvent cas une grande partie de la
qu'une faible déclivité, et en outre que le bord de
France,
d'hiver, à
on a recours,
des méthodes
surtout
spéciales.
pour tes irrigations
la rigole d'arrosage soit bien horizontal, pour que
l'eau ne s'écoule pas plus sur un point que sur Le plus souvent, pour l'arrosage spécial des prai-
ries,
l'autre; on obtient cette horizontalité, au besoin, de ruisseaux, les eaux dont on peut disposer sont des eaux
de terre de torrents et surtout de sources.
par quelques remblais faits avec un peu
rapportée. Il est inutile d'insister sur la nécessité C'est au propriétaire ou à l'exploitant à les amé-
d'aplanir, avant l'arrosage, le sol, pour que l'eau nager pourréservoirs en tirer le plus grand profit. A cet
effet, des sont construits à la partie
ne s'arrête ni ne séjourne dans des parties for- supérieure des terres, et des rigoles ou canaux
mant vallon. U y a en outre, quand le sol est sa-
blonneux, à veiller à ce que le déversement de partent- de ce réservoir pour amener l'eau aux
l'eau ne se fasse pas avec une trop grande rapidité prairiesqui à arroser. Ces rigoles sont fermées par des
tl se produirait,dans ce cas, des ravinements qu'ilil bondes permettent de prendre au réservoir la
quantité d'eau qui est nécessaire. Des agriculteurs
est essentiel d'éviter. même, avoir de sources.
La même méthode peut être appliquée de ma- intelligents savent sans
créant des réservoirs et
nière a arroser un champ par parties. On sépare se procurer de l'eaudesen fossés les pluviales
alors celles-ci par de petits bourrelets, et on leur en y amenant par supérieurs.
eaux
Ailleurs,
distribue successivement l'eau, d'après les règles provenant des fonds on em-
qui viennent d'être indiquées. magasine dans le même but des eaux provenant
Quand on n'a a sa disposition qu'une quanttté des terres drainées. L'eau étant procurée, d'une
d'eau limitée, on arrête le déversement lorsque manière ou d'une autre, et étant amenée par un
l'eau a couvert les trois quarts ou les quatre cin- fossé à la partie supérieure d'une prairie, nous
quièmes du champ; la partie inférieure s'arrose allons indiquerl'y quelles sontles différentesméthodes
par approche et par imbibition, et il ne s'échappe adoptées pour distribuer avantageusement.Cette
qu'une très faible quantité d'eau dans la rigole de 1° Irrigations par les rigoles de niveau.
colature. méthode s'applique surtout aux prairies en pente.
2° Irrigation par submersion. Cette méthode Elle consiste à faire dans la prairie, transversale-
ressemble à la précédente par la disposition géné- ment à la pente, une série delerigoles tracées de
rale des rigoles d'arrosage. Mais le champ est en- manière à conserver toujours même niveau, et
touré, en outre, par des bourrelets qui retiennent suivant les sinuosités du terrain. Lorsque l'eau
l'eau. Celle-ci est ainsi retenue à la surface, et remplit une de ces rigoles, elle se déverse par son
elle y demeure pendant un certain temps. Quand bord inférieur et se répand en nappe sur l'herbe
aval, jusque qu'elle atteigne la rigole infé-
on juge que la submersion est suffisamment pro- en
rieure, qui forme
ce
nouvelle qu'elle dé-
longée, on pratique une saignée dans le bourrelet une
ainsi da
nappe
suite jusqu'au bas df
à la partie basse du champ, et l'eau qui n'a pas été verse en dessous, et
absorbée par le sol s'écoule dans la rigole de co- la prairie. Sur ces artères principales s'embran-
lature. chent de petites rigoles qui se dirigent à droite et
Cette manière de faire évite quelques-uns des à gauche, sans issue, de manière à faciliter la for-
détails de la méthode précédente mais elle peut mation des nappes.
eHrir des inconvénients au point de vue des fonc- Par cette méthode, les diverses parties de la
tions des plantes qu'on maintient complètement prairie sont arrosées successivement, et l'eau en
déposer sur les excédants'échappe par un canal de colature, où elle
sous l'eau, et du limon qui peut sechargées. peut être employée pour arroser une autre prairie.
jeuilles, lorsque les eaux en sont
3° Irrigation par raies. Elle consiste à diviser Pour égoutter la prairie, quand le sol n'est pas
le champ en sillons larges ou planches de 1 mè- suffisamment perméable, on pratique quelques
saignées dans les rigoles secondaires, et elles se
tre à )"50 de largeur, dirigées à peu près dans
le sens de la plus grande pente, et à tracer lavident assez facilement. surveillance de
rigole principale d'arrosage perpendiculairement Ce système demande une grande maintenir l'eau à un
à ces raies, à la partie supérieure du champ. L'eau1la part convenable de l'irrigateur, pour
dans les rigoles, pour l'empe-
est dirigée de la rigole dans ces raies, et elle yL niveau dans les vallonnements du sol,
séjourne un certain temps. Elle pénètre dans la cher de séjourner
terre des planches par infiltration ou fait imbibition. et pour couvrir d'une manière à peu près uniforme
Quand on juge celle-ci suffisante, on écouler toutes les parties de la prairie.
l'excédant de l'eau dans une rigole de colature. 2" Irrigations par razes ou par rigoles rectilignes
Ce système est celui qui est le plus fréquem- inclinées. Ce système diffère du précédent en
ment adopté pour les irrigations des céréales, des ce que, pour las'astreint construction des rigoles de distri-
cultures maraîchères ou potagères, des jardins. L
11 bution, on ne pas à suivre les lignes de
donné presque toujours d excellents résultats, et 1niveau.
il Elles sont prises sur les rigolos princi-
présente l'avantage d'éviter l'action directe de l'eaut pales qui suivent les lignes de plus grande pente,
ligne droite, plus larges
sur les tiges et les organes foliacés de plantes sou- et elles s'en écartent en
vent délicates. à leur commencement qu'à leur extrémité. Au bas
Dans tous ces systèmes, un point sur lequel il1 de la prairie, comme précédemment, sont tracées
faut insister, c'est qu'il est indispensable d'assurerr les rigoles système, l'eau
de colature.
l'écoulement régulier des eaux après l'arrosage. Dans ce court dans les rigoles
Autant la pratique des irrigations est utile quandavec une assez grande rapidité; c'est pourquoi on
système de rigo-
elle est bien organisée, autant elle peut devenirr lui donne quelquefois le nom
Quant
de
la répartition des
dangereuse quand l'excès des eaux ne s'écoule pass les à eau courante. à
et reste sur le sol. 11 faut que celui-ci se ressuiei rigoles de distribution et des rigoles d'arrosage,
rapidement; autrement les plantes cultivées pour- elle peut varier dans des proportions très grandes
rissent ou végètent mal, et elles sont remplacées} suivant la configuration du terrain, la pente, etc.
3° Irrigations par planches ados. C'est la
par de mauvaises herbes qui aiment les eaux sta- méthode généralement adoptée
en
pour les prairies
gnantes.
en terrain ptxt ou dont l'inclinaison n'atteint pass Il est, en enet, absolument nécessaire, pour
5 t
cent. pour ) mttre. maintenir et accroltre la production des prairies
Le canal d'amenée de t'eau longeant un dess arrosées, de leur donner des engrais
côtés de la prairie, celle-ci est divisée en planchess grande abondance. Plus la vie végétale est en assez
bombées plus ou moins larges; le ptns souvent laa et plus elle enlève au sol de principes utiles. active,
largeur des planches est de 8 mètres elle estt eaux d'arrosage ne peuvent, le plus souvent, Les
quelquefois de 12 mètres, et elle atteint parfois slui que
en rendre une faible portion. Le rôle de la
20 mètres. Le relief de ces ptanches est, en géné- fumure est de combler cette tacMte. La loi de la
rât, de 20 cent. pour les planches étroites; il peutt restitution générale en agriculture, et eUe
atteindre 50 cent. penr tes planches tes plus5 trouve aussiest bien son application dans les cuItuMs
larges. Un canal de distribution de l'eau est tracé irriguée* que tans toutes les autre*.
sur la ligne de faite de chaque planche. Lorsque L'augmentation de production des terres imgnées
ce canal est rempli, l'eau se déverse à droite et à amène natwellement mt aecroisaement propor-
gauche, pour atteindre des rigoles de colatnre9 tienne! dans leur valeur locative MMi bien que
creusées entre tes planches. Ces rigoles de cola- dans leur valeur vénaie. L'application des irriga-
i
ture aboutissent toutes à un fossé de colatnre qui tions sur des terres snfnt toujours pour en doubler
court à la partie inférieure de la prairie. Quand1 et en tripler la valeur, souvent pour la quintupler,
on veut faire des arrosagts abondants, on ferme et parfois même pour la décupler. Les exemples
t extrémité des rigoles de eolature, de manière à de cette plus-value multiples, et ib se ren-
maintenirpendant le temps nécessaire t'eam surr contrent presque toussont les jours. C'est surtout dans
les planches. le midi qu'ils sont frappants; dans ta PMvence,
i
Ce système est particulièrementavaDtagMmdans par exemple, les terres soumises à l'irrigation
les sels argileux et de nature de glaise, parce dix fois la valeur des terres arrosées
ont
c'est
qu'il assure l'égouttement régulier de toate l'eau que, sous ce climat si sec, les non
t premières donnent
qui n'est pas absorbée par le sot. Le renouvelle- d admirables récoltes, tandis tes secondes
que
t.Il
ment de t'eau est d'ailleurs rapide et complet, et donnent presque rien.
il n'y a jamais danger de stagnation ni de ses multi-
ne
n'est P" étemnamt qu'en présence de: ces
ples inconvénients.C'est le système qui a été adopté5faits, t eau employée aux irrigations ait parfois une
dans tes célèbres prairies du Milanais soumises) valeur vénale considérable. Les compagnies pro-
aux irrigations d'hiver coimbes soua le nom de prietaires des canauï d~arrosage, dans les départe-
marcites. ments méridionaux, font souvent payer l'eau très
4' Irrigations en terrasses. Sur les coteaux cher. Néanmoins les cultivateurs la recherchent
rapides, on dispose parfois le sol en terrasses
successives soutenues par dew murs en pierresavec
atdenr, et on demande de tous cotés la
création de nouveaux canaux. C'est là, en effet,
sèches. Pour arroser ces terrasses, en crée des une oeuvre de la plus haute atitité,
rigoles de distribution d'eau à la partie supé- 1au point non seulement
d* vue de la prodMtion agricole, mais au
rieure, et des rigoles de cotatmre à la partie infé- point
] de vue plu étevé d)t développement de la
rieure; l'irrigation se fait alors par diversement, richesse
] génémte da pays.
comme it a été dit plus haut. Y'vty<t<toa< awc les eaua industrielles. Jus-
Quelle que soit la méthode d'irrigation adoptée, qu'ici
< il n'a été parlé que des irrigationsfaites avec
elle exige, comme on t'a vu, doa travaux impor- 1les eaux ntttnreites. Dans certaines circonstances
tants erensement de foesés et d& rigoles, terras- spéciales,
< on peut se servir avec avantage des eaux
sements parfois considérables, etc. En outre, il {provenant de certaines usines, et qui sont chargées
est de la plus haute importance que les fossés et tde substances pouvant être particntièrement
les rigoles soient toujours en bon état d'entretien; pices à la végétation. pro-
{
que leurs bords soient protégés contre l'érosion de C'est ainsi que let eaux provenant des féculeries,
l'eau, qu'ils eoient refaits en cas de détérioration ddes distilleries, des suerenet. les eam de lavage
par un courant trop violent; que tes rigoles soient des d laines dans tes fabriques de drap, etc., peuvent
périodiquement débarrassées des dépôts limoneux être 6 employées im~tims avec un grand
qui pourraient finir par les obstruer. Tous ces tra- ppront. Ces eaux, aux quand elles sont dirigées dans
vaux exigent des dépenses, mais ces dépenses sont tles rivières, les poUaent, tandis que, dirigée* sur
largementrécupérée* par le produltdesirrigations. liles prairies, eNes en accroissent notablement la
Ë~e<< des irrigations.
– Le premier effet des production.
irrigations est d'txgmenter, dans des proportions p Dans la plupart dep cas, les résMua des usines
très eonsidéraMes, le produit de la terre. A ddoivent, pour produire uh effet utile, être étendus
quelque culture que l'on applique têt arrosages, dd'une grande quantité d'eau. En effet, si
les effets sont toujours les meoMt; mais Ils sont ssont trop chargées de certains sets, ces eaux
ceux-ci
surtout manifestes pour les cuttnrea m<trth:hëres et aavoir une influence néfaste sur la végétation. peuvent
En
pour tes prairies, outre,
o il est important de les employer sur des
En ce qui concerne tes cultures nMratchëres, terres t( suffisamment perméables pour les absorber
l'emploi de l'eau permet, dans te midi. d'obtenir, sans s. que la surface retienne un excès nuisible de
dans )a même année, une successionininterrompue sels contenus dans ces eattx.
de récoltes sur un sol qui n'en porterait aucune s< Irrigation.
avec les Mtu: <f<yo«<. Les
s'il n'était pas arrosé.. dd'égout sont un des néaux des grandes vitiés.eaux qui
Quant aux prairies, tes irrigations d'Mver ont n, ne peuvent s'en débarrasserqu'en tes rejetant dans
pour résuttat d'assurer une fauchaison abondante, le tes rivières voisines, au grand détriment de la sa-
9t de mettre la production fourragère absolument lubrité lu publique. Des expériences nombreuses
à l'abri des sécheresses qui, au printemps, cm- fa faites en Angleterre, en Italie et en France, ont
pèchent souvent la pousse de l'herbe. Ces mêmes démontré d. qne le meilleur système pour utiliser le~
prairies, arrosées après la premièrecoupe, donnent eaux el d'égout et les épurer, sans perdre les prin-
un regain très abondant, et, H la saison est pro- ci cipes fertilisants qu'elles réarment en grandet
pice, elles peuvent encore fournir une troisième et quantités,
ql est de tes employer à des irrigations.
une quatrième coupe. Dans le midi, sous la L'eau des égouts nitre travers le sol qu'elle
double influencede la chaleur, d'irrigationsabon- at arrose, et elle s'y débarrasse de ses impuretés
dantes, et aussi de fumures copieuses, les prairies pourp( en sortir à l'état de limpidité complète. C'est
peuvent donner plus de t0,60~ kilog. de fourrage ce qui ressort des expériences faites
sec par an, et les luzernes atteignent un produit de par la ville
de Paris dans la presqu'tle de Gennevilliers. Les
qui dépasse quelquefois 15 000 kilog. irrigations par les eaux d'égout y ont donné les
iri
plus remarquables résultats, tant pour la produc- phylloxéra*.La submersion des vignes se fait à
tion fourragère que pour les cultures maraîchères. l'automne, après les vendanges, ou au commence-
Malheureusement, il est difficile de trouver des ment de l'hiver. Elle doit durer au moins de trente
surfaces assez considérables pour utiliser de cette à quarante-cinq jours, et le vignoble doit être
manière la quantité énorme d'eaux d'égout que complètement maintenu sous l'eau, depuis le com-
produisent les grandes villes. mencement de l'opération jusqu'à la nn.
On a parfois émis des craintes relativement L'efficacité de la submersion est aujourd'hui
à la qualité des produits venus dans des champs démontrée par une pratique de près de dix
arrosés avec des eaux d'égout. Les faits ont dé- Mais il est nécessaire que le sous-sol ne soitans. pas
montré que ces craintes étaient chimériques les perméable à l'excès dans ce cas, l'eau ne pourrait
légumes et les fourrages qu'ils produisent ne pré- pas être maintenue d'une manière assez complète
sentent aucune différence avec ceux venus dans les sur la vigne. Cette pratique a trouvé des applica-
conditions ordinaires. tions assez nombreuses dans le Midi et dans le Bor-
Dessèchements. Les travaux d'irrigation se delais.
trouvent parfois liés à des travaux d'assaioisse- Des fumures dans les ~t't-M irriguées. C'est
ment ou de desséchement de terrains marécageux une idée assez généralementrépandue que l'irriga-
ou même complètement inondés. Quand ces ter- tion peut dispenser de l'emploi des engrais. C'est
rains occupent de vastes surfaces, il y a lieu, pour une erreur contre laquelle on doit réagir, quand
les dessécher, de se livrer à de grands travaux il s'agit d'irrigations faites des eaux qui ne
qu'il est impossible d'indiquer ici. Mais quand ils sont pas chargées de matièresavec fertilisantes.
sont limités à des portions de domaines, aux rives En effet, l'irrigation a pour effet d'activer la
d'un petit cours d'eau, l'exploitant ou le proprié- puissance de la végétation et d'augmenterla quan-
taire peuvent les entreprendre assez facilement. tité des produitsrécoltés. Sous cette influence, les
Souvent, s'il s'agit de terres rendues maréca- plantes empruntent au sol une plus grande quan-
geuses par le passage d'un ruisseau, il suffira de tité de principes utiles. Il y a donc appauvrisse-
creuser un peu le lit de celui-ci, et de le resserrer ment de celui-ci, et cet appauvrissementn'est que
par des remblais peu élevés sur chaque rive, pour faiblement compensé par ce que l'eau apporte,
ressuyer les terres voisines. Mais quand il s'agit surtout dans les irrigations d'été. Il donc in-
de terres rendues marécageuses par des sources, dispensable de faire au sol, par desest engrais, la
il faut creuser des rigoles et des fossés pour donner restitution nécessaire pour qu'il puisse donner de
issue aux eaux par de véritables ruisseaux créés de nouvelles récoltes. [Henry Sagnier.]
main d'homme. Le drainage peut aussi rendre ISLANDE. V. Scandinaves (f~s).
des services dans de semblables circonstances. tSKAEL'TES. – Histoire générale, IV.
Mais, dans tous les cas, il est essentiel de donner L'histoire des Israélites est surtout celle de leurs
un écoulement facile à l'eau. idées morales et religieuses. Manifestées d'abord
A ces travaux se rattachent ceux du dessalage dans un petit pays de l'Orient, sein d'une fa-
des terres conquises sur la mer ou voisines de mille de pasteurs nomades, ces au idées sont, après
celle-ci. Quand le sol est de nature assez com- bien des crises, devenues celles d'un peuple, puis
pacte, deux ou trois irrigations suffisent souvent se sont répandues dans l'humanité Pour les
com-
pour le dessaler pour toujours. Mais il n'en est prendre dans leur développement primitif, il faut
pas de même pour les sols perméables, ou à sous-sol donc étudier le milieu où elles se sont produites,
perméable, comme il en existe beaucoup sur les les circonstances qui les ont contrariées et le peu-
bords de la Méditerranée, notamment dans la Ca- ple qui s'en est fait le propagateur. Nous
verrons
margue. Dans ce cas, l'eau salée renferméedans le ce peuple naître, grandir et disparaître politique-
sous-sol tend à remonter, par capillarité, pour rem- ment mais ses idées lui survivent et deviennent
placer l'eau des couches superficielles, au fur et à le patrimoine de l'humanité.
mesure qu'elle s'évapore. Le sel remonte en même GÉOGRAPHIE DE LA PALESTINE. La Palestine, où
temps, et forme à la surface des efflorescences ont vécu les Israélites, a été le berceau da nos re-
faciles à reconnaître. On ne peut dans ces natures ligions européennes elle porte différents
de terre, du moins jusqu'ici, que se débarrasser qui résument toute son histoire noms
Terre de Canaan,
temporairementde cette salure, par de fortes irri- Terre Promise, Terre a!ra<K, Terre Sainte, -/Mo~.
gations d'hiver. Située sur le bord oriental de la Méditerranée,
Colmatage. On désigne sous ce nom une elle avait limites au nord la Phénicie, le
opération qui a pour but de former sur un terrain Liban et lepour territoire de Damas; à l'est, elle s'é-
naturellementstérile une couche de terre suscep- tendait jusqu'au désert, et, au sud, sa frontière
tible d'être soumise à la culture et de donner des tait de la par-
Morte et suivait le torrent d'Egypte
produits. Cette pratique, originaire d'Italie, a jusqu'à la mer Méditerranée.
donné, dans diverses circonstances, en France, La Palestine est un pays de montagnes. Le Liban
d'excellents résultats. Elle consiste à amener sur ou Mont Blanc forme deux chaînes principales,
ces terrains, à l'aide de canaux spéciaux, les eaux le Liban proprement dit, et l'/<M<:<:<)tM qui péné-
limoneuses des rivières, et à les y faire séjourner trait seul dans la terre d'Israël et dont les princi-
pendant quelque temps, pour qu'elles y déposent paux sommets sont: le N~o, où mourut Moise; le
la plus grande partie de leur limon. Les terres à Thabor, célèbre e
par la victoire de la prophétesse
colmater sont entourées de digues, de manière à Déborah et, selon saint Jérôme,
retenir les eaux. Quand l'action de celles-ci est tion de Jésus le Carmel, renommé par la transfigura-
achevée, on les fait évacuer, avec une faible vitesse, et aussi par sa fertilité
par la retraite qu'y fit le prophète Elie;
par la partie la plus basse le Gelboë, où périrent Saut et ses fils; enfin les
Le meilleur moment pour employer les eaux au monts Sion et ~Kbt'iaA et la Montagne 6~ Oliviers,
colmatage est celui des grandes crues, car c'est compris dans l'enceinte même de Jérusalem.
alors que les eaux renferment la plus grande pro- Entre coule le Jourdain, seul
portion de matières limoneuses. La rapidité avec fleuve duces montagnes qui prend sa source au nord dans
laquelle le colmatage se fait dépend de la nature la pays,
de Panéas, traverse les lacs de Mérom et
des eaux, ainsi que des proportions de limon qu'el- de grotte
2:~M<~?, et se jette dans la Mer Morte. Cette
les renferment.
Submersion des vignes. mer, appelée aussi Lac Asphaltite, était autrefois
La dernière applica- une riante vallée où se trouvaient les villes de
tion des eaux dont nous ayons à parler est leur Sodome et de GomorrAe, détruites à l'époque
emploi à la submersion des vignes, suivant le pro- braham. d'A-
cédé imaginé par M. Faucon pour détruire le La fertilité de la Palestine était très grande;
dans ses plaines arrosées par la fonte des neiges nivers il y maintient l'ordre et le bien. L'espèce
et tes pluies du printempset de l'automne, les cé- humaine est son œuvre de prédilection; faite a l'i-
roalos et tes fruits croissaient en abondance. Les mage divine, elle a le devoir et le droit de remplir
pâturages et tes bestiaux y étaient nombreux le et de dompter la terre. Pendant la création qui,
1 ait et le miel y coulaient,dit la Bible dans son suivant les traditionshébraïques,a duré six pério-
langage figuré. des, Dieu lui-même a travaillé à son imitation,
ANCIENS HABITANTS. La Palestine était habitée, l'homme doit travailler six jours et se reposer le
déj& avant l'arrivée des Israélites, par des peuples septième, comme signe de sa haute dignité.
restés célèbres. Au nord, tes Phéniciens, les plus Les Israélites croyaient aussi par tradition à l'u-
grands commerçants de l'antiquité, les inventeurs nité des hommes, à la sainteté du mariage et de la
de l'alphabet; leur capitale fut d'abord Sidon et vie humaine, à la liberté et à la responsabilité.
ensuite Tyr. Au nord-est, tes Syriens, qui avaient ~am, c'est-à-dire la terre, le sol, et Eve, c'est-à-
pour capitale Damas. Au sud les PAt~Mttn:, les dire la vie, sont nos premiers parents à tous. Eve
Moabites, les Madianites, les Iduméens, tes ~m- est de la même chair qu'Adam, c'est-à-dire son
m~itM et enfin les ~moMtt~, ennemis hérédi- égale, son épouse. Libres d'obéir ou de désobéir à
taires des Hébreux.Les habitants primitifs du pays, Dieu, sauf à être récompensés ou punis, ils ont,
les Rephaim, d'une taille gigantesque et d'un as- par leur faute, perdu, pour eux et leurs descen-
pect terrible, étaient établis sur les deux rives du dants, le bonheur dont ils jouissaient; leur fils,
Jourdain. Ils avaient été subjugués, déjà avant l'é- Ca:tt. meurtrier de son frère Abel, a été poursuivi
poque d'Abraham, par tes Cananéens, émigrés des par la justice divine et n'a plus trouvé desiècles, repo&
environs du golfe Persique, et par tes Philistins, nulle part. De même, après plusieurs
venus de Crète. Les Cananéens étaient divisés en quand un déluge universel est venu désoler la terre~
plusieurs tribus, contre lesquelles les Israélites c'était en punition de la perversité générale. Noé,
eurent surtout à lutter. le seul juste de son temps, échappe au fléau, et ce
RELIGIONS CANANÉENNES. Comme les grands sont ses descendants, issus de ses trois fils, Sem,
peuples de la Haute-Asie et de l'Egypte, les po Cham et Japhet, qui repeuplent le monde. Une cu-
pulations palestiniennes étaient idolâtres. Les rieuse table de leurs migrations, conservée par les
de la Israélites, semblait le témoignage que, malgré la
astres étaient leurs divinités préférées. Dieux
vio et du plaisir, le Soleil (Ba~, Adonis, c'est-à- dispersion des hommes et la diversité des langues,
dire le JMaHre) et la Lune (Baala, .~<oW<, c'est-à- les peuples ont une origine commune.être arrivés.
dire la Maitresse, la Reine du <t<) étaient les plus Les Israélites ne prétendaient pas
populaires. Moloch (le Roi) était adoré par le d'un coup à des traditions religieuses si pures; ils
meurtre des enfants, brûlés a ses pieds; Baa/pA~Of conservafent le souvenir de plusieurs ancêtres mé-
était le dieu impur des Moabites,et Da~OM. moitié sopotamiens qui étalent idolâtres, et ils faisaient
homme, moitié poisson, ceiui des Philistins. Le remonter à Abraham, fils de Tharé, la première ma-
culte avait lieu sur les hauteurs, dans des bosquets nifestation de Jeurs croyances. Abraham (e'eat-a
consacrés des fêtes funèbres ou joyeuses célé- dire le Père élevé) avait quitté son pays pour so
braientpériodiquement Adonis mort ou ressuscité, soustraire aux influences païennes, s'était établi en
c'est-à-dire le soleil que l'hiver éloigne ou que le Palestine et s'y était fait une grande place par ses
printemps ramené. Les prêtresses s'arrachaientles vertus. Il parait avoir reconnu de bonne heure
cheveux, tes prêtres se lacéraient le corps et les l'existence d'un Etre suprême c'est là sa vocation
fidèles se jetaient dans les excès les plus odieux. religieuse, féconde en bienfaits pour les hommes.
qui l'inspire dans de fréquentes.
On consultait les mouvements des serpents, la Son Dieu, en effet, à la fois comme le
forme des nuages, les tressaillementsdes victimes visions, se montre à lui tout
qu'on sacrifiait. On demandait, avant d'agir, les avis protecteur et comme le justicier suprême des.
pardonner
des pythonisses ou des oboth, sorte de sorciers hommes; il est toujours prêt à en fa-
qui prétendaient avoir la puissance de faire parler veur des justes, mais il n'hésite exemple, pas à frapper les
méchant:) endurcis il est, par 1 auteur
les morts. terrible dans laquelle péri
Au milieu de ces excès, tout sentiment moral de la catastrophe ont
avait disparu. La probité était méconnue le tra- Sodome et Gomorrhe, à cause de leurs crimes
vail, méprisé la vie humaine, comptée pour rien odieux; il apprend donc à Abraham à repousser
absolument. Les les immorales et les sacrifices humains des
les devoirs de la famille, ignorés moeurs
s'il des offrandes
femmes, regardées comme des êtres inférieurs, Palestiniens barbares, et accepte
étaient prises et renvoyées sans égard ni pour les et des prières, il veut par dessus tout que ses ado-
lois
liens de la parenté, ni pour lesuniverselle du mariage. rateurs marchent dans le chemin de la chanté, de
En un mot, la dépravation était et c'é- la justice et du droit.
tait la religion qui l'entretenait. Cette religion fut léguée par Abraham à son nift
TRADITIONS ISRAÉLITES pKUttïrvM. – Environ seize Isaac et par
Isaac à son fils Jacob. Isaac, homme-
siècles avant notre ère, un peuple de pasteurs, les très modeste, laisse peu de souvenirs. Jacob, au
Hébreux ou Israélites, qui comptait environ trois contraire, a une existence fort remplie. Après.
millions d'individus, quittait l'Egypte, conduit par avoir eu des torts envers son frère aîné JMatf,
un homme extraordinaire, Moïse, fils d'Amram, et dont il sut plus tard obtenir le pardon après avoir
ses premiers an- travaillé vingt années, subi
de grands malheurs
se dirigeait vers la Palestine, iloùallait revendiquer qui ne purent abattre son courage, et mérité le
cêtres avaient habité et dont c'est-à-dire lutteur divin, Jacob
l'héritage par les armes. Cette migration de pas- beau nom d'Israèl, bénédiction, l'idée religieuse de sa
teurs devait avoir sur l'humanitéeffet entière une laissa, avec sa
portaient famille ses douze fils et à leur descendance, dont
influence considérable. Ces tribus en extraordinaire de circonstances ne
qui étaient la né- un concours
avec elles des idées religieuses dégradants
gation formelle des dogmes de la tarda pas faire un peuple puissant.
Palestine et de tout le mondeancien, et qui devaient ÉPOPÉE ÉGYPTIENNE. Joseph, un des nts.d Is-
être le salut moral des hommes dans un avenir raël, avait été vendu comme esclave par ses
encore lointain. frères qui le haïssaient mais, grâce à son intelli-
Les Israélites n'adoraient pas la nature; ils la gence, il devint, dans l't%ypte où il avait été con-
croyaient au contraire l'oeuvre d'une force intelli- duit et qu'il sauva'de la famine, premier ministre
gente suprême, d'un Dieu unique qui « dès le du Pharaon ou souverain de ce pays. Oublieux
t))''7!<e avait créé le ciel, la terre, » les astres des injures, il fitprovince du bien à ses frères et les établit
dans la fertile de Gessen. Les Israélites
et tous les êtres. Après la création, Dieu, selon de Joseph,
les croyances Israélites, continue à gouverner l'u- s'y multiplièrentrapidement après la mort
continuèrent & vivre en pasteurs,et restèrent séparés plade arabe, les Amatécites, vient les attaquer'
de la grande nation au sein de laquelle ils avaient été Moise les soutient Josué, son disciple, bat l'en-
amenés. L'hostilité se déclara bientôt contre eux. nemi la Providence leur fait trouver la nour-
Un prince, probablement Ramsès II, qui ne se riture d ont ils ont besoin leur libérateur insti-
souvenait pas des services de Joseph et qui se tue des chefs qui les jugent, et il leur apporte,
préoccupait des embarras dont les Israélites pou- au nom de Dieu, leur loi fondamentale, le Déca-
vaient être la cause en cas de guerre, essaya de logue. C'était environ trois mois après la sortie
les affaiblir par un travail excessif et par des d'Egypte; les Israélites étaient au pied du Sinai, où
cruautés odieuses. Il ordonna que leurs petits gar- Moïse avait eu sa première vision; il en gravit la
çons fussent étouffés en naissant ou jetés dans le cime que des nuages ento urent et d'où partent des
Nil. Ces desseins abominables échouèrent; une éclairs et le bruit du to nnerre, et le peuple est
mère israélite, Jocabed, osa désobéir au tyran témoin de la promulgation du décalogue. Le dé-
elle cacha d'abord son fils, et l'exposa ensuite sur calogue pose devant les Hébreux les principes pre-
le fleuve. La fille même du Pharaon le recueillit, miers de toute société; il est la plus haute et la
l'adopta plus tard et lui donna le nom de Afofse, plus précise expression de la vérité morale et
c'est-à-dire sauvé des eaux. sociale.
Initié à la civilisation égyptienne, le jeune Moise Moise descend du Sinai portant deux tables de
apprend en même temps les traditions religieuses pierre sur lesquelles le décalogue était gravé il
de ses frères et s'indigne des cruautés dont ils voit le peApte adorant un veau d'or, image de l'A-
sont les victimes. Un jour, il prend ouvertement pis égyptien. Indigné, il brise les deux tables,
leur parti obligé de fuir pour échapper à la mort, châtie les coupables, et, pour empêcher le retour
il gagne le désert de Madian, dans la pres- de semblables folies, fait construire un sanctuaire
qu'île Arabique, près du Sinai il est accueilli par où le vrai Dieu seul devait recevoir un culte, et
un prêtre, nommé Jethro, dont il épouse la fille et promulgue des lois civiles et religieuses d'une
garde les troupeaux. Dans cette vie paisible, Moïse grande sagesse. Mais un peuple ne se fait pas en
pense à ses frères et au Dieu de ses ancêtres. un jour; Moïse t'éprouva bientôt. Les Israélites,
Comme autrefois Abraham, Isaac et Jacob, mais qui craignent les géants de la Palestine, refusent
avec une inspiration plus haute, il a des visions d'avancer; lis erreront donc quarante ans dans le
dans lesquelles la Divinité se révèle à lui et lui désert, et la conquête sera réservée à une autre
montre son devoir ses frères souffrent, il faut génération, plus digne de la liberté. Cette longue
qu'il les délivre; c'est en vain qu'il hésite, se expiation est fertile en révoltes intérieures et en
méfie de lui-même et ds ses frères, dégénérés par hostilités de la part des peuples voisins. Moïse
la servitude; son Dieu, qui se nomme JAHVÊH (Je triomphe de toutes IM difficultés, et s'il ne lui est
suis celui qui suis) c'est-à-dire le Dieu de la pas donné d'entrer en Palestine. il établitdu moins
justice éternelle, le soutiendra dans la lutte. Moïse deux tribus et demie à l'est du Jourdain, et meurt
se sépare donc de sa famille, et, secondé par son en confiant à Josué la direction de la conquête.
frère aîné Aaron, homme très éloquent, il vient Il laissait dans sa doctrine un éternel monument
demander au Pharaon Ménephta, Sis de Ramsès, de sa gloire.
la liberté pour les Hébreux. LoiDEMoïsE.–LesIsraélites n'avaient eu jusqu'à
Le roi d'Egypte refuse, et Moïse commence Moïse d'autres règles de conduite que les tradi-
contre lui une longue lutte dont le pays est trou- tions patriarcales malgré leur élévation sous cer-
blé profondément les traditions Israélites en tra- tains rapports, ces traditions étaient loin d'être
cent un tableau grandiose où la poésie vient se parfaites; il fallait donc les compléter tant au
mêler à l'histoire. Des catastrophes nombreuses point de vue religieux qu'au point de vue social,
frappent successivement l'Egypte c'est la voix de et en développer les tendances morales. Tel fut le
Moise qui les appelle; c'est le doigt de Dieu qui but de la législation de Moïse.
les accomplit. Le Pharaon cède enfin en se Dogme. Le Dieu que Moise enseigne n'est
voyant lui-même terriblement atteint pendant pas une divinité nationale; c'est le Créateur de
la nuit du 14 au 15 du mois d'Abib (germi- l'univers, le juge de toute la terre, le maitre des
nal), alors que les Israélites, avertis et préparés esprits de toute chair; il est éternel, infini, incor-
au départ, célèbrentle repas de la P~~Me (passage porel voilà pourquoi on n'en peut faire aucune
de l'esclavage à la liberté), tous les premiers-nés image. Il est unique c'est un Dieu jaloux, dit
égyptiens et les animaux sacrés, c'est-à-dire les figurément la Bible pour indiquer qu'il ne souffre
prêtres et les divinités, sont frappés de mort. ni le mensonge, ni l'injustice mais si élevé qu'il
Les Israélites quittent en toute hâte ce pays où sqit, ce Dieu est la providence universelle des
ils avaient résidé près de quatre siècles. Poursuivies êtres il n'est pas un Dieu de vengeance; it châ-
par le roi, les tribus fugitives arrivent, sous la tie, parce qu'il est juste, mais paternellement,
conduite de Moïse, à la pointe occidentale de la parce qu'il est bon. Ainsi compris, Dieu devait
mer Rouge, du côté où se trouve aujourd'hui Suez. remplir la vie entière du peuple hébreu il est la
Un vent d'est très violent, venu de l'Eternel, dit source de l'autorité et de la justice sociale
la Bible, avait divisé les flots les Israélites les la terre lui appartient. Le gouvernement est
traversent de nuit, à l'insu des Egyptiens, qui le donc une théocratie, si l'on entend par ce mot,
matin veulent les suivre, sont surpris par le retour non point le pouvoir sacerdotal, mais la puis-
des eaux, et engloutis. Un cantique enthousiaste sance impersonnelle d'une ici suprême à laquelle
célèbre cette merveilleuse délivrance, et chante le tout le monde est soumis, et qui est considérée
D:'eMCM:acMpt'o~M~)?'ee;~M:apfec!p:MdcH5<a par tous comme l'expression immuable de ta vo-
mer chevaux et c<n)a/!er~. Il existe sur la servitude tonté divine; cette loi auguste, c'est le décalogue.
des Israéliteset sur leur exode quelquesrares docu- Loi po~Me. Chez les patriarches, le père
ments égyptien:, desquels il résulte, comme de la était l'unique représentant de Dieu il gouvernait
tradition israélite, que la tyrannie du Pharaon a pro- la famille et présidait au culte. Moïse ne réunit
voqué une révoltedestravailleurs opprimés;c'estia pas ces deux autorités en une seule main pour la
certainement une des plus glorieuses luttes d'éman- direction du peuple; il les sépare de son vivant, et
cipation qu'an enregistréesl'histoire de l'humanité. maintient cette séparation dans sa loi. Le gouver-
LES ISRAÉLITES DANS LE BÉSEHT. L'épopée nement politique appartient à un chef suprême, le
commencée en Egypte continue au delà de la SM~<e tJuge), nommé par les Anciens d'Israe), et
mer. Les Israélites sont au milieu des plaines plus tard à un roi. Ce chef décide les cas difficiles
du Sinai où Moise avait passé les années de son avec le grand-prêtre, mais sans lui être subor-
exil; ils manquent d'eau, ils ont faim; une peu- donne il n'est soumis qu'a la loi seule c'est lui
qui commande les armées. La guerre devait être des Tentes (séjour dans le désert et récolte), <~t
conduite avec humanité; l'extermination des Ca- Expiations (pardon des fautes).
SoMt)e?:!f et des
nanéens n'a été qu'un fait exceptionnel, dont la Par opposition aux cultes palestiniens, célèbres
cause était l'immoralité horrible des cultes pales- dans des bosquets sur les montagnes, le culto
tiniens. d'Israël ne pouvait s'accomplir que dans le sanc-
A côté du sun'ete ou du roi se trouvait parfois tuaire où se trouvait l'arche sainte, contenant les
une assemblée de soixante-dixhommes, choisis par deux tables du décalogue.
les anciens chaque tribu avait son prince, cha- Les lévites remplissaient les offices inférieurs
que ville son conseil d'anciens, ses juges inférieurs du culte; les prêtres, descendants d'Aaron, entre-
et ses officiers de police. Quand l'intérêt public tenaient les autels, convoquaient et bénissaient le
t'exigeait, tous ces chefs se réunissaient en assem- peuple, et soignaientcertaines maladies leur nais-
blée générale de la nation, sous la présidence du sance et leur moralité devaient être irréprocha-
suffète ou du roi; on regardait leurs décisions bles ils se mariaient. Leurs seules possessions
comme inspirées par l'Esprit divin. étaient les villes où ils demeuraient;leurs seules
La justice se rendait aussi au nom de Dieu; on ressources, une partie des sacrifices et les dons
ne prononçait aucune peine qu'après une enquête volontaires. Au-dessus d'eux était le grand pon-
publique et sur la déclaration de deux témoins qui. tife, qui, malgré sa haute situation, n'avait aucune
avaient vu le fait; les condamnations capitales autorité dogmatique ni aucun pouvoir social excep-
étaient fort rares. Le principe général de la légis- tionnel. Aaron et son fils, les deux premiers
lation pénale israélite était la loi du talion œ~ grands-prêtres, avaient été installés par Moise
pour as:7, dent pour dent, etc., qui, d'après l'inter- dans la suite, leurs successeurs reçoivent l'inves-
prétation pharisienne, ne consistait pas à prendre titure de la main des rois. Les prêtres et les lévi-
au coupable un oeil ou une dent en punition du tes devaient nécessairement étudier et enseigner
mal qu'il avait commis, mais qui obligeait a rendre la loi; mais cela ne constituait pas pour eux,
à l'offensé, par une compensation pécuniaire, la comme dans l'Inde et l'Egypte, un privilège exclu-
valeur approximative du membre dont on l'avait sif Vous êtes tous prêtres, tous saints, dit la
privé, ou, en général, du tort qu'on lui avait fait Parole sacrée; le premier Israélite venu, s'il se
subir. sentaitinspiré, pouvait se vouer à l'étude des livres
Propriété. Famille. Esclavage. Si Dieu est le saints, devenir propre, et acquérir ainsi, au point
maître unique, tous les citoyens sont égaux; il de vue religieux et moral la plus grande autorité.
n'y a ni patriciens,ni plébéiens, et la loi est la .Mc~a~e. La constitution politique des Hébreux
même pour tous, même pour les étrangers. Les et leurs prescriptions religieuses étaient fondées
grandes fortunes sont rendues presque impossi- sur une morale qui peut se résumer en deux
bles par la constitution spéciale do la propriété. mots Aimer /lieu de tout son ca'Mf et de <OM<e
La terre, qui appartient à Dieu, ne peut être ven- son dme, et son prochain comme soi-mdme. Cette
due que temporairement; tous les cinquante ans, belle morale apprend à l'homme le respect de soi-
le Jubilé la fait rentrer en possession des vendeurs même, l'observation de la justice, la pratique de
ou de leurs héritiers, et l'égalité est rétablie. Dans la chanté et les vertus de la f&mille. L'homme est
la famille, comme dans la société, l'égalité est la créé à l'image de Dieu; voilà pourquoi il est ap-
loi fondamentale. Le mariage est une institution pelé à être saint comme Dieu est saint. Comme
sacrée, moralement obligatoire, à laquelle les Dieu, il doit repousser le.mensonge et l'injustice
époux sont appelés avec les mêmes devoirs. Il est sous quelque forme que ce soit. La superstition,
vrai que la polygamie et le divorce sont tolérés, la déloyauté, la fraude sont des abominations de-
mais ils sont entourés de restrictions, parce qu'ils vant le Seigneur, et le travail honnête est une loi
sont contraires à l'esprit de la loi et aux vieilles pour tous. La soumission aux autorités légales, le
traditions israélites. Les femmes des patriarches, respect des vieillards, sont de stricts devoirs de
Sara, Rebecca, Rachel, Léa, qui ont fondé la mai- justice; la piété filiale est une vertu essentielle;
son d'Israël, sont représentéescomme ayant exercé pour un enfant israélite, le plus grand des mal-
la plus grande influence sur leurs maris. Les en- heurs, c'est d'être privé de la dernière bénédiction
fants sont aussi égaux entre eux; Moïse abolit paternelle.
l'ancien droit d'alnesse des patriarches, et en ré- Mais la morale de Moise ne se contente pas de
duit le privilège à une double portion d'héritage. devoirs négatifs. Tous les hommes, descendus des
il n'est pas jusqu'à l'esclavage dans lequel on ne mêmes parents, doivent se traiter en frères. Prêts
retrouve chez les Hébreux ce même esprit de sans intérêts, protection des veuves et des orphe-
justice et d'égalité. Moise n'a pu l'abolir il ra lins, égards do toute nature envers les gens sala-
transformé. L esclave hébreu est payé pour son riés et envers les pauvres, bienfaits envers les
service et recouvre sa liberté après six années; étrangers et les ennemis, enfin touchante bonté
l'esclave étranger ne peut être maltraité impuné- s'étendant aux animaux eux-mêmes, voilà com-
ment. Fugitif, il n'est pas rendu à son maître; ment la morale de Moïse entend la charité.
blessé gravement, il est de droit émancipé, et Bien que le Pentateuque contienne de nom-
celui qui le tue est puni de mort. Le sabbat, insti- breuses allusions à une vie d'outre-tombe,sa mo-
tution sociale grandiose, fait participer les mal- rale, surtout sociale et politique, ne formule pas
tres an travail et les serviteurs au repos hebdoma- le dogme de l'immortalité de l'âme, qui ne fut
daire. enseigné aux Hébreux que bien plus tard. Pour
Culte. Dans l'ordre religieux, les prêtres et maintenir son peuple dans le bien, Moïse use
les lévites étaient les représentants de la Divinité d'un moyen qui n'a rien de dogmatique il
devant le peuple et ceux du peuple devant Dieu. fait appel aux sentiments puissants de la fa-
Ils avaient la direction du culte, dont le but était mille et montre que Dieu compte aux enfants
d'éloigner le peuple des immoralités idolâtres, de l'iniquité des pères jusqu'à la troisième et à la
rappeler les grands faits de l'histoire nationale, et quatrième génération, mais qu'il use de bonté
par dessus tout d'inspirer le respect de la loi et jusqu'à la millième envers ceux qui lui obéissent.
l'amour de Dieu. Le culte domestique comprenait, C'était dire qu'une solidarité impossible à briser
-entre autres actes, ta circoncision~ l'instruction existe entre toutes les générations passées, pré-
des enfants, des règlements sur la pureté person- sentes et futures; que les suites des bonnes et des
tielle et la nourriture, et la pratique du. sabbat; le mauvaises actions se perpétuenttravers les siè-
<ulte public consistait en sacrinces; et en fêtes cles, et que, par conséquent, pour assurer la pros-
solennelles dont les principales étaient celtes de périté de l'avenir, il faut dans le crésen; être
ff~Me (sortie d'Egypte), des Semaines (moisson), ndèlc !a vertu et au bien.
Telles sont les principales lois politiques, reli- rupture jette le roi dans une mélancolie profonde.
gieuses et morales des Hébreux elles enseignent et pour la dissiper on a recours au talent musical
l'unité et la spiritualité de Dieu, l'égalité, la jus- de David. Le jeune homme se distipgue bientôt par
tice, l'amour et la charité universelles. son courage; il tue le géant Goliath, bat les Phi-
CONQUÊTE DE LA PALESTINE. Josué, appelé par listins et devient le gendre du roi. Mais la jalousie
Moïse au gouvernement des Hébreux, devait con- de Sa<tl l'oblige à s'exiler pendant de longues
quérir la Palestine; il ne perd pas de temps; il années, et ce n'est qu'après la mort du roi et de
fait célébrer la P~que et, en peu de jours, il passe Jonathan, tués dans une bataille livrée aux Philis-
le Jourdain et s'empare de Jéricho, ville forte qui tins, et après le meurtre d'Isboseth, autre fils de
défendait l'entrée du pays. Les chants nationaux Saül, que David est reconnu roi par toute la na-
des Hébreux expriment la rapidité de cette marche tion (1055).
foudroyante, en nous montrant le fleuve qui recule Sur le trône, David déploie les plus sérieuses
et les murs de la ville qui s'écroulent devant les qualités; il conquiert Jérusalem, restée jusqu'ators
vainqueurs. Enrayés de ces succès, les Gabaonites, au pouvoir des Jébusites, et en fait sa capitale.
Cananéens du sud, deviennent par ruse les alliés Puis il soumet les Philistins et, docile aux inspi-
des Israélites et, attaqués par leurs compatriotes, rations des prophètes Gad et Nathan, il donne au
ils appellent Josué à leur aide. En une nuit, Josué culte une première organisation; il s'allie avec
arrive, surprendl'armée cananéenne campée autour Hiram, roi de Tyr, et traite avec générosité la fa-
de Gabaon et, après une longue journée de com- mille de Jonathan. Dans la suite, une faute grave
bat, la met en complète déroute. Dans le cantique qu'il commet et les désoràres de ses fils, dont
qu'il compose pour célébrer cette victoire, il pré- l'un, Absalon, son favori, se révolte contre lui,
sente poétiquement le soleil et la lune comme remplissentsa vieillesse de douleur. Son fila Salo-
a s'étant arrêtés à son gré pour éclairer le combat"
o mon lui succède.
(Munk, Palestine, p. 222). La défaite des Cana- Salomon, qui ne fut pas un guerrier comme son
néens du nord n'est pas aussi prompte; Josué père, se rend dès le début très populaire par
parvient pourtant à les battre, et, maltre de trente sa rare sagacité. Il construit un temple colossal et
et une provinces,il les distribue aux Israélites, en plusieurs villes; ses expéditions commerciales avec
leur laissant le soin de conquérir peu à peu le les Phéniciens, ses écrits de morale et d'histoire
reste du pays. Il meurt sans avoir désigné de naturelle (ces derniers ne nous sort pas parve-
successeur. nus), et son faste oriental portèrent partout sa
LES SupFÈTES ou JMES. L'anarchie ne tarda réputation. Mais tant de luxe ne pouvait que mé-
pas à régner et les cultes immoraux des Cananéens contenter le peuple et surtout les prophètes, déjà
à séduire les Israélites abandonnés à eux-mêmes. froissés par les nombreux mariages du roi avec des
Un sanctuaire, rival de celui du vrai Dieu établi femmes idolâtres. Aussi de graves symptômes de
à Silo, est élevé dans le nord de la Palestine. La révolte éclatèrent-ils bientôt, et le roi, en mourant,
guerre civile éctato, et la tribu de Benjamin y est ne transmit-il à son fils Roboam qu'une autorité
presque détruite. Au milieu de ces désordres, des fortement ébranlée (975).
héros s'élèvent et, sous le titre de ~M~M, gou- LE scaMME DES DIX TRIBUS. – RoAoaM commence
vernent leurs frères, au nom de Dieu. Othoniel son ret;ne en refusant avec arrogance la diminution
délivre les Israélites de la domination du roi de des impôts dix tribus l'abandonnent, et il reste roi
Mésopotamie Ehod, de celle du roi de Moab Sam- de Juda et de Benjamin. II se livre à l'idolâtrie et
gar, de celle des Philistins Débora, prophétesseet administre si mal ses Etats qu'il ne peut empê-
suffète, de celle des Cananéens du nord; Gédéon cher Sésonchis,roi d'Egypte, d'entrer en vainqueur
bat les Madianites et, après sa victoire, refuse la à Jérusalem.Jéroboam, ancien ofncier de Salomon,
royauté.m~ec/i, son fils, l'usurpe et l'exerce nommé roi d'Israël par les dix tribus révoltées,
pendant trois années, au bout desquelles sa cruauté n'est ni plus sage ni plus heureux ann d'éloigner
excite une révolte où il périt. ï'Ao~a et Jaïr ne sont ses sujets du sanctuaire, il fait élever deux veaux
que d'obscurs suSètes Jephté au contraire est cé- d'or et abolit la loi mosaïque; vers la fin de son
lèbre par la défaite qu'il inflige aux Ammonites et règne, Abiam, fils et successeur de Roboam, lui
par le vœu imprudent qu'il prononce au sujet de inflige une sanglante défaite. Aza règne avec
sa Slip. Samson, renommé par sa force extraordi- gloire en Juda, d ou il fait disparaîtreles cultes ca-
naire, fait, sansrésultat sérieux, une longue guerre nanéens, pendant que Nadab, fils de Jéroboam, périt
aux Philistins, qui s'emparent de lui par trahison. assassiné par Baasa. Cet usurpateur ose s'attaquer
Héli, grand-prêtre et suffète, a moins de succès en- au roi de Juda, qui venait de repousser les Ethio-
core ses deux fils sont battus et l'arche sainte est piens il est battu aussi. Ela, son fils, tombe sous.
prise; mais Samuel, qu'il avait élevé et qui lui les coups d'un autre assassin, et la guerre civile
succède, réussit enfin à imposer la paix à ces bel- éclate en Israël. L'armée donne la royauté à son
liqueux ennemis d'Israël. Juge et prophète, Sa- général ÛMM' qui bâtit Samarie, en fait sa capi-
muel rétablit l'ordre, relève le culte, et fonde, pour tale, et laisse le trône à son fils Achab, peu d'années
instruire les jeunes prophètes, une confrérie qui avant l'avènementde Josaphat,01)) d'Asa, au trône
devait rendre d'immenses services. Malheureuse- de Juda.
ment ses fila, associés à ses fonctions, manquent Ces deux princes d'un caractère si opposé s'al-
d'intégrité, et le peuple demande un roi. C'est en lient étroitement. Josaphat poursuit l'idolâtrie et
vain que Samuel expose les inconvénients de tout s'occupe de l'instruction du peuple. Achab au con-
genre dont le pouvoir héréditaire est la source, et traire, poussé par la reine Jésabel, princessephé-
prédit aux Israélites qu'ils gémiront un jour de nicienne, et malgré l'énergique opposition du pro-
leur résolution il est ooiigé de céder, et fait phète Elie, fait régner en Israël le culte immorat
choix, pour occuper le trône, d'un jeune benja- d'Astarté. Brave et généreux cependant, il bat deux
mite nommé Saül. fois les Syriens, et, malgré le concours de Josaphat,
LES PREMIERS Mis (1095). Contestée d'abord, il périt dans une troisième guerre qu'il entreprend
la royauté de Saül fut bientôt unanimement recon- contre eux. Achasias et Joram, ses deux fils, restent.
nue, grâce à ses victoires et à celles de son fils les alliés de Josaphat, qui fait avec ce dernier une
Jonathan sur les Ammonites, les Philistins, les campagne contre les Moabites et termine sa belle
Moabites, les Iduméens, les Syriens. Mais il n'é- carrière par d'utiles réformes dans l'administration
coute pas les inspirations de Samuel au sujet des de la justice. Le fils du pieux.Josaphat, nommé
Amalécites, ennemis irréconciliables des Hébreux, Joram comme son beau-frère le roi d'Israël, suit
et le prophète désigne secrètement pour la royauté l'impulsion idolâtre et cruelle de sa femme Athalie,
le jfnne nh d'Isaie de Bethfécm. Cette fille de Jésabel; il fait périr ses frères, voit l'en-
nemi envahir ses États et tuer ses propres enfants; périt assassiné au bout de deux ans; Josias, fils
il meurt après quatre ans d'un règne honteux. d'Amon, marche an contraire sur les traces d'E-
Achasias, son seul fils survivant, lui succède, et à zécbias. J~Kte, Sophonie et la prophétesseHulda
peine sur le trône co malheureux prince périt, le conseillent; la loi de Moïse, dont on retrouve
avec son oncle le roi Joram, sous tes coups de un antique exemplaire, est remise en honneur.
Jéhu, générât israëfite. Les deux trônes d'Israël et Mais toute cette prospérité est arrêtée par de
de Juda sont vacants à la fois (884). grands maiheuM qui, en peu d années, amènent
FIN eu ROYAUME D'fsBAEt.. Athalie et Jéhu la ruine complète de Juda. Placé entre les deux
s'emparent des deux royaumes l'une massacre les souverains puissantsd'Egypte et de Chaldée, Josias
enfants d'Achasias, ses petits-Os; l'autre, toute eut le tort d'intervenir dans leurs querelles; il
la race d'Achab. Athalie favorise ardemment le voulut arrêter Néchao quimarchait contre Babylone,
culte de Baal, que Jébu, docile à l'influence d'Elisée et périt 'a la bataille de Mageddo son fils cadet,
le prophète, poursuit au contraire avec sévérité. ./oacA<M, fut élu roi par le peuple, mais ie vain*
Après six ans d'un règne odieux, l'usurpatrice est queur t'exita en Egypte et mit sur ie trône .Ma.
mise à mort et remplacée par Joas, un de ses petits- chim, le nis a!në de Josias. Joiakim ne fut qu'un
enfants, sauvé de la mort par le grand prêtre Joiada, tyran odieux et un prince inhabile; malgré Jérémie
son oncle. qu'il persécute et malgré la défaite de Néchao, il
Pendant que Jéhu laisse affaiblir son royaume se révotte contre le roi de Babylone, et meurt pres-
par tes Syriens, Joas, sous la tutelle de Joiada, que aussitôt. Jéchonias, son nia, subit les consé-
maintientl'ordre et la religion dans le sien mais quences de cette faute c'est en vain qu'il se rend
à la mort du grand-prêtre,il devient idolâtre et fait à discrétion à Nabuchodonosor,it est exilé a Ba-
lapider Zacharie, le Sis de son sauveur; il périt bylone avec tu 000 Juifs, et remplacé par son oncle
Im-meme assassiné. Joachaz,Bis de Jéhu, ne réus- Sédécias. Après quelques années de calme relatif,
sit pas à tenir les Syriens en échec, mais son fils le nouveau roi, oublieux de l'expérience du passé,
Joas les met en déroute et bat Amasias, roi de se déclare indépendant. Nabuchodonosor revient,
Juda, qui meurt assassiné, comme son père. Pon- prend Jérusalemaprès dix-huit mois de siège, fait
dant un demi-siècle, l'ordre et la prospérité renais- égorger la famille royale et crever tes yeux à Sédé-
sent dans les deux Etats, sous les règnes d'Oyat cias, qui est envoyé a Babylone. Le temple est
et do Jotham, fils et petit-nis d'Amasias, et sous brûlé et la ville détruite de fond en comble.
celui de JéroboamIl, fils de Joas d'Israël dans les Un assez grand nombre d'habitants notables du
deux Etats, le praphétisme.représenté par Jonas, pays furent emmenés en Chaldée; mais tes vain-
~mo~, Joe/ et Osée, exerce une haute influence queurs laissèrentquelqueslaboureurs dont la sur-
morale; mais bientôt les crimes des rois amènent veillance fut connée à un gouverneur israélitu,
d'irréparables malheurs. nommé CM~a/ta~qui, peu après son installation,
Zacharie, nls de Jéroboam II, est assassiné par fut traîtreusementassassiné. Ce meurtre causa la
Sellum; Sellum, par Menahem, et Phaceia, fils du ruine complète du malheureux pavs, dont pres-
meurtrier, par Pékah, un de ses officiers. Pékah que tous les habitants furent envoyés à Babylone;
est vainqueur d'~cAtM, fils de Jotham, roi de Juda, il n'y resta qu'une population pauvre et ignorante,
mais il est vaincu par Tiglat-Phalasar, roi d'As- mélange de Juifs, de Samaritams et de Cananéen-)
syrie, et assassiné à son tour par Osée. L'anarchie idolâtres (588). Comme le royaume d'Israël, celui
est affreuse; Tiglat en profite pour s'emparerd'une de Juda périt par la faute de ses rois mais il
partie du royaume, et ce n'est qu'en devenant son devait bientôt se relever, grâce aux principes de
vassal qu'Osée monte sur le trône. Achaz régnait morale et de religion enseignés par les prophètes.
alors en Juda; c'était lui qui avait, malgré les LES PROPHÈTES ET LA LITTÉRATURE SACRÉE D'IS-
conseils du prophète Isaie, appelé Tiglat pour RAËL. On se trompe généralement sur les pro-
repousser l'usurpateur Pékah. Plus impie que les phètes leur mission n'était pas de faire des mira-
rois d'Israël eux-mêmes, Achaz élevé des autels à cles et de prédire l'avenir, mais de moraliser et
Baal, consacre un de ses fils à Moloch, et laisse d'instruire le peuple, et c'est par là seulement
dévaster honteusement ses Etats. A sa mort, il est qu'ils étaient considérés comme les envoyés de
privé de la sépulture royale. Ezéchias, qui lui Dieu. Au point de vue politique, ils sont les con-
succéda, vit au début de son règne la ruine du seillers libres des rois mais on doit les regarder
royaume d'Israël. Osée, qui s'était révolté contre plutôt comme des orateurs religieux; ils détour-
son puissant suzerain, Salmanasar, successeur de nent le peuple de l'idolâtrie, et surveillentle culte,
Tiglat, fut jeté en prison; Samarie fut prise et le qu'ils considèrent comme un moyen de moralisa-
peuple Israélite emmené en captivité en Assyrie tion. Censeurs courageux des moeurs publiques,
(Mt).). les prophètesn'hésitent pas à risquer leurs jours
LES DEMflEMROts DE JcDA. Grâce à la sagesse pour arrêter l'immoralité des princes et des classes
d'Ezéchias, le royaume de Juda jouissait alors riches; ils prennent le parti des pauvres et des fai-
d'une grande prospérité; s'inspirant des conseils bles, protègent les étrangers, et mettent au-dessus
des prophètes Isaie et Michée, Ezéchias avait aboli de tout la justice et la charité. C'est par la prati-
les cultes phéniciens et rouvert le temple. Les que de ces vertus qu'arrivera l'ère messianique,
Philistins sont repoussés, et le terrible Sennaché- qui fera disparaître les haines et les guerres, et
rib, roi d'Assyrie, qui était venu mettre le siège unira les hommes dans un amour universel.
devant Jérusalem, est obligé de se retirer précipi- La littérature des Hébreux contient leur histoire
tamment, après avoir vu presque toute son armée et leurs doctrines; elle se compose de livres histo-
détruite par la peste, cette terrible messagère de riques et de livres poétiques, dans lesquels l'his-
Dieu, comme l'appelle la Bible. Les derniers évé- toire et la poésie sont mêtées étroitement. Le plus
nements de ce règne presque constamment heu- important de' tous, le Pentateuque, a conservé les
reux furent une grave maladie du roi, que le pro- traditions sur les premiers temps du monde et
phète Isaîe soigna et guérit, une alliattce impoli- raconte l'histoire des Hébreux jusqu'à la mort de
,tique avec les Babyloniens, et la fondation d'une Moise. Le livre de Josué est le récit de la con-
académie de savants, qui réunit les monuments de quête celui des Juges paraît n'avoir pour but que
la littérature Israélite et assura le développement de.montrer les avantages du pouvoir héréditaire.
religieux de l'avenir. Le livre de Ruth, qui se rapports au même temps,
Manassé fut pendant quarante cinq ans un des est une gracieuse idylle qui nous apprend l'origine
plus mauvais rois de Juda; une chronique incer- de la race royale de David et nous offre dans tout
taine affirme qu'il revint à de meilleurs sentiments. son charme le tableau de la charité. Les deux livres
Son fils ~MOM, qui suit ses mauvais exemples, de Samuel et les deux livres des Rois racontentles
ces espérances la. Babylonie fut
conquise
régnes de Saül, de David, de Salomon et l'histoire réaliser
ri
im-
du schisme jusqu'à la chute de la royauté. Les deux par p eux, et le roi Cyrus, devenu le chef d'un Hé-
livres des C/fonMMM rapportent parfois textuelle- mense n empire, autorisa par un édit tous les
ment les mêmes faits, mais avec des de détails nou- breux
b de ses Etats à retourner dans leur patrie ft
(Esdras) et Néhémie, à rebâtir leur temple (536). Ceux de Juda, c'esl-
veaux; les livres d'Ezra
Daniel, qui écrit moitié
y
à-dire les Judéens ou Juifs, partirent à peu près
ainsi que celui de est en à
chaldéen, moitié en hébreu, continuent l'histoire seuls, s sous la conduite de Zorobabel, arrière-
générale des Israélites après le retour de la capti- p petit-fils du roi Jéchonias, et s'établirent dans la
vité; quant au livre d'Esther, il raconte un événe- Palestine, t qui désormais prit d'eux le nom de
construction du temple, retardée par les
ment particulier des annales juives sous la monar- Judée. J La
Samaritains, ne fut achevée que sous
chie persane. }intrigues des
Les livres poétiques des Hébreux pont pas le 1 règne de Darius, fils d'Hystaspe; sous celui de
(Assuérus), prince fantasque, les Juifs,
moins d'importance que leur littérature historique. Xerxès 3
Les PfOMrA&s et l'2?ccM:<Mte contiennentdes ma- grâce e ~Esther, jeune tsraélite appelée au trône, et
oncle Mardochée, échappèrent à la destruc-
ximes de morale; lun se termine par un remar- àS son préparée Aman, premier mi-
quable tableau des vertus do la femme; l'autre, tion t pour eux par
empreint d'un scepticisme décourageant, énonce nistre du roi.
pourtant le dogme de l'immortalité. Le liure de
i
Un demi-siècle s'écoula, et le nouvel Etat “ juif, ..“
d'ailleurs par les événements qui s'étaient
Job est un poème grandiose qui nous montre les entravé <
malheurs d'un juste et nous enseigne à accepter passés
1
en Perse, végétait sous la direction aristo-
des grands-prêtres oublieux de leurs de-
les décrets de la sagesse suprême que nous ne cratiqueF~a (Esdras), autorisé par Artaxerxes
pouvons toujours comprendre. voirs.
Les Psaumes, sublimes poésies lyriques, sont Longue-Main à conduire en Palestine une seconde
comme le cri de l'âme humaine patriotisme, colonie de Juifs, vint porter remède à la situa-
amour de Dieu, tion (458). Ezra~ quipieux appartenait à la classe des
vengeance, repentir, humilité, que savant; il fut se;
vertu; Création, Providence, miséricorde et justice scribes, était aussi
divines. tout y est chanté dans un magnifiquelan- condé dans son œuvre par Néhémie, éehanson du
gage. Sous une forme plus simple, le Cantique roi, qui avait obtenu un peu plus tard lesprophètes. pouvoirs
des Cantiques a une grande portée c'est l'hymne les plus étendus, et par les derniers
le paganisme fut consommée, et la
pastoral de deux jeunes fiancés, étroitement unis La rupture avec
de Moïse remise en vigueur. Des st/nayo~M~s,
et dont l'amour contraste avec les abus de la po- loi réunions laïques, où la prière était faite et la loi
lygamie.
Les prophètes, hommes politiques, moralistes et lue et expliquée au peuple par les scribes, furent
orateurs inspirés, tiennent une place considérable établies dans le pays. Enfin un grand conseil na-
dans la littérature israélite. Ceux dont les œuvres tional suprême, la Grande Synagogue, composédes
la captivité, Jonas, dont le savants les plus distingués, fut institué avec la
nous restent sont, avant;0&6!~M,~Mos, Joèl, OMe; mission particulière de veiller au maintien des
livre est une parabole; l'étude de la loi; c'est à cette
Isaïe et Michée, tous deux apôtres de la paix et de traditions et à
époque et par l'impulsion d'Ezra et de Néhémie
la réconciliation universelles Nahum, Sophonie, la collection des livres sa-
Habacuc; Jérémie qui prédit et voit la ruine de que fut commencée
Juda et dont les LamentationsÉzéchiel sont de touchantes crés.
élégies. Pendant la captivité, a des visions Les années qui suivent sont paisibles pour la
dont les allégories portent une empreinteAggée, toute Judée. Le pays est toujours gouverné par les
grands-prêtres, investis de l'autorité politique, au
babylonienne; après le retour de l'exil,
Zacharie et Malachie sont les derniers orateurs grand détriment de leurs fonctions religieuses.
prophétiques. Par contre, l'étude de la loi par le peuple, dans
Ecrits dans une langue enthousiaste et poétique. les synagogues, prend de jour en jour plusclasses
ainsi, sein des
d'im-
les livres sacrés des Hébreux n'ont qu uninfinie but portance, et il se forme au
la justice populaires, un parti, celui des ~.M:eMe?M ou des
montrerun Dieu unique qui estmanifeste dans le PieMŒ, qui se donne pour tâche de conserver, en
et dont l'action incessante sela conscience et dans5 dépit des classes supérieures, les traditions reli-
monde physique comme dans la nation dans toute leur intégrité.
l'histoire des hommes. On n'est pas d'accord surr gieuses de
les auteurs qui les ont écrits et sur l'époque de9 Sous trouble le pontincat de Jaddus, les Juifs passent
leur rédaction; mais il est impossible de mécon-e celle sans de la domination des Perses sous
pensée religieuse
naître la vérité et la hauteur de la littérature, d'Alexandre le Grand (332).
a faitt Alexandre est très bien-
et morale, qui, de cette grande DOMINATION
veillant
GRECQUE.
les Juifs, et la Palestine prospère tour
le livre par exceilence de l'humanité, la Bible. pour
les rois d'Egypte et de Syrie, ses sac-
LES JCIFS SOUS LES BABYLONIENS ET LES PERSES. à tour sous premier P~m~e,
LES SYNAGOGUES. Pendant les dernières années s cesseurs. Sous le nous rencon-
de Jérusa- trons en Judée grand-prêtre célèbre, le petit-
du royaume du Juda et après la priseemmené un
le qui fut un des
lem, les rois de Babylone avaient enn fils de Jaddus, Simon Juste,
Grande Synagogue. Pen-
captivité un grand nombre d'Hébreux, parmi les- derniers membres de la
pontificat d'Eléazar, frère et successeur de
quels se trouvaient des hommes distingués, telss dant le traduit en grec à
que Daniel, ses trois compagnons et le prophètee Simon, le Pentateuque est nombreuse colonie do
!S Alexandrie, où
Ezéchiel. Bien traités par les vainqueurs, les exilés vivait une
obtinrent de haute. positions politiques et purent tt Juifs; cette traduction, attribuée à 72 savants en-
lois religieuses. Les pro-)- voyés de Jérusalem et dite, pour ce
motif, Version
vivre sous leurs propres fait connaitre la Bible au monde
phètes remplacent les prêtres désormais sans Ls des septante,
dans la
ir païen (M4 a 2M); elle canoniques, fut continuée
fonctions; Ezéchiel, et sans doute aussi l'auteur
inconnu de la deuxième partie du livre d'Isaïe, suite, et,sacrés outre les livres reconnus
anciens et le peuple. comme par les Juifs, on y inséra d'autres
réunissent autour d'eux les le* livres de
et président aux assemblées de prières ils sont it ouvrages dont les principauxhistoriques, sont
livres
~t ToMe et de Judith, romans
les
aidés dans leur tâche par des hommes pieux et recueils de
savants, des scribes, qui copient les livres saints,9 de la Sapienée et de l'Ecclésiastique, jMaeAaA~, récits
et les Hébreux, maintenus ainsi dans leurs tradi- i- sentences, et les deux livres des
tions religieuses et consolés, entrevoientleur libé- 9- des graves événements arrivés en Judée sous le
ration prochaine. règne d'Antiochus Epiphane.
C'étaient les Mèdes et les Perses qui allaientit La Judée, après plusieurs pontificats sans gloire
mais non MM troubles, était passée définitive-
du messianisme. Comme leur moral?
ment sous la suzeraineté des rois de Syrie. Les était irréprochable
es
grands-prêtres, de plus en plus oublieux de leurs très grande, ils et leur douceur au pouvoir
rs
devoirs, s'occupent d'intrigues de cour. Onias 7/f étaient aimés du peuple et avaient
grand-prêtre pieux, est supplanté uno grande autorité; aussi y avait-il parmi eux
7<Mon,auMchète)e pontiflcatet qni, par son frèrere des faux-frères, que le Talmud appelle
~a-
à son tour, est
st t~MM teints et que l'Evangile nomme
trahi de la même façon par son plus jeune frère,
Resté maltre du pouvoir, e, cres blanchis. Une troisième secte, celle des A~-
l'appui
ai niens, tenait des Pharisiens presque toutes
d'Antiochus Epip hane, Ménélas fait par vendre les doctrines à cela près qu'elle admettait bien moins ses
trésors du temple pour payer sa dette, et 35 la Providence que la prédestination. Livrés
sassiner son frère alné, Omas III, resté à Antio- as-
s- au
che. Jt ose revenir à Jérusalem, où bientôt ta o- mysticisme, les Esséniens prétendaient faire des
la miracles et avoir puissance sur les esprits infer-
guerre éclate entre lui et Jason. Antiochus, arriveré naux; réunis hors des villes, ils renonçaientà la
au secours de son protégé, massacre née pre- propriété individuelle, évitaient de
priaient, travaillaient et mangeaient se marier,
mière fois le peuple innocent de
i année suivante, ces querelles et,
t,
ordonne de nouveaux pillages et ,t Ils avaient des mystères qu'on n'était admis en commun.
de nouvelles tueries. Un grand nombre de Juifs ts naître qu'après un long noviciat. Ces din-érentes à con-
sont vendus comme esclaves le temple est souilléé sectes étaient nées Judée; en Egypte aussi,
et le culteproscrit; maisl'enseignementdes scribes
avait lentement porté des fruits, et le peuple il s était formé une enautre grM''o école; cer~
juif,f,
atteint dans sa patrie et sa religion, se soulève ~"? ses membres, les r~a~M, dont les
e Esséniens avaient im~é l'association, vivaient
contre Antiochus (t6ï). dans la solitude et la contemplation. D'autres
GotVBMfEMENT
NATIONAL DES MACHAB~ES.
fut un simple prêtre, Matathias, de la famille eles
Ce Juifs hellénistes d'Alexandrie, désireux d'a-
e mener le triomphe de leur foi religieuse
Asmonéenne, qui leva avec ses cinq H)s !'étendard d paganisme empirant, s'enbrsaient de concilier sur le
de la révolte aidé par quelques patriotes, il tint philosophie la
la campagne pendant trois mois, et mourut. Let *r grecque avec les vérités dogmatiques
plus vaillant de ses fils, Juda dit Machabée (Mar- de la Parole et ils croyaient y arriver en faisant
tel), défait successivement tous les zénëraux une créatrice, du Verbe divin de la Bible,
sorte dmtermédiaire entre Dieu le monde
syriens envoyés contre lui, reste mattre de Ju- et en l'identifiant avec le Logos desetphilosophes
dée au bout de trois ans, rouvre et purifie ielatem-
!e et, après de nouvelles victoires, meurt héroï- platoniciens. représentants
L'un des derniers et des plus illus-
de cette école fut, un siècle plus
quement sur le champ de bataille. Jonathan ett tard, Philon, surnommé
le Platon juif. Ce mouve-
Simon, ses frères, continuent la lutte avec l'appui
i
ment
des Romains, et le dernier reçoit de Démétrius, cnse rengieuse iMmet des esprits annonçait une grande
oi de Syrie, les titres de grand-prêtre et de prince temps
prochaine
la
elle aHait se produire
ruine
des Juifs, titres qu'une assemblée nationale luiJudée. que politique de la
confirme. Comme Jonathan, Simon périt
assas-
siné, et Hyrcan, son fils, qui lui succède, proclame DOMINATION MMAtNB. RnnfB
DE LA JnDËB. ~w-
i ~dépendance de la Judée, que la Syrie, affaiblie
S
t
MM, fils et successeur de Shcon Machabée, occupa
pontificat pendant trente ans; les
par ses querelles intérieures, est obligée de re- Muméens et les Samaritains furent soumis, et
connaître. 1 alliance conclue avec Rome
La victoire définitive des Machabées eut fut par Jonathan et Si-
conséquence la réorganisation du pays. La Grande pour mon renouvelée. Mais la fin de ce regne heu-
Synagogue, qui n'existait plus, fut remplacée reux fut troublée par les querelles des Pharisienset
électif, par des Sadducéens, tour à tour protégés par le
un sénat le Sanhédrin, composé de soixante Aristobule, son fils aîné, qui prit le prince.
et onze membres, qui réunissait les hommes les Alexandre titre de roi et
plus instruits de la nation, à quelque classe qu'ils bles Jannée, son deuxième fils, sont d'horri-
appartinssent. Le grand-prêtre n'en était le prési- Après tyrans; le dernier mérite le nom d'assassin.
dent que s'il avait les capacités nécessaires. An- ~) a, une courte régence de sa veuve Alexan-
desMM de ce conseil, à qui étaient réservées < ses deux fils se disputent le pouvoir ~/)
can,
i
les affaires d'intérêt majeur, on institua de petits.Aristobule, ]o laine, est battu et devient grand-prêtre,
MM<«rttM de vingt-trois membres cadet, est élu roi malgré les Pha-
qui jugeaient risiens.
i Le grand Pompée, alors à Damas, inter-
les affaires criminelles ordinaires, et de <rt'AM- vient, s'empare
i de Jérusalem et donne à l'Idu-
MaM: de trois juges pour les contestations civiles, iméen Antipater le
EcoLBS IT SECTES jcivES. Pour avoir amené sserve que fapparence. pouvoir dont Hyrcan no con-
avec tant de rapidité cette restauration politique, <! La Judée est désormais
H fallait que l'enseignement des scribes eût
dépendante de Rome (63).
fondément pénétré dans !e peuple; en efet,pro- Antipater, habile et rusé, ne gouverne guère
les
écoles diverses qui s'étaient formées chez tes procurateur que
q dans nntéret de sa propre famille; nommé
Juifs avaient fini par exercer une grande influence. tdde hautes po<itiOM de la Judée, ilconne a ses deux fils
i.e< Sadducéens, qui constituaient l'une de dans l'Etat. Hérode, le plus
ces jeune,
j~
écoles, comprenaient les familles pontificales et paternelles; il est 1-héfMer de l'ambition et de l'habileté
les classes nettes; ils s'attachaient servilement à p épouse Marianne, petitp-nlle d'Hyr-
can,
c
la lettre dans l'interprétationdu Pentateuque, ils CUiassé de et devient le favori du triumvir Antoine.
n acceptaient pas les traditions orales, et Jérusalem, il y revient accompagné de
repous- légions
I<
raientles dogmes de t'immortalité de l'âme et de l'a- cerné à Rome et avec le titre de roi qui lui avait été dé-
vènement messianique. Egoistes et orgueilleux, et voir c. par le Sénat, et affermit son pou-
très durs dans l'application des lois pénales, ils A v~ par le meurtre des membres de la famille
étaient fort wpopuiaiMs. Les PAa~t~M sont Asmonéenne et du Grand Sanhédrm. Bientôt la
op-
posés en tout aux Sadducéens. Continuateurs des viennent
reine
ri Marianne elle-même et ses propres aïs de-
Assidèens et partisans de la tradition, ils sont les vi élever
él
ses victimes enfin, après avoir fait
des constructions splendides, il meurt au
représentants de la démocratie et de l'esprit milieu d'horribles souffrances et de l'exécration
m
laique; leur interprétation, qui est large, facilite universelle.
) exécution de la loi et en assure le maintien, bien La Palestine, déj&
m
qu'elle descende parfois a de trop minutieux dé- luttes gravement troublée par les
t~is réglementaires. Ils enseignent lu des patriotes, les Zélateurs, et du parti
les grands m main, est partagée, à la mort d'Hérode, entre ses ro-
dogme. de la Providence, de la liberté, de l'immor- tr trois Bis survivants, et peu après la Judée, enlevée
à Archéta&s, l'un d'eux, qui s'était attiré la haine chef des écoles israélites, lui donna l'appui de son
publique, est réduite en province romaine. Le autorité et crut voir en lui le Messie annoncé par
pouvoir des proconsuls pèse lourdement sur le les prophètes. En peu de temps, Barcochbah fut
malheureux pays privé de son indépendance un maître du pays, et, pour dompter cette redoutable
de ces magistrats,Ponce-Pilate,mécontentegrave- rebellion, Adrien fut obligé d'envoyer en Judée
ment le peuple c'est sous son gouvernement Jules Sévère, son meilleur général. Jérusalem est
qu'eut lieu le procès et la condamnation de Jésus, bientôt reprise et de nouveau rasée mais Béthar,
mis en croix par ses ordres, sur les accusations des forteresse où Barcochbah s'était enfermé, n'est em-
grands et des prêtres membres du parti saddu- portée qu'après trois ans d'un siège horrible. Bar-
céen et inféodés à la politique de Rome (27-36). cochbah mourut les armes à la main, Akiba dans
Sous Caligula, les Juifs refusent d'adorer le fou les tortures, et environ 600000 Juifs furent massa-
qui était le maître du monde, et sont l'objet de crés (135). ·
cruelles persécutions, que l'empereur Claude fait Désormais la Judéen'est plus qu'un désert; son
cesser. Agrippa, petit-fils d'Hérode, favori de existence politique est finie~ mais le mouvement
Claude, est nommé roi de la Judée, qui prospère dogmatique qui s'était produit dans son sein et les
sous son règne trop court, mais qui retombe bientôt diverses doctrines religieuses qui y avaient pris
sous l'administration directe de Rome. C'en est naissance devaient régénérer le monde et ta con-
fait désormais de toute paix. Les querelles vio- quérir aux vérités éternelles du Sinai.- Pour l'his-
lentes des Juifs, des Samaritains et des Grecs, les toire du peuple juif après sa dis~rsion définitive,
brigandages commis impunément au milieu de V. Juifs. [E.-A. Astruc.]
l'anarchie, les insolences des soldats romains et ITALIE (GÉOGRAPHIE). Géographie générale,
surtout la rapacité inouie des proconsuls excitent XIII. l. Géographie physique. Situation, li-
des révoltes journalières; enfin, sous l'administra- mites. L'Italie est une contrée de l'Europe mé-
tion du féroce Florus, il éclate une insurrection ridionale, comprise entre les Alpes, au nord, et la
générale. Méditerranée, au sud. Des mers secondaires dépon-
Les Zélateursen prennent la direction, et dès les dant de celle-cila limitent de tous les autres côtés
premiers temps remportent de grands avantages la mer Ionienne et la mer Adriatique, à l'est
sur les Romains, qui sont refoulés hors du pays. la mer Tyrrhénienne, et le golfe de Gênes ou
Néron confie à Vespasien le soin d'apaiser la révolte. mer de Ligurie. à l'ouest.
Accompagné de son fils Titus, ce général vient. En latitude, l'Italie est comprise entre 38° et 4T
avec une armée formidable, mettre le siège devant de lat. N. elle appartient donc essentiellement
Jotapat. Cette forteresse, défendue par un jeune à la zone tempérée; en longitude, elle va de 4° &
prêtre qui fut plus tard l'historien Flavius Josèphe, 16° à l'est de Paris.
tomba au pouvoir des Romains après une vaillante Forme, caps et golfes du littoral. Sa direc-
résistance. Vespasien,élu empereur,laissa le com- tion générale est au S.-O., sur une longueur de
mandement à Titus, qui vint mettre le siège de- 1000 kil. en ligne droite. Sa largeur moyenne est
vant Jérusalem en proie a la plus affreuse discorde. d'environ 200 kil. Elle a la forme caractéristique
Ne pouvant s'emparer de la ville par laforce, Titus d'une botte, dont les caps Gargano, sur la mer
essaya de la prendre par la famine. Après une Adriatique, Leuca et Spartivento, sur la mer Io-
héroïque résistance, Jérusalem fut prise et le nienne, indiquent respectivement l'éperon, le ta-
temple brûlé. Massada, forteresse près de la Mer lon et la pointe. Entre ces deux derniers se creuse
Morte, ne se rendit pas aux vainqueurs; ses dé- le golfe de Tarente. Du côté de la mer Tyr-
fenseurs se tuèrent tous de leurs propres mains rhénienne, le littoral est découpé les principaux
avec leurs femmeset leurs enfants. Environi 100000 golfes qu'il forme sont ceux de Gaete, de Naples
Juifs avaient péri dans la lutte; plus de 600 000 fu- et de Salerne. La partie septentrionalede l'Adria-
rent vendus ou réservés aux jeux du cirque (72). tique, entre l'Italie et la péninsule d'Istrie, porte
Les Juifs n'étaient pourtant pas encore écrasés le nom de golfes de Venise et de Trieste.
comme peuple, et leur doctrine restait debout. Au 7<M. Au-devantdes rivages, qui abritent des
plus fort de la tyrannied'Hérode, les écoles avaient ports nombreux, l'Italie se complète par de grandes
continué à se développer; nous voyons fleurir à ïtes au sud, ta Sicile, séparée du continent par te dé-
cette époque chez les Pharisiens deux grands doc- troit de Messine a l'ouest, laSardaigne et la Corse,
teurs, Hillel et Schamaï, qui rept'esentent des ten- cette dernière appartenant à la France depuis un
dances opposées. Schamai, dans son interprétation siècle. Les Mes plus petites sont l'ile d'Elbe, entre
rigoureuse des textes bibliques, se rapproche des la Corse et la Toscane au devant des golfes de
Sadducéens. Hillel au contraire fait la part des cir- Gaëte et de Naples, l'archipel des ttes Ponza,
constances et admet, dans l'intérêt même de la loi, Ischia, Procida et Capri; enfin, l'archipel volcani-
la nécessité d'en abroger certaines dispositions. Sa que des Lipari, au nord de la Sicile.
réponse à un païen, qui lui demandait le résumé Superficie et ~)op!<M:'on. – L'Italie avec ses dé-
de la loi, est restée célèbre Ce que tu M'eues pas pendances a une superficie de 300000 kil. carrés en-
pour toi, dit-il, ne le fais pas à autrui; c'est viron, les trois cinquièmes de la France, et est peu-
toute la loi; le reste n'en est que le commentaire. plée de près de 28 millions d'habitants, les trois
Pendant le siège de Jérusalem, un autre docteur quarts de notre populationactuelle. Cela correspond
éminent, Johanan ben Zaccaï, avaitrquitte secrète- en moyenne & N4 habitants par kil. carré. Notre po-
ment la ville et obtenu de Vespasien la permission pulation spécifique n'est que de 70.
de fonder une école à Jamnia, dans l'ancien'terri- OROGRAPHIE. Les Alpes. Les Alpesforment la
toire des Philistins. Cette école resta pour les plus haute chatne de montagnes et en grande
Juifs un foyer ardent de patriotisme et de religion partie la limite septentrionale de l'Italie. Entre
aussi les persécutions éprouvées sons Domitien, cette contrée et la France, la frontière suit pres-
et les succès momentanés obtenus sous Trajan, que constamment la ligne de faite depuis le col
leur firent-ils concevoirplus que jamais l'espérance de Tende, au nord-estde Nice, jusqu'au MontBlanc,
d'un libérateur messianique. Sous l'empereur en passant successivement par le Mont Viso et le
~d<e?t, qui avait d'abord favorisé, puis proscrit Mont Cenis. C'est encore la crête, passant par le
leur religion, ils font une dernière et terrible ten- Saint-Bernard, le mont Cervin ou Matterhorn, et
tative pour recouvrer leur indépendance. Jérusalem le Mont-Rose, qui sépare la Suisse de l'Italie,
n'était guère détruite que depuis un demi-siècle, entre le Mont-Blanc et le Saint-Gothard. Mais à
lorsqu'un vaillant guerrier, Barcochbah, se souleva, partir de ce point, la Suisse garde la haute vallée
prit le titre de roi, et se vit entouré d'une armée du Tessin, et le Tyrol autrichien comprend le
considérable. J~!&a"Ae?: ~0~ illustre rabbin, cours supérieur de l'Adige et de la Brenta. Parmi
les pics qui jalonnent cette partie de la frontière, au sud jusqu'à Vérone, et tourne ensuite & l'ouest
il tant citer la Bernina, entre la source de l'Inn pour finir entre Chioggta et les bouches du Pô.
et l'Adda, l'Orteler et l'Adamello, entre celui-ci Le M. Celui-ci, qui est !e fleuve le plus con-
et l'Adige. La frontière suit ensuite les Alpes sidérable de l'Italie, par sa longueur, l'étendue
Cadoriques, puis Camiques, depuis la Brenta jus- de son bassin et l'abondance de ses eaux, com-
qu'au col de Tarvis, sur la route de Venise a mence au mont Viso et coule de l'O. à l'E. à
Vienne, et descend de là à l'Adriatique par une travers le Piémont, la Lombardie, la Vénétie.
ligne conventionnelle courant entre l'Isonzo et le C'est par sa rive gauche qu'il reçoit des Alpes ses
Tagliamento, deux petits tributaires du golfe de affluents les plus considérables. Il se grossit, a
Venise. Turin, de la Doire Ripuaire qui descend de Suse
Les Apennins. Les. Apennins, moins élevés et du Mont-Gonèvre entre Turin et Casal, de la
que les Alpes, forment l'ossature de la péninsule. Doire Baltée, qui descend du Mont-Blanc par le
Courant d'abord de l'O. à l'E. à une petite dis- vat d'Aoste puis de la Sésia, qui vient du Mont
tance de la Méditerranée, depuis le col de Tende Rose. Ensuite commencent tes grandes rivières, qui
jusqu'à l'extrémité du golfe de Gènes, ils se re- se débarrassent, dans tes lacs qu'elles traversent,
courbent ensuite au S.-E. en se tenant plus près des alluvions qu'elles ont arrachées aux flancs
de l'Adriatique que de la mer Tyrrhénienne. des A)pes le Tessin, qu'alimentent!ts neiges du
Depuis le col de Tende jusqu'à la source du Tibre, Saint-Gothard, et qui, après avoir traversé le, lac
l'Apennin Mc<<w~t'ot!a! est peu élevé (1000 à Majeur, sépare le Piémont, l'ouest, de la Lom-
1500 m.). Entre la source du Tibre et la latitude bardie, a l'est, passe à Pavie et se réunit au PO,
de. Rome environ, l'Apenntn central est au con- un peu en aval de cette ville; l'~cMa, qui sort des
traire beaucoup plus haut en même temps que glaciers de l'Orteler, arrose la Valteline, traverse
plus large. C'est là que s'élève le Gran Sasso d'I- le lac de Cdnte, en sort à Lecco, passe à Lodi, et
talia, sa cime maltresse, qui atteint près de 3000 tombe dans le PU entre Plaisance et Crémone
mètres et domine l'épais rempart des Abruzzes. t'O~t'o, qui traverse le val Camonica, puis le lac
A partir des sources opposéesdu Vulturne,affluent o"Mo le Mincio, qui sort du lac de Garde,
du golfe de Gaete, et du Sangro. tributaire de forme les marais enveloppant la place-forte de
l'Adriatique, l'pewttH méridional s'abaisse rapi- Mantoue, et sépare la Lombardie de la Vénétie.
dement et se partage en deux branches la plus Sur la rive droite, les affluents du PÔ sont bien
orientale et en même temps la plus faible traverse moinsconsidérables. Le principal est le Tanaro, qui
la terre d'Otrante et finit au cap Leuca; la plus descend du col de Tende et se grossit à Alexandrie
occidentale forme la charpente de la montagneuse de la Bormida. Puis viennent la So'tna, dont la
Calabre et se termine au détroit de Messine. valtée sert de débouché au port de Gênes vers
Parallèlement à la chaîne principale des Apen- Alexandrie et Milan, et qui passe à Tortone la
nins et au littoral de la mer Tyrrhénienne, le sol Trebbie, qui tombe dans le Pô à quelque distance
se relève en bourrelets moins prononcés, qui por- au-dessus do Plaisance la .~feeA:< dont )e con-
tent successivement le nom d'Alpes Apouanes, fluent fait face à celui du Mincio le Panaro, le
Sub-Apennin toscan, montagnes de la Sabine, et Reno qui passe à Bologne. Ces deux derniers se
obligent les affluents de la mer Tyrrhénienne, réunissent au Pô près de Ferrare, là où le fleuve
l'Arno, l'Ombrone, le Tibre, a couler parallèle- se partage en plusieurs branches, dont le cours
ment au rivage, avant de s'ouvrir un passage qui indécis se promène entre Venise et Ravenne.
leur permette d'y aboutir. Plus au sud, les monts De tous tes fleuves qui débouchent dans la Mé-
de l'ancien pays des Volsques, entre Rome et diterranée ou tes mers en dépendant, le Pô est,
Capoue, impriment la même direction au Gari- après le Danube, celui qui porte à la mer le plus de
gliano. débris. Chargé d'alluvions, il exhausse sans cesse
Volcans. Seul sur le continent européen, le son lit et court au-dessus de la vallée qu'il arrose,
mont Vésuve, près de Naples, donne encore de entre des digues qu'on est obligé de renforcer et
temps en temps le spectacle d'une éruption mais de surélever, pour protéger les campagnes envi-
d'un bout à l'autre de la péninsule abondent les ronnantes et les villes assises sur ses bords con-
cratères des volcans éteints, où dorment aujour- tre le danger des inondations. Malheureusement,
d'hui des lacs charmants, qui sont un des princi- ces obstacles sont souvent impuissants a conjurer
paux attraits de ce pays si pittoresque. lo fléau, et le fleuve non seulement se crée de
La Sicile a l'Etna, dont la cime, haute de plus nouveaux passages en recouvrant et dévastantdes
3000 mètres, se couvre de neige, en même temps campagnes fertiles, mais abandonne à l'état de
qu'elle vomit la lave. Le Stromboli, dans les lies marécages névreux celles où il coulait précédem-
Lipari, est aussi de temps en temps en ignition. ment. Ses apports continuels forment dans la
Entre le Vésuve et 1 Etna, la Calabre a été fré- mer un promontoire toujours grandissant (80 m.
quemment agitée par de terribles tremblements par an), ou sont entraînés par les courants de
de terre. Le dernier, celui de 1857, coûta la vie à l'Adriatique pour former des cordons littoraux pa-
10000 personnes; celui de 1783 renversa 109 vil- railè)es aurivage, etquiséparentde la pleine mer les
les ou villages et fit périr plus de 30 000 âmes. lagunes de Venise et celles de CumaccAto, au nord
Autres montagnes. La Sardaigne et l'ile de Ravenne. Cette dernière ville, qui fut autrefois
d'Elbe sont montagneuses comme leur voisine la un port florissant, est aujourd'hui à plusieurs kilo-
Corse. En Sicile, l'Etna forme le point culminant, mètres de l'Adriatique, moins loin toutefois en-
mais ne se rattache pas à l'ossature montagneuse core qu'Adria, qui lui a donné son nom.
qui partage l'lie en trois versants, dont celui du S.-O. Au sud du PÔ, l'Apennin central n'envoie à la
est le plus étendu, celui du nord le plus étroit. mer'Adriatique que des torrents courts et rapides.
Dans l'Italie septentrionale, le Monferrat, qui Nous avons déj~ nommé le Sangro plus loin coule
étale ses pentes sur la rive droite du Pô, en l'Ofanto, sur les bords duquel les Romains perdi-
face de Turin, se rattache au sud à l'Apennin de rent la bataille de Cannes.
Ligurie. Bassin de la Mer ï'yrAe?!tM~e. Du côté de
HYDROGRAPHIE. Versant de lAdriatique. la mer Tyrrhénienne,la Toséane verse t'~fMO, le
Les Alpes Carniques et Cadoriques n'envoient au fleuve de Florence et de Pi~, et t'O~roHe;
golfe de VeÊise que des torrents rapides, dont le Rome envoiele J't&r? le golfe de Gaëte reçoit le
2'a~HamMto et la Piave sont les plus célèbres. Gariglianoet le Vulturne, au bord duquel est assise
Puis vient la Brenta, qui passe à Padoue et finit Capoue.
dans les lagunes de Venise. Sans être un fleuve aussi considérable que le
L'Adige, né dans le Tyrol, descend rapidement Rhône ou le Pô, le Tibre est sujet à de fortes crue*
qui ravagent la ville de Rome et ses environs. A abritée par le rempart des Alpes contre les vents
l'état ordinaire, il roule deux fois moins d'eau que du nord, on peut dire que l'Italie, d'un bottt à
la Seine, mais en revanche il ne descend jamais l'autre, jouit d'un printemps perpétuel. En re-
aussi bas que ce dernier cours d'eau. vanche, la fièvre y sévit sur beaucoup de points.
Lacs. En dehors des lacs dont les eaux se Dans la plaine du Pô, couverte de rivières souvent
déversent dans le Pô, l'Italie renferme un certain inondées, dans les Maremmes de Toscane, qui
nombre de lacs assez étendus, entre Rome et avoisinent l'embouchure de l'Arno et de l'Ombrone,
Florence notamment. Les plus importants sont dans les marais Pontins, entre Rome et Gaëte, au-
ceux de Pérouse ou de ïy<M:meMe, de Bolséna et de tour de Ravenne, le long des côtes de Sicile, sur
B~Mt'a~o. tous les points en général où les eaux douces sont
RÉGIONS PHYSIQUES. Par sa disposition orogra- arrêtées dans leur écoulement vers la mer, le mau-
phique, l'Italie est partagée en régions bien dis- vais air (malaria) exerce ses ravages, et la fièvre
tinctes. Le long du golfe de Gènes, les Apennins existe & Fêtât d'épidémie permanente. Par un con-
enferment un littoral étroit: c'est la Ligurie, pays traste dont on est surpris, les lagunes de Venise
essentiellement maritime en même temps qu'ilil et de Comacchio, remplies par le flot salé, échap-
jouit d'un des plus heureux climats du monde, pent à ce fléau. Le voisinage des forêts est un
grâce à son exposition méridionale, et au mur de élément de salubrité, et les plantations d'euca-
montagnes qui l'abrite du vent froid du nord. lyptus sont en ce moment poussées avec vigueur
Le bassin du Pô forme une deuxième région comme un sûr moyen d'assainissement.
bien distincte. Dans l'antiquité, il n'était pas con- II. Géographieagricole et industrielle. Fer-
sidéré comme faisant partie de l'Italie, et s'appelait tilité de ~<t:<e. L'Italie est un pays d'agricul-
Gaule Cisalpine, du nom des Gaulois qui l'avaient ture plutôt que d'industrie.Où trouver ailleurs des
peuplé. C'était le Rubicon, petit torrent descendu campagnes plus fertiles que celles de la vallée du
de l'Apennin vers l'Adriatique, qui formait sa limite Pô, qui depuis des milliers d'années ne cesse de
au sud. Dans cette région, le PU forme la division produire, grâce aux irrigations qui renouvellent et
principale par la largeur de son lit, et la difficulté enrichissent sans cesse le sol de tous les débris
qu'offre généralement son passage. Dans le haut arrachés aux montagnes. Dans la plaine, ce ne sont
de son bassin, le Piémont s'étend sur ses deux que rizières, champs de blé ou de mais, prairies
rives au pied des montagnes (d'où son nom), jus- qui donnent jusqu'à huit coupes dans une année.
qu'au contrefort des Apennins qui s'abaisse au 'fout autour des champs courent les ruisseaux d'ir-
nord vers Plaisance. Mais au delà du Tessin, quand rigation à l'ombre des mûriers, des érables, des
le fleuve s'est grossi de ce puissant affluent, la ormeaux qui portent, suspendus à leurs rameaux,
Lombardie occupe seulement la rive gauche, jus- les pampres grimpants de la vigne. Malgré les dé-
qu'au lac de Garde où commence la Vénétie. Le sastres des guerres et des inondations, tant de
pays situé sur la rive droite du Pô depuis le fois répètesdepuis des milliers d'années, le paysan
Piémont jusqu'à l'Adriatique porte aujourd'hui le ne se lasse jamais de remettre en culture ce sol
nom d'Emilie, d'après l'ancienne voie Emilienne, généreux. Les collines bordant la plaine sont cou-
que suit à peu près le chemin de fer entre vertes de vignes et de mûriers, et des champs pé-
Plaisance et Rimini. C'est la route la plus directe niblement défrichés couvrent les flancs des monta-
pour aller de Milan & l'extrémitéde la péninsule par gnes partout où le laboureur peut arrêter un peu
les bords de l'Adriatique. De l'autre côté des de terre végétale le long de la pente rapide.
Apennins, la Toscane, anciennement l'.E~'MrM, La Toscane, cultivée comme un jardin, la Roma-
occupe les bassins de l'Arno et de l'Ombrone. Celui gne sur le versant opposé des Apennins, ne sont
du Tibre se partage entre l'OMï&rM et le Latium pas moins fertiles. Et que dire de la Campanie,
ou pays de Rome. A l'est de l'Ombrie, les ~?'e/t~ dont le sol, formé de cendres volcaniques, tire sa
occupent la région comprise entre l'Apennin et fertilité du soleil qui t'échauSe et du voisinage
l'Adriatique. A l'est du Latium, les Abruzzes, des volcans qui t'ont tant de fois bouleversé? De
l'antique Samnium, occupent la région la plus même, sur les pentes de l'Etna, un vieux châtai-
élevée de la péninsule. Quel contraste entre ce gnier peut abriter jusqu'à cent cavaliers sous son
pays sévère et la riante Campanie (aujourd'hui ombrage. La Sicile fut autrefois le grenier de
la Terre de Labour) qui lui confine au sud autour Rome. Mais les ravages causés par les guerres, qui
de Naples t La Calabre, qui occupe la péninsule ont tant de fois désolé cette lie, et les déboisements
dirigée vers la Sicile, est de nouveau toute cou- qui en ont rendu le climat plus sec, ont singuliè-
verte de montagnes, tandis que la Pouille (l'an- rement diminué cette prospérité.
cienne Apulie) ne porte du côté du canal d'Otrante Irrigations. Les irrigations, si indispensables
que des plages sablonneuses dominées par les sous le soleil de l'Italie, y sont parfaitement en-
grands plateaux stériles des tavoliere, que par- tendues. Parmi les canaux créés dans ce but, on
courent les troupeaux de brebis. Entre la Pouitle doit citer le canal Cavour, de construction récente,
et la Calabre se creuse le golfe de Tarente, sur les qui, dérivé du Pô à Chivasso, arrose les cam-
bords duquel les Grecs fondèrent autrefois une pagnes de Verceil et de Novare et la Lomelline,
foule de cités opulentes, Sybaris,Héraciée, Tarente entre la Sésia et le Tessin. Les canaux qui entou-
et plusieursautres. Aujourd'hui la vie s'en est re- rent Milan, ceux du val de Chiana, en Toscane,
tirée, et la Basilicate est une des régions les plus des environs de Ferrare et de Hovigo vers les bou-
arriérées de la péninsule. ches du Pô, ne sont pas moins remarquables.
CLIMAT. Par sa latitude, l'Italie appartient à PRODUCTIONSPMNOtPALES.–Cénéales, légumes, etc.
la zone tempérée par excellence, puisqu'elle est à La principale culture alimentaire est celle du blé,
égale distance du pôle et de l'équateur. Les mers dont on évaluait récemment la production à 50
qui baignent ses rivages contribuent en outre à la millions d'hectolitres. C'est la moitié de la récolte
garantir des extrêmes du chaud et du froid, en de la France, et cette quantité ne saurait suffire à
même temps que les montagnes créent une diver- nourrir une population qui est les 3/4 de celle de
sité d'altitudes et d'expositions propres aux pro- notre pays. Le mais fournit 30 millions d'hecto-
ductions les plus différentes. Quoique en descen- litres, et sa farine bouillie, consommée sous le
dant vers le midi on se rapproche de plus en plus, nom de polenta, forme la principale nourriture
dans la Sicile par exemple, du climat et des pro- d'une grande partie des paysans. Le riz, dont on
ductions de l'Afrique, les endroits bien abrités du récolte millions d'hectolitres,est exporté en asse~
nord de l'Italie, tels que les îles Borromées, sur grande quantité. A ces ressources s'ajoutent celles
le lac Majeur, et les bords du lac de Corne, voient des céréales de second ordre, seigle, orge, avoine,
mûrir les orangers à la latitude de Lyon. Bien cultivées surtout dans les montagnes, les légumes
secs, les châtaignes. C'est dans le Piémont et sur pende tes fils télégraphiques à des piliers de cette-
les Apennins qu'on trouve le plus grand nombre pierre plutôt qu'à des poteaux de bois ou de fer.
de châtaigniers. L'Italie produit aussi, grâce à son C'est à l'abondance et à la richesse des matériaux
climat, beaucoup de primeurs, des oranges, des de construction qu'on doit en partie la splendeur
citrons, des amandes, qui viennent surtout de la des églises et des palais de Milan,de Gènes, bâtis
Sicile et du pays napolitain. tout en marbre. La ville de Pouzzoles, près de
TroNpMM'. – Le Piémont, la Lombardie, l'E- Naples, a donné son nom à la pouzzolane, terre
milie possèdent des troupeaux de bœufs et de d'origine volcanique, qni forme un excellent ci-
vaches. Ce sont celles-ci qui fournissentle beurre ment.
du Milanais, le fromage parmesan et le stracchino. INDUSTRIE. L'industrie proprement dite est
Dans les pays marécageux de la Toscane et des peu développée en Italie à cause de l'absence de la
anciens États pontincaux, le bœuf fait place au houille et de la rareté des capitaux. Pour cette
bufnet Les Apennins méridionaux et la Pouille double raison, rétablissement d'une filature de
nourrissent de nombreux troupeaux de montons coton, par exemple, Muterait moitié plus en Ita-
et de porcs, dont le nombre ne saurait être mis lie qu'elle ne coûte en Angleterre, et les frais
en parallèle néanmoins avec ceux de la France de fabrication seraient plus considérables. C'est
ou de l'Allemagne. La Calabre élève de petits dans le nord de l'Italie, sur les rivières descendant
chevaux de race arabe, remarquables par leur des montagnes, et fournissant la force motrice a~
énergie; mais c'est dans la Vénétie qu'on trouve bon marché, que se concentrent surtout les usines.
les chevaux les plus forts. ï'M:<!<e<. La filature du coton occupe à elle
~M:/M et vins. Les huiles d'olives et les vins seule plus de &0 000 ouvriers dans la Lombardie
constituentunedes grandes ressources de l'Italie.La autour de Milan, et près de Gênes. Le tissage se
vigne et l'olivier réussissent d'un bout à l'autre de fait généralement dans les campagnes de Toscane,
la péninsule, sauf sur les terres trop élevées, et ou dans le royaume de Naples, et occupe 6000U
l'on récolte 3 millions d'hectolitres d'huiles, en personnes. Lecco,Bergame, Brescia, Milan, Gènes,
grande partie exportées au dehors, et neuf ou dix Bologne fabriquent aussi les toiles de chanvre ou
fois autant de vins. Les huiles les plus estimées de lin, dont la filature se fait surtout à la main,
sont celles de Toscane; les vins les plus célèbres ainsi du reste qu'une partie du tissage.
sont les vins liquoreux de Sicile, le Marsala, le Corne, Lecco et les cités voisines ont encore la
Syracuse, qui sont surtout expédiés en Angleterre, spécialité de la fabrication des soieries; Gênes,
en France ou en Allemagne; puis les vins de celle des velours.
l'Emilie, ceux du Monferrat, de la Toscane, ou des Quant aux draps, ils se fabriquent surtout dans.
environs de Naples, où ils puisent sur les cendres le Piémont, en Toscane, et près de Naples. L'Italie
volcaniques un goût de terroir tout particulier. ne trouve pas du reste dans ses troupeaux une
Cultures industrielles. En fait de cultures quantité de laine suffisante elle en importe de la
industrielles,le chanvre et le lin occupent le pre- Plata, et beaucoup de draps ou de tissus, d'Angle-
mier rang. Le premier ne couvre pas moins de terre ou d'Allemagne.
) 33 000 hectares, dans la partie méridionale du Industries diverses. L'Italie a donné son nom
versant méditerranéen, et surtout dans l'Emilie, aux pâtes alimentaires, faites avec la farine des
qui, à elle seule, fournit plus de la moitié de btés durs. Entre Gènes et Savone, on trouve une
la production totale, 500 000 quintaux. Le lin centaine de fabriques de vermicelle, et qui n'a en-
couvre 80 000 hectares, et ne donne que le quart tendu vanter le fameux macaroni de Naplea, les
de la production du chanvre. C'est surtout la Lom- délices du lazzarone?
bardie qui le produit. C'est aussi en Italie, et surtout en Toscane,
Quant au coton, que la Sicile et le midi du qu'on tresse les plus belles pailles pour la cha-
royaume de Naples sont aptes à produire, la cul- pellerie. A elle seule cette industrie exporte pour
ture en est en décroissance depuis que l'Améri- 30 millions de produits.
que a recommencé à en fournir les manufactures Venise n'a plus, comme autrefois, le monopote de
européennes. la fabrication des cristaux, mais elle produit encore
Soie. L'Italie est au contraire un grand pays beaucoup décès verroteriesde couleur, qu'on porte
producteur de soie. Dans certaines années elle comme objets d'échange en Afrique, en Chine ou
aurait même dépassé la Chine sous ce rapport. In- aux colonies, et en même temps des cristaux de luxe.
dépendamment de ce que le pays consomme dans C'est aussi en Italie qu'on a inventé la fabrication
ses fabriques de soieries, il exporte en une seule de la faïence, à laquelle Faenza a donné son nom.
année jusqu'à 3 600 000 kilogr. de soies grèges ou Aujourd'hui, cette industrie a passé dans d'autres
Olees. pays. Toutefois Florence et Milan produisent en-
Richesses minérales. L'lie d'Elbe contient une core de la céramique. Florence fabrique aussi des
masse énorme de minerai de fer d'excellente qua- camées, des mosatques et une foule d'objets de
lité. On en exporte annuellement 200 000 tonnes luxe rentrant dans l'aptitudeartistiquedes Italiens.
do là ou de t'He de Sardaigne. Cette dernière pos- Les bijoux de corail de Naples, l'or ntigrané de Ve-
sède les riches mines de zinc de Malfidano, de dé- nise ou de Gènes, appartiennent au mémo genre
couverte récente, et des g!tee de plomb dont de produits. Les terres cuites de Naples se rap-
l'exploitation remonte sans doute aux Phéniciens. prochent de la statuaire, pour laquelle les Italiens
On trouve en outre du cuivre en Vénétie. ont tant d'aptitude. Milan est renommée pour sa
La Toscane possède une richesse toute spéciale, carrosserie, Brescia pour ses armes. C'est en Lom-
les M/~CTn, qui laissent dégager l'acide borique. bardie que se trouvent le petit nombre de forges
La Sicile approvisionne l'Europe entière de soufre italiennes. Grâce à la qualité des minerais, elles
dont on envoie- raffiner une grande partie à Mar- produisent d'excellentes fontes. On ne trouve d'a-
seille. Les lles d'origine volcanique sont riches en teliers de construction qu'autour des grandes villes
produits chimiques, qu'on recueille sur place dans comme Naples ou Gênes.
les Lipari. C'est aussi de là que viennent toutes Milan et Turin fabriquent des produits chimi-
les pierres ponces demandées par le commerce. ques et l'on trouve sur divers points de nom-
Comme la Grèce, l'Italie est riche en beaux mar- breuses papeteries, favorisées par la force motrice
bres. Le plus recherché par les sculpteurs est des cours d'eau et l'abondance du chanvre et autres
celui de Carrare, sur le versant sud des Apennins, matières premières.
entre la Toscane et la Ligurie. Puis viennent les Savone a donné son nom aux savons, mais cette
marbres de Gênes et des Alpes. Près du lac Ma- industrie n'y a plus guère d'importance.
jeur, le granit est assez commun pour qu'on sus- L'Italie a des eûtes fort étendues par rapport à
s.t superficie; aussi sa marine a-t-elle pris, depuis rattache (jettes a Marseille. La ligne
qui relie Bo-
l'unification du pays, un grand développement. logne à Florence à travers les Apennins est la
Les chantiers de construction maritime ont une grande artère intérieure de l'Italie, rattachant en-
grande activité sur le littoral de Gènes et aux envi- semble Milan, Venise, Florence, Rome et Naples.
rons de Naples. On se livre aussi àsépia, une pêche ac- Bologne est par suite le grand centre de jonction
tive sur les rivages. Le thon, la le corail des voies ferrées de la péninsule.
sont les principaux produits de cette industrie dans III. Géographie historique. L'Italie ancienne.
la mer Tyrrhénienne, et sur les côtes de Sicile et Les plus anciennes populations de l'Italie fu-
de Sardaigne. Du côté de l'Adriatique, les lagunes rent les Ligures, dont le nom est resté à la côte
de Comacchio constituent de véritables réservoirs de Gènes; les Ëtrusq.ues, qui avaient atteint, un et~t
pour retenir et élever le poisson. de civilisation très avancé avant la fondation de
COMMERCE. – De 1862 à 18'!6, le commerce ex- Rome (753 ans avant J.-C.); les Grecs, qui étaient
térieur de l'Italie a passé de 1500 millions à venus fonder dans l'Italie méridionale une foule de
2700 millions; les exportations notamment ont colonies riches et prospères, auxquelles se mêlèrent
doublé dans cet intervalle. C'est avec la France, quelques établissements dus aux. Phéniciens, les
l'Angleterre,l'Autriche que se font le plus de tran- premiers navigateurs de la Méditerranée. Au nord
sactions. enfin habitaient des Celtes, frères des Gaulois.
Flotte. La flotte de commerce comprend ;!o00 Nous renvoyons à l'article Rome tous les détails
navires ou barques, dont le tonnage, un peu supé- concernant le développement successif de la puis-
rieur à celui de la marine française, s'élève à près sance romaine, qui soumit une grande partie du
de 1200 000 tonneaux. monde à
connu cette époque avant de s'écrouler
Ports principaux. Les principaux ports de sous les invasions barbares.
commerce sont, en première ligne, Gênes, qui dis- L'invasion des &a)'&st'es. Les Hérules et les
pute à Marseille le commerce de la Suisse et de Ostrogoths fondèrent successivement en Italie
l'Allemagne occidentale sur la Méditerranée, La des monarchies éphémères. Les Lombards, arri-
Spezzia est le grand arsenal militaire du royaume, vant à leur tour, se partagèrent l'Italie avec les
grâce à sa situation naturellement très forte. Li- empereurs grecs de Constantinople. Ceux-ci se fi-
vourne a pris la place qu'occupait Pise au moyen rent représenter en Italie par un e-Em'f/Me résidant
~ge, lorsque l'état de l'Arno et la taille des navires à Ravenne, sur le côté des Apennins qui regarde
lui permettaientd'être un port. Civitta- Veccltia a l'Orient. Les Lombards avaient pour eux le pays
de même remplacé pour Rome le port d'Ostie en- qui porte encore aujourd'hui leur nom, la Toscane,
vahi par les envasements du Tibre. Naples et Me- et le duché de Bénévent dans le sud de la pénin-
sine se disputent aujourd'hui le premier rang après sule. A Rome, qui appartenaitaux empereurs grecs,
Gènes. Le dernier est une étape importante sur la le pape devint bientôt indépendant et réclama l'ap-
route de Marseille à Alexandrie, au canal de Suez pui des Francs contre les Lombards.
et danstout le Levant. Pa~mcest un autre grand CAat'~tna~rte, le patrimoine de Saint-Pierre.
port; les produits de la Sicile peuvent du reste être Charlemagne, vainqueur de ceux-ci, ne leur laissa
embarqués sur une foule de points différents, rap- que Bénévent. Il forma au nord le royaume d'Italie,
pelant de bien loin les anciennes cités si prospères qu'il réunit à son empire, et au centre le patri-
de l'antiquité; Catane, Syracuse, Port Empfit/oc/e moine de Saint-Pierre attribué au pape, mais placé
près de Girgenti (l'ancienne Agrigente), r;apa?M sous l'autorité impériale. Ce patrimoine compre-
sont les principaux de ces ports. naitl'exarchatde Ravenne, que les Lombardsavaient
Du côté de l'Adriatique, Venise occupe le pre- enlevé aux Grecs et que Charlemagne leur reprit,
mier rang. Elle a perdu la prépondérance dont elle ainsi que la Pentapole Rimini, Pesaro, Fano, Si-
jouissait au moyen âge lorsque sa flotte était mai- nigaglia, Ancône), et l'ancien duché de Rom(.
tresse de la Méditerranée, et sa diplomatie la plus Les républiques italiennes. Au moyen âge, les
écoutée dans les conseils de l'Europe. Trieste lui a villes maritimes se constituenten républiques Gè-
enlevé le commerce de l'Autriche; mais le viaduc nes, Venise,Pise, Naples, Amalfi, et surtout les trois
qui la réunit par une voie ferrée à la terre ferme lui premières atteignent un haut degré de richesse et
ouvre de nombreux débouchés en Lombardie, dans de prospérité. Le commerce de la Méditerranée est
le Tyrol et l'Allemagne occidentale par le Brenner. entre leurs mains. Au nord d'autres républiques
Ancdne jouit de l'avantage d'un col de montagne Milan, Pavie, Crémone, Modène.Padoue,Plaisance,
qui la met en communication relativement facile Ferrare, vivent pendant plusieurs siècles d'une
.avec le versant occidental des Apennins, l'Ombrie, existence indépendante. Au centre, les États de
la Toscane et le Latium. Plus au midi, Brindisi est l'Eglise s'agrandissentpar la donation de la grande
le port avancé de l'Europe vers l'Orient, tant que comtesse Mathilde, et les cités de Florence, Luc-
les chemins de fer ne traversent pas la Turquie et ques, Sienne deviennent de riches républiques
ne mettent pas Constantinople ou Salonique en marchandes.
communication directe et ininterrompueavec l'Eu- i'~cHe méridionale. Les Français en Italie.
rope occidentale. Au midi s'établissent les Normands, qui fon-
Chemins de fer. -Les chemins de fer sont moins dent le royaume des Deux-Siciles. Tandis que ce-
nombreux en Italie qu'en France. Le réseau n'y lui-ci passe successivement dans la maison fran-
est guère que le tiers de celui de notre pays. C'est çaise d'Anjou, puis dans la maison d'Aragon, pour
dans le bassin du Pu que les mailles en sont le rester définitivement au pouvoir de l'Espagne, la
plus serrées. Par le Mont-Cenis, le Piémont est Toscane devenait le domaine des Médicis qui y
relié à la France la Lombardiele sera bientôt à la firent fleurir les beaux-arts. Les Visconti, puis les
Suisse par le Saint-Gothard. Le Brenner, le pre- Sforza régnaient à Milan, que se disputèrent bien-
mier passage des Alpes franchi par une voie ferrée, tôt la France et l'Espagne les Gonzague à Man-
rattache la Vénétie au Tyrol. Parmi les voies de toue, la maison d'Este à Ferrare; Venise était de-
la péninsule méridionale, la principale & signaler venue puissance de terre ferme; le duc de Savoie
est celle qui suit l'Adriatique depuis Rimini jus- jetait les fondements de cette dynastie qui devait
qu'à Otrante, en continuantainsi la ligne qui borde arriver à posséder toute la péninsule.
la voie Emilienne et réunit Plaisance, Parme, Mo- L'Italie mode'-ne. L'Espagne, l'ayant emporteà
dène, Bologne. C'est actuellementune des grandes sur les Français, resta maitresse du Milanais et des
voies du trafic international. Sur le versantopposé, Deux-Siciles jusqu'au dix-huitième siècle Ce fat
le golfe de Gênes est bordé par une voie littorale alors l'Autriche qui devint souveraine du Milanais.
qui se continue au sud jusqu'à Civitta-Vecchia,et tandis que les Bourbons d'Espagne s'établissaient
relie ensuite Rome et Naples, comme au nord elle à Parme et à Naples. Dans le cours du même sièct~
la Toscane passa entre les mains de lamaison de Lor- la Basilicate forme la province de Potenza; la Ça-
raine, qui occupa bientôt le trône impérial d'Autri- labre en comprend 3 Catanzaro, Cosenza et Reg-
che. Pendant les guerres de la république et de gio la Sicile 7 Caltanisetta, Catane, Girgenti,
l'empire, les Français s'emparèrentde toute l'Italie, Messine, Palerme, Syracuse et Trapani; l'Ile de
sauf de la Sicile, où les Bourbons maintinrentleur Sardaigne, 2 Cagliari et Sassari.
souveraineté on y forma successivement les répu- L'Italie, qui ne renfermait, il y a un siècte, que
bliques cisalpine à Milan, ligurienne à Gênes, par- 15 millions d'habitants, en compte aujourd'hui 28
thénopéenne a Naples, qui n'eurent qu'une durée millions.
éphémère. Bientôt les départements français s'é- C'est la Ligurie, avec 164 habitants par k. c.,
tendirent jusqu'à Rome, et le royaume d'Italie, qui offre la population la plus dense. Viennent
formé de la Lombardie, de la Vénétie, d'une par- ensuite la Campanie avec )5S, et la Lombardie
tie de l'Emilie, et des Marches, était une dépen- avec 153 habitants. La Vénétie. l'Emilie et le Pié-
dance directe de l'empire. Le royaume de Naples, mont dépassent encore la moyenne de tout le
au midi, était l'apanage d'un frère ou d'un boau- royaume. Les parties les moins peuplées sont, M,
frère de Napoléon. contraire, l'ile de Sardaigne avec 27 habitants, et
L'ltatie df txlà à 1860. Le congrès de Vienne, la Basilicate avec 49.
en 1815, Introduisit un nouvel ordre de choses. Il L'unité de l'Italie s'est faite par les Italiens de
donna au roi de Sardaigne, possesseurde la Savoie, nord, plus éclairés, plus laborieux que ceux du
du Piémont, du comté de Nice, l'ancien État de sud, encore ignorants, superstitieux, dépourvus de
Gênes le royaume lombard-vénitien à l'Autriche, besoins et paresseux. L'accord moral est encore
les duchés de Parme, de Modène, de Lucques, la loin d'être établi entre tes deux parties de la pé-
Toscane à des princes de Bourbon ou de la maison ninsule, également jalouses de leur indépendance
d'Autriche. Le pape fut réintégré dans ses États et remplies d'attachement pour leurs anciennes
le roi de Naples recouvra tout son royaume. En mœurs. Si peu à peu tes lumières de l'instruction
1847, Lucques fut réuni à la Toscane.. et un état de civilisation plus avancé pénètrent
L'Italie contemporaine. En 1859, l'alliance de au midi, le fléau du brigandage y sévit encore,
la France permit au roi de Sardaigne de lutter notamment en Sicile où, par moments, il exerce une
victorieusement contre l'Autriche. Abandonnant à véritable terreur. Pour soutenir les guerres au
la France la Savoie et une partie du comté de Nice, moyen desquelles elle a acquis son indépendance,
il réunit à ses États la Lombardie conquise par les pour développer les travaux publics, l'Italie a du
armées alliées. En même temps les princes étaient dépenser des sommes énormes qui ont endetté
chassés de Parme, de Modène et de Florence, et l'Etat tout en le chargeant d'impôts très durs, dont
l'Emilie et les Marches se donnaient à Victor-Em- plusieurs, tels que l'impôt sur la mouture, ont un
manuel. L'année suivante, la Sici!f* et le royaume caractère particulièrement vexatoire.
de Naples étaient conquises par Garibaldi, et le (;r<Me~ villes. Les grandes villes sont plue
roi de Sardaigne réunissait sous son sceptre, en nombreuses en Italie que dans notre* pays, et sur--
prenant le titre do roi d'Italie, la péninsule tout tout plus riches en souvenirs historiques, et en
entière, sauf la Vénétie restée entre les mains des monuments ou collections antiques. C'est, avec la
Autrichiens, et la 1 artie occidentale des États de beauté du climat et les curiosités pittoresquesdu.
l'Eglise laissée au souverain pontife. En 1866, une pays, ce qui y attire et charme tant les voyageurs.
nouvelle alliance, conclue avec la Prusse contre YM' tM, la première capitale du nouveau royaume,
l'Autriche, permit aussi à l'Italie de s'annexer la après avoir été celle des rois de Sardaigne, ren-
Vénétie, et pendant la malheureuse guerre de 1870, ferme plus de 200 000 habitants les routes qui y
ses troupes entrèrent à Rome qu'avait jusqu'alors aboutissent, en venant du Mont-Cenis ou du Mont
protégée l'empereur Napoléon III. Le pape conti- Genèvre, suivent les vallées dites Vaudoises (des
nue à résider dans la ville ~e~e, où on lui a protestants qui les habitent en partie), et passent
laissé )e palais du Vatican et tous les attributs de par Suse et Pignerol, fameuses dans l'histoire des
la souveraineté;mais il n'a plus aucun territoire à guerres, comme Saluces, qui est plus au sud et
gouverner. Les souverains étrangers entretiennent près du PU. Sur la route de Turin à Savone sont
auprès de lui des ambassadeursspéciaux, de même Mondovi,Millesimo,Montenotte,Dego, témoins des
qu'il leur envoie de son côté des nonces. Le roi premières victoires de Bonaparte en Italie.
d'Italie, dont la capitale a été Turin jusqu'en ISMj, Alexandrie, la seconde ville du Piémont par sa
puis Florence jusqu'en t8'!Û, réside maintenant11 population (6C 000 hab.), en est la principale for-
Rome où sont réunis le parlement, les ministèreset teresse et occupe le centre du triangle Turin-
tous les organes du gouvernement central. Gènes-Milan. C'est presque sous les murs d'A-
IV. Gouvernement,divisions administratives. lexandrie que s'est livrée la bataille de JtfareM~o,
Le nouveau royaume est soumis au régime et c'est sur la route d'Alexandrie à Plaisance qu'ont
de la monarchie constitutionnelle et parlemen- été gagnées celles de Montebello.
taire, ainsi que le règle la constitution ou sta- Pavie (25,000 hab.), au confluent du PA et du
tut accordé aux Etats Sardes en 1848. H est di- Tessin, nous rappelle la triste défaite de Françoia.
visé en 69 provinces, savoir 4 dans le Piémont I". C'est aujourd'hui une ville universitaire. Plus
Alexandrie, Coni, Novare et Tarin dans la Li- haut, sur la même rivière, sont les ponts de Tur-
gurie Gênes et Port-Maurice 8 dans la Lombar- bigo et de Buffalora qui conduisent à Magenta,
die Bergame, Brescia, Corne, Crémone, Mantoue, entre Novare et Milan. C'est à Novare que Char-
Milan, Pavie et Sondrio; 8 dans la Vénétie Bel- les-Albert fut vaincu en 1849 par tes Autrichiens.
lune, Padoue, Rovigo, Trévise. Udine, Venise, Sa défaite retarda de dix ans l'unité de l'Italie.
Vérone et Vicence; 8 dans l'Emilie: Bologne,Fer- Avec ses faubourgs, Milan renferme près de-
rare, Forli, Modène, Parme, Plaisance, Ravenne 300 000 habitants. Sa population, son activité~ son
et Reggio. L'Ombrie forme la province de Pérouse; industrie, ses palais, sa cathédrale de marbre, son.
les Marches, les 4 provinces d'AncÔne, Ascoli et théâtre de la Scala, en font une des plus belles
Piceno, Macerata, Urbin et Pesaro. La Toscane villes de l'Italie. Au nord de Milan, Monza (25 0<~
comprend 8 provinces Arezzo, Florence, Grossoto, hab.) garde la couronne de fer des anciens rois
Livourne, Lucques, Massa et Carrare, Pise, et lombards. Cdme (25 000 hab.), Bo'yame (40 000
Sienne. Les environs de Rome forment la province hab.), Brescia (40000 hab.), se distinguent par
de Rome; les Abruzzes,4provinces Aquila, Cam- leur industrie. Entre Milan et Crémone, voici
pobasso, Chieti et Teramd' La Campanie comprend Melegnano, l'ancien Marignan, et sur les bords de
5 provinces Avellino, Bénévent. Caserte, Naples t'Adda.ZoeH, théâtre d'une autre victoire des Fran-
et Salerne; la Pouille 3 Bari, Foggia et Lecco; çais.
Plaisance (35 000 hab.) garde le passage du Pô œuvres d'art, et ses collections sont recueillies uniques sou9
le rapport des antiquités romaines à
au pied des contreforts des Apennins. En avançant
à l'est, on trouve entre le Mincio et l'Adige le fa- Pompe:. Les cités populeuses se pressentsuffisent autour
lequel les Autrichiens de Naples; les richesses du sol et de la mer
meux quadrilatère, sur
appuyaient la défense de leurs possessions Ita- à nourrir de nombreux habitants qui ont, du reste,
liennes Pfsc/t:e)'a sur le lac de Garde, Mantoue, peu de besoins. La douceur du chmat permet de
aux
sur le Mincio, FeroKe (70 000 hab.), et Legnago, lazzaroni de vivre presque nus; un sou maca-
sur l'Adige. roni suffit àles nourrir, et quand ils se sont assuré
C'est à l'ouest du Mincio qu'ont été livrées les la nourriture du jour, ils jouissent du soleil et de
batailles de Castiglione et de So//ë)':MO c'est entre la belle nature, en vrais artistes qu'ils sont. Caserte
le lac de Garde et Vérone qu'a Été remportée est, après Naples. la principale cité de la Campanie
la victoire de Rivoli. ~'M/e est sur la rive gauche (30000 hab.) Gaeïedéfendaitle royaume de Naples
de l'Adige, entre Vérone et Legnago. Que de sang contre l'Italie du nord. C'est là que le dernier roi
répandu sur ce petit coin de terre Par leurs mo- a soutenu le siège
baie
dont
de
l'issue
Naples,
a consacré sa dé-
C<Mfe~am<M'e,
numents, Vérone, Padoue (6t,0t)0 hab.), la ville chéance. Sur la
universitaire, servent d'introduction à la magni- So)'en~ sont chéris des voyageurs à cause du
fique Venise ()3~ 000 hab.), si riche en œuvres charme qu'offre leur séjour. Sur le golfe de Salerne,
d'art merveilleuses, palais, églises, musées. la ville de ce nom rappelle une école de médecine
Dans l'Emilie, Fe~'are est célèbre par le séjour fameuse au moyen âge. C'est à l'ouest de Salerne
d'.i Tasse, Ravenne, par la victoire et la mort de que se trouve
~n!< dont la prospérité remonte à
Gaston de Foix, Parme (45 000 hab.) par les œu- la même époque. Dans la Pouille, Foggia est une
vres du Corrège; Isologue, ville universitaire, oc- ville de 50 uOO habitants.
cupe aujourd'hui le premier rang parmi toutes ces Dans la Sicile, Palerme, remarquable par ses
cités, par sa population de plus de 100 000 habi- beaux monuments de t'époque arabe, renferme
tants et ses institutions scientifiques. plus de 200000 habitants. Messine, grande étape
C'est à peu de distance au sud de ~tMt~ où la de passage, en a 110 000. Elle nous rappelle l'affreux
voie Emilienne se terminaitdu côté de l'Adriatique massacre des vêpres siciliennes. Catane, malgré
porte triomphale, que l'on trouve, perché le voisinage de l'Etna qui la domine et la menace
par unemontagnes,l'Ëtat perpétuellement, 000. Par contre, l'antique
sur les minuscule de SaM<-Ma)':M en a 85
(7000 hab., sur 57 kil. carrés), dont l'indépen. Syracuse, dont la population s'éleva aujourd'hui peut-être à
dance remonte à plus d'un millier d'années. un million d'habitants, n'en a plus
Dans la Ligurie, Gênes, avec 130000 habitants, est qu'une vingtaine de mille. C'est aussi la population
aujourd'hui le premierport de la péninsule. Quand de Girgenti, l'ancienne Agrigente,.MarM/a,fameuse qui fait face à la
elle formait un État indépendant,elle possédait la Tunisie. Sur la côte occidentale,
Corse avant que cette ile ne devint française. par ses vins, a 35000 habitants. Elle occupe l'em-
Occupée par Masséna en 1800, elle soutint un des placement de l'ancienne Lilybée, et offre un lieu de
sièges qui ont le plus illustré les armées fran- débarquement facile, ce qui l'a fait choisirjadis, comme
çaises. point d'aKérissement par les Carthaginois et
En Toscane, NoreKce (170 000 hab.) est une des par Garibaldi en 1860. lorsqu'avec ses mille com-
villes les plus riches du monde par ses musées, pagnons il alla conquerir le royaume de méridional, Naples.
plus de En Sardaigne, Cagliari, sur le rivage
ses palais. Son dialecte passe pour le pur
l'Italie, son industrie est fort active pour tout ce est à la fois le port le plus commerçant et la cité la
qui concerne les objets d'art. Livourne (100 000 plus populeuse (300u0 hab.). Sassari, au nord-
hab.) n'est importante que par son commerce. ouest, n~at pas au bord de la mer et n'en a que
Lucques (70000 hab.) est remarquable par les 25000. [G.Meissas.i
cultures qui l'entourent et l'ardeur laborieuse des ITALIE (HISTOIRE). Histoire générale, XXX.
jardiniers à qui elles sont dues. Pise (50 000 hab.) L'Italie gothique, byzantine et lombarde, jus-
a encore sa tour penchée, son fameux Campo- qu'à la formation de l'Em
révolution de 476 qui déposa
pire
le
carolingien.
dernier
–
empereut
La
santo, mais a perdu son ancienne activité. Sienne
('~ 000 hab.) est remarquable comme Florence romain, Romulus Augustule, et donna le pouvoir
par ses admirables monuments. à Odoacre, chef des Hérules, eut pour conséquence
Rome, quoique n'ayant que 250 000 habitants, est principale l'établissementdéfinitif des Barbares sur
la ville la plus célèbre de la terre par les souve- le sol de l'Italie. Régis jusqu'à la fin du cinquième
nirs qui se rattachent à l'époque où elle fut la mai- siècle par de vieilles dispositions des lois impé-
Barbares,
tresse du monde, le point de départ des lois et de riales, les officiellement possédé maltres en réalité de l'Empire,
la civilisation, par toutes les institutions qu'y a n'avaient que les droits des
fondées l'Eglise catholique, par les admirables A<Mes etdesQM.c~tKr~. Odoacre leur distribua des.
monuments qu'y ont laissés les anciens Romains, terres, surtout celles du fisc, qui avaient appartenu
ou qu'y a élevés la foi chrétienne. Le Colisée offre aux anciens empereurs.
Réduite à la condition de
les ruines d'un édifice grandiose l'église de Saint- la Bretagne, de la Gaule et de l'Espagne, l'Italie
Pierre est le plus beau temple de l'univers; les ne pourrait-elle devenir un royaume uni, sinon
galeries, les bibliothèques renferment les collec- homogène, sous l'autorité d'un Barbare capable
tions les plus précieuses. Aussi est-ce à juste titre d'imposer des devoirs à ses compatriotes armés, et
population italienne
quo le gouvernement français entretient à Rome de maintenir les droits de la 71
JACQUES. Nom de deux rois d'Angleterre, rois, disait-il au Parlement en 1604, sont, par Dieu
de la dynastie des Stuarts même, appelés des dieux, comme étant ses lieu-
Jacques I" (Jacques VI d'Ecosse).– Fils de Marie tenants et ses représentants sur la terre en eux
Stuart, ce prince était encore au berceau lorsque brillent quelques étincelles de la Divinité, » Mais
la révolution qui enleva la couronne à sa mère le l'esprit d'indépendance,étouM sous les Tudors,
porta lui-même au trône d'Ecosse sous la régence de commençait~ renaître. Le roi eut beau menacer
son oncle lord Murray (1563). Elevédans la religion d'une amende les villes qui nommeraient des
protestante, il devint l'allié d'Elisabeth d'Angle- députés de l'opposition le Parlement ne se laissa
terre, qui, après avoir fait tomber la tête de la pas intimider. Une lutte permanente s'engagea,
mère, s'était décidée à choisir le fils pour son pro- et Jacques finit par avoir le dessous. En 1623, il
pre héritier. A la mort d'Elisabeth (1603), Jacques avait envoyé à Madrid son favori, le duc de
fut reconnu sans difficulté comme son successeur Buckingham,demanderpour son <Us Charles lamain
!il avait d'ailleurs des droits à la couronne d'An- d'une infante d'Espagne grâce à l'insolence de
gleterre par son arrière-grand'mère Marguerite, Buckingham, les négociations, au lieu d'aboutir à
tille d'Henri VII Tudor), et prit le nom de roi de un mariage, finirent par une déclaration de
la Grande-Bretagne. guerre; mais le Parlementrefusa alors les subsides
Jacques maintint les lois portées contre les ca- qu'on lui demandait, et, pour les obtenir, Jacques
tholiques aussi ceux-ci formèrent-ils contre lui dut consentir à ce que les commissaires du Par-
plusieurs complots, dont le plus sérieux fut la lement en surveillassent l'emploi la royauté de
fameuse coKsp:~a<:o7t ~MpoM~'M ~t605), à la suite droit divin capitulait devant la persévérante fer-
de laquelle les jésuites furent bannis du sol an- meté des Communes.
glais. Les non-conformistes protestants furent L'Angleterre, dont Elisabeth avait fait la pre-
persécutés avec plus de rigueur encore que les mière des puissances protestantes, ne joua sous
catholiques de nombreux puritains énugrèrent ce règne qu'un rôle effacé dans la politique euro-
dans l'Amérique du Nord, où ils fondèrent les co- péenne Jacques se désintéressa de la grande
lonies de la Nouvelle-Angleterre. lutte que so livraient en Allemagne le catholi-
D'un caractère faible, Jacques I"' se laissa gou- cisme et la réforme, bien que son propre gendre,
verner par des favoris, dont l'arrogance et la cupi- l'électeur palatin, réclamât son intervention en
dité rendirent le roi impopulaire. Les bizarreries faveur de ses coreligionnaires (V. Guerre de
de son humeur, sa pusillanimité, sa pédanterie, Trente ans).
<e couvrirent de ridicule. Imbu des maximes du Mais les actes du souverain, qui portent l'em-
pouvoir absolu, il voulut lei faire prévaloir. « Les preinte de son esprit étroit et timide, ne sont que
ta partie extérieure de l'histoire de cette période. JARDIN.- Agriculture, XIX. Le jardin est
Si nous considérons le développement national l'annexe de toutes les exploitations agricoles. Il
du peuple anglais, abstraction faite du monarque sert à la fois pour donner des légumes et des
et de sa politique, nous trouverons peu d'époques fruits à la consommation de la famille, et pour la
aussi fécondes que le premier quart du xvn~ siè- distraire par la culture de quelques fleurs, dont la
cle. La bourgeoisie anglaise s'éveille au senti- pousse est suivie avec intérêt par les enfants et
ment de sa force elle commence à défendre tes dont la tacite culture sert à les Initier aux mystères
droits de la nation, et les idées qui produiront de la végétation. Nous n'aurons pas à parier ici du
la grande révolution de 1648 fermentent déjà dans jardin fruitier tes méthodes de culture des arbres
les esprits. En même temps, la renaissance litté- à fruits ont été indiquées au mot Arboriculture.
raire et scientifique produit deux génies immor- Le but de cet article est de donner des indications
tels Shakespeare (mort en 1616) occupe la scène, sur la culture du jardin potager et quelques no-
et Bacon (mort en )626), renouvelle la philosophie tions sur les soins à donner aux plates-bandes ou
en la fondant sur l'étude des sciences. aux corbeilles de fleurs.
Jacques I" mourut en 1625,aprèsavoir marié son Le potager est la partie du jardin consacrée aux
fils Charles à Henriettede France,sœur de LouisXIII. légumes. Nous indiquerons successivement les di-
Jacques H. – Frère puiné de Charles II, ce vers travaux nécessaires pour la préparation du
prince monta sur le trône en 1685. Il professait le sol, tes principales sortes de plantes qui y sont
catholicisme aussi le sentimentnational l'accueil- cultivées, et nous donnerons quelques détails sur
lit-il avec crainte et dénance. Le duc de Mon- la culturepotagère en grand, qui prend le nom de
mouth, nls naturel de Charles I), essaya de pro- culture maraîchère.
fiter de cette dispositiondes esprits pour s'emparer Le jardin doit être travaillé avec le plus grand
du pouvoir par une insurrection il fut vaincu et soin. Le plus souvent, le sol est façonné avec la
décapité. Les puritains, eMpects an roi, furent bêche souvent on désigne le bêchage des plan-
cruellementpersécutés, et le juge Jenries, instru- ches de jardin sous ie nom de labourage. C'est à
ment servile des haines de son maltre, mérita, une profondeur de 20 à 25 centimètres que la
par sa cruauté, de voir sa mémoire vouée a l'eïé- bêche doit pénétrer. Voici la manière dont le bê-
cration. Jacques II s'était mis, comme son frère, chage doit être fait.
à la solde de Louis XIV, et, sans se laisser arrêter On ouvre un petit fossé, appelé parfois jauge, le
par le mécontentement général, il marchait ouver- long d'un des côtés de la planche.La terre qui en
tement à une restauration du catholicisme. Par est extraite est transportée, par une brouette, à
la déclaration d'indulgence (t6S7), il abolit l'acte l'autre extrémité de la planche. A la fln du travail,
du test, qui fermait aux catholiques l'entrée aux cette terre doit remplir le vide laissé par la der-
emplois publics. Les chefs du parti whig, sentant nière tranchée. En bêchant, il faut toujours con-
le danger, entrèrent en négociation avec Guil- server la même jauge, c'est-à-dire l'intervalle égal
laume d'Orange, gendre de Jacques II, pour ren- à ce fossé, entre la tranche de terre qui a été re-
verser le roi. Cependant, comme Jacques n'avait tournée et celle qui ne l'est pas encore. Cette
pas d'enfants, les mécontents, hésitant devant une jauge a la même profondeur que le labour et une
révolution, eussent été disposés à attendre que largeur de 30 centimètres environ. Si les pelletées
l'ordre naturel des choses appelât au trône un renversées à chaque coup de pelle ne se divisent
prince protestant. Mais la naissance d'un prince pas elles-mêmes sur les bords de la jauge, on
royal les décida à agir Guillaumed'Orange passa opère cette divison avec quelques coups de la
en Angleterre avec une flotte; et tandis que Jac- tranche de la pelle. Ces tranches doivent être re-
ques il s'enfuyait sans essayer de résistance, son tournées et divisées, de manière que le sol con-
gendre était reçu à Londres avec enthousiasme et serve toujours le même niveau. Les pierres que
proclamé roi sous le nom de Guillaume 111 (1688). ]a bêche rencontre sont rejetées sur les cotés de
La dynastie des Stuarts était déclarée déchue du la planche. Les mauvaises herbes sont enfouies
trône, et l'Angleterre voyait s'établir dénnitive- pendant le travail; mais, si elles sont vivaces, leurs
ment le gouvernement constitutionnel, pour la racines sont enlevées avec soin. Si le labour con-
conquête duquelelle luttait depuisprès d'un siècle. corde avec l'enfouissement du fumier, celui-ci est
Jacques Il, réfugié en France, chercha vaine- d'abord disposé régulièrementen une couche con-
ment à recouvrer sa couronne avec l'appui de tinue sur la planche. A chaque coup de bêche,
Louta XIV (bataille de la Boyne, 1690). Il mourut le fumier est répandu par parcelles au fond de la
en exil en 1701. Son CIs Jacques, dit le chevalier Jauge.
de Saint-Georges, et son petit-OlsCharles-Edouard, Si le bêchage est fait quelque temps avant les
ne furent pas plus heureux et la famille des semailles des plantes, on peut laisser la surface de
Stuarts s'éteignit avec ce dernier, qui mourut en la planche subir l'inauence des agents atmosphé-
1788, sans postérité. riques et s'effriter naturellement. Mais si les se-
LEcrmM M mcTits. « L'Angleterre se ren- mailles doivent être faites tout de suite, on égalise
dait bien compte de ce qu'elle venait d'accomplir la surface en brisant les mottes au moyen d'un
par la révolution de 1688. A la place du droit divin râteau.
elle fondait le gouvernement parlementaire c'est- Le défoncage d'un jardin se fait de la même ma-
à-dire la discussion des grands intérêts du pays, le nière que le bêchage, mais en descendant à une
vote des lois et des impôts, par les représentants profondeur double ou triple. Le défoncage varie
mêmes du pays. Un droit nouveau, celui des peu- suivant l'épaisseur de la couche cultivée, mais il
ples, se levait donc, dans la société moderne, en n'est réellement utile que lorsqu'on descend à la
face du droit absolu des rois qui, depuis deux siè- profondeur de 50 centimètres an moins.
cles, la régissait, et qui venait de trouver en France, Les soins à donner au sol des jardins sont, après
dans Louis XIV, sa plus glorieuse personnification, le bêchage, le sarclage, qui consiste à gratter la
et dans Bossuet son plus illustre défenseur. II n'y surface du sol avec une rMissoire ou un sarcloir,
t
a plus s'étonner de la lutte acharnée qui va de manière à couper les racines des mauvaises
éclater entre la France et l'Angleterre. Ce ne sont herbes, en ménageant celles des bonnes – t'és-
pas deux intérêts contraires, ce sont deux droits herbage, qui consiste à enlever les mauvaises
politiques différents qui seront aux prisas. p herbes avec la main; le binage, qui consiste à
(Duruy.) remuer la terre avec une binette, jusque 5 à
JACQUEME.–V. Guerre de Cent ans, p. 921, 10 centimètres, entre tes plantes cultivées, et a le
Paj/MM. double avantage de détruire les mauvaises herbe~
– V. Orient (E.B<~me).
JAPON. et d'ameublir la surface de la planche pour qu'elle
subisse plus efficacementl'action des agents exté- ploie, dans les grands jardins, pour les arrosages,
rieurset des arrosages. des pompes montées sur brouettes ou des ton-
Les plantes, suivant leur nature, sont cultivées neaux montés sur roues auxquels des pompes sont
sur planches, c'est-à-dire la terre étant labourée à jointes. Les seringues d'arrosage sont aussi em-
plat; sur ados, c'est-à-dire sur planches faisant ployées, surtout quand il s'agit de faire des bas-
saillie d'un seul côté et parallèles les unes aux sinages avec des solutions insecticides.
autres sur billons, c'est-à-dire sur planches bom- Les vents, dans quelques régions, nuisent beau-
'bées d'une largeur de 1 mètre & t°*,50, hautes à coup aux jardins. Pour les protéger,
leur partie supérieure de 40 à 50 centimètres, et des brise-vents. Ce sont le plus souvent on établit
de forts
formant dos d'âne leurs deux pentes sont recou- paillassons fixés debout à des piquets enfoncés
vertes par les plantes cultivées. Il est enfin un terre. D'autres fois, ces brise-vents sont formés en
système spécial, appelé culture sur couches, qui par des plantations d'ifs ou d'autres arbres rési-
demande une explication particulière. On désigne neux, très rapprochés les uns des autres, de
sous le nom de couche un amas de matières ca- nière à constituerun rideau protecteur. Les murs
ma-
pables de fermenter, disposées en lit, et recou- qui entourent les Jardins servent aussi à protéger
vertes d'une épaisseur variable de terre sur la- les plantes contre l'action des vents, en même
quelle est faite la semaille ou la plantation. Ces temps qu'ils renvoient la chaleur du soleil sur les
matières s'échauffent par la fermentation, et leur plates-bandes les plus rapprochées,et sur tes ar-
chaleur se communique à la terre, et par elle aux bres placés en espalier.
plantes. Les couches se font tantôt avec du fu- On a dit, avec une grande raison, que la mul-
mier, tantôt avec des feuilles, tantôt avec un mé- tiplication des plantes et leur entretien renfer-
lange de fumier et de feuilles ou d'autres matières ment presque toute la science du jardinier. Les
organiques. Pour que leur chaleur, qui consti- plantes potagères multiplient par graines ou
tue un climat artificiel pour les plantes, ne par bourgeons.Le se bouturage, le marcottage, l'é-
s'exhale pas en pure perte dans l'atmosphère, les clatage sont les méthodes les plus usitées de
couches doivent être recouvertes d'un coffre ou multiplication par bourgeons. Ces procédés ont
châssis vitré qui concentre la chaleur autour des l'avantage de conserver les qualités spéciales à
plantes. une plante, tandis que la multiplication par graines
Pour que le jardin ait une production abondante, amène souvent des modifications ou même une
il est absolument indispensable que les engrais dégénérescence qu'il est impossible d'éviter.
lui soient prodigués. Il en est des légumes et des Les graines sont semées de diverses manières,
autres plantes potagères comme de la grande suivant la nature et la grosseur. Plus les graines
culture la terre ne produit que proportionnelle- sont fines, et moins elles doivent être enterrées
ment à ce qu'on lui donne. Pour les jardins, les souvent, quand la semence est répandue sur le sol,
fumiers constituent à la fois l'engrais le plus actif on se contente de la presser avec le dos d'une
et celui qui est le plus facile à trouver. Dans ces pelle d'un râteau. Les semis se font sur place
dernières années, on a préconisé l'emploi de cer- ou en oupépinière. Quand la plante diffi-
tains engrais chimiques; cette pratique a donné cilement, on sème sur place; parmi reprend les légumes,
de bons résultats, au point de vue de la produc- la carotte, le cerfeuil, la fève, la mâche, le navet,
tion mais quand les légumes sont principalement le peasil, le radis, etc., sont dans
cultivés pour la consommation de la maison, la mis sur place se font à la volée, encejetant cas. Les se-
question du prix de revient est très importante, main la graine sur la terre, de sorte qu'elle avec la
s'y
et elle pourrait souvent s'opposer à l'emploi de éparpille régulièrement en rayons, ou dans
ces engrais. Les meilleursfumiers pour les jardins des rigoles tracées le long d'un cordeau tendu;
sont les fumiers dont la décomposition est avancée. poquets, ou dans des trous creusés en li-
Ils constituentce qu'on appelle les fumiers chauds gne,en avec la serfouette, à quelques centimètres
ils ont le grand avantagede contribuerpuissamment de profondeur. Un grand nombre de graines sont
à l'ameublissementdu sol. semées en pépinière les graines sont d'abord se-
A côté des fumiers, les arrosages sont un des mées sur couche, afin que leur végétation soit
principaux éléments de la production des légumes. activée; quand les plants poussé quelques
Les meilleures eaux à employer pour arroser les feuilles, ils sont enlevés etont repiqués à la place
jardins sont les eaux de pluie et de source, celles qu'ils doivent occuper. Ce système offre beaucoup
de ruisseaux et de rivières. Quant aux eaux de d'avantages pour un certain nombre de plantes;
puits, elles sont généralement trop froides, trop il favorise le développement de leur système radi-
crues, suivant l'expression vulgaire; pour les em- culaire. Les plants repiqués doivent être abon-
ployer, il est utile de les faire séjourner dans des damment arrosés après leur mise en place.
réservoirs où elles sont exposées a l'action de Le plus grand nombre des graines sont semées
l'air et du soleil. Un tonneau ouvert, enterré au- à l'automne et au printemps. Toutefois il faut
près du puits, peut très bien servir de réservoir. ajouter qu'il est impossible de fixer une date pré-
Il est difficile d'établir des règles précises pour les cise pour les semailles. Le jardinier doit
souvent
arrosages, mais on peut dire qu'en général les se laisser guider par des circonstances extérieures;
légumes sont d'autant ~)lus beaux qu'ils ont été tous cas, il se règle sur le climat, sur la plante
plus fréquemment arrosés. Au printemps, quand en elle-même, la durée de sa vie et les résultats qu'il
les gelées tardives sont encore a craindre, les veut en obtenir. Ainsi, par exemple, dans les dé-
arrosages doivent être faits le matin. On doit partements septentrionaux,le plus grand nombre
prendre les mêmes précautions à l'automne. Par des plantes annuelles doivent être semées à la fin
cette méthode, l'humidité est évaporée pendant de l'hiver ou au commencement du printemps;
le jour, et elle ne peut pas contribuer à augmen- mais pour celles dont on veut avoir des primeurs,
ter les effets de la gelée, quand celle-ci se pro- il faut tes semer sur couche dès le mois de no-
duit. En été, les arrosages peuvent être pratiqués vembre celui de décembre.
pendant presque toute la journée mais le meil- Il est ou très bon, pour hâter la végétation, de ré-
leur moment est le soir, quelque temps avant le pandre sur la planche une certaine quantité de
coucher du soleil. terreau après les semailles ou avant cette opéra-
Les appareils servant aux arrosages sont très tion. Le terreau est répandu
variés. Le plus souvent, on se sert d'arrosr'rs à un râteau, de manière à formeravec une pelle on
une couche aussi
pomme ou à soupapes brise-jets. Pour les arbus- égale que possible. Cette adnition de terreau,
tes et pour le nettoyage des feuilles, on se sert qu'on désigne quelquefois par le terme de ter-
de petites pompes a main. Quelquefois on em- reautage, a pour but d'échauffer le sol,
en même;
temps que de céder aux plantes des éléments nu- plantes refroidies. Pour empêcher cet effet de se
tritifs chaque fois qu'il pleut on qu'on arrose. Le manifester, le moyen qui est à la portée de tous les
terreau proprement dit est obtenu par la décom- jardiniers est de couvrir, le soir, dans les cas où
position des fumiers de ferme; il forme une ma- le ciel est pur et présage une nuit froide, les plan-
tière grasse, onctueuse au toucher, très noire. On tes les plus délicates avec des toiles grossières.
:pent aussi !e préparer avec des feuilles ou d'au- des paillassons, des litières, des feuilles, etc. Il
tres matières végétâtes, qu'on fait décomposer. faut remarquer que les plantes croissant dans une
Outre le terreau qui provient des couches dont vallée sont plus souvent exposées à la gelée blan-
la formation a été indiquéeplus haut, on peut en che que celles qui viennent à mi-côte ou même
'préparer de la manière suivante. On fait au prin- sur des plateaux.
temps, dans un coin du jardin, un tas de fumier Il arrive souvent que les gelées blanches cau-
bien égalisé et bien piétiné, de 2 mètres environ sent surtout des dégAts dans courant du mois le
pendant t'été, on l'arrose copieusement, afin d'en d'avril et au commencement de mal. De là est
hâter la décomposition. Puis on le refait, do ma- venu le préjugé de l'influence de la lunelune rousse.
nière à placer à l'intérieur les parties qui for- Les jardiniers désignent sons ce nom la qui
maient tes faces. A la fin de l'hiver. ie fumier est commence en avril, et qui devient pleine dans les
décomposé et forme une masse homogène qu'on derniers jours de ce mois ou an commencement
émfetta avec le râteau. de mai. Elle est, H est vrai, toujours le témoin
L'emploi dos paillis est aussi à recommander. des gelées blanches, mais elle n'y est pour rien;
On désigne par ce mot une couche de fumier court elle brille au ciel, parce qu'il n'y a pas de nuages,
à demi consommé, peu épaisse, qu'on répand- sur et c'est cette absence de nuages qui, activant le
la planche. Cette couche a pour effet de maintenir rayonnement terrestre, amène le refroidissement
la terre humide et de s'opposer a son évaporation. du sol.
Elle doit donc être employée surtout au commen- Les excès de chaleur sont préjudiciables à la
cement de l'été, principalement sur les sols légers plupart des plantes des jardins; on y obvie par
et sablonneux. des arrosages copieux et, si l'on arrose sufnsam-
A côté de ces procédés d'entretien, il faut si- ment, l'excès de chaleur peut se transformer en
gnaler le buttage, qui consiste à amonceler de la agent d'une production beaucoup plus active. Une
terre au pied d une plante. On butte les pommes lumière trop vive ou trop prolongée peut aussi
de terre afin de multiplier les tiges souterraines causer certains préjudices; le remède est dans
qui portent les tubercules on butte le céten et les abris temporaires qu'on crée aux plantes.
le cardon, afin de faire blanchir leurs feuilles et de Il ne peut être ici question de donner des dé-
les rendre plus tendres. Dans un but analogue, tails sur la culture de chacun des légumes pro-
on provoque artificiellement l'étdotement des duits dans le chaque
jardin potager. Leur nombre de-
feuilles ou des tiges des légumes. C'est surtout vient d'ailleurs jour plus considérable.
sont employés. Nous nous bornerons donc à une simple nomen-
pour tes salades que ces procédésl'escarole,
On blanchit la chicuréo frisée, la ro- clature, dans laquelle nous classons ces plantes
maine, en rapprochant et en liant leurs feuilles suivant les familles botaniques auxquelles elles
ou en couvrant tes pieds en entier avec des pail- appartiennent.Liliacées ail, ciboule, échalote, oignoa, poi-
lassons, de la litière ou des feuilles.
11 faut maintenant donner quelques explications reau.
sur les modes de propagation autres que la se- Bruxelles, Crt<ei/M; choux pommés, chou-fleur, chou de
maille, usités dans les jardins. cresson, radis, rave, navet.
C'est d'abord la multiplication par A'/«~ qui OM&eHt/M~ angélique, carotte, céleri, cer-
consiste à détacher d'une plante vivace des frag- feuil, panais, persil.
ments munis de bourgeons 'et de racines. Quel- Légumineuses fève, haricot, pois.
quefois cependant le bourgeon est privé de racines; Chénopodées bette, betterave, épinard.
il prend alors le nom d'a'tMe~oM c'est par ce pro- Po~M~M oseille, patience, rhubarbe.
cédé qu'on multiplie l'artichaut. Composées estragon, artichaut, cardon, chico-
La marcotte est une partie de plante, bourgeon rée, barbe de capucin, laitue, romaine, saisine,
ou rameau, qui est abaissée et couchée dans le escarole, scorsonère.
sol, sans être séparée du pied mère, et qui y Fa~M~M mâche ou doucette.
émet des racines. Quand celles-ci ont poussé, on CMeurMac~M concombre, courge, melon, pas-
sépare par incision la marcotte de la plante d'où tèque.
elle provient, et elle acqmert une vie indépen- Solanées aubergine, pomme de terre, tomate.
dante. Quelques arbrisseaux fruitiers et quelques CM~xre maralchère. La culture maralchère
Oeurs se multiplient très bien par marcotte. est, après la vigne. la branchela plus riche de
La bouture diffère de la marcotte, en ce que le l'agriculture. Il sumt, pour s'en convaincre, de
''ameau qui la forme a été séparé de la plante d'où réfléchir à l'énorme masse dé produits qu'un jar-
j provient, et de
planté isolément, de manière à vivre dinier habile tire, aux environs des grandes villes,
immédiatement sa propre vie. La bouture, pour de quelques ares de terre. Le successives, sol porte, chaque
vivre, doit émettre rapidement des racines; c'est année, trois à quatre récoltes quel-
cinq. C'est à force de travail et d'engrais
ce qu'on appelle reprendre. La chaleur, la lu- quefoisrésultat est obtenu. Le maralcher n'a pas,
mière et l'humidité, dans des proportions conve- que ce
nables, sont les éléments indispensables de la en effet, à sa disposition de force naturelle par-
reprise des boutures. Quelques plantes se mul- ticulière.
tiplient très facilement par boutures; il en est Mais, pourC'est ces produits, il faut des débouchés
d autres qui MM, au contraire,absolument réfrac- importants. pourquoi, pendant longtemps, la
taires à ce mode de propagation. C'est surtout culture maraîchère a été limitée au voisinage
pour les fleurs qu'on y a recours dans les jardins, immédiat des grandes villes, au rayon dans le-
rarement pour les légumes.. quel la voiture chargée de légumes peut partir
Après ces principes généraux sur le jardinage, chaque soir, pour revenir dans lanombreuses matinée du len-
grâce aux voies
il convient d'indiquer les moyens de se prémunir demain. Aujourd'hui, rapide, ce rayon s'est agrandi,
contre quelques influences des agents extérieurs. de communication 1 apanage exclusifde quelques
En première ligne il faut placer la gelée blanche, et ce qui était jadis
EUeest produite par la congélation terres
privilégiées, est devenu possible pour un
au printemps. grand nombre Paris, pour ne citer que cet exem-
de M vapeur d'eau eonteame dans l'air, qui, pen-
dantles nuits calmes, se dépose sur la surface des ple, voit s'accroltre chaque jour l'affluence de ses
approvisionnements. L'hectare de terre, bien ex- d'une surface de révolution,divisée en deux par
ploité en culture maraîchère, peut donner, dans ties égales par le plan perpendiculaireà l'axe mené
une année, 4 000 à 5 000 francs de produits au- par le centre de la bonde. Si l'on pouvait négliger
cune autre culture, sauf la vigne, ne peut attein- la courbure des douves, chaque moitié du tonneau
dre ce résultat. pourrait être assimilée à un tronc de cône. En
D'un autre côte, la consommation est devenue nommant, dans ce cas, R le rayon du bouge (cer-
partout plus difficile à satisfaire son goût est plus cle mené par la bonde), r le rayon du jable (cercle
délicat, il lui faut des produits plus fins. Le suc- formant le bout du tonneau), et h la demi-longueur
cès sera, dans l'avenir, pour ceux qui sauront de la pièce, on aurait pour l'expression du demi-
répondre à ces besoins. Ces quelques considéra- volume
tions suffisent pour montrer le rôle que la produc- ~(R<+Rr+r').
tion des légumes peut jouer dans beaucoup d'ex-
ploitations agricoles.
Production des /!cM~. Les fleurs sont le Mais cette expression donne un résultat trop
plus bel ornement des modestes habitations de la faible, puisqu'on
a négligé la courbure des douves.
campagne. Leur variété est infinie quelques-unes Pour en tenir compte, on remplace le produit Et
demandentdes soins assidus,d'autres sont moins par le carré R*. Si alors H désigne la longueur to-
exigeantes. C'est à chacun de choisir, parmi les tale du tonneau. D et d les diamètres du bouge
innombrables cultures florales, celles qui con- et du jable, et V la capacité cherchée,
viennent le mieux à ses goûts et qui orneront le on trouve,
en faisant les substitutions
mieux son jardin, suivant les dimensions de celui-
ci et suivant les saisons. V=~t:H(2D'-)-<)=0,262H(2D'+<~).
Les plantes d'ornement sont des arbustes, ou
des plantes vivaces qui chaque année poussent
des tiges, ou enfin des plantes annuelles. C'est la formuled'Oughtred, qui y est arrivé en
Les arbustes d'ornement demandent, pour la assimilant la courbe de la douve à un d'ellipse.
conduite et pour la taille, des soins analogues a Elle donne un résultat un peu fort. arc
ceux que réclament les arbres fruitiers. Ils se On emploie aujourd'hui la formule de Dez
multiplient soit par greffe, soit par bouture, soit
par drageon ou rejet qui s'enracine naturellement V~H~R-~R-~]' 2
en poussant une certaine distance de la souche,
à
et qu'on peut séparer de celle-ci pour faire un
sujet spécial. Si, par exemple, on suppose D=00,61, ~==0°*,5~
Les plantes vivaces sont celles dont le pied ou et H==0°'~90, on trouvera
la racine vit pendant un certain temps, en déve-
loppant chaque année des tiges annuelles. Elles Par la formule du tronc de c&ne 0*°'M6i2 ou 2M'iï
d'Oughtred. 0 ,239Mou!39 ,M;
se multiplient par éclat, en détachant de petites
portions de la souche, ou bien quelquefois par
deDez. 0 ,M486ou234 ,86.
[H. Sonnet.]
bouture, ou enfin par semis.
Quant aux plantes annuelles ou bisannuelles, JEAN. Histoire de France, XI, xn. – Nom
elles ne peuvent être propagées que par graines. de deux rois de France.
Les semis se font, soit sur place, soit en pépinière. Jean I", fils posthume de Louis X le Hutin,
Pour ces plantes, aussi bien que pour les autres, naquit en 1316, mais ne vécut que quelquesjours.
les conditions suivantes sont nécessaires à la Son oncle, Philippe de Poitiers, prit alors la cou-
réussite du semis les graines doivent être de ronne sous le nom de Philippe V. Une fille que
bonne qualité; le sol doit être convenablement Louis X avait laissée, Jeanne (née en 1311), fut
préparé, et les semailles doivent être faites par un exclue de la succession paternelleau nom de la loi
temps propice, à une époque convenable. Les salique (V. Guerre de Cent ans, p. 920).
fleurs les plus rustiques peuvent être semées Jean II le Bon, nie de Philippe VI de Valois,
dans le courant d'avril quant à celles qui sont monta sur le trône en 1350. La guerre avec l'An-
plus délicates, elles le seront à la fin de ce mois gleterre, suspendue par une trêve, recpmmença
ou dans le courant du mois de mai. en 1351. Elle se borna d'abord à quelques escar-
L'arrosage doit être une des préoccupations mouches sans importance. Le roi de France, qui
pour la culture des fleurs. Celles-ci ont besoin aimait les plaisirs et les parades chevaleresques,
d'eau pour se développer régulièrement. Plus les avait dissipé ses ressources il essaya vainement
plants sont petits, d'une manière générale, et de remplir son trésor en altérant les monnaies,
plus its ont besoin d'être arrosés souvent. comme avait fait son père, et dut enfin avoir
Quelques fleurs exigent, pour bien venir, le cours aux Etats-Généraux. Ceux-ci, assemblés re- en
terreau dont la formation a, été indiquée plus 1355, accordèrent des subsides pour les frais de
haut; d'autres demandent une terre spéciale, ap- la guerre, mais à la condition de contrôler eux-
pelée terre de bruyère. C'est une terre noire, mêmes les dépenses. Cependant, le prince de
légère, que l'on recueille dans quelques parties Galles, fils d'Edouard III, s'avançait vers la Loire;
de bois, où elle est formée par l'agglomération des Jean marcha contre lui, fut battu à Poitiers, et
débris végétaux. Elle tire son nom de ce fait que demeura prisonnierdes Anglais avec la plus grande
la bruyère y vient d'une manière spéciale. partie de sa noblesse (1356). La conduite chevale-
L'exposition du levant est la plus favorable pour resque du prince de Galles envers les vaincus est
la culture de la plupart des plantes florales ou racontée dans une page célèbre de Froissart, que
potagères mais celles qui demandent beaucoup nous donnons ci-dessous. Conduit à Londres, Jean
de chaleur se trouvent mieux de l'exposition du y resta captifjusqu'à la signature du traité de Bré.
midi. tigny (t360). En recouvrant la liberté, il avait dû
Rappelons, en terminant, les services que peut livrer pour otages deux de ses fils l'un de ceux-ci
rendre le jardin de l'instituteur, pour ta propa- s'étant échappé, Jean retourna se constituer pri-
gation des bonnes variétés de légumes et d'autres sonnier des Anglais, et mourut à Londres on 1364.
plantes potagères, ainsi que pour tes essais sur les Les événements qui suivirent la bataille de Poi-
nouveaux procédés de culture. tiers sont racontés à l'article Guerre de Cent ans,
[Henry Sagnier.1 p. 921 et 922.
JAUGEAGE DES FUTS.- Géométrie, XXVIII. Lectures et dictées. MeepMo?! du roi Jean
La capacité intérieure d'un tonneau a la forme par le prince de Galles, le Mtf de la bataille de
Pot<<eM.– Puis !e comte de Warwick et messire dans son Msur, il pria Dieu, s'il n'était vrai hoir
Regnault de Cobham (qui amenaient le roi Jean de la noble maison de France, de lui donner la
prisonnier) entrèrent au pavillon du prince de grâce d'échapper MM mort ni prison, et qu'il se
Galles, et ini nrent présent du roi de France; pût sauver en Espagne ou en Ecosse. «
lequel présent ledit prince dut bien recevoir à Hors de la cour, la misère semblait avoir abattu
grand et à noble. Et aussi fit-il vraiment, et s'in- l'espoir et le courage. Depuis quinze ans, le temps
ciina tout bas contre le roi de France, et ie reçut des GrandesCompagnies était revenu; les gens de
comme roi, bien et sagement, ainsi que bien le guerre Anglais, de tous les partis, Armagnacs, Bourgui-
savait faire; et fit la apporter ie vin et les épiées; gnons, vivaient sur le paysan, de rapmes
et en donna lui-même au roi, en signe de très et de brigandages. < Quelques-uns de ces capitaines
grand amour. étaient peut-être les hommes les plus féroces qui
Quand ce vint au soir, le prince de Galles eussent jamais existé. Il euMt d'en nommer un,
donna à souper au roi de France et à monseigneur dont le nom seul fait horreur, Gilles de Retz, l'o-
Philippe son fils, & monseigneur Jacques de Bour- riginal de Barbe-bleue. » (Michelet.) Livrés sansdé-
bon, et à la plus grand partie des comtes et des fense a ces hommes de proie, tes paysans
barons de France qui prisonniers étaient. Et assit fuyaient au bois avec les bêtes fauves. Adieu les
le prince ie roi de France et son fils monseigneur femmes-et tes enfants. faisons le pis que nous
Philippe, monseigneur Jacques de Bourbon, mon- pourrons et remettons-nous dans la main du dia-
seigneur Jean d'Artois, le comte de Tancarville, ble. » Et tes champs restaient an friche et la fa-
le comte .d'Etampes, le comte de Dampmartin, le mine suivait la guerre. Dansles villes, la vie n'était
seigneur de Joinville et le seigneur de Parthenay, ni plus sûre ni meilleure. A Paris, les hôtels des
à une tabla moult haute et bien couverte, et tous seigneurs n'étaient que des forteresses garnies de
les autres barons et chevaliers aux autres tables. herses, de mâchicoulis, et pleines de soldats; la
Et servait toujours ie prince au devant de la table nuit, 600 chaînes tenduesbarraient les rues et la
du roi, et par toutes les autres tables, si humble- Seine. Et la misère décimait le peuple. En t4t8, la
ment comme il pouvait. Ni oncques ne se voulut famine et la peste avaient fait 80000 morts. « Il
seoir & la table du roi, pour prière que le roi sut fallait faire dans les cimetières de grandes fosses
faire; ains (au contraire) disait toujours qu'il où on les mettait par trente et quarante, arrangés
n'était mie (pas) encore si suf~sant qu'il appar- comme lard, a. peine poudrés de terre. (Monstre-
tenist de lui seoir à la table d'un si haut prince let. ) Et depuis, le fléauavait reparu chaque année.
et de si vaillant homme que le corps de 1m était, Aussi, c'est en 1424 que ce peuple démoralisé
et que montré avait à la journée. Et toujours s'a- par le désespoir inventait la danse macabre, la
genouillait par devant le roi, et disait bien « Cher danse lugubre des morts, au cimetière des Inno-
sire, ne veuillez mie faire simple chère, pour tant cents, au milieu des charniers, où l'on avait jeté
si Dieu n'a voulu consentirhuy (aujourd'hui) votre d'innombrables squelettesarrachés trop tôt de la
vouloir; car certainement monseigneur mon père tombe.
vous fera tout l'honneur et amitié qu'il pourra,
s'accordera à si raisonnablement, factions
ce
C'est peint que la folie d'un roi, vingt ans de
furieuses et la défaite d'Azincourtavaient
et vous que vous
demeurerez bons amis ensemble à toujours. Et poussé la France. Il n'y avait point de roi, point
m'est avis que vous avez grand raison de vous de gouvernement, et il semblait qu'il n'allait plus
estiescer (réjouir), combien que (quoique) la beso- y avoir de peuple. Les Ang'ais s'apprêtaientà un
gne ne soit tournée à votre gré; car vous avez décisif et dernier effort pour achever la conquête.
aujourd'hui conquis le haut nom de prouesse, et St~e <fOfMatM. Orléans était le vrai boule-
avez passé tous les mieux faisants de votre coté. vard des provincesfidèles, la clef de la Loire, dont
Je ne le dis mie, cher sire, pour vous lober (rail- le cours marquait en m9 la frontière de la France
ter) car tous ceux de notre partie, et qui ont vu restée française. Le régent anglais, Bedford, en-
les uns et les autres, se sont par pleine science à ce voya pour la prendre 6 000 de ses meilleurs sol-
accordés, et vous en donnent le prix et le chape- dats. En quelques jours, malgré son courage, la
'et, si vous le voulez porter, x ville était cernée par les bastilles anglaises dont
A ce point commença chacun à murmurer (à l'artillerie la battait en brèche bientôt, la défaite
faire entendre un murmure d'approbation); et de la Journée des Harengs venait décourager les
'disaiententre eux, Français et Anglais, que noble- plus braves qui désertaient la résistance.L~miral
ment et à point le prince avait parlé. (Froissart.) de France et 2 000 soldats se retirèrent d'Orléans
JEAN SANS TERRE. – V. P/anfoMn~. le 13 février 1429. Cette fois la fin de la France
JEANNE D'ABC. – Histoire de France, XIV. semblait prochaine et irrémédiable.
de <a France.
~– Etat agonie, Depuis 1419,la France Mais une indestructibleespérance vivait dans le
était en frappée du même coup que le duc peuple acculé à la mort et qui pourtant refusait
Jean-Sans-Peur; ie crime de Montereau avait eu de mourir. Des moines, des visionnaires parcou-
pour résultat l'alliance anglo-bourguignonne,et le raient les campagnes et y répandaient des prédic-
traité de Troyes ()MO), que la moitié des Français tions merveilleuses. L'enchanteurJtfefKn n'avait-il
avait accueilli en silence. En 1422, après la pompe pasannoncé qu'il viendrait, pour sauver le royaume,
funèbre de Charles VI à Saint-Denis, Paris avait une vierge douée par les fées et qui sortirait du
entendu sans révolte les hérauts d'armes anglais bois Chenu? Et la croyance populaire ajoutait que
crier « Longue vie au roi Henri VI, par la grâce de le bois Chenu était situé « vers les marches de
Dieu roi de France et d'Angleterre, notre souve- Lorraine. L'agitationpatriotique gagnait de pro-
rain seigneur. che en proche. « Il régnaitune de ces grandes at-
Pendant ce temps, le vrai dauphin, Charles de tentes qui appellent et suscitent le prodige at-
Valois, était proclamé roi par quelques serviteurs tendu. n (H. Martin.)
fidèles, au fond d'un château obscur, à Espaly en Enfance de Jeanne d~rc.'– Domrémy est sur
Velay. Mais depuis, vaincu encore à Crevant et à la rive gauche de la Meuse, a cinq lieues en amont
Verneuil, le prince national demeurait inactif dans de Vaucouleurs.Aucommencement du xv* siècle,
sa cour de Chinon, pleine d'intrigues. En vain le c'était un villagede frontière,entre le Barrois,dont
patriote connétable de Richemont,avait cousu dans les habitants avaient suivi le parti français, et la
un sac et noyé dans l'Indre un malfaisant favori, Lorraine, dont le duc servait le parti de Bourgogne.
le sire de Giac. LtTrémouitte avait pris la place de '< Le village était a deuï pas des grandes forêts des
Giac et fait éloigner Richement. Désespérantdelui- Vosges. De la porte de la maisonde son père, Jeanne
même et des autres, Charles. s'abandonnait jusqu'à voyait !e vieux bois des chênes les fées hantaient
douter des droits de sa naissance. « Un jour, de- ce bois elles aimaient surtout une certaine fon-
taine, près d'un grand hêtre qu'on nommait l'ar- dans un entretien particulier, répondant aux doù
bre des Fées, des Dames. Les petits enfants y sus- tes les plus secrets du prince. « Je te dis, de lt
pendaient des couronnes, y chantaient. Jeanne part de Messire, que tu es vrai héritier de France,
naquit parmi ces légendes, dans les rêveries popu~ et fils du roi. Ce qu'elle lui a dit, nul ne le
laires. Née sous les murs mêmes de l'église, ber- sait, écrivait Alain Chartier bien peu après mais
cée du son des cloches et nourrie de légendes, il est bien manifeste qu'il en a été tout rayonnant
Jeanne fut une légende elle-même, rapide et pure, de joie, comme à une révélation de l'Esprit saint.
de la naissance à la mort. » (Michelet.) Elle était Cependant, les épreuves n'étaient point finies.
née le 6 janvier 1412, de Jacques d'Arc et d'Isabeau On la conduisit à Poitiers devant plusieurs éve-
Romée. L'enfant, rêveuse et un peu sauvage, veil- ques et docteurs qui l'interrogèrent. « Ce fut un
lait aux champs sur le troupeau de son père, écou- beau spectacle que de la voir discuter, femme
tant le son des cloches que lui apportait la brise contre les hommes, ignorante contre les doctes,
et les mystérieusesvoix de la forêt qu'elle croyait seule contre tant d'adversaires. » (Ai. Chartier.)
entendre. Le dimanche,elle s'agenouillait en extase Délivrance d'OrMnm.. Cependant l'enthou-
au pied des images saintes. Mais un jour cette siasme était devenu général La Hire et les soldats
paix fut troublée les Anglais avaient pénétré jus- juraient qu'ils la suivraientpartout où elle vou-
qu'à Vaucouleurs, ils ravageaient ce pays épargné drait les mener. » Les favoris cessèrentleur opposi-
jusque-là. Il fallut fuir dans une lie de la Meuse. tion, malgré leurjalousie contre Jeanne; 12 000hom-
Et, au retour, on vit le pauvre village pillé et brûlé mes furent réunis. Ils partirent le 27 avril 1429,
par les soldats étrangers. Désormais Jeanne sentit suivant l'étendard de Jeanne qui portait ces mots,
« la grand pitié qui était au royaume de France»
Jhésu Maria, pour la croisade qui devait délivrer
et dans i'égHse, aux champs, sa prière appelait la patrie. Mais « vingt ans de guerres avaient
ardemment « les anges du ciel « susciter un li- changé ces hommes en bêtes sauvages. Il fallait
bérateur. « La jeune fille, à son insu, créait, pour de ces bêtes refaire des hommes. Grand et difficile
ainsi parler, et réalisait ses propres idées; elle en changement. Dans la route, le long de la Loire,
faisait des êtres, elle leur communiquait, du tré- elle fit dresser un autel, elle communia, et ils
sor de sa vie virginale, une splendide et toute- communièrent. La beauté de la saison, le charme
puissante existence. x (Michelet.) De là son rêve d'un printemps de Touraine devaient ajouter sin-
grandiose et poétique qu'elle avait conçu et qu'elle gulièrement à la puissance religieuse de la jeune
exécuta de là ses « voix qui venaient l'entrete- fille. » (Michelet.) Plus de débauches, ni de pil-
nir de sa mission sainte et l'avertir que le peuple lage ni de violence. La sainteté de Jeanne avait
de France attendait l'héroine promise de sa déli- comme purifié l'armée. Désormais le peuple vit
vrance. avancer sans crainte et accueillit les soldats de
La mission. C'est un jour d'été, en 14!5, France, redoutés longtemps à l'égal des Anglais,
qu'elle entendit « ses voix pour la première fois. Le 29 avril, on était devant Orléans. Pendant
L'archange Michel lui ordonnait « d'aller en que l'armée retournait passer la Loire à Blois,
France, au secours du Dauphin, afin que par elle Jeanne entra dans la ville, où tous étaient venus
il recouvrât son royaume. » Et souvent depuis, à sa rencontre, « avec une aussi grande joie que
durant plusieurs années, les voix se firent enten- s'ils avaient vu Dieu descendre parmi eux. » (Jour-
dre plus pressantes à chaque retard. En vain son nal du siège.) Dès le lendemain, elle voulait com-
père essaya-t-il de s'opposer à son dessein, elle ob- battre. Dunois lui fit attendre l'arrivée des ren-
tint de se rendre chez son oncle qu'elle sut convain- forts qui venaient de Blois. Mais les Orléanais
cre et qui la conduisit à Vaucouleurs. « Je viens de ayant attaqué la bastille Saint-Loup, Jeanne courut
la part de mon Seigneur, dit-elle au sire de Bau- les soutenir de sa présence; car elle ne frappa
dricourt, capitaine du bailliage, vous charger de jamais qu'à toute extrémité dans son procès
mander au Dauphin que mon Seigneur lui donnera même elle déclara qu'elle « n'avait oncques tué
bientôt du secours.-Et qui est ton Seigneur?-Le homme. » « Derrière elle tout homme sortit hors
roi du ciel. » Baudricourt la repoussa. Mais, à la d'Orléans pour aller enclore les Anglais. (Journal
nouvelle du siège d'Orléans « Jl faut que je parte, du siège.) Et la bastille fut promptement enlevée,
dit-elle. J'irai, dusse-je user mes jambes jusqu'aux démolie et brûlée. C'était la victoire du peuple,
genoux. B Cependant on parlait d'elle dans le peu- remportée sans ordres et en dehors des capitai-
ple. Peut-être était-elle « la vierge douée des nes. L'enthousiasme populaire, véritable appui de
fées dont Merlin avait prédit la venue. a Va Jeanne, monta à son apogée. Ce succès devint le
donc, Jeanne, lui dit enflit Baudricourt, et ad- signe de sa mission. Le 6 mai, un conseil de guerre
vienne que pourra. Le 25 février 1429, elle résolut l'attaque de la bastille des Tournelles dans
quitta Vaucouleurs. « J'aimerais pourtant mieux, l'assaut, « Jeanne, exhortant les soldats à avoir bon
misait-elle en prenant son costume d'homme d'ar- cœur et bon espoir en Dieu (Journal du siège), ap-
mes, rester à filer auprès de ma pauvre mère car pliquait aux murs une échelle, quand elle fut per-
ce n'est pas là mon ouvrage! mais il faut que cée d'une flèche entre le cou et l'épaule; on 1 em-
j'aille; Messire le veut. cest pour cela que je porta, et les Français plièrent. A cette nouvelle,
suis née. – Elle commençait la mission qui la elle reprend ses armes et court aux Tournelles.
conduisit au martyre. Le dauphin Charles tenait On la croyait morte, sa vue abat la confiance des
toujours sa cour à Chinon en Touraine. Dieu fai- Anglais qui reculent, et exalte la confiance des
sait la route de Jeanne, » elle arriva rapidement. nôtres; ils combattirent comme s'ils se fussent
Mais Charles, poussé par ses favoris, Ttesitait à la crus immortels, » la bastille fut prise. Le lende-
voir. Enfin, le 9 mars 1429, elle fut introduite dans main, les Anglais, inférieurs en nombre (C 000 con-
la grande salle du château de Chinon, dont on voit tre 12000 soldats et les Orléanais), fatigués d'une
encore un pan de mnr et la cheminée; Charles longue campagne, laissés sans renforts par Bed-
se dissimulait au milieu de ses courtisans « Gen- ford qui était lui-même sans ressources, enfin dé-
til dauphin, lui dit-elle, j'ai nom Jeanne la pu- moralisés par la présence de Jeanne, abandonnè-
celle le roi des cieux vous mande par moi que rent le siège. Orléans était délivré, en dix jours.
vous serez sacré et couronné en la ville de Reims, Bien que la mauvaise situation des Anglais suffît
et vous serez lieutenant du roi des cieux, qui est à l'expliquer, ce succès parut à tous un prodige.
roi de France. Baillez-moi gens pour que je fasse Sacre de Reims. Mais Jeanne en voulait faire
lever le siège d'Orléans et vous mène sacrer à un second plus considérable encore. Je ne du-
Reims. C'est le plaisir de Dieu que vos ennemis rerai guère qu'un an, disait-elle; il faut songer
les Anglais s'en aillent. le royaume vous doit à bien besogner cette année, car il y a beaucoup
demeurer. Le roi doutait encore. Jeanne alors. &. faire. » Quand elle revit Charles à Tours, elle
le pressa instamment de se laisser conduire t violence, elle changeait malgré elle. Un jour, en
Reims pour le Mère. Mais tes chefs de guerre 1430, elle laissa pendre un capitaine bourguignon,
et les favoris t'y opposaient. Sagement, ils voû- vrai scélérat, mais prisonnier. Autrefois, elle n'eût
laient une base d'opérations pour agir contre les *pas ainsi versé le sang. Dans le camp, elle dut
Anglais; ils condamnaient avec colère la folie tolérer les déhanches des soldats qui n'avaient pu
d'une expédition à travers cinquante lieues de 'longtemps soutenir l'austérité de l'héroïsme.
territoire ennemi. Mais Jeanne était plus sage < Malheurease condition d'une telle Ame tombée
encore. Sortie du peuple, eUe sentait comme lui. dans tes réalités de ce monde. Elle devait chaque
Or, depuis )<:2, )e peuple hésitait entre deux prin- jour perdre quelque chose de soi. » (Michelet.)
ces, Henri VI et Charles ~IL Jeanne elle-même Cependant, au sortir de Reims, elle montrait
appelait encore Charles VU du seul nom de dau- an roi le vrai chemin, celui de Paris. Bedford
phin. Il fallait montrer au peuple son vrai roi en était sans argent ni soldats. Il fallait en profiter
le sacrant à Reims, an nom de l'Eglise. pour mettre le roi dans capitale avant Farrivëe
HeureusementJeannen'était pas seule. Le con- des renforts qu'amenaitsade Londres le cardinal
nétable de Richemont était venu la rejoindre mal- Winchester. Mais Charles mena lentementl'armée
gré le roi. Les deux petits-fils de Du Gueaclin, le à Soissons. puis à Provins on il conclut une trêve
due d'Atençon, une foule de volontaires accou- de quinze jours avec Philippe de Bourgogne, puis
raient chaque jour. On emporta rapidement toutes a la Ferté-Milon, pendant que Senlis et Com-
les. villes de la Loire, Meung, Beaugency, Jar- piègne appelaient les Français et que Beanvais
geau. Bien plus, le 18 juin tt29 on se heurta a chassait son évêque, Pierre Cauchon, chef du
t'armée anglaise à Patay, entre Orléans et Cha- parti bourguignon. En même temps. Richement,
teandun. « En nom Dieu, s'écria Jeanne, il faut avec ses propres forces, entamait la Normandie et
combattre; quand tes Anglais seraient pendus menaçait Evreux.
aux nues, nous es aurons, car Dieu nous a envoyés Alors, irritée de son inaction, Jeanne résolut
pour tes punir. Mon conseil m'a dit qu'il étaient d'entraîner le roi; elle quitta le camp « avec une
a nous. Quelques heures plus tard, les Anglais bellecompagnie de gens de guerre, n etcourut sur-
fuyaient et l'un de leurs plus glorieux chefs, Tal- prendre Saint-Denis pour attaquer Paris. Mais sur
bot, était prisonnier. Jeanne rentra en triomphe cette population moqueuse, « la poésie de Jeanne
dans Orléans. C'était elle décidément la « vierge devait avoir peu de prisq; pour les Parisiens,
douée des fées le peuple ne voyait qu'elle dans outre. Chartes VII n'était toujours que le chef
legrand œuvre de la délivrance qui commençait en des Armagnacs. Cependant l'attaque était impos-
et les soldats juraient de la suivre sans regarder sible sans le roi, qui gardait le gros de l'armée. Il
où elle les mènerait. < Le cri de l'armée était fallut aller le chercher deux fois à Senlis pour l'a-
trop fort. Elle se fut débandée plutôt que de se mener « a grand regret a Saint-Denis. Mais Paris
laisser conduire à toute autre entreprise. Il fallut avaitorganisé sadéfênse.L'assautfut enfin donné le
céder. Le roi se mit en route, le 29 juin,la tête 8 septembre, malgré les conseillers du roi. Jeanne
de t2 000 combattants, presque tous a chevat. emporta le boulevard SaInt-Honoré et réussit à
Quatre mois à peine s'étaient écoulés depuis que franchir le premier fossé. Mais, en tentant le
Jeanne était entrée, humble et ignorée, dans cette sage du second qui était plein d'eau, elle pas- fut
même ville de Gien, d'où elle partait maintenant grièvement blessée. Elle restait néanmoins pour
pour sa glorieuse croisade. (H. Martin.) les nôtres, quand la TrémouiDe fit
Sur la route, les villes hésitaient; Auxerre encourager
sonner la retraite. II fallut la ramener de force
n'offrit que des vivres. A Troyes, la garnison ferma en arrière, dans son camp, à la Chapelle. Le len-
les portes. On n'avait pas de machines; le con- demain elle voulait recommencer, mais l'année
seil délibérait déjà de retourner mais aupara- avait perdu 1500 hommes, et en voulait à Jeanne
vant on appela Jeanne. « Gentil dauphin, dit-elle, de ce combat déclaré inutile par les chefs. Le roi
si vous voulez demeurer ici devant votre ville de qui, la veille, n'avait pas quitté Saint-Denis, leva
Troyes, elle sera en votre obéissance avant deux te siège et, profitant de l'échec subi par Jeanne,
jours.On attendit, en préparant l'assaut. Le il reprit le chemin de la Loire, sur les bords de
lendemain, on lançait déjà tes fascines dans les laquelle bon armée formée de volontaires allait
fossés, quand la ville effrayée demanda a capi- se disperser. Jeanne avait suivi la retraite, en
tuler le roi y entra le 11 juillet. Le )5, l'armée pleurant son impuissance. A Gien, elle voulut
était à Chatons enfin le t6 elle franchit les portes quitter la cour pour aller guerroyer en Norman-
de Reims. « Le lendemain Charles VII fut oint die on refusa et ells~ partit assiéger la Charité-
de l'huile de la Sainte-Ampoule qu'on apporta de sur-Loire. Mais la jeune fille n'était point un chef
Saint-Romy. Il fut, conformément au rituel anti- de guerre; ce n'était pas pour conduire une cam-
que, Mutevé sur son siège par les pairs ecclé- pagne méthodique et régulière que ses voix
siastiques, servi par les pairs laïques au sacre et vaient appelée elle échoua.
t'a-
au repas. Toutes les cérémonies furent accom- Jeanne à Compiègne. Cependant Bedford
plies, sans qu'il y manquât rien. (Michelet.) avait conM la garde de Paris au duc de Bour-
Quand il eut reçu l'onction sainte, Jeanne, qui gogne Philippe avait Meanx qui commandait le
était à l'honneur après avoir été à la peine, em- cours de la Marne, il voulut Compiègne pour tenir
brassa tes genoux du prince t Gentil roi, lui dit- la vallée de 1 Oise et communiquer librementavec
elle, ores est exécuté le plaisir de Dieu, qui vou- la Picardie. Une armée bourguignonne vint assié-
lait que vous vinssiez à Reims recevoir votre digne ger la ville (H30). Mais Jeanne résolut d'aller dé-
sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui fendre ceux qui s'étaient mis en péril pour le roi
auquel le royaume doit appartenir. L'effet dtt et que le roi oubliait. « Vers le milieu d avril 1430,
sacre fut immense le peuple n'hésita plus, tout elle fit semblant d'aller en aucun ébat et sans
allait s'ouvrir au roi a marqué de Dieu x. retourner s'en alla en la ville de Lagni-sur-Marne,
Attaque sur PorM. – Malheureusement la con- pour ce que ceux de la place faisaient bonne
fiance enthousiaste du peuple et des soldats n'était guerreaux Anglais. » Suivied'une petite troupe,
point partagée par les courtisans et la plupart elle partit sans congé, l'Ame disputée entre les
des capitaines. Jaloux de Jeanne dont la gloire éclatantes promesses du passé et les pressenti-
les échpsait, Us contrariaient ses desseins, et le ments funèbres de l'avenir. Ses voit se firent
roi suivait leurs conseils. Jeanne elle-même, de- entendre à elle sur les fossésde Melun « Jeanne,
puis le sacre, ne montrait plus la même décision tu seras prise avant la Saint-Jean. Il faut qu'il
impérieuse pour imposer les ordres de <( ses soit ainsi fait! ne t'étonne point, prends tout en
voix Placée dans un milieu de guerre et de grét Dieu t'aidera. 0 (H. Martin.)
tians Compiègne, elle montra pourtant la même compagnaientla charrette à travers une foule trrsio
activité guerrière. Les Bourguignons tenaient la et muette. Comme on allait lui lire la sentence
rive droite de l'Oise en aval et en amont du pont. « Emmenez-la, dit le bailli aux gardes, et au
Elle voulut couper en deux l'armée. L'attaque, ru- bourreau « Fais ton devoir 1 Arrivée sur le b&-
conduite, réussit d'abord. Mais 500 Anglais cher, elle s'agenouilla, demandant à voir la croix
dement de l'église Saint-Sauveur que lui apporta frère
survinrent fermant le retour. Aussitôt on recula, Isambard de la Pierre. Elle pleurait sur son pays,
Jeanne fut entralnée de force; elle soutenait vail- «
lamment la retraite, quand, sans la voir, onrive ferma sur les assistants, comme sur elle-même « Rouen,
la porte de la ville. Elle était acculée à la de Rouen, mourrai-je ici? seras-tu ma dernière de-
l'Oise « Baillez-moi votre foi 1 lut cria un capitaine meure ? j'ai grand peur que tu n'aies à souffrir de
artésien, le sire de Vandomme. J'ai baillé ma foi, ma mort Quand la flamme monta, son confes-
répondit-elle en se défendant, à un autre qu~a seur, frère MartinLadvenu, descendit du btMier. x
e Mais (Guizot.)A travers lesCammes et la famée, on en-
vous, et je lui en tiendrai mon serment. tendit encore « Mon Dieu Jésus Marie Mes
enfin elle dut se rendre.
Captivité et procès. Vandomme la conduisit voix, mes voix » Et ce fut tout. C'était le 30 mai
à son suzerain, le' comte Jean de Luxembourg, 1431.
vassal du duc de Bourgogne. Celui-ci la mena pri- « Quelle légende plus belle que cette incontesta-
sonnière à Beaulieu, puis a Beaurevoir près de ble histoire ? Mais il faut bien se garder d'en faire
Cambrai. « Deux fois en juillet et en octobre H30, une légende. On doit enVierge respecter la réalité tou-
Jeanne tenta de s'échapper; la seconde fois. elle chante et terrible. La secourable des ba-
se tailles que les chevaliers appelaient,
attendaient
poussa le désespoir et la hardiesse jusqu'à prison d'en haut, elle fut ici-bas, ') et derrière elle, « il y
précipiter du haut de la plate-forme de sa
elle fut relevée, cruellement meurtrie, mais sans eut un peuple, il y eut une France. Cette dernière
blessure grave. » (Guizot.) Bgure du passé fut aussi la première du temps
Cependant l'Université de Paris, l'Inquisiteur de qui commençait. En elle, apparurent à la fois la
Rouen et l'évoque de Beauvais, Cauchon, avaient Vierge ° et déjà la patrie." (Michelet.) [P.
SeMe er].
fP.Schafer).
réclamé le droit de la juger Cauchon affirmait que Vocation de Jeanne
t( selon les
droit et coutume de France, tout pri- Lectures et dictées.
sonnier de guerre pouvait être racheté au nom du d'Arc, son départ siège d'Orléans sacre de
siège de Compiègne captivité et
roi d'Angleterre, moyennant une indemnité de Charles VII
supplice. V. ct~rc,
10000 livres.)) Luxembourg était pauvre, Philippe procès de Jeanne; son Jeanne
de Bourgogne avait besoin de Bedford. Le 21 no- par H. Wallon, pp. 8, n, 57, M, 118, 127,
vembre 1430, Jeanne fut livrée aux Anglais et con- )35, ?59. Une enfant de douze ans, une
duite à Rouen. Jeanne <f~rc.
Le 21 février HX), malgré les refus de plusieurs toute jeune si l'on fille, conçoit l'idée étrange, improba-
juges, le tribunal fut constitué sous la présidence ble, absurde veut; d'exécuter la chose que
de Cauchon et le procès commença. Pendant trois les hommes ne peuvent plus faire, de sauver son
mois, « la servilité passionnée et la subtilité juri- pays. Elle couve son idée pendant six ans, sans la
dique des juges s'employèrentà lasser le courage confiernul à personne, elle n'en dit rien à sa mère,
qui rien à confesseur. Sans nul appui de prêtres
ou à tromper l'intelligence d'uneàjeune fille dis- Dieu
se refusait tantôt a mentir, tantôt entrer en ou de parents, elle marche toute seule avecattend
cussion avec eux, et ne se défendait qu'en se tai- dans la solitude de son grandalors, dessein. Elle
(Guizot.) Enfin, qu'elle ait dix-huit ans, et immuable, elle
sant ou en appelant àDieu. » sur
et malgré tout le monde.
l'avis de l'Université de Paris, on la somma de se l'exécute malgré les siens ravagée
soumettre à l'Église, et non plus seulement à Dieu; Elle traverse la France et déserte, les
sur son refus, on la déclara hérétique et rebelle à routes infestées de brigands; elle s'impose à la
l'Église. Désormais, elle pouvait être condamnée cour de Charles VII, se jette dans la guerre,les et
obtenir d'elle dans les qu'elle n'a jamais vus, dans
légalement. Mais on voulait surtout camps
qu'elle reniât le caractère divin de sa mission. On combats, rien ne l'étonné elle plonge intrépide
de
et en abusant son au milieu des épées; blessée toujours, découragée
y réussit par des menaces
ignorance; elle ne savait ni lire24nimai écrire. On lui jamais, elle rassure les vieux soldats, entraîne
fit signerunerétractation.Et, le 1431, elle fut tout le peuple, qui devient soldat avec elle, et
condamnée à la prison perpétuelle, « avec le pain personne n'ose plus avoir peur de rien. Tout est
de douleur et l'eau de tristesse pour qu'elle dé- sauvé La pauvre fille, de sa chair pure et sainte,
plorât les erreurs et les fautes qu'elle avait com- de ce corps délicat et tendre, a émoussé le fer,
mises. » brisé l'épée ennemie, couvert de son sein le sein
Elle échappait à la mort. Alors éclata la fureur de la France. La récompense, la voici. Livrée en
des Anglais à la nouvelle, les soldats vinrent jeter trahison, outragée des barbares, tentée de ceux
des pierres aux juges. Jeanne, par ses victoires, qui essaient en vain de la prendre par ses paro-
avait profondément blessé l'orgueil anglais. a A les, elle résiste à tout en ce dernier combat, elle
Orléans, l'invincible gendarmerie, les archers, monte au-dessus d'elle-même, éclate en paroles
Talbot en tête, avaient montré le dos. à Pa- sublimes, qui font pleurer éternellement.
qu'elle
Aban.
sauvés,
tay, ils avaient fui à toutes jambes, fui devant donnée et de son roi et du peuple a
(Michelet.) le cruel chemin des flammes, elle revient dam
une fille 1 voilà qui était dur a penser. par
(Miehelet.)
Et voilà pourquoi Warwick, tout chevaleresque le sein de Dieu.
qu'il était, poursuivait à mort la prisonnière. C'est JEUX. Connaissances usuelles, X. Nous
quelle
à lui qu'un des affidés de Cauchon dit, après le disons dans la I" PARTIE, au mot attachent Jeu,
jugement « N'ayez aucun souci, Mylord, nous la importance l'hygiène et la pédagogie au
retrouverons.» En effet, quelques jours après, ses choix et à la direction des jeux. Nous donnons
gardiens la contraignaient à reprendre ses habits ci-dessous le catalogue des jeux les plus connus. mais
d'homme, auxquels la sentence lui ordonnait de On pourrait les classer par 4ge et par sexe, artificiel
renoncer. On la surprit aussitôt; en même temps ce travail serait nécessairement bien
on lui fit avouer qu'elle avait de nouveau entendu nous les groupons seulement d'après la nature
« ses voix*. C'était assez pour un nouveau
procès. de l'exercice ou de la distractionqu'ils procurent.
Cette fois, elle fut déclarée hérétique relapse, et Nous n'ajoutons point de définition à chacun de
condamnée au bûcher. ces mots, elle serait presque toujours fort longue,
A neuf heures, on vint la prendre pour la con- aussi longue qu'inutile. Si quelqu'un l'explication de nos lec-
duire à la place du Vieux-Marché 800 soldats ac- teurs se trouvait embarrassé pour
d'un de ces fermée, ]e premier enfant anqnet ilncation c'est le livre intitulé /e!M: des a~o/MM):
la demandera e'empremera de ]a lui donner en parM.G.Bélèze. [U'San'ray.1
action~ trop heureux de rendre service en faisant JOSEPH. Histoire générale, XXVII. Nom
une bonne partie. de deux empereursd'Allemagne.
~n<.c<fe<;<Mm~ta))<&M<r«)Kett<tt
JoaeBhï* Cis amé et successeur de Léo-
pold I", monta sur le trône en n06. L'Allemagne
Cache-cache. La Mère Garuche à cloche- était alors engagée dans la guerre de la Succession
Le* Barrée. pieds. d'Espagne, le prince Eugène de Savoie, général
Le Saut de menton. L~ Quatre ceina. de l'empereur, gagna sur les Français les hataitles
Le Saut de mouton avec Deux c'est assez, mais trQis de Tunn (1706)
mouchoirs. c'est trop. et de Malplaquet (1709). Joseph I"
Le Saut ~e mouton avec cou- Le Colin-Maillard. ne vit pas la fin de la guerre il mourut en 1711,
ronnea. Le Coiin-N~ithrd à la ba- et eut pour successeur son frère Charles VI.
Le Cheval fondu. eaette. Joseph n, ds de François t" de Lorraine et
les MétieM. de la célèbre Marie-Thérèse, reçut le titre d'em-
Le Chat perché.
Le Chat coupé.
t.'Himn<)eU<
L'OuM.
Les Animaux.
pereur
rie-Thérèse
la mort de son père, en H65 mais Ma-
resta investie de l'autorité récite, et
La Passe. Le Roi d&trcné. continua à
La Mère Garuche. L'Imitation. gouverner elle-même, tant qu'elle
vécut, les Etats autrichiens. Prince éclaire, Joseph
y<M! traction acee <)M<ntn)en<< employa les années de M jeunesse à voyager il
/<<MB de balle La Balle M Le Bouchon.
visitâtes principales villes de l'Europe, entre autres
mur, la Balle au camp, la Le Tonneau.
Rome et Paris, et se fit remarquer par la simpli-
Balle aux pots, la BaUe an Les Boules. cité de ses manières et l'indépendance4e ses idées.
bâton, la Balle- à la crosse, Le Galet. En 1780, Mane-Th<;rèMéMntmoMe,iIprit le pou-
la Balle à la riposte. la Les Quilles. voir. et voulut réaliser aussitôt les réfermes qu'il
Balle en posture, la Balle Le Jeu de Siam. méditaitdepuis longtemps. Son plan était d'enle-
an chasseur, la BaBe ca- Le Mail. ver an clergé et à la noblesse leurs privilèges, et
valière. La petite Corde. de donner
/<«.<' de ~xmaM.- La Longue La longue Corde. à ses Etats une administration unihrme
paume, la Courte paume, Le Cerceau. en substituant partout sa propre autorité à celle
le BaHon. La Bataneoire ou Escarpo- du vieux droit féodal. H désirait sincèrementfaire
Jeux <!e M!!e< La Pour- lette. le bonheur de ses sujets et supprimer les abus:
suite,' le Triangle ou le La Bascule. mais, agissant en monarque absolu, sans tenir
Cercle, la Tapette, la Bïo- Le Volant. compte des traditions nationales, il devait se
quette, la Pyramide, le Les Grâces. heurter à la fois aux résistances des privilégiés et
Tirer, le Pot, tes Villes, le Le Diable.
Jeu du serpent, le Calot et Le Bilboquet. a celles des peuples auxquels il imposait despoti-
la Trime. L'Emigrant. quement ses réformes.
Le Toton. Dès son avènement, il abolit les dimes, les cor-
La Toupie à BceUe. Le Bâtonnet. vées et tes droits seigneuriaux, diminua ie pou-
Le Sabot. Le Cerf-volant. voir du clergé, supprima de nombreux couvents
La Marelle, qu'il transforma en hôpitaux, et rendit un édit de
La Marelle ronde. Le Billard.
La Marelle des jours. Le Bm~rd anglais.
tolérance (n<l) autorisantt'exercice des cultes
Le Palet. grec et protestant. Le pape Pie VI, alarmé des
~« ~a<tf6<M avec tMfrmnenK changements introduits par l'empereur dans la
discipline ecclésiastique et dans la législation
Les osselets. Le
J Trie-trac. [e mariage, se rendit à Vienne pour l'engager àsurne
Lu Jonchets. JLes JeM de cartes.
teLoto. i Tours de cartes.
Les
pas persister dans son entreprise de réformes'
LM Dominos. ]Les Tours d'adresse et d'es-
mais Joseph II tint bon. !i développa l'instruction
Les DMBM. camotage. publique, créa des manufactures, encouragea le
Les Echeia. commerce intérieur par la suppression dès doua-
nes provinciales, ouvrit des routes, creusa des ca-
1-
7eu.e ~~fm'MHtt~netawe ou sans instruments
Saut en largeur.
Saut en profondeur.
Saut en tauteur.
Eserime.
Jeu de l'arc et de l'arba-
naux, et s'efforça par une réglementation minu-
tieuse, et parfoisoppressive, d'assurer le bien-être
matériel et moral de ses sujets.
lète. Pendant plusieurs années, il n'y eut pas de ré-
La Marche par évolutions. La Fronde. sistance ouverte à la volonté du souverain.
La Course. Le Patinage. Mais,
La Lutte. Les Glissades.
après les désastres de la guerre des Turcs, les
Sautata perche. Lea Pelotes de neige. mécontentements sourds se changèrent, la en op,
NatationaMt. Les Constructionsen neige. position passionnée, ici en révolte. La, Hongrie
Natation. DMtes et rondes. demandait le retour aux usages nationaux, que
Joseph avait abolis elle voulatt conserver la lan-
.Mf<f<t<fOM m<e~e<!<t<eMM.-
gue magyare, qu'il avait cherché à remplacer par
Bêconpage. DMtia. 1 allemand. Dans le Brabant, les rancunes du clergé
Jtm de p~tienet. Mede~e.
moddoge. s'unirent aux aspirations des patriotes qui dési-
Coloriage. raient secouer la domination autrichienne une
~<t)«c<fejpW<~ insurrection victorieuse éclata en t7M. A la nou-
Jen tka homonymaeou Com- Jeu de proverbes. velle de la révolte des Pays-Bas, Joseph II, malade,
ment l'aimM-Vom? Enigmes.
assombri, craignant de voir la Hongne se soulever
Chtrade*. ProMemea amnmnts. à son tour, accorda aux Magyars leurs demandes.
ChBr*de<en action. Il mourut peu après (H90), désespérant de son
Œuvre, que ses successeurs en çffet ne devaient pas.
/<xe de toeMM, <M<< Vm.B &m<x!0)f: tarder à détruire.
ta Sellette, Pigeom-~ote, le nombrable férié des gages En 1788, Joseph n avait déclaré la à la
Furet, !M Coa!ean, les q«i toat ecx-mtmes au- Turquie, alors aux prises avec la Russie guerre
mais il n'a-
Prepos interrompm, le tant de pet)tt jeux. vait essuyé que des déMtes, et la Hongriefut même
CcrMUM, etc, avec rin- envahie par les Turcs. Le maréchal Laudon, tou-
Nous aimerions tefois, arrêta l'ennemi, et prit Belgrade. La guerre
& Toh dans toutes les M- durait encore lorsque Joseph mourut, et ne se ter-
bliothèques scolaires un excellent manuel des mina que par le traité de 1791.
feux, dont nous avons tmite, en partie, la classi-
jom- – Cosmographie,H, III, IV. Le so-
leil, la lune et tous les astres semblent tourner er du soleil. Le moment où l'ombre est réduite h
autour de nous, en allant de la partie du ciel iel longueur minimum est évidemment celui où sa
nommée levant ou orient, où ils apparaissent,vers le
la partie opposéenommée couchant ou occident, rs soleil se trouve & sa plus grande hauteur dans le
où
W ciel; il divise en deux parties égales le
temps que
ils se cachent, pour reparaltre ensuite là où ils ils cet astre met pour aller de son lever à
s'étaient montrés la veille, et continuer ainsi in-n- cher; c'est le milieu du jour ou midi. La droite
son cou-
dénniment la même marche. Ce mouvement marquée à ce moment sur la surface horizontale
générai est nommé mouvement diurne. Dans nt le par la direction de l'ombre
langage ordinaire on désigne par le nom de jour dienne; les deux points de l'horizon est appelée méri-
«' où aboutit
ou de?ou7t!~ le temps pendant lequel le soleil !ii son prolongement sont, l'un le nord
nous éclaire, depuis son lever jusqu'à son cou- et l'autre le
1- sud.
cher la nuit est le temps pendant lequel nous Supposons maintenant qu'une plaque
ne
'e
le voyons plus, depuis son coucher jusqu'à son bien plane, établie verticalement le long de mince. la mé-
lever. Ce mouvement diurne n'a aucune réalité; ndienne, prolonge indénniment
c'est une illusion dont nous sommes le jouet, comme un se
cercle immense;
dans le ciel
quoique nous sachions très bien qu'elle est tout ce cercle divise en deux
à fait semblable à celle qui se produit pour le it parités l'arc décrit parle soleil de son lever à son
e coucher, et le moment où cet astre le traverse
voyageur entraîné à grande vitesse sur un chemin
de fer, lorsqu'il croit voir les arbres et les mai-L-n est midi. Ce cercle porte le
Dans 1 accomplissement de nom
de méridien.
leur
sons qui bordent la route fuir rapidement en sens
inverse. Le véhicule dans lequel nous sommes a diurne, c'est-à-dire dans l'espace de lamouvement journée et
's de la nuit, les astres traversent deux fois le méri-
assis, c'est la terre elle nous emporte avec elle,), dien
au point le plus élevé allant d'orient en
sans que nous nous en apercevions, dans la rota-t- occident, et en un point plus en bas
tion qu'elle accomplit sur elle-même en un jourr d'occident opposé allant
en orient on distingue donc leen
et une nuit. Or l'étendue de la journée est va- supérieur et le pasMo<r
riable avec les époques et les lieux chez nous, passage in férieur. C'est du premier
t, s'agit toujours
par exemple, elle est plus grande en été et moinss passage de l'astre. quand on dit simplement le
qu
grande en hiver. Au contraire, le temps qui sé- On appelle jour solaire le temps qui s'écoule
pare deux levers consécutifs du soleil semble tou- entre deux passages consécutifs du soleil au mé-
jours avoir à peu près la même étendue; aussin ridien. Le du
fut-il tout naturellement adopté dès la plus moment passage est le moment
antiquité pour la mesure du temps nous lehaute e même où l'ombre de l'aiguille
signons par le nom de jour. Ce jour, qui comprend
la journée et la nuit, est celui dont il s'agit i y~
dé- dans la direction de la méridienne.
verticale se retrouve
sidéral. A l'aide de lunettes dont l'axe
quand1 est exactement dans la direction du méridien, les
on dit par exemple que la semaine a 7 jours, queastronomes peuvent saisir le
les mois en ont 30 ou moment précis où
i
31, etc. Mais cette notion un un astre quelconque traverse le
peu vague ne saurait sufflre; pour l'exposer ici1 mesurant, à l'aide d'une penduleméridien. Or, en
avec toute la clarté et la simplicité nécessaires, toute la précision possible, le construite avec
nous raisonneronscomme si le mouvement diurne deux passages consécutifs d'une étoilequi sépare temps
était réel, suivant ainsi la voie dans laquelle les d une planète), ils (mais non
astronomes ont marché eux-mêmes pour arriver invariable ont reconnu que ce temps est
à la déterminationexacte de cette unité de temps.. étoiles et qu'il est le même pour toutes les
Horizon. indistinctement. En raison de cette durée
La surface de l'eau tranquille, priseconstante, ils l'ont adopté
sur une faible étendue, peut être regardée commesure du temps sous le pourdeunité dans la me-
plane, quoiqu'elle ait en réalité la courbure de jour
la mer; elle se' nomme surface horizontale la heures sidérales; j se divise en 24
nom
parties
jour
égales
sidéral. Ce
nommées
l'heure en 60 parties égales
ligne verticale indiquée par le fil à plomb lui
perpendiculaire. Imaginons qu'une surface plane ties estnommées
i
t égales
minutes sidérales, et la minute en 60 par
nommées secondes sidérales. Elles
parallèle à celle de l'eau, c'est-à-dire perpendi- indiquées
culaire au SI à plomb, s'étende indéaniment sont
e dans les observatoires par une
au- pendule réglée sur la marche des étoiles et nom-
tour d'un observateur, en passant par son œil mée 1
raison
dans une vaste plaine complètement découverte i pour cette pendule sidérale.
Inégalité des jours solaires. Jour solaire
son contour semblera une immense circonférence Supposons que le soleil et une étoile moyen.
Le cercle ainsi déterminé sépare la partie du ciel ensemble passent
visible pour nous de celle qui reste au-dessous main, e au méridien un certain jour. Le lende-
cachée à nos yeux c'est l'horizon astronomique. n on observe que l'étoile y revient la première
Le lever d'un astre est le moment ou le point 4 minutes et
e que le soleil est en retard sur elle d'environ
de horizon où il apparalt au-dessus de ce cercle est à sidérales. Le surlendemain le retard
du côté de l'orient; son coucher est le moment triple, peu près double; le jour suivant, il est
e
ou le point dans lequel il disparatt au-dessous,
t: etc.; de telle sorte que ce retard augmen-
Méridien. Jour solaire. tant
t! de jour en jour, le soleil finit par se retrouver
Quoique le lever en e m6me temps que l'étoile au méridien. Le temps
d'un astre soit asset bien déterminé cette qui s'est
définition, tes astronomes ont néanmoins trouvé tané des écoulé entre le premier passage simul-
par q
plus commode de prendre un autre point ti deux astres au méridien et le suivant est
reconnaître la durée du jour. Imaginons qu'une pour p précisément ce qu'on appelle année sidérale
table soit posée bien horizontalement en plein sidéral (V.
H Année). Cet excès du jour solaire sur le jour
air et qu une tige flne, droite, comme une aiguille fectuantsi provient de ce que le soleil, tout en ef-
à tricoter, par exemple, y soit Bxée perpendi- dent, fE son mouvement diurne d'orient en occi-
culairement. La surface de cette table Bgurera d. comme tous les astres, possède un autre
l'horizon pour un observateur qui aurait l'œit mouvement
m propre, en vertu duquel il semble
niveau de cette surface. au marcher
m en même temps d'occident en orient, en
avançant
ai
Qu'on suive l'ombre projetée par l'aiguille dans d'environ chaque jour dans cette direction d'un arc
d' un degré.
une journée où le soleil n'est pas voilé par les La vitesse du soleil dans ce mouvement propre
nuages. Très longue le matin, elle diminue peu n'est n'
à peu en pivotant autour du pied de l'aiguille pas constante à certaines époques de l'année
Msqu une certaine position, à partir de laquelle tit el
elle est plus grande, a d'autres époques, plus pe-
'i)e grandit au contraire jusqu'au soir, en con- jour tite. De là vient que l'excès du jour solaire sur le
tinuant à tourner en sens inverse de la direction jo sidéral n'est pas constamment le même et qu'il
se trouve tantôt un peu inférieur, tantôt un peu
se
supérieur à 4 minutes. Les Jours solaires n'ont midi
r est la période du matin celle qui le suit est
df~nc pas tous la même durée.
eelledusoir.
e
de la durée des jours et des nuits.
Voyons quelle conséquence en résulte pour la ~<m<t<ton<
moyen de nos horloges. Cet article serait incomplet s'il ne renfermait
mesure du temps au soit réglée sur le soleil à t quelques explications
pas sur les variations qu'on
Qu'une bonne montre observe dans la durée du jour par opposition a
une certaine époque, en d'autres termes qu'elle c
celle de la nuit. Ce phénomène si remarquable
,marque midi ce jour-là et le lendemain,au moment t
du passage du soleil au méridien, c'est-à-dire au ne t se produit pas partout avec le même carac-
m«& OMt. qui se trouve indiqué par la position de tère. t
Dans tes lieux situés sur t'équateur terrestre,
l'ombre de l'aiguille verticale sur la méridienne ou
est constamment égalcontraire, à la nuit pendant
cette de l'ombre projetée par le style d'un cadran 1le jourl'année. Chez nous, au cette éga-
solaire (V. CodraMMO~K'c), l'accord ne subsistera toute t
vers le
le midi, de la 1iité ne se présente que deux fois par an,
pas longtemps. De jour
montre avancera pendant une certaine
en jour,
retardera pendant une autre sur le retour du pour
période et 21 mars et le 22 septembre; ces époques,
1 cette raison équinoxes, sont, la première, )e
nommées
[.atei'reM![SoIstices;iD~a)it6<)esjouMetdesnmt!.
JOURNEES – Histoire de France, XXXVIII- attribut. Le feu est chaud, la terre est ronde,
«
XL. On a l'habitude de désigner par ce nom l'homme est un animal raisonnable Dieu est bon, .<
de journées un certain nombre d'événements de sont des jugements.
l'histoire de France, dont les plus célèbres sont Exprimé par le langage, le jugement s'appelle
la Journée des barricades (12 mai 1588), à la suite proposition. Toute Froposition a en effet trois ter-
de laquelle Henri 111 dut quitter en fugitif Paris mes: le sujet et l'a~fitM, mis en rapport par le
soulevé par les Guises; la JoMr'~e des tfHpM verbe.
(11 novembre t630), dans laquelle Richelieu déjoua On sait que l'analyse grammaticale retrouve
les intrigues de la reine mère et obtint la dis- aisément ces trois termes dans les propositions
grâce de ses ennemis; la seconde Journée des mêmes qui no sont formées que de deux mots.
barricades (5août 1648), qui fut le commencement « J'aimo )) est pour et je suis aimant»; "j'existe ou
de la Fronde, et eut pour cause l'arrestation de «je suis», pour «je suis existant»,etc.Et ainsi l'ex-
trois conseillers au Parlement ordonnée par la pression du rapport qui unit le sujet et l'attribut est
cour; la Journée du 14 juillet 1789 (prise de la universellement le verbe être, à des personnes et à
Bastille) les Journées des 5 et 6 octobre 1789, où des temps dinérents. Ces remarques élémentaires
les femmes de Paris, suivies de la garde natio- jettent un grand jour sur la théorie philosophique
nale, se portèrent à Versailles pour en ramener du jugement. On s'est demandé si le jugement est
le roi; la 7oM'M~e du 10 ao~t 1792 (prise des Tui- toujours le résultat d'une comparaison entre deux
leries et renversementde la royauté) les Journées termes antérieurement et isolément connus. C'est
de septembre, du 2 au 5 septembre 1792 (massa- la doctrine des anciens logiciens et du grand psy-
cres dans les prisons); les ~oMmee~ du 3 mai et chologue anglais, Locke. On objecte qu'il y a des
du 2 juin 1793 (chute des Girondins) la Journée jugements, dits primitifs, où cette comparaison
du 9 <~crMMo)'an Il (chute de Robespierre) les n'existe pas. Soit, par exemple, cette proposition:
/OM-?t~ de prairial (1" et 2 prairial an III, sou- « Je suis. o Peut-on raisonnablementsoutenir quo
lèvement des faubourgs do Paris contre la Conven- l'esprit ait d'abord conçu l'existence abstraite
tion dominée par la droite) la Journée du 13 ven- possible, puis un moi également abstrait et possi-
démiaire an /F (insurrection des royalistes contre ble, et qu'il ait ensuite réuni ces deux termes,
la Convention, écrasée par Barras et Bonaparte); aperçu leur convenance, pour afflrmer l'existence
les Journées des )8 e< 19 brumaire an
d'Etat de Bonaparte contre la
F/ (coup
représentation
réelle et concrète du moi? Il est clair que le con-
cret est connu avant l'abstrait, que je perçois mon
na-
tionate); les JoM)-M~ des 27, 28 ef2~'MMe< 1830 existence avant de concevoir l'existence en géné-
(révolution à Paris provoquée par les ordonnances ral, que celle-ci ne m'est donnée que par celie-la;
de Charles X) les Journées de février )SM (révo- qu'ainsi le j ugement «JesuiSNestantérieuratoute
iution des 23 et 24 février, qui renversa le trône comparaison des termes que t'analyse y découvre,
de Louis-Philippe). qu'il est l'intuition directe, immédiate, irréducti-
JUGEMENT. Psychologie, V. Juger, dit ble, d'une réalité où le sujet et l'attribut se con-
Aristote, c'est affirmer uno chose d'une autre fondent absolument.
chose. Le jugement est essentiellementl'opération Telle est, en résumé, la critique adressée par-
de t'esprit qui consiste à affirmer un sujet d'un V. Cousin àla théorie de Locke. Elle est incontes-
tablement fondée sur un point l'esprit ne débute ment pour dire qu'il perçoit naturellement, entre
pas par dM abstractions.Je connais mon existence les choses, les rapports vrais qui les unissent; en
avant de connaltre l'existence en générât, cela est d'autres termes, qu'il il distingue exactement, et par
hors de doute. Mais il ne s'ensuit pas que le ju- une sone d'heureuse disposition, le vrai du <aux.
gement: << Je suis ne soit que ta simple appréhen- Seulement, ainsi que le faitobserverM. Janet, « dans
sion de l'existence telle qu'elle est impliquée dans le sens ordinaire, on réservele mot jugement pour
la première et la plus obscure manifestation de les eu importants, rares et difficiles on ne dira
ia conscience. A ce compte, dit très bien M. Janet, pu QM tTMp'me montre ttjtetnent en disant
il faudrait dire que l'huître juge, car <m doit lui qneh tteiee estMtnehe :<? te ~ote pour les
supposer quelque sentiment d~Ue-même. Or, M CMea U EMt dB~tscemostMttt.de Ja pénétra-
n'y a jugement que quand H y a retexion, et la tion.» mais «mjours ii s'a~tt d'trfb~t formuler
réflexion implique déjà quelque distinction entre
le sujet et l'attribut, et la cOBMtMaace, tu moins
0"6' e
une propotttion qui n'est, en deânMMttthél'expres-
sion d'un rapport entre deà< tcMm*. xpres-
confuse, de celui-ci a ~tre de caractère générât
pouvant convenir à d'autres chose* encore qu'au
La &cnM dejnger
hqnme*, et'
hommes, et
~set néea&jN~a tous
~vonttneme'ttfthué
~otes`:
BMW
les
qu'elle
qu'elle
suje t dont on t'aMrme.QMnd Je dis: Je suis je est cajxctetMqwe de notre etpew~wpeutmême
n'exprime pas seulement le vague sentiment que
tout animal doit avoir de son existence je fais
avancer q~tfeUe ut dans Mm eMWtt~tdentiqueà
l'intelligencemême (V. 7<t<<Nt~e<tM).Mais toua les
plus le me distingue des autres êtres, et je cir- hommee.nejngentpM ëgatMMntb~M, et les au-
conscris en quelque sorte ma part d'existence teurs de ht torquede Port-ttoyal wat jusqm'tdire
dans le sein de l'existence générale. En d'autres « qu'on ne rencontrepartout que dM ttMtrits faux. n
termes, je me-saisis et m'affirme comme une per- Avoir l'esprit faux, c est meeonnaitre~fes rapports
sonne dont l'existence se pose en face et indépen- vrais entre les choses. on en suppoter de chimé-
damment de toute autre existence connue ou con- riquet.H est eMrque la &nMeM d'esprit ne
cevable. Donc le jugement a Je suis implique Murait exioter (an moins, à rettt MMnaI) pour les
véritablement la notion de Mire en générât donc jugements on le rapport est ttMhifeste; nul
il implique, au moins logiquement,Tt distinction homme MiBonnaMe n~mrmera <toe deux et deux
des trois termes,je M<tt étant, l'attribut possédant font cinq. L'esprit faux ne se trmnse que sur les
ce caractère de généralité que ne Murait avoir le rapports nn peu cachés on eto~e*. Les rapports
sujet je qui est individuel. On doit conclure de les plus superMeh lui paraissent essentiels il
là que le jugement n'appartientpas à l'animal, car prendra une simple eomeMence,nae succession
it suppose l'abstraction et la généralisation, qui sontfortuite pour une)i<tiseneonBttttt et nécessaire de
des opérations propres, à l'entendementhumain. cause ettet. tMt ta MteMMd'esprit n'est jamais
On doit en conclure aussi/contre lessensnalistes, incurable, car elle est toutMMTeZetde la précipi-
que le jugement se distingue profondément de la tation et de la prévention. Le remède est contenu
sensation. «Juger et sentir, dit Rousseau, cité par dans ce précepte de Descartes, que nous rappelions
M. Henri Joly, ne sont pas la même chose. Par la tout à l'heure suspendre son jugement. Ajoutons
sensation, les objets s'offrentà moi séparés, isolés, que cette suspension ne doit pas être Indéfinie ni
tels qu'ils sont dans la nature par la comparaison, conduire an scepticisme; il faut seulement sus-
je les remue, je les transporte, pour ainsi dire, je pendre son jugementjusqu'à ce que, par une obser-
les pose l'un sur l'autre pour prononcer sur leur vation plus scrupuleuse,une réflexion plus péné-
différence ou sur leur similitude, et généralement trante, le rapport vrai se dégage et apparaisse en
sur leurs rapports. La faculté distinctive de l'être pleine lumière. Rien de plus utile, par conséquent,
actif et intelligent est de pouvoir donner un sens que de mettre les jeunes esprits en garde contre
à ce mot est. Je cherche en vain dans l'être pure- les affirmations hâtives, résultat ordinaire de l'i-
ment sensitifcette force intelligentequi superpose gnorance il sera même bon de leur apprendre /1
et puis qui prononceje ne saurais la voir dans sa douter en leur présentant sur une même question
nature. Cet être passif sentira chaque objet sépa- plusieurs solutions également plausibles en appa-
rément même il sentira l'objet total formé des rence, ou en les amenant, par une série de ques-
deux mais, n'ayant aucune force pour les replier tions appropriées, une solution précisément con-
'l'un sur l'autre, il ne les comparerajamais, il ne les traire & celle qu'ils avaient d'abord avancée. C'é-
jugera point, x tait la méthode de Socrate, méthode excellente,
C'est uniquementdans le jugementque résident pourvu qu'elle n'aboutisse pas a l'indifférence et
la vérité et l'erreur. La pure sensation est infail- qu'elle ne soit en quelque sorte que le point de
lible, car elle ne contient aucune affirmation expli- départ d'investigations plus profondes.
cite. Le jugement est vrai ou faux, selon qu'il On a proposé plusieurs classificationsdes juge-
exprime entre l'attribut et le sujet un rapport qui ments, en se plaçant à différents points de vue.
correspond ou ne correspond pas à la réalité des Aucune n'est encore universellement adoptée à
choses. Il est des cas où le rapport est tellement l'exclusion des autres; nous nous contenterons
évident, que le jugument se prononce pour ainsi donc d'indiquer brièvement les divisions les plus
dire de lai-mêmela réBexion n'est pas sans doute fréquemment employées.
absente, mais elle se borne à concevoir exactement 1. Jugementsa/)!t~M<t/< et jugements ~yoft~,
les termes et à les mettre en face l'un de l'autre selon qu'on affirme ou qu'on nie l'attribut du su-
leur convenance ou leur disconvenance se mani- jet « Dieu est bon la terre n'est pas carrée. »
feste immédiatement. Plus souvent, une réflexion Mais en réalité tout jugement est une affirmation,
prolongée est nécessaire; et comme la réBexion car si je dis la terre n'est pas carrée », j'affirme
implique la volonté, le jugement est alors, au que l'attribut carr< ne convient pas aa sujet
moiM partiellement, un acte volontaire et libre. terre.
Aussi Descartes a-t-il eu raison de dire que là où 2. Jugements aMa~yM~tMt et jugements<.yM~-
d n'y. a pas évidence, il est toujours possible de <MMM. Les premiers sont cenx dans lesquels l'at-
suspendre son jugement, et, par suite, d'éviter tribut ne fait que développer l'idée exprimée par
l'erreur. En ce sens, l'erreur est volontaire, et l'on le sujet; exemple « l'homme est un animal raison-
est toujours plus. ou moins responsable de s'être nable x l'idée d'animal raisonnable est implicite-
trompé. ment contenue dans l'idée d'homme. Dans les ju-
Dans le langage ordinaire, le mot jugement synthétiques, l'attribut ajoute quelque
n'est pas pris dans une acception essentiellement gements chose à l'idée du sujet: "l'atrestcomposéd'oxygène
différente de celle que lui' donne le langage philo- et d'azote. Je puis avoir l'idée de l'air,
aophique. On dit d'un homme qu'il a du juge- voir quels sont les gaz qui le composent. sans sa-
S. Jugements à~-t'o)': et jugements <tpo~e)-oW. sans doute quelques restrictions à ces avantages;
Les jugements p?':o)'t sont ceux dans lesquels le mais Julien, au contraire, va jusqu'à vouloir rebâtir
,rapportentre les deux termes est affirmé antérieu- le temple de Jérusalem.
rement à toute expérience, comme «tout corps Pendantles deux premiers siècles, il n'éclate pas
est dans l'espace. Ils sont encore nécessaires,c'est- de graves dissentimentsentre les chrétiens et les
à-dire qu'ils expriment une vérité dont le contraire Juifs, réunis dans une destinée commune; mais, à
est impossible. Nécessaires, ils sont -par consé- partirdu Concile de Nicée,qui fixe le dogmecatho-
quent universels et absolus, et constituent ce qu'on lique (325), la division s'accentue et les deux com-
appelle des vérités premières (V. Idées). Les munions entrent en lutte. En Espagne, des col-
jugements à posteriori sont ceux où le rapport loques théologiques ont lieu (311), et les prêtres se
n'est donné que par l'expérience ils sont austsi plaignent de ce que leurs ouailles font bénir les
contingents et relatifs. moissons par les rabbins. Valens,Maxime et Théo-
4. Jugements généraux, jugements paM'ti'CM/M)' dose le Grand interviennent pour empêcher les
jugements individuels. Les jugements généraux évoques de faire démolir les synagogues; ~395), saint
sont ceux par lesquels on affirme un attribut de Ambroises'opposeàces mesures de protection
toute une classe d'êtres a tous les corps sont pe- et Honorius exclut les Juifs des fonctions publiques
eants. Les jugements particuliers sont ceux (399). Dans Alexandrie, partagée entre les éatholi-
où l'attribut n'est affirmé que d'un nombre plus ques orthodoxes,les ariens,les Juifs et les paiens, lea
ou moins grand d'individus d'une classe: e quelques excitations du fougueux éveque Cyrille soulèvent
hommes sont ambitieux. » Enfin les jugements in- chaque jour des luttes armées, et les églises, les
dividuels ne s'appliquent qu'a un seul être déter- synagogues et les temples sont tour à tour pillés
miné « Shakespeare est le plus grand poète dra- et brûlés (419). AMinorque, une communauté ~ulve
matique de l'Angleterre. entière est violemment convertie au christianisme
&. Jugements classés d'après leurs objets ju- après un assaut donné à la synagogue sous la con-
gements portant sur des réalités ou des faits ce duite de l'évoque. Tous les chrétiens ne tombent
sont les jugements d'expérience ou de perception pourtant pas partout en d'aussi tristes excès. Saint
(comprenant eux-mêmes les jugements des sens Hilaire, éveque d'Arles, vers 430, Sidoine Apolli-
et ceux de la conscience); jugements portant naire,de Clermont, vers 472, et les princes goths
sur des idées premières et sur des vérités abso- d'Italie et du midi de la Gaule, prennent le parti
lues ce sont les jugements rationnels ou princi- des Juifs, qui reconnaissent ces bienfaits ils contri-
pes de la rcMOM pure; jugements portant sur buent à la défense d'Arles attaquée par Clo-
des notions abstraites ou idées conçues par l'es- vis (508), et à celle de Naples contre Bélisaire
prit, mais sans réalité correspondante:ce sont les (537).
jugements de conception (qui comprennent les Justinien fait passer l'intolérance dans les lois
produits de l'abstraction et de la généralisation, irrité peut-être du concours que les Juifs de Perse
de la mémoire, de l'imagination, de l'association avaient offert contre lui à leur roi Chosroês, il res-
des idées) enfin jugements portant sur le rap- treint leur aptitude à posséder et à recevoir des
port logique de plusieurs idées ou de plusieurs héritages, et leur interdit la lecture de la Bible en
jugements: ce sont les raisonnements (raisonne- hébreu et de la Mischna (537). Les conciles lès
ment par déduction, raisonnementpar induction). excluent de l'état militaire et de la magistrature;
V. Intelligence. fL. Carrau.] Avitus, éveque de Clermont-Ferrand, les oblige à
JUIFS. -Histoire générale. XVI-XXVI. I. LES opter entre le baptême et l'exil (579), et ceux qui
JUIFS SOUS LES EMPEREURS ET LES BARBARES JUSQU'A fuient dans le Midi sont soumis aux mêmes vio-
L'INVASION DES ARABESEN ESPAGNE ( t35-t )). – Après lences parlesévêques d'Arles et Marseille (58.7).
de
la chute de la Judée (V. Israélites), les Juifs ne son- Le pape Grégoire I" le Grand intervient en leur
gent plus qu'à la conservation de leurs doctrines; faveur; veut il qu'on leur laisse pratiquer libre-
leurs écoles florissent en Palestine et en Babylo- ment leur culte et qu'on ne les amène au
nie, sous la direction des ï'aM~nt (rabbins déposi- christianisme que par la persuasion et la cha-
taires de la tradition). Leurs anaires civiles sont rité.
présidées en Palestine par un Nassi (prince) et Ni le clergé, ni les rois ne s'inspirent de cette
en Babylonie par un ~McA-Ca/OM<Aa; (chef de mansuétude à Paris, où se trouve déjà en 582 une
l'exil). Le plus célèbre de tous, Juda te Saint, petit- synagogue, un concile tenu à l'avènement de
<ils de Gamaliel, descendantd'Hiltel, est, vers 220, Clotaire II déclare les Juifs impropres à tout em-
le chef de l'école da Tibériade et le prince des ploi public; Dagobert renouvelle ces exclusions et
Juifs; il écrit la Mischna (recueil des traditions décrète le baptême forcé. Les princesTolède visigoths
orales). Cet ouvrage reçoit plus tard dans les d'Espagne et la plupart des conciles de vont
deux pays un complément (GMcm~ra) qui con- jusqu'au comble de l'intolérance malgré les ser-
tient les discussions des rabbins; l'ensemble, qui vices des Juifs qui participaient vaillamment à la
porto le nom de Talmud (étude), n'est achevé que garde des fameux défilés des Pyrénées, le bannis-
sement est prononcé contre tous ceux qui refusent
vers la fin du cinquième siècle. Dans cet intervalle, d'apostasier.
d'autres travaux importants sont accomplis, par Un éveque, saint Isidore de Séville,
exemple, la fixation du calendrier juif par le calcul, fait dominer momentanément les idées de Grégoire
et des traductions chaldéennes du Pentateuque où le Grand et cherche, mais sans succès, à con-
dominent des idées spiritualistes. Le Talmud, vertir les Juifs par la discussion pacifique, vers
dont le but est d'assurer l'unité du judaïsme, 630. Mais les conciles et les rois continuent à
contient de nombreuses décisions casuistiquestrès prendre des mesures où se montre par avance
minutieuses il porte la trace des superstitions du l'esprit de l'Inquisition. Une surveillance domesti-
temps et des souffrances cruelles des Juifs; mais que est organisée les enfants sont enlevés et mis
il reste fidèle à la morale du Pentateuqueet main- au couvent; la bastonnade, la connscation, l'exil
tient la liberté de penser. frappent les récalcitrants, les lettres de no-
Dès que les Juifs eurent renoncé a toute velléité blesse sont accordées en récompense à l'apo-
de révolte, les Romains les laissèrent travailleren stasie.
paix;ils reconnurentleurs chefs etparfoisles entou- Il était impossible que les Juifs,traités ainsi, ne
rèrent de considération;ils leur permirent de fon- se tournassent pas vers l'Orient qui allait leur
der librement des communautés dans tout l'Em- offrir des libérateurs. Depuis quatre siècles déjà,
pire et même d'exercer un certain prosélytisme ils étaient en contact dans l'Yémen avec les Arabes.
ils leur ouvrent l'accès des charges et leur accor- et ils avaient converti au mosaisme un de leurs
dent le titre de citoyen romain. Constantin met princes, Tobla, et quelques-unesde leurs tribus. Ils
vêtaient, non MM combat, soumis à Mahomet, ot à d'autant d'érudition que d'intelligence vraie des
(érusa)em, & Alexandrie et en Perse, ils avaient textes. A Worms, le rabbin Gerson, nommé la lu-
reçu Omar à bras ouverts. Après les rapides vic- mière de ~a;t/, préside un synode qui proscrit la
toires des califes, les Juifs étaient devenus les polygamie. En généra), les Juifs sont protégés;'
compagnons d'études des Arabes et avaient vu Ali Philippe I" de France, Guillaume II d'Angle-
honorer leurs chefs et leurs savants. Ils ne pou- terre. Renaud, comte de Sens, le pape AlexandreII,
raient donc en Espagne rester fidèles aux princes don Pedro d'Aragon, ainsi que le clergé espagnol,
ingrats qui les persécutaient.Dès que Tarik eut résistent aux excès que les populations veulent
~asse le détroit. ils se donnèrentouvertement à lui, commettre contre eux.
et, commandes par nn des leurs, Kauta-al-Yehudi, m. Ho!tR!BLES)HSÈRESET TRAVAUX MTEf.LECTCBM
Us prirent part à la bataille de Xérès, qui eut pour BBS JUtFS PENDANT LES CROISADES (1095-1300).
résultat t'étabUssementdela monarchie arabe dans Tout à coup, le fanatisme se réveilla avec fureur
tacéninsule ibérique (711). en Orient et en Europe; le féroce khalife Hakem,
H. RoTANtES XCSCUtANS ET CHBETIENS JCSQC'ACX sorte de Caligulamahométan, persécutait cruelle-
CROISADES C!t<-1095). Les écotes juives d'Orient ment les chrétiens et les Juifs de son empire, et,
avaient pris sous les khalifes un nouvel essor; di- par ses ordres, au Caire, 12000 Juifs avaient été
rigées par dos chefs spirituels qui portent le massacrés. Le bruit ne s'en répandit pas moins
uom de Gaon(Excellence),elles accomplissent une en Occident que c'était par leur conseil qu'il avait
tuvre importante, la Jtf<Mto« (critique tradition- détruit le Saint-Séputcre. La guerre sainte est
telle), qui nxait non seulementla prononciationdu proclamée d'immenses multitudess'ébranlent en
Mte, mais encore le nombre des versets et même désordre et commencent par tuer les Juifs, pre-
tes lettres de la Bible; ces précautions étaient né- miers inttd&ies qu'ellesrencontrent.Lesëv&quesne
tessaires à cause des discussions dont l'Ecriture réussissentpas les sauver mêmedans leurs palais.
tainte était alors l'objet. Un prétendu Messie, Les femmes se jettent dans les fleuves, les pères
Sérène, suscité par tes persécutions du calife égorgant eux-mêmesleurs enfants et se tuent après
Omar Il, rejetait le Talmud C!20;, et une secte, pour échapper aux Croisés. A Jérusalem, après la
celle des Xof<<M (textuaires), vers '!50, voulait, en victoire, tous les Juifs sont réunis dans la syna-
s'appuyant sur le texte du Pentateuque comme gogue et égorgés, comme les Musulmans dans les
autrefois les Sadducéens, répudier toute interpré- mosquées. Malgré saint Bernard, Frédéric Barbe-
tation biblique et par suite tout progrès. Sous rousse et l'empereur Henri YJ, les Juifs subis-
Haroun-al-Raschid, les Juifs continuent leurs sent partout la haine populaire. Philippe-Auguste
travaux et jouissent d'une certaine autonomie. et Jean d'Angleterre les frappent de décrets de
Sous les rois français de la deuxième race, leur confiscation et d'exil; à Paris seulement, 42 fa-
situation est presque aussi favorable. Charlemagne briques leur sont enlevées et données à des chré-
institue un ma«fe des Juifs qui veille à leurs in- tiens.
térêts Louis le Débonnaire et Charles le Chauve Le midi de l'Europe est plus clément pour les
facilitent leur commerce et obligent certains éve- malheureux persécutés; Innocent III, si terrible
ques fanatiques à les laisser en paix mais, après aux Albigeois, et son successeur Honorius, défen-
la mort de ces princes, les conciles de Meaux et de dent de les contraindre au baptême. Les comtes de
Paris organisent des prédications pour les con- Toulouse, les bons ducs comme les appelaient
vertir. Les Juifs émigrent alors vers le Midi où, les troubadours, leur accordent tous les droits et
grâce at voisinage des Arabes, il régnait une cer-< toutes les libertés ils sont en rapports étroits avec
taine tolérance. Abd-el-Rahman 111 (Abdérame), leurs coreligionnaires d'Espagne, qui continuent,
khalife de Cordoue,de la race des Omeyades (945), sous les rois chrétiens et les khalifes, à se distinguer
prince instruit et juste, avait pour médecin et dans les sciences et la littérature. Juda Halevy
pour ministre nn Juif, Chasdai-Ibn-Schaprout. (1080-1X6) est poète la fois en hébreu et en cas-
théologien;
qui faisait fleurir à la cour de son maître et chez tillan, médecin et son œuvre capitale
ses coreligionnaires tes sciences et la littérature. est le Khozari, où il raconte la conversion du roi
Chasdai se mit en rapport avec le royaume juif des des Khazares et expose les doctrines fondamen-
Khazares, en Tartane, près de la mer Caspienne, tales du judaïsme. Abraham Ibn-Ezra de Tolède
et obtint de leur roi, Joseph, mis d'Aaron, de cu- (mort en t )6S) est poète, philosophe, exégète sur-
rieux détails sur leur histoire et leur situation. H tout la hardiesse de ses interprétations est
parait que, vers '!&0, nn des ancêtres de Joseph, remarquable. Ibn-Daond écrit un ouvrage, la
Boulan, pressé par les chrétiens et les mnsut Foi sublime, dans le but de concilier la religion
mans d'abandonnerle paganisme, s'était décidé à et la philosophie. Benjamin de Tudèle, en Ara-
adopter le mosaïsmo. Son royaume avait alors gon, savant et courageux voyageur, parcourt en
30 milles d'étendue et se trouvait en lutte contre pleines croisades presque toute l'Europe, une
tes Russes, sous les atteintes desquels il succomba partie de l'Asie et de l'Afrique, et donne sur les
peu de temps après. C'est grâce à Chasda: aussi qu'il Juifsqu'il visite une;curieuse relation ()165& U73).
se fonda à Cordeue une école talmudique impor- Le fanatisme venait d'éclater au sein de l'Es-
tante, qui devint bientôt elle-même un centre de pagne arabe elle-même. Un sectaire cruel, Ab-
science et de littérature. dalla-Ibn-Tumart, venu d'Afrique, avait fondé la
Les penseurs juifs dè tout genre abondent à dynastie des Almohades, qui ne souffrait aucune
cette époque. En Babylonie.le Gaon Saadya, vers dissidencereligieuse les écoles de Sévilie, de Cor-
930, écrit une œuvre théologique, le Lavre des doue et de Lucena sont détruites chrétiens et
croyances et de, opMttfMM,où l'autorité de la raison Juifs sont envoyés au supplice, s'ils n'embrassent
est reconnue à coté de celle de l'Ecriture. En Italie pas l'islamisme. Quelques Juifs s'enfuientdans les
se fonde l'école de médecine de Salerne, dont les royaumes voisins et en Italie à la cour de l'empe-
premiers professeurs sont des Arabes et des Juifs. reur Frédéric II, ou ils trouvent une certaine
En Espagne, plusieurs Juifs distingués sont ap- faveur. Parmi ceux qui se convertissent en ap-
pelés au visirat et rendent aux lettres de grands parence se trouvent Maïmon et son ~eune nls
services. Le Talmud est traduit en arabe, les Moise surnommé Maimonides. qui fut un des plus
études grammaticales sont approfondies Gabirol, grands penseurs du moyen âge (113& à 1204); t
poètesublime, connu dansle monde chrétien sous le 23 ans, il écrit nn commentaire sur la Mischna;
nom d'Avicebron,est l'auteur d'une œuvre philoso devenu le médecin du sultan Saladin, il com-
phique, la Source de la vie, vers 1050. En France, pose un abrégé systématique du Talmud, un,
te célèbre Raschi compose sur la Bible et le Talmud grand nombre d'ouvrages de médecine et de théo-
des commentaires considérables qui témoignent logie, et, enfin, un traité d'interprétation phil&-
60pn:que da la Bible intitulé le Guide des ~ofA. d'une sorte de folie, se flagelle lui-même et tombe
Le siècle n'était pourtant pas propice aux sur les Juifs qu'il accuse devoir empoisonné les
travaux de la pensée partout le sang des Juifs fontaines. H se passe partout d'épouvantables
Mutait à flots. Un grand nombre avaient péri dans la scènes; ici des Juifs sont mis dans des tonneaux
guerre des Albigeois avec les autres victimes de la et jetés dans le Rhin; là on en roue et on en
croisade. A Bordeaux, à Angoulême, à Saintes, et décapite un grand nombre ailleurs, on les brûle par
Poitiers (1236), aMecUembourg, à Breslau (1226), milliers; dans quelques villes, notamment & Paris,
h Francfort et Mayence (1246), des massacres ont ils n'obtiennent la vie qu'à prix d'or.
lieu sous prétexte d'hosties profanées. Saint Louis Pendant cette horrible explosion, la Pologne,
fait brûler le Talmud, décrète l'exil et la confis- sous Casimir le Grand, inspiré par une autre
tation contre les Juifs, en n'exceptant de ces Esther (1333), et les rois d'Espagne qui ont
mesures que ceux qui pratiquent des métiers besoin d'eux pour la lutte contre les Maures,
(1244). Le synode de Vienne ressuscite les ancien- leur accordent une grande in&uence. Jean le Bon,
nes proscriptions (126T): c'est en vain que les Juifs Charles V le Sage, Charles VI de France et
d'Allemagne essaient d'échapper à de tels tour- Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, leur as-
ments et veulent, sous la conduite d'un illustre surent, moyennant de fortes redevances, un peu
rabbin, Meir de Rottembourg, se diriger du coté de sécurité. On leur fait porter un signe distinctif
de l'Orient; l'empereur Rodolphe, qui pourtant et on leur assigne des quartiers spéciaux, afin de
ne les persécutait pas, les fait ramener dans leurs les protégerplus facilement mais on leur permet
foyers (1286). de devenir médecins à la condition de fréquenter
Quelques souverains furent plus cléments à les universités de l'Etat. Les savants juifs con-
cette époque troublée. Au début du siècle, Pem- tinuent à jouir en Provence d'une réelle fa-
broke, régent d'Angleterre, avait révoqué les veur à Lunel, la famille des Tibbon traduit en
édits hostiles aux Juifs (1216), édits qui furent hébreu les ouvrages arabes et les fait connaltre
remis en vigueur après sa mort. Grégoire IX et le ainsi aux savants chrétiens à Bagnols, Levi-
concile de Tours (1236), Innocent IV(1247) les pro- ben-Gerson, maitre Léon, cultive l'exégèse avec
tègent, condamnent les baptêmes forcés et les accu hardiesse, et il peut nier le dogme de la création
sationscalomnieuses'élevéescontre eux. Philippe III ex nihilo sans Être, de la part de ses coreligion-
de France se contente de les pressurer: Boleslas V naires, l'objet d'aucun anathème (1360) à Alger
les soutient en.Pologne; Edouard!" d'Angleterre, enfin fleurit une grande école, dans laquelle on
meilleur que son père Henri III, défend qu'on les enseigne les sciences profanes avec la théologie.
maltraite en Gascogne; Philippe le Bel lui-même, Pendant les désordres qui avaient suivi la folie
mais dans des intentions intéressées, prend souci de Charles VI, un édit avait expulsé les Juifs de
de leur liberté et allège les impôts qui pèsent France; Charles VII les rappelle, et la situation con-
sur eux (1288). Aussi, le mouvement littéraire et tinue à s'améliorer partout pour eux. Le pape
scientifique continue-t-il chez les Juifs pendantces Martin V interdit de les forcer au baptême, leur
intervalles moins tourmentés. L'étude du Talmud permet la célébration de leur culte et engage les
se développe principalementau nord de la France souverains à les traiter avec humanité ()419). Cette
et en Allemagne; celle de la philosophie, dans la voix tolérante est entendue; dans le Dauphiné et le
Provence et en Espagne. Les écoles, fort nom- Comtat d'Avignon, les autoritésprotègent les Juifs
breuses, discutent avec ardeur l'œuvre de Maimo- contre le peuple (t436), et en Castille le roi Jean II
nides. Accueilli avec enthousiasme par les uns, les défend contre le pape Eugène IV, oublieux de~
taxé d'hérésie et brûlé par les autres, le Guide traditions de son prédécesseur. Sixte IV est plus
des ~/ar~, traduit de l'arabe en hébreu pendant clément les persécutionsvenaient de recommen-
la vie même de Fauteur, finit par triompher de cer en Allemagne, en Bohême et en Pologne; le
toute opposition. L'exégèse et la morale, d'une bruit s'était répandu que des enfants chrétiens
part, et d'autre part les doctrines mystiques de la avaient été assassinés; les Juifs sont aussitôt tor-
Kabale, qui remontent aux Esséniens et à l'école turés et brûlés le magnanime pontife refuse avec
d'Alexandrie, et ne sont pas sans rapports avec le sévérité d'accueillir ces calomnies odieuses (H'!5).
christianisme, ont de nombreux adeptes. Aussi un En Orient, la situation était meilleure encore
synode rabbinique interdit-il l'étude de la phi- 1- Mahomet II, après la prise de Constantinople
losophie avant l'âge de 25 ans. Les colloques se (1453), avait appelé le grand-rabbin dans son
multiplient également entre les prêtres et les conseil suprême avec les chefs des autres cultes
rabbins le roi Jacques I" d'Aragon les provoque et les Juifs fournissaient aux sultans de savants
(t236); saint Louis les permet en 1240 et 1241, médecins et d'habiles diplomates.
mais il interdit bientôt ( à quiconque n'est pas L'Espagne et le Portugal,où les Juifs occupaient
bon clerc de disputer aux Juifs. » Les Juifs ne né- aussi de hautes positions, étaient loin de cette tolé-
gligent pas les autres sciences; leurs mathémati- rance. Depuis longtemps le clergé, chez lequel
ciens sont l'objet des faveurs d'Alphonse X d'Es- s'était réveillé l'esprit des anciens Visigoths, s'ir-
pagne ils dressent les tables astronomiques qui ritait de voir les Juifs persister dans leurs croyan-
(;2M).
portent le nom de ce prince le concours de ces, pratiquer ouvertement leur culte et occuper
leurs médecins, qui se distinguent en grand nom- les emplois civils à l'égal des chrétiens. Les repré-
bre, est réclamé par les chrétiens eux-mêmes en sentations qui avaient été faites aux princesétaient
déoit des conciles de Béliers (1246) et d'Alby restées sans résultat comme les tentatives de pro-
sélytisme. L'Inquisitionfut établie malgré la no-
IV. PREMIÈRESAMÉUORATMNS DANS L'ÉTATDES JUIFS blesse, et les persécutions commencèrent (t4'!8).
j! scu'A L'ExtL D'ESPAGNE (1300-1492). Le xiv' siè- Isaac Abravanel, grand hébraisant et politique
cle commence mal pour les Juifs. Philippe le Bel habile, qui avait été ministre d'Alphonse V de
les chasse de France pour prendre leurs biens; Portugal, était alors chargé des Bnances de Fer-
Louis X les rappelle pour les rançonner les Pas- dinand et d'Isabelle; son crédit ne put améliorer
toureaux les massacrent; et sur la recommanda- la situation qui devenait chaque jour plus péril-
tion du pape Jean XXII, désireux de les convertir, leuse. La chute de Grenade, dernier boulevard des
Philippe V le Long les sauve, mais en leur pre- Maures en Espagne (1492), amena la catastrophe.
nant 47000 livres (1321). Les tueries continuent en Sous l'inspiration de Torquemada grand-inquisi-
Navarre malgré le roi Charles le Bel, et, malgré le teur, Isabelle et Ferdinand décrëtèrent contre les-
pape ClémentVI et l'empereur Louis V, s'étendent Juifs l'exil ou le baptême. Un certain nombre crut
en Allemagne (1348). La peste avait éclaté; pour la pouvoir, à l'exemple du passé, trouver la sécurité
conjurer, le peuple malheureux, ignorant et saisi sous les apparences du christianisme;traités avec
mépris par le peuple, qui tes appelait Marranos leurs frères de la Péninsule, dont la position
(maùdits), ils devinrent pour la plupart la proiede continuait à être horrible; parfois ils étaient au-
'l'Inquisition. Mais environ 600 000 Juifs, Mêles a. torisés à quitter le pays presque constamment
leur foi, partirent dans le plus affreux dénûment: ils étaient abandonnés à l'Inquisition, qui, pen-
Les uns furent réduits en servitude, ou périrent dant le xvf et le xvn* siècle, fit brûler plus de
par la trahison do ceux a qui ils s'étaient eonnds. 30 000 victimes et en condamna environ 270 000
Les autres, après d'horribles soum-Mcet), purent se aux gaières. Les malheureux Marranos sont pour-
réfugier dans le midi de la France, en Afrique, en suivis jusqu'au Brési), où ils n'obtinrent un peu
Italie, en Turquie et dans les Pays-Bas. Le fana- de calme que lors de la conquête de ce pays par
tisme avait étoufféchez Ferdinandet Isabelle le sen- tes Hollandais et ot vint les trouver une co-
timent même de leurs véritables intérêts; l'expul- lonie envoyée par les Israélites d'Amsterdam
sion des Maures et des Juifs eut pour l'Espagne (1624).
des conséquences plus fatales encore que, deux Il souffle a cette époque dans plusieurs pays un
siècles plus tard, en France, l'exil des protestant; esprit de tolérance envers les Juifs. Henri IV de
ce pays cessa d'être un centre de scienoe, d'indus- France, Christian IV de Danemark et le duc de
trie et de commerce. Depuis ie commencement du Savoie leur sont favorables. Une émeute san-
xv* siècle, des penseurs remarquables, philosophes glante contre ceux de Francfort est réprimée
et littérateurs s'y étaient montrés, ainsi qu'en Italie, par les autorités (16H) ceux de Prague sont atta-
où les papes accueillent les savantsjuifs. En Alle- qués par le peuple qm les accuse d'avoir assassiné
magne, ce sont toujours les études talmudiques deux chréhens, mais une enquête démontre
qui prédominent l'illustre Reuchlin, qui avait eu leur innocence (1694). Louis XIV règle la situa-
un Juif pour maltre d'hébreu, y gagna, devant tion de ceux de l'Alsaceéditsnomme leur grand
l'empereurMaximilien, la cause du Talmud qu'un rabbin et confirme les de ses prédéces-
Juif apostat voulait faire brûler (1510). Peu après, seurs pour ceux de Metz et de Bordeaux (165~.
le Talmud était imprimé a Anvers, ainsi que l'Ecri- Cromwell, sur l'envoi d'une députation juive
ture sainte et ses'grands commentateurs, et se d'Amsterdam, autorise leur retour définitif en An-
trouvait désormais sauvé du fanatisme. gleterre ()65t). et leur accordeie droit de propriété
V. Fm DES PEBSËCUTMNS, XVm* sIÈCLE. RÉ- qu'ils conservent sans entraves sous Charles II.'
VOLUTION FMNCAist!. – L'invention de l'impri- Jean-Casimir et Sobieski maintiennentleurs pri-
merie, la Réforme protestante, le progrès géné- vilèges en Pologne (1674). Quelques troubles ont
ral des sentiments d'humanité devait avoir lieu en Turquie, suscités, sous Mahomet IV, par
pour résultat d'adoucir en général le sort des un imposteur juif qui se fait passer pour Messie et
Juifs.La dispersion de ceux d'Espagne dans trouve des adhérents même dans 1 Europe chré-
l'Europe fut, pour ainsi dire, l'invasion d'une tienne mais ils n'amènent aucune persécution at
nouvelle civilisation. » (Michelet, Réforme.) La n'atteignent pas sérieusement la tranquillité des
plupart des Etats les reçurent et surtout les Israélites d'Orient (1665).
républiques commerçantes d'Italie Ravenne La Hollande, qui est le centre de toutes les li-
demande à Venise de lui en envoyer une colonie. bertés, offre le plus curieux spectacle. Un de ses
L'Allemagne, où le fanatisme éclate encore, en- plus illustres enfants, Grotius, le créateur de la
tend Luther réclamer pour ceux qu'il appelle science du droit des gens, revendique pour tous
« les frères du Christ, et demander qu'on leur les hommes les droits de la conscience. Les Juifs,
permette les travaux utiles afin qu'ils puissent qui contribuentà la prospérité de son commerce
abandonner l'usure. La Turquie, toujours lar- et la soutiennent par leurs sacrifices dans ses
gement ouverte aux Juifs, met à profit leurs ser- guerres d'indépendance, ont donc toute liberté
vices. Le sultan Sélim se fait représenter à Venise pour leurs doctrines religieuses et leurs écoles.
par un ambassadeur juif (1512). Le grand Soliman A la tête du mouvement intellectuelà Amsterdam
a pour ministre Joseph, un ancien Marrano se place Manassé-ben-Israei, né à Lisbonne où
échappé d'Espagne après les plus étonnantes aven- son père était mort victime de l'Inquisition; il
tures. Elevé à la dignité de prince de Naxos, Jo- écrit et imprime en hébreu, en latin, en portugais
seph fait écrire par son souverain une lettre et en anglais c'est lui qui négocie avec Cromwell
menaçante qui arrache à l'Inquisition d'Ancône le retour des Juifs en Angleterre. A côté de lui se
quelques-uns de ses coreligionnaires, sur le point trouvent de nombreux écrivains et savants, des
d'être broies (1566). Les Juifs du nord de l'Afri- professeurs et des médecins qui avaient réussi &
que se vengent noblement des souffrances de quitter l'Espagne où ils vivaient sous tes appa-
leurs pères; sous le règne de Don Sébastien, rences du christianisme. C'est de ce milieu
arrière- petit-fils d'Isabelle, les Portugais sont aussi que sort, tt cette époque, an génie, l'un
battus près de Fez ils sont heureuxd'être ache- des plus grands philosophes des temps moder-
tés par tes descendants des victimes, chez lesquels nes, Baruch Spinosa ()632-taï7). Disciple de
ils retrouvent leur langue maternelle et la plus Malmonides et d'Ibn-Ezra, autant que de Des-
touchante humanité (1578). La France enfin com- cartes, mais surtout penseur original, Spinosa in-
mence en faveur dea Juifs une réaction de justice terprète ratiouBu~ement la Bible, mais s'éloigne
et de tolérance qui ne s'arrêtera plus, des lettres par sa. doctrine panthéiste, qui confond en une
patentes d'Henri n, en <5M, et d'Henri III, en seule substance Dieu, la nature et l'homme, du ju-
t5'!4, autorisent les Marranos, qu'on nommait daisme pour lequel tes frères d'Espagne et de
alors nouveaux eAr~MM et nMrcA<nMfsMpa~tM~ Portugal versaient encore tous les jours leur sang.
et portugais, à t'établir a Bayonne et & Bordeaux. Les rabbins d'Amsterdam le frappent d'interdit,
Les Jnifs du Dauphiné sont admis par un arrêt jugement sévère, qu'explique la situation pénible
du parlement, et ceux de Metz par une ordon- des Juifs a cette époque, mais non la tradi-
nance royale (1567). La Pologne, tolérante aussi, tion Israélite, toujours favorable a la liberté de
donne aux Juim vers t54S l'égalité et la liberté, que penser.
tes intrigues des jésuites devaient plus tard leur Le progrès des idées de justice continue et le
faire perdre. iudaisme devient l'objet de l'attention générale
La Hollande avait d'abord refusé de s'ouvrir les détracteursne lui manquent pas, mais les es-
aux exilés d'Espagne, qu'elle prenait pour des prits sérieux l'étudient sans prévention nous
émissaires de Philippe IL. et ils ne purent célébrer sommes arrivés au xvm* siècle, au siècle des re-
leur culte qu'en secret; mais ensuite ils obtin- vendications intellectuelles et de rémancipation
rent la permission d'élever une synagogue (1598). politique des hommes. Richard Simon, Basnage,
Peu à peu, leur nombre s'accrut par l'arrivée de l'évoque Lowth en Angleterre, Herder en Alle-
magne, tous chrétiens, étudient la langue sainte, dimensions, et qui, dans les classifications an-
l'histoire et la poésie des Hëbreux.L'abbé Guénée, ciennes, étaient associés aux Eléphants et aux
en France, réfute les railleries de Voltaire qui Porcins pour constituer la grande division des
attaque la Bible sans la comprendre. Moise Mendels- Pachydermes.
sohn enfin, Juif deBerlin, prend hautement, mais Les Jumentés sont conformés pour se mouvoir
avec tact, fa défense de sa religion. Célèbre déjà à la surface du sol; les quatre membres se ter-
par son Phédon, entretiens philosophiques sur minent par des doigts généralement en nombro
l'immortalité de l'âme, et ses Matinées, ouvrage impair, munis d'ongles indivis, en forme de sa-
sur l'existence de Dieu, Mendelssohn donne une bots. Leurs dents sont de trois sortes, des in-
traduction du Pentateuque où dominent les idées cisives, des canines qui font parfois défaut, ou
de Maimonides; dans un écrit intitulé Jérusalem, sont peu distinctes,au moins à la mâchoire infé-
il met en relief les principes juifs qui accordent le rieure, et des molaires séparées des dents précé-
salut à tous les justes sans distinction de culte, dentes par une lacune et offrant sur leur couronne
et il demande que les droits civils et politiques de des replis plus ou moins compliqués. Ces replis,
l'homme ne dépendent plus de sa croyance reli- étant constitués par une substance dure qu'on
gieuse ()78l). Mendelssohn est soutenu par toute appelle l'émail, s'accusent naturellement par
une pléiade de Juifs intelligents qui deviennent l'usure de la portion tendre ou osseuse de la dent.
avec lui les fondateurs du judaïsme moderne. L'estomac des Jumentés est simple, c'est-à-dire
De si légitimes revendications ne pouvaient pas ne consiste qu'en une seule poche, et les intestins,
ne pas triompherdes dernières résistances du fa- fort longs, présentent sur leur trajet au moins un
natisme. Quoique la situation des Juifs fût précaire appendice terminé en cnl-de-sao, ou M'cMm. Le
encore dans bien des pays, l'heure de la liberté ap- cerveau montre à la surface de ses hémisphères
prochait pour eux. Au commencement du xvm* des circonvolutions plus ou moins nombreuses,
siècle déjà, le jeune roi d'Espagne, Philippe Y, ce que l'on considère ordinairement comme l'in-
avait refusé d'assister à un autodafé c'était un dice d'une intelligence développée. Enfin la peau
signe des temps. Les Juifs obtiennent en Prusse est tantôt très épaisse et presque entièrement dé-
la juridiction commune et, en Angleterre, la con- nudée, tantôt plus souple et complètementrevêtue
firmation de leura anciens droits (1723). En Lor- de poils.
raine, où la liberté leur avait été donnée, puis La plupart des Jumentés ont des habitudes sau-
reprise (1728), le roi Stanislas les organise et vages et un naturel brutal ils vivent générale-
nomme leurs syndics (1754). ClémentX!V,Louis XV ment en troupes, dans les prairies ou dans les
et les parlements français défendent qu'on leur forêts humides, et se nourrissent presque exclu-
enlève leurs enfants pour les baptiser (1764). sivement de substances végétales, de plantes four-
L'empereurJoseph II, plus tolérant que ses sujets, ragères, de feuilles, d'écorces et de branches
leur accorde une égalité presque complète, fait d'arbres. Aux époques antérieures à la nôtre,
soutenir leurs écoles par l'Etat, et prescrit aux dans les plaines marécageuses de l'Europe habi-
prêtres d'enseigner au peuple envers eux des taient de nombreux représentants de l'ordre des
sentiments de justice (1782). Les Etats-Unis d'A- Jumentés; mais de nos jours on ne trouve plus
mérique, après la guerre de l'indépendance, les dans nos régions une seule espèce de ce groupe
admettent aux fonctions publiques (1783). Les vivant à l'état sauvage.
philosophes surtout plaident leur cause avec Le genre Cheval (E~MM) comprend non seule-
ardeur. Lessing, le grand apôtre de la tolérance, ment le Cheval proprement dit, mais l'Ane, le
attaque de front l'intolérance dans son drame, Zèbre, l'Hémione, etc. Il est essentiellement ca-
NaMa?< le Sage, qui établit une assimilation com- ractérisé par la conformationdu pied, terminé par
plète entre tes doctrines des différents cultes. un seul doigt apparent, dont l'extrémité est ep
Dohm, conseiller militaire à Berlin, Voltaire et fermée dans un ongle en sabot. De là vient le noi
Mirabeau réclament hautement pour les Juifs les de solipède, qui a été imposé à ces animaux.
droits de citoyens. Louis XVI accueilleleurs délé- Chez les chevaux, on compte, à chaque mâchoire
gués et nomme une commission chargée de pré- et de chaque côté, six incisives tranchantes, six
parer pour eux des réformes. Mais la Révolution molaires, et parfois une petite canine. Entre celle-
éclate. Sur la proposition de l'abbé Grégoire, en ci et la première molaire est l'espace vide nommé
1790, et sur celle de Duport, en 179t, l'émanci- barre, dans laquelle on place le mors qui sert à
pation des Juifs est proclamée par l'Assemblée diriger ces animaux. Les molaires offrent les replis
constituante. caractéristiques des Jumentés; quant aux inci-
Quelques années plus tard, de nouveaux progrès sives, elles sont creusées, sous la couronne, d'une
s'accomplissent Napoléon convoque à l'Hôtel de fossette qui disparalt avec l'âge. L'œil est vif et
Ville de Paris une réunion de notables juifs et saillant, l'oreille longue et mobile; les narines
un grand sanhédrin, et il organise officiellement sont dépourvues de mufle, et la lèvre supérieure
le judaïsme (1808). La Restauration fonde un sémi- peut s'avancer de manière à constttuer un organe
naire à Metz pour les rabbins; et, après 1830, te do préhension. Tout le corps est revêtu d'un poil
culte israélite reçoit, comme les autres, les subsides bien fourni, qui s'allonge sur le dessus du cou
de l'Etat en France, en Belgique et en Hollande. pour former une crinière. La queue présente éga-
Dès lors, les Juifs, devenus citoyens, entrent dans lement une touffe de poils aHongés.
toutes les carrières et s'unissent étroitement aux Le cheval proprement dit se distingue de l'âne,
pays qui les ont adoptés. Si quelques explosions du zèbre et de ses autres congénères, par sa robe
hameuses se produisent de temps en temps, elles de couleur uniforme et par sa queue touffue à
deviennent de plus en plus rares, et sont l'objet partir de la base. Il est généralement d'une taille
de l'universelle réprobation. Quelques petits pays élancée et de formes élégantes. Sa patrie d'origine
résistent encore à la justice mais, sous l'inspira- parait être l'Asie centrale; mais il est maintenant
tion de la France, 1 Europe, réunie en congrès, répandu dans toutes les parties du monde; intro-
admet dans le droit publie des peuples la liberté duit en Amérique à l'époque de la conquête, il y
de conscience et l'égalité de tous les citoyens de- est revenu à 1 état sauvage sur certains points,
vant la toi (1859 et 1878). [E.-A. Astruc.] particulièrement dans les Pampas de Buenos-
JUMENTÉS. Zoologie, X. Sous le nom Ayres. En Europe, la domestication du cheval
de jMmeH~ on a, dans ces derniers temps, pro- remonte à une époque extrêmementreculée, et,
posé de désigner certains mammifères herbivores, avec le temps, se sont formées des races qui ont
tels que les Chevaux, les Rhinocéros et les Ta- chacune des mérites particuliers. Citons seule-
pirs, qui, pour la plupart, atteignent de grandes ment le cheval anglais, le cheval percheron, le
cheval des landes, le cheval corse, etc. V. Che- mentaires de droit pénal, en renvoyant, pour t'or-
val. ganisation judiciaire et pour ce qui concerne têt
A l'état de liberté, le cheval préfère les pâtu- attributions des tribnnMH en matière civile, à
rages secs; en domesticité il peut être nourri avec l'article TrttMtatM:.(V. au Supplément).
vesce, de la paille d'orge, de froment et d'avoine
–
du foin, de la luzerne, du trèBe, de l'avoine, de la PMNCtpM e&NËttACX. Le droit pénal est cette
partie de la législation qui établit les peinea
et des feuilles de mais. applicables à certaines !nfr*ctioM réprimées par
L'âne, presque toujours d'une stature moins ta loi, et qui détermine lei formée à suivre pour
élevée que le cheval, a les oreilles plus longues, arriver à la répression de ces faits. Le droit
la queue plus grêle à la base, le poil plus rude pénal se divise ainsi en deux parties bien dis-
et de couleur plus terne. Une croix noire se tinctes le droit pénal proprement dit, qui déSnit
dessine sur ses épaules. Doué d'une patience et et détermine les faits punissables et les peines
d'une sobriété exemplaires, fane rend dans beau- qui doivent être prononcée*! et l'instruction crimi-
coup de contrées d'éminents services aux gens de nelle, qui t'occupe des juridictionset de la procé-
la campagne; malheureusementil perd de sa vi- dure. La législation péMie M trouve contenue 6M
vacité en vieillissant, et devient avec l'âge d'un grande partie dans deux codes le Code pénal et le
entêtement stupide. V. ~M. Code destruction criminelle.
L'hémione, au pelage lustré, offrant des teintes Division des <M<<< et des peines. Lee faite
fauves qui se fondent, d'une part dans du blanc prévua par la toi pénale, compris sous la dénomi-
pur, de l'autre dans du brun foncé, habite la Perse nation générale de délit*, se divisent en trois
et la Mésopotamie. Le couagga, le daw et le classes les crimes, tes délits de police correc-
zèbre, qui ont des couleurs plus vives, des raies tionnelle, les contraventions de simple police. Les
brunes ou noires sur fond jaunâtre, se trouvent an crimes sont punis de peines amictives et infa-
contraire dans le sud et dans l'est de l'Afrique, mantes et jugés par les cours d'assises tes délits
jusqu'en Abyssinie. Ces superbes animaux sont sont punis de peines correctionnelles et jugés par
d'un naturel farouche et rebelles à toute domesti- les tribunaux de police correctionnelle les con-
cation. traventions de simple police sont punies des
Beaucoup plus lourds de formes que les Jumen- peines de simple police et jugées par le juge de
tés du genre Cheval, tes Rhinocéros se font remar- paix, statuant comme juge de simple police.
quer encore par leur peau extrêmement épaisse, Peines en matière criminelle. Les peines en
généralement dénudée, verruqueuse,et fortement
ptissée sur certains points du corps,par leurs mem-
matière criminelle sont f la peine de mort, ré-
servée pour quelques crimes d'une gravité excep-
bres terminés chacun par trois doigts, par leur tionnelle; 2° la peine des travaux forcés à perpé-
queue courte et presque nue, et enfin par la pro- tuité ou à temps, qui est subie dans des établis-
tubérance cornée, simple ou double, qui surmonte sements crées aux colonies la durée de la peine
leur nez. Cette protubérance,reposant sur une des travaux forcés à temps est de cinq ans au'
voûte constituée par les os du nez. adhère à la peau moins et de vingt ans au plus; 8* la réclusion, dont
et parait résulter de l'agglutination d'un grand la durée est de cinq ans au moins et de dix ans
nombre de poils. Les rhinocéros ont pour patrie au plus. et qui est subie dans les maisons centra-
les contrées les plus chaudes de l'ancien conti- les. 11 faut ajouter les peines réservées aux crimes
nent, c'est-à-dire le centre de l'Afrique, le sud de politiques, la déportation et la détention, et doux
t'Asie et les lies avoisinantes, telles que Java, peines dont le caractère est seulement infamant,
Sumatra et Bornéo. Ils vivent dans les endroits le bannissement, qui consiste dans l'expulsion du
humides et ombragés, et se vautrent dans la boue territoirefrançais, et la dégradation civique, qui en-
à la manière des porcs. traîne la privation des droits politiques et la priva-
Les Tapirs ont une taille moins élevée et des tion de certains droits civils, par exempledu droit de
formes moins massives que les Rhinocéros ils ont faire partie d'un conseil de famille, d'être témoin
aussi la peau moins rugueuse, le nez dépourvu dans les actes. Les peines criminelles entralnent
de corne, mais prolongé en avant en forme de comme conséquences accessoires la dégradation
trompe. Par l'aspect extérieur et par les moeurs ils civique,l'interdictionlégale,qui prive le condamné
rappellent les cochons, mais ils n'ont pas comme pendantla durée de la peine de l'administration de
ces derniers les pieds fourchus; leurs membres ses biens, la surveillance de la haute police, qui
antérieurs sont terminés par quatre doigts et leurs permet à l'administration d'assigner une résidence
membres postérieurs par trois doigts seulement. au condamné après l'expiration de la peine.
Ils vivent dans l'Inde et dans l'Amérique tropi- Peines correctionnelleset peine, de 'Impie police.
cale. Les peines qui peuvent être prononcées par les
Parfois enfin on réunit aux Jumentéa des mam- tribunaux correctionnels sont l'emprisonnement,
mifères de petite taille, qui sont connus depuis la dont la durée est de six jours au moins, de cinq
plus haute antiquité, puisqu'il en est déjà ques- ans au plus; l'amende, qui ne peut être inférieure a
tion dans la Bible. Ces mammifères sont les Da- seize francs; l'interdiction de certains droits, tels
mans ou Hyracidés, qui ressemblent extérieure- que le droit de vote et d'élection, le droit de port
ment aux marmottes et aux cochons d'Inde, et qui d'armes, le droit de faire partie d'un conseil de
ont les pattes courtes, avec cinq doigts en avant famille et d'exercerla tutelle enfin la surveillance
et trois doigts en arrière, le corps assez allongé de la haute police. Le juge de simple police peut
et tout couvert de poils, la tête amincie en avant prononcer un emprisonnement de un à cinq jours
et surmontée d'oreilles arrondies, les mâchoires et une amende de un à quinze francs.
pourvues seulementd'incisives et de molaires.Les PERSONNES PUNISSABLES,RESPONSABLES OU EXCUSA-
damans sont des animaux fort doux, mais peu in- BLES. Personnes qui ne sont pas KMpo?MaA~M.
telligents, qui se nourrissentde végétaux, mais qui Il y a certains cas dans lesquels l'auteur d'un
n'ont pas la faculté de ruminer. Ils ont pour fait coupable échappe à touteresponsabilité celui
patrie l'Afrique australe et orientale, la Syrie et qui est en état de démence au moment de l'acte,
la Palestine, et se tiennent dans les endroits ro- ou qui a agi sous l'empire d'une force a laquelle
cailleux, où ils se creusent des terriers entre les il n'a pu résister, n'est pas responsable. L'homicide
pierres. Dans la Bible ils sont désignés sous le ou les blessures ne sont pas punissables, lorsque
nom de Saphans et rangés parmi les animaux im- celui qui en est l'auteur se trouvait en état de
purs. [E. Oustalet.] légitime défense, par exemple s'il repoussait une
JUSTICE. Législation usuelle, X. Nous attaque nocturne, ou ae défendait contre les
donnons dans cet article Quelques notions élo- auteurs d'un vol commis avec violence. Aucune
peine ne peut être prononcée dans ces diverses porter partie civile devant la juridictionrépres-
circonstances. sive, qui statue en même temps sur l'action pu-
Excuses. La loi a établi en outre certaines blique et sur l'action civile; lorsque la personne
excuses qui font disparaître la peine ou la dimi- lésée point portée'partie civile, elle peut
ne s'est les
nuent. Ainsi le vol commis par un fils au préju- former devant tribunaux civils une demande en
dice de son père, ou réciproquement,ne peut être dommages-intérêts soumise aux règles ordinaires
puni, à raison de la relation de parenté qui unit de la procédure en matière civile. –V.rrt&MnaMŒ.
l'auteur et la victime du délit. La provocation est Prescription en matière pénale. Le droit dé
une cause d'excusequi atténue seulementla peine poursuivre le fait punissable et l'exécution de la
le meurtre, les blessures et les coups sont punis condamnation prononcée se prescrivent par un
d'une peine moins sévère, lorsqu'ils ont été pro- certaindélai; le temps, en effaçant le souvenir du
voqués par des coups ou des violences graves en- fait coupable, fait disparaître la nécessité de la ré-
vers les personnes. pression. Lorsqu'il y a condamnation prononcée,
Minorité de seize aM!. – La responsabilitépénale le délai de la prescription est de vingt ans pour
complète ne s'appliquequ'à l'individu qui a atteint les condamnations en matière criminelle, de cinq
t'âge de seize ans. Lorsqu'un mineur âgé de moins ans pour les condamnations correctionnelles, de
de seize ans est traduit devant la cour d'assises ou deux ans pour les condamnations de simple police.
la tribunalcorrectionnel,le jury ou les juges ont à Ces délais expirés, la peine est prescrite. L action
résoudre cette question H-<«:~t*MM discerne- publique et l'action civile résultant d'un crime,
Me?~ S'il est décidé que le mineur de seize ans d'un délit ou d'une contravention se prescrivent
Tt agi sans discernement, il est acquitté, rendu à lorsqu'aucunepoursuite
n'a été exercée contre le
ses parents ou envoyé dans une maison d'éduca- coupable, pendant dix ans, si le fait est qualifié
tion correctionnelle. S'il est reconnu que le mi- crime; pendant trois ans, s'il s'agit d'un délit;
condamné,
neur a agi avec discernement, est considéra- simple police.
il pendant un an, si le fait est une contravention de
mais la peine qui lui elt appliquée est
blement réduite it ne peut jamais être condamné Diverses phases de la pt'oe~Mre ou instruction
qu'a l'emprisonnement,quelle que soit la gravité criminelle. La procédure en matière pénale se
du crime. divise en deux phases distinctes: la première,
Circon&tances atténuantes. Les circonstances qu'on appelle instruction préparatoire,a pour but
particulières peuvent dans chaque affaire influer de rassembler les preuves du fait coupable.
sur la culpabilité. Pour que le juge puisse tenir L'instruction préparatoire a toujours lieu lorsque
compte de ces circonstances, la loi fixe pour les le fait présente les caractères d'un crime; elle est
peines temporaires un minimum et un maximum facultative, lorsqu'il s'agit d'un simple délit de
entre lesquels la condamnation peut être pro- police correctionnelle. Après l'instruction, l'affaire
noncée. En outre, le jury de la cour d'assises ou le est portée devant la juridiction chargée de juger
tribunal correctionnel peut déclarer qu'il existe le coupable la cour d'assises, s'il s'agit d'un
<n faveur de l'accusé ou du prévenu des circon- crime; le tribunal correctionnel, s'il s'agit d'utt
stances atténuantes. Cette déclaration entraîne délit de police correctionnelle.Pour les contra-
-une diminution de la peine à appliquer; elle fait ventions, il n'y a point d'instructionpréparatoire,
descendre la peine d'un ou de deux degrés et l'affaire est directement portée devant le juge
suivant les distinctions indiquées dans l'art. 463 chargé de statuer.
du Code pénal. /yM<)'Me<tOM pr~)a)'a<o:re. Dans chaque ar-
Tentative. La loi ne punit pas seulement le rondissement, la poursuite des crimes et des dé-
trime accompli; la simple tentative criminelle, ma- lits appartient au procureur de la République.
nifestée par un commencement d'exécution et qui Lorsqu'une plainte a été adressée au procureur df
n'a été suspendue ou n'a manqué son effet que par la République ou lorsqu'un fait coupable parvient
une circonstance indépendantede la volontéde son à sa connaissance ou à celle de ses auxiliaires,
auteur, est punie comme le crime Iui''mem9. Les juges de paix, officiers de gendarmerie, maires,
tentatives de délits ne sont punies comme le délit commissaires de police, le procureur de la Répu-
lui-même qu'en vertu d'une disposition spéciale blique requiert une information. L'instruction est
-de la loi. faite par un magistrat attaché à chaque tribunal de
CompKctM. Les complices, c'est-à-dire ceux première instance, le juge d'instruction.
~ui ont coopéré au crime ou au délit, sont punis Pouvoirs du juge d'instruction. Le juge d'ins-
,comme l'auteur principal. La complicité existe truction a pour mission de recueillir les preuves
'chez ceux qui provoquent l'auteur du crime ou du du crime ou du délit; il entend l'inculpé, fait ou
délit à le commettre, ceux qui lui donnent des ordonne des perquisitions, saisit ou fait saisir
instructions, lui fournissent des armes, l'aident les papiers ou les pièces qu'il peut être utile de
rou l'assistent dans l'accomplissement du fait cou- mettre sous la main de la justice, entend les té-
pable, ou qui recèlent sciemment les choses enle- moins, procède à toutes les constatations qu'il croit
vées à l'aide du crime ou du délit. nécessaires. Le juge d'instruction a la faculté de
Récidive. Lorsqu'un individu déjà condamné délivrer contre l'inculpé un mandat de dépôt ou
commet un nouveau délit, la condamnation déjà d'arrêt en vertu duquel il peut être saisi par les
-subie peut être une cause d'aggravation de la agents de la force publique et incarcéré.
peine. La récidive manifeste en effet chez le Détention pr~en~ce; mise en liberté prot)MO!'re.
délinquant une perversité plus grande, et une Cet emprisonnement de l'inculpé avant le juge-
peine plus forte doit lui être appliquée, puisque ment, mesure souvent nécessaire pour qu'ilil
ia première condamnation n'a point eu pour effet n'échappe point aux poursuites, s'appelle la dé-
de le détourner de commettre un nouveau délit. tention préventive. L'inculpé peut obtenir du juge
INSTRUCTION CRIMINELLE. –No<MH! qénérales sur d'instruction sa mise en liberté provisoire, à charge
fac~OK pM&HfjfMe civile. Le fait délictueux par lui de prendre l'engagement de se représenter,
donne naissance a une double action: l'action pu- et de fournir un cautionnement, si le magistrat le
blique, qui tend à l'application de la peine, et l'ac- juge nécessaire. Le caution'nement consiste soit
tion civile, qui a pour objet la réparation du dom- dans le dépôt d'une somme d'argent, soit dans
mage causé par le délit à celui qui en a été victime. l'engagement d'une personne solvable. La mise en
L'action publique est exercée par les magistrats du liberté provisoire est de droit lorsque le fait pour-
ministère public l'action civile, par la personne suivi est un délit correctionnel, que i'incutpé a
'iëaée. Ces deux actions peuvent être réunies: en son domicile dans l'arrondissement, n'a point en-
4effet, celui qui a été victime d'un délit peut se couru de condamnation grave, et enfin lorsque la
maximum de la peine prononcée par la loi pour conseillers, si la cour d'assises se tient au siège~
le fait à raison duquel il est poursuivi n'atteint de la cour d'appel; dans le cas contraire, le&
point M emprisonnement de deux années. assesseurs sont pris parmi les magistrats du tri-
Comment ae termine fM~<rt«:<t<~t. Lorsque bunal du lieu où M tiennent les assises.
le juge d'iMtructiqn a réuni tout les éléments qui Jury. Lejury se compose de citoyens appelée
sont de. mature à 1 éclairer, il eMt l'instruction. Si à donner leur avis, en leur Ame et conscience,
le fait ne tui parait pu établi ou s'il ne constitue sur la culpabilité de l'accusé. Une liste de toutes
n ieri~e ni délit, il rend une ordonnance de non les personnes aptes à remplir les fonctions de
iieu, t i* suite de laquelle l'inculpé détenu est juré est chaque année dressée pour le départe-
mis en Uberté. L'ordonnance de non lieu ne fait ment. Dh jours au moins avant l'ouverture de la
pas obstacle a ce que l'instniction soit reprise, si session des assises, il est procédé, à l'audience
de nouveaux indices sont recueillis. Lorsque le publique de la cour d'appel ou du tribunal chef-
fait constitue un délit, le juge d'instruction ren- lieu judiciaire, au tirage au sort de trente-six
voie devant le tribunal correctionnel; si le fait a noms pris dans la Us~e annuelle; on y ajoute
les caractères d'un crime,! inculpé est renvoya quatre jurés suppléants également tirés au sort.
devant la cour d'appel, qui statue sur la. mise en Les jurés ainsi désignés par le sert forment la
accusation et le renvoie devant la cour d'assises, liste de session, e~ auront a Juger les affaires ins-
jHMNcnottSM iu6E)tENT. – Les juridictionsde crites au rôle pour cette session.
jugement sont, comme nous l'avons dit. les tribu- Formation «M <aMeat< <<Mj'«ry. – Sur la liste-
naux de simple police pour les contraventions, les de session on procède pour chaque affaire et au
tribunaux correctionnels pour les délits de police jour indiqué pour le jugement a la formation du
correctionnelle, la cour d'assises pour les crimes. tableau du jury, c'est-à-dire de la liste des jurés
Tribunal de <~p/e police. Le juge de paix qui doivent connaître de l'affaire. Le tirage du ta.
remplit dans chaque canton les fonctions de juge bleau du jury est fait par le président de la cour
de simple police; les fonctions du ministère pu- d'assises entre tous les jurés composantla liste de
blic sont eonnées au commissaire de police. Le tri- session, en présence de l'accusé et de son défen-
bunal de simple police peut prononcer une amende seur. L'accusé et le ministère public ont le droit
de quinze francs et un emprisonnement de cinq de récuser un nombre égal de jurés sans avoir à
jours au plus. La personne Mtée devant le tribunal indiquer les motifs de la récusation le droit der
de simple policecomparait en personne ou par fondé récusation s'arrête lorsqu'il ne reste plus que-
de pouvoir. Les jùgements par défaut sont suscep- douze noms dans l'urne. Le jury est constitué
tibles d'opposition dans les trois jours de la si- lorsqu'il est sorti de l'urne douze noms de jurés~
gnineation. Les jugements de simple police qui qui n'ont point été l'objet de récusation.
prononcent la peme de l'emprisonnement ou qui Procidure devant la cour d'oMMM. – L'accusé-
contiennent une condamnation supérieure à cinq comparait devant la cour d'assises en état de dé-
francs non compris les frais, sont susceptibles tention préventive; il est assisté d'un défenseur
d'appel; l'appel est interjeté dans les dix jours qu'il a choisi ou qui lui a été désigné d'oNce par
et est porté au tribunal çorrecttonmel. le président de la cour d'assises. Après la lec-
Tribunaux correc~toane~. Les tribunau de ture de l'acte d'accusation, résumé des charges de
première instance jugent, comme tribunaux cor- l'accusation, le président interroge l'accusé, puis
rectionnets, les faits quaitnés délits, c'est-à-dire procède à l'audition des témoins. Le ministère-
punis de peines correctionnelles. Le prévenu doit public prend la parole pour soutenir l'accusation
comparaltre en personne devant le tribunal cor- le défenseur de l'accusé lui répond et doit tou-
rectionnel il ne peut se faire représenter par un jours avoir !a parole le dernier. Le président ré-
avoué que si le délit pour lequel il est poursuivi sume les <t<bats en rappelant les preuves princi-
n'entraîne pas la peine d~ l'emprisonnement. Le pales pour ou contre l'accusé, donne lecture au
prévenu qui ne comparait pas est jugé par défaut; jury des questionsqui lui sont posées, et l'envoie
les jugements par défaut peuvent être frappés dans la chambre de ses délibérations.
d'opposition dans le? cinq jours de la signinca- ()MMftO)M ptM~M au jury; circonstances atté-
tion. Les jugements des tribunal correctionnels nuantes. Les questions que le jury a à résoudre
sont toujours susceptibles d'appel l'appel est se composent d'abord d'une question principale
déclaration
interjeté dansaulesgrele
dix jours du jugement par une comprenant les éléments constitutifs du fait
l'appel
déclaration au gre9e l'appel est porté àa la cour pable, puis de questionsspéciales sur chacunecou- des
d'appel dans le ressort de laquelle se trouve le circonstances aggravantes relevées par l'accusa-
tribunal. tion ou des faits d'excuses légales invoqués par l'ac-
CoBM <F<M<MM. – La cour d'assises est la cusé. It n'y a point de question pour les circon-
juridiction la plus élevée en matière criminelle; stances atténuanteo; mais le préjudent avertit les
elle juge les crimes, e'esH-dire les faits les pins jurés qu'ils peuvent à la tnajorité reconnaître des
graves, ceux qui sont punis d'une peine aMicdve circonstances atténuantes en faveur de l'accusé.
ou infamante. Il n'existe dans chaque départe- IMM<ra<ton du jury; majorité. Les jurés
ment qu'une cour d'assises, qui se tient au siège délibèrent et votent au scrutin secret sur les dif-
de la cour d'appel, s'il en existe une dans le dépar- férentes questions ils sont présidés par le chef
tement. sinon an siège du tribunal, qui est le chef- du jury, qui est le premierjuré désigné par le sort
lieu judiciairedu département. Les assises ne sont lors de la formation du tableau ou celui que d'un
pas une juridiction permanente elles sont réunies consentement unanime les jurés ont choisi
une fois au moins par trimestre; le jour de l'ou- comme chef du jury. La décision contre l'accusé
verture des assises dans chaque département est se forme à la majonté, c'est~-dire par sept voix~
nté par le premier président de la cour d'appel et s'exprime ainsi Oui, à la maJorité. Le par.
et publié à l'avance. tage est faveur de l'accusé. Aussi la déciHon
Composition de la cour d'assises; magistrats. du jury, en qui reconnaît l'accusé non coupable,
La cour d'assises se compose de deux élé- s'exprime par ce simple mot Non, sans ajouter
ments les magistrats ou la cour, et le jury. Le à la majorité. Il faut la majorité pour l'admission
jury statue sur la culpabilité de l'accusé, et, si des circonstances atténuantes; et la décision du
1 accusé est reconnu coupable, la cour lui appli- jury
sur ce point se formule ainsi A la majo-
que la peine portée par la loi. La cour d'assises ftM, tf y a des circonstances atténuantesen faveur
est présidée dans chaque département par un de faccM~. Si le jury n'a point admis de circon-
conseiller à la cour d'appel désigné pour chaque stances atténuantes, il n'en est pas fait mention
session; le président est assisté de deux autres dans la décision.
169 décisions rendues en dernier ressort
Verdict; acquittement; condamnation. Lors- toutes
répression, peuvent être dé-
que la décision du jury est formée, les jurés re- par les tribunaux de
wiennent à l'audience; le chef du jury donne lec- férés à la cour de cassation. Le délai pour se
est ramené et il lui est pourvoir est de trois jours à compter de la déci-
ture du verdict. L'accusé sion attaquée. Le pourvoi formé en matière de
donné connaissance de la réponse du jury. Si cette simple police ou en matière correctionnelle doit
réponse est négative, le président de la cour être accompagnéde la consignation d'une amende
d'assises prononce l'acquittement de l'accusé, et de 150 fr., qui est restituée si la décision atta-
ordonne sa mise en liberté. Lorsque le jury a quée est annulée. La consignation d'amende n'est
reconnu l'accusé coupable, la cour rend un arrêt
le condamnant à la peine portée par la loi. Le point exigée pour les pourvois contre tes arrêts
président avertit le condamné qu'il a trois jours des cours d'assises. Le pourvoi est suspensif il
pour se pourvoir en cassation. arrêts do la est jugé par la chambre criminelle de la cour de
Co?/)- de crassation. Les cour cassation.
d'assises portant condamnation, de même que [E. Delacourtie.]
L
LABtEKS. – Botanique.XXV!. Etym. Du
–
latin labium, qui signifie lèvre. Ce nom fait allu-
ferme quatre loges oont chacune contient un seul
ovule dressé anatrope. A la maturité le fruit se
sion à la forme de la corolle. sépare en quatre nucules ou akènes.
Définition. Les plantes de la famille des Les genres de la familte des labiées sont extrê-
Labiées ont toutes une corolle gamopétale hypo- mement voisins les uns des autres leur ctassinca-
gyne irrégulière et d'apparence labiée; selon les tion très compliquée repose sur l'ensemble des
groupes, cette corolle est uni ou 6!7<:t:~< Toutes caractères tirés des diverses parties de la Neur et
les labiées ont entre elles de très grandes afn- du port de la plante; nous ne pouvons, sans dé-
nités elles forment un groupe très naturel que passer les limites qui nous sont assignées, dresser
Brongniart réunissait aux Verbénacées pour for- une clef dichotomique des genres.
mer sa classe des Verbéninées. t~'ayM des ~.oM~M. Nous ne citerons, parmi
–
C<M'a<'Mfetto<an)~MM. Les graines des labiées
demeurenttoujours enfermées dans le fruit leurs
les labiées usitées, que les principaux genres;
toutes tirent leurs propriétés de l'huile volatile
téguments séminaux sont minces, aplatis leur contenue dans les glandes do leur tige, de leur
embryon, tantôt droit, tantôt courbé, est entouré feuille ou de leur calice.
d'une couche d'albumen très peu développé. Les Basilics, originaires de l'Inde, sont cultivés
Les racines des labiées sont fasciculées et sou- dans les jardins comme plantes aromatiques.
vent traçantes. Les Lavandes, séchées, servent à parfumer les
Leur tige est presque toujours herbacée, très armoires à linge et à préserver les vêtements de
rarement ligneuse (romarin), ordinairement dres- laine des attaques des mites. La Lavande Spic,
sée. toujours tétragone cette forme particulière originaire d'Afrique et de Sicile, donne une es-
de la tige des labiees est souvent employée pour sence employée en peinture; on l'emploie aussi
reconnaître à première vue un végétal de cette en frictions contre les douleurs rhumatismales.
famille. Chaque tige se ramifie dès la base; elle La Lavande o/~cMo~e est cultivée en bordure
porte des feuilles opposées ou verticillées dépour- dans les jardins; on en extrait un alcoolat qui
vues de stipules. Ces feuilles entières ou décou- sert à faire une eau de toilette. Les fleurs de la
pées ont une nervation pennée-réticulée. De Lavande S<œcAos, originaire de Provence, forment
même que la tige- elles sont couvertes de nom- la base d'un sirop connu en pharmacie sous le
breuses glandet qui sécrètent une huile volatile nom de sirop de Stœchas composé.
très odorante (sauge, thym. lavande). Le Patchouly est une labiée aromatique-origi-
L'inflorescence des labiées est toujours pour- naire de l'Inde, son odeur forte le fait rechercher
vue d~ feuilles elle est composée le plus ordi- comme parfum et aussi comme préservatif des
nairementc'est un épi de cymes (lamier blanc); fourrures contre l'action des teignes.
plus rarement, l'épi présente des fleurs solitaires Presque toutes les espèces de ilfenMM ont été
ou géminées à l'aisselle de chacune de ses bractées. utilisées en médecine;aujourd'hui la menthe poi-
Les <leurs sont hermaphrodites; elles présen- vrée est seule employée; sa saveur aromatique
tent, de l'extérieur à l'intérieur est accompagnée d'une sensation do grande frai-
)' Un calice gamosépale à cinq lobes lorsque cheur dans la bouche. On retire de la menthe
ceux-ci sont égaux, le calice a un aspect régulier; poivrée une essence qui est la base des pastilles
plus ordinairement ces lobes sont inégaux et et des liqueurs de menthe. L'essence de menthe,
groupés de façon à former deux lèvres la lèvre poivrée la plus estimée est celle qui nous vient
supérieure est composée de trois lobes, l'inférieure d'Angleterre; on attribue cette supériorité à la
n'en présente que deux. Ce calice est jt)M~M<<M< précaution que l'on prend de détruire toutes les
il continue à protéger le fruit jusqu'à sa maturité. autres espèces de menthe dans le voisinage des
2° A l'intérieur du calice est une corolle gamo- cultures de menthe poivrée; on évite ainsi l'abâ-
pétale à deux lèvres l'une supérieure, bilobée tardissement de l'espèce. H nous vient de Bour-
l'autre inférieure, tritobée (lamier, sauge, etc.). gogne un extrait de menthe poivrée qui peut riva-
Dans le genre Bugle (Ajuga), la lèvre supé- liser avec celui qui est fabriqué en Angleterre.
rieure est remplacée par une échancrure; dans On suppose que la menthe poivrée est originaire
le genre Germandrée (Teucrium), la lèvre supé- d'Asie les Chinois en font un grand usage comme
rieure est représentée par deux lobes filiformes médicament.
qui sont rejetés sur les cotés de la lèvre infé- L'Or:yaM, la Marjolaine, employés comme aro-
rieure. Dans les Menthes, la corolle presque ré- matiques, stimulants et toniques, sont surtout
gulière n'a plus que quatre lobes égaux. connus à cause de leur parenté avec le D:e<ttM:e
3* Sur la gorge de la corolle sont insérées de C~<e, dont les anciens se servaient pour la gué-
quatre étamines didynames, ce qui signifie que rison des blessures.
deux d'entre elles sont plus longues que les deux Tout le monde connaît le Thym, employé comme
autres. Dans le genre Menthe, toutefois, les quatre assaisonnement.
étamines sont égales; dans les genres Lycope, On fait usage du Se'yoM contre les catarrhes
/<<M!<M':K, Sauge, Cunile, il n'y a que deux éta- chroniques.
mines ce sont les inférieures qui ont persisté. On emploie encore la Sarriette comme assaison-
Dans les genres Sauge et Romarin, une seule des nement, les infusions de Mélisse, d'Hysope, de
loges de chaque anthère est fertile. Calament, de Sauge, pour leurs propriétés stoma-
4* Au centre de la fleur, on trouve un ovaire chiques et stimulantes.
libre, supère, composé de deux carpelles bilobés Le LtMfe terrestre est antiscorbutique.
et surmonté d'un style gynobasique, lequel se Le Marrube, les Germandrées ont des propriétés
termine par un stigmate bifide. Cet ovaire ren- toniques.
Les feuilles de la B~ot'ne o/)!f!)M<e sont quel- contre les autres, ainsi que cela se pratique dana
quefois employées comme celles du tabac, dans la grande culture, les plantes tendent à s'étendre
les cas de catarrhes chroniques. en profondeur. Si les racines rencontrent une
Le RoM<!r<!t est un arbrisseau originaire du couche meuble, eUes y pénètrent facilement, se
midi de l'Europe; c'est a aa présence dans les développent, et la tige de la plante suit la même
environs de Narbonne que le miel de ce pays progression. Au contraire, si tes racines rencon-
doit sa saveur aromatique particulière. trent un sol dur, elles ne peuvent y pénétrer, et
[C.-E. Bertrand.] l'arrêt de leur développement entratne celui de la
LABOURS. -Agriculture,IV. -Les labours sont tige. La profondeur des iabours a donc pour con-
des travaux qui ont pour but d'ameublir la terre séquence naturelle l'augmentation du produit des
arable à une profondeur variable, d'enfouir les en- récoltes: l'expérience a toujours démontré l'exacti-
grais et les amendements, de détruire les mauvat- tude de ce raisonnement.Il faut aussi ajouter que,
ses herbes qui se développent t la surface. quand le labour a été exécuté plus profondément,
L'ameublissement da sol est le principal objet tes plantes ont beaucoup moms à redouter les
des labours. Mais en même temps que la tranche excèsde sécheresse ou d'humidité.
de terre attaquée par l'instrument est déplacée, n est rare que, dans d88 labours de défoncement,
elle doit être retournée aussi complètement que on n'atteignepas le sous-sol et qu'on n'en entratne
possible, ann que la partie inférieure vienne a la pas une partie. Dans ce cas, la conduite a suivre
surface et réciproquement. La couche super- dépend de la composition du sous-sel. Lorsque
edelle, dit M. Girardin, toujours plus fertile en celui-ci est de même nature que le sol supernciei,
raison de son exposition t l'air et de la décompo- il n'y a aucun inconvénient a les mélanger, et le
sition & sa surface des matières organiques, se labour se fera comme a l'ordinaire. U en sera de
trouve ainsi mise en contact avec les racines des même lorsque le sous-sol, sans être de même na-
plantes, et la couche inférieure, privée depuis ture que le sol, ne sera pas apte a nuire aux plantes
quelque temps du contact de l'air, vient réparer cultivées; dans cette circonstance, on augmente
les pertes qu'elle a éprouvées sous l'action absor- sans inconvénients la couche de terre arable. Mais
bante des racines. « il peut arriver que le sous-sol soit impropre à la
Les labours sont exécutés soit avec des Instru- végétation, et que son mélange avec la terre arable
ments a mains, soit avec la charrue. Les labours soit de nature à diminuer la valeur de celle-ci.
exécutés 1t la main sont toujours les plus parfaits; Alors, il faut bien se garder de faire le labour de
mais. dans la culture, il est impossible d'y avoir défoncement en suivant les pratiques ordinaires,
recours i les labours ne seraient jamais achevés, et on agira différemment. La charrue ordinaire
dans une exploitation rurale, s'il fallait les faire a atteignant a la profondeur du sous-sol, on la
la bêche et a la houe. Les charmes sont d'autant fait suivre par une charrue fouilleuse qui attaque
plus parfaites que leur travail se rapproche davan- celui-ci, l'ameublit, mais ne le ramené pas à la
tage de celui fait & la main. surface. A cet effet, cette charrue n'a pas de ver-
On vient de voir que les labo<m à bras s'exécu- soir, son soc est en forme de cein allongé qui pé-
tent soit avec la bêche, soit avec la houe. Le labour nètre dans le sons-sol et le travaille a !a profon-
& la bêche été décrit au motJardin; il n'y adonc deur que l'on vewt atteindre. Lorsque la charrue
pas y y revenir ici. Quant an labour it la houe, fait la raie suivante, elle renverse au-dessus de
voici ctmment il s'exécute cette partie du sous-eoi ainsi ameublie la terre
Après avoir ouvert une tranchée, l'ouvrier, arable, sans que le sous-sol soit ramené à la sur-
tourné du coté du terrain a. labourer, enfonce la face. Peu à peu, il se mélange avec la partie infé-
houe dans le sol, attire a lui la terre dans la tran- rieure de la couche arable, et il s'améliore en
chée formée, où il l'émiette; puis il continue a quelques années.
avancer,en marchant sur la partie du sol qu'il vient Quand on opère des labours de défoncement, il
de labourer, tandisqu'en travaillant avec la bêche, est toujours prudent de les faire progressivement.
il marche en arrière, sur terre non encore re- Le premier labour mélange avec la terre arable
la
muée. Ce travail n'est pas aussi parfait que celui une couche de sous-sol de 3 a < centimètres le
de la bêche; la terre n'est que partiellement re- deuxième labour attaque une deuxième couche de
tournée.
Dans quelques pays, notamment dans plusieurs qu'on ait atteint la limite voulue.
même profondeur; et ainsi de suite jusqu'à ce
parties de l'Auvergne, la bêche est remplacée par En même temps qu'ils augmententla couche de
une fourche à deux dents on & trois dents. Le tra- terre arable, les laboure profonds présentent le
vail s'exécute, avec cet instrument, de la même grand avantage de détruire les plantes nuisibles
manière qu'avec la bêche. 5 racines vivaces et traçantes que les labours
Le labour a la houe est celui qui est le plus sou- ordinaires ne peuvent atteindre qu'imparfaite-
vent adopté dans la culture des vignes, surtout ment.
dans le midi de la France. Les labours de défoncement sont toujours une
Le travail à la charrue doit être fait de manière opération coûteuse. Ils exigent des charmes spé-
à se rapprocherautant que possible du labour à la c!ales, des attelages puissants, et ne se font que
bêche. Dans ce but. la charme détache, verticale- lentement, Il faut donc calculer avec un grand
mentpar le coutre, horizontalement par le soc, une soin, quand on veut y procéder, les frais qu'ils
bande de terre, que le versoir rejette sur le coté entraîneront. Les charrues de défoncement exi-
en la retournant. Si ces trois organes fonctionnent gent des attelages de huit dix chevaux, suivant
régulièrement,avec leur maximumd'effet, le tra- la nature du soi elles paraissentdonc d'un accès
vail sera excellent. difficile à la petite culture, et ce n'est que par
Les labours doivent être considérés d'abord au l'association que celle-ci pourrait réunir les atte-
point de vue de la profondeur & laquelle Us attei- lages Bécessatres pour cette opération fructueuse.
gnent la couche arable, et ensuite a celui de la U existe d'excellents types de charmes pour la-
forme qu'ils donnent à la surface du champ. bours profonds les principaux sont !a charrue
Au point de vue de la profondeur, les labours Dombasie perfectionnée à Grignon la charrue Bon-
peuvent être divisés en trois catégories les la- net, la charrue Vailerand, les charrues Bajac, Bo-
bours de défoncement, les labours ordinaires et din, etc.
les labours superficiels. La diMculté de se procurer les attelages ou les
Les labours de défoncement sont ceux qui dé- instruments pour les labours profonds a fait adop-
passent 30 centimètresde profondeur. Leur utilité ter, dans certaines localités, une méthode mixte
est facile a démontrer. En effet, serrées les unes que M. Girardin décrit ainsi On ouvre avec la
de 0*M envi-
charrue ordinaire une raie profonded'ouvners, présente des difâcultés pour l'épandage régulier
vingtaine ar- des fumiers et pourles semailles il rend difficile
ron, puis on y place une nouvelle couche l'emploi des instrumenta perfectionnés, des her-
més de bêches, qui enlèvent une
de 32 cent. de profondeur qu'ils rejettent sur le ses, etc. enfin, il met des obstacles aux charrois
labour. Si l'opération est dirigée de manière que pour l'enlèvementdes récoltes.
l'attelage n'attende pas après les ouvriers, ou ceux- Dans les labours en planches, on divise le soi
ci après l'attelage, il peut en résulter un travail en parallélogrammes plus ou moins larges, sépa-
très satisfaisant. Ce procédé est usité avec avan- rés par une raie moins profonde que pour les
Belgique. billons. D'un coté, la terre labourée est renver-
tage dans le département du Nord et en être exécute sée à droite, de l'autre elle est renversée à gau-
~i, au contraire, le défoncement doit
de telle sorte que le sous-sol soit seulement pul- che. La largeur des planches varie suivant beau-
vérisé, mais non ramené à la surface, le travail ne coup de circonstances; elle est généralement les
plus
armés d un bi- grande les terres légères que pour ter-
diffère qu'en ce que les ouvriers, pour
fortes.
dent au lieu de b&che, laissent retomberbande au fond res
Quant aux labours à plat, ce sont ceux qui se
de la raie la terre, sans la placer sur la de
terre renversée par la charrue. Ce mode de défon- rapprochent le plus du labour à la bêche. La sur-
cement, usité dans la vallée de la Garonne, y face du champ est nivelée aussi complètement qu''
prend le nom de pelleversage. On peut, à l'aide possible, et on obtient ce résultat par des labours
de ces procédés, défoncer environ 20 ares de terre dans lesquels la terre est toujours renversée du
même coté.
par jour. Les labours en planches et les labours à plat ne
La saison la plus favorable pour les labours de
dofoncement est l'automne. Les terres ramenées présentent pas les inconvénients des labours en
~La surfacesont plus tôt mûries, selon l'expression billons. La terre peut être facilement assai-
de l'hiver.
.ri.
consacrée, sous l'influence des gelées et des pluies nie par
plus
Les labours ordinaires sont ceux qui se font à tionnés peuvent l'un de
la profondeur de 15 à 30 cent. la profondeur de l'adoption de [abourés
des
grande
rigoles
suivant
tracées suivant le sens de la
pente. Tous les instruments perfec-
être employés sur les champs
labours
ces systèmes. C'est donc
que l'on doit pousser,
30 à 25 cent. est celle qui est la plus usitée, dans à ces
particulières
la plupart des circonstances. Le plus souvent, ils quand desl'adoption circonstances ne comman-
suivent les labours profonds, et ils servent ache- dent pas des labours à billons. Pour la
du sol avant les semailles. culture des plantes qui demandent à être buttées
ver l'ameublissement première période de leur végétation, les
Les labours superficiels sont ceux dont la pro- dans la labours à plat s'imposent d'une
fondeur n'excède pas 10 cent. Ces travaux sont planches et les absolue.
faits, tantôt avec une charrue légère, tantôt avec manière presque
un extirpateur. Ils ont pour but, ou bien de dé- Pour être profitables, les labours doivent être
truire les mauvaises herbes, ou de déchaumer faits aux saisonsleur convenables. La condition indis*
bonne exécution est l'état
un champ de céréales, ou d'enfouir des engrais pensable pour
H faut que celle-ci soit
pulvérulents, ou enfin, de recouvrirles semences. favorable de la terre.
Quelle que soit la profondeur à laquelle on dans un état moyen d'humidité, et surtout qu'elle
laboure, quand un sillon est tracé avec la charrue ne présente ni excès d'eau, ni excès de séche-
ordinaire, le laboureur doit revenir à l'extrémité resse. Quand le sol est s'ameublit trop humide, il se forme
d'où il est parti, pour faire un deuxième sillon à en grosses mottes et ne pas, ce qui est
côté du premier, ou bien en revenant tracer son le but principal du labour. Si, au contraire, il est
sillon à une certaine distance du premier, pour trop sec, il oppose souvent une très grande
pulvérise
ré-
à
retournée. Afin sistance aux instruments ou il se
ne pas rejeter sur celui-cide la terre
l'excès.
d'éviter les inconvénients ces pertes de temps,
tourne-oreilles. Quant au nombre des labours que doit recevoir
on a imaginé des charruesappeléesalternativement
Ces charrues peuvent renverser un champ, il dépend à portée, la fois de la nature du sol,
la terre de gauche à droite ou de droite à gauche, de la récolte qu'il a do celle qu'il est
de telle sorte qu'on peut, en allant et en revenant, destiné à recevoir, etc. 11 est donc impossible de
des règles absolues à cet égard.
renverser toujours la terre dans le même sens. donner [Henry Sagnier.]
Ces charrues rendent* des services signalés dans XIII.
le labour des terrains en pente. Elles sont dis- LA FONTAINE. né le juilletfrançaise, Littérature
posées de telle sorte que le versoir jt le soc Jean de La Fontaine, 8 1621 à Château-
peuvent basculer autour de l'age. C'est dans le Thierry en Champagne, où on lui a ékvë une
même but que sont construites les charrues dites statue, était d'une bonne Fontaine, famille bourgeoise du
brabant doubles. pays, fils de Charles de La maitre des
Depuis quelques années, les charrues à plu- eaux et forêts, et de Françoise Pidoux, fille d'un
sieurs corps ont commencé à se répandre en bailli de Coulommiers. Son enfance n'offrit rien
France. Elles sont surtout à deux socs ou à trois socs. de remarquable sa, première éducation fut même
Avec les charrues bisocs on peut tracer deux sil- assez négligée. It commença ses études à Château-
lons parallèles, avec les charrues trisocs on fait Thierry et les acheva au collègesortir du collège, de Reims. Doué
trois sillons. Ces charrues présentent une grande d'une imagination vive, il lut, ascétiques au
qui firent
-économie de temps et de main-d'oeuvre,mais elles Lactance et quelques livres
ne peuvent être adoptées que pour les labours sur lui une telle impression qu'il se crut la voca-
superficiels et pour les labours ordinaires. tion ecclésiastique il entra à vingt ans aux Orato-
Si l'on considère maintenant les labours au riens de Reims, puis au séminaire de Saint-
point de vue de la forme qu'ils donnent à la sur- Magloire peut-être,après tout, sans vouloir suivre
face du champ, on les divisera en labours en la carrière religieuse, ne voulait-il prendre que les
U
billons, labours en planches et labours à plat. ordres nécessaires pour obtenir des bénéfices.
Le labour en billons partage le champ en plan- se repentit: un an après, renonçant à la théologie,
ches bombées étroites, séparées par des rigoles il rentra dans le monde où il se fit remarquer par
profondes. Ce système présente des avantages ses distractions, son indolence, un goût vif pour
dans les terres fortes ou reposant sur un sous-sol tes plaisirs et même la dissipation il menait une
désœuvrée, soit dans la maison paternelle, soit
non perméable il permet t'égouttement de la vie parait avoir éta le théâtre de
terre et l'écoulement des eaux en excès. En outre, à Reims, qui ses
quand la couche arable n'a qu'une faible profon- premières erreurs et qu'il aima toujours beau-
deur, il augmente artificiellement celle-ci. Mais il coup.
On a raconté partout qu'un an après ~e trant dam le monde, MM le connaître, le trouva
sortie
du séminaire, tgé de vingt-deux ans, ilsaentendit it charmant, mais ne s'en soucia point davantage. I)
un ofaeier en garnison à Château-Thierry liree faut se méfierde ces anecdotes qui expriment plai-
l'ode de Malherbe: samment l'aversion du poète pour les devoirs de la
Que ditM-VM~ rMtt httmrtt. vie positive. Celle-ci a sans doute été exagérée à
plaisir, comme tant d'autres on sait en effet que
i-
et que cette lecture éveilla chez lui le génie poéti- M" de la Sablière recommanda cet enfant an pré-
que. La vérité est que son père aimait beaucoup laa sident de Harlay, qui se chargea de lui à qui
poésie et rengageait à la cultiver, et que le jeune e fera-t-on croire que le père n'ait pas connu cet
homme avait déjà rimé quelques vers de circons- démarches ? Disons tout de suite que La Fontaine,
tance fort prisés à Château-Thierry. Toutefoisii see ce semble, n'aima jamais les enfants ce petit
passionna dès lors pour Malherbe, il le lut beau- peuple dont ii fallait tant s'occuper lui
parut
coup, ainsi que Voiture il lut encore les poètes ett toujours exigeant, importun, insupportable.
les conteurs du moyen âge et du xvt* siècle, less La Fontaine n'avait écrit que l'Eunuque,
auteurs anciens et étrangers qu'il s'essayait à imitation de Térence,encore ou l'invention paraît lui
imiter. Son goût le portait aux écrivains italiens. manquer (t6M), lorsqu'il fut présenté à Fouquet
Tout cela risquait de l'égarer des amis le sauvè-
rent. Pintrel, traducteur de Sénèque, et ie cha-
par
au un oncle de sa femme, J. Jannart, substitut
parlementde Paris. Fouquetse l'attachacomme
noine Maucroix, traducteur de Platon, t'initiè- poète et lui fit une pension de 1,000 livres, lui
rent aux œuvres des Grecs et des Latins cette imposant l'obligation d'acquitterchaque trimestre
t
étude le guérit de son admiration pour le bel de rente par une pièce de vers. La Fontaine n'y
esprit à la mode; Horace, surtout, lui d~t~a /e~manqua jamais. La reconnaissance ne l'attacha pas
yeux. seule au surintendant Fouquet lui plaisait par
Pendant quatre ans il ne s'occupa que de plaisirs) les qualités de personne, par son esprit, son
et de poésie. Cette inutile vie de province ne le enjouement, ses sa grandes manières. Cette situation
menait à rien. Son père, pour fixer son humeur dura sept ans elle faisait à La Fontaine la vie la
volage, lui céda sa charge et le maria à Marieplus conforme & son humeur; il y trouvait une
Héricart, fille du lieutenantau bailliage de la Ferté- société brillante, une véritable
Milon, patrie de Racine, un autre Champenois. La par la grâce, cour qui préludait
par l'éclat des lettres et des arts, au
Fontaine avait alors vingt-six ans (1647) c'étaitgrand siècle de Louis XIV. Le plus bienveillant
t'Lomine le moins capable de liens, l'esprit le accueil y fut fait à La Fontaine les hommes les
moins propre aux affaires caractère insouciant, il plus distingués par leur talent, les femmes les
négligea sa place et son ménage ii n'apprit jamais plus aimables surent l'apprécier. C'est là qu'il
son métier, et, regardant le mariage comme un connut Molière il le devina. « C'est mon homme,
esclavage, H s'éloigna peu à peu du toit conjugal. dit-il. Molière de son côté comprit la valeur de
Sa femme ne manquait ni de beauté ni d'esprit, La Fontaine Vos beaux esprits auront beau
elle avait même de l'instruction et du goût, et son se trémousser, le bonhomme ira plus loin que
mari la consulta plusieurs fois avec proflt pour ses nous.
vers. Mais elle était trop jeune (seize ans) pour La disgrâce de Fouquet, qui appartient à l'his-
prendre de l'empire turlui: dans la vie inoccupée toire politique, donna à La Fontaine l'occasion de
que lui faisait son mari, elle lisait beaucoup de montrerune vertu rare, la ndélité à un protecteur
romans; elle n'avait ni l'amourde l'ordre et du tra- tombé tandis que les anciens courtisans du su-
vail,ni la fermeté de caractère qu'il auraitfallupour rintendant, comblés de ses faveurs, se taisaient
attacher La Fontaine. Le poète qui a écritFAt~ott ou reniaient leur bienfaiteur, la reconnaissance
et Baucis, la plus touchante image du bonheur de inspirait à La Fontaine ses premiers accents vrai-
deux époux qui ont su vieillir ensemble en se suf- ment poétiques. Son Elégie aux Nymphesde ~«M;
fisant à eux-mêmes, était peut-être capable de changea en pitié l'animosité publique soulevée
router les calmes et sereines jouissances du foyer contre Fouquet, coupable de dilapidations, coupa-
domestique. A vrai dire, it ne parait pas qu'il lit ble surtout d'avoir déplu à Louis XIV que des
de grands efforts pour vaincre ses penchants vo- sentiments de jalousie personnelle de diverse
lages; et.aprèsplusieursséparations momentanées, nature ] poussèrent à des rigueurs excessives.
non sans avoir donné à sa femme bien des sujets Jannart, exilé & Limoges après la disgrâce du
de plainte il finit par t'abandonnercomplètement. surintendant,emmena avec lui (IM~tt-a Fontaine,
Dès lors sa vie n'eut plus rien de régulier il 1qui < a fait. une relation très agréable en prose et
vendit peu à peu pouf vivre son patrimoine,mor- en < vers de c& voyage il y décrit les villes, les
ceau par* morceau1 campagnes qu'il ne fait qu apercevoir en passant,
Jean t'en alla comme il «ait TtDn. sans rien étudier de près: on relit encore avec
Mao~Mot le fonfh MM ie revenu. plaisir
1 ses observations faites du seuil de l'auberge
où il relaie. Le voyage n'est cependant pas telle-
Du moins il ne mangea pas la fortune de sa ment [ rapide qu'il ne l'utilise pour ses plaisirs et la
femme séparée de biens, elle fut à l'abri du be- galanterie:
f la relation en est d'autant plus pi-
soin il semble même qu'elle s'accommoda de l'i- quante q qu'elle est adressée à sa femme. Revenu
solement. de
)j Limoges, il partage son temps entre Château-
Plus tard, quand La Fontaine était à Paris de- Thierry
1 et Paris, tantôt avec sa femme, tantôt
puis longtemps déjà, ses amis, Racine, Boileau, sseul, jusqu'à ce que la séparation fut devenue
intervinrent pour opérer un rapprochement entre dénnitive.d
sa femme et lui. Tout le monde connalt cette C'est à ce moment qu'il connut la duchesse de
anecdote. Il partit pour voir sa femme à Château- Bouillon,
B Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin,
Thierry et se rapprocher d'elle. Deux jours après, qui q était venue résider dans sa terre de Chateau-
il était de retour; ses amis d'accourir, empressés T Thierry pendant une absence de son mari. La du-
de savoir ce qui s'était passé. <t Eh bien avez- chesse ci se déclara sa protectrice, et la Fontaine
vous vu votre femme? Eht non 1 elle était au s'en s' est toujours souvenu il l'a célébrée jusque
salut. x La Fontaine était trop heureux d'esquiver dans d les detweM efforts de ça muse (Fables, XII,
un rapprochement qu'il redoutait, ne voulant ~3): 2.
point se plier aux devoirs d'époux ni de père. Il
avait eu en effet un Os 11 ne s'en occupa pas des amenrt déesse tutélaire.
MMMin,
'plus que.de sa femme. On a raconté que, plus Elle exerça sur la direction de son esprit une
tard, cet enfant devenu grand, son père, le rencon- ir
influencedécisive et moralement pernicieuse.Bien
que menant une vie plus régulière que ses sœurs, hommes les plus illustres de son temps, et, si
la duchesse. licencieuse d'imagination, ne s'effa- l'on en excepte le bilieux Furetière, il n'eut pas
rouchait pas de la liberté des mœurs, et pardon- d'ennemis. Il était d'un commerce charmant; les
nait volontiers en faveur du talent aux crudités de gens du monde, comme les écrivains, le recher-
la muse elle seconda de toute son influence l'in- chèront pour la supériorité de son talent et le
clination naturelle du poète pour les légèretés chérirent pour la douceur de son caractère, dont
italiennes. une candeur enfantine fut toujours le trait princi-
En 1664, La Fontaine donna ses premiers Con!es pal. Ses distractions sont célèbres peut-être est-il
et Nouvelles en vers, écrits pour la duchesse de permis d'y voir, outre le laisser-allerd'une nature
Bouillon, et pour la plupart imités de l'Arioste, de indolente,une sorte de calcul fin pour s'isoler au.
Boccace, de Machiavel. Joconde est le début. Les milieu des importunset sauver cette indépendance.
lois de ta morale et delà décence y sonttrop offensées d'esprit dont il était si jaloux.
pour que nous en parlions ici. La Fontaine s'y La mort de la duchesse d'Orléans avait fait re-
montra un conteur par excellence il a, dans ce tomber La Fontaine dans une position précaire
genre, surpassé les Grecs et les Romains, les M" de la Sablière retira le grand enfant chez elle.
Italiens du moyen-âge, la reine de Navarre, Marot C'était une femme aussi distinguée par les qualités
lui-même, et n'a pas été égalé depuis, même par du cœur que par les dons de l'esprit. La Fontaine
Voltaire. retrouva à l'hôtel de la Sablière la plus brillante
Il avait quarante-sept ans quand it
commença société La Fare, l'ami particulier de la mattresse
de la maison, Bernier, que Saint-Evremond appe-
à publier l'ouvrage qui a fait sa réputation, les
Fables que tout le monde connalt les fruits de lait le joli philosophe,. et qui initianotre poète à la
l'automne sont les plus savoureux. Les premières philosophie épicurienne de Gassendi, plus con-
parurent en 1668 elles étaient dédiées au dau- forme à ses goûts que celle de Descartes. M°" de
phin, qui avait alors six ans et demi, et dont le la Sablière fut pour lui une véritable mère et lui
précepteur était le président de Périgny (car épargna les mille soucis de la vie pour lesquels il
Bossuet ne fut chargé de l'éducation du fils de n'était pas fait. Il sentit tout le prix de cette ami-
Louis XIV qu'en 1670). Ces fables étaient modeste- tié délicate. C'était juste ce qu'il fallait au poète
ment intitulées Fables d'Esope mises en vers par qui a écrit ces vers charmante
M. de La Fontaine. Les six premiers livres, ache- 1.
Qu'un ami véritable est une douce chose
vés l'année suivante, devaient former l'ouvrage Le vivre et le couvert que faut-il davantage t.~
complet, comme le prouve l'épilogue qui les ter- Bon soupé, bon gîte et le reste.
mine
Bornons ici notre carrière Pendant vingt ans, la sollicitude de M°" de la Sa-
Les longs ouvrages me font peur. blière ne se démentit pas elle ne crut jamais
Loin d'épuiser une matière, pousser trop loin son rôle de tutrice attentive, qui
On n'en doit prendre que la fleur. contribua sans doute à entretenir cet état de per-
C'était sa manière, c'était sa nature. 11 dit pétuelle enfance où se complaisait /e bonhomme.
ailleurs Lasse de la vie, trompée par La Fare, délaissée à
son tour par son mari, elle se retira peu à peu du
Je suis chose légère et vole à tout sujet; monde elle réforma sa maison et ne garda, dit-
Je vais de fleurs en fleurs et d'objet en objet. elle, « que ses bêtes son chien, son chat et son
Cinq autres livres, formant une troisièmeet une La Fontaine. » Surveillé de moins près, La Fon-
quatrième partie, parurent seulement en 1618 et taine se laissa facilement entraîner par les princes
i6~9 un second épilogue les termine. Enfin, en de Vendôme et toute cette société d'aimables et
1690, il y ajouta un douzième et dernier livre, qu'il brillants débauchés qui égayaient le fameux hôtel
dédia au duc de Bourgogne. du Temple, Chapelle, Chaulieu, La Fare, etc.
On a encore de La Fontaine le Songe de ~at< En 169.t, à la mort de sa protectrice, La Fontaine
Adonis, poème mythologique où il y de l'élé-
la
restait
tutelle
encore seul à soixante-douzeans, quand la
et l'appui d'un ami lui devenaient plus in-
gance, de la grâce, le sentiment et 1 amour de
nature, chose rare au xvn* siècle; un poème sur dispensables que jamais il trouva tout cela chez
le Quinquina, un autre sur la Captivité de Saint- M. d'Hervart, conseiller au Parlement de Paris,
Malc, des ép!tres, des ballades, des rondeaux un dos amis de M°" de la Sablière, qui vint le
dans tous ces ouvrages, on trouve des choses di- chercher « Venez loger chez moi. J'y allais »,
gnes de La Fontaine, une imagination brillante, la répondit La Fontaine avec une admirable simpli-
magie du style. Il publia encore un roman, Psyché, cité qui honore le bienfaiteur et l'obligé. M"' d'Her-
imité d'Apulée, en prose mêlée d'excellents vers vart remplaça M°" de la Sablière dans son rôle
le cadre est une lecture faite à la campagne dans maternel, et La Fontaine passa le reste de ses
une réunion de quatre amis « dont la connaissance jours, entouré de soins que l'âge rendait plus
avait commencé par le Parnasse », La Fontaine, touchants. Sa protectrice, plus jeune et plus sage,
Boileau, Molière, Racine, sous les noms de Po- lui faisait de la morale. Ninon aussi prêchait la
lyphile, Ariste, Gélaste. Acanthe. Molière, Cor- sagesse à La Fontaine, qui ne la pratiquait pas, pas.
neille et Quinault reprirent cet ouvrage et en plus que sa conseillère.
firent un opéra dont Lulli composa la musique. Il jouissait de sa gloire de son vivant. Fénelon
Enfin, outre l'Eunuque, La Fontaine a composé apprenait à son élève, le duc de Bourgogne, à
quatre ou cinq comédies et deux opéras qui n'a- l'admirer et à l'aimor. Louis XIV sout ne lui ren-
joutent rien à sa gloire. dait pas justice. Le poète eut beau, comme les
Voilà toute l'œuvre de La Fontaine. Depuis autres, payer son tribut d'éloges à la gloire du
longtemps il avait vendu sa charge son incapacité grand roi il n'eut jamais part aux faveurs de
pour les affaires, son insouciance pour ses intérêts Louis ni aux bienfaits dont Colbert était le dispen-
matériels, son peu de conduite avaient achevé sateur. On ne saurait croire que le roi et le mi-
d'anéantir sa petite fortune. Ses amis lui ob- nistre aient gardé si longue rancune à la coura-
tinrent une charge de gentilhomme servant de geuse fidélité de l'ami de Fouquet. Peut-être
la duchesse douairière d'Orléans, Marguerite de méconnurent-ils la valeur d'un genre jusque-là
Lorraine, veuve de Gaston, qui l'admit parmi les modeste, et ne comprirent-ils pas quels trésors y
familiers de sa petite cour du Luxembourg. avait épanchés le génie du poète. Car on ne saurait
M°" de Montespan protégea aussi notre poète, qui croire à un excès de vertueuse indignation, chez
dédia à la favorite le septième livre do ses fables, un prince si peu sévère dans sa conduite, contre
un des plus beaux. La Fontaine fut lié avec les l'auteur de contes licencieux. Madame de Mainte-
mon le tint-elle à l'écart des faveurs royales, parce elle représente toute la société, rois, nobles, cu-
qu'il l'avait connue quand elle n'était que la femme rés, moines, magistrats, bourgeois, paysans
de Scarron ? Quoi qu'il en soit de cet rigueurs On a contesté la moralité des fables de La
officielles,dont Boileau s'est rendu complice en ne Fontaine il est nécessaire de réfuter ici cette
parlant pas de La Fontaine dans son Art poétique, erreur. Le poète ne tire pas toujours directement
La Fontaine avait soixante-trois ans quand il M pré- la morale de ses récits, sans doute it ne fait pas
sents t l'Académie, qui <tt un acte d'indépendance la fable pour la morale, comme La Motte il la
unique à cette époque en le nommant en remplace- laisse découler dos faits qu'il généralise. Ce n'est
ment de Colbert, de préféreneea~ Boilean que pro-
tégeait la cour. Le roi mécontentrefusa son
sion. Une nouvelle vacance eut tien Bcilean fut
é- pas sa faute ai
la raiMn du plu fort est toujours la metUtm'e.
Selon que vous serez p<tiMMtt on misérable,
nomme à son tour. «Lechohqne v<tus avez fait de Les jugement* de tour vous tendrext Mme es noir,
M. Despréaux, dit le roi aux délégué*de l'Acadé-
mie, m est fort agréable il sera approuvé de tout etc., etc. Il en va ainsi dam) le monde. Rousseau
le monde. Vous pouvez maintenantrecevoir'La et Lamartine, qui ont entre antres critiqué la
Fontaine; il a promis d'être sage. L'âge avait moralité de ces fables, n'ont paa compris que La
d'ailleurs amendé le caMetère et les mœurs du Fontaine MM fait voir ce qm est, et que c'est t
10 ramena la
fabuliste. Une maladie grave qui faillit l'emporter
religion qu'il avait fort négligée
toute sa vie. Son confesseur le tourmentait, au
chacun de nous à tirer la leçon des faits. La na-
ture a *M lois invariables; il nous tes met sous
les yeux et les dégage a la lumière d'une mise
grand étonnement de sa garde-malade qui trou- en scène admirable à nous de conclure, comme
vait que le bon Dieu n'anrait pas le courage de dans la vie. Lessing a essayé de refaire les fables
le damner. » Il Ct amende honorable pour ses de La Fontaine pour tes rendre plus morales
Contes. Ce ne fut pa< Mn< peine; il dëtirait vi- it en a fait des berquinadesplus puériles qu'hon.
vement en publier une dernière édition, offrant netes, innocentes, vertuemtes, mais qui n'ont rien
naïvement d'en donner le produit aux pauvres. Il de réel. Ne dissimulons pas la Tenté à l'enfant
~e repentit de son mieux des erreurs de sa jeu- devenu homme, ii viendrait se heurter douloureu-
eeKe, et tes expia par des exercices d'une aus-
tère piété. Il y eut bien quelques rechutes
sement la réalité.
ti est une autre erreur que nous devons relever.
On a pu croire que La Fontaine écrivait facile-
Promettre est un tt tenir est un autre. ment. La duchesse de Bouillonl'avait appelé son fa-
C'est ainsi que le cinquième et dernier ti- Mtef, croyant qu'il produisait des fables natu-
-vre de ses Contes, publié depuis sa conversion, rellement, sans effort, comme un pommier produit
est aussi licencieux que les premiers. Toutefois, des pommes. Elle n'avait pas compris ce que ce
ses dernières lettres à Maucroiï le montrent tout style si naturel et si facile cache d'art, de travail
~ui sentiment* religieux. Sa
s'éteignitle 13 avril 1695 t t'hotel d'Hervart.
ses négligences
mort fut douce il bonnes fortunes, mêmes ne sont pas toutes des
c'est le fruit d'un art pro-
fond et caché. » (Tissot.) C'est une perfection sa.
Rien ne ttaabtt ta an, dest !< «)<r d'en beau jour. vante. Aussi, sa langue est-elle à lui c'est
Maucroh, en apprenant sa mort, écrivit « Nous parlé, la plus personnelle que jamais écrivain ait
avoM été amis plus de cinquante ans. Je l'ai lité lui sans excepter Molière. Une seule qua-
tendrement aimé, autant le dernier jour que le & la sincérité de est naturelle, c'est la naïveté il la doit
premier. C'était Ume la plus sincère et la plus La Motte la connalt son âme; ii ne l'a pas cherchée.
candide que j'ai connue. Jamais de déguisements. Chamfbrtaporté ne pas, qui l'a poursuivie.
Je ne sais s'il a menti -de sa vie. » sur Fontainece jugement,qui
La
est définitif:.
Il est difficile 4e faire un choix parmi ses plus teur trop libre d'un Il offrit le singulier contraste d'un con-
belles fables. Citons pourtant Le Loup et f~- çut partage l'esprit et moraliste excellent H re-'
en le plus fin qui fut jamais, et
gneau, Le CA<t« et <e Roseau Le Chat et le fMMa. devint tout temps le modèle de la simplicité! It
~!a<j Z.M ~MtMa«.Bmalades de /<! peste, Le Héron, possédaen le génie de t'observation.meme de la satire,
Les DeNic P~eattt, Le Chat, la Belette et le petit jamais
et ne passa
Lapin, La Laitière et le, Pot au lait, Le P!e!~)c!e< dérobe que pour un bonhomme. Il
les trois jeunes hommes, Le Paysan du Danube. les arttnces sous fart d'une négligence parfois réelle
Ce sont autant, de chefs-d'œuvre, et l'on pourrait ressembler de la compositionla plus savante, fait
l'art au naturel, souvent même à
-en multiplier la liste. l'instinct cache génie génie même.
son par
La Fontaine a peu Inventé il emprunte ses et fut, dans le siècle des grands écrivains, sinon leson
fables à Esope, à Pilpai, a Phèdre, au moyen âge, premier,du moins le plus étonnant. s
a la Renaissance. Mais Finissonsparces lignes de Féneton <r Lisez-te,
Son îmittttonn'est pu un eM!tïagt. et dites si Anacréon a su badiner avec plus de
grâce, si Horace a paré la philosophie et la mo-
Il imite da façon à avoir mérité le nom d'tMMtM. rale d'ornemente plus variés et plus attrayants; si
table. Il dérobe les anciens, et nul n'a été plus ori- Térence a peint les
ginal il est tellement créateur dans ce genre, de naturel m<eurs des hommes avec plua
et de vérité si Virgile, enfin, a été
que La Fontaine n'est plus le nom d'un fabuliste, plus touchant et plus harmonieux. »
mais le synonyme même de la Fable. Ce qui le [A. Pressard.]
distingue surtout, c'est la vérité, la vie il ne con- LAIT. V. Aliments.
naît pas l'abstraction, it rend l'humanité visible LANCASTRE. Histoire générale, XXVIIf. –
dans une action continue qui est la peinture la Nom d'une branche de la famille des Piantageneta,
pins vivante de l'homme de tous les temps et de qui a donné trois rois a l'Angleterre, Henri IV,
la société du xvn* siècle. Ses fables sont Henri V et Henri VI. La maison de Lancastre ayant
Une ample comédie aux cent actes diteM dans ses armes une rose rouge, on appelle aussi
Et dont la Ment est l'univers. ces trois souverains rois de la rose rouge, par op-
position aux MM de la rose blanche ou de la mai-
Les auteurs de ces drames sont tout le monde, son d'York.
mous, nos semblables. Les bêtes nous prêtent Henri IV, ou Henri de Bolingbroke (tes prin-
leur masque et leur langage (V. Fable). Mais c'est ces anglais ajoutaient à leur nom le nom de la ville
aussi une épopée véritable et qui descend en où ils étaient nés),né en 1367, pour père Jean
droite ligne des vastes épopées du moyen âge; de Gand, duc de Lancastre et eut troisième fils d'E-
douard III. Le roi Richard H, successeur et petit- sons rivales, une énergie virile. Elle ne put em-
fils d'Edouard avait banniet dépouillé de ses pêcher toutefois la défaite du parti de la rosé-
biens son cousin Henri celui-ci, réfugié en France, rouge. Henri VI, fait prisonnier une première fois
forma un complot dans lequel entrèrent la plu- par ses adversaires, puis délivre, retomba entre
part des grands seigneurs anglais. Comptant sur les mains d'Edouard IV d'York, fut rétabli un ins-
le mécontentement causé par la tyrannie de Ri- tant sur le trône en 1470, par Warwick, puis,
chard, il tenta un débarquementà la tête de quel- captif de nouveau, fut mis à mort en ] 47
ques partisans, et vit bientôt la plus grande partie LANGAGE. –Psychologie, XIV.–Dans son ac-
de la nation se rallier à lui. Richard 11, fait pri- ception la plus générale, le mot langage désigne
sonnier, dut abdiquer, et le Parlement donna la tout système de signes destinés à exprimer les
couronne à Henri de Bolingbroke (1399). Par cet sentiments ou la pensée. Par suite, on peut dis-
acte se trouvaientécartées du trône, au profit de tinguer autant d'espèces de langage qu'il y a d'es-
la famille de Lancastre, non seulement la bran- pèce de signes pouvant servir à établir entre les
che amée des Plantagenets,en la personne du roi hommesla communicationdes pensées ou des sen-
déposé, mais encore la descendance du duc de timents. L'ancien télégrapheaérien était ainsi une
Clarence, second fils d'Edouard III. sorte de langage; de même les signaux de ma-
Quelques amis du souverain déchu tentèrent un rine, encore en usage aujourd'hui. Les Orientaux
soulèvement; ils furent vaincus, et Richard fut ont composé un langage symbolique par le moyen
mis mort dans sa prison (1400). Un peu plus des fleurs, etc.
tard, une autre révolte, celle du comte de Percy Les mouvements du corps (jeux des muscles du.
de
et son fils, le fameux Hotspw-, mit en danger visage ou physionomie, gestes) sont également un
le trône d'Henri IV; les Gallois avaient pris parti langage, et celui-là très expressif et très varié.
pour les rebelles. Ceux-ci furent néanmoins défaits Néanmoins, sauf chez les sourds-muets,il ne fait
a la bataille de Shrewsbury, où périt Hotspur qu'accompagner, accentuer le langage articulé,
(1403). Plusieurs fois encore, Henri IV eut à qui est la manifestation la plus parfaite du lan-
lutter contre des tentatives de révolte. Aussi, pour gage vocal ou auditif.
consolider son pouvoir, s'appuya-t-il sur l'Eglise « L'organe qui est le siège de la voix est le la-
d'une part, dont l'influence, ébranlée quelques rynx. La voix est produite par l'air expiré qui, exer-
années auparavant par les prédications de Wicleff, çant une certaine pression sur ce qu'on appelle les
s'exerça au proOt de la maison de Lancastre; et cordes t;oca<M, les fait entrer en vibration. Or les
d'autrepart sur le Parlement,à qui Bolingbrokede- sons de la voix sont de deux sortes, articulés ou
vait sa couronne, et qui obtint par cette raison inarticulés.
une part considérable dans le gouvernement. » On appelle articulés les sons qui, ayant leur
Henri IV mourut en 1413. origine dans le larynx, sont modinés au passage
Henri v, de Monmouth, succéda à son père par le pharynx, la bouche et les fosses nasales.
Henri IV. H avait dans sa jeunesse mené l'exis- Les sons inarticulés, qui ne subissent pas ces
tence la plus dissipée Shakespeare en a retracé modifications, s'appellent les cris.
quelques épisodes dans les deux parties de son » Les sons articulés sont ce que l'on appelle la
drame d'~e~rt /t~, en immortalisant sous le nom parole.
de Falstaff l'un des compagnons de débauche du » Le langage inarticulé est commun à l'homme
jeune prince. Mais, à peine sur le trône, Henri V ot aux animaux; le langage articulé est propre à
montra toutes les qualités d'un souverain à la fois l'homme. Quelques animaux sont capables d'ar-
ferme et prudent. Il continua la politique de son ticuler des sons mais ils ne s'en servent pas
père à l'égard de l'Eglise et du Parlement; et, comme d'un langage, c'est-à-dire pour exprimer
voyant l'occasion favorable, il résolut de récla- leurs besoins. Lorsque le perroquet a faim, il crie,
mer de la France l'exécution du traité de Brétigny. il ne parle pas. La parole est pour lui un amuse-
Lors de la déposition de Richard H, le duc d'Or- ment, non un instrument de communication avec
léans, qui gouvernait alors la France an nom de ses semblables. » (P. Janet.)
son frère Charles VI, avait refusé de reconnaltre Une des distinctions les plus généralement usi-
l'usurpateur Bolingbroke comme roi d'Angleterre. tées, est celle qu'on établit entre le langage natu-
Or, c'était justement le parti d'Orléans ou des rel et le langage artificiel. Le langage naturel
Armagnacsqui, en )413,après l'écrasementdes Ca- comprend les signes que l'homme emploie indé-
bochiens, venait de ressaisir le pouvoir à Paris. pendamment de toute rénexion et de toute volonté:
Henri V déclara la guerre à Charles VI, gagna la tels sont les cris de la douleur, de la joie, de la
bataille d'Azincourt, et obtint, par le traité de colère, etc., et en général tous les gestes, toutes
Troyes, plus qu'il n'avait demandé d'abord. De- les attitudes qui traduisent les émotions ou les
venu gendre et héritier de Charles VI, il mou- passions les plus simples. Les deux caractères
rut en 1422. Il laissait un &Is au berceau. principaux des signes naturels, c'est qu'ils sont
« Henri de Monmouth, dit-il à son lit de mort, identiques chez tous les hommes sous l'empire de
aura régné peu et conquis beaucoup Henri de la même paseion (à moins que par un effort éner-
Windsor règnera longtemps et perdra tout. e gique et assez difficile de la volonté la manifesta-
Henri VI, de Windsor, fut proclamé roi de tion extérieure de la passion ne soit supprimée)
France et d'Angleterre à la mort d'Henri V. Après c'est ensuite qu'ils sont instinctivementcompris
un règne long et malheureux, il devait, selon les par tous les hommes, de tam&memanière, comme
paroles prophétiques de son père, perdre ses expression d'une passion donnée.
deux couronnes. Nous avons raconté ailleurs (V. Le langage artificiel ou conventionnel est formé
Guerre de Cent Ans) comment les Anglais furent par des signes inventés ou choisis expressément
chassés de France.La trève de Tours (1444) mit fin et arbitrairement par les hommes. 11 est évident
à la longue lutte entre les deux peuples voisins, et que pour une même idée les signes artificiels peu-
Henri VI épousa alors une princesse française, Mar- vent varier à l'infini, et qu'ils ne sont compris que
guerite d'Anjou. Mais bientôt éclata la sanglante de ceux-là seuls qui sont au courant de la conven-
guerre civiledes Deux Roses,causée par les préten- tion. Parmi les différentes espèces de langages
tions de la maison d'York,quiavaithérité des droits artificiels, il faut citer, suivant M. Janet 1° les
de la maisonde Clarence,et qui revendiquait la cou- langues scientifiques, notammentla nomenclature
ronne (V. Guerre des DeuxRoses).Henri VI, faible chimique, la langue algébrique, la nomenclature
d'esprit, était incapable de défendre lui-même son botanique; 2" la notation musicale; 3° les chif-
autorité; mais Marguerite d'Anjou déploya, dans fres 4° le langage sténographique, l'écriture, les
la lutte implacable engagée entre les deux mai- systèmes de signaux dont il a été parlé plus haut
5* le tangage des sourds-muettinvente par l'abbé pes du trMM&M(Xme, que le chant fut le moyen
de t'Epée et l'abbé Sicard. etc. principal par teqwttt'htmme primitiftraduisit au
Ici se pose comme d'elle-même la question de dehors des émoaoM.Et e*<*tpar un vague ressou-
savoir si têt tanguesproprementditesrentrentdans venir dos conditions d'nThtmro de nos premiero
la catégorie des signes naturels on dans celle des ancêtres, que M. H. Spencere~N~ae la puissance
signes artificiels. D'une part, il semble que les parfois prodigieuse de la mutiq<mCMtmeexpres-
mots qui composent toutes les langues con- sion de la passion.
nues n'ont avec tes idées qu'ils expriment que Qu'on nous permette ici de nous citer Mas-
de rapportspurement conventionnels;autrement, même, en nous résumant:
une seule langue devrait exister, dont tons les Diminuez le volume de la voix, supprime)! les
hommes auraient l'intelligence sans l'avoir jamais notes quidépassentune certainehauteur moyenne,
apprise. D'autre part, il est impossible d'indi- et la phrase musicale se rapproche du récitatif,
quer, pour une langue donnée, l'inventeurdu vo- assez voisin lui-même de la phrase parlée. On
cabutaire il est l'œuvre collectée, anonyme, in- peat concevoir un nombre plus ou moins considé-
consciente du peuple on de la race. Be plus, les rable de transitions, en sorte que le ton passionné
langues modernes dérivent de langues plus an- ae soit abaissé peu a peu a celui de la raison tran-
ciennes, mortes aujourd'hui, et cea dérivations quiUe. N'est-ce pas là ce que confirme la marche
s'accomplissent suivant des lois nullementarbi- historique de l'esprh humaint La prose n'est-eUe
traires que déterminentles philologues. Et en re- pas née partout de longs sièctes après la poésie
montant aussi haut qu'il nous est possible dans le qui, à l'origine, ne confondit avec le chant ?P
passé, nous ne saurions trouver l'homme de génie L'explicationprécédenterendapeuprès compte
qui fut l'inventeur du langage, s! rudimentaire de révolution générale de l'expression vocale;
qu'on veuille le supposer à l'origine. En sorte que mais elle ne noas apprend pas d on est sorti l'élé-
la parole parait bien être le produit spontané d'une ment même du langage articulé, le mot. Sur ce
faculté essentielleà l'amo humaine, l'expression nouveau point, qui est décisif, le transformisme
naturelle de la pensée. aurait, semble-t-il, gain de cause, s'il pouvait éta-
C'est la le problème célèbre de l'origine du lan- blir que le mot est dérivé naturellement, soit des
gage, problème si souvent agité par les philoso- interjectionsinarticulées,qui traduisent les senti-
phes, depuis Pythagore, Démocrite et Platon jus- ments primordiaux de l'âme humaine, soit do l'i-
qu'à. nos jours. Parmi les solutions qu'il a reçues, mitation des sons ettérieurs, et particulièrement
mentionnons, mais seulement pour mémoire,celle du cri des animaux. Rien, en effet, ni dans l'in-
de M. de Bonald, pour qui le langage était l'œuvre terjection, ni dans l'imitation, qui dépasse les ca-
de la révélation, et avait été directement donné pacités mentales des animaux supérieurs, »
par Dieu au premier homme. Hypothèse à peine D'éminents philologues, notamment l'illustre
digne de la discussion, si l'on entend, comme on Max Millier, se sont attachés à montrer que l'une
ie fait ordinairement, que l'homme reçut de Dieu et l'autre était également iasufnsante pour expli-
une langue toute faite, et dont toutes celles qni quer l'origine des mots. C'est aux racines que
ont été parlées depuis ne sont que des images dé- Max MuUM- attribue, pour la formation du langage,
ngurées; mais peut-être est-ce pousser la doctrine une importancedécisive elles marquent, selon lui,
de M. de Bonald an delà de ce qu'il a voulu le point précis où commence la parole vraiment
dire. humaine, et établissententre le langage émotion-
L'hypothèse du langage considéré comme nne nel, qui pourrait nous être commun avec la bête.
inventionpurement artificielle, a été soutenue par et le langage intellectuel, qui nous appartient
Bémocrite et réfutée avec éclat dès l'antiquité par en propre, une ligne de démarcation infranchis-
Lucrèce. Un si merveilleux instrument ne saurait sable.
être l'muvre volontaire et réfléchie d'une intelli- Mais de graves autoritésrepoussentaujourd'hui
gence qui ne'l'aurait pas déj& à son service. La la théorie de Max Muller. On peut toujours se de-
parole, dit Rousseau, serait nécessaire pour in- mander, en effet, d'ofi viennent les racines elles-
venter l'usage de la parole. » mêmes. Max MuUer refuse de poser cette ques-
La troisième hypothèse, généralement adoptée tion, sous prétexte qu'elle échappe, par sa nature,
de nos jours, fait du langage, comme nous le di- aux conditions de la science expérimentale. Sans
sions tout à l'heure, le produit spontané d'une fa- doute, si l'on s'en tient aux langues entièrement
culté essentielle à Urne humaine, l'expression na- constituées et susceptibles d'être étudiées dans
turelle de la pensée. Mais, ainsi présentée, cette des monuments écrits, on ne peut remonter au
solution, dont se contentaientJounroy et Garnier, delà des racines et on doit les considérer comme
est vague et superncielle. Elle ne saurait suffire, les éléments ultimes auxquels l'investigation po-
en présence de la théorie transformiste et des tra- sitive puisse atteindre. Mais ces limites relative-
vaux des philologues contemporains, qui ont en- ment étroites, l'induction peut essayer de les fran-
tièrement renouvelé le problème. chir. D'autre part, les innombrables idiomes des
On sait que, pour les transformistes, l'homme tribus sauvages ont beaucoup à nous apprendre,
dérive d'une espèce animale, aujourd'hui éteinte, et en recueillantet concentrant ces diverses sour-
et qui fut la touche commune de tous les singes ces d'information, plusieurs philologues contem-
anthropomorphes. Ceux-ci sont donc, comme on porains sont arrivés à cette conclusion que l'in-
t'a dit, non pas précisément nos ancêtres, mais tartectiOB, l'onomatopée, l'imitation des bruits
nos cousins germains. Attribuant ainsi une origine extérieurs ou des cris des animaux, suffisent pour
purement animale au genre humain, le transfor- expliquer l'origine, sinon de tous les mots, au
misme ne saurait reconnaître, sans se contredire moins d'un fort grand nombre. Par là se trouva
lui-même, l'existence d'une faculté du langage qui confirméela théorie que Platon proposaitdéjà dans
soit le privilège exclusif de l'homme, et établisse le dialogue du Cratytej-
une barrière infranchissable entre lui et l'animal. Selon lui, les articulations les plus simples,
Mais entre le cri de la bête et le verbe qui traduit voyelles ou consonnes, sont l'imitation, par l'or-
la pensée humaine, quel ablme 1 et comment le gane vocal, de certaines qualités élémentaires
combler? Le chef du transformisme contempo- des objets. Ainsi la lettre R, pour la prononcia-
rain, M. Darwin, incline à croire que le chant tion de laquelle la langue tourne rapidement, a
pourrait bien fournir la transition cherchée. dû traduire naturellement te mouvement. Dans
Il semble en effet prouvé que certains singes la prononciation du D et du T au contraire, la
peuvent produire une série régulière de notes langue presse, appuie, s'arrête pour ainsi dire,
musieales. On peut conjecturer, selon les princi- contre les dents eu le palais l'analogie a du. con-
duire à exprimer par ces lettres ou par des syl- la faculté d'abstraire, de considérerune qualité à
labes qui les renferment, les qualités de stabilité, l'exclusion des autres,
de repos. Platon examine successivement à ce On peut aller jusqu'à dire que le langage ne
point de vue les articulations primitives, et essaie nomme pas proprement des choses, mais seule-
d'en déterminer la signification. Les applications ment des qualités. Pourtant les mêmes qualités
de détails de cette théorie peuvent sembler par- conviennent souvent à plusieurs choses différentes
fois puériles; mais le principe en est accepté le même signe pourra ainsi servir à désigner plu-
par les plus autorisés des philosophes contempo- sieurs
réalités d'espèces distinctes qui se ressem-
rains. blent par un trait commun. Quelque imitatif qu'il
On voit par là quel rôle considérable l'analogie ait été à l'origine, le mot fut donc dès )e principe
a dû jouer dans la formation des mots. N'est-ce un produit,non seulement de l'abstraction, mais de
pas en effet procéder par analogie que de peindre la généralisation. Ajoutons que le mot est double-
avec des sons articulés la rapidité, la lenteur, la ment abstrait et gênerai, car le signe qui a été
stabilité, et généralement les propriétés exté- tout d'abord choisi pour exprimer lion, arbre, ri-
rieures des objets? Mais dans cette voie, les pro- vière, etc., a dû servir immédiatement a nommer
grès sont en quelque sorte illimités. Si, par non pas tel individu spécial et isolé, mais tous
exemple, une articulation rapide et brève traduit ceux de la même espèce. Par l!t se trouve suffisam-
l'oreille un mouvement de même nature, elle ment réfutée l'assertion des évolutionnistes qui
pourra aussi bien donner l'idée d'un espace court, prétendent que les sauvages n'ont pas de termes
car un tel espace est vite parcouru; par suite, elle abstraits. Tout mot est abstrait, par cela seul
exprimera tout objet petit, faible, insignifiant. qu'il est un mot.
C'est encore à l'analogie qu'il faut rapporter ce Quant aux choses qui ne tombent pas sous les
procédé, si fréquent dans les idiomes sauvages, sens, il est infiniment probable que primitivement
de la répétition. Il servira à traduire, tantôt la elles furent toutes nommées par analogie avec cer-
continuation de l'action, tantôt l'agent ou l'instru- tains objets ou phénomènes matériels. La méta-
ment de cette action, tantôt la grandeur ou la pe- phore a été et est encore aujourd'hui l'une des
titesse de l'objet. sources les plus fécondes du langage. Sans doute,
H faut admettre enfin qu l'origine, ces diffé-
même
ces analogies furent d'abord superficielles, presque
arbitraires la plupart nous échappent; mais l'im-
rents procédés ont donné naissance dans le
idiome à plusieurs formes diverses pour traduire portant pour l'homme, c'est qu'un signe soit at-
la même idée. Les formes les plus simples, les taché à une idée l'usage, la tradition consolident
plus intelligibles, ont peu à peu éliminé leurs ri- le lien, fragile au début, qui les unit. Et ces pro-
vales. Ce travail inconscient de sélection dut être cédés analogiques et métaphoriques ne sont au
d'autant plus rapide, que l'idiome était de forma- fond que 1 application de ces mêmes pouvoirs
tion plus récente par suite, des dialectes sortis d'abstraire et de généraliser, condition essentielle
d'une souche commune ont dû promptement di- du langage humain.
verger, au point que leur parenté devint prompte- On doit conclure de tout cela que le langage est
ment méconnaissable. l'œuvre volontaire et réfléchie de l'homme. S il est
Mais si la philologie la plus récente semble vrai que la grammaire d'une langue traduit au de-
aboutir a des conclusions assez différentes de celles hors des lois nécessaires de la logique, et, par
de Max Muller sur la question de l'origine du lan- suite, peut être considérée comme l'expression
gage, il ne s'ensuit pas qu'elle supprime toute spontanée de la pensée en acte, il n'en est pas de
barrière entre le langage émotionnel et le langage même du vocabulaire. Celui-ci se forme peu à peu,
intellectuel,et qu'elle se refuse à reconnaître dans par additions successives; il s'enrichit et se mo-
la formation des mots l'opération de facultés ex- dine incessamment et dans la plus large mesure.
clusivement propres à l'homme. En effet, le pro- Les mots qui le composent ont tous été créés et
cédé de l'imitation, tout naturel et spontané qu'en cela par une volonté expresse; chacun d'eux a
paraisse l'emploi, implique déjà la réflexion et la commencé d'exister un certain jour, quelqu'unl'a
volonté. La bête en est incapable. On n'a jamais lancé dans le monde, et la société tout entière est
vu l'agneau, le bœuf, le singe môme, après avoir devenue sa mère d'adoption. Fut-il donc un temps
échappé à la poursuited'un lion, exprimer la cause où l'homme ne parlait pas? Cette hypothèse n'a
de leur terreur par un rugissement. L'onomatopée rien d'invraisemblable mais elle n'implique pas
n'est déjà plus le cri soudain, irrésistible de l'é- qu'un état d'isolement absolu ait précédé dans
motion elle est une traduction, par l'intelligence, l'histoire du genre humain les premières formes
de quelque chose d'extérieur; elle est analogue au de l'existence sociale; l'homme a pu d'abord com-
dessin qui retrace à l'œil le contour des formes, muniquer avec ses semblables par gestes, par si-
et il n'y a pas, que nous sachions, d'exemple d'un gnes, par différents moyens inarticulés d'exprès
animal qui ait dessiné sur le sable, avec sa patte sion. Elle n'implique pas davantage que la pensée
ou son bec, l'image, si grossière qu'elle fût, d'un et la réflexion aient été absentes au début; loin
objet. C'est que la production imitative des sons d'être fille du langage ou même de naltre en même
et des formes n'est possible qu'à la suite d'une temps que lui. la pensée lui est logiquement et
abstraction, et que la faculté d'abstraire semble chronologiquement antérieure, comme l'ouvrier a
bien être le privilège de notre espèce, en même l'instrument. D'ailleurs, tout en admettant que le
temps que la source de tout langage. langage soit en toute rigueur une invention de
Une remarque analogue s'applique à l'imitation l'bomma, rien n'empêche de supposer que cette
des mouvements, si bien décrite par Platon dans découverte fut une des premières et qu'elle a été
le passage mentionné plus haut. Si le son que pro- presque contemporaine de l'humanité et de la so-
duit l'émission rapide de l'air par l'organe vocal a ciété. Quoiqu'il en soit, nous pensons que le lan-
primitivement exprimé l'idée d'un objet qui s'é- gage est l'oeuvre, non d'une faculté spéciale d'ex-
coule rapidement, il a fallu d'abord dégager cet pression et d'interprétation,comme le voulaient
attribut de tous ceux qui sont communs à cet ob- .feuffroyet Garnier, mais simplement de ces facultés
jet. L'eau d'une rivière est brillante, froide, sonore; d'abstraire et de généraliser qui, essentielles à
elle étanche la soif; elle engloutit le baigneur im- l'esprit humain, furent en acte dès le premier jour,
prudent, la barque mal dirigée, etc.; voilà bien et ont créé avec la parole tous les arts, toutes les
des caractères que les premiers hommes qui ont sciences, toutes les manifestations infiniment
parlé, ont dû laisser & l'écart pour aller droit au variées de la pensée réfléchie.
trait essentiel, qui est la rapidité de l'écoulement. Ces facultés à leur tour ont dû au langage do
La condition d'un tel choix, c'est donc toujours rapides et merveilleux développements. Nous n'a-
vons pas à insister ici sur les rapports du tangage choses sera résumée en une phrase courte, claire,
qu
avec la pensée; qu'il nous suffise de rappeler il
e
substantielle, que le maltre prononcera ou qu'il
est pour celle-ci le plus puissant instrument de fera trouver à l'élevé. On la fait répéter par una
l'analyse. Or, sans l'analyse, nulle science possible. série d'élèves jusqu'à ce que tout le monde la
On a quelque peine à se représenter ce que serait sache, et alors on demande qu'elle soit rappor-
l'intelligence de l'hommesans le langage, et l'iden- tée par écrit. Si les enfanta sont trop jeunes, on
tité des mots rafM et oratio en latin, le double peut t'ecrire au tableau.
sens en grec du mot logos, montrent que l'homme Une autre leçon de langue maternelle se ratta-
a compris de bonne heure la parenté nécessaire .chera à la lecture d'un texte. Le vocabulaire de
de la pensée et de la parole, du verbe et de la l'enfant est borné il ne contient que les mots qui
raison. lui sont nécessaires pour M* acte* et ses senti-
A eensmtter. – Paul Janet ~«M dlémentaire <<<pM. ments de tous les jours. La lecture présentera
~OMpAtt,eh. et M; Ad. Gamhr~ 2Va«~ d« /iMt<K~ <ie quantité de mots nouveaux que l'enfant ne com-
t'dNM~ liv. vm, eh. n RenM), OrMaM dit tott~e~t. mai prend pas et qu'il est nécessaire de lui expliquer,
MuUtr, ~<foM no- la teMxtt <<t< Mxaa~e; et nos ~<tdM non par des définition*,mail par des exemples ott
<<<r la ft~erM fJ?ee&<tMM, tuuëax étude. phrases où on les fera entrer. C'est
[L.Carrau.] par d'autre* note Bêcheuse pour une école, quand
encore une
tANGCE D'OC, ~Aa6~ns D OtL. – V. Ro- on découvre que les élèves y emploient'des mots
tMaaM (~~n~MM). – dont ils ignorent la stgnimcation. Il arrive alors
LANGUE MATERNELLE. Grammaire fran- que, trompés par des assonances, ils emploient un
çaise, I. On appelleainsilalangue que dans la pre- terme pour un autre, comme trahison pour tradi-
mière enfance nous apprenons de notre mère. Déjà tion, ou continence pour co'XttMMCt. Mieux vau-
les anciens avaient remarqué l'influence des femmes drait n'avoir qu'un petit nombre de mots à sa dis-
sur le langage de FenJant, et pour le choix d'une position et les employer avec justesse et bon sens,
nourrice ils recommandaient de tenir grand compte que détaler ces fausses richesses.
de sa prononciation, Par une distinction aussi fine Les nombreuses métaphores que contient la
que vraie, nous disons la langue maternelle,tandis langue et que nous employons sans en scruter
qu'on dit la maison paternelle.L'enfant, quand il l'origine ont besoin d'être expliquées: pourquoi
arrive à fécote, apporte avec lui cette langue mater- dit-on un esprit étroit, une dme basse, cœMr
nelle, et c'estlà nn premier fondauquel t'mstituteur cAaMd ? autant de comparaisons abrégées Mn qui peu-
attribuera aTec raison une grande importance. vent donner lieu à quelques mots d'intéressante
Pendant longtemps on a trop enseigné le fran- explication. Le maître don surtout faire la guerre
çais comme une langue morte.Et pourtant l'enfant aux métaphores mal suivies, comme remp/tr un
a employé des substantifs, des verbes, des pro- but, fBt&raMtr une ea~rt~'t. Quand âne Mcution
noms avant de franchir le seuil de t'écote. H est incorrecte se présente, ce n'est pas assez de la
bon de le lui faire constater. S'il s'agit, par exemple, relever: ii faut taeuer d'en découvrir la cause.
d'expliquer ce que c'est qu'un substantif, le moyen Presque toujours c'est quelque fausse analogie qui
le plus simple est de prendre dans les derniers a trompé l'écolier. Pourquoi entend-on dire de
mots prononcé* par t'écoNer quelque substantifet plus en plus je demande à ce ot«. ? c'est par
de leslai donner en exemples. On demande ensuite fausse analogie avec M <t<Mdr<m à ce que, je con-
des exemptes aux autres éteves de la classe chacun <MM ce ~tr,
fournit le sien. U en est de même pour les autres ren~/tf Mtt
que. De même remplir Mn AM< ment de
et oaAraïïef une carrière est
parties de la grammaire. C'est toujours une sur- l'inutation d'ettt&r<M<e<-une religion,une opinion.
prise de voir ce que savent les enfants. D'eux- Quand l'élevé voit la cause de la faute,il est mieux
mêmes, pour peu qu'on les mette en train, ils préparé à l'éviter.
conjugueront, sur le verbe finir, le verbe se réjouir, Sans faire de nos écoliers de petits orateurs,
sans avoir appris ce qu'est un verbe réQéchi. Ds on peut les exercer à parler sur un sujet pendant
mettront le tubjoncttf après tes conjonctions à trois ou quatre minutes, à condition qu'ils aient
<KOt7M ~t«, poMrMf~Me, coMf que, sans avoir ap- d'abord étudié le sujet et qu'ils le connaissent
pris tes modes. Ils emploient des conditionnels bien. On a remarqué la facilité avec laquelle les
longtemps avantde conjuguer des verbes J'achè- écoliers américains manient leur langue mater-
terais des gâteaux, si j'avais de fargent. J'aurais nelle cela tient aux exercicesde l'école primaire.
porté secours, si j'avais été ta. Il faut, an moment Ce n'est pas assez de faire apprendre la langue
d'enseigner le conditionnel,leleur faire remarquer. française à l'enfant il faut la lui faire aimer. Le
On doit avant tout tirer de l'enfant ce qu'il sait; maitre dira donc à l'occasion que notre langue a
c'est alors un plaisir pour lui de voir que la gram- été la première qui, au moyen âge, se soit dégagée
maire n'est pas une chose nouvelle qu'on lui ap- du latm que dès le xa* et le xm* siècle on la par-
porte du dehors, mais qu'il la pratique depuis lait dans tonte l'Europe, que nos vieux poèmes
longtemps de lui-même. du moyen âge ont été traduits en toutes les lan-
l'enfant possède une quantité de locutions gues, etque nos héros français, comme Roland, ont
toutes faites, parfaitement françaises et dont it con- été populaires dams le monde entier; il parlera en-
naît le sens géné<'al. Seulement il serait souvent suite de l'éclat incomparableque notre littérature a
embarrassé pour tes décomposer. La tache du jeté au ivre, au xvH*etauxvm* siècles;rappellera
t
maître sera de tut apprendre en distinguer les que la langue française est devenuela langue de la
dinérentes parties. Par exemple cette phrase: diplomatieainsi que de la sociétépoliede tous pays,
Comment cela M-<-M? est claire pour tout le et il pourra ajouter qu'aujourd'hui encore tout
monde mais la dictée on obtiendrait, avec une homme tultivés'appliquealaparler, ce qui n'est pas
classe mal préparée, les séparations de mot les une raison pour nous de ne pas apprendreles
plus fautives. Ces fausses séparations, qui ont plus langues étrangères, mais plutôt une raison de les
de gravité que les fautes d orthographe, sont un apprendre,pourn'être pas moins instruite et moins
des signes auxquels on reconnaît une instruction bien préparés à tout événement que nos voisins.
grammaticale mat dirigée. Pour faire comprendre les mérites <Me l'étranger
Parler et écrire sont essentiellement des arts découvre dans la langue française, le mahre fera
pratiques,des arts de même nature que de marcher remarquer de temps à autre l'énergie ou la finesse
ou de se servir de ses mains. Il faut donc exercer de certaines expressions souvent les locutions
les enfants à parler et a écrire. La première leçon populaires sont d'une concision et d'une force par-
de langue maternelle doit être intimementunie à ticulières, que nous ne songeons pas à relever
la leçon de chosett. Chaque partie de la leçon de parce que nous y sommes habitués. Quelle préci-
-eion dans un proverbe comme Qui terre a, guerre dispose notre langue et le parti intelligentqu'elle
a, ou dans faut bien faire, et laisser dire. Un en a su tirer. Le maitre pourra écrire exprès et
moyen de faire aimer en même temps que de dicter quelque narration renfermant nombre de
faire apprendre la langue maternelle, ce sont les mots de même famille, et que l'élevé rapportera
chansons, qui doivent avoir une place importante soulignés.
& l'école, a condition que les paroles soient bien On sait la difficulté qui se rencontre ici à côté
choisies et méritent d'être retenues. Le jour où les des mots d'origine populaire, il y a des mots d'ex-
élevas de toutes les régions de la France empor- traction savante, tirés du latin par les érudits.
teront de l'école un certain nombre de chants Tandis que les mots populaires sont toujours bien
partant d'une inspiration pure et élevée, un lien formes, ceux d'origine savante laissent parfois à
<te plus aura été créé entre Français et la dire, car ils ne sont guère autre chose que le mot
langue maternelle aura accru son empire sur les latin qu'on a fait entrer tout vif en français. Ainsi
cœurs. éteindre et éteignoir sont d'origine populaire
Pour faire sentir la propriété des termes, un mais inextinguible et extinction sont de prove-
bon exercice est de choisir une idée et de montrer nance savante. C'est au tact de l'instituteur qu'il
de combien de manières la langue parvient à la appartient d'examiner dans chaque cas s'il est pos-
rendre. Je suppose qu'il s'agisse du verbe prendre sible de faire sentir la parenté aux élèves. Pour
-et de ses différentes nuances Le soldat saisit son le verbe muer, par exemple, on pourra montrer le
arme l'enfant cueille une fleur les gendarmes sens primitif, qui est « changer », par le rappro-
<!pp?'~AeM<~en< un voleur le chat attrapela souris chement des composés commuer et remuer, et dès
l'armée e<iMM la position l'écolier comprend le lors il sera possible de mentionner les mots sa-
problème. » On fera percevoir ainsi la métaphore vants tels que permutation et commutation. Mais
qui assimile notre intelligence à des mains qui il serait difficile, à l'école, de faire sentir la parenté
s'emparent d'un objet. La langue anime tout de strict et étroit, de direct et adresse. Entre deux
« Une auberge borgne; une affaire louche; so~t'~ mots d'origine populaire, souvent la parenté re-
comme un pot. » Les images de notre langue se rat- monte aux temps de la langue latine il vaut
tachent à un passé qu'il faut tâcher de faire revivre. mieux alors n'en point parler. Commentfaire com-
Tantôt elles nous viennent d'un jeu, par exemple prendre à des écoliers le lien qui rattache le verbe
du jeu de paume :Mlt a pris la balle au bond. Je vais lui pondre aux substantifs n'~p<M et compote ? D'autres
renvoyer la balle. H s'est laissé empaumer. x Tantôt fois, on peut bien composer des groupes, comme
c'est à quelque professionqu'elles sont empruntées, quand sous le verbe écrire on reunit les mots sa-
comme celle du meunier, ou de l'aubergiste,ou du vants conscription et proscWp~on mais le sens
marchand, on encore à la vie militaire on à la ma- qu'ont' ces derniers termes n'est éclairé que par
rine. Pour ne parler que de cette dernière, voyez l'histoire de la langue latine et des institutions
combien elle fournit de termes «Allons l'accoster romaines. Il faut donc un certain choix dans cette
Il ne veut pas démarrer d'ici. Aborde-le! Mettons étude si intéressante.
le grappin sur lui Donnons-lui la chasse Des Pour les élèves voisins de nos frontières du
expressions d'un usage courant, telles que échouer midi, l'italien ou l'espagnol aideront à éclairer ]e
ou arftco', n'ont pas d'autre origine. Les écrivains français ils seront comme des plantes exotiques
<;omme La Fontaine et Saint-Simon abondent en qui appellent l'attention sur les productions de
expressions pittoresques,parcequ'ils savent ialan- notre soi. Pour tous ceux qui, à côté du français,
gue de beaucoup de corps d'état et de la plupart possèdent un patois, le patois donnera pareille-
<les situations sociales. ment matière à de nombreux et instructifs rappro-
L'étude de la formation des mots et leur classe- ments. Les expressions anciennes et bien formées
ment en groupes et en familles a fait des progrès, y abondent. A Jersey, non loin de Saint-Hélier,
grâce à de bons livres qui sont aujourd'hui entre sur un poteau placé à l'entrée d'un champ, on
les mains de tous nos maîtres. Ici surtout il im- peut encore lire aujourd'hui ces mots « Il est dé-
porte de choisir ses exemples autant que possible fendu de trépasser dans ce champ. » Nous avons ici
des verbes, et des verbes ayant pris naissance en l'ancien mot trépasser, en italien <rapftM<t' em-
français. Tel est le verbe monter, qui vient du ployé comme dans le livre des Rois « Et la cha-
substantif Mio"<, l'idée du mouvement ascension- rogne Jesabel girra cume feins (comme du fumier)
nel en général ayant été exprimée par un verbe el champ de Israel, si que li trespassant dirrunt:
qui voulait dire d'abord escalader une montagne. Est-ço la noble dame Jesabel ? » Ce mot, qui mar-
Voyez la hardiesse d'une langue qui dit monter que le passage à travers, n'est plus usité en fran-
à cheval, le prix du blé a Mo'~e, le vin monte dans çais littéraire que dans le sens unique du grand
la bouteille. Ce verbe a donné les composés passage. Le même préfixe se trouve dans ~-MM!7-
surmonter (avec son dérivé insurmontable), re- tir, <7'~MM<e' et notre adverbe <?'M, qui voulait
monter (un cavalier de remonte), démonter (cette dire a de part en part, tout à fait n'a pas d'au-
interruption a démonté l'orateur). On dit aussi tre origine. Que d'expressions pittoresques les
la montée d'une colline le montant d'une échelle, patois ne contiennent-ils pas 1 Dans le Berry, une
ou encore d'une note à payer le montage d'une toile d'araignée s'appelle une arantèle; nous avons
machine, d'une filature; la monture d'un cavalier, ici l'ancien mot d'aragne, encore employé par La
ou encore celle d'un thermomètre, d'un violon, Fontaine, figurant comme premier terme d'un
d'un pistolet, d'un éventail, d'un bijou. Quand on composé.A des enfants on dit: «Allez vous ~'ayMM-
dit qu'un directeur de théâtre monte une pièce, dans le jardin 1 » C'est le même verbe qui est con-
on compare le drame à un mécanisme dont les tenu dans vagabond et N:trat)'"y<Mf. Les petits
acteurs et les décors forment les ressorts et les Parisiens n'ont pas de patois à leur usage mais
rouages. Monter la tête à quelqu'un, c'est lui l'instituteur fera bien de leur citer de temps à autre
disposer la tête de telle façon qu'elle soit prête à quelques mots de ce genre, pour leur donner une
un certain acte, ordinairement quelque sottise. idée plus juste de ces anciens dialectes ils ne
Nous retournons maintenantau primitif mont pour sont pas la corruption ou la caricature du fran-
l'entourer de ses dérivés M<Mt<"eM;): et montagne çais ce sont des idiomes non moins anciens, non
~qui a donné mon~Maraf et mt~a~eM.t). Enfin, moins respectables que le français, mais qui, pour
<n latin mons avait déjà donné pronto~ot'fc.Les n'avoir pas été la langue de la capitale, ont été
verbes passer, tourner, d'autres encore, pour- abandonnés à eux-mêmes et privés de culture lit-
raient donner lieu à des classifications analogues. téraire. Que nos enfants accueillent toujours avec
Un tel exercice, fait de temps à autre, montre à affection et curiosité ces frères déshérités du fran-
t'étèvc quels sont les moyens de formation dont çais Une fois qu'ils auront l'habitude d'observer
les mots, ils feront attention aux idées et aux usa- On a remarqué justement que le latin est avant
ges. tout la langue de la tribune, la langue oratoire. Il
C'est ainsi que tous les moyens concourront à se prête mal à la poésie, car il est peu métaphori-
enrichir le vocabulaire de l'élève. On a remarqué que il ne se met pas non plus facilement au ser-
que nos écoles jettent tous les ans dans ia société vice de la philosophie, car il est trop pauvre en
une qntntité de jeunes gens qui savent lire, mais expressions abstraites. On y rencontre peu de ces
qui ne lisent point. Les plus belles oeuvres de mots composés qui abondent en grec et qui tra-
uotre Uttérature sont non avenues pour eux tout hissent dans l'esprit d'un peuple des instincts
au plus tes journaux avec leurs produits frelatés, d'analyse et des habitudes de UnetM et de ré-
:aits divers, procès criminels,feuiUetons, parvien- flexion.
oent-its a captiver un instant leur attention. Si les Tous les alphabets italiques sont d'origine grec-
élèves de nos écoles ne lisent pas assez, c'est que que on sait que les alphabets grecs ne sont eux-
beaucoup de mots qu'ils rencontrent dans les li- mêmes que des réductions de l'alphabetphénicien.
vres n'ont pas pour leur esprit un sens précis et Qui introduisit l'alphabet grec en Italie? Evandre
clair. Ils fermentbientôt des volumes dont la pen- et les Arcadiens selon Denys d'BalicarnaM~, Tite-
ee se dérobe pour eux. Le temps passé à expli- Live et Tacite, les Pélasges selon Pline.
mer tes mots ouvrira l'esprit aux idées et aux Cicéron comptait 21 lettres dans l'alphabet
choses. Par les mots l'homme entre en possession latin en y comprenant le G, qui n'est autre chose
de l'héritage intellectuel de ses ancêtres. Quelles que le C modiflé; deux des voyelles, 1 et U, ser-
longues et précieuses conquêtes de l'humaniténe vaient a la fois de voyelles et de consonnes (J et V).
représentent pas les noms de vertu, liberté, ~M'- La prononciation du latin qui a cours en France
tice, honneur, charité, droit, devoir, patrie Mais n'est pas la même que celle qu'on a adoptée en
pour les posséder, il ne suffit pas de les recevoir; Allemagne et en Italie, où l'on s'est probablement
en ne les tient vraiment que quand on a refait le moins écarté de la prononciation ancienne. Par
travail qui les a créés. Il faut repenser ces mots, exemple, le son u ma jamais existé en latin; on
U faut savoir ce qu'ils ont coûté d'efforts et de devrait prononcer ou Dominus devrait se pro-
luttes parfois sanglantes; autrement on ressemble- noncer Dominous. C et G n'ont pas non plus, dans
rait à l'homme qui apporte une dépêche, mais qui la prononciationsuivie en France, la même valeur
en ignore le contenu. Voltaire pendant soixante qu'en Allemagne et en Italie. Il serait à souhaiter
ails pense, écrit, agit, combat, et cette longue que la prononciation italienne, qui marque l'ac-
suite d'efforts vient se résumer dans le mot de to- cent tonique et qui doit être évidemment la moins
lérance, qui prend place dans notre vocabulaire. défectueuse, fût enseignée dans l'Université, sauf
Celui de bienfaisance, si familier à nos oreilles, peut-être quelques légères modificationsde détail.
est seulement entré dans la langue au siècle der- Cette pratiqueaurait, entre autres avantages, celui
nier il est dû a l'abbé de Saint-Pierre. Montrons d'encourager et de faciliter l'étude de l'italien.
aux enfants cequevalent ces diamants du langage. En latin, tes noms, pronoms, adjectifs et verbes
Une fois que l'élevé aura pris l'habitude de sont variables. Les flexions se font surtout par
chercher ce qui est derrière les mots, ce sera pour des changements dans la terminaison. Il y a trois
son esprit un besoin et une régie. Il voudra véri- genres, mais seulement deux nombres; cinq cas
fier ce qu'on lui propose. Il n~st pas surprenant dans la déclinaison des noms, adjectifs et pro-
que l'enseignementde la langue, nris dans toute noms, et deux voix dans les verbes, la voix active
son étendue et dans son vrai sens. se confonde et la voix passive mais certains verbes, n'ayant
avec l'éducation générale, puisque le langage est que la formedu passif avec le sens de l'actif, sont
le principal instrument de communication entre appelés cM~o?tM<<.
les hommes, et puisque au moyen de la parole les On peut diviser l'histoire de la littérature latine
générations sont solidaires tes unes des autres. en quatre périodes principales
C'est ainsi que l'enseignement de la langue mater- )° Période primitive, avant l'influence grecque.
nelle forme & la fois le commencement et le centre 2" Période de formation, depuis Livius Andro-
des études, et que le maître qui le donne dans nicusjnsqu'autemps de Sylla.
toute son étendue en fait pour ses éteves le prin- 3' Epoque de perfection (On de la république
cipal instrument de progrès. [Michet Bréat.]] et siècle d'Auguste).
LATINE (LANGUE ET HTTÉRATUKE). – Littératu- <° Période de décadence, depuis Auguste jus-
res étrangères, VU-IX. Le latin est une des deux qu'à la fin de l'empire romain.
langues classiques. Il a cessé d'être une tangue vi- Si l'on jette un coup d'ceil d'ensemble sur les
vante vers le vin" siècle de notre ère. H a exercé destinées du peuple romain, on reconnaîtra d'a-
une très grande influence sur le développement bord que le goût des lettres comme des arts ne
de la civilisation moderne, d'abord comme langue lui est venu qu'assez tard. Parmi les genres litté-
d'un des plus grands empires du monde, puis par raires, l'éloquence est le seul véritablement indi-
la richesse de la littérature dont il a été l'organe, gène les autres champs de connaissances furent
ensuite parce qu'il est resté la langue officielle de longtemps négligés, et ce n'est que vers le Vt* siècle
l'église catholique, et longtemps aussi la langue en après la fondation de Rome que les Romains fo-
quelque sorte internationale des érudits, des sa- rent amenés, par des relations plus étroites avec
vants et des diplomates de toute l'Europe occiden- les Grecs, à imiter sous toutes ses formes la litté-
tale, enfin parce que c'est du latin que sont sorties rature de ces derniers. Un manque d'originalité,
les langues romanes italien, espagnol, portugais, au début, et plus tard une constante prédomi-
provençal,français et roumain. N'oublions pas non nance du genre oratoire même dans la poésie, la
plus la place importante qu'a tenue et que tient philosophie et l'histoire; enfin, le culte du bon
l'étude de cette langue dans ce qu on est convenu sens, le souci du décorum, avec Une certaine ten-
d'appeler une éducation libérale. dance à la malice et à la raillerie, tels sont les prin-
D'après les données de la philologie moderne, cipauxcaractères généraux de la littérature latine.
le latin, ainsi appelé parce qu'il fut la langue des I. FÉRtOBB PRIMITIVE.
peuples du Latium (Italie centrale), est une des
deux branches de l'ancienne langue italique, qui La pauvreté de la littérature romaine pendant
avec le grec, l'allemand, le sanscrit, etc., s'est for- la période primitive, c'est-à-dire pendant les cinq
mée d'un ancien idiome asiatique qui fut la langue premiers siècles, s'explique en partie par cette
des Aryas primitifs. La langue latine n'est donc longue suite de guerres au prix desquelles Rome
pas issue de la langue grecque; c'est seulement dut acheter laborieusement la conquête de l'Italie.
âne langue soeur de celle des Hellènes. Les fragments les plus anciens de littérature
latine qui nous soient parvenus sont de trois recueils de ces premiers vers en rhythme grossier.
sortes f des textes de lois; 2° des inscriptions On peut ranger dans la même classe les chants
3 des poésies. dits des prêtres Saliens (sauteurs), chargés de con-
1° Textes de lois. Il ne reste que quelques server le fameux bouclier sacré tombé du ciel
débris peu importants des Lois royales, que l'on temps de Numa, sorte de palladium qui devait as- au
suppose avoir été rédigées par un certain Papi- surer l'éternité de Rome. Ils célébraient des fêtes
rius les lois de Nunta, qui auraient été brûlées annueUespendant tout te mois de mars; ils exécu-
par ordre du Sénat comme hérétiques, n'ont peut- taient alors autour des autels une danse guerrière,
être jamais existé. On possède au contraire de pré- comparée par Sénèque au trépignement du foulon,
cieux fragments de la loi des Douze Tables rédigée et chantaient des espèces de litanies en frappant
par les Décemvirs, et qui aurait été affichée au Fo- sur leurs boucliers il ne reste rien de ces fameux
rum. Ces tables, détruites par les Gaulois lors de chants dont Quintilien dit que les Saliens de son
leur entrée à Rome, furent recomposées dans la temps ne comprenaient plus eux-mêmes le sens
suite et restèrent longtemps le fondement du droit original.
romain. Cicéron dit qu'on les faisait apprendre Une autre corporation de prêtres, les Frères
aux enfants par cœur comme une formule obliga- Arvales, c'est-à-dire rustiques, dont la légende
toire. M. Mommsen y trouve déjà l'influence des faisait remonter l'origine jusqu'au temps de Ro-
idées grecques et quelques progrès d'humanité, mulus et qui étaient voués au culte de la déesse
quoiqu'elles soient très dures et très rigides encore, Dia, très semblable à celui de Gères, chantait
et empreintes çà et là d'une superstition gros- aussi un rituel rhythmé accompagné de
sière. Ce progrès relatif se voit surtout dans ce ments de danse, dont un fragment, déterré àmouve- Rome
qui touche aux règlements de la vie civile et dans en t77S, révèle une forme de langue encore très
les clauses qui concernent le mariage, le droit de primitive.
tester, la limitation des droits du père de famille, On peut encore citer, parmi les monuments in-
le droit d'appelen cas de condamnation à mort, etc. formes de cette poésie primitive, les fragments de
Le débiteur insolvable y est surtout maltraité; il complaintes funèbres ou nénies, répétées avec ac-
est à la merci de son créancier, qui peut le garder compagnement de n&te et qui renfermaient des
en prison chargé de chalnes dont le poids est dé- maximes morales avec l'éloge du défunt; plus
terminé, et, après cinquante jours de sursis, le tard, ces nénies furent récitées devant la maison
tuer ou le vendre au delà du Tibre; cette loi per- mortuaire et près du bûcher par des pleureusesà
met aussi de tuer les enfants dinbrmes, punit de gages.
mort une insulte aux magistrats, le vol noc- On aura épuisé la liste de ces poésies pri-
turne, etc. mitives, si on y ajoute les chants de triomphe,
2° Inscriptions. Ce qui distingue les inscrip- répétés l'armée victorieuse en rentrant à
tions romaines des inscriptions grecques et ce Rome etpar en suivant le char de son général. En
qui fait qu'elles sont beaucoup moins instructi- somme, tout ce que nous venons de voir ne tient
ves pour l'historien, c'est qu'elles sont plus conci- encore à )a poésie que d'assez loin.
ses les Grecs, grands parleurs de tout temps, Y a-t-il eu chez les Romains comme presque
avaient même certaines tendances à bavarder sur chez tous les peuples quelques éctosions sponta-
la pierre. Le génie romain, au contraire, a gardé nées de poésie épique ? Un grand érudit alle-
longtemps le laconisme le plus sévère dans les mand, M. Niebuhr, le croit, et il suppose que
inscriptions; ce n'est que vers l'époque de la dé- toutes les légendes relatives à la fondation et aux
cadence des lettres latines que les inscriptions premières années de Rome, l'histoire de Remu-
sont devenues verbeuses et prolixes. lus et de Rémus, leur naissance, leur allaitement
Les recueils modernes les plus importants d'in- par une louve, puis l'enlèvement des Sabines, le
scriptions latines (ceux d'Orelli et de Mommsen) combat des Horaces, auraient leur origine dans
renferment principalement la chanson des Frères une grande épopée primitive,eu sorte d'Iliade ro-
Arvales, l'inscription dutombeau des Scipions(qua- maine qui aurait été composée après l'invasion
tre épitaphes), l'inscription de la colonne Dui- des Gaulois; mais il semble que ce n'est là qu'une
lienne, document précieux pour l'historien, mais ingénieuse et brillante hypothèse sans fondements
où il n'y a guère autre chose à glaner pour les dans la réalité, car si toutes ces légendes romaines
lettres que des noms et des dates. avaient été des créations du génie poétique, et
3° Po~:eM':M!<!M. Les Romains n'ont eu ni étaient devenues populaires à force d'être chan-
la versatilité, ni l'imagination, ni l'esprit ouvert des tées et répétées dans les festins, commele prétend
Grecs. Leurs qualités dominantes étaient un juge- Niebuhr, il est évident que les poètes auraient
ment sain, beaucoup de bon sens, en même été dans la vieille Rome, comme dans la Grèce
temps qu'une grande force et une grande persé- antique, entourés d'une certaine auréole de popu-
vérance de volonté. Ces qualités ne sont pas par- larité. Et au contraire, nous avons déjà dit le peu
ticulièrement favorables au développement du de cas que les Romains faisaient d'eux.
goût poétique. Aussi longtemps donc qu'ils res- De toutes les espèces différentes de poésies, la
tèrent eux-mêmes à l'abri de toute influence étran- poésie dramatique semble avoir été le plus en
gère, il n'y a pas à chercher chez eux les traces conformité avec le caractère du peuple romain.
d'une véritable poésie, ni autre chose qu'une muse Comme lesltaliens actuels, dit Teuffel, les anciens
utilitaire et pratique au service de la religion et Romains possédaient un œit éveillé pour remar-
des nécessités de la vie quotidienne. La poésie quer les particularités et les apparences extérieu-
n'était tolérée que pour l'usage du culte. Caton, res. Ils avaient le talent et le goût de l'observa-
cité parAulu-Gelle, dit à l'éioge de la vieille Rome tion minutieuse, et une grande facilité à imiter les
que l'art des poètes n'y était pas en honneur. travers d'autrui et à trouver de vives reparties.
Parmi tes plus vieux fragments poétiques, c'est-à- De là ces improvisations, chansons, ces dialo-
dire les fragments de prose rhythmée,il faut citer gues enjoués et satiriquesces qu'on trouve de bonne
d'abord les prédictions et les oracles; les anciens heure dans la littérature latine. Les plus ancien-
Romains croyaient à des dieux et surtout à des nes de ces chansons plaisantes sont les chants.
déesses placés dans les bois, près des sources /e'M:t?M, appelés ainsi de la ville de Fescen-
d'eau minérale, dans les grottes, et auxquelles ils nium en Etrurie. Ils chantaient dans des fêtes
prêtaient la connaissance de l'avenir; des for- rustiques célébrées àsel'occasion des moissons d'a-
mules attribuées à ces prophétesses, à ces sybilles, bord, puis des cérémonies nuptiales, dans let-
telles que Fauna, Egéria, etc., il ne reste que des quelles on se renvoyait de grossières plaisante-
MUYenirs )<gendait'es; Horace parle cependant de ries qui faisaient les délices de la populace.
Ces chants fcscennins ont été probablement lo que le poète latin par excellence, qui avait eu une
berceau de la comédie latine. D'autres représen- éducation toute plébéienne, se donnait exclusive-
tations champêtres, qu'on appelait les Satires ment comme un traducteur. Quoique le théâtre
(mélanges),pots.pourrisconfus de récits comiques, grec ait eu beaucoup de peine à s'établir à Rome,
de tours de force grotesques et de danses an son une fois qu'il y fut adopté les pièces qui ne
de la Oùte, étaient encore en honneur en l'an 36t venaient pas de cette source étaient mat accueil-
avant Jésus-Christ, quand on éleva un théâtre de lies. Plaute se fit entrepreneur de représentations
bois dans le cirque à Rome et même lorsque les publiques, et arriva à la richesse et à la célébrité
drames réguliers à la mode grecque s'importè- tout jeune encore; on lui attribue une fécondité
rent à Rome, ces représentations de saltimban- extraordinaire; il aurait écrit jusqu'à cent trente
ques et ces farces grossières des clowns étrus- comédies mais ce chiffre paraît exagéré. Ses
ques restèrent encore sur la scène, comme des sujets sont surtout tirés de la comédie de mœurs,
espèces d'intermèdes plus en harmonie avec les c'est-à-dire empruntés au théâtre de Ménandre,
goûts grossiers de la majorité des spectateurs. de Diphile, etc. On est surpris aujourd'hui que
Les Mimes, qui fleurirent aussi de très bonne les anciens aient conçu la comédie de mœurs sans
heure à Rome, ne se distinguent pas très bien de rôles de femmes. Mais c'est qu'à Rome, comme à
cette première forme scénique. Ce devait être, Athènes, la femme vit dans le gynécée, file la
d'après les auteurs anciens, une espèce de repré- laine et parait peu dans la vie commune. La ma-
sentation bouffonne de la vie ordinaire, mélange trone restera donc dans la coulisM c'est tout au
bizarre de plaisanteries licencieuses et de sen- plus si on parle d'elle. Les seules femmes qui pa-
tences d'une sagesse pratique, tout à fait accom- raissent au théâtre sont des esclaves ou des
modé au tempérament plébéien. La satire des joueuses de Bute. Le domaine de Plaute est ainsi
grands personnages contemporains n'en était pas considérablement resserré il n'est pas étonnant
exclue. Le costume des Mimes était une sorte que son théâtre paraisse un peu monotone; il a su
d'habit d'arlequin. Les acteurs qui représentaient néanmoins créer des situations intéressantes avec
ces pièces étaient toujours des personnages de ces données un peu uniformes et des types
condition basse, objets des mépris de tous. Ce qui se ressemblaient trop les uns aux autres,
théâtre bouffon était tellement dans les moeurs Il a su aussi laisser de côté beaucoup de traits de
et le génie des Romains, qu'il a traversé les mœurs particuliers à la Grèce pour les remplacer,
siècles et survécu dans la Commedia dell' Arte en soit dans les prologues, soit dans le cours de la
Italie. pièce, par des scènes qui reproduisaient vivement
Outre les Mimes, le théâtre populaire primitif la physionomie latine. Le fond de ses pièces est
comprenait encore un autre genre de pièces, presque toujours une tromperiegénéralement our-
les Atellanes (d'Atella, petite ville de Campanie). die par quelque esclave, ancêtre de Scapin, pour
Les jeunes patriciens de Rome jouaient eux-mê- servir les intérêts de quelque jeune maître malheu-
mes masqués dans ces pièces. L'intrigue générale, reux en amour ou tenu trop en bride par son
fort simple apparemment, était arrangée à l'avance; père. Les autres personnages principaux de ce
mais les détails étaient laissés à l'improvisation théâtre sont, outre tes pères dupés par leurs es-
d'acteurs qui n'épargnaient pas les jeux de mots claves ou leurs enfants et tournés en ridicule,
grossiers et les gesticulations équivoques. les marchands d'esclaves, corrupteurs et corrom-
II. PËMODE DB FOMtMMN.
pus, qui se laissent insulter et battre et ne sont
préoccupés que de réussir dans leur honteux trafic,
C'est par le théâtre que les chefs-d'œuvre grecs tes soldats fanfarons, sorte de Don Quichottes ou
sont arrivés & Rome. L'historien Tite-Live raconte de capitaines Fracasses de l'antiquité. Les jeunes
qu'a l'occasion d'une peste qui eut lieu à Rome, gens du théâtre de Plaute sont quelquefois tou-
on introduisit pour la première fois des jeux scé- chants, mais leur amour, même quand il commence
niques qui vinrent s'ajouter aux jeux du cir- par une idylle, par quelque attachement désinté-
que et aux divertissements que possédait déjà le ressé, a toujours quelque fin assez terre à terre.
peuple. Parmi les vingt pièces de Plaut~que nous avons,
Les premiers jeux scéniques avaient été impor- les deux plus célèbres et les plus morales sont les
tés d'Etrurie, et c'étaient de simples danses non Captifs et le Cdble. Il faut encore mentionner
accompagnées de chants. Les acteurs étaient ap- l'~mp/tt~OM, imité par Rotrou dans tes Sosies
pelés At~n'OM, d'un mot étrusque. Enfin, un es- et surtout par Molière dans la pièce du même
clave fait prisonnier au siège de Tarente, Livius nom <a Marmite, qui a servi d'original à l'Avare;
Andronicus, après avoir traduit l'Odyssée, eut les Menechmes, dont s'est inspiré Regnard et qui
aussi l'idée de faire représenter des pièces imi- décrivent tes joyeuses erreurs et les plaisantes
tées du grec. Jusque-la le théâtre romain n'a- équivoques produites par la ressemblance de deux
'-ait jamais connu de pièces à intrigue suivie. frèresjumeaux laCowa etIaJK<M<eM<c, imitées
Cette innovation eut évidemment un grand suc- par Destouchesdans le'Re~r imprévu et le r'm-
cès Livius était à la fois auteur et acteur der- &OMf noctMrmf; les trois Ecus ou le rWKMmmm,
rière lui était placé un joueur de flûte et à côté imité par Andrieux dans le Trésor, etc. En somme.
un enfant qui lisait les paroles, tandis qu'il se PIaute est assurément un grand génie comique,
contentait de faire les gestes. Peu à peu le nom- original, quoique imitateur des Grecs, qu'il trahit
bre des acteurs s'augmenta; l'art scénique nt des sans cesse en lestraduisant,pour intercalerquelque
progrès. plaisanterie de son cru. La différence de culture
Longtemps, cependant, tes pièces du théâtre entre les deux nations exigeait aussi que chez le
latin ne furent qu'une pure reproduction du poète latin les lignes fussent plus marquées, les
théâtre grec. Ntavius, Ennius, Pacuvius, Attius, ombres du tableau plus saillantes. Les plaisante-
traduisirent surtout les pièces tragiques, en y ries de Plaute consistent trop souvent dans de
introduisantbeaucoup de gravité mais leur style purs rapprochements de mots et de simples allité-
s'égarait quelquefois jusqu'à la déclamation et la rations mais ses pièces sont un trésor précieux
trivialité. Les chœurs des pièces grecques étaient pour l'étude de la langue latine populaire. Elles
exclus des drames romains, par la simple raison se jouèrentencore longtemps après sa mort.
que l'orchestre, ou partie du théâtre où s'exécu- Ennius, quoiqu'ilsoit surtout connu commepoète
taient en Grèce les évolutions du chœur, était épique, avait aussi travaillé pour la scène il avait
occupé à Rome par le Sénat. traduit Euripide et composé quelques comédies.
Le théâtre de Plaute, lie ghnd comique romain, Son neve Pacuvius traduisit plusieurs pièces de
est aussi imité du grec. Il est singulier de voir Sophocle dans un style et dans une versification
qui font souvent tort à son modèle; enfin Attius deux poctes qui forment la transition avec la pé-
acclimata tout à fait latragëdieanomo entrai- riode suivant;,Luotce et Catulle, nous font pres-
tant des sujets romains; mais l'œuvre de ces poètes sentir l'âge de maturité « II y a dans l'année, dit
ne nous est parvenue que très mutilée. Il ne nous M. Patin, des jours intermédiaires qui ne sont
reste aussi que des fragments d'un autre cop)ique, déjà plus l'hiver, qui ne sont pas encore le prin-
Cé cilius cet écrivain avait imité les Grecs avec temps, et où certaines plantes, sentant, on le croi-
p)~us de fidélité. C'est aussi le caractère de Té- rait, l'approche de la tiède saison, se couvrent
rence, le plus célèbre comique latin après Plaute. prématurément de fleurs et de feuillage c'est
Il était originaire de Carthage, mais vint de bonne ainsi que fleurit, que verdit, dans les vers de Lu-
he ire à Rome, où il fut l'esclave du sénateur crèce et de Catulle, la poésie de Virgile et d'Ho-
Té. entius Lucanus, qui lui fit donner une éduca- race. »
tion libérale et l'affranchit. A vingt-six ans il pré- Lucrèce, le poète athée, qui travaiUait la nuit.
senaaux édiles une comédiedont le succès fut si en proie à un génie fiévreux voisin, dit-on, de la
grand qu'il excita de vives jalousies. Scipion folie, révèle, dans son magnifique poème didac-
Emilien et Lélius l'admirent dans leur intimité; tique de la Nature des choses, aux Romains
on al la même jusqu'à dire qu'ils étaient les inspi- grossiers et superstitieux mais déjà travaillés par
rateurs, sinon les véritables auteurs de ses meil- les premières atteintes du scepticisme, les beau-
leures pièces. Il se fait gloire lui-même, dans le tés de la libre philosophie grecque, en même
prologue d'une de ses comédies, de ce haut patro- temps que des théories d'une haute portée scien-
nage et de cette précieuse collaboration. Après tifique sur l'origine et l'essence des êtres. Il est
avoir donné plusieurs pièces qui eurent toutes impossible de ne pas admirer l'ardeur avec la-
granf* succès, il alla faire un voyage en Grèce et quelle il acclame la doctrine d'Epicure, y cher-
y recueillit les manuscrits de Ménandre. Mais au che une genèse rationnelle du monde, une phy-
retour son vaisseau fit naufrage, et de chagrin d'a- sique et une métaphysique satisfaisantes, et la
voir perdu tous ses trésors littéraires, il tomba représente comme arrachant l'humanité aux té-
malade et mourut. Les pièces que nous possédons nèbres et à la superstition; souvent son génie
de lui sont: l'Andrienne, imitée par Baron; l'Hé- l'emporte même en dehors des limites qu'il s'é-
cyre ou la belle-mère, le Bourreau ~e ~M~mf, tait tracées, et son inspiration véhémente enfante
)H MotMM?: que Molière abeaucoupimité dans les une poésie moins achevée que celle de Virgile,
F<'M)'&M de Sca~tt), l'E~MM~M?, et enfin les mais parfois plus primesautière et plus grande
Adelphes dont Molière a tiré l'Ecole des Maris. par sa simplicité même.
Le caractère de Térence n'est pas l'originalité; il Disciple aussi et imitateur des Grecs, Catulle
a suivi de très près Ménandre, bien qu'il ait sou- écrivit un poème religieux, Atys, et un poème
vent fondu plusieurs pièces de son modèle en héroique, les Noces de Thétis et Pelée, qui n'é-
une seule. Ses intrigues sont un peu monotones; taient peut-être que des traductions d'un auteur
il n'a ni la vivacité, ni la fraîcheur, ni la variété de grec Catulle, qui mourut très jeune, aurait en
Plaute par contre il est exempt d'extravagance, tout cas mérité l'immortalité par ses épigram-
et son style est élégant et correct. César, qui le mes et surtout ses poésies lyriques, dont les plus
trouvait trop pauvre en verve comique, l'appelait, connues sont ses vers adressés à Lesbie, idole
dit-on, un demi-Ménandre. Ses caractères sont probablement peu digne d'une si fervente ado-
soigneusement dessinés, et il excelle dans le dia- ration.
logue de )a vie ordinaire, tandis qu'il rend fai- Quant à la prose, c'est par l'histoire qu'elle dé-
blement le langage de la passion. C'est un poète bute à Rome. Les grandes Annales des pontifes,
raffiné, plutôt fait pour charmer les connaisseurs qui enregistraientsèchement les événements dans
que pour plaire au peuple. l'ordre chronologique, avaient été interrompues.
Presqu'à la même époque où le drame naissait Des chroniques et des mémoires individuels les
à Rome, la poésie épique s'y acclimatait aussi. remplacèrent de bonne heure. Parmi les plus an-
Livius Andronicus avait fait une traduction de l'O- ciens historiens romains, qui écrivaient en grec,
dyssée qui devint bientôt classique et qu'on appre- le premier en date et le plus importantest Fabius
nait dans les écoles, comme le raconte Horace; Pictor, qui vivait au temps de la seconde guerre
Ennius, étranger comme Andronicus, originaire punique il faisait commencer son récit a Enée et
de la Grande-Grèce et qui avait été amené à Rome le poursuivait jusqu'à son propre siècle. Au nombre
par Caton l'Ancien, voulut écrire des Annales en des plus anciens spécimens de prose latine, il faut
vers, dans lesquelles il racontait l'histoire de Rome, citer le sénatus-consultesur les BaceAaHS~
depuis l'arrivée d'Enée en Italie, en suivant l'ordre Les tendances nationales du caractère romain à
chronologique des événements jusqu'aux temps cette époque s'incarnèrent surtout dans la per-
mêmes où vivait le poète. Mais, bien que les Ro- sonne de Marcus Portius Caton, surnommé le Cen-
mains aient voulu voir en Ennius une sorte d'Ho- seur, caractère vigoureusementtrempé, doué d'une
mère latin, il est évident, d'après les fragments indomptable énergie, alliée à une finesse et à une
qui nous sont parvenus de cette grande épopée ruse de campagnard; Caton est le type par excel-
historique, que la valeur artistique de cet ouvrage lence du vieux Romain, patriote avant tout, dur
était assez mince. Ennius mériteraitcependant sa pour les autres comme pour lui-même, sans être
renommée, ne fut-ce que pouravoirabandonnél'an- pourtant exempt d'é!;o!sme et de vanité. Malgré
cien mètre dit M~MrK'M,et adoptéles mètresinven- le grand mépris qu'il professait pour les lettres
tés par les Grecs. Cnéus Nœvius avait composé et pour les lettrés et surtout pour la culture grec-
aussi un récit héroïque de la première guerre pu- que, il a mérité d'être regardé lui-même comme
nique. le premier prosateur romain. )1 fut un des pre-
Si on ajoute, aux genres que nous venons de miers orateurs romains qui écrivirent et publièrent
parcourir, quelques épigrammes et quelques cau- leurs discours. Cicéron en connaissait de lui plus
series en vers sur divers sujets, qu'Ennius intitula de cent cinquante.JI nous est resté des fragments
Satires, et qu'imita Lucilius en y introduisant un d'environ quatre-vingts: les uns, plaidoyers judi-
éiémeat de raillerie contre les mœurs du temps, ciaires, les autres, discours politiquesprononcés de-
d'attaques personnelles qui ont donné à ce mot vant le Sénat ou devant une assemblée du peu-
de sa/M'e, signifiant d'abord simplement mélange, ple. Ces fragments témoignent d'une grande élo-
le sens de poésie caustique qu'il a gardé jusqu'à quence naturelle, d'un mélange d'enjouement et
ce jour, on aura parcouru tout le champ de la de sérieux et d'un art déjà accompli à manier la
poésie latine jusqu'à la fin du vie siècle de Rome. raillerie. Caton fut aussi historien; il composa
Enfin, sur le seuil même du siècle d'Auguste, dans sa vieillesse sept livres intitulés les Origi-
nes, ouvrage auquel it travailla jusqu'à la fin de lettrés qui avaient embrassé l'opposition, tels que
sa vie. C'étaient des espèces d'annales ethnogra- Labiénus et Cassius Sévérus.
phiques et historiques de l'ancienne Italie, tantôt La plupart des productions littéraires de cette
concises, tantôt détaxées, et où pouvaient trouver époque sont destinée* seulement & être lues
place des harangues composées par l'auteur. H dans ~es « Récitations, ? » devaht un public d'élite
écrivit aussi des traités sur l'agriculture, l'hy- naturellement restreint.
giène, l'éloquence. l'art militaire, etc. Voyons rapidement la part des principaux
Son rt'at~t<W<r!CM/<Mre est le seul de ses ou- écrivains que nous venons de nommer, dans la
vrages qui ait survécu tout entier. grande oeuvre commune du siècle d'Auguste.
Après Caton, les plus grands noms de la tribune Auguste et ses favoris, Mécène et Agrippa, ne
romaine sont ceux des deux Gracques, ces patri- se sont pas contentés d'encourager tes lettres ils
ciens qui se sont mis au service de la cause popu- ont eux-mêmes composé plusieurs ouvrages
laire, et dont la parole éut tant de retentissement (Beu)é, Auguste, sa famille et ses amis, Paris. 1867 ).
de Marius, dont la rude éloquence soulevait les Les deux personnages les plus importants après
passions de la multitude de Marc-Antoine,aïeul eux dans l'opinion de )eurs contemporains sem-
du triumvir, et de Crassus. l'orateur lettré, qui blent avoir été deux riches patriciens, lettrés et
ne se contentai: pas d'exceller dans son art, mais protecteursdes gens de lettres, Asinius Pollion et
en cherchait aussi et en fixait la théorie idéale. Messala; le premier, auteur de tragédies et d'une
histoire inachevée des guerres civiles; le second,
IH. PÉRIODE DE PERFECTION. oratefb* de renom, grand admirateur de la litté-
rature grecque et auteur lut-meme de poésies
Ce qui marque la transition entre la seconde écrites en grec.
et la troisième période, c'est-à-dire entre la pé- Mais la postérité a un peu oublié tes patrons
riode de formation et la période de perfection pour ne se souvenirquede leurs brillants protégés.
dans laquelle nous allons entrer, ce ne sont pas Virgile, né près de Mantoue de parents pauvres,
seulementtes grands changements politiques et la avait reçu une éducation soignée, Il perdit son
fin des guerres civiles, c'est le triomphe définitif héritage paternel, confisqué au profit des soldats
de t influence grecque. d'Octave,qui ne le lui lit rendre, ptus tard, que grâce
Le siècle d'Auguste présente la fusion harmo- à l'intervention d'amis influents, probablement
nieuse du génie hellénique et du génie romain Pollion et Mécène. Virgile en exprime sa reconnais-
le résultat de cette alliance est une littérature sance à plusieurs reprisesdans ses égtogues.C'était
exquise, délicate par la forme, mais qui manque une nature frêle, d'un caractère innocent et tendre,
un peu d'originalité dans le fond. L'Age d'Auguste et de goûts paisibles; il fut bon fils et ami fidèle;
présente un double aspect; à coté des institu- mais il lui manquait le sens de la vie pratique
tions nouvelles qui se forment, on sent des insti- ce qu'il traite le mieux, c'est la description de
tutions anciennes qui s'en vont. Si c'est l'avène- la campagne, la peinture de son pays natal les
ment de la monarchie, c'est aussi la mort de la attachements de la famiite, tes affections du
République. Parmi les grands écrivains de ce siè- foyer, enfin les troubles de l'amour. H ne sut pas
cle, plusieurs ont ressenti le contre-coup des évé- persister dans la voie qui convenait le mieux à
nements plusieurs nnt passé leur jeunesse à son génie il se laissa entraîner vers des sujets
combattre pour la liberté expirante, tandis qu'ar- de commande où il ne pouvait pas être original.
rivés à la maturité de leur vie, ils se rallient peu à Il ramassa patiemment tes matériaux de son
peu au parti du vainqueur. C'est le cas principa- Enéide, en érudit plutôt qu'en poète inspiré,
lement d'Horace. L'éloquence, encore plus que la cherchant à combiner les traditions latines avec
poésie, souffrit du caractèreambigude cette époque les légendes grecques. Cependant, ce travail
nouvelle. La vie publique, si active sous la Répu- assidu donna à ses vers une correction, une élé-
blique, se ralentit et cessa peu à peu sous le gance de facture qui rehausse merveilleusement
principat d'Auguste les assemblées populaires le charme dn sujet et lui a mérité de rester le
deviennent rares et sans importance, et le rôle poète latin classique. Les poèmes qu'il a laissés
du Sénat et des tribunaux fut amoindri au profit sont, d'abord, les Bt<co/t~«M (mot a mot, chant
du monarque qui absorba tout dans sa personne. des bouviers), consistant en dix églogues, imita-
D'autre part, ce déclin de la vie politique favo- tion et parfois traduction presque littérale de
risa le développement de l'érudition et d'une Théocrite, mais avec un mélange artificiel de per-
poésie raffinée, d'imitation plutôt que d'inven- sonnages et d'événements contemporains. André
tion. Les poètes écrivent pour un cercle choisi, Chénier dans ses Idylles a imité et souvent égalé
pour les connaisseurs et pour tes âges à venir; Virgile, dont les bergers manquent de simplicité
ils ne sont point en sympathie avec le gros de et parlent un peu trop un langage de convention.
leurs contemporains; t ces poètes artistes, ces
poètes de cour, comme les appelle Teunet dans
Les ~/<~MM les plus célèbres sont la
Virgile se met en scène sous le nom de Tityre et
f, où
son excellente Histoire de la littérature latine, vante la générosité du prince qui lui a rendu son
encouragés par Auguste, raillaient la foule qui patrimoine; la 3°", où deux bergers disputent
leur rendait leurs sarcasmes, et qui regrettait îe prix du chant; la 5* dont le sujetse est la mort
ses vieux poètes nationaux, au génie inculte, et l'apothéose du berger Daphnis, inventeur de la
aux vers raboteux, mais qui étaient beaucoup plus
selon le cœur du peuple.
poésie bucolique; la 6' où Silène, garrotté par
deux faunes et une nymphe, n'obtient sa liberté
Parmi tes cercles littéraires qui s'étaient for- qu'en chantant des légendes mythologiques enfin,
més autour du vainqueur d'Actium, il faut sur- la t0°" qui chante les plaintes du poète Gallus,
tout mentionnercelui que présidait Mécène, riche ami de Virgile et abandonné par la volageLycoris.
favori du prince, qui se fit le patron des érudits Virgile avait un peu plus de trente ans, quand à
et des poètes. Outre Horace, ce cercle compre- la prière do Mécène, peut-être d'Auguste, il èom-
nait Virgile, Varius, Quintilius Varus, Properce, mença les Géorgiques(iittératementtravaux de la
tous plus ou moins partisans du nouveau régime. terre), poème sur l'agriculture qu'il mit sept an-
Un autre cercle, celui de Messala, était moins nées à composer. A la suite des guerres civiles.
favorable aux changements politiques, et parait l'agriculture était tombée en défaveur, la cam-
avoir été plus indépendant c'est à ce groupe que pagne manquait de bras il fallait encourager les
se rattachaitTibulle et aussi Ovide, dont Auguste, Romains à retourner à la charrue si honorée ch<'z
redevenu soupçonneux dans sa vieillesse, signa tours aïeux; c'est ce que voulut faire Virgile par
la proscription en même temps que celle d'autres les Géorgiques. Le poème comprend quatre livres
Inculture de la terre; culture des arbres et
élève
ce talent si pur et ce style dont Montaigne a dit'
qu'il ne se contente jamais d'une superficielle
principalementdo la vigne et de
l'olivier
des troupeaux !V, apiculture. expression et qu' « il veoit plus clair et plus oultre
Les passages les plus célèbres des G~o'~Mes dans les choses ». Son rêve est la tranquillité d'es-
sont ce qu'on appelle les ejOMOc!es, digressions prit à l'abri des orages de la passion. Rien ne lui
dont les principales sont la description des pro- est plus étranger que l'exagération, la déclamation;
diges qui suivirent la mort de César (livre I), ne perdant jamais de vue la brièveté de la vie, la
t'élbge de l'Italie et la description du bonheur fragilité humaine, il parle de lui-même d'un ton
champêtre (livre II), la peste des animaux (livre IH) enjoué, et avec ironie de tous ceux qui se croient
et l'épisode du berger Aristée, suivi du récit de grands.Ilexcelle àfaire des tableaux en raccourci
ta descente d'Orphée aux enfers (livre IV). Delille et à enchâsser une pensée morale dans une forme
a donné des Géorgiques une traduction en vers qui séduit l'imagination et qui ne s'oublie pas.
français, renommée pour son exactitude et son De là l'immortelle popularité d'Horace, de tous le~
élégance. poètes celui qu'on relit le plus. Malheureusementce
L' En~tt/e, épopée en douze livres, n'était pas ter- charme se fane le plus souvent dans la traduction,
minée Ma mort de l'auteur, qui en avait commandé car il tient beaucoup au choix et à la place des
la destruction elle fut conservée contre son désir. mots de la langue originale, à l'harmonie parfaite
C'est le récit des destinées d'Enée, héros troyen, du mètre et au tour de la strophe. La traduction
fondateur d'une secondeTroie et indirectementde de Jules Janin, quoique très libre d'allures, est la
Rome, ancêtre de la famille Julia et par suite meilleure pour ceux qui n'ont pas l'intelligence de
d'Auguste. On voit l'intention flatteuse du poète la langue latine et ne peuvent pas lire l'auteur
courtisan. Dans la première partie. Virgile mon- dans le texte. De ses Epitres, composées dans le
tre sa familiarité avec la mythologie hël~éni- même mètre que ses S<!<r~, riches en détails sur
que dans la seconde, sa grande connaissance de le caractère et les vues littéraires de l'auteur, la
l'histoire locale des villes d'Italie. H excelle dans plus célèbre est celle qu'il adressa aux Pisons et
ia description des sentiments de l'âme; cependant que l'on appelle son Art poétique. On connalt
son héros, trop uniformément pieux et sage, est peu l'imitation originale qu'en a faite Boileau, et d~))s
intéressant. laquelle presque tous les traits saillants ont été
L'Enéide renferme à la fois une Odyssée et une conservés.
Iliade la première partie raconte le voyage de la Il est remarquablede voir combien la poésie dra-
flotte troyenne en route pour l'Italie et qu'une matique tient peu de place au siècle d'Auguste
tempête a jetée sur les côtes d'Afrique. Enée, re- les quelques tragédies dont il est question, comme
cueilli par la reine Didon, raconte la prise de la Médée d'Ovide et le Thyeste de Varins, malheu-
Troie et inspire une violente passion à la reine, reusement perdues, n'étaient pas destinées à la
qui le retient comme Calypso retenait Ulysse dans représentation et la comédie était retournée aux
son île. Désespérée du départ d'Enée, Didon se mimes.
<Ionne la mort. La fin du poème, celle où l'on sent L'élégie, au temps d'Auguste, est représentée
surtout l'influence de l'Iliade, contient l'établisse- par Ovide, qui s'est fait dans ses MfoMe.< le tendre
ment des Troyens en Italie, où le roi du Latium, interprète des amantes délaissées, et qui a aussi
Latinus, accueille Enée et lui accorde la main de chanté ses propres infortunesdans trois autres re-
sa fille déjà promise au roi des Rutules, Turnus. cueils, les ~n!OMf~, les yrM<M et les ~p«t'&! écrites
Turnus prend les armes pour reconquérirsa fian- du Pont; il estplus connu.cependant.parson poème
tée, et après une lutte prolongée et des batailles des Jf~a~orp/tosM, longue suite de 246 légendes
sanglantes, il périt dans un combat singulier qui mythologiques, commençant au chaos du monde
termine la guerre. et se terminant à la mort de César. Ovide avait été
L'Ft!<'Me a été aussi traduite par Delille on précédé dans le genre de l'élégie par plusieurs
sait que Scarron en a fait une parodie assez amu- poètes moins féconds, mais qui sont souvent ses
sante intitulée l'Enéide travestie. égaux dans la peinture de l'amour, Properce, et
Le nom d'Horace ne se sépare pas de celui de surtout Tibulle, dont l'aimable génie a été heu-
Virgile. Né à Venouse et fils d'un affranchi, ins- reusement caractérisé, quoique d~ne manière un
truit à Rome et plus tard à Athènes, où il connut peu affectée, dans un vers célèbre de Boileim ·
Brutus, Horace a combattu pour la cause républi- Amourdictait les vers que soupirait Tibuue.
caine mais la défaite de Philippes, où il abandonna
son bouclier pour fuir plus vite, termina sa carrière Dans la prose comme dans la poésie, la période
militaire.!) profita de l'amnistie pour rentrer àRome, qui va du temps de Sylla jusqu'à la fin du siècle
où il acheta la charge de greffier d'un questeur. Il d'Auguste est aussi un âge d'or littéraire; l'élo-
se fit connaître d'abord en publiant des Satires et quence et l'histoire y sont représentéespar des
des Epodes. Il touche peu dans ses satires à la noms immortels. Ce sont d'abord, parmi les
politique, car les blessures des guerres civiles sai- orateurs, Hortensius, Jules César, Cicéron.
gnaient encore, et c'est surtout aux vices socfaux Le premier, dont les discours ne nous sont pas
et aux travers littéraires qu'il s'attaque, se faisant parvenus, était doué d'une mémoire extraordi-
l'apôtre de la morale et du bon sens, mais avec naire, d'une élocution merveilleuse et d'une dia-
beaucoup d'aisance et de variété dans le ton. Il lectique aussi savante que variée. Tout autre
fut présenté par Virgileà Mécène, qu'il accompagna était l'éloquence de Jules César, qui porta dans
dans son voyage à Brindes et qui lui fit don d'un les conseils et les discussions du Sénat les qua-
charmant petit coin de terre ') dans la campagne lités de l'homme d'Etat et du capitaine sévérité
sabine. Mécène le présenta plus tard à Octave;i de la forme, netteté dans les idées, vivacité, pré-
Horace ne survécutpas longtemps à son bienveil- cision. Mais l'orateur romain par excellence, celui
lant patron et fut enterré près de lui. qui restera pour la postérité le type du grand
Ses autres ouvrages sont quatre livres d'CMe! avocat romain, c'est Cicéron. La nature lui avait
à l'imitation des lyriques grecs, principalement donné, avec un grand talent, un esprit propre à tout,
d'Alphée et de Sapho, touchant avec un désordre des instincts généreux et des aspirations élevées.
savant aux sujets les plus divers, religion, morale, Malgré certaines défaillances, son caractère ne
littérature, passant d'une chanson à boire à un peut manquerd'inspirer le respect et fait contraste
billet d'amour, d'un hymne patriotique à l'éloge avec l'égoisme qui régnait dans son entourage.'
d'un ami ou d'un protecteur. Horace montre une Ressentant toujours l'impression du moment, it,
morale aimable et indulgente, un peu trop sen- n'avait pas toute la stabilité d'esprit nécessaire à
suelle. On ne louera jamais trop la flexibilité de l'homme d'Etat, et pourtant ne pouvait pas se rési-
gner à renoncer à la direction des hommes et au reproché & son style des traces de provincialisme-
maniement de la chose publique. Il savait admi- (pataMntM) que nous ne savons pas y retrouver.
rablement s'assimiler les idées étrangères, ce Le premieressai important d'histoire universelle,
qui lui permit d'enrichir considérablement la lit- bien que l'idée eut déjà été timidement abordéa-
térature romaine par des emprunts qu'il rendait par Varron, Atticus et Cornélius Nepos, remonte à
originaux; et il peut être considéré comme le Trogue Pompée, dont l'ouvrage nous est surtout
créateur de la prose latine classique, à laquelle il connu par t'abrégé qu'en a fait Justin. Pendant la
a donné une forme si bien en harmonie avec le période impériale, l'histoire, au moins la ndèle-
génie de la langue latine, que plusieurs des écri- relation des temps contemporains,disparatt a me-
vains qui l'ont suivi ont cru devoir couler leur sure que la flatterie servile gagne du terrain. Le-
style dans le monle qu'il avait laissé. Ses discours, goût de l'érudition caractérise la fin du siècle
soigneusement préparés à l'avance, montrent une d'Auguste. Parmi les noms des nombreux gram-
grande vivacité d'imagination, un vocabulaire mairiens et des savants de cet âge, il faut citer
d'une surabondance étonnante, une phrase tou- ceux de Cinnius Capito, Fenestella, Hygin et
jours ample et sonore, une merveilleuse habileté celui de l'architecte Vitruve.
à passer de l'enjouement au pathétique, enfin IV. PÉMOM BE DÉCADENCE.
toutes les ressources que fournissent là nature et
l'art. Parfois sa rhétorique a des effets trop étudiés, A l'époque impériale, le despotisme croissant
et la grandeur des mots ne sert qu'à cacher la qui suivit la monarchie d'Auguste éteignit gra-
pauvreté de la pensée et la faiblesse de la cause. duellement toute vie intellectuelle, toute indé-
Mais, en somme, après Démosthène, aucun orateur pendance dans la littérature. La poésie et l'élo-
de l'antiquité n'a su plus puissamment peindre, quence durent se taire ou prendre un langage
persuader, émouvoir. Ses principaux discours hypocrite. Toujours espionnés ou du moins
sont les Verrines, sept discours destinés à con- croyant t'être, les écrivains de cet âge se sentaient
vaincre Calus Verrès de cruauté, de concussion et pour ainsi dire sur la scène. Ils ne suivaient point
de déprédations de toutes sortes pendant sa pré- une inspiration libre, mais calculaient l'effet que
ture en Sicile; les Catilinaires, série de quatre produiraient leurs écrits et leur conduite sur l'es-
discours dans lesquels il déjoue une conspiration prit de leurs contemporains et de la postérité
ourdie contre la République par Catilina; le aussi la littérature de cette époque, éloquence,.
discours pour la loi Manilia, qui devait donner à histoire, poésie, a-t-elle un caractère théâtral dont
Pompée le commandement de la guerre contre le style même se ressent; on ne parle pas, on
Mithridate; le discours pour Milon, accusé de la déclame. L'incertitude de l'existence, les appré-
mort de Clodius le discours pour Marcellus et le hensions continuelles où t'en vit, donnent a toutes-
discours pour Ligarius, demandant à César le re- les productions de ce temps quelque chose de
tour de deux adversaires politiques; enfin les fiévreux, d'agité, de morbide. On veut frapperiez
quatorze discours contre Marc-Antoine, appelés imaginations par des idées surprenantes plutôt
Philippiques, Cicéron n'a pas seulement été un que profondes, par du clinquant, une concision.
grand orateur ses nombreuxécrit* philosophiques laborieuse, une obscurité artificielle, un coloris
et littéraires et principalement ses traités sur la surabondant. C'est le règne des rhéteurs. Tibère
théorie de l'art oratoire, ses Lettres à Atticus et impose silence aux lettres t'éioquence est celle-
<t son frère, le placent encore au premier rang des délateurs, la philosophie reste dans l'ombre,
parmi les critiqueset les épistolairesdel'antiquité. la poésie ne compte que des noms obscurs Ÿ
L'histoire, depuis la période précédente, a fait l'histoire ne produit, outre Tibère lui-même, au-
aussi un grand pas; en ne croyant écrire que des teur de mémoires qui furent la lecture favorite
Mémoires, César a trouvé du premier coup les de Domitien, que deux auteurs, Yeliéius Pater-
principales qualités du style historique la clarté, culus, qui admire aveuglément, dans un sty]e~
la rapidité, l'exactitude des détails, la simplicité pompeux et affecté, tout ce que fait l'empereur,
du récit. Los histoires de Salluste, dont nous ne son ancien général, et Valère Maxime, écrivain
possédons que des fragments, ses deux récits de aussi servile, avec moins de talent, compilateur-
la Guerre de Jugurtha et de la Conspiration de sans goût et sans discernement, qui nous a laissé
Catilina, où l'on sent plus que chez César l'ora- neuf livres d'anecdotes indigestes. La grammaire,
teur derrière l'historien, plus riches aussi en vues grâce à son caractère inoffensif, est le seul genre-
philosophiques et en analyses morales, sont des qui fleurit réetlement à cette époque avec Justus-
ouvrages de premier ordre. On peut encore citer, Modestus et Pomponius Marcellus; quant à la
parmi les historiens de cette époque, Cornélius poésie, elle n'est presque représentéeque par des
Népos, un ami de Cicéron, dont les ouvrages prin- traductions; l'ouvrage le plus original fut une
cipaux ne nous sont pas parvenus, mais dont il traduction en vers des Fables d'Esope par Phèdre..
est possible d'apprécier le style élégant et pur, Sous les successeurs de Tibère, Caligula, Claude
grâce à ses Vies des grands capitaines, bien qu'on e~Néron, où l'on voit gouverner tour à tour l'in-
y ait relevé d'assez graves inexactitudes de détail. trfgne, la malice, la méchanceté, la force brutale, r
La période d'Auguste produisit l'Histoire ro- la littérature et surtout la philosophie sont le
maine de Tite-Live, magnifique monument qui refuge de quelques âmes d'élite.
nous est arrivé malheureusement très mutilé; il La ngure qui domine cette époque est celle de
ne reste que 35 livres des 150 dont se composait l'Espagnol Sénèquo, sénateur sous Caligula et
cette histoire. Tite-Live est encore un historien de Claude, puis précepteur de Néron, préteur et con-
l'école oratoire, auquel on peut reprocher de n'a- sut. On sait comment it se vit forcé au suicide, ac-
voir pas été assez scrupuleux dans la recherche cusé d'avoir participé à la conspiration de Pison..
des documents dont il se servait, souvent satisfait C'est un écrivainde beaucoupde talent, philosophe
do répéter en les embellissant les récits de Polybe d'apparatplutôt que de conviction,qui pose devant
et des autres annalistes. Quoique un peu optimiste, ses amis et devant lui-même. II cherche à caresser
grâce à la nature douce et conciliante de son es- le goût de l'époque dans le choix des sujets qu'il
prit, il s'efforce d'être impartial admirateur en- aborde comme dans la manièrede les traiter. Il est
thousiaste des vertus viriles de l'ancienne Rome, moraliste. II aime à disserter plutôt encore qu'à
il trahit aussi une sympathie touchante pour les méditer sur le cœur humain. On relira toujours
opprimés et les vaincus. Son histoire, qui présente avec grand charme ses écrits philosophiquespleins
toujours les événements sous une forme drama- de fines observations, de renseignements érudits
tique, abonde en discours qui sont restés des mais toujours présentés sans pédantisme, de no-
modèles d'éloquence tempérée. Les anciens ont bles préceptes que le maltre n'a malheureuse-
ment pas toujours suivis lui-même dans sa vie. pour les lettrés. Parmi les principaux protégés des~
Après tout, la forme, dans Sénèque, vaut peut-Être deux premiers Flaviens, nous trouvons Pline l'An-
encore mieux que la fond, bien que ce style bril- cien et ValériusFlaccus.
lant, chatoyant, à phrases coupées, à incessantes Pline l'Ancien, esprit encyclopédique, compila-
oppositions de mots, manque de simplicité et fati- teur infatigable, victime de sa passion pour la
gue le lecteur à la longue. Les principaux ouvra- science lors de l'éruption du Vésuve, sut concilier
ges de Sénèque qui nous sont parvenus sont ses avec ses absorbantes occupations officielles d'ins-
Lettres à Lucilius et quelques traités de morale pecteur des finances de l'empire, une féconde ac-
sur la Clémence, la Co/ft'e, la Tranquillité d'dme. tivité littéraire qui lui a mérité de prendre un
On trouve aussi de réelles beautés dans ses dix rang élevé parmi les historiens. les grammairiens
tragédies, d'un style trop sententieux, trop subtil, et les naturalistes. Valérius Flaccus, imitateur de
trop chargé d'antithèses, composées pour l'école Virgile et d'Apollonius de Rhodes, retraça l'expédi-
plutôt que pour le théâtre. Les principales sont tion des Argonautes dans un poème prolixe, et en
Phèdre, CM:pe, Médée, Agamemnon, et peut- vers qui manquent parfois de lucidité à force de
être aussi une tragédie sur un sujet contempo- rechercher la concision et la hardiesse.
rain, O'~aM'e. Domitien, bien qu'il affecte lui-même le goût des
L'histoire sous Caligula et Néron était géné- lettres et de la poésie, ne permet qu'un genre le
ralement une sorte de rhétorique déclamatoire. panégyrique de son despotisme. Quiconque veut
Cependant sous Claude elle produit un ouvrage dire la vérité doit dérober ses ouvrages au public
où l'on trouve des traces d'une réelle critique ce fut le parti que prirent Tacite et Juvénat.
historique, les dix livres de Quinte-Curce sur Parmi ceux qui eurent la faiblesse ou la servilité
l'histoire d'Alexandre le Grand. L'ouvrage de de se faire les adulateursd'un monstre, il faut citer
Columelle,compatriote de Sénèque, sur la campa- Silius Italicus, Stace, Quintilien et Martial.
gne et les travaux des champs, est une sorte de Silius Italicus empruntele fond de son monotone
paraphrase prosaïque des Géorgiques de Virgile. et déclamatoire poème des Guerres puniques à
Les principaux orateurs sont les sénateurs Pac- Tite-Live, et les développements et les procédés
tus, Thraséas et Helvidius Priscus. Les philoso- poétiques à Homère et à Virgile, introduisant la
phes de cet âge écrivent en grec, comme Carnu- mythologie au milieu des événements historiques.
tus et Epictète mais ces philosophesstoïciens et Stace, esprit cultivé, poète spirituel, compose une
plusieurs autres encore, avec Sénèque, méritent, foule de pièces de circonstance, réunies sous le
à cause de leur caractère, sinon- à cause de leurs le nom de &7f.B (les Forêts), jolies esquisses de
écrits, que la postérité ne les oublie pas. C'est le mœurs de l'époque, et un poème en douze chants,
cas aussi des deux célèbres poètes Perse et Lu- la 7'A~aMe, qui ne manque pas d'imagination et
cain. d'audace, mais que déparent un style maniéré, des.
Né dans l'opulence, mais élevé à l'austère traits exagérés et trop de détails mythologiques.
école des stoïciens, Perse s'attaque à la corrup- L'Espagnol Martial prend Catulle et Ovide pour
tion sans en avoir lui-même connu les souillu- modèles. C'est un satirique, mais qui enferme sa
res ses satires sont des espèces de sermons en malice dans le cadre restreint de l'épigramme. On.
vers dirigés contre ses contemporains en général admirerait beaucoup plus son talent s'il ne servait
plutôt que contre telle ou telle individualité parti- pas souvent à mettre en relief une absence cho-
culière. II emprunte à Horace beaucoup de ses quante de sens moral et de dignité. Il se complaît
tours de phrase et de ses expressions mais on à persifler les vices et la corruption de son temps,
sent qu'il n'a pas vécu dans le commerce des mais sa médisance n'est souvent qu'une flatterie
hommes, et t'exagéra)ion ampoulée de son style déguisée à l'adresse du maître et de ses favoris.
très imagé, mais parfois obscur, fait supposer Quintilien est aussi originaire d'Espagne, quoiqu'il
par moments que son indignation est un peu ait été élevé à Rome. Longtemps professeur d'é-
factice. loquence à Rome, puis chargé par Domitien de
Le poète Lucain, neveu de Sénèque, enlevé l'éducation de ses neveux, )) composa dans sa
prématurément à la poésie, est de la même école vieillesse un ouvrage sur les Causes du déclin
que Perse et transporte dans le genre épique, de /o~Mnce et un autre ouvrage sur I'~c<Mca<MM
comme son ami l'a fait dans le genre satirique, les oratoire, dont la portion la plus précieuse pour
brillantes doctrines de la philosophie stoïcienne. nous et la plus admirée est le dixième livre, qui
Sa Pharsale, récit malheureusement inachevé de contient une liste critique des auteurs latins les
la guerre civile entre Pompée et César, est toute à plus utiles pour la formation de l'orateur.
la gloire du parti républicain, que le poète ne Les règnes de Nerva et de Trajan permettent à
sépare pas de la liberté et de la grandeur de la littérature un libre et nouvel essor. Les écri-
Rome. Malgré l'enflure de son style artificielle- vains qui s'étaient enfermés dans le silence par
ment pathétique, qui trahit un certain manque nécessité sous Domitien déversent contre le des-
de maturité, on sent dans les descriptions, dans potisme qui vient de finir, avec leur colère, d'au-
les discours, surtout dans les maximes générales tant plus d'amertumequ'ils se sont plus longtemps
dont le poème pullule, le souffle d'une véritable contenus. C'est le cas de Juvénal, de Tacite, et
poésie, c'est-à-dire d'une poésie inspirée par un même en partie de Pline le Jeune.
cœur généreux. Parmi les seize satires que nous a laissées Juvé-
A coté de cette littérature stoïcienne, quelques nal, les plus caractéristiques décrivent les vices
disciples de la doctrine épicurienne, esprits super- de la société romaine avec une éloquente indigna-
ficiels et mondainsauxquels appartenait sans doute tion et une vigoureuse énergie; il ne se contente
Néron lui-même, ont laissé plusieurs monuments, plus, comme Perse, d'accuser son époque en gé-
entre autres ie roman satirique attribué à un néral il nomme les coupables. Les personnages
courtisan plus tard victime de Néron, Pétrone, que le poète met au pilori, pour son temps et pour
contenant des aventures diverses rattachées à un les siècles à venir, appartiennent surtout à l'épo-
voyage imaginaire. Le fragment le plus important que de Néron et de Domitien. Mais, malgré les
qui nous en est parvenu est le f'e~i'~ de Trimal- explications des commentateurs, on ne reconnaît
cA:'o?:, description humoristique mais souvent trop pas toutes les figures. On ne saisit pas toutes les
licencieuse des moeurs contemporaines. allusions dans ces vers qui, pour rappeler,le juge-
Sous la dynastie Flavienne, à l'ombre de la paix, ment de Boileau,
les lettres semblent reprendre vie avec Vespasien
et Titus; mais avec Domitien, les mauvais jours de Tm]t pleins d'affreuses vérités
la vanité et de la cruauté impériale recommencent Etmcellent pourtant de sublimes beautés.
D'origine plébéienne, mais nourri des souvenirs dianus. La vieille écoie ne produit guère qu'un'
de la Répubtique aristocratique, l'auteur des His- poète qui ne suffit pas à la relever, Némésien.
toires et des Annales, vigoureux tabteaux embras- L'éloquence de l'Eglise s'inspirede TertnUien, que
sant les règnes des empereursd'Auguste à Domi- l'évoque de Carthage, Cyprien, rappelle par la lu-
tien, Tacite s'est indigné aussi, mais il s'est cidité et le charme de son style, mais sans égaler
résigné pendant les jours mauvais et a attendu ce sa féconde originalité.
moment bienheureux où il futennn permis, comme Vers la fin du siècle, l'apparition des Barbares et
ii le dit lui-môme, de penserce qu'on voulait et de l'élévation au trône d'une série d'empereurs sol-
dire ce qu'on pensait. La forme de son style éner- dats, d'origine thrace et illyrienne, contribue à
gique a gardé la marque d'an temps où le génie accélérerla décadence. An iv* siècle, tandis que
devait se contraindre et se cacher; il s est habitué le polythéisme cesse d'être la religion d'Etat et que
à la concision,à une réserve calculée, aux sous-en- la capitale de l'empire est transportée en Orient,
tendus, aux pointes épigrammatiques. H est sans les lettres jettent encore quelque éclat passager.
contredit le prince des historiens romains il L'éloquence appartientsurtout aux orateurs ecclé-
a l'esprit critique, le culte de la vérité et de siastiques, aux pères de l'Eglise, Ambroise.Jérûme
l'exactitude il ne se contente pas de noter les et Augustin. L'histoire produit quelques abrévia
faits, mais en cherche philosophiquement les causes, tours de talent, Aurélius Victor et Eutropo, et sur-
et fouiiie en psychologue les bas-fonds des carac- tout le boursoufné mais judicieux Ammien Mar-
tères. cellin. H faudrait citer encore, parmi les poètes
Homme de lettres avant tout, bien qn'ii eût suivi chrétiens, le moins obscur. Prudence parmi les
la carrière du barreau et des emplois publics, grammairiens, Macrobe, Servius et Donat, et deux
Pline le Jeune, neveu et fils adoptif de Pline l'An- auteurs épistolaires, Symmaque et Sidoine Apol-
cien, a écrit neuf livres de lettres, soigneusement linaire, originaire de Gaule. La poésie latine
variées de ton et de sujet, et évidemment compo- s'éteint avec Claudien, poète emphatique, auteur
sées plutôt pour la postérité que pour ses corres- de panégyriques et de l'Enlèvement de PrMerpt~;
pondants. Mais elles ont tant d'intérêt, et souvent Ausone, né a Bordeaux, qui a surtout réussi dans
tant d'esprit, elles sont écritesd'un style si coulant, l'épigramme et la poésie descriptive, se perdant
qu'on pardonne à l'auteur une vamté qu'il a le dans les minuties puériles enfin Fortunat, que
bon goût de confesser lui-même. l'histoire des Mérovingiens nous montre à la cour
Sous tes Antonins, la littérature latine, malgré de Sigebert et de Chiipéric, célébrant it la fois
ia protection que les empereurs lut accordent, s'é- Brunehant etFredégonde. C'est en Gaule, en effet,
carte de plus en plus des traditions du bon goût, que les lettres latines ont survécu le plus long-
et s'achemine rapidement vers la décadence à temps. et nous y trouvons encore sur le seuil du
mesure que les invasions menacent l'empire et que va* siècle un historien qui écrit dans un latin
l'extension du droit de cité diminue l'importance presque correct, l'auteur des jMyeM~M <~ saints
de Rome. Les écrivains qui restent fidèles aux et de l'~OM'e <<M Francs, Grégoire de Tours.
meilleafes traditions sont peu nombreux. Les tB. Buisson.1
principaux sont Suétone, secrétaire particu- LATITUDE, LONGITUDE. Cosmographie,U.
her d'Adrien, archéotogue, historien ou plutôt Etym. Latitude est dérivé de latitudo,qui vient
biographe; ses Vies des douze C~MM abondent en de latus, large, et longitude dérive de longitudo,
renseignements puisés aux meilleures sources; qui vient de longus, long. Ces dénominations, dé-
le rhéteur Florus, auteur d'un tableau en rac- fectueuses aujourd'hui,nous ont été transmisespar
courci de l'histoire romaine abrégée; et Justin, les anciens, qui ne connaissaient qu'une partie de
autre abréviateurde talent. La majorité des autres la terre, laquelle était plus longue dans le sons où
écrivains se perd dans de vains efforts à la re- nous évaluons les longitudes.
cherche de l'originalité. L'Africain Fronton exer- La latitude d'un lieu ou, plus exactement, d'un
çait une suprématie littéraire que ses ouvrages point pris à la surface de la terre A (flg. )),
ne connrment pas. L'érudition remplace le génie est l'arc de méridien AB compris entre ce point et
on fouille le passé au lieu do créer de nouveaux l'équateur EOBE'. Ainsi, tous les points situés sur
monuments pour l'avenir. Les grammairiens, les
mattres de rhétorique pullulent; le nom le plus
célèbre est celui de l'auteur des Nuits Attiques, le
studieux Aulu-Gelle une littérature grécisante de-
vient de plus en plus a ta mode. Suétone, Adrienlui-
même, Fronton, Apulée, Tertullien écrivent en
grec presque autant qu'en latin. La jurisprudence
au contraire grandit avec le déciin des autres
branchesde la littérature elle enregistreplusieurs
noms illustres ceux de Pomponius, de Gaius et
de Papinien, qui contribuent à la fois au dévelop-
pement de la science du droit par leurs écrits et
par leur enseignement.La poéNO ne produit rien;
ta mythologie ancienne a fait place an christia-
nisme, qui à ses débuts inspire à peine quelques le même parallèle ont la même latitude. Cette dé-
hymnes sans valeur. Ce sont surtout les illettrés, finition suppose la terre rigoureusement sphén-
les pauvres, tes opprimés, les femmes qui se tour- que.
nent vers la doctrine du péché et de la rémission La longitude d'on point est l'arc de partHèie
et vers le dogme qui promet une vie meilleure. ou d'équateur OB compris entre le méridien PAP'
Dn reste tes chrétiens affectent de mépriser les qui passe par ce point et un méridien déterminé
lettres. Ceux qui, comme Minutius Félix et Lac- choisi par convention, PEP'E', et nommé premier
tance, essaient de concilier les traditions de l'anti- méridien. Tous les lieux BituéB sur le même demi-
quité avec l'esprit nouveau, font exception. Le méridien compris entre les deux pôles, ont la
plus grand nombre, commeTertullien, maudissent même longitude.
la fois et la religion et la culture littéraire de
la Rome paienne.
Les divers peuples ne se servent pal tous du
même premierméridien. En France, on a fait choix
Au t~ siècle, le déclincontinue et s'étend même de celui qui passe par Paris et, plus exactement,
jusqu'à la jurisprudence le christianisme produit par l'Observatoire. Les Anglais font passer leur
premierméridien par l'Observatoire de Greeuwich;
son premier poète, le lourd et incorrect Commo-
tes Allemands par l'lie de Fer, l'une des Canaries gitude de Lyon, et de savoir si cet arc doit être
les Russes par Pulkowa. Entre le méridien de compté à droite ou à gauche, ou, si l'on préfère, à
i i'tle de Fer et celui de Paris il y a justefacilement 20 degrés l'est ou à l'ouest du méridien de Paris. La longitude
'tde différence, ce qui permet de passer de Lyon étant de '*° 29' tO" à l'est, cet arc sera
d'une longitude estimée par rapport t'nn à la compté sur le parallèle de Paris, à partir de Paris
même longitude estimée par rapport à l'autre. !) et vers la droite, puis on mènera le méridien pas-
serait préférable qu'il y eût un seul premier méri- sant par ce point, et Lyon se trouvera sur ce mé-
dien pour le monde entier. ridien. D'autre part, la latitude de Lyon est 4~°
La latitude et la longitude portent conjointement 45'45" nous compterons sur le méridien 45'
tracé, et
te nom de coordonnées ~o~apAtgMM. Elles s'ex- à partir de l'équateur, un arc de 45° 45"; nous
priment en degrés, minutes et secondes. La lati- obtiendrons ainsi le point correspondant à Lyon.
tude est nord ou sud, ou boréale ou australe, selon L'équateur partageant la surface de la terre en
que le point considéré est situé dans t'hémisphën- deux hémisphères, l'hémisphère nord et l'hémi-
nord ou dans l'hémisphère sud, et, par conséquent, sphère sud, il est bien évident que, dans l'indication
d'un côté ou de l'autre de l'équateur. La longitude des latitudes, on doit dire si elle est comptée d'un
est orientale ou occMe~rn/fou, si l'on préfère, est côté ou delatitudes l'autre de l'équateur. Pour la France,
ou ouest, et, par conséquent, à droite ou à gauche toutes les appartiennentà l'hémisphère
du méridien de Paris pour la France. nord, et sont par conséquent d'un même côté de
La latitude et la longitude servent a fixerla po- l'équateur.
sition des divers lieux; elles permettent de cons- Détermination de la latitude d'un point. Nous
truire les globes et les cartes géographiques. On savons maintenant ce que c'est que la latitude
comprend donc toute leur importance. Chaque et la longitude d'un point, nous en comprenons
point est ainsi déterminé la
sur terre par le point l'utilité il nous reste à connaltre le moyen de les
de croisementde deux lignes, comme sur une table déterminer. Commençonspar la latitude.
de multiplication le produit se trouve à la rencon- Figurons par la circonférence EPE'P' (ng. 2) le
tre des deux lignes partant, l'une du multipli-
cande, et l'autre, du multiplicateur.
Nous ne saurions voir la terre tout entière nos
regards n'embrassent que la faible étendue qu'en-
terme l'horizon. Sans doute cette étendue est plus
ou moins grande, selon qu'on se trouve sur un
4ieu plus ou moins élevé ainsi du haut d'une
montagne elle est plus vaste qu'au niveau de la
plaine; mais lors même que notre vue s'étend sur
un espace de vingt, trente ou quarante lieues de
rayon, un tel espace est relativement nul si on le
compare à la surface de la terre. Et pourtant, mal-
gré notre impuissance apparente saisir la terre
dans son ensemble, à la voir comme nous voyons
le soleil et la lune, nous pouvons en faire une
sorte de portrait, de représentation exacte, au
moins pour les parties connues, qu'on nomme
un globe ou une sphère terrestre. Nous parvenons Ffg.S. 2.
à figurer sur une sphère les chaînes de montagnes,
les cours d'eau, les contours des continents, en méridien oui passe par le point considéré A dont il
faut déterminer la latitude. Représentons l'axe
un mot tous les accidents géographiques. Nous terrestre PP', le diamètre de l'équateur situé
traçons les limites des Etats ou des contrées; nous dans le méridien par
marquons la place des villes, et, comme s'il s'a- par EE'. La latitude du point A
gissait du plan d'une maison, nous poursuivons est l'arc AE qui répond à l'angle AOE. Mesurer
jusque dans ses moindres détails l'image fidèle de l'arc ou l'angle, c'est la même chose, puisqu'i] il
la surface du globe. Or, tout cela n'est possible s'agit d'estimerl'arc en degrés, non en mètres.
qu'à l'aide de la latitude et de la longitude de Or, l'angle AOE est égal à un autre angle plus
chaque point. facile à mesurer. Observons que le rayon équato-
Imaginons en effet le réseau ou filet formé par rial OE est perpendiculaire à l'axe OP, que le
t'entre-croisement des méridiens et des parallèles. rayon terrestre OA n'est autre que la verticale au
On peut en multiplier les mailles autant qu'on le point A, et qu'il est par conséquent perpendicu-
veut, car le nombre des méridiens et des parallèles laire a l'horizontale AH au même point. L'angle
est illimité. Par chaque point de la surface de la AOE est donc égal à l'angle P; AH' (deux angles
terre, passe un méridien et un parallèle. Un sem- qui ont leurs cotés perpendiculaires et dirigés dans
blable réseau étant reproduit en petit sur une le même sens sont égaux) vu les faibles dimen-
sphère, tous les points de la terre qui répondent sions de la terre par rapport à l'univers, la terre
être considérée un point, les lignes
aux points d'entre-croisementdes fils auront leur peut menées de les
comme
points de la terre parallèlement
image sur le globe. Prenons un méridien quelcon- tous
que que nous regarderons comme celui qui passe tementsel'angle AOE, à PP' confondent. Au lieu de mesurer direc-
par Paris, par exemple il suffira, pour fixer la po- c'est-à-dire l'angle nous allons mesurer Pi AH',
sition de Paris, de connaître l'arc de méridien que forme l'axe avec l'horizon-
compris entre Paris et l'équateur ou la latitude tale. C'est cet angle qu'on désigne sous le nom
cette latitude étant de 48° 50' 49' (au Panthéon), on de hauteur du cd~e. La hauteur n'est pas ici une
prendra à partir de l'équateur un arc de cette ligne droite qu on évalue en unités de longueur,'
grandeur, et on aura le point qui répond à Paris. mais un angle ou un arc estimé en degrés. Donc
Qu'il s'agisse maintenantde fixer la position de la /<t<!t!«fe<fM~pOtK<~<~a/e à la Afn~eMrdt~xMe
Lyon; il existe un méridien et un parallèle passant ence point.
par cette ville et dont elle occupe le point d'inter- dernier Enfin, on peut encore substitneràla mesure de ce
section. Si nous parvenons à tracer ces deux cer- angle celle de son complément, c'est-à-dire
cles, nous obttendrons la position de Lyon. Or, l'angle ZAPi formé par la verticale avec l'axe. (La
pour tracer le méridien de Lyon, il suffit de con- figure ne doit pas être faite tout entière d'avance;
naltre l'arc de parallèle compris entre le méridien chacun des angles ou chacune des lignes énoncés
de cette ville et celui de Paris, c'cst-a-dit'e la lon- doit être tracé au moment où l'on en parle.)
En définitive, it s'agit de mesurer l'angle formé le soleil en24 heures, soit 15 degrés par heure. Dès-
par la verticale on le fil à plomb avec l'aie de la lors, deux points sépares par un intervalle de t5 de-
terre prolongé. grés voient passer )e soleil dans leur mérfdien aune
Comment peut-on obtenir.cette dernière ligne? 9 heure d'intervalle ou, si l'on préfère, l'horloge de
S'il se trouvait une étoile sur le prolongementde l'un des points avance ou retarde d'une heure
t'axe terrestre, cette'étoile serait toujours immo- l'autre. Il y a avance sur
du côté de l'est, retard du
bile, CM'te mouvement apparent des étoites est côté de l'ouest. Ce qui se passe pour deux points
produit par le mouvement réei de la terre. Il suf- situés sur l'équateur est également vrat de deux
Brait donc de diriger la lunette sur l'étoile pour points quelconques qui voient le soleil. La diffé-
obtenir la direction de l'axe. Cette condition n'est rence des heures pour deux points du globe nous
pas nécessaire, car chaque étoite décrit, soit un donnera donc la distance en degrés de leurs mé-
arc de cercle, soit un cercle apparent, dont le ridiens, c'estra-dire la différence de leurs longitu-
pôle est le centre. Parmi tes étoiles, on choi- des, et si l'un des points est Paris,nous obtiendrons
sira une de celles qui restent constamment vi- aussi la longitude de l'autre point.
sibles, et décrivent un cercle complet. Elle a, Donc, pour déterminerla longitude d'un point, il
comme on sait, un pa~o~e Mpe~eMr et un passage faut prendre un ou plusieurs chronomètres indi-
inférieur, c'est-à-du'e qu'elle traverse le méridien quant l'heure de Paris, se transporter arec ce ou
à deux reprises, tantôt au-dessus et tantôt au-des- ces chronomètres an point déterminé et constater
sous du pôle. Si l'on vise l'étoile au moment de la différence entre l'heure de Paris et celle de ce
chaque passage, il suffira de diviser en deux par- point.
ties égales l'angle formé par les deux directions Comme on peut craindre le dérangement des.
obtenues. Cette bissectrice est précisément la di- cbronomètres pendant la route, il est bon d'avoir
rection de l'axe, c'est-à-dire l'un des cotés de l'an- d'autres moyens à sa disposition. Or, un signal
gle à mesurer; l'autre est la verticale. qui serait aperçu simultanémentde Paris et du
On sait que la direction du ni à plomb prolon- point considéré, comme la lumière produite par
gée rencontre la sphère céleste fictive au point l'inflammationd'un tas de poudre, permettrait de
nommé zénith, et que la distance du passage au noter l'heure au même instant à Paris et au point.
zénith est ce qu'on nomme la distance zénithale; en question et par suite de connaître la différence
donc, en définitive, la mesure de la latitude se ré- 4ts heures. C'est un des moyens dont on s'est servi
duit à celle des distances zénithales d'une même et qui permet d'obtenir une valeur assez approcher
étoile. On obtiendra la latitude d'un point en de la longitude.
prenant le complémentde la moyenne des distan- Au lieu de ce signal artificiel, on peut faire usage-
ces zénithales <~M'~ m~me étoile en ce point. de signaux naturels tels que les occultations d'é-
Au lieu de faire deux déterminations pour éva- toiles par la lune, les éclipses, particulièrement
luer la latitude, on peut n'en faire qu'une si l'on celles des premiersousatellites de Jupiter par leçons
connalt d'avance la déclinaison Ee' (fig. 3) d'un as- d'ombre projeté par cette planète. Les éclipses de
lune, au contraire, sont peu propres à fournir un
moment précis. Ces phénomènes sont prédits long-
temps à l'avance, et l'heure indiquée est celle de
Paris il ne s'agit que d'observer l'heure de la ma-
nifestation au point dont on veut connaltre la lon-
gitude et de faire la différence des heures.
Très simples en théorie, ces moyens n'offrent
pas dans la pratique toutes les conditions de sécu-
rité le moment précis de la manifestation d'un
phénomène n'est pas chose aisée à constater.
La télégraphie électrique nous a fourni un des.
Fig.3.
a. moyens les plus efficaces d'obtenir un instant
précis identique pour Paris et pour un lieu déter-
tre (c'est ainsi qu'on nomme la distance angulaire miné. On peut admettre qu'un signal envoyé de-
de t étoile à l'équateur céleste). Il suffit, dans ce Paris à Lyon par le télégraphe électrique ne met
cas, de déterminer la distance zénithale Ze' ou Ze pas un temps appréciable pour franchir la distance
de cet astre au moment de son passage. La lati- qui sépare Paris de Lyon. Au moment même où il
tude est, en effet, égale à la somme ou à la diffé- part de Paris, il est à Lyon.
rence de ces deux éléments. H est vrai qu'indépendamment du trajet parcouru
L=d
L= d
-)- si l'étoile passe au sud du zénith. par l'électricité, quelques secondes peuvent s'é-
z, si l'étoile passe au nord du zénith. couler entre l'arrivée de la vibration électrique et
En mer, on détermine la distance zénithale du le mouvement de l'appareil on arrive à en tenir
soleil au moment du passage et on trouve la dé- compte. On ne se contente pas non plus d'invoquer
clinaison du soleil pour chaque jour dans un re- le signai de la première station à la seconde mais
cueil de données astronomiques nommé Con- aussi de la seconde à la première. Ces opérations
naissance des temps. C'est à l'aide d'un appareil sont répétées un grand nombre de fois, après quoi
nommé sextant que les marins déterminent la on prend la moyenne des résultats.
hauteur du soleil dont la distance zénithale est le Dans ces derniers temps MM. Lœwy et Périer, de
complément. l'Institut et du Bureau des longitudes, ont déter-
Ajoutons, en terminant, que dans ces diverses miné les longitudes de Marseille et d'Alger avec
mesures, on tientcomptede laréfraction atmosphé- un degré d'exactitude qui ne laisse rien à désirer.
rique. Il est bon d'observer également que la terre ~o~ot'~M~ et /tt<<<u<M c~e~M. On nomme~
n'est pas rigoureusementsphérique et que la ver- ainsi des arcs qui permettent de nxer la position
ticale d'un lieu diffère légèrement du prolonge- d'une étoile et de tout autre corps céleste, analo-
ment du rayon terrestre en ce lieu. gues à la latitude et à la longitude géographiques
Détermination de la longitude d'un point. mais au lieu de l'équateur, c'est à l'écliptique et
Le soleil dans sa marche apparente passe succes- à un grand cercle passant par les pôles de l'éclip-
sivement au méridien de chacun des points de tique qu'on rapporte les [Félix Sèment.]
t'équateur ou, si l'on préfère, la terre, en tournant LAVIS. t. BUT DU arcs. LAVIS. Le lavis a un
sur elle-même, présente successivement au soleil double but i° Faire sentir les formes planes ou
tous les points de son équateur. arrondies, les parties fuyantes des objets ainsi que
Les MO degrés équatoriaux défilent donc devant leurs positions respectives 2° indiquer la nature
de ces objets. Dans le premier cas, on emploie faible pour les massifs; deux teintes vertes super-
généralement des teintes d'encre de Chine; dans posées pour les arbres isolés, dont une forte du
le second, des teintes diverses, dites conven- côté de l'ombre; ombres projetées par les arbres
tionnelles. en sêpia. Ft-M fond vert clair et touches horizon-
II. CLASSIFICATION DES COULEURS. On admet en tales avec le même vert plus intense. t~Kes
peinture trois couleurs simples ou tons qui, par teinte neutre et ceps à la plume alignés. Terres
leur réunion, forment le blanc le jaune, couleur labourées: teintes diverses, où le jaune domine,
claire et brillante; le rouge, couleur éclatante et appliquées par hachures ou sillons dans le sens
demi-claire, et le bleu, couleur sombre. Le noir de la longueur des parcelles. Rivières teinte
n'est pas une couleur, mais l'absence de toute fondue en bleu de Prusse du côté de l'ombre.
.couleur. Selon que ces tons sont mêlés de noir ou IV. PRÉPARATION ET APPLICATION DES TEINTES.
de blanc, on dit qu'ils sont rabattus ou éclair- Pour préparer une teinte simple, on met quelques
-cis. gouttes d'eau dans un godet et l'on frotte avec un
Si l'on mélange deux tons simples en parties pain de couleur en appuyant sur le godet;
.égales, on obtient un ton composite de premier ajoute ensuite de l'eau en quantité convenableon et
ordre rouge et jaune donnent o'an~e; rouge et on délaie pendant plusieurs minutes avec un pin-
bleu donnent violet; jaune et bleu donnent vert. ceau propre, de manière à obtenir une teinte bien
'Si l'on mélange un ton composite de premier limpide. Quand il s'agit d'une teinte composée,
ordre avec un ton simple, on obtient un composite on prépare séparément, avec tout le soin possible,
-de deuxième ordre. Ex. o?'<M~-)'OM~e, vert. chacune des teintes simples qui doivent la com-
,;aune, etc. Enfin on pourrait obtenir une nouvelle poser, puis l'on fait le mélange.
série de tons composites, tels que ot'a/i~e-roM~- Avant d'appliquer une teinte quelconque, il
rouge, etc. faut l'essayer sur son ~arcfe-MaM ou sur toute
Deux tons sont complémentaires lorsque par autre feuille d'un papier de même nature
!eur mélange ils donnent du blanc ou un gris que celui employé pour le dessin. Celui-ci
simple. D'après cela, si les trois couleurs simples, doit être nettoyé et gommé, au préalable (car
jaune, rouge et bleu, donnent le blanc, il en ré- il ne faut pas penser à donner un seul coup de
sulte que la couleur complémentaire du jaune est gomme sur une teinte), avec la gomme élastique
te violet, c'est-à-dire un mélange de rouge et de ordinaire seulement. On prend ensuite de la
bleu, que la couleur complémentaire du rouge est couleur avec un pinceau de grosseur proportionnée
le vert, et celle du bleu, l'orange. à la surface à laver et toujours rempli, et lave
On trouve rarement les couleurs pures. Elles hardiment de gauche à droite et de haut on en bas,
sont toujours plus ou moins mêlées à un pigment en tenant le dessin incliné et en ayant soin sur- r-
noir, de manière que deux couleurs complémen- tout de faire écouler la teinte par la pointe du
taires donnent du gris noir et non du blanc. pinceau plutôt que par le flanc. Un grand nombre
Voici les couleurs principales employées dans le de taches viennent, en effet, de ce qu'on veut
jaune.)
dessin:
Sepia.)
Ocre
Gomme-gutte.jaunes. 1
obliger la teinte à sortir par le flanc, tandis qu'elle
s'écoule naturellement et sans effort par la pointe
du pinceau.
Carmin.
Vermillon. ¡
rouges.
Lorsqu'on a de grandes teintes à appliquer, il
convient d'humecter d'abord d'eau propre tout
le dessus avec une petite éponge et de commen-
cer le lavis quand la feuille est presque sèche.
brûlée.
Indigo.
Terre de Sienne
Prusse.
Cobalt.
Bleu de i
bleus.
L'eau pure est préférabte à une dissolution d'a-
lun. qui forme une espèce d'enduit. Quelquefois
aussi, pour rendre une couleur délayée plus lim-
pide, on la décante, soit en la versant dans
un
autre godet avec précaution, soit en la versant
Nous avons dit que l'encre de Chine n'était pas dans une petite botte improvisée en fort papier.
une couleur. Il faut avoir soin d'essuyer un chiffon tout
Jtl. TEINTES CONVENTIONNELLES. NOUS allons bâton de couleur ou d encre avec de Chine qui vient
indiquer la composition des teintes employées d'être employé, pour éviter que cotte couleur
dans l'industrie des machines, notamment à l'u- fendille et s'émiette se
en petits morceaux.
sine Cail à Paris. On y verra ngurer des tons Dans un dessin à effet, lavé et ombré, on doit
composites préparés directement par l'industrie opérer dans l'ordre suivant 1° appliquer
une
pour éviter le mélange toujours difficile des tons teinte d'ébauche à l'encre de Chine, d'un gris-
simples. foncé, toutes les portions dans l'ombre pro-
Fonte: teinte neutre. Fer bleu de Prusse. pre 2°sur faire les lavis des ombres propres, le mo-
~cï~t- teinte neutre et un peu de carmin. Bronze: delé des parties arrondies, soit en dégradé, c'est-
terre de Sienne brûlée. Cuivre jaune gomme- à-dire au moyen de teintes plates superposées,
gutte. CM!f)-e
)'oM~c carmin. Plomb, zinc et d'inégale intensité, soit en <c:e fondue, c'est-à-
étain: bleu de Prusse très clair. CA~e; fond clair dire étendue d'eau et diminuant peu à peu d'in-
en sépia et veines foncées de même couleur. tensité 3" faire le lavis des
ombres portées, d'a-
Sapin: fond clair et veines en terre de Sienne bord sur les surfaces planes, puis sur les surfaces
'brûlée. Cuir et caoutchouc sépia claire. Mastic de courbes; 4° appliquer les teintes conventionnelles.
/bf~e.' sépia claire et points à la plume en sépia Il convient, dans le dégradé en général, à l'en-
foncée. Pierre de taille terre de Sienne cre de Chine ou en une teinte quelconque, de
relle. ~afo?!M<')-e.-carmin très clair. Briquenatu-
or-commencer par les tons les plus foncés et d'étendre
dinaire brun rouge. Brique ?-)-HC~:re terre d'eau de plus en plus pour arriver aux tons clairs.
de Sienne naturelle et un peu de brun rouge. La méthode inverse, qui consiste à commencer
Béton carmin clair avec points à la plume. Terre:
badigeon da sépia. Ballast fond clair en terre par les tons clairs et à les renforcer, présente
plus d incertitude et de difficulté. Dans les deux
de Sienne brûlée et points de mémo couleur cas, il faut avoir soin de ~Mpc'po~er les teintes, et
foncée.
non pas les juxtaposer. On évite ainsi un bour-
Voici maintenant, pour la topographie, quelques relet de taches qui se produit infailliblement
teintes conventionnelles adoptées à l'Ecole cen- entre les teintes juxtaposées.
trale des arts et manufactures V. CONVENTION POUR LE HYIS A L'ENCRE DE CHtKE.
Bois fond de terre de Sienne brûlée et de vert Le lavis à l'encre de Chine étant de beaucoup
le plus employé, non seulement dans les ombres, milieu de l'atmosphère,à l'abri des reflets du sol
mais encore à la place des teintes conventionnel- et des corps environnants, Us recevraient encore
les, aussi bien en architecture qu'en mécanique. des reflets de l'atmosphère;car l'air a la propriété
nous allons donner les principales conventions de rénéchir la lumière t la manière des corps
qui s'y rapportent. opaques. Sans cela, le passage du Jour t la nuit
)° pMMd une surface plane Mf~ara/M~e à un ou de la
ni
nuit
crépuscule
au jour
ni
serait subit et il n'y aurait
de.< pM?n de p)'o/ec«OM et se trouve <n<<eretHei!f «M< ofc.
éclairée, elle dott recevoir une teinte plate, claire Voici maintenant une expérience qui permet
et uniforme, daM toute son étendue. d'apprécier les intensités diverses de ces rayons
2° UMaMd une surface plane M< oblique à un indirects ou de reflets.
pfati de projection et se trouve m~terement éclai- Lorsqu'on regarde le ciel avec une lunette dont
rée, elle doit recevoir une teinte claire, dégradée, l'objectif est remplacé par un verre dépoli, l'éclat
dons /f<çue~e la partie la plus éloignée de l'obser- maximum de ce verre a lieu quand on fixe le
vateur est la mo'tM claire. soleil. Si la direction s'en éloigne, 1 éclat diminue
On admet avec raison que la quantité de lu- très rapidement et, pour un angle de 30*, il est
mière envoyée dans t'œil d'un observateur par environ quatre fois plus faible que pour un angle
un objet éclairé diminue avec l'éloignement de de 3*. Cet éc!at passe par un minimum qui répond
cet objet, bien qu'il soit également éclairé dans environ à un angle de 90', augmente ensuite fai-
toutes ses parties. A dire vrai, cette différence blement et repasse par un maximum relatif pour
d'intensité est inappréciable dans la plupart des un écart de Ï80", c'est-à-dire pour le point directe-
cas où l'on prend le soleil pour source lumineuse, ment opposé au soleil. Les choses se passent donc
mais il convient de l'accentuer afin de mieux faire comme si les objets étaient éclairés par deux so-
sentir le relief des objets. leils, l'un qui envoie des rayons directs intenses,
3° Une surface plane A-/an'<e est d'aula plus l'autre, des rayons indirects beaucoup plus faibles.
brillante et doit ~e en teinte d'autant plus claire t° Les surfaces situées dans l'ombre po."<M par
qu'elle se rapproche plus de la position perpendi- d'autres surfaces doivent dire en teintes d'autant
culaire au rayon lumineux. plus foncées qu'elles seraient elles-mdmes plus
On sait que le rayon lumineux adopté par les éclairées s'il n y avait pas <<'om&'< portée.
dessinateurssuit la direction de la diagonale d'un D'après cette loi, le dégradé du lavis sur les
cube qui va de haut en bas, d'avant en arrière et surfaces courbes dans les ombres portées est in-
de gauche à droite (V. Omt''M). verse du dégradé ordinaire dont il a été question,
4° Quand une tMr/hee plane est oblique à un et doit être superposé à ce dernier.
des p/anj de projection et se trouve e?!<!et'<me)t< 8° Sur toute ar~e saillante qui <e;'MMe deux
dans fo~ttre, elle doit recevoir une teinte foncée également éclairées, l'une visible et l'autre
!Kft~t&/cpOM!' ~e m~Me ooM''t)a<Ct<t', il est K<ce~a!)'c
deyrad~e, dans laquelle la partie la plus éloignée
de /'o<<M~uf est la moins foncée. de tM~ta~er un filet clair très étroit MOH'Md filet
On admet, en effet, et l'expérience le prouve, de lumière, pourvu que /'MM< des surfaces au
que l'ombre s'affaiblit en s'éloignant, qu'elle est moins soit plane ou qu'elles le soient toutes les
atténuée par des reflets de lumière venant du sol, deux.
des objets environnants et de l'atmosphère. est la contre-partie du <)'a:<
Ce filet de lumière
5° (/M<Md! deux surfaces planes sont parallèles c!? force dans les dessins non lavés. 11 doit suivre
et ec/a~ee~, celle qui se trouve la plus proche du les intensités des teintes auxquelles il appartient
spectateurreçoit une teinte plus faible que fat~re. il reste blanc si la teinte qu'il accompagne est
Si ces surfaces sont dans foM&?'?, c'est la p/Ms' assez faible mais il doit être un peu teinté dans
éloignée qui doit recevoir la teinte la plus faible. le cas contraire.
Cela résulte évidemment de la deuxième et de la 9° Sur toute a;e saillante qui termine deux
quatrième lois. surfaces dans l'ombre, l'une visible, l'autre invisi-
Tout ce qui vient d'être dit s'applique aux sur- ble, on m~aac aussi un filet étroit en teinte fai-
faces courbes, que .l'on peut considérer comme ble, appelé reflet, pourvu que l'une des surfaces
formées d'un grand nombre de faces planes de soit plane ou qu'elles le soient toutes les deux.
petites dimensions. Par conséquent, dans une Ce filet est du à la lumière rénéchie par les
sphère, par exemple, on distinguera une portion objets environnants. Si le dessin était simplement
brillante, puis une série de tranches de plus en au trait, sans lavis ni ombre, on mettrait un trait
plus sombres par suite do leur inclinaison de de force à la place de ce reflet.
plus en plus grande par rapport aux rayons lu- )0° Le contour des ombres portées d'une certaine
mineux, et enfln une zone sombre suivant laquelle étendue doit toujours dire terminé par une to?'-
ces rayons rasent la sphère et qui limite la partie dure en teinte plus faible représentant la pé-
éclairée. Au delà de cette zone, il n'y a plus que nombre.
de l'ombre; elle est la séparation de l'ombre et Cette bordure est généralement étroite mais,
de la lumière. à la rigueur, sa largeur devrait être proportionnée
6" Dans la partie ombrée des surfaces courbes, à l'éloignement de l'objet qui porte ombre. On
la teinte d'ombre doit diminuer d'intensité à l'obtient en lavant l'ombre en deux teintes super-
partir de la ligne de séparation d'ombre et de posées de manière que la seconde n'atteigne pas
/Mmte~ey!M~M'aM.B points qui se trouvent direc~e- tout à fait les limites de la première.
ment opposés aux rayons lumineux. Telles sont les lois fondamentales du lavis à
C'est d'après cette loi que se fait le dégradé l'encre de Chine. [A. Bougueret.]
dans la partie ombrée du cylindre, du cône et de LEÇONS DE CHOSES. Les leçons de cho-
la sphère. ses, application de la méthode intuitive aux con-
En effet, dit M. Pillet, si la lumière solaire était naissances de l'ordre sensible, sont la continuation
unique, si elle ne donnait pas lieu à des reflets, raisonnée, dans la salle d'asile ou l'école en-
tous les points dans l'ombre seraient absolument fantine, du premier enseignement donné par la
noirs. Or, il n'en est rien ces points sont dans mère. Suivant d'instinct l'ordre même de la na-
des demi-teintes d'éclat variable les ombres sont ture, la mère nomme et fait répéter à l'enfant les
éclairées par dos rayons indirects que nous nom- objets ou les personnes que les détails réguliers
merons rayons de reflets, dus à la masse d'air envi- de la vie de famille, et de ce monde qui com-
ronnante, au sol ou aux objets voisins. mence à la fenêtre, ramènent chaque jour sous ses
En admettant même que les objets que 'nous yeux; elle lui apprend à en distinguer le nombre,
presentons soient, comme des aérostats, isolés au la forme, la couleur, les propriétés, les usages ou
les emplois et elle débrouille ainsi, en se jouant, point convenable les leçons suivies dont ils on
les premiers éléments de la pensée et de la pa- besoin.
role. Rien de pareil n'est encore établi dans l'asile,
Malheureusement on ne se doute point assez où cette organisation rendrait des services analo-
des innombrables et sérieuses difficultés que pré- gues. Depuis le mois d'octobre t879, nous l'avons
sente la continuation de cet enseignement, si introduite à titre d'essai dans deux salles d'asile
humble à son début. On a l'air de dire ou de du !&' arrondissementde Paris, dont les directri-
penser vaguement La mère était si ignorante, si ces, par leur intelligentdévouement, noua offraient
étrangère aux questions de méthode, et elle n'a- toute garantie.
vait pas, comme moi, le certificat d'aptitude Sa Rattacher la leçon de choses, le dessin, la leçon
succession n'a donc rien d'effrayant. morale, les jeux et les chants, de manière que
Eh bien, en réalité, il n'y a rien de plus diffi- l'unité d'impression de ces diverses formes d'en-
cile. D'abord il faut beaucoup et bien savoir pour seignement laisse une trace plus durable dans
donner des détails sûrs et précis, non pas avec l'esprit et le cœur des enfants;
des termes scientifiques, mais en langage exact et Régler enfin l'ordre des leçons par l'ordre même
sérieux dans sa familiarité, sur le moindre fait des saisons, afin que la nature nous fournisse les
qu'on prétend expliquer pour satisfaire la naïve objets de ces leçons et que l'enfant contracte ainsi
curiosité d'un petit enfant. l'habitude d'observer, de comparer et de juger
Aussi, que de mots vides et incompris dans ces Telle est la double idée générale de ce nouveau
prétenduesleçons de choses, quand ce ne sont pas programme, qui n'a d'autre prétention que d'in-
des erreurs et des préjugés 1 Là est surtout la diquer à grands traits une direction naturelle et
cause grave de la faiblesse générale de ce genre de donner quelques indications pratiques pour la
d'exercices. On ne sait pas en réalité; on n'a ja- suivre.
mais feuilleté le grand livre de la nature pour y Il est divisé mois par mois, réduit à des plans
apprendre à observer simplement des faits inté- sommaires, où des mots rangés autour d'un mot
ressants qui nous crèvent les yeux, comme on principal sont autant de sujets pour des leçons
dit. Mais, grâce aux petits manuels des hommes, d'ensemble et de détail; pour les dessins, ont
on s'est farci la mémoire de quelques définitions, fera bien de se servir d'abord de ceux qu'a em-
de quelques classifications, de quelques termes ployés M. Pellissier, dans la Gymnastique de l'es-
scientifiques qui semblent faire bon effet. p7-:<. Il ne faut pas s'attacher à l'exécution des
Un second défaut, non moins grave au fond et détails, avant que l'élève ait bien compris l'en-
qui nous préoccupe surtout dans cet article, c'est semble et les principales divisions de l'objet. Nous
le manque de proj~OMMe, l'absence de direc- donnons aussi, àtitre d'exemple, une ou deux stro-
tion. phes plus spécialementrelatives au sujet traité j avec
Dans nos écoles pourvues d'une organisation l'indication de la source. Les paroles doivent être
pédagogique, un programme largement tracé règle lues, expliquées rapidement, comme vérification
mois par mois, avec beaucoup de sûreté, pour de la leçon, et chantées ensuite.
chaque matière d'enseignement, les principales Enfin, quant aux histoires morales, que notre
questions a traiter. C'est un guide et un stimu- personnel ne sera pas embarrassé de trouver ou
lant pour tout le monde, sans être une gêne au- d'imaginer, nous nous bornons à quelques re-
trement que pour la paresse, le caprice, l'impré- commandations qu'elles soient courtes, abondan-
voyance. Aucune partie des cours n'est ainsi tes en détails bien choisis, vives et animées que
négligée, et malgré les fréquents déménagements, les personnages y parlent et que la maltresse ne les
les élèves ont la possibilité de trouver partout au interrompepas par d'ennuyeux et inutiles sermons.
PROGRAMME DE LEÇONS DE CHOSES
OCTOBRE.
Leçons de choses. Dessin.
La vendange. Vigne, raisin, vin cuve, ton- Grappe de raisin, feuille de vigne, pressoir~
neau, bouteille, verre, bouchons, litre; Bourgogne, cuve, tonneau, bouteille, verre, entonnoir, litre.
Bordeaux, Champagne; pommes, cidre, Norman-
die houblon, bière, Flandre, Alsace.
Chants et Jeux,
L'AUTOMNE. Que la chaleur de ton vin
Réchauffe tout le monde.
enfant.
Tous.
Ouvrez-moi, pan, pan, pan.
Pan, pan, ouvrez-moi donc, Gué, chantons, gué, chantons,
Car j'apporte en passant, Dansons en toutes saisons.
Des fleurs et du gazon. (Z'~Mcatton nouvelle de M. Deibmck, 3~ ser.
ZeeA<BM~.
LE TONNELIER.
Dis-nous donc, la bette.
Comment l'on t'appelé ? Nous menons, alors que l'automne
A fait mûrir le doux raisin
.Z/eM/~M~. C'est nous qm fabriquonsla tonne,
Je suis,enfants,, Et la cuve ou Fon fait le vin.
L'automne aux raisins noirs et blancs. Tonneau,foudre,oarrit;ue,
Qu'on voit dans le cellier,
ZecAo?ur. Sortent de la noutique.
Belle saison du raisin, Du joyeux tonue!]er.
Entre dans notre ronde (~MM~OK nouvelle, 4'séiie.;
NOVEMBRE.
Leçons de choses. 11 Dessin.
Le labourage. Charrue, herse. Soc de charrue, herse.
~'f'c<a:o~e. Chandelle, bougie, lampe, gaz,
-az 1 Chandelier, bougeoir, lampe, bec de gaz, phare.
phare,auroreboréale.
Chants et Jeux.
LE LABOUR. Befrain.
Gué, gué, bons paysans,
four M nourrir, il faut du eain;¡ Le monde a faim du courage, à l'ouvrage!
Gais laboureurs, dès le matm Gué, gué, bons paysans,
Nom allons préparer la terre Vivent les bmub, ta charrue et les champs.
Voici Novembre, dépêchons.
Bonjour, traçai] adieu, misère, LM SEMAILLES.
Et Dieu bénira nos sillons (bis). Nom <en)en<fjtous semon),
Hue, oh mes bœuh, le long du champ (ttt), Amis, prenons patience.
Tirez droit la charrue, Ion la Ion la Ion li re la Nous semons nous semons,
Tiret droit la charrue, Ion la. Ptus lard. nous reoMe!Herom.
(M°" Pape-Carpautier,Jeux ~mmM<t'~aM./
'un.
DÉCEMBRE.
Leçona de ohoeea. Dessin.
Le chauffage. Froid, neige, glace, avalanche, Patin, tratneau, thermomètre, poMe, cheminée,
fuisse. Alpes, patins, traîneaux, Rusaie, renne, soufflet, pelle, pincette, pompe à incendie.
Laponie; thermomètre, poêle, cheminée, bois,
-charbon~ mines, allumettes; engelure, rhumes,
brûlure; incendie, pompiers le foyer, la famille..
Chants et Jeux.
LE PETIT RAMONEUR LEFEO.
Z-'eM/aH~. Quand le triste hiver ramène
Pou rquoi,petHe mère, Laneige et la longue nuit,
Dejàm'éveillez-vous? Y Nous oublions notre peine
A ma faible paupière Auprès du foyer qui luit.
Le sommeil est st doux.
La mère.
Refrain.
Mon fils. l'aube est venue Le feu, le feu
Du jour le travail est la loi. Nouarendtousbeureux,
Et dès longtemps, là, dans la rue, Nous rend tout joyeux,
D'un enfant petit comme toi ViTelefeut1
Entends-tula voix bien connue 1
Quand le soir étend son ombre,
Le ramoneur. Il apporte à nos côtés,
Ah 1 ramona, ramona, ramona Pour distinguer la nuit sombre,
La chemina du haut en bas. MiUe brillantes dartés. Refrain.
CAù~r. Pour éviter les ravages
Puisqu'il travaille, Que le feu cause en tout lieu,
Au petit ramoneur U faut craindre, à tous les âges,
Rendons honneur1 De jouer avec le feu. Refrain.
Et que le paresseux (~dt«:a<t0)tncw~2'serii'.j
Honteux
Sur son lit dorme et battle.
(M' Pape Carpantier, Jeux ~ymntM~MCt.~
JANVIER.
Leçons de choses. Dessin.
Nouvelle année. Mouvement de la terre au- Sphère.
-tour du soleil; compliments, étrennes, charité, Tirelire.
orange, marrons, Afrique, Espagne, Italie; chô- Ciseaux, mètre à ruban.
mage, caisse d'épargne.
L'habillement. Fourrures, couvertures, édre-
dons, laine, coton, draps, flanelle; filage, tissage,
~inture aiguille, épingle, ciseaux, mètre à ruban.
Chants et Jeux.
L'HIVER.
PaeM/Oa<. SOUHAITS DE BONNE ANNBÉ.
Outrez-moi,pan,pan, pan, Refrain.
Pan, pan, ouvrez-moidonc.
Je n'apporte pourtant Bon travail, boiine année
Que neige et que glaçon. A nos petits amis1
Henreuse destinée)
ZccAf~ur. C'est l'avenir promis.
Dis, saison nouvelle,
Comment l'on t'appelle. Le travail est le père
Detouabieusici-bas:
L'enfant. L'homme perdrait la terre
Je suis, enfanta, S'il ne travaillait pas.
L'hirer, saison du mauvais tempe. La science féconde
Aux enfants travailleurs
Le cA<BMf. Donne la terre et t'cnde,
t
Qu'importe Comme tes aoeurt
Entre dans notreronde.
Et le ciel et les fleurs.
Car du sein de tes rigueurs
t"
j~'j~duca~t'OMnoMup~Pj s(;[-;c~
La terre sort féconde.
e. tES PETITES TRICOTEUSES.
Tous.
Gué, chantées, gné, dansons, (Delcasso, Recueil de ntorMNtM: de chant.)
Dansons en toutes saisons.
(Z,MM<f<m 'iOMoeHt. 3* série.)
FÉVRIER.
Levons de choses. I Dessin.
Le corps humain. Principaux organes; sens. Cœur, poumon, estomac.
L'alimentation. Mets et boissons; boulanger, Fourneau, casserole, poêle, chaudron, marmite,
boucher, fruitier faim, appétit, indigestion méde- bouilloire, gril.
cin.
Chants ef
et Jeux.
T.a~
LA GYMNASTIQUE. Le beau pain blanc que nous mangeons,
Protectrice de la faiblesse Ton ton ton taine ton ton.
Et délassement pour le fort, Nous pourrons avoir des brioches
De la santé, de la sagesse,
Tu donnes le fécond trésor. Et des gâteaux que nous aimons,
Ton ton, etc.
Re frain. Et nous pourrons remplir nos poches
Puissante gymnastique aux effets salutaires, De biscuits et de macarons,
Rien ne peut remplacer tes utiles leçons (bis). Ton ton, etc.
(Laisné, Recueil de chants spéciaux.) Pauvres enfants qu'on abandonne
LE PAIN. Et qui n'avez pas de moissons,
Ton ton, etc.
Quand la farine sera faite Heureux des biens que Dieu nous donne,
Au mitron nous la porterons, Avec vous nous partagerons,
Ton ton ton ton ton taine ton ton Ton ton, etc.
Pour qu'il pétrisse et nous apprête (Z/Mea<tM HOiftjf~.)
MARS.
Leçonsde choses. Dessin.
L'habitation. Beis, pierre, fer, briques, ar- Maison, fenêtre, porte; table, lit, chaise, ar-
doise, plâtre, chaux; tuile, chaume, zinc; diverses moire, commode; mur, rangées de pierres de taille.
industries du bâtiment. de briques; plan d'une maison, charpente; mar-
Les abeilles. Ruche, cellules, cire, miel. teau, scie, tenaille, équerre, compas, fil à plomb,
~augetjtrueMe.
Chants et Jeux.
LES PETITS ODYRIEt'.S. LA RONDE DES ABEILLES.
Refrain. Rr frain.
Bien travailler,
C'est s'amuser, Suivez les prés, suivez les champs,
Faisons la guerre à la paresse. Votez, blondes abeilles;
Laborieux, Autour de vous l'heureux printemps
On est heureux. Etale ses merveilles.
Le talent
Vaut mieux que l'argent. Couplet.
Cueillez le miel, et montrez-nous,
Menuisiers,refendons nos ptanchcs, Montrez à qui Nous aime
Men!nsie['s,poussonslerabot, 18
Que du travail les fruits sont doux
Pch, pch, etc. Re frain.
Autant que le mLelmème.
Serruriers, limons nos serrures,
Serruriers, battons le fer chaud, ( bis
Pan, pan, etc. Refrain.
(M"* Pape-Carpantier, Jeux ~ym!i<H/M!')!
AVRIL.
Leçons de choses. Dessin.
La ce;y~<MM. – Graine, racines, tige, fleurs, etc. Fleurs, feuilles, haricot.
Les M!Ws d'oiseaux. Services que nous rendent
les oiseaux, chenilles, insectes, hannetons; vers à
soie.
Chants et Jeux.
LE PRINTEMPS. CAcBMr.
Ehb!eD!entre,gaiprmtemps,
~:M/!t~. Entre dans notreronde,
Ouvrez-moi, pan, pan, pan. Et de tes bouquets charmants
Pan, pan, ouvrez-moidouc, Fais don à tout le monde.
Ca.t'j'apporteenpassa.at
Desiicursetdugazon. Tous.
CAœ~r.
Gué,chantons, gué,dMsens,j,.
Dansons en toutes saisons, )"
~s
(L'Éducation nouvelle, 3* série.]
Dis-nous donc, la belle,
Comment i'oa t'appclle.
LEVER A SOIE.
L'en fant.
~eeAœMr.
Je suis, enfants, Pauvre petit ver à soie,
La saison du joyeux prmtcmps. Dei'œufsortifaiMeetnu,
2<'PARTIE.
Dis-nous, petit ver à soie, Je file,' je Ste,je file
Pour te nourrir que teui-tu? Mon jou cocon blanc.
Z< ver. Z<eA<eto'.
Donnet-moisur ma couchelte Dis eneor, 6 rer à soie,
La feuille au duvet brillant D)UM ton travail <ti!)pM'U,
Cueillette, cueillette, cueillette, Dis encore, 6 rer à <oie.
J'aime le mûrier blanc. Ainsi etcM que fais-tu?
Le eAœMr. Le ver.
Te voilà grand, ver à soie,
Bien long, bien fort, bien venu. Je me change en chrysalide,
Dis-nous, o grand var à soie, Profitez-en, c'est l'instant
A présent que cherches-tu? Dé~ide.dé~ide,déride
mon joli cocon blanc.
~e ver. (H** fape.Ctrpantier, yot-c ~tnM<<<}«M.)
Laisses-moieeul et tranquille,
Travailler tout doucement.
MAI.
Chanta et Jeux.
VIVE L'EAU I Et ces eaux dans nos campagne
Coulent en jolis ruisseaux.
Refrain. (L'Education nouvelle, t" série.)
Yherean,~Wel'eau
Qui rafraiehit et rend propre,
Vive t'MLU,Vue l'eau, LES BODMEOMDE PROVBNCE.
Qui nous lare et nous rend beau.
Les bourgeois de Provence
L Et eem du Dauphiné
Elle retombe en rosée S'en vont tar la Durance
Sur les Beurt tous les matins, Pour apprettdre à voguer.
Et par l'homme utHnée Et vogue ma nacelle,
Ftit tourner de gais moulins. 0 dom léphyr
Seis-mei fidèle,
Et vogue ma nacelle,
Les grtmtb bois sur la montagne
Det'furattireNUeseaM,
Nous toucherons le port.
Ba.ha.ha.ha. )')
JUIN.
SEPTEMBRE.
Leçons de choses. Dessin.
La chasse. Chevreuil, cerf, sanglier, loup, Corde chasse, carnassière, fusil.
Tcnard, lièvre, lapin, perdrix, alouette, caille fu-
~ils.fUets,pièges.
L'; du t!a~<?. Foire, boutique, feu d'ar- Monnaies.
tifice, poudre; guerre, commerce, monnaie.
Chants et Jeux,
LEHENARD. LES QCAT* SOUS DU PETIT NICOLE.
1. Maman m'a donné quat' sous,
Renard, tu viens de me prendre Pourm'amuserata foire;
,Mon coq si gentil (bis). C'est pas pour mander ni boire,
Vite, vite, il
faut lerendre C'est pour m' régaler de joujoux, etc.
Ougarea.u.fusit(6~). (F. Bér.t.)
2
Vois, mon chien jappe et s'apprête: LtFÉTEMHAMEAO.
ïtctuls~iteou sinon (bis)
DeuxbaileaYoutd~nsta-t~te
JK'enrt'ndre raison (bis).
(Delcasso, ~ccttc~ de morceaux de c~<x~)
Voici quelques pages de madame Pape-Carpan- vous, enfants, elle ne peut encore donner de,
tier qui nous paraissent donner une juste idée de fruits. Il faut que cette herbe grandisse, qu'elle
la leçon de choses. Elles sont extraites d'une con- devienne du blé mûr pour pouvoir produire la.
férence que l'éminente directrice du Cours prati- graine qui contient la farine. Et quand elle est~
que a faite à la Sorbonne aux instituteurs venus à devenue grande, voici ce qu'elle est
Parie pour l'Exposition universelle de 186?. De là (M" Pape montre une petite gerbe de beau froment
tes recommandations et les conseils qui ne trou- mûr.)
veraient pas place dans une leçon faite à des en-
fants, mais que nous croyons utile de recueillir Voilà la plante grande, belle, parfaite et fé-
dans cet article. conde 1 Elle ne ressemble guère à cette pauvre
« Le plaisir de la surprise est très grand dans
petite poignée d'herbe que je vous montrais tout
l'enfant. Il est proportionnel au désir de connaltre. à l'heure. Mais un tout petit enfant blanc et rose
Il faut savoir profiter de cette ardeur, et la mé- ne ressemble pas non plus à un homme fait,
nager avec art, de manière à concentrer sur la barbu, dont les bras sont robustes. La petite
leçon tout l'intérêt et toute l'attention que la na- plante n'a donc autre chose à faire que de gran-
ture de l'enfant comporte. dir, bien droite devenue grande, elle produira
Cet art n'exige ni complication, ni recherche. naturellement, et sans effort, ces beaux épis dans.
Les mères le trouvent dès la naissance de leur lesquels sont renfermés les grains avec lesquels,
enfant, preuve que rien n'est plus simple, plus on fait la farine et le pain
naturel que cet art-là. Il consiste simplement à Mais comment et où sème-t-on le blé ? Dans les
aimer, et à désirer faire plaisir à ceux qu'on aime. jardins? Non, certainement. Il y en aurait trop-
Et il est si doux d'aimer les enfants 1 et si facile peu pour nourrir tout le inonde, car tout le monde
de leur être agréable ) Ils se laissent si aisément ou à peu près. tout le monde mange du pain.
charmer, et entralner là où l'on veut les conduire Il faut semer le blé dans les champs. Mais alors
Si donc on montre aux enfants une corbeille comme comment travaille-t-on la terre! Comment ouvre-
celle-ci, t-on le sein de la terre pour y déposer la se-
mence ?7
(M" Pape ouvre une caisse et en tire une éMgante pe- On l'ouvre avec un grand couteau. Oh ce n'est
tite corbeille tressée.)
pas un couteau de table, bien sûr c'eat un cou-
et qu'on leur dise J'ai là-dedans une chose teau fait exprès pour labourer les champs. Le
très précieuse, l'une des plus précieuses qu'il y ait voici on l'appelle une charrue.
sur la terre un véritable trésor Devinez! (M"' Pape montre une petite charrue sans roues nf
Les enfants intrigués, et les yeux avidement accessoires.)
fixés sur la corbeille, nommeront tout ce qu'ils
savent de plus beau De l'argent? de l'or ? des bi- On fait voir et distinguer à l'enfant les diffé-
joux ? des diamants? Mieux que tout cela rentes parties de cet instrument, on les lui
Alors l'institutrice, la mère qui joue avec ses nomme; on lui explique comment le soc de la
enfants, ouvre son petit panier et leur montre. charrue enfoncé dans le sein de la terre y trace
ceci un sillon en la rejetant à droite et à gauche.
Mais comment parvenir à labourer les champs?
(M*" pape, ayant ouvert la corbeille, en tire un morceau Elle
de pain 1)
est bien dure, la terre Les forces de l'homme
n'y suffiront pas.
Qu'y a-t-il sur la terre de plus précieux que le Comment? Dieu ne nous a-t-il pas donné des
pain ? Le pain qui nourrit le corps de l'homme, amis pour nous aider? Les bons amis que voici:
son serviteur obéissant, l'instrument docile de sa (M~e pape présente une paire de petits chevaux atteles-
volonté, de son âme que sont l'or et l'argent à à un avaut-train sur lequel elle pose l'arbre de la
coté du pain ? Rappelez-vous l'histoire de ce roi charrue.)
de la fable, Midas qui, ayant obtenu que tout ce
qu'il toucherait fût changé en or, vit tous ses ali- Oui, les voilà, ces amis vaillants et dociles, qui,
ments se transformer en cet indigeste métal, et prêtant leur force à l'homme, labourent pour lui,
faillit périr de faim au milieu de ses richesses. tirant à eux seuls non seulement le poids de la
Voici donc du pain. Mais comment et avec quoi charrue, mais le poids de la terre sèche qu'il faut
se tait le pain? Avec quoi ? Eh bien 1 Il se fait avec ouvrir profondément. Et ces amis, que Dieu nous
cette chose que voici a donnés, non seulement sont plus forts que les-
hommes, mais ils sont plus dociles et moiss exi-
(M** Pape montre un petit sac de farine). geants. Ils ne demandent pour prix de leurs efforts,.
C'est une poudre blanche. Mais toutes les pou- parfois bien pénibles, qu'un peu de paille ou de
dres blanches ne sont pas bonnes à faire le pain. foin, une poignée d avoine, des soins réguliers et
de la douceur, c'est-à-dire ce qui est de la plus
)M°" Pape montre nn antre petit sac semblable au premier.) stricte justice.
Celle-ci, par exemple, sert à faire des maisons. Aussi je pense que nous devons bien les aimer,
L'une est de la farine, l'autre est du plâtre. Le ces généreux et fidèles amis; que nous ne les
plâtre, si on en mangeait, ne pourrait que donner frappons jamais, que nous ne les maltraitons pas,
la mort! Combien donc il est essentiel de ne que nous ne les surchargeons pas. Car si nous
pas confondre les choses qu'on emploie! de ne leur donnions une tache au-dessus de leurs forces,
pas prendre le plâtre pour la farine 1 le poison nous serions des insensés. Nous épuiserions ces
pour la nourriture 1 le mal pour le bien1 forces précieuses que Dieu a mises à notre ser-
Mais où trouve-t-on cette farine? Qui est-ce vice. Et si nous frappions les animaux, si nous les
qui la donne? D'où provient-elle? Elle provient maltraitions, nous serions plus que des insensés.
d'une plante qu'on nomme le blé. Et cette plante, nous serions des ingrats) e»
la voici (Conférences pédagogiques faites à la Sorbonne
(M** Pape présente une poignée d'herbe verte.) en H67. 2°" partie, p. ~-M.)
Comment1 diront les enfants, c'est cela qui pro- Voilà bien le programme et l'esquisse d'une le-
cure de la farine? Où donc est-elle cachée? Nous çon de choses qui serait assurément charmante.
ne la voyons pas. La seule critique sérieuse que nous serions tenté
En etïet, répondrez-vous, il n'y a pas de farine de faire, c'est que les enfants y sont trop sim-
là dedans. Ceci c'est la plante enfant, et comme plement d'heureux spectateurs, et qu'ils gagne-
raient à être plus intimement associés à l'œuvre d'ailleurs dans la leçon proprement dite de lec-
de la maltresse, à être interrogés chemin faisant, ture et d'écriture simultanées.
et mis, au besoin, en présence de quelque diffi- La lecture et l'écriture se tiennent et se com-
culté à résoudre. Pour n'en citer qu'un exemple, plètent, « comme les deux faces d'une médaille ».
supposez qu'au moment de chercher la poudre Toutefois, si, théoriquement, l'on suppose que
blanche nécessaire à faire le pain, Mme Pape- l'une a précédé l'autre, c'est l'écriture qui du
Carpantier retrouve ces divers sacs avec les éti- venir la première. <' On ne peut évidemmenta pas
quettes bouleversées et qu'elle appelle les enfants lire ce qui n'a pas été écrit. Ce que les hommes
à la tirer d'embarras 1 L'instruction sera bien ont dû inventer, c'est donc l'écriture, le signe
plus utilement et agréablement conquise par la visible de la parole la lecture s'ensuivait néces-
classe, si les plus attentifs et les plus sages des sairement. »
petits auditeurs sont admis à venir toucher les Mais l'écriture est dessin à tout le moins.
deux poudres et à donner leur avis, et si l'enquête elle procède du dessinun et elle s'y rattache. L'en-
amène promptement cette triomphante conclu- fant, à qui l'on veut apprendre à écrire,
sion sera
donc préparé à cet enseignement par quelques
Oui, prenez celle-ci, madame, nous la reconnais- exercices préliminaires de dessin. Et de la façon
sons à sa douceur, nos mamans s'en servent pour la plus simple.
faire de bons gâteaux: c'est de la farine! Aht Le maître marque un point sur le tableau
mais ne prenez pas de celle-là, madame, elle est noir, et dit « Ceci est un point. » Il fait répéter
dure; les maçons l'emploient pour bâtir c'est du la phrase par quelques enfants isolément, puis à
piâtre toute la classe, en chœur. Il pose un second
Ces leçons de choses nécessitent évidemment point au-dessous du premier, et dit K Ceci est
ta formation d'une petite collection d'objets, qu'il « encore un point N (répétitions individuelles et en
est plus facile et moins coûteux qu'on ne pense chœur). Le mattre montre les deux points, et dit
de réunir progressivement,à condition de ne per- <' Voici un point en haut et un point en bas. »
dre aucune occasion de l'enrichir, à condition de (c Les élèves apprennent ensuite à distinguer
préparer avec soin chaque leçon. Les familles des de la même façon la droite de la gauche; puis,
enfants se feront un plaisir, sur l'indication de tant à droite qu'à gauche, un point supérieur et
la directrice de salle d'asile, de donner quelques un point inférieur, ce qui produit la figure que
échantillons des produits spéciaux de leur travail. voici
Les noms des donateurs seront inscrits sur les
objets. Il y a là une mine très riche à peu près
inexplorée jusqu'ici. Nous la signalons tout parti-
culièrementau zèle intelligentdu personnel chargé
de l'éducation de la première enfance. V. Mu- « Le maitre trace alors une ligne entre un
-sées scolaires dans.la Ire PARTIE. point supérieur et celui qui est verticalementau-
[Félix Cadet.1 dessous, et dit: «Ce trait que je trace est une
LECTURE. – C'est dans 1'~ PARTIE du Dic- « ligne. Cette ligne qui va de bas en haut s'ap-
tionnaire qu'il convient de chercher ce qui con- « pelle une ligne verticale. » On grave dans la
cerne la légitimité et l'importance de la lecture mémoire des enfants le sens de ce mot, en mon-
comme matière du programme de l'instruction lignes trant des objets offrant dans leur construction des
primaire, les qualités que doit présenterune bonne verticales. Puis les enfants marquent sur
méthode de lecture, les rapports de la lecture leurs ardoises deux points, l'un au-dessous de
-avec les autres matières du programme, l'histo- l'autre, et les réunissent par une ligne. Pendant
rique de l'enseignement de la lecture, etc. que le maître se consacre à une autre division,
Nous ne voulons présenter ici qu'une sorte de il occupe celle-ci à faire des lignes verticales.
mise en œuvre de la méthode qui nous parait à « En réunissant deux points situés a même
'la fois la plus rationnelle et, au point de vue pra- niveau, les enfants traceront une ligne horizon-
tique, la plus rapide et la plus sûre, c'est-à-dire tale ils construiront des lignes obliques en tirant
celle qui mène de front l'enseignement de la lec- diagonalement des traits du point supérieur de
ture et de l'écriture, l'art de représenter graphi- droite au point inférieur de gauche ou du point su-
quement les sons et les articulations et celui de périeur de gauche au pointinférieur de droite. »
retrouver par la mémoire la valeur de ces repré- Lorsque les enfants savent faire ces traits sim-
sentations et de les traduire par la parole (V., dans ples, on leur demande des combinaisons succes-
ta Il' PARTIE, l'article Ecriture). Nous n'aurons sives, comme celles-ci
pour cela qu'à nous approprier, en les abrégeant,
les excellents principes développés dans le livre
.dM maître de la méthode Schüler.
D'après ces principes, le jeune élève, dans l'é-
cole, n'est pas mis tout de suite à la lecture. L'en-
fant que l'on amène à l'instituteur sait déjà parier, Puis d'autres un peu plus compliquées
soit patois, soit français. A celui qui ne sait par-
ler que patois, il faut d'abord apprendre à parier
français l'école ne peut pas connaître d'autre
'langue. Mais, à bien peu d'exceptions près, lors
même que l'enfant sait parler français, il parle Et, pour donner quelque intérêt aux exercices,
mal, et surtout, dit fort justement la méthode on leur fait représenter les contours d'objets de
'Schüler, d'une manière inconsciente, d'instinct forme très simple où la ligne droite seule sera
plutôt d'habitude. « Le maitre commencera donc ou
employée, par exemple, d'une échelle, d'une fe-
par exercer t'étève à la parole, en rattachant ces nêtre, etc.; etc.
exercices à des choses qui l'intéressent. H l'habi-
tuera à s'exprimer clairement et sans fautes de
prononciation. Ces exercices apprennent
aux élè-
ves à analyser les mots et à distinguer les sons;
les enfants retiennent facilement chaque sot
le rattachant par le souvenir à l'idée d'un objet en
qui leur est familier, Pour cela les leçons de
.choses seront fort utiles; elles interviendront
Nouvelle occasion de leçons de choses. aux questions du maître. Leur langage et son-
On pourrait de même, bien que la méthode ne vent leur prononciation ne perfectionneront ainsi.
l'indique pas, essayer quelques exercices avec des D. DEUXtÈtBPARTtE Dt L'EXEftCtCE f tM ~~te~
de la terre
ronds et dos courbes; enfin, on commencera les « Qu'est-ce que
d'eau.
l'lie
D.
? – R.
Combien
L'lie
de
est
fois
exercices d'écriture proprement dite par des tracé* entourée bouche dire t-/e 7 – R. Pour
ouvrez-
dira
trë!< simples bâtons et jambages. vous la pour
Nous voici en face du problème éetire les let- < <?, j'ouvre la bouche deuxdefois.
(Le maître expli-
que qu'un mot a autant syllabes qu'il faut
tres pour tes lire ensuite.. de fois la bouche pour le prononcer.)
!i est évident que, ai nous avions a choisir, ouvrir
nous aurionsrecours à un système contenant au- D. Combien de syllabesDites-moi a le mot <e7 – R. Le met
notre << a deux syllabes. la première syl-
tant d'éléments graphiques qu'il y a dans
langue d'éléments phonétiques; que, de
graphique
plus,
le
labe
tes-moi
?
la
–
R. La
deuxième
première syllabe
syllabe.
est t.
R. La
D. Di-
deuxième
nous ferions correspondre l'élément -D. Combien de syllabes a le mot
plus simple à l'élément phonétique le plus simple syllabe estR.le.Deux. (L'enfant devra donner une-
aussi. Mais notre alphabet, comme tous tes autres te-te P
alphabets, est un système d'ordre historique, et réponse complète.) D. Dites-moi la première Y?
qu'il R. Té. D. La seconde ? R. Te.
non d'ordre rationnel it faut le prendretel il
D. Combien de syllabes distinguez-vous dansr
ses redondances et
est, avec ses anomalies,empiriquement. at<, noir, blanc ?.
C'est le mot ai-le, plu-me, bec,
ses lacunes, et procéder Les D. Quand vous prononcez le mot
ainsi que la méthode Schu)er, au lieu de com- 2* M?M.'
d'abord? (Le maltre ré-
faites-vous
mencer, par exemple, par le son a, qui est le pètecomment Me,
le mot en insistant sur l't t t~e.) R. Je
son le plus naturel et le plus général, commence
t<
par le son i, qui se trouve être dans notre langue fais d'abord i. (Le maître explique que cela s'ap-
ce'ni dont le signe graphique est le plus facile à pelle émettre un son.) D. Quel son entendez-
reproduire. Viennent ensuite. 4ans un ordre de vous en premier lieu quand vous dites Me P (Ap-
difficulté croissante au même point de vue, le son puyez au besoin sur l't.) R. J'entends le son t.
D. Cherchez d'autres mots où vous commencez
u, l'articulation n, l'articulation m, etc., etc. R. Hibou, if,
Mais ce n'est pas là un grand inconvénient. par dire i (par émettre le son i).
Quelle que soit la méthode de lecture que vous it, Isidore, MaM/e et d'autres. (Le maître aide au-
employiez, vous ne sauriez échapper à l'anomalie; besoin par des questions.) D. Quel son enten-
tôt ou tard, M vous faudra bien mettre l'enfant dez-vous au commencement mot u u usine?
J'entends,
du
au commencement du mot usine, le~
–
eu présence, soit des signes graphiques soit
dants, comme le k et le c dur, l't et l'y,
signes polygrammes représentant des sons
redon- R.
ou
de son
des TMtsi&tM
M. s
PtMHt m: L'EXMOCB « D. Combien
articulations simples, comme ou, eu, cA, etc. de syllabes a le mot <-<< ? R. Le mot <t a
L'important,c'est d'amener l'enfant le plus vite deux syllabes. D. Quel est le son de la pre-
possible à une connaissance pratique indispensa- mière
ble, par une voie qui lui plaise et ne le rebute est i.
syllabe
Nous
? –R.
allons
Le premier
maintenant
son du mot <<
apprendre à
point, et en laissant dans son esprit, à coté de écrire le son i, que nous venons d'émettre.
l'acquisition matérielle et mécanique, des notions (Le maître écht la lettre tu tableau noir, très~
uti'es et durables. lentement, et en faisant remarquer tous les dé-
Pour en arriver là, et l'expérience a prouvé tails deprésentées la forme. Puis il insiste,à l'aide de ques-
diversement, laissant la lettre
qu'elle y arrive,
thode Schuter.
–voici comment procède ia. mé- tions
ngurée au tableau. ) D. Que signifie cette let-
–
Chaque exercice de langage est signalé, dans le tre ? R. Cette lettre signifie qu'il faut dire i, our
livre de l'élevé ou dans le tableau mural destiné à cette lettre représente le son i. D. Que faut-iF
l'enseignement collectif, par une image, cette faire d'abord pour écrire un i ? –* R. Il faut tracer-
image représentant un son ou une articulation, une ligne nne (un trait fin) obliquement, de bas~
et l'exercice se compose de trois parties expli- en haut.
cation de l'objet représenté, analyse des syllabes trace, de haut
D. Que fait-on ensuite ?
en bas, une ligne (un
– R. On-
trait) plus
et des sons, tracé du signe représentatif du son grosse, un peu penchée et arrondie, contournée
ou de l'articulation. par le bas. – Comment finit la lettre ? R. Par
Exemple La méthode, avons-nous dit, débute une ligne (un trait) fine, arrondie, allant oblique-
celle d'une ment, de bas en haut. D. Que met-on sur la~
par l'i. La première image est signe graphiqueau- Me,
i. lettre R. On met point.
dessous de laquelle est tracé le ? un
PREMIERE pABTtE DE L'EXttMicE < D. Que re- » Le maître efface
ensuite la lettre et dit: Sb
présentecette image? (L'instituteur montre l'image.) je veux écrire l'i, comment faut-il que je m'y-
R. Cette image représenteune lie ? (Si les élèves prenne ? Que dois-je faire en premier lieu. R.-
n'ont jamais vu dite, le maître doit leur dire avant Tracer une ligne fine de bas en haut. D. Que
tout qu'on appelle 1le un espace de terre entouré faut-il faireappréciera ensuite?–R. Une ligue plus grosse.
d'eau de tous cotés qu'il y a des Mes dans les (Le maître quand le moment sera venu*
rivières et dans les mers, que les Nés sont gran- d'apprendre à l'élève quo les lignes ftnes ou. traits~
plantées fins s'appellent des détiéSjetlea lignes plus grosses
den ou petites, habitées ou désertes, ou
incultes, etc.) D. De quoi l'ile est-elle entou- des pleins.)
rée ? R. L'Ile est entourée d'eau. Comment a La lettre étant do nouveau écrite sur le ta-
est l'eau qui entoure l'lie ? R. L'eau qui en- baguette, bleau, le maître prend un Indicateur, une petite
toure l'Ile est claire (profonde, courante, sta- et repasse sur les trait!. <!<' 1'! en faillant.
gnante). D. Quelle forme a l'Ile? R. L'ile compter MK pour!e délié initial, deux pour le plein
est ronde (longue, carrée, etc.). D. Qu'est-ce et un pour le délié nnal. Les enfants répètent en
qu'il y a sur l'!le R. Il y a sur l'tte des ar- chmur. Le maître fait mettre l'index sur le bord-
bres, des plantes. » de la table et dit: « Vous allez écrire l'i en l'air;.
n va sans dire que ces questions e: ces répon- de bas jo haut,MH.
quand dira1 vous marquerez le trait qui va.
ses ne sont que des indications, le maître sura en et, quand je dirai <<<«.):, celui qui
souvent obligé de dire aux enfants certaines cho- va do haut en bas. Je compterai encore un pour 1&
ses que le Mvre met dans leurs réponses. Le second délié, et deux pour le point. Après un.
but est d'amener les enfants à trouver des idées court exercice, il fait prendra les ardoises, fait
et a les exprimer, 't répéter ensuite ou a résumer d'abord tracer, entre les lignes espacées, un
ce qu'aura produit l'ensemble des réponses faites puis toute une série d'
Et ainsi pour toutes les lettres. Quand il s'agit Lamotte, Perrier, Meissas et Michplot, chez Ha-
d'une articulation, par exemple de la consonne n, chette, etc.). Toutes les méthodes de cet or-
qui vient la première, la méthode insiste pour dre ne varient que par la disposition et les com-
que le maître, non seulement ne prononce pas binaisons des éléments et par les procédés d'ap-
enne, mais même évite de faire entendre l'e muet plication. Ici, ce sont deux roues concentriques
en nommant la consonne. H ne dira pas ne, mais sur l'une desquelles se trouvent les articulations,
il émettra l'articulationpure de l'n; à cet effet, il tandis que l'autre présente les sons ta ce sont
faut l'émettre sans desserrer les dents. « La même deux rubans se déroutant pour remplir le même
règle s'applique à toutes les consonnes; et plus rôle (méthode Maître, chez Hachette) ailleurs, ce
le maitre tiendra à la pureté de l'articulation et la sont des cartons, dits syllabateurs, glissant côte
dégagera de toute voyelle, plus les progrès de à côte, pour donner lieu aux combinaisons les
l'enfant seront rapides. Cette prononciation n'offre plus variées (méthode Henry Gervais, chez Ha-
aucune difficulté à l'enfant. Elle pourrait au pre- chette) ailleurs encore, ce sont deux baguettes
mier moment en présenter au maitre, à cause des ou une seule indiquant, soit simultanément,
habitudes prises; mais cela disparaîtraaprès un soit successivement, divers éléments à rappro-
instant d'exercice. On a dit d'abord e?!?;e + a = ?M cher pour en tirer une syllabe (méthode Néel,
puis ne + a =na. On comprendra vite qu'il est plus chez Colin) ou de petits cartons portant un
simple et plus exact encore de dire n* a=na. e son ou une articulation, et placés a~ l'extrémité
La méthode arrive vite aux mots prononcés et d'une baguette pour être rapprochés d'éléments
écrits. Ainsi la première page du livre de l'élève disposés sur un grand tableau (méthode Chéron,
donne déjà ni, nu, uni, mi, muni. Ces mots sont chez Delagrave méthode Blanchon, chez Ha-
ceux que permettent de composer le peu d'élé- chette). De ces exercices, dont un ou plusieurs
ments qu'on a encore étudiés. Si le mot par lui- grands tableaux muraux sont le principal instru-
mëme n'est pas intéressant pour l'enfant, on le ment, les élèves passent ordinairement à des li-
fait dans une phrase: « Le petit Paul est vres d'application, qui les accoutument peu à peu
partientrer
cette après midi pour la promenade, muni à l'usage du livre.
:de son goûter, qu'il portait dans son panier. Muni Synthétiques ou analytiques, les .méthodes de
~'de son goûter, cela veut dire qu'il portait son lecture peuvent présenter des différences essen-
goûter avec lui.De quoi faut-il être muni quand tielles. Les unes donnent tout de suite tous les
~'on vient à l'école?–De son livre,de son cahier. éléments de la lecture (méthode Lafforienne); les
~–Bien: vous avez compris. Ainsi donc, le petit autres procèdent progressivement et par voie de
~Paul, partant pour la campagne, s'est muni de son récapitulation, ne donnant d'abord que quelques
~'goûter. Sauriez-vous écrire ce mot muni? » éléments et les combinant immédiatement pour
Après l'étude des caractères d'écriture courante, composer de petits mots ou de petites phrases, et
vient l'étude des caractères typographiques, qui ajoutant ensuite peu à peu à ces premières con-
permettra de lire dans les livres. Elle se fait par naissances, jusqu'à ce qu'elles aient épuisé et mis
le rapprochement des caractères d'écriture cou- en œuvre tous les éléments (méthode Michel, chez
rante et des caractères typographiques correspon- Delagrave; méthode Villemereux, chez P. Du-
dants préparée par les exercices dont nous avons pont méthode des frères des écoles chrétien-
donné le spécimen, elle ne présente pas de dif- nes, etc.).
ficulté. Telles de ces méthodes adoptent, pour les con-
Nous avons choisi la méthode Schüler comme sonnes, l'ancienne appellation bé cé dé, etc.
type de la méthode pour l'enseignement simul- (méthode Henrion, chez Belin, etc.); telles autres,
tané de la lecture et de l'écriture, parce que c'est ce qu'on appelle la nouvelle appellation (générale-
celle que nous connaissions le mieux, et aussi ment attribuée à Port-Royal) be, <j'!<e, de, fe,
parce qu'elle a été expérimentée avec succès gue (méthode Béhtgnon, chez Behn méthode
dans différents établissements, notamment à l'é- Peigné, chez Colas, etc.) il y en a, enfin, d'a-
cole normaleprimaire des instituteurs de la Seine. près lesquelles on doit éviter même de pro-
Récemment introduite en France, où elle n'est noncer, dans les exercices, l'e muet que la nou-
guère représentée que par la méthode Schüler velle appellation fait entendre après l'articulation
(chez Hachette), la méthode Mougeol (chez Dela- (méthode Mignon, chez Hachette); nous avons
grave) et la méthode Magnat, spécialement des- vu que la méthode Schüler est de ce nombre.
tinée aux sourds-muets (chez Fischbacherl, la Mentionnons spécialement les méthodes à imtt-
méthode de lecture et de lecture combinée est ges méthode Larousse, chez Boyer; méthode Ré-
depuis longtemps populaire en Allemagne, en Au- gimbeau, chez Hachette; mentionnons aussi la
triche, en Suisse, en Belgique, aux États-Unis. méthode phonomimique (V. Phonomimie dans la
Les autres méthodes de lecture sont, chez nous 1"' PARTIE)), dont l'inventeur est M. Grosselin, et
comme partout, fort nombreuses. On pourrait qui a pour objet de rappeler à l'esprit par des
presque dire que chaque instituteur a la sienne, gestes appropriés les éléments des sons et des
car, s'il adopte pour son école telle ou telle mé- articulations (Manuel de la pAonom'~tte, de Bour-
thode spéciale plus on moins en vogue ou plus gain /M~MC<!OM pour ~e?:<e~n~M~ la lec-
ou moins recommandée, il lui arrive bien souvent ture par la phonomimie; Enseignement de la lec-
de la modifier, de la transformer, d'après son ture par la phonomimie, livret du maître, livret
expérience personnelle, suivant ses goûts ou sui- de l'élevé, chez Picard; M** Pape-Carpantier
vant les besoins particuliers de son enseignement. Enseignement de la lecture <'a!of? du pfOc~tM
II semble cependant que l'on peut partager pAo?:6M)!W~Mede M. Grosselin, chez Hachette).
toutes ces méthodes en usage dans nos écoles On se sert aussi, dans les salles d'asile et dans
en deux grandes catégories, ordinairement dési- les familles, pour l'enseignementde la lecture, des
gnées sous le nom plus ou moins bien choisi de boites et casiers typographiques. [Ch. Defodon.]
méthodes synthétiques et de méthodes analytiques LEGENDES. – Connaissances usuelles, X.
(V. I' PARTIE, p. 1543), selon quelles partent de
l'alphabet pour arriver à la syllabe et de là au mot,
On appelait ainsi en principe (/e</eM~, devant
être lues) des histoires de saints, de martyrs, qui
ou qu'elles partent du mot entier qu'elles décom- avaient été spécialement composées pour que la
posent pour en tirer l'alphabet. Les méthodes les lecture en fût faite à haute voix dans les monas-
plus anciennes procèdent par épellation la plu- tères pendant les repas pris en commun, ou à
part des méthodes modernes n'épèlent point (mé- d'autres heures de réunion. On faisait plus parti-
thode Dupont, chez Ducrocq; méthode Laffore, culièrement coïncider cette lecture avec le jour où
méthode Abria, chez Garnier frères; méthode se célébrait la fête commémorative du bienheu-
reux personnage. Les premiers récits de ce genre croyances il y avait, de fait, beaucoup plus mé-
sont attribuésà saint Jérôme, grand docteur chré- lange ou coexistence que substitution. De là, l'é-
tien du quatrième siècle. Mais il faut croire qu'il trange caractère des légendes qui, chez nous, re-
ne nt déjà lui-même que donner une forme plus montent à ces temps de fusion des idées de deux
correcte, plus littéraire aux notices que les évo- âges. Nous citeronsprincipalement ces druidesses
ques avaient coutume de faire rédiger pour con- qui, en tant que prêtresses du grand Teutatès,
server le souvenir des Mêles mentants, et qui, étaient investies par la crédulité populaire de tous
se répandant dans les divers centres de la chré- les prestiges, de toutes les puissances occultes.
tienté, formaientdès lors un vrai recueil de beaux Commandantaux éléments, ayant verta d'ubiquité,
exemples. Au dixième siècle, Siméon le Méta- sondant les immensités céiestes, on pénétrant les
phraste, au onzième, Rugger, réunirent tant mal profondeurs souterraines, elles n'avaient qu'à le
que bien tes principales de ces pieusesbiographies vouloir pour devenir la flamme qui court, la nuit,
enfin, au treizième, Jacques de Voragine publia sa sur les landes humides, le nuage qui vogue dans
fameuse Légende dorée, qui effaça tout ce qui avait le vent, l'élan qui bondit dans les halliers, l'au-
été écrit jusqu'alors sur le même sujet, et qui rochs lourd qui renverse tout sur son passage, le
reste le modèle par excellence de l'histoire poéti- ramier qui s'envole, en faisant chatoyer son aile
quement faite avec la nalve acceptation de toutes rapide. Quand les fictions religieuses de Rome
les assertions tes plus hasardeuses. Quoi qu'il en vinrent disputer les sanctuaires aux terribles divi-
soit du mérite propre de ces compositions, et du nités des Gaules, ces mêmes druidesses, sous les
puissant rôle qu'elles ont joué dans le monde noms de Parques, de Junones, de Nymphes des
chrétien aux siècles de foi vive et absolue, comme bois, s'emparèrentdu culte, de la ferveur des po-
elles affectaientd'avoir plus particulièrementtrait pulations qui, contraintes bien plus que persua-
à des événements tenant du prodige, à des exis- dées, ne firentqu'accepterune transformation plu-
tences d'un caractère surhumain, 1 usage ne tarda tôt qu'une innovation. A favènemant de la croix,
pas it s'établir de leur assimiler toute tradition qui la mystique déité gallo-romaine, précipitée de ses
8'écartaitplus ou moins du domaine de la vraisem- autels, sut encore, pour régner puissante sur son
blance. Pour tes chrétiensdonc, dès le moyen âge, antique domaine, se trouver la plus poétique, la
devinrent légendes tous le!) articles de foi des an- plus prestigieusedes incarnations elle devint la
ciennes religions qu'avaient détrônées le culte de Fée. Et ce règne merveilleux, inauguré il y a quinze
la croix. A vrai dire, ce même usage, restant ûdète ou seize siècles, nous savons qu'il n'est point
à la douceur de son point de départ, voulut bien achevé! La fée, reconnaissons-la, car c'est bien
qu'en dépit de l'acception fort dubitative du terme elle, la druidesse dont le dieu des grands chênes
employé, aucune idée de mépris ni de réproba- prenait la figure et la voix pour se révéler à nos
tion ne s'y attachât. Il sembla convenu qu'en fai- tiers et libres ancêtres.
sant participer les croyances profanes de la dési- La fée, c'est la druidesse avec 8a connaissance
gnation attribuée aux saintes traditions, quelque du destin et son empire sur la nature entière,
chose leur serait laissé de la mystique vénération avec son accent qui console ou terrifie, avec ses
qu'inspiraient celles-ci Et ce fut en quoi s'éta- capricieuses transformations séduisante jeune
blit la différence entre la légende qui, gracieuse fille, pauvre vieille décrépite, rayon de lumière,
ou terrible, imposa toujours par son poétique souffle d'air, insecta, d'or, oiseau d'aznr. Si vous
caractère, et les sottises superstitieusesproprement doutez que ce soit elle, demandez an paysan d'Ar-
dites qui se trouvèrentfrappées de ridicule. D'au- morique, qui vous affirmera avoir vu en réalité cet
tant plus facilement d'ailleurs se nt cette assimi- être tncorporel qui n'a jamais passé que dans vos
lation que (comme chacun peut le savoir, car tous rêves demandez-lui l'origine des Korrigans (c'est
les historiens de l'église des premiers siècles le le nom qu'il donne aux fées dans son âpre langage):
constatent), il arriva souvent que, pour annihiler- il vous apprendra que ce sont de grandes prin-
parmi les populations certains cultes, certaines cesses gauloises qui, à l'arrivée des apôtres, refu-
pratiquesd'idolâtrie, les pasteurs chrétiensdurent sèrent d'embrasserla foi nouvelle et qui, pour cela,
s'ingénier a déplacer habilement, si nous pouvons frappées de la malédictionde Dieu. furent condam-
ainsi dire, les manifestationsdes anciennes croyan- nées à errer éternellement, l'âme rongée par le
ces au bénéfice des nouvelles. C'est ainsi que sur remords ou par le dépit de leur désobéissance.
notrevieilleterre des Gaules,où s'étaientlentement Ainsi naquit la fée qui, par elle-même ou par ses
unifiées les mythologies druidique et romaine, congénères, peupla les longs siècles de notre his-
nombre d'objets ou de lieux étaient consacrés à toire d'une multitude de légendes effroyables ou
telles on telles divinités, qui, selon la tradition charmantes, ne le cédant en rien, pour l'imagina-
populaire, les hantaient et y révélaient leura mys- tion, pour le pittoresque, aux fictions mythologi-
térieuMt influences. « Un respect pieux, dit ques de l'antiquité, si nombreuses, si originales
M. Alfred Maury, continuait à entourer les objets qu'elles puissent être partout encore dans nos
si longtemps vénérés, et ce n'était qu'en les dé- provinces,d'ailleurs, le souvenir est bien vivant de
diant au nouveau culte, qu'en sanctifiant en quel- ces traditions populaires qui. longtemps formèrent
que sorte ces vestiges païens, que les ap&tres de un fond réel de croyances dont l'empire empiète
1 évangile. Mêles en cela au conseil que le papf souvent sur celui des dogmesreligieux cux-mêmes.
Grégoire le Grand donnait à t'abbé Mélitus allant Est-il un château ruiné, un site sauvage,un rocher
travailler à la conversiondes Gaulois, parvenaient de forme bizarre, une lande déserte, une source
à extirper les souches de la superstitionqui avaient sylvestre, un arbre séculaire qui niaient gardé
projeté dans le sol de si profondes racines. Ces leur légende? Ici et lé ne parle-t-on pas des Dames
forôts sacrées, par exemple, dans lesquelles le blanches, des Dames vertes, grises, noires (autant
peuple ne pénétrait que commedans un sanctuaire, de transformations de la fée), qui pi otègent tel ma-
l'âme saisie d'une crainte retigLeuse, continuèrent noir, qui apparaissent pour annoncer tels événe-
a inspirer le même respect, la même vénération. ments ? N'est-il jMS question de lavandières noc-
Des images pieuses furent placées sur les arbres turnes, de sorcières se réunissant en tel lieu, à
jusqu'alors adorés, et les habitants, en venant, telle heure, pour des incantations, des préparations
selon leur antique coutume, se prosterner sous de philtres? Les cercles que, par une curieuse
leur ombre, honorèrent presque !t leur insu un disposition de leur thallus souterrain, de petits
nouveau dieu. x Mais les idées nouvelles, les pen- agarics forment sur les prés humides, ne sont-ils
sées chrétiennesqui allaient désormais s'attacher pas regardés comme les vestiges des rondes fan-
à ces simulacres naturels, n'efïaçaient pas entière- tastiques que les fées ou les sorciers sont venus
ment dans l'imagination populaire les anciennes faire là durant les nuits brumeuses? Le feu follet,
cette curieuse phosphorescence des marais, des sacrent comme réel maint personnage, maint évé-
putréfactions, n'est-il pas un esprit malin qui se nement fictif ou douteux Roland et Roncevaux,
complaît à égarer le voyageur ? Est-il une province Aymon, ses quatre fils et le siège de Montauban,
qui n'ait un pont construit par le diable, archi- Renaud et les douze pairs, Oger, Lancelot, et tout
tecte pieusement frustré du salaire promis ? Ne cet ensemble de preux auxdivins exploits surhumains
raconte-t-on pas, au nord comme au midi, soit tes qui doivent être comme les porte-flambeaux
méfaits, soit la mystérieuse assistance des lu- de la chevalerie. Dans les poèmes, dans les ro-
tins, des farfadets, ou la malice des nains ? L'hom- mans dont ils sont les héros, à plus d'une reprise,
me rouge n'a-t-il pas fait ici sa sinistre apparition ? notons-le, ils viennent en contact avec les créa-
Là, nenous indiquerait-on pas la cache de l'immense tions de l'autre légende, de la légende fantastique,
trésor infernal qui, à telte époque funèbre, s'ouvre par exemple avec des fées comme Orlande, ou Mé-
minuit pour se refermer au der-
au premier coup detrouvés lusine, notre Médée, avec des enchanteurs comme
nier, et où se sont retenus tant de cupides Maugis, ou Merlin, notre Apollonius de Tyane.
imprudents? Et l'âme en peine qui, demandantdes Et ainsi en va-t-il jusqu'auxCroisades, ces étranges,
prières, gémit depuis des siècles dans ce vallon ces tumultueusesentreprises aux lointains échos
témoin de son crime; et le chasseur noir, le me- desquelles mainte étoile nouvelle s'allume au ciel
neur de loups, dont on entend retentir le cor, légendaire. Puis voici qu'une pauvre pâtoure de
aboyer la meute sur les grands bois; et jeteur
le Lorraine, allant s'asseoir au pied de l'<M'A)'e des
de sorts, et le semeur de maladies, qui passe sous fées, entend des voix lui commander de chasser
les.traitsdu mendiant, et qui exercera sa funeste l'étranger qui détient malement la terre française.
influence s'il est repoussé du seuil où il a frappé; Elle part, et dès lors commence, s'édifie et grandit
enfin, tout un monde fantaisiste qui se meut tantôt la plus pure, la plus douce à la fois, et la plus hé-
.dans les radieuses lueurs de l'Olympe, tantôt dans roïque et la plus merveilleuse de nos légendes
les ténèbres sinistres de l'enfer? De nombreux re- nationales. Et quand sont achevés les temps
cueils ont été faits, et se font encore chaque jour d'unité religieuse, la légende encore s'attachera
de ces légendes qui, si naïves, si futiles qu'elles çà et là, plus souvent sombre ou sanglante à
puissent tout d'abord paraître, ne laissent pas ce- vrai dire, à tel qui impose ou subit le martyre,
pendant de constituer un riche fonds de docu- à tel qui persécute ou détie la persécution. Le
ments pour l'histoire de l'esprit humain. Presque siècle qui précède le nôtre s'achève sur la dou-
toujours, en effet, de l'étude qu'on en fait, et du ble et contraire légende de deux idées se heur
rapprochementqu'on en peut établir avec les tra- tant aux limites de deux ères. Enfin, le siècle où
ditions des peuples antérieurs, ressortent les plus nous sommes s'ouvre tout empli de la légende
'intéressantes démonstrations d'une sorte d'unité d'un guerrier, qui, après tous les triomphes, va
dans la marche, dans le mouvement des idées tant tégendairement finir sur un îlot des antipodes.
morales que purement intellectuelles, des diffé- C'est ainsi que, chez nous, l'histoire et la légende
,rents âges, des différentes régions; à tel point s'enchaînèrent presque toujours étroitement. En
même, qu'en y regardantde près, on arrive presque sera-t-il de même pour les siècles à venir? Les
toujours à hésiter dès qu'il s'agit de se prononcer siècles à venir seuls pourront le dire à nos neveux.
<ur l'origine de telle ou telle fiction, car il est [Eugène Müller.]
tMre de n'en pas trouver l'idée première ou l'analo- LEGISLATION USUELLE. Nous donnons
gue en des temps ou en des lieux très éloignés les ci-dessous le programme d'un cours de législation
uns des autres. C'est que partout l'âme humaine a, usuelle, en indiquant les divers articles de ce
sous des dehors dissemblables, les mêmesinstincts, Dictionnaire où se trouvent traitées les matières
les mêmes faiblesses, et que d'une identité de contenues dans ce programme.
causes doit forcément résulter une identité d'ef-
fets. Quoi qu'il en soit, l'on ne saurait vraiment
I. – NOTIONSDE DROIT PUBLIC. – (V. D?'Ot~pM&C.)
Principes fondamentaux. Droits garantis et
que louer et encourager tous les efforts, si modes- obligations imposées à tous les citoyens.-Distinc-
tes fussent-ils, dont le but est de soustraire à l'ou- tion des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
bli les moindres fragments de notre vieille my- Pouvoir législatif. Sénat. Chambre des
thologie populaire, qui, quelques racines qu'elle députés.
puisse avoir dans le passé, n'a pu manquer de Composition du Sénat. – Sénateurs inamovibles.
s'imprégner chez nous d'un certain parfum du Sénateurs élus. Modo d'élection. Nomination
terroir, qui en fait le charme en même temps que par les conseils municipaux des délégués sénato-
l'originalité. Chez nous, au surplus, l'imagination riaux. Durée des fonctions des sénateurs élus.
légendaire ne s'est pas seulement exercée aux trans- Chambre des députés. Sa composition.
formations des vieilles données superstitieuses du
.peuple primitif et du peuple envahisseur, car il
–
Mode d'élection des députés. Confection et révi-
sion des listes électorales.–Formes de l'élection.
était dans l'instinct primesautierde notre esprit Conditions d'éligibilité.
national même de faire naitre la légende au jour le Proposition, discussion et vote de la loi à la
jour, pour ainsi dire, des étonnements que lui cau- Chambre des députés et au Sénat. Promulga-
sait l'histoire locale et c'est le propre glorieux de tion.- A quel moment la loi devient exécutoire.
cette histoire d'avoir pu, dès le principe, et pres- Pout)Otr~(;M<–Président de la République.
que sans discontinuité, donner lieu à ce poétique Nominationdu Président de la République.
enfantement. En ce cas, nos légendes sont bien les Ses prérogatives. –Rapports avec les Chambres.
nôtres, bien nationales, bien autochthones. Que si Ministres. Nombre des ministères. Attribu-
nous ouvrons, par exemple, les premières annales tions et fonctions des ministres. Conseil d'Etat.
dues à Grégoire, le vénérable éveque de Tours, Attributions administratives. Attributions
aussitôt, et mêmealors que le pieux historiennefait contentieuses.
que retracer des événements contemporains,aussi- Dénomination des actes de l'autorité publique.
tôt la légende terrible ou touchante apparaît entée Décrets. Règlements d'administration pu-
sur les sauvages réalités de l'âge mérovingien. blique. Arrêtés. Circulaires. Instructions.
C'est bien autre chose quand surgit Charlemagne II. DROIT ADMINISTRATIF. (V. Droit aa&MHtt!-
qui, de son vivant même, entre, illuminé de surna- h-a<t/)
turel, dans un monde légendaire tout peuplé de ~)/!t7!M<fa~OK centrale. Centralisation et
héros gigantesques. Et pendant plusieurs siècies hiérarchie. – Division administrative de ta France
la légende ne fera qu'enchérir sur les données en départements, arrondissements, cantons et
qu'ontadmises les temps mêmesdu puissant empe- communes.
'reur. C'est alors que les chansons de gestes con- ~<M:.sft't.!<:oy: du fMpw~fMcn~.–Préfet.–Ses
attributions: comme agent du gouvernement; Mines, minières et «meMt- – Detteehement
comme représentant le département.–Tuteite ad- des marais.
ministrative.–Secrétaires généraux de préfecture. EtaMtssements dangereux, incommodes et insa-
Conseils de préfecture. Composition et attri- lubres. Diverses classes. Enquêtes de com-
butions. – Autorisation de plaider aux communes modo et incommodo. Opposition. Recours. ·
Conseils généraux.
tt établissements publics. nomination. V. SUITE DU DROIT ADMINISTRATIF. IMPOTS
Composition. Mode de Sessions. (V. /Mpd~).
Attributions des conseils généraux. Dineren- D~/M~ton. -Division des impôts.–Distinction
–
tes sortes de délibérations. des contributions directes et indirectes. Im-
Budget du département. – Centimes addition- pôts de répartition et de quotité.
nels. /Mpd<~ <<t' ff<<. Impôt foncier. Impôt per-
Commission départementale. Composition et sonnel et mobilier. Impôt des portes et fenêtres.
attributions. Patentes. Recouvrement des contributions
Administration de f<!frMMKMM«M(.– Sous- directes. Demandes en décharge ou réduction.
préfet. Ses attributions. Demandes en remise ou modération.
Conseil d'arrondissement. Sa composition. 7Mpo<s indirects. Impôt des boissons. -Tim-
Ses attributions. bre. Obligation d'employer le papier timbré
HI. SUITE en DROIT ANtfNiSTMTtF. sanction. Enregistrement. Droits de mutation
AMnN!STRATtO!t MUNtCtPALE. (V. CoM~mtne.) à titre gratuit. Droits de mutation à titre oné-
Maires et adjoints. Elus par le Conseil mu- reux. d'obligation et de quittance. Détais pour
nicipal on nommés par le Président de la Répu- le paiement des droits; double droit.- Droits sur le
bHque. – Durée de leurs fonctions. Suspension sel et les sucres. Droits de douane. Octrois.
et révocation. Monopoles établis au pro/ de l'État. Tabacs.
Attributions diverses du maire. Cartes à jouer. –Poudres. – Monnaies.
Officier de l'état civil et officier de police judi- Postes et télégraphes.
ciaire. VoîME. (V. Voirie.) Distinction de la grande
Attributions du maire comme agent du gouver- et de la petite voirie.
nement publication et exécution des lois et rè- Grande voirie. Routes nationales. Routes
glements. départementales. Chemins de fer. Rivières
Attributions de police municipale: arrêtés indi- navigables et flottables.
viduels règlements temporaires ou permanents. Petite voirie. Chemins vicinaux diverses
Attributions du maire représentant la commune classes. Chemins de grande communication.
considérée comme personne civile. Nomination Chemins d'intérêt commun. Chemins vicinaux
aux emplois communaux. ordinaires. Ouverture et entretien des chemins
Adjoints.-Lapr nombre. Leurs attributions. vicinaux. Centimes additionnels et prestation
Conseils MMKtc:pt!M.f. – Leur composition. en nature.
Mode de nomination. Listes électorales. Elec- Voirie urbaine rues et places des villes,
tions municipales. Durée des fonctions des bourgs et villages.
conseils municipaux. Sessions ordinaires des Servitudes imposées aux pfoprM<a!rMriverains
conseilsmunicipaux. Sessions extraordinaires des voies publiques et des cours <fMM. Aligne-
Tenue des séances. – Diverses espèces de délibé- ment. Autorité compétente pour délivrer l'ali-
rations des conseils municipaux. Délibérations gnement. Effets de l'alignement. Chemin de
exécutoires par elles-mêmes. –Délibérations son- halage et marchepied.
mises à l'approbation de l'autorité supérieure. VI. DROIT pxrrÉ. (V. Droit ptT < et Codf.~
Avis et vœux. Définitionet division. Matièresdu droit privé
Budget de la commune. –Dépenses obligatoires t" Personnes; 2° Biens et modifications de la pro-
et facultatives. Recettes ordinaires et extraor- priété 3° Différentes manières d'acquérir la pro-
dinaires. priété 4° Obligations et contrats.
IV. SUITE DU DROIT ANnMSTRMn'.
générales sur les divers services publics.
–
Notions DES PERSONNES.–(V. E<a< C!M<.) Na<tO?MHM.–
Personnes qui naissent françaises. Acquisition
~m''e. –(V. Se~Mfemt'H/att'e.) de la quaHté de Français naturalisation. -Perte
Recrutement de l'armée de terre. Service de la qualité de Français.
obligatoire. Tableau de recensement. Tirage Actes de t'état civil. Leur importance. Per-
tu sort.- Exemptions. Dispenses. Engage- sonnes qui concourent à la rédaction des actea.-
mentdécennal. Sursis d'appel.–Soutiensde fa- Officiers de l'état civil. Parties et déctarants
mille. Témoins. Tenue des registres et rédaction des
Conseils de révision. actes. Extraits dès-registres; foi qui leur est
Durée du service. – Armée active. Réserve due.
de l'armée active. Armée territoriale.-Réserve Actes de naissance. Dans quel détai et par
de l'année territoriale. Engagements et renga- qui doit être faite la déclaration. Enonciations
gements. Engagementsconditionnels d'un an. que doit contenir l'acte de naissance. Actes de
Registre matricule. Obligations en cas de décès. -Autres actes oui ngurent sur les registres
changement de domicUe. de t'état civil. Rectification des actes de i'état
Mode de recrutement de l'armée de mer; ins- civil.
cription maritime. Du domicile. Ses effets. Acquisition et
Ct~M. (V. Droit administratif.) Notions changement de domicile.
sur l'organisation ecclésiastique. Culte catholi- De l'absence. Mesures auxquelles donne lieu.
que. Cultes non catholiques. l'absence.
instruction pMoHo~Me. – (V. Instruction publi- Du mariage. Le mariage est un contrat civil.
que dans la I" PARTIE, et tes divers mots qui Qualités et conditionsrequises. Age. Con-
s'y rattachent.) Enseignement primaire. sentement des époux. Consentement des ascen-
Enseignement secondaire classique et spécial. dants ou de la famille. Actes respectueux.
Enseignement supérieur. Établissements spé- Prohibitiondu mariage résultantde l'existence d'un
ciaux. premier mariage, de la parenté ou de l'alliance.
~<ï!!<!M.<?t<Mfe<.-(V. Droit administratif.) Formalités antérieures à la célébration du ma-
Servitudesimposéesa la propriété privée. -Expro- riage. Publications. Oppositions. Pièces
priation pour cause d'utilité publique. Travaux que tes luturs époux doivent produire. Formes
de défense militaire servitudes qu'ils entrainent. delà célébration du mariage. Acte de mariage.
tion alimentaire.
Puissance
I.
Obligationsqui résultent du mariage. Obliga- gâtions du bailleur. Obligations du preneur.
Dissolutiondu mariage.
paternelle.
personne de l'enfant.
obligations qui en résultent.
Vit. – SUITE DU DROIT
Séparation
Droits du
Usufruit légal
PRIVE. – (V.
~f:;Mt'M et tutelle. Des mineurs. Mineurs en
tutelle.
~<
de
Preuves de la filiation des enfants légitimes.
Reconnaissance des enfants naturels.
tion. Adoption.
–Légitima-
père sur
droits
civil.)-
–
la
et
Commentfinit le bail.
corps. Société. Prêt. Dépôt. – Contrats aléatoires:
rente viagère et contrat d'assurance. Mandat.
Cautionnement.-Transaction.-Nantissement.
Privilèges
vilèges
meubles
Hypothèques
d'hypothèque.
et hypothèques. Privilèges. Pri-
généraux.
et sur
conventionnelles.
les
légales et
Rang
Privilèges spéciaux sur les
immeubles.
judiciaires.-
Forme
légale dos père et mère tutelle déférée par le t'hypothèque. Précautions à prendre par le tiers
dernier mourant des père et mère tutelle des détenteur de l'immeuble hypothéqué.
–
des
Différentes espèces de tutelle tutelle elles. Inscription des hypothèques.– Effets de
de
Hypothèques.
la
Hypothèque:
constitution
hypothèques
Prescription acquisitive.
entre
Fig.3.
3.
6S"43'tT',
68043'17" ou 68°~,
2.;87
3600 ou encore 6S°,72139..
ouencor6
Fig.6.
même coM t~'MMe ~)'o:<e, est égale à deux aH-
a<M droits. Car la somme des arcs AB, BC, CD,
DE qui mesurent ces angles équivaut deux
quadrants.
La somme des angles successi fs AOB, BOC, COD,
r;g.9.
Fig.iO.
pOMt 0 pris sur cette perpendiculairesera égale-
ment distant des e.<r~<<~ A et B de la droite;
2' tout point K, pris en dehors de la per endicu-
laire, sera <?«'Mt/M!CM~ distant de A e< (? B. 'eu
1° On aura OB == OA comme obliques s'ëc~rtant Pig.t2.
égalementdu pied de la perpendiculaire.
2' Joignons KA et KB; la première de ces droi- mun avec la circonférence. Car si l'on Joint le
tes rencontrera CD en un point 0, et si l'on joint centre 0 à un point quelconque D de la droite AB,
=
OB, on aura OB OA. Mais on a la droite OD sera une oblique plus grande que
la perpendiculaire OC; le point D est donc situé
KB<M+OB ou KB<KO+OA hors de la circonférence.
Une droite qui, comme AB, n'a qu'un point
c'est-à-dire KB < KA.
Ce qu'il il fallait démontrer. commun avec une circonférence, est dite tangente
à cette circonférence, et la circonférence est tan-
RmuBQUES. 1. On réunit ces daux propositions gente a la droite. Toute droite qui rencontre une
en une seule en disant que la perpendicu- circonférence en deux points est dite sécante par
laire élevée sur le milieu <fMne droite est le LIEU rapport & cette circonférence.
eËOMËTMQCB de tous les points qui sont à égale
RÉCIPROQUE DU THÉORÈME PttËCÉDMT. Toute tan-
distance des extrémités de la droite. gente à une circonférence 0 est perpendicu-
Il. Deux points suffisant pour déterminer une laire àABl'extrémité OC qui aboutit au
droite, on peut dire que si une droite a deux de point de contact. Cardu rayon point D de cette droite,
tout
ses ,points à égale distance des extrémités d.une différent du point C, étant situé hors du cercle, le
A'0t<e, elle est pet'pe7tdtc!</a<?'e sur <e milieu de la
droite. rayon OC mesure la plus courte distance du centre
à la droite; c'est donc la perpendiculaire abaissée
16. Le milieu C (Bg. t)) d'un arc AB, le mi- du centre
lieu 1 de sa corde et le centre 0 du cercle sont tou- sur cette droite.
*OMM sur une même perpendiculaire à cette corde.
t9. Si deux circonférences. 0 et C (Sg. !9) ont
un point
Car les arcs CA et CB étant égaux, it en est de leurs centres, A commun hors de la ligne OC qui ~o<~t
elles en o~M~ceMatremeK~un second.
même de leurs cordes le point C est donc égale- Faisons, effet,
ment distant de A et de B; it en est de même du OC jusqu'à en tourner ta figure OAC autour de
centre 0; la droite OC ayant deux de ses points à en A'; on auraque ce le point A vienne se rabattre
OA'=OA et CA'=CA; !e point
A' appartiendra donc à la circonférence 0 et à la REMARQUE. – La droite qui divise un angle en
circonférence C. deux parties égales s'appelle la bissectrice de cet
angle.
20. Deux droites perpendiculairesà une même
troisième ne peuvent se rencontrer quelque loin
qu'on les prolonge, car autrement on pourrait,
d'un même point, abaisser deux perpendiculaires
sur une même droite.
Deux droites qui, étant situées dans un même
plan, ne peuvent pas se rencontrer quelque loin
qu'on les prolonge, portent le nom de droites pt-
faHe/M. L'énoncé ci-dessus revient donc au sui~
vant deux perpendiculaires à une M~ne droite
sont parallèles entre elles.
Fig. i3. On admet que, par un point pris hors d'une
drotfe, on ne peut lui mener qu'une seule paral-
COROLLAIRES. I. Si deux circonférences se tou- lèle. Cette parallèle est facile à obtenir. Du point
chent, et n'ont qu'un point commun, ce point est donné, on abaisse une perpendiculaire sur la droite
situé sur la ligne des centres. Si les circonfé- donnée, et, par ce même point donné, on élève
rences se touchent extérieurement,ladistance des une perpendiculaire sur cette perpendiculaire
centres est la somme des deux rayons. Si les c'est ia parallèle demandée.
circonférences se touchent intérieurement, la dis- j!.o)'~Me deux droites sont parallèles, toute per-
tance des centres est la différence des rayons. pendiculaire à l'une est en méme temps perpendi-
Il. Si deux circonférences sont sécantes, on a. culaire à faM~'e. Car si elle rencontraitcette autre
sous un angle aigu ou obtus, on pourrait, par
OC<OA+AC; leur point de rencontre, lui élever à elle-même
on a aussi une perpendiculaire, qui seraft parallèle à la pre-
OA<OC-)-AC, mière des deux droites données;on pourrait donc,
d'où: par un même point, mener deux parallèles à une
OOOA–AC; même droite, ce que l'on regarde comme impos-
sible.
ainsi la distance des centres est plus petite que la 21. Deux parallèles AB et CD (ng. 14) sont
somme des rayons et plus grande que leur diffé- partout ~<~etKe?!< distantes. En d'autres termes, si
rence.
III. Si deux circonférences sont séparées, la
distance des centres est plus ~'<<M</e que la somme
des rayons. Si l'une des circonférences est inté-
rieure à l'autre, la distance des centres est plus
petite que la différence des rayons. Il suffit pour
le reconnaître de faire la figure.
19. – Les propriétésdes perpendiculairesdémon-
trées aux numéros 13 à fournissent le moyen F!g,t4.
de résoudre, avec la règle et le compas, divers
prob)èmes relatifs à ces droites. des points C et D, pris où l'on voudra sur l'une
I. En un point A d'une droite XY élever une d'elles, on abaisse sur l'autre les perpendiculaires
per~Mttf:cM~re à cette droite. Prenez sur la CA et DB, ces perpendiculaires seront égales.
droite, de part et d'autre du point A, deux lon- Pour le démontrer, élevons par le milieu 1 de AU
gueurs égales AB etAC. Des points B et C comme la perpendiculaire IH, et faisons tourner la figure
centres, avec un rayon plus grand que AB, dé- IBDH autour de IH pour la rabattre sur JACH. Les
crivez deux arcs de cercle qui se couperont en un angles étant droits, IB prendra la direction de !A;
point D. Joignez AD, ce sera la perpendiculaire et puisque 1 est le milieu de AB, le point B tom-
demandée. bera en A. Les angles en B et en A étant droits,
IL D'un point A, pris en dehors d'une droite BD prendra la direction de AC, et le point D tom-
XY, abaisser une perpendiculairesur cette droite. bera quelque part sur AC. Or, les angles en H
Du point A comme centre, avec un rayon suffisam- étant droits, HD prendra la direction de HC, et le
ment grand, décrivez un arc de cercle qui coupe point D tombera quelque part sur HC. Devant
la droite XY en deux points B et C. De ces points tomber à la fois sur AC et sur HC, le point D tom-
comme centre, avec un rayon plus grand que la bera au point C; BD et AC coïncideront, donc ces
moitié de BC, décrivez deux arcs de cercle, qui se droites sont égales.
couperont en un point D. Joignez AD; ce sera la 22. Deux droitesparallèles à une troisième sont
perpendiculaire demandée. parallèles entre elles. Car si l'on mène une per-
III. Diviser une droite AB en deux parties égales. pendiculaire à la troisième, elle sera perpendicu-
Des points A et B, avec un rayon plus grand que laire aux deux premières; ces dernières étant ainsi
la moitié de AB, décrivez deux arcs de cercle qui perpendiculairesà une mêmedroite sont parallèles
se coupent au-dessus de AB en un point C, et entre elles.
deux autres arcs de cercle qui se coupent en des- 23. Deux droites AB et CD (Bg. 15) sont paral-
sous en un point D. Joignez CD; cette droite sera lèles si, étant coupées par une sécante EFGH, elles
perpendiculairesur le milieu de AB. forment avec cette sécante des angles intérieurs
IV. Diviser un arc de cercle en deux parties AFG, CGF supplémentaires. En effet les angles
égales. Tirez la corde, et du centre abaissez une BFG et CGF etant tous deux le supplément de
perpendiculaire sur cette corde; elle passera par AFG, sont égaux entre eux. De même, les angles
le milieu de l'arc. EGD, AFG étant tous deux le supplémentde CGF,
V. Diviser un angle en deux po"<:M e~a~. Du sont égaux entre eux. H en résulte que les bran-
sommet de l'angle, comme centre, décrivez un arc ches FU et GD sont placées par rapport à EH,
compris entre les deux côtés; tirez la corde de d'un c&té de cette droite, de la même manière
et arc, et du sommet abaissez une perpendicu- que les branches GC et FA sont placées de l'autre.
lire sur cette corde; elle divisera l'angle
en deux Si, par conséquent, ces deux branches se rencon-
Prties égates. traient, les deux autres se rencontreraient aussi;
et !es deux droites distinctes AB etCD auraient pliant dès lors la figure le long de cette perpen-
eux anglescominuns, ce qui est impossible. Doncdiculaire, on fera coïncider les extrémités des cor-
des, et par suite les arcs interceptés entre les pa-
j<t
ql K
ic rallèles
]1 donc ces ares sont égaux.
Le théorème subsiste lorsque l'une des paral-
lèles est tangente; car la perpendiculaire abaissée
du centre sur la corde passe alors par le point de
contact, et, en pliant encore la figure le long de
cette perpendiculaire, on fait encore coincider les
deux arcs.
28. On appelle angle inscrit un angle dont le
sommet est sur la circontérence et dont les côtés
sont des cordes.
Tout angle inscrit a pour mesure la moitié de
l'arc compris entre ses cd< Supposons d'abord
que le centre 0 du cercle soit situé sur l'un des
H6;.4a.
A"~dc
<!
Fig. 5.
une longueur OC = c,
CA= a; sur le deuxième
et la suite une longueur
côté OY une longueur
OB = b. On tire la droite CB et par le point A
on mène la droite AD parallèle à CB. La droite
BD est la droite cherchée.
Observations. – 1° On pourraitaussi porter les Pour cela, on mène du point F la droite FK pa-
deux longueurs c et a l'une sur l'autre à partir du rallèle à AB, et à cause du parallélogramme BDFK
sommet, par exemple, OC =
e et OA = n; on
achèverait la construction comme précédemment,
la droite DF est égale à BK. Or FK. étant parallèle
à AB, coupe les deux côtés CA et CB en parties
mais alors la quatrième proportionnelle cherchée proportionnnellesà ces côtés, et comme AF est les
serait OD.
2* Si, au lieu d'un rectangledonné, on avait un de AC, la partie correspondante BK, et par con-
carré dont le coté serait a, le problème reviendrait séquent la droite DF qui lui est égale, est aussi
à chercher une quatrième proportionnelle aux
droites c, a et a; c'est ce qu'on énonce ordinaire- les de BC. Le théorème est ainsi démontré.
ment en disant chercher une troisième propor-
tionnelle à deux droites C et A. Corollaire. Lorsqu'une droite joignant deut
THÉORÈME IH. Quand les côtés d'un angle côtés d'un triangle est paraUèta au troisièmecôté,
sont coupés par plusieurs droitesparallèles entre ce côté et la parallèle sont coupés en parties pro-
elles, les parties interceptées sur fMt des côtés portionnelles par des droites quelconques menées
sont proportionnelles aux parties interceptées sur du sommet à ce côté.
l'autre.
En effet,tironsles parallèles A'A, B'B, CC'(6g. 6),
deux
d'iris
mots
ou pois à caM-
[C.-E. Bertrand.]
Nous avons
communément
Étamiaes introrses, trois carpelles réuni sous ce titre les
S adhérents, style simple, dëhtscenee employés pour désigner le double examen litté-
Sâ
tacé
bMses.fMiMes
cent.
loculicide, tégument séminal crus- Gidiacées.
"Pentes but- frmt<Mhis-
rectineryiees,
cent.
Am~
Amo.'ÏI..llidées.
raire que comporte en France
tprogramme du
rieur
r
térature,
<
brevet de
d'une part, un examen
capacité
les différents genres
et à l'étranger le
du degré supé-
théorique
littéraires,
sur la lit-
l'analyse
fleurs Fruit indé- et la critique littéraires d'autre part,leundisent examen
hermaphrodites Hypoxydées.
hiscent.. BypM!t<M<-s. <
pratique do composition, ou, comme les
c!. Ptxntes ~o-
candidats, une composition de style.
éta- lubiles,
La première partie du sujet, l'étude de la théo-
feuilles désigna le
mines
Plantes à tu- éparses, rie littéraire, eût été autrefoissupprimersous le mot,
berçâtes, cvMre tn- DtOMOrMefM. nom de rhétorique. Sans vouloir et pour
Ë
l1li feuiHes&Mr- [ocu~ire.. auquel nous renvoyons pour la définition pensé qu'ilH
'Ë tures réticulées Feuilles quelques développements, nous avons
5 fleurs dioïques toutes radi- est trop étroit, trop spécial et trop technique pour
? 'l/ cales,
uni-
loculaire Taccacées.
embrasser les
rait résumer
notions
mieux le
très diverses
titre plus
que nous pa-
populaire de
littép'ah.~re.
Trois f Staminés ettrorses. Mtt~. Pourdu style et de la composition lit-
l'étude
téraire, elle ne peut guère sedesfaire que par
-aee
éta- Burmanniacées.
-1~ mines
Étamines introrses l'exercice direct, par la lecture meilleurs au-
composition méthodi-
les Liliacées. t
teurs, par la pratique de la
-Uso.aes des Lirioïdéesautres que
de cette famille quement
9 dirigée, et aussi par 1 habitude de la
Les plantes
elles ont été au- Voici
parole. dans
le programme que nous avons suiviclassé
P
sont presque toutes vénéneuses sont beau-
trefois employées en pharmacie; ellesleur emploi iles C Dictionnaire et
ce d'après lequel nous avons
coup délaissées
aujourd'hui parce que articles rapportant aux études littéraires
le se
n'était pas sans danger; nous citerons coM 1
LITTERATURE
d'automne et l'ellébore(Veratrum al-
blanc PRQGRAMME DU COURS DE
que ET DE STYLE.
bum).
~y~mafuM~M. – Cn certain
ryllidées sont cultivées
narcisse
comme
des
plante
poètes,
nombre
le
d'ama-
d'ornement;
narcisse-
I.1
1 De la théorie littéraire et de la rhétorique.
But, utilité, historique. -V. Littérature et style,
tels sont le
i~
jonquille, le perce-neige, le o-WM~, le végétaux
etc. La plupart des bulbes
violents.
de ces
pancra- .] URhétorique. Règles générales de l'art d'écrire ou de la
composition littéraire. Invention, disposition,
~nnt des poisons âcres et élocution. V. Composition, Prosodie. divers
des amaryllidées arborescentes
Les agaves sont
Mexique. Ces végétaux m La poésie. Règles particulières aux
qui abondent surtout au poésie épique, lyrique, dramatique, di-
Sourissent au bout de dix-huit à vingt-cinq
dures et i
ans
pi-
genres
dactique, satirique. V. Po~te, Epopée, ~t-
leurs feuilles, très développées, sont (Genre), Dramatique ~Genre; et Drame,
quantes, les blesaures qu'elles provoquent sont)t que
facilement le siège Comédie, Tragédie, Thédtre classique,
douloureuses et deviennent Fable, Satire.
d'une suppuration intense; cet accident est dû aux divers
La prose. Règles particulières auxlettres.
~x
de chaux qui pénètrent IV.
petits crëtaux d'oxalate épines. Lors- genres éloquence, histoire, romans, Roman,
les
dans la
les
plaie en
agaves
même temps
fleurissent,
que
leur bourgeon floral al V. Prose, Orateurs,Discours, Histoire,
que de hauteur; conseils de style.-
donne une hampe de 10 a 15 mètres à cinq V. Du style. Des figures. Conseils
style.
oelle-ci porte à son
mille fleurs. Au Mexique,
extrémité
les
de
agaves
quatre
sont cultivées
du pulqué; lorsque
<n grand pour la productionle bourgeon floral, et VII.
lq
es V~~e~é~e~-V.
V. Style, Figures de style.
Critique littéraire. V. Critique.
l'agave va fleurir, on coupe àà VIII-IX.-Exercices de composition gradues cours
la plaie est creusée en forme de coupe de façon
élémentaire, moyen, supérieur. V. Lo~jo
recueillir la sève qui s'écoule; cette sève sucréeée
sition.
est enlevée par des ouvriers
.et placée dans des jarres
les Mexicains appellent aguamiel
Mve. Un pied d'agave peut
.d'asuamiel par jour et
où.
au moyen de pipettes
on la
l'écoulement
laisse fermenter
la sève de a_
fournir jusqu'à 8 litres
séveux
es
dure
Quant à
consacrons
l'e
es ~eeg d'élocution. Le discours.
'a' V. Déclamation, Discours. littérature, nous lui
trouvera
deux séries d'articles spéciaux, dont
l'indication aux mots Littérature
cinq mois; pied d'agave donnene on
.ordinairement
donc jusqu'à douze
un
hectolitres d'aguamiel. La française
sève et Littératures étrangères. intérêt de
il n'est pas sans
d'agave fermentée prend le nomagréable de pulqué; c'est ~t De ce programme de quelques pays étrangers, Boit
rafratchissante fort au M
goût. rapprocher ceux
une liqueur
distillation, retire un alcool nommé né pour leurs écoles normales, soit pour les exa-
Par la on en mens du brevet supérieur.
me.scal.
"~DMMcort'act'M. Dans cette famille se trou- )U- SUISSE.
vent des plantes à racines tuberculeuses comesti-ti-
bles, que l'on désigne sous le nom d'ignames; ÉCOLE NORMALE D'mSTtTUTRICESDE DEL~MONT(CaN-
leurs tubercules se mangent cuits sous la cendre.re. TON DE BERNE).
4° Iridacées. Plusieurs de ces végétaux sont PREMIÈRE ANNÉE (5 heures par
semaine).
d'ornement; tels sont
cultivés comme plantes
les 1. Préceptes de rédaction Invention; dévelop-
les glaïeuls,les crocus, Mts.
Mt pement par les
safran, faits, par le raisonnement, par le
Les stigmates de crocus fournissent lechauds. pathétique. Disposition règles applicables à
usité comme condiment dans les règles particulières.
pays
Les rhizomes de l'iris de Florence fournissent ent toute espèce de sujet;des – tours, dea mouvements
la poudre d'iris, recherchée comme parfuml àà Du
tissu du discours
et des figures. Figures de mots
et figures de
de Du fond et de la forme dans la
pensées. Qualités et défauts du style composition
des moyens par
2. Exercicede style sur des sujets faciles.
perfectionnent. forme se
3. Analyses de descriptions,de narrations
et de Des idées, des pensées, des jugements,
dissertationsfaciles pour préparer
do rédaction.
4. Mnémonisation et récitation de
exercices
c~ sonnements, des ~e~:m'u'es~
formes litttéraires de raisonnement; des
des In:i-
dévelop-
choisisenversetenprose. ~ei.~
morceaux
mx pements et de l'amplincation.
Du
"eveiop-
5. Compte rendu analytique oral en général du sentiment esthétique.
textuel ou substantiel du sujet étudie ou .t
écrit, du beau dans la nature et dans l'art, des
tères auxquels carac~
DEUXIÈME ANNÉE (5 heures on le distingue.
Des différents genres <" P~OM.- éloquence, Du sublime, de ses caractères, de sa forme.
par semaine).
ce,
genre didactique, histoire, style épistolaire, etc. Du go&t du talent, du génie, de l'idéal.
2. Des a~enh genres en poésie éléments de le poète.
de De la poésie, des principales qualités qui font
versification, grands poèmes, poèmes, poé-)é- De la versification; de
sies fugitives. son utilité pratique.
3. Compositionsvariées, prises dans !e domaine Du style en général, de la ~on,de l'élocu-
ne tion, de l'action et de la prononciation oratoires,
des connaissances des élèves, en s'attachant prin-
cipalement 1° à la justesse de la pensée
-Du
in- de la lecture.
but essentiel
au naturel du sentiment qualités essentiellesde la parole et du style, des
3 au développement régulier des idées, en épui- li-
du style et des défauts oppo-
sant successivement celles du sujet donné –4° à sés à chacune de ces qualités.
l'arrangementsystématique des diverses parties de q'MUtës du style qu'on appelle secondaires,
la composition; de particuhères ou d'ornement; énumërer et dënnir
5' a l'expression propre; les plus importantes.
6" à la correction et à la clarté du style.
4. Répétition générale du cours. De l'harmonie du style, du nombre oratoire, de
5. Exercices de mnémonisation et d'analyse i onomatopée.
des morceaux de littérature choisis dans la chres- sur .Du style figuré; définition de la figure
néral en gé-
diverses espèces de figures, définition
tomathie Vinet.
6. Exercices de déclamation. de chaque espèce: en donner des exemples.
T. Essais d'improvisation. De la narration, de la description, de l'exposition
8. Conférences littéraires. didactique, du dialogue, du style lyrique, du style
N. B. Pendant les deux années, les M!mMSt'<)0~ simple, du style tempéré ou fleuri, du style élevé
des élèves sont corrigées et accompagnées d'obser- M ou sublime, du style pathétique, du
fa~OM critiques. de la période et dn style périodique. style coupé,
(Plan d'études du 21 février 1863.) "nvES.ECRtTES. –
1' Analyse littéraire.
– 2" Composition littéraire.
MOGRANtE DE L'EXAMEN POUR LE (Programme du 10 septembre t810.)
°!r
BREVET DE CAPA-
CITÉ, NEUCHATEL.
.~< C<M~Mee des O-M-
PRUSSE.
vres ou des faits littéraires. L'aspirant devra iCOLES NONttMS D'INSTITUTEURS.
prouver, par ses réponses, qu'il a lu, qu'il étu-a
dié assez ou ~es a
appartenant
la littérature classique, pour pouvoir fournir àExercices f
PREMIÈRE ANNÉE.
oraux et
Lecture de morceaux choisis.
écrits d'élocution de
exemple de chacune des espèces de compositions un sition.
s Notions sur l'essence et la formeetde lacompo-
? poésie,
énumérées ci-dessous (désigner
leur titre, leurs auteurs, et ces exemples par
en faire une analyse que:
les
1
g
éléments de la métrique, la rime. Poésie
la chanson .poésie épique: la narration lyri-
sommaire). poétique,
p la légende, le conte, la ballade poésie
L'aspirant pourra être 'nterrogésur l'apologue didactique
d la fable et la parabole.
(ou lafab e), biographie,la chanson,la )a comédie. DEMISE ANNÉE. -Lecture de
le conte, la composition didactique
!M en prose et
didactique, le discours oratoire, le drame lEleen les que ceux de l'année précédente. Ces
morceaux choisis
e prose et en vers, plus étendus et plus difflci-
l'élégie, 1 épigramme.I-épitre, l'épopée morceaux
(épopée hé-serviront
tf à faire connaitre aux élèves tes carac-
roique, épopée héroi-comique), l'idylle, la lettre, tères généraux de la poésie lyrique, épique
la nouvelle, l'ode, l'oraison funèbre, le psaume d
dramatique la chanson populaire, l'ode, la bal- et
roman, la satire, la tragédie, le vaudeville. lade, la r-mance, l'épopée, le drame.
la
'=
Il devra déBnir les espèces de compositions TttoisiELt ANNÉE. Révision des matières
qui seignées
précèdent,on bien, leursdéBnitionsé~nt données SI dans les deux années précédentes, en-
nommer ces compositions et en faire ressortir les le plétée par de nouvelles lectures. De com-
principaux caractères; ~.m'M jg les unes sont privées, les autres se font ces lectures,
Etablir une classification des en classe.
Mttéraires Pour les lectures privées, la bibliothèque de
œuvres “
en genres principaux et genres secondaires 1 école mettra entre les mains des élèves les chefs-
expliquer et justifier cette classification énumérer ù œuvre de nos poètes et de nos prosateurs. Les
les espèces de compositions en morceaux lus en classe seront expliqués tant
vers et en prose pc
que l'on attribue à chaque genre P" le fond que pour la forme: on choisira des
pour
Exposer sommairement les règles qui de poêste et de prose allemande, appar-
nent chacun des genres <cr-
concer- morceaux
tenant à la période postérieure à Luther, et
Exposer sommairement les règles qui
sont pruntés
P''r de préférence aux auteurs classiques.em- Un
ttculières à chaque espèce de composition par. certain nombre des morceaux de poésie expliqués
Définir la littérature en général donner d'autres seront appris par cœur.
déNnitions ou descriptions de la littérature, re- (Programme du 15 octobre 1872.)
latives aux divers points de vue lesquels
sous on
peut la considérer.
~t~
ITALIE.
t~î" Théorie littéraire P~eep<M.
théorie httéraire diviser ou Définir la
cette matière en ses prin- ËCOLES NORMALES.
cipalesparties; motiver ou expliquer cette division.
général des diverses mo
PtŒMtEM:
1 ANNÉE. Lecture et explication de
opérations qu elle comprend. morceaux choisis de bons auteurs. Exercices de
composition
cnr narrations, descriptions, lettres.
DMXtt.ME ANNÉE. Les principales figures de f) franques, gallo-romaines ou gallo-franques. De
grammaire. Préceptes et exercices relatifs à la l'
l'époque celtique ou gauloise, nous savons peu de
construction de la période. Lecture et explication chose,
c: soit sur la langue elle-même, soit sur la
de morceaux choisisde bons auteurs. Observations littérature,et
li ce sont des éléments bien incertains
et exercices sur la pureté et la propriété des ter- de
d l'une et de l'autre qu'on peut retrouver dans
mes et des locutions. Exercices de composition l'idiome
l' de nos paysans bretons et dans leurs
narrations, lettres, rédactions usuelles. chansons
c populaires, ~n y cherchant, à quinze siè-
TitotsiMtE ANNÉE. Exemples, règles et exer- ccles de distance, un écho des chants sacrés des
cices relatifs aux qualités générales du style ddruides. La langue et la littérature des Romains
clarté, pureté, propriété, convenance, élégance. oont laissé dans l'histoire de l'ancienne Gaule des
Les tropes et les figures de pensées règles et traces plus t faciles
Marseille
à recueillir.
Bordeaux,
Toutes nos contrées
de Lyon à Tou-
exemples. Les principales compositions en prose ddu midi, de
du genre narratif et du genre didactique. Exer- I< louse, ont eu leurs écoles d'éloquence et* de
cices de composition: narrations, compte rendus, ppoésie latines, et il y eut un moment où l'empire
discours, dialogues. rromain en décadence trouva son principal éclat
(Programme du 10 octobre t86') lilittéraire dans ses provinces gauloises. Mais ce
HTTEMATUHE FRANÇAtSE. – .EteK'/ue, li- ddéveloppement tout latin du génie gaulois appar-
mites et d, visions.
l'histoire de
-Il
la
y a deux manières d'envi- titient à l'histoire de la littérature romaine et nous
littérature française, et, t~touche seulement par l'influence que celle-ci a
sager
suivant celle qu'on adopte, cette histoire présente eexercée sur nos populations indigènes, leur langue
une étendue, des limites et des divisions très dif- et e leur caractère. L'élément germanique qui, après
férentes. Pendant longtemps, on a restreint notre l'l'invasion des Francs en Gaule, a une si grande
littérature à la suite des oeuvres écrites dans cette part p dans les transformations politiques et ethno-
langue mûre et perfectionnée, aujourd'hui parlée graphiques g de l'Europe, n'a qu'une très médiocre
et comprise par les classes instruites de la société importance
i] littéraire. Les diverses tribus germa-
dans nos diverses provinces, et, en ce sens, notre niques,
n également voisines de leur origine barbare,
histoire littéraire remonterait à peine au commence- n n'avaient guère de traditions de culture intellec-
ment du xvn' siècle. Laissant de côté les auteurs tuelle
t à se transmettre, et chacune d'elles, sur le
dont le langage vieilli ne se comprendbien qu'avec point
p où elle s'établit, en est aux premiers tâtonne-
le secours d'un dictionnaire, elle prendrait pour E ments d'une grossière poésie, qui va prendre ses
point de départ la réforme classique de Malherbe allures
a et ses formes propres dans la diversité des
qui, après les tentatives de restauration gréco- circonstances
c locales et historiques. Loin de par-
latine du xvi' siècle, vient enfin mettre la langue ticiper
t au réveil du peuple gaulois, l'élémenttudes-
et la littérature dans une voie qu'elles ne devaient qque s'élimine visiblement de la langue comme des
plus quitter. Son champ serait alors assez borné, idées
i~ de la nation reconstituée de ce côté du Rhin
et les divisions en seraient faciles; elles corres- ppar Charlemagne. et l'on est étonné de voir com-
pondraient aux trois siècles écoulés depuis tbien peu de mots d'origine germanique subsistent
Malherbe le xvn*, le xvm' et le xix' siècles. àa coté du latin dans les plus anciens monuments
Mais la critique de nos jours a élargi singuliè- <jde la première langue vulgaire française désignée
rement notre horizon. Elle nous enseigne à cher- ssous le nom de langue romane.
cher la littérature d'un peuple dans toutes les Cette langue laisse entrevoir sa physionomiepro-
manifestations, écrites ou parlées, de son génie, rpre dans un premier document, le double serment
à toutes les périodes de l'histoire nationale et cde Strasbourg, prêté en 842 par Louis le Germa-
à travers toutes les révolutions de la langue. Dans nique r à Charles le Chauve et par les soldats de
ce sens, l'histoire de la littérature d'un peuple Charles
( à Louis, avant de marcher contre Lothaire.
remonte jusqu'aux origines de sa nationalité, en On
( y voit disparaître ces désinences changeantes
suit et en reflète toutes les phases. Ainsi entendue, rpar lesquelles les mots latins marquent leurs
l'histoire de la littérature française, comme celle rapports r entre eux, et l'on y remarque aussi l'ab-
de toute littérature moderne, offre trois grandes ssence de l'article. Voici le texte et la traduction
périodes, correspondant aux divisions mornes de dde la première partie:
l'histoire générale le moyen âge, la Renaissance
Pro Deo amur et pro chris- Pour l'amour de Dieu et
et les temps modernes. Des subdivisions plus ou tian t' poplo et nostro com- pour le peuple chrétien et
moins nombreuses peuvent être établies, soit d'à- mun “ salvament, dist di en notre commun salut, de ce
près des points de repère chronologiques, comme avant, a in quant Deus savir jour en avant, autant que
les siècles ou les règnes, soit d'après l'influence et e potir me dunat, si satyara Dieu m'en donne le savoir et
dominante des hommes et des œuvres, ou d'après jeo j' cist meon fratre Karlo, te pouvoir.je sauverai mon
les conséquences d'événements qui changent les e in adjudha et in cadhuna frère Charles, ici présent, et
et
d'existence extérieure morale de la f
coza, si corn om per dreit son lui serai en aide en chaque
conditions ou fradra
fi salvar dist in o quid chose, ainsi qu'un honune
société. Si la division par siècles s'applique assez il mi altresi fazet, et ab Lu- selon la justice doit sauver
bien aux diverses phases de notre littérature de- dher d nul plaid nnnquam son frère, en tout ce qu'il il
puis la Renaissance, c'est, au contraire, d'après prindrai, p qui, meon vol, cist ferait de la même manière
les genres et les œuvres qu'il nous parait néces- mcon n fradre Karlo in damno pour moi, et je ne ferai avec
saire de diviser la longue période littéraire du sit. S Lothaire aucun accord, qui,
de ma volonté,porterait dom-
moyen âge, où, en dehors des limites chronolo- mage à mon irère Charles,
giques ordinaires, on voit les mêmes genres se con- ici présent.
tinuer et souvent les mêmes œuvres se reprendre
de siècle en siècle, en se transformant suivant Cette langue naissante de populations encore
les idées, les mœurs, l'état social contempo- barbares, t livrées à toutes les incertitudesd'un état
rain. ssocial en formation,va bientôt, au milieu
d'un dou-
1ble courant de faits et d'influences, se partager'en
I. PREMIÈRE PÉRIODE. MOYEN AGE. deux idiomes distincts et rivaux, la langue d'oïl
(
1 Pre'Mr'e"~ éléments de langue et ~po~'c. et < la langue d'oc, c'est-à-dire la langue du nord et
Il est difficile de marquer l'époque précise où com- 1la langue du midi de la France. Et ces deux langnes,
mence la langue française, et, dans cette langue, parlées I par des populations dont l'hostilité ira.
les premiers germes d'une littérature. Pendant la dans ( la guerre des Albigeois, jusqu'à l'extermi-
suite d'invasions dont l'ancien sol gaulois a été le nation, i partagées elles-mêmes en deux familles
théâtre, notre histoire, notre langue et notre litté- de ( dialectes, auront deux littératures différentes,
ratura oont tour à tour celtiques, romaines, répondant
t à la diversité des milieux, des races et
df" événements. Mais le Nord doit l'emporter, en ne remontent pas au delà du milieu du x'* siècle.
littérature comme dans l'histoire, sur le Midi. La Mais. l'élan une fois donné, la verve d'invention
langue provençale, si gracieuse et si sonore, avec populaire fut aussi rapide qn'inépuHable, et le
les inventio~, plus ingénieuses que puissantes,de xn* siècle nous en montre déjà le riche épanouis-
ses poètes on <f<)N&adoMr! rentrera dans l'ombre sement.
des langues et des littératures mortes, tandis que Prises dans leur ensemble, tes chansons de
les rudes et sourds dialectes, du Nord formeront geste étaient divisées par leurs inventeurs eux-
par leur fusion la langue française, et que les mêmes en trois groupes, suivant les matières dont
compositionsbarbares, mais fortes, de leurs trou- elles traitaient. Il n'y avait, en effet, pour l'imagi-
vères resteront dans le patrimoine ou dans la tra- nation poétique de ce temps, que trois ordres de
dition directe de la littérature nationale. traditions ou de souvenirs: l'histoire nationale,
Dans la langue du serment de Louis le Germa- les légendes celtiques, et l'antiquité dont Rome
nique, on ne s'attend pas à trouver de riches pro- était le centre. C est ce qu'exprimait ainsi le
ductions littéraires. Les premières que l'on signale trouvèreJean Bodel:
sont de simples chansons, qui ont reçu le nom de
cantilènes, à cause de la lenteur mélancolique Ne sont que troh matières à nu) hommetntendmt
laquelle elles disaient (cantus lenis). De Franee, de Bretagne tt de Rome la pant.
avec se H
nous en est parvenu une qui a un caractère exclu- La < matièrede France, la plus riche et la plus
sivement religieux c'est la Cantilène de sainte populaire, aux xn* et xni* siècles, avait pour point
Eulalie, qui appartient au x' siècle et qui est le culminant Charlemagne, et comprenaittoutes les
plus ancien monument littéraire de notre langue, légendes dont il était personnellementle héros ou
a peine échappée des langes de la latinité, mais relatives aux personnages associés à sa mémoire.
déjà affranchie de tout germanisme. C'est, en sept En tête de ces derniers figurait le héros Roland.
stances inégales, la rapide et naïve esquisse de la ce type poétique par excellence, sur lequel l'his-
vie et de la mort d'une vierge martyre. Il nous toire et la chromque sont à peu près muettes,
suffira d'en citer le début mais dont l'imagination des trouvères fit la plus
haute personitcation de l'idéal chevaleresque.
Bmont pulcella fut Eulalia; La Chanson de Roland est une sorte d'~ta~e ro-
Bel avret corps, Mtezoer Mime.
Yotdrent la peintre li Deo inimi, mane. L'un des plus anciens de nos poèmes
Voldrentla faire di~te servir. héroïques et le plus remarquable peut-être, elle
a subi des remaniements qui l'ont portée de 4,0 ~0
(Eulalie fut une bonne jeune fille -Elle avait vers à 10,000; on en ignore l'auteur, et l'un de ses
beau corps, plus belle âme. Voulurent la vaincre manuscrits porte seulement le nom d'un obscur
les ennemis de Dieu, Voulurent lui faire servir copiste. On la considère avec raison comme un vé-
le diable.) ritable poème épique, et, dans ses cinq chanta,
Le plus souvent, sans exclure le sentiment reli- elle a toutes les qualités du genre un sujet na-
gieux toujours dominant, au moyen âge, dans tional, l'unité d'action, une exposition simple et
l'art comme dans la vie, la cantilène était inspirée grandiose, la concision des détails, une largeur
par des souvenirs guerriers; c'était un chant de magistrale du style et, dans la suite des épisodes
combat ou de victoire, ou une complainte sur la intimement liés au récit, un intérêt soutenu. La
mort d'un héros avec un résumé légendaire de sa Chanson de Roland, dite aussi ffe AMMMM,
vie. Elle popularisait, par une poésie grossière, a pour sujet l'expédition de Charlemagne en Es-
les événements et les personnages, mais elle en pagne, pays que la légende lui fait conquérir tout
dénaturait peu à peu ie caractère historique et entier,et la défaite éprouvée, en T!8,par l'arrière-
surtout les proportions, donnant souvent le pre- garde de son armée dans les déniés de Roncevaux.
mier rang dans l'imagination à ce qui avait tenu En voici quelques vers, pour donner une idée, non
le moins de place dans la réalité. La cantilène est du mouvement général, mais du style, du rythme
devenue le point de départ et le thème des grands et de la langue du temps. Il s'agit de la décou-
romans épiques ou chansons de geste, qui sont res- verte que fait Roland de son fidèle compagnon
tés les principales œuvres littéraires du moyen âge. Olivier parmi les morts. Il l'apporte à l'archevê-
2° Les yra?«.b poèmes épiques. La chanson de que Turpin, pour qu'il le bénisse, et il lui adresse
geste est une sorte d'épopée spontanée, continue un adieu funèbre
et collective,qui jaillit de l'imagination poputaire, Rollao. s'en tumet le camp vait recenser
changeant de jour en jour de forme, comme la De MU un pin, de lei un églentier,
langue elle-même, recevant de bouche en bouche, Sun compaignum ad truvet Olivier,
suivant les temps et les lieux, des développements Contre sun p)i estreit l'ad embraciet.
nouveaux, se mettant sans cesse en harmonie Si cum il poet al ttrceveBqne en tient.
avec les idées, les mœurs, les sentiments, les pas- Sur un escut l'ad as attres culchiet,
sions de la foule à laquelle elle s'adresse. Le mot E l'arcevesques l'ad asolt et seigniet.
geste, dans son sens particulier, exprime toute Jdnne agreget li doels e la pitiet.
Ço dit ReOani: < Beh cumpainz Oliviers,
la suite des hauts faits accomplis par un peuple Vus fnstea fila al bon eunte Renier
ou par une famille, en entendant toutefois par fa- Ke tint la marche tresqn'at val de Rivier.
mille un groupe de personnages unis moins par Pur hantes fraindre, pur escuz pécéier
le sang et la naissance, que par l'accomplissement B pnr osberes derumpre ed esmaiUier,
d'une série de grandes œuvres, par une commu- E pur produmestenir e cunseillier,
nauté de destinée héroïque. Les auteurs des chan- E par glutuns veintre e esmaier,
En nnle tere n'ont meillur chevalier.t
sons de geste sont le plus souvent incertains ou
tout à fait inconnus. Pour quelques-unes des plus (Rolland s'éloigne, il parcourt de nouveau le
célèbres, on ne sait que le nom du copiste qui les champ; Sous un pin, près d'un églantier Il
a transcrites ou du chanteur ambulant'qui les ré- a trouvé son compagnon Olivier; Contre sa poi-
citait. Il semble, au milieu de leurs transforma- trine il l'a étroitementpressé. Comme il peut,
tions incessantes, que le peuple, véritable créateur il revient vers l'archevêque. Sur un écu, il a
du sujet et des héros, ait dédaigné de garder le couché Olivier, auprès des autres, Et l'arche-
souvenir de l'artiste qui avait donné à l'oauvre, non v&que les a absous et bénis. Alors augmente le
sa marque individuelle, mais celle de la nation et deuil et la pitié. Et Rolland dit Beau compa-
du temps. gnon Olivier, Vous étiez fils du bon comte
Les premières chansons de geste, sorties par Renier, Qui tint la marche jusqu'au val de
amplification des cantilènes franques ou romanes, Rivier. Pour briser les lances, pour mettre en
boucliers, Pour rompre et démailler jrend un certain nombre de poèmes reliés
pren
autour
événements.
nièces les les mêmes héros et des mêmes
un n~bert,- Et pour conseiller les gens de bien, des relies sont la Geste des ~orM!?M ou LoAe~atM,
vaincre et abattre les traîtres, En TeU &<M~o~<c.
Et pour chevalier.) les Gestes du Nord, la Geste
nulle terre, il n'y eut meilleurplus sa & dehors de tous ces cycles de poèmes
En légen-
Chanson de Roland, la connue pour chroniques nmées de
La
poétique,est loin de donner une idée suf- dair daires. se produisent des le ton
valeur faits contentporains,qui prennent encorecelui de
fisante de la fécondité épique du génie de Charle- épique épiq lorsqu'un grand intérêt, commesiècle, la
âge. Il y a d'autres compagnons est en cause; telle est, anxm'
moyen
qui onhnspiré des poèmesou des suites la la foi,
CAanMK
f
croisade contre les Albigeois, com-
magne considérables. Ainsi la C/M de
de poèmes autrement Garin de prenant près de 10,000 vers, offrant les formes
Geste de Guillaume au Cow~M ou de pre~
composition et de rythme des poèmes carlovin-
ne comprend pas moins com
destinée a être récitée comme eux.
branches, toutes du xm' siècle, et formantRoi un total giens,
gier etmultiplicité
la même de ses sujets, par les ef-
Pépin du a le Par
P
de 117,000 vers. La Geste de ou
auxu' siè- fort
forts incessants del'imagination pour en renouveler
commencée
même nombre de branches
jusqu'au xiV siècle, de lele développement,par la part de plus en plus grande
d
clé, elle se prolonge chefs faite aux sentiments humains, spécialement à la
poèmes en poèmes. Une geste spéciale des passion de l'amour, dans les événements MroiqMs,
hostiles à Charlemagne,celle de siècle, la chanson de geste perd peu peu à son grand ca-
branches du xm' sans ( d'aventure.
compte encore onze
parler des branches perdues et des imitations ou r~èreépiqueet
rac tourne au roman
le poème épique, est tou~
ultérieurs. Et de tous ces Mais
Mai le roman, comme et
des remaniementi.
seulement sont rapportés ou
jours inspiré des idées et des mœurs du temps, de
poèmes, trois ou quatre ne sont que la forme littéraire
à Adam de l'ut et l'autrereprésentation
à des auteurs connus, spécialement 1300), pro- l'histoire, l'hi la mobile de la mobilité
Adénes-le-Roi (mort vers la grande dis-
Brabant ou
Roi des ménestrels à la cour du comte des mœurs contemporaines de là productions des
c~mé «
tance qui sépare les diverses
tan
Flandre. épiques du xn* au xv' siècle.
de
Les chansonsde geste de
relatifs a
la matiÈre de France, cycles
l'avènement de notre
» cy(
"LMpoeMM didactiques, satiriques ~aH~o-
avecleurs incidents A coté de tous ces récits poétiques,
des
de rois, guerres et expéditions de riques.
riq faire place. II y
seconde race aux
efforts de leurs suc- genres
ge. distincts commencent à se Bestiaires,
Pépin, de Charlemagne, aux de poésie didactique les
cesseurs contre les Normands, etc., composent a cdes essais de traités d'histoire naturelle, le plus sou-
cycle épique, le cycle carlovingien. so
sortes description physique
un premier de Bretagne, » qui prend son déve- vent ve. en vers, consacrés à la
et des
La « matière
plus tard, déroule le tableau et morale des animaux, à celle des végétaux leçons de
loppement un peu minéraux, mais plus remplisd'observations
mi encore de
religieuse et pol tique du peuple scienti-
de l'histoire celto-normand morale et d'allégories que fait
breton, sous l'influence du legénie roi fabuleux Artus,
mi
fiques.
Bq La poésie morale se une place dans les
principal de la
fables, où nos pères recueillent les trésors
q
eUeapour héros exploits des chevaliers fal
et pour thème ordinaire les antique et de la sagesse de l'Orient.
Saint-Graal, philosophie
pl
de la Table-Ronde à la recherche du du Christ. Un th roman indien, le Livre des sept conseillers, tra-
qui a reçu le sang de l'Eu-
vase merveilleux, cycle, le cycle duit dt ou imité dans français, les diverses langues
Ces chansons composent un second Elles présentent rope,
ro devient, en le Roman des sept
Table-Ronde.
d'Artus ou de la carlovingicn de notables dif- sa sages ou de Dolop athos, et fournit la trame d'une des
avec celles du cycled'une inspiration plus savantefoule fo de récits, de légendes ou de fables et
férences; elles sont
et d'une forme moins populaire; on en connaitprétextes pi de leçons.
E~enre'qurparalt compatible avec
le ca-
mieux les auteurs plusieurs sont en prose, et ont racMpîq~, prend peu inat-
été faites moins pour être chantées que
de
pour être
cycle
r
rendus
tE c'est le genre
des
satirique
développements
il affecte bien des
lues. Les principaux romans en vers ce mais il a son centre et pour grande ainsi dire sa
même auteur, Chrestien de Troyes, quiformes
fc Roman de Renart, allé-
ont le citadelle dans le
mourut vers 1195.
La « matière de Rome, comportant un senss gorie
souvenirs de q
q'~la~é
ci
g qui représente, sous son jour le moins
féodale. Sous les traits des
héroi-
animaux,
très large, recueille tous les vagues tant sacréee le Roman de Renart met en scène toutes les clas-
l'antiquité,tant grecque que romaine, 1.
sociales les grands et le peuple, lejuges; roi lui-
oue profane. Elle a inspiré des poèmes de geste dee ses s
même et ses conseillers, le clergé et les il
d'aventure les uns n prises avec la violence,
forme épique, et des romans mains mains des dé- nnous montre la ruse aux débauche, limmoraUte
~t les autres, recevant de en l'hypocrisie couvrant la
touchent à 1 histoire e
veloppements nouveaux, ne
des
1
t habSe triomphant de l'innocence et de la vertu.
des per-
ancienne que par
sonnages et sont,
les
avec
noms
les incidents
pays
les
ou
plus fabu- i Cette
( vaste composition,
commJrouvrage le plus
considérée
achevé de
avec raison
l'art littéraire
domaine exclusif de l'imagination. c de commun avec
leux, du
à deux autres cycles les
.< français
f au moyen âge, a celaépopées primitives,
On rapporte encore d'aventure du n les poèmes cycliques et les
chansons de geste et romans moyen 1
semble pas le produit d'une création
la croisade et le cycle provincial. L qu'elle
( ne successif collec-
âge le cycle de iindividuelle, mais d'un
travail et
comprend tous les poèmes de longue siècle, avant
Le premier
grand mouvement qui entrai i. tif ébauchée en latin, au xn-
relatifs à en langue romane,
1
haleine ce
donnant à la fois is de prendre sa forme populaire
na l'Europe vers l'Orient, en
à la soif des elle se grossit, en passant de mains en mains, de
satisfaction au fanatisme religieux et .s vraies ou fictives, de récits
héros principaux Godefroi 0~ traditions, d'anecdotes prennent,
aventures. Ils ont pour remaniés, de fables qui
deBouillon et Baudoin, et pour théâtre Jérusalem, n, recueillis et et substi-
Constantinople. Quelques-uns sont
nt en se développant, des allures épiques, remarquable raffi-
Antioche et des auteurs tuent à la naïveté primitive un
mais la plupart ont de Renart, après avoir
encore anonymes,
Plusieurs se succèdent et s'enchaînent, nement d'idées. Le Roman remaniements et des suites,
connus. et con- eu, en France, des
même
comme la suite d'une siècle.œuvre, nous n-
de l'Europe en s'appropriantsi bien, par
Le cycle provincial ~1 fit le tour
duisent jusqu'au XIV les détails, aux mœurs des fois diverses nations, que
offre un groupe nombreux de chansons de te
geste s'imaginèrentà la l'avoir inventé.
cycles précédents et qui plusieurs
ne rentrant pas dans les sujets, légendes ir- La satire se mêle à l'allégorie dans une autre
appartiennent, par leurs
Chacune
aux
d'elles
par-
com- grande œuvre littéraire, le Roman de la Rose,
ticulières d'une province. Ti-
commencé au xin' siècle par Guillaume de
Lorris (mort vers 1260) et achevé, que se développe
au lui- et qu'on a appelé un
siècle sui- genre propre au moyen âge
essentiellement gaulois, le fa-
vant, par Jean de Meung (1280-1320.) Son impor- bliau
tance est considérable par l'influence qu'il or- ou petite fable (fableau). C'était un récit en
cée sur tous les genres de poésie a exer-
er- vers, comme la chanson de geste, mais qui
ou de prose,
se, trastait a dessein avec elle par le ton léger et con-
queur, par lea inventions comiques, la malicen~
mettant partout en honneur, au moyen âge le
ratllnement et la recherche de la ferme allégori- observations, des
quo.
'ri- un naif dévergonde' Le trouvère
Le Roman de la Rose se compose de 92,000 champenois Rutebeuf(xm' siècle) est à la foison
'CO des premiers satiriques et !e principal a
vers, dont t,000 seulement appartiennent au de son temps. Ces récits fableor
premier de ses deux auteurs, et sont étrangera malins, légers,'voon~
caractère satirique de leur longue continuation. Boccacean
au tiers licencieux, furent très goûtes en Italie où
il ne s agit, au début, que d'une sorte de m. nous les emprunta au siècle suivant
voyagege ils ont été repris succès
au pays d amour, ayant pour objet la conquête avec
~e Fontaine, Voltaire, et autres conteurs par Rabelais, La
d une rose emblématique, en dépitde mille épreu- à l'esprit
ves, dans un monde de personnages imaginaires n- gaulois des temps modernes.
représentant des qualités, des défauts et toutes es 4° Les genres ~~MM. Ce n'est pas seulement
es dans les œuvres de longue haleine, poèmes hé-
sortes de choses abstraites animées par la nc-
tion. Mais avec )e continuateur de Guillaume c- roiques, ~1"~ ou moraux, que le sentiment
M Iittéra)re se développe en France au moyen 4M
de Lorris, )e ton et les idées changent, et l'allégorie ie il se fait ~our dans une foule de petites pièces
n'est plus que le voile transparent d'une satire de
universelle. Non seulement toutes les classes de re vers représentant, par les sujets ou la forme,
le toutes les variétés de la chanson. Le par
la société sont prises à partie et malmenées, mais 's qui domine est amour, mais il se mêle sentiment
les institutions elles-mêmes et les idées idées
quelles elles reposent reçoivent de rudes assauts. s- du temps, aux détaifs de la vie du poète,aux
sur les-
Voici comment le poète donne s. venirs des grands événements, en sorteauxqu'un sou-
pour origine à la genre modeste de poésie est
royauté, la force brutale une repré-
sentation fidèle de la société encore
contemporaine. La
Ung grand vilain entre eus eslurent, chanson se montre très florissante xiu' siècle,
au
Le plus ossu de quanqne furent, sans avoir cette variété de rythme qu'elle attein-
Le plus eorsu et le greimcr, dra peu à peu. L'un des premiers
Si le firent prince et te~nor. chansons, et des plus célèbres, est le auteursThi- de
baut de Champagne, qui, après avoir pris comte
Et ce roi qu'on dit maltre de tout, n'est rien
~r'dis~on' de ses sujets; il est tout entier quee importante, pendant la minorité de saintune part
Louis,
leur discrétion aà a )a coalition féodale, la nt échouer
par son em-
pressement
1 à subir le prestige de Blanche de Cas-
Ains est lor; car quant il vodrout, tille,
t devenue la dame de ses poétiques pensées.
Leur aides au roy todront: Voici un échanttUon du sentimentet de la langue,
Et Ii roi tous sens demorra, aau début de ce genre de poésies, qui doit être
Si to5t com ji pueple si
Car lor bontés ne lorvorra. a fécond
Ler cen, lors forces, proesces,
1er MceMei,
Ne sunt pas siens, ne riens Mout cet amors de merroiUtTpeoir
Nature bien les Ii zyt. ma Qui bien et mal fait tant corn li Mree
Moi fait ele trop longuement dotoïr.
Le Roman de la Rose eut, comme le No~MM de Raisons me dit que j'en o~t ma pensée.
Renart, remaniements e Mai j'ai un cuer, ttcs tel
ses en France, et ses tra- ne fu troTëa,
Tos jors me dist amés, amés, tme<.
ductions et imitations a l'étranger, surtout en An-
gleterre mais nulle part on ne contesta N'autre raison n'iert jà par lui mostt'ec,
gine et son caractère éminemment français. son ori- Et j'aimerai, n'en puis estre tornés.
Dame, merci, qui tos les biens Mes
La satire se fait encore une place importante Toutes ralors et toutes grans bontés
dans des ouvrages qui, empruntant leur Sunt plus en ~os qu'en dame qui soit née;
livres saints, s'appellent des Bibles il titre aux Secorez-moi que fere le poez.
conservé deux échantitions du xnr siècle: en a été
Bible de Guyot de Provins et celle de Hugues de la (Amour est de très merveilleux pouvoir, – Dut
Berzi. Dans l'une et l'autre, les diverses classes bien et mal fait, comme il lui agrée.
bi Il me
de la société sont passées en revue et donne à moi de trop longs chagrins,
d<
Raison
rées avec véhémence. La Bible censu- me dit d'en ôter ma pensée.
m Mais j'ai un cœur,
Guyot, comme on
~~n
disait au moyen âge. qui renferme environ 2,600 tel
te qn ne s en trouva jamais; Toujours il me
vers~éb~ crie
cr aimez, aimez, aimez. Aucune autre rai-
son ne sera obtenue de lui, Et j'aimerai, je n'en
~600
Dom siècle puant et orrible puis
pl être détourné. Dame, ayez merci, vous
qui avez tout bien
M'estaet (il me convient) eommene:r
Qui ne sera pas losengiere (louangeuse), une Bible des
Q<
–Tout mérite et toutes gran.
bontés Sont plus en vous, qu'en dame qui
Mtdt fine et voire (vraie) et droiturière. soit
SO née – Secourez-moipuisquevous le
faire.)
fa: pouvez
Elle s'attaque particulièrement clergé
au
ordres religieux; elle n'épargne ni et aux Au même siècle appartiennent, dans la chan-
les cardinaux, son d'amour, le mystérieux châtelain Raoul de
so
ni le pape lui-même, qu'elle appelle notre père Coucy,
Cc dont la passion pour la dame du Faël donna
Apostoie, et auquel elle reproche de ne pas être lieu une des plus tragiques
la boussole, la tresmontaigne » des ndèies. Elle
peint, sous les plus sombres couleurs,
lie légendes; Adam de
la Halle, bourgeois d'Arras, plus célèbre l'in-
Rome et les vices, les crimes dont elle
la ville de vention
ve des premiers « jeux e dramatiquesparColin
a été et
est ie théâtre. Guyot, si sévère pour les moines Muset, ménestrel de profession, qui porte la chan-
Mi
de son de château en château moyennant salaire.
so;
son temps, était moine iui-mème, et d'un âge assez Au xiv* siècle nous citerons le fécond et ingé-
avancé lorsqu'il écrivit cette bible, qui fait tour nieux Guillaume de Machault (mort en t377), qui
à tour voir en lui a un homme de génie, a ni<
né trois « (commencha, dit-on, toutes tailles nouvelles et
sièeies trop tôt, ou simplement < un moine ir-
rité contre le monde, au milieu duquel il les parfais iais d'amour, » et Jean Froissart (1337-
plus vivre. n ne peut 1410),
141 chez qui la gloire du chroniqueur ne doit
C'est dans le domaine de l'allégorie et de la satire pas faire oublier le talent heureux du poète. Il est
pa!
un de ceux qui nous montrent, a cette époque,
dans un degré étonnant de perfection, les formes 1les appelle-t-on des mystères ou encore des mi-
savantes du rondeau, du virelai et de la ballade. racles,
r suivant leur sujet. Le spectacle de ces
}pièces, liées ainsi aux
cérémonies religieuses, se
Une stance, qu'il est superflu de traduire, suffira
donne longtemps dans l'église même, à l'occasion
pour marquer le progrès de la langue et du genre (
des grandes fêtes comme Noël, l'Epiphanie, Pâ-
d'un siècle à l'autre l'Ascension. Les personnages traditionnels,
ques,
j
Sus toutes flours tient on !a rose à belle, 1les animaux eux-mêmes ont leur place marquée
Et, en après, je croi, la violette. dans le cortège. On parle aux yeux, par les attri-
La flour de lys est belle, et la perselle (&!«?<) buts et les costumes aux chants liturgiques se
La flour de glay (~<ft:eM!)est plaisans et parfette, mêlent des dialogues en langue vulgaire; toute la
Et li plusieurs aiment moult l'anquelie
Le pyonier (pivoine),le muget, la soussie, légende est mise en action.Quand le chœur même
Cascune flour a par ti sa mérite. de l'église ne suffisait pas à ces manifestations scé-
Mes je Tous di, tant que pour ma partie niques d'une foi naive, des échafauds étaient dres-
Sus toutes Bours, j'aimme la Margherite. sés dans le parvis ou dans les cimetières. Le
La chanson, développant toutes ses formes lyri- plus souvent un s<!rmon ouvrait la scène, en guise
rang dans la de prologue, et I:t représentation était close par
ques, prend, au xv" siècle, le premier
littérature française de la fin du moyen âge. Les un Te DeMm, ou tout autre morceau de plain-
plus
rythmes deviennent encore plus divers et attei- chant, qu'assistants et acteurs disaient à la fois.
savants le virelai, la ballade, le rondeau Le drame, sans abandonner son caractère reli-
gnent à une perfection de forme, à une grâce de gieux, ne commença à sortir de l'église qu'au
sentiments, qui ont fait oublier les essais précé- xv° siècle. Des confréries d'ouvriers se formèrent
dents. Les poètes qui excellent sont Eustache pour jouer des mystères, dont la composition et
Deschamps, Christine de Pisan, Alain Chartier, la mise en scène se compliquèrent de plus en
Charles d'Orléans, Martial d'Auvergne, Guillaume plus. Ils eurent pour sujet tous les grands actes
Coquillard et, pour abréger la liste, François Vil- de la vie de Jésus, mais il y en eut un qui prima
lon, à qui Boileau ne craint pas de sacrifier en toujours tous les autres dans la faveur populaire
bloc tout le passé poétique de la France ce fut le Mystère de la Passion. Celui-là prenait
ordinairement de vastes proportions et parfois
Villonsut le premier, dans ces siècles grossiers, une longueur incroyable. Celui que composa Ar-
Débrouiller 1 art confus de nos vieux romanciers. noul Gresban se divisait en vingt journées et con-
Villon n'est pas d'une autre famille que les tenait environ 25,OGO vers te nombre en fut
poètes dont noua venons de parler, mais il a sa porté par ses continuateurs à plus de 60,000.
physionomie propre, un sentiment personnel et, Le frère de ce fécond auteur, Simon Gresban,
langage. Connu pour
avec la grâce, la vigueur dudésordonnée, alla plus loin encore, avec le Triomphant myir-
son existence irrégulière et il se re- tère des actes des apdtres, n translaté ndèle-
proche ainsi dans son plus long poème, le Grand ment de la vérité historiale, ordonné par person-
Testament,le mauvais emploi qu'il a fait de sa jeu- nages » grande féerie religieuse qui se maintint
nesse au théâtre tout un siècle, malgré les difficultésde
jM Dieu se j'eusse estudié
la mise en scène, et qui n'a pas moins de 80,000
Au temps de ma jeunesse folle, vers, avec un répertoire de 425 personnages. Ce
3t à bonnes mceurs dédié, mystère gigantesque s'est réimprimé, avec le
pousse maison et couchemolle 1 détail descriptif des scènes et des décors, jus-
Mais quoi ? je fuyoye l'escolle qu'au milieu du xvf siècle.
Comme faict le mauvais enfant. Outre l'Ancien et le Nouveau Testament et les
En escrivant ceste parolle légendes des saints, des événements de l'histoire
A peu que le cueur ne me fend.
contemporaine pouvaient fournir quelques sujets
L'oeuvre la plus gracieuse de Villon est la Bal- de drames populaires. Tel est le Mystère du
lade des Dames du temps jadis, avec son refrain siège d'Orléans, qui compte lui aussi plus de
mélancolique 20,000 vers, et qui fut représenté pour la pre-
mière fois, le 8 mai 1439, à Orléans, pour l'anni-
Mais où sont les neigea d'antan. versaire de la délivrance de cette ville par
Elle est dans tous les recueils. D'autres pièces Jeanne d'Arc.
montrent chez lui une précision, une énergie de Aux confréries, qui jouaient les mystères, il
langage dont la strophe suivante, sur la mort, faut joindre des troupes profanes qui firent
donnera l'idée entrer le théâtre du moyen âge dans une nou-
velle voie, comme celle des Enfants sans souci, ou
La mort le faict fremir, pallir, des clercs de la Basoche. Après les anciens « jeux»
Le nez courber, les veines tendre,
Le col enfler, la chair mollir, dramatiques, dont Adam de la Halle avait autre-
Joincts et nerfs croistre et estendre- fois donné le modèle, elles représentèrent des
Corps féminin, qui tant est tendre, moralités, sortes de pièces allégoriques, qui eu-
Polly, souef (~OMa'), si precieuix, rent encore quelquefois pour thème des para-
Te faudra-t-il ces maulx attendre ? boles de l'Ancien ou du Nouveau Testamentmises
Ouy, ou tout vif aller ès cieulx.
en dialogues, mais qui le plus souvent dévelop-
Voilà la langue poétique que le xv' siècle lègue paient, avec des personnages abstraits et fictifs,
au siècle suivant après quatre siècles de transfor- comme ceux du Roman de la Rose, une action
mations et de progrès. comique très libre, ou une violente satire. Ainsi
o° Le théâtre. Mystères, moralités, /'<:reM. – Il naissait la comédie, qui prit un tour plus vif
est un genre littéraire où chaque société, chaque encore dans les sotties, ou satires dramatiques,
époque, ont laissé leur image la plus fidèle et qui en honneur jusqu'au milieu du xvf siècle.
ne pouvait manquerau moyen âge, c'est le genre Un souvenir populaire a survécu aux tentatives
dramatique. Il prend, à l'origine de nos sociétés de comédie du xv', c'est celui de la Farce de
modernes, gouvernées par l'Eglise, un caractère' Maistre Pierre Pathelin, œuvre à peu près ano-
particulièrementchrétien, on peut dire même ec- nyme de quelque « poète satirique et joyeux com-
clésiastique. Le théâtre n'est, au début, qu'une père D, compagnon et fournisseur dei clercs de
annexe du temple, et les premières représenta- la Basoche.C'est la mise en scène d'une joyeuse
tions dramatiques ne sont que la mise en scène friponnerie, où la morale et la justice trouvent
des mystères de la foi et des faits merveilleux de mains leur compte que la vieille gaieté française,
t'histotre biblique ou de la vie des saints. Aussi d'une suite et comme d'un ricochet de ruses et
4e fraudes, sans autre moralité que le plaisir de gnage personnel. Ce sont « choses, dit-il, que j'ai
voir tromper un trompeur. Mattre Pierre Pathe- oralement veues et oyes. Le narrateur
lin, avocat sans causes ou du moins sans argent, met entier dans son livre, avec ses souvenirs se et
endort par sa flatteuse parole la dênajtM de son ses impressions, sans jactance ni fausse modestie,
'voisin le drapier et se fait livrer une pièce de cédant naturellement au plaisir de faire con-
drap, qu'il se promet bien de ne pas lui payer. !1 naltre < son bon seigneur et à celui de conter;
enseigne aussi au berger Agnelet à tromper les acteur et héros Im-mëme, il M met en relief aussi
juges par une feinte bêtise, en bêlant, pour toute bien que les aottces, avec une naïveté to~tte che-
céponse, et celui-ci a recours au même strata- valeresque et une simplicité pleine de grandeur.
gème pour frustrer son avocat de ses honoraires. Un de ces courts récita où il excelle fera connaî-
Cette simple farce, que l'on peut appeler la perle tre, en quelques lignes, la langue de Joinville et
littéraire de notre vieux théâtre, produite ou plutôt sa manière. !1 s'agit de la reine qui, étant en-
Teprodnite, au xv siècte, en un français déjà très ceinte, a suivi ta croisade en Egypte et qui, au
net, très vif, très agréable, n'a cessé d'être l'objet moment d'accoucher, apprend la défaite et la
d'imitations, de traductions, et, jusqu'à nos jours, tivité du roi. Avant qu'elle fnst accouchée, cap- elle
de tentatives do rajeunissement. list vider hors toute sa chambre, fors que le che-
a* La prose. Chroniqueurs. Pendant ces valier, et s'agenouilla devant lui, et lui requit un
cinq sièctes de développement poétique, la prose don, et ie chevalier ie lui octroya par son Mrment,
française a fait aussi son chemin, mais avec plus et elle lui dist Je demande, Ost-eIIe, par la
4e lenteur, et elle offre moins de richesse litté- foi qu& vous m'avezvous baillé, que si les Sarrazins
raire et moins de variété. La théologie, qui est la prennent cette ville, que vous me coupiez la teste,
première et longtemps la seule occupation de avant qu'ils me prennent. Et le chevalier respon-
l'esprit, a pour langue officielle et exclusive le dist Soyez certaine que je le feray volontiers;
latin la philosophie, qui accepte le rôle de a ser- je l'avoye ja bien on pensée que je veus ocoiroie
vante de la théologie n'a pas d'autre langage; avant qu'ils nous eussent pris. n
l'éloquence, qui arrive a une haute puissance, à Le troisième grand chroniqueur est, a nn siècle
en juger par tes effets des prédications des croi- de distance, Jean Froissart;t33?-m0), homme du
sades, n'a rien fait pour enrichir l'idiome roman; monde, de cour et de plaisir, moins directement
si, à l'occasion, l'orateur s'adressait à la foule en engagé dans l'action. Poète brillant et habile, qui
langue vulgaire, les grands sermons, comme ceux met de l'art dans ses récits, de la couleur dans
de saint Bernard, s'écrivaient et se conservaient ses tableaux, il devient par là supérieur à ses de-
en latin. vanciers, sans perdre la naiveté de l'expression,
Il n'y a qu'un genre de prose qui adopte de qui fait le charme de la chronique. Son livre, inti-
bonne heure la tangue romane c'est l'histoire, tulé Chroniques de France, cf'~My~erre, <fN-
ou plutôt la chronique. Les récits fantastiques coese, d'B<p<!?M< de Bretagne, de G<Meo$Me,Flan-
des romans de la Table-Ronde, en prenant les dres e< /MtM; d'alentour, est un tableau vivant et
premiers la forme de la prose, conjointement avec complet de son temps, des beaux faits d'armes,
la forme poétique, ont préparé l'emploi de la des actes loyaux, de l'élégance naissante, du dé-
,langue vulgaire aux récits des événements réels. sordres, des cruautés, des malheurs qui signalent
Quatre noms dominent parmi les chroniqueurs des guerres continues, des fêtes de la des
du moyen âge tous les quatre hommes d'action, incendies des villes et des massacres descour, peuples
acteurs et témoins des faits qu'ils ont racontés. mais dans ce mouvement, un peu confus, de la
C'est, à la fin du xn* siècle, Geoffroi de Villehar- société féodale au xrv* siècle, règne l'incertitude
douin (1155-1213), qui ouvre la marche avec son chronologique et manque le sentiment de la vie
Histoire de la canote Constantinople, com- populaire.
prenant une période de neuf ans, de 1198 à 1207. Le dernier chroniqueurde cette longue période
Marquant par les allures mêmes de son style la littéraire est Philippe de Commines ()44'M9).
transition entre le récit poétique et la simple qui, avec une langue de plus en plus mûre et
,prose, il a des tournures, des mouvements, des dans une société de moins en moins naive, aspire
traits de sentiment, qui rappellent tes trouvères à faire œuvre d'historien. M&lé aux affaires pu-
-et les chansons de geste; il célèbre les faits au- bliques, sous les règnes de Louis XI et de
tant qu'il les raconte, il offre un mélange de Charles VIII, il ne raconte point seulement les
caiveté et d'héroïsme qui se traduit par des for- événements, il les explique et les juge; H pénètre
mules solennelles et un peu banales d'admiration les secrets de la politique, cherche les causes et
« Or oiez une des plus grandes merveilles et des les conséquences il étudie le caractère du peuple
graigneur aventures que vous onques o!ssiez
rpourrez ouir étrange prouesse.
t. et le fondement des institutions les idées mo-
et sachez que dernes prennent chez lui conscience d'elles-
onques Dieu ne tira de plus grands périls nuls mêmes, et ses Mémoiresont mérité d'être appelés
gens comme il fit ceux de l'ost (armée), en cel le bréviaire des hommes d'Etat. Il
jour. » Un des passages les plus remarquables est excessif de comparer Commines à Tacite, ou de
peut être
la description de Constantinople et de l'effet pro- voir en lui notre Machiavel il n'en a pas moins
duit sur les croisés par la vue de cette ville, « que le mérite de donner à l'histoire l'expression défi-
de totes les autres ere souveraine, t et qui leur nitive de son temps, dans une langue simple, na-
'donne une si haute idée de leur entreprise. turelle, claire et précise, encore imprégnée de
< Et sachiez que il ni ot (eut) si hardi cui (a qui) naiveté et de malice gauloise, et que la meilleure
le cuer ne fremist, et ce ne fut mie (pas) mer- prose du xv[* siècle aura de la peine à dépas-
veille, que onques si grant affaire ne fut empris
de tant de gent, puisque (depuis que) li monz ser.
(monde) fu esterez (créé). II. DEDEIÈME PÉMODE. –REHAMSAnOtOCXV!' SIÈCLE.
A Villehardouin succède le sire de Joinville,
(12M-1319), originaire également de Champagne, 1" La prose. Deux grands faits dominent
élève et compagnon du comte Thibaut et fidèle toute l'histoire au xvi* siècle un besoin uni-
serviteur de saint Louis. Ses Mémoires, dictés à versel d'affranchissement et de rénovation, et un
la fin de sa vie, ont pour sujet tes expéditions et retour enthousiaste, dans les lettres et dans les
l'administration intérieure du règne de Louis IX. arts, vers l'étude et l'imitation de l'antiquité. Le
Ils respirent, d'un bout à l'autre, le dévouement mouvement général d'indépendance aboutit, en
et l'admiration pour la mémoire de son souverain. matière religieuse, à la réforme luthérienne et
Ils ont au plus haut point le caractère de témoi- calviniste, et celle-ci agit, à son tour, sur la lan-
gué par la nécessité qui s'impose aux réformateurs science humaine comme atteinte d'une irrémédia-
de soutenir leur cause devant le peuple, en sub- ble incertitude.Montaigne, se complaisant dans son
stituant le langage vulgaire de chaque nation au rôle de douteur, ne se lasse pas d'opposer le pour
latin, si longtemps la langue officielle de l'Eglise. et te contre sur toutes les questions, de mettre
De même qu'on a vu, en Allemagne, Luther régler en regard toutes les opinions et toutes les auto-
et, pour ainsi dire, créer la langue allemande gé- rités, pour conclure qu'il n'y a pas lieu de choisie
nérale, par sa traduction de la Bible dans lé dia- entre elles. Sa devise favorite est « Que sais-je ?
lecte dont il doit se servir pour ses traités et ses également éloignée de l'affirmation et de la néga-
pamphlets, de même on voit, en France, Jean tion. Ce scepticisme universel est exposé dans les
Calvin (1509-1564) donner au français sa forme Essais avec un abandon charmant, un désordre
presque définitive, en l'employant à la propagande capricieux, qui déroute le lecteur, sans cesser de
et aux polémiques religieuses. Son livre de l'Ins- le captiver, avec un luxé d'érudition facile et
titution chrétienne, écrit d'abord en latin (Baie, légère qui assouplit la langue française en la met-
1536), puis traduit en français par l'auteur lui- tant sans cesse aux prises avec l'antiquité grec-
même, n'est pas seulement le plus importantma- que et latine.
nifeste du protestantisme dans notre pays c'est ) A Montaigne, il faut rattacher Charron ()54t-
aussi le premier monument d'une prose vraiment 160S), qui, dans son livre de la Sagesse(1601),donne
française, appliquée à des sujets et à des intérêts au même système du doute universel plus de
qui jusque-1~ paraissaient au-dessus d'elle. Du consistance méthodique, mais moins de charme et.
premier coup Calvin a donné à notre langue les de valeur littéraire; puis Etienne de la Boétie
qualités les plus conformes à l'esprit français (1530-1563), célèbre par l'amitié de Montaigne, et
clarté, correction, vivacité, énergie, variété des dont le Discours sur la servitude volontaire, ou.
tours; pour son propre usage, il l'a dégagée de le Co~re-Mn, est resté la plus belle déclamation
ses périodes embarrassées et de toute cette sur- classique du siècle.
charge d'incises qu'elle devait à sa parenté avec te On ne peut oublier Jacques Amyot (1513-1593),
latin et dont quelques grands écrivains repren- qui, par son aimable traduction de Plutarque,.
nent encore après lui la pénible chaîne. eut une telle influence sur la langue des gens du
Contemporain de Calvin, François Rabelais monde et des écrivains, que Montaigne lui attri-
(148?-165?), sans se tenir sur le terrain exclusi- bue l'honneur de les avoir tirés du bourbier ni
vement théologique, obéit aussi à l'esprit de ré- le doux et un peu maniéré saint François de Sales
forme mais, pour échapper aux rigueurs aux- (1567-1622), qui, pour mieux embellir la prose
quelles l'écrivain est exposé, de son temps, par française, la surcharge de festons et de fleurs; de
une pensée trop hardie, il enveloppe la sienne nobles et intègres magistrats, comme Michel de.
dans un flot de plaisanteries qui éloignent la l'Hospital (1505-1573) ou Etienne Pasquier (1529-
défiance. Philosophe, théologien, médecin, et le 16i5), qui, consacrant leurs loisirs aux lettres an-
premier par l'érudition, au lieu d'un livre dogma- ciennes, maniaient en maîtres la langue nationale
tique, il écrit les contes les plus invraisemblables quand il s'agissait de défendre contre des fanati-
et les plus bouffons, le Gargantua et le Panta. ques et des forcenés les droits de l'humanité et
g~Me~ (t532-t564), qui forment comme le rêve de la tolérance ni de savants et
courageux édi-
l'épopée en délire, comme l'orgie de la raison et teurs comme Henri Estienne ()53)-)598) ou Do-
du génie K œuvre inouïe, dit Sainte-Beuve, let tt509-]5M), payés de leur dévouement a
mêlée de science et d'obscénités, de comique, l'érudition par l'exil ou par la mort ni enfin, à.
d'éloquence, de haute fantaisie, qui. vous saisit la dernière heure des malheureuses luttes reli-
et vous déconcerte, vous enivre et vous dégoûte, gieuses et politiques du xvj" siècle, les auteurs-
et dont on peut, après s'y être beaucoup plu et plus ou moins anonymes du cëièbre recueil de
l'avoir beaucoup admirée, se demander sérieuse- pamphlets appelé la Satyre Ménippée (1593), qui,
ment si on l'a comprise. ') La Bruyère avait déjà après avoir plus fait pour la cause d'Henri IV que
déclaré que Rabelais est incompréhensible, et son les armes de l'Espagne pour celle des Ligueurs,.
livre, une énigme. C'est un monstrueux assem- est resté, par la verve, l'esprit mordant et l'élo-
blage, dit-il, d'une morale fine et ingénieuse et quence, le triomphe littéraire le plus complet du
d'une sale corruption. Où il est mauvais, il passe bon sens et du patriotisme.
bien loin au delà du pire, c'est le charme de la Il faut aussi faire une place à part, dans la
canaille où il est bon, il va jusques à l'exquis et jeune prose française, à la double famille des.
à l'excellent, il peut être le mets des plus déli- conteurs et des auteurs de mémoires. Les
cats. » Rabelais n'en reste pas moins au premier miers, comme Marguerite de Navarre (H9Ï-15M) pre-
rang des créateurs de la langue française; avec dans i'~p<amero~ puisent aux mœurs mêmes du
moins de rigueur et de précision que Calvin, il K temps ou empruntent à l'Italie d'agréables mais
fourni à l'idiome national, par son immense éru- trop libres histoires d'amour, ou bien, comme
dition, une variété infinie de ressources, et en le Bonaventure Des Périers (mort en 1544), dans le.
mettant au service de ses arrière-pensées et de Cymbalum mundi et les Nouvelles ~(.y~t'o~
ses rêves de philosophe, il l'a rendu capable de mêlent, à la manière de Rabelais, les joyeusetéa
répondre non seulement au libre déploiement aux hardiesses religieuses et métaphysiques. Les
d'une verve et d'une imagination sans frein, mais seconds, comme Montluc (1501-1577), Brantôme
aux délicatesses du sentiment et à la noblesse de (1540-1614), ou Agrippa d'Aubigné (1550-1630), ce
la pensée. dernier non moins célèbre poète, animent
Avec presque autant d'érudition, une égale leurs précieux témoignagescomme les faits contem-
souplesse, mais moins de fougue, Montaigne porains de toute la vivacité de leur vanitésur
(1533-1592) a aussi doté la littérature française nelle ou des fureurs du fanatisme. person-
d'une grande œuvre qui fait époque dans l'his- 2" La poésie et le <<M~'e. Au siè-
toire de la langue et des idées; ce sont les Essais cle, la poésie jouit d'une haute faveurxv:' et jette
1580). Sous ce simple titre, l'auteur nous offre beaucoup d'éclat. Elle aborde les grands sujets
la peinture générale de l'homme, se dévelop- moraux et religieux qui répondent à la fermenta-
pant à travers ses intarissables confidences sur tation intellectuelle de l'époque, mais elle s'atta-
lui-même, car Montaigne a la prétention d'être che surtout au travail de la forme littéraire, soit
« lui-même la matière de son livre. » Mais en perfectionnant les vieux genres français, soit
l'homme est un sujet ondoyant et divers, » dont en en créant de nouveaux, où elle puisse lutter
la mobilité naturelle et les perpétuelles contra- les littératures et les langues de la Grèce,
dictions induisent le philosophe à regarder toute avec d" l'ancienne PtOme, et de la moderne Italie.
Ctément Marot (t495-)&44) forme comme la tran- poème épique classique, imité des épopées grec-
sition entre les poètes du moyen Age et tes poètes ques et latines, Ronsard entreprit la Franciade,
nouveaux. C'est un habile metteur en œuvre des consacrée a célébrer les origines de la nation fran.
formes poétiques les plus charmantes du temps çaise, dans les formes où l'<M<e célébrait celles
passé, et Boileau a justement toué son « élégant de la nation romaine. Cette entreprise ne fut
badinage Il porte la grâce et l'esprit dans tous guère plus heureuse que celle de Marot à l'égard
tes genres légers, la ballade, le rondeau, l'épi- de la 'poésie sacrée ni le génie de Ronsard, ni
ptutune, t'épttre, etc. puis, touché par le soume la langue de l'époque, ne suffisaient à une telle
de la réforme religieuse, it veut donner au pro- tentative.
testantisme français ses chants sacrés, et entre- Parmi les noms qui brillent autour de Ronsard,
prend la traduction ou la paraphrase en vers des soit dans la pléiade, soit en dehors, nous devons
Psaumes de David: tàcne supérieure à la fois à mentionner Remy Belleau (1528-1579), le poète
son talent et aux ressourcesacquises de la langue pastoral au talent abondant et souple Jean-An-
française; sur tes données les plus lyrique*, les toine de Baif (1532-1589), qui tenta d'introduire
f~atOKM de Marot ressemblent encore a nos vieux dans notre prosodie, au lieu ou a côté du vers
Noëls. rimé, le vent mesuré des anciens; le seigneur Du
Après Marot et un petit nombre de poètes qui Bartas (tM4-)59 )), qui osa, dans son poème de la
n'ont pas des visées plus hautes, comme Margue- Sepmaine (1579), chanter l'oeuvre des sept jours
rite de Navarre (1492-1549), plus célèbre par ses de la Création et qui fut quelquefois, par l'idée et
contes que par ses vers, ou Mellin de Saint-Ge- par la langue, à la hauteur de son sujet Philippe
lais (1491-1558), qui lutta pour retenir la poésie Desportes (1545-I6M) et Jean Bertaut ()570-1611),
dans les afféteries amoureuses, commence enfin les deux poètes les plus corrects et les moins am-
la véritable renaissance littéraire avec Ronsard, à bitieux db l'école; Jean Passerat (1534-160Ï), poète
la fois célèbre par ses œuvres personnelles et par érudit, sans pédantisme, mais non sans vigueur,
son influence comme chef d'école. Six des plus l'un des collaborateurs de la Satyre Ménippée;
notables de ses contemporains se réunissent à lui enfin deux poètes dont l'un résume le xvf siècle
pour former ie groupe brillant désigné sous le dans ses traits les plus caractéristiques, et dont
nom de pléiade française. Ils ont leur manifeste, l'autre marque la transition entre ce siècle et le
ou déclaration de principes, rédigé par l'un d'eux, suivant Théodore-Agrippa d'Aubigné (t551-1630)
Joachim du Bellay (1520-1560) sous le titre de et Mathurin Régnier (1573-1613). Le premier,
Défense et illustration de la lan ue française homme et poète d'action, voué au protestantisme
(1549). Joachim du Bellay fut lui-même un poète, avec une ardeur indomptable qui lui valut quatre
attaché par système à l'imitation des Grecs et des arrêts de mort, ne s'arrêta pas aux petits genres
Latins, mais qui n'en porta pas moins une grâce si chers à l'école de Ronsard, mais il osa tenter la
toute française dans le genre du sonnet, récem- poésie toute moderne et toute vivante, en prenant
ment emprunté à la littérature italienne. On l'ap-
pela le « prince du sonnet n, comme on appela le
chef de t'écote le prince de l'ode ».
là
pour sujet les guerres religieuses de son temps;
son poème, les Tragiques, comprenant neuf
mille vers et divisé en sept livres, qui, sous les
La principale étoite de la pléiade, Ronsard titres de Misères, Princes, Chambre <fM~e, Feux,
(1524-1585), rayonne sur tous les genres à la fois; Fers, Vengeance, ~MoeMCKt, sont autant de ta-
mais le poète excette surtout dans le genre lyrique, bleaux terribles et d'implacables satires des vio-
dont il varie les tons et les formes à l'intini. Et, lences et des infamies, qui, au nom de la religion,
dans ce genre, tes sujets gracieux lui conviennent ont désolé ou déshonoré la France. Régnier traite
le mieux. Il y porte tantôt le charme naturel du aussi la satire, mais en moraliste et non en sec-
langage et du sentiment, comme dans cette ode- taire homme du monde et homme d'église, il se
lette '< si connue moque des traverset flagelleles vices par la mise
Mignonne, allons voir si la rose en scène de l'hypocrisie, il prépare et annonce
Qut, ce matin, avait d<c)ose
Molière.
Sa robe de pourpre au soleil, Le théâtre, à l'époque de la Renaissance, est
A point perdu, cette vesprée, l'objet d'une tentative de réforme littéraire qui,
Les plis de sa robe pourprée rompant avec la foi naive du moyen âge, le ratta-
Et son teint au vutre pareil. che pour longtemps à l'imitation et à l'influence
Tantôt il redouble la grâce du langage par les de l'antiquité. Pendant la première moitié du
recherches ingénieuses du rythme siècle, les mystères sont encore le spectacle favori
du peuple les sotties, farces et moralités trouvent
Bel aubépin florissant, aussi dans Pierre Gringoire ~475-1544} leur der-
Verdissant,
Le long de ce beau rivage, nier et plus brillant interprète mais l'école de
Tu es vestu jusqu'au ba< Ronsard dédaigne ces amusements vulgaires elle
Des longs bras retourne, par une imitation déjà savante, à l'an-
D'une lambrunche(vigne) sauvage. cienne tragédie classique. Etienne Jodelle (1532-
Ronsard ne le cède à personne dans le sonnet. 1573), Jacques Grévin (1540-1570), Robert Garnier
Le suivant figure avec raison dans tous les recueils (1545-1601), Antoino de Mentchrétien (1575-1621),
prennent l'antiquité grecque et latine, ainsi
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, qu'à l'histoire sacrée, les sujets que traiteront
Assise auprès du feu, devidant et filant, après eux Corneille et Racine ils prennent aussi
Direz, chantant mes vers et vous esmerveillant
« Ronsard me cÉlébroit du temps quej'estoisbelle. < aux tragiques anciens, mais aux Latins plutôt
qu'aux Grecs, la manière de les traiter. On sent,
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, malgré les erreurs du goût et l'insuffisance ma-
Dësja sous le labeur à demy someillant, nifeste de la langue, que nous touchons au théâtre
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissantvostre nom de louange immortelle. classique.
Je serai sous la terre et, fantosme sans os, III. TROISIÈME PÉMODE. TEMPS MODERNES.
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos
Vous. serez au foyer une vieille accroupie, DuMep<:?m<<'c/<– Ici, nous entrons dans
1"
Regrettant mon amour et vostre Her dédain. un monde plus connu les noms des auteurs et
Vivez, si m'en croyez, n'attendezà demain; les titres de leurs œuvres sont plus familiers, les
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
rôles mieux définis, les sources et les renseigne-
Jaloux de donner à la langue française un ments sous la main nous pouvons donc être
court et marquer simplement par des noms pro- quelques autres qu'il serait injuste d'oublier. Le
pres, sans autant nous y arrêter, les étapes par- poème d'opéra est créé par Quinault (1635-1668).
courues. Le xvn" siècle s'ouvre littérairement qui a survécu aux injustices de Boileau. Dans la
avec François Malherbe (1555-1628), qui, très in- comédie brillent encore, quoique au-dessous de
férieur, pour l'invention, aux meilleurs poètes de Molière, Boursault (1638-1701), l'estimable auteur
l'école de Ronsard, a été proclamé par Boileau le du Mercure galant, et Regnard (1655-1709), dont
premier maître de notre poésie, pour la pureté de ie Joueur et le Légataire universel sont des
la langue et la cadence harmonieuse du vers. œuvres encore très vivantes. Mais, dans la tragédie,
Balzac (1594-1654), Voiture (1598-1648), portent les rivaux de Corneille et de Racine, comme l'abbé
dans la prose la même sdvérité, et s'étudient à lui Boyer (1618-1698), ou Pradon (1632-1698),
sont
donner de la grandeur et de la délicatesse. L'hôtel restés célèbres que par de tristes succès denecabale
de Rambouillet met à la mode les raffinements du ou de justes chutes. Il est d'autres poètes qui,
sentiment et du bel esprit. L'Académie française sans renoncer aux genres élevés, se sont fait
est fondée par Richelieu pour régler d'autorité la nom dans les genres secondaires tels sont un
langue à la fois et le goût (1635). En dehors de son Racan (1589-1670), le poète des bergeries; Bense-
influence, Descartes (1596-1650)assouplitla prose, rade (1612-1691), si célèbre par ses rondeaux;
en l'assujettissant, dans le Discours de la ~~iode Scarron (1610-1660), le créateur de la parodie;
(1637), à l'interprétation des systèmes philosophi- Segrais (1624-1701), dont les églogues
ont fait ou-
ques, et Pascal (1623-1662), dans ses Lettres pro- blier le théâtre; M"" Deshoulières (1637-1694),
vinciales (1656), lui donne toutes les ressources dont la poésie pastorale vaut mieux aussi
de la dialectique et de l'éloquence, pour la défense essais dramatiques; Chapelle que les
(1626-168..), et
de la foi et de la morale. Au théâtre, après les Chaulieu (1639-1720), si goûtés
innombrables improvisations d'Alexandre Hardy vers, faciles et légers. Le grand pour leurs de
petits
l'épopée
(1560-1632), parait le grand Corneille ()606-16S4), n'offre au contraire genre
que des œuvres prétentieuses
qui, à la suite d'une assez longue période de tâ- et ridicules, comme la Pucelle de Chapelain (1595-
tonnements, affirme son génie, méconnu de Ri- 1674), sauvée de l'oubli par les épigrammes et la
chelieu et de l'Académie française, dans une série satire.
de chefs-d'œuvre tragiques: le Cid (tt;36), Horace, La prose, au règne de Louis XIV, prend son plein
Cinna, Polyeucte, Pompée (1643), sans compter essor dans la littérature religieuse. Le christia-
le ~eH~Mr. qui crée chez nous la haute comédie; nisme, développant, avec toute l'ampleur de la
puis il se laisse envahir par une longue décadence. forme oratoire, l'austérité des principeset l'accord
Le théâtre, si brillamment inauguré avant l'a- de la raison avec la foi, a suscité une famille entière
vènement de Louis XIV, restera pendant son d'écrivains et de prédicateurs dignes des plus
règne le principal centre littéraire du siècle au- beaux temps de l'Eglise; car la chaire et le livre
quel ce roi donne son nom. C'est, après le sublime de piété se répondent, avec la même dignité de
Corneille,le sensible et profond Racine (1639-1699), style et le même sentiment de spiritualisme pro-
qui, dans les tragédies d'~cb-omao'M (1667), Bf:- fond. Au premier rang marche Bossuet (1627-1704),
tannicus, j~/M-M~f, Iphigénie, P/K~b-e (16T7), qui résume en lui tous les Pères, par la science
donne à toutes les passions humaines le plus élo- théologique et par l'éloquence chrétienne,
quent langage, et qui, après douze dont
d'une re- tous les tons lui sont familiers: tour à tour apôtre
traite causée en grande partie par ans les injustices fougueux, panégyriste brillant, controversiste in-
de la critique, emprunte à la tradition biblique fatigable. Puis vient Fénelon (1651-1715), qui,
les sujets et l'inspiration d'Esther (1689) et
d'Athalie (1691). Racine avait montré, en passant, sans dédaigner les sources chrétiennes, a puisé
dans l'antiquité grecque un pur atticisme, qu'il
une grande verve comique dans les P/at't/eM~ conserve partout, soit qu'il enseigne et discute le
(!668). Mais le vrai représentant de la comédie, dogme, soit qu'il développeune utopie morale en un
c'est Molière (1622-1673), qui aborde avec succès poétique roman, ou qu'il s'abandonne aux effusions
tous les genres: la farce, la comédied'intrigue, la d'une âme mystique. Autour de ces maîtres de la
comédie de mœurs ou de caractère, et prodigue chaire, l'Eglise de France voit se grouper le sé-
tour à tour la gaieté, l'esprit d'observation, les vère Bourdaloue (1632-1704), l'agréable Fléchier
hauts enseignements. Maniant avec le même bon- (1632-niO), l'habile et élégant Massillon (1663-
heur la prose et le vers, il s'est placé et maintenu, j 1742).
dans la faveur publique, au premier rang des mo- Horsde la chaire, on retrouve la parole austère
ralistes et des écrivains de tous les temps. mais non sans grandeur des solitaires de Port-
Un autre écrivain a conservé une popularité au Royal, l'infatigable Arnauld (1612-1694), le docte
moins égale; c'est La Fontaine (1621-1695), qui, re- et prolixe Nicole (1625-1695), qui faisait les délices
nouvelant l'ancien esprit gaulois et unissant le de M"" de Sévigné, et surtout l'éloquent et tour-
plus parfait naturel à un art consommé,a su faire, menté Pascal, dont l'œuvre suprême n'existe pour
d'un simple recueil de Fables, une véritable comé-
die universelle, essentiellement humaine, et re- nousqu l'état de débris dans le recueil des
Pe/M~M. A l'étude morale de l'homme appartien
présenter sous le masque des animaux, avec le nent deux autres livres immortels: les Maximes
langage et les mœurs de son temps, les types de de La Rochefoucauld (1613-1680), dont le pessi-
toutes les classes de la société, et toutes les misme reste aussi étranger aux sentiments reli-
scènes de la vie. Aux quatre grands représentants gieux du temps qu'~ celui de la dignité de l'âme
de la poésie sous Louis XIV il convient de ratta- humaine, et les Ca~ae~'M de La Bruyère (1645-
cher le nom de Boileau (1636-1711), sinon pour 1695), qui associe aux peintures si fines et si déli-
1 originalité des œuvres, du moins pour l'impor-
icates de l'homme la défense du spiritualisme
tance du rôle et de l'influence: Boileau, dans ses chrétien. La philosophie de Descartes trouve
.EpKr~ et ses Satires, soutient et guide les bons <
aussi dans Malebranche (1638-1715) un interprète
écrivains et fait une guerre implacable aux moins pieux qu'éloquent. A cette époque, la
mau- non
1
vais; son Art poétique l'a fait appeler le législa- tthéologie et la philosophie sont partout. Cachant
teur du Parnasse » son ~t-:M est resté un modèle 1un fond sérieux sous la forme la plus légère et la
du genre héroï-comique. On voudrait à sa critique plus gracieuse, Mm. de Sévigné (1626-1696) mêle
plus de largeur et d'indépendance, mais il était 1
les
1 dissertations jansénistes ou cartésiennes aux
impossible de donner à la langue plus de rigueur commérages de la cour et aux inépuisables épan-
et de précision. <
chements
( de. l'amitié. L'histoire, médiocrement
En dehors de ces consacrés par la tradition
classique, le théâtrenoms
au xvn' siècle en offre encore
représentée
i par Mézeray (t610-)6S3), manque
siècle, avec l'esprit de critique qui en est au
xvn~
J la
condition; mais. elle cet rachetée pour la postérité et la raison même de leur développement, de teut
par des Jf<motrM,qui,du cardinal de Retz ()6H- progrès on de leur décadence.parmi D'un autre cote,
1(!79.) et de M" do Motteville(t62t-i688) a Saints BuNbn, classé ordinairement tes quatre
Simon (16~5-H5&~ jettent une lumière aussi vive grands écrivains dn siè~ie, trouve dans l'étude de
qw'tmprévae sur les hommes et têt événements la nature, non seulement la eatisfaction d'une cu-
contemporains. riottté savante, mais aussi un aUmentpour~resprtt
Dtz-AM~Me M~:<e. Le xvn)' siècle philosophique, et partieuMèfement une matière
ne e'éloigne que d'une façon insensible, dans le inépuisable de peinture littéraire.
domaine littéraire, du siècle :de Louit X!V, avec Un cinquième écrivain, Diderot, mérite d'être
lequel it doit rompre d'une maMere si violente, ptacé sur la même ligne, et par ses qualités litté-
par 80n esprit généra! et par see aoetttnes, en raires et par sa pttrticipation infatigable aux htttes
philosophie et en religion. Un homme le domine du temps à part son rôle philosophique, dans
et partit le remplir tout entier,c'est Voltaire (16M- lequel û pousse trop votontters la liberté de pen-
1178), qui reste le premier adorateur du grand- ser et d'écrire jusque la licence, Diderot intéresse
règne en se faisant le chef du mouvement qui dott particulièrementl'histoire littéraire par la création
en ébranler les principes. Voltaire s'exerce daat de la critique d'art, et par son inttnence sur le thét-
presque tous les genres à la fois et, tottjoursplas tre, où Il s'efforce, par labourgeoise
théorie et par l'exemple,
philosophe qu'artiste, il fait de presque tontes d'introniser la tragédie ou le drame
ses oeuvres Itttératres des instruments de guerre; moderne.
sinon contre le christianismelui-même, du moins Dans i'œnwe do propagande philosophique et
contre l'ignorance superstitieuse ou l'esprit d'in- de progrès social du siècle, se présentent ensuite,
toléranceet de fanatisme qui ont trop souvent là des rangs différents le centenaire Fonte-
régné en son nom. C'est pourtant à des inspira- nelle (t66ï-t'!57), bel esprit et savant tout en-
tions chrétiennes que se rapportent plusieurs de semble, qui, appartenant aux deux siècles, étonne
ses plus belles œuvres. A peine sorti des bancs du ie diï-septième par la hardiesse de sesréserve para-
collège, il entreprend de donner à notre littéra- doxes, et le dix-huitième par sa discrète
ture le poème épique classique, vainement essayéé l'égard des idées nouvelles; d'Alembert dans (1717-
depuis Ronsard, et il y réussit dans une certaine 1783), ie représentant de la libre science le
mesure, en écrivant la Henriade. H aborde ensuite monde des encyclopédistes; Turgot (1727-1781),
le théâtre et la renouvelle, aplusieurs égards, sans le sage défenseur de la tolérance et l'un des
abandonner tout à fait la tradition classique créateursde l'économie politique Condorcet (1743-
Zaïre, J~aAotn<<, la Mort de César, .M~qpc, 1794), ie théoricien du nouveau dogme de la per-
Rome sauvée, font appel tour à tour à rémotion fectibilité humaine.
populaire et à la raison, l'esprit d'indépendance. Pour rentrer dans un ordre plus spéeMement
Inférieur dans la poésie lyrique proprement dite, littéraire, il nous faut citer, dans le roman Le-
Voltaire est incomparable dans la poésie familière sage (1668-1747), avec ses attachantesétudes d'ob-
et badine, ainsi que dans l'épitre et le discours servation morale, le Diable boiteux et Gil A&M;
philosophique. H manie la parodie avec une verve, l'abbé Prévost (169ï-t763), avec son émouvante
une liberté qui ne connaît pas de mesure. Dans histoire de JihmoM Z,MMM<; Marmontel (1723-
il
la prose, est un des créateurs de l'histoire, à t'!90), dont les CM<e~ M<M'atcc, le Bélisaire et les
laquelle il ouvre des horizons nouveaux et qu'il ~t«M furent plus Mutés de ses contemporains
embrasse tout entière, depuis la monographie que ses utiles Eléments de littérature; Flo-
biographique jusqu'à la philosophie de l'histoire. rian (tt55-)794), dont les prétentieux récits en
Comme philosophe, tout lui est prétexte a polé- prose eufent aussi plus de vogue que ses Fables,
mique au nom du bon sens, de la raison ou de seules dignes de lui survivre; puis, dans la poésie
la science, il est sans cesse en lutte avec les pré- lyrique, Jean-Baptiste Rousseau (1670-1741). dont
jugés, les abus ou l'erreur, soit dans le roman, les mérites comme versificateur ont été tour à
qu'il traite avec une rare finesse, soit dans les tour loués et dépréciés outre mesure; Lefranc de
libres articles de son Dictionnairephilosophique, Pompignan (1709-1784), dont quelques belles
soit dans les innombrablespamphlets qui marquent strophes sont citées partout; Gilbert ()'!51-
toutes les périodes de sa longue carrière, soit dans 1780), qui marqua aussi sa place dans la satire;
cette immense et précieuse Correspondance entre- Eèouchard-Lebrun, dit Lebrun-Pindare (1729-
tenue, d'un bout de l'Europe à l'autre, avec tout 1807), non moins connu par la malice de ses épi-
ce qui compte dans le mondedes affairespubliques grammes que par la pompe de ses odes.
et dans les lettres. Voltaire est, en outre, Famé de Au théttM, à c6té de Voltaire, se rangent le
la grande machine de guerre philosophique et sombre Crébillon (t674-n62), son constantet iné-
religieuse qui s'appelle l'EMcye/op~te. gal rival; De Belloy (t727-m5), l'auteur de la
Jean-Jacques Rousseau (nt2-t778),dontle nom patriotique tragédie <e Siège de Calais; La-
est resté si étroitement lié à celui de Voltaire, fosse (le33-1108), dont le Manlius rappelle d'un
pousse son siècle vers le même but avec une ar- peu loin les Romains de Corneille; La Chaus-
deur non moins soutenue. Après la Nouvelle Hé- sée (169H754), dont les comédies larmoyantes
~oMf, qui mêle à l'éloquence de la passion la furent accueillies comme des homélies; Lesage
discussion ardente de vérités neuves ou de para- qui, avec C)-MpM et 7'MrcarC<. porte à la scène,
doxes, son Émile est accueilli moins comme un comme dans le roman, la critique des mosurs
ingénieux traité d'éducation que comme le hardi contemporaines; AlexisPiron (1689-1773), célèbre
manifeste de la religion naturelle. Il propose, par ses épigrammes de circonstance et dont la
dans le Contrat social, la refonte complète, par Métromanie a mérité de survivre; Gresset (1709-
une utopie, de la société dont il a renversé les ITn), dont la grande comédie dn Méchant al'ingé- moins
bases dans de célèbres pamphlets. Ennn, il ouvre vécu que son petit poème de Vert-Vert;
de nouvelles sources littéraires dans ses Confes- nieux Marivaux (lMS-n63), avec toutes les
sions, par le retour intime sur soi-même et par finesses de sentiment et de langage que rappelle
le sentiment exalté de la nature. son nom; La Harpe ()739-)803) qui, malgré ses
Un penseurplus calme, Montesquieu (t689-l'?55), nombreuses tentativesdramatiques, est plus connu
après avoir sacriné à l'esprit frondeur du siècle comme professeur et critique, par son volumineux
dans les Lettres persines, recherche dans des Cours de littérature- Fabre d'Eglantine (1755-
œuvres longuement méditées et fortement écrites, t799), dont le Philinte de Molière fat le meilleur
la GfatM~Mf et la décadencedes Romainset t'Esprit succès enfin et surtout Beaumarchais (i73'2-
des lois, les conditions naturelles des institutions 1799), dont le BarKer"~ Séville et le Mariage été
Figaro ont défendu avec une verve si brillante que convaincu, Rivarol(lT53-)801), les idées et
un
les nouvelles idées et légué à la littérature et
type immortel.
Un certain nombre d'écrivains en prose se tien
les institutions du passé sont & peine défen-
dues. De Mirabeau à Danton, de Vergniaud à
Robespierre, de Camille Desmoulins à Hébert,
nent en dehors du mouvement philosophique nous ne pouvons suivre ces luttes parlementaires
dont Voltaire est le centre, ou s'efforcent d'y rë et ces guerres de plume, tour & tour brillantes et
sister tel est l'honorable et savant Daguesseau sinistres, et nous rappellerons plus volontiers,
(1668-1751), aux œuvres oratoires, laborieuses et pour clore l'histoire littéraire de tout le siècle,
raffinées; tel est notre bon vieux Roliin(lu6t-n4t), que la poésie n'avait abdiqué dans la tour-
qui, voué au latin jusqu'à soixante ans passés, mente révolutionnairepaselle s'affirme jusqu'au
aborda le français avec tant do bonheur, que son pied de l'échafaud, André Chénier (1762-
Traité des études, si précieux à tant d'égards, est, t794), qui, suivant avec célèbre devise
selon Villemain, « un des livres le mieux écrits de sa
notre langue, après les livres de génie; » tel est Surdes pensers nonveam faisons des vers antiques,
encore le jeune et sympathique moraliste, Vauve- va retremper son originalité dans l'inspirationgrec
nargues (1715-1147), dont le généreux livre des que. Ses idylles et ses élégies, dont laJeune cap-
Réflexions et Maximes ne se rattache à la phito- tive l'impérissable
eophie du xvm* siècle que d'une façon générale, chantsestnationaux dont lamodèle, se mêlent aux
Marseillaise de Rouget
par la liberté de la pensée. Parmi les adversaires de Lisie (1760-1836) reste le type. Le théâtre qui,
de Voltaire, il n'y a guère à citer que l'abbé Gué- s'affranchissant des traditionsclassiques, accueitli
née (1817-1803) pour sa polémique spirituelle et les œuvres de Shakespeare arrangées a Ducis
savante, et Fréron (t718-t776)) pour son infatiga- (1733-1816), voit se produire une suite par de pièces
ble courage; les autres, et ce dernier lui-même, de circonstance inspirées la Révolution
sont moins connus par leurs osuvres que par les qui n'ont qu'une vogue éphémère par et
innombrables épigrammes dont les accabla la citer, mais il faut
malice voltairienne. au milieu même du procès de Louis XVI, les
généreuses protestations produites & la scène par
L'histoire inspire, au xvtn* siècle, des travaux Jean-Louis Laya (H6)-18~i) dans MtHt des lois.
hardis ou savants; ceux de l'abbé Mably (1709- On ne peut quitter le xvin* siècle sans remar-
1785), qui reprend en sous-œuvre les paradoxes quer l'influence qu'y exercent les femmes. l'éc! t
de Jean-Jacques et les méditations de Montes- que jette l'esprit de conversation, et l'incroyable
quieu ceux de Fréret (1688-1749), qui,
recherches personnelles,inaugura toute la par ses extension de la langue et de la littérature fran-
science çaise à l'étranger. C'est le siècle des salons litté-
moderne de nos origines nationales; ceux sur- raires, des doctes cafés '), des réunionsmondaines,
tout des Bénédictins de Saint-Maur,dont les '<
grands où l'on traite des chosesde l'esprit commedu grand
recueils, la Gallia christiana, l' Histoire littéraire intérêt du présent où les femmes prennent
de la France, etc., continués jusqu'à nos jours main la en
cause des lettres et de la philosophie et con-
par l'Institut, sont l'honneur de 1 érudition fran- tribuentà en faire des puissances où M "Du Châ-
çaise enfin l'ingénieux et savant abbé Barthé- telet, Du Deffand, d'Eptnay, Necker, de Staël
lemy( ) 716-1 795) dont te fo~e a~ ~M~c ~MacAa~ d'autres soutiennent et tant
et étendent
sis fut. pour les gens du monde eux-mêmes, taire, des d'Alembert, des Diderot, des Jean-
l'action des Vol-
une révélation de l'antique société grecque. Des Jacques et des Turgot. La sociabilité française
mérites tout littéraires et des circonstances favo- vient aide
rables ont popularisé les compositions historiques, toute en au sentiment d'humanité qui anime
la philosophie du siècle, et, par la double
bien inférieures pour le savoir et l'exactitude, de contagion de l'idée et do la mode,
l'abbé de Vertot (1655-1735) sur les révolutions de donne plus notre nation
que jamais le ton à
la République romaine, de l'abbé Raynal (f!<3- cours, à ses académies. Notre souveraineté intel- l'Europe, à ses
~796) sur les établissements européens dans les lectuelle littéraire est proclamée plus haut à
Indes, et de Duclos (1704-1773) sur son propre Berlin etetà Saint-Pétersbourg qu'a Paris. Non
siècle. Aux historiens proprement dits, Û faut seulement le roi de Prusse, Frédéric le Grand,
joindre les nombreux et intéressantt mémoria- élève de Voltaire, philosophique fran-
listes, comme )e duc de Luynes, d'Argenson, çaise dans sa résidence a une cour
Barbier, Bachaumont, etc., et les auteurs de ces d'écrire lui-même de Potsdam, il est ner
en prose et en
grandes correspondances avec l'étranger, qui peu- langue 1 impératricede Russie, Catherine Il, la vers dans notre
vent, comme celle de Grimm, devenir des monu- même ambition et le même orgueil. L'étranger a
ments, et qui onttant contribué à étendre à toute nous fournit des écrivains français, comme Hamil-
l'Europe le mouvement littéraire et philosophi- ton, Grimm, le prince de Ligne, l'abbé Galiani, qui
que de la France. joignent à la correction et à la clarté le mouvement
Vers la fin du xvm* siècle, il faut distinguer et la finesse. Avec notre langue,
la littérature pure et la littérature d'action. Dans notre nos ouvrages et
philosophie pénètrent partout, et, par un
la première, la poésie, s'inspirant du senti- excès qui appellera des réactions, l'imitation fran-
ment de la nature, fait une très grande place au çaise, provoquée successivement par la perfection
genre descriptif. Après Roucher (nM-t794) et de nos œuvres classiques et par l'ascendant de
son poème des Mois, et Saint-Lambert (1716-1803) nos idées révolutionnaires, paraît suspendre, de
et celui des SoMO~, vient i'abbé Delille (1738- tous côtés, en Allemagne, en Angleterre,
1813), qui, ayant traduit avec bonheur les Géor- en Espa-
gne, en Italie, en Russie, le mouvement propre à
giques de Virgile, applique la poésie didactique à chaque nation et à chaque littérature.
tout ce qui. est susceptible d'être décrit. Sous 30 DM'-neMM'~Mesiècle. Au moment où les
l'influence plus directe de Jean-Jacques Rousseau, agitations politiques de la France révolutionnaire
Bernardin de Saint-Pierre (n~-)8t4). dans ses sont comprimées par la main puissante de Napo-
Etudes de ~f nature et dans Paul et Virginie, con- léon, un nouveau mouvement littéraire, celui de
sacre le genre de la description en qui fart romantique, se dessine et se développe tout
devait avoir jusqu'à nos jours tant prose,
de faveur. fait en dehors de l'action du pouvoir. Il prend
Dans la littérature d'action, la révolution qui ter- naissance dans les théories critiques qu'une
mine le siècle renouvelle l'éioquence politique 'emme à l'esprit brillant, M-' de Staël (~66-)817),
et le pamphlet, et crée le journalisme vaste mou- a fille de Necker, développe dans son livre de
vement dans lequel, à part les boutades d'un froid ~t/ema~nc, sous l'influence des nouvelles écoles
et caustique observateur, Chamfort (fMi-<79i) et ittéraires et philosophiques d'outre-Rhin. M'" de
les vives escarmouchesd'un écrivain plus spirituel jtael, qui a écrit en outre deux beaux romans
d'analyse morale, de passion et d'art, Delphine nom de l'école romantique, jeter dans ce même
et CortKTM, et un livre d'un grand sens politique, genre lyrique une richesse de forme inattendue;
les Considérations s~r la Révolution ~rn~faMe. appartenant au passe par le sentiment monarchi-
s'est vue en butte aux hostilités du gouvernement que et religieux, les <MM et &a//a</es (1822), que
impérial et a dû fuir devant la proscription pro- suivent les 0~<M<<M(t828), les Feuilles d'aut omne
voquée par sa trop libre pensée. Dans le même (1831), etc., tirent de la tangue poétique tous les
temps, un esprit plus éloigna de celui du effets de la musique et la peinture; une ncuvelle
xvm' siècle inspirait Châteaubriand (HOS- pléiade de poètes se groupe, sous le nom do
t84S) le Génie du Christianisme ou les Beautés « cénacle, autour de ce chef d'école de vingt ans;
de la religion chrétienne, ouvrage destiné & rafne- tes deux Deschamps (Emile, 1791-187), et Antony,
ner les 'mes à la foi, non par la démonstration, 1800-1869), Sainte-Beuve (1804-1869), et plus tard
mais par le sentiment et la poésie deux petits Alfred de Musset (1810-1857), le plus populaire
romans, ~<a/a et René, dont le second fat appelé après io maître, Théophile Gautier 0811-1872),
un K Werther chrétien, » faisaient partie de cette etc., rompent le vers lyrique à tons tes caprices
apologétique d'un nouveau genre qui introduisait du rhythme, du sentiment et de l'imagination.
dans la littérature, comme dans la religion, des Mais les grands coups de la réforme se portent
formes et des habitudes de langage inusitées, un au théâtre. Victor Hugo a donné lui-même le
grand vague dans les idées et leur expression, manifeste dit romantisme, dont le nom vague e<
le luxe de la poésie dans la prose, la recherche obscur prêtait aux interprétations les plus exagé-
des traits pittoresques, un usage immodéré du rées, dans la célèbre préface du drame de Crom-
néologisme. Châteaubriand donna ensuite, sous la well (1827), qui n'était point fait pour la scène
même inspiration poétique et religieuse, le poème puis il obtint dn roi Charles X, malgré tes do-
épique en prose des Martyrs, puis, dans un grand léances de l'Académie française, de faire passer
nombre d'écrits de littérature, de voyages, d'his- au théâtre son drame d'Her~OMt (25 février t830},
toire, de politique, soutint ce rôle de penseur resté le principal type littéraire du genre et qui,
chrétien et de politique royaliste auquel il devait détrônant enfin la tragédie, amène tes partisans
donuer un éclatant démenti posthume par ses de l'art classique à compter avec les innovations.
Alémoires d'outre-tombe. Casimir Delavigne leur donne une heureuse part
La cause de la religion et du royalisme était dé- dans les Enfants d'Edouard et Louis Xf; Fran-
fendue avec moins d'art, mais avec plus de ri- çois Ponsard (1814-1867), malgré l'apparence de
gueur par un écrivain, moitié étranger, moitié retour aux traditions classiques, dans sa tragé-
français, le comte Joseph de Maistre (1754-1821), die de Lucrèce (1843), leur fera, dans Charlotle
l'auteur des remarquables Soirées de Saint-Pé- Corday et ses autres drames une largo mesure.
tersbourg et d'une foule de virulents pamphlets Quant à Victor Hugo, poursuivant au théâtre
contre la raison, la liberté, contre tous les prin- les luttes mêlées de chutes et de triomphes du
cipes et institutions des sociétés modernes. romantisme, il produit Marion Déforme (1831),
Tandis que ces trois écrivains échappaientM'ae- le Roi s'amuse (1832), Lucrèce B<'ry&(1833), ~M-
tion de l'Empire par leur génie littéraireou se tour- gelo (1835). Ruy-Blas (1838), les Burgraves(1843).
naient ouvertement contre lui, la littérature offi- Les principales de ses pièces, comme Hernani
cielle, maintenue dans les traditions classiques, et Ruy-Blas, seront longtemps reprises au théâ-
se mourait d'épuisement. Le gouvernement impé- tre avec le plus brillant père
succès. D un autre côté,
(1803-1870) exploite avec
rial avait ses poètes, académiciens ou sénateurs, Alexandre Dumas
auxquels il commandait des odes, des poèmes, un rare bonheur !e drame tiré de l'histoire, en
des tragédies, qui jetés, par ordre, dans les mou- pliant d'autorité les faits et les personnages aux
les connus, manquaient de mouvement et de vie, combinaisons de sa puissante imagination de ro-
et n'avaient aucune prise sur la génération nou- mancier. Il trouve, dans cette direction, une
velle. Parmi les noms les moins oubliés de cette nombreuse suite d'imitateurs.
littérature médiocre, on peut citer, en renvoyant Le genre dramatique présente, à la même épo-
pour plus de détails aux dictionnaires spéciaux, que, d'autres veines de succès; une longue po-
Arnault, de Jouy, Fontanes, Campenon, Luce de pularité s'attache au vaudeville, par lequel Eugène
Lancival, Parseval de Grandmaison, Raynouard, Scribe (1791-)86<) et ses nombreux collaborateurs
Baour-Lormian,Legouvé,Népomueene Lemercier, présentent.dansune infiniediversité, l'image super-
Lebrun; un groupe d'auteurs comiques ne man- ficielle, mais intéressante, delà sociétébourgeoise.
quant pas de finesse, Collin d'Harleville, Picard, D'autres viendront qui, comme MM. Alexandre
Duval, Etienne, etc. Excité par la pénurie même Dumas fils, Emile Augier, Th. Barrière, etc., pein-
du présent, le besoin de nouveautés cherchait une dront nos plus mauvaises mœurs avec crudité et en
satisfaction dans les littératures étrangères. On se ferontl'amère satire, ou bien, comme E. Legouvé,
passionnait pour les poèmes nébuleux et sans au- Octave Feuillet, V. Sardou, etc., représenteront
thenticité d'Ossian; on prenaitau théâtre allemand des mœurs plus sympathiques avec des ridicules
ses élucubrations les plus sombres au lieu des ou des vices moins odieux; sans compter les
arrangements de Shakespeare par Ducis, on ré- nombreuses fantaisies dramatiques dont l'exemple
clamait des traductions complètes et fidèles. On a été donné par les gracieux Proverbes d'Alfred
empruntait aussi à l'Angleterre une poésie lyri- de Musset.
que plus vivante, et le genre byronien devenait Mais la peinture infatigable du siècle par lui-
une mode, une fureur. même se produit dans le roman, qui, multipliant
C'était, en effet, par la poésie lyrique et par le les volumes ou envahissant le journal par le
théâtre~ que la littérature dfvait trouver, en feuilleton, prend tous les tons et toutes tes for-
France, sa rénovation. Casimir Delavigne (1793- mes, et qui devient tour à tour, avec Honoré de
t84~), sous l'influence du sentiment patriotique, Dalzac (1799-1850), Victor Hugo, Alfred de Vigny
avait rajeuni les formes de l'élégie, dans ses (!799-1'863), Nodier (1780-1844), les deux Alexan-
premières AfMs~e'fTtes (18)8); Béranger (1780- dre Dumas, Eugène Sue (1804-1859), Mérimée
1857), avec une langue encore classique et sobre,' (l8"3-l)i70), George Sand (1804-1876), MM. Octave
donnait au simple genre la chanson une
de variété, Feuillet. J. Sandeau, G. Flaubert, Erckmann-Cha-
un intérêt patriotique, qui commençait sa longue trian, etc.; une représentation générale de la co-
d'histoire populaire, une
popularité; bientôt Lamartine (nsO-~869), dans médie humaine, un cours
ses Méditutions (1MH), renouvelait si complète- école, parfois malsaine, de politique ou de science
ment la poésie lyrique, qu'il paraissait l'avoir sociale, enfin une mine inépuisable d'art et de
créée. Alors Victor Hugo (né en 1802) vient, au fantaisie.
La poésie ne s'est pas arrêtée, hors du théâtre, avec toutes les ressources de l'érudition et la
aprè-~ie premier effort du romantisme. Outre ses puissance du talent Guizot (1787-1874), de Ba-
Maux recueils de Nouvelles !?!ea!:<a<tOHS, d'Ha; rante(n82-186e).Michelet(H98-18'!4),Edgar Qui-
mo7t!'Mpoe<Q'Me!et 'e/t~teMfte!,de Recueillements, net ('(803-1875), Thiers (17M7-1877).de Vaulabelle
Lamartineadonne à notre temps son épopée intime, (1799-1879), Lamartine, MIgnet, Henri Martin,
dans Jocelyn.Aux poésies lyriques de ses débuts, Louis Blanc, etc., qui, parcourant en tout sens le
Victor Hugo ajoute, sous des inspirations poli- champ du passe, se sont efforcés de rendre aux
tiques et philosophiques toutes contraires, 1s institutions leur portée, aux objets la couleur, aux
livre vengeur des CA<}<!me?: les mélancoliques personnages la vie, aux moindres drames l'intérêt
Contemplations, l'aventureuse Légende des siècles, et la passion. La critique est devenue à son tour
les capricieuses Chansons des rues et des bois, etc. une histoire lumineuse et féconde: après l'impul-
Avec moins d'originalité, mais avec une grande sion donnée par Villemain, grâce à la curiosité uni-
distinction de langue poétique et de sentiment, verselle de Sainte-Beuve, aux vues ingénieuses et
MM. Aug. Barbier, Autran, de Laprade, Leconte de aux savants travaux d'une foule de professeurs et
Lisle, Baudelaire, de Banville et bien d'autres, ont de journalistes, toutes les littératures anciennes
exploré, comme poètes, le champ de la politique, ou modernes ont été l'objet d'études minutieuses,
de la philosophie ou de la nature. approfondies,qui ont remis en lumière les hommes
La littérature philosophique, religieuse ou po- et les ouvrages de tous les temps, de tous les pays,
litique a gardé une large part dans la prose. Dans et ont permis de juger la valeur absolue et relative
la controverse théologiqua, Joseph de Maistre a de chacun, en le replaçant dans le milieu où il a
pour successeurs de Bonald (17~-1840), de Frays- vécu.
sinous (1765-1841), Lamennais (1782-1854), tour à Telle est la longue carrière que la littérature
tour ardent défenseur des doctrines ultramontai- française a remplie, depuis le moment où, sur
nes et de la politique radicale Lacordaire (1802- l'antique sol gaulois, s'est formée la langue qui
1861), son disciple, qui abandonne ses doctrines lui sert d'instrument, à travers toutes les vicissi-
dès que Rome les a condamnées Montalembfrt tudes morales, sociales et politiques dont elle est
(1810-1870), autre disciple du même maltre, s'ef- la constante et fidèle image. Intimement liée à la
forçant jusqu'au bout de concilier le libéralisme vie nationale, elle est appelée à s'associer encore
avec l'orthodoxie Mgr Dupanloup ()802-1877), aux transformations de l'esprit français et à se-
jaloux défenseur des prétentions de l'Eglise sur conder l'influence qu'un peuple maitre de lui-
l'éducation, etc. Le spiritualisme philosophique, même peut exercer sur ses destinées et sur celles
restauré dans l'Université par Royer-Collard, du monde. S'il est vrai que le passé réponde de
trouve un magistral représentantdans Victor Cousin l'avenir, celui de la langue et de la littérature
(1792-1867) et de bridants ou savants interprètes françaises autorise encore de patriotiques espé-
dans ses élèves Jouffroy ()796-t842), MM. Va- rances. [G. Vapereau.]
cherot, J. Simon, etc.; mais il lui faut compter Outre l'article général qu'on vient de lire, et
avec les nouvelles recrues du matérialisme scien- qui donne un tableau d'ensemble de la littérature
tifique, maintenu en médecine par Broussais (1772- française, ce Dictionnaire consacre à diverses
1838) et transformé en positivisme par Auguste parties de cette littérature et à quelques auteurs
Comte (1795-1857) et Littré. L'économie poli- classiques un certain nombre d'articles spéciaux,
tique produit, de Jean-Baptiste Say (1767-1832) à conformément au programme du cours tel que
Michel Chevalier (1806-1879), toute une école de nous allons le donner. (Pourcelles dessectionsdu
publicistes distingués, tandis que le socialisme lui programme qui ne sont pas suivies de l'indication
suscite dans Proudhon (t~OM865)un redoutable d'un article spécial, le lecteur voudra bien se re-
contradicteur. Et ce grand mouvement d'idées porter à l'article ci-dessus, qui sera d'ailleurs con-
n'est pas sans un intérêt littéraire; car, de nos sulté avec profit pour chacune des autres sections.)
jours plus que jamais, le succès de propagande
du philosophe tient au talent de l'écrivain. Le PROGRAMME DU COURS DE LITTÉRATURE FRANCAISE.
journalisme a participé, comme le livre, à cette
libre activitëdelapenséemoderne;lespub)icis- I. Origines. Formation de la langue. V. Ro-
tes de la presse quotidienne et des grandes revues M<MM (langues), Franeaise (langue).
ont souvent mis au service d'une doctrine ou d'un II. La langue d'oc et la poésie de la France du
parti une science profonde du style. midi. V. Troubndours.
Nos institutions, depuis la chute du premier III. La langue d'oil. La poésie épique et la
Empire, ont tenu presqueconstamment ouvert le poésie lyrique de la France du Nord jusqu'au
champ de l'éloquence politique, et les luttes de la treizième siècle.
tribune font aujourd'hui partie de notre histoire. IV. La poésie didactique, satirique, allégo- t
Bornons-nous à rappeler, pour ne parler que des rique, lyrique, du treizième au quinzièmesiècle.
morts, les noms de Royer-Collard, du général t'oy, V. Le théâtre français au moyen âge.
de Manuel, de Casimir-Périer, de Berryer, de Le- VI. La prose française au moyen âge.
dru-Rollin, de Lamartine, do Thiers, de Guizot, de VII-VIII. Le seizième siècle prose et poésie.
Jules Favre. La chaire a aussi ses beaux jours, à IX. Malherbe et ses contemporains; le premier
Notre-Dame da Paris, avec Frayssinous, Lacordaire, tiers du dix-septième siècle.
de Havignan, qui, à part leur talent oratoire, aidè- X. Pierre Corneille. V. Corneille.
rent quelquefois au succès de la prédication reli- XI. Descartes, Pascal, Port-Royal. V. Des-
gieuse par des excursions sur le terrain profane cartes (dans la I" PARTIE), Pascal.
de l'histoire et de la politique centemporaines. XII. Molière. -V. Molière.
Une tribune d'un autre genre a jete aussi un grand XIII. La Fontaine. V. La Fontaine.
éclat: c'est celle de l'enseignement public dans XIV. Boileau. V. Boileau.
nos facultés, auxquelles la Sorbonne, sous la Res- XV. Racine. V. Racine.
tauration, a donné, dans les leçons de Guizot, Cou- XVI. – Bossuet, Fénelon et la chaire chrétienne
-V. Bossuet (dans la I" PARTIE), Fénelon (dans
sin et Villemain, de mémorables modèles.
L'histoire et la critique littéraire ont eu encore
de nos jours de brillantes destinées. La première
laf PARTIE).
XVII Autres écrivains de l'époque de Louis XIV
a été transformée, pour l'art de la composition et XVIII. Epoque de transition Le Sage, J.-B.
l'autorité de la science, dans les écrits d'Augustin Rousseau, Fontenelle, La Muthe, Racine le fils,
Thierry (1795-1856). que la perte de la vue a fait Massillon.
appeler l'Homère de l'histoire. Puis sont venus, XIX. La première moitié du dix-huitième sie-
de débuts de Voltaire et de Montesquieu. XI-XII. Littérature italienne. V. Italie
V. Voltaire, Montesquieu. (p. 1080).
XX; Le dix-huitième siècle, de l'apparition
l'Encyclopédie à la mort de Voltaire et de Rous-
de XIII. Littératures espagnole et portugaise.
V.&'<!pa~e'p.04),Por<M!/a<. –
seau. V. FTtcyc~op~MfM, Voltaire, Rousseau XIV-XVI. Littératare anglaise. -V. Angleterre
(dans la I" et dans la 11' PARTIE). (au supplément). Shakespeare.
XXI. Le dix-huitième siècle, de la mort de XVH-XY1IL –supplément). t.ittérature allemande V. Alk-
Voltaire et de Rousseau a la Révolution. André magne (au
Chénier. V. Chénier (André). XIX-XX. – Littératures américaine, belge, hol-
XXII. La littérature française classique sous le landaise, polonaise, russe, scandinave, suisse.
Directoire, le Consulat et l'Empire. V. jE<< ~ft'~ (p. ÏM), Bf~t<te (au supplé-
XXIII. L'école nouvelle du commencement du ment), Pays-Bas, Poloyne, Russie, Scandinaves
xix* siècle Châteaubriand, M" de Staël, Bé- (E<<!<s), Suisse.
rangfr, etc. On pourra consulter également, pour l'ensemble
XXIV XXV – L'école romantique dans la poésie des littératures étrangères, les articles Cnm~M,
première moitié UrtMM~Me (genre), E itre, Epopée, Fable, N~M-
et au théâtre. La prose dans la lettre), OrafeMf~P/tt~opAte (His-
du xix" siècle histoire, roman, etc. toire, Z.yn~Me
XXVI. La littérature française contemporaine. toire de la), Po~te, Prose, Roman, Satire, Tra-
XXVII-XXX. Révision générale. gédie.
Outre les articles auxquels renvoie ce pro- LOCOMOTIVE.
motive est machine
I. DÉFtNtTTON.
à
–
haute
La loco-
pression,
gramme, on pourra consulter aussi un certain munie de une générateurvapeur a
et portée sur des roues
nombre d'articles de notre co ors de littérature et son
style, tels que Poésie, Épopée, ty'tOM? (genre), qu'elle fait mouvoirgrande elle-même. Elle sert à re-
Epi~e, Fable, Satire, DranM~KC (genre) et morquer, avec une vitesse, les convois sur
les chemins de
'~a~f, Cmedie, ï'f<~<M!'e, Thédtre classique, La locomotive diffère de la locomobile fer.
Pro<< Orntpurs, Histoire et N~<0)'enï, Roman; en ce que
et beaucoup d'autres articles généraux ou spéciaux · cette dernière ne se transporte pas elle-même au
Philosophie (histoire de la), Critique, F' f)?!M (his- point où son action est nécessaire et qu'elle peut
toire), «enotManef, Siècle (.eizième), Siècle (dix. être considérée, en quelque sorte, comme une
~ep<?"?), Siècle (6f!<tMt<t~Mt?), Siècle (~M-nCM- machine fixe, puisqu'elle ne change point de place
vième), ~ca~m<e/~ancatM, Louis XI V, Directoire, pendant la durée de son premier action.
essai de locomo-
Consulat, Amyot, etc. II. HISTORIQUE. Le
LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES. – L'étude tive est dû à un ingénieur français, Cugnot, qui
des littératures étrangères ne forme pas une partie construisit, en t769, une voiture à vapeur mar-
chant sur les routes ordinaires. Les expériences,
expresse du programme des examens du brevet faites en présence du ministre Choiseuiet du pu-
supérieur, et, en effet, comme il ne peut être ques- blic,
tion d'exiger des instituteurs la connaissance de l'insuffisance ne furent pas très heureuses. A cause de
plusieurs langues étrangères, on ne saurait raii vait fournir de la chaudière, la voiture ne pou-
sonnablement leur demander d'apprécier des lit- était difficileune longue course; son maniement
tératures dont ils connaissent à peine quelques mètres à l'heure. et sa vitesse ne dépassatt pas 4 kilo-
fragments par des traductions. Néanmoins, comme On la voit encore aujourd'hui
Conservatoire des arts et métiers it Paris.
les notions générales de littérature impliquent auLa première locomotive marchant sur des rails
(V. Littérature et style) quelques vues d'ensemble été construite )804 dans le de Galles
en pays
sur l'histoirelittéraire des principaux peuples ci- apour le transport du charbon de terre elle remor-
vilisés comme la connaissance des langues an- 10 tonnes et sa vitesse était de 8 kilomètres
glaise, allemande, italienne et espagnole, qui fait quait l'heure. Son principal défaut consistait dans
partie du brevet facultatif, doit être accompagnée le
de quelques notions élémentaires sur les littéra- manque d'adhérence sur les rails, de telle sorte
si l'on dépassait le poids indiqué précédem-
tures correspondante3 comme enfin il est inad- que, les p~tM!M<, c'est-à-dire tournaient
missible que les plus grands noms et les chefs- ment, roues
remédier à ce grave inconvé-
d'œuvre de l'esprit humain en dehors de la France sans avancer. Pour
l'idée, en )8<t, de placer
soienttotalement étrangers aux maîtres et aux élèves nient, Blenkinsop dentée
eut
milieu de la machine et une
de nos écoles normales, nous avons jugé opportun une roue au
les rails; Chapman, en
de grouper sous le titre trop ambitieux peut-être crémaillère fixe entre
de Littératures étrangères quelques leçons très fin, 1812, remplaça la crémaillère par une chalne sans
sommaires destinées à former, à ce point de vue, lia les parallèle aux rails; Stephenson, en 1814, re-
le complément soit du cours d'histoire générale, lesquelles passait
trois essieux par des roues dentées sur
soit du cours de littérature française. Plusieurs 18~5. Hackworth trouva une chalne sans fin; enfin, en
la véritable solution en
de ces leçons ne sont que des subdivisions d'une le poids de la locomotive, et en rem-
leçon d'histoire générale; quelques-unesont pris augmentant
plaçant la chalne et les roues dentées par une
un développement beaucoup plus grand en raison bielle d'accouplement.
de l'importance ou de la popularité du sujet. Une deuxième question, aussi importante que
Voici le programme que nous avons suivi la précédente,restait a résoudre il fallait trouver
PROGRAMME DU COURS DE LITTÉRATUREÉTRANGÈRE. le moyen de produire rapidement une grande
L Généralités. -Divisions et limites du sujet. quantité de vapeur sans augmenter les dimensions
V. Littératures étrangères, et les principaux ar- de la machine. En tH28, un Français, Marc Séguin,
ticles du cours de littérature et style. né à Annonay, résolut complètement le problème
!I. Les littératures de l'Inde, de la Perse an- par l'invention des chaudière, tubulaires, dont la
tique et de l'extrême Orient. V. Inde, Perse, première application fut faite sur le chemin de
Orient (E.E~me). fer de Lyon à Saint-Etienne,
111. Littérature hébraïque. V. Bible (dans la Le ?0 octobre 1829 eut lieu a Rainhill, en An-
I" PARTIE). Israélites, Jui fs. gleterre, un concours organisé par la Compagnie
IV-VI. Littérature grecque. -V. Grèce (p. StO). de Liverpool à Manchester, avec promesse d'une
VH-1X.– Littérature latine. V. Latine (~<< forte récompense pour l'inventeurde la locomotive
rature). la plus parfaite. Stephenson remporta le prix avec
X. Littératures arabe et perEMe. – V. JMa- la Fusée, machine a chaudière tubulaire, dans la-
H/iM, Mahomet,Perse. ouelle le tirase était activé par un jet de vapeur
dans la cheminée. Elle remorquait un poids de qui sont simplement des machines voyageurs,
38 tonnes avec une vitesse de 25 kilomètres. destinées a la traction rapide de trains express
Ce concours eut un retentissementconsidérable lourds ou à la traction de trains ordinaires de
et décida de la création des chemins de for. voyageurs sur des profils un peu accidentés.
Pendant une vingtaine d'années, l'attention des Cette tendance est de nouveau constatée à Vienne
ingénieurs fut principalement portée vers l'aug- en 1873 et à Paris en 1878.
mentation de vitesse des locomotives. En 1845, En effet, la notice sommaire insérée, selon l'ha-
Stephenson présenta une nouvelle machine per- bitude, dans le catalogue officiel de 1878, par les
fectionnée qui pouvait tralner au moins 100 ton- soins du comité d'installation, résume la situation
nes avec une vitesse de 40 à 60 kilomètres et qui en ces mots
fut adoptée aussitôtsur tous les chemins de fer. Ce « Pour les machines locomotives, les progrès
brillant résultat fut encore dépassé en ]8i9 pur la portent principalement sur l'emploi plus étendu
locomotiveCrampton, qui faisait 80~ 100 kilomè- des machines à quatre roues couplées de grand
tres par heure, et qui fut adoptée sur les grandes diamètre, pour le remorquage a grande vitesse de
lignes de France pour remorquer les trains ex- trains plus lourds que les trains anciens. »
press. 111. CLASSIFICATION ACTUELLE. t" Sur les gran-
On divisait alors les locomotives en quatre des lignes, on emploie des machines à 4 roues
classes machines à ~ot/a~fMfs, avec roues indé-
)Ka'f*A:'iM ~E<e~, avec deux essieux
couplées pour les voyageurs,
les marchandises
et 6 roues couplées
pendantes pour
couplés machinesà M~re/tam'~M~, avec trois es- 2a Dans les pays accidentés, on emploie des
sieux couplés machines express à grandes roues machines à 6 roues couplées pour les voyageurs,
indépendantes. et à 8 roues couplées pour les marchandises
Si les Anglais s'occupaient avec tant de succès 3° Dans les chemins de fer d'intérêt local, on
ds la vitesse des locomotives, le continent, de son emploie des Ma!cA:nM-~M<<e)'~ à 6 roues couplées,
c~té, ne restait pas inactif et dirigeait ses re- dans lesquelles les réservoirs d'eau et de coke
cherches vers un autre point, la force de traction. font partie intégrante de la machine, pour tout le
En effet, les lignes de chemins de fer les plus service;
faciles avaient été faites les premières et l'on 4° Enfin on emploie la t?M<t:'?c-f/er ordinaire
avait pu éviter les fortes pentes et les courbes à 4 roues couplées pour la banlieue des grandes
ayantmoinsde7a800metresderayon.Maia.ilil villes et le service des gares.
y avait d'autre~tignes à faire dans des pays acci- IV. DESCRIPTION DE LA LOCOMOTIVE STEPHENSOK.
dentés, à travers des montagnes. C'est alors que Toute locomotive comprend trois parties la
le concours du Semmering, en 1852, dirigea les machine à vapeur, le eAtt' :ot, la chaudiére et ses
études des ingénieurs vers les machines àforte annexes.
traction. Dans la locomotive Stephenson, la machine à
Quatre machines furent présentées à ce con- vapeur se compose essentiellementde deux cylin-
cours elles furent classées, par ordre de mérite, dres à vapeur dont les pistons actionnent, chacun
de la manière suivante .Bat)"yta, H~t'eH~-NcM- par l'intermédiaire d'une bielle et d'une mani-
~an'<, Se' a:my et Vindobona. Elles furent toutes velle, l'essieu portant les roues motrices.
récompensées, mais aucune d'elles ne fut admise. Le chariot se compose d'un châssis formé par
On peut dire que le concours du Semmering a deux longues pièces en fer appelées longerons,
été le point de départ de l'étude des machines à réunies à leurs extrémités par deux traverses en
grande puissance et faible vitesse, et qu'a ce titre, bois. Ce châssis repose sur les essieux des roues
il a une importance historique comparable à celle par l'intermédiaire de forts ressorts en acier il
du concours de Rainhill en 1829; il a donné lieu est e.c~!fM' c'est-à-dire que sa largeur est plus
à la fameuse machineautrichienne Engerth, en 1855, grande que la longueur de~ essieux et qu'il en-
ayant 4 paires de roues couplées, pesant 62 tonnes toure les roues. Ces roues sont au nombre de
et pouvant remorquer, sur des pentes de 5 milli- six.
mètres par mètre, un poids de 4 à ;)UO tonnes La chaudière proprement dite se compose d'un
avec une vitesse de 30 kilomètres à l'heure. gros cylindre horizontal appelé corps e</t!K(A'Mf,
Pour suivre maintenant l'historique de la loco- qui est traversé, dans toute sa longueur, par un
motive, il suffit de jeter un coup d'oeil sur les grand nombre de tubes en cuivre, 130 à 150, s'a-
grandes expositions internationales. bouchant à une extrémité dans la &n~e à feu, et
L'Exposition de 18.')5, à Paris, fut un reflet a l'autre extrémité dans la boite à fumée. Le com-
assez exact de la situation des chemins de fer il bustible est placé sur une grille à barreaux mo-
y avait un certain nombre de machines puissantes, biles et indépendants au fond de la boîte à feu.
entre autres trois machines Engerth, dont une Cette dernière est entourée d'eau de tous côtés,
exposée par le Creusot, toutes les trois destinées sauf en dessous du cendrier et vers la porte
à la France. On voyait également à cette Exposi- d'entrée. Les tubes sont entourés d'eau do tous
tion de 1S55 une machine à 8 roues couplées, la cotés. Le corps cylindrique est ordinairement re-
W!'c?:-Ra"&, le premier système de ce genre, tel couvert d'une < ~em~e ou enveloppe en bois pour le
qu'on l'emploie actuellement, et côté la machine garantir du refroidissement; il est muni de diffé-
Crampton. rents appareils de sùreta:manomètre,indicateur
Les deux types opposés, Engerth et Crampton, et robinets de niveau, soupape de sûreté w et
jouèrent un rôle considérable, mais furent bientôt sifflet d'alarme J (fig. 1).
modifiés et transformés. En effet, la locomotive Les gaz provenant de la combustion traversent
Engerth, qui trônait à l'Exposition de 1855, après les tubes en cuivre en abandonnant à l'eau une
avoir supplanté les quatre machines du concours partie de la chaleur et s'échappent par la chemi-
du Semmering, ne parait plus à l'exposition de née après avoir traversé la boite à fumée. Le tirage
l!f!8. La locomotive Crampton ne figurait même est, d'ailleurs, activé par un jet de vapeur dans
pas à l'exposition de 1867. la cheminée.
En 1862, à Londres, on trouve un dérivé de la La vapeur formée dans la chaudière tend à
machine Engerth, la machine S<MM6~ qui re- s'élever et se rend d'abord sous le dômep, appelé
parait à Paris en 1S67, mais qui est bientôt aban- t'~e'uot)' de t~peM; Un ;M/a:<eMr à p ~p!<M q,
donnée. espèce de robinet mu par la MtMe~e r, sert a
L'Exposition de 1867 indiquait une tendance fermer ou à ouvrir un gros tube longitudinal s,
bien accusée du renforcement des machines,qu'on entouré de vapeur. Si ce tube est ouvert, la vapeur
appelait '~).):~)' dans l'ancienne classification, et s'y précipite, descend deux tubes verticaux ",pé-
notre dans les deux machines à vapeur et, après la machine à vapeur, extrait l'eau du tender et la
avoir agi sur les faces des pistons, revient dans refoule dans la chaudière. Un robinet e, placé
la cheminée par le tube v pour activer le tirage. sous la main du mécanicien, sert à régler l'ali-
La tige de chaque piston a s'articule avec une mentation.
bielle ce' que fait mouvoir l'essieu coudé des roues Aujourd'hui, le mode précédent d'alimentation
du milieu et entraine la locomotive.Il faut remar- est absolument abandonné et remplacé par un
quer que les deux coudes de l'essieu sont à angle appareil très ingénieux appelé l'injecteur Gif-
droit, l'un par rapport & l'autre, et non pas dans fard.
!e même plan. Le but de cette disposition est de La mise en marche des locomotives en avant
faire que l'un des pistons soit encore au milieu on en arrière se produit à volonté à l'aide d'un
de sa course quand 1 autre est au bout de la sienne, système de leviers articulés, que l'on voit en par-
de manière que la locomotive avance régulière- tie sur la figure 1, au-dessous de la bielle, et qut
ment et non par saccades. porte le nomde coulisse de Stephenson.
Un wagon spécial, appelé <eK< qui suit im- On remarque encore en avant des locomotives
médiatement la locomotive, porte la provision de une tige verticale, )tppe)ée chasse-pierres, qui sert
combustible et d'eau nécessaire au service de la à écarter les obstacles qui peuvent se trouver sur
machine. Un tuyau e' fait communiquer le tender les rails, et un robinet purgeur pour enlever la
avec l'intérieur de la chaudière. Une petite pompe vapeur d'eau condensée dans les cylindres.
aspirante et foulante, actionnée par le piston de V. LocoMOTivE CRAHpTON. – La figure X ropré-
sente une locomotive Crampton, à faible puissance nuantr le diamètre des roues, en augmentant les
et à grande vitesse, employée pour les trains dimensions
( du foyer et de la ~M)'/<~ce de chauffe
&m~M. tpour activer la production de vapeur et en accou-
Dans cette machine, les roues motrices sont plant 1 les roues par des bielles pour augmenter
placées & l'arrière elles ont S'.IO 2*,M de dia- 1l'adhérence sur les rails.
mètre, tandis que celles de la locomotive Stephen- Dans cette machine, le tender est relié à la
son n'ont que t°*,40 environ. C'est là qu'est la locomotive
1 par un boulon particulier qui permet
cause principale de la différence de vitesse, car, le
1 passage dans les courbes; il porte une partie
en supposant que les roues motrices fassent, du
c foyer. Les cylindres à vapeur sont extérieur:
dans les deux cas, le même nombre de tours pen (et horizontaux et tout le mécanisme est visible.
dant des temps égaux, la machine Crampton par- VII. MOUVEIIENTS ANOMAUX. – Les locomotives,
courra un chemin presque double. indépendamment
i de leur mouvement de progres-
La machine Crampton se recommande par une E sion principal, sont sujettes à divers mouvements
grande stabilité qui tientà l'abaissementdeson cen- anormaux qu'il importe de resserrer dans d'é-
tre de gravité et à l'écartement des essieux tout troites
1 limites si l'on veut éviter l'usure rapide du
le mécanisme est placé à l'extérieur et facile à matériel des chemins de fer et diminuer les chan-
surveiller. ces de déraillement. Ces mouvements sont au
VI. LocoMOTtVE ENGERTH. La figure 3 repré- nombre de quatre, savoir
sente une locomotiveEngerth, à grande puissance f
Le mOMfem<H< de lacet ou mouvement ei-
et à petite vitesse, employée pour les trains de nueux, qui se propage dans toute l'étendue du
marchandises. On a obtenu ce résultat en dimi- train et fait que celui-ci s'avance en serpentant.
Il tient au défaut de symétrie des deux pistons l'insuffisance de la charge portée sur les roues
dont l'un va en avant pendant que l'autre va en extrêmes. On le diminue en rendant les cylindres
arrière, et il est fort difficile de l'éviter à moins horizontaux et en répartissant convenablement la
d'employer trois cylindres à vapeur. charge sur les essieux
2° Le mouvementde galop ou mouvement oscil- 3° Le mouvement de roulis ou mouvement
latoire autour d'un axe perpendiculaire à la voie. oscillatoire autour d'un axe paraHèie à la voie.
peut tenir à l'inclinaison des cylindres et à II peut tenir à l'imperfection de la voie dans le cas
où les rails fléchissent inégalement, et au manque la sécurité des voyageurs, mais le plus désa-
forcé de symétrie dans le mouvement des bielles gréable.
qui relient les pistons aux essieux. VIII. RENSEIGNEMENTS CtVERS. – Une locomo-
4° Le mouvement de tangage, ou mouvement tive Stephenson coûtait 42000 francs une ma-
oscillatoire rapide d'avance et de recul. Il tient chine mixte, dans l'ancienne classification,coûtait
aux réactions exercées alternativementpar la va- 45000 à 50000 francs; une machine Crampton,
de chaque cylindre et il est
peur sur les bases C'est 55000 à 60000 francs, et une machine Engerth, en-
impossible à éviter. le moins dangereux pour viron 100000.
Dans la locomotive Stephenson, la vapeur se au lieu de. 150, et un foyer plus grand, ce qui
forme à 5 atmosphères la force moyenne est de porte sa surface de chauffe à près de 100 mètres
60 chevaux-vapeur; la surface de chauffe, com- carrés; son poids est de 30 tonnes, et elle con-
prenant les parois de la chambre à feu entourées somme environ 8 kilogrammes de coke par Mo-
ti'MU et les parois intérieures des tnbes, est de mètre.
50 mètres carrés. Le poids de cette machine est La locomotive Engerth a une surface de chauffe
de 12 tonnes elle consommeenviron44 titres d'eau de près de 200 mètres carres la vapeur s'y forme
et 7 kilogrammes de coke par kilomètre. à une tension de 8 atmosphères; son poids tot!i!,
l,
La locomotive Crampton renferme lf3 tubes, y compris le tender avec lequel eHe est liée, est
de 62 tonnes, et elle consomme 16 al8 kilogram- Maison conséquente pour Maison considérable.
mes de coke par kilomètre. Recouvrir la santé –Recouvrerlasanté.
Dessus la table – Sur la table.
IX. PROBLÈME. La ~t<<ance entre les <~tM: Faites excuse – Je vous fais mes excuses.
gares de Cognac et eT~n~OM/~te ~<n< de 50"90 Avoir des raisons – Avoir des contestations.
est supposée parcourueen 1 heure 36 minutes par
une locomot:ve pesant 40 tonnes et à roues cou- C'est, commeon le voit, une déviationdu sens dès-
plées ~a~s de )"~0 de diamètre. On a'em<!?!d!< mots causée par l'ignorance ou par de mauvaises
l* le nombre de tours faits par chaque roue; habitudes. Recouvrir et recouvrer, de«:M et sur,
le poids que pourra traîner cette locomotive,si conséquent et considérable sont des paronymes
le coefficient de frottement est tlgal au </)0 du Éloignés faciles à confondre pour des oreilles peu
poids lie la machine et si le tirage est à la charge délicates. Trop souvent les enfants trouvent chez
dans le rapport de 1 à 100. eux ou parmi leurs camarades ces locutions
Quand une roue fait un tour sans glissement, vicieuses, contre lesquelles il faut réagir, car ces
la machine avance d'une longueur égale à la cir- fautes, légères en apparence, pourratent boule-
conférence de cette roue. Dans le cas présent, verser la langue si elles arrivaient à passer dans
cette longueur est de le langage littéraire.
L'histoire de notre langue onre un exemple re-
t",50X3,H16=4" marquable de l'influence du barbarisme dans les.
Autant de fois elle sera contenue dans la dis- évolutions du langage. Le français, qui vient du
tance à parcourir, autant chaque roue fera de latin corrompu et graduellement transformé dans
tours. la bouche des Gaulois et des Francs, n'a été d'a-
bord qu'un tissu de mots tronqués,, défigurés,
50900 4,7) = 10807 tours.
qu'on <t peine à reconnaitrè dans le texte fameux
La puissance de traction d'une locomotive est des serments de Strasbourg (842). Le barbarisme
limitée par l'adhérence sur les rails, et cetie-ei joua alors ufi rôle important dans la formation
est égale au poids de la machine dans le cas des de la tangue. tt en reste des traces encore vi-
roues couplées. Par conséquent, dire que le coef- n'est sibles, et l'on peut citer telle irrégularité qui
ficient de frottement est égal à )/t0 revient à qu'un lointain souvenir de ces anciennes
dire que le train est entralné par une force fautes de langage. Par exemple, tes noms du genre
égale à neutre on latin ont ordinairement donné des
40 )0=4
40: 10 = 4 tonnes, noms masculins en français membrum le
membre; templum, le temple, etc. Mais dans la
et comme une force de traction de 1 kilogramme basse latinite, le pluriel neutre a été souvent
est capable d'entraîner un poids de 1CO kilogram- confondu avec les noms féminins de la première
mes, il en résulte qu'une force de 4 tonnes pourra déclinaison, à cause de l'identité de la terminai-
remorquer une charge de 40~ tonnes. son a; et c'est grâce à ce barbarisme que pom~M
[A. Bougueret.] (pluriel poma) a donné le substantif féminin
LOCUTIONS V!CtECSES. – Grammaire, XXHI. pomme; folium (pluriel folia), le féminin feuille;
On appelle locutions vicieuses des façons de cornu (pluriel cornua), le féminin corne, etc.
parler contraires au bon usage et aux règles de C'est grâce encore à un barbarisme semblable
la grammaire. Un ai-éonaute pour un aéronaute, que le mot orgue est des deux genres en français.
f~s''A<!rf)<t/' pour rébarbatif, allons promener Il était neutre en latin (o'mMm) et, comme têt,.
pour allons nous promener il a recouvert la vue il était termine par a au pluriel (or<ya?M) cette
pour il a recouvré la vue, sont des locutions vi- désinence féminine a fait illusion à nos pères qui,
cieuses, parce qu'elles, altèrent la forme et le appliquant le genre féminin, disaient une &eHc
sens des mots et qu'elles blessent les règles de orgue, de ~ran~e< oryMM. Les latinistes de la
la syntaxe. En généra), toutes les fautes contre la Renaissance, pour rapprocher le mot du latin, lui
pureté du langage sont des locutions vicieuses, enlevèrent le genre féminin (que le peuple
et la grammaire tout entière n'a pas d'autre s'obstina d'ailleurs à lui conserver), et dirent un
but que de nous indiquer le moyen de les bel orgue, de beaux orgues. Les grammairiens,
éviter. pour plaire aux deux partis, décrétèrentque orgue
On distingue deux sortes de locutions fi'CteMM serait masculin au singulier et féminin au plu-
!o barbarismeet le solécisme. riel.
t* BARBARISME. Ce mot vient du grec bar- 2" SoL~ciSMB. Ce mot vient du latin M/te-
barismos, qui vient lui-même de AQr&at'os, bar- cismus, venu lui-même du grec soloïkismos, pro-
bare. On sait que les Grecs appelaient barbares prement manière de parler particulière aux
tous les peuples étrangers; le barbarisme était habitants de Soles, en Asie-Mineure. On raconte
donc à l'origine une locution étrangère à la langue en effet que des colons athéniens, transportésdans
grecque. Chez nous, c'est une faute qui dénature cette ville, perdirent avec le temps toute la pu-
la forme ou le sens des mots. reté de leur langue maternelle et donnèrent
Ainsi on fait un barbarisme quand on dit naissance au verbe soléciser (parler comme à
Apprentive (une) pour Apprentie (une). Soles). De nos jours, faire un solécisme, c'est
Aréostat Aérostat. parler contrairement au bon usage et blesser les
Cieux-de-lit (des) Ciels-de-lit (des). règles de la syntaxe. Le barbarisme porte sur les
Corpulence. mots, le so~ecMnfe porte sur la construction. Ainsi
Corporence
Colidor Corridor. cMM~s/'M' pour dégrafer est un barbarisme; de
Définitif (en) Définitive (en). peur ~M t7 se fdche pour de peur qu'il NE se /<!c/t~
solécisme. Dans le premier exemple, c'est
Disezfvous)
Mairerle
– Dites (vous).
Mairie, etc.
). est un
le mot qui est dénguré, dans le second c'est la
construction. Aussi les solécismes sont-ils plus
Dans tous ces exemples, la forme régulière dti fréquents que les barbarismes. Ces derniers ne
mot a été pervertie par une mauvaise prononcia- so rencontrent guère dans la langue écrite, si
tion. ce n'est chez les écrivains qui se piquent de re-
On fait encore un barbarisme quand on emploie produire au vif l'argot populaire. Les solécismes
une expression dans un sens qu'elle n'a pas, ou au contraire peuvent échapper même à une plume
qu'on unit ceux mots qui ne peuvent aller en- exercée, et nos meilleurs écrivains ne sont pas à
semble. Tels sont l'abri de ces petites défaillances.
Voltaire a écrit dans la ~emrt'a~ Parmi les auteurs qui sont entre les mains des
élèves, La Fontaine surtout abonde en archaïsmes
TfmtM l'horreur du peuple et tantôt leur amour.
qui semblent naturels dans sa langue pleine d'une
Leur se rapportant à peuple est au moins hardi. fine bonhomie. Les formes archaïques sont aussi
Lamartine, dans Jocelyn très nombreuses dans les dialectes provinciaux,
dans
Voir de combien de palme avaient grandi leurs troncs. vieux les patois qui ne sont autre chose que du
français, et nos instituteurs peuvent relever et
Il est clair que palme devrait être au pluriel. corriger bien des archaïsmes dans le langage de
Châteaubriand, dans le Gf~ie du C/irK<!a?:Mme leurs élèves. Enfin les notaires, les juges, les
Recevoir ceM.E CM: ENTRENT e< ceux qui SORTENT de avocats, etc., ont conservé un tangage spécial, des
ce ro!MH!e de douleur. Entrer et ~o~M' ne peu- formules de jurisprudence qui n ont guère varié
vent avoir le même complément. depuis leur origine et qui nous ont valu les bi-
Ces exemp'es suffiront pour montrer en quoi zarreries de syntaxe et d'orthographe des lettres-
consiste le solécisme. royaux, des ayants-droit, etc. Dans notre gram-
On peut encore, dans certains cas, considérer maire actuelle, quelques archaïsmes sont restés
comme des fautes contre la langue le néologisme et resteront sans doute encore longtemps, grâce
et l'archaïsme. à la force de l'habitude tels sont grand dans
NÉoLosi~ME. – Le néologisme est l'habitude grand fOt~e,j~'<:Maf chose: la forme fémininee~M.
d'employer des termes nouveaux, ou de donner dans pécheresse. devineresse, etc. le pluriel de
aux mots reçus des significations différentes de vingt dans quatre-vingts, etc., débris de la vieille
celles qui sont en usage. ti se dit aussi d'un mot langue disparue, aujourd'hui rangés parmi les
forgé ou transporté sans nécessité d'une langue exceptions et les anomalies de la syntaxe, mais
dans une autre. Ainsi a~Mse'ncnt, abracada- qui rentraient autrefois dans la règle générale.
A~'aT: ae<:f~7', am~rteaMMme, baby, balnéaire, Ils servent du moins à nous faire comprendre par
bock, &OM~CM/aae, détective, ensoleillé, leader, quelle dérivation régulière et par quelle marche
maestria, etc., etc., sont des néologismes. Il faut, progressive et naturelle notre langue est sortie
sinon fuir absolument l'emploi de ces mots que de la langue latine. [J. Dussouchet.]
l'Académie n'a pas encore admis dans son diction- LOGAHITHMES. – Arithmétique, LIII, LIV.
naire, du moinsn'en faire qu'un usage très modéré. Etym.: des deux mots grecs logns, rapport, et
Ainsi les inventions nouvelles exigent des noms a<</itKo. nombre. La connaissance des loga-
nouveaux; on trouve un instrument qui porte au rithmesne remonte pas à une époque bien reculée.
loin la voix, et on le baptise d'un nom formé de Dans te cours du xvi" siècle, quelques mathémati-
deux mots grecs, M~pAotM (têlé, loin, p/t0~, voix) ciens avaient déjà cherché des procédés abréviatifs
de même pour phonographe, instrument qui écrit de calcul ce fut au commencement du xvti' siècle.
la voix (phond, voix; <ympM, j'écris); c'est fort que, par l'étude des propriétés des progressions,.
bien. Mais voici un autre instrument qui sert à t'Ëcossais John Neper ou Napier découvrit la,
grossir la voix, à la rendre plus éclante on le théorie des logarithmes, et donna ainsi aux sa-
nomme microphone, c'est'a-dire petite voix (de vants le moyen d'effectuer rapidement les plus la-
mikros, petit, et p~n~, voix) c'est un non-sens. borieux calculs. Cette théorie est susceptibled'être
Bien plus, un cornet acoustique a reçu le nom exposée avec assez de simplicité pour qu'elle entre
d'aMah~AoKe, terme hybride formé du latin audire naturellement dans le cadre de l'enseignement
(entendre et du grec p~on~ (voix) Ce n'est pas primaire supérieur. C'est le caractère que nous
tout; on semble dédaigner sa propre langue pour tâcherons de lui donner ici.
parler anglais ou italien en français. Pourquoi I. DEFINITION DES PROGRESSIONS. On appelle
square, m'~on, ballast, reporter, gentleman, ci- pfO~MMK par différence une suite de nombres
cerone, etc., ont-ils remplacé c~re, fo:/M?'e, sable, tels que chacun est égal au précédent augmenté
KOM:)e</M~, gentilhomme, guide, etc. ? En géné- d'une quantité constante. Par exemple en ajou-
ral, on ne devrait avoir recours à un néologisme tant 2 à 1, ce qui donne 3, puis 2 à 3, ce qui donne
que pour enrichir la langue d'un terme qui lui 5, etc., on obtient la progression:
manque en second lieu, il faudrait se conformer
dans la formation des mots nouveaux au génie, 1.3.5.7.9. H.13.
aux formes propres de la langue.
AttCHAistfE. Ce mot vient du grec archais- Le nombre constant qu'il faut ajouter à chaque
terme
mos dérivé d'archaïos qui veut dire ancien; la progression. pour avoir le suivant est appelé raison de
c'est l'emploi d'expressions surannées, de mots Cette raison peut être une frac-
ou de tours vieillis appartenant à la langue du
tion aussi bien qu'un nombre entier.
moyen âge. Pieça mis pour depuis longtemps, de nombres tels
On appelle p)'oyre<s:o?: par quotient une suite
cejourd'hui pour aujourd'hui, moult pour beau- que chacun est égal au précédent
coup, sont des archaïsmes.
multiplié par un nombre constant. Par exemple, en
Ce nom, dans un sens plus général, s'applique multipliant 3 par 2, ce qui donne 6, puis 6 par 2,
encore au style des écrivains qui veulent imi- ce qui donne 12, etc., on obtient la progression:
ter le langage de nos anciens auteurs, soit en fai-
sant revivre quelques termes oubliés, soit en s'ef-
~3:6: 12:2t: 48:96.
forçant de revêtir leur pensée d'expressions et Le nombre constant par lequel on multiplie
de tours familiers à nos pères. Sans remonter ici chaque terme, pour avoir le suivant, est appelé
jusqu'aux Latins, chez lesquels Lucrèce, Sal- raMOM de la progression. Il peut être entier ou
luste, etc., ont affectionné certaines formes ar- fractionnaire.
chaïques, nous pouvons citer chez nous La Fon- 11. –PROPRIÉTÉS QUI ONT DONNÉ NAISSANCE AUX LO-
taine, J.-B. Rousseau, Paul-Louis Courier, de Ba- GARITHMES. )° Lorsqu'une progression par dine-
rante, Balzac, etc., qui ont écrit des ouvrages de rence a 0 pour premier terme, le second est lui-
longue haleine dans une langue archaïque de con- même la raison et tous les autres termes sont les
vention. C'est que cette langue naive, et hardie mulLip!es successifs de la raison.
dans sa naïveté, semble donner à nos idées mo- Pour mettre plus de simplicité dans nos expli-
dernes, avec une couleur plus piquante et plus cations, représentonsla raison par d (lettreinitialo
vive, une allure plus pittoresque et un tour plus de différence); nous aurons la progression:«
original. C'est une sorte de renouveau du lan- 0.d.2~.M.M.5'A6~
gage, toute une flore encore vivante et parfumée
dont la grâce toujours jeune séduit bien des gens. Si dans cette progression on additionne entre
eux deux ou plusieurs termes, par exemple le En effet le dividende étant le produit du diviseur
troisième 2 d et le cinquième t d, la somme 6 d multiplié par )e quotient, son logarithme est la
est olle-môme un multiple de la raison, et par somme des logarithmes au diviseur et du quotient;
conséquent elle est un des termes suivants de la par conséquent on aura !e logarithme du quotient
progression c'est le septième. en retranchant le logarithme du diviseur de celui
ï" Lorsqu'uneprogression par quotient a 1 pour du dividende. C'est ce qu'on peut présenter ainsi:
premier terme, le second est lui-même la raison, soit p ie produit de a par b, on aura d'après le
et tous les autres sont tes puissances successives principe précèdent
de ta raison.
Représentons la raison par q (initiale du mot log. p = log. a + tog. t
quotient) nous aurons la progression On en tire
? 9' ?' ?* :?':}' )og.o==logp–log. a
Si dans cette progression on multiplie entre eux Nota. On verra plus loin comment se fait la
deux ou plusieurs termes, par exemple le troi- soustraction quand le logarithme du diviseur sur-
sième et le cinquième
puissance de la raison;
< le produit y* est une passe ie logarithme du dividende.
conséquent il est un 3° On obtient le logarithme d'une puissance
par
des termes suivants de la progression c'est le d'un nombre en multipliant le /oyart<AM~de ce
septième. nombre par le degré de ~apMt'M~ce.
3° La somme de deux ou plusieurs termes de la Cette règle n'est autre que la première, dans le
progression par différence et le produit des termes cas où les facteurs du produit sont égaui. En effet
qui leur correspondent dans la progression par on a par exemple
quotient se correspondentaussi dans tes deux pro-
gressions. a'==aX"X <!
C'est ce qu'on voit clairement en mettant les D'après la première règle on aura
deux progressions en regard
t 9* 9' ?' 9* (t) log. a~ = log. a -)- log. a + log. a
4. 0. d. 2d. 3d. 4d. 5d. 6d. (2) ou:
log. a' = 3 log. a
La somme du troisième terme 2d et du cin- Aussi pour trouver le logarithme du carré d'un
quième terme 4d, dans la progression par diffé- nombre, on multiplie le logarithme de ce nombre
rence, est le terme 6d, qui occupe le septième par 2; pour avoir le logarithme de son cube, on
rang. Le produit du troisième terme qt par le
<xnquième terme < dans la progression par quo-
multipliera son logarithme par 3, etc.
4° On obtient /e logarithmed'une racine a'M?t
tient, est}', qui occupe aussi le septième rang. nombre en divisant le /o<ya!-t~me de ce nombre
De cette propriété découle une conséquence
importante. Supposons que tes termes des deux par le degré de la racine.
En effet on a d'après la règle précédente
progressions, au lieu d'être représentes par des
lettres, soient des nombres, et qu'on ait besoin de log. a' = 2 log. a
connaître le produit ~iu troisième terme multiplié log.&'=31og.ob
par le cinquième terme dans la progression par Or dans
quotient, il ne sera point nécessaire d'effectuer ces égalités a est la racine carrée de a*
leur multiplication;il suffira d'additionner entre et b est la racine cubique de 6' on en tire
eux le troisième terme et le cinquième terme de
ta progression par différence, et de chercher la log.a=-
1
los.a*
somme parmi les termes suivants le terme qui,
dans la progression parquotient, correspond à cette
somme dans la progression par différence, est le log.o~A
1 2 3 1 2i.
~l-t:/t"tO:10A:10&100 (8)) partie entière du logarithme. Pourquoi ne dirait-
faute de mieux, l'entier (le nombre
on pas,
1.
1
2 (9),) entier) ?
VIII. LOGARITHMES DES NOMBRES
DÉCIMAUX.
On a donc
ç_3X38'XV3 CALCUL DE T.
2 t85000 X t,<m" X 0,045
S=t,5x38'X~3 0,6S5t!8
185000 Xt,045" X 45
!og. S= log. t ,5 + 2 log. 38 +' log. 3 :J:
<i95,88
log. 38=),57978
tog.3==:0,4'?712
).,“ 185000+tog.
"'g-c–~log.'og.
695,88
1,045" + log. 4~
2iog.38=3,t5956 Iog.t85000==5,M'?)717
~og.3=. 0,23856 Iog.t,045"=0,:29:t956
tog.45=1.65.2)25
Iog.1,5=0,t7609 't4:n79)i
)og.S=.(,5742t tog.695.S8=2,~?5M4
37à!4)f.
__M.6 )og..x=4,30?M54
20288.392
S~3~t,5 03.62
L'hexagone a 37 décim. carrés 51 centim. car- x = 20288,3
rés.
PROBLÈME 2. Calculer la surface S d'une XVI. DES COIIPLIMENTS. Lorsque d'une
fp/t~'e ayant un volume ~e 154 centimètres cubes somme de logarithmes on doit retrancher une an-
867 millimètres cubes. tre somme de logarithmes, on peut remplacer la
Si l'on prend le centimètre unité, et qu'on soustraction par une addition, à l'aide de ce qu'on
pose V = 154,867, on trouve:pour appelle Co)M<me?t< d'un logarithme.
Soit le problème suivant L'aire '<'M'< secteur de
S=~36x~xV' cercle de 13° a pour surface Tï décimètres M)-;
Ca/cuJe)' l'aire del'hexagonef~h/Mr inscrit dans
=_2iog.V+log.36+!og.~
1t ce cercle.
3
tog.V==
2,18996
–
(Brevet facult. Aspirants. Paris; ]8'!T).
Si on désigne par S la surface cherchée, on
:V=4~~M
!og.36=),55630
trouve
)08 X 360 x \/3
)og.~=0,i9715 e
""––1~~––
S'og. S=6,4.!ii3!
tof;. 8=2,14446 log. S= {'"S- !08 +Iog. 360 + log.
~3
13i)4.42& (–iog.t3–iog.~
__0~20
S=139,4(,
7t
~?~
r
~8-28 l'objet de
Aristote avait dit à peu préa de môme:
~6no9 démonstration. Les auteurs de
&~c~
théoriquea
~&=S'.?''S'
C'dellM4==88606; caractères le philoso-
=~
ça;
ca] de logique,
~~––––e~3"se
C'de~9T5=!-0285.
et de 49115 = S0285. bre
b~ traité intitulé
~t o~
Sy.stème
anglais Stuart Mill donne, au
contraire, une
/e:
retranchons phe
ph
~1~
somme 4,82828 s doHnition
M~t~ut
Maintenant de la
d'abord la caractéristique de
fait en changeant son signe on
4,82828
M)g.
a ainsi
ce qui
que,
lE
C'est
CI
l~iq~
suggérer
oubher
qui a le
dit-il, est
que
la
la
science dea c~pérations de
de la prettue. n
but de
la découverte, les moyens
lea procédés deconceptions
i.
1. s.
sid~
st
suIte~rl6eesparlMr~~d~a~
si
qui seront en-
on ajoute au
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la mantisse,
complément, ce qui
ul se
s,
le
le
rapprochait
SI sous-titre
il
~ë?
davantage dela vérité
la preuve
quand, dans
et les
va
mé-
donne: 4,82828 e l'investigation scientifique..
c" Ë
..=~
thodes de de définir briève-
S~
1,88606
logicien
forte de rment la logique; et 'Mt~e le 'M
la nombres sera trop
.M~
.somme de ces deux ue tériser cette science, comme 10 la
~,88bUb.
t
anglais, M. Bain, en disant qu'ello est lois
4,82828 le logarithme ~~i~.
de 1, et d'ajouter à
ainsi on trouverale même que
résultat q~ fondamentales de toute affirmation, de tout juge-
~E'~=~
En opérantretranché l,UdJ4 de ,aMC/<er de toutes les formes
~T~
=r'
si on avait M~ système de méthodes
De là cette règle
loguri~hme d'un autre on
peut ch<rnger le signe rle
de 1, rem-
<.
de la prf*.
preuve; 30 enfin, un et
t ~M~trt* de
eomplément et ajouter objet la preuve
lacer la mantisse par son premier. définitive qu'un seul et même soit dea
règle au calcul précédent, principes que l'analyse intellectuelle nous décou-
En appliquant cette théorie de l'in-
tableau suivant et un méca-
on aura le duction, soit des formes spéciales
~1M=2.03MÏ
los.l08=X,mM~L et de raisonnements,
log.S''0== 2,55630 enfin, des combtnaiaons da moyens et de
log.~ =0,M856 soit
procédés, en un mot dea méthodes.
~d-un~
–h~~=~MM5 arriver. Elle no sert pas
vérité et lea moyens d'yvérités
–log.S=S,2ma la déjà trouvées clle
uniquementà vérifierdes vérités encore inconnues.
~1. S~
des
:ette apprend à découvrir
&?~ r~~rd-u~
règ'enen.uspar~P~i découvertes scieutifiques sont
dirons nous Sans doute, lea d'une
°~°.
~e
'c'ëtMt momapour plus qu'elles
soudaine, mais il arrive aussi
que la plupart moins
l'indiquer, c'étaitmarche à pour inspiration
insp
avons cru devoir une autre
calcul, que pour éviter le reproche
.oche de
·oche de 1lalalogique.
~i
logique.
de la ~neetintëressantde
,L
~f~ ~u ~~?:H~~
vre dans ce cet article. recherchercomment lalogique s'est constituée peu
[G, Bovier-Lapierre.]
'e.] recl devenue ce qu'ello est
~uue peu, L~P comment elle est générales, appli-
MG~ La logique est
t une aujourd'hui,
auji un corps de règles de l'intelligence,
&X
l' Dé finit2on de ladea logique.
sciences philosophiques soitla recherche acientifique do la vérité, le
rattachée a ce groupe roupe soit
morales. Eile doit étre vvde de la pensée en un mot.
~P°"r ~&xs.?.?.~ en
héori- ~1
(
c'est
Elle n'est, à
S~ à P~i:
qui comprend la moralerhé- ou de la psychologie.
-part,
pratiques, dépend
ques et
torique,
nous tra
condition,
logique
traite. Au fond
nous de
~°~~e ~r<-<!e;
la théorie.
psychologie abs-
~=~
une science et les
un une
pensée, les conditions
Utions psycl.ologie
de comm~poin~P~~dans l'es-
connaitre lois do la
vous trouvezXVII" siècle, qui distinguait
fait
normales du développement
'car elle nous apprend à régler
intellectuel; unn art,
,~t
l'intelligence,i, elle
découvrir la vérité et
VOl
classique au
pr
la conception, le
plus, la Log2que de
~dans
'nous enseigne les moyens de
d'échapper à l'erreur.
La logique a été diversament définie, et
de qu'on
.oa l'a
'diversit~ provient précisémentaspectce théorique,
incomplète
in
jugement,leraisonnement.De d'aubrea
jU!
~'e ~ych~i~ra'i~L
et
n'ont fait
tant
l'induction, dans
parties, est
leur
~emepa.
thoo-
théo-
leur
~ous ~pec~ pratique
'considérée, tantôt sous son ou bien rique, auteurs
co~.e av
pas 11
g~ et
~.cei~ ~S~M!
dernes, celles x=~
.0.,
lee de
~°'L.
MGtQUt!
!&P~e.
même,
Stuart
de Stuart Mill dans
Mi1 f
ple, il est facile de reconnaitro
"&?e~eu-
les principes rationnels
et
et
de lea
-i200–
M. Bain, par exem-
de M. Bain, yu~s mo- ment
n..Qn-
tout un systèmede
guére
de
-_u,
're plus l'on
a
r
LOGIQUE
une quintessencede la psychologie,
de la science. elle est
~qu~
l' S'étonne et
et innés de l'intelli- que Kant ait écrit « Depuis Aristoto
m&~S~
~pMMa'P~M
'0~
application de la Psychologie.
~~e
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J~rt.
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~~P~ ?e Met~
"~T'
A mesure
que )e
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qu'ilajoutait: Mais eUe
« peut clarté.
très bien
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théorique ac plus loin
phénom8nea de l'esprit, lue des Il faut
~H~
doa titonnementa, que la
que la
mage P'
dea incertitudes, des
moraie proprem~
la morale erreurs de l'eaprit, pas Iments,
I ~&~&
P~ plus
proprement dite ne peut étre fi-jeoni
et renouvelé ses théories.
je, et sa théorie
?~
la façon des La Bruyère renouvelée. On a appliqué des
dea à
&re~s-sMorg~e~
~r~
ou La Rochefoncautd.
ne perdra pas son caractères~eta (n
Mais la logique idéat Boote)
psychologie de quelle manière
tiona/La~
idéal Bo
de la diMeuftnode~M~uan~°~°'"P~'tq''e
à l'école ma- tio
~desp~po~
«t
miesten'oyen~ac~u'ër~r î)la pensée
pensée ae un ton.
'"eun dix le phitoM~eM~
~°
et se produit Y cette elle ma- ton
.Utre
,"T'
!'entendement,qui~t~n~
connaissance de t..
'lie un
~n~
ton, le philoaophe
P'Mt's
~o~
~a~~ les propogttj.na'ia anglais, en eaigeant que dans
ce de tes
.uMieMe~
~e dirieëesn'Mti)~
~< des
~me.h.~q~P~P~~m.nt.a
i~e?~ .'eler-
mena- Mcrn
P.~M~ta)e,
le
nombre~
~'p'
terminée fut dé-
btement ent.a accru
convena- m~
ace du sujet,
même chose que leur ent la modes poasiblea desa
7.La
non~M~~i~d~ ""s
enumè~'
)istes,iflM
'osiq~a-t-elteautre eaercica nécessaire au point
~U.t~=~ cnre,
La ''st
liat, que, dans une de aes
de ses
ait
t.n'
Certes
recu)6 les borner resm~t~'
les applications
crbtes que fait sans
cesse de son entendement, con- rect ~'< "t
lui-même?
"PP~ P
~M~
rapprocher de la Psychologie, ai
MM cesse grâce aux'prosres
àse
se~d~i~
non ou e
mais le Igaire mais
S
aujour-
fonds ëternct et immuab)~ c'f~~ ~'s
considéré dana son tels
Phqaë aux diverses rechercha
science, qui inspire et qui
et que Newton
ie la et aussi
et Herschell, savants
les méthodes ont
par des généralisataura
qui,
éprouvé par
expérimentales j
est de la logique commeguide le logicien. Il al
en Mill, comme Stuart
~ss~
de la poétique. On de la rhétorique les grands progrès
,e et science, n'ont
deT
peut rheïoriau~
doute ~ner qu'à résumer, de la
on partie les lois sans
~e. par une considëratiMa~str~~
de
P"
déterminer ment
le tra
f~°"
en à formuler en lois
derniera biècles. Coar-
<tudie,~u~d~a~e~
humaine on
P°~
"nt
ne peut
Ms et tes mener à ~nr
~q'
étudier lea œuvres des
ceDen~~
plus distingués. De mêmola~~
compiëter ces
lé ti- ment nier
~e ment et du proerèsdM
~)e
ces togique
:ans
orateurs et dea poètes les ~se!
pas qu'en
logique
re<;SsMnt~s
après cela
e~t~?~
0 on veui~e u~n
DMD?~
la possibilité du renouvelle-
et n.c
t'onneetsedëTefoppe~lM~
Mtentif J'œuvre~a perfec-
de selses principes immuable
S&K'SS~
tousles par J M~men M i-ëtert
attentifde enc~
méthodeempto~e, sans~'au~î~~ ? ~d~~?- X~MSM
1en l'étudier
l'étudi dans Euclide.
Mais que dirait-on, de
~f'
'.S par
méthode emplo,vée,
d'ajouter chapitre aansnou~r
qu'aussitôt
°'~T~ etla il
,lie d Homère,
de
n'y sit lieu
logique,
'ë'e
ignore ne traiterait que de la poésie épique
temps
dëcnre deun nouvelles formai ~a et
penet~an~
~s. et grâce a la divination et~M~ de drait-i)
~°"' thodeinductivet6~f~delame-
drait-il pas juger de même
tes grands'eBbrts une logique, qui, après
!'Hogi<)ue devancera le travaUd~T~f ~sont~P~ique'n,
ic- "'°~'
"e "<ai-0~~
S~
u- depuis Bacon
tres fois et le plus
expSn~~n~
ia~s~o~
Murent ~P"" &t'ëtuda.t. ?
~'e demeurer
de ~~s'"
Pouriamëthode
pour
Claude Bernard,
d~t
n~
des savants a?i '<Ar.st.te
la méthode expérimentale
appliquée dé- par
ar
demeurer à l'étude du
d-Aristote?
d'Ariat~ 7
voudrait en
syllogisme et IL l'OrgQnon
du~
rontles
couvertes rëOexionI ~°"* ~e- 3"
~&
ront Dt-coM~
<!ue !men,e
qué lui-même dans
danrses~vau'
~e /am<F<~ inspire-
e- lui )ui iaZ
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écrit en quat
la LLogique de Port-Royal
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PHncipesiogiquesqu'HvM~~ses travaux 8cientifiques les 'ss théorie
théorie, c est-à-dire doa idées;
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logique, comme aussi
contre la division adoptée
de la
et
gue à la précédente. La logique dé M. Bain com- tvoir embrassé dans son domaine plus vaste et plus
;ompréhensif l'étude des règles de l'induction, la
prend six livres 10 Les mots, les idées, les pro-
,,o.«< 2' la ~~MC~~K; 3° l'induction; 4° la logique ne doit pas oublier cette autre partie de
définition; 5° la logique des sciences; 6"essais les M- :a tâche, la déduction. Ne partageons pas le dé-
répandu de nos jours pour l'art syllo-
re- dain trop dédain
oAt<me~. Ce qu'il faut retenir de ces qui veut se donner les airs d'une
marquables, c'est que la logique doit être désor- gistique, grande force d'esprit, mais qui n'est au fond
mais divisée en deux grandes parties, la ~t?M<- plus
w/Kc~M et la logique ~efMC~'e. – celle nt t on qu'une Sans paresse, une vaine délicatesse intellec-
doute, on comprend qu'au dix-sep-
traite des divers procédés qui conduisentl'esprit tuelle.
tième siècle, au sortir de cette longue période où
des faits particuliers aux vérités générales, et des logiciens formalistes excluaient de leur science
celle où sont étudiées les lois du raisonnement à la
inverse qui nous mène des vérités générales Sans théorie pré- tout ce qui ne se rapportait pas directementl'in-
du syllogisme, Bacon, le logicien de
céut'mment établies aux cas particuliers.
doute on peut croire que' la diversité détruit apparente duction, se soit laissé aller à répéterAmbroise le cri d'impa-
tience qui échappait déjà à saint A
de l'induction et de la déduction ne pas
~l~M~o'eH.! libera nos, Domine, Délivre-
l'unité des opérations logiques, et qu'il est permis dialectica Seigneur, de la dialectique d'Aristote. Mais
de résoudre cette antinomie créée par l'opposi- nous, aujourd'hui
tion des deux formes du raisonnement;mais mal- tyrannie du syllogisme que la pensée est affranchie de la
gré tous les efforts qu'on pourra faire pour ra- et qu'on n'a plus à craindre
de forme de raisonnement, il importe
mener l'induction à la déduction,moins ou la déduction l'abus logicien cette
à l'induction, il n'en restera pas nécessaire que le analyse avec soin les diverses
et formes syllogistiques. Alors même qu'il serait
d'étudier à part, dans leurs caractères spéciaux ancien que ceux qui s'en-
distinctifs, ces deux grandes formes de la pensée, vrai de dire avec un
dialectique peuvent être comparés
ces deux mouvements inverses du
raisonnement ferment dans la
humain. aux mangeurs d'écrevisses qui, pour une bouchée
Cette division fondamentale une fois indiquée, j,. de chair, perdent leur temps sur un monceau
il faut en signaler une autre, celle de la logique d'écaillés, « nous estimerions encore que cette'
générale, qui étudiera en eux-mêmes les procédés substance excellente, contenue au fond de la dia-
du raisonnement,et la logique app/«ie, qui sui- lectique, mérite que, pour arriver jusqu'à elle, ont
par-dessus les difficultés qui la hérissent.
vra dans les sciences le développement pratique passe En résumé, le logicien moderne doit se proposer
de ces procédés. la logique dé-
Enfin on pourrait encore distinguer la <o~'?Me pour but de réconcilier et d'associer inductive
d'Aristote et la logique de Bacon.
pos~'fe, qui donne des lois pour la recherche de ductive Ce qui n'est moins important, c'est de con-
la vérité, de la logique ;.eya<:ue, qui démasque pas
logique incomplète si elle se
l'erreur. Les formes régulières du raisonnement sidérer que la reste
nécessaire d'étudier les contente de se tenir sur les hauteurs de la philo-
une fois connues, il est paralogismes sophie générale, si elle ne se préoccupe pas de
formes incorrectes, les et les so- d'être enfin logi-
phismes. descendre aux applications, une
Ajoutons que le postulat de la logique étant que élémentaire et pratique.
l'existence de la vérité et la possibilité de la con- C'est pour cette raison que la logique doit élar-
naître, il ne sera pas inutile, au début des études lo- gir de plus en plus la place qu'elle a toujours ac-
giques, de consacrer quelques chapitres prélimi- cordée à l'étude des diverses méthodes scienti-
naires à ces questions Y a-t-il de la cer<:<Ma'e? très fiques. Dans les traités modernes cette partie est
foM quoi doit-on repousser les arguments du développée. Ainsi la Ao~'f/Me de M. Bain con-
sc~ph~~me? La réfutation du scepticisme est sacre plus de trois cents pages à la logique des di-
complète. verses sciences: mathématiques, physique, chimie,
comme la préface de tonte logique pa\cho)ogie. sciences de classification,
D'après cela, on peut juger des imperfections de biologie, telles la politique et la
la Logique de PorfPo~a/.ie seul texte français sciences pratiques, que
entre les mains médecine. Nous trouvonsà pied là une logique réelle et
que nous ayons encore à mettredans l'œuvre de technique qui suit pied les sciences dans
des élèves. Sans doute, il y a leurs contours,
Nicole et d'Arnauld des parties durables, de fines leurs démarches, s'ajustant à tous
progrès. afin d'en extraire
réflexions morales sur les égarements de l'amour- serrant de près tous leurs
mais il y a aussi la substance et de nous présenter, dans une série
propre, sur les sophismes, etc. des lacunes consi- de tableaux, les moyens dont dispose l'esprit hu-
des parties vieillies, et surtout à la diversité des problè-
dérables. Ainsi, le mot induction n'est prononcé main pour faire face logique appliquée,
qu'une fois dans la Logique de Port-Royal, et mes scientifiques. Ces études fournir
de
seulement par une étrange distraction à propos outre qu'elles peuvent aux savants de pro-
des sophismes ou des faux raisonnements. On ne fession descontribuer indications utiles, ont encore pour
s'explique pas que l'induction, sur laquelle Ar- résultat de à cette cuttnre générale de
nauld garde un silence absolu quand il s'agit l'esprit, qui est le<<~<e. but principal de l'éducation.
d'ana!yser les procédés réguliers et légitimes du 4" t/fM de la –L'utilité de la logique
raisonnement, apparaisse inopinément parmi les ne saurait être contestée. Sans doute, on devient
sources d'erreurs. Le plus étrange, c'est que souvent un savant sans le secours de la logique,
Port-Royal savait parfaitement que c toutes nos mais avec l'aide de la logique on le deviendrait
commodément et plus fréquemment. Un au-
connaissances commencent par l'induction, parce plus Galton, qui applique ingénieuse-
anglais, M.
que les choses singulièrfS se présentent avantl'au- )e! teur
universelles. » Mais la force de l'habitude et ment la statistique aux questions morales, a ouvert
torité de la tradition condamnaient encore le; dans ces derniersscientifique, temps une enquête sur les con-
esprits les plus pénétrants du dix-septième sièct< ditions du génie surl'cduc~tion et le
conviennent à la jeunesse
à respecter les limites étroites de la logique dé r<me intftifctnet qui
témoignages qu'il a
ductive. dea futurs savants parmi les
Aujourd'hui, ce défaut n'est plus à craindre cf recueillis, il y en a un grand nombre uonf. les au-
qu'ils ont dù à l'étude de la
serait plutôt le défaut opposé. Le syHo~isme, qu teurs reconnaissent ce
était le tnut de la vieille logique, semble n'êtrE togque.
plus rien dans certaines logiques modernes, qu Mais ce n'est pas seulement le sa ant, c'est
modeste qui,
le traitent de soienneUf futi!ité.H ne faudrait pa; l'homme le plus humble et le plusdans la vie
oublier cependant que le syllogisme est Fexpres pour bien conduire ses jugements pra-
exercé à la dialectique,
sion parfaite du raisonnement déductif. Poui tique, a besoin de s'être
d'avoir réfléchi sur les conditions de la vérité. rut en 855, et
Sans doute le raisonnement humain est naturelle- trois fils. ses Etats furent partagés entre ses
ment droit mais ii est exposé cependant à tomber Lothaire n, – Histoire générale, XVIII,
dans bien des pièges. Une étude attentive de lasecondBtsdeLothaireI'~reçutpoursa –
logique, outre qu'elle fortifiera la rectitude natu- d'héritage le pays entre la Meuse et le Rhin, part qui
i
relle de nos facultés de jugement, nous mettra en prit de lui le nom de ~.oMart~te
garde contre les principaux écueiis où peut aller A sa mort (869), la Lorraine fut partagée ou Lorraine.
echouer notre raison. Rien de plus utile, par Charles entre
le Chauve et Louis le Germanique.
exemple, que l'examen et l'analyse des formes
principales du sophisme, c'est-à-dire de ces rai- 2* Famille carlovingienne, branche cadette.
sonnements captieux qui servent de point de dé- Lothaire, Histoire de France, Vtl, – fils de
part à la plupart des préjugés et des superstitions Louis IV d'Outremer, succéda à son père en 954.
de l'humanité. Roi territoire, sans soldats, sans finances,
Ainsi, outre l'influence positive qu'elle exerce it luttasans vainement, durant trente-déni années,
sur les progrès réeis de la vérité, sur les grandes contre la féedatité déjà toute-puissante (Bordier
découvertes scientifiques, la logique a aussi pour et Charton). Le plus redoutable de
résultat de a dégager le cerveau, de nettoyer la vassauxétait Huguesëapet, fils de Hugues ses grands
tête, o selon l'expression de Hegel, c'est-à-direde duc de France et futur fondateur d'une nouvelle
te Grand,
réduire le nombre des erreurs, de dissiper les dynastie. Lothaire
chimères et les fantômes, d'empêcherles écarts de couronne à son fils mourut en 986, laissant la
Louis V, qui fut la dernier
l'esprit. De même que l'étude sérieuse de la poé- des Carlovingiens de France.
tique et de ses lois nous débarrasserait des faux
poètes, soit en les décourageant, soit en les ren- 8* ~HMta~te.
dant meilleurs, de même la connaissance appro- Lothaire de Saxe, Histoire générale, XIX,
fondie de la logique aurait tout au moins l'avantage d'abord duc de Saxe, fut élu roi de Germanie
de diminuer le nombre des faux savants. Les en Uï5,a)a mort de Henri V de Franconie. Son
aberrations de l'esprit de système, tes règne, qui s'intercale entre l'extinction de la mai-
tions irrénéchies de l'imagination, les concep- utopies son de Franconie et l'avènement de la maison de
sociales, les préjugés et la superstition, en un mot Souabe, n'offre pas d'événements importants.
la déraison sous toutes ses espèces et sous toutes Après s'être fait couronner
ses formes,tout cela nous serait épargné en partie, mourut en 1137 pendant uneempereur en 1133, il
expédition en Italie.
si tous ceux qui se mêlent de penser et d'écrire LOUIS. Nom d'un grand nombre de rois de
avaient d'abord soumis leur esprit à la sévère dis- France, et de plusieurs empereurs d'Occident
cipline de la logique. d'Allemagne. Nous consacrons ci-dessous une no- ou
On ne saurait donc trop recommander l'étude de tice à chacun de ces souverains,
la logique, et protester contre le discrédit où elle iéveloppementsnécessaires en donnant les
au récit des règnes
semble tombée. L'irrénexion le plus souvent, les plus importants.
quelquefois l'esprit de système, ont admis et
pagé nous ne savons quel dédain de la logique.pro- De f
plus en plus on s'imagine que la pensée émancipée Lonia I". – V. Louis le Débonnaire,
Rois de France.
n'a pas besoin de s'astreindre à des règles, que la Louis II le Begne, – Histoire de France, empereur.
meilleure logique, c'est le talent, le tempéra- VI,
fils de Charles le Chauve, lui succéda en 877.
ment. Les politiques répètent volontiers ce lieu Son règne ne dura que deux ans. Louis le Bègue
commun, que les hommes des sociétés modernes dut confirmer le capitulaire de Kiersy, par lequel
songent plutôt à revendiquerleurs droits qu'àprati- son père avait reconnu l'hérédité des fiefs et con-
quer leurs devoirs. Les savants pourraient avec sacré l'organisation de la féodalité. Il mourut en
quelque raison faire entendre des plaintes analo- 879.
gues. La liberté de penser, qui est le droit, tout Louis m, – Histoire de France, VI, fils
le monde la réciame avec raison mais la logique e aîné de Louis le Bègue, lui succéda et partagea
qui est le devoir, le devoir d'user d'après les règles l'héritage paternel
de la pensée libre, trop peu de gens se soucient deux rois guerroyèrent avec son frère Carloman. Les
d'en apprendre les lois. contre Boson, roi d'Arles,
[Gabriel Compayré.] et contre tes Normands qui ravageaient la France
Parmi )es ouvrages à consulter sur la logique, du nord-ouest. Louis battit ces derniers à Saucourt
nous si- Picardie, et accorda ensuite à l'un de leurs chefs
gnalerons surtout l'Organon d'Aristote, le ~Vootmt en
orga- tes plus fameux,
num de Bacon, la Logique de Port-Royal et premier le pirate Hastings, l'investiture
des ouvrages modernes, les .EtMt: mr lestufondement. rang
(S du comté de Chartres Il mourut en 882. Carleman,
no. connaissances, par Cournot, tMt divers essais de sa- resté seul roi. continua à lutter
vants français contemporains: la Méthode dans ~MteacM contre tes Nor-
de mtto~nemext, de M. Duhamel; la Philosophie cAmtoM mands, et mourut deux ans après son frère.
de M. Dumas; l'Introduction à la m<H«-M.: expérimentale, Louis IV d'Outremer, Histoire de France,
de M. Claude Bernard enna, le Système <i< logiqde de VII, fils de Charles le Simple, fut appelé au
Stuart Mit) (traduction française de Louis Peisse, 1866); la trône en 936 par Hugues le Grand, duc de France,
Logique '<'M"c<tf< et Mf<M;tt)e d'Alexandre Bain (tradtte- qui le fit revenir d'Angleterre où la mère
tion française de Gabriel Compayré, tS7ii). de Louis
avait emmené ce prince pour le soustraireà ses en-
LONGITUDE. V. t"<e, ~on~M~. nemis pendantlerègne de Raoul. Maisil n'eut qu'un
LOI HAIRË. – Nom de divers souverains dont pouvoir nominal, car tes seigneurs étaient souve-
les principaux sont mentionnés ci-dessous rains sur leurs terres, et )e domaine royal ne com-
1° fa~it~f carlovingienne, brancheatnée. prenait plus que quelques villes. Louis fut en
Lothaire I", Histoire générale, XVIII, guerreavec Uthon I", roi de Germanie, dont it avait
fils a)né de Louis le Débonnaire, fut associé à ilépousé la sœur, et qui s'empara de la Lorraine;
l'empire dès 8)!; se révolta plusieurs fois contre Hugues eut aussi à lutter à plusieurs reprises contre
de France et divers autres vassaux puis-
son père; puis fut en lutte avec ses frères, Louis sants. Dans
)e Germanique et Charles le Chauve, qui une guerre contre le duc de Norman-
ne vou-
laient pas reconnaltre sa suprématie. Le traité de vité. Il die, it fut fait prisonnier, et resta un an en capti-
Verdun (Xt3) lui assura, avec la couronne impé- ne recouvra la liberté qu'en cédant à Hu-
riale, la possession de l'Italie, de l'Helvétie, de la gues le Grand Laon, la seule ville qu'il possédât
région à l'est du Rh&ne et de la Saône, encore. Le roi Othon et le pape se déclarèrent
et du alors en sa faveur: il réussit à reprendre Laon,
territoire eitué entre la Meuse et le Rhin. Il mou- et à faire reconnaltre
se par les seigneurs d'Aqui-
taine. Mais la mort l'arrêta inopinément dans saa tard la couronne d'Angleterre, et Louis VII voit
lutte contre Hugues (954). Son fils Lothaire luii se dresser devant lui un rival redoutable. Ce fut
succéda. en vain que le roi de France accueillit Thomas
Louis V le Fainéant, – Histoire de France,VII, Becket, archevêque de Cantorbéry, l'ennemi
– fils et successeur de Lothaire (986), se trouvaa
comme son père isolé et sans force au milieu1
d'Henri Plantagenet, et que plus tard il soutint
les fils du roi d'Angleterre révoltés contre leur
d'une féodalité belliqueuse, dont Hugues Capet* père il ne parvint pas à ressaisir les possessions
était le représentant le plus puissant. En dépit duJ qu'un divorce impolitique lui avait fait perdre. Il
surnom que lui ont donné des chroniqueurshos- mourut en H80.
tiles, ce prince montra de l'énergie mais it mou- Louis VIII.–Histoire de France, IX, fils
rut au bout d'un an de règne, à peine âgé de3 et successeurde Philippe-Auguste, employa son
vingt ans, empoisonné, dit-on, par sa femme la1 court règne (1223-1226) a. affermir la puissance
reine Blanche. Avec lui s'éteignait la dynastie royate dans le Midi. Il 'envahit d'abord l'Aqui-
carlovingienne. Hugues Capet, qui n'avait pas étéS taine, qu'il enleva au roi d'Angleterre Henri III,
étranger à la mort de Louis, se fit donner la
couronne.
t
et se fit prêter hommage par les seigneurs de ce
pays. Puis, soutenu par le pape, il entreprit une
Louis VI le Gros, Histoire de France, IX, nouvelle croisade contre les Albigeois, plutôt
fils et successeur de Philippe I", régna de 1108 à contre )e comte de Toulouse Raymond ou VU, qu'il
!137. Par son activité incessante et son habileté, voûtait déposséder il conquit Avignon,
grâce aussi au concours de l'Eglise, la royauté, le Languedoc, mais dut battre en retraite
jusqu'alors sans prestige et sans force au milieut avoir pris Toulouse. Il mourut
ravagea
sans
du monde féodal, commença à devenir une puis- expédition, probablement empoisonné. au retour de cette
sance réelle. Louis sut obliger les seigneurs à recon- Louis IX ou s&lnt Louis'()226-)270). His-
souvent les brigandages des barons féodaux. Le
tla
naître la juridiction de la cour royale, et réprima toiMde France, X. Etat
~-ot/a'M~e. – Quand
mort prématurée du roi Louis V!)I mit sur le
mouvement des communes agitait la France trône son fils encore enfant, la royauté capétienne
du nord, et maint seigneur était forcé de concé- était déjà
der des chartes aux villes de son domaine Louis acceptée laforte, mais elle n'était pas encore
victoire de Bouvines avait montré le
intervint quelquefois dans les querelles entre roide France plus
bourgeois et nobles mais ce fut seulement pour appuyés du dehors;puissant que les barons, même
elle avait assis son autorité
tirer le plus d'argent possible des deux partis1 sur une large base territoriale,
en lutte, et c'est à tort qu'on l'a représenté conquêtes définitives; et depuis, Louis en rendant ses
VIII avait
comme le protecteur des communes il ne per- pu étendre le domaine au sud et & t'ouest mais
mit pas qu'il s'en étab)îtsurson domainepersonne), si la féodalité était battue, elle n'était
et se borna à donner aux villes qui relevaient domptée ni désorganisée; elle restait à point
directement du roi, comme Paris et Orléans, d'insurrectionpermanente contre le pouvoir l'état
quelques privilèges, mais point de charte (V. Com- veau qui ne prêtait hommage à nou-
« personne x et
MMMe.t, p. 469). A plusieurs reprises, il fut en voulait se mettre hors de pair, c'est-à-dire
guerre avec le roi d'Angleterre Henri I", auquel dessus de la société féodale. au-
il essaya inutilement d'enlever la Normandie. Ses ~Mc<'f/<'M<McAen'eCa<~<'()M6-'S38).–De
démêlés avec le duc d'Aquitaine au sujet de la là, tes ligues nombreuses et redoutables
querelle du comte d'Auvergne et de l'évêque de formèrent contre l'autorité d'un roi mineur, qui se
Clermont, avec l'empereur d'Allemagne Henri V, dont et
sa mère, Blanche de Castille, eut à soutenir
allié du roi d'Angleterre, avec les villes flamandes, l'effort. Par énergie et son habileté quelquefois
accrurent l'influence de la royauté française. Le empreinte son de coquetterie, la reine maintint et
dernier acte de son règne fut la conclusion du continua i'œuvre des rois précédents. S'appuyant
mariage de son fils Louis avec l'héritière du du- sur le peuple, elle fit
ché d'Aquitaine. convoquer au sacre de son
fils les milices bourgeoises (1226); et deux ans
Une sorte de renaissance intellectuelle et poli- plus tard, c'est
tique se produit dans la France du nord à cette qu'ette encore aux bourgeois de Paris
fit appel pour protéger l'enfant royal contre
époque. Tandis les bourgeois des villes re- une tentative d'enlèvement projetée
vendiquentleursque libertés communales, l'Université par les grands
barons. « Depuis Montthéry jusqu'à Paris, le che-
de Paris devient, avec Guillaume de Champeauxet min était plein, des deux
Abélard, un ardent foyer d'enseignement et de côtés, de gens d'armes
et autres, qui priaient
disputes philosophiques; l'abbé Suger et saint Ber- gneur de donner jeune roi à haute voix Notre-Sei-
nard font briller l'Eglise d'un vif éclat, l'un par rité, et de le garder contre bonne
au vie et prospé-
ennemis )' (Titte-
l'appui qu'il prête au pouvoir royal, l'autre ses
par mont, Histoire de saint Louis), Elle rompit ainsi
l'autorité de sa parole. Le moment approche où le la ligue qui menaçait
Nord, devenu par la civilisation l'égal du Midi, baut IV de Champagne il2M). son allié le comte Thi-
Et quand le versa
pourra lui imposer sa prépondérance, et où se tile seigneur fut devenu infidèle à
constituera, par cette fusion, la nationalité fran- lui imposa son tour, elle
çaise. un traité sévère (tM6), en disant
«Par Dieu, 'comte Thibaut, vous ne deviez pas
Louis VII le Jeune, Histoire de France, IX, nous être contraire; vous deviez bien
fils et successeur de Louis VI, avait épousé venir vous ressou-
EJeonore de Guyenne, fille du duc Guillaume X vint àde la bonté que vous fit le roi. mon fils, qui
d'Aquitaine, qui apportait en dot au roi de France tous les votre aide, pour secourir votre terre contre
les provinces du sud-ouest (H37). Prince dévot, brûler barons de France qui la voulaient toute
et
il prit la croix à la voix de saint Bernard, et la reine qui étaiten mettre charbon. M
Le comte regarda
parut pour la Terre-Sainte en même temps que grande beauté it fut sage ébahi. si et si belle que de sa
l'empereur d'Allemagne Conrad III (V. Croi- tout pensif. Et parcetout profondes De là, il partit
Mt/e.!), laissant la régence de son royaume à gendrent mélancolie, que pensées en-
l'abbé Suger. L'expédition n'aboutit, qu'à il lui fut cnnseiDé par
un dé- quelques sages hommes qu'il s'étudiât en chan-
sastre. Revenu en France en 1)49, Louis vil, irrité sons de vieth! et doux chants délectables. Si
de l'inconduite de sa femme, laisse un concile tit-il les plus bellesenchansons et les plns délec-
prononcer le divorce, et bientôt Eiéonore, séparée tables et les plus métodicusHa qui
de son premier mari, épouse Henri Ptantagenet, ouïes x (CAt'oM~Me onccjues furent
</e '-am~-De?: Quand,
comte d'Anjou. Ce derni'.r, devenu ainsi le plus l'année suivante (i2~, )!)anche de Castille
nuissant seigneur de France, obtient un aban-
an plus donna la tutelle du roi, Raymond Ytl d9 7')uiouse
-avait dû promettre sa fille et son héritage à Al- Quercy, l'Agenais, le Limousin, la Saintonge mé-
phonse de Poitiers, frère de Louis iX (12M, traité ridionale, contrel'abandondetoutes les prétentionsa
de Paris) le duc de Bretagne avait renoncé à des Anglais sur leurs autres anciennes possessions.
toutes possessions hors de son duché ()23), traité Les territoires restitués formaient le douaire
de Saint-Aubin du Cormier); le comte Thibaut d'Eléonorede Guyenne, morte seulement en 1.04
avait cédé au domaine royal Blois, Chartres et et qui n'avait pu être justement frappée par le
Chateaudun (t236) le comte de Provence allait jugement des pairs de t'«!
donner sa fille et son comte à Charles d'Anjou, Toujours fidèle à cette politique prévoyante qui
troisième fils de Louis VIII; ennn le clergé avait supprimait d'avance les causes de guerre par un
dû reconnaître la suprématie royale, quand la règlement amiable, saint Louis renonça encore à
reine-mère avait saisi les biens temporels des toutes ses prétentions sur le Roussitton, la Cor-
évoques de Rouen et Beauvais pour châtier leur dagne et la Catalogne en faveur du roi d'Aragon,
désobéissance. qui, en retour, abdiqua tout droit sur le Langue-
Saint Louis. Mais le service le plus éminent doc et l'Auvergne. (Traité de Corbeil, t2&8.)
que Blanche rendit à la France fut de former le roi En même temps. Louis IX n'oubliait point son
qui devint saint Louis. A dix-neuf ans, d'après le intérêt de roi; il se montrait vigilant à ne manquer
buste en or repoussé qui est à la Sainte-Chapelle, aucune occasion d'étendredese"Toulouse possessions; il fit
Louis était beau, d'une beauté fine et douce, qui renouveler à Raymond VII le traité de
révélait sa grandeur morale, sans annoncer une )229. qui préparait la réunion du haut Languedoc
grande force physique; il avait des traits délicats au domaine royal; il acquérait encore en t~t le
et purs, un teint éclatant, et des cheveux blonds, comté de Mâcon,Forcalquier, en )2d celui du Perche, en ~62
abondants et brillants, que, par sa grand'mère ceux d'Arles, Foix et Cahors, de
Isabelle, il tenait de la race des comtes de Hai- sorte que ce règne d'un prince désintéressé est
naut. H montrait des goûts vifs et éiégants ~1 ai- l'un de ceux quiterritoriale ont le plus contribué a l'extension
mait les divertissements, les jeux, la chasse, les de la puissance des Capétiens.
chiens et les oiseaux de chasse, tes beaux habits, Ascendant de sntM< Louis en t'hrope. Pen-
les meubles magnifiques. (Guizot.) Mais le fond dant que la France et la royauté unissaient de
de son caractère était la pieté, la conscience mo- p]us en plus leurs destinées, l'Europe était pleine
rale, qui le poussa avant tout et toujours à bien de troubles et de contradictions. En Angleterre
agir. A cet égard, il n'a pas eu de supérieur parmi Henri II! luttait contre les barons; l'Espagne
les princes que juge l'histoire et il n'a eu qu'un échappait à peine aux m~ns des Maures pour
égal, Marc-Aurète. Marc-Aurète et saint Louis tomber dans l'anarchie féodale; surtout l'Alle-
sont peut-être les deux seuls princes qui, en toute magne et l'Italie, lo pape et l'empereur, étaient
occasion, aient fait de tours croyances morales la plus que jamais en guerre acharnée. La papauté,
première règle de leur conduite Marc-Aurèle sous Innocent III et Innocent IV, avait quitté son
stoïcien, saint Louis chrétien. » (Guizot.) rôle d'arbitre pour exterminer les Albigeois et
SaMf Louis et la féodalité. Mais si cette détruire Frédéric Il. Mais « le fer est impuissant
conscience le poussait toujours à respecter le droit contre la pensée c'est plutôt sa nature, à cette
de ses adversaires, elle lui nt maintenir le sien plante vivace, de croître sous le fer et de fleurir
Hugues de Lu- sous l'acier. Combien plus, si le glaive se trouve
avec la même impartiale fermeté.épousé la dans la main qui devait le moins du glaive,
signan, comte de la Marche, avait veu~e user
du roi Jean d'Angleterre. L'orgueilleuse femme si c'est la main pacifique, la main du prêtre 1 L'E-
du nouveau glise perdant ainsi son caractère, ce caractère
ne voulut point subir la suzeraineté roi; à l'heure !t )a!que, à roi,
va
comte de Poitiers, Alphonse, frère du Hugues passer tout un un au
refusa outrageusement l'hommage. « Je te jure roi de France. » (Michelet.) Par sa renommée de
d'un cceur résoin, dit-il au prince, que je ne serai droiture désintéressée, saint Louis en effet deve-
jamais ton homme lige; tu as indécemment dérobé nait l'arbitre de l'Europe et le juge des partis.
ce comté à mon beau fils le comte Richard. » Puis, C'est lui qui tranche la querelle des maisons de
suivi de ses gens, il sortit de Poitiers au galop Dampierre et d'Avesnes en lutte pour la Flandre
(1241). Henri III d'Angleterre s'était aussitôt dé- depuis la mort de la comtesse Marguerite. En
claré pour son beau-père. Louis réunit ses vas- 12u4, Henri III d'Angleterre le prit à témoin de
saux, et, menant rudement guerre, la il écrasa. la son droit contre ses barons révoltés; et Louis IX,
révolte par deux victoires au pont de Taillebourg soucieux à la fois du droit royal et de la liberté féo-
et près de Saintes. Le comte de la Marche perdit dale, invita le roi à maintenir et tes seigneurs à
une partie de ses terres Cependant,et prêta humblement observer la grande charte de t2)5, qui contenait
l'hommage pour le reste. comme on la formule de leurs prérogatives réciproques.
engageait le jeune vainqueur à faire mettre à Si, dans la querelle du sacerdoce et de l'empire,
mort un fils du comte, quarante et un chevaliers, it nemoins pouvait arrêter les emportements des parts,
quatre-vingts sergeants et autre mennaille, à du donnait il avec fermeLé l'exempte et le
grand foison, » qui avaient longuement défendu le conseil d'une modération juste et désintéressée.
château de Fontenay « Non, répondit-i),l'un n'a pu Si, en 1239, il rejetait l'offre du pape frère qui lui pro-
obéissant à son père, niles posait la couronne impériale pour son Robert
se rendre coupable en l'empereur à mettre
autres en servant leur seigneur. x (Guillaume de d'Artois, en tx4i, il forçait
Nangis.) en liberté les prélats faits prisonniers au combat de
Après avoir fait craindre sa force, saint Louis Meloria; si, en '7.44, it refusait de laisser tenir
voulut montrer sa modération, son esprit de jus- en France le concile qui ennmmunia Frédéric de
II,
Naptfs
tice, son amour de la paix. Sa conscience li re- plus tard il n'acceptait point l'offre
mordait de la terre de Normandie et pour autres pour son fils. Et de ces gens étrangers qu'il
terres que il tenait, que Ii roi de France, ses avait apaisés, lui disaient aucuns de son conseil
ayeuls, a'aient tolues (enlevées) au roi Jean d'An- que il ne faisait pas bien quand ilapauvrir, ne tes laissait
gleterre, dit sans terre. et il s'entremit tous jours guerroyer; car se il les laissait ils ne
Jfan; lui courraient pas sus si tôt. Et& à ce répondait le
que il venait visiter le roi Henry (fils de (Guil- roi que ils ne disaifnt pas bien car autrement,
pour faire paix à Ii pour les dites terres. »
laume de Nangis.) La négociation fut longue par la haine qu'ils auraient à moi, ils me viendraient la
enfin le traité d'Abbeville )'ut signé (12.S9). malgré courre sus, dont je pourrais bien perdre sans Benoit
les conseils de son entourage et les protestations haine dc Dieu que je conquerrais, qui dit
des Périgourdins, « qui n'an'ectionnèrent oncques tbénis) soient tous li apaiseurs. » (Joinville.)
puis le roi. » Saint Louis rendit à Henri III le Croisade de saint Luuis. La piété sincère
de saint Louis ajoutait encore au respect de ses peuple qu'il n'y avait personne assez hardi pour
contemporains. Elle lui fit entreprendre les deux jes contredire en rien. » (Guiltaume de Nangis.)
dernières croisades, contre les vœux de sa mère, Bien accueillis de la régente à Paris, ils se laissè-
de ses conseith rs, de l'Eglise même que l'insuccès rent aller au pillage et à la violence. Excommuniés
des expéditions précédentes avait à la fin con- alors, ils furent dispersés, poursuivis et assommés
vaincue de leur inutilité. Le roi était gravement « comme des chiens enragés ».
malade à Pontoise en tït4 « l'une des dames La paix était complète, quand saint Louis re-
qui le gardaient voulait lui tirer le drap sur le prit en main le gouvernement; et désormais, à
visage, disant qu'il était mort n (Joinvttte),quand l'exemple de son frère Alphonse de Poitiers, le
il fit vceu de prendre « sur son épaule la croix roi consacra toute son activité )a rendre sûre et
du voyage d'outre-mer. Mais lorsqu'il voulut durable. Dans son domaine, it multiplia les ga-
partir, il se heurta aux prières de sa mère et de ranties contre les abus des prévôts que Philippe-
ses meilleurssujets. « Vous dites, répondit-il, que Auguste avait chargés de l'administration finan-
je n'étais pas en possession de mon esprit quand cière, judiciaire et militaire ces magistrats durent
j'ai pris la croix; eh bien, comme vous le désirez, s'entourer « d'hommes suffisants « pour prononcer
je la dépose, je vous la rends. » Tous les assis- leurs jugements ils furentastreints à ne rien ac-
tants se félicitaient, mais le seigneur roi « Mes quérir dans leur ressort pendant la durée de leur
amis. maintenant, à coup sûr, je ne manque pas de charge et à l'expiration do leurs pouvoirs, ils
sens ni de raison. je demande qu'on me rende durent rester quarante jours dans la prévôté pour
ma croix; il n'entrera aucun aliment dans ma que chacun pût obtenir justice contre eux auprès
bouche jusqu'à ce qu'elle soit replacée sur mon de leur successeur d'ailleurs, ils étaient surveil-
épaule. » A ces paroles, tous les assistants dé- lés par les baillis royaux ou grands-baiUis d'A-
ctarèrent qu'il y avait là le doigt de Dieu. L'as- miens, Sens, Mâcon. Saint-Pierre-te-Moustif'r
cendant du saint roi sur les âmes était tel que (Auvergne), que surveillaient à leur tour les en-
40,~u0 soldats et 'SOU chevaliers s'embarquèrent quêteurs royaux, chargés de visiter les provinces
avec lui à Aiguës-Mortes ()948). « En bref temps, et de redresser les abus. Le roi lui-même par-
le vent enfla les voiles et nous enleva si bien la courait chaque année ses domaines pour s'enquérir
vue de la terre que nous ne vimes que le ciel et des besoins et des vœux du peuple. « Maintes
l'eau le vent nous éloigna des pays où nous étions fois advint qu'en été le roi allait s'asseoir au bois
nés et par là vous fais-je voir que celui-là est de Vincennes, après sa messe, et s'accotait & un
bien fou hardi qui s'ose mettre en tel péril, en chêne, et nous faisait asseoir autour de lui. Et
péché morte), car on s'endort le soir ta, et on ne tous ceux qui avaient affaire venaient lui parler
sait si on ne se trouvera pas au fond de la mer au sans empêchement d'huissier ni d'autres gens. »
matin (Joinvi)Ie). Après s'être arrêtés à Chypre, (Joinville.) En même temps, il faisait rédiger le
les croisés arrivèrent devant les murs de Damiette. coutumier de t'ttp de France, connu sous le nom
« Je ne suis, dit le roi, qu'un homme dont la vie tablissements de sa:'H~ M:s; le mariage des serfs
d'
s'évanouira comme celle de tout autre homme y fut consacré et garanti, mais la pénalité y reste
quand il plaira à Dieu. Toute issue de notre en- très rigoureuse. La trahison, le rapt. le vol sur la
treprise nousest bonne. Combattons pour Christ. voie publique, le vol d'un cheval y sont punis de
C'est Christ qui triomphera en nous. » Et il sauta mort. Le vol simple entraine la mutilation (perte
tout armé dans la mer, pressé d'affronter les de l'oreille ou du pied). La police était donc sé-
Sarrasins. C'était la bravoure d'un chevalier chré- vère, au dedans comme au dehors du domaine.
tien, non l'habiletê d'un général. Heureusement Les routes devaient être entretenues par tes sei-
Damiette effrayée capitula aussitôt (lï<n). Mais on gneurs enfin )a monnaie royale, loyalement Sxée.
perdit dans le gaspillage et l'inaction cinq mois eut cours forcé dans tout le royaume on voit
dont profita le soudan d'Egypte pour réunir une gravé sur l'écu de saint Louis les six fleurs de lis,
armée. Si bien que les croisés, partis enfin contre symbole de la réunion des provinces, avec la
le Caire, se heurtèrent en désordre aux Musul- croix au revers et la légende LM~Ot~cM*, Dei <y''t!-
mans qui gardaient Mansourah. Sans rien vouloir lid. FranKu-M'!) ''M; (Louis, par la grâce do Dieu,
entendre, Robert d'Artois chargea aussitôt avec roi des Français).
quelques chevaliers; il périt avant que le roi pût Hors du domaine, saint Louis rencontrait l'ob-
accourir. Les croisés gardaient pourtant le champ stacle de la féodalité. Homme de son temps avant
de bataille. Mais le lendemain une innombrable tout, il ne contesta jamais le principe du droit féo-
cavalerie vint assaillir le camp encombré de ma- dal. Seulement, placé comme roi à la tête du sys-
lades et de bicssés. Egalement incapable d'avancer tème, au sommet de la hiérarchie, il se proposa
ou de reculer, saint Louis dut se rendre avec les pour tâche d'en bannir la violence et d'y introduire
in,000 hommes qui survivaient au désastre (U50). la justice. La royauté devint en ses mains le pou-
Les souffrances et les outrages de la captivité mi- voir régulateur, capable d'imposer à tous le res-
rent encore en relief la hauteur de son âme et la pect des devoirs et des droits féodaux. Par l'ins-
constance de son courage. Enfin il put partir en li- titution de la Quarantaine-le-Roi, il contraignit les
YrantDamiette pour sa rançon et hO J,()0~ tivrespour barons à laisser passer quarante jours, depuis
celle de s"a soldats. t! passa encore quatre années l'insulte, avant de commencer la guerre privée.
en Palestine, cherchant à obtenir pacifiquementla Par l'asseurement, qui permettait au seigneur atta-
délivrance de Jérusalem. Il faillit réussir auprès qué d'en appeler au roi, il mit la puissance royale
du sultan de Damas (125'2). Enfin il dut revenir au service du faible, et changea ainsi la guerre en
en apprenant la mort de sa mère (m<), sans avoir procès; c'était la cour du roi en effet qui devait
voulu visiter en pètcrin la cité qu'il n'avait pu prononcer alors entre les deux adversaires. L'ins-
affranchir par les armes. titution des cas t'o~M~, qui soumettait à sa cour
~a'mM:'i' ;'a<!o~ le M:m< Louis. Sous la ré- ou parlement le jugement de certains procès rela-
gence de Blanche de Castille (f248-5<), la France tifs au droit féodal, et celle des appels à la justice
était demeurée paisible, troubtée un instant (1251) royale, subordonnèrentnécessairementtoutes les
seulement par le soulèvement des Pastoureaux. justices féodales. Enfin la suppression du duel ju-
Formées en Picardie, ces bandes populaires tra- diciaire et l'introduction dans le parlement de la
versèrent le pays jusqu'à Bourges, sous prétexte preuvepar témoins, eurent pour résultat d'éloigner
d'aller en Terre Sainte délivrer saint Louis. « Lors- peu à peu les seigneurs ignorants des tribunaux,
qu'ils passaient par les viitages et les villes, ils
levaient en l'air leurs masses, leurs haches et au-
o ils furent remplacés par les légistes bourgeois.
L'ensemble de ces mesures, prises souvent d'ac-
tres armes, et par là. se rendaient si terribles au cord avec le conseil des bourgeois des villes, avait
pour résultat nécessaire de ruiner la souveraineté rare, point d'homme qui ait ainsi possédé )e pou-
judiciaireet administrative des barons an profit du voir souverain MM en contracter les passions et
roi, qui, dit Beaumanoir, « devenait souverain par les vices naturels, et qui ait à ce point déployé les
dessus tout. Grâce à ces lois d'ordre et de jus- vertus humaines dans le gouvernement. e (Guizot.)
tice, le peuple s'accoutumait à regarderla royauté [Paul Sch&fer.]]
comme un pouvoir tntéiaire et bienfaisant aux LouisX le Butin (c'est-à-dire le Querelleur),
faibles la bourgeoisie, au sein de laquelle le roi Histoire de France, XI, fils aîné de Philippe IV
choisissait ses agents administratifs, croissait ra- le Bel et de Jeanne, princesse de Navarre, reçut
pidement en richesse et en importance. Le en 1307 la couronne de Navarre, et en !3t4. à
royaume, dit Joinville, se multiplia tellement par la mort de son père, devint roi de France. Une
la bonne droiture qu'on y voyait régner que le do- réaction se produisit immédiatement contre le
maine, censive, rente et revenu du roi croissait système de gouvernement de Philippe le Bel: les
tous les ans de moitié. L'industrie en même nobles imposèrent au nouveau roi le rétablisse-
temps s'organisait pour la première fois, les cou- ment de la plupart de leurs privilège:) féodaux, et
tumes en matière d'industrie et de commerce, les obtinrent la condamnation à mort d'Enguerrand
attributions des corps de métiers furent exacte- de Marigny, qui avait été le principal ministre
ment rédigées par le prévôt des marchands de du monarque défunt. Bientôt après, Louis entre-
Paris, Boyleau (Livre des métiers). L'activité de prit contre tes Flamands une expédition qui n'a-
la Hanse (Compagnie des bateliers) de la Seine, boutit pas; puis il mourut en t3!6, ayant à peine
tes foires du Landit (près Saint-Denis), de Beau- régne deux ans. Il eut pour successeur un n~s
caire, de Champagne,étaient tes signes manifestes posthume, qui fut proclamé roi sous le nom de
de la prospérité nouvelle du pays. Jean I", mais qui ne vécut que quelques jours. (V.
~Mh~!? croiM~e. Saint Louis avait désor- Philippe V et Guerre de Cent ans.)
mais achevé son devoir de prince, de « pasteur Le principal événement du règne de Louis X,
dos peuples ». Le chrétien pouvait songer à lui- c'est nance célèbre par laquelle il annonça
même. Jamais l'ardeur religieuse n'avait été plus l'intention de tibérer à prix d'argent tes serfs de
puissante dans son cfBur qu'aux approches de la ses domaines. « Notre royaume, disait-il, est
vieillesse. C'est cette foi même qui lui m persé- nomme le royaume des Francs; voulant que la
cuter cruellement tes juifs et tes blasphémateurs, chose en vérité soit accordant au nom, nous avons
regrettable erreur de sa vie, qn'expliquentsans la ordonné que par tout notre royaume la servitude
justifier tes idées des contemporains. C'est elle soit ramenée à franchise, et franchise soit donnée
aussi qui le poussa a reprendre pour la dernière à tous, à bonnes et convenables conditions, Mais
fois la croisade. Excité par son frère Charles ce n'était là qu'une mesure fiscale et comme les
d'Anjou, que la victoire de Grandella avait fait roi serfs montraient peu d'empressementà racheter
de Naples (1266), Louis IX se dirigea vers Tunis leur liberté, le roi, pressé d'argent, imagina de
(tXTO). Sur ce rivage insalubre, les maladies dé- tes contraindre, en frappant d'une taxe spéciale
cimèrent aussitôt l'armée l'un des premiers, ie roi ceuxy qui ne se rachèteraient pas. L'ordonnance
prit le germe de la mort. Couché sur un lit de de )315, qui ne fut exécutée que partiellementet
cendres, it fit appeler son fils qui fut Philippe III. qui tomba bientôt en oubli, n'a pas la portée d'une
Beau fils, lui dit-il, la première chose que je grande réforme politique l'émancipationdupeuple
t'enseigne c'est que tu mettes ton cœur à aimer des campagnes ne s'opéra que lentement et gra-
Dieu. Aie le cœur doux et pitoyable pour les pau- duellement à la veille de la Révolution, il y avait
vres, les chétifs, les malaisés, et les conforte et encore des serfs en France.
aide, selon ce que tu pourras. Sois loyal et roide Louis XI (1461-1483), Histoire de France, XV,
pour tenir justice et droit à tes sujets aide au fils et successeur de Charles VII, naquit à
droit et soutiens la querelle du pauvre jusqu'à ce Bourges en 142t. Dauphin, il fut l'allié de la féo-;
que la vérité soit éc)aircie. » Quelques semaines dalité qu'il devait combattre plus tard comme roi.
après, Philippe III rapportaittristement en France Il prit part en 1440 à la révolte des grands, con-
les restes du dernier héros du moyen âge, qui nue sous le nom de Praguerie. Charles VU, pour
emportait dans sa tombe l'idée même des croisa- satisfaire l'ambition de son fils et sa turbulente
des (1270). activité, lui confia le gouvernement du Dauphiné
D'autres princes ont servi le peuple; saint Louis et le mit à la tète d'une expédition contre les
t'avait aimé De là vint le souvenir plein d'amour Suisses (bataille de Saint-Jacques, 1444). Le Dau-
que te peuple garda longtemps au bon roi saint phin se retira ensuite dans sa province qui devint
Louis et dont celui-ci s'était montré si digne, un foyer d'intrigues contre l'autorité royale. Me-
comme prince et comme homme. Sa piété ne le nacé par une armée que son père avait envoyée
poussait pas seulement aux croisades elle ne se contre lui, il chercha un asile auprès du duc de
manifestait pas seulementpar la construction de la Bourgogne, Philippe le Bon. C'est là qu'il apprit
Sainte-Chapelle,qu'éleva Pierre de Montreuilpour en 1461 la mort de Charles VII et son avènement
recevoir la couronne d'épines achetée en 1M6 à au trône.
l'empereur latin Beaudouin; elle fit surtout de Louis XI, après avoir reçu le sacre à Reims,
saint Louis la providencedes malheureux. Chaque rentra a Paris, escorté de son puissant protecteur.
jour, le saint roi prélevait sur sa dépense la nour- Dans son impatience de gouverner, il réagit contre
riture de cent vingt-deux pauvres; souvent il sor- l'administration précédente avec une imprudente
tait du conseil pour rendre visite à s~ s serviteurs précipitation. Il destitua les ministres de son
malades; le vendredi saint, il servait à table treize père et s'entoura de petites gens, Olivier )e Daim,
pauvres en souvenir du Christ et des apôtres; par- son barbier, Tristan l'Ermite, son prévôt ou son
tout it fondait des hospices pour les malheureux, bourreau, La Balue, qu'il fit éveque d'Angers et
tes Quinze-Vingts à Paris, les Hôtels-Dieu de cardinal. Il mécontenta le peuple en augmentant
Pontoise, de Vernon, de Compiègne. C'est pour la taille; le clergé, en détruisant la Pragmatique
cette charité active et personnelle, plus encore sanction de Bourges la noblesse, en supprimant
que pour ses croisades, qu'il a mérité d'être cano- tes droits féodaux et particulièrement le droit de
nisé, ie tt août t297, par le pape Boniface VIII. chasse l'Université, en lui enlevant ses privilèges.
« Le monde a vu de plus grands capitaines que Enfin it s'aliéna le vieux duc de Bourgogne et sur-
saint Louis, de plus profonds politiques, de plus tout son fils, le comte de Charolais, plus tard
vastes et plus brillants esprits, des princes qui ont Charles le Téméraire, en rachetant les villes de
exercé au delà de leur vie une plus longue et plus la Somme cédées au traité d'Arras, Saint-Quen-
puissante influence; il n'a point vu de roi plus tin, Amiens, Abbeville, Péronne, Montdidier. Tous
tes mécontentements Matèrentà la fois. Les chefs lis; le Bourguignon y adhéra (octobre 1472).
de la noblesse, le comte de Charolais, François U, Délivré de son plus puissantadversaire, Louis XI
duc de Bretagne, le duc de Bourbon, le frère frappa la noblesse. Le comte d'Armagnac,Jean I",
même du roi, le duc de Berry, les exploitèrent fut tué dans Lectoure par les soldats du cardinal
avec habileté, et conclurent, sous prétexte de dé- d'Alby le duc d'Alençon, qui avait voulu céder
truire les abus, une /Ke <<;< &~M public. Louis XI, ses Etats à Charles le Téméraire, fut condamné à
après la bataille indécise de Montlhéry, assiégé mort, son fils René à la prison perpétuelle le
dans Paris dont la fidélité était douteuse, ne se comte de Saint-Pol fut jeté à la Bastille, jugé et
tira de la situation critique où il s'était mis par décapité en place de Grève; te duc de Nemours,
son imprudence qu'en signant les deux traités de après deux ans de captivité, fut décapité malgré
Conflans et de Saint-Maur (1465). li cédait la les remontrances du parlement.
Normandie Il son frère, rendait au duc de Bour- Pendant que Louis XI fortifiait te pouvoir royal
gogne les villes de la Somme, et reconnaissait contre les entreprises de la fëodatité, Charles le
Findépendance de la Bretagne. Ces traités au- Téméraire se jetait dans les plus folles aventures.
raient ruiné le pouvoir royal, mais Louis XI en Réunir ses provinces françaises à ses provinces
les signant était disposé à ne pas tenir ses enga- flamandes, reformer dans les bassins de la Saône,
gements. de la Meuse et du Rhin l'ancien royaume de Lo-
Le roi, après avoir fait déclarer par le Parle- tharingie,telle était son ambition. H parut tout
ment que la Normandie était inaliénable, envahit d'abord réussir l'archiduc Sigismond lui vendit
cette province et en quelques jours l'enleva à une partie de l'Alsace, et l'empereur Frédéric III,
son frère (1466). Le comte de Charolaisvenait de avec qui il eut une entrevue à Trèves, était sur le
succéder à son père sur le trône ducal de Bour- point, pour marier son fils Maximilien à Marie de
gogne (15 juin t46'!). On l'appelait déjà Charles le Bourgogne,de lui donner le titre de roi de Gaule-
Terrible ou teTémëraire.It forma une nouvelleligue Belgique. Mais Louis XI ne perdait pas de vue
contre Louis XI avec le frère du roi, le duc de les manœuvres de son adversaire. Frédéric 111
Bretagne, le duc d'Alençon, les rois de Castille et refusa la couronne, l'archiduc reprit l'Alsace, et
d'Angleterre. Louis XI s'appuya sur les Etats les Suisses déclarèrent la guerre au duc et enva-
généraux réunis a Tours, se fit autoriser à garder hirent la Franche-Comté. Pendant que Charles
la Normandie et à forcer le duc de Bretagne à mettait le siège devant la ville de Neuss, Louis
i'obSissance. Il mena en effet une armée considé- XI s'empara des principales villes de l'Artois et
rable contre ce dernier, et le contraignit à signer de la Picardie. Le .roi d'Angleterre, Édouard IV,
le traité d'Ancenis (H68). Mais il n'osa pas tenter débarqua vainement à Calais ne trouvant pas l'ar-
avec le duc de Bourgogne le sort d'une bataille; mée de son allié sur laquelle il comptait, il signa
il se fiait davantage aux séductions de sa parole. avec Louis XI le traité de Pecquigny. Charles le
H demanda et obtint une entrevue à Péronne, Téméraire n'osant plus attaquer le roi de France, et
lugubre résidence qui rappelait la captivité et la impatient de se venger des Suisses, signa à son
mort de Charles le Simple. Le due de Bourgogne tour la trêve de Soleure (1475).
l'y reçut avec courtoisie il était déjà gagné par La guerre de Charles contre les Suisses fut fa.
les flatteries du roi, quand il apprit que les émis- tale à la maison de Bourgogne. VaincuàGrandson
saires royaux soulevaient à ce moment tout le et à Morat, le duc mourut sous les murs de
pays de Liège. Sa fureur fut terrible; Louis Xt Nancy (HT!).
eût couru un grand danger s'il n'avait été averti Charles le Téméraire ne laissaitqu'une fille, Ma-
par le secrétaire du duc, Philippe de Commines, rie, âgée de vingt ans. Louis XI réclama le duché de
qui plus tard devint un des conseillers et le plus Bourgogne comme fief masculin et s'en saisit, ainsi
célèbre historien de ce règne. H fallut souscrire à que de la Franche-Comté.Il envahit en même temps
un traité humiliant. Le roi cédait à son frère la la Picardie et l'Artois. Quant à la Flandre, il la re-
Champagne, en échange de la Normandie et il quit de foi et d'hommage. La princesse se soumit et
marchait, à coté du duc, contre les Liégeois qui réclama son assistance contre les Flamands révoltés.
combattaient aux cris de « Vive la France o (t468). Louis XI la trahit secrètement. La malheureuse Ma-
11 se vengea de toutes ces humiliations, en con- rie vit ses deux principaux ministres condamnés à
damnant à une cruelle captivité de dix ans, dans mort par la populace excitée par les agents du roi,
une cage de fer, La Balue, qui le trahissait. et exécutés. Elle se jeta alors dans les bras de l'em-
Dans la deuxième partie de son règne, Louis XI pereur, et épousa Maximilien,fils de Frédéric III.
se montra plus prudent et plus habile. Il cher- Ce mariage commença la longue rivalité de la
cha d'abord à annuler les désastreusesconséquen- maison de France et de la maison d'Autriche.
ces du traité de Péronne. La Guyenne fut donnée L'armée de Flandre, commandée par d'Esquerdes
à son frère en échange de la Champagnequi aurait et de Gié, livra la seule bataille importante de
livré Paris au Bourguignon. Le duc de Bretagne, cette guerre aux troupes de Maximilien. L'en-
qui protesta, dut signer te traité d'Angers. Puis, gagement eut lieu à Guinegate, près de Saint-
quand le roi eut gagné son alliance les Suisses, Orner. La victoire demeura indécise. La guerre
le duc de Milan et les Ecossais, quand il eut se prolongea jusqu'en 1482. A cette époque Ma-
rattaché à sa cause un certain nombre de sei- rie de Bourgogne mourut d'une chute de che-
gneurs en leur conférant l'ordre de S6[!?:<-jM<fAe<, val, à l'âge de vingt-cinq ans. Elle laissait deux
il fit casser le traité de Péronne par les notables, enfants, Marguerite et Philippe le Beau. Les Fla-
assemblés à Tours en 1410. Le duc de Bourgogne mands, qui n'aimaient pas Maximilien,le forcèrent
forma aussitôt une troisième ligue avec le projet à signer la paix d'Arras (1482). Ce traité ratifiait
de démembrer la France. Mais la mort subite du l'union de la Bourgogne à la France et stipulait
duc de Guyenne déconcerta ses plans. Charles le le mariage de Marguerite avec le Dauphin, en lui
Téméraire, accusant Louis XI d'un fratricide, se laissant pour dot la Franche-Comté et l'Artois.
jeta avecrage sur la Picardie. La ville de Nesle fut Ainsi, sous le règne de Louis XI, la France
saccagée, la population, réfugiée dans l'église, avait fait un pas immense vers son unité. territo-
égorgée Beauvais effrayé résista avec désespoir; riale. Le domaine royal s'était agrandi de onze
une femme héroïque,Jeanne Hachette, se mit à la provinces. La succe-sion de Charles le Téméraire
tête des soldats. Le duc échoua dans toutes ses en avait donné quatre Picardie, Artois, comté
attaques; il poursuivit ses ravages dans la Nor- de Boulogne, duché de Bourgogne avec le Charo-
mandie, où il brûla Saint-Valéry et Neufchâtel. lais et Auxerre. Le testament de René d Anjou
It avait compté sur les secours de François IL lui en avait donné trois autres, Anjou, Maine,
Mais celui-ci avait dû accepter la trêve de Sen- Provence. Un procès avait valu à Louis XI le du-
che d'Alençon et le Perche; la mort de son frère, mit On la querelle Louis XII conservait le Mi-
&
la Guyenne son intervention dans tes affaires lanais le royaume de Naples devait revenir au
d'Espagne, le Roussillon et la Cerdagne. petit-fils de Ferdinand V et de l'empereur Maxi-
Le pouvoir roya) fut fortiné non seulement par milien, Charles (le futur Charles-Quint) celui-ci
la lutte victorieuse contre la féodalité et les était en même temps fiancé à la princesse Claude,
agrandissements territoriaux qui en furent la fille de Louis XII, qui devait lui apporter en dot
conséquence,mais parl'administrationde LouisXI. la Bretagne et la Bourgogne(t&04). Heureusement
Le parlement de Paris reçut une nouvelle organi- pour la France, ce traite, qui menaçait d'enlever
sation trois nouveaux parlements furent créés au pays deux de ses provinces, fut bientôt déchire
en province, celui de Grenoble en 1451, celui de les Etats généraux déclarèrent que ie roi n'avait
Bordeaux en )462, celui de Dijon en )477. L'armée pu aliéner les provinces promises, et la princesse
compta &0 (MO hommes de troupes régulières, les Claude fut fiancée à François d,Angouléme(Fran-
milices des villes et 6000 Suisses. Le commerce çois !").
et l'industrie furent encouragés. Les principaux Cependant Jules II venait de succéder à Alexan-
traités prirent )e nom de trêves marchandes, à dre Borgia. Le nouveau pape voulait constituer
cause des stipulations qu'ils contenaient en fa- l'unité de l'Italie sous t'autorité du Saint-Siège
veur des marchands. La Rochelle et Bayonne de- pour cela, il lui fallait affaiblirVenise, seule puis-
vinrent ports francs; le nombre des foires fut sance italienne capable de balancer l'influence
multiplié. Le roi permit aux nobles de faire le de Rome; et expulser de l'Italie les étrangers qui
commerce sans déroger, et il établità Tours, en la tytannisaient.Mais, pour abattre Venise, Jules II
1470, la première manufacture de soie. L'institu- s'allia d'abord à ce~-H mêmes qu'il espérait
tion des postes, fondée par t'édit de 1464, fut pouvoir chasser ensuite il forma la ligue de Cam-
encore pour le commerce un puissant auxiliaire. brai, dans laquelle entrèrent le roi de France, le
Louis XI favorisa les lettres et tes sciences. L'im- roi d'Espace et l'empereur()508). Louis XII mar-
primerie de Paris date de son règne. Il en est de cha aussitôt contre Venise, dont l'armée fut mise
même de l'enseignement de la langue grecque, en déroute a Agnadel (1509) mais Venise elle-
qui fut apporté en France par des réfugiés de même restait inexpugnable dans ses lagunes, et
Constantinople. Plusieurs universités nouvelles, une armée de Français et d'Impériaux mit en vain
comme celles de Valence et de Bourges, furent le siège devant Padoue. Le pape, satisfait d'avoir re-
fondées. Le roi accorda à Paris une école spéciale pris aux Vénitiens les villes de la Romagne, fit la
de médecine. Le premier de nos grands poètes, paix avec la république, et songea alors à l'expul-
Villon. et le premier de nos grands historiens, sion des étrangers. S'alliant aux Vénitiens contre
Commines, vécurent sous ce règne. les Français, il réussit & former une coalition
Louis XI, mourut en 1483, à son château de qu'il appela la Sainte-Ligue, et dans laquelle it fit
Plessis-lez-Tours.Ce roi d'une activité si remuante entrer les Suisses, l'Espagne, l'Angleterre et l'em-
ne pouvait se faire à l'idée de la mort. Plus su- pereur ()5tf). Seul contre tant d'ennemis,
perstitieux que religieux, il fit appel a tout ce Louis XII devait succomber la brillante victoire
qui semblait pouvoir ie rattacher à la vie. Mais de Ravenne, qui coûta la vie au jeune général
en vain fit-il venir de Reims la Sainte Ampoule et Gaston de Foix, fut inutile; les Français durent
de Naples saint Francois de Paule; « le tout. dit évacuer le Milanais, où les Suisses et l'empereur
Commines,n'y nt rien et il fallait qu'il passât par rétablirent Maximilicn Sforza. En vain Louis XII
là où les autres sont passés. » avait fait réunir un concile au moyen duquel il
~Désiré Blanchet.1 espérait tenir en échec l'autorité du pape; en vain
Louis XII. Histoire de France, XVI, fils il détacha de la Sainte-Ligue les Vénitiens, et es-
du due Charles d'Orléans, connu comme poète; saya avec leur aide de reprendre le duché de
petit-fils de Louis d'Orléans, assassiné en 1407, Milan; la défaite de Novare ()5)3) consomma la
et de Valentine Visconti; arrière-petit-6!sdu roi ruine de la domination française en tt4!e. En
Charles V. Il avait épousé une fille de Louis XI, même temps, le roi d'Angleterre Henri VIII débar-
et à la mort de ce prince, il disputa la régence à quait à Calais, et voyait fuir devant lui à Guincgate
Anne de Be.~ujeu (V. ~Merre /"Me); mais il fut 1 armée que Louis XII avait envoyée pour t'arrêter
vaincu et fait prisonnier. Rendu à la liberté, il se (Journée des éperons) mais une attaque des
réconcitia avec Charles VIII, auquel il succéda, Ecossais l'obligcaà repasser le détroit. Les Suisses
celui-ci étant mort sans enfants en 1498. Louis XII envahirent la Bourgogne, et vinrent menacer
répudia alors sa première femme, pour épou- Dijon, que la Tremoille sauva à force d'argent et
ser Anne de Bretagne, veuve du roi défunt, et en signant un traité que le roi refusa ensuite de
conserver ainsi la Bretagne a la France. Puis, ratifier.
suivant l'exemple donné par son prédécesseur, il Cependant Louis XII ne pouvait continuer la
prépara une expédition contre l'Italie, riche proie lutte il négocia la paix, en faisant Il chacun de
dont les dépouilles tentaient la cupidité des hom- ses adversaires quelquesconcessions le nouveau
mes du Nord. Par sa grand'mère Valentine Vis- pape Léon X obtint le désaveu du concile schis
conti, Louis XII prétendait avoir des droits sur matiquo; Ferdinand V garda la Navarre espagnole
le duché de Milan. Une armée française com- dont it s'était emparé en en chassant le roi Jean
mandée par le condottière italien Trivulce Et la d'Albret, atiié de la France le roi d'Angleterre
conquête du Milanais (t4M9); le duc Ludovic obtint la ville de Tournai et une indemnité. Anne
Sforza, livré à Novare par ses mercenaires suis- de Bretagne était morte le vieux roi scella la paix
ses (1~0), fut envoyé captif en France. Puis Louis avec l'Angleterre en épousant la sœur de Henri Vit!
s'entendit avec le roi d'Espagne Ferdinand V pour mais il mourut trois mois après, le le' janvier
dépouiller de sa couronne le roi de Naples Fré- tâl5.
déric trahi par les Espagnols en qui il avait Les longues guerres d'Italie n'avaient abouti 4
cru trouver des alliés, Frédéric dut se rendre aux aucun résultat c'était en pure perte que tant de
Français ()5U1;. Mais quand il fallut partager, sang avait été versé et tant d'argent dépensé. Ce-
Louis et Ferdinand se brouillèrent; l'Espagnol, pendant la situation intérieure du royaume était
plus pernde que son rival, flnit par l'emporter moins mauvaise qu'on n'eût pu s'y attendre.
tandis qu'il amnsait Louis XII par des négocia- Louis XII, administrateur économe, avait trouvé
tions trompeuses, son général, Gonzalve de Cor- moyen, malgré ses guerres, d'attéger les impôts ¡
doue, attaquait les Français à l'improviste, les l'agriculture était florissante, la justice était
battait à Seminara et à Cerignola (1A03), et les mieux rendue, et les Etats généraux réunis à
chassait du royaume de Naples. Le traité de Blois Tours en ]506 purent décerner au roi le titre de
père du peuple sans que l'opinion publique pro- sous le nom de Louis. Porté ensuite sur le lit de
testât. Quoique, depuis Charles VII, le pouvoir son père, ce)ui-ci lui demanda comment il s'appe-
royal se fût substitué définitivement au régime lait maintenant. « Louis XIV, » répondit l'enfant
de la féodalité, les règnes de Louis XI et de avec naïveté. « Pas encure, dit le roi en sou-
Charles VIIt avaient encore été troublés par des riant.
révoltes des grands vassaux; Louis XII fut « le Les mémoires de Laporte, valet de chambre
premierreprésentant du gouvernement incontesté de Louis XIV, et les mémoires de Mongl~t, mon-
et unitaire qui devait régir la France jusqu'en trent combienfut négligéel'éducation de ce prince.
178'), et imposer pendant trois siècles aux insti- Les premières impressions qu'on lui donna ten-
tutions, aux mœurs, aux tendances du pays, la daient lui inspirer pleine croyance en sa propre
discipline de la monarchie absolue. )' (Bordier et infaiUibilité. On conserve parmi les manuscrit*! de
Charton.) la bibliothèque de Saint-Pétersbourg un modèle
Louis XIII, Histoire de France, XXII, fils d'écriture que son professeur lui donnait à copier.
et successeur de Henri IV, n'avait que neuf ans On y voit écrit six fois de suite, en grosses let-
lorsqu'il devint roi sous la régence de 'sa mère, tres péniblement formées, mots significatifs
Marie de Médicis (16)0). Celle-ci était dominée « L'hommage est dû aux roisces ils font tout ce qui
par un favori, Concini, aventurier florentin qu'elle leur plalt. On comprend de telles maximes
avait fait marquis d'Ancre et maréchal de France. aient faussé» de bonne heureque le cœur de cet enfant
Abandonnant les projets de Henri IV contre la et lui aient donné ce qu'il a eu au suprême degré,
maison d'Autriche, elle s'allia à l'Espagne, renvoya la superstition de la royauté. Ce prince, qui écrira
Sully, et ne chercha qu'a assurer son pouvoir plus tard dans ses mémoires que les rois re-
a
contre les mécontents. Il lui fallut acheter la sou- çoivent de Dieu des lumières particulières ne
mission des grands seigneurs. Elle convoqua les doit pas être rendu seul responsable de cettea,doc-
Etats généraux (1614); mais cette assemblée, qui trice du bon plaisir pratiquéepar lui à outrance.
se réunissait pour la dernière fois avant )789, et Cette responsabilité doit être partagée un
où un représentant du Tiers, Miron, fit entendre entourage de courtisans qui pervertirent depar bonne
inutilement quelques courageuses paroles (V. heure l'esprit du roi. Saint-Simon a dit très jus-
Etats généraux),fut congédiée sans qu'aucune ré- tement « II était né bon et juste. Tout le mal
forme eût été décidée. Les seigneurs continuaient lui vint d'ailleurs. » Jeune, il n'aimait pas le car-
à murmurer contre l'autorité de Concini; celui- dinal Mazarin. Laporte nous apprend que la garde
ci, conseillé par Richelieu, évoque de Luçon, dont le cardinal était entouré, et qui contrastait
essaya de quelques mesures de rigueur, et fit avec l'abandon dans lequel il était laissé lui-
arrêter le prince de Condé. Mais le jeune roi, à même, choquait son âme royale, et il le nommait
qui pesait la tutelle de sa mère, et que poussait le yra?!</ Turc. D'ailleurs, dit Monglat dans
ses
un de ses familiers, Albert de Luynes, se débar- mémoires, « le prince ne se mêlait de rien. Le
rassa de Concini en le faisant assassiner ()6fi), cardinal n'allait jamais chez lui, mais il allait plu-
et exila sa mère à Blois. Louis XIII, que la faiblesse sieurs fois le jour chez le cardinal auquel il fai-!
de son caractère devait condamner à une perpé- sait la cour comme un simple courtisan. Le
tuelle minorité, laissa ensuite le gouvernement à dinal recevait le roi sans se contraindre. A peine' car-
Luynes: celui-ci comprima les tentatives de révolte il se levait quand il entrait et sortait, et jamais il
de la reine-mère et les protestants,dont les liber- ne le conduisait hors de
tés étaient menacées, ayant pris les armes, il vint Louis sa chambre, o Plus tard,
XIV dissimula ou contint ses sentiments de
mettre le siège devant Montauban, une de leurs répugnance, et il parut reconnaissant envers Ma-
places-fortes; il y mourut~62)). Louis XIII réussit zarin des grands services rendus
cependant à faire rentrer les protestants dans monarchie. Il le laissait par celui-ci à la
gouverner d'une manière
l'obéissance il se réconcilia en même temps avec absolue, et il se livrait entièrement
aux plaisirs de
sa mère, qui fit entrer au conseil royal l'évoque son âge. Les efforts du marécha)deVilleroy, nommé
de Luçon, devenu le cardinal de Richelieu (1622). gouverneur du prince après le duc de Beaufort, et
A partir de ce moment, l'influence de Richelieu est le zèle éclairé de
son précepteur, l'abbé de Beau-
dominante, et c'est lui qui gouvernera la France mont, avaient été également stériies. H ne putjamais
jusqu'à sa mort sous le nom du faible monarque. apprendrele latin, bien qn'une traduction des Com-
Nous racontons ailleurs (V. Richelieu) les actes du m~K~M'M de César ait été publiée
grand homme d'Etat qui fonda définitivement la S'il apprit plus tard l'italien, sous son nom.
monarchie absolue, et qui reprit contre la maison à Marie Mancini. Il goûtait uniquement ce fut pour plaire
d'Autriche la politique de Henri IV bornons-nous romans et les livres frivoles. La danse, les les
à rappeler ici la guerre contre les protestants et la de bague, l'équitation, la chasse à tir, étaient courses
prise de la Rochelle1628;,i'abaissemenbdes grands, plaisirs favoris. Elevé ses
au milieu
le pouvoir des gouverneurs de province contenu remplissaient la maison d'Anne d'Autriche, il des femmes qui
par l'institution des intendants, l'alliance de la tarda pas à écouter la voix de ses passions. De- ne
France avec les adversaires de la maison d'Au- tenu amoureux d'une des nièces du cardinal,
triche et son intervention glorieuse dans la guerre Marie Maurini, il alla
de Trente Ans. Richelieu mourut en(,42 Louis XIII a beaucoup trop vantéjusqu'à vouloir l'épouser. On
dans cette circonstance le
ne lui survécut que six mois. Il avait épousé en désintéressement et le patriotisme de Mazarin
1615 Anne d'Autriche, fille du roi d'Espagne Phi-
lippe III, qui lui donna deux fils, Louis XIV et rompant ces projets d'union et éloignant sa nièce.
Des travaux récents établissent que la fermeté
Philippe d'Orléans. déployée alors par le cardinal lui fut imposée par
Louis XIV dit le Grand, Histoire de France, Anne d'Autriche, qui s'emporta violemmentcontre
XXIH, XXV, né à Saint-Germain-e~-Laye, le ce qu'elle considérait
16 septembre 16:!8, mort à Versailles le 1" comme la plus humiliante
sep- desmésaiiiances. D'ailleursle mariagede Louis XIV
tembre H)5. On donna la nom de f'MM~~t;' au avec Marie-Thérèse, fille de Philippe IV, roi d'Es-
prince qui. ondoyé dès sa naissance, fut bap- pagne, et les fêtes splendides dont mariage fut
ttse q~e cinq ans plus tard. Le 21 ne avril )643.! 1 occasion, effacèrent complètement ce le souvenir de
Lo~is XIII sur son lit de mort voulut i'on Marie Mancini.
s acquittât envers le dauphin d'un devoir dontque
Une éducation aussi négligée et des goûts aussi
jusqu'à ce jour on avait retardé l'itccomptissement. frivoles
Le cardinal Mazarin et la princesse de Condé fu- laisserait avaient persuadé la cour que Louis XIV se
rent chargés de présenter le dauphin au baptême. grand, lorsque gouverner. Aussi l'étonnement fut-il
Sur le désir exprimé par l'enfant, on le baptisa roi déclara à ladésormais mort de Mazarin, en 16'it, 1<
il dirigerait tout lui'
que
même. Il tint son conseil réuni trois jours durant aux seuls enfants du premier lit, il demande à
aCn de se mettre au courant de l'administration du Charles roi d'Espagne, enfant du second lit,
royaume. Il annonça qu'il consacrerait chaque jour au nom de Marie-Thérèse, issue du premier, la
ah heures aux affaires de l'État, et Il partie des Pays-Bas dans laquelle existe cette
prescrivit
aux ministres de ne rien signer, de ne rien coutume que l'on nomme droit de dévolution. Sur
payer
sans son ordre. Choisy raconte qu'Anne d'Autri- !e refus du roi d'Espagne, il entre en campagne,
che rit de cette résolution et que les courtisans ne et il se montre aussi surprenant par la rapidité
crurent pas à sa durée mais en réalité il a tenu de ses coups que par la modération de ses de-
cet engagement durant les cinquante-quatre an- mandes. Il acquiert les places de Charleroi, Binch,
nées de son règne effectif (1661-1715). Ath, Douai, Tournai, Oudenarde, Lille, Courtrai,
L'affairede la succession d'Espagne a été le pivot Armentières, Bergues, Furnes, avec leur terri-
sur lequel a tourné tout le règne de Louis XIV. toire, et il affermit ainsi, en les éteignant de la
Le remplissant pendant cinquante ans, elle a capitale, tes frontières septentrionales de la
amené les désastres de sa fin. Il est donc utile de France. Cette période fut une période de négo-
l'étudier dans ses causes afin de bien faire com- ciations merveilleusement conduites de f6Ht à
prendre quelles en ont été les péripéties. Eviter le )667, et une période de guerre de 1667 à 1668,
retour de la puissance formidable de Charles- année de la glorieuse paix d'Aix-la-Chapelle.
Quint, à la fois empereur d'Allemagne et roi Mais si Louis sut consentir au traité d'Aix-la-
d'Espagne, et replacer l'Espagne dans sa sphère Chapelle, dans lequel il évita d'alarmer l'Europe
naturelle de mouvement et d'action en la rame- par un agrandissement démesuré, it ne le fit pas
nant dans les voies de la France dont elle reçoit sans conserver contre la Hollande, qui l'avait ar-
et à laquelle elle procureuneprotection précieuse, rêté dans ses projets de conquête, un vif ressenti-
telle devait être la politique française au milieu ment et sans former dès cetteépoque le projet de se
du xvn' siècle. Mazarin eut le mérite de le com- venger d'elle. Il faut reconnaltre que la conduite
prendre, en unissant Louis XIV a Marie-Thért'se, des Hollandais fut des plus inconsidérées. Qu'ils
de manière à ménager à ce prince la succession eussent oublié que leur république était née et
d'Espagne. L'habileministre résolut une question avait grandi à l'ombre de la maison de France,
nationale, et sa main prévoyante disposa pour on peut l'admettre. Le souvenir des services ren-
ainsi dire les événements futurs. Louis XIV ne dus ne saurait prévaloir en politique sur la crainte
tarda pas à voir que là seulementétait le moyen d'un danger prochain. Les Hollandais avaient
de sa grandeur, et il mit tous ses efforts à tourner eu raison d'être effrayés par l'invasion de la
a son profit toutes les conséquences de ce ma- Flandre et par le rapprochement des frontières de
riage. Cette première période de son règne fut France. Mais ils commirent une grave imprudence
vraiment grande et glorieuse. U était admirable- en considérant la paix d'Aix-la-Chapellecomme
ment servi par des instruments incomparables un triomphe qui leur était propre, et en humiliant
formés au milieu des fécondes agitations de la la nerté de Louis XIV par des médailles aussi
Fronde, et soumis ensuite à une volonté ferme et pompeuses que mensongères. Louis XIV, en pa-
persévérante, instruments qui avaient reçu la vive raissant vouloir châtier leur ingratitude, obéit au
impulsion et le nerf que donnent les guerres ci- seul désir de venger son orgueil blessé. Il sembla
viles, mais auxquels il sut imprimer une même préparer une guerre de politique, mais en réalité
direction et un mouvement uniforme. Tels étaient it prépara une guerre de ressentiment. Pendant
dans la guerre Turenne et Condé, dans la diplo- les quatre années qui s'écoutèrententre la paix
matie et l'administration Lionne, Colbert et Le d'Aix-la-Chapelle et l'invasion de la Hollande
Tellier. Aussi rien n'égale l'incontestable gran- (t668-)6?2),tt négocia très habilement avec toute
deur et la profonde utilité des actes de cette pé- l'Europe ann de la rendre favorable à l'exécution
riode pendant laquelle, ne se contentant pas de de ses projets. Lionne l'y aida puissamment, et là
développer la prospérité du pays, de ressusciter encore, surtout avec l'Angleterre,dont on acheta
la marine, d'implanter en France l'industrieétran- à prix d'argent le roi Charles Il, on réussit dans
gère et de faire pénétrer l'ordre dans l'armée, toutes les négociations entreprises.
dans l'administration, dans les finances, il sut Malheureusement Lionne ne vécut pas assez
aussi porter un regard attentif a l'extérieur, mé- longtemps pour faire prévaloir dans l'exécution
nager avec soin ses alliés, maintenir dans le repos de la campagne contre les Hollandais la même
les puissances inquiètes et les préparer habile- sagesse et la même prudence que dans ses prépa-
ment la revendication de ses droits. ratifs. Il poursuivait en effet non pas leur ruine,
Aux yeux de l'Autriche, ces droits n'existaient mais leur châtiment. Lionne mort, et un ministre
plus. Afin d'empêcher la réunion sur la même violent, Louvois, ayant succédé dans la faveurvic- du
tête des deux couronnes française et espagnole, roi à un ministre sage, Louis XIV poussa sa
une renonciation à la succession d'Espagne avait toire jusqu'à ses conséquences extrêmes et com-
été imposée à Marie-Thérèse par son contrat de mit ainsi ia faute capitale d'où résulteront tous
mariage, qui la dépouillait ainsi du droit que la tes désastres de la fin du règne. En voulant écra-
loi espagnole accorde aux femmes de monter eur ser la Hollande, Louis XIV, loin de parvenir à
le trône. Mais ce contrat, déjà considéré par Louis l'abattre, la réduisit à ces efforts désespérés et
XIV comme radicalement nul, en ce que, essen- sublimes qui produisent les retours de fortune.
tiellement particulier, il ne pouvait pas modifier Sur les cadavres des frères de Witt, massacrés
la loi fondamentale d'une monarchie, ce contrat, dans une insurrection, sur tes débris du parti
rédigé d'ailleurs par Mazarin et Louis de Haro, français en Hollande, s'éleva Guillaume d'Orange,
ministre d'Espagne, de telle manière que la re- qui, pour sauver son pays de l'invasion, n'hésita
nonciation y était réputée clause de forme, n'était pas à l'inonder en faisant rompre tes digues. Le
pas exécuté par la cour de Madrid qui se refusaitdéfenseur de l'indépendance hollandaise devint en
à payer la dot accordée à Marie-Thérèse en 1688 celui du protestantisme anglais, Pt, sta-
échange de ses droits. Violé par l'une des parties,thouder révolutionnaire de 1672, puis roi d'An-
il ne pouvait donc pas être opposé à l'autre. gleterre, ne cessa d'être l'antagoniste le plus for-
Après avoir démontré ses droits futurs à la suc- midable de Louis XIV, le négociateur opiniâtre
cession totale d'Espagne, Louis XtV trouve un de toutes les coalitions formées contre lui, son
légitime moyen d'agrandissement dans une ques- ennemi imptacab~e et nnalement victorieux. C'est
tion de succession partielle. Se fondant sur unel'inexcusable abus de la force auquel se laissa
coutume en vigueur dans quelques provinces des entraîner Louis XIV qui a ouvert la carrière de
Pays-Bas, coutume qui donne l'héntage paternel1Guillaume III, en lui inspirant la noble ambi-
tion de délivrer son pays de l'invasion;car il était depuis la publication des lettres complètes de la
dans la destinée de ce grand homme de mériter princesse Palatine, duchesse d'Orléans, Louis XIV
par un immense service rendu chacun de ses révoqua l'édit de Nantes. Par là il chassa da
agrandissements de fortune il devint stathouder France des milliers de familles honnêtes et labo-
en sauvant la nationalité de la Hollande, roi d'An- rieuses qui allèrent porter à l'étranger les secrets
gleterre en débarrassant celle-ci du despotisme, de nos industries nationales. Plus de 200 000 pro-
chef de la ligne d'Augsbourg en préservant l'Eu- testants émigrèrent. Le souvenir des DrayamM~M
rope de l'assujettissement. est attaché à cette funeste mesure, qui porta au
Néanmoins,si l'on tomba dès lors dans le mépris commerce et à l'industrie de la France un coup
de la modération et de la prévoyance, les consé- dont elle fut longtemps à se relever. Les Dragon-
quences de cette nouvellepolitique ne furent pas im- nades consistaient à placer, chez les protestants
médiates,ou, du moins, furent compensées par l'ha- qui refusaient de se convertir, des garnisaires,
bileté des généraux illustres que comptait encore la presque toujours des dragons, qui se livraient à
France. La campagne, conduite par Turenne, qui tous les excès, qui pillaient et torturaient jusqu'àà
incendia le Palatinat,puis après sa mort tl6'!5~ par l'abjuration des infortunés. Aucun de ces excès
Condé, l'admirable organisation de l'armée par Lou- ne fut châtié, et Louvois prescrivait aux inten-
vois,aussibon administrateur que politique violent, dants, en novembre 1685, « de laisser les soldats
les victoires remportées par Turenne, Condé et vivre /bW licencieusement. La révocation de l'é-
Duquesne, aboutirent au traité de Nimègue, signé dit de Nantes et les persécutions qu'elle amena
le 10 août 1678 et qui marque l'apogée de la gran- firent rapidement perdre à la France la supréma-
deur de Louis XIV. Par ce traité, la France acquit tie économique qu'elle avait conquise. entreprit,
la Franche-Comté et quatorze villes des Pays-Bas. C'est à ce moment que Louis XIV
Ce fut encore Louis XIV qui rompit cette paix contre la coalition formidable dont Guillaume d'O-
en prenant violemment possession de Strasbourg, range était l'âme, la guerre dite d'Allemagne ou
de Kehl. de Dixmude et de Luxembourg. La trève de la ligue d'Augsbourg, qui dura huit années
de Ratisbonne conclue en t(i8~ sembla amener la (1689-169~). La France y conserva la réputation
paix, mais sans apaiser les ressentiments de l'Eu- de ses armes, mais Louis XIV se vit en défini-
rope, qui se manifestèrent en t68(; par la ligue tive contraint de subir les conditions que lui dic-
d'Augsbourg, unissant contre Louis XIV, s'il vio- tèrent les alliés. Le second incendie du Palatinat
lait de nouveau les traités,l'empereurd'Allemagne, ()6S9),Ia conquête des trois électorals ecclésias-
le roi d'Espagne, la Hollande, la Suède et la Savoie. tiques, la victoire de Luxembourg à Fleurus sur
L'avènement du prince d'Orange au trône d'Angle- les Allemands et de Catinat à Staffarde sur le duc
terre eut pour effet de joindre l'Angleterreaux puis- de Savoie (1'90), furent les événements principaux
sances déjà coalisées contre Louis XIV et de substi- des deux premières campagnes. En 1691, Louis XIV
tuer, à la ligue de 1686, la grande ligue de 1689. s'empara de Mons, et en 1692 de Namur. Les vic-
Pendant ce temps, des événements importants se toires remportées par Luxembourg à Steinkerque
produisalental'intérieur. Des différends s'étant éle- (1692) et à Nerwinde (1693), et par Catinat à la
vés entre Louis XIV et la cour de Rome à l'occasion Marsaille (1693) furent balancées par la terrible
de la régale, droit féodalgrâce auquel les rois jouis- invasion de Victor-Amédée, duc de Savoie, et par
saient des fruits temporels des archevêchés et des la défaite navale de la Hogue. Louis XIV, dont les
évêchés pendant leur vacance, Louis XIV voulut victoires avaient été stériles, fut contraint d'aban-
faire juger la querelle par le clergé de France lui- donner ses conquêtes pour avoir la paix. Par le
même. Le 16 juin 1681, il convoqua une assem- traité de Ryswick ()69?),il renonça à la Lorraine
blée générale du clergé qui, réunie en 168~, se et à la plus grande partie des réunions opérées
rangea de l'avis du roi. Le pape s'étant refusé à précédemmentdeauxreconnaltre dépens de l'Empire. En outre,
accepter cette décision, l'assemblée du clergé de il fut obligé le prince d'Orange,
France chargea Bossuet de rédiger une déclara- Guillaume III,pour roi d'Angleterre.
tion solennelle des maximes du pays sur la puis- La succession d'Espagne étant sur le point de
sance ecclésiastique. Adoptée à 1 unanimité,elle devenir vacante par suite delà débilité de Charles II,
fut homologuée par le parlement le 23 mars Louis XIV s'était empressé de partager d'avanceles
1682 en même temps qu'un édit du roi qui pres- Etats espagnolsavec Guillaume d'Orange et l'empe-
crivait d'enseigner la doctrine contenue dans cette reur Léopold, quandtout à coup on apprit, en même
déclaration. Les quatre fameux articles de la dé- temps quelamortdeCharles! l'existenced'untes-
claration portent en substance que le pape et tament qui instituait pour unique héruier Philippe,
l'Eglise n'ont d'autorité que sur les choses spiri- duc d'Anjou, second fils du Dauphin de France. Ac-
tuelles et n'en ont aucune sur les choses tempo- cepter ce testament,c'étaitannuler te récent traité
relles qu'en conséquence les rois (et nécessaire- de partage et irriter profondément l'Europe. Au
ment tous les gouvernements civils) ne sont en lieu de calmer cette irritation fort naturelle,
rien soumis à l'autorité ecclésiastique. Cette doc- Louis XIV l'aigrit et fortifia les craintes de tous
trine n'était pas nouvelle; elle était conforme aux par d'inexcusables maladresses et par des fautes
maximes des libertés de l'Eglise gallicane réu- capitales. Par des lettres patentes,il maintient au
nies et publiées un siècle auparavant par Pierre duc d'Anjou (devenu roi d'Espagne sous le nom
Pithou et qui avaient toujours été pratiquées en de Philippe Vj ses droits au trône de France, et
France, et elle n'était, selon Bossuet, « que la confirmeainsi le danger de voir un jour l'équilibre
doctrine même de l'Ecriture et de la tradition. » européen rompu par la réunion sous le même
Colbert mourut en disgrâce le 6 septembre t68S. sceptre de deux grandes monarchies. En même
Quelque temps après, son œuvre principale fut temps il fait prescrire par la cour de Madrid à
détruite, ou du moins singulièrement compro- tous les gouverneurs des possessions espagnoles
mise, par la révocation de l'édit de Nantes. Par d'obéir désormais aux ordres du roi de France
cet édit Henri IV avait, le 13 avril 1598, accordé comme à ceux de Philippe V. Puis il viole la paix
la liberté de conscience aux protestantset permis de Ryswick par l'invasion inopportune des Pays-
l'exercice public de leur religion dans un certain Bas espagnols; et, en traitant comme roi d'Angle-
nombre de villes. En outre, il avait créé une terre le fils de Jacques II, réfugié à Saint-Germain,
chambre de l'Edit pour connaître des procès des il blesse la fierté du peuple anglais auquel il sem-
réformés. Cet édit, enregistré par le parlement la ble imposer un maitre. A l'Autriche qui, seule d'a-
2 février 1699, subsista jusqu'au 22 octobre 1685. bord, a rej été le testament,Louis XIV vient de don-
Cédant alors à l'influencenéfaste de M°" de Mainte- ner ainsi pour alliés la Hollandeirritée de la violation
non, influence qui ne saurait être mise en doute menaçante d'un territoire voisin, et l'Angleterre
tiessée d'un tel attentat ses droits. Le hautain Philippe V d'abandonner une seconde Mt M ca.
monarque a dès lors le triste privilège de mériter pitale.
la devise que lui avait appliquée Louvois « Seul Louis dut céder davantage. U envoya Polignae
contre tous. et Huxellea à, Gertruydenberg, proposant cette
Contre la nouvelle coalition qui se prépare. les fou de ne plus donner aucun secours à, son
,ressources de la France sont devenues bien icsuf'- petites en Espagne, de rendre Strasbourg et
fisantes. Louvois est mort. Les grands capitaines ne Brisach, de renoncera ta souveraineté sur l'Alsace,
dirigent plus tes armées. Turenne et Condé ne sont de raser toutes ses placée depuis Btle jusqu'à
pins. Le mardehal de Luxembourg, étève digne de PMlinsboars; et de combler te port de Dunkerque.
tels mattres, a disparu comme eux, ainsi que les Jl alla même jusqu'& offrir un million par mois
deux plus redoutables marins qu'ait eus la France, pour aider les aitiés &détronet Philippe V. Mais
Duquesne et Tourville. A Catinat tombé en dis- ces offres, qui s'étendaient tvee ses désastres, ne
grâce, ont succédé les Manin, les Taiiardj les sufnrent pas. On exigea qu'il dëtrenM tat-meme et
Villeroy. M*" de Maintenon, conseiltère fatale tout seul son petit~nis~
dont Louis XIV avait fait sa femme, inspirait ses Jamais la France n'a éte~ plus près de sa perte.
choix, ses ordres; grâce à elle, l'incapable Pont- Set frontières septentrionales étaient envahies,
chartrain et le léger Chamillard occupaient la se* ports du sud menacés et un projet de démem-
place iitustrée par Louvoiset Colbert. La terre, à la- brement était discoté par les coalisés. De cet état
quelle les armées si souvent renouvelées ont en- où l'avaient jetée t~otgueil et tes fautes de Louis
levé ses laboureurs, languit et souffre, et le XIV, elle fut tirée grâce la mort de l'empereur
peuple, chargé d'impôts, désire ardemment la Joseph et grâce à la chute du parti whig en An-
pan, au moment même où de fausses mesures gleterre. Si l'archiduc Charles,remplaçant l'empe-
viennent de précipiter la France dans une longue reur Joseph sur le trône impérial, fut en même
guerre qui mettra son existence en péril. temps resté roi des Espagnes, l'Europe coalisée
Cependant ses débuts ne furent pas marqués par fût rétabli en Ini la puissance formidable de
d~s revers immédiats. L'armée française, habituée Chartes-Quint. C'est ce que l'on comprit en An-
jusque-là a vaincre, suivit quelque temps encore gleterre. Le parti whig, qui avait Godotphin pour
l'impulsion donnée. Mais, comme lui manquaient ministre et Marlborough pour général, fut renversé
à la fois les généraux, l'argent et les soldats, elle par le parti tury dirigé par Bolingbroke.Dès lors
ne tarda pas à succomber. Tallard est battu à la paix était assurée. Elle fut facilitée par la vic-
Hochstedt ~0t), Viiieroy A Ramitties ()70"), toire remportée par le duc de Vendôme à Villa-
Philippe V est chassé de Madrid par les confédé-t viciosa en Espagne, et par celle de Villars a
tés, et, après la défaite que Marlborough fait es- Denain. Le célèbre congrès d'Utrecht, ouvert en
suyer à Vendôme près d'Oi1denarde(t7u«), il faut février 1712 et terminé le Il avril 1113, régla les
songer à défendre les frontières elies-memes qui conditions de la paix. On y établit comme l'une
sont envahies. Ce n'est pas tout. Aux revers qui des règles fondamentales dn droit européen la sé-
démoralisent l'armée et qui compromettent le paration perpétuelle des deux monarchies de
sort de la France, viennent s'ajouter les calamités France et d'Espagne. Les Hollandais obtinrent la
~ui, pénétrant dans son cœur même, le rongent. fameuse barrière depuis longtemps demandée par
La révolte des Camisards, protestants des Céven- eux. et pour laquelle Louis XIV céda Menin,
nes exaspérés par le-a persécutions (t102-t'!th) Tournai, Furnes, Dixmude et Ypres. Les Anglais
n'est apaisée que par un arrangement conclu avec eurent Gibraltar et Minorquearrachés l'Espagne,
le chef des insurgés, Jean Cavalier. Une famine gé- et la France leur accorda quelques-unesde ses colo-
nérate, succédant à un hiver des plus rigoureux. nies, le comblement du portde Dunkerque,la recon-
tombe sur le peuple et le décime (H09). La mort naissance de la succession protestante et le renvoi
ne s'appesantit pas seulement sur lui; elle entre du prétendant. Les Pays-Bas, le royaume de
aussi dans la demeure royale et la ravage. Naples,les ports de Toscane et le duché de Milan
Louis XIV, accablé comme roi, sera frappé comme étaient réservés à l'empereur.Celui-ci n'agréa pas
père. Son fils, ses petits-fils, le précéderont au tout d'abord ces conditions. Mais, Villars s'étant
tombeau. La duchesse de Bourgogne, dont le sou- emparé de Landau et de Fribourg, les traités de
rire parvient encore à égayer la cour assombrie, Rastadt et de Bade, conclus avec l'Empire en 1714,
sera ravie tout à coup, et de cette nombreuse posté- ratinèrentles décisions du congrèsd'Utrecht. Cette
rité, ornement et soutien de la couronne, splendide longue contestation, pendant laquelle Louis XIV
cortège pour la longue vieillesse du roi, seul un avait failli tout perdre pour avoir eu une ambi-
rejeton subsistera. Les yeux du monarque, qui tion trop démesurée, et n'avait été sauvé que par
voyait naguère se presser autour delui trois géné- l'ambition désordonnée des coalisés, se terminait
rations, ne se reposeront plus que sur enfant fai- par l'établissement d'une dynastie française en
ble et débite. Espagne et par un partage.
Louis XIV avaitconsénti à s'humilier età demander Les graves périls auxquels la despotisme du roi
'la paix. Mais tes sacrifices auxquels il se soumet,et venait d'exposer la France furent
pour Louis XIV
que Rouillé et Torcy sont altés annoncer à La un châtiment, mais non une leçon. Jusqu'au der-
Haye aux plénipotentiaires, font naitre chez les nier jour, il crut à son omnipotence et la
alliés de nouvelles exigences plus rigoureuses en- nifesta- par les actes ma-
les plus arbitraires. Ce
core. Le prince Eugène, Marlborough et le grand prince, qui était si jaloux de son autorité, se laissa
pensionnaire de H~ltande, Heinsius, qui sont à ta souvent diriger, après avoir pris durant de
tête de la coalition, et qu'unit une haine commune longues années laet, voix de ses passions pour celle
contre Louis XIV, ne se laissent plus diriger par la de son devoir, il prenait maintenant la voix de son
prudence, qui est toujours modérée, et ils émettent confesseur sa conscience. C'est en cédant
de telles prétentions que Louis XIV adresse un aux habiles pour insinuations du père Tellier qu'il
appel à la nation. Cet appel est entendu. Un pa- chassa de leur retraite les solitaires de Port-
triotique enthousiasme étouffe les gémissements Royal, qu'il disgrâciaFénelon, et qu'il se jeta dans
et les cris de détresse qui depuis longtemps s'é- de ridicules querelles théologiques en fai-ant
lèvent de toutes parts. « Ce ne fut, dit Saint- condamner par le pape le livre du père Quesnel.
Simon dans ses mémoires, qu'un cri d'indigna- Tant d'intolérance matière religieuse suffit
tion et de vengeance. » Les volontaires accou- pas pour couronnerentristement règne ne dont les
un
rent, et Villars, mandé de la Savoie, se place à débuts avaient été glorieux. Louis XIV, entrainé
leur tète. Mais il est battu à Malplaquet (1709), par M"" de Maintenon, voulut élever sa vo-
tandis qu'en Espagne la défaite de Saragosse force lonté personneUo au-dessus des lois du royaume.
enfants p~passer brusquement d'entreprises modérées et
Ne se contentant pas de faire épouser ses et com-
adultérins par des princes et des princesses légi- sasages à des actes exagéras de vengeance, incliner
donné le m mencer une série de fautes qui devaient
times, il les avait légitimés et leur avait
Il fit plus. Par l'Etat vers sa ruine? Si le merveilleux esprit d'ha-
1'l
pas sur les seigneurs du royaume.
reconnut des droits à la bi bileté oui a inspiré la première période du règne
un édit de 1714, il leur méditait des projets plus é. émane tout entier de Louis XIV, pourquoi cet
couronne de France, Ilpréparait la réunion~ d'un e. esprit n'a-t-il pas survécu à Lionne? Sont-ce des
désastreux encore; il du é événements imprévus et qu'on ne saurait imputer
concile national appelé à proscrire une parlie si rude
clergé, et il allait de nouveau rompre la paix du au monarque qui ont porté plus tard unqui,
ai
sui-
Il ééchec à sa politique? Non, c'est lui seul
monde en tentant de rétablir le fils de Jacques les inspirations de la passion, ou subissant la
quand une maladie vant
sur le trône d'Ang)et.rre. v:
influence d'une conseillère génie étroit,
mortelle s'empara de lui dans les premiers jours néfaste n
détruit l'industrie nationale
au
la révocation de
du mois d'août t'!15. La résignation qu'il montra, a par
qu'il ma- l'édit
l' de Nantes, et coalisé l'Europe contre la
le langage touchant qu'il tint, les regrets
nifesta des fautes commises, font de sa mort unL FFrance par un violent abus de la force en Hollande.
spectacle qui n'est pas dénué de grandeur.vie ti
It eût I.Les désastres de la tin du règne, pendant lesquels
les Louis XIV reste personnellement très grand par
étp à souhaiter qu'il eût appliqué durant sa
I.
en- la L résignation touchante et de magnifiques élans
beaux préceptes qu'il donna à son successeur dde ctsur, ces désastres résultent de ce qu'il a subi
fant (le futur Louis XV) au moment des adieux très jaloux de
suprêmes, ssans cesse des directions, bien que
sson pouvoir. Son règne ne présente
de l'unité que
Louis XIV mourut le 1" septembre 1715. Il avaitt si i
avait épousé en s l'on considère le caractère personnel dulitmo-
régné soixante-douze ans. Il d'Espagne, de
1660 Marie-Thérèse, fille du roi
dont il1 rnarque, qui est resté grand jusqu'à son
eut plusieurs enfants, parmi lesquels un seul vé- rmort.
eut, le dauphin Louis; celui-ci eut, d'une princesse e Ce prince, qui a subi tant d'influences, a-t-il
exercé une influence aussi considéra-
XV; lui-même
de Bavière, le duc de Bourgogne, père de Louis
1
le nomn ble qu'on l'a dit sur les grands hommes de son
Philippe, duc d'Anjou, roi d'Espagne sous liaisons temps? Les panégyristes le montrent se présen-
de Philippe V; et le duc de Berry Des s 1
postérité avec un cortège de génies im-
do Louis XIV avec M'" de la Vallière stM"" dee 1tant à la
On le voit ayant à la tête de ses armées
Montespan naquirent un grand nombre d enfants s mortels.
Turenne, Condé. Luxembourg. Catinat, Vendôme
naturels ou adultérins. Duquesno et Tourville commandent
Louis XIV possédait plusieurs des qualités quiLi et Villars.
lee ses escadres. Lionne, Colbert, Louvois, Torcy
font les grands rois. Il avait au suprême degré brièvetéé sont appelés dans ses conseils. Bossuet, Bour-
sentiment de la grandeur. La rareté et la majesté. Massillon lui font connaltre ses de-
de ses paroles ajoutaient beaucoup à sa saillies daloue,
Il n'avait pas dans l'esprit les heureuses quand .s voirs. Molé, Lamoignon, Talon et d'Aguesseau
d'Henri IV, mais son jugement était droit, et d illustrent son parlement. Vauban fortifie ses ci-
t'aveuglaient pas, il voyait juste. 3. tadelles et Riquet creuse ses canaux.
Perrault et
ses passions ne le Mansart construisent ses palais qu'embellissent
« Jamais,
dit Saint-Simon, personne ne donna de
là le prixix Puget, Girardon, Poussin, Le Sueur, Mignard
meilleure grâce et n'augmenta tant naturellement
par
en dessine les
de sesbienfaits; jamais homme si tt et Le Brun, tandis que Le Nostre Molière, Descartes,
poli, ni d'une politesse si fort mesurée, si fort partr jardins. Corneille, Racine,
e, Pascal, Quinault, La Fontaine, La Bruyère,
Boi-
degrés, ni qui distinguât mieux l'âge, le mérite, loisirs.
le rang. )' Appliqué, persévérant et résolu, il eut ut leau éclairent sa raison ou amusent ses
hautlt Montausier, Bossuet, Beauvilliers, Fénelon, Fté-
l'esprit de détail et de suite, mais non ce
élèvent ses enfants. S'il fallait en
discernementet cette vue d'ensemble qui font 3S chier, Fleury
les
grands politiques. Si sa vie manque de cette unité té croire les panégyristes, toutes ces gloires auraient
]S plus ou moins pronté de l'influence
de Louis XIV.
qui distingue la vie de Richelieu s'avançant sans et leur examen
cesse vers un but marqué d'avance,
c'est parce ce Mais les dates sont impitoyables; considérablement
sa vie à laquelle les es attentif amène à réduire un
que Louis XIV laissa dirigerLionne, de Colbert, de le rôle démesurément grossi. Louis XIV n'a effecti-
influences fort diverses de époque,
Louvois, du père Tellier et de M"' de Mainte- e- vement régné qu'en 1661. Or, à cette Poussin
fort différents. Ce prince ce Le Sueur était mort depuis six ans, et
non donnèrent des aspects qu'un doit se s'était retiré à Rome, chassé de France par les
qui a dit dans ses ~e'moM'M roi ennemis. Descartes était mort depuis
de
décider lui-même, parce que la décision a besoin in cabales ses
Corneille avait depuis longtemps publié
d'un esprit de maltre, et que, dans le cas ou la onze ans
s'en fierer tous ses chefs-d'œuvre, il
et ne devait guère donner
raison ne donne plus ds conseils, il doit les hommes sousLouis XIVqu'~e.)t/<Met~)7a. Pascal, dontles
dans
aux instincts que Dieu a mis s'est tous es ans,aiiaitmou-
le plus souvent depuis cinq
nt P)'o!):nc!M avaientparuFontaine Bossuet
et ~f/OMf dans les r, is, » Molière, La et avaient
laissé inspirer ces MM'!nc~ par ceux qui l'entou- .u- rir. Enfin, étaient donc à
raient et qui savaient déguiser l'empirededelat flatte- rit alors trente-cinq à quarante ans;
esprit ils
tantôt te- cette époque en pleine possession de leur génie
sous la forme tantôt du conseil, IV qu'ils avaient déjà révélé, Molière par plusieurs co-
rie, tantôt du dévouement. Assurément Louis émi- XIV
médies, La Fontaine des contes, et Bossuet par
connut mieux que personne les services oi- par
nents que lui rendit Colbert en restaurant les ses admirables sermons. Le vrai est que l'immor-
finances, en fondant les manufactures, en proté- té- telle génération d'écrivains du xvu* siècle a reçu
en- son éducation
IjttéraireantérieurementaLouisXlV,
geant le génie dans ses plus illustres représen- féconds
tants. Mais pourquoi a-t-il cessé d'apprécier ses qu'elle s'est formée pendant les troublesplus tard
ses
services et l'a-t-il laissé mourir dans la disgrâce, ce, de la Fronde, et que la langue, devenue mâle
lorsque l'ascendant de l.ouvois s'est peu à peu ieu plus délicate et plus souple, a perdu cette
su- vigueur, cette originalité puissante qui la carac-
substitué à l'heureuse influence de Colbert? Assu- durant première moitié du siècle. Le
rément aussi, Louis XIV s'est mis tout entier dans <ns térisent la
la belle campagne diplomatique qui inaugure si cardinalsi de Retz non plus ne dérive en rien de
Com-
glorieusement son règne personnel.Mais comment "nt Louis XIV, car c'est dans le demi-exil deadmira-
pourrait-on lui en laisser à lui seul le mérite, ite, mercy et loin de la cour qu'il a écrit ses
comment pourrait-on contester la grande part qui bles jMëmoi~. Il a puisé dans l'esprit du coni-
en revient à Lionne, lorsqu'on voit, roi à la mort de mencement du siècle cette libre allure,lecette lan-
passionné,né, ) fierté dans la pensée, cette hardiesse dans
ce ministre, le roi habile devenir un
gage, ces rudes et primitives qualités qui !e dis is- ce pauvre peuple, il faudrait fui faire l'aumône
tinguent. Son génie ne s'est pas laissé énervet er )e nourrir. La France entière n'est plus qu'un et
par l'exquise politesse et l'élégante régularité queM grand hôpital désolé et sans provisions..EtVau-
Louis XIV met en honneur. TI ne serait pas plus
M ban écrivait en )M La dixième partie du
exact d'attribuer à Louis XIV la moindre inftnence ce royaume est réduite à la mendicité et mendie
surun autre auteur de mémoires, Saint-Simon, et effectivement. Mais
écrivain si original et si sévère qui, mécontentcet le la vérité étaient traités
de
ces audacieux défenseurs de
eon peu d'importance sous un roi auprès duquel
d'esprits chimériques et
l'effaçaient des courtisans qui ne le valaient
el tombaient en disgrâce. Leur témoignage n'était
s'est dédommage de ses froissements par ses ré- pas,s, pas mieux accueilli de Louis XIV qu'il ne l'a été
6- ensuite des historiens officiels. Heureusement
cits, et, portant la tumière dans tes recoins des
plus retirés et tes plus sombres de cette courles 's chercheurs patients et consciencieux sont venua
H depuis, qui se sont Uvrés à de minutieuses
<i
brillante à la surface, en a montré les pompeux en-
ridicules et tes misères cachées. tx quêtes et ont montre, par des travaux récents
et
Racine, Féneion, M"' de Sévigné, Boileau et La incontestables, ce qu'était cet ancien régime que
vantent ceux qui en regrettent les privilèges ré-
Bruyère, tels sont les seuls écrivains qui
tiennentvraiment au règne personnel de Louis XIV. serves à quelques-uns, et que beaucoup jugent
appar- r-
encore enseigne éclatante et
Or, parmi ces grands écrivains, il en est deux
moins qui n'ont pas subi l'influence du roi t'un
au UH était, d'ailleurs, dans la destinée detrompeuse.
Louis XIV,
Féneion. qu'ii nommait un bel esprit chimérique. li d être le pire ennemi du système de gouverne-
et dontla plupart des idées sont une protestation ment qu'ilti représentait, et de préparer par ses
peu déguisée contre les opinions dominantes,
n actes pour l'avenir des résultats diamétralement
i, opposés
contre le faste de la cour, contre ie goût dess la religion au but qu'ii poursuivait. H voulut anermif
conquêtes l'autre, La Bruyère, qui atoujoursvécu consciences, catholique il l'ébranla en troublant les
a
loin de la cour, et qui assurément n'a pas été ins- g'ques subtiles en provequant dos querelles théoto-
piré par Louis XIV dans son horreur pour la 1) voulut faire de et en persécutant les protestants.
a la noblesse le plus ferme sou-
guerre et dans ses éloquentes réclamations en fa-
veur des paysans si malheureux alors.
tien
dans
du trône il la déconsidéra en lui imposant
En réalité, legénienes'épanouitquodansune ère la cour une servitude abjecte et recherchée.
e et multipliant
de tiberté. Les quatre grands siècles littéraires de la voulut détruire les charges qui anoblissaient. Il
en
France ont eu pour point de départ, le premier,t l'autorité des parlements en
ie xvf siècie. le grand mouvement dans les idées lui-même remettant à celui de Paris son testament, il la fit
produit par la Réforme le second, tes troubles faire oublier dans rentrer dans la voie politique. Il voulut
de la Fronde le troisième, la mort de Louis XIV scandales qui avaient la dernière partie de sa vie les
le quatrième, la chute de Napoléon. Louis XIV
a !?*
eu la bonne fortune de recueillir une moisson dévotion mensongère augmenter
marqué la première il ne
l'hypocrisie et à créer une
et superCcieHe.
glorieuse, mais qu'il n'avait pas semée. Grâce L placer hors de toute atteinte l'autorité du Ilmonarque: voulut
poids dont ii a pesé sur les esprits, à la fécon- au
dité puissante de la première moitié du siècle ccendre est avec lui que la monarchie commença à des-
succédé la plus complète stérilité. Les auteurs a cette pente de décadence sur laquelle elle
dont l'esprit et le caractère se sont formés ne s arrêtera plus jusqu'à la Révolution. Enfin, il
sous voufut
le règne de Louis XIV sont Racine le fils, Campis- entrepris de apprendre au monde teut ce qui peut être
tron et Jean-Baptiste Rousseau. grand par la centralisation de tous
les pouvoirs entre les mains d'un
Il serait pourtant injuste de ne
pas accorder lité, tl a démontré, sans que, hélas seul s'en en réa-
une petite part à Louis XIV dans les grandes on soit
choses accomplies par Colbert et Vauban avant toujours souvenu en France, à quelles catastro-
phes s'exposent les nations qui
que ces deux immortels conseillers fussent tom- un seul homme.
bés en disgrâce. Les ordonnances sur tes
forêts, sur le commerce et
tion de la compagnie dessur
eaux et v~~y~
la marine la créa- X\VII-XXVIU.
Indes occidentales
se sont livrées à
l'Marius Topin.1J
Histoire de France,
Ce prince était l'arrière-pctit-
plus tard de la compagnie des Indes orientaleset his cinq
de Louis XIV. Parvenu au trône à l'âge de
les frontières de l'est et du nord défendues ans, il a passé sa vie et son règne dans une
par perpétuelle minorité. Le régent Philippe d'Ortéans
un triple rang de forteresses Rochefort construit (1~6-1723),
Brest et Toulon armés l'agrandissement du Jar-cardinal do le duc de Bourbon (t723-)726~ le
din des plantes, la construction de l'Hôtel des Fleury (1726 n4:i). des ministres obs-
Invalides et de l'Observatoire le château de Ver- curs, des favorites, le due deChoiseul ()756-1770)
sailles édifié Paris éclairé, pavé et rendu à la 1774) tes~tMmct~d'Aiguii)on,Maupeou et Terray(('!7<)I
sécurité par l'organisation d'une police forte la 1heureux règne,ont dirigé les affaires de l'Etat. Sous ce mal-
générosité du roi s'étendantjusque sur les artis- stons religieuses le désordre desnnances. les discus-
t
tes et les savants étrangers la'fondation de l'é- ( ultramontains, les entre les jansénistes et jésuites
les
cole de Rome, de l'Académie des sciences et de ou tes
1
revers inouis de nos armées,
écnts des philosophes, et surtout l'abaissement
celle des inscriptions la réorganisation de la bi- iincroyable de la royauté et de la noblesse, de-
bhothèque royale enrichie tout cela témoimera
toujours en faveur de Louis XIV, jusque dans la Les dernières la ruine de la monarchie.
vaient
< provoquer
postérité la plus reculée. années du règne de Louis XIV
Mais ces mesures utiles, ces créations grandio- avaient
a fatigué la France. Aussi applaudit-elle avec
ses, ces splendeurs éclatantes dissimulent trop aux ment,
t
transport à l'avènement du jeune roi. Le parle-
yeux des historiens officiels l'état de misère profonde E heureux de casser te testamentde Louis XJV.
dans lequel était le peuple écrasé d'impôts et lit- de qui
q nommait régent le duc du Maine, fils de .\)°"
d Montespan, avait donné la régence
téralement réduit à la mendicité. De loin en loin dd'Orléans. L'opinion au duc
s élevaient quelques voix éloquentes et courageu- publique réclamait d'ailleurs
réaction contre le gouvernement précédent.
ses qui portaient au roi la vérité. « La plus grande uuneL parlement de Paris avait hâte de
Le
partie des habitants de province (le Dauphiné) p recouvrer ses
n'ont vécu que de pain,made glands et de racines, prérogatives, jadis confisquées la haute nobte-se
si longtemps éloignée des affaires
si
et présentement on les voit manger l'herbe des tres bourgeois. par des minis-
prés et 1 écorce des arbres, » écrivait. Lesdiguières d ti réclamait et obtenait l'institution
des LonM:<< (17Hi), nouveauté dangereuse
en 1675. « Vos peuples, sire, meurent de faim, durable,
s écriait Fénelon. Au lieu de tirer d qui livrait àsoixante-dix ministres le etsecret peu
de l'argent de de d 1 htat. Au nom de la tolérance, le régent cessait
S~-n~ =~
~neMecntioncontrelesprotestants(éditdenn); Les
L luttes entre les prêtres et les magistrats pouvoir.
proscrivait les hypocrisies étaient
étai fatales à la religion comme au Pala-
au nom de la liberté, on
jusqu'à tomber dans J
Je ne crois pas, écrit en )1M la princesse ecclésiasti-
solennelles du dernier règne, ~ine qu'il y ait à Paris, tant parmi les personnes
<
que'que parmi les gens du monde, cent
Dubois, dont il avait fait un conseiller
d'Etat (171&), quc qui croient en
France un exemple funeste. qui qui aient la véritable foi et même de la Révolution,
donnait à la
~L"s~
le régent manifestait aussi par Notre-Seigneur.
Nol Au moment
A Hollande un royaliste écrira Le
l'extérieur, la réaction se clergé est définitivement
l'Angleterre et la parler.
des alliances avec l'Es- aboli.
abc On ne doit même plus en
(1711)t l'Empire (1718), et une rupture avec La royauté, entre les mains defavorites, Louis XV, de-
1
des la du-
pagne (1119). Méprisable. Dominé par
Louis XIV avait légué
suppressions
son successeur
d'offices et une
ch,
de
re-
vient
vie
chesse de Chateaurouxetses sœurs,
padour,
les
pa. affaireenfin
s de
Mm' Du Barry, le
l'Etat la plus
roi
coupable
M"'
témoigne
de
indifférence.
Pom-
pour
~SS~S.'S.?~ des La
remédier
fonte desparmonnaies. On créa même une chambre le! des
~F:X~
avantages
traitants, qui furent taxés Fr France ne retire que de médiocres (n33-H3.), de
de justice contre les guerres de la succession de Pologne
la successiond'Autriche (n~m8)
gu elle se couvre
de créer une ban- la dans la guerre de Sept ans, qui a pour
compagnies de trai- de honte
que qni se substituerait aux
tants. On devait lui accorder en outre grâce
le *°°~
à res-
S
conséquence
~~Choiseul(~6-nM)
Er
la perte de nos colonies (1756-1763).
donne quelque éclat
des compagnies de commerce, et, ces
Law à la monarchie par d'utiles réformes militaires, la
sur la confiance publique, (n6<).taréunionde
sources comptant et conclusion du pacte
procéderait au remboursement
de numéraire,
émettrait des billets tenant lieude la dette C'était~ïnrraine~ ca
la ta France (1166), et la conquête de la
~ccMseur: ~"capable d'A~
crédit. Elle parut tout d'abord dan- C, X Son
ruine de la Pologne et
la théorie du banque ton, X
10 assiste impassible à la
à fonder (1716) une
gereuse. Law se borna
particulière,qui deYtnt ensuite générale ~)-
Mississipi,
1 de la Turquie n772-1774).
fortune nationale et de
"D~~débac~d'~la
~'y~ ~t~s
suffisante. Le régent mourutétait irréparable.Nile ] classes une
comme
( dans
¡J. culer sur les disettea et
celui qu'on appelait
pour peuple, misérable dans les villes
les campagnes, accuse le roi de
jadis le bien-
~o~u~
tentées par les contrôleurs gé- Les passions violentes
~uet~dy ~~r~t~.u~ fin
fre. Les réformes
néraux Orry (lï30-IH5),
santes. L'abbé Terray
Machault
(n. 9-tn4) assuma,
(1~45-17!.4),
à la
banqueroute-
'k), j
s-
in
tA
ijets Ipacte de
grand
Voltaire,
mouvement
famine,
Rousseau et
17651.
se calment et disparaissentpour un temps dans le
philosophique que dirigent
les rédacteurs de l'E?icyclo révolu-
du règne, la responsabilité d'une monarchie-u
inutile. tion, mais ayant perdu la (L.-G. Gorraigne.]
S~=~S~
(1713) avait allumé entre re
une lutte qui ui
La bulle
les jansénistes et les ultramontainsElle XVI fim-l'~). Histoire de France,
~i~u~
Me devint vio- Louis de ce prince, petit-fil,
autant que la monarchie. de Soanen évêqueue XXIX-XXXI. Le règne
lente après la condamnation XV, peut se diviser ens
présidait M. de et successeur de Louis
S~
concile que à
d'Embrun, par un (1727). L'agitation passa
~enci~re~t fort décrie te la proclamation
la rue. de la République.
Paris. Le ~)n4-nH9 Pendant quinze ans. la royauté
interdits à
Trois cents prêtres furentr ordre exprès du roi, oi, essaie inutilement de réformer les abus. Le roi,
malgré de bonnes intentions, appelleetau secours
tandis les jansé- plein
5~
j30)t que philosophes les écono-
d'enregistrer la bulle (1
l'autorité royale au de la monarchie les
nistes frondaient ouvertementconvulsioataaaare.s). Le mistes.
cimetière Saint-Médard(les France accueillit avec un vif enthousiasme
La
~e~
exilé. Les magistrats continuèrent mt XV. Il avait épousé
le jeune successeur de Louis
~1~.
~°~
contre.les doctrines ultramon- Marie-Antoi-
néanmoins à lutter
exilés de nouveau, pour
)tir en 1770 l'archiduchesse autrichienne savait que le
ils furent 17 56t nette, fille de
Marie-Thérèse. On
Paris. En avec son père
=-E'
leurs attaquesdeux contre les curés de rui n'avait rien incapable,commun
on supprima chambres. L'attentat de Pierre re nouveau qui était mort
Damiens (17571 décida le gouvernement
à mettretre le Dauphin, personnage rappelait comme un éloge le surnom
furent expul- e~~O'n de « gros
parlement de Paris, que lui avait donné l'anciennedecour, simplicité, de
sés de France (1162). Lefaveurs du pouvoir, con- on- garçon mal élevé. » On parlait sa
sérieuses
comme pour s'assurer les et l'Encycla- l'étude. On se fé-
lais et réfléchies, de son goût pour gentilshommes,
~e 'enone~t tracassiëreet
tracassière et licitait d'avoir, « après tant de rois le travail. C'était
.on opposition
il ne renonçait pas à recommençaient dis- un roi qui sût estimer et honorer
son e
aigres IV, et
saint Louis ou un autre Henri
1763 d
sans but. Dès Les parlements furent
cent un nouveau mille traits
cussions sur les Bnances. célébrait à l'envi ses vertus par
supprimés (1771), et le chancelier
remplaça par de nouvellescours dejustice,qui sub-
sistèrent jusqu'à la fin du règne.
Maupeou les
'u~orda
l'on
~ub- ingénieux et touchant.s. » c~urdejustinerces
espérances, réduisit les dépenses de m maison, servait le
H
a se barricada d'honnêtes gens, son. respect ofaciel de l'étiquette, des impru-
'ton !-e.prfs
d'un contemporain, renvoya les ministres ~n' dences que la calomniea dénaturées plus tard (af-
"î'
selon
Louis XV, et, après des hésitations, de faire du collier, 1785).Et pourtant,
pousse, dit-un ~J?. malgré M~~e
-un, reine voulait devenir un personnage
par sa tante, Madame Adélaide, confia la direction
~M.deMaurepas.Cevieillard frivole, tion d~~i ?
devint, pour le malheurde la Francepoliti-
oie. de sa famille; sen intervention dans te* affaires et
connu surtout par ses épigrammes et ~n- b iues ne pouvait que hâter la Révolution ~en pu-
ses chan-
sons mordantes, appâta au contrôle générât
finances Torget, intendant de Limoges. philoso- des d'ailleurs ne pouvait désormais le mouve-
Le ministère de la guerre fut ment. La noblesse ~fichait des enrayer
f~
allemand
de Saint-Germain, un rude soldat, plus
que français, la marine à M. de
airs.
fut des sentiments révotutionnaires. Comme frondeurs et
la bour-
ius geoisie, comme )e peuple, elle désirait régime
un
Sartine
étrangèresM. de Vergennes. Le ine, nouveau. à la fondation duquel chacun
~e'
pensait
tueux Mate~herbe. devint ministre de la maison ver- mettre la main. Toutes les ambitions étaient dé-
ver-
h°~ honnêtes gens voulaient effacer son
hontes et les crimes du dernier règne. Un les
chainë~ La France était inondée de pamphlets,
de brochure., d'ouvrages de toutes sortM dans
mença par rappeler les parlements ()7T4). C'était com-
rm- citoyen proposait son plan de
une faute, car les magistrats ne ces'.ère.it désor' réforme et de gouvernement.
Mut
mais de lutter contre tesreformos devenues or- La royauté française tombait, mais tombait
'°"
cessaires, né- milieu des fêtes. Après Jo)y de Fleury, après d'Or- au
desquelles se liait la des- as- messon, Calonne (<?83.n~) épuisa le trésor
tinée m~me de ta royauté. pu-
Les dissipations de f~uisXVaraient~Mreaue- blic par ses prodigatités. La dette était augmentée
de 8 fallut convoquer une assem-
laissée P"- L.ais XIV. V. Mée de notables (février t787). Calonne
Il fallait l'éteindre. La
~)~~ "eedu Mtr'siÈcte. ra- posa d'accomplir les réformes de Turgot.leur pro-
~o"omittes.pMtMtaitcontre tra-
règlements de Colbert, qui entraTaient le les les éta.t trop tard. Le cardinal de BriM~ucce~eur Mais il
com-m- de Calonne, se chargea de présenter parlement
m~'7"
merce et l'industrie. l Il fallait réformer ces tnstitu-
malgré
Turgot tenta cette ~ve u- ides ordonnances réformatrices, et au
difficileaccepter.
Maurepas, la cour et les parle- 1 i.e parlement, conduit par de des
les faire
hommes
ments. a Point de banqueroute, avait-il écrit le- d'action,
° < 'M"
~~P~
au t 'e.stance(HS7-t78)i).JUfattutsup-
Duport, opposa au minis-
roi, pastentation
Il voulait établir un impôtd impôts, pas d'emprunts.»
tprimer tes chambres des enquêtes et des req~-
territorial frappant tous
tes citoyens, abolir tes jurandes us tes, t diminuer le ressort des parlements
donner enfin à la France agricole et tes maîtrises v
commerce des grains. tt tomba 776), et fut
la liberté du lu @
?~~ une P'e,
grand chambre devenue plus nombreuse.Onque la
qui n'était
de pro-
placé par Clugny, puis par Necker (octobre rem- tait t: s'écrouler la vieille organisation monarchique. sen-
Cetui-c. était un banquier de Genève, 1776).'t Brienne
B convoqua les Etats généraux
réalisé en France une fortune considérable. qui it
avait
Son Necker
mai
n donna sa démission (août pour le 5
)7X8)
grand mérite,aux S fut rappelé it mit tous ses soins à arrêter
combattu tes idées de Turgot
P'Ti'ëgtés, était d'avoir
la circulation des
s une u épouvantable famine Mu.ée par l'exportation
sur
grains. Financier habile, Necker était fort 's des
d grains, et la hausse subite des biés. Il n'eut
de popu~.té Ami des avide e ë pas
p le temps d. travaitt.r seul réformes. Les
tirer part. des besoins de laréformes, it songeait à Etats généraux se réunissaientau. à Versailles. La
des libertés au peuple. royauté pour procurerr R Révotution commençait.
qu'homme d'État, it voulait
Plus administrateur
surtout
dans la perception des impôts, réduire mettre l'ordre
r
e m
tes fraiss lu
~n~ 2' 1789-1792. N<ms n'insisterons pas tonme-
le Louis XVI pendant la Révo-
lution, à laquelle nous consacrons
considérables des régies, étabiir enfin t'équiiibre
entre les recettes et les dépenses, et faire savoire c.ahV c? ~o/M/M..). un article spé-
Incapable de s'as-
~rr'
au peuple que cet équitibre existait. Il lui fallutr S
cependant contracter des emprunts,
la guerre d Amérique.Il
pensa
avec honneur
fiance de la nation par la publication
t
socier
so
Constituante,
pour per- concessions
co
augmenter la con-l'étranger,
du fameux Pans.
t'é
franchement à l'œuvre réformatrice de la
tl chercha toujours à revenir
sur les
qu'il avait d(t faire. Bientût. n'espé-
1 rant plus vaincre la Révoiution sans l'appui de
il essaya de s'enfuir (1791). Ramené &
CoMp~-r~M )78)). C'était l'apologie P, il jura Bdétité à ta constitution/La Législa-
administration. Necker, de son tiv tive lui imposa un ministère girondin, l'obligea
de directeur des finances, déclarait contentait du titre déciarer
dé, la guerre à l'Europe (t7M), et finit à
.?~ les ministres qui l'avaient se supérieura le suspendre de ses fonctions. Lt Convention par
éaitcombté.~La recette CMédait la dépense de nonça l'abolition de la royauté (21 sept. )79')pro-
précédé. Le déftcit noi
et
dix m< i.ons. Ma~s ce résattat merveitiem envoya
Ma
em Louis XVI à t'échafaud (21 janvier n93).
pas clairement démontré. On ne voyait pas, mal- la
n'était Marie-Antoinette t'y suivit, au mois d'octobre de
gré de vraies économies et des réformes la même année. [L.-G. Gourraigne.]
nistranves. par quels miracles ie ministre état admi- j
LontB xyli. – Histotre de France, XXXI. –
arrivé; lui même semblait démentir, y F~ par le parti royaliste au fils de
en annon-
qu'il faudrait bientôt revenir au projet de Lo
Louis XVI. Enfermé au Temple
avec le reste de
Turgot, des privilèges en matière d'im- sa famille après le 10 août ]792, it fut séparé de
pot, et en effet, <) parait que )e dëacit samère en juillet n93, et placé d'abord sous la
sa
lement n_était pas comblé, mais s-éievai't~ non )«. sarde
~.J du cordonnier Simon (jusqu'en janvier 1794),
lions. (LavaHée. mil-
Français). Nocker dut de lasous
0~
puis la surveillance directe de commissaires
qmt[ertennn)stèrefmai!7Ht) Commune. Selon la version généraiemont
Alors commence une phase nouvelle dans mi! il mourut au Temple ie 8 juin 179~ ad-
moe,
toire de Louis XVI. M. de Maurepas l'his- pendant,
~'n ptusieurs historiens sérieni ont pensé ce-
et la reine prend meurt (.78.) que i enfant
~de~a~°"
prit de son mari. une grande innuence sur l'es- ~hH
Maho-Antoinetm avait une in-
A quoi tient la différence d'environ 2 jours Il est aisé de se rendre compte de cette diffé-
5 heure* que l'on constate entre la rëvoiution syno-
diqne de la tune et sa révoiution sidérate? Pour- rence, si l'on réûëchit que la terre tourne autour du
soleil, pendant que la lune tourne eUe-meme autour
quoi la lune met-elle plus de temps & revenir au de la terre. La lune étant nouvelle en L (Bg.
eoteU qu'à une étoile donnée? 2),
c'est que la ligne TL passe par le soleil quand
cette ligne sera, après une révolution complète lune se trouve à l'une des syzygies, c'est-à-dire
autour du centre de la terre T, revenue en T'L' à l'opposition ou à la conjonction.
parallèle à sa position première, la )'~t)0<M<:OK M- Les noeuds de la lune ne conservent pas la
dA-a~e sera accomplie; pour nous, le centre de la même position d'une révolution à l'autre; ils rétro-
lune correspondra au même point du ciel, à la gradent, c'est-a dire marchent en sens inverse du
m6meétoile. Mais la lune ne sera pas encore en con- mouvement de la lune. Ils accomplissent un tour
jonction ce n'est qu'aprèsun intervalle nouveau de entier dans une période de ttt ans 9/3 environ.
ï jours 5L'heures que, la terre étant en T" et la C'est dans une période un peu différente, de 18 ans
lune en la ligne T"L" passera de nouveau par 11 jours, que le soleil,!a lune et laterre se retrou-
te soleil, ou que, du moins, les deux astres au- vent dans une position identique, et qu'alors les
ront même longitude. éclipses qui ont eu lieu dans la période antérieure
L'orbite de la lune autour du centre de gravité se reproduisent à peu de chose près tes mêmes.
4e la terre considérée comme immobile est une Quelle est la forme de l'orbite lunaire? En mesu-
courbe dont le plan ne coinçide pas avec le plan rant jour par jour tes dimensions apparentes du dis-
de l'orbite terrestre. Son inclinaison sur ce der- que de la lune, on trouve qu'ellesvanent d'une façon
nier est égale, en moyenne, à 5° 8' 48". A chacune continue entre deux limites extrêmes, ce qui prouve
de ses révolutions, la lune coupe donc deux fois que la distance de ta terre à son satellite varie en
l'écliptique ce sont ces points qu'on nomme les sens inverse des dimensions du disque. L'orbite
no'MM l'un d'eux est e nœud <Meett<~Mf, parce qu'il n'est donc pas circulaire.C'est en effet une ellipse,
se rapporte au passage de la lune de l'hémisphère courbe ovale dont le centre de la terre occupe un
austral dans t'hemisphère boréal; l'autre est le foyer, <t dontle grand aie ne conserve pas dans
nœud descendant. C'est quand la lune est dans le l'espace une position invariable. La lune est au
voisinage d'un de ces nœuds ou à ce nœud m6me
éclipses,
p~e,
plus
quand elle occupe l'extrémité de l'axe la
voisine de nous; elle est à l'apogée, lort-
qu'ont lieu les phénomènes des parce
qu'alors seulement le soleil, la terre et la lune qu'elle se trouve à l'autre extrémité.
peuvent avoir leurs centres ou au moins une partie Quand nous disons l'orbite lunaire, nous enten-
de leurs points en ligne droite; et c'est par cette dons parler de la ligne que la lune trace à chacune
raison que le plan de l'orbite de la terre a été de ses révolutions, dans i'hypothèse de l'immobi-
nomme écliptique; il faut que la lune soit dans lité de h terre. C'est cette courbe qui est affec-
ce plan pour qu'il y ait éclipse. Seulementla con- tée, dans set eMmentt, d'une série d'inegatites
dit4on n est pas suffisante: il fant encm'e que la ou perturbations dont nous n'avons pas a parler
ici, et dont s'occupent les astronomes qui étudient soleil, d'où il suit que !t distance du soleil est
la théorie de la lune. Mais, en réalité, puisque environ 385 foM plus grande que celle de la lune.
la terre se meut autour du soleil, en même temps En rappelant ces donnée* d'astronomie, le pro-
que son satellite gravite autour d'elle, la courbe fesseur pourra, à l'aide de comparaisons famiiiè-
que trace la lune dans l'espace est fort com- res, essayer de les graver dans la mémoire des
pliquée c'est une suite de courbes sinueuses de enfants. Par exemple il leur fera calculer le temps
forme cyclotdate, présentant leur concavité au que mettrait un train express de chemin de fer
soleil. établi entre la terre et la lune ils ne trouve-
Quel est !e rapport des distances de la terre à raient guère moins de 300 jours; un boulet de
la lune et au soleil, ou si l'on préfère, quelle est canon, conservant sa vitesse initiale de 500 mètres
la distance de la terre à la lune, mesurée en par seconde, mettrait environ 8 jours 5 heures à
rayons du globe terrestre? C'est un problème qui franchir la même distance. Enfin, le même projectile
a été résolu approximativement par les anciens, mettrait près de 10 années pour arriver au soleil.
mais dont le calcul exact, avec les procédés de me- Dimensions de la lune. La distance de notre
sure de la science moderne, n'onre pas de diffi- satellite étant connue, un calcul très simple per-
culté sérieuse. On a trouvé le nombre 60.2Ï3, c'est- met, d'après ses dimensions apparentes (3!' S* ou
à-dire
que le centre de la lune, à sa distance à peu de chose près le diamètre apparent du so-
moyenne de la terre, et le centre de notre globe leil), de calculer ses dimensions réelles. Son dia-
sont séparés par un intervalle d'un peu plus de mètre est égal a0.2t3 rapporté au diamètre équa-
60 rayons équatoriaux terrestres et 1/4. C'est envi- torial de notre globe c'est un peu plus du quart.
ron 384 500 HIomètres, ou 96 125 lieues. A l'apo- En considérant la terre et la lune comme sphé-
gée, la distance de la lune est plus grande, et au riques, on trouve, pour la surface de notre salel-
périgée, plus petite la différence, en chacun de ces lite, le treizième environ de la surface terrestre
cas, est des 55 millièmes de la distance moyenne pour son volume, entre le 49* et le 50° (flg. 4).
c'est ce dernier nombre qui exprime la valeur de Traduisons en unités kilométriques ces nombres
t'excentricité de l'orbite lunaire. Il s'agit ici des relatifs. Le rayon de la lune mesure 1 T40 kitom.,
distances des centres si l'on voulait obtenir les soit 435 lieues son diamètre, 3 480 kilom. ou 870
distances des points les plus rapprochés des sur- lieues. Enfin sa surface évaluée en kilomètres
faces des deux astres, il faudrait ôter, des nom- carrés donne le nombre approché 38 000 000 c'est
bres cités, la somme des rayons de la lune et de près de 4 fois la superficie du continenteuropéen,
la terre, soit environ 8 120 kilomètres. un peu moins que celle de l'Asie c'est un excès de 8
La figure 3 représente la distance de la lune millions sur la surface du continent africain.
à la terre en proportion exacte avec les rayons Mouvement de rotation de la lune. La lune,
des deux astres. Il est bon de rappeler qu'il y a comme tous les corps célestes de notre monde so-
environ 23 200 rayons terrestres de la terre au laire, est seumise, dans son mouvement de trans-
lation ctreamtMrestre, aux lois de Kép)er, ou plus grande. Il tourne au contraire, si ces divers point*
jnctHment aux toi* de la gravitation. A-t-elle, sont successivement présente* à tous les pointa
comme tous, ces autres, un mouvement do rota- d'une circonférence qui l'enveloppe. Or, la lune
tion sur ette-meme ? C'est ce que examen de sa est dans ce dernier cas, par le fait de son mouve-
surface permet de décider, même sans qu'il soit ment de circulation autour de la terre l'une quel-
besoin do faire usage de télescopes. Les taches conque des taches qu'elle nous présente sans
du soleil, celles qu'on aperçoit sur Mars, sur cesse est donc successivement tournée vers des
Jupiter, ont permis, par l'étude de leurs déplace- points différents de l'espace, et cette circonstance
ments apparents, de leurs retours à la surface des particulière de la permanence qui caractérise la
disques, de constater et les mouvements de rota- face dirigée vers nous ne prouve qu'une chose,
tion, et leurs directions et leurs durées. à savoir que la durée de son mouvement de rota-
En examinant les taches de la lune, on ne tarde tion est précisémentégale à la durée de son mou-
pas à être frappé, comme le furent les astrono- vement de révolution. Son jour tMM)'a/ est de 27
mes anciens, de leur fixité relative. La lune sem- jours 12 heures, son jour solaire est de M jours
ble présentertoujours les mêmes taches, dans des 5 heures.
positions identiques,relativementà la terre c'est, L'ave de rotation de la lune est presque per-
en un mot, toujours la même face (ou a. peu près) pendiculaire à l'écliptique, de sorte que, quand
qu'elle nous montre. En faut-il conclure, comme elle est à ses nœuds, c'est-à-diredans l'écliptiquo,
on le fait souvent avant d'y réfléchir, que le globe on aperçoit également de la terre le pôle boréal
lunaire n'a pas de mouvement de rotation? Tout et le pôle austral de notre satellite; mais quand
au contraire. En effet, un corps est dépourvu de elle s éloigne des nœuds, et atteint sa pins grande
mouvement de rotation, lorsque, quel que soit élévationau-dessus ou au-dessous de l'éeliptique,
son mouvement de translation dans l'espace, ce c'estra-dire sa latitude maxima, c'estl'un ou l'autre
sont toujours les mêmes points de sa surface qu'il des polas qui se trouve invisible de la terre, tan-
présenterait à un observateur supposé lui-même dis que l'on aperçoit au delà de l'autre pôle une cer-
immobile et placé à une distance suffisamment taine zone de la surface lunaire. Cette ossUlatioa
Fig. 5.–Cratèreslunaires.
montagnes de la lune les a fait, dès le début des dire, la surface de certaines régions lunaires.
observations télescopiques, considérer comme Un mot sur les dimensions des cirques. Les
ayant une origine volcanique ou éruptive. Peut-on plus grands atteignent en diamètre des dizaines,
les assimiler en effet aux formations volcaniques des centaines de kilomètres. Le cratère Schickardt
terrestres? Une assimilation complète parait diffi- mesure d'un bord à l'autre 256 kilomètres. Platon,
cile, quand on songe aux dimensions énormes Ptolémée, Hipparque, Copernic, Tycho sont des
d'une grande partie des cirques. Ce qui est pro- cirques qui ont depuis 180 jusqu'à 90 kilomètres
bable, c'est que leur formation est due à l'action de diamètre. Les plus petits cratères ont à peine
des forces internes qui, s'exerçant sur l'écorce du un kilomètre. Quant aux hauteurs des montagnes,
globe lunaire alors que celui-ci était nouvellement chaines, remparts des cirques, pics isolés, elles
solidifié, brisèrent cette écorce suivant les lignes sont également considérables. Les remparts du
de moindre résistance, c'est-à-dire suivant des pe- cratère Newton dominent le fond intérieur de
tits cercles de la sphère, et formèrent, par soulè- pius de 7000 mètres. Clavius, Casatus, les monts
vement, les remparts en partie disloqués aujour- Doerfe! et Leibnitz mesurent de ÏOOO à 7200 mè-
d'hui qui simulent des chaînes de montagnes. Plus tres d'altitude; Tycho a 5000 mètres, et Eratos-
tard, par le fait d'une consolidation plus com- thènes, 4800. Ces hauteurs sont, relativement aux
plète de l'écorce, et aussi par l'affaiblissement dimensions du globe lunaire, plus grandes que
de la force expansive des gaz intérieurs, de celles des montagnes de la terre les plus éle-
nouveaux soulèvements eurent lieu, et cela sur vées.
une échelle progressivement décroissante, jus- Tels sont, en négligeant des particularités fort.
u'aux plus petite cratères qui criblent, pour ainsi curieuses, les caractères de l'orographie de la
tnne. !t aont reste, pour achever de donner une environ de l'intensité de la pesanteur & h Mrfae<
idée de sa eonatttntion physique, & transcrire quet- de la terre.
ques donnée* astronomiques et météorologiques. Le mouvement de rotation de t* lune, combiné
D'après les calculs les plus réeenta, la masse de avec celui de translation autour de la terre, dé-
t* tMe Mt égale à la 8i* partie de la masse de termine i sa surface les m6mea phënomènet de
h terre c'eat une quantité eniriron M millions jour et de nuit que noM avons io. Mais la durée
~tTob ptM petite que la masse du soleil. Quant en est considérablement plus grande. Dans lei
à M deMtté, elle <arp*Me un peu les 6 didëme! régionB équatoriates de la lune, le jour dure 35t
<!e la de!KM de notre globe. Rapportée ft. l'eau, heures environ, et & cette jonraee si longue tac-
eUe est égale 9.30; c eat la deMMé de pittsienn) cède une nuit de même durée.
minërMt de la crotte terrestre, et MMi des mé- Pour se faire une idée exacte de. enet< qu'une
téorite< da type commun. A t* mrftce de la lune, aussi longue présence et une pareiUe absence
t'intensité de la pesanteur n'est que le tittème de* rayoM solaires sur an même horizon doivent
ftj{. 6. – La tant à un premitt quartier (vue dans une luette tMTtKMt ttt objets).
produire à la surface de notre satellite, il faut y
étoiles, par l'effet du mouvement diurne, sont
joindre cette circonstance, que la lune n'a pointoccultées par son disque. Cette preuve négative
'd'atmosphère et pas d'eau, et qu'ainsi les rayons
indique tout au moins que l'atmosphèrelunaire,
<le lumière et de chaleur n'ont eu à traverser, si elle existe en effet, est d'une rareté exces-
quand ils frappent le sol, aucun milieu absor- sive.
bant, gazeux ou vaporeux. Pendant la nuit, le Quant à l'absence d'eau, elle résulte de la par-
rayonnement s'enectue donc dans les espaces faite netteté avec laquelle tous les détails de la
célestes avec une intensité extrême. A la chaleursurface' s'observent de la terre. S'il y avait de
directe de près de quinze jours d'un soleil ardent,
l'eau, rivières, lacs ou mers, la faiblesse ou la
succède le froid dune longue nuit absolument nullité de la pression atmosphérique en rendrait
sereine, la vaporisation très facile, dés se forme-
La lune est, en effet, comme nous venons de le raient et en quelques points nuages
absorberaient la
dire, privée d'atmosphère, comme le prouve l'ab- lumière, masqueraient de taches plus brillantes
Mnee de tonte rë&aetion observable, lorsque les ou plus sombres, suivant les cas, les accidenta si
minutieux de la surface du sol. Or, rien de pareil Le public n'en demande pas si long. Les culti-
n'a jamais pu être observé. vateurs, les marins et nombre de gens avec eux,
La météorologie de la lune, d'après tous les ont coutume de fonder leurs prédictions météoro-
éléments que nous venons de passer en revue et logiques sur l'âge de la lune; que l'événement
qui touchent à sa constitution physique, est donc les trompe ou non, ils ont foi à cette influence
probablement fort différente de la météorologie tous les raisonnements ne les convaincraient pas
terrestre. Il parait peu probable que notre satpl- de leur erreur. [A. Guillemin.)
lite possède actuellement des êtres organisés, LUXEMBOURG. Nom d'une famille qui a
soit végétaux, soit animaux, et les habitants de donué cinq empereurs à l'Allemagne.
la lune, dont on a si souvent parlé, sont tout au Henri VII, Histoire générale, XIX, était
moins très problématiques. comte de Luxembourg lorsque les électeurs le
Influences de la lune sur la <eyye. La lu- choisirent pour succéder à Albert I" d'Au-
mière que la lune réfléchit vers la terre, et qui triche (1308). Reprenant les projets des empe-
n'est autre que celle du soleil, sans modification reurs de la maison de Souabe, il passa les Alpes en
appréciable au spectroscope, sert à éclairer nos 1310 à la tête de quelques soldats pour se rendre
nuits, à la vérité d'une façon bien imparfaite, c'est- en Italie, où Dante l'appelait comme un sauveur.
à-dire bien inégale ou irrégulière. Mais c'est la Le pape Clément V l'excommunia, mais avec l'ap-
moindre des influences que notre satellite exerce pui des Gibelins il put se faire une armée, et
sur le globe terrestre. essaya de reconquérir le royaume de Naples. 11
En premier lieu, la lune agit sur la terre par mourut avant d'avoir réussi, en 1314, empoisonné
sa masse. Combinée avec l'action de la masse du par un moine. Son fils Jean l'Aveugle, qui avait
soleil, l'action de la masse lunaire produit la pré- épousé l'héritière du royaume de Bohême, ne lui
cession des équinoxes, dont la période est, comme succéda pas comme empereur; la couronne impé-
on sait, de 26000 années environ; seule, elle dé- riale passa sur la tète de Louis de Bavière. Mais
termine la nutation, autre phénomène astronomi- à la mort de celui-ci, elle revint dans la maison
que dont la période est de 18 ans 2/3. de Luxembourg, par l'élection à l'empire du roi
Ces deux influences tiennent à la forme aplatie de Bohême Charles, fils de Jean l'Aveugle.
de notre globe, au bourrelet équatorial qui en
résulte.
–
Charles IV. (V. Charles 71~, empereur d'Al-
lemagne, p. 382.)
Une autre influence beaucoup plus manifeste est Wenceslas, Histoire générale, XX, fils
l'action de la masse de la lune sur les eaux de de Charles IV, devint à la mort de son père (1378)
l'Océan, laquelle se combine également avec celle roi de Bohême et empereur d'Allemagne. Livré à
du soleil, et produit les mouvements périodiques des vices honteux, il laissa l'empire dans une
des marées'.Bien que la lune soit 26 millions de complète anarchie, déchiré par des guerres pri-
fois moins pesante que le soleil, grâce à sa proxi- vées que la diète essaya en vain de faire cesser.'
mité, elle a sur les marées une action environ deux Cet empereur, que ses sujets appelaient l'/u?'ognc,
fois et demie aussi forte que le soleil lui-même. fut déposé en 1400; mais il conserva jusqu'à sa
Outre les marées océaniques, 1% lune produit, mort (1419) le gouvernement de la Bohême. Ce
pour les mêmes raisons, des marées atmosphéri- fut sous son règne, comme roi de Bohême, que
ques dont la période doit évidemment être la Jean Huss prêcha une réforme religieuse et que
même. Mais les observations les plus minutieuses commença la guerre des Hussites (V. CMO're des
et les plus prolongées n'ont permis de constater, Hussites, p. 92'!). Il eut comme successeur sur le
de ce chef, qu'une influence extrêmementfaible, trône impérial Robert de Bavière.
puisque la hauteur du baromètre n'en est affec- Josse, Histoire générale, XX, marquis de
tée au maximum, dans nos latitudes, que de la Moravie,cousin de l'empereur Wenceslas, fut élu
18' partie d'un millimètre. A l'équateur, où l'ac- empereurà la mort de Robert de Bavière (1410);
tion est maximum, les variations dues à cette in- mais mourut après trois mois d'un règne sans
fluence de la lune ne dépassent pas 1 millimètre importance. Il avait eu pour compétiteur Sigis-
de pression. mond, frère de Wenceslas.
Ce n'est donc pas à cette cause qu'il est possi- Sigismond,– Histoire générale, XX, roi de
ble d'attribuer les changements de temps que l'o- Hongrie par son mariage avec la fille du roi Louis
pinion publique ou le préjugé veut à toute force le Grand, et frère de Wenceslas, fut élu empe-
considérer comme en dépendance avec les phases reur en 1410, en même temps que Josse, dont la
de la lune. Est-ce au rayonnement, lumineux, ou mort le laissa bientôt seul maître de l'empire.
calorifique, de cet astre qu'il est possible d'attri- Comme roi de Hongrie, il avait dû faire la guerre
buer des changements aussi considérables? Les aux Turcs, et avait perdu la célèbre bataille de
rayons lunaires ont une action chimique incontes- Nicopolis (1396), malgré le secours que lui avait
table, puisqu'ils permettent de très belles repro- apporté une armée de chevaliers français (V. /~oM-
ductions photographiques des phases du disque </fM). Le grand schisme d'Occident (V. Papauté)
mais cette action agit sur,.des substances chimi- agitait alors l'Europe catholique; le concile de
ques spéciales, non sur les gaz de l'atmosphère. Pise (1409) n'avait fait que l'aggraver, pour y
Quant à la chaleur, elle existe et a été mesurée. mettre fin, Sigismond fit décider la réunion du
Melloni et d'autres physiciens, en concentrant la concile de Constance (1414). On sait que Jean
radiation de la lune à l'aide de miroirs ou de len. Huss, cité a comparaître devant le concile, y vint
tilles, ont obtenu des indices d'une augmentation muni d'un sauf-conduit de l'empereur, et que ce-
sensible de température. Peut-être, aux limites lui-ci, au mépris de la parole donnée, laissa en-
de l'atmosphère, avant l'absorption due aux con- suite brûler vif le réformateurdont le concile avait
ches de cette enveloppe, la chaleur qui provient condamné la doctrine. En 1419, la mort da Wen-
des rayons de la lune est-elle assez grande pour ceslas fit passer la couronne de Bohême sur la
expliquer des changements notables rien n'est tête de Sigismond, qui eut alors à combattre la
prouvé encore à cet égard. Il faut ajouter que les redoutable insurrection des Hussites (V. Guerre
savants qui ont fait des hypothèses sur l'influence des Hussites, p. 924), contre lesquels échouèrent
de la lune sur le temps, n'ont pas établi d'une pendant quinze ans toutes les forces de l'empire.
façon certaine qu'il y ait une relation entre les Ce ne fut que grâce aux divisions des Bohémiens
phases de la lune et les changements de temps, que Sigismond, après la chute du parti taborite,
vents ou pluies, pression barométrique,tempéra- parvint à se faire reconnaître comme roi do
ture, etc. C'est cependant par là qu'il faudrait Bohême en souscrivant aux conditions que lui im-
commencer. posèrent les Hussites du parti M~'HOMis<e. Il mou-
rut en 1438, et avec lui s'éteignit la maison de moyen âge, la poésie commencé par le chant.
Luxembourg. Albert d'Autriche, son gendre, lui Homère a immortaliséa les aèdes helléniques qui
succéda sur le trône impérial. charmaient la cour des rois grecs par des chants
LYMPHE. Zoologie, XXXIV. -Les vaisseaux improvisés aux accords de la lyre deux mille ans
lymphatiques constituent un appareil vasculaire plus tard, les troubadours et les trouvères allaient
distinct du réseau capillaire sanguin, circulant de château en château, le luth ou la harpe en main.
dans tout l'organisme et venant déboucher, par C'est à ces antiques souvenirs qu'il faut remon-
deux canaux, dans les veines sous-clavièresgauche ter pour expliquer le terme de Fo~te /yrt~ue.
et droite.
j
¡
Etymologiquement et historiquement la poésie
Certains de ces vaisseaux lymphatiques rampent lyrique est avant tout un chant; la lyre dont
sous la muqueuse de l'intestin pour y former un 8 accompagnait le poète primitif a disparu, mais
système distinct, celui des vatsseaux chylifères. elle a donné à cette poésie son caractère distinc-
chargé de l'absorption intestinale. Tous les autres, tif entre la poésie épique et la poésie dramatique.
constituant les vaisseaux lymphatiques propre- Elle n'a ni les longs et majestueux développements
ment dits, recueillent dans tout l'organisme des de l'épopée, ni la saisissante viwcité du drame;
produits provenant soit de la transformation des mais, par un charme analogue à celui de la musi-
tissus, soit de l'excédant du liquide cédé par les que, elle exprime les sentiments les plus intimes,
capillaires aux organes pendant l'acte de la nutri- les plus profonds de l'âme humaine. Joies et
tion générale. Le liquide en circulation dans les douleurs, espérance et souvenir, fièvre du com-
chylifères s'appelle le chyle; celuiquetransportent bat, orgueil du triomphe, élans du patriotisme,
les lymphatiques se nomme la /ym~f. ivresse des passions, langueurs de la rêverie,
L'étude du système chylifère et celle du chyle tralnements de la volupté, enthousiasme de en- la
ont été faites avec celle de l'absorption intesti- vertu, illusions de la jeunesse, tendresses et fu-
nale (V. ~~orphott); nous n'avons donc ici qu'à reurs de l'amour, amertumes du remords, tris-
nous arrêter quelque peu aux lymphatiques vrais. tesses du deuil, jeux cruels de la fortune, éter-
L'origine de ces canaux dans les tissus est peu nelle instabilité de l'homme, inquiétudes ineffables
connue; ils paraissentd'abord longer les vaisseaux et curiosités inassouvies de lame humaine, tel
capillaires auxquels ils adhèrent, puis ils forment est l'objet de la poésie lyrique. Elle peut vraiment
des troncs libres et, après avoir traversé plusieurs dire comme le poète rien de ce qui est humain
glandes ou ganglions lymphatiques où ils forment ne m'est étranger. A la différence des autres for-
MS enchevêtrements pelotonnés avec des capil- mes de la poésie, celle-ci n'est pas un langage
laires sanguins, ils débouchent ou bien dans l'ap- exclusivement réservé à certaines conditions de
pareil veineux par l'intermédiaire de la grande l'homme ou de la société, assujetti à des règles
veine lymphatique s'ouvrant dans la veine sous- rigoureuses, enfermé dans des limites infranchis-
clavière gauche, ou bien dans le canal thoracique sables. Elle a la richesse et la souplesse, l'éten-
par l'intermédiaire d'un seul vaisseau; de sorte due et la variété de l'âme humaine, dont elle est
que la lymphe est finalement mêlée an sang vei- l'écho le plus pur, le plus clair, le plus libre.
neux. mais tout près du cœur. Ce liquide n'est Car suivant une juste et vive image, la lyre dont
pas formé de déchets, mais bien de substances elle fait vibrer les cordes, à proprement parler,
n'ayant qu'à subir l'action de l'oxygène de l'air c'est le cœur de l'homme. Aussi le philosophe
pour redevenir propres à se fixer dans les tissus; Jouffroy a-t-il pu dire la poésie lyrique, c'est la
aussi, immédiatement après son mélange avec le poésie elle-même.
sang veineux (sang non nutritif), il est projeté par De cette dénnition même ressort l'impossibilité
le cœur dans l'appareil pulmonaire où, par la res- tout ensemble et l'inutilitéd'une classification mé-
piration, il sera en même temps que le sang vei- thodique des diverses formes poétiques comprises
neux converti en sang artériel. sous le nom de genre lyrique. Les noms qu'on leur
Le sang veineux est donc le sang privé d'élé- donne rappellent pour la plupart l'idée de chant
ments nutritifs; il s'est formé dans tout l'orga- les mots ode et hymne sont les équivalents grecs
nisme la lymphe est un produit de la désassimita- de chant, chanson, cantique. Ces petits poèmes
tion générale, mais contenant des éléments de ré- changent d'allure, de ton, de rhythme, de carac-
paration qui se mêlent au sang veineux au moment tère suivant qu'Us sont un chant religieux (psau-
où celui-ci va subir l'action de l'oxygène de l'air mes, hymnes, cantiques), un chant de guerre, un.
Mus la muqueuse respiratoire et le chyle est un chant de fête ou de triomphe (dithyrambe, péan),
liquide provenant de l'absorption digestive, conte- un chant d'amour (ode anacréontique, romance,
nant aussi des éléments de réparation et se com- chanson, etc.), un chant de douleur (élégie,
portant comme la lymphe. Lhrène, etc.). Quelques-uns jaillissent du fond de
La structure des vaisseaux lymphatiques est 'âme sans effort et sans règle, expression natu-
celle des vaisseaux chylifères, et la lymphe a relle et naive du sentiment d'autres prennent
beaucoup d'analogie avec le chyle. une forme convenue et se plient à des conditions
Chez certaines personnes ayant la peau fine et métriques et rhythmiqpes tout artificielles (son-
blanche, les glandes lymphatiques sont sujettes à net, rondeau). M. Vapereau propose de rame-
des engorgements déterminantleur inflammation; ner tous les modes de poésie lyriqueà trois types
on dit alors que ces sujets ont le tempérament < l'hymne, l'ode et la chanson. L'hymnve, dont
lymphatique. Par suite d'accidents comme des le psaume et le dithyrambe sont dos variétés,
contusions ou des blessures, les ganglions du représente la poésie lyrique s'attachant à des su-
membre atteint peuvent s'enflammer et devenir le jets religieux, élevant l'âme vers la divinité et lui
siège d'une douleur qui cause une gène dans les adressant des hommages ou des actions de grâce.
mouvements du membre tout entier. La poésie lyrique garde le même nom quand elle
Enfln il est bon de savoir que, lorsque une plaie exprime le sentiment patriotique. Le mot hymne
(coupure, brûlure, etc.) se cicatrise, le travail de réveille l'idée d'une manifestation collective du
réparation se fait aux dépens d'un liquide visqueux sentiment religieux ou national. L'ode est l'ex-
que les éléments voisins de la partie malade pression de sentiments plus individuels et, sur
laissentexsuder et qu'on nomme lympheplastique. des sujets variés, rappelle à l'esprit les formes
Ce liquide, qui permet aux organes élémentaires particulières du rhythme où s'est enfermée la poé-
du tissu disparu de se refaire, n'est pas identique sie lyrique. La chanson désigne, avec non moins
à la lymphe proprement dite. [G. Philippon.] de variété, des inspirations d'un ordre moins
LYRIQUE (Genre). Littérature et style, M. élevé et qui sont restées plus intimementunies
Dans l'antiquité grecque comme dans notre au chant.n
Nous n'entreprendrons pas d'esquisser l'his- PSACMECXXXr(PS.CXXXVIDBLAVLLGATE).
toire de la poésie lyrique à travers tous les âges
et chez les divers peuples du monde civilisé. (Sur les Psaumes, V. Israélites, p. 1063.)
Nous croyons mieux faire, pour donner une idée Au bord des rivières de Babel
des différentes formes du genre lyrique, de trans- Nous étions assis et nous pleurions,
crire ici quelques morceaux caractéristiques. En nous souvenant de Sion.
En consultant les articles spéciaux que nous con- Aux sautes de la campagne
sacrons aux diverses littératures.le lecteur trouvera Nous avions suspendu nos lyres,
d'ailleurs quelques détails sur la poésie lyrique Car là nos ravisseurs nous commandaient des pa-
chez les Indous, chez les anciens Hébreux, chez [roles de chant,
les Grecs et les Romains, enfin, chez les différents Nos oppresseurs des accents de joie
peuples modernes, et particulièrementen France. « Chantez-nous un cantique de Sion a »
– V. Inde, Israélites, Grèce, Latine (Littérature),
Littérature /ftn!fa!M, Troubadours, Allemagne Comment chanterions-nous le chant da
(au supplément), Angleterre (au supplément), Es- Sur la terre étrangère 1 jJéhowah
pagne, Etats-Unis, Italie, Scandinaves (Etats), etc. Si je t'oublie, Jérusalem,
Dans l'espèce d'anthologie nécessairement Que ma main soit oublieuse aussi
très sommaire que nous donnons ci-dessous, on Que ma langue s'attache à mon palais
tira la traduction d'un hymne du /i!S'a, d'un Si je cesse de songer à toi,
psaume, d'une ode de Pindare, d'un chœur Si je ne mets point Jérusalem
de Sophocle, d'une chanson populaire grecque, Au-dessus de toutes mes joies t
de deux odes d'Horace puis quelques mor- Garde, Eternel, aux fils d'Edom
ceaux qui permettront de suivre le développement Le souvenir du jour de Jérusalem,
des diverses formes de la poésie lyrique dans A ceux qui disaient Rasez, rasez,
notre littérature, en commençant à Charles d'Or- Jusqu'à ses fondements!1
léans, Marot et Ronsard, et passant par Malherbe, Fille de Babel, dévastatrice,
Jean-Baptiste Rousseau et Lebrun, pour aboutir Salut à qui te paie pour ce que tu nous as fait
à la splendide floraison de l'école romantique et du Salut qui saisit et écrase
lyrisme contemporain. Nous n'avons pas prétendu Tes nourrissons contre le rocher!
ne donner que des chefs-d'œuvre il fallait bien, (ï'<'aa'MC<:o?t de JM. ~MS~
pour n'être pas trop incomplet, citer quelques stro-
phes de certains lyriques du xvn* et du xvm' siè- PINDARE, XtV 0~!p:~MC.
cle, malgré les défauts d'une poésie toute de con-
vention et trop souvent déclamatoire. D'autrepart, (Sur Pindare, Y. Grèce, p. 9i0.)
nous n'avons pu accorder autant de place que nous Pour le jeune ~opt'e/to~, vainqueur dan.
l'eussions voulu aux poètes contemporains en le stade.
dehors des grands noms qui s'imposent, le man-
que d'espace nous a obligés à ne faire qu'un choix Strophe 1. Vous qui régnez sur les eaux de
très restreint parmi les talents aimés du pu- Céphise, habitantes d'une résidence aux beaux
blie. coursiers, ô Grâces, illustres souveraines de la
brillante Orchomène, protectrices des antiques
POÉS)E LYfUQUE ANCIENNE. Minyens, écoutez moi 1 Je vous implore. C'est par
vous qu'arrive aux mortels tout ce qui platt, tout
UN HYMNE BU MG-VËOt.
ce qui charme que l'homme est sage, qu'il est
beau, qu'il est renommé. Car les dieux eux-
(Le ~it~-V~a, ou Yëdit de la tonange, est le plus ancien mêmes, sans les Grâces vénérées, ne président
des quatre livres sacrés des Indous. L'hymne dont nous ni chœurs, ni banquets mais, arbitres de tout ce
dounons la traduction est le premier de la i" section). qui se fait dans le ciel, assises sur des trônes
près d'Apollon Pythien à l'arc d'or, elles rendent
A Agni (le feu). un hommage éternel au père de l'Olympe.
1. Je chante Agni, le dieu prêtre et pontife, le Strophe 2. Auguste Aglaé, Euphrosyne amie
magnifique Agni, héraut du sacrifice. des chants, filles du plus puissantdes dieux, exau-
cez mes vœux, et toi aussi, Thalie qui chéris les
2. Qu'Agni, digne d'être chanté par les richis vers, regarde cette pompe qui s'avance légère,
(poètes) anciens et nouveaux, rassemble ici les dans la joie du succès. C'est pour chanter Aso-
dieux. pichos dans mes hymnes, sur le mode lydien, que
3. Que par Agni l'homme obtienne une fortune je suis venu. Car la cité des Minyens a vaincu à
sans cesse croissante, glorieuse et soutenue par Olympie, grâce à toi. Va maintenant dans la noire
une nombreuse lignée. demeure de Perséphone, ô Echo porte à un père
4. Agni, l'offrande pure que tu enveloppes de cette glorieuse nouvelle vois Cléodème, et dis-
toute part s'élève jusqu'aux dieux. Ini que son fils, dans les vallons de Pise la fa-
5. Qu'avec les autres dieux vienne vers nous meuse, a couronné sa jeune chevelure des ailes de
Agni, le dieu sacrificateur, qui joint à la sasssse la victoire.
des œuvres la vérité et l'éclat varié de la gloire. SopHooLE, CAosMf de la <ra~:e <fCEa':pe&à Colone.
6. Agni, toi qui portes le nom d'Angiras, le bien
que tu feras à ton serviteur tournera à ton (Sur Sophocle, V. Grèce, p. 9 H. Le chœur
duisons, et qui célèbre les louanges de que nous tra-
l'Attique, est
avantage. celui que, selon la tradition, Sophocle, tgé de plus de
7. Agni, chaque jour, soir et matin, nous quatre-vingts ans. lut devant ses juges, lorsqu'il dut, en
ve-
nons vers toi, t'apportant l'hommage de notre réponse à l'action judiciaire que lui avaient intentée des
fils ingrats, prouver qu'il joutssait encore de la plénitude
prière. de ses facultés.)
8. A toi, gardien brillant de nos offrandes,
splendeur du sacrifice à toi, qui grandis Strophe 1. Etranger, te voilà dans le plus
du foyer que tu habites. au sein beau séjour de cette ccntrée riche en coursiers,
9. Viens à nous, Agni, avec la bonté qu'un père dans le blanc Colone. Ici le mélodieux rossignol
chante au fond des vallons verdoyants, caché sous
'M-
a pour son enfant: sois notre ami, notre bien-
(Traduction de Langlois.)
le lierre rougeâtre, ou d~s le bois sacré que nul
pied ne foule, impénétrable aux rayons du soleil,
et dont tes arbres chargés de fruits sont toujours Ce ruisseau fugitif dont l'onde transparente
respectés des orages là Dionysos aux joyeux Sur des cailloux polis en gazouillantserpente ?
transports aime à errer, entouré de ses. divines Fais-y porter du vin, des parfums et des fleurs,
nourrices. Des fleurs que nous verrons, hélas, sitôt fanées,
Antistrophe t. Là fleurit chaque jour sous la Et jouis doucement de ces belles journées
rosée du ciel le narcisse aux belles grappes, anti- Que te laissent encor les infernales sœurs.
que couronne des grandes déesses, et le safran Ces bois, ces beaux
dore. Les sources du Céphise qui ne tarit jamais vergers que le Tibre caresse,
Cet élégant
versent sans cesse une eau limpide qui court I) faudra les quitter; palais qu'éleva ta richesse,
dans la plaine et féconde ces fertiles campa- un héritier joyeux
gnes, où se plaisent aussi les chœurs des Muses Fils de
Dépensera tout l'or dont tu repais tes yeux.
et Aphrodite aux renés d'or. pauvre ou de roi, puissant ou sans asile,
Strophe 2. On y voit un arbre que ne possè- Nul n'échappe Pluton. Nos noms sont, tôt ou tard,
dent, dit-on, ni la terre d'Asie, ni la grande île Tirés tous sans pitié de l'urne du hasard
dorienne de Pélops (le Péloponëse~, un arbre qui Et la barque fatale à jamais nous exile.
vient delm-même, sans culture, effroi des lances (Traduction de M. Goupy.)
ennemies, et qui dans cette contrée s'élève vigou-
reux, l'olivier au feuillage glauque, nourricier de A la fontaine de Bandusie (livre III, ode xni).
l'enfance. Nul chef ennemi, jeune ou vieux, ne
pourra jamais le détruire et l'arracher, car sur lui 0 fontaine de Bandusie, plus claire que le cris-
veillent sans cesse le regard de Zeus, protecteur tal, digne d'ètre honorée d'un doux tribut de vin
des oliviers, et Athéné aux yeux bleus. et de fleurs, demain tu recevras l'offrande d'un
Antistrophe 2. J'ai encore à dire le plus beau chevreau à qui son front, armé de cornes nais-
titre de gloire de cette grande cité, le don d'un santes,
dieu puissant l'art d'élever et de conduire les Promet des amours et des combats. Promesse
coursiers, et de voguer sur les mers. 0 fils de vaine
Kronos, c'est toi qui l'as élevée ce degré do
gloire, souverain Poseidon par toi, elle a connu la fraîches,
car il rougira de son sang tes eaux M
le rejeton du troupeau lascif.
première le frein qui dompte les chevaux; par toi L'heure brûlante de la Canicule enflammée ne
le vaisseau poussé par la rame que gouverne une saurait t'atteindre tu offres une aimable fraî-
main habile vogue rapidementsur les flots, émule cheur aux boeufs fatigués d~ la charrue et au
desagiIesNéréides. bétail errant.
CHANSON D'HARMODIOS ET D'ARISTOGITON. Toi aussi tu seras comptée parmi les fontaines
illustres, car je chanterai l'youse qui domine le
(Cette chanson popntaire, composée en l'honneur des deux rocher
libérateurs d Athènes par auteur inconnu, se chan-
creux d'où jaillissent tes eaux murmu-
un rantes.
tait à Athènes dans tous les banquets comme une sorte
d'hymne national.) t POÉSIE LYRIQUE FRANÇAISE.
t.
Je porterai mon glaive dans une branche de myrte, RONDEAU.
Comme Harmodios et Aristogiton, Le temps a laissié son manteau
Lorsqu'ils tuèrent le tyran De vent, de froidure et de pluye,
Et qu'ils rendirent Athènes libre. Et s'est vestu de brouderie,
De souleil luisant, cler et beau.
2. Il n'y a beste, ne oyseau,
Cher Harmodios, tu n'es point mort, Qu'en son jargon ne chante, ou crie
Mais on dit que tu habites dans les îles des Le temps a laissié son manteau
[bienheureux De vent, de froidure et de pluye.
Où sont Achille aux pieds légers
Et Diomède, le fils de Tydée. Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie
3. Goutes d'argent d'orfaverie.
Je porterai mon glaive dans une branche de myrte, Chascun s'abille de nouveau.
Comme Harmodios et Aristogiton, Le temps a laissié son manteau
Lorsqu'àla fête des Panathénées De vent, de froidure et de pluye.
Ils tuèrent le tyran Hipparque'. CHARLES D'ORLÉANS(mort en 14GG).
4. DIZAIN.
Votre gloire sera éternelle, la reine de Navarre.
~1
Cher Harmodios, cher Aristogiton,
Parce que vous avez tué le tyran Mes créanciers, qui de dixains n'ont cure,
Et que vous avez rendu Athènes libre. Ont lu le vostre, et sur ce leur ai dict
a Sire Michel, sire Bonaventure,
HORACE, ODES. La sœur du Roy a pour moy faict ce dict. »
(Sur Horace, Y. l'article Latine [Littérature], p. li27). Lors eulx, cuydant que fusse en grand crédit,
A Dellius (livre II, ode m). M'ont appelé Monsieur à cry et cor,
Et m'a valu votre escript autant qu'or,
Toujours égal et ferme au sein de l'infortune, Car promis ont, non seulement d'attendre,
Défends-toides transports dont une âme commune Mais d'en prester (foy de marchant) encor,
Dans la prospérité se laisse enorgueillir, Et j'ay promis (foy de Clément) d'en prendre.
Dellius. Notre sort à tous est de mourir, CLÉMENT MAROT (mort en 15 H).
Soit qu'un sombre chagrin ait rempli notre vie,
Soit qu'au sein de la joie elle ait coulé gaîment, SONNET.
Et que, sur le gazon étendus mollement,
Un Falerne fumeux l'ait souvent embellie. Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épames
Vois-tu ces ormes verts, ces pins hospitaliers, Qui ne les eust à ce vespre cueillies,
Mariantleurs rameaux à de blancs peupliers? Cheutes à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain De sa puissance immortelle
Que vos beautez, bien qu'elles soient fleuries, Tout parle, tout nous instruit.
En peu de temps cherront toutesflaitries, Le jour au jour la révèle,
Et, comme fleurs, périront tout soudain. La nuit l'annonce à la nuit.
Ce grand et superbe ouvrage
Le temps s'en va, le temps s'en va, ma dame N'est'point pour l'homme un tangage
Las! le temps, non, mais nous nous en allons, Obscur et mystérieux.
Et tost serons estendus sous la lame, Son admirable structure
Et des amours desquelles nous parlons, Est la voix de la nature
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle. Qui se fait entendre aux yeux.
Pour ce aimez-moi, ce pendant qu'estes belle. 'Dans une éclatante voûte
RONSARD (mort en 1585). Il a placé de ses mains
Ce soleil qui, dans sa route,
PARAPHRASEDU PSAUME CXLV. Eclairetousieshumains.
N'espéronsplus,mon âme, aux promesses du monde, Environné de lumière,
Sa lumière est un verre et sa faveur une onde Cet astre ouvre sa carrière
Que toujours quelque vent empêche de calmer. Comme un époux glorieux,
Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre. Qui, dès l'aube matinale,
C'est Dieu qui nous fait vivre, De sa couche nuptiale
C'est Dieu qu'il faut aimer. Sort brillant et radieux.
En vain, pour satisfaire a nos lâches envies, L'univers, à sa présence,
Nous passons près des rois tout le temps de nos vies Semble sortir du néant.
A souffrir des mépris et ployer les genoux. H prend sa course, il s'avance
Ce qu'ils peuvent n'est rien ils sont comme nous Comme un superbe géant.
Véritablement hommes, [sommes, Bientotsamarcheféconde
Et meurent comme nous. Embrasse le tour du monde
Dans le cercle qu'il décrit;
Ont-ils rendu l'esprit, ce n'est plus que poussière Et, par sa chaleur puissante,
Que cette majesté si pompeuse et si fière La nature languissante
Dont l'éclat orgueilleux étonnait l'univers; Se ranime et se nourrit.
Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hau-
Font encore les vaines, [taines Oh que tes œuvres sont belles,
Ils sont mangés des vers. Grand Dieu 1 Quels sont tes bienfaits
Que ceux qui te sont fidèles
Là se perdent ces noms de maitres de la terre, Sous ton joug trouvent d'attraits
D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre; Ta crainte inspire la joie;
Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de Elle assure notre voie,
[flatteurs, Elle nous rend triomphants;
Et tombent avec eux d'une chute commune Elle éclaire la jeunesse,
Tous ceux que leur fortune Etfaitbrillerlasagesse
Faisait leursserviteurs. Dans les plus faibles enfants.
MALHERBE (mort en 1628). J.-B. ROUSSEAU (mort en 1741).
RONDEAU. LE LAC DE GENÈVE.
(Contre le livre de Benserade, les Métamorphoses d'OcMe écrit par Voltaire en arrivant dans sa
(Ce morceau fut
rondeaux.)
mt'My en campagne des Délices, près de Genève.)
A la fontaine où l'on puise cette eau 0 maison d'Aristippe, ô jardins d'Epicure,
Qui fait rimer et Racine et Boileau, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers,
Je ne bois point, ou bien je ne bois guère Ce qui souvent manque à mes vers,
Dans un besoin, si j'en avais affaire, Le mérite de l'art soumis à la nature;
J'en boirais moins que ne fait un moineau. Empire de Pomone et de Flore sa sœur,
Recevez votre possesseur;
Je tirerai pourtant de mon cerveau Qu'il soit, ainsi que vous, solitaire et tranquille.
Plus aisément,s'il ]e faut, un rondeau, Je ne me vante point d'avoir en cet asile
Que je n'avale un plein verre d'eau claire Rencontré le parfait bonheur
A la fontaine. U n'est point retiré dans le fond d'un bocage;
Il est encor moins chez les rois;
De ces rondeaux un livre tout nouveau II n'est pas même chez le sage
A bien des gens n'a pas eu l'heur de plaire; De cette courte vie il n'est point le partage;
M ais quant à moi j'en trouve tout fort beau U y faut renoncer mais on peut quelquefois
Papier, dorure, images, caractère, Embrasser au moins son image.
Hormis les vers, qu'il fallait laisser faire
A La Fontaine. Que tout plait en ces lieux a mes sens étonnés! 1
CHAPELLE (mort en 1686). D'un tranquille océan l'eau pure et transparente
Baigne les bords fleuris de ces champs fortunés
ODE.
D'innombrables coteaux ces champs sont couron-
Bacchus les embellit; leur insensible pente [nés
Les cieux instruisent la terre Vous conduit par degrés à ces monts merveilleux
A révérer leur auteur Qui pressent les enfers et qui fendent tes cieux.
Tout ce que le globe enserre Le voilà ce thé&tre et de neige et de gloire,
Célèbre un Dieu créateur. Eternel boulevard qui n'a point garanti
Quel plus sublime cantique Des Lombards le beau territoire.
Que ce concert magniftque Voilà ces monts affreux, célébrés dans l'histoire,
De tous les célestes corps1 Ces monts qu'ont traversés, par un! vol si hardi
Quelle grandeur infinie1 Les Charles, les Othon, Catinat et Conti,
Quelle divine harmonie Sur les ailes de la victoire.
Résulte de leurs accords 1
Que le chantreflatteur du tyran des Romains, Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine 1
L'auteur harmonieux des douces Géorgiques Un vaisseau la portait aux bords de Camarine
Ne chante plus ces lacs et leurs bords magnifiques, Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement
Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Dans les campagnes italiques. Une clef agitante a pour cette journée,
Mon lac est le premier c'est sur ses bords heu- Sous le cèdre enfermé sa robe d'hyménée,
Qn'habite des humains la déesseétemelle, [reux Et l'or dont au festin ses bras seront parés,
L'âme des grands travaux, l'objet des nobles vœux, Et pour ses blonds cheveux les parfums préparer
Que tout mortel embrasse,ou désire, ou rappelle, Mais, seule sur la proue, invoquant tes étoiles,
Qui vit dans tous les cœurs, et dont le nom sacré Le vent impétueux qui soufflait dans ses voiles
Dans les cours des tyrans est tout bas adoré, L'enveloppe étonnée, et loin des matelots,
La tiberté t J'ai vu cette déesse altière, Elle tombe, elle crie, eUe est au sein des flots.
Avec égalité répandanttous les biens, Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine!
Descendre de Morat en habit de guerrière, Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Les mains teintes du sang des fiers Autrichiens Thétis, les yeux en pleurs,dans le creux d'un rocher,
Et de Charles le Téméraire. Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Devant eUe on portait ces piques et ces dards, Par son ordre bientôt les belles Néréides
On tratnait ces canons, ces échelles fatales, S'élèvent au-dessus des demenres humides,
Qu'elle-même brisa, quand ses mains triomphales Le poussent au rivage, et dans ce monument
De Genève en danger défendaient les remparts. L'ont au cap du Zéphyr déposé mollement
Un peuple entier la suit sa nalve aHégresse Et de loin, à grands cris appelant leurs compagnes,
Fait à tout l'Apennin répéter ses clameurs Et les nymphesdes bois,des sources,des montagnes,
Leurs fronts so*t couronnés de ces fleurs Que la Tontes, frappant leur sein et traînant un tongdeuil,
[Grèce Répétèrent, hélas, autour de son cercueil
Aux champs de Marathon prodiguait aux vain-
queurs. « Hélas 1 chez ton amant tu n'es point ramenée,
C'est là leur diadème; Us en font plus de compte Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée,
Que d'un cercle a fleurons de marquis ou de comte, L'or autour de ton bras n'a point serré de noeuds.
Et des larges mortiers à grands bords abattus, Et le bandeau d'hymen n'orna point tes cheveux!
Et de ces mitres d'or aux deux sommets pointus. ANDBÉ CaÉMER (mort en t'!9~}.
On ne voit point Ici )a grandeurinsultante
Portant de l'épaule au coté LE VAISSEM Vengeur.
Un ruban que la Vanité
A tissu de sa main brillante; Au sommet glacé du Rhodope
Ni la Fortune insolente Qu'il soumit tant de fois à ses accords touchante
Repoussant avec nerté Par de timides sons le fils de Calliope
La prière humble et tremblante Ne préludait point à ses chants. ·
De la triste Pauvreté. Plein d'une audace pindarique,
On n'y méprise point les travaux nécessaires H faut que des hauteurs du sublime Hélicon
Les états sont égaux, et les hommes sont frères. Le premiertrait que lance un poète lyrique
Liberté, liberté, ton trône est en ces lieux. Soit une flèche d'Apollon.
La Grèce où tu naquis t'a pour jamais perdue,
Avec ses sages et ses dieux. L'Etna, géant incendiaire,
Borne depuis Brutus ne t'a jamais revue. Qui d'un front embrasé fend la voûte des airs,
Chez vingt peuplès polis à peine es-tu connue. Dédaigne ces volcans dont la froide colère
Le Sarmate à cheval t'embrasse avec fureur S'épuise en stériles éclairs.
Mais le bourgeois à pied, rampantdans l'esclavage, A peine sa fureur commence,
Te regarde, soupire et meurt dans la douleur. C'est un vaste incendie et des fleuves brûlants.
L'Anglais, pour te garder, signala son courage Qu'il est beau de courroux, lorsque sa bouche im-
Mais on prétend qu Londre on te vend quelque-
[fois
Vomit leurs flots étincelants1 [mensa
Non, je ne le crois point; ce peuple fier et sage Tel éclate un libre génie,
Te paya de son sang, et soutiendrates droits. Quand il lance aux tyrans les foudres de sa voix;
Aux marais du Batave on dit que tu chancelles Telle à flots indomptés ea brûlante harmonie
Tu peux te rassurer la race des Nassaux, Entralne les sceptres des rois.
Qui dressa sept autels à tes lois immortelles, Toi que je chante et que j'adore,
Maintiendra de ses mains fidèles
Et tes honneurs, et tes faisceaux. Dirige, 6 liberté, mon vaisseau dans son cours.
Venise te conserve, et Gênes t'a reprise. Moins de vents orageux tourmentent le Bosphore
Que la mer terrible où je cours.
Tout & côté du trône à Stockholm on t'a mise;
Un si beau voisinage est souvent dangereux. Argo, la nef à voix humaine,
Préside à tout Etat où la loi t'autorise, Qui mérita l'Olympe et luit au front descieux,.
Et restes-y si tu le peux. Quel que fût le succès de sa course lointaine,
t'appelle; Prit un vol moins audacieux.
Embellis ma retraite ou l'amitié
Sur de simples gazons viens t'asseoiravec elle. Vainqueur d'Eole et des Pléiades,
Elle fuit comme toi les vanités des cours, Je sens d'un souffle heureux mon navire emporté
Les cabales du monde, et son règne frivole. Il échappe aux écueils des trompeusesCyclades,
0 deux divinités 1 vous êtes mon recours Et vogue à l'immortalité.
L'une élevé mon âme, et l'autre la console; Mais des flots fùf-i! la victime,
Présidez à mes derniers jours. Ainsi que le Vengeur il est beau de périr
VOLTAIRE (t755). 11 est beau, quand le sort vous plonge dans t'aMme-
De paraltre le conquérir.
LA MCM! TAMHTIM- Trahi par le sort infidèle,
Comme un lion pressé de nombreux téopardSt.
Pleurez, doux alcyons o vous, oiseaux sacrés, Seul au milieu de tous, sa fureur étincelle
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez 1 Il les combat de toutes parts.
L'airain lui déclare la guerre Les Français de leurs droits ne sont-ils plus jaloux 7
Le fer, l'onde, la flamme entourent ses héros. Cet homme a-t-il pensé que, vainqueur avec tous,
Sans doute ils triomphaient mais leur dernier ton- Il pouvait, malgrétous,envahir leur puissance?
Vient de s'éteindre dans les flots. [nerre Déserteur de l'Egypte, a-t-il conquis la France?
Jeune imprudent,arrête: où donc est l'ennemi!
Captifs, la vie est un outrage Si dans l'art des tyrans tu n'es pas affermi.
Ils préfèrent le gouffre à ce bienfait honteux. Vains cris! plus de sénat; la république expire;
L'Anglais, en frémissant, admire leur courage; Sons un nouveau Cromwell naltun nouvel empire.
Albion pâlit devant eux. Hélas 1 le malheureux, sur ce bord enchanté,
Plus fiers d'une mort infaillible, Ensevelit sa gloire avec la liberté. 1
Sans peur, sans désespoir, calmes dans leurs com- Crédule, j'ai longtemps célébré ses conquêtes;
De ces républicains l'âme n'est plus sensible [bats, Au forum, au sénat, dans nos jeux, dans nos fêtes,
Qu'à l'ivresse d'un beau trépas. Je proclamais son nom, je vantais ses exploits,
Quand ses lauriers soumis se courbaient sous les
Près de se voir réduits en poudre, Quand, simplecitoyen, soldat du peuple libre, [lois,
Ils défendent leurs bords enflammés et sanglants. Aux bords de l'Eridan, de l'Adige et du Tibre,
Voyez-les défier et la vague et la foudre, Foudroyant tour à tour quelques tyrans pervers,
Sous des mâts rompus et brûlants 1 Des nations en pleurs sa main brisait les fers
Voyez ce drapeau tricolore Ou quand son noble exil aux sables de Syrie
Qu'élevé en périssant leur courage indompté; Des palmes du Liban couronnaitsa patrie.
Sous le flot qui les couvre, entendez-vous encore Mais, lorsqu'en fugitif regagnant'ses foyers,
Ce cri Vive la liberté I) vint contre l'empire échanger les lauriers,
Je n'ai point caressé sa brillante infamie;
Ce cri, c'est en vain qu'il expire, Ma voix des oppresseurs fut toujours ennemie;
Etouffé par )a mort et par les flots jaloux Et tandis qu'il voyait des flots d'adorateurs
Sans cesse il revivra, répété par ma lyre Lui vendre avec l'Etat leurs vers adulateurs,
Siècles, il planera sur vousI Le tyran dans sa cour remarqua mon absence:
Car je chante la gloire, et non pas la puissance.
Et vous, héros de Salamine,
Dont Téthys vante encor les exploits glorieux,
Non, vous n'égalez point cette auguste ruine, Le troupeau se rassemble à la voix des bergers
Ce naufrage victorieux. J'entends frémir du soir les insectes légers
ÉcoucHARD-LEBMN(mort en 1807). Des nocturnes zéphyrs je sens la douce haleine;
Le soleil do ses feux ne rougit plus la plaine;
LA PROMENADE. Et cet astre plus doux, qui luit au haut des cieux,
Élégie.
Argente mollement les flots silencieux.
Mais une voix qui sort du vallon solitaire
Roule avec majesté tes ondes fugitives, Me dit: Viens; tes amis ne sont plus sur la terre;
Seine; j'aime à rêver sur tes paisibles rives, Viens tu veux rester libre, et le peuple est vaincu.
En laissant comme toi la reine des cités. 1 est vrai jeune encor, j'ai déjà trop vécu.
Ah lorsque la Nature, à mes yeux attristés, L'espérance lointaine et les vastes pensées
Le front orné de fleurs, brille en vain renaissante; Embellissaient mes nuits tranquillement bercées
Lorsque du renouveau l'haleine caressante A mon esprit déçu, facile à prévenir,
Rafraîchit l'univers de jeunesse paré, Des mensonges riants coloraient l'avenir.
Sans ranimer mon front pâle et décoloré; Flatteuse illusion, tu m'es bientôt ravie1
Du moins, auprès de toi que je retrouve encore Vous m'avez délaissé, doux rêves de la vie;
Ce calme inspirateur que le poète implore, Plaisir, gloire, bonheur, patrie et liberté,
Et la mélancolie errante au bord des eaux. Vous fuyez loin d'un cœur vide et désenchanté.
Jadis, il m'en souvient, du fond de leurs roseaux, Les travaux, les chagrins ont doublé mes années
Les nymphes répétaient le chant plaintif et tendre Ma vie est sans couleur; et mes pâles journées,
Qu'aux échos de Passy ma voix faisait entendre. M'offrent de longs ennuis l'enchalnementcertain,
Jours heureux 1 temps lointain, mais jamais oublié, Lugubre comme un soir qui n'eut pas de matin.
Où les arts consolants, où la douce amitié, Je vois le but, j'y touche, et j'ai soif de l'atteindre
Et tout ce dont le charme intéresse à la vie, Le feu qui me brûlait a besoin de s'éteindre;
Egayaient mes destins ignorés de l'envie 1 Ce qui m'en reste encorn'est qu'un morne flambeau
Eclairant à mes yeux le chemin du tombeau.
Saint-Cloud, je t'aperçois; j'ai vu,loin de tes rives, Que je repose en paix sous le gazon rustique,
S'enfuir sous les roseaux tes naiades plaintives; Sur les bords du ruisseau pur et mélancolique
J'imite leur exemple, et je fuis devant toi Vous, amis des humains, et des champs, et des vers,
L'air de la servitude est trop pesant pour moi. Par un doux souvenir peuplez ces lieux déserts;
A mes yeux éblouis vainement tu présentes Suspendez aux tilleuls qui forment ces bocages
De tes bois toujours verts les masses imposantes, Mes derniers vêtements mouillés de tant d'orages;
Tes jardins prolongés qui bordent ces coteaux, Là quelquefois encor daignez vous rassembler;
Et qui semblent de loin suspendussur les eaux: Là prononcez l'adieu: que je sente couler
Désormais je n'y vois que la toge avilie Sur le sol enfermantmes cendres endormies
Sous la main du guerrier qu'admira l'Italie. Des mots partis du cœur et des larmes amies
Des champêtresplaisirs tu n'es plus le séjour: M.-J. CaËNtEtt (mort en 1811.)
Ah 1 de la liberté tu vis le dernier jour1
Dix ans d'efforts pour elle ont produit ~esclavage 1 LA SAtNTE-tU-IANCEDES PEUPLES-
Un Corse a des Français dévoré l'héritage 1
Elite des héros au combat moissonnés, J'ai vu la Paix descendre sur la terre,
Martyrs avec lagloire à l'échafaud tramés, Semant de l'or, des fleurs et des épis.
Vous tombiezsatisfaits dans une autre espérance 1 L'air était calme, et du dieu de la guerre
Trop de sang, trop de pleurs ont inondé la France Elle étouffait les foudres assoupis.
De ces pleurs, de ce sang un homme est l'héritier 1 « Ah disait-elle, égaux par la vaillance,
Aujourd'hui dans un homme un peuple est tout Français, Anglais. Belge, Russe ou Germain
Tel est le fruit amer des discordesciviles. [entier Peuples, formez une sainte alliance,
Mais les fers ont-ils pu trouver des mains serviles? Et donnez-vous la main.
D Pauvres mortels, tant de haine vous lasse Le Rhin lui seul peut retremper nos Mme?.
Vous ne goûtez qu'un pénible sommeil. Dieu, aes enfants, vous donne un beau trépas ) 1
D'un globe étroit divisez mieux l'espace; De quel éclat brillaient dans la bataille
Chacun de vous aura place au soleil. Ces habits bleus par ta victoire usés (
Tous attelés au char de la puissance,
Du vrai bonheur vous quittez le chemin. LaLibercé mêlait à la mitraille
Peuples, formez une sainte alliance, Des fers rompus et des sceptres brisés.
Et donnez-vous la main. Les nations, reines par nos conquêtes,
Ceignaient de fleurs. le front de nos soldats.
Chez vos voisins vous portez l'incendie; Heureux celui qui meurut dans ces fêtes t
L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés, Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas!I
Et quand la terre est enfin refroidie
Le soc languit sous des bras mutilés. x Tant de vertu trop tôt fut obscurcie
Près de la borne où chaque Etat commence Pour s'anoblir nos chefs sortent des rangs,
Aucun épi n'est pur de sang humain. Par la cartouche encor toute noircie,
Peuples, formez une sainte alliance, Leur bouche est prête à flatter les tyrans.
Et donnez-vous la main. LaLiberté déserte avec ses armes.
D'un trône a l'autre ils vont offrir leurs bras;
o Des potentats, dans vos cités en flammes, A notre gloire on mesure nos larmes.
Osent du bout de leur sceptre insolent Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas »
Marquer, compter et recompter les âmes Sa fille alors, interrompant sa plainte,
Que leur adjuge un triomphe sanglant. Tout en niant, lui chante a demi-voix
Faibles troupeaux, vous passez sans défense Ces airs proscrits qui. les frappant de crainte,
D'un joug pesant sous un joug inhumain. Ont en sursaut réveillé tous les rois.
Peuples, formez une sainte alliance, Peuple, à ton tour, que ces chants te réveillent:
Et donnez-vous la main. !) en est temps 1 » dit-il aussi tout bas.
» Que Mars en vain n'arrête point sa course;
Puis il répète à ses fils qui sommeillent
Fondez des lois dans vos pays souffrants. «Dieu, mesenfants, vous donne un beau trépas
De votre aang ne livrez plus la spurce BËRANOER (1823).
Aux rois ingrats, aux vastes conquérants.
Des astres faux conjurez l'influence;
Effroi d'un jour, ils pâliront demain. LE LIC.
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vousla main. Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
x Oui, libre enfin, que le monde respire; Ne pourrons-nous jamais, sur l'océan des âges,
Sur le passé jetez un voile épais. Jeter l'ancré un seul jour ?
Semez vos champs aux accords de la lyre
L'encens des arts doit brûler pour la paix. 0 lac l'année à peine a fini sa carrière,
L'espoir riant, au sein de l'abondance, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Accueillera les doux fruits de l'hymen. Regarde je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Peuples, formez une sainte alliance, 0& tu la vis s'asseoir!1
Et donnez-vousla main. u Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes;
Ainsi parlait cette vierge adorée, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés;
Et plus d'un roi répétait ses discours. Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Comme au printemps la terre était parée Sur ses pieds adorés.
L'automne en fleurs rappelait les amours. Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence;
Pour l'étranger, coulez, bons vins de France On n'entendaitau loin, sur l'onde et sous les cieux,
De sa frontière il reprend le chemin, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Peuples, formez une sainte alliance, Tes flots harmonieux.
Et donnez-vous la main.
BÉRANGER (18t8). Tout à coup des accents, inconnus & la terre,
Du rivage charmé frappèrent les échos
LE VYECX SERGENT. Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots
Près du rouet de sa fille chérie,
Le vieux sergent se distrait de ses maux. <t
0 temps, suspends ton volet vous, Tienres pro-
Et, d'une main que la balle a meurtrie, Suspendez votre cours? 1 [pices,
Berce en riant deux petits-fils jumeaux. Laissez-nous savourer les rapides délices
Assis tranquille au seuil du toit champêtre, Des plus beaux de nos joursI
Son seul refuge après tant de combats,
Il dit parfois a Ce n'est pas tout de naître e Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux;
Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Mais qu'entend-il 1 le tambour qui résonne; Oubliez les heureux.
11-voit au loin passer un bataillon; Mais je demande en vain quelques moments en-
Lé sang remonte à son front qui grisonne Le temps m'échappe et fuit; [core,
Le vieux coursier a senti l'aiguillon. Je dis cette nuit sois plus lente et l'aurore
Hélas! soudain tristement il s'écrie Vi dissiper la nuit.
« C'est un drapeau que je ne connais pas.
Ah 1 si jamais vous vengez la patrie, Aimons donc, aimons donc t de l'heure fugitive,
Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas)' Hâtons-nous, jouissons!1
héroïque, L'homme n'a point de port, le temps n'a point de
Il Qui nous rendra, dit cet homme Il coule, et nous passons!" » [rive;
Aux bords du Rhin, à Jemmapes, à Fleurus
Ces paysans, fils de la République, Temps jaloux, se peut-il que cesmomentsd'ivresse
Sur la frontière à sa voix accourus. Où 1 amour à longs flots nous verse le bonheur,
Pieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, S'envoient loin de nous de la même vitesse
Tous à la gloire allaient d'un même pas. Que les jours de malheur?
Héquoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace! Il vit 1 Le colosse superbe
Quoi! passés pourjamais? quoi! tout entiers perdus? Qui couvre un arpent tout entier,
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Dépasse à peine le brin d'herbe
Ne nous les rendra plus ? Que le moucheron fait plier.
Eternité, néant, passé, sombres abimes, Mais sa feuille boit la rosée;
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? La racine fertilisée
Parlez, nous rendrez-vous ces extases sublimes Grossit commeune eau dans son cours;
Que vous nous ravissez? Et dans son cœur qu'il fortifie
Circule un sang ivre de vie,
0 lac rochers muets 1 grattes forêt obscure Pour qui les siècles sont des jours.
Vous que le temps épargne et qu'il peut rajeunir, Les sillons, où les blés jaunissent
Gardez de cette nuit, gardez, belle Nature, Sous les pas changeants des saisons,
Au moins le souvenir! Se dépouillent et se vêtissent
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Comme un troupeau de ses toisons
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Le fleuve nalt, gronde et s'écoule
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages La tour monte, vieillit, s'écroule;
Qui pendent sur tes eaux 1 L'hiver effeuille le granit
Qu'il soit dans la zéphyr qui frémit et qui passe,
Desgénérationssans nombre
Vivent et meurent sous son ombre:
Dans les bruits de tes bords par tes bords répètes, Et lui? voyez, il rajeunit)
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta sur-
De ses molles clartés [face Son tronc que l'écorce protège,
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Fortiné par mille nœuds,
Que les parfums légers de ton air embaumé, Pour porter sa feuille ou sa neiga
S'élargit sur ses pieds noueux;
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Ses bras que le temps multiplie,
Tout dise ils ont aimé! Commeun lutteur qui se repUo
LAMARTINE (Méditations poétiques).
Pour mieux s'élancer en avant,
Jetant leurs coudes en arrière,
LE CHÊNE. Se recourbentdans la carrière,
Pour mieux porter le poids du ventt
Voilà ce chêne solitaire Et son vaste et pesant feuillage,
Dont le rocher s'est couronné Répandant la nuit alentour,
Parlez à ce tronc séculaire, S'étend, comme un large nuage,
Demandez comment il est né. Entre la montagne et le jour;
Un gtand tombe de l'arbre et roule sur la terre; Comme de nocturnes fantômes,
L'aigle à la serre vide, en quittant les vallons, Les vents résonnent dans ses dûmes
S'en saisit en jouant et l'emporte à son aire, Les oiseaux y viennentdormir,
Pour aiguiser le bec & ses jeunes aiglons; Et pour saluer la lumière
Bientôt du nid désert qu'emporte la tempête S'élèvent comme une poussière,
tl roule confondu dans les débris mouvants, Si la feuille vient à frémir.
Et sur la roche nue un grain de sable arrête
Celui qui doit un jour rompre l'aile des vents. La nef dont le regard implore
L'été vient, l'aquilon soulève Sur les mers un phare certain,
La poudre des aillons, qui pour lui n'est qu'un jeu, Le voit, tout noyé dans l'aurore,
Et sur le germe éteint où couve encor la sève Pyramider dans le lointain.
En laisse retomber un peu. Le soir fait pencher sa grande ombre
Le printemps, de sa tiède ondée Des flancs de la colline sombre
L'arrose comme avec la main Jusqu'au pied des derniers coteaux.
Cette poussière est fécondée, Un seul des cheveux de sa tête
Et la vie y circule enfin. Abrite contre la tempête
La vie A ce seul mot tout œil, toute pensée, Et le pasteur et les troupeaux.
S'inclinent confondus et n'osent pénétrer; Et pendant qu'au vent des collines
Au seuil de l'Infini c'est ta borne placée. Jl berce ses toits habités,
Où la sage ignorance et l'audace insensée Des empires dans ses racines,
Se rencontrent pour adorer¡ Sous son écorce des cités;
Il vit, ce géant des collines Là, près des ruches des abeilles,
Mais avant de paraltre au jour, Arachné tisse ses merveilles,
ït se creuse avec ses racines Le serpent siffle, et la fourmi
Des fondements comme une tour. Guide à ses conquêtes de sables
Il sait quelle lutte s'apprête, Les multitudes innombrables
Et qu'il doit contre la tempête Qu'écrase un lézard endormi.
Chercher sous la terre un appui, Et ces torrents d'âme et de vie,
H sait que l'ouragan sonore Et ce mystérieux sommeil,
L'attend au jour. ou s'il l'ignore, Et cette sève rajeunie
Quelqu'un du moins le sait pour lui! Qui remonte avec le soleil
Ainsi, quand le jeune navire Cette intelligence divine
Qui pressent, calcule, devine
Où s'élancent les matelots, Et s'organise pour sa fin
Avant d'affronter son empire Et cette force qui renferme
Veut s'apprivoiser sur les flots, Dans un gland le germe du germe
Laissant filer son vaste câble, D'êtres sans nombre et sans fin;
Son ancre va chercherle sable
Jusqu'au fond de vallons mouvants~ Ht ces mondes de créatures
Et sur ce fondement mobile Qui, naissant et vivant de lui,
Il balance son mât fragile, Y puisent être et nourritures
Et dort au vain roulis des vents, Dans les siècles comme aujourd'hui:
Tout cela n'est qu'un gland fragile L'homme n'écrit rien sur le sable
Qui tombe sur le roc Mérite, A l'heure où passe l'aquilon.
Du bec de l'aigle ou du vautour J'ai vu le temps où ma jeunesse
Ce n'est qu'une aride poussière Sur mes lèvres était sans cesse
Que !e vent sème en sa carrière, Prête à chanter comme un oi'eau
Et qu'échauffe un rayon du jour! 1 Mais j'ai souffert un dur martyre,
Et le moins que j'en pourrais dire,
Et moi, je dis Seigneur, c'est toi seul, c'est ta force, Si je l'essayais sur ma lyre,
Ta sagesse et ta volonté La briserait comme un roseau.
Ta rie et ta fécondité AUMDDBJMUSSET (1835~.
Ta prévoyance et ta bonté! 1
Le ver trouve ton nom gravé sous son écorce, lA MOfT DU LOUP (fragment).
Et mon (Bit, dans sa masse et son éternité.
LA)fA«T)NE (1826. Harmonies poétiques ï1
et religieuses).
Les couteaux lui restaient au nancjusqu'Ma garde.
LA Ncrr DE MAI (fragment). Le clouaient au gazon tout baigne dans son sang
Nos fusils l'entouraienten sinistre croissant.
)) nous regarde encore, ensuite il se recouche,
La muse. Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Crois-tu donc que je sois commele vent d'automne, Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau, Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Et pour qui la douleur n'est qu'une goutte d'eau? n
0 poète un baiser, c'est moi qui te ie donne. J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
L'herbe que je voulais arracher de ce lieu,
C'est ton oisiveté ta douleur est à Dieu. Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
Quel que soit !e souci que ta jeunesse endure, A poursuivre sa louve et ses Os, qui, tous trois,
Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure Avaient voulu l'attendre, et, comme le crois,
je
Que les noirs séraphins t'ont faite au fond dn cœur Sans ses deux louveteaux, la belle et nombre veuve
Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur. Ne t'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais pour en être atteint, ne crois pas, o poète, Mais son devoir était de les sauver, afin la fatm,
Que ta voix ici-bas doive rester muette. De pouvoir leur apprendre à bien souffrir
jamais entrer dans le pacte desvittes
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, A net'homme'a
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots. Que fait avec les animaux serviles
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Dans les brouillards du soir retourne à ses ro- Les premiers possesseursdu bois et
du rocher.
Ses petits affamés courent sur le rivage [seaux, m
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie, Hélas 1 ai-jepensé. malgré ce grand nom d'hommes,
Ils courent à leur père avec des cris de joie, Que j'ai honte de nous, débites que nous sommes t
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux. Comme l'on doit quitter la vie et tous ses maux,
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée, C'est vous qui le savez, sublimes animaux1
De son aile pendante abritant sa couvée, A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Pécheur mélancolique, il regarde les cieux. Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
Le sang coule à longs tlots de sa poitrine ouverte Ah je l'ai bien compris, sauvage voyageur,
En vain il a des mers fouillé la profondeur Et ton dernierregard m'est allé jusqu'au cœur
L'Océan était vide et la plage déserte Il disait « Si tu peux, fais que ton âme arrive,
Pour toute nourriture il apporte son cœur. A force de rester studieuse et pensive,
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre, Jusqu'à ce haut degré de stoique fierté
à
Partageant ses fils ses entrailles de père, Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Dans son amour sublime il berce sa douleur; Gémir, pleurer, prier, est également lâche.
Et, regardant couler sa sanglante mamelle, Fais énergiquementta longue et lourde tacite
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle, Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur. Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans par-
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, ler.'
Fatigué de mourir dans un trop long supplice, ALFaED DE VIGNY (1843).
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, L'ENFANT.
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage, Lorsque l'enfant parait, le cercle de famille
H pousse dans la nuit un si funèbre adieu, Applaudit à grands cris; son doux regard qui brille
Que les oiseaux des mers désertent le rivage, Fait briller tous les yeux,~
Et que le voyageur attardé sur la plage, les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu. Et Se dérident soudain à voir l'enfant paraltre,
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes. Innocent et joyeux.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes Soit que Jnin ait verdi mon seuil, ou que Novembre
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la cham-
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées, Les chaises se toucher, j~re
Quand l'enfantvient, la joie arrive et nous éclatro
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater cœur. le On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère
Leurs déclamations sont comme des épées Tremble à le voir marcher.
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. De patrie et de Dieu, des poètes, de l'âme
Qui s'élève en priant.
Le poète. L'enfant paraît adieu le ciel et la patrie,
0 Muse! spectre insatiable, Et les poètes saints 1 la grave causerie
Ne m'en demande pas si long. S'arrête en Mnriant.
lie grondait faits! ces
Voyez comme ils sont [hommes
la plaine'
Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est haleine
EU
l
Qui des plus douces fleurs embaume son ,es monstres ils auront cueilli
Le toutes nos pommes.
Quand vous la respirez aimons.
sombres ramures Pourtant nous les
Mon âme est la forêt dont lesde Mjadame, les garçons sont le souci des mères;
S'emplissent pour vous seul suaves murmures
Etderayonsdorés!1 :ar ils ont la fureur de courir dans les pierres
Ca
Comme font les démons 1.
sontpleinsdedouceursMnies
Car vos beaux yeux Puis un même sommeil, nous berçant comme un
Car vos petites mains, joyeuses 1et
N'ont point fait
Jamais vos jeunes pas
mal encor
n'ont touché
bénies,
notre ,“ i'
fange; fous deux au même lit nous couchait
Tr
Puis un même
côte
réveil..
Tête sacrée! enfant aux cheveux blonds bel ange Puis, trempé dans un lait sorti chaud de l'étable,
[hôte,
cote
Al'auréole d'ort
Le même pain faisait rire à la mem& table
V
doux sourire, Notre appétit vermeil i
Il est si beau, l'enfant, avec son veut tout dire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui
Sespteursviteapaisés; Et nous recommencionsnos jeux, cueillant par gerbe
E
étonnée et ravie, L fleurs, tous les bouquets quiréjouissentt herbe.
Les
Laissant errer sa vue Le lis à Dieu pareil,
Offrant de toutes parts sa
Et sa bouche aux
jeune âme à la vie,
baisers 1
MACÉDOINE. – Histoire générale, VIII-X.- Le ce corps peut demeurer la même, son groupement
royaume de Macédoine,dont les origines remon- moléculaire )e même, et la propriété susdite dis-
tent à l'époque mythique,était séparé de la Thes- paraltre; qu'oo chaune an rouge la pierre d'ai-
salie an sud par les monts Cambuniens, de t'Il- mant, et le phénomène d'attraction qu'elle exer-
lyrie à l'ouest par le Pinde, et de la Thrace b l'est çait auparavant sur le fer n'existera plus désormais.
par le fleuve Strymon tes Balkans le limitaientau Semblablement, oi on prépare artinciellement
nord. Il était habité par une population non hellé- l'oxyde salin de fer, en faisant passer, par exem-
nique, d'origine pétasgique, et parlant une langue ple, de la vapeur d'eau sur du fer pur chauffé au
différente de celle des Grecs aussi ceux-ci re- rouge, on obtient bien une substance dont la com-
gardaient-ils tes Macédonienscomme des Barbares. position chimique est cette de l'aimant naturel
Lors des guerres médiques, la Macédoine fut con- mais la propriété d'attirer la limaille ne se mon-
trainte de payer un tribut aux Perses, et le roi tre pas pour cela dans le produit ainsi obtenu.
Alexandre I" dut accompagner Xerxès dans son L'aimant naturel renferme 72,4 de fer pour 27,6
expédition contre les cites grecques; mais le d'oxygène, ce qui correspond à la formule Fo' 0~
prince macédonien,qui n'obéissait aux Perses qu'à ou bien FeO, Fe'O*. FeO, le protoxyde de fer,
regret, fit passer à plusieurs reprises aux Grecs jouerait par hypothèse, dans le composé, le rôle
des avis utiles, et obtint par là d'être admis dans de base, et le aesquioxyde Fe'O' celui d'acide.
leur alliance quand les Asiatiqnes eurent été re- C'est là ce qui fait considérer ce corps comme un
poussés. Sous le règne de ses successeurs~ la véritable sel, un oxyde salin; it résulterait, en effet,
Macédoine, livrée aux guerres civiles, ne joua de l'union d'un acide avec une base. Dans la pro-
qu'un rôle enacé. Mais Philippe n, monté sur le duction artificielle de l'aimant que nous indi-
trône en 359, sut faire d'elle une puissancemilitaire, quions, il y a un instant, la réaction est repré-
et son habileté à profiter des dtscordes des villes sentée par la formule chimique
helléniques le rendit maltre de la Grèce (V. Grèce,
p. 906). Alexandre III, le Grand, continua t'œuvre 3Fe + 4HO = Fe'O* + 4H
de Philippe, et fonda sur les ruines de l'empire
perse une vaste monarchiemilitaire (V.M:a?Mre). L'eau se décompose,en passant sur le fer chauffé
Après la mort d'Alexandre, la Macédoine, restée au rouge; l'oxyde salin Fe'O* prend naissance
d'abord simple province du nouvel empire sous le dans le tube de grès ou de porcelaine où le fer
gouvernement d'Antipater, redevint un royaume avait été d'abord placé, et l'hydrogène se dégage.
indépendantoù régnèrent successivement, de 306 à Quelle que soit la manière d'interpréter au point
2T!, Cassandre, mis d'Antipater, Démétrius Polior- de vue chimique la constitution de la substance,
cète, Pyrrhus d'Epire, Lysimaque, Séteucus, le fait fondamental, la propriété caractéristique
Ptolémée Cérannus, Antigone Gonatas, fils de subsiste. Sous certaines conditions le corps Fe~O*
Démétrias Poliorcète, puis de nouveau Pyrrhus. attire le fer doux, et ou le dit dans ce cas un ai-
Antigone Gonatas, après la mort do Pyrrhus (272), mant. Mais alors même qu'il perd la propriété
recouvra la couronne, qui devint héréditaire dans d'attirer la limaille, il conserve toujours celle d'ê-
sa famille. Nous racontons, à l'article Grèce, les tre attiré lui-même par un aimant voisin il de-
tentatives d'Antigone Gonatas et de ses succes- meure, comme on dit, magnétique. Ainsi, dans le
seurs Démétrius H, AntigoneDoson, et Philippe III, langage convenu des physiciens, une substance
pour replacer les Grecs sous leur autorité. Phi- peut être magnétique, sans être pour cela un ai-
lippe III, que son ambition mit aux prises avec les mant le fer est ma~h'~Me et n'est pas un ai-
Romains, protecteurs prétendus de la liberté de la mant, au moins dans les conditions ordinaires;
Grèce, fut battu à Cynocéphales(197), et dut payer l'oxyde salin de fer est toujours nMyn~tyMe;dans
un tribut à Rome. Persée, son fils, essaya de re- certaines circonstances seulement, il est constitué
lever la puissance de la Macédoine, fut vaipcu à à l'état d'aimant. En tout cas, on désigne sous le
Pydna par le consul Paul-Emile (t68), et conduit nom de magnétisme le chapitre de la physique
aptifa à Rome. Ce fut la fin de la puissance macé- qui s'occupe des faits et lois générales se ratta-
donienne quelques années plus tard, le sénatré- chant aux phénomènes d'attraction manifestés par
duisait la Macédoine en province romaine (142). les aimants.
MACHINES. – V. Mécanique. l.Faita fondamentaux. – La propriété que pos~
MACtUNES AGRICOLES. – V. ~(rMMMf~ sède la pierre d'aimant peut être communiquée,
aratoires. par voie de simple contact, à des barreaux de fer
MAGNÉTISME. Physique,XXV. -Etymolo- doux ou d'acier trempé. On prend généralement,
gie du grec magnès, aimant.- On trouve dans la à cet effet, des barreaux prismatiques d'une ton-
nature assez fréquemment, et en particulier en gueur de 30 à 40 cent., de 4 cent. de largeur et
Suède et à File d'Elbe, un minerai de fer qui !< d épaisseur. Ils deviennent de véritables ai-
jouit d'une propriétéspéciale, singulière, qui avait mants, quand on les a frottés avec l'aimant natu-
attiré l'attention des anciens et qui, plus tard, rel on les nomme même, pour ce motif, aimants
à l'époque des alchimistes, fut l'objet des dis- <a'<t/!et'e~. Seulement la propriété d'aimantation
sertations les plus étranges. C'est t'attKa~ ou transmise ainsi au fer doux n'est chez lui que tem-
pierre d'aimant (V. Aimant), que les chimistes poraire elle disparait rapidement aussitôt que
ont aussi nommé, en appliquant les principes de l'action de l'aimant naturel a cessé; tandis qu'elle
la nomenclature, fer oxydulé, oxyde salin de fer. persiste dans le barreau d'acier trempé et peut
Ce minerai attire le fer et l'acier. Plongé dans la même acquérir chez lui une très grande énergie.
limaille de fer, il la met en mouvement quand elle Voilà le fait. On ne sait en donner aucune
est placéeà une faible distance de lui, la nxe à sa explication; et quand on dit, pour en rendre
surface et l'y maintient adhérente malgré l'action compte, que l'acier a une force coercitive dont le
de la pesanteur qui tend à la faire tomber. fer doux est dépourvu, on n'emploie en déSnidvo
Cette propriété d'attirer le fer n'est pas liée né- que des mots, de simples mots destinés à cacher
cessairement, comme on pourrait le croire, à la notre ignorance. Ce qui reste comme certain, c'est
nature chimique de l'aimant la composition de que l'aimant donne au fer doux une aimantation
paMa~re, tandis qu'il communiqueà l'acier trempé qu'elle exerce sur son supportgrande. est très faible et
par suite sa mobilité est très Dans ces
une aimantation permanente. on reconnaît que ladite aiguille, aban-
Pour étudier les faits généraux du magnétisme, conditions, prend toujours une direction
tl est plus commode d'employer les aimants arti- donnée à elle-même, sensiblement du nord au sud donc
Cciels d'acier, auxquels on donne sans peine tou- invariable,
tes les formes que l'on veut, que de recourir aux elle se dirige. On reconnait en outre que le
aimants naturels. Le minerai qui constitue ces même côté de l'aiguille est toujours pointé vers
derniers se prête difficilement aux expériences. le nord et le même côté toujours vers le sud
Donc, quand nous parlerons désormais d'un ai- donc elle s'oriente. On a beau l'écarter avec la
main de position normale, l'aiguille y revient
mant, on devra entendre qu'il s'agit d'un aimant sa
d'elle-même aussitôt qu'on la laisse
artificiel constitué par une barre d'acier trempé constamment
possédant les dimensions indiquées plus haut. libre, après avoir exécuté un certain nombre
L'action attractive ne s'exerce d'oscillations à droite et à gauche de cette position,
1'" propriété.
pas avec la même intensité dans toutes les régions et l'orientationprimitive ne tarde pas à ne repro-
</M barreau aimanté; elle va, en général, en cro~- duire.
sant, d u milieuoù elle est nulle jusque vers les c~h'e- 3* propriété. Un long barreau aimanté sur le
mités où elle est maximum. On démontre expéri- milieu duquel on place une aiguille aimantée,
mentalementcette propriétéde plusieursmanières mobile comme à l'ordinaire ~t<)' son pivot, produit
celle-ci le effet produisait tout à
on présente successivement les diverses sections SM)' nt~MC que
seule. prend un bar-
du barreau à une petite aiguille de fer doux. sus.- l'heure la terre agissant
centimètres,
On
pendue comme un pendule au bout d'un long fil. reau aimanté de 50de l'aiguille, puis on met sur son
On constate que l'attraction sur ce pendule se milieu le support sur le sup-
manifeste à une distance d'autant plus grande que port l'aiguille elle-même on voit alors que, quelle
la section mise en regard de lui est plus voisine que soit la direction donnée au barreau, l'aiguille
de l'extrémité. La section moyenne et les sections lui demeure invariablement parallèle. Elle se
voisines n'attirent nullement ledit pendule. trouve comme liée, comme soudée au barreau, au
Voici encore un second moyen, – et celui-ci est point de vue de ce parallélisme remarquable qui
très saisissant, d'établir le même principe par ne se dément pas un instant quel que soit l'azi-
l'expérience on place sous un carton ordinaire, mut dans lequel le barreau soit porté en
qui a 60 cent. de long sur 40 de large, un bar- réalité le barreau dirige l'aiguille et annule mo-
aimanté; et, l'aide d'un tamis, on fait mentanémentl'effet de la terre, parce qu'ill'aiguille est très
reau avec mobile. De plus,
tomber, en l'éparpillant, de la limaille de fer sur rapproché de l'aimantdans le cas précédent, dans
le carton. On reconnaît alors après avoir donné, est orientée comme
avec la main, quelques petites secousses au carton ce sens que la même moitié de l'aiguille regarde
pour que le frottement ne soit celle-ci,pas un obstacle au toujours la même moitié du barreau.
mouvement de la limaille, que au lieu de Ce n'est pas tout si on marque à la craie de
dessiner simplement la forme du barreau, en s'ac- la même lettre sur l'aiguille et sur le barreau les
cumulant également aux différents points qui lui moitiés quise correspondaient invariablement pen-
correspondent, ce qui arriverait à coup sûr, si dant que se réalisait l'expérience précédente (on
les différentes régions du barreau attiraient le inscrit par exemple la lettre N sur une des moitié*
fer avec la même énergie, s'agglomère unique- et la lettre S sur l'autre), on constate que chaque
ment vers les sections extrêmes du barreau en moitié du barreau attire la moitié de 1'aiguiUe qui
figurant des courbes assez régulières, et qu'elle lui correspond, c'est-à-dire celle qui porte la même
manque presque complètement vers ladessinée région lettre. Ainsi le coté N du barreau attire le côté N
moyenne. On a appelé la figure, ainsi de l'aiguille; du barreau attire S de l'aiguille. Le
par la limaille sur le carton, /'an<dme magnétique. moyen de procéder à cette constatation est d'ail-
De cette expérience très facile à exécuter dé- leurs facile: l'opérateur prend le barreau ala main
coule une double conclusion. Premièrement, on et présente successivement N de ce barreau à N
signa- de l'aiguille et S a S. L'expérience réussit toujours.
en déduit la démonstration de la propriété aussi EUe est très concluante. Nous en déduirons que
lée, laquelle est même rendue de cette façon
claire que possible. On est convenu d'appeler lorsque l'aiguille est sous l'influence exclusive de
éloigné
txMes les extrémités de l'aiguille où semble con- la terre (le barreau se trouvait alors fort
centrée l'action magnétique, et ligne neutre ou d'elle) tout se passe comme si la terre renfermait
section neutre, la région intermédiaire.En second à peu près dans le plan méridien du lieu un bar-
lieu, la même expérience nous prouve que la pro- reau aimanté dont le pôle nord attirerait le pôle
priété magnétique s'exerce à distance, non seule- nord de l'aiguille et dont le pôle sud attirerait en
ment a travers l'air, mais encore à travers les corps même temps le pôle correspondant.
solides tels que carton.
le En variant la nature de 4* propriété. Les pôles de m~e nom se.re.
l'écran interposé entre le barreau et la limaille, on poMMemf, les pôles de nom contraire s'attirent.
arrive à reconnaître que cette propriété de <)-a?M- Qu'on place, à une assez grande distance l'une de
parence pour le magnétisme, analogue à la transpa- l'autre, deux aiguilles aimantées tout à fait pa-
rence qu'a le verre pour la lumière, existe pour reilles, posées chacune sur son pivot et parfaite-
toutes les substances, le fer et l'acier exceptés. ment mobiles, l'une et l'autre dans un plan hori-
2' propriété. Une at~MtHe aimantée posée zontal. Comme on doit s'y attendre, d'après ce qui
sur un pivot vertical et mobile dans un/?:MM!M plan ho- vient d'être dit, les deux aiguilles, obéissant à
f'tzon~af se d!t<ye et s'oriente, sous l'action de la terre, se placeront en équilibre dans
seule de la terre, à peu près dans la direction du des directions rigoureusement parallèles. Les pôles
sud au nord. Cette propriété se démontre aisé- nord des deux aiguilles peuvent être considérés
ment en recourant, non pas au barreau aimanté comme étant de même espèce, de me'me KOM!,
ordinaire qui serait trop lourd, mais à une mince puisqu'ils jouissent des mêmes propriétés; ils
lame d'acier trempé à laquelle on donne la forme subissent en effet la même action de la part de la
d'un losange très allongé, dont la grande diagonale terre et ils seraient l'un et l'autre attirables par le
a par exemple de 10 à 15 centimètres et la petite même pôleprésenterait. Même conséquence convenablement choisi du barreau
1 ou 2 centimètres. Cette lame ainsi taillée reçoit qu'on leur en ce
le nom d'aiguille aimantée; elle porte, fixée en qui concerne les deux pôles sud. Or, si on prend
son milieu, une chape en acier dur ou en agate à la main l'une des deux aiguilles et qu'on approche
qui permet de la poser sur un pivot vertical ter- son pôle nord du pôle nord de l'autre aiguitle de-
miné en pointe. De cette façon, le frottement meurée mobile, on constate une répulsion eMrcée
sur cette dernièra. Pareillement, le pôle sud de des fluides de même espèce le pôle nord de l'an
l'aiguille rendue fixe repousse le pôle sud de l'ai-
~e
i- attirera le pôle sud de l'autre, puisqu'ils contien-
guille mobile. Enfin le pôle nord de la première nent des fluides d'espèce différente.
attire le pôle sud de la seconde et semblablement,e
le pôle sud de la première attire le pôle nord de
t, <° Attraction f.c~oM-EjMf/'aiMaKf.–Enfin,
un aimant naturel ou artificiel devra attirer le fer
la seconde. On arrive comme conclusionnécessaireee doux car le fluide libre de l'aimant décomposera à
à cet énoncé formulé plus haut les po/M de Mt~ee distance le fluide neutre du fer doux, attirera dans
nom se repoussent, ceux de nom contraire s'at- la région la plus voisine le fluide de nom contraire
tirent. et repousseradans lapartie la plus éloignée ïeûuide
2. Hypothèse des Nutdes magnétiques. – Jus- de même nom le fer doux deviendra ainsi un ai-
qu'à a présent nous sommes restés dans ie domaine mant temporaire, qui se précipitera par sa partie
exclusif des faits; essayons maintenant, à l'aideee la plus voisine du pôle excitateur de
l'aimant
d'une hypothèse, d'en fournir l'explication. Il fautt
ce pôle lui-même; seulement, aussitôt que vers l'ai-
se garder de considérer cette hypothèse commee mant permanent sera éloigné, le fer, point de
représentant exactement la vérité des choses. Ellee vue magnétique, retombera dans au
n'est, en réalité, qu'un moyen commode de grou- mitive;il il perdra toute trace d'aimantation. son inertie pri-
per les faits entre eux et de montrer leur dépen- Ici se place une indication dont i! est bon de
dance. Voici cette hypothèse. prendre note pour pouvoir saisir l'explication des
On admet que dans toutes les substances phénomènes magnétiques dans les cours et dans
gnétiques il existe deux fluides distincts qui ma-s'y les livres. On a, en France, par une anomalie qui
trouvent en quantité telle que, combinés ensem- au premier
ble, ils se neutralisent complètement ils formentt austral le pôle moment parait singulière, nommé pôle
nord de l'aiguille aimantée et pôle
ce qu'on nomme le fluide neutre. Ces fluides pos boréal son pôle sud. En voici la raison. Admettre
sèdent la propriété de s'attirer l'un l'autre mais, l'existence de l'aimant
terrestre, c'est supposer
par suite de la nature ou du mode de groupe- que l'hémisphère nord renferme un fluide
ment des particules pondérables au milieu des- d'une espèce on l'a très naturellementnommé libre
quelles ils sont placés, ou bien encore par l'effet fluide boréal, et l'hémisphère sud le fluide de
de forces extérieures, ils peuvent, dans certains l'autre espèce qu'on
cas, demeurer séparés, et alors chacun exerce tout est logique. Mais si, a nommé austral; jusqu'ici
de l'aimant terrestre, nous
autour de lui une action qui lui est propre et que passons à l'aiguille aimantée mobile, nous sommes
rien ne contrebalance. En outre tes particules d'unL forcés d'admettre le côté de cette aiguille qui
même fluide magnétique se repoussent elles- se porte librement que
mêmes. On admet enfln que, dans le fer doux, ferme vers le nord de la terre ren"
un fluide de nom contraire au fluide boréal
aucune résistance n'est opposée par la matière qui du pôle terrestre, puisqu'il est attiré
forme le métal ni à la séparation des deux fluides, sera de même par lui. Il en
pour le pôle sud. Nous devons
quand une force extérieure intervient, ni à leur donc dire le pd/e nord d'une aiguille
réunion lorsque, étant déjà séparés, la force en jpd~e austral que est un
et le pd/e sud un pd/e boréal. Telle
question cesse d'agir. Dans l'acier au contraire, est la synonymie adoptée depuis longtemps dans
dans l'oxyde salin de fer, etc., cette résistance notre pays.
opposée au mouvement dans les deux sens des- On explique de la même façon, en partant de
dits fluides se montre incessamment elle est plus l'hypothèse des deux fluides,une foule d'expérien-
ou moins énergique pour l'acier suivant son degré ces intéressantes que l'on fait dans les
de trempe et aussi suivant qu'il est plus ou moins Nous n'y insisterons cours.
carburé. pas nous signalerons deux
de ces expériences seulement, en laissant au lec-
Partant de là, voici comment on explique les teur le soin d'en trouver l'explication.
faits précédemment signalés I. Lorsqu'on tient suspendu à un aimant un mor-
1" Aimantation d'un barreau <f<M:<'r. – J'ai
barreau d'acier trempé; pour l'aimanter, je pro- un ceau de fer doux, celui-ci devient capable d'en
attirer second, ce dernier un troisième, etc., de
mène à sa surface et toujours dans )e même sens manièreunqu'on ainsi
l'un des pôles d'un aimant naturel. Que se passe- ments de fer devenus a comme un chapelet de frag-
t-il? le fluide neutre contenu dans le barreau se l'aimant permanent,tous tous solidaires. Eloigne-t-on
décompose l'un des fluides, celui qui est de nom détachent d'eux-mêmes tombent.
les morceaux de fer se
contraire à celui du pôle excitateur, est attiré et et
II. Un de fer se maintient suspendu au
entraîné dans le sens de l'aimant, l'autre fluide est pôle d'un morceau
aimant et ne tombe pas malgré son poids;
repoussé et se porte en sens inverse. L'action vient-on à approcher du pôle
grandit & mesure que j'augmente le nombre de de nom contraire d'un autre aimant, en question le pôle
frictions jusqu'à une certaine limite, et alors je les deux pôles sont à on voit, quand
une petite distance l'un de
puis impunément éloigner l'aimant naturel; ies l'autre, se détacher de lui-même le fragment
deux fluides resteront séparés dans le barreau
raison de la propriété spécifique de l'acier, pro-
àfer doux.
Jusqu'iciles deuxfluides magnétiques ont dû pa-
de
priété mentionnée plus haut. Mon barreau est de- raitre au lecteur se rapprocher beaucoup, par leurs
venu un aimant permanent. 1propriétés et leurs actions mutuelles, des deux
2' Direction et orientation de l'aiguille aimantée.fluides électriques. Il n'en est rien; la différence
D'après ce qui a été dit plus haut, la terre elle- est profonde. L'expérience suivante est décisive à
même peut être considérée comme un aimant ce ( point de vue Qu'on prenneune aiguille à tricoter,
toujours existant; donc, une aiguille aimantée elle est formée, commeon sait, d'acier trempé, –
mobile autour d'un axe vertical devra, pour obéir et ( que par des frictions exercées, toujours dans le
aux actions magnétiques du globe, se placer tou- même avec le pôle d'un aimant, on la con-
jours parallèlement à l'aimant terrestre, son pôle vertissesens,
t
nord devant être de nom contraire au pôle nord de ttiés manifesteraen un aimant permanent. Une de ses moi-
la présence du fluide boréal
la terre puisqu'il est attiré par lui; son pôle sud libre
1 et l'autre moitié la présence du fluide austral.
de nom contraire au pôle sud de la terre puisqu'il Si S les deux fluides étaient effectivement séparés,
subit de sa part une attraction. De là par suite ccomme le sont les fluides électriques positif et
la direction et l'orientation de l'aiguille mobile. négatif
r dans un cykndre conducteur soumis à l'in-
3* Actions mutuelles des aiguilles aimantées. fluence
f! d'une source; s'ils se trouvaient l'un dans
Je présente le pôle nord d'une aiguille au pôle de la L moitié australe, l'autre dans la moitié boréale
même nom d'une autre aiguille ces pôles devront dde l'aiguille, on devrait
en coupant l'aiguille par
se repousser, puisqu'ils renfermentl'un et l'autre le L milieu emporter sur chaque fragment l'un dM
deux fluides seulement. Or l'expérience donne un mètre et demi de longueur, suspendu à un fil fin et
tout autre résultat quand on coupe l'aiguille par le placé entre les deux pôles d'un fort électro-aimant,
milieu, on obtient deux aimants au lieu d'un seul; accuse très nettement, par une rotation, laqu'onpro-
chaque fragment possède ses deux pôles sans au- priété diamagnétique dont il jouit aussitôt
pôle boréal
cune interversion, le pôle austral et le la fait passer le courant il tourne pour se fixer dans
gardant la positionqu'ils avaient avant rupture. la position équatoriale. Les nombreux composés où
On peut continuer ainsi, briser l'aiguille en une entre le fer sont tous magnétiques, alors même
foule de petits morceaux. Chacun d'eux constitue que ce métal n'y est représenté que bouteille par une très
toujours après la séparation un aimant complet. faible proportion. Ainsi, le verre à est
<~ue conclure de là? C'est que les fluides magnéti- magnétique il faut cependant ajouter que le prus-
ques ne se portent pas d'un bout du cylindre d'acier siate de potasse ou ferro-cyanure de potassium est
à l'autre. Chaque molécule, si l'on peut ainsi parler diamagnétique, quoiqu'il renferme du fer. L'eau
molécule de est diamagnétique, l'oxygène magnétique, etc.
pour être plus intelligible, chaque
fluide neutre ne se dédouble pas elle avait primi- 4. Magnétisme terrestre. On s'est demandé
tivement dans le fer ou l'acier non aimantés une quelle est au juste la aiguille nature de l'action que la
position quelconque, et l'ensemble des positions terre exerce sur une aimantée. Est-elle
occupées par les diverses molécules était tel que par exemple comparable à celle de la pesanteur?
la résultante de leurs actions sur une molécule L'expérience a nettement répondu Non, le globe
extérieure était nulle. Mais dès qu'il se manifeste n'exerce point une action de transport sur l'aiguille
aimantée; son action est purement directrice.
une influence magnétique venant de l'extérieur, s'o- En effet, si l'action magnétique de la terre pou-
les molécules de fluide neutre se dirigent et
riententtoutes dans le même sens; il s'etablit alors vait être assimilée à la force de la pesanteur, elle
dans la lame magnétique ce qu'on a appelé une serait représentée finalement par uno résultante
polarité déterminée. On peut du reste par le rai- unique appliquée en un certain point de l'aimant
que la résultante des actions
sonnement se rendre compte de l'effet que pourra considéré, de même
produire une polarité de ce genre, et l'on arrive à de la pesanteur.. le poids, est appliquée au centre de
reconnaître que grâce à elle il se manifestera une gravité. Cette résultante serait ou verticale, ou ho-
action australe prédominante dans une moitié de rizontale, ou oblique. Or, elle n'est pas verticale.
l'aiguille, une action boréale prédominante dans En voici la preuve on suspend un barreau d'acier
l'autre. trempé au-dessous de l'un des plateaux d'une ba-
Une explication des phénomènes magnétiques, lance très sensible, de manière à ce que son axe
beaucoup plus rationnelle que la précédente,a été soit vertical. On lui fait équilibre avec une tare
donnée à l'article ~ec<<<<< Les découvertes placée dans l'autre plateau. On aimante ensuite
d'Ampère ont montré qu'un aimant n'était en dé- fortement le même barreau et on le suspend de
finitive qu'un solénoïde d'une espèce particulière, nouveau sous le même plateau, dans les mêmespoids con-
c'est-à-dire qu'on pouvait le considérer comme con- ditions qu'auparavant. On reconnaît que son
stitué par un système de courants circulaires mar- apparent n'a pas changé. Cependant, si l'action
chant dans le même sens. Tout s'explique simple- magnétique du globe se réduisait à une force ma-
ment dans la théorie électro-dynamique. Nous ne gnétique unique de sens vertical, elle agirait ou
pouvons ici que la rappeler. Nousdirons seulement pour faire mouvoir le barreau aimanté de haut en
que c'est grâce aux électro-aimantsdont l'invention bas, ou pour le pousser de bas en haut. Le bar-
est due à Arago, que l'on est parvenu à constituer reau ne bougedonc pas, malgré la grande sensibilité
les aimants temporaires, de beaucoup les plus puis- de la balance, la force en question n'existe
sants. Une simple barre de fer doux contournée en pas, ou du moins, dans la conditioninférieure où est exécu-
fer à cheval et entourée d'une bobine d'un long tée l'expérience, sa pesanteur est à la
fil de cuivre, acquiert une aimantation tellement force d'un milligramme. La force terrestre est-elle
énergique, quand on fait passer un courant dans horizontale? Pas davantage. Placez une aiguille
la bobine, qu'on peut soulever à son aîde des ar- aimantée sur une lame de liège posée elle-même
matures de fer doux portant un poids de plusieurs sur l'eau; vous verrez le liège tourner de manière
centaines de kilogrammes. à faire prendre à l'aiguille la direction nord-sud,
3. Dlamagn6tiame. – Ces mêmes électro-ai- puis un équilibre final s'établira; l'aiguille n'en-
mants ont permis, en outre, de reconnaître la fa- tralnera le liège ni dans un sens ni dans l'autre;
culté magnétique dans une foule de corps où donc, point de force horizontale. Enfin, si la force
elle n'était même point soupçonnée. Pendant long- terrestre avait une direction oblique, elle pourrait
temps, on avait considéré le fer et ses composés, être décomposée en deux forces, l'une horizon-
plus trois autres métaux, le nickel, le cobalt et le tale, l'autre verticale; or aucune de ces deux
chrome, comme les seules substances magnéti- composantes n'existe réellement. L'expérience l'a
établi donc la résultante elle-même fait défaut.
ques mais lorsqu'il put disposer de la puissance terrestre. En l'action ter-
magnétique que procura l'emploi de l'électro- t" Coupie somme,
aimant, Faraday ne tarda pas à reconnaître que la restre est comparable à ce qu'on nomme un couple
catégorie des substances sensibles à l'aimant était en mécanique (V. Mécanique, p. 1275); elle se ra-
très nombreuse. On peut même dire d'une manière mène àun ensemblede deuxforces égales,parallèles,
générale que tous les corps de la nature sont in- agissant en sens contraire, et appliquées chacune i
nuencés par un aimant solides, liquides et gaz. l'un des pôles de l'aiguille aimantée. Pour se rendre
Il existe toutefois entre eux une différence essen- un compte exact de ceci, il ne faut plus laisser au
attri-
tielle les uns, placés entre les deux branches mot pôle le sens un peu vague qui lui a été M
d'un électro-aimant en fer à cheval, se dirigent sui- bué jusqu'ici. Précisons. Soit une molécule de
vant la ligne qui joint les deux pôles. axialement, fluide magnétique boréal libre placée à quelques
selon l'expression de Faraday; ceux-là sont attirés mètres de distance de l'une des moitiés AC de
et se comportent comme le fer; ce sont donc les l'aiguille aimantée, la la longueur par moitié australe exemple,
ê~le à cinq
corps proprement magnétiques ou para'Ha~?: dont nous supposerons particule magnétique du fluide
ques; les autres se placent dans une direction per- centimètres. Chaque
pendiculaire à la ligne des pales, équatorialement austral AC agira par attraction sur M. Il y aura donc
ils sont repoussés par l'aimant. Faraday les nom- autant de forces attractives intervenant qu'il y a
mait diamagnétiques. Les principaux parmi ces de particules libres en AC, et de plus ces forces
derniers sont le bismuth, l'antimoine, le zinc, pourront être considérées comme parallèles entra
l'étain, le mercure, l'argent et le cuivre. Un petit elles à cause de la faible longueur de l'aiguille et
barreau de bismuth d'un centimètre ou un centi- de la distance relativement grande qui la sépare
je M. Ces forces attractives parallèles entre elles lui soit perpendiculaire une aiguille aimantée dw
seront inégales, mais elles conserveront toujours manière que son centre de gravité se trouve sur
leurs rapports de grandeur,quelle que soit la po- t'aie de rotation, cette aiguille devra tourner;
hition qu on donne à l'aiguille par rapport à M, dans son plan, qui est le plan même du couple~
car leur intensité relative ne dépend que de la dis- terrestre, jusqu'à ce qu'elle se place dans la direct
tribution du magnétisme dans l'aiguille, laquelle tion des forces qui le constituent. A cette condi-
demeure invariable. Mais on sait (V. Mécant ue) tion seulement, elle pourra rester en équilibrer
que lorsque, sur un corps solide, agit un système Or l'expérience montre que l'aiguille dite cette-
de forces parallèlet dont les rapports de grandeur fois d'inclinaison n'est généralement pas horizon-
sont constants, toutes ces forces sont remplaçables tale. En ce moment, a Paris, le pôle nord plonge
par une résultante unique égale à leur somme, en-dessous de l'horizon d'environ 6&° 3t/.
parallèle à leur direction et appliquée en un point L'angle que forme avec 1 horizon la moitié nont
déterminé, invariable aussi, et qu'on nomme le d'une aiguille aimantée mobile autour d'un axe'
centre des forces parallèles. Dans l'espèce, toutes horizontal dans le plan du méridien magnétique
les actions de M sur AB se réduiront donc à une du lieu se nomme l'onze <~tMC/<naM<M.
seule force qui sera leur résultante et qui passera La connaissance de la valeur, en un lieu donné,
par un point fixe de AB. Ce point axe. c'est pré- des angles d'inclinaison et de déclinaison, fournit
cisément le pôle. Eh bien, quand on considère la positiondu couple magnétique terrestre. Quand
l'action magnétique exercée par le glebe sur l'ai- on y joint la mesure de l'intensité magnétique, on
guille aimantée tout entière, cette action peut être a déterminé ce qu'on appelle les éléments du ma-
représentée par deux forces égales, parallèles et gnétisme terrestre en ce lien.
de sens contraire, appliquées chacune à un pôle de <* Variations <!M ~MCtt~ magnétiques. La
l'aiguille et formant parsuite, par leur ensemble, détermination des éléments magnétiques a un
un véritable couple. L'aiguille, sous leur influence, grand intérêt leurs variations se lient avec les.
no peut, si elle est libre, si par exemple elle est changements de tout genre qu'éprouve notra
suspendue à un fil fin par son centre de gravité, globe. On a reconnu que la déchnaison et l'incli-
que tourner, de manière à devenir parallèle aux naison en particulier subissent des variations sé-
forces da couple. Alors, en effet, les deux forces culaires, des variations diurnes affectant les une&
agissant en sens contraire et suivant la mA?te ligne et les autres une périodicité réelle, et enfin des.
<0t<f se détruisent, s'annulent, et l'aiguille reste variations accidentelles, en relation avec l'appari-
en équilibre. tion des orages, des aurores boréales, avec les
t
Ceci nous conduit une méthode fort simple
pour trouver la direction des forces terrestres. Il
tremblements de terre.
Voici quelques aperçus sur les variations sé-
faudra déterminer t* le plan du couple; 2* la culaires à Paris t" de la déclinaison elle était
ligne suivant laquelle agissent les forces dans ce orientale en 1580, et sa valeur de lf',30', il
plan. juste 300 ans; puis l'aiguille s'est rapprochéeydea.
9° Angle <fe déclinaison. Le plan du «mpie plus en plus du méridien terrestre, et la déclinai-
est fourni par l'aiguille dite ef< ctec/tnaMon.est son est devenue nulle en t663. A partir de cette
précisément le petit appareil qui a servi jusqu'à époque, l'aiguille s'est écartée de plus en plus du~
présent à nos expériences. Par tâtonnement on ar- méndien vers l'ouest et le maximumde la décli-
rive en effet a donner à la moitié de l'aiguille, qui naison occidentale a été de 22«,34' en 1814. De-
doit être le pôle boréal, un surcroît de poids M tel puis 18t4, l'aiguille revient sur ses pas; elle se
que l'aiguille se maintienthorizontale (quand elle rapproche de plus en plus du méridien la décli-
est aimantée), malgré l'action magnétiquedu globe naison a successivement été de M<41' en t848~r
qui tend à incliner au-dessous de l'horizon le côté de 19'0,6 en 1863; de )6''56~,4 en janvier 1879;
nord de l'aiguille. En d'autres, termes, le centre S'' de l'inclinaison; depuis )671, l'angle d'incli-
de gravité proprementdit de l'aiguille n'est point naison va en diminuant à Paris d'une manière
sur le prolongement du pivot vertical qui la sup- continue comme si nous descendions progressive-
porte, et quand elle est désaimantée, l'aiguille ment vers une latitude magnétique moins élevée.
penche du côté du sud. Quand elle est aimantée, Il semble que le pôle magnétique terrestre s'é-
elle se maintientau contraire rigoureusementho- loigne de nous de plus en plus. L'angle d'incli-
rizontale. Elle tourne alors autour du pivot vertical, naison en 1671 était de '!5° il a diminué depuis
et après quelques oscillations elle vient se placer d'une manière continue 68", 1' en 1825; 66'0'9 en
nécessairementdans le plan même du couple ter- 1863; 65<31,8 en janvier t879.
restre. Là seulementelle peut se maintenir en Ces mêmes éléments magnétiques considérés a.
équilibre stable. Les composantes verticales des la même époque ont des valeurs très différentes~
forces du couple sont détruites par la résistance d'un lieu à l'autre. Ainsi, en juin 1876, la décli- {
du support de l'aiguille, et ses composantes hori- naison étant à Paris de n*.)9 avait pour valeur à,
zontales ne peuvent s'annuler réciproquement Lyon 15< t5*,t à Marseille, M'.M à Brest. On
qu'autant que l'aiguille se place dans leur propre a pu même marquer sur la carte de France des
direction. Le plan vertical passant par les deux lignes d'égale déclinaison magnétique ces lignes~
pôles de l'aiguille en équilibre est donc exactement dans leur allure générale, affectent un certain pa-
le plan même du couple terrestre. rallélisme et font un angle très sensible avec la
On a ainsi reconnu que le plan du couple ter- méridienne géographique. Ainsi la ligne corres-
restre, ou le méridien magnétique d'un lieu. ne pondant, le 15 juin 1876, à la déctinaison de 18*
se-confond pas habituellementavec son méridien passait par Rouen, le Mans, Niort en France, et
géographique. L'angle que font les deux plans Logrono en Espagne. La ligne donnant la déclinai-
porte le nom d'angle </e déclinaison. Quand le son de )TpassaitunpeuaI'estdeMelun,aà Bourges,
pôle nord de t'aiguille aimantée s'écarte du méri- & Guéret, un peu à l'est d'Auch, etc. !1 va sans
dien géographique vers l'est, la déclinaison est dire que les lignes elles-mêmes ne sont pas nies
dite orientale; elle est occidentale, quand le même elles vont en se déplaçant d'une manière continue
pôle s'écarte, au contraire, vers l'ouest. On a avec le temps..
imaginé des appareils spéciaux assez compliqués, Pour la valeur de l'inclinaison, on trouve des
que nous n'avons pas à décrire ici, pour mesurer variations tout aussi considérables quand le lieu
l'angle de déclinaison avec une grande exactitude. d'observation change. D'une manière générale,
ao Angle dinclinaison. Le plan du méridien quand on marche de l'équateur vers le pôle nord,
magnétique étant maintenant déterminé, si nous l'angle d'inclinaison va en croissant. On trouve
rendons mobile dans ce plan autour d'un axe qui même un point de la terre vers la latitude de ~5\
où cet angle prend ta valeur de 90°. En ce point, nation, il apprit bien des choses inconnues de ses
tes forces du couple terrestre sont verticales, compatriotes. Son mariage avec une riche veuve,
1 aigutUe d'inclinaison devient verticale elle-même. Khadidja, lui fit des loisirs. Il se livra dès lors à
Au contraire, dans une série de lieux voisins de l'étude et à la méditation. Tous les ans, il faisait
l'équateur, l'inclinaison est nulle la courbe qui les une retraite dans la solitude du mont Hira, près
réunit porte le nom d'Equateur magnétique. L'é- de la Mecque. Là, sous un ciel ardent, par l'effet
quateur magnétique ne se confond pas exactement de la prière, du jeûne, son imagination s'exalta.
avec l'équateur géographique la courbe qui lui Ses idées, jusqu'alors confuses, prenaient devant
correspond présente une forme sinueuse, elle lui une forme visible, il sentit << ~M'Mn livre
offre dans son ensemble la figure d'un grand avait été écrit dans son e<BMr. )I commença à
cercle dont le plan formerait avec celui de l'é- dicter les sourates du Coran, que» lui soufflait, di-
quateur terrestre un angle de )2" et demi. Au sud sait-il, l'ange Gabriel.
de l'équateur magnétique, le pôle sud de l'aiguille Etat de <fa&:< L'Arabie était alors pro-
plonge au-dessous de l'horizon, et d'autant plus fondément divisée. Les tribus se pillaient et s'en-
qu'on s'avance davantage vers les latitudes élevées tretuaient avec un furieux acharnement. L'anar-
de l'hémisphèreaustral. chie était dans les idées aussi bien que dans les
Quant aux variations diurnes do lit déclinaison, mœurs. La fameuse pierre noire tombée du ciel.
elles sont très faibles: pendant la nuit l'.ugnille les génies,les ogres, les idoles de toute espèce
reste a peu près immobile; le matin elle marche étaient adorés ensemble. La Cu~&a ou grand tem-
de l'est vers l'ouest à Paris, puis, le soir, à partir ple de la Mecque était un pandémonium. Mais
de une heure de l'après-midi, eUe revient sur ses tous les habitants de l'Arabie se réclamaient d'une
pas pour reprendre MO heures du soir sa position même origine, ils avaient des traditions commu-
primitive. nes, une langue, une littérature. A défaut do
3. Procédés d'aimantation. On distingue croyances précises, ils avaient un culte organisé
plusieurs procédés d'aimantation qui doivent être dont le sanctuaire était à la Mecque, où l'on ve-
employés, l'un ou l'autre, suivant les cas: celui nait déjit en pèlerinage.
de la simple touche avec frictions, celui de la Prédications de Mahomet. L'Hégire. Ce fut
touche séparée, celui de la double touche (V. Ai- en se servant de ces éléments d'unité que Maho-
maM<a<!OM). Nous indiquerons le plus facilement met entreprit de réunir
en nation ces peuples
exécutable, le procédé de la simple touche nous d'pars et de leur donner une religion. Doué d'un
l'avons déjà expliqué dans ce qui précède peu de remarquable talent d'écrivain et d'orateur, il
mots suffiront pour compléter ce qui a été déjà allait sur les places, dans les marchés, parlant,
dit. On pose sur une table de bois le barreaud'a- prêchant, convertissant. Les Coréischites, qui
cier trempé AB que l'on veut aimanter, on tient étaient maîtres de la Mecque, s'alarmèrentde ses
d'autre part à la main un barreau aimanté puis- progrès. Chassé par la persécution, il se réfugia
sant A'B qui doit servir d'excitateur, et on promène dans une ville voisine, Yatreb, qui prit le nom de
ce dernier sur le barreau fixe en le plaçant verti- Médinat-el-Nabi, cité du prophète. C'est de cette
calement en contact avec lui. En exerçant des fric- fuite ou hégire que date l'ère musulmane (622).
tions continues, toujours dans le même sens, de Fin de Mahomet. A Médine, Mahomet orga-
A vers B, par exemple, on arrive après plusieurs nisa sa religion et son gouvernement. Il se défendit
passes à l'aimanter à saturation. Si l'on a choisi victorieusement contre ses ennemis, prit à son
le pôle A pour provoquer l'aimantation, on cons- tour l'offensive, et tantôt négociant, tantôt
tate à la fin que le dernier point touché B est un battant, soumit toute l'Arabie..Il rentra en com- vain-
pôle de nom contraire iL A' et le premier point queur dans la Mecque, dont il voulait faire sa ca-
touché A un pôle de même nom. Il est bon de pitale, et installa son culte dans la Caaba. Déjà.
retourner le barreau et d'opérer encore des fric- il portait ses vues au delà de l'Arabie, il expédiait
tions comme auparavant en conservant toujoursle au roi de Perse et à l'empereur d'Orient des mes-
sens du mouvement déjà adopté. sages menaçants qu'allaient bientôt suivre des
On peut aussi aimanter très énergiquementun armées, lorsqu'il mourut en 632. L'unité politique
barreau en le plaçant dans l'intérieur d'une bobine de l'Arabie était un fait accompli, son unité reli-
de fil de cuivre que traverse un courant électrique. gieuse était fondée pour des siècles sur.une base
(V. Électricité.) solide: le Coran.
Enfin on peut produire l'aimantation par l'action Le Coran. Le Coran est l'ensemble des dictées
de la terre qui sert alors d'aimant excitateur. que Mahomet composait dans ses extases et qu'il
Une barre de fer doux placée dans une direction faisait écrire par ses disciples et ses secrétaires
parallèle à l'aiguille d'inclinaison est par là même sur des feuilles de papyrus ou des os de mouton.
aimantée, mais d'une façon transitoire: le pôle Chaque dictée forme une ~OM'atc, chaque sourate
austral est en bas et le pôle boréal en haut. se divise en versets. Le Coran n'est point livre
L'aimantation se conserve en partie si. pendant didactique ni un récit continu. C'est à la un fois un
que dure l'influence terrestre, on fait éprouver à livre religieux, un code, un recueil de narrations
la barre une action mécanique ou moléculaire où les prescriptions, les récits, les descriptions se
quelconque choc, friction, torsion, action chimi- succèdent avec une variété et une richesse inouïes.
que. Les barres de paratonnerre, qui sont implan- Le ton général n'est pas celui d'une démonstra-
tées verticalement au sommet des édifices, pren- tion. Mahomet procède par affirmations,par apos-
nent de l'aimantation sousi'action de la terre et la trophes,par images éclatantes il parM autant aux
gardent parce qu'elles se rouillent a leur surface sens qu'à l'esprit. Pour prouver l'existence de
pendant que s'exerce l'influence terrestre. Dieu, il atteste le soleil, la lune, le spectacle des
L'application de l'aiguille aimantée à divers choses créées.
usages pratiques, entre autres à la navigation, a L'A/aotMme f!a!M le Coran. Les doctrines
donné naissance à la boussole. V. Boussole. religieuses contenues dans le Coran peuvent se
[A. Boutan.] ramener à deux principes essentiels la croyance à
MAHOMET. Histoire générale, XVII Litté- un Dieu unique; la croyance à une vie future où les
ratures étrangères, X. Mahomet naquit à la actions de chacun seront examinées et deviendront
Mecque vers l'an 5'!0. Orphelin de bonne heure, l'objet d'une récompense ou d'un châtiment. Au
réduit à une extrême pauvreté, il fut d'abord con- jour du jugement, les morts se présenteront pour
ducteur de caravanes. Ce genre d'existence plai- passer le pont El-Sirdt, plus étroit qu'un cheveu,
sait a ses instincts contemplatifs; ses voyages le plus effilé que le tranchant d'une épée. Les vrais
mirent en rapport avec des hommes de toute fidèles pourront le franchir et iront jouir d'une
félicité éternelle dans le paradis toujours vert, leudes, et sauva la Gaule de l'invasion musul-
aux frais ombragea, aux eaux jaillissantes. Les mane, en battant tes Arabes à Poitiers ~32). Char-
autres, précipites dans les abîmes, y subiront des tes Martel laissa deux fils, Carloman et Pépin le
tourments sansnn. Bref, qui M partagèrent le pouvoir; mais bientôt
L'Islamisme daM l'histoire.-Tel est le dogme. Carloman se retira dans un clottre, et Pépin con-
Le credo musulman tient dans ces quelques mots: serva seul l'autorité. Déjà pendant un moment,
Dieu est Dieu et Mahomet est son prophète. Tout sous Charles Martel, le trône était resté vacant à
le reste n'est que règlements du culte, prescrip- la mort de Thierry IV C!97) Pépin le Bref, conti-
tions de morale, de politique ou simplement nuant la politique des chefs austrasiens, fit cou-
d'hygiène. L'idée fondamentale se dégage avec ronner en M2 Childéric III mais dix anl plus
tard, jugeant qu'il pouvait danger rompre
une précision et une netteté intelligible pour tous. sans
Des millions d'hommes l'acceptèrent. En un siècle, avec la tradition jusqu'alors respectée, ilmérovin- déposa
l'islamisme, par la parole et surtout par le sabre, le dernier représentant de la famille
avait conquis l'ouest de l'Asie,le nord de l'Afrique gienne, et se fit proclamer roi lui-même C!M).expé- Son
et l'extrémité de l'Europe. A son abri, des Etats alliance avec le Saint-Siège,à la suite de ses
t'organisèrent, des civilisations fleurirent. Dans ditions en Italie contre les Lombards, affermit
l'histoire de l'humanité, le moyen Age musulman son autorité, et lorsqu'il mourut en 768, nul ne
mérite une plus belle place que le moyen Age chré- songea à disputer la couronne ses à héritiers.
tien. Mais tandis que le reste du monde marchait, Une race nouvelle avait remplacé cellededePépin Clovis;
le
l'Islam est demeuré stationnaire. Les sociétés qu'il Charlemagne fils et successeur
ni Révolution. Bref, allait achever l'étonnante fortune des des-
a formées n'ont eu nideRenaissance
Elles sont menacée* périr, si l'Europe ne leur cendants des maires d'Austmsie en rétablissant i!
reporte la lumière qu'elle leur a prise autrefois. son profit l'empire d'Occident.
[MauriceWahl.] MAISONS. – Hygiène, VU. Nous avons rare-
MAIRES DU. PALAIS. Histoire de France, ment le privilège de faire construire notre de-
IV. Ce titre désigne, à l'époque mérovingienne, meure, souvent même nous ne pouvons guère la
an personnage dont les attributions primitives choisir, et nous sommes obligés de tirer le meil.
sont assez mal connues, et qui paralt avoir été leur parti possible d'une construction mal conçue
simplement, au début, le premier officier de la et mal exécutée. Peut-être les architectes de l'a-
maison royale, désigné par le roi lui-même pour venir apprendront-ils l'hygiène. De nos jours, ils
remplir ces fonctions. Mail dès le règne de Sige- ne s'en occupentpoint, il semble que cela ne soit
bert, dans la seconde moitié du Vf siècle (V.~ro- pas de leur ressort. H s'en faut de beaucoup que
B!<7Mn<\ le maire du palais, en Austrasie, noM le confort des: habitationsprogresse du même pas
apparaît comme le chef électif des leudes, c'est-à- que le luxe des constructions et des aménage-
dire dea grands du royaume et il en est bientôt ments c'est le contraire qu'il faudrait. Lorsque
de même en Bourgogneet e~ Neustrie. Clotaire II l'hygiène sera vulgarisée, l'opinion publique for-
s'engage, en 614, à ne jamais intervenir dans l'é- cera les architectes et les spéculateurs à bâtir des
lection des maires du palais; et pendant que lei maisons saines. Jusque-là, on ne peut espérer au-
royaumes francs sont réunis tous l'autorité nomi- cune réforme sérieuse.
xale d'un seul souverain, les maires occupent Il importe donc à chacun de savoir d'après quel-
dans chaque royaume la place d'un vice roi. Sons les règles une habitation doit être construite, afin
le règne de Dagobert et de son fils Sigebert U, d'apprécier, en toute connaissance de cause, les
Pépin de Landen ou Pépin le Vieux est maire du qualités et les défauts de celle qu'il habite ou se
palais en Austrasie, et il acquiert une telle puis- propose d'habiter. Si.le choix est possible, ces
sance, que cette dignité devient héréditaire dans connaissances seront d'un grand secours. Dans le.
sa famille. Grimoald, son fils, lui succède, et, cas précautions contraire, elles serviront du moins à suggérer
mépris des Austrasiens la du les nécessaires pour pallier les défauts
< voyant le pour race
grand Ctovis. il relégua le nls de Sigebert dans un du local imposé et défectueux.
monastère d'Irlande, et fit nommer roi son propre Nous aurons soin, d'ailleurs, après avoir décrit
Bis, Childebert. Mais le moment n'était pas encore ce~ qui devrait être, d'indiquer les compromis, les
venu de renverser l'antique famille des rois che- petits moyens qui peuvent rendre moins dange-
velus. Les Austruiens munirent aux Neustriens reuse une habitation malsaine.
contre Grimoald, qui fut tué avec Childebert. » J?M/)!acem<M<.– La localité, le sol, le voisi-
(Lavallée.) La tentative prématurée de Grimoald nage, l'exposition doivent être l'objet d'un minu-
ayant échoué, les royaumes franco se trouvèrent tieux examen, soit pour Bxer son choix, toit pour
placés de nouveau sous le gouvernement nominal prendre tentes les précautions possible* lorsque
des rois neustriens, au nom desquels comman- la nécessité permet seulement d atténuer certains
dèrent successivement deux maires célèbres, Er- désavantages.Le m~MM dans lequel semodifications trouve l'ha-
kinoald et Ebroin. Cependant l'Australiesupportait bitation apporte naturellement des
impatiemment le joug. Un petit-fils de Pépin le dans sa construction et son aménagement nous.
Vieux par les femmes, Pépin d'Héristal, y devint en parlerons en détail en traitant ce mot.
chef des leudes, et, après lai mort d'Ebroin, vain- Co?u<t'Mfft<M. Les bons matériaux de con-
quit les Neustriens à Testry (68~. Cette victoire struction doivent être mauvais conducteurs de la
assura définitivement la prépondérance de l'Aus- chaleur, non hygroscopiques, inattaquables par
trasie, et donna à Pépin d'Héristal un pouvoir tes moisissures, non susceptibles de dégager des
qu'il devait transmettre à ses descendants. Pépin gaz délétères. Les questions de prix, de durée, de
se contenta du titre de maire du palais, et laissa beauté, sont tout à fait secondaires. Le granit, le
la couronne au roi de Neustrie Thierry III et a grès, la pierre meutière, le calcaire dur, remplis-
ses faibles successeurs Clovis III, Childebert III, sent toutes ces conditions.Le calcaire tendre, qm
Dagobert Ht, que l'histoire a appelés les t'OM fournit à Paris la plus grande partie des pierres
fainéants. A sa mort en i4, il eut pour successeur de taille et des moellons, est plus sujet à retenir
son fils Charles Martel, qui, après avoir comprimé t'humidité. Cependant on a inventé plusieurs pro-
imperméable à la surface.
leur tentative des Neustriens pour reconquérir cédés qui le rendent
une indépendance, devint le maître de tout l'em- L'un d'eux consiste à t'imprégner de silicate de
pire franc, sans prendre toutefois la couronne, potasse. Une peinture à l'huile de lin cuite et sa-
et en conservant à côté de lui des simulacres de turée de litharge serait également utile.
rois pris dans la famille mérovingienne. Il confis- C'est surtout pour les fondations et le rez-de-
qua les biens de l'Eglise, qu'il distribua à ses chaussée qu'il importe d'employer, des
matériaux
inacéesslbles l'humidité, comme la pierre meu- travail forcé dans les ateliers où conspirent l'encombrement,
les émanations, les poussières, contre
)i(;re jointe au ciment. Au niveau des fondations, ¡.
ils s'entassent dans de misérables
le sol devrait être parfaitement drainé, puis rece- leur existence,
l'asphyxie
voir une couche de scories ou de pierrailles re- réduits, où règnent ledeméphitisme et Les conseil
couverte par une assise de ciment. De cette ma- c'est là une des plaies notre tempe.
nière on serait sûr qu'aucune exhalaison dange- de salubrité pourraient beaucoup pour atténuer
reuse ne pourrait s'élever du sol pour se répandre le mal. On a réussi en partie en quelques pays.
dans la maison. H serait même avantageux de bi- Mais la question du logement des ouvriers est tort
tumer le sol et les murs de la cave. complexe, elle touche l'organisation même de
La brique bien cuite, en partie vitrifiée, vérita- la société, aux salaires; il faut donc se résigner à
ble pierre siliceuse artificielle, est d'un excellent donner supportable des conseils palliatifs. En les suivant, on
emploi pourvu qu'on la joigne avec du ciment. La rendra ce qui est, et peu à peu l'es-
terre pilée, ou pisé, peut servir aux constructions prit public améliorera, sans secousses, la vie ma-
proté- térielle des travailleurs. L'hygiène est une science
sur les terrains très secs, à la condition de
sociale elle joindra sa voix aux revendications lé-
ger les murs contre la pluie et les infiltrations. des progrès apportée par le
Le meilleurplâtre est celui qui exige le moins gitimes et profitera société.
d'eau pour se gâcher au degré convenable. Dans temps dans l'organisation de la ouvrières, sortes de
La création de grandes cités
toutes les parties basses ou exposées à t'humidité fatalement insalubres, physique et
on doit lui substituer le ciment. Le plâtre, en effet, casernes au
moral, cède aujourd'hui le pas aux essais
est très hygroscopique, et au bout de quelque au bien mieux compris de petites maisons isolées ou
temps l'humidité qu'il retient produit le salp&trage
des murs, défaut auquel on ne peut guère remé- par groupes de deux à quatre, comme celles de la
dier. Société MMMoMMMtn' de la CoMpa~ des Mines
Les bois employés dans les constructions sont de Blanzy. Aujourd'hui les bons modèles ne man-
il s'agit de trouver les moyens de les
sujets à une décomposition lente produite par une quent pas,
graduellement accessibles a tous. Les plus
sorte de fermentation et par la production de moi- rendre qui doivent faire le plus d'ef-
sissures. C'est là une cause de dangers et d'insa- intéressés sontleur ceux
Aide-toi et la société t'ai-
lubrité qu'il serait facile de prévenir en imprégnant forts on peut dire
dera.
ces bois d'acide pyroligneux ou d'autres substances
préservatrices. En tout cas, il
faut savoir que les Distribution et usage. La maison la plus hum-
salle commune destinée aux
bois coupés en sève sont fatalement destinés à une ble doit avoir une
prompte destruction. On choisira les essences les réunions de la famille et aux relations. Si l'espace
plus résistantes et surtout on prendra soin que manque, elle pourra l'on fort bien servir aussi de salle
f'humidité n'ait accès nulle part. à manger, pourvu que ait soin d'y établir,
Si les maisons des villes laissent tant à désirer, après chaque repas, unles émanations.
rapide courant d'air, qui
de celles des chasse les odeurs et Que cette
sous tous les rapports, que direprovinces''L'es- salle commune, âme de la maison, réunisse tou-
paysans dans la plupart de nos de confort tempéra-
pace étroit enclos entre les quatre murs est recou-
tes les conditions désirables
vert d'un toit de chaume surbaissé, fertile réser- ture douce, air pur, beaucoup de lumière, des
voir de moisissures suspectes. Le sol de terre meubles l'esprit, bons à l'usage tout cela dispose favera-
battue se détrempe et s'imprègne de boue et deblement fait aimer la maison, et c'est là,
fumier; souvent même des animaux domestiques, en hygiène, comme en morale, un point essentiel.
admis dans une intimité compromettante, rendentL'amour du foyer crée des habitudes régulières,
la place inhabitable pour leurs maîtres, stoïque- des plaisirs simples, des satisfactions toujours
prêtes qui contribuent puissamment à entretenir
ment entassés dans des lits clos étagés comme l'esprit le dans de bonnes conditions. Le
ceux des cabines de navires. L'impôt des portes et salon deetparade corps
et la salle à manger sont des piè.
fenêtres ingénieusementéludé a fait percer dans lesquelles sacrifie à tort l'es-
le mur des trous bouchés en hiver par de la ces de luxe pour qui seraientonmieux employés ail-
paille. A coté de la maison un tas de fumier dont leurs. pace et l'argent
le purin forme ruisseau devant la porte, puis l'é- Les tentures sombres, les meubles d'apparat
table dont les émanations se mêlent à celles du n'ont rien de commun avec Fhygiène. Si les occu-
purin. Parfois même, un vide dans. la muraille pations exigent un cabinet de travail, que ce soit
grande, bien éclairée, dont on puisse
met celle-cien communication directe avec la mai- une pièce régler la température. Surtout, qu'elle
son pour que les animaux puissent y prendre leur facilement permette de s'isoler des bruits domestiques comme
nourriture dans l'auge ou le râtelier. dehors, le fatigue
Certes le mal n'est pas partout aussi grand des bruits du car cerveau se
mais presque toujours les constructions rurales s beaucoup plus lorsqu'il est obligé de faire sans
l'hygiène la bienséance. cesse abstraction de ces bruits pour rester seul
semblent un défi à et à double fe-
t.a réforme viendra de la vulgarisation de l'hygièneavec lui-même. beaucoup Une double porte, une
produire cet isole-
qui fera aimer, avec le bien-être relatif, tout ce) nôtre, peuvent maintenir
pour
température uniforme.
qui augmente la dignité humaine. Pour améliorer ment et une
Nous passons dans notre c~)m&)'e cpMC/t~* an
l'hygiène rurale, il faudrait d'abord choisir judi-
c eusement l'emplacement des habitations, lesmoinspartie un tiers de notre existence; mais comme
ccnstruire de façon à ne pas marchander l'air ett cette de notre vie est absolument privée,
la lumière, isoler les dépendances de l'habitation1 nous croyons salon que tout est assez bien pour cette
humaine, adopter pour les fumiers les fosses êtan- pièce dont le et la salle à manger réduisent
ches et couvertes, placées loin de la maison et loini l'envi les dimensions. En fait, ,en couche n'im-
des puits/Ensuite, l'instruction bien dirigée ap- porte où, dans un cabinet, une alcôve, une sou.
prendrait au paysan qu'il a intérêt à soigner sapente; il semble que là où l'on peut placer une
homme
maison, son fumier, sa santé, celle des siens, que couchette un contraire. Que la chambre à peut dormir. On devrait
c'est pour lui la meilleuredes spéculations. Quand chercher tout i le
bien éclairée, visitée du
cou-
soleil, le
il en sera convaincu, le reste sera facile. cher soit vaste,
assainisseur. Que l'air s'y renouvelle natu-
Malgré leurs misérables demeures, tes paysans9 grand
résistent à une foule de causes de maladies ou de9 rellement par la cheminée ouverte, on sera sûr
dégénérescence, parce que la plus grande partie alors qu'elle sera plus utile comme appareil de
de leur vie se passe au grand air. Les ouvriers des ventilation que comme appareil de chauffage. Un
villes sont encore plus malpartagés. Ils forment une aura donc soin de ne pas l'obstruer en baissant
i
population chétive, malingre, rabougrie. Après un le rideau mobile ou en y plaçant un devant de clio-
minée. Le trou béant n'est pas joli & !'œil. mais L'adulte de *0a 95 ans respire de 18 a Mfois
c'est un poumon qui fait respirer cette chambre par minute, l'enfant de 5 ans, 26 fois. Ces chiffres
où l'air doit sans cesse se renouveler. H y aurait montrent que tes besoins respiratoires de l'en-
d'ailleurs un moyen de tout concilier, ce serait fant sont bien supérieurs à ceux de l'adulte,
de fabriquer des devants de cheminée en toiles et comme, d'autre part, il résiste beaucoup moins
métalliques peintes et ornées comme des stores. aux causes d'atfaibtissement ou do maladie, on
!1 serait bon, en outre, de pratiquer près dn pla- comprend qu'il lui faut beaucoup d'espace et
fond une ventouse dans le tuyau de la cheminée. beaucoup d'air pour se développer convenable
L'air vicié s'écoulerait naturellement par cette ment. Le luxe mal entendu tue autant d'enfante
issue, que l'on pourrait fermer quand la cheminée que la misère, en les condamnant à l'immobi-
servirait au chauffage. lité, au silence, en les privant d'air et de lu-
La chambre à coucher, pour une personne, de- mière dans des appartements calfeutrés et capi-
vrait cuber 60 mètres environ, pour que l'air s'y tonnés.
maintienne dans un état de pureté convenable Les chambres de domestiques devraient peu
sans recourir à une ventilation forcée. En huit din'érer de celles des maîtres au point de vue de
heures nous absorbons dans nos poumons 3,600 l'hygiène. Nous admettrons qu'elles soient moins
litres d'air et nous exhalons 180 litres d'acide car- confortables, parce qu'elles sont moins habitées,
tonique. Ce gaz n'est pas à proprement parler mais la santé, l'hygiène, ne connaissent point de
toxique, mais it est irrespirable. L'air pur n'en distinctions sociales. Il y a égalité parfaite devant
contient que trois à quatre dix-millièmes, l'air les rhumes et les fluxions de poitrine, l'étiole-
d'une salle de spectacle, d'une classe, devient ment faute d'air et de lumière, l'asphyxie nu l'em-
malfaisant et cause des maux de tête. de l'engour- poisonnement dans une atmosphère confinée. Si
dissement, dès qu'il en contient quelques milliè- la classe des serviteursest utile, indispensable,il
mes. Jugez quelle doit être l'atmosphère d'un importe de la maintenir dans les meilleures con-
réduit étroit où l'on passe huit ou dix heures. ditions possibles, même au seul point de vue de
quelquefois en compagnie d'une lampe, d'un l'économie sociale. H appartient aux maltres de
chien, qui doublent la production de gaz irrespi- veiller à ce que les chambres des serviteurs soient
rable. aménagées et entretenues de manière à leur assu-
Notons que l'accumulation d'acide carbonique rer le confort et la salubrité compatibles avec les
ne constitue pas le plus grand danger de l'atmo- circonstances, mais les serviteurs doivent s'ins-
sphère confinée d'une chambre à coucher. La peau truire eux-mêmes des principes élémentaires de
et les poumons exhalent aussi dans l'air des va- l'hygiène pour tes appliquer avec soin et zèle ou
peurs, des miasmes qui imprègnent la literie, les pour réclamer les améfiorations urgentes dans
rideaux, les papiers de tenture, les murs même leur installation.
et qui constituent, dans certaines circonstances, A la campagne at dans les petites localités les
un véritable poison dont les effets se traduisent cuisines des maisons bourgeoises sont d'ordinaire
quelquefois par une maladie aiguë, et le plus sou- assez vastes, suffisamment aérées et disposées de
vent par une détérioration générale de la santë telle façon que les odeurs ne pénètrent pas dans
que 1 on attribue à toute autre cause. les appartements. Mais chez tes paysans, la salle
La laine des matelas et des couvertures, la commune dont nous avons parlé sert aussi à la
plume et le duvet surtout, retiennent facilement préparation des repas, de sorte qu'aux mille
les miasmes. Ces deux derniers articles devraient odeurs et émanations qui s'y rencontrent, s'ajou-
être bannis de la literie, car outre leur facile tent les vapeurs culinaires, tes senteurs Acres et
contamination ils habituent à une chaleur moite tenaces de graisses surchauffées. La plus humble
qui est malsaine. La laine est facile à nettoyer et maison rurale devrait avoir une cuisine séparée,
à désinfecter, il n'y a donc pas lieu de la pros- pour assurer la propreté et prémunir l'habita-
crire, pourvu qu'on procède fréquemment à son tion contre tes émanations, la fumée qui s'en dé-
épuration. Les sommiersélastiques tendent à rem- gagent.
placer partout la pnt~tMM, véritable sac à pous- Dans les grandes villes, la cuisine fait corps,
sière et à moisissures. Faute de sommier élasti- d'ordinaire, avec l'appartement; on lui donne à
que, que le premier matelas soit fait de paille, de regret, un coin obscur, étroit, carrelé, disposé de
balles d'avoine, de spathes de maïs, de crin végé- la façon la plus ingénieuse pour ruiner la santé
tal, mais à la condition de renouvelertrès sou- des personnes qui y séjournentet pour incommo-
vent ces substances pour assurer en même temps der plus ou moins les autres. Le fourneau chauffe
t'hygiène et le confort. fortement la tête, tandis qu'un courant d'air froid
Supprimez' tes rideaux de lit, obstacle au re- passant sous la porte glace les pieds; le tirage
nouvellement de l'air, refuge des insectes, réser- illusoire de la hotte laisse disperser aans la pièce
voir de poussière s et de miasmes. Aérez chaque l'oxyde de carbone, source immédiate de malaise.
tour et exposez s'il se peut au soleil les pièces de de maux de tète, et source lointaine d'un vérita-
la literie. Comme on fait son lit on dort et l'on se ble empoisonnement chronique. Par intervalles,
porte. des bouffées de vapeurs Acres et irritantes achè-
Là où les circonstances le permettent, nous vou- vent de rendre irrespirable cette atmosphère
drions voir sacrifier, au besoin, une des pièces de viciée. Ajoutez à cela mn évier dont le tuyau ou-
luxe pour en fa ire la cAnMtre des enfants. Lors- vert dégage une odeur méphitique d'œufs pourris.
que le mauvais temps ou d'autres causes ne leur Telle est la cuisine du plus grand nombre des
permettent pas les ébats au grand air, qu'ils aient logements de Paris et des grandes villes. Voici ce
au moins à la maison une pièce à eux, en rapport qu'il faut faire pour la rendre moins dangereuse et
avec leurs besoins. Pas de rideaux aux fenêtres moins désagréable à tous égards. Sur le dallage
presque toujours ouvertes, pas de meubles qu'il mettre une natte épaisse poser on bourrelet au
faille traiter avec cérémonie, rien qui gêne les bas de la porte et à mi-hauteurdes côtés établir à
franches allures, mais une natte sur le plancher la hauteur de la tête une prise d'air pur par la
pour amortir les bruits et au besoin les chutes. porte ou la fenêtre; pratiquer une ventouse près
Des jouets simples, qui soient une occasion d'exer- du plafond pour l'échappement du mauvais air
cice et de jeux actifs. Nous voudrions bannir la ventiler en grand, par un courant d'air, sans y
poupée, inventée pour immobiliser les enfants, rester exposé, dès qu'il s'est dégagé une odeur
ces « bandits aux ièvres roses o qui ne doivent un peu forte, et après la préparation de chaque
pas être « sages » si l'on veut qu'ils se portent repas: employer fréquemment, et partout, la
bien. brosse et le savon. L'évier nécessite des soins spé-
ciaux. Plus tard, les architectes sauront les dis- avoir plus de 0",16 de hauteur. On les fait d'or-
poser de manière à ne pas en faire des foyers dinaire planes ou légèrement inclinées en avant,
d'infection. On peut assainir les plus mat cons- de sorte qu'il faut un effort musculaire consi-
truits par de grands lavages avec une solution dérable pour porter le corps en avant pendant
bouillante de potasse. Pour empêcher l'air impur qu'on l'élève; cet effort serait notablement dimi-
de refluer par leur orifice, une soupape ou un nué si l'on inclinait légèrement les marches en
bouchon de métal suffisent à la rigueur. Pour faire arrière.
mieux, on couvre l'orifice d'un petit appareil Et- L'ascensionun peu rapide de quatre étage* fait
irant, mobile, en forme de cloche, dont le bord souvent monter lefonctions pouls de 72 à 130 pulsations
tjourë repose sur une rainure pleine d'eau, de sorte par minute. Les du cœur et des pou-
qu'en laissant passer les liquides il s'oppose a la mons se trouvent donc gravement compromises
rentrée de l'air. pendant quelque temps, chaque fois qu'on renou-
Les cabinets de toilette, garde-robes, <Mwr<M velle cette gymnastique. Les personnes disposées
~ont trop souvent des cabinets exigus, privés de aux maladies de ces organes oude qui en sont déjà
lumière et d'air, laboratoires suspects où s'élabo- atteintes doivent tenir compte ce fait Vivre
rent, fermentent et se multiplient les poussières, quelques étfges plusnotablement haut ou plus bas peut abré-
tes miasmes, les vapeurs, les moisissures, les in- ger ou prolonger leur existence.
sectes. A tout cela, il faut de l'air, des nettoyages Voici d'ailleurs un moyenl'ascension. pratique de réduire au
fond renouvelés souvent. Le mieux serait de minimum la fatigue de Prenez une
réur.ir dans une seule pièce nue, aérée, ensoleil- longue et profonde respiration et gravissez dou-
lée, toutes ces dépendances qui sont d'autant moins cement les marches jusqu'à épuisement de l'air
nécessaires que l'ordre règne davantage dans la lentement expiré arrêtez-vous alors et recom-
maison. Bannissezles vieilleries de toute sorte si mencez la manœuvre vous serez surpris du sou-
tout est en usage et en vue vous serez obligés de lagement produit par cette simpleNous précaution.
tout entretenir en bon état. Descendons un instant à la cave. savons déjà
Tout est à faire, chez nous, dans la construction que le sol doit être drainé, recouvert d'une cou-
et l'aménagement des cabinets. La meilleure dis- che épaisse de matériaux hydrofuges, puis de
position est celle qui permet aux matières de se ciment ou de bitume. Les soupiraux seront ouverts
rendre directementà l'égout, en totalité ou après toute l'année, protégés seulement par des bar-
réparation des parties solides dans des appareils reaux de fer, et l'on fera en sorte que les corri-
mobiles. Pour cela il faut un service d'eau dors, les escaliers qui y conduisent soient secs
-abondant, des soupapes bien disposées et une et bien aérés. Cette pièce doit être aussi sèche,
ventilation spéciale des tuyaux, afin que l'air des aussi salubre qu'une chambre à coucher, sans
egonts ne pénètre pas périodiquement dans l'ha- quoi elle répand dans la maison des exhalaisons,
bitation. Le système de fosses fixes est absolu- des miasmes, des germes de moisissures qui en
ment barbare et homicide. Même lorsqu'elles sont font un véritable foyer d'infection. Le bois, les
munies d'un tuyau d'évent pour les gaz en excès, provisions, les tonneaux y seront disposés de telle
elles infectentnécessairementles habitantschaque sorte qu'une surveillance journalière permette de
fois que s'abaisse la cuvette. De plus, il se produit remédier au moindre accident,d'assainir aussitôt
toujours quelque fissure dans ce réservoir d'im- qu'on aura découvert de l'humidité ou des moisis-
mondices, et le sol des caves, l'eau dea puits se sures. Il faudrait des ordonnances de police pour
trouvent tôt oa tard souillés sans remède. De obtenir la construction rationnelle des caves et
graves épidémies de fièvre typhoïde sont dues à l'assainissement de celles déjà construites. Tout
cette cause. A la fosse fixe il faut donc abso- ce qu'on peut faire comme palliatif, c'est de chauf-
lument substituer la fosse mobile en attendant fer au moyen d'un poêle pour sécher les murs et
tnieux. le sol, d'élever tout ce que l'on y conserve sur des
Dans les campagnes le moyen le plus simple, le madriers ou mieux des pierres, et d'établir une
plus salubre consiste dans l'emploi de la terre ventilation aussi complète que possible.
sèche et pulvérisée ou des cendres sans valeur L'hygiène des animaux est à peu près la même
pour recouvrir immédiatement les matières qui que celle des hommes. Si l'on veut en tirer tout le
sont tombées dans un tonneau. On ne perçoit profit possible, on a intérêt à tenir sains et propres
aucune odeur, il n'y a pas de fermentation pu- les locaux qui leur sont affectés. Ceux qu'on né-
tride. Ce moyen est non seulementfacile et hygié- glige le plus, les porcs, sont justement ceux qu'il il
nique, mais il rembourse bien vite les frais mi- importe de soigner davantage. La réforme sur ce
nimes d'installation, car le contenu des tonneaux point est partout possible il suffit d'en faire com-
forme un excellent engrais. H est facile d'improvi- prendre l'utilité, la nécessité. Même en supposant
ser une trémie qui laisse tomber à volonté un peu les écuries, tes étables, les pM'eAe)'M, les pou-
de poussière sèche, mais à la rigueur on pourrait ~a!~e' tes pigeonniers, etc., tenus avec la plu3
la verser de toute autre manière. Si l'on prend rigoureuse propreté, la nature même de ces an-
les précautions nécessaires et si l'on emploie assez nexes entratne toujours l'accumulation de détri-
'de matières absorbantes, ce tonneau pourrait re- tus et d'immondices d'où se dégagent des odeurs,
cevoir aussi tous les détritus de la cuisine. L'im- des miasmes toujours désagréables et dangereut
portant, c'est que tout soit bien couvert et sec à ce sont des nids de parasites. tt est donc indispen-
la surface. La plus humble habitation rurale, sable d'éloigner tous les bâtiments destinés aux
munie de cet appareil, sera mieux partagée que les animaux de ceux habités par les hommes.
somptueuses maisons de Paris. C'est une erreur de croire, sur la foi de tradi-
Un mot seulement sur les escaliers. C'est par tions sans fondement, que l'air des étables est
-eux, d'ordinaire, qu'arrive l'air extérieur lorsque hygiénique pour les gens saint ou malades.
les fenêtres sont bien closes. Il y aurait avantage Mieux vaut coucher, bien couvert, dans une cham-
et même économie à tes chauffer en hiver au bre froide que dans l'atmosphèred'une étable on
moyen d'un poèle, afin que l'air froid n'arrive pas d'une écurie chauffée par les exhalaisons des
subitement dans les pièces chauffées. Mais en tout animaux et toujours imprégnée de miasmes
cas, il importe qu'ils soient parfaitement aérés, qu'une circonstance impossible a prévoir peut
car c'est aussi par l'escalier que le mauvais air rendre dangereux.
d'un appartement s'introduit chez les voisins pour Humidité. Toute maison humide est mal-
y porter la gène, le dégoût ou la maladie. saine. Au bout d'un certain temps ses habitants
Les escaliers droits sont plus commodes que ressentent un trouble général des fonctions qui
fux dits tournants. Les marches ne devraient pas s'accuse par le lymphatisme, l'atonie, l'anémie~
le MOfbut, les scrofules, les rhumatismes; la giène, il importe que chacun apprenne à recon-
même cause suffit pour causer des maladies naltre les qualités et les défauts des logements
mieux déterminées ou plutôt mieux localisées tels qu'ils existent, et qu'on vulgarise tes connais-
angines, bronchites, fluxions de poitrine, pleuré- sances élémentaires au moyen desquelles une
sies, hydropisies. C'est surtout 1 humidité froide maison défectueuse peut être habitée avec le moins
qui est dangereuse. Dans la même maison et au de risques. Lorsqu'on en comprendra l'importance,
même étage, les pièces situées au nord seront on choisira son logement avec plus de soin qu'on
meurtrières, tandis qu'on habitera sans trop d'in- ne le fait d'ordinaire, et lorsqu'on sera forcé de
convénients celles au midi. vivre dans un milieu malsain. on s'appliquera à
Lorsque l'humidité tient à la construction même combattre les conditions défavorables par le&
et non a l'aménagement, elle est a peu près irré- moyens que nous venons de résumer.
médiable. Cependant ii y a des palliatifs qu'on ne [D~ Saffray.]
doit pas négliger. Le plus important, le plus MALADIES. Hygiène, XVI, XVIIf. Chaque
efficace, c'est d'élever la température, en com- milieu exerce sur la santé une influence plus oo
mençant par la cave et le rez-de-chaussée. C'est moins lente, plus ou moins manifeste, mais dont
aussi le remède le plus facile à employer dans l'effet contribue toujours à maintenir, améliorer
une maison à-loyer, où l'on ne peut ou ne veut ou détruire la santé. L'école, considérée comme
pas faire des dépenses d'amélioration. Un ca)orifère milieu au point de vue hygiénique, offre tous les
placé dans If< cave avec bouches de chaleur dans inconvénients des locaux exposés à l'encombre-
les corridors, les escaliers et les pièces du rez-de- ment, source de méphitisme et de contagion.Nous
chaussée, suffira presque toujours pour diminuer traiterons plus loin (V. Travail, Vue) de l'influence
dans une forte mesure les dangers de l'humidité. spéciale du travail scolaire. Nous devons nous
Si ce moyen est trop dispendieux, que l'on chauffe borner à donner ici quelques notions générales
avec des poêles, depuis octobre jusqu'en mai, les mais précises sur la malaaie, puis à signaler celles
chambres habitées. que les maîtres doivent s'efforcer de reconnaître
Si les réparations et améliorations sont possi- dès le début pour interdire l'école aux enfants qui
bles, la première consiste drame?' le sol sous le en sont atteints.
bâtiment et alentour. Cela suffira, dans bien des La santé et la mnladie. La santé est un état
cas, pour sécher les caves et les murs du rez-de- caractérisé par le fonctionnement régulier et con-
chaussée. Mais si les pierres poreuses, impré- cordant de nos organes, en harmonie avec le mi-
gnées de matières organiques, ont donné lieu à la lieu où nous vivons. Cet état constitue un idéal
formation de salpêtre qui recouvre leur surface dont nous trouvons peu d'exemples, surtout chez. >t
d'une inflorescence blanche, l'assèchement du sol les peuples rafnnés, mais heureusement nous
par le drainage ne suffira pas. pour sécher les sommes organisés de telle sorte que nous pouvons
mun, parce que le salpêtre, substance hygromé- nous en écarter sensiblement sans que notre exis-
trique, attire et retient l'humidité de l'air. Dans tence se trouve compromise.
ce cas, le chauffageconstituera le meilleur pallia- Entre )a santé parfaite et la désorganisation qui
tif. On couvre souvent de lambris de bois les murs produit la mort, on peut établir une série conven-
salpêtrés; c'est un moyen de diminuer la prppor- tionnelle d'états intermédiaires commençant à
tion d'humidité qui s exhale des murs, mais le l'indisposition et finissant à la maladie grave ou
bois pourrit infailliblement et la surface inté- mortelle. Le langage usuel est suffisamment pré-
rieur des lambris se couvre de moisissures dont cis par indisposition, on entend un désordre peu
la présence est toujours suspecte. On éviterait cet considérable et passager des fonctions; par mala-
inconvénient en interposantune mince feuille de die un désordre de longue durée. Au point de vue
plomb entre le mur et le revêtement de bois. médical, )e mot maladie indique, en outre, l'idée
La maison la mieux construite est humide long- de lutte ou plutôt de réaction des organes contre
temps après son achèvement. Les pierres perdent une cause de désordre ou de destruction. Quelque-
lentementleur eau de carrière; le mortier et le fois un organe a reçu simplement une impression
plâtre sèchent plus lentement encore. Habiter passagère, subite même. Cette impression a troublé
une maison nouvellement construite, essuyer les sa vie, sa manière d'être, il lui faut un certain
pldtres, comme l'on dit, c'est s'exposer sciemment temps pour rentrer dans son état normal. Souvent
et fatalement aux maladies causées par l'humidité. aussi l'impression a persisté, accumulant son in-
Dans les grandes villes, on emploie maintenant fluence, aggravant en proportion les troubles
des appareils de chauffage pour hâter l'assèche- fonctionnels, de sorte qu'ils se prolongent long-
ment des locaux neufs fest une excellente me- temps après la cessation de la cause. It peut arri-
sure qu'il faudrait généraliser et rendre obliga- ver enfin que l'impression soit permanente et dès
toire, mais on se fait souvent illusion sur son lors ne permette pas le rétablissement de l'équi-
efficacité et l'on ne continue pas assez ]ongtemps libre dans tes fonctions. Que cette impression
le chauffage forcé pour permettre aux parties provienne du froid, de la présence d'un gaz délé-
profondes des murs d'en éprouver l'influence. tère, d'un liquide vénéneux ou de parasites mi-
Quelques moyens empiriques permettent d'ap- croscopique~, le résultat est le même ii y a.
précier le degré d'humidité d'une maison, d'une réaction contre la cause morbide en vertu d'une
chambre. Le sel gris y devient promptement hu- loi de notre nature, et ce sont les phases de cette
mide, la chaux vive pulvérisée se délite en fixant réaction qui constituentla maladie.
['humidité de l'air et l'on peut apprécierla quan- Dans la plupart des cas la maladie ne consiste
tité d'eau absorbée en la pesant avant et après pas dans la présence matérielle d'un principe, d'un
l'expérience. agent, d'une substance qu'il s'agit de détruire ou
A moins d'urgence, on ne doit habiter une mai- de chasser. Le plus souvent, lorsque les désordres
son qu'un an après son achèvement. Si l'on est fonctionnels se manifestent, la cause impression-
forcé d'y vivre prématurément, le chauffage éner- nante a cessé d'agir, l'ennemi est hors de portée,
gique et continu constitue la seule ressource pour il ne reste que la réaction naturelle, qui constitue
atténuer l'influence dangereuse de l'humidité. la maladie. Que trois personnes s'exposent en-
Dans une maison humide, la literie devra être semble au froid, dans des conditions identiques,
exposée le plus souvent possible au soleil la toile l'une sera atteinte d'un coryza (rhume de cerveau).
sera bannie du lit et des vêtements l'usage de la l'autre d'une fluxion de poitrine, la troisième
flanelle sur la peau est de rigueur. d'une névralgie. Il n'y a eu qu'une cause, le froid;
En attendant qu'il ne soit plus permis de cons- il n'a fait pénétrer dans l'économie aucun principe
truire une maison contrairement aux lois de l'hy- morbide matériel, mais it a cause trois impres-
sions qui ont affecté des points différents et se sont de l'école à tout enfant qu'il soupçonne atteint
traduites par trois maladies distinctes. d'une maladie contagieuse. I) faut même qu'il soit
Tout ce qui produit sur nos organea une im- pessimiste dans son appréciation, car le tort qu'il il
pression perturbatrice peut devenir une cause de causera en faisant perdre à un enfant quelques
maladie. Ces causes peuvent être prochaines ou heures de classe n'est pas comparable à celui au-
éloignées, externes ou internes, principales ou quel il expose le sujet lui-même et ses camarades,
accessoires, généralesou locales,mécaniques, phy- en usant de tolérance ou de temporisation. Dès
siques, chimiques ou physiologique*. De plus, les qu'il soupçonne une maladie, il doit informer les
causes sont prédisposantes ou déterminantes. parents et n'admettre l'enfant que sur un certificat
Parmi les causes prédisposantes de maladies, il du médecin constatant ou la bonne santé de l'en-
y en a qui sont générales, qui affectent tous ceux fant, ou le caractère non contagieux de la maladie,
qui y sont soumis; telles sont la pression atmo- ou la guérison assez complète et ancienne pour
sphérique,la composition de l'air respiré, la quan- que tout danger de contagion soit passé.
tité et la nature de la lumière, les climats, les Qu'il soit donc bien entendu que l'instituteur,
saisons ,etc. elles produisent les maladies locales, après avoir acquis les notions premières de l'hy-
les endémies. D'autres causes prédisposantessont giène médicale, ne sera pas apte à porter un dia-
individuelles et dépendent de la personne même gnostic sûr. Il ne doit pas prétendre à cela. Mais
ou des circonstances spéciales de sa vie. De ce la connaissance de ces notions élémentaires le
nombre sont l'âge, le sexe, le tempérament, la mettra même de reconnaltre, avec une précisiott
constitution, les maladies antérieures, l'hérédité, suffisante, certains caractères qui lui suffiront
les impressions morales, la profession, les habi- pour agir sans faiblesse comme sans légèreté. A
tudes, les aliments, le vêtement, l'exercice. défaut d'un diagnostic précis, qui est souvent dif-
Les causes prédisposantes nous donnent seule- ficile, même pour le médecin, au début d'un certain
ment une aptitude à être anectéa par d'autres nombre de maladies, il suffira que certains signes
causes plus spéciales que l'on appelle causes dé- généraux indiquent un danger. II importe de ne pas
~rmMùMfes, telles que le froid, le chaud, les perdre de temps, quitte à se tromper et à croire
écarts de régime, les chocs, les blessures, les malade un enfant simplement indisposé, car pour
caustiques. Parmi les causes déterminantes,quel- beaucoup de maladies contagieuses, le danger de
ques-unes ont un caractère spéci fique, comme les diffusion commence avant le développement com-
parasites, les venins, )es virus, les effluves, les plet des symptômes. Ce que l'on doit demander
miasmes, les eaux souillées, l'air confiné. aux instituteurs, aux directrices de salles d'asile,
On appelle -ft/mphhmM les troubles morbides qui c'est bien moins un diagnostic de la maladie que
se manifestent à nos sens. Les uns se rapportent la connaissance de certains signes caractéristiques,
aux fonctions, comme la difficulté de respirer, le communs d'ailleurs à plusieurs affections, et qui
manque d'appétit, la fréquence du pouls, la para- suffisent pour faire isoler l'enfant qui les pré-
lysie les autres révèlent des altérations dans la sente.
structure intime ou dans l'apparence des organes On peut ranger en deux grandes classes les ma-
gonflement, rougeur, amaigrissement, ossifica- ladies contagieuses celles qui sont accompagnées
tion, etc. Quelques-uns frappent a première vue; de fièvre; celles dans lesquellesla fièvre n'existe
d'autres ne se laissent découvrir qu'après un pas. Les premières comprennent les maladies
examen minutieux et méthodique. Parmi les éruptives, les plus fréquentes et les plus graves
symptômes, il y en a qui constituentl'aspect prin- parmi les affectionscontagieuses de l'enfance. La
cipal de la maladie, d'autres qui ne sont qu'ac- fièvre est donc un symptôme général suffisant
cessoires il faut distinguer entin ceux qui appar- pour motiver le renvot d un enfant à ses parents
tiennent au désordre initial et ceux qui résultent jusqu'à l'avis du médecin. Peu importe que l'on
de désordres dépendants de la maladie principale. se trompe sur la nature de la fièvre et sur ses con-
Notons d'ailleurs que la maladie peut demeurer séquences. S'il s'agit d'une indisposition passa-
longtemps latente et ne se révéler par aucun gère, l'enfant se rétablira mieux chez lui qu'!t
symptôme bien déterminé. l'école, dont le séjour ne peut, dans ces conditions,
Il arrive souvent que la maladie se propage par lui être profitable en aucune façon. La fièvre la
contact, par eot!<a~toM, ou même par l'infection de plus bénigne exige du repos, des soins, et celui qut
l'eau ou de l'air qui deviennent les véhicules de la en souffre est incapable de profiter du séjour à
cause spécifique: c'est ce qui arrive pour les épi- l'école. Il n'y a donc lieu d'avoir aucun scrupule
démies. à cet égard tout enfant fiévreuxdoit être exclu de
Toute maladie passe par les périodes d'invasion, la classe. Cette précaution devient surtout impé-
de progrès, d'état et de déclin; quant à la durée, rative lorsqu'il règne une épidémie de fièvres
elles sont a:~t<jM ou chroniques. Elles se terminent éruptives. Il faut alors épier les moindres symp-
par la j~tt~rMom, la substitutiond'une autre mala- tômes, éloigner le malade avant toute contagion et.
die, l'altération permanente d'un ou plusieurs lui assurer un traitement immédiat.
organes, ou par la mort. Notre organisme est dis- Que l'on ne s'inquiète pas de reconnaître à quel
posé de telle sorte que la mort est la terminaison genre de fièvre on a affaire. L'important c'est de
la plus rare. savoir qu'elle existe. Le médecin lui donnera son
Ces notions sommaires suffisent pour faire com- vrai nom. Or il y a deux caractères auxquels les
prendre combien il est difficile, dans la plupart personnes les moins initiées à la médecine recon-
des cas, de former un diagnostic exact, complet, naîtrontla fièvre augmentation de la température
c'est-à-dire de reconnaîtrela nature de la maladie, du corps, accélération du pouls. II suffit de placer
les troubles fonctionnels et organiques apparents la main sur la poitrine, ou même d'ordinaire sur
ou latents, principaux ou accessoires, etc. Mais le les joues, le front, pour reconnaître la chaleur
diagnostic ne suffit pas, il-faut encore établir un insolite de la peau. Il est bon de se servir toujours
pronostic,prévoir et prédire, dans certaines limites, d'une montre pour constater l'accélération du
la durée, la marche et la terminaison de la ma- pouls cependant avec un peu d'habitude (que l'on
ladie. doit s'exercer à acquérir), les doigts qui pressent
Devoirs de l'instituteur. Seul le médecin est l'artère du poignet apprécient avec une approxi-
compétent pour établirun diagnostic assuré. Mais mation suffisantela dureté etla fréquence du pouls.
il importe que les parents, les instituteurs, La fièvre est ordinairementaccompagnée de quel-
apprennent à reconnaître les symptômes d'un cer- ques symptômes accessoires soif, frissons ou
tain nombre de maladies. Pour l'instituteur, c'est sueurs, manque d'appétit, langue blanchâtre,
un devoir impérieux, car il doit refuser l'entrée rouge ou sèche, alanguissement ou éclat des yeux,
mal de tète, fatigue, abattementou excitation déli- piderme pour que le danger de contagion soit
rante. passé. En temps d'épidémie de scarlatine, on ferait
Nous allons passer en revue les maladies que bien de donner aux enfants, tous tes deux jours,
les parents et les instituteurs, les directrices de deux on trois gouttes de teinture de belladone. Ses
salles d'asile, ont intérêt à connaître à cause de vertus préservatricesne sont pas prouvées, mais à
leur caractère contagieux. cette dose c'est un médicament inoffensif et il
FtÈttES EROPTtVES. – f<n'M~ on petite vérole. semble avoir produit de bons résultats.
– Dès le commencement, douleur dans les reins, OfoMont. Cette maladie se rapprocha, sous
puis dans le dos et la poitrine, vomissements, certains rapports, des Sèvres éruptives contagieu-
fièvre intense. Il peuty avoir délire et convulsions. ses, et nous pouvons, sans inconvénient, la men-
Du troisième au cinquième jour commence, à la tionner ici.
face, une éruption dépeints rongesqui deviennent Au début malaise, Sevré, gêne vers l'articula-
des taches, puis des pustulesdépriméesaucentre. tion de la mâchoire, puis gonflement douloureux
Du quatrième au sixième jour s'établit la suppura- de la glande parotide et des parties voisines. D'or-
tion, accompagnée de fièvre. Du neuvième au dinaire, tes deux c6tés de la face sont pris succes-
dixième jour, les pustules se dessèchent, les sivement. La tuméfaction se résout, le plus
croûtes tombent, laissant des taches rouges et des souvent, au bout d'une huitaine de jours quelque-
cicatrices. C'est pendant cette dernière période fois elle se porte sur d'autres organes.
que la maladie se transmet le plus facilement par F:~M'e typhoide (nommée aussi maligne, pu-
les poussières desséchées il est utile, pour pré- tride, muqueuse). Le début n'est jamais brus-4
venir leur dissémination, de graisser la peau avec que. L'enfant est abattu, il perd les forces et
une pommade ou de l'enduire de glycérine. L'en- l'appétit, puis la Cèvre se déclare, accompagnée de
fant devra être baigné plusieurs fois de
avant ren- mal de tête, saignement de net, ballonnement du
trer à l'école. ventre, diarrhée fétide, stupeur, somnolence, dé-
La variole est rare dans les asiles et dans les lire du sixième au douzième jour apparaissent,
écoles où les enfants ne sont admis qu'avec un sur l'abdomen et la poitrine, des taches sem.
certificat de Mcct'ie, car d'ordinaire ils n'ont pas blables à celles produites par des piqûres de puce.
atteint l'&ge où la vaccination cesse d'être efficace, Tels sont les symptômes de la première période.
puisque son action préservatrice dure une dizaine L'enfant cesse forcément de fréquenter l'école
d'années. Mais en temps d'épidémie de variole, avant l'apparition des plus graves, mais sa pré-
les instituteurs devront avoir soin de faire vacciner sence est dangereuse dès le début; par conséquent
tous les enfants âgés de plus de dix ans. it importe d'agir aussitôt que les premières indi-
Varicelle ou petite tefo/e volonte. C'est une cations sont corroborées par le développement de
maladie sans gravité. La fièvre, toujours peu in- la fièvre.
H0!t FfmtLES. S<<WM<t<<' «MtMM.
tense, passe parfois inaperçue. On voit d'abord MtLAnnfS
débuts marqué* et n'appellent
quelques taches rosées qui se déve!oppent en Les sont peu
bulles grosses comme un petit pois. L'eau qu'elles guère l'attention; parfois cependant il y a un peu
contiennent se trouble, se dessèche et tes croûtes de nèvre. Les gencives, l'intérieur des lèvres et
qui en résultent tombent sans laisser de cicatrices. des joues, le voile du palais, se couvrent peu à peu
Le cuir chevelu est toujours atteint. d'ulcérationsgristtres, saignantes, qui s'aggravent
Rougeole. Elle débute par un rhume de cer- assez rapidement. La fétidité extrême de l'haleine
veau avec accès de nèvre, puis arrive une toux est ordinairement le
premier symptôme que l'on
sèche. Quelquefois il y a des saignements de nez remarque.
<t de la diarrhée. Du troisième au quatrième jour ~tM dtpAM)-t<<ot<e on maligne, couenneute.
Cette maladie éminemmentcontagieuse consiste
apparaissent à la face, au cou, des taches rouges
semblables & des morsures de puce, qui se réunis- dans la formation d'une exsudation membraneuse
sent en groupes irréguliers. Souvent elle se com- jaunâtre (fausse membrane, couenne) d'un aspect lardacé,
plique de bronchite assez grave. Cette affection de ou noirâtre, qui recouvre d'abord les
f'enfance est éminemment contagieuse, mais pour amygdales,puis l'arrière-gorge. laQuand ces fausses
tes petits malades qui gardent la chambre et ne membranes gagnent le larynx, maladie prend le
sont pas exposés aufroidia terminaison est presque nom de croup. n importe de ne pas confondre le
toujours favorable. croup, maladie terrible et parfois foudroyante,
La convalescence,qui dure une dizaine de jours, avec la laryngite <<rt<<Mf<Meon faux croup. Celui-
commence lorsque la peau se dépouille de son ci débute brusquement par une toux rauque et
épiderme. Il est bon alors de la graisser ou de sifflante, mais sonore c'est une affectionprincipa-
l'enduire de glycérine pour empêcher la disper- lement spasmodique. membrane*. L'examen de la gorge ne
sion des pellicules, source de contagion.Des bains montre pas de fausses
sont nécessaires avant la rentrée à l'école. L'angme diphtéritique débute par nn peu de
Scarlatine Le début est celui d'un mai de gène dans ta gorge et d'enrouement,comme un
jamais
de simple mal de gorge. Il ne faut donc
~orge compliqué d'un accès de fièvre. Vers le cas qu'un
deuxième jour, quelquefois dès le début, apparalt négliger de visiter avec soin cette organe, dès L examen
aux mains, aux pieds, à la face, aux articulations, enfant y accuse un trouble quelconque.
la partie interne des cuisses, une éruption de au moyen d'une cuiller dont le manche abaisse la
petites taches roses pointillées, accompagnée de langue suffit pour constater A la présence on l'ab-
fièvre, parfois d'un peu de délire. Le pointillé pro- sence de fausses membranes. mesurecausent que celles-
vient de points plus élevés qui deviennent de pe- et gagnent tes fosses nasales, elles un
tites vésicules. Les articulations sont souvent enchi&ènement du nez avec écoulement plus ou
douloureuses.Après deux ou trois jours les sym- moins abondant. Les glandes qui se trouvent en
arrière de l'angle de la mâchoire t'engorgent, et te
ptômes s'apaisent et Fépidenne commence à se
détacher en larges écailles. gonflement s'étend le
vers cou.
Quelquefois la maladie est si bénigne que la Coqueluche. C'est une taeethmnerTense,
chute de l'épiderme appelle pour la première fois contagieuse et endémique. A son origine u n'est
l'attention. ans d'autres cas il survient à la gorge, pas facile de la distinguerd'na simple rhume; ce-
Mpoumon.aucerveau/des complicationssérieuses. pendant on remarque déj* que la teM se produit
L'usage de la flanelle est indispensable pendant par 9t<<M<M on accèt isolé* et surtout la nuit.
ta convalescence, qui est longue et réclame des Cette période un peumaladie indécise peut durer plusieurs
soins minutieux, surtout pour préserver du froid. semaines. Ennn la prend son caractère
tt faut au moins six semaines après la chute de l'é- spécial. L'accès débute par un malaise, puis la toux
Dès le commencement, des démangeaisons an-
tonvuls!ve se déclare par secousses rapides,sifflan- pres-
noncent l'invasion du parasite. Elles deviennent
d'inspirations np.
tes. Chaque accès se suivies
~ifininterrompues,
compose ordinairement d'un bientôt insupportables, et le cuir chevelu exhale
L enfant atteint
certain quintes qui se succèdent à peu une un odeur fétide caractéristique. complète gué-
Servie, mais la première est la plus violente. de teigne doit êtrele médecin.
nombre de éloigné jusqu'à
au
des plaques croûteuses ou des tonsures,fait
donne e disparaître entièrement les cheveux ou
Oonnece
it de la partie attaquée. La peau reste
toucher et très blanche. Les
quemment le siège de cette variété de teigne. Elle
a~
q
sourcils
les poils
unie, douce
sont fré-
Brest.
Embouchure de la Gironde. 3'53'"
Bayonne. 7,45
4,55
tant que la cause qui la produit est supérieure
aux frottements qui tendent à la restreindre.
La théorie mathématique des marées, ébauchée
Saint-Malo.
Cherbourg.
3 ,46
par Newton, a été développée dans tous ses dé-
Dieppe.
Dunkerque.
6,10
t.53
n,8s
12 ,13
tails par Laplace. Aujourd'hui on calcule la hau-
teur de chaque marée dans un temps indénni. et
la Connaissance des temps publie à l'avance la
table des grandes marées de chaque tnnée. Ces
La hauteur dM marées est très variable suivanl résultats théoriques étant connus, pour en déduire
tes localités. En plein océan elle est peu considé- la hauteur de la marée dans un port donné, il
rable mais quand la masse d'eau mise en mou- suffit de multiplier le nombre inscrit dans la
vement pénètre dans des golfes largement ouverts Connaissance (les temps par l'unité du port en
ou dans des mers intérieures communiquant avec question. Toutefois, le résultat ainsi obtenu n'est
l'océan par des espaces très étendus, cette masse pas toujours conforme à la réalité, parce que le
brusquement arrêtée par la côte peut atteindre à calcul suppose une atmosphère calme qu'on ne
desniveauxtresélevés. rencontre pas toujours. Quand le vent souffle en
On appelle unité de hauteur de la marée pour tempête de la mer à la côte, l'impulsion qu'il
un port donné, la quantité dont l'eau s'y élève, produit sur la mer s'ajoute à l'effet naturel de la
dans une marée moyenne, au-dessus du niveau marée, qui peut alors acquérir une énergie excep-
que la mer y garderait si les marées n'existaient tionnelle et produire de véritables désastres en
Mais.
pas. Cette unité de hauteur change d'un port a submergeantet détruisant sans retour de vastes
l'autre. En voici quelques exemples étendues de terrain. C'est ainsi MM doute que
Dunkerque. les lies anglaises de la Manche ont été séparées
Dieppe.
LeHavre.
Cherbourg.
2m,68
3,12
4 ,40
3,~7
du continent, dont le niveau baisse graduellement
d'ailleurs,bien qu'avec une extrême lenteur, dans
ces parages. Il en est de même des grandes inon-
Brest.
Saint-Malo.
Lonent.
l'Adour.
2,82
6 ,15
ses
3 ,21
soufflant de la terre vers la mer, peut, en refou-
lant les eaux, réduire à une proportion ordinaire
une marée annoncée comme devant être très
forte.
T. _t-
Entrée de
Dans une marée moyenne àw,
2 ,24
j,4o
Granville,
rt
monte à environ 6 mètres au-dessus de son ni-
veau et descend ensuite à 6 mètres au-dessous.
Quand la marée apparaît à l'embouchure de
tains fleuves, tels que la Seine, elle y produit cer-
vague énorme
MARIE STUART.
qui remonte
la mer fleuve c'est le mascaret.
rapidement le cours
[Marié-Davy.]
Histoire générale, XXH.
Fille du roi d'Ecosse Jacques V et de Marie de
une
du
ce qui fait une excursion totale de 12 mètres. A Lorraine, princesse, née en 1542, fut élevée
l'entrée de l'Adour, l'excursion correspondante en Francecette les soins de ses oncles le duc de
serait inférieure à 3 mètres; elle est presque nulle Guise et lepar cardinal de Lorraine. En 1A58, elle
dans les ports français de la Méditerranée, mais épousa le dauphin François,
sensible au fond de l'Adriatique. Ces conditions reine d'AngleterreMarie Tudor et la même année, la
influent nécessairement beaucoup sur les habitu- prit le titre de reine d'Angleterre étant morte, elle
des et le régime des ports. Les ports où tes comme étant la
ma- plus proche héritière de Henri VIII (pour l'Europe
rées sont fortes ne sont généralement accessibles catholique, Elisabeth, fille d'Anne Boleyn, était
qu la mer montante et on profite pour la sortie enfant illégitime). Son époux devint
de la marée descendante.Des bassins roi de France
un
munis d'é- en 1559, à la mort de Henri II, et aussitôt les on-
cluses s'ouvrant à la marée montante et
se fer- cles de Marie Stuart s'emparèrent du gouverne-
mant quand la mer descend permettent de main- ment (V. Ft-anyoM II). Mais François
mourut à la
fin de 1560, et la reine-mère Catherine de Médicis d'Europe la pra~ntoh'~Me sanction, acte par lequo
obligea alors Marie à partir pour l'Ecosse, où elle il assurait sa succession à cette princesse.Mais à
devait régner. Elle y commit faute sur faute. Peu peine Charles VI fut-il mort (1740) que Marie-Thé-
aimée des Ecossais, dont le plus grand nombre rèse se vit attaquée par la Prusse, la Bavière, la
avait embrassé les doctrines calvinistes prechées France, l'Espagne et la Sardaigne (V. Guerre de
par John Knox, elle acheva de soulever ses sujets la succession d'Espagne). La jeune souveraine sut
contre elle par ses deux mariages successifs, avec tenir tête à cette formidable coalition; elle réussit
tord Darnley (1565), qui fut bientôt assassiné, et à faire donner la couronne impériale à son époux,
dont la mort fut imputée à Marie, puis avec le François de Lorraine, duc de Toscane, et après
meurtrier même de Darnley, lord Bothwell (t56'ï). huit ans de guerre, elle vit son pouvoir assuré dans
Les Ecossais se révoltèrent sous la conduite de les Etats autrichiens: elle avait dû seulementcéder
lord Murray, frère de Marie celle-ci fut faite pri- la Silésie à la Prusse et une partie du Milanais au
sonnière mais ayant réussi à s'échapper, elle se roi de Sardaigne. La période de paix qui suivit
féfugia en Angleterre. Elisabeth avaitde nombreux permit Marie-Thérèse d'accomplir des réformes
griefs contre Marie Stuart, qui lui avait autrefois administratives qui témoignèrentde la sagesse de
contesté sa couronne quand elle eut sa rivale ses vues. Engagée ensuite dans la guerre de Sept
entre les mains, elle prétendit lui faire rendre Ans (V.GuerredeSeptAns), elleessayainutilement
compte du meurtre de Darnley, en vertu du droit de reprendre la Silésie. Plus tard, elle s'associa a
de suzeraineté de la couronne d'Angleterre sur Frédéric II et à Catherine de Russie pour accom-
celle d'Ecosse puis elle retint Marie en captivité, plir une des grandes iniquités de l'histoire, la
sous prétexte qu'elle n'avait pas suffisammentdé- partage de la Pologne (1773). Elle régna jusqu'en
montré son innocence. Marie Stuart, prisonnière tTSO. Dès 1705, à la mort de son époux, elle avait
d'Elisabeth, intrigua de tous côtés pour recouvrer fait donner le titre d'empereur à son fils aîné Jo-
sa liberté et détrôner son ennemie. Les complots seph U mais ce fut toujours elle qui exerça di-
de ses partisansfurent tous déjoués par Elisabeth, rectement l'autorité dans ses Etats héréditaires
qui se contenta, pendant de longues années, de pendant les quarante années qu'elle passa sur la
faire surveiller plus étroitement sa captive. Mais trône.
la rivalité de ces deux femmes devait aboutir à un MARIE TUDOR. V. Tudor.
dénouement tragique. Marie Stuart avait pour elle MARINE. V. Navigation.
Je pape, le roi d'Espagne Philippe H, les ligueurs MARIOTTE (Loi de). V. Elasticité.
français, tous les mécontents d'Angleterre; Elisa- MARSUt'!AUX. – Zoologie, XIII. En parlant
beth se sentait sérieusement menacée. Une der- des mammifères en général (V. jfamm:/°e)'~),
nière conspiration ayant été découverte (1586), nous avons dit que parmi les vertébrés il en est
Marie Stuart y fut impliquée; une commission un certain nombre qui naissent dans un état d'im-
spéciale la condamna à mort. Elisabeth, qui joignait perfection extrême et qui achèvent leur dévelop-
d'hypocrisie à la cruauté, aurait préféré se dé- pement dans une poche (marsupium), placée sous
barrasser secrètement de sa rivale par le poison le ventre de la mère. Cette poche, formée aux
jj'ayant pu y parvenir, elle se décida enfin à faire dépens de la peau de l'abdomen, est soutenue par
exécuter la sentence, et Marie porta sa tête sur deux os particuliers ou plutôt par deux tendons
t'échafaud (1587). ossifiés, et renferme les mamelles auxquelles les
-< Toute
l'Europe avait tes yeux sur cette lutte petits demeurentquelque temps attachés.
.entre deux femmes qui se détestaient, l'une dans Les mammifères qui présentent cette disposi-
sa prison, l'autre sur le trône; mais la première, tion singulière et chez lesquels le développement
jtidée par la ligue catholique, son esprit ardent, la des jeunes est plus tardif que d'ordinaire, consti-
magie incroyable de sa beauté non encore ûétrie, tuent l'ordre des Marsupiaux, caractérisé d'ail-
semblait plus puissante que la seconde, tyranni- leurs par un certain nombre de caractères anato-
que, vieille, haie d'une partie de ses sujets. Ces miques, et entre autres par l'indépendance des
deux femmes représentaientles deux principes qui deux hémisphères du cerveau. Dans les temps re-
bataillaient en France la mort de l'une ou de culés, c'est-à-dire aux époques géologiques anté-
l'autre semblait devoir être la ruine des causes rieures à la nôtre, ces animaux comptaient des
qu'elles défendaient. Si Elisabeth désirait ardem- représentants jusque dans nos contrées mais à
ment la mort de Marie, et plusieurs fois même l'heure actuelle ils sont connnés dans l'hémisphère
avait demandé à ses gardiens de la faire périr en austral, et se trouvent principalement dans l'A-
secret, Marie fomentait tous les complots contre mérique du Sud, à la Nouvelle-Hollande, en Tas-
la vie d'Elisabeth, se croyant pleinementdans son manie et à la Nouvelle-Guinée. Dans ces diverses
droit, cherchant la liberté par tous les moyens, contrées ils revêtent des formes variées, corres-
usant des seules armes qu'elle eût en son pouvoir. pondant à des difTérences de régime, certains d'en
Ce fut un événement qui fit tressaillir l'Europe, et tre eux étant insectivores, d'autres rongeurs, d'au-
dont le retentissement est venu jusqu'ànous une tres carnassiers, d'autres, enfin, complètement
reine jugée, condamnée, exécutée! La Réforme en herbivores ou frugivores.
reçut partout une grande force; le trône d'Elisa- Parmi les marsupiaux insectivores ou ~<oMO-
beth se trouva consolidé; « l'espérance qu'ont eue phages, nous citerons les Péramèles, qui vivent e~
les Guises de jouir de l'Angleterre,dirent les pro- Australie et qui se reconnaissent à leur tête poin-
testants de France, est morte avec la reine d'E- tue, à leur corps ramassé, porté sur quatre pattes
cosse. » Le catholicisme en jeta des cris de fureur terminées par des doigts inégaux. Les trois doigts
il mit au rang des saints la malheureuse Marie; médians du membre antérieur sont en effet beau-
il se prépara des représailles terribles. Sixte-
Quint renouvela la bulle de déchéance contre la
coup plus développés que les doigts latéraux, le
pouce du membre postérieur est atrophié, et les
~OMt.'e de <a .S)'e<a~e;Philippe II hâta l'armement deux doigts suivants sont soudés jusque la pha-
d'une flotte formidable pour venger la martyre lange unguéale. Ces animaux bondissent plutôt
et mettre sur sa propre tête la couronne d'Angle- qu'ils ne marchent, et se servent de leurs pattes de
terre x(LavaUée\ devant pour porter les aliments à leur bouche.
MAtHE THERESE. – Histoire générale, XXV. Ils exercent de grands ravagesdans les plantations,
Fille de l'empereur d'Allemagne Charles VI, le en fouillant la terre pour découvrir des insectes
dernier des Habsbourgs directs, Marie-Thérèse ou des vermisseaux.
d'Autriche devait hériter des vastes domaines de Les T'A~acMMS et tes D<H!/M)'M sont d'autres
son père, qui avait cru lui en assurer la paisible marsupiaux des terres australes, aussi carnassiers
jouissance en faisant reconnaîtreà toutes les cours auo les loups et les civettes de l'Ancien-Mouds.
Aussi les Anglais établis en Tasmanie ont-ils très développé, leur estomac n'est toutefois pas
<!onné le nom de Zebra wolf (loup zébré) à la 7'Ay- aussi compliqué que celui des ruminants; en ou-
<"eMC cynocéphale, qui, dans les premiers temps tre leurs membres, au lieu d'avoir à peu près la
<to la colonisation, faisait une rude guerre aux même longueur et de reposer ordinairement sur
troupeaux, et qui, maintenant, repoussée dans le sol par l'extrémité des doigts, enfermés dans un
intérieur du pays, donne la chasse aux kangou- sabot, présentent une grande disproportion et ne
rous. Cette thylacine ressemble beaucoup au loup servent pas tous au même degré à la locomotion
par la taille et la forme générale du corps, mais les membres antérieurs, en effet, singulièrement
elle a la tête plus longue, la queue garnie de poils raccourcis, restent appliqués contre la partie su-
plus courts, les dents au nombre de 46, etc. périeure du corps quand l'animal est en observa-
Quant, aux dasyures, dont on connaît plusieurs tion ou quand il progresse par une série de bonds
espèces propres à l'Australie et à la Terre de Van successifs; dans l'un et l'autre cas, le corps, lé-
Diémen, ce sont des animaux de moyenne taille, gèrement incliné, s'appuie non seulement sur les
au muue nu, au corps eftilé, couvert d'un pelage tarses des membres postérieurs, mais encore sur
doux, bien fourni et souvent moucheté. la queue, qui acquiert des dimensions extraordi-
Dans les mêmes contrées que les daayures naires et constitue pour ainsi dire un cinquième
habitent d'autres marsupiaux bien différents et membre. Par la forme de leur tête et par la nature
par l'aspect extérieur et par le régime ce sont de leur pelage, les kangourous ressemblent un peu
les Phascolarctes ou Koalas, au corps court, dé- aux lièvres et aux lapins, mais ils en diffèrent
pourvu de queue et revêtu de poils laineux, à la par l'allongement bien plus marqué des membres
tête grosse, aux oreilles petites et touffues, aux postérieurs,terminés par quatre doigts dont l'un
pattee robustes, dont les doigts, au nombre de est armé d'un ongle tranchant, par le dévelop-
cinq, sont armés pour la plupart d'ongles puis- pement de la queue, par la structure des dents
sants. Dans leur dentition ces animaux singuliers molaires, et enfin par les proportions du corps,
offrent aussi des particularités curieuses à la qui sont beaucoup plus fortes. Une espèce de
mâchoire supérieure, il y a trois paires d'incisi- l'Australie méridionale. le Kangourou géant, me-
ves, deux canines très petites et cinq paires de sure en effet plus de deux mètres de long de-
molaires; à la mâchoire inférieure, une paire seu- puis le bout du museau jusque l'extrémité de la
lement de grandes incisives, point de canines, et queue, et pèse souvent plus de 100 kilogrammes.
le même nombre de molaires qu'à la mâchoire Tous les kangourous, il est vrai, n'atteignent pas
supérieure, ces dernièresdents étant séparées des des dimensions aussi considérables, et dans un
incisives par une large barre. Les koalas ont un groupe voisin, parmi les Fo~M'OMt, on trouve
pelage gris varié de roux et de blanchâtre ils se même des espèces de très petite taille. Les kan-
nourrissent de feuilles et de fruits, et grimpent gourous sont en Australie l'objet d'une chasse ac-
sur les arbres avec tant de lenteur qu'on les a tive à cause des qualités de leur chair.
surnommés parfois les Paresseux d'Australie. En Amérique, l'ordre des marsupiaux est repré-
Les Phalangers n'appartiennent pas exclusive- senté par les S~'t~Meï, auxquels Linné donnait
ment à la faune australienne ils se rencontrent le nom de Didelphes,qui a été appliqué plus tard
aussi à la Nouvelle-Guinéeet aux Moluques, où on par extension à tout le groupe des mammifères
les désigne généralement sous le nom de Cous- pourvus d'une poche abdominale. Les sarigues
cous. On les reconnaît immédiatement à leur ressemblent un peu aux kangourous par leurs
queue longue et pesante et à leurs pattes posté- membres postérieurs, en général plus dévelop-
rieures munies d'un pouce opposable et ongui- pés que les membres antérieurs, mais ils ont le
culé. Ils sont plus ou moins nocturnes, se tiennent museau plus pointu, la queue écailleuse et pré-
ordinairement sur les arbres, et se nourrissent <~e hensile, et ils ne dépassent point la grosseur
substances végétales, d'insectes, d'œufs. et même d'un chat domestique. On les trouve sur une
de petits oiseaux. Quelques-uns d'entre eux grande partie du continent américain, depuis les
exhalent, parait-il, une odeur camphrée très carac- Etats-Unis jusqu'au Paraguay. Ce sont des ani-
téristique. maux nocturnes qui se tiennent d'ordinaire sur
Le Phalanger tacheté d'Amboine est sujet à de les arbres, et se nourrissent de fruits, d'insectes
grandes variations de couleurs il est tantôt mar- et de petits oiseaux. D'après Audubon, le Sar~e
qué de larges plaques rousses sur fondblanc, tantôt opossum, qai vit sur les bords du Mississipi, s'at-
mi-partie roux et blanc, tantôt même d'un blanc pur. taque même au gibier à poil et aux volailles des
Le Phalanger renard, qui vit en Australie, ressem- basses-cours. Une autre espèce du Brésil, le Sa-
ble, en dépit de son nom, plutôt à un Lémurien, à rigue crabier, a des mœurs légèrementdifférentes,
un Galago, qu'à un renard de nos pays. Enfin le et comme son nom l'indique, fait la chasse aux
Phalanger nain, type du genre Dromicie, qui a crabes et autres crustacés marins.
pour patrie la Terre de Van Diémen, n'est guère Chez les Micourés, marsupiaux américains pro-
plus gros qu'un loir. ches parents des sarigues, la poche abdominale
Très voisins des phalangers, les Pétauristes s'en est incomplète et remplacée par un double repli
distinguent par la présence de membranes laté- longitudinal de la peau du ventre. Les petits de-
rales au moyen desquelles ils peuvent, à la manière meurent un certain temps sous cet abri, puis ils
des écureuils volants, se soutenir quelque temps grimpent sur le dos de leur mère, enroulent leur
dans les airs, quand ils s'e)ancent d'une branche queue à la sienne et se font ainsi transporterjus-
à une autre branche, souvent fort éloignée. Ils qu'à ce qu'ils soient assez forts pour chercher
n'ont d'ailleurs pas toujours la queue préhensile eux-mêmes leur nourriture. Le Brésil, la Guyane
comme les phalangers.Le P<i~M'M<e <a~<McMc,de et la Nouvelle-Grenade possèdent plusieurs es-
la Nouvelle-Galles du Sud, est une espèce d'assez pèces de micourés.
forte taille, au pelage noir, varié de gris et de Enfin chez les Hémiures, qui trouvent à peu
brun cendré; le Belidé sciurin est notablement près dans les mêmes régions, lasequeue est nota-
plus petit, et l'Acrobate pygmée, qui se nourrit blement plus courte que chez les micourés, mais
princjpalement d'insectes, peut être comparé, la forme du corps est sensiblement la même.
pour le régime et la dentition, à nos musaraignes [E. Oustalet.]
ou mMM~M. MAXÏMIUEN t et !I. V. Habsbourg.
Les Kangourous jouent parmi les marsupiaux à MAZAIUK – Histoire de France, XXHI. Jules
peu près le même rôle que les ruminants parmi Mazarin naquit en 1602 à Pescina dans les
–
les mammifères ordinaires. C'est dire qu'il!) sont Abruzzes (Italie). Elevé dans la maison des Co-
exclusivementherbivores. Si leur tube digestif est lonna, il embrassa d'abord la carrière des armes,
et fut nommé en 1622 capitaine d'infanterie. Mais 165'!), et les Espagnols sont éerasésala bataille
ses goûts le portaient plutôt vers la diplomatie, des Dunes (!R68). Epuisée d'hommes et d'argent,
'dont l'Italie était alors la terre classique. Lors de l'Espagne signe le traité des Pyrénées (<659). Elle
la guerre de la succession de Mantoue, devant Ca- cède à la France le Roussillon, la Cerdagne, une
sale (1630),il révéla son génie brillantmais un peu partie de l'Artois, Thionville,Montmédy,Avesnes;
théâtral, en arrêtant deux armées qui allaient en Louis XIV épouse l'infante Marie-Thérèse, dont la
venir aux mains. Désigné désormais à l'attention dot s'élèvera 500000 écus d'or. Mais on atipu'e
des gouvernements italiens, il fut nommé nonce que, dans le cas où cette dot ne serait pas payée,
du pape en France (16X4-t636), rendit de grands la renonciation de la reine de France à la succes-
services à Richelieu, fut naturalisé Français (1639), sion de son père Philippe IV deviendra nulle.
promu cardinal (1641), et, le lendemain même de Condé enfin fait sa soumission et rentre en France.
la mort de Richelieu, nommé premier ministre En 1660, l'Europe entière était pacifiée. Dans le
(5 déc. 1642). midi et dans le centre, l'Espagne et l'Autriche,
Après la mort de Louis XIII (1643), il devint le ennemies de la France, étaient vaincues. Dans !')
véritable maître du pouvoir, qu'il conserva jusqu'à nord, les traités d'Oliva et de Copenhagueavaient
la fin de sa vie (t6t!t). Souple et rusé, il rompit assuré la prépondérance politique de la Suède,
avec les traditions politiques de son énergique notre alliée. Mazarin qui, devant l'étranger, avait
prédécesseur, attendant tout du temps qui calme eu le cœur vraiment français, laissait la France
les haines. Il est certain d'ailleurs que Mazarin, puissante et honorée. [L.-G. Gourraigne.]
qui ne fut jamais prêtre, exerçait une vive in- MECANIQUE. La mdcanique a pour ol'y't
fluence sur la régente Anne d'Autriche. Peut-être l'étude des forces et des effets qu'elles produisent
même l'épousa-t-il secrètement. Grâce à cette sur les corps auxquels on les applique. Dans !a
intimité avec la reine-mère, il put triompher sans partie de cette science appelée c~M;n:M, on s'oc-
peine de la cabale des ~mpo'-<aM<s(1643). Et cepen- cupe de déterminer les diverses circonstances
dant, jamais ministre n'avait été moins populaire. du mouvement d'un corps lorsque l'on connaît les
On reprochait à Mazarin les faveurs, onéreuses forces qui agissent sur lui. La statique est la
.pour la France, dont il comblait sa famille. Son partie de la mécanique qui traite de l'équilibre des
frère Michel, archevêque d'Aix (1645), vice-roi de forces appliquées à un corps solide on y déter-
Catalogne ()6f!), devenait cardinal (1647), et cette mine les relations qui doivent exister entre les
promotion coûtait 12 millions à l'Etat. Les nièces forces pour que le corps prenne un mouvement.
de Mazarin,« les Mazarinettes, » richement dotées, égal à zéro c'est donc un cas particulier de ]a
épousaient un Conti, un Mercœur, un comte de dynamique, celui où le corps doit rester en repos
Soissons. Protecteur des arts, ami de Corneille, sous l'action des forces qui le sollicitent. Mais
de Chapelain, de Balzac, grand admirateur de comme, une fois ce dernier problème résolu, il
l'opéra italien, qu'il introduisit en France (O''p~e est facile d'y ramener l'autre, on commence ordi-
et Eurydice, )647), le ministre avait les goûts dé- nairementl'étude de la mécanique par celle de la
licats d'un prélat de la Renaissance italienne. Ce statique.
désordre élégant, qui contrastait avec l'attitude On a vu, à l'article Force, comment à l'aide d'un
austère de Richelieu, choqua l'opinion publique. peson à ressort on peut comparer toutes les forces
Nobles, parlementaireset bourgeois, irrités de la à un poids et les exprimer en kilogrammes com-
grande puissance du ministre, et de la gestion ment on représente, par une ligne, le point d'ap-
déplorable des finances, s'unirent pour renverser plication d'une force, sa direction et son intensité.
Mazarin (1644-1653). Le ministre brava l'opposition Nous admettrons comme évidents les aniomes
et garda le pouvoir (V. Fronde). qui suivent et qui nous seront utiles par la suite
A l'extérieur, Mazarin a continué avec talent et la seule difficulté qu'éprouvent les élèves, en li-
succès la politique de Richelieu voilà son vrai sant les premières pages d'un livre de mécanique,
titre devant la postérité. Les armées françaises se tient à ce que beaucoup d'auteurs entourent ces
couvrent de gloire dans la dernière période de la vérités d'un appareil de démonstrations moins
guerre de Trente Ans. Les victoires de Rocroy et claires que les énoncés eux-mêmes )° Une force
de Carthagène (16';3), de Fribourg (1644), de Nord- appliquée à un corps solide peut être appliquée
lingen (1645), de Lens, de Lavingen et de Sumars- en un point quelconque de sa direction pourvu
hausen (1648) obligent nos adversaires à accepter que ce nouveau point soit lié invariablement au
les traités de Westphalie (1648). La France obtient premier. Ainsi la force F appliquée en A (Hg. 1)
ta cession dénnitivo des Trois Evechés, Pignerol,
l'Alsace sauf Strasbourg, Brisach, Philipsbourg,
et la liberté de commerce sur le Rhin. En intro-
duisant la Suède en Allemagne, elle modifie à son
profit l'équilibre des Etats allemands. Des traités
d'alliance sontsignés aveclaBavière(1651),leBran-
debourg (1656) enfin la ligue du Rhin (165S) place
sous la protection de la France les petits Etats de
l'Allemagne du nord. La confédération franco-
allemande mettra sur pied )0000 hommes. La
France ne fournira pas moins de 1600 soldats et
SCn chevaux. Ce grand succès diplomatique console
Mazarin de n'avoir pu empêcher l'élection de
Léopold de Habsbourg à l'Empire (1657).
La branche espagnole de la maison d'Autriche
-avait refusé de traiter avec la France en lt!4s.
Pendant les troubles de la Fronde, l'Espagne avait
repris Barcelone, Ypres, Dunkerque. La défection
de Condé lui avait donné Rethel, Sainte-Me- peut être transportée en B et prendre la position F'
nehould et un général qui passait pour invin- sans que l'état du corps soit changé. 2° Si deux
cible (1652). Mais dès 1653, la guerre est poussée forces qui sollicitent un corps solide, libre de
avec vigueur. Les Espagnols sont arrêtés sur la tourner dans tous les sens, agissent suivant la
'Somme, battus à Stenay et à Arras (1654). Cam- même droite, en sens contraire, et ont la mem~
brai, Valenciennes, Condé sont assiégés (1655- intensité, elles tiennent ce corps en équilibre;te))<s
1656). Mazarin s'allie alors avec Cromwell (1656- sont les forces F et F'
Si les forces sont iné-
gales, ou bien n'agissent pas en sens directement du cordonvertical AD, et, pour vérifier t'énoncê de
contraire, le corps se mettra en mouvement sous notre proposition, il suffit de faire la constructio
l'action de ces forces. Ainsi, que deux personnes
de même force, placées aux extrémités d'une ta-
ble, la poussent dans le sens de sa longueur, mais
en sens contraire, elles ne produirontaucun effet
qne l'une d'elles pousse à droite ou à gauche de
cette direction, la table tournera.
Composition des forces concourantes. On
appelle résultanted'un système de forces F, F', F",
appliquées à nn corps solide, une force qui peut,
à elle seule, les remplacer toutes on dit que les
forces F, F', F sont les composantes de la
force R. Par conséquent, étant donné un corps
sollicité par plusieurs forces F, F', F' dont la
résultante est R, si l'on applique au corps une
nouvelle force R égale et directement opposée
à R, l'ensemble des forces F, F', F'' et R tien-
dront le corps solide en équilibre.
Un système quelconque de forces n'a pas tou-
jours une résultante unique, il est même rare
qu'il en ait une mais, dans le cas particulieroù
les forces sont appliquées au même point, on peut
toujours remplacer les forces proposées par
seule appliquée au même point; nous étudierons
unesuivante sur le tableau
i
noir qui est parallèle à
d'abord comment on détermine les éléments de la figure formée par les cordons et à une petite.
cette résultante. distance
«
ce cette figure
Prenons sur AB la distance AM = 4'°, et sur
PROPOSITION I. Si deux forces concourantes
agissent suivant la même droite et ont la même AC
J
la longueur AN = 5dm, c'est-à-dire sur les
direction, leur résultante est une force appliquée directions des cordons des longueurs proportion-
nelles aux intensitésdes composantes F, F ache-
au même point, agissant suivant la mêmedirection vons le parallélogrammeAMNG,et nous trouverons~
et dont l'intensité est égaie à la somme des deux 1° que le sommet G est sur AZ, ce qui démontra
premières. Si les forces agissent dans des di-
rections opposées, l'intensité de leur résultante que la résultante est dirigée suivant la diagonale.
est égale à la différence des intensités. du parallélogramme construit sur F et sur F'
Cette proposition est évidente. 2" que cette diagonale AC contient 6 décimètres,.
PROPOSITIONII. Si un nombre quelconque de ce qui prouve qu'elle représente en grandeur
forces agissent suivant la même droite, les unes aussi bien qu'en direction la grandeur de cette
dans un sens, les autres dans le sens opposé, leur rrésultante qui est de 6~ Les deux parties d&
résultante est égale à l'excès de la somme des t'énoncé
1 sont donc vérifiées, et cette démonstra-
forces qui tirent dans un sens sur la somme des tion expérimentale suffit parfaitement elle nou&
forces qui tirent en sens contraire. Cette résul- iparaît même préférable à la démonstration théo-
1rique, qui
est très longue et que beaucoup d'élè-
tante agit dans le sens des forces qui ont donné
la plus grande somme. ves apprennentpar cœur sans la bien comprendre.
Cette proposition est encore évidente. Relations entre les composantes et la résul-
Considérons maintenant deux forces F et F' ap- tante. PROPOSITIONI. Le carré de la résul-
tante de deux forces oK~M~airM est égal à la
pliquées à deux points A et B d'un corps solide et des carrés des co~npostM~ plus deux fois
dont les directions passent par le même point 0; somme
s
l produit de ces /!MY;et multiplié par le cosinus
le
on peut remplacerces deux forces angulaires par ( leur any~e.
de
une seule, et la règle à suivre s'appelle parallélo- En effet, considérons (fig. 3) deux forces F et F'
gramme <M-CM; c'est une des propositions les
phn importantesde la statique.
PROPOSITION Ut. La résultante de deux forces
<M</t~atrM est située dans le plan de ces deux
forces elle est dirigée suivant la diagonale du
parallélogramme construit sur les lignes qui re-
présentent les forces en grandeur et en directioni
son intensité est représentée par la diagonale de
ce m~eparaH~o~raMMe.
Dém<m~ra<on<Kp~meH/a/e.–Attachons fng. 2)
trois poids de 4~ ;,t~ 6~ à des cordons AB,
AC, AD, réunis au point A par un nœud faisons ffaisant entre elles l'angle A dans le triangle AC&
passer les deux premiers sur des poulies très mo- nous
r aurons:
biles, dont les axes sont implantés dans un tableau
noir; laissons pendre le troisième cordon AD l'en- + x
AD' == AC' CD' – 2AC CD cos ACD
semble de ces poids prendra bientôt une position et
e comme
d'équilibre et nous pourrons dire qu'alors la force
de 6Bg appliquée au point A suivant la verticale AD ACD=1M°–CAB=!M''–A,
fait équilibre aux forces F = 4B~ et F' = 5~ ap- cos ACD = cos A,
pliquées directementau point A suivant les di-
rections AB et AC les poulies de renvoi ont sim- nnous trouverons en substituant
plement pour but de remplacer les tractions des
poids F et F', qui agissent suivant la verticale, par ADI = AC' + CD' + 2AC X AB coo A,
des tractions dirigées suivant les cordons obli- :'est-dire
c
ques AB et AC. Une fois l'équilibre établi, la C
force R est donc égale et directementopposée à R'=F~+F''+2FxF'xCo3A.
la résultante des forces F et F' cette résultante
est donc dirigée de A vers Z dans le prolongement Conséquence. Si les forces F et F' sont ree-
tangulaires, l'angle A est droit, son cosinus est F et F' qui sont représentées par les lignes OA
nuletl'ona: et OB, nous construirons le parallélogramme
R2=F!+F". OABB'; puis nous composerons la résultante OB'
avec OC qui représente F', ce qui nous donnera
Ainsi le carré de la fe~Ma?: deux forces rec- la résultante OC' composant OC' et OD, nous
<(t?!~M/a~'M est égal à la somme des carrés des obtiendrons OD', et il ne restera plus qu'à compo-
composantes. dernier parallé-
ser OD' et OE, en construisant leOE'
PROPOSITIONII. Si ~OM COKsM~'e deux forces logramme OD'EE' sa diagonale représentera
F, F' et leur résultante R, il existe un )~ppo~ la résultante de toutes les forces pour sa direction
constant entre chacune de ces forces et le sinus de et son intensité. Il est bien clair qu'il n'est pas
~'OM~7e /orMC par les directions des deux autres. nécessaire de tracer tous les côtés et les dia-
En effet, le triangle ACD fournit la relation gonales de ces divers parallélogrammes;il suffit
AC R R de marquer le contour AB'C'D'K'.
CD Remarque. Si le contour se ferme, la résul-
sin CAD sin ADC sin C ou sin (t80"–C)' tante totale est nulle et les forces se font équi-
c'est-à-dire libre.
F F' R
PABALLÉLipiFÈcE DES FORCES. –
Comme cas par-
ticulier. considérons trois forces F,F',F'\ appli-
sin (F', R) sin (F, R)sin (f, F') quées au point 0 (6g. 5) et représentées par les
Décompositiond'une force en deux autres. –
PnoBLÈME. Etant données une force R appli-
quée au point A et deux directions AX et AY
issues de ce point et situées dans un même plan
avec R, on propose de décomposer cette force H
en deux autres F et F' dirigées suivant les direc-
tions AX et AY.
Solution. On peut déterminer les intensités
des forces F et F' par un tracé graphique il suffit
de mener par l'extrémité D de la force R les pa-
rallèles DC à AX et DE à AY ces paraUèles dc-
terminent sur AX et AY des longueurs AB et AC lignes OA,OB,OC non situées dans un même
proportionnelles aux composantes cherchées F plan leur résultante sera représentée pour sa
et F'. direction et son intensité par la diagonale OD du
Si l'on veut calculer les intensités F et F', U parallélipipëde construit sur ces trois forces.
suffit de s'appuyer sur la proposition précédente Si les trois forces forment un trièdre tri-rectan-
elle donne les relations gle, leur résultante R est donnée par la formule:
sinCAD ~sinBAD R:=F'+F''+F"'s
F = F
sin BAC' sin BAC
car dans un parallélipipède rectangle le carré do
Remarque. Si les composantes doivent être la diagonale est égal à la somme des carrés des
& angle droit, on a
trois dimensions.
PROBLEME. Décomposer une force en trois
sin BAC = I, et par conséquent autres dont les directions ne sont pas situées dans
F == R sin CAD = R cos BAD un ?)!);e plan.
Soit OD la force R qu'il s'agit de décomposer
F' = R sin BAD = R cos CAD.
en trois autres dirigées suivant les directions
Ainsi, chaque composante est égale au produit OA,OB,OC. On obtiendra les intensités de ces
de la résultante par le cosinus de t'angle compris trois composantes en menant par le point D trois
entre sa direction et celle de la résultante, ou plans parallèles aux plans OAB, OAC, OBC cha-
bien chacune des composantesest la projection de cun d'eux coupera la troisième direction, repré-
et les
la résultante sur les directions données. longueurs OC, OB, OA ainsi déterminées
Composition d'un nombrequelconquede forces senteront les intensités des composantes incon-
concourantes. PROPOSITION I. Pour trouver nues.
géométriquement la résultante d'un système de Conséquence. Si les trois directions données.
forces F, F', F", appliquées au même point 0 et sont rectangulaires, chaque composante est égale
dirigées d'une maHMfe quelconque dans l'espace, à la projection de la force donnée sur la direction
son intensité est égale à
on construit (Bg. 4)MMcOM<OMt- po~oHO< AB'C'D'E' de cette composante; multipliée
celle de la résultante par le cosinus
de l'angle que fait cette résultante avec la direc-
tion de la composante considérée.
En effet, le triangle DOA est rectangle en A et
l'on a
OA= OD cos AOD
OB~ODcosBOD
OC=OD cos COD
et menons FL parallèle à OA; nous aurons l'axe rencontre le plan de projection. Ainsi le
moment de la force F' par rapport à l'axe AB s'ob-
RK=KL+LR=HL+F'H' tient en projetant F' en F" sur un plan RR' per-
Ainsi la hauteur du triangle OAR est égale à la pendiculaire
I à AB et faisant le produit de F" par
somme des hauteurs des deux autres; ce triangle sa distance AS au pied de l'axe AB.
OAR est donc équivalent à la somme des trian- PROPOSITION. Si l'on considère un sy~em?
gles OAF et OAF', et le moment de la résultante forces concourantes dirigées a<-<)!<fat'f<)neK< dans
est égal à la somme des moments des composantes. l'espace et leur !MKaM<e, le moment de cette )'e-
Dans le cas de la figure, les trois forces tendent sultante par f'apport M?! axe fixe quelconque est
à produire autour du point 0 des rotations fictives
<
égal
<
à la somme a~M~Me moments des com-
de même sens, et les trois moments sont positifs: posantes.
1
Considérons d'abord (fig. t2) deux forces F et F'
si les rotations étaient de sens contraires,l'énoncé
du théorèmeserait encore exact, en tenant compte ~CC
des signes que nous sommes convenus d'attribuer
aux moments.
F, F', F'
Soit maintenantun nombre quelconq ue de forces
concourantes et R leur resu)ta.)ite;
nous composerons d'abord F et F' en une seule R),
et nous aurons
M,R,=M,F+M.F;
il faudra composer maintenant Rt et la troisième
force F", ce qui donnera une résultante R2, pour
laquelle
M.R~M,R,+M,F",
ou
i~R,=.M.F+M.F'+M.F";
et ainsi de suite jusqu'à ce que l'on ait compose
toutes les forces. Nous aurons donc en détimuve:
M,R=M,F+M,F'+M,F"+M,F'"+.
et la genér.ttité du théorème est démontrée.
théorème des Momf!t<s. – La prépo-
C7fi7t~ dit
sition pieeédeate, connue sous le nom de théorème
concourant au point A ainsi que leur résultante R! = p' + Qt + 2PQ cos O" ==P' + Q* + 2PQ
R, et projetons le parallélogramme ABCD sur ==(P+Q;'
un plan V; nous obtiendrons un parallélogramme
«OMf dont les côtés f et r sont les projections de F ou, en extrayant tes racines
et de F' et dont la diagonaler est la projection de R. R=.P+Q.
Si donc nous rapportons cette figure contenue dans
le plan V à un point 0 quelconque de ce plan, Il est facile de trouver le point 1 de la barre ri.
nous aurons gide auquel est appliquée cette résultante R en
effet, étudions (Cg. t4) la figure obtenue lorsque tes
M.r=M,/+M.
Mais, par définition, le moment de f par rapport au
point 0 est précisément le moment de F par rap-
port à l'axe UX, nous aurons donc
M~R=M~F+M~F'.·
Prenons maintenanttrois forces angulaires F, F',
F" non situées dans le même plan le théorème
précédent s'appliquera à la résultante partielle
RI de F et de F', puis à la résultante R de RI et
de F", qui est la résultante définitive du
tème des trois forces. On pourra donc écriresys-en
générât
MoxR = M~F+M.,F'+M.,F" +.
quel que soit le nombre des forces et leur disposi-
tion autour du point A. forces P et Q sont encore concourantes, et prenons
/<Ma' $Me. – Si l'on mène par un point 0 pris les moments de P, de Q et de H par rapport au
arbitrairementdans l'espace trois axes de coordon- point 1; le moment de R sera nul, puisque cette
nées rectangulaires OX. OY, OZ, auxquels on
force passe par le centre des moments, et nous
F'
rapporte le système des forces concourantes F, F'
ainsi que leur résultante R, on pourra pro-
jeter cet ensemble de forces sur les trois plans
aurons
(1) PxIK–QxIL=00
ZOY, ZOX, XOY, et le théorèmedes moments pris
par rapport au point 0 s'applique à chacune de ces Si maintenant nous considérons la figure 13. ob-
projections: le triangle ayant 0 pour sommet et tenue lorsque les forces P et Q, tournant autour
la projection de la résultante pour base sera équi- des points A et B, sont devenues parallèles, nous
valent à la somme de triangles ayant même som- voyons que les bras de leviers IK et IL sont en
met et pour base les projections des forces; on dit, ligne droite, et les triangles semblables AIK, BIL
pour abréger, que le moment de la résultante R fournissent la proportion
par rapport à chacun des axes OX, OY, OZ, est IK _AI
égal à la somme algébrique des moments des com- ~ÎB
posantes. On pourra donc tracer sur chacun des IL
plans de coordonnées la projection de la résultante Nous aurons donc, en remplaçant dans (1) les
R, et cette résultante sera connue dès que l'on bras de leviers IK et IL par les lignes AI et IB
aura ses trois projections sur les trois plans de qui leur sont proportionnelles
coordonnées.
Composition des forces parallèles. Pnoposi- PxAI=QXIB,
TtoN 1. DcMa: forces parallèles et de M~ne sens
appliquées aux extrémités d'une barre rigide ont ce qui revient à écrire
M~e r~M«an~p<!)'«Me~a/e!/r<i!)-ec<)07:, de mdme P_IB
sens, égale à leur somme et appliquée à la barre Q~AI
M un point ~Mt partage cette droite en deux
Mj/meMM <!<Mt< inversement proportionnels aux PROPOSITION II. – Deux forces parallèles et de
forces coMtt~UM. sens contraires appliquées aux extrémités d'une
Soient P et Q (nj;. 13) deux forces parallèles et barre rigide ont une résultante égale à leur dt~-
rence, de méme sens quelaplusgrandeet o~/t~M~
en MnpoM< du prolongement de la barre rigidequi
divise cette droite en deux segments soustractifs
inversement proportionnels aux forces <'OK<uëf.
Le système de deux forces parallèles et de sens
contraires peut être assimilé à la limite d'un
système de deux forces angulaires faisant entra
elles un angle très obtus voisin de 180. et dont le
point de concours s'éloigne de plus en plus.
En comparant les deux figures Ii, et 16 on voit
les forces dans différentes direction {~e telle sorte points d'application, les
qu'elles restent toujours parallèles entre elles et nous aurons, en prenant le
co?M?f!;e?:< <eMf~ ~f'aMtteMfs et leurs po:M/s ~'cppH-
moment des trois forces par rapport point 0
au
cohcM, les r~u~a?:<M ~M st/s<pme dans CM a:~ë- RxCO=PXAO+QxBO;
rentes positions passeront toujours par le même
lèles.
Reprenons en effet la composition des forces
parallèles F.F'.F" la première résultante par-
tielle Ri est appliquée au point Lt de AB dont
Ja position ne dépend que des intensités de F et
An
pf)M<. Ce point s'appelle centre des forces pa;'a/- mais les triangles semblables OAa, OBb, OCc,
fournissent les valeurs
OA=OCx~
OB=OCX~ Bb
de F' et nullement de leur direction il en sera OB=OC
de même de la position du point L, d'application
de la seconde résultante partielle Rt, et ainsi de et en substituant ces expressions dans la première
suite. On voit donc que la position du point d'ap- egatité, on trouve, après avoir chassé le dénomi-
plication L de la résultante définitive R restera nateur
'la même, quelle que soit la direction des forces RxC<:=PxAo'+QxB&
.parallèles.
Définition. On appelle centre de gravité d'un On étendrait facilement cette proposition au cas
d'un nombre de forces parallèles.
corps le centre des forces parallèles, qui sont les Il faut bien remarquer que ces moments par
poids de toutes les particules de ce corps.
Moments d'nn système quelconque de forces rapport au plan V ne sont autre chose que les mo-
~)araU6Ies appliquées en divers points d'un corps plan ments des forces par rapport à no axe situé dans le
solide. Projetons le système de forces parallèles V et perpendiculaire à la direction commune
P,Q,S,T, et leur résultante R, sur un plan V pa- aux forces P, Q. En effet,si nouamenons un plan U
rallèle à leur direction; elles se projetteront en perpendiculaire à V et parallèle am forces. les
vraie grandeur. Prenons un point 0 quelconque distances Aa, B&, Ce, se trouvent reportées paral-
culaires p, q, s,
de 8. t,
de ce plan et abaissons de ce point des perpendi- lèlement
que les
à elles-mêmes
forces P et Q,
sur les projections de P, de Q, la figure sur ce nouveau plan
les produits Pp, Q~ R)- représenteront
sur le plan U aussi bien
quand on projette toute
U. Les distances A'<,
les moments des forces P, Q. B&.
R par rapport au point
point 0 ou par rapport à l'axe OX perpendiculaire
sont donc
quelconque
précisément
de
les distances d'un
l'intersection des plans U
et
au plan V, et l'on aura, en considérant les forces plan U, V aux projections
l'on voit
des forces P,Q. sur le
parallèles comme un cas particulier des forces et que les moments par rapport
concourantes, à un plan ne sont autre chose que les moments
par rapport à un axe. La distinction nous parait
Pp+Q?+S~+.=Rr. donc assez inutile; elle nous semble même fâ-
cheuse qu'elle fait perdre de vue la géné-
Ainsi, en donnant des signes convenables au mo- ralité deparcecette proposition de géométrie qui s'ap-
ment, on peut dire encore ici que le moment ofe la plique aussi bien aux forces parallèles qu'aux
résultante ofMM ~<fhM? de forces parallèles par forces concourantes, qu'aux forces dirigées arbi-
trairement dans l'espace si l'on projette sur Décomposition d'une force en d'autres forcer
un plan un système quelconque de forces et sa parallèles. Soit R la force donnée appliquée
résultante, le triangle qui a pour sommet un point en 1 (fig. 13), il s'agit de la décomposer en deux
quelconque de ce plan et pour base la projection autres forces parallèles appliquées aux points A
de la résultante est équivalent à la somme des et B situés sur la droite A1B et de part et d'autre
triangles ayant même sommet et pour bases les du point I. Soient P et Q ces composantes incon-
projections des composantes. nues nous avons déjà trouvé la relation
APPLICATIONS. )° Déterminer la position de la R P _Q~
résultante d'un système de forces parallèles (; l'aide AB~BI~AI'
du théorème des moments.
Si l'on mène un premier plan V parallèle à la elle fournit les intensités P et Q des com-
direction de ces forces P, Q, S, et si l'on mesure posantes quipour
sont alors de même sens que R
leurs distances p, q, s, au plan V, on aura pour le
moment de la résultante
R~=Pp+Q~+S~
BI
Q~ AI
XI
Sa direction sera donnée par les deux égalités
eosa=~, sina=~
si'na=yl
B
n
––
0 ,009023 10
HilperiJc se rendit à la salle du palais où les actes 4
publics étaient réunis et conservés; il en fit 5 0,011279 11 – 0 ,022558
0
024814
extraire tous les rôles dressés pour la perception 6
des nouvelles taxes, et commanda qu'ils fussent
– 0,013535
jetés au feu. Ensuite il envoya dans les diverses L'usage de cette table est des plus faciles soit
provinces de son royaume des hommes chargés à convertir en mètres une longueur de 3 toises
d'annoncer que le décret de l'année précédente 5 pieds 9 pouces 10 lignes la table donnera suc-
cessivement
sur l'impôt territorial était annulé par le roi, et
de défendre aux comtes et à tous les ofneiers pour 3 toises. 5'8471
fiscaux de t'exécuter à l'avenir.
Cependant la maladie mortellesuivait son cours¡ pour 5pieds. 1,62420
pour 9 pouces. 0,24363
le plus jeune des deux enfants succomba le pre-
mier. Ses parentsvoulurent qu'il fût enseveli dans pour lignes.
10 0,02255S
la basilique de Saint-Denis, et ils firent transpor- Total. 7°,737498
ter son corps du palais de Braine à Paris, sans ou, à très peu près, 7m,737 et demi.
l'accompagner eux-mêmes. Tous leurs soins se 2. Pour opérer la conversion inverse, on re-
portaient dès lors sur Chlodobert, dont l'état ne marque que fO~OOO,MO de mètres valent 5,)30,740
donnait plus qu'une faible espérance. Renonçant toises un mètre vaut b',5t3074. Pour convertir
pour lui tout secours humain, ils le placèrent en toises un nombre donné de mètres, il faudra
sur un brancard, et le conduisirent à pied jusque donc multiplier O',5t9074par ce nombre la par-
dans Soissons, à la basilique de Saint-Médard. Là, tie entière exprimera les toises
on multipliera
la partie fractionnaire par 6 la partie entière du la perche carrée est le carré de ce nombre, Ott
produit exprimera les pieds on multipliera la 34mq,1887 ou 34à ares,19. très peu près 34mq,19. Dès lors
nouvelle partie fractionnaire par 12 la partie en- l'arpent vaut
tière du nouveau produit exprimera les pouces S'il s'agit de la perche des eaux et forêts, sa va-
enfin, en multipliant la dernière partie fraction- leur est 0"32M4 x 22 ou T*,1M48 la perche
naire par 12, on aura les lignes. carrée est te carré de ce nombre, ou 5f"),0'?22.
On trouvera ainsi que Des lors l'arpent vaut 51 ares, 07.
Pour obtenir, au contraire, l'expression de l'hec-
l" équivaut à 3P ÛP 111,3. tare en arpents, il faut diviser l'unité par 94,t~
9°,8088 équivaut à &T OP 2P 4',2. s'il s'agit de l'arpent de Paris, ou par 51,07 s'il
3. La toise ayant s'agit de l'arpent des eaux et forêts, ce qui donne
MESURES DE SUPERFICIE. dans le premier 2 arp.,9249, et dans le second
de la toise cas
pour valeur l°~94904,on obtiendra celle arp.,9580.
carrée en multipliant ce nombre par lui-même, ce A l'aide de 1
ou.
déduit la valeur de l'once, du gros et du grain. tb Ib
)ivre la valeur du franc, qui en est la 5* partie,
On obtient au contraire la valeur du kilogramme 8t de livre,
en livres en divisant 18827,15 par 9216, ce qui est donc ou 1 liv.,0125.
donne 2 liv.,042876519.
Ces rapports ont servi à former les tableaux
suivants
Réciproquement la livre vaut les du
franc
Ofr.,9376543
Livres
en kilogrammes.
Kilogrrammes
en litres. vautdonc.
le sou, qui en est la M* partie,
t livre
2
3
–
–
vaut 0,48951
0,979~1
),4Gft52
1,95802
1
2
3
4
kilog. vaut
4,0858
6,)286
8,1715
vaut.
2.0t29 et le denier, qui est la t2* partie
du sou,
0 fr. 0493827
0 fr. 0041152
––
7 3,42654 7 14,3001 plus 6 fois 0 fr. 0041152; en faisant le calcul, on
8 3,91605 8 16,3430 trouve tt fr. 728 ou environ 11 fr. 73.
9
10
4,40555 9
4,8i)&0610 –– 18,3853 Soit, au contraire, à convertir 13 fr. 50 en livres,
20,4288 sous et deniers. On multipliera 1 liv.,0125 par 3,5.
Onces en grammes.
ce qui donne 1;! liv.,66875.On multipliera la partie
Gros en grammes. décimale par 20, ce qui donne 13 sous,37500. On
1 once vaut 30,59 1 gres vaut 3,82 multipliera la nouvelle partie décimale par 12, ce
2 – 61,)9 2 – *~5 qui donne 4 deniers,5. La somme proposée équi-
–– –
3 91,~8 3 11,47
4 ]22~38 4 – 15,30 vaut donc & 13 livres, 13 sous et 4 deniers
–––
5
6
– 15~,97 5
183,56 R
19,12
22,94
[H. Sonnet.]
METALLOÏDES. – Chimie, II, IV, VI-X. La-
7
8
– 214,16 7
244,75
26,77 voisier divisait les
corps simples en métaux, corps
9 275.35 non métalliques et gaz. Cette ctassincation était
10
bonne au temps où l'on ne connaissait, outre les
305,94 métauxusuels, que le carbone, le soufre et le phos-
Grains en gramme*. Grammes en grains.
phore, où les théories sur les gaz se ressentaient
10 grains valent 0,531 1 gramme vaut encore de l'influence de celle du phlogistique,
18,83 même dans l'ouvrage de celui qui l'avait ruinée.
20 1,062 2 37,65 On disait, et l'on répète encore aujourd'hui tes
30 1,593 3 56,48 corps métalliques ont un éclat spécial, font miroir,
40 2,125 4 75,31 rénéchissent la lumière, les images,
50 2,656 5 94,14 conducteurs de l'électricité et de la chaleur, sont bons
60 3,187 6 112,96 suite froids au toucher leurs oxydes sont par
70 3,718 7 t3t,~9 ou basiques, ils sont sans action sur la teinture neutres
––
8 ]50,62 de tournesol et la ramènent bleu lorsqu'elle a
9 169,34 été rougie par un acide. Les au
corps non métalliques
10 – 188.27 (et c'est strictementvrai
et le phosphore) n'ont
pour le charbon, le soufre
Soit à convertir 5 livres 13 onces 7 gros et 60 pas l'éclat métallique, sont
grains en kilogrammes et fraction de kilogrammes, mauvais conducteurs de la chaleur et de l'électri-
cité leurs combinaisons avec t'oxygènesont acides,
on aura à additionner rougissent la teinture bleue de tournesol. Plus tard
pour5IivrM. 2k,44753 l'incorporation des gaz et surtout de l'azote parmi
pourlOonces. 0,30594 les corps non métalliques raffermit encore cette
distinction. L'étude de l'action de la pile sur les
pour 3 » 0 ,09178
composés binaires conduisit à formuler cette
pour 7 gros 0,026T?
pour 60 grains. 0 00318 tôt incomplète les corps métalliques vont au pote
négatif, ils sont électro-positifs, les corps non mé-
kil.
Total .~x'8'!520 talliques vont au pote positif, ils sont électro-né-
Soit au contraire à convertir 2&7< en livres, gatifs. La découverte d'un grand nombre de corps
onces, etc., on aura à additionner: simples nouveaux, pendant le premier tiers du
pour 20 401iv.,858
siècle, tantôt fut en faveurde cette classification,
pour 5 le sélénium, le tellure vinrent se placer tout natu-
10 ,M4t rellement à côté du soufre; le potassium, le so-
pour '!hectog.(tet0°de7).. 1 ,4300 dium, etc., répondirent encore mieux au type
pour 4decag.(tel00'de~ 0 ,11817 métal que tes métaux usuels, tantôt elle lui fut
Total. 52tiv.,à8U contraire plusieurs corps incontestablement con-
Multipliant la partie décimale par !6, on sidérés comme métaux se présentèrent sous la
aura forme pulvérulente l'iode, par contre, a l'éclat
9 onces,3456 multipliant la nouvelle partie déci- métailique. L'étude
male par 8, on trouvera 2 gros.7648 multipliant plus complète des corps déjà
connus lui porta un coup fatal; l'arsenic, l'anti-
moine, parfaitement métalliques d'apparence, al- tion ne sont plus dévorées par les mulots et autres
lèrentrejoindre l'azote et le phosphore; le graphite, animaux nuisibles; il entre dans la composition de
variété du carbone, surpasse certains métaux en la mort aux rats, et sert à la préparation du savon
éclat et en conductibilité plusieurs métaux, l'or, arsenical, indispensable aux empailleurs. Il forme
l'étain, le manganèse, etc., forment avec l'oxygène des sels bien définis également très vénéneux. –
des acides bien définis. C'est vers 1825 que Ber- L'acide arsénique, AsO~, est beaucoup plus soluble,
zelius donna aux corps non métalliques le nom encore plus vénéneux; mais il offre moins de dan-
malheureux de métalloïdes (semblables à des mé- ger, étant un solide déliquescent, tandis que l'a-
taux) Ampère a adopté ce nom, et, dans sa Philo- cide arsénieux industriel se rencontre le plus sou-
sophie des sciences, a compté seize métalloïdes vent sous forme de poudre blanche à peu près
groupés en quatre classes, de quatrecorps chacune: sans odeur ni saveur, et peut se confondre avec
l" classe: Oxygène, soufre, sélénium, tellure. beaucoup d'autres corps il forme aussi des sels
X" classe Chlore, brome, iode, fluor. dont plusieurs, entre autres l'arséniate de fer,
3'c~<MM~Azote, phosphore, arsenic, antimoine. sont employés comme médicaments. L'hydro-
4* classe Hydrogène, carbone, bore, silicium. gène arsénié, gazeux, à odeur alliacée, très véné-
Les conceptions de cette sorte, fondées autant neux, décomposablepar la chaleur rouge, s'obtient
sur des idées à priori que surlesdesprogrès observations quand on produit de l'hydrogène dans un liquide
réelles, entravent un instant de la arsenical; de là un moyen de recueillir les moin-
science par l'influence qu'exerce sur les chercheurs dres traces d'arsenic contenues dans une dissolu-
le grand nom de leur auteur. tion, et un moyen de recherches dans les cas
De ces quatre classes, la seule naturelle est celle d'empoisonnement. Les substances suspectes sont
du chlore, que Lavoisiersupposait l'acidele plus oxy- carbonisées par l'acide sulfurique, le charbon est
géné d'un radical dont l'acide muriatique (aujour- repris par de l'eau distillée, la dissolution est
d'hui chlorhydrique) était la première combinaison versée dans un appareil à hydrogène ordinaire.
avec le générateur des acides. Dans la première Le gaz produit brûle avec une fumée blanche
classe, l'oxygène est beaucoup plus séparé des trois odorante; en interposant de la porcelaine dans la
autres corpsque ceux-ci ne le sont entre eux. Dans la flamme, elle se recouvre de taches miroitantes;
troisième classe, les différences ne sont guère moins on peut obtenir des anneaux noirs dans le tube
tranchéesque les similitudes, et l'antimoine va sou- de dégagement en le chauffant avec une lampe à
vent rejoindre l'étain parmi les métaux. Dans la qua- alcool; ces anneaux, ces taches sont de l'arsenic
trième, l'hydrogène a été placé de force, par respect isolé dont on peut constaterl'identité. Ce procédé
pour la classification quaternaire; les chimistes qui de recherchesest dû au chimiste Marsh qui lui a
tiennent encore à la division en métalloïdes et en donné son nom. Quand il est employé dans une
métaux, le rangent souvent parmi ces derniers, tan- expertise médico-légale, il est indispensable de
dis que les phénomènes de substitution étudiés en faire parallèlement l'expérience avec les mêmes
chimie organique lui assignentune proche parenté réactifs, mais sans y ajouter les liquides suspects.
avec le chlore, le brome etl'iode. Entre le carbone Il existe un assez grand nombre d'arséniures na-
et le silicium, oscille le bore, tantôt rapproché, turels employés comme minerais. L'arsenic en
tantôt éloigné de l'un ou de l'autre, suivant les poudre s'enflamme dans le chlore et forme des
considérations les plus en faveur. chlorures d'arsenic, vapeurs asphyxiantesdécom-
La proportion des équivalents des corps d'une posables par l'eau.
classe est souvent très remarquable. Par exemple L'/oet?, découvert en 1811 par Courtois dans les
ceux du fluor, du chlore, du brome, de l'iode sont eaux-mères des soudes de varechs, a été étudié en
à peu près dans les rapports de 1, 2, 4,5, 7 ceux 1813 par Gay-Lussac.Ils'obtient en traitant un iodure
de l'oxygène, du soufre, du tellure sont comme 1, alcalin par l'acide sulfurique et le peroxyde 4le
2 et 4; mais par exemple le sélénium se place manganèse, réaction analogue l'une de celles qui
à
plus difficilement par son équivalent dans cette produit le chlore. C'est un corps solide, opaque,
série que le phosphore, qui s'en éloigne à tout d'un gris métallique, cristallisable par solution
autre égard. De sorte que, jusqu'à ce que de nou- dans l'acide iodbydrique et par sublimation. Il
il
veaux points de vue soient présentés, ne faut fond àtrès 107, bout à ~80° en donnant une vapeur vio-
dense (8,8), est peu soluble dans l'eau,
accorder que peu d'importance à ces curieuses lette
coïncidences numériques. très soluble dans l'alcool et le sulfure de carbone.
Somme toute, la classification artificielle des On en reconnaît des traces à l'état libre par la co-
corps simples en métalloïdes et métaux a fait son loration d'un bleu intense qu'il donne à l'amidon.
temps, et il faut souhaiter de voir le premier de L'iode existe en très petite quantité dans l'eau de
ces mots tomber le plus tôt possible en désuétude. mer, seet rencontre dans les plantes marines. Il
Nous l'avons suivie ici à cause de son intérêt his- se retrouve dans leurs cendres, autrefois princi-
torique et parce qu'elle n'a pas encore été rem- pale source des sels de soude, et reste dans les
placée par une meilleure. eaux mères d'où on l'extrait; l'azotate de soude na-
Le Dictionnaire consacre des articles spéciaux à turel contient jusqu'à 2 p. 100 d'iodure. Par ses
un certain nombre de métalloïdes, savoir: oxygène, composés, 1 iode est un corps très précieux pour la
hydrogène, carbone (V. Charbon), soufre, azote, médecine et la photographie. Il forme avec
phosphore, chlore, fluor, silicium (V. Silice). Les t'oxygène des composés, acides hypo-iodique, 10*,
autres n'ayant pas d'articles spéciaux, nous allons iodique, 10~, et hyperiodique. 10~, sans importance
donner à leur sujet quelques brèves indications. pratique. Avec l'hydrogène il forme l'acide
L'Arsenic est solide, à éclat métallique,cristallin, iodhydrique, analogue de l'acide chlorhydrique
volatil au rouge sombre; densité 5,6; obtenu car et ayant des propriétés comparables & celles de ce
la réduction de l'acide arsénieux; s'allie aux mé- corps il s'obtient par l'action de l'hydrogène sul-
taux en les rendant durs et cassants. L'acide furé sur l'iode en présence de l'eau.
arsénieux, AsO~, est blanc, cristallisable, soluble L'iode forme des iodures avec tous les métaux
dans 20 parties d'eau c'est le terrible poison connu et plusieurs métalloïdes.
sous le nom d'arsenic il corrode et perce les mem- L'iodure d'azote est une poudre noire explosive,
branes de l'estomac on combat ses effets à l'aide comparable au chlorure d'azote. L'iodure de potas-
de l'hydrate d'oxyde de fer récent, de la magnésie sium, composé naturel existant dans les eaux
calcinée, et en provoquant en même temps les mères, ou obtenu artificiellement par l'action de
vomissements. A petite dose, c'est un médicament l'iode sur la potasse et la calcination du sel résul-
précieux contre l'asthme, l'anémie. Il sert à chauler tant pour décomposer la portion d'iodate formée,
les blés; les semences trempées dans sa dissolu- est un dépuratif énergique très employé en mé-
decine. Il sert aussi en photographie, mais moins vue théorique elle montre l'exempte le plus parfait
que les iodures d'ammonium, de zinc, de cad- dela transformation de lumière en mouvement. On
mium, de fer. Ces trois derniers s'obtiennent par se rappelle la découvertefaite par Scheele du bru-
combinaison directe à froid en présence de l'eau; nissementde chlorure d'argentet de sa décomposi-
l'iodure d'ammonium par la combinaison directe tion par la lumière en un demi-siècle cette expé-
de l'ammoniaque et de l'acide iodhydrique. L'io- rience intéressante a enfanté la photographie;
dure d'argent, contenant plus ou moins de bro- qui sait l'avenir réservé à la sensibilité du sélé-
mure, forme la couche sensible des plaques pho- nium ? Déjà on s'en est servi pour fabriquer un
tographiques il s'obtient par doublé décomposition. œil artificiel dont la paupière s abaisse comme les
L'iodure de mercure est un type d'iodacide se eom- nôtres en présence d'une impression lumineuse
binant avec l'iodure de potassium. intense.
Le Brome est un liquide très brun, d wne odeur LeTellure, encore plus rare que le sélénium, se
très pénétrante provoquant la toux, densité 2, 6 rencontre combiné an plomb, à l'argent, et rare-
it bout à ;)3°. Par ses propriétés chimiques, phar- ment natif. H a l'apparence de l'étain et est cris-
maceutiques, industrielles, son état dans la na- tallisable. Sa densité est 6,26 son équivalent 64,
ture, it se rapproche de l'iode de la façon la plus double de celui du sélénium. !i est en tous points
remarquable. Sa préparation est analogue à celle analogue au soufre et au séténium sa conductibi-
de l'iode. La dissolution de bromure de potassium lité électrique varie, comme celle du sélénium,
est entre tes mains des médecins un des meilleurs selon la lumière à laquelle il est soumis; it se
calmants du système nerveux. prête dont à l'expérience de Siemens.
Le Bore, qui a de grandes analogies avec le car- [Paul Robin.]
bone, se présente comme lui sous trois états: METAUX. – Chimie, II, XJ, XVII-XX. On
amorphe, graphitotde, adamantin. Nous parlerons indique comme premier caractère distinctif des
seulement de cette dernière forme. Elle s'obtient métaux un éclat particulier,dit éclat métallique;
en fondant ensemble à une très haute tempéra- en masse ils réfléchissent la lumière, conduisent
ture 100 grammes d'acide borique et 80 d'alumi- bien la chaleur et l'électricité. Quand les métaux
nium ce dernier décomposel'acide borique, une ont la ferme pulvérulente sous laquelle ils se pré-
partie forme de l'alumine, l'autre dissout le bore, sentent souvent, ces caractères disparaissent.
et quand la dissolution se concentre, le bore cris- Leurs oxydes sont en général neutres ou basiques.
tallise a l'état de diamant; des lavagesà la soude Pas plus que le précédent, ce caractère ne les
caustique, aux acides chlorhydrique et fluorhydri- distingue des métalloïdes d'une manière ab-
que enlèvent l'aluminium, l'acide borique, le fer solue.
et le silicium; reste le bore qui contient jusqu'à Laissant de coté une définition qui ne saurait
4 p. 100 de carbone, et qui est après le diamant le être irréprochablejcomparons a divers points de
orps le plus dur. Sa poussière polit le diamant; vue tes principaux métaux.
ce corps est probablement appelé à un certain P'op~~pAy~MM.–Les métaux sont tous, à
avenir industriel. Les deux autres états du bore l'exception du mercure etde l'hydrogène si on
sont sans importance. L'acide borique est le seul range ce corps parmi les métaux, comme le font
.composé oxygéné du bore; c'est un produit natu- plusieurs chimistes solides à la température
el qui se trouve dans certaines eaux thermales ordinaire plusieurs,et spécialement te bismuth et
l'antimoine, peuvent cristalliser.
et spécialement dans les lagoni de Toscane. Il est
soluble dans l'eau, et encore plus dans l'alcooldont Opaques dans tes conditions ordinaires, ils sont
la flamme est alors d'un vert caractéristique translucides et même transparents en lames très
aucun métalloïde ne l'attaque seul; mélangé avec minces; ainsi l'or battu, collé sur une lame de
d* charbon, i) est attaqué par le chlore et forme verre, se laisse traverser par la lumière verte,
du chlorure de bore l'acide fluorhydrique forme l'argent déposé par un procédé chimique sur les
avec lui du fluorure de bore gazeux et de l'eau. Il miroirs de télescopes en verre, par la lumière
sert tt fabriquer le borax ou borate de soude. H bleue.
fond à une haute température et dissout alors l'a- Les couleurs des métaux sont en général mas-
lumine par le refroidissement celle-ci cristallise quées ou atténuées par la grande quantité de
et forme le corindon artificiel et ses variétés, le lumière blanche qu'Us réfléchissent. En faisant
rubis, le spineDe. Le borax sert à décaper les mé- réfléchir le même rayon lumineux sur plusieurs
taux que l'on veut braser, souder avec les sou- surfaces successives d'un même métal, la lumière
dures fortes de cuivre, d'argent ou d'or; il forme blanche diminue à chaque réflexion et la couleur
alors un verre fusible dissolvant les oxydes métal- propre du métal apparalt avec son intensité, réelle
liques et conserve chimiquement propres les sur- l'or est jaune, le cuivre rouge, le strontium et
faces métalliques à souder. l'argent jaunâtres, le fer gris, le zinc bleuâtre, etc.
Lt~~ttMnt est analogue au soufre dans presque Voici la densité de quelques métaux en nombres
toutes ses propriétés,et les séléniures se trouvent ronds
en fort petite quantité mtlangés aux sulfures Platine, 21 à 23; or, 19; mercure, 13,6; plomb,
exploités dans la Thuringe et le Harz. A l'état 11,3 argent, 10,4; cuivre, 8,8; fer, 7,8; étain, 7,8;
amorphe, c'est un solide noirâtre brillant. Il est zinc, 6,9 aluminium, 2,6 (à peu près celle du
inutile d'étudier les acidessélénieux et sélénique, verre et du silex) sodium, 0,U7 potasstum, 0,86
l'hydrogène aélénié, les autres séléniurea, qui lithium, 0,59.
ressemblentbeaucoup aux composés sulfurés cor- La fusibilité des métaux est également très
respondants. Signalons seulement cette propriété variable. Voici une liste des principaux points de
ai remarquable, spéciale au sélénium et décou- fusion
verte en 1876 par M. Siemens. Le sélénium est Mercure, – 39° potassium, + 55* sodium, 90';
comme le soufre un très mauvais conducteur de étain, 2M"; bismuth, 264° plomb, 335*; zinc, 410*
l'électricité. Or sa résistance diminue immédia- argent, 1000'; cuivre, 1100*; or, 1250°; fonte de
tement quand il est exposé à la lumière. Si l'on fer, t:50'; fer forgé, 1500*; platine, 2000°; iri-
interrompt un circuit électrique et qu'on le ré- dium, 2500'; l'osmium n'a pu être fondu. Ces der-
tablisse à travers une petite goutte de sélénium nières températures ne sont qu'approchées des
fondu et pressé entre deux lames de verre, on recherches compliquées sur l'énergie mécanique
possède un appareil qui est d'une excessive sensi- des diverses couleurs des spectres donnés par les
bilité aux impressions lumineuses et les traduit métaux chauffés à des températures croissantes
en%un mouvement de l'aiguille du galvanomètre. permettent en ce moment à M. Crova de réviser
Cette expérience est très intéressante au point de et de préciser ces nombres.
Quelques métaux sont volatils le mercure boutd'd'inté rêt que les chimistes cette classinea-
à 360' le cadmium, le potassium, le sodium, le tion comprendpour 3 classes et R sections
zinc, au rouge plus ou moins vif; on peut les dis-
tiller.
t" cussE. Métaux s'oxydant directement à
une température plus ou moins élevée; leurs
La quantité de chaleur qui dans le même temps oxydes ne sont complètement réductibles pat
traverse une même section des divers métaux peut la chaleur seule.pas
être représentée par les nombres suivants t" section. Décomposent l'eau à la tempéra.
Argent, ~000; cuivre, 736; or, 532; zinc, 193; ture ordinaire potassium, sodium, lithium, ba-
fer, 119; plomb, 85; platine, 84; bismuth, 18. strontium, calcium.
La conductibilité électrique est l'inverse de la ryum, 2' section. Décomposent l'eau vers 100*
longueur des fils de même section qui, mis entre magnésium, manganèse.
les pôles d'une même pile, produisent le même 3' section. Décomposent l'eau
affaiblissement dans l'intensité du courant. Voici ou à la température vers le rouge,
ordinaire en présence des
ces longueurs d'après M. E. Becquerel acides: fer, nickel, cobalt, chrome, zinc, cadmium.
Argent, de 93 à )00 cuivre, de 89 à 91; or, 64 4' section. Décomposentl'eau au rouge, mais
à65; étain, 13,7; fer, 12,2; plomb, 8; platine, 8' pas à froid en présence des acides; forment avec
mercure, ),80. l'oxygène des
La chaleur spécifique ou quantité de chaleur cet égard, le composé dernier
acides (sont métalloïdes à
corps est souvent rangé
nécessaire pour élever d'un même nombre de de- dans cette catégorie) tungstène, molybdène, os-
grés un même poids des divers corps est, en pre- mium, titane, étain, antimoine.
nant pour unité celle de l'eau, pour les métaux 5* section. Décomposent à peine l'eau aux
suivants potassium, O.nO; fer, 0,H4 zinc, 0,096 hautes températures, et pas en présence des aci-
cuivre, 0,095; argent, 0,057; mercure, 0,033; pla- des cuivre, plomb, bismuth.
tine et or, 0,032; plomb, 0,031. 2e CLASSE. Ne s'oxydent à l'air & aucune tem-
La facilité qu'ont les métaux de se travailler pérature. Oxydes irréductible)! par la chaleur, et
au marteau ou au laminoir constitue la malléabi- même par l'hydrogène et le charbon seuls.
tité. L'ordre de malléabilité des métaux est le 6' section. Aluminium, glucinium, etc.
suivant, en allant du plus au moins mailéable 3* CLASSE. Oxydes facilement décomposés par
or, argent, aluminium, cuivre, étain, platine, plomb, 1la chaleur.
~inc, fer, nickel. 7° section. Absorbent l'oxygène à une tem-
La ductilité est la propriété qu'ont les métaux pérature élevée;
t
de pouvoir s'étirer à la filière en fils plus ou moins rature supérieure peu se réduisent à une tempé-
fins. L'ordre dans lequel ils possèdent cette i mercure, palladium, etc.
priété est le suivant or, argent, platine, alumi- res pro- 8° section. Inaltérables à toutes températu-
i argent, or, platine, iridium.
mum, fer, cuivre, zinc, étain, plomb. Les métaux des deux premières sections ne peu-
La ténacité d'un corps se représente par le vent v être employés au même titre que les autres,
nombre de kilogrammes capable de rompre à
traction un fil d'un millimètre carré de section. par à cause de leurs affinités puissantes. Ce sont des
réducteurs énergiques, dont l'un surtout, le so-
Voici celle de quelques métaut cobalt, 108 fer, rddium,
<;2 cuivre, 34. platine, 31 argent, 21
a sous ce rapport une grande importance
or, 16,5 industrielle.
i Le magnésium donne par sa combus-
zinc, 12,4; étain, 3,9; plomb, 2,4. tion une lumière des plus intenses, utilisable en
t
La dureté des corps se mesure d'après la faculté photographie.
p
qu ils ont de rayer ou de ne pas certains En outre la plupart des métaux
rayer sont pas ou
-corps, d'être ou de n'être pas rayés par eux. Les ssont peu employés purs, mais le ne sont surtout à
minéralogistes se servent de 10 types depuis le l'état l' d'alliages.
diamant jusqu'au talc prenons-en 3 qui diviseront Le Dictionnaire
'les métaux en 4 séries de dureté 1. Le consacre un article spécial à unIl
manga- certain
c nombre de métaux usuels, fer, zinc, étain,
mese, le chrome raient le verre. 2. Sont rayés plomb, cuivre,
par le verre et raient le marbre le fer l'anti- traite p mercure, argent, or, platine il
tj
moine, le zinc. 3. Sont rayés par le marbre le potasse, soude, chaux, de quelques autres à propos de leurs oxydes,
platine, le cuivre, l'or, l'argent, le bismuth, t'étain. nant les oxydes de baryum,métalliques compre-
p terres
4. Le plomb est rayé par l'ongle. Ajoutons-yle n strontium, magné-
po- sium, aluminium. Nous parlerons brièvement ici
si
tassium et le sodium, qui se pétrissent comme de de
la cire sous l'huile de naphte à 15" le mercure d Le quelques autres.
Manganèse métallique a peu d'Intérêt; il
qui est liquide. s'obtient par la réduction de son
La connaissance de ces propriétés est notre haute oxyde à une très
guide dans les applications industrielles des mé- ta
h température. Il est le plus dur des mé-
taux. Laissons de côté son protoxyde, MnO,
taux, et nous les choisissons d'après les résis- s< son sesquioxyde, tous deux peu stables et sans
tances qu'ils doivent offrir à l'action des forces, intérêt, in son oxyde ss~M MnSQ* ou MnO,Mn!0'
des agents de toute nature. parlons seulement de son peroxyde MnO'. Ce
Propriétés e~tM:?um. H serait long et peu n trouve
profitable d examiner séparément l'action des di- cc corps se assez abondamment dans la nature
et est appelé p~ro/Mt7e par les minéralogistes; il
vers agents chimiques sur la série des métaux. abandonne
Pour avoir des idées d'ensemble, il faut nécessai- al leur
le
une portion de son oxygène par la cha-
seule, et une portion encore plus grande en
rement établir des groupes, classer les corps étu- présence pi de l'acide sulfurique. Son mélange avec
diés. Or une classification en une seule série des ce corps agit comme source d'oxygène naissant,
métaux d'après leurs propriétés chimiques et
toujours imparfaite, reste sert
se à extraire le chlore, le brome, l'iode, des chlo-
tions en séné unique.comme
toutes les classinea- rures,ru bromures et iodures. La richessed'un man-
Tels corps rapprochés par ganèse ga s'estime par la quantité de chlore qu'il
un caractère s éloignent si l'on en considère d'au- pe peut produire. Les verriers en jettent parfois dans
tres, et la classification dépend de l'importance le fondu
accordée a telle ou telle propriété. verre pour diminuer la teinte verdatre
Classification des métaux. Voici celle produite
nr par le protoxyde de fer en le peroxydant
que l'on et 3t en y ajoutant la couleur propre du verre man-
emploie généralement aujourd'hui; elle surtout ganique. Si l'on
a ga ajoute un excès de ce savon des
pour base l'action sur les métaux de l'air et de ve ~n-i'et'ï, le teinte violacée.
1 eau aux diverses températures; verre a une Le per-
nous laissons ox oxyde de manganèse, chauffé la potasse ou
de côté un certain nombre de corps fort avec
nieux l'azotate depotasse, donne un sel violet très
incomplètement connus et qui n'ont actuellement rares, mi
;olorant, le permanganate de potasse, KO.Mn'O~.
co
Ce corps agit comme oxydant énergique sur les Le Cadmium est un métal voisin au zinc, tustbte,
ddistillable, comnustible comme lui. Ajouté par par-
matières organiques en dissolution dans l'eau et
vert; cette propriété
se transforme en manganatecaméléon t égales à l'alliage de Darcet, il forme un corps
ties
l'a fait autrefois appeler le minéral. Le t fusible, dit alliage de Wood, restant
très un cer-
permanganate potasse sert
de à éprouver la pureté ttain temps pâteux à la température ordinaire Le et
bon pour le plombagedes dents.
de l'eau potable; sa dissolution est employée en parfaitement p
cadmium,le seul qui soit jaune, fournit
lotions oxydantes et antiseptiques sans présen- sulfure
s de
elle possède plu- une t très belle couleur, dite jaune indien. Les
ter les inconvénients du chlore, sels sont sans importance.
sieurs de ses avantages. L'usage ne peut que s en autres a
Tungstène est un métal très rare, qui a ce.
répandre utilement. Les sels de protoxyde et Le
de sesquioxyde de manganèse, d'une couleur ro- pendant 1
peut-être un avenir industriel dam la
séo, n'ont aucun intérêt pratique. ifabrication du noir d'aniline.
Le Chrome est la base d'un certain nombre de Le Molybdène n'a d'importance que comme
couleurs employées dans diverses industries, 1base du molybdate d'ammoniaque, réactif spécial
d'où son nom. Comme métal, il n'a pas d'inté- servant à reconnaitre le phosphore.
L'O~M!UM< est le seul corps simple qui ait ré-
<
rèt. Son sesquioxyde, Cr'O~, est très réfractaire, sisté
il sert a la peinture sur porcelaine; l'hydrate à toute tentative de fusion, et, chose étrange,
de cet oxyde donne un vert-émeraudeinaltérable, ses composésparait oxygénés sont volatils.
les Le Titane augmenter la dureté du fer et
non vénéneux, remplaçant avantageusement des tissus et de l'acier qui en contiennent une petite quantité.
verts arsenicaux pour l'impressionisomère
des papiers. L'alun de chrome, à l'alun Ce métal et ses composés n'ont d'intér&t que pour
proprement dit, est remarquable par son dimor- les savants.
phisme. L'acide chromique est un oxydant des Les quatre métaux précédents sont de la fa-
plus énergiques; tons ses sels sont fortement co- mille de l'étain.
lorés. Les chromates de potasse sont employés L'Antimoine est tantôt classé parmi les métaï-
dans la teinture. Le chromate de plomb ou jaune loides à de côté de, l'arsenic,tantôt parmi les métaux
de chrome, obtenu par double décomposition à auprès l'étain. 11 a l'éclat métallique, est
l'aide des précédents et d'acétate de plomb, a cristallin, fragile, facile à pulvériser. Sa densité-
toutes les teintes du jaune à l'orangé suivantexcès que est 6, Il fond vers MO", est volatil au rouge vif,
brûle à une haute température en répandant une
la précipitation a été faite en présence d'un d'antimoine. Il s'enûamme
de l'un ou de l'autre réactif. Les chromâtes de po- fumée blanche d'oxyde dans le chlore à la température
tasse se forment par l'action à chaud du salpêtre surtout en poudre
et du carbonate de potasse sur le fer chromé ordinaire. est Il attaqué par les acides concentrés
naturel, FeO.Cr~, et servent a fabriquer tous les et L'antimoine chauds.
du chrome. isolé est sans usage. Aitté à quatre
autres composés plomb, il forme le métal des caractères
Le Nickel et le Cobalt ont de nombreuses analo- parties de L'antimoine forme un certain nom-
gies comme état naturel, préparation, composés; d'imprimerie. de composés qui sont ou ont été employés en
tous deux s'obtiennentpar l'action de l'hydrogène bre
très employé depuis pharmacie l'oxyde d'antimoine, Sb'O~, base ou
sur les oxydea. Le premierest énergique, vomitif violent, générale-
quelques année* ~a cause de son inaltérabilité à acide remplacé peu
aujourd'hui l'émétique, taE-
l'air; on le dépose par la galvanoplastie sur les ment double de sesquioxyde
par
et de potasse.
instruments de fer et d'acier employés dans l'in- trate antimonique, ce
dustrie, la chirurgie, etc., de manière à les préser- L'acide Sb'O', forme avec la potasse
divisionnaires de le seul réactif de la soude. La dissolution ré-
ver de la rouille. Les monnaies précipite les sels de
Belgique, de Suisse et des Etats-Unis sont de pe- cente d'antimoine deétendus. potasse
tites pièces élégantes etpropresforméesd'un alliage soude même assez
dans lequel domine le nickel. -Les sels de nickel L'hydrogène, préparé avec une eau contenant de
sont verts; la dissolution du sulfate est une des l'antimoine, contient de l'hydrogène antimonié-
couleurs les plus pures, c'est-à-dire qu'un rayon qui offre arsénié à peu près les mêmes réactions que l'hy-
<Ie lumière qui a traversé ce liquide ne donne drogène
.dans l'appareil de Marsli. Les ta-
qu'une seule couleur quand on la reçoit dans un ches et les anneaux d'antimoine sont beaucoup
"pectroscope; ce vert est complémentaire du rouge moins volatils que ceux d'arsenic et d'une nuance
également très pur fourni par la fuchsine. Quand 1de noir un peu roussatre. Le protochlorure o<t
on regarde à travers cette dissolution, on voit lest beurre d'antimoine sert pour cautériser les morsures
objets comme les voient les personnes incapables ou piqûres d'animaux venimeux, pour bronzer le
de discerner les couleurs et que l'on appelle dal- fer et le préserver de la rouille, en le recouvrant
toniens. Les sels de cobalt hydratés ou dissous ) d'une couche d'antimoine moins altérable que lui.
naturel a l'aspeét métallique et est
tient roses; secs, ils sont bleu violacé. Le verre) Le sulfure
bleu est coloré par l'oxyde de cobalt ou smalt. Ce i très fusible. Un oxysulfure rouge, le kermès, pré-
mét-tl est la base du bleu Thénard, ou bleu d'azurr paré à l'aide d'une réaction carbonate
assez complexe avec
de soude, est un
artificiel; un précipité d'oxyde de zinc et de cobaltt le sulfure naturel et le
constitue une belle couleur, le vert de Rinman. médicament très ancien et encore très employé
Quand on écrit avec une dissolution étendue d'un1 contre les affections pulmonaires.
se trouve à l'état natif; densité il est blanc
sel de cobalt, surtout le chlorure, les caractères Le Bismuth
i
sont invisibles sur le papier ils paraissent en rougeatre, fond à 264" cristallin et très fusible. Sa
dans le
est
d&
bleu quand on chauffe le papier telle est l'encres est 9,8. Il et, comme cas
au-dessus du liquide on
sympathique connue depuis longtemps, et à quii l'e:.u, le solide surnagegéodes de cristaux lais-
~'introduction des cartes postales avait donnéa obtient de magnifiques en
mi certain renouveau. Du papier buvard, du lingea sant refroidir le bismuth fondu, perçant d'un fer
imprégnés de chlorure de cobalt concentré chan-rouge la couche supérieurequi vient de se solidifier,
de liquide. Sa faible con-
gent de couleur suivant l'état hygrométrique deB et faisant écouler l'excès
chaleur et l'électricité le fait
l'atmosphère. On a utilisé cette propriété pourr ductibilité pour la des piles
'~ire un prétendu prophète du temps composé6 employer comme l'autre étant du cuivre ou de l'un des composants
~'un disque de papier cobalté entouré de cinq cou-r thermo-électriques,
leurs de comparaison variant du rouge au bleu, ett l'antimoine. Il est le type des corps diamagnéti-
de bismuth librement suspendu
des fleurs artificielles aux couleurs changeantes. ques un barreaupôles d'un aimant est également
Ces deux métaux donnent des produits utiliséss entre les deux
repoussé par les deux et se met en croix avec la
t'eu? la peinture sur émail et sur porcelaine.
ligne qui les joint. Cinq parties de bismuth, trois rencontré beaucoup d'opposition; mais la facilité
d'étain et deux de plomb forment l'alliage de Dar- avec laquelle elles expliquent des faits dont on
cet, fusible dans l'eau bouillante. Le bismuth ne pouvait se rendre raison auparavant, les ont
brûle à une haute température, s'enflamme dans fait assez généralement adopter, et elles ne peu-
le chlore froid. vent plus être contestées depuis que l'on est par-
De ses composés, le plus intéressant est l'azo- venu à produire expérimentalement des résultats
tate le sel acide est décomposé par l'eau en analogues.
acide azotique et sous-azotate insoluble, remède Dans les contrées où les dépôts stratinés ont été
excellent, prompt et sans danger contre la. diar- fortement disloqués, relevés ou renversés, les
rhée. Ce même sel est le fard, dont l'usage dété- roches sont généralementplus cohérentes et plus
riore la peau. Le phosphate est remarquable en cristallines que celles des contrées où elles son.t
ce qu'il est insoluble et fournit un des moyens de restées en couches horizontales, et, comme elles
dosage de l'acide phosphorique. se rapprochent beaucoup plus que celles-ci des
Le G/MC:'?:tMm, analogue de l'aluminium, fournit roches métamorphiques, on attribue aussi leurs
des sels à saveur sucrée, d'où son nom. C'est propriétés à une action métamorphique que
une curiosité de laboratoire. M. Daubrée a appelée f~MMa~, parce que, au
Le Palladium, compagnon fréquent et analogue lieu d'être restreinte à de petites portions de
du platine, est plus précieux que l'or. H donne roches, elle s'étend sur de vastes étendues. Cette
avec l'argent l'alliage qui se prête le mieux à la action métamorphique, plus générale, est moins
gravure, et est très inaltérable on l'emploie pour évidente et moins facile à concevoir que celle
les graduations d'instruments de précision. qui s'est opérée au contact des roches en fu-
L'/)'K/:Mm,que l'on trouve aussi à côté du platine sion aussi n'aurait-on peut-être jamais pensé 11
et qui a des propriétés semblables, forme avec lui l'admettre, si l'on n'y avait été conduit par l'ob-
un alliage fort dur qui tend à remplacer le pla- servation du métamorphisme de contact; mais on
tine pur pour la fabrication des appareils de ne peut plus contester son existence depuis que
chimie. l'on a reconnu qu'un même dépôt composé de
Le minerai de platine est encore accompagné craie, de sable et d'argile dans une plaine en cou-
d'autres métaux excessivement rares, rhodium, ches horizontales, passe à l'état de marbre, de
ruthénium, qui n'ont d'intérêt que pour le chi- quarzite et de schiste satiné dans une montagne en
miste. [Paul Robin.] couches disloquées, état de choses que M. Elie
MÉTAMORPHIQUES (Roches). Géologie, V. de Beaumont aingénieusementcomparé à un tissu
Les sorties de matières en fusion de l'intérieur à moitié charbonné. Du reste, une fois que l'on a
de la terre ne se sont pas bornées à amener vers reconnu que des émanations de l'intérieur ont pu
sa surface les divers amas de roches ignées jointes modifier des portions de roches, on peut conce-
aux éruptions de gaz et à l'action de la chaleur voir que les phénomènes qui ont soulevé et dis-
centrale, elles ont emore plus ou moins modiné loqué de grandes parties de t'écorce terrestre, ont
les matériaux préexistants, en donnant lieu à des produit une chaleur et des émanations suffisantes
phénomènes importants, dont les géologues ne se pour que l'action métamorphique se fit sentir sur
sont occupésque dans ces dernierstemps etauxquels tout le massif disloqué. Lorsque l'on a commencé
ils ont donné le nom de métamorphisme des à faire ce rapprochement, on assimilait entière-
roches. ment cette action au métamorphisme de contact,
On n'a d'abord connu que le métamorphisme de et on l'attribuait à l'action immédiate des roches
contact, c'est-à-dire les altérations actuelles, et les éruptives qui avaient traversé et soulevé des dé-
caractères particuliers que présentent quelquefois pôts disloqués mais, comme il existe des contrées
les roches de sédiment au contact des basaltes et où la transformation a eu lieu sans que l'on y
des trachytes, caractères que l'on attribuait aux aperçoive des roches éruptives, et que l'on voit
effets de la chaleur développée par ces roches. souvent de ces roches qui ont traversé les masses
C'est ainsi que l'on avait remarqué, par exemple, stratifiées sans que les parties de ces dernières
que des bancs de craie ou de calcaire compact qui avoisinent les premières soient différentes de
prennent, dans le voisinage des basaltes, une tex- la masse principale, on doit reconnaître que la
ture lamellaire ou saccharoide, un aspect brillant modincation est due à une action plus générale
et un commencement de translucidité; que de la que celle de l'injection des roches éruptives. On
houille se trouve transformée en anthracite, que conçoit d'ailleurs que quand celles-ci, en crevas-
le lignite devient plus sec et se divise en paralléli- sant l'écorce terrestre, parvenaient jusqu'au jour,
pipèdes, que des grès sont crevassés et prennent elles perdaientbientôt une partie de leur chaleur,
un aspect vitreux, que des schistes argileux de- et que les émanations gazeuses qui s'en échap-
viennent plus durs et passent au jaspe ou à la paient se dissipaient dans l'atmosphère, tandis
porcellanite. Mais depuis que l'on attribue à des que, quand le massif de roches stratinée~ mettait
éjaculations intérieures l'origine des dykes por- un obstacle au passage du liquide intérieur, la
phyriques et des filons cristallins, on a vu aussi chaleur dont celui-ci était doué, et les matières
un effet de ces éjaculations intérieures dans les gazeuses qui s'en échappaient, devaient exercer
différences qui existent souvent entre les parties une action beaucoup plus générale
des roches neptuniennes qui avoisinent ces ma- qui faisait obstacle à leur sur la masse
tières et celles qui en sont éloignées. D'un autre On voit par ce qui précède passage.
côté, on a reconnu aussi que ces différences ne exister de limites tranchées qu'il ne doit pas
consistent pas seulement dans la cohérence et tamorphiques et les autres matériaux entre les roches mé-
dans la texture des roches, mais qu'elles s'éten- sent l'écoree du globe. En enet, l'actionqui compo-
dent même à leur nature, c'est-à-dire que l'on phique partant du point de métamor-
voyait, par exemple, le calcaire passer à la dolomie cjaculées contact des matières
avec celles qu'elles traversaient, on con-
eu au gypse, les roches schisteuses aux roches çoit que ses effets doiventaller en diminuant d'une
feldspathiques ou talqueuses, d'ou l'on a conclu manière Insensible; de
presque sorte qu'il doit
que des émanations contenant, entre autres, du être souvent impossible de savoir où elle s'est ar-
magnésium, du potassium, du sodium, rendus rêtée, d'autant plus qu'il
gazeux par leur combinaison avec d'autres corps ses, notamment la pression, y a encore d'autres cau-
et aidés par le développement de la chaleur, s'é- les caractères originaires desqui peuvent modifier
dépôts.
taient introduites dans l'intérieur des roches cal- Les phénomènes du métamorphisme donnent
caires ou schisteuseset y avaient donné lieu à des aussi
combinaisons nouvelles. Ces idées ont d'abord minéraux une explication très facile de l'origine des
disséminés dans des roches d'une autre
la formation de ces plumes, les mouches piquent plus fortement, les
Nature, ou, pour mieux dire, poules se grattent et se couvrent de poussière,
minéraux n'est qu'une simple conséquence du les oiseaux aquatiques battent des ailes et se bai-
métamorphisme; car, si la chaleur a dilaté les
roches préexistanteset permis l'introduction dans gnent. Tous ces actes se rattachent a des causes
le diverses l'accroissement de chaleur et le calme
teur sein d'émanations de natures différentes,
à la for- humide qui précèdent l'arrivée des orages, les
jeu des afnnités a du donner naissance dans mouvements électriques de l'atmosphère, tout
mation de cristaux divers, de même que, nos
chaudières de cristallisation et dans nos fourneaux aussi bien que l'arrivée de la pluie. Tous ces pro-
de fusion, nous voyons se former des cristaux de nostics
n'ont donc de valeur pratique que si une
observation attentive et prolongée a permis de les
diverses natures. Cette manière de voir explique rattacher à l'état de l'atmosphère et à ses varia-
pourquoi les minéraux disséminés sont si rares
dans les dépôts neptuniens non métamorphiques, tions. L'emploi des instruments donne une base
dans tes dé- plus précise à ce travail de comparaison, sans en
et pourquoi ceux que l'on rencontre diminuer la nécessité.
pots métamorphiques ont en général beaucoup de Prono~tM ~K<aM.E. – Sur la surface de 1 Eu-
rapport avec ceux qui se trouvent dans les roches du temps sont sous la dépen-
plutoniennes. Il est à remarquer à ce sujet que, rope, lesdesvariations fluctuations du courant équatorial,
dans les roches trappéennes et au voisinagedes de dance
Sfst principalement formé (V. Courants aériens et marins), et des mouvements
ces roches, it tandis qui s'y succèdent à de courts intervalles
hydrosilicates, que ce sont des silicates tournants Tempéles.) Le ciel est généralement
anhydres qui se trouvent dans les granites et dans (V. Orages, le
y
trajet du courant équa-
tes dépôts voisins des granites. couvert ou nuageux sur
d'autant plus qu'on est plus près des côtes
Les changements résultant de l'introduction de torial élevé sur le versant occidental
principes étrangers dans des roches préexistantes ou qu'on est plus
ont aussi donné les moyens d'expliquer le relève- des massifs montagneux; d'autant moins qu'on
avant dans l'intérieur des terres ou qu'on
ment des couches qui recouvrent certains amas est plus abrité par les montagnes. Le ciel est
lenticulaires, notamment ceux de gypse enfermés est mieux établis les
dans des marnes triasiques. En effet, le calcul dé- pur dans les régions où sont courants
de retour courants polaires il il est encore
.montre que si du calcaire est transforme en ou
celui-ci prend un volume beaucoup plus beau, mais d'une manière moins constante, dans
gypse, équatorial "et
considérable que celui du calcaire. Or, lorsqu'on la région comprise entre le courant
voit que l'eau, en se congelant, brise les vases les le courant polaire.
plus tenaces, et que de simples racines d'arbres Les massifs montagneux produisent des dévia-
soulèvent des pierres d'un grand poids, on conçoit tions quelquefois considérabtea dans le courant
que le gonflement éprouvé par lemême calcaire trans- équatorial ou polaire, et il est nécessaire la
'd'en
France.
formé en gypse puisse relever et renverser tenir compte dans chaque région de
Chaque branche dérivée donnera lieu a des pro-
~M couches qui le recouvraient. de pluie d'autant plus grandes qu elle
Enfin le métamorphisme combiné avec les mou- babilités
marchera de régions plus chaudes vers des ré-
vements que les soulèvements ont imprimés aux gions plus froides ou qu'elle gravira des pentes
dépôts. donne les moyens de concevoir1 origine de plus prolongées. Les probabilités se changeront
la. foliation, c'est-à-dire des feuillets achistoides
contrastant avec la direction des couches, ainsi presque en certitude à l'approche de chaque bour-
dans les ardoisières rasque tournante, forme sous laquelle se présen-
que cela a lieu si téquemment a près toutes les perturbations atmosphé-
des Ardennes; fait dont il était impossible de se tent peu de 1 Europe.
rendre raison, car si ces feuillets résultaient du riques
dépôt successif des sédiments, leurs plans auraient 11 est presque sans exemple qu'un mouvement
dû être parallèlesou peu obliquesà ceux des couches tournant
de 1 air ait abordé l'Europe sans y semer
pluies, et qu'une pluie un peu Importante
qu'ils forment. On conçoit au contraire, et l'ex- des
périence a prouvé, que réchauffement d'une roche survienne sans se rattacher au passage plus on
proche ou lointain d'un mouvement tour-
dilatant ces molécules donne a celles-ci de l'apti- moinsCes derniers sont accusés, sur le bulletin
tude à glisser les unes sur les autres lorsque la nant. quotidien, la forme
roche est mise en mouvement sous une forte pres- météorologique
dirigée le centre du
par
mouvement, que prennent
concave,
sion; et qu'il peut en résulter la formation d'une vers
lignes d'égale pression barométrique a la sur-
texture feuilletée dont les joints de clivage sont les face de notre continent. V. P~t~o~t du temps.
parallèles à la direction de ce mouvement. d'un mouvement tournant en vue
Actuellement, un certain nombre de géologues Le passage dure généralement qu'un pe-
regardent comme métamorphiques un situées grand d'un lieu donné ne
ensemble de roches cristallines stratifiées tit nombre de jours; les plaies qu'il amène sont
encore moins prolongées, surtout endes été mais ces
tu-dessous de tous les terrains sédimentaires à phénomènes suivent souvent à Intervalles
fossiles; mais nous préférons les considérer en- rapprochés, seleur ensemble peut constituer toute
de la consolidation lente et
core comme le résultat saison toute une année pluvieuse. Les ora-
des parties les plus extérieures du globe terrestre une suiventou la marche des pluies. Il ne s'en forme
et les décrire sous leur ancien nom de terrains ges
pnM!~ [V. Raulin.1 jamais dans la région occupée par le courant po-
METAYAGE. – V. Exploitation (SysMMM <f). laire, mais seulement dans le courant
équatorial.
METEOROHNOStE. – Météorologie, XX. Quelquefois cependant il s'en forme dans la bran-
de ce dernier courant vers le sud,
Art de prévoir les changements de temps d'après che descendante
certains signes ou pronostics. alors que, limité dans son expansion sur l'Europe,
il pénètre travers do l'Allemagne ou de la
Pronostics /&m-KM par- fhomme et M< animaux- au
le bassin de la Méditerranée.
Un grand nombre de personnes dont le sys- France sur
tème nerveux a acquis un certain degré d'irrita- Pronostics ftr~ fM taroMM<t-e. La hauteur du
bilité soit par suite de maladies ou d'affectionsbaromètre en un lieu varie avec la direction du
rhumatismales, soit par affaiblissement du système courant général quid'une règne ce lieu et que les gi-
en
manière beaucoup moins
musculaire ou sanguin, soit par toute autre cause, rouettes accusent
ressentent fréquemment des indispositions plus sûre que la marche des nuages. Cette hauteur est
ou moins graves aux époques de changement de moindre que la moyenne quand on est en plein
courant s'approcheelle
équatohal augmente graduellement
temps. A l'approche de la pluie, les hirondellesquand de la rive méridionale du lit
rasent la terre de leur vol, les lézards se cachent, de on
elle est supérieure à la moyenne
les chats se fardent, les oiseaux lustrent leurs ce courant;
quand on est placé en dehors du courant, dans la ges et des pluies. Le courant polaire est chaud et
concavité de l'orbe qu'il décrit, entre le courant sec; l'évaporation qu'il produit à la surface de
équatorial et le courant de retour on courant po- notre corps nous aide à supporter la chaleur;
laire. L'oscillation des courants équatorial et po- mais la sécheresse jointe à une grande lumière
laire à la surface de l'Europe produit donc des amènent quelquefois le hâle des récoltes. Entre
oscillations correspondantes dans les hauteurs du les deux courants l'air est calme, chaud et hu-
baromètre mais ces oscillations sont générale- mide )a chaleur devient pénible. Les fluctuations
ment progressives et à longues périodes, durant du courant équatorial vers le sud ou le nord
plusieurs semaines, quelquefois des mois entiers. amèneront donc des fluctuations correspondantes
Les périodes de pression barométrique générale- dans la température d'un même lieu, mais elles
ment basse ne sont pas continues, elles sont en- sont généralement à longues périodes. On les
trecoupées par des hausses barométriques acci- retrouve encore en plein courant équatorial, mais
dentelles et temporaires dont chacune se rattache elles y sont dues aux bourrasques tournantes et
au passage d'une bourrasque avec retour ou elles ne durent alors que quelques jours, sauf à
recrudescence du mauvais temps. Chaque bour- se renouveler à des intervalles plus ou moins
rasque tournante est, en effet, précédée et suivie rapprochés. Sur chaque disque tournant de l'air,
d'une hausse barométrique elle est accompagnée la température est à son maximum sur le demi-
d'une baisse qui atteint son maximum au centre cercle méridional et antérieur, là où les vents souf-
même de la bourrasque. L'oscillation accidentelle flent d'entresud-estet sud-ouest;elleest à son maxi-
qui en résulte dans la hauteur du baromètre est mum dans le demi-cercle septentrional et posté-
d'autant plus brusque et plus profonde que le rieur, laoù les vents soufflent d'entre ouest et nord-
centre de la bourrasque passe plus près de nous est. Le passage d'une bourrasque tournante est donc
et que la perturbation est plus intense. précédé d'une hausse du thermomètre en même
En suivant la marche du baromètre, on recon- temps que d'une hausse du baromètre mais le
naitra, par un retour à la hausse succédant à une baromètre a déjà commencé à descendre que la
baisse, que le centre de la bourrasque,après s'être température continue à monter. Ce passage est
approché de nous, commence à s'en éloigner. suivi d'une baisse du thermomètre en même
Le baromètre est donc l'instrument par ex- temps que le baromètre se relève. C'est alors
cellence de la prévision du temps en France; que les gelées blanches sont particulièrement à
mais il est nécessaire de se familiariser avec ses craindre dans le printemps. Succédant à une pé-
indications par une pratique de tous les jours. riode de quelques jours humides et chauds,
On peut y employer soit un baromètre à cadran, elles trouvent de jeunes pousses pleines de sève
ancien système, soit un baromètre métallique, nouvelle et très sensibles au froid.
anéroide, holostérique, etc. On ne doit jamais Si, malgré la hausse du baromètre, l'air reste
s'en tenir à ses indications actuelles; mais con- tiède, levent rétrograderavers l'ouest.C'est qu'une
sulter ses mouvements, en partant, autant que nouvelle bourrasque suit la première le beau
possible, de sa hauteur moyenne dans le lieu où temps sera de courte durée.
il est placé. Le thermomètre employé peut être un thermo-
Dans les périodes de beau temps, le baromètre, mètre à alcool, qui est d'un prix peu élevé; autant
généralementhaut, varie peu. Sa baisse peu pro- que possible on le place au nord; s'il est adossé à
noncée indique une bourrasque passant au loin un mur, il doit en être écarté de 10 à 12 centi-
dans le nord, mais sans nous atteindre. Si la mètres. La température la plus basse de chaque
baisse s'accentue et se prolonge, c'est que le cou- nuit est celle à laquelle M. de Gasparin attachait
rant équatorial s'approche de nous amenant des le plus d'importance. Elle est donnée par le ther-
temps variables et souvent des pluies. Les signes momètre à minima à alcool, que l'on pose dans
barométriques acquièrent alors des valeurs très une position presque horizontale, le réservoir un
inégales suivant qu'on est en plein été, dans une peu plus bas que l'extrémité opposée, et qu'on
période de temps orageux, ou bien qu'on est en- redresse chaque jour après la lecture, pour re-
tré dans la saison froide, de l'automne au prin- mettre l'index en contact avec l'extrémité libre de
temps, époque des tempêtes. Dans cette dernière la colonne liquide.
les oscillations du baromètre sont profondes. Dans D'après M. de Gasparin, le vent soufflant de la
la première, au contraire, elles sont faibles et les région chaude et humide, si la température mi-
plus forts orages arrivent souvent quand le baro- nima de la nuit s'abaisse, la pluie est très proba-
mètre est à sa hauteur moyenne. Toute baisse ble pour le jour même ou le jour suivant.
du baromètre dans les périodes de temps va- Si cette température minima s'élève pendant
riables indique une tendance à la pluie, mais que règnent les vents froids et secs, ces derniers
l'arrivée de celle-ci est généralement précédée sont près de leur fin, et il peut y avoir pluie par
d'un ou deux beaux jours. Toute hausse du baro- l'entrée des vents du sud. La nxité des minima
mètre indique une tendance au beau temps, mais annonce la continuité du même temps.
souvent précédé de pluies peu durables. Le baro- Les minima haussant graduellementannoncent
mètre continuant à monter, le beau temps s'ac- que l'air devient moins sec, qu'il se sature de va-
centue mais si le vent des nuages, qui a tourné peur et qu'on marche vers la pluie. L'inverse a
vers l'ouest ou le nord-ouest, cesse de continuer lieu quand le ciel tourne au beau temps.
à gagner le nord et le nord-est, surtout s'il rétro- Pronostics ~KSM-M. Parmi les dictons les
grade vers l'ouest, ce n'est qu'un répit une nou- plus enracinés dans le peuple se trouvent ceux
velle bourrasque suit la première et produira la qui s'appuient sur les phases de la lune ce sont
même série d effets. aussi les plus controversés parmi les météorolo-
Pronostics tirés du thermomètre. En hiver, la gistes. H en est ainsi en particulier de la lune
température est généralement douce sur le trajet rousse. Cette lunaison coincide à peu près avec
du courant équatorial, en même temps que le ciel la période critique des gelées tardives. Elle a
est couvert ou pluvieux. Sur celui du courant po- longtemps tenu lieu pour les cultivateurs d'al-
laire elle est au contraire d'autant plus froide que manach et d'instruments météorologiques et on
ce courant vient de plus loin dans le nord-est. l'a considérée comme la cause des faits dont elle
Entre les deux courants, l'air est calme, le ciel n'est que le témoin accidentel. Quand la lune
souvent brumeux le froid moins vif est plus hu- brille, le ciel est clair; quand le ciel est clair, le
mide et plus désagréable. refroidissement nocturne est intense au printemps
Durant l'été, la température baisse au contraire et les gelées blanches sont à craindre, surtout si
en plein courant équatorial sous l'action des nua- elles succèdent à une période de jours pluvieux
et chauds. L'action de la lune sur le baromètre, celles que fournit l'examen direc: de l'état dn ciel,
sur le thermomètre,sur la pluie ou l'état du ciel, peuvent conduire à la découverte des causes des
est tellement problématique qu'il est à peu près variations du temps, elles sont insuffisantes pour
impossible de la constater par des chiBres précis en faire cnnnaitre tes effets sur la végétation ou
et que les résultats obtenus changent ou se ren- sur la santé publique. Ici, le champ de l'observa-
versent d'un lieu à l'autre ou d'une année à l'au- tion s'élargit et se transforme. Pour discerner
tre. La crédutité publique a étendu t'influence quelles sont tes données météorologiques réelle-
des phases lunaires à toutes les opérations agri- ment actives sur la végétation, quelles seront les
coles, à tous les actes de la vie des champs. Avec conséquences immédiates ou lointaines des allu-
M. de Gasparin, l'un de nos plus grands agrono- res d'un climat ou d'une saison sur les cultures
mes, nous dirons aux personnes les plus prévenues engagées ou sur celles qu'il convient d'entrepren-
en faveur des influences lunaires Ou vous pensez dre, les rapprochementsvagues, indéterminés ne
que ces influences résident principalement dans peuvent conduire qu'à l'erreur l'étude exacte de
les modificationsqu'ellesimpriment à l'atmosphère la marche des cultures doit être constamment as-
et, par contre-coup, à la végétation alors simpli- sociée a cette de la marche des saisons les me-
fiez votre tâche: adressez-vous'aux résultats sans sures doivent y être faites avec un égal soin. On
remonter aux causes, consultez, pour planter, se- constate alors que tes résultats ordinaires fournis
mer, récolter, etc., l'état du terrain et l'état du ciel,
par le baromètre, le thermomètre, le pluviomètre,
sans vous préoccuper des phases de la lune. Ou la girouette et l'inspection du ciel sont incomplets
bien vous croyez que la lune agit par elle-même au point de vue agricole qu'il est un antre élément
sur la plante, sur la marche occulte de la sève, etc. aussi essentiel à évaluer que la chaleur et l'hu-
Cette opinion a été soumise ë de nombreuses vé- midité c'est la lumière que le ciel nous départit
rifications, fondées sur des données précises régu- en proportions très variables. L'éctairement des
lièrement enregistrées et non sur de fugitifs sou- plantes ne peut pas être évalué avec quelquepré-
venirs, et rien n'est venu en confirmer l'exacti- cision par la simple inspection des nuages; on le
tude. Les concordances et les discordances se mesure exactement avec l'actinomètre.
présentent toujours en égal nombre et de valeurs Même augmenté de l'actinomètre, le matériel
semblables, et on en trouve l'explication dans d'observation du météorologiste est donc encore
les faits purement météorologiques et nullement très simple; mais la valeur du travail qu'on en tire
dans les phases lunaires. [Marié Davy.] au point de vue de la science ressort principale-
METEORE. – Météorologie VII et X1JL – ment de la réunion et de la discussion de l'ensem-
Etym du grec M~droï, élevé. Dans le langage ble des données similaires recueillies sur la plus
des météorologistes, ce mot s'applique à tous les grande étendue possible de la surface du globe.
phénomènes qui se produisent dans l'atmosphère. La théorie de la plupart des phénomènes mé-
Les nuages, la pluie, la neige, sont des météores téorologiques,envisagésen eux-mêmesetsurplace,
aqueux, comme l'arc-en-ciel; les couronnes, les est déjà très avancée grâce aux travaux des physi-
étoiles niantes sont des météores lumineux. V. ciens. C'est l'étude de leur origine, de leurs causes,
Météorologie, Phénomènesoptiquesde ~mo~Aet'e. de leurs effets qui laisse le plus à désirer. Déjà,
MÉTEORITES. Nom primitivement donné cependant, Humboldt, en réunisMmt les obser-
MX pierres tombées du ciel. – V. j~'o~es. vations de température connues de son temps, a
MËTEOROLOCtE. – Lamétéorologieou science pu figurer sur une sphère terrestre le mode gé-
des météores a pour objet l'étude des variations néral de répartition de la chaleur à la surface du
du temps et des climats, ainsi que la recherche globe. Berghauss, à l'aide des relevés de pluie
de leurs causes et de leurs effets. également épars, apu construire une carte approxi-
La météorologie est très ancienne. Dès le com- mative de la répartition des pluies sur la terre, en
mencement des temps historiques, on trouve dans sorte que l'on connaissait déjà deux des éléments
les traditions des peuples les moins civilisésquel- de la distribution géographique des plantes libres
ques cotions de météorologie particulièrement et des cultures.
applicables à la prévision des changements de Maury, en compulsant un nombre considérable
temps; dans les ouvrages des peuples de l'antiquité des livres de bord tenus par les marins pendant
classique, on rencontre une foule d'observations et leurs traversées,a pu reconnaître et figurer sur des
de lois météorologiques consignées avec soin. cartes le mode général de circulation de l'atmo-
Malgré cette origine reculée, et malgré ses rap- sphère sur la surface des océans il a pu en même
ports continuels avec l'astronomie, la météorolo- temps tracer aux navigateurs les routes les plus
gie est encore peu avancée. C'est qu'elle est essen- courtes en durée pour se rendre d'un point a un
tiellement une science d'observation portant sur autre et les traversées les plus longues ont été
des faits d'une mobilité extrême, et que pendant abrégées de plus d'un tiers. Tous ces grands tra-
de longs siècles les observateurs, dépourvus de vaux d'ensemble, plus ou moins imparfaits à l'ori-
tout moyen de mesure, devaient s'en tenir à l'exa- gine, se complètent peu à peu. Ils constituent de
men du ciel et des vents et aux impressions fu- grands progrès qui en appellentd'autres.
gitives et changeantes que les intempéries exer- Pour reconnaltre la nature des liens intimea
cent sur nos organes. Ses progrès les plus mar- qui unissent entre eux les divers climats du globe
qués datent d'une époque récente. pour trouver l'origine, la cause, la nature, le mode
L'invention du thermomètre a la fin du seizième de progression et les signes précurseurs des per-
ou au commencement du dix-septième siècle celle turbations atmosphériques auxquelles nous som-
du baromètre* vers le milieu du dix-septièmesiècle, mes exposés, les observations faites à des dates
ont déjà permis de substituer des évaluations pré- indéterminées sur les divers points de la terre et
cises aux indications vagues qui les avaient pré- des mers ne suffisent pas; il y faut, de plus, la
cédées, et d'agrandir le champ des observations. simultanéité de ces observations permettant la
Avec le pluviomètre, dont l'usage est a peu près construction de cartes synoptiques du temps dres-
contemporain des deux premiers, et la girouette, sées chaque jour, afin de figurer l'état général de
dont l'origine est très lointaine, on a l'ensemble l'atmosphère à un même instant, et de suivre les
des quatre instruments principaux qui ont long- changements qui s'y produisent d'un jour à l'autre.
temps suffi a l'étude générale des climats du globe Plus les régions embrassées gagnent en étendue,
et des intempéries des saisons. Aujourd'hui encore plus il convient au début de limiter les données
ils forment la base du travail des avertissements employées et de les réduire à celles qui ont le
météorologiques en usage dans la plupart des pays plus d'importance au point de vue du travail en-
civilisés. Mais si leurs indications, augmentées de trepris.
Le grand mouvement météorologique dont nous suffisammentétudiés. Rien n'est plus propre d'ail-
en France dans leurs a développer ses facultés
d'observation et à
sommes témoins a eu son origine accroître les plaisirs des champs.
la seconde moitié du siècle dernier.
Lavoisier, frappé de l'importance des premières La météorologie agricole est loin d'avoir suivi la
observationsde Borda sur la possibilité de prédire marche progressive imprimée à la météorologie
le temps à courte échéance, s'entendit avec lui générale. Elle a été magistralement traitée par
auxquelles prirent M. de Gasparin dans son Cours d'agriculture. De-
pour ouvrir des conférences cette époque, déjà éloignée cepen-
part Laplace,d'Arcy, Vandermonde,Montigny, etc. puis dant,
un peu
guère qu'on ait songé à com-
Il s'agissait d'établir des instruments et surtout nous ne voyons
des baromètres comparables sur un grand nom- bler les nombreuses et importantes lacunes que
de l'Europe, et même l'éminent agronome signalait lui-même aux mé-
bre de points de la France,
de l'univers. Nombre de ces instruments furent téorologistes. La Préoccupé cause en est restée la même que
distribués par Lavoisier, et, quand on en a lu la de son temps. « générale du des grands problèmes
description, il n'est pas difficile de s'assurer que de la physique globe, dit M. de Gas-
quelques châteaux possédaient encore, il y a peu parin (t. fi, p. 21, de son Cours d'agriculture), le
d'années, des instruments donnés par lui à cette météorologiste néglige lesQu'il détails qui sont les plus
occasion. importants pour nous. soit question, par
L'idée éminemment française de Lavoisier dis- exemple, des abaissements de température, le sol,
nous
Ift
France consulter leurs
parut avec lui, mais pour être reprise par la l'Ob- plantes, les époques où ils arrivent, leur coinci-
devons effets sur sur
dans des conditions plus favorables. C'est qui les rendent
servatoire de Paris que fut conçu et réalisé le pro- dence avec l'état de la végétation,indifférents; les
jet de réunir en un bulletin quotidien les obser- plus ou moins pernicieux ou
vations simultanées faites à la même heure le ma- régions du globe qu'ils affectent, leurs limites quii
de indiquent les limites des différentes cultures, les
tin de chaque jour dans les principales stations de leur retour en chaque lieu, ce quii
l'Europe et expédiées à Paris par télégraphe. C'est probabilités chances de réussite de certains végé-
là que furent inaugurées les premières cartes mesure les
synoptiques du temps sur l'Europe, que furent taux, etc. Toutes ces notions appartiennent bien
fédigées les premières cartes de la marche des à la météorologie, mais elles importent peu aux
tempêtes sur l'Atlantique, de la marche des orages physiciens, tandis qu'elles préoccupent vivement
l'agriculteur. Les premiers insisteront sur les
sur la France. qui rattachent à la température de
Tout cet ensemble de recherches qui s'est gé- questions se
du globe, tandis
néralisé en Europe et qui a été établi sur une très l'espace, à la chaleur intérieure
large échelle en Amérique, a pour principal objet que nous devonsoùsurtout étudier ce qui se passe
la science des mouvements de l'atmosphère, et les dans le milieu vivent nos plantes, la couche
avertissements qui en peuvent découler concer- d'air en contact avec la terre, la couche de terre
nant les changements de temps probables dans un où plongentdeleurs racines. »
avenir très prochain. Il est loin de répondre à Il en est même de la question capitale de la
tous les besoins de l'agriculture. lumière qui, en l'absence d'un instrument de me-
Il est sans doute des circonstances dans les- sure, a coûté tant de peines à M. de Gasparin pour
quelles l'annonce faite quelques heures à l'avance la sortir du vague où ellepréoccuperont était laissée. Les météo-
de l'arrivée d'un orage qui compromettra la ren- rologistes physiciens se surtout du
trée d'une récolte ou cette récolte elle m6me, peut pouvoir lumineux du soleil, du degré de transpa-
rendre à l'agriculteur de grands services. Il en est rence de l'atmosphère sous un ciel accidentelle-
de même de l'annonce des crues qui menacent ses ment pur. Le météorologiste agronome, au con-
intérêts les plus chers. Mais, en dehors de ces cas traire, s'efforcera surtout de mesurer la somme
spéciaux, l'agriculteursubit passivement les intem- effective de lumière que le ciel envoie par tous les
péries. Ce qui lui serait plus généralement et plus temps aux plantes, qui ne peuvent vivre et croître
pratiquement utile, serait de lui apprendreles re- que sous l'action de cette lumière.
lations vraies qui existent entre les variations du La météorologie doit être étudiée sous tous ses
temps et la marche de ses cultures de lui fournir points de vue, dans ses lois générales aussi bien
les moyens de prévoir quelle sera la valeur de ses que dans ses applications les diverses les premières
.récoltes pendantes et, par suite, de pallier pour servant de guide sûr dans secondes mais, dans
lui leur insuffisance ou de profiter le mieux pos- les campagnes surtout, celles-ci ne doivent pas
sible de leur succès; de le renseigner enfin, s'il être sacrifiées à celles-là. C'est dans ce sens qu'i
se peut, sur les caractères probablesd'une année convient de développer le programme suivant
agricole qui va commencer, afin qu'il puisse régler Nous le partageons en deux parties la premier-
météorologie générale; la second
ses emblavures au mieux de ses intérêts. consacrée à la
agricole. Les dévelop
Pour cultiver avec économie et profit, il faut consacrée à la météorologie l'autre
.connaître sa terre et son climat; il faut, de plus, pements à donner à l'une et à peuvent.
les-
savoir de quelle façon la plante cultivée se com- changer avec les conditions spéciales dans
porte en présence des éléments climatériques ou quelles est fait le cours.
autres au milieu desquels elle vit, ce qu'elle lui
exige
d'eau, de chaleur, de lumière; ce qu'il faut PROGRAMME DU COURS
,d'engrais divers en raison de l'eau, de la chaleur
et de la lumière dont elle dispose. L'observateur I" parMe.' MÉTËOMLOGtE G~NËttAM.
qui travaille pour la météorologie générale four
nit les matériaux d'un type uniforme et convenu I-IV. La météorologie, sa place dans les
qui seront élaborés dans l'établissement centra sciences, son utilité. L'atmosphère, variables
sa compo-
qu'elle
d'où lui reviendront les résultats déduits de l'en sition, éléments constants ou con-
semble. Tout en continuantcette collaboration né. tient son action sur les températures du globe.
cessaire, le météorologisteagricole doit travaille; Températures de l'air suivant l'altitude et sui-
aussi pour son propre usage, sur le terrain qu'i 1vant les saisons. Températuresà la surface du
occupe et que nul ne connaît mieux que lui. 1 sol leur distribution suivant la latitude et dans le
doit y associer sans cesse l'observation de la mar cours des saisons. Circulation générale de l'at-
ehe des cultures à celle de la marche des saisons mosphere et des mers leurs causes; leur influence
afin de se pénétrer de leurs liens communs, tro] réciproque sur les températures des continents.
V. Atmosphere, ~!f, Pous-
–
généralement faussés par des préjugés nés d'un, L]gnes isothermes.
interprétation incomplète de faits eux-mêmes in s!efMdefa<m<Mp/)?''c, C/ta<eMf,R<!)/o!!neBM?t<,7'em-
BMmMtM, Hygrométrie, Baromètres, Courant,
M~MM-e, tA<r)t!OM<'<ra, A La ctassincation qni séduit tont d'abord consiste
Gel, Gelée blanche, C<e~.
e. à diviser le-) métiers d'après la nature des besoins
V'VL Perturbations de l'atmosphère, vents,
s, qu'ils sont destines à satisfaire alimentation, vê-
tourbillons et tempêtes. Origine et mode dele tement, logement. Son inconvénient est de laisser
progression des vents et tempêtes.
des
:e de côté un certain nombre de métiers préparatoi-
Influence
vents sur l'état du ciel et sur la température -e res à ceux de cuisinier, de tailleur et de maçon, et
de l'air et du sol. V. Vents, Tempêtes, Baro- 9- d éloigner les ans des antres des travaux anato-
mètre. Du reste aucune classincation n'est parfaite.
VH-X. –Météores aqueux; nuages, pluie, neige, gnes. la etassincation
9, et dite naturelle est un idéat dont
grêle. Relations qui existent entre la pluie et la ~a on se rapproche sans doute, mais qu'on
circulation générale de l'atmosphère répartition ne peut
générale des pluies a la surface du globe. Rela- n atteindre. Nono préférerons donc une classification.
(- qui fasse mieux comprendre les rotations. tes~
tions qui existent entre les pluies et les venta, analogies des divers métiers, leur dépendance ré-
tourbillons ou tempêtes; distnbution des pluies ).à ciproqee, les propos que peut introduiredans l'ait
la surface de la France. Influence de la position 1 imitation des procédés employés dans un autre.
du lieu, de son altitude et des circonstances lo- Leue n
que nous adoptons
cales. Quantité d'eau tombée par jour de pluie, nature des modificationsa pour point de départ ta.
fréquence des pluies et nébulosité du ciel suivantt maténaux. Ces modifications que l'on fait subir aux
les saisons. V. ~oo~, Pluie, N~t, Baromètre. chimiques sont de deux sortes
Xt-XU. on géométriques. De là deux grandes.
Electricité atmosphérique orages,classes.
éclair, fondre, tonnerre paratonnerre. Magné- La première comprend la cuisine, la conserva-
tisme terretttre.– V. Electricité, Orages, Foudre,
~t-a~t~ffe, ~ya~t<Me. tion des aliments, les industries accessoires
préparatoires aux métiers du vêtement et du loge- en
XUI. – Phénomènes optiques de )'atmosphère ment, telles la préparation des fibres textiles,
auroresboréales, arc-en-ciel, halos; météore~ mé- la tannerie,laque teinture, la fabrication des produits
téontes, botidea, aéroiithes. -V. Météores, Aéro- chimiques.
lithes, fAM<m~nes optiques de ra~o~pM;-<. La seconde peut être subdivisée en trois, d'après
le nombre des dimensions dominantes des objets
n* partie: MÉTÉOROLOGIE AaMCOLB. fabriqués ou employés comme matières immédia-
XtV-~X.Inauencede l'eau tes.
sur la végétation; Dans la première subdivision se place la Claturo
pluies, irrigations. Influence de la chaleur
yégétatton; chaleur atmosphérique, chaleur sur la t des fibres textiles, de la laine, de la soie, la corderie,
laire durée des cultures. so-
Influence de la lu- qui
ie
s
tréfilage
mière sur la végétation quaiité des récoltes. – des épingles, des encore,
des métaux citons, parmi tes industriel
rattachent
aiguilles,
la fabrication des clous,
des chaînes
Climats, régions agricoles limites des cuttures. La seconde
comprend les tissus, tricots travaux
V. C/!ma<<, Régions agricole., P~tM, 7n;M-
tions, Inondations. V au crochet; toile et réseaux métattiques,' la con-
fection des vêtements, et en générât le travail
XX. – Avertissements météorotogtques. – Pro- papier, du du
du carton, des étoCes.des cuirs, des lames-
nosttcs temps. y. Prévision du temps, Mé-métalliques.
téoro nosie, Baromètre. [Marié-Davy 1 Dans la troisième, nous placerons à part la cul-
METfEBS. – Connaissances usuelles, XÎ. – ture, l'action de l'ouvrier n'étant qu'une aide
Il est difficile de tracer une ligne de démarcation cessoire ac-
précise entre tes métiers et la grande industrie. prendronsou une direction des effets naturels, et
On peut dire que les premiers sont pour type le modelage, d'où dérivent
ceux auxquels la poterie, la briqueterie, la verrerie, la forge, la
les ouvriers travaillent individuetiemetH
trtapetits groupes, otuts n'emploient que desou en tonaene et la sculpture, comprenant le travail du
relativement sfmDtes et dans lesquels leur outils bois, des blocs métalliques,de la pierre, divers
force genres de gravure. Un grand nombre destesmétiers
musculaire est geméraJement le seul moteur. Dans
la grande Industrie, au contraire, la force que nous avons cités se sont plus ou moins com-
h'M de l'ouvrier ne compte ptus; muscu- plètement transformés en grandes industries et
dtrectnce elle-même perd chaque jour de sa puissance des articles spéciaux leur ont été consacrés dans
importance, à mesure que les grandes machines- son ce Dictionnaire. Nous nous contenterons, dans.
outils se perfectionnent et se spécialisent. tes quelques considérations que nous altons pré-
Ce n'est pas ici le lieu de chercher à évaluer leurs. senter
< ici, d'indiquer ce qui ne le serait pas ail-
1
d avance tes conquêtes que l'industrie
est encore A. MÉTIERS QUI FONT SUBIR AUX ttATIÊHES
appelée a faire sur le domaine des anciens
tiers, ni (t apprécier leur influence probable sur s
mé- mËREs UNE MODIFICATION CHiMiecE.
PRE-
Les ani-
le bonheur humain. En tout cas l'étude et la t
maux mangent leur nourriture telle que la nature
pra- 1la leur fournit, et
tique des métiers resteront les seuls moyens de pour un certain nombre d'entre
cultiver une facu)té humaine importante,jusqu'ici eux
e le travail de la digestion absorbe une partie
neghgée dans l'éducation générate, nous voulons transformé notable
n de leur énergie. Une découverte qui a.
dire 1 habtieté manuelle c'est grice à la t: tes conditions de la vie humaine a dé--
posses- montré que l'action du. feu
Ston de cette faculté autant qu'à des conceptions ddu travail d'assimilation, remplaçait une partie
n
théoriques ou empiriques que les inventeurs qu'un aliment cuit se-
fait les grandes découvertes industrielles,et c'est ont digérait
d plus facilement que le même aliment cru j..
vraisemblablement elle aussi qui sera le facteur et
e la saveur de cet aliment a paru meilleure, ob-
principal des progrès de détail réservés à l'avenir. sservation probablement connexe avec la première.
Les
L innombrables expériences
C'est afin d attirer l'attention
sur le développe- ddécouverte ont fondé l'art de qui ont suivi cette
la cuisine. Cet art
ment de cette faculté, que nous allons présenter
quelques considérations sur les principaux mé- en e est arrivé aujourd'hui à comprendre une cer-
tiera, taine
t: quantité de préceptes pratiques qui devraient.
L'impossibilité de tout dire à la fois, le besoin La trouver
t~ leur place dans tout bon enseignement.
de suivre un ordre déterminé, de rapprocher L cuisine, dont la boulangerie, la pâtisserie, la
les préparation des conserves, ne sont que des bran-
travaux qui ont entre eux des rapports de diverse pches,
nature, tout cela n~e~ite une classification,et, ici devient déj& souvent, comme ces dernières,.
comme ailleurs, u
une grande
trouver une bonne classification, Isla compagnie anglaise industrie. Les manutentions militaires,
c est avoir fait la majeure partie de la besogne. du pain aéfé emploient
des
d machines, des fours continus dirigés
par des
mécaniciens plutôt que par des boulangers. Dans rénssit, entre des poinçons
les grands hôtels des capitales, les casernes, tesfaitement adaptées, à étendreet des matrices par-
ou à contracter deo
)
prisons, le cuisinier emploie aux divers degrés lames que les
moyens anciens
les appareils perfectionnés des industries chimi- ou froissées. Les tricots, tes eussent déchirées
travaux crochet, le.
ques. Tandis que le procédé d'Appert, fondé su) filet. sont relativement peu annexésauà la grande
ta destruction par la chaleur des germes de fer. industrie, et offrent à l'ouvrière
les ressources
mentation contenus dans les aliments enfermée les
plus variées les mailles sont formées par un.
dans des vases hermétiquementclos, ne s'applique
guère que sur une grande échelle, toutes les mé-
seul
fil dont les tours successifs viennent se lier
aux précédents d'une manière plus ou moins in-
nagères de la campagne et les petits marchands
des villes salent et fument la viande, sèchent des
t tune; la possibilité de fixer plusieurs points nou-
légumes, des champignons, des fruits. veaux à un seul ancien, ou inversement, d'aug-
menter ou de diminuer, permet de donner an tissu
Des métiers préparatoires cités dans notre pre- toutes les formes, tous les ornementsimaginables
mière classe, il n'y a guère que la préparation, de plus, le fil, dans les deux premiers tissus j-
teiilage, rouissage du lin et du chanvre, le lavage tout, n'est pas tendu, reste arrondi, ce qui leur sur-
de la laine qui occupent des travailleurs isolés; donne beaucoup d'élasticité et les rend
tous les autres sont complètement conquis à la spéciale-
ment propres à la confection des vêtements qui.
grande industrie. doivent s'appliquer exactement, tels que les bas,
B. MÉTtERS QUI FONT SUBIR AUX MATIÈRES PRE- les gants,etc.
MIÈRES UN CHANGEMENTDANS LA FORME GÉOMÉTRIQUE. Quels que soient la nature de la surface plane
I. Objets où le travail ne porte que sur une seule déformée le rôle qu'elle doit remplir, il est
f~metMtOM. On pourrait en dire autant de la rare qu'unetseul
morceau puisse suffire à l'exécu-
plupart des métiers de cette classe la quenouille tion de l'objet demandé. Les procédés pour join-
et le fuseau sont tombés en désuétude; on voit dre les divers morceaux offrent de l'analogie
encore le cordier, entouré de chanvre et marchant dans tous les métiers que nous plaçons dans cette
à reculons, arracher de sa ceinture les fibrilles qui seconde classe. Citons,
composeront le brin, mais ce n'est plus toujours dure autogène qui permet en première ligne, la sou-
de réunir une seule
un malheureux enfant qui tourne la roue les deux lames de plomb dont les bordsensont
ports militaires ont des corderies comparables aux posés, en fondant successivement leurs juxta- divers
filatures, sauf la dimension de l'objet fabriqué. Le points à la namme du chalumeau.
bijoutier emploie encore la nUère aux trous dimi- flammes puissantes et de petites dimensions de L'usage
nuant graduellement pour obtenir le fil d'or ou met d'étendre ce procédé à d'autres métauxper-
d'argent dont il ne peut avoir d'avance toutes les tout au moins d'employer ou
dimensions désirables, mais l'industrie seule four- exemple, pour le laiton, par
des soudures qui diffèrent à peine par
nit le fil de fer, de cuivre, de laiton. A l'aide leur fusibilité, leur couleur, leurs diverses pro-
d'un marteau qu'il manie avec une rapidité pro- priétés, du métal qu'elles ont à joindre. Le fer-
digieuse, le cloutierantique détache d'une baguette blantier, le plombier emploient des soudures
de fer rougie un clou irrégulier, pendant que la tout à fait différentes des
machine coupe à froid le fil de fer, en façonne travail l'analogie la plus métaux proche
à unir, et leur
a celui du
sans bruit et par simple pression la tête aux formes cartonnier, du relieur, de l'ébéniste avec la colle forte,
géométriques. La chaine de grosses dimensions la colle de pâte remplacent les alliages fusibles
rentrerait plutôt dans notre dernière division les mêmes précautions sont à prendre
celle de taille moyenne seule se fabrique à la rapprochement des surfaces à unir, pour le
main à froid à l'industrie encore appartiennent toyage parfait qui pour le net-
les chaînes a forme compliquées et celles de pe- substance interposée. assurera leur adhérence à la
tites dimensions, qui atteignentleur minimum sur La couture des étoffes, des
les fusées des montres et des chronomètres. peaux, du cuir fut
sans doute l'un des premiers métiers. L'aiguille
II. Objets où le travail porte sur deux dimen- rudimentaire,
sions. La seconde division est le vrai domaine cée, se retrouve os pointu on arête de poisson per-
des métiers proprement dits, sinon complètement vilisation primitivedansl'aiguille
les anciens restes de la ci-
moderne, merveille
en ce qui concerne la fabrication des matériaux à de perfection et de bon marché, type de
deux dimensions, au moins quant à leur utilisation. peuvent accomplir les forces industrielles, ce que
Après que l'industrie a fourni le papier*, le car- l'instrument est
inévitable de toutes les ménagères.
ton, les étoiles de toute espèce, le cuir*, les Nous devons renvoyer
lames métatUques, c'est l'ouvrier qui, guidé par aux traités spéciaux, pour les détails sur ce sujet
bien
des principes géométriques, les découpe à l'aide des plus intéressantesyMitqu'une partie théorique
de procédés analogues. Le problème général est ce- cependant grâce à l'intuition toujours négligée c'est
lui-ci étant donnée une surface déterminée,une le métier minutieux de de cette théorie que
si
partie du corps humain par exemple, la recouvrir ces vingt dernières années couturière a subi dans
de portions de diverses surfaces développables. Le complète une transformation
par l'introduction de la machine à cou-
cas le plus simple est évidemment l'emploi immé- dre. Tout a dû être méthodiquement calculé,
diat des surfaces planes elles-mêmes, comme pour longueur, tension, résistance des
la plupart des cartonnages. Mais ordinairement fils, distance
le des points successifs. A l'aiguille qui passe tout
plan doit être plus ou moins déformé, et modifié entière à travers l'étoffé, entraînant
avec une précision qui varie suivant le but à fil limité, on a substitué l'aiguille entrant un bout de
atteindre. De plus, à leur flexibilité les matériaux tie dans l'étoffe et laissant en par-
employés ajoutent une certaine somme d'élasticité chaque point y un fil illimité dont
se bouclait avec le précédent la
ou de malléabilité qui facilite le problème. Les machine fondée sur ce principe, employant
étoo'es, les toiles métalliques aux mailles carrées seul fil d'une longueur un
triple de la couture effec-
peuvent dans certaines limites s'allonger ou se tuée, forme le point de chaînette décousable,
raccourcir dans le sens des diagonales et prendre ce
qui est tantôt un inconvénient, tantôt un avan-
la forme de surfaces assez compliquées; les lames tage. Une deuxième
d'argent, de cuivre, de fer peuvent à l'aide d'un travail n'avait sorte de machine, dont le
martelage, qui les allonge surtout dans le sens couturière effectue aucune analogie avec celui que la
à la main, produisit à l'aide
perpendiculaire à la panne du marteau, être re- de deux aiguilles et de deux
poussées, et prendre les formes les plus variées. difficilement décousable, quifils indéfinis un point
L'industrie obtient sans choc, par des pressions amateurs; mais la machine à compte encore des
successives, des effets encore plus surprenants et multanément navette, inventée si-
par Singer et par Howe, parait lo der-
part. Deux fils de .on-
nier mot du progrès,détails às'entrelacent pproduisent peuvent etre constaeracs cummc en*
des cercles; d'où
& chaque sendrées par des lignes droites,
égale à la couture d'appareils tantôt rudimentaires, tantôt
g.
gueur L~un, indénni, est conduit par boucles suc- Pusage
1.
point. aiguille sembla- compliqués, spécialement propres à produire ces
cessives à travers l'étofTe par une c(
à point de chalnette; surfaces, rabot, tour, foret.
ble à celle de la machine si
Par les procédés employés pour joindre les di-
l'autre. enroulé sur une petite obinela placée boucle
dans
for- verses pièces d'un même objet, les métiers de
point
la navette, traverse à chaque serrent même v~
cette section se rapprochent de ceux de la préce-
mée par l'autre ni tous deux se en
identi-
ci
dente.
d Les clous, tes chevilles, les vis sont les
temps, et le résultat est un point presque assemblages du charpen-
analogues des rivets les
que celui des selliers et des cordonniers. Ces a
imprégnés de poix tier,
ti du menuisier ne sont que des modifications
derniers cousent avec deux fils dde ceux employés dans le travaildes lames minces.
aMiutinante, portant aux extrémités, suffisante au lieu
d'aiguille, une soie de sanglier raide et Les colles diverses, les soudures y jouent le même
L
introduire le III dans un trou percé d'avance rôle.
r.
pour A la fin de notre rapide promenade à travers tes
avec une alène.~Le~veîage?'employé
à joindre les cuirs, les métiers,
n nous trouvons la construction des édifices.
ddepuis la pins humbte masure jusqu'au palais.
la couture le
lames métalliques, est analogue àextrémités de pierre.
élar- Dans la jonction des masses pesantes
fil de fer ou le rivet a ses deux
L
dde métal ou de bois qui les composent, on s ar-
gies par choc ou pression, la jonction est parfaite. méta)- autant possible pour que ces matériaux
Ajoutons, comme mode de jonction des lames rrange que
action de la pe-
liques, le bouclage des ferblantiers, l'assemblage restent
r en équilibre sous la simple mortiers, des ciments
donnent, santeur, abstraction faite des
à queue des chaudronniers, lesquels s
considérés agglutinants et, quand c est
après que la pièce est soudée ou brasée, un ré- ciimpossible, comme il faut avoir recours aux puissants
sultat d'une solidité absolue. j de fer qui seuls peuvent longtemps résist~r
III. Objets où le travail porte sur les trois di- 1liens ciments ne
MM~'OM.– Dans cette dernière section, nous ne ¡à un effort continu. Les mortiers,àles résister a des
citons que pour mémoire le métier defaçonne cultivateur 1servent qu'à combler les vides, ou inférieures à
Il ne pas actions temporaires notablement
et ses nombreuses variétés. ¡
celle de la pesanteur. Leur rote diffère donc es-
directement la matière il vient en aide aux1 forces de celui des colles et des soudures.
naturelles des êtres organisés, en dirige action sentiellement A cette courte revue des métiers, sous le rap-
intervenant sans cesse dans la lutte pour
en
l'existence qui est le fait dominant de la vieani- port technique,il y aurait à ajouter quelques de leur
no-
dé-
déve- tions sur l'histoire de leur naissance,
male et végétale; il entrave on arrête le nuisi- mais, à ce point de vue, à défaut
loppement des espèces les moins utiles ouqui lui veloppement d'une nomenclature avec dates précises dont il
bles, facilite le développement de celles serait impossible de retrouver les éléments, on
servent. tout ce qui est nécessaire dans les ar-
Le travail de la matière, quand ses trois dimen- trouvera ticles Industrie et Invention. [Paul Robin.]
sions sont d'égale importance, peut se rapporter METHQCE. – Histoire générale, XVU-XXVL –
a deux types, le modelage et la de sculpture. Ce
l'humanité, I. remM primitifs. L'histoire des premiers ha-
sont bien les deux premiers efforts fait inconnue. C'est
et, quelque grand que puisse être dans 1 avenir le bitants du Mexique est tout àdu
seulement à partir du vf ou yn" siècle de no-
ro!e de la machine, le modelage et la sculpture cette contrée l'exis-
la main ne sera jamais tre ère que l'on constate en d'un gouvernement
sont des domaines d'où manifestations les plus tence d'un corps de nation et
chassée. Si, dans leurs
élevées, ces travaux appartiennent à l'art, plu- à peu près régulier. Les Toltèques, peuplade venue
sieurs métiers proprement dits s'y rattachent. La du Nord (et qui parait originaire
(s'il faut
de l'Asie),
croire les
enva-
tra-
poterie, la briqueterie donnent toutesconvenablesles formes hirent vers l'an à44 en
d'Anahuac.
cuissons ditions du pays) le haut plateau
aux diverses argiles que despierres. Ils y établirent le culte du dieu Queizalcohuatl,
transforment en véritables Cholula, de
Le verrier modèle à son gré le verre amené par comme l'attestent les pyramides de domination fit
sur leaPapantla et de Téotihuacan. Leur
la chaleur à l'état pâteux, le forgeron agit celle des Chichimè-
fer ramolli; mais, moins favorisé que le verrier,place, au x' ou xi" siècle, à
il n'obtient de résultats qu'à l'aide des choc& dut ques, des Tlascalais, des Acothuis, nations plus
marteau. Il n'appartient qu'aux puissances de lat grossières, qui se disputèrent longtemps le pays,
grande industrie de modeler les métaux chaudsmaisLe finirent par se policer au contact des vain-
Mexique subit encore, du xr au xm* siècle,
ou froids comme des matières plastiques. Les mé- cus.
une troisième invasion, celle des Aztèques. Ces
dailles, les monnaies se coupent sans bruit à derniers t par les
l'emporte-pièce, et la plus fine gravure y est non venus, vaincus d'abord et asservis recouvré
construisirent, après avoir
frappée mais imprimée par de formidables pressess Acothuis, indépendance, la ville de Tenochtitlan (que
mouvements déterminés de la manière la pluss leur
aux les Européens ont appelée Mexico, de Mexi ou
exacte La fonderie elle-même se rattache de loinnàMexitli, ancien chef divinisé des Aztèques). A par-
au modelage, soit l'argile, de moules à
par la fabrication pression d'éten-
l'aide du sable, de soit par la quee tir de cette époque (t325),ils ne cessèrentplus
ceux-ci exercent sur la matière amenée par laa dre leur empire. Le plus puissant et le re-
douté de leurs rois paratt avoir été Montézurna,
fusion, au maximum de plasticité. commencement du xvi* siècle. A co
La taille de la pierre est à la sculpture ce quee qui vivait siaul'on
l'art du briquetier est au modelage. La scie pourr moment, ne tient pas compte du petit Etat
républi-
qui formait une sorte de
les pierres tendres, le burin et le marteau pour.r de Tlascala, l'immense région comprise entre la Califor-
toutes, sont les instruments à l'aide desquels 1 ou-
L-
nie que,
vrier applique sa force musculaire et son adresse. chieetféodale, dont le chef ne régnait une
t'Amérique centrale constituait
qu'a
monar-
condi-
Le graveur sur métal, sur bois, conserve presque e
les privilègesde ses vassaux. La
toujours l'outillage individuel;la molette tournant lt tion de respecter les
rapidementest indispensable au lapidaire, au gra-t. noblesse possédait presque toutes terres et
métier celuides armes. La plèbe
veur sur pierre, et commencebois à pénétrer, trans- s- n'avait d'autre que
et des métaux. vivait dans le servage; des terres communes (<M<-
formée, dans le façonnage du t. assignées dans chaque province
S- p!~t). lui étaient
De la sculpture dérivent les travaux plus géomé-
triques du charpentier, du menuisier, du tour-Ls attachés pour Les
sa subsistance. (~ocaM)
aux temples
prêtres,
des
fort nombreux,
divinités mexi-
neur, du mécanicien. En général les surfaces qu'ils
caines (dont la principale était Mexi on Huitzilo- Cortez fit mettre à mort Guatimozin et la plupart
potii, personnification du soleil), sacrifiaient sou- des caciquesmexicains. Il est juste de dire qu'il fit
vent des victimes humaines. Mais, ea dehors de rebâtir Mexico et qu'il n'épargna rien pour attirer
ces pratiques sanguinaires, les mœurs de la nation dans la Nouvelle-Espagne(ainsi qu'il appelait sa
étaient assez douces. Les Aztèques cultivaient la conquête) la civilisation européenne. La prise de
terre avec soin. De nombreuses routes leur faci- possession de l'empire des Aztèques par les Espa-
litaient les relations commerciales, mais ils ne gnols fut complétée par les expéditions heureuses
possédaient pas de bêtes de somme. L'or et l'ar- que l'audacieux aventurier envoya ou conduisit
gent abondaient dans leur pays, mais s'ils excel- jusque dans le Guatemala et le Honduras (!521-
taient à en confectionner des objets d'art, ils n'a- 1525). Plus tard, il fit explorer et parcourut lui-
vaient pas l'idée d'en faire des moyens d'échange. même les côtes occidentales du Mexique et parti-
ils avaient du goût pour les sciences mathémati- culièrement la presqu'îlede Californie (1533-1536).
ques, pour l'astronomie, et avaient dressé un Mais après avoir enrichi Charles-Quint en lui
calendrier plus parfait que celui des anciens Ro- donnant, comme il disait, plus de provinces que
mains. Enfin, leurs aptitudesartistiques nous sont ses ancêtres ne lui avaient laissé de villes, il
révélées par leurs délicates poteries et par ceux éprouva toute l'ingratitude de ce prince, qui lui
de leurs monuments religieux (pyramides tron- retira le gouvernement de la Nouvelle-Espagne.
quées, tombeaux, etc.), qui ont échappé au van- Il mourut à Séville, presque oublié, en 1547.
dalisme fanatique des conquérants (ruines de Pa- II!. Le Mexique sous la 6<OH::KH/:n?t MpO~O~.
lenqué, d'Ytzalan, etc.). Pendant près de trois siècles, le Mexique a été
II. Conquête du Mexique par les Espagnols. soumis à un joug de fer et presque stérilisé par
Dès 1515, Velasquez, gouverneur espagnol de un despotisme religieux et administratif dont il se
Cuba, avait fait explorer par Hernandez de Cor- ressent encore cruellement de nos jours. Les vice-
dova la presqu'île du Yucatan. Un peu plus tard, rois (dontle premier fut Mendoza, nommé en 1536),
un autre de ses lieutenants, Grijalva, s'avança étaient, il est vrai, révocables: le pouvoirjudiciaire,
jusqu'à Guajaca et put apercevoir les bannières attribué à l'audiencia ou tribunal suprême, leur
blanches de Montézuma. Mais la conquête du échappait; le Conseil des Indes, siégeant à Séville,
Mexique ne commençaqu'en 1519. Elle fut l'œuvre avait sur eux un droit de contrôle enfin il leur
de Fernand Cortez, gentilhomme ambitieux et était défendu de prendre femme dans la Nouvelle-
hardi, qui, envoyé par Velasquez, puis rappelé, Espagne et d'y acquérir des terres. Ils n'en exer-
refusa d'obéir, brûla ses vaisseaux et commença çaient pas moins, vu l'éloignement de la métro-
par fonder la ville de la Vera-Cruz.Il n'avait avec pole et l'impossibilité d'une surveillance exacte,
lui que 553 soldats (dont 13 armés de mousquets une autorité presque arbitraire, dont ils n'usaient
et 3X d'arquebuses), 16 chevaux et 10 petits ca- en général que pour s'enrichirpar tous les moyens.
nons de campagne. Mais, bien secondé par une Au-dessous d'eux, douze :M<MC<a~.? procédaient à
jeune fille du pays, qui lui servait d'interprète, et peu près de même dans les provinces (Potosi,
profitant de la terreur inspirée par les armes à Sonora, Durango, Guadalaxara, Yucatan, Mexico,
feu aux indigènes, qui le prenaient pour le dieu Oaxaca, Vera-Cruz, Michoacan, Puebla, Zacatecas
Quetzalcoliuatl, il poussa rapidement jusqu'au et Guanaxuato). Dans les villes, les pouvoirs, d'a-
centre de l'empire. Comme il détruisait partout bord électifs, des alcades et regidores d'une part,
les temples, brisait les idoles et imposait de force des ayMKhM)!:en<(M (ou conseils municipaux) de
le christianisme, les prêtres de Cholula essayèrent l'autre, ne tardèrent pas à être usurpés par le
de l'attirer dans un piège, pour le massacrer, lui gouvernement central. Non contente des revenus
et ses hommes. Cortez se vengea en saccageant énormes qu'elle tirait des mines d'or et d'argent,
cette ville, dont il fit égorgfr presque toute presque inépuisables, du Mexique, l'Espagne s'at-
la population. L'Etat de Tlascala s'était sou- tribua dans cette colonie le monopole de l'impor-
mis à lui. Plusieurs caciques, vassaux de Mon- tation et de l'exportation. Elle y interdit ou res-
tézuma, étaient aussi devenus ses auxiliaires. Le treignit singulièrement certaines cultures qui
roi de Mexico voulut éloigner les étrangers par auraient enrichi ce pays (celles du cacao, du café,
de riches présents, qui ne firent que surexciter de l'indigo, par exemple). Quant aux colons, ils
leur convoitise. Obligé de recevoir pompeusement avaient commencé par décimer, comme à plaisir,
Cortez, ce malheureux souverain devint bientôt la population indigène. Charles-Quint, il est vrai,
son prisonnier. Le conquérant dut, il est vrai, en garantit aux Mexicains, par une loi, la liberté per-
mai ib'20, quitter la capitale pour marcher contre sonnelle. Les neuf dixièmes des indigènes n'en
Narvaez, que Velasquez avait envoyé contre lui, et demeurèrentpas moins, jusqu'à la fin du xvm' siè-
que, du reste, il ne tarda pas à faire passer sous cle, serfs de la glèbe. Lcsc/it'e~7M~M)'OU espa-
ses ordres. En son absence, son lieutenant Alva- gnols exerçaient seuls les fonctions publiques et.
rado avait fait périr les principaux chefs de la no- presque seuls, possédaient les terres. Les Aa~M
blesse mexicaine. Un soulèvement national s'était ou n:e<M étaient artisans. Au point de vue reli-
produit. Cortez, rentré à Mexico, vit tomber Mon- gieux, l'Inquisition régnait au Mexique comme en
'.ézuma. tué par les insurgés, et se trouva dans Espagne. Un clergé fanatique, astucieux et peu
une situation si critique qu'il crut devoir se retirerinstruit, disposait d'immenses richesses et mainte-
de nuit avec sa petite troupe, pour aller de- nait la nation dans une ignorance telle que, sur plus
mander des renforts à ses alliés ()" juillet). Moins de 4 millions d'habitants que comptait la colonie
de six mois après, il était de retour avec deux au commencement de ce siècle, trois ou quatre
tent mille auxiliaires. Guatimozin, successeur de cent mille à peine savaient lire et écrire.
Montézuma, ayant refusé de traiter avec lui, le IV. Guerre de l'indépendance. Les métis, qui
~icge de Mexico fut régulièremententrepris (mai formaient la classe la plus énergique de la popula-
15-21). H dura plus de 80 jours et amena la prise tion, aspiraient depuis longtemps à l'indépen-
et la destruction presque totale de la ville dance. Les Indiens étaient prêts à les soutenir.
(13 août). Plus de cent mille habitants avaient L'usurpation de Joseph Bonaparte en Espagne
péri. Les Espagnols recueillirent des richesses (18'JS) servit de prétexte aux patriotes mexicains
immenses. Guatimozin fut pris et, comme il refu- pour se soulever. Le curé Hidalgo, qui, en 1810,
sait d'indiquer l'endroit où était caché le trésor donna le signal de la guerre de l'Indépendance, fut
de son prédécesseur, on l'étendit sur des char- battu et fusillé (1811). Morelos, qui réunit un
bons ardents avec un de ses ministres. Ce dernier Congrès et fit voter une constitution (1812), n'eut
.poussant des gémissements Et Mo:, dit le roi, pas un sort plus heureux. Mina, qui prit les armes
<!U!e donc .~)- un lit de )-oM~ ? Bientôt, ttu reste, en 1815, fut également mis à mort. Mais la révolu*
tton espagnole de 1820 eut son contre-coup au M retournèrent presque tous contre lui (conspi-
Mexique. Le général Augustin Iturbide, après s'être ration de Santa-Anna). Le gros de la nation le
insurgé contre le vice-roi Apodaca (février 1821), baissait et soutenait moralement Juarez, dont les
le força de quitter le pays. il finit par se faire pro- gnériilas tenaient encore une grande partie du
clamer empereurpar un congrès () 822). Mai<, vio- pays. Quand Napoléon III, reconnaissant ennn la
lemment attaqué par plusieurs de ses lieutenants faute qu'il airait commise, et sommé par les Etats-
(Vittoria, Gucrrero, Santa-Anna), il dut abdiquer Unis de rendre le Mexique lui-même, annonça
fl" mai )823) et faire place a la république. l'intention de rappeler ses troupes, Maximilien,
L année suivante, il reparut en armes au Mexique, qui ne put le faire revenir sur sa détermination,
mais fut presque aussitôt pris et fusillé (t9 juillet se montra d'abord dispose à abdiquer (déc. 1866).
1824). Vittoria.quivenait de faire adopter (janvier; Mais, cédant aux instances et aux promesses d'une
par le Congres une constitution semblable à celle partie du clergé, il se décida ftnalement à défen-
des Etats-Unis (moins !e principe de la tolérance dre seul sa couronne. En février 1867, l'armée
religieuse), fut le premier président de la fédéra- française, sous les ordres de Bazaine, se retira.
tion mexicaine. Il lui fallut, pour satisfaire au vœu Les troupes républicaines réoccupèrent aussitôt
national,expulser une grande partie des Espagnols presque tout le Mexique. Maximilien était allé
qui étaient restés dans le pays. L'affranchissement s'enfermer à Queretaro (13 mars). Deux mois
de l'ancienne colonie fut complété par la défaite et après, la trahison de Lopez le livra au général
la capture du général Barradas, lieutenant de Escobedo, qui l'assiégeait (15 mal). Il ne tarda
FerdinandVII (1829). guère à être jugé, condamné à mort par un con-
V. Guerres civiles et M!~ert)CtftOM /<'<m{'ane seil de guerre, et fusillé (19 juin) en même temps
Malheureusement, le Mexique était mal préparé que les généraux Miramon et Mejia, qui, jusqu'au
par le régime oppressif qu'il avait si longtemps bout, étaient demeurés ses partisans.
subi a l'exercice régulier du gouvernement répu- VI. Le Mexique depuis la mort de Maximilien.
blicain. Le peuple n'avait presque pas conscience Le 15 juillet tfKn, Juarez rentra triomphale-
de ses droits. Les généraux n'avaient d'autre ment à Mexico. Béélu président en octobre, il
souci que de s'emparer du pouvoir. Les principes s'appliqua à effacer les traces de l'invasion, flt
de l'unitarisme et du fédéralisme, la liberté et la voter 1 amnistie de 1869 et s'efforça par des lois
religion, n'ont guère été, dans ce pays, depuis sages (sur la presse, sur le jury, etc.) et par des
1824 jusqu'à nos jours, que des prétextes à coups entreprises utiles (chemins de fer, lignes télégra-
d'Etat. Jusqu'en 18à5 le parti unitaire et rétro- phiques, etc.) d'habituer le pays au régime de la
grade a eu presque constamment le dessus, grâce liberté et aux travaux de la paix. Malheureuse-
à Santa-Anna qui, parvenu au pouvoir après plu- ment, de nouvelles insurrections se produisirent.
sieurs révolutions militaires (1833) et renversé Juarez, maintenu àla présidence en octobre 1871,
vainement quatre fois, a exercé plus de vingt ans luttait énergiquement contre les rebelles, quand
sur son pays la plus déplorable influence. C'est une mort subite l'arrêta dans son œuvre répara-
sous son administration que le Texas s'est déclaré trice (juillet 1S'!2). Son successeur, Lerdo de
indépendant (1836). L'annexion de cette contrée Tejada, a fait voter en 1873 des lois destinéesà
aux Etats-Unis (1845) amena (1846-1848)une guerre affranchir la société civile de l'autorité ecclésiasti-
funeste au Mexique, qui dut céder à ses puis- que. Vivement attaqué par le clergé, qui n'a pat
sants voisins non seulement le territoire en litige, hésité t fomenter des troubles graves dans plu-
mais le Nouveau-Mexique et la Californie (1848). sieurs Etats, il a été renversé, après une longue
Après la chute définitive de Santa-Anna, la fédé- lutte, par le général Porflrio Diaz (1876). Mais ce
ration étant rétablie, le président Comonfort(1856) dernier, qui est devenu président en avril t8TÏ,
essaya sans succès de réconcilier les partis. La appartient au même parti que son prédécesseur
guerre civile sévit pendant plusieurs années avec et semble devoir continuer la politique de Juarez
une nouvelle violence. Enfin. après le court pas- et de Lerdo de Tejada. [A. Debidour.]
sage au pouvoir du général Miramon, champion MIASMES. V. CuM~tM et Humidilé.
de l'aristocratie et do l'Eglise (1859-1860), les li-' MILIEU. Hygiène, IV et V. En hygiène,
béraux venaient de triompher avec Ortega et on appelle milieu l'ensemble des circonstance*
Juarez, et ce dernier venait de prendre posses- extérieures qui influencent le développement et
sion de la présidence (1861), lorsque le Mexique le fonctionnement des organes; qui modifient
ent à repousser l'invasion étrangère. L'Angleterre, l'homme au point de vue physique, intellectuel
1 Espagne et la France, au nom de leurs nationaux, et moral. Toutefois l'hygiène étudie surtout en
dont les intérêts avaient été lésés par le gouver- détail les modificationsphysiques.
nement toujours obéré de Mexico, occupèrent de Nous allons embrasser, en traitant ce sujet,.
concert la Vera-Cruz. De ces trois puissances, les tout ce que nous aurions pu éparpiller aux mots
deux premières, ayant reçu satisfaction, reti- ~motpA~f, Eau, Mee~tCt<< Sol, mais
rèrent après la convention de la Soledad se(1862). nous renvoyons pour certains détailsetc.;
spéciaux
Mais la France, ou plutôt Napoléon ni, qui exi- aux mots Climat, ~)!<~mtM, Contagion, Maisons,
geait le payement intégral d'une créance usuraire Pt'0/!°Mt'07t.
et qui se proposait de conquérir tout le pays L'Ant. Air libre. Le corps de l'homme est
pour y rétablir la monarchie, persista dans son soumis, au niveau de la mer, à une pression
action. L'échec du général Lorencez devant Pue- d'environ 18000 kilogrammes. Cette pression
bla (5 mai 1862) ne l'arrêta pas. En février 1863, trouvant également répartie à l'interieur et seà.
le général Forey, à la tête de 35,000 hommes, l'extérieur, n'en avons pas conscience et elle
reprit l'offensive. Cette fois, Puebla, rempart de n'entrave pasnous mouvements. Les poissons sup-
Mexico, dut capituler, après deux mois de siège portent, pour nos la même raison, des pressions cent
(mai), et les Français entrèrent dans la capitale fois plus considérables,
du Mexique (10 juin), pendant que Juarez, sans agilité. sans rien perdre de leur
désespérer, se retirait vers le nord. Bientôt, sous Si descendons au fond d'une mine, la pres-
la pression des vainqueurs, la constitution fut sion nous augmente; elle diminue lorsque nous nous
renversée,l'empire proclamé et la couronne offerte élevons au-dessus du niveau de la mer. Des expé-
à l'archiduc Maximilien d'Autriche. Ce prince, qui riences récentespermettentd'expliquer l'influence
vint s'étaMir à Mexico en juin 1864, n'eut jamais de la pression sur le sang. Quand elle augmente,
pour lui que quelques traltres, appartenant pour le sang contient plus d'oxygène et la proportion
la plupart à l'Eglise et au parti de la réaction, et d'acide carbonique est sensiblement diminuée..
qui, dès 1866. le trouvant sans doute trop libéral, Quand la pression diminue, on constate un ap-
pauvrissementen oxygène et en acide carbonique. culation. Le bain d'air peut donc être tonique. Si
Il est rare que l'on séiourne assez profondément le vent est rapide, il cause une compression qui
dans l'intérieur de la terre pour que l'accroisse- peut devenir douloureuse et susciter une réaction
ment de pression barométrique modifie puissam- trop vive du sang refoulé.
ment les fonctions. On se trouve d'ailleurs sou- La vitesse de l'air augmente l'effet de ses pro-
mis à d'autres causes perturbatrices beaucoup priétés météorologiques, surtout en raison de sa
plus importantes, viciation de l'air, humidité, ab- température et de son humidité. L'air froid en
sence de lumière, qui compliquent les résultats. repos nous impressionne bien moins que s'il est
La même pression, produite artificiellement, à la agité, car alors de nouvelles molécules se mettent
surface, ne produirait qu'une certaine accéléra- à chaque instant en contact avec l'épiderme pour
tion des fonctions vitales. lui enlever de la chaleur. Si le vent est humide,
Les habitants des montagnes et des hauts pla- le refroidissementde )a peau est encore plus sen-
'teaux, soumis à une faible pression atmosphéri- sible, car la vapeur d'eau est meilleur conducteur
que, ont le sang moins oxygéné que les habitants de la chaleur que l'air. L'air chaud et immobile
des plaines basses. Cette condition entralne une nous semble étouffant parce que les parties en
diminution dans la force musculaire. lis ont besoin contact avec la peau se saturent d'humiditéet s'op-
~'nn excédent de nourriture réparatrice pour posent dès lors à la transpiration pulmonaire et
accomplir le même travail que l'homme de la cutanée, sources de froid que nous favorisons par
plaine. une ventilation artificielle.
Sur les lieux élevés, la phtisie est rare, mais Les vents acquièrent certaines qualités suivant
<e poumon et le foie se congestionnent facilement; les pays qu'ils traversent.Ainsi en France les vents
les nèvres des marais offrent moins de fré- qui nous arrivent du nord-est, après avoir par-
quence et de gravité que dans les lieux bas. couru la Sibérie, la Russie et une partie de l'Alle-
L'air des montagnes produit certainement sur magne, sont froids et secs les vents du sud et du
~es voyageurs et les nouveaux venus une action sud-est, soufflant de l'intérieur de l'Afrique, se
excitante, tonique, mais il faut tenir compte du chargent de vapeurs en traversantla Méditerranée
changement de régime, de milieu, d'habitudes. et nous apportent un air chaud et humide dont
Les montagnards, en France, ne présentent pas l'influence déprimante est manifeste. Les vents
une mortalité moindre que les gens des plaines d'ouest, qui arrivent de l'Atlantique, dans la direc-
et des vallées. C'est d'ailleurs dans cet air, dont tion du courant marin chaud nommé Gulf-Stream,
on vante par routine les qualités, que vivent, sur sont chargés de vapeurs qui se condensent en
divers points du globe, à diverses hauteurs, les pluie s'ils rencontrent un courant d'air froid. La
~tres dégénérés que l'on nomme crétins. Un exer- présence des montagnes change la direction, la
cice suffisant, la vie au grand air, des habitudes sécheresse et l'humidité des vents. Ainsi un cou-
régulières aguerrissent le montagnard, mais il rant chaud et humide, passant sur un sommet
faut attendre de nouvelles études pour attribuer glacé, y perdra sa vapeur d'eau et son calorique
une influence bienfaisante au séjour des monta- il desrendra froid et sec dans la plaine.
gnes. On sait déjà qu'il ne faut pas y envoyer les L'air en mouvement entralne souvent des pous-
malades atteints de phtisie aiguë ou d'autres affec- sières, des miasmes, des émanations dangereuses.
tions du poumon, ceux qui souffrent du cerveau Au voisinage des marais le vent dissémine les
ou du cœur. Les personnes qui s'en trouvent le germes des fièvres intermittentes. Un rideau d'ar-
mieux sont celles d'un tempéramentlymphatique, bres suffit pour empêcher cet effet pernicieux des
débilitéespar l'anémie.Ie séjour des grandes villes, vents locaux.
t'hypocondrie. Mais les bons résultats obtenus Air confiné. L'air qui a servi à la respiration
ne dépendent pas, probablement, de l'air des ou qui est demeuré quelque temps en contact
montagnes, de sa moindre pression, mais de sa avec notre corps est empoisonné. Il n'y a de santé
pureté, et surtout du changement d'habitudes de parfaite qu'à l'air libre ou continuellementrenou-
ceux qui vont y chercher la santé. individus vi- velé. L'air confiné est une des principales causes
En Europe, il y a au plus 20 000 d'affaiblissement, de maladies et d'abâtardisse-
vant à une altitude de t200 mètres. Les religieux ment. Voilà des véritésqu'il faudrait t,voir toujours
du Saint-Gothard, qui résident à 2075 mètres, présentes à l'esprit.
ceux du Petit Saint-Bernard, à Ï250 mètres, suc- On peut respirer, sans éprouver de gène sensi-
combent,au bout de peu d'années, à la phtisie ame- ble, une atmosphère chargée artificiellement d'un
née graduellement par l'appauvrissement du sang. centième d'acide carbonique pur. Mais quand l'air
L'effet produit varie d'ailleurs beaucoup avec d'une chambre se trouve chargé, par la respira-
la latitude. Ainsi on trouve dans les Andes des tion, de la même proportion d'acide carbonique
villes florissantes à des hauteurs de 2600 à 4000 dégagé par les poumons et par la peau, on y
mètres. Potosi, la ville la plus élevée du globe éprouve un malaise qui devient bientôt intoléra-
{-t060 mètres) compte plus de 20 000 habitants. ble. C'est que les poumons et la peau ne versent
Lorsqu'on s'élève rapidement dans l'atmos- pas seulementdans l'air de l'acide carboniqueformé
phère, en gravissant une montagne, l'effort mus- aux dépens de son oxygène, ces organes exha-
culaire fait perdre graduellement au sang une lent en même temps plusieurs substances azotées,
portion de son oxygène qui n'est pas renouvelée. putrescibles, qui infectent rapidement le milieu
Les accidents nommés mal des montagnes, fati- où elles se dégagent. Le danger de l'air connue
gue, douleurs articulaires, fréquence du pouls, provient surtout de leur présence,mais l'accumu-
palpitations, soif, nausées, commencent à se faire lation d'acide carbonique complique toujours l'as-
sentir, en Europe, vers 4000 mètres, mais, dans phyxie, ou plutôt l'emprisonnement causé par
les pays où la limite des neiges perpétuelles l'air confiné.
est bien plus reculée, l'air étant moins froid, on Un animal renfermé dans un espace clos dans
consomme moins d'oxygène pour arriver à cette lequel on entretient l'arrivée d'un courant d'oxy-
hauteur, et les accidents sont retardés. gène, meurt lorsque sa présence a produit une
L'air en mouvement ou vent agit sur 1 homme quantité d'acide carbonique assez considérable
par son action mécanique, par ses qualités météo- pour s'opposer à la sortie de l'acide carbonique
rologiques, par les matières qu'il transporte. du sang. M~is si on absorbe à mesure l'acide car-
Les bouffées de vent modéré produisent sur la bonique exhalé, l'animal meurt néanmoins dans le
peau un effet comparable à celui des vagues, elles milieu artificiel bien pourvu d'oxygène, si l'atmo-
agissent mécaniquement, compriment les vais- sphèrenon renouvelée laisseaccumulerles matières
seaux capillaires superficiels et favorisent la cir- azotées.
C'est donc la présence de matières organiques frêles créatures, chétifs descendants d'une géné-
d'origine animale qui rend spécialement dange- ration débite. Voyez-le, ce petit membres arêtes,
reux l'air confiné. Pour constituer l'encombre- démarche hésitante, mouvements indécis, chairs
ment au point de vue de l'hygiène, c'est-à-dire Casques, peau terne d'un jaune cendré, cou tong
un danger sérieux, i) n'est pas nécessaire que le et maigre, tête trop forte en apparence parce que
nombre de personnes rassemblées dans le même le corps est en retard, pommettes saillantes, nez
local soit considérante, il suffit qu'il y ait dispro- pincé, lèvres minces et pales, oreilles plates et
portion entre le nombre de ces personnes et la transparentes,œii enfoncé dans un cercle bteuatre,
quantité d'air pur dont elles disposent. Un seul expression anxieuse, physionomie de vieillard.
homme dans une petite chambre peut produire Cet enfant a vécu dans un mauvais milieu, privé
l'encombrement et succomber aux effets de l'air d'air et de lumière. De-l'airl du grand soleil de
confiné. Les animauxagissent comme l'homme. libres ébats sur l'herbel voitit le salut. Avec cela
L'encombrement ne se manifeste pas d'ordinaire vous en ferez un enfant rose et joufflu, un peu
par l'apparition soudaine de maladies graves diable, i) le faut, mais cœur d'or, car le fond est
comme le typhus, mais sous son influence les ma- bon quand le corps est sain. Puis, quand it sera
ladies communes deviennent plus nombreuses, fort, vers les dix ans, vous pourrez l'envoyer à l'ë-
puis prennent graduellement un caractère grave cole, à la condition qu'il y trouve en abondance
et épidémique. Cependant le typhus peut éclater l'exercice, l'air et la lumière.
d'emblée lorsque l'air est rapidement empoisonné Ce n'est pas seulement l'enfant du travailleur,
par le miasme humain. On ne connalt pas la na- du protétaire, qui s'atrophie dans une atmosphère
ture de ce poison, on ne peut attribuer les acci- sombre et confinée. La postérité de ceux que l'on
dents morbides à la seule présence d'organismes appelle « les heureux de la terre n'est pas mieut
microscopiques, agents de putréfaction dans notre partagée. L'avantage est même parfois du coté d.e
corps et partout ailleurs, mais sa présence se ré- l'enfant pauvre. La rue ou le chemin lui appar-
vèle toujours par des symptômes que le médecin tiennent et il peut, de temps à autre, y jouer en
classe aujourd'hui sans hésiter. liberté. Mais dans les classes aisées, l'éducation
L'air conftné n'agit pas toujours en provoquant première commence par supprimer tout ce dont
une maladie aiguë. Son action peut être lente et l'enfant a le plus besoin. Les appartements sont
miner graduellement la eanté jusqu'à produire la bien clos, assombris par des tentures,et Bébé doit
phtisie pulmonaire. Les observations suivies dans comprendre, avant son premier mot et son pre-
;es casernes, à bord des navires et dans les locaux mier pas, que l'immobilité est l'apanage des en-
encombrés,concordent à démontrerque la phtisie, fants bien élevés.Aussi Bébé est sage, mais à quel
le fléau qui fait le plus de victimes, peut prove- prix 1 sauf une peau de satin et de fines petites
nir uniquement du manque d<& pur. De plus, manières, on dirait le frère jumeau de celui que
l'agent virulent de la phtisie Mt transmissible nous contemplions tout à l'heure. Les parents di-
et communicable, de sorte qu'âne fois répandu sent qu'il est déttcat, mignon, mais pour nous,
dans une caserne, un navire, une prison, une l'un et l'autre sont d'innocentes victimesde l'igno-
maison particulière, un atelier, toutes les person- rance, de l'insouciance, des préjugés. Plaignons-
nes qui respirent cet air empoisonné sont sous le les également, car ces corps débites ne peuvent
coup de la maladie, et les plus faibles, les prédis- servir de demeure à des âmes bien trempées; en
posées sont les premièresvictimes. Ainsi le miasme étiolant le corps, on atrophie et pervertit l'intelli-
humain suffit pour causer par infection la phtisie gence. De l'air) de la lumière)1
pulmonaire, dont le produit morbide, le tubercule, Nous renvoyons au mot Vue pour ce qui con-
peut ensuite se propager par contagion. cerne l'influence de la lumière sur ce sens et sur
On ne saurait trop tnsiater dans les leçons ses organes.
d'hygiène sur l'importance capitale du milieu en LES EAux. Nous n'avons à envisager l'eau que
ce qui concerne l'air respirable. L'air pur est aussi dans ses rapports avec le milieu dont elle modifie
nécessaire, plus nécessaire même que l'aliment, les propriétés.
car on peut vivre plusieursjours sans manger, et il Eaux en mouvement. La vapeur d'eau répan-
suffit de séjourner quelques heures dans l'air due dans l'atmosphère fait varier notablement l'in-
confiné,empoisonné par le miasme humain, pour fluencede celle-ci sur l'homme en rendant l'air plus
mourir sur place ou pour contracterle germe de ou moins conducteur de la chaleur,plus ou moins
maladies mortelles, tl faut absolument vaincre à apte à s'incorporerla transpiration pulmonaire et
ce sujet l'indifférence; le seul moyen, c'est d'é- cutanée. Lorsqu'elle se condense sous forme de
clairer sur le danger. Il ne suffit pas de dire « Res- brouillard, de pluie, de neige, elle apporte aussi
pirez un air pur; » on doit discuter, prouver, inté- dans le milieu ambiant des perturbations impor-
resser, émouvoir.Répéter en toute occasion cette tantes qui affectent plus ou moins les fonctions,
phrase de J.-J. Rousseau « L'haleine de l'homme la santé. Les pluies assainissent l'atmosphère en
est mortelle à l'homme. afin que l'on comprenne faisant retomber les poussières, elles lavent aussi
l'importance de la ventilation constanteet du net- les arbres, les routes, les rues, les toits des mai-
toyage fréquent de tout ce qu'a touché le miasme sons, mais elles forment, en bien des endroits.
humain linge, vêtements, literie, meubles, mu- des Caques d'eau qui deviennent, en été, une
railles. Un milieu d'air pur est un milieu de santé source de danger, et elles entretiennent tes marais,
et de longévité. véritables foyers de maladies. L'alternance de
LA LcniÈKE. L'homme n'a pas seulementbe- pluies et de sécheresse pendantla saison chaude
soin d'air libre et pur, ii lui faut, commeà la plante, développe souvent, dans des régions exemptes de
la lumière qui modifie les phénomènes de la vie. marécages, le dégagement de miasmes et l'appa-
Placez des œufs de grenouille dans deux vases rition de nèvres intermittentes.
pleins d'eau, l'un transparent,l'autre opaque; dans L'air marin est plus pur que celui des conti-
le premier ils se développeront normalement, dans nents, il contient du sel et d'autres substances
le second il n'y aura que des rudiments d'em- actives en petite quantité. Lorsque t'en peut éviter
bryons. Des têtards placés au soleil dans les l'encombrement et combattre les effets de l'hu-
mêmes conditions se développent d'une façon midité par des vêtements et une nourriture con-
très différente. Les plantes s'étiolent et meurent venable, le séjour sur la mer ne paraît pas être
dans l'obscurité: les fleurs, les fruits sont de la une cause spéciale de maladies. L'atmosphère
lumière vivante. maritime est même favorable aux individus affai-
Allez dans les crèches, dans les salles d'asile, blis, étiolés, atteints de maladies chroniques du'
dans les écoles des grandes villes et contemplez ces système nerveux mais il faut tenir compte doa
enets tout puissants d'un bon régime, du chan. Les schistes ardoisiers offrent des caractères à
goment d'habitudes, de la distraction, etc. peu près semblables, mais moins décidés. Les
L'évaporation de l'eau des rivières et des neuvess terrains calcaires se laissent
est une cause appréciable de refroidissement dee sans leur permettre entamer par les eaux
de filtrer à travers leur
plus elle modifie localement l'état hygrométrique9 masse, de sorte qu'il s'y forme des
de l'air et produit des brouillards insalubres. Cess des couches stagnantes souterraines: marécages ou
les
cours d'eau entrainent une grande quantité d'im- chargées de calcaires sont potables, mais~ de eaux
mondices et nettoient les parties hautes de leuir lité inférieure. La craie, plus qua-
lit, mais ils déposent sur leurs bords, près des re- caire, laisse filtrer les poreuse que le cal-
eaux, de sorte que, si elle
riche en matières putrescibles et en germes dan- isol
mous, et surtout dans les parties basses, un limon ne reposa pas sur un lit
est
imperméable d'argile, le
généralement sec et salubre. Les sables
gereux aussi la navigation fluviale, dans les payss peuvent constituer de bons et de mauvais sols.
chauds, est-elle beaucoup plus dangereuse que i
la Le sable pur, en masses épaisses, donne
navigation maritime. Il y a des pays où le bord1 un écoulement facile, à moins qu'il ne aux eaux
des fleuves et surtout leurs deltas sont des une couche argileuse,et,les recouvre
miasmes paludéens ne
milieux meurtriers. sont pas à craindre. Mais si le terrain sablon-
L'homme contribue puissamment, son sé- neux consiste, comme dans les Landes, en un
jour et par son industrie, à souiller etparà infecter mélange de grains siliceux et de matières organi-
les eaux courantes. ques, les pluies peuvent y développer des mias-
Dans l'eau infectée les poissons meurent en semes, des effluves dangereux, surtout lorsque le
putréfiant. Le cresson caractérise les eaux trèsi sous-sol est imperméable. De plus les sables
salubres. Dans les eaux corrompues, les alguess chargés de chaux et de magnésie
perdent leurs couleurs vertes et se réduisent auximpropresaux rendent les eaux
plus petites dimensions. usages domestiques.
Eaux stagnantes. li reste encore beaucoup à oùLes plus mauvais terrains sont d'ordinaire ceux
t
faire pour préciser l'effet des eaux stagnantes et vions. Les
dominent l'argile, les conglomérats, les allu-
leur rôle dans la production ou la propagation de face, s'y infiltrent eaux coulent difficilement à leur sur-
certaines maladies. Mais l'observation la plus su-sorte qu'il s'y forme plus difficilement encore, de
perficielle suffit pour établir que le voisinage desches stagnantes souterraines. des marécages et des cou-
marais, des terres alternativement sèches et Généralement les sols cultivés depuis
mouillées, est insalubre dans tous les pays. Latemps sont salubres. Les besoins long-
présence d'eaux stagnantes à la surface du sol, ou ont obligé à les améliorer, la végétation de la culture
même à une petite profondeur, modifie le milieu et active
empêche l'accumulation de l'humidité ainsi
d'une manière toujours défavorable et souvent ter- la production de, principes nuisibles. que
rible. Il se produit une sorte d'empoisonnement La nature de la surface du sol, sa couleur lit
spécial qui débilite et ouvre la porte à tous les présence
ou l'absence de végétation naturelle ou
germes spécifiques de maladies fièvres palu- cultivée, modifient l'absorption et la radiation
déennes, dyssenterie, fièvre jaune, etc. Il se calorique et du
par ta la température locale. Les
peut d'ailleurs que l'eau serve en outre de véhi- bles s'échauffent plus sa-
cule à ces germes pour les introduire dans l'orga- réfléchit la chaleur solaire que les argiles le calcaire
nisme. les terres noires l'ab-
sorbent les plantations, les forêts, entretien-
Ce qu'il importe de constater dans l'état actuel la fraîcheur et l'humidité. Les terres ri-
de nos connaissances, c'est la coïncidence fatale nent ches humus absorbent une grande quantité
de certaines altérations générales de la vitalité, ete d'eau en et leur humidité engendre facilement des
de certaines maladies, avec la présence des effluves; de plus. il s'y forme souvent de vaste&
stagnantes. eaux
Les précautions à prendre pour en diminuer danger. nappes souterraines dont la présence est un.
ou en annuler l'action sont les suivantes
vrir aux eaux dormantes des lits profondsOu- priétés On voit par cet exposé succinct que les
d'un lieu quelconque résultent dune pro-
pente ou en assurer l'écoulementpar le drainage en
du sol. Eviter <e séjourner dans le voisinage. cier foule d éléments dont il est assez dificile d'appré-
l'aire bouillir l'eau avant de l'employer comme circonstances séparément la valeur et que compliquent les
boisson. La clarifier dans de grands réservoirs de climat, de saisons, etc. Il est
par
le repos, puis par l'addition de 5 centigrammes endémies avéré que certaines localités donnent lieu à des
maladies
d'alun par litre. Ce dernier moyen ne constitue restreinte. He plus, le limitées à une population
ou
qu'une ressource extrême, car l'alun, même à ble dans la production sol joue un rôle considéra-
cette dose, ne serait sans doute pas inoffensif ladies épidémiques, du germe de plusieurs ma-
après un long usage d'eau ainsi modifiée. Nous ne fièvre typhoïde. Le sol et surtout du choléra et de la
mentionnons le filtrage qu'en dernier lieu, semble nécessaire à la for-
parce mation de certains principes morbides, entre
que les bons filtres sont rares et deviennent promp- autres celui des fièvres paludéennes.
tement inutiles. Le seul qui offre des garanties Cependant
sérieuses est le filtre à la braise récemment ils se développent aussi dans un milieu artificiel,
comme la cale d'un vaisseau mal entretenu. Mais
que le meilleur filtre c/a~e l'eau sans la
entièrement, et que certains germes suspects p~
éteinte, renouvelée chaque jour. Notons d'ailleurs dans
de au leur
1 est nécessaire. On s'en sert encore pour faire
moyen cet anneau que ces animaux saisissent de ( la poudre de sandaraque. L'encre de seiche
et maintiennent leurs proies. était
Les bras tentaculaires portent aussi, sur leur (Chineautrefois employée pour faire de l'encre de
de la sépia.
extrémité renûée, des ventouses à et
corné. Parmi tes Octopodes vivant dans nos mers,
Mais dans le genre Onychoteuthis,anneau ces ventouses ttrouve les genres suivants
on
sont remplacées par de forts crochets pouvant Octopus (poulpe), dont les bras très ïonm sont
rentrer comme les griffes des chats. Aussi ces munis de deux rangées de ventouses le poulpe
animaux sont-ils redoutés des plongeurs. E
FRANCE.Franc.
i'ahM)!!sa!a~'f!t!c<'
pa~t'ftco~u~o~mo-
a~(atre<!e{!ee.tS65:
lT'Ï~E"re.DiviséeenlOOcentesimi.
BELGIQOR.····· Franc.
Stf)ss<'
GMCE~ Franc
Drachme. Loi de 1867.
La Suisse n pas frappé de monnaies d'or.
Con- La drachme se divise en 100 lepta.
a~
ventioadet86S.
2' États ayant une mon-
naie semblableà celle
de la France
RomAME. Dinar
LeY(tfr.)Lo:dei967.
fr.) Loi 1878. (1 de
Le ley est divisé en 100 banis.
La Serbie se réserve le droit d'adopter, quand elle le
jugera convenable, un étalon unique en or.
EspAsm. Peseta ft fr.j Décr. de 1868. L'Espagne a frappé, depuis le 19 octobre 1868, des mon-
naies d'après le système fracçatsimats les anciennes
monnaiesdu système de 1864 subsistent et l'on compte
encore en rèaut(0ff.î6) ou en piastres fortes (5tr.20).
3" États ayant certaines
monnaies semblables à
celle de la France
A.CTMCM-HoMlUE Florin (! fr. 47) Loi de 1858. L'unité monétaire qui est le aorin (ï fr. *7) n'est pas eon-
forme au système français. La reforme de 1870 a créé,
conformémentà ce système, la pièce d'or de 8 ttorins
= 20 fr.; la pièce de 2 florins = 5 fr.
Fr~AmE Marka. ou marc (t fr.) Loi de La réforme de )877 a établi t'etaton d'or; la pièce de
1877. )Omarespëse~903i!Md'or6n.
COLOMBIE. Vénézolane (5 fr.)Loi de t8il.
VENEZBEi.t.
Peso d'or (5 fr.) Loi de 1871. Divisé en 10 decimos.
ËooATEtjR. Piastre(5fr.)Loi de i86S.
CH)M.
Pmoc
URnscAY.
Sol on soleil (5 fr.) Loi de iSM.
Peso(6fr.)Loisdei8Siett870. Divisé en
Piastre (5 fr.).Loi de t863.
Divisé en iO dmeros ou iOO cenh.
100 centavos.
ÉTATS.
UNITÉ
L'UNIE
DE L~UNITÉ
DU IULOGRA.MJt1B
ttLOERtmE '–––––' '–––-
MONETAIRE.
MONETAUtE.
monétaire.
,––––––––––– MUI.TtPMB.
MULTIPLES. DlYISIOm.tHUM.
D1YISIOxx·iHHB.
([~r. d'argent.
DANEMARK.
NonvB&B.
~mcmoMKaï'eque
celle de la Suède,
d'après la coa.
omKM<!ei872
raeifiée en t873 et
IS74.
~ctpït.
fcNis. Piastre (de40paras) 0.!5 3013.39 2"(' Or:60piMtres. Arg.: 5 piastres.
NAaoc. Piastre 0.6Î 3MO 198.SO Or:25piai,tres. Art;tpiastfe.
Or:nMhur(i5r<m-Arg.:t/troupie.
?<<< (Régi. de 2.38
lKMSANGHisM.Koupie.
3157.40 M3.70
1870.)
Thoman. 11.S3 3isi! ~00
pies).
Or ehoman (100 Arg. abmit (4
C«mE. Taël(lOOOehM). 7.56
ébahis), chahis).
Le cash, monnaie de cuivre et plomb,
valant 0~,0075. est la seule pièce de
StM. Tical.
Jipax. ren(tOOsen). Loi
3.M
5.16 3100
“
Mo
monnaie. Les lingots et les piastres
serveNtataeircutation.
Or: 10 yen.
Arg.:Tica).
Arc.:ï0sen.
de 1871. 177M
ETATS-U~s.Dollar d'or (100 5, 18 3100 MO Or: aigle (tOdoI.)-Ar?.:doI]ar;t/
cents). Lois de dollar. d.Uar.Meenh.
MMia" ~0!).Loidet867. 1873 et 1878.
Huït.
GMTEtfAU.
Piastre.
d'argent. Piastre
5.25
S.4!
d'Espagne et du Mexique servent à la
la circulation.
Or quadruple (t6Arg.:p:astre d'ar-
BouTa. Piastre 5.40
piastres), gent.
Or: onc.(i7 pias- Arg.: piastre,boli-
tres) écu d'or (un viau
vian (t/, piastre).
peu plus dttpias-
PAMeuAT.
[JMCGWAT.
Piastre. 4.66
tres).
[E. Levasseur.]
MONOCOTYL~DOKES. – Botanique,
Etym. des deux mots grecs monos, seul, et coty-
XIII. en est muni; chez tes rares monocotylédonesdont
le suspenseur ne se développe pas, l'absorption
ledon, objet en forme de cuiller. Les plantes des matières nutritives se fait également bien par
phanérogames de l'embranchementdes Monocoty- tous les points de la surface de l'embryon. L'axe
lédones sont caractérisées, ainsi que leur nom hypocotylé présente vers sa région supérieure un
l'indique, par la présence d'un seul cotylédon à seul appendice généralement très déve!oppé c'est
leur embryon. Passons brièvement les le cotylédon unique, caractéristique des plantes
caractères généraux de ces plantes. en revue monocotylédonées. Ce cotylédon unique est tou-
La graine des monocotylédones comprend jours un réservoir de matières nutritives de na-
jours deux parties, l'une intérieure, l'ainande, tou-
l'au- ture albuminoide. Parfois ce cotylédon, dont la
tre extérieure, le spermoderme ou tégument <<tKt- forme est des plus variable, présente sur un point
Ma/. L'amande est constituée par un embryon et de sa surface une large expansion dorsale que l'on
une réserve nutritive ou albumen. D'une manière qualifie de suçoir ou de scutellum, le mot suçoir
générale, l'embryon des plantes monocotyiedonees désignant le rôle physiologique que cette partie
est très développe dans la graine mûre, même remplit à la germination, le terme scutellum in-
chez celles de ces plantes que leur vie aquatique diquant la ressemblance que cette partie présente
ou épiphyte semble avoir le plus dégradées. Cet avec un bouclier. Le cotylédon unique de l'em-
embryon se compose d'une région centrale avile, bryon des monocotylédonées, grâce à
ia-re hypocotylé, qui se termme inférieurement développement, enveloppe complètement son grand
l'eïtré-
par un filament d'une ténuité extrême. Ce fila- mité supérieure de l'aM hypocotylé; la fente se-
ment a reçu le nom de suspenseur, parce que jus- lon laquelle se touchent les bords du cotylédon
qu'à une date récente on admettait qu'il avait pour est la fente ~tHmM~atfe, la voit très facilement
on
mission de fixer la jeune plante à la paroi du sac sur des germinations de mais. t
Au fond de la fente
embryonnaire. Les belles recherches de M. Treub gemmulaire, on voit le bourgeon gemmulaire ter-
sur le rôle du suspenseuront montré que chez les minant supérieurementl'axe hypocotylé. En par-
monocotylédones,cet organe sert le plus souvent courant la description qui précède,
d'organe spécial d'absorption, pour l'embryon qui on remarquera
que l'embryon monocotylédoné ne présente pas
da l'être
d'indication de racine, bieu que par licence de ogique spécial à cette période de la vie de fixation.
langage on continue encore à désigner sous le at de fournir à celui-ci un moyen réserve
nom de radicule (petite racine) la région inférieure fant
qu'il reste quelque chose de la nu-
de t'axe hypocotylé. ritive enfermée dans la graine, la partie supé-
Chez ces végétaux~ les racines ne se développent 'ieure du cotylédon y demeure engagée et absorbe
que très tardivement dans l'épaisseur mêmearriver de la a réserve nutritive. Quand l'albumen est épuisé,
région inférieure de l'axe hypocotylé. Pour m bien le cotylédon se flétrit et meurt, ou bien il
tissus superfi- !0 dégage complètement de son enveloppe sémi-
au jour, chaque racine perfore les arrive à la surface du sol etremplit pendant
ciels de cette partie de la plante. Il en résulte une lale, rôle d'une feuiDo
collerette à la base de chaque racine; cette colle- in temps plus ou moins long le exemples qui se
rette a reçu le nom de coMor/ttze; les racines el- ordinaire. Un des meilleurs
les-mêmes sont dites eK~ot'/t'~f'M. puisse indiquerpour observer toutes ces phases de
Sauf chez les orchidées qui se distinguent des ta germination des monocotylédones nous est
autres monocotylédones par leur mode de vie épi- fourni par l'oignon.
phyte et parfois humicole, l'embryon se présente Les racines des monocotylédones sont toujours
L'organe que l'on qualifie de pivot
comme il vient d'être dit. Dans les orchidées, au adventives. n'est la région infé-
contraire, l'embryon se présente sous la forme chez quelques palmiers que
c'est
d'un globule cellulaire sphérique, homogène dans rieure de l'axe hypoeotylé. et à tort que cer-
parties. Il est impossible de distinguer tains auteurs l'ont assimilé à une racine pivotante
toutes ses prolongement direct de la tige. Les
dans ce corps si simple les diverses parties que placée dans le très nombreu-
nous avons nommées précédemment. Dans ces em- racines des monocotyiédones sont
bryons, l'axe hypocotylé, la gemmule et le cotylé- ses, cylindriques,grêles, très peu ramifiées, le
blan-
brunes
don ne se forment que pendant ta germination. ches quand elles sont enfouies dans sol,
Autour de l'embryon, et contre lui, se trouve la lorsqu'elles sont superficielles. Ces racines ne
réserve nutritive que nous avons nommée albu- présentent qu'un seuldéveloppement. faisceau libéro-ligneux, à
centres de Le nombre
men. Cette réserve nutritive consiste en amidon plusieurs unique fais-
chez les graminées les cypéracées en cellulose, des centres de développement de cetquatre-vingts
en matières grasses et en matières albuminoides ceau peut s'élever jus qu'a soixante et
chez les palmiers Lorsque la réserve nutritive est dans les racines des palmiers. Le faisceau de la
formée pour une large part par de la cellulose, racine des monocotyiédonées ne présente jamais
cette matière peut présenter une très grande du- croissement de zone cambiale, et par suite ne présente pas d'ac-
reté et donner la substance connue sous le nom secondaire par suite aussi le volume
d'ivoire végétal. Cette matière, sur laquelle nous de ce faisceau demeure toujours fort petit et la
aurons occasion de revenir, nous est fournie par rapide racine elle-même reste grêle. Un renouvellement
croit et une production toujours abondante d e
une sorte de palmier, le phytelephas, qui
nouvelles racines supplée au faible développement
aujourd'hui dans les marais du Gange. Dans les
typha, les sparganium, les pandanus ou paquois, de chacun de ces appareils. La surface de la ra-
la réserve nutritive de l'albumen consiste surtout cine est toujours constituée par une couche su-
prend développement exception-
en matières albuminoîdes cristallisées; ce sontles béreuse, qui
puissant
un
chez les orchidées épiphytes,
cristalloïdes. On montre bien ces cristalloldes en nellement
laissant séjourner des lames minces des albumens comme les spéciales, vanilles, les dendrobium, etc. Dans
de ces plantes, dans une solution aqueuse extrê- ces plantes en dehors de son rôle pro-
superficiel des racines aériennes
mement étendue de bleu d'aniline soluble à l'eau. tecteur, le lièged'emmagasiner de l'air et de l'eau,
Mêmedans le cas des réservesamylacées,on trouve a pour mission proximité de la sur-
toujours dans l'albumen une certaine quantité puis de retenir ces fluides à
racines des monocotylé-
d'huile et de matière albuminoide tout le monde face absorbante. Les On connaît
connait le gluten que l'on extrait de la farine du dones sont très rarement tubéreuses. racines transfor-
froment, en enlevant par le lavage l'amidon avec cependant quelques exemplesvégétaux telles de
lequel il est mêlé. Exceptionnellement, comme mées en tuberculeschez ces sont
dans le cocotier, l'albumen des monocotytédones par exemple celles du Dioscorea &a<<!<tM, connue
demeure pulpeux, semi-Nuide telle est l'origine vulgairement sous le nom d'na'ne de confondre Chine ou
du lait que 1 on retire de la noix de coco. de Patate de Chine, et qu'il ne faut pas
Le spermoderme ou tegument séminal des mo- avec la patate provenant de l'Ipomea batatas, une
nocotylédones est assez simple. Il se réduit à une convolvulacée; telles sont encore celles de quel-
pellicule très mince qu'il est impossible do sépa- ques orchidées. On retire de ces derniers tuber-
rer du péricarpe chez les graminées il devient cules une sorte de tapioca connu sous le nom de
dur, noir, crustacé chez les liliacées Ailleurs la salep. Quelques monocotylédones peuvent vivre
surface du tégument séminal demeure sèche et sans racines; telles sont par exemple certaines
membraneuse, tandis que sa partie profonde de- broméliacées; d'autres n'ont jamais de racines,
vient ligneuse et se charge d'oxalate de chaux et telles sont le corallorhiza et l'épipogon. Les mo-
de matières fortement colorantes. Parfois la pelli- nocotylédones sans racines remplacent ces organes
cule superficielle de la graine se gélifie sous l'ac- par de petits poils absorbants quiplantes naissent sur
tion de l'eau et lui fournit ainsi un moyen de fixa- toute la surface de la tige; ces vivent
tion au sol c'est un phénomène analogue à ce que d'ailleurs dans des endroits très humides et très
nous voyons se produire à la surface des graines sombres.
de lin, de melon, de cresson, de moutarde. Un La tige développée des monocotylédones pré-
petit nombre de spermodermes présentent des ex- sente une surface lisse parfois revêtue d'une sorte
pansions en forme d'aile qui favorisent la disse de vernis siliceux comme dans les graminées, les
mination des graines. cypéracées. Le revêtement siliceux des cypéracées
Lors de la germination, une partie seulement de forme à leur surface de très petites épines tran-
la plante monocotylédonée sort d'abord de l'enve. chantes tout le monde a touché la leiche, qui
loppe de la graine, grâce au grand développement maintient les talus des canaux et des rivières;
sait aussi combien les bateliers de la na-
que le eotylédon prend à cette époque. Par l'al- chacun du préjudice
longement très considérable de ce cotylédon, l'axe vigationdes canaux se plaignent que
hypocotylé et la gemmule sont poussés hors du leur cause cette plante par la rapidité avec laquelle
spermoderme et enfoncés dans le sol à une cer. elle use et coupe les cordages les plus solides. de
taine profondeur. A ce moment seulement on voil Tout le monde connaît encore des exemples touffes de
Mitra les premières racines, dont le rôle physio pâturages ruinés parce que quelques
teienee'yttont développées et que les bêtes àà ces éléments aaz flbres libériennes
cornes et les chevaux qui veulent manger cette rattachés et les ont
leiche se coupent la bouche et la langue. Sauf e faisceaM aux libéro-ligneux. Cette
tf erreur a entraîné certains industriels dans
dans un très petit nombre de monocotylédones, fabrication désastreuse, leur faisant une
la tige de ces végétaux demeure grêle et se ra- dans des végétaux en rechercher
mille peu. Ce n'est guère que dans les palmiers,t- le phormium, le jute, monocotytédonés comme l'alfa,
des fibres te~tUes compara-
les yuccas, les agaves que la tige des monocoty- bles
lédones prend un certain développement ena étant constituées
à celles du chanvre et du lin. Ces dernières,
par des fibres libériennes, ont
diamètre et en hauteur. Dans le palmier rotang, des qualités de longueur, de souplesse, et de
dont on retire le jonc à canne, la tige, tout en con- nnesse qu'il est ridicule de demander
servant un diamètre très faible, présente une lon-mécaniques. L'épiderme qui revêt la tige à des fibres
gueur qui peut atteindre 200 et même 300 mètres. des monocotylédones est remarquable aérienne
La tige des monocotylédones présente un trèss gué durée, et la faculté par sa lon-
grand nombre de faisceaux libéro-tigneuxà un seul1 ses cellules constituantes que possède chacune de
de se cloisonner perpen-
centre de développement tous ces faisceaux sontt diculairement a ta surface de la plante pendant
plongés au sein d'un parenchyme ou tissu fonda-
mental. La surface de l'organe est constituée par tiges un temps fort long. Vu le faible grossissement des
des monocotytédones en diamètre, ces végé-
une lame épidermique. Quelques mots sur chacun taux ne présentent que rarement
de ces éléments,faisceaux tibéro-tigneux, tissu fon- de décortication comparables des phénomènes
damental et épiderme, ne seront pas inutiles. Cha- observons a ceux que nous
sur la surface des arbres de nos paya.
que faisceau libéro-tigneux comprend une petite Beaucoup de monocotylédones ont des
masse de bois primaire, composéede trachées desouterraines dont les bourgeons latéraux tiges
t
vaisseauxrayés et de quelques fibres ligneuses, et minaux viennent à la surface du sol on ter-
une masse principale de liber composée de cellu- les hampes florales. Les tiges souterraines et donnent
les grillagées, de fibres primitives et de paren- généralement sont
transformées en rhizomes, c'est-a-
très simples, du liber des faisceaux de ces tiges,dire
chyme libérien. Les cellules grillagées, toujours
que chacun de leurs entre-nœuds se raccour-
cit, augmente de diamètre dans des proportions
ont été désignées par Hugo von MoM sous le nom souvent considérable!! tes faisceaux de la tige
de vaisseaux propres, alors qu'on ignorait leur les uns contre tes autres et ne forment se
véntable nature; ce nom est encore en usage pressent plus
dans beaucoup de manuels élémentaires- Excep- centrequ'une du
masse minime concentrée autour du
rhizome; la région corticale du tissu
tionnellement, le faisceau libéro-ligneux peut pré- fondamental
senter des laticifèros. En général dans chaque fais- des rhizomes est très très
est alors développée. La surface
souvent constituée par une
ceau le liber et le bois sont situés sur un même couche subéreuse. Le rhizome
rayon qui passe par le centre de la tige, le liber comme un appareil d'hibernation se montre donc
étant plus près de la périphérie de la tige, le bois réservoir, c'est le rhizome lui-même, comprenant un
au contraire étant plus près du centre de cet or- de végétation*qui sont tes bourgeonset
des pointa
gane. Dans sa course à travers la tige, chaque rhizome. Ces points de végétation latéraux du
faisceau part d'un faisceau situé plus bas que lui- redonner chaque sont destinés
même et voisin de la périphérie; de là on le voit parties florales. année ou périodiquement les
s'avancer peu à peu vers le centre de la tige. dont Quelques tiges écartes de monocotytédonee et
il approche plus ou moins, puis il s'incline de tes bourgeons qu'eHes portent se transforment en
noa-
veau vers la périphérieet se rend dans une feuille bulbes par répaiMiasement des écaittes qui les
toute cette évolution s'est faite, non dans plan, vêtent. Tout le monde eonjxdt les bulbes de l'oi- re-
mais bien aur une sorte de surface gauche. Aux un
différents points de sa course, un faisceau n'a gnon, de la jacinthe, du lie.
pas Les fouilles des monocotylédones sont simples,
toujours la même constitution il est plus simple à entières, ou déchiquetées en tanières, sessiles, em-
sa partieinférieure que vers sa région supérieure, j brassantes, à nervures généralement parallèles.
Dans sa course, un faisceau a donné généralement Chez quelques
naissance it plusieurs autres faisceaux, il aussi la nervation desasparaginées et chez les dioMorées,
a
touché un certain nombre de faisceaux, ses voi- ticulée. Dans quelques feuilles est exceptionnellement ré-
sins, avec lesquels it s'est parfois plus ou moins cylindriques juncus, les feuilles sont
confondu. Cette marche assez compliquée et cannelées. La surface des feuilles
de cha- des monoeotytédones est presque toujours lisse,
que faisceau de la tige, jointe au grand nombre 1luisante 1 La feuille par elle-même est assez con-
de ces faisceaux,justifle l'idée exprimée dans la sistante. Les stomates disposés en files pa-
plupart des ouvrages botaniques, à savoir que tes irallèles à la longueursont des feuilles, sur toute la
faisceaux sont dispersés sans ordre dans la tige surface, seulement
des monocotylédonos. Rarement le faisceau li- 1 ou sur la face inférieure de
cces organes. Chaque stomate forme par lui-même
béro-tignenx de la tige des monocotylédonespré- appareil assez compliqué. Dans quelques plan-
sente une zone cambiale. Ce faisceau ne peut donc ttes, un
1
croltre en épaisseur d'une manière tant soit peu lures les stomates sont cachés au fond de canne-
1
notable; on dit qu'il est fermé. Il en réeutte aussi nelures plus eu moins profondes; le rôle de ces can-
i est d'immobiliser une certaine quantité
que la tige des plantes monocotylédoneesne peut d'air c dans le voisinage de la surface d'absorption
non plus augmenterbeaucoup en diamètre,à moins cdes gaz. La plupart des feuilles dos
que, comme dans les dragonniers, il ne se produise tédones monocoty-
1
à la périphérie de la tige une zone spéciale d'épais- 1la tige qui tes ne se détachent pas immédiatement de
sxMcment dans laquelle apparaissent de nombreux uttles à la plante. Dans porte, lorsqu'elles cessent d'être
faisceaux secondaires. Le tissu fondamental qui tttropicales où les plantes des régions
disposition
rattache entre eux les faisceaux libéro-tigneux centuée, cette est le plus ac-
c la feuille se détruit sur place. La pré-
est formé de cellules polyédriques à parois minces sence s de tous ces débris de feuille autour de
gorgées de suc. A cet état, ce tissu est comparable 1la tige fournit à
la moelle et à l'éeorce des plantes dicotylédo- puissant constitué celle ci un revêtement tret
nées. Dans quelques palmiers, le tissu fondamen- Bbrune, par une sorte de bourre
tal de la tige se nbréne et forme ces éléments cation
h très recherchée aujourd'hui pour la fabri-
c des tissus grossiers en filasse de palmier.
que M. Schwendener a désignés sous le nom de Ce C n'est que dans des plantes très avancées en
fibres mécaniques. Quelques botanistes, trompés àâge que, par suite de la décortication, la surface
sur la véritable nature de ces fibres mécaniques, redevient
par leur position et par leur aspect, ont assimile rssont disposées sur la sur~M de
lisse. Les feuiltes des monocotylédones
la tige en séries al-
ternes représentées par les cycles de ~o//Mtes; comme le pollen ordinaire, elles sont
Rarement le cycle de groupement des feuilles sur apportées sur les stigmates par les insectes, en
la tige de ces plantes est plus élevé que Les particulier par les abeilles. Dans les zostères, mo-
feuilles des monocotylédones sont généralement nocotylédones qui vivent dans la mer, le pollen est
inermes toutefois, dans les broméliacées, quel- constitué par de petites cellules aHangées vermi-
formes. Il y a tout lieu de croire, d'après les der-
ques palmiers, les smilax, les feuilles présentent nières recherches, que ces tubes polliniques de la
des aiguillons tranchants très acérés. Dans le bo- zostère germent dans l'intérieur même de l'an-
napartea, chaque aiguillon porte à son extrémité thère où ils se sont formes, et qu'ils perforent le
une ouverture qui fait communiquer une sorte de tissu de l'anthère et celui du pistil pour arrive"
glande avec l'extérieur. jusqu'à l'ovule sans qu'il soit nécessaire pour eus.
Chaque feuille de monocotylédone comprend d'être déposés sur le stigmate.
une double lame d'épiderme renforcée intérieure- Au moment de la fécondation, les Neurs des mo-
ment de fibres mécaniques. Cet épiderme recouvre nocotylédones sont quelquefois le siège d'une élé-
une masse de tissu parenchymateux ou tissu fon- vation de température très considérable. Cette pé-
damental dans lequel courent parallèlement les riode d'excitation s'accuse parfois par la produc-
uns aux autres et parallèlement à la longueur de tion de nectars ou de parfums; les plus connus
da feuille des faisceaux libéro-ligneux dont la struc- de ces parfums sont ceux émis par les aroidéos.
ture ne diffère pas de celle des faisceaux de la L'odeur bien connue de l'Arum maculatum, vul-
tige. La raison en est-que les faisceaux foliaires gairementnommé gouet ou pied-de-veau, rappelle
sont les terminaisons des faisceaux tigellaires. celle de la viande corrompue, à ce point que les
Chaque faisceau libéro-ligneux est le plus ordi- mouches viennent visiter les fleurs de l'arum et s'y
nairement revêtu d'une lame périphérique de fi- laissent emprisonner.
bres mécaniques qui ont pour but non seulement Le fruit qui succède à l'ovaire varie beaucoup
de le protéger, mais encore de régulariser les d'un groupe de monocotylédones à l'autre; ainsi
pressions qui peuvent se faire sentir sur la masse le fruit est un caryopse chez les graminées, c'est
Ubérienne du faisceau, lors de la circulation des un achaine chez les cypéracées, c'est une capsule
gaz dans la feuille. à déhiscence variée chez les liliacées, les orchi-
Dans quelques bulbes, les feuilles réduites à l'é- dées c'est une baie charnue Il la surface, lorsque
tat d'écailles charnues sont transformées en réser- la graine est insuffisamment pourvue d'appareils
voir de nourriture. Dans les rhizomes souterrains, disséminateurs, comme cela se voit dans beaucoup
les feuilles se réduisent à l'état de petites écailles d'asparaginées. Le fruit de quelques monocoty-
membraneuses. lédones peut atteindre un volume et un poids
La fleur des végétaux monocotylédones, lors- énorme; tel est le fruit du cocotier et surtout le
qu'elle est complète, présente généralement de fruit du Lodoïcea Sechellarum, qui atteint le poids
dehors en dedans j" Deux verticilles alternants de 10 kilogrammes. A l'articlePa/mt'e~, on trou-
comprenant chacun trois pièces colorées ou non. vera tous les détails désirables sur ces fruits et
-Ce double verticille d'enveloppes florales forme le sur les croyances auxquelles leur singulier mode
périanthe; sauf dans les fluviales, il ne fait jamais de dispersion a donné naissance. Presque tous
défaut; ~° deux verticilles alternant entre eux cesfruitsmonstrueux sont recouverts, vers l'époque
et avec les précédents et comprenant chacun trois où ils se détachent des arbres qui les produisent,
Staminés 8° deux verticilles alternant entre eux d'une sorte de bourre brune très épaisse qui les
et avec les verticilles précédents et comprenant protège, amortit le choc au moment de la chute
chacun trois carpelles. En résumé, la fleur com- et les empêche de s'écraser en tombant sur le
prend donc un périanthe, un androcée et un gy- sol.
nécée. Tous les trois ont six pièces disposées trois Nous n'insisteronspas ici.sur les usages généraux
à trois sur deux rangs. De là l'idée de considé- des monocotylédones; nous reviendrons sur ce
rer toutes les fleurs des monocotylédones comme point en traitant chacune des principales familles
formées de verticilles floraux composés chacun de en particulier. V. à cet effet les articles Palmiers,
trois pièces élémentaires. De là la symétrie par GraminéesLtftoM~M, Musacées, OrcAt~M.
trois, que l'on regarde comme caractéristique de La grande majorité des monocotylédones est
ces fleurs. Des adhérences plus ou moins grandes originaire des régions chaudes du globe. Plusieurs
peuvent réunir plus ou moins les termes de cha- d'entre elles sont aquatiques, submergées cm
que verticille, ou encore les termes de verticilles nageantes; tels sont les potamogetons, les vallisne-
consécutifs. Les pièces d'un verticille peuvent faire ries, les lentilles d'eau, les hydrocharis, les s(ra-
défaut en tout ou en partie. Une pièce d'un ver- tiotes. Quelques-unes même habitent la mer, com-
ticille peut s'hypertrophier tandis que d'autres me les Mstères, les posidonies.
s'atrophient. En combinant convenablement toutes [C.-E. Bertrand.]
-ces dispositions, on a l'explication des divers types MONOTHÈMES. – Zoologte, XUI.– Tout à
de fleurs que l'on rencontre chez les diverses fa- côté des Marsupiaux*, mais à un degré encore
milles de végétaux monocotylédones. moins élevé dans la série zoologique, se placent
La placentation des monocotylédones est géné- tes Monotrèmes, qui semblent établir le passage
ralement axile; les orchidées sont un des rares entre les Mammifèreset les Oiseaux. Comme chez
exemples de placentation pariétale chez les végé- ces derniers, en effet, l'intestin débouche dans
'taux de cet embranchement, et quelques aroidées un vestibule commun, dans un cloaque, au lieu
un des rares exemples de placentation basilaire. de s'ouvrir directement au dehors. D'autre part
Les ovules des monocotylédones sont anatropes les dents proprement dites sont représentées par
et bitégumentés; rarement ces ovules sont or- des tubercules cornés, on font même complète-
thotropes,comme chez les ériocaulonées, les tra- ment défaut, tandis que les lèvres sont garnies
descantiées~ le vallisneria spiralis et quelques de lames cornées qui acquièrent souvent un très
.aroMées. grand développement et simulent le bec d'un oi-
Le pollen des monocotylédones est formé gé- seau. Enfin, quoiqu'il n'y ait point de poche pour
néra)ement de petites cellules globuleuses qui loger les petits immédiatement après la nais-
sont dispersées et déposées sur les stigmates des sance, il existe cependant en avant du bassin deux
organes femelles par les insectes.Dans les orchi- os semblables à ceux qui soutiennent, chez les
dées, les cellules du pollen demeurentaccolées les marsupiaux, un repli de la peau de t'abdomen.
unes aux autres par une matière gommeuse très Jusqu'à ces derniers temps, on croyait qu'il n'exis-
.adhésive. Ces masses polliniques ont reçu le nom tait que deux animaux offrant ces particularités
d'organisation, I'Ornt<Ao)'/iyn~Me et l'Ë'c/it'dn~, qui sollicitude. Dès l'adolescence, le jeune Seconda1
habitent l'Australie et la Tasmanie mais tout ré- témoigna d'une véritable vocation pour l'étude du
cemment on a découvert à la Nouvelle-Guinéeune droit à peine ses études classiques terminées, il
troisième forme, un Echidné qui, tout en étant s'y lança avec toute l'ardeur de ses vingt ans.
parent de celui de la Nouvelle-Hollande,diffère Son oncle paternel, qui était président à mortier
cependant de ce dernier par quelques caractères au parlement de Bordeaux, encourageait ces étu-
anatomiques. des. Le 24 février 1714, au temps où le grand roi
L'Ornithorhynque et l'Echidné d'Australie sont vivait encore, Montesquieu, âgé de vingt-cinq ans,.
fonnus depuis la fin du siècle dernier; ils ont fut nommé conseiller au parlement de Bordeaux.
d'abord été réunis par G. Cuvier à l'ordre des Deux années plus tard, en t'!t(i, son oncle, qui
Edentés, puis élevés au rang de sous-classe par n'avait pas de fils et le considérait comme son hé-
de Blainville, sous le nom de Monotrèmes, em- ritier, lui légua avec la plus grande partie de ses
prunté à E. Geoffroy-Saint-Hilaire.Le premier de biens sa charge de présidentà mortier. Ainsi Mon-
ces mammifères singuliers, l'O~itAo'Ai/M~tM pa- tesquieu, à peine âgé de vingt-sept ans, se trouva
radoxal, est ainsi nommé à cause de ses mâchoi- possesseur tout à la fois et d'une fortune consi-
res prolongées en bec de canard et pourvues seule- dérable et d'une des plus hautes situations de la
ment d'une paire de grosses dents cornées qui magistrature d'alors.
sont situées à la place occupée ordinairementpar Ce double avantage n'était pas fait cependant
les dents molaires; il a le corps terminé par une pour le satisfaire. Nous voyons, à ce moment,
queue élargie et aplatie en dessous, comme celle du Montesquieu, avec ces curiosités multiples qui
castor, mais velue sur sa face supérieure son sontjcomme l'apanage de la jeunesse, tourner de
corps est revêtu de poils courts, et ses pattes se tous côtés son activité. En même temps qu'it
terminent par cinq doigts pourvus d'ongles ro- remplit les devoirs de sa charge et poursuit sea
bustes, et réunis entre eux par des membranes travaux juridiques, il se sent attiré vers d'autres
analogues à celles de la patte d'un canard et par- études il se montre l'un des membres les plus
ticulièrement développées aux membres anté- actifs de l'académie de Bordeaux récemment
rieurs. Cet animal étrange habite la Tasmanio et fondée ;it publie en 1719 le Projet d'une étude
l'Australie, et est connu des colons anglais sous le physique de la terre, où il fait appel au concours
nom de Watermole (taupe de rivière). Il se tient de tous les savants; il écrit divers opuscules.
en effet au bord des rivières, barbotte parmi les Deux ans plus tard, en 1721, it remet à un édi-
plantes aquatiques, et nage avec l'agilité d'un teur étranger le manuscrit des Lettres persanes.
poisson; sa nourriture consiste en larves d'insec- Qui eût pu croire qu'un livre pareil était t'ceuvre
tes, en vers et en petits mollusques. Les mâles d'un grave magistrat, d'unprésident à mortierd'un
ont le talon armé d'un éperon corné, muni d'une parlement?
fente qui sert à l'écoulement d'un liquide vis- La succès fut prodigieux. Le livre eut coup sur
queux. Ce liquide, sécrété par une glande parti- coup un nombre d'éditions considérable, en un
culière, logée dans la cuisse, est, contrairement temps où le public lettré n'était pas à beaucoup
à ce qu'on avait pensé d'abord, dépourvu de toutes près ce qu'il est aujourd'hui. Montesquieu lui-
propriétés venimeuses. même a constaté, non sans une satisfaction bien
Les Echidnés difîèrentdes Omithorhynques par excusable, ce succès « Les éditeurs, a-t-il écrit,
leur corps garni de piquants plus forts que ceux allaient tirant les passants par la manche et leur
des hérissons, et entremêlés de quelques poils, disaient « Monsieur, faites-nous des Lettres per-
j)ir leur tête prolongée en un bec très effilé, qui sanes. t C'était alors le temps de la régence et
porte en avant une bouche d'une petitesse l'aurore du xvin* siècle se levait. Après la vieil-
extrême, et enfin par leurs pattes disposées non lesse du grand roi, et le règne triste et austère det
pour fendre les eaux, mais pour fouir. Les Mme de Maintenon, it semblait que la France op-
mœurs de l'Echidné de la Nouvelle-Guinée sont primée depuis près de quarante ans fût déli-
encore inconnues, mais tout porte à supposer vrée d'un poids qui pesait sur sa poitrine. Une
qu'elles ne diffèrent pas sensiblement de celles réaction s'accomplissait, violente et excessive
de l'Echidné du continent australien et de la comme toutes les réactions. Le livre de Montesquieu
Tasmanie. Ce dernier, l'~cA~M~ épineux, vit dans résumait ce qui était dans la conscience et le sen*
les endroits sablonneux où il recherche les vers timent de presque tous. On y trouvait un esprit
et les insectes, particulièrementles fourmis et les frondeur et hardi qui a toujours été comme le génie
termites. II les cherche avec le bout de son mu- propre de la race française, une satire amère du
seau, qui parait doué d'une grande sensibilité, et régime qui venait de disparaitre et n'avait laissé
les capture au moyen de sa langue qui est enduite dans l'opinion que des souvenirs détestés, une
d'une salive visqueuse et peut être projetée hors foi robuste en la possibilité d'un avenir meil-
de sa bouche. Au moindre danger, t'Echidné se leur, que tous partageaient, l'invitation à des ré-
met en boule et présente de toutes parts des formes libérales que tous souhaitaient et appe-
piquants acérés. Les mâles portent en outre, laient et, ce qui en France n'a jamais rien gâté,
comme les Ornithorhynques,des ergots au talon. le livre tout entier était écrit dans une langue
L'Echidné, de même que l'Ornit.horhynque, a vive, alerte, précise, piquante et un peu raffinée,
l'intelligence extrêmement bornée. Pendant le pleine de nerf et de sève, qui donnait au bon
jour il reste caché dans un trou et ne se montre sens même et à la vérité l'allure piquante du pa-
qu'à la chute du jour. Ses mouvements sont radoxe. Les Français ont toujours aimé à s'enten-
d'une lenteur extrême. A diverses reprises, des dre dire leurs vérités quand elles sont bien dites
Echidnés ont vécu en captivité dans les jardins on trouvait une saveur piquante à entendre un
Mologiques de l'Europe, et particulièrement dans étranger, un barbare, un Persan comment peut-
la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de on être Persan? se moquer si spirituellement
l'aris. [E. Oustalet.] des Françaiset des Parisiens,et leur faire si galam-
MONTESQUIEU. Littérature française, XIX. ment la leçon. Faut-il ne rien omettre? L'époque-
Charles de Secondat, baron de la Brède et de de la régence était une époque libertine, et le
Montesquieu, naquit au château de la Brède, non xvtn* siècle tout entier ne guérit jamais bien de
luin de Bordeaux, le 18 janvier 1689. Son père, cette maladie. Certaines pages sensuelles et éroti-
ancien officier qui avait de bonne heure quitté le ques des Lettres persanes ne nuisirent pas, elles
service, comprit. dès l'enfance, quelles espérances non plus, au succès de l'ouvrage et certaines let-
;~)torisait l'esprit vif et curieux de son fils, et pa- tres en firent lire à beaucoup plusieursautres que,
i'.it avoir fait de son instruction sa principale sans celles-ci, ils n'auraient peut-être pas lues.
Quand nous relisons aujourd'huiles Z.i'~t'MjMr- mes éminents formés par une autre éducation que
M~M, instruitspar l'œuvre entière de Montesquieu, l'éducation française, rencontrer d'autres idées,
et par les progrès de la science dont il a été en observer des préjugés divers, et ainsi se mieux
partie l'auteur, il est permis de penser que guérir lui-même de tous les préjugés que malgré
peut-être nous les comprenons mieux que ne le lui il conserve encore. Son titre d'académicien lui
firent ceux qui les premiers les connurent. Sous ouvrira toutes les portes et le fera bien accueillir
une forme légère, une pensée profonde et sé- partout.
rieuse s'y manifeste: pensée devenue banale de- 11 a trente-neuf ans. H est dans toute la vigueur
puis, mais qui alors était bien faite pour étonner, de sa raison, et pour voir il a de bons yeux. Les
pour scandaliser même. La voici c'est que livres lui ont appris tout ce qui peut être appris
tout ce que l'homme considère volontiers comme du passé il lui reste à connaltre le présent qui ne
étant la vérité absolue, à savoir les idées politi- s'apprend bien que par l'observation, et qui l'ai-
ques, religieuses, morales, les institutions, les dera à voir le passé avec des clartés nouvelles,
mœurs, les opinions, tout cela est en réalité non quand demain il reviendra dans son cabinet à ses
pas absolu, mais relatif c'est que des conditions études et à ses livres. Rien ne fait mieux com-
de vie différentes ont amené des constitutions prendre Montesquieu que ce besoin de voyager
diverses de la société,des conceptions diverses de pour s'instruire à une époque où si peu de Fran-
l'État, de la famille, de la religion, du bien et du çais voyageaient. 11 ne sera pas un voyageur
mal, et que ce n'est le plus souvent que par comme l'aimable président de Brosses, pour qui
ignorance que nous condamnons tout ce qui s'est un tour en Italie n'est qu'une longue partie de
fait ailleurs et que nous admirons sans réserve plaisir et qui consacre les loisirs de la route à
tout ce qui se fait chez nous. Tout l'Esprit des raconter gaiement à ses amis ce qu'il a vu. Il
lois était, on le voit, déjà en germe dans les voyage pour lui seul et il voyage pour apprendre.
Z.e«rM pet'MKM. Ce n'est pas un touriste, c'est un studieux il
Il ne pouvait suffire à un esprit aussi vigoureux passe indifférent sur les curiosités qu'il rencontre,
que celui de Montesquieu de s'être borné à laisser il n'écrit guère il se borne à observer et à réfléchir,
entrevoir ses pensées sous une forme légère. Ce à prendre des notes pour lui-même. S'il éprouva,
qui l'avait tenté d'abord, c'était la satire de tous vers la fin de sa vie, la tentation d'écrire le récit
les préjugés qu'il voyait acceptés autour de lui de-ses voyages, il ne semble pas qu'il ait exécuté
comme d'incontestables vérités, et il avait cédé ce dessein.
à la tentation d'écrire cette satire mais en Il a quitté Paris en 1728. Il se rend d'abord à
l'écrivant, à mesure qu'il réfléchissait lui-même Vienne, alors le grand centre allemand, la capitale
davantage, il était amené à entrevoir un second du Saint-Empire, et visite également la Hongrie.
livre derrière le premier, un livre où, renonçant De là il descend en Italie; il séjourne à Venise,
à toutes les fictions, il laisserait parler la raison à Rome, à Gênes puis, par la Suisse et la vallée
seule où il expliquerait ce que sont les sociétés du Rhin, il se rend en Hollande, où il s'arrête.
humaines, comment elles se forment, s'adminis- Tous ces voyages durent une quinzaine de mois.
trent, se transforment: de quelles forces multiples De Hollande, à l'automne de 1729, il se rend en
elles se composent, quel rôle y jouent les divers Angleterre. L'Angleterre à ce moment avait,
imérêts, par quelles lois elles se fondent, s'ac- depuis quarante ans environ, fermé l'ère de ses
croissent, déclinentet enfin se succèdent. Il vit là révolutions politiques. Elle avait définitivement
une œuvre utile et grande, que personne encore fondé ce gouvernement constitutionnel et parle-
n'avait tentée, qui pourrait être la gloire d'un mentaire que seule au monde alors elle possédait.
homme en même temps qu'elle serait t'œuvre de Elle y trouvait, malgré les menaces intermitten-
t~ite une vie. Il ne se sentait pas incapable de tes des prétendants, et la paix et la prospérité.
1 e ntreprendre. Le spectacle d'un peuple libre,
Nous voyons alors Montesquieu prendre un lui-même sous l'autorité d'un roi et se gouvernant
en possession
grand parti. Il n'est pas de spectacle plus inté- de l'exercice de tous les droits individuels, droits
ressant que ces vies dont un homme fait ce qu'il de la conscience et droits politiques, frappa vive-
veut; avecunesortedegénéreuxégoîsme.iiil immole ment Montesquieu. Il se plut à étudier, longue-
tout a un besoin impérieux qui l'emporte, renonce ment et par le détail, et le mécanisme de la con-
à toutes les autres ambitions, et suit sans hésiter stitution anglaise et les mœurs d'où
l'appel du génie intérieur. ces institu-
tions étaient sorties et qui faisaient leur force. H
En 1726, Montesquieu vend sa charge de prési- garda toute sa vie
dent à mortier au parlement de Bordeaux. Il re- peuple anglais, une vive admiration pour le
son culte de la liberté, son res-
nonce à la carrière qui eût pu l'élever à de plus pect de la légalité, son amour quasi supersti-
hautes dignités encore. Qu'eût dit l'oncle qui l'a- tieux du formalisme et des traditions
vait fait son héritier s'il eût été témoin de cette tonnera pas qu'un magistrat et on ne s'é-
un légiste
résolution? On peut compter qu'il l'eût désavoué particulièrement frappé de ces vertus. L'Angle- ait été
et maudit. On peut compter aussi que ses amis terre garda dès lors dans son admiration une
de Bordeaux furent sévères pour Montesquieu et place privilégiée. Il n'était
attribuèrent sa décision soit à la paresse, soit à que l'Angleterreait plus tard pas étonnant non plus
fait entre tous les
une coupable inquiétude d'esprit. Mais Montes- écrivains français une place à part au philosophe
quieu savait ce qu'il faisait. politique qui lui avait si parfaitement rendu jus-
Il vient à Paris d'abord il passe deux années tice.
dans la grande ville, et, non sans quelques diffi- Montesquieu s'attarda deux années entières
cultés, il est nommé membre de l'Académie fran- en Angleterre, accueilli là, il l'avait été
çaise. Il est admis dans l'illustre compagnie le 24 partout, avec la plus grandecomme faveur. A la fin de
janvier !28. Il est permis de penser qu'il attachait )ï3t, il rentre en France. Il
vu tout ce qu'il vou-
à ce titre une importance considérable, et nous lait voir il a fait sur les agouvernements
allons aussitôt voir pourquoi. et les
sociétés une ample provision d'observations;ce
Avant d'entreprendre le grand ouvrage qu'il qu'il lui faut maintenant,
médite et pour lequel, depuis plusieurs pour mener à bien l'cau-
années vre entreprise,c'est le recueillement et le silence.
déjà, il accumule les matériaux, Montesquieu veut S'il n'eût été qu'un homme de plaisir, aimant à
voyager. Il veut parcourir l'Europe entière. !i a jouir de la vie et il n'était point par nature in-
besoin de visiter les diverses nations pour obser- différent au plaisir Paris avait à lui offrir les
ser leurs mœurs et leurs institutions; il veut les plus séduisantes distractions.
visiteraussipour s'entretenir partpat avec les hom- tation lui ouvraient les portes Son nom et sa répu-
de tous les salons,et
M fortune lui permettait de mener la vie du plus mot tout ce qu'il vaut que de constater qu'après
aimable seigneur. Mais il avait de plus nobles bientôt un siècle et demi, et malgré tous les pro-
ambitions et il sentait qu'il avait à faire de ses grès accomplis depuis lors par la science histori-
forces un plus noble emploi. A son retour que, il est demeuré classique. Certains détails
d'Angleterre il s'arrête à peine à Paris; il reprend ont pu être corrigés depuis l'ensemble demeure
te chemin de sa province, il va s'enfermer dans debout; toutes les recherches de l'érudition n'ont
à qu'avait deviné la perspi-
son château de la Brède. Pendant de longues an- ajouté que bien peu ce
nées, il n'en sortira guère que pour passer ça et cacité de Montesquieu. Il avait du même coup
la philoso-
i& quelques semaines à Paris, où il est toujours créé pour ainsi dire un genre nouveau
fort recherché, ou entreprendre dans le midi phie de l'histoire. Combien peu sans doute, parmi
quelques rapides voyages. Le reste de son temps. les lecteurs des Lettres per~MM, avaient imaginé
il le passe dans son cabinet, étudiant l'histoire que l'écrivain qui tenait la plume d'Usbek était un
et les législations, poursuivant sur l'antiquité, sur si profond penseur et capable d'une telle gra-
te moyen âge, sur les temps modernes, ce grand vité!I
et persévéranttravail dont il attend la gloire. Montesquieu s'était donné à lui-même la preuve
Il n'aborde pas tout d'abord cependant ce de sa force d'esprit et de sa vigueur d'expression.
grand ouvrage. Les études de droit de sa jeu- Il ne lui restait plus qu'& se consacrer tout entier
de ce grand ouvrage de synthèse
nesso avaient nxé son attention sur !e peu- à la composition philosophie politique qu'il médi-
ple romain, qui a constitué autrefois la science historique et de
juridique. Il avait été vivement frappé par le tait depuis dix années déjà. Aordonner en rassemblerpa-
spectacle de cette race singulièrement forte, te- tiemment les matériaux, à en les matiè-
l'origine est seu- res, M'écrire, il employaquatorze années. On peut
Mce en ses entreprises, qui a
depuis l'âge d'homme il mettait déjà
lement une petite cité du centre de l'Italie, qui dire que y
patience, toutes pensées. Il semble que, vers t'!40, un
peu à peu, par son énergie, ses vertus, sa
Impose sujet
ses
particulier le tente de nouveau, comme l'his-
son ambition aussi et sa politique, son
joug a toutes les cités voisines, conquiert l'Ita- toire des Romains l'avait tentérencontré déjà. Au cours de
la physio-
lie, puis l'Espagne, l'Afrique, la Gaule, la Grèce ses études historiques, il avait
et l'Orient, fait de la Méditerranée un lac romain, nomie de Louis XI, et il avait été d'abord séduit
et devient la maîtresse de tout l'univers alors et par l'énergie sombre de l'homme et la
par gran-
~connu. Puis un autre spectacle ne l'avait pas deur de son œuvre. On a dit que cette histoire
'moins frappé: Rome conquérante du monde suc- avait été écrite, puis jetée au feu par l'étourderie
combant sous sa propre grandeur; l'empire suc- d'un secrétaire. Quand on sait le soin avec lequel
cédant à la république, comme la république Montesquieu conservait, nonmoindres pas seulement sell
avait succédé à la royauté: les vices remplaçant les manuscrits, mais jusqu'à ses brouillons
.~eftue; cette puissance prodigieuse qui si lente- d'écrivain, l'aventure parait très singulière. Ce <;u.i
ment avait grandi, déclinant et s'affaiblissant, pé- est vraisemblable, c'est qu'en effet Montesquieu
nssant aous ses propres fautes après s'être élevée songea d'abord à écrire une histoire de Louis XI
par ses vertus, retombant enfin au néant d'où elle c'est aussi qu'après en avoir écrit un certain nom-
était sortie. Son séjour en Angleterre lui avait en bre de chapitres, quepapiers probablement on retrouve-
quelque sorte mieux fait comprendre la Rome rait encore dans les dont a hérité sa fa-
<nt']ue, dont une aristocratie fermement atta- mille, il renonça a son projet. Il sentait que snnn
ché a ses droits et une démocratie vaillamment grand ouvrage était ce qui pressait d'abord, que là
lésoLue à réclamer la liberté avaient fait la gran- était le monument qu'il importait d'achever.
deur, et qui avait marché vers la décadence sitôt Enfin l'année n4S vint et l'~prtt des lois parut.
que l'équilibre entre ces deux forces, opposées Cette date est restée une date littéraire mémora-
mais également utiles, avait disparu. De la vic- ble, même en ce xvm* siècle où parurent tant d'ou-
toire de la démocratie l'empire était sorti par une vrages qui sont demeurésauxquels des événements histo-
loi nécessaire, et avec l'empire la décadence, dans riques: D'intimes amis l'auteur avait
l'abaissement de tous. sous la loi d'un despote. communiqué son manuscrit, entre autres Heivé-
La conclusion ne déplaisait pas à Montesquieu, tius, s'effrayèrent, parait-il, de l'austérité du
baron lui-même, fort peu démocrate et qui ve- livre et prièrent Montesquieu, dans l'intérêt de sa
nait de voir par l'étude de l'Angleterre ce que réputation, de ne pas le publier. Il n'en crut que
peut pour la grandeur d'un pays une aristocratie lui-même, et il eut raison. Le succès de l'Esprit
qui défend ses privilèges avec énergie, mais qui des lois, en effet, fut prodigieux il n'obtint pas
en m6me temps a la conscience de ses devoirs moins de vingt et une éditions en moins de deux
et ne cherche pas à s'y dérober. années; succès sans précédentet depuis même sans
Il remet a plus tard son grand ouvrage. Il s'ar- égal pour un livre de haute raison. Voltaire, qui
rête à en écrire comme un chapitre détaché. n'aimait qu'a demi Montesquieu et sur lequel Mon-
Reprenant à son tour cette histoire romaine qui tesquieu de son effet côté faisait bien des réserves
Saint-Evremond, il et combien en ces deux hommes ne diffé-
a sollicité Machiavel, Bossnet,
relit tous les historiens, et il s'efforcede lire entre raient-ils pas? – a exprimé en un
L'humanité
mot
avait
toute la
perdu
les lignes de leurs livres. Par delà l'histoire ro- beauté de cet ouvrage les lui rendus.
maine, telle qu'un Rollin l'a écrite avec une can- ses titres Montesquieu a
lois plus
»
d'une cri-
deur innocente et prête à accepter toutes les On peut faire à l'E:p'-tt des
On a pu signaler ce qu'a de factice
fables, il en entrevoit une autre qui ramène les tique fondée. théorie générale posée par l'auteur,
légendes à la réalité, et ne veut prendre conseil et de faux la
que du bon sens et de la raison histoire d'ou le que l'honneur est le ressort des monarchies comme
peuple romain sort bien plus glorieux et plus vrai- la vertu celui des républiques on a pu montrer
ment grand que de tous les récits menteurs de le décousu de certaines parties; on a pu surtout
relever dans le style, tantôt une brièveté senten-
ses propres annalistes, car on y sent bien mieux habile cieuse qui jusqu'à l'obscurité, tantôt un goût
à quel effort de volonté, à quelle politique l'antithèse
va
qui jusqu'à l'affectation et au
de
et résolument poursuivie, 11 a dû son triomphe, raffinement du bel vaesprit. Quel écrivain n'a
avant que les mêmescauses naturelles qui l'avaient ses
élevé précipitassentaussi sa chute. défauts, et Montesquieu a certainement eu les
De cette étude patiente, de cette concentration siens. Penseur solitaire, vivant dans l'étude, la
lecture et la méditation plus que dans la rcatité,
de pensée solitaire sort le petit volume intitulé
<
Co~M'a/ton. <« y) ott~eKf et décadencedes il a été certainement
~<~aM~ qui parut en 1~. C'est dire en un seul tion, et à construire une hnmauito plus logique
disposé à abuser de l'abstrac-
et plus absolue que jamais elle n'a pu se montrer; On en eût vainement cherché la trace dans les
écrivain sévère à l'excès pour lui-même, il a in- livres les plus illustres.
contestablement visé plus que de raison à enfer- Ce n'est pas cependant encore là tout l'Esprit
mer chaque pensée en une forme brève et saisis- des lois. La France d'alors, lasse d'abus sans
sante, presque toujours tendue et souvent forcée. nombre dont le poids devenait plus lourd de
La meilleure langue est à coup sûr celle qui se met jour en jour, à mesure que la raison s'éveillant
le mieux à la portée de l'esprit moyen des lec- en comprenait mieux l'injustice, à mesure aussi
teurs, et pour être comprise n'exige point d'effort. que le changement des mœurs avait supprimé la
L'Esprit des <OM. est assurément une lecture la- raison d'être de la plupart des privilèges,appelait
borieuse mais personne ne s'y est un peu appli- de tous ses vœux une réforme elle l'appelait
qué sans être largement payé de sa peine on a dans le gouvernement, elle l'appelait dans l'ad-
pu dire justement de Montesquieu ce que lui-même ministration, dans l'ordre judiciaire, dans la ré-
disait de Tacite, qu'il abrégeait tout parce qu'il partition des impôts, dans la condition civile, poli-li
voyait tout. L'j~.<pr:< des lois ne sera jamais un tique, religieuse des individus la réforme ayant
livre populaire: il ne s'adresse qu'aux esprits déjà refusé de s'accomplir, elle finit par faire une ré-'
cultivés, et qu'un peu d'aridité ne rebute pas volution. Le livre de Montesquieu, s'il nous parle
mais aucun livre ne fait penser davantage, et il avec développement de l'antiquité, du moyen
faut dire à la décharge de l'auteur que s'il n'eût âge, des pays environnants, ne perd pas un mo-
adopté la forme rapide et sommaire, toute nerveuse ment la France de vue. Ne lui demandons pas de
et concentrée, qu'il a choisie, une longue série de faire directement la critique de ce qui existe en
volumes n'eût pas été de trop pour faire tenir tou- France ou de proposer des réformes directes. Le
tes les réflexions et toutes les pensées qu'il a en- philosophe n'est pas un pamphlétaire, et il plane
fermées en ce seul ouvrage. volontiers au-dessus des lieux et des temps. Ne
La durable valeur de l'Esprit des lois est non demandons pas davantage au baron de Montes-
pas dans la thèse contestable qui en fait l'apparente quieu d'être un partisan de la République; et qui
unité et qui est le système du livre elle est dans d'ailleurs, en 1748, pouvait en France prévoir la
les observations si précises, et presque toujours République de 1792? Montesquieu est fermement
profondes et fortes, qui le remplissent, sur l'anti- attaché à l'institution des castes sociales, et ne
quité, sur le moyen âge, sur les constitutions des dissimule pas son admiration pour le système féo-
divers pays. On peut dire que personne, plus que dal il n'a point confiance dans les capacités du
Montesquieu, n'a contribué à fonder l'histoire peuple à se gouverner lui-même, et l'exemple de
philosophique. Tout le mouvement moderne des la démocratie romaine est sans cesse présent à ses
sciences historiques est sorti de lui pour une part yeux mais s'il veut conserver et l'institution de.
considérable. Mais l'originalité véritable de l'ou- la noblesse et celle de la royauté, s'il estime que
vrage est dans ces chapitres qui précisément hors de là il n'est point de salut, et que le passé
étonnèrent et même scandalisèrent le plus les de la France doit régler son avenir, il demande à
contemporains: dans ceux où il signale le ca- la royauté de renoncer son pouvoir absolu, dan-
ractère relatif de toutes les institutions, des lois, gereux pour elle-même, oppressif pour tous il
des mœurs, de la moralité elle-même. Si étrange veut une noblesse qui ait conscience de ses devoirs
que paraisse la contradiction, on peut dire qu'au- aussi bien que de ses droits il réclame pour tous,
cun esprit ne fut à la fois plus systématique et paysans et vilains, les garanties de la liberté indi-
moins absolu que celui de Montesquieu. Le pre- viduelle. Il ne croit pas à la possibilité de fonder
mier il a bien montré comment il y avait en l'hu- actuellement en France une société durable sur
manité comme plusieurs humanités différentes, une autre base que celle des droits de l'individu.
comment les races, les habitudes, les climats Son idéal, il l'a vu en Angleterre c'est une royauté
divers, avaient amené aussi des organisations di- constitutionnelle, qui réunit à la fois les avantages
verses des sociétés, établi ici une forme de gouver- des trois seules formes théoriques de gouverne-
nement et là une autre, amené à considérer ment, la monarchie, l'aristocratie, la démocratie,
comme le devoir la pratique de telles ou telles et rend le progr&s possible, avec lenteur, mais
vertus, parfois même de tels ou tels vices aussi sécurité, sans aucune de ces secousses ou aucun
c'est presque toujours pour ne pas connaître suf- de ces redoutables entraînements où peut som-
fisamment les conditions d'existence des époques brer la fortune, la vie même d'une nation.
ou des contrées qui diffèrent de la nôtre, que nous C'est cette partie du livre de Montesquieu que
condamnons si sévèrement les pratiques qui y sont retinrent surtout les contemporains. Les réfor-
observées. C'était cette pensée déjà qui avait ins- mes qu'il avait indiquées dans l'ordre judiciaire,
piré les Lettres persanes, et c'est elle qui domine dans l'ordre constitutionnel, dans l'ordre civil,
l'Esprit des lois. Montesquieu, on le voit, demeu- dans l'ordre administratif et économique, devin-
rait Mêle à lui-même. rent comme le programme du parti libéral, du-
Cette conception de l'histoire est le grand hon- rant la seconde moitié du siècle. Sous la forme
neur de Montesquieu. On remarquera qu'aujour- contenue, sereine et hautaine d'un dogmaticien
d'hui elle n'est plus guère contestée. Il fut, de son doctrinaire, il n'était pas difncile de sentir, dans
temps, à peu près seul à l'avoir. Le caractère de l'ouvrage de Montesquieu, un ardent amour de la
l'esprit français a toujours été volontiers absolu liberté et des droits individuels, une commiséra-
jamais ce défaut ne fut plus sensible qu'au xvm* tion profonde pour tous les humbles et les oppri-
siècle. Il suffit de lire les livres des plus grands més la conviction que le jour de la justice pou-
esprits d'alors, et particulièrementle magnifique vait être amené pour eux sans compromettre
Essai sur les M<BM~ de Voltaire lui-même, pour l'équilibre d'une société vieille déjà de plusieurs
voir combien il était difficile à un Français d'alors siècles. Les hommes qui, comme Malesherbes et
de comprendre ou d'expliquer ce qui choquait sa Turgot, essayèrentde réconcilier la royauté et la
raison, et de quel service la science moderne est nation en extirpant les abus, furent des disciples
redevable à Montesquieu. véritables deMontesquieu.
Un autre mérite original de l'Esprit des lois, Quinze ans environ après le livre de Montes-
c'est d'avoir bien marqué, dans la vie des na- quieu, un autre livre de philosophie sociale parut:
tions, l'importance du rôle de la richesse, les ef- le Contrat social de Rousseau. Fils d'une petite
fets du commerce, la place des échanges. C'est république, Rousseau fondait toute l'organisation
l'avènement de l'économie politique dans l'his- politique sur la souveraineté populaire, et la
toire, dont elle est. un facteur si considérable. Les souveraineté populaire directement exercée. Le
historiens jusqu alors s'en étaient peine doutés. livre de Montesquieu devait conduis à la ré-
forme politique celui de Rousseau à la révolu- bienfaiteur inconnu: Montesquieu le repousse,
tion. A partir de ce jour, la lutte fut entre les disant qu'il ne sait de quoi on lui parle. Ce fut
deux écoles. On l'a dit bien souvent l'Esprit des seulement à la mort de Montesquipu que l'on
lois fut l'évangile de la Constituante, le Contrat trouva sur ses livres l'envoi d'une somme de sept
<o<ta< fut celui de la Convention. La Constituante mille livres à un banquier anglais de Cadix, et que
proclama les droits individuels et établit la l'on sut par celui-ci que la somme avait servi à
royauté constitutionnelle. On sait comment et payer la rançon du négociant marseillais Robert.
pour quelles causes multiples la réforme de Il ne suffit pas sans doute d'avoir l'âme généreuse
fAssembtée constituante échoua. Il ne resta plus pour écrire l'E.tpft< des lois; mais on est toujours
qu'à faire la révolution. Sur la ruine de la mo- heureux d'apprendre qu'un grand homme a ctn
-narehie constitutionnelle s'éleva avec la Républi- humain, et que le cœur s'est trouvé chez lui à la
que la souveraineté populaire. hauteur de l'intelligence. [ChartesBigot.]
Nous sortirions du cadre de cette étude en recher- MORALE. – Psychologie et Morale,XVIII.
chant si ce fut un bien ou un mal que la réforme On peut dénnir la morale, la science des principes
rêvée par Montesquieu n'ait pu s'accomplir. Aussi ou du principe par lequel doit se diriger la vo-
bien les philosophes proposent dans leur cabinet lonté de l'homme.
et les événements disposent. Il est souvent hasar- Nous disons que la morale est une science. Il
deux, et plus souvent inutile, de rechercher si ce ylesa des faits appelés moraux dont l'existence et
qui s'est accompli eût pu ne pas s'accomplir ou caractères sont universellement reconnus.
t'accomplir autrement. Il est temps de revenir à Certaines actions sont jugées moralement bonnes,
Montesquieu lui-même, et il nous reste peu de d'autres moralement mauvaises; auteurs ou té-
choses à dire. moins, soit des unes, soit des autres, nous éprou-
tt avait achevé l'œuvre de sa vie et mené à bien vons des sentiments divers; nous admettons que
la tâche entreprise.Il était comme épuisé lui-même l'homme a des devoirs à remplir, qu'il mérite
de ce prodigieux effort de vingt longues années. A d'être récompensé s'il les accomplit, puni s'il les
partir de 1148, il ne prend plus que rarement la viole. Autant de faits que la science des ma°M)'s
plume en 1750, pour écrire une courte Défensede ou morale constate, explique, et se propose de
f reprit des lois, contre certaines critiques vio- ramener à l'unité d'un système.
lentes en 175), pour envoyer le fragment de ty- Nous disons de plus que la morale est la science
«Ma~Me à l'académie de Nancy qui l'avait appelé des principes ou du t~'t'mct~e par lequel doit se
dans ses rangs; en f!M, semble-t-il, pour composer diriger la volonté de l'homme. En effet, toute règle
le roman d'~r~nn et Isménie,publié en 1783 seule- de conduite est un principe d'action qui s'appli-
ment par son fils, et où se trahit une imagination que à un grand nombre de cas particuliers.
,affaiblie. Il songeait à écrire une relation de ses C'est un principe, par exemple, qu'il faut être
voyages; sa vue, qui n'avait jamais été bien forte, fidèle à sa parole, c'en est un autre qu'il faut
baissait il était devenu presque complètement pardonner les injures, etc. Autant de devoirs,
aveugle. tt partageait désormais son temps entre autant de principes. Mais ces principes, dans leur
Paris, où il était fort recherché et comptait de multiplicité presque indéfinie, doivent pouvoir se
fidèles amitiés, et son château de la Brède. Ce fut subordonner les uns aux autres, et se rattacher &
& Paris que la mort vint le prendre le 10 février un principe suprême, dont ils ne sont que les
HM. Une fièvre inflammatoire,qui lui laissa jus- conséquences et comme les déductions néces-
qu'à la dernière heure la lucidité de l'intelli- saires.
gence, l'enleva en quelques jours. H avait un peu La science de la morale a pour objet de déter-
plus de soixante-six ans. miner cette hiérarchie de principes et de formu-
La vie d'un homme commeMontesquieu est tout ler celui duquel tous empruntent leur valeur et
entière dans ses livres. Il avait vécu pour étu- leur autorité.
dier, penser, réfléchir. Il avait pris la meilleure Ces principes, ou ce principe, disons-nous
part d'action, celle qui est durable. L'humanité encore, doivent diriger la volonté de l'homme.
cependant aime les petits détails sur les grands Le caractère essentiel de la volonté, c'est la li-
hommes, et désire connaître la personne et le berté.
caractère de ceux qu'elle admire. Ajoutons donc La conciliation du libre arbitre humain, soit
ici quelques-uns de ces traits. Montesquieu, dans avec le déterminisme des phénomènes de la natu-
sa jeunesse, avait aimé le plaisir. Au fond l'étude re, soit avec la prescience et la providencedivines,
fut sa seule passion « Je n'ai jamais eu, disait- peut présenter au métaphysicien des difficultés
il lui-même, de chagrin qu'une demi-heure de presque insolubles mais pour le psychologue et
lecture n'ait dissipé. Il n'était pas indifférent à le moraliste, la liberté est un fait que le senti-
l'argent; on l'a accusé d'avoir été un voisin proces- ment intérieur atteste avec une irrrésistible clar-
sif et un seigneur qui n'entendait pas qu'on Mu- té. Nous sentons que nous sommes libres, c'est-à-
chàt à ses droits. Mais ce qu'il faut ajouter, dire que nous pouvons choisir entre tel ou tel
c'est que, rigide sur le chapitre de ses droits, il motif d'action, vouloir ou ne pas vouloir, et cela
était aussi un seigneur sans morgue et charitable. suffit pour établir notre responsabilité.
On a cité souvent, entre beaucoup d'autres, un Si la liberté est proprement la possibilité de
trait de sa bienfaisance. Un jour, à Marseille, ayant choisir entre deux ou plusieurs motifs, il faut,
pris une barque pour se promener dans le port, il pour que la liberté se détermine, qu'il y ait une
remarque que les mains de son batelier sont bien raison de ce choix. Tous les motifs ne sauraient
blanches pour le métier qu'il exerce. Il l'inter- donc avoir une valeur égale. Or, les motifs se
roge, il apprend qu'il est ouvrier joaillier de son ramènent facilement à trois, qui sont le plaisir,
état, fils d'un négociant de Marseille que les cor- l'intérêt, le devoir, ou, en d'autres termes, l'a-
saires ont pris et emmené à Alger. Joaillier la gréable, l'utile, l'honnête.
semaine, le dimanche le fils se fait batelier pour On agit en vue du plaisir, quand on ne se pro-
soutenir la famille et amasser s'il se peut la ran- pose qu'une satisfaction immédiate de la sensi-
çon du père. De retour sur le quai, Montesquieu bilité, quelles qu'en doivent être d'ailleurs les
jette sa bourse au jeune homme et se dérobe. Quel- consonances. Le motif du plaisir n'implique
que temps après la famille marseillaise est surpri- qu'un faible degré de réflexion il est à peu près
se de voir revenir le père et apprend que sa rançon purement instinctif, et reçoit ordinairement le
a été payée. Montesquieu, plus tard, revenant à nom do mobjle.
Marseille, est reconnu par le jeune homme, qui se On agit par intérêt, quand on recherche, non
précipite vers lui, ne doutant pas qu'il soit leur un plaisir immédiat, passager, et que suivra peut-
durable, mais la pas responsable, avant un certain âge. It semble
~tre une douleur intense et de p:
l'ivresse devraient abolir de même
somme la plus grande possible satisfaction, ac- que la passion,
qi
subsiste, bien qu'a-
quantité possible de la responsabilité mais elle
tompagnée de la moindre moindrie peut-être, il dépendait de la volonté
peine. On voit ainsi que celui qui se détermine m car
prendre soit à la passion, soit à
nécessairement un calculateur. U de ne pas laisser
par intérêt estles conséquences plus ou moins des
d. habitudes funestes, une force qu'elle devient
réfléchit sur à la longue à peu près impuissante à combattre.
probables, plus on moins lointaines de actes
ses
plus ou Nous avons dit précédemment que la loi morale
il embrasse, par la rénexion, une période ici la spon- est absolue et obligatoire. On lui attribue ordi-
moins longue de l'avenir. Ce n'est plusl'intelligence e:
de l'uni-
tanéité du mobile instinctif c'est modérant les nairement n un troisième caractère, celui esprits les
d'elle-même, versalité.
v Si la raison révèle à tous les
-en pleine possession vérités nécessaires, la loi morale, raison
impulsions d'une sensibilité aveugle, mais ten- mêmes n
pratique, doit-elle imposer les
ou
mêmes or-
.dant en réalité, et par une voie plus sûre, au p ne pas
dres à toutes les volontés''Pourtant il est difficile
même but que celle-ci, savoir, le plaisir ou tout au de d
d contester que d'un peuple à l'autre, d'une épo-
moins l'absence de douleur. à une autre époque, ne se manifestent des
Tout autre est le motif du devoir, ou motif qque profondes dans les jugements moraux.
moral. Il se manifeste dans la conscience par divergences
d
apposition avec les deux précédents. Régulus Le
1 sauvage commet sans scrupule des actes qui
s'est engagé reprendre ses chaines s'il échoue ):pour nous sont abominables où donc retrouver
~tans la mission que lui a confiée le sénat deCar- dans
c l'histoire cette unité morale de l'espèce
épou- humaine dont parlent certains philosophes ?2
thage il sait quels supplices l'attendent 1
du pôle, dit Pascal,
vantée par l'aspect de la douleur, sa sensibilité «achangent toute d'élévation
Trois degrés
la jurisprudence.Plaisante jus-
lui crie de violer sa parole. Sa femme, ses en- <
avoir ttice qu'une rivière borne Vérité en deçà des
fants, ses amis, sa patrie même qui peut delà!
besoin encore d'un général longtemps victorieux, 1Pyrénées~ Sans
erreur au
discuter a fond cette objection, ce qui
-unissent leurs prières ne semble-t-il pas que
l'intérêt (tel au moins que l'entend un vulgaire nous entralnerait trop loin, contentons-nous d'ob-
server que si la raison est le privilège développée de l'huma-
égoisme) soit ici d'accord avec la sensibilité? elle est loin d'être également
Mais non il a juré, et le devoir commande de ne nité, chez les hommes. De même en est-il de la
Sur un théâtre tous
pas manquer à son serment. tra- conception d'une loi morale. Les difficultés de
plus humble, dans des circonstances moinsd'une matérielle, l'obligation d'une lutte de
giques, s'impose à chacun de nous, et plus choix l'existence
Ma pendant le cours de sa vie, le même tous les instants contre une nature ennemie,
-fm'& Régulus.
l'ignorance, la superstitionpeuvent maintenir in-
Les motifs du plaisir et de l'intérêt sont égoïs- dénniment à l'état embryonnaire les facultés su-
de périeures de l'âme. Pourtant, même chez les
tes, car ils n'ont en vue que la satisfaction peuplades les plus dégradées se retrouve la cons-
~individu. Le motif du devoir est désintéressé, cience morale, avec ses traits essentiels. En fait,
car il commande surtout la sacrifice du bonheur,
de la vie même; seul encore, le motif moral est[ dit M. Henri Joly, la générosité, la clémence, la
parole donnée, voilà des
obligatoire. Il faut entendre par là qu'il s'impose véracité, la foi dans la des exemples nombreux
la liberté sans la contraindre.Il apparait comme vertus dont on trouve
dans les populations les plus grossières. LM
un ordre, absolu,deinconditionnel; il est, pour
les plus récents et les plus authenti-
parler le lansage Kant, un impératif catégori- témoignages
que. Il ne dit pas fais intérêt ceci, pourvu que tu yr ques des voyageurs sont unanimes sur ce point.
mais fais ceci, Avec civilisation, la notion du bien et du mal
la
trouves ton plaisir ou ton
busses-tu en souffrir, dusses-tu en mourir. Le noblecroît en précision, en clarté, en délicatesse.
pillage et le brigandage, autrefois privilèges
<' Le
des
adage fais ce que dois, advienne que pourra, héros, le refuge des malfaiteurs et
exprime d'une manière populaire et d'impératif saisissante sont devenus
f en même temps la propriété est devenue plus
ce que Kant traduit par les deux mots accessible à tous et de mieux en mieux garantie.
catégorique.
Le motif moral, qui ne saurait venir, ni de laa L'esclavage sous toutes ses formes, ainsi que les
sensibilité, ni de la réflexion apptiquée auxx cruautés exercées sur la conscience au nom de la
possiblee foi, ne sont déjà plus que des souvenirs. Le
moyens d'acquérir plus grande somme ines, nee pillage, le massacre des vaincus, la réduction des
de jouissancesavec la moindre sommede peconcevoir empoisonnées,
~peut avoir sa source que dans la faculté de r prisonniers en esclavage, les armesplus aétries et
l'absolu, l'inconditionnel c'est la raison. Le mo- les courses, ont été de plus en
d'épaves et le droit
tif moral, puisqu'il commande, est une loi et!t condamnées, comme le droit
s d'aubaine et autres restes de l'état barbare. »
cette loi a son fondement dans la raison. Disons H Joly.) S'il n'est pas rigou-
mieux, elle est la raison même en tant qu'ellee (P. Janet, cité pardeM.dire
éclaire et dirige la volonté, ou, comme dit Kant, reusement exactt, avec Socrate
il
et Platon
reste vrai
la raison pt'n~Me.. que nul ne péche que par ignorance, plus porté à
~insi, d'nne part, la liberté, capable de choisir~r néanmoins que l'homme est d'autant
loi de cettee faire le bien qu'il le connaît mieux et qu'en géné-
entre plusieurs motifs, d'autre part, la loi e, ral le progrès de la moralité est proportionnel à
liberté appelée raison pratique ou morale,
telles sont les deux conditions essentielles dee celui des lumières. Instruire, c'est moraliser.
Nous déterminé l'existence et les carac-
!a science des mœurs. Les êtres raisonnables et Jt avons
libres sont seuls susceptibles de moralité. 's Les tères de la loi morale; il nous reste à en recher-
ts cher l'essence et la formule. Dire
qu'elle est
partisans de la doctrine évolutionniste n'ont pas le bien d'éviter le mal, ce
réussi à prouver que les animaux inférieurs à l'obligation de faire et
l'homme soient, même au plus faible degré, des es n'est pas assez, car on
demandera ce que c'est
êtres moraux il faudrait pour cela qu'ils eussent tt précisément que le bien et le mal. Une sorte
établi que l'animal est raisonnable et libre, et d'instinct, qu'on appelle sens moral, nous révèle
sans doute, avec une clarté ordinairement sut-
cette démonstration, ils ne l'ont pas fournie. la pratique, quelles actions sont
Par suite encore, toutes les causes qui altèrent at fisante pour
liberté et la raison, n bonnes,qu'on quelles autres mauvaises; mais la science
ou détruisent dans l'homme la rende compte de ces révélations
détruisant ou diminuent sa responsabilité. Telles es exige
ramène a leur principe.
sont la folie, l'idiotie, certaines maladies nerveu- u- mêmes, qu'on les
ses, la sénilité extrême, etc.; l'enfant non plus n'est
st Plusieurs systèmes ont été proposés. Pour les
uns, la loi morale a son fondement dans la vo- leur maxime célèbre il faut vivre conformément
lonté divine. Sa formule serait ainsi obéis aux à la nature. Ce qui constitue la nature d'un être,.
commandements du souverain législateur. Ces c'est ce qui l'achève, )e rend parfait la vraie nature
commandements, Dieu tes aurait gravés lui-même de l'homme n'est donc pas la sensibilité inférieure,
dans la conscience humaine, ou exprimés direc- qui lui est commune les animaux, mais ht
tement a certains élus, chargés par lui de les raison et la liberté. Vivreavec
conformémentà la nature
transmettre et de les interpréter au reste du genre que conçoit l'idéal du vivre conformément an
humain. Une telle doctrine est au moins dénuée bien, à la perfection,sage, autant de formules identi-
de preuves philosophiques. La volonté de Dieu ques de la loi morale.
nous est impénétrable. Nous affirmons qu'il ne Le devoir consiste à obéir en tout et partout &
peut rien vouloir de contraire à la loi morale, cette loi. Le droit n'est en moi que l'obligation
mais parce que nous connaissons cette loi immé- pour autrui de respecter ma liberté dans ses ma-
diatement et par elle-même, et qu'il est contra- nifestations légitimes. Le respect du droit d'autrut
dictoire avec lidée d'un être parfait qu'il puisse s'appelle la justice.Quand, non content daf ne pas
vouloir le mal. Loin d'être le principe de la loi noire à mon semblable, le fais en sorte d'écarter
morale, la volonté divine ne saurait en être que tous les obstacles qui ~opposent au plein déve-
l'expression. D'antres, ce sont les utilitaires, ont loppement de sa liberté, souffrance, misère, igno-
prétendu ramener la loi morale soit a l'intérêt rance, etc., que je travaille selon mes forces à son
particulier, soit à l'intérêt général. Mais l'intérêt, bonheur, je dépasse la justice j'atteins la charité.
si bien entendu qu'on le suppose, n'est point Nous avons dit que la pratique du devoir exige
obligatoire; et c'est par là, nous l'avons vu, que souvent des sacrifices pénibles pour la sensibilité.
l'utile se distingue de l'honnête. Sans doute, en Néanmoins il est contradictoire aux yeux de la
un sens très élevé, l'intérêt suprême pour l'indi- raison que ]o malheur soit la conséquence de la
vidu c'est de faire son devoir, et Cicéron a montré vertu. Nous affirmons invinciblement que quicon-
admirablement l'identité fondamentale de l'hon- que fait le bien doit tôt ou tard en être récompensée
nête et de l'utile; mais cette sorte d'intérêt qui pourvu que l'espoir de cette récompense n'ait pas
peut exiger jusqu'au sacrifice de tout bonheur été le motif principal et déterminant de sa con-
terrestre n'est pas celle qu'entendent les parti- duite. On appelle mérite ce droit au bonheur ac-
ons de système égoïste (Epicure, Hobbes, Hel- quis par un être à qui rien n'a coûté pour accom-
vêtius). plir la loi morale. Le démérite qu'on
Quant à l'intérêt général, ou, selon la formule appeler le droit à la punitionest ce celuipourrait qui l'a
de Bentham, le plus grand bonheur possible du violée. pour
plus grand nombre possible, il ne peut avoir évi- Les sanctions d'une loi les peines et le~
demment d'autres caractères que ceux des inté- récompenses attachées à lasont pratique
rêts particuliers dont il est la résultante et la tion de cette loi. La loi morale a différentes ou à la viola-
synthèse. Outre qu'il est très difficile à détermi- de sanctions. sortes
ner, il lui manque, à lui aussi, d'être obligatoire La vertu, c'est-a dire la pratique constante et
en soi. Que si parfois nous sommes moralement habituelle du devoir, est accompagnée d'une satis-
tenus de subordonner notre utilité individuelle à faction profonde, d'une sérénité d'âme
celle du plus grand nombre, c'est en vertu d'un Le coupable, an contraire, est, selon lainaltérable. gravité de
principe supérieur à l'utilité, fût-ce celle de tout la faute, mécontent de soi déchire de remords.
le genre humain. Fonder la morale sur l'intérêt ou
La santé la maladie, conséquences ordinaires
public, c'est justifier, c'est glorifier tous les crimes de la vertuouou du vice, l'estime
qu'enregistre l'histoire au nom de la raison d'Etat. nos semblables, les châtiments prononcés ou le mépris de
Il est bien vrai qu'en fait le plus grand bonheur tribunaux humains, autant de sanctions plus par les
du plus grand nombre possible ne saurait être moins efficaces. Mais toutes sont insuffisantes, ou
mieux assuré que par la pratique universelle de la car l'intensité du remords est presque toujours en.
loi morale; mais il s'agit ici de principes, et théori- proportion inverse de la perversité du criminel;
quement, ils restent profondément distincts.'(Les une constitution vigoureuse peut résister à toutes.
représentants les plus émine'nts du système de les débauches, l'estime et le mépris
l'intérêt général sont, depuis Bentham, Stuart garer sur de fausses apparences; enfin peuvent s'é-
Mill, Bain, H. Spencer, Darwin.) la justice
des hommes, toujours faillible, ne recherche et
Selon nous, l'essence véritable de la loi morale, punit que les actes qui compromettent l'ordre
c'est une conception idéale que nous nous formons ne et la sécurité sociale. De là, aux yeux des plus
nécessairement de l'humanité, à l'occasion et à grands moralistes, tels Platon et Kant, la.
propos de notre propre conduite ou de celle des nécessité d'une sanctionque définitive dans une vie
autres. Sommes-nous témoins des emportements ultérieure c'est le fondement le plus solide de la
de la colère, de la vengeance? nous concevons le croyance à l'immortalité de la
type d'un homme maître de lui-même, capable de personne humaine.
Nous n'insisterons pas sur cette partie de la.
pardonner l'injure: aux excès d'une basse sensua- morale qu'on appelle morale particulière,
tité, nous opposons )e modèle de la sobriété et de n'est que l'exposition méthodique des principaux et qui
la tempérance, à la lâcheté. le courage, à la dureté devoirs qui s'imposent à l'homme. Contentons-
d'un cœur que ne peuvent émouvoir les souffran- nous de rappeler les grandes divisions générale-
ces d'autrui, la bienveillance, la philanthropie, la ment adoptées Morale individuelle, ou devoirs de
chanté. C'est d'après cet homme idéal que nous l'homme envers Jui-même (devoirs
nous jugeons nous-mêmes et que nous jugeons corps fortifier, développer le corps pour envers son
faire
nos semblables. A toutes les époques, à tous les un serviteur docile de l'intelligence et deenla
degrés de civilisation, l'humanité s'est ainsi re- lonté, interdiction du suicide devoirs vo-
présentée une image plus parfaite d'elle-même, envers son
âme: cultiver les diverses facultés conformément.
et i) y a progrès dans ces conceptions successives à la loi du bien)
de 1 idéal moral. Mais toujours et partout s'impose de c
– Morale domestique, ou devoirs
l'individu dans la famille; Morale sociale ou
à elle l'obligation d'y tendre de plus en plus. C'est devoirs de l'homme l'Etat, envers l'huma-
( envers
là proprementla loi morale, que l'on pourrait for- nité (justice et charité); Morale religieuse,
muler ainsi efforce-toi de réaliser par ta conduite ]devoirs ou
c de l'homme envers Dieu. On admet quel-
le type de l'humanité que tu portes en toi-même quefois,
sous le nom de morale réelle, classe
ou plus simplement encore efforce-toi d'être sspéciale de devoirs envers les choses etune
(
2 4 6 8 10 I? 14 16 18 1752233
20055~2
100)2'!6
3 6 9 12 15 18 XI 24 27 'lu~3U5H7M
.r.
MFSACEES. – Botanique, XIV.
mot .iMtts'a~'fs est tiré du mot latin
quolondésigncles bananiers.
800
[H. Sonnet~
Etym.
MMM par le-
le
1~
cloisons très épaisses, qui s'ouvre à la maturité
en trois valves. La structure des paroi" ~e ta ca-
psule des V~t~tM~! est des plus compliquées.
Les Z~~Mt'acc'M se distinguent des Musacées
par ce fait que toutes les pièces de leur androcée
sauf une seule sonttransforméesen lamelles folia-
D~M!'<!0~. Les Musacées sont des végétaux
monocotylédonéscaractérisés par leur fleur irré- cées. La dernière pièce de l'androcée est une éta-
gulière hypogyne avec une ou plusieurs étamines mine régulièrement constituée. Les Zingibéracées
stériles. Presque tous les botanistes réunissent ont de plus leurs ovules disposés sur deux rangs
aux Musacéesles familles des Zt'n~M~C)~ et des dans chacune des loges de leur ovaire.
Cannacées, pour former la classe des Sc~ammecs. La graine des Zingibéracées présente souvent
Eu égard à l'utilité majeure que présentent les un arille son spermoderme s'élève aussi l'é- en
plantes de ces deux dernières familles, nous fe- forme de bourrelet autour du micropyle. Vu
rons aussi connaître leurs caractères principaux paisseur excessive du tégument do la graine,
par comparaison avec ceux des Musacées. celle-ci demeure entière au moment de la germi-
Ca)-a'e<MAo/a?:t~MM.–Lesgraines des Mu- nation l'embryon doit, pour se trouver en liberté,
saeées-sont ofOtdes ou triangulaires; elles pré- soulever une sorte de petit couvercle conique
sentent souvent un arille charnu ou membraneux produit par une transformation des plus singu-
(~at;e?:a/r<), ou poilu (!7w:<:); dans ce dernier lières des bords du micropyle. Les graines des
Zingibéracées oht un double albumen. L'albumen
cas, l'arille est très vivement coloré en bleu cé-
leste ou en rouge de Saturne c'est un organe externe ou périsperme est de nature amylacée
destiné à favoriser la dissémination des graines. il correspond à l'albumen des Musacées l'albu-
Le tégument séminal de ces graines est extrême- men interne est de nature charnue, huileuse
ment épais, très solide, et fréquemment relevé c'est le véritable albumen, celui qui se produit
en manière de bourrelet autour du hile sous le autour de l'embryon dans l'intérieur même du
spermoderme, on trouve un albumen farineux, sac embryonnaire.
blanc, très volumineux,qui doit son origine aux ma- Les Zingibéracées ont souvent des rhizomes
tières nutritives qui se sont accumulées dans les dé- souterrains, rampants et vivaces, qui émettent de
bris du nucelle de l'ovule nous avons donc ~S'aire distance en distance des tiges aériennes ou des
dans ce cas à un périsperme l'albumen véritable hampes florales. Les autres caractères des Zingi-
fait défaut. Au sein de cette réserve nutritive de btracces ne diffèrentpas des caractères correspon-
nature amylacée, nous remarquons un embryon dants des Musacées.
plus ou moins allongé, mais toujours droit. Les Cannacées sont des Zingibéracées dont
La germination des graines des Musacées de- l'étaminefertile est à demi stérilisée, c'est-à-dire
mande, pour s'accomplir, un temps considérable. que l'une des loges de l'anthère des Zingibéracées
La tige des Musaeées se réduit à une hampe demeure stérile; l'étamine elle-même est trans-
florale qui présente, vers sa partie supérieure, formée en une sorte de languette foliacée. Le
une inflorescence très chargée de fleurs, et, tout
style des Cannacées diffère aussi de celui des
à fait à son extrémité, un gros bourgeon charnu Zingibéraeêes par sa forme en languette. L'em-
utilisé souvent comme légume, et qui, très sou- bryon des Cannacées est courbé en cercle, tandis
vent aussi, sert à multiplier tes Musacées par que celui des Musacées et celui des Zingibéracées
bouture. La tige ou hampe est enveloppée par les sont droits. La graine des Cannacées ne présente
gaines persistantesdes feuilles. qu'un seul albumen amylacé, qui correspond à
Les feuilles sont alternes, pétiolées, simples, l'albumen externe des Zingibéracées. La graine
entières, très volumineuses; chacun sait en effet du 7'0:a! dealbata, une Cannacée, mérite une
bananiers
que les nègres utilisent les feuilles demédiane mention toute spéciale à cause du singulier
pour couvrir leurs cases. La nervure de organe disséminateur dont elle est pourvue.
ces feuilles est très épaisse; elle émet latérale- Dans l'épaisseur de l'albumen de cette graine,
ment des nervures secondaires très fines, paral- on trouve deux canaux demi-circulaires pleins
lèles entre elles. d'air; ces deux canaux communiquent entre
Les racines des Musaeées sont presque toutes eux dans la région du hile. la Tout cet appareil
des racines adventives; elles sortent, de très est disposé de telle façon que graine du Tha-
étant placée dans l'eau, vient ilotter à la sur-
bonne heure, de toute la région inférieuM de la liquide.
tige. face, le hile sortant notablement du
fleur présente de dehors en dedans: )" un De la sorte, la graine peut nager pendant assez
périanthe formé de six pièces très différentes les longtemps. A l'état sauvage, les Ï~"</K: habitent
unes des autres, comme dimensions, comme forme les bords des lacs peu profonds. Leurs graines
et comme coloration. Les six pièces de ce périan- mûres tombent dans l'eau, puis viennent nager à
the sont disposées sur deux rangs, et toutes sont la surface du liquide.deLes vents et les courants
graines. Les exem-
insérées au sommet même de l'ovaire 2° un an- assurent la dispersion ces
drocée formé de six pièces, disposées, elle« aussi, ples de graines pourvues de vessies natatoires sont
sur deux rangs au sommet dedes l'ovaire. Des six extrêmement rares dans la nature actuelle; à l'é-
pièces de i'androcée, cinq sont étamines nor- poque houillère, au contraire, on connalt de très
malement constituées; la sixième est une foliole nombreux exemples de plantes pourvues de ces
de form( variée :<° un gynécée formé par un ovaire ampoules natatoires destinées à assurer la dissé-
infère à trois carpelles: cet ovaire est lui-même mination des graines par l'eau.
surmonté d'un style très long terminé par un stig- f.Mf/M des Sc~amt'nëM. Toutes les Scitami-
mate globuleux triiobé. Lea ovules sont anatro- nées sont des plantes originaires des régions tropi-
ales du globe. Les Musa on Bananiers sont origi- du spermoderme des graines de certains Cn~Ma
naires de l'ancien continent ils ont été importés une matière colorante pourpre d'une très bcUe
en Amérique et sont maintenant cultivés dans couleur. [C.-E. Bertrand.~
toutes les régions chaudes du nouveau continent. MUSIQUE. La musique est l'art des sons.
Le fruit des Bananiers fournit à l'homme un ali- Pour lire la musique et comprendre cette lec-
ment farineux sucré qui, par la fermentation, ture, il faut connaltre les signes au moyen des*
donne une boisson rafralchissante rappelant le quels on l'écrit, et les lois qui les coordonnent.
pu)qne des Mexicains la moelle de leur tige et L'étude de ces signes et de ces lois est l'objet de la
le bourgeon terminal de leur inflorescence se Théorie de la musique.
mangent cuits en guise de légumes. La culture Tous les signes se placent sur la portée. qui est
des Bananiers n'est pas moins importante entre la réunion de cinq lignes parallèles et horizon-
les tropiques que celle des céréales et des tuber- tales. L'espace compris entre ces lignes se nomme
cules farineux dans les régions tempérées. On es- interligne. Les lignes et les interlignes se comp-
time qu'un plant de Bananiers peut fournir par an tent de bas en haut. ~.r.
jusqu'à trois régimes de fruit, chaque régime
pesant T! kilogrammes on arrive ainsi à calculer
qu'un hectare de Bananiers produirait annuelle-
ment environ 200000 kilogrammes de bananes
sous l'équateur. A la Nouvelle-Grenadele rende-
ment moyen des Bananiers est encore de 700M ki-
logrammes à l'hectare. Des pétioles des Bananiers,
on retire une filasse dont les nègres font un fil I. SIGNES EMPLOYAS POUR ÉCRtRE LA MUSIQUE
très estimé. principaux. Les signes principaux au
Le Ravenala KMd'ayasearte~M.dontlenom po- A. Signes
moyen
pulaire est l'Arbre du voyagent, tire ce dernier no!es; desquels on écrit la musique sont 1° les
2° les clefs; 3" les silences; 4" les
nom du fait suivant les feuilles du Ravenala altérations.
engalnent la tige et forment autant de réservoirs LES xoTES. Les notes représentent des durées
dans lesquels la rosée s'accumule en perforant des
et MM.
avec une vrille la base de la feuille, on voit s'é- Selon leurs ditTérentes figures, les notes expri-
couler une eau limpide et fralche qui permet au des durées différentes. Selon leurs diffé-
ment
voyageur d'étancher sa soif. Les graines du Rave- rentes positions sur la portée, tes notes expri-
nala, broyées et cuites avec du tait, fournissent ment dos sons diïférentft.
aux habitants de Madagascarune bouillie dont ils des durées). Il y a
sont très friands. Les arilles bleus do ces mêmes
employée à Madagascar contre les attaques de
rhumatisme.
Ft~urM des notes
blanche F'
C', la
1~
!!0<M qui sont la
graines donnent une huile volatile abondante très sept figures de Ttoo'e r la croche Cla
ronde
L'
la
0, la
double
.r.
)e?!<e~ figures, les silences expriment la durée
plus ou moins longue de cette interruption.
Figures des silences. Il y a sept figures 6f< Ce triolet de croches équivautà une noire.
silence, qui sont la paMe la demi-pause Un triolet peut ne pas former un groupe de
le soupir le demi-soupir le quart de sou- trois notes égaies, pourvu que la ~onït~e de ses
durées soit équivalente & celle des trois notes éga-
pir le /tM:<MMe de ~oMp:)' le MMië~e de les. Le silence peut aussi faire partie d'un triolet
!OMpi)'
On nomme double <)'!<-<M, sizain ou sextolet, La gamme diatonique est donc composée de cinq
l'union en un seul groupe de deux <)-;o~/< M!M?M. tons et deux demi-tons. Elle peut commencer par
Au lieu d'indiquer par un 3 chacun des triolets toute autre note que la note ut.
séparés, on indique le </ou&~ trio/et par un 6
placé au milieu du groupe entier. Ex.
/)f< <<M <OH. Un ton peut se diviser en
deux demi-tons. Entre deux notes séparées par un
ton, soit M<-r~, on peut faire entendre un son in-
termédiaire. De la note ut à ce son intermédiaire
il y a un demi-ton. De ce son intermédiaire à la
note t il y a un autre demi-ton.
LA UAîsott.
Ce son intermédiaire peut s'obtenir fen éle-
La liaison est un signe qui unit vant le son de la note inférieure par un dièse t
deux notes de tnAne son et presque toujours de (le dièse élève d'un demi-ton le son de la note
M~mc no' quelle que soit leur durée.
Elle indique l'adjonction de la valeur de la se-
devant laquelle il est placé)
conde note à la valeur de la première; on dit
alors que ces notes sont liées. Kx.
descendant lorsqu'on le mesure en partant du son Par le renversementles intervalles mineurs de-
aigu. L'intervalle est simple lorsqu'il n'excède pas viennent majeurs, les intervalles majeurs devien-
l'étendue d'une octave il est redoublé lorsqu'il nent mineurs. Les intervalles justes restent
excède l'étendue d'une octave. justes. Les intervalles diminués deviennent aug-
Qualification des intervalles. Les intervalles mentés, les intervalles augmentés deviennent di-
contenant le même nombre de degrés ne sont pas minués.
toujours égaux entre eux; ainsi les deux tierces ut- Ainsi le renversementd'une 3°° majeure est une
M! et M<-mt t' ne sont pas égales, puisque la pre- 6'" mineure. Le renversement d'une 4" juste est
mière contient deux tons et que la seconde con- une 5" juste.
tient seulementun ton et un demi-ton diatonique. UI. LA TONALITÉ. La tonalité est l'ensemble
des lois qui régissent la constitution des gammes.
Prise dans un sens plus restreint, la tonalité ou
le ton exprime l'ensemble des sons formant une
gamme diatonique.
On a vu que les huit notes formant la gamme
diatonique sont disposées ainsi: deux tons consé-
cutifs, un demi-ton, trois tons consécutifs et un
demi-ton.
Cette disposition est le résultat de la résonance
H y a donc plusieurs espèces de secondes, de naturelle des corps sonores. Cette gamme est en-
tierces, de quartes, etc. Pour distinguer ces dif- gendrée par les trois sons générateurs ut, fa et
férentes espèces, on emploie plusieurs qualifica- sol. Ces trois sons générateurs sont nommés pour
tions qui sont m:MeM' majeur et juste. La se- cette raison notes tonales, et occupent les l", 4*,
conde, la tierce, la sixte et la septième peuventet 5' degrés de la gamme.
être mineures et majeures. La quarte, la quinte Noms des degrés de la gamme. Chaque son
et l'octave peuvent être justes. peut être la première note, le premier degré d'une
gamme semblable à la précédente. Pour éviter
Composition des intervalles toute confusion., chaque degré, quel que soit le
i mineure. i demi-ton diatonique. nom de la note qui le représente, a reçu un nom
Secondes
(majeure. iton. particulierqui caractérise la position qu'il occupe
dans la gamme et la fonction qu'il y remplit.
Tierces. j mineure. ftonetidemi-tondîat.
'(majeure. 2 tons. Le t" degré se nomme tonique; le 2', sus-toni-
OM<t)'<< juste. ïtonsetidemi-tandiat. que; le 3', médiante; le 4", ~ou~om:'KaH<e;le 5'=,
juste. </om<')a'K<e; le 6*, sus-dominante;le T, note <eM-
"t
Quinte
c~~
r.M~
Octave.
mineure.
tmajeure.
juste.
i demi-ton diat.
3 tons et
ittonsetïdemi-tonsdiat.
(majeure. 4 tons et t demi-ton diat.
mineure.ttonsetidemi-tensdiat. gamme
i
&ton9<:t demi-ton diat. que
5 tons et 2 demi-tons diat.
st&/e;et!eS*, octave.
Gammes nouvelles. Pour former une nouvelle
gamme
notes
en prenant pour tonique une autre note
l'ut,
de
il faut que les notes de cette nouvelle
soient
la
disposées de la mémo façon que les
gamme d'ut; c'est-à-dire~ que les
demi-tons soient placés: le premier du 3* au 4*
Il y a encore lesquaIincationsde<!MMtn!~etd'a! degré, et le second du T au X*.
menté. A l'exception de la seconde, tous les inter- La nouvelle gamme formera alors le même
valles peuvent être diminués. Un Intervalle dimi- chant que celui de la gamme d'u~. Pour cela, il faut
nué a toujours un demi-ton chromatique de moins modifier le son de certaines notes en l'élevant ou
que le même intervalle juste ou mineur. l'abaissant au moyen des altérations (dièse ou
A l'exception de la septième, tous les intervalles bémol).
peuvent être augmentés. Un intervalle augmenté GammM~ contenant des notes diésées. La
a toujours un demi-ton chromatique de plus que gamme dont une seule note estdiésée est la gamme
le même intervalle juste ou majeur. de sol. La note diésée est ta. La gamme dont
On voit par ce qui précède qu'un intervalle tire deux notes sont diésées est la gamme de ré; les
son nom du nombre de degrés qu'il contient, et sa deux notes diésées sont fa et ut. La gamme
qualification du nombre de tons et de demi-tons dont trois notes sont diésées est la gamme de la;
qui séparent ces degrés. les trois notes diésées sont fa, ut et sol. La
Renversement des intervalles. Renverser un gamme dont quatre notes sont diésées est la gamme
intervalle,c'est intervertir la position respective de mi; les quatre notes diésées sont fa, ut, <o< et
des deux sons qui le forment, de façon que le son t'e; et ainsi de suite.
grave de l'intervalle à renverser devienne le son On voit: t'que les gammes qui contiennentdes
aigu du renversement. On opère le renversement notes diésées se succèdent par une pf09re<MO?t
d'un intervalle, soit en transposant le son grave ascendante de quinte en quinte; que chaque
de cet intervalle à l'octave supérieure, soit en en nouveau dièse se présente également dans l'ordre
transposant le son aigu à l'octave inférieure. ascendant de quinte en quinte.
Les intervalles simples peuvent seuls être ren- Armure ou armaturede la clef (en dièses). -Les
versés. dièses qui font partie d'une gamme (de la tonalité)
le
Dans renversement l'unisson devient octave, se placent dans leur ordre de succession, immé-
la 2"' devient T", 3"la devient 6", la 4" devient diatement après la clef, au commencement de la
5", la 5" devient 4", le 6" devient 3" la 7me de- portée, et sur les mêmes lignes ou dans les même.
vient 2* l'octave devient unisson. interlignes que les notes qu'ils altèrent.
diatonique du mode Ma;eM; ou, par abréviation
gamme majeure. Dans la gamme mineure, les
demi-tons sont placés différemment. En jetant un
regard en arrière sur la gamme majeure, on re-
marque 1" que la tonique et la médiante, soit M< et
tM: dans la gamme d'ut majeur, forment l'intervalle
de tierce ~M~'eMre, 2° que la tonique et la sus-
dom:n')n<e, sott M<a dans !a même gamme, for-
ment l'intervalle de sixte majeure.
Dans la gamme mineure Mtte tteree et cette
sixte sont MttteMre*.
La *M~on<e et la sus-dominante d'une gamme
majeure seront donc abaiMëe~ d'un demi-ton chro-
Léo dièses placés ainsi ferment l'armure de la matique pour former une gamme mineure par
-ctef (armure en dièses) et leur effet se continue suite de cette modiBeatwn de la tierce et de la
pendant toute la durée du morceau, à moins que sixte, la gamme mineure contiendra trois demi-
l'armure de la clef ne soit modifiée. L'armure de la tons diatoniques ptaeéa entre le 2* et le 3* degrés,
clef (en dièses) indique la tonalité dans laquelle entre le 5' et le 6*, et entre le 7' et le 8*.
La médiante et la sus dominante n'offrant pas,
M morceau est écrit: le dernier dièse affectant dans ces deux gammes, les mêmes rapports de dis-
toujours la note sensible, la tonique est. par con-
séquent, la note placée un demi-ton diatonique tance avec la tonique, constituent les caractères
au-dessus. Ainsi avec trois dièses à la clef qui distinctifs des modes, et pour cette raison pren-
sont fa, ut, et ïn/, le dernier dièM étant sol, la to- nent le nom de notes modales.
nique est la, demi-ton diatonique au-dessus. On Gammes re~a<!CM. On nomme gammes rela-
est donc, avec trois dièses, dans le ton de la. tives deux gammes n'ayant pas la même tonique,
Gammes contenant des notes bémolisées. La dont l'une est majeure et l'autre mineure, et qui,
gamme dont une seule note est bémotisoe est la toutes deux, sont formées des m<h?!M sons, ont la
m~me armure de la c/f/
gamme de fa; la note bémoiuée est si. La
Ainsi la gamme d'ut majeur a pour gamme rela-
gamme dont deux notes sont bémotisées est la
tive mineure la gamme de la.
gamme de si les deux notes bémotisées sont si
)~
Mais cette gamme mineure offre un point dé-
et mi. La gamme dont <roM notes sont bémoti- fectueux le 7* degré est & un ton du 8*,
sées est la tamme de mi ~) tes trois notes bémoli- et perd ainsi sa qualité de note sensible, puisque
sëes sont se, Mt et la. La gamme dont quatre la note sensible ne doit être séparée de la toni-
notes sont bémoUsées est la gamme de la b les que que par nn demi-ton diatonique.
quatre notes bémotisées sont si, ftttj la et t'<, etc. Pour rendre à ce T degré sa qualité de note
On voit: 1° que tes gammes qm contiennent sensible, an l'altère en M<Mtt/ d'Mtt demi-ton
des Mtes bémotisées se succèdent par une pro- chromatique, mais l'altération qui élève le T de-
gression offte<n~<nt<f de quinte en }utM<e;S'' que gré de la gamme mineure ne fait jamais partie
chaque nouveau bémol seprésente~gatemeBtdans de l'armure de la clef.
l'ordre descendant 4e quinte en quinte. Gamme <k t~ mineur.
Armure de la <~e/'(en <'e)no&).–Les bémols
qui font partie d'une gamme (detatonatité) se
ptaeent dans leur ordre de succession, immédiate-
ment après la clef, au commencement de la portée,
et sur tes mêmes lignes on dans les mêmes inter-
jignes que les notes qu'ils altèrent.
La gamme mineure est une <:et'ce M!!KCM;'e au-
dessous de sa gamme relative majeure, et vice
Mf.<
Les deux gammes relatives ayant la même ar-
mure de la clef, pour reconnaîtredans laquelle de
cea deux gammes est écrit un morceau de musi-
que, il faut chercher dans les premières mesures
la note qui n'est pas commune aux deux gommes.
Cette note est la dominante du mode majeur,
qui, dans la gamme mineure, élevée d'un demi
ton chromatique, représente la noie setMtMe. Donc,
si cette note n'est pas altérée le morceau est dans
le mode majeur'; si, au contraire, elle est étev~e
Les bémols placés ainsi foNmeot l'armure de
clef (armure en bémols) et leur effet M oMtiaM
la d'un
1
demi-ton chromatique, le morceau est dans
le mode mineur relatif. Ains), avecdeux dièses à
[la clef, on est, soit en ré majeur, soit en ~MWf".
pendant toute la durée du morceau, à moins que c le la, dominante de ré majeur, n'est pas altéré,
Si
l'anmure de la clef ne soit modifiée. on est en ré majeur; si, au contraire, le la est a[-
L'arnMre de ta clef (en temoie) indique ~a tona-
lité dans laquelle un morceau est cent l'ayant- rt par un t, on est en si ~Maettr dont la # est la
ter6
dernier bémol affectant toujear~ la tonique, le rnote sensible.
Gamme chromatique. – La gamme chromati-
nom <fe <'<tf<t<t<-<<e)~t<er bémol est aussi, par consé-
quent, celui de ta (oKt~Me. AiMi avec trois
mols à la clef, qui sont si i~, mi [~ et
bé-
l'avant-
cque est celle qui ne contient que des demi-tons
cdiatoniques et chromatiques.
dernier bémol étant mt mt est le nom de la Toute gamme majeure ou mineure peut être
tOBtque; on est dôme dans le ton de m: i~. ttransformée en gamme chromatique. Cette traus-
fformation s'opère en faisant entendre le son in-
Les MOMs. – On appelle mode la manière d'être ttermédiaire qui se trouve entre tous les degrés
de la gamme diatonique. espacés
e entre eui par un ton.
II y a dM<.c modes le mode majeur et le mode Modulation. La modulation est le changement
MtMM'. de ton ou de mode, et, en même temps, la transi-
(;
La gamme étudiéejusqu'à présent est ta gamme tion
t au moyen de laquelle ce changement s'opère.
La modulation est déterminée par l'altération nouvelle mesure par de nouveaux cA~'M qu'on
d'une ou de plusieurs notes du ton dans lequel placerait après une doublebarre de séparation. Ex.
on est. Ces altérations, étrangères au ton que
l'on quitte, appartiennent au ton dans lequel on
entre.
Si le ton dans lequel on module n'est que pas-
sager, on place immédiatement devant les notes
qu'ils altèrent les accidents appartenantà ce nou- Le chiffre supérieur (tiUM~ra~M''), exprime la
veau ton. Si au contraire le ton dans lequel on quantité de valeurs forinant une mesure. Le chif-
module doit persister pendant un temps assez fre inférieur (dénominateur), exprime la qualité de
long, on remplace l'armure de la clef du ton que ces valeurs. Ainsi exprime une mesure formée
l'on a quitté par celle du ton où l'on module. de deux quarts de ronde, c'est-à-dire de deux
IV. LA MESURE. Les règles qui président à
l'ordonnance des différents signes do durée font noires.
l'objet de l'étude de la MMMfe. On énonce les différentes mesures par le nom
BARRES DE MESURE. La ~e~M''<' est la division (tes chiffres qui les représentent par conséquent,
d'un morceau de musique en parties égales. Cette une mesure composée de deux quarts de ronde
division s'indique au moyen de barres qui traver- (deux noires), et chiffrée se nomme « mesure à
sée! perpendiculairement la portée, et que l'on deux quatre. <
nomme barres de mesure. On emploie une abréviation pour les mesures
L'ensemble des valeurs, notes ou silences, qui qui se chiffrent par et par
se trouvent comprises entre deux barres de me- Celle qui se chiffre par est indiquée par un
sure, forme une mesure. La somme de ces valeurs
doit être égale pour toutes les mesures d'un même seul 2, ou par le signe (f~ (c barré). Celle qui se
morceau (à moins qu'il n'y ait un changement de chiffre par
mesure). El. est indiquée par un seul 4, ou par
le signeC (c).
MESURES SIMPLES. La mesure simple est celle
où la somme des valeurs formant chaque temps
équivaut à un signe de valeur simple, soit une
ronde, une &/«~eAe, une noire ou une croche.
On voit que chaque mesure renferme une Le cAt/~re in/'érieur (dénominateur) indique
la ùfMt'J?, qu'occupe un temps. Ce chiffre est 1
somme de valeurs égale à une &<~c~ pour une ronde, ï pour une A&M:c~, pour une
La fin d'un morceau de musique s'indique tou-
jours par une double barre de mesure. La double KfM'e, et 8 pour une croche.
6ar!'e se place aussi pour séparer deux parties Le chiffre supérieur (numérateur) indique la
d'un morceau elle est alors barre de mesure et ~a~!<fi de ces valeurs, par conséquent le nombre
Aar/'e de séparation; ou avant un changement de temps. Ce chiffre sera donc 2 pour une mesure
d'armure de la clef; ou enfin avant un change- à 2 temps, 3 pour une mesure à 3 temps, et 4
ment de mesure. pour une mesure 4 4 temps.
LES TEMPS. Une mesure se subdivise en 2, 3 Les mesures simples les plus usitées sont celles
dont chaque temps est occupé par une noire. Elles
ou 4 parties qu'on nomme temps. II y a donc la
mesure à 2 temps, la mesure à 3 temps, la mesure se chiffrent ainsi
à 4 temps.
Tous les temps d'une mesure n'ont pas une im-
portance égale au peint de vue de l'accentuation.
Les uns doivent être articulés plus fortementque
les autres; les premiers se nomment temps forts,
et les autres <ewp.s faibles. Les temps forts sont:
le premier temps de chaque mesure, et, de plus,
le troisiènze temps de la mesure à quatre temps.
Chaque temps peut se subdiviser à tour en
p)usieurs parties; la premt'o'e partie son
d'un temps
est /<t?-<e relativementaux autres, qui sont /<H&/6ff.
Lorsque les temps d'une mesure sont divisibles
par deux, on les nomme temps binaires, et ils
constituent la mesure simple. Lorqu'ils sont divi-
sibies par ~'OM, on les nomme temps ternaires, et
ils constituent la mesure conzposée. Les mesures suivantes sont aussi employées
Les termes de mesure simple et de mesure com- fréquemment
posée sont employés par tous les musiciens; mais Mesure à 2 temps Mesureatroistemps
il serait plus rationnel de les remplacer par ceux a y an t une blanche par temps. ayant une croche par temps.
de '~MMr'e <M<ps &ma:re~ et ~f~'e à <e)K~ <ey'-
naires.
LES CHIFFRES (Indicateurs des différentes nie~M-
l'es). Les différentes mesures sont indiquées
par deux chiffres disposés sous forme de fractions
(moins la barre qui, dans les fractions, sépare les MESURES COMPOSËES. Lt mesure composée est
deux chiffres), dont la ronde est l'unité. celle où la somme des valeurs formant chaque
temps équivaut & un signe de valeur pointée, suit
Fr 6 une fûMe pottiMf, une A/aMC/te pointée, une NOtfe
4 8 pointée ou une croche pointée.
Le cA:°)'e in férieur (dénominateur), indique la
Ces chiffres se placent au commencement du durée, qui
morceau, immédiatement après l'armure de la clef est 2 pour une occupe un tiers de temps. Ce chiffre
&/aHcAe, tiers d'une ronde pointée;
Si un changement de mesure su présentait dans 4 pour
le courant du même morceau, on indiquerait 1.: 8 pour une croeAc, tiers d'une blanche pointée;
noire,
une tiers d'une noire pointée, et
16 pour une double croche, tiers d'une croche ble d'un temps, Mats ne se prolongeant pas sur le
pointée. temps /<H'< ou sur ta partie forte du temps.
Le c/y<'e supérieur (numérateur) indique la ('.e temps fort ou cette partie forte du temps est
</Mnnt!fe de ces valeurs, et par conséquent ne alors occupé /'ar un silence. Ex.
peut être que 6, 9 ou 12.
Le
–9–9
– –
–
–
–
tMtfrt 6 indiquant 6 tien
–
12 t2
de temps, pour la mesure à
3––
2 temps.
Mesure
ayant une
à
tempa 1
blanche pointée
Mesure à 3 temps
ayant une croche pointée
le plus lent jusqu'au ptus vif. Le mouvement est
indiqué par des termes italiens que l'on place au
par temps. par temps. commencement d'un morceau et au-dessus de la
portée. Les termes suivants expriment les princi-
paux mouvements, en allant du plus lent au plus
rapide:
/.<t)'yo.
TERNES. ABEBTiATMN. BÏMtFICATMN.
MANIÈRE DE BATTRE LA MESCtŒ.
~tt)'e,
Battre la me-
c'est marquer par des signes de la main
l'ordre et la </M)'<ie de chaque temps.
~<!t!(o.
Zar~Ae~o
~~a~to.
~.no'ante. AM<
Large.
Moins )ent que Largo.
Lent.
Moins lent que Lento.
Modëre(aHMt).
~H~re~a. A'xi"
Mesure à deux temps. ~nd'NnfMo. MoiMtentqueAndmte.
haut.
Le 1" temps se bat en bas. Le 2" temps, en ~He~ A«"
A~
~rMto. Gai.ïif.
Pressé, rapide.
MoinsYifqneAHegro.
n<
~a~M~Hff~ En ralentissant
/brt?ies rythmiques, il en est deux fort importan-
tes la syncope et le contre-temps.
Ritardando.
~i!<e)ttt<o. ritard. En retardant.
La syncope. La syncope est un son articulé S/ar~attdo. f~rf. Retenu.En élargissant
sur un temps faible ou sur la partie faible d'un
piacere.
L· üIHCHa HH6OL1ÉIt8 DlT
temps, et prolongé sur un temps fort ou sur la POUR AUSPB;InH1
~.dHMMm. IIODVlï6H'~
ad libit. Ayotoutë.
partie forte du temps. Ex. A
~empo.
~<na
A plaisir.
ainsi remplie d'êtres animés,ayantdes sentiments, On appelle mythologie comparée une science
des désirs, des passions tout à fait analogues à spéciale qui s'occupe de rapprocher les traditions
ceux de l'homme, il était tout simple d'appliquer mythiques des diverses nations pour en rechercher
à leurs rapports apparents les analogies de la vie les traits communs et les origines, soit distinctes,
humaine. Ainsi l'aurore parait avant le soleil, qui soit identiques. Cette science a jeté de vives lu-
semble la Mursuivre,vouloir s'unir elle, et devant mières sur les originesC'est elle qui porté anté-historiques et les
lequel elle disparalt. L'aurore personnifiée fut parentés des àpeuples. a le
donc considérée comme l'amante, ou la fiancée, ou dernier coup l'évhémérisme en montrant que les
ta victime du soleil également personnifié. La noms de beaucoup de divinités grecques étaient
terre, stérile pendant l'hiver, se couvre de ver- déjà connus et cousins invoqués sur les bords de l'Indus
dure et de fleurs, lorsque le ciel redevient plus par les Aryas, le sud, germains des Grecs, mais
doux de là l'idée d'un mariage fécond du ciel se dirigeant vers tandis que les Grecs avan-
(Uranus, Saturne, Jupiter) et de la terre (Géa, çaient dans la direction de l'ouest; que ces noms
Cérès, Latone, Sémélé, etc.), et ce mythe est à la sanscrits ne sont pas autres que ceux qui dési-
base d'une quantité de mythologies. Cette pro- gnaient, dans la langue commune primitive des
pension à dramatiser ainsi les faits de l'ordre deux branches, le ciel, l'aurore, le soleil, la lune,
naturel étant, en Grèce surtout, le partage d'une le vent, les nuages, en un mot la plupart des
phénomènes personnifiés les noms des dieux
race éminemment imaginative et artistique, donna sous
lieu à ces innombrables récits où sont décrits les grecs. gauloise est encore très
rapports, les alliances, les parentés, les amours La vieille mythologie bien qu'on travaille à la faire sortir
et les rivalités des innombrables dieux et déesses mal connue,
de la religion grecque. de vingt siècles d'oubli. Elle a pourtant laissé des
C'est ce qui nous explique pourquoi l'on peut traces nombreuses, soit dans les superstitions de
attribuer à ces divinités tant de défauts ou d'actes nos campagnes (dames blanches, fées, lutins), soit
qui nous paraissent contraires à la perfection di- dans certaines légendes à la fois bouffonnes et tra-
vine. Les phénomènes de la nature ne sont ni giques comme celle de Gargantua (qui parait
été une personnincation du soleil dévorant,
moraux ni immoraux; mais si on les personnifie, avoir insatiable), soit enfin dans de poétiques récits,
si l'on dramatise leurs rapports apparents, ils peu-
vent très bien donner lieu à des représentations comme la légende dela lacélèbre Mélusine, qui devint le
d'un caractère blâmable. Par exemple Apollon est mythe d'origine de maison de Lusi-
ie soleil, les nuages rouges de son coucher sont gnan. On en trouve aussi d'intéressants débris dans
<les bœufs qu'il fait paltre le soir, Mercure est le les vieux contes de fées que Perrault a si agréa-
vent frais du crépuscule qui les chasse. L'imagi- blement contés et quiaisément ont charmé notre enfance.
nation mythique traduit immédiatement ce phéno- Comme on abuse de toute idée nou-
mène en disant que Mercure détourne les boeufs velle, on abusa aussi de la théorie des mythes en
d'Apollon, les lui vole et s'enfuit avec eux. voulant l'appliquer à tout et partout, au point de
Une fois cette forme mythique donnée aux phé- reléguer dans le domaine du mythe des person-
'nomenes de la nature, on comprend aisément nages et des événements parfaitementhistoriques.
qu'antérieurementà la naissance de la philosophie C'est à ce genre d'abus que répondit un spirituel
.€[ de toute science réfléchie, mais à l'époque où pamphlet bien connu
qui démontrait que, selon
les questions morales commençaient à se poser à cette théorie, Napoléon 11, n'avait jamais existé.
leur tour devant l'esprit humain, cette même forme A son tour l'auteur de cette démonstration mé-
ait servi d'expression à certaines vérités d'expé- connaissait qu'il ya des règles qui permettent de
rience pratique et donné lieu à ce second genre distinguer quand un récit est mythique et quand
de mythes, moins nombreux que le premier, mais il ne l'est pas. Il est clair qu'un événement ra-
non le moins remarquable ni le moins instructif, conté, un personnage décrit par des contempo-
qui incorpore une idée morale dans un récit, fictif rains ou par des historiens rapprochés de son
en réalité, mais tenu pour réel. Le plus célèbre temps, ne saurait être classé parmi les mythes,
de ces mythes, celui de Prométhée enchaîné et surtout quand ce qui nous en est dit, bien que
torturé sur un rocher pour avoir voulu le bien des surprenant ou rare, n'est en contradiction ni avec
hommes et leur avoir communiqué, avec l'art de les lois de la nature, ni avec les données de l'expé-
faire du feu, les moyens de la civilisation, est un rience commune. De plus on peut s'assurer de la
des plus tragiques, et il a inspiré l'un des chefs- réalité historique d'un fait allégué, si l'on est suf-
d'œuvre du drame grec (Trilogie d'Eschyle sur fisamment certain de ce qui le précède et de ce
ffOMd<e). qui le suit, et si l'on trouve que ce fait est la tran-
Lorsque dans l'antiquité elle-même les esprits sition logique et naturelle de ses antécédents à
plus éclairés ne purent ajouter foi comme aupara- ses conséquents. On voit tout de suite l'applica-
vant à tous ces naïfs récits mythologiques, il s'en tion que l'on peut faire de cette double règle à la
fallut bien que leur véritable origine fût reconnue personne et à l'histoire de Napoléon!
Mais quand le merveilleux du récit est en con- non populaire, celui par exemple du ~yE~ra?!<,
tradiction directe avec toute expérience, quand conception bizarre qui personnifie pourtant si bien
aucun document écrit, rapproché des événements la destinée lamentable du peuple juif à cette
racontés, ne nous permet de faire la part du réel époque. Bien des légendes locales sont de véri-
et dn légendaire, quand enfin il y a des raisons tablesmythes racontantla victoire du christianisme,
philologiques, ethnologiques, comparatives, pour entés souvent sur un mythe païen antérieur qui
appuyer l'hypothèse du caractère mythique de ce racontait la victoire des forces lumineuses et bien-
récit, rien ne serait plus arbitraire que de la re- faisantes sur les puissances des ténèbres. De nos
pousser sous le prétexte qu'on a quelquefois vu jours l'influence prépondérante des classes ins-
des mythes où il n'y en avait pas. truites empêche absolument les mythes de se
Il faut se rappeler enfin que le mythe est fils de constituer et de se répandre. Pourtant les éléments
l'imagination et du travail spontané, irréuéchi, de mythiques sont encore à l'état latent au fond des
l'esprit humain. Par conséquent il est étranger masses encore étrangères à la culture moderne
aux âges de réflexion et de travail méthodique. On on en voit quelquefois surgir comme des ébauches
voit la faculté de produire des mythes aller en di- ou des commencements, lorsqu'un personnage ou
minuant a mesure que les peuples s'instruisent un événement frappe vivement l'imagination po-
et s'éclairent. Du mythe, on passe à l'histoire pulaire, et )e tour d'esprit mythologique ne dis-
mythique, c'est-à-dire contenant des parties paraîtra tout à fait que le jour où l'instruction
mythiques mêlées à des parties historiques et publique aura partout répandu sa lumière.
allant toujours en diminuant. Au moyen âge il se
forma encore de véritables mythes dans la tradi- [Albert RéviIle.J
'N
NAPOLÉON (Nabulione,Napoleone).– Histoire maison, son caractère, son grade, si modeste qu'i?
générale, XXVI histoire de France, XXXII, fût, enfln la timidité de Joseph lui donnèrent l'idée
XXXVI. Ce nom appartient a l'histoire générale et presque le droit de jouer le rôle de chef de
au même titre que ceux d'Alexandre ou de César. famille.
Il rappelle un homme de guerre prodigieux dont La tâche était lourde Charles Bonaparte laissait
le monde ne cessera plus de parler avec un éton- huit enfants, et nulle fortune, sans autre protecteur
nement meié d'épouvante. qu'un vieil oncle, l'archidiacre Lucien. Est-ce à
Dans notre histoire, it désigne une dynastie im- cette préoccupation honorable, ou bien aux fantai-
périale, maintenant éteinte, après avoir fourni sies invincibles d'un caractère indisciplinable, qu'il
deux fois, depuis le début du siècle, des souve- faut dès lors attribuer l'irrégularité des états de
rains à la France, et l'avoir deux fois livrée vain- service du jeune ofBcier!'1
cue aux horreurs de l'invasion étrangère. M. Jung ne laisse aucun doute sur ce point
La légende bonapartiste compte quatre Napo- preuves en main, il montre qu'en congés réguliers
léons l'histoire, deuxseulement. Quanta ces deux ou non, Napoléon a passé hors du régiment 58 mois
pseudo-souverains que leurs partisans appellent sur 99 de grade. Dans toute autre circonstance, il
Napoléon H et Napoléon IV, ce furent de pauvres n'aurait eu d'autre alternative que la démission
enfants, dont la courte et tragique destinée, faite ou le conseil de guerre; mais de 1789 à H93 la dé-
pour éveiller la pitié, dévoile la fragilité des plus sorganisation des services militaires était si géné-
grandes fortunes politiques. rale que de telles irrégularités pouvaient passer.
inaperçues.
I. Moins Français que Corse, et moins attentif aux
événements terribles qui agitaient sa nouvelle
Le premier Napoléon est né à Ajaccio le 15 août patrie qu'aux querelles de ton clocher, c'est d'A-
1769. Selon M. lung, cette date serait fausse; et jaccio ou de Corte plutôt que de Paris que le
le but de cette falsification aurait été la nécessité jeune Napoléon se souciaitalors. Mêlé aux intrigues
de produire un acte de naissance conforme au fort ubscures qui au bout de deux ans flrent de
règlementd'entrée de l'Ecole militaire où Charles Paoli l'ennemi déclaré de la France, un jour même
Bonaparte désirait faire entrer son fils Napo- dénoncé comme traltre et fauteur de guerre civile,
léon. il fut enfin réduit à quitter la Corse avec sa famille
La maison était noble, et, paralt-il, d'une no- proscrite et ruinée.
blesse fort ancienne que Napoléon renia un instant Tout espoir de devenir nn héros corse étant
en 1793, mais qu'il prit soin plus tard de faire re- perdu pour Napoléon, il se rejeta avec ardeur vers
monter jusqu'à des temps fabuleux et a des ori- la France. LeSouperde Beaucairequ'il écrivit alors,
gines impériales (Comnènes). Charles Bonaparte et qui fit un certain bruit, fut un coup de mattre: la
s'était compromisdans le parti opposé à la France ferveur d'un dévouement aussi résolu aux idées
avec Paoli mais il avait su faire sa paix, et trouva révolutionnaires le désignait pour quelque com-
même le moyen de s'assurer la faveur de M. de mandement. La République avait besoin d'hommes
Marboeuf, gouverneur de 1 !Ie. d'action Toulon venait d'être livré à l'ennemi
En 1779, Napoléon entra à l'Ecole militaire de il fallait le reprendre au plus vite. La légende qui
Brienne. Là, comme dans sa famille, sa nature représente Bonaparte comme sauvant par un
ardente se révé!a c'était un enfant passionné, éclair de génie l'opération du siège compromisepar
opiniâtre ce fut un écoiier capricieux. A Brienne, l'ineptie des généraux, est une injure pour des su-
plus tard à Paris en f!84, il vécut solitaire et taci- périeurs auxquels Napoléon lui-même rendait jus-
turne, travaitié du mal du pays, du sentiment de tice. Sa conduite d'ailleurs avait été fort brillante
sa pauvreté, probablement ridicule par sa tour- et fut signalée à la Convention,qui le nomma gé-
nure, son accent étranger, son langage incorrect et néral de brigade en 1794 à l'armée d'Italie.
ses façons rudes. Le 9 thermidor eut un contre-coup terrible sur
Il venait de prendre rang au régiment de la la fortune des Bonaparte. Disgracié à cause de
Fère comme lieutenant en second quand son père ses dations avec les Robespierre, Napoléon subit
mourut (f!M). Quoiqu'il ne fut pas l'ainé de la une courte captivité de quinzejours, puis perdit son
commandement, refusa une compensation en Ven- rpour la colonisation de l'Egypte ou pour les tra-
déeet donna sa démission. vaux de son institut du Cat/'e, le sentiment do
Réfugié à Paris, fatiguant le ministère de ses tson impuissance l'envahit. Son devoir était de
mémoires,s'eiTorçant de ne point se faire perdre rrester avec ses troupes; son intérêt lui parut être
de vue et prêt à tout, il accepta au 13 vendémiaire (de revenir en France il partit donc, sans ordre,
le soin de combattre la réaction royaliste. jjurant qu'il allait ramener un renfort.
Sa victoire du parvis de Saint-Hochlui valut le Le 9 octobre it débarquait; le 16 octobre il en-
grade de général de division, avec le commande- 1trait à Paris, )e 9 novembre il frappait son coup
chef de l'armée de l'intérieur. C'était le d'Etat du 18 brumaire, et, prenant en mains la
ment en (
suprême des affaires militaires, de la
temps du Directoire; et comme l'avait prédit direction gouvernement intérieur, il ré-
Duport en 1791, le moment approchait où « la Ré- diplomatie et duglorieux généraux de la Révolu-
volution ferait naufrage sur l'écueil du )n:H<a- duisait les plus
t-:SMt(?."p tion au rôle de simples lieutenants.
En face d'un gouvernement justement décrié « On avait vu tant de coup d'Etats
qu'on s'était
au milieu habitué à les juger moins par leur moralité que
pour ses tripotages et ses faiblesses, de fin- d'après leurs suites.
d'une société ivre de repos après le péril »
vasion, il eût été vraiment prodigieux qu'un géné- Au 18 brumaire, Bonaparte eut pour lui la con-
ral n'eût pas la tentation de profiter de sa répu- nivence d'une majorité désenchantée de la liberté
tation pour saisir le pouvoir, sauver l'ordre, et incapable de prévoir que le régime nouveau
comme on dit en pareille
fortune sur quelque aventure,
occurrence, et
dont
fonder
l'illégalité]
sa
amènerait
plus grands
fatalement
que ceux
le
qu'il
retour
venait
de maux
réparer.
encore
pourrait être atténuée par l'impopularité même Ce régime, c'était la monarchie, en dépit de
du gouvernement au détriment duquel elle seraitl'illusion républicaine quechargé le partage apparent du
d'entretenir. La
commise. pouvoir consulaire était
Cette tentation, Bonaparte l'eut, et la satisfit préambule de la constitution de l'an VIII disait
ici le « La Révolution est fixée aux principes qui l'ont
au 18 brumaire. Il n'y a pas lieu de retracer commencée,elle finie.
détail des deux grands événements sur lesquels il est »
avait fondé sa réputation militaire, en supplantant Cette assertion souleva bien quelques opposi-
dans l'opinion publique des compagnons d'armes tions mais, fort des 4 millions de suffrages obte-
aussi méritants et plus anciens que lui. Tout le nus lors du plébiscite, servi par une police vi-
monde sait la campagne d'Italie de 1796 et la goureuse, entouré de fonctionnaires choisis par
lui à tous les degrés, le premier consul poursui-
campagne d'Egypte.
En 1796, le Directoire, tout en ordonnant un vit son œuvre.
débarquement en Irlande, jetait trois armées Désintéressée ou non, elle fut évidemment fé-
sur la route de Vienne. La petiteAlpes armée d'Italie conde et habile.
fit merveille sous Bonaparte les tournées Il réconcilia la France avec la cour de Rome, au
en avril, la cour de Turin contrainteà la paix, Mi- moyenplus d'un nouveau Concordat établi sur des
lan occupé, la Lombardie conquise et pacifiée, l'A- bases conformesà notre droit public; il rou-
dige franchi, les Autrichiens rejetés dans le Tyrol, vrit les églises au culte, mais sans rendre au
le pape et les petits princes de l'Emilie admis à clergé ni ses biens, ni son indépendance; il donna.
traiter, la cour de Naples dédaignée, l'Autriche enfin une sanction éclatante au principe d'égalité
quatre fois revenant à la charge pour sauver Man- proclamé en 1789, dans le Code civil des Ft'anfa~.
toue des coups de Bonaparte, et quatre fois battue Mais end'Honneur, même temps il fondait, sous le nom da
en août, septembre, novembre 1196, et janvier Légion un système de distinctions qui,
1797 à Lonato, Roveredo, Arcole, Rivoli; puis peu à peu, devait accoutumer le pays au rétablis- it
Bonaparte courant sur Vienne malgré l'archiduc sement d'une hiérarchie sociale sans laquelle soutenir
Charles, arrivant au Semmering, et signant comme est à peu près impossible de fonder et de
il avait combattu, sans ordre ou malgré les ordres une monarchie.
reçus, d'abord un armistice à Léoben, puis la paix De même, les cadres si souvent admirés de no-
à Campo Formio (17 oct. 1797), et sacrifiant Venise tre administration publique, qui servirent d'abord
d'un trait de plume. au rétablissement rapide de l'ordre, se prêtèrent
Bonaparte s'était révélé tout entier art d'en- un peu plus tard, avec une commodité bien dange-
flammer les troupes, d'improviser des ressources, reuse, à la constitution du gouvernement le plus
d'enfler ses moindres succès, de traiter les affai- despotique qui ait jamais asservi un peuple libre
res et les hommes avec cette brusque impétuo- et De vainqueur.
sité qui paralyse l'effort de l'ennemi, coupe court tous les services rendus au pays par le gou-
à toute objection et colore d'un éclair de génie vernement consulaire, le plus sensible fut la paix
les actions les plus imprudentes ou les caprices avec l'Autriche et l'Angleterre. Après quelques
les plus injustes. ouverturesmal reçues, la campagne de 1800, illus.
Au retour, qui fut triomphal, le Directoire se trée par la victoire de BonaparteHohenlinden à Marengo
sentit gêné en face de son impérieux général, en qui (t4 juin) et par celle de Moreau à
il lui était facile de reconnaitre moins un servi- ~décembre), aboutit à la paix de Lunéville alliés.
(février
teur qu'un rival. Il écouta donc avec faveur la tSO~), qui laissait l'Angleterre sans
singulière proposition que fit Bonaparte de porter Bonaparte voulait la contraindre à traiter. Les
]a guerre en Egypte pour réduire à la paix l'An- malheurs de l'armée d'Egypte pesaient en effet
gleterre inexpugnable chez elle. sur lui comme un remords car il n'avait pu faire
Tout fut préparé dans le secret rien ne fut parvenir ni un renfort, ni l'escadre nécessaire au
épargné, et l'expédition, partie en mai H98, dé- rapatriement, et les glorieux débris de cette ar-
buta merveilleusement Malte enlevée aux Che- mée venaient de capituler à Alexandrie et au.
valiers, puis Alexandrie et le Caire aux Mameluks Caire (mai-août )801).
après une victoire au pied des Pyramides de Gizeh Successivement il essaya de nouer contre l'An-
(2t juillet). gleterre deux coalitions maritimes celle du Nord
Cependant le désastre d'Aboukir isolait l'armée échoua par la mort de Paul 1" de Russie (mars) et
t80));
de Bonaparte deux armées turques vinrent l'atta- par la capitulation de Copenhague (avril
quer dans sa conquête; il les battit au mont Tha- mais celle du Sud aboutit, après la chute de Pitt,
bor, à Aboukir (1799). Mais il avait échoué en à la paix d'Amiens (25 mars 1802).
h\rié devant Saint-Jean-d'Acre, et la route des Di~ne des deux grandes nations qu'elle récon-
Indes restait fermée. Dès lors, et malgré son zèle ciliait, et féconde, si elle pouvait durer, en résut*
tats que Fox et Bonaparte se plaisaient à escomp- L'Autriche, la Russie, la Suède, Naples, irritées
ter, cette paix fut malheureusementrompue au de la constitution du royaume d'Italie par Napo-
bout d'un an, le 17 mai ~803. léon et de l'annexion de Gène: à la France (mars-
Pendant cet intervalle, la France avait réglé juin t80&), avaient signé une alliance (9 août). L'em-
souverainementle sort de l'Italie, annexé le Pié- pereur, devançant t'attaque et prévenant la jonc-
mont, créé le royaume d'Etrurie, )a répnbtique du tion de ses ennemis, passe le Rhin, manœuvre par
Valais. Bonaparte était intervenu en Suisse pour le Mein et le Neckar, coupe tes Autrichiens de la
<;réer sous le nom d'acte ~e médiation une consti- route de Vienne, tes fait capituler à Ulm (20 oct.).
tution fédérale, et en Allemagne pour régler le et court au-devant des Russes. Avant son entrée
grand débat excité par la question des ~<*UMrtM- dans Vienne (13 nov.), il avait appris la destrnc-
<M?M. Enfin le rachat de la Louisiane et l'expédi- tion de sa flotte par Nelson à Trafalgar (tt oct.).
tion contre les nègres révoltés de Saint-Domingue Il la venge par sa victoire d'Austerlitz (2 dcc.),
attestaient son dessein d'étendre partout l'action suivie de la paix de Presbourg qui coûte a l'Au-
de la France, déjà prépondérante sur le conti- triche Venise et son territoire.
nent. De plus, en se retirant, Napoléon bouleversa
Cette haute situation de notre pays, un désac- l'Allemagne du sud-ouest au profit de ses trois
cord survenu à propos de Malte et de l'Egypte, allies, la Bavière, Bade et le Wurtemberg. En face
d'imprudentes paroles dans les deux pays, rame- de la Confédératicn du Rhin, placée sous le pro-
nèrent la guerre. tectorat de la France, l'Autriche dut abdiquer le
Cette fois. la paix dn monde allait être troublée titre impérial en Allemagne (12 juillet 1806). D'au-
pour plus de douze ans 1 S'il y a injustice à pré- tre part Naples et Amsterdam étaient devenues ca-
tendre que cette rupture de la paix doit être im- pitales de deux Bonapartes., Joseph et Louis toute
putée à Bonaparte seul, la suite de l'histoire une première série d'Etats feudataires s'implantait
prouve surabondamment qu'il fut plus d'une fois sur l'Europe occidentale, sans qu'il y eût profit ou
le maître d'abréger la durée ou de restreindre les nécessite pour la France. A ce système d'annexions
proportions de la guerre. ou d'appendices, uniquementinspiré par la vanité,
Ce n'est plus, dès lors, en magistratresponsable, Napoléon se flattait d'avoir assuré l'appui de l'Es-
investi d'un pouvoir limité, qu'il use du droit de pagne et de la Prusse.
guerre ou de paix, mais en souverain, fondateur Or, au milieu de négociations trompeuses avec
de dynastie, et qui subordonne les intérêts du l'Angleterre, l'empereur fut surpris par une qua-
pays aux calculs sensés ou non d'une politique trième coalition. Sans consulter ses forces, et
toute personnelle. convaincuequ'elle servait de jouet à Napoléon, la
Quelques efforts que l'on fasse, la politique Prusse déclarait la guerre (H oct.), s'appuyant d'une
napoléonienne ne peut donner le change à l'his- part sur l'Angleterre, de l'autre sur la Russie qui
toire. Malgré la solennité des déclarations de n'avait pas traité en 1805.
Napoléon, s'il aime la France, c'est parce qu'elle Sans tenir compte de la mauvaise humeur de
met à la disposition de ses fantaisies impériales des l'Espagne fatiguée d'une alliance exigeante et com-
ressources que sa passion de gloire et de con- promettante, Napoléon marcha sur l'Elbe par le
quêtes aime à croire inépuisables. La France n'est Mein. En un mois la monarchie prussienne fut
qu'un moyen d'action le but, c'est la grandeur de détruite (batailles d'Iéna et d'Auerstœdt, octobre
Napoléon, empereur, roi des rois, remaniant l'Eu- 1806); les Russes furent devancés dans la Polo-
rope, faisant et défaisant des rois, des princes, des gne, que notre approche enflamma d'espérances
nobles, rendant la France solidaire des haines bientôt déçues (déc. 1806).
qu'il excite, ripostant à d'utiles conseils par l'in- Ici la victoire fut plus lente et plus difficile les
jure, et quand la défaite vient avec l'épuisement, boues de la région polonaise, la rigueur de l'hi-
ne sachant encore accuser que les hommes ou ver, la résistance de Dantzig, l'équivoque bataUte
les éléments, puis tombant sans autres remords d'Eylau (7-8 fév. 1807) donnèrent à réuéehir aNapo-
que l'échec. léon. Il sentit la nécessité d'une grande alliance;
C'est en t8M, !e 18 mai, qu'un sénatus-consulte, et par force ou par caprice, plus que par préfé-
auivi d'un plébiscite (6 nov.), rétablit le régime mo- rence calculée, après la bataille de Friedland
narchique au profit de Bonaparte. Déjà., prévenant (14 juin), il acheta l'alliance russe au traité de Til-
ou satisfaisant ses secrets désirs, en l'an X on lui sitt, dont la Prusse, la Pologne et l'Allemagne
avait décerné de la même façon une dictature vé- firent tous les frais une nouvelle fournée de rois
ritable sons le nom de consulat à vie (3 août et de princes fut faite fJérôme Bonaparte, roi de
1802). Westphalie, le roi de Saxe, grand-duc de Varso-
Le nom d'empereurfaisait meilleur effet, et vie, etc.) après quoi, Napoléon revint à son idée
rehausser l'éclat de sa couronne, Napoléonpour I" fixe, la guerre avec l'Angleterre.
n'épargna aucune des coûteuses fantaisies de ce De Berlin, le décret du blocus continental
qu'on appelle une cour. La complaisance intéres ()1 nov. 1806) avait répondu aux violences de
<ée des pouvoirs publics et des personnages tes l'amirauté anglaise contre nos marchands ou nos
plus illustres assura le succès de cette parodie de alliés. Napoléon voulait empêcher l'Angleterre dn
l'ancien régime et bientôt même le pape vint en trouver nulle part en Europe un débouché pour
personne, à Paris, donner le sacre à cette majesté ses marchandises. Pour que cette politique sau-
sortie de la Révolution. vage aboutit, il fallait deux choses & la France
Il faut rendre cette justice à Napoléon qu'il n'a- une marine qui pût tenir la mer et assurer à l'Eu-
"ait pas rêvé l'empire pour s'endormirau pouvoir. rope son approvisionnementde denrées coloniales
Prétudant par l'occupation dn Hanovre à son à l'Europe une résignation absolue à toutes les
projet de descente en Angleterre, il eût voulu exigences d'une politique qui ne permettait plus
prendre corps à corps sa grande ennemie. De à personne de garder la neutralité.
juillet 1801 au mois d'août 18U5, quatre tentatives En effet, résolus ou contraints à ne plus admet-
furent faites par la marine française mais la mort tre qu'il y eût des neutres entre eux. Napoléon Ht
de Latouche Tréville, celle de Bruix, les tempêtes, Canning saisirent ou atteignirenttout ce qui était
-enfin l'incapacité de Villeneuve firent avorter le à leur portée ou à leur convenance. Le bombarde-
dessein. Le camp de Boulogne fut levé, et comme ment de Copenhague inaugura cette époque de
l'Angleterre avait trouvé le moyen de former sur terreur en Europe (août 1807).
le continent une troisième coalition, Napoléon Au tsar, avec l'assentiment de Napoléon, la
courut sur le Rhin chercher une revanche écla- Finlande à défaut des provinces danubiennes qu'on
tante. lui laisse espérer aux Anglais, la mer et les
colonies laissées sans défense; à Napoléon, tout il semblait l'avoir désirée. Pendant une année,
ce qu'il peut atteindre: les ports de l'Adriatique, il fit ses préparatifs, levant dans toute l'Europe
la Toscane, le Portugal ('H oct. 1807), Flessingue, des contingents nombreux, mais peu sûrs puis
Wesel (1808), enfin l'Espagne. Prise depuis n95, quand tout fut prêt, il franchit le Niémen f24 mai
sinon malgré elle, du moins au delà de sa volonté 1812), sans se soucier de la Suède qu'il avait
et de ses intérêts, dans notre alliance contre l'An- irritée, ni de l'Espagne. Par Wilna, Smolensk,
gleterre, et visiblement lasse depuis 1806, l'Espa- au prix d'une seule bataille à Borodino, sur la
gne fut indignement trompée en 1808, à l'entrevue Moskowa (7 sept.), il arrive à Moscou.
de Bayonne, où, sous prétexte d'interposer entre Mais la paix qu'il est venu chercher fuit devant
Charles IV et son fils Ferdinand une médiation lui, et un mois plus tard, quand l'heure de la
amicale, Napoléon retint les deux rois prisonniers, retraite arrive, l'hiver tombe si rudement sur la
et, de sa seule autorité, donna aux Espagnols pour grande armée que, lorsqu'elle repasse le Nié-
in-
roi son propre frère, Joseph. men, le 30 décembre, ce n'est plus qu'une
L'injure fut vivement sentie, et si terrible que forme et lamentable cohue d'hommes débandés,
fût Napoléon, le peuple espagnol entreprit de lui estropiés par le froid, sans canons, sans bagages
résister énergiquement. et sans chef car Napoléon a pris les devants, et
Cette guerre fut l'écueil où se brisa la fortune de comme lui, Murat a déserté, sentant chanceler
Napoléon. Engagée d'une façon immorale, mal son trône de Naples.
conduite avec des contingents insuffisants et dis- Tout autre se serait rendu à l'évidence et se fût
persés, aggravée par des jalousies d'état-major, résigné à traiter. Mais Napoléon, incorrigible,.
elle aboutit en 1814 à l'invasion de la France (V. ne voulut voir dans cet effroyable désastre qu'une
Guerre d'Espagne.) surprise de l'hiver dont le printemps devait le
L'Europe hostile ou sujette, n'avait pas venger. Sans écouter les plaintes de la France,
assisté inerte à cette lutte d'un peuple sans ar- sans considérer les dispositions inquiétantes de
mée régulière contre l'empereur ou ses lieute- l'Europe, il leva de nouvelles troupes, substitua à
nants. Dès 1809, en effet, créant une diversion la vieille garde presque anéantie une jeune garde
favorable à l'Espagne, l'Autriche avait repris les héroique encore, et reparut sur la Saale et
armes. l'Elbe pour rallier les débris de la grande armée
Cette cinquième coalition a été définie « l'al- ramenés par le prince Eugène de Beauharnais,
liance des dynasties, des peuples, du sacerdoce et toujours fidèle et dévoué, malgré l'injure faite à
du commerce contre Napoléon o ceci sera plus sa mère, l'impératrice Joséphine.
vrai de la sixième, car en 1809, l'Autriche fut seule Une dernière fois la victoire sourit à Napoléon,
à soutenir le choc. Elle fut vaincue encore, soit en mais à quel prix t Les victoires de Lützen et de
Bavière(batailles d'Abensberg,Landshut,Eckmühl, Bautzen lui coûtaient une armée (mai 1813).
Ratisbonne en avril), soit auprès de Vienne, La paix lui fut offerte, à des conditions si ho-
mais non sans avoir tenu la fortune indécise pen- norables qu'il fallait être insensé pour s'y refuser.
dant les six semaines qui séparèrent les deux On comprend dès lors que pour éviter de porter
batailles d'Essling (22 mai) et de Wagram (6 juil- cette lourde responsabilité, Napoléon ait essayé
let). Réduite à signer la paix, puisque personne de travestir toutes les ouvertures qui lui furent
n'entrait en ligne et que les Anglais venaient faites en autant de manœuvres déloyales desti-
d'échouer sur Anvers et sur Madrid, elle fut en- nées à masquer la trahison de l'Autriche. La
core démembrée par le traité de Vienne (14 oct.). publication des papiers de Metternict a jeté un
Napoléonavait eu un moment de grande inquié- peu de lumière sur cet entêtement meurtrier
tude dans l'ile Lobau, quand le pape s'était en- de Napoléon qui,ne pouvant se résigner à ne plus
hardi jusqu'à lancer contre lui une excommuni- paraltre dicter la paix au monde, rompit l'ar-
cation, motivée par des violences politiques ou mistice de Pleswitz, rendit inutiles les conférences
par l'apreté des débats relatifs aux Articles orga- de Prague et reprit les armes.
M</MM. Pour détruire les espérances de ceux qui Du 16 au 19 octobre fut jouée et perdue autour
l'avaient cru battu, et pour accroltre les effets de de Leipzig la partie décisive. On l'a nommée avec
sa victoire, Napoléon poussa alors ses annexions, raison la Bataille des nations. La Prusse était
au nord jusqu'à Lubeck, au centre jusqu'au Sim- vengée, l'Allemagne délivrée. La revanche com-
plon, au sud jusqu'à Rome (1809-1810). Peuples, mençait pour nos ennemis.
rois, pape, femme, frères, sa volonté, sa police, Ce fut à grand'peine que Napoléon put attein-
ses armées ne ménageaient plus personne garni- dre la frontière de France, c'est-à-dire le Rhin,
sons partout; pape
le enlevé et prisonnier, l'im- laissant en Allemagne plus de tOOO~O hommes de
poratrice Joséphine répudiée, le roi Louis de bonnes troupes dispersés en garnisons inutiles,
Hollande détrôné, etc., etc. tandis que, pour faire face à l'invasion qu'il fal-
Bientôt la splendeur de son mariage nouveau lait prévoir, il n'avait que des invalides ou des
avec la fille de l'empereur d'Autriche (1" avril recrues.
1810) parut ajouter à sa puissance un nouvel éclat Les trois souverains, vainqueurs à Leipzig,
et le 20 mars 1811, la naissance de celui qu'il pro- déclarèrent que, puisque Napoléon était le seul
clama pompeusement roi de Rome mit le comble obstacle à la paix du monde, leur devoir était de
à la fortune du soldat parvenu il y avait dès lors l'anéantir ou de lui imposer un traité. Dans ces
une dynastie napoléonienne! conditions, ils lui firent parvenir de Francfort un
Maître d'un empire de 131 départements et de projet de traité sur la base de celui de Lunéville
69 millions d'habitants, roi d'Italie, protecteur de puis, n'ayant pas reçu de réponse en temps utile,
la confédération du Rhin et de la Suisse, suze- ils lancèrent une proclamation à la France, ren-
rain des rois de Naples, d'Espagne, de Westpha- voyant la responsabilité de la guerre à l'implaca-
lie et des grands feudataires, entouré d'une haute ble ennemi du repos de tous.
noblesse qu'il a créée, plus obéi, plus riche et Ceci fait, trouvant le Rhin dégarni de troupes, ils
plus fort que ne le fut jamais Louis XIV, gendre le franchirent; l'Alsace ne fut pas défendue; la
do l'empereur d'Autriche, patron des rois de Lorraine ne le fut qu'à peine. C'est à Chatons sur-
Saxe, Bavière et Wurtemberg, allié du tsar et des Marne que les maréchaux eurent l'ordre de M con-
rois de Danemark, de Suède, il se trouva si haut centrer autour de Napoléon.
ptacé que la tête acheva de lui tourner. Le 25 janvier 1814 commence ce qu'on a appelé
Cependant, dès le 10 avril 1810, le tsar rompait la campagne de France. Après une jonction que
le blocus continental. L'infatuation était alors telle l'empereur ne put empêcher (1" février), B!(icher
chez Napoléon que, loin de redouter cette guerre. et Schwartzecberg se séparèrent pour marcher
sur Paris par la Marne et par la Seine, aûn de di- prises pour un ordre pressant de venir délivrer Is
viser les forces de Napoléon. France du joug des Bourbons, lui donnèrent la
Avec une admirable rapidité, l'empereur court fatale idée de tenter une restauration.
eur Blücher, et du 10 au 14 février t'écrase et le Son imagination voyait déjà la France éclatant
réduit de moitié à Champaubert, Château-Thierry, en bravos, l'aigle volant de clocher en clocher jus-
Montmirail et Vauxchamps. Se tournant aussitôt qu'aux tours de Notre-Dame,l'Europe accepta te
contre Schwartzenberg,il le bat, essaie de ie couper fait accompli au prix de promesses pacifiques, et
à Montereau, et rentre vainqueur dans Troyes. Ce- la dynastie des Napoléon sauvée du naufrage)
pendant un congrès s'était ouvert à Châtillon-sur- Hélas cette lugubre folie s'appelle les Cent jours.
Seine, sous la direction de lord Castlereagh, offrant De mars à juin 1815, Napo!éon s'est donné la
cette fois & la France tes frontières de f?92 et satisfaction de remplir encore une fois le monde
l'alliance de Chaumontassignait te 20 mars comme du bruit de son nom.
dernier délai à Napoléon avec qui la coalition re- H débarque au golfe Juan le t" mars tS)~. Dé-
fuserait à l'avenir de traiter. Les hostilités ne s'é robant sa marche à travers la montagne, il arrive
taient pas interrompues.Malheureuses avec Soult le 8 à Grenoble, le 12 à Lyon et comme son parti
il
aux Pyrénées, avec Augereau dans la vailée du se grossit, fait acte de souverain dès lors, dis-
Rhône, elles le devinrent dans la vattée de la sout les Chambres, convoque les collèges électo-
Seine, quand Blucber, opérant entre la Marne et raux, et poursuivant sa marche, embrasse le 7 &à
l'Aisne, eut réussi à donner la main à l'armée du Auxerre Ney venu pour l'arrêter. Le 20 il est IL
nord après la capitulation de Soissons et les com- Paris, et cet étourdissant voyage s'est accompli
bats de Craonne, de Laon (7, 10 mars). sans que la royauté des Bourbons ait rien su ou
Napoléon sentait approcher l'heure suprême. pu faire pour l'arrêter.
Son activité était redevenue prodigieuse ses res- «Jesuistalibertéetlapaix."disaitNapotéon
sources étaient nulles. 11 appelait le peuple aux voulant rassurer d'un coup la France et l'Europe.
armes; il essayait d'exalter le patriotisme; mais Mais le moyen de se faire croire lui manquait. La
comme il en avait tari la source, le pays épuisé liberté, ne l'avait-il pas traitée pendant quinze ans
n'opéra pas cette levée en masse que l'empereur comme une ennemie de sa gtoire? Après l'avoir
espérait et qu'en d'autres temps la haine de l'in- outragée au t< brumaire, quelle place lui avait-il
vasion et l'enthousiasme pour la République faite dans ses conseils? Cependant, comme il ne
avaient réussi à provoquer. pouvait pas faire moins que les Bourbons eux-
Tentant sur les derrières de l'ennemi une ma- mêmes, il substitua à la Charte de )Kt4 un ~c/t
nœuvre désespérée, Napoléon découvrit Paris. additionnel au.coHS/!<M<o~M de CEmpire,dont les
Le 31 mars, presque sans bataille, après quelques principes étaient ceux d'un gouvernement vrai-
heures de vive fusillade, les alliés y entrèrent, ment libéral, mais dont le titre dép)nt à tous ceux
au milieu d'une population anéantie de surprise à qui le régime impérial avait laissé de si tristes
et désarmée. souvenirs. Publié le "4 mai, sous forme de décret,
Le gouvernement avait fui sur la Loire Napo- et solennellement adopté au Champ de mai du
léon, revenu en hâte, campait dans Fontainebleau. t" juin, cet acte de réconciliation de Napoléon
Alors on vit quel néant laissait derrière lui le ré- avec la liberté était au fond peu sincère. L'arti-
gime impérial. Le pays qu'il avait ruiné d'hommes cle 67, qui interdisait au peuple français le rap-
et déshabitué des discussions politiques ne fut pas pel des Bourbons, dévnilait les préoccupations
consulté. auxquelles avait obéi l'empereur. Or l'intrigue
Trois éléments seuls concoururent a t'œuvre de s'agitait déjà pour ménager cette restauration; et
la déchéance de Napotéon, et le silence du pays le ministre Fouché s'y mutait sans trop de se-
ratifia cette sentence prononcée par le sénat, à cret. En somme, la Franco restait défiante, et
la requête du tsar Alexandre et au profit des rois l'enthousiasme ne la gagnait pas. En Vendée, à
Bourbons, qui suivaient de si près les alliés qu'on Bordeaux, à Toulouse la réaction royaliste avait
a pu dire qu'ils étaient rentrés dans leurs four- éctaté.
gons. Quant à l'Europe, elle avait retiré ses ambassa-
Talleyrand, confident disgracié de Napoléon, et deurs dès le 22 mars, puis refusé de recevoir ceux
personnellementtié au tsar, conduisit cette courte de Napoléon (30) et par deux fois le 25 mars, le
campagne. Le 2 avril la déchéance est votée au l.i mai, le mettant au ban des nations, elle
Sénat le 3 elle est ratifiée par le Corps législatif; avait préparé ses armées. Un million d hommes
et le 4 un gouvernement provisoire de cinq mem- allait être levé contre nous c'était la guerre à
bres tance une proclamation annonçant ce fait à la mort.
France et au monde. Napoléon, qui s'était hâté d'appeler Carnot au
Cependant Napoléon,tiraillé entre la colère et ministère, ouvrit les Chambres le 7 juin, confia a
('impuissance, rêvant de folles aventures, accu- ses ministres le soin de présenter un rapport sur
sait son entourage de trahison, se refusait à l'é- la situation, et courut à la frontière i) eût voulu
vidence d'une situation si nette.Il essayait'de du moins épargner à la France 1 horreur de l'in-
sauvegarder au moins les droits de son fils, et vasion. De plus. il comptait surprendre ses enne-
n'abdiquaitquesous cette réserve. MaisieC* corps, mis en voie de formation. Ce fut vite fait de ces
<~ni lui servait d'avant-garde, et que commandait dernières ressources amassées à grand'peine.
Marmont, ayant fait défection, l'abdication pure et Passage de la Sambre, bataille de Ligny et def
simple fut signée le 6 avril. Le sort du vaincu fut Quatre Bras, enfin bataille de Waterloo (18 juin)
.régie avec générosité on lui assignait un domaine, en cinq jours tout était fini Vingt jours plus tard,
un revenu; un lui laissait une garde. Il partit. A le 8 juillet 1815, Louis XVHI se réinstallait aux
ia poétique et légendaire scène des adieux de Tuileries. S'échappant sur le soir du champ de
Fontainebleau, s'oppose la longue série des malé- bataille où il n'avait pu trouver la mort. Napo-
dictions et des menaces qui, dans ie voyage de léon avait du 20 au 2H juin tenté de retenir le pou-
Fontainebleau à l'ile d'Elbe, vinrent troubler les voir. Encore une fois la pensée d'un coup d'Etat
sombres méditations et mettre môme une fois en hanta son esprit; mais, avertie par Fouetté, la
uéril la vie du maitre déchu. Chambre prit les devants. Contraint à signer un
L'ennui, le dépit, la crainte d'être enlevé, le acte d'abdication qu'il ne consentait que sous
remords, le spectacle des avides compétitions dont réserve des droits de son fils (22 juin), quittant
le partage de ses dépouilles était l'objet au congrès Paris le 25, la Malmaison le 29 au moment où
de Vienne, l'invincible conviction que tout n'était Fouché s'abouchait avec M. de Yitrolles et avec
fas perdu, enfin quelques flâneuses consolations Wellingtou pour précipiter, en dehors et en dépit
de ses collègues du gouvernement provisoire, la. dispose seul, sans contrôle la dette flottante, il la
restauration des Bourbons, Napoléonvint à Roche- liquide d'un trait de plume par la consolidation eu
fort. Ne pouvant échapper à la surveillance des bloc de l'arriéré (1813) la Banque de France lui
croiseurs anglais, il prit le parti de se remettre avance en quatorze ans 880 millions; enfin la sai-
Ma générosité de l'Angleterre (15 juillet). Mal lui sie des biens communaux lui fournit de nouvelles
en prit car, s'il faut écarter la légende des tor- ressources. Quand il fallut faire le bilan de l'em- 41.
tures de toute sorte méchamment multipliées par pire au 1 avril 1814, le chiffre de la dette ins-
crite n'était que de 63 millions de rentes mais un
sir Hudson Lowe, on peut sans peine imaginer
quel long et rude supplice fut pour Napoléon an plus tard, après les Cent jours, la dette était
déchu l'oisiveté dans la solitude effroyablede Sainte- accrue de plus de 1,500 millions 1
Hélène. n y mourut le 5 mai 182t, et ses restes D'ailleurs, au milieu de ces batailles à peine
n'ont été ramenés en France que le 15 décembre interrompues, la France souffrait. Malgré les ad-
1S40 par les soins du gouvernement de Louis- mirables découvertes de cette époque, et les tra-
Philippe. vaux de ceux qu'il appelait, dans un jour de bon
Ainsi finit l'homme extraordinaire dont l'histoire sens, ses y<'at!(h <!eM<e"uM~ pour /a bonne guerre,
commence à pouvoir être écrite, et dont la puis- Chaptal, Berthollet, Fourcroy, Ternaux, Ober-
sante originalité impose à tout patriote plus d'ef- kampf, Richard et Lenoir, Bréguet, etc., le rap-
froi que d'admiration. port de Montalivet (IStU) constatait la gêne. L'abus
Le pouvoir de Napoléon reposait sur le prestige des conscriptions, le blocus avaient désolé les cam-
qui s'attache aux noms glorieux, sur la recon- pagnes, enrayé le commerce. Parpour contre l'indus-
,naissance due aux services rendus, mais aussi sur trie, sollicitée de se développer suffire aux
Comme il était le fils de la Révo- besoins du pays et profiter de l'éloignement mo-
une équivoque. croyait le continuateur on voyait mentané des concurrents anglais, avaitaccomplide
lution, on l'en
en lui l'incarnation de la France nouveUe. Certes réets progrès. Mais la disette sévissait,dans cette
l'histoire a le droit de lui demander des comptes même année 1810 où tout semblait promettre iL
'sévères car jamais il n'en rendit au pays qui l'empire la gloire et la durée.
s'était livré à lui avec cette imprudence assez Dans l'ordre matériel,l'activité d'immenses et impérissa-
bles travaux attestent excitée par l'em-
commune aux nations héroïques. Mais dans l'ordre moral, quelle stérilité 1
Dans l'ordre politique, la constitution impériale pereur.
de l'an XII revenait au vieux principe de la trans- quelle inquiète surveillance L'armée, cette pépi-
mission héréditaire du pouvoir. Sous le nom de nière de citoyens, était devenue moins nationale
majorats et de substitutions, le droit d'aînesse qu'impériale. La conscription devint odieuse, et il
'reparaissait dans notre droit civil en faveur de fallut une véritable armée pour traquer les déser-
la noblesse impériale. Les dotations, les sénatore- teurs. Mais on ne put étouffer « le cri des mères. »
ries, le maréchalat, la création de grands digni- Pour suffire aux besoins mais de la guerre, on leva
,taires, l'organisation d'une cour que le maître des contingents étrangers, ils donnèrentplus
,voulut très luxueuse, reconstituèrent et cette tra- d'inquiétude que de secours; enfin on mobilisa la
~dition servile de l'étiquette où les caractères s'a- garde nationale; mais on se défiait tant de cette
inoliidrissetit, et cette tradition de prodigalité, si force vive, que Paris assiégé manqua d'armes ou
dangereuse peut la fortune publique. L'Acte addi- de poudre pour se défendre en 1814 1
tionnel, qui maintint la pairie héréditaire, et les On avait tracé pour l'instruction publique en
décrets de Lyon du 12 mars 1815, témoignèrent 1808 un cadre splendide; mais si l'Université im-
périale, docile et menée régiment,
que jusqu'au dernier jour Napoléon resta eutiché anti- des élèves
comme un
lycées, et des étu-
de ce système de distinctions absolument trouva pour ses
démocratiques. diants pour ses facultés, le gouvernement semble
Assisté de douze ministres, parmi lesquels s'être peu soucié de peupler les écoles primaires.
quatre seulement ont eu un instant d'influence Dans l'ordre littéraire, pauvreté absolue l'Ins-
(Talleyrand jusqu'en 1808, Fouctie jusqu'en 18)0, titut trouve des candidats pour ses prix décen-
,Cambacérès et Maret), il garda jusqu'au dernier naux mais l'historien littéraire ne peut qu'indi-
i moment la passion de connaître le détail de toutes quer les désastreux effets de la censure implacable
~les affaires. On eût dit que l'administration le re- et de la presse officielle. C'est seulement dans
posait des soucis de la guerre. Le Conseil d'Etat, les rangs de l'opposition littéraire, et parmi ces
'qui dans sa pensée devait être une pépinière d'ad- idéologues que la police impériale traquait par-
illustres
,ministrateurs, rendit en quatorze ans plus de tout, qu'il faut chercher des noms
soixante mille décisions. Les trois codes de Chateaubriand, M°" de Staël, Royer-Collard, de
procédure civile, de commerce, d'instruction cri- Maistre, etc. La science et l'art,domaine naturellement
minelle et le Code pénal furent publiés. Quant au moins redoutables, puisque leur ne con-
Sénat, ce fut la cheville ouvrière du gouvernement. fine pas à la politique, eurent une part plus
Fait pour proscrire et conscrire, » a dit Daunou, grande aux faveurs du maître et moins do tra-
<t
c'est lui qui eut la garde et la police de toutes casseries à subir. Laplace, Lalande, Lagrange,
nos libertés publiques. C'est entre ses mains que Monge, Geoffroy Saint-Hilaire,Cuvier, Bichat, Bron-
tomba la totalité du pouvoir législatif, après la gniart David et son école, les Drouais, les Gé-
suppression du tribunat (1807) et au détriment du rard, les Gros, les Girodet, les Vernet, enfin
corps législatif, devenu après 1810 t un cot'ys sans Prudhon et Chaudet, etc., enrichirent de décou-
voix, ~H.< yeux, sans oreilles! vertes précieuses et de chefs-d'œuvre nombreux
Depuis la réorganisation des collèges électo- la science et l'art français pendant l'époque con-
impériale.
raux à vie, sous la haute direction d'un grand élec- sulaire et
teur, l'élection n'était plus qu'un rouage inutile.
Le césarisme dès lors touchait à son idéal II
t'ordre dans le despotisme, la police comme pre-
mier rouage de gouvernement, l'état de siège Ce qui suit est de moindre napoléonien, importance. Si de
comme régime politique!1 1815 à 1832 il y eut un parti si en
Pour les budgets pas de discussion. D'ailleurs les 1815 et en t832 les rois de la Sainte-Alliance, les
finances sont exactement régies, mais dans le se- Bourbons et le gouvernement de Juillet crurent
cret. M. Mollien, ministre du trésor (1806), orga- devoir prendre des précautions de police contre la
nise une caisse de service et surveille la compta- famille Bonaparte, il ne faut pas en conclure que
bilité en partie double du budget ordinaire. Quant celui qu'on a l'habitude d appeler Napoléon JI ait
tentation.
au domaine extraordinaire (1810), l'empereur en joué un rôle quelconque ou manifesté la
de reprendre la place de son père. Après 1821, tant, et déctara qu'il avait
thef officiel d'une dynastie déchue et d'une fa- n pas recherché l'hon-
neur d'être représentant du peuple. '< Si le peu-
mille proscrite, le duc de Reichstadt n'a pas9 ple m'imposait des devoirs, ajoutait-il,
je saurais
d'histoire. Ce pauvre enfant, qui mourut sans
laisser d'héritier, n'avait eu à aucun moment la
]es remplir. »
Le M septembre seulement, il arrivait à Paris;
direction du parti qui gardait, en face des Bour-i le 26, il siégeait à l'Assemblée constituante, et le
bons, sa foi à t'emperem*.
~.S'
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PO~nce~
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des strati- important qu'un caractère restreint à quelques
les fossiles répandus par- imp
Buffon
eaux. Il
existantes,
les
Sees espl
croit devisions
~~ond
des
le
le premier
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un
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pourra servir distinguer
telles que les
et dans 1
~Së':=.'S.=
anciennement s caractères fie
à la disparition d'espèces
grand nombre
pense qu'ungénération
d'animaux
spontanée, admet la créa- fan
peuvent ter'
tères fournis d'o~'M ou de ~<
tervalle on trouvera de même desAinsi les cara~
parles différents organes delalaclassiS- plante
naître par njuven~ intervenir dans
suffisante pot ca~on tour fi tour
cependant à ces espèces une variabilité
donné nais- cat et l'ordre de leur succession est en quel-
pour qu'elles aient graduellement espèces diffé- ~ede qu
que sorte déterminé expérimentalement. Le pnn_-
nombre d'autres trouve mais
sance à un granddes climat, la nourri- cip
l'application la méthode naturelle était manière resdi~
autres. Le peut en être faite de
rentes les domesticité
unes
ture et la variation.sont pour lui les principales ve~ l'a]
à mesure que l'on connaît plus exactement
causes de
quer qu'aucunedesespèce
Il
le
considère
mode
comme ayant déterminé fait le premier remar- l'il
des animaux sur la terre,n'est commune aux dans
de
les
distribution
les
l'importance
la structure d'un
Her et des caractères nouveaux
da
pas les
faite
plus grand nombre de plantes.
relative des caractères peut .e modi-
peuvent reclame.
méthodes une place qu'on ne leur avait
d'abord. Il n'y a donc pas lieu de
giona chaudes
~~pé~t~~
bases de la géographie zoologique.
~'t~in~e~ru~
Seule
et se re-
s'~onner
s'(
soient
tout
que Bernard et Lurent de Jussieu ne
arrivés d'un seul coup a la perfection
=st
humaine
trouverait essentiellement une
du dessein qui présidé à la création des animaux
a démontrent
dans toutes
les travaux
les so
on
n'a
u'uneh<:on
ver~bles
d
vé
pas
cessé depuis eux de chercher & represen les
plus complète, dans la méthode,
amnités des plantes, et ces tentatives
illustré des botanistes tels que de Candotle,
er
M.
anatomiques faits pour par
saie de l'expliquer par
ti'lues, sauf les
l'hypothèse
foule de petits êtres, de molécule>
dimensions,
résultent de
aux
leur
qu'il
êtres
existe
vivantes iden-
vivants
association.
une
Il
de
yy
=~P~=~
l- A.
A
Adolphe
naturelle
n
Brongniart.
c~on
plus tard a une
des animaux. Le système de Linné a
grande taille qui
aurait enfin, suivant lui, des
entre la plupart des idées formes animales. Si
passages gradués ci
t on ~J ~p~
peut C
quelques-unes des opi- &portance SOH
~e7(nC9-t832), dans son
o~a~tM<!<~ (t8t6), montrant 1 im-
exceptionnelle du système nerveux,~
retrouver dans ces faut reconnaltre qu'il p
nions émises avant Buffon, il
la façon dont il les
as troduisit dans la science l'idée des types de s~uc~
t
les fait absolument siennes par d'autres sont des ture
t et démontra que tous les animaux connus
expose et dont il les enchaine;
les sciences
es
dde
t~pes son temps étaient conformés suivant quatre
vues de génie dont l'influence sur
t quatre plans généraux caractérisant autant
naturelles a été
plus tard
considérable
développées et
nous les retrouve-
confirmées par les "pen~qu~~
es (
d'embran~~hements.
fin
rons intendant du jardin du apnées conduire a une appré-
successeurs de l'illustre idées qui doivent
¡sc~onaeplus que les
roi. Buffon occupé des animaux ux
,es
ïorganismes en plus exacte des rapports révolution
ne s'est jamais que présentent entre eux, une
supérieurs. Cependant autourinférieurs de lui d'importantes n~onde, accomplie dans les sciences physiques,
découvertes sur les animaux
préparent ne contre jour tout nouveau les rapports des
le règne organismes sous un mi-
une révolution da~is les idées courantes sur avec le milieu qui les Les entoure. Ce
Peysonnel démontre (1~) l'animalité du ~e~tpour inconnu. découvertes
animal. exemple d'ani- Schee~.de ainsi dire
corail et fournit ainsi le premier Priestley, de Lavoisier nousdevoi-
les autres & la lent~a~stitution:
de
en n~Scheeleen Suède,
maux bourgeonnantsles uns sur toute leur viee
façon des plantes et demeurant
dans une étroite communauté comme
unis
e er~
peuvent les
naturalistes
le Mesdey en Angleterre
les
découvrent
Lavoisier démontre qu'il fait partie i.te-
l'oxygène;
faire les branches d'un arbre. Les de l'air et qu'il donne en se combinant avec
plus compétents se montrent d'abord incrédules M
sur grante
le carbone
le gaz même qu'exhalent les animaux
mais les mémorables recherches de Trembley sur qui
d'eau déterminent revire-au est l'aliment par excellence des végétaux,
les hydres douce(n40)
Jussieu
un
rend ~de carbonique. Presque en même temps, l'eau
ment d'opinion. Bernard de se au
perd comme l'air le caractère d'élément que lui
bord de la mer pour étudier à nouveau les ~s
tlustres,
les anciens chimistes; Cavendish en
les cschares et les organismes voisins, que tous les attribuaient
parait l'hydrogène, et Lavoisier démontre irrétuta-
les naturalistes classaient jusque-là parmi les cément
grand ine
étonne-
erte av~oxygène en nS3 que cet hydrogène, se combinant
algues, et reconnaît en eux, à son
découverte ~le ~bon de l'air, forme de l'eau, de même
ment, de véritables animaux. Cette forme de l'acide carbonique en br~
d animaux composés, d'animaux vivant en colonies, Snt l'air. La théorie de la combustion est
est. fondamentale, mais son importance n a ère
guère
~es oublie; dans
celle de la respiration en est une consé-
été comprise que de nos jours. Quelques années for-
~699-t~) for- quence immédiate: alors apparaît entre le règne
après ft7&9), Bernard de Jussieu le règne végétal une admirable harmo-
naturelle de classification des animal et
mulait sa méthode sans cesse dans 1 atmo_
végétaux, publiée seulementd'une façon complète Jus- nie les animaux versent
ilète
d'acide carbonique formé aux
Antoine-Laurent de Jus- s~e sphère des torrents
en 1789 par son neveu dépens de l'oxygène de l'air. Les végétaux s empa-
sieu (l'!48-!836). Abandonnant les errements de rentde cet acide carbonique, le décomposent, en
Linné, qui nu s'était serv' dans son système que
-~8-
gardent
que
~TU.ALISTEC
le carbone
an~ lui
ln.
restituentl'air j'oxveene
arbone et restituent
les animaux et
e.~lA.
lèvent; la1-substance même
des végétaux sert ensuite ''a'imentation
desleur
ani-
'e ci~s"
.s H.n.
considèrent. I~
w'me Guea vivants comme le résultat
&
monde extérieur sur une
NATURALISTES
n. de mesure,
l'action
les
du
vivant, rendent au sol, où les végétaux les mitives,
maux, et ceux-ci. après leur mort ou même de leur Il
ir
ou plusieurs formes pri-
qui se sont modifiées
avec le milieu dans
vent, les substances qu'ils ont prises à retrou-
,l'OU' lequel
elles devaient vivre de manière
etdan..î~
et dans S~M u~M.
dans sa
~M
ces derniers.
iers. jo
animaux
jours en harmonie avec lui, Cuvier penseêtre tou-
êtres ont été créés d'IID
et ~aua· que les
à
sa avait dé~ cherché rché conditions coup pour vivre dans des
déterminées.Geoffroyrecherche
à dMerm.ner ces êtres cc
rapports des
milieu qui tes entoure; il vivants avec c le
le ar
animaux les traces plus dans les
=?~
peut être considéré :léré pr ou moins effacées
primitifdoùilsdérivent,Cuviernieceplanprimitif; du type
comme ayant jeté les bases de la physiologie végé- égé-
tale; mais que pouvait être la physiologie à pourqu'un animal puisse vivre dans des
pc
conditions
Ëf~?~
époque où ni l'oxygène, ni l'hydrogène, une de données, il faut que ses
ni l'azote
zote tai tains rapports déterminés organes présentent cer-
nature de l'air, de l'eau, de mi
l'acide carbonique restaient mêmes, et qu'ils soient par ces conditions elles-
à déterminer, où l'on le, les autres: il ~· a donc entre en harmonio les uns avec
nomène fondamental la
Ingenhousz, de Saussure,combinaison ~e7
consister ce phé-
Sennebier, poursuivent
¡hé- un
ue? parée
une
pa
corrélahoa, qu'il
les formes des organes
appartient
de déterminer. Les lois deà l'anatomie com-
nouvelles ~~e~STu
temps de Lavoisier, on commence d'ailleursAuà& ques
rent un une fois établies, doit être possible
tuer presque entièrement un animaldedont
ces corrélations
reconsti-
quel-
peine à entrevoir les liens qui unissent entre s'a qu parties seulement sont connues. C'est
eux ce que l'on nomme les agents physiques; les ltre s'appuyant sur ce principe, devenu le principe fon- en
propriétés les plus importantes de l'électricité da)
dam entai de la paléontoeogie', Cuvier a pu dé-
encore inconnue/ les physiciensont bien imaginé sont
ont montrer
mo que la terre a été jadisque peuplée d'animaux
des fluides pour expliquer la rhaleur, iné dO! dont les espèces ont aujourd'hui
l'électricité, IP magnAtisme, des forces la lumière,'rP, dis disparu, et reconstituer dans complètement
quer l'attraction pour
des astres,la cohésion des molé-
expli- les formes de ces animaux.une En
certaine mesure
cules des corps, l'affinité qui 1é- fait, Cuvier se trouve conduit
fait présence de ce
à se combiner; mais rien pousse les nts j'invariabilité de J'espèce il admettreses idées sur
par
diverses, et telles sont ne relie ces conceptions de périodi-
les
ma qUE ques catatlysmes, de périodiques ;-évolutions
encore
l'esprit humain que l'on accepte habitudes de lobe qui auraient détruit le plus grand
glo~ du
et de force, comme désignant des êtres ces mots de fluide
~de des espèces vivant à nombre
dont l'existence est aussi inexplicable mystérieux un moment, espèces périodi-
ux que quement remplacées aussi par des creations
des êtres vivants eux-mêmes. La que celle lie cess cessives. La géologie, à laquelle suc-
moins science n'en a
a Cuvier
Cuv devaient les travaux de
pas trouvé voies: toutes les questions pal donner un si brillant
s'agrandissent, les seshorizons prennent la plus ns paléontologie,
É qu'il a fondée, sont essor, la
étendue; un immense travail fait vaste infirmer ces deux hypothèses; le
,Le infi¡ venues depuis
se dans les idées es Ch.: Ch. Lyell,reprenant l'idée géologue anglais
la brillante pléiade resplendit au nt nettement que les causesdeactuelles, Buffon, a montré bien
En France, la Convention, seuil du xue siecle, e. lent,lentement sous nos yeux, mais qui agissent
sur le rapport de Lakanal, LI, effet
effets pendant de longs siècles, accumulent leurs
inspiré par les héritiers scientifiques suffisent
organise, avec une hauteur de de Buffon, n, querquel tous les phénomènes géOlogiques; d'autre à expli-
S~rS S vue
retrouvée depuis, le Muséum d'histoire qu'on a rarement 1t part les innombrablesrecherches des paléontologis- et
S
s'efforce d'y concentrer tout naturelleet tes modernes 1 s'accordent àprouver
ce qui peut en faire 'e anitr
animales et végétales d'une période que les espèces
Geoffroy Saint-Hilaire, Cuvier, Lamarck, donc donnée n'ont jamais disparu géologique
aux sciences naturelles une portée
donnent t
bientôt étein
l'on ne con- espèces
éteintes graduellement, une à une, en bloc, mais
tandis
se sont
que des
naissait pas. Comme introduction que espèl nouvelles prenaient successivement
~oologie du Muséum, Lamarck IL son
cours e place.
de place leur
bord botaniste et collaborateur (1"44-182!j), d'a- Au moment même où en France Cuvier
Au
blie en 1809 sa Phil~,sopkie de Candolle, pu-L- 1- Saint-Hilaire
Saint et Geoffroy
zoolo~gigue, captivaient l'attention des savants
ct puissante tentative d'explication de e les grandes g luttes scientifiques qui s'élevaient par
des animaux. Il y regarde les l'originee tre tre eeux, en Allemagne se développait, en-
comme descendant d'espèces qui espèces actuelles fluen, de Schelling, l'école sous l'in-
les de la p~,ilosopkie de la
'lui se sont graduellement
transformées sous fin- puiss
nature, qui attribuait à la raison humaine une
fluence des milieux et de 1 habitude pujssance safSsante pour découvrir
dividus modifiés ont transmis
descendance lrurs par hérédité à
de
et dont les in- de l'o
leur d (J Jn9.i~ fut, parmi les naturalistes
sans le secourt
lois du monde Physiq~ë~n
~s-
en pre-
comparaisons
explique par les lois naturelles du
la formation, chez l'homme
anatomiques,
développement les divers
trtrer
des formes variées, conduisit Gœthe
quelques années après
qc que,
à démon-
végétaux,
et les animaux, de ces riéesdiv appendices et "mment les parties
de la fleur, pétales, étamines, va-
n2onstrw·.s~tés que tant de
comme miraculeuses, et crée ainsi gens considèrent C
encore autre (chose que des Co~r
etc., ne sont
nouvelle. fo,.mes S!)€c~Ques croit aussi une science enseml ensemble les diverses parties d'un mênje
lité des Pormes spéctfiques, à la mutabi- nisme nisme, comme le faisaient orga-
et attribue à la. seule parer ddans des animaux Gœthe et Oken; com-
les différents les organes qui
subis. Cuvier soutient changements qu'elles ont se corrl
au coutraire l'immuabilité Hilaire correspondent,
Hilaire rechercher
type le
~as
comme
les modifications de formes
le faisait Geoffroy Saint-
animaux de même
qu'entra!nent
modifications d'un liser li les découvertes qui devaient donner un élan
dans les divers organes les venait de fon-
organe donné, comme le faisait Cuvier ce sont là si s remarquable à la science qu'il
trois des points de vue essentiels de la~fomtf der. d
Vers 1S15 seulement, l'invention du microscope
comparée; une part dans la fondation de cette achromatique et les perfectionnements rapides
science revient donc à chacun des grands doit hommes a
Une place être ded cet instrument par Amict, Chevallier, etc.,
que nous venons de nommer.d'Azir (~8-1194), et mettent
r dans les mains des naturalistes un pro-
réservée auprès d'eux à Vicq cédé d'investigation d'une grande puissance. On
à Meckel (1781-1833).Pendant que l'anatomie corn- c
plus avant dans la structure des animaux
parée se constituait ainsi, un autre naturaliste émi- pénètre 1
des végétaux, et l'on suit avec plus d'attention
nent, Von Baér, fondait l'embryogénie comparée et <
t phénomènes intérieurs qui s'accomplissent en
les
ou science du développement des animaux et, par eux.Turpin(m5-)84()),deMirbel(m6-t854) signa-
nne méthode à lui, arrivait, relativement au nom- <
Alexandre Brongniart (1770-1847) eut le premierr des infusoires, et à laquelle il a donnédepuis le nom de
dans
fidée de faire appel aux fossiles pour déterminerr Mrcodf. Cette substance, retrouvée
l'âgerelatif des couches et distinguer,en dehorss tous les éléments constitutifs des êtres vivants,
de tout caractère minéralogique, les couches con- n'est autre chose que le protoplasma, dont Hugo
temporaines de celles qui ne le sont pas. Cette
méthode de elassincation des terrains devait deve-
von
hors
Mohl et Max Schultz ont montré l'importance
ligne, et qui doit être considéré comme la
nir plus tard, grâce aux patientes recherches dui ~M&sfaKce Mua?t<e fondamentale, la base pA~~M
savant conchyliologisteDeshayes (1795-1875) et aux tfe la vie. Comparable à certains égards à un com-
généralisations de sir Charles Lyell, la méthode e posé chimique, mais possédant toutes les facultés
exclusive des géologues. Enfin, comme si toutess qui sont l'essence de la vie. le protoplasma n'e-
les branches de l'histoire naturelle devaient à xiste jamais qu'a l'état de petites masses mdépen-
cette époque recevoir une impulsion nouvelle dul dan tes qui revêtent ordinairement la forme de c"t-
f;Ma<OM!-
grand établissement que la Convention avait enn <u~<. Ce sont la les véritables e~'meH~ appelés les ott-
France consacré à leur culte, Haüy (H43-i8M)') OMM, ceux que Claude Bernard a
achevait d un coup la erM<a//o~)'ap~M dont Berg- M-:e~ de la vie, ceux dont les propriétés contien-
mann et Romé de Lille avaient à peine avant lui nent l'explication de la structure comme aussi des
jeté les bases. fonctions diverses des organismes. L'identité de
ramené ce
A l'école de médecine de Paris, Bichat (l'!Ti- ces éléments dans les deux règnes a
1803) faisait de son côté entrer l'anatomie danss grand physiologiste à concevoir, a l'exemple de
des voies nouveHes. Il professait que les diverss Lamarck, une science générale de la vie, la &K~o-
organes et appareils étaient constitués de partiess gie, ayant pour objet de réduire à un ensemble de
essentiellementles mêmes dans tout l'organisme, loiscommunes les phénomènes, jusque-là considé-
végétale et de
les f'/etnemb aMa<om:~tt< groupés eux-mêmes enn rés comme antagonistes, de la vie
tissus et en systèmes d'organes semblables; il de- la vie animale. Ce fut la préoccupation constante
vint ainsi le fondateur d'une science nouvelle, des dernières années de l'homme de génie qui
l'AMMo9'<' ou science des tissus; mais il ne put it fixa à la p/i[~:o~<<' c.rpëfWteM~e une voie den-
connaître, faute de procédés de recherche suffi-[- nitive, jalonnée déjà. par les travaux de Spallan-
à la fois
ea~ts, les véritables éléments anatomiques. Il mou- t- zani, de Réaumur, de Hatler (nu8-m7), physiologiste, de
rut à l'âge de trente et un ans, avant d'avoir vu réa-a- poète, médecin, botaniste et
Charles Bell (1774-1842), de Magendie (1783-1855),ides roches sédimentaires, dont quelques-unes-ont
deFIoaren*. subi au contactéeces dernières,portéesaune hauta
Longtemps on s'était, & quelques exceptionsprès, température.desmodincationsimportantes;
borne a étudier tes êtres vivants & leur étatappelle l'attention Hutter
sur ces modifications,et désigne
l
adulte, à classer et à décrire les formes que l'on les roches qui les présentent
t
découvrait sans trop se préoccuper de suivre un m~aMo~Ai~MM. Alexandre sous le nom de roches
de Humboldt ()'769-
môme organisme dans les diverses phases de son )859), esprit encyclopédique, recueille dans
existence. Les insectes, avec leurs métamorpho- voyages une foule de documents relatifs à la ses
ses, paraissaient une exception unique parmi les titution physique du globe et les expose d'une cons-
êtres vivants. Les grands voyages, tels que ceux façon magistrats dans grand ouvrage, le Cos-
do Péron et Lesueur, de Lesson, de Quoy et Gai- MM. Léopold de Buch son et Elie de Beaumont éta-
mard, etc., font connaître un grand nombre de blissent d'une façon définitive la théorie du
formes nouvelles de zoophytes et d'autres ani- lèvement des montagnes. sou-
Elie de Beaumont (1798-
maux marins, et ramènent l'attention sur ces sin- 1874) tente même d'exprimer la disposition gêné-
guliers organismes.Lesueur, décrivant certains aca- rate des principaux systèmes de
lèphes (1815), est amené à tes considérer comme montagnes an
moyen de lois géométriques. C'est à cet illustre
des colonies flottantes d'animaux qui, bien que géotogne et à
nés les uns des autres, et demeurant toute leur l'on doit la carte <on collaborateur Dufrénoy que
géologique de France. Mais le
vie associée, revêtent cependant dans la même feu et l'eau à l'état liquide ne
colonie les formes tes plus différentes. Dans l'un causes qui ont contribué à modifiersont pas les seules
d'; ses voyages, Addlbert de Chamisso, à la fois globe. On t'aperçoit qu'il faut aussi le relief du
poète, romancier et naturaliste, fait connaître venir dans une largo faire inter-
mesure l'action des glaces.
(18)9) des animaux, tes Sa/~M,<qui revêtent alter- Les observations de Venetz, de Charpentier
nativement deux formes difTérentes à chaque gé- montré que les glaciers de la Suisse ont
ont eu
nération, de sorte que tes enfants ne ressemblent fois une ptusgrande étendue.Louis Agassiz reprend autre-
jamais a leurs parents, mais bien à leurs grands, ces observations et arrive à conclure
parents. Un pasteur norvégien, Sars, de Bergen, ces ont couvert, pendant une période que les gla-
découvre (t835) des faits entièrement analogues ment récente, relative-
une grande partie de l'hémisphère
sur les méduses; le grand physiologiste Johannes boréal et ont laissé en maints endroits des traces
Müller (180)-m&8) fait connaitre le mode de dé- de leur passage. On a cru longtemps que la fin
veloppement plus étrange encore des étoiles de de cette période glaciaire marquait la date de
mer et des oursins; une série de découvertes l'apparition de l'homme sur la terre, mais des
successives de Boianus, von Baër, Mehlis, Nord- découvertes récentes tendent à reculer beaucoup
man, Creplin, Dujardin, Zeder, von Siebold, de plus l'époque de cette apparition. Non moins pa-
Filippi font entrevoir des phénomènes analogues léontologiste que zoologiste géologue, Louis
dans le mode de propagation encore mystérieux Agassiz tente de préciser les et caractères des in-
des helminthes ou vers parasites de l'intestin et nombrables fossiles découverts depuis Cuvier
de divers autres organes de l'homme et des ani- et de déterminer leurs
enfin, un éminent naturaliste danois, Ja- qui vivaient de nos jours.rapports avec les êtres
-maux Les uns lui semblent
petus Steenstrup,réunit tous tes faits observésjus- conserver toute leur vie les traits des embryons
qu'à lui'sur tes zoophytes et les vers, et développe des animaux actuels ils constituent des types
en 1842 sa grande théorie des ~~n~a~oK~ alter- <mAr'/oMM<M; d'autres paraissent présager par
nantes, qui a reçu de P -J. van Beneden et de certains de leurs caractères l'apparition prochaine
M. de Quatrefages d'importants développements. de types nouveaux sont les types prophé-
Les travaux de von Ba6r, de Prévost et Dumas, <MM d'autres ennn réunissent ce
de Wagner, de Purkinge, de Lallemand, de Pou- ractères que l'on ne trouve plus en eux des ca-
aujourd'hui
chet, de Coste, avaient établi sur des bases iné- qu'isolés sur des êtres assez étognês les
branlables la généralité de la reproduction par autres ce sont les types synthétiques.Tous uns des
voie sexuée la théorie des générations alternan- fossiles étendent singulièrement l'idée ces
que les
tes donnait à la reproduction par voie de simple êtres vivants nos contemporains peuvent nous
bourgeonnement ou de division transversale du donner de la nature et de la variété des formes
corps une importance qui s'accroît chaque jour organiques. Louis Agassiz croit, comme Cuvier, à
et qui paralt destinée à devenir de premier ordre. la fixité de formes mais les paléontologistes.
Les faits de génération alternante ne sont pas sont presséscessans relâche par les conséquences
limités d'ailleurs aux animaux on les retrouve chez inévitables de leurs découvertes; il est hors de
un très'grand nombre de cryptogame*, et la con- doute que les espèces animales et végétâtes.
naissance du mode de propagation de cea plantes, ont été plusieurs fois totalement renouvelées à la
celle de leurs singuliers éléments reproductfurs, surface du globe. Ce renouvellement a eu lieu
doués de mouvement comme de petits infusoires, sans <:o<ac~M"; les espèces ont disparu à
constitue encore un progrès important dû prin- une, ont été remplacées une à une de telle une façon
cipalement aux travaux d'Agardh, de Unger, de que leur ensemble a subi une transformation
Berkeley, de Mohl, de Thuret, de Derbès et lente et graduelle. Comment se sont produites les
Solier, de Pringsheim, de de Bary, etc. Des liens espèces nouvelles? Ont-elles été tirées du néant~t
nouveaux se trouvent ainsi établis entre les ani- leurs premiers représentants ont-ils été faits d'un-
mauxet tes végétaux. coup à l'aide de la matière inerte; ou bien chaque
La géologie fait à son tour de rapides progrès. forme spécifique nouvelle n'est-elle que le ré-
Les anciens géologues se partageaient en pluto- sultat de la transformation d'une forme analogue
niens et en neptuniens, les uns attribuant à l'ac- qui l'a précédée? Il faut décider entre ces trois
tion exclusive du feu, les autres à l'action non alternatives les probabilités en faveur de la der-
moins exclusive de l'eau la conformation actuelle nière augmentent chaque jour.
do la surface du globe. En 1811, Breislak à Rome, En lHa9, un naturaliste qui s'était déjt illustré
dans son ouvrage sur la ~Me~re extérieure du par un voyage autourdu monde, ou il avatt recueilli
globe, fait la part de ces deux éléments le globe, d'innombrables observationset qui lui avait permis
d'abord à l'état de fusion, s'est refroidi, sa surface de donner l'explication, bien des fois tentée avant
s'est solidifiée les eaux s'y sont condensées et lui, de la formation des lies de qui abon-
n'ont cessé depuis lors de contribuer à la modifier. dent dans le Pacifique, Charlescoraux Darwin, publie
Mais le feu central n'a pas cessé pour cela d'in- son livre sur t'C~me des c.tp~c~,
tctvM)ir. On distingue nettement les roches ignées temps ou'un de ses compatriotes, A.-R. en même
Wal-
lace, exprime des vues analogues dans un ou- Méditerranée, ils naviguèrent le long du littoral
vrage sur la Sélection naturelle. Les idées de africain, où ils fondèrent Carthage, et créèrent
Lamarck reviennent au jour; mais Darwin et des établissements sur les côtes de la Gaule et de~
Wallace montrent par quel mécanisme la Mt)'t«& l'Espagne jusqu'au détroit de Gadès. C'est à l'Her-
lité des formes, et la transmission par hérédité cule des Phéniciens qu'est attribuée la célèbre le*
des caractères acquis, peuvent produire des es- gende des colonnes d'Hercule.
pèces nouvelles et non de simples variétés sans Des Phéniciens la suprématie sur mer passa
aucune stabilité. Les variations qui constituent aux mains des Carthaginois, dont la domination
un avantage pour les êtres qui les présentent sont s'étendit sur toutes les Iles connues de la Médi-
seules conservées elles sont l'objet d'un choix, terranée, et qui possédèrent pendant plusieurs
d'une sélection naturelle, conséquence de la lutte siècles l'empire absolu de la mer. Dans ses luttes
pour la vie dont les animaux et les végétaux nous avec Syracuse, qui durèrent près de deux cents ans,
offrent l'émouvant spectacle. Les impossibilités Carthage équipa des flottes considérables, se chif-
apparentes qui n'avaient pas permis aux théories frant par plusieurs milliers de navires, et livra de
de Lamarck et de Geoffroy Saint-Hilaire de ré- nombreuses batailles navales. Elle ne réussit ce-
sister à l'opposition de Cuvier s'évanouissent. pendant pas à subjuguer sa rivale, qui parvint
Quoiqu'il reste encore bien des points obscurs même à la menacer sur le sol africain.
dans la théorie de la transformation des formes Syracuse ne fut pas du reste sa plus redoutable
spécifiques, un grand nombre de naturalistes se ennemie; elle eut à soutenir contre Rome une
rallient à une doctrine qui leur donne l'espé- lutte terrible, pendant laquelle elle disputa long-
rance de soulever un jour le voile qui couvre l'ori- temps à cette dernière l'empire du monde et où
gine des êtres vivants de là un mouvement elle finit par succomber. C'est au début des guerres
scientifique dont il est impossible aujourd'hui de puniques que les Romains, jusqu'alors sans ma-
nier la grandeur Les rapports des êtres, les clas- rine, équipèrent leur première flotte, que Duilius
sifications,l'anatomie comparée, l'embryogénie, la conduisit cependant à la victoire, malgré l'infé-
répartition géographique des formes vivantes ap- riorité des bâtiments qui la composaient. Dans
paraissent sous un jour nouveau. A l'ancienne con- cette première bataille navale, le général romain
ception de la nature vient s'opposer une concep- craignant, avec ses lourds vaisseaux construits à la
tion toute différente. Nous avons essayé de montrer hâte et ses équipages peu exercés, de ne pouvoir
dans cet article les pierres successives que les lutter avantageusement contre les navires légers
siècles ont portées à lédince que nous voyons et maniables des Carthaginois, inventa les cor-
subir de nos jours une métamorphose nouvelle. beaux, sorte de mains de fer destinées à accro-
fEdmond Perrier.1 cher les bâtiments ennemis et à faciliter l'abor-
NAVIGATION. Histoire générale, XXXIX-XL. dage ces terribles engins, en portant l'épouvante
– Temps anciens. La navigation remonte à la parmi les Carthaginois, contribuèrent à leur dé-
plus haute antiquité,et l'on s'égare dans les récits faite.
fabuleux lorsqu'on tente d'en pénétrer l'origine. La troisième guerre punique amena, à la suité
Les notions que l'on possède sur l'art nautique des d'un siège mémorable, la chute de la puissante
anciens peuples se bornent à quelques images ville africaine.
grossières peu propres à fixer les idées. Ce n'est Carthage avait dû son origine au trafic des-
d'ailleurs que lorsque la navigation a acquis un Tyriens l'activité de sa navigation avait contri-
certain développement, et qu'elle est devenue l'un bué au rapide développement'de sa grandeur;
des principaux agents de la civilisation, que son sa situation était d'ailleurs plus avantageuse
histoire est intéressante à étudier. que celle de Tyr. Les transactions des Cartha-
La pirogue des anciennes populations lacustres ginois s'étendirent au delà des colonnes d'Her
ou des Océaniens, creusée dans un simple tronc cule, sur la côte occidentale d'Afrique, visitée par,
d'arbre, et le radeau, composé de roseaux assem- Hannon, auquel on attribue un périple resté cé-
blés, de tronçons d'arbres réunis, sont probable- lèbre, et sur la côte d'Europe, explorée par Hi-
ment les premiers flotteurs employés par les milcon. Les historiens rapportent même qu'une
hommes pour se mouvoir sur l'eau; la perche, grande île de l'Océan fut découverte et habitée
appuyée au fond, dut être le premier engin de par les Carthaginois.
propulsion. Les Grecs furent également d'habiles naviga-
L'invention des rames et du gouvernail remonte teurs mais il est difficile de préciser l'origine de
aussi aux temps les plus reculés; ces créations leur marine, les faits de leur histoire étant déna-
d'ailleurs, comme celle du navire, ont dû être turés par les légendes et les fictions de l'époque
communes à tous les peuples établis sur les ri- fabuleuse. Bien que Thucydide attribue aux Corin-
vages de la mer. thiens la première construction des galères à trois
Après être resté longtemps informe, l'art nau- rangs de rames,ilest présumable que ceux-citinrent
tique reçut sa première impulsion des Phéniciens; des Phéniciens leurs connaissances sur la naviga-
c'est ce peuple qui semble tout d'abord avoir tion et la construction des vaisseaux. Quoi qu'il
compris que la mer, loin d'être un invincible en soit, les colonies grecques contribuèrent puis-
obstacle aux transactions des hommes, était au samment au progrès de la civilisation. Phocce et
contraire appelée à les rendre plus faciles. C'est Milet, en Asie Mineure, marchèrent en tête de
aux Phéniciens que nous devons les premiers per- toutes les autres les Phocéens fondèrent Mar-
fectionnements des navires de mer, 1 emploi des seille, dont les vaisseaux, sous la conduite du
voiles, l'usage de l'ancre, d'abord simple pierre MassUien Pythéas, remontèrent les côtes der
lourde, puis crochet en fer, celui du lest pour as- l'Europe occidentale et colonisèrent la Gaule et
surer la stabilité des embarcations, de la sonde l'Espagne Milet fonda de nombreuses villes dans
pour mesurer la profondeur des chenaux, de la la mer Noire.
rose des vents, etc. L'asservissement de l'AsieMineure par les Perses.
Les Phéniciens furent longtemps les maîtres de arrêta le développement colonial des Grecs et pro-
l'empire des mers; Sidon et Tyr, aujourd'hui dé- voqua les guerres médiques, qui placèrent Athè-
laissées, montrentencore les vestiges de leurs an- nes au premier rang des villes maritimes. La
ciens ports. Ils conquirent les îles voisines de leur bataille de Salamine, la plus belle bataille navale
pays, Chypre, Rhodes, la Crète, les Cyclades. Par la des temps anciens, fut gagnée par Théniistocle
mer Rouge, ils entrèrent dans les golfes Arabique et qui, avec 400 voiles, défit la flotte des Perses forte
Persique, et avancèrent jusqu'aux Indes, où ils se de 1300 bâtiments.
rendirent maîtres de Taprobane (Ceylan). Dans la La guerre du Pétoponese entraîna ensuite la
ruine d'Athènes, en consolidant la puissance de mots des navires dont ils se servaient. Les vais.
Sparte. Après Sparte, Thèbes occupe quelque seaux en usage étaient de deux sortes les uns,
temps le premier rang. On arrive ensuite à la dé- dits vaisseaux ronds, étaient destinés au commerce
cadence de l'empire des Grecs et au berceau de et au transport; tes autres, appelés vaisseaux
la puissance macédonienne, puissance qui se dé- longs, mus par les rames et les voiles, étaient
veloppe rapidement, mais en restant plus conti- génératement connus sous le nom de galères. Les
nentale que maritime, car les exploits sur mer de Grecs divisaient ces dernières en monères, cM) M,
Philippe et d'Alexandre se bornent en somme au trières, etc.. selon qu'elles étaient manœuvrées
siège de Byzance et à la prise de Tyr. par une, deux ou trois rangées de rames. Les
Alexandre avait cependant conçu de vastes pro- Romains employaient les termes correspondants
jets maritimes; il avait fondé, entre Tyr et Car- de MN!r~)?!f, ttt'~mes, <)'t)'ctMM, etc.
thage dont il voulait anéantir la puissance commer- Jusque trois rangs de rames, on conçoit la pos-
ciale, la ville d'Alexandrie, que sa situation même sibilité de superposer les bancs de vogue; mais
destinait à être l'entrepôt du commerce de l'E- lorsqu'il s'agit d'expliquer tes dispositions adop-
gypte et de la mer Rouge. H se proposait encore tées pour les rameurs dans tes quatrirèmes, quin-
d envoyer des colonies, sur tes côtes du golfe quérëmes, etc., et surtout dans tes galères à seize
Persique et do porter ses armes dans l'Arabie; ou à quarante rangs de rames, on se trouve arrêté
ses idées de conquête s'étendaient aussi sur l'A- par la longueur démesurée que la superposition
frique et il méditait la destruction de la puissance eût donnée aux rames supérieures, dont la ma-
des Carthaginois, alors à son apogée. Ce fut dans nœuvre eût été impossible. Il faut admettre que
ces vues et pour d'autres desseins maritimes ce sont là des appellations défectueuses et que
encore plus hardis qu'il avait réuni une grande l'on doit entendre, non pas seize ou quarante éta-
quantité de navires, qu'il avait équipé de nou- ges de rameurs, mais seize ou quarante files, ran-
velles flottes et fait construire, aux bouches de gées probablement en échelon, comme les mar-
l'Euphrate, un immense port pouvant contenir ches d'un escalier, en partant de l'une des extré-
plus de mille vaisseaux. mités de la galère pour aller vers l'autre.
Les successeurs du grand conquérant suivirent Les trières des Grecs, ou tes trirèmes des Ro-
les traces qu'il avait marquées dans la voie mari- mains, étaient tes galères les plus employées,
time. Les Ptolémées, à qui échut l'Egypte, ouvri- ayant les meilleures qualités nautiques pour la
Tent une route d'Alexandrie aux Indes l'un d'eux, marche et l'évolution elles portaient à l'avant un
iPhiladelphe, se rendit puissant par l'étendue de éperon pour l'attaque par le choc, et l'on estime
ses flottes et exerça son empire sur la Syrie, la à 150 hommes en moyenne l'équipage qui les
-Cilicie, la Lydie, les Cyclades, où il fit affluer par manœuvrait. Elles étaient pontées de l'avant à
!e trafic des mers les richesses de l'Orient. Séteu- l'arrière et génératement gréées de deux mats.
<us, qui héhta de la Babylonie, s'appliqua aussi Moyen Age. De ta chute de t'empire d'Occident
.au progrès de la marine; dans les guerres qu'il jusqu'à la prise de Constantinoplepar les Turcs, la
eut avec Antigone, l'un et l'autre couvrirent de géographie lit peu de progrès, la navigation et
leurs flottes la mer Méditerranée. Le fils de ce l'architecturenavale restèrent à peu près station-
dernier, Démétrius Poliorcète, pour se rendre naires. Les galères à un seul rang de rames fu-
maître de l'Asie, équipa une flotte de 500 voiles, rent en grand usage sur la mer Méditerranée
où l'on voyait, dit Plutarque, des vaisseaux de d'une longueur de 40 a 50 mètres, sur une lar-
quinze rangs de rames, qui, malgré leurs dimen- geur de 5 à 6 mètres, et assez basses sur l'eau,
sions extraordinaires, possédaient toutes les elles différaient peu, pour la forme et tes dimen-
~tés nécessaires pour la marche et l'évolution.qua- sions, des anciennes trières grecques. Les nc/
Les Romains, avant la première guerre punique, naves, ou vaisseaux ronds de haut bord, étaient
m'avaient aucune idée des choses de la mer, du particulièrement en usage dans l'Océan; plus
-moins pour la réunion des flottes et leur emploi à courts et plus creux que les gaières, ces bâti-
la guerre. A la suite de la victoire de-Duilius, les ments naviguaient surtout à la voile. Les Scandi-
progrès de leur marine furent rapides et, après naves employèrent pour la haute mer des Drakars
avoir longtemps disputé à Carthage l'empire de la à rames et& voiles. Mais toutes ces constructions
mer, ils unirent par anéantir cette puissance. Ce- ne présentaient pas un progrès bien marqué sur
pendant les circonstances seules les conduisirent celles des anciens navigateurs.
<par la suite à équiper des flottes. Au début de la Parmi tes nations maritimes du moyen Age, il
guerre contre Mithridate, roi de Pont, Sylla recon- faut citer en première ligne les Northmans, har-
nut la nécessité d'avoir une flotte pour agir contre dis navigateurs ou plutôt pirates, conduits par
un ennemi dont la puissance consistait principale- leurs terribles Wikmgs, dont la guerre était la
ment en forces maritimes, et chargea Lucullus continuelle occupation. Au ix* siècle, les Norvé-
d'en assembler une. Plus tard, lorsque Jules Cé- giens déjà établis aux Orcades, aux Hébrides, aux
sar, après avoir soumis les Gaules, à la Shetland et aux Féroë, découvrirent l'Islande,
conquête de l'Angleterre, il dut fairesongea venir des qu'ils colonisèrent et qui devint le point de dé-
vaisseaux et des matelots de toutes les provinces part d'expéditions nouvelles; celles-ci amenèrent
conquises. à leur tour la découverte du Groenland et de
Après avoir vaincu Pompée et être à Terre-Neuve.
ta suprême puissance, César donna ses parvenu
soins à la Au commencement de ce même siècle les Nor-
navigation, fit construire des ports, des jetées, mands ou Danois ravagèrent les côtes de la Grande-
des phares sur le littoral, et rendit l'embouchure Bretagne, ainsi que celles de la Gaule, dont ils dis-
du Tibre et le port d'Oatie accessibles aux plus putèrent le territoire aux Francs. Pendant long-
forts navires. La bataille d'Actium vit aux prises temps leurs navires firent des descentes sur les
les deux plus formidables flottes qu'eussent côtes et remontèrent le cours des grands fleuves,
core équipées deux puissances ennemies. Après en-
j établissement de l'empire, lorsque la Méditer- pillant et dévastant tout sur leur passage. Un
ranée connut la sécurité de la paix romaine, siècle après la mort de Charlemagne, ils finissent
la marine marchande prit un développement con-» par s'établir en Neustrie. Plus tard, ils se signa-
sidérable tandis qu'au lèrent par de grandes expéditions en 10G6,
point de vue militaire, Guillaume de Normandie conquit l'Angleterre;
t art naval n oNre plus guère de faits intéressants
ni de progrès marqués. '1 vers la même époque des chevaliers normands
Pour terminer ce rapide aperçu de l'histoire de s'établissaientau midi de l'Italie et en Sicile.
A peu près abandonnée au début de la c'onar-
la marine des anciens peuples. disons quelques chie française, la marin" fut l'objet de la sollici-
re donna liea à la traite des
noirs. Don Henri.
tude de Charlemagne, qui entretint plusieurs flot- res
le natJi'~M! fonda auprès du cap
les deux mers, dont les côtes étaient surnommé su
académie nautique; c est à lui
tes sur Saint-Vincent une
fréquemment ravagées par les Normands et les S~ l'on attribue l'invention des cartes plates, les
Sarrazins- qi
que rédui-
~~e~eption des expéditions d'outre-mer pro- se seules en usage sur mer avant les cartes franchis.
voquées par les Croisades et des épisodes qui ont tes te de Mercator. En 14'!), les Portugais les étoiles, irt
saient l'équateur et observaient
fait arriver jusqu'à nous les noms dodePrimauguet la France connues
sa
jusqu'alors, de l'hémisphère austral;
et de Prégent, l'histoire maritime cc
plus tard, Barthélemy Diaz atteignait;
jusqu'à François 1" aucun fait saillant quinze
q; ans
n'offre
mentionné ici. le
's cap des Tempêtes, que Jean II appela le cap de
digne d être
contraire, brille- Bonne-Espérance,
t! dans la pensée, promptement
républiques italiennes, au
Les
âge par leur marine. G6nes au réalisée,
rf que cette découverte devait un jour
rent au moyen la route des Indes.
commencement du x< siècle, après s'être débar- ouvrir 01
Ce sont ces entreprises hardies des Portugais
rassée des Sarrazins, s'enrichit par le commerce à
navigation et fournit aux princes chrétiens qui q engagèrent le Génois Christophe Colomb Portugal.
et la des Croi- venir offrir ses services à Jean H, roi de
de puissants secours pour le transport laquelle elle
v'
e
Repoussé
B par ce dernier, il s'adressa
a isabeue
sés. Elle fut la rivale de Pise, avec
luttes et dont elle d'Espagne, da qui lui confia trois caravelles, avec
eut à soutenir de nombreuses après la célèbre victoire navale lesquelles
I.
Il le grand navigateur découvrit 'Améri-
consomma la ruine (14 octobre 1492). Nous renvoyons à l'article
qu'elle remporta en )M4 auprès de l'île de la que
q
~ecoMM~M pour le récit de cette glorieuse
Meloria. expéditionet de celles de Vasco de Gama aux Indes
Venise fut de bonne heure maîtresse de l'Adria- e
et de Magellanautour du monde.
tique. La quatrièmecroisade, qui amena la prise de orientales
o
De époque mémora-
Temps modernes. progrès cette
Constantinople, lui donna les plus belles stations Morée, ble t datent les grands de la navigation et
maritimes de l'Empire grec, les ports de la perfectionnement rapide de la construction
l'Archipel, l'Ile de Crète et une partie de Cons- le 1
navale Aux caravelles de Colomb, longues de
tantinople. Mais la part que les Génois prirent t2', à 30 mètres et larges de 7 à s mètres, succé-
ensuite au rétablissement desville empereurs grecs Jdèrent des navires de mer de 50 à 60 mètres de lon-
trône de cette dernière amena la lutte c 8 mètres
sur le
deux puissantes républiques. Après avoir été ¡gueur,de 9 à 10 mètres de largeuret de 6 àaffectés à
des Venise finit par domi- de profondeur. Les galions d'Espagne,
sur le point de succomber, (
des richesses du Nouveau Monde, at-
ner sa rivale jusqu'à la fin du moyen âge et ne l'importation 1
teignirent jusqu'à 1000 et 1200 tonneaux.
perdit ses colonies de l'Archipel Constantinople. et de la Morée t L'usage de la poudre à canon, qui avait suivi
l'entrée des Turcs à
Qu'après
Nord, la célèbre Ligue hanséatique ren- de près celui da la boussole, contribua aussi à
Dans le
côté à la navigation de grands services l'accroissement des dimensions des bâtiments;
dit de son 1 les avaries considérables que causaient
les bou-
commerciaux qu'elle établit entre
par les rapports
les peuples. D'abord formée en 1241
lets
par un traité nèrent dans des navires de faible
l'augmentation de
échantillon
l'épaisseur des
ame-
mem-
entre Hambourgnombreuses et Lubeck, la Hanse se grossit brures et des murailles; celles-ci furent ensuite
villes maritimes et
rapidement do
siècles étendit navigation et t percées de sabords pour la volée des pièces dar-
pendant plusieurs
le littoral de la mer
sa
du Nord et de fillerie, longtemps placées sur les ponts ou dans
son trafic sur les encombrants châteaux d'avant etl'une d'arrière. Les
la Baltique. ensuite 1 autre,
de la boussole avait ouvert unebatteries se superposèrentcréé.
fut
progrès elle et le vaisseau de ligne
L'invention
ère nouvelle à la navigation et à ses maritimes quii La découverte des Indes occidentalesl'invention et orien-
grandes découvertes
auxt taies ne fut pas laseule
nmena de conséquence de
changèrent la face des choses et firent passer jusque-la de la boussole la navigation s'étendit aussi vers
nations occidentales l'empire des mers,
réservé aux peuples de la Méditerranée. l'on at- Hollandais les deux pôles les Anglais, les Allemands, les
cherchèrent longtemps un passage par
C'est au Napolitain Flavio Gioja que
tribue généralement cette grande invention;le nord de l'Europe, pour aller en Chine la Nou-
xn'- siè- velie-Zemble. le Spitzberg, furent
découverts la
mais il est cependant reconnu que dès leles Nor- même année par le navigateur auxiliaire puissant anglais Willoughby
cle les marins provençaux, et au xiii' de ferr (1653). La grande pêche, cet
mands, employèrent la M<[r:ne«e, barre l'eau à de l'alimentation publique, reçut également un
aimantée, maintenue en suspension sur égale- considérable dès la fin du xv' siècle.
l'aide d'un morceau de liège. Ilservirent semble e- essor
avéré les Arabes se dès lee Les conquêtes des Espagnols dans le Nouveau
ment que Charles-Quint un empire co-
xf siècle de la boussole, dont ils tenaient l'inven- i- Monde donnèrent à Mexique, la Floride, les An-
Quoi qu'il suit, c'est à cette lonial immense le
des Chinois. en ;e Pérou
tion
la navigation dut de le tilles, la Nouvelle-Grenade, le Chili, le
importante découverte queextraordinaire. étaient autant de provinces espagnoles. le litto- iontctois
prendre un développement n'était effective que sur
Il est intéressant de remarquer que les pre- e- cette domination
a- rai, et il fallut de longues années pour que ces
miers efforts tentés pour franchir les limites des
ma-
Etats établissements, fondés par des poignées d'aven-
ritimes connues ne furent pas t'œuvre ts
avaient le plus cultivé jusqu'alors l'art de la turiers, pussent acquérir la forme d'Etats régu-
qui 1s liers, et pour que la
civilisation s étendit dans
navigation. C'est aux Portugais et aux Espagnols de ces vastes contrées; il fallut sur-
que fut réservée la gloire
d'ouvrir la voie des 's l'intérieur attendre l'agriculture et l'industrie
grandes découvertes. tout que
succédassent à la soif trop ardente des richesses
Le Portugal avait cependant déjà acquisL'in- une
ie
faciles.
certaine renommée dans la science nautique~ n-
quatrième fils de Jean le Grand,
d, A la mort de Charles-Quint, la marine espa-
fant don Henri,
à Tanger, orga- gnolo atteignait son apogée; Philippe H,Armada,son ~s.
après s'être distingué à Ceuta etamenèrent la
a~
é-
dé- assista à la ruine de sa flotte, l'invincible
expéditions, qui alors
nisa plusieurs Canaries, détruite par l'Angleterre. L'Espagne perdit
ccuverte de Madère, l'occupation des ,s,
Béthen- la plus grande partie de ses colonies et de celles
déjà reconnues par le Français Jean de L empira
ju
des îles du des Portugais dont elle s'était emparée.
court, la découverte des Açores. celle occidentales des mers passa aux Anglais et aux Hollandais.
Cap-Vert t'exploration des côtes es
d'Atrique, où l'échange de quelques captifs mau-
lu- Il convient de mentionner ici un événement
maritime, important par ses conséquences c'est est Ce n'est -guère du règne d'Elisabeth que
Mus le règne de Philippe II que don Juan d'Au-
tnche, choisi pour commander les forces navales .1- datent les débuts deque
la prospérité navale de l'An-
es
réunies de l'Espagne et de l'Italie, défit la flotte gleterre. Avant cette époque l'histoire anglaise
~e mentionne bien quelques grands faits marit'mes,
ottomane k la célèbre bataille de Lépante De )e des descentes en France, et même plusieurs vic-
cette défaite datent les débuts de la décadence des
es toires navales, parmi elles, celle de l'Ecluse
Turcs, dont Ja puissance devenait inquiétante te 1340, mais ces faits isolés ne justiniient en
depuis les exploits des frères Earberousse, qui ui prétentions de souveraineté des pas les
avaient tenu tète & Charles-Quint et aDoria l'un rogeait mers que s'ar-
des plus grands marins de ce siècle. in cette nation. A l'époque des grandes dé-
Les Hollandais profitèrent les premiers, après couvertes, qui rendirent si puissantes l'Espagne
6s et le Portugal, à l'exception des deux Cabot,
les Portugais, des grandes découvertes de Vasco tiens
de Gama et de Magellan. Après nn premier :o d'ongine au service de l'Angleterre,Véni- qui
voyage firent plusieurs voyages d'exploration,
aux Indes orientales, ils s'établirent dans les Mo- a- HuguesWilloughby, qui découvrit en 1553 leetSpitz- de
luqoes,~}ue les Portugais avaient découvertes, et et berg, les annales britanniques ne mentionnent
créèrent, en 1602, la célèbre compagnie des Gran-
des Indes, qui fonda un comptoir à Java, et bâtit i- aucune illustration maritime.
la ville de Batavia, encore aujourd'hui le centre it La lutte contre Philippe H d'Espagne donna la
du commerce néer]andais dans le grand archipel -e première impulsion à la marine anglaise. Pour
:I tenir tête à t'M~no~e ~rmodc, Elisabeth fit
d Asie. Us s établirent ensuite successivement a à [t énormes préparatifs de défense
Sumatra, à Bornéo, à Malacca et même
au Japon, réunit, à force de sacrifices, sur les côtes et
dans le port de Nangasaki, où, dès 1650, ils pu- 200 bâtiments de une flotte d'environ
t-
rent, à 1 exclusion de tous autres étrangers, faire,espagnol et de guerre. L'inhabileté de l'amiral
jusqu'à nos jours, le trafic avec les Japonais. ses équipages, aussi bien que les
Les Hollandais firent en même temps d'impor- victotre mauvais temps, facilitèrent la victoire des Anglais,
tantes découvertes le détroit de Lemaire, dansa ment, alors qui ne leur coûta que la perte d'un bâti-
le sud de 1 Amérique, entre la Terre de Feu et laa 80 vaisseauxque les Espagnols virent disparaître e
Terre des Etats, le cap Horn, déjà vu par l'Anglais expédition et plus de 12000 hommes; cette
Drake, une partie de la Nouvelle-Hollande, las avait englouti 300 millions (1588). Quel-
ques
terre de Van Diémen, appelée aussi Tasmanie, dua avec Drake, après,
a années l'amiral Howard, le vainqueur,
nom du célèbre navigateur Tasman. f.tt~o,
de précipitait la ruine
la marine espagnole, en s'emparant de Cadix de
Au milieu du xvn' siècle, la Hollande était la
première puissance maritime du monde. Plus dea en brûtant dans ce port une nouvelle flotte. et
fO" navires entretenaient son commerce exté- suite e La compagnie des Indes orientales, fondée en-
rieur et ses importantes flottes de guerre étaientt par Elisabeth (1600), donna l'essor au mou-
conduites par les Tromp et les Ruyter. vement maritime commercial de l'Angleterre et
ouvrit la
En 1651 éclatèrentles premières hostilités entres phtques. voie à de nouvelles découvertes géogra-
la Hollande et l'Angleterre. L'amiral Tromp, après Plusieurs navigateurs avaient déjà itius-
avoir battu tes Anglais a Douvres, fut défait à tré ce règne par des voyages d'exploration remar-
son
tour dans tes batailles de Portland, des Dunes et qui,i quables; parmi eux il faut citer Francis Drake,
de Catwyk; les Provinces-Unies durent alors t en t5n, franchit le détroit de Magellan prit
se possession de la
soumettre M'~e de navigation et reconnaltrelat tes Indes et le Californie
de
et revint en Europe par
s))"rematiede l'Angleterre. cap Bonne-Espérance; Davis,
qui donna
!i 1654, dans la guerre qu'ils firent au Portu-sépare le Groenland du Cumberland Raleigh, qut
son nom au grand détroit gtané
gai, les Hollandais perdirent le Brésil qu'ils1entreprit de coloniser qui
l'Amérique
avaient conquis peu à peu et occupé pendant fonda
quinze ans; mais ils s'emparèrentde la colonie du explorations
j du nord
en 1584 l'établissementde la Virginie. Les
et qui
Cap, où ils fondèrent la ville de ce < de ce dernier furent l'origine,
nom, chassè- JJacques I", de nombreux sous
reut les Portugais de Ceylan,de Bornéo et de Ce- glais établissements des An-
lèbns et les dépouillèrent de leurs principaux tion e dans l'Amérique du nord, dont la colonisa-
éhiblissements du Malabar. t fut par la suite très rapide, grâce aux puri-
La seconde guerrequ'ils eurent a soutenir tains.
t Plusieurs expéditions, qui honorent les
Angleterre et qui fut en partie provoquée contre navigateurs
<] anglais, furent aussi entreprises en
la traite des noirs, dont chacune des deux nationspar vue
v de rechercher un passage au nord du Nou-
voulait avoir le monopole, leur fit perdre Nieuw- vveau Monde. En 1610 Hudson explora l'immense
bbaie qui porte aujourd'hui son
Amsterdam, aujourd'hui New-York,dontils avaient EDanois nom, mais que le
jeté les premiers fondements en 1621. Ils acqui- Baffin, Anskold avait déjà découverte; le pilote
rent Surinam. B l'un des compagnons d'Hudson, parvint en
Après que Louis XIV eut dissous la triple Ibt6
j jusqu cette vaste mer qui lui doit son
alliance, formée contre lui par la Hollande, l'An- nom.
n L'exploitation des pêcheries reçut égale-
gleterre et la Suède, la France attaqua les Pays- les ment
n un grand développement au xvn* siècle'
Bas par terre et par mer. Les Hollandais, lE armements pour la pèche de la morue et celle
conduite de Ruyter, avec 50 vaisseaux, sous la de d la baleine acquirent en Angleterre
tinrent sion
si considérable. une exten-
tête, dans plusieurs batailles remarquables, à la En 1651 fut promulgué par Cromwell le fameux
flotte franco-anglaise forte de 80 vaisseaux,
et
l'habileté du célèbre amiral contribua puissam- étrangères Acte
A de navigation,destiné à exclure les marines
ment au rétablissement de la prospérité de son réserver et des ports de la Grande-Bretagne et à
pa r< aux seuls marins anglais le monopole du
Lorsque Guillaume III monta sur le trône d'An- commerce avec les colonies. Cet acte, auquel
1 Angleterre a dû en grande partie
gleterre, la marine hollandaise ne fut plus qu'une maritime, sa prospérité-
m
annexe de celle de l'Angleterre; elle servit à la Hollande dans et qui n'a été aboli qu'en t85U, frappait
accroltre la son commerce et sa navigation
tir de cette puissance de cette dernière et, à par- et provoqua la première
époque, elle courut rapidement verz
av cette puissance maritime.
guerre de l'Angleterre
sa décadence. La guerre de t'indépendance des avec Jusqu'à François I<naus t'avons dit, ta~marine
mats-Unis lui porta le dernier coup et fit perdre fut fu
à la Hollande une partie de à peu près délaissée en France comme force
ses colonies. Mais cette militaire;
m les diverses expéditions maritimes qui
nation occupe cependant aujourd'hui le
second rang comme puissance coloniale. encore avaient
av précédé cette époque avaient été entre-
prises
pr avec des flottes mercenaires rapidement
équipées. Ce règne vit les premiers efforts tentés Notre cadre restreint ne nous permet pas d'en-
en vue de créer une marine nationale permanente. treprendre le récit détaillé de l'histoire maritime
François I" appela auprès de lui le célèbre marin de la France et des autres Etats d'Europe dans les
génois André Daria; celui-ci, à la tête des galères temps modernes. Nous nous bornerons à rappe-
françaises, battit en t5~4 la Cotte de Chartes- ler brièvement les faits les plus importants, et à
Quint sur la côte de Provence, mais tourna en- mentionner les progrès réalisés tant dans la ma-
suite ses armes contre les Français qu'il chassa rine de guerre que dans la marine marchande.
de Gênes, à la suite de sa rupture avec François Sous la Régence, la marine française sembla
I" qui n'avait pas tenu les promesses faites en s'être éteinte avec les dernières illustrations du
faveur de sa patrie. règne précèdent; mais nos colonies reçurent ce-
En 1M5 le lorentinVerazzani, envoyé par Fran- pendant une certaine impulsion. Sous Louis XV,
çois I" en exploration sur les côtes d'Amérique, nos armes reprirent quelque éclat dans les Indes
prenait possession de Terre-Neuve; en 1534 le orientales: La Bourdonnais s'illustrait au siège de
Français Jacques Cartier remontait le fleuve Mahé, à Négapatam, à Madras, et Dupleix, à Pon-
Saint-Laurent et donnait le Canada à la France. diehéry, montrait un génie supérieur.
Sous Henri IV, en 159s, l'Acadie, déjà visitée C'est sous ce règne que disparurent les galères,
par Verazzani, était colonisée par les Françaiséta- du dont la chiourme de vogue fut versée dans les ba-
Canada, et en 1604 se fondaient les premiers gnes créés à Toulon, à Brest et à Rochefort. Des
blissements de la France équinoxiale, devenue expéditions scientifiques restées célèbres furent
plus tard la Guyane. Telles étaient nos colonies à entreprises Maupertuis, Clairaut et d'autres sa-
t'avènement de Louis XIII. vants étaient envoyés, en H3H, en Laponie par le
Notre flotte était alors à peine ébauchée; Riche- ministre Maurepas, pour la mesure d'un arc de
lieu fut chez nous le véritable créateur de la marine. méridien. La Condamine et Bouguer se rendaient
Ce ministre fonda des arsenaux, fit construire des dans le même but au Pérou, auprès de l'équateur.
bâtiments, organisa la flotte et la marine du com- Lacaille, en 1750, allait au cap de Bonne-Espé-
merce, créa l'académie royale de marine, destinée rance observer le ciel austral. Enfin d'autres sa-
,à former la jeunesse au métier de la mer, et des vants étaient envoyés aux Indes et à l'ile Rodrigue
écoles d'hydrographie dans les principaux centres pour observer le passage de Vénus sur le soleil.
maritimes. Il commença les établissements du Lorsque la guerre de Sept ans éclata, notre ma-
Sénégal, de Cayenne, de Madagascar, de Bourbon rine. qui avait fait des efforts pour se relever,
et d'une partie des Petitesdépérir Antilles. n'était cependant pas en mesure de tenir tète à la
Mazarin laissa ensuite l'œuvre de son flotte puissante de l'Angleterre.
prédécesseur mais le génie et l'activité de La France perdit le Canada, que Montcalm,
Colbert portèrent bientôt la puissance navale de sans secours, disputa glorieusement aux troupes
la France à son plus haut degré de grandeur; du général Wolf et à la flotte de l'amiral Saunders.
sous ce ministre l'élan fut donné à nos colonies Partout les revers poursuivirent nos colonies,
languissantes, qui s'accrurent des comptoirs de sans flotte pour les protéger ou les ravitailler. En
Chandernagor et de Pondichéry; la marine fut 176t Lally, bloqué à Pondichéry, sans un seul
reconstituée, la construction navale transformée bâtiment, sans vivres, après avoir longtemps ré-
par la suppression des châteaux d'arrière et d'a- sisté. avec 700 hommes, à une armée de M 0)~0 hom-
vant qui alourdissaient inutilement tes vaisseaux; mes et à une escadre de 14 vaisseaux, fut contraint
la flotte, considérablement accrue, comptait 800 de se rendre. L'année suivante voyait la perte de
bâtiments, dont 110 vaisseaux de ligne, portant la Martinique, de Sainte-Lucie et de la Grenade.
la 000 canons et plus de 100,000 hommes d'équi- En 1763 le traité de Paris consacrait la perte ir-
page. Les arsenaux furent agrandis, des bassins révocable du Canada et de l'Indoustan et l'aban-
de radoub creusés, le port de Rochefort créé, de don définitif de la Louisiane, donnée à l'Espagne,
vastes travaux entrepris à Dunkerque et au Havre. notre alliée, qui échangeait la Floride contre les
Le recrutement du personnel de la flotte fut as- Philippines et Cuba, que leur rendaient les Anglais.
suré par l'institution des classes, devenue par la Cholseut et après lui Praslin travaillèrent acti-
suite l'inscription maritime, qui a survécu jus- vement à relever la marine; ils réorganisèrentles
qu'ici à toutes nos révolutions. Enfin une caisse arsenaux et le personnel et s'occupèrent de la
de retraite créée pour les gens de mer, les ordon- flotte, qui s'éleva bientôt à 75 vaisseaux de hgne.
nances de la marine promulguées, l'administra- Des navigateurs expédiés dans les diiîérentcs
tion organisée, tels sont les faits qui témoignent mers du globe enrichirent à cette époque les
de l'activité et du génie du grand ministre de sciences nautique et géographiqued'importantes
Louis XIV. découvertes. Bougainville visita les îles Pomotous
Le premier soin de Colbert fut de purger la (Touamotou), Tahiti, les Samoa, les Nouvelles-
Méditerranée des corsaires barbaresques qui 1 in- Hébrides, les grandes Cyclades, les lies de la
festaient tes flottilles d'Alger et de Tunis furent Louisiade, la Nouvelle-Irlande,la Nouvelle-Guinée.
détruites. Lors des premières hostilités entre L'Angleterre envoya Cook entreprendre plusieurs
l'Angleterre et la Hollande, Louis XIV, allié de voyages de circumnavigation. L'illustre navigateur
cette dernière, ne participa que faiblement aux commanda trois expéditions restées célèbres; il fit
luttes maritimes des deux puissantes nations et le tour de la Nouvelle-Zélande, découvrit le dé-
ménagea ses forces navales, qu'il réservait à d'au- troit qui sépare les deux grandes lies et qui porte
tres vues. Unie plus tard à celle des Anglais, aujourd'hui son nom; il visita les côtes orientâtes
notre flotte, conduite par d'fstrées, prit part de l'Australie, les terres australes, en pénétrant
contre ftuyter à plusieurs actions dont le résultat dans la zone glaciale, reconnut dans l'Océanie
fut indécis. De nouvelles expéditions dirigées par l'archipel de Cook, les !tes Tonga, la Nouvelle-
Duquesne contre les corsaires de Tripoli, le bom- Calédonie, les tles Sandwich, franchit le détroit
bardement d'Alger, la soumission de cette der- de Behring, sans pouvoir trouver le passage qu'il
nière ville par Tourville, le bombardement de pensait exister au nord de l'Amérique, et revint
Gênes, sont les premiers faits qui illustrèrent aux Sandwich, où il fut tua par les naturels.
notre marine avant qu'elle eût à se mesurer avec Sous Louis XVI, la marine, relevée de ses dé-
celle de l'Angleterre. C'est à la chute de Jacques II sastres, participa glorieusement à la guerre de
que commença entre les deux nations cette lutte l'indépendance des Etats-Unis; les noms de d'Es-
terrible qui devait durer plus d'un siècle et où taing, de Vaudreuil, de Du Couédic, de Lamotte-
s'illustrèrent en t'rance.sous LouisXIV, avecTour- Piquet, de Guichen, de Suffren, méritent d'Être
ville, Jean Bart, Duguay-Trouin, ForbinetCassard. rappelés.
Après la conclusion de la paix. Louis XVI tenta en 1776 sur le Donbs et en t783 sur le
s'efforça de maintenir la flotte au niveau où Rhône, n'aboutirent pas à une solution pratique
l'avait placée cette dernière guerre; des tra- de la question. L'Américain Fulton, après des
vaux importants furent entrepris dans nos ports, échecs ea France et en Angleterre, réussit, dans
la digue de Cherbourg fut commencée, nos son propre pays, à mettre ses idées à exécution.
constructions navales furent perfectionnées par En )!j07 un bateau a vapeur naviguait sur d'Hud-
l'illustre ingénieur Sané, de nouveaux voyages son, entre New-York et Albany. En 1819 un autre
de circumnavigation entrepris, parmi tesquets navire vapeur partaitde l'Amérique et traversait
celui de l'infortuné Lapérouse, qui s'était fait 1 Atlantique. En 1812 seulement l'Angleterre fit
connaitre déjà dans la baie d'Hudson, en dé- les premiers essais, sur la Ciyde. de ce mode de
truisant les forts de Wales et d'York. Mais le navigation, qui ne commença à être appliqué en
rncrutement de l'état-major de la flotte, conti- France qu'en 1819 et dont l'adoption définitive fut
nuant à se faire dans tes seuls rangs de la no- assez lente. Ce ne fut que vers 1840 que l'hélice
blesse, devait bientôt avoir des conséquences commença à être en usage pour la propulsion des
fatales pour nos armes. Lors de la Révolution, bâtiments de mer.
l'émigration amena rapidement la disparition à Sous Louis-Philippe, la marine a voiles atteignit
peu près complète de nos officiers de marine. son plus haut degré de perfection. Ce règne compte
La Convention fit d'inutiles efforts pour reconsti- quelques faits maritimes, dont les plus impor-
tuer le personnel naval; elle ne put remplacer tants sont pour la France, l'expédition du Tage,
ces chefs expérimentés qui venaient de diriger dont l'entrée fut forcée par l'amiral Roussin en
nos flottes victorieuses; elle dut envoyer à la mer t83t; celle de Saint-Jean-d'Ulloa, le blocus de
des escadres mal équipées et surtout indiscipli- Buenos-Ayres, la prise de possession des îlea
nées. Marquises, le bombardementde Tanger et de Mo-
A cette époque appartiennent néanmoins quel- gador du côté de l'Angleterre, la prisa de posses-
ques faits remarquables, parmi lesquels il faut sion de la Nouvelle-Zélande,l'occupation d'Aden,
citer la fin héroique du Vengeur (1794). la guerre de Chine, amenée par la question de l'o-
Les guerres de la Révolution, du Consulat et pium, dont le gouvernement de Pékin voulait in-
l'Empire, où la France ne put opposer à t'Angte- terdire la vente, l'occupation des Iles Chusan, la
terro. sur mer, des forces égales, eurent pour ré- prise de Canton et de Shanghai, succès qui dé-
sultat la perte de presque tout ce qui nous restait cidèrent le traité de Nankin (1842\ ouvrant aux
de colonies. C'est en vain que par le blocus conti- nations européennes cinq ports du Céleste-Empire
nental (180'!), Napoléon essaya de frapper le com- et reconnaissant aux Anglais la possession de l'île
merce anglais dans cette lutte implacable, ce fut de Hong-Kong.
!e conquérant de l'Europe qui eut le dessous. A En t845. une division navale française, sous les
la chute de l'Empire, l'Angleterre était maitresse ordres de l'amiral Tréhouart, livrait aux Argentine
absolue de la mer. le combat d'Obligado, qui ouvrit la libre naviga-
Sous la Restauration, la marine française se re- tion du Rio de la Plata. Vers cette même époque,
constitua cependant.Favorisée par la paixgénérale, Franklin entreprenait son dernier voyage au pôle
la navigation reprit son rôle de progrès de nom- nord; trois ans plus tard. commençaient les fa-
breuses expéditions sillonnèrent les mers du meuses expéditions anglaises et américaines en-
globe. Les Français Freycinet, Duperrey, dans le voyées à sa recherche et qui amenèrentla décou-
grand Océan, le Russe Kotzebue, les AnglaisJohn verte, en 1853, du passage du nord-ouest par Mac
Rost, Parry, Franklin, dans les régions polaires, Lure et, en tS54, celle de la mer de Kane par l'A
contribuèrentau développement des connaissances méricain de ce nom.
géographiques. Sous le second empire, la marine à vapeur, qui
En 1823 notre marine restaurée se montrait de avait déjà pris un certain essor à la fin du règne
nouveau la guerre d'Espagne amenait devant de Louis-Philippe, acquit, surtout lors de la
Cadix une flotte de 67 bâtiments et l'amiral Du- guerre de Russie, un développement important;
perré, déjà célèbre par ses exploits dans l'Inde, l'emploi de l'hélice comme propulseur définitif
bombardait tes forts et obtenait la reddition de la permit de créer, en France, le véritable vaisseau
place. de ligne à vapeur, qui provoqua la rapide trans-
Le règne de Charles X fut également marqué formation des flottes. Les approvisionnements
par plusieurs expéditions autour du monde. L'An- amassés dans nos arsenaux maritimes depuis
glais Beechey fut envoyé au détroit de Behring les dernières guerres de Napoléon I" servi-
Ross entreprit un second voyage dans les mers rent à créer de nouvelles constructions. Dans la
antiques; Dumont d'Urville, guidé par les indi- guerre qui commença en lf54 contre les Russes,
cations du navigateur anglais Dillon, retrouvarà le rôle de la marine fut immense; le bombarde-
Vanikoro les débris des bâtiments de Lapérouse. ment des villes du littoral, le transport et le dé-
En lt<27, les escadres réunies de la France, de barquementdes troupes en Crimée, leur ravitaille-
l'Angleterre et de la Russie couraient au secours ment, les expéditions de la mer Baltique, de la
de la Grèce et anéantissaientà Navarin la flotte mer Blanche, de Petropaulovski, le blocus des
turque. Cette même année, l'insulte faite à notre côtes russes, la destruction des porta de la mer
consul par le dey d'Alger amenait ie blocus de Noire et de la mer d'AM<f, l'envoi des marine aux
cette ville et, trois ans plus tard, le vice-amiral batteries de tiège, sont autant de faits qui ont
Duperré, avec une flotte de tOO bâtiments de contribué au succès de cette guerre. Aucune ba-
guerre, convoyant une autre flotte de 500 navires taille navale ne fut cependant tivrée. La marine
de commerce, débarquait à Sidi-Ferruch une ar- russe, dont les débuts ne datent que de Pierre
mée de 37 000 hommes, commandée par le général le Grand, était pourtant nombreuse, mait impuis-
Bourmont, qui t'emparait d'Alger et jetait les sante à lutter contre tes flottes aitiées des deux
premiers fondements de notre domination en Al- plus grandes nations maritimes.
gérie. Sept bâtiments à vapeur faisaient partie de Cette même guerre, qui avait déj& amené la
cette flotte. transformation de. bâtiments à voiles en bâti-
La vapeur, destinée à apporter dans la marine, ments à hélice, et où la marine française avait
comme dans l'industrie, une révolution complète, britlé par des types admirables de vaisseaux à
avait fait ton apparition en France peu de temps vapeur, donna également naissance aux navires
auparavant. C'est au marquis de Jouffroy que l'on cuirassés. Les résultats obtenus par les lourdes,
attribue la première application de la vapeur à la mais puissantes batteries blindées, employées au
navigation miviale mais les premiers essais qu'il siège de Kinburn, firent décider la construction,
aur nos chantiers, des premières frégates cuiras- règlements internationaux sont adoptés par les
sées qui marquèrent alors le mouvement vers le marines pour prévenir les terribles catastrophes
progrès récent. des rencontres à la mer. De nombreuses stations
La guerre de Russie fut bientôt suivie d'autres de sauvetage, munies de tous les engins propres à i
événements militaires qui nécessitèrent l'emploi
de notre marine. En 1S:.8, l'amiral Rigault de Ge-
sauver la vie des naufragés, sont échelonnées t
long du littoral des pays civilisés. La terre est :¡
le
nouilly, à la tête d'une expédition franco-espa- partout fouillée pour alimenterde combustible ces
gnole, occupa Tourane, en Cochinchine,et enleva flottes immenses qui traversent les mers. Des de*
Saigon, qui devait devenir le siège de notre gou- pots de charbons sont établis partout où le sol n'a
vernement colonial de l'extrême Orient. L'année pas encore été creusé. De vastes pêcheries sont
suivante éclatait la guerre d'Italie, pendant la- entreprises dans tes parages reconnus les plus
quelle le rôle de notre marine se borna à des poissonneux, en Islande, à Terre-Neuve où cette
transports de troupes et à l'envoi dans l'Adriati- industrie occupe plus de trois mille bâtiments.
que d'une imposante flotte, que la rapidité des Des câbles télégraphiques transmettent la pensée
événements du continentrendit inactive. à travers les océans.
En 1860, les forces navales alliées de la France Une voie nouvelle, ouverte en 1869, rapproche
et de l'Angleterre ouvraient à nos troupes le che- aujourd'huide l'Europe les peuples de l'extrême-
min de la capitale du Céleste-Empire, et la paix Orient et de l'Océanie. L'isthme de Suez est percé;
était à peine signée avec cette nation, que l'ami- un canal long de 162 kilomètres, large de 60 mètres
ral Charner emportait, en Gochinchine, les lignes et profond de 8 mètres, fait communiquer la Médi- i
de Ki-hoa, pendant que l'amiral Page remontait le terranée à la mer Rouge grande œuvre de civili-
Cambodge et s'emparait de Mytho. sation qui immortalise le nom de son créateur,
En 1861 éclat.a aux Etats-Unis la fameuse guerre M. de Lesseps, dont la ferme volonté poursuit
de la sécession, où les combats de JfoM!<o)'~ don- encore cet autre projet grandiose de séparer les
nèrent naissance à une forme particulière de bâ- deux Amériques et d'inaugurer une nouvelle route
timents. En 1862 avait lieu l'expédition du Mexi- pour le Pacifique. Enfin le passage du nord-est,
que. En 1866 la guerre de la Prusse et de l'Italie reconnu récemment par les Suédois Nordenskiotd
contre l'Autriche donna lieu à un fait maritime et Palander, au nord de l'Europe et de l'Asie, est
d'une grande importance pour l'avenir des ba- appelé, sinon à devenir une route commerciale
tailles navales ce fut le premier choc des bâti- pratique, du moins à étendre le domaine scienti-
ments cuirassés. La flotte italienne, composée de fique et peut-être même les relations de certains
36 bâtiments, dont 12 cuirassés, se rencontra à peuples.
Lissa avec l'escadre autrichienne de l'amiral Te- Le temps semble proche où les antiques nations
gethoi", forte seulement de frégates blindées et orientales et les peuplades océaniennes, subissant
de 2u bâtiments en bois; elle se retira après avoir l'influence civilisatrice des nombreuses relations
perdu une frégate cuirassée coulée par le choc que créeront ces voies multipliées, seront entral-
d'une frégate autrichienneégalementcuirassée, un nées à leur tour dans le grand mouvement mari-
monitor incendié et environ 700 hommes. time, auquel elles n'ont pas encore participé. Déjà
'Enfin, pour clore cette nomenclature des faits le Japon, renversant ses anciennes traditions,s'est
de L'histoire maritime contemporaine, nous parle- lancé dans le progrès, et le vieil empire chinois
rons du rôle de la flotte pendant la guerre de lui-même a commencé à ébranler ses antiques.
Prusse.Audébut des hostilités, il avait été ques- institutions.
tion d'expédier dans la Baltique une escadre cui- En ce qui concerne les flottes actuelles destinées
rassée et une flotte de transports avec 40,000 hom- à la guerre, l'introduction des cuirasses et des
mes. Mais la rapidité de nos défaites sur terre tourelles en a amené la transformation complète.
mit à néant ces projets, et deux escadres bloquè- Les anciens vaisseaux de cent et de cent vingt ca-
rent dans leurs ports les forces navales prussien- nons ont fait place à des bâtiments portant un.
nes. L'absence de petits bâtiments spéciaux empê- petit nombre de pièces d'une artillerie formidable,
cha toute opération offensive mais nos divisions destinée à percer les plaques de cuirasse, dont
navales lointaines tinrent la mer libre à nos natio- l'épaisseur atteint jusqu'à 60 centimètres. Un
naux et arrêtèrent le mouvement commercial des éperon terrible en acier, placé a une certaine pro-
Allemands. fondeur sous la ligne de flottaison, arme le taille-
Nous finirons cet aperçu de l'historique de la mer de ces colosses bardés de fer. L'adoption des
navigation et de la marine par l'examen de l'état torpilles pour la destruction instantanée de ces
actuel des choses. coûteuses constructions, dont le prix atteint plu-
La science nautique a acquis aujourd'hui un sieurs dizaines de millions, modifie également les
degré de perfection qu'il semble difficile de dépas- conditions de la guerre maritime dont elle anéan-
ser. Les grandes voies maritimes sont sillonnées tit les anciennes tactiques.
par des milliers de bâtiments à voiles et à vapeur, Ces torpilles, dont la première application fut
par des lignes régulières de magnifiques paque- faite par les Russes,en 1X55, dans la mer Baltique,
bots, à bord desquels on retrouve toutes les com- sont aujourd'hui de plusieurs espèces selon leur
modités de la vie. La météorologie nautique, à destination les unes, dites dormantes, reposent
laquelle l'essor a été donné par les remarquables sur le fond ou sont mouillées entre deux eaux;
travaux de l'Américain Maury, conduit chargées de poudre ou de coton-poudre, elles,
sivementàlaconnaissancedesameilleuresprogres-
routes sont enflammées soit par l'électricité, soit par le
à suivre pour utiliser les vents et les courants ré- choc même des bâtiments; d'autres, dites auto-
gnant à chaque époque de l'année. L'hydrogra- motrices, sont de véritables petits navires sous-
phie des mers, poursuivie par les principales na- marins, en forme de cigares; lancées tout d'abord
tions maritimes, a établi la configuration exacte, au moyen de l'air comprimé, elles continuent leur
et dans ses moindres détails, des côtes maritimes course dans une direction rectiligne ou circulaire
du globe et des dangers qui les bordent. Six prévue, à l'aide de petites hélices mises
mille phares régulièrement entretenus sur le lit- vement par une machine a air comprimé en mou-
placée à
.toral du monde entier guident le marin par la l'intérieur. Elles peuvent atteindre une vitesse de
puissance et la diversité de leurs feux des balises vingt-cinq nœuds (46 kilomètres à l'heure).D'autres
nombreuses lui signalent l'existence des écueils sont remorquéespar les bâtiments en marche dont
sous-marins, soit en attirant ses regards, soit en elles défendent les approches;d'autres enfin sont
frappant ses oreilles par la production, à l'aide de portées au bout d'un mâtereau disposé a l'avant
la houle, de sons d'une grande puissance. Des d'embarcations à vapeur niant jusqu'à vingt nœuds
(37 kilom. à l'heure). Ces dernières torpilles sont sillage du navire, à l'aide d'une corde, ou ligne,
-également enflammées soit par l'électricité, soit graduée en nŒMd<. La longueur théorique du
par leur choc contre le navire. nœud est de 15",43 c'est la t2U' partie du mille
]I est reconnu qu'une torpille, chargée de 15 ki- marin. Le mille, qui vaut 1852 mètres, est. le
logrammes de coton-poudre, éclatant à t',50 au- tiers de la lieue marine représentant elle-même
dessous de la surface de l'eau et à 50 centimètres la 20' partie du degré de la terre, soit 5555 mètres.
de la muraille du plus fort cuirassé~ suffit pour le Le mille est donc la 60' partie du degré, c'est-à-
faire immédiatement sombrer. dire la minute. Le. temps pendant lequel on estime
La France qui, la première, a donné l'impulsion la vitesse du bâtiment, c'est-à-dire pendant lequel
aux types nouveaux des navires de guerre, consacre on file le loch, est de 30 secondes, précisément
chaque année an budget de 165 millions à l'entre- la t~O* partie de l'heure, de telle sorte que le
tien de sa flotte; celle-ci occupe aujourd'hui,par le nombre de nœuds niés en 30 secondes répond
nombre des bâtiments qui la composent, le se- au nombre de milles parcourus en une heure
cond rang parmi les nations maritimes. ainsi, dire qu'un bâtiment file 12 nœuds, c'est dire
Notionstechniques. Au point de vue techni- qu'il fait 12 milles dans une heure, soit 4 lieues
que, la tMMOM~om est cette branche de la science marines, soit 22 kilomètres et 220 mètres. Dans
nautique qui a pour but de déterminer la route a la pratique on a reconnu qu'il était nécessaire,
suivre sur les mers pour aller d'un point à un pour l'exactitude des résultats, de faire subir à la
autre et la position du navire sur le globe à tout longueur théorique du nœud une petite réduction,
instant de cette route. La position d'un lieu sur la et cette longueur réelle est de !4*6). 1.
terre étant donnée par sa latitude et sa longitude, La M<!))!a~oM astronomique s'occupe de la dé-
c'est à la connaissancede ces coordonnées géogra- termination des latitude et longitude du lieu du
phiquesque tendent les moyensemployés.Lorsque, navire. Cette détermination,qui résulte de formu-
dans la recherche de ces éléments, la navigation les établies par la science, se base sur des obser-
agit sans le secours des astres, elle prend le nom vations faites à l'aide d'instruments de deux sortes
de navigation par l'estime, et lorsquelle utilise la les instrumentsà t-~Mton, octant, sextant, cercle,
position et la marche des astres dans la voûte eé- pour l'observationdes hauteursdes astres au-dessus
leste, elle prend le nom de navigation a~rono~tt- de l'horizon de la mer, et les chronomètres pour
,que ou hauturière. la connaissance, à tout instant, de l'heure du pre-
Dans la première, les moyens employés sont mier méridien. Ot sait que la longitude d'un lieu
élémentaires et leur intelligence ne nécessite que est la distance de ce lieu à un méridien de con-
'quelques explications très simples. Si le bâtiment vention, dit premier méridien (l'observatoire de
navigue le long d'une côte, sans perdre la terre Paris, pour la France, celui de Greenwich pour
~d< vue, ce qui constitue le cabotage, le problème toutes les autres nations maritimes, sauf l'Espagne
~tt réduit à sa plus simple expression et se borne qui conserve encore celui de San Fernando). Cette
la connaissance des écueils sous-marins qu'il distance a pour mesure l'arc de l'équateur com-
emporte d'éviter, à celle des courants qu'il faut pris entre ces méridiens; elle n'est autre que l'in-
utiliser ou écarter, à l'emploi de la boussole: c'est tervalle de temps qui sépare le passage dos plansde
le pilotage. ces méridiens par le centredu soleil pendantle mou-
Dans la navigation au <<~ cours, alors que le vement de rotation de la terre sur son aM. L'heure
jMtiment franchit des étendues considérables de d'un lieu s'obtient par l'observation directe de la
~tner, le marin combine l'estime avec les observa- hauteur des astres et à l'aide d'éléments astrono-
tions des astres. Sans vouloir entrer ici dans des miques, convenablement modifiés, que l'on extrait
détails que ne comporte pas cet article, il peut d'un ouvrage spécial, publié régulièrement et plu-
~tre utile de donner l'explication de quelques sieurs années d'avance en France par le Bureau
termes usuels employés dans la marine. La navi- des longitudes, c'est la « CoMnoMtance des temps;
gation par l'estime comprend la connaissance du en Angleterre par l'observatoire royal de Green-n
point de départ du bâtiment, lorsque celui-ci va wich, c est le Nautical almanach.
perdre la terre de vue, la direction à suivre ou [A. Banaré, capitaine de frégate.]
celle suivie, et la longueur de chemin parcouru. NEIGE. Météorologie, VU X. – La neige
Les deux premiers éléments sont obtenus à l'aide résulte de la condensation lente de la vapeur
de la boussole et de la carte marine; le troisième d'eau dans une atmosphère dont la température
,!t l'aide du loch. est notablement au-dessous de O* elle remplace
La boussole, que les marins appellent compas, la pluie dans les régions ou dans les saisons
est généralement connue de tout le monde, aussi froides. Les flocons de neige sont d'autant plus vo-
n'avons nous besoin d'entrer ici dans aucune expli- lumineux que l'air est plus chargé de vapeur et
cation à ce sujet (V. Boussole et Orientation). que sa température est moins abaissée au-dessous
Les cartes marines employéesdans la navigation de zéro.
sont les cartes réduites, dites aussi cartes de Mer- Lorsqu'on reçoit pendant l'hiver un flocon de
cator, du nom de l'inventeur de cette projec- neige sur un corps de couleur sombre et qu'on le
tion (1569); elles satisfont à cette double-condi- regarde avec une forte loupe, on voit qu'il est
tion de représenter la route du bâtiment par une formé par l'agglomération d'un nombre plus ou
ligne droite faisant, avec les méridiens qui y sont moins grand de cristaux dont les formes très va-
tracés, le même angle que la route réelle, suivie riées dériventtoutes de l'hexagone, polygone régu-
sur le globe, fait avec les plans méridiens de la lier à six cotés et a six angles égaux, ou du trian-
terre, et de conserver aux points de la carte les po- gle équilatéral. Les lamelles cristallines juxtapo.
sitions relatives que les points correspondants ont sées, dans les figures les plus compliquées, for-
sur le globe. La route suivie, lorsque le bâtiment ment toujours entre elles un angle de 60 ou
ne parcourt pas un méridien ou un parallèle, est de)20°.
une courbe à double courbure appelée loxodromie, Chaque lamelle cristalline, prise isolément, est
qui, coupant tous les méridiens sous un même d'une transparence parfaite; mais les faces qui
angle, se rapproche indéfiniment du pôle sans la terminent sont très polies et brillantes. Cha-
pouvoir l'atteindre. Les arcs loxodromiques sont cune d'elles réfléchit une notable partie de la lu-
représentés sur la carte réduite par des lignes mière qu'elle reçoit; et comme elles sont extrê-
droites. mement nombreuses, même sous une faible épais-
Enfin le loch, qui sert à estimer la vitesse des seur de neige, la somme de lumière réfléchie
bâtiments, n'est autre qu'un simple flotteur, con- donne à l'ensemble un aspect de vive blancheur.
venablement disposé, que l'on abandonne dans le Cette neige qui semble si pure a, cependant,
ramassé pendant sa chute au travers de l'atmo- leur qu'elle fait passer à l'état latent; elle devient
sphère, toutes les poussières qu'elle a rencon- alors une source de fraîcheur en quelque lieu
trées et, si on la fait fondre, elle donne une eau qu'elle soit déposée.
rarement transparente, surtout près des villes La neige peut disparaîtra aussi sans trop chan-
industrielles elle est moins pure que l'eau de ger d'aspect, soit par simple évaporation dans
pluie. l'air, soit sous l'influence des rayons solaires
Les flocons de neige ont un poids très faible mais comme elle rénéchiténergiquement ces der-
en comparaison de leur volume. Leur chute dans niers, elle n'en retient qu'une faible partie et
l'air est donc très lente; la couche qu'ils forment fond lentement; mais si des poussières, grain
des cen-
à la surface du sol occupe une épaisseur beau- dres, couvrent sa surface, chaque opaque
considérable celle de l'eau qui absorbe une plus forte proportion de ces rayons
coup plus que pro-
vient de leur fusion d autant plus considérable et active la fusion.
que l'air est plus humide et la température plus lesLarégions neige est quelquefois rouge, surtout dans
douce. Il faut de 6 à 18 ou 20 centimètrescubes de polaires ou dans celles des neiges
neige pour donner 1 centimètre cube d'eau de fu- perpétuelles. Cette coloration est due à un petit
sion, dont le poids est de 1 gramme. champignon, l't~e~o nivalis, qui a la propriété
A Paris, et dans les plaines, la chute de la de végéter sur la neige. [Marié-Davy.]
neige peut être accompagnée, comme la pluie ou NERFS. V. Système nerveux.
la grêle, d'éclairs et de tonnerres. Ce phénomène N1VËLLEMEKT.– Arpentage, VIII et IX.
les Opération
est rare, toutefois, parceque orages s y montrent de déterminer accessoire de l'arpentagequi a pour but
peu durant l'hiver; que l'orage est alors accom- la distance des différents points
pagné de coups de vents. La neige est, dans ce d'un plan à une même surface horizontale qu'en
cas, le plus souvent roulée. H est beaucoup plus appelle le plan de repère ou de comparaison. Ce
commun dans les pays de hautes montagnes sur plan de repère est arbitraire; on le prend ordinai-
lesquelles la neige peut tomber en toute saison. rement au-dessous de tous les points du terrain
La température de l'air décroît assez rapide- qu'on veut représenter; la distance d'un point
ment à mesure qu'on s'y élève en hauteur. Cette quelconque du terrain à ce plan est ce qu'on
diminution de la température est en moyenne de nomme la cote de ce point. On peut se donner ar-
1° par 100 ou 200 mètres d'élévation, suivant les bitrairement la cote d'un point
particulier du ter-
lieux, les saisons et l'état de l'atmosphère. Il en rain l'opération consiste alors a déterminer les
résulte que, quel que soit le degré de chaleur que différences de cote entre ce premier point et tous
l'on éprouve à la surface du sol, on trouvera les autres.
toujours dans l'atmosphère une couche de niveau t. Un nivellementpeut être simple ou com-
.variable dans laquelle le thermomètre marque- posé. Il est simple lorsqu'ils'agit de trouver la dif-
rait 0°. Plus haut la température est encore plus férence de cote de deux points A etpuisse, B peu éloignés
basse. Il peut donc neiger dans la montague alors l'un de l'autre, de telle sorte qu'on par une
qu'il pleut dans la plaine. seuls station, obtenir le résultat. Le plus souvent
En toutes les régions du globe, on peut ren- on opère avec le niveau d'eau. V. ~lrpet!<a~e (In-
contrer des montagnes assez élevées pour que la struments d'). On – établitl'instrumenten un pointt
neige tombée en certaines saisons ne puisse y C, qui ne soit pas éloigné de plus de 40 ou 50 mètres
fondre entièrement dans le cours de toute une de chacun des deux points A et B. On fait dresser
année elles pénètrent alors dans la zone des une mire au point A; on dirige, à l'aide de l'ins-
neiges perpétuelles. Cette zone couvre la surface trument, un rayon visuel horizontal vers cette
entière du globe, de l'équateur au pôle seule- mire et l'on fait élever ou abaisser le voyant
ment, elle est généralement d'autant plus élevée jusqu'à ce que le rayon visuel passe au centre,
au-dessus du niveau prolongé de la mer qu'on ou du moins par un point de l'horizontal qui le
avance plus près de l'équateur. Les circonstances coupe enà la mire, deux parties égales; l'aide fixe alors le
locales peuvent toutefois en modifier sensiblement voyant et lit, sur la division qu'elle
la hauteur. En voici quelques exemples porte, la hauteur du centre du voyant au-dessus
du talon de l'instrument, qui est posé sur le
sol. On fait transporter la mire au point B; l'o-
pérateur, sans déplacer le niveau, fait tourner
HAUTEUR le tube autour de
son axe vertical, mène un rayon
LOCALITÉS
de la visuel horizontal vers sa mire, fait fixer le voyant
LATITUDE MmtE
comme il a été dit, et tire la hauteur de son centre
dfBM~es au-dessus du talon. La diTérence entre les hau-
perpétuellea. teurs lues sur la mire exprime la différence de cote
des points A et B. Le point B est au- dessus ou
au-dessous du point A, suivant que la hauteur
Alpes.
CotesdeNorvë~c.
Etn.t!S!cite).
7i''5'NN
Oura[septeatrio;ia). 5940N N 2708
Pyrénées. 46 ON
43 ON
N
N
37 30 N
7M"
<460
2728
2905
mesurée en B est plus petite ou plus grande que
celle qui a été mesurée au point A.
2. Le nivellement est composé lorsque la dif-
férence de niveau que l'on cherche ne peut être
Himalaya, versant septentrional 3t 0 N 5067 obtenue qu'à l'aide de plusieurs stations intermé-
Abyssinie. Yersantméridtonil! 31
31
ON
N
ON
N
3956
3956
diaires. C'est ce qui a lieu quand la distance des
deux points est un peu considérable, car il arrive
diona)e).
Sierra Nevada (Amérique meri-
Quito.
Andes de
<9 ON
8SNN
V
i30S S
4500
4550
48t3
alors que les rayons visuels horizontaux menés
d'une station intermédiaire passent, l'un au-dessus
Uétroitd!-M!ge)!a.n. 54 OS
S U30 d'une des deux mires,et l'autre au-dessous du talon
de l'autre. On choisit alors, entre les points A et
B, un certain nombre de points intermédiaires
neige, tant qu'elle est à l'état de blancheur,
[.a. M, N, P, etc., assez rapprochés pour que la diffé-
est un très mauvais conducteur du froid; elle rence de cote des deux points consécutifs puisse
ralentit la pénétration de la gelée dans le sol et être obtenue par un nivetlem"nt simple; et l'en-
préserve de ses effets les plantes qu'elle recou- semble de ces nivellements simples constitue le
vre. Dès qu'elle commence fondre par l'action nivellement composé-.
des pluies ou d'un air chaud, elle absorbe, pour se Soient ho et ces hauteurs lues sur les mires à
transformer en eau, une grande quantité de cha- la première station, entre A et M; et A} les
2' PARTIE. 89
hauteurs analogues obtenues à la seconde station, vations analogues, en variant la direction hori.
entreMetN; et A,les hauteurs lues à la troi- zontale de la visée on obtient ainsi sur le terrain
sième station, entre N et P; et ainsi de suite. autant de points que l'on veut ayant la même
Les différences successives entre les cotes se- cote que la station on lève, à la planchette,
ront ho – A<, A, – As,
totale sera donc: – etc. ta différence le plan des piquets qui ont été plantés; par les
points obtenus on fait passer une courbe continue
– ~i + ~'i ha + – + etc., c'est la courbe horizontale correspondante à la
sLation choisie. On détermine de la même manière
ou, ce qui revient au même, tes courbes horizontales qui correspondent à
(A. + A, + + etc.) (hi + ha + A, + etc.), d'autres stations. En général on les choisit de
manière que les courbes horizontales obtenues
c'est-à-dire la somme des coups atvt'~e diminuée soient équidistantes, de 5 mètres en 5 mètres, de
de la somme des coups avant, en entendant par 10 mètres en 10 mètres, suivant l'étendue et le re-
coup de niveaula hauteur lue sur mire. lief du terrain. L'ensemble de ces courbes suffit
Le point B sera au-dessus ou an-dessous de A pour donner une idée de ce relief.
suivant que cette différence totale sera positive 5. On associe aux courbes horizontales deux
ou négative. Si elle était nulle, les points A et B autres espèces de courbes.
seraient au même niveau. En premier lieu on trace une série de lignes
Il est bon, surtout lorsque le nombre des sta- rencontrant à angle droit toutes les courbes hori-
tions intermédiaires est considérable, de vériûer zontales successives ces lignes, auxquelles on
l'opératiln en allant de B vers A, si l'on a été donne le nom de hachures, expriment des pentes
-d'abord de A vers B en théorie, les deux opéra- d'autant plus grandes que la portion comprise
tions devraient donner la même différence de entre deux courbes horizontales consécutives est
cote, tu signe près. Il est rare qu'on obtienne plus petite; et le rapport de cette portion de ha-
cette précision mais si les deux résultats ne dif- chure à la distance connue des deux courbes
fèrent que de 1 à 2 décimètres par kilomètre, horizontales, sert de mesure à la pente moyenne
<~uand on a opéré avec le niveau d'eau, ou de 1 à entre ces deux courbes.
2 centimètres quand on tt ûpéré avec un niveau On fait aussi usage de te qu'on appelle des
jtius précis, on regarde t'opération comme sufn- profils. Si l'on suppose, par exemple, que le ter-
samment exacte, et l'on se contente de répartir rain soit coupe par un plan vertical, l'intersec-
l'erreur également sur toutes les cotes, sauf la tion sera un profil; et, connaissant les projections
première. Si l'erreur était plus considérable, il horizontales et les cotes d'un nombre snfnsant de
faudrait reprendre les opérations. points de cette courbe, il sera facile d'en obtenir
3. Pour tenir une note exacte des opéra- la représentation à une échelle quelconque. Au
tions partielles, on ouvre d'ordinaire un registre lieu d'un plan vertical, on peut employer un cy-
spécial qui porte )e nom de registre de nivelle- lindre à générationsverticales, et, en opérant de
ment. Il se compose de 7 colonnes. La 1" contient la mêmemanière, on se procure le profil du terrain
les numéros d'ordre des points successivement suivant une courbe quelconque tracée sur sa sur-
observés. Les 9' et 3' reçoivent les hauteurs de face.
mire observées, savoir les coups arrière dans la On multiplie les profils, soit rectilignes, soit
et tes coups avant dans la 3*. Lest* et 5*co- curvilignes, de manière a obtenir tous les rensei-
lonnes sont affectées aux différences entre les gnements nécessaires pour la représentation du
coups arrière et avant ces différences s'inscrivent relief.
dans la t* colonne si elles sont positives, et dans De plus amples détails sur ce sujet appartien-
la 5* si elles sont négatives. Les cotes déduites draient à la topographie plus qu l'arpentage.
de ces différences s'inscriventdans la 6' colonne, [H. Sonnet.]
en tête de laquelle on a eu soin d'inscrire la cote, NOM ou SUBSTANTIF. Grammaire, IX.
donnée ou arbitrairement choisie, du point de Le nom (en latin, nomen, et, en grec, onoma on
départ de l'opération. La T colonne est réservée o'i!/ma) est le mot qui sert à désigner les per-
aux observations. et les choses. Les Latins appelaient le nom
4. tl est rare que, dans les opérations d'ar- sonnes
substantivum quand il désignait des individus,
pentage proprement dit, on ait besoin de faire tandis qu'ils le nommaient ad!/?c<tft;M, quand il
connaître exactement le relief du terrain sur le- servait à exprimer leurs qualités. De deux
quel on opère mais il est utile cependant que catégories de noms, nous avons formé ces deux es-
t'arpenteur ait quelques notions sur la représen- pèces de mots distinctes l'a~ee~y le substan-
tation de ce relief. L'élément principal de cette tif. Mais ce terme substantif, dont leet sens précis
rHprésentation consiste dans les courbes ~orM<M- est assez difficile à saisir pour les enfants, et
tales. qui d'ailleurs ne répond pas toujours exactement
Supposons le terrain coupé par un plan hori- a l'usage pour lequel on l'avait créé, s'emploie de
zontal l'intersection de ce plan avec la surface moins en moins dans nos classes, et nnira bientôt
du terrain jouira de cette propriété que tous ses par céder la place à ce mot si simple, le nom, qui
points auront la même cote. Et réciproquement est beaucoup plus juste et beaucoup plus familier
si l'on réunit, par une ligne droite, ou bnsée, tous aux élèves.
les points du terrain qui ont la même cote, cette Noms propres.Noms communs. – Aupointde vue
tigne sera une llgne horizontale. de la <:ompf<AeM)o~, c'est a-dire du nombre des
Pour se procurer une pareille ligne, on se place, individus auxquels un même nom peut s'appliquer,
muni d'un niveau d'eau, ou d'un instrument plus on distingue deux sortes de noms le nom propre
précis, en un point du terrain dont la cote soit et le nom commun. Le nom propre (du latin pro-
connue; on règle le voyant d'une mire de telle prtMt, qui appartient à un seul, qu'on ne partage
sorte que son centre soit à une hauteur, au-des- point avec d'autres) est celui qui ne désigne
sus du talon, égale à la hauteur du niveau em- qu'une seule personne ou une seule chose. Exem-
ployé. (~n fait porter cette mire sur le terrain, et ples ~~OM, Eve, Paris, /a Seine, les ~M.
on fait var!ar sa position jusqu'à ce que, en visant Au contraire, le nom commun (du laun commu-
avec le niveau dans sa direction, le rayon visuel nis, qui appartient à tous) est celui qui désigne
passe par le centredu voyant on est sûr alors que te tous les individus de la même espèce. Tels sont
point oh repose la mirea la même cote que le point homme, femme, ville, fleuve, qui peuvent se dire
où l'on stationne; et on y fait planter un piquet. indifféremment de tous les hommes, de ~OM<M les
Sans changer de station, on fait une série d'obaer- femmes, de toutes les villes et de tous les ûeures,
La fcmp~/<MM!'o): des noms,qui Était très étroite des hommes. Il est ici question de l'humanité
a l'origine, quand on ne connaissait qu'un indi- tout entière.
vidu, ou que quelques individus d'une espèce, Un collectif est partitif, lorsqu'il ne désigne
s'est élargie avec le progrès des connaissances, et qu'une partie de l'espèce dont il s'agit. Exemple
voici ce que dit Condillac de cette transformation une foule de gens. Il n'est pas question, dans ce
des noms p' opt'M en noms eum~M~s cas, de toute l'humanité. Cette distinction est
« Si nous n'avions pour substantifs que des
importante. En effet, bien qu'un écrivain soit tou-
noms propres, il les faudrait multiplier sans fin jours libre d'appeler l'attention du lecteur sur le
les mots, dont la multitude surchargerait la mé- collectif ou sur le nom qui lui sert de complé-
moire, ne mettraient aucun ordre dans les ob- ment, c'est ordinairement avec le collectif que
jets de nos connaissances, ni, par conséquent, le verbe s'accorde quand ce collectif est gé-
dans nos idées, et tous nos discours seraient néral, tandis qu'il prend le nombre du com-
dans la plus grande confusion. On a donc classé plément quand le collectif est partitif. On dira
les objets, et les substantifs, qui étaient des donc
noms probes, sont devenus des noms communs, Une « La foule des hommes est ~e«e l'erreur.
lorsqu'on a remarqué des choses qui ressem- foule d'enfants se perdent par la lecture des
blaient à celles qu'on avait déjà nommées. (Con- mauvais livres. »
dillac, G,'ammaire, II' partie, ch.t')x » On reconnaît que le collectif est général,
Les enfants demandent quelquefois si des noms quand il est précédé de l'article défini ou de l'ad-
tels qu'.tl/e.EHHO~e. CA<H'/«, ~M' qu'ils trouvent jectif démonstratif au contraire, le collectif est
employés pour désigner des individus nombreux partitif quand il est précédé d'un adjectif in-
défini, comme un, une.
et différents, sont des noms propres. On leur fera Noms co~posex. – On appelle noms composés
facilement comprendre que ces noms ne peuvent
6tro des noms communs, en appelant leur atteu- ceux à la formation desquels concourent deux ou
tion sur le sens exact de ce terme, et en leur di- plusieurs radicaux. Tels sont pA!7oMpAo4', en
sant qu'un nom commun doit pouvoir s'appliquer grec, philosophus, philosophe.
en latin, qui ont donné le mot
Dans la langue grecque et la
à n'importe quel individu de l'espèce à laquelle il français
appartient. langue allemande, les mots composés se forment
Noms concrets, noM! abstraits. Lorsqu'un avec la plus grande facilité. Les radicaux se sou-
objet se présente à nos regards, nous remar- dent les uns aux autres, et la désinence s'ajoute
quons Mi lui un certain nombre de manières d'être. ceux au dernier radical. En français, si l'on excepte
Sa couleur nous révèle sa forme et son étendue;
qui dérivent du latin ou du grec, les noms
que les grammairiens français ont appelés com-
le toucher peut aussi nous apprendre s'il est lisse posés
ou rugueux, dur ou mou, etc. Je vois un arbre, chou-fleur, se forment par juxtaposition. Tels sont
porte-étendard, pot-au-feu.
par exemple il me parait gris ou vert, suivant la Ces noms ne sont pas en réalité composés,
saison il est petit ou grand, mince ou gros, élancé mais bien plutôt juxtaposés. On verra, à la fin de
ou touffu. C'est parce que ces qualités se dévelop- cet article, comment les noms se composent à
en quelque sorte avec (co/:o'MctM<) l'objet l'aide des affixes.
que l'on considère, qu'on a appelé noms concis On appelle :)iùfe/!MM les
~OMM indéfinzs.
ceux qui désignent dos objets considérés avec l'en- qui désignent nombre :M~~H/, indéter-
semble de leurs qualités. Ainsi, arbre, ,/ai'di):, MM~, noms un
de de choses. Tels sont peu,
maison, homme, sont des noms concrets, puisque beaucoup,personnes < plupart,
ou
quantité, trop, assez, etc.
leur aspect révèle une quantité plus ou moins Il faut
considérable de manières d'être. C'est à ces noms remarquer que peu et beaucoup ne doi-
vent point s'employer comme collectifs, sans un
concrets seulement que peut convenir la dénomi- complément qui les détermine. Ne dites donc pas
nation de SM~t<:H<<, puisque les objets qu'ils beaucoup ainsi, mais beaucoup
désignent sont les seuls qui éveillent dans notre K pensent » c
de ~crsonKM, pensent ainsi. »
esprit l'idée d'une substance, c'est-à-dire d'une d'hommes, En grammaire, on appelle genre
DM
sorte de fond qui semble se <et!tr sous (sub-stare) la propriété genre.
qu'ont certaines parties du discours
ces qualités et leur servir de base et d'appui. de distinguer le sexe.
Mais, parmi toutes les manières d'être d'un En français, il n'y que deux genres le mas-
objet, je puis en considérer une isolément, et la culin et le féminin.a Notre langue n'a conservé
détacher (a&~MtAe; e) en quelque sorte, par une trace importante du genre neutre, qui
opération de mon esprit, de l'objet auquel elle aucune désignait généralement, en grec et en latin, ce
appartient. Ainsi que je sois frappé, par exemple, qui n'appartenait ni au sexe mate, ni au sexe
des dimensions que présente le tronc de l'arbre femelle.
que j'examinais tout à l'heure, je dirai: « la gros- Les noms d'hommes et d'animaux mâles sont
seur et la Aau/eMf de cet arbre m'ont étonné. » du genre masculin les noms de femmes et d'a-
J'ai ainsi abstrait, c'est-à-dire détaché deux ma- nimaux femelles sont du genre féminin. De plus,
nières d'être de l'arbre je puis aller plus loin
on a attribué, en français, le genre masculin et le
encore, je puis prêter, en quelque sorte, une genre féminin à la plupart des noms qui avaient,
existence indépendante à ces produits de l'abstrac- latin, l'un ou l'autre de ces genres.
tion, et dire « La qrundeur et l'élévation frappent enQuant
vivement tous les hommes. » On appelle, en con- devenus masculins aux noms neutres, ils sont généralement
séquence, noms abstraits ceux qui, comme ~r~t- çais. Cependant, quelques en passant du latin en fran-
pluriels neutres, étant
(/eMf, e~e~a<toa, désignent des manières d'être sé- terminés été pris à tort pour des noms
parées de l'objet auquel elles appartenaient. en a, ont
féminins de la première déclinaison latine, qui
Noms collectifs. Les noms collectifs (du ont aussi a pour désinence. Ainsi folia, pluriel
latin collectum, supin de <:o//t'yM'e, réunir) se neutre de folium, a donné le nom féminin feuille.
nomment ainsi parce que, même au singulier, ils Il en est de même de pira, porno, etc., qui ont
expriment une réunion, une collection, un nom- formé la poire, la potHMt.
bre plus ou moins considérable d'individus tels ~iemNM a~MM sur le ~Mre de quelques noms.
sont: multitude, foule, ti;Ht~, nombre,etc. Quelques noms sont tantôt du masculin et tantôt
Il y a deux sortes de noms collectifs les col- du féminin. Ainsi, amour, délice et orgue sont
lectifs geKCT'aM.E et les collectifspaW!Y! du masculin au singulier et du féminin au plu-
Ufi collectif est général quand il comprend une riel. La grammaire historique rend compte de
catégorie tout entière d'individus. Kx. la foule cette anomalie. En ea qui concerne le mot
amour, elle nous apprend que les mots mascu- C'est ainsi que nous disons homme, femme,
lins en O)' du latin sont presque tous devenus père, Me'e, oncle, ~a~<e, neveu, nièce, fils, fille,
féminins en passant dans la langue française. Les et, de même c&u~, /MN;<, A(jE!t/ taureau,
savants du moyen âge ayant voulu restituer au cacA", <y~M«, bouc, cA~ure, MHe~ orc6tt, coq,
mot amour son genre latin, ne réussirent que pOM~. etc.
pour le singulier. On écrit, en conséquence, un Notons en passant que certains mots. comme
/o~ acf~ur, de /°o/<M amours. c/ttt)~, tœM/ n.oMfOH,s'emptoient non pourexpri
Quant au mot délice, il vient du mot latin mer l'idée de sexe, mais pour désigner ces ani-
neutre delicium, dont le pluriel était du féminin maux comme aliments ou comme espèces.
deHct.?. On s'explique donc facilement qu'il ait Lorsque )e nom spécial manquait, on a pn tirer
également ces deux genres en français. De même, le féminin du masculin, quand la terminaison s'y
orgue, masculin au singulier, reproduit le neutre prêtait, do même qn'on forme le féminin de l'ad-
c~MMtK; tandis que le pluriel féminin a été
calqué sur le pluriel neutre orgona, que l'on a
jectif (V.~f~). Exemple ours, ourse; chien,
chienne; chat, eAa«e; tigre, tigresse; loup, louve.
pris, comme nous l'avons dit plus haut, pour un Cependant l'usage n'a pas étendu cette formation
nom féminin de la première déclinaison. à tous les cas, et fort souvent l'on emploie les
CM< (qui vient du latin gens, race, famille) mots mdle et femelle, que l'on ajoute au nom pour
est féminin au singulier comme en latin; la désigner de quel sexe on parle, bien que la dési-
gent Altère. n Au pluriel, < les gens, il désigne nence du masculin se prêtât tout naturellement à
collectivement les hommes et les femmes, et, par la dérivation d'un nom féminin. On dit, par exem-
conséquent,devra't être exclusivement du mascu- ple, un pinson, un chardonneret M<</e, un pinson,
lin. !1 semble qu'il se soit fait sur ce mot un com- un chardonneret /CM)e~, ou encore une /i'm<~e de
promis les adjectifs qui précèdent immédiatement pinson, de chardonneret.
ce nom prennent son genre étymologique,c'est-à- Notons encore que le mot enfant peut s'em-
dire te féminin; tandis que les adjectifs qui le sui- ployer pour désigner les deux sexes, mais seule-
vent prennent le genre qu'a ce nom au nguré, le ment au singulier; on dira donc, en parlant d'une
masculin. On écrira don<,< « Formés par l'expé- fille <t une charmante enfant. » Au pluriel, ce
rience, les vieilles gent )Mmt prudents, MMpcon- mot est exclusivement du masculin.
neux, n ce qui paralt très bizarre quand on ne re- Du nombre dans les noms. On entend par
connaît pas la cause de cette anomalie. Quant nombre, en grammaire, l'indication de l'unité ou
an mot tous, précédant gens, il se règle sur l'eu- de la plut-alité.
phonie. On écrit « tous tes Ao'iM~M gens, x Il n'y a, en français, que deux nombros, le sin-
parce qu'~MK~te n'a pas au féminin une forme g't<f?, qui ne désigne qu'un seul objet, et le plu-
spéciale et on dit t toutes les vieilles gens, n rM/, qui en désigne une quantité plus ou moins
parce que vieilles est une forme spéciale qui for- considérable.
cément appelle le féminin toutes. Gens est uni- Les Grecs avaient un troisième nombre, dont on
quement du masculin quand il éveille spéciale- ne trouve que quelques traces chez les Latins
ment l'idée d'hommes « de nombreux gens d'af- le duel, qui servait a désigner les objets qui se
faires, les t)!-ats gens de lettres. D présentent généralement par couple dans ia na-
Parmi les noms qui ont les deux genres, il faut ture les oeM: ye«.c, les deux MatM, les deux
encore cit'~r les suivants pieds.
ne
~< oiseau, est du masculin, à moins qu'on
désigne spécialement la femelle a On flt en-
forma~toK du pluriel. Le pluriel se forme
généralement en ajoutant un < au singulier. Exem-
tendre à l'aigle enfin qu'elle avait tort. e (La Fon- ple /e livre, les livres. Cette règle nous vient du
taine.) Au nguré, il est du féminin « les aigles latin. Des six cas que pouvaient prendre les noms
~'omatMM n (les enseignes). déclinables de cette langue, deux seuls survécu-
Couple, signifiant simplement deux, est du rent enfin aux mutilations que subit la langue ia-
féminin « une couple de perdreaux. n Il est du tine depuis le jour où elle fut introduite dans la
masculin quand il exprime l'idée d'union, d'en- Gaule par les légions de Jules César. Ces deux cas
tente « M'< couple bien assorti. n étaient l'accusatif singulier et l'accusatif pluriel,
Foudre, au propre, est du féminin; dans le le premier terminé généralement par le sufllxe m,
sens ngnré, il est du masculin « un /CMdfe de et le second, par le suffixe s. It est dès lors natu-
guerre. i) rel que la forme de ces deux cas ait servi de mo-
CEMfre était autrefois du masculin au singu- dèle à notre singulier et & notre pluriel. De là ces
noms singuliers qui, comme la t'Me, le litre. la
lier il l'est encore au figuré et dans le style sou-
tenu « le yrffft~ œuvre, tout l'œuvre de Cor.
neille. Mais, dans le style ordinaire, il est
co" représentent les accusatifs <o<"Mt, li-
Ar~m, colorem, tandis que les noms pluriels les
du féminin, et il vaut mieux lui donner dans roses, les livres, les couleurs ont été calqués exac-
tous les cas ce genre une bonne œuvre, une tement sur rosas, lihros, colores et leur ont em-
&eMe <auvre. t prunté 1*~ désinentiel.
Orge n'est du masculin qu'en pharmacie, « de Quant aux noms français qui ont été formés
l'orge perlé, de l'orge mo?t~d. Dans tous les de noms neutres latins, dont l'accusatif pluriel se
autres cas, il est du féminin. termine par a, et non par s, ils n'auraient pas dû
fd~M, fête des Juifs, est du féminin singulier logiquement prendre un s au pluriel. Et, en effet,
et prend l'article K manger la Pâque. e Pd- nous avons remarqué plus haut que quelques-une
ques, fête des chrétiens, est du masculin singu- de ces pluriels neutres avaient même formé des
fier n Pâques est tardif cette année, a Au Sguré, noms singuliers, comme la joie, la feuille. Mais
il est du féminin pluriel « faire de bonnes Pâ- comme ces noms étaient de beaucoup les moins
quet x (c'est-à-dire faire une bonne communion). nombreux, on leur a applique le procédé le plus
Ce<t)u'il importe de faire remarquer avant tout général, et on a écrit les temples, /ef <M'me<, bien
aux élèves, c'est que le changement du genre est que templa, arma ne fussent point terminés par
presque toujours la conséquence d'un change- un s.
ment de signification. ~taroMM sur la formation du pluriel.
~j~y~~q~ du /ë)m!'MM dans les noms. La 1° Quand un nom est déjà terminé par un s au
j}angue .française a des noms spéciaux pour dési- singulier, il est naturel que l'on n'ajoute point Cf
-Mpr,~es ;deui sexes dans la famille, ou encore signe pour former le pluriel. On écrit donc le fils,
~lah~,)e%~espècesanimales qui, de temps immé- les fils. Il en est de même si le nom se termine
~mj)ri%tj, Y~ye~ dans la domesticité
de l'homme. par x ou par z, qui n'étaient que des équivalents
de<!dansnotre ancienne langue, où l'on écrivait qu'au pluriel. Tels sont ancétrps, onnales, ar-
indifféremment /t~ lois ou les loix; un nes ou un MOM'M. appas, arrérages, ~'OMt'M!7/C~, catacombes,
~geom~fe. funérailles, mœttfs, f~pf~ vivres, etc.
nez.
2° Cet emploi de x pour s est maintenant de On les trouvera tous dans les grammaires.
règle pour former le pluriel des noms en au et en
eu, et l'on est forcé d'écrire des couteaux, des che-
Pluriel des noms n'~r!'u~!
gères. Les noms
s
étrangers
langues ~'aM-
qu'a francisés un
veux (la seule exception est landau, pluriel ~K- long usage prennent le signe du pluriel. On écrit
daus, espèce de voiture); donc: des aece's: des agendas, des albums, des
3" On emploie encore exclusivement l'x pour alibis, des alinéas, des o«os, des bravos, dos do-
former le pluriel de sept noms en ou, bijou, cail- minos, des duos, des factums, des folios, des :M-
lou, e/tOK, genou, hibou, ~'OM~'OM et pou. Les autres &)-o~<M~, des numéros, des op~M, des ora<ort0t,
noms en ou suivent la règle générale. des panoramas, dos pensums, des ~M'pro~Mos, des
4° Les noms en a/font'ieur pluriel par le chan- quolibets, des récépissés,des trios, des fifa~, des
gement de cette terminaison ul en aux, qui n'est zéros.
qu'une prononciation adoucie de e~s. On écrivit Comme c'est l'usage qui est ici le seul guide,
d'abord des cA"t'a~; puis, des chevaus, et, enfin, il ne faut pas toujours rechercher la logique dans
en substituant
des chevaux.
l's son équivalent x, on forma la formation de ces pluriels. Ainsi, en dit un pen-
sMm, des pensums, tandis qu'on dit un ?'ra<a, des
Quant à cette tendance de a à s'adoucir en u, o-)'a<a. bien que pensum ait pour pluriel pm-a',
nous en trouvons des exemples dans Ff'M.o!~ araf tandis qu'e)'r<!<M a pour singulier ~'fn~MH! en
pour Ftt~M'a~, cAefaM-< pour c/tefa/e)*, j latin. Mais comme un errata est une liste de
et surtout dans le passage du latin en français fautes, on ne le trouve point en français avec la
alba-aube; alter-autre; calvus-chauve, etc. forme du singulier. De même, on ne devrait pas dire
Quelques noms en al, cependant, suivent la des alibis, avec un s, puisquealibi est un adverbe.
règle générale. Les plus usités sont <'a/, carnaval, Il faut, pour se tirer de toute incertitude, con-
chacal, régal, qui prennent un s au pluriel. sulter le Dictionnaire de l'Académie,qui fait seul
5° Sept noms en ail forment aussi leur pluriel autorité en cette matière.
par le changement de ail en aux. Ce sont bail, L'Académie fait invariables duplicata, errata,
corail, émail, soupirail, travail, t;<!H<a!7 et t)t'<f<'t7, maximum, recto, verso. Elle écrit des cictrone, des
peu usité au singulier. On écrira donc des baux, quintettes, des <a<es, des tories ou fofy?.
des eoraMx', etc. Tous les autres noms en ail sui- Quelques mots conservent le pluriel qu'ils ont
vent la règle générale. dans la langue d'où on les a tirés. On dit donc:
Noms à double pluriel. Le double pluriel de des carbonari, des dileltanti, des /<zza)'o?! des
certains noms a pour but d'en exprimer le double Mp?'a); Il serait bien à souhaiter qu'on appliquât
sens propre ou /!g'K~. enfin à tous les noms étrangers la règle générale.
Ainsi, aïeul fait nfeM~ quand il désigne le Les noms qui ne prennent pas la marque du
grand-père et la grand'mere, et a~Ma*. quand il pluriel sont:
désigne les ancêtres. Ces dem pluriels ne sont
d'ailleurs que deux formes
f Ceux qui sont formés de plusieurs parties.
absolument équiva- Exemple des ex-voto, des in-octavo, des post-
lentes. (V. plus haut ce que nous avons dit de scriptum, des Te-Deum. Cependant l'Académie
l'équivalence de s, x, z.) Ail fait aulx, chez le écrit des autoda fés en un seul mot.
jardinier, et ails, chez le botaniste. Ciel fait 2° Les noms des prières des ~~e, des CoH/?<eor,
cieux pour désigner la voûte céleste, et Ct'eM pour des Pater. Cependant l'Académie écrit des Allé-
exprimer tout ce qui en présente l'image. luias.
Œ:7 fait yeux pour tous les noms qui ne présen- Pluriel des noms compo~. – Les mots qui
tent aucune équivoque les yeux du pain, du concourent, en français, à la formation des noms
fromage, de la vigne; on sait très bien que ces dits composés, sont: le nom, I'a<
objets n'ont pas d'organe visuel; mais on dit des la préposition et l'adverbe. De ces cinq mots, le
le verbe,
yeux de bœuf, de perdrix, de chat, de serpent, nom et l'adjectif sont les seuls qui puissent pren-
pour désigner l'organe de la vue, et des Œt7~ de dre la marque du pluriel.
bœuf, de perdrix, de chat, etc., pour exprimer En formant le pluriel des noms composés, on
tout ce qui ressemble aux yeux de ces animaux. doit examiner si les parties composantes sont unies
De même, travail fait son pluriel avec s, quand par un rapport de concordance ou par un rapport
il conserve son sens primitif, et désigne cet assem- de complément. Ainsi, dans coffre-fort, le second
blage de poutres (~-a&es), qui sert à contenir les terme ne sert qu'à qualifier le premier; au con-
chevaux vicieux ou encore quand il désigne des traire, dans le mot e~e/œM~fe, le premier nom
études, des comptes, faits en commun; mais il fait a pour complément déterminatif celui qui le suit.
travaux dans tous les autres cas. De là les règles suivantes
Noms invariables. Un certain nombre de t° Un nom composé formé de deux dont
noms,pris dans leur sens propre, ne s'emploient le second qualifie le premier, prend la noms marque du
point au pluriel. Tels sont, par exemple, les noms pluriel aux deux parties composantes. Ex.
abstraits, comme la vieillesse, la jeunesse, la pau- Un chou-fleur, des choux-fleurs.
!;< la ~ou'c, bonheur, /'«f~t;e~!M. 2" Si le nom est composé d'un nom et d'un ad-
Cependant, beaucoup de ces mots peuvent s'em- jectif, la règle est la même. Ex.
ployer au figuré et prendre le pluriel. On dira, Un <'o~'e- des co~-<M-/brh'.
par exemple « cet homme ne débite que des ;uaM- Une basse-cour, des taMM-coMf~.
t)fef' », c'est-à-dire des mots vides de sens, des 3° Si le nom est composé de deux noms dont le
Ao?M/t< second sert de complément déterminatif au pre-
On ne fait jamais varier non plus les noms for- mier, le premier seul prend la marque du plu-
més à l'aide d'un adjectif ou d'un verbe et de riel. Ex. Un cAe/ŒMM'-f, des c/te/d'ŒKwe,
l'article: <.?yMS<e, le beau, le <.OM's, le maM< Il un /td/e~-D:'eu, des hôtels-Dieu.
en est de même des noms de métaux, /'o' /e fer, Quelquefois le nom déterminant est placé le
1 argent, à moins qu'on ne veuille spécifier: « les premier. Ex. un havre-soc, des havre-sacs, c'est-
/*e~ de la Suède sont excellents. » à-dire des sacs à l'avoine (/io/'<r, en allemand).
Sont encore invariables les noms des arts et des Quelquefois aussi on sous-entend le nom qui
sciences /'a'<eMMM?'c, la chimie, etc. L'usage seul renferme l'idée de pluralité. Ex. des Me.A-
apprendra toutes ces particularités. tête, c'est-à-dire des cM~'eh'Ms où l'on est <~e à
Au contraire, il y a des noms qui ne s'emploient tète.
4" Si )e nom est composé d'un verbe et d'un sorte la base: aussi appelle-t-on thème.s les radi-
nom, le nom seul prend la marque du pluriel, à caux qui sont le produit direct de ces racines et
moins qu'il n'exclue toute idée de pluralité. On de leurs combinaisons. Dans le mot p/tt/p/te,
dira donc un passeport, des passeports, mais on par exemple, il y a deux racines, philo-sophe,dont
écrira: un M~ve-e, des Mrre-Mt", parce qu'on ne la réunion forme un radical.
serre qu'une tête dans un bonnet. Mais ce n'était pas assez que d'avoir désigné les
C'est en vertu de ce principe qu'on a proposé individus par leur qualité essentielle. H fallait
d'écrire au singulier un essuie-mains, parce que encore, pour la commodité du langage, pouvoir
l'on n'essuie pas une seule main. exprimer les f~cpnf/s dans lesquels ces individus
5° Si le nom est composé d'un nom et d'un mot se trouvent avec tout ce qui les entoure. L'expres-
Invariable, il est naturel que le nom seul prenne sion de ces rapports se fait à l'aide d'une seconde
la marque du pluriel. Ex. Un contre-cou", des espèce de racines que l'on a, pour ce motif,appelées
contre-coups, un aNNMf-cewcM; dea avant-cou- '~mo?!4fra/iUM ou t"dteaft:)M.Quand nous disons,
reurs. en français, cet homme-ci a frappé cet /toM)ne-M.
6. Si le nom composé ne renferme que des élé- les particules ci et là déterminent la position des
ments invariables de leur nature, aucune partie ne deux hommes par rapport à nous, ci désignant
prend la marque du pluriel. Ex. celui qui est le plus voisin, et là celui qui est le
Un in-douze, des in-douze. plus éloigné. Eh bien, toutes les désinences qui,
Un ouï-dire, des OMt-<H' <
Un passe-partout,des passe-partout.
dans les langues anciennes, servent à déterminer
la position des individus ou à les montrer comme
Pluriel des noms propres. Lorsque les noms on le fait par un geste, sont tirées des racines t~-
propres conservent leur caractère spécial et ser- dicatives. Les pronoms, qui ne sont, en quelque
vent à distinguer certains individus de tous ceux sorte, que des gestes écrits, à l'aide desquels on
qui leur ressemblent, ils restent invariables. On désignerait les individus dont on ne saurait pas le
dira donc: x Les deux Co~et~e et les deux Racine nom, n'ont pas d'autre origine.
ne sont pas également célèbres, a On dira de Pour en revenir au mot oses, la première partie,
même « Envoyez-moi deux Télémaque, » c'est- ;'<Me, exprime l'idée de la fleur qui porte ce nom.
à-dire deux exemplaires du livre intitulé Télé- Quant à la lettre s, elle exprimait, au pluriel, dans
MtOMe. la langue latine, un rapport d'éloignement, et ser-
lorsque les noms propres sont employés vait, par conséquent, à l'indication d'un complé-
pour désigner une espèce, ils deviennent de ment direct, sur lequel se por<< l'acte marqué
véritables noms communs. On écrira donc: par le verbe, I'o< qui supporte l'action, étant
naturellementplus éloigné des yeux de l'observa-
Vtr~M,
Un Auguste aisément peut faire des
teur que le sujet qui accomplit cet acte.
c'est-a dire, un empereur éclairé comme Auguste On a vu, à la /brm'f<t'OM du pluriel, comment
peut faire surgir des poètes semblables à Virgile. cet s a pris, en français, un rôle tout différent de
On dira de même celui pour lequel il avait été créé.
La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars,
Tous les éléments qui servent à former les mots
peuvent donc se diviser en deux grandescatégories
parce que ces noms, Bourbons et Césars, sont des la première et )a plus considérable contient les par.
titres génériques communs à tous ceux qui appar- ties fondamentales des radicaux, c'est-à-dire celles
tiennent à la même dynastie. qui en renfermentla signification la seconde, beau-
On dira encore, en vertu du même principe coup moins considérable, renferme les affixes, qui
des Elzévirs, des PoKM'n~, des ~!apAae& parce que s'ajoutent aux radicaux pour marquer les rapports
ces noms sont employés au figuré, pour désigner qu'ils soutiennent dans le discours et exprimer
les <BMM'e~ qu'ont produites les imprimeurs et les les idées de cas, de nombre, de genre, de temps,
peintres célèbres dont il s'agit. de mode et de personnes. (V. Grammaire com-
Les noms propres prennent encore la marque parée.)
du pluriel quand ils désignent plusieurs pays. Formation des substantifs. Pour former un
Exemple: les deux Siciles, les deux Amériques, les nom ou substantif, il faut, comme on vient de le
deux Castilles, toutes les Russies. Ces noms pro- voir, deux éléments. Ainsi, loup se dit en latin lu-
pres sont de véritables attributs des noms com- jr'M~ et en grec lykos. Si nous comparons lupus et
muns terres, provinces, pays, royaumes, sous- /~Ao~, nous y trouvons un même suffixe, s, qui
entendus. marque proximité comme notre particule ci, et sert
Origine des noms propres et des noms communs. à indiquer le sujet; c'est la deit~e'ice. Ce qui pré-
– Lorsqu'un objet se présente à nos yeux, nous cède cette désinence, c'est-à-dire /MpM. <Ao, ce
sommes frappés de certaine qualité, de certaine sont les radicaux auxquels est attaché le sens de
manière d'être qui le caractérise et lui donne sa loup. Tous les noms ont la même origine tous
physionomie particulière. Les noms qui ont servi ont été noms propre tant que l'on n'a connu
à désigner les personnes, les animaux et les qu'un individu de l'espèce qu'ils désignent; tous
choses, ont été tirés des caractères spéciaux que sont devenus noms communs quand ils ont été
présentait chacun d'eux. Lorsqu'on analyse ces employés pour désigner un nombre plus ou moins
noms, on trouve, dans chacun d'eux, <M: éléments considérable d'individus.
irréductibles, que l'on a, pour ce motif, appelés Noms composa, noms dérivés. Les noms
racines, parce qu'ils sont, en quelque sorte, les composés proprement dits sont formés de radi-
germes dont les noms ont été formés. caux devant lesquels on place un ou plusieurs
Il y a deux sortes de racines. Pour rendre cette affixes qui, dans cette position, prennent le nom
explication plus facile, empruntons un exemple à de prénxes. Ainsi, contradiction, désobéissance,
la langue M'ançaise. Soit, par exemple, le mot m~!?!ff/<7:cf, formés des noms dtcttOM, o~M-
foMt, au pluriel. Si je compare ce nom pluriel sance, intelligence, et des prétixes contra, dés,
avec le singulier rose, j'y trouve un élément de més, sont véritablement des noms composés.
plus, la lettre s. Ces deux parties, rose et la lettre Les principaux prénxes employés en français
s, représentent précisément les deux sortes de ra- sont a (idée d'éloignement). <Mf(idée de tendance
cines dont les mots ont été formés. Le premier, vers), ante (antériorité), bene (bien), bis (deux
rose, représente une racine verbale ou nominale, fois), Ctrc (autour), com (ensemble), contra (op-
qui a pour propriété de désigner les objets. Ces position), de (séparation), e et ses différentes
racines, verbales ou MontM't~, contiennent la si- formes (sortie, expulsion), in ou en (contenance,
yKt/!ca<!M des mots, et en forment en quelque introduction, tendance, privation), me ou mes
(mal, difficulté), pf~ (antériorité), pro (en avant, éieve; il faudra aussi qu'il prenne garde de mettre
pour), t-< (redoublement, réciprocité, opposition, dans la colonne de gauche deux noms auxquels
rénovation),!M6(sous), super (sur), ~Ks(au delà). s'appliquerait un même nom de la colonne de
Dérivés. Quand un affixe s'ajoute à la suite droite. On ne placera donc point deux noms d'ar-
du radical, il prend le nom de SM/~ce, et le nom bres, deux noms de plantes, etc.
ainsi formé est un nom f~e;tfe. (V. Dérivation.) Noms concrets, noms abstraits. Pour bien
Exemple paroissien, feuillage, formés des faire comprendre aux enfants la différence qui
noms pafozM? et feuille, et des suffixes ien etaye. distingue ces noms, on pourra les exercer d'abord
Les noms dérivés peuvent se former de sub- à former des noms abstraits. Exemples
stantifs à l'aide des suffixes ade (qui exprime 1" Des adjectifs suivants, formez des noms abs-
l'idée d'assemblage), at (profession), age (état), traits, sur ce modèle Prudent, la prudence; sage,
an, ain, tfM (état, collection), ard (espèce), at'e, la sagesse.
ier, er (profession), itie, ice, esse (état, manière Souple.
Prudent. Constant.
d'être). Exemple colonnade, cardinalat, escla- Bienfaisant. Patient. Juste.
<;<cAa~a<<), épinard, statuaire, calvitie, com- Abondant. Sage. Triste.
pltce, allégresse, etc. Confiant. Tendre. Jeune.
On peut encore tirer des noms dérivés des
adjectifs, t'aide des suffixes esse, ice, ise, M, té, 2° Formez des noms abstraits, à l'aide des ad-
tj~-f, qui indiquent un état, une manière d'être.
jectifs suivants, sur ces modèles Laid, la lai-
Exemple sage, sagesse; avare, avarice; sot, deur fertile, la fertilité.
sottise; malade, maladie; pauvre, pauvreté; vert, Haut. Lent. Rapide.
verdure. Gros. Solide.
Pesant. Docile.
On peut aussi en tirer des verbes, à l'aide des Froid. Solide. Docile.
Humide.
suffixes ade, ooe, ance (état, inaction), eMt', euse, Large. Avide. Humide.
eresse, ice (celui qui fait une action), is, ment, 3° Enfin, dans un morceau dicté, on fera sou-
ure (résultat d'un acte), oir (lieu où se fait l'acte),
ligner d'un trait les noms concrets, et de afeMie
on, Moa, aison (action). Exemple MMe, &~K- traits les noms abstraits.
c~tM~e, vengeance, chanteur, chanteuse, venge- Pour apprendre
resse, logis, logement, trottoir, salaison, bouchon, des noms dits composés, aux élevés à former le pluriel
blessure, etc. tout en exerçant leur
Beaucoup de noms dérivés des verbes ne sont sagacité, on leur donnera une liste de noms, à la
à proprement parler que l'infinitif même le suite desquels on leur dictera des propositions où
devoir, le savoir, le manger; ou le participe chacun des noms proposés doit trouver place, et
passé féminin la dictée, la livrée, la tenue, la ils devront compléter ces phrases.
Exemple: Basse-cour. Chef-lieu. PaMepor~.
revue; ou le participe présent un montant. un – Seff<te. Passe-partout.
mourant. Ces mots ne sont pas de véritables Les sont des clef*
PHRASES A COMPLÉTER.
noms dérivés. qui ouvrent toutes les portes d'un établissement.
Exercices. Voici un moyen commode et
Les paons sont l'ornement de nos Les villes
amusant d'apprendre aux enfants l'orthographe les plus importantes de départements en sont
d'usage et la signification des noms. Le maître nos
partage le tableau noir en deux colonnes. Il écrit les –. Les Etats de l'Europe ont aboli la formalité
deux ou trois noms dans la colonne de gauche des –. Les femmes du Midi remplacent souvent
puis il écrit dans la colonne de droite, mais en les
t bonnets par des
On emploiera le même moyen, indépendam-
:?t~rffr<ti!MK~ l'ordre, des noms qui indiquent
d'une manière générale la signification des pre- ment des dictées, pour apprendre aux enfants la
miers. Exemple formation du féminin.
Exemple Orphelin. PayMM. – Fermier.
Colonne de gauche. Colonne de droite. Instituteur. Patron. Blanchisseur.
Violon. Sabre. Arbre. Fleur. PHRASES A COMPLÉTER. – Les jeunes filles ap-
Peuplier. Rose. Arme. Animal. In- prennent à lire chez leur –. Sainte Geneviève est
Chien. strument. la de Paris. Une fille qui a perdu son père
Voici maintenant comment se fait cet exercice, et Lasa mère est une
– prend le plus
Jeanne d'Arc était une
grand
–.
soin de la basse-cour.
qui intéresse au plus haut point les enfants. La la robe blanche.
L'élève écrit sur son cahier le premier nom deg –On les repasserade même à former le pluriel.
la colonne de gauche violon. Il cherche ensuite, exercera
dans la colonne de droite, le nom qui indique ce Exemple Co~M. – Troupeau. Aveu.
e Clou. Journal. Soupirail.
que c'est qu'un violon, et il forme, à l'aide de ce PHRASES A COMPLÉTER. Les bergers sont les
mot, une proposition gardiens des Les sont des écrits quotidienss
Le violon est un instrument. ouvertures qui
Procédant de même à l'égard des autres noms, serventou périodiques –. Les sont des C'est
il écrira successivement à aérer les caves. avec le mar-
enfonce les Nous mériterons notre
Le sabre est une arme. – Le peuplier est un teau qu'on des sincères.
arbre. La rose est une fleur. Le chien est un pardon par
animal. Nous ne voulons pas multiplier ces exercices.
Ces exercices pourront servir une seconde fois, Les maîtres sauront les modifier de manière à
dans l'étude de la formation du pluriel des noms. enseigner l'orthographe tout en formant le juge-
t.C. Rouzé.1
Il suffira de faire transformer les propositions dee ment de leurs élevés.
cette manière NOMBRES DMCtMA.~X. – Arithmétique,
Les violons sont des tH~?'MmM<s. etc. XV-XYHI' – (Pour la numération des nombres
On tirera encore un excellent fruit de ces exerci- décimaux, V..N:c'M?t.)
Si l'on a des nombres déci-
ces, si l'on veut complet' la définition. On feratrou- 1. ADDITION.
on peut d'abord, en écrivant
M;' à l'élève les réponses nécessaires, en le ques-maux à additionner,
tionnantavec adresse: c U/t u:o~OM est un !?M~MMCH<.< des zéros à la droite de quelques-uns d'entre
cfe musique, B etc., etc. Des exercices ainsi faitss eux, ce qui n'en altère pas la valeur, leur faire
vaudront les meilleures leçon. de choses. Mais il exprimer à tous des unités décimales du mêmc
faudra que le maltre évite avec le plus grand soinn ordre la somme devra donc aussi exprimerdes
de multiplier les noms outre mesure dans unn unités décimales s'agissait de on
de cet ordre; fera donc la
s'il nombres entiers,
même exercice, ce qui embarrasserait le jeunee somme comme
et l'on fera exprimer au total dee~nitë* da même La règle de la mwttiplioation des nombres deCt-
ordre que te: nnites additiottnéea. maM e<t donc la Mivante faire la M~Mj/x-a-
~Soit, par exemple, à additionner lea nombres tion M~M at)0t'' ~arft aux M~M/M, et «!parcr Mn'
2.5 2;1498 ],32et 7,!66. On po~nrra~'tbord ~a </ro~ du proeftot <!U<ttn< de ~CtBtatet }tt't~ M
les écrire aiuM <M avait <~f)?M les d<tM; /'ae<ear< f~ttntt.
X,6000 On trouvera ainsi qne le prodxitde
~,1498
t,3600 5~ p<r4,!5.Mt M,650 on 24~5
!,teeo t3,T6 7,836 )07,45CO M'ït5
9,tM 2,t(} 19JMOO t9,n
f4,t358
en leur faisant exprimer des dix-mitlièmes. La pplus
a
!1 peut arriver qu'on !ait séparer an produit
de chiffres décimaux que ce produit n'a de
somme de ces dix-rniHièmes,faite par )e même chiffres; C on y supplée à l'aide de téros placés à
procëdê que pour tes nombres entiers, est 141358 la l, gauche. Soit, par exempte, multiplier 0,008
dix-miUièmM ou H,)3&8. On voit que, pour addi- par p 0,07 le produit, abstraction faite des virgules,
tionner des ~OM&reï ~etm<tM.)-, faut les écrire eest 56, et l'on a cinq décimales à séparer on met-
les uns.au-dessous des
t~t~ de ~AMe ordre seautres,
de manière que les t:tra donc quatre zéros à la gauche de 56; et, en
eorrMpo?!<~fM< (les zéros séparantles
s cinq décimâtes, on obtiendra0,00065.
mis t droite pour l'explication ne sont pas néces- 4. DtVtStON. Nous supposerons d'abord
saires dans la pratique), faire la somme comme si que q le diviseur soit entier, et qu'on ait à diviser,
c'~a'ent des nombre' entiers, et placer, au résul- par p exemple, ï069,<5 par 146. L'opération a pour
tat, une virgule <Mc!t7!a~ au-dessous des virgules bbut de prendre la 146- partie de 106945 cen-
des nombres à additionner. tièmes
ti on opérera donc comme si le dividende
On pourra exercer les élèves sur les exemples éétait entier, en se rappelant qae !e quotient {toit
suivants exprimer
e des centièmes. On trouvera 732 cen-
0,883 0,t64 9,t) ),4)5
tièmes,
ti et un reste de 73 centièmes. Ce reste vaut
0,)a7 0,186 ],3<13 3,163
730 millièmes, dont la 146' partie est 5 millièmes.
l,23t6 0,9 0,98 1,8
Le quotient complet est donc 7,325.
0,87 0,M 1,2387 2,5t
Il n'arrive pas toujours que le quotient se ter-
'mine; mais on peut toujours prolonger la division,
3,t4t6 2,000 5,67 '8~88 en mettant un zéro à la droite de chaque reste
pour le convertir en unités de l'ordre immédiate-
;2. –
SenstMCTioN.– L'opération est la même
que pour les nombres entiers, quand on a place juge ment inférieur. On arrête l'opération lorsqu'on
I<M nombres donnés de manière que tes unités de avoir obtenu au quotient une approximation
snimsante.
même ordre soient dans une même cotonne. 1.35 les calculs Soit, par exemple,: à diviser 4,096 par
Ex. auront la disposition ci-dessous
t7,3265 s.M 4,096 ) 95_
9;65 3,2964 (t,mu2!i.
7,6785 5,4536 M
quelquefois à retrancher une fraction de-
On a
35
cimale de l'unité; on verra tacitement que l'opé- :4~
ration peut se faire, en commençant par la gauche, 24S
d!près cette règte retrancher tous les chinret 1UO
df 9, et le dernier de 10. 70
Etempte 'sucT
1
280
0,'i97t5es
3.le–multiplicateur
MULTIPLICATION.
v ,v.
O.MÏS432
20
Après avoir obtenu au quotient 0,U7.on trouve
Supposons d'abord pour reste 1 millième multipliant par 10. on ob-
que soit entier; et soit à mul- tient 10 dix-millièmes, dont la 3&* partie est
tiplier 7,325 par 146. Le but de l'opération est 0 dix-millièmes tes 10 dix-millièmesvalent ) 00 cent-
a!<rs de. répéter 146 fois le nombre 7,325 on 7325 millièmes, dont la 35' partie est 2 cent-milliémes,
nrrHièmes; la multiplication devra donc se faire et il reste 30 cent-millièmes, qui valent 300 mil-
comme pour les nombres entiers mais le produit, lièmes dont la 35' partie est 8 millionièmes et il
au lieu d'exprimer des unités, devra exprimer des reste 20 millionièmes. On pourrait pousser l'ap-
millièmes; Il faudra donc séparer sur la droite proximation plus loin si on le jugeait nécessaire.
trois décimales, c'est-à-dire autant de décimales Supposons, en second lieu, que le diviseur
qu'il y en avait au multiplicande. On trouvera soit décimal, et soit à diviser 1069,t58 par I,t6. Oa
)<M9,450 ou simplement 1069,45. ramène ce cas au précédent en multipliant le di-
Supposons en second lieu que le multiplicateur vidende et le diviseur par 100, car on a alors à
soit décimal et qu'on ait multiplier 7,325 ),46. diviser 106945,8 par le nombre entier 146. Cette
Le but de l'opération dans ce cas n'est par plus de opération n'altère pas le quotient, car si l'on ap-
répéter le multiplicande 146, mais do repéter 146 pelle D le dividende, d le diviseur,.q le quotient
fois la 1M* partie du multiplicande ( c'est-à-dire et r le reste, on a
prendre les t46 centièmes de ce multiplicande).
Or, pour en prendre le )00', il suffit de reculer la D==~X?+'
virgule de deux rangs vers la gauche, ce qui donne Cette relation ne pas altérée en multipliant
0,073:5; et en multipliant par H6on obtiendra tous les termes parsera 100; on au ra donc, en remar-
!0,69450 ou 10,6945. On voit que l'opération est la quant que, pour multiplier par tOO le produit~~<
môme que dans le premier cas, si ce n'est qu'il il suffit de multiplier le facteurd,
f.~at séparer à la droite du produit, non plus
seulement 3 décimales comme au multiplicande, 100D=100dx?+100r,
mais 3 plus 2, c'est-à-dire autant de décimales ce qui exprime qu'an divisant 100 D 100 d, on
qn'il y en avait au multiplicande et au multipli- obtient encore le même quotient leparreste est
< -tteur réunis.
q; r
1seul multiplié par 100.
Dans l'exemple actuel, le calcul donne pour quo- la langue littéraire, comme or, <n'~en~, fer, etc.
tienn32..50h4. V. Corps simples.
La règle de la division des nombres décimaux Ces noms ont été conservés parce que l'usage
est donc la suivante: Rendre le c'!t):~M)'f':<t'c)-,en les a consacrés et qu'ils en valent d'autres.
~"pp7'Ma')< la virgule; avancer la virgule dM di- NOMENCLATURE DES CORPS BINAIRES DONT L'UN DES
t~/e~e d'autant de rangs cers la droite qu'il y ÉLÉMENTS EST L'OXYGÈNE. On appelle corps bi-
avait de 6Mc:ma/e< au diviseur; faire la division naires des corps composés formés de deux corps
comme dans le cas des nombres entiers. simples. Les plus importants et les plus nombreux
[H. Sonnet.] sont ceux qui contiennent de l'oxygène. Ils portent
NOMENCLATURE. – Chimie, II. Après que le nom générique d'oxydes.Ce nom doit être suivi
Lavoisier, par son analyse de l'air, eut donné l'ex- de celui du corps simple qui est combiné à l'oxygène
plication du phénomène chimique, en faisant voir et qui spécifie 1 oxyde. Ainsi on dira: oxyde de /e?\
que tout corps provient d'une union intime ou d'une o~yafe de plomb, oxyde de phosphore, oxyde
séparation dont les éléments se retrouventtout en- d'azote, oxyde de carbone, pour désigner des com;
tiers, la clef de l'analyse chimique fut trouvée, et binaisons formées exclusivement d'oxygène et de
les chimistes, pouvant connaître dès lors la compo- l'un de ces corps.
sition des principales substances usitées dans leurs Quand on brûle du phosphore dans l'air sec
laboratoires et dans leurs recherches,sentirent la sous une cloche, il se forme des fumées blanches
nécessité de leur donner des noms rappelant cette résultant de la combinaison du phosphore et de
composition. Jusqu'à Lavoisier,les produits chimi- l'oxygène de l'air, car le gaz restant après la con-
ques ou pharmaceutiques sur lesquels s'exerçaient densation des fumées est de l'azote. Cette sub-
les recherches des alchimistes portaient des noms stance blanche est acide; mise dans de l'eau, elle
plus ou moins bizarres, ou n'ayant aucune signi- s'y combine énergiquement et s'y dissout: la dis-
fication, ou rappelant au contraire par leur étymo- solution a une saveur fortement piquante, et elle
Ingie les fausses idées qu'on s'était faites sur rougit le tournesol bleu; c'est ce qu'on appelle un
leur composition ou sur leurs propriétés. Une acide ~Ictf/e). Le composé acide résultant de
science étant la connaissance certaine des rapports la combinaison de l'oxygène et du phosphore s'ap-
existant entre les éléments des choses dont elle s'oc- pelle <:C!depAo:p/to?'Me;il n'était pas nécessaire
cupe, exige un langage précis, systématique et ap- de faire entrer dans cette dé nominationla mention
proprié, exprimant et représentant ces rapports. de l'oxygène: elle y est sous-entendue,l'oxygène
En arithmétique, par exemple, la numération étant le générateur habituel des acides.
est la nomenclature des nombres fondée sur la Si on met dans l'eau la substance blanche qui,
méthode d'après laquelle ils ont été formés. De résuite de la combustion du potassium à l'air, eUe
même, dans la nomenclature chimique, le nom d'un s'y dissout aussi, mais elle aune saveur brûlante,
orps doit être en rapport direct avec la constitu- caustique, tout à fait din'érente de celle de l'acide;
don qu'on lui a trouvée par l'analyse. Guyton de elle verdit le tournesol et ramène au bleu celui
'-torveau, né à Dijon en 1737, proposa le premier la qui a été rougi par un acide; cette combinaison
réforme du langage chimique dans un travail qui du potassium avec l'oxygène, dont le vieux nom
pour titre Mémoire sur les dénominationschi- est potasse, sera inscrite dans la nomenclature sous
t~Mes, la nécessité d'en pcr/'ec<:07:nef /e ~~<~e, le nom d'oxyde de potassium et s'appellera une
*s règles pour y parvenir, suivi d'un tableau base, ainsi que tous les oxydes qui auront des
;"MMe nomenclature cA:'m!gMe. propriétés semblables. La chaux, qui est de l'oxyde
Vers le milieu de f!86, Berthollet, Fourcroy, de calcium, est une base; la Ma~K~M, qui est de
avoisier et Guyton de Morveau se réunirent pour l'oxyde de magnésium, est une base; la soude,
xaminer ensemble le projet de nomenclature pro- oxyde de sodium, est une base.
osé par Guyton, et arrêtèrent d'un commun accord Si nous mettons un acide en présence d'une
plan d'une réforme exigée par le progrès de la base, nous arriverons par tâtonnements à obtenir
citimie. Tous les chimistes d'alors, même les plus une substance qui n'aura ni les propriétés carac-
attachés aux traditions du passé, comprenaient la téristiques de l'acide ni celles de la base; ces pro-
fécessité de cette réforme. « Ne faites grâce, écri- priétés opposées, pour ainsi dire, se seront neu-
rait Bergmann à Guyton, à aucune dénomina- tralisées le composé nouveau sera un sel ou corn-
ttoujours;
on impropre; ceux
qui
qui savent
savent
déjà entendront posé ternaire. Il ya des oxydes métalliques, comme
ceux ne pas encore enten- celui qui se forme a l'état de poussière jaune sur
pont plus tôt. » ie plomb fondu, qui ne se dissolvent pas dans l'eau,
Après huit mois de conférences presque journa- n'agissent ni sur le tournesol ni sur aucune couleur
?res avec ses collègueSjditM.F.Hœfer.Lavoisier végétale, et qui sont cependant capables de former
mmuniqua à la séance publique de l'Académie des sels en neutralisant les acides: ce sont aussi
's sciences du 18 avril n87, les principes </e la des bases, car c'est là le caractère le plus impor-
/brme et du perfectionnement de la MOMe~e/a- tant d'une base.
de la chimie, et il les développa dans un ~Vo~MHC/atMre des acides contenant de ~o.c~~eK?.
cond. mémoire lu le 2 mai suivant. L'acide qui se forme par la combustion du phos-
L'oeuvre collective de ces savants porte particu- phore dans l'air sec est appelé acide phospho-
lièrement sur les corps composés; ceux-ci ont été rique.
divises en acides, en bases et en sels (V. Acides, Le gaz acide qui se dégage de la combustion du
Bn~ft et Seis). Cette nomenclature est une vérita- charbon ou carbone est appelé acide cMt'&o~yM.
ble classification; c'est, avec la théorie de la com- Il suffit de nommer les acides chlorique, iodique,
bustion, la base fondamentale de ce qu'on a appelé azotique, pour qu'on en devine la composition.
l'école de Lavoisier ou l'école chimique française. Quand on tient dans les doigts un bâton de phos-
L'ensemble des noms des corps simples ne phore mouillé, ou simplement des allumettes chi-
constitue pas, à vrai dire, une partie de la nomen- miques humides, il s'en dégage des fumées d'une
clature ces noms n'ontrien de systématique et leurs odeur désagréable 6[ ayant les caractères des
origines sont très diverses; tantôt le nom rappelle acides. L'analyse chimique de cette substance a
une propriété réelle ou apparente, comme oxygène, montré qu'elle était, comme l'acide phosphorique,
qui veut dire « producteur d'acide », ou azote, formée de phosphore et d'oxygène, mais qu'à
signifiant n absence de la vie D tantôt il rappelle poids égal elle contient moins d'oxygène on l'ap-
l'un des principaux composés du corps, comme pelle acide pAos/~oeM; de même on dit acide
A~'o$'eM, qui veut dire « producteur de l'eau azoteux, c/!<o''SM;t, etc., pour désigner des acides
tantôt enfin il date de l'antiquité et appartient à moins riches en oxygène que les acides phosvho-
ft~«e,azo<<y!/<,cA~o)'<e.rfouspouvons donc dire, un même poids du métal, les quantités du mé-
avec les illustres auteurs de la nomenclature, que, talloïde seront entre elles
quand un corps simple forme avec l'oxygène un comme 1, –, 2, etc.
ou deux acides, on désignera l'acide unique ou prin- On dira, comme pour les oxydes, chlorure A fer,
cipal en faisant suivre le nom du corps simple de Mi~utcMofMre de fer, AtcA/orMre de /e)*, proto-
la terminaison '~Me qui se substitue à l'e final; le sulfure de plomb, oMM//M''e de cuivre.
second acide, te moins oxygéné, se nommeen met- Com6t?!at:o?M d'un métalloide avec un autre
tant eux à la place de t'yuf. On comprendra faci- )Me<o<Mde. – On applique les mêmesrègles qu'aux
lement le sens des quelques exceptionsqui suivent, combinaisons précédentes, tenant compte de
dans lesquelles la forme française du nom des ceci que le nom génériqueen (celui que l'on devra
corps simples est légèrement modifiés acide sul- terminer en ure) est celui du métalloïde qui dans
furique, acide SM~fft~acide antimonique,acide la décompositiondu composébinaire par la pile se
antimonieux; acide arsénique, acide arsénieux; porte au pôle positif. Ainsi on dira chlorure de
acide manganique, etc. phosphore. «d/Mre d'arsenic, et cA'crM'-e de sou-
Quelquefois un même corps simple forme avec fre, etc. Le chlorure, le bromure, l'iodure et le
l'oxygène trois, quatre et même cinq acides. Pour sulfure d'hydrogène, qui se comportent comme des
former leurs noms, on emploie les préSxes A)/po, acides, ont été appelés hydracides, et on les dési-
per ou A~po',prépositions d'origine grecque qui si- gne presque toujours par tes noms suivants acide
gnifient, la première.au-dessous, la deuxième, au- cM«'tyd) tOMe, acides iodhydrique, bromhydrique,
dessus. Ainsi on dira: acide hypochloreux, acide !M//Ayd''t~t<e, fluorhydrique.
hypochlorique, pour désigner des acides moins De même que les acides se combinent aux
riches en oxygène que les acides chloreux et oxydes pour former des sels, de même deux cl'lo-
chlorique, et acide hyperchlorique et AypM'Mayt.'ya- rures, deux iodures, deux sulfures, deux bromu-
nique pour désigner des acides plus oxygénés que res peuvent se combiner ensemble pour former
les acides chlorique et manytat'~Me. des composés f« na:rej analogues aux sets. l'un
La série importante qui suit, en résumant ce jouant le rôle d'acide, l'autre le rôle de base.
que nous venons de dire, en fera retenir l'ensemble Un chlorure acide se combinant à un chlorure
Composés ojq/y~ acides du chlore basique forme un chlorosel ou chlorure double.
Ainsi le chlorure de platine en se combinant au
Acide p~ ou hyperchlorique chlorure de potassiumforme un chlorure double de
chlorique platine et de pofa.<stM< On le désigne quel-
hypochlorique quefois sous le nom de chloroplatinate de po-
chloreux tassium.
AypochlorctH;. Le persulfure d'antimoine et le protosulfure
de
On voit par ces exemples, dit M. Wurtz, que le pelésodium forment ensemble un sulfo-sel ap-
sulfo-antimoninte de sodium ou simplement
degré d'oxydation est exprimé dans la nomencla- <t<<M<ttKO!tta<e<fe sodium.
ture française par certaines modifications qu'on On rencontre encore quelquefois les noms de
fait subir à l'adjectif qui marque l'espèce d'acide, c~/ort~e~, sul fides,
]e mot acide lui-même étant pris comme substan- chlorures et que Berzelius avait donnés aux
tif et marquantle genre. On modifie cet adjectif Enfin, aux sulfures acides.
nous dirons
tantôt en faisant varier la terminaison, tantôt en combinaisons des métaux entrequ'on nomme alliages les
le faisant précéder de hypo ou per. o eux. On dit al-
liage de plomb et ri'étain, alliage de cuivre et de
JVomencMtMre des oxydes non acides. Un
même corps simple peut former avec l'oxygène celui-ci:tMC, etc. Quand le mercure entre dans un alliage,
plusieurs oxydes qui ne diffèrent dans leur com- d'étain, etc. porte le nom d'ama~an~ ama~anie
position que par les quantités d'oxygène combi- NOMENCLATUREDES COMPOSÉS TERNAIRES OU SELS.
nées à un même poids de l'autre corps simple. Pour sortes de composés, la nomenclature
Le premier degré d'oxydation est le pro<o.c~e; françaiseces sous-entend
le degré le plus élevé est le peroxyde. que, dans la constitution du
sel, l'acide et la base, quoique intimementliés, res-
Pour la même quantité du métal on du métal- distincts. Cette hypothèse, qui n'est pas ad-
loide, le deutoxyde ou bioxyde renferme deux fois tent
mise par tout le monde, s'appuie cependant sur
plusd'oxygèneque le protoxyde;le sesquioxyde en quelques faits importants réunis dans qu'on
renferme une fois et demie autant. Ainsi on dit appelle les lois de Ber~o/M. On peut, ce exem-
protoxyde de manganèse, sesquioxyde de manga- ple, chasser l'acide d'un sel, soit par
nèse, bioxyde ou peroxyde de manganèse, pour soit par la chaleur,
désigner des combinaisons de manganèse et d'o- rien par un autre acide, sans que la base ait été en
altérée.
xygène dans lesquelles les quantités d'oxygène Il faudrait donc
croissent, le poids de manganèse restant le même, pendant la réaction,que la base se tilt reformée
si les éléments de l'acide et
comme 1, 2.On devinela signincationdes noms: de la base avaient été unis dans le sel, de telle
façon que ces deux composés binaires n'aient plus
protoxyde de plomb, sesquioxyde de fer, protoxyde eu d'existence propre.
de mercure, bioxyde de mercure. On dit quelque- Dans l'hypothèse sous-entendue dans la no-
fois, d'après Berzelius et par analogie avec la no- menclature française, on peut dire que les com-
menclature des acides oxyde mercureux, oxyde posés <erKatret sont des combinaisonstMaf'M de
mercurique; oxyde ferreux, oxyde ferrique. second ordre.
NOMENCLATURE DES CORPS COMPOSÉS BINAIRES NE Le nom d'un sel est formé de la combinaison
CONTENANT PAS D'OXYGÈNE. Cem&MatK~ d'un du nom de l'acide et de celui de la base le pre-
métalloïde et d'un métal. On termine en ure mier indique le genre, l'autre l'espèce. Si l'acide
le nom du métalloïde qui caractérise le genre du a un nom terminé en ique, le nom générique
composé, et le nom ainsi modifié est suivi du du sel se termine en ate, et le nom spécinque
nom du métal qui définit l'espèce. Ainsi on dira: est celui de l'oxyde qui joue le rôle de base. L'a-
chlorure de iodure de po~a~tMm, pour repré- cide azotique en se combinant & de la potasse ou
senter les combinaisons du chlore et du fer, de oxyde de potassium formera de l'azotate de po/a~e.
l'iode et du potassium; par exception, on dit sul- On dira de même
fure'de fer, ar~')M<rc de cuivre, etc. Azotate de deutoxyde de mercure ou azotate
Un même métalloide peut former avec un mé- MMrCMftOMe;
a plusieurs combinaisons dans lesquelles, pour Sulfate de protoxyde de fer ou sul fate ferreux;
Phosphate de chaux; faire des théories générales qui embrassent tout,
Carbonate de~i'ofo~de de plomb; n que nos connaissances
mais si incomplètes rendent
~~enta/e~epofofse forcément imparfaites et provisoires.
CA~ora~ de potasse, etc.; ces noms indiquent FORMULES CHIMIQUES. Les formules chimiques
tes combinaisons des acides azotique, sulfurique, sont
SI les expressions abrégées et exactes de la
phosphorique, carbonique, arsénique, chlorique composition
c des corps elles représentent non seu-
lement les corps simples constituant un corps
avec les oxydes dont les noms suivent les mots
If
terminés en ate- composé,
c' mais aussi les proportions suivant les-
Si, au contraire, l'acide porte un nom terminé quelles
q ils s'y trouvent unis.
sera formé par Les noms des corps simples s'écrivent par leurs
en cMX, le nom générique du sel dira Arsénite symboles qui sont formés par la première lettre,
le remplacement de eux par ile. On s
de sonde, p''(MpA:<e de chaux, sulfite de soude, o par
ou les deux premieres du nom français ou de
azolite de po/ai'~e, pour représenter les sels formés sson équivalent latin ou arabe, ou par les deux pre-
des acides arsénieux. phosphoreux, sulfureux, azo- nmières consonnes, ou enfin par les deux pre-
teux avec les bases dont les noms suivent les mots mières
n consonnes des deux premières syllabes;
terminés en ite. c'est
c l'usage qui les apprend. Nous allons don-
On nomme sels acides les sels qui renferment ner
n la série des symboles des principaux corps
plus d'acide qu'il n'en faut pour saturer la base. simples
s
Ainsi on connaît deux combinaisons de l'acide KOXS SMBOt.EB NOM SYMBOLES
sulfureux avec la potasse l'une renferme deux
fois plus d'acide sulfureux que l'autre pour le nydrogène
I nil Baryum. Ba
même poids de potasse; la première s'appellera OxvKene.
C 0 Calcium. Ca
bisulfite de potasse, la seconde sulfite !<e:dre de Soufre. S Magnésium.. M~
Sélénium. Sé Aluminium.. AI
potasse. On dira de même ~M/e neutre de po- :¡Tellure. Tee Manganèse.. Ma
tasse et bisulfatede po/a~'c.
On connaît trois carbonates de soude, dont les Phosphore.
Azote. Az
Fer.
Chrôme. Cr
t
quantités d'acide carbonique pour un même poidsArsenic.
Chlore
Ph
As
ft
Zinc.
Fiomb. Pb
Fe
Xn
s,
(kalium) Mercure. (hydrar-
1 Hg
Potassium. K
fate de bioxyde de cuivre, le MMs-<!zo<a<e de &M- Sodium. Na(tM<ft!tMt) gyrum).
muth; on dit souvent de cuivre, de bismuth, de
plomb, etc., au lieu de dire d'oxyde de cuivre, _L.1~la formule a~
Pour obtenir composé hi_
d'un corps tOnn'\nn~6 bi-
d'onde de &MMM<A, d'oxyde de plomb, etc. naire, on place cote l'un de l'autre les symboles
Lorsqu'une certaine quantité d'acide se combi- des corps simples qui le constituent.
ne à diverses quantités d'une même base pour Ainsi pour représenter l'eau, qui est formée par
former plusieurs sels différents, celles-ci sont de l'hydrogène et de l'oxygène, on écrira HO. La
entre elles comme 1, 2, 3, et on le rappelle par formule CO représentera de l'oxyde de carbone i
les mots mono, 6:, /W placés en avant du mot CaO, de la chaux ou oxyde de calcium.
basique. Ainsi les expressions: Le symbole d'un corps simple ne représente pas
Azotate de deutoxyde de 'mercure K!ono&as:~Me seulementson nom, mais encore la proportion sui-
Azotate de deutoxyde de mercure bibasique; vant laquelle il entre dans la combinaison, en un
Azotate de deutoxyde de mercure /)'t'<st~ue, mot son équivalent'. Ainsi HO n'exprinte pas seu-
représentent trois sels formés d'acide azotique et lement que l'eau est formée d'hydrogène et d'oxy-
d'une même base, le deutoxyde de mercure, mais gène, mais encore que ces deux éléments y en-
en proportions telles, que, pour une même quan- trent dans la proportion de 1 à 8, qui sont les équi-
tité d'acide, il y a dans le 2' deux fois plus de valents de l'hydrogène et de l'oxygène.
base, et dans le 3' trois fois plus que dans le CaO indique que dans la chaux le calcium et
premier. l'oxygène sont combinés dans la proportion de 20
Sels doubles. Un sel peut se combiner à un à 8, ces deux nombres étant, le premier l'équiva-
autre sel en formant un composé binaire f/e <<'o! lent du calcium, le deuxième celui de l'oxygène.
sième ordre ou </M<! et'HaH'e et qu'on appelle un S03, formule de l'acte sulfurique a'n/t~rf, ex-
sel doM~/e. Ainsi, si on verse du sulfate d'alumine prime que ce corps composé est formé par duIl
dans du sulfate de potasse, on obtient de petits soufre et de l'oxygène dans la proportion de X: à
cristaux d'alun: l'analyse de ce corps montre qu'il 3 +8, c'est'a-dire de 1 équivalent de soufre pour
combinaison des deux sulfates. 3 équivalents d'oxygène. D'après ces exempts,
est formé par la
On le nomme sulfate double de potasse et d'n~i- on comprendra tout de suite les relations de com-
mine. C'est en s'appuyant sur cette hypothèse, position qui existent dans les séries suivantes
reposant du reste sur un grand nombre de faits,
AzO, Protoxyde d'azote.
que Berzelius, le célèbre chimiste suédois, a CIO, Acide hypercHoreux.
exprimé l'idée que toutes les combinaisons chi- C103, –ehtoreux. AzO!,Bioxyded'azote.
OOt, hyperchlorique. AzO~,Acide azoteux.
miques se faisaient entre deux corps simples C10S,–calorique. AzO~,Acide hypoazotique.
pour former un composé binaire binaires pour ClO~, AzO' Acide azotique.
– perchlorique.
former un composé ternaire ou sel ternaires MnO, Protoxyde de manga- FeS, Protosulfure de fer.
pour former un composé quaternaire. C'est cette nèse.
théorie dMn<t'<- HnW, Sesqutoxydcde man- Fe~S~, Sesquisulfure de fer.
manière de voir qu'on a appelé la
tique. L'étuda des composes organiques l'a mise ganèse.
en MnO~ FeS~,Bisulfure de fer.
défaut malgré les efforts de son illustre auteur MnOS, Bioxydede manganèse.
Acide manganique. Etc.
(V. C/ttMM o;n:Me). Aujourd'hui, comme plu- Mn~O~, Acide permangani-
sieurs autres théories qui l'ont successivement que.
remplacée, elle représente une partie, mais une
partie seulement de )a vérité. C'est ainsi que Fo7W!M~e d'MK eot'BS deuxième ordre
&!Ha!re
notre insatiable et légitime désir de tout expli- CM sel. – On SMt quen versant de la potasse dans
quer par ce que nous savons déjà, nous porte à de l'acide sulfuriqueou réciproquement,on obtient
nne liqueur neutre qui est formée par la combi- est très utile au contraire, avant de commencer la
naison de ces deux corps binaires. La formule de nomenclature, et afin de familiariser les élèves
ce sel, qui est du sulfate de potasse, se formera en avec les noms et avec les choses, de consacrer plu-
mettant a Cote l'une de l'autre la formule de l'acide sieurs leçons (trois on quatre an moins) à des gé-
et celle de la base, en commençant, généralement néralités appuyées d'nn grand nombre d'expériences
du moins, par cette de la base KO.SO~ tes deuxchoisies, répétées lentementdevant l'auditoire,
formules doivent être séparées par une virgule. quel on doit faire toucher les substances dont au-
CaO.CO* représente du carbonate de chaux; se sert. on
[A. Jacquemard.1
NaO~AzO* de l'azotate de sonde; PbO.CO' du car- NORMANDS. Histoire générale, XVIII; ms-
bonate de plomb. Ce qui précède paraît aussi na- toire de France, VII-VIII. C'est )e nom de
ture) que logique; cependant cette manière de JVorMonc~ou Northmans (hommessons du Nord) qu'on
représenter un sel implique une hypothèse à la- a désigne, au moyen âge, tes pirates de
quelle nous aYons déjà fait alluaton. On comprend, dinave (Danois, race Scan-
Suédois et Norvégiens) qni, dès
en effet, que le carbonate de plomb peut être for- )e xi' siècle, s'élancèrent sur l'Europe et tes Mes
mulé autrement; au lieu d'écrire PbO.CO', on Britanniques. Marins excellents
peut écrire PbC,08, cette dernière formule repré- de leur pays, aventurent par caractère, par la situation
reli-
sentant les proportions de plomb, de carbone et gion (leur paradis n'était ouvert qu'auxparbraves
d'oxygène qui constituent le carbonate de plomb morts en combattant), ils montaient des barques
sans aucune indication hypothétique sur la ma- d'osier recouvertes de cuir; et, sous la conduite
nière dont les atomes de ces corps peuvent être d'un roi de
groupés dans la molécule de carbonate de plomb; rieuses qui, gravées mer, connaissant les lettres mysté-
tandis que, dans la formule PbO,CO', on suppose préserventdu naufrage sur les rames ou sur l'épée,
ou de la mort, ils allaient
que la molécule binaire PbO est juxtaposée à la à la découverte et à la conquête. Leurs premiè-
moiécuie CO~. Nous avons déj& dit plus haut que res incursions en Europe eurent
cette hypothèse, fondée sur un grand nombre de pour cause la guerre que flt Charlemagne sans doute
faits à la vérité, ne pouvait pas cependant rendre Saxons l'empereur construisit contre aux
eux des
compte de la plupart des réactions que présentent forteresses et des flottilles qui ne purent les
les composés organiques. arrêter. En 862, un de ces chefs normands, pas Rurik,
Formules des sels acides et des sels basiques. appelé par les habitants de Novgorod,
L'équivalent d'un corps composé est égal à la contre leurs voisins, prit le titre de grand-duc en Russie,
des
somme complète des équivalents des corps simples Varègnes, et fonda le premier des EtaM normands,
qui le constituent. L'équivalent de l'eau est égal dont le rôle devait être si important jusqu'aux
à + 8= HO; celui de l'acide sulfurique à 16 +
8+8+8 == S03; celui du sesquioxyde fer = 28 temps
modernes. A partir de cette époque, les
des Normands ont deux buts tes terres
X 2 + 8X3= Fe'O*. L'équivalent du sulfate de courses polaires et tes côtes d'Angleterre et de France.
potasse sera ~2] + 8 = KO) + ( 6 + 8 x 3 = SO~) Entraînés dans tes mers du Nord par la pèche de
–69=KO,SÔ'. la baleine, ils s'établissent Mes Feroe, vers
Le sulfate de sesquioxyde de fer, qui contient 86) en Islande, vers 870, oùaux ils fondèrent un pe-
3 équivalents d'acide sulfurique pour chaque tit Etat; puis dans le Groenland (« terre verte f),
équivalent de sesquioxyde, s'écrira Fe'O~SO~. qui fut découvert et baptisé
Le bisulfate de potasse: K0.2S09. Le phosphate vers 982). Le Labrador, découvert par Eric le Roux
tribasique de chaux SCaO.PhO'. etc. aussi par
eux, ne reçut ce nom qu'au xvi siècle. Pendant
Corps quaternaires ou sels doubles. La for- ce temps, profitant de l'anarchie qui suivit le
mule de f'alun ou sulfate double d'alumine et de règne de Charlemagne, d'autres bandes rava-
potasse s'écrit geaient les eûtes de France. Elles choisirent trois
APO~SSO', KO,SO3
Sulfate d'alumine Sulfate de potasse.
stations principales f station de la Meuse et de
l'Escaut, d'où elles étendirent leurs incursions
Les deux formules des deux sulfates se juxtapo- dre, sur la Hollande, la Zélande. la Frise, la Flan-
le Hainaut et les bords du Rhin jusqu'à Aix-
sent pour former celle du sulfate double. la-Chapelle. Charles le Gros ayant tué en trahi-
Nous avons cru devoir donner en détail la son leur chef Godefried, les Normands de la
menclature si simple, si précise et qui a éténo- si Meuse s'unirent aux Normands de la Seine et
féconde, de Lavoisier et de ses illustres col !abora- assiégèrent Paris, défendirent Eudes, comte
teurs, parce que nous la regardons comme la leçon de l'Ile-de-France, que t'évoque Goziin et Ebles, abbé
la plus importante d'un cours de chimie. de Saint-Germain des Prés. Ils furent vaincus à
Cependant l'expérience de l'enseignement mon- Louvain, 891,
tre que la plupart des éièves arrivés à la fin de fin à leursenravages; par Arnulf de Germanie qui mit
2' station de la Loire ils re-
leur cours sont incapables d'écrire la formule d'un montèrent ce fleuve jusqu'en Auvergne, après
corps composé qu'on leur nomme, aussi bien que avoir pillé Nantes. En 866, Robert le Fort, comte
de nommer la substance représentée par une for- de Paris, périt en leur livrant la bataille de
mule écrite. A quoi cela tient-il surtout? A ce Brisserte. Dans le pays entre Seine et Loire vivait
qu'ayant trop rapidement passé sur cette impor- aussi un paysan nommé Tertullé,
que Charles le
tante leçon, et ne la sachant point par conséquent, Chauve créa sénéchal d'Anjou. H fut la tige des
ils ne comprennent point les leçons suivantes; la PIantagenets. Le chef des Normands de la Loire,
chimie leur parait difficile, rebutante, ils la négli- Thiebold, s'établit entre Chartres et Tours et de-
gent complètement, et cela tout simplementparce vint la tige des comtes de Blois et de Champagne
qu'ils n'en savent point le langage. Une formule (879) 3° station de la Seine, d'où ils pillèrent
est pour eux un jargon incompréhensible capable Rouen (891), et tes rives de la Seine jusqu'à Paris.
de rebuter la plus heureuse mémoire. On ne sau- !is songèrent ensuite à rester dans
rait donc trop insister dans le commencement ce pays <f qui
languissait inculte et tout couvert de grands
d'un c<mrs sur l'importance absolue de la nomencla- bois. x Rnll, leur chef, s'établit à Rouen; Charles le
ture. Les élèves sont aussi enrayés, sinon décou- Simplelui offritla main de fille Gisèle à condition
ragés. par ces noms bizarres qu on leur prodigue qu'il se ferait chrétien, et sa lui céda, par le traité de
dès la première ou la deuxième leçon. Quoique la Saint-Clair sur Epte, le situé entre l'Epte
connaissancede la nomenclature soit indispensable et la Bretagne, qui prit le pays nom Normandie (911).
de
pour suivre fructueusementun cours de chimie, il Roll divisa la terre entre compagnons; les
n'est point pour cela nécessaire de t'expliquerdans Nenstriens furent réduits àses t'état de serfs et de
la première ni même dans la deuxième leçon il colons. La Normandiedevint entre
ses mains riche
et prospère, mais les Normands conservèrent masse d'air dans laquelle ils descendent est, au
expéditions loin- contraire, animée d'un mouvement ascensionnel
toujours leur ancien amour des
taines, et avec leur établissement ne se termina d'ensemble, il peut arriver qu'ils montent en
point leur rôle en Europe. réalité, malgré leur chute relative une barque
En ]0)6, quarante chevaliers normands de Neus- qui remonterait le cours d'un fleuve avec une vi-
trie, revenant d'un pèlerinage en Terre-Sainte, tesse moindre que celle de l'eau descendrait en
arrivèrent à Salerne au moment où la ville était réalité par rapport aux rives. Aussi voit-on gé-
assiégée par des Sarrasins ils les attaquèrent, néralement les nuages monter ou descendre avec
les vainquirent et se mirent à la solde des prin- les heures du jour.
Naples leur donna Aversa La couche d'air dans laquelle se forment les
ces d'Italie. Le duc de En 1033, les fils nuages est saturée de vapeur d'eau; la couche
en récompense de leurs services. au-dessous ne l'est généralement pas
d'un gentilhomme du Cotentin, Tancrède de Hau- d'air placée d'eau qui y pénètrent dans
teville, amenèrent en Italie une bande plus nom- encore; les globules
breuse, chassèrent les Grecs de la Fouille et l'é- leur chute se vaporisent promptement, comme les
rigèrent en comté. Attaqués par le pape Léon IX, panaches de vapeur condensée qui s'échappent
ilslevainquirentprès de Civitella etobtinrent de lui des cheminées des locomotives se dissipent dans
l'investiture de la Pouille, de la Calabre et de la Si- l'air plus ou moins sec. C'est une seconde cause
cile (1053). Le dernier des fils de Tancrède, Robert de délimitation inférieure des nuages. Quant à
Wiscart ou le Rusé, lui paya tribut et prit le titre de leurs limitesprécision latérales, elles sont dues à la dis-
duc de Pouille et le Calabre un de ses frères régna tance leur apparente disparait à mesure
sur laSicile. Les Normands devinrent alors les dé- qu'on s'en approche davantage. Ces limitesgréd'ail-
perpétuellementchMgeantesau des
fenseurs dévoués du SaintrSiège et de l'Eglise. Ils leurs sontd'air intérieurs. L'épaisseurdes nuages,
soutinrent Grégoire VII contre Henri IV, empe- courants variable quelquefois atteindre et
reur d'Allemagne, dans la querelle des investitu- plus encore, peut
à lever le siège du dépasser un millier de mètres.
res, et forcèrent l'empereur Ils prirent aussi Parmi la masse des globules qui composent un
château Saint-Ange ()084). une
part active aux croisades. Lorsque la première nuage, il s'en trouve de plus volumineux que
croisade fut prèchée (1095), la Pouille et la Cala- d'autres et dont la chute est plus rapide. Les pre-
heurter les seconds et les absor-
bre étaient gouvernées par Bocmond, flls de Ro- miers peuvent
ils augmentent progressivement de volume
bert Wiscart, qui partit à la tête de son armée et jusqu'à ber
former des gouttes de pluie.
s'établit à Antioche que l'on érigea en principauté.
Boëmond commanda une seconde expédition en Les globules d'eau, une fois formés, peuvent
l'action de froids intenses sans se congeler.
1107, et voulut la mener à la conquête de Constanti- subirphysiciens
tiople mais échoua dans son projet.La domination Les disent qu'ils sont alors à 1 état de
normande finit, dans le royaume des Deux-Siciles, surfusion; mais s'ils touchent un corps solide, et
la conquête d'Henri VI, empereur surtout un fragment deverglas glace, ils se congèlent su-
en 1194, par héritier, de là désastreux comme
d'Allemagne, par sa femme, du dernier bitement janvierces
roi normand Guillaume. celui du 20 18~9.
Pendant ce temps, la puissance des ducs de Si la condensation de la vapeur d'eau a lieu à
fonnandie n'avait cessé de s'accroltre sous la une température inférieure à O", cette vapeur,
gouvernement de Robert le Magninque. Les au lieu de se condenser en globules aqueux,
Normands étaient entrés en relations avec la se transforme en tamellas cristallines très fines
ou se groupent en flocons de
Grande-Bretagne et avaient essayé d'y rétablir qui restent isolées appelant un autre. Dans
les rois saxons. A la mort du dernier roi da- neige, chaque cristal en brouillard cristallin du nord,
nois, le fils d'Ethelred II, Edouard le Confes- le premier cas on a un
monta sur le trône. dans le second on a une chute de neige. Les
seur, réfugié en Normandie, cristallins en couches très minces et
Les Normands, avec lui, devinrent tout puissants brouillards
Bâ- vus de très loin forment, même pendant l'été, ces
en Angleterre. A sa mort (!066), Guillaumele filamenteux qu'on nomme cirrus.
tard secondé par le pape Alexandre II, disputa )e nuagesmétéorologistesattachent
trône au fils du comte saxon Godwin, Harold. Il Les une assez grande
Quelques-uns
envahit l'Angleterre, vainquit Harold à Hastings importance à la forme des nuages. classes très nom-
territo- même divisent formes en
et soumit tout le royaume. Une enquête dont ils
ces
font une nomenclature détaillée.
riale consignée dans le grand-terrier, t-o/c royal breuses
ou o' OM~ fd/e, ou, comme l'appelèrent les Saxons, Nous indiquerons seulement quelques-unes des
Doomsduy-book (livre du jour du jugement), di- formes principales.
visa tout le royaume en 62,500 fiefs partagés entre Les CMfUS, < queues de chat e des marins, sont
les compagnons de Guillaume. Les Saxons, ré- des nuages extrêmement élevés, très légers et très
composés,
duits à l'état de serfs, furent soumis à la taille, déliés, cristallines comme il vient d'être dit de
d'anglaiserie, etc. Le particules de vapeur congelée. On peut
aux lois du couvre-feu,forestier leur fermèrent les rencontrer en toute saison. Ils accusent l'inva
code de chasse et le code dans les hautes
les forêts. Le français-roman, que les Normands sion des courants du sud-ouest
avaient perfectionnéet employé les premiers dans régions de l'air. fait dos progrès
leurs poésies, fut désormais la seule langue em- Si cettede invasion assez lents, les
ployée dans les actes publics, en Angleterre. lamelles glace fondent, les filaments se ras-
Scandinaves (E/a~), C/t~~ le Simple, (.M! semblent, les nuages deviennent pommelés,le ciel
V.
~M)?M-~e CoKOM~)'uH<, ~a~e, ~~e'rf. seMiOM<OMM.
Les CMtMM/Mï, « balles de coton B des marins, ont
)Th. Lindenlaub.]
NORVÈGE. – V. ScaNdiKat)~ (États). des formes arrondies, massives, souvent très volu-
NUAGHS.–Mëténrotogie, VI1-X..– Les nuages mineuses. Ce sont surtout les nuages d'été, ou de
reprennent
sont des brouillards vus de loin ils en qu'on montagnes; ils sont dus & la condensation de la
l'aspect quand on s'en approche ou y pé- vapeur au sein des masses d'air soulevées par les
nètre. Leur nature change suivant la situation courants ascendants.
qu'ils occupent et suivant la saison. Les stratus sont des nuages de formes très
Le plus ordinairement, dans nos climats, les allongées, ayant l'aspect de bandes, que l'on aper-
nuages sont formés par des amas de vapeur con- çoit près de l'horizon. Ils sont, le plus souvent, à
densée en globulesliquides d'une extrême ténuité. peine visibles des lieux qu'ils dominent; la per-
Ces globules tombent dans l'air avec une lenteur spective seule, les montrant par la tranche,les fait
d'autant plus grande qu'ils sont plus fins. Si la paraître plus compacts.
Les ~WttM sont des nuages bas, étendus, d'où j fait connaitre cette longueur en disant qu'elle
t'échappent le plus souvent les pluies ou les trois décimètres. Dans ce cas, trois est le nombre a
neiges. et le décimètre est l'unité. Mais cette unité, n'é-
Les ~rumM ou &; OM'~<M'<~sont des nuages plus tant qu'une des parties égales dans lesquelles le
ou moins denses, descendant jusqu'à la surface mètre est subdivisé, peut être appelée MtM /se-
du sol, s'y formant même le plus souvent, et au <t'o?!MfMre, du mot fraction qui signine partie, por-
milieu desquels nous sommes plongés. tion de quelque chose.
Les nuages, quelle que soit leur forme, peuvent Pour mesurer une longueur moindre que le mè-
prendre naissance dans deux conditions différen- tre, on pourrait prendre touteautre partie du mè-
tes, mais pouvant se superposer. tre comme unité; par exemple, en le partageanten
Quand le temps se refroidit, soit par l'effet du deux parties égales, on aurait la moitié du mètre
rayonnement terrestre, soit car l'invasion de vents ou demi-mètra en le partageanten trois, on aurait
des régions du nord, une partie de la vapeur conte- la troisième partie appelée aussi f/f~; en le par-
nue dans l'air ne ,peut plus y conserver l'état ga- tageant en quatre parties, on aurait la quatrième
zeux elle se condense(cirrus. brumes, brouillards~. partie appelée aussi quart; cinq, six, etc., on
Quand l'air chaud et humide des régions voisines aurait la cinquième partie, en la sixième partie du
du sol monte progressivement dans l'atmosphère, mètre, etc. L'une quelconque de. ces parties égaies
soit par l'effet de l'inégal échauffement des terres étant employée comme mesure de longueur sera
couvertes de cultures différentes, soit par l'effet une unité fractionnaire. On dira par exemple que
des inégalités d'un sol accidente ou montagneux, la largeur de la table est égale à trois quarts de
cet .)ir se refroidit progressivement par le fait mètre, que la longueurd'unerègle est égale à cinq
même de son ascension et de l'expansion qu'une fois la huitième partie du mètre, ou, comme on dit
diminution de pression produit en lui. Il arrive souvent, à cinq huitièmes de mètre.
finalement à une hauteur ou à une température à Il n'est pas nécessaire que l'unité soit effective-
laquelle il ne peut plus garder toute sa vapeur, ment divisée en plusieurs parties égaies il suffit
qui se condense en partie (cumulus). Les monta- que l'esprit conçoive cette division par exemplele
gnes élevées sont fréquemment couronnées par prix d'un objet sera un tiers, un quart, deux cin-
des nuages ayant cette seconde origine, et c'est à quièmes de franc.
des nuages de cette nature que les marins recon- On appelle donc unité /ae<to?Mta!re partie
naissent au milieu des grands océans équatoriaux quelconque de l'unité entière qui estune employée
la présence, au loin, d'ilôts même des plus petites aussi comme unité pour la mesure d'une quantité.
dimensions. (Marié-Davy.] Le nom de cette unité est facile à former on
NUITS. Histoire générale, XXXIX-XL. ajoute la terminaison ième au nom du nombre
Nous complétons notre article Journées pari'énu- qui indique en combien de parties égales on a par-
mération des Nuits historiques les plus célèbres. tagé l'unité entière pour former cette unité frac-
Ce sont la nuit de la Saint-Brice (1002), dans tionnaire MTt CtM~M'OMC, sixième, un dixième,
laquelle tes Anglo-Saxons égorgèrent tous les etc. Seulement on emploieunde préférence les mots
Danois établis en Angleterre la nuit triste (la demie, <te~art,au lieu de deuxième,troisième,
noche triste en espagnol, 1" juillet 1520), durant quatrième partie.
laquelle Cortez et ses compagnons, assaillis par Le nombre qui exprime des unités fractionnai-
une insurrection des indigènes, durent évacuer res est appelé no-M&re /rac<07tnat'<; celui qui
Mexico; la nuit de la Saint-Barthélemy (24 août n'exprime que des unités entières est
1572) souillée par le massacre des protestants eM<!M'. un nombree
français; la nuit du 4 août ')89, durant laquelle Quand le nombre fractionnaire exprime
se tint la fameuse séance de l'Assemblée consti- quantité moindre que l'unité entière, il porteune le
tuante où eut lieu la renonciation aux privilèges nom de fraction. Ainsi cinq tiers de mètre, neuf
'eodaux. quarts de franc sont des nombres fractionnaires;
NUMÉRATION. Arithmétique, 1-111. deux tiers de mètre, trois quarts de /< âne sont des
Etym. du latin numeratio, action de compter. fractions.
Nombre; unité.- Qu'un enfant interrogé au ta- Nombre abstrait; KOM&t'e concret. Un nom-
bleau soit invité par le maltre à dire combien d'élè- bre, soit entier, soit fractionnaire, n'est
pas tou-
ves sont aesis à la table qui est devant lui; il compte jours accompagnédu nom de l'unité, commequand
et répond qu'il y en a six, par exemple le terme on dit par exemple: un, deux, <)-OM, ou bien une
six est un nombre, et l'élève est l'unité. Qu'on lui demie, deux tief!, trois quarts, etc., avoir en
demande ensuite d'indiquer la longueur de la ta- vue une espèce d'unité plutôt qu'unesans autre. Dans
ble il porte le mètre d'un bout de la table à l'au- ce
cas le nombre est abstrait, c'est-à-dire séparé
tre, et s il trouve qu'il y est contenu quatre fois par de la quantité à laquelle il se rapportait. Par op-
exemple, tt est dit que la table a une longueur de position, le nombre qui est accompagné du
quatre mètres ici le terme quatre est un nombre de l'unité est appelé nombre concret (du latin nom con-
et le mètre est l'unité. cretus, épais, solide) par exemple <roM /!ra~cs,cinq
D'après ces exemples (qu'on fera bien de multi- ttiEt'emM de mètre.
plier) on voit que mesurer une ~!«M<tM quelcon- Formationde~MOMOt-e. numer~Mn. – Quelque
que, c'est chercher combien de fois f~conh~tf une grand que soit, par exemple, le nombre des hari-
certaine ouan<<M ofe M~e espèce, connue ou adop- cots contenus dans un sac, tout enfant conçoit
~< par /'tMo~e. parfaitement qu'en ajoutant haricot à ce nom-
Cette quantité connue, qui sert à évaluer les bre, puis un autre et ainsi un de suite, on obtient
quantités de même espèce, est appelée unité. des nombres qui peuvent aller en augmentant ainsi
On appeite nombre l'expression qui indique indéfiniment
combien tt y a d'unités dans la quantitémesurée. cessaire de trouver sans aucune limite. Il était donc né-
moyen pour désigner tous
Unité fractionnaire; nombre fractionnaire;frac. tes nombres, quelqueungrands qu'ils puissent
tion; nombre entier. On peut avoir à mesurerune par des noms faciles à retenir et à composer être, c'est
quantité moindre que l'unité. Soit par exemple à en cela que consiste la numération.
mesurerla longueur d'un cahier le mètre, qui est La numération un système de règles d'après
l'unité ordinaire de longueur,étant trop grand, on lesquellestous lesest nombres peuvent être désignés
emploie pour mesure une des dix parties égales à l'aide de quelques mots et écrits à l'aide de quel-
dont se compose la longueur du mètre et qui s'ap- ques caractères.
pellent décimètre; si elle trouve trois Bornée à la formation des noms qui désign&nt
Ms, par exemple, dans laselongueurcontenuedu cahier, on tes nombres, elle se nomme ~Mmefo~oMparlée;
appliquée à récriture des nombres, elle se nomme mille, ou unité du cinquième ordre, que dix (H-
nftme;'Œ~6M~C!<<?. zaines de mille font la centaine de mille ou unité
Numération parlée. Même avant leur entrée du sixième ordre, que dix centaine,. de n:e font
!t l'école, les enfants savent tous que le nombre qui l'!tK:M de million ou unité du septième ordre, et
ne désigne qu'une seule chose, une seule unité, est ainsi de suite: dizaine de million, unité du hui-
appelé un; que un ajouté à un forme le nombre tième ordre; centaine de million, unité du neu-
deux; que un ajouté à deux forme le nombre trois, vième ordre; unité de billion, dizaine de billion,
et qu'en continuant à ajouter un successivement à centaine de billion. L'unité de billion est aussi
un nombre précédent, on a les nombres appelés appelée m!a)'d, particulièrement en termes de
quatre, cinq, six, sept, huit, Ne~et dix. Quoique finances.
la plupart des élèves soient capables de compter !i est inutile de pousser cette nomenclature plus
plus loin onze, douze, etc., arrêtons-nous à dix. loin, etd'énoncerdesunités telles que les <<ionf,
Observons que, l'esprit se trouvant fatigué par l'at- lcs quatrillions, etc., qui, par leur grandeur en de-
tention qu'exigent des nombres trop grands, un hors de toutes les réalités ordinaires, ne disent
marchand, par exemple, compte ses œufs par dou- rien à l'esprit des élèves.
zaines, en disant trois douzaines, quatre douzaines. Ce qui est plus important, c'est la remarque
De même, et probablement à la vue des dix doigts suivante: les unités <<e< divers ordres se succèdent
des deux mains, on a formé de dix unités un de telle mc:KM;'e que chacune vaut dix unités de
groupe considéré comme une nouvelle unité plus l'ordre :mme</ta~e~eM< inférieur. Tel est le p;M-
grande nommée dizaine, et on compte les objets Ctjoe de la numération parlée.
par dizaines une dizaine, deux dizaines, trois Ainsi le nombre dix sert de base à ce système
dizaines, etc., jusqu'à neuf dizaines. Au lieu de de numération, qui pour cette raison s'appelle nu-
une dizaine, on emploie le mot dix qui est plus mération décimale.
court; les autres nombres de dizaines sont aussi Observons encore que les divers ordres d'unités
remplacés par les mots suivants, tirés du latin forment naturellement des groupes contenant
deux dizaines, vingt; trois dizaines,~eM~e; quatre chacun les trois ordres unités, dizaines et cen-
dizaines, quarante; cinq dizaines, cinquante; six <a:net. Ces groupes sont les classes d'unités prin-
dizaines, soixanle; sept dizaines, Mp~a~e; huit cipales classe des unités simples; classe des
dizaines, huitante; neuf dizaines, «(MOM~e. mille, classe des millions, etc.
Mais, par une irrégularitéregrettable, les termes Pour éviter toute équivoque, on se rappellera
M~a'ffe, huitante et nonante sont peu en usage, et que le mot unité seul désigne toujours l'unité
à leur place on dit tOMM~e-a~, quatre-vingts, simple, celle du premier ordre.
~MO<e-~tMg'<-af:x. ~M'M~a~'ou écrite. Chaque ordre ne contient
Pour désigner un nombre contenant des dizaines pas plus de neuf unités; car treize par exemple est
et des unités, on joint au nom des dizaines celui la même chose que une dizaine et trois unités;
des unités vingt-cinq, trente-huit, etc. Cepen- de même quarante-huit désigne quatre dizaines et
dant au lieu de fH.c-MM, dix-deux, dix-trois, dix- huit unités. Par conséquent neuf caractères suf-
quatre, dix-cinq, dix-six, on se sert de mots équi- fisent pour représenter les neuf nombres d'unités
valents venus du latin onze, doute, treize, qua- de chaque ordre; ces caractères, nommés chiffres,
torze, quinze, seize. Au delà on reprend la règle sont:
dix-sept, <~M-AK! etc. 1 un; 2 deux; 3 trois;
Avec ce qui précède, on est en état de désigner cin
4 ~Ma~'e.; 5 !rj
6
tous les nombres depuis un jusqu'à nonante-neuf, 7 sept; 8 huit; 9 neuf.
ou, pour employer l'expression plus usitée, çMa<t'e-
t)tm<j'<-d!.ï.-KCM/ Ces chiffres nous viennent des Arabes.
En ajoutant une unité simple à ce dernier nom- Ainsi le chiffre 7 représentera aussi bien sept
bre, on a neuf dizaines plus une dizaine ou dix di- unités de mille que sept centaines sept di-
zaines: ce nombre est appelé cent. Le groupe de dix zaines ou sept unités simples mais iloufaut qu'en
dizaines est considéré aussi comme une troisième même temps il indique l'ordre des unités qu'il
espèce d'unités appelées cen~at~e~, et on compte exprime. C'est ce qui se réalise d'après la règle
par centaines, comme on compte par dizaines et suivante le chiffre des unités simples étant écrit
par unités simples une ceM<"Me. deux centaines, le premier, celui des dizaines sera le second en
etc., ou plutôt cent, deux cents, etc., jusque neuf f allant de droite à gauche, celui des centaines le
cents. troisième, celui des unités de mille le quatrième,
Pour désigner un nombre contenantdes centai- et ainsi de suite, de sorte que l'ordre a'M unités
nes, des dizaines et des unités, on joint au nom d'un chiffre est marqué par le rang qu'il occupe.
des centaines celui des dizaines et des unités; par Par exemple, dans le nombre 6?M. le chiffre 6
exemple Deux cent ~em<e-~Mf!e;e:Hg centquatre- exprime 6 unités du quatrième ordre ou 6 mille, le
vingt-dix-sept (pourcinqcent nonante-sept),etc. On chiffre 7 exprime 7 unités du troisième ordre ou
est ainsi en état de compter depuis MM jusqu'à neM/j' 7 cents; le chiffre 5 exprime 5 unités du deuxième
eeM<~Ma<M~-</M-~eM/\KeM/'eeK<?M?!<M<e-?MM/'). ordre ou 5 dizaines (cinquante) enfin le chiffre 9
On distingue les unités simples, les dizaines et exprime 9 unités du premier ordre ou 9 unités
les centaines par ordres: les unités simples sont simples.
les unités du premier ordre; les dizaines sont Il peut arriver qu'au-dessousde ses unités les
celles du deuxième ordre les centaines, celles du plus élevées, un nombre manque d'un ou même de
troisième ordre. plusieurs des ordres inférieur)). D!ms cas, pour
Augmenté d'une unité simple, le nombre neuf f que chaque chiffre occupe le rang qu'ilcedoit
ce' quatre-vingt-dix-neuf devient un nouveau on écrit à la place des ordres qui manquentavoir, le ca-
nombre contenant neuf centaines, neuf dizaines et ractère 0, nommé zéro. Ainsi le nombre quatre cent
une dizaine, c'est-à-dire dix centaines; on le sept unités contient 4 unités du troisième ordre,
nomme mille. Le groupe de mille unités simples 7 unités du premier, et n'a pas de dizaines il s'é-
est regardé comme une nouvelle unité, qui est crira 40' Le nombre quatre cent soixante-dix
celle du quatrième ordre ces unités se comptent (quatre cent septante) contient 4 unités du troi-
comme les unités simples: un mille ou plus sim- sième ordre, 7 du second et n'a pas d'unités du
plement mille, deux mille, etc. jusqu'à neuf mille. premier; il s'écrira 470.
Pour ne pas répéter sans nécessité les détails des Le zéro chez les Arabes portait le nom de {M/ar,
explications précédentes, il suffira de dire pour ce qui signifie « vide ». Importé en Italie, mot de-
qui suit que dix unités de mille font la dizaine de vint c!c et .M/!)-o. La syllabe fi étantcebrève, ce
dernier mot se réduisit à zéro, pendant que le Ces unités fractionnaires sont appelées unités
premier finit par désigner les neuf autres carac- décimales (du latin decimus, dixième), parce que
tères notre terme chiffre n'est autre que le mot chacune est la 10' partie de la précédente; elles
cifra avec la prononciation italienne du c. Les doivent être regardées comme la continuation de
Anglais ont conservé au mot chiffre (c:pAer) son la série des ordres d'unités entières.
sens étymologique de zéro tes neuf autres carac- Un nombre qui exprime des unités décimâtes
tères portent le nom de /fM, qu'its ont eu est appelé nombre de~nM~;s'il est moindre que
l'unité entière, il prend le nom de ~'ac<!OK déci-
longtemps aussi en français.
De ce qui précède ressort ce principe Dans ma/e. Ainsi 2 mètres et 3 dixièmes est un nombre
tout nombre écrit, un chiffre de an.~ oMe/co~Me décimal; 3 dixièmes de mètre, 34 centièmes de
exp rime des unités dix lois plus ~rati<<M que franc sont des fractions décimales.
ceMM du cA~'e qui est immédiatement à sa d'Ot<e. Règle. Pour eot'-e M7t KOM&t'e décimal, M:
C'est là le principe fondamental de la numéra- écrit d'a&orï la partie entière ~M no~to'-e, e'< la
tion écrite. par M ze' s'il n'y a pas d'unités eM-
ma!'<j'M<ut<
Règle pour écrire les nombres. Ou écrit ~M- <'e)'M; à droite on place une t~f'~M/e, ~Mt< au
cessivement de <yattcAe à droite le chiffre de< t" 'aM~ à droite de cette virgule le c/t~'e des
centaines, le cAt/~c des dizaines et celui des uni- dixièmes, at< 2* rang le chiffre des centièmes, au
de chaque classe d'unités principales, en com- 3* rang celui des millièmes, etc..On a soin de
)Me?tf60t< par la classe le plus élevée et en ayant mettre un zéro <t la place <<« unités d~efia~ qui
<OM de mettre M'! zéro à la place de chaque o;re
)K<M:a'Mat:< daKt nombre.
Soit par exempte: h'eK<e-~Ma<r? millions vingt-
M«M~Mfrate?t~.
etemple,pour ~uaire
Par exemple,
~t~HtM fteM: t'eK<-m~M<KM, en
on trente-huit M<t~
ytM~feunités <fe~<-AM!<
écrira 4,03802.
t~iil-
huit 7K!'&; six tent sept M~t~. Ce nombre con- Souvent la fraction décimale & écrire est énoncée
tient 34 millions; la classe des mine n'a pas de comme un nombre entier suivi du nom de la der-
centaines et renferme seulement 2 dizaines et 8 nière unité décimale trois mille huit cent </e'<;
unités; la classe des unités simples contient 6 cent-millièmes. Dans ce cas on l'écrit comme u~
tentaines et 7 unités, mais pas de dizaines. Ce nombre entier à la droite de la virgule, en ayan [
nombre s'écrira donc ainsi: soin que le dernier chiffre à droite se trouve au
34028607. rang fndiqué par l'ordre de ses unités décimales.
Aussi le cent-millième devant être au 5' rang, )e
Règle pour lire nombre écrit en chi ffres.
M)t nombre 3803 devra être précédé d'un zéro, et on
~OMr lire un nombre, on le divise- en <ra?ïC/iM de Écrira 0,03802.
trois chiffres par des points à par~t)' de la droite; Observation. A propos do la virgule, nous
la dermere peut n'avoir qu'un ou deux eAt~fe:. devons pronter de cette occasion pour protester
Chaque fraMC/te co''fe~po?M! ainsi aux classes d'u- contre la détestable habitude prise par les im-
nité, principales. La première à droite représente primeurs d'employer la virgule à séparer les nom-
la classe des unités simples, la .<ec<M!afelecelle des bres en tranches de trois chiffres, et de l'omettre
mille, etc., et dans chaque tr<Mf~e premier à la place qui lui appartient. Sous prétexte de
chiffreà droite e.Ept'tcte les unités, le ~eco'~ les faciliter la lecture du nombre, ils le rendent inin-
dizaines et le troisième les centaines. 0;t << alors telligible, comme le montre cet exemple extrait du
chaque tranche de gauche à droite en ~Houpant compte-rendu d'un journal financier: Les recettes
après chacune le nom de la classe de ses unités des Tramways-Nord sont de 54, tM celles la
pfiKctpa/M. semaine précédente n'avaient été que de 50,469.
~ota. – de commencer par des nombres
der aux maîtres
Nous n'avons pas besoin de recomman- C'est aux auteurs qu'il appartient de combattre
cet abus; nous le signalons particulièrement aux
n'ayant pas plus de trois chiffres, et de monter rédacteurs des Bulletins ~partet/te~/aM. de ft?M-
graduellement à ceux de six chiffres, puis à ceux truction primaire, où cette confusion se montre
de neuf, sans dépasser les billions. Au delà ce sont trop souvent dans les énoncés des problèmes.
des nombres fantastiques dont les élèves n'auront Conservonsà la virgule son emploi traditionnel,
jamais à faire usage. et, pour contenter tout le monde, séparons par un
Influence des zéros sur la droite d'un nombre petit espace blanc les tranches de trois chiffres.
entier. Un nombre entier prend une valeur 10 Règle. Pour lire un Mota&'e décimql, OM lit
fois plus grande, quand on écrit un zéro sur sa ~'ator~ la partie entière, pHt< la partie (~CM'M~e
droite 100 fois plus grande, quand on en écrit en la faisant suivre du nom ~e l'unité t~e:'ma/e
deux 1000 fois plus grande, quand on en écrit a!tt dernier chiffre à <t;'ot<e. Soit par exemple le
trois, etc. nombre 237,40658. On dira: 237 unHés 4~ mille
En e<fèt, soit le nombre 68 avec un zéro sur sa 658 cent-miUièmes.On peut dire aussi 237 unités
droite il devient 680. Dans le premier, le chiffre 8 406 millièmes 58 cent-millièmes; ou 237 unités 40
exprime des unités simples, et dans le deuxième centièmes 6M cent-millièmes, etc.
des dizaines; le chiffre 6 dans le premier exprime Remarque. On peut même lire le nombre dé-
des dizaines et dans le deuxième des centaines: cimal, sans faire attention & la virgule, comme si
par la présence du zéro, chaque chiure du nombre c'était un nombre entier exprimant des unités
a donc pris une valeur 10 fois plus grande q))e marquées par le rang qu'occupe le dernier cttiNre
celle qu'il avait auparavant. à droite de la virgule.
De là cette distinction entre la na/CM'' absolue Par exemple, le nombre 4,35 se lirait 435 cen".
d'un chiffre et sa valeur 'e<a<tt)e,'c'est-à-direcelle tièmes.
qu'il prend d'après le rang qu'il occupe. Observation. Il importe que les élèves s'habi-
NUMÉRATION DES NOMBRES DÉCIMAUX. Des plut tuent à envisager te nombre décimal comme un
fortes unités aux plus faibles, une unité de chaque nombre entier. C'est en se mettant à ce point de
ordre est la i0* partie de celle qui la précède im- vue qu'il est facile de faire marcher de pair l'é-
médiatement si donc on prolonge la scrie det tude des opérations sur les nombres décimaux
ordres d'unités au-dessous dés unités simples, on avec celle des nombres entiers. Les commençants,
a d'abord la H)*partie de l'unité, puis la 10' partie sans y rencontrer plus de dimeulté, y.trouveront
du 10*, qui est la 100. partie de t'uDité, puis !a t'avantage de pouvoirrésoudre de petits problèmes
1&* partie du t00', qui est. la 1UUU' partie de l'u- où ils pourront opérer sur des fractions décimâtes
nité, etc. c'est ce que montre de la manière la du franc et du mètre, par exemple, aussi bien que
plus nette le mètre avec ses subdivisions en déci- sur les unités entières.
mètres, centimètres et millimètres. De la présence des .:er<M sur la t~t-o~e d'une frac
tion décimale. On peut écrire o.u supprimer plaçant l'unité à soustraire à gauche de cinq
des zéros sur la droite d'une fraction décimale
sans altérer sa valeur. 4, IV; 40, XL; 400, CD.
En effet soit 2,34, c'est-à-dire 2 unités 34 centiè- Pour les nombres six, sept, huit unités de l'un
mes en mettant un zéro à droite, on obtient 2,340. des trois ordres on écrit cinq plus un, cinq p/ut
La partie entière, 2 unités, n'a pas change mais deux, cinq plus trois, en plaçant à la droite de
ia partie décimale, 34 centièmes a été remplacé cinq le nombre d'unités du même ordre à lui
par 340 millièmes; le nombre des unités décimales ajouter:
est devenu dix fois plus grand, et en même temps 6, VI
les unités sont devenues dix fois plus petites la 7, VII 8, VIII
vateur de la fraction décimale n'a donc pas 60, LX; 70, LXX; 80, LXXX;
changé. 600, DC; 700, DCC; 800, DCCC.
~e~/ace~m~de la ut'~t~e. Si dans un nombre Pour neuf unités d'un ordre quelconque, on agit
décimal on avance la virgule vers la droite d'un comme pour quatre, c'est-à-dire qu'on écrit dix
rang, sa valeur devient dix fois plus grande; de unités moins une
deux rangs, cent fois plus grande; de trois rangs,
mille fois plus grande. 9, IX 90, XC 900, CM.
Par exemple, si dans le nombre 4,728 la virgule D'après ce qui précède, écrit un nombre
est avancée de deux rangs à droite, ce qui donne quelconque inférieur à deux on miile en plaçant à la
472,8, chaque chiffre prend une valeur cent fois droite du nombre de mille le nombre des
plus forte 4, qui dans le premier nombre exprime taines, puis le nombre des dizaines et enfincen- le
des unités simples, exprime dans le second des nombre des unités simples. Voici quelques
centaines; 7, qui exprime dans le premier des ples exem-
dixièmes, exprime dans le second des dizaines, 14, XIV.
et la dizaine vaut 100 dixièmes; etc. 959, CCLIX.
Réciproquement, si l'on recule la virgule à gau- 18, XVIII. 432, CDXXXII.
che, le nombre devient dix fois plus faible pourun 19, XIX. 65", DCLVIII.
37, XXXVM. 830, DCCCXXX.
rang, cent fois plus faible pour deux rangs, etc. 76, LXXVI. 987, CMLXXXVII.
Des autres systèmes de numération. Le sys-
tème décimal a pris sans doute naissance dans le 1547, MDXLVII.
nombre des doigts des deux mains; mais il est 1880, MDCCCLXXX.
évident qu'on aurait pu adopter comme base tout II n'y aurait aucun intérêt pour nous à écrire
autre nombre. Nous en trouvons un exemple dans des nombres supérieurs mille. Nous termine-
l'usage populaire de compter par douzaines; il rons par la remarque suivante dans la numéra-
provient aussi de l'habitude de compter sur les tion romaine, toute lettre est diminuée de la lettre
quatre doigts, qui, avec leurs trois phalanges, for- moins forte qui la précède, et au contraire aug-
ment un groupe de quatre fois trois ou douze. La mentée de la lettre moins forte ou égale qui la
douzaine est donc l'unité du second ordre celle suit. fG. Bovier-Lapierre.1
du troisième vaudrait douze douzaines elle est NUTRITION. -Zoologie, XXXU;Botanique, II.
encore usitée dans le commerce sous le nom de Les êtres vivants ne durent qu'à la condition
grosse: une grosse d'écheveaux de fil pour dire de se renouveler sans cesse dans toutes leurs par-
douze douzaines d'écheveaux. Ce système de nu- ties. La durée totale de chaque être est soumise
mération cfMo~ecMM~ se retrouve dans les subdi- à des limites tracées d'avance par la nature. Cha-
visionsdes anciennes unités de longueur le pied, que instant de son existence use les matériaux
qui se divisait en 12 pouces; le pouce, en Hg'?!&s
la ligne, en 12 points. Pour écrire des nombres
2 dont il est construit; les portions usées, véritables
détritus, tendent à se séparer, à s'éliminer par
dans ce système, il faudrait employer onze chiffres voie d'excrétion ou à s'immobiliser sous une forme
plus le zéro. vivante qui ne fait qu'accroître le volume de la
Le système qui exigerait le moins de chiffres plante ou de l'animal.
est celui où une unité de chaque ordre serait En physiologie,vivre et M noM~t)- sont syno-
composée de deux unités de l'ordre immédiatement nymes, car tout ce qui vit, être ou tissu faisant
inférieur c'est le système &M<M)'e. Il n'a d'autres partie d'un être s'use et se renouvelle; or cette
chiffres que 1 et 0. Dans ce système l'expression rénovation n'est autre chose que la nutrition.
10 indique 1 unité du 2' ordre ou 2 Unités sim- La nutrition constitue une fonction commune
ples l'expression 100 indique 1 unité du 3* ordre, aux animaux et aux végétaux, mais elle s'exerce
ou 2 unités du .2° ordre, ou 2 fois 2 unités du dans les deux règnes avec des différences nota-
l", c'est-à-dire 4 unités simples, etc. bles. On peut considérer les végétaux comme des
Numération romaine. Nous ne devons pas appareils réducteurs, qui forment des principes
finir cet article sans exposer la numération ro- immédiats organiques au moyen des éléments chi-
maine, qui est encore en usage aujourd'hui pour miques empruntés au monde minéral; tandis que
les inscriptions gravées sur les monuments, pour les animaux, appareils de combustion, brûlent ces
les chapitres et les divisions d'un livre, et souvent principes immédiats qu'ils sont incapables de
sur les cadrans des horloges. former.
Tout ce système repose sur les sept nombres Cependant cette manière de comprendre la nutri-
1 5 10 50 )00 500 1000
tion, attrayante par sa simplicité, n'est pas con-
forme aux principes généraux de la physiologie. En
qui sont désignés par les lettres suivantes réalité nous ne devons admettre aucune différence
entre la nutrition d'un élément végétal et celle
1 V X L C D M. d'un élément animal. Dans les végétaux 11 existe
Pour représenter deux ou trois unités de l'un comme dans les animaux un milieu intérieur qui
contient des sucs nutritifs et des gaz accumulés
des quatre premiers ordres, on répète la lettre
correspondanteà cette unité deux fois, trois fois pour l'usage. Lorsqu'un bourgeon pousse, il brûle
ces matériaux alimentaires et produit comme ré-~
2, II; 3, Ht; 20, XX; 30, XXX; sidu de l'acide carbonique ainsi que le ferait un
200, CC; 300, CCC; 2000, MM. tissu animal.
L'organisme animal peut, comme l'organisme
Pour quatre unités d'un ordre quelconque on végétal, former dans son milieu intérieur les
écrit cinq unités de cet ordre moins une, en principes immédiats nécessaires à la nutrition de
2' PAMIE. 90
ses éléments albumine, fibrine, sucre, etc. Par Le 1 noyau des cellules parait Être !e centre des
conséquent les phénomènes nutritifs de réduction actions a nutritives. Dans )o muscle, par exemple,
et de combustion existent dans les deux règnes, le 1 noyau de la cellule persiste l'intérieur de la
seulement la puissance réductive existe au mtn:- paroi r do la fibre tubulaire; il se forme autour do
f?t"m chez les animaux, car ils ne peuvent trans- cec centre, comme par sécrétion, une matière or-
former que des matières déjà très élaborées,
les végétaux
tan-ganisée,
f
du tissu.
le protoplasma, qui sert à la nutrition
dis qu'elle existe au M<M-!MMM! chez (
qui peuvent agir sur les éléments minéraux, et Il résulte de ces considérations que la nutrition
même fixer l'azote et le carbone de l'air. t le développement dépendent, avant tout, d'une
et
Cette disproportion des phénomènes de réduc- aptitude
< spéciale qui réside dans le tissu, et pour
tion et de combustion dans les animaux et dans mieux
i préciser, dans le noyau des cellules de
tes végétaux leur fait altérer l'air d'une manière chaque
c tissu. Si cette aptitude est diminuée,
inverse. Les végétaux, à l'aide de la matière verte Esuspendue, annulée, tes qualités du milieu in-
(chlorophylle), attirent l'azote ainsi que le carbone terne,
t la quatité des matières alimentaires ne
de l'air et dégagent de l'oxygène les animaux sont { produiront aucun résultat.
de globules sanguins qui attirent l'oxygène En résumé, la nutrition est une propriété com-
pourvus a tous les éléments anatomiques des végé-
nécessaire aux combustions et aux fermentations mune i
tandis qu'ils restituent à l'atmosphère de l'acide taux 1 et des animaux, par laquelle s'effectue la
carbonique. Mais au lieu de considérer le résultat t rénovation continuelle des tissus usés par la vie,
prédominant des actions vitales par rapport au sans 1 aitérer la forme ni les propriétés caractéris-
milieu extérieur ou ambiant, si nous considérons tiques 1 de chaque élément, de chaque tissu. C'est
le milieu intérieur, nous constatons que les végé- la 1 plus générale des propriétés vitales, on peut
la même ma- même dire qu'elle caractérise la vie, car les au-
taux et les animaux le vicient de intérieure <
des tres forces ou propriétés vitales ne se manifes-
nière. Les gaz de l'atmosphère 1
nutrition lieu, tandis qu'elle peut
plantes et des animaux sont l'oxygène, l'azote et tent 1 que si la a
sensible dans un être
l'acide carbonique. Au printemps, quand se pro- être la seule force en action
duisent les phénomènes de nutrition et decarbo- bour- vivant.
geonnement, l'oxygène disparaît et l'acide La nutrition se compose essentiellement de
nique augmente dans l'atmosphère intérieure du deux actes las'éliminent; désassimilation, par laquelle les
végétal. Pendant l'hiver, elle est très pauvre en parties usées l'assimilation, par la-
acide carbonique, comme l'atmosphère intérieure quelle des parties neuvesPour et identiques se for-
des animaux hibernants dont les appareils de ment pour les remplacer. que ces deux actes
combustion sont au repos et engourdis. Nous pou- s'accomplissent, il faut que l'osmose permette
vons donc conclure que si les manifestations de l'absorption et la sécrétion Notons toutefois
différentes l'absorption et la sécrétion ne s'accomplis-
la nutrition végétale et animale sont que
dans le milieu extérieur, elles sont, au fond, les sent dans tes éléments anatomiques, dans les
mêmes dans le milieu intérieur. cellules, que d'une manière tout à fait locale, en
Il est prouvé aujourd'hui que la nutrition ne ré- vue de la vie de l'élément
isolé, mais que, dans
le ordinaire, deux fonctions appartien-
sulte pas d'une assimilation directe les aliments sens
tissu
ces
tui-meme considéré comme en-
digérés et absorbés no vont pas immédiatement nent au contribuant à former
d'abord employés à semble d'éléments un or-
se fixer sur les tissus; ilsdesont
former dans l'intérieur l'organisme un liquide gane. Le sang forme pour
alimentaire, réserve toujours prête à laquelle NUTRITION DES ANntMX.
intérieur dans lequel la
puisent également les éléments organiques .pour les animaux le milieu
leur rénovation. Le nutrition puise ses matériaux de reconstruction.
y chercher les matériaux de augmenté, enrichi, par Par conséquent, la nutrition se trouve sous la
sang lui-même n'est pas dissous et modi- dépendance de la circulation de la respiration
une simple addition d'aliments chez les animaux supé-
fiés par les sucs digestifs; il s'assimile d'abord et aussi de la digestion
ces matières par une véritablevie génération orga- rieurs. Ces trois fonctions préparent, dissolvent,
nique, pour leur donner une nouvelle, une élaborent, transforment tes matériaux apportés
organisation spéciale, c'est un produit de sécré- du dehors pour les rendre propres à la nutrition.
Les matières azotées (aîbuminoides), aliments
tion dont la composition varie à peine avec l'aii-
mentation, et dans lequel se produisentdes prin- rénovateurs ou plastiques digestifs par excellence, sont
cipes immédiats qui n'existent pas tout formés transformées par les sucs en matières
dans les aliments. Une certaine quantité de ma- aMM~MO~MM, susceptibles de pénétrer, par os-
dans le qui les transforme à son tour
tières accumulées et transformées dans le sang mose, sang
fur et à mesure en albumine et en fibrine auxquelles les tissus
ne sont utilisées que fort tard, auréserve
des besoins; elle constitue une précieuse emprunteront la matière première de leur nutri-
en cas d'abstinence prolongée. Aussi ne peut-on tion, c'est-à-dire de leur rénovation et de leur
espérer retrouver courte échéance, dans les accroissement. Le sang, chargé de éléments ces principes
sécrétions et les excrétions, tous les matériaux réparateurs qu'importe a tous les ana-
tomiques, reçoit en échange les produits de l'u-
assimilés par le sang. combustion des éléments urée,
Le liquide alimentaire doit contenir, en outre des sure vitale, de la
matériaux nutritifs dissous dans l'eau, des substan- acide urique, créatine, etc., qui sont éliminés par
ces qui semblent destinéesà jouer le rôle d'excitants les sécrétions.
nM<<t/ par exemple le sucre, l'oxygène. Notons (fécule, C'est dans le sang que les matières non azotées
toutefois que la présence de l'oxygène ne semble graisse, etc.) subissent leur transfor-
pas indispensable au développement de certains mation. Leur rôle est spécialement calorifique,
tissus. elles ne nourrissent les tissus que dans une pro-
Dans chaque être, la nutrition constitue un portion infiniment restreinte; quand un animal
phénomène général, une action vitale qui s'exerce engraisse, ce n'est pas par suite de la nutrition,
ses tissus, toutes ses du développementaccumulée. des tissus, mais par l'interpo-
sur toutes ses parties, tous considérons dans une sition de graisse Les matières azo.·
cellules. Mais M nous la
cellule isolée, nous voyons que le noyau sert de tées, au contraire, nourrissent sans engraisser.
L'organisme possédant la propriété de trans-
centre au mouvement d'accroissement, de repro- matières les matières amylacées,
duction, de régénération. On distingue, en effet, former en grasses
nourri-
dans chaque cellule, l'enveloppe, son contenu, une nourriture féculente équivaut à une
plus le noyau~qui Ini-meme renfermeun nucléole. ture riche en matières grasses.
Lorsque les matières amylacées ou sucrées font terminal, continuation de taycmmM/e de l'embryon.
défaut dans l'alimentation, comme chez les ani- Chez les ??M?:oc(~)/MonM, l'accroissement en
maux carnivores, l'organisme possède en outre la diamètre se fait d'une manière un peu différente.
remarquable propriété de fabriquer la quantité de La tige est surmontée d'un bourgeon terminal re-'
ces substances indispensable à la nutrition. couvert de feuilles à l'état rudimentaire. A mesure
Bien que les sels minéraux participenttrès peu que ces feuilles s'accroissent, se séparent, elles
aux phénomènes nutritifs, leur présence dans le repoussent celles qui les avaient précédées et les
sang n'est pas moins importante: ils favorisent les font tomber. En même temps il se forme des fais-
métamorphoses des substances organiques et re- ceaux/Mro-<MeM/fM'r&s qui augmententlediamètre.
tardent la désassimilation. Le sel commun (chlo- HYGIÈNE GÉNÉRALE DE LA NUTRITION. Nous
rure de sodium) exerce une action manifeste. Ainsi avons indiqué au mot a/:mcn~* tes propriétés nu-
'un lot de bœufs augmente, en moyenne, par année, tritives des substances les plus communément
de 6 kilogrammes par 100 kilogrammes de foin utilisées pour la nutrition de l'homme. Il nous reste
consommé sans sel, tandis qu'un lot semblable, seulement à signaler en peu de mots l'influence
nourri de foin salé, augmente de ï kilogrammes. hygiénique de la nutrition. La pénurie ou l'abon-
Nu'tMTMN DES VÉGÉTAUX. Les aliments des dance de l'alimentation exercent une influence
plantes consistent en gaz et en sels minéraux so- considérable sur le physique et le tuort.~ on en
lubles. Les gaz sont absorbés surtout par les feuil- découvre les conséquences dans la fécondité, la
tes, et fort peu par la tige et les racines. Celles-ci moralité et la prospérité des peuples. C'est donc
puisent dans le sol les aliments minéraux. le devoir des législateurs de développer l'agricul-
Les animaux, parvenus à une certaine période ture, les moyens de transport, de faciliter la con-
de leur existence, cessent de croître, et chez eux servation des denrées, de laisser entrer librement
la nutrition se borne à maintenir l'équilibre entre les produits étrangers.
ta perte et le gain des tissus. Dans les plantes, la Si l'on consulte les statistiques, on trouve qu'en
nutrition constitue un accroissement continuel; France il existe une relation constante entre le
elles perdent toujours moins qu'elles n'acquièrent prix du blé, les mariages, les naissances et 'a taille
et poussent constamment des bourgeons qui de- de la population. La mortalité comparée des riches
viennent des feuilles et des fleurs; quelques-uns et des pauvres démontre que la perte annuelle
même grandissent constamment dans toutes les sur cent individus est plus que doublée chez le
dimensions. pauvre, et l'on ne peut s'empêcher'de reconnaître
La tige s'accroît en hauteur et en diamètre; citez que la nutrition insuffisante contribue pour la plus
les 6heo<)/OMM, l'accroissement en diamètre est large part à cette ditTérence. On arrive au même
déterminé par la formation de nouvelles couches résultat si l'on compare la population des divers
de bois. Entre la dernière coucheformée et l'écorce arrondissementsde Paris. Le premier arrondisse-
se trouve une couche de tissu Mf)'t'CM<att*e lâche ment perd 1 habitant sur 52, et le douzième 1
nommée couche génératrice. Son tissu est rempli sur 26. Dans les quartiers pauvres et riches la vie
d'un suc nutritif, le cambium, qui s'accumule pen- moyenne varie de 2~ à 42 ans. Si l'on compare les
dant la période la plus active de la végétation et départementsriches et ceux où la vie misérable
quL s'enrichit par résorption d'une partie des élé- rend l'alimentation insuffisante, on constate une
ments des feuilles lorsque celles-ci se détachent différence de douze ans dans la vie moyenne des
à l'automne. Lorsque la sève devient active, la individus. L'augmentation factice du prix des
plupart des utricules s'allongent, leur paroi s'é- denrées alimentaires par des octrois produit un
paissit, ils se transforment en fibres; d'autres résultat semblable. Ainsi l'insuffisance de l'ali-
augmentent à la fois en diamètre et en longueur, mentation, de la nutrition, agit d'une manière des-
se ponctuent, et les cloisons qui les séparent dans tructive, elle dégrade l'espèce en diminuant la sta-
le sens de la hauteur se résorbant, il se forme des ture, en restreignant la fécondité, en ouvrant la
vaisseaux. C'est cette agrégation de vaisseaux et porte à une foule de maladies.
de fibres qui constitue la couche nouvelle de bois. La nutrition exerce aussi sur les centres
Toutes les parties des plantes débutent par l'état veux, sur l'intelligenceet le moral une actionner- ma-
utriculaire, de sorte que leur accroissement, leur nifeste. Aussi à tous les points de vue la nutrition
nutrition s'opère d'après un procédé à peu près constitue une des questions hygiéniques et so-
Identique. ciales les plus importantes, et Mirabeau avait bien
L'accroissement en hauteur des tiges dicotylédo- raison de dire « Le pot au feu du peuple est la base
nées se produit par le développement du bourgeon des empires. ~I [D'Saftray.]
0
ni!HGAT)(~S. – Arithmétique, XLVI. Les Les obligations peuvent des mains ds
Vi'Jt's, les compagnies de chemins de fer,igs so- celui qui lus a acquises enpasser
ciétés financières ou industrielles ont besoin, dans autre personne, moyennant un possession d'une
la.
prix qui est ptu.s
certaines circonstances, d'emprunter de l'argent; ou moins élevé que le prix d'émission, suivant qu~'
t'emprunt, après avoir été autorisé par l'État, s'ef- la situation financière de la Compagnie est plus
fectue dans des conditions spéciales. moins prospère et inspire par 1~ même plus ou ou
Pour cela, la compagnie met en vente un prix moins de confiance. La vente de ces titres fak
détermine, et sous le nom d'oM?a<!0;M, des titres à la Bourse et par le ministère des agents dec se
par lesquels elle s'engageàpayer, en retour du change.
prix qu'elle a reçu, un intérêt fixe annuel, et à Il y a deux espèces d'obligations les oMt'.ya<:<M'
rembourser, à certaines époques, un capital géné- ?:0!7:H:a'<t)M et les o&y<!<o?M au po?'~<r. Les
ralement plus élevé que celui qu'elle a reçu. Par premières sont inscrites au nom de leur possesseur,
exemple les obligations des chemins de fer fran- et leur transfert à une autre personne est soumis;1i~
çais sont remboursables à 500 francs et produisent certaines formalités qui sont dans les attributions
chaque année un intérêt de 15 francs, sauf l'impôt des agents de change. Les autres sont la propriuu'
d'environ – dont il est frappé au profit de l'État. de celui qui les possède, qui les po; sans qu~
la son nom figure nulle part. f'tcties peuvent eirs
transmises de main en main, sans que la compa-
gnie ait à intervenir en rien. 1 franc rapporterait
L'intérêt est ordinairement payé deux fois par
an, à six mois d'intervalle. Pour le toucher, il suffit 100 francs rapporteraient–––=3",90.
de détacher de l'obligation un petit coupon indi-
2' PROBLÈME. Un particulier veut acheter des
quant l'intérêt et l'époque de l'échéance et de le obligations Ouest de manière à se faire un revenu
présenter à la compagnie, qui le retient en en de 650 /fa?tc~ ;o~ capital do<< cMp~o'
donnant le montant au porteur. Quant au rem- annuel à cet achat, indépendamment des frais de me~o-
boursement du capital, la compagnie, en émettant C!'a<t'oM, si le coursdecesobligationsest 384 francs?
son emprunt, indique combien elle remboursera Ce capital doit être égal à autant de fois 384
d'obligationschaque année et, par suite, au bout de francs qu'il
combien d'années le remboursementintégra) sera égal à y a de fois 15 dans 650; il est donc
effectué. C'est par un tirage au sort que sont dési-
gnées les obligations à rembourser chaque an-
née.
Citons un exempte. La compagnie des chemins
–cc.~
X 384 = 16 640 francs.
Si on veut tenir compte de l'impôt qui réduit le
de l'Ouesta contracté un emprunt au moyen d'une
série de 300000 obligations remboursables à revenu annuel de 15 francs à environ 14 francs, on
devra dans ce problème remplacer 15 par 14, ce
bOO francs et donnant lieu à un intérêt semestriel
de 7",50 Le remboursementa commencé en 1873 qui exigera un capital plus élevé pour avoir un
par 965 obligations en 1874 elle en a remboursé
revenu net de 650 francs.
99;j;ent8751enombreaétédeI023,etilvaainsiobligations 3" PROBLÈME. Un homme achète le 5 avril 20
de la ville dc~'t!rM(e~:BfMn<t8'!6), au
en augmentant d'année en année, de telle sorte cours de 525",50; les revend le 16 juillet au
que l'amortissement de cet emprunt sera accompli cours de 519 francs, après avoir touché le 15<!c?'t7
en 1951 par le remboursement des 9674 obliga- coMpom 'de 10 francs réduit par l'impdt 9*35.
tions qui resteront à cette dernière époque. Au un Y a-<-t~ pour lui bénéfice ou perte dans cette opé-
13 juillet 1880, ces obligations étaient cotées à la ration?
Bourse ancours de 384 francs. Entre le prix d'achat le prix de
et vente de l'o-
Les obligations émises par les villes sont assez bligation, il y a à son détriment une différence
souvent des obligations à ~n:M, c'est-à-dire que égale à
des lots d'une certaine valeur en une somme d'ar- 525,50–5t9=.6",50.
gent sont attribués à un nombre déterminé des
numéros sortis à chaque tirage. Elles peuvent être Mais il a touché dans l'intervalle 9'35 par obli-
comparées aux billets d'une loterie dont le tirage gation. Il a donc en résumé un bénéfice égal à
doit avoir lieu en plusieurs fois, et où l'on est 9,35-6,50 =2",85.
assuré de voir sortir son billet t6t ou tard, en Sur 20 obligations il réalise donc un bénénce
percevant l'intérêt jusqu'au moment de sa sortie, égal à
et avec la chance d'ameneravecluiun lot supérieur
au prix du billet. Par exemple la ville de Paris a
x
2,85 20 = 57 francs.
contracté un emprunt en 1876, au moyen de Ces exemples suffisent pour montrer quels pro-
258 065 obligations qui furent émises à 465 francs, blèmes on peut avoir à traiter sur les obligations
qu'elle rembourse à 500 francs, et pour lesquelles dans les cours de l'enseignement primaire; c'est
elle paye un intérêt semestriel de 10 francs. aux maltres à savoir y mettre de la variété. Par
Quatre tirages ont lieu chaque année, les 10 fé- exemple, dans ce dernier problème, ils pourraient
vrier, 10 mai, 10 août, 10 novembre, et à chaque ajouter à quel taux cet homme a-t-il placé son
tirage le 1" numéro sortant a droit à un lot de argent, lorsque dans l'intervalle du jour de l'achat
100 000 francs, le 2'aun lot de 10000 francs, le au jour de la vente il a gagné 57 francs?
3* à un lot de 5 000 francs et les dix suivants à un [G. Bovier-Lapierre.]
lot de 1 000 francs chacun. Les autres numéros ne OCEAME. – Géographie générale, VI. BoR-
reçoivent que le capital de 500 francs. Le rem- NES LONGITUDES ET LATITUDES SUPERFICIE ET PO-
boursement, commencé en 1877, ne se terminera PULATION. L'Océanie tire son nom du Grand
océan, qui enveloppe de toutes parts cette cin-
qu'en 19'9. En raison des chances q.ue ces obliga-
quième partie du monde, excepté à l'ouest, où elle
tions offrent d'amener un lot, leur prix s'est assez
est baignée par la mer des Indes. Son nom a
vite élevé au-dessus du pair, e'eat-a-dire du capi-
tal de 500 francs. souvent varié. On l'a appelée Inde du Sud, Po-
Valeur d'une obligation à un moment donné. lynésie, Nouvelle-Hollande. Le premier de ces
La valeur d'une obligation à un moment donné ne noms correspond aux lies du nord-ouest, voisi-
dépend pas seulement de l'intérêt qui lui est nes de l'Indo-Chine, et qui furent reconnues
attribué, mais encore des chances qu'elle a de longtemps avant les autres, à l'époque de la décou-
verte de la route maritime de l'Inde. Le second est
sortir au prochain tirage et d'apporter ainsi à son
réservé aux innombrables Des et ilôts semés dans
jnopriét.iire un capital supérieur à celui qui cor-
les mers du Sud. Le troisième ne désigne plus
respond à l'intérêt. Envisagée à ce point de vue, la
que le vaste continent appelé plus généralement
valeur de l'obligation exigerait pour être déterminée
Australie, nom qui est encore donné à l'ensemble
des calculs de probabilités tout à fait semblables
à ceux qui se rapportentaux Assurances sur la vie,
de ce monde d'!les disséminées dans le Pacifique
ce qui est complètement en dehors du cadre où austral.
nous devons nousrenfermerici.Dans les problèmes Les limites ont varié comme le nom. La plu-
part des géographes groupent sous le nom d'O-
que les obligations peuvent fournir à l'enseigne-
ment primaire, elles doivent être regardées sim-c~anie toutes les Iles du Pacifique répandues entre
plement comme un capital ordinaire d'une valeur l'Indo-Chine et la Chine à l'O., le Mexique et l'A-
variable, analogue aux rentes sur l'Etat et produi-
mérique du Sud
l'E. d'autres en distinguent
les lles du nord-ouest, situées entre le détroit de
sant un certain intérêt ces questions ne sont plus
Malacca et la mer de Chine d'une part, la mer
atorsquedesproblèmes d'intérêt. En voici quelques
exemples: Arafoura (c'est-à-diredes Alfourous) de l'autre, et,
1" Ph&BLÈME.-On achète des obligations Ouest sous le nom d'Australasie, les rattachent à l'Asie,
au cours de 384 /<'<MM; à quel taux place-t-on dont elles semblent le prolongement méridional.
son argent? Les plus occidentales se rapprochent en effet de
Une somme de 384 francs rapportant 15 francs, ce continent par leur flore et leur faune, ainsi que
par leur population. Nous suivrons l'usage qui en La partie N.-O. forme l'État indépendant d'Atchin.
fait une partie de l'Océanie. La population est d'environ 2 millions d'âmes
Dans ces limites l'Océanie s'étend sur 158 degrés elle se compose de Malais, de Chinois, d'Arabes
de longitude et sur 81 de latitude. Elle couvreen et d'un petit nombre d'Européens. Les principales
effet de ses innombrables archipels et îles l'im- villes sont Palembang, 40 000 hab.; Padang,
mense étendue de mer qui sépare l'Asie de 30000; Bencoulen.
l'Amérique, depuis 93° long. E. jusqu'à 111° long. 2° JAVA et MADCRA. L'Ile de Java, avec Madura
0., depuis 25° lat. N. jusqu'à 56" lat. S. Elle ap- qui en est une dépendance, est séparée de Su-
partient à la fois aux hémisphères oriental et occi- matra par le détroit de la Sonde, de Bornéo par
dental, boréal et austral. La plupart de ses îles et la mer qui porte son nom. Elle est, comme Su-
archipels sont situés au centre de ce dernier matra, traversée par une chaîne de volcans, la
hémisphère, qui présente la plus grande masse plupart en activité, dont le plus élevé, le Sémirolt
d'eau et où les terres ne figurent que pour un (3 800 m.), dépasse les plus hauts sommets des
dixième. Sa superficie est de 10 9ni 000 kilomètres Pyrénées et atteint presque ceux des Alpes, Les
carrés, sa population est de 35 millions d'habitants, flancs de la chaîne sont couverts de vastes forêts
dont 30 millions et demi pour l'Australasie, qui de tek. Au pied s'épanouit une végétation exubé-
n'en forme que la cinquième partie. rante. Chauffée par le soleil des tropiques, mais
GRANDES DivtsioNs. L'Océanie se divise en moins près de l'Équateur que Sumatra, Java tient
les produits
quatre parties 1° l'Australasie, appelée encore le premier rang pour orientalesdenéerlandaises. son sol parmi
Malaisie, du nom de la race dominante, au N.-O. les colonies des Indes
~°I'~MS~a/!eouNoM!)~j?oHaMde,avec ses dé- Elle ne le cède qu'au Brésil pour la production du
pendances au 8.-0.; 3° la Mélanésie au S.-E., café (60000 tonnes par an). La canne à sucre
longue chaîne d'archipels et d'iles, la plupart ()ZOOOO tonnes), le tabac (90000 tonnes), le thé
grandes, élevées et volcaniques, commençant sous () 000 tonnes) et le riz, qui y occupe les trois
l'Équateur, à l'E. des Moluques avec la Nouvelle- quarts des terres en culture, constituent avec le
Guinée, et se prolongeant au delà de la Nouvelle- café la grande richesse commerciale de cette île,
Zélande jusqu'à 56° lat. S.; 4° la Polynésie et la dont la Hollande, qui en a monopolisé les produits,
Micronésie, à l'E. et au N. innombrables groupes tire d'énormes revenus. « Java est une usine, les
d'îles la plupart petites, basses et de formation Malais et les 250 000 Chinois en sont les ouvriers,
corallienne, essaimés au loin sur le Pacifique, dans les 29000 Européens les contre-maltres, le gou-
la direction de l'Amérique centrale et méridionale, vernement hollandais le patron qui organise, sur-
commençant à l'E. des Philippines, aux Mariannes, veille, tyrannise avec sagesse et s'enrichit. n
et s'éparpillant des deux côtés de l'Équateur, (0. Reclus.) Aussi, bien qu'elle n'ait que 134601
jusqu'au sud du tropique du Capricorne. kil. carrés, le tiers de la superficiede Sumatra, est-
L AUSTRALASIE ou MALAISIE. Elle s'étend du elle près de 10 fois plus peuplée 18 M6000 hab.
30"Iat.N.autO°lat.S.,dn9t°aul3~°)ong.E. (Malais, Chinois, Arabes, Hindous. Européens).
Les lies dont elle se compose, disséminées sur Batavia en est le chef-lieu et la résidence du gou-
cette vaste étendue de mer, entre l'océan Indien verneur générâtdes Indes orientales ncertandaisf's,
€tle Pacifique, entre l'Asie et l'Australie, semblent 99000 hab. Les autres villes les plus importantes
des fragments d'une masse de terre qui faisait sont Sourabaya, 90000 hab., Samarang, situées,
communiquer ces deux continents. Toutefois, comme la capitale, sur la cote septentrionale.
quoique situées sous les mêmes latitudes, aux 260 kil. de chemins de fer.
deux cotés de l'Équateur, elles forment deux 3° BALI, à l'E. de Java, dont elle est séparée 1 ar
groupes distincts séparés par un détroit profond, un détroit peu large, est la plus orientale des îles
le détroit de Lombok, entre Ille de ce nom et du groupe indo-chinois chef-lieu, Karangassim.
Bali à l'O. le groupe indo-chinois, àl'E. le groupe 4° BORNÉO, la plus grande île du monde après
australien. « Au groupe de l'ouest, une civilisation la Nouvelle-Guinée 748 000 kil. carrés.plus grande
et des religions venues de l'Asie, des forêts exu- que la France de près d'un tiers, avec 2 millions
bérantes, rappelant l'Inde et l'Indo-Chine, l'élé- et demi d'habitants (Malais paiens ou Musulmans,
phant, le rhinocéros, le tigre royal, les bêtes à Chinois). Elle est séparée de Java au S. par la mer
cornes, les grands animaux sauvages, les singes de la Sonde, des Célèbes à l'E. par le détroit de
de l'Asie et du Vieux Monde. Au groupe de l'est, Macassar, des Philippines au N. par la mer de
rien de l'ancien continent, ni bêtes énormes, ni Mindoro la chaîne des îles Soulous et la longue
félins, ni singes des eucalyptus, des acacias, le île Palawan la joignentpresqu'à ce groupe. Bornéo
kangourou. la flore et la faune de l'Australie. » fait partie des Indes néerlandaises,mais elle n'est
'0. Reclus.) colonisée que sur les côtes l'intérieur est encore
L'archipel indo-chinois comprend les grandes inconnu. La partie nord-ouest forme le royaume
lies de la Sonde, c'est à-direSumatraet Java, Bali, indépendantdeBornéo, borné à t'E. par une longue
Bornéo et les Philippines. Les petites îles de la chaine dont le point culminant, à l'extrémité sep-
Sonde, Célèbes et les Moluques composent l'ar- tentrionale, le Kini-Belou, s'élève à 4000 mètres.
chipel australien. Près de cette côte se trouve l'île anglaise de LA-
Archipel indo-chinois. t°SuMATRA, la plus occi- BOUAN. Le nord-est fait partie du royaume de
dentale, longe la presqu'île de Malacca, dont elle Soulou, ainsi que les îles de ce nom qui relèvent
est séparée par le détroit de ce nom. Elle est en- nominalement de l'Espagne.
tourée d'une ceinture de petites Des BALI, NIAS, Bornéo est, comme Sumatra, coupée par l'Equa-
PAGAI, ENGANO, au S.-O., BILLITON, BANCA, riches teur, sa végétation se rapproche de celle de Java.
~n étain, LINGIN et un groupe d'îlots dans le détroit, Comme ces Îles, elle est couverte de forêts riches
au N.-E. C'est une grande !)e de 424 000 kit. en bois de luxe, d'ébénisterie et de teinture. On
carrés, traversée dans sa longueur par une chaîne y trouve aussi de la houille, des métaux et miné-
volcanique dont un des pics, le Gounong d'/H~'a- raux précieux, tels que l'or et le diamant, des
pour, dépasse 4 000 mètres. L'Équateur la coupe à gîtes d'antimoine. B<Ma!/M'nM! Ponitana
peu près par le milieu. Les Hollandais en possèdent et Sam&at, sur la cote S. et S.-O., sont les prin-
les trois quarts, et en tirent en abondance les cipaux établissements hollandais.
produits qui alimentent leur commerce colonial 5° PHILIPPINES. L'Archipel espagnol des Phi-
l'uloes, le camph<6, le piment, surtout le poivre lippines, au N. de Bornéo, s'étend du 5° au I.S"
noir, la principale richesse de l'ile. qui fournit lat. N. Les îles dont il se compose sont, comme
près de la moitié de la production totale du globe celles de la Sonde, volcaniques et d'une grande
des métaux précieux, tels que l'or et le diamant. fertilité. Leurs richesses, moins bien exploitées
que celles des colonies hollandaises, consistent Cette dernière, située en face de la colonie de
en bois de construction (tek), sucre de canne, Victoria, en est séparée par le détroit de Bass
café, et surtout en tabac. Leur superficie est de large de 240 kil., et semé d'Iles (KINGS, FLINDERS,
291000 kil. carrés, avec une population de 6163 000 FOURNEAUX et BARREN). Plus grande que la Hol-
hab. (Malais, Alfburous ou Haraforas, Tagales, lande et la Belgique réunies (67 894 kil. carres),
Négritos, Chinois). La plus septentrionale, Luçot) elle ne compte encore que 105 000 habitants mi.
ou MANILLE, n'est séparée do l'De chinoise de For- gré la douceur de son climat dans la zone tem-
mose que de 1° 20'. Ses principales villes sont pérée du sud (entre le 40° et le 42°) et sa luxu-
JtfaM:Mc, 160003 hab., résidence du gouverneur, riante végétation. Devenue en 18)3 colonie an-
et Sual, sur la cote occidentale. MINDANAO. la glaise, elle fut jusqu'en 1853 un lieu de déportation.
plus méridionale, touche au S.-O. aux Îles Sou- Elle changea alors son nom de Van Diémen et
lou Zamboanga et Se/ana'a sont les plus impor- prit celui de r<M'na?t!e (d'Abel Jansen Tasman,
tants établissements. Les autres îles de cet qui la découvrit au milieu du xvn* siècle). La po,
archipel sont MINDORO,PALAWAN,PANAY,NEGROS, pulation indigène avait alors entièrementdisparu,
ZÉBU, LEYTE et SAMAR. détruite par « la chasse aux noirs », à laquelle s&
Archipel Australien. 1° PETITES ILES DE LA livraient les convicts; ses derniers débris, réduits
SONDE. Elles sont' séparées des grandes par le en )!i35 à 200 individus, s'étaient éteints) sous te
détroit de Lombok et s'étendent parallèlement à climat trop rude de 111e Ftinders où on les avait
l'Equateur au N. et au S. du 10° fat. S., entre le déportés. La Tasmanie a pour chef-lieu ~oAcrt-
112° ft le 125° long. E. LoMBOK, !le volcanique de yom?:, à l'embouchure du Dervent, 20000 hab.,
5 500 kil. carrés chef-lieu Matasam. ScuBAWA, et pour villes principales J'.aMHCM<o~et George-
près de trois fois plus grande que la précédente town, stations pour les baleiniers de la mer du Sud.
(t5 620 kil. carrés), couverte, comme elle, de vol- III. MËMNÉSJE. – A l'E. de l'Australasie s'é-
cans dont l'un, le 7tmAoro, est célèbre par la ter- tend autour du continent australien une double
ribie éruption de 18t5; chef-lieu Bima. SuatiA chaîne d'archipels et d'îles, l'une intérieure,
ou SA~DELBoscH (forêt de sandal), 2200 kil. car- l'autre extérieure. La première commence à l'E.,
rés. FLORES, 20 000 kil. carrés, séparée de la des Moluques avec la Nouvelle-Guinée et se ter-!
précédentepar la petite ile de KoMO'DO. – TtMOR, mine au S. de la Nouvelle-Zélande. Les iles de~
la plus orientale et la plu~ grande du groupe, ce groupe, généralement grandes, sont situées!
30 000 kil. carrés, plus grande que la Belgique dans l'hémisphèredu sud et forment, avec le con-!
j environ 1 500 000 hab. (Malais, Chinois, Papouas). tinent australien,la Mélanésie. La seconde envc-
Ile volcanique, riche en bois de sandal. Elle eat loppe la précédente, commence à l'E. des Philip-
parta~E entre les Hollandais et les Portugais. La
partie occidentale et la plus considérable appar-
pines avec les Mariannes et s'infléchit vers
S.-E., en coupant l'Equateur, puis se prolonge e
le
tient aux premiers dont la domination ou la suze- dans la direction de l'Amérique du sud. Les lies '·'
raineté s'étend sur tout l'Archipel. Chef-lieu qui composent ce groupe, à la différence des pre-
XoupaTtfjr. La partie orientale ou portugaise a pour mières, sont toutes de très petite dimension, les '·
cheHl(~ Dilli. A cette !le se rattachent au N. unes élevées et volcaniques, les autres basses et
SoLOX, OMBAY, WETTA; au S. SAVA et ROTTI. de formation corallienne, lentement bAties sur
2° CÉLÈBES, au N. du groupe précédent, sépa- des plateaux sous-marins n'ayant pas plus de 50
rée de Bornéo par le détroit de Macassar et des mètres de profondeur par d'innombrables insectes
Philippines par un bras de mer auquel elle donne madréporiques. Presque tous ces archipels, situés
son nom. C'est une De de 205000 kil. carrés. au S. de l'Equateur, ont reçu le nom d'iles des
grande comme 30 départements français. Elle est mers du Sud. Ils forment la Po]ynésie et la Micro-
traversée par l'Equateur et bizarrement découpée nésie. On trouve en outra un certain nombre d'îles
sur la mer desMoluques en quatre presqu'îles à tra- et de groupes d'iles tout à fait isolés, tels que les~
vers lesquelles une chalne volcaniqueallonge ses iles Sandwich ou Hawai.
rameaux. Les Hollandais occupent environ la Les indigènes du premier groupe appartiennent
moitié de la superficie de Die, avec 330 000 hab. à la race des Papouas ou Nègres océaniens, au
(Bougis, Malais,Chinois,Arabes, Hollandais) .Leurs teint d'un brun noirâtre, aux cheveux noirs, cré-
principaux établissements sont au N. Menado, au pus et rudes, au visage plat, au nez proéminent.
S. Macassar ou Vlaardingen. A Célèbes se Dans l'échelle des êtres humains ils occupent
rattachent au N. les îles SIAO et SANGUIR, à l'E. l'un des degrés les plus bas. Toutefois les nègres~
les Iles Xnu.A, au S. les îles BOUTON et MOUNA. des lies occidentales sont moins sauvages que
3' MoujQUES. – On les appelle encore ILES AUX ceux du continent dont on les a distingués sous~
EpicEs, de leur principal produit; entre Célèbes, le nom de Mélanésiens. Leurs voisins de l'est
les Philippines et la Nouvelle-Guinée. Elles se et du nord, les Polynésiens et t<s .itft'ero~t'eTM,
composent de trois grandes Des; GILOLO, CERAM, répandus sur l'immense étendue du Pacinque,
BouMU, et de plusieurs petites MORTY, TERNATE, depuis la Nouvelle-Zélande jusqu'aux îles San-
TIDOR, BATCHIAN, ÛBY, AMBOINE, etc. Gilolo, la dwich, sont moins rebelles à la civilisation. Leur
plus grande, est coupée par l'Equateur et traver- couleur plus claire, leurs mœurs et leur langage
sée par une chalne volcanique. Elle a 26 000 kil. les rapprochent des Malais et des Hindous. Un
carrés. Ses côtes, découpées comme celles de Cé- grand nombre ont adopté le catholicisme ou le
lèbes en 4 presqu'îles ouvertes sur la mer des protestantisme. « Cependant ils s'adonnent en-
Moluques, sont bordées de récifs de corail. Am- core ça et ta a l'anthropophagie avec ses conséquen-
boine, dans l'ile de ce nom, est ie chef-lieu de ces guerres civiles, massacres, razzias, engrais-
l'Archipel et la résidence du gouverneur hollan- sement d'esclaves, et tous pratiquent le tatouage.
dais. (0. Reclus.)
4° L'Archipel de BANDA, au S. du précédent, Quoique situées dansla zone torride, aux antipo-
se compose de 4 lies couvertes de plantations de des de l'Afrique tropicale, ces Hes jouissent d~in
muscade. La principale est TiMOR-LACT. Au climat plus doux que celui de l'ancien monde-
N.-E. sont les Des AnRou. sous les mêmes latitudes la chaleur y est tem-
II. AUSTRALIE et ses dépendances. Nous pérée par le voisinage de la mer, et eties ressen-
avons décrit ailleurs l'Australie A ce conti- tent l'influence des vents atizés qui soufflent régu-
nent se rattachent plusieurs lies mélanésiennes, lièrement toute l'année. On y trouve le cocotier,
telles que MELLEVILLE et BATHUMT au N.-O., le sagoutier, l'arbre à pain, l'igname, de magnifi-
MtDDLETON,LORD HowE et NoRFOLK à l'E. l'île des
ques forêts peuplées par d'innombrables espèces
XANeotROTS et la grande De de TASMANIE au S. d'oiseaux.
des lacs Hawea et tVan~s. Située dans la zone
île, la plus grande des
)' NonvELLE-GniNËE. – Cette tempérée australe, la Nouvelle-Zélande jouit d'un
du nom de ten
du monde, appelée encore PApouASiE du doux et salubre son sol, bien arrosé et
la race qui l'habite, s'étend du N.-O. au S.-E., climat d'uu grande fertilité, est propre à toutes les cul-
d'une
entre le128° et le 150" long. orientale, sur une des arbres gigan-
longueur de 2225 kil. Au N.-O., elle touche pres- tures européennes. On y trouve
tur
S.-E elle atteint 11° latit. tes aM~h'a~,
tesques, tels que le Damara résine dont de 58 mè-
que à l'Equateur, au tres de haut, fournissant une l'expor-
australe. Bétrécie ses deux extrémités, elle pré- tre
tation atteint quelquefois i million 1/2 de francs.
sente au centre une grande masse
de terre tat
En 1859, on y a découvert d'importants gisements
d'une largeur de 625 kil. La côte occidentale est aurifères. Mais une de ses principales richesses
profondément creusée par le golfe de Geelvink consiste dans les laines de ses 6 millions de mou-
au;
jusqu'au cap d'Urville. Au S., elle est séparée de co)
l'Australie par le détroit de Torré~large de 225 tor tons.
Déclarée colonie anglaise en 1840, la Nouvelle-
kil., et embarrassé de récifs de corail qui en ren- 1
L'intérieur est Zé Zélande n'a cessé depuis de prospérer. Elle avait,
dent la navigation dangereuse. kil. de chemins de fer. Un service
peu connu. La souveraineté de la Hollande est ré) en 1876. 1155
régulier de paquebots la met en communication
toute nominale et N.-O.ne s'étend que sur quelques Sydney et San Francisco lignes d'Auckland a.
districts de la côte avec
2° Au N. de la Nouvelle-Guinée, de rn l'O. à l'E. J
)'p
Sydney
by et à San Francisco par Honoloulou). La
les ties de l'AMiKAUTË, le NouVEAD-HANOYM,
la' popopulation est de 414000 hab., non compris les
NOUVELLE-IRLANDEou TOMBARA, la NnUVELLE-BRE- M: Maoris, peuple indigène, de race polynésienne,
la Nouvelle-Gui- co converti par les missionnaires anglicans, et dont
TAGNE ou îles BIRARA, séparée de restait plus, en ISt), que 3'! 000 individus.
née par le détroit de Dampierre.Nouvelle-Guinée, il ne1876 la colonie a été divisée en 63 comtés, y
3" A l'extrémité orientale de la En
Er
compris l'ile STEWART, son appendice méridional
l'Archipel peu connu de la IjOUlsiADE, habité par co
des Papouas anthropophages. qui en est
qu séparé par le détroit de Foveaux. Les
4° Plus à l'E., séparé de l'Australieparla mer de vil villes principales sont dans l'ile du N. W<
Corail, et entouré d'écueils madréporiques l'Ar- HHohM, Cook. ? siège du parlement colonial, sur le dé-
10500 hab.. avec son port Nichol-
chipel des îles SALOMON ouNoBVELLE-GEORGiE.du tr! troit de
12° au 15° lat. S.; les principales sont BoL'GAiN- M son; Auckland, principale ville de commerce,
21 600 hab.; dans l'ile du S. Dunedin,18600 hab.
CHOISEUL, ISABELLE, la plus grande du 21
VILLE
avec un volcan de L~ CA)'<e/iUt-c/t, 17 000 hab., Nelson, & 800 hab., port
groupe MALAYTA, Gi;ADALCANARLes îles de SAINTE- su sur la côte septentrionale,Port Lt/M~o?: sur la
3200 m. SAiNi-CHRISTOVAL. cota orientale. A l'E. de la Nouvelle-Zélande,
Cnoix, dont la plus grande est NITENDI. C'est bn- sur cû
l'Angleterre possède les îles BROUGHTON (Chatham,
les écueils de l'une d'elles, VANICORO, que se Pi Cornwallis), l'ile BOUNTY, l'ilo des ANTIPO-
Pitt,
tërent les deux vaisseaux de Lapérouse.
5" L'Archipel des NouvELLEs-HËBRiBES ou des DES; au S. lestles AUCKLAND, CAMPBELL, MACQUARtE
DE
Ex. <A et et fig. 4, sont les traces de deux traces horizontales ah et <~ des rayons lumi-
t1f, 6g. 3
deux droites quelconques de l'espace. neux et on les a réunies par une droite en ayant
Soit donc un point matériel aa' (6g. 5), dont on soin de s'arrêter à la ligne de terre pour remonter
vers la trace verticale Ce.
Voici d'autres positions d'une droite
L'ombre portée par une droite verticale est une
ligne à 45' sur le plan horizontal et une perpen-
diculaire à la ligne de terre sur le plan vertical.
Ex. fig. 10.
L'ombre portée par une perpendiculaire au plan
vertical est une ligne à 45' sur le plan vertical et
Soient une source de lumière et un corps pre visible en projection, parce que la face d'a-
S
opaqueA(6g.13). vant, qui est seule vue en projection verticale, et
Les rayons lumineux qui partent de S enve- la face supérieure, qui est seule vue en projection
loppent le corps opaque en formant un cône qui horizontale, sont éclairées. Quant à l'ombre portée,
trase ce corps opaque suivant une courbe appelée on sait d'avance qu'elle se composera d'un carré
la ligne de séparation d'ombre et de lumière, ou c&tC~t égal à la face abcd, et de deuxlignes a 45°,
simptement la ligne d'ombre propre, de manière A&t et <Mtt qui sont les ombres des deux arêtes
que toute la surface du corps située à gauche de verticales b, o'&" et a,a'a".
la courbe est éclairée, et que toute la surface située Rapprochons maintenant le même cube du plan
à droite est dans l'ombre.
Soit un plan P situé à droite du corps opaque.
Les rayons lumineux, après avoir touché le
corps, viennent rencontrer ce plan et y forment
une courbe appelée la ligne d ombre portée, de
manière que toute la surface comprise dans cette
courbe est dans l'ombre et que toute la partie du
plan située hors de la courbe est éclairée.
Supposons que la source lumineuse s'éloi~aa à
l'infini le c6ne lumineux précédent devient un
cylindre qui enveloppe également le corps et y
détermine une ligne d'ombre propre, différente de
la première; il donne aussi, sur le plan P, une
courbe d'ombre portée, plus petite que la pre-
mière. Dans le premier cas, on a une ombre au
/!t)MteaM sur le plan P, et dans te second, une
ombre au soleil.
A la rigueur, on pourrait dire que le soleil, qui
n'est pas à une distance Infiniedes corps, produit
un cône d'ombre au lieu d'un cylindre; mais l'er-
est convenu d'admet-
reur est insensible et l'onparattètes.
tre que ses rayons sont C'est l'om-
bre au soleil qui est presque exclusivement em-
ployée dans le dessin géométrique.
Dans l'un et l'autre cas, on peut, dès mainte-
nant, indiquer une méthode génura)e pour trouver
les ombres propre et portée d'un corps de forme vertical de manière à avoir de l'ombre sur les deux
quelconque on fait passer des plans par la
source lumineuse, ou parallèlement aux rayons
plans de projection (Sg 15).
Nous construisons le contour précèdent t~c,
lumineux, plans qui coupent le corps A et le plan comme si le plan vertical nexistait pas, puis
P on mène à chaque courbe d'intersection des nous relevons t'ombre a partir de la ligne de
terre pour venir passer par les traces verticales
tangentes paraHèles aux rayons lumineux, que
l'on prolonge jusqu'au plan P. Les points de con- (f- et c't des rayons lumineux. Une partie de l'om-
tact de ces tangentes forment la ligne d'ombre bre est cachée par le cube lui-même.
Si nous plaçons le cube contre le plan ~erti- Faisons
Faiso passer un rayon lumineux par le som-
cal fng. 16), nous obtenons le triangle rectangle met de
d< la pyramide et déterminons ses traces
isocete &&,& pour le contour de l'ombre portée. M et joignons ensuite d sh et /tSA. Nous voyons
s"
Enfin, si nous plaçons le cube à une hauteur
suffisante pour avoir l'ombre tout entière sur le
F!g.!0. Fig.3).
IM deux génératrices verticales c,c'e" et <f,d'd", portée, et leur intersection
précisément le
et suivant la demi-circonférence cbd. Les deux rayon lumineux passant par leestsommet du cône.,
génératrices en question sont les lignes de sépa- Soit maintenant un cône a ~5° situé sur le plan
ration d'ombre et de lumière elles déterminent horizontal (fig. 22).
l'ombre propre du cylindre. La rayon lumineux passant par le som met a sa
Pour trouver l'ombre portée, il suffit de se rap- trace horizontale Si l'on mène, de ce point,
peler que la base supérieure du cylindre porte deux tangentes àenlaM.base du cône,
ombre, sur le plan horizontat, suivant un cercle on obtient
égal, dont le centre est en Ot, et sur le plan verti-
cal, suivant une ellipse qu'il est facile de déter-
miner par points on au moyen de deux diamètres
conjugués, qui sont les ombres portées par deux
diamètres perpendiculaires de la base supérieure
du cylindre.
Ainsi, la génératrice ec'c" porte ombre suivant
la ligne ce, à 45" l'arc horizontal projeté en ce
porte ombre suivant un arc égal et parallèle
l'arc projeté en ebd porte ombre suivant c~ l'arc
d'ellipse e, &< la génératrice <M'd" porte om-
bre suivant la ligne brisée d/*e!'t.
&" OM&fMd'M'icdne.
Considérons successivement des cônes droits a
:2" 1/ï, à 45° et 6?° )/2, c'est-à-dire des cônes
dont les génératrices font des angles de t/4, 1/2 et
S/4 d'angle droit avec l'axe.
Soit un cône à 32* 1/2 situé sur le plan horizon-
tal (6g. 2<). Fig. 22. Fif~.M.
Menons un rayon lumineux par le sommet du l'ombre portée suivant le contour cs~ 6 l'ombre
cône; déterminons ses traces et par le propre est comprise entre tes génératrices sb et
point sh, menons deux tangentes à la base du cône se, et l'on voit que cette ombre propre est entière-
et traçons les génératrices ~c', et srl, s'd' ment invisible en élévation.
nous avons immédiatement l'ombre propre et Soit enfin un cône à 6T 1/2 (ag. 23).
l'ombre portée du cône. La première est limitée Si l'on mène un rayon lumineux par !e sommet
par les deux génératrices en question, dont une du cône, it se trouve tout entier dans l'intérieur
seule est visible en élévation; la seconde se di- du cône, de sorte qu'on ne peut pas mener do
tangente par la trace horizontale <t, ce qui prouveL,T); le cercle de contact se projette suivant
que le cône n'a ni ombre propre ni ombre portée. la droite a;t'A)',pprpendicu).iireàs'jO').Laprojec-
tion horizontale de ce cercle est l'ellipse a c <'
e°0m&r~de/<p~~e.. c'est la ligne de séparation d'ombre et de lumière
Soit une sphère oo' reposant sur le plan hori-sur le plan horizental.
zonta!(Sg.S4). En opérant sur le plan vertical comme sur la
Cette sphère est Inscrite dans un cylindreplan horizontal, on obtiendra une ellipse identi-
que à la précédente.
j* L'ombre portée sur le plan horizontal est la
trace, sur ce plan, du cylindre circonscrit à la
sphère c'est une ellipse dont le petit axe esi,
égal au diamètre! de la sphère, et dont le grand
axe est mn == m'jm;
Du ressauf des ombres.
Nous allons terminer cette étude par une ap-
Fig. 26.
plication fréquente de, ombres, principalement
dans les dessins d'architecture.
Lorsqu'un corps porte ombre sur plusieurs
plans parallèles. ou plus généralement encore sur
plusieurs surfaces, cylindres, cônes, etc., placées
les unes devant les autres, l'ombre passe de l'une
à l'autre de ces surfaces en se rapprochant ou en
s'éloignant du corps qui porte ombre et en chan-
geant de forme suivant la nature des surfaces.
Ces mouvements constituentce que l'on nomme
le ressaut des ombres. On dit que l'ombre res-
sauto d'un corps sur un autre.
Soient, par exemple, ab, a'&' les projections de
l'arête horizontale d'un larmier, et une série de
plans verticaux indiqués en projection horizontale
(fig. 25'.
L'ombre de l'arête est une ligne horizontale sur
chacun de ces plans verticaux, parallèles et éche- mettre ce rapprochement si désirabte de l'objet du
tonnés lorsqu'ils s'éloignent de t",2'°,3", t'ombre côté de la lentittej; tout en nous le faisant voir ou
descend ou ressaute de )'°,2'3"; lorsqu'ils se plutôt en plaçant son image à la distance de la
rapprochent, an contraire, t'ombre s'élève; donc la vision distincte.
ligne brisée en projection horizontale, prise à Les deux conditions voulues pour une vision
partir de ah, se reproduit exactement en projec- nette sont donc ainsi réalisées clarté suffisante,
tion verticale à partir de a'b' ponr limiter l'ombre parce que l'objet est très voisin de t'œit, et en
il suffit de faire un calque. même temps transport de son image à 25 ou 30
Il faut ajouter à cette ombre portée par l'arête centimètres, afin que celle-ci puisse se former avec
du larmier l'ombre de chaque plan vertical sur netteté sur le réseau rétinien.
celui qui vient après et qui est situé en arrière. En somme, l'effet produit par l'interposition
Ainsi l'arête verticale ccle" du premier plan porte de la loupe, représente pour nous comme un
ombre sur le second suivant la verticale CtCjC"t. grossissement de l'objet. Aussi dit-on habituelle-
Soit encore proposé de trouver l'ombre portée ment, pour rendre 1 impression produite telle
par l'arête horizontale d'un larmier sur une série loupe grossit trois fois en diamètre. telle autre
de moulures verticales, dont la forme est indiquée cinq fois. La figure 1 nous permettra d'expliquer
en projection horizontale (fig. 26). simplement, par la marche des rayons lumineux
En raisonnantcomme dans l'exemple précédent, dans le verre convergent, l'effet signaié. La len-
on voit que, pour avoir l'ombre portée par l'arête tille M est d'un court foyer, un centimètre par
ah, a'&' sur la série des moulures, il suffit de exemple; l'objet de petite dimension ab est placé
décalquer, à partir de ab, le profil donné en pro- entre le foyer principal de la lentille et la len-
jection horizontale et de le reporter sur le plan tille elfe-même il se trouve donc, en réafité, à
vertical, à partir de a'b'. Il faut ajouter, en outre. un très petit nombre de millimètres de distance de
les ombres portées par les moulures les unes sur FœilK.SHa lentille n'existait pas, il est bien clair
les autres en se servant de rayons à 45* menés que cet objet ab (dont nous exagérons volontaire-
tangentiellement à chaque moulure sur le plan ment ici tes dimensions pour rendre la figure in-
horizontal. telligible), placé trop près de la pupille, ne nous
On obtiendrait de la même manière l'ombre donnerait de lui-même qu'une image confuse.
portée par une ligne verticale sur des moulures Mais, grâce à la loupe, les rayons tels que a M
horizontales. [A. Bougueret.] qu'il envoie sont déviés de leur direction lorsqu'ils
OPTIQUE (Instruments d'). Physique, XXXII. passent de l'air dans un milieu plus réfringent, le
Les instruments d'optique sont formés, tantôt verre, ils sont rendus convergents et viennent
par des groupements de lentilles (c!:o;~f:~Me), pénétrer dans l'oeil dans une direction telle que
tantôt par des combinaisons de miroirs et de len- KM, exactement dans les mêmes conditions que
tilles (ca/afhop/ft~ue). Tout ce que nous allons s'ils partaient de A, point de concours de leurs
dire sur la théorie et l'emploi de ces instruments prolongementsrespectifs. L'œil verra donc l'extr é-
suppose donc chez le lecteur une connaissance des mité supérieure du petit objet non point en a,
lois et faits principaux se rapportantà la réQexion où elle se trouve réellement, mais bien en A. Il
et à la réfraction de la lumière. suffira alors de porter, par voie de tâtonnement,la
Nous étudierons d'abord les instruments les lentille à une distance convenable de ab ou d'ef-
plus simples, ceux qui n'exigent que l'emploi fectuer ce que l'on appelle la mise au potM<, pour
d'une seule lentille /uMpc, chambre notre, cham- que KA soit précisément égate à la distance de la
bre claire. Nous passerons ensuite à l'examenvision distincte de l'observateur. La même ex-
des appareils plus complexes 1° résultant de plication se rapporte aux rayons émanés de et
l'assemblage de plusieurs lentilles microscope finalement l'oeil apercevra, à la distance de 25
composé, /Mtte«e<M~'OMomt~M, lunette <?rfM<fC, ou 30 centimètres, l'image du très petit corps ab,
lunette de Galilée 2° obtenus par des combi- situé pourtant très près de sa pupille il verra
naisons de lentilles et de miroirs télescope afc donc ce dernier nettement et de plus il le verra
Newton, de Foucault. amplifié; car AB et ab sont des lignes paral!èles
I. LocpE. – Quand un objet n'a que de très interceptéespar les côtés d'un même angle AOB
nPtitaa otmeMtons,
petites rlimwnainna etAB est plus loin du
1
être tel que les dé- te nom de mégascope ou celui de lanterne ma-
tails de l'objet ne ~!OM<
soient piuspercep- L'a~pftrM~ à projection, si utilisé aujourd'hui
tibles. Pour
"IU.lt: ~~uur obvier dans les cours scientifiques, n'est qu'une variété
à cet inconvénient on a recours un éclairement de la lanterne magique. L'objet ou la photogra-
artificiel de I'objetaétudier(ng.'?). La loupe/à phie dont l'image agrandie doit être projetée sur
un écran est, en effet, placé entre le foyer prin- dite du nouvel appareil est constituée par une
cipal d'une lentille convergente et le double de caisse paraltélipipédique en bois, dont une moitié
M longueur focale; seulement, pour que l'image N est fixe et l'autre M mobile. La paroi postérieure
dont it s'agit, et qui se trouve amplinée par la de la caisse porte un écran en verre dépoli et à
lentille, soit visibledans ses moindres défaits pour coulisse C, sur lequel viendra se peindre l'image
tout un auditoire, on a le soin de concentrer, à des objets extérieurs. Cela dit, le mode d'em-
l'aide d'un miroir concave ou d'une boule de ploi du daguerréotype s'explique de tui-meme.
verre, une masse énorme de lamière sur l'objet On dirige le tube AB vers l'objet à reproduire. Par
en question. La lumière utilisée à cet effet est un mouvement progressif, en avant ou en arrière
fournie soit par une lampe à gaz oxhydrique, soit suivant les cas, de la caisse mobile M, on amène
par une simple lampe à pétrole renfermée dans l'écran à la position voulue derrière la lentille pour
une sorte de lanterne sourde. que l'imagede l'objet s'y reproduiseavecnetteté,et
Dans le troisième MB, alors que l'objet est au on achève enfin la mise au point très exactement
delà du double de la longueur focale, l'image pré- en faisant tourner le bouton V. Il n'y a plus alors
sente une réduction de l'objet, mais sans que, qu'à substituer au verre dépoli l'écran sensibilisé,
pour cela, ce dernier se trouve déformé elle est sur lequel l'image laisse désormais une trace
d'autant plus petite que le corps s'éloigne davan- durable, pour que la reproduction fidèle de l'objet
tage de la lentille. C'est dans l'appareil nommé puisse s'opérer dans de bonnes conditions. Nous
Majore .nn~n
,JI'Hy~A""D notre ~loc
~M <
dessinateurs et dans le
daguerréot,ypeque ce
troisième cas est réa-
lisé.
Toutefois, dans la
chambre noire des
dessinateurs.on n'em-
ploie pas une lentille
véritable, mais bien
un prisme qui est l'é-
quivalent d'une len-
tille. Ce prisme (Hg.
3) a une face anté-
rieure convexe. C'est
par elle que pénètrent
dans le verre les
rayons lumineux émis
par l'objet; puis une
face inférieure con-
cave par laquelle
émergent les mêmes
rayons. En passant de
tapremièrefaceata
,n"rn
seconde, ils trouvent sur teur route "nn surface
une an.f"3l~.Q
plane convenablement inclinée pour s'opposer
à leur sortie et qui fait fonction de miroir plan.
C'est, on le voit, le phénomène de la réflexion
totale de la lumière à la surface de séparation de
deux milieux inégalement réfringent!) qui est ici
utilisé. En tout cas, l'ensemble des deux faces con-
vexe et concave produit sur la lumière le même
effet qu'un ménisque convergent, et une image
réella des objetséteignes vient se peindre en A sur Fi~.4.–Daguerréotype.
un écran disposé pour la recevoir. Qu'on imagine
alors le prisme-lentille avec sa garniture formant n< avons pas insister davantage sur ce point, les
la partie centrale et culminante d'une sorte de détails
( opératoires relatifs à la sensibilisation da
tente dont il figurera comme la cheminée; qu'on 1la plaque, à la durée de la pose, à la fixation de l'i
se représente ensuite le dessinateur assis sous ta )]mage sont donnés a l'article Photographie.
tente et entouré complètement d'un rideau d'étoffe III. CHAMBRE CLAIRE. La chambre claire a la
noire pour faire chambre obscure qu'on le suppose même
m6ma
< destination
ayant devant lui, en A, une table posée sur le sol que
( la chambre
qui lui permette de dessiner commodément l'i- noire mais elle est
1beaucoup plus em-
mage projetée sous ses yeux, et l'on comprendra
ce qu est au juste la chambre noire du dessina- ployée aujourd'hui
teur. L'artiste pourra aisément tracer avec la que cette dernière.
plus parfaite exactitude sur une feuille de pa- Depuis que la pho-
pier les contours du paysage ou du monument tographieaaccom-
vers lesquels il aura dirigé la face convexe du phies grands pro-
prisme. grès que tout le
Le daguerréotype, qui est devenu la chambre monde peut appré-
noire usuelle des photographes, conduit par unnoire ne sert plus
moyen différent à un résultat semblable. Cette fois,
cier, la chambre
c'est une véritable lentille convergente L (fig. 4) pour ainsi dire aux
ou plutôt une lentille double LE, qui est em-
ployée. Elle est placée dans un tube de cuivre
BL que l'on peut faire mouvoir parallèlement à
son axe à l'aide d'un pignon V et d'une crémail-
tère et cela, le long d'un tube fixe A qui s'em-
dessinateurs. Ceux-
ci ont recours, de
nrfiMrencf't'in!)-
préférence,arma-
trumentdeDagu.er-
r.–u~
re. La chambre claire a été conservée pour la topo-
boite dans BL. La chambre noire proprement graphie elle permet, en campagne et sans recou-
rir à une installation gênante, d'effectuer, avec Dans sa plus grande simplicité, te microscope
quelque rigueur, des levers de plan. Le colonel est constitué par une lenHHe convergente 6
du génie Laussedat a perfectionné, dans ces der- (fig. 6), dite oA/<'c<t/ qui
niers temps, ce petit instrument, et en a fort ingé- doit fournir, des tres pe-
nieusement régularisé l'emploi. Nous nous borne- tits objets a à examiner,
rons ici à indiquer le principe de la chambre claire. une image cd réelle ren-
Un prisme quadrangulairede verre, dont la sec- versée et agrandie c'est
tion droite ABCD est représentée dans la fig. 5, di- dire que l'objet sera
rige vers l'œil de l'opérateur, placé au-dessus de la placé entre le foyerprin-
lentille 1 et de l'arête D, les rayons lumineux prove- cipal de la lentille objec-
nant de l'objet à étudier. Ces rayons tombent d'a- tive et le double de la
bord sur la face AB du prisme dans une direction longueur locale. Cette
telle que L; ils subissent deux fois, après avoir image réelle est ensuite
pénétré dans le verre, une réflexion totale, d'abord grossie par une seconde
sur la face BC, puis sur la face CD finalement ils lentille B, par une vraie
arrivent dans 1 œil et lui font percevoir l'image des loupe, dite oculaire, qui
objets comme le ferait un simple miroir convena- la transforme en une
blement disposé. L'œil, placé de façon à ce que sa image virtuelle CD por-
pupille soit divisée en deux parties égales par le tée à la distance de la
vertical qui contient l'arête D, projette ins- vision distincte de l'opé-
.t plan
tinctivement cette image sur une feuille de papier rateur. La lentille & est
blanc posée en E sur une table et éprouve la même désignée sous le nom
impression que si elle y existait réellement. L'opé- d'objectif, parce qu'elle
rateur peut donc avec son crayon en dessiner tous est placée du côté de
les contours. Seulement, la grande difficulté, c'é- l'objet; la lentille B est
tait l'adaptation de l'œil à la fois à la vision d'ob- appelée oculaire parce
jets éloignés, ceux dont l'image est fournie par le qu'elle est tournée vers
prisme, et à la vision nette d'un objet distant de t'œil.Oncomprend.sans
Ho centimètres, à savoir le crayon que manie le qu'il soit nécessaire d'y
dessinateur. On a résolu la difficulté par l'emploi insister, que l'objectif et
d'une lentille 1 convenablement ajustée et que tra- l'oculaire devront être
versent avant d'arriver à l'œlt les seuls rayons portés par des tubes de
venant de l'objet éloigné. Leur point de concours métal s'emboîtant l'un
est ramené par cette lentille au point E, et l'œil dans l'autre, et permet-
peut alors voir en même temps et très distincte- tant de faire varier la
ment l'image qui se projette sur le papier et la distance des deux lentil- Fig. 6. – Microscope com-
pointe du crayon qui y trace des lignes. les. De plus la distance posé.
Les angles dièdres du prisme quadrangulaire du porte-objet a au mi-
employé ont les valeurs suivantes: croscope
croscooe lui-même
lui-même pourra changer au gré de l'o-
A = 90",0 pérateur, afin de réaliser la mise au point et d'ob-
B= 6~,5 tenir le maximum de netteté.
C=:t3;.°.0 Cette simple description et la marche des rayons
D~ 67°,5 lumineux indiquée dans la figure 6 permettent de
v
Ir comprendre tout de suite qu'il se produit ici un
On prouve, à l'aide de considérations géomé- double grossissement de l'objet.
triques très simples, que dans ces conditions, tout En premier lieu, par la lentille b. L'objet étant
rayon incident qui pénètre dans le prisme par la placé entre le foyer principal et le double de la
face AB en émerge par la face AD, en prenant distance principale, on sait (V. Réfracrion) que
finalement une direction exactement perpendicu- le rapport de grandeur de l'image et de l'objet est
laire à sa direction initiale. Ainsi, si le rayon –L–
incident L est horizontal, le rayon émergent qui égal à expression dans laquelle /'représente
P-f
lui correspond est vertical. Les deux réfractions la distance focale principale de l'objectif
que le rayon subit en traversant le prisme se distance de l'objet à l'objectif. Orp étant parphy-
et la
compensent exactement, ettoutsepassefinalement, pothèse < 2 et ~> f; f est nécessairement
au point de vue de la déviation totale, comme si la plus grand que p et par conséquent l'image
lumière avait traversé un milieu à faces parallèles. plus grande l'objet. Elle est d'autant plus
IV. MicRoscopE COMPOSÉ. Quel est le premier est grande que jp a une
que
valeur plus voisine de celle
inventeur du microscope? Cette question de prio- de f. Donc l'objet et par suite le porte-objet a
rité est demeurée fort incertaine. Les uns en attri- seront toujours dans le microscope placés très
buent la découverte à un Hollandais. Zacharie Jan- près de l'objectif, attendu
que la longueur focale
sen, d'autres en tont honneur au naturaliste Leu- de ce dernier est toujours très courte. En se-
wcnhoeck, son compatriote. Ce qu'il y a de positif, cond lieu, l'image réelle cd donne l'objectif
c'est que le microscopecomposé date de la fin du sei- que
zième siècle ou des premières années du dix-sep- se transforme en image virtuelle CD par le fait de
tième. Ce qu'il y a d'incontestable aussi, c'est que, la loupe B; l'on a donc, comme nous l'avons
dans son état premier et à raison des images peu vu plus haut, pour le nouveau grossissement
nettes et par trop irisées sur leurs bords qu'il four- 7/ “,f~ D étant la distance de la vision dis-
CD =
nissait, cet instrumentn'avait au point de vue scien-
tifique qu'une médiocre importance. Euler, le pre- tincte de l'observateur et la longueur focale de
mier, en )769, démontra la possibilité de le rendre l'oculaire.
achromatique, et c'est la réalisation pratique en On a par suite d'une part, par le fait de l'ob-
cd
1916 par Fraunhofer de l'idée d'Euler qui a fait du jectif
microscope un de nos meilleurs instruments de Cf~ y
l'objetp–
recherches. Amici de Modène, Pritchard et Ross en grandeur de
Angleterre, Charles Chevalier, Lerebours, Ober-
h-tuser et Nacbet en France ont ensuite porté l'ins- d'autre part, par le fait de l'oculaire
trument,par des modifications successives, au degré CD on grandeur finale de l'image D
de perfectionque nous lui connaissons aujourd'hui. y
En multipliantces deux égalités membre à mem- tbles, il ne faut guère dépasser un grossissement
bre', cd disparalt comme facteur commun et l'on (de 500 qui correspond en réalité à une étendue
erandeur de Fimase
-––––“ esuperficielle égale à 250,000 fois cette de l'objet.
arrive à ce résultat final grandeur de lobjet ou 1Pour des études d'histoire naturelle dans une
école
E normale primaire, par exemple, des grossis-
grossissement = -–L– sements de )0, 20, 30, 50 fois en diamètre sont
suffisants. Ce qu'il faut demander avant
On en conclut que pour un même microscope toujours microscope, c'est de donner des images
t
tout au
le grossissement dépend à la fois de la distance, 1bien éclairées,
nettes dans leurs contours et nettes
de la vision distincte de celui qui l'emploie et, en aussi quand elles correspondent à des couches
outre, de la distance p de l'objet à la lentille ob- tun peu profondes de l'objet. Cette dernière
a
jective. qua-
1lité constitue le pouvoir <M~?!<<t'<t<toM du micros-
On mesure habituellement ce grossissement
ccope. On n'en parle assez, et c'est elle pour-
par une expérience directe. Sur le porte-objet a ttant qui permet de pas fournir les appréciations les
est posé un micromètre divisé en centièmes de mil- plus sûres sur la forme et la constitution des
timètre. C'est une lame de verre à la surface de Jttrès petits objets l'on
laquelle on a tracé au diamant des traits opaques, que a observer.
à
Les
distants l'un de l'autre d'un centième de milli- n'ttants. En usages du microscope sont des plus impor-
mètre. On met l'œil à l'oculaire la distancemême chimie, ii permet une étude exacte et
une
des traits parait plus grande. Si, pour l'obser- qui quelquefois séparation des cristaux les plus ténus
mêlent et se confondent dans
valeur, elle est par exemple égale à nn milli- q même dépôt, se si de les examiner
mètre, on en conclut que le grossissement a pour un on se contente
à l'oeil nu; ii donne des indications exactes sur la
Il
valeur K~O. Dans le cas qui nous occupe, la me- constitution des liquides animaux
sure du grossissement revient donc ceci déter- c
à sang, urine,
miner en millimètres et fractions de millimètre etc.,
e sur les divers ferments qui interviennent
quelle est la grandeur apparente de l'image vir- ppour modifier les substances organiques. Il est
i.
l'instrument favori du médecin et du naturaliste
tuelle fournie par l'oculaire. JI suffit pour résou-
dre pratiquement ce problème de munir l'ocu- jqui ne peuvent pénétrer sans lui dans la profon-
ddeur des tissus vivants quand il s'agit d'étudierleur
laire d'une petite chambre claire (V. plus haut) constitution normale ou de constater leur altération.
et de projeter l'image grossie du micromètre que c
donne le microscopesur une règle graduée en mil- rIl sert dans l'industriepour reconnaîtreles fraudes
limètres et que l'on a placée juste a la distance de eet aussi pour guider le fabricant qui a souvent
intérêt à estimer avec précision la finesse des
il
la vision distincte. Si l'image de l'intervalle cor llaines, des soies qui lui sont livrées et qui, s'il n'y
respondant à deux divisions consécutives du mi- p
cromètre recouvre exactement un millimètre et âprend garde, peut être victime de mélanges frau-
demi de la règle graduée, ou bien deux millimè- duteux, non reconnaissables à l'oeil nu.
V. LUNETTE ASTMNOMQnE. – L'histoire de l'in-
tres de cette règle, on en conclut que le grossis- vvention de la lunette astronomique est envelop-
sement est, dans le premier cas, de 150 en dia- pée de nuages comme le sont presque toujours
p
mètre et de 200 dans le second. Cette détermina- rles premiers faits qui se rapportent aux gran-
tion, on le voit, est des plus faciles. des découvertes. La légende se mêle infaillible-
Le microscope ramené au degré de simplicité ment, dans ce cas, à la réalité, et il devient bien
que nous venons d'indiquerconstitueraitun mau-
D
d
difficile, à deux cents ans de distance, de saisir
vais instrument les images qu'il fourniraitseraient exactitude la part de vérité qu'il serait inté-
mat dénnies, mal arrêtées leurs bords présente- avec
a
raient des irisations désagréables. Une bonne ob- ressant
r et juste de mettre en évidence. C'est,
irnous dit la légende, le fils d'un fabricant de
servation serait impossible avec un appareil aussi lunettes de Middlebourg qui fut conduit, par un
défeetueui. heureux hasard, à placer des lentilles de verre
On a rendu le microscope achromatique en in- d
dans des positions relatives telles que leur grou-
troduisant,entrel'objectifet l'oculaire,une troisième pement
p constitua la lunette d'approche. Galilée
lentille, dite lentille de champ, qui ramène sur la aurait
a eu connaissance du résultat obtenu en
surface d'un même cône, dont le sommet est à la 1Hollande il se serait aussitôt mis à l'œuvre et il
pupille, les différentes couleurs simples que les n'aurait
D pas tardé à découvrir la lunette qui porte
premières réfractions avaient séparées (V. Lu- sson nom. Elle est formée essentiellement par la
mière, p. 1223). Alors, toutes ces couleurs se combinaisond'une lentille biconvexe servant d'ob
superposant pour l'oeil de l'observateur lui don- j c
jectif avec une lentille biconcaveplacée à une dis
nent la sensation de la lumière blanche; les irisa- ttance convenable de la première et servant d'ocu
tiens disparaissent complètement. laire. Ce qu'on peut affirmer, en tout cas, c'est
II
On est même allé plus loin depuis823 on achro- que dès 1609 le célèbre astronome italien dont
q
matise à la fois l'oculaire et l'objectif. Grâce aux nnous parlons était en possession d'une lunette
travaux persévérants des physiciens et des cens- d'approche
d qu'il venait de construire et à l'aide de
tructeurs que nous avons nommés plus haut, le laquelle
). il put faire dans le ciel de curieuses
microscope est devenu un excellent instrument, oobservations. Le plus fort grossissement qu'il
un appareil de précision qu'on peut M procurer eemploya était égal à 52. Peu après Galilée, Kepler
aujourd'hui à un prix très modéré, rremplaça la lentille biconcave de l'oculaire par
Quand l'objet à étudier est transparent, on l'é- uune lentille biconvexe. Kepler est donc véritable-
claire fortement en dessous, eu dirigeant sur lui la nment le premier auteur de la lunette astronomique
lumière des nuées concentrée par un miroir con- telle que nous la construisons aujourd'hui.
ti
cave quand il est opaque, on l'éclairé par dessus à La lunette astronomique étant destinée, commo
l'aide d'une lentille convergente convenablement sson nom l'indique, à observer de la terre les astres
disposée. On a construit des microscopes dont qqui peuplent le firmament, a par là même sa len
le grossissement dépasse 2,000 en diamètre. C'est tille objective placée à une immense distance de
ti
une folie l'image perd alors en clarté et en net- l'l'objet à observer. L'image réelle de cet olCet
tête ce qu'elle gagne en surface on ne voit viendra
v donc se former en avant de ladite lenttli
plus aucun détail de l'objet d'une façon distincte, et
e tout près de son foyer principal elle sera de'
tout est nuageux, et c'est alors que, l'imagination plus
p renversée et innmment plus petite que l'ob-
aidant, on peut, tout a~ son aise, faire du roman en jet. Si l'on dispose alors, sur le trajet des rayons
j<
histoire naturelle et substituer la fantaisie à la qui
q ont déjà donné naissance a l'image aérienne,
réalité. Pour se placer dans des conditions favora- uun oculaire convergent, de telle façon que l'image
réelle en question se trouve placée entre le foyer cette même circonférence de rayonaurait pour
principal de la lentille oculaire et cette lentiHe expression F étant la longueur focale de l'ob-
elle-même, l'image de l'astre sera vue en réalité
à travers une loupe, elle sera par suite amplifiée,
conservera sa situation première, renversée comme jectif. Donc le rapport –– ou le grossissement
elle l'était d'abord, et l'image virtuelle que don- °–
nera cet oculaire pourra sans peine être portée à sera représenté par divise par-p, c'est-à-dire
la distance de la vision
iau~aucuueittvj v:
distincte de l'observateur. – F
La figure 7 par On
indique la voit donc
marche des que le gros-
rayons lu- sissement
mineux.Ces de la lunet-
rayons émis te astrono-
parles diao- mique sera
rents points d'autantplus
de l'objet fortquel'ob-
AB que nous jectif sera
supposons à plus long
située une foyer et t'ocu
très grande laire à plus
distance,
t,o,.no"r
traversent
l'objectif et vont former en ba une image réelle et j Ni la lunette
vv.J
court foyer
de Galilée, ni celle de Kepler
u-
acquis l'importance qu'elles ont
renversée. Ils continuentleur marche, traversent n'auraient n jamais
achro-
l'oculaire pour arriver à t'œil et prennent à leur a~ aujourd'hui, sans la découverte de l'objectifanglais,
matique. Elle est due à un célèbre opticien
sortie de l'oculaire des directions telles que leurs n- Dollond, qui la fit connaltre vers le milieu du dix-
prolongements vont se couper en B'A' pour con- D
aperce- huitième
h siècle. Dans les lunettes d'approche
stituer l'image virtuelle que l'observateurlui suf- primitives, les bords de l'image présentaient,
vra à la distance deobtenirsa vision distincte. Il dépla- p
dans le cas du microscope primitif, des
fira, en effet, pour ce résultat, de comme
c
d'autant plus prononcées que le gros-
cer lentement le tube de l'oculaire, dans un sens irisations il
eût fallu forcé-
à effectuer, par t&ton- sissement était plus fort il donc
ou dans l'autre, de manièredans chaque cas.
s
ment restreindre ledit grossissement et s en tenir
nement, la mise au point n
à de faibles instruments. Dollond eut l'idée d'ac-
Dans ces conditions, la longueur totale de lat coler &
une lentille con-
lunette sera sensiblement égale à la somme des c pour former son objectif lentille divergente de
vergente de crown une à
longueurs focales de l'objectif et de l'oculaire. v
En choisissant convenablement les courbures
Dans la lunette de Galilée, l'oculaire était, fiflint. des deux verres et en tenant compte en même
par une lentille biconcave,
d
nous l'avons dit, formé leurs indices de réfraction
mais dans ce cas, ledit oculaire devait être place,ftemps
des valeurs de
t sontnotablementdin'érentes.iiparvintadétruire
qui
pour jouer le rôlelors de loupe, entre ba et l'objectif c
la longueur de la lunette étaitt la l dispersion sans supprimer la réfraction.
Celle-ci
lui-même et dès n'était que diminuéeparle groupement crown et du
seulement égale à la différencedes deux longueurs Idu flint. On avait donc toujours dans l'objectif ainsi
focales. De plus, dans la lunette astronomiquet constitué t demeurait
ordinaire, l'image est renversée par rapport a c un système lenticulaire q-~i c'est là le
mais qui, en même temps, et
l'objet, ce qui n'offre aucun inconvénient, quand1 convergent, <
point essentiel, éliminait dans les imagestoute colo-
observe un astre tandis que, dans la lunette
on accidentelle. En réalité, la découverte de
de Galilée, l'image est droite comme l'objet lui- ration l'objectif ac/M'OMM<M<' a été le plus grand pro~
même.
Le grossissement s'évalue facilement par a dans en la grès optique instrumentalequi ait été accompli
le dix-huitième siècle. Sans exagérer la lon-
théorie. On appelle ici grossissement le rapport .t
on a pu des lors obtenir des
de l'angle sous lequel l'objet est vu directement ,t gueur de la lunette,
d'aucunn grossissements considérables, et suffisante. conserver en
par l'observateur, sans l'interposition images une clarté
instrument, à l'angle sous lequel il est vu à même Cette
temps aux
clarté, on le comprend aisément, dépend
travers la lunette. En nommant et qui sont0 0' les centres .s
de l'objectif; aussi, s'est-on efforcé
optiques de l'objectif et de l'oculaire, ne tt du diamètred'obtenir de larges disques de crown et
indiqués sur la figure, mais que le lecteur ir avant tout
pas
représentera facilement, le grossissement it de flint bien homogènes, dépourvus de stries et de
se bulles. Par leur association, ces disques convena-
B; blement taillés pouvaient seuls donner de bons
qui est la même chose, ob-
sera égal à ou, ce industriel suisse,
jectifs achromatiques. C'est un
M'a M. Guinand, qui a rendu par l'excellente fabri-
c0&' cation des deux sortes de verre le plus grand ser-
Or, si les deux angles dont il s'agit avaient, l'un vice à la science.
et l'autre, leur sommet au centre dune même cir-
r- L'oculaire a été à son tour perfectionne. Au lieu
conférence, leur rapport serait égal au rapport M de l'oculaire simple formé d'un seul verre, on em-
des
arcs compris entre leurs côtés, et comme ici es ploie assez souvent un système de deux lentilles,
les
angles sont très petits, on peut prendre au lieu du se compensant l'une l'autre,de au point de vue de
rapport des arcs le rapport des cordes qui les sou- 1- l'aberration de sphéricité et l'aberrationde ré-
tiennent. frangibilité. L'un des oculaires doubles le plus
Cherchons donc la valeur de ce dernier rap-P' souvent utilisés dans ce but est celui de Ramsden,
port. Soit décrite de 0' comme centre une dit oculaire post< il il est formé de deux verres
circonférence de rayon 1 sur cette circonférence, s. plan-convexes dont les faces convexes se regar
l'arc compris entre les côtés de l'angle &0'a pour- dent.
nt à La lunette astronomique ne sert pas seulement
rait être considéré comme égal à -~r, en nommant l'observation des corps célestes; elle sert en-
)t, core, et cet autre usage a de l'importance, à la me-
f la longueur focale de l'oculaire. Pareillement, répétiteur, le théodolite,
l'arc compris entre les côtés de l'angle a06 sur ur sure des angles. Lecercle
le cathétomètre portent une ou plusieurs lunettes tapose deM lunettes pareiUes, ditesjumelles, pour
dont les déplacements sur des limbes gradues rendre plus commode pour l'observateur la vision
permettent d'évaluer les distances angulaires de des objets peu éloignes, vision qui se fait alors
deux points donnés. H fallait seulement, pour que sans aucune gêne par les deux yeux à la fois.
cette mesure eût quelque exactitude, établir dans VIII. TÉLESCOPE DE NEWTON. Les télescopes,
la lunette une ligne à points de repère fixes qui tdont la destination est la même que celle des lu-
guidât sûrement l'observateur quand il dirige- 1nettes, sont constitués par un système de miroirs
rait l'instrument vers un point déterminé. Cette Eet de lentilles. L'objectif y est représente par un
ligne porte le nom d'axe optique; elle est fixée, imiroir concave, l'oculaire par une sorte de micros-
quant à sa position, par deux points invaria- ccope. Gregory, Newton, Cassegrain et Herschell
bles 1° le centre optique de l'objectif 2* le cont construit des appareils télescopiques offrant
point de croisement de deux Sis se coupant à cchacun une disposition spéciale, et qui portent
angle droit, point de croisement que l'on met tou- 1leur nom. Le principe théorique est le même
jours an foyer de l'oculaire. L'énsemble des pour
t,ous l'agencement des miroirs et des lentilles est
deux fils adaptés ainsi à la lunette constitue sseul différent Nous nous bornerons ici à décrire
réticule. Ce réticule est placé en avant de i'o-
.1.1. a.a"
le
GLtyWYC. VO 1041G
culaire de Ramsden
et en est, par t)
bjrlevament le télescope de Newton, en signalant
–toutefois toutefois le perfec-
Derfec-
tionnement de pre-
même, rendu indé- mier ordre que Fou-
pendant. Vise-t-on cault a introduit
un point de laterre? dans sa construc-
La ligne droite qui tion.
joint ce point à son Un miroir conca-
image va passer né- ve M(Hg.S)est
cessairement par le placé au fond d'un
centre optique de long tube de métal;
la lentille objective. t'aM de ce miroir
Si donc, dam cha- coïncide sensible-
que observation, on ment avec l'axe géo-
fait mouvoir cette métrique du cylin-
lunette jusque ce dre que le tube con-
que Fima~edu point stitue. Quand on
extérieur colncide
u
dirige le télescope
avec la croisée des vers un point du
0)s du réticule, on ciel, les rayons lu-
sera sûr que la )t- Fig.8.–Lmetteterrestre. minejux émanes de
cne
6uv nnmm~a aY~ ce point arrivent
optique et qui estQ.A'O
invariable de position dans la rallèles entre eux et parallèles à l'axe principalpa- du
lunette ira rencontrer le point examiné. miroir. Ils iraient donc converger, après réOexion.
VI. LUNETTETERRESTRE. La lunette astronomi- à son foyer principal sensiblement placé au mi-
que, avons-nous dit plus haut, donne des images lieu du rayon de courbure mais avant que leur
renversées des objets; son emploi serait donc h)rt croisement ne s'effectue, les rayons re&ëchis sont
incommode pour l'observation des objets terres- interceptéspar miroir plan m incliné de 45" sur
tres. On l'a rendue propre à ce dernier usage en l'axe, lequel les un rejettelatéralement vers la lentille
intercalant entre l'objectif et l'oculaire un système oculaire. L'image ab obtenue est ensuite trans-
de deux lentilles convergentes dont la position et formée par l'oculaire image virtuelle
la distance mnt catcuiés de façon & produire en une
agrandie que l'observateurpeut examiner tout à
redressement de l'image que donne l'objectif, un
cela, avant qu'elle n'aille se former au foyer de
)'ocu)aire. La flgure 8 donne la marche des rayons
I
il
et l'aise, lorsque, par la mise au point de l'oculaire,
l'a portée à la distance de la vision distincte.
Au miroir plan on substitue souvent un pris-
lumineux dans ce nouveau cas. 0" et 0" sont les me de verre à m,
d:
réflexion totale, prisme de très
F
ao. m.uee
deux lentilles petite
.,nNr.. dimen-
suppiémentai sion qui rem-
res 0' est la piit l'office du
< lentille oculaire miroir plan, et
ordinaire ta dans de meil-
représente l'i- leures condi-
mage réelle et tions que lui.
renversée for- Le grossisse-
mée oar l'objec- ment du téles-
tif. Cette image copealamême
est redressee expression que
par les deux celui de la lu-
verres 0'~ et 0"' nette astrono-
et vient se for- mique. Sous sa
mer droite en forme la plus
a'6'd'oùt'œii Fij;.9.–TétM<Mpa de Newton. simple, il est
l'apelçoit vir-
méfie e.
".en~
VII.
~a:,
et agrandie en ti
A
LUNETTEDE GAULÉE. -La lunette de Galilée, le rapport
représenté par
dans lequel F est la longueur
Yua
dont il a été plusieurs fois question dans ce qui pré- focale principale du miroir
cède, a, nous le savons, une lentille divergente, bi- l'ocuiairasupposé simple. concave et f celle de
concave d'ordinaire, pour oculaire; elle présente Le miroir du télescope était, jusqù'!t Foucault,
l'avantage de donner directement l'image droite creusé dans l'épaisseur d'une masse métallique,
des objets, mais elle necomporte pas un grossisse- de bronze formé de plusieurs métaux que
sorte
ment aussi considérable que la lunette astronomi- l'on mélangeait dans des proportions déterminées
que. On ne l'emploie guère aujourd'hui que comme au moment de leur fusion. L'alliage dont il s'agit
lunette de spectacle. Habituellement même, onjux- était composé en moyenne de 67
p. 100 de cuivre
et de 33 d'étain un disque obtenu par la voie)mis t en œuvre en Angleterre pour l'étamage des gla-
du moulage, à la suite dela fusion préalable de ces.Il l'abandonna plus tard pour lui substituer celui
l'allège, présentait, à l'une de ses faces, une d'un < de ses éièves,M.A.Martin,procédéqui est fondé
courbure à peu près sphérique. Puis, par une sur la propriété que possèdent les solutions des
usure progressive exécutée à la main, on achevait!sels d'argent de se réduire à froid en présence des
de donner à la surface concave assez grossière alcalis sous l'action du sucre interverti. Le miroir
que le moulage avait fournie la forme et le poli le de verre plongé dans une liqueur de ce genre se
plus parfait qu'il était possible d'obtenir. En tout recouvre ] uniformément d'une couche d'argent
cas, le miroir en question avait toujours malheu- poli, couche tellement mince qu'elle demeure
reusement un poids considérable. Celui que con- translucide.
struisit Lord Ross, et dont le diamètre dépassait Cette lame si ténue d'argent qui revêt le miroir
1",30, ne pesait pas moins de ;i,800 kilogrammes. de verre a un pouvoir réflecteur de 0,92 environ,
Ajoutez à ce poids celui du tube et des pièces an- tandis que le pouvoir réflecteur du métal des mi-
nexes, et vous arrivez à un chiffre total de plus de roirs ne dépasse pas 0,64. Ainsi, ce n'est pas seu-
10,000 kilogrammes. Cette lourde machine était, lement au point de vue de la netteté des images,
on le comprend, d'un maniement des plus difn- mais encore au point de vue de leur clarté, que
ciles et l'emploi en était forcément très limité. Le le télescope de Foucault l'emporte de beaucoup
télescope d'Herschell, que le célèbre astronome sur ceux de Newton et d'Herscheli.
anglais avait construit lui-même et dont il avait Quant à l'agencement optique du miroir et de
travaillé le miroir de ses propres mains, était l'oculaire, Foucault a adopté le mode suivi par
moins lourd, il est vrai, que celui de Lord Ross,Newton, mais en perfectionnant encore l'instru-
mais il fallait encore recourir à des cabestans ment dans cette autre direction. [A. Boutan.]
pour le mouvoir. OR. Chimie, XX. historique. Les qua-
Si, en dehors de cet inconvénient si grave du lités remarquables de l'or ont fait rechercher de
poids énorme de l'instrument, on tient compte de bonne heure ce métal, dont la valeur se trouve
cette autre circonstance plus importante encore, augmentée par la rareté.
à savoir l'impossibilité où l'on est de travailler C'était l'Inde, l'Afrique, l'Arabie, la Macédoine,
convenablement une surface métallique quelle la Thrace, l'Espagne, l'Italie, etc., qui fournis-
qu'elle soit si l'on sait que les miroirs d'Herschell saient l'or aux peuples anciens. On en fit d'abord
et de Lord Ross présentaient, par suite, aux diffé- des vases, des ustensiles, des statues, etc.
rents points de leur surface, des inégalités nota- L'or fut employé de très bonne heure comme
bles dans la courbure, inégalités qui étaient beau- monnaie, c'est-à-dire qu'il servit à représenter la
coup de leur netteté aux images, on se rendra valeur des objets et qu'il facilita les échanges ou
compte sans peine du progrès considérable que le commerce.
les travaux de Foucault ont amené dans la cons- Le métal précieux était employé tel que la na-
truction du télescope. ture le fournissait il n'était donc pas pur, et les
tX. TÉLESCOPEDE FOUCAULT. – Foueault a sub- monnaies d'or de l'antiquité ne pouvaient avoir
stitué, en premier lieu, le verre au bronze pour des titres fixes comme les monnaies de nos
la confection du miroir, c'est-à-dire un corps so- jours.
lide d'une densité de 2,5 à un corps d'une den- A la découverte de l'Amérique, les gites auri-
sité égale aH.C'était déjaun grand pas de fait; fères du Pérou, du Mexique et du Brésil fourni-
mais le point capital dans la découverte du sa- rent une telle quantité d'or, que la valeur de ce
vant français, c'est la méthode tout à fait originale métal diminua d'environ les deux tiers.
à laquelle il a eu recours pour le travail du miroir La découverte de nouveaux gisements en Sibé-
Il
de verre. est parvenu à donner à volonté à la rie (!8<2), en Californie (t84'!) et en Australie
surface réfléchissante, ou la courbure sphérique (vers 1850) a augmenté encore d'une manière
la plus parfaite qu'on puisse imaginer,ou la cour- assez considérable la quantité d'or versée annuel-
bure parabolique et, dans ce dernier cas, nous lement dans la circutation.
le savons, l'aberration de sphéricité disparait Aussi l'usage de l'or, qui d'abord était très res-
complètement. Foucault a construit des miroirs treint, s'étend-il chaque jour davantage, et la
d'une surface tellement régulière que les varia- monnaie d'or est-elle aujourd'hui la monnaie cou-
tions de courbure les plus fortes qu'on pouvait rante.
y découvrir étaient inférieures à un dix-millième .E<a< Ma<Mf' L'or n'a qu'une très faible af-
de millimètre. Aussi l'observation des astres à finité pour les autres corps. C'est pourquoi on ne
l'aide du télescope Foucault donne-t-elle le spec- le rencontre guère que sous les trois états sui-
tacle le plus admirable qu'on puisse concevoir. vants /'e<~ natif; 2' allié avec yue~MM mé-
Les nébuleuses résolubles se montrent composées taux; 3° eo~M~ avec le MM)'e.
de milliers de petites étoiles d'éclat variable. On C'est à l'état natif que le métal précieux se
se croirait en présence du bouquet persistant trouve le plus communément. Il contient toujours,
d'un feu d'artifice. Les planètes sont vues avec dans cet état, de l'argent et du cuivre. L'argent
une netteté de contours et de détails qui permet lui donne une teinte verdatre, le cuivre aug-
une étude approfondie de leur constitution physi- mente son éclat. Parfois l'or natif renferme aussi
que. Les deux plus grands miroirs qui aient été du fer qui le rend bleuâtre.
construits dans le système Foucault ont, l'un, 80 On trouve des filons d'or natif dans des roches
centimètres de diamètre, l'autre t°*,20. L'exposé de cristallines on le rencontre également dans les
la méthode de Foucault ne saurait entrer dans le mines d'argent, et surtout dans !es terrains d'allu-
cadre de cet article. Le lecteur devra se repor- vions ou dans des sables de transport.
ter aux traités spéciaux sur la matière. Dans ces sables, l'or se présente sous la forme
C'est pourtant le verre, nous l'avonsdit, qui four- de paillettes ou sous celle do petits grains arron-
nit la surface réfléchissante, et l'on sait que le pou- dis. Quelquefois ces grains, que l'on désigne sous
voir réflecteur du verre est assez faible la clarté le nom de pépites, atteignent la grosseur d'une
des images sera donc très réduite dans les nou- noisette. On a même rencontré des pépites d'un
veaux télescopes ? Il n'en est rien la difficulté a poids considérable. La plus forte qui ait été dé-
été habilement tournée. On argente la surface du couverte jusqu'à ce jour a été fournie par tes mines
miroir après qu'elle a été amenée à la courbure de l'Australie (en 1858) elle pesait 66 kilog.
voulue et au de~ré de poli le plus parfait. Cette Certains fleuves et certaines rivières roulent,
argenture est d'une facilité extrême. Foucault dans leurs sables, des paillettes d'or. Ces fleuves
avait d'abord utilisé le procédé Drayton et
qu'on avait ces rivières prennent leur source dans des tel-
rains formés de roches cristallines aurifères, et plus dur et résister davantage à l'usure résultant
parcourent de longs espaces sur ces mêmes ter- de la circulation.
rains. Il fond et se volatiliseà la température d'environ
On peut citer en France la Garonne, l'Ariège, 1200 à 1300 degrés.
le Rhône, le Rhin, l'Ardèche, l'Hérault, etc. Son poids spéciBquo rapporté à celui de l'eau
~<r<t';<tOH. Pendant longtemps l'or charrié est de 19,5.
par ces cours d'eau a donné lieu à une exploita- Propriétés chimiques. L'or a pour symbole
tion plus ou moins active, suivant que la valeur ~M son équipaient rapporté à 100 d'oxygène est
de l'or recueilli offrait une rémunération suffisante 1227,75; rapporté à 1 d'hydrogène it est de 9ft,l)t.
aux orpatMeM)'~ ou chercheurs d'or. L'or ne se combine pas directement avec l'oxy-
Le procédé d'extraction était d'ailleurs des plus gène, n'importe à quelle température néanmoins
simples l'orpailleur se bornait !t tendre une pièce il existe deux oxydes d'or, un protoxyde Au'O, et
d'éton'e de laine sur une large planche; puis cette un sesquioxyde ou peroxyde, Au~O*. On obtient
planche était inclinée vers la rivière et disposée ces denx oxydes indirectement,le premier en pré-
de manière à ce que le poil de l'étoffe se trouvât cipitantleprotochlorure d'or, AutCl, par une disso-
tourné vers le haut de la planche. lution étendue de potasse, le deuxième en faisant
L'orpailleur puisait ensuite de l'eau et du sable bouillir une dissolution deperchtorure d'or, Au'CI~,
dans la rivière à l'aide d'une forte sébile en bois avec la potasse en excès, et en ajoutant un peu
de
ou en corne, munie d'un manche solide. Il ver- d'acide sulfurique a la dissolution.
sait le tout sur la partie supérieure de la plan- Ces deux oxydes ne se combinent pas avec les
che le sable roulait au bas de l'appareil, entralné oxacides pour former des sets. Le protoxyde est
par l'eau, tandis que les paillettes d'or, plus den- indifférent le peroxyde joue le rôle d'acide lors-
ses, étaient retenues par les poils 'du drap de qu'il est mis en présence des bases alcalines, telles
laine. que la potasse. C'est ce qui le fait désigner encore
Lorsque l'ouvrier jugeait que ce drap était assez tous le nom d'acte aMfMMe.
chargé de poudre d'or, il le brossait et faisait Parmi les oxacides, il n y a que l'acide séténique
tomber dans une autre, sébile cette poudre, qu'il et l'acide iodique qui puissent dissoudre l'or.
vendait d'autant plus cher qu'elle était plus riche Les hydracides du chlore, du brome, de l'iode
en or pur. et du fluor, additionnés d'oxacidespeu stables, tels
La main-d'œuvre étant devenue très chère et les quelesacides azotique, chlorique, bromique, etc.,
sables aurifères de nos rivières contenant fort peu dissolvent également 1 or.
de métal précieux, cette exploitation a complète- Mais le plus énergique dissolvant de ce métal
ment cessé en France. est l'eau régale, composée de quatre parties d'a-
Mais elle se continue en Russie (dans l'Oural) cide chlorhydrique à 22° et d'une partie d'acide
et en Californie, où l'on rencontre des sables of- azotique à 400.
frant une. teneur en or beaucoup plus forte. Le L'or forme avec le chlore deux composés chi-
procédé d'extraction n'est d'ailleurs plus aussi pri- miques, le protochlorure (Au*Ct) et le perchlorure
mitif les sables sont d'abord lavés pour être dé- (Au2CI3). Ce dernier, qui est regardé encore par
barrassés des matières terreuses qui les accompa- certains chimistes comme un sesquichlorure, est
gnent le plus souvent ils sont aussi séparés, le seul composé chimique important de l'or.
par le criblage, des cailloux qu'ils peuvent conte- On se procure le perchlorure d'or en faisant
nir. L'or est ensuite enlevé soit a l'aide de la évaporer la dissolution d'or obtenue à l'aide de
/<M, soit par l'amalgamation. l'eau régale.
Le procédé de l'<mta~<tMa<toy: consiste à mettre Il cristallise et se présente sous la forme de
le sable aurifère en contact avec du mercure, qui paillettes; il est soluble dans l'eau et dans
dissout l'or. l'éther.
L'amalgame une fois obtenu, il n'est pas difficile La médecine l'emploie dans le traitement de
de séparer l'or et le mercure. certaines maladies.
Pour extraire l'or des roches quartzeuses, on Il sert aussi à reconnaltre les eaux qui renfer-
brise et l'on réduit en poussière ces roches, à ment trop de matières organiques pour pouvoir
l'aide de machines appropriées, qui opèrent en être employées sans danger comme boisson.
même temps, non seulement le lavage de la pous- Usages de for. L'or étant doué d'une très
sière aurifère, mais encore l'amalgamationdu métal grande malléabilité et d'une très grande ducti-
précieux. lité, se laissedocilement façonnersuivantles besoins
Ce procédé perfectionné permet aujourd'hui de de l'industrie et suivant les caprices du luxe le
traiter avec avantage des terrains dont la teneur plus exigeant L'industrie en fait des vases, des
est très faible (1 Ml. d'or par '4000 tonnes ustensiles, des bijoux, etc. H enrichit les étof-
en or
de minerai), et la production annuelle atteint fes de soie et les divers articles de passemente-
le chiffre énorme de plus de 40 milliards de rie, tout en rehaussant leur éclat.
francs. A cause do son inaltérabilité par la plupart des
Propriétés physiques. L'or a une couleur agents, tels que l'air, le soufre, les gaz, etc., il
magnifique et caractéristique il acquiert par le poli sert à recouvrir les autres métaux, comme le
un éclat des plus vifs. Il est inaltérable par la plu- cuivre, le laiton, l'argent, etc.,qu'il préserve il
contre
communique
part des agents chimiques, même par les acides les agents extérieurs, et auxquels
énergiques, tels que les acides sulfurique, azoti- son poli et son éclat.
que et chlorhydrique. Parmi les métatioides, il Le bois, le carton, la porcelaine, etc., sont éga-
n'y a que le chlore et le bromo qui l'attaquent à lement recouverts de minces couches d'or.
froid. Pour appliquer l'or sur les autres métaux,
L'or jouit d'une malléabilité et d'une ductililé l'industrie a recours à divers procédés dontt
extrêmes. Aussi l'on est parvenu à le transformer les plus employés sont 1* la dorure au mo'-
en feuilles d'un dix-millième de millimètre d'é- CMre; 2° la dorure a la /ëMt'Ke et au la dorure
AoMcAo~t-
paisseur, et à le tirer en fil d'un diamètre si faible 3" la do''Mfe par tMMe~MM; 4° enfin
qu'avec 1 gramme d'or on obtient 3UOU mètres galvanique. Ce dernier procédé a remplacé tous
de ni. les autres à peu près complètement depuis 1840,
Par contre il n'est pas très tenace, car un fil d'un époque à laquelle il a reçu de remarquables per-
diamètre de t millimètres rompt sous le poids de fectionnements de MM. Elkington et de Ruolz.
68 kilogrammes. (V Galvanoplastie.)
L'or a besoin d'être allié au cuivre pour devenir Comme cela a été indiqué plus haut, l'or n est
jamais employé seul il est toujours allié à une état aqueux primitif, nuage, pluie ou neige. C'est
certaine quantité de cuivre. dans les régions intertropicales, là où l'évapora-
L'or des monnaies françaises est un alliage de tion est le plus active et où la condensation est ta
900 parties d'or pur et de )00 parties de cuivre. plus abondante, que les orages se montrent avec
On dit pour cela qu'elles sont au titre de 0,900. le plus de fréquence et d'énergie. Les aurores bo-
Les médailles d'or sont toutes au titre de 0,9)R, réales, qui ne sont que de grandes et silencieu-
les bijoux à celui de 0,750. La loi reconnaît trois ces manifestations électriques dans les régions
titres (0,920, 0,840 et OJ50) pour les autres ou- voisines du pôle, sont toujours accompagnées du
vrages d'or (ustensiles et vaisselle). retour du courant équatorial vers ces hautes ré-
Des agents de l'Etat sont chargés du contrôle gions. Nos orages, enfin, se produisent dans des
des objets d'orfévrerie. L'épreuve se fait approxi- conditions analogues.
mativement ()0 à 20 millièmes près) à l'aide de Electricitédes MMa.?~.–La plupart des nuages
la pierre de <o:<(:/<e, et d'une manière précise à sont électriséspositivement, comme l'atmosphère
l'aide de la coupellation. [J. Bousquet.] au sein de laquelle ils se forment. Les nuages
ORAGE. Météorologie,XI-XII. Trouble at- électrisés négativement sont cependant très nom-
mosphérique dont le caractère principal est fourni breux ce fait est dû à plusieurs causes. Le sol,
par les manifestations électriquesde t'air éclair, soumis à l'influence denégativement l'électricité positive de
foudre, tonnerre. l'atmosphère, s'électrise sur tous ses
Nature des orages. L'explication des orages points en saillie. Les brouillards qui le recouvrent
par l'électricité remonte à la découvertemême de pendant certaines nuits, puis s'élèvent le matin
cet agent, et la première étincelle tirée de l'ambre dans l'air pour y former des nuages; les nuages
par Wall fut immédiatement comparée aux éclats qui naissent aux sommets des montagnes élevées
de la foudre. Mais c'est Franklin qui le premier par la condensationdes vapeurs qu'y apportent les
fit connaître l'identité des deux phénomènes. brises, sont généralement négatifs. Quand deux
Dans les premiers mois de 1150, Franklin dévelop- couches de nuages sont superposées, la plus
pait, dans deux lettres adressées àP. Collinson, ses élevée est le plus fortement électrisée; l'électri-
opinions sur l'origine de la foudre, et il décrivait cité positive du nuage inférieur, refoulée vers le
l'instrument qui devait préserver les édifices de bas, s'écoule avec les premières pluies, et bientôt
ses atteintes, le paratonnerre. Il invitait en même ce nuage inférieur se trouve chargé d'un excès
temps les physiciens français à réaliser l'expé- d'électricité négative que l'influence y développe.
rience qu'il se proposait de faire lui-même sur un Les pluies sont donc chargées tantôt d'électricité
clocher de Philadelphie alors en construction. positive, tantôt d'électricité négative, comme les
Dalibart fut prêt le 10 mai 75'2, à Marly-la-Ville, nuages d'où elles s'échappent.
un mois avant que Franklin, impatientdes lenteurs Quand deux couches de nuages inégalement
apportées à la construction du clocher, y substi- électrisées sont en présence, des éclairs peuvent
tuât un cerf-volant qu'il lança à l'approche d'un jaillir entre eux; quand un nuage électrisé dans
orage. Le cerf-volant réussit mal d'abord mais un sens quelconque se rapproche de la surface
une petite pluie fine étant survenue et ayant du sol, des éclairs peuvent encore s'enMais échapper
mouillé la corde, celle-ci devint conductrice de et venir foudroyer un objet terrestre. il ar-
l'électricité et on put tirer de vives étincelles de rive très souvent que des éclairs jaillissent de la
son extrémité liée à un support isolant. Dalibart partie supérieure ou latérale d'un nuage entière-
avait suivi la première idée de Franklin il fixa ment isolé, mais surchargé d'électricité. Ces éclairs
dans un jardin situé au milieu d'une plaine élevée, sont généralement très raminés et se perdent dans
et sur un support isolé, une barre de 13 mètres les hauteurs.
de hauteur et terminée par une pointe d'acier Sur terre et en rase campagne, le bruit du ton-
poli. Au moment où des nuages orageux passèrent nerre peut être entendu à six ou sept lieues de
au-dessus de la barre, celle-ci s'électrisa assez distance, au plus, du point où part l'éclair. L'éclair
fortement pour donner de longues et brillantes au contraire, ou l'illumination qu'il produit, peut
étincelles. être aperçu à une distance de trente ou quarante
Electricité a<mo~pA~yMe. – L'atmosphère est lieues. De là les éclairs sans tonnerre, appelés
constamment chargée d'électricité, mêmependant éclairs de chaleur: ils sont dus à des orages loin-
les plus beaux temps, et les variations de cet tains.
agent sont régulièrement observées dans les prin- Formation des orages. -Les orages des régions
cipaux observatoires du globe. On n'obtient géné- intertropicales, dans la zone équatoriale des pluies,
ralement aucun signe électrique dans les lieux bas se forment généralement sur place, au milieu des
ou couverts par des édinces ou des arbres mais nuages produits par la condensation des vapeurs
dans les lieux même incomplètement découverts, de la nappe équatoriale ascendante. Ils y sont en
ces signes commencent à se montrer à une petite permanence, comme les et les pluies, et,
distance du sol et des objets qui le recouvrent, et comme eux, se
ils augmentent progressivement à mesure qu'on face du globe à la suite du soleil.
déplacent
nuages
annuellement ta sur-
s'élève plus haut au-dessus de la surface terrestre. Dans nos régions tempérées, les orages sont
Sous un ciel sans nuages,les signes électriques beaucoup plus rares; ils sont loin d'accompagner
sont toujours positifs, c'est-à-dire que l'atmo- toutes les pluies; mais on peut les entendre en
sphère est chargée de l'électricité positive ou vi- toute saison, en hiver comme en oté, bien que
trée que le frottement de la laine développe sur cette dernière saison soit plus favorable à leur
le verre; mais quand des nuages apparaissent, et production.
surtout quand la pluie tombe, même à plusieurs Les brises ascendantes le long des flancs méri-
kilomètres de l'observateur, les signes deviennent dionaux ou occidentaux des massifs montagneux
le plus souvent négatifs. Sous l'influence des produisent des nuages locaux assez fréquemment
nuages orageux, ils peuvent acquérir une très accompagnés d'orages également limités; mais le
grande énergie, tout en changeant rapidement de plus ordinairement, les orages de l'Europe ont un
sens. caractère plus général. C'est particulièrementsur
L'originede l'électricitéatmosphérique est assez le parcours du courant équatorial et sur la partie
mal connue; elle n'a pu être fixée par aucune méridionale d'un mouvement tournant, pins ou
expérience directe bien concluante, et il est pro- moins accentué dans l'air, qu'on les rencontre
bable qu'elle est multiple. Une des opinions les (V. Courants, Tempétes). Ils parcourent donc à la
plus répandues la rattache t'évaporation de l'eau, surface de la Francs des bandes plus ou moins
et peut-être au retour de la vapeur formée à son étroites et longues, se propageant quelquefois des
<M
1)
côtes de t'Océan jusqu'en Belgique ou en Allema- ATom&t-e ~e/OM< d'orage ~t année moyenne.
gne. Chaque département place leur origine vers
sa limite occidentale, alors que quinze ou vingt Rio
Calcutta,
Janeiro. 60 Padoue.
Strasbourg. 17 17,3
départements, quelquefois, peuvent être traversés Maryland. 60,6
t) Toulouse.i5,4
non par les mêmes nuages orageux, mais par le Martinique.
AbyMinie. 39 Utrecht. 15
même groupe d'orages qui se succèdent ou se re-
laient progressivement.
Pendant l'été,
Guadeloupe. 37
VMert(Ardèche).M,7
et sur le trajet du courant équa- Québec
38
Leyde.
Paris
Athènes.
13,6
12,5
il
torial, le plus faible mouvement tournant peut Buenos (Canada). 23,3 Fo)péro(CornouaiUcs).tO
Ayres.
faire nattre des orages sur la partie méridionale DenainYiUien (Loiret). !ï,!i
Londres. Peterebourg 9,1
de son disque tournant, et les semer tout le long
de son parcours. Plus on avance dans la saison
Smyme.i9,
Bertin. Caire.
:0,9
Pékin
is,3 Le
8,3
5,8
3,5
froide, plus ce mouvement tournant doit être in-
tense pour provoquer de véritables orages. n.. –
Hygiène, IV.
[Marié-Davy.]
Toutes les actions chimiaues,
Mais si tes grandes manifestations électriques mécaniques et vitales qui se passent dans l'inté-
sont ainsi provoquées par tes bourrasques tour- rieur de la terre, à sa surface et dans l'atmo-
nantes de l'air dont le diamètre dépasse plusieurs sphère, donnent lieu à des dégagements d'électri-
centaines de lieues, elles peuvent aussi provoquer cité. Nous sommes donc constamment soumis à
eUes-m6mes des girations plus circonscrites et l'influence de cet agent. Cette influence est encore
dont l'énergie atteint quelquefois des proportions peu connue. Elle se manifeste principalement lors-
redoutables. Ce sont tes trombes qui dévastent qu'il survient une perturbation dans les phéno-
le sol sur de longues bandes génératement très mènes ordinaires.
étroites. Le mouvement de giration, de tourbil- L'instrument appelé ~cc~-otccpe permet de
lonnement, qui caractérise tous les troubles de constater, même dans les temps les plus calmes,
l'atmosphère, étroits ou étendus, énergiques ou la présence de l'électricité dans l'atmosphère au
faibles, est la conséquence directe du mouve- point de vue de l'hygiène, on pourrait la con-
ment de rotation de la terre sur elle-même, ce sidérer comme un de ses éléments constitutifs.
qui produit leur généralité d'aspect et aggrave Cette électricité, comme celle des nuages, est
leurs effets comme leur durée totale. C'est en ordinairement positive, tandis que le sol est élec-
même temps aux circonstances de leur forma- trisé négativement.
tion et de leur propagation que nous devons la Notre corps, en contact avec le sol. sert de
possibilité de les prévoir et de prévenir de leur <'OMc!MC<eM)- par lequel les deux électricités se re-
arrivée. composent. Nous n'avons pas conscience de ce
(jf~e. La grêle est un des fléaux les plus passage continuel du courant électrique à travers
redoutables des orages. Son mode de formation nos organes, lorsque l'énergie vitale est assez
est très obscur et très controversé. Pendant long- forte pour dominer les causes légères de pertur-
temps on admit avec Volta qu'elle prenait nais- bation. Mais dans certains états de faiblesse, de
sance entre deux couches de nuages superposée, langueur, et dans quelques maladies nerveuses,
électrisés en sens contraire et donnant lieu à un nous devenons de beaucoup plus impressionna-
va-et-vient rapide, de l'un à l'autre, des grêlons bles, et des changements presque insignifiants
qui pouvaient ainsi grossir par dépôts successifs dans le milieu où nous vivons causent toute une
et acquérir des de souvent considérables. Mais série de troubles variables, selon les individus.
des grêles redoutables se produisentmême quand On ne peut nier l'influence des temps orageux
il n'existe qu'une seule couche de nuages. sur l'organisme mais pour apprécier la part de
Par contre, il n'est pas de grêles qui ne soient l'électricité il faudrait expérimenter en dehors des
accompagnées d'une violente agitation de la masse conditions ordinaires. L'orage se complique tou-
nuageuse, et très souvent elles marchent avec de jours de changements dans la pesanteur de l'air,
véritables trombes dont t'axe de rotation descend dans la température, la direction des vents, le
jusqu'à la surface du sol. Il est probable que ces degré d'humidité, etc., de sorte que les consé-
trombes existent dans la région nuageuse alors quences des temps orageux sont la résultante de
même qu'elles ne se font pas sentir jusqu'à nous. tous ces éléments combinés avec les variations
Ces trombes, qui se produisent surtout quand la électriques. Pour l'hygiéniste, l'orage ou le temps
température décrott rapidement dans le sens de orageux consiste donc en un certain nombre de
la hauteur, ont pour effet de mélanger brusque- perturbations du milieu qui réagissent les unes
ment des masses d'air d'inégales températures sur les autres et impressionnentl'organisme hu-
d'accroltre encore le froid par la raréfaction de main.
l'air dans l'axe du tourbillon; de brasser violem- Sous l'influence des orages, les personnes mala-
ment les grains de neige, de grésil, de grêle, de des, nerveuses, éprouvent du malaise, de l'agita
les entrechoquer et de les souder les uns aux tion, des douleurs dans la tête ou les articula-
autres. Ce sont les chocs des gréions les uns contre tions. Les rhumatisants, les névralgiques, sentent
les autres qui produisent le bruit caractéristique revenir d'anciennes douleurs ou augmenter celles
qui précède les nuages à grêle, et tous les obser- dont ils sounralent. La respiration devient difficile
vateurs qui se sont accidentellement trouvés au pour les malades atteints de certaines alfections
milieu de ces nuages ont été témoins de la vio- des poumons ou du coeur. L'exacerbation des acci-
lente agitation produite en eux et dont l'appa- dents morbides amène prématurément une crise
rence est encore visible à de grandes distances. fatale chez des malades qui auraient pu vivre
Les grêlons croissent par dépots successifs d'eau encore quelque temps.
congelée à leur surface et par soudures de plu- Malheureusement nous sommes impuissants
sieurs grêlons en un seul. contre ces perturbations atmosphériques qui mo-
Fréquence des o'a~M. Très fréquents et difient et souvent compromettent notre santé. Il
même quotidiens dans les régions intertropicales, n'y a aucun moyen pratique de soustraire à
pendant la saison dse pluies, ils sont rares dans l'influence des temps orageux. Cependantse
tes régions des atizés; ils reparaissent en de- pouvons beaucoup, par l'hygiène, nous
pour nous pré-
hors des tropiques, et leur nombre annuel dé- munir. Rarement les gens sains, robustes, habi-
croît progressivement à mesure qu'on s'appro- tués a la vie en plein air et menant une vie régu-
che des pôles. Voici le tableau des nombres tière, ressentent les effets des orages. Par consé-
moyens des orages annuels dans diverses localités quent, tout ce qui contribue à préserver de l'étio-
du globe: lement, du MeruotMn: devient un moyen de se
préserver aussi des influences dépressives dos ascendants bons conducteurs de l'électricité, qui
temps orageux. Contre l'orage nous ne pouvons favorisent le passage de la foudre. Autant que
rien; nous pouvons beaucoup pour nous rendre possible il faut s'isoler pendant les orages, s'éloi-
insensibles à ses effets. gner des groupes, des meules de foin et de paille,
La foudre consiste dans la recomposition in- dont la forme conique et l'élévation favorise d'ail-
stantanée de deux excès d'électricités contraires leurs l'accumulation du fluide terrestre.
soit entre deux nuages, soit entre un nuage et la Les vêtements de lin et de coton, surtout s'ils
terre. C'est une étincelle électrique semblable à sont humides, conduisent assez bien l'électricité
celle que produisent nos appareils de physique, et deviennent dangereux pendant les orages. Ceux
mais de dimensions infiniment plus considérables. de laine et surtout de soie étant mauvais conduc-
Comme le fluide électriqueparcourt l'atmosphère teurs peuvent préserver dans une certaine me-
plus vite que la lumière, l'individu foudroyé est sure.
frappé avant même d'avoir vu l'éclair. Quant au Dans les maisons, la suie des cheminées, le tain
tonnerre, ce n'est que le bruit inoffensif produit des glaces, les dorures, les objets et ornements en
par un mouvement subit de l'air, répercuté par métal étant bons conducteurs, constituent un voi-
les nuages, la terre, les édifices, les forêts. sinage dangereux pendant l'orage. Le mieux est
Rien de plus variable que les effets du fou- de s'isoler autant que possible des murs, et même
droiement. Quelquefois la personne atteinte en du sol. Pour cela, on pourrait interposer entre le
est quitte pour une commotion plus ou moins corps et le sol un support mauvais conducteur,
forte; souvent le choc seul suffit pour tuer instan- en soie ou en verre le plus sûr serait de s'étendre
tanément. On a vu des gens foudroyés conserver dans un hamac suspendu par des cordes de soie
l'attitude, le geste dans lequel la mort les a sur- bien sèche; mais évidemment ces précautions sont
pris. On peut être tué par la foudre sans en être peu pratiques et le plus souvent superflues.
touché il suffit de se trouver à peu de distance On a essayé avec succès de combattre les orages
de son trajet on succombe alors à l'asphyxie, ou en allumant sur tout un district des feux de paille,
à ce que l'on appelle choc en retour qui produit de broussailles, etc., distants de 80 à [00 mètres.
une commotion analogue à celle de la foudre. Ce moyen mériterait d'être essayé en grand, car
Dans quelques cas la foudre ne laisse aucune on lui attribue la préservation de la foudre et de
trace, mais le plus souvent on observe sur le ca- la grêle.
davre des brûlures ou des plaies, les vêtements Quant aux maisons, il n'y a qu'un moyen de les
sont brûlés, lacérés, dispersés. Les personnes préserver, c'est de les surmonter d'un paraton-
foudroyées restent d'ordinaire affligées de quelque nerre établi selon les règles de l'art et soigneu-
infirmité cécité, surdité, paralysie. sement entretenu.
L'éclair est le plus souvent dirigé des nuages Les méfaits de la foudre sont incontestables,
vers la terre, mais on a vu des gens frappés par mais on a essayé de la réhabiliter par èompensa.
un éclair ascendant, qui entraînait au sommet d'un tion, en prouvant qu'elle rend aussi de grands ser-
arbre ou d'un édifice des parties de leurs vête- vices voici comment. Lorsqu'une étincelle élec-
ments. trique passe dans de l'oxygène, ce gaz acquiert
L'usage de sonner les cloches pour écarter l'o- une odeur et des propriétés spéciales, son pouvoir
rage n'a pas encore disparu de nos campagnes. Il oxydant est singulièrementaccru et il peut servir
importe donc de détruire ce vieux préjugé qui a de désinfectant énergique. Les premiers expéri-
causé déjà bien des malheurs. L'ébranlementpro- mentateurs qui s'occupèrent de ce phénomène
duit dans l'air par la cloche est sans doute négli- crurent que l'étincelle électrique formait, dans
geable, mais le métal est bon conducteur, il se l'oxygène, un corps nouveau qui fut appelé ozone.
trouve dans un lieu élevé où s'accumule l'élec- Le nom est resté, mais il s'agit simplement
tricité terrestre, et par conséquent dans les d'oxygène électrisé.
meilleures conditions pour attirer l'électricité des Il y a dans la nature plusieurs sources d'ozone.
nuages et produire une étincelle. De plus, la corde Vraisemblablement tout ce qui produit de l'élec-
de la cloche, pour peu qu'elle soit mouillée ou tricité au contact de l'oxygène donne naissance à
humide, devient un bon conducteur et porte l'é- de l'oxygène électrisé. On constate toujours sa
tincelle jusqu'au sonneur, qui tombe foudroyé. En présence dans l'air. L'atmosphère des bois, prin-
Bretagne, vingt-quatresonneurs ont été tués ainsi cipalement des bois d'essences résineuses, est
pendant la même nuit. riche en ozone, ainsi que l'atmosphère maritime.
On prétend généralement qu'il est dangereux, La foudre en produitrapidement de grandes quan-
pendant l'orage, de courir à pied ou à cheval, de tités.
marcher contre le vent, de produire un courant On a cru pouvoir attribuer à un excès d'ozone
d'air dans les maisons. llyaunfonddevérité[ l'exacerbation de quelques maladies catarrhales,
dans cette croyance populaire. La forme en zig-zag mais le fait n'est pas prouvé, tandis qu'un peut
de l'éclair nous prouve que l'électricité suit dans raisonnablement supposer, avec le vulgaire, que
l'air les parties les meilleures conductrices. Or la les orages purifient l'air parce qu'ils accumulent
moindre perturbation suffit pour créer des cou- en un point donné une quantité d'ozone capable
rants plus ou moins conducteurs qui viennent d'oxyder et de rendre inoffensifs certains mias-
remplir le vide produit par un homme qui court, mes dangereux.
par un courant d'air, etc. Si faible que puisse être Jl faut reconnaître, quant à présent, que cet
cette chance de danger, on fait bien de ne pas agent modifie le milieu, le rend plus stimulant,
s'y exposer. peut-être même le purifie, mais que son action,
La foudre frappe de préférence les lieux et les favorable aux personnes bien portantes ou sim-
objets élevés où s'accumule le fluide terrestre. On plement affaiblies, peut être irritante pour des
doit donc éviter leur voisinage. Le plus sûr est sujets atteints de certaines affections. H serait
de rester tranquille en rase campagne, et d'éviter, prématuré d'affirmer autre chose. [D* SaSray.]
en tout cas, l'abri des .arbres ou des maisons un ORATEURS. – Littérature et style, IV. Le
peu hautes. Rien ne justifie le préjugé populaire mot orateur, dans son sens primitif et étymo-
qui attribue à certains arbres, tels que le hêtre, le logique, <M'a<or en latin, rhetor en grec, signifie
laurier, le bouleau, l'érable, une sorte d'immunité « celui qui parle. II s'est appliqué d'abord à
contre la foudre. l'homme qui a pris la parole dans une assemblée,
Les accumulations d'hommes et d'animaux, les qui a harangué une foule, sans qu'on attachât à
dépôts de matières susceptibles de fermenter ou cette expression une idée d'habileté ou de talent.
de dégager des vapeurs, produisent des courants C'est encore en ce sens qu'aujourd'huion désigne
par ce mot celui qui parle en public, bien ou mal, blique démocratique d'Athènes. On vantait entre
qu'il soit député, sénateur, membre d'un conseil autres discours son oraison funèbre des soldats
municipal ou d'une réunion quelconque x L'ho- morts pendant la première année de la guerre du
norable orateur a dit ceci a le précédent orateur Péloponèse.
pense cela. » Toutefois, dans son acception la Il serait trop long d'énumérericitous les orateurs
plus étendue et la plus élevée, le terme d'orateur qui ont brillé en Grèce au v' et au tV siècle avant
sert à désigner celui qui possède un certain talent notre ère nous nous bornerons à mentionner les
d élocution, naturel ou acquis par le travail, qui senoms des dix orateurs attiques que les grammai-
sert ou qui est prêt à se servir habilement de la riens d'Alexandrie ont compris dans ce qu'ils ap-
parole en toute occasion et qui arrive parfois à l'é-pellent le Canon des orateurs classiques.
loquence. Antiphon de Rhamnonte en Attique (mort en 411 )
On rattached'ordinairel'idée d'éloquence à celle composa, le premier, des discours à prix d'argent
d'orateur. Cependant il n'existe pas entre elles une pour les orateurs politiques et les plaideurs dans
connexiténécessaire et constante. L'orateurvise à l'embarras. Il nous reste 15 discours de lui.
être éloquent, sans y réussirtoujours. De même, on Andocide, né à Athènes en 468, a laissé 4 discours
peut être éloquent sans être orateur. On a défini consacrés à ses propres affaires. Lysias, ne
souvent l'éloquence le talent de persuader. Cette à Athènes en 459, mort en 379, avait compose
définition estincomplète elle ne donne pas l'idée de 233 harangues dont il nous reste seulement 34
cette flamme qui allume tout à coup les regards consacrées à des causes judiciaires. Isocrate ne
d'un homme,qui lui fait trouver des accents chaleu- prit jamais la parole en public. Ce fut le maître
reux e émus, et qui communique àune foulela pas- d'éloquence le plus renommé de toute la Grèce. 11
sion qu'il veut lui faire partager. L'éloquence est, écrivit des discours que d'autres devaient pro-
pour ainsi dire, intermittente. Elle éclate à certains noncer. Sur les 60 qu'on lui attribuait, 21 sont
moments, et se soutient rarement dans toute la parvenus jusqu'à nous. Il était né en 416 et mourut
–
suite d'un discours. Elle existe parfois dans une en 338~ Isëe, élève d'Isocrate et maître de Dë-
phrase, dans un mot, dans un geste et peut se mosthène, a laissé 11 discours, qui sont tous rela-
trouver même chez l'homme ignorant et grossier. tifs à des affaires de succession. Lycurgue,.
Le vieux sauvage répondant aux Européens qui d'Athènes, né en 408, mort en 326, fut, au contraire,
voulaient le chasser de son pays natal « Dirai-je un orateur politique. On a, avec quelques frag-
aux os de nos pères levez-vous, et marchez de- ments, un admirable discours de lui, une accusa-
vant nous vers une terre étrangère! » prononce une tion dirigée contre Léocrate. Hypéride, d'A-
phrase éloquente. De même le centurion Virginius thènes, mort en 322, prit une grande part, aux
brandissant le couteau avec lequel il a frappé sa côtés de Dëmosthène, à la direction des affaires
fille Virginie, et menaçant le décemvir Appius, politiques d'Athènes, mais ses discours ont péri;
trouve des accents éloquents pour exciter le il ne nous reste que des fragments de l'oraison
peuple à la révolte. L'indignation et la douleur funèbre qu'il prononçaen l'honneur des guerriers
paternelle animèrent ce jour-là sa parole. On l'eût morts dans la guerre contre Antipater. Dinarque,
étonné en le saluant du nom d'orateur. né à Corinthe vers 360, s'établit de bonne heure à
L'orateur, au contraire, s'est formé peu à peu Athènes, où il devint le chef du parti macédonien.
par le travail et l'habitude à l'usage de la parole. Il nous resteremarquable de lui trois discours d'accusation,
L'étude et la réflexion lui ont appris à trouver les dont le plus est celui qu'il prononça
meilleurs arguments pour porter la conviction devant le peuple contre Démosthène, son adver-
dans les esprits, à les disposer de la manière la saire politique.
plus favorable, enfin les présenter dans les ter- Les plus célèbres de ces dix orateurs attiques
mes les plus propres à persuader et à charmer sont les deux rivaux d'éloquence,
Eschine et Dé-
ses auditeurs. S'il est réellement bien doué parla mosthène. Eschine naquit à Cothoce en Attique
nature, il rencontrera au moment opportun l'ins- en 393, et mourut à Samos en 314. Il n'avait Les
écrit
anciens
piration qui doit rendre son langage vivant et que les trois discours que nous avons.
animé, et l'enthousiasme qui conduit à l'élo- les nommaient les trois Grâces. Bien qu'il sou-
quence. tienne contre Démosthène une cause funeste à sa
il
De tout temps, y a eu des hommes qui, sous patrie, celle du roi de Macédoine, on admire la
l'empire d'une émotion puissante, ont prononcé un grâce, l'abondance, le charme de sa parole. Tou-
jour des mots ou même des discours éloquents. tefois il est inférieur à son rival, qu'on s'accorde
C'est aux époques seules de culture intellectuelle à proclamer le premier des orateurs de l'anti-
que l'on voit des orateurs. L'examen rapide que quHé.
nous allons faire des temps et des hommes remar- Démosthène, né à Péanie en Attique en 385,
quables par leur talent oratoire confirmera la jus- mort en 322, est la personnificationde l'éloquence
tesse de cette observation. grecque. Il prit part d'abord à des luttes judiciaires
ORATEURS ANCIENS. )° Grecs. Le peuple grec, pour arracher les débris de sa fortune à des tu-
si heureusementdoué par la nature, a compté de teurs infidèles. Il écrivit ensuite des plaidoyers
tout temps des hommes diserts et habiles à parler. qui lui valurent beaucoup d'argent et commen-
Dans l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, toutes les cèrent sa réputation. Il aborda ensuite la tribune
affaires se décident en conseil après délibération. politique, après s'être préparé par de longs exer-
Ulysse et Nestor y occupent la première place, et cices. Il ne réussit pas d'abord, mais à force de
font prévaloir leur avis par la persuasion. Cepen- persévérance, il parvint à vaincre sa timidité, et
dant les Grecs eux-mêmes ne leur donnaient pas une sorte de bégaiementqui gênait sa parole. Il
le nom d'orateurs.Us ont réservé cette désignation se fit le champion de la liberté de son intrigues pays, et
l'influence et les
aux personnages d'une époque bien postérieure, essaya de lutter contre
qui avaient perfectionné leurs dispositions natu- de Philippe, roi de Macédoine. Celui-ci, rendant
relles par l'étude et la connaissance des règles de justice à son adversaire, déclarait qu'il redoutait
les
l'art oratoire, qui n'ont pas été éloquents une fois plus un discours de Démosthène que toutes dis-
seulement, mais qui, dans toutes les circonstances armées grecques réunies.Il nous reste de lui 61
où ils ont eu à parler, l'ont fait avec méthode et cours dcnt 30 sont consacrés à des causes judi-
avec habileté. ciaires. Les 31 autres sont relatifs à des affaires
Périclès (né vers 494, mort en 429 avant notre publiques et ont été prononcés, soitdevantl'assem-
ère) est le premier auquel les anciens s'accor- blée du peuple, soit devant les tribunaux appelés
dèrent à donner le titre d'orateur. Il a longtemps à juger les causes politiques. Les plus célèbres
gouvcMé, par l'ascendant de sa parole, la Répu- sont les 11 harangues connues sous le nom de
Philippiques et dirigées contre le roi de Macédoine. ceux,qu'il écrivit contre Verres,le magistrat pré-
Mais le chef-d'œuvre de l'éloquence de Démosthène varicateur de Sicile, et qu'on nomme les F~'f!'?M.
est le plaidoyer désigné sous le nom de Discours Consul, il démasqua et combattit la conspiration de
pour la couronne. Un ami de Démosthène, Ctési- Catilina par ses quatre Catilinaires. Enfin, après
phon, avait proposé de décerner à Démosthène la mort de César, il prononça, comme sénateur,
une couronne d'or en récompense des services quatorze harangues principalement dirigées contre
rendus par lui à Athènes. Eschine accusa Ctêsi- Antoine, et qu'on a appelées jF'A:7:'pp~MMpar une
phon d'avoir proposé une mesure illégale, et atta- allusion glorieuse aux discours composés par Dé-
qua la conduite politique de Démosthène. Celui-ci mosthène contre le roi de Macédoine. H n'est pas
défendit Ctésiphon et justifia sa propre conduite possibled'avoir plus d'art, d'abondance, d'esprit, de
par une longue harangue, que Cicéron traduisait souplesse que n'en montre Cicéron dans ses œuvres
pour se former à l'éloquence, et pour laquelle on a oratoires. Aussi a-t-il exercé une grande influence
épuisé toutes les formules d'éloges et d'admiration. sur lalittérature romaine tout entière. Son nom est
Eschine, vaincu dans ce débat, fut obligé de s'exi- devenu, même pourles modernes, synonyme d'élo-
ler d'Athènes. quence. On l'a souvent comparé et presque tou-
Avec Démosthène périt la liberté de la Grèce. jours préféré à Démosthene. Fénelon seul, au
Il n'y eut plus après lui, sauf son contemporain xvn" siècle, mettait Démosthene au-dessus de lui.
Démëtrius de Phalère, que des avocats aussi obs- Les modernes, plus sensibles àla valeur des idées
curs que les causes qu'ils plaidaient. qu'au charme du style, semblent s'accorder à
X" Latins. -A Rome, tant que dura la République, mettre en première ligne Démosthene « à qui on
la parole fut toute-puissante au Sénat et devant ne pourrait rien retrancher, s et à placer après
l'assemblée du peuple. Il y eut dès l'origine des lui Cicéron, « à qui on ne pourrait rien ajouter, a
hommes éloquents. Nul doute que Brutus, le Aussi, contrairementà l'opinion ancienne qui ad-
vengeur de la chaste Lucrèce, n'ait atteint la vé- mirait surtout les Verrines et les Catilinaires, plus
ritable éloquence en excitant les Romains à chas- abondantes et plus fleuries, on leur préfère au-
ser les Tarquins de leur ville. Ménénius Agrippa, jourd'hui les Philippiques de Cicéron, moinsornées,
qui apaisa une sédition en racontant au peuple où la préoccupation de l'homme politique lui fait
retiré sur le Mont Sacré l'ingénieux apologue des oublier plus souvent les artifices et les règles de
membres et de l'estomac,dut 6tre aussi un haran- l'art oratoire.
gueur habile. Toutefois la langue latine, longtemps Avec Cicéron finit l'éloquence politique à Rome,
rude etpresquebarbare, se prêtait difficilement comme elle avait fini en Grèce avec Démosthene.
à la grande éloquence. La tradition d'ailleurs Sous l'empire, il n'y eut plus que des avocats et
interdisait l'emploi de l'art oratoire dans les dis- des rhéteurs. On cite, au t" siècle de notre ère,
cussions du Sénat d'un autre côté, les harangues Quintilien, Pline le Jeune.Puis, bien que l'éloquence
agressives que les tribuns du peuple adressaientà soit cultivée avec passion en Italie, en Espagne, en
la multitude ne visaient ni à l'élévation du senti- Gaule, on ne voit plus surgir de nom vraiment
ment ni à la beauté de la forme. Aussi Cicéron, remarquable. De nombreux orateurs plaident des
qui s'est fait l'historien de l'éloquence romaine, causes sans gloire, ou composentdes panégyriques
ne compte de véritables orateurs qu'à une épo- sans conviction, où la médiocrité des idées n'a
que relativement récente. d'égale que la faiblesse du style.
Parmi eux, il place le premier Scipion Africain,
le vainqueur d'Annibal (né vers 235, mort en 184 av. –
ELOQUENCE sACKEE. J?~:se yrec~Me. Cependant,
avec le christianisme, un nouveau genre d'élo-
J.-C.) qui, accusé de concussion par les tribuns, quence, l'éloquence sacrée, s'était introduit dans le
dédaigna de se défendre, et entraîna la foule der- monde romain. On comprend sous ce nom les ser-
rière lui au Capitole pour rendre grâces aux dieux mons prononcés par les prêtres et les évëques.Ies
de la victoire de Zama. Caton l'Ancien ou le Cen- homélies, sermon d'un genre plus familier et plus
seur (234-149), outre les nombreux ouvrages qu'il simple, les panégyriques des saints, et les orai-
avait composés, avait laissé cent cinquante discours sons funèbres des membres de l'Eglise. Les prin-
que Cicéron connaissait et dont il nous reste de cipaux orateurs de l'Eglise grecque sont saint
nombreux fragments. Son éloquence était pleine Athanase, évêque d'Alexandrie (296-373) saint
de véhémence, de douceur, et mêlée de bonhomie. Grégoire de Nazianze (3:8-3S9), archevêque do
Cicéron ne craint pas de la comparer à celle de Constantinople, dont il nous reste, entre autres
l'orateur attique Lysias. œuvres, cinquante sermons; saint Grégoire do
Après Caton, le second Scipion Africain, qui Nysse.né à Sébaste vers 330, mort vers 400, au-
détruisit Carthage et mourut en H9, se distingua teur de nombreux sermons saint Basile,frère duIl
par une éloquence simple et énergique. Les deux précédent, né vers 329 à Césarée en Cappadocf,
Gracques, Tibérius Gracchus (mort en 133) et son mort en 379, qui a laissé des sermons remarqua-
frère Calus Gracchus (mort en 121), furent des bles par l'élévation du style et la largeur des
tribuns ardents et passionnés dont la parole gé- idées; saint Jean Chrysostome.ouabouche d'or~,
néreuse excitait plus tard l'admiration de Cicéron. dont le nom seul suffit à caractériser l'éloquence.
Mais ils ne nous sont connus que par des frag- Il naquit à Antioche vers 344, fut patriarche de
ments insuffisants. Nous n'avons rien ou presque Constantinople, et mourut en exil en 407. I[ a
rien de l'orateur Marcus Antonius, né l'an 143, laissé un grand nombre d'homélies, de discours et
mort l'an 87, de Licinius Crassus (140-91), de de panégyriques qui étincellent de beautés, malgré
Q. Hortensius, le rival de Cicéron (115-50 avant l'époque de décadence littéraire à laquelle ils
notre ère). Nous savons seulement par le témoi- appartiennent.
gnage de Cicéron lui-même qu'ils avaient un Eglise latine. -L'Egliselatine compte un moins
grand talent de parole, et qu'ils ont été les ora- grand nombre d'orateurs sacrés que l'Eglise grec-
teurs les plus éloquents de l'époque qui l'a pré- que. En effet, la barbarie corrompit plus vite la
cédé. langue latine. En outre, les prêtres ont affaire à
Cicéron,le plus grand orateur romain (né à Arpi- des auditeurs p!us grossiers, plus ignorants, qui
num, l'an 106, mort en 43 av. J.-C.), nous est connucomprennent à peine la langue qu'on leur parle
comme écrivain par ses nombreux ouvrages de et les enseignements religieux qu'on leur donne.
rhétorique, de philosophie, par sa correspondance On cite cependant: saint Hilaire de Poitiers, né
volumineuse, et comme orateur par cinquante-six vers 300, mort vers 367 saint Jérôme caractérisaitt
discours qui nous dévoilent sous toutes ses faces son éloquence impétueuse en appelant Hilaire le
son admirable éloquence. Il se fit d'abord connaî- Moïse del'éloquence ~a<:7:c;saintAmbroise,évolue
tre au barreau, par ses plaidoyers, surtout par de Milan }3!i0-97), auteur de sermons et de
traités qui font autorité dans t'Elise saint Jérôme, Mascaron, évêque de Tulle, né en 1634 à Mar-
né vers l'an 340 à Stridon dans la Dalmatie, mort seille, mort en n03, prêcha devant LonisXIV l'A-
en 420, connu surtout par la traduction latine qu'il vent de 1666 et le Carême de 1669. Il était très
flt de la Bible et qu'on nomme la Vulgate; saint goûté du rot malgré la hardiesse de sa parole. Il a
Paulin,évoquede Note, né à6 Bordeauxen 353, mort composéplusieurs oraisons funèbres, entre autres
en 431, sermonnaire et poète très remarquable; celle d'Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans,
enfin saint Augustin, le plus éminent des pères de où il eut à lutter contre le souvenir de celle de
l'Eglise latine, né en 354 à Tagaste en Numidie, Bossuet, et l'oraison funèbre de Turenne, où il
mort évoque d'Hippone en 430 ses Co?:/e.M!o?M si égala, s'il ne dépassa pas l'oraison de Fléchier.
célèbres, de même que ses nombreux écrits théo- Son style est véhément.et plein d'images, mais il
logiques, ne doivent pas faire oublier qu'il a été n'évite pas toujours la subtilité et l'enflure.
l'orateur le plus éloquent de son temps; toutefois Fénelon, archevêque de Cambrai,né au château
son style, par l'affectation et les ornements de de Fénelon dans le Quercy en 1651, mort en 1715,
mauvais goût, trahit une époque de décadence et a composé beaucoup d'ouvrages pour l'éducation
de barbarie. du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV,
ORATEURS MODERNES. Nous n'avons pas eu lieu entre autres le Ï~Mma~Me. Il se livra toute sa vie
de partager en classes distinctes les orateurs an- à la prédication et y obtint par l'onction et la
ciens. Le même homme d'ordinaire brillait a la douce chaleur de sa parole les plus grands suc-
fois au barreau et à la tribune politique. Il n'en cès. Toutefois il écrivait rarement ses discours,
est pas toujours ainsi chez tes modernes. Tel et ceux qui nous restent nous donnent une faible
avocat illustre n'a jamais abordé la politique. Tel idée de son éloquence abondante, familière et
orateur éminent de la Chambre des députés n'a persuasive.
jamais plaidé de cause au Palais de justice. Nous Massillon, évoque de Clermont, né à Hyères en
partagerons donc ici les orateurs en trois grandes 1663, mort en 1762, écrivait, au contraire, ses
classes: 1° les orateurs sacrés, 2° les orateurs ju- sermons avant de les prononcer. Il en a laissé plus
diciaires, 3° les orateurs politiques. Nous dirons de cent. Les plus célèbres sont ceux du Petit Ca-
ensuite quelques mots de l'éloquence académique rAKe, ainsi appelés parce qu'ils furent prêchés
et de l'éloquence militaire. pendant le Carême de 1717 devant le jeune'roi
1° Orateurs sacrés. L'éloquence n'a pas man- Louis XV le sermon sur fau~dne et celui sur le
qué aux orateurs sacrés du moyen âge, malgré la petit nombre des élus sont les plus remarquables
barbarie et l'ignorance des temps où ils vivaient par leur éloquence. Il prononça aussi l'oraison
il suffit de citer, avec Pierre l'Ermite, qui prêche funèbre de Louis XIV, qui offre de très grandes
la première croisade en )095, saint Bernard, né à beautés.
Fontaine en 1091, mort en 11M; saint Thomas Après lui, l'éloquence sacrée n'offre plus au
Becketde Cantorbéry, 1119-1170 saint Thomas xvur siècle que des noms secondaires, malgré la
d'Aquin, 12!7-1274; Gerson, né près de Rethel, réputation du sermon sur l'Eternité, prononcé à
en 1363, mort en 14!9,~quion attribue l'/t?:t<a<on Saint-Sulpice par le père Bridaine (l7H-)767), et
de Jésus-Christ. Les temps orageux de la Ligue, les 256 missions que cet infatigable prédicateur
an XVI* siècle, ont vu de nombreux orateurs, mais prêcha dans toute la France. Le cardinal Maury,
qui avaient plus de passion que de charité chré- né près d'Avignon en n46, mort en )817. a com-
tienne et d'éloquence. posé un Essai sur Mo~Meaee de la chaire, des
Le premier grand orateur digne de ce nom est panégyriques et des sermons écrits dans une
saint François de Sales, né en 1567 en Savoie, langue correcte et facile, mais d'une éloquence
mort en )6M. L'an 1602 il prêcha le Carême dans moyenne.
la chapelle du Louvre avec tant de succès Le xtx* siècle a compté beaucoup de prédica-
qu'Henri IV voulut le retenir et le nxer en France. teurs élégants et estimables. Deux seulement ont
On vante encore Jean de Lingendes (1595-1666), montré un véritable talent, le père Ravignan, né
aumônier de Louis XIII et auteur de sermons et à Bayonne en 1793, mort en 1858, et le père La-
d'oraisons funèbres estimés. cordaire, né dans la Côte-d'Or en 1802, mort en
Mais tous les noms des orateurs sacrés pâlissent ;8C). l.
devant les grands hommes qui illustrèrent le Les prédicateurs protestants les plus célèbres
xvu" siècle, si fécond en génies de toute sorte. sont, en Allemagne, Luther, né en 1483, mort en
Bourdaloue, né a Bourges (1622-1704), com- 1546 Mélanchthon, son disciple, né en 1497 dans
mença à prêcher à Paris en 1).69. Il y obtint un le Bas-Palatinat, mort en 1560. Calvin,né à Noyon
succès si éclatant qu'il fut charge dix ans de suite en Picardie en )M)9,mort à Genève en i564,acom-
de prêcher l'Avent ou le Carêmedevant Louis XIV posé beaucoup d'écrits, et prononcé des sermons
et toute la cour. On goûtait surtout les portraits et remarquables. En Angleterre, Sterne, né en 1713,
tes peintures morales qu'il traçait dans ses ser- mort en 1768, s'était fait connaître par des ser-
mons il en reste un grand nombre. mons avant d'écrire le Voyage sentimental; on
Bossuet, né à Dijon (t6:7-n04), fut surtout célè- vante beaucoup aussi les sermons de Hugues
bre au xvn* siècle par les oraisons funèbres qu'il Blair, né en 1718 à Edimbourg, mort en 1800; ils
a prononcées. Les trois plus remarquables sont ont été traduits en français.
celles de la reine d'Angleterre, de la duchesse 2° Orateursjudiciaires.– L'éloquence judiciaire
d'Orléans, et du prince de Condé. On appréciait ne remonte pas en France au delà du règne de
moins ses sermons qui, du reste, n'étaient pas Louis XIV. Avant le progrès du goût amené par
imprimés. Aujourd'hui qu'ils ont été publiés, on les chefs-d'œuvre de la littérature du xvn* siècle,
les trouve aussi remarquables que ses oraisons les avocats parlaient une langue barbare, hérissée
funèbres, et on met Bossuet comme sermonnaire de termes de droit et de citations latines. Ceux
au-dessus même de Bourdaloue. qui eurent le plus de renommée sous Louis XIV
Fléchier, évëque de Nîmes, né près d'Avignon se ressentent encore des défauts de leurs prédé-
en 1632, mort en 1710, se flt connaître par des cesseurs, et ont une éloquence lourde et souvent
sermons qui eurent beaucoup de succès, avant pédantesque.Tels sont Olivier Patm, né à Paris
de composer des oraisons funèbres. La plus belle en 1604, mort en 1681; Lemaistre, né à Paris en
de ses oraisons, celle de Turenne, atteint souvent 1608, mort en 1658 Omer Talon, né à Saint-Quen-
l'étoquence.bien qu'on reproche à l'auteurun style tin en 1&95, mort en 1652; l'avocatgénéral Denis
trop fleuri, et un abus des antithèsesqui finit par Talon, né en 1628, mort en 1698.
fatiguer. It a écrit aussi des panégyriquesdes saints, L'avocat Cochin, né à Paris en 1687, mort en
qui ne sont pas exempts des mêmes défauts. H4t, ouvre brillamment le xvtu* siècle, et mar
que un progrès réel sur ses devanciers. H brillait teurs politiques est le fameux Mirabeau (Gabriel
surtout dans l'improvisation aussi les plaidoyers Honoré de Riquetti, comte de), né au Bignon près
qui nous restent de lui paraissent-ils inférieurs à de Nemours en 1749, mort en 1791. Tout le monde
sa réputation. Gerbier, né à Rennes en 1725, mort connaît les paroles éloquentes qu'il répondit à
en 1788, surnommé l'aigle du &<cvMM, apeu écrit. M. de Dreux-Brezé « Allez dire à votre maître
Ceux qui l'ont entendu ont fait le plus grand éloge que nous sommes ici par la volonté du peuple
de ses discours. et que nous n'en sortirons que par la force des
La Chalotais, procureur-général au parlement baïonnettes Cependant ses plus beaux discours,
de Bretagne, né à Rennes en 170), mort en 1785, même celui coK~'c la banqueroute, perdent à la
se fit connaître par ses écrits contre les jésuites, lecture. Ils devaient, en effet, une grande partie
et par les mémoires justificatifs qu'il écrivit pen- de leur valeur à la voix sonore de Mirabeau, à son
dant sa longue détention au château de Saint- geste véhément, à ses accents passionnés.
Malo. Ces mémoires ont de l'éloquence et offrent A côté de Mirabeau se placent son adversaire
un vif intérêt. l'abbé Maury, que nous avons déjà nommé; Bar-
On cite encore avec éloges Servan, né à Romans nave, né à Grenoble en 1761, mort en 1792, dont
en 1737, mort en 1807 son discours sur la justice le plus éloquent discours est celui qu'il prononça
criminelle excita en 1766 le plus grand enthou- devant le tribunal révolutionnaire; Cazalès, né dans
siasme. Le président Dupaty, né à la Rochelle en la Haute-Garonne ()752-) 805); Meunier, né à Gre-
1744, mort en 1788,est moins connu par ses dis- noble, 1758-1806; Malouet, né à Riom
en 1740,
cours, qui sont excellents, que par ses Lettres sur mort en 1814. Ensuite vinrent les orateurs connus
l'Italie, ouvrage superficiel et ampoulé. Lally-Tol- sous le nom de Girondins Vergniaud, le plus
lendal, né à Paris en 1751, mort en 1830, est célè- éloquent, né à Limoges en 1759, mort en f!H3
bre par les mémoires qu'il écrivit pour obtenir la sa parole, moins ardente et moins passionnée
réhabilitation de son père, mort sur l'échafaud celle de Mirabeau, avait plus de finesse et de que pé-
en 1766, et par le plaidoyer qu'il composa pour nétration Guadet, né à Saint-Emilion en 1758,
Louis XVI; Malesherbes, né à Paris en 1721, mort en 179.3; Gensonné, né à Bordeaux 1758,
mort en 1794, s'illustra surtout par le touchant mort en )793; Brissot, né à Warville, en près de
plaidoyer qu'il prononça à 72 ans pour Louis XVI Chartres en 1754, mort en 1793; Isnard, né à
dont il avait été ministre. Grasse en 1751, mort en 1830; Louvet, né à Pa-
Portalis, né en Provence en 1745, mort en 1807, ris en 1764, mort en 1797.
est moins connu par les éloquents discours qu'il Quelques-uns des adversaires des Girondins,
prononça contre Beaumarchais et Mirabeau, que Danton, né à Arcis-sur-Aube (!759-)794), Robes-
par la part importante qu'il prit à la rédaction du pierre, né à Arras (1759-I7M4), et Saint-Just, né
Code civil. Il eut pour principal collaborateur à Decize (1768-1791), avaient aussi
Tronchet, né à Paris en 1726, mort en 1806, qui lent de parole. un grand ta-
fut aussi un orateur distingué. Sous l'Empire, il n'y eut plus de tribune poli-
Dans le xix* siècle,. les plus célèbres orateurs tique. Avec la Restauration, l'éloquence reparut
judiciaires sont Lacuée, né à Bordeaux en 1767, dans nos assemblées délibérantes. Les orateurs
mort en 1825 Berryer, né à Paris en )790, mort qui y montrèrent le plus de talent furent le gé-
en 1868, le défenseur du maréchal Ney, l'orateur néral Foy, né à Ham en 1775, mort en 1825, qui
du parti légitimiste, et aussi célèbre par ses dis- déploya à la tribune une éloquence remar-
cours politiques que par ses plaidoyers; Dupin quable, et la mit au service de la liberté et des
aîné, né à Varzy en 1783, mort en 1865, célèbre principes constitutionnels;de Martignac, né àBor-
comme jurisconsulte et comme personnage poli- deaux en 1776, mort en 1832, qui aurait sauvé
tique Chaix d'Est-Ange,né à Reims en 1800, avo- la Restauration sans le ministère Polignac, Ben-
cat habile, fécond en ressources, mais qui n'obtint jamin Constant, né à Lausanne en 1767, mort en
pas, comme orateur politique, les succès qu'il 1830, chef de l'opposition au gouvernement de
avait mérités comme avocat. Charles X; Royer-Coilard, né à Sompuis, dans
Le barreau compte de nos jours un grand nom- la Marne, en 1763, mort en 1845, qui prononça
bre d'avocats éminents, mais leurs noms n'appar- des discours admirables, notamment contre la
tiennent pas encore à l'histoire. loi <f<!&:MM et la loi du sacrilège, et obtint une
Les avocats les plus distingués de l'Angleterre telle popularité qu'en 1827 sept collèges électoraux
contemporaine furent O'Connell, le célèbre agita- l'envoyèrent spontanément à la Chambre des dé-
teur irlandais, né en 1775, mort en 1847, qui débuta putés.
d'abord au barreau et y eut les plus grands succès Le gouvernement de Louis-Philippe a compté
avant de se lancer dans la politique et Lord Brou- aussi un grand nombre d'orateurs éminents qui
gham, né en 1778 à Edinbourg, mort à Cannes en ont illustré la tribune française. !1 suffira de citer:
1868. Ses succès au barreau le firent nommer de Casimir Périer, né à Grenoble en )777, mort en
bonne heure membre du Parlement. La cause la 1832, qui montra autant de talent comme orateur
plus célèbre qu'il ait plaidée est celle de la reine que de décision et de fermeté comme ministre
Caroline, accusée d'adultère par le roi d'Angle- Guizot, né à Nîmes en 1787, mort en 1874, dont
terre Georges IV. la parole élevée et hautaine sut maintenir une
3°0~<eM~po~~MM.–MaIgrél'éIoquencedont majorité trop docile, pendant son long ministère
Robert Miron, prévôt des marchands de Paris de t840 à 1848; Berryer, déjà nommé parmi les
(mort en 1641), fit preuve aux Etats généraux de orateurs judiciaires; enfin Lamartine, né à Mâcon
1614, malgré quelques orateurs dont la parole re- en 1790, mort en 1869. La révolution de 1890 avait
tentit avec éclat dans des circonstances sembla- décidé le poète à entrer dans la politique. Son
bles, l'éloquence politique ne date réellement en rôle devint des plus actifs vers la fin du règne
France que de la révolution de 1789. Fénelon en de Louis-Philippe. Membre de l'opposition, il
indiquait la raison dès 1715. « Chez nous, toutes contribua à amener la révolution de 1848 et fut
les affaires publiques, dit-il, se décident en secret nommé au 24 février membre du gouvernement
dans le cabinet des princes ou dans quelque négo- provisoire. Ses plus beaux discours politiques da-
ciation particulière aussi notre nation n'est pomt tent de cette époque.
excitée à faire les mêmes efforts que les Grecs Ledru-Rollin, né à Paris en 1807, se fit con-
pour dominer par la parole. L'usage public de naître d'abord sous le règne de Louis-Philippe
l'éloquence est maintenant presque borné aux par l'opposition ardente qu'il fit à son gouverne-
prédicateurs et aux avocats ». ment. Organe du parti républicain, il enflammait
Le premier et l'un des plus grands de nos ora- par sa parole les passions populaires. Jl contribua
avec Lamartine à préparer la révolution de 1848. Fontenelle (1657-175'!),comme secrétaire perpétuel
Mais ses qualités d'administrateur,de politique, de l'Académie des sciences, et M. Mignet, né à
d'homme de gouvernement furent loin de ré- Marseille en 1796., secrétaire de l'Académie des
pondre a son talent d'orateur. sciences morales et politiques. Les Eloges de
Thiers, né !t Marseille en 1797, mort en 1877, a M. Mignet sont des modèles d'élévation et de
dans sa longue existence montré les plus rares et style.,
les plus grandes qualités d'orateur politique. 5° Éloquence militaire. L'éloquence militaire
Journaliste, il attaqua avec vivacité le gouverne- aussi est un genre qu'on n'a pas souvent l'occasion
ment de Charles X, et signale premier la protes- de pratiquer. Elle comprend les harangues et les
tation contre les ordonnancesde 1830. Ministrede proclamationsqu un général adresse à ses soldats.
Louis-Philipoe ou'membre de l'opposition de 1830 Dans la réalité, elle se borne à quelques mots
à 1848, il ne cessa de prendre la parole sur les énergiques, et n'a pas les développements que les
questions les plus importantes. Rappelé au Corps historiens anciens lui donnent par une fiction
législatif sous l'Empire, il y prononça son fameux qui ne trompe personne. Cependant, on admire
discours sur les libertés nécessaires, qui eut nn si avec raison les proclamations que Napoléon I"
long et si durable retentissement.Enfin on connaît adressait soit à l'armée, soit aux populations au
le rôle parlementaire qu'il a joué depuis 1870 jus- milieu desquellesii se trouvait. Elles enflammaient
que sa mort. Son testament politique fut la lettre ses soldats et étonnaient les peuples par leur
qu'il adressait,après le coup d'État du 16 mai 1876, grandeur et leur éclat un peu déclamatoire. Les
aux électeurs de son quartier, et que la France plus célèbres sont la première proclamation à l'ar-
entière lut avec admiration. Sa veuve a publié mée d'Italie, et les deux proclamations adressées
les discours de son illustre époux. Ce qui carac- l'une aux populations de l'Egypte, après la bataille
térise l'éloquence de Thiers, c'est sa force de per- des Pyramides, et l'autre aux habitants de Vienne
suasion. S& parole simple, claire, limpide, son art en Autriche après la bataille de Wagram.
d'élucider les questions les plus obscures, gagne [Victor Cucheval.]
ORCHIDÉES. Botanique, XIV. Etym.
peu à peu les auditeurs. Les convictions des plus Orchidées vient du du principal
opiniâtres sont déj4 ébranlées, lorsque quelques Le mot nom genre
accents élevés et patriotiques achèvent de les de cette famille, qui est le genre Orchis, et le mot
entralner. Orchis est lui-même un mot grec qui signifie
En Angleterre, l'éloquence politique date du plante bulbeuse.
xvm* siècle et a offert d'éclatants modèles à nos ZM/~Ktom. Les Orchidées sont des plantes
orateurs de la Révolution.Les plus célèbres sont: monocotylédones caractérisées par leur pollen ag-
lord Chatham, né en 1708 à Westminster, mort gloméré en grosses masses nommées po//i'KtM,
en l'U8; son plus beau discours est celui qu'il par leur embryon non différencié, par leur pé-
prononça, presque mourant, dans le Parlement rianthe irrégulier et par leur androcée presque
anglais pour s'opposer à ce que l'Angleterre recon- toujours réduit à une anthère.
nflt l'indépendance des États-Unis son fils Wil- Caractères botanique*. – La graine des orchi-
liam Pitt, né en 1759, ministre à vingt-trois ans, dées se compose d'un tégument séminal mem-
mort en 1806, qui fut l'ennemi acharné de la braneux formé d'un seul rang de grandes cellules,
France pendant la Révolution, et ne cessa de diri- à parois généralement minces, plus rarement
ger par sa parole un Parlementindocile et las des épaissies sur leur face profonde, comme dans
défaites répétées essuyées par l'Angleterre pen- la vanille; sous ce tégument séminal, on trouve
dant les guerres de la République Fox, né à un embryon globuleux non différencié en axe, ni
Londres en 1749, mort en 1807, qu'on a surnommé appendice souvent le tégument séminal de la
Ie*Démosthènede l'Angleterre il fut l'adversaire graine des orchidées semble s'étendre de chaque
~t te successeur de Pitt Burke, né à Dublin en côté du corps central de cette graine, comme une
1730, mort en 1797, qui se distingua surtout par ses sorte d'aile générale. Cette disposition a en vue
violentes attaques contre la Réuolution française. de faciliter la dispersion des graines seul, ie genre
Les orateurs anglais de notre époque sont infé- Vanille fait exception avec ses graines noires,
rieurs en général à leurs devanciers. La parole brillantes, lourdes et de consistance crustacée.
règne toujours dans les deux Chambres. Mais les Lors de la germination, ii s'écoule un temps très
orateurs, ce qui vaut peut-être mieux, s'attachent long entre le moment où la grainedeest connéo au
surtout à parler en hommesd'affaires; leur langage sol et celui où l'embryon, en voie germination,
est simple, juste, quoique trop prolixe; il n'a pas déchire le tégument séminal. A cette époque, il
l'envergure et les grands coups d'aile des orateurs n'est pas encore possible d'indiquer le pomt de
du xviu* siècle. végétation et, par conséquent, le sommet de l'em-
4° Éloquence oc~MM~t'~e.–Est-ilbienutile.après bryon. Bientôt, en un point absolument quelcon-
ces grands genres d'éloquence, de parler de 1 élo- que de cet embryon, on voit surgir une ou plu-
quence académique? On appelle de ce nom, dans sieurs racines il n'y a pas H de racine principale
les traités de rhétorique, le discours que chaque comme cela arrive habituellement chez la plupart
membre de l'Académiefrançaise prononce lorsqu'il des autres plantes.
vient s'y asseoir pour la première fois, et le dis- Les racines ordinaires des. orchidées sont
cours qu'on lui adresse en réponse. Cela ne con- adventives, c'est-à-dire qu'elles naissent en un
stitue pas un genre bien étendu. On y comprend point absolument quelconque de arrondies la surface de la
aussi les compositionslittéraires mises au concours plante. Elles sont cylindriques, à leur
offrent un aspect tout particulier.
par l'Académie et dont la meilleure obtient une extrémité, et
récompense. Mais ii est rare que la même per- Elles ne se ramifient jamais. On voit très fréquem-
sonne se livre plusieurs fois à ces compositions ment plusieurs de ces racines adhérer entre elles
annuelles, réservées plutôt a des jeunes gens qui par un tissu parenchymateux; on appelle clado-
veulent se faire connaître. Par exception, le célèbre des de racines ces régions communes à plusieurs
Thomas (1732-1785) concourut cinq fois au xvm* racines. Si, comme il arrive souvent,hypertrophie un cladode
siècle et remporta cinq fois le prix d'éloquence, de racines devient le siège d'une
avant d'entrer à l'Académie française. cellulaire et en même temps un magasin de ré-
A l'éloquence académique appartiennent aussi serves nutritives, on le désigne, en botanique
tes éloges des membres défunts composés par le descriptive, sous le nom de tubercule digité.
secrétaire perpétuel de certaines académies. Deux Lorsque les racines adventives des orchidées
hommes seuls, remarquables par leur longévité, doivent vivre dans l'air, loin du sol, on les nomme
ont eul'occasion d'en prononcerungrand nombre racines aériennes, et leur surface se recouvre
d'une enveloppe blanchâtre que l'on nomme ve- y absorber les matières nutritives que ceux-ci
lamen; le velamen n'est autre chose qu'une pilo- contiennent.
rhize ordinaire qui ne subit pas d'exfoliation; le L'ensemble des caractères des orchidées nous
velamen est par conséquent un revêtement subé- montre ces végétaux comme des types profon-
reux qui protège la surface de la racine. Dans un dément dégradés, et ce fait s'accorde parfai-
petit nombre de plantes, ces racines aérien nés se tement avec l'habitude, générale chez les plantes
chargent de chlorophylle et jouent ainsi partielle- de cette famille, de vivre soit comme plantes
ment le rôle de feuilles. ~Mn::eo~.t, soit comme plantes épiphytes. Un très
La tige des orchidées est généralement assez petit nombre d'orchidées sont franchement para-
peu développée, rampante ou dressée,
parfois sites telles sont le Limodorum, la Neottia nidus
très grêle et se terminant par une hampe florale avis; dans ces deux plantes, la chlorophylle est
nue. Dans un petit nombre de genres, chacun des remplacée par des cristalloides rouges. Certaines
entre-nœuds de cette tige se renfle en un tuber- orchidées sont tellement dégradées qu'elles ne
cule d'une forme toute particulière. Ce n'est que présentent jamais de racines telles sont le Cora-
dans le genre Vanille que la tige présente un lorhiza et repayât.
très grand développement; mais, même dans ce Usages des Orchidées. – Les plantes de la fa-
cas, elle demeure herbacée et conserve une struc- mille des orchidées sont très recherchées à cause
ture très simple. de la bizarrerie et de la beauté de leurs fleurs,
Les feuilles des orchidées sont engainantes, qui ressemblenttantôt à un papillon, tantôt à une
entières, allongées, à nervures parallèles peu nom- abeille, tantôt à un singe, etc. Leur culture de-
breuses ces feuilles sont, la plupart du temps, mande le plus ordinairement la serre chaude et
presque radicales. Ce n'est guère que dans le genre des soins assidus; elle est devenue en Angleterre
Vanille qu'on trouve les feuilles dispersées sur et en Belgique l'objet d'une véritable passion. Les
toute la surface de la plante. En approchant de célèbres horticulteurs Veitch et Linden entretien-
l'inflorescence, les feuilles se réduisent à l'état de nent à grands frais des voyageurs dans les ré-
petites écailles. gions tropicales du globe pour y recueillir spé-
La fleur des orchidées se compose d'un périan- cialement les orchidées. Aussi Linné, qui, au
the hexaphylle dont les pièces fort dissemblables milieu du siècle dernier, ne connaissait qu'une
les unes des autres sont disposées sur deux rangs. douzaine d'orchidées exotiques, pourrait-il lire au-
L'une des pièces du verticille intérieur de ce pé- jourd'hui, sur les catalogues des horticulteurs an-
rianthe prend un développement considérable et glais, les noms de 3500 espèces de ces végétaux.
une forme spéciale; on lui donne présente le nom de Parmi les orchidées, peu nombreuses, qui
labelle; très fréquemment le labelle un sont utiles à l'homme, nous citerons
enfoncement ou éperon dans lequel est cachée 1° Les Vanilles. Ce sont des plantes sarmen-
une glande dont le nectar a pour but d'attirer les teuses qui croissent dans les régions chaudes et
insectes qui doivent concourir à la fécondation de humides du Mexique et de la Guyane. La culture
la fleur. Les diverses pièces de la fleur sont insé- les a acclimatées dans les Antilles, au Brésil, 11
rées au sommet de l'ovaire qui devient par cela dans l'ile Maurice. On les cultive pour leur fruit.
même !K/!°''e. L'androcée ne comprend qu'une Ce fruit est une capsule longue, noire, dont les
seule étamine opposée au labelle, hypertrophiée graines globuleuses, coriaces, fort petites, sont
plongées dans tissu placentaire qui sécrète
et adhérente au style qui surmonte l'ovaire; cette un
est dû le parfum
anthère est biloculaire; tous les grains de pollen une huile balsamique à laquelleemployée dans la
de chaque loge demeurent adhérents les uns aux délicieux du fruit. La vanille est
quelques mets délicats. La variété
autres et forment ce que l'on nomme une pollinie; préparation de
estimée celle qui vient de l'ite Bourbon.
très fréquemment chaque pollinie se prolonge en la plus est
une sorte de bec ou caM~tCM/e. En regard de l'an- Conservée dans un endroit sec, elle se vanille couvre de
thère le style porte une glande ou rétinacle qui cristaux blancs d'acide benzoique. La du
produit une humeur visqueuse très adhésive cette Mexique, qui est la plus commune et la moins par-
humeur se répand jusque les caudicules, et fumée, est connue dans le commerce sous le nom
sur
s'y attache en séchant, elle se contracte, tire à de vanillon.
elle les pollinies, par l'intermédiaire des caudi- 2° L'Agrecum /<ra?M ou Fa/tam, originaire
cules et vient ainsi en aide à la déhiscence très des Iles Mascareignes. Les feuilles de cette plante
imparfaite des loges de l'anthère. sont vendues sous le nom de thé de Bourbon; elles
L'ovaire est unitoculaire, tricarpellé, et présente ont une saveur amère et une odeur de fève tonka.
trois placentas pariétaux bilobés qui sont chargés 3° Les Orchis, qui produisent un petit tubercule
d'une multitude d'ovules anatropes bitégumentés. dont on extrait une fécule très légère connue
Dans l'épaisseur des parois ovariennes, on trouve sous le nom de salep. Le salep nous vient do
parfois des glandes septales très développées. l'Asie-Mineure et de la Perse. Bien que les es-
L'ovaire est surmonté d'un style court massif qui pèces qui produisent le salep soient indigènes
glanduleux très dans l'Europe centrale, plantes n'y sont pas
se termine par un stigmate ces
permettre la fabrication
grand et fortement courbé en forme de cuiller assez abondantes pour y
la concavité de ce stigmate regarde vers le sol. directe de cette fécule.
Dans la position ordinaire, le stigmate semble Le salep se mange cuit comme le tapioca ou in-
placé immédiatement au-dessus de l'anthère. corporé au chocolat. JC.-E. Bertrand.~
Les pollinies sont transportées sur le stigmate OREILLE. V. Oule.
l'intermédiaire des insectes hyménoptères. ORGANISÉS(Etres). V. Règnes.
par (EXTRÈME). Histoire générale, I.
La fleur d'un petit nombre d'orchidées diffère ORIENT
quelque peu de celle que nous venons de faire L'extrême Orient comprend les deux empires
connaître c'est ainsi que dans le Cypripedium, le de la Chine et du Japon.
périanthe et l'androcée ont une symétrie binaire Chine. – Les Chinois font remonter leur anti-
et un ovaire infère tricarpellé. quité à 81600 ans avant leur ère historique. La
Le fruit des orchidées est une capsule déhis- Chine était alors gouvernée par des dieux, puis
cente en trois ou six valves très souvent, dans par des souverains descendant des dieux, tels que
les orchidées do nos pays, les trois valves inter- Fo-hi, CAm-NOMn~ et Yao, auxquels on attribue
placentairesrestent unies entre elles au sommet. l'invention du feu, des maisons, de l'agriculture,
Pendant le développement du fruit et la formation des arts et métiers, de la médecine, de l'écriture,
de la graine, on voit souvent les suspenseurs des du calendrier, etc. L'époque historiquecommence
embryons s'étaler à la surface des placentas, pour en 2698 avec la règne de Hoang-Ti, que les Chi-
nois regardent comme leur premier législateur. changé à l'administration plusieurs fois séculaire.
En 2205 l'empire, électifjusqu'alors,devient héré- A la fin du xvm" siècle ont commencétes démê-
ditaire, et Yu fonde ta dynastie Hia, qui règne jus- lés qui durent encore entre l'Europe et la Chine.
qu'en 1766. Le dernier empereur de cette famille, L'Angleterre prolita la première dos mauvais
Li-Koué, dépose à cause de ses cruautés, fut rem- traitements exercés contre tes Européens pour
placé par Tching-Tang qui fonda la dynastie prendre pied dans l'empire. Les ambassades de
Chang (1766-1)22). Celle des TchéQu lui succéda lord Macartney (H92)et de lord Amherst (1802)
et occupa le trône jusqu'en 24~. Son fondateur, n'eurent point de résultats, et en 1815 tous tes ca-
Wou- Wang, fit rédiger le Théou-li, recueil de lois tholiques furent chassés; tes missionnaires de
politiques et socialesdéjà existantes et suivies en- Pékin eurent le même sort en 1828. Le privilège
core aujourd'hui. Sous le règne de Ling-Nang na- de la Compagnie des Indes ayant cessé en 1834, le
quit Confucius (551-479). La dynastie des Tchéou gouvernement anglais ne craignit plus de voir
fut renversée par l'usurpateur Thsin, qui mit un fermer le port de Canton sans interventionsepossi-
peu d'ordre dans l'empire morcelé et bouleverse, ble, et, désormais seul chargé de protéger son
et qui fonda une dynastie nouvelle (:t9-)97), la- commerce, il chercha une occasion de commencer
quelle donna son nom à l'empire T/fWia. Chine. les hostilités. La Chine l'offrit bientôt. L'empereur
Un des successeurs de Thsin, CAt-Noan~-Tt, éleva, s'émut des effets de l'opium introduit en grande
vers 214, la grande muraille contre les Hiong-nou quantité malgré sa prohibition, et de l'exportation
(Huns). On dit que, pour se délivrer des impor- de t'or et de l'argent donnés seuls paiement.
tunités des hauts fonctionnaires qui à son auto- Les commerçants européens furent en retenus pri-
rité opposaient les traditions, il fit brûter tous sonniers jusqu'à ce qu'ils eussent livré leurs car-
les livres relatifs aux mmnra et a l'histoire de la gaisons d'opium la guerre commença (t839). Les
Chine. A la dynastie des Thsin a succédé celle des Anglais bombardèrent Canton et arrivèrentjusqu'à
Han(de 197 av. J.-C. 2:!C ap. J.-C.) Sous les Han, Nankin. Une convention signée dans cette ville
la Chine eut des rapports officiels avec l'empire ro- (1842) mit fin à la guerre de fcpzMm et imposa aux
main, qu'elle appelait T'ai-T'~tK et où elle était Chinois la légalisation du commerce de l'opium, la
connue sous le nom de Sérique (pays de la soie). cession de Hong-Kongà l'Angleterre, une indem-
Une ambassade chinoise s'arrêta, en revenant, nité de 105 millions de fr. et l'ouverture des cinq
dans l'Inde, et en rapporta la religion de Bouddha ports conquis au commerce européen. M. deLagre-
(le Fd des Chinois). née, représentant de la France à Canton, entama à
Après les Han, la Chine, livrée aux discordes, son tour des négociations et, de sa propre autorité,
se divisa en deux empires celui du Nord formé imposa à la Chine le traité de Vampora (1844), qui
par une invasion de Tartares, et celui du Sud. donnait à la France les du traité de
En 589, la dynastie des SoMt monta sur le trône Nankin, permettait aux avantages Chinois d'embrasser le
et réunit les deux empires. Celle des Tang lui christianisme et prescrivait la restitution des
succéda (617-9C7) et fut très brillante. Sous cette églises bâties depuis 1722 qui n'avaient pas en-
dynastie, la Chine étendit sa domination, par force core été converties en pagodes. La France obtenait
ou par soumission volontaire, sur la Corée, le en outre un acte ofnclet lui donnant le droit de
Japon, le Thibet, le Turkestan, la Mongolie, le faire des réclamations.
pays des Mandchoux, le Tonkin, le Cambodge, Pendant cette périoded'embarras, la secte des Né-
la Cochinchine, Siam, Hainan et Formose. Elle nufars, ayant pour but de placer sur le trône une
prit pour capitale Signan-fon. Après les Tang, dynastie nationale, fit de rapides progrès et abou-
les troubles éclatèrent de nouveau et les dynas- tit à une révolte. A la voix des Tchang-mao
ties se succédèrent rapidement la deuxième belles aux longs cheveux,les populations se ou re-
soule-
dynastie des Song se maintint plus longtemps vèrent en mars 1853, Nankin tomba entre leurs
(990-1279). Sous son règne, le Nord de la Chine mains et l'empereur des rebelles proclama l'ou-
fut envahi par les Tartares les empereurs n'en vertured'une ère nouvelle, celle de la GroKf/e-Pat.
conservèrent une partie qu'en se soumettant à ou Tai-Ping. Il s'empara ensuite d Emouy et de
un tribut; ils durent transporter leur résidence Shang-Hai. Une nouvelle guerre avec l'Europe,
à Hang-tchou-fou. Délivrés un moment par les dont nous parlerons tout A l'heure, empêcha le
Mongols sous la conduite de Gengis-khan qu'ils gouvernement de diriger toutes forces contre
avaient appelé, ils furent bientôt les victimes les insurgés toutefois, attaqués,ses après les traités
de leurs alliés. Gengis-khan conquit la Chine de t86t, par l'armée franco-anglaise, ceux-ci per-
par deux victoires et fit périr l'empereur avec dirent Nankin et Shang-Hai et à partir de 1880,
tous tes membres de la famille des Song. Son la rébellion a été complètement réprimée. La
petit-aïs Kublai-Khan, connu en Chine sous le révolte du Turkestan amena la séparation de
nom de Thi-Tsou, fonda la vingtième dynastie ce pays d'avec l'empire (t873) celle des Chinois
chinoise, celle des Mogols ou y.Mt(t279-13M), qui musulmans ou Pansis (1875) vient enfin d'être
administra sagement l'empire. Sous le règne de apaisée.
cette dynastie, les missionnaires et les voyageurs En t856, tes Anglais, profitant des embarras do
européens pénétrèrent dans la Chine, connue gouvernement chinois, et s'appuyant sur une
alors en Europe sous le nom de Cathay, Le plus prétendue insulte faite à leur pavillon, reprirent
illustre d'entre eux est Marco Polo. Avec Tchou la guerre avec l'alliance de la France. Canton
ou Taf-~ony I", monta sur le trône la dynastie fut pris t'armée franco-anglaise remonta le Pé-ro
nationale des Jtft~ (1368-1644). Les Européens (Pei-ho) jusque près de Pékin (1858). Les traités
commencèrent, pendant cette période, à entretenir de Tien-Tsin et la convention commerciale de
des relations suivies avec l'empire; les Portugais Shang-haî ouvrirent aux Européens les cinq nou-
s'établirent à Macao (1522), et le jésuite Mathieu veaux ports de Niou-Chouang, Teng-Tchéou,
Ricci fonda des missions avec assez de succès Souatau, Thai-Ouan, Kioung-Tchéou, cédèrent à
(15S3). La dynastie aujourd'hui régnante, celle la Russie le territoire de t'Amour qu'elle avait
des Ta!-?tM~ ou des Tartares-Mandrhoux, a été occupé 1855, consacrèrent la résidence perma-
Imposée à la Chine par la conquête (t64t). Elle nente en à Pékin d'ambassadeurs européens, et
déjà donné à la Chine sept empereurs, dont le fixèrent les droits de douane à 5 p. 100 de la va-
dernier, Chi-sang, est monté sur le trône en t86[. leur des marchandises importées ou exportées la
Ces. princes ont conquis la Mongolie, Formoae, taxe fut abaissée pour la soie et le thé, l'interdic-
le Thibet, le Kaschgar, la Dzoungarie ils ont tion du commerce de l'opium fut levée. Mais lors-
introduit, dans l'empire, le faste et la servi- qu'en t859 les envoyés français et anglais se pré-
lité des royaumes orientaux, mais ils n'ont rien sentèrent aux bouches du Pé-ro, l'entrée leur en
fut refusée; la guerre recommença (1860). L'armée assez libres. Les juifs, au nombre d'environ 50 000,
franco anglaisa s'empara de nie de Chusan, et, pratiquent librementleur culte. Le christianisme,
après le combat de Peh-Tang,des forts de Ta-Kou introduit par les Nestoriens, au vu'* siècle, et pro-
elle marcha ensuite jusqu'aTong-Tchéou, à 16 ki- pagé plus tard par les jésuites, au xvn' et au xvm'
lomètres de Pékin. Pendant que le gouvernement siècle, s'est heurté à l'indifférence des Chinois et
chinois amusait les ambassadeurs par des négo- aux persécutions du gouvernement les efforts
ciations, l'armée européenne fut attaquée, à l'im- des missionnaires n'ont réussi qu'à conserver à
proviste, par les Tartares, près de Tchang-Kia- peu près intact le nombre des familles converties.
Wang, mais, victorieuse au pont de Pa-li-Kao, elle Les Chinois se divisent en quatre classes celle
entra à Pékin. Les traités y furent signés. Ils des lettrés ou de la noblesse, dans laquelle on peut
confirmèrent ceux de Tien-Tsin, donnèrent une entrer après avoir subi trois examens publics;
indemnité de 60 millions à la France et à l'Angle- celle des agriculteurs, celle des industriels et
terre, restituèrent aux chrétiens tous les établis- celle des commerçants. Les maitres de maisons
sements religieux, et ouvrirent au commerce eu- de jeu, les acteurs, les coiffeurs et les bateleurs
ropéen trois nouveaux ports Tien-Tsin, Tching- sont exclus des fonctions publiques.
Kiang, Han-Kéou. Un ministère des affaires Le gouvernement chinois est une monarchie
étrangères fut créé en 1861, et les ambassadeurs absolue, héréditaire sans ordre déterminé dans la
français et anglais s'établirent dans la capitale. A ligne masculine. Le prince, Fils du ciel, réside à
la mort de l'empereur, le prince Kong, son frère, Pékin, et à Djé-hol en été. H a pour conseil les
qui avait signé les traités, s'empara du gouverne- yM~M-SMKyy,mandarins nommés par lui. Ce con-
ment malgré le conseil de régence, et prit la tutelle seil dirige neuf départements <i~a<!b?M avec les
de son neveu Chi-Sang, âgé de sept ans. Depuis pai/s <ft6M<a:fM :?:Mr!eM?', /!Mo'7:cM, CM/<< ~MefVf,
cette époque, les fonctionnaires de l'empire se justice, travaux publics, extérieur, censure. Les
divisent en deux partis celui de la résistance et provinces gouvernées, deux par deux, par un
celui du progrès les progressistes veulent em- y~OM~-r~OM, ont chacune un gouverneur général
prunter à l'Europe ses armes perfectionnées, son ou vice-roi appelé 7'~o'!j/-foMa' Chaque ville de
instruction scientifique, son organisationmilitaire, premier ordre est gouvernée par un Kouan-Fou
ses engins de défense, afin de préserver la Chine qui dirige, en même temps, un certain nombre de
d'une nouvelle attaque et d'une ruine imminente; villes de deuxième ordre. Les villes du troisième
le parti de la résistance, qui veut, avec un patrio- ordre sont sous l'autorité d'un mandarin. Les
tisme moins éclairé, conserver intactes les mœurs bourgs ont un Tso-Thang, et les villages (Paô) un
nationales, est en minorité, et, grâce à Fappui du yd. Ces fonctionnaires sont amovibles, nommés et
prince Kong, les progressistes ont commencé avec rétribués par l'empereur, sauf le Yij qui est
succès la réalisation de leurs projets. Un arsenal nommé par le mandarin et non rétribué. Il n'y a
et une école de marine militaire ont déjà été fon- ni classes privilégiées, ni places héréditaires. Cha-
dés à Fou-Tchéou. que province doit envoyer à Pékin une redevance
Les Chinois appartiennent à la race jaune et à en nature et en espèces. Les bureaux de douane,
la famille indo-sinique; ils ont le visage large, très nombreux, prélèvent les droits sur les mar-
les yeux noirs, petits et relevés vers les tempes, chandises. Tous les hommes de 20 à 60 ans paient
la bouche et le nez petits. les pommettes saillan- une capitation. Il n'y a pas de monnaies d'or ou
tes, le teint jaune, les cheveux noirs et légère- d'argent le commerce se fait par lingots dont l'u-
ment crépus. Ils n'ont pas de barbe. Les Chinois nité de poids, variable selon les provinces, est le
sont doux et polis jusqu'à l'obséquiosité, mais <ae7 ou liang (37 grammes i<), ou par feuilles de
aussi fourbes, poltrons et vains. Leur langue ap- métal ou par papier. Il n'y a qu'une monnaie de
partient à la famille des langues monosyllabiques, cuivre, le sapèque achien, dont la valeur, sujette
elle n'a ni genre ni nombre; elle comprend la à des variations, est d'à peu près )/2 centime.
langue officielle ou langue mandarine, et un grand L'empereur ne paie que ses mandarins, ses sol-
nombre de dialectes; ceux-ci ne sontpoint compris dats et son sérail chaque province lève ses contri-
lorsqu'on les parle hors de leurs provinces respec- butions et se suffit à elle-même. L'armée s'élève à
tives, mais la langue écrite est comprise partout. peu près à un million d'hommes avec l'arrière-ban.
L'écriture chinoise se trace de haut en bas; elle Elle se compose de l'armée tartare et de l'armée
compte 36 785 caractères, outre 12< lettres-mères chinoise.L'armée tartare, la moinsnombreuse, mais
servant à former les autres. la plus solide, comprend lecontingent régulier et le
Les Chinois qui veulent arriver aux fonctions pu-contingent irrégulier. Le premier, qui se rapproche
bliques sont astreints à des examensdestinés à cons-le plus de notre armée permanente, comprend tous
tater leur degré d'instruction.Les bacheliers ont leleshommes valides de la race tartare-mandchoueet
monopole de l'enseignement, peuvent porterie bou- garde les places fortes. Quand il est appelé à mar-
ton d'or sur leur chapeau et devenir mandarins, cher, ce qui n'a lieu qu'à la dernière extrémité, il
nom sons lequel les Européens désignent la classe reçoit une solde régulière partie en espèces, partie
des fonctionnaires.Les mandarins forment deux ca- en nature; ses généraux (?'cA!a?:&t?:) sont tar-
tares-mandchoux.Le contingent irrégulier est com-
tégories les maMdap'inscivils ou lettrés, et les man-
darinsmilitaires.On distingue, dans le mandarinat, posé des Tartares-Mongols disséminés sous les
un certain nombre de grades. Le plus haut, celui ordres des différents petits princes, et se divise en
d'acodémicien (kan-lin),s'obtient après une épreuve huit bannières. Les Tartares-Mongolsvivent dans
dont l'empereurlui-même est le juge suprême. leur patrie et ne marchentqu'à l'appel de l'empe-
reur. L'armée chinoise, composée de volontaires,
Trois religions se partagent la Chine: la religion
est répartie dans les dix-huit provinces de la
d'Yu, qui est celle de l'Etat et des lettrés, établie
par Confucius le Tao-tse (ou la Raison primi- Chine. Chaque soldat est enrôlé dans sa province
tive doctrine enseignée par Lao-tseu, et le culte et ne sert qu'une partie de l'année. Le chiffre
de F6 ou le Bouddhisme. de l'effectif est très variable la discipline presque
Les Chinois sont très indifférents en matière de nulle. Les grades sont donnés au concours. Les
religion les sectateurs des deux premières reli- armes étaient l'arc et Ja flèche le fusil tend de plus
gions surtout sont le plus souvent libres-penseurs en plus à s'y substituer. La marine militaire
néanmoins la pratique de leur religion est un compte environ 800 bâtiments, et &SOOO hommes,
grand moyen de conserver leur ascendant sur le commandés par deux amiraux. – L'agriculture, élé-
peuple attaché aux superstitions les plus gros- vée, par les lois et les coutumes, au-dessus des
sières. Les Roui-tze (Ouigours), incorporés à l'em- autres professions, est très développée ses pro-
pire auxviic siècle, sont restés musulmans et sont duits sont les légumes, le coton, le thé, le mûrier,
le tabac, l'indigo, la canne à eucre, le riz, le blé, est la plus riche de l'Asie; en 1773, l'empereur
le mais, l'avoine, la vigne. Le gouvernement pro- Kien-long ordonna de former une bibliothèque
page des notions sur l'économie agricole, la tein- des ouvrages les plus estimés; en 1819 elle comp-
ture, et l'éducation des vers a soie. Le com- tait déjà 78,731 volumes comprenant des ouvrages
merce des Chinois avec les Mongols se rëduit aux de législation, de philosophie, d'histoire, de géo-
objets de première nécessite avec les Russes, i) graphie, de jurisprudence, des lexiques, des en-
ne porte guère que sur les draps, tes fourrures cyclopédies,des livres bouddhiquesen grand nom-
et le thé, mais, dans les provinces chinoises et bre, des romans, des pièces de théâtre, etc. Un
dans les ports ouverts au commerce européen, il certain nombre de ces ouvrages ont été traduits
est très actif. Parmi les principaux entrepôts de en français, les principaux sont le Chou-king,
commerce intérieur, nous citerons seulement collection de documents sur l'histoire des quatre
Emouy, Canton, Chao-Hing, Ou-Tchang, Yo- premières dynasties chinoises~ traduit par Gaubil,
Tchéou, Nang-Khang, Nankin. Les villes affec- 1770, et par Pauthier, t84) le Théou-li, code
tées au commerce extérieur sont Kuéi-Lin- d'institutions politiques, traduit par Biot, 185).
Fou, Yaung-Tchang-Fou, Maunatschin, Yarkand, 3vol.in-8°; le ï'a-Aio, ou art de gouverner sagement
Kaschgar, Ladak, Ssa-Lha. Le port de Cha-Pou les peuples, traduit par Pauthier, ts3' le rAoH~-
est ouvert aux Japonais ceux de Canton, Emouy, Kian-Kiang-mou, abrégé chronologique de l'his-
Fou-Tchéou-Fou, Ning-Po, Shàng-hat te sont aux toire de la Chine, traduit par le P. Mailla (H~-
Européens. Les Portugais possèdent Macao, et <otre y~~r~/e de la Chine, 1777-83, 12 vol.
les Anglais, Hong-kong. Les articles d'exportation in-4") le Fo-AoM~-At, relations des royaumes bou-
sont le thé, la soie, le sucre, le riz, les plan- dhiques, traduit par A. Rémusat, 1836, in-
tes médicinales, les épices, l'ivoire, la porce- 4", etc. L'année chinoise commence à l'équi-
laine, l'étoffé dite nankin, les ouvrages de taqne noxe de printemps. Les Chinois se servent, pour
et d'écaille. Les articles d'importation sont l'o- compter le temps, d'un cycle de 60 ans composé
pium, les tissus de coton, les draps, les fourrures, de dix signes, appelés troncs, qui marquent les
les objets en cuivre et en laiton, les fils d'or et décades, et de douze autres signes, appelés bran-
d'argent, les glaces et verres, l'acier, l'étain, le ches, qui marquent les mois. Les signes du cycle
plomb, le corail, la cochenille. L'esprit mercan- décadaire sont exprimés par les noms des cinq
tile des Chinois leur a fait braver les décrets qui éléments répétés deux fois ceux du cycle duo-
leur interdisent de s'expatrier ils se sont répan- dénaire sont désignés par le nom de douze ani-
dus à Java, aux Philippines, à Singapour, à Siam, maux. Pour préciser les années des cycles sexa-
à Calcutta, en Australie, sur les côtes occidentales génaires déjà écoulés, les souverains donnent aux
de l'Amérique, au point de se substituer aux tra- années de leur règne un nom particulier. Le
vailleurs indigènes et de provoquer des révoltes cycle sexagénaire actuel a commencé en Chine en
de la part de ceux ci. Le travailleur chinois ou 1866. Pour la géographiede la Chine, V. Asie.
coolie (prononcez kouli) est sobre, actif et éco- Japon. II est à peu près certain que le Ja-
nome. De là les préférences des entrepreneurs pon a été peuplé d'abord par les Ebisd, Yessos ou
anglais ou américains, qui vont les chercher par ~Mos, dont les derniers descendants, voisins des
convois et font avec eux un traité qu'ils tiennent Esquimaux par leur type, sont en train de dispa-
plus ou moins honnêtement. Le coolie revient raltre. A une époque préhistorisque, une colonie
toujours dans son pays, soit vivant, avec le pécule étrangère vint s'établir au sud du Japon et étendit
qu'il a amassé, soit mort pour reposer au milieu bientôt ses conquêtes. La ressemblance entre le
des siens i! fait promettre à celui qui l'engage type des Javanaispurs et celui des Japonais de haute
de renvoyer son corps dans la province qu'il a race pourrait faire supposer que les envahisseurs
quittée. Les sciences, plus avancées en Chine étaient malais. Toutefois l'origine de la race japo-
jusqu'au XV siècle que partout ailleurs, sont res- naiaeestencorecontroversée.La légende attribue à
tées stationnaires l'imprimerie, la poudre à ca- Jin-mu, premier mikado(souverain),fils de la déesse
non, la boussole, dont on fait remonter l'invention du Soleil, la fondation de la dynastie impériale.
à l'an 2C02, et le gnomon qui daterait de 1109, in- L'histoire du Japon se divise en deux périodes
ventés par les Chinois, n'ont été perfectionnésou Iapremière(oshé!)s'éœndde660avantJ.-C. à 1192
employés qu'en Europe. Les Chinois font peu de après J.-C.; c'est celle de la puissance des mi-
mathématiques, mais le système décimât est en kados la deuxième (ashé:), tt92-)868, correspond
usage parmi eux depuis longtemps. La médecine au pouvoir desshogouns (appelés aussi tafkouns)
se réduit en Chine à l'usage des simples ou à des ou commandants militaires mais ce n'est qu'au
pratiques superstitieuses les Chinois ne connais- xvii* siècle que la transition est accomplie et
sent ni la physique, ni la chimie, ni l'astronomie. que leshogounat est une institution légale et
Ils se servent du levier, de la poulie, du treuil, incontestée. Sudjin, dixième mikado (97 a. 30
de la roue dentée, et ils ont emprunté aux Euro- av. J.-C.), introduisit le premier quelque régu-
péens la vis et la vapeur qu'ils appliquent à ta larité dans la vie nationale, établit un impôt
cuisson des aliments. Leur seul moyen de trans- du sang, une corvée, encouragea l'agriculture, fit
port est la brouette dont le milieu repose sur un creuser des canaux d'irrigation, construire des
essieu muni de deux roues, auxquelles on peut navires, et divisa l'empire en quatre commande-
ajuster une petite voile pour se faire aider par le ments militaires à la tête de chacun desquels il
vent. Mais 400 canaux facilitent les transports par plaça un siogoun. Au M* siècle après J.-C., les Ja-
eau. Les Chinois n'ont point d'architecturepro- ponais conquirentla Corée et lui imposèrent tribut.
prement dite.Les maisonsn'ont qu'unrez-de-chaus- Ils se trouvèrent, par ce moyen, en contact avec
sée qu'entourent des cours elles sont couvertes la civilisation chinoise alors dans toute sa splen-
en tuiles jaunes, pour les palais impériaux, rouges deur. Le bouddhisme remplaça bientôt l'antique
pour ceux des pnnces, grises pour les habitations mythologie indigène. A la fin du m* siècle, les
ordinaires;le papier remplace les vitres aux fenê- livres de Confucius pénétrèrent au Japon de
tres. Les temples sont ou des tours (pagodes), ou cette époque datent l'écriture et l'histoire vérita-
des édifices, à peu près de même forme que les ble. Les classes se formèrent peu à peu, et en
maisons d'habitation, mais ornés de peintures, de 794 la cour vint se fixer à Kioto. Les empereurs,
bois précieux, d'animaux fantastiques, etc. Les asservis par une aristocratie nombreuse et tur-
Chinois ne savent représenter les objets que par bulente, ne furent bientôt plus que des rois
la peinture. Leur peinture est caractérisée par des fainéants. Bientôt aussi les principales familles
teintes très pâles et un manque absolu de pers- se disputèrent le pouvoir; alors commença une
pective et de proportions. La littérature chinoise longue suite de troubles dans laquelle on n'a à
remarquer que peu d'événements importants gner de leur concession de plus de 40 kilomètres.
une attaque tentée, sur le Japon, par les Coréens Les traités de 185S ont été renouvelés en )8'!4,et
et les Tartares deGengis-khan~mais qu'un typhon un traité postal a été conclu entre l'Amérique et
fit avorter (1280); l'introduction du christianisme le Japon. Depuis l'arrivée des Européens au Japon,
par les jésuites de Macao qu'y amena en 15t9 le et la guerre de 1860-1868 contre l'antique orga-
portugais Mendez Pinto, jeté par un naufrage sur nisation féodale, le gouvernement ne s'est occupé
les côtes du Japon (154'i), et qui obtint d'abord que de faire passer, dans les mœurs et l'adminis-
la faveur de quelques princes à qui il avait fait tration, les traditions européennes. Pour s'y con-
présent de fusils mèches enfin, une nouvelle sacrer tout entier, il a conclu avec la Corée un
expédition en Corée pour y établir le tribut traité qui l'affranchit définitivement d'un tribut
(t598). A cette époque, le gouvernement du Japon depuis longtemps réclamé, jamais payé (t!6).
est tout entier entre les mains d'un descendant de Au contact des mœurs et des idées européennes,
la grande famille de Ninatomo, Ye.i/as, qui se trans- sous l'influence du gouvernement, l'état social et
porta de Kamakura à Yédo (1590), y fit bâtir le les mœurs se sont profondément modifiés. Le
sM'o (forteresse), restaura le bouddhisme dont le mikado, descendant des dieux, était considéré
centre fut transporte à Yédo, et légua à ses des- comme le représentant et l'héritier de la divinité,
cendants un pouvoir qu'ils conservèrent 250 ans. l'intermédiaire entre son peuple et le ciel, le chef
En 1558, les Portugais abordèrent de nouveau et le souverain juge du clergé, comme une sorte
au Japon et furent confinésdans l'îlot de Dé-Sima. de père spirituel depuis qu'il a cessé d'être invi-
Les Hollandais s'étaient établis à Firando, où les sible, les Japonais, qui se prosternaientdevant sa
Anglais vinrent les rejoindre de 1613 à t6x3. Mais litière, ne le saluent même plus au passage, ce qui
en l(i38 les rivalités des Franciscains etréactiondes Do- leur a attiré récemment un rappel à l'ordre sous
minicains, leurs excès, amenèrent une forme de décret. Toutefois ils continuentà s'aban-
tous les chrétiens furent égorgés les Portugais, donner à sa direction avec la même confiance
expulsés, furent remplacés, à Dé-Sima, par les passive. Le trône était héréditaire et passait, à
Hollandais qui y restèrent enfermés jusqu'en 1856. défaut d'héritier direct, à un neveu on à un des
On les tint dans une étroite surveillance; ils ne fils que le mikado avait eus des douze « servantes
purent avoir que des bateaux dont la forme ne de l'impératrice, a prises dans les quatre familles
permettait pas de s'éloigner des côtes le nombre chargées de lui fournir des épouses. Ces princes
des bâtiments étrangers pouvant aborder chaque et les membres de cinq autres familles qui se per-
année fut réduit de & a 2 il fut défendu aux in- pétuaient sans mélange, formaient une caste guer-
digènes de répondre aux questions des étrangers rière qui conserva longtemps le pouvoir. Au-des-
il avait leadaïmioset]esM)KOM<'<M(nobles).
sur leur pays; les daïmios (princes) ne purent se sous cela été balayé y
voir sans une autorisation spéciale depuis cette Tout a par la guerre de 1860-1868.
époque les Japonais devinrent inquiets, soupçon- Le mikado, après avoir renversé le shogoun, a
neux et insociables. repris le pouvoir direct avec l'assistance d'un pre-
Sous Charles H, les Anglais avaient essayé en vain mier ministre qui seul signe les décrets. Cette
de prendre pied dans l'Ile on leur en refusa mesure est un moyen gouvernement:un décret de
l'entrée sous prétexte que leur roi avait épousé est-il impopulaire, on déclare que le ministre a
une princesse portugaise. Le Japon, mentionné mal rendu la pensée du monarque et on le retire.
pour la première fois par Marco Poto, ne fut plus En 1875 il a été créé une assemblée ctMM~/ar~'
connu que par les récits de quelques voyageurs (genro-in), sans attributionsdéfinies, et une assem-
Kœmpfer (IGiiO), Thunberg ()T!2-m5). Les Russes blée annuelle des préfets qui dure 50 jours. Les
échouèrent également au Japon, en 1806 l'ami- débats sont secrets dans ces deux corps. Quant
ral Golowine fut détenu pendant trois ans les aux daimios et aux samouraï, ils ont été remplacés
Anglais n'eurent pas plus de succès en 1808, 1811 par des employés d'administration,et vivent, sans
et 1849. En )85~, le commodore Perry fut envoyé, pouvoir et sans influence, de pensions que leur fait
par les Etats-Unis, demander au Japon un traité le gouvernement. Le peuple n'a aucun droit politi-
d'amitié et de commerce. L'empereurne répondant que il ne peut même porter les armes ni monter
pas, le tuteur dushogoun de Yédo signa, avec les à cheval mais déjà la classe des marchands, des
Américains (1854) d'abord, puis avec les Anglais, entrepreneurs de travaux industriels et des ban-
les Russes (t855), les Français (1858), IM Hollan- quiers est sortie du mépris où on l'avait reléguée;
dais, les Autrichiens, un traité leur ouvrant les les lois somptuaires ont été supprimées, et le
ports de Hakodaté, Kanawaga et Nagasaki. Ayant mikado a commencéà entrer en rapports avec ces
envoyé, en 1860, une ambassade aux Etats-Unis, classes inférieures dont l'argent lui est nécessaire.
ce fut un prétexte de révolte, et il fut assassiné. L'opinion publique n'existe pas, mais des
la presse
Après huit ans de troubles, le shogounat dispa- commence à s'étendre le nombre journaux
rut, et le pouvoir impérial fut restauré les per- s'est élevé de 1 à 15 de 1SM à ]877.
sonnages formant l'entourage de l'empereur, les La législation japonaise est l'œuvre du shogoun
chefs de clans révoltés, formèrent un conseil et Yéyas. Elle renferme des préceptes de morale,
prirent en main le gouvernement. Les Européens des lois constitutionnelles, des pénalités, des sou-
furent confirmés dans leur concession, le mikado venirs personnels, des conseils sur l'art de gou-
promit la création d'une assemblée délibérante, verner. Elle a plutôt le caractère d'un testament
l'abolition des anciennes coutumes barbares, la que d'un code, aussi n'était-il permis qu'à cer-
distribution d'une justice impartiale, et déclara tains fonctionnaires de la consulter. Il en reste
ouverte une ère nouvelle, l'ère de Mei-dji, qui surtout une soumission aveugle de la part du peu-
signifie ~OMtwnef c~M'eme~t. Il transporta sa ré- ple envers ses supérieurs, une certaine bonté de
sidence à Yédo, aujourd'hui Tokio, et défendit au la part de ceux-ci, et, enfin, cette étiquette méti-
peuple de se prosterner sur son passage. Les culeuse qui, au Japon comme en Chine, est le
clans furent convertis en ken (départements), les fondement des relations sociales.
daimios ne furent plus que des administrateurs. Ces lois déféraient les fonctions de juges aux
Mais le décret qui ferme le Japon aux étrangers gouverneurs de province; elles sont confiées ac-
n'a pas encore été révoqué, l'accès du pays est tuellement à des magistrats particuliers. Des tri-
toujours interdit aux voyageurs, à moins d'une bunaux de première instance ont été établis dans
permission spéciale qu'on peut touiours leur re- 65 Aea. Quatre cours de justice se partagent l'em-
fuser s'ils ne sont ni ministres, ni consuls. Un pire, et deux de leurs membres font chaque année
vaisseau ne peut entrer dans un port qu'en cas une tournée dans leur ressort. Au-dessus de ces
d'avaries graves. Les Européens ne peuvent s'éloi- j cours en est une autre instituée en 1879, et qui a
pour mission de réformer les arrêts mal rendus. de capitaux et la persistance hors des villes de
Ces lois pénates, refondues une fois déjà depuis la l'ancien genre de vie. Le Japon consomme peu et
compositiondes Cent-Lois, sont l'objet d'un travail ne vend guère plus. A part les cotonnades an-
encore inachevé. La question préparatoire a été glaises et les mousselines de laine qui se répan-
récemment abolie, et une prison cellulaire a été dent un peu partout, le commerce n est alimenté
construite à Tokio. Les condamnés à perpétuité que par tes quelques milliers d'habitants qui ont
sont relégués dans l'îlot de Skuda-Sima, où on les adopte les modes européennes. Les principaux
occupe à des travaux pour lesquels ils sont payés. articles d'exportation sont le thé, qui se vend sur-
La peine de mort ne s'applique plus que par la dé- tout en Amérique, mais sans grand bénéfice, les
collation ou par l'étranglement. Les condamnés soies, aussi chères que les nôtres, mais de qua-
s'y soustraient souvent par le suicide. Ce genre lité inférieure, enfin les porcelaines, les bronzes,
de mort est quelquefois ordonné par le gouverne- les objets de laque. Le gouvernement, craignant
ment comme châtiment d'un crime politique; il de perdre son indépendance nationale, se refuse
consiste à s'ouvrir le ventre (hara-kiri), et n'est à promulguer les lois civiles et commercialesqui,
pas une peine infamante. ouvrant le Japon au crédit européen, lui permet-
Le service militaire, exclusivement réservé au- traient de faire des routes, de cultiver son sol et
trefois aux samoural, est obligatoire et universel d'exploiter ses mines. Les rares voies de commu-
depuis 1872. L'armée a été parfaitement organisée nication et les moyens de transport trop primitifs
par une mission militaire que le gouvernement sont encore un obstacle au commerce. Outre les
français a mise à la disposition du mikado en 1867 canaux qui relient Tokio et Osaka avec les ports,
son costume est à peu près celui de l'armée fran- il n'y a qu'un chemin de fer entre Tokio et Yoko-
çaise sa hiérarchie est la même. Elle a pour hama et un autre entre Kobé et Osaka le reste
armes le canon et le fusil. Une école militaire sur du pays ne renferme que des routes insuffisantes
le modèle de Saint-Cyr, un arsenal militaire et et mal entretenues. Les transportsse font sur mer
un arsenal maritime ont été fondés par des offl- par des jonques ou de petits steamers; sur terre,
ciers français. L'organisation de la marine est di- à dos de chevaux dans les campagnes, dans des
rigée par des officiers anglais. L'instruction est carrioles traînées par des hommes dans les villes.
très favorisée au Japon. Chaque village a son Les seuls moyens de locomotion pour les voya-
école, et un homme ne sachant ni lire ni geurs sont les chevaux, la carriole et le kango,
écrire serait difficile & trouver. Vers sept ans, espèce de panier muni de perches que soutien-
les enfants apprennent l'alphabet, puis vont à nent des porteurs. Le service postal est fait par
l'école où on leur enseigne suivant leur rang des coureurs de relais en relais. Une ligne téi~-
les principes qui doivent guider leur vie l'or- graphique a été établie de Nagasaki à Hakodaté et
gueil et le mépris de la mort ou l'obéissance et dans l'ite de Yéso. Le gouvernement est presque
l'amour de la médiocrité à tous, les formules de seul à s'occuper d'agriculture; il a fondé une
politesse que tout Japonais rougirait d'ignorer, et ferme-modèle à Tokio et une ferme-écote à I'e
surtout la vénération pour le mikado. A douze ans, de Yéso Quelques terrains ont été défrichés,
ils savent tous lire et écrire. mais it reste encore de vastes espaces abandon-
Jl y avait au Japon, en 18T!, dix écoles supé- nés faute de bétail.
rieures sous l'autorité immédiate du ministre de Il n'y a pas d'architecture au Japon. L'absence
l'instruction publique, et 6261 écoles particulières de vie politique, les doctrines bouddhistes, les
entretenues par les provinces. On y apprend le fréquents sinistres ont contribué à la construction
japonais, le chinois, les sciences physiques, la chi- d'édifices 9e bois sans caractère monumental. Il
mie, l'histoirenaturelle, la médecine, les sciences n'y a pas non plus de sculpture le bronze est
exactes et les langues européennes, surtout l'an- trop cher et le marbre n'existe pas. II n'y a de
glais. Mais cette instruction, terminée vers seize statues que les Bouddha impassibles et tes dieux
ans, ne s'adresse exclusivement qu'à la mémoire. Il grimaçants qui ornent tes temples. La peinture
y a en outre des écoles spéciales où les cours se est, en revanche, très développée. On la re-
font en langue étrangère, le japonais ne pouvant trouve partout sur les panneaux de bois des
se plier aux exigences du langage scientifique. Ce temples, sur les paravents de papier, sur les
sont l'école de médecine,à Tokio, où les cours se écrans de soie, etc. Elle représente tantôt des
lont en allemand, l'école de droit où ils se font en scènes héroïques avec des formes roides, tantôt
français, l'école centrale, technical school, où ils des scènes patriarcales ou comiques où la fami-
se font en anglais. On trouvera des détails précis liarité est poussée souvent jusqu'à la caricature,
sur la nouvelle organisation de l'instruction publi- tantôt des oiseaux, des fleurs, etc. D'ailleurs,
que dans l'article Japon de la Ire PARTIE. comme la peinture chinoise, elle n'a ni propor-
Pour subvenir à tant de dépenses, il a fallu mo- tions, ni perspective, ni justesse de coloris. La
difier le système financier. Les impôts no sont plus musique n'était connue autrefois que des MM!-
perçus qu en espaces. Ils ont pour unité le prix cou- CM~M de la MMf; cette charge a été abolie, et la
rant, variable d'ailleurs, de la mesure de riz appelée notion musicale sera bientôt étrangère au Japon
koku. Chaque année le gouvernement publie le La musique japonaise est à la fois criarde et lamen-
budget projeté, mais le peuple n'est pas en me- table, peu variée et souvent faussée par les instru-
sure de le contrôler; de plus le règlement des ments. Il y a deux sortes de danses la danse sa-
comptes reste secret. Les principales sources du crée qu'on ne voit qu'à la cour, et la dansepopulaire,
revenu public sont aujourd'hui l'impôt foncier, le plus vive, en usage dans toutes les réjouissances.
produit des postes, dos douanes, l'impôt sur le La littérature japonaise est pauvre, surtout de com-
salaire des employés, le produit des travaux pu- positions poétiques que le caractère tout positifet
blics et établissements de l'Etat. La dette publi- formaliste des Japonais n'a pas su créer et que la
que comprend la dette étrangère, les deux em- langue n'eût pu exprimer. Elle consiste principa-
prunts contractés à Londres à 7 et à 9 p. 100, la tement en chroniques, dont la plus renommée est
dette inscrite envers les créanciers indigènes, et la le Gengi monogalari,œuvre de la poétesse Mura-
dette flottante représentée par le papier-monnaie. saki en drames, comédies, dont le principal mé-
La décadence du commerce rend les ressources rite est une exacte imitation de la vie récite, eu
du Japon insuffisantes pour ses besoins. Très flo- romans, contes satiriques ou allégoriques et pro-
rissant après les traités de 1853-1856, ce commerce verbes.
décline peu à peu, malgré l'ouverture des nouveaux La religion du Japon a d'abord été le shinto
ports de Yokohama,Osaka, Hiogo, Yédo et Nie- (voie des dieux), ou adoration des Kami, c'est-à-
gata, ruiné et entravé par la concurrence,le manque dire des forces de la nature transformées en gé-
nies, auxquels se sont mêlées, depuis le vi' siècle, tien reste au-dessus de l'horizon, et qui vont le
les doctrines de Confucius, de Lao-tseu et du couper en deux points de plus en plus reculés vers
bouddhisme. Il n'y a pas d'idoles dans les tem- le sud. En France, pendant les mois de juin et de
ples du shinto; le culte se réduit a des fêtes en juillet, le soteil se lève au N.-E. et se couche au
l'honneur des Kami, à des offrandes de gâteaux. N.-O. pendant les mois de décembre et janvier, il
d'huile, d'oiseaux vivants et à des représentations se lève au S.-E. et se couche au S.-O. C'est donc
dramatiques; le shinto n'a ni dogme, ni morale, toujours la ligne N.-S. qu'il faut déterminer pour
il n'enseigne que le culte des ancêtres et l'imita- s'orienter; c'est-à-dire que l'orientation sur place
tion de leurs exemples. H n'a pas conservé sa pu- consiste à détermine?'la méridienne.
reté, mais s'est amalgamé au bouddhisme et a vu II. Plans et cartes. ~iOM des vents. L'orienta-
diminuer considérablement le nombre de ses sec- tion d'un plan ou d'une carte locale consiste à
tateurs. La religion dominante est le bouddhisme tracer sur ce plan ou cette carte la direction
mais là, comme en Chine, il se borne à des prati- d'une méridienne. On trace dans un coin du plan,
ques toutes machinales et à des superstitions gros- quand cette direction est connue, deux traits per-
sières qui n'ont plus cours que dans le peuple pendiculaires dont l'un, marqué N.-S., ou désigné
l'incrédulitéla plus complète règne dans les autres par une fleur de lys du côté du nord, est parallèle
classes. à cette direction. Quant aux cartes géographiques,
La langue japonaise appartient à la famille des on a l'habitude d'en tracer toujours le cadre de
langues agglutinantes;elle est divisée en un grand manière à ce que le méridien du milieu de la carte
nombre de dialectes. L'écriture est celle de la soit parallèle à l'un de ses bords, le nord en haut,
Chine simplifiée et adaptée à la langue l'écri- le sud en bas, l'est à droite et l'ouest à gauche
ture vulgaire comprend 41 caractères. Les marins ont adopté, pour désigner les diverses
Pour la géographie du Japon, V. Asie. directions de l'horizon, une subdivision des points
[Th. Lindentaub.] cardinaux dont la figure est connue sous le nom
ORIENTATION. – Connaissances usuelles, de rose des vents. La circonférence s'y trouve di-
Vni. I. jMdrM'eKS et méridienne. Points cardi- visée en trente-deux parties dites rumbs, dont
na:M;. – S'orienter, c'est déterminer où est l'o- chacun vaut 11 degrés t/~ et dont les noms sont
rient, c'est-à-dire comment sont placés sur l'ho- formés de ceux des points cardinaux, de la manière
rizon ce qu'on nomme les quatre points car- suivante les bissectrices des quatre angles droits
dinaux; c'est, plus généralement, savoir rap- des points cardinaux s'appellent des noms réunis
porter les directions horizontales à une direction des côtés de l'angle qu'ils bissèquent nord-est
première fixe cette direction, qui s'appelle le (N.-E.), nord-ouest (N.-O.),sud-ouest (S.-O.), sud-
nord d'un côté, le sud de l'autre, est pour chaque est (S.-E.); les bissectrices des huit angles ainsi
lieu la direction des potes, ou mieux, la trace formés se désignent encore d'après la même règle
horizontale du plan qui passe par les deux pôles nord-nord-est (N. N.-E.), ouest-nord-ouest (O.-N.-
et le centre de la terre, coupant sa surface suivant 0.), ouest-sud-ouest (O.-S.-O.), sud-sud-ouest
un grand cercle qu'on nomme méridien terrestre. (S. S.-O.), sud-sud-est (S. S.-E.), est-sud-est (E
Ce plan lui-même, considéré en un point particu- S.-E.), est-nord-est (E. N.-E.), et nord-nord-est
lier de la terre, est un plan vertical dont le prolon- (N. N.-E.). Déjà ces huit noms sont bien moins
gement coupe la voûte céleste suivant un grand usités que les huit premiers. Quant aux bissectri-
cercle qu'on nomme méridien céleste. Il divise en ces des seize angles ainsi obtenus, il n'y a guère
deux parties égales le cours de tous les astres, que les marins qui en fassent usage leurs noms
dont chacun atteint, au moment où il « passe au sont formés de celui des huit principaux dont le
méridien )), le poi~t le plus élevé du cercle oblique rumb considéré est le plus voisin, et de celui du
qu'il décrit. côté duquel on se porte, précédé du mot quart,
La ligne horizontale suivant laquelle se projette puisqu'on n'a fait que le quart du chemin vers
le plan méridien sur le sol s'appelle méridienne; lui. Ainsi le voisin du nord, du côté du nord-est,
c'est une petite portion locale du grand cercle du s'appelle nord-quart-nord-est;tandis que le voi-
méridien terrestre le sud ou midi (media dies, sin du nord-est du côté du nord s'appelle nord-
milieu du jour) est sa direction considérée du côté est-quart-nord.
où dans notre zone tempérée se trouve le soleil III. De<cnMtMa<M?:de ~[MM'fMHcHKe ;)<:)'<esoM.
au milieu du jour, et le nord ou septentrion la Le soleil, avons-nous dit, semble décrire dans
directionopposée.Dans la zone tempérée de l'autre le ciel des cercles obliques toujours parallèles,
hémisphère, au Chili, au Cap, en Australie, c'est au ayant pour axe commun une ligne constante, l'axe
contraire du côté du nord que se trouve le soleil. du MOKcte, inclinée sur l'horizon d'un angle égal
Si l'en mène, au lieu oùl'on est, unehorizontate à la latitude du lieu (V. Latitude). Ces cercles
perpendiculaire à la méridienne, elle donne la sont plus bas en hiver, plus hauts en été, de sorte
direction des deux autres points cardinaux l'est qu'en France, en juin, les deux tiers du cours du
ou orient, situé à droite quand on regarde le nord, soleil sont au-dessus de l'horizon, et en décembre
à gauche quand on regarde le sud, c'est-à-dire du seulement un tiers.
côté où les astres se lèvent; l'ouest ou occident, La direction du plan vertical où se trouve le
situé du côté opposé, vers lequel les astres se di- soleil à la même heure chaque jour varie donc
rigent et se couchent. continuellement, excepté celle du milieu de son
Toutefois, les directions précises nommées est cours, du point le plus élevé du cercle qu'il décrit
et ouest, qui marquent au ciel les extrémités de chaque jour, du point où il est à midi vrai. La
l'axe du méridien céleste, ne sont pas du tout, direction de l'ombre d'une tige verticale à ce mo-
comme le disent à tort beaucoup de traités élé- ment sera donc toujours la même; c'est à ce mo-
mentaires de géographie, les <' points où le soleil ment que l'ombre est la plus courte, puisque le
se lève et se couche o il n'y a que deux jours par soleil est au point le plus élevé de la journée. Le
an où le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest; cours circulaire du soleil étant ~M:e<f!~Mfde part
ce sont les deux jours d'équinoxe, le 21 mars et le et d'autre de cette position, elle se trouvera tou-
22 septembre, où le soleil décrit le grand cercle jours la bissectricede l'angle de deux ombres égales
de l'équateur céleste, coupé en deux parties égales formées par la tige le matin et le soir quand le
par l'horizon. Au printemps et en été, le soleil soleil sera à deux points situés exactement à la
décrit des cercles parallèles plus élevés, qui vont même hauteur,àdeuxmomentségalement éloignés
couper l'horizon en deux points plus avancés vers de l'heure de midi.
le nord; en automne et en hiver, il décrit des Or, on aura plus exactement la position de deux
cercles parallèles plus bas, dont une moindre por- ombres égales, le matin et le soir, quand la hau-
teur de l'ombre varie rapidement, que vers midi des vents imprimée sur une matière très mince et
où cette hauteur varie très peu pendant que le trèsié~ère.
soleil parcourt presque horizontalement la partie Mais le point important à considérer ici est que
supérieure de son cercle. la direction de l'aiguille n'est pas rigoureusement
D'après cela, pour tracer une méridienne, on du sud au nord elle en diffère d'un angle variable
dressera bien verticalement, dans un lieu décou- avec les lieux et avec les temps, qu'on appelle dé-
vert, une tige bien droite sur un plan horizontal clinaison (V. Magnétisme). En France cet angle
bien dressé au niveau. On décrira sur ce plan des peut varier de C degrés, de Nice à Brest. L'An-
cercles concentriques du pied de la tige comme nuaire du Bureau des longitudes a publié une
centre, ayant pour rayon de une trois ou quatre petite carte de ses valeurs pour 1876; mais en ce
fois la hauteur de la tige on marquera, dans la moment, la déclinaison en France diminue rapi-
matinée, les points où l'ombre de l'extrémité de la dement (d'un degré en six ou sept ans). On peut
tige vient juste raser ces cercles, et on fera de donner le chiffre de 16 degrés pour sa valeur sur
même dans la soirée, à des heures sensiblement la ligne moyenneLille-Paris-Pau vers 1882 ou 1883
éqaidistantes de midi (le midi vrai n'est pas le (15 degrés en 1890), avec 3 degrés de plus pour
même que le midi moyen. V. Cadran solaire). La Brest et 3 degrés de moins pour Nice, les lignes
bissectrice commune de toutes ces positions intermédiaires étant sensiblement équidistantes
d'ombres égales est la méridienne. et parallèles. C'est de cet angle qu'il faut écarter
IV. Orientationde nuit. Étoile polaire. On vers la droite la ligne nord-sud de la rose des
pourrait, la nuit, tracer la méridienne au moyen de vents en laissant a gauche la pointe bleue de l'id-
la pleine lune exactement comme le jour au moyen guille, pour avoir avec la boussole l'orientation
du soleil, car la lune décrit an ciel des cercles véritable.
parallèles semblables à ceux du soleil; mais il y a VI. Apnlications scolaires. OAM''M<Ot<-< popu-
un moyen bien plus simple d'obtenir immédiate- laire. Toute école doit avoir au moins la direc-
ment la direction du plan méridien les étoiles tion de la méridienne tracée dans dtaque classe,
aussi décrivent ces mêmes cercles parallèles, et sur le plafond ou sur le sol, afin que le maltre
comme leurs rayons vont en diminuant du coté du puisse, en parlant des points cardinaux, les dési-
p0)e céleste, s'il y a des étoiles très voisines de ce gner de la main dans leur vraie position. Cht
pôle, les cercles qu'elles décrivent sont très petits, trouve chez plusieurs éditeurs des roses des vents
et les étoiles doiventêtre visibles toujours du même peintes sur une grande feuille de papier qu'on peut
côté du ciel, et faire reconnaltre le p61e. coller au plafond. Si l'on trouve difficile de tracer
Il se trouve en effet de ce cote. pour nous qui la méridienne, dans la classe, d'une manière ma-
habitons l'hémisphère nord du globe (l'autrehémi- thématique, on peut toujours l'obtenir approxima-
sphère n'a pas cet avantage), deux constellations tivement en prenant, le soir, la direction de l'é-
bien connues, de forme assez semblable, mais toile polaire, ou la direction de l'ombre d'une
tournées en sens Inverse, la Grande Ourse et la ligne verticale de porte ou de fenêtre à midi
Petite Ourse, et la dernière étoile de la queue de précis.
cette dernière, l'étoile polaire n'est qu'à 1 degré' Un instituteur intelligent pourrait construire à
du pôle, c'est-à-dire qu'elle décrit autour du p&le peu de frais, dans le point du préau découvert le
un cercle dont le diamètre n'est pas plus de trois mieux exposé et le plus éloigné des murs, un ap-
fois celui do la lune. pareil d'orientation qui serait en même temps un
Ces constellations sont formées chacune de sept excellent indicateur des heures et un moyen puis-
étoiles principales, ce que rappelle le nom de sant de faire comprendre aux enfants le mouve-
septentrion donné souvent, au point nord. Quatre ment diurne apparent du soleil et des autres
de ces étoiles forment un quadrilatère, les trois astres. Avec un cerceau d'enfant, d'environ un
autres une ligne aboutissant à l'un des angles mètre de diamètre, placé verticalement dans te
comme le timon d'un chariot, d'où le nom popu- plan méridien, et soutenu par une tige de fer
laire de Chariot, par lequel on désigne quelquefois verticale solidement enfoncée dans un pieu, on
la Grande Ourse. aurait la position du plan méridien une baguette
Le p61e céleste forme avec la Polaire et l'étoile de bois, niée à son centre, inclinée sur l'horizon
suivante de la queue de la Petite Ourse un petit de l'angle de la latitude du lieu (43* à 55* en
triangle dont it est facile de retenir la forme et France), et dépaesant le cercle par ses deux ex-
qui permet, avec un fil à plomb, de vériBer le soir trémités en pointes, représenterait l'axe du
assez exactement la position de la méridienne monde, et serait facile à fixer au moyen de l'étoile
qu'on aurait tracée par le procédé précédent, ou polaire un cercle de même diamètre que celui
même de la tracer directement avec deux jalons du méridien, fait avec une bande métallique
dans la cour d'une école. mince, large de deux doigts, et ayant cette tige
V. La boussole. Lorsque les astres dn ciel ne pour axe, pourrait représenter l'équateur solaire;
sont pas visibles, lorqu'on se trouve, par exemple, en le divisant en 2t parties égales, numérotées
dans des souterrains ou dans des bâtiments, sous de 1 à XII de chaque côté, on aurait les divisions
le feuillage d'une forêt ou simplement sous un ciel d'un cadran solaire équinoxia), l'ombre de l'axe
nuageux, on peut s'orienter au moyen de la &OM- venant sur ces divisions aux dinérentes heures
sole, qui n'est autre chose qu'une aiguille d'acier du jour; enfin, quatre petites vergettes de fer,
aimantée tournant librement dans un plan hori- placées horizontalement suivant les diamètres des
zontal. (V. Aimant, Boussole, Afa~~h'MM.) cercles, qu'elles solidifieraient, représenteraient
La boussole commune, en France, est uniosange la direction des quatre points cardinaux; on pour-
très allongé en acier dont on laisse le bleu de la rait les terminer par quatre lettres de métal,
trempe du côté qui se dirige vers le nord; l'autre N, E, S, 0, nxées sur les cercles. L'extrémité de la
moitié, limée, a la couleur du métal. Elle tourne tige verticale pourrait porter une petite girouette
sur un pivot dans une boite au fond de laquelle pour donner la direction du vent, si la cour était
est une rose des vents, tandis que le cercle par- grande et le lieu bien découvert.
couru par les pointes de l'aiguille est divisé en Il serait à désirer que des appareils de ce genre,
360 degrés. Dans la boussole marine, au contraire, servant en quelque sorte dobservatoires popu-
le barreau aimanté porte un disque léger sur le- laires, fussent construits à bon marché par le
quel est peinte la rose des vents, qui se trouve commerce et fournis aux écoles ou aux commu-
ainsi toujours orientée. Il serait facile d'imiter nes. C'est certainement la forme la plus instruc-
cette disposition, et de construire de petites bous- tive et la plus propre aux explications de tout
soles d'orientation dont l'aiguille porterait une rose genre qu'on puiMo donner à un cadran solaire.
Une municipalité généreuse pourrait même, au muettes, selon qu'on tes fait entendre ou non dans
grand profit de l'instructionpopulaire, le construire la prononciation. Les lettres muettes sont des
en matériaux durables et dans des proportions voyelles, mais plus souvent des consonnes. Les
architecturales, et en faire un petit monument voyelles étymologiques qui peuvent être muettes
public qui ornerait utilement la place située de- sont a, e, o, u, comme dans août, aeoir, paon, qua-
vant l'école communale. [Albert Dupaigne.] lité. Les consonnes muettes sont surtout des con-
ORNtTHOLOGIE. – V. Oiseaux. sonnet fortes qui se présentent au commencement
ORTHOGRAPHE.–Grammaire,VII.- On di- ou à la fin des mots, comme dans affranchir, ap-
sait autrefois plus correctement l'orthographie, pauvrir, asservir, attendrir, diffamer, e~acef ;<<M,
graphie désignant toujours la science et graphe ?, vers, /br<, sans, chant; beaucoup plus
le savant: la géograp hie et un géographe, la cal- ment au m:/MM, comme dans AasM~e, Aisne, rare- etc.
/<yrajoMe et un calligraphe, etc. Quoi qu'il en Au commencement des mots, la consonne nulle
soit, l'orthographe ou l'orthographie est la manière provient toujours de la consonne finale d'un préfixe
d'écrire les mots et les phrases d'une langue, selon qui s'est assimilée à la consonne initiale du mot
l'usage établi et les règles de la grammaire. simple, d'où résulte consonne redoublée qui
I. Orthographe des mots. C'est l'orthographe se prononce comme une une consonne simple, par
proprement dite, qui consiste: exemple dans appauvrir, de ad et pauvre. En gé-
1° A écrire chaque mot dans son état simple néral les consonnes finales ne sont muettes qu'ac-
avec les lettres ou les signes phonétiques dont il cidentellement, et elles seraient mieux appelées
doit se composer c'est ce qu on appelle ordinai- quiescentes,parce que, si elles se reposent souvent,
rement l'orlhographe d'usage. elles se font de nouveau entendre soit dans la
2" A écrire les mots variables avec les modifica- liaison des mots, par exemple des amis, soit dans
tions qui leur sont propres, modificationsqui por- la flexion et la dérivation, par exemple haut, haute,
tent le plus souvent sur la terminaison (par hauteur; c'est la raison pour laquelle l'orthogra-
exemple le chant, les c/<an<s il cAaK~iT, je phe moderne, qui a supprimé dans l'intérieur des
cAfM~Ai), mais quelquefois aussi sur le radical des mots presque toutes les consonnes purement
mots (mourir, je mEurs); cette partie de l'ortho- étymologiques, les a au contraire conservées quand
graphe porte le nom d'orthographe de principes elles sont finales.
ou d'o)'</io~rapAe grammaticale. b) On appelle lettres serviles celles qui,
L'orthographe de principes s'appelle aussi o~ prononçant pas, ne servent qu'à donner à lanecon- se
thographe ?'e~!<:t~, parce que c'est la manière d'é- sonne ou à la voyelle qui précède telle ou telle
crire les mots selon la relation ou le rapport qu'ils prononciation. Les lettres serviles peuven~ être
ont dans le discours, abstraction faite de la forme des voyelles ou des consonnes. Les voyelles ser-
qui leur est propre. viles sont u, qui maintient au q et au c devant e
L'orthographe d'usage est ainsi nommée parce et i le son guttural (en pareil cas CM devient pres-
que, ne dépendant pas des règles de la grammaire que toujours yu) oueM/e, yu:e/ie<, rauque,
proprement dite, l'usage semble en être le seul quille, et e, qui donne a ces consonnes le son lin-
j
régulateur. Cependant cette partie de l'orthogra- gual de et de s ya~EM)'e, ~oMCEdh-s. Les
phe n'est pas plus arbitraire que l'autre, et il sonnes serviles sont l, m,n, t; elles apparaissent con-
vaudrait mieux l'appeler orthographe absolue, comme doubles consonnes à la fin des mots. Dans
puisque c'est la manière d'écrire les mots absolu- la règle le doublement des consonnes ne devrait
ment, c'est-à-dire seuls, isolés, tels qu'ils sont dans avoirlieu que dans la pénultième accentuée, c'est
les dictionnaires, en particulier dans celui de à-dire suivie d'une syllabe muette tandis que
l'Académie. toutes les syllabes non accentuées sont brèves, la
A. ORTHOGRAPHEABSOLUE. L'orthographe des pénultièmequial'a.ccenttonique estle plus souvent
mots dépend essentiellement de la nature des sons longue quand elle est suivie d'une consonne
ou des éléments matériels qui les constituent. On simple, comme dans /~<e, idiome, zone, rose date,
appelle orthographe rationnelle ou phonétique la et elle devient brève quand elle est suivie d'une
manière de représenter ces sons de la langue, soit consonne redoublée, comme dans dette, poM~e,
par des Mt)'M, soit par d'autres signes, dits couronne, rosse, patte. Mais les exceptions à cette
orthographiques,selon les règles propres à la pho- règle abondent, et la pénultième accentuée peut
nétique française. Mais, en français, l'orthographe être brève quoique suivie d'une consonne simple,
n'est pas toujours la représentation fidèle de la par exemple parole, et d'autre part le doublement
prononciation comme, en général, c'est l'origine de la consonne a souvent lieu sans nécessité après
du mot qui en détermine l'écriture, cette ortho- une voyelle atone, puisque cette voyelle
graphe étymologique est souvent en désaccord avec jours brève, de telle sorte que la consonne est tou-
qui suit
l'orthographe rationnelle. Ainsi, par exemple, les ne sert à rien et est une lettre comptètementpa-
trois premiers sons du mot chapeau sont repré- rasite, par exemple honneur,
sentés régulièrement par les lettres f/t, a, p, qui, can~OM~Mr, monnaie, tonner, rayonner,
&a)'o?tK:?,
sommet, etc. En re-
en français, ont pour valeur propre de servir à vanche, après un e muet qui doit recevoir l'accent
marquer ces sons; au contraire, le son final n'est tonique, le doublement de la consonne est néces-
pas rendu par son signe propre o, mais bien par la saire pour marquerque cet e muet est devenu so-
il
combinaison des voyelles eau, à cause de l'étymo- nore, comme dans jette, il appelé, qu'il
logie, la forme ancienne de chapeau étant chapel. ou ce doublement de t, de ou de fiMHc,
n produit )o
1. Quant aux lettres dont on se sert en français même effet qu'un accent
grave sur l'e pénultième
pour marquer les divers sons de la langue, elles jète, appe/c, viène.
peuvent être e/y~o/o~Meï ou serviles. Les consonnes 1 et n sont dites mouillées quand
a) Les lettres étymologiques sont données par elles sont suivies immédiatement
t'étymologie latine ou romane; elles sont étymo- allemand;ce son se marque en français son du
du j
un i ou
logiques même quand elles ne sont pas de prove- parun g préposé à la consonne mouilléepar et qui doit
nance latine, si elles ont été introduites dans être considéré comme une lettre servile, quoique
l'ancienne langue en application des lois de la étymologique: feuille de /b<tMm,s!'f!?M de~~um.
phonétique française, comme d dans peindre, et 2. Les orthographiques étaient inconnus
t dans c?-o~re,où la consonne linguale ou dentale au vieux français et ne remontent qu'au xvt* siè-
d et t a été intercalée pour cause d'euphonie entre cle.
n et<pe:K-D-?'e, ou entre s et r o'oM-T-rc, d'où Ces signes, qui suppléent jusqu'à un certain point
c~oMre. aux lacuneset aux défectuosités de alphabet,
Les lettres étymologiques sont sonores ou sont des caractères qui servent à notre
marquer tantôt
le son (<~MM phonétiques) et tantôt la forme comme signes diacritiques tes lettres italiques
(signes formatifs) des mots. opposées aux lettres droites ou romaines.
a). Les signes phonétiques sont la cédille, le b). Il n'y a qu'un signe formatif, c'est le trait
<t'ema, l'apo~fopAe et tes accents écrits. d'union (-), qu'on place entre les parties constitu-
La cAhMe est un signe qu'on place sons le c tives d'un mot compose, comme <:Ae/-<fo'M~e,
pour lui donner le son de la sifflante j; souscri-
on mit c'est-à-dire, dix-sept, ou entre deux ou plusieurs
d'abord un âpres c faczon, puis on le mots tellement unis qu'ils semblent n'en former
vit au c /~OM. qu'un au point de vue de l'accentuation, comme
Pour indiquer que les groupes de voyelles, MM<-<M? a~M-fOM-eK, etc.
comme Ot et au, doivent se prononcer séparément, B. ORTHOGRAPHE MLAnvE. – L'orthographe re-
on place sur la seconde le signe appelé <' ewa (") lative est l'orthographe des Nexions ou terminai-
M<K/, Soti<. On met encore le tréma sur l'e de la sons des mots variables, dont la grammaire ensei-
syllabe nnale a~e lorsque l'u est sonore c<~t«, gne l'origine et l'emploi dans des règles précises
et non pas tt~Me, qui se prononcerait comme c'est pourquoi on l'appelle aussi orthographe de
f,gue. règles ou de principes.
éviter l'hiatus ou la rencontre de voyelles
Pour Cette orthographe, ne dépendant que des règles
dans deux mots qui se suivent, la langue éhde la de la grammaire, est certaine et ne peut pas nous
voyelle qui termine le premier mot, quand cette induire en erreur. C'est une règle générale que
voyelle est un e muet; et la consonne qui précède les substantifs et les adjectifs font leur pluriel en
se lie alors à la voyelle initiale du mot suivant; s, quelques-unsen x, que le féminin se forme en
mais la voyelle élidée dans la prononciation ne ajoutant un e, et que la terminaison des verbes
l'est pas dans l'écriture, sauf dans quelques mo- varie selon le temps, le mode et la personne.
nosyllabes où l'e muet est remplacé par le signe Tout cela est du ressort de l'étymologie ou pré-,
appelé apostrophe ('): l'ami = lE ami, j'aime = mière partie de la grammaire et ne présente au-
<z aime; ailleurs l'élision existe sans qu'elle soit cune difficulté; avec un peu d'attention on est sûr
marquée dans l'écriture quelque autre, entre eux de ne pas s'y tromper. H n'en est pas tout à fait
(= quelqu'autre,entr'eux). de même des règles de concordanceque donne la
L'e muet est remplacé par une apostrophe syntaxe, grâce aux subtilités que se sont plu à y
l* Dans les monosyllabes le (article et pronom), introduire la plupart des grammairiens; mais il
;'e, me, te, se, ce, CMe, ne, de: l'ami,j'honore,il est facile de débarrasserla syntaxe de toutes ces
m'aime, ~e t'avertis, il s'amuse, c'est juste, qu'il subtilités et de réunir en quelques pages toutes les
pal-te, il n'écrit pas, il est saisi d'effroi. règles concernant l'accord des mots, ainsi que
&' Dans quelques polysyllabes composés de que, nous avons essayé de le faire dans notre Gram-
savoir a) jusque, devant toute voyelle jusqu'en maire élémentaire de la langue française (p. 124
Suisse; b) quoique, ~or~ue, pMt'MMe. parce que, à 134).
quand ces mots sont suivis de il, elle, on, un
~«o!t' lorsqu'elle, pMM9'M'on, parce qu'une
d« phrases.
H. Orthographe des –
phras«. L'orthographe
des phrases consiste uniquement dans l'applica-
~M<e, e) quelque, ~fMOMe, ainsi que entre, dans tion des règles de la ponctuation, règles qui dé-
tous fes mots composés quelqu un, pre~u'Me, coulent d'une analyse logique réellement digne de
entr'acte. Hors ces cas, l'e des mots quoique, ce nom.
lorsque, quelque, etc., n'est pas remplacé par une La ponctuation consiste a marquer, par des signes
apostrophe quoique étranger, lorsque André, convenus, les divisions ou la fin des phrases (si-
puisque aucun de vous, parce que en Italie, quelque gnes objectifs), et la manière actuelle dont nous
autre, presque usé, entre eux, entre autres, etc. considérons telle ou telle proposition, tel ou tel
La voyelle finale des monosyllabes la et si s'é- membre de la proposition (signes subjectifs). Les
lide comme l'e muet fdme, ye l'ai vue, s'il pleut. signes objectifs sont le point (.), le signe do
Les acceM<~ écrits, qu'il ne faut pas confondre ponctuation le plus fort et qui se met à la fin de
avec l'accent tonique, sont au nombre de trois la phrase pour indiquer que le sens est tout à fait
l'accent aigu ('), comme dans ca fé, l'accent grave terminé la virgule (,), le signe de ponctuation le
(~), comme dans père, et l'accent circonflexe ("), plus faible et qui s'emploie dans la phrase de
comme dans/été. subordination pour séparer, dans certains cas, la
L'accent at~M se place ordinairementsur tout proposition subordonnée de la principale, et dans
e sonore terminant la syllabe, excepté quand cet la phrase de coordination, lorsqu'il y a contraction,
e est suivi d'une syllabe muette finale, auquel cas pour en séparer les termes similaires le point-
on emploie l'accent grave céder, ~e cede. On virgule (;) et les deux-points (:), qui expriment
emploie encore l'accent grave sur l'e de la flnale des divisions intermédiaires plus faibles que le
es quand n'est pas le signe du pluriel abcès, point, plus fortes que la virgule, et ont pour fonc-
c~p;etc. tion propre et générale de séparer les proposi-
L'accent circonflexeindique 10 la suppression tions coordonnées, soit de marquer les divisions
d'une lettre, surtout l's, avec allongement de la de la phrase de coordination, les deux-points
voyelle, comme dans ap<)<fe pour apostre, ou sans ayant dans ce cas une valeur plus forte que le
allongement de la voyelle, comme dans Mp)'~ point-virgule. Les signes subjectifs sont la
<f'tM<<ryoya<to~(?),le point d'exclamation (!),
pour hospital, riMt'f pour roïttr 2* l'allongement oint () et les pOM<~ ~Mpe~Mt/% (.), qui ne
de la voyelle sans suppression de lettre, dans la pffre'i<M~f
quelques mots en eme, ole, orne, one Même, sont que des signes auxiliaires. L'alinéa, mar-
pf~e, ddme, c()Me. quant une séparation plus forte que le point, doit
On emploie encore l'accent grave et l'accent aussi être considéré comme un signe de ponctua-
circonflexe comme signe purement diacritique, tion. V. Ponctuation.
c'est-à-dire qui sert à distinguer les mots sans 111. Variations de l'orthographe. L'orthogra-
influer aucunement sur la prononciation à, pré- phe de l'ancienne langue était indécise et flot-
position, et a, verbe; là, çà, où, adverbes, et la, tante, mais elle se distinguait par une grande
article, fa, pronom, ou, conjonction ye~e, simpticité et, en somme, elle différait moins de
mûr, sûr, crd, dû, et jeune, mur, sur, cru, dM. l'orthographe actuelle que de celle de Rabelais ou
L)M lettres Ma~tMCM~ sont aussi des signes dia- de Montaigne. Voici comment M. Brachet a résuma
critiques qui servent à distinguer des noms com- ces variations de notre orthographe
muns les noms propres et les noms communs em- x Il n'existe, en théorie, que deux systèmes d'or-
ployés comme noms propres le Portugal, fjdca- thographe le premier qui figure exactement la
demie française, etc. On peut encore considérer prononciation ou orthographe phonétique; le se.
cond qui s'attache plutôt a rappeler l'origine du elle supprime de même le d muet de advocat, ad.
mot et est dit orthographe étymologique.L'ortho- venture, etc., qu'elle avait jusque-là conservé.
graphe phonétique, exacte peinture de la voix, Mais elle n'osa point aller jusqu'au changement de
n'admet que des lettres vivantes ou prononcées oi en a: que Voltaire proposait, et jusqu'en tS3!}
elle écrira filantropie, orfelin, ~<MO/!?, comme elle écrite connotMOM, il était, il marchait; ce fut
nous écrivons faisan (de ~fMMMM', fantaisie seulement dans sa sixième édition que l'Académie
(du grec phantasia), /an<OMe (de phantasma). A sanctionna la réforme voltairienne.
côté de ces lettres actives, l'orthographe étymolo- » Notre orthographe contient, malgré ces utiles
gique admet, au contraire, des lettres mortes, qui réformes, plus d'un reste de la manie érudite du
rappellent aux yeux l'étymologie, mais qui ne xvt* siècle le moyen âge écrivait autre (alter),
jouent aucun rôle dans la prononciation telle paume (palma), pous (pulsus) le xvi' siècle, aul-
est, par exemple, la consonne p dans exempt (de tre, pautme, pouls; nous avons repris jMMme et
exemptus), baptiser (de baptizare) dans ce sys- autre, mais nous avons gardé pouls. Le moyen âge
tème on écrira phaisan, phantaisie,phantosme; disait oser (ausare), oreille («Mrieula), povre (pau-
sujet, venant de subjectum, sera orthographié per), toreau (taurellum), acheter (accaptare),bati-
subject, etc. ser (baptizare) déroute (derupta),escrit (scrip<us)
» Au point de vue de la pure logique, le sys- le xvi* siècle, auser, aureille, pauvre, taureau, et
tème phonétique est la seule orthographe ration- de même achapter, baptiser, déroup~e, escript.
nelle l'orthographe étymologique manque en L'orthographe moderne a repris oser, mais non
effet de base, puisqu'elle ne s'appuie que sur l'or- povre; oreille, mais non toreau; acheter, mais
thographe d'une langue antérieure, et que d'autre non baliser. Les lettres doubles qui infestent notre
part elle suppose arbitrairementque les étymolo- vocabulaire sont encore l'héritage du xvi* siècle
gies sur lesquelles elle se fonde pour imposer aux nous écrivons arbitrairementet sans aucune raison
mots telle ou telle lettre parasite sont indiscu- d'étymoiogie, ni de prononciation abatis et abat-
tables. D'ailleurs, l'orthographe d'une langue, toir, charretier et chariot, coureur et courrier,
comme la langue elle-même, n'est point faite pour timonier et canonnier, cantonal et cantonuier,
quelques lettrés, mais pour l'ensemble de la na- félonie et baronnie, patronal et patronner, tonnant
tion le f de faisan n'empêchera pas plus l'hellé- et détonation, agrandir et aggraver, aplanir et
niste de reconnaître dans cette forme le grec pha- applaudir, appauvrir et apercevoir, etc.
M'a~os que le ph de philosophien'aidera les illet- » Le moyen âge écrivait NacMM, porcion. Au
trés à retrouver l'origine du mot. lieu de garder cette orthographe qui nous per-
» De ces deux systèmes orthographiques, le mettait de conserver au t un son unique, les lati-
moyen âge, à l'origine, adopta le premier, la lan- nistes rétablirent dans tous ces mots le <: latin
gue de la Renaissance adopta le second, et notre de là les inconséquences de prononciation telles
orthographe actuelle est le résultat d'un compro- que les ~eKt'OM et «ous éditions, les portions et
mis très arbitraire entre les deux. Le moyen âge nous apportions, les inspections et nous inspec-
chercha d'abord à modeler l'orthographe sur la tions, etc.
prononciation au xn* siècle on écrivait comme » Cette orthographe dite étymologique, qui ne
aujourd'hui neveu (de Hepo~e~), recevoir (reci- représente pas la prononciation, devient même
pere), enseue/M' (insepelire) le xvi° siècle, pour tout à fait arbitraire quand elle repose, comme
rapprocher ces mots de leurs originaux latins, cela est arrivé plus d'une fois au xvi* siècle, sur
écrivit KeptMM,fecep~otr,e~septM/M',sans se douter une étymoiogie erronée. De même que peser vient
que le p latin existait déjà dans tous ces mots de pensare, le latin peMMM (au sens de poids)
sous la forme du v; de même les formes du xir donna le vieux français pois, comme me~t's a
siècle devoir (debere), fièvre (/eo)'HK), février donné mois, tensa toise. Le xv~ siècle, qui tirait
(/e<'?'Ma~MM),sont devenues auxvr* siècle oMt;oM', pois de pondus, voulut conformer l'orthographe
peofre, febvrier. Le moyen âge, changeant le ct du mot à cette fausse étymologieet écrivit poids,
latin en it, écrivait lait (lactem), fait (/<:c<MMt),dont nous avons hérité et qui sous cette forme a
trait (tractum), nuit (noctem);le xvt' siècle refait perdu, en apparence, toute parenté avec peser.
ces mots en laict, traiet, faict, nMK~. Cette re- » Il est à souhaiter que, dans la septième édition
cherche d'orthographe érudite, quiavait commencé qu'elle prépare du Dictionnaire de l'usage, l'Aca-
dès le xv' siècle avec les clercs et les premiers démie, qui a déjà fait en 1835 tant d'utiles réfor-
traducteurs des livres de l'antiquité, s'accrut mes dans notre orthographe, persiste dans cette
d'une manière démesurée sous la Renaissance, voie en supprimant la plupart des doubles lettres
par TinBuence que prennent alors les imprimeurs et en bannissant bon nombre de ces prétendus
érudits Robert et Henri Estienne surchargent signes étymologiques. » (Brachet,Morceauxchoisis
les éditions sorties de leurs presses d'une foule des grands écrivains du xvf siècle, p. LXXHL)
de lettres parasites empruntées à l'orthographe Malheureusement l'Académie n'a pas répondu à
des langues anciennes. Cette invasion de lettres cet appel, et la septième édition de son Diction-
muettes jette un tel trouble dans l'orthographe, naire, qui a paru en 1877, n'a guère amélioré
qu'une réaction en sens inverse ne tarde point à notre orthographe. Non seulement l'Académie n'a
se produire. Meigret etl'illustre Ramus, qu'approu- pas fait disparaltre les anciennes bizarreries de
vent Ronsard, Du Bellay et toute l'école nouvelle, cette orthographe, mais elle y en a ajouté de nou-
tentent contre les Estienne et l'école des étymo- velles et elle n'a pas même su éviter les contra-
logistes de ramener l'orthographe au pur système dictions. Voici à ce sujet quelques indications
phonétique. Cette tentative échoue, et l'orthogra- sommaires qui pourront être utiles aux maltres
phe étymologique persiste, en s'allégeant quelque aussi bien qu'aux élèves.
peu, jusqu'à la fin du xvn* siècle. Malgré les Emploi des voyelles l'Académie continue à
efforts de Corneille et de Bossuet, l'Académie con- écrire les voyelles muettes même quand elles sont
serva presque intact ce système orthographique complètement inutiles, comme dans &ŒU/, masure,
dans la première édition de son Dictionnaire toast, paon, heaume, etc; elle supprime le e éty-
(1694); elle proscrivit même l'usage des accents mologtque dans voir et le conserve dans seoir,
et ne jugea point à propos d'adopter l'orthographe mais elle écrit je surseoirai et j'assoirai, etc.
de Richelet, qui écrivait tête pour teste, épée pour Emploi des consonnes capt'MùM~, fabricant,
espée, etc. provocant, S!<~ocat:<, vacant,et choquant, mar-
» Ce fut seulement en t740, dans sa troisième quant, pratiquant, <ra/ï~Ma~,etc excédant (par-
édition, que l'Académie remplaça par l'accent 1'~ ticipe) et excédent (adjectif),, excellant et excellent,
Étymologique; elle écrivit alors tête, ~p~e, opo~'e; négligeant et négligent, etc.; aphte, apo-
p~g'Mt, autochtone, diphtongue, MMorM~te, glé-nè, MMMBM-n~, nouveau venu, court t)At<;
A~mo~oMe!, hypooondrt, ichtyophage, opA&t!mte, corps-saint, corps de garde; eau-de-vie, eau <<<
cA<t<te, rythme, etc. rapsode et rAapM<M, flegme, rose; état-major, tiers état; haut-fond, haut /bm<-
et phlegme, /)'<~ste et phrénésie,para/Se et ~a- neau faux-fuyant, faux frais, faux monnayeur;
raphe, /b7tt<MnM~orM et phantasmagorie,paré/ie francs-tireurs, corps francs; p<e<<~e-cAa<, pied
etpa~A~M, etc. de ta'M/FO<-aM-/fM,FO~pO!<r<'t;c*e~<-d-a'tre,c'est
Doublement deff consonnes l'Académie a éga- à savoir; au-devant et au dehors, au-dessus, au-
lise l'orthographe des mots assonance, consonance dessous et en dessus. en dessous; là-dessus et là
et dissonance, emma<Ho<<n' et démailloter; mais dcd~tM; ici-bas, là-bas et en bas; là-haut et en
elle continue h écrire résonner; résonnant et haut; par-ci ?<)?'-? et par t'o, par là, par deçà;
sonance consonne etiNMMttant, consonance abat- par-deDert, pa~-<.fMMM<et par devant sa chambre
tre,abattementeta&a<a~c,aAa~(acotédeM<M); (mais par-de~aMt Montre) très bon, trottemenu;
assujettir et assujétir, carotte, calotte et compote, havresac; morte-eau et eau morte; un <~e-M<c
camelote; ballotter, cM~«<'r, cracAo~er, décrotter, et Me à MM (adv.), avenir et à-venir (snbst.)
grelotter,jM~Ker, etc., et barboter, cAecrohr, cla- rOM~tCM! ou. <-OM-t)teM:; bis-blanc etpam &M, à
poter, Mt~OMt~, dorloter, /r!'co~r, grignoter, un homme bien-disant, de soi-disant docteurs,
gigoter, etc. tabletterie et &M/M~M-te; ~t/er et bras-le-corps, acompte, afin, atour, averse et à
percer, $t/!e j MM/'<!er,MMM/~Mr et AoMTtOM~er, verse, d-coM/t, à-propos, à vau-l'eau, etc. contre-
emmitoufler, etc.; charrette, charrue et chariot; bande, contrepoison et conft-e-ord'fe, con<re-po:
courrier et coureur; 6aron?!teet félonie; cancaner etc.; e~d'os, encaisse, entrain, Mt-M<, en-cas; en-
et capitonner;bananier, marinier, nautonier ti- trecouper entrelacs, <n<recd<e, entresol, entremets
cM~OM- et entre-odiller. t7:<re-<emjM, entre-voie, etc.
monier, etc., et M<onMer, braconnier,
nier, marronnier,prisonnier, vannier, etc; tmt~- soucoupe et sous-sol, etc.; surpoids, surtout et
cile et imbécillité; accourir et acoquiner, atten- sur-arbitre, susdit et ~Mt-~tfMce, etc. malsain
dre et atermoyer, approfondir et aplanir, allon- et mal-étre, mal-appris non pareil et non-sens,
Mfeta~oMrdtr, etc. non-payement non seulement, les gens non inté-
Emploi de la cédille :~ottcc<!<reamlien de dou- ressés, etc.; &OMte/eu et boute-en-train; eatHe-
c<t<e. &o«e et caille-lait; claquedent et casse-cou; lèche-
Emploi des accents l'Académie écrit mainte- frite et à lèche-doigts; passavant, passeport, pas-
nant je siège, d'après la règle générale, mais elle sepoil et passe-debout,passe-droit, passe-partout,
maintient l'ancienne orthographe dans <M~e, passe-temps etc.;por~<'a~e, portecrayon, porte-
dussé-je, etc. elle écrit avec l'accent grave ba- faix, por<e/fM!Kc,portemanteau et porte-aiguille,
rème, orfévre, poète, sève, troène, prèle; avec l'ac- porte-clefs, porte-drapeau, po?'<e-ueuM, porte-
cent aigu énamourer (contrairement)& l'étymo- montre, pof<e-fo:.< etc. condamnationpar corps
logie qui exige enamourer, comme fMCT'er, MOt~- et le pa?'-co''p~; ~!M?!< à moi et le quant-à-mot,
gueillir, etc.), goéland, goélette, goémon, pépin, bien faire et le bien-faire, cette ~MN'tpHon est
p~p;c, p«:Ker; avènement, affrètement, MM<e?te- hors d*<BMure et un Aofï-d'o'u~re. erte;' sauve qui
ment, ténement et événement; complètement,adv., peut et ce fut un ~aMoe-~Mt-pe~.
Ponctuation Fïce liberté! et vive le vin.
et complétement, subst. f~e?neMt et dérègle- ~A/moM Dieu, qu'avez-vous fait? Eh!
ment, subst., et réglément, déréglément, adv.; moM Lieu,
réclusion et reclusion, célei- et celer, etc. L'Acadé- laissons cela. ~A quelle chute et Oh ~teM, que
mie écrit maintenant sans accent circonflexe gaine t'eMM/e/ Oh çà,parlons H'eno~n/~at'M. 0 temps,
et ~<M!e~ goitre, levure, masse et masser (termes <! ma'MM 0 mon Dieu Plaise à Dieu OM':Z re-
de jeu) elle admet également aboiement et vienne sain et sauf! PM< à Dieu que Commeetc. cela /Ut,
aboiinent, d~oMemen~ et ~eKodmemt, dénuement IV. Réforme de l'orthographe. on
fran-
eNyo~ment, l'a plus haut, l'orthographe de l'ancien
et <~t!!me?t~, engouement et en- vu
simple et en somme beaucoup plus
!OMeMtCMt et eM/oMmeMt, etc. Elle écrit angélus çais était très
et CMM/M~, ad hoc et aA hac, optime, nec rationnelle que celle qui l'a remplacée après la
plus Mt~a, a' pos<e!'t0r:, a priori, vice versa et à Renaissance. Cette orthographe moderne de Ma.
*K:Tt:ma~ m«!-CM<pd, no~a benè, sine qud non; rot et de Rabelais, tonte hérissée de lettres ëty
MM~ souler et saoul, MOM~pa<astre et paldtre; mologiques inutiles dont trois siècles n'ont p"
trinome et binôme, monôme, etc. nous débarrasser entièrement, est encore la nô-
Emploi des majuscules amen et Ave; les an- tre aujourd'hui, sinon dans les détails, du moins
techrists et l'Antéchrist; le Bas-Empire et la dans l'ensemble. Il ya là une tradition d'autant
taMe Bretagne, les basses Pyrénées; le Très-Haut, plus puissante qu'elle remonte à une époque où
le haut ~AtK.un toM< pays, le /taM<ma/ l'~prtt- la langue française s'est fixée et est entrée dans
Saint, rN<'rt<M~eMtm/e, lasainte V)er~?, la sainte la phase classique de son histoire, et c'est préci ·
Famille, la <a!!M<e Bi& les lieux Mt'tt~, le M:n< sèment cause à de cette tradition que toute réfor-
sépulcre;saint Jean, la Saint-Jean, le saint-père, me radicale de l'orthographe française est entou-
le saint-siège, le Mt7!<-o/)!e< le MM<-emp~'e; rée de difficultés presque inextricables.
Notre-Seigneur le cottse:< des dix, les dix, les Il est bien prouvé cependant que de tous les
Seize, les Quarante; la Grammaire de Port-Royal idiomes romans, c'est le français qui possède le
et le dictionnairede l'Académie; un bon barème, système orthographique le plus défeetaeui.
c'est un bon Barème; la satire ménippéeet la Mé- Ce système a en effet deux défauts bien graves:
Ktpp~; le Pont-Neuf, le Long parlement, le )' !1 manque de signes simples pour exprimer
rAe<t<re-Fray!eaM, la Comed'te a?:faMe,les FfaKes des sons simples, savoir les voix pures que nous
saliens, les ~t)-OMd'<7M, les trois Heures; c'est un représentonspar les combinaisons de voyelles ou
savoyard (homme grossier), un scapin, un séide, et eu; les voix nasales, de a, de e, de o et de eu,
c'eat son SOM?, un service de sèvres, une garniture qui se rendent par une voyellesuivie de n (ou M),
de valenciennes, etc. c'est a-dire la nasale de l'a par an ou en, la nasale
Emploi du trait d'union l'Académie écrit un de l'e par ain, ein ou in, la nasale de l'a par on et
blanc-seing et un blanc seing, un acte sous-seing la nasale de l'eu par un; la chuintante forte que
privé et un acte sous seing privé, représentons par ch, et enfin les consonnes
un sans-coeur nous
et un sans etBMf, le sans façon, le sans ~t~ le mouillées dont la notation par ill et gn est très
H6re-MA<mye et le libre échange, le coton-pouare défectueuse, parce que ill et gn ont une double
et le coton poudre, la gomme-résine et la gomme valeur phonétique, comme on peut le voir dans
résine le <a<M~-aMer et le laisser aller, le qu'en- les mots fille et ville, agneau et agnus, etc.
dtfa-on et le qu'en dira-t-on; clairsetné, aveu- 2* Certaines consonnes ont en français un dou-
ble ou même un triple emploi, d'où il résulte que 3° Remplacer partout 1'~ faible par et écrire
le même son peut se rendre par plusieurs signes, poizen au lieu de poison.
comme 1'~ forte, qui est représentée par s, M, e, ç, ticulièrement 4' L'emploi de l'accent circonflexe est tout par-
t et J, comme dans sel, bosse, CM<, maçon, na- abusif; car, si ce signe doit indi-
tion, soixante. Ces emplois multiples de la même quer l'allongement de lal'accent voyelle, il y a beaucoup
lettre sont très fréquents et compliquent inutile- de voyelles qui ont circonflexe. bien
ment notre orthographe. qu'elles soient brèves, comme o dans Adp<
Pour que cette orthographe fût complètement tandis qu'une foule d'autres ne l'ont pas, lors
rationnelle, il faudrait: 1 que chaque son fût re- même qu'elles sont longues. Il serait donc préfé-
présenté par un signe distinct, et 2' que chaque rable de supprimer partout ce signe et de le
signe ou lettre eût un son qui lui fût propre et remplacer, sur l'e terminant la syllabe, soit par
l'accent dans la pénultième tonique, soit
ne servit pas à marquer d'autres articulations. grave
aigu partout ailleurs on écrirait donc
Plusieurs essais de réforme ont étéMntës dans par l'accent objet, mais
écrit
ce sens, afin de rapprocherl'écriture le plus pos- sans accent
pro/et, conmme on
sible de la prononciation. AprèsMeigret et Ramus, avec l'accent grave /~<e, blème, et avec l'accent
dont nous avons déjà parlé, on peut citer parmi les aigu féter, blémir, etc. On pourNit peut-être
réformateurs les plus marquants au dix-septième conserver l'accent circonflexe dans les mots
siècle, Ghinet, Ménage, l'abbé Dangeau et Riche- tels que d<ye, Miller, cMMc,~t<!ne, <mth~ p~c/ter,
let au dix-huitième, Regnier-Desmarais, Buffier, tâche, H!!b-, sih-, er< dû, pour
les distinguer des
l'abbé Girard, Dumarsais, Duclos, Wailly etBeau- homonymes acre, bailler, chasse, jeune, matin,
zée et dans notre siècle, Domergue, Volney, pécher, tache, mur, sur, cru, du.
Marie, Féline, Erdan, Raoux et Ambroise-Firmin 5° Dans les consonnes doubles, il n'y a que la
Didot. Mais ces tentatives ont toutes échoué, parce seconde qui se fasse entendre, la première est
soit nulle. L'Académie et tous les dicVonnaires,;depuis
que la plupart ne tenaient pas assez compte,
de l'étymologie, soit de la flexion et de la dériva- celui de Boiste jusqu'à celui de Littré, disent
tion des mots. qu'on prononce quelquefois les lettres doubles.
Et cependant l'orthographe se modifie constam- comme pp dans appétence, de mm dans immaculé,
dans illustre, etc. Rien plus contraire au
ment et insensiblementdans le sens d'une plus génie de notre langue. On ne peut d'ailleurs
grande simplification.« On n'a, dit Littré, qu'à com- même
bien peu éloigné, émettre deux fois de suite le son-consonne,
parer l'orthographe d'un temps II dans illustre, sans séparer les deux ar-
le xvn" siècle, avec celle du nôtre pour recon- par ex.
voyelle, si faible qu'elle aoit,
naltre combien elle a subi de modifications. JI ticulations par unedans le lustre. Il faut excepter
importe donc, ces modifications étant inévitables, comme l'e muet i accès, s~erer.
qu elles se fassent avec système et jugement. Ma- les consonnes c et y devant e,
nifestement le jugement veut que l'orthographe parce qu'alors le premier c tandis ou conserve le son
aille en se simplifiant, et le système doit être de guttural qui lui que le second
combiner ces simplifications de manière qu'elles c prend le son d's et le second
est propre,
le son de j. Sauf
soient graduelles et qu'elles s'accommodent le dans ce dernier cas, leslesdoubles consonnes simples,
se
et
mieux possible avec la tradition et l'ëtymologie." prononcent donc comme consonnes
simplifierait beaucoup l'orthographe si l'on
(Histoirede la langue française, I, 327.) Fon
qui sont nulles, en écri-
Voici, croyons-nous, tes améliorations de détail supprimait toutes cellespremiers
qui auraient le plus de chance d'être adoptées, vant, comme dans les temps, acrotre,
atendre, opeler, anoncer, aM:-
parce qu'elles constitueraient, non pas une )-eM- agraver, doner,<MM'!)t)', somet, volée, etc. Par
lution, qui bouleverserait toutenotre orthographe, ter, aroser, coM'oMe.
l'orthographe
mais une simple évolution, qui pourrait s'opérer cette réforme on rendrait uniforme
il gèle et il
tout naturellement et pour ainsi dire sans se- appèle de tous les verbes en eler et eter:
cousse. (au lieu de appelé), il achète et il jète (au
t° Remplacer l'y par i
danstous les mots d ori- lieu de ~eK?).
6° Supprimer dans l'intérieur des mots toutes
gine grecque, où il a le son de cette voyelle on baptiser,
écrirait donc analise, stile, comme l'on écrit ami- les consonnes parasites, comme p dans
don, o'M~, au lieu de <Mo!j/M, style, amydon, compter, etc. du trait
crystal, et l'on conserverait l'y comme lettre fran- T On a vu plus haut que, pour l'emploi système
çaise avec sa valeur propre d'i consonne (y espa- d'union, l'Académie ne suivait aucun contradic- et
j
gnol, allemand), telle qu'elle s'est conservée en qu'elle tombait dans les plus étranges
généra), sauf après l'a où vaut aujourd'hui deux tions. Pour sortir de ce dédale etilsimplifier n'y
1 or-
qu'un
i dont le premier se combine avec l'a de manière thographe des mots composés, a
à former le son é, tandis que le second est un t moyen, c'est de les réunir le plus possible en un
nouvelle syllabe, de seul mot. Nous renvoyons pour les détails de cette
consonne qui commence une l'orthographe ett
telle sorte que payer sonne comme pai-yer, ce qui réforme à l'ouvrage de Didot surla formation des
n'était pas le cas dans l'ancienne langue où l'on à celui de M. Darmesteter sur
prononçait pa-yer sans modifier le son de l'a, mots composés.
prononciation qui s'est conservée dans les noms 8° Substituer l's à l'x dans les noms et les ad-
propres, commeBayonne, Mayenne,tels et même dans jectifs qui prennent cette dernière consonne
quelques verbes et noms communs, que oa~er, comme marque du pluriel; on écrirait donc lei
mayonnaise, etc. beaus bateaus et non pas les beaux 6f<reaMX. Or
h
2" Supprimer la lettre partout où elle est inu- étendrait plus tard cette réforme a tous les mots
tile, c'est-à-dire au commencement mots, des quand où la consonne finale x a la valeur de s, comme
elle est muette, et dans les combinaisons cA ayant dans je veux, heureux, etc.
le son de e dur, r~ th, et pA, qu'on remplaceraitpar Nous nous arrêtons peut-être est-ce déjà trop
f; on écriraitdonc iver, arcaïsme,alfabet, épitafe, pour la routine, si puissante partout,
c''OMt~!<?,fe<or!- mais plus
que, rubarbe, atlète, métode, particulièrement sur le terrain de la grammaire
comme étique, colère, école, raptOf/e, trésor, fai- et de l'orthographe. Il faudrait donc ajourner les
san, fanal, /M?. soufre, qu'on écrivait autre- autres modificationsà introduire dans notre sys-
fois AccHtyM", cholère, escole, rhapsode, thrésor, tème orthographique, comme l'emploi de pour
phaisan, phanal, phlegme, souphre; il n'y aurait jugea), de t cédille pour
d'exception que pour quelques mots où cA sonne le doux (il juga pour
comme c dur devant e et i archéologie, ecchymose, distinguer les mots terminés en tie et tien, qui se
malachite, orchestre. prononcent tantôt avec le son de t et tantôt avec
Je ton de < rations) de ly et ny pour
(M<p<!e, les Etym. du grec d~Mo~, action de pousser.
mouiller les deux consonnes < et n (palye, < L'osmose est la propriété que deux liquides dif-
nyal), etc. férente ont de se mêler travers les parois
V. EzeroioMt d'orthographe. Nous avons vu membraneuses qui les séparent. Supposez un
que l'orthographe d'usage a ses règles, tout aussi vase divisé en deux compartimenta par une cloison
bien que l'orthographe dite de principes; c'est ce membraneuse que dans l'an des compartiments
qu'on oublie trop souvent. A ce point de vue, onne on mette de l'eau salée, dans l'autre de l'eau
saurait trop recommander l'étude de la dérivation pure; il s'établira à travers la membrane deux
et de la composition des mots an moyen des suf- courants inverses; de l'eau saiée traversera la
fixes et des préOxes, étude aussi intéressante cloison pour aller se mélanger à l'eau pure; et de
qu'utile pour la connaissance de la langue, bien l'eau pure passera en sens contraire aller
qu'elle aIt été à peu près complètement négligéee diluer de plus en plus l'eau salée et pour
ce phéno-
jusqu'à nos jours. Comment hésiter sur la manière mène continuera, jusqu'à ce que la proportion
d'écrire salutaire, pilier, chevreau, alpin, ter- d'eau et de%el soit la même de part et d'autre.
rasse, glacis, finesse, hautain, nuée, jetée, bon- Voilà ce qui constitue l'MMO~.
té, etc., quand on sait que ces mots sont formés Supposez que t'un des liquides soit dans une
des primitifs salut, pile, cMttre, alpe, terre, glace, cavité par rapport à l'autre celui-ci pourra être
fin, haut, nue, ~eM, toM, etc., au moyen des considéré comme extérieur relativement au pre-
suffixes aire, ter, eau, in, asse, M, esse, <Kft, ée, e, mier le courant liquide de dehors en dedans
té, etc.? On ne saurait non plus être embarrassé s'appellera endosmose, et le phénomène inverse
d'écrire exorbitant, inonder et innommé, ces M;oMtOM.
mots étant formés de orbite, onde et nommé, au Dutrochet a fait le premier une expérience que
moyen des prénxes e~c et in comme, devant une l'on peut facilement répéter, et qui met parfaite-
consonne, le a; de M: s'élide,tandis que le n s'as- ment en évidence l'endosmose l'appareil dont il
simile aux liquides 1 et r, cela suffit pour expli- se servait s'appelle <tM~MmoM~<fe.
quer pourquoi on écrit avec un seul r <rMp<t'<M C'est un tube ouvert à ses deux extrémités son
(de M: et rumpere, rompre) et avec deux r trr«p- extrémité inférieure est rennée en forme de ré-
tion (in et rumpere). servoir dont le fond est formé d'une membrane
Il n'est peut-être pas inutile de faire remarquer fermant exactement le tube. Dans celui-ci on
que tes recueils de dictées dont on se sert dans met de l'eau alcoolisée et rougie on marque alors
beaucoup d'écoles ne s'occupent guère que de le niveau de la liqueur dans le tube, puis on met
l'orthographe de principes et semblent renfermer en contact la membrane avec de l'eau pure. On
toutes les difncultés grammaticalesdans le cadre voit alors le niveau s'élever dans l'endosmomètre
étroit des règles sur les participes, les quelque et C'est que l'eau extérieure a traversé les pores de
les quoique, etc. Les instituteurs feront bien de la membrane, pour venir se mêler à celle du
ne pas trop s'en tenir k ces recueils et de consa- tube.
crer un peu plus de temps & l'étude sérieuse du C'est par des phénomènes d'osmose qu'on ex-
matériel même de la langue~ c'est-à-dire des mots plique les échanges nutritifs entre les divers élé-
envisagés au double point de vue de leur significa- ments dont se composent anatomiquement les
tion et de leur orthographe. corps vivants, par exemple, i'absorptton des sub-
Enfin on ne saurait trop recommander aux mai- stances alimentaires transformées dans l'intestin
tres d'accorder à la ponctuation beaucoup plus et qui passent soit dans les vaisseaux chylifères,
d'importance qu'on ne le fait généralement, et soit dans la veine porte. C'est également l'os-
pour cela il est essentiel d'analyser la phrase mose qui est la force active principale dans l'ab-
d'après une méthode toute différente de celle qui sorption des racines.
est suivie par nos anciennes grammaires. Soit, Il faut se garder de confondre l'endosmose avec
par exemple, la phrase suivante à ponctuer l'imbibition ou la filtration, qui jouent un rôle
<t La parole de Dieu est semblable à la semence
très important, mais tout spécial, dans les phéno-
a du laboureur: si une pierre dure la reçoit, elle mènes physiologiques. [G. Phiiippon.~
« ne germe pas; si elle tombe parmi les ronces, OTHON ou OTTON – Histoire générale, XVIII-
< elle est étouffée; si une bonne terre la reçoit,
XIX, XXVII. Nom de quatre empereurs d'Alle-
u elle produit une récolte abondante. » magne, dont les trois premiers appartiennent à la
Il ne servirait de rien, pour la ponctuation' de maison de Saxe, et le quatrième à la maison
cette phrase, de se borner, comme on le fait, a dis- Guelfe.
tinguer les propositions subordonnées des princi- 10 Maison de Saxe.
pales il faut que l'analyse pénètre plus profondé-
ment dans la structure de la phrase et qu'elle la Othon I", fils et successeur d'Henri l'Oise-
décompose, d'abord dans ses parties principales, leur, reçut la couronne d'Allemagne en 936. Il eut
puis dans ses divisions secondaires et ternaires, de d'abord à combattre plusieurs grands vassaux qui
la manière suivante refusaient de reconnaltre son'autorité, et qui s'é-
Cette phrase de coordination comprend deux taient alliés au roi de France, Louis IV d'Outremer.
parties qui sont dans un rapport copulatif et sont li les vainquit, et, mattre incontesté de l'Allema-
séparées par les deux points la première partie gne, il assura la sécurité de eq pays par sa grande
est une proposition simple; la seconde est com- victoire sur ]es Hongrois à Angsbourg (955), et
posée de trois propositions copulatives entre les- par diverses expéditions contre les Bohèmes, les
quelles se place le point-virgule, signe do la coor- Polonais et les Danois. Profitant ensuite des dis-
dination, et chacune de ces propositions a à son cordes de l'Italie, il marcha au secours d'Adélaïde,
service une proposition subordonnée exprimant veuve du roi italien Lothaire, attaquée par Béren-
une condition et séparée de la principale par une ger U, l'épousa (9a)), et, plus tard, détrôna Bé-
virgule, signe de la subordination. [C. Ayer.] renger, et prit pour lui-même la couronne d'Italie
et la couronne impériale (962). Il avait rétabli
Ouvrages à consulter. A.-F. Didot, O~en'ah'oot sur ainsi, au profit de la Germanie, l'empire de Char-
t'orthographeou 07'~ra/îe /ranpaMe, 2* édition, i868 lemagne, ne laissant en dehors de sa domination
Darmesteter, TVat'~ <~e la /orm<t<Mn des mois composés
Am< la langue /'rat!j'<ttM. 1875 Ayer, Grammaire compa- que cette partie de la Gaule où régnaient encore
rée de la langue ~t'tHtfatM. les derniers Carlovingiens.Le mariage de son fils
avec la princesse grecque Théophanie lui donna
OS. V. Squelette. en outre des droits sur l'Italie méridionale.
OSMOSE. Botanique, in; Zoologie. XXXII. Ces succès méritèrent à Othon le surnom de
Grand. Mais ses héritiers ne surent pas main- muscle circulaire. La peau qui garnit ce tube
tenir l'Allemagne au degré de puissance où il l'a- renferme un grand nombre de petites glandes qui
vait portée. Il mourut en 973. sécrètent une matière jaunâtre appelée c~'MMMt.
Othon II, fils d'Othon!" et d'Adélaïde defaire Bour- L'oreille moyenne consiste en une sorte de
gogne, succéda à son père en 9~3. II dut la caisse pleine d'air logée dans une cavité osseuse.
guerre au roi de Bavière qui lui disputait la cou- Elle est séparée de l'oreille externe par une mem-
ronne, et au roi de France, Lothaire, qui réclamait
la Lorraine. Il battit Lothaire, s'avança jusqu'à
Paris et fit la paix en gardant la Lorraine, et en
cédant à un frère de Lothaire le duché de Bra-
bant. Après avoir rétabli le pape Benoit VII, qu'a-
vait détrône le consul Crescentius, il employa les
dernières années de son règne à guerroyer dans
l'Italie méridionale, qu'il disputa aux Grecs en
vertu des droits qu'il prétendait tenir àde son
épouse Théophanie;mais il ne réussit pas la con-
quérir. Il mourut en 983.
Othon III, fils d'Othon II et petit-fils d'Othon I",
régna de 983 à 1002. Pendant sa minorité, sa grand-
mère Adélaïdeet sa mère Théophanie exercèrentla
régence. Devenu majeur, il se rendit en Italie, força
les Romainsà reconnaltreson autorité, mit à mort
leur consul Crescentius, et donna la tiare ponti-
ficale au savant évoque français Gerbert (Sylves-
tre II), qui avait été le précepteur de son père.
Il mourut à l'âge de vingt-deux ans, empoisonné,
dit-on, par la veuve de Crescentius.Il eut pour
successeur son cousin Henri II le Saint.
2".MaMOM Guel fe.
Othon IV de Brunswick, fils du due de Ba-
vière Henri le Lion, fut élu empereur en 1198,a à
la mort de Henri VI de Souabe. H eut pour com-
pétiteur Philippe de Souabe, frère de Henri VI.
La lutte entre les deux rivaux dura dix ans mais
Philippe ayant été assassiné par Othon de Wittels-
bach, Othon IV demeura seul maître. Bientôt le Fig.i.–Oreille de l'homme.
pape Innocent III, qui avait d'abord été son allié, A, pavillon B, conduit auditif ex-
se brouilla avec lui, et lui suscita un nouveau terne ou conque auditive
C, membrane du tympan; D, caisse du tym-
compétiteur, le jeune Frédéric II de Hohenstaufen. pan E, enclume; M, marteau; G, canaux semi- i~
Le fait le plus importantdu règne d'Othon IV est circulaires H, limaçon t, trompe d'Eustaehe.
sa guerre contre le roi de France, dans laquelle brane tendue, le tympan, susceptible de vibrer
il eut pour allié le roi d'Angleterre, Jean-sans-
Terre. Philippe-Auguste le vainquit à Bouvines sous l'influence des ondes sonores de l'air ou de
(1Ï14). Othon mourut en 1218, et Frédéric II l'eau. Du côté opposé, la caisse est fermée par
fut reconnu empereur par toute l'Allemagne. deux membranes tendues sur deux ouvertures
OUIE. Zoologie et physiologie, XXXIX nommées/'M!e ovale et /'eM<Mre ronde; de sorte
Hygiène, XIV. L'audition, ou le sens de l'ouie, que l'oreille moyenne peut être comparée à un
a pour siège l'oreille. Ce sens permet de per-
cevoir les bruits produits par les vibrations des
corps solides, liquides ou gazeux, les sons musi-
caux formés par des vibrations isochrones; il fait
distinguerl'intensitédu bruit ou du son, le timbre
qui indique la nature de l'objet vibrant.
L'appareil auditif est placé sur les côtés de la
tête. On y reconnaîttrois parties l'oreilleexterne,
l'oreille moyenne et l'oreille interne,
L'oreille externe comprend lèpat,illon ou conque
auditive et le méat auditif. Le pavillon n'existe
que chez les mammifères, et même les espèces
souterraines, comme la taupe, et les espèces aqua-
tiques, manquent de cet appendice destiné à re-
cueillir les ondes sonores ou vibrations de l'air, ou
de l'eau. Chez l'homme, cette partie est bordée
par un repli régulier et terminée inférieuroment
par un /o<'M~e graisseux. La chauve-souris est pour-
vue d'un oreiKoH, sorte de petite conque logée dans
la grande (fig. 2), qui lui permet de fermer le tube Fig. 2. Tête d'oreillard.
auditif pour se recueillir etse livrer au sommeil.C'est
le prolongement de la partie de l'oreille humaine tambour. Ce tambour est rempli d'air à la pres-
nommée tragus que l'on voit à la partie antérieure sion extérieure, grâce a un conduit, nomme
et moyenne de l'oreille, en avant du méat auditif. trompe d'Eustache (du nom de celui qui l'a a dé-
La conque est munie, à la base, de muscles. couvert) qui 6'ouvre dans l'arrière-bouche.
très développés chez certains animaux, qui per. La membrane du tympan est reUée à celle de
mettent de l'orienter dans la direction du bruit la fenêtre ovale par une chaîne de quatre petites
Le méat auditif ou conduit de l'oreille externE pièces osseuses mues par des muscles. Ces osselets
se termine à l'oreille moyenne. Les animaux aqua sont appelés,l'enclume,à cause de leur forme particulière,
tiques peuvent le fermer par la contraction d'ur le marteau, le lenticulaire (semblable
& une lentille), et t'~Wer. L'action des muscles et C'est tort grave de comprimer le pavillon
des osseleta détend on nudit les membranes pcor contre 1 nn a tête par les attaches d'un bonnet. Non
faciliter ot ttténner leur ïibMtioh. seulement on aplatit et déforme cette partie, mais
on rétrécit le méat. Celui-ci éprouve
rétrécissement, cause de demt-Mrdité,souvent par
un
suite
de la perte des incisives, qui fait porter le menton
en avant et en haut et déplace l'articulation de la
mâchoire on y remédie eh faisant remplacer les
dents absentes.
De même que l'on peut, au moyen de lunettes
bien choisies et bien graduées panier les défauts
de la vue, on peut augmenter la faculté auditive
émonssée au moyen' de divers instruments, tubes
on cornets acoustiques. !1 y a longtemps que
Jorissen et WinMer ont conseillé l'usage de lattes
Mg.–LMOMttehdtl'oreiJUe. minces qui, placées entre les dents, transmettent
M, )e marteau et Ms mnsdM; –JU'OMttune; – L, le tenti- les vibrations sonores à la trompe d'Eustache.
oiMire; – K, t'<tnet<Het mmote. Itard a transformé cet instrument primitif en un
petit porte-voix dont l'extrémité amincie en bec
L'ensemble de l'oreille interne, logé dans un de clarinette
es très ëpait, a'appdte Mt~WM~f il comprend le de rappeler lese presse entre les dents. Il est bon
e<M<!&e, troM eotM)M: reemtt~t <!its jeMt-etrcM- qu'on applique leur système nom de ces inventeurs aujourd'hui
<atrM, et le <t~Mtft)t, qui d~«m nom & sa reMem- d'audiphone.Celui-ciconsistemodiné sous le nom
blance avec fit MquiHe tj)~ nommée. Tout te de bois, de caoutchoucdurci en une plaque mince
labyrinthe ett tapMtë pard~ae membrane snr la- que l'on tient à la main ou d'autre l'on
substance
qaeUe Jetaient les extraante* deo nerfs auditifs. les dents, et que serre entre
Cette, membrane renfeeme un liquide gélatineux rement concave. Les ondes en lui faisant prendre une forme légè-
qui tranemetles ïB~ttons. sonores frappant cette
plaque se communiquent à l'oreille interne par
Il ftemMe qne te TOatibuIe donne !a MnMtion es
timbre, J8I'~naU(8,i~u,Ire,' os du labyrinthe,et, si la surdité n'affecte que
du &r«t<, tM 'cana~.Mtagj.ircutaires cellecelle
U,laires du oreille moyenne, on peut entendre
<!M~-e, ettet~~n.atMM. c'est-à-dire du tement, au bout de quelques heures assez
distinc-
d'exercice.
nombre de Tib~ttOM. L'inflammation de l'angine et du coryza peut se
Cheï les motiu~M', !'ereiile M reanit au ves- propager à la trompe d'Eustache et causer une sur-
tibule. Le limaçon manque aux batracîent); parmi dité momentanée même
les poiMont, il y en a qui n'ont que le TMHbuIe, et les ablutions froides on permanente.L'hygiène
mais la plupart posBèdent en outre les canaux danger. La propreté et l'hygiène préviendront fréquentes éloigneront ce
semi-circutatres. L'oreille des crustacés, réduite lement la propagation conduit auditif des éga-
au vestibule, occupe la base des grandes antennes. ladies du cuir chevelu au impétigo,eczéma,ooMnnM.
ma-
Dès qu'un enfant se plaint d'un mal d'oreille, i'
faut s'assurer qu'il n'y pas introduit un corps
étranger et, s'il y a lieu,aprocéder immédiatement
à son extraction le plus souvent l'interventiondu
médecin est nécessaire.
Pour l'ouie comme pour les autres sens, la
modération est de rigueur si l'on veut conser-
ver son intégrité et sa sensibilité. On s'accou-
tume, il est vrai, au bruit, mais son effet n'est pas
Fig. 4. Coupe oblique du limaçon. moins pernicieux. Par contre, si le calme, le si-
A, lame spirale extérieure – BB, lame spirale intérieure sur lence sont utiles dans la plupart des maladies, et
l*que)ie s'étendent les terminaisons a du nerf acoustique après les fatigues intellectuelles,l'absence absolue
– C, séparation du deuxièmetour d'avec h troisième; de bruits donne à l'ouïe une sensibilité maladive
D, rampe mpeneBre.~aeau second tour; – B, sommet comme celle que contracte la
du limaçon. vue des personnes
privées longtemps de lumière. [D' Saffray.]
Cette description sommaire nous permet de OVALE. Géométrie. XXIV. Etym. du
constater que t'pale ee une sorte de toucher des- latin ocuM, œuf. – L'ellipse n'étant pas facile à
tiné à coMMU~ et ttM~rpr~-letf vibrations des tracer d'un mouvement continu sur le papier, on
corps. Les tibrattons violentes tCettent en outre a imaginé de construire des courbes qui en digè-
le cerveau d tM façon assM intense pour causer rent très peu, en les formant d'arcs de cercles qui
de graves accidents et même b~mort.
Comme les autres MM,'J~~e s'émousse par
l'habitude des e~pitttioM <h!eates, se perfec-
tionne par une ëd~Mttion n)6thodtque.
L'ébranlement jrehérat produit par les bruits
intenses, spécialement par tes détonations, est
dangereux pour les personnes à poitrine délicate,
disposées à l'hémoptysieet aux maladies du cœur
il cause souvent la perte compiète de l'audition
chez les chaudronniers, les artilleurs, etc.
L'audition est sujette à des modificationspas-
ea~ères auxquelles on remédie souvent par des
précautions hygiéniques. ]1 faut éviter surtout les
brusques changements de température, les cou-
rants d'air, l'action prolongée du vent. Lorsque
l'accumulation du cerumen bouche le conduit nt des rayons inégaux et sont raccordés ensemble
externe, on le ramollit avec de l'huile pour en es courbes sont appelées ovales. Parmi les divers
faciliter l'extraction. Les soins de propreté sont recèdes propres a les décrire, nous indiquerons
indispensables à tout âge, mais spécialement pen- 3s principaux.
dant la jeunesse. Il y a deux cas à examiner 18 on donne aeu-
lement un axe; 2' on donne les deux axes, comme points on mène des droites par les centres C et
dans l'ellipse. D, ce qui forme un losange CIDE; puis du centre
L OvALEAHt AXE.–l'SohAA'l'axedonne. E avec EM pour rayon on décrit
On le divise en 3 parties égales (Bg. 1); des points un arc de M en
N. et du centre 1 avec le même rayon un arc de
de division C et D pris pour centres, on décrit M' en N'. On obtient ainsi l'ovale AMNA'N'M'.
avec AC pour rayon deux circonférences qui se II. ANSE DE PANIER. Dans la construction des
coupent; des deux points d'intersection 1 et E on ponts à voûte surbaissée, les ingénieurs préfèrent
mène les diamètres tM' et IN', EM et EN; puis souvent la forme de l'ovale à celle d'une vraie
du point E pour centre, on décrit avec EM pour ellipse, non seulement
parce qu'elle trace ra-
rayon un arc de M en N, et de 1 pris pour centre, pidement sur le papier, mais encoresepar la plus
avec le même rayon, un arc de M' en N'. On ob- grande facilité qu'elle fournit pour l'exécution des
tient ainsi l'ovale AMNA'N'M', composé des deux panneaux destinés à la taille des voussoirs. Dans
arcs égaux MN et M'N' dont le rayon est double ces circonstances, ce n'est pas seulementle grand
du rayon des deux autres. axe qui est donne par la largeur de la rivière, le
li est bon d'observer que le quadrilatère CIDE petit axe est aussi déterminé par la hauteur
que
est un losange. doit avoir le pont. On a donc cherché à former
2' On divise l'axe AA' en 4 parties égales (ng.S), au moyen d'arcs de cercle des ovales dont les
deux axes sont donnés. La moitié de l'ovale si-
tuée d'un côté du grand axe est vulgairement ap-
pelée anse de panMf; parmi les divers procéder
employés pour décrire cette courbe, nous en in-
diquerons trois des plus simples.
1° Anse de panier à 3 centres. Soit AA' le
g-~
CK AK
d'où
–
HGO, on reconnatt facilement que CM est égal à Des triangles rectangles semblables ACK et
d'ù cK-=~±a
D'après cela on aura
CK
ABO,
AC-c(c-a~-b)
b (~
ntf-~r*-rK <tfc+<t-&) c(c-a+&) ~(c-a+&)
DK+CA-CK=––
En effectuant la réductiondans le deuxième mem-
bre, on trouve en effet
DK+CA-CK=~±~=BD,
ce qui démontre l'égalité énoncée.
fG. Bovier-Lapierre.]
OVE. Géométrie, XXÎV. – Etym. du latin
ovum, œuf. f Soit construire un ove sur une
droite AA' (flg. 1). On décrit sur AA' comme dia-
BK=~±i+.
AK=––~––=––~––,b)
BK-c-a-I-b-f.a-b=c~-a-b,b
perpendiculaire
] par le centre 0 on divise
mètre en 4 parties égales et on le
chacune de ses extrémités d'une longueur
AT) égale au quart OG du diamètre.
ce dia-
prolonge
(AI
à
et
Des triangles rectangles semblables BDK et ABO, Des points 1 et l' pris pour centres, on décrit
avec IG' pour rayon, et à partir de G et
de G,
on tire les deux proportions
A~=S
BD BK d'ù ~=~F~
e(c-~a-bi. C;
deux arcs qui se coupent en un point circonfé-
point C pris pour centre, on décrit une
de ce
p
PACHYDERMES. Zoologie, X-XI. -Dans les PALÉONTOLOGIE. Géologie, IV. Etym.
anciennes classifications zoologiques, l'ordre des du grec pnlaios, ancien, on, Être, et logos, science.
Pachydermes renfermait un grand nombre de La paléontologie est la science des /BMt<M
maamifères différant notablement les uns des Dès la plus hante antiquité on a remarqué les
autres par leur structure intime, parleurs leurs formes fossiles; leur nombre parfois prodigieux dans la
extérieures, par leur régime et par mœurs, même couche et la régularité de leurs formes les
et n'ayant guère d'autre caractère commun que imposaient en quelque sorte à l'observation. Mais
l'épaisseur de leurs téguments. Aussi, dans ces ils n'ont pendant bien des siècles procuré aucune
derniers temps, a-t-on jugé nécessaire de subdi- notion sérieuse. Bien que beaucoup d'anciens,
viser ce groupe hétérogène en trois ordres: les parmi lesquels se détachent les grands noms de
Pro&o~etdttM' on éléphants, les Jwten~ ou Platon, de Pythagore. d'Aristote, de Pline, de Sé-
MrtM<Kfac<)/<M,et les PoroM [E. Oustalet.] nèque, eussent signalé à maintes reprises les pé-
PACTE. Histoire générale, XXXIX XL. – trifications, celles-ci ne donnèrent lieu jusqu'à la
Nom donné dans l'histoire à diverses conventions fin du xv* siècle qu'a des dissertations tout à fait
secrètes ou publiques, ainsi qu'à des actes consti- vagues.
tutionnels. Citons entre autres 1° le Pacte de Au xvt* siècle, les fossiles furent remarqués
famille, acte signé, à l'instigation du duc de Cboi- davantage; mais après en avoir fait de simples
teul, en n61, par divers souverains de la maison caprices de la nature, on imagina, pour en expli-
quer l'origine et la nature, les hypothèses les plus
de Bourbon (le roi de France, le roi d'Espagne, le malgré des éclairs inter-
duc de Parme), qui unissaient leurs forces con- bigarres; de façon que
tre l'Angleterre 2* le Pacte de famine, nom sous mittents de génie, comme ceux que répandirent
lequel on a désigné les agissements au moyen Léonard de Vinci et Bernard Palissy, l'examen de
si précteux pour la
ces restes, qui devaient être détail
desquels certains financiers provoquèrent des di- simple de l'étude des
settes artificielles en accaparant les grains sous les science, ne fut qu'un
règnes de Louis XV et de Louis XVI 3' le Pacte roches où ils sont renfermés.
de 1815, nom donné à la constitution qui a régi la C'est à notre compatriote Georges Cuvier qu'est
Suisse de 1815 à 1848, et qui avait succédé a l'Acte due sans conteste la création de la paléontologie.
de médiation. Les découvertes de cet homme illustre ont eu
pour premier théâtre les plâtrières de Montmartre éclat par l'application qu'il ex fit au classement
et pour origine les trouvailles d'ossements fossiles de couches dont l'âge réel n'était pas soupçonné.
qu'on y fit. Comme on voit, la paléontologie est Nous en citerons deux exemples.
essentiellement française et sa création est un Le premier concerne la montagne des Fiz, près
titre de gloire pour notre pays. du Buet, dans les Alpes. Cette montagne est formée
La question capitale étudiée d'abord par Cuvier de lits nombreux qui s'inclinent du N.-E. au S.-O.,
fut de savoir si les fossiles proviennent d'êtres et qui à Servez, où ils se montrent par la tranche,
différents de ceux qui vivent actuellement. Déjà semblent horizontaux. Vers le haut, sur la pente
l'observation des coquilles pétrifiées avait amené roide qui va aux chalets de Sales, est une couche
à se faire la même demande à l'égard des mollus- noire, dure, compacte, d'un faciès très ancien et
ques mais le problème avait dû être regardé qui renferme des coquilles. Or Brongniart, étu-
comme insoluble à cause de l'immense variété de diant celle-ci, y reconnut, contre toute attente, les
ces animaux inférieurs, et à cause aussi de la cer- fossiles de la craie de Rouen. Malgré sa couleur et
titude que les abîmes des mers profondes, oùles re- sa situation élevée, c'estmaintenant sans hésitation
cherches sont loin d'être complètes, nous réservent qu'on rapporte la couche alpine à ce niveau du
pour plus tard la connaissance d'une faune innom- terrain crétacé.
brable. En second lieu, aux Diablerets, le même géologue
Ces considérations conduisirent Cuvier à porter signala une assise d'aspect analogue, mais dont les
toute son attention sur les animaux supérieurs, fossiles, d'âge encore plus récent, datent de l'é-
qui sont en nombre bien plus restreint et qui ne poque tertiaire.
peuvent échapper aussi facilement à nos investi- Les progrès de la science ont confirmé ces ré-
gations. Mais il s'aperçut tout de suite que le pro- sultats si hardis, et chaque jour les géologues tirent
blème qu'il poursuivait supposait connue dans le plus grand parti de synchronismes de ce genre.
tous ses détails l'ostéologie de tous les animaux Nous n'avons pas à revenir sur le mécanisme de
contemporains, et c'est ainsi que l'anatomie com- la fossilisation, déjà exposé à l'article f<MM/M; mais
parée, simple accessoire du travail principal, fut il importe de fixer un moment notre attention sur
créée en passant. la manière d'être des fossiles dans les couches
Nous n'insisterons pas sur les résultats obtenus qui les renferment.
parCuvier: ils peuvent s'exprimer endisantque les Dans la plupart des dépôts, ces débris ne jouent
êtres fossiles diffèrent des animaux d'aujourd'hui, par leur volume qu'un rôle tout à fait secondaire
et par conséquent que la faune a été renouvelée ce sont comme de simples accidents, plus ou
à la surface du globe depuis les temps géologiques. moins fréquents d'ailleurs, à l'intérieur des cou-
Cuvier montra aussi que par suite des lois de l'or- ches de sédiment. Parfois cependant, certaines
ganisation animale, des fragments incomplets d'un couches sont essentiellement composées de fos-
squelette peuvent permettre de reconstituer l'être siles. Il en est ainsi pour diverses assises de la
tout entier d'où ils proviennent, et même de déter- pierre à bâtir de Paris et pour les couches de
miner une foule de particularitésde celui-ci qu'on sable des environs de Tours.
eût pu croire hors de l'atteinte de nos études, On assiste à la formation actuelle de semblables
comme celles qui regardent ses habitudes et accumulations sur une foule de points, et par
même son aspect général. Ces conséquences ont exemple sur les côtes de Normandie et de Bretagne,
perdu depuis Cuvier un peu de la certitude ab- où des coquilles charriées par des courants vien-
solue qu'il leur attribuait, par suite de la décou- nent se réunir dans des anses déterminées, à la
verte de nombreux animaux participant à la fois suite d'un véritable triage. Parfois aussi l'accumu-
de caractères empruntés à divers types mais le lation des fossiles est due au mode mêmed'existence
principe subsiste tout entier et constituera tou- des animaux fossilisés. Ainsi, dans les lacs, il se
jours une des plus grandes conquêtes de l'esprit fait quelquefois des agglomérations de ces curieux
scientifique sur la nature. fourreaux minéraux dont s'enveloppent les larves
Le nom du Pa~otAerMM, le plus frappant des dephryganes (V. Insectes, p. )028) pour protéger
animaux de Montmartre, consacre le fait de la des- leur corps, mou comme celui des vers, contre l'at-
truction des espèces aujourd'hui fossiles, et pour- taque des carnassiers. De même les hultres édi-
rait par conséquents'appliquer à la plupart des fient, en se superposant les unes aux autres, des
animaux dont s'occupe la paléontologie. bancs entiers qui passent pour ainsi dire en bloc
Il importe d'ajouter tout de suite que les fossiles à la fossilisation. Mais c'est parmi des êtres bien
comprenant des plantes au même titre que des plus inférieurs encore que l'on trouve les construc-
animaux, les conclusions générales sont les mêmes teurs de roches de beaucoup les plus actifs. Les
à leur égard. rhizopodes ou foraminifères (V. ;P)'o<o~o<M~) sont
Mais, en montrant que la faune actuelle diffère des animaux de très petite taille, souvent mi-
de la faune éteinte, Cuvier était bien loin d'avoir croscopiques, et dont le corps est protégé par
épuisé le sujet, et son célèbre collaborateur,Alexan- une enveloppe presque toujours siliceuse. Or, le
dre Brongniart, fut conduit par l'étude de la géo- sable du littoral des mers est tellement rempli de
logie proprementdite à une notion complémentaire rhizopodes qu'il s'en montre quelquefois à moitié
de première importance. C'est celle des caractères composé. On en a compté 6000 dans une once de
paléontoiogiques des formations successives. sable de l'Adriatique, et 480,000 dans 3 grammes
Béja Cuvier avait parfaitement remarqué que de sable des Antilles, ou 3,840,000 dans une once.
les grands reptiles fossiles des couches jurassi- Ces proportions multipliées par 1 mètre cube dé-
ques font place, dans le plâtre de Montmartre, à passent toutes les prévisions humaines et grossis-
des animaux tout différents. Mais cette observa- sent tellement le nombre des chiffres qu'on a de
tion ne l'avait pas conduit où Brongniart arriva. En la peine à les saisir. Mais que sera-ce pour peu
effet, celui-ci reconnut que les fossiles caractéri- qu'on l'étende à l'immensité de la surface des
sent les couches qui les renferment,de façon à pou- côtes maritimes du globe ? Les restes de rhizo-
voir servir à la détermination de l'âge de celles-ci podes forment en grande partie les bancs qui
ce fait d'application journalièreest devenu la base gênent la navigation, obstruent les golfes et les
même de la géologie stratigrapbique- détroits et comblent les ports. On ne sera pas
La première carrière venue montre les couches étonné d'après cela d'apprendre que des couches
successives renfermant souvent des faunes diffé- entières du globe sont constituées par les restes
rentes et des carrières même distantes montrent de rhizopodes fossilisés.
la même faune se poursuivant au même niveau. Les polypiers, dont le corail est un exemple des
La découverte de Brongniart a acquis un vif plus connus, offrent l'image la plus saisissante de
l'intervention de la vie dans l'accroissement des sonnés (V.JtfoHM~Me~,pour des foraminifères, etc.
couches du globe. Les débris qu'ils laissent après C'est dans le terrain dévonien que les poissons
eux, au lieu de s'entasser pele-mete, se rattachent commencent à apparattre en nombre considérable
intimement à la roche sous-jacente qui sert de ils sont extrêmement diBérents des poissons ac-
support et de fondement à l'édifice qu ils élèvent. tuels. Parmi eux, le Céphalaapis, le Cec<-of<<fM<.le
Ces débris se soudent entre eux pour constituer f/~e/tM~ se signalent par des formes véritable-
des masses qui affectent des formes particulières ment étranges. Les trilobites n'existentplus qu'en
dont les atolls et les lles Lagoun nous montrent nombre relativement petit, mais a leur place on
t'exempte le plus remarquable. On connatt dans trouve des crustacés bizarres dont le P«f~<~M
le terrain jurassique un énorme ensemble de cou- est un bon exemple les carriers écossais, qui le
ches auxquelles on a donné le nom de corallien- rencontrent souvent dans le vieux grès rouge, le
ne~ parce qu'elles représentent d'immenses atolls désignent sous le nom de Séraphin à cause de
fossihsés. deux appendices qui ressemblent un peu à des
Bn se fossilisant, les végétaux édinent des ro- ailes il est encore très mal connu, et se caracté-
ches aussi bien que les animaux tantôt leurs dé- rise par les grandes dents qui arment les diverses
bris viennent s'amasser en certains points où les pièces de ses téguments. C'est dans le terrain dé-
charrient des courants tantôt ils s'accumulent sur vonien qu'on trouve le T'erp~on, qui est jus-
place de façon à constituer, toute proportion qu'ici le reptile le plus ancien. Des végétaux peu-
gardée, des sortes d'atolls végétaux. vent être cités en grand nombre ils sont comme
Parmi les formations du premier genre, on peut l'annonce de ceux qui dans le terrain suivant ont
citer les couches de bois charriées en Islande par donné lieu a la formation du charbon de terre.
le Gulf-Stream. Ce bois originaire de l'Amérique Les Lépidodendrons et les Foxg~'M sont particu-
centrale fournit à l'Islande son principal <om- lièrementcaractéristiques.
bustible. Il forme par exemple au fond de la baie Dans le terrain carbonifère on assiste à une vé-
de Verki un amas de 110 mètres de long sur 12 d'é- ritable explosion botanique. Il faut citer les genres
paisseur. Beaucoup de couches de lignite des ter- Sigillaria, Stigmaria, SpAeTtop~/ï, Neurop<e;'M,
rains tertiaires ont manifestement la même origine. Calamites, Cordaïtes, parmi ceux dont on trouve
Parmi les couches dues à des débris végétaux les vestiges en plus grand nombre. Les études
accumulés sur place, nous nous borneronsà men- récentes ont permis de reconstituer l'histoire de
tionner les tourbières, faciles à étudier dans une ces plantes et de préciser les conditions climati-
foule de localités. Ce sont des sortes de maréca- ques de ces temps si éloignés. Beaucoup d'ani-
ges dans lesquels poussent diverses plantes et maux vivaient en même temps. Outre de nom-
spécialement des mousses connues sons le nom de breux mollusques marins, il faut mentionner des
sphaignes. Ce qui rend ces végétaux particulière- poissons et des reptiles tels que l'Archégosaure.
ment propres au tourbage, c est qu'its poussent Le terrain pernuen peut être regardé comme un
exclusivement par leur sommet. A mesure que la affaiblissement du terrain houiller. On retrouve
partie supérieure de la tige s'allonge, la partie in- des plantes tout à fait analogues, maisy avec une
férieuremeurt et tend à se transformer en tourbe. exubérance incomparablement moindre et des di-
Des études très précises ont montré que le tour- mensions plus restreintes.
bage rend raison presque dans tes moindres dé- Un contraste complet signale le trias ici plus
tails de la formation si importante de la houille de grandes forêts, la mer a repris son empire, et
et des autres combustibles minéraux. les mollusques associés aux CnnotcfM les plus
Ces notions générâtes une fois acquises, it nous variés et les plus gigantesques forment, par leurs
reste à en faire une application immédiate en dépouilles, des couches entières. Sur le sol conso-
montrant comment tes terrains superposés dont lidé des plages de ce temps on a retrouvé avec un
se compose t'écorce terrestre sont caractérisés par très vit intérêt des pistes laissées par des ani-
des fossiles particuliers. maux errant sur le littoral de la mer. De nombreux
Dans le terrain cambrien inférieur on a signalé oiseaux et des batraciens gigantesques (CAetro-
la présence du problématique Eozoon. Il se pré- therium) ont été ainsi révélés à la science par la
sente sous l'aspect de sinuosités régulières dans simple trace de leurs pas.
lesquelles beaucoup de géologues se refusent ce- Le lias fournit une immense légion de reptiles
pendant à voir les vestiges d'une organisation. Les énormes et bizarres où l'art gothique aurait pu
plus gros échantillons viennent du Canada; on en trouver des inspirations. L'Ichthyosaure, le Plé-
a trouvé aussi en Europe et spécialement en Bo- <:<MaMre, le Ptérodactyle, dînèrent par des carac-
hême. Les Lingules caractérisent le cambrien su- tères profonds de tous les reptiles actuels et de-
périeur ce sont des mollusques brachiopodesdont vaient composer la faune la plus étrange qu'on
le nom vient de leur ressemblance avec une lan- puisse concevoir. Des poissons et des mollusques
gue, et qui sont reconnaissables à leur coquille se mêlent à leurs débris, et parmi ceux-ci les B<-
allongée dont les deux crochets sont également ltmnites, dont la vraie nature a été le sujet de dis-
creusés d'un sillon interne par le passage du sertations sans nombre et de discussionslongtemps
muscle qui retient les deux valves. continuées (V. Mollusques, p. t334).
A t'époqae silurienne, nous devons signaler Les reptiles continuent en grand nombre dans
tout spécialement, à cause de leur profusion, les l'épais ensemble de couches qui constituent le
étranges animaux qu'on nomme des Trilobites. Ce terrainjurassique.C'est là aussi que prennent tout
sont des crustacés qui se présentent habituelle- leur développement les Ammonites et les Poly-
ment sous la forme d'un bouclier ovale, composé piers.
d'articles divisé* en trois parties par des dépres- Ce sont encore les reptilesqui contribuentà ca-
sions longitudinales. Les mêmes terrains con- ractériser le terrain crétacé mais ils se rappro-
tiennent beaucoup de mollusques. On y trouve chent des formes actuelles dont ils se bornent
aussi des empreintesextrêmement abondantes dé- souvent à peu près à exagérer beaucoup les di-
signées eoua le nom de grapholithes; on s'accorde mensions.Les Céphalopodessont représentés avec
à les considérer comme des polypes alcyonai- un luxe inoui par les genres Bélemnilss, Turriti-
res, mais on a eu successivement à leur égard les tes,Baculites,Scaphites, Ancy loçeras, Hamites,etc.,
opinions les plus contradictoires. D'abord on y a qui réalisenttous les modes d'enroulementque l'on
vu des plantes. Linné, en 17:6, les confondaitavec peut imaginer. Les mollusquesbrachiopodes nous
une foule d'objets fort différents, tels que des onrentles formes si spéciales des R!<cfM<M,qui n'ont
dendrites, des marbres veinés, des fucus, etc. pas survécuala périodequi lesavu nattre. Enfin les
On les a pris ensuite pour des céphalopodes cloi- Foraminifèresont pris un développementexcessif,
et composent en grande partie de leurs dépouilles comestible. Le centre de cette graine est occupé
accumulées les épaisses couches de la craie blan- par une cavité ordinairementgorgée d'un liquide
che. La flore prend en même temps des caractères blanc, laiteux, de saveur sucrée. Ce liquide n'est
qui font pressentir jusque dans les détails les vé- autre chose qu'une partie de l'albumen, qui a con-
gétaux d'aujourd'hui. servé sa consistance fluide primitive. II est connu
On peut dire que la période tertiaire représente vulgairement sous le nom de ~a:< de coco. L'em-
le règne des mammifères et des oiseaux. C'est bryon de la graine du cocotier est très petit on le
alors que vécurent le Pa/~oM~MfMj i*~HOp!oM<f- trouve immédiatement sous le testa, dans la masse
rium, le Xyphodon, le Jf<Mfo</oM<e, te Dinothé- de la partie charnue de l'albumen.
rium, parmi les premiers, le Gastornis parmi les Au moment de la germination, le cotylédon
autres. Toutes les autres classes du règne animal unique de l'embryon des palmiers s'allonge beau-
sont abondamment représentés. Les Nummulites coup. Sa partie supérieure, transformée en suçoir,
sont des foraminifères tout a fait caractéristiques. reste engagée dans l'intérieur de la graine, dont
Les plantes offrent des formes très voisines de elle absorbe l'albumen au fur et à mesure de la
celles de leurs congénères vivant de nos jours, dissolution de celui-ci. La région inférieure de ce
mais le climat général est plus chaud, de telle cotylédon est amenée hors de la graine par l'élon-
sorte que les palmiers, par exemple, abondent sous gation même de cettransformée organe. Cette partie inférieure
la latitude de Paris. du cotylédon est en une sorte de
Enfin les fossiles du terrain quaternaire sont gaine ou de tube qui contient la partie principale
regardés à bon droit comme les ancêtres immédiats du corps de l'embryon, l'axe hypocotylé. L'élon-
des êtres actuellement vivants. En première ligne gation du cotylédonpendant la germination a sur-
doit être cité l'homme, dont l'histoire est mainte- tout pour but d'enfoncer le plus loin possible dans
nant reconstituéed'une manière à peu près com- le sol l'axe hypocotylé. Ces opérations prélimi-
plète, non seulement au point de vue de son ostéo- naires terminées, on voit surgir une grosse racine
logie, mais en ce qui concerne ses usages et de la partie tout à fait inférieure de l'axe hypoco-
même ses croyances philosophiques et religieuses. tylé. Cette première racine ou pivot n'a souvent
Il faut aussi mentionner une foule d'animaux tels qu'une durée très éphémère. Parfois cependant ce
qnj l'Ours, le Renne, le Cheval, qui ont générique- pivot persiste longtemps après la fixation de la
ment et même parfois spécifiquement persisté. plante. Dans tous les cas, ce n'est que lorsque
Beaucoup d'autres au contraire ont absolument déjà les racines fonctionnent activement comme
disparu, comme le ilfegatheriuni, le A<an:mOM<A, organes absorbants que le suçoir cotylédonaire se
le Dinornis, etc. flétrit.
Ce qui précède suffit, pensons-nous, pour mon- La première racine des palmiers est peu volu-
trer limportance de la paléontologie. Ce n'est mineuse, cylindrique, courte.secondaire. Cette racine ne pré-
d'accroissement Son sys-
pas seulement, comme on voit, une zoologie et une sente jamais d'un seul faisceau
botanique relatives à des êtres disparus, compa- tème vasculaire se compose
rables par l'étendue de leurs domaines à la zoo- primaire, où le nombre des centres de développe-
logie et à la botanique proprement dites c'est le ment ligneux est très considérable. En général,
résumé d'une série infinie de zoologies et de bota- peu de temps après la naissance de cette première
niques successives, correspondant aux diverses racine, on en voit naitre un très grand nombre
époques géologiques au cours desquelles la faune d'autres sur toute la surface de la région basilaire
et la flore ont été constamment en se modifiant. de la tige. Ces racines, que grêles, l'on qualifie d'adven-
La paléontologie concerne donc un ensemble d'é- tives, sont généralement cylindriques.
tudes d'une immensité incomparable. Lorsque ces racines adventives demeurent expo-
Mais elle a encore un autre titre plus considé- sées à l'air, leur surface prend un aspect feutré;
rable à notre puissant intérêt. C'est elle en effet elles ne se ramifient pas, elles ne s'allongent
et c'est elle seule qui, en nous faisant assister aux guère non plus ce sont alors bien plutôt des
modifications successivesdes êtres organisés, peut organes de défense que des organes d'absorption.
nous promettre quelque notion sur l'origine même Lorsque, au contraire, les racines adventives pé-
de la vie à la surface de la terre. nètrent dans le sol, elles s'y allongent beaucoup,
[Stanislas Meunier.] se ramifientabondamment, et assurent à la plante
PALMIERS. Botanique, XIV. – Etym. le un puissant appareil d'absorption. A mesure que
mot palmier vient du latin palmarius (arbre qui la plante avance en âge, ses racines adventives
porte des palmes). naissent de plus en plus buta sur sa tige. Toutes
Dg/~Mh'on. Les Palmiers sont des végétaux ces racines adventives, se recouvrant les unes les
monocotylédonesarborescentsdont les caractères autres, se dirigent vers le sol en formant autour
servent de transition entre ceux des Graminées et de la région inférieure de l'axe aérien du végétal
grand dévelop- sorte de cône qui assure la stabilité de cet
ceux des LUiacées. A cause de leur devoir consi- une Toutefois,
pement, quelques auteurs ont cru axe. comme jamais les racines des
dérer les palmiers comme les représentants les palmiers ne pénètrent à une très grande profon-
plus parfaits des végétaux monocotylédones. deur dans le sol, ceux de ces végétaux qui sont
Caractères botaniques. Les graines des pal- arborescents à tige dressée se laissent facilement
miers se présontentavecdes caractères qui varient déraciner par le moindre vent. C'est pourquoi
selon les genres dans lesquels on les considère. beaucoup de palmiers arborescents ne peuvent
Dans les dattiers, le tégument de la graine est prendre tout leur développement que les dans les
mince il recouvre une masse albumineuse pleine, forêts où ils sont arbrités et soutenus par arbres
de consistance cornée. En un point de cet albumen, voisins. Il arrive même assez souvent que les pal-
du miers cultivés beaucoup plus élevés
on trouve un tout petit embryon. L'albumen fait en serre sont
dattier offre une résistance très grande, qui que lorsqu'ils croissent en liberté, car dans la
qu'on désigne vulgairement la graine du dattier station abritée qu'on leur assure, ils n'ont point
sous le nom de noyau de datte. La réserve albu- à
craindre d'être déracinés.
mineuse du lattier est formée de cellulose et de palmiers
La tige des parfois
est rhizome un
matières grasses. Cette réserve se dissout très court, rampant sous terre près de la surface du
lentement au moment de la germination elle est sol, ou simplement couché sur le sol; ces palmiers
alors absorbée par le suçoir cotylédonaire. Dans a rhizomes sont dits acaules; ils ont pour type le
les cocotiers, la graine, extrêmement volumineuse, genre Sabal. Selon les espèces, ce rhizome est
se compose d'un testa ligneux sous lequel on ren- plus ou moins volumineux. La forme spéciale de
contre une couche albumineuseblanche, charnue, certains de ces rhizomes très courts leur a valu
1e nom de sabots. Dans le genre Co~Mt!~ ou Ro- du tissu fondamentaldans lequel sont plongés tes
/<MO la tige, très élancée et très grêle, tralne à la faisceaux sa transforment en fibres
surface du sol ou sur tes plantes basses qui le re- Cette transformation s'opère surtoutmécaniques.
dans le
couvrent. La tige des rotangs peut atteindre jus- sinage des faisceaux. I) en résulte bientôt voi-
qu'à 200 et 300 mètres de longueur sur un chacun de ceux-ci est entouré d'un étui que
diamètre de 3 à 4 centimètres. Cette tige est re- très solide. Toutes ces gaines finissant ou gaine
marquable par l'incrustation siliceuse vernissée cher les unes les autres assurent à par se tou-
dont elle est revêtue et par sa grande flexibilité. sotidité. la tige sa
La tige du rotang n'est autre chose que le Jonc à On remarque que ces gaiues mécaniques,
<sn?!M. Dans d'autres genres, enfin, P/tœnta:, comme les a nommées M. Schwendener, sont
CAamo'rept,Bactris, la tige s'élève du sol vertica- beaucoup plus nombreuses à la périphérie de la
lement c'est une grosse colonne cylindrique, tige qu'en son centre; de là vient
lisse ou revêtue par les débris des bases des an- de la tige des que la surface
palmiers est la partie la plus ré-
ciennes feuilles, que termine un magnifiquedôme sistante de cet organe. Nombre d'auteurs ont dé-
de verdure. La vestiture de la tige verticale des signé les fibres mécaniques des palmiers le
palmiers varie beaucoup d'un genre & l'autre. nom de fibres libériennes, les rapportantpar ainsi
Lorsque les feuilles se détachent nettement, la aux faisceaux il en est résulté une confusion
surface de la tige est lisse, vernissée, marquée de grande dans la plupart des ouvrages qui traitent assez
distance en distance par des cicatrices, qui indi- des caractères anatomiques de ces végétaux. Il
quent la place des feuilles tombées tel est le cas bon que le lecteur en soit prévenu. Les faisceaux est
<es CAam<Bt!or<M. Cette surface lisse de la tige sortant de la tige pour se rendre dans tes feuilles
peut être inerme, ou bien au contraire garnie de sont extrêmement nombreux; leur arrangement
piquants noirs très acérés, à pointe simple ou est invariable pour chaque genre; it
faminée. Dans les C~KMtfM'opj, tes feuilles se dé- en résulte
que, malgré le désordre apparent des faisceaux
truisent sans se détacher de la tige celle-ci est de la tige des palmiers, ces parties sont néanmoins
alors revêtue d'une sorte de bourretoute spéciale. disposées avec la plus grande régularité. De très
<!e n'est qu'à un Age avancé que cette tige se dé- bonne heure la tige des palmiers atteint
cortique et se sépare du revêtement tout particu- diamètre définitif, après quoi elle le son
conserve
lier qui la recouvrait. Dans quelques 7'ArMMU:, la dénniment dans toute son étendue. Un très petit in-
présence de cette bourre autour du tronc main- nombrede palmiers, commel'Arengasacchari fera,
tient a la surface de celui-ci une humidité cons- présentent un renflement assez considérable vers
tante. De la surface de ce tronc naissent un très le haut de leur tige. Ce réservoir est d'abord plein
grand nombre de racines adventives qui se déve- d'amidon. A l'époque de la floraison, l'amidon est
loppent dans l'épaisseur du revêtement de la tige peu & peu remplacé par du sucre. La tige aérienne
et le traversent. Tout le temps que cos racines des palmiers ne se ramifie pas ou se ramifie
étaient enfouies dans la bourre de la tige, elles très peu. Leurs rhizomes leurs branches
trouvaient l'humidité nécessaire à leur développe- souterraines au contraire seet ramifient abon-
ment et croissaient rapidement. Après avoir tra- damment.
versé cette bourre, elles tombent dans l'air, où Chaque tige aérienne se termine supérieurement
elles se sèchent et se transformenten épines très par un bouquet de grandes feuilles au centre du-
aiguës. quel est un bourgeon. Ce bourgeon est très re-
La structure de la tige des palmiers a été prise cherché chez quelques palmiers;
on le mange
pour type de celle des végétaux monocotylédonés. cuit en guise de légume c'est le chou palmiste.
On ne remarque pas dans cet organe de zone cam- Lorsqu'on tranche le bourgeon terminal d'un pal-
biale comparableà celle des végétaux dicotylédones. mier, il s'écoute souvent une liqueur sucrée qui
En revanche, on voit qu'il se compose d'un très donne par la fermentation le vin de palme. Les
grand nombre de faisceauxdispersés au sein d'une bourgeons qui terminent les branches souter-
masse de tissu parenchymateux ou tissu fonda- raines des palmiers à rhizomes peuvent être uti-
mental. Le tout est recouvertd'épiderme. Chaque lisés comme succédanés des patates.
faisceau se compose d'une petite masse ligneuse, Les feuilles des palmiers sont toujours vertes,
réduite le plus souvent à quelques trachées, et coriaces, vernissées en dessus. Assez simples dans
d'une masse libérienne formée de cellules grilla- le jeune âge, elles vont se compliquant de plus en
gées très simples. Sur une section transversale plus. Les feuilles des palmiers adultes sontpétio-
de la tige, les trachées de chaque faisceau sont tées, à limbe entier, mais déchiré
plus rapprochées du centre de l'organe que le manière a donner à la feuille entière en lanières de
l'apparence
liber qui en dépend. Lorsque les faisceaux sont d'une feuille composée. Lorsque la feuille d'un
très compliqués, on remarque en avant des tra- palmier s'est déchirée naturellement, elle peut
chées, vers le centre de la tige, une lacune bordée parattre pennée ou patmée. En général les déchi-
par quelques éléments libériens. du limbe sont moins étendues dans le cas
Chacun des faisceaux de la tige des palmiers rures des feuilles palmées que dans celui des feuilles
a une marche très sinueuse. Il nalt d'un faisceau pennées. Ce sont les feuilles pennées qui forment
situé plus bas, s'élève selon une ligne sinueuse, ce que l'en appelle vulgairement les palmes. Les
tantôt s'approchant, tantôt s'écartant de l'axe de feuilles des palmiers peuvent atteindre de très
la tige; puis à un moment donné il se recourbe grandes dimensions; leurs pétioles robustes, li-
vers l'extérieur, sort de la tige et se rend dans gneux, élastiques, sont très recherchés pour fabri-
une feuille. Chemin faisant, le faisceau que nous quer des cannes et des manches de parapluies. Le
avons considéré donne naissance à un certain limbe de ces feuilles est rempli da faisceaux de
nombre d'autres faisceaux qui auront le même fibres mécaniques qui leur donnent leur
trajet que lui dans l'intérieur de la tige. D'après solidité. Les feuilles des palmiers sont grande tantôt
cette brève description, il est facile de voir que inermes, tantôt pourvues de solidesaiguillons très
les faisceaux des palmiers n'ont aucune solidité. acérés.
D'où vient pourtant la grande résistance des tiges Les fleurs des palmiers très petites, insi-
de quelques-uns de ces végétaux? Dans un très gnifiantes pour ainsi dire; sont elles sont réunies en
petit nombre de palmiers, comme. les rotangs, grand nombre sur des inflorescencesgénéralement
les éléments du faisceau, aussi bien les éléments enveloppées de voiles ou spathes de consistance
ligneux que les éléments libériens, se fibrifient très variable. Quelques-unes de ces spathes sont
en avançant en âge et prennent une certaine soli- ligneuses, solides, et assez grandes pour qu'une
cité plus généralement,une partie des éléments seule puisse fournir une pirogue capable de
porter un homme et plusieurs jours de vivres. Dans feuilles ou palmes, qui servent aux cérémonies du
d'autres palmiers la spathe est membraneuse en dimanche des Rameaux dans le culte catholique,
se desséchant, ses fibres deviennent indépen- ainsi qu'à celles de la Pâque juive. Partout ailleurs
dantes les unes des autres, et forment un tissu en E urope le dattiern'est qu'une plante ornementale
feutré très léger; les habitants des régions tro- dont la rusticité est à peu près celle de l'oranger.
picales emploient ces spathes en guise de cha- Le Cocotier (Cocos MMC!/e?'6!) a reçu des voya-
peau. En général les fleurs des palmiers sont uni- geurs le nom de roi des végétaux à cause de son
sexuées. Leur périanthe a six divisions, petites, immense utilité. Ce palmier croît dans le voisinage
verdâtres ou jaunâtres, charnues. Au centre de des mers de toutes les régions intertropicales. Sa
ce périanthe on trouve le plus souvent, dans les tige, ses feuilles et les fibres qui les accompagnent,
fleurs mâles, six étamines sessiles à anthères bilo- sa graine, suffisent à tous les besoins des
culaires introrses ou extrorses, et dans les fleurs plades qui vivent sous la zone torride il peu- leur
femelles un pistil tricarpellé. Des trois carpelles fournit du sucre, du lait, une crème solide, du
de ce pistil, bien souvent une ou deux loges vin, du vinaigre, de l'huile, des cordages, de la
avortent ou ne se développent pas. Les styles de toile, des vases, du bois, des toitures, etc.
ces carpelles sont cohérents entre eux; les stig- Le véritable chou palmiste est le bourgeon cen-
mates, au nombre de trois, sont simples et indé- traldes Areca. D'autres palmiers donnent égale-
pendants. Chaque carpelle forme une loge ova- ment un chou, plus gros et plus savoureux que
rienne dans laquelle on observe deux ovules celui de l'areca ce sont le Cocos nuci fera, ~i-
bitégumentés. Le plus ordinairement un seul des feno~ ssccAa)'?fa, le Maximilianaregia, et notre
sixovules de l'ovaire est transforméengraine.Dans seul palmier indigène en Europe, le C/tam.Ej'OtM
un très petit nombre de palmiers, les Borassus, les humilis.
Lodoïcea chaque fleur mâle contient jusqu'à L'.E~M guianensis, grand palmier originaire
vingt-quatre étamines, au lieu de six le nombre de l'Afrique occidentale, transporté et cultivé en
ordinaire. Amérique, a pour fruit une drupe dont le sarco-
Le fruit des palmiers est une petite baie à carpe contient une huile jaune odorante nommée
noyau très solide, ce noyau n'étant autre chose huile de palme, que l'on emploie à la Guyane aux
que la graine, dans les dattiers, les chamserops. mêmes usages que l'huile d'olive. Cette huile de-
Chacun sait de quelle importance est la récolte meure toujours fluide dans les régions tropicales.
des dattes pour les habitants de certaines régions Elle est importée en grandes quantités en France
du Sahara, chez qui la datte forme la base de l'a- et en.Angleterre mais elle arrive figée en Europe,
limentation. Dans les sagoutiers, le fruit ressemble
beaucoup à un cône de pin renversé et vernis.
ou elle sert surtout )a fabrication des savons. La
graine de cet JE/~M fournit aussi une huile blanche
Dans les cocotiers, les lodoicea, le fruit acquiert très estimée cette huile n'est pas importée en
un volume considérable il est revêtu extérieure- Europe.
ment par une bourre épaisse, roussâtre, fibreuse Le Corypha ceri fera ou Ca)'M<!t'toa des Brésiliens
intérieurement cette bourre se transforme en une et le Ccro.f!OKandicola des Péruviens produisent
sorte de noyau solide. Grâce à cette organisation, une véritable cire qui exsude des feuilles et sur-
les graines se trouventprotégées lors de la chute tout du tronc par les cicatrices des feuilles tom-
du fruit qui est porté par des végétaux de très bées.
haute taille. Le Coco des Maldives ou Lodoïcea SecAf/MM
Usages des Palmiers. Presque toutes les est un arbre de très haute taille, dont le fruit
espèces de palmiers trouvent un emploi dans noir bilobé atteint une monstrueuse.
l'économie domestique, dans l'industrie ou dans Pendant longtemps on n'agrosseur
connu que le fruit de
l'horticulture. Tous les palmiers fournissent des cette plante, que l'on avait trouvé flottant dans la
fibres textiles, propres surtout à la confection du mer, sans avoir jamais vu l'arbre qui le portait.
papier. Leurs grandes feuilles découpées en la- Les fables les plus invraisemblables étaient ad-
nières entrent dans la fabrication de cordes, de mises pour justifier l'origine mystérieuse de
nattes, de paniers, de chapeaux. Le bois de beau- fruit. A cette époque, le fruit du coco des Mal- ce
coup de palmiers fournit des solives. Passons dives passait pour un antidote universel, jouissait
brièvement en revue les espèces dont les produits d'une réputation extrême. Aujourd'hui ce n'est
sont les plus connus. plus qu'un simple objet de curiosité.
Les S<OM<:C~ (Sagus ~Mmp/t!~ S. ~K)! qui L'ca catechu de l'Inde, de Ceylan et des
croissent dans les îles Moluques, contiennent Moluques produit la noix d'arec, dont la graine
dans leur tige une moelle farineuse très nourris- sert à préparer un suc astringent. Cette amande,
sante c'est le sagou. Les Mauritia de l'Amérique mêlée à la chaux vive et poivre bétel, forme le
tropicale remplacent les sagoutiers dans les régions masticatoire ordinaire desauIndiens.
où ils croissent. L'Arenga saccharifera,le Borassus Le piaçaba est une filasse incorruptibleà l'eau,
/?(,[&eH!bf)KM, le Mauritia vini fera et le Sagus qui nous est fournie par l'Attalea 1'unifera et le
rAMmp/i!: produisent aussi une sève abondante ieopoMMo Piaçaba. Le tecum est
un fil extrême-
dont on peut retirer du sucre, ou qui se convertit ment solide, très fin, que les Brésiliens fabriquent
par la fermentation en une boisson alcoolique avec la filasse qu'ils retirent des feuilles de plu-
connue sous les noms de vin de palme, ~r~A, sieurs espèces de Bactris. Ce fil do tecum ne peut
toddy, laymi. être employé à faire des tissus, à cause de l'es-
Le Dattier est un arbre diotque ses fleurs fe- pèce de mordant qui l'imprègne et qui lui donne
melles donnent naissance chacune à trois baies, la propriété de la lime un vêtement de tecum
dont deux avortent généralement; leur chair so- appliqué sur la peau l'excorie si on le met
lide, sucrée, un peu visqueuse, est une nourriture sur
d'autres vêtements, il les râpe et les use très vite.
fort recherchée des nègres et des Arabes du pays Le fil de tecum est jusqu'ici réservé à la fabrica-
des dattes. Le dattier est le palmier le plus tion des filets de pêche.
ciennement introduit en Europe. La culture an- l'a L'~ypAfBne ~tûfea, palmier d'Égypte remar-
répandu dans le nord de l'Afrique et en Perse. Ce quable par sa dichotomie, produit
végétal est originaire de l'Arabie. Les meilleures résine nommée bdellium. Le brou une gomme
ou coquo de son
dattesnous viennent des oasis centralesdu Sahara fruit a la saveur du pain d'épice.
on peut encore en récolter jusque dans les envi- Le fruit du Calamus draco est imprégnéd'une
rons d'Elche en Espagne, mais ces dattes sont!résine rouge astringente nommée sang-dragon,
acerbes et de mauvaise qualité. En Italie et en bien plus répandue dans le commerce de la dro-
Provence, le dattier n'est cultivé que pour ses guerie que le sang-dragon des Antilles, qui
pro-
Ife T
vient des Pterocarpus, ou que le sang-dragon Les Palmipèdes peuvent être subdivisés, d'une
produit par les DracaMO. manière assez naturelle, en quatre tribus, savoir
La sève du Corypha umbraculi fera est employée l* Les Plongeurs ou ~facAyp~e~.
comme émétique dans l'extrême Orient. 2* Les ~.OK~peTMM.
Presque tous les palmiers sont recherchés par 3° Les ro<:pH~)tM.
les horticulteurs et les amateurs de plantes, à 4° Les Lamellirostres.
cause de la beauté et de l'Élégance de leur port Les Plongeurs ont les ailes extrêmement courtes,
et de leur feuillage. et ordinairement impropres au vol, et les pattes
Distribution géographique des Palmiers. Les implantées tout à fait à l'arrière du corps, ce qui
palmiers appartiennent exclusivement à la zone force l'oiseau à se tenir sur le sol dans une posi-
torride et aux régions les plus chaudes de la zone tion irerticate et ce qui rend la marche extrême-
tempérée. Une seule espèce est indigène de l'Eu- ment difficile. Aussi ces palmipèdes ne sont-ils
point faits fendre les airs, ni pou; courir
rope méridionale c'est le Palmier nain (CAam~-
le
pour
l'eau est leur véritable élément. Là
MjM humilis), qui se retrouve avec beaucoup plus sur
sol
d'abondance en Algérie. Ce palmier nain est l'un ils se meuvent avec rapidité, se- servant de leurs
des plus grands obstacles que les colons algériens ailes comme de nageoires et de leurs pieds palmés
aient rencontrés au défrichement du sol, tant la comme rames de ou de gouvernail. Leur plumage,
végétation de cette plante est intense et tenace. très serré, est ordinairement lubréné par une ma-
Ce n'est que par le feu qu'on peut la chasser des tière grasse qui empêche l'imbibition, et ne pré-
terrains où elle crolt. sente généralement que des couleurs simples, du
Certains palmiers vivent en société et occupent blanc, du noir, du gris, du roux ou du jaune.
seuls d'immenses espaces de terrain les uns A ce groupe appartiennentles Grèbes, les Plon-
croissent dans les savanes inondées, comme les geons, les Guillemots,les Macareux, les Pingouins
/)tat'<eft, les autres au milieu des sables arides, et les Manchots.
comme les ~oAfMe. Les palmiers sont relative- chée Les Grèbes, dont la dépouille est très recher-
ment rares en Afrique ils sont plus nombreux par les fourreurs, ont le plumage tustré, le
d'une
dans l'Inde, l'Asie tropicale et l'archipel indien corps trapu, la tête petite, souvent ornée
ils abondent dans l'Amérique tropicale. sorte de huppe ou de collerette, le bec grêle et
[C.-E. Bertrand.] pointu, les pattes courtes, les doigts antérieurs
PALMIPÈDES.-Zoologie, XVIIl.–Lesoiseaux réunis seulement à la base et bordés de mem-
qu'on désigne sous le nom de Palmipèdes sont branes découpées dans chez les Poules d'eau. Le la plus grande partie de
particulièrementconformés en vue d'une existence leur longueur, comme
aquatique. Leurs membres inférieurs sont en effet Petit Grèbe ou Castagnoux est très commun sur
transformés en rames, grâce à l'existence d'une les eaux douées de lu France.
membrane qui s'étend entre tes doigts antérieurs Les Plongeons, qui habitent les régions septen-
et qui comprend parfois aussi le pouce ou doigt trionales des deux mondes, ressemblent aux Grèbes
postérieur. Cette particularité de structure per- par leurs formes générales, mais sont de taille
met, en général, de distinguer les Palmipèdes des plus forte et ont le plumage moins brillant.
Ëchassiers parmi ces derniers on rencontre ce- Les Guillemots n'ont que trois doigts aux pattes,
pendant certains genres, tels que le genre Ga~/t- le pouce étant avorté, et leurs ailes sont si ré-
tt«<a ou pouie d'eau, chez lesquels tes doigts sont duites qu'ils peuvent à peine voler. Ils ne quittent
déjà bordés d'une membrane étroite. Chez les Pal- ~lère les pays glacés du nord.
'mipèdes les pattes sont ordinairement placées très Les Macareux se distinguent par leur bec aplati
toin en arrière, dans la région abdominale le bec latéralement en une lame assez mince, très élevée,
en spatule, et susceptible de se partager saisons.
est tantôt grêle et pointu, tantôt élargimandibules en plusieurs pièces
se détachent à certaines Ils passent
et garni de lamelles sur le bord des développées, qui la plus grande partie de leur vie sur les eaux de
[es ailes sont tantôt entièrement le voisinage des côtes, et comme les
tantôt considérablement réduites, ou parfois même la mer, dans
modiËées au point de constituer des organes de Guillemets font leurs nids au milieu des rochers.
natation. Les Pingouins ont le bec plus atioagé, en forme
Les Palmipèdes habitent les bords de la mer, de lame de couteau, mais leurs mœurs sont à peu
mêmes celles des Macareux. Une de
des fleuves ou des étangs, et quelques-unsmême près les que
les plus remarquables, le G~Md
passent la plus grande partie de leur existence Pingouin [eurt espèces
(~<M impennis), n'existe plus à l'heure
loin du rivage, au milieu des ûots de l'Océan.
Beaucoup d'entre eux plongent avec facilité et actuelle, faite à la suite de la chasse impitoyable qui
dans les contrées septentrionales de
nagent avec aisance entre deux eaux. Leur nour- lui a été
riture consiste en plantes aquatiques, en vers, en l'Europe.les Manchots offrent
mollusques et en poissons. Enfin au plus haut degré
Sur le sol, les Palmipèdes ont des allures gau- cette imperfection des organes du vol qui carac-
ches et embarrassées, et, a quelques exceptions térise les oiseaux de leur groupe, leurs ailes, con-
près, ils sont incapables de se percher; ils font sidérablement réduites, étant couvertes de petites
leurs nids sur des rochers, dans les trous, au mi- plumes semblables à des écailies et servant exclu-
à la natation. Ils trouvent principa-
lieu des joncs et des broussailles, ou tout simple- sivemont se
australes, dans les parages
ment sur la grève. Leurs œufs sont tantôt d'un lement dans les terres
l'extrémité méridio-
blanc pur, tantôt d'un jaune-verdâtre marbré de de la Nouvelle-Hollande
l'Amériquu.
et à
tachts brunes. Les petits qui en sortent sont cou- nale de
verts d'un duvet d'un gris brunâtre ou d'un moinsblanc La tribu des Longipennes ou des Grands t)0:-
liers renferme des palmipèdes remarquables par
pur, puis ils revêtent une livrée la plus ou
ailes et la puissance
sombre, et ce n'est guère que dans deuxième ou le développement de leursoiseaux le bec est dé-
la troisième année qu'ils acquièrentleur plumage de leur de vol. Chez tous ces
dentelures, et les pieds n'offrent de
définitif. Mais lors même qu'ils sont parvenus à pourvu qu'entre les doigts anté-
teur développement complet, les Palmipèdes con- membranes palmaires
le pouce, quand il existe, étant toujours
servent presque toujours, au-dessous de leurs rieurs, indépendant.
plumes normales, une couche moelleuse de duvet
dont on fait grand cas dans le commerce des pel- Dans ce groupe prennent place les Pétrels, dont
leteries. A l'âge adulte les mâles se distinguent le bec se termine par un crochet recourbé, et
ordinairement des femelles par la richesse ou l'é- dont les narines sont réunies en un tube double
Albatros,
clat métalliquede certaines parties de leur plumage. couché sur la mandibule supérieure les
qui sont de véritables géants parmi les oiseauxL, hier. D'autres, comme les Eiders, fournissent
de mer, et qui, grâce à leurs ailes puissantes, duvet très estimé, et d'autres enfin, réduits un
peuvent suivre pendant plusieurs jours un vais- domesticité, peuplent nos basses-cours en
ou font
seau voguant à pleines voiles; les Mouettes, aut l'ornement de nos pièces d'eau. Parmi ces der-
bec allongé et simplement arqué vers le bout, aux niers nous citerons le Cygne noir, le Cygne blanc,
narines ouvertes par deux fentes étroites sur lat te Cygne à col noir, l'Oie cendrée, le Canard vul-
mandibule supérieure les Stercoraires, qui dif- gaire, le Canard musqué
fèrent des Mouettes par la disposition de leurs na- ne, etc. ou Canard de Barba-
rines et la forme de leur queue, généralement co- Les Harles ont pour patrie tes climats froids et
nique les Sternes ou Hirondelles de mer, au bec se répandent hiver dans les pays tempérés.
ordinairement effilé, aux ailes considérablementt C'est dans cetteendernière saison que l'on voit chez
développées, à la queue profondément fourchue, nous le Harle vulgaire, qui est aussi
et les Rhynchops ou Becs-en-ciseaux, aux mandi- canard, le Harle huppé, et le Harle piette, gros qu'un
bules aplaties en deux lames inégales qui peuventt taille est notablement inférieure. dont la
s'opposerl'une à l'autre sans s'emboiter. Tous ces [E. Oustalet.]
oiseaux se nourrissent de chair morte, de mollus- FAl'AUTE. – Histoire générale, XVII-XXVI,
ques, ou de poissons vivants, qu'ils pêchent avec XXX. – L'histoire des premiers évêques de Rome
beaucoup d'adresse ou qu'ils cueillent, pour ainsii est très obscure. Lorsque Constantin
dire, à la surface des flots. Quelques-uns d'entrel'Eglise chrétienneune Eglise d'Etat, les évoques eut fait de
de-
eux, comme la Sterne fluviatile, remontent parfois vinrentdes personnages officiels ceux des capitales
les cours d'eau jusqu'à une assez grande distance de province ou métropolitains (archevêques)
dans l'intérieur des terres. Sur nos côtes abon- tinrent juridiction sur leurs collègues des petites ob-
dent les Mouettes à manteau gris, à manteaunoir, villes; enfin ceux de quelques cités importantes,
et à manteau bleu, et les Hirondelles de mer de Rome, Alexandrie, Antioche, Constantinople,
l'espèce dite Pierre-Garin. furent, sous le nom de patriarches, les chefs
Les fo~pa/MiM sont des palmipèdes par excel- ecclésiastiques de toute une région. L'évëque de
lence, ayant non seulement les doigts antérieurs, Rome, qui se considérait le successeur de
mais le pouce lui-même embrassé par une vaste saint Pierre, revendiquait comme en outre une suprématie
membrane. Ils comprennent les Pélicans, facile- générale sur l'Eglise tout entière. Comme les
ment reconnaissables à leur forte taille, à leur autres évêques, celui de Rome était alors élu
plumage blanc ou grisâtre, et surtout à la vaste par l'assemblée des fidèles simple sujet de l'em-
poche qui pend de leur mandibule inférieure et pereur, il n'avait aucun pouvoir temporel; titre
qui sert de filet ou de réservoir à poissons les de pape, qui servit plus tard à le désigner leexclu-
Cormorans, qui sont également ichthyophages, sivement, était donné à l'origine àtous les évêques.
mais dont la peau du cou est peu extensible et Après la chute de l'empire d'Occident,
dont le bec, au lieu d'être aplati, est grde et re- de Rome fut successivement le sujet des l'évêque rois os-
courbé à la pointe; les Fous ouBoubies, qui ont trogotha, puis celui des empereurs de Constanti-
l'ongle du doigt médian denté en ~cie, comme les nople qui gouvernaient l'Italie
Cormorans, et le bec conique et dentelé aussi sur Vers 73U, à l'occasion de la querelle par leurs exarques
les bords; les Frégates aux ailes démesurément tes, Rome se souleva, chassa des iconoclas-
longues, à la queue profondément fourchue, au grec, et le pape Grégoire II devint son gouverneur
bec long et crochu, aux palmaires largement échan- de fait. Grâce à l'alliance de la papauté indépendant
crées les Anhingas ou Oiseaux-Serpents, ainsi premiers Carlovingiens, les avec les
sommés à cause de leur cou long et souple portant tenir contre les Lombards ils obtinrent main-
papes purent se
une petite tête au bec pointu et les Phaëtons ou de Pepin le Bref la donation de Ravenneen outre
Pailles-en-queue, qui ressemblent à des Hiron- Pentapole, et de Charlemagne celle de Poreuse et de la
delles de mer, sauf par la disposition de leurs piedsde Spolète telle fut l'origine du pouvoir et
et par la forme de leur queue munie de deux rel de la papauté. tempo-
pennes, de deux brins extrêmement allongés. Du ix' xi" siècle, durant l'époque féodale, les
Enfin les ta'7)cH!?'fMh'M ont, comme leur nom papes ne au jouent qu'un rote cSacé dtns les luttes
l'indique, le bec (en latin rostrum) garni sur les sans cesse renaissantes qui rencpHsscnt l'Italie.
bords de lames parallèles ou de petites dents. ]Ils sont tour à les créatures de la célèbre
Leur langue, épaisse et charnue, est également Théodora et de tour 611e Marozia. puis des Otlions
dentelée, leur gésier très grand et très muscu- de sa
( Saxe ou de leur ennemi le consul Crescentius,
teux, leur trachëe-artère souvent dilatée sur une et de Henri III de Franconie. C'est alors nue se
partie de son parcours, au-dessus de la bifurca- (consomme,
( au milieu du xu siècle, le grand
tion. schisme d'Orient, qui sépara définitivement l'E-
Ces palmipèdes fréquentent plutôt les eaux glise ¡ grecque dct'Ëglisc latine (V. Schisme).
douées que les eaux salées; ils nagent et plon- Mais le moment est venu où, tirée de l'obscu-
gent avec facilité, et leurs ailes, sans être à beau- rité
r par une série de pontifes éminents, la papauté
coup près aussi développées que celles des Fré- va v prétendre à la domination universelle, et s'en-
gates, sont cependant assez fortes pour leur per- gager c dans des luttes retentissantes contre les cé-
mettre d'exécuter de lointains voyages. Dans cette ssars d'Allemagne et les rois de France. L'impérieux
subdivision deux types principaux sont à consi- Grégoire( VII force Henri IV de Franconie à s'hu-
dérer: le <pe canard, au bec plus ou moins aplati rmilier à Canossa, et accroit les Etats pontificaux
et lamelleux, et le type harle, au bec cylindrique par r l'adjonction du patrimoine de Saint-Pierre
et dentelé. ((donation de la comtesse Mathilde); Urbain II
Au premier type appartiennent non seulement prêche la première croisade, et lance l'Occident
les Canards proprement dits que tout le monde Ichrétien c àla conquête de l'Orient inndèle; Alexan-
connaît, mais les Cygnes, grands oiseaux au plu- ddre III tient tête & Frédéric Barberousse,
mage blanc, noir fuligineux, ou mi-parti blanc et réservant et, en
r désormais aux seuls cardinaux le droit
noir, etles Oies, à la livrée généralement grise ou d'élire
d les papes, assure l'indépendance du Saint-
blanche, aux jambes assez élevées, à la démarche Siège S a l'égard du peuple romain et de i'empereur;
moins embarrassée que celle des Canards. 1Innocent III se conduit
I:
La chair de la plupart des Lamellirostres consti- pose des en maître du monde, dis-
couronnes, fonde l'inquisition, fait exter-
tue un aliment agréable, aussi un grand nombre pminer n tes Albigeois Grégoire IX et Innocent IV
d'entre eux, les Canards, les Sarcelles et les Oies, poursuivent
p de leurs excommunications Frédé-
ont-ils été de tout temps recherchés comme gi- ric r: II et la race des Hohenstaufen, qui finit par
succomber; enfin Boniface VU], le dernier des exercé ourant onze siècles. Son successeur est
grands papes du moyen âge, engage contre Phi- Léon XUI. – V. Ch,'istianisme, Conciles, ~M,
tippe le Bel une lutte inégale, dont la conséquence Réforme, Schisme.
allait être l'abaissement du Saint-Siège et son PAPAVÉRACÉES. Botanique, XXIU. – Ety-
transfert & Avignon. mol. Le mot papavéracées vient de papaver, qui
Pendant tout le xiv* siècle et la première moitié est le nom latin du pavot.
du xv*, les papes n'ont plus que l'ombre de leur D~n~toH. Les Papavéracées forment une
ancienne autorité. Tant qu'ils résident à Avignon, famille naturelle dont les caractères servent der
ils sont sous la main du roi de France; et à peine transition entre ceux des Renoneulacées et ceux
Grégoire XI s'est-il décide à retourner à Rome, des Crucifères elles sont reconnaissables à leur
qu'éclatele grand schisme d'Occident, auquel une ovaire uniloculaire, supère, à leurs étamines
longue série de conciles (Pise, Constance, Bâte, nombreuses, etàleur calice à deuxsépales caducs.
Ferrare, Florence) eut grand'peine a mettre fin. Caractères botanique*. – Les graines des pa-
Les scandales du schisme avaient produit dans pavéracées sont excessivement petites néanmoins
l'Eglise une vive agitation des voix éloquentes elles ont une structure assez eompMquée chacune
s'étaient élevées, demandant des réformes (Wi- d'elles présenteun petit embryon cylindrique, en-
cleff, Jean Huss, Gerson). Cependant, grâce à vironné de toutes parts par un albumen qui con-
l'habileté d'Eugène IV et de Nicolas V, tout sem- tient presque toujours une quantité considérable
bla s'apaiser mais ce ne fut qu'un moment de d'une matière grasse,huileuse que l'on peut extraire
trève. par la pression ou par le sulfure de carbone telle
La Renaissance venait d'ouvrir pour l'Italie une estl'origine de l'huile d'œillette. Le tégument sé-
ère nouvelle. Les papes se montrèrent les zélés minal de ces petitesgraines des papavéracées, mal-
protecteurs des lettres et des arts (Jules H, gré sa faible épaisseur, présente une couche exté-
Léon X) mais en même temps la corruption de rieure sèche, membraneuse, et une couche pro-
la cour de Rome allait croissant; les crimes d'un fonde, solide, fortement imprégnée d'oxalate de
Alexandre Borgia, les désordres du clergé, la chaux.Quelques-unes de ces graines sont munies,
vente des indulgences, la résistance de la papauté sur le raphé, d'expansions cellulaires que l'on
à toute velléité de réforme, suscitèrent de nou- nomme strophioles. Les racines des papavéracée&
velles protestations alors parurent Luther, Zwin- sont pivotantes, mais elles demeurent toujours
nii, Calvin, Knox. La moitté de l'Europe rejeta très grêles et se ramifient abondamment. Leurs.
l'autorité du pontife romain. tiges sont herbacées, annuelles ou vivaces de
La nécessité de combattre les progrès de l'hé- même que les racines, elles contiennent un suc
résie rendit pour un temps à la papauté une vi- laiteux, blanc, jaune ou Muge. Ce latex desséché
gueur nouvelle. Paul III approuve l'ordre des a l'air forme FopiMTH. Leurs feuilles sont alternes,
jésuites et assemble le concile de Trente; Paul IV simples, penni-nerviées, dentées ou penni-lobées;
institue la congrégalion de l'Index; Pie V prêche elles contiennent aussi du latex.
la croisade contre les Turcs, qui sont battus à Les fleurs des papavéracées sont hermaphrodi-
Lépante; Grégoire XIII, l'auteur de la réforme du tes elles présentent, de dehors en dedans 1° un
calendrier, fait frapper une médaille commémora- calice à deux sépales caducs libres, ou plus rare-
tive en l'honneur du massacre de la Saint-Barthé- ment cohérents en une sorte de coiffe 2* une co-
lemy Sixte-Quint lutte avec énergie contre Eli- rolle à quatre pétales rouges, jaunes ou blancs,
sabeth d'Angleterre et Henri de Navarre. Mais au réguliers~ hypogynes, chiffonnés avant leur épa-
xvn' siècle les passions religieuses sont moins nouissement 3° un androcée composé d'un nom-
violentes les guerres de religion font place aux bre considérable d'étamines hypogynes, libres
guerres politiques, le Saint-Siège se trouve subor- 4" un gynécée formé de plusieurs carpelles sou-
donné à quelque grande puissance, 1 Espagne, dés en un ovaire ovoïde uniloculaire, à placentas
l'Empire, ou la France. Louis XIV, malgré son res- pariétaux. Les ovules enfermés dans cet ovaire
pect pour la foi catholique, le prend de très haut sont bitégnmentës, anatropes et hétérotropes. Le
avec Alexandre VII, et menace même un moment style qui surmonte l'ovaire est court ou même
de rompre entièrement avec le pape Innocent XI, nul les stigmates, aussi nombreux que les pla-
à propos de la déclaration de 1682. centas, sont presque sessiles, aplatis en lames,
Au xvm* siècle, plusieurs papes semblent occu- ils forment une sorte de plateau qui surmonte
pes surtout de la querelle du jansénisme, que l'ovaire.
Clément XI ravive par la bulle Unigenitus; quel- A la maturité, l'ovaire devient une capsule, plus.
ques-uns de leurs successeurs, plus tolérants, rarement une ~t~MunilocuIairo;ses parois res-
cultivent les lettres et sont même en correspon- tent toujours sèches, papyracéeo.
dance avec les philosophes Voltaire dédie sa tra- Les Fumariacées, que l'on rattache quelquefois
gédie de Mahomet à Benolt XIV Clément XIV aux PapavéracéeSjne diffèrent de celles-ci que par
supprime l'ordre des jésuites, et meurt empoi- leurs pétales irréguliers, leurs étamines peu
sonné. Son successeur Pie VI voit éclater la Révo- nombreuses, souvent soudées en deux phalanges,
lution française enlevé de Rome par ordre du a anthères extrorses, et par leur ovaire uniiocu-
Directoire, il meurt en captivité à Valence (1799). laire a deux placentas pariétaux.
Pie VII négocie le Concordat avec Napoléon Usages des Fa.pavÈraoÉes. – Les plus impor-
Bonaparte,qu'il vient couronner ensuite a Paris. Lui tantes parmi les papavéracées sont
aussi, il est plus tard enlevé de Rome, par ordre de 1 Le Pavot somni fère, herbe annuelle origi-
a~
présente de l'autre côté à l'état de feuille d'une
longueur indéfinie, parfaitement séchée
et relati-
e
croissement
ra
de consommation du papier, menace-
vement lustrée. rait de paralyser l'industrie papetière, si la science
la pâte, au sortir d'une cuve où des si et l'ingéniosité humaine, surexcitées par la néces-
agitateurs la remuent sans sité, ne lui fournissaient bientôt d'inépuisables
cesse, tombe des éléments
éi
nappes de toile métallique où elle s'étale,sur et qui Disons
à mettre en œuvre.
la conduisent entre des rouleaux garnis de
feutres; papiers pour achever quelques mots de certains
pa spéciaux qui sont d'usage journalier et
dont quelques-unsd'ailleurs n'ont du papier que flexible,de longueur trèsbase variable,roulée en spirale
de deux palpes velue
le nom. Le papier dit à calquer ou végétal est fa- au repos, entourée à sa
briqué avec de la filasse de chanvre ou de lin qui ou écailleux parfois la spiritrompe manque et le
n'a pas été décolorée l'opération du calque se fait papillon ne prend pas de nourriture, mûrier.
comme on
Les pattes
dit ~<<?M, qui le voit le à soie du
encore parfois avec du papier pour
terminent
ver
des de cinq articles, sauf
n'est autre chose qu'une feuille de gélatine cou- se par tarses
des femelles
tée très mince; le papier dit porcelaine, qui sert les cas d'atrophie; enfin l'abdomen tarière rétractite, quand
se
plus ordinairement pour tes cartes de visite, est prolonge quelquefois en
papier lequel a étendu une couche de elles doivent pondre dans des cavités, ainsi entre
un sur on Zeuzère).
céruse le papier pelure a pour éléments des chif- les fentes des écorces (Cossus, métamorphoses
fons très purs et très résistants le papier Joseph Les lépidoptères ont des com-
nullement plètes. Ils commencent être des c~etttMM, ordi-
ou papier de soie qui d'ailleurs n'est par
(ng. 1).
fait avec de la soie est du au contraire à des nairementà seize pattes, quelquefoismoins crochets, subsiste-
chiffons très mous traités d'une façon particulière Les pattes du thorax, dites M
il doit à Joseph Montgolfier, qui l'in- ront seules chez le papillon; les pattes de l'abdo-
son nom dites mamelons,sont molles et se plissent
venta le papier goudron résuite d'une pâte formée men, en
le pétiole des feuilles sou-
avec des débris de cordages goudronnés. Quant en pince pour serrer
elles portent une couronne de petits crochets
au papier dit, avec raison, de Chine (car telle est vent
qui du reste est dans ce pays aidant la chenille à se cramponner sur la surface
sa provenance),maisehoiï, laisse
même un papier de il est, dit-on, fabriqué des feuilles. On les sent très bien si on main.
chenille se promener sur le dos de la
en général avec l'écorce d'un mûrier, qui par cela une tète des chenilles oflle en avant six très petits
même a reçu nomle de m;!f:er à papier, ou avec La
la moelle d'un <Ma<~a.Remarquons que c'est un yeux de chaque coté, et la bouche est formée de
consistantes destinées à broyer,
papier plus grossier, obtenu du reste du coton, pièces courtes et chenille tout à fait
qui au moyen Age servit de point de départ et de car la nourriture de la est
papillon. La très grande
modèle aux Occidentaux, lorsqu'ils fabriquèrent différente-de celle du nourrit de feuilles, parfois
leurs premiers papiers. Enfin l'on fait maintenant partie des chenilles se de graines, rarement do
usage, pour suppléer en beaucoup de cas au par- de fleurs, de fruits ou
chemin proprement dit, de certain parchemin f~ cire. de
tal ou papier parchemin qui est fabriqué en plon- sèches (certaines
substances grasses, de matières animales
Teignes) il y a des chenilles à
geant pendant quelques instants, dans un mélange téguments blafards et décolorés, qui vivent dans
par portions égaiesd'eau et d'acide suIfuriqueSt 66°, des galeries à l'intérieur des tiges de végétaux,
du papier ordinaire que l'on lave ensuite à grande ainsi celles des Cossusvieeta des Sésies. Quand les
chenilles passent leur l'air, elles sont colo-
eau avec adjonction légère d'ammoniaque, et qui dessins, ban-
acquiert dans cette opération non seulement la rées de teintes variées, avec divers
ténacité et la sonorité, mais encore l'espèce det des, chevrons, taches leur peau est lisse de
ou gra-
duvets.
translucidité membraneuse du parchemin animal, nuleuse, tantôt nue, tantôt couverte
prolonge-
qu'il remplace de la façon la plus économique. ou de poils plus ou moins longs etladeplupart dès
fEugèneMuller.] ments variés. Les chenilles, et pour
PAPtUjOJfS. – Zoologie, XXIV. Nom vul- la sortie de l'œuf, laissent sortir par un orifice de
gaire des insectes adultes de l'ordre des Lépidop- la lèvre Inférieure, ia filière, des fils de soie, pro-
tères. vanantd
venant d'un
unhnuide
liquide
Les insectes de visqueux qui se
cet ordre ont qua- solidifie à l'air,
tre ailes membra- sorte de salive éla-
borée dans deux
neuses, les infé- glandes. Cette soie
rieures toujours
plus petites que sert aux chenilles
les supérieures; à se tenir sur la
ces ailes sont tou- feuille, parfois à
jours recouvertes en rouler les bords
de fines écailles, en cornet, ou à
souvent ctiorees accoler plusieurs
b.
des plus riches feuilles ensemble,
afin de sa faire
nuances, qui font Fig. i. Chenillede Sphim du troène. une retraite, à fi-
de beaucoup de ler de grandes toi-
cee insectes
ces aaaocwca de vé-
uo animées.
~o-
Ces écailles, qui ont fait les sous lesquelles elles vivent en commun dans
ritables fleurs laisser pendre des branches
donner aux papillons le nom de lépidoptères leur jeune âge, a se
(c'est-à-dire insectes à ailes écailleuses), restent jusqu'au sol; enfin cette soie est employée par
après les doigts comme une poussière fari- beaucoup de chenilles pour s'entourer de cocons
neuse. Ce caractère est toat à fait général. On lors tantôt
de leur métamorphose, cocons tantôt en soie
voit bien quelques papillons à ailes vitrées et pure, en soie mêlée de peils de la che-
transparentescomme celles des mouches ainsi nilie, de fragments végétaux ou de grains de
certains Macreglosses,ditsSphinx gazés, et les Sé- terre. avoir subi plusieurs
sies, qu'on prend d'ordinaire pour des hyméno- Après mues, ou change-
ptères mais à l'éclosion, en sortant de leur chry- ments de peau, pendant lesquelles elles restent
salide, ces papillons ont les ailes couvertes d'é- immobiles et sans manger, les chenilles passent
cailles comme les autres: seulement ces écailles à l'état nymphal, état de repos où elles ne pren-
dès l'insecte nent de nourriture et perdent tous les jours
ne tiennent pas et tombent que a pas
que s'or-
donné quelques coups d'aile. Dans certains cas, les de leur poids par évaporation, a mesure l'insecte
femelles sont tout à fait dépourvues d'ailes, ou ne ganise le papillon. Dans cette phase, vùir
est
grossière-
les possèdent qu'à l'état de petits moignons im- recouvert d'une peau dure, laissant
propres au vol. Les lépidoptères ont toujours deux ment les formes futures du papillon, la tète et la
yeux composés ou à facettes les organes de la spiritrompe,repliées les fourreaux des ailes, les antennes
bouche sont conformés pour la succion du nectar et les pattes en dessous, les anneaux de l'ab-
des fleurs ou de divers sucs liquides, et se compo- domen (flg. 2).0n désignealors l'insectesous le nom
sent essentiellement d'une spiritrompe cornée, defève, mot très juste en raison de sa forme et
de
M couleur brunâtre,et plus souvent sous celui plein jour et souvent exclusivement; en outre il
d'aMr~He et surtout de chrysalide, nom beaucoup n'y a pas de véritables nocturnes,car aucun papil-
lon ne demeure actif à la nuit avancée et profonde,
mais seulement au crépuscule, qui se prolonge
en été, chez nous, jusque près de onze heures du
soir, dernière heure où volent encore quelques pa-
pillons. Nous diviserons les papillons en deux
sous-ordres, dont les noms sont tirés de caractères
fournis par les antennes, les Rhopalocères et les
Hétérocères.
Fig. 2. Chrysalide de Sphinx du liseron. Rhopalocères ou Diurnes. Antennes ter-
minant par un bouton plus ou moins renflé;seailes
moins exact, car ce n'est que dans un petit nom- inférieures entièrement libres des supérieures,
bre de cas que le corps de l'insecte est alors cou- les quatre ailes presque toujours accolées au
vert de taches dorées ou argentées (certaines Va- repos et relevées perpendiculairement au corps
nesses et Nymphales), dues & de l'air intercalé vol pendant le jour seulement; chenillesen géné-
sous une mince pellicule. Les chrysalides se for- ral peu nuisibles. Nous indiquerons les princi-
ment tantôt absolument à nu sur le sol, tantôt paux groupes de ces papillons de jour, dont cer-
suspendues d'une manière variable par des liens taines espèces frappent les yeux des enfants
soyeux,"tantôt enfin entourées des cocons dont par leurs belles couleurs.
nous avons parle. Les chrysalides peuvent éclore en Un premiergroupe de Diurnes n'offre que quatre
peu de semaines, ou bien passer l'hiver ou même pattes propres à la marche,les deux antérieures,
plusieurs hivers, avant de laisser sortir le papil- dites palatines, étant très raccourcies et entou-
ton. Celui-ci, d'abord mou et informe (fig. 3), fend rant le cou comme une collerette, au moins chez
avec sa tête 1..peau .I~1.
aAn.. la du dos les mâles. Les chrysalides sont nues et suspen-
de la chrysalide, étale ses dues par la queue, la tête en bas, au moyen d'un
antennes et ses pattes, fait court faisceau de fils de soie. Nous citerons les
pénétrer l'air dans les ner- Satyres, de couleur fauve, avec des taches ocel-
vures de ses ailes, ces ailes lées, et les Argé ou Demi-deuils,avec taches noires
étant d'abord sous l'aspect sur un fond d'un blanc un peu jaunâtre ce sont
de deux moignons qui pen- des papillons des prairies, des sentiers, des che-
dent inertes, les sèche, les mins de bois, dont les chenilles sont nocturnes et
fait vibrer et les étale peu vivent sur les graminées. Les Vanesses sont or-
à peu, jusqu'à ce que, bien nées de belles couleurs, et la plupart hivernent à
raffermi et ayant rejeté par l'état adulte, pour reparaltre au printemps et voler
l'anus le MM'con!Mm, excré- aux premiers soleils, plus ou moins usées et
ment liquide de l'état nym- défraîchies. Telles sont trois espèces dont les che-
phal, il prenne son essor nilles se nourrissent d'orties, la Petite-Tortue,à
dans l'atmosphère route taches noires et bleues sur un fond rouge-fauve,
nouvelle, interdite jusqu'a- le Vulcain, à bandes de feu, le Paon de jour, avec
lors. quatre superbes yeux d'un bleu violet sur les
On peut élever en capti- ailes une espèce plus rare, le Morio, à fond d'un
fig~S.–Yanesse Mo- vité un grand nombre de pourpre sombre avec une large bordure jaune, la
rio, en éclosion. chenilles, soit recueillies au chenille se nourrissant du saule, du peuplier et
a
dehors, soit nées des œufs du bouleau la Grande-Tortue, dont la chenille vit
pondus par les papillons. H a )a pour les ins-
tituteurs de nombreux sujets de leçons de cho-
sur les ormes et est quelquefois nuisible dans
l'extrême midi de la France; la Belle-Dame, à
ses les élèves s'intéressent beaucoup à suivre chenille mangeant les chardons et parfois nuisible
tes curieuses métamorphoses. Il faut placer les aux artichauts dans les années où le papillon est
chenilles, avec des fragments de la plante nourri- commun c'est en effet un papillon cosmopolite,
cière ou la plante elle-même, dans une cage de dont la race se renouvelle jusqu'au nord de l'Eu-
gazo ou de toile métallique, ou, plus simplement, rope par des migrations venues d'Afrique; un
dans un pot à fleur recouvert d'un couvre-plat en passage considérable a eu lieu en France, en mai
treillis de fil de fer. Le fond de la cage ou du pot et juin 1879, du sud au nord. Citons encore le
contiendra de la fine terre de bruyère, et, quand Robert le Diable ou Gamma, offrant en dessous,
on aura obtenu les chrysalides, on fera bien, pour aux ailes inférieures, la lettre grecque gamma.
éviter leur mort par dessication, d'injecter de Viennent ensuite, dans les bois, les Papillons-
temps à autre une fine pluie de gouttelettes d'eau, Damiers,fauves avec une marqueterie de taches
afin de maintenir, le mieux possible, les condi- noires; ce sont les ~~yj/K~M, dont les che-
tions naturelles d'humidité. L'instituteur peut nilles vivent sur les violariées, ayant souvent
aussi placer certaines chenilles sur des rameaux en dessous des ailes inférieures des bandes ou des
d'arbustes du jardin de l'école, en entourant la taches nacrées, ainsi chez le Tabac-d'Espagne, le
branche d'un manchon de gaze bien fermé à sa Grand-Nacré et lePetit-Nacré et les Jtf<H:'< analo-
base; les élèves suivront ainsi très facilement gues aux Argynnes en dessus, offrant en dessous
toutes les phases de la vie de la chenille, et même des bandes et des ocelles jaunes variés, mais
son changement en chrysalide, si celui-ci s'opère sans taches nacrées. Les Nymphale.s habitentaussi
sur la plante même et non en terre. les bois. Trois grandes espèces, farouches et d'un
Classification. Pendant longtemps en France vol rapide, pompent, non pas le nectar des fleurs,
on a subdivisé les papillons, d'après leurs mœurs, mais le suc des plaies des arbres et celui des ma-
en trois groupes diurnes, crépusculaires, noc- tières stercoraires des chemins ce sont, en juin,
turnes; les instituteurs trouveront encore cette le Grand-Sylvain, d'un brun fauve à bandes blan-
division dans beaucoup d'ouvrages élémentaires, ches, la chenille vivant sur les trembles et les peu-
même peu anciens. Cettedivision doit être abandon- pliers, et en juillet les deux Mars, des peupliers,
née, sinon pour le premier groupe, au moins pour avec les ailes des mâles offrant dans un sens un
les deux autres. En effet, un assez grand nombre riche reflet d'un bleu d'azur, les écailles étant de
de leurs espèces, comme certains Sphingiens, les deux couleurs, à la façon de ces images plissées,
Sésies, les Zygènes, beaucoup de Noctuelles, de qui représentent des objets très différents, suivant
Phalènes, de Tordeuses et de Teignes, volent en qu'on les regarde à droite ou à gauche. Les Petits-
Sytvains ou Deuils, noirs, avec une bande de ta- en Y, caractere du genre. L'autre espèce, le
ches blanches, et dont les chenilles vivent sur tes Flambé, avec de longues bandes noires, comme
chèvrefeuilles, ont un vol doux et se posent fré- des flammes, sur un fond jaune pâle, est moins
quemmentsur tes taillis qui bordent les routes de commune sa chenille se nourrit des feuilles du
bois et sur les ronces. prunellier et du prunier.
Un second groupe de Diurnes présente les six Enfin le dernier groupe des Diurnes, à six pattes
pattes propres à la marche. Les chrysalides sont propres à la marche, est formé par les Hespériens,
nues, mais doublement attachéescontre le support, petits papillons qui volent surtout dans l'après-
par
formeun faisceau de soie caudal et par un autre, qui midi, par les clairières des bois et les champs, et
un lien en ceinture autour du milieu du tiennent au repos leurs ailes seulement à demi
corps. Nous y trouverons les Polyommates fauves,relevées les chrysalides sont fixées par la queue
avec des ocelles variés en dessous, appelés aussi et par des fils de soie entre-croisés au milieu d'un
Petits Porte-queues, car, dans certaines espèces, réseau soyeux très lâche attaché entre les feuilles.
l'aile inférieure se prolonge en un grêle filet; et Hettroctrea(anciens Crépusculaires et Noctur-
les Lycènes, charmants petits papillons des prés, nes). Dans ce sous-ordre, qui comprendla plus
des champs, des bords de routes, dont les mâles grande partie des lépidoptères, et sur lequel
sont bleus en dessus et tes femelles brunes, avec nous ne pouvons donner que des indications très
les mêmes taches et ocelles sur )e dessous grisâtre. sommaires, les antennes ont toutes tes formes
Les chenilles sont larges et plates, d'aspect de possibles, en dents de peigne, en fuseau, en Sis,
cloportes, à pattes très courtes, et vivent sur les crénelées, lisses ou poilues, etc. Outreles yeux
légumineuses. Les Piérides sont les papillons composés, ne manquant jamais, il y a souvent
blancs; il y a deux espèces très nuisibles aux deux stemmates ou yeux simples, cachés dans les
choux, aux na- poils sur te
sus de
a.
w des-
tat6te.Au
vêts, aux raais,
le grand papillon repos tes ailes
blanc du chou et sont parfoisétalées
le petit papillon à plat ou horizon-
blanc de la rave. talement, plus
11 faut détruireles souvent repliée
Il
adultes et tes che- en toit sur le
nilles de la pre- corps, les supé-
mière espèce dans rieures recouvrant
tes jardins pota- complètement les
gers heureuse- inférieures, enfin
ment que des en- les ailes pouvant
tomophages du être routées au-
genre Microgaster tour du corps(cer-
font périr beau- taines teignes).
coup de chenilles. Les ailes inférieu-
On doit bien se res sont fréquem-
garder d'écraser ment ornées de
les amas de petits couleurs très vi-
cocons jaunes nies ves et très déli-
par les larves sor- cates,en raison de
ties du corps des l'abri que leur of-
chenilles. Le Ga- frent au repos les
zé, blanc à ner- ailes supérieures,
vures noires, est qui sont souvent
nuisibleaux pru- grises ou brunes
niers et aux aubé- la lumière déco-
pines, et ses che- Moro-Sphmï btitma.nt sur un pétunia. lore promptement
nilles au prin- ces ailes inférieu-
temps vivent sur les arbustes sous de grandes res des Hétérocères, et ce sont surtout les col-
toiles qu'il faut namber à la torche. Les Coliadeslections de ces insectes étalés que les institu-
ont deux espèces principales, le Soufré, à ailesteurs doivent avoir soin de conserver en lieu
d'un jaune soufre, et le Souci, à ailes d'un jaune) obscur. S'ils les laissent accrochées au mur et
foncé, bordées de noir leurs chenilles vivent sur au grand jour, bientôt tout sera effacé, blanchi,
les légumineuses fourragères et ne sont pas nui- méconnaissable. Enfin il arrive souvent, surtout
sibles, pas plus que celle de l'Anthocharis Au- pour les mâles, que, par l'appareil du frein, les
rore, dont l'apparition signale le début du prin- ailes inférieures sont liées aux supérieures, de fa-
temps, le mâle ayant le sommet de l'aile supé- çon à les suivre dans tous leurs mouvements un
rieure d'un beau rouge orangé, les deux sexes) crin raide, à la base de l'aile inférieure, passe dans
ayant les ailes marbrées de verdâtre en dessous; un anneau corné, à l'insertionde l'aile supérieure,
enfin citons les Citrons, à antennes roses, à ailess comme un verrou dans sa gâche; les instituteurs
anguleuses celles du mâle d'un beau jaune ci- feront aisément voir à leurs élèves ce curieux mé-
tron, celles de la femelle d'un blanc verdâtre; il) canisme en prenant de gros Sphinx.
en est qui hivernent et qu'on voit voler au soleilL Les Sphinx, à spiritrompe très longue (fig. 4),
en février dans les bois encore absolument sans) ont des espèces qui nous arrivent d'Afrique,
feuilles les chenilles vivent sur les nerpruns ett comme le Sphinx du liseron et celui du laurier-
les fusains. rose, et leurs ailes aiguës sont en rapport avec
Les Grands Porte-queues appartiennent au genre ce vol puissant les chenilles, souvent à demi dres
PaptHon proprement dit. Le plus répandu est le sées.alafacon du Sphinx de la Fable jetant sa ter-
Machaon, jaune avec dessins noirs, des taches rible énigme aux passants, ont une corne sur le
en bordure et un ceii violet et rouge contre lat onzième anneau. Le Sphinx à tête de mort, portant
queue de l'aile inférieure; la- chenille, verte avec ce lugubre emblème sur le corselet et faisant en-
des incisions d'un noir de velours, vit sur les ca- tendreun bruit aigu, est nuisible aux abeilles dans le
rottes et le fenouil, et laisse sortir du cou, quanddl midi de la France, car il s'introduit dans les ruches
on l'inquiète, un .tentacule rétractile et orangé, pour se gor~er de miel son énorme chenille jaunâ-
tre ronge les feuilles de pomme de terre. Les chry- en raison de ses bandes rouges et bleues, doit être
salides des Sphinx reposent sur la terre, soit nues, ramassée par les enfants sur les feuilles des pom-
soit dans des coques mêlées de grains de terre et miers et poiriers, et écrasée. On couvrira de
de fragments végétaux. Les Zygènes ou Sphinx-bé- dron au pinceau les œufs du Liparis disparategou-
(le
liers, ài-ntennes en fuseau àl'extrémité (ng. 5), ont mâle est beaucoup plus petit que la femelle et
tous deux ont des bandes noirâtres en zic-zag),qui
adhèrent aux troncs des tilleuls et des ormes, sous
un tampon de poils roux arrachés du ventre de la
mère, et les œufs du Liparis du saule, bombycipn
tout blanc, qui semblent couverts d'un enduit
comme une bave de limaçon, sur les troncs des
peupliers et des saules.Le Liparis queue-dorce, éga-
lement blanc, avec un gros paquet de poils roux au
bout de l'abdomen de la femelle, est un ravageur
des vergers et des haies (fig. 7) les petites chenilles
Fig.5.–ZygenedutreNe.
de brillantestaches rouges, sur un fond d'un noir
luisant, bleuâtre ou verdâtre, et volent assez lour-
dement au soleil leurs chenilles, qui vivent sur-
tout sur les petites légumineuses, filent, le long
des tiges, un cocon allongé, en bateau, de consis-
tance parcheminée. C'est également au soleil que
volent les Sésies ou Sphinx-gazés, à ailes sans Fig-7.–L)pari3 queue-doréemâle.
écailles, analogues à des hyménoptères ou à des
diptères ~g. 6), et dont les chenilles rongent rinte- passent l'hiver entre les feuilles terminâtes,
assem-
blées en paquets par des fils de soie; il faut les
couper par les jours les plus brumeux et les plus
froids de décembre et de janvier et les brMer avec
soin, sans les laisser sur le sol.
Les Orgyes ont des chenilles offrant avant
deux longues aigrettes de poils les en femelles
n'ont que des petits moignons d'ailes et se posent
sur le cocon pour attendre le mâle. L'Orgye
antique est nuisible aux arbres à fruit et aux
rosiers; on voit voler en plein jour, surtout en
septembre et octobre, le mâle, qui est très vif et
fauve, avec une étoile blanche sur chaque aile
supérieure qui l'a fait nommer l'Etoilé (fig. S). Les
Fig.6.–SésieapiformefemeHe.
rieur des arbres et des arbustes. La Sésie api'forme,
qui ressemble un frelon, et la Sésie asiliforme,
sont nuisibles aux jeunes peupliers et bouleaux, la
Sésie tipuliforme aux groseilliers des jardins,
d'autres espèces aux pommiers.
Le groupe des BoMo.c:e7Mprésente les antennes
pectinées, au moins dans les mâles; les chenilles
de certains d'entre eux fournissent, par leurs co-
cons, les plus riches matières textiles qu'utilise
l'industrie humaine (V. Ver à soie). Le genre
Attacus, remarquable par les taches vitrées de ses
ailes, nous présente les plus grands papillons qui
existent; le plus grand papillon d'Europe est le
Hrand-Paon de nuit, dont l'énorme chenille, verte
avec des tubercules poilus que termine une
étoile d'un bleu de turquoise, vit principale- Fig, 8. Orgye antique, m6ïe et femelle.
ment sur les poiriers et les ormes le Petit-
Paon de nuit, de taille moindre, a sa chenille sur Psychés sont de très singuliers papillons; les mâles,
l'aubépine, la ronce, le charme, etc. Les eheniilestrès petits, noirâtres, à antennes pectinées, volent
des Paons de nuit ne sont pas assez nombreuses avec rapidité le matin les femelles, absolument
pour être nuisibles, et filent pour se chrysalider sans ailes, ressemblent à des larves les chenilles
des cocons ouverts à un bout, par où sortira le pa-des deux sexes sont couvertes de fourreaux for-
pillon, et trop fortement incrustés d'une gomme més par des brins d'herbe, ou des morceaux d"
brunâtre pour que nous puissions en faire usage. feuilles, d'où sortent seulement les pattes écail-
D'autres Bombyciens sont très nuisibles aux leuses et la tête. Enfin il y a des genres don~
bois, aux champs, aux jardins. Les Bombyx pro- les chenilles vivent à l'intérieur des tiges et fontt
cessionnaires du chêne et du pin, de couleur gri- souvent beaucoup de mal ainsi la grosse che-
sâtre, ont leurs chenilles vivant dans des nids nille du Cossus ligniperde, couverte d'écussons
soyeux, sur le tronc des chênes ou entre les bran- cornés rougeâtres, ablme de ses galeries les troncs
ches des pins elles en sortent la nuit en proces- des saules et des ormes; la chenille jaunâtre à
sion pour dévaster le feuillage. Le Bombyx neus- points noirs (Chenille léopard des Anglais) de la
trien pond ses oeufs en bracelets autour des Zeuzère du marronnier fait souffrir beaucoup
branches des arbres fruitiers où ils passent l'hi- d'arbres de toute sorte dont les branches rongées
ver; il faut les détruire la chenille, dite livrée à l'intérieur cassent sous les coups de vent; le
papillon, blanc tacheté de noir, a été appelé la I vent en boucle ou en compas, quandqui elles mar-
Coquette. Il faut tuer les cheniHes en passant un chent,tout
ni de fer dans les trous. Les femelles des Cossus
leur sert à pondre en-
tre les ëcorcea(ng. 9);
i! faut, dans le jour,
nommer
le milieu de leur corps, ce
fKpeM<e:Me! ou ?<'oM<M(fig.
et des Zeuzëres ont une tarière rétractile qui fixées sur les deux pattes anales, dant A-
tières,
des A-
)0).
immobiles
les a fait
Souvent,
heures
elles
blent à de petites
branches sans feuU-
pen-
en-
ressem-
ne contient pas les MicrolépidoptÈres. ttant du foyer F et de la droite DD' cette demi-
~MauriceGirard.] ellipse
e infinie est précisément la parabole.
PARABOLE. -Géométrie, XXIV. Étym. de DÉFINITION. – Nous arrivons ainsi à la défini-
~afŒ&o~, nom que les géomètres grecs ont donné ttion ordinaire la parabole est une courbe ?'/aMe
't cette courbe. En parlant des courbes usuelles non /er~e telle que chacun de ses points est
t.
V.CoM?'AMM.McH"s),nous avons dit que la para- également
é distant d'un point fixe qui se nomme
foyer, et d'une droite fixe qui est la directrice. on marque le milieu A de la distance CF, qui est
CONSTRUCTION DE LA PARABOLE. D'après cette le sommet de la courbe. En un point quelconque 1
définition, il est facile de décrire d'un mouve- de l'axa on élève une perpendiculaire indéfinie
ment continu, non pas la parabole entière, mais puis avec un rayon égal à la distance IC de ce
un arc de parabole, étant donnés le foyer et la point à la directrice, on décrit du foyer F pris
directrice. pour centre un arc qui coupe cette perpendicu-
f Soit Fie foyer donné etDD'la directrice (ng. 2). laire en deux points M et M' ces deux points
appartiennent à la parabole. En prenant ensuite
d'autres points sur 1 axe et en répétant les mêmes
constructions que pour le point I, on obtient
autant de groupes de deux points symétrique-
ment places, comme M et M'~ par rapport à l'axe.
Il ne reste plus qu'à tirer un trait continu par
tous ces points.
ExEttptEs DE PARABOLES. Les comètes pério-
diques, c'est-à-dire celles qui doivent reparaltre à
des époques plus ou moins éloignées, décrivent,
comme les planètes, autour du soleil des ellipses
dont cet astre occupe un foyer; c'est ce que les
astronomes ont reconnu en les observant en divers
points de leur course. Mais pour la plupart des
comètes, ils ont trouvé à l'aide du calcul qu'elles
décrivent des ellipses tellement allongées que
leur orbite ne diffère pas d'une parabole c'est
ainsi que ces astres, après qu'ils ont passé près
du soleil, s'éloignent continuellement et no seront
plus visibles pour nous.
Nous rencontrons aussi la parabole plus près
de nous dans la forme que prennent les cibles
qui soutiennentles ponts suspendus, dans le che-
min que suivent tes projectiles tancés par un ca-
La droite CFX menée par F perpendiculairement impulsionnon ou une pierre à laquelle on a imprimé une vive
dans une direction différente de la ver-
à DD' est l'axe, et le milieu A de la distance CF ticale. II est bon d'observer que la résistance de
est le point nommé sommet de la parabole. l'air altère toujours la trajectoire parabolique que
On applique une règle le long de la directrice, tend à suivre le mobile.
et contre cette règle le petit côté de l'angle droit TANGENTE. – La parabole possède aussi une
d'une équerre GHK, à t'ettrémité G de laquelle propriété importante, relative à tangente; c'est
est attaché un fil, dont l'autre bout est fixé au Iam6me que celle de la tangentesaà l'ellipse.
foyer F, et qui a une longueur égale au côté GK Si du point de contact d'une tangente à la pa-
de l'équerre. On fait ensuite glisser l'équerre le rabole on mène une droite /ouer et une droite
long de la règle, en tenant au moyen d'une parallèle à f<u;c, ces </eM;audroites font
pointe le fil tendu sur le côté GK de t'éqnerre, MM~eM~e des angles égaux. avec la
de manière qu'il forme une ligne brisée GMF, Soit TS tangente M à une parabole (fig. 4) et
dont les deux parties varient de longueur dans MV parallèle à l'axeen les angles VMS et FMT sont
le déplacement de l'équerre. La pointe placée
en M se déplace aussi et décrit l'arc de parabole
en effet la distance MK du point M à la directrice
et sa distance MF au foyer restent constamment
égales l'une à l'autre. L'arc qui sera décrit au-
dessous de CX est identique à celui qui est décrit
au-dessus.
X" On peut aussi construire un arc de parabole
en déterminantun nombre suffisant de ses points.
36,20
AF~_AG~_22
nière.
MN=705,90X2 39m.
B~~A~~S3
AF=AB~= 62,4X~=50,9.
La troisième part est représentéepar le quadri- AG=AC~= 48,5X~=39,6.
latère NADP.
Avant le tirage au sort des parts, il peut être
stipulé que la première, qui est la plus avanta-
geuse à cause de sa forme plus régulière et de ses Cet exemple suffit pour indiquer comment on di-
trois murs de clôture, restituera à la seconde, qui vise un triangle en un nombre quelconque de par-
est la moins avantageuse, une bande de terre de ties égales ou en parties proportionnelles à des
20 mètres carrés, par exemple. Il suffit alors de nombres donnés au moyen de parallèles à l'un des
détacher de cette première part un petit triangle côtés.
MPm dont la base Mm est égale a h" Soit un triangle à diviser en trois triangles
équivalents ayant chacun un des côtés pour base
20x22
.tu,2 }m,lO.
IMIIO. et le sommet commun, fig. 3.
V BEC
8° Soit un terrain ayant la forme d'un penta-
gane à partager en trois parties égales par des
lignes issues du sommet A (fig. 5).
y =- 'S-
l~trtangle= ISX99
15
=81,00
=176~ Il manque à la première part une surface
1847,'fO
y
-=''5X52,8
=396,00
=379,50
égale 11
2410,~71847,70 =56'<f.57
qu'il faut prendre au moyen d'un triangle situé
~=~C
à droite de la ligne Pm et dont la base mM est
l"lrapHze=––-Xt5
T!tJ_Q
== 165,00 calculée de la manière suivante
2. – = 'x35 ==542,50
3' =
~Xt2 ==252,00
Pli
La ligne PM étant déterminée,on mesure la sur-
face du triangle PMD, qui est égale a
==~+~~2t,6==':2~50
-!6+52.SXS5,5=43'!1,90 2
=200~.80
-008,-q,80
II manque à la deuxième part une surface
Surface totale == '!089,10 égale à
2268,56 2008,80 = 259,76
La première et la troisième parts auront une qu'il faut
prendre au moyen d'un petit triangle
~+~=~
surface égaler:
3 3X50
ayant pour base DN sur le côté DB et pour hau-
teur la perpendiculairePQ = 66°'
DN=~87. 66
Reste pour la deuxième
Le terrain situé à droite de la ligne PN repré-
7083,10–24t0,27x2=2268,56 sente la troisième part.
10° Soit un terrain allongé, de forme très irré-
En examinant la figure, on voit tout de suite que
gulière, à diviser en deux parties égales suivant
la deuxième part se composera principalement d'un la longueur (fig. 7).
triangle ayant sa base sur le côté ED du polygone
et sa hauteur suivant PH, perpendiculaire sur ED.
Cette perpendiculaire est égale à 64",80. En sup-
posant que toute la deuxième part soit un triangle
placé sur la ligne ED, on obtiendrait la base en
divisant le double de la surface du triangle par
64°',80, ce qui donne:
2M8,5Rx2_ 70-
64,8
70m=
La question est ramenée à déterminer la posi-
tion d'un sommet de la base du triangle, celle du
point M, par exemple. A cet effet, on trace, par
tdtonnement, une ligue Pm; on calcule la surface
de toute la partie du terrain située à gauche de
cette ligne, que l'on déplace ensuite d'une lon-
gueur Mm, facile à déterminer.
La surface du terrain située à gauche de Pm se
compose de deux triangles rectangles et d'un
trapèze déjà mesurés, puis d'un nouveau trapèza
y~mE E et de trois nouveaux triangles ~M,&
et ~/P. On a mesuré les bases et les hauteurs
Usufnt de tracer un certain nombre de paral-
nécessaires pour calculer ces surfaces et l'on a
trouvé: lèles équidistantes suivant la largeur du terrain,
de diviser ces parallèles en deux parties
/=10"==2t;ym=46,4;r~ to;PA==18;&==19,5 égales et detoutes
joindre les points de division.
Lorsque la ligne de partage est très sinueuse, Dans le cas présent, chaque classe a été divisée
comme dans le cas présent, il convient de la rem- en trois parties égales, ce qui a donné des lignes
placer par une courbe plus facile à tracer sur le de division très irrégulières, abc et efgh. Une
terrain ou même par une ligne droite en faisant première rectification des limites a été faite au
des compensations, c'est-à-dire en prenant et moyen des lignes m n et p q, par des compensa-
restituant à chaque part des surfaces sensible- <M?M basées sur la valeur des terres, par exemple,
ment égales. Exemple, la droite AB. 75 francs l'are en première classe, 30 francs en
Partage proportionnel à des nombres donnés. deuxième, et tO francs en troisième. Enfin, la
tl* Une propriété ayant la forme d'un quadrila- portion du milieu, a cause de sa configuration
tère irrégulier a été achetée à raison de 15000 fr. plus régulière, et, par suite, plus avantageuse
par trois acquéreurs, qui ont versé respective- pour la culture, a dû céder une petite bande de
ment 7000, COOO et 2000 fr. on demande un par- terre représentant 1/100 de sa surface à chacune
tage proportionnel à ces nombres, à condition que des deux autres, ce qui a donné les lignes défini-
les trois parts aboutissent à un point intérieur P tives MNetPQ.
(fig. 8). IU. Bornage. – La consécration naturelle de
tout partage de terrain est un bornage avec pro-
cès-verbal à l'appui.
Les bornes sont généralement de grandes pier-
res brutes ou taillées, que l'on enfonce dans la
terre pour les garantir du soc de la charrue. On
met souvent quatre moellons en dessous, qu'on
appelle Mmot'n~ de la borne; au milieu de ces
moellons, on casse encore une tuile dont on rap-
proche les morceaux, appelés temoins muets ou
bien on emploie du charbon, des fragments d'ar-
doise, des cailloux.
Les bornes se placent aux angles des terrains
pour indiquer le bout et le côté, ainsi que sur
les longueurs elles sont d'autant plus nombreu-
ses que les contours sont plus accidentés.
Il est nécessaire de marquer les bornes sur les
plans en indiquant leur éloignement et même les
angles qu'elles forment entre elles.
Des peines sévères sont édictées contre toute
Il faut d'abord calculer la surface du terrain tout qui arrache ou déplace une borne sans
entier en le décomposant en deux triangles au personne autorisation signée de tous les propriétaires
une
moyen de la diagonale DB, puis la surface dechaque riverains ou un ordre du juge.
part proportionnellementaux nombres 2, 6 et T. [A. Bougueret.]
On prendra la ligne PC, par exemple, comme PARTIES DU DISCOURS. Grammaire, IX.
première ligne de partage on détachera un On appelle ainsi, en terme de grammaire, les
triangle MPC appuyé sur le côté BC, ayant pour différentes espèces de mots, le discours,
hauteur PH et une surface égale à 2/15 de la sur- l'oraison, comme l'entendent les grammairiens, ou encore
face totale. On mesurera ensuite le triangle CPD n'étant autre chose
ayant pour hauteur PK, et l'on ajoutera, pour com- phrases, en tant qu'ils que la suite des mots ou des
expriment nos pensées.
pléter la deuxième part, égale à 6/]5 de la sur- On compte ordinairement dix parties du dis-
face totale, un petit triangle DPN ayant pour cours, dix espèces de mots le
hauteur PQ. Il restera pour la troisième part, l'adjectif, le pronom, le verbe, le participe,nom, l'article,
égale à 7~)5 de la surface, le pentagone irrégu- verbe, la préposition, la conjonction et l'interjec- l'ad-
lier PNABM. tion. Quelques grammairiens n'en comptent au-
H. Terrain d'inégale valeur. – 12* Soit un jourd'hui que neuf ou même huit, faisant rentrer
terrain ayant la forme d'un hexagone irrégulier, le participe dans la catégorie du verbe et l'article
composé de 'trois classes de terre, à diviser en dans celle des adjectifs déterminatifs. Chaque es-
trois parties de même valeur (Sg. 9). pèce se subdivise en un certain nombre de sous-
espèces.
L'origine de cette classification des espèces de
mots est fort ancienne. Elle remonte à Platon et
à Aristote l'école d'Alexandrie l'a singulièrement
perfectionnée adoptée par les grammairiens la-
tins du bas empire et par ceux du moyen âge, elle
est parvenue jusqu'à nous en ne se modifiant
guère que sur certains détails, et l'on peut dire
fort justement que les termes dont se servaient
les Denys le Thrace, les Apollonius Dyscole, les
Priscien pour enseigner la grammaire à la jeu-
nesse grecque ou à la jeunesse romaine, « sont
eeux-H mêmes dont nous nous servons encore au-
jourd'hui. » (V. Grammaire, II' PARTIE du Die
tionnaire, article de M. C. Rouzé.)
Est-ce à dire que cette classification réponde
bien à la réalité des choses ? Sans vouloir subtili-
On jalonne au préalable des lignes de sépara- ser, sans vouloir se demander si les mots, tels que
l'histoire de la langue nous les montre dans leur
tion des diverses classes de terre; on calcule la naissance, leur développement et leurs transforma-
surface de chaque catégorie et le prix suivant les tions, répondent bien à cette idée de catégories
habitudes locales, puis on procède au partage. irréductibles, qui seule caractérise véritablement
On comprend que le problème est très l'espèce, on est à tout le moins en droit d'exa-
plexe et demande une grande expérience de com-
la miner si la classification des espèces grammati-
part de l'arpenteur. cales,
( telle que nous l'avons reçue de l'antiquité
présente à l'esprit des notions bien claires, et si qualificatifs, qui désignent les manières d'être des
elle est d'accord avec elle dans toutes ses divi- personnes et des choses des déterminatifs qui
sions. en précisent plus ou moins l'acception il y a
Or, il est certain, par exemple, qu'à part le mot encore d'autres mots qui indiquent le rôle des
nom, qui dit bien ce qu'il veut dire, tous les autres personnes ou des choses dans le discours (les pro
termes dont nous nous servons pour désignerles noms, surtout les pronoms personnels); il y en a
parties du discours sont aussi peu renseignants qui affirment l'état où se trouvent les personnes
que possible et peuvent même quelquefois donner et les choses, les actes qu'elles font ou qu'elles
aux enfants des idées fausses. Qu'est-ce, je le subissent; ce sont là, pour ainsi dire, les mots
demande, que l'adjecti f ? Adjectif veut dire qui vivants, susceptibles de toutes les flexions que
s'ajoute, qui peut s'ajouter. L'adjectif est donc, comporte une indication d'unité, de pluralité, de
d'après cela, un mot qui peut s'ajouter à un autre. sexualité ou de ce qu'on y assimile, des différen-
Me voilà bien avancé. Quel est, en effet, le mot tes circonstances de tendance, de milieu ou d'é-
qui ne se trouve dans ce cas? Je sais bien que l'on poque. Il y en a d'autres qui ne désignent que de
disait autrefois le nom substanti f et le nom adjectif, simples rapports, rapports do liaison, d'apparte-
ce qui répondait à une catégorisation précise de nance, de dépendance, de conditionnalité, etc.,
l'ancienne philosophie. Mais il faut voir tout le mal soit entre les parties de phrase, soit entre les
que se donnent des grammaires, qui ne sont pas phrases. Voilà cinq ou six grandes classes de mots.
encore bien vieilles, pour distinguer du nom sub- qu'il serait possible de réduire encore peut-
stantif, lequel ne doit désigner que la substance, être, d'une part, les noms (et il faut entendre
le nom adjectif, lequel ne doit désigner que l'ac- par là tout ce qui est véritablement nom, y com-
cident. Mieux vaut encore une dénomination pris, par exemple, l'infinitif des verbes), les qua-
vague que ces toiles d'araignée métaphysiques. Le lificatifs, les déterminatifs, les pronoms, les verbes
verbe est-il mieux dénommé que l'adjectif? Verbe, (aux modes personnels), et, d'autre part, les in-
verbunz, veut dire mot. Le verbe, c'est donc le variables servant à marquer des rapports. Nous ne
mot. Le mot par excellence, peut-être. Soit, mais, parlons pas ici de l'interjection, qui, en soi, n'ap-
sans compter que le nom, qui fait la loi au verbe, partient pas au langage articulé, et dont la plu-
pourrait sans doute réclamer une juste prédomi- part des types rentrent dans d'autres classes ou
nance, ne serait-il pas à désirer que la dénomi- sont des débris de propositions. Appliquons-
nation mê:ne des espèces de mots indiquât autant nous, à récote, à faire reconnaître et distinguer,
que possible leur caractère spécial, celui qui fait par leurs traits spéciaux, ces catégories, dans
qu'ils sont des espèces ? Quand je dis t'et'~&r~, toute la variabilité, assez compliquée, Dieu merci
mammifères, bimanes, mollusques, etc., j'ai tout de leurs manières d'être et de leurs évolutions.
de suite dans l'esprit des idées précises, et voilà Mais de savoir si l'article et le participe sont.
des noms d'espèces bien formés nous n'en avons oui ou non, des mots à part; si les articles
pas de tels dans la grammaire. sont des déterminatifs ou si les déterminatifs
Il y a même, malheureusement,pis il y a des sont des articles; s'il faut dire des pronoms ad-
dénominations grammaticales qui induisent en jectifs ou des adjectifs pronominaux, etc., que
erreur, si bien que les règles concernant certaines tout cela ne nous touche point; ce n'est point
espèces de mots, c'est-à-dire, en définitive, les affaire à nous, qui avons tant d'autres choses sur
observations et constatations purement expéri- les bras, je veux dire, tant d'autres matières né-
mentales et historiques relatives à leur manière cessaires, indispensables, à enseignerà nos élèves.
d'être, ne répondent point à la définition qu'on a Prenons la classification traditionnelle telle
donnée, définition qui est une conséquence de la qu'elle est donnée dans le livre de grammaire que
dénominationmême de l'espèce. Voici, par exem- nous aurons choisi comme le meilleur, c'est-à-dire
,ple, l'adverbe. L'Académie et la plupart des gram- comme le plus simple, sans la critiquer, bien en-
maires le définissent ainsi « L'adverbe est une tendu, comme nous l'avons fait ici, non pour les
partie invariable du discours qui se joint avec les élèves, mais pour les maitres, sans nous y atta-
verbes, les adjectifs ou les adverbes, et qui les cher non plus, au moins dans les détails, comme
modifie de diverses manières. » Or cela est vrai à parole d'Evangile. Servons-nous-en comme d'un
de certains adverbes et non de tous. Cela est vrai, langage commode, puisqu'il est accepté et en-
si l'on veut, de la plupart des adverbes de lieu, tendu de tous depuis des siècles, mais en le rédui-
des adverbes de manière; cela n'est pas vrai des sant au strict nécessaire, et restons persuadés
adverbes de quantité, au moins quand ils sont sui- qu'une phrase ou un mot bien compris vaudra
vis d'un complément, qui est un véritable régime. toujours cent fois mieux qu'unephrase ou un mot
Quand je dis Beaucoupde vin amène l'ivresse ou bien analysés. Ce qui ne veut pas dire et c'est
Versez-moi beaucoup de vin, il est clair que le par là que nous voulons terminer qu'il faille
soi-disantadverbe beaucoupagit sur le verbe autre- supprimer l'analyse il faut seulement la subor-
ment que comme un simple modificatif, puisque, donner. [Ch. Defodon.]
dans le premier cas, il est sujet et, dans le second, l'ASCAtj. – Littérature française, XI. Blaise
complément direct. Ou il faudrait changer la défi- Pascal naquit le 19 juin 1623 à Clermont-Ferrand,
nition de l'adverbe, ou il faudrait ôter de l'espèce où son père exerçait les fonctions de président de
adverbe les mots comme beaucoup, assez, la cour des aides (tribunal chargé spécialement de
trop, etc., qui sont, par leur fonction, et quelque- juger les différends en matière d'impôt). Il perdit
fois par leur forme, de véritables noms. sa mère à trois ans. Son père alors vendit sa
Nous n'avons point la prétention de vouloir for- charge et s'établit à Paris avec son fils et ses deux
muler ici une classification scientifique des mots. filles, Gilberte (M"" Périer) et Jacqueline qui se
Cela demanderait de grandes études et de lon- fit religieuse à Port-Royal et mourut en 1661.
gues démonstrations. Nous voudrions seulement Le jeune Pascal était da constitution délicate,
que l'instituteur, qui se perdrait certainement mais d'une prodigieuse précocité intellectuelle.
rien qu'à essayer de mettre ensemble les innom- Son père, qui redoutait pour lui des études pré-
brables théories nées ou à naître de cette source maturées, découvrit un jour que son fils de douze
indéfinie de difficultés, voulût bien s'attacher, ans, « avec des barres et des ronds, » avait pour
dans son enseignement pratique, à quelques points ainsi dire inventé la géométrie et qu'il était par-
fondamentaux,indiscutés et indiscutables. venu tout seul jusqu'à la 32' proposition d'Euclide
Il y a, dans notre langue nous ne voulons A seize ans Pascal publiait un Traité des sections
parler que de celle-là des mots qui servent à coniques.
nommer res personnes et les choses; il y a des En 1639 il suivit à Rouen son père qui avait ét~
nommé intendant des tailles dans cette ville. Pour quelquesannées plus tard; mais on peut dire quo
l'aider dans ses calculs pénibles, it imagina sa la blessure est restée saignante, toujours ou-
Machine à compter. Puis il s'acquit un renom verte sur ses Canes. L'avenir nous apprendrasi,
immortel dans l'histoire da la physique en démon- comme quelques-unsle croient, destinée s'élargir
trant la pesanteur de l'air, en expliquant ainsi et a s'envenimer toujours plus, elle ne dégénérera
l'ascension des liquides dans les corps de pompe pas en plaie mortelle.
vidés d'air et la hmite de cette ascension en rai- Momentanément, en tout cas, le succès fut im-
son inverse du poids du liquide. Il commença la mense. Ce futunpremierappetM'opinionpublique,
science dite Calcul des joro~&t~ il entrevit le qui se prononça vigoureusement pour l'auteur et
Calcul c!t~~rf7:<M/ et intégral, enfin il inventa le pour la cause qu'il défendait, au point que l'orage
haquet. On veut même qu'il ait suggéré la pre- qui menaçait le jansénismefut détourné pour un
mière idée des omnibus. temps. Du reste, Pascal se plongeait plus que
Pascal n'était pas seulement un savant et un jamais dans les méditations religieuses, et il y ap-
inventeur, c'était aussi un homme profondément portait, dans un mélange assez bizarre, la fougue
religieux. L'atmosphère morale de sa famille et d'un esprit passionné, la profondeur et l'indépen-
~par conséquent la direction imprimée à son édu- dance d'un génie divinateur et les faiblesses <f une
cation avaient fortement incHné sa pensée vers la dévotion superstitieuse. C'est ainsi qu'il s'imposait
méditation des grands problèmes de la philoso- des macérations et des pénitences qui achevaient
phie et de la religion. A Rouen it subit l'influence de détruire une santé déjà très affaiblie, qu'il ne
d'un ecclésiastique, disciple de Port-Royal, qui reculait pas devant la nécessité de s'abélir (le mot
jeta dans son esprit les germes de la tendance est de lui), si l'on ne pouvait autrement se pro-
janséniste à laquelle il demeura ûdèle jusqu'à sa curer la foi, et qu'il maintenaitl'authenticité d'un
mort. On sait que le jansénisme désigne cette école miracle assez puéril dont la Sainte-Épine de Port-
religieuseà laquelle se rattachaientnombre d'hom- Royal aurait faitbénéficierune petite fille souffrant
mes distingués de cette époque, dont le centre d'une nstule lacrymale. Mais ce n'est pas par leurs
futàPort-Royal-des-Champs,près Paris, et dont le côtés faibles qu il convient de juger les grands
trait caractéristiqueétait de joindre à un grand hommes, et Pascal devait s'acquérir d'autres titres
tête pour l'Eglise catholique, son cuite et sa disci- à l'admiration de la postérité.
pline, des vues sur la grâce et sur les conditions Autant Pascal était volontairement croyant et
du salut qui la rapprochaient singulièrement dn soumis aux traditions de l'Église gallicane (Si mes
calvinisme.Ajoutons-yla morale très austère qu'elle lettres sont condamnées à Rome, ce y~e jy y con-
en déduisait et qu'elle opposait aux relâchements damne est eondnm?:~ dans l. ct~), autant son
et aux indulgences,aussi dangereuses que subtiles, esprit élevé voyait avec terreur s'avancer le mo-
que le jésuitisme cherchait à introduire dans la ment où les bases mêmes de la révélation chré-
pratique de la dévotion. tienne seraient contestées au nom de la phi-
Cependant l'altération de sa santé, minée par losophie, de l'histoire, de la science en un mot
des travaux excessifs, nt que les médecins lui im- de la raison. Chez lui les nouvelles notions du
posèrent des loisirs et des distractions. Pascal monde, telles qu'elles ressortent des découvertes
traversa quelques années de vie mondaine, modernes sur la constituttor de la terre et du
exempte, il est vrai, de tout libertinage, mais assez ciel (te silence éterml deces espaces infinis m'ef-
dissipée en apparence pour qu'on apprit avec sur- /faM'), faisaient malgré lui laguerre à des croyances
prise en )655 sa résolution de se retirer à Port- impliquant ou semblant impliquerune géologie et
Royal et de se livrer tout entier aux études et aux une astronomie encore enfantines Les doutes que
'uéditations religieuses dont il voulait désormais suggéraient à Montaigne les progrès des connais-
faire le seul aliment de sa pensée. sances géographiques, en lui révélant tant de pays
Est-ce, comme on l'a soupçonné, la blessure et de peuples où l'on vivait depuis des siècles
faite à son cœur par un amour déçu, ou l'influence dans une profonde ignorance du christianisme,oit
de sa soeur Jacqueline, ou bien l'accident où il l'on professait des maximes de religion et de mo-
faillit périr en traversant en voiture le pont de rale diamétralement contraires aux nôtres, vis-a-vis.
Neuilly, ses chevaux s'étant emportés et lui-même desquels la chrétienté n'était que la minorité du
étant resté quelque temps suspendu sur l'ablme, genre humain, ces doutes que le spirituel et char-
ou bien l'extase nocturne (peut-être en rapport mant écrivais résumait dans son continuel Que
physiologique avec cet accident) dont il conservait MM-~emais qui ne troublaient en rien sa belle
le souvenir écrit sur un scapulaire cousu dans son humeur, se répercutaientdans l'âme de Pascal avec
habit, ou bien enfin toutes ces circonstances en- une intensité doublée par l'accroissement des
semble qui expliquent sa brusque détermination? sciences auquel il avait tant contribué et par le
Nous n'oserions nous prononcer, tout en faisant sérieux pour ainsi dire tragique de son caractère.
observer qu'avec des caractères comme celui de Aussi, tout en luttant contre un dépérissement
Pascal, on prend souvent pour la cause de pareilles physique dont l'issue fatale et prompte était cer-
résolutions ce qui n'est que l'occasion accidentelle taine, Pascal conçut-il l'audacieux projet de fonder
d'une explosion dont tes matériaux inflammables la vérité de la révélation chrétienne et des princi-
se sont lentement et invisiblement déposés tout pales doctrines de l'orthodoxie sur un ensemble
au fond de leur être. de preuves irréfutables, capables de rendre la paix
Quand Pascal s'associa ainsi aux Arnauld, aux à son esprit agité et à tous ceux qui auraient à
d'Andilly, aux Nicole, en un mot à cette élite de subir la même crise de la foi. La mort le surprit
penseurs qui formait alors l'état-major du jansé- au milieu de ce grand travail qui n'existait encore
nisme, les affaires de ce parti religieux n'étaient dans sa pensée qu'à l'état d'ébauche et dont il avait
pas dans un état brillant. simplement tracé les linéaments ou les prélimi-
Les intrigues du parti jésuitique avaient réussi naires sur des feuilles éparses, sans ordre, que
à compromettre le jansénisme à Rome, à la Sor- ses amis trouvèrent dans sa chambre. Frappés des
bonne et auprès du pouvoir royal. C'est alors que beautés de premierordre que recélaient ces notes
Pascal, cédant à l'indignation de sa conscience confuses, ils les publièrent en t6(j9 sous le titre
d'honnête homme et de chrétien sincère, lança de Pcn~e.! de Pascal, mais non sans opérer des
contre la célèbre Compagnieses immortelles Pro- retranchementset des modifications là où les idées
vinciales sous le pseudonyme de Louis de Mon- de l'illustre défunt leur paraissaient dénoter trop
talte (t656-l<iMf). L'ordre de Loyola reçut du coup de hardiesse et pouvaient compromettre le renom
une blessure à laquelle sans doute il a survécu et de son orthodoxie. Les éditions suivantes ne remé-
dont il se vengea cruellement contre Port-Royal dièrent pas au mal. C'est en 1844 seulement que,
sur l'invitation de Cousin, M. Prosper Fougère d'élégance ou de rudesse; c'est un style honnête et
s'attacha à reconstituer l'original d'après les ma- loyal comme la pensée dont il est l'expression,
nuscrits autographes réunis en un cahier à la robuste et de mouvement aisé comme le raison-
Bibliothèque nationale. Ce travail, repris et com- nement qui se déploie sous ses formes magistrales.
plété par M. E. Havet, nous a rendu le vrai Pascal H rappelle à la fois les coups de crayon si forte-
et ses vraies Pensées. ment dessinés d'un Callot et l'effet magique des
H ne nous appartient pas de décider jusqu'à quel tableaux si magnifiquement colorés d'un Rem-
point Pascal aurait réussi dans sa vaste entreprise, brandt.
s'il lui avait été donné de la mener à bonne fin. De Dans ses Pensées, écrites, nous l'avons vu, sous
nos jours certainement on lui eût reproché une l'inspiration du moment, parfois retouchées, mais
lacune énorme dans un travail de ce genre où il dont aucune n'a reçu de son aveu sa forme défini-
est continuellement question de la Bible, des tive, il y a de temps à autre de l'obscurité et de
dogmes et des faits de l'histoire religieuse. la rudesse. Mais que d'admirables sentences admi-
Pascal, savant physicien, géomètre de premier rablement exprimées 1 On dirait de médailles frap-
ordre, profond penseur, manquait absolument pées de manière à défier les siècles. C'est au
d'érudition et de critique. On le voit qui s'extasie point que Sainte-Beuve a pu dire « Pascal, admi-
sur des contre-sens et qui accepte les yeux fermés rable quand il achève, est peut-être supérieur là
des traditionstrès contestables. Il est à cet égard où il est interrompu, Tantôt c'est un tableau
au-dessous même de son temps. Ce qui le relève, condensé, mais d'autant plus tragique, des con-
ce sont les aperçus pleins d'originalité, de perspi- tradictions et des déchirements du cœur humain
cacité psychologique, de vérité expérimentale qui tantôt un résumé amer et piquant d'observations
viennent à chaque instant reluire comme des faites sur le vif, par exemple Z/AomtHe n'est
éclairs à travers le nuage nécessairement obscur ni ange ni bête, et le MMMeMf est que qui veut
de pensées et d'observations qu'il n'a pu mettre faire l'ange /a~ bête. D
Ici c'est un aveu mélan-
lui-même dans l'ordre désiré. Il serait parfois im- colique de notre faiblesse quand il s'agit de con-
prudent de considérer comme son opinion défini- quérir une vérité qui se dérobe a nos efforts
tive ou personnelle ce qui n'était peut-être qu'un pour l'atteindre là c'est un appel émouvant à ces
premier jet d'idées sur lesquelles il se proposait « raisons
dMea°Mf que la raison ne eonnaKpas;
de revenir, ou qu'une note formulant telle objec- ailleurs c'est le sentiment de l'infini ou celui de
tion, qu'il se réservait de réfuter, ou même qu'une la grandeur du roseau pensant, supérieur à l'uni-
boutade momentanéede son humeur mélancolique vers lui-même qui l'écrase, puisque « l'avantage
et bizarre. Mais. nous le répétons, à de nombreux que l'univers a sur lui, <'MM:fH'S n'en sait rien.
« coups de griffe o on reconnalt le
lion, et à bien En un mot, les Pensées sont un riche écrin où, à
des sillons creusés par son burin se révèle l'incom côté de quelques pierres d'un éclat douteux ou
parable artiste. De plus il faut noter, en dehors même encore enveloppées dans leur gangue, on
de toute conclusion, ce qu'il y a de nouveau et découvre des diamants et des perles de la plus
de fécond dans son apologie de la religion chré- belle eau. C'est une lecture de l'âge mûr plutôt
tienne, c'est-à-dire la concordance mystérieuse que de la jeunesse, mais il est certain qu'on y re-
qu'il relève entre les besoins, les aspirations, les vient avec d'autant plus de plaisir qu'on avance
misères de l'âme humaine et les enseignements dans la vie et qu'on est mieux à même de goûter
correspondants, en quelque sorte co:?!C:(~M<s, de à la lumière de ses expériences personnelles le
cette religion. C'est par là surtout, bien plutôt que charme particulier de cette œuvre inachevée, où
par ses raisonnements souvent très faibles sur tes se sont déposées celles de l'un des plus étonnants
prophéties et les miracles, que Pascal a été nova- génies qui aient marqué dans notre histoire.
teur et qu'il a montré le chemin aux apologistes [Albert Réville.]
de la foi les plus éminents qui lui ont succédé, en PASSEREAUX. Zoologie, XVI. De tous
même temps qu'il jetait les germes d'une manière les groupes qui constituaient, pour Cuvier, la
nouvelle de comprendre la religion en général au classe des Oiseaux, celui qui a subi, grâce aux
point de vue philosophique et moral. travaux des naturalistes modernes, le plus grand
Mais c'est surtout comme écrivain, comme l'un nombre de remaniements est assurément l'ordre
de nos plus grands maltres en l'art de se servir de des Passereaux. A l'heure actuelle il se trouve
notre langue nationale, que nous avons ici à faire subdivisé, non plus en cinq sous-ordres seulement,
son éloge. Peu désireux pourlui-même de la gloire mais en une série de familles dont les unes sont
littéraire, il l'a conquise sans la chercher, parce bien caractérisées, tandis que les autres se ratta-
qu'il s'efforçait toujours de réaliser la perfection chent intimement les unes aux autres par des
dans tout ce qu'il faisait, dans la forme comme types de transition. Au milieu de ces formes si
dans le fond. Les Provinciales restent un incom- diverses, il est bien difficile de saisir quelques
parable modèle do controverse et de discussion traits qui soient communs tous les Passereaux.
à
où la finesse de la pensée, parfois même sa subti- On peut dire cependant que ces oiseaux sont tous
lité, ne font aucun tort à la vigueur du raisonne- de petite ou de moyenne taille, quils ont, pour
ment, où l'ironie, toujours de bon goût et contenue, la plupart, une charpente légère, un corps svelte,
ne cesse que pour ~aire place aux accents de l'in- un bec faible, des pattes médiocres, emplumées
dignation et de la passion légitime qui fait enfin dans la portion correspondant à la jambe, et ter-
explosion. Si l'on y pense bien, on verra que Pas- minées par quatre doigts, dont un seul est dirigé
cal, dans son ardente éloquencede controversiste, en arrière, les trois autres étant tournés en avant.
matgré les différences des temps, des caractères, Ces doigts sont le plus souvent indépendants les
des sujets, des idées, annonce Rousseau et plus uns des autres, ou tout au plus réunis à la base
d'un des grands orateurs de la tribune française. par une toute petite membrane située entre le
C'est bien la même verve tempérée par le sen- doigt externe et le doigt médian. Il est impossi-
timent des proportions, la même méthode de dis- ble de caractériser l'ordre des Passereaux d'une
cussion harcelant l'adversaire avant de l'écraser manière plus précise. C'est dire que ce groupe
d'un coup final, la même clarté d'expositionjointe n'est pas bien naturel et qu'il comprend en réa-
à une dialectique acérée marchant droit à son but, lité tous les oiseaux qu'on n'a pu faire rentrer
qualités éminemment françaises et qui ont fait à dans les cinq autres divisions Rapaces, Grim-
juste titre de Pascal un de nos premiersclassiques. peurs, Gallinacés,Echassiers et Palmipèdes. Ainsi
La phrase est limpide, simple, sans recherche les Passereaux, comparés aux Rapaces, n'ont pas,
apparente, disantnettement ce qu'elle veut dire, comme ces derniers, le bec crochu et les ongles
sans aucune fioriture ni surcharge, sans affectation acérés ils diffèrent également des Grimpeurs par
leur doigt externe toujours dirigé en avant; Ils ordres, que nous allons énumérer successivement
n'ont pas la mandibule supérieurevoûtée, le corps indiquantleurs principaux types
massif, les ailes arrondies comme les Gallinacés ent° DENTIROSTRES,ayant la mandibule
leurs tarses ne sont pas en général aussi grêles, échancrée de chaque côté, près de lasupérieure
aussi allongés que ceux des Echassiers, et leurs Pies-grièches, Cassicans, Gobe-Mouches, pointe
Tyrans,
doigts ne sont pas reliés par des membranes na- Moucherolles, Cotingas, Jaseurs, Drongos, R!Moa-
tatoires comme chez les Palmipèdes. Mais on ras, Merles, Fourmiliers, Brèves, Cincles, Phtlé-
rencontre d'ailleurs parmi !es Passereaux des dif- dons Mainates, Martins, Choquards, Loriots,
férences considérables dans la structure et les Goulins, Becs-fins (c'est-à-dire Traquets, Rubiet-
proportions relatives du bec, des membres anté- tes, FaMU?«M, Accenteurs, Roitelets, Troglodytes,
rieurs et des membres postérieurs, aussi bien Hochequeues ou Lavandières, Bergeronnettes
que dans la nature et la coloration du plumage. Farlouses), Manakins, Coqs de Roche, Eurylai- et
Le bec en alène d'un Oiseau-Mouche ne ressemble mes, etc.
guère au bec aplati et fendu jusqu'aux oreilles 2° FissmosTXES, reconnaissables
d'un Engoulevent l'aile aiguë d'un Martinet n'est large, aplati horizontalement età leur bec court,
profondément
pas taillée sur le même patron que l'aile obtuse fendu, et subdivisés eux-mêmes en deux sections,
d'une Mésange ou d'un Pinson; les pattes robus- tas Diurnes (Hirondelles et Martinets) et les Noc-
tes d'un Corbeau diBèrent beaucoup des tarses <MrftM (~K~OM~ueMh et Podarges);
minces et élancés d'une Bergeronnette et la livrée 3° CoMMSTBM, bec fort, plus ou moins coni-
verdâtre d'une Fauvette semble bien pâle à coté que, et dépourvu au d'échancrureprès de la pointe
des teintes métalliques et chatoyantes d'un Coli- Alouettes, Af~M~M, Bruants, Moineaux, Char-
bri ou d'un Soui-Manga. donnerets, Tarins, Serins, Linottes, Bouvreuils,
Les Passereaux ont en général le gésier mus- BeM-c?'OMM, Durbecs,Colious, P!'gM<-(Et<A, Cassi-
culeux, l'intestin muni de deux appendices cœ- ques, Etourneaux, Rolliers, OtMaM.e de Para-
caux, le larynx inférieur compliqué. Leur sternum dis, etc.
n'offre ordinairement qu'une seule échancrura de f TENUtMSTBEs, au bec grêle, allongé, droit,
chaque coté parfois cependant il est doublement ou plus ou moins arqué, sans échancrures laté-
entaillé, comme chez les Guêpiers et les Martins- rates Sittelles ou Torchepots, Anabates et Synal-
Pêcheurs, ou bien au contraire n'est pas découpé laxes, Grimpereaux,Echelettes, Picucules, Dicées,
sur le bord postérieur, comme chez les Martinets Héorotaires, Soui-Mangas, ~fac~KO<A~'M, Coli-
et les Oiseaux-Mouches. &M. Huppes, Promérops,Epimaques, Craves, etc.;
Sous le rapport du régime et des mœurs, on 5* SYNDACTYLES, ditTérant des quatre
constate également parmi les Passereaux de nota- précédents par leur doigt externe réuni groupes
bles difTérences les Gobe-Mouches, les Hiron- médian dans la plus grande partie de au doigt
sa largeur
delles et les Fauvettes sont insectivores, les Moi- Guêpiers, Momots, J(fo!f<t'M~-P~eAeM~, MMt'x,
neaux et les Chardonnerets recherchent surtout Calaos, etc.
les graines et les semences, les Loriots aiment A beaucoup d'égards cette classification laissait
les fruits et particulièrement les cerises les à désirer, car elle était fondée principalement
Martins-Pécheurs saisissent les poissons avec sur des différences dans la structure intimenon de
beaucoup d'adresse, et les Corbeaux mangent in- l'oiseau, mais sur des variations dans la forme du
din'éremment de la chair ou des substances végé- bec. Or cet organe peut subir des modifications
tales. De même il y a des Passereaux qui vivent profondes, pour satisfaire à certains besoins de
isolés comme les Huppes, et d'autres qui se réu- l'animal, sans que les os du
nissent, au moins à certaines saisons, en troupes bres éprouvent corps et des mem-
de notables changements, et d'au-
nombreuses, comme les Etourneaux. Certains tre part le bec présente souvent une forme iden-
Passereaux, tels que les Brèves et les Lavandières, tique chez des passereaux dont la charpente
courent sur 1~ sol avec rapidité; d'autres, comme seuse n'est pas du tout constituée sur le même os-
les Toucans, restent ordinairement perchés d'au- type. En d'autres termes,
en s'attachant exclusive-
tres enfin, les Martinets par exemple, ne font pres- ment à des caractères tirés de l'aspect extérieur,
que point UMge de leurs pattes, et, portés sur on s'expose à placer dans un même groupe des
leurs ailes puissantes, fendent l'air qui est leur oiseaux qui n'ont pas les uns avec les autres des
véritable élément. ressemblances fondamentales, et vice M~<< à sé-
La plupart des Passereaux sont doués d'une voix parer d'autres oiseaux qui, en dépit de différences
très forte relativement à leur taille, mais cette apparentes, sont en réalité construits sur le mémo
voix est rude et désagréable chez les Geais, les plan. C'est même ce qui est arrivé à Cuvier, qui
Pics et les Corbeaux, tandis qu'elle est singuliè- rapproché les Martinets des Hirondelles, et quia
rement harmonieuse chez les Rossignols et les d'un autre c&té cru devoir éloigner les Craves
Fauvettes. Aussi, depuis les temps les pins recu- et les Choquardsades Corbeaux proprement dits.
lés, un grand nombre de Passereaux ont-ils été Ainsi, comme nous le disions plus haut, la clas-
gardés en captivité, à cause de la douceur et de la sification proposée par ce grand naturaliste été
variété de leurs chants; mais c'est à peine si l'on profondément modifiée et certains genres onta été
peut citer dans cet ordre un ou deux oiseaux qui dédoublés, ou même étevës au rang de familles.
soient devenus pour l'homme de véritables auxi- Mais, comme cela arrive souvent,
liaires, des animaux domestiques. on est probable-
ment allé trop loin dans cette voie, et l'on a sans
Dans la dernière édition du Règne animal doute exagéré le nombre des subdivisions de l'or-
(1829) l'ordre des Passereaux a été subdivisé par dre des Passereaux. Quoi qu'il soit à cet égard,
Cuvier en deux grandes catégories les PtM~ereaMi!: voici quelles sont les famillesengénéralement
ordinaires, chez lesquels le doigt externe est libre mises, à l'heure actuelle, parmi les Passereauxad-
ou n'est réuni au doigt médian que par une ou 1. Bucconidés ou Barbus.
deux phalanges, et les Passereaux syndactyles, 2. Alcédinidés ou Martins-Pecheurs.
chez lesquels le doigt externe, presque aussi long 3. jKe''op!.6~ ou Guêpiers.
que le doigt médian, est soudé à ce dernier jus- 4. Ga/OMM~ ou Jacamars.
qu'à la pénultième phalange. Les Passereaux syn- 5. Momotidés ou Motinots.
dactyles ne renfermentqu'un seul groupe, tandis 6. Todidés ou Todiers.
que les autres se partagent de nouveau en quatre 7. Trogonidés ou Couroucous.
groupes secondaires, d'après des caractères tirés 8..BM<M'o<tdMou Calaos.
exclusivement de la forme du bec. Ainsi, pour 9. JMMsop~o~tdM ou Touracos.
Cuvier, les Passereaux comprennent cinq sous- 10. Co/!MK~ ou Colious.
t). C~<;K<yK.fesou Cotingas. traité
t de la Connaissance de Dieu et de so:-m~K:
]2. Pipridés ou Manakins. distingue
( onze passions:l'amour et la haine, le
13. BMy!<M!:a<M ou Eurylaimes. désir
c et l'aversion, la joie et la tristesse, l'audace
14. Coraciadés ou Rolliers. c la crainte, l'espérance et le désespoir, et enfin
et
)5. Paridés ou Mésanges. !a colère. C'est là une énumération des diver-
16. Certhiidés ou Grimpereaux. ses
s crises par lesquelles passent, dans leur histoire
n. ïro~oaf!/<:(.Ms ou Troglodytes. ttoujours semblable à elle-même, les sentiments
18. Anabatidés ou Fourniers et Sittelles. du
< cœur humain. Le père qui aime ses enfants
19. ~e'nMt'!ef~ ou Lyres. tantôt
t se réjouit de leur succès, tantôt se sent
20. UpMp!p:aMs ou Huppes. attristé
s par leurs malheurs il désire tout ce qui
3). Proméropidés ou Promérops. 1les rend heureux, il a de l'aversion pour tout ce
22. Meh'/)~a~!6fes ou Soui-Mangas. qui leur nuit, et ainsi de suite. Le patriote espère
23. C<B?'~& ou Guitguits. la
1 victoire, désespère après la défaite; dans la
24. rroc/t:'hdM ou Oiseaux-Mouches. lutte
1 il passe de l'audace à la crainte il est plein
25. Cypsélidés ou Martinets. de
f colère contre les ennemis de sa patrie, enfin
26. Cc!pf:mM~M ou Engoulevents, i éprouve tour à tour les émotions contraires ana-
il
27. 7~faKntt~ ou Tyrans. lysées
) par Bossuet sous le nom de passions. Bos-
28. ~MMi'ca/M'a~ ou Gobe-Mouches. suet ajoutait que le principe unique de toutes les
29. Dicruridés ou Drongos. passions est l'amour la joie en effet est un amour
30. Rirundinidés ou Hirondelles. satisfait,
s la tristesse un amour contrarié l'espé-
31. Artamidés ou Langrayens. trance un amour qui se représente complaisamment
32. 0)'tO<efM ou Loriots. iles motifs qui lui promettentla satisfaction de son
33. Pycnonotidés ou Ixos. désir la colère, un amour qui s'emporte contre
34. Pittidés ou Brèves. les obstacles semés sur sa ruute.
35. H:/dt'o&a<:dM ou Cincles. Spinoza, dans sa belle étude sur les passions,
36. Turdidés ou Merles. véritable anatomie de la partie automatique de
37..LtMC!)!s ou Becs-fins. t'âme humaine, attachait au mot passion la même
38. jM<t~act/c!e'~ ou Lavandières, signification que Bossuet. La joie, disait-il, est la
39. JMKMh'~t'~M. passion par laquelle l'âme passe à une perfection
40. y;rMK:a~. plus grande la tristesse, une passion par laquelle
41. Laniidés ou Pies-grièches. l'âme passe à une moindre perfection. A la joie
42. Alaudidés ou Alouettes. et à la tristesse il ajoutait le désir, et s'efforçait
43. EmA~id~ ou Bruants. de prouver que toutes les passions naissent de ces
44. Fringillidés ou Gros-Becs. passions élémentaires.
45. rama~r: ou Tang.tras. Aujourd'hui il y a une tendance marquée chez
46. Plocéidés ou Tisserins. les philosophes à donner au terme passion une
47. /c<e)-:t/e~ ou Troupiales. interprétation différente. Le sens philosophique du
48. Sturnidés ou Etourneaux, mot se rapproche de son sens vulgaire. Les pas-
49. P«r~~s:c<M ou Paradisiers. sions ne sont plus les éléments de la sensibilité
50. Co!'u:t<e-f ou Corbeaux. elles sont au contraire des états éminemment
Dans cette liste, toutes les familles dont le nomcomplexes
la
et compliqués, où toutes les forces de
sensibilité s'unissent et s'exaltent; elles sont
est précédé d'un astérisquene comptent pas de re-
présentants dans notre pays. [E. Oustalet.] les inclinations elles-mêmes arrivées à leur pa-
PASSIONS. Psychologie, IV. Pour bien roxysme, affranchies de tout frein, maîtresses et
comprendre la nature des passions, il faut consi- souveraines de l'âme.
dérer d'abord que les phénomènes psychologiques A ce point de vue, il y a autant de passions que
qu'on appelle ainsi se rattachent à la sensibilité, d'inclinations naturelles. Toute affection peut se
c'est-à-dire à la faculté d'aimer ou de hair et par présenter tantôt sous une forme modérée et rela-
suite d'éprouver du plaisir ou de la peine, comme tivement calme, tantôt sous une forme passionnée.
les pensées, les raisonnements se rattachent à l'in- Les inclinations personnelles et égoïstes, qui ont
telligence, les résolutions libres à la volonté. Les pour principe l'amour-propre, les inclinations
passions appartiennentà cette moitié inférieure de affectueuses et sociales, qui dérivent de l'amour
l'âme, que les anciens philosophes appelaient d'autrui, peuvent toutes donner naissance à des
l'âme irrationnelle, celle que l'instinctgouverne, où passions, les unes radicalement mauvaises, comme
la nature agit seule, et qui constitue dans l'homme l'avarice, l'orgueil, l'ogoïsme les autres mêlées
un monde à part, distinct de celui où règnent la de bien et de mal, comme l'ambition, l'amour les
raison et la volonté réfléchie. autres presque absolument bonnes, comme le pa-
Comme tous les phénomènes de la sensibilité, triotisme. Les affections désintéressées et ab-
les passions, quelle que soit leur forme, ont pour straites par lesquelles notre cœur s'attache à la
caractère essentiel qu'elles consistent en mouve- science, à la vertu, peuvent elles-mêmes dégé-
ments d'amour ou d'aversion pour tel ou tel objet, nérer en passions mauvaises ou s'exalter jusqu'à
et qu'elles sont la source de toute sorte de jouis- des passions sublimes. L'ascétisme est la passion
sances et de souffrances. de la vertu le fanatisme, la passion de la reli-
Mais le langage philosophique est si mal établi gion. En un mot il n'y a pas, dans l'homme, de
que le mot passion a désigné, dans l'histoire de la goût, quel qu'il soit, d'appétit, de tendance, qui ne
philosophie, et désigne encore des faits très diffé- puisse en s'avivant, en s'enflammant, arriver à cet
rents. Passion, pour le vulgaire, est synonyme de état particulier et caractéristique qui s'appelle la
trouble, de désordre violent de l'âme; et cepen- passion.
dant pour Descartes, pour Bossuet,l'espérance,l'ad- On a proposé un grand nombre de classifications
miration, ces états calmes et doux de la sensibilité, des passions. Les uns, préoccupés du point de vue
étaient des passions. La passion a été tantôt défi- physiologique et de la part que les organes du
nie l'état extrême, désordonné de chacune, nos corps prennent au développement des passions,
de
inclinations,toute affection poussée à l'excès; tan- ont distingué les passions organiques, -celles qui,
tôt elle a représenté les diverses modifications comme la gourmandise, dérivent d'appétits phy-
que traverse, dans son évolution, chacun de nos siques les passions sensorielles, celles qui se
sentiments. rattachent aux sens; enfin les passions co'et~/M,
C'est dans ce sens que Bossuet et l'écolecarté- celles où le cerveau joue le principal rôle. Sans
sienne entendaient surtout la passion. Ainsi, le nier les rapports étroits qui unissent physique le
au moral, surtout quand il s'agit de la passion, il moins doit il se proposer de n'être que passion.'
nous semble qu'en acceptant une semblable clas- Aussi est-il légitime de rechercher tous les
sification on méconnattrait le caractère psychologi- moralistes les moyens de prévenir avec les passions
que des phénomènes qui nous occupent. Ces phé- avant qu'elles naissent, de les extirper quand elles
nomènes doivent être étudies en eux-mêmes et ont pris possession de l'âme. Mais autant il est
classés d'après un principe psychologique. nécessaire d'engager la lutte contre elles, autant
C'est un principe de ce genre que proposait un il est difficile d'y réussir.
éminent physiologiste, Gratiolet, quand it distin- Voici comment Montaigne nous conseille d'a-'
guait ies passions en deux classes les passions gir avec tes passions que nous désirons surmonter.
homogènes, c'est a-dire simples, ou composéesd'élé- « C'est une doulce passion que la vengeance.
ments de même nature; et les passions hétéro- Pour en distraire dernièrement jeune prince,
gènes. c'est à-dire formées d'éléments différents. je ne luy allois pas disant qu'il un falloit prester la
A vrai dire toutes les passions appartiennent à la joue à celuy qui vous avoit frappe l'aultre, pour
seconde classe, et les prétenduespassions homo- le debvoir de charité ny ne lui allois représenter
gènes de Gratiolet ne sont pas des passions, dans les tragiques événements que la poésie attribue
le sens actuel du mot. à cette passion je la laissay là, et m'amusay a tuy
La meilleure classification des passions est en- faire gouster la beauté dune image contraire;
core celle qui les distingue d'après la nature de l'honneur, la faveur,la blenvneillance qu'il acquer-
l'objet qu'elles poursuivent. Tout phénomène psy- roit par clémence et bonté je le destournay à
chologique a essentiellement pour caractère de l'ambition. Partout ailleurs de mesme une aigre
tendre à nne fin, tantôt clairement conçue et vo- imagination me tient ;je trouve plus court, que de la
lontairement recherchée, comme dans les actes de dompter, la changer je luy en substitue, si je ne
la volonté, tantôt obscurément entrevue et instinc- puis une contraire, au moins une aultre tou-
tivement poursuivie, comme dans les mouvements jours la variation soulage, dissoult et dissipe. Si
de la passion. Il y aura donc autant de classes dis- je ne puis la combattre, je luy eschappe et en la
tinctes de passions qu'il y a de catégories de choses fuyant, je ruse muant de lieu, d'occupation, de
agréables, sollicitant le désir. compaignie, je me sauve dans la presse d'aultres
Ce qui importe d'ailleurs, c'est moins de amusements et pensées, où elle perd ma trace et
dresser le tableau des passions, que de compren- m'esgare. »
dre leur nature, de définir les caractères qui C'est le même conseil donne Bossuet,
leur sont communs à toutes, de se rendre compte quand il nous recommandeque de ne pas combattre
de leur puissance, de leurs effets sur l'âme, et tes passions « de droit fil t, c'est-à-dire de ruser,
aussi des moyens qu'il faut employer pour les de biaiser avec elles, comme on arrête les ravages
combattre. d'un torrent, non en lui opposant des digues qu'il
La passion peut être définie la recherche irré- briserait, mais en détournant son cours dans une
Séchie dp plaisir. C'est par là précisément qu'elle autre direction. Le mieux est cependant d'empê-
s'oppose à la raison. La raison tend volontairement cher la passion denattre.ptutôt que d'avoira ta com-
au bien la passion tend aveuglément au plaisir. battre. Pour l'âme comme pour le corps l'hygiène
Une fois établie dans t'ame, la passion y agit à vaut mieux que la médecine. Au début, quand la
la façon d'une idée fie. Le plaisir particulier passion éclate pour la première fois, il est aisé de
qu'elle aime se représente sans cesse & l'intelli- s'en débarrasser. Plus tard la guérison devient
gence. L'esprit n'est plein que d'une seule pensée. difficile, parce que la passion a pris racine dans le
Le désir sollicité par cette image incessamment cœur; mais elle n'est jamais impossible, puisque
renouvelée s'accrolt et s'exaspère. Il n'y a plus de nous gardons toujours à notre portée ces deux
place pour les autres affections. Toute réflexion instruments de relèvement et de délivrance, la rai-
est impossible. L'âme entière est esclave d'un son et la Hberté. [G. Compayré.1
désir unique. Les autres facultés sont abolies ou PAYSANS. Histoire générale, XXXIX-XL.
tout au moins n'entrent en exercice que pour L'histoire des classes agricoles formerait l'un de&
aider la passion à atteindre son objet. chapitres tes plus intéressantsde l'histoiregénérale
Il est facile de comprendre d'après cela les effets de l'humanité. On ne l'a pas encore écrite; à
désastreuxqu'engendre la passion. Aussi certains peine trouve-t-on chez les auteurs anciens, dans
philosophes, les stoïciens, par exemple, ont-ils cru les chroniques du moyen âge, et même dans les
devoir la condamner et la proscrire absolument. livres de la plupart des historiens modernes, quel-
L'idéal de la sagesse consistait pour eux dans ques rares indications sur la condition des paysans
I'!MM)aM;&!7tM, c'est-à-dire dans un état de calme chaque époque.
parfait, que ne trouble aucune émotion. Sans Dans les monarchies barbares de l'antique
aller jusqu'aux paradoxes et aux exagérations des Orient, Egypte, Assyrie, Perse, Inde, l'agriculteur
stoiciens, il est impossible de ne pas reconnaltre se trouvait réduit à la servitude il cultivait
combien la nature humaine s'abaisse et se dégrade autrui une terre qui ne lui appartenait pas. Hpour en
en général, quand elle abdique sa raison et sa est à peu près de même dans la Grèce homérique
liberté, pour s'asservir à la passion. On ne saurait le sol appartient aux princes ou à leurs compa-
trop s'étonner que des philosophes modernes, gnons les fermiers d Ulysse, Eumée, PhUétios,
comme Helvétius au dix-huitième siècte, comme sont esclaves. Dans la Grèce historique, du Vt* au
Fourier dans le nôtre, aient voulu réhabiliter l'in- i[' siècle avant notre ère, il est difficile de se ren-
stinct irréfléchi, et, par un excès contraire à celui dre exactement compte de ce qu'était la condition
des stoïciens, proposé à l'homme comme idéal de la classe vouée à la culture de la terre; it sem-
l'émancipation des passions. ble qu'il y eut, à côté des esclaves ruraux em-
La vérité ne se trouve dans aucune de ces opi- ployés sur les grands domaines de l'aristocratie,
nions extrêmes. !t y a, quoi qu'en pensent les stoï- un certain nombre de petits propriétaires libres
ciens, des passions nobles, généreuses. Lorsque mais la population des campagnes était politique-
l'objet de notre amour est louable, vraiment digne ment subordonnée à celle des cités les citoyens
d'être aimé,la passion, dans son ardeur irréfléchie. commandaient, les paysans n'avaient pas de part
dans son impétuosité violente, peut enfanter des au gouvernement. Athènes seule faisait exception
prodiges de vertu. D'autre part, quoi qu'en disent les communes rurales avaient été fondues dans la
les fouriéristes, la raison est supérieure à la pas- grande communauté urbaine toute l'Attique ne
sion c'est à elle qu'appartient le gouvernement formait qu'une seule cité, et l'habitant de Mara-,
de la vie humaine, et si l'homme ne doit pas être thon, d'Eleusis ou de Colone avait les mêmes droits
exclusivement une raison sèche et froide, encore que celui de la métropole. Mais là même, a cût&
des agriculteurs libres et citoyens, il y avait une par les armes leur fière indépendance; les com-
population servile, et le petit propriétaire qui cul- munautés des montagnards gallois et écossais
tivait lui-même ses quelques arpents de terrain n'avaient jamais connu de maltre. Enfin, dans
se faisait aider par des esclaves. l'Europe du centre, du Nord et de l'Est, parmi les
Aux premiers temps de Rome, la culture des populations germaniques et slaves, la féodalité
champs était le travail le plus honoré le patricien n'avait pris pied que lentement les paysans
vivait volontiers sur ses terres, et tenait lui- avaient conservé, partout où ils l'avaient pu, leur
même le manche de la charrue. Cependant il ne organisation primitive en communautés possédant
faudrait pas se représenter le peuple romain, collectivement le sol, et plus d'un petit peuple
même dans son âge héroïque, comme une commu- avait su garder ses franchises, les Suisses grâce à
nauté de travailleurs libres et égaux; le vertueux leurs montagnes, les Frisons grâce à leurs marais.
Cincinnatus avait des esclaves; en outre, si la On sait combien de fois, durant le cours du
simplicité de ses mceurs passa en exemple à la moyen âge, les malheureux serfs des campagnes
postérité, c'est qu'elle n'était pas commune il y réduits au désespoir protestèrent par des révol-
avait, dès cette époque, des Romains riches qui tes, toujours étouffées dans le sang, contre labru-
vivaient à la ville du revenu de leurs domaines il talité de leurs seigneurs. Ces rébellions sans cesse
y avait aussi une population d'hommes libres, mais renouvelées n'aboutissaient qu'à des massacres
non propriétaires (les prolétaires), qui louait ses périodiques il semblait que le paysan fût à per-
bras aux détenteurs du sol, patriciens ou pétuité condamné à vivre dans la condition d'une.
plébéiens enrichis. Il vint un temps où, le nom- bête de somme. Cependant, au xiv* siècle, on peut
bre des esclaves s'étant immensément accru, les croire un moment que les choses vont changer. Un
prolétaires, qui ne trouvaient plus à s'employer et roi de France, Louis le Hutin, a solennellement
qui demandaient à la République de les nourrir, reconnu que « selon le droit de nature, chacun
constituèrentpour l'Etat une charge et un danger doit nattre franc, a et a offert la liberté aux serfs
c'est alors qu'à plusieurs reprises les tribuns qui voudront l'acheter; la puissance des seigneurs
proposèrent que les terres publiques, conquises décline devant l'autorité royale; les villes s'éman-
sur les peuples italiens et dont les patriciens s é- cipent en Flandre, elles obtiennent, en Angleterre-
taient illégalement approprié la jouissance,fussent et en France, d'avoir des représentants au Parle-
distribuées aux citoyens pauvres ils voulaient, ment CL auxbourgeoisie parisienne, le désastre
Etats généraux.Après
la
de
par la loi ayratfe, constituer une classe nom- Poitiers, la sous con-
breuse de petits propriétaires. Cette tentative duite d'Etienne Marcel, tente une révolution poli-
échoua tout le sol italien fut bientôt la proie tique et veut mettre l'autorité royale en tutelle,
d'un petit nombre de maîtres, qui faisaient cul- L'esprit de révolte gagne alors les campagnes les
tiver leurs immenses domaines par des troupeaux serfs de flle-de-France,(1358), de la Champagne, de la
d'esclaves; le même système d'exploitation fut Picardie, se soulèvent massacrent les sei-
introduit dans les provinces, Sicile, Gaule, Espa- gneurs, brûlent les châteaux, et, s'organisant en
le vaste ter- armée, annoncent l'intention de détruire la no-
gne, Afrique l'agriculture déclina, etpeine Jacquerie
ritoire de l'empire romain aurait eu a nour- blesse dans tout le royaume. La appor-
rir ses habitants, sans la fertilité exceptionnelle tait à Marcel un renfort inespéré les bourgeois de
de quelques districts, les greniers de Rome. Le Paris, après quelque hésitation, s'allièrent avec
travail de la terre ne fut plus considéré que les paysans insurgés. De leur coté, les princes
comme une occupation servile, Les esclaves ru- péril Charles de Valois et Charles de Navarre, devant le
dixièmes de la commun, firent trêve à leur querelle; tout ce
raux, ou colons, formaient les neuf traités les la noblesse put réunir de forces fut envoyé
population totale; moins durement que que
esclaves domestiques, ils avaient le droit de pos- contre les yacoMM. Ceux-ci furent défaits devant
séder, de contracter mariage légalement; ils la citadelle de Meaux, puis vaincus encore en plu-
payaient à leurs propriétaires une redevance enfin, sieurs rencontres par le roi de Navarre et le cap-
ils ne pouvaient être vendus sans la terre à laquelle tal de Buch. Bientôt, privés de chefs, etlncapables
ils étaient attachés, ni celle-ci sans eux. de tenir tête à des adversaires bien 'armés, les
Lorsque le christianisme eut remplacé les paysans virent leur cause perdue. Les seigneurs
vieux cultes païens, et la domination des barbares se vengèrent, par des supplices affreux et une
celle des empereurs, rien ne fut changé dans la extermination générale, de la rébellion qui avait
condition de la classe agricole elle demeura es- failli détruire leur pouvoir; au bout de quelques
clave. Nous n'entrerons pas ici dans le détail de semaines, la Jacquerie n'était plus qu'un sanglant
ce que fut la servitude à l'époque barbare et féo- souvenir. La défaite des paysans entralna la sou-
dale nous ne rappellerons pas les misères du mission des Parisiens, qui, après l'assassinat de
malheureux paysan, les dures exactions dont on Marcel, durent ouvrir leurs portes au dauphin
l'accablait, les horribles cruautés auxquelles il Charles.
était en butte nous renvoyons à l'article Servage. Vingt-cinq ans plus tard, une autre Jacquerie
H ne faudrait pas croire, cependant, que l'escla- éclatait en Angleterre. Les paysans révoltés, sous
de Wat-Tyler, s'emparèrent de
vage du paysan fût universel en Occident, et que le commandement trompés de fausses
la main de 1er des barons féodaux eût réussi à Londres mais, par promesses,
massacrés
imposer partout un joug uniforme. Des circon- ils se dispersèrent, et furent ensuite
royales. La même année précisé-
stances locales, géographiques ou historiques, par les troupesles flamandes étaient
avaient pu préserver de la servitude un district, ment (1382), communes
une province, toute une région les paysans y écrasées à Rosebeke, et Paris perdait de ses der-
étaient restés ou devenus maîtres du sol qu'ils nières libertés. Le xiv* siècle s achevait dans l'Eu-
cultivaient,et avaient réussi à maintenir, leur in- rope occidentale par le triomphe des nobles et de
dépendance. C'est ainsi qu'en Gaule, les popula- la royauté sur la bourgeoisie et les paysans. Pas
tions agricoles de la Bretagne, de certains districtspartout, cependant. Les paysans desaussi, montagnes
des Cévennes, des Alpes, des Pyrénées, avaient suisses avaient fait leur jacquerie et ils
échappé longtemps à l'asservissementgénéral. En étaient demeurés victorieux des seigneurs féo-
Espagne, après l'invasion arabe, les chrétiens ré- daux les batailles de Morgarten, de Laupen, de
fugiés dans les Asturies y avaient constitué uneSempach, de Nsefels, avaient consacré leur affran-
nation égalitaire, où tout paysan était libre et chissement.
gentilhomme. En Grande-Bretagne, beaucoup de L'émancipation des serfs n'avait pu s'accom-
vaillants Saxons avaient refusé d'accepter la domi- plir d'un seul coup, par une révolution elle se fit
nation des seigneurs normands, et maintenaient graduellement.Durant les xv. et xvt' siècles, en-
'France, la condition des paysans s'améliora peuàa encore le plus et c'est sur elle aussi que tombe
peu un nombre toujours croissant d'entre euxx tonte la diminution des hommes qui arrive dans
i
achetèrent leur liberté; mais, quoique devenu te royaume. Ces paroles courageuses valurent à
libre de 8a personne, ie paysan n'en demeuraitpass Vauban la disgrâce royale.
moins soumis aux innombrables droits féodaux, Sous l'influence des idées propagées par les
corvées et redevances. philosophes et les économistes du xviir siècle,
Le commencement du xvi' siècle fut signale, enl l'opinion publique commença enfin se
Allemagne, par une révolte générale des paysanss cuper du sort des paysans. Voltaire plaida en fa-
préoc-
i
de la Souabe, de la Franconie et de l'Alsace, qui veur des serfs ecclésiastiques de Saint-Claude;
demandaient, au nom des préceptes de l'Evangile, Louis XVI émancipa les derniers serfs de la cou-
t
un allègement des charges qui pesaient sur eux ronne. En Suisse, les populations rurales, oppri-
(15!5). Ce soulèvement fut étouBe dans des flots mées par les gouvernements oligarchiques, com-
de sang. mencent à réclamer l'égalité politique. L'Europe
A la fin du même siècle, les paysans russes, quii s'était enthousiasmée pour les t~uM'yc~t améri-
jusqu'alors avaient été des hommes libres, furentt cains, qui avaient proclamé les premiers les droits
réduits à la condition de serfs par un édit du tsarr de l'homme. Plusieurs souverains phitanthropes
Boris Godounov. essayèrentdes réformes dont tes agriculteurs,dé-
Au xvi!' sièete, l'histoire s'occupe rarement des) sormais respectés, devaient bénéficier. Mais !e
paysans ils ont renoncé presque partout aux re-lourd édince de la féodalité subsistait toujours
vendications violentes, et semblent résignes a leurune révolution seule pouvait le détruire. Ce fut la
sort, qui, pour être moins horrible qu'au moyenFrance qui en prit l'initiative. La nuit du 4 août
âge, est encore bien digne de pitié. On connalt laL 1789 emporta le régime féodal, et bientôt après,
page que La Bruyère a consacrée aux paysans
français « L'on voit certains animaux farouches,
par
la la vente des biens du clergé et de la noblesse.
terre passa aux mains des paysans, devenus en
des mâles et des femelles, répandus par la cam- même temps citoyens et propriétaires.
pagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, atta- Le contre-coup de la Révolutionfrançaise se nt
chés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuentsentir plus ou moins promptement dans l'Europe
avec une opiniâtreté invincible ils ont comme une entière. Certains pays conservèrent les vieux abus
voix articulée, et, quand ils se lèvent sur leurs féodaux pendant un demi-siècle encore; ainsi
pieds, ils montrent une face humaine, et en effet l'Autriche, où le paysan ne fut émancipé définiti-
ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des vement qu'en )848. Dans beaucoup de monarchies,
tanières où ils vivent de pain noir, d'eau et de ra- l'aristocratie,en perdant ses droits sur le paysan,
cines ils épargnent aux autres hommes la peine conserva la propriété de la terre, en sorte
de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, populations agricoles n'ont pu y arriver que les
à la pos-
et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain session du champ qu'elles cultivent; on sait quelle
qu'ils ont semé. » On sait aussi avec quelle légè- misère et quelle agitation a produites en Irlande
reté M"' de Sévigné raconte les penderies qui eu- une situation semblable, qui s'y perpétue depuis
rent lieu en Bretagne à la suite de l'émeute de des siècles et s'aggrave de la haine de races. La
i675, provoquée par le manque de foi de Louis XIV Russie n'a aboli le servage qu'en t86<.
qui avait violé les droits reconnus de la province A l'heure qu'il est, on peut dire que les pays
« On dit qu'il y a cinq ou six cents bonnets bleus civilisés se répartissent, au point de vue de l'agri-
en Basse-Bretagnequi auraient grand besoin d'être culture et de la condition économique du paysan,
pendus pour leur apprendre à parler. Nos pau- en deux catégories les pays de petite et ceux
vres Bas-Bretons s'attroupent quarante, cinquante de grande propriété. La France est le type des
par les champs et dès qu'ils voient les soldats, ils premiers, l'Angleterre celui des seconds. La
se jettent à genoux, et disent Mf<! cM~x! c'est le petite culture favorise l'effort individuel; elle
seul mot de /fanpaM qu'ils sachent. On ne offre l'avantage de faire participer à la propriété
laisse pas de pendre ces pauvres Bas-Bretons; une proportion très considérable des travailleurs
ils demandent a boire et du tabac, et qu'on les dé- agricoles; mais elle est restée, jusqu'ici, un obs-
pêche. » Veut-on enfin un tableau de la situation tacle à l'application des perfectionnements
du peuple des campagnes vers la fin du règne de la science moderne a apportés aux procédés d'ex- que
Louis XIV ? voici comment s'exprime Vauban dans ploitation du sol la grande culture, au contraire,
la préface de la Z):.Eme royale, en dépeignant les permet d'utiliser facilement ces procédés
abus exercés dans la levée des impôts « Il est cer- obtenir à moins de frais une production pour plus
tain que ce mal est poussé a l'excès, et que si l'on abondante mais les inconvénients d'un système
n'y remédie, le menu peuple tombera dans ex- qui monopolise entre les mains d'un petit nombre
trémité dont il ne se relèvera jamais; les une grands de privilégiés le territoire entier d'un Etat sont
chemins de la campagne et les rues des villes et tels, qu'ils ont fait naître, chez des économistes
des bourgs sont pleins de mendiants, que la faimet comme Stuart Mill, l'idée de la nationalisationdu
la nudité chassent de chez eux. Par toutes les sot. Nous n'aborderons pas ces questions, qui
recherchesque j'ai pu faire, depuis plusieurs an- rentrent pas directement ne
dans notre sujet, et nous
nées que je m'y appliquej'ai fort bien remarquéque arrêtons ici ce rapide aperçu, en renvoyant,
dans ces derniers temps, près de la dixième partie pour
d'autres détails, aux articles spéciaux que ce Dic-
du peuple est réduite à la mendicité, et mendie ef- tionnaire contient sur divers sujets touchant à
fectivement; et que des neuf autres parties, il y en l'agricultureou a l'histoire des paysans.
a cinoqui ne sont pas en état de faire l'aumône a Lectures et dictées. Le paysan /Wm{;aM et la
ceIle-H, parce qu'eux-mêmes sont réduits, a très Révolution. Qu'est devenue maintenant la race
peu de chose près, à cette malheureuse condition. 1timide et servile qui portait la tête si bas, la bête
Je me sens encore obligé d'honneur et de con- encore à quatre pattes? Je ne peux plus la trouver.
que, de tout temps, on n'avait pas eu assez d'égard
j
science de représenter à Sa Majesté qu'il m'a paru Aujourd'hui ce sont des hommes.
Il n'y eut jamais un labour d'octobre comme
en France pour ie menu peuple, et qu'on en avait celui c de 91, celui où le laboureur, sérieusement
fait trop peu de cas aussi c'est la partie la plus averti
ruinée et la plus misérable du royaume c'est allé ¡1la première par Varennes et par Pilnitz, songea pour
fois, roula en esprit ses périls, et
cependant qui est la plus considérable' par son toutes t les conquêtes de la Révolution qu'on vou-
nombre, et par les services réels et effectifs qu'elle 1lait lui arracher. Son travail, animé d'une indigna-
lui rend. Car c'est elle qui porte toutes les char- tion t guerrière, était déjà pour lui une campagne
-ses, qui a toujours le plus souffert et qui souffre en t esprit. Il labourait en soldat, imprimait à la
charrue le pas militaire, et, touchant ses bêtes partie du sol des Pays-Bas a été formée de leurs
d'un plus sévère aiguillon, criait à l'une: Hu!I alluvions, et l'ensemble du royaume forme une
la Prusse! "l'autre: Va donc, Autriche » vaste plaine qui émerge à peine au-dessus des
Le bœuf marchait comme un cheval, le soc allait flots. Si, aux confins de la Prusse rhénane, du côté
âpre et rapide, le noir sillon fumait, plein de d'Aix-la-Chapelle, on trouve quelques points du
souffle et plein de vie. territoire néerlandais atteignantjusqu'à s00 mètres
C'est que cet homme ne supportait pas patiem- d'altitude, partout ailleurs les rares collines de
ment de se voir ainsi troublé dans sa possession &0 mètres d'élévation forment des Mots distincts,
récente, dans ce premier moment où la dignité entourés de terres dont l'altitude dépasse de
humaine s'était éveillée en lui. Libre et foulant quelques mètresseulementle niveau de la mer, et
un champ libre, s'il frappait du pied, il sentait descend même souvent au-dessous de ce niveau.
dessous une terre sans droit ni dîme, qui déjà De fortes digues, construites à grand'peine, en-
était à lui, ou serait à lui demain. Plus de sei- tretenues avec grand soin, défendent ces terres
gneurs tous seigneurs! tous rois, chacun sur sa basses contre l'irruption des flots marins, et se
terre, le vieux dicton réalisé: « Pauvre homme, continuentle long des fleuves pour les empêcher
en sa maison, Roi est. o de promener leurs eaux de crue à travers les
Et en sa maison, et dehors. Est-ce que la France champs cultivés.
entière n'est pas sa maison, maintenant?Hier, il Limites et contours. Bien que la frontière qui
venait, tremblant, mendier la justice par devant sépare les Pays-Bas du Hanovre allemand semble
Messieurs, comme si c'était une grâce il fallait conventionnelle sur la carte, les deux contrées
payer d'abord, puis l'on se moquait de lui. Lui- n'en sont pas moins naturellement séparées par
même aujourd'hui est juge, et il rend gratis la les marais et les tourbières qui s'étendent d'une
justice aux autres. Le voilà, ce paysan, assesseur manière presque continue sur leur limite commune,
du juge de paix, membre du conseil municipal, et que les armées romaines ne pouvaient déjà
l'un des treize cent mille nouveaux magistrats, franchir, à l'époque de leurs expéditions~ que sur
électeur (il y en avait entre trois et quatre mil- de longues chaussées formées d'arbres abattus.
lions) s'il paie l'impôt de trois journées de travail Du côté de la Belgique, la transition n'est pas
par an. Et qui ne le paiera pas, qui ne sera pro- aussi marquée. On sait du reste que les deux États
priétaire, au prix où la terre se donne, s'offrant n'ont été séparés l'un de l'autre qu'il y a une cin-
avec des délais si faciles, venant dire en quelque quantaine d'années.
sorte:nPrends-moi;tupaieras quand tu pourras. » Variations du littoral. Quant à ses frontières
La première récolte suffisait souvent pour payer, maritimes, qui sembleraient devoir être les plus
ou la première coupe, ou quelques terres qu'on immuables, elles ont constamment changé, même
revendait, ou quelque plomb pris d'un toit. depuis les temps historiques,sous l'influence des
Mais ce n'est pas tout, mon ami, te voilà un tempêtes, des déplacements des courants fluviaux
homme public, un citoyen, un soldat, un électeur; et maritimes, de l'affaissement du sol, comme on
te voilà bien responsable. Sais-tu que tu as une l'a reconnu par plusieurs preuves irrécusables,
conscience qu'il te faut interroger? Sais-tu que ce enfin par le travail de l'homme. Le plus souvent
grand nombre de magistrats, incessamment re- les côtes de la Hollande sont bordées de dunes
nouvelés, oblige tout le monde à son tour à de- sablonneuses, où l'humidité de la mer entretient
venir magistrat? C'est là en effet la grandeur de une végétation suffisante pour que les grains de
la constitution de 91; laissant la puissance pu- sable n'en soient pas emportés vers l'intérieur.
blique très faible, il est vrai, serrant très peu le Ces dunes forment sur bien des points un rideau
lien politique,restreignant peu, contraignant peu, protecteur contre l'invasion de l'Océan, mais quel-
elle fait par cela même un appel immense à la quefois elles sont emportées par les flots.
moralité individuelle. Loi aimable et confiante, Le Zuiderzée, sa formation. Le Zuiderzée,
elle somme tous les hommes d'être bons et sages, qui entaille profondément le territoire néerlandais,
elle compte sur eux. Par son imperfection même n'était au moyen âge qu'un lac, l'ancien lac Flevo
et son silence, la loi dit à l'homme « N'as-tu pas, des Romains, qu'une langue de terre, réunissant
dans ta raison, déjà une loi intérieure? Sers t'en la Hollande avec la Frise, séparait de l'Océan.
pour me suppléer au besoin, et deviens ta loi! Depuiscinq cents ans, la mer, rompant cette faible
Tu n'es plus un malheureux serf, qui peut ren- digue, en a fait un golfe. De même le Biesbosch,
voyer à son maître le soin de la chose publique archipel de canaux et de terres marécageuses, qui
elle est tienne, c'est ton affaire. A toi delà dé- s'étend au sud de Dordrecht, était couvert de vil-
fendre et de la gouverner, à toi d'être, selon ta lages florissants, jusqu'à la nuit de la Sainte-Éli.
force, la providence de l'Etat. » sabeth 1421, pendant laquelle il fut envahi par
Cet appel muet fut bien entendu. Ce ne fut pas les eaux et transformé en solitude désolée.
moins que l'éveil de la conscience publique dans Les Iles qui s'étendent au devant du Zuiderzée,
l'âme de l'individu. Une inquiète sollicitude de depuis le Helder jusqu'au golfe du Dollart où
l'intérêt de la patrie, de celui du genre humain, débouche l'Ems, et dont la côte extérieure continue
remplit tous les cœurs. Tous se sentirent respon- celle de Hollande, ont sans doute été rattachées
sables pour la France, et elle-même pour le monde. autrefois au continent.
Tous furent prêts à défendre, en la Révolution, On estime à 6,050 kilomètres carrés l'étendue
au prix de leurs vies, le trésor commun de l'hu- des terrains de la Néerlande détruits par les inon-
manité. (Michelet,Histoire de la Révolution fran- dations ou les érosions de la côte, depuis le trei-
~NMe.tomeIV). zième siècle. Les terrains reconquis par l'homme
PAYS-BAS (GÉoCRAftHE). Géographie géné- n'atteignent pas une superficie aussi considérable,
rale, XV.– t. Géographie physique.-Situation, 3800 kilomètres carrés seulement, mais la valeur
aspect yë~T'a~. – Le royaume des Pays-Bas est en est bien supérieure à celle des terrains perdus.
un Etat de l'Europe centrale, limité à l'est par Polders. On donne le nom de polders à ces
l'empire d'Allemagne, au sud par le royaume de terrains bas débarrassés des eaux qui les recou-
Belgique, et em'eloppé par la mer du Nord du vraient, et mis en culture. Après la construction
côte de l'ouest et du nord. des digues qui les entourent, les eaux en sont
Il tire son nom de sa situation topographique par épuisées par des moulins à vent (très nombreux
rapport aux pays voisins. C'est là que les trois dans les Pays-Bas pour les différents travaux de-
principaux fleuves de la région avoisinante, le mandant de la force motrice) et déversées dans des
Rhin, la Meuse et l'Escaut, vont finir dans la mer canaux d'écoulement.
par un grand nombre de bouches. Une bonne C'est ainsi qu'on a transformé en terres fertile,
l'ancien lac ou mer de Harlem, vaste de 180 kilo- La Meuse, partageantle Limbourg entre la Bel-
mètres carrée. L'archipel de Btesbosc)), presque gique et les Pays-Bas, passe an pied des remparts
aussi vaste, sera reconquis à son tour. Ailleurs on de Maestricht, la capitale du Limbourg hollandais,
pronte des apports de la mer pour constituer un puis elle coule au N.-E. par Ruremonde et Venlo,
nouveau terrain solide. Ainsi une digue construite comme si elle allait se joindre au Rhin vers Wé-
entre la Frise et l'tte voisine d'Ameland arrête les sel, mais, à Venlo, elle se recourbe au N.-O., puis
sables qu'y charrie l'Océan et ne tardera pas à à l'O., pour mêler ses eaux à celles du Rhin, ainsi
remblayer le détroit qui sépare actuellement l'ile que nous l'avons vu plus haut.
du continent. Quant à l'Escaut, il enveloppe de ses
Le projet le plus important dans ce genre de lant dans de véritables bras de mer, leseaux, cou-
!!es de la
travaux doit séparer de l'Océan toute la partie Zélande, la plus méridionale des provinces qui se
méridtonate du Zuiderzée et y créer près de sont unies pour former le royaume des Pays-Bas.
200000 hectares de terrain cultivable. A gauche de l'Escaut occidental s'ouvre le port de
Pour fertiliser toutes ces terres, tes Hollandais Terneuze, où aboutit le canal du sas de Gand; à
ont a leur disposition les 18 millions de mètres droite de la même branche, Flessingue rêve d'en-
cubes d'alluvions fertilisantes que le Rhin, la lever à Anvers son grand rôle maritime. Le che-
Meuse et l'Escautvontencore perdre chaque année min de fer qui relie Flessingue au continent tra-
à la mer. verse l'Escaut oriental, que des bancs de sable
Climat. –Traversés par te3* degré de longitude envahissent et ferment à la navigation devant la
E. de Paris et le 52' de latitude N., les Pays-Bas fameuse citadelle de Berg-Op-Zoom.
appartiennentpar leur situation géographique à la 11. Géographie commerciale. – Canaux de
zone tempérée. Le voisinage de t Océan y modère MaM'~afto?!. Ces rivières navigables, dont on
les variations de température; it ne fait jamais ni évalue à 1 850 kilomètres la longueur totale, sont
trop chaud, ni trop froid en Hollande. La tempe. complétées par un vaste système de canaux, dont
rature moyenne de La Haye est de 18 a 19' cen- le développement atteint près de 2500 kilomètres.
tigrades pendant t'été, et de 3 à 4° au-dessus de Ce sont les vraies artères de la vie en Hollande.
ïéro pendant l'hiver. La pluie n'y tombe pas en Elles s'étendent de tous les côtés, reliant entre
grande abondance,68 centimètres d'eau seulement elles toutes les villes importantes, traversant les
dans toute l'année. Cela n'empêche pas le climat campagnes, où elles permettent d'apporter écono-
d'être excessivement humide, à cause des brumes miquement les engrais et les amendements de
<te la mer, et de la grande étendue des tourbières, toute nature. Quelques familles de petits négo-
lacs et canaux couverts d'eau. Aussi est-il loin ciants ambulants, en Hollande comme en Chine,
d'être sain. La vie moyenne est assez courte en n'ont d'autre demeure que leurs bateaux. Dans
Hollande (en dessous de 40 ans), et la mortalité ce pays, tout coupé de rivières, de canaux de
par les Sèvres très fréquente. navigationet d'écoulement, presque partout formé
C'est par une propreté excessive que les Hollan- de terres molles sans consistance, les routes sont
dais luttent contre ces conditions défavorables. conteuses à construire.Au commencement du siè-
Partout les maisons, les étables même, sont entre- cle, les villes les plus importantes n'étaient reliées
tenues et nettoyées avec des soins minutieux, qui entre elles par aucune route de terre et ne com-
paraissent quelquefoisridicules aux étrangers. muniquaient que par eau. Aujourd'hui les routes
Fleuves. Les fleuves qui traversent les Pays- suivent surtout ie haut des digues, qui fournissent
Bas ont bien des fois déplacé leur cours au travers aux chaussées une base solide et sont garnies de
des campagnes basses qu'ils arrosent. Tandis que briques, faute d'autre moyen économique d'em-
dans notre hémisphère les fleuves tendent en gé- pierrement. Quant aux chemins de fer, ce n'est
néral, à cause du mouvement de rotation du globe, que tardivement que les Hollandais se sont mis à
A se détourner vers leur droite, c'est au contraire i'cauvre pour constituer leur réseau, persuadés
vers leur gauche que se déplacent les cours d'eau qu'ils étaient que les routes d'eau étaient pour
de Hollande. Cela tient a ce que tes marées sont eux les meilleures. Maison trouveraitdifficilement
beaucoup plus fortes au sud de la Hollande, vers ailleurs que sur les chemins de fer hollandais
l'embouchure de l'Escaut, qu'à la latitude du Zui- des travaux d'art oit l'on ait rencontré plus de
derzée. Il en résutte qu'au moment du jusant, les difficultés a vaincre, et dont l'exécution fasse plus
fleuves descendent vers le point de l'Océan où la d'honneurauxingénieurs.Le pont de Moerdyk, sur
mer est au niveau le plus bas, c'est-à-dire au sud le Hollandsche-Diep,entre Bréda et Dordrecht, est
-et, au moment du flot, c'est encore du même côté une merveille de hardiesse.
que se font aenttr le plus fortement les courants Parmi les canaux de la Hollande,les plus impor-
de marée et que se creusent davantage tes chenaux. tants sont ceux qui donnent accès à la navigation
Tandis que la direction générale suivie par le maritime.
Rhin à travers la Prusse rhénane le conduirait au Depuis une soixantained'années, le port d'Am-
N.-O. dans le Zuiderzée, c'est la branche la plus sterdam, inaccessible aux grands navires par la
faible du fleuve, t' rMe/, qui suit cette voie en tra- voie du Zuiderzée, était relié à la mer du Nord,
versant la Gueldre, où elle rencontre successive- au Helder, par le canal du Nord, profond de plu-
ment tes villes de Doventer et de Zwolle. sieursmètresetqui traverse dans toute sa longueur
L'Yssel n'est considérable qu'en temps de crue. (pins de 80 kilomètres) la péninsule de Hollande.
La plus grande masse des eaux du fleuve s'inûéchit Mais, ce canal devenant à son tour insuffisant,
à l'ouest: l'une de ses branches, le Wahal, passe à on l'a rempiacé par un canal qui se dirige tout
Mmègue, célèbre par le traité de la fin du droit vers l'Océan, à l'ouest d'Amsterdam, et que
xvn* siècle, et va se mêler à la Meuse un peu en peuvent suivre les plus forts navires actuellement
amont de Gorcum; la seconde, le Lek, après avoir en usage. La Meuse, à l'ouest de Rotterdam, est
arrosé Arnheim. se partage encore en deux nou- en train d'être aussi améliorée à son tour.
veaux canaux. Le plus faible se dirige au N.-O., Commerce maritime. C'est par la marine que
passe à Utrecht et à Leyde et va finir dans la mer les Hollandais ont fondé leur puissance et acquis
du Nord, non loin de cette dernière ville. C'est le leurs richesses. Il y a deux on trois siècles, ils
seul qui, jusqu'à son embouchure, garde le nom étaient les convoyeurs des nations étrangères sur
de Rhin. La grande masse du Lek se mêle à la toutes les mers et jouaient le rôle dont se sont
Meuse en amont de Rotterdam et va tomber dans depuis emparés les Anglais. Leur talent pour pê-
la mer du Nord à l'ouest de cette ville. Elle ali- cher et pour préparer tes poissons, tels que les
mente tes canaux qui divisent la Hollande méri- harengs, fournissait à la population une nourri-
dionale en un grand nombre d'lles. ture économique. De plus, ils avaient succédé aux
Portugais dans le rôle de grands fondateurs de de la Hollande est une des villes les plus malsaines
colonies, et, actuellement encore, ils possèdent et les plus atteintes par les épidémies qu'on
dans l'archipel asiatique un empire colonial beau- puisse rencontrer en Europe.
coup plus vaste, plus peuplé et plus productif que Avec le Helder, qui offre une bonne rade àl'en-
la mère patrie. (V. Colonies.) trée du Zuiderzée, et Flessingue, dont nous avons
C'est de Java que l'on tirait naguère encore dit les prétentions, voilà les principaux ports de
toutes tae ressources nécessaires pour soutenir commerce de la Hollande.
l'équilibre du budget de la métropole, sans con- Ses ports de rivière sont beaucoup plus nom-
tracter des emprunts comme tous les autres États breux il faudrait énumérer presque toutes les
européens. villes de l'intérieur Maestricht, sur la Meuse,
Actuellement le rôle maritime des Pays-Bas a charge de nombreux bateaux de la craie marneuse
beaucoup perdu de son importance relativement à qui forme la montagne de Saint-Pierre, pour aller
celui des autres Etats, tant sous le rapport du combler et amender les polders des Pays-Bas;
tonnage de la flotte commerciale que sous celui BoM-~e-~Me, la capitale du Brabant hollandais,
du trafic effectué par cette flotte. Mais d'une ma- importe aussi tant de matières premières pour ses
nière absolue, il n'a pas décru. Les relations sont fabriques diverses de toiles et de draps, que l'ac-
très actives entre les Pays-Bas et les colonies de tivité de son port peut être comparée à celle des
la Malaisie, et entre les Pays-Bas et les contrées grands ports de mers.
maritimes voisines la Belgique, l'Allemagne, III. Géographie industrielle et commerciale.
la Russie, et la Grande-Bretagne. Les Anglais Industrie. Les Pays-Bas ne sont pas un
viennent chercher là beaucoup d'approvisionne- pays de grande industrie, comme la Belgique
ments beurre, fromage, bétail, œufs, volailles, ou l'Angleterre. On n'y trouve un peu de houille
dont ils manquent chez eux. L'Allemagne expédie que dans le Limbourg; le combustible minéral est
aussi par les Pays-Bas une partie de ses mar- fourni par les tourbières qui occupent encore une
chandises lourdes. Les radeaux de bois qui des- vaste superficie (des milliers d'hectares dans les
cendent le Rhin s'arrêtent à Don~'ccM, où ils sont provinces orientales, le long de la frontière d'Al-
dépecés~ et leurs billes de bois livrées aux mou- lemagne, et dans la Hollande proprement dite,
lins à ventdu voisinage y sont débitées sous toutes entre le Rhin et le Helder). Attaquées sur une
les formes. Les navires de mer se chargent a Rot- foule de points par les agriculteurs,qui y étendent
~f'dcm, le plus actif des ports de commerce de la leurs domaines, les tourbières diminuent sans
Hollande, qui entretient des relations avec le Congo cesse d'étendue. Ce sont les moulins à vent qui,
et autres pays; les bateaux qui remontent vers en Hollande, remplacent les moteurs à vapeur et
l'Allemagne y reportent, entre autres matières les chutes d'eau usitées dans les autres pays.
de chargement, des minerais importés d'outre- Nous avons déjà parlé de l'industrie d'Amster-
mer pour les usines de la Prusse rhénane. dam Rotterdam a aussi dans ses environs, notam-
Après Rotterdam, ville de près de 150 000 habi- ment à Schiedam, de très nombreuses distilleries.
tants, le plus important des ports est celui d'~m- On fabrique en Hollande beaucoup de briques qui
s~o'daMt; cette ville, qui est la plus peuplée du servent au pavage des routes et à la construction,
royaume (300 000 hab.), en est véritablement la et des poteries ;De//ï, entre Rotterdam et La Haye,
capitale, bien qu'elle ne soit la résidence ni du a eu longtemps une grande réputation sous ce
souverain, ni des chambres, ni du corps diploma- dernier rapport; Maestricht a d'importantes ver-
tique, qui résident et siègent à La Haye. reries.
Bien placée à l'angle 'S.-O. du Zuiderzee, au Les toiles de Hollande jouissaient aussi d'une
point où les bouches du Rhin et de la Meuse sont grande réputation. Elles venaient en partie de
les plus voisines de ce golfe, Amsterdam tire son Saxe pour être blanchies sur les prés da ~at'/em
nom de la rivière d'Amstel, qui débouche dans le La mode est passée des velours d't/ecA~, mais
golfe de l'Y, baie secondaire du Zuiderzée. Leyde fabrique des couvertures de laine et Til
Ce n'est pas une ville remontant au temps des &OMt'y, dans le Brabant, des draps.
Romains, comme Nimègue ou Leyde; ses dé- Agriculture. C'est l'agriculture qui occupe
buts ne datent que de cinq cents ans environ; le plus de bras et fait actuellement la prospérité
mais elle a déjà occupé et occupe encore une des Pays-Bas. Bien que la sixième partie du sol
grande place dans le monde commercial pour les soit recouverte par les eaux et que les tourbières
affaires de banque; aujourd'hui on y fabrique des et autres terres incultes occupent encore une plus
machines hydrauliqueset autres; les constructions vaste étendue, les Pays-Bas nourrissent une popu
navales, les raffineries de sucre, les distilleries lation de près de 4 millions d'hommes sur un ter-
et fabriques de liqueurs y sont considérables. ritoire de 82 970 kitomètres carrés. C'est une
Centre des beaux-arts en Hollande, Amsterdam population spécifique de 128 habitants par kilo-
possède des collections admirables de tableaux; mètre, qui n'est dépassée qu'en Belgique et dans
pendant longtemps c'est à Amsterdam qu'on pu- le royaume de Saxe.
bliait les belles éditions, ou les livres que la cen- Les prairies occupent en Hollandela plus grande
sure eût interdits dans les pays voisins soumis à partie du sol cultivable et nourrissent une belle
un régime moins libéral. On fabrique encore dans race de vaches qui sont les meilleures laitières du
les environs de beau papier, qui est recherché par monde. Le fromage et le beurre qu'elles fournis-
les libraires étrangers. Enfin cette ville a eu long- sent sont une des grandes richesses du pays. Les
temps le monopole de la taille des diamants. chevaux de la Frise sont recherchés pour leur légè-
Il a fallu bien des efforts pour élever une ville reté et leur élégance, ceux de la Zélande pour leur
aussi considérable etaussi importante sur un vérita- grande taille et leur force.
ble, marécage, où les maisons, reposant toutes sur On cultive aussi en Hollande beaucoup de lin,
des masses de pilotis, ont fait comparer la ville à du tabac, et on y fait beaucoup de jardinage. Les
une forêt sans branchage i elournée sens dessus des- Hollandais recherchent les plantes de luxe et
sous. Erasme disait connaître une ville « dont les sont grands amateurs de fleurs. /7<t)'/e~ était le
habitants vivaient comme des corbeaux perchés pays de production de ces fameuses tulipes qui
sur des arbres. » atteignaient des prix fabuleux. Les pommes de
Coupée de nombreux canaux, Amsterdam a été terre réussissent bien dans les terres sablon-
comparée Venise très juste sur un plan, cette neuses, et l'espèce en est fort recherchée dans
comparaison cesse d'être vraie quand on passe du les pays étrangers.
beau ciel et de l'atmosphère limpide de l'Adria- Malheureusement les forêts sont peu étendues
tique aux brumes de ta mer du Nord. La capitale dans ce pays elles ont disparu du littoral qu'elles
recouvraient presque entièrement autrefois et où Les mêmes électeurs nomment la deuxième
elles pouvaient avantageusement garnir les dunes Chambre législativedu royaume. Mais, au lieu de
sablonneuses et autres landes incultes. La Haye, coïncider avec les limites des provinces, les dis-
la capitale, a été bâtie au milieu d'une des rares tricts électoraux sont découpés dans ta surface de
forêts conservées, qui fait précisémentle charme tout le royaume, de façon que chaque député re-
de cette résidence. présente un même nombre d'habitants.
IV. Géographie politique. Divisions. Le La première chambre, qui forme avec les députés
royaume des Pays-Bas est formé de la réunion l'assemblée des Efa<G<aM.< est nommée par
de onze provinces les Etats provinciaux et choisie parmi les plus fort
A l'ouest du Zuiderzée la Hollande septentrio- imposés du royaume. Elle accepte ou rejette en
nale, chef-lieu Harlem, et la Hollande méridio- bloc les fois votées par les députés.
nale, chef-lieu La Haye. La Hollande a rayé la peine de mort de son
A l'est du Zuiderzée Groningue, chef-lieu Gro- code criminel. Elle n'est pas soumise au service
ningue la Frise, chef-lieu Leeuwarden Drenthe, militaire universel. L'armée est alimentée par le
chef-lieu Assen; OMr-y~, chef-lieu Zwolle; recrutementvolontaire et la conscription. L'armée
Gueldre, chef-lieu Arnheim. coloniale, composée de volontaires et de merce-
Au sud du Zuiderzëe Utrecht, chef-lieu Utrecht. naires étrangers, est distincte de l'armée euro-
Au sud du royaume, le long de la Belgique, la péenne.
Zélande, chef-lieu Middelbourg, presque entière- Puissance coloniale. Les colonies de la Hol-
ment formée des lles entourées par les bouches lande dépassent cinquante fois l'étendue de la
de l'Escaut; le Brabant hollandais ou septentrio- métropole, et la population en est sept fois aussi
nal, chef-lieu Bois-le-Duc, et le Limbourg hollan- considérable que celle de la Hollande. Comme
dais, chef-lieu Maestricht. puissance coloniale. la Hollande n'est surpassée
De toutes ces provinces, la Hollande est la plus que par la Grande-Bretagne.
riche, la plus peuplée et a joué historiquementle Grand-duchéde Luxembourg. Cet Etat, situé
plus grand rôle. C'est pourquoi on dit très sou- entre la Belgique, la France et l'empire d'Alle-
vent la Hollande en parlant du royaume tout entier. magne, a pour souverain le roi des Pays-Bas, mais
Population. La population est très inégale- il ne fait pas partie de ce royaume. Il a une con-
ment répartie entre ces diverses provinces de stitution et une administration distinctes. Il est
250 habitants en moyenne par kilomètre carré gouverné par un lieutenant représentant le roi
dans les deux provinces de Hollande, de plus de grand-duc. et par une chambredes députés élective.
100 dans Utrecht, la Zélande, le Limbourg et Gro- De 1815 jusqu'en 1866, le Luxembourg fait
ningue, elle descend jusque 44 habitants seule- partie de la confédération germanique sa acapi-
ment au milieu des tourbières de la Drenthe. tale, Luxembourg, était une forteresse fédérale,
Cette population, d'origine frisonne, franque et où la Prusse tenait garnison. Depuis 1867, ce droit
saxonne (c'est sur son territoire qu'habitaient a été aboli, le grand-duché a été neutralisé et les
les Francs Saliens, auteurs de la loi salique), s'est fortifications de Luxembourg rasées. Mais l'Etat
mélangée dans les temps modernes d'émigrés est encore uni à l'Allemagne sous le rapport doua-
fuyant la persécution politique ou religieuse, pro-
testants français émigrés à la suite de la révocation
nier, il fait partie duZo~e" Sa superficie est
de 2587 kilomètres carrés, et sa population de
de l'édit de Nantes, Juifs portugais, etc. Dans la 205000 habitants. La densité en est donc à peu
ville de Maestricht, le français est parlé par la près la même que celle de la France.
moitié des habitants. Les Luxembourgeoissont presque exclusivement
La religion protestante domine actuellement catholiques. Sous le rapport de la langue, ils sont
dans les Pays-Bas. On y compte 2 200 ')00 protes- partagés entre l'allemand et le français.
tants, 1 300 000 catholiques, 70 000 Israélites. C'est Luxembourg, la seule ville importante du grand-
en Hollande qu'a pris naissance la secte des frères duché, a une quinzaine de mille âmes. Elle est
Moraves. pittoresquement située sur l'Alzette, qui, par la
Grandes villes. Trois villes seulement ont Sauer et i'Our, va rejoindre la Moselle. Ces rivières
une population supérieure à 100 000 habitants découpent profondément les plateaux élevés et
Amsterdam, 300000; Rotterdam, HO 000; La boisés des Ardennes, dont fait partie le grand-
Haye, 110000. duché. Sur une partie de leur cours, la Moselle et
PhecM, célèbre dans l'histoire par l'union qui l'Our le séparent de la Prusse rhénane.
y fut conclue en 1579, entre les diversesprovinces [G.'Meissas.]
néerlandaises, pour former une république fédé- PAYS-BAS (HISTOIRE, LETTRES ET ARTS). His-
rale, puis par le traité de 1713, qui mit fin à la toire générale, XXXI; Littér. étrangères, XIX.
guerre de la succession d'Espagne; Utrecht, où Parmi les petits Etats que l'équilibre européen a
les Etats-Généraux de la Hollande se réunirent laissés subsister jusqu'ici au milieu des grandes
jusqu'à ce qu'ils fussent transférés à La Haye, est puissances, il y en a peu dont l'histoire soit plus
une ville de 70 000 âmes. C'est le siège de l'ar- intéressante que celle des 33 000 kilomètres car-
chevêché catholique de la Hollande et celui de rés, avec leur population d'environ 4 millions
l'archevêque des vieux catholiques. C'est en même d'habitants, qui forment depuis 1815, ou pour
temps le siège de l'une des quatre universités du mieux dire, depuis la cession de la Belgique en
royaume. Les trois autres sont a~~sterdoM, Leyde 1830, le royaume des Pays-Bas (Nederland). Les
et GroKt~M?.(Ces deuxdernièresvilles renferment Néerlandais aiment à faire remonter les origines
chacune une quarantaine de mille âmes.) de leur nation à ces peuplades germaniques, qui,
Gouvernement. Le royaume des Pays-Bas sous le nom de Bataves, de Frisons, de Kaniné-
forme une monarchieconstitutionnelle héréditaire. phates, de Nerviens et sous d'autres encore, des-
Le roi nomme le bourgmestre de chaque com- cendirent les grands fleuves de l'Allemagne, à
mune, dont le conseil municipal est élu par les une époque impossible a préciser et pour des rai-
électeurs payant un certain cens. Le suffrage n'est sons inconnues, pour s'étabiir sur les bords sa-
donc pas universel. blonneux de la mer du Nord et sur les atterrisses
Le roi nomme aussi les commissaires présidant ments du Rhin, du Wahal et de la Meuse. Le-
les conseils de chaque province ou Etats provin- noms de Friso et de Bato se sont conservés, sinon
ciaux, dont les membres sont choisis par des élec- dans les légendes populaires, du moins dans le
teurs astreints à payer un cens plus élevé et à langage des poètes, comme ceux des patriarches
avoir atteint un âge plus avancé que les simples mythiques de ce peuple vaillant, actif, tenace, qui
électeurs municipaux. n'a jamais cessé de disputer son sol aux vagues et
sa liberté aux tyrans. Les légions romaines, que parable entre les deux groupes de provinces et
t'irrésistib)e César avait fait pénétrer jusque dans enlever pour toujours sept d'entre elles a la cou-
ces marécages boisés et jusque sous ce ciel bru- ronne de Habsbourg. Ce fut la réforme religieuse
meux, curent à enregistrer parmi leurs défaites dont Luther venait de donner le signal et qui ne
celles que leur infligèrent les Frisons, l'an 28, et tarda pas à gagner les Pays-Bas, d'abord du coté
les Bataves, l'an 69 après J.-C. de l'Allemagne, mais bientôt aussi, et avec plus de
La conquête romaine laissa peu de traces dans succès, du côté de la France et de Genève. Charles
cette plaine détrempée. Par contre, la grande inva- combattit de toutes ses forces un mouvement qui
sion des Barbares, au )V et au v" siècle, germa- venait à rencontre de ses projets d'unification
nisa complètement ces contrées. Les Francs, au l'histoire prétend même que le nombre des mar-
midi, et, plus tard, les Saxons, à l'est, ne tardè- tyrs du protestantisme s'éleva sous son règne à
rent pas à englober les anciens habitants, au point 50,000. L'esprit de centralisation l'amena en outre
Je faire disparaître les anciens noms de Bataves, & élaborer une codification des droits et des privi-
de Nerviens, etc. Les Frisons seuls réussirent à se lèges que possédaient les Etats particuliers et les
maintenir au Nord. Cependant eux aussi durent villes, qui équivalait pour plusieurs d'entre eux a
se courber sous le sceptre de Charlemagne (786). la suppression de ces privilèges. Des demandes
Et lorsque les Saxons se furent soumis à leur fréquentes d'argent et des contributionsfort oné-
tour en 804, tes Pays-Bas n'étaient plus qu'une reuses achevèrent de réveiller partout un esprit de
province du grand empire des Francs. Le traité de mécontentement, que la popularitéde Charles et le
Verdun, en 849, partagea le pays entre Lothaire prestige de son règne empêchèrent pour le mo-
et Charles le Chauve. Plus tard la portion de Lo- ment de se changer en esprit de révolte, mais qui
thaire, la plus grande des deux, passa à l'Allema- ne tarda pas à engendrer des haines implacables
gne, et l'empereurd'Allemagne resta, pendant pres- lorsque le vieillard fatigué eut abdiqué, en 1555,
que tout le moyen âge, le principal suzerain des en faveur de son fils.
fiefs nombreux que le système féodal avait créés Celui-ci, Philippe Il, roi d'Espagne, se fit repré-
sur tous les points du pays. Des traités de cession senter dans les Pays-Bas par sa sœur Marguerite
et des héritages limitèrent assez vite le nombre de Parme, qui résidait à Bruxelles. Il eut le bon
de ces principautés, au point que dej!t au xn' siè- esprit de nommer en outre quelques lieutenants
cle la presque totalité du pays se trouva répartie (stadhouders) connus et aimés de la population,
sntrR trois chefs le comte de Gueldre, le comte entre autres Guillaume d'Orange pour la Hollande,
de Hollande et l'évêque d'Utrecht. la Zélande et Utrecht. Il alla même jusqu'à ratiSf'r
La Hollande proprement dite, à laquelle se joi- solennellement tous les privilèges de ses nouveaux
gnit en l:i'3 la Zélande, constituaitdepuis 1018 un sujets. Mais bientôt des actes arbitraires, tels que
fief héréditaire dont la puissance et la prospérité la division des Pays-Bas en dix-huit évêchés, l'éta-
ne firent que s'accroître et dont les seigneurs ne blissement du terrible tribunal de l'inquisition rt
redoutèrent pas de se mettre, à plusieurs repri- l'interdiction de la liberté de culte et de conscience
ses, en guerre ouverte avec leur suzerain, l'empe- aux réformés, rendirent ce serment illusoire. En
reur d'Allemagne. Elle eut successivement des vain trois ou quatre cents nobles, unis par une
comtes de la maison de Hollande (1018-1299), des alliance qui portait le nom de <f compromis », pré-
maisons de Hainaut, de Bavière, de Bourgogne, et, sentèrent-ils une requête à la gouvernante. L'Es-
par suite du mariage de Marie, fille de Charles le pagne n'avait que du dédain pour ces « gueux ),
Téméraire, avec l'empereur Maximilien, de la mai- et bientôt les excès d'une populace iconoclaste lui
son d'Autriche (1462-1581). Plusieurs des comtes fournirent un prétexte pour redoublerde sévérité.
de la maison de Hollande, parmi lesquels nous L'arrivée du duc d'Albe, le digne serviteur d'un
citerons Floris V, accordèrent aux villes de pré- maître soupçonneux, fanatique et cruel, en 1567,
cieux privilèges afin d'opposer un contrepoids aux déchaîna sur le pays cette terrible guerre d'indé-
prétentions des nobtes quelques-uns d'entre eux pendance qui dura quatre-vingts ans et d'où l'Es-
se distinguèrent dans les croisades. Le règne des pagne sortit affaiblie et humiliée, tandis que les
maisons de Hainaut et de Bavière coïncidaavec une Pays-Bas y déployèrent une énergie indomptable
déplorable guerre civile de longue haleine, connue et y montrèrent cet amour invincible de la liberté
sous le nom de troubles des Hoeks (hameçons) et qui a élevé ce petit peuple au rang de nation mo-
des Cabillauds. Le règne des riches et puissants dèle. L'exécution des comtes d'Egmont et de
ducs de Bourgogne jeta les bases de cette prospé- Horn à Bruxelles, en 15RS, équivalait à une décla-
rité fabuleuse et de cette puissante organisation ration de guerre. Guillaume d'Orange, qui s'était
qui furent plus tard la gloire etla force des Pays- réfugié en Allemagne, y rassembla bientôt une
Bas. Enfin, le plus glorieux rejeton de la maison armée, à laquelle ses vaillants frères, Louis et
d'Autriche, Charles-Quint, réussit à conclure des Adolphe de Nassau, firent passer la frontière.
traités de cession qui firent passer successivement Nous ne pouvons songer à raconter ici toutes
en son pouvoir la Frise, Groningue, la Gueldre, les péripéties de cette guerre, qui vit tomber
Drenthe, l'Overyssel et Utrecht. En 15M, ce grand tant de nobles héros, mais qui cimenta cette
empereur possédait la seigneurie des dix-sept pro- union étroite entre les Pays-Bas et la maison
vinces néerlandaises qui forment actuellement les d'Orange que les Hollandais considèrent aujour-
Pays-Bas et la Belgique. d'hui encore comme un des gages les pins sûrs
Cette union personnelle se changea en unité de leur indépendance. Au début, les chefs de
politique par suite du traité d'Augsbourg en 1548; l'opposition, tout en accentuant fortement leur
et Charles n'eut qu'un rêve, celui d'assurer à sa haine contre le duc d'Albe, essayèrent de se
dynastie la possession de ces belles provinces, que persuaderà eux-mêmes et aux autres qu'ils combat-
les flots des événements politiques, partis de pla- taient pour le roi d'Espagne, leur seigneur légi-
ges diverses, venaient de déposer à ses pieds. H y time. Mais les événements ne tardèrent pas à
avait là de quoi tenter un prince. L'agriculture et dissiper ces illusions et ces scrupules. La révoca-
l'élève du bétail enrichissaientla campagne autant tion du duc d'Albe, qui se vantait d'avoir livré
que le commerce et l'industrie enrichissaient les tC,600 hommes au bourreau, en 1573, ne changea
villes. Dans un espace de neuf ans, Charles retira rien à la situation. Son départ la compliqua
un bénéfice net de 40 millions de florins de ses même en ce sens que les sympathies espagnols
nouveaux Etats. gagnaient du terrain dans les provinces du sud,
Mais l'histoire avait déjà vu se produire un évé- tandis que celles du nord, bien plus protestante~,
nement qui, joint à d'autres circonstances, devait sentaient leur antipathie pour l'oppression se
amener, quarante ans plus tard, un schisme irré- doubler d'un peu de méfiance vis-à-vis de lenrs
~< Pt~TTW
alliée. Guillaume d'Orange et ses amis essayèrent de GuillaumeIII avait laissées vacantes dès 1702.
de prévenir un schisme en amenant la pacification Ses dignités furent déclarées héréditaires dans sa
de Gand en 15i5. Mais les effets de cette alliance famille.
ne furent pas durables. En 1519, les délégués des Le xvm" siècle vit décroître peu a peu la
s'pt provinces du nord conclurent la célèbre gloire et la puissance de la République des Pays-
Union d'Utrecht, qui fut le point de départ de Bas. La guerre de la succession d'Espagne ne
l'existence indépendante de la République des lui apporta que des déboires. Ses dettes s'ac-
Pays-Bas unis. En 1581, une abjuration solennelle crurent d'une façon inquiétante. La mort préma-
mit fin à la souveraineté du roi d'Espagne sur ces turée de Guillaume IV laissa à la tête des affaires
contrées, et en 1588 la République fut définitive- un enfant de trois ans, dont la tutelle fut conBée
ment fondée et organisée. Mais déjà celui qui avaitd'abord à sa mère, ensuite, après la mort de
été le principal promoteur de cette œuvre, Guil- celle-ci, au duc de Brunswick. Cette influence
laume d'Orange, avait succombé en 1584, sous la allemande d'un côté, et de l'autre, les troubles
main d'un sicaire fanatique. politiques qui présageaient en Hollande, comme
Plusieurs provinces élevèrent aussitôt au rang partout, l'orage de la révolution, créèrent bientôt
de stadhouder son fils, le prince Maurice, qui se une situation contre laquelle Guillaume V n'était
signala surtout comme soldat et qui enleva plu- pas de force à réagir. Follement entraînée dans
sieurs villes a l'ennemi. Ce fut sous son stadhou- la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amé-
dérat que les Pays-Bas conclurent avec l'Espagne rique, la République des Pays-Bas dut conclure
cette trêve de douze ans (1609-1621), qui livra la une paix honteuse avec l'Angleterre. Le pays se
jeune République à des luttes intérieures, mi- divisa de plus en plus entre les « patriotes », qui
politiques, mi-religieuses, connues sous le nom avaient de fortes sympathies pour la France, et
de querelles des Remonstrants et des Contre- les Orangistes, qui s'appuyaient sur l'Allemagne.
Remonstrants,dont le vieux « pensionnaire s (c'est-En n87 une armée prussienne fit pencher la
à-dire premier magistrat) des États de Hollande, balance du cûté des Orangistes. Mais lorsque,
Oldenbarneveld, fut la plus illustre victime. Mais dans l'hiver de 1794 à 1795, le général français
ces troubles n'empêchèrentpas les Pays-Bas de Pichegru fit son entrée en Hollande, le stadhou-
s'élever pendant ce temps-là à un degré de bien- der et sa famille se réfugièrenten Angleterre.
être, de gloire et de richesse, qui ne fut jamais Le 16 mai 1795, le stadhoudérat fut supprimé,
dépassé. Ce fut alors qne la fameuse compagnie et la « République batave remplaça l'ancienne
des Grandes-Indes fonda, dans l'Archipel indien, République des Provinces unies. Les contre-coups
le pouvoir colonial des Hollandais. de la révolution française amenèrent dans les
Enfin, sous le stadhoudérat de Frédéric-Henri, Pays-Bas de nombreux changements, parmi les-
frère et successeur de Maurice, la paix de West- quels plusieurs dont les heureux effets durent
phalie, conclue en) 1648, proclama l'indépendance encore. Cependant le grand dictateur qui avait
de la République des Pays-Bas, et lui garantit la exploité la révolution française à son profit, chan-
libre possession de toutes ses conquêtes. Dès lors gea en 1806 la Républiquebatave en un <f royaume
l'Union des sept provinces se sentait assez forte de Hollande », dont son frère Louis Bonaparte fut
pour s'engager contre l'Angleterre dansquideux le titulaire. Mais déjà en 1810 ce roi. qui avait
guerres navales ()<j51-1654 et 1665-1667), réussi à gagner quelques sympathies parmi ses
ont
rendu célèbres les noms des amiraux Tromp, de nouveaux sujets, fut forcé de déposer la couronne,
Ruyter, van Galen et Evertsen, et pour tenir tête et les Pays-Bas ne furent plus qu'un département
au puissant roi de France, Louis XIV. Celui-ci de l'empire français.
trouva un adversaire redoutable dans la personne Cependant le canon de Leipzig annonça t'ébou-
de Jean de Witt, pensionnaire des Etats de Hol- lement de cette construction gigantesque dans
lande dateur de la triple alliance entre les Pays- laquelle la Hollande se trouvait enclavée. Après
Bas, l'Angleterre et la Suède, en 1668, le véri- bien des hésitations, elle osa secouer le joug étran-
'table chef de la République pendant les années ger quelques hommes de courage et d'initiative,
qui séparèrent la mort de Guillaume H, fils de parmi lesquels il convient de citer Gysbert Karel
Frédéric-Henri, de l'élévation de son fils Guil- van Hogendorp, rappelèrentd'Angleterre le fils de
laume III à la dignité de stadhouder (1650-1672). l'ancien stadhouder. Celui-ci débarqua à Schéve-
ningue en f813. et fut reconnu, l'année d'après,
Jalousé et poursuivi par ses adversaires politiques,
Jean de Witt, de même que son frère Cornélis, pour chef de l'État sous le titre de « prince sou-
succomba tristement dans une émeute de la popu- verain ». Le congrès de Vienne l'éleva au rang de
lace de La Haye. Le jeune stadhouder, le même roi et, pour le dédommager de la perte de quel-
qui. en )688, monta sur le trône d'Angleterre,' ques-unes des colonies, telles qne~CeyIan et le
d'où il avait chassé son beau-père Jacques H, com- cap de Bonne-Espérance,dont 1 Angleterre s'était
battit les armées de Louis XIV avec plus de emparée~ joignit à son territoire ce qu'on appelait
gloire que de succès. Comme il mourut sans lais- les Pays-Bas autrichiens, c'est-t-dire les ancien-
ser d'enfants, sa mort amena pour la seconde nes provinces du sud. Mais, séparées depuis l'Union
fois une de ces périodes qu'on pourrait appeler d'Utrecht, les provinces du Nord et celles du Sud
des interrègnes, si le stadhouder avait été un ne purent se résigner à cette union artificielle,
souverain. Mais il n'était que le gouverneur de qui ne s'était faite que par ordre de la diplomatie.
chacune des provinces qui 1 avaient investi de ces La Belgique se révolta en 1830, et, malgré « la
fonctions, et comme tel, le serviteur des Etats. campagne de dix jours, » qui enflamma la popu-
Il tenait, en outre, des Etats-généraux, espèce lation néerlandaise d'un enthousiasme vraiment
de délégation collective des provinces dont se remarquable, et qui vit s'enrôler sous les dra-
composait la République, le titre de « capitaine peaux jusqu'aux étudiants des universités, le roi
général et amiral de l'Union. » Jusqu'à la mort Guillaume I'" dut céder. Après bien des hésita-
de GuillaumeIII, la Hollande, la Zélande, Utrecht, tions et bien des embarras diplomatiques il re-
la Gueldre, et l'Overyssel avaient eu pour stad- nonça enfin, en 1839, à la Belgique, et, l'année
houder un descendant de Guillaume d'Orange, suivante, remit la couronne de Pays-Bas à son
tandis que la Frise, Groningue et Drenthe avaient fils, Guillaume II. Celui-ci, le héros des Quatre-Bras,
pris leur gouverneur dans une ligne de la maison jouit jusqu'à sa mort, en 1849, d'une popula-
de Nassau qui remontait a Jean, frère pu!né du rité très méritée. Ce fut sous son règne, en 1848,
Taciturne. Mais en l'!4T le gouverneur de Frise, que le royaume des Pays-Bas fut doté définitive-
qui s'appela désormais Guillaume IV, fut investi ment de la constitution libérale qui le régit
par les autres provinces des fonctions que la mort encore. A la tête du pouvoir se trouve un roi
constitutionnel entouré de ministres responsables pays, effaçant les
qui forment avec deux chambres le pouvoir légis surtout en contours des objets, appelait
t'œil du peintre, le HoXandais Rembrandt
latif. Un des principaux auteurs de cette consti (1608-1669)trouvait dans
tutionétaitM.Thorbecke.hommed'Etatdepre secret du clair-obscur et les ce même air brumeux le
m'er ordre, qui a été jusqu'à trois fois le che le ciel hollandais n'a entièrement effets de lumière que
d'un cabinet libéral sous le règne pacifique d) Ce qui le distingue révèles qu'oui.
roi actuel Guillaume III. Depuis 1873, une guerre mand, c'est en outre de son rival fla-
un
longue et pénible contre les Atchinois, dans t'ih tique, qui fit de lui le peintrecaractère protestant et démocra-
de Sumatra, a entamé fortement le budget. Ai ses disciples les plus célèbres, du peuple. Parmi
on doit citer Ferdi-
reste, sans être brillant, l'état du pays est proa nand Bol'et Govert Flinck.
père plusieurs réformes salutaires, parmi les Le portrait continua à être le genre préfère
quetfes la laïcité de l'enseignement public, ont ét< mâle le
introduitesdepuis longtemps, et ni les luttes poli pinceau de Frans Hais lui donna un éclat qui
tiques, qui ne manquent pourtant pas d'âpreté rivaux na jamais été égalé, bien que ce peintretrouvâtdes
ni le voisinage d'Etats puissants n'empêchent le~ Moreelse. dignes de lui dans Michel Mierevelt et Paul
Hollandais d'espérer que leur petit pays ne ces. Au portrait se rattacha en outre
genre nouveau, qui consistait à réunir plusieurs un
sera jamais d'abriter la liberté et le progrès. portraits sur une même toile, et que Rembrandt a
Beaux-arts et littérature. La conquête ro- immortalise
maine a laissé en Hollande quelques débris d'an. par des chefs-d'œuvre tels que la le-
cienne architecture, tels que la Burg de Leyde. çon
d'anatomie, la Ronde de nuit, les OM~e
échevins. Les nombreuses corporations, qui
Le style gothique s'est distingué dans plu- maient à garnir leurs salles de réunion ai-
tôt par la largeur que par la hauteur decesespays
églises. grand tableau d'un
L'éclosion de la vie bourgeoise au xvi* et au costume de fête,représentant contribuaient
tous les membres en
XYH'siècle entraîna un assez grand nombre de ce genre de peinture, dont, beaucoupà favoriser
constructions laïques, parmi lesquelles il faut Rembrandt après les œuvres de
signaler l'ancien hôtel de ville d'Amsterdam, con- Van der Helst est le Banquet des a~MAMK-~ de
struit par Jacob van Campen, en i6.')8. un des échantillons les mieux
réussis..
Quelques mausolées remarquables et surtout
les intérieurs des maisons et des palais prouvent landaise, tousdans cet âge d'or de la peinture hol-
D'ailleurs,
les genres étaient cultivés
que la sculpture a su s'élever dans les Pays-Bas maîtres. La vie du peuple était traitée par des
au-dessus du médiocre. Mais c'est surtout par ses verve et
un réalisme inimitables par avec une
grands peintres que ce pays s'est conquis les deux
Van Ostade, parjan Steen et Adrien Brouwer.
place importante dans le monde de l'art. une Au des salons se retrouvait dans les tableaux de Phi-
Lavie
xv et pendant la première moitié du xvr siècle, lippe Wouwerman, qui représente,
c'est-à-dire pendant la première période de l'art et Karel Dujardin, avec Berchem
néerlandais, il n'y avait pas encore d'école hol- et réussi d'école hollandaise un mélange spontané, naturel
landaise proprement dite. Ce ne fut et d'écote italienne.
le xvfsièclH que les peintres des que vers La bourgeoisie voyait peindre ses mœurs et ses
provinces habitudes par Gérard Dow, par Terburg, Metsu,
du Nord se mirent à marcher d'un pas égal à Frans Van Mieris, appelés d'ordinaire
celui de leurs confrères du Midi. Hubertus de conversation pour les distinguer 0despeintres
Van Eyck trouva des disciples dignes de lui dans peintres de »
Philippe de Koninck et Aert
autres
Van Ouwater, Gérard de Harlem, et surtout dans Van der Neer reproduisaient lagenre.
Lucas de Leyde (1494-1533). Ce dernier commença avec un art merveilleux tandisnatured'autres, de leur pays
à représenter dans la peinture la tendance laïque que Jean-Baptiste Weeninx et Asselyn, que tels
qui pénétrait partout. Dans ses tableaux, le ca- le paysage hollandais idéalisaient
ractère biblique des personnages s'efface devant ou imitaient Poussin et
Claude Lorrain. Adrien Van den Velde et Albert
l'importance que le peintre accorde acces- Cuyp faisaient des bergeries, Paul Potter peignait
soires. Cependant, on trouve encore aux chez lui, son magnifique taureau, Hondekoeter ses oiseaux
comme dans toute l'école de Van Eyck, jusqu'à à riche plumage. Jacob Ruysdael et Hobbema fai-
Quentin Matsys, cette immobilité des figures, cette saient revivre
attitude raide des personnages qui rappellentl'an- cieuse et puissante sur la toile toute la poésie capri-
d'une végétation opulente la
cien art hiératique. mer inspirait Willem Vanden Velde, Bakhuysen et
Pendant la seconde moitié du xvr siècle, on bien d'autres. Il n'y avait pas jusqu'aux natures
revient au genre du xiv=, c'est-à-dire à l'imi- mortes qui, dans
tation des Italiens. Jean de Mabuse, revenu d'I- la mangeaille « ce pays de la bombance et de
talie en 1513, en donna l'exemple et trouva de sent traitées comme t'appelle M. faine, ne fus-
par des peintres de génie.
nombreux imitateurs. Mais, malgré le talent de L'invention artistique
plusieursd'entre eux, notamment de Frans Floris, tique. Le xvur siècle sefinit avec l'énergie pra-
borna à essayer d'imi-
surnommé le Raphaël flamand, ce genre ne pou- ter le xvu" ou imita l'étranger. Cornélis
vait réussir. Le nu des écoles italiennes ne conve- est le seul peintre original de Troost
nait pas au climat humide des Pays-Bas, et le qui mérite une mention spéciale. cette époque
réalisme des gens du Nord, qui aimaient à cher- cement du x;x' siècle, le classicisme Au commen-
cher le détail, s'arrangeait difficilementde la sim- trouva des imitateurs habiles dans quelques français
plicité classique et idéale de l'école italienne. Le tres d'histoire. Aujourd'hui il pein-
portrait seul perpétuait l'art national. convient de si-
gnaler Louis Meyer et Mesdag parmi les peintres
Le xvn* siècle amena une réaction qui fut de marines, Israëls Vervier parmi les peintres
d'autant plus forte dans les provinces du Nord de genre, Koe~oeck,etSchelfhout
que, délivrées tout à coup du contre-poids des les paysagistes, Bosboom parmi les et Schotel parmi
provinces du Midi, elles penchèrentdu coté où leur glise, Rochusses parmi les peintres peintres d'é-
naturelles entrainait. La guerre d'indépendance ne d'histoire.
Les Pays-Bas peuvent se vanter d'une histoire
suscita pas seulementdes héros, elle vit naître aussi littéraire qui,
sans atteindre à la hauteur de
une brillante génération d'artistes; tous les grands histoire politique et de celle de leur art, tientleur
peintres originaux de la Hollande ont été jeunes pendant ce-
un rang
pendant le premier quart du xvn' siècle. En même rale des littératures européennes. honorable dans l'histoire géné-
temps l'art hollandais se sépare définitivement de moyen âge, les chansons de geste, les romans
l'art belge. Pendant que, dans les Flandres, le leAu la table ronde, et un grand nombre d'autres
puissant pinceau de Rubens se plaisait à cette Mésies d'origine française furent
richesse de tons vers laquelle l'atmosohère du reproduits dans
es Pays-Bas par des écrivains et des poètes qui,
le plus souvent, mêlaient une note originale à le «Gysbrecht d'Aemstel a, qui inaugura le théâ-
leur traduction. La rédaction néerlandaise du Ro- tre d'Amsterdam en 1638, et surtout les belles
Grecs, il
Mais le vrai poésies lyriques dont, à l'exemple des
man du Renard est un chef-d'oenvre.bon aimait a orner ses drames, lui ont valu cette ré-
caractère néerlandais, l'énergie, le sens, la
simplicité, l'esprit démocratique ne se révéla dans putation. Mais il n'est jamais arrivé à la popula-
la littérature qu'a l'époque où la bourgeoisie com- rité dont les Hollandais du xvu* et du xvm* siècle
mençait à rivaliser avec ia noblesse et même à lui ont entouré Jacob Cats ()&77-t660), le chef de
tenir tête. Le premier représentant de ce carac- l'école de Dordrecht, rimeur infatigable, moraliste
ennuyeux mais pratique, dont les œuvres ont été
tère est Jacob Van Maerlant, le père de la poésie appelées « la Bible des paysans ». L'un et l'autre
didactique des Pays-Bas, contemporain du comte
Floris V, le héros populaire du x!H* sièete. A ont trouvé de nombreux imitateurs.
la même époque, un moine de l'abbaye d'Eg- Le goût des classiques français a malheureuse-
mont, Melis-Stoke,moins démocratique que Maer- ment contrarié le développement de la littérature
lant, composa une « chronique rimée qui
n'aa
des
nationale à la fin du xvt)* et an commencement
(tu xvni* siècle. Un poète comique original, Pierre
jamais cessé d'être appréciée par les amis
lettres. Le règne de la maison de Bavière amena Langendyck, n'a pas vécu assez longtemps pour
exclusive- tenir tout ce que promettait son talent. Mais la
une certaine réaction contre le genre créateur seconde moitié du xvm' siècle a vu se produire
ment didactique dont Maerlant était le éminemment hollandaises, le
la fantaisie se vengea du dédain avec lequel le bon quelques oeuvres
hollandais de Justus van Effen, revue
sens et le goût de l'utilité pratique l'avaient Spectateur
traitée. hebdomadaire humoristique dans le genre du
Cependant, elle ne parvint pas à supplanter ses Spectator de l'Anglais Addison, et les romans
bourgeois de deux amies, Elisabeth Bekker (ou
rivaux. Ce fut surtout dans les « chambres de rhé- Wolff,
torique qui, dès le commencement du xv* siècte, d'après le nom de son mari) et Agatha
avaient enlevé M'Eglise le monopoledes représen- Deken,qui rappellent Richardson et Rousseau.
de siècle vit se produire
tations dramatiques, et qui ont régné pendant deux Le commencement littéraires
ce
très variées, auxquelles
siècles dans le monde littéraire néerlandais, qu'on des influences politiques n'étaient pas étrangers.
retrouve ce goût de l'utile, cette gravité raide, ce les événements
la ba- L'école sentimentale de l'Allemagne trouva un
manque d'essor, qui engendrent facilement
dans les drames de Feith. Le fameux Oran-
nalité. Le règne brillant des ducs de Bourgogne écho
amena en outre une influence française qui ne giste Bilderdyk, savant hors ligne et poète de
fut pas favorable au développement de la langue génie,école mais caractère intraitable, fonda une but-
nationale. Pendanttoute cette période et jusqu'aux lante nationale. Hetmers fut un poète patrio-
efforts sérieux d'épuration faits au commence- tique trop déclamatoire. Parmi les écrivains de lail
ment du xvn* siècle par Spieghel, Coomhert et période littéraire qui s'ouvre par l'année 1830,
ca- convient de citer les poètes Tollens,
Potgieter,
leurs amis, l'idiome néerlandais présenta unrhé-
ractère bâtard déplorable. Les chambres de Da Costa, de Génestet, tous morts, Ten Kate et
torique, bien que, par leur esprit d'indépendance, Schaepman, les romanciers Van Lennep, madame
Multatuti, le nouvelliste Cre-
elles aient exercé une action heureuse sur la vie Bosboom-Toussaint,
le poète dramatique Schimmel, le critique
sociale, n'ont fait que du mal à la littérature. mer,
Busken Huet. Le poète Beets a écrit,
II convient cependantdefaire une exception pour littéraire
la célèbre chambre d'Amsterdam, <f l'Eglantier », comme étudiant, sous le nom de Hildebrand, une
d'esquisses humoristiques qui resteront
fondée en 1496, qui publia la première grammaire série des produits classiques de la littéra-
hollandaise en ~584, et d'ou sortirent, de t5'!8 a toujours un L'étude de la langue et de la
1600, les initiateurs de l'œuvre d'épuration et de ture
hollandaise.
nationale, sérieusement cultivée depuis
relèvement que nous venons de citer. Mais ce fu- littérature Sigenbeek le premier une chaire de
rent surtout la Réforme et la Renaissance qui que occupa
à la litté- langue néerlandaise l'université de Leyde, en
ouvrirent une période de vie nouvelleRéforme &
représentée par les profes-
rature néerlandaise. L'influence de la se '!95, est brillamment dernier s'occupe
psau- seurs Jonckbloet et de Vries. Le
retrouve entre autres dans les traductions des premier dictionnaire historique du
mes de Clément Marot par Dathenus et par Philippe de publier le
Marnix, seigneur de Sainte-Aldegonde, l'ami de hollandais.
Guillaume d'Orange, l'auteur justement célèbre Un grand nombre de journaux et de revues ap-
du « cAati< de Guillaume », le chant dynastique, portent au public des échantillons de prose parmi
théâ-
Hollandais. L'hu- lesquels il en a de fort remarquables. Le
presque le chant national entière
des y
Seuls
rattache le nom tre national a de l'avenir. [A.-G. Van Hamel.] tes jeunes poètes
manisme, auquel l'Europe
du Rotterdamois Erasme, trouva un représentant se font attendre.
distingué dans le graveur Coornhert. PEA.U. – Zoologie et Physiologie, XXXVUI
Mais l'action de la Renaissance ne devint puis- Hygiène, VIII. La peau constitue une enve-
sante et féconde que dans la première moitié du loppe membraneuse qui se moule sur les parties
xvii* siècle, l'âge d'or de la littérature néerlan- externes protègedu corps et lui donne sa forme. Cette en-
l'ensemble de l'organisme et le
daise. Ce fut alors que, dans la maison hospita- veloppe
lière de Roemer Visscher, et de ses filles, Anna met en rapport qui avec le monde extérieur par le
et poètes elles- réseau nerveux forme l'organe du tact. Elle
et Maria Tesseischade, auteurs fonctions très importantes comme or-
mêmes, à Amsterdam, se réunissaient 1 historien remplit des sécrétion. De plus, elle est te siège d'une
Hooft, le grand poète lyrique et dramatique gane de
Joost Van den Vondel, le noble et savantHuyghens, respiration plus ou moins rudimentaire qui com-
celle
père de l'astronome, le poète comique Brederoô. plète l'on examine des poumons.
le Jan Steen de la scène, le docteur Coster, qui Si au microscope un fragment de
fonda une « Académie néerlandaise d'où sortit le peau humaine, on est surpris de voir combien
premier théâtre hollandais. Hooft, qui avait voyagé cette enveloppe, si simple en apparence, est com-
plus tard, notam- pliquée dans sa texture et dans sonvernis organisation.
en Italie et en France, organisalittéraire plus re- A la surface, on voit une sorte de imper-
ment de 1691 à 164', un foyer au-dessous le derme,
marquable encore, lorsqu'il nt de son château de méable, l'épiderme; qui le
on peau
peaucier ou
Muyden, près Amsterdam, une espèce d'hôtel de proprement dite, repose sur
l'épaisseur, sauf l'épi-
Rambouillet. Vondel, qui atteignit l'âge de 92 ans, couche musculaire. traversée
Toute
de nerfs et de vaisseauxsan-
passe pour le plus grand des poètes hollan- derme, est
dais. Quelques-uns de ses drames, entre autresi guins.
L'épiderme, dépourvu de vaisseaux et de nerfs, y déversele liquide sécrété par la glande aux dépens
de la sueur a surtout pour
est formé de cellules aplaties, la plupart à demi du sang. La sécrétion température
desséchées, qui ressemblent assez à la corne. La objet de régulariser la du corps. Aus-
a––
Pourcompiéterlecan-éfng.8),joindreSaH,par
une diagonale qui déterminera le centre 0 sur
l'axe.
Tracer de C en 0, en la prolongeant,la2" dia-
gonale sur ce prolongement, reporter du centre-0
la longueur CO en la diminuant d'un dixième en-
viron (la diminution variera suivant la distance de
Etablir le carré en perspective, ainsi qu'il été l'élève au modèle), pour obtenir le quatrième
fait précédemment. Puis, par les diagonales a angle D du carré.
REMARQUE. – On aura soin de faire remarquer
tuées BC et AD, déterminer le centre 0, ponc- don-
nant EF; continuer la même opération dans cha- aux élèves que ces procédés ne sont pas géomé-
triquement exacts et qu'ils doivent être consi-
que compartiment GH et IK. dérés comme des règles purement pratiques.
Le professeur fera remarquer CINQUIÈME EXERCICE. Pyramide droite à base
1° Que les parallèles verticales restent parallèles eaf~(ng.i?.).
en perspective
X" Que ces lignes diminuent de longueur
Tracer l'axe Ex; comparer as (hauteur don-
et d'é- née du dessin); chercher le point A sur aa et
Ee
cartement au fur et à mesure de leur éloigne- construire le carré ABCD
ment. en perspective; en joi-
gnant ABCD au sommet E on terminera le tracé de
QuATRiÈME EXERCICE. Carréhorizontalà mettre la pyramide.
en perspective. (Cette leçon, d'une grande impor- SixiEME Cube :)r;M!co~. (Démon-
tance, sera faite au tableau et reproduite par les stration au EXERCICE.
tableau; modèle
élèves.) en fi!de fer copié par
les élèves.)
Modè)e en Bt de fer; démonstration au tableau.)
Ou donne la hamenr Ee de l'un des triangles de
base (Of;. t4).
Fig. 19.
Tracer l'axe GF, reporter à droite.et à gauche
la moitié du diamètre des cercles qui est donné.
Établir la distance CA par rapport à CD, pour ob-
tenir le rectangle C,D,A,B.
Tracer l'ellipse passant par CGD, puis celle
passant par AB par rapport à la première.
Faire remarquer que les perspectives des cer-
On donne la plus grande dimension du cercle cles horizontaux sont d'autant plus déprimées
dessiné en perspective (AB=0",20j. qu'elles se rapprochentdavantage de la ligne d'ho-
Chercher par comparaison le rapport de CD, rizon.
diagonale du carré, à AB. Reporter C et D à égale DOUZIÈME EXEMtCE. Cercles concentriques,
distance de l'axe 0. Déterminer le point E, et diaprés un modèle fn fil de fer (fig. 20
construire le carré comme précédemment, M
donnant à OF une grandeur égaie aux 9/10 envi-
ron de OE.
ParO, tracer une horizontale, et sur cette droite,
de part et d'autre de 0, indiquer AB, diamètre du
cercle.
Prendre les milieux <7:,m,o,p, des cotés du carré
en perspective.
Partager les demi-diagonales en 7 parties, faire
une marque aux 2/7 en partant de l'angle exté-
rieur.
Par ces huit points faire passer une ellipse qui
représentera le cercle en perspective. Pi~.M.
DixiÈME EXERCICE. – C'dHe, à reproduire d'après
un modèle en zinc (fig. 18). Chercher le rapport de CD à AB, longueur du
Sur l'axe vertical indiquer EA, hauteur donnée, diamètre donnée.
s'assurer de la largeur de la base BC comparée à Tracer l'ellipse ABCD.
AE. de la hauteur Ao, ou AD comparée à BC. Tra- Trouver par comparaison la distance As par
cer l'ellipse inférieure.Terminer le tracé du cône rapport
en menant par le sommet les arêtes EB et EC
N0.
Trouver c et d en divisant OC et OD dans la
tangentes à l'ellipse de base. même propurtion que AO et OB.
Remarque. Ce procédé n'est qu'approximatif. comparant à SS, construire le rectangle ABCD.
TREIZIÈME EXERCICE. Cercles verticaux paral- Chercher la position de a par rapport à Az, la saiitia.
léles, cylindre droit horizontal,d'après un modèle des points << et b. Construire le carré atcaf. Par
en fil de fer (Bg. 2)). les points ABCD établir la base de chacun des
pieds. En compléter le tracé et terminer par l'in-
dication de l'épaisseur 0.
QUINZIÈME EXERCICE. Chandelier, à mettre en
perspective d'après nature (fig. ?3).
t
provoque sur les corps soumis à son action il faut r long de laquelle se meuvent des
donc d abord déterminer expérimentalementles curseurs c pleins et évidés. que t'en peut arrêter en
lois de la chute des corps. uun point quelconque à l'aide d'une vis de pres-
sion.
p
Pour compléter l'appareil, un compteur à nomène
no à une étude attentive et vérifia par de
secondes est attaché à la colonne il donne la nombreuses expériences les lois que sa première
no
mesure du temps dans les expériences et il règle observation lui avait fait pressentir.
ob
le départ du mobile dont on observe la chute. Pour établir ces fois, on applique los principes
On commence par déterminer, à l'aide de taton- de la mécanique au mouvement du pendule
nements, l'espace exact parcouru par le mobile su
simple, que l'on suppose formé d'un point maté-
en une seconde. Soit par exemple 8 centimètres. ri< suspendu l'extrémité d'un fil inextensible
riel
On porte le curseur plein d'abord à quatre fois et sans pesanteur. L'oscillation simple est k mou-
8 centimètres, soit 32, ensuite à neuf fois 8 cen- vement d'une position extrême l'autre, J'ampli-
ve
timètres, soit U, et dans chacun de ces cas on tu est l'angle compris entre les deux positions
tude
extrêmes.
constate que le mobile met deux secondes d'a-
bord, trois secondes ensuite pour venir frapper
ex
Si alors on désigne par la longueur du pen-
dule rapportée au mètre, par t la durée dune
sur le curseur. On en conclut que les espaces du
parcourus par un corps qui tombe sont propor- oscillation
os rapportée à la seconde, et par q 1 in-
tionnels aux carrés des temps employés à les par- tensité
te de la force accélératrice, ces trois quan-
y
courir. La conséquence à tirer tout d'abord, c'est
que le mouvement imprimé par la pesanteurest tit sont liées entre elles par la relation
tités t= tr
un mouvement uniformément accéléré. Cette formule, qui convient aux petites oscilla-
C
Reste à vérifier la variation de la vitesse. Pour
cela, on met sur la masse qui doit descendre un tions,
tt< à celles qui ne dépassent pas 10 degrés,
poids additionnel de forme allongée et l'on place montre
m que la durée d'une oscillation ne dépend
un curseur' évidé au point où il arrive après la pas
p< de son amplitude on exprime ce résultat en
première seconde. L'ouvertureannulaire du cur- disant
di que les petites oscillations sont isochrones;
seur laisse passer la masse principale, mais arrête c'est
c', la loi fondamentale que Galilée avait d'abord
le poids additionnel, en sorte que l'action de la découverte.
dE
force accélératrice se trouve instantanément sup- Ajoutons que c'est cette propriété de l'isochro-
primée. Alors le mouvement devient uniforme et nisme des petites oscillations que Huyghens a
ni
l'espace parcouru uniformément dans la deuxième utilisée en adaptant le pendule aux horloges pour
ul
seconde est double de celui qui l'a été pendant en régulariser la marche.
ei
la première, d'un mouvement accéléré. L'emploi du pendule a la détermination de l'in-
On recommence l'expérience en n'enlevant la tensité
tf absolue de la pesanteur se présente de lui-
masse accélératrice qu'après deux secondes de même. En effet, de la formule qui donne la durée
m
chute, et on constate que la vitesse acquise est
double de ce qu'elle était à la fin de la première
d'une oscillation, on tire g
d~ = -T,' Ainsi~pour
seconde. avoir
a' seconde
g, la vitesse acquise au bout d'une faudrait,
La vitesse crott donc proportionnellement au p les corps qui tombent
par librement, il
temps. s' était possible, mesurer avec soin la longueur
s'il
La machine d'Atwood permet de constater tou- 1 d'un pendule simple, déterminer le temps t de
tes les conditions du mouvement varié, d'établir son
Sj oscillation, et substituer ces valeurs dans la
que la pesanteur est une force constante, et que formule
f( précédente.
l'accélération, ou la vitesse acquise à la fin de la En réalité, on opère toujours avec des pendules
première seconde, est double de l'espace parcouru composés,
c, formés d'un grand nombre de points,
pendant cette première seconde, dont
d l'oscillation est plus rapide que celle des
Cette accélération due à la pesanteur lui sert pendules
p simples de même longueur, puisque
de mesure, et on lui donne le nom d'intensité de tes
1, points les plus rapprochés de l'axe tendent à
la pesanteur. On la représente habituellement osciller0 plus vite que les points inférieurs et
par etai l'on appelle v et e la vitesse et l'espaça accélèrent
a le mouvement de l'ensemble. Mais les
après un nombre de secondes égal à t, les for- géomètres
g ont donné des règles pour calculer la
mules de la chute des corps ou du mouvement 1,longueur du nendute synchrone au pendule com-
varié sans vitesse initiale sont posé,
p c'est-à-dire la longueur d'un pendule sim-
ple
P qui fait son oscillation dans le mémo temps
V = gt
t)==~< e=$'-
e= 9 :¡ que
q9 pendule composé donné, et c'est la lon-
gueur de ce pendule simple qui entre dans le
et en éliminant t: u = ~––
\/2 yc calcul.
c
Des nombreuses expériences faites à Paris, on
La machine d'Atwood ne donnerait g qu'avec a trouvé pour
a ta
la
valeur 9'80S. d'où l'on déduit
longueur du pendule simple qui
une valeur approximative. Les lois du pendule 0*,993 C pour
permettent d'en trouver une valeur plus exacte. tbattrait la seconde.
B. Pendule. Un fil à plomb suspendu à un C. Variations de l'intensité de la pesanteur.
point fixe revient dans la verticale après une sériet Si
E l'intensité de la pesanteur était la même pour
d'oscillations qui peuvent se continuer longtempsi tous
t les points de la surface du globe, un même
quand la suspension est suffisammentparfaite cestt pendule
{ qu'on transporterait en différents lieux
le pendule ordinaire. On le formeaussi d'une masse) oscillerait
c toujours de la même manière. L'expé-
pesante supportée par une tige dont l'extrémitéi rience
r démontre que la durée de l'oscillation
supérieure est traversée d'un petit prisme d'acier change
( avec la latitude elle augmente à mesure
reposant par son arête sur un plan fixe. La posi- que < la latitude augmente, tout en restant sensi-
tion d'équilibre correspond au cas où la verticale) 1blement la même pour les points l'intensitéd'un même
de
du centre de gravité passe par le point ou l'axe parallèle.
1
D'une manière générale,
fixe. Comme le mouvement oscillatoire dont l'ap- la pesanteurest plus faible sur une montagne que
pareil est animé quand il a été écarté de cettedans la vallée elle est surtout sensiblement plus
position est évidemment dû à l'action de la faible j à l'équateur que dans la région des pôles.
pesanteur, on conçoit que son étude puisse Cette variation s'explique facilement lorsqu'on
particulier de
conduire à l'appréciation de l'intensité avecc regarde la pesanteur comme un cas
laquelle la pesanteur agit. C'est à Galilée qu'estt l'attraction universelle. Les corps les plus près
due la première étude du mouvement pendulaire;du centre de la sphère sont le plus attirés. Et les
fournir une preuve de
son attention avait été attirée sur ce sujet parr lois du penduledeviennent
l'observation du mouvement d'une lampe sus- l'aplatissement la terre au pôle.
pendue à la voûte d'une ég)ise il soumit le phé- iHaraucourt.1
PÉTROLE. Chimie, IV. Littéralement, comme spécifique contre les rhumatismes on
huile de pierre. Le pétrole est une substance l'appelle alors jtfoMM. Le moum est aussi em-
liquide, de la famille des bitumes, d'une consis- ployé comme vermifuge, puis extérieurement il
tance plus ou moins épaisse sa couleur varia sert au pansage des blessuresgraves. La substance
selon son degré de pureté le pétrole brut, e'est- médicinale, encore si employée aujourd'hui dans
à-dire tel qu'il sort de la terre, est d'une couleur le midi de la France, sous le nom d'huile (~ Ga-
brune rougeatre. Rectifié par ta distillation, il est bian, n'est autre chose que du pétrole provenant
incolore et parfaitement liquide; on l'appelle alors des mines du village de Gabian (Hérault). Depuis
quelquefois nap/~e ou huile de nap hte, ou encore longtemps le pétrole est aussi employé à la con-
essence minérale, essence de pétrole. Comme l'as- fection de certains vernis. On peut dire, malgré
phalte, le malthe, et tous les bitumes, le pétrole tous ces usages déjà anciens, que la consommation
est un mélange naturel, plus ou moins intime, et du pétrole a été plus que centuplée, depuis un
en proportions variables, d'hydrocarburesqui dif- quart de siècle, grâce à la découverte des nom-
fèrent surtout entre eux par leur point de fusion breuses mines américaines, qui en fournissent
ou par leur point d'ébullition. une si grande quantité, que malgré cette consom-
Le pétrole possède une odeur empyreumatique mation véritablement prodigieuse, le prix du pé-
caractéristiquequi est fortement développée.dans trole reste extrêmement bas, dans tous les pays
l'essence de pétrole. où il entre en franchise. Il est surtout employé à
Il est très combustible son inflammabilité dé- l'éclairage;l'usage des bidons et des lampes fabri-
pend de sa volatilité. Le pétrole brut ne s'enflamme qués exprès pour son transportet sa consommation
que très difficilement au contact d'une allumette a diminué considérablement le nombre des ac-
lorsqu'il est à une température inférieure à 35" cidents qu'on enregistrait chaque année depuis
centigrades l'essencede pétrole, au contraire, peut que ses usages sont devenus si nombreux.
prendre feu à l'approche d'une allumette à la tem- L'Angleterre, la Belgique et la Hollande en font
pérature ordinaire. Cette propriété la rend dange- une immense consommation.Dans certains ports
reuse, aujourd'hui qu'on en fait un si grand usage comme Rotterdamaussi on sent le pétrole partout. En
pour l'éclairage. Amérique, il sert au chauffage des locomo-
Distillé jusqu'à épuisement, le pétrole laisse un tives et des autres machines à vapeur. En France,
résidu charbonneux tout semblable au coke. Le des essais ont été faits depuis quelques années
poids spécifique du pétrole varie un peu avec son pour cet usage, mais jusqu'à présent le nombre
origine et son degré de pureté, mais il est toujours des machines chauffées au pétrole est extrême-
inférieur a t. Celui de l'essence est peu prés ment restreint. On commence à fabriquer et à
0,83. Un litre d'essence pèse donc environ 830 vendre des foyers de cuisine se chauffantau pétrole
grammes. et ne donnant presque point d'odeur; néanmoins
Origine du pétrole. La plus grande partie de la plus grande partie du pétrole consommée en
l'énorme quantité de pétrole consommée actuelle- France sert à l'éclairage; une seule compagnie
ment en Europe provient de sources naturelles française éclaire au pétrole plus de 200 villes. On
extrêmement abondantes qu'on a trouvées depuis introduit en France, chaque année et venant prin-
trente ans dans l'Amérique du nord, principale- cipalement d'Amérique, par Bordeaux, le Havre,
ment en Pensylvanie et dans le Devonshire. On Dunkerque, près d'un million de fûts de 180 kilo-
connaît aussi des sources de pétrole en France, grammes chacun de pétrole brut, sans compter
en Italie, en Russie. A la Condemine, et à la Sar- 100 000 fûts d'essence de pétrole. Les droits d'en-
celière dans le départementde l'Allier, on obtient trée en France s'élèvent à 25 francs les 100 kilog.,
le pétrole par la distillation de schistes bitumi- et le pétrole se vend en détail 0~,SÛ le litre. A
neux plus ou moins compactes. Avant la décou- Anvers, où il n'y a pas de droit d'entrée, il se vend
verte des nombreuses sources de l'Amérique du 27 francs les 100 kilog., et dans toute la Belgique
nord, le pétrole provenait presque exclusivement il est à O',30 le litre raffiné. Cette différenceénorme
des bords de la mer Caspienne, des environs de du prix de vente entre la Belgique et la France
Bakou principalement. L'origine du pétrole est n'est peut-être point l'unique cause qui fait qu'on
fort probablement la même que celle de tous les en consomme proportionnellement beaucoup plus
bitumes naturels. Comme ces diverses substances dans le premier de ces pays que dans le second.
ressemblent beaucoup, par leur composition, En France le pétrole a, plus qu'ailleurs, conservé
aussi bien que par leurs propriétés, aux produits la réputation exagérée d'une fort dangereuse sub-
bitumineux extraits de la houille par distillation, stance lorsqu'il doit être employé aux usages jour-
on a été porté à croire que le pétrole et les bitu- naliers. ~Alfred Jacquemart.]
mes provenaient d'une distillation naturelle, ac- t'HA~ÉROGAMES.–Botanique, –
XIII. Etym.:
complie dans le sein de la terre, des dépôts houil- de deux mots grecs, signifiant mariage apparent.
lers, ou des masses végétales qui en se transfor- Ce mot a été formé par opposition au mot
mant ont formé ces dépôts. De fortes objections se Cryptogames, à une époque où la reproduction des
présentent contre cette manière de voir la prin- végétaux de l'embranchement des Cryptogames
cipale, c'est qu'on rencontre ces substances dans était encore fort mal connue.
les terrains dont la formation est antérieure à celle On désigne sous le nom de Phanérogames tous
du terrain houiller on les rencontrejusque dans les végétaux dont la reproduction est assurée par
les roches ignées. De plus on constate leur pré- le concours d'étamines et de pistils.
sence dans le voisinage des salses, des sources Les caractères généraux des Phanérogames sont
thermales, des volcans, des /b'<taMM.! ardentes les suivants 1° Tous les phanérogames ont une
produites par des combustions de grisou sortant tige caractérisée par des faisceaux qui ne pré-
de terre et enflamméaccidentellement. En résumé, sentent qu'un seul centre de développement ou
on peut dire que la manière dont s'est produit le de formation trachéenne la terminaison inférieure
pétrole est encore à l'état de problème; nous de cette tige a reçu le nom d'axe hypocotylé. Les
ajouterons seulement que l'illustre géologueOrna faisceaux de la tige sont peu nombreux en général
lius d'Halloy ramène son origine à la cause des dans les phanérogames dicotylédonés;ils sont au
phénomènes ignés. contraire très nombreux dans les phanérogames
j~sa~ei! du pétrole. De temps immémorial, le monocotylédonés 2° Tous les phanérogames pré-
peuple, en Perse, se chauffe et s'éclaire avec le sentent des feuilles ou appendices symétri-
pétrole qui abonde, comme nous l'avons dit plus ques par rapport à un plan qui passe toujours par
haut, sur les bords de la Caspienne. Dans tout l'axe de la tige. Ces feuilles ne reçoivent qu'un
l'Orient on l'emploie aussi depuis fort longtemps i petit nombre de faisceaux dans les dicotylédones;
elles en reçoivent au contraire un nombre consi- attirés par les richesses forestières et par tes mi-
dérable chez les monocotylédones 3* Presque tous nes de cuivre ils commencèrent à y fonder des
les phanérogames présentent des racines Le comptoirs et inaugurèrent le régime de colonisa-
premier de ces organes qui apparatt sur l'embryon tion qui réussit plus tard aux autres villes du pays.
en voie de développement se place souvent à Mais Gebel fut bientôt effacée par Sidon, « le pre-
l'extrémité inférieure de l'axe hypocotylé, dont il mier-né de Canaan. » Sidon ne songea jamais à
semble alors être le prolongement (dicotylédones) devenir puissance continentale. Elle se contenta
4" La dispersion des grains de pollen et leur dis- d'exercer une sorte d'hégémonie sur le reste de la
tribution sur le stigmate se fait toujours dans nation, sauf Arad et Simyra, et n'essaya même
l'air; 5" Tous les phanérogames produisent des pas de résister aux Egyptiens quand ceux-ci
graines c'est-à-dire des appareils chargés d'as- conquirent la Syrie.Elle pensa qu'il valait mieux
surer la dispersion des jeunes plantes. faire le commerce avec elle que dû se mi-
[C.-E. Bertrand.' ner à soutenir contre elle une lutte par
PHÉNICIE. Histoire générale, IV. D'a- trop inégale. Depuis Thoutmês ï" jusqu'à la fin
près la tradition grecque, le nom de Phénicie vien- de la xxe dynastie (V. Egypte), pendant six
drait de phoinix, palmier, et signifierait le pays siècles, Sidon resta soumise aux Pharaons et profita
des pa~M, d'après les conjectures de plusieurs de la sécurité que leur assurait leur protection
savants modernes, il dériverait d'un vieux nom na- sur terre pour reporter sur mer tout ce qu'elle
tional, PaMt, Puni, conservé plus tard par lei avait de forces. Elle explora et colonisa toute la
Carthaginois, et dont la forme originale Poun, partie orientale de la Méditerranée. Chypre fut oc-
Pounit, se trouve sur les monuments égyptiens, cupée tout entière, puis la Crète, puis Rhodes et
appliquée à des pays de l'Arabie et de l'Afrique les Cyclades. Tout au long des côtes de l'Asie Mi-
orientale. neure, en Cilicie, en Pamphylie, en Lycie, des cen-
G~o~fop~M. La Phénicie proprementdite s'é- taines de comptoirs dont beaucoup devinrent des
tendait le long de la côte syrienne, de la pointe du villes importantes, des pêcheries, des exploitations
Carmel au sud jusqu'en face de Die de Chypre, de mines s'élevèrent les flottes des Sidoniens,
sur une hauteur de cinquante lieues environ. Plus franchissant les détroits de l'Hellespont et du Bos-
tard on appliqua ce nom à toute la partie du lit- phore, s'engagèrent dans l'orageuse mer Noire et
toral située entre Joppé et l'embouchure de l'O- atteignirent la Colchide, même l'embouchure des
ronte. La Phénicie n'est à proprement parler que grands fleuves de la Russie actuelle. D'autre part,
la bande de terre resserrée entre le Liban et la la Grèce n'échappa point a leur influence, et tandis
mer, et dont la largeur moyenne varie entre huit que le Péloponèse les voyait s'établir à Cythère,
et dix lieues. Elle est coupée de ravins et db val- à Corinthe, sur les cotes de ce qui fut plus tard la
lées profondes qui servent de lits à des torrents Laconie, l'Elide et l'Achaie, une véritable colonie
dangereux au moment de la fonte des neiges, le pénétrait dans le bassin du Céphise avec Cadmos
Nahrel-Kebir, le Nabr-el-Kelb (Lylfos), l'Adonis et y fondait Thèbes. En même temps, la côte afri-
la partie sud du pays possède une véritablerivière, caine recevait la visite de leurs vaisseau! Leptis,
le Litany (Léontès), dont le cours inférieur seul et Thapsus, Utique,devenaientle centre d'un véritable
l'embouchure se trouvent sur territoire phénicien. empire dont la population mêtée d'indigènes et de
Des forêts couvraient le flanc des montagnes, pins, Chananéensporta chez les auteursclassiques le nom
cyprès, cèdres d'une espèce particulière le fond deLibyphéniciens.Oncroit qu'ils pénétrèrent plus
des vallées et le penchant des coteaux portaient te !oin, que la Sicile et l'Italie méridionale subirent
palmier, l'olivier, le figuier, la vigne, le grenadier, leur influence: mais le souvenir de leurs expédi-
plusieurs espèces de céréales. Si petit qu'il fût, le tions s'effaça de bonne heure dans ces régions de-
pays pouvait nourrir une populationnombreuse. vant la suprématie de Tyr.
Les villes, presque toutes situées au bord de la Tyr avait été d'abord la vassale de Sidon, et
mer, étaient, en partant du nord, Marath, Arad et peut-être n'aurait-elle jamais réussi à se rendre
Simyra,Gebel(BybIos),Bérythe et Sidon,/a/!eM~M, indépendante,si les Sidoniens n'avaient pas été
Tyr et Ako (Saint-Jeand'Acre). Tyr et Arad étaient épuisés par la grandeur même de leur colonisa-
bâties sur des ilôts fort étroits Tyr avait en face tion. Un peuple, d'abord soumis à l'Egypte, celui
d'elle sur le continent un faubourg qu'on appelait des Philistins, profita de la faiblesse des grands-
Palceo-Tyr, Tyr la Vieille. prêtres d'Ammon (V. Egypte) pour se livrer à
Histoire. Les traditions nattonales plaçaient la piraterie, et se mit en rivalité avec les Sido-
l'origine des Phéniciens sur les bords do la mer niens une de ses flottes battit la flotte phéni-
Erythrée et dans les !tes du golfe Persique deux cienne et s'empara de Sidon vers 1200. Tyr suc-
des Bahrein portaient encore à l'époque gréco-ro- céda presque aussitôt à Sidon dans le rote de mé-
maine le nom de Tyros et d'Arados. Ils en vinrent tropole. Le développement des tribus heDéniques
avec le reste des tribus chananéennes, probable- la força à renoncer en partie aux conquêtes que
ment à la suite du grand mouvement de migration Sidon avait faites de ce côté elle ne conserva
qui produisit l'invasion des pasteurs en Egypte guère dans la mer Egée que Thasos, Rhodes et
(V. Egypte), peut-être vers le vingt-cinquième Mélos. Elle reporta toute son énergie sur les pays
siècle avant notre ère. Tandis qu'une partie des occidentaux encore mal connus la Sicile et Malte,
tribus occupaient la vallée du Jourdain et celle la Sardaigne, la côte septentrionale de l'Afrique,
de l'Oronte, la partie qui devint plus tard la na- les Baléares, la côte orientale de l'Espagne furent
tion phénicienne s'empara de la côte et y fonda ou explorées et colonisées tour à tour; enfin le détroit
v agrandit les villes que nous venons d'énumêrer. fut franchi et les flottes tyriennes débouchèrent
Resserrés entre le Liban et la mer, les Phéniciens dans l'OcéanAtlantique. Elles trouvèrent là, entre
se jetèrentbravement à la mer et devinrent bien- le Xucar et le Guadiana, un pays d'une richesse et
tôt les marinsles plus expérimentés de la première d'une fertilité merveilleuses, dont les mines d'or,
antiquité. Le Liban leur fournit des bois de con- d'argentet de plomb attirèrent bientôt une popula-
struction en abondance ils chargèrent sur leurs tion nombreuse. Malacca (Malaga), Tartessos, Gadès
navires les produits de leur sol et surtout les pro- (Cadix) devinrent le centre de la dominationtyrienne
duits de l'industriedes nations voisines, et allèrent aux régions de Tarshish et servirent de point de
les porter aux peuples encore à moitié barbares départ à de nouvelles explorations. On ne sait
qui vivaient sur les côtes de la Méditerranée. jusqu'où les Phéniciens s'avancèrent le long des
Gebel paraît avoir été celle de leurs villes qui côtes d'Afrique mais au Nord, ils allèrent cher-
se développa le plus anciennement.Située presque cher l'étain jusque sur les côtes de la.Cornouait)e,
en face de l'He de Chypre, ses marins y passèrent aux iles Casaitëride~(Scilly). Quand on songeque
tous ces voyages ont été entrepris et exécutés elle paraît s'être imprégnée fortement
de mythes
sans boussole par des navires dont les plus con- égyptiens. Le dieu suprême, le dieu-soleil qui
sidérables avaient à peine la force de nos gros ba- conserve et détruit tout à la fois, prenait comme
teaux de pèche, on ne peut s'empêcher d'admirer à Babylone le nom de maMfe, Baal (Bèlostitre des
l'énergie et l'habileté des pilotes tyriens les Grecs) ses formes locales joignaient à ce
grands peuples maritimes des temps modernes tantôt le nom de la ville où elles étaient adorées,
n'ont rien fait de pius audacieux et de plus grand. Baal-Tsour à Tyr (Tsour), jB.;a~-S:d')M à Sidon,
Tyr, arrivée a l'apogée de la puissance, se donna tantôt des épithètes,~e~ar< (le roi de la ville, à
des rois. dont le premier fut Abibal, contempo- Tyr), Adonis, etc. Melkarth, introduit en Grèce
rain de David. Hiram I' qui succéda à Abibal, fut
l'ami constant de Salomon (98~7): il agrandit
comme dlélicerte,fut de plus idenufié avecl'Hercule
hellénique, et devint comme une personnification
Tyr, fournit au souverain israélite des architectes de la colonisation tyrienne: son culte se retrouve
et des sculpteurs qui bâtirent et ornèrent le tem- sur tous les points de la Méditerranée où les
ple de Jérusalem. En échange de ces services, il Tyriens s'établirent. Les deesses qui accompa-
obtint la permission d'équiper à Esiongéber, sur la gnaient ces dieux n'en étaient le plus souvent que
mer Rouge, une flotte qui alla au pays d'Optnr la contre-partie féminine, et n'avaient pas toujours
(probablement l'Afrique tropicale) chercher l'or. une forte personnalité c'étaient Baalit (Beltis)
l'ivoire et l'ébène. La bonne harmonie continua de à Gebel, et surtout Astarté à Sidon. Le culte de
régner entre les successeurs d'Hiram et ceux de ces divinités, que l'on désignait d'une manière
Satomon,mêmeaprès que le schisme des dix tribus générale sous le nom de Baalim, les MaM~s, était
eut amené la ruine de la puissance israélite. parfois voluptueux et sanguinaire certaines d'en-
Ithobaal (80~-866) maria sa fille Izebel au roi tre elles exigeaient le sacrifice humain par le feu,
d'Israël Akab, et la fille d'Izebel, Athaliah, fut plus et demandaient dans des circonstances solennelles
tard reine de Juda (V. ~M!s); on put croire l'offrande des premiers-nés; la loi religieuse des
un moment que le culte de Jéhovah serait rem- Phéniciens se trouvait consignée dans des livres
placé chez les Hébreux par celui du Baal et de dont une rédaction, attribuée à un certain Sancho-
l'Astarté phénicienne. Mais des luttes sanglantes niathon, nous est connue par quelques fragments
entre les nobles et le peuple affaiblirent Tyr au en langue grecque. Les Phéniciens pensaient qu'il
dedans et au dehors. Sous le règne de Pygmalion, y avait eu au commencement un air trouble et
Cartilage fut fondée par un personnage mysté- venteux, un souffle (roudh) et un chaos confus et
rieux auquel la tradition a donné un nom de déesse, sombre le souffle devint amoureux de ses propres
Dido, et bientôt la Ville-Nouvelle (Aa)-<Ms/ia<, éléments, les mêla par le désir, et de ce mélange
dont les Romains ont fait Carthage) enleva à sa naquit la boue (mdt/t) de cette boue sortit la se-
métropole la possession de l'Afrique, de l'Espagne, mence et la génération de toutes choses.
de la Sicile (entre 8M) et 820). Vers le même temps,
les Assyriens commençaient à paraître en Syrie.
–
Industrie, con:MM)'ee, <:Me)'fttM)'c. Les peuples
de l'antiauité classique attribuent la plupart des
Assour-nazir-habal (885-860) imposa le tribut à grandes inventions aux Phéniciens: c'estune exa-
Tyr, à Sidon, à Gebet, à Arad. Tyr et Sidon ré- gération qui s'explique aisément, si l'on songe que
sistèrent A ses successeurs,souvent avec bonheur. les Grecs, ayant connu ces inventions par les Phé-
Tyr fut assiégée dix ans sans succès par Sal- niciens, furent tout naturellementportés à leur en
manasar V et par Sargon II (V. Assyrie), et ne donner le mérite. En fait, les Phéniciens, placés
fut réduite qu'en 700 par Sinakhéirib. Mais ces entre les grandes nations civilisées du vieux
luttes, pour glorieuses qu'elles furent, achevèrent monde, l'Egypte et la Chaldée.no firent guère que
de ruiner l'empire colonialdes Phéniciens Rhodes, répandre et perfectionner ce qu'elles avaient
Thasos furent conquises, et Chypre à moitié colo- trouvé. Ils empruntèrentl'artde fabriquer le verre
nisée par les Grecs. à l'Egypte, dérivèrent leur alphabet des hiérogly-
Désormais la Phénicie se borna à faire le com- phes égyptiens, et apportèrent probablement avec
merce de commission,ou, comme on a dit, le t'~M- eux du voisinagede la Chaldée la science astrono-
lage des mers, pour le compte des différents peu- mique et mathématique, qui fit d'eux les premiers
ples qui se partagèrent l'Orient. Alliée de l'Egypte, marins de l'antiquité. Tout ce que nous connais-
elle repoussa Nabou-Koudour-Oussour Chal- sons de leur architecture et de leur industrie
dée) vers 574, et fournit au Pharaon Néko la porte le sceau de l'imitation leurs tombeaux, les
flotte qui fit le tour de l'Afrique pour le compte de débris de leurs temples, la figure de leurs divinités
ce prince. Conquise par Apriès, elle passa sous la est surtout égyptienne, avec un mélange d'assyrien
domination d'Amasis, puis sous celle de Kyros,et ou de perse selon les époques. C'est justement ce
fut à partir de ce moment une province de l'em- manque d'originalité qui explique la grandeur du
pire perse.Ellefournit à Darios et àXerxès la plus rôle qu'ils ont joué dans le développement de la civi-
grande partie des flottes qui soutinrent contre les lisation antique.Ils ont servi de lien entre le monde
Grecs les batailles des guerres médiques. Elle fai- oriental déjà en décadence et le mondeoccidental
sait alors partie de la satrapie d'Arabie, mais ses encore barbare, et ont transporté pêle-mêle et sans
villes avaient chacune leur roi indépendant c'est choix tout ce qui pouvait développer chez les peu-
ainsi que nous connaissons àSidon Eshmounasar, ples méditerranéens le sentiment des arts et le
dont le sarcophage est au musée du Louvre, et à goût des sciences. Par l'échange, ils leur donnèrent
Gebel Schavmelek. Une seule tentative de révolte les modèles égyptiens et chaldéens, auxquels les
contre Artaxerxès Ochos aboutit à la destruction de Grecs et les Italiens empruntèrentcertaines formes
Sidon. Tyr, demeurée fidèle au grand roi, arrêta de leur architecture, de leur céramique, de leur
pendant sept mois Alexandre: il fallut, pour la orfèvrerie. Les comptoirs furent non seulement
prendre, joindre au continent, par une digue, l'tiot des marchés où l'on faisait le commerce, mais des
qui la portait (332). Désormaisenclavée dans l'em- écoles où les tribus barbares du voisinage appri-
pire macédonien, la Phénicie, après avoir été dis- rent peu à peu la navigation, l'industrie, et con-
putée pendant deux cents ans entre les Ptolémées nurent certaines idées religieuses, qui influèrent
d'Egypte et les Séleucides de Syrie, tomba définiti- sur la direction de leur développement moral
vement, à la mort de CIéopatre(29), aux mains des ou philosophique. Les Grecs reçurent leur écri-
Romains. ture de la Phénicie, et par les Grecs le monde
lieligion. La religion phénicienne était appa- entier.
rentée de très près aux cultes babyloniens et Les principales industries purement phénicien-
assyriens (V. ~ssy~'M et Chaldée) mais pen- nes étaient la fabrication de la pourpre, la cons-
dant la durée de la domination pharaonique truction des navires et l'exploitation des mines. La
pourpre, dont les nuances variaient du carmin le une direction dans laquelle la dispersion est mi-
plus éclatant au noir le plus sombre, était extraite nimum l'œil reçoit dans cette direction un
de plusieurs espèces de coquillages, dont le plus plément de lumière qui devient très sensible sup-
si le
précieux était le Murex ~raKetar~. Partout où senombre des gouttes d'eau qui l'envoient est suffi-
trouvèrent des bancs de ce mollusque, les Phéni- sant. La direction de la dispersion minimum n'est
ciens établirent des pêcheries et des teintureries, pas fixe dans l'espace c'est son inclinaison sur les
sur les côtes de l'Asie Mineure, de la Crète, du rayons solaires qui l'est seule, en sorte que le
Pétoponèse. Ces établissements étaient presque supplément de lumière peut se produire sur une
toujours dans le voisinage de forêts qui fournis- surface conique ayant l'œil pour sommet et pour
saient des matériaux abondants à la marine. Les axe le prolongementde la ligne qui va du soleil
Phéniciens perfectionnèrent la construction des à l'œit de l'observateur. L'impression est donc celle
navires à tel point que, même au temps de la ré- d'un cercle lumineux entourant cette surface co-
publique athénienne, les vaisseaux sidoniens nique partout où il s'y trouve des gouttes d'eau.
étaient cités comme des modèles d'arrimage et de Si la lumière était simple, on apercevrait en effet
solidité. Dans le bassin occidental de la Méditer- un cercle lumineux unicolore, assez nettement
ranée, dans le nord de la mer Egée, sur les côtes limité; mais la lumière solaire est composée d'une
du Pont-Euxin où la pourpre n'abondait pas, ils somme de rayons de couleurs diverses se réfractant
eurent des pêcheries, et des fabriques de salai- de quantités inégales (V. M/t'acttMt). A chacun
sons, ou oxploitèrent les mines, mines d'or à d'eux correspond un angle différent de déviation
Thasos et en Espagne, d'argent et de plomb, en minimum. H en résulte que chaque arc-en-ciel se
Espagne, d'étain dans la Colchide et les Cassité- compose en réalité de la juxtaposition d'arcs de
rides. Aujourd'hui encore, on trouve en Espagne rayons inégaux et teints chacun de sa couleur pro-
les débria de leurs galeries de mines. pre. Ils empiètent les uns sur les autres et for-
Ils avaient une littérature assez complète, livres ment une bande circulaire dans laquelle les
historiques, livres religieux, traités d'agriculture leurs du spectre sont fondues et ne laissent cou- voir
quelques-uns de ces ouvrages, traduits en grec ou que les teintes principales le violet du coté du
même en latin (le traité du Carthaginois Magon centre, puis le bleu, puis le vert lavé, le blanc
sur l'agriculture) nous sont connus par des frag- jaunâtre. Le rouge est à l'extérieur. Cet arc,
menta malheureusement peu nombreux. Dans vent très brillant, est dû à une seule réflexionsou- des
la langue originale, un dialecte apparenté de très rayons qui ont pénétré dans l'intérieur de chaque
près à l'hébreu classique, nous n'avons que quel- goutte d'eau. On l'appelle arc intérieur.
ques inscriptions dont les plus longues sont celles Assez fréquemment, l'arc intérieur est entouré,
du sarcophage d'Eshmounasarau Louvre, un rè- à distance, d'un second arc plus pâle. appelé arc
glement sur les sacrinces, découvert à Marseille,et extérieur,qui est dû à des rayons ayant subi deux
une stèle où est décrit le grand temple de Byblos. réflexions à l'intérieur de chaque goutte d'eau.
[G. Maspero.1 Dans l'arc extérieur, la série des couleurs est ren-
PHENOMENES OPTIQUES DE LATMO- versée c est le rouge qui est en dedans et le
SPHEeE.–Météorotogie.XlII.–Ondésigne sous violet en dehors.
ce nom l'ensemble des effets de lumière et de Nous n'avons parlé de l'arc-en-ciel solaire
coloration auxquels donnent lieu dans l'atmo- produit par une chuteque de pluie convenablement
sphère le soleil, d'abord, puis l'électricité atmo- placée. Il existe aussi des arcs-en-ciel lunaires
sphérique,' les astéroïdes errants qui pénètrent mais ils sont rares et toujours très faibles. Les
dans notre atmosphère, etc. Nous décrirons les et les autres n'ont qu'une seule et unique si-
principaux d'entre eux en les rangeant dans l'or- uns gnification c'est qu'il pleut là où on les voit;
dre alphabétique. ils ne nous promettent absolument rien pour l'a-
Anthélies. Sorte d'auréole lumineuse qui en- venir.
toure l'ombre d'une personne projetée soit sur Une pluie artificielle peut produire l'arc-en-ciel
une surface gazonnée et couverte de rosée, soit comme une pluie naturelle, car celle-ci n'agit
même sur un nuage. L'anthélie nest guère visible que par ses gouttes d'eau. Les jets d'eau, les cata-
que par la personne même qui projette son ractes peuvent donc en produire à toute heure du
ombre, et elle lui apparait surtout autour de la jour si peut choisir un emplacement favorable
tète. Elle est due à la réflexion de la lumière par pour lesonobserver. Généralement alors on ne voit
les gouttes de rosée ou par les globules des nua- que des tronçons d'arc plus ou moins longs.
ges placés en dehors de l'ombre portée, mais le Aurore. Parmi les rayons diversement colo-
plus près possible de la ligne qui irait des yeux rés qui composent la lumière du soleil, les rayons
au soleil et se prolongerait en avant de l'observa- bleus sont le plus fortement réfléchis par l'atmo-
teur. A mesure qu'on s'éloigne de cette ligne, l'in- sphère. La portion du ciel qui n'est éclairée pour
tensité de la lumière réfléchie diminue assez ra- nous que par cette réflexion nous parait donc
pidement, en sorte que l'ombre de la tête paratt bleue. Mais les autres rayons continuent leur
seule enveloppée d'une auréole analogue à celle route et comme, si on enlève du bleu à la lumière
dont on entoure la tête des saints, sauf qu'elle est blanche, on a une couleur orange, l'ensemble de
blanche et non colorée. ces autres rayons paraîtra plus ou moins coloré de
Arc-en-ciel. Il se voit, comme l'anthélie, dans cette teinte, et d'autant plus que le soleil, étant
une direction opposée au soleil, et son centre se plus bas, ses rayons, transmis directement, auront
trouve encore sur le prolongement de la ligne qui à traverser, pour venir jusqu'à nous, une plus
irait de t'œil au soleil. Mais il a une autre cause grande épaisseur d'air atmosphérique. Tandis
que l'anthélie, et ne se produit que quand il pleut qu'au lever du soleil le ciel est teinté de bleu vers
quelque part. l'occident, il est teinté de la couleur orangée
.L'arc-en-ciel est dft à des rayons solaires qui l'orient. L'inverse a lieu au coucher du soleil.vera
tombent sur les gouttes de pluie, pénètrent dans La vapeur d'eau condensée dans l'air agit indis-
leur intérieur en s'y !-<?-<! i*<M<, se réfléchissent tinctement sur tous les rayons colorés qu'elle re-
une fois ou deux sur leur surface interne, et s'en çoit. Elle a donc pour unique effet de laver de
échappent en subissant à leur sortie une nouvelle blanc la couleur du ciel; mais la vapeur
réfraction. Les rayons solaires qui tombent sur d'eau, conservant propre l'état gazeux, agit par sélection
chaque goutte d'eau et couvrent leur hémisphère la lumière bien plus énergiquement que l'air
éclairé peuvent ainsi être réfractés dans toutes les sur et
directions, et sont rendus invisibles par leur dis- pur comme la vapeur gazeuse abonde dans
l'air, surtout dans la saison chaude ou les pays
persion. Mais il existe pour chaque goutte d'eau chauds, c'est là surtout que l'aurore prend ses
teintes les plus éclatantes. Les nuages sont alors aurores boréales et l'état général du temps phé- sont
colorés comme la lumière qui les frappe. Quant très obscures. Il semble cependant que le
ciel lui-même~ la teinte orange est d'autant plus nomène coincide généralement avec la présence
au équatorial
ou avec le retour
pure qu'on la regarde plus près du soleil, et la régions du courant vers les
teinte bleue d'autant plus pure aussi qu'on la re- polaires. Survenant à la fin d'une période
garde dans une direction plus éloignée. Le pas- sèche, elles annonceraient le retour des vents hu-
sage de l'une à l'autre a lieu par teintes mélan- mides et pluvieux. H faut se rappeler toutefois
gées verdâtres inclinant soit à l'orange, soit au que les aurores boréales retentissent simultané-
bleu, soit qu'on s'approche, soit qu'on s'éloigne ment sur tout le pourtour du pôle, s'étendant à
du levant. l'Europe, à l'Asie et à l'Amérique du Nord, tandis
Dès que le soleil commence à s'élever au-dessus que les vents pluvieux ont une marche plus lente
de l'horizon, l'épaisseur de la couche obliquement et plus circonscrite.
traversée par ses rayons diminue rapidement, Des phénomènes semblables aux aurores bo-
ainsi que la prédominance de la teinte orangée réales s'observent au pôle austral, comme au pôle
qu'on y remarque. boréal. On les appelle aurores australes.
Les faits sont exactement du même ordre au Couronnes. Ce sont des cercles lumineux
coucher du soleil. colorés qui entourent le disque du soleil et de la
~Mrore ~o-e~e. Elle n'a rien de commun avec lune quand des nuages légers ou des brumes
l'aurore. Elle est exclusivement d'origine élec- passent entre ce disque et notre œil. Les cou-
trique. ronnes solaires sont assez difficiles à observer, à
L'aurore boréale est un phénomène essentielle- cause de l'éclat de l'astre difficile à supporter
ment mobile et variable, suivant les climats. A directement; il vaut mieux en voir l'image réflé-
Paris, les aurores boréales sont très rares, et chie par la surface d'une eau tranquille. Les cou-
quand elles s'y montrent, ce ne sont le plus sou- ronnes lunaires sont au contraire très communé-
vent que de vastes lueurs rougeâtres simulant des ment observées. Elles sont d'autant plus larges
incendies. Quelquefois, cependant, on y distingue que les globules de vapeur condensée sont plus
nettement des rayons brillants qui dardent vive- fins et plus serrés. On peut du reste les repro-
ment dans le ciel en changeant de place et de duire artificiellement en interceptant la vue de
couleur. L'aurore du 24 octobre 1870 est une des l'astre par une tame de verre recouverte d'une
plus remarquables qu'on ait observées à Paris, poudre très fine et très régulièrement étalée en
surtout par la forme de draperie qu'elle déploya couche mince et transparente. La fine buée qui
dans le ciel et par la vague lumière qu'elle laissa se dépose sur les vitres produit un eflet sem-
dans les hauteurs. A Tours, cette aurore boréale blable.
fut également très intense, mais elle ne s'y mani- Les couronnes sont dues à des modifications de
festa que par des jets de lumière ondoyante lancés la lumière transmise par les intervalles des grains
dans des directions diverses et émanant d'un cen- de poussière ou de vapeur condensée, modifica-
tre assez étendu de lumière jaune orangée à reflets tions que l'on nomme diffraction.
ronges. Crépuscule. Lumière qui continue à éclairer
Les aurores boréales sont surtout complètes et le ciel après le coucher du soleil, ou qui l'éclairé
très fréquentes dans les régions septentrionales déjà avant son lever.
voisines des régions polaires. Les rayons solaires tangents à la surface de la
Un aspect pâle du ciel, dans le voisinage de terre cessent d'arriver directement aux points de
l'horizon et dans la direction du nord, précède la surface terrestre placés au delà du cercle de
l'apparition de l'aurore. Bientôt la couleur devient contact; mais ces rayons n'en continuent pas
plus sombre, et l'on voit un segment circulaire moins à éclairer les couches de l'atmosphère
plus ou moins grand entouré d'un arc lumineux qu'ils traversent, et à nous éclairer nous-mêmes
d'un blanc brillant passant au bleu pâle. par réverbération.
Quand l'arc lumineux s'est formé, il reste sou- On distingue deux crépuscules. Le crépuscule
vent visible pendant plusieurs heures. Toutefois, civil finit quand la ligne qui sépare la portion de
il n'est pas immobile dans un mouvement per- l'atmosphère directement éclairée de celle qui ne
pétuel, l'arc s'élève et s'abaisse, s'étend vers l'est pas, s'est élevée jusqu'au zénith. L'obscurité
l'est ou l'ouest et se rompt ça et là. Ces mouve- du ciel est alors à peu près complète pour un
ments sont surtout remarquables quand l'aurore appartementayant ses fenêtres à l'orient. C'est le
boréale s'étend et commence à lancer des rayons. moment où les planètes et les étoiles les plus
Alors l'arclumineux devient plus brillant sur un brillantes commencent à paraître. Ce moment
point; il mord sur le segment obscur et une lueur arrive quand le soleil est descendu de 6 degrés
brillante, semblable à celle de l'arc, monte vers le au-dessous de l'horizon. La durée de ce crépus-
zénith. Cette lueur s'élance avec la rapidité de cule par un ciel pur varie en France de ~0 à
l'éclair jusqu'au milieu de la voûte du ciel. Tantôt 47 minutes, selon la localité et la saison. La durée
l'arc s'allonge, tantôt il se raccourcit, et ne conserve du jour, mesurée par l'intervalle qui sépare le
presque jamais la même forme pendant plusieurs lever du coucher du soleil, doit donc être aug-
minutes, mais se meut vers l'est ou vers l'ouest et mentée de 30 4'! minutes le soir et d'autant le
se courbe comme une draperie agitée par le vent. matin.
H pâlit ensuite peu à peu et disparait enfin pour Le crépuscule astronomique prend fin quand la
faire place à d'autres rayons. Si ces rayons sont totalité de l'atmosphère visible cesse d'être direc-
très éclatants, ils présententquelquefois des teintes tement éclairée. 11 est alors nuit close.
vertes ou d'un rouge foncé. La durée du crépuscule est bien courte dans les
Le centre de chaque aurore boréale paraît placé, régions équatoriales, où le soleil, après avoir passé
non dans la direction du nord vrai, mais dans la au zénith, descend presque verticalement au-des-
direction du nord magnétique. Pendant toute sa sous de l'horizon. Elle s'allonge à mesure qu'on
durée et même quand l'aurore n'est pas visible en s'avance vers le nord, parce que le soleil suit une
France, l'aiguille aimantée est fortement agitée. ligne qui s'y rapproche davantagede l'horizon il
Les lignes télégraphiques, surtout celles qui sont lui faut alors plus de temps pour s'abaisser d'un
orientées au nord-sud, sont traversées par de forts même angle au-dessous de cet horizon.Il est même
courants électriques continus ou intermittentsqui des régions situées au delà des cercles polaires,
empêchent les transmissions télégraphiques ou où le soleil ne se couche jamais en été et ne se
y apportentune grande gêne. lève jamais en hiver. Au printemps et à l'automne,
Les relations qui existent entre l'apparition des le soleil ne descend que très peu au-dessous de
l'horizon, et la nuit entière n'y est qu'un long cré- connus, ce phénomène a été rendu célèbre par les
puscuie, comme les jours d'tuver. souffrances qu'il a fait endurer aux soldats pendant
Halos. Ce sont des cercles et des lignes bril. la campagne d'Egypte. Il est cependant presque
lantes qui. dans des circonstances exceptionnelle quotidien en France, notamment dans la plaine de
ment favorables, peuvent atteindre un degré de la Crau. fMarië-Davy.]
complication difficile à décrire. Ils se distinguent PHILIPPE. Nom de six rois de France, et de
de l'arc-en-ciel en ce qu'ils apparaissent entre divers souverains étrangers.
l'observateur et le soleil. Ils sont colorés comme
les couronnes, mais mieuxlimités, plus complexes, 1° France.
souvent accompagnés de cercles blancs plus ou Philippe I", Histoire de France, VIII, le
moins pâtes qui se coupent et donnent à leurs quatrième des rois capétiens, successeur d'Henri t",
points de rencontre des images brillantes qu'on régna pendant près d'un demi-siècle (1060-IIOS!,
prendrait pour des images du soleil, et qu'on mais ne prit aucune part aux grands événements
nomme parhélies. qui agitèrent la France durant cette période. Il
Il existe des halos lunaires comme il existe des avait treize ans, lorsque son vassal, le duc Guil-
couronnes lunaires; mais, tandis que ceux-ci se laume de Normandie, conquit l'Angleterre (1066).
montrent dans les cumulus, nuages formés de Pendant les trente années qui suivent, on voit
globules de vapeur condensée en eau, les premiers Philippe engagé à diverses reprisesdans d'obscures
se montrent dans les cirrus, beaucoup plus élevés guerres féodales contre les seigneurs ses voisins,
que les cumulus et composés de Snes aiguilles de guerres où souvent il avait le dessous. Son union
glace. Il n'est aucun de ces nuages qui n'en offre illégitime avec Bertrade, femmedu comte d'Anjou,
des traces; mais les halos complets sont très attira sur lui les anathèmes de l'Eglise; il etait
rares. excommunié lorsque le pape Urbain II vint en Au-
Les cercles colorés des halos dont le soleil ou vergne prêcher la première croisade, à laquelie
la lune occupe le centre sont dus à des phéno- roi de France resta étranger. Vers la fin de ie
mènes de rétraction de la lumière passant au tra- règne, il associa à sa couronne son
son fils Louis,
vers des prismes formés par les aiguilles de glace dont l'activité et l'habileté allaient donner à la
les cercles blancs qui passent par le soleil ou par royauté une Importance qu'elle n'avait
la lune sont dus à des réûexions sur les faces an- jusqu'alors. Philippe I" ajouta pas eue
au
térieures de ces cristaux orientés par leur chute. le Gâtinais, le Y<xm, et la vicomté de Bourges.domaine royal
~ftr~e. Le mirage est un phénomène de tout Philippe Il Auguste, Histoire de France, IX,
autre ordre, qui n'est pas rare dans nos climats fils et successeur de Louis VII, monta sur le
et qui est très fréquent dans les pays chauds. trône en 1180. Ce monarque, politique astucieux
La lumière ne se propage en ligne droite que et négociateur habile bien plus qu'homme de
dans un milieu bien homogène. Dans de l'air dont guerre, visa constamment a étendre l'autorité
la température changerait rapidement de la sur- royale, et à s'emparer des possessions des Planta-
face du sol jusqu'à une certaine hauteur, les genets en France. Pendant les dernières années
rayons qui rasent obliquement la surface du sol du règne d'Henri II d'Angleterre, il lutta contre
se relèvent ou s'abaissent suivant le sens de la ce prince en s'associant à ses fils révoltés. Après
variation de la température. Si le sol est plus la mort d'Henri II, le pape Clément III ayant prê-
chaud que l'air à une certaine hauteur, ce qui est chéane croisade, Philippe dut conclure la paix,
le cas pendant le jour, dans les pays chauds et se rendit en Orient et
avec Richard Cœnr-de-Lion,
secs, les rayons tendent à se relever, à s'éloigner successeur d'Henri. Il en revint bientôt, malgré
du sol, parce que l'air est plus réfringent là où le blâme que sa défection lui attira. Profitant de
il est le moins chaud que là où il l'est le plus. Si l'absence et de la captivité de Richard, il essaya
donc un rayon de lumière parti d'un objet lointain de lui enlever la Normandie mais Richard revint
situé près de l'horizon est lancé vers nous dans à son tour (1194), et trève fut conclue. En
une
une direction à peu près horizontale, en parcou- 1199, Philippe, ayant répudié sa femme Ingel-
rant une couche d'air de même température en burge de Danemark pour épouser Agnès de Méra-
ses divers points, ce rayon nous parviendra à peu nie, vit royaume mis en interdit par Inno-
près sans déviation et nous donnera la vue directe cent III; son trop faible pour lutter contre le pape, il
de l'objet. Si en même temps un autre rayon parti céda, reprit Ingelburge, et obtint
du même objet, mais plongeant un peu vers le sol, même temps, il citait à comparaître son pardon. En
devant lui,
rencontre sur son chemin des couches d'air de pour être jugé par la cour des pairs, qui se réunit
plus en plus chaudes et moins réfringentes,chaque alors pour la première fois, le
couche le redressera un peu. Ce second rayon gleterre, Jean sans Terre, accusé nouveau roi d'An-
d'avoir assa~iné
parcourra donc une sorte d'arc de cercle dont la son neveu Arthur de Bretagne; sur son refus de
concavité sera dirigée vers le haut, et il se présenter, Philippe s'empara de la plupart des
venir jusqu'à t'œit en paraissant venir d'enpourra bas; tiefs que les Plantagenets possédaient en France,
il donnera une seconde vue de l'objet analogue Normandie, Maine, Touraine, Anjou et Poitou.
à celle qui serait produite par la réflexion d'une C'est à cette époque qu'un certain nombre de sei-
glace couchée sur le sol. C'est cette réflexionpar- gneurs français s'embarquaient
ticulière, donnant une image renversée des objets pour la <* croi-
sade (V. Croisades). Philippe les laissa partir sans
placés près de l'horizon, qui constitue le mirage. se joindre à eux; il était trop occupé du soin de
Le plus ordinaire est celui que nous venons ses propres intérêts. Tout
d'esquisser il produit l'effet d'une en agrandissantle do-
nappe d'eau maine royal, il créait une milice (les ribauds),
sur laquelle se réfléchissent les nuages, les arbres, s'efforçait de se concilier la bourgeoisie en favo-
les objets terrestres faisant peu de saillie sur le risant le développement des institutions munici-
sol. Mais le phénomène peut être renversé quand pales, protégeait
c'est au contraire le sol ou la mer qui est plus enseigner le droitl'Université de Paris et y faisait
romain. En 1208, Innocent III
froid que l'air. On voit alors les objets éloignés prêcha la croisade contre les Albigeois IV. ~/&t-
donner une image renversée, placée au-dessus geois) Philippe-Auguste laissa les seigneurs du
d'eux au lieu d'être au-dessous, si le mi- Nord marcher contre les hérétiquesdu Midi; mais,
roir était dans le ciel et non sur lecomme
sol. Il est enfin malgré les avantages qui devaient résulter pour
des cas, sur le bord de la mer, où le mirage se la royauté française de la conquête de la Provence,
produit latéralement comme si le miroir était ver- il ne se joignit pas aux croisés. Ses démêlés
ticalement placé près de la mer. avec
Jean sans Terre n'étaient pas terminés; celui-c
A l'époque où le mirage et sa cause étaient peu avait pour alliés l'empereurd'Allemagne Othon IV
et plusieurs seigneurs vassaux du roi de France, Organisation administrative. L'organisation
entre autres le comte de Flandre. « J'ai aux flancs, administrative ébauchée sous les règnes précé-
écrivait Philippe au pape, deux lions grands et dents se continue et se complète sous Philippe-
terribles, Othon l'empereur et Jean d'Angleterre le-Bel. Cette organisation est surtout judiciaire;
ainsi je ne puis sortir de France. » Bientôt la elle a son centre dans le parlement. Le parle-
guerre éclata entre le roi de France et ses adver- ment est divisé en trois parties 1" Je grand
saires. Othon, aidé des Flamands, avait réuni une conseil, corps politique où siègent les principaux
puissante armée Philippe le battit à Bouvines officiers de la couronne; 2° la cour des comptes,
(H!4) en même temps Jean sans Terre, défait qui surveille déjà. la gestion financière; 3* le par-
près de Nantes, fut contraint à la paix. L'année lement proprement dit, comprenant une grand'
suivante, les barons anglais, révoltés contre leur chambre qui juge sur plaidoiries, une chambre
roi, offrirent la couronne au fils du roi de France, des enquêtes et une chambre des requêtes. Dans
Louis. Celui-ci passa en Angleterre; mais Jean les provinces, aux baillis et sénéchaux, prévôts et
étant mort, les barons préférèrent son fils à un viguiers établis précédemment, s'ajoutèrent une
souverain étranger, et l'expédition française foule de fonctionnaires nouveaux procureurs du
échoua. Philippe-Auguste d'ailleurs avait désap- roi, notaires, avocats, maitres et peseurs des mon-
prouvé cette tentative; il aimait mieux consolider naies. Avec les sergents, sorte de milice qui assis-
ses premières conquêtes, se fortifier dans son tait les prévôts, cette administration devenait
propre royaume, que d'aller chercher au dehors nombreuse et compliquée.
des possessions nouvelles ou une gloire stérile. Nouveaux besoins de la royauté. Caractère
C'est ainsi qu'il refusa de participer à la cin- général de la politique de Philippe le Bel. Elle
quième croisade (~2n), et qu'il refusa également était surtout coûteuse. Jusqu'alorsle roi n'avait eu
d'accepter le don que voulait lui faire de la Pro- d'autre charge que l'entretien de sa maison, le
vence Amaury, fils de Simon de Montfort c'est revenu du domaine y suffisait amplement. Mais
à Louis VIII qu'il était réservé de prendre pos- alors se produisirent des besoins nouveaux; Phi-
session de la France méridionale. Philippe-Au- lippe le Bel chercha donc à se procurer des res.
guste mourut en 1223, âgé de cinquante-huitans; sources nouvelles. C'est là le véritable mobile de
sa prudence, son habileté, sa sage administration. sa politique, le secret de son activité inquiète, de
'ont fait de lui l'un des principaux fondateurs de la ses ruses, de ses intrigues, de ses violences. Il
royauté française. avait besoin d'argent, et pour s'en procurer tout
Philippe III le Hardi, Histoire de France, X, moyen lui était bon. La question d'argent domina
fils de saint Louis, prit la couronne en Afrique, sa politique intérieure, sa politique étrangère, sa
à la mort de son père qu'il avait accompagné à la politique ecclésiastique.
8*croisade(]2'!0); ilse hàtade conclure la paix avec Politique intérieure.Les Etats-généraux.-Sous
le bey de Tunis, et de revenir en France. Il réunit le règne de Philippe le Bel se produit un événe-
à la couronne l'héritage de son oncle, le comte de ment considérable dans l'histoire politique de la
foulouse puis, à la mort de Henri le Gros, comte France. Le premier, il convoque des Etats-géné-
de Champagne et roi de Navarre, qui ne laissait raux, c'est-ârdire des assemblées où figurent, à
pour lui succéder qu'unefille,il fiança celle-cià son côté des nobles et du clergé, des députés des
fils Philippe; la Champagne se trouva ainsi réunie villes représentant le Tiers-Etat. Ce ne fut point
au domaine royal, et une expédition au delà des pour accomplir une réforme libérale ni pour asso-
Pyrénées assura au roi de France l'obéissance cier la nation aux affaires que Philippe le Bel se
des Navarrais (1276). A la fin de son règne, Phi- décida à cette innovation. li convoqua les Etats
lippe III porta de nouveau ses armes enEspagne: quatre fois en 1302, en 1303, en 1308 et en 1314,
le roi Pierre III d'Aragon était en guerre avec c'est-à-dire pendant sa lutte avec Boniface VIII,
Charles d'Anjou, roi de Naples et oncle de Philippe; pendant le procès des Templierl et au plus fort
celui-ci envahit l'Aragonavec vingt millechevaliers: de la guerre de Flandre. Il était sûr de trouver
il prit Girone après un siège difficile. Mais la dans ces assemblées une adhésion à ses actes et
flotte française fut battue par les marins catalans un point d'appui pour sa politique. Il comptait
l'armée de terre était épuisée par les maladies. surtout sur elles pour se procurer des ressources.
Philippe dut battre en retraite, et mourut en arri- A chaque fois il arracha aux Etats des votes de
vant à Perpignan (1285). subsides. Aussi était-ce un honneur peu recher-
Ce fut sous le règne de Philippe III qu'eutt ché que de venir siéger aux Etats-généraux. Les
lieu le premier anoblissement en même temps députés des villes savaient bien qu'ils seraient
les roturiers obtinrentle droit d'acquérir des fiefs. obligés de se taxer eux-mêmes, eux et les leurs,
Philippe IV le Bel. Histoire de France, XI. et ils ne venaient qu'a regret.
Le roi et ses conseillers. La personne de Phi- ~appor~ avec la noblesse. A l'égard de la
lippe le Bel est peu connue; il n'y a pas eu auprès noblesse, Philippe le Bel poursuivit la politique de
de lui un Joinville pour noter les détails de sa vie saint Louis, s'exerçant d'étendre la Quarantaine-
intime et rassembler les traits de sa physionomie. le-Roy, les cas )'o~aM.< mais là aussi sa politique
On ne peut guère le juger que par sa politique et par eut surtout un caractère fiscal. A tout propos il
les hommes dont il aimait à s'entourer. Avec lui la prononçait des confiscations. Il exigea pour les
royauté prit de plus en plus le caractère juridique nefs qui passaient des mains de la noblesse dans
qu'avait commencé à lui donner saint Louis. Mais celles de la bourgeoisie le paiement d'un droit de
saint Louis s'était servi de la justice Philippe fit franc fief. Mais les propriétés qu'on mettait en
surtout usage de la chicane. Ses principaux minis- vente perdaient ainsi de leur valeur, et c'était
tres n'étaient pas des hommes d'épée ni de grands sur la noblesse que pesait en définitive le nouvel
seigneurs ils sortaient de la petite noblesse ou impôt. La noblesse manifesta à plusieurs reprises
de la bourgeoisie. Enguerrand de Marigny, qui fat son mécontentement. Vers la fin du règne elle
chambellan et trésorier du roi, Pierre Flotte, No- formait des ligues contre le roi.
garet, qui furent successivement chanceliers, Pla- Persécutions contre les Lombards etles Juifs.
sian, un de ceux que Philippe employait le plus Il y avait des classes de la population plus faciles
volontiers, étaient, comme ils s'intitulaient eux- à rançonner. Le commerce de l'argent était alors
mêmes, des eAef<e)'s ès lois. Leurs armes favo- tout entier dans les mains des Lombards et des
rites étaient les textes embrouillés qu'ils commeu- Juifs. Plus d'une fois on arrêta en masse tous les
taient tonjours dans le même sens et les ruses Lombards et on les obligea à acheter leur liberté.
de procédure que la violence venait au besoin sou- Quant aux Juifs, tantôt on leur faisait payer des
tenir. tailles spéciales, tantôt on les emorisonnait pour
tes mettre à rançon. De temps en temps le roi désir de la voir avant son départ. On la lui amena, et
simulait une vertueuse indignation, leur repro- quand elle fut près de lui il refusa de la laisser par-
chait de maltraiter les chrétiens par l'usure, et les tir (1300 Aux réclamations du comte il répondit
chassait du royaume. Alors il s'emparait de leurs par des menaces, etune armée entra en Flandre. Mal
biens, prenait en main leurs créances et les fai- secondé par ses sujets, négligé par EdouardI",Guy
sait valoir pour son compte, se gardant de rien de Dampierre fut battuet pris. Un l'enferma au Lou-
rabattre des intérêts. On pardonne à saint Louis vre, et Philippe le Bel prit possession de la Flandre.
son intolérance en faveur de sa sincérité. Philippe C'était une belle conquête, mais il fallait savoir
la Bel mérite d'être jugé plus sévèrement. la garder. Philippe gâta ses affaires par trop de
~a<tO~~M MM:7!N!M. –Dans sa Divine Co- précipitation et d'avidité. Dans un voyage qu'il fit
rnue, Dante a dépeint le supplice du roi /<:M:- en Flandre, les femmes flamandes étalèrent un
monnayeur. C'est de ce nom que les contempo- luxe écrasant qui fut remarqué par la reine avec
rains appelaient le roi Philippe, et ce nom était dépit, mais dont le roi prit bonne note. Jacques
mérita. Quand il avait à payer, il augmentait la de Chatillon, envoyé comme gouverneur, montra
valeur des monnaies; quand il avait à recevoir, il à la fois l'insolence d'un baron féodal et la cupi-
la diminuait. Des perturbations désastreuses ré- dité d'un chevalier ès lois. Les Flamands, si jaloux
sultaient de ces brusques changements. Il n'y de leur indépendance, furent soumis à la tyrannie
avait plus de sécurité dans les transactions. A la plus violente et la plus maladroite. On éta-
plusieurs fois le peuple exaspéré fit des émeutes. blissait des impôts sur tout, on frappait d'une
En 1306 la maison de l'argentier Etienne Barbette taxe proportionnelle le. salaire des ouvriers. On
fut brûlée, et le roi, vivement poursuivi, n'échappa employait, pour des travaux faits au compte du
qu'en se réfugiant dans la forteresse du Temple. roi, des hommes qu'on refusait ensuite de payer.
Politique <<' a7!<~re. Traité de /<!f<M<'oH. En Les réclamations des notables et des chefs de
1:8?, quand Philippe le Bel devint roi, il trouva lamétiers furent brutalementrepoussées par le gou-
France engagée dans une lutte contre l'Aragon. verneur. Pour montrer aux plaignants qu'ils
Cette guerre avait été entreprise par Philippe III avaient tort on les emprisonnait. Le parlement de
dans l'intérêt de la maison d'Anjou; on y gagnait Paris, devant qui avait été portée l'affaire, donna
plus de coups que de profits. Philippe le Bel se raison aux gens du roi. Les flamands n'étaient
hâta d'y mettre fin. Dès 1291 il signait le traité de pas habitués__a ta patience ils se firent justici
Tarascon. Le roi de Naples Charles le Boiteux, eux-memes. Un soulèvement éclata à Bruges
prisonnier de l'Aragon, était remis en liberté. Il 1000 Français périrent dans les F~fM flamman-
abandonnait la Sicile à une branche cadette de la des. Une armée entra en Flandre pour les venger.
maison d'Aragon. D'autre part, Charles de Valois, Elle rencontra les milices flamandes près de Cour-
frère du roi de France, renonçait à la couronne trai. Les Flamands n'avaient que de l'infanterie,
d'Aragon que lui avait attribuée le pape et, en ils la rangèrent en bon ordre le long d'un canal.
compensation, recevait du roi de Naples l'Anjou Une attaque de front était dangereuse. Le conné-
et le Maine. table de Nesle et les chefs les plus expérimentés
Affaires f/eGMt/ennc.–Philippe le Bel avait fait parlaient de tourner la position; mais l'impru-
la, paix avec t'Aragon pour avoir les mains libres. dente ardeur de Robert d'Artois entratna tout~-
Il convoitait la riche province de Guyenne, déjà l'armée h un désastre. La lourde cavalerie féodatt
florissante par la culture de la vigne et le com- s'embourba dans le fossé qu'elle voulait franchir,
Flamands
merce des vins. Il aggrava à dessein une quereUe et lesennemis (1302). n'eurent que la peine d'achever
insignifiante survenue entrf des matelots français leurs L'année suivante ils osèrent
et des matelots gascons, sujets du roi d'Angle- pénétrer leenBelFrance, et brûlèrent Thérouanne
terre. Il exigea que celui-ci vint en personne lui Philippe en personne dirigea la campagne
donner satisfaction. Edouard I" fut très embar- de l~t. It trouva les Flamands fortement retran
rassé. Il était pour la Guyenne le vassal de Phi- ch&s dans leur camp de Mons-en-Puelle, et s
lippe, et n'osait se mettre en rebellion ouverte garda bien de les attaquer. Il resta en observa
contre son suzerain. Il avait assez à faire de sou- tion avec le gros de ses forces, tandis que ses trou-
mettre fhns son lie les Gallois et les Ecossais. pes légères couraient la campagne et promenaient
Philippe lui proposa un accommodement il se partout l'incendie. Les Flamands firent alors une
contenteraitd une simple formalité; son chancelier brusque sortie et faillirent enlever l'armée fran-
Pierre Flotte irait occuper en son nom quelques çaise.Le roi montra beaucoup de sang-froid,rétablit
ptacott- d< la Guyenne, les quitterait aussitôt et le combat et remporta la victoire. Mais quelques
tout serait dit. Edouard accepta. Pierre Flotte jours après, une nouvellearmée de 60 000 hommes
alla en Guyenne, mais avec des troupes, et quand venait lui présenter la bataille. Philippe comprit
il eutlee vitlee il les garda. Edouard indigné com- qu'il lui serait difncite de venir à bout d'une
mença la guerre. Mais les hostilités ne furent telle résistance. Il fit la paix avec les Flamands,
jamais ponM~es très vivement; en )30ï,après un remit en liberté leur jeune comte, fils de Guy de
arbitrage du pape, Philippe le Bel rendit la Dampierre, et ne garda que la Flandre française
Guyenne. avec la ville de Lille, plus une indemnité de
~CM-M c!e fPan~'e. Au nord de la France 20"
était un pays plus riche encore que la Guyenne.
La
000 livres
Lutte de P/.t/tppe le Bel et de Boniface
lutte de Philippe le Bel et du pape Boniface
F/
La FlandM était alors la première contrée manu-
facturière de l'Europe on y fabriquait des draps, VIII, qu'on a regardée quelquefois comme la suite
des étoffes, des dentelles, les villes étaient gran- de la querelle des investitures, a eu en fait son
dM, florissantes; la population nombreuse, active, origine dans une question d'argent. Il s'agissait
avttit conscience de sa richesse et de sa force. La de savoir si les papes pourraient se faire payer les
féodalité pesait bien peu à coté de villes comme expectatives, les annates, les grâces conciliatoires,
Bruges ou Gand. Les nécessités du commerce s'ils pourraient vendre des dispenses et des in-
avaient établi des rapports intimes entre les Fla- dulgences, lever des dlmes, ou si les rois avaient
mands et les Anglais. L'Angleterre, qui n'était le droit, comme fondateurs ou collateurs de béné-
alors. qu'un pays de pâturages, fournissait tes lai- fices, d'en prendreleur part et d'établir des impôts.
Mtt, matière première de l'industrie flamande. Le roi et le pape se montraient pleins de sottici-
Pour donner satisfaction à ses sujets, le comte de tude pour défendre, chacun contre son rival, les
Flandre, Guy de Dampierre, négocia un mariage intérêts du clergé et ceux des ndètes français.
entre le roi Edouard et sa fille Philippa; le roi de Boniface VIII apporta dans la lutte Philippe toutela fougue
Fratue~pan'ain de la jeune princesse, manifesta le d'un caractère violent et absolu. le Bel
fit preui-o d'opiniâtreté et de l'absence de scrupu- papauté à Avignon, inaugurant ainsi ce qu'on de-
les qui lui était habituelle. vait appeler plus tard la captivité de Ba&otM.
Le roi avait établi dans ses Etats un impôt nou- Destruction des 7'eMp~t'ef~.– Cependant le pro-
veau, la maltôte, dont il exigeait le paiement même cès intenté à la mémoire de Boniface VIII durait
du clergé. Boniface publia la bulle Clericis /a:c<M, toujours. Nogaret faisait venir d'Italie tout un cor-
par laquelle il défendait sous peine d'interdit à tout tège de faux témoins. Le pape n'obtint qu'en 13)]
clerc de payer, à tout laïque de faire payer. Philippe de faire cesser cette scandaleuse affaire mais pour
riposta en interdisant tout envoi d'or ou d'argent à obtenir l'assentimentduroi, il dut sacrifier fesTem-
Rome. Cettefois le pape se montra conciliant. Il était ptiers. L'ordre des Templiers, après la chute des
engagé dans de violentes querelles avec la famille Etats chrétiens d'Orient, s'était fixé tout entier en
romaine des Colonna, et ne voulait pas se faire du Europe. Là, les chevaliers vivaient paisiblement
roi de France un ennemi qu'il savait devoir être des donations qui leur avaient été faites autrefois.
redoutable. II autorisa la levée d'un décime et D'assez méchants bruits couraient sur leur compte;
d'une année des revenus et bénéfices qui devien- on les accusait de mener une vie scandaleuse, de
draient vacants. Les deux cours parurent réconci- se livrer à la débauche, et de commettre des pro-
liées. fanations dans leurs cérémonies secrètes. Il est
En l'an 1300, Boniface VIII tint à Rome un jubilé difficile de savoir ce qu'il y avait de fondé dans ces
300,000 pèlerins y affluèrent. Le pape fut trans- imputations. Philippe le Bel s'inquiéta peu de re-
porté de joie et d'orgueil. Il se déclara iui-mëme le chercher la vérité. Il avait vu un jour les riches-
roi des rois et le chef de tous les Mètes. En même ses entassées dans la. forteresse du Temple, et ce
temps il traitait rudement Philippe, lui envoyant, jour-là il avait songé as'en rendre maltre. !1 essaya
pour le sommer d'aller en croisade, son ennemi d'abord de so faire recevoir parmi les Templiers,
personnel Bernard Saisset, évoque de Pamiers. On qui déclinèrent cet honneur. Il chercha un au-
prétendait en France que Saisset intriguait pour tre moyen. Le 13 octobre ):i07, dans toute l'éten-
déterminer dans le sud-ouest une révolte contre due du royaume les Templiers furent saisis et em-
le roi et la formation d'un royaume du Languedoc. prisonnés. Alors commença un pr~cèsqui est resté
Philippe le fit arrêter et demanda qu'il fût dégradé. célèbre dans l'histoire des grandes iniquité*. En
Le pape lança la bulle Ausculta dans laquelle )3t[ le pape prononça la suppression de l'ordre.
il tenait le langage le plus hautain « Dieu nous En )3t3eut lieu le supplice du grand-maître Jac-
a constitué, quoique indigne, au-dessus des rois et ques de Molay et de plusieurs chevaliers. Mais les
des royaumes. Il réclamait la mise en liberté de dépouilles du Temple furent adjugées aux Hospita-
l'évÊque. Pierre Flotte alla lui déclarer que Saisset liers Philippe le Bel n'en put arracher que quel-
resterait prisonnier et que l'or et l'argent ne sorti- ques lambeaux.
raient plus de France à destination de Rome. La H mourut peu après (t3ï4). Par ses rapines, ses
bulle était déjà très vive, Philippe la falsifia et extorsions et ses violences il s'était rendu odieux
publia une contrefaçon conçue dans des termes à toutes les classes de la nation. Le peuple le
d'une violence odieuse. Il fit paraître une réponse comparait à l'Ante-Christ. Cependant son règne
du même style et brûla la bulle. Le pape convo- n'avait pas été inutile. It avait complété l'oeuvre
qua un conciie~ le roi réunit les Etats-généraux. administrative de ses prédécesseurs. Au dehors,
Mais le concile se montrait favorable à Boniface, l'influence de la France s'étendait sur tous les pays
qui préparait une bulle d'excommunication. Le environnants l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie.
roi le prévint. Nogaret partit pour l'Italie avec la Un contemporain dressait déjà le plan d'une mo-
mission d'enlever le pape on devait l'amener à narchie universelle qui aurait eu pour chef le roi
Lyon, le faire comparaître devant un concile com- de France. fMaurice Wahl.j
posé avec soin, et provoquer sa déposition. No- Philippe V le Long, Histoirede France, XI,
garet s'adjoignitColonna,l'ennemi mortel du pape; second fits de Philipppe le Bel, devint régent du
tous deux levèrent une petite armée et surprirent royaume à la mort de son frère Louis le Hutm,
Boniface dans la ville d'Anagni. Le vieux pontife qui laissait une fille et sa femme enceinte (i3) 6).
plus qu'octogénaire montra une fermeté invincible. La veuve de Louis accoucha quelque temps après
Il s'attendait à tout et il était décidé à tout sup- d'un fils;maiscet enfant, proclamé roi sous le nom
porter. Ses ennemis le trouvèrent assis, la tiare de Jean I", ne vécut que cinq jours. Philippe
en tête, revêtu de tous ses ornements pontificaux. alors invoqua la loi salique pour écarter du
On lui demandait d'abdiquer. Il- s'y refusa énergi- trône sa nièce Jeanne, et se fit donner la cou-
quement malgré les injures, les menaces et les ronne par l'assemblée des barons (V. Guerre de
mauvais traitements. A la fin le peuple d'Anagni Cent a?M). Jeanne reçut toutefois plus tard le
mdigne chassa Nogaret et Colonna.- Mais la se- royaume de Navarre.
-cousse avait été trop violente pour ce vieillard de Les six années du règne de Philippe V furent
Il
86 ans. mourut un mois après (octobre 1303). utilement remplies par des mesures d'adminis-
Benoit XI. Election de Clément V. Son suc- tration organisation du conseil d'État, du par-
cesseur Benolt XI, homme doux et pieux, prononça lement et de la cour des comptes, chartes données
.une absolution générale dont il excepta le seul aux municipalités de l'Auvergne et du Périgord,
Nogaret. Celui ci, furieux, affirma n'avoir agi que ordonnances pour la gestion des forets, pour l'éta-
pour le t)ien de l'Eglise, et produisit contre le pape blissement d un système de mesures uniques pour
défunt des accusations infâmes. Benolt XI mourut les denrées, etc. La paix fut définitivement con-
en juillet 130t. Le saint-siège demeura vacant clue avec les Flamands. Mais de cruelles persé-
pendant toute une année. Le parti français et le cutions furent exercées contreles franciscains, qui
parti italien, égaux en force dans le conclave, ne attaquaient le luxedu haut clergé, contre les juifs
pouvaient parvenir à s'entendre. On arriva enfin et les lépreux accusés d'empoisonner les fontaines.
à une transaction. Les cardinaux italiens désignè- En mo, on vit se produire dans une partie de la
rent trois candidats, parmi lesquels les cardinaux France un mouvement analogue à celui des pas-
françaisdevaient taire le choix définitif.Les Italiens toureaux sous Louis IX le peuple des campagnes
ne désignèrent que des ennemis de Philippe le se leva, disant qu'il voulait aller reconquérir la
Bel; mais l'un de ceux qui montraient le plus d'a- Terre Sainte, abandonnée par les rois chrétiens.
nimation, Bertrand de Goth, archevêque de Bor- Rassemblés en une armée, les pastoureaux entrè-
deaux, avait été gagné secrètement.Il fut élu sous rent dans Paris, puis se dirigèrent le sud,
le nom de Clément V, et se mit à la discrétion du ravageant le pays sur leur passageversmais ils
roi de France. Il créa douze cardinaux nouveaux, furent exterminés en Provence par le sénéchal
tous du parti français, et transporta le siège de la de Carcassonne.
Philippe V mourut en 1322, et eut pour succes- la paix avec l'Angleterre et les Pays-Bas, expulsa
seur son frère Charles IV le Bel. France.XU,– tes Maures (1609), faisant perdre ainsi à l'Espagne
PhilippeVI de Valoia,–Histoirede ses sujets les plus industrieux, et maria la Site do
fils de Charles de Valois et neveu de Philippe IV, prit Philippe III, Anne d'Autriche, au roi de France
la couronne du consentement des pairs et des barons, Louis XIII (1615). Philippe III,sous le gouverne-
à la mort de Charles IV (1328) nous avons expli- ment duquel l'Espagne continua à décliner, prit
qué à l'article Guerre de Cent ans comment se fit part à la guerre de Trente ans, comme at)ié de
ce transfert de la royauté à la branche des Valois l'empereur FerdinandII (V. Guerre de Trente ans).
par l'extinction de la ligne directe des Capétiens. Philippe tV, Histoire générate, XXIII-XXIV,
Une courte guerre contre les Flamands (victoire XXIX, fils et successeur de Philippe III, eut
de Cassel, 1328) inaugura ce règne. Quelques an- pour ministre de )C21 à 1642 le comte d'Olivarès,
nées après éclata entre Edouard III d'Angleterre qui recommença sans succès la guerre contre les
et le roi de France cette querelle qui devait en- Pays-Bas, et se joignit à l'empereur dans la lutte
fanter cent années de luttes sanglantes. Les contre Richelieu (V. Guerre de Trente ans). Le
épisodes de la première période de la guerre, ba- Portugal se souleva en 1640, et recouvra son in-
taille de l'Ecluse, bataille de Crécy, prise de Calais, dépendance. Après la disgrAce du comte d'Oliva-
ont été racontés ailleurs (V. Gt~-re de Cent ans, rès, Philippe IV n'en continua pas moins la guerre
p. 920). Nous n'avons donc pas à insister sur la fin contre la France; les armées espagnoles furent
du règne de Philippe VI, qui mourut en 1350. battues à Rocroi (1643) et à Lens (1648), et, malgré
le secours que leur apporta Condé, elles essuyèrent
2° Allemagne. encore de nouvelles défaites à Arras (1654) et aux
Dunes (1658). Naples. révoltée sous Masaniello
Philippe de Souabe, Histoire générale, XIX, (1647), avait failli échapper à l'Espagne. Enfin
XX VH, – fils de Frédéric Barberousse et oncle de Philippe conclut avec Mazarinla paix des Pyrénées
Frédéric 11, fut élu empereur par le parti gibelin (1659), cimentée par le mariage de l'infante Marie-
à la mort de son frère Henri VI (1197). Les guelfes, Thérèse avec Louis XIV. Il mourut en 1665, lais-
appuyés par le pape, lui opposèrent d'abord Ber- sant l'Espagne, toujours plus affaiblie, a un enfant
thold de Zœhringen.puisOthon de Brunswick, fils débile et sans intelligence qui fut Charles II.
de Henri le Lion, duc de Bavière. II nnit par Philippe v, Histoire générale, XXV, XXIX,
triompher, après une lutte de plusieurs années, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV et second
des prétentions d'Othon, qui dut se réfugier en fils du dauphin Louis, fut appelé au trône d'Es-
Angleterre (1206). Mais bientôt après (1208), Phi- pagne par le testament du roi Charles II (1700).
lippe de Souabe fut assassiné par un seigneur Ce fut en acceptant cet héritage pour son petit-fils
de son propre parti, Othon de Wittelsbach. Othon que Louis XIV prononça le mot cétèbro Il n'y a
de Brunswick revint alors en Allemagne et régna plus de Pyrénées. Mais l'avènement de Philippe V
sous le nom d'Othon IV. fut le signal d'une guerre européenne qui dura
treize ans (V. Guerre de la successiond'Espa