S7 Iep 2018

Année
universitaire 2017-2018 (2e semestre)

Existe-t-il un « féminisme à la française »?
Muriel Salle – Maîtresse de conférences
(Université Claude Bernard – Lyon1)
muriel.salle@univ-lyon1.fr
Université Lyon 1 – 2018 – Contenu sous Licence Creative Commons BY-NC-SA muriel.salle@univ-lyon1.fr
INTRODUCTION : Où est le problème ? Repérer les rapports
de force
Irène Théry, sociologue (2011) : le « féminisme à la française » est « fait d’une certaine
façon de vivre et pas seulement de penser, qui refuse les impasses du politiquement
correct, veut les droits égaux des sexes et les plaisirs asymétriques de la séduction, le
respect absolu du consentement et la surprise délicieuse des baisers volés »
En ligne
EGALITE ASYMETRIE SYMETRIE :

« similitude que
présentent les
deux moitiés d’un
des rapports F/H ensemble »
Affaire « Strauss-Kahn / Diallo » Affaire « Weinstein / Deneuve »
(2011) (2018)
14 Mai 2011 : Agression de Nafissatou Diallo par Dominique

Strauss-Kahn
22 Août 2011 : Abandon des charges
« un troussage de domestique » Un « féminisme archaïque » en ligne

(Jean-François Kahn, journaliste de gauche)
Existe-t-il un contentieux intellectuel qui perdure entre la France et les Etats-Unis sur le
rapport des sexes ? Et pourquoi ?
En 2018 : Affaire Weinstein contre « liberté d’importuner »
Agression
Galanterie
machiste
Campagnes
« toucher un genou ou tenter de voler un baiser « “séduction à la
contre le
parlé de choses “intimes“ lors d’un dîner française“ chère à
harcèlement
professionnel ou d’avoir envoyé des messages à nos films en noir et
blanc »
connotation sexuelle à une femme chez qui
« puritanisme l’attirance n’était pas réciproque » « on nous intime de parler
américain comme il faut, de taire ce qui
d’Hollywood » « ennemis de la liberté fâche ! »
(Olivier Roy, Le Monde 20 sexuelle, des extrémistes
janvier 2018)
religieux, des pires
réactionnaires »
Deux CULTURES NATIONALES différentes
(rapport au judiciaire, place de la religion
Deux conceptions différentes de l’EGALITE
Présomption de véracité Présomption

(des propos de la d’innocence
victime) (de l’accusé)
« Sommes-nous prêts, dans la culture politique française, à considérer la

présomption de la véracité comme un véritable droit ? » (Irène Théry, 2011)
Séduction
I. DEFINIR LE « FEMINISME A LA FRANCAISE »
Idée centrale : « La France n’est pas tout à fait un pays comme les autres, (…) la galanterie
des salons de l’Ancien Régime y a nourri un commerce harmonieux entre les sexes. La
subtilité du féminisme français vaut mieux que la radicalité du féminisme américain
(Le Monde, 12 Mars 2018)
Idée centrale de l’ouvrage de Mona Ozouf, Les mots des femmes. Essai sur la
singularité française (1995) :
« La revendication de l’égalité des êtres demeure fondamentale, mais peut

se combiner avec la mise en valeur de différences toujours tenues pour
subordonnées ; vécues du même coup sans anxiété et même utilisées avec
bonheur, en jouant des ressources de la séduction et de l’ambiguïté des
rapports amoureux; bref, en parcourant le clavier infini du romanesque »
« J’ai le sentiment que les rapports entre les sexes en France sont confiants, plus heureux,
plus harmonieux que dans beaucoup d’autres pays d’Europe ou d’Amérique du Nord »
(Mona Ozouf, Le Télémaque, 2002)
Sentiment ?
En droit : rigueur du Code civil de 1804, double morale sexuelle.

Droit de vote tardif
Evaluation ? Asymétrie des lois
En fait : chiffrer la violence ?
Comparaison La tradition aristocratique sert-elle à « dissimuler

internationale ? l’inégalité sous les fleurs » ?
(Michelle Perrot, Le Monde, 12 janvier 2018)
Aux sources de la « singularité française », une longue histoire
L’héritage de la société de cour David Hume (1711-1776) se promenant dans Paris :

Alors que l’Angleterre cultive la non-mixité dans les
« culture de la clubs, la France affectionne la société mêlée des
Ancien Régime salons qui invente “un territoire commun aux
mixité »
hommes et aux femmes“ »
« Cette culture salonnière donne aux

femmes privilégiées de l’époque une
liberté et un pouvoir qui n’existent pas à
ce degré dans d’autres pays »
(Emmanuelle Retaillaud)
Le modèle politique universaliste
Aux XIXe-XXe siècle, la France devient une « démocratie extrême » qui ne met aucune limite à
« l’idée égalitaire » (Mona Ozouf)
« La culture républicaine a réussi à s’approprier les valeurs de mixité, de courtoisie, de manière et
de sociabilité de l’Ancien Régime »
« une forme particulière d’égalité » (Philippe Raynaud, le Débat, numéro 57, p.182)
Elisabeth Badinter : « On peut soutenir, lorsqu’on a travaillé sur cette histoire
en remontant au XVIIe siècle, que le rapport entre hommes et femmes en
France est plu doux, plus solidaire, plus empreint de séduction que dans
d’autres cultures européennes. Rien ne fait plus horreur aux Français,
hommes et femmes, que la guerre des sexes ou la séparation physique entre
eux. Il suffit de comparer la mixité de nos salons, hier et aujourd’hui, avec la
soigneuse ségrégation sexuelle qui a longtemps régné ailleurs »
(Le Débat, 2002)
Mixité Courtoisie Séduction Galanterie
« Métissage des « Acrimonie

sexes » ¹ soupçonneuse»
II. HISTOIRE DES VIOLENCES SEXUELLES
La question des violences faites aux femmes (son traitement politique, médiatique, la
manière dont l’opinion publique s’en saisit) est révélatrice de l’état des rapports sociaux de
sexe dans notre pays et de ce qu’on appelle les normes de genre.
Banderole contemporaine… mais slogan ancien

(Octobre 1977, manifestation de nuit contre le viol)
#MyHarveyWeinstein
#MeToo aux Etats-Unis
#BalanceTonPorc, #MoiAussi en France
#IchAuch en Allemagne
#AncheIo en Italie
#YoTambien
Juin 2015: 200 000 personnes dans les rues de

Buenos Aires
Difficultés pour l’historienne à saisir les « violences faites aux femmes » :
1. Subjectivité.
« L’analyse de la violence est inséparable de l’étude de ses représentations, ce qui en
fait d’emblée une catégorie hautement subjective » (Dominique Fougeyrollas-
Schwebel)
2. (In)visibilité. Les sources, entre invisibilisation et surreprésentation.
Théorie du processus de civilisation (Elias 1976)

et « violences faites aux femmes »
Vers un inéluctable progrès ?
Depuis quand les « violences faites aux femmes » existent-elles comme un problème
politique ?
Conditions nécessaires à la conceptualisation des « violences faites aux femmes »?

1. Objectivation, prise de mesure. « Les outils statistiques permettent de découvrir ou de
créer des êtres sur lesquels prendre appui pour décrire le monde et agir sur lui » (Lieber
2011)
2. Analyse genrée. Des femmes victimes en tant que femmes.
PERIODE MEDIEVALE
Inscription du « droit de correction marital » dans les coutumes courant XIIe siècle : droit
pour le mari d’infliger des châtiments corporels à sa femme sous prétexte de corriger ses
défauts, au moment où les femmes bénéficient d’une situation (juridique, économique et
sociale) favorable (Bège-Seurin 2014).
Evolution du cadre juridique en lien avec une évolution de la

condition féminine et de la conjugalité.
Respect et obéissance :
2 devoirs conjugaux spécifiques des
femmes.
Très Ancienne Coutume de Bretagne

Coutume de Beauvaisis
Très Ancien Coutumier Normand
Summa de Legibus Normaniae
Coutume de la province du Limbourg
Coutume de Bergerac
Coutume de la vallée de Barèges
« Les femmes doivent craindre et porter révérence et honneur garder à leur mari de la même
manière que les enfants le font à leurs parents ou les vassaux à leur seigneur »
Très Ancienne Coutume de Bretagne
« la femme doit obéir au mari dans beaucoup de choses et presque dans toutes »
Très Ancien Coutumier Normand
Summa de Legibus Normaniae
« le mari a le droit de taillader (sa femme), de la pendre de haut en bas et de se chauffer les
pieds dans son sang, à condition de la recoudre et pourvu qu’elle reste en vie »
Coutume de la province du Limbourg
Coutume de Bergerac
Coutume de la vallée de Barèges

PERIODE MODERNE
Michel Nassiet, La violence. Une histoire sociale (XVIe-XVIIIe siècles), 2011.
Liens étroits entre « violence » et « honneur »

L’honneur, un capital familial à défendre et à entretenir
« Devoir de correction » et violence éducative
Mais évolution progressive de la perception de la brutalité

maritale.
Nouvelles formes de conjugalité. Evolution de la famille.
Progressive pacification de la sphère privée
La préciosité, un moment « féministe » (Dorlin 2001)
« … des femmes qui se révoltent contre le joug du mariage

et contre la lourde discipline que les mœurs continuent
d’imposer à la jeune fille. (…) Elles affirment le droit de la
femme à disposer librement d’elle-même, à choisir le
compagnon de sa vie. (…) Toutes sont d’accord sur un
point : c’est que la condition présente de la femme est
intolérable»
(A. Adam « Baroque et préciosité » in Revue des Sciences
humaines, 1949)
Le problème du viol, catégorie juridico-médicale en construction et crime dont la victime

n’est pas celle qu’on croit (Gaudillat 2008)
PERIODE CONTEMPORAINE
Dans les archives judiciaires, « mauvais traitement »,
« dissensions domestiques », « tyrannies domestiques » et
« abus de la force contre la faiblesse ».
Ambiguïtés législatives.
Code civil 1810, Art.213. « Le mari doit protection à sa
femme. La femme doit obéissance à son mari ».
Réflexions sur le « conjuguicide ».
Code civil 1810 : possibilité du divorce pour « juste motif
d’excès, sévices et injure grave »
Code pénal 1810, Art.324. le mari qui tue sa femme prise en
flagrant délit d’adultère est excusé.
Evolution : progressive intolérance du public par rapport aux violences domestiques qui
troubleraient l’ordre public.
1810 : le viol est défini légalement comme un crime en France
mais il reste bien établi que « la femme doit préférer la mort à l’outrage »
Trois éléments sont alors constitutifs d’un viol :

- Le coït = pénétration de l’organe génital masculin dans l’organe génital féminin.
- Le coït illicite = coït en dehors du mariage.
- L’absence de consentement de la femme. La question du consentement est diversement
appréciée selon le statut de la femme victime.
TEMPS PRESENT
Les avancées du féminisme de la « deuxième vague » : politisation croissante de la sphère

privée.
« Le premier espace collectif où il y a

eu une prise de parole autour du viol,
c’est le mouvement féministe des
années 1970. Les femmes, en se
parlant les unes aux autres, se sont
rendu compte qu’un grand nombre
d’entre elles étaient victimes, avaient
été victimes, de violences sexuelles, et
en ont fait un objet de revendication
collectif »
(Alice Debauche)
Rome, Avril 1977, manifestation de soutien à Claudia Caputi
1978, Aix en Provence
Gisèle Halimi lors du procès d'Aix-en-Provence,
avec à sa droite Araceli Castellano et à sa gauche
Anne Tonglet.
1972: le procès de l’avortement.

Gisèle Halimi aux côtés de Marie-Claire
« Nos problèmes personnels sont des problèmes politiques. Il ne
peut y avoir qu’une action collective pour une solution collective »
(Hanisch 1969)
Rôle clé du cadre normatif supranational

1979 : Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes (CEDAW)
4 conférences de l’ONU sur les femmes (Mexico 1975,
Copenhague 1980, Nairobi 1985 et Beijing 1995).
1980 : Une nouvelle loi sur le viol : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque
nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou
surprise est un viol. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle ».
1990 : Le viol entre époux est reconnu
Constitution du crime de « harcèlement sexuel »
Délit caractérisé en droit aux Etats-Unis dès les années 1980
(responsabilité de l’employeur)
Chasse aux sorcières pour Élisabeth Badinter

En droit français le harcèlement sexuel apparaît en 1992, mais
on redoute de tomber dans une situation de répression à
l’américaine » (selon la secrétaire d’État aux Droits des femmes
-Anita Hill / Clarence Thomas de l’époque, Véronique Neiertz)
Harcèlement sexuel : « le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou
comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur
caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou
offensante
Université Lyon 1 – ». Contenu sous Licence Creative Commons BY-NC-SA
2018 – muriel.salle@univ-lyon1.fr
2016 : Enquête « Violences et rapports de genre : contextes et
conséquences des violences subies par les femmes et par les
hommes (Virage) »
III. CRITIQUER LE « FEMINISME A LA FRANCAISE »
« La douce et plaisante histoire racontée par Mona Ozouf appelle des
objections presque à chaque pas »
(Michelle Perrot, le Débat, 1995)
Caricature des féminismes

français
Caricature des féminismes L’invention d’une

américains tradition
Méconnaissance des
analyses des gender
studies (pas de pensée
critique de la différence
des sexes)
Caricature des féminismes Un certain féminisme français
français
Figure de Marguerite Durand
Actrice, mondaine, fréquentant les milieux politiques et
journalistiques de la Belle Epoque.
Journaliste.
Fondatrice de La Fronde (1897),

premier quotidien féministe au
monde, entièrement conçu
et dirigé par des femmes.
Marguerite Durand (1864-1936)

« Je suis presque de naissance une révoltée contre l'écrasement
féminin, tant la brutalité de l'homme envers la femme, dont
mon enfance avait été épouvantée, m'a de bonne heure
déterminée à revendiquer pour mon sexe l'indépendance et la
considération ».
Hubertine Auclert (1848-1914)
Le féminisme français, douceur ou faiblesse ?
Carte postale éditée par le Conseil national des femmes (1912)
Manifestation de suffragettes
(Grande Bretagne, vers 1910)
Caricature de la Le mythe de « l’art de la séduction » des Français
« séduction »
Le Monde du 9 juin 2011 : « la sujétion des femmes au désir des hommes

est la source de leur influence et de leur pouvoir »
Selon Claude Habib (qui) cite le livre d’Honoré d’Urfé, l’Astrée, pour écrire
en approuvant son propos : « Non seulement la soumission totale est un
bien, mais c’est presque une condition de l’amour féminin.».
Selon Mona Ozouf « les différences sont… dans un rapport de
subordination - et non d’opposition - à l’égalité.» Elle note également
(citant Montesquieu) que les mœurs ont bien plus d’importance que les
lois. Ceci, écrit-elle, a permis aux femmes de comprendre, à travers les
âges, « l’inanité de l’égalité juridique et politique » qu’il faut comparer à
Joan W. Scott l’influence et au plaisir qu’elles tirent du jeu de la séduction.
Qu’entend-on par « séduction » ? Seducere : « détourner du droit chemin »

COURTOISIE : politesse raffinée, attitude conforme à l’esprit de chevalerie du Moyen Age, et plus
particulièrement attitude à l’égard d’une dame
Catégories sociales supérieures

Amant < Dame
Amour idéalisé
Amour illégitime
Un fait de civilisation qui cherche à

ennoblir le sentiment amoureux en
en faisant un art, avec un code,
calqué sur celui de la chevalerie.
Asymétrie des rapports

Codex Manesse (début du XIVe siècle)
GALANTERIE :
Politesse, courtoisie témoignée aux femmes par les hommes par des égards, des attentions, un
empressement à leur être agréable.
Ex : « Il faut vous bien aimer, mon enfant, dit le vieillard en prenant les deux mains de Véronique
dans les siennes et les lui baisant avec cette galanterie de vieilles gens qui n’offense jamais les
femmes, oui, bien vous aimer pour avoir quitté Limoges par un temps pareil » (Balzac, Le curé de
village).
Spécialement, empressement inspiré par le désir de conquérir une femme ; goût des intrigues
amoureuses.
Synonymes : assiduité, coquetterie, cour, flirt, marivaudage, séduction. Courtiser, mugueter,

poursuivre, serrer (de près), tourner (autour de). Siège (faire le), soin (être aux petits soins)
Une spécialité française ? « …toujours Messieurs les français ont un fonds de galanterie » (Molière, Le
Sicilien)
Ex : « Notre liaison avec les femmes est fondée sur le bonheur attaché au plaisir des sens, sur le
charme d’aimer et d’être aimé, et encore sur le désir de leur plaire, parce que ce sont des juges très
éclairés sur une partie des choses qui constituent le mérite personnel. Ce désir général de plaire
produit la galanterie, qui n’est point l’amour mais le mensonge de l’amour (…). Ainsi naquit la
galanterie, lorsqu’on imagina des hommes extraordinaires qui, voyant la vertu jointe à la beauté et à la
faiblesse, furent portés à s’exposer pour elle dans les dangers, et à lui plaire dans les actions ordinaires
de la vie. Nos romans de chevalier flattèrent ce désir de plaire, et donnèrent à une partie de l’Europe
cet esprit de galanterie que l’on peut dire avoir été peu connu par les Anciens, et être une invention
française ».
Carte postale des années 1920
(Montesquieu, L’Esprit des lois).
Ex : « Les pays protestants manquent de deux éléments

indispensables au bonheur d’un homme bien élevé, la
galanterie et la dévotion »
(Baudelaire, Fusées)
Ces Précieuses que l’on dit ridicules… Un exemple de
féminisme essentialiste
La maîtrise du rapport de séduction comme outil de
valorisation de la « Féminité »
Norbert Elias, La civilisation des mœurs (1934)

Le processus de civilisation : euphémisation des rapports entre
les sexes
Nécessité de « tenir les hommes en respect »

Toujours le vocabulaire de la conquête, du siège. Asymétrie
des rapports entre les sexes.
Pour Mona Ozouf, la quête de l’égalité des droits individuels pour les femmes a conduit à
la «brutalisation des mœurs».
Les rapports amoureux sont aussi des rapports sociaux situés.

Signification asymétrique donnée au désir sexuel et double norme sexuelle.
Exprimer clairement son désir dévaloriser une femme, mais valorise un homme.
Multiplier les partenaires est valorisant pour l’un, dévalorisant pour l’autre.
Lilith
Don Juan Eve
New-York Times (mai 2011)

Rôle des féministes dans la redéfinition d’une « morale sexuelle »
Nouvelles Questions Féministes, 2016/1 (Vol. 35)

XIXe
Autonomie des
femmes
« Morale
Normes sexuelles sexuelle »
dominantes féministe
« Bon sujet » du féminisme

« Bonne sexualité »
Stratégies ?
Université Lyon 1 – 2018 – Contenu sous Licence Creative Commons BY-NC-SA XXI
muriel.salle@univ-lyon1.fre
Compréhensions féministes de la sexualité
Domination
Sexualité
Identités
sexuées
Danger
Sexualité
Plaisir
Campagne contre les Contagious Diseases Acts (1860’s)
« Réfléchissez à ce que vous éprouveriez si

votre enfant, le pur et le bien-aimé trésor de
votre cœur, vous revenait ainsi, après avoir
été contrainte d’être témoin et acteur dans
ces saturnales sans nom, ruinée de corps et
d’âme »
(Souvenirs personnels d’une grande croisade,
Joséphine Butler (1828-1906)

Réglementation
Action
abolitionniste ?
Quelle liberté
Prostitution sexuelle pour les
femmes ?
1967 : Loi Neuwirth légalisant la
contraception
1975 : Loi Veil légalisant l’IVG
Questionnement sur la notion de

« révolution sexuelle »
Révolution Révolution
politique sexuelle
Qui jouit ? De qui ? Démocratisation

Progrès de l’égalité F/H
Débat en Sorbonne en ligne

Dénonciation de l’insécurité des femmes dans l’espace public
Mobilisation fondée sur le
privilège racial
Mobilisation peu/pas
critique de la
commercialisation de la
sexualité féminine
Définition en creux des

contours normatifs de la
respectabilité féminine
Slut Walk des années 2000 (racialisée et bourgeoise)
Emprunt aux mouvements LGBT (1990’s) : vision positive de la sexualité, refus d’une
respectabilité imposée.
CONCLUSION : Alors, qu’est-ce que ça change ?
Structures pré- Changements

CONTROVERSE
existantes sociaux
Qu’est-ce qui se joue dans l’opposition d’un féminisme « à la française » et d’un féminisme
« à l’américaine » ?
« il ne s’agit pas seulement de la sexualité ou de la vie privée, ni même de ce qui compte en

matière de consentement ; il ne s’agit pas seulement du droit des hommes et de la
soumission des femmes. Ce qui se joue dans cette affaire est la question de savoir comment
la différence et l’égalité sont appréhendées dans le contexte de l’identité nationale
française »
(Joan W. Scott, Le Monde, 9 juin 2011)
EGALITÉ
Égalité en droit
Égalité des chances
(égalité des places)
Révolution américaine
Révolution française
Réduction des inégalités. Action positive

Idée de « progrès social »
Le citoyen, individu
Le citoyen abstraction déterminé
Universalisme « neutre »
DIFFERENCE
Contre les « quotas
de femmes »
L’essence prime sur la La différence prime sur

différence l’essence
« La menace que faisaient peser les réelles différences

répandues sur le territoire français n’a été si aisément Parité / Affirmative
vaincue que parce que l’enracinement affectif se action
soumettait à la certitude d’une essence commune à tous
les Français… Tous pouvaient du même coup cultiver des
différences locales, en sentir le charme, le prix, en avoir la
coquetterie ou même l’orgueil, mais sans esprit de
dissidence : différences sans anxiété et sans agressivité,
contenues dans l’unité abstraite, et d’avance consentant
à lui être subordonnée.» (Mona Ozouf)

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universitaire 2017-2018 (2e semestre)

EGALITE ASYMETRIE SYMETRIE :

14 Mai 2011 : Agression de Nafissatou Diallo par Dominique

« un troussage de domestique » Un « féminisme archaïque » en ligne

Deux conceptions différentes de l’EGALITE

Présomption de véracité Présomption

« Sommes-nous prêts, dans la culture politique française, à considérer la

« La revendication de l’égalité des êtres demeure fondamentale, mais peut

En droit : rigueur du Code civil de 1804, double morale sexuelle.

En fait : chiffrer la violence ?

Comparaison La tradition aristocratique sert-elle à « dissimuler

L’héritage de la société de cour David Hume (1711-1776) se promenant dans Paris :

« Cette culture salonnière donne aux

Mixité Courtoisie Séduction Galanterie

« Métissage des « Acrimonie

Banderole contemporaine… mais slogan ancien

Juin 2015: 200 000 personnes dans les rues de

Théorie du processus de civilisation (Elias 1976)

Vers un inéluctable progrès ?

Conditions nécessaires à la conceptualisation des « violences faites aux femmes »?

Evolution du cadre juridique en lien avec une évolution de la

Très Ancienne Coutume de Bretagne

Summa de Legibus Normaniae

Coutume de la vallée de Barèges

Michel Nassiet, La violence. Une histoire sociale (XVIe-XVIIIe siècles), 2011.

Liens étroits entre « violence » et « honneur »

« Devoir de correction » et violence éducative

Mais évolution progressive de la perception de la brutalité

« … des femmes qui se révoltent contre le joug du mariage

Le problème du viol, catégorie juridico-médicale en construction et crime dont la victime

Trois éléments sont alors constitutifs d’un viol :

Les avancées du féminisme de la « deuxième vague » : politisation croissante de la sphère

« Le premier espace collectif où il y a

1972: le procès de l’avortement.

Rôle clé du cadre normatif supranational

Chasse aux sorcières pour Élisabeth Badinter

Caricature des féminismes

Caricature des féminismes L’invention d’une

Fondatrice de La Fronde (1897),

Marguerite Durand (1864-1936)

Hubertine Auclert (1848-1914)

Carte postale éditée par le Conseil national des femmes (1912)

Le Monde du 9 juin 2011 : « la sujétion des femmes au désir des hommes

Qu’entend-on par « séduction » ? Seducere : « détourner du droit chemin »

Catégories sociales supérieures

Un fait de civilisation qui cherche à

Asymétrie des rapports

Synonymes : assiduité, coquetterie, cour, flirt, marivaudage, séduction. Courtiser, mugueter,

Ex : « Les pays protestants manquent de deux éléments

Norbert Elias, La civilisation des mœurs (1934)

Nécessité de « tenir les hommes en respect »

Les rapports amoureux sont aussi des rapports sociaux situés.

Asymétrie des rapports

Don Juan Eve

New-York Times (mai 2011)

Nouvelles Questions Féministes, 2016/1 (Vol. 35)

« Bon sujet » du féminisme

« Réfléchissez à ce que vous éprouveriez si

Joséphine Butler (1828-1906)

Questionnement sur la notion de

Qui jouit ? De qui ? Démocratisation

Débat en Sorbonne en ligne