Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
CHRONIQUE
DE L’ARCHÉOLOGIE WALLONNE
CHRONIQUE DE L'ARCHÉOLOGIE WALLONNE
La revue annuelle CHRONIQUE DE L'ARCHÉOLOGIE WALLONNE est une publication du
DÉPARTEMENT DU PATRIMOINE (SPW-Éditions/DGO4).
COMITÉ DE RÉDACTION
Gaëlle Dumont (Département du patrimoine, Direction de l'archéologie) avec la collaboration d'Hélène Remy
COORDINATION ÉDITORIALE
Liliane Henderickx (Département du patrimoine)
ÉDITEUR RESPONSABLE
Pierre Paquet, Inspecteur général f.f. (Département du patrimoine)
VENTE ET DIFFUSION
Institut du Patrimoine wallon – Service Publications
Rue du Lombard, 79 – B-5000 Namur - T. : +32(0)81 23 07 03 – F. : +32(0)81 23 18 90
publication@idpw.be – www.idpw.be
Possibilité également d'acquérir les ouvrages à la boutique de I'IPW : Résidence du Grand Cortil, place des Célestines, 21
(derrière I'hôtel Ibis), B-5000 Namur – ouverture du lundi au vendredi de 9h à 12h.
Pour tout renseignement complémentaire : +32(0)81 65 41 54
IMPRESSION
Bietlot, Gilly
CONCEPTION GRAPHIQUE
Fabien Cornélusse, avec la collaboration de Ken Dethier et Aude Van Driessche (Département du patrimoine, Direction
de l'archéologie)
COUVERTURE
Binche/Buvrinnes : le moteur droit du Messerschmitt Bf 110 G après nettoyage (photo N. Clinaz).
DIRECTION DE L'ARCHÉOLOGIE
Directeur f.f. : Alain Guillot-Pingue
Rue des Brigades d'Irlande, 1
B-5100 Jambes
Secrétariat :
T. : +32(0)81 33 24 75 – F. : +32(0)81 33 24 79
E-mail : darc.dpat.dgo4@spw.wallonie.be
Direction du Hainaut I
Responsable : Martine Soumoy
Place du Béguinage, 16
B-7000 Mons
T. : +32(0)65 32 80 94 – F. : +32(0)65 32 80 22
E-mail : martine.soumoy@spw.wallonie.be
Direction de Liège I
Responsable : Jean-Marc Léotard
Avenue des Tilleuls, 62
B-4000 Liège
T. : +32(0)4 229 97 11 – F. : +32(0)4 229 97 59
E-mail : jeanmarc.leotard@spw.wallonie.be
Direction du Luxembourg
Responsable : Denis Henrotay
Rue des Martyrs, 22
B-6700 Arlon
T. : +32(0)63 23 05 43 – F. : +32(0)63 23 05 45
E-mail : denis.henrotay@spw.wallonie.be
Direction de Namur
Responsable : Christian Frébutte
Route Merveilleuse, 23
B-5000 Namur
T. : +32(0)81 25 02 70 – F. : +32(0)81 25 02 71
E-mail : christian.frebutte@spw.wallonie.be
5
FLANDRE BRUXELLES-
CAPITALE
Brabant wallon
WALLONIE
Hainaut
Namur
Liège
Luxembourg
0 50 km
Avant-propos
Chère Lectrice, cher Lecteur,
Comme vous allez le lire, les activités de la Direction de l'archéologie et des Services de
l'archéologie des Directions extérieures de la DGO4 ont été nombreuses et de grand intérêt au
cours de l'année 2015, que ce soit en matière d'archéologie préventive, d'études, de valorisation du
patrimoine archéologique et de publications.
Le nombre et la valeur des articles de cette Chronique de l'Archéologie wallonne, activités de 2015,
témoignent de la qualité de nos chercheurs.
Les partenaires institutionnels et associatifs ont aussi contribué à compléter la recherche, à nourrir
la connaissance, à révéler la diversité et la richesse du patrimoine archéologique de la Wallonie.
Outre les activités scientifiques, développées dans le présent ouvrage, ce sont aussi des
préoccupations administratives et de sensibilisation qui caractérisent l'archéologie au Service
public de Wallonie. Ces trois orientations majeures sont renforcées par un maximum de partenariats
transversaux et d'interdisciplinarité.
Nivelles, vue générale vers l'ouest de la fouille sur le site de l'église Saint-Jacques (photo F. Heller,
Serv. archéologie, Dir. ext. Brabant wallon).
9
Beauvechain
L'Écluse
Nodebais
Jodoigne
La Hulpe Grez-Doiceau
Waterloo Rixensart
Énines
Bierghes Dion-Valmont Orp-Jauche
Rebecq Tubize Braine-l'Alleud Ottignies Chaumont-Gistoux Jauche
Ottignies-
Louvain-la-Neuve
Nivelles
Villers-la-Ville
Marbais
Carte administrative des communes de la province du Brabant wallon visées par les notices.
Commune dont la localité du même nom est concernée
Commune dont la localité du même nom n'est pas concernée
Autre localité concernée
Éditorial
Qui dit Chronique, dit recueil de faits historiques, rapportés dans l'ordre de leur succession ou ensemble des nouvelles
qui circulent ou encore article […] qui traite régulièrement d'un thème particulier (Le Petit Robert, 1996). En repre-
nant ces trois définitions dans le sens inverse, celle de l'archéologie wallonne concerne effectivement un sujet précis,
celui d'une discipline et de ses résultats dans une sphère géographique déterminée. Quant aux informations qui sont
divulguées, autant qu'elles le soient par les personnes à la source plutôt qu'à travers la presse uniquement. Enfin, si
l'ouvrage est bien un recueil (à conserver jalousement !), il concerne des témoins physiques de l'histoire avant tout
locale, présentés sur base d'une ligne du temps, classés selon les périodes auxquelles ils appartiennent et non… la
succession des actions sur terrain.
Fort heureusement pour les archéologues, et le public de surcroît, si elle privilégie les opérations d'une année en
particulier, la Chronique de l'Archéologie wallonne intègre également des interventions menées antérieurement. Les
raisons en sont multiples mais les deux principales sont le « saute-chantiers » (passage rapide d'une fouille à une
autre) et le temps imparti pour l'exploitation des données dans la foulée de la clôture des opérations. Le Brabant
wallon ne déroge pas à ce constat ; quelques opérations anciennes parfois reléguées dans un tiroir, comme celle de
l'église Saint-Jacques à Nivelles, ou menées dans un autre cadre refont surface au plus grand soulagement de tous,
public, aménageur, communauté scientifique, administration et équipes archéologiques (même si certaines se résu-
ment à un seul individu) bien évidemment.
Nous référant à la première formulation reprise ci-desssus, tout en respectant scrupuleusement la notion de faits
historiques et non de faits, actions, sous-entendu opérations sur terrain, nous constatons que les sujets abordés pour
la province brabançonne dans la présente publication concernent essentiellement des sites occupés dans la durée,
avec ou sans interruption, dans les centres anciens de communes telles que Jodoigne, La Hulpe et Nivelles, mais égale-
ment dans des contextes ruraux comme à Beauvechain, Chaumont-Gistoux, Tubize et Orp-Jauche ou des complexes
abbatiaux, a fortiori dans l'un des sites phares qu'est celui de Villers-la-Ville. Ceux ayant trait à une période unique
sont moins nombreux, citons le champ de bataille entourant la ferme d'Hougoumont à Braine-l'Alleud.
Aussi limitée soit-elle, une intervention peut apporter son lot de surprises ou tout au moins des données complé-
tant assurément celles acquises ou susceptibles d'être exploitées dans le cadre d'un projet ; tel fut le cas au moins à
10
Inventaire de pierres suite à l'effondrement des arcades de la pharmacie à l'abbaye de Villers-la-Ville (2013).
Beauvechain/L'Écluse (rue de la Cabourse, avec une occupation protohistorique de même qu'un parcellaire médiéval
et quatre sépultures modernes, trois animales et une autre qui pose question), à Jodoigne (Institut de la Providence,
l'enceinte), La Hulpe (église Saint-Nicolas) et Nivelles (habitation particulière à la rue de Mons, extension de l'Insti-
tut du Sacré-Cœur, mise au jour non seulement de l'église Saint-Jacques mais aussi d'un fossé qui lui est antérieur).
Un rien de terrain est un tout archéologique ; il y a toujours une explication. En effet, si certains suivis et évaluations
se sont révélés négatifs par absence de structures archéologiques, les stratigraphies analysées ont par contre pu appor-
ter des réponses, des confirmations, et/ou procurer des indices pédologiques utiles pour de futures interventions,
comme à Orp-Jauche/Énines (rue Bois des Fossés, proche du site Michelsberg du « Chêne au Raux »), Waterloo
(ancien site du contrôle technique) ou Ottignies – Louvain-la-Neuve (rue de la Baraque).
Signalons que, grâce à une sensibilisation le plus en amont possible, les aménageurs acceptent peu à peu une
implication dans les opérations archéologiques, se traduisant généralement par une prise en charge financière des
terrassements ainsi que par un accès plus aisé et mieux programmé aux parcelles ; tel fut le cas pour un chantier à
Tubize (lotissement au hameau de Stéhou). Certes cette démarche constitue une participation très partielle dans les
coûts des opérations archéologiques mais elle contribue à la mise en place d'un principe d'aménageur-payeur.
Dans le cadre de restaurations ou affectations de biens, comme à Beauvechain (cure de Nodebais), Jodoigne (section
de l'enceinte urbaine à l'Institut de la Providence) et Nivelles (hôtel Rifflart à la rue de Soignies), des échanges antici-
patifs ont été tout aussi profitables.
Il est cependant regrettable que, tout en étant prévenus, certains aménageurs peinent, même in extremis, à avertir les
archéologues ; les terrassements entrepris sur l'ancien site du contrôle technique de Waterloo en sont un triste exemple.
Bien que s'intéressant au passé, l'archéologie ne demeure toutefois pas à la traîne lorsque les nouvelles techniques/
technologies font preuve d'une évidente efficacité. Ainsi, l'usage du scanner 3D fut d'emblée envisagé pour le relevé
des arcades de l'abbaye de Villers-la-Ville, détruites accidentellement, et à Jodoigne où une section de l'enceinte
urbaine fut dégagée suite à des démolitions.
La prospection géophysique est également une alternative à l'évaluation classique, mécanique et intrusive, faisant
usage d'engins de terrassement, pour apprécier un potentiel archéologique. Les enregistrements opérés à Braine-
l'Alleud aux abords de la ferme d'Hougoumont ont ainsi permis à l'équipe internationale, dans laquelle était intégré
le Service de l'archéologie de la Direction extérieure du Brabant wallon (DGO4 / Département du patrimoine), de
déterminer au mieux les zones à exploiter, les secteurs dans lesquels des sondages devaient être ouverts. Signalons
qu'une autre option a également été adoptée sur ce site, à savoir l'usage d'un détecteur à métaux, dans les limites
strictes du cadre légal (CWATUP, art. 244).
11
Brabant wallon
Si pour un site militaire comme celui du champ de bataille de Waterloo, la combinaison des divers résultats auto-
rise parfois une révision partielle des faits, parfois contradictoires, relatés dans la littérature, des vérifications peuvent
également être utiles pour d'autres chantiers ou thèmes de recherche. Ainsi, trois fosses observées sur un site proto-
historique mis au jour en 2012-2013 à Grez-Doiceau/Gastuche avaient été interprétées comme des trous d'obus. Or,
l'étude du matériel recueilli lors des fouilles dans d'autres structures sema le doute… Et si ces structures étaient des
témoins d'une extraction de minerai de fer ? Un retour sur chantier s'avéra porteur.
En marge des missions menées par la Direction de l'archéologie, des études du bâti sont parfois réalisées sur demande
de la Direction de la restauration afin de mieux comprendre un bien (son évolution, ses caractéristiques, ses faiblesses…)
et valider des options retenues tant techniques qu'esthétiques ; le château de Merode à Rixensart dont le portique de
l'aile septentrionale fut étudié par une équipe des Musées royaux d'Art et d'Histoire en est un exemple.
Enfin, le scientifique est parfois amené à dépasser largement les résultats bruts de terrain en se posant des ques-
tions finalement élémentaires tels le pourquoi et le comment. Une fois n'est pas coutume d'emprunter ce chemin, ce
champ d'analyses, pour un édifice « inédit » du 12e siècle mis au jour à Villers-la-Ville au début de l'année 2014, sur
la colline surplombant le cœur de l'abbaye. Qu'est-ce qui a motivé, guidé, le choix de son implantation ?
Pour clôturer cet éditorial, je dirais que les publications, comme la Chronique, sont un vecteur non négligeable
pour toucher le public mais d'autres moyens peuvent être mis à profit. Pour preuve, à Tubize (lotissement à Stéhou),
les autorités communales ont souhaité que les acquis scientifiques soient diffusés auprès des riverains et des citoyens
à travers un parcours archéologique (panneaux). Si la presse prend le dessus, souvent lors d'ouvertures de chantiers
majeurs ou de découvertes, jouant sur le sensationnel et l'information de proximité, elle peut parfois engendrer des
incompréhensions ou déclencher des situations délicates. Pour la ferme d'Hougoumont par exemple, les médias ont
largement contribué à une (dés)information relative au corps du soldat, découvert en 2012 au terme d'une évalua-
tion, et à son devenir ; lors de la réception organisée pour l'inauguration du site restauré, tout en manifestant son
intérêt pour les recherches en cours, le prince de Galles fit remarquer en aparté qu'il avait eu écho des débats entou-
rant le squelette et sa présentation controversée au public dans une vitrine du mémorial.
Une fois de plus mes remerciements s'adressent à tous mes collègues, tant en Brabant wallon qu'au sein de la Direc-
tion de l'archéologie et du Département du patrimoine dans son ensemble, de la Direction de la géomatique, ainsi
qu'à tous les prestataires extérieurs, partenaires scientifiques ou bénévoles, professionnels, stagiaires ou passionnés,
administrations régionales et communales, responsables politiques, aménageurs, architectes… qui ont accepté de
nous aider, de collaborer et de prendre nos desiderata en considération, dans un esprit de complémentarité, de
gestion raisonnée des intérêts et de respect mutuel.
Didier Willems
Braine-l'Alleud, ferme d'Hougoumont : visite de la presse sur le chantier ouvert dans le cadre du projet Waterloo Uncovered auquel
participe le Service de l'archéologie de la Direction extérieure du Brabant wallon.
13
MOYEN ÂGE
Nivelles/Nivelles : rue de Mons,
ancienne église du Grand Saint-Jacques
Phase 1
sont retrouvées à l'emplacement du mur
3 N
détruit du collatéral nord et dans l'angle
a
sud-ouest du chœur.
F162
Nous avons considéré une tombe
5
F197 F146 (F191) comme fondatrice de par son
F191 emplacement quasiment au centre de
Phase 2
2 l'entrée du chœur et parce qu'elle est
1 creusée dans le limon orange naturel
et non dans le remblai de construc-
tion comme la majorité des inhuma-
4
tions. Le fait qu'elle soit recoupée par
b
d'autres sépultures atteste aussi son
antériorité.
Quelques rares sépultures se trouvent
à l'extérieur, dans la partie méridionale,
Maçonnerie de part et d'autre de l'entrée.
Emplacement de la tour
Contrairement aux idées couramment
Fosse
Sépulture
admises pour les tombes médiévales
Zone d’inhumation c chrétiennes, certains défunts sont, ici,
Fossé reconstitué encore enterrés avec des offrandes : des
Fond du fossé dégagé en fouille 0 10 m monnaies retrouvées autour du corps,
a, b et c Coupes dans le fossé
voire sur une épaule ou encore dans une
probable bourse serrée dans la main
Nivelles, église du Grand Saint-Jacques : plan général.
(sous la fesse gauche).
Toutes les fosses à ossements humains ont été considé- Un large fossé évasé à fond plat, flanqué à l'est d'une
rées comme des tombes, qu'il s'agisse de restes in situ levée de terre (c), a été dégagé sous le mur oriental de
ou clairement rassemblés dans une fosse secondaire. l'église. Il a été reconnu sur une longueur de 45 m et
Ce ne sont pas moins de 184 sépultures à inhumation présente un changement d'orientation : la partie méri-
qui ont été fouillées dans et autour de l'édifice. dionale suit une orientation sud-est à nord-ouest sur
Toutes les sépultures sont orientées selon un axe 25 m et vire ensuite vers le nord pour les 20 m suivants.
parallèle aux murs gouttereaux de l'édifice. Le corps Nous n'avons pu le suivre plus avant car il continue
est placé en décubitus dorsal, la tête à l'ouest, les pieds hors de l'emprise des travaux au nord et sous la rue de
à l'est, les bras le long du corps, voire croisés sur le Mons au sud.
bas-ventre ou encore repliés croisés sur la poitrine, les Son profil présente une pente d'équilibre, ce qui
mains sur les épaules. Seules deux sépultures à l'exté- permet d'éviter qu'il ne se comble naturellement. Sa
rieur de l'église présentent une orientation différente : largeur, pour sa partie la plus profonde située à l'est, est
sud-ouest/nord-est, tête vers le sud-ouest. de 7,80 m pour une profondeur maximum conservée
Le défunt est inhumé soit en pleine terre soit dans de 2,14 m ; sa largeur totale avoisine les 9,80 m si l'on
un cercueil. Dans le premier cas, il est enveloppé dans prend en compte une partie moins profonde située sur
un linceul, comme l'indique l'emplacement d'épingles son flanc occidental.
en alliage cuivreux retrouvées sur et autour du corps. Les dimensions du fossé le situent plus dans
Dans le second cas, seuls sont conservés les clous en la catégorie d'un fossé défensif que d'un simple
fer d'assemblage du cercueil et parfois des restes de fossé de limite d'emprise. Ceci étant, comme nous
bois. n'avons reconnu qu'une longueur équivalente à
Les sépultures sont concentrées principalement quatre fois sa largeur, il est prématuré de vouloir
dans la nef centrale et dans le chœur. Celles qui le relier au complexe de l'abbaye Sainte-Gertrude.
recoupent les murs disparus ou qui occupent les Tout au plus pouvons-nous dire qu'il a ici un axe
nouveaux espaces montrent une continuité dans les quasiment nord/sud et se dirige vers la Thisnes qui
inhumations au gré des transformations de l'église. coule en contrebas au nord. En outre, le parcellaire
Cependant, aucune ne se trouve dans l'extension en semble en avoir partiellement fossilisé le tracé vers
abside du chœur. Deux tombes d'individus juvéniles le nord.
15
ouest est
1m
a b c d e f g
Profil du fossé restitué à partir des coupes : a. Sol en place ; b. Couches d'humus ; c. Levée de terre ; d. Comblement du fossé original ;
e. Dépôts laminés attestant la présence d'eau ; f. Comblement du fossé secondaire ; g. Interfaces de creusement.
Deux creusements (g) sont visibles dans les coupes provenant d'échantillons à courte durée de vie telles les
du grand fossé : le premier, large et évasé, entaille le graines de sureau, il est plus probable que ce dernier
limon orange en place (a) ; le deuxième, plus étroit, le remplissage, mis en place alors que le fossé est encore
recoupe après une phase de dépôts de ruissellement utilisé, date d'entre 992 et 1156.
(e). Enfin, une couche d'humus épaisse (b) vient sceller L'église quant à elle est construite après le nivel-
l'ensemble. Toute cette séquence est ensuite recoupée lement du fossé défensif. Son chœur recoupe une
par le mur sud de fondation de la tour d'angle de l'église fosse (F162) contenant des tessons de céramique du
du Grand Saint-Jacques et par son mur pignon ouest. 11e siècle, et recouvre une fosse (F146) contenant de
la céramique des 12e-13e siècles. Enfin, sous la nef se
Les datations trouve une dernière fosse contenant des vases globu-
laires du 13e siècle.
La couche de fond du fossé (d) a livré deux tessons En ce qui concerne les sépultures, deux d'entre elles
de céramique : un de faïence bleue (probablement ont été choisies pour une datation au 14C. Elles ont été
intrusif) et un autre de bouteille en céramique grise sélectionnées par rapport à leur emplacement et/ou
à fond épais et lèvre de Huy, datée de la transition recoupement et déterminées comme étant parmi les
Mérovingien-Carolingien (7e-8e siècles de notre ère ; sépultures les plus anciennes de l'église.
communication personnelle de Sylvie de Longueville). La tombe F197, située au nord dans la nef, à l'entrée
S'il est évident que ce tesson, rejeté dans un fossé après du chœur, a été datée d'entre 1273 et 1397 AD (cali-
son utilisation, ne donne au mieux qu'un terminus post brée, 95,4 % de probabilité). La sépulture F191, placée
quem pour la datation de celui-ci au 8e siècle, il est clair dans l'entrée du chœur, au centre, remonte entre 1257
également que l'on ne peut dater un remplissage sur et 1394 AD (calibrée, à 95,4 % de probabilité) avec un
base d'un seul tesson. pic à 1257-1324 AD (calibrée, à 62,9 % de probabilité),
La première couche de remplissage du recreuse- ce qui renforce l'hypothèse d'une tombe fondatrice.
ment du fossé (f) a fait l'objet de deux prélèvements,
effectués dans le fond au centre de celui-ci. Les prélè- Conclusion
vements ont été tamisés et deux échantillons choisis
pour datation au 14C : il s'agit de graines de sureau Les fouilles de sauvetage effectuées sur le site de la rue
(NIV8RMONSF250-prel #1b) et d'un os de faune de Mons ont permis de mettre au jour une des églises
(NIVRMONSF250-prel #1). disparues de Nivelles, celle dédiée à saint Jacques le
Les graines de sureau donnent une fourchette de Majeur, saint patron de Compostelle. Étape wallonne
992-1156 AD (calibrée, 95,4 % de probabilité) tandis sur la Via Gallia Belgica du pèlerinage de Saint-
que la datation faite sur os de faune dans cette même Jacques-de-Compostelle, attestée dès le 13e siècle, elle
couche et au même niveau donne, elle, 896-1138 AD avait complètement disparu au début du 19e siècle, sauf
(calibrée, 95,4 % de probabilité) mais surtout pour une dernière chapelle qui fut détruite au début du
940-1138 AD (calibrée, 87,8 % de probabilité). En siècle dernier. Elle était le cœur de la paroisse du même
conclusion, comme nous favorisons les datations nom et une des onze églises de Nivelles.
16
La cave, vestige d'un bâtiment érigé vers le milieu du 12e siècle sur la colline de la ferme. Au second plan, le pignon sud du réfectoire
de l'abbaye Villers III (1197-1796). Vue vers le nord.
à mars 2014 durant les travaux d'aménagement d'un la conservation de nombreux produits. D'une manière
chemin piétonnier dans le flanc oriental de la colline générale on peut dire que la présence d'une cave fait
de la ferme (De Waele et al., 2015a). Une cave orien- suite à un choix, planifié en fonction de besoins spéci-
tée en long nord/sud, dotée au nord d'une imposante fiques.
descente de cave en hors-œuvre, a pu être partielle- En forme de rectangle très allongé (cave tunnel), la
ment fouillée. L'examen du remblai de comblement cave de la colline de la ferme offrait une superficie
indique que la cave est restée ouverte un certain temps intérieure de 35 m2 (8,95 m × 3,95 m). Le sol était
après son abandon et qu'elle a servi de dépotoir. en terre battue. Aucun aménagement intérieur parti-
On ne soupçonnait pas la présence d'un bâtiment en culier n'a été observé, si ce n'est un muret d'empat-
cet endroit car cette localisation ne s'inscrit pas dans le tement au pied du long mur oriental, non liaisonné
paysage bâti de l'abbaye Villers III (1197-1796) dont les avec celui-ci, qui servait peut-être au rangement de
ruines se visitent aujourd'hui. certaines marchandises. Aucune trace de mobilier en
place – grands pots à provision par exemple – n'a été
Au-delà du fait archéologique : relevée.
l'interprétation du bâtiment qui s'élevait Un mur, supportant le plancher du rez-de-
au-dessus de la cave chaussée, divisait la cave dans sa longueur en deux
espaces inégaux ; son extrémité nord, distante de
La fonction, le rôle et l'utilisation du bâtiment qui s'éle- 1,40 m de la marche inférieure de la descente de
vait au-dessus de la cave peuvent se déduire à partir cave, ménageait un couloir de distribution à l'en-
de la descente de cave, de la chronologie haute et de la trée et sa position décentrée, davantage proche du
localisation du bâtiment. mur ouest de la cave (distance : 1,10 m), facilitait la
manutention de produits encombrants vers l'espace
La cave : présence, caractères et aménagements oriental.
Pour conclure, il apparaît bien que les constructeurs
Comme espace d'entreposage souterrain, une cave jugèrent indispensable de pouvoir disposer d'une cave,
garantit de bonnes conditions de fraîcheur, d'hygromé- et ce malgré le surcroît des travaux et le surcoût des
trie et de température, voire d'obscurité, nécessaires à matériaux.
18
La descente de cave : élément signifiant de la cave l'abbaye définitive Villers III (1197-1796). C'est l'abbé
Charles (1197-1209) qui planifia le développement de
La descente de cave est sans doute l'un des éléments les Villers II en Villers III et mit en chantier la construc-
plus signifiants qui permettent de cerner au mieux la tion de plusieurs bâtiments de la future grande abbaye
fonction voire l'importance de la cave. Presque monu- (Coomans, 2000, p. 42, 59, 61-62, 100-103, 216, 292,
mentale, entièrement construite en hors-œuvre, possé- 382, 545, 548-549 et 583).
dant des marches confortables et débouchant sur une
porte large et haute, elle nous renseigne sur l'utilisation La localisation stratégique du bâtiment : un choix
de la cave mais aussi – en partie du moins – sur celle du
bâtiment. En effet, elle permettait une communication La localisation est le quatrième et dernier des facteurs
aisée avec l'extérieur, un va-et-vient direct sans passer que nous avons distingués en vue d'interpréter le
par l'intérieur du bâtiment, une utilisation fréquente et bâtiment. En effet, le choix délibéré de son emplace-
régulière, ainsi que la manutention de marchandises de ment sur la colline de la ferme contribue largement à
grand gabarit. déterminer quels furent sa fonction, son utilisation et
Située à l'extérieur du bâtiment, cette descente de surtout son rôle dans le contexte géopolitique local à
cave conférait à la cave une destination bien entendu l'époque de Villers II.
différente de celle d'une cave desservie par un esca- Il est manifeste que le bâtiment bénéficiait d'une
lier intérieur. En relation directe et spécifique avec implantation éminemment stratégique : se trouvant
des activités extérieures, la cave de notre bâtiment hors zones inondables, il était situé en bas de versant
constituait une unité architecturale à part entière. On d'un promontoire terminant une avancée de plateau,
peut donc supposer que sa fonction de stockage devait ce qui permettait à ses occupants d'être rapidement
participer d'une économie plus large que
celle du simple cadre domestique. En
d'autres termes, les marchandises entre-
posées n'étaient sans doute pas réser-
vées à l'usage exclusif des occupants du
bâtiment, mais ceux-ci en assuraient très
probablement la garde et la gestion. En
outre, il est vraisemblable que d'autres
locaux du bâtiment étaient destinés au
stockage.
– la configuration paysagère locale comprend une lés d'un châtelet qui contrôlait la route sud/nord déjà
rivière (sous le contrôle du seigneur de Mellery ?), évoquée plus haut et que cet ouvrage fortifié avait
un moulin avec ses bâtiments annexes (appartenant lui-même été bâti sur une route plus ancienne encore
au seigneur de Mellery), ainsi qu'une route de liaison (De Waele, Heller & Van Driessche, 2015). Cela
directe avec Mellery ; signifie que, dès 1147, un tronçon de cette route de
– pour conclure, le fond de vallée (route, moulin vallée fut annexé par les moines et, plus globalement,
et rivière) ne leur appartenant pas encore, les moines que l'abbaye fut implantée en un lieu déjà occupé et
érigent le bâtiment sur la colline pour servir leur aménagé, qui possédait par conséquent sa propre
dessein d'appropriation du site : tout en surveillant de histoire.
près les activités dans la vallée, ils manifestent ainsi
clairement leur intention de s'établir définitivement et Géomorphologie et réseau routier
d'agrandir leur domaine.
L'abbaye se situe en bordure septentrionale des bas-
Économie et géopolitique : les sources archéologiques plateaux de Moyenne Belgique, au début des vallonne-
ments de la Dyle formant la transition vers les plaines
Des fouilles de sauvetage menées en 2003 au pied du de Flandre. On remarquera que le village de Villers, de
pignon nord du grand moulin ont révélé la présence fondation plus ancienne que l'abbaye, est implanté en
de structures plus anciennes, notamment un bâtiment amont de celle-ci, aux premières incisions des vallon-
dont le sol était constitué de dalles de schiste ainsi nements ; il occupe en outre une position intéressante
qu'une aire de circulation extérieure également dallée sur la rivière Thyle puisqu'il s'est développé autour de
(Heller & De Waele, 2004). Rappelons que la construc- deux passages à gué, l'un permettant de franchir la
tion du moulin abbatial remonterait aux années 1197- rivière, l'autre l'un de ses affluents. Rappelons, d'autre
1200 (selon Coomans, 2000, p. 501). part, que Villers se trouvait aux confins de deux terri-
Des fouilles conduites en 2011 et 2012 à la porte toires politiques, dans une enclave du comté de Namur
de la ferme, à moins de 150 m au sud de la cave, en duché de Brabant (Coomans, 2000, p. 64-68 ; Despy,
ont livré les vestiges d'un bâtiment à pans de bois 1957, p. 12-14).
pouvant être identifié avec la porterie
de l'abbaye Villers II (De Waele, Heller
& Van Driessche, 2013 ; De Waele &
Heller, 2014a ; 2014b). Cette porterie
primitive était établie sur le tronçon
d'enceinte qui barrait complètement la
vallée d'est en ouest. Aucune trace de
cette première enceinte n'a été retrou-
vée, mais elle consistait vraisemblable-
ment en une palissade en bois simple-
ment percée d'une porte ; la muraille en
pierre, visible encore aujourd'hui, fut
construite plus tard sur le même tracé.
Il semble bien que le bâtiment de cette
porterie et celui sur cave de la colline
participaient d'un même programme
d'occupation spatiale et d'aménage-
ment du site de Villers II : situés tous
deux sur la rive gauche de la rivière et
en lien direct avec la colline de la ferme,
ils étaient implantés l'un à l'extrémité
sud du site, l'autre à son extrémité
nord. D'autre part, les fouilles à la porte
de la ferme apportèrent la preuve d'une Restitution du croisement de la route est/ouest (Gembloux-Nivelles) avec la
occupation pré-abbatiale du site. Elles route sud/nord de la vallée de la Thyle, avant l'implantation de l'abbaye (fond :
révélèrent en effet que la porterie de Relief de la Wallonie – Modèle numérique de Terrain [MNT] 2013-2014 [http://
l'abbaye Villers II – le bâtiment à pans geoportail.wallonie.be, mise à jour 17 février 2015], infographie A. Van Driessche,
Serv. archéologie, Dir. ext. Brabant wallon).
de bois – fut édifiée sur les restes nive-
22
Les forêts se rencontraient principalement au nord 1153 peut être considéré comme une attestation pour
de Villers, car au sud les terres fertiles des plateaux ainsi dire officielle des « débuts délicats de la nouvelle
limoneux étaient majoritairement défrichées. Un plantation » – pour reprendre les termes de l'acte – qui
massif forestier continu recouvrait vraisemblable- furent sans nul doute engendrés par une vive opposi-
ment les vallonnements de la Dyle, les reliefs accusés tion autochtone.
et les sols sableux étant peu propices aux cultures. Sur le plan de la configuration spatiale de Villers II,
L'abbaye s'est installée à la lisière de ce massif forestier le bâtiment sur cave apporte très opportunément des
dont elle pouvait tirer parti des multiples ressources : informations complémentaires à la découverte de
exploitation du bois de chauffage, de menuiserie et de la porterie de cette abbaye provisoire à la porte de la
construction, apiculture, écobuage, écorçage, panage, ferme. Si la porte, en bord de rivière, sur la route de la
etc. vallée, perçait une palissade en bois au sud et marquait
Deux routes se croisaient sur le site même de la l'entrée dans le domaine abbatial, le bâtiment sur la
future abbaye : la principale reliait Gembloux et colline, quant à lui, correspondait à sa limite extrême
Nivelles suivant un axe est/ouest transversal aux au nord.
vallées, la seconde longeait la Thyle en fond de vallée, Le bâtiment sur la colline de la ferme se trouvait en
participant à la liaison entre les bas-plateaux et les un endroit surprenant par rapport au site abbatial tel
territoires du nord. La route est/ouest franchissait que nous le connaissons aujourd'hui. En fait, plutôt que
primitivement la Thyle à hauteur d'un détour de la de s'y inscrire, il se situe à sa périphérie, en un point
rivière, à l'endroit où celle-ci recevait le ruisseau des élevé, alors que l'abbaye s'est développée dans le fond
Affligés ; c'est l'accumulation des matériaux char- de vallée. À cet égard, il constitue un élément matériel,
riés par le ruisseau en fond de vallée qui a favorisé révélateur sur le terrain, du processus d'appropriation
le passage à gué. L'extension de l'abbaye au nord de progressive du futur site abbatial, qui fut lent mais
la route est/ouest – sous l'abbé Charles (1197-1209) planifié. Les moines ont dû patienter, faire preuve de
comme nous l'avons rappelé plus haut, mais peut-être détermination et recourir à la persuasion divine – dans
déjà vers la fin de la période Villers II (1147-1197) – la charte de 1153, l'évêque de Liège profère des impré-
eut pour résultat qu'un tronçon de la voie passa dans cations à l'encontre de ceux qui s'opposeraient au projet
le domaine abbatial et fut par conséquent soustrait d'installation de l'abbaye – avant de pouvoir s'établir
au réseau viaire régional, ce qui obligea à contourner définitivement et largement. En d'autres termes, il est
l'abbaye par le nord ou par le sud. Quant à la route très vraisemblable que le bâtiment n'aurait pas eu d'uti-
sud/nord, comme nous l'avons précisé ci-dessus, elle lité – et n'aurait donc pas été construit – si, dès 1147,
fut amputée d'un tronçon dès la création de l'abbaye les moines avaient pu d'emblée s'approprier le tronçon
Villers II (De Waele & Heller, 2014b ; De Waele, qu'ils convoitaient de la route est/ouest et développer
Heller & Van Driessche, 2013 ; 2015), ce qui obligea à dès ce moment le domaine abbatial au nord de cet axe
contourner celle-ci par l'ouest ou par l'est. routier.
Ce n'est que 50 ans plus tard, sous l'abbatiat de
Conclusion Charles (1197-1209), que débuteront les travaux d'édi-
fication de Villers III, l'abbaye définitive en pierre,
Le bâtiment inédit sur la colline de la ferme contribue directement au nord de la route est/ouest. Si ce délai
de manière significative à la connaissance de Villers II paraît démesuré – surtout au regard du pouvoir consi-
(1147-1197), abbaye dont rien ne subsiste en élévation dérable dont jouissait Bernard de Clairvaux – c'est que
et dont la localisation même sur le site reste approxi- l'enjeu était un territoire déjà organisé et structuré sur
mative (Coomans, 2000, p. 61-68 ; De Waele, 2014). les plans de l'économie, de la politique et du réseau
Cette abbaye méconnue est dite à tort « de transition » des communications. De ce qui précède, il ressort
car, en réalité, elle est celle-là même qui rendit possible en outre que, contrairement à l'opinion encore trop
l'établissement du monastère sur le site ; c'est elle qui souvent répandue, les moines ne sont pas arrivés au
correspond véritablement à la période de gestation milieu de nulle part en s'établissant à Villers. Il est vrai,
de la future grande abbaye, période durant laquelle se en revanche, que leur institution, novatrice et d'une
joua de manière décisive le destin de celle-ci. redoutable efficacité, contribua notablement au déve-
La durée de 50 ans – inhabituellement longue – loppement et au progrès en général.
qu'on attribue à l'abbaye Villers II évoque ouverte-
ment les difficultés que rencontrèrent les Cisterciens Bibliographie
dans leur projet d'une fondation à Villers. À cet égard, ■■ Coomans T., 2000. L'abbaye de Villers-en-Brabant,
l'acte de confirmation des possessions abbatiales en Bruxelles-Cîteaux (Studia et Documenta, XI).
23
TEMPS MODERNES
Nivelles/Nivelles : rue de Mons, analyse
limitée autour et dans un immeuble du
16e siècle en transformation
À l'intérieur
17e siècle). Par contre, les deux repérés au no 29, De toute évidence, l'édifice « double » a subi des
également sur le soubassement, appartiennent à deux modifications esthétiques, volumétriques et fonction-
ateliers différents : l'un (n 659) n'a pas d'attributaire et
o
nelles à travers le temps, incluant réparations, restaura-
l'autre, localisé sur une pierre en bordure de la maison tions, récupérations et transformations.
voisine, est trop effacé (également Nopère mais moel- Les composants architecturaux majeurs étant préser-
lon renversé ?). vés, une étude a posteriori peut toujours être menée ;
26
seules les faces des murs plafonnés ou recouverts de cement européen FSE/FEDER-Région wallonne. Le
plaques de plâtre, isolantes ou autres empêcheront projet inclut notamment un nouveau cheminement,
toute analyse. débutant non de l'accès originel qu'est la porte de
Faute de pouvoir mobiliser des compétences Bruxelles mais du moulin. Le parcours dirige les visi-
adéquates dans les temps impartis pour ce type d'in- teurs vers le cœur de l'abbaye en les faisant transiter
tervention, il est regrettable que les quelques données par la colline, le jardin dit « des infirmes », la pharma-
collectées n'alimentent que l'Inventaire du patrimoine cie et ce qui fut l'infirmerie.
culturel immobilier de Wallonie (en cours pour Le franchissement de la voirie régionale reliant
Nivelles) et ne participent pas, du moins dans l'immé- Genappe à Gembloux, qui coupe le site, s'effectue doré-
diat, à un approfondissement de la connaissance des navant par une passerelle en bois créée entre les arcades
évolutions des architectures individuelles mais égale- de la pharmacie. En date du 22 octobre 2013, cette
ment des contextes urbanistiques, artistiques et autres dernière n'était pas encore posée ; fort heureusement
dans lesquels elles ont évolué. car un camion heurta les arcades dans l'après-midi
Même si l'intervention ne consista qu'en une visite de (parc. cad. : Villers-la-Ville, 1re Div., non cadastré , voirie
courtoisie et un reportage photographique, le Service N275 ; coord. Lambert : 161335 est/142191 nord).
de l'archéologie tient à remercier M. Steve Marits pour Fallait-il s'en attrister, rester de marbre et se conten-
son accueil, son écoute et surtout pour avoir autorisé ter de tirer les derniers clichés de ce patrimoine ou
la prise de clichés. aller de l'avant et mettre rapidement à profit toutes les
compétences disponibles pour collecter un maximum
Bibliographie de données pouvant assurer une reconstruction à
■■ Froment P., Hanse A. & Liénard J.-C., 1996. La collégiale l'identique ? Les représentants de l'IPW et du Dépar-
Sainte-Gertrude de Nivelles hier et aujourd'hui, Rif tout dju, tement du patrimoine, le Service de l'archéologie de la
383, s.p. Direction extérieure du Brabant wallon en particulier,
■■ R. de Mons, 1974. R. de Mons. Nos 27-29. In : Province de n'ont pas hésité à agir.
Brabant. Arrondissement de Nivelles, Liège (Le Patrimoine
monumental de la Belgique, 2), p. 397. Contexte historique
■■ Van Belle J.-L., 1994. Nouveau dictionnaire des signes lapi-
daires – Belgique et Nord de la France, Louvain-la-Neuve, Artel. Comme le précise un cartouche armorié (« Fideliter
■■ Willems D., 2015. Nivelles/Nivelles : déception partielle à et Suaviter Anno 1784 »), apposé en guise de linteau
la rue des Choraux, Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, sur la fenêtre centrale de la façade orientale, la phar-
p. 28-29. macie fut érigée durant le dernier quart du 18e siècle,
sous le court abbatiat de Dom Léonard Pirmez (1782-
Sources 1784). De cet édifice ne subsistent que quatre murs en
■■ Atlas cadastral de Belgique publié par P.-C. Popp (1842-1879), briques, dont les façades, orientées à l'est et à l'ouest,
plan parcellaire de la commune de Nivelles. chacune percée de trois grandes baies quadrangulaires
■■ Cadastre de l'intra-muros de Nivelles, non daté (peut-être et reposant sur trois arcades en pierre bleue. Elle est le
entre 1810-1815 et 1830) et non signé (Musée archéologique de dernier aménagement majeur sur le site avant l'expul-
Nivelles). sion des moines en décembre 1796.
Contexte de l'incident
Les lieux devant être sécurisés, une mobilisation fut Conséquences et perspectives
rapidement lancée. Pour l'IPW, maître d'ouvrage, les
actes devaient répondre à un triple objectif, à savoir D'emblée, le projet de la passerelle fut modifié en vue
le démontage des parties instables, une dépose suivie d'une sécurisation accrue pour les visiteurs, contraints
d'une numérotation et d'un stockage des pierres de de pénétrer dans le site de l'abbaye par la pharmacie.
même qu'une consolidation des vestiges afin de main- Les résultats de l'intervention archéologique et des
tenir un état sanitaire correct, pré-requis pour une recherches complémentaires obtenus à ce jour consti-
reconstruction éventuelle (Mainil, 2013, p. 3). tuent une base technique solide pouvant appuyer
La Direction de l'archéologie prit part à ces interven- et justifier une réédification à l'identique. Toutefois,
tions de sauvetage. Ainsi, deux jours après l'incident, les si cette option paraît évidente, le doute subsiste, les
relevés des deux façades furent réalisés en recourant à travaux n'ayant toujours pas été entamés. Dans le cas
l'usage d'un scanner 3D, un Trimble TX5 à décalage de où cette tâche était exécutée, elle devrait immanqua-
phase (phaseshift) permettant une précision de mesure blement s'accompagner d'une signalétique routière
moyenne de l'ordre de 1 mm théorique jusqu'à 20 m suffisante, très en amont du bien, et encourager les
et 2 mm environ au-delà. Les résultats furent exploités démarches en vue d'un contournement acceptable
dans la foulée avec des logiciels informatiques spéci- pour le charroi volumineux.
Relevés au scanner de la façade orientale de la pharmacie Relevés au scanner de la façade occidentale de la pharmacie
( J.-N. Anslijn, Dir. archéologie). (J.-N. Anslijn, Dir. archéologie).
28
Remerciements
Sources
■■ Abbaye de Villers-la-Ville, l'ancienne pharmacie, plans et
élévations exécutés en décembre 1975 par photogrammétrie
terrestre par le Ministère des Travaux publics.
■■ Mainil S., 2013. Abbaye de Villers-la-Ville, arcades de la phar-
macie, fiche d'état sanitaire, Institut du Patrimoine wallon.
■■ Pharmacie, s.d. La pharmacie de l'abbaye de Villers-la-Ville,
rapport anonyme.
29
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Braine-l'Alleud/Braine-l'Alleud : fouilles
sur le domaine d'Hougoumont dans le
cadre du projet Waterloo Uncovered
Le domaine d'Hougoumont à la fin du 18e siècle (a) et en 1815 (b). 1. Ferme-château ; 2. Jardin ; 3. Verger ; 4. Potager ; 5. Verger et
potager nord ; 6. Bois ; 7. Jardin extérieur ; 8. Killing zone. Éléments reportés sur : a. Extrait de la carte de Ferraris, Braine la Leud,
pl. 78 (© Bibliothèque royale de Belgique) ; b. Extrait de la carte de Craan (reproduite avec la permission de S. Eve).
5
3
4 1 2
7
8
a b
30
Il n'est pas inutile de rappeler ici que, dans la illustration de ce que l'archéologie peut apporter aux
mesure où il s'agit de relever les traces d'un récits et aux mythes – le mot n'est pas trop fort – qui
évènement ayant duré une journée – fait pour le relatent les combats pour la prise d'Hougoumont.
moins inhabituel en archéologie –, les méthodes
jouent un rôle capital et doivent être en permanence Conclusion et perspectives
adaptées en fonction de ce qui est – ou n'est pas –
découvert. Ont ainsi été vérifiés la nature et l'âge En 14 jours à peine de recherches sur le terrain, les
de plusieurs anomalies caractérisées par une forte objectifs principaux sont atteints : la validité des
susceptibilité magnétique, paramètre qui indique enregistrements géophysiques est confirmée, de
la présence probable d'éléments brûlés et/ou de même que la persistance possible, dans la réparti-
terre cuite, soit autant de bûchers potentiels. Les tion des déchets métalliques issus de la bataille, de
sondages ont révélé des fours à briques et des amas configurations spatiales significatives. À ce jour
de matériaux de construction très probablement liés cependant, aucun charnier n'a encore été mis au jour
à l'édification et à l'entretien du château, sans lien malgré la découverte de grands creusements qui, en
direct avec la bataille. Leur découverte confirme fouille, se sont avérés liés à l'extraction de sable et
néanmoins l'efficacité des méthodes géophysiques, de grès. La mise en évidence des charniers reste un
qui permettent d'ouvrir rapidement des « fenêtres » axe majeur des recherches, de même que la poursuite
sur des structures archéologiques qui, autrement, des prospections métalliques dans la killing zone et le
n'auraient été mises au jour que lors d'une jardin, là où, de façon de plus en plus évidente, s'est
évaluation systématique sur toute la superficie du en grande partie jouée la défaite française à Hougou-
domaine. Par ailleurs, les données enregistrées en mont, épisode majeur de la victoire alliée à Waterloo.
conductivité électrique ont permis de repérer de Plus de détails et le rapport complet des campagnes
façon tout à fait précise le fossé qui formait la limite d'avril et de juillet 2015 sont disponibles sur le site
orientale du verger. Ce fossé, repéré par sondage, est www.waterloouncovered.com.
un élément capital des combats ayant eu lieu dans
et autour du verger. Mentionné dans certains récits, Bibliographie
il ne figure de façon précise sur aucun plan ni carte ■■ Bosquet D., Yernaux G., Fossion A & Vanbrabant Y.,
et il est probable qu'une partie des très nombreuses 2015. Le soldat de Waterloo. Enquête archéologique au cœur du
victimes tombées à cet endroit y aient été ensevelies. conflit, Namur, Service public de Wallonie, 22 p.
Des fouilles approfondies devront y être menées. ■■ Pollard T. (éd.), 2009. Culloden. The History and Archaeology
À ce jour, c'est la détection des métaux qui a donné of the Last Clan Battle, Barnsley, Pen and Sword Military.
les résultats les plus spectaculaires, en particulier ■■ Scott D.D. & McFeaters A.P., 2011. The Archaeology of
lors du suivi systématique des ouvertures de Historic Battlefields: A History and Theoretical Development
tranchées. Il est en effet apparu que, dans la killing in Conflict Archaeology, Journal of Archaeological Research, 19,
zone et dans le jardin en particulier, où la détection p. 103-132.
des métaux avait peu très donné préalablement, ■■ Willems D., 2015. Braine-l'Alleud/Braine-l'Alleud : inves-
une grande quantité de munitions pouvait encore tigations archéologiques à l'emplacement de l'ancien château
être retrouvée, mais après l'enlèvement de la couche d'Hougoumont, Chronique de l'Archéologie wallonne, 23,
arable sur 10 à 15 cm. À la lecture des coupes réali- p. 32-35.
sées, il semble en effet que ces deux secteurs ont
été soumis à au moins quelques épisodes de labour Sources
après la bataille, perturbations ayant entraîné les ■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
objets originellement dispersés en surface à une Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Braine la Leud, pl. 78.
trentaine de centimètres de profondeur. C'est ainsi ■■ Craan W.B., Plan of the Battle of Waterloo or Mount St. John,
que, pour la première fois et à l'encontre des récits reduced from the large Plan of the same Battle, 1816.
historiques, des balles tirées par les Français ont été ■■ De Smedt P. & Van Meirvenne M., 2014. Geophysical Soil
trouvées dans le jardin, à quelques mètres du pied Survey Waterloo: EMI Survey, rapport inédit, Research group
du mur d'enceinte. Il semble que les assaillants aient soil spatial inventory techniques (ORBit), Department of Soil
eu la possibilité de prendre appui sur le mur pour Management, Ghent University.
faire feu sur les Anglais retranchés à l'intérieur. La
présence d'une balle anglaise tirée dans l'enceinte
permet même d'évoquer un possible franchissement
de ce mur par des soldats français, mais ceci reste à
confirmer. Quoi qu'il en soit, on a ici la meilleure
32
RL Résultats
Bibliographie
■■ Bosquet D., 2014. Grez-Doiceau/Grez-Doiceau : évaluation
préventive à Gastuche, Chronique de l'Archéologie wallonne, 21, Château de Rixensart : façade côté jardin de l'aile nord,
© MRAH, 2015.
p. 49-51.
■■ Bosquet D., Briers T., De Staercke O., Collette O.,
Goemaere É., Goovaerts T., Hanut F., Leduc T. & Preiss S., site par arrêté du 20 novembre 1972. En 1993, il est
2015. Les arts du feu dans le site La Tène de « Gastuche » reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie.
à Grez-Doiceau (Brabant wallon) : premières analyses et Les éléments construits ont fait l'objet d'un enregis-
interprétations, Lunula. Archaeologica protohistorica, XXIII, trement systématique graphique et photographique.
p. 125-136.
Parallèlement, divers fonds d'archives tels que les
■■ Briers T., Bosquet D., De Staercke O., Collette O., archives du Cadastre du Brabant (Bruxelles), les
Goemaere É., Goovaerts T., Hanut F., Leduc T. & Preiss S.,
archives de la famille de Merode (Rixensart) ou encore
2015. Grez-Doiceau/Grez-Doiceau : le site La Tène de Gastuche,
les archives de la Commission royale des Monuments,
résultats des fouilles et premières analyses, Chronique de l'Ar-
chéologie wallonne, 23, p. 15-21.
Sites et Fouilles (Liège) ont été consultés.
Le château de Rixensart forme un quadrilatère
autour d'une cour plus ou moins trapézoïdale, aux
angles flanqués chacun d'une tourelle octogonale. On
accède à la cour par une tour-porche aménagée au
Rixensart/Rixensart : étude préalable à la centre de l'aile méridionale. Celle-ci est précédée d'une
restauration du portique de l'aile nord du avant-cour partiellement bordée par des communs et,
château à l'ouest, par l'ancienne chapelle castrale, aujourd'hui
paroissiale. D'origine médiévale assurée, le château
est complètement reconstruit au 17e siècle, au profit
Patrice Gautier, Élisabeth Bruyns d'une nouvelle demeure, destinée à la plaisance et
et Antoine Baudry à la chasse (pour plus d'informations sur le château
de Rixensart : Berckmans, 1977 ; Château, 1974 ;
Introduction Zecchinon, 1995). L'aile septentrionale est bâtie en
1631. Ensuite, le château est agrandi, de manière à
En 2015, le portique, logé contre le mur-gouttereau former un quadrilatère (aile ouest millésimée de 1648)
nord de l'aile septentrionale du château de Rixensart
(parc. cad. : Rixensart, 1re Div., Sect. G, no 69 ; coord.
Lambert : 161820 est/156144 nord), a fait l'objet
d'une étude archéologique (Musées royaux d'Art et
d'Histoire) couplée à une étude documentaire et d'un
dépouillement des sources archivistiques (Association
pour l'Étude du Bâti) préalablement à sa restauration
(Gautier, Baudry & Bruyns, 2015). La mission, finan-
cée à 95 % par la Direction de la restauration (DGO4 /
Département du patrimoine), a permis de documenter
la construction et l'évolution du portique – aujourd'hui
en ruine – afin d'orienter le maître d'ouvrage (famille
de Merode) et le maître d'œuvre (Atelier 20) dans les
choix de restauration. Le château a été classé comme Château de Rixensart : portique adossé à l'aile nord,
© MRAH, 2015.
monument par arrêté royal du 15 mai 1964 et comme
34
avec l'ajout de galerie au rez-de-chaussée et couloir à de la structure étaient probablement légèrement plus
l'étage (millésimés de 1660 et 1662) le long des ailes bas lors de sa construction qu'ils ne le sont aujourd'hui.
orientale et méridionale (Marcolungo, 2004, p. 76). Aucun sondage n'a été exécuté pour retrouver ces
niveaux.
Le portique d'origine Les archives n'ont pas livré de mention explicite de
la construction du portique. Toutefois, les mentions
Le portique s'organise en trois travées. Huit piliers suivantes pourraient y faire référence, l'une en 1852,
(UC 05 à UC 12), dont quatre engagés (UC 05 à UC 08) l'autre en 1831 :
contre la façade nord de l'aile nord du bâtiment (millé- – Memoire des ouvrages de marechal fait et livré pour
simée de 1631, UC 33), supportaient trois coupoles le service de Monsieur Compte Felix de Merode reco-
surbaissées, base d'une plateforme de 8,28 m de mancé le 3 9bre 1852 par moi F Pigeolet.15 7bre avoir
longueur pour 2,72 m de largeur. À hauteur du premier mis un neuf resort à cerure de la chambre de balcon et
étage, une baie à croisée de la façade a été transformée racomodé la cerure (archives de la famille de Merode à
en porte, permettant l'accès à cette plateforme domi- Rixensart, caisse contenant des photocopies de docu-
nant les jardins. Chaque travée se compose d'arcades ments d'archives, 1er lot-2e lot, 1re partie).
en plein cintre construites en briques (UC 34, UC – Monsieur Bosquet, en vous écrivant hier pour le
35 et UC 36) entre les piliers et renforcés d'un tirant jet d'eau, j'ai omis de vous marquer la quantité de
métallique. Les piliers sont posés sur une base en grès zinc nécessaire pour la couverture du balcon. […]
ferrugineux et supportent un chapiteau façonné dans Le balcon comprend 300 pieds carrés… (archives de
le même matériau. Les niveaux de circulation au pied la famille de Merode à Rixensart. Lettre du 15 mai
1831, caisse contenant des photocopies
de documents d'archives, 1er lot-2e lot,
Briques
Petit granit 1re partie).
Grès lédiens
Grès ferrugineux Cette mention d'un « balcon » de
Vide
Végétation
Nord 300 pieds carrés de 1831 se réfère-t-elle
au portique de l'aile nord du château ?
L'emprise au sol de la construction
31
(8,28 m de longueur × 2,72 m) présente
16 16 16
un rapport d'environ 1 sur 3. Sans
34 35
36
33 17
16
connaître la référence de la mesure en
24 vigueur à l'époque de sa construction, cet
édifice pourrait donc avoir des dimen-
33
33 sions de 30 pieds de long pour 10 pieds
de large, pour atteindre une superficie
06 05
04 de 300 pieds carrés. Le pied de Bruxelles
12
27
11
33 ou de Nivelles valant respectivement
03
27,575 cm et 27,7 cm, le « balcon » cité en
33
14
Alt : 64 cm
33
1831 mesure d'après ces valeurs 8,27 m
30 13
10 01
09 de longueur × 2,75 m de largeur en pieds
de Bruxelles et 8,31 m de longueur ×
Alt : 0 cm
Élévation nord et plan du portique de l'aile nord. Les chiffres renvoient aux Cet état est illustré notamment par
UC (unités de construction). En médaillon, plan du château (Atelier 20, 2011), la lithographie de J.-B. Jobard – artiste
© MRAH, 2015.
établi à Bruxelles dès 1817 et décédé en
35
0 5m
TOUTES PÉRIODES
Beauvechain/L'Écluse : une opération
archéologique à la rue de la Cabourse
Frédéric Heller et Aude Van Driessche
Le suivi
Nous avons alors fait dévier la tranchée vers l'est des structures isolées ou se recoupant, montrant ici
dans l'espoir que la pose des conduites soit terminée le trois périodes distinctes allant de la Protohistoire
même jour, mais d'autres fosses sont directement appa- aux Temps modernes. Au fond de la structure F03 se
rues, ce qui a motivé l'arrêt du chantier de géothermie. distinguait un trou de poteau. Son niveau d'apparition
Le grutier a ensuite effectué un décapage de 5 m de correspondait en coupe à l'interface entre deux paquets
large sur 30 m de long dans l'axe d'implantation de la de colluvions. Un décapage à ce niveau a permis la
dernière tranchée au niveau d'apparition des struc- mise au jour de la tombe F36, attestant ici d'au moins
tures archéologiques. deux phases d'occupation.
Trente-six structures ont été mises au jour, toutes de type Le site n'a livré que quatre trous de poteaux, à fond
fossoyé (trous de poteau, fossés, fosses et sépultures). plat et d'un diamètre variant entre 0,25 m et 0,32 m,
Le premier décapage sous les colluvions a dégagé profonds de 0,10 m à 0,17 m. Ils ne font pas partie d'une
structure directement identifiable et appartiennent à pelle en fer, pot en grès et autre sabot en caoutchouc.
des horizons stratigraphiques différents. Le contre-quadrant n'a pas été vidé.
Trois fosses sépulcrales (F03, F05 et F07/F22) conte-
Les fossés nant des ossements de faune en connexion anatomique
ont été mises au jour sous le niveau de colluvions le
Deux fossés de dimensions similaires ont été identi- plus récent.
fiés : le fossé F10, large de 0,53 m et profond de 0,30 m, La fosse F03, de petites dimensions, a livré les restes
aligné selon un axe sud-ouest/nord-est ; l'autre, F21, d'un jeune suidé, à savoir la partie gauche de la cage
aligné sud-est/nord-ouest, perpendiculairement à thoracique, les deux humérus et une partie de la
l'axe de F10, venait se perdre dans une structure aux colonne vertébrale. Le squelette était déposé en décu-
contours flous, F16, pouvant correspondre à une série bitus latéral, tête à l'ouest, pattes vers le nord. L'absence
de chablis contigus. Ces deux fossés présentaient un d'autres os tel le pelvis atteste le dépôt d'une carcasse
profil en U et à fond plat et avaient conservé des traces partielle dans la fosse.
de passage d'eau. Il s'agit probablement ici d'un vestige La fosse F05 recelait les restes de deux animaux.
de parcellaire. L'un, un suidé, n'était représenté que par une partie
du bassin, la colonne et quelques côtes. Il était déposé
Les fosses en décubitus latéral, pattes vers le sud et bassin à l'est.
5 à 10 cm en-dessous se trouvait un équidé juvénile
Une première structure, F04, n'a pas livré de maté- complet, déposé en décubitus latéral, tête à l'ouest,
riel ; elle présentait néanmoins une forte précipitation jambes vers le sud, soit dans la même position que le
d'oxydes de fer sous la fosse attestant de la décompo- cochon.
sition de matière organique dans celle-ci. La structure La fosse F07/F22 contenait deux squelettes. Comme
F06, contenant de la vaisselle en tôle émaillée blanche, elle était fortement érodée (il ne restait qu'environ
n'a quant à elle pas été fouillée. 9 cm d'épaisseur), il était impossible de distinguer s'il
Les fosses dont la fonction a pu être identifiée sont s'agissait d'une fosse unique abritant deux corps ou
de trois types : fosse d'extraction de limon, fosse de de deux fosses successives se recoupant l'une l'autre.
rejet et fosse sépulcrale. La structure F07, au nord, comprenait un grand
La grande fosse d'extraction de limon F19 mesurait canidé complet déposé en flexion forcée, tête au nord
6 m de long pour 1,20 m de large sur une profondeur et regardant vers l'est. Les pattes étaient repliées les
de 0,90 m. Sa coupe montrait des traces de piétinement unes sur les autres à l'est. La colonne vertébrale venait
au fond, attestant une probable utilisation secondaire contre le bord de fosse à l'ouest et au sud. La fosse
pour gâcher du torchis. Son comblement en boulettes F22 la jouxtant au sud contenait un suidé juvénile
indiquait un rebouchage anthropique et les effondre- complet déposé en décubitus latéral, tête à l'est, pattes
ments de parois visibles au milieu de celui-ci, un temps vers le nord.
de latence à ciel ouvert avant son comblement défini- La fosse F36 était quant à elle différente de
tif. Cette fosse recoupait le fossé F21. Peu de matériel toutes les inhumations d'animaux. Visible lors du
identifiable y a été trouvé : quelques tessons permettent second décapage comme une trace foncée de forme
néanmoins de la raccrocher aux Temps modernes. trapézoïdale d'une longueur de 1,46 m, elle était large
La fosse F09, d'un diamètre de 2,50 m, était conser- de 0,51 m au nord, de 0,58 m au sud, et profonde de
vée sur une hauteur de 0,45 m. Son remplissage fort 0,20 m. Un liseré de bois partiellement décomposé
chargé en oxydes de manganèse et de fer dans sa partie était clairement visible sur ses côtés oriental et septen-
inférieure indiquait une utilisation comme fosse de trional.
rejet de matières organiques qui est restée ouverte aux La fouille a permis de dégager les restes d'un
intempéries. Elle contenait de la céramique non tour- couvercle en bois de 0,60 m de long pour 0,26 m mini-
née de type protohistorique dont un tesson décoré de mum de large. Il présentait un pendage vers l'intérieur
cannelures. Le fossé F21 la recoupait dans sa partie de l'est vers l'ouest. Si le creusement était visible à l'est
orientale. et à l'ouest, la caisse avait été déposée presque contre
La fosse F35, bien que non fouillée car partiellement les parois nord et sud. De rares côtes peu épaisses,
hors emprise, présentait une apparence similaire en pouvant appartenir à un nouveau-né, ont été retrouvées
surface. dans le remplissage. Rien n'assure néanmoins qu'elles
Une fosse de rejet d'un autre type, F8, mesurait aient fait partie du contenu de la caisse. Un objet en fer
1,10 m de long et 1,20 m de large et était profonde avait été déposé sur la planche de fond de celle-ci dans
de 0,28 m. Elle contenait des restes de couverture en l'angle sud-ouest. Au milieu, posé sur le fond en bois,
ardoise scellant une couche de coquilles de moules, un fragment de tissu à trame simple a été conservé.
40
Sous des allures « classiques » du 18e siècle, le noyau plus profond a été exécuté afin d'accueillir le coffrage
du presbytère actuel de Nodebais aurait donc été érigé de fondation ; la profondeur atteinte par celui-ci était
à la fin du siècle précédent, vers 1695. Selon une date d'environ 1,20 m sous le seuil du passage vers le jardin,
apposée sur une poutre de l'étage, des travaux majeurs, situé au sud-est.
financés par l'abbaye d'Hastière, auraient été entrepris Le dégagement des fondations du chartil n'a été
dès 1772, comme en témoignent les fenêtres du rez- que partiel, sur environ 25 cm ; l'usage de briques
de-chaussée, le rehaussement du niveau supérieur de fragmentaires est indéniable. L'élévation en tant que
la demeure (Nodebais, 1974) ainsi que l'escalier inté- telle de la façade présente des briques de gabarits
rieur. Enfin, près d'un siècle plus tard, une clôture fut différents (22 × 10 × 5/5,5 cm et 23 × 11 × 5,5 cm),
construite pendant la prêtrise d'Emmanuel Wynants incluant quelques exemples plus orangés et d'une taille
(1855-1876) (Streel, s.d.). légèrement supérieure (24 × 12 × 5,5 cm). Bien que ces
Selon la carte de Ferraris, la cure et ses annexes briques aient été disposées en lignes alternées boutisse-
formaient un U ouvert vers le nord-est, en direction panneresse, de nombreux « écarts » ont été observés.
de l'église Sainte-Waudru, légèrement décalée vers le Le vestige le plus ancien est une structure maçon-
nord (au demeurant, rebâtie au 19e siècle suivant une née quadrangulaire, parallèle à la façade du chartil.
orientation nord-ouest/sud-est). Elle fut construite à l'aide de briques de dimensions
Comme en témoignerait le plan cadastral de similaires à celles utilisées pour l'élévation de ce
P.-C. Popp, si aile complète il y eut au sud-est du pres- dernier (de 22 et 23 cm), disposées en boutisse et liées
bytère, elle aurait été démolie au plus tard durant le au mortier de chaux de teinte crème. Ses dimensions
troisième quart du 19e siècle ; il n'en resterait que le internes sont de l'ordre de 1,10 m sur 1,38 m. Les
petit édicule, toujours en élévation actuellement, abri- assises de la face occidentale sont imbriquées dans les
tant un four à pain. parois latérales mais de manière alternée ; en outre,
un débordement équivalent à une largeur de brique
Structures mises au jour
Une fouille réalisée en 2003 avait révélé un bâtiment parc. cad. : Chaumont-Gistoux, 4e Div., Sect. C, no 79d ;
sur solin de fondation en pierre, des structures arti- coord. Lambert 72 : 170232 est/ 154214 nord) a fait
sanales liées à la métallurgie appartenant probable- l'objet d'une évaluation à 38 %, consistant en deux
ment à la pars rustica d'une villa et une mare datant tranchées parallèles, suite à l'introduction d'une
des 2e-3e siècles de notre ère (D. Preud'homme, notes demande de permis d'urbanisme pour la construction
inédites). Un suivi archéologique en 2012 avait révélé d'une habitation sur caves. Situé en bas de versant, le
la présence d'une petite cave construite en petits terrain est recouvert d'un épais dépôt de colluvions
moellons cubiques de grès calcaire ; d'une longueur attestant d'une forte érosion du relief environnant,
de 4,55 m et large de 3,55 m, elle était conservée sur érosion déjà supposée lors de la fouille de la petite cave
0,55 m de haut (Willems & Van Driessche, 2014). située en contre-haut au sud. Aucun vestige archéolo-
Le Service de l'archéologie de la Direction extérieure gique n'y a été découvert.
du Brabant wallon (DGO4 / Département du patri- Cette série d'investigations ponctuelles, même si de
moine) est intervenu au 25, rue de Brocsous (parc. faible ampleur à chaque fois, donnent des informations
cad. : Chaumont-Gistoux, 4e Div., Sect. C, no 108d4 ; au sujet de l'archéologie du paysage de la villa de
coord. Lambert 72 : 170200 est/154095 nord) du 25 Brocsous : ce sont plusieurs zones de la villa qui
au 31 mars afin d'y effectuer un suivi archéologique peuvent maintenant être considérées comme vides à
suite à la demande de permis d'urbanisme introduite l'époque de son occupation, à savoir la fin du 2e et le
pour la démolition d'une terrasse et la construction début du 3e siècle de notre ère.
d'une véranda.
La parcelle est située sur l'emprise du site de la villa : la Bibliographie
fouille de 2003 a eu lieu sur la parcelle voisine au nord, ■■ Willems D. & Van Driessche A., 2014. Chaumont-Gistoux/
et celle de 2012 sur la colline en contre-haut au sud- Dion-Valmont : renaissance d'une cave romaine à la rue de
ouest (coord. Lambert 72 : 170028 est/154053 nord). Brocsous, à Dion-le-Mont, Chronique de l'Archéologie wallonne,
Le suivi des travaux a permis de déterminer in fine que 21, p. 11-13.
nous étions sur l'extrémité méridionale de la fouille
extensive de 2003.
Lors de prospections pédestres effectuées à l'occasion
du suivi archéologique dans le petit vallon situé en vis- Jodoigne/Jodoigne : voile temporairement
à-vis, en contrebas de la cave, force nous fut de consta- levé sur une section des remparts de la ville
ter la présence d'une piscine à peine construite (surface
± 50 m²) à l'arrière du no 39 de la rue de Brocsous (parc.
cad. : Chaumont-Gistoux, 4e Div., Sect. C, no 108s3 ; coord. Didier Willems
Lambert 72 : 170046 est/ 153996 nord). Une discussion
cordiale avec les propriétaires s'ensuivit, ceux-ci nous Confronté d'une part à l'accroissement de la fréquen-
assurèrent n'avoir rien vu apparaître lors du creusement. tation scolaire et d'autre part à des installations deve-
On peut dès lors raisonnablement imaginer qu'aucune nant peu à peu vétustes, l'Institut de la Providence,
structure maçonnée ne se trouvait ici. établi au no 23 de la rue du Sergent Sortet, a introduit
Alors que nous nous rendions sur place en octobre une demande de permis pour abattre d'anciennes
2015 pour préparer un chantier dans la rue de annexes et bâtir de nouveaux édifices (parc. cad. :
Louvranges, nous avons constaté qu'une piscine devait Jodoigne, 4e Div., Sect. G, no 11k ; coord. Lambert :
être creusée le jour même sur une parcelle à l'angle 185389 est/157333 nord).
des rues de Brocsous et de Louvranges (parc. cad. : Le site étant positionné sur le tracé de l'enceinte
Chaumont-Gistoux, 4e Div., Sect. C, no 93e2 ; coord. urbaine, le Service de l'archéologie de la Direction
Lambert 72 : 170283 est/ 154209 nord). Nous y avons extérieure du Brabant wallon (DGO4 / Département
effectué le suivi des creusements : une étroite tranchée du patrimoine) a interpellé la direction de l'institution
menant d'une annexe vers l'emplacement de la piscine a afin de pouvoir suivre les travaux de démolition. Très
révélé les vestiges d'un petit appentis moderne disparu ; rapidement, un accord fut établi, des réunions se sont
la fosse pour la piscine, profonde de 1,60 m, n'a livré que enchaînées et l'intervention a pu être menée.
des remblais récents et autres colluvions et ce jusqu'à
10 cm du niveau de fond de coffre (vu l'absence de Contexte historique du site
vestiges, nous avons décidé de ne pas descendre plus bas
afin d'éviter toute déstabilisation de la future piscine). En 1184, Henri Ier, duc de Brabant, prit la terre de
Enfin, une longue parcelle dans le quart nord-est Jodoigne, détenue par le comte Gilles de Duras, et
du site de la villa de Brocsous (rue de Louvranges, 7 ; l'intégra dans ses États (Hanon de Louvet, 1941, p. 73).
44
2 mm environ au-delà. L'assemblage et les traitements hie par la nature (parc. cad. : Jodoigne, 4e Div., Sect. G,
initiaux des données ont pu être exécutés grâce au nos 11k, 4a et 6g) ; elle est également mentionnée dans
logiciel Faro/Trimble Scene (v. 5.1). Pour l'étape du l'Inventaire du patrimoine culturel immobilier (Beau-
maillage, consistant en la transformation du nuage vechain, 2006, p. 250 ; Streel, s.d.). La vigilance y est
de points en surface continue, un second programme également de rigueur afin de ne pas perdre ces témoins.
a été exploité, à savoir Screened Poisson Surface
Reconstruction (v. 8.0). Enfin, pour le traitement des Enseignement de cette expérience
vues orthogonales en nuage de points (vues sur fond
noir), nous avons pu bénéficier du logiciel PointCab. Bien qu'il soit regrettable qu'une étude minutieuse de
Par la suite, le 14 septembre 2015 plus exactement, cette élévation n'ait pu être menée, un enregistrement
une série de clichés photographiques a été prise afin minimal a été assuré grâce à l'apport de la photogra-
de réaliser un assemblage informatique, palliant phie et de l'informatique ; certes, elles ne remplaceront
partiellement à l'impossibilité de mener une pas pleinement l'œil et le raisonnement humains mais
approche minutieuse sur le site. Sachant que ladite elles permettent d'obtenir des résultats satisfaisants
section des remparts n'allait pas être détruite mais et largement fiables quant au rendu et aux données
maintenue en l'état, voire restaurée, mais cachée par métriques.
les nouveaux bâtiments, cet enregistrement fut jugé Indépendamment de cet aspect purement technique,
satisfaisant tout au moins pour constituer d'une les attentions de la direction de l'institution scolaire, de
part une archive et d'autre part un support primaire l'architecte et des autorités communales ont été attirées
d'étude. Le traitement des clichés a été réalisé avec sur ce patrimoine qui ne demande qu'à être préservé
le logiciel VisualSFM. Quant aux maillages, ils ont et valorisé.
également été produits avec Screened Poisson Surface L'intervention, aussi courte fut-elle, a pu bénéficier de
Reconstruction (v. 8.0). l'appui de nos collègues Florence Noirhomme (Direc-
La couverture photographique s'étendit sur une tion de la restauration) et Vincent Léonard (Service des
longueur d'environ 16 m, comprise entre l'édicule Monuments et Sites) ainsi que de la compréhension du
préservé dans le cadre du projet et la « brisure » (angle) pouvoir organisateur de l'institution scolaire, en parti-
observée à quelque 5,30 m de la limite méridionale de culier de sa directrice Madame Véronique Lacroix, et
la propriété, et une hauteur comprise entre environ 3,70 de l'architecte Jean-Christophe Mathen.
et 4,10 m, correspondant à l'élévation telle que dégagée. Avec la collaboration de Jean-Noël Anslijn (Direc-
L'élévation se caractérise par un usage majoritaire de tion de l'archéologie).
moellons en grès et quartzite liés au mortier de chaux
ainsi qu'un registre inférieur présentant un fruit. Ledit Bibliographie
registre a clairement été remanié puisqu'il est partiel- ■■ Beauvechain, 2006. Beauvechain, Incourt et Jodoigne,
lement surmonté d'assises de briques aux gabarits Sprimont, Direction générale de l'Aménagement du territoire,
récents, cimentées. Le point « de rupture », l'angle du Logement et du Patrimoine (Patrimoine architectural et
obtus, clairement lisible dans le cadastre, a subi un territoires de Wallonie), p. 217-255.
renforcement consistant en un contrefort en briques et ■■ De Meester R., 2012-2014. Histoire (http://www.jodoigne.
une réfection partielle du parement, à l'aide du même be/culture/histoire, consulté le 26 août 2016).
matériau. Les multiples remaniements et rejointoie- ■■ Hanon de Louvet R., 1941 [1996]. Histoire de la Ville
ments au mortier de teinte jaunâtre (très sableux ?) de Jodoigne, Beauvechain, Nauwelaerts, 2 vol. (réimpression
ou grisâtre correspondent à des modifications et anastatique).
constructions d'annexes entreprises lors d'extensions ■■ Jodoigne, 1974. Jodoigne. In : Province de Brabant.
de l'établissement scolaire ; à celles-ci appartiennent Arrondissement de Nivelles, Liège (Le Patrimoine monumental
indéniablement les cavités témoins de la pose de de la Belgique, 2), p. 228-266.
poutrelles pour des toitures et plateformes. ■■ Meuwissen E., 1999. Jodoigne. Ravalement de façade pour le
Cachée durant de longues décennies, cette face château Ghobert. Rénovation providentielle pour immeuble de
de l'enceinte urbaine sera à nouveau soustraite aux lumière, Le Soir, 19 octobre 1999, p. 22.
regards car les infrastructures modernes s'y adosse- ■■ Streel B., s.d. Jodoigne (Jodoigne). École (Institut des Sœurs
ront ; cela étant, des réfections (à la chaux ?) devraient de la Providence) (http://spw.wallonie.be/dgo4/site_ipic/index.
php/pdf/fiche/25048-INV-0161-02, consulté le 26 août 2016).
être apportées au préalable et des vides devraient être
créés à l'arrière des espaces à construire. ■■ Tarlier J. & Wauters A., 1872. La Belgique ancienne et
Enfin, plus au nord, toujours dans la propriété de moderne. Géographie et histoire des communes belges. Province
de Brabant. Canton de Jodoigne, Bruxelles, A. Decq, p. 1-34.
l'Institut et au-delà, une section des remparts est
conservée sur plus de 60 m mais laissée en l'état, enva-
46
Contexte de l'intervention
Le jeudi 12 novembre, des ossements furent exhu- Si ces ouvertures sont limitées spatialement, elles
més lors du placement d'un des composants du chauf- ont néanmoins permis de révéler plusieurs structures
fage dans une des fosses. construites et multiples couches de remblais, principa-
lement en T1, dans la tranchée reliant T1 à T2 et en T3.
Résultats de l'intervention sur terrain En T1, il s'agit d'une fondation axée est/ouest, réali-
sée à l'aide de moellons en grès calcaire, probablement
Sept fosses ont été creusées dans l'église, à savoir deux récupérés, certains à peine équarris, à peine liés avec un
dans les collatéraux extrêmes, en limite orientale mortier de teinte jaunâtre (très sableux ?) et entre lesquels
(T1 et T3), deux dans les premiers collatéraux (T2 et sont bloqués des fragments de briques. Conservée sur au
T4), deux à l'ouest de la nef centrale (T5 et T6) et la moins 0,50 m de haut et d'une largeur estimée à environ
dernière dans le chœur (T7). Devant accueillir des 0,85 m, elle sert à asseoir un soubassement en matériau
modules de propagation de chaleur, elles présentent similaire, des blocs en pierre mais équarris sur la face
des dimensions oscillant autour des 2,10-2,15 m pour externe, érigés en retrait d'une vingtaine de centimètres.
la longueur, de 1,10 m pour la largeur et de 0,85 m Préservé sur une assise, soit l'équivalent de 0,12 à 0,15 m
pour la profondeur (la surface du béton coulé en chape de haut, et une largeur d'environ 0,70 m, ce dernier
était à -0,82 m par rapport au niveau de circulation soutient manifestement l'alignement des colonnes cylin-
actuel). En outre, elles sont reliées entre elles par des driques séparant les deux collatéraux méridionaux. En
tranchées étroites (environ 0,33 m, équivalant aux bordure septentrionale fut observé un comblement d'en-
dimensions des dalles de pierre constituant la couver- viron 15 cm de large, parallèle aux maçonneries préci-
ture de sol) et peu profondes (également une trentaine tées, contenant notamment du mortier réduit en poudre
de centimètres) ou par des chenaux en briques de l'an- et de petits fragments de briques ; de prime abord, il
cien dispositif dans lesquels seront posés les tuyaux du pourrait correspondre à un rebouchage de la tranchée de
réseau ; deux des chambres de visite (CV1 et CV2) du fondation, creusée elle-même dans un remblai, mélange
système antérieur sont également mises à profit. de limon, sable jaune, nodules de chaux et éclats de
T3
T4
T7
T5
CV2 CV1
T6
T2
T1
0 10 m
La Hulpe, église Saint-Nicolas : plan général avec implantation des fosses (T1-T7) et chambres de visite (CV1-CV2) ainsi que des
limites de structures mises au jour. Seules T7 et CV1 sont positionnées approximativement (infographie A. Van Driessche, Serv.
archéologie, Dir. ext. Brabant wallon).
48
masculins, les dents sont altérées et moyennement usées ; crâne et la mandibule semblent provenir du même
l'hypoplasie n'est pas cotable et il n'y a aucune trace de individu (probablement un homme adulte d'environ
tartre. L'individu a perdu six dents in vivo, probable- 55 ans), la fibula ne semble pas s'articuler avec le tibia
ment d'abord les molaires gauches ensuite les droites ; droit présent. Et, bien qu'il soit tentant d'attribuer à un
– un fragment de coxal gauche (une partie de l'ilion même individu les tibias gauche (le non pathologique)
et du pubis). L'os est très altéré. Sur base des fragments et droit, car ils présentent des empreintes d'enthèses
conservés, il s'agit probablement d'un homme. Consi- (zones d'insertions dans l'os d'un tendon, d'un liga-
dérant la morphologie pré-auriculaire, il devait être âgé ment ou d'une aponévrose musculaire) qui semblent
de plus de 40 ans au décès, et d'après de la morphologie similaires et qu'ils paraissent de même taille, cette
pubienne, il devait avoir entre 27 et 66 ans ; hypothèse doit être testée car lesdits ossements n'ont
– un tibia gauche pour lequel le quart distal du pas les mêmes altérations taphonomiques.
corps est manquant. On peut juste noter que les zones
d'insertions du muscle soléaire et des fibres du liga- Épilogue
ment collatéral tibial (ligament qui sert de tuteur aux
mouvements de flexion et d'extension) sont un peu Limitée, l'intervention au cœur de l'église a néanmoins
développées ; il ne s'agit pas d'une pathologie mais permis de confirmer le maintien de structures
peut-être des séquelles d'une activité physique (impos- anciennes en sous-sol, d'en compléter la connais-
sible à identifier sur un seul os sans pouvoir observer sance, basée exclusivement sur des archives écrites et
le squelette dans son ensemble) ; graphiques, et de dresser un canevas de l'évolution
– un tibia droit complet, taphonomiquement moins spatiale de l'édifice religieux.
altéré que les autres. Il appartenait à un individu dont la
stature devait atteindre environ 170 cm. Comme pour le
gauche décrit ci-dessus, les zones d'insertions du muscle
soléaire et du ligament collatéral sont plus marquées ;
– un fragment de tibia gauche, pour lequel la partie
proximale du corps avec l'articulation proximale est
manquante. Pathologique, il montre une déforma-
tion volumétrique, plus importante au niveau du tiers
distal du corps, et axiale. La déformation axiale semble
témoigner d'une fracture qui a pu s'accompagner d'une
infection. Le cal osseux n'est plus perceptible ;
– une fibula droite quasi complète (l'articulation
proximale est fragmentaire). Elle présente une défor-
mation volumétrique de la moitié inférieure du corps,
déformation qui ne semble pas relever d'une fracture,
mais qui pourrait avoir été causée par une infection ;
– un humérus gauche auquel il manque l'articulation
distale ; pas de pathologie observée, hormis une légère
atteinte arthrosique sur l'articulation présente ;
– un humérus gauche dont il ne reste que le quart
distal du corps avec également une légère atteinte
arthrosique sur l'articulation conservée.
Nivelles, hôtel Rifflart : vue générale de la façade occidentale Escalier conservé dans l'édifice moderne construit entre les
de l'édifice érigé en retrait, dans la propriété. deux bâtiments anciens afin d'y créer une jonction couverte.
sant de surcroît un effet de superposition de registres. sont posés verticalement, leurs aisseliers étant de gaba-
La seconde section, vers le nord, est plus modeste car rits clairement supérieurs à ceux utilisés à l'opposé. La
singularisée par un soubassement moins élevé, un façade orientale de l'édifice se situant bien au-delà, la
usage plus intense de la brique et un seul bandeau, charpente présente une structure « allégée » car partiel-
en petit granit (« pierre bleue »), à travers les fenêtres lement dépouillée d'arbalétriers supérieurs par exemple.
de l'étage. Quant à la porte, son encadrement en petit En raison de la modification de ladite façade, il est
granit présente une taille simple, sans décor sculpté probable que cette anomalie soit le résultat d'un travail
mais offrant un linteau courbe que souligne le tympan en sous-œuvre, d'une adaptation du pan de toiture.
de la porte. Enfin, l'édifice reliant les deux bâtiments, érigé
La démarcation entre les deux sections du bâtiment, tardivement, est doté d'une cheminée à manteau en
de prime abord unitaires et contemporaines, est souli- bois et rideau/tablier en fonte, et d'un escalier en chêne
gnée en extérieur par une cheminée qui marque la tournant droit et à paliers, très particulier et origi-
limite entre la haute charpente en chêne couvrant la nal. Ses balustres à section circulaire rappellent celles
partie méridionale de l'édifice et l'extension récente en de modèles du 18e siècle, mais plus élancés. Aucune
sapin, dotée au demeurant de baies de toiture. recherche n'ayant été engagée à son sujet, il pourrait,
La singularité majeure de l'ancienne charpente est son sans aucune certitude, dater de la fin du 19e siècle.
asymétrie, native ou postérieure, observable entre les
premiers et seconds faux-entraits. Chaque second faux- Perspectives
entrait est fiché dans deux arbalétriers et soutenu par des
aisseliers chevillés ; il sert d'assise au poinçon de fermette Depuis l'acquisition du bien par un privé, vu la richesse
et aux arbalétriers supérieurs qui le bloquent. Les poin- architecturale du site, même si elle se cantonne aux
çons et les liens qui y sont maintenus soutiennent la seules façades et aux escaliers des deux édifices ainsi
faîtière. L'asymétrie se marque en particulier par les qu'à la charpente principale du corps arrière, des
arbalétriers et les aisseliers associés ; à l'ouest, les arba- démarches sont menées avec le bureau d'architecture
létriers suivent la pente de toiture tandis qu'à l'est ils en charge du futur projet, afin d'envisager un maintien
53
maximal mais raisonnable du patrimoine au sein de la temps, cette institution fut dénommée « Maison des
résidence-services qui devrait y être implantée. 12 Apôtres » (1787) et « Maison du Champ retiré »
Une approche plus approfondie, sous forme d'une (19e siècle), dont un porche subsiste toujours rue des
étude du bâti, a été suggérée pour compléter les Brasseurs, identifiable par un cartouche représentant
descriptions collectées à ce jour. le Christ portant sa croix placé au-dessus d'un écu
millésimé de 1738 (Osterrieth, Horbach & Triquet,
Remerciements 2007, p. 53 ; Osterrieth, 2010, p. 29).
Un document daté de 1366 précise que la rue
La requête introduite auprès de la Régie des Bâtiments Coquerne est la ruwelle qui vaut del graigne de le Keri-
a porté ses fruits grâce à M. Laurent Schoder, expert teit en le Kokierne. Ladite graigne (grange) se dressait à
technique, et M. Jacques Van Belle, architecte- gauche en montant la voirie depuis la rue du Wichet.
conseiller, chef du service Wallonie région ouest. Au-delà, mais au 16e siècle, s'élevait une maison
La reconnaissance du Service de l'archéologie détenue par l'abbaye de Floreffe en 1533 (Osterrieth,
s'adresse également à Mmes Bernadette Streel et Horbach & Triquet, 2007, p. 45). En outre, une halle
Caroline d'Ursel, collègues en charge de l'Inventaire aurait été érigée à l'angle des actuelles rues Coquerne
du patrimoine culturel immobilier (Département du et des Brasseurs durant la seconde moitié du 14e siècle
patrimoine, Direction extérieure du Brabant wallon), (Osterrieth, Horbach & Triquet, 2007, p. 36 et 43).
de même qu'à M. Olivier Dorchy, membre du bureau De nos jours, quelques façades d'habitations
d'architecture DDV à Nivelles. sises à la rue des Brasseurs témoignent encore d'un
passé brassicole remontant au moins au milieu du
Bibliographie 15e siècle. S'y côtoyaient plusieurs établissements
■■ Chambre provinciale, s.d. Chambre provinciale du Brabant dont la brassine installée dans la cour du keriteit,
wallon. Rapport d'activité 2011, s.l., Commission royale des maison hospital, comme en témoignerait une archive
Monuments, Sites et Fouilles. de 1621 (Osterrieth, Horbach & Triquet, 2007,
■■ de Lalieux É., s.d. (1780-1800). Mémorial de la vie nivelloise, p. 86-88).
2 tomes, Nivelles. Si, selon la carte de Ferraris, des édifices existaient
■■ Stroobant C., 1844. Notice historique et généalogique sur encore durant la seconde moitié du 18e siècle sur la
les seigneurs d'Ittre et de Thibermont, Annales de l'Académie parcelle touchée par le projet urbanistique à l'origine
d'Archéologie de Belgique, II, Anvers, p. 367-409. de l'intervention archéologique, l'espace fut clairement
libéré de toute construction quelques décennies plus
tard comme l'illustre un plan dressé au début du
19e siècle (Cadastre de l'intra-muros de Nivelles, non
Nivelles/Nivelles : vestiges dévoilés par daté).
les travaux d'extension de l'Institut du En 1810, une institution scolaire pour enfants
Sacré-Cœur pauvres fut créée à proximité par une communauté
religieuse, fondée par l'abbé F.-J. Delfosse (Gouy-lez-
Piéton, 1769 – Hoegaarden, 1848). Les bienfaitrices
Didier Willems et Christophe Leduc occupaient trois habitations, dont deux se situaient
près de l'église Saint-Nicolas (Vanderwauwen, s.d.).
Pour répondre à un accroissement de la population Sept années plus tard, la Maison des 12 Apôtres ainsi
scolaire, l'Institut du Sacré-Cœur a envisagé des modi- que les hôpitaux Saint-Nicolas et du Saint-Sépulchre
fications et extensions de ses installations le long de furent regroupés pour devenir l'hôpital général, installé
la rue Coquerne (parc. cad. : Nivelles, 2e Div., Sect. D, dans l'ancien couvent des Récollets jusqu'en 1870 avant
no 932b ; coord. Lambert : 146828 est/142771 nord). un transfert vers le site actuel près du boulevard de la
Comme redouté, ce projet allait révéler des vestiges liés Batterie.
à l'histoire médiévale tardive et moderne du quartier En 1835, la communauté fut reconnue par l'autorité
dit du « petit Saint-Jacques ». ecclésiastique et dénommée Congrégation des Sœurs
de l'Union du Sacré-Cœur. Durant la seconde moitié
Historique du site à travers les sources du 19e siècle, leur implantation, déjà étendue vers la
littéraires et cartographiques rue des Juifs, se développa davantage en accueillant
notamment un internat près de la rue Saint-Jean
Selon les archives consultées à ce jour, en 1225 est (Osterrieth, Horbach & Triquet, 2007, p. 67). À cette
attestée la présence d'un keriteit, maison hospital de époque, Charles Demulder (1820-1863), brasseur à
Dieu et de xii apostels condist le Charité. Au fil du Nivelles depuis 1845 et conseiller communal entre
54
1851 et 1857 (Osterrieth, Horbach & Triquet, 2007, La future infrastructure n'étant pas dotée de caves
p. 90), possédait une propriété très vaste s'étendant mais l'importante dénivellation de la voirie devant être
sur approximativement la moitié de la superficie de compensée, des remblais furent maintenus en contre-
l'îlot, compris entre la place Saint-Nicolas et les rues bas et d'autres recoupés en partie haute. Le niveau
des Brasseurs, Saint-Jean, des Juifs ainsi que Coquerne. horizontal défini de la sorte constitua le niveau de fond
Les deux grandes parcelles situées en bordure de cette de coffre supérieur. Une tranchée de fondation fut
dernière étaient manifestement deux jardins. Les également creusée le long de la voirie pour accueillir
édifices formant l'angle avec les rues des Brasseurs et les bases du mur de soutènement et le soubassement
du Wichet furent convertis en habitats, les brasseries de la façade méridionale (côté rue).
ayant fermé leurs portes.
Fin avril 1879, un dénommé Coquelet ou Cognelet, Résultats de l'intervention archéologique
résidant à Villers-la-Ville, racheta les bâtiments de
la Maison du Champ retiré (Osterrieth, Horbach & Descriptions des structures apparues au sol
Triquet, 2007, p. 53-54).
En mars 1913, suite au décès de M. E. Demulder, Les vestiges sont essentiellement des structures
les sœurs signèrent un bail de neuf ans pour bénéfi- construites et des remblais. Abstraction faite des
cier d'un grand jardin bordant la rue Coquerne et perturbations et remaniements récents, il s'agit de
contigu à leur établissement. Son acquisition en avril fondations et soubassements de murs porteurs.
1922 auprès de la fille héritière ainsi que celle d'un Le plus ancien identifié lors de l'intervention serait
second jardin proche et de deux demeures sises à la une fondation, large d'au moins 0,65 m et longue de
rue des Brasseurs permirent aux sœurs d'aménager plus de 0,90 m, située en limite de voirie. Réalisée à
des espaces supplémentaires (Osterrieth, Horbach & l'aide de moellons calcaires liés au mortier de chaux,
Triquet, 2007, p. 68). elle servit d'assise à un soubassement sur lequel dut
En 1931, la Maison du Champ retiré fut démo- reposer une élévation de bâtisse, et assurément dès
lie pour ériger un nouvel édifice et, huit années plus le 19e siècle, le mur de propriété. Axé ouest/est, ledit
tard, les demeures voisines devinrent propriétés des soubassement présente un changement d'orientation
sœurs ; après la Seconde Guerre mondiale, elles éten-
dirent leurs infrastructures vers le nord. En 1953, le
site fut recoupé en surface par la création de l'avenue
Jeuniaux, les deux parties étant jointes par un tunnel
(Vanderwauwen, s.d.).
Le départ des sœurs n'a pas mis un terme à l'établis-
sement, au contraire ; la fréquentation augmentant,
des aménagements furent entrepris sur l'ensemble du
site et ce jusqu'au milieu de l'année 2015.
Contexte de l'intervention
l'objet de trois campagnes de fouilles entre 1994 et à Jauche. Les deux carrières dont il est question ici ont
1996 (Burnez-Lanotte, Lasserre & Van Assche, 1994 ; été découvertes à la suite d'un effondrement de terrain
1995 ; Burnez-Lanotte et al., 1996-1997), mais cette (2015) dans un jardin privé rue de Folx-les-Caves
période de la Préhistoire reste très peu documentée (parc. cad. : Orp-Jauche, 2e Div., Sect. B, no 261 ; coord.
en fouille en Belgique, d'où la nécessité de ne prendre Lambert 72 : 191485 est/152196 nord). Elles ne sont
aucun risque quant à la destruction de vestiges, fût-ce actuellement plus accessibles, la zone effondrée ayant
sur une surface aussi faible que celle des travaux ayant été rebouchée.
fait l'objet de ce suivi. Le trou formé par l'effondrement, dans lequel le
La découverture réalisée a fait apparaître un horizon contenu d'un étang s'est entièrement déversé, présentait
Bt holocène bien conservé et le sondage réalisé pour une section d'environ 3 × 3 m et était profond de 6 m
implanter les citernes montre une épaisseur de lœss jusqu'au sommet du cône d'éboulis. Le réseau de gale-
de 2 m, reposant sur un cailloutis tertiaire criblé de ries accessible correspond à deux carrières différentes
galets de silex, situation classique en Brabant wallon. qui se recoupent (coupe B-B'), chacune étant munie
Le taux d'érosion n'a pas pu être évalué, mais il est très d'un unique puits d'accès. Les deux puits, distants l'un
probablement dans la moyenne de ce qui s'observe sur de l'autre de 15 m, sont colmatés de limons argileux
les terrains agricoles de Hesbaye, soit autour de 60 cm. bruns. Ces marnières ont une profondeur d'exploita-
Du point de vue de la conservation des vestiges, le tion légèrement différente : le sol de la carrière la plus
potentiel archéologique de la zone est donc réel, mais petite, probablement la plus ancienne, est environ 1 m
aucun fait archéologique n'a été mis au jour, ce qui plus bas que celui de la seconde carrière. Les galeries
est peu surprenant vu la faible surface touchée par les de la petite carrière sont également moins hautes et
terrassements. moins larges.
Le puits d'entrée de la carrière 1 fait 1,05 m de
Bibliographie diamètre. Il débouche au milieu d'une galerie longue
■■ Burnez-Lanotte L., Lasserre M., Clarys B., d'environ 12 m, orientée nord-ouest/sud-est. Un cône
Van Assche M., Doutrelepont J. & Havard C., 1996-1997. d'éboulis constitué de craie, de blocs de silex et de
Orp-Jauche/Énines : « Chêne au Raux », enceinte Michelsberg, limon argileux se trouve à la base du puits. Des plaques
Chronique de l'Archéologie wallonne, 4-5, p. 5-6. de craie se sont détachées du plafond localement. La
■■ Burnez-Lanotte L., Lasserre M. & Van Assche M., 1994. galerie principale présente quatre courtes galeries
Orp-Jauche/Énines : « Chêne au Raux », enceinte Michelsberg, secondaires, disposées symétriquement de part et
Chronique de l'Archéologie wallonne, 2, p. 6-8. d'autre du puits d'accès. La hauteur des galeries varie
■■ Burnez-Lanotte L., Lasserre M. & Van Assche M., 1995. de 2,5 à 2,7 m et leur largeur de 1,6 à 2 m. La craie a
Orp-Jauche/Énines : « Chêne au Raux », enceinte Michelsberg,
Chronique de l'Archéologie wallonne, 3, p. 6-7.
Puits d’entrée
carrière 1
marnières
carrière 2
B
A
Olivier Vrielynck, Luc Funcken
et Frédéric Van Dijck Effondrement
2015
A’
Bibliographie
■■ Dudouble A. & Verlut R., 2002. Les marnières, s.l.,
AREHN, éd. Résonnance, 4 p. (www.arehn.asso.fr/publications/ Rebecq/Bierghes : suivi négatif lors de
cpa/cpa22.pdf, consulté le 5 octobre 2015). la création d'une pelouse de dispersion
■■ Préfecture de l'Eure, s.d. Gestion et prévention des risques dans le cimetière paroissial
liés aux cavités souterraines dans l'Eure, s.l. (http://www.eure.
gouv.fr/content/download/2375/15761, consulté le 5 octobre
2015). Didier Willems
■■ Vrielynck O., Delaby S., Funcken L. & Van Dijck F., 2013.
Orp-Jauche/Jauche : la carrière souterraine de « Renau-Fossé », À Rebecq, et plus précisément sur la localité de Bier-
Chronique de l'Archéologie wallonne, 20, p. 40-41. ghes, se dresse le long de la chaussée d'Enghien une
petite église paroissiale dédiée à saint Martin. Les
parcelles la jouxtant au nord accueillent le cimetière et
la morgue (parc. cad. : Rebecq, 2e Div., Sect. B, nos 12,
13b et 14e ; coord. Lambert : 134105 est/154598 nord).
Les incinérations étant de moins en moins marginales,
l'Administration communale prit la décision de démolir la
morgue pour la remplacer par une pelouse de dispersion.
60
Contexte historico-patrimonial d'eau il y avait, elle n'avait pas encore été touchée. De
prime abord, les niveaux atteints suffisaient pour réali-
Bien que l'église soit un ensemble architectural de style ser le projet. Aucun vestige ancien n'a été observé.
classique, érigé en moellons, briques et pierres bleues, Les opérateurs de l'entreprise n'étaient plus sur place
daté assurément du troisième quart du 18e siècle pour fournir de plus amples informations. Pour la
comme la cure qui lui est associée, édifiée elle en 1763 documentation du Service, un petit reportage photo-
selon un millésime (Bierghes, 1974), rien n'exclut une graphique a été effectué dans et autour du cimetière.
antériorité. En effet, l'édifice religieux est doté d'un À travers cette très courte notice, que soient remerciés
portail de style Louis XVI et abrite du mobilier ainsi M. Tony Piron, de l'Administration communale de
que des pierres tombales des 16e-17e siècles. En outre, Rebecq, de même que M. Jean-Pierre Jouret, patron de
il était jadis lié à l'abbaye de Saint-Denis en Brocque- la société B Construct sprl.
roie qui y jouissait d'un droit de collation depuis 1222.
Incluse dans le doyenné de Hal, diocèse de Cambrai, Bibliographie
la paroisse fut rattachée à l'archevêché de Malines ■■ Bierghes, 1974. Bierghes. Égl. paroiss. St-Martin. In : Province
après le Concordat en 1801 (Evrard, 1994, p. 168-169). de Brabant. Arrondissement de Nivelles, Liège (Le Patrimoine
Signalons qu'au 19e siècle, la commune de Bierghes monumental de la Belgique, 2), p. 42-43.
était intégrée au canton de Hal, arrondissement de ■■ Evrard L., 1994. Répertoire des églises du Brabant wallon,
Bruxelles (Recueil, 1823) ; elle n'en fut détachée qu'en Lasne, éd. de l'A.R.C.
1962. Lors de la fusion des communes de 1977, elle fut ■■ Recueil, 1823. Recueil des lois et actes généraux du gouver-
associée à Rebecq. nement, en vigueur dans le Royaume des Pays-Bas, 3e série, 6,
Enfin, pour ne pas confondre ce lieu de culte avec Bruxelles.
celui de Quenast, lui aussi dévolu à saint Martin, il
fut également placé sous le patronage de saint Pierre
(Evrard, 1994, p. 168).
Tubize/Tubize : occupations
L'intervention et son résultat protohistorique, romaine et médiévales à
Stéhou
Un membre de l'équipe du Service de l'archéologie de
la Direction extérieure du Brabant wallon (DGO4 /
Département du patrimoine) s'est rendu sur place le Dominique Bosquet, Olivia De Staercke,
mercredi 7 janvier 2015 en début d'après-midi. La base Véronique Moulaert et Marie-Laure Van Hove
des murs de la morgue avait été maintenue et la dalle
de fond n'avait pas été perturbée. En outre, des tâches Introduction
ponctuelles de maçonnerie avaient été effectuées très
récemment, voire le matin même. Le site a été découvert lors d'une évaluation menée
Selon les informations recueillies au préalable, le par le Service de l'archéologie de la Direction
sous-sol sous et autour de la morgue était déjà perturbé extérieure du Brabant wallon (DGO4 / Département
par la présence d'une citerne à eau de pluie. Si réserve du patrimoine) préalablement à la construction d'un
lotissement de 25 ha par la société Evillas (Bosquet
et al., 2015). Il se situe non loin du hameau de Stéhou,
entre la chaussée de Mons, la rue de Stimbert et la
ligne SNCB 96 Bruxelles-Quévy. Partiellement
financée par l'aménageur, la fouille extensive d'une
zone riche en vestiges est menée en collaboration
avec l'asbl Recherches et Prospections archéologiques
(RPA). Elle a débuté en février 2015 et se terminera
en avril 2016.
Les occupations sont implantées sur le bord oriental
d'une large crête qui domine le ruisseau de Cœurcq
coulant à l'est, tandis que 750 m à l'ouest de la crête
coule la Senne. Le point le plus haut culmine au milieu
de l'emprise à 82,5 m d'altitude et le plus bas corres-
Cimetière paroissial de Bierghes : vue générale de l'ancienne pond au bord oriental du futur lotissement, situé à une
morgue démolie.
altitude de 60 m.
61
F130
F95
Bat. 1
F95
Limite de la fouille
Faits non datés
F95
Fosse La Tène
F 95
Période romaine
13e-14e siècles
Bat. 2
14e-15e siècles
10 m
L'évaluation a couvert 15 ha sur les 25 ha du projet à la chaussée de Mons. Il s'agit de fosses et de trous
immobilier, les 10 ha restants étant occupés par d'im- de poteaux. Pour ces derniers aucun plan ne se
portants impétrants ou n'étant pas menacés de destruc- distingue de façon évidente actuellement. Les coupes
tion. Les faits mis en évidence lors du diagnostic se effectuées montrent des poteaux porteurs assez
concentraient essentiellement sur une zone de 1,5 ha – voire très – imposants, dont certains sont inclinés.
dont 9 000 m² directement menacés de destruction Ces faits présentaient tous d'épaisses lentilles de
par le lotissement. En conséquence, quatre décapages compression et contenaient, pour certains, du matériel
extensifs couvrant 8 467 m² au total ont été réalisés, détritique, notamment de la céramique située entre le
mettant au jour 345 faits anthropiques : fossés, fosses, 1er et le 2e siècle de notre ère (F. Hanut, Direction de
trous de poteau et fondations en pierres d'au moins l'archéologie, communication personnelle). Aucun des
deux bâtiments. Dans l'état actuel d'avancement de la fossés présents sur la frange ouest de la fouille n'a pu
fouille et à l'exception d'une fosse protohistorique, les être daté de façon sûre jusqu'ici, mais il est possible que
vestiges datés concernent les périodes romaine (1er et certains puissent être attribués à la période romaine
2e siècles de notre ère) et médiévale (entre les 13e et également, de même que d'autres fosses.
15e siècles), mais une majorité de structures en creux ne
sont pas encore datées de façon fiable. La chronologie La période médiévale
ne pourra être précisée qu'à l'issue des travaux de post-
fouille, en cours actuellement. La plus grande partie des faits mis au jour peut être
Rappelons enfin qu'aucun site archéologique n'était attribuée à cette période, notamment deux bâtiments
connu à cet endroit (Bosquet et al., 2015). (Bât. 1 et Bât. 2), un chemin dirigé en droite ligne vers
la chaussée de Mons (F130) et un vaste dépôt détri-
La période romaine tique (F95).
Le fait F95, dont le contour est diffus et très sinueux,
À ce stade de l'investigation, les faits romains semblent couvre au minimum 300 m². En coupe, sa profondeur
se concentrer essentiellement sur une bande de 30 à est de 40 cm à 50 cm autour du bâtiment 1 et diminue
40 m de large à l'ouest de la fouille, parallèlement graduellement au fur et à mesure qu'on s'en éloigne.
62
Conclusion
renu
Terv
du lotissement et que le promoteur, la société Evillas, a
e de
Chaussée de Bruxelles
u ssé
accepté de financer.
Ch a
Cou
pe 2
Bibliographie
■ Bosquet D., Delporte L., Van Hove M.-L. & Lozet S., 20 m
2015. Tubize/Tubize : évaluation positive à proximité de Stéhou,
Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 56-59. Waterloo : emplacement des deux coupes observées par
■ De Brabanter C., 1998. La seigneurie de Renarbus, Tubize rapport à l'emprise du projet immobilier (trait en gras)
reporté sur l'orthophotoplan (2012-2013).
et son passé, 12.
■ Dewert J.-P., Fourny M. & Van Assche M., 1990-1991.
Découverte d'une bouteille en verre gallo-romaine à Braine- lorsque la majeure partie de l'emprise, soit 120 000 m²,
le-Comte au lieu-dit « Favarge » (Ht.), Vie archéologique, 36, avait déjà été terrassée jusqu'à grande profondeur. Il a
p. 44-51. cependant été possible de relever deux coupes visibles
■ Fock H., Remy H., Goffioul C. & Bosquet D., 2008. Les sur les talus nord (coupe 1) et sud (coupe 2) de l'ex-
traverses du temps. Archéologie et TGV. Catalogue d'exposition, cavation. Après un nettoyage rapide, les deux profils
Namur, Service public de Wallonie, 161 p. ont fait l'objet d'un enregistrement photographique et
■ Hoebanx J.J., 1952. L'abbaye de Nivelles des origines au d'une description succincte.
xive siècle, Bruxelles, Académie royale de Belgique (Classe des
Lettres et des Sciences morales et politiques, Mémoires in-8°, La coupe 1
46/4).
Conclusion
Sources
■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Braine la Leud, pl. 78.
Hainaut
Monitoring des minières du Silex's (site de « Petit-Spiennes ») par les ingénieurs du SPW (photo
M. Woodbury, Serv. archéologie, Dir. ext. Hainaut 1).
67
Mouscron
Enghien Petit-Enghien
Ghislenghien
Ath
Antoing
Soignies
Hollain Maubray Belœil
Brunehaut Quevaucamps
Laplaigne Brye
Lesdain
Saint-Amand
Baudour
Gouy-lez-Piéton
Saint-Ghislain Fleurus
Morlanwelz Courcelles
Montrœul-sur-Haine Saint-Symphorien
Hensies Binche Morlanwelz-Mariemont
Aiseau-
Buvrinnes Presles
Genly
Quévy Presles
Honnelles
Quévy-
Roisin le-Grand
Carte administrative des communes de la province du Hainaut visées par les notices.
Commune dont la localité du même nom est concernée
Commune dont la localité du même nom n'est pas concernée
Autre localité concernée
Éditorial
Comme il est difficile de faire plus avec moins, et même avec encore moins ! Bien sûr l'archéologie est un métier de
passionnés qui ne ménagent pas leurs efforts face aux menaces de destruction de vestiges. Mais pour creuser, dessi-
ner, étudier, il faut des équipes et des moyens en nombre suffisant. Or, on déplore de façon générale une baisse des
effectifs valides. Des chantiers pourtant planifiés ne sont pas réalisés faute de personnel ou sont effectués par trois ou
quatre agents, voire deux. Des choix de dossiers sont faits, la solidarité s'organise entre provinces, des fouilles et des
études sont confiées à des institutions mais le constat est là.
L'archéologie a un coût, c'est le prix de la connaissance de l'histoire de nos sociétés. Nous sommes fiers que la nôtre
puisse encore la financer et nous espérons que cela puisse se poursuivre, mais pour combien de temps et de quelle
manière ? Il semble plus aisé aujourd'hui de justifier la défense de l'environnement, bien que l'on puisse, au moins
partiellement, recréer des biotopes et des espaces de vie, au contraire des vestiges disparus…
Certes, une législation permet théoriquement de protéger le patrimoine archéologique mais là aussi, la vigilance
s'impose puisque le CoDT qui remplacera le défunt CWATUP pourrait laisser moins de marge de manœuvre encore
à l'administration. Le zonage préparé laborieusement doit aider les archéologues mais ces derniers sont toujours
dans l'attente de modalités pratiques pour qu'il soit efficient.
Bref, il importe de rester motivés et inventifs pour affronter l'avenir, d'autant qu'une réorganisation des institutions
de gestion du patrimoine est en gestation.
Malgré ces inquiétudes, il ne manque pas de motifs de se réjouir ; le site de Spiennes accueille enfin un centre d'inter-
prétation après des années d'attente et de préparation. L'administration a largement participé à la réalisation du Silex's
en apportant sa collaboration à la Ville de Mons, tout en poursuivant la fouille du puits contenant les restes humains.
68
Chronique de l'Archéologie
l’Archéologie wallonne
Des chantiers ont fourni d'autres résultats remarquables comme à Ath, Quévy, Soignies ou Aiseau-Presles. Un
vaste village d'environ 1 ha, daté du Néolithique ancien, constitue les vestiges des premiers habitats de la ville d'Ath.
Un peu plus loin, les archéologues ont dégagé des éléments de fortification datant probablement du premier quart
du 18e siècle.
À Soignies, dans la Grande Carrière Wincqz où le Centre des Métiers de la Pierre verra bientôt le jour, le Service
de l'archéologie a assuré la surveillance des travaux et a eu ainsi l'occasion unique de relever scientifiquement les
vestiges d'une industrie. Trois mois de fouille à Quévy ont permis de cerner une occupation rurale continue du 8e au
20e siècle. À Aiseau-Presles, l'exploration exhaustive du site gallo-romain de « La Taille-Marie » s'est enrichie en 2015
d'un atelier lié au travail du fer, sans doute l'atelier de production des socs d'araire.
Autre découverte liée à l'artisanat à Enghien avec une nouvelle charbonnière qui alimente la recherche sur les
structures à combustion, longtemps restées énigmatiques.
Outre celles d'Ath et de Quévy, plusieurs fouilles ont livré des données relatives à l'habitat, comme à Pont-à-Celles/
Luttre, à Mons ou à Mouscron. Enfin, grâce à des chercheurs passionnés, de nombreux artefacts, essentiellement
préhistoriques et gallo-romains pour cette année 2015, ont été récoltés et surtout étudiés.
Pour compléter l'information, on ajoutera les chiffres de l'archéologie préventive en Hainaut, soit 13 suivis,
5 évaluations et 9 fouilles, avec une superficie totale évaluée de 22 ha sur 14 communes.
Au risque de se répéter, il est inconcevable de conclure autrement que par des félicitations et des remerciements à
tous les acteurs et défenseurs du patrimoine archéologique.
Nous souhaitons aussi une heureuse retraite à notre collègue Alain Joly qui nous accompagne avec une efficacité et
une bonne humeur jamais démenties depuis 1993, au début de l'opération TGV.
Hainaut
Comines-Warneton/Warneton : cimetière ;
Courcelles/Gouy-les-Piéton : église Saint-Martin ;
Enghien/Petit-Enghien ;
Fleurus/Brye : chaussée Brunehaut ;
Mons/Mons : rue Cronque ;
Mouscron/Mouscron : château ;
Tournai/Tournai : rue des Maux.
Martine Soumoy
Fouille en cours de la grande scierie de l'ancienne Grande Carrière Wincqz à Soignies (photo N. Authom, Serv. archéologie, Dir. ext.
Hainaut 1).
71
Préhistoire Hainaut
PRÉHISTOIRE
Antoing/Maubray : matériel lithique au
lieu-dit « Polissart »
Marianne Delcourt-Vlaeminck
et Christian Fourmeaux
Hollain : 1. Fragment de poignard en Grand-Pressigny (inv. 17526) ; 2. Fragment de lame (inv. 17529) ; 3. Molette en silex (inv. 17532).
Dessins P. Bastien.
73
Préhistoire Hainaut
12 pièces, la moitié appartient à cette catégorie ; la présence révélés particulièrement riches en pièces originaires de
d'outils de qualité importés du Grand-Pressigny et peut- Touraine.
être du Bassin parisien permet de rapporter ces éléments à Au Néolithique, les ateliers pressigniens ont fabri-
la période comprise entre 2800 et 2400 avant notre ère, soit qué deux sortes de lames selon le type de nucleus
au Néolithique final. Les percuteurs sur haches et nucleus utilisé pour leur obtention. Le modèle le plus ancien
confirment l'existence d'un travail artisanal, la molette (nucleus à crête antéro-latérale), attesté vers 3000
évoquant la mouture. Il est certain que cette partie du site, avant notre ère, a fourni de belles lames, moins
en bordure du plateau surplombant la vallée de l'Escaut, longues toutefois que celles réalisées à partir des
n'a été que peu prospectée depuis plus de cent ans, la célèbres « livres de beurre » que l'on situe entre 2800
majeure partie des recherches ayant surtout eu lieu de part et 2400 av. J.-C.
et d'autre de la route Hollain-Bléharies. Quand on ne dispose que de fragments mésiaux, il
n'est guère facile de savoir à quelle phase les rattacher.
Lorsque, par chance, on découvre des parties proxi-
males intactes, il est possible de déterminer le type de
Brunehaut/Laplaigne : preuve de nucleus de départ.
l'exportation de grandes lames Tel est le cas de la pièce récoltée au lieu-dit
pressigniennes « Baraque » lors de prospections effectuées par
C. Fourmeaux et P. Soleil. Il s'agit d'un fragment
proximal de poignard de section trapézoïdale, ayant
Marianne Delcourt-Vlaeminck, conservé une partie de son talon dièdre piqueté d'ori-
Christian Fourmeaux et Philippe Soleil gine, ce qui permet de le classer dans la catégorie
des longs poignards obtenus à partir d'une « livre de
La présence en Tournaisis de silex du Grand-Pressigny beurre ».
exporté d'Indre-et-Loire (France) au Néolithique est La pièce à l'aspect truité, confectionnée dans un
connue chez nous depuis plus de cent ans et il est certain silex brun orangé (code Munsell 10YR 5/4), présente
que la découverte en Touraine de deux gros dépôts de à sa surface de petits points scintillants (quartz détri-
grandes lames brutes de plus de 30 cm de long aura fait tique). Comme en témoigne la retouche irrégulière
rêver plus d'un prospecteur de notre région. des bords, elle a subi divers réaffûtages qui ont modifié
Ce matériau secondaire de belle qualité, de teinte sa longueur et réduit sa largeur. Dans notre région, ce
le plus souvent « vieux cire », a été exploité à flanc de matériau, sans doute jugé très précieux, a été réamé-
coteaux en Touraine. Une fois mis en forme dans les nagé à outrance, tout comme ce fut le cas des lames
ateliers locaux, il a été diffusé jusque dans le nord des et poignards en silex tertiaire du Bassin parisien,
Pays-Bas et de l'Allemagne sous forme de longues concurrent et contemporain du Grand-Pressigny.
lames et de poignards. Les sites belges et français
du groupe Deûle-Escaut (Néolithique final) se sont
Préhistoire Hainaut
ancien sont surtout identifiables par les nuclei à Obourg Saint-Macaire. Pas de cortex (L. : 23 ; l. : 20 ;
plage corticale en silex de type Hesbaye, tandis que ép. : 9 mm). Inv. B12/2016/1145.
les traces d'un Néolithique récent/final apparaissent 13. Lame épaisse, esquillée accidentellement. Très forte
plus marginales. patine blanc-jaune, silex indéterminé. Traces de rouille
(L. : 42 ; l. : 17 ; ép. : 10 mm). Inv. B12/2016/1158.
Descriptif des objets cités
Bibliographie
1. Armature de flèche sur éclat fin, ailerons et pédon- ■■ Debaille E., 1921. Les Néolithiques sur les rives de la Sambre,
cule peu dégagés. Retouches directes et abruptes. Silex Documents et Rapports de la Société royale paléontologique
de type Spiennes. Pas de cortex (L. : 29 ; l. : 23 ; ép. : et archéologique de l'Arrondissement judiciaire de Charleroi,
5 mm). Inv. B12/2016/1095. XXXVI, p. 83-92, pl. I-IX.
2. Armature de flèche tranchante sur éclat fin. Courtes ■■ Desterbecq D., 2014. Les sites préhistoriques de
retouches directes semi-abruptes sur le bord gauche. Saint-Amand et de Brye (Fleurus, Hainaut). Prospections
Silex de type Spiennes. Cortex conservé à ± 25 % (L. : complémentaires et synthèse, Vie archéologique, 73, p. 5-36.
24 ; l. : 18 ; ép. : 5 mm). Inv. B12/2016/1121. ■■ Desterbecq D., 2015. Occupations préhistoriques au lieu-dit
3. Armature de flèche amygdaloïde sur éclat fin. Silex Trois-Fontaines à Saint-Amand (Fleurus, Hainaut), Vie archéo-
patiné. Pas de cortex (L. : 24 ; l. : 22 ; ép. : 4 mm). logique, 74, p. 9-22.
Inv. B15/2016/1127. ■■ Desterbecq D. & Tromme F., 2010. Nouvelles découvertes
4. Lame fine, talon lisse. Silex de type Spiennes. Pas de préhistoriques de surface, Saint-Amand (Fleurus, Hainaut), Vie
cortex (L. : 47 ; l. : 18 ; ép. : 6 mm). Inv. B12/2016/1087. archéologique, 69, p. 33-49.
5. Lame fine retouchée sur le bord droit, talon puncti-
forme. Une encoche par retouche directe suivie d'une
autre par retouche inverse, puis courtes retouches
continues, inverses et semi- abruptes jusqu'à l'extrémité Mons/Spiennes : conservation préventive
distale. Silex de type Spiennes. Pas de cortex (L. : 65 ; l. : des minières néolithiques en 2014
22 ; ép. : 7 mm). Inv. B15/2015/1129.
6. Grattoir simple, caréné, à enlèvements longs sur
support lamellaire épais. Front esquillé. Retouches Nancy Verstraelen
inverses sur bord gauche formant une encoche large.
Silex de type Spiennes. Cortex conservé à moins En 2014, la dynamique climatique des minières de
de 25 % (L. : 73 ; l. : 32 ; ép. : 19 mm). Inv. B12/2015/1081. « Petit-Spiennes » se définit toujours par un état dit
7. Grattoir simple sur nucleus résiduel à lames. Front « au repos ». La construction de la structure muséale
convexe sur bord gauche. Retouches continues, directes, et les aménagements du site en vue de son accessibi-
abruptes et subparallèles. Grand enlèvement accidentel lité au public se terminent peu à peu. Le monitoring
sur la face inférieure. Silex de type Hesbaye. Pas de installé va permettre d'évaluer l'impact de ces diffé-
cortex (L. : 79 ; l. : 41 ; ép. : 20 mm). Inv. B12/2011/1072. rents aménagements sur le fonctionnement interne de
8. Nucleus pyramidal à éclats, à débitage unipolaire. la minière et leurs répercussions sur la conservation du
Plage corticale réservée. Silex de type Hesbaye. Cortex bien avant son ouverture.
conservé à ± 50 % (L. : 41 ; l. : 55 ; ép. : 44 mm).
Inv. B12/2016/1137. Données thermo-hygrométriques
9. Fragment proximo-mésial de lamelle retouchée, extérieures
talon lisse. Deux encoches par retouches directes sur
le bord droit et une encoche par retouche inverse sur le Le 1er avril 2014, un enregistreur est installé sur la
bord gauche. Silex de type Spiennes. Pas de cortex (L. : superstructure muséale, en façade nord, position
28 ; l. : 10 ; ép. : 5 mm). Inv. B12/2016/1090. idéale pour enregistrer les variations du climat
10. Lamelle fine, talon lisse. Extrémité distale esquillée. extérieur. La période étudiée s'étend d'avril à
Silex à grain fin, brun, translucide de type Obourg. Pas octobre de la même année. L'analyse statistique de
de cortex (L. : 33 ; l. : 10 ; ép. : 6 mm). Inv. B12/2016/1092. ces données ne peut être réalisée faute de données
11. Flanc d'avivage de nucleus à lamelles, à débitage suffisantes. Mais en parallèle, les résultats des relevés
bipolaire. Talon lisse. Silex gris, à grain fin de type effectués par l'IRM à la station d'Uccle démontrent
Obourg. Cortex conservé à ± 50 % (L. : 50 ; l. : 15 ; ép. : que la température annuelle est l'une des plus élevées
9 mm). Inv. B12/2016/1110. depuis 1833. La tendance générale s'oriente égale-
12. Micrograttoir caréné, sur éclat épais. Retouches ment vers une augmentation progressive de la tempé-
directes lamellaires. Front esquillé. Silex gris de type rature annuelle moyenne.
77
Préhistoire Hainaut
Préhistoire Hainaut
des développements biologiques sont à craindre. tion significative des taux en été tandis qu'en hiver une
En journée, la température ambiante du sas est baisse sensible des concentrations est enregistrée grâce
généralement supérieure à celle de l'espace muséal en à la réactivation de la ventilation naturelle. Les mesures
raison des contingences spécifiques de cette structure ponctuelles effectuées au niveau du CO2 dans le courant
destinée à indiquer au loin son emplacement. En effet, de l'année 2014 sont en hausse. Il est dès lors conseillé
l'excroissance architecturale réalisée en polycarbonate d'acquérir un enregistreur pour mesurer en continu les
génère un échauffement thermique en relation avec concentrations afin de s'assurer qu'elles restent sous les
son insolation directe. Peu isolante, et particulière- limites sanitaires définies par les organismes compétents.
ment bien exposée dans un environnement ouvert et
dégagé, la fine paroi transparente accentue donc les Conclusion
effets thermiques solaires. Dès que le soleil se lève,
la température augmente rapidement tandis qu'en La construction de l'infrastructure muséale au droit des
soirée, un phénomène inverse est constaté. L'intensité minières contribue fortement à en modifier le fonction-
du phénomène est supérieure à celui mis en évidence nement. Au-delà des avantages qu'elle présente comme
dans l'espace muséal caractérisé par son inertie supé- la limitation des infiltrations pluviales notamment,
rieure rendue possible par ses dimensions. En effet, un elle réduit le renouvellement de l'air de la minière, la
volume d'air restreint se réchauffe et se refroidit plus ventilation naturelle n'étant possible que lorsque la
rapidement qu'un plus grand volume. Ces premiers température de l'espace muséal est inférieure à celle de
résultats confirment que les conditions d'ambiance la minière. Ce phénomène va avoir des répercussions
ne sont pas appropriées à la préservation de dépôts directes sur les concentrations en radon et en CO2 qui
archéologiques et sédimentaires. Les températures risquent de nécessiter des mesures complémentaires
élevées en association avec une hygrométrie insuffi- comme un renouvellement forcé de l'atmosphère. Il
sante vont générer d'importants phénomènes d'évapo- apparaît néanmoins que la ventilation de la minière, si
ration de l'eau contenue dans les dépôts. Ces derniers elle s'avère nécessaire, doit se faire dans des conditions
vont rapidement s'assécher, se fissurer en entraînant strictes définies par les différents spécialistes. L'air de
une accumulation de sels néfastes en surface qui vont l'espace muséal ne peut en aucun cas être insufflé tel
générer à leur tour des dégradations complémentaires quel. Un traitement préalable doit lui être appliqué afin
comme des amas de cristaux, un voile blanchâtre et de le débarrasser dans un premier temps des impure-
un effritement des couches. De plus, l'ensoleillement tés (spores, pollens, moisissures…) et dans un second
direct de certaines portions du sol va accentuer l'assè- temps, d'atteindre les valeurs thermo-hygrométriques
chement, tandis qu'en parallèle l'apport de lumière va similaires à celles enregistrées en sous-sol.
générer des développements biologiques importants et
problématiques non seulement pour leur nettoyage et/
ou leur éradication mais aussi en raison des dégâts qui
peuvent être causés par les réseaux racinaires. Mons/Spiennes : fouille 2015 du puits
d'extraction de silex ST 6 à « Petit-
Radon et CO2
Spiennes »
De 2011 à 2014, plusieurs campagnes de mesure sont
menées pour assurer la surveillance des concentrations Hélène Collet, Philippe Lavachery,
en radon. Une modification des taux s'observe entre Stéphane Pirson, Michel Toussaint, Lyse Unger
2013 et 2014 que ce soit pour les mesures effectuées au et Michel Woodbury
fond ou pour celles effectuées à l'entrée de la minière.
Les concentrations sont multipliées par un facteur de 4 Introduction
à 5. Cette modification correspond non pas au rempla-
cement des bouchons des différents puits mais bien Le puits ST 6 (parc. cad. : Mons, 19e Div., Sect. B.,
à la pose et à la fermeture de la structure muséale. Il no 393c ; coord. Lambert : 122504,5440 est/
semble qu'avant cette intervention, les phénomènes de 123288,7462 nord) appartient à un ensemble de puits
convection aient été suffisants pour maintenir des taux fouillés dans la zone minière de « Petit-Spiennes »
inférieurs à 3 000 Bq/m³. Le radon s'évacuait par les depuis 1997 grâce à des subventions accordées
interstices laissés autour des différents puits. La mise par le Service public de Wallonie, d'abord à l'asbl
sous cloche des minières a limité les phénomènes de Recherches et Prospections archéologiques, puis à
convection aux périodes froides soit entre novembre l'asbl Société de Recherche préhistorique en Hainaut.
et février-mars. On observe également une augmenta- Ces recherches se sont déroulées sans interruption
80
Les fouilles menées en 2015 n'ont pas encore permis d'at- La Ville de Mons, propriétaire du terrain, a autorisé la
teindre le radier de la minière malgré un sondage prati- poursuite des recherches en 2016, et nous l'en remer-
qué jusqu'à 9 m de profondeur. Son extension maximale cions. Celles-ci se concentreront, en priorité, sur le
81
Préhistoire Hainaut
dégagement des dépôts livrant des ossements humains. forme biconvexe trapézoïdale, ainsi qu'une section
Des sondages destinés à cerner l'extension dans les ovalaire et un talon étroit, se terminant en pointe.
trois dimensions de la minière ST 6 sont également Les bords présentent un méplat. L'outil présente une
programmés. parfaite symétrie bifaciale et bilatérale. Le polissage
de la hache a fait l'objet de beaucoup d'attention et
Bibliographie de soin. L'aspect de ce dernier est doux au toucher,
■■ Collet H., 2003. Mons/Spiennes : fouille dans la parcelle il devait concerner pratiquement toute la surface de
393c de « Petit-Spiennes », Chronique de l'Archéologie wallonne, l'outil. Seules quelques petites plages inférieures à
11, p. 39-40. 1 cm² n'ont pas été polies. Les facettes de polissage
■■ Collet H. & Woodbury M., 2000. Mons/Spiennes : fouille mesurent 10 mm de large dans la partie mésiale et
de puits d'extraction de silex à Petit-Spiennes, Chronique de s'amincissent vers le talon. La fracture en partie
l'Archéologie wallonne, 8, p. 30-31. mésiale est typique d'un accident dû à l'utilisation
■■ Lavachery P., Collet H., Toussaint M. & Woodbury M., de l'outil. L'onde de choc dégagée par le coup qui a
2015. Mons/Spiennes : fouille du puits d'extraction ST 6 à brisé la hache est visible au travers de l'ondulation
« Petit-Spiennes », Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, et des négatifs d'éclats présents en zone mésiale. Un
p. 88-90. enlèvement burinant au niveau du talon est peut-
être également lié à l'utilisation. Le coup à l'origine
de l'éclat a été donné sur la pointe du talon et l'éclat
a suivi le méplat gauche, jusqu'à rebrousser à 80 mm
■■Quévy/Genly : découverte d'un fragment de distance. Il n'est pas impossible qu'il soit une
de hache polie en silex de Spiennes conséquence de la technique d'emmanchement de
la hache. Complète, la pièce devait probablement
atteindre les 200-230 mm de long et présenter une
Philippe Lavachery, Hélène Collet, forme triangulaire (bords rectilignes, base étroite
Amandyne Rosart et Lodewijk De Lens voire pointue associé à une plus grande largeur au
tranchant), une morphologie typique de la produc-
Au cours de l'hiver 2004, l'un de nous (L. De L.) tion des minières de Spiennes.
a découvert un important fragment de hache Cette trouvaille est loin d'être isolée dans la
polie en silex au lieu-dit « Champs des Plognes », région. En effet, depuis des décennies, d'autres
bordant la rue Léonce Spinette à Genly, à 11 km haches en silex ont été ramassées en surface dans les
au sud de Mons et à 7 km au sud-est de Spiennes environs des minières de Spiennes où elles étaient
(localisation approximative : parc. cad. : Quévy, produites en masse au Néolithique moyen, récent
1re Div., Sect. A, no 231b ; coord. Lambert 1972 : et final, entre 4350 et 2200 av. J.-C. (Collet, 2012).
117626 est/118570 nord). La pièce a été trouvée en Ainsi des haches polies, complètes ou fragmen-
surface, lors d'une inspection pédestre, quelques taires, partiellement ou entièrement polies, sont
semaines après avoir drainé le champ sur 1 m de signalées à Hautrage (Dufrasnes, 2006b ; 2006c), à
profondeur. Il n'est pas possible de préciser si elle a Sirault (Dufrasnes, 2009), à Villerot (Dufrasnes,
été remontée lors du drainage ou non, mais l'objet 2011), au Rœulx (Collet, Doumont & Rosart, 2014a),
présente des traces de rouille typiques de contacts à Obourg (Collet, Doumont & Rosart, 2014c), à
répétés avec les engins agricoles qui suggèrent un Harchies (Parent, 1999), à Pommerœul (Dufrasnes
long séjour proche de la surface. La pièce est conser- 1995 ; 2006a). Des haches taillées abandonnées avant
vée dans la collection de l'inventeur. d'être polies ont été découvertes à Gottignies (Collet,
Bien que la hache offre un aspect patiné, on peut Doumont & Rosart, 2014b), à Frameries (De Braeke-
observer qu'elle a été façonnée dans un silex mat, leer & Van Assche, 2001) et à Hautrage (Dufrasnes
moyennement grenu, passant du gris clair en partie & Ballez, 2007). D'autres pièces sont connues mais
mésiale à un gris un peu plus foncé près du talon n'ont pas encore fait l'objet de publications. La
(pouvant correspondre à la transition entre le cœur plupart de ces haches, dont la matière première est
du silex gris clair et la zone sous-corticale plus foncée souvent décrite comme un silex de type Spiennes,
dans le silex de Spiennes). Il s'agit probablement d'un illustrent probablement la diffusion des productions
silex de type Spiennes. des minières dans les environs immédiats mais on
Le fragment découvert consiste en les deux tiers sait qu'elles ont été exportées beaucoup plus loin
basal d'une hache polie. La pièce mesure 155 mm de encore (Bostyn & Collet, 2011).
longueur, 55 mm de largeur et 34 mm d'épaisseur,
pour un poids de 303 g. Le fragment possède une
82
Protohistoire Hainaut
PROTOHISTOIRE
Mons/Saint-Symphorien : signalement d'une
pointe de flèche (Bronze final)
Alain Guillaume
Remerciements
Pointe de flèche du Bronze final découverte à Saint-Symphorien
Nos remerciements vont tout particulièrement (photo K. Welvaarts).
à K. Welvaarts, à I. Jansen, à W. Leclercq et à
E. Warmenbol.
Bibliographie
■■ Warmenbol E., 1995. L'arc bandé et le lit de la Lesse. Les
pointes de flèche en bronze de Han-sur-Lesse, Amphora, 77,
p. 32-64.
■■ Warmenbol E., 2005. Instruments de la mort. Les pointes de
flèche du Bronze final de la grotte de Han (Namur, Belgique).
In : Mordant C. & Depierre G. (dir.), Les pratiques funéraires
à l'âge du Bronze en France. Actes de la Table ronde de Sens-
en-Bourgogne (Yonne), 10-12 juin 1998, Paris (Documents
préhistoriques, 19), p. 119-139.
84
ÉPOQUE ROMAINE
Ath/Ghislenghien : datation
archéomagnétique de deux fours à chaux
Courbes de l'inclinaison et de la déclinaison pour les trois Courbes de l'inclinaison et de la déclinaison pour les trois
derniers millénaires en France (marge d'erreur en gras) derniers millénaires en France (marge d'erreur en gras)
et datation archéomagnétique du four F 666. Densité de et datation archéomagnétique du four F 678. Densité de
probabilité des âges possibles sur base de l'inclinaison I et probabilité des âges possibles sur base de l'inclinaison I et
de la déclinaison D séparément et combinées. de la déclinaison D séparément et combinées.
86
de 95 %, en se référant aux courbes de référence de la C'est durant la phase d'abandon que l'objet subit le plus
variation séculaire de la direction du champ géomagné- de transformations qui vont profondément modifier
tique dans le passé en France, réduites à un seul endroit ses propriétés en fonction du milieu et non du temps
central, Paris (Gallet, Genevey & Le Goff, 2002). passé. Ces phénomènes sont chimiques mais aussi
Les valeurs de l'inclinaison moyenne (62,25° et mécaniques et modifient la cohésion du matériau. La
62,19°) et celles de la déclinaison moyenne (-0,96° phase culturelle se caractérise par l'épreuve de l'exhu-
et -1,96°) obtenues respectivement pour les fours mation, l'objet devant passer à un milieu atmosphé-
GHIA02 et GHIA03, relocalisées à Paris avec les rique auquel il devra s'acclimater, mais aussi par des
erreurs (lignes horizontales pointillées), sont compa- phases de traitements qui lui feront également subir
rées avec la courbe de référence. Les distributions de la des transformations. Ces phases critiques doivent être
densité de probabilité des âges possibles sont données gérées et accompagnées dès la découverte (Païn, 2015,
pour l'inclinaison et la déclinaison séparément et p. 20-23). L'état de dégradation, les niveaux d'altération
combinées. Les rectangles représentent les intervalles inégaux, la compréhension et parfois l'identification de
d'âges possibles à 95 % de confiance. l'objet, sa finalité, étude ou exposition, sont autant de
problématiques spécifiques à la matière. Même si de
Conclusion grands principes et méthodes peuvent se dégager selon
la nature de l'objet et la période traitée, nous sommes
Les intervalles d'âges possibles obtenus pour les confrontés au côté aléatoire de l'état de conservation
deux fours à chaux GHIA02 et GHIA03 indiquent et jamais à l'abri de bonnes mais surtout de mauvaises
que la dernière cuisson date de l'époque romaine. La surprises. Ce fut malheureusement le cas pour les
similitude des directions des rémanences enregistrées tombes de Ghislenghien III.
dans les fours et les dates archéomagnétiques obtenues Cette fouille réalisée en 2014 sur la future zone
suggèrent que les deux structures examinées étaient d'activité économique (Danese & Hanut, 2014 ; 2015)
probablement contemporaines. a mis au jour deux tombes comprenant un nombre
important d'objets en fer, en alliage de cuivre et de la
Bibliographie céramique. Vu la qualité des tombes et leur caractère
■■ Fisher N.I, Lewis T. & Embleton B.J.J., 1987. Statistical exceptionnel, il a été décidé de traiter ce matériel en
analysis of spherical data, Cambridge, Cambridge University priorité au sein du Service public de Wallonie, cela
Press. afin de limiter autant que possible les dégradations
■■ Gallet Y., Genevey A. & Le Goff M., 2002. Three millennia inévitables survenant après la mise au jour des objets
of directional variations of the Earth's magnetic field in west- et entraînant par conséquent du travail supplémen-
ern Europe as revealed by archaeological artifacts, Physics of the taire, comme ce fut malheureusement le cas pour
Earth and Planetary Interiors, 131, p. 81-89. d'autres anciens dossiers complexes. Vu la quantité
■■ Danese V., Authom N., Deforce K., Hanut F. & Pigière F., de travail, le traitement des pièces n'a pu se faire au
2015. Ath/Ghislenghien : les vestiges romains mis au jour lors sein même du SPW et a dû faire l'objet d'un marché
des évaluations de 2013 et 2014 dans l'extension est de Ghislen- de service pour « étude, dessin et manipulation des
ghien III, Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 106-110.
alliages de cuivre », attribué à l'asbl Recherches et
Prospections archéologiques (RPA) et exécuté par
une archéologue-restauratrice. Malgré la mise en
œuvre rapide de toutes les démarches administra-
Ath/Ghislenghien : la problématique de
tives, un inévitable délai d'un an a été nécessaire entre
la conservation-restauration du matériel la fouille et le début de la restauration.
archéologique métallique. Le cas des
alliages de cuivre de deux tombes augusto- L'évaluation et le travail
tibériennes
En présence d'objets en alliage de cuivre d'époque
romaine, on peut s'attendre raisonnablement à du
Muriel Van Buylaere matériel de bonne qualité, relativement bien conservé
et stable. C'est le cas d'objets similaires contemporains
En archéologie, l'approche de la conservation- trouvés notamment en Angleterre et dans le nord-ouest
restauration des biens se pose différemment que dans de la Gaule. Dès la fouille, les objets ont montré leur
les collections muséales. Le mobilier archéologique fragilité. Ils ont nécessité la mise en œuvre de précau-
connaît plusieurs phases au cours de sa vie : « phase tions particulières sur chantier, comme le prélèvement
utile », « phase d'abandon » et « phase culturelle ». en motte systématique avec renfort de bande plâtrée,
87
Principaux objets de la tombe 1 (F650) après restauration. De gauche à droite : patère, œnochoé, bol à filtre, passoire et puisard,
marmite avec couvercle (photo R. Gilles, Dir. archéologie).
ou encore la réalisation de contenants spécifiques. produit en présence d'agents extérieurs, entre autres
Les prélèvements en motte demandent une interven- l'oxygène, l'eau ou des bactéries. C'est pour ralentir,
tion rapide en laboratoire pour éviter leur éclatement voire stopper cette dégradation que des mesures de
au cours du séchage, endommageant les objets. Au conservation préventive doivent être prises pour assu-
moment de l'évaluation du travail, les prélèvements ne rer le maintien de l'objet dans un milieu stable.
présentent qu'un dégagement partiel des objets accom- La maladie du bronze, forme particulière de corro-
pagnés de quelques remarques sur leur état notées sur sion active des alliages de cuivre archéologiques
chantier par les archéologues. Dans ces conditions, le qui peut mener à la disparition de l'objet, a aussi été
diagnostic ne peut être que très superficiel, fondé sur détectée sur l'œnochoé et sur la patère associée. Cette
les quelques éléments apparents, et l'estimation se fait forme de corrosion s'est manifestée surtout sur le
sur base de suppositions et des expériences antérieures, revers de ces objets qui présente un aspect de surface
constituant une prise de risque pour le restaurateur pustuleux. Elle demande des traitements spécifiques,
indépendant. avec notamment l'immersion des pièces dans de
Au fur et à mesure de l'avancement du travail, nous longs bains de déchloruration. À cause de la fragilité
avons constaté un très mauvais état de conservation du matériel due à tous les problèmes évoqués précé-
de tous les objets. En plus d'être très fragmentés, ils demment, le degré de nettoyage initialement demandé
présentaient toutes les étapes de la minéralisation du a été revu avec la réalisation d'un avenant au marché
métal, du cœur métallique à la disparition complète de service initial, et c'est finalement une intervention
de certaines zones. La marmite de la tombe 1 (F650) complète qui a été effectuée : nettoyage approfondi,
les réunissait toutes. Rappelons ici la définition de la remise en place de tous les fragments pour éviter les
corrosion métallique : la corrosion est l'ensemble des pertes et compléter les profils, doublage et comblement
processus physico-chimiques qui s'établissent entre le pour consolider et stabiliser l'objet, indispensable
métal et le milieu à partir de la surface du métal et qui pour assurer la pérennité de ce matériel. Des conte-
provoque le retour du métal à un état minéral, proche nants adaptés ont été directement réalisés au Centre
de celui du minerai, plus stable. La corrosion est un de Conservation et d'Étude (CCE) du SPW à Saint-
phénomène spontané et irréversible (Bertolon & Relier, Servais selon les normes en vigueur et en collaboration
1990, p. 171). Cet état de retour à l'état minéral se avec le personnel du CCE. Une attention particulière a
88
également été portée sur le prélèvement en zones des esquilles osseuses ont été découverts concentrés sous
sédiments, dans le but de mener une campagne d'ana- le couvercle, autant dans le remplissage que sur le fond
lyse et d'identification. de la marmite. Un noyau a également été retrouvé dans
le creux de la carène.
Le matériel La passoire et le puisard (cola), très fins, minéra-
lisés à cœur et imbriqués l'un dans l'autre, n'ont pu
La tombe 1 (F650) renfermait le plus grand nombre être dissociés. Ils présentaient des cassures multiples
d'objets en alliage de cuivre. aux manches. Des racines se sont insinuées dans les
L'œnochoé est la pièce la mieux conservé, elle perforations du filtre de la passoire et dans le puisard,
comporte quelques pertes sur sa panse. Découverte découpant le fond en de multiples petits fragments
couchée, la face non lessivée présente une très belle devant être consolidés et fixés en place. Les perfora-
patine. L'anse est détachée, mais parfaitement reposi- tions du filtre de la passoire forment un décor. Le bord
tionnable grâce aux négatifs de soudure sur la panse et de la passoire a partiellement disparu et les sédiments
à l'ajustement parfait du col et de l'attache de l'anse. Le ont été conservés entre les deux bords restants, faisant
tout conserve encore un cœur métallique. ainsi office de renfort.
La patère ou bassin à manche (trulleum), qui présente La tombe contenait également deux paires de fibules
une très belle patine, a révélé un décor gravé au centre « à queue de paon » ayant perdu l'extrémité de leurs
de la face interne, très bien préservé malgré l'attaque pieds. Minéralisées à cœur, sans plus aucune cohésion,
de surface constatée au revers. Le manche et sa termi- elles n'ont pu être dégagées que grâce à une consolida-
naison en tête de bélier très fragiles sont minéralisés tion intensive et la conservation en place des matières
à cœur avec des risques de pertes de surface. La tête organiques présentes entre les paires de fibules, faisant
comporte encore une matière brune très dure, peut- aussi office de soutien. Elles restent malheureusement
être le reste du noyau de la fonte (Pernot, 1998). extrêmement fines et fragiles, difficilement manipu-
Le bol à filtre (Stainer bowl) présente un filtre décoré, lables.
déchiré et déformé. Sous le couvercle ont été décou- La tombe 1 comportait encore un anneau, deux
verts deux éléments triangulaires en plomb acco- petits boutons, un micro-fragment non identifié, laissé
lés à la paroi au ras du bord. Ce sont sans doute les en motte vu sa grande détérioration, et un élément de
supports du couvercle. Le filtre et le couvercle ont dû charnière.
être redressés et en partie comblés. Le bec verseur en La tombe 2 (F673) a livré trois fibules à ressort et un
forme de tête de canidé est très fragile et présente des disque en alliage cuivreux associé aux ossements inci-
perforations dues à la corrosion. Sur le bol, des traces nérés du défunt, le tout prélevé en motte. En accord
de cuprite accompagnées de pellicules argentées et de avec l'archéologue et l'anthropologue, le dégagement
résidus poussiéreux noirs rappellent des produits de des os a été effectué par la restauratrice, privilégiant
corrosion de l'étain. les objets plutôt que les ossements. Cependant, une
La marmite et son couvercle furent les éléments les attention très particulière a été portée sur le prélève-
plus complexes techniquement. En plus de leur grande ment des fragments osseux. Un relevé spatial et photo-
inégalité de conservation, les deux éléments étaient très graphique couche par couche a été effectué. Le disque
fragmentaires et déformés. Le couvercle se présentait plat de plus ou moins 10 cm de diamètre pourrait
en trois parties de conservation inégale avec des micro- être un miroir sans manche. Une bordure décorative
fragments. Un doublage complet et des comblements est présente sur une face. L'autre face, sans bordure,
ont été nécessaires pour pouvoir le reconstituer. Il était présente une patine bleu-noir. Des ossements étaient
muni d'un anneau de préhension en fer. Le dégagement accolés au disque avec pour conséquence la migration
fin a montré des restes fibreux de part et d'autre de cet des oxydes de cuivre sur les os. Il a été difficile dès lors
anneau. La marmite est écrasée sur un côté, rendant de séparer les éléments, avec comme conséquence la
l'accès à la surface interne difficile, et les nombreuses perte de micro-fragments sur le bord du disque.
cassures et perforations ont nécessité un doublage de
toute la face interne. Le fond de la marmite et le revers Conclusion
du couvercle présentaient une couche exceptionnelle-
ment épaisse d'oxydes de cuivre de ± 5 mm se déli- Dans l'ensemble, le travail fut long et minutieux
tant en plaques et révélant une surface partiellement mais scientifiquement concluant. Le rendu esthé-
patinée. Ce phénomène pose question quant à son tique est malheureusement décevant de par l'état de
origine. Provient-il des conditions d'enfouissement ? conservation des objets. Tout au long du processus de
D'une utilisation particulière ? D'un contenu spécial restauration, un dialogue permanent entretenu entre
lors de l'inhumation ? Des fragments de clous et des la restauratrice, les archéologues et les membres du
89
CCE a permis de répondre à nombre de questions de ■■ Pernot M., 1998. Archéométallurgie de la transformation
part et d'autre, faisant de ce dossier une expérience des alliages à base de cuivre. In : L'innovation technique au
très enrichissante pour chacun. L'expérience d'ar- Moyen Âge. Actes du VIe Congrès international d'archéologie
chéologue associée à celle de la restauration présente médiévale (1-5 octobre 1996, Dijon – Mont Beuvray – Chenôve –
Le Creusot – Montbard), Caen (Actes des congrès de la Société
tout son intérêt car elle implique une compréhension
d'archéologie médiévale, 6), p. 123-133.
des besoins de chacun avec un langage commun.
Une restauratrice extérieure au SPW à participé aux
fouilles, conseillant les archéologues et aidant à la mise
en place de mesures préventives. Malheureusement,
elle n'a pas suivi les objets tout au long du processus Enghien/Petit-Enghien : une structure à
menant à leur restauration complète, ce qui lui aurait combustion du type « charbonnière »
permis une vision globale au gré des différentes phases.
Une intervention rapide est la clé d'un résultat opti-
mal. Même si dans le cadre de cette fouille, tous les Nicolas Authom
moyens ont été mis en œuvre rapidement, le délai d'un
an a tout de même causé des dommages. Ce problème La création d'une station de biométhanisation a été
est aujourd'hui activement pris en compte et le traite- l'occasion d'une surveillance archéologique aux abords
ment prioritaire des tombes de Ghislenghien en est la de la ferme du château de Warelles (parc. cad. : Enghien,
première application. 3e Div., Sect. C, nos 109c et 100a ; coord. Lambert :
L'enjeu dans le futur sera la conservation préventive 128386 est/151910 nord), seigneurie implantée au
de ces objets car même restaurés, il restera toujours 18e siècle sur le territoire de Petit-Enghien (R. Noir
des principes actifs au cœur de la matière tant qu'elle Mouchon, 1997). De nombreux sites, prospectés et/
n'est pas complètement minéralisée. En cas d'absence ou fouillés préalablement aux travaux de la LGV et
de conditions stables la corrosion reprendra que ce mentionnés à l'inventaire du patrimoine archéolo-
soit pour les objets en alliages ou encore plus s'il s'agit gique, ont également motivé cette intervention.
d'objets ferreux. Une surface de plus de 1 000 m2 a été décapée : hormis
Beaucoup de questions restent encore en suspens, un remblai moderne condamnant une dépression
comme les compositions chimiques, l'origine de la naturelle, a été mise au jour, à 0,60 m sous la surface
couche d'oxydes de la marmite… Nous espérons que les actuelle, une fosse à rejet cendreux. Partiellement hors
analyses prévues pourront y répondre. Des recherches emprise, elle est de plan rectangulaire (2,36 m × 0,90 m
peuvent également être entamées quant aux raisons de à 0,96 m) et conservée sur une profondeur de 0,08 m
la détérioration particulière des objets de ce site, tant à 0,26 m. Le fond est plat et recouvert d'une charge de
sur les alliages cuivreux, le fer ou encore la céramique. charbon de bois dont l'épaisseur est irrégulière (0,03 m
à 0,15 m). Celle-ci est surmontée de manière inégale par
Bibliographie un mélange de limon lessivé gris clair, de limon brun-
■■ Bertolon R. & Relier C., 1990. Les métaux archéologiques. jaune et de quelques éléments de terre rubéfiée. L'action
In : Berducou M.-C. (coord.), La conservation en archéologie : du feu n'a pratiquement pas marqué le sol encaissant, à
méthodes et pratique de la conservation-restauration des vestiges l'exception d'un court tronçon (0,60 cm) le long de la
archéologiques, Paris, p. 164-221. paroi sud (épaisseur de rubéfaction max. : 2 cm) et une
■■ Danese V. & Hanut F., 2014. Ath/Ghislenghien : deux petite zone irrégulière dans la moitié nord. Aucun arte-
sépultures privilégiées d'époque augusto-tibérienne au cœur fact n'a été trouvé dans le remplissage supérieur, ni dans
du territoire nervien, Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, la couche de charbon de bois dont une grande partie a
p. 110-116. été prélevée en vue d'analyses ultérieures.
■■ Danese V. & Hanut F., 2015. Découverte de deux sépultures Les recherches sur ce type de structures, il y a peu
privilégiées d'époque augusto-tibérienne au cœur du territoire encore énigmatiques (Bosquet & Livingstone Smith,
nervien (Ath/Ghislenghien), Bulletin du Cercle royal d'Histoire
1995 ; Remy & Soumoy, 1996, p. 56) ou parfois abusi-
et d'Archéologie d'Ath et de la Région, 13, 238, p. 109-127.
vement interprétées comme funéraires, ont évolué ces
■■ Païn S., 2015. Manuel de gestion du mobilier archéologique. dernières années. Les fouilles menées entre autres à
Méthodologie et pratiques, Paris (Documents d'archéologie
Ghislenghien (Danese, 2014 ; 2015), Emblem (Deforce,
française, 109).
Marinova & Dalle, 2015, p. 75-79) ou Zoersel (Deforce
et al., 2013) ont permis d'observer de nombreuses
structures aux caractéristiques semblables, interprétées
comme des charbonnières. Le plan de ces dernières
évolue depuis une forme rectangulaire lors de la période
90
■■ R. Noir Mouchon, 1997. R. Noir Mouchon, nos 14-15. La surveillance couvrait un tracé de voirie de
Château de Warelles. In : Province de Hainaut. Arrondissement 2 200 m de long, depuis la ferme Chassart jusqu'au
de Soignies, Liège (Le Patrimoine monumental de la Belgique, lieu-dit « Phillipebourg » ; les sondages étaient implan-
231), p. 352-356. tés à mi-chemin entre l'agglomération de Liberchies
■■ Remy H. & Soumoy M., 1996. Chronologie des occupations (à 8,5 km au sud-ouest) et la bourgade de Baudecet/
et bilan archéologique. In : Remy H. & Soumoy M. (dir.), Sur la Sauvenière (à 13 km au nord-est). La voirie, depuis la
voie de l'histoire. Archéologie et TGV, Namur (Études et Docu- ferme Chassart jusqu'au croisement avec la rue Sart
ments, Fouilles, 2), p. 53-56.
Maletto, est conservée sous la forme d'un chemin
de terre carrossable ; au-delà, et jusqu'au croisement
avec la RN93, toute trace de chemin a disparu sous les
terres agricoles. Enfin, après la nationale, le chemin
Fleurus/Brye et Villers-la-Ville/Marbais : n'est plus carrossable mais son tracé est matérialisé
analyse stratigraphique de la chaussée par un talus de végétation marquant la limite parcel-
romaine Bavay-Cologne laire où subsistent, çà et là, quelques vestiges d'une
voirie moderne comme des panneaux de circulation et
du bitume.
Nicolas Authom et Olivier Collette Deux sondages perpendiculaires à la chaussée ont
particulièrement retenu l'attention : le premier (S1)
La voie antique Bavay-Cologne (sur le sujet, entre pour le bon état de conservation des niveaux anciens
autres : Bailleux & Graff, 1993 ; Brulet, 2008, p. 55-80 ; du chemin et la pédogénèse des sols sur lesquels la voie
Corbiau, 1997 ; 2014, p. 4-10 ; Corbiau & Bausier, 2015 ; a été implantée, le second (S2) pour sa stratigraphie
Deramaix, 2006 ; De Waele & Soumoy-Goffart, 1988, tout à fait différente alors qu'il n'est éloigné que de
p. 114-121 ; Jurion-de Waha, 1984, p. 60-64) marque la 500 m du premier sondage.
frontière des territoires de Brye et de Marbais (Villers-
la-Ville, Brabant wallon). À cet endroit, la pose d'une Sondage S1
conduite d'eau commanditée par la Société wallonne
des Eaux a permis au Service de l'archéologie de la Le sondage est long de 10 m pour une profondeur
Direction extérieure du Hainaut 1 (DGO4 / Dépar- moyenne de 2,20 m sous la surface actuelle, avec un
tement du patrimoine) d'assurer une surveillance des approfondissement ponctuel jusqu'à 3 m au niveau
travaux et de bénéficier du creusement de sondages, de l'ancienne canalisation. Aucune information perti-
réalisés par la société TEGEC, en vue de retrouver une nente n'a pu être dégagée en plan, le sondage, effectué
ancienne conduite d'eau déjà présente sous le chemin en paliers, n'excédant pas plus de 1 m de large. Le profil
actuel. L'opération et certains sondages destinés présente une interruption côté nord (0,80 m de large)
uniquement au volet archéologique étaient intégrés au causée par la pose de l'ancienne conduite d'eau.
cahier des charges de l'entreprise, offrant une collabo- Le sol encaissant est un limon argileux jaune à glosses
ration aisée entre les différents intervenants. de décoloration et fentes de retrait (a) surmonté d'un
niveau brun limoneux (Bdark) (b) ; ces horizons d'élu-
viation ont été recouverts d'un fin dépôt de ruisselle-
ment silteux. Sur celui-ci, un épais remblai limoneux
Coupe de la chaussée au niveau du sondage S1 (infographie C. Tesch, Serv. archéologie, Dir. ext. Hainaut 1).
homogène à fins constituants (c) semble avoir été un niveau de circulation cohérent. Une succession de
artificiellement apposé ; son profil rectiligne et plat recharges (ép. : ± 30 cm) ont été apportées au-dessus
suggère une mise à niveau de la surface du sol. Les de ce niveau, composées de limons sableux mêlés à des
dimensions restreintes du sondage ne permettent pas cailloux, des galets et rythmées par de fines couches de
d'identifier ce remblai comme une phase préparatoire sables oxydés (j). Enfin, est apposé un dernier niveau
à l'installation de l'assiette de la voirie. Aucune couche dont la composition est proche des autres recharges
humifère n'a été observée ni de bioturbations typiques mais l'aspect plus hétérogène ne présente pas une
d'un horizon de surface ; le contact très irrégulier avec organisation stratifiée et la charge en galets et pierres
la couche inférieure peut résulter d'un arrachage de est bien moins importante (k). S'y retrouvent encore
surface. Au-dessus de ce remblai se trouve un limon
homogène, gris clair, marqué d'un réseau de fines frac-
tures horizontales, soulignées d'oxydes de fer, et reliées
entre elles par d'autres fractures perpendiculaires (d).
Ce limon lessivé et remanié pourrait avoir été appor-
té par ruissellement durant un laps de temps assez
long, vu son épaisseur (jusqu'à 0,60 m). Après dépôt,
cette couche a subi des compressions nombreuses et
répétées (traces de circulation ?) qui ont provoqué
l'apparition d'une structure « feuilletée ». L'étude de
ces deux strates a fait l'objet d'observations en lames
minces.
Un radier de pierres forme l'assise de la voirie ; il
s'agit d'un mélange de grès, de calcaires, de phyllades
et quartzophyllades, de tailles et formes irrégulières,
liés entre eux par une argile brunâtre (e). Au-dessus,
sont appliquées deux couches successives de sable
limoneux : un sable gris, dense, recouvrant les pierres
(f), surmonté d'un sable jaune, à la texture plus hété-
rogène (g). L'épaisseur de la couche de sable jaune,
plus importante au nord, tend à s'affiner vers le sud où
elle vient buter contre une grosse pierre (h). Celle-ci
marque l'extrémité de l'aménagement et est interprétée
comme une bordure destinée à maintenir le radier et le
sable. Couvrant cette assise, une couche compacte de
cailloux schisteux et schisto-phylladeux est mélangée
à un limon cohérent non carbonaté (i). Des gisements
de ce type de schiste sont connus à Villers-la-Ville. La
bordure est recouverte par cette strate dont la surface Détail de la bordure et des différentes charges formant la
voirie.
plane et légèrement bombée semble correspondre à
93
Chronologie et conclusion
clairement l'époque de construction. ■■ Corbiau M.-H., 2014. Les voies romaines à travers nos
Toutefois, certains indices issus des sondages régions. In : Coquelet C. (dir.), L'archéologie en Wallonie.
témoignent d'aménagements déjà observés, lors de L'époque romaine. Voies de communication, établissements
fouilles plus anciennes, sur d'autres tronçons de la ruraux et agglomérations, Namur (Carnets du Patrimoine, 113),
chaussée ; tronçons qui, eux, sont avérés antiques par p. 4-10.
le matériel archéologique qui y est associé. C'est le cas ■■ Corbiau M.-H. & Bausier K., 2015. Les voies de commu-
du fossé de traçage axial, repéré dans le sondage S2. nications en pays nervien. In : Bausier K. & Beirnaert-
Mary V. (dir.), Rome en pays nervien. Retour sur notre passé
Tout porte à croire qu'il est le prolongement du fossé
antique, Ath – Bavay, p. 88-96.
no 35, fouillé à Villers-Perwin, dont l'analyse stratigra-
phique a confirmé un comblement antérieur au règne ■■ Deramaix I., 2006. Binche, Waudrez. Chaussée romaine,
constructions riveraines et nécropole. Rapport de fouilles menées
de Domitien. Si les remblais supérieurs ne peuvent être
lors d'aménagements modernes, Namur (Études et Documents,
attribués chronologiquement, le fossé de traçage laisse Archéologie, 11).
peu de doute quant à son caractère antique. Il est le
■■ De Waele É. & Soumoy-Goffart M., 1988. Villers-Perwin :
préalable à la construction de la voirie, axe figé dans le
la chaussée romaine Bavay-Cologne. In : Activités 86 à 87 du
paysage à l'époque augustéenne. S.O.S. Fouilles, 5, p. 114-121.
Dans le cas du sondage S1, la mise en œuvre de la
■■ Jurion-de Waha F., 1984. Coupe dans la chaussée Bavai-
voirie correspond au modèle antique : une bordure, un Cologne à Gouy-lez-Piéton. In : Activités 81 à 83 du S.O.S.
radier de pierre, les charges de sable et galets et un revê- Fouilles, 3, p. 60-64.
tement supérieur (Anderson et al., 2003, p. 175-184) ;
bien sûr, les composantes utilisées sont adaptées, selon
la région, aux matières premières disponibles.
L'information récoltée quant aux dimensions de la
chaussée est, elle, tronquée et ne peut être comparée Hensies/Hensies : habitat du Haut-Empire
avec d'autres sites étudiés. Dans le cas du sondage S1, à « La Neuville », estampille sur sigillée
des travaux modernes ont détruit une partie des infor- non répertoriée et petit matériel divers
mations et, dans le sondage S2, les vestiges construits
ont été érodés par les passages et les éléments naturels,
avant de laisser la place à un chemin creux, petit à petit Jean Dufrasnes et Éric Leblois
remblayé.
Les futures analyses menées sur les sédiments sous- En 1986, des prospections menées par l'un des auteurs
jacents à la chaussée révèleront l'environnement préa- (J.D.) permirent de repérer les vestiges d'une construc-
lable à la pose de la chaussée et la présence ou pas tion d'époque romaine au lieu-dit « La Neuville »
d'activés humaines antérieures sur ce plateau. (parc. cad. : Hensies, 1re Div., Sect. A, nos 204c et 206g).
Enfin, il est intéressant de signaler que pour ces Connu depuis le milieu du 19e siècle, ce site figure sur
deux sondages, le tracé actuel (soit toujours visible, différentes cartes archéologiques (Van Bastelaer, 1880 ;
soit matérialisé par la végétation) n'a pratiquement pas de Loë & de Munck, 1890).
dévié de son axe au cours des siècles, si ce n'est un élar- Outre quelques petits objets métalliques et un sigle
gissement ponctuel (m) rapidement abandonné sous sur sigillée, trois fragments de meules tournantes en
un remblai et les terres de culture. « arkose » de Macquenoise furent aussi découverts
lors de ces recherches (De Braekeleer, Dufrasnes &
Bibliographie Houbion, 1989, p. 160-163, pl. VI-VIII, photos 12-13.
■■ Anderson T.J., Agustoni C., Duvauchelle A., Serneels V. Détermination du matériau par Paul Picavet). Un
& Castella D., 2003. Des artisans à la campagne. Carrière de sesterce fruste valut au site d'être enregistré au Cabinet
meules, forge et voie gallo-romaines à Châbles (FR), Fribourg des Médailles de Bruxelles sous le numéro 7381001.
(Archéologie fribourgeoise, 19).
■■ Bailleux G. & Graff Y., 1993. Trente ans de fouilles à Liber- Alliage cuivreux
chies, Romana Contact, sans no.
■■ Brulet R. (dir.), 2008. Les Romains en Wallonie, Bruxelles. – Tête d'une fibule à ressort protégé (5). Le raccord
■■ Corbiau M.-H., 1997. La chaussée romaine Bavay- de l'arc à l'étui, courbe, et les cannelures la rattachent
Tongres, un patrimoine monumental remarquable. In : au groupe 4, type 4, variante 1 ou 2 d'Émilie Riha
Corbiau M.-H. (dir.), Le patrimoine archéologique de Wallonie, (1994 : 1er siècle). Dim. : 1,8 × 1,4 x 0,8 cm. Les fibules
Namur, p. 274-276. à ressort protégé ne se rencontrent pratiquement pas
dans cette zone du fond de la vallée de la Haine, les
traces d'occupation datant du 1er siècle sont d'ailleurs
95
Plomb
Pierre
Hensies/Montrœul-sur-Haine : vestiges
gallo-romains du Haut- et du Bas-Empire
recueillis au lieu-dit « La Préelle »
Hensies, « Coron Franoé » : fragment d'une coupe moulée Jean Dufrasnes et Éric Leblois
Drag. 37 en terre sigillée du Sud de la Gaule.
Les petits objets en alliage cuivreux type Tongeren 352 (le plus répandu au 3e siècle ;
Vanvinckeroye, 1991) ;
Deux fragments de fibules à charnière en étui furent – dolia, généralement en pâte septentrionale, mais
découverts. aussi en pâte à dégraissant grossier ;
– Le premier (1) s'intègre au groupe 23d4a de – commune sombre : assiette NerA6 (seconde moitié
Jacques Philippe (2000, no 412 : ca 50-80/90 apr. J.-C.). du 2e siècle à Bavay), marmites NerM1, NerM2 (proches
Ce modèle est connu à Augst dans des contextes plus d'exemplaires mis au jour à Bavay et à Étroeung dans
tardifs (Riha, 1979, no 924 ; 1994, no 2416, p. 114, des contextes de la première moitié du 3e siècle) et
variante 5.7.7). L. : 3,4 cm. À l'échelle régionale, un NerM6, jattes NPicJ4 et NPicJ22b (Blondiau, Clotuche
fragment semblable provient de Tertre (Dufrasnes & Loridant, 2001 ; Collectif céramique-ABG, 2010) ;
& Leblois, 2010) et une fibule appartenant au même – pot à provisions à lèvre plate et horizontale et pot à
groupe fut trouvée sur le site de la villa de Meslin- provisions à lèvre évasée (Brulet, Dewert & Vilvorder, 2001,
l'Évêque (Dufrasnes, 1993, pl. II, no 1). p. 292 : principalement dans des contextes du 3e siècle) ;
– Le second (2) correspond au type Riha 5.5.5 (1979, – fragment de la panse d'un récipient en céramique
no 754, fibule exhumée dans un contexte daté de la modelée.
période 70-250 apr. J.-C.). À Augst toujours, les autres
fibules de ce groupe sont principalement attribuées à Vestiges du Bas-Empire
la seconde moitié du 1er siècle apr. J.-C. (Riha, 1994,
p. 109, tableau typo-chronologique). L. : 3,8 cm. Les monnaies
Mentionnons aussi une fiche de passe-guide présen-
tant une section rectangulaire (3). L. : 4,4 cm. De 1. Constantin II (330-332), Constance II (330-335) ou
tels fragments sont notamment connus à Hensies Constant (334-335).
(Dufrasnes & Leblois, 2009, Hensies I, nos 32-34) et à A. Buste lauré d'un empereur à droite.
Sirault (Dufrasnes, 2005, fig. 2, no 5). R. Deux soldats encadrant deux étendards.
Diam. : 15 mm.
2. Monnaie indéterminée du 4e siècle (peut-être une
imitation ?).
A. Buste d'un empereur à droite (lauré ou perlé ?).
R. Personnage à gauche vêtu d'une tunique courte. Le
bras droit s'appuie sur une lance.
Diam. : 22 mm.
La céramique
Hensies, « La Préelle » : petits objets en alliage cuivreux : 1 et – Deux fragments de récipients en terre sigillée d'Ar-
2. Fragments de fibules ; 3. Fiche de passe-guide ; 4. Languette gonne ornés d'un décor imprimé à la molette. Il s'agit de
indéterminée.
La céramique
deux coupes hémisphériques Chenet 320, la première ■■ De Laet S.J. & Thoen H., 1969. Études sur la céramique de la
associée à la molette U.C. 58, attestée à Avocourt 3 nécropole gallo-romaine de Blicquy. IV. La céramique « à enduit
et aux Allieux, la seconde à une autre molette trop rouge-pompéien », Helinium, IX, p. 28-38.
usée pour être identifiée en toute certitude (peut-être ■■ Deru X., 1996. La céramique belge dans le nord de la Gaule.
U.C. 108, attestée à Avocourt 3, aux Allieux et à Châtel- Caractérisation, chronologie, phénomènes culturels et écono-
Chéhéry, groupe Hübener 5, ca 340-430). miques, Louvain-la-Neuve (Publications d'Histoire de l'Art et
d'Archéologie de l'Université catholique de Louvain, 89).
Honnelles/Roisin : fragments de bronze de la face figurée (ép. de la plaque variable entre 0,1 et
figurant un putto et applique à buste de 0,15 cm). Le second fragment, de taille plus modeste
(2,2 × 1,8 × 0,5 cm), porte la représentation d'une main
Silène
droite refermée sur un objet à l'extrémité circulaire.
Découvert à quelques mètres du premier et présen-
Jean Dufrasnes tant les mêmes caractéristiques, il appartient au même
objet mais, en raison de la taille de la main, pas au
C'est lors de prospections, effectuées par l'auteur le même personnage. L'identité de celui figurant sur le
6 janvier 1990 que furent découverts les bronzes figu- plus grand fragment ne fait aucun doute : il s'agit d'un
rés dont il sera ici question. Ils gisaient en surface putto, omniprésent dans le répertoire des arts décora-
d'un champ jonché de fragments de tegulae au lieu- tifs de l'époque romaine. Il pourrait s'intégrer au décor
dit « Boutinier » ou encore « Trente Saules » (parc. bachique d'un vase, tels ceux découverts ancienne-
cad. : Honnelles, 1re Div., Sect. B, zone sud du no 458w). ment à Bois-et-Borsu I et à Tongres (Faider-Feytmans,
Ces recherches permirent aussi la récolte de douze 1979, I-II, nos 347 et 374. H. respectives : 8,4 et 9,5 cm ;
monnaies, dont la plus ancienne est un Rameau D et den Boesterd, 1956, nos 310 et 311. H. respectives : 6,3
la plus récente un follis Urbs Roma des années 330-335 et 8,7 cm. 2e siècle). Cependant, la hauteur que devait
(van Heesch, 1998, p. 285-286). De fouilles ancien- avoir le personnage (estimée à plus ou moins 7 cm)
nement pratiquées sur le site proviennent également et l'absence apparente de courbure du fragment, tant
deux appliques figurant la tête de Méduse, une poignée dans le plan horizontal que vertical, s'accordent assez
métroaque et une applique au Silène sur laquelle nous mal avec cette hypothèse. D'autre part, la paroi interne
reviendrons ci-après (De Pauw & Hublard, 1903, de ces vases est égale, comme cela a pu être observé
p. 22-24, pl. III, nos 2-5 ; Faider-Feytmans, 1979, I-II, sur ceux précités exposés aux Musées royaux d'Art
nos 166, 170-171 et 185). et d'Histoire de Bruxelles. La découverte d'appliques
1. Fragments de tôle en bronze coulé. Sur le plus à buste de Silène sur le site inciterait à penser qu'il
grand (5,6 × 4,3 × 0,6 cm) apparaît une bonne partie pourrait s'agir d'une plaque décorative de coffret.
d'un corps nu et potelé, légèrement tourné vers la Cependant, les quelques exemplaires rencontrés dans
droite. La tête, le bras et le pied droits ainsi qu'une la littérature consultée sont tous réalisés en mince tôle
partie de la jambe gauche manquent. Les pectoraux de bronze estampée et non coulée (par ex. : Faider-
sont saillants, un sillon légèrement oblique, peut-être Feytmans, 1979, nos 215-216 et 225 ; Fauduet, 1992,
accidentel, se situe à hauteur de l'estomac et le triangle nos 113-119, 121-124 et 130a).
pubien, surmonté par le pli formé par le ventre, s'ex- 2. Cheville à buste de Silène. Deux oreilles de cheval
hibe en relief sans pour autant que soient représentés et de petites cornes encadrent le crâne chauve. Le nez
les organes génitaux. Le bras gauche s'écarte du corps est épaté et une imposante barbe comporte six tresses
et la main, à peine esquissée, tient ou s'appuie sur un étagées sur deux rangs. Le fleuron supportant le buste,
objet indéterminé. La jambe droite, portée en avant, contrairement à d'autres exemplaires, mais comme sur
suggère la marche. Le revers creux épouse les reliefs l'applique au Silène découverte anciennement sur le
site (De Pauw & Hublard, 1903, p. 215, pl. III, no 4 ;
de Loë, 1937, p. 168-169 ; Faider-Feytmans, 1979, I-II,
no 166), se réduit à un bord étroit en relief sur lequel de
simples encoches marquent la séparation des pétales.
Un tenon perforé de section rectangulaire, venu de
coulée, équipe le revers plat. H. : 3,8 cm ; l. : 2,8 cm ;
ép. y compris le tenon : 3 cm (exposé à l'Espace gallo-
romain d'Ath).
Ce type d'applique, à buste enté sur un fleuron à trois
pétales, se rencontre fréquemment en Belgique et dans
le nord de la France (Faider-Feytmans, 1979, I, p. 21).
Dans certains cas, deux rivets à tête discoïde assuraient
leur fixation sur du cuir (par ex. : Doyen, 1987, fig. 4 ;
Dufrasnes, 2004, no 50). Sur une poignée de Taviers,
un robuste tenon, exceptionnellement en fer, remplace
les rivets (Doyen, 1987, fig. 3). En ce qui concerne
Fragments de bronze représentant le corps d'un putto et une l'applique découverte anciennement au « Boutinier »,
main.
Germaine Faider-Feytmans signale simplement un
102
■■ Faider-Feytmans G., 1979. Les bronzes romains de Belgique, observée sur 5 m de longueur. La pièce centrale consiste
II vol., Bruxelles – Mainz am Rhein. en un local de 6 × 11 m intra-muros, occupant toute la
■■ Fauduet I., 1992. Musée d'Évreux. Collections archéologiques. largeur de l'édifice sans subdivision interne.
Bronzes gallo-romains. Instrumentum, Évreux. À l'ouest du diverticule et très proche du secteur J,
■■ van Heesch J., 1998. De muntcirculatie tijdens de Romeinse un puits maçonné a été découvert, fort bien conservé
tijd in het noordwesten van Gallia Belgica. De civitates van de jusqu'à la base de la couche arable. Il est construit en
Nerviërs en de Menapiërs (ca. 50 v.c.-450 n.c.), Brussel (Mono- larges blocs de grès siliceux formant un cylindre de
grafie van nationale archeologie, 11). 1,20 m de diamètre. Il a été vidé jusqu'à 1,50 m sous la
surface du sol. Son remblai de terre brunâtre contenait
Sources peu de matériel.
■■ Manfrini-Aragno I., 1987. Bacchus dans les bronzes De nombreuses fosses comblées ont été découvertes
hellénistiques et romains. Les artisans et leur répertoire, Thèse et explorées dans ces deux tranchées de fouilles. Cinq
présentée à la Faculté des lettres de l'Université de Lausanne d'entre elles s'inscrivent dans l'aire du bâtiment. La
pour obtenir le grade de docteur ès lettres. plus grande de celles-ci, de forme ovoïde de 3 m de
diamètre, était profonde de 1,50 m et contenait de la
céramique du 1er siècle.
Entre le diverticule et le bâtiment, une vaste fosse
Pont-à-Celles/Luttre : campagne de arrondie de 3,50 m de diamètre comblée de débris de
fouilles 2015 de Pro Geminiaco au vicus construction en bois et torchis atteignait la profondeur
des Bons-Villers à Liberchies de 2,15 m. L'abondante céramique qu'elle contenait est
datable de la première moitié du 1er siècle apr. J.-C. Au
sud du bâtiment, trois autres fosses encore ont fourni
Jean-Claude Demanet, Fabienne Vilvorder, de la céramique du 1er siècle apr. J.-C.
Xavier Sollas, Éric Lurquin, Pascal Vergauts Une centaine de petits objets en alliage de cuivre ou
et Willy Bayot en fer ont été récoltés de même que soixante et une
monnaies, dont beaucoup sont mal conservées. Il s'agit
En juillet et août 2015 la campagne de fouilles de Pro de monnaies gauloises et des trois premiers siècles de
Geminiaco à Liberchies a permis d'achever l'explora- notre ère. Parmi la céramique, il faut relever un encrier
tion du secteur L, entamée en 2013 et 2014, jouxtant intact en terre sigillée issue d'un atelier argonnais.
à l'ouest le secteur J publié dans le volume Liber-
chies VI (Demanet & Vilvorder, 2015). Comme les Bibliographie
deux années antérieures, deux tranchées parallèles de ■■ Demanet J.-C., Lurquin É., Bayot W., Sollas X., Clavel P.
5 × 25 m, séparées par une berme de 1 m de large, ont & Vergauts P., 2015. Pont-à-Celles/Luttre : campagne de
été ouvertes à 1 m au sud des tranchées précédentes et fouilles 2014 de Pro Geminiaco au vicus des Bons-Villers à
parallèles à celles-ci, orientées à 45° par rapport à l'axe Liberchies, Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 118-119.
de la voie antique. ■■ Demanet J.-C. & Vilvorder F., 2015. Liberchies VI. Vicus
Un nouveau segment du diverticule qui sépare les gallo-romain. Zone d'habitat dans le quartier ouest. Fouilles de
deux secteurs a été mis au jour dans la partie ouest de Pro Geminiaco (1995-2007), Louvain-la-Neuve (Collection
ces deux tranchées, portant à 40 m la longueur dégagée d'archéologie Joseph Mertens, XVI).
de ce diverticule perpendiculaire à la chaussée antique
et d'une largeur solidement empierrée en moyenne de
5 m.
À l'est du diverticule et à 7 m au sud du bâtiment
découvert les deux années précédentes (bâtiment L ;
Demanet et al., 2015), un nouveau bâtiment à fonda-
tions de pierre a été partiellement dégagé. Il forme un
quadrilatère de 8,50 m de large et de plus de 9 m de long,
dont les fondations sont en général bien conservées.
Divisé en deux parties par un mur de refend, seul le local
ouest a été complètement dégagé : ses mesures internes
sont de 3,60 × 6,70 m. Vers l'est, un second local large de
6,70 m se poursuivait au-delà des tranchées de fouilles.
Passant sous le mur ouest de ce bâtiment, la trace de la
fondation arrachée d'une construction antérieure a été
104
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Binche/Buvrinnes : fouille de la zone de
chute d'un Messerschmitt Bf 110 G
Plan du parc de Mariemont indiquant les différents agrandissements fonciers au cours du 19e siècle (datés) et les tronçons déduits de
l'observation de terrain (A-T). D'après Plan du Parc de Mariemont appartenant à Monsieur R. Warocqué, 1906 (infographie J. Periaux,
Musée royal de Mariemont).
108
Le legs du domaine à l'État belge, à la mort de ce limites de 1840 et de 1870 (tronçon B).
dernier en 1917, a définitivement scellé le tracé du mur Après cette date et en particulier depuis le décès de
d'enceinte. Raoul Warocqué, les limites foncières n'ont plus été
En comparant le Plan du parc de Mariemont appar- modifiées.
tenant à Monsieur R. Warocqué (1906), présentant la Cependant, limite foncière ne signifie pas nécessai-
succession des phases d'agrandissement du domaine, à rement enclavement physique par un mur de clôture.
celui qui résulte de l'observation des portions d'enceinte, Une palissade, qui existait déjà en 1794 d'après les
on obtient une sorte de « patchwork » dont les différents archives du Département de Jemappes, a pu persister
tracés devraient refléter les étapes d'appropriation. durant le premier tiers du 19e siècle et être ensuite
S'appuyant sur ce plan, une première hypothèse remplacée par un mur ou une clôture, à la faveur d'un
s'organise comme suit. premier ou d'un second agrandissement et de l'édifica-
1. Un premier mur de briques aurait pu être érigé tion des conciergeries par exemple.
vers 1830, à l'acquisition de la propriété par Nico- Par ailleurs, il faut aussi compter sur les inévitables
las Warocqué. Cette portion (correspondant aux tron- phases de réparation qu'a dû connaître le mur, dont
çons R, S et T sur le plan) se distribuerait dans la partie certaines sont renseignées, quoique de manière laco-
orientale du parc, partant de l'entrée principale (drève) nique. Les archives de la Direction de la restauration
vers la gauche, face à la grille, et se terminant dans les (DGO4 / Département du patrimoine) conservent une
environs de l'actuel centre pour réfugiés (à l'emplace- demande adressée en 1945 par Germaine Faider, alors
ment des anciens bureaux des charbonnages de Marie- conservatrice du Musée, au Ministère des Travaux
mont, remplacés ensuite en clinique spécialisée dans publics de faire réparer le mur du parc de Mariemont
le traitement des maladies du travail minier, avant de qui s'écroule en trois endroits, entre les bureaux des
connaître son affectation actuelle). Charbonnages et la Drève dite de Mariemont.
2. À la faveur des travaux de construction des pavil- Le traitement des données recueillies sur le terrain
lons d'entrée vers 1840 (la grille ayant été fournie en doit permettre d'évaluer et, le cas échéant, corriger les
1839 et la drève percée en 1843), une partie du mur de cinq étapes théoriquement définies par cette première
clôture aurait été érigée, partant vers la droite de l'en- hypothèse.
trée principale et tournant vers le nord (tronçon A). C'est surtout au niveau de l'appareil, du format et du
3. Une troisième portion (tronçons C-G) aurait été type de briques (moulées main ou mécaniques) qu'ap-
aménagée vers 1870. Elle comprend aujourd'hui une paraissent des indications stratigraphiques.
partie extra-muros très escarpée et des enclavements Un autre élément intéressant à mettre en lumière est
correspondant à des habitations privées, leurs dépen- le système de drainage, les deux types principaux étant
dances et leurs jardins. le cylindrique en terre cuite ou la simple ouverture
4. La partie méridionale du parc était propriété des d'une brique sur champ.
Warocqué dès la deuxième moitié du 19e siècle, en Quant aux couvre-murs, il est délicat de les utiliser
bonne entente avec la Société des charbonnages. Les comme marqueur chronologique. Les portions de mur
parcelles relèvent presque équitablement de l'un et ont manifestement été l'objet de campagnes de recou-
l'autre propriétaire, suivant la technique du damier, vrement indépendantes des élévations, dans le cadre
encore observée de nos jours dans le cas de proprié- d'autres réparations, voire même en-dehors de celles-ci.
tés agricoles par exemple. Si l'un des deux ayants Cela est également valable pour les pieds de mur,
droit décide de modifier une parcelle, l'autre, dont la qui consistent essentiellement en un enduit au ciment,
propriété est contiguë, en est immédiatement averti. dont la liaison avec l'élévation n'est pas assurée : l'enduit
Cette technique permet de verrouiller l'affectation du a pu être appliqué (bien) après l'élévation. Les joints
foncier sans devoir en assumer la totalité des charges. sont également difficiles à interpréter, considérant les
Le dernier descendant, Raoul Warocqué (1870- campagnes de rejointoyage qui ont immanquable-
1917), annexe et enclave cette zone (tronçons H-Q) ment jalonné la vie du mur depuis son élévation. Les
comprenant les ruines du 18e siècle dans le parc privé mortiers de blocage sont généralement difficilement
familial en 1893. Pour ce faire, il détourne deux voiries accessibles, à quelques exceptions près.
communales, l'une nord/sud, montant de la gare de Un découpage par tronçons a été effectué sur plan en
Mariemont vers La Hestre, qui sera remplacée par fonction des caractéristiques les plus pertinentes pour
l'actuelle chaussée de Mariemont, et l'autre est/ouest, les distinguer, puis superposé aux portions historiques
située perpendiculairement à l'axe de la cour d'hon- déduites des recherches préalables. L'interprétation
neur et cheminant derrière l'orangerie du 18e siècle. de cette superposition n'est pas aisée. Elle touche à la
5. La dernière étape d'appropriation du domaine fois aux limites de notre première hypothèse (limite
remonte à 1899 et permet de faire la liaison entre les foncière n'est pas nécessairement limite physique et
109
le lot des inévitables réparations qu'a dû subir le mur ment, dont celles de 1870. Cela n'est pas impossible
depuis sa [ses] création[s]), dont il a déjà été ques- naturellement, mais l'aspect logique de la démarche ne
tion. Cela tient aussi à l'examen certes détaillé mais ne suffit pas à la démontrer.
portant que sur le parement et non sur les fondations Les tronçons O (22 × 6 × 11 cm) et Q (23 × 6 ×
ou le blocage des maçonneries, qui limite l'observation 11 cm) peuvent participer ensemble du même projet,
d'éventuelles connexions stratigraphiques souterraines se situant dans la zone d'extension, donc datée de 1893
ou au sein de la maçonnerie. également.
Malgré ces contraintes, il est néanmoins possible Par ailleurs, on peut émettre sans trop de risque l'hy-
d'établir quelques grands axes d'interprétation. pothèse que la zone datée des agrandissements de 1899
En premier lieu, on peut remarquer l'importance du n'a pas dû être enclavée avant cette date.
tronçon A, homogène, et se distinguant nettement par Par contre, il n'est actuellement pas possible de dater
ses caractéristiques intrinsèques des autres parties. Sa les tronçons R et T. Sont-ils le fruit d'un enclavement
haute taille, le soin apporté à sa construction, la qualité consécutif aux tout premiers investissements privés de
des matériaux mis en œuvre (couvre-mur en pierre 1830 ou de périodes ultérieures ?
bleue, rosaces en fonte à valeur décorative, badigeon ou Pour répondre à ces questions, plusieurs axes de
enduit blanc) correspond bien, dans son programme, recherche pourraient être poursuivis.
au souci manifeste d'ostentation qui a dû présider à D'une part, on peut pointer l'approfondissement des
l'aménagement de la drève, la commande de la grille et recherches dans les archives de la famille Warocqué,
l'élévation des deux pavillons d'entrée encadrant celle- singulièrement les comptes, afin de détecter des
ci. Selon cette interprétation, le tronçon A remonterait dépenses liées à l'élévation ou la réparation de ces
dès lors à 1839 ou aux années qui ont directement maçonneries.
suivi. La confrontation avec la portion « après 1832 » D'autre part, des fouilles menées à la faveur de
du plan de 1906, qui en reprend les mêmes limites, travaux de voirie ou même de campagnes de sondages
conforte cette hypothèse. ponctuels à effectuer sur le tracé du mur, y compris
En second lieu, il faut distinguer les tronçons appareillés à l'intérieur de l'enceinte, pourraient permettre de
en briques mécaniques des tronçons en briques moulées trouver d'autres indices susceptibles d'éclairer les
main. L'utilisation de la brique mécanique est générale- connexions entre tronçons. Ces connexions invisibles
ment associée au 20e siècle, voire à la deuxième moitié de en surface sont peut-être encore perceptibles en sous-
celui-ci. Ce sont donc à des campagnes de réparation qu'il sol ou dans les blocages. Elles pourraient d'ailleurs
faut rapporter les tronçons C, C', D, E, J, M, P et S. être établies ou confirmées via l'étude des matériaux
Il faut aussi exclure le tronçon H, en briques de récu- (appareils et liants).
pération, qui ne semble pas, par sa facture, participer L'état des lieux a permis de sécuriser l'intervention
d'un projet ancien mais bien plutôt d'un aménagement sur le plan patrimonial. Le monument a été précisé-
récent (liant au ciment). ment enregistré dans son état avant restauration.
Le cortège des portions présumées du 19e siècle se Comme l'ensemble du domaine, l'aménagement
compose donc comme suit : A, B (partie basse), F, G, du mur correspond à un projet, celui des Warocqué,
I, K, L, O, Q, R et T. Il compte 1 630,75 m et représente qui a évolué au fil du temps et des chefs de famille.
donc 68 % de l'ensemble de l'enceinte. Il est le reflet non seulement de l'extension d'une
Est-ce à dire que près de 70 % du mur de clôture propriété, d'un souci d'appropriation du territoire
se trouve dans sa situation initiale, c'est-à-dire celle raisonné et ostentatoire, mais aussi de la personnalité
élevée sous l'impulsion des différents représentants de de chacun d'eux, surtout, naturellement, de celle de
la famille Warocqué suivant les étapes décrites au sein Raoul Warocqué. C'est grâce à ce dernier que le parc
de notre première hypothèse ? privé devenu public a conquis près de la moitié du
Considérant les différents formats de briques territoire qu'on lui connaît aujourd'hui et ses joyaux
moulées main mis en œuvre, il faut se méfier d'une parmi les plus prestigieux, les vestiges du palais de
interprétation trop rapide allant dans ce sens. Repre- Charles de Lorraine.
nant ces formats, il n'est possible d'assembler théori- Les campagnes de réparation ont permis de mainte-
quement que les tronçons K, L et F (21 × 10 × 6,5 cm). nir le domaine clos en suivant le tracé tel que légué par
Cependant, comme il a déjà été dit, sans connexion Raoul Warocqué. Les restaurations à venir pourront
stratigraphique entre eux, cette version doit être mise continuer dans ce sens. Elles seront d'autant plus fortes et
sous réserve pour le moment. cohérentes qu'elles pourront s'appuyer désormais sur la
Elle reviendrait en effet à dire que la fermeture du reconnaissance de l'enceinte en tant que témoin historique
parc consécutive au remaniement du domaine privé et archéologique de première importance pour la compré-
en 1893 aurait inclus des portions acquises précédem- hension et la conservation du domaine de Mariemont.
110
Bibliographie
■■ Marré-Muls A.-M., Quairiaux Y., Cokelberghs J.-P.
&. Vassart M., 2004. Promenades vertes dans l'entité de
Morlanwelz, Jumet.
■■ Quairiaux Y., Platiau R. &. Bouilliez A., 2005. Marie-
mont côté jardins, Morlanwelz (Monographies du Musée royal
de Mariemont, 13).
■■ Recchia L., 2002. Mariemont au xixe siècle : le jardin
paysager de la famille Warocqué. In : Baudoux-Rousseau L. &
Giry-Deloison C. (dir.), 2002. Le jardin dans les anciens Pays-
Bas, Arras, p. 203-217.
■■ Van den Eynde M., 1989. La vie quotidienne de grands bour-
geois au xixe siècle. Les Warocqué, Morlanwelz.
Soignies : l'intérieur de la grande scierie.
Sources
■■ Lettre de Germaine Faider au Ministère des Travaux publics, à l'initiative des aménageurs, qui permettra de les
Archives MRM DGATLP, Direction de la restauration, Beez, présenter au public lors d'évènements futurs.
200104-13-4-Parc. La dalle de béton a permis une conservation remar-
■■ Plan du parc de Mariemont appartenant à Monsieur R. quable du sous-sol du bâtiment et les vestiges ont été
Warocqué. Plan indiquant les différents agrandissements dressé à dégagés sans trop d'entrave. L'opération archéologique
l'échelle de 1250, 11 juin 1906, architecte O. Dessart, Archives du était appuyée par une source historique détaillée décri-
Musée royal de Mariemont. vant le fonctionnement d'une autre scierie de pierre,
■■ Préfecture du Département de Jemappes, 1793-1814, Archives également propriété de Monsieur P.J. Wincqz, l'usine
de l'État à Mons, BE-A0524 / AEM.10.024. des Trois Planches. Cette source offre des mesures
précises, une description des éléments constitutifs de
la machinerie et de son mode de fonctionnement, ce
qui s'avère être un apport bien utile dans le cas de la
Soignies/Soignies : le Centre des Métiers grande scierie où tous les éléments hors-sol ont prati-
de la Pierre. Sous le béton, les pierres de quement disparu.
la grande scierie Installées dans les angles de la moitié nord de l'édi-
fice, deux paires d'armures de scierie se font face ; il
s'agit de bâtis en fonte qui soutiennent le châssis porte-
Nicolas Authom lames. Leur plan et leur élaboration générale sont iden-
tiques mais chaque armure a connu des évolutions, des
En janvier 2015, une opération archéologique a été réparations et modifications qui traduisent son histoire
menée dans l'ancienne Grande Carrière Wincqz et son adaptation à la matière première à débiter.
(parc. cad. : Soignies, 1re Div., Sect. B, no 801h ; coord. Chacune se compose à ses extrémités de quatre socles
Lambert : 129388 est/139591 nord) où le Centre des de fonte, fixés dans la pierre, sur lesquels s'appuient
Métiers de la Pierre verra bientôt le jour. L'intervention les colonnes formant le bâti. Entre ces colonnes est
était localisée dans la grande scierie qui hébergera le posé un dallage de grandes pierres bleues ; une pente
futur atelier des tailleurs de pierre. Ce bâtiment, millé- est créée afin d'évacuer vers des caniveaux extérieurs
simé de 1843, est doté d'une imposante cheminée qui l'eau et le sable utilisés lors du sciage. De part et d'autre
trahit déjà le recours à la machine à vapeur. du dallage et longeant les socles de fonte se trouve le
La mission a consisté en la surveillance du démon- négatif des rails qui permettaient le déplacement des
tage de la dalle de béton, posée dans le bâtiment au chariots supportant les blocs de pierre : depuis la zone
cours des années 1980, lorsqu'il servait d'entrepôt. d'extraction, les chariots pénètrent dans les armures
S'en est suivi le dégagement des vestiges industriels via les baies en arc qui rythment les pignons du bâti-
conservés sous celle-ci, leur enregistrement et le relevé ment. Il y a trois ouvertures par côté, deux de tailles
complet des structures. Ce travail a également offert identiques vers les armures et une troisième plus large :
aux auteurs de projet les informations nécessaires des négatifs de rails y ont aussi été observés mais pas
quant aux endroits privilégiés pour la pose des futures de trace d'armure à cet endroit. Cette voie servait-elle
gaines techniques avant le recouvrement définitif des à acheminer les matériaux nécessaires au fonctionne-
vestiges et la pose du nouveau béton de sol. Une zone ment de la scierie (sable), ou encore le combustible
de vestiges sera recouverte d'une surface modulable, destiné à la machine à vapeur ?
111
Au centre du bâtiment, entre les armures, l'espace Une autre découverte, qui reste assez énigmatique
est occupé par la machinerie proprement dite mais au moment de la rédaction de ces lignes, occupe
les différents arbres, bielles, poulies et manivelles pratiquement un quart de la surface du bâtiment :
qui se trouvaient hors-sol n'ont pratiquement laissé ce sont deux demi-cylindres parallèles et espacés de
aucun vestige. Par ailleurs, cette zone a été fortement 1,60 m, longs de 10 m pour un diamètre d'ouverture
remaniée, une grande citerne en béton y a été creu- de 1 m, construits en briques sur chant avec des parois
sée, des vannes, des tuyaux et quelques caniveaux élevées en briques réfractaires. Chacun débouche,
ont été installés dans de solides massifs de briques. à la base du pignon est du bâtiment, sur une sorte
Une importante cavité, assez étroite, suggère qu'une de chambre rectangulaire beaucoup plus profonde
roue d'un diamètre important (± 2 m) y était en qui se prolonge hors de la scierie. Des vestiges d'arcs
fonction, sans doute maintenue dans les élévations voûtés, observés dans le pignon, sont sans doute le
en briques qui l'enserrent, où a été observé un témoin de la couverture de ces chambres. À la diffé-
aménagement creux qui devait accueillir un axe de rence des demi-cylindres, l'action du feu se distingue
rotation. Cette roue intrigue et il n'est pas possible clairement sur les briques des deux chambres, ce qui
à l'heure actuelle de savoir si elle fait partie d'un suppose l'emplacement de foyers, peut-être destinés
mécanisme hydraulique antérieur à l'utilisation de à alimenter des chaudières placées dans ces sortes de
la vapeur (on sait que ce type d'énergie a été utilisé berceaux en briques.
dans l'usine des Trois Planches) ou si, activée par Enfin, un puits, se trouvant entre les deux armures
une courroie ou une bielle, elle fait partie du moteur situées côté est, a été exploré par Olivier Vrielynck
à vapeur. (Direction de l'archéologie) et Luc Funcken (Direc-
tion de la Géotechnique). D'une section carrée,
étroite en surface (0,95 m de côté), le conduit du puits
aboutit à 4 m de profondeur sur une voûte en briques
(4,20 m × 3,60 m) qui surmonte une cavité, taillée
dans la roche, profonde de 18,50 m. L'usage de ce puits
est antérieur à la scierie et il faut vraisemblablement
l'associer au front de carrière qui jouxte le bâtiment au
nord-est, servant peut-être à l'exhaure. La construc-
tion des armures de scierie au-dessus de cette cavité,
auxquelles peuvent être associés les vestiges d'une
probable pompe à eau, en connexion par une galerie
avec le puits, suggère que dans un second temps, le
puits a servi de réserve d'eau dont il ne faut rappeler la
nécessité dans le processus de sciage de la pierre.
L'emplacement présumé de la roue avec à l'arrière l'aména- Ces quelques lignes résument bien peu les
gement pour fixer l'axe de rotation.
nombreuses surprises qui ont accompagné la fouille
112
TOUTES PÉRIODES
Aiseau-Presles/Presles : le site
archéologique de « La Taille Marie »,
campagne de fouille 2015
eu égard à l'étendue de la zone de rejets. Les foyers surtout de scories de réduction semble donc impliquer
présentent un plan allongé, légèrement piriforme. Leur une réduction du minerai sur place, l'exploitation en
creusement, à fond plat et parois verticales, mesure en matière première est quant à elle aussi envisageable
moyenne 0,70 sur 0,90 m de large, pour une vingtaine de à l'échelle locale puisque du minerai est largement
centimètres de profondeur. Le gueulard est aménagé en disponible, sous diverses formes, dans la région. On
plan incliné. Les parois des structures sont caractérisées ne peut s'empêcher de mettre en relation cette activité
par le limon en place rubéfié sur quelques centimètres de métallurgie avec la présence au sein de l'aire sacrée
d'épaisseur. Cette rubéfaction ne débute en général de plusieurs centaines de socs d'araire miniatures en
qu'à quelques centimètres du fond de la structure. Le fer et dont la grande majorité a été enfouie aux 2e et
comblement est composé de limon gris-noir fortement 3e siècles. Le caractère unique de ces objets religieux
chargé en fragments de charbon de bois et comportant avait déjà permis de supposer qu'ils étaient fabriqués
quelques fragments de parois rubéfiées. Différents au sein du sanctuaire, voire dans un environnement
indices, comme la présence d'un culot ferreux au sein immédiat. La production d'objets sacrés en métal au
de l'une de structures, nous incitent à associer ces foyers niveau même des sanctuaires demeure exceptionnelle-
à la chaîne opératoire du travail du fer, plus particuliè- ment documentée par l'archéologie.
rement aux étapes de post-réduction, comme l'épura-
tion ou le forgeage. Cette hypothèse est évidemment Les dépôts F64 et F65
renforcée par l'aire de rejet découverte à proximité.
Cette aire de rejet est située à quelques mètres des Deux fosses présentant des similarités ont été décou-
quatre foyers, sur l'autre versant du petit vallon. Il s'agit vertes dans la tranchée d'évaluation L. Elles ont été
d'un niveau de remblai d'une dizaine de centimètres creusées face au temple, à 36 m au sud de cet édifice.
d'épaisseur s'étendant, à ce stade des recherches, sur une La forte érosion du terrain à cet endroit explique que
zone d'une quinzaine de mètres de diamètre, puisque les structures ne sont que faiblement conservées.
lors de l'évaluation, cette couche a encore été repérée Distantes de 2,60 m, elles semblent avoir été creusées
dans la tranchée I, 9 m plus à l'ouest. Ce niveau (US183) selon une logique commune, les côtés s'alignant de
est caractérisé par un sédiment limoneux brun foncé, façon parallèle. La fosse F64 présente un plan carré
compact, riche en scories de fer, fragments de tuiles, bien marqué, de 1,10 m de côté. Le creusement, à fond
tessons de céramique et de verre et a été daté, de façon plat, est conservé sur 12 cm. Le comblement est consti-
préliminaire, des 2e et 3e siècles de notre ère. 1 075 scories tué de limon brun-gris clair mélangé, correspondant
de tous types ont été découvertes : scories de réduction, au sédiment d'origine redéposé. Dans la partie nord-
culots ferreux, culots argilo-sableux, scories internes, ouest de la fosse étaient rassemblés quelques fragments
scories de forge… Quelques battitures ont également été de céramique ainsi qu'un amas de sédiments calcinés
observées. 68 polissoirs, aiguisoirs et pierres à aiguiser de 10 × 20 cm de côté. Le mobilier comprend un
proviennent également de ce secteur. L'association de fond de marmite altéré par le feu, un fond de gobelet
ces polissoirs et aiguisoirs avec les nombreuses scories à dépressions en céramique métallescente d'Argonne
de fer permet de rattacher ces objets au travail du fer ainsi qu'un fond de récipient en pâte rosâtre (cruche ?).
(Paridaens & Darchambeau, 2016). On pensera plus Ces récipients datent cet ensemble du 3e siècle. Étant
précisément aux étapes de polissage et d'abrasion du donné qu'il s'agit exclusivement de fonds de récipients
métal après sa mise en forme par martelage ou encore à et vu l'érosion de la structure, il est possible que les
l'affutage d'outils à tranchants. vases aient été complets lors de leur dépôt.
Sur base du mobilier et des structures découverts en La fosse F65 présente un contour moins net, vague-
2015, différentes phases de production du fer semblent ment quadrangulaire, de 1,10 m de côté. Le fond du
attestées : l'opération de réduction semble avérée par creusement est également plat, conservé sur 8 cm. Le
la présence de très nombreuses scories internes et comblement est constitué de limon brun foncé chargé
externes de réduction bien qu'aucune structure ne de particules végétales calcinées. L'aspect homogène
peut néanmoins, à ce stade de la fouille, être rattachée à ainsi que la présence de petites pierres, fragments de
cette phase. Les opérations de post-réduction (cinglage tuiles et tessons épars de céramique permettent d'in-
ou épuration) sont aussi illustrées, avec quelques culots terpréter ce remblai comme du limon humifère. Un
ferreux et culots argilo-sableux. Les petits foyers piri- dépôt charbonneux de 10 × 30 cm, une passoire et un
formes pourraient, avec prudence, être aussi rattachés poêlon en céramique, encore empilés au moment de
à cette étape. Enfin, les activités de forgeage et de façon- leur découverte, étaient concentrés dans la partie sud
nage sont représentées par quelques battitures et scories de la fosse. Ces deux récipients imitent de la vaisselle
de forge ainsi que par les très nombreux polissoirs et métallique bien connue, généralement en alliage de
aiguisoirs. Si la présence d'un atelier de métallurgie et cuivre. Dans l'Antiquité, la passoire et la casserole en
115
métal, qui s'emboîtaient, constituent deux accessoires terpréter ces structures comme des tombes : fosses
liés à la préparation du vin, l'un pour puiser les breu- carrées à fond plat, amas cendreux, zones vides, pots
vages, l'autre pour filtrer les aromates qu'on y avait fait complets, présence d'un service lié au vin, sont autant
macérer. Nos exemplaires imitent parfaitement leurs de caractéristiques que l'on retrouve dans les tombes
équivalents en métal, types Künzl ND30 et ND31, en à incinération. La présence d'une tombe à proximité,
usage surtout au 3e siècle apr. J.-C. Même si les poêlons bien qu'hypothétique, renforce encore quelque peu
et passoires sont bien attestés en céramique, ce type cette théorie. Toutefois, l'absence de toute esquille
d'imitation semble inédit. On peut penser que ces osseuse est évidemment problématique, bien que des
objets ont été fabriqués à dessein, comme offrande à fosses à cendres, dépourvues de ce type de matériau,
faible coût en vue d'un usage religieux. se rencontrent aussi au sein des nécropoles à inciné-
Lors des sondages menés durant l'hiver 1987-1988 ration. En outre, la présence de tombes à proximité
par Jean Gabriel et l'Office de Recherches archéolo- directe d'un sanctuaire n'est pas attestée ailleurs. En
giques (O.R.A.), une tombe semble avoir été décou- revanche, les dépôts de vaisselle métallique, ici imitée
verte. Les notes de fouilles du 19 décembre 1987 en terre cuite, sont quant à eux omniprésents dans
renseignent un sondage de 1 m² où furent découverts les sanctuaires. D'autres fosses destinées à recevoir
un grand gobelet à dépressions, écrasé et, dans le les restes de cérémonies religieuses ou les offrandes
gobelet, quelques ossements calcinés. D'autres notes réservées aux dieux ont évidemment été découvertes
réfèrent à la nécropole sud. D'après le plan des fouil- au sein du sanctuaire (Paridaens & Darchambeau,
leurs, ce sondage du 19 décembre se situe à proxi- 2014). En définitive, il pourrait s'agir de dépôts votifs
mité directe des fosses F64 et F65 et il s'agit très situés en périphérie du sanctuaire, bien qu'une nature
probablement d'un des cinq sondages repérés lors funéraire ne soit pas complètement à exclure.
de nos recherches, en 2015, quelques mètres à l'est
de ces dernières. Dès lors, comment interpréter cet Conclusion : « La Taille Marie »,
ensemble de découvertes ? Les deux fosses F64 et F65 un sanctuaire de villa
présentent des caractéristiques communes : orienta-
tion, forme, dimensions et comblement. La présence Les fouilles réalisées de 2011 à 2015 ont permis de
de poches cendreuses et de vases complets groupés, circonscrire l'extension générale du sanctuaire de « La
voire empilés, indique que nous sommes en présence Taille Marie », installé de manière judicieuse sur une
de dépôts mais certains indices permettraient d'in- petite proéminence dominant tout le vallon d'Aiseau.
Plan général du site de « La Taille Marie », toutes époques confondues, © CReA-Patrimoine / ULB.
116
Dépourvu de mur d'enceinte, il est toutefois limité Avec la collaboration d'Antoine Darchambeau,
de manière naturelle, à l'est par la rupture de pente Stéphane Genvier, Claude Jacques, Fanny Martin,
marquant la vallée de la Biesme, au nord par un talus Charlotte Van Eetvelde & Olivier Van Eyck.
et à l'ouest par un petit vallon. Si le temple est de taille
moyenne, avec 12,50 m de côté, l'aire sacrée, dont la Remerciements
surface a été aménagée à partir du 2e siècle, s'étend sur
minimum 20 a, avec un bâtiment annexe sur poteaux. L'équipe de fouille, constituée de chercheurs du
Un secteur artisanal s'organise par ailleurs aux 2e et CReA-Patrimoine (A. Darchambeau, F. Martin),
3e siècles dans le vallon occidental, où un atelier lié au de collaborateurs bénévoles (C. Angeli, C. Dawant,
travail du fer a été découvert. Certains indices laissent C. Delaere, S. Genvier, G. Gilbert, S. Guarella, E. Hodeige,
penser qu'il pourrait s'agir de l'atelier de production C. Jacques, R. Nicolas, O. Van Eyck) et d'étudiants de
des socs d'araire votifs découverts dans le sanctuaire. l'ULB (A. Dieu, L. Dikenda, T. Coussement, C. Deprez,
Quoi qu'il en soit, les structures ainsi que le mobilier D. Ebertitan, C. Fortemps, L. Kervyn, A. Lecomte,
qui leur est associé ouvrent d'intéressantes perspec- J. Malvoz, N. Petit, E. Vanderhaeghe, C. Van Eetvelde) ;
tives, tant pour la caractérisation des étapes de produc- la Société royale d'Archéologie de Bruxelles
tion du fer dans nos régions que dans la manufacture (F. Legat) ; les propriétaires et exploitants des parcelles
d'objets religieux. fouillées (C. et J. d'Oultremont, E. de Dorlodot et la
Les niveaux précoces, concentrés à l'emplacement Société de Gestion de la Sambre s.a.) ; J. Plumier,
du temple, mettent aussi en lumière l'organisation d'un A. Guillot- Pingue, M. Soumoy et C. Frébutte (SPW /
site religieux de la cité des Tongres au tout début de DGO4) pour l'octroi des subsides et le suivi de projet ;
l'Empire, soit à une période demeurant mal connue. La J. Pierard et sa famille pour leur aide logistique et leur
reprise programmée des fouilles dès 2016 au niveau de disponibilité ; L. Nonne, C. Dawant et E. Bouyer pour
la villa, dégagée une première fois en 1875, permettra les restaurations de mobilier ; N. Bloch et A. Stoll pour
de mettre en parallèle l'évolution du sanctuaire avec les dessins de mobilier et infographies ; W. Leclercq
cette dernière. pour l'expertise du mobilier protohistorique ; la Ville
En conclusion, les fouilles auront permis de et le Musée archéologique de Namur, dépositaires
dégager de manière exhaustive un sanctuaire de des collections ; l'asbl des Œuvres paroissiales de
villa et donc vraisemblablement de nature privée. Farciennes ainsi que tous les collègues et étudiants
Ce type de lieu de culte, lié à de grands domaines ayant participé aux travaux de post-fouille.
ruraux et parfois qualifié de « rural », demeure
peu connu archéologiquement. Cette interpréta- Bibliographie
tion repose évidemment sur la présence d'une villa ■■ Künzl E. (dir.), 1993. Die Alamannenbeute aus dem Rhein
associée dans les environs proches, alors que, bien bei Neupotz. Plünderungsgut aus dem römischen Gallien, Mainz
souvent, l'emprise des fouilles est limitée soit au (Monographien Römisch-Germanisches Zentralmuseum
sanctuaire, soit à la villa. Dans la cité des Tongres, Mainz. Forschungsintitut für Vor- und Frühgeschichte, 34).
on en connaît par exemple à Matagne-la-Petite, ■■ Paridaens N. & Darchambeau A., 2014. Le sanctuaire
Gemechenne, Anthée mais il devait en exister bien gallo-romain de « La Taille Marie » à Aiseau-Presles (Ht). Troi-
d'autres. Si la gestion de ces chapelles et l'organisa- sième campagne de fouilles (2013), Signa, 3, p. 133-139.
tion des cultes qui s'y pratiquent incombaient aux ■■ Paridaens N. & Darchambeau A., 2016. Le site archéo-
propriétaires du domaine, des sources littéraires logique de « La Taille Marie » à Aiseau-Presles. Rapport des
indiquent que certains de ces sanctuaires étaient fouilles 2015, Signa, 5, p. 115-125.
communautaires et fortement fréquentés. À Aiseau- ■■ Paridaens N., Darchambeau A., Genvier S., Martin F. &
Presles, le nombre d'offrandes, notamment les Venant N., 2015. Le sanctuaire de « La Taille Marie » à Aiseau-
centaines de socs d'araire déposés autour du temple, Presles. Campagne de fouilles 2014, Signa, 4, p. 207-215.
laissent également penser que le culte n'était pas ■■ Paridaens N. & Leclercq W., 2016. Mobilier céramique de
exclusivement réservé aux habitants du domaine. l'âge du Bronze issu d'un paléochenal à Aiseau-Presles – « La
Taille Marie » (Ht., Bel.), Lunula. Archaeologia protohistorica,
La nature originale des offrandes renvoie peut-être
XXIV, p. 97-100.
à une divinité locale, dont les fonctions spécifiques
ont pu attirer des pèlerins, membres d'une famille
ou d'une communauté en lien avec la villa. On
notera encore la longévité de ces rites, que nous
serions évidemment tentés de mettre en lien avec la
fertilité, durant toute l'existence du sanctuaire, du
1er siècle avant notre ère jusqu'au 4e siècle apr. J.-C.
117
Ath/Ath : fouilles préventives sur le site Tous ces murs s'appuient sur un mur plus ancien
de l'ancienne sucrerie dégagé sur une vaste superficie en 2015. Celui-ci est
doté d'une face parementée avec un léger fruit au nord.
Il descend à plus de 3,5 m de profondeur, sans que sa
Isabelle Deramaix, Adrien Dupont base n'ait pu être atteinte. Il pourrait correspondre à la
et Pierre-Philippe Sartieaux limite de l'ancien fossé maintenu ouvert après la démo-
lition des ouvrages externes de la fortification hollan-
En 2009, lors de l'assainissement du site de l'ancienne daise en 1852 (Ducastelle, 1984) avant le creusement
sucrerie d'Ath, un mur imposant a été relevé par le du canal Ath-Blaton entre 1864 et 1865.
Service de l'archéologie de la Direction extérieure Dans le deuxième secteur, au sud-ouest du site,
du Hainaut 1 (DGO4 / Département du patrimoine) un massif quadrangulaire et un mur associé ont été
(Deramaix & Dupont, 2011). Les parcelles (Ath, dégagés. Ces constructions témoignent d'une activité
1re Div., Sect. B, nos 811F102, 811C103, 811B103) se situent industrielle relativement récente mais non identifiée.
dans l'extra-muros de la cité médiévale et ont été occu- Le troisième secteur a livré deux ensembles de
pées de la fin du 17e siècle jusqu'au 19e siècle par des vestiges : d'une part, ceux d'une place d'armes rentrante
ouvrages militaires externes (Deramaix, Dupont & avec réduit et, d'autre part, une construction posté-
Sartieaux, 2015 ; à paraître ; Dugnoille & de Waha, rieure de type industriel, vraisemblablement un silo à
1983). Le projet de construction de sept immeubles betteraves.
à appartements à cet endroit nécessitait donc de La place d'armes semble correspondre à l'emplace-
nouvelles investigations archéologiques. Celles-ci ont ment de celle édifiée sous les dirigeants autrichiens
été entreprises en janvier et février 2015 par le même après 1720 (Dugnoille, 1984, p. 27-29). Le gabarit, la
service qu'en 2009. Elles ont débuté par une évaluation taille des pierres et l'appareil des maçonneries corres-
des terrains sous forme de longues tranchées réparties pondent à cette période. Démoli partiellement en
tous les 10 m. Trois secteurs ont fait l'objet de vastes 1745 (Dugnoille & de Waha, 1983, p. 189), cet ouvrage
décapages. aurait été récupéré par les Hollandais lors du redres-
Le premier secteur se trouve dans la partie septen- sement de la place forte entre 1816 et 1825 (Dugnoille
trionale du site, près du mur exhumé en 2009. Ce mur & de Waha, 1983, p. 186-189 ; Godet, 1973). En effet,
a d'abord été interprété comme pouvant appartenir à la des traces de reconstructions sont assez perceptibles
fortification hollandaise (Deramaix & Dupont, 2011), sur les vestiges notamment des réfections en brique
mais les découvertes réalisées en 2015 montrent qu'il et la présence de pierres taillées à la boucharde ou à la
s'agit d'un mur de clôture de la sucrerie. Il aurait été pointe, encadrées d'une ciselure, technique propre au
agencé entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle. 19e siècle. L'analyse des rapports des travaux mensuels
Il est associé non seulement à une plateforme destinée conservés montre une interruption des travaux entre
à la grue à vapeur, déjà relevée en 2009, mais aussi à 1818 et 1825 qui pourrait correspondre à la mise au
deux autres murs parallèles observés au sein de la jour des vestiges autrichiens par les Hollandais et à
parcelle. Ces aménagements sont reliés entre eux par la réintégration de ces fondations dans une nouvelle
des tirants qui en outre traversent le mur de clôture. Ils construction. En outre cette hypothèse est étayée
ont été réalisés vraisemblablement vers 1922 lors d'une par une modification des plans de la place d'armes
réorganisation des raccordements ferroviaires (Dera- dès 1825 (Deramaix, Dupont & Sartieaux, 2015 ; à
maix & Dupont, 2011). paraître).
Ath, ancienne sucrerie : vue aérienne de la place d'armes prise depuis le sud-est : 1. Tronçon occidental ; 2. Tronçon oriental encore
voûté transformé en citerne ; 3. Annexe donnant accès du réduit vers le fossé ; 4. Nouvel accès vers le fossé.
La place d'armes se compose des deux fossés du à l'intersection des deux segments et un caniveau en
réduit disposés en angle de 140°. Ces fossés sont limités brique s'y déverse.
sur chaque segment par deux murs parallèles. Le tron- Au nord-ouest, une construction industrielle s'est
çon occidental (1) a été dégagé sur toute sa longueur, appuyée contre l'un des murs externes de la place
soit 42 m. L'autre (2) a été observé sur près de 18 m. d'armes. Incomplète, elle mesure au moins 12 m de
Du côté septentrional les murs des fossés sont renfor- long sur 2,80 m de large. Elle est réalisée en brique. Les
cés par des piliers disposés tous les 5,20 m. Leur socle, murs des longs côtés sont disposés à 45° contre les sédi-
réalisé en pierre calcaire, est chaîné au mur. La partie ments encaissants. Plusieurs murs successifs forment
supérieure présente le départ de deux arcs de décharge des cloisons. La forme en entonnoir de cette structure
façonnés en brique. Cette partie en brique appartient à évoque celle de silos à betteraves que l'on trouvait
la phase d'occupation hollandaise. au 19e siècle (Blachette & Zoéga, 1826, p. 152-157 ;
L'accès du réduit vers le fossé se fait par une construc- Dureau, 1886, p. 379 ; Figuier, 1873-1877, p. 93).
tion annexe (3) comprenant un couloir. Ce passage
est bordé d'une petite pièce ayant vraisemblablement Bibliographie
servi de magasin à poudre. Une grande partie de ces ■■ Blachette L.-J. & Zoéga F.S., 1826. Manuel du fabricant de
aménagements semblent dater de l'époque hollandaise sucre et du raffineur ou Essai sur les différens moyens d'extraire le
comme en témoignent l'usage massif de la brique et les sucre et de le raffiner, Paris.
remarquables pierres de taille qui forment les chaînes ■■ Deramaix I. & Dupont A., 2011. Ath/Ath : vestiges des
des piédroits des baies. fortifications hollandaises sur le site de l'ancienne sucrerie,
Après l'arasement des fortifications hollandaises, les Chronique de l'Archéologie wallonne, 18, p. 72-73.
fondations de la place d'armes ont encore été utilisées. ■■ Deramaix I., Dupont A. & Sartieaux P.-P., 2015. Ath :
Une voûte en brique en plein cintre a été agencée sur fouilles préventives sur le site de l'ancienne sucrerie. In :
les deux segments de fossés. Seul le tronçon oriental a L'Archéologie en Hainaut occidental 2009-2015, catalogue
conservé aujourd'hui cette couverture (2). Un nouveau d'exposition, Ath (Amicale des Archéologues du Hainaut
occidental, XIX), p. 170-174.
couloir d'accès (4) assez étroit a été ajouté au sud-ouest
du tronçon occidental du fossé. Lors de l'activité de la
sucrerie le segment oriental du fossé a été transformé
en citerne. Un mur est venu condamner l'ouverture
119
Pierre à aiguiser découverte à Quevaucamps au « Bois de la Berlière ». A. Entailles ; B. Axe du trou de suspension.
La datation de cet objet reste problématique car soient plus limitées, les observations et descriptions
hormis les pierres à aiguiser gallo-romaines, désormais que nous avons recensées incitent à ne pas attribuer
mieux connues par des travaux récemment publiés la pierre du « Bois de Berlières » à cette époque. Il
(Thiébaux, Herbosch & Goemaere, 2012 ; Thiébaux est, en l'état actuel des connaissances, très difficile de
& Goemaere, 2013 ; Thiébaux et al., 2016), les autres trancher entre Âge du Bronze et période médiévale sur
périodes n'ont pas fait l'objet d'études exhaustives en base de critères morphologiques. Pourtant, certains
Belgique et dans les régions limitrophes. Toutefois, la détails comme la légère convergence des quatre faces
forme parallélépipédique de l'aiguisoir de Quevau- vers l'extrémité ainsi que son usure pyramidale sont
camps, ses dimensions et son percement biconique des traits uniquement repérés, pour l'instant, sur des
sont des caractéristiques communes aux aiguisoirs de aiguisoirs médiévaux.
l'Âge du Bronze comme du Moyen Âge décrits dans Les études publiées (déjà anciennes et sans illus-
la littérature non belge (Cordier, 1964 ; Gomez, 1976 ; trations photographiques) sur les pierres à aiguiser
Pautreau & Cassen, 1975 ; Kars, 1983 ; Aubourg & de l'Âge du Bronze provenant du centre de la France
Josset, 2003 ; Resi, 1990). On peut également exclure indiquent l'emploi de schistes, de schistes métamor-
l'époque romaine parce que les trous de suspension phiques ainsi que de « roches verdâtres » mais en l'ab-
sont (très) rares à cette période, que les formes qui sence d'analyse approfondie et de matériel de compa-
dominent pour nos régions sont cylindriques et que raison dans nos collections de référence, il est difficile
ce type de roche n'a pas été utilisé pour les pierres à de tirer des conclusions définitives. L'utilisation de
aiguiser gallo-romaines du nord de la Gaule. Bien roches métamorphiques est attestée sur de nombreux
que nos connaissances des aiguisoirs de l'Âge du Fer sites médiévaux dans le nord de l'Europe (Dorestad
122
aux Pays-Bas, Haithabu au Danemark…) où deux ■■ Thiébaux A., Feller M., Duchêne B. & Goemaere É.,
types de schistes ont été utilisés, l'un est de couleur gris 2016 (accepté). Roman whetstone production in northern Gaul
clair et l'autre de couleur gris foncé. Ils proviennent de (Belgium and northern France), Journal of Lithic Studies.
formations calédoniennes du sud-ouest de la Norvège. ■■ Thiébaux A. & Goemaere É., 2013. Étude des pierres à
Le schiste gris clair était extrait de carrières de la région aiguiser provenant de cinq sites gallo-romains des Vallées des
d'Eidsborg (comté de Telemark, Norvège) exploitées Eaux-Vives (sud-ouest de la province de Namur, Belgique),
Archéo-Situla, 32-33, p. 69-79.
pour le façonnage de pierres à aiguiser jusque dans
les années 1950 (Resi, 1990 ; Hansen, 2011). D'un ■■ Thiébaux A., Herbosch A. & Goemaere É., 2012. Un atelier
gallo-romain de pierres à aiguiser découvert à Buizingen (Hal,
point de vue macroscopique, ces matériaux diffèrent
Belgique) : reconstitution des étapes de fabrication et détermi-
par leur couleur de l'aiguisoir de Quevaucamps. Une
nation des origines géologiques et géographiques du matériau,
origine scandinave serait a priori à exclure. D'autres Revue du Nord, 94 (398), p. 143-158.
travaux sont donc encore nécessaires pour identifier,
caractériser et distinguer les matériaux utilisés aux
différentes périodes pour la fabrication de pierres à
aiguiser. C'est seulement à ce moment que nous aurons Courcelles/Gouy-lez-Piéton : sondage au
peut-être assez d'éléments pour nous prononcer sur la
pied de la tour de l'église Saint-Martin
datation de la pierre à aiguiser découverte au « Bois de
la Berlière ».
S'il reste donc beaucoup à faire, les premières études Nicolas Authom
menées sur les pierres à aiguiser de la période romaine
sont déjà révélatrices du potentiel de ces outils Dans le cadre d'un certificat patrimoine visant la
modestes. Les informations qu'ils nous livrent sur la restauration de l'église Saint-Martin (parc. cad. :
diffusion des produits et l'économie ainsi que sur la vie Courcelles, 5e Div., Sect. B, no 1001b ; coord. Lambert :
quotidienne ne doivent plus être négligées. 147134 est/130627 nord), le groupe Monument (sa
filiale Monument Vandekerckhove NV) a commandité
Bibliographie un sondage au pied de la tour occidentale de l'édifice
■■ Aubourg V. & Josset D., 2003. Le site du promontoire du afin d'en diagnostiquer l'état sanitaire. Le Service de
château de Blois du viiie au xie s. (Loir-et-Cher). Seconde partie : l'archéologie de la Direction extérieure du Hainaut 1
le mobilier non céramique, Revue archéologique du Centre de la (DGO4 / Département du patrimoine) a apporté son
France, 42, p. 169-216. expertise quant à la direction du terrassement et au
■■ Cordier G., 1964. Aiguisoirs de l'âge du Bronze provenant traitement des vestiges.
de la Touraine, Revue archéologique du Centre de la France, 3/1, Une imposante fondation, large de 1,60 m, a partielle-
p. 49-53. ment été dégagée au sud de la tour ; elle longe parallèle-
■■ Gomez J., 1976. Quelques aiguisoirs protohistoriques du ment cette dernière, à seulement 0,46 m. La fondation a
centre-ouest de la France. Éléments de datation, Revue archéo- été observée, depuis le mur occidental de la nef, sur une
logique du Centre de la France, 15/3-4, p. 261-265. longueur de 2,90 m avant de marquer un coude à angle
■■ Hansen S.C.J., 2011. The Icelandic whetstone material. An droit vers le nord et de revenir sous la tour. Côté ouest,
overview of recent research, Archaeologia Islandica, 9, p. 65-76. elle se perd hors emprise du sondage. Elle atteint plus de
■■ Kars H., 1983. Early-Medieval Dorestad, an archaeo-pe- 2 m de profondeur (mesure exacte impossible à relever
trological study. Part V. The whetstones and the touchstones,
Berichten van de Rijksdienst voor het Oudheidkundig Bodemon-
derzoek, 33, p. 1-37.
■■ Mitchell S.A., 1985. The whetstone as symbol of authority
in old English and old Norse, Scandinavian Studies, 57, p. 1-31.
■■ Parent S., 1995. Prospections archéologiques sur le territoire
de Stambruges (1980-1994). In : Un siècle de découvertes archéo-
logiques dans l'entité de Belœil, Belœil (Association pour la
sauvegarde du Patrimoine de Belœil, Documents, 2), p. 59-65.
■■ Pautreau J.-P. & Cassen S., 1975. Aiguisoirs inédits de l'âge
du Bronze dans le Centre-Ouest, Revue archéologique du Centre
de la France, 14/1-2, p. 63-67.
■■ Resi H.G., 1990. Die Wetz- und Schleifsteine aus Haithabu,
Neumünster (Berichte über die Ausgrabungen in Haithabu, 28).
La fondation dégagée au pied de la tour de l'église Saint-Martin.
123
vu l'étroitesse et la profondeur du sondage). La mise en à Léon Losseau, célèbre avocat et érudit montois.
œuvre est soignée : sur les deux faces est monté un pare- Dans le cadre de Mons 2015, la Province de Hainaut,
ment, maintenu par un blocage central de pierres et de propriétaire de l'ensemble dénommé « site Losseau »,
mortier à base de chaux et sable jaune. Le soin apporté souhaitait y installer le futur Centre d'interprétation de
à la construction pourrait suggérer une élévation plutôt la littérature. Les sept interventions limitées du Service
qu'une fondation. Un débord de quelques centimètres, de l'archéologie se sont étalées entre novembre 2014 et
à 0,44 m de profondeur par rapport à la tête du mur mars 2015, date limite pour l'inauguration.
conservée, pourrait marquer le passage entre fondation Diverses découvertes fortuites de structures
et élévation. Mais à l'exception du débord, aucune diffé- anciennes (citerne, caves, évacuation, puits, fonda-
rence ne s'observe dans le mode de construction de ces tions…) ont amené l'architecte, gestionnaire du projet,
deux niveaux. Quelques traces de rubéfaction ont été à prévenir les agents du patrimoine et de l'archéologie.
relevées au niveau du parement côté sud où les pierres Plusieurs visites, espacées en fonction des découvertes
et le mortier sont rougis. et des possibilités de circulation sur le chantier, ont
Entre cette fondation et le mur sud de la tour se trouve permis d'observer de nombreux détails sans toutefois
un béton à base de mortier beige et moins chargé en avoir les moyens de réaliser les relevés étant donné la
sable ; sa surface est plane. Ce béton se prolonge sous rapidité d'exécution des travaux. Les diverses descrip-
le mur sud de la tour qui semble élevé sur celui-ci ; il tions présentées ci-après se suivent sans avoir nécessai-
peut s'agir d'un niveau de sol, aménagé à l'intérieur de rement de lien entre elles.
l'espace délimité par le mur de fondation. Une fissure Une première visite du bâtiment, alors que les murs
importante a été observée dans la fondation du mur étaient complètement dégarnis, a permis l'observation
sud de la tour, à 2 m de l'angle ouest, à l'endroit où des vestiges de baies et de décalages dans les murs et
la fondation découverte fait retour sous ce mur. Un les niveaux de sol des étages. Bien que l'ensemble ait
examen général de l'édifice montre qu'une partie de la déjà été très fort remanié au cours du temps, il s'avérait
façade de la tour a légèrement basculé vers l'ouest. Ce évident qu'il s'agissait de plusieurs anciennes maisons
déplacement pourrait trouver une explication dans le rassemblées en une seule rendue uniforme par la
sous-sol dont la densité est irrégulière vu la présence façade placée dans le dernier tiers du 18e siècle. À
des vestiges d'un édifice plus ancien. l'arrière, l'espace d'une ruelle était parfaitement visible
L'église Saint-Martin, remontant au 16e siècle, a été dans l'enchevêtrement des bâtiments.
remaniée et agrandie au 18e siècle, avant une restauration Lors d'un creusement profond en sous-œuvre, ont été
en 1926 (Égl. paroiss. St-Martin, 1994, p. 211). La tour mis au jour une vanne, probablement du 19e siècle, et
actuelle, hors œuvre, aurait été installée au 17e siècle. Le un réseau d'évacuation constitué entre autres d'un bac
mur de fondation retrouvé pourrait vraisemblablement en briques liées au mortier gris et aux parois internes
appartenir à l'église primitive du 16e siècle ou bien à un revêtues de céramique blanche avec estampille anglaise
édifice plus ancien encore inconnu. (encore non déterminée). Partiellement sous cette
installation se trouve le cuvelage en briques (liées au
Bibliographie mortier de chaux) d'un puits circulaire dont le diamètre
■■ Égl. paroiss. St-Martin, 1994. Égl. paroiss. St-Martin. In : interne avoisine 50 cm. Creusé dans le sol en place, il
Province de Hainaut. Arrondissement de Charleroi, Liège (Le est comblé de restes de démolition ; vu la profondeur
Patrimoine monumental de la Belgique, 20), p. 211-212. atteinte, aucun prélèvement n'a pu être réalisé et il
n'a pas été vidé. Sa partie supérieure de même que sa
hauteur d'origine resteront toujours inconnues.
À la même profondeur que le puits et à l'aplomb
Mons/Mons : rue de Nimy, suivis d'une fondation de cave plus récente, se trouve un
archéologiques au « site Losseau » alignement de briques liées au mortier de chaux,
conservé sur une seule assise longue de 60 cm et posé
directement sur le sol en place. Entre ces deux vestiges
Cécile Ansieau anciens se trouve un remblai mélangé de sol en place et
de fragments de briques rouges et de mortier.
Le Service de l'archéologie de la Direction extérieure En divers endroits, plusieurs caves ont été touchées
du Hainaut 1 (DGO4 / Département du patrimoine) est par la rénovation, dont l'une voûtée en briques du
intervenu dans le cadre de travaux de rénovation d'un 16e siècle (?) a été coupée en deux dans le sens de la
imposant bâtiment situé à la rue de Nimy, nos 39-41, longueur. Ses fondations encore visibles sont peu
jouxtant la maison classée de style Art nouveau (objet profondes et reposent directement sur le sol en place.
d'une restauration simultanée) ayant appartenu Son niveau de circulation est constitué de deux assises
124
de briques superposées (soit 16 cm) recouvertes d'une la présence d'une baie dans le pignon de la maison
couche de béton. Les fondations des murs porteurs Losseau, obturée puis divisée en deux par la construc-
descendent 30 cm plus bas que le niveau de sol en tion d'un mur dans le bâtiment qui nous occupe.
place. Les briques sont liées au mortier de chaux de Dans la partie nord du bâtiment à front de rue, le
teinte beige contenant des éléments végétaux. bois de charpente est surtout issu de la récupération et
Entre deux caves situées à l'extérieur de la zone décrite, en mauvais état sanitaire, tandis que du côté sud (côté
le sol en place apparaît quasi dès la surface et jusqu'à maison Losseau) la charpente avec les assemblages
plus de 2 m de profondeur ; cette information revêt une croisés semble d'origine, par contre sa base ouest a été
certaine importance tant les constructions sont denses modifiée par l'agrandissement du bâtiment de ce côté.
en intra-muros, rendant la restitution de la topographie La ville de Mons figure sur plusieurs plans rassem-
originelle bien compliquée. blés pour les campagnes de Louis XIV ; ils apportent
Une fois sa voûte percée, une ancienne citerne exté- des renseignements fiables, relatifs aux aménagements
rieure devenue accessible a pu être observée (long. défensifs et militaires ou encore sur la fonction religieuse
interne 5,80 cm, larg. 3,60 m au bas de la voûte, haut. des parcelles : église ou présence de congrégations.
2,60 m) : elle est constituée entièrement de briques régu- L'un d'eux daté de 1693, plus détaillé, est généralement
lières (22 × 10 × 5,5 cm) liées au mortier de chaux de utilisé pour apporter l'information recherchée (Recueil
teinte brun-beige contenant des fragments de briques des plans des places du Royaume, 1693) ; l'îlot qui nous
et des charbons de bois de tailles différentes. Elle est occupe est renseigné uniquement comme zone d'habi-
installée dans le sol en place composé de lits de sable tat et ne présente aucun détail particulier. L'enchevê-
et de fines couches d'argile (?). La voûte est constituée trement des murs, des charpentes et leurs orientations
d'une brique de long ou de deux demi-briques. L'enduit variées, le décalage entre les niveaux et la présence de
qui couvre les parois intérieures est un mortier de teinte ruelles plaident en faveur de cette interprétation.
beige, cependant, la couleur de surface est noire partout. Les indices d'agrandissement et de modifications de
L'enlèvement du niveau de sol d'une des pièces située même que du rassemblement de plusieurs modules de
à l'arrière a mis au jour une épaisse fondation (entre 80 base sont nombreux, cependant il aurait fallu procéder à
et 95 cm) dont l'orientation est différente de l'orienta- une étude d'archéologie du bâti plus poussée pour arri-
tion générale des bâtiments. Les parements de la fonda- ver à des conclusions pertinentes sur l'évolution de cet
tion, conservés sur 35-40 cm de haut, sont composés en ensemble.
tuffeau de Ciply avec quelques blocs de grès à la base La procédure de certificat de patrimoine ne
tandis que le blocage contient des briques. Elle est orien- s'appliquait pas à cette imposante bâtisse datée à
tée est/ouest et se trouve très reculée dans la parcelle, l'inventaire uniquement d'après sa façade unifor-
loin du front de rue où aucune trace n'a été perçue. Elle misée au 18e siècle ; le Service de l'archéologie
est assisée sur le niveau de sable vert (sol en place) ; tout n'aura pas pu tirer parti de toutes les informations
a été excavé autour d'elle et aucune stratigraphie n'est encore disponibles sur les habitations antérieures
visible dans les parois sous les autres fondations. Au qui la composaient ; la synthèse finale de toutes les
nord-ouest de cette fondation, une couche organique observations archéologiques et réflexions n'a encore
(de décomposition de bois ?) est observée sur le sable pu aboutir à un plan complet. Toutefois, l'appel tardif
en place ; il est peu probable qu'il s'agisse d'un plancher mais efficace de Madame Daphné David, architecte
en lien avec cette construction car il se situe plus bas en charge de ce dossier, aura permis de percevoir une
que la fondation ancienne et celle des murs de la pièce fois de plus la quantité de vestiges encore présents
(17e siècle) ; la fondation relevée est recoupée par celles tant dans les sous-sols que dans les élévations et char-
des murs de la pièce qui l'entourent et est donc antérieure pentes des édifices montois. Nous tenons vivement à
(15e-16e siècles ?). Aucun matériel archéologique n'a été la remercier, de même que le Service technique des
mis au jour à cette occasion. Peut-être correspond-elle à bâtiments de la Province de Hainaut dont elle dépend
un mur de soutènement ancien de cette partie haute de pour sa démarche constructive et qui aura permis de
la rue de Nimy ? mettre au jour de nombreux éléments aujourd'hui
Au rez-de-chaussée, le parement intérieur du couloir disparus ou occultés par la rénovation.
(qui correspond au pignon originel de la maison
Losseau) est réalisé en moellons équarris de grès de Sources
facture médiévale, indiquant la présence probable d'une ■■ Recueil des plans des places du Royaume, divisées en provinces,
ruelle à cet endroit. faits en l'an 1693, no 32, plan de Mons (Paris, Bibliothèque
À l'occasion d'une autre visite sur place, alors que la nationale de France, département Cartes et Plans, GE DD-4585
charpente et les étages étaient accessibles, de nombreuses [1, RES] ; http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b5967727j/f113.
observations ont été réalisées portant par exemple sur item.r=Mons,%201693, consulté le 13 septembre 2016).
125
Mouscron/Mouscron : château des dimensions atypiques pour le site (24 × 11 × 4,5 cm).
Comtes, suivi du réaménagement de la Le dégagement de la structure a livré quelques indices
basse-cour céramiques évoquant les productions du 17e siècle.
Bien que le plan et les dimensions de cet élément
rappellent les structures de puits connues sur d'autres
Marceline Denis sites, sa mise en œuvre, légère et incomplète, semble
écarter de facto cette fonction. Une vocation plus
Le château des Comtes a déjà fait par le passé l'objet décorative n'est sans doute pas à exclure.
de nombreuses opérations préventives et de suivis Diverses fosses, massifs de fondation isolés, sections
s'attardant sur le logis et ses remparts (parc. cad. : de canalisation maçonnées et aménagements de rigoles
Mouscron, 6e Div., Sect. A, nos 572l, 572m et 572h). En recueillant les eaux de ruissellement ont été perçus sur
2015, le projet de réaménagement de la basse-cour fut le flanc ouest de la basse-cour. L'absence de matériel
l'occasion de poursuivre les recherches menées depuis archéologique associé à ces structures empêche toute-
2002. L'intervention archéologique s'est uniquement fois tout essai de datation. Le suivi des décapages a néan-
concentrée sur le suivi des décapages opérés par le moins révélé des fondations plus explicites fermant
soumissionnaire des travaux. l'espace de la basse-cour sur son flanc nord-est. Cette
La basse-cour se développe à l'est du château sur annexe, exclusivement réalisée en briques et mortier
une surface de près de 2 000 m². Elle est encadrée par de chaux, était équipée d'une citerne extérieure. L'ana-
un portail d'entrée, deux ailes de bâtiments agricoles lyse des fondations a révélé plusieurs phases d'agran-
réhabilités, les douves et un large accès menant au dissement de l'édifice ainsi que des modifications de
logis du château. Cette configuration en fait le prolon- ses espaces internes. Des aménagements à fonction
gement naturel de l'espace dévolu au logis comtal. La indéterminée et probablement contemporains des
cour de plan rectangulaire est actuellement libre de précédents ont également été révélés dans l'angle sud-
tout aménagement. Le suivi des travaux de rénovation ouest de la basse-cour. Leur lien avec les édifices à
permettra toutefois de relever de nombreux indices vocation agricole toujours présents sur le site n'a pu
modifiant cette perspective. être établi avec certitude.
L'opération a pu mettre en évidence la nature très
largement remaniée de la terrasse dédiée à la basse- Bibliographie
cour. Le décapage de toute la surface a fait apparaître ■■ Dasseleer S., Dosogne M. & Deramaix I., 2003. Mous-
l'apport successif de substrat anthropique révélant du cron/Mouscron : étude archéologique au château des Comtes,
matériel couvrant une ample fourchette chronologique Chronique de l'Archéologie wallonne, 11, p. 75-77.
comprise entre le 15e et le 19e siècle. Cette observation
n'est pas en contradiction avec les sources historiques
mentionnant explicitement l'existence d'une basse-
cour dès 1431 (Dasseleer, Dosogne & Deramaix, 2003). Quévy/Quévy-le-Grand : fouille d'un
Un fossé de 3,20 m de large fut observé sur une établissement rural
section de 5,50 m sur la moitié est de la basse-cour.
Il est implanté suivant un axe nord-est/sud-ouest
dans les substrats anthropiques constituant le socle Véronique Danese, Olivia De Staercke
de la basse-cour. Son tracé est régulier et sa largeur et Benjamin Van Nieuwenhove
relativement constante. L'environnement immédiat
de ce fossé est fortement marqué par des épisodes de De mi-mai à octobre 2015, une nouvelle saison
réduction et d'oxydation successifs, témoignant d'une de fouille s'est déroulée à Quévy-le-Grand, sur les
présence d'eau discontinue. L'implantation de ce fossé parcelles comprises entre les rues des Sœurs, du Culot
réduit considérablement l'emprise de la basse-cour et de la Fontaine (parc. cad. : Quévy, 2e Div., Sect. C,
telle qu'on la connaît actuellement. Le comblement nos 560C, 562D, 564M, 559G et 558C ; coord. Lambert :
supérieur de ce fossé, vraisemblablement lié à la phase 120255 est/116871 nord). Les recherches, comman-
d'abandon de la structure, a révélé la présence de maté- ditées par le Service de l'archéologie de la Direction
riel céramique correspondant à des productions s'éta- extérieure du Hainaut 1 (DGO4 / Département du
lant des 14e-15e siècles au 17e siècle. patrimoine), ont été réalisées par une équipe d'ar-
Face au corps de logis du château, un dispositif chéologues, de techniciens de fouilles et d'opérateurs
circulaire de 2,20 m de diamètre a été identifié au de l'asbl Recherches et Prospections archéologiques
sein de remblais anthropiques. Sa mise en œuvre est (RPA), secondée par des opérateurs du Service de
caractérisée par l'emploi d'un seul rang de briques de l'archéologie.
126
conservés sur plus de 1 m de d'épaisseur et présentent beige clair à jaune pâle. Les moellons sont essentiel-
un comblement multiple. Le fond de cabane le mieux lement en grès quartzites locaux de teinte bordeaux,
préservé mesure 1,90 m sur 1,40 m et 60 cm de hauteur. gris, blanchâtre et brun et plus rarement en calcaire
Il est orienté nord-nord-est/sud-sud-ouest et possède importé ou en silex. La détermination des phases de
un fond plan, des parois verticales, des poteaux d'angle construction n'a donc pu se faire que via l'observa-
et un plancher. Deux terres cuites presque entières tion de l'appareillage et des différentes coutures entre
et datant du 15e siècle ont été mises au jour dans son les maçonneries.
remblai. Le logis se situe au sud-est et les autres bâtiments
Pour ces diverses époques (7e-15e siècles), la docu- autour de la cour ont été identifiés comme ayant servi
mentation archéologique n'est encore que partielle. à la stabulation. Le bâtiment 5, l'abreuvoir et les accès
Une part importante de la superficie fouillée en 2015 complètent les éléments du plan.
est encore occupée par des vestiges maçonnés plus
récents, ce qui justifie en partie la saison archéolo- Le bâtiment 1
gique 2016-2017. Celle-ci permettra le démontage des
structures maçonnées en vue d'accéder aux vestiges Au sud-ouest de la cour, il subsiste la fondation d'un des
antérieurs au 16e siècle et de les étudier. Elle devrait murs gouttereaux du bâtiment 1, orienté est-sud-est/
contribuer à conclure pour ces époques. ouest-nord-ouest. Elle mesure 19,5 m de long sur 60 cm
de large et a été construite en fosse. Seuls le creusement
Des Temps modernes à nos jours : une de la tranchée et parfois une à deux assises de la fonda-
exploitation agricole tion ont été conservés.
L'étable
La cour centrale et les chemins d'accès au sud-ouest de l'abreuvoir, à l'arrière du logis. Repéré
sur 16 m de long et sur 4 m de large, ce bief conserve
La cour centrale est de plan trapézoïdal mesurant de nombreux vestiges de poteaux et de branchages.
40 m × 33 m × 27 m × 27 m. Deux puits de 1,5 m de L'eau était maintenue dans le réservoir grâce à la vanne
diamètre ont été repérés dans l'angle sud de la cour. aménagée dans le mur nord-est. Le système d'alimen-
Distants de 8 m, ils sont proches du logis et présentent tation et d'évacuation des eaux explique certains détails
un cuvelage maçonné, pour l'un en moellons, pour architecturaux de l'abreuvoir, comme la reconstruc-
l'autre en briques. tion du mur sud-ouest dégradé par la poussée des eaux
Le niveau de circulation de la cour est partiellement ou encore les imposants massifs encadrant la vanne,
empierré, aménagement qui semble avoir été exclusi- destinés à canaliser les eaux sortantes et à renforcer le
vement construit ou alors seulement conservé dans la mur soumis à la pression des eaux.
moitié sud-est. Il n'est pas plan et présente un profil en Le comblement de l'abreuvoir a livré un très grand
légère cuvette. Le long du logis, un espace de 3 à 5 m de nombre de fragments de mobilier : vaisselle en céra-
large, aménagé avec plus de soin, se caractérise par la mique et verre, couvert en métal, objets en fer, semelles
mise en œuvre soit de briques posées à plat, soit de pavés en cuir, etc.
disposés sur des surfaces quadrangulaires de gros blocs
équarris. La zone nord-nord-est possède également un Le bâtiment 5
sol particulièrement bien soigné. Elle marque le passage
entre la cour à proprement parler et le portail principal Au sud-ouest du logis, au-delà du bief, se localise le
de la ferme. Établi entre la grange et l'étable, celui-ci y bâtiment 5, constitué de trois pièces et d'une petite
forme un angle tronqué ; il présente un seuil constitué annexe. Le volume principal quadrangulaire de 6 m de
de grandes dalles taillées. De là, un chemin pavé de 3 côté est flanqué de deux petites pièces, dont une semi-
à 4 m de large, observé sur 20 m de long, s'éloigne de enterrée. L'une mesure 4,3 m sur 2,3 m et l'autre 3,3 m
la ferme en direction du nord-nord-est. Ce chemin a sur 2,6 m. Cet ensemble est construit en moellons et le
été partiellement aménagé sur le dérasement du mur revêtement de sol conservé dans l'une des petites pièces
en moellons qui prolongeait le passage charretier. Dans est constitué de briques posées à plat. Ces dernières
l'angle est-sud-est de la cour, un autre passage ouvert sur sont couvertes d'une couche de charbon de bois dont
1,5 m de large donne accès à un second chemin empierré la présence pourrait indiquer une fonction de cave à
se dirigeant vers le sud-est. Formé d'un pas d'âne large charbon. Cependant, l'emplacement dans le bief, soit
de 3 m et long de 13 m, il mène à un abreuvoir creusé dans une zone très humide, n'y serait pas favorable.
en contrebas des bâtiments du logis ; ses trois premiers Au nord-est du volume principal, une très petite
mètres ne sont pas conservés. La dernière marche est annexe a été construite en briques, matériau qui la
caractérisée par un empierrement assez fruste, contras- distingue des trois autres pièces. De 3,3 m sur 1,6 m,
tant avec le pavage soigné du reste du chemin. Ce détail elle est orientée nord-ouest/sud-est et présente un
semble indiquer que cette marche était sous eau et donc petit aménagement interne peu solide en briques, base
que son revêtement de sol était non visible. probable d'un petit établi.
Deux murs parallèles sont positionnés de part De très nombreuses fosses d'enfouissement pour
et d'autre des deux pas d'ânes inférieurs. À leurs animaux ont été creusées tout autour des bâtiments
extrémités sud-est, les murs s'écartent l'un de l'autre évoqués. D'époques diverses et de dimensions très
en deux courbes opposées et s'ouvrent sur un espace variables, elles contiennent des squelettes soit partiels
quasi ovoïde de 10 m sur 6,5 m, orienté nord-est/ soit entiers, souvent en connexion, de chevaux, brebis
sud-ouest, formant l'abreuvoir. Le mur nord-est de ou chèvres et de chiens. L'une d'elles sort du lot : elle
cet espace se compose de deux segments courbes dont mesure 3 m sur 11 m et contient de nombreux sque-
les têtes élargies en de puissants massifs maçonnés lettes en connexion mêlés à de la chaux. Cet enfouisse-
encadrent une baie de 50 cm de large, fermée par une ment collectif est sûrement le résultat d'une épidémie
vanne en bois. Au sud-est et au sud-ouest, les murs ayant ravagé le cheptel.
mesurent 40 cm de large. Le second, long de 4 m, est
percé en son centre d'une baie de 46 cm de large. L'état Bilan et perspectives
de ce mur semble résulter d'un réaménagement. Le
sol de l'abreuvoir consiste en un empierrement assez Actuellement, l'équipe archéologique ne dispose que de
grossier. L'amenée d'eau se fait grâce à un bief, situé peu d'informations historiques sur Quévy-le-Grand,
130
Bibliographie
■■ Lecomte A., 2014. Quévy/Quévy-le-Grand : un site médié-
val à la rue du Culot, château et activité artisanale. Campagne
de fouilles 2012, Chronique de l'Archéologie wallonne, 21,
p. 102-105.
Sources
■■ Atlas cadastral de Belgique publié par P.-C. Popp (1842-1879),
plan parcellaire de Quévy-le-Grand.
■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Havay, pl. 55B.
Saint-Ghislain/Baudour : sondages
Quévy-le-Grand : photogrammétrie de l'une des fosses
préalables à l'extension du temple
contenant le squelette d'un jeune cheval. protestant de Douvrain
de l'église et du temple protestant. Il conclut à la présence atelier de taille) n'a été mise au jour. Les silex taillés
d'ateliers de taille du silex néolithiques comparables à et non taillés présents sur la totalité de la parcelle ont
ceux du « Camp-à-Cayaux » de Spiennes. Fin 1922, des été recueillis dans la couche de colluvions, au contact
sondages menés à l'arrêt du tram à Douvrain-Temple des sables immédiatement sous-jacents et dans les
livrent des artefacts en silex, tantôt épars tantôt plus structures archéologiques postérieures au Néoli-
concentrés, sur toute l'épaisseur des sables soit 1,2 m thique. L'assemblage est donc en position secondaire
à 1,5 m. Ceux-ci reposent directement sur le Crétacé et ne peut être considéré comme totalement homo-
(Houzeau de Lehaie, 1922-1923). Entre 1936 et 1939, gène. Le sondage profond creusé jusqu'à 2,5 m de
des sondages ne dépassant pas 1,5 m de profondeur, profondeur n'a pas permis d'atteindre le Crétacé et
réalisés dans des jardins avoisinant le temple protestant n'a pas montré de banc de silex en place. Il a révélé
et le long de la rue Louis Caty, ont livré des ébauches de un substrat sableux extrêmement instable peu propice
hache et des outils sur éclat (Lefrancq, 1973). Des pros- au creusement de structures profondes. Les matières
pections pédestres réalisées en 2011 ont fourni quelques premières présentes sur le site comprennent par ordre
indices supplémentaires. Au cours de celles-ci, des d'importance du silex de type Ghlin, caractérisé par
déchets de taille, dont d'assez nombreux exemplaires un support en forme de plaquette, un cortex usé, une
en silex de type Ghlin, ont été collectés dans une prairie matrice grise à gris foncé mate présentant un litage et
située face au cimetière entre les rues du Temple, Louis des vermiculures caractéristiques, résultat de bioturba-
Caty et Pasteur Grégoire. Deux ébauches de hache en tions (156 pièces), des silex remaniés dans les sables
silex de type Ghlin ont été ramassées dans les déblais de thanétiens (37 pièces) et du silex turonien, au cortex
la construction d'une maison située au no 40 de la rue scoriacé et à la matrice foncée chargée de spicules
du Temple. d'éponges (37 pièces). Quelques artefacts en silex de
Ces découvertes successives laissaient donc espérer Villerot ou Obourg, à la matrice noire, fine et extrême-
la présence d'ateliers de taille et d'éventuelles structures ment homogène, sont identifiables. Par contre, aucune
d'extraction du silex en liaison avec ce type de vestiges. pièce en silex de type Spiennes n'a été identifiée. Il
La forte proportion de silex de type Ghlin renforçait s'agit pourtant d'une matière largement utilisée et
l'intérêt archéologique de cette intervention. En effet, diffusée dès le Néolithique moyen, au niveau régional
jusqu'à aujourd'hui on ne connaît pas la provenance mais également en dehors du Bassin de Mons (Bostyn
exacte de cette matière première utilisée abondam- & Collet, 2011). Près de 60 % des silex rencontrés sont
ment à partir du Néolithique ancien. taillés. Ce pourcentage varie fortement en fonction
de la matière première. Ainsi si la majorité des silex
L'intervention turoniens et la plupart des silex thanétiens sont bruts,
Résultats de l'intervention
à l'inverse la majorité des silex de type Ghlin (environ du site (ST01, ST07, ST11, ST12, ST13, ST14, ST21 et
75 %) sont taillés. Les exemplaires non taillés en silex ST22). Les autres sont antérieures à cette couche de
de type Ghlin sont des fragments de plaquettes dont colluvions (ST02, ST04, ST06, ST09, ST15, ST16, ST17,
quelques-unes présentent un cortex verdi, mais sans ST18, ST19 et ST24). Parmi celles-ci, seul le fossé ST19
développement d'une zone sous-corticale brun orangé a livré quelques fragments de céramique datant des 17e
typique des silex thanétiens. La présence de fragments et 18e siècles (identification par Cécile Ansieau). Les
non taillés en silex de type Ghlin renforce l'hypothèse éléments céramiques hors structures découverts sur la
d'une origine locale pour ce matériau, même si l'em- parcelle sont datables des périodes s'échelonnant du
placement des affleurements reste à découvrir. Typolo- 16e au 18e siècle (identification par Cécile Ansieau et
giquement, un unique outil, un perçoir, a été collecté. Marceline Denis). La fosse ST18 a livré des moellons
Le reste des artefacts relève d'activités de taille et de de silex liés par du mortier. Il est à noter que la matière
débitage. La plupart des éclats et nucléus illustrent première est de type Ghlin et corrobore une probable
un débitage sur plaquettes avec production d'éclats origine locale de ce matériau.
et d'éclats laminaires. Quelques pièces diagnostiques
indiquent la production de pièces bifaciales (ébauches Bibliographie
et éclats de façonnage) ainsi que le débitage de lames ■■ Bostyn F. & Collet H., 2011. Diffusion du silex de Spiennes
(nucléus à lames, tablette d'avivage et lames). Alors et du silex Bartonien du Bassin parisien dans le Nord de la
que la production bifaciale daterait a priori au plus France et en Belgique de la fin du 5e millénaire au début du
tôt du Néolithique moyen, la production laminaire 4e millénaire BC : une première approche. In : Bostyn F.,
pourrait, quant à elle, remonter au Néolithique ancien Martial E. & Praud I. (dir.), Le Néolithique du Nord de la
sous réserve d'une étude technologique plus poussée France dans son contexte européen : habitat et économie aux 4e et
3e millénaires avant notre ère. Actes du 29e colloque interrégional
du mobilier.
sur le Néolithique. Villeneuve-d'Ascq, 2-3 octobre 2009, Amiens
Dix-huit structures archéologiques postérieures au
(Revue archéologique de Picardie, n° spécial 28), p. 331-347.
Néolithique ont été identifiées. Il s'agit d'un chemin, de
■■ Collin J.-P., à paraître. Mining for a week or for centuries:
deux fossés et de fosses détritiques. Le chemin (ST09,
variable aims of flint extraction sites in the Mons Basin within
ST20, ST23 et ST24) large de 4 m présente une succes- the lithic economy of the Neolithic (Province of Hainaut,
sion d'ornières. Il est parallèle à la voirie actuelle de Belgium), Journal of Lithic Studies.
la rue du Temple et pourrait correspondre à l'Ancien ■■ Houzeau de Lehaie J., 1922-1923. Note préliminaire sur
Grand Chemin d'Hautrage qui doublait le Grand les ateliers de l'industrie néolithique spiennienne à Baudour
Chemin de Mons à Condé (Leblois, 1997). À l'excep- (Douvrain), Bulletin des Naturalistes de Mons et du Borinage, 5,
tion de la ST19, les structures n'ont pas livré d'élé- p. 20-23.
ments permettant de les dater. Stratigraphiquement,
plusieurs sont récentes. Elles sont postérieures à la
couche de colluvions présente sur la majeure partie
133
Tournai, place Reine Astrid : plan général des vestiges (infographie P.-P. Sartieaux, Serv. archéologie, Dir. ext. Hainaut 1).
135
(Grand Atlas, 2009, carte 21B ; plan de Tournai en 1863 0,85 m de large et est conservé en fondation sur 1 m de
dans Bozière, 1864, pl. I) n'offrent pas de précisions haut. Il est percé d'un caniveau dont la couverture et le
sur la nature de l'occupation de la parcelle. Il s'agit sol sont formés de grandes dalles en pierre de Tournai.
souvent d'un pâté de couleur qui laisse supposer qu'elle Ce caniveau se poursuit vers le sud-est où il plonge à
est entièrement bâtie. Par contre sur les cadastres du 45° vers un faux-puits qui n'a pu être dégagé suite au
19e siècle (plan de P.-C. Popp, notamment), la moitié passage en oblique de l'égout encore en usage. Il est
méridionale est exempte de constructions, l'autre est encadré à cet endroit de dalles en pierre irrégulières et
clairement occupée par des édifices dont l'accès se fait non cimentées. Ses parois sont réalisées en brique.
via la rue Saint-Martin. Parmi ceux-ci figure l'hôtel de Entre les murs F 001 et F 003 se trouve une vaste
Saint-Génois réalisé pour Nicolas-François de Saint- fosse quadrangulaire (F 005) de 3 m de long sur au
Génois par le père de l'architecte B. Renard. Cette moins 1,50 m de large. Recoupée dans la tranchée, elle
maison de maître a été rachetée en 1839 par le baron de a juste été repérée, mais pas fouillée. Elle s'enfonce à
Rasse, bourgmestre et sénateur (Bozière, 1864, p. 182). plus de 1 m de profondeur. Son remplissage est prin-
Selon Soil de Moriamé (1895, p. 43), la construction cipalement constitué de limons gris-brun panachés de
remonterait au 17e siècle avec façade et avant-cour de boulettes jaunes qui dessinent un remplissage concen-
style Louis XVI. Vendu en 1947, cet immeuble dispa- trique.
raît avant 1951 au profit entre autres du garage Delune Un troisième mur (F 006) a été mis au jour au sud-
(Benoît Dochy, communication personnelle). est du mur F 001. Il se situe à 7,50 m de ce dernier. Sur
le profil nord-est de la tranchée (profil 2), on observe
Les résultats des interventions que ce mur s'installe au nord-ouest contre des strates
(US 024 à US 027) offrant un pendage de 45° nord-
Dans la tranchée réalisée en 2014 s'observe au nord- ouest/sud-est. De plus, il est en fondation de ce côté et
ouest une cave dont subsistent les départs de la voûte est doté d'un parement soigné à l'opposé. Ces observa-
en brique (US 007) et la paroi sud-est (US 006). Cette tions laissent à penser que ce mur retient des terres en
dernière, en brique (25 × 11,5 × 5 cm), s'appuie sur bordure d'un fossé. De plus le remplissage collé contre
un mur en fondation (F 003) constitué de moellons le parement soigné correspond assez bien aux rejets de
et rares briques liés par un mortier à base de chaux. destruction du mur lors de son abandon (US 022).
Large de 0,50 m, celui-ci est doté au sud-est d'une Le mur F 006 est arasé à 1,20 m de profondeur. À
excroissance arrondie. Sa base n'a pas été atteinte à ce niveau, il ne mesure que 0,50 m de large. Il offre un
1,30 m de profondeur. À 9 m de ce mur se situe un léger fruit du côté parementé. Il est suivi sur 4,50 m de
second disposé parallèlement et exclusivement réalisé long et s'interrompt au sud-ouest sans retour perpen-
en pierre (moellons bruts et équarris) cimentée par un diculaire. Il est réalisé en calcaire de Tournai cimenté
mortier blanchâtre à base de chaux (F 001). Il mesure par un mortier crème à base de chaux. L'appareil,
de gabarit moyen, est réglé au sud-est. De ce côté, il d'un parement supplémentaire qui renforce le rempart
présente deux ressauts successifs de 0,20 m d'épaisseur sur sa face externe (Amand, 1986 ; Deramaix, Dury &
et d'une trentaine de centimètres de haut constitués Sartieaux, 2002). Cela sous-entend dès lors que le mur
d'assises irrégulières de moellons de petit gabarit déli- primitif a aujourd'hui disparu et que sa base était plus
mités à l'extrémité sud-ouest par un bloc équarri. haute puisqu'elle n'est pas perceptible dans le profil 2.
L'extrémité du mur F 006 est perturbée par le Ce qui est cohérent par rapport aux observations réali-
passage de buses en grès. Cette perturbation ne permet sées sur le site des Douze Césars. À nouveau, à cette
pas d'appréhender le lien précis qu'il entretient avec le hypothèse s'oppose la faible largeur de la maçonnerie
mur F 008 qui débute à cet endroit. Ce dernier mur du mur F 006, puisque les dimensions relevées pour
est conservé sur près de 1 m de haut avant d'être arasé ces aménagements atteignent au moins 0,80 m. Enfin,
quasi à sa base sous la fosse de garage. Il présente dans il est aussi difficile de comprendre l'interruption du
sa partie supérieure quelques assises qui semblent mur à cet endroit.
parementées en appareil irrégulier du côté sud-est, Les autres murs (F 008, F 009, F 013 et F 014)
alors qu'il est surtout en fondation. Il tend à s'évaser témoignent clairement de constructions domes-
vers la base, de ce fait, il mesure 0,60 m à son point le tiques et non plus défensives. Peu d'indices matériels
plus haut d'arasement et 0,80 m à son niveau le plus permettent actuellement de les dater. Ils sont antérieurs
bas. Il est réalisé principalement en pierre calcaire de au 19e siècle car ils ne figurent pas sur les premiers
Tournai associée à quelques briques liées par mortier cadastres réalisés à cette période. Ils pourraient être
beige à base de chaux. postérieurs au 17e siècle, car, avant cette date, les plans
À 9,65 m de son extrémité nord-est, le mur F 008 anciens de la ville montrent toujours la première
est chaîné avec un autre, perpendiculaire, de même enceinte communale bordée de son fossé. Néanmoins,
constitution et arasé au même niveau (F 009). Celui-ci cette supposition doit être toute relative, car les fouilles
s'appuie contre le mur F 012, situé à la limite d'emprise menées à l'ancien hôpital Saint-Georges ont mis en
de la fouille. Ce dernier semble en fondation, consti- évidence le manque de fiabilité de ces documents en
tué de pierres liées par un mortier blanchâtre à base ce qui concerne la représentation de cette fortification
de chaux. (Deramaix, 2013).
Contre le mur F 009, et dans l'axe du mur F 008,
s'installe le mur F 014. Il est réalisé en pierre calcaire
de Tournai associée à de rares briques cimentées par
un mortier beige à base de chaux. Il mesure entre 0,55
et 0,60 m de large. Il semble servir d'appui au mur
F 013. Ce dernier est réalisé principalement en brique
(24 × 11,5 × 5,5 cm) avec de gros blocs équarris. Il
dispose d'une baie de 0,60 m de large, délimitée par
deux piédroits en brique encadrant un seuil en pierre
calcaire (US 043). La face sud-est de ce mur est renfor-
cée par un parement en brique (24 × 11,5 × 5,5 cm) de
la largeur d'une brique (US 045 et US 046). Ces aména-
gements sont à la limite d'emprise de la propriété et
Tournai, place Reine Astrid : vue générale des fouilles.
sont perturbés par les fondations du mur qui clôt la
parcelle.
Conclusion
Interprétations générales
Les sondages réalisés à l'arrière de l'ancien garage Delune
Les murs F 001 et F 003 appartiennent à l'hôtel de à Tournai n'ont pas livré de vestiges concrets pouvant
Saint-Génois identifiable sur les cadastres du 19e siècle. être attribués à la première enceinte communale. Tout
La position stratigraphique du mur F 006 et sa face au plus le mur F 006 pourrait être un réaménagement
parementée semblent indiquer qu'il limite le fossé sur le tracé de celle-ci vu son parement soigné qui borde
périphérique à l'enceinte. Toutefois, sa faible épaisseur vraisemblablement l'ancien fossé défensif.
pose question et ne semble pas correspondre à un mur Les autres vestiges mis au jour conduisent à davan-
de courtine. En effet, les vestiges connus de la première tage de questions sur la pérennité de cette fortification
enceinte livrent à leur base des largeurs comprises dans ce quartier au cours des siècles qui ont suivi son
entre 1,20 m et 1,50 m. Il pourrait s'agir, comme sur abandon. Les limites de la fouille actuelle ne permettent
les sites du Marché au Jambon et des Douze Césars, pas d'aller plus loin dans les interprétations.
137
Ces premières interventions archéologiques devront ■■ Le Poivre P., 1585-1622. Recueil de plans de villes et de
être suivies d'une fouille préventive sur l'ensemble du châteaux, de fortifications et de batailles, de cartes topographiques
site lors de la demande de permis d'urbanisme, ce qui et géographiques, se rapportant aux règnes de Charles-Quint, de
permettra peut-être de mieux comprendre les vestiges Philippe II et d'Albert et Isabelle, s.l., pl. 46 (Description du siege
de la ville de Tournay, 1582).
déjà exhumés.
Avec la collaboration de Benoît Dochy
Bibliographie
■■ Amand M., 1986. Les enceintes médiévales de Tournai :
documents inédits. In : Autour de la ville en Hainaut. Mélanges
d'archéologie et d'histoire urbaines offerts à Jean Dugnoille et à
René Sansen à l'occasion du 75e anniversaire du C.R.H.A.A.,
Ath (Études et Documents du Cercle royal d'Histoire et d'Ar-
chéologie d'Ath et de la Région et musées athois, VII), p. 161-174.
■■ Atlas des villes, 1884-1924. Atlas des villes de la Belgique au
xvie siècle. Plans du géographe Jacques de Deventer exécutés sur
les ordres de Charles-Quint et de Philippe II, reproduction fac-
similé exécutée à l'Institut national de Géographie, Bruxelles.
■■ Bozière A.-F.-J., 1864 [1976]. Tournai ancien et moderne,
Bruxelles (réimpression anastatique).
■■ Deramaix I., 2013. Tournai/Tournai : fouilles préventives sur
le site de l'ancien hôpital Saint-Georges, Chronique de l'Archéo-
logie wallonne, 20, p. 130-132.
■■ Deramaix I., Dury C. & Sartieaux P., 2002. Fouilles
préventives à l'îlot des Douze Césars à Tournai. Un nouveau
regard sur la première enceinte communale. In : Sixième
Congrès de l'Association des cercles francophones d'Histoire et
d'Archéologie de Belgique et LIIIe Congrès de la Fédération des
cercles d'Archéologie et d'Histoire de Belgique. Congrès de Mons.
25, 26 et 27 août 2000. Actes. II, Mons, p. 131-141.
■■ Dury C. & Nazet J., 1983. Tournai. In : Les enceintes
urbaines en Hainaut, Bruxelles, Crédit communal de Belgique,
p. 223-254.
■■ Grand Atlas, 2009. Le grand atlas de Ferraris. Le premier atlas
de la Belgique. 1777. Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens et
de la Principauté de Liège, Bruxelles.
■■ Jacques M.-A. & Stocman R., 2013. Deux chapelles jumelles
de haute antiquité à la rue Saint-Martin : Saint-Éloi et Saint-
Pierre, Bulletin Pasquier Grenier, 114, p. 3-8.
■■ Pl. Reine Astrid, 1978. Pl. Reine Astrid. In : Province de
Hainaut. Arrondissement de Tournai (T-W). Arrondissement de
Mouscron, tome 2 (A-T), Liège (Le Patrimoine monumental de
la Belgique, 62), p. 735-736.
■■ Soil de Moriamé E.-J., 1895. Tournai archéologique en 1895,
Tournai, Casterman.
■■ Thomas F. & Nazet J. (dir.), 1995. Tournai. Une ville, un fleuve
(xvie-xviie siècle), Bruxelles, Crédit communal de Belgique.
■■ Vercauteren F., 1965. Plans en relief de villes belges levés
par des ingénieurs militaires français, xviie-xixe siècle. Tournai,
Bruxelles, Pro Civitate (Collection Histoire, série in- 4o, 1).
Sources
■■ Atlas cadastral de Belgique publié par P.-C. Popp (1842-1879),
développement de la ville de Tournay (intra muros).
Liège
Herstal/Milmort : cave gallo-romaine (photo S. de Bernardy de Sigoyer, Serv. archéologie,
Dir. ext. Liège 1).
139
Juprelle Hermalle-sous-Argenteau
Oupeye
Milmort
Herstal Welkenraedt
Rocourt
Jupille- Soumagne
sur-Meuse
Ayeneux
Mons-lez-Liège
Olne Verviers
Soiron
Pepinster
Villers-le-Bouillet
Amay Esneux
Theux
Huy
Vierset-Barse
Anthisnes
Terwagne
Malmedy
Clavier La Gleize
Ferrières Stavelot
Vieuxville Stoumont
Carte administrative des communes de la province de Liège visées par les notices.
Commune dont la localité du même nom est concernée
Commune dont la localité du même nom n'est pas concernée
Autre localité concernée
Éditorial
Ce qui interpelle cette fois n'est pas le lot de découvertes, certes parfois très significatives et qui donnent de l'attrait à
cette cuvée, mais la consistance en croissance continue de l'apport du monde associatif qui porte un regard attentif
sur le destin de notre patrimoine archéologique. Ces attentions de veilleur sont d'autant plus pertinentes qu'elles
émanent de fins et expérimentés connaisseurs d'un terroir et d'autant plus efficaces qu'elles s'initient dans l'immé-
diateté, grâce à la proximité physique des protagonistes. De la plus petite à la plus grande, ce genre de démarche est
à louer ; chacune des informations enrichit nos inventaires cartographiés et plus généralement le corpus de notre
histoire régionale.
D'un point de vue méthodologique, nous retiendrons aussi le travail de réexamen de la coupe de Rocourt, site
éponyme du sol préhistorique bien connu. Outre que cette analyse vise à donner un souffle nouveau dans notre
connaissance de ces enregistrements sédimentaires et dans celle de la chronologie de l'occupation préhistorique, le
travail contribue également à documenter toute une partie du plateau liégeois, localisée au sud du site classé, dans
la perspective de pouvoir anticiper les travaux d'infrastructure envisagés dans ce secteur. Ce n'est plus seulement un
seul profil qui retiendra notre attention mais le secteur dans lequel nos spécialistes auront diagnostiqué et localisé les
horizons porteurs de connaissance.
Les débats avec nos collègues géologues et pédologues se poursuivront également à propos des énigmatiques
« puits » de Herstal/Milmort. Les archéologues pensent y voir le résultat d'actions anthropiques, du creusement
au comblement ; les spécialistes des sciences de la terre y discernent plutôt le résultat d'évènements de dissolution
du substrat crayeux. Le débat est d'autant plus animé que ces puits côtoient intimement l'habitat gallo-romain ; se
clora-t-il au terme de l'examen des carottes de sédiments prélevées dans leur comblement, la recherche dans ces
profondeurs « abyssales » (aux environs de 15 m de profondeur) s'étant révélée impossible à mener. Pour autant qu'il
s'agisse de structures anthropiques, l'enjeu consiste à savoir à quelle époque a débuté ou s'est prolongée l'exploitation
des ressources souterraines hesbignonnes.
Jean-Marc Léotard
140
Herstal/Milmort : tête de puits jouxtant la cave gallo-romaine (photo S. de Bernardy de Sigoyer, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1).
141
Préhistoire Liège
PRÉHISTOIRE
Ferrières/Vieuxville : datation
radiocarbone d'une calvaria humaine au
Trou du Renard/Grotte Geneviève
Entrée du Trou du Renard/Grotte Geneviève (photo J. Éloy, Plan du Trou du Renard/Grotte Geneviève (modifié, d'après
AWEM). Dubois, 1981).
142
évoquerait le nom d'une femme pauvre, mise au ban de la glabelle ni des arcades sourcilières. La face et la
de la communauté villageoise, qui aurait trouvé refuge mandibule manquent ; aucune dent n'a été récoltée.
dans la grotte. Cette histoire en rappelle une autre, Le fossile est large, avec 15,2 cm de dimension maxi-
celle de Gertrude Frankignoul, une mendiante aussi male (Martin 8). Sa longueur (Martin 1) ne peut être
appelée Mère Gaieté, qui aurait habité une cabane mesurée avec précision mais est estimée à quelque 18 cm.
édifiée à l'entrée de la cavité en 1807 (Fanon, 1965). Le La hauteur de la calotte (basion-bregma, Martin 17) est
docteur Bovy (1839) parle également de cette masure de 13,2 cm. Le profil médian du sommet du crâne, tant
adossée à une grotte sur le toit de laquelle broutait une dans la partie arrière du frontal que sur l'essentiel de la
chèvre, tandis que Jérôme Pimpurniaux (1856-1858) suture sagittale, est en légère pente. La mastoïde droite,
indique la présence d'une pauvre famille habitant la la seule conservée, atteint le plan des deux condyles
cabane construite à l'entrée d'une grotte. On pouvait occipitaux ; elle est assez robuste. La capacité crânienne
encore observer, il y une vingtaine d'années, les calculée à partir de la première formule du tableau 1 de
fondations maintenant en grande partie disparues de Olivier et al. (1978) est de 1 550 cm3.
ce qui semblait être un mur fermant le porche d'entrée. Le sujet était un adulte, ni très jeune, ni sénile. Sur
On notera qu'une dernière appellation, tout aussi base du degré de fermeture des cinq sites du système
anecdotique, a parfois été utilisée : « Trou des Nutons » antéro-latéral de Meindl et Lovejoy (1985 ; niveaux de
(Cosyn, s.d.) – un de plus – qui désigne plutôt un trou fermeture 2 à 3 sur le crâne de Logne), le sujet corres-
fréquenté par des Nutons (Fanon, 1965). pond à un âge moyen de 52 ans avec une variation de
L'échantillon daté, un petit fragment de frontal, a 33 à 76 ans. Par rapport aux sept sites du système de la
été soumis au laboratoire en 2015. Le résultat est de voûte, l'âge moyen serait de 49 ans, avec un intervalle
4080 ± 31 BP, soit entre 2860 et 2490 BP en date cali- de variation de 30 à 71 ans.
brée à deux sigmas (RICH-22897, FE/VXV/GEN 01). Le sexe du défunt est plus délicat à estimer dans la
Une telle datation situe le crâne au Néolithique final. mesure où seul l'os coxal, ici absent, peut fournir une
Le fossile a été découvert tout au fond de la cavité, au diagnose réellement fiable. Sur le crâne, la largeur
début des années 2010, par des jeunes qui tentaient de bizygomatique (Martin 45) manque mais dépassait
désobstruer le conduit. Il a été remis en 2014 au musée clairement 142 mm ; en utilisant notamment cette
du château fort de Logne par un résident néerlando- valeur minimale, diverses équations discriminantes
phone de Vieuxville, M. Wolter Ten Bokkel Huinink, permettent d'émettre l'hypothèse d'un sujet masculin
qui l'avait lui-même reçu. Aucun contexte stratigra- (Defrise-Gussenhoven, 1966 ; Henke, 1973 ; Leguebe
phique n'a été noté lors de la trouvaille. & Albert, 1981, fonction totale à trois variables).
La calvaria, qui a reçu des coups récents engendrant Entre son utilisation à la fin du Néolithique attestée
des manques, comprend encore l'os occipital complet, par le crâne daté au radiocarbone et les occupations
donc la base du crâne avec le trou occipital et les condyles modernes représentées par les personnes qui ont résidé
occipitaux, le temporal droit complet, le pariétal droit à l'entrée du site, la grotte a connu d'autres phases d'oc-
complet, l'essentiel du pariétal gauche, la grande aile cupation. Ainsi quelques tessons de poterie récoltés
du sphénoïde droit, l'écaille du frontal mais pas la zone sous le porche d'entrée semblent indiquer une occu-
pation du lieu entre le Bas Moyen Âge et
le 17e siècle (détermination par Sophie
Challe, Direction de l'archéologie).
Le Trou du Renard/Grotte Geneviève
est loin d'être le seul site du bassin de
l'Ourthe à avoir livré des sépultures et
des ossements humains isolés du Néoli-
thique. En effet, rien qu'entre Hotton,
où elle quitte l'Ardenne pour entrer en
Calestienne, et le confluent de l'Amblève
à Comblain-au-Pont, la vallée a livré
plusieurs dizaines de sépultures en milieu
karstique, le plus souvent plurielles, ainsi
que deux allées couvertes. D'autres sépul-
tures ont en outre été trouvées plus en
aval, entre Comblain-au-Pont et Liège.
En matière d'attribution culturelle, le
Calibration de la datation du crâne du Trou du Renard/Grotte Geneviève.
Trou de la Heid relève de la fin du Néoli-
143
Préhistoire Liège
Le crâne du Trou du Renard/Grotte Geneviève : a. Vue latérale droite ; b. Vue antérieure (photos J. Éloy, AWEM).
thique moyen de type Michelsberg, avec des pointes ■■ Bovy J.P.P., 1839. Huitième promenade. Bords de l'Amblève
en silex et de la céramique caractéristique (Toussaint et de l'Ourthe. In : Promenades historiques dans le Pays de Liège,
& Becker, 1994). Les ossements humains de la grotte II, Liège, p. 123-124.
de la Brouette à My ont fourni deux datations assez ■■ Cosyn M., s.d. La vallée de l'Ourthe, Bruxelles, Guides Cosyn.
similaires mais sans matériel archéologique corres- ■■ De Broyer C., Thys G., Fairon J., Michel G. & Vrolix M.,
pondant (Moreau, Groenen & Otte, 2013). Les autres 1996. Atlas du karst wallon. Province de Liège. Inventaire carto-
sépultures datées au radiocarbone correspondent au graphique et descriptif des sites karstiques et des rivières souter-
Néolithique récent/final. Dans la vallée de la Lembrée raines de Wallonie, 3 vol., s.l., Commission wallonne d'Étude et
où s'ouvre le Trou du Renard/Grotte Geneviève, c'est de Protection des sites souterrains.
ainsi le cas du Trou de la PJ, à Ferrières (Toussaint, ■■ Defrise-Gussenhoven E., 1966. A Masculinity-Feminity
Masy & Léotard,1994). C'est aussi celui de la grotte de Scale Based on a Discriminant Function, Acta Genetica et Statis-
tica Medica, 16, p. 198-208.
La Préalle II, à Heyd (Toussaint, 2002), comme d'ail-
leurs des deux allées couvertes sépulcrales de Wéris ■■ Dubois J., 1981. Cavités karstiques de la province de Liège :
inventaire des phénomènes karstiques pénétrables tels que :
(Toussaint, Frébutte & Hubert, 2009).
abîme, abri, caverne, chantoir, faille, grotte, puits et trou, 2 vol.,
Les vicissitudes de la calvaria du Trou du Renard/
Liège (Mémoires de la Société wallonne de Palethnologie, 2).
Grotte Geneviève soulignent une fois encore l'impor-
■■ Fanon M., 1965. Contes et légendes de chez nous, Vieuxville-
tance des menaces que court le patrimoine archéolo-
Sy-Logne, Syndicat d'initiative, 14 p.
gique du karst wallon, soumis à de multiples pressions,
■■ Henke W., 1973. Zur Methode der diskriminanzanalytischen
dues notamment à des désobstructions spéléologiques,
Geschlechtspazität und Hirnschädelwölbung im Genus Homo,
à des activités de carrières et à des collectionneurs sans
Homo, 15, p. 218-224.
guère d'éthique patrimoniale. De tels risques sont
■■ Leguebe A. & Albert A., 1981. Détermination du sexe
souvent sous-estimés, car se déroulant dans des zones
des crânes au moyen de l'analyse discriminante logistique,
peu accessibles et guère fréquentées. Pourtant, si on Zeitschrift für Morphologie und Anthropologie, 72, p. 172-179.
n'y prend pas assez garde, c'est tout un pan du passé
■■ Meindl R.S. & Lovejoy C.O., 1985. Ectocranial Suture
régional qui risque de s'effacer dans le silence des bois
Closure: A Revised Method for the Determination of Skeletal
et des falaises. Age at Death Based on the Lateral-Anterior Sutures, American
Signalons, pour terminer, que la calvaria du Trou Journal of Physical Anthropology, 68, p. 57-66.
du Renard/Grotte Geneviève est conservée dans les ■■ Moreau L., Groenen M. & Otte M., 2013. Ferrières/
collections du musée du château fort de Logne. My : campagne de fouille 2011 dans la grotte de la Brouette,
Chronique de l'Archéologie wallonne, 20, p. 137-140.
Bibliographie ■■ Olivier G., Aaron C., Fully G. & Tissier G., 1978. New
■■ Anciaux F., 1950. Explorons nos cavernes, Dinant, éditions du Estimation of Stature and Cranial Capacity in Modern Man,
Guide de la Nature, 315 p. Journal of Human Evolution, 7, p. 513-518.
144
■■ Pimpurniaux J., 1856-1858 [1981]. Guide du voyageur en constitue toujours, à l'heure actuelle, le marqueur du
Ardenne ou Excursions d'un touriste belge en Belgique, Bruxelles dernier interglaciaire (Eemien) et du Début glaciaire
(réimpression anastatique). weischsélien en contexte lœssique (Haesaerts et
■■ Toussaint M., 2002. Durbuy/Heyd : positionnement al., 2016). Immédiatement au-dessus du « Sol de
chronologique de l'ossuaire de La Préalle II par AMS, Chronique Rocourt », Gullentops (1954) décrit la présence d'un
de l'Archéologie wallonne, 10, p. 176-179. épais limon humifère, connu aujourd'hui comme
■■ Toussaint M. & Becker A., 1994. Une sépulture du « Complexe humifère de Remicourt » (Haesaerts,
Michelsberg : le trou de la Heid à Comblain-au-Pont (province Mestdagh & Bosquet, 1997). Dans ce limon humifère,
de Liège, Belgique), Bulletin de la Société préhistorique française, il mentionne en outre la présence d'un téphra à ensta-
91 (1), p. 77-84.
tite (Gullentops, 1954), rebaptisé par la suite « Téphra
■■ Toussaint M., Frébutte C. & Hubert F. (dir.), 2009. de Rocourt » (Juvigné, 1977 ; Pouclet, Juvigné &
Le « champ mégalithique de Wéris ». Fouilles de 1979 à 2001.
Pirson, 2008). La sablière Gritten constitue donc le site
Volume 2. Rapports de fouilles, Namur (Études et Documents,
éponyme du Pédocomplexe de Rocourt et du Téphra
Archéologie, 15), 320 p.
de Rocourt.
■■ Toussaint M., Masy P. & Léotard J.-M., 1994. La sépulture
La présence de matériel archéologique dans la sablière,
collective du trou de la PJ à Ferrières (prov. de Liège) : note
préliminaire, Notae Praehistoricae, 14, p. 195-199.
notamment un éclat Levallois, est mentionnée pour la
première fois en 1911 lors d'une visite du site par Victor
Commont, le célèbre naturaliste de la région d'Amiens
(Lohest & Fraipont, 1911-1912). Après Commont,
quelques découvertes ponctuelles furent également
Liège/Rocourt : étude stratigraphique réalisées (Haesaerts, Di Modica & Pirson, 2011), mais
de la coupe de lœss du site classé de la c'est en février 1977 qu'une concentration d'artefacts
sablière Gritten lithiques fut identifiée et fouillée par l'Institut royal
des Sciences naturelles de Belgique (Haesaerts, 1978 ;
Otte, Boëda & Haesaerts, 1990 ; Haesaerts, Di Modica
Stéphane Pirson, Paul Spagna, & Pirson, 2011). Plusieurs centaines d'artefacts répar-
Dominique Bosquet, Simon Delvoie, tis sur une trentaine de mètres carrés furent ainsi mis
Kévin Di Modica, Paul Haesaerts, au jour au sommet du Pédocomplexe de Rocourt, dans
Étienne Juvigné et Pierre van der Sloot un équivalent de l'« Horizon blanchi de Momalle »
défini à Remicourt à la fin des années 1990 (Haesaerts,
Introduction Mestdagh & Bosquet, 1997 ; 1999). Cet horizon est
rattaché à un épisode froid de la fin du Début glaciaire
La sablière Gritten, située sur l'interfluve Meuse- weichsélien ; le matériel pourrait donc se positionner
Geer à Rocourt, a été en activité jusqu'en 1986. Elle dans le SIM 5b, vers 87 000 ans, ou dans le SIM 5a, vers
exploitait les sables oligocènes accessibles sous une 80 000 ans (Haesaerts, Di Modica & Pirson, 2011 ; Pirson
couverture lœssique d'épaisseur variable (parc. cad. : & Di Modica, 2011). L'intérêt principal de ce matériel
Liège, 29e Div., Rocourt, Sect. A, nos 154A, 192H, 192S, lithique est qu'il a été un des premiers à permettre la
192T, 198B et 225L). L'importance scientifique du site, reconnaissance d'une industrie laminaire en contexte du
de renommée internationale, réside à la fois dans Paléolithique moyen (Haesaerts, 1978 ; Otte, Boëda &
son intérêt pour la géologie du Quaternaire et pour Haesaerts, 1990 ; Haesaerts, Di Modica & Pirson, 2011).
l'archéologie préhistorique. Ces différents aspects
ont récemment fait l'objet d'une synthèse (Haesaerts,
Di Modica & Pirson, 2011). Ils sont résumés ci-après.
L'intérêt géologique du site date des travaux que
F. Gullentops y effectua dans le cadre de sa thèse. Cet
auteur y reconnut trois générations de lœss, respec-
tivement attribuées au Hennuyen, au Hesbayen et au
Brabantien, séparées par deux paléosols : le « Sol de
Rocourt » et le « Sol de Kesselt » (Gullentops, 1954).
Le concept du « Sol de Kesselt » a depuis été aban-
donné (Haesaerts et al., 1981 ; Haesaerts, Di Modica
& Pirson, 2011 ; Juvigné et al., 1996). Par contre, le
« Sol de Rocourt », rebaptisé depuis « Pédocomplexe
Rocourt, sablière Gritten : vue générale du secteur étudié.
de Rocourt » (Pirson, 2007 ; Haesaerts et al., 2016),
145
Préhistoire Liège
Rocourt, sablière Gritten : log stratigraphique relevée en 2015. Unités lithostratigraphiques (Haesaerts, Pirson & Meijs, 2011) : les
Membres de Brabant, de Hesbaye, de Vellereille et de Warneton (Warn.) appartiennent à la Formation de Gembloux ; le Membre
du Hainaut appartient à la Formation de Veldwezelt. Principaux horizons repères (Haesaerts et al., 2016) : HLN : Horizon à langues
de Nagelbeek ; TE : Téphra d'Eltville ; TR : Téphra de Rocourt ; GT : gley de toundra ; Ki-A : Sol de Kincamp A ; CHR : Complexe
humifère de Remicourt ; HBM : Horizon blanchi de Momalle ; VSG-B : Sol de Villers-Saint-Ghislain B ; Harm. : Sol d'Harmignies.
Symboles graphiques : 1. Horizon humifère ; 2. Krotovine ; 3. Horizon Bt d'un sol lessivé ; 4. Horizon légèrement plus foncé ;
5. Lœss ; 6. Sable ; 7. Limon blanc (Horizon blanchi de Momalle) ; 8. Galets ; 9. Taches d'hydroxydes de fer ; 10. Glosse (langue de
déferrification) ; 11. Coin de glace.
146
Dès la fin de l'exploitation de la sablière en 1986, – comparaison de la stratigraphie observée avec les
son remblaiement fut entamé (communication orale données connues. En particulier, confrontation avec la
C. Gritten). Le 13 février 2001, une portion de la position du matériel archéologique, connue d'après les
coupe de Rocourt fut classée comme site par arrêté travaux de P. Haesaerts (IRSNB).
ministériel, ce qui eut pour effet d'interrompre le La seconde intervention consiste à évaluer le
remblaiement. L'intervention, objet de cette notice, potentiel archéologique du site (extension du gise-
répond à la volonté du propriétaire de terminer le ment archéologique). Pour ce faire, des sondages
remblayage de la carrière pour une remise en culture à la tarière manuelle sont envisagés sur le plateau
de la parcelle concernée (parc. cad. : Liège, 29e Div., afin de déterminer le pendage du Complexe humi-
Rocourt, Sect. A, no 198B). Dans les années précé- fère de Remicourt (CHR), horizon caractéristique
dentes, le maintien d'un accès à la coupe se justifiait immédiatement sus-jacent au matériel archéo-
dans la mesure où celle-ci servait de stratotype pour logique fouillé dans les années 1970 et servant de
le Pédocomplexe de Rocourt. Toutefois, depuis 2007, repère aisément identifiable en sondage. Les essais
une nouvelle coupe de référence a été identifiée dans de pénétration statique contribueront également à
la carrière CBR de Romont, à Eben-Emael. Elle est la localisation du Pédocomplexe de Rocourt et du
beaucoup plus complète que celle de Rocourt, notam- Complexe humifère de Remicourt. Des travaux
ment pour la partie englobant le pédocomplexe. Cette récents (Delvoie et al., 2016a ; 2016b) ont en effet
nouvelle coupe a été proposée comme nouveau strato- montré le potentiel de cette méthode pour localiser
type du Téphra de Rocourt (Juvigné et al., 2008) mais ces deux marqueurs stratigraphiques qui présentent
également comme stratotype pour la séquence des un grand intérêt pour l'archéologie préhistorique
lœss de Moyenne Belgique (Haesaerts, Pirson & Meijs, étant donné qu'ils concentrent la plupart des sites
2011). Dès lors, le remblayage était envisageable, dans du Paléolithique moyen en contexte lœssique en
la mesure où il permettra une meilleure protection du Belgique et en France (Locht & Depaepe, 2011 ;
site archéologique. Locht et al., 2015 ; Pirson & Di Modica, 2011 ; Di
Modica et al., 2016). De plus, cette méthode pour-
Objectifs de l'intervention rait contribuer à affiner le zonage archéologique de
la Wallonie (Landenne, 2011) pour cette période en
Deux interventions complémentaires sont prévues contexte lœssique.
avant le remblayage de l'ancienne carrière.
La première concerne l'enregistrement détaillé de Premiers résultats et perspectives
la stratigraphie de ce site majeur pour la géologie du
Quaternaire et la préhistoire du nord-ouest européen. En 2015, seule l'intervention concernant l'enregistre-
Dans le détail, il s'agit d'entreprendre les opérations ment stratigraphique a été entamée. Le choix du secteur
suivantes : à étudier s'est fait le 31 août 2015 en concertation avec
– nettoyage minutieux d'une portion représentative P. Haesaerts (IRSNB) et É. Juvigné (ULg), sur base de
de la séquence stratigraphique ; leurs travaux antérieurs dans la carrière ; la proximité
– relevé détaillé de la stratigraphie afin d'identifier avec la zone fouillée dans les années 1970 a notamment
la succession des processus dépositionnels et post- été privilégiée. Par la suite, quatre journées de terrain
dépositionnels et de reconstituer la géométrie des dépôts ; ont été consacrées au nettoyage détaillé des coupes.
– relevé photographique complet et en haute résolu- La séquence stratigraphique étudiée comprend
tion de la coupe ; environ 8 m de dépôts du Quaternaire, reposant
– relevé photogrammétrique afin de valoriser la coupe sur un peu moins de 4 m de sables oligocènes, ces
d'un point de vue à la fois scientifique et pédagogique ; derniers ayant été atteints principalement à la tarière.
– relevé topographique précis de la zone étudiée ; Les principales unités stratigraphiques observées
– prélèvements divers (notamment granulométrie, sont présentées sur le log qui, pour l'essentiel, est
minéraux denses des lœss, recherche des téphras, comparable aux enregistrements stratigraphiques
micromorphologie et susceptibilité magnétique) ; précédents, en particulier aux relevés détaillés de
– mesures géotechniques de résistance à la péné- P. Haesaerts (Haesaerts, 1978 ; Haesaerts, Di Modica
tration, à la fois directement sur la coupe à l'aide d'un & Pirson, 2011 ; Haesaerts et al., 2016). Parmi les
pénétromètre de poche (collaboration avec S. Delvoie différences, signalons une plus grande complexité
et le Laboratoire de Géotechnologie de l'ULg) et sur identifiée au sein du Pédocomplexe de Rocourt,
le plateau situé en arrière de la coupe par des essais offrant une belle opportunité de tenter un position-
de pénétration statique (Cone Penetration Test, CPT ; nement chronostratigraphique plus précis du maté-
Delvoie et al., 2016a ; 2016b) ; riel archéologique.
147
Préhistoire Liège
À ce stade, deux fragments de silex ont été mis au ■■ Gullentops F., 1954. Contributions à la chronologie du
jour lors du nettoyage des coupes, mais aucun ne peut Pléistocène et des formes du relief en Belgique, Mémoires de
être considéré comme artefact indiscutable. Ceci n'est l'Institut géologique de l'Université de Louvain, 18, p. 125-252.
pas étonnant compte tenu de la faible densité de maté- ■■ Haesaerts P., 1978. Contexte stratigraphique de quelques
riel qui caractérise la plupart des gisements de plein air gisements paléolithiques de plein air de Moyenne Belgique,
du Paléolithique moyen. Bulletin de la Société royale belge d'Anthropologie et de Préhis-
toire, 89, p. 115-133.
La poursuite des travaux en 2016 permettra de
compléter les relevés stratigraphiques, de réaliser les ■■ Haesaerts P., Di Modica K. & Pirson S., 2011. Le gise-
relevés photographique et photogrammétrique détail- ment paléolithique de la Sablière Gritten à Rocourt (province
de Liège). In : Toussaint M., Di Modica K. & Pirson S.
lés, ainsi que d'entreprendre les divers prélèvements
(éd.), Le Paléolithique moyen en Belgique. Mélanges Margue-
envisagés. Les mesures au pénétromètre de poche rite Ulrix-Closset, Liège (Bulletin de la Société royale belge
seront également effectuées sur les coupes. d'Études géologiques et archéologiques Les Chercheurs de la
Dans la foulée, les sondages à la tarière manuelle Wallonie, hors-série 4 ; Études et Recherches archéologiques de
seront réalisés sur le plateau, afin de cartographier le l'Université de Liège, 128), p. 359-374.
Complexe humifère de Remicourt et le Pédocomplexe ■■ Haesaerts P., Juvigné É., Kuyl O., Mucher H. &
de Rocourt, et ainsi l'extension potentielle du gisement Roebroeks W., 1981. Compte rendu de l'excursion du 13 juin
archéologique. Parallèlement à ces sondages, les essais 1981, en Hesbaye et au Limbourg néerlandais, consacrée à la
de pénétration statique seront mis en œuvre. Ces essais chronostratigraphie des lœss du Pléistocène supérieur, Annales
géotechniques permettront notamment de confirmer de la Société géologique de Belgique, 104, p. 223-240.
le potentiel de cette méthode, démontré récemment à ■■ Haesaerts P., Mestdagh H. & Bosquet D., 1997. La
Romont (Delvoie et al., 2016b) et Remicourt (Delvoie et séquence lœssique de Remicourt (Hesbaye, Belgique), Notae
al., 2016a), pour identifier le Pédocomplexe de Rocourt Praehistoricae, 17, p. 45-52.
ailleurs dans le domaine lœssique de la Moyenne ■■ Haesaerts P., Mestdagh H. & Bosquet D., 1999. The
Belgique. sequence of Remicourt (Hesbaye, Belgium): new insights on the
pedo- and chronostratigraphy of the Rocourt Soil, Geologica
Remerciements Belgica, 2, p. 5-27.
■■ Haesaerts P., Spagna P., Damblon F., Gerasimenko N.
Les auteurs souhaitent remercier le Consortium & Pirson S., 2016. The Upper Pleistocene loess-palaeosol
sequence of Middle Belgium, Quaternary International (http://
Gritten, propriétaires de la carrière, et en particulier le
dx.doi.org/10.1016/j.quaint.2016.02.012).
Dr Christian Gritten, ainsi que Monsieur Joseph Pâque,
■■ Juvigné É., 1977. Zone de dispersion et âge des poussières
pour l'accès au site et le soutien logistique. Merci
volcaniques du tuf de Rocourt, Annales de la Société géologique
également à Vincent Ancion (Service de l'archéologie de
de Belgique, 100, p. 13-22.
la Direction extérieure de Liège 1, DGO4, Département
■■ Juvigné É., Haesaerts P., Mestdagh H., Pissart A. &
du patrimoine) pour les relevés topographiques, ainsi
Balescu S., 1996. Révision du stratotype lœssique de Kesselt
qu'à Dimitri Preud'homme (Direction de la protection
(Limbourg, Belgique), Comptes rendus de l'Académie des
du patrimoine, DGO4, Département du patrimoine) Sciences de Paris, 323, p. 801-807.
pour la gestion administrative du dossier.
■■ Juvigné É., Tallier E., Haesaerts P. & Pirson S., 2008.
Un nouveau stratotype du Téphra de Rocourt dans la carrière
Bibliographie de Romont (Eben/Bassenge, Belgique), Quaternaire, 19,
■■ Delvoie S., Boulvain F., Charlier R. & Collin F., 2016a. p. 133-139.
Detailed characterization of the Late Pleistocene loess sequence ■■ Landenne A.-S., 2011. L'inventaire des sites archéologiques et
stratigraphy of Remicourt (Hesbaye Region, Belgium) with le zonage archéologique en Wallonie. Connaître, protéger, gérer,
cone penetration tests, Geologica Belgica. Namur, Département du Patrimoine, 12 p. (http://dgo4.spw.
■■ Delvoie S., Pirson S., Charlier R. & Collin F., 2016b. wallonie.be/DGATLP/DGATLP/Pages/Patrimoine/Dwnld/
Étude de la séquence stratigraphique des lœss de la carrière de Inventaire_sites_archeologiques.pdf).
Romont (Eben-Emael, Belgique) par une campagne géotech- ■■ Locht J.-L. & Depaepe P., 2011. Regards sur le Paléolithique
nique, Notae Praehistoricae, 36, p. 5-21. moyen de France septentrionale et de Belgique. In :
■■ Di Modica K., Toussaint M., Abrams G. & Pirson S., Toussaint M., Di Modica K. & Pirson S. (éd.), Le Paléolithique
2016. The Middle Palaeolithic from Belgium: Chronostra- moyen en Belgique. Mélanges Marguerite Ulrix-Closset, Liège
tigraphy, territorial management and culture on a mosaic of (Bulletin de la Société royale belge d'Études géologiques et
contrasting environments, Quaternary International (http:// archéologiques Les Chercheurs de la Wallonie, hors-série 4 ;
dx.doi.org/10.1016/j.quaint.2015.12.072). Études et Recherches archéologiques de l'Université de Liège,
128), p. 229-237.
148
■■ Locht J.-L., Hérisson D., Goval É., Cliquet D., Huet B., connue en Belgique qui contient des dépôts datant de
Coutard S., Antoine P. & Feray P., 2015 (sous presse). cette période ; il peut donc potentiellement fournir
Timescales, space and culture during the Middle Palaeolithic in des données importantes concernant la présence et
northwestern France, Quaternary International (http://dx.doi. la disparition des Néandertaliens dans cette région,
org/10.1016/j.quaint.2015.07.053).
l'arrivée des premiers hommes modernes et leurs
■■ Lohest M. & Fraipont C., 1911-1912. Découverte de silex réponses respectives aux oscillations climatiques. Sur
taillés dans le limon Hesbayen de Liège et de l'importance de
la terrasse, cette période transitionnelle concerne la
cette découverte au point de vue de l'origine des limons et des
séquence allant de l'unité 17 (Moustérien récent) à
classifications qu'on y a établies, Annales de la Société géologique
de Belgique, 39, B125-B130.
l'unité 15 (Aurignacien).
Les analyses de la faune issue des unités 17 à 15 sont
■■ Otte M., Boëda É. & Haesaerts P., 1990. Rocourt : indus-
en cours. D'autre analyses caractérisent les couches
trie laminaire archaïque, Helinium, XXIX/1, p. 3-13.
d'un point de vue géologique, les processus déposi-
■■ Pirson S. & Di Modica K., 2011. Position chronostrati-
tionnels et les contextes de sédimentation des unités
graphique des productions lithiques du Paléolithique ancien
en Belgique : un état de la question. In : Toussaint M.,
dans lesquelles se trouvent les ensembles archéolo-
Di Modica K. & Pirson S. (éd.), Le Paléolithique moyen giques. La séquence est en cours de datation par AMS
en Belgique. Mélanges Marguerite Ulrix-Closset, Liège et par luminescence. Les analyses lithiques abordent
(Bulletin de la Société royale belge d'Études géologiques et l'exploitation des matières premières, la structure des
archéologiques Les Chercheurs de la Wallonie, hors-série 4 ; ensembles, leur technologie, y compris la production
Études et Recherches archéologiques de l'Université de Liège, des outils.
128), p. 105-148. Nous présentons ici les résultats préliminaires de
■■ Pouclet A., Juvigné É. & Pirson S., 2008. The Rocourt l'analyse des ensembles lithiques moustériens des
Tephra, a widespread 90-74 ka stratigraphic marker in Belgium, couches 17a et 17b, fouillées en 2015. Nous abor-
Quaternary Research, 70, p. 105-120. dons également brièvement d'autres analyses en
cours.
Sources
■■ Haesaerts P., Pirson S. & Meijs E., 2011. New proposal for Séquence géologique des unités 17 à 15
the Quaternary lithostratigraphic units (Belgium). Aeolian sedi-
ments, Liège, National Commission for Stratigraphy, Subcom- Nous pouvons décrire brièvement les trois unités, de
mission Quaternary (http://www2.ulg.ac.be/geolsed/GB/SCQ. bas en haut :
htm). – unité 17 : comme noté par Pirson (1999 ; Pirson &
■■ Pirson S., 2007. Contribution à l'étude des dépôts d'entrée de Collin, 2005), l'unité 17 comprend plusieurs couches
grotte en Belgique au Pléistocène supérieur. Stratigraphie, sédi- formées sous des conditions sédimentaires variées :
mentologie et paléoenvironnement, Thèse de doctorat inédite, 17c.2 : zone localisée riche en charbons de bois,
Université de Liège (Faculté des Sciences), 2 vol., 435 p. et
interprétée comme un foyer ;
5 annexes.
17c.1 : blocs de dolomite décimétriques présents
dans le profil M5/4 sur le limon brun de l'unité 18 ;
17c : limon brun sans fraction grossière ;
17b : limon sableux gris-brun avec graviers émoussés
Modave/Modave : le Moustérien récent de 2 à 4 cm et des blocs de dolomite de 5 à 10 cm.
du Trou Al'Wesse, l'unité 17 Ensemble moustérien ;
17a : limon sableux brun clair ; fraction grossière
mineure comprenant des fragments de dolomite
Rebecca Miller, Pierre Noiret, John Stewart, subanguleux entre 2 et 10 cm. Ensemble moustérien ;
Keith Wilkinson et Yann Waersegers – unité 16 : fouillée par demi-carrés du M10 à M6,
et dans la colonne M4-L4, cette unité se révèle plus
Introduction complexe que considérée auparavant et contient
plusieurs couches mises en place selon différents
Le Trou Al'Wesse se situe sur la rive gauche du Hoyoux, processus ;
un affluent de la Meuse, près du lieu-dit « Petit- – unité 15 : cette unité contient dix couches, dont
Modave ». L'objectif des fouilles actuelles est d'éluci- 15.8-BE, 15.9 et 15.4/5 qui contiennent du matériel
der le contexte climatique et environnemental ainsi attribuable à l'Aurignacien.
que la chronologie des occupations humaines durant
la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique
supérieur. Ce site est, actuellement, la seule grotte
149
Préhistoire Liège
Analyses fauniques
Préhistoire Liège
Pepinster/Soiron : haches polies poli et 2 haches polies : une entière et un gros fragment
« Aux Trois Journaux » réutilisé en nucleus.
La hache entière est façonnée dans un silex gris sable
clair à moyen très homogène et sans traces de rouille.
Francis Polrot Les bords convergent vers le talon, épais et en biais.
Un bord est naturellement arrondi et droit, entière-
Un champ labouré (parc. cad. : Pepinster, 3e Div., ment en cortex légèrement poli. L'autre bord, fin et
Sect. A, no 486a ; coord. Lambert moyennes : arrondi, est partiel en raison d'un manque accidentel
249635 est/142070 nord) que nous avons déjà et d'un enfoncement en cortex. Le tranchant, convexe
parcouru (Polrot, 2014) a reçu notre visite en juin et arrondi, est très abîmé. Dimensions : (80,5) × 53,7 ×
2015. Nous y avons glané une bonne centaine de silex 26,5 mm.
dont une dizaine d'éclats retouchés ou utilisés ainsi Le gros fragment de hache est façonné dans un silex
que 3 grattoirs, 4 éclats polis, 1 fragment mésial d'objet en partie comparable à celui de la hache précédente,
en partie plus gris avec quelques points de rouille.
C'est un fragment longitudinal sans tranchant ni talon.
Le bord converge vers la partie la plus épaisse de la
pièce qui se termine sur un gros accident transversal.
Le bord est plat, étroit et bordé de deux fines bandes
polies qui donnent un arrondi cannelé à l'ensemble
du bord. La pièce est polie soigneusement. Elle a été
utilisée en nucleus avec un bord d'attaque unique dans
le sens de l'épaisseur : débitage de toutes petites pièces.
Dimensions : (69) × (35,5) × (26,7) mm.
Le fragment mésial poli est en silex gris foncé marqué
de petits fossiles et d'une tache de cortex. Il se présente
comme étant un fragment d'une grande et large lame
mais les deux bords, abattus, ont ensuite été bien polis
Soiron : hache polie. au point de faire disparaître une bonne partie de l'abat-
tage. Dimensions : (23) × 36,5 × 9,5 mm.
Bibliographie
■■ Polrot F., 2014. Pepinster/Pepinster et Soiron : récolte de
matériel archéologique aux alentours du lieu-dit « Croix Maga »,
Chronique de l'Archéologie wallonne, 22, p. 156-158.
Préhistoire Liège
Bibliographie
■■ Polrot F. & Pelzer B., 2015. Theux/Theux : ramassages de
silex à « Turon », chemin du Chivrou, Chronique de l'Archéologie
wallonne, 23, p. 172-173.
PROTOHISTOIRE
Oupeye/Hermalle-sous-Argenteau :
conservation de dépôts funéraires
provenant d'un champ d'urnes
ÉPOQUE ROMAINE
Amay/Amay : découverte d'un sabot de
pieu provenant du pont romain
Léon Dardenne, Gianni Gava, Raymond Polis sabot ont été assemblées par forgeage et martelage sur
et Jacques Witvrouw une culasse pyramidale de 10 cm de hauteur pour une
section quadrangulaire de 5 × 7 cm.
Dans le courant du mois de janvier 2015, une tran- La typologie du sabot métallique découvert en 2015
chée de pose d'un câble téléphonique a été ouverte correspond à celle des sabots des autres ponts romains
sur la rive gauche de la Meuse. Au niveau de la culée du nord-ouest de l'Europe et plus spécifiquement à celle
du pont actuel (parc. non cadastrée ; coord. Lambert : de la majorité des sabots (une vingtaine) provenant
218255 est/137508 nord), ces travaux, réalisés à faible des fondations du pont romain d'Amay : certains ont
profondeur (60 cm), ont mis au jour un sabot de pieu. été découverts encore en place dans le lit de la Meuse
Celui-ci se trouvait manifestement en contexte secon- alors que d'autres proviennent des graviers issus des
daire : les rampes d'accès du pont sont en effet consti- dragages successifs du lit du fleuve (Witvrouw, 2005,
tuées pour l'essentiel de graviers puisés dans le lit du p. 131 ; Witvrouw et al., 2005, p. 89-105). C'est à ce
fleuve. dernier groupe qu'appartient l'exemplaire présenté ici.
Il s'agit d'un sabot complet en fer forgé, d'une hauteur Il a été remis au Musée communal d'Amay.
de 46,5 cm et d'un poids de 9,3 kg. Il a subi une défor-
mation importante lors des travaux de dragages (arra- Bibliographie
chement des pieux en bois de chêne par des dragues à ■■ Witvrouw J., 2005. Le pont romain d'Amay. Synthèse. In :
godets, alors que les sabots restaient en place dans les Witvrouw J. & Gava G. (dir.), Le pont romain et le franchis-
graviers alluvionnaires). sement de la Meuse à Amay. Archéologie et histoire, Bulletin du
De forme pyramidale, le sabot est muni de quatre Cercle archéologique Hesbaye-Condroz, XXIX, p. 129-134.
branches pratiquement symétriques (longueur ■■ Witvrouw J., Gava G., Lehance H. & Polis R., 2005. Le pont
moyenne : 48 cm, largeur moyenne : 5,75 cm, épais- romain d'Amay. Le matériel archéologique. In : Witvrouw J. &
seur moyenne : 1,3 cm). Leurs extrémités sont recti- Gava G. (dir.), Le pont romain et le franchissement de la Meuse
lignes, chacune étant percée d'un trou de forme carrée à Amay. Archéologie et histoire, Bulletin du Cercle archéologique
Hesbaye-Condroz, XXIX, p. 89-117.
(1,5 cm de côté). Ces trous servaient à fixer le sabot à
l'extrémité d'un pieu au moyen de quatre clous dont un
seul est resté en place (tête aplatie, longueur conser-
vée : 11 cm, section : 0,9 × 0,9 cm). Les branches du
Herstal/Milmort : fouille d'un établissement
le long de la chaussée Brunehaut
FOUILLE DE 2001
CH
P
F3
F8 F230
F4 FE
FE
F7
A
F27 FE
F32
F43
C
FO2 B FE
FE
F40
FE
FE ?
F187
OR
Chaussée Brunehaut D
FE FO1
FE
OR
FE
F212
FE FE
FO = fossé FE
OR = ornières
P = palissade
0 10 m
= structure de combustion
Hauts-Sarts : plan général des vestiges (infographie F. Giraldo Martin et S. de Bernardy de Sigoyer, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1).
d'enclos et de drain. Il a été repéré sur une longueur À une distance comprise entre 85 m et 95 m à l'ouest
de 103 m, suivant une orientation nord-est/sud-ouest. figure un second fossé FO2. Sa morphologie, qui
Il présente une largeur variant de 1,8 m à 2,3 m pour correspond à la fonction d'enclos, est confirmée par
une profondeur comprise entre 0,7 m et 1 m. Le fossé des critères liés à l'organisation de l'espace. Il s'inter-
est implanté sur de grandes structures fossoyées attri- rompt pour l'aménagement d'un passage de 3,4 m de
buées à des activités d'extraction (FE). Il accuse un profil large. La section sud du fossé, appréhendée sur une
en cuvette. Le remplissage inférieur du creusement se longueur de 24,5 m, se perd au-delà. La section nord
caractérise par son caractère hydromorphe illustrant la longue de 17,5 m est visible jusqu'à la limite d'emprise
circulation et la stagnation saisonnière des eaux. Des du site. La structure est très arasée principalement
traces de curage et de recreusement attestent de son dans la partie nord, ce qui pourrait expliquer qu'elle
entretien. Deux excroissances excavées de la bordure n'ait pas été repérée dans la parcelle attenante lors de
occidentale du fossé pourraient être assimilées à des la fouille de 2001. Le profil montre un fond plat et irré-
points d'eau saisonniers : leurs profils en pente douce gulier par endroits. L'envergure du fossé oscille entre
façonnent des rampes d'accès. Un comblement progres- 1 m et 30 cm, du sud vers le nord. Un second creuse-
sif par colmatage naturel suit l'abandon du fossé. ment oblong se juxtapose à la portion sud du fossé ; ses
158
dimensions sont de 65 cm de large pour une longueur consiste en une margelle haute de 50 cm. Elle est
de 11 m. Le comblement ces aménagements n'a livré construite en trois assises régulières de moellons posés
aucun élément de datation. à sec, surmontées d'un aménagement de rognons de
Un autre type d'équipement divise la partie nord- silex plus irrégulier. L'ensemble est parachevé par
ouest du site. Il pourrait s'agir d'une palissade (P) qui une assise de réglage formée de carreaux de tuiles
suit un axe divergent de celui du fossé FO2. La clôture fragmentaires. Sous cette maçonnerie le creusement
repérée jusqu'à la limite nord de l'emprise sur une se prolonge sous la forme d'un cylindre régulier. Un
longueur de 30 m est constituée d'un alignement de six dépôt très organique sans doute issu de la décompo-
poteaux massifs profondément ancrés. Cette palissade sition d'un cuvelage en bois ou d'un clayonnage en
trouve son pendant parallèle dans la parcelle fouillée matière végétale est présent le long des parois sur une
en 2001 à une distance de 54 m. faible épaisseur, soit 1 cm. Ce chemisage atteint une
Les vestiges d'une voie de circulation (CH) ont été épaisseur de plus de 10 cm sur le fond de la structure.
dégagés à la lisière nord-ouest du terrain. Elle est Le remplissage inférieur est une épaisse couche incor-
constituée d'une assise de 3,6 m de large mêlant des porant divers déversements de limon lessivé, incluant
éclats et des rognons de silex et est bordée sur un seul des rejets de tuile, de rognons de silex, de galets et de
côté par des moellons de silex. Elle a été suivie sur une morceaux épars de charbon de bois. Elle est recouverte
distance de 24 m au-delà de laquelle le terrain n'était par des dépôts stratifiés alternant avec des sédiments
plus accessible. Cet empierrement est associé à des lessivés et humifères. Le comblement sommital corres-
traces d'ornières linéaires (OR) repérées au sud-est pond au remblaiement de la structure après démoli-
du site. Ces deux éléments paraissent suivre la même tion de la partie maçonnée. L'ouverture de la structure
orientation. à l'aide de la pelle mécanique a permis d'observer la
Outre ces éléments de partition de l'espace, l'occu- coupe dans son entièreté et d'y effectuer des prélève-
pation a révélé la présence de thermes, d'une cave, ments destinés à être analysés par l'Institut royal des
de structures de stockage fossoyées, de bâtiments sur Sciences naturelles de Belgique afin d'établir son usage
poteaux, de structures de combustion aux fonctions avec certitude. Le matériel céramique issu des deux
diverses et de larges fosses. L'interprétation fonction- fosses se rattache à la seconde moitié du 2e siècle.
nelle du site et des activités qui y ont été pratiquées est Une cave maçonnée, F8, est implantée à 10 m de
rendue complexe par cette diversité des installations et distance de ces deux structures. Les dimensions
leur distribution spatiale. internes du cellier sont de 2,7 m sur 2,9 m soit une
superficie 7,8 m². Les maçonneries, préservées en
Les structures de stockage élévation sur 1,75 m, sont composées d'une alternance
d'assises régulières de moellons, probablement du
Deux structures de stockage fossoyées sont installées grès carbonifère, et de lits de briques. Les murs sont
dans la section nord-ouest du site. La première, F3, dépourvus de fondation. Deux niches en ogive ont été
présente un plan quadrangulaire de 1,5 m sur 1,4 m. percées dans le mur sud. Les parties centrale et supé-
Son profil montre des parois irrégulières jusqu'à rieure du mur sud-est sont interrompues par l'aména-
50 cm de profondeur. Sous ce niveau elles évoluent gement d'un soupirail. L'accès externe à la structure est
verticalement jusqu'à une profondeur de 1,14 m. Un établi au nord-est. Le remblai reposant sur le fond de la
liseré de matière organique en décomposition souligne cave est constitué de limon incluant une forte charge de
les parois rectilignes s'évasant très légèrement vers le tuiles et de terre cuite, ainsi que de gros fragments de
bas. Le fond est incurvé sous un niveau qui pourrait charbon de bois et des nodules de mortier à la chaux.
correspondre à un plancher en bois décomposé. Le Les remplissages postérieurs recèlent de nombreux
remplissage inférieur de la fosse est une alternance de matériaux de construction tels que des blocs de grès
dépôts de sédiments lessivés et de dépôts organiques en équarris, des tuiles, des fragments de torchis et d'en-
ordonnance complexe alors que les dépôts sommitaux duit peint. La céramique recueillie dans le remblai de
correspondent à des rejets détritiques. Deux trous de la cave est datée entre la première moitié du 3e siècle et
poteau, distants de 5,5 m, sont situés de part et d'autre le troisième quart du 3e siècle. Les murs et le sol non
de la fosse laissant présumer un système de couverture aménagé du cellier portent les traces d'un incendie qui
à cet agencement. a ravagé l'édifice.
La seconde structure, F4, de forme circulaire, s'en- La cave a pris place sur une structure excavée en
fonce à 4 m de profondeur. Ses dimensions affichent matériaux périssables. Deux calages de poteaux et des
un diamètre externe de 2 m pour un diamètre interne fosses de tailles variables sont partiellement recoupés
de 1,45 m. Ce puits-silo a d'abord été dégagé sur par les murs du cellier. Leurs comblements ont livré des
une moitié de sa circonférence. La partie supérieure fragments de torchis et d'enduit à couverte peinte, des
159
clous, des restes fauniques et de la céramique datée entre ment arasés jusqu'à leurs fondations, celles-ci étant
la seconde moitié du 2e siècle et le premier quart du malheureusement toutes évidées à l'exception de
3e siècle. L'abandon de cette installation serait contem- quelques lambeaux. La construction de plan rectan-
poraine de celle des structures de stockage F3 et F4. gulaire suit une orientation générale nord/sud. Elle
est divisée en trois zones aux fonctions différentes. La
Les thermes partie sud correspond à la zone de service non publique
où l'on peut imaginer l'aménagement d'un praefurnium
Au sud-est du fossé FO2 se trouve un petit édifice (a) ; ce local communique avec la zone chauffée. De la
thermal, F27. Les murs du bâtiment sont complète- zone centrale ne subsiste qu'un vestige de la chambre
de chaleur marqué de neuf empreintes de pilette (c).
La hauteur de cette chambre sur laquelle reposaient les
dalles de la suspensura devait être comprise entre 60 et
80 cm. Cette chambre de chaleur s'étend sous les deux
absides qui étaient chauffées. La zone nord du bâtiment
non chauffé intègre également une abside. Cette partie
du bâtiment est la plus préservée, elle a conservé une
e couche de rognons de silex posés à sec servant de prépa-
ration à une fondation maçonnée. Aucun élément ne
permet de déduire les caractéristiques de l'élévation,
vraisemblablement construite en dur. Les sections
centrale et nord constituent les zones publiques des
thermes où se succédaient en partant du centre le calda-
rium (b), suivi du tepidarium (d) puis du frigidarium (e).
Ce plan linéaire, bien orienté, place les pièces chaudes
d au sud. Des matériaux de construction en terre cuite
c tels que des fragments de tubuli et des plaques à croi-
sillons incisés ont été découverts lors de la fouille des
tranchées de fondation. Les rares éléments du corpus
mobilier placent l'abandon de cet aménagement à la fin
du 3e siècle tout comme la cave F8.
b Les structures sur poteaux
des fragments de tuile. La base du four est aménagée avons opté pour des forages mécaniques. Ils se sont
avec un dépôt d'argile brune incorporant des frag- concentrés dans la partie du site qui n'était pas encore
ments de silex et des scories, surmonté par une couche investie par la construction de l'entrepôt.
de chaux épaisse de 2 cm. Son embouchure, aménagée Ces carottages visaient à établir quelle était la nature
à l'est, se déverse dans sa fosse cendrier installée dans du matériau exploité. Un premier carottage dans le sol
le comblement sommital d'une fosse d'extraction. Le en place a confirmé la présence de la craie à 13 m de
matériel céramique prélevé dans les rejets du cendrier profondeur. Le second, effectué dans le puits d'extraction
place l'utilisation du four dans le courant de la première F32, a atteint le fond de celui-ci à 13,4 m au contact avec
moitié du 2e siècle. la craie. Des fragments de ce matériau avaient d'ailleurs
La structure de combustion F43 est également été observés en position de remblai dans cette même
établie à la lisière d'une fosse d'extraction. Elle se fosse. Le troisième carottage dans le puits F40 fut poussé
caractérise par un canal de chauffe central pénétrant à sa limite technique à une profondeur de 16,8 m sans
dans une chambre de chaleur rectangulaire de 2,9 m atteindre le fond du creusement. Ces éléments semblent
sur 1,4 m. Le canal est long de 2,85 m pour une largeur démontrer une volonté d'accéder à la craie, ce que l'ana-
de 1,2 m au niveau du foyer et de 0,7 m à l'extrémité lyse détaillée des carottes de forage devra confirmer. La
de la chambre de séchage. Celle-ci est située au même céramique découverte dans les comblements supérieurs
niveau que le foyer mesurant 1,1 m sur 0,9 m. Les de certains de ces puits couvre essentiellement la fin du
dimensions hors tout de cet aménagement sont de 2e siècle et le début du 3e siècle.
3,8 m sur 2,9 m. Il suit une orientation sud-est/nord- L'occupation du site s'est prolongée jusqu'au
ouest. Le plan de cette structure est identifié à celui 4e siècle, comme le suggère le mobilier archéologique
d'un séchoir. Son remblai a livré quelques fragments renfermé dans deux structures fossoyées, F230 et F7.
de tuiles qui ont pu servir de matériau de construction. Cette dernière contenait outre de la céramique de
La structure est creusée dans le sol en place. L'amorce nombreux matériaux de construction et des éléments
d'une voûte aménagée à l'emplacement du canal de architectoniques tels des fragments de fûts de colonnes
chauffe est perceptible. Des blocs de limon portant des en pierre blanche.
traces de rubéfaction correspondent à l'effondrement L'évaluation archéologique d'une seconde parcelle
de ses parois. Des prélèvements ont été effectués afin (C) située à l'est du secteur évoqué ci-dessus s'est
de préciser la fonction de cet aménagement que la terminée en août 2015. Elle s'est révélée négative, ce
présence d'installations de stockage sur le site pourrait qui signifie la fin des opérations archéologiques dans
corroborer. cette partie de la zone d'activité économique des
Hauts-Sarts.
Les excavations
Bibliographie
Des dizaines de fosses aux dimensions et profon- ■■ Marchal J.-P., Coquelet C., de Bernardy de Sigoyer S. &
deurs variables ont été mises au jour. Leurs fonctions Goffioul C., 2015. Herstal/Milmort : évaluation archéologique
primaires n'ont généralement pas été reconnues. S'en dans le parc industriel des Hauts-Sarts, parcelle Prologis,
distinguent de grandes structures fossoyées au profil Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 184-185.
conique. Certaines de ces excavations semblent reliées ■■ Loicq S. & Marchal J.-P., 2006. Herstal/Milmort : sondages
entre elles par des couloirs d'accès. Deux hypothèses d'évaluation dans le parc industriel, Chronique de l'Archéologie
se confrontent sur la présence de ces puits : soit une wallonne, 13, p. 109-111.
origine naturelle due à la dissolution du substrat
crayeux en place suivi d'un comblement partiellement
anthropique, soit l'exploitation de ressources souter-
raines par l'homme. Cette dernière hypothèse a été Liège/Jupille-sur-Meuse : sondages
privilégiée ; la fonction des fosses a d'abord été rappro- archéologiques dans le parc de l'Institut
chée de l'extraction d'argile suite à la présence de ce Notre-Dame
substrat détectée lors de sondages à la tarière dans la
zone nord-est du site. L'observation des courbes de
niveau et du profil topographique du terrain montrent Catherine Coquelet
des inflexions et des ruptures de pente qui ne parais-
saient pas naturelles. Elles ont été mises en relation L'Institut Notre-Dame, dont les infrastructures
avec l'hypothèse de travaux d'extraction. occupent tout un quartier de Jupille, apparaît comme
Ces excavations ont fait l'objet de fouille jusqu'à 2 m l'un des secteurs clés pour aborder l'histoire tardo-
de profondeur. Ne pouvant en atteindre le fond, nous médiévale de cette commune. Il conserve en ses bâti-
162
rue
Pép
in l
e Bre
ru
f
ov
e
r ue n
du
i e to
Ca
Ab
k
Po
s
te
b
e
éG
ru
l
Aile rénovée
Tour
ent
Charlemagne S3
en
S
ne
ag
xe otuà tsni
eri 2m1 r
lae
lem
VE
NO
RE
IE
AL
TE
AU
UN
MM
CO
ar
e Ch
ru Aile culturelle
place des
Combattants
e otuxsni elat
à
eri m12
r
I -.V
N
.041 xe3rp5
tsiaejo étn
Parc arboré ALOO
IT N RC
IPE E
S2
+R SI
TB ER
U
AEI O
N RE
AMO
C
S1 ru
ed
es
au Ar
te gil
rue
h â ières
eC
de
el
ST
DE
SU
DE
CA
FA
FIL
PRO
ièr
l’A
rr
rai
e
eD
n
ru
e
0 50 m
Jupille-sur-Meuse : localisation des sondages archéologiques dans la propriété de l'Institut Notre-Dame, fouille préventive (S1 et S2)
et suivi de chantier (S3) (infographie D. Mattiuz, FCJW. Sources : Creative Architecture et CadGIS).
ments la tour Charlemagne, héritière présumée du ont pu être ouverts jusqu'au sol en place, rencontré
château de Jupille. Ce monument, daté au plus tôt du à une profondeur de 0,80 à 1 m. L'objectif de cette
16e siècle (Capelle, 1980), pourrait en effet succéder première intervention était de vérifier l'état du dépôt
à un ensemble plus ancien, puisque les rues cernant archéologique dans cette zone encore inexplorée du
le quartier de l'Institut mentionnent son existence de cœur historique de la ville. Les vestiges, mis au jour
façon explicite dès le début du 15e siècle (Jacquemotte à 0,50 m de profondeur seulement, se rattachent
& Lejeune, 1907 : rues du Castel, Derrière le Château). uniquement au passé antique de Jupille. Ils illustrent
Pour cette raison, les divers travaux projetés dans cette la densité du bâti romain en périphérie sud de cette
propriété (parc. cad. : Liège, 20e Div., Sect. C, no 688v) agglomération fondée au 1er siècle de notre ère et
ont donné lieu à une intervention archéologique menée abandonnée vraisemblablement dès le 3e siècle.
entre le 1er décembre 2014 et le 30 mars 2015 par le La stratigraphie conduit à subdiviser les structures
Service de l'archéologie de la Direction extérieure de en trois états archéologiques compris dans la fourchette
Liège 1 (DGO4 / Département du patrimoine). Celle-ci chronologique précitée. L'état le plus ancien (état 1)
a débuté par une petite fouille préventive préalablement est caractérisé par la présence d'un sol en galets et en
à la construction d'une extension contre l'aile culturelle moellons de grès bruts et de quelques fosses creusées
de l'Institut (S1 et S2) et s'est prolongée par un suivi de dans le sol en place. L'une d'entre elles, peu profonde
chantier dans le cadre du réaménagement de l'accès et de plan rectangulaire, est bordée de deux petites
extérieur nord-est de l'aile rénovée (S3). accumulations de moellons de grès houiller, peut-être
La zone menacée par l'extension correspond à un les vestiges des supports d'un habitat sur poteaux, dont
espace d'environ 150 m2 s'étendant entre le bâtiment l'espace de vie serait partiellement enterré. Ces vestiges
scolaire et le mur d'enceinte séparant le parc arboré s'ordonnent en fonction de la voirie empierrée de l'état
de la rue Derrière le Château. Malgré l'exiguïté du suivant, suggérant l'existence d'une voie de circulation
terrain, deux sondages totalisant une surface de 60 m2 en terre dès cette première période.
163
Bibliographie sement. Lors de notre passage sur les lieux, ces débris
■■ C[apelle] C., 1980. Tour Charlemagne. In : Province de occupaient la largeur de la tranchée (1,5 m) sur une
Liège. Arrondissement de Liège. Tome 2 (L-V), Liège (Le Patri- longueur de 23 m. Ils s'étendent vraisemblablement au
moine monumental de la Belgique, 8²), p. 465. nord et au sud de la future voirie.
■■ Coquelet C., Coura G. & Van Laere R., 2015. Un dépôt Quelques tessons romains ont aussi été relevés (frag-
monétaire de la fin du 15e siècle à Jupille-sur-Meuse (Liège). In : ments de fond de vase en sigillée d'Argonne, de mortier à
Frébutte C. (coord.), Pré-actes des Journées d'Archéologie en lèvre en collerette, de pot à bord rentrant, etc.). La nature
Wallonie, Rochefort 2015, Namur, Service public de Wallonie de cette occupation d'époque romaine est actuellement
(Rapports, Archéologie, 1), p. 135-137. indéterminée mais elle est sans doute à mettre en
■■ Coquelet C. & Gustin M., 2010. Liège/Jupille-sur-Meuse : relation avec d'autres vestiges romains, attribués à une
fouilles préventives menées à l'école Saint-Amand, campagne implantation de type relais (2) et à une petite nécropole
2008, Chronique de l'Archéologie wallonne, 17, p. 138-140.
(3), découverts il y a quelques années dans le zoning
■■ Jacquemotte E. & Lejeune J., 1907. Glossaire toponymique industriel voisin et le long de la rue Le Marais (Gava
de la commune de Jupille, Liège. & Dardenne, 1991-1992 ; Marchal & Gustin, 1999 ;
Marchal & Loicq, 2003). Les vestiges romains découverts
dans le zoning industriel se répartissent de part et d'autre
d'une voie romaine empierrée (1 ; Marchal, 2001) dont le
Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet : prolongement passe très probablement à 150 m au sud-
sud-est des vestiges découverts en 2015.
occupation romaine rue de Vinalmont
Bibliographie
Gianni Gava ■■ Gava G. & Dardenne L., 1991-1992. Villers-le-Bouillet :
trace d'occupation romaine, Bulletin du Cercle archéologique
En février 2015, l'entreprise Thomas & Piron a débuté Hesbaye-Condroz, XXII, p. 145-148.
l'implantation d'un nouveau lotissement résiden- ■■ Marchal J.-P., 2001. Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet :
tiel à Villers-le-Bouillet, rue de Vinalmont (entre les voie romaine rue de la Métallurgie, Chronique de l'Archéologie
nos 2 et 4) à proximité de la ferme de la Croix (parc. wallonne, 9, p. 114.
cad. : 1re Div., Sect. A, no 244y ; coord. Lambert : ■■ Marchal J.-P. & Gustin M., 1999. Voie romaine et occupa-
212961 est/141121 nord). tion riveraine à Villers-le-Bouillet. Rapport préliminaire, Bulle-
Le creusement des tranchées d'égouttage a fait tin de la Société royale belge d'Études géologiques et archéologiques
apparaître un niveau de tuiles romaines (gros frag- Les Chercheurs de la Wallonie, XXXIX, p. 83-101.
ments jusqu'à un quart de tegula) à une profondeur ■■ Marchal J.-P. & Loicq S., 2003. Villers-le-Bouillet/Villers-
de 1,2 m sous le niveau du sol actuel (soit au niveau le-Bouillet : nécropole romaine et occupation protohistorique
de la semelle de fondation de l'égout). Cette couche rue Le Marais, Chronique de l'Archéologie wallonne, 11,
p. 141-142.
archéologique (4) se situe à l'extrémité nord du lotis-
MOYEN ÂGE
Modave/Vierset-Barse : la motte castrale
de Vieux-Barse, un premier bilan de la
campagne de fouilles 2015
petite quantité de sédiments repoussés à l'entrée lors enfouie. Dans ce contexte, la possibilité qu'une pièce en
du comblement de la fouille clandestine, cette struc- sous-sol existe encore et ait été comblée par les ébou-
ture était vide. lis n'est pas à exclure. Malheureusement, l'absence de
Abstraction faite des perturbations engendrées par le moyens alloués à ce programme de recherche ne nous
pillage du site, la stratigraphie s'est révélée particulière- permettra pas d'investiguer plus avant dans des condi-
ment simple. Elle ne se résume en effet qu'à une couche tions satisfaisantes. Nous espérons donc qu'une évolu-
d'effondrement rapide (UF [5] : matrice ouverte de blocs tion favorable de la situation nous offrira la possibilité
calcaires composant jadis les murs de la structure, mêlés de poursuivre ce travail prometteur.
à du mortier de chaux pulvérisé), elle-même située sous
une couche de dégradation de surface (UF [4]). Cette Remerciements
dernière est le résultat du processus naturel de lave-
ment des éboulis par les précipitations, entraînant la L'auteur tient à exprimer sa profonde gratitude aux
disparition de la majeure partie du mortier de chaux, différents membres du Cercle archéologique Hesbaye-
les interstices entres les pierres ont ensuite été progressi- Condroz ayant pris part au travail de terrain, à savoir
vement comblés par l'humus résultant de la dégradation mesdames Françoise Bolland et Amandine Schaus,
du couvert végétal. Ces deux unités prennent princi- ainsi que messieurs Emmanuel Delye, Robert Désert,
palement appui sur l'UF [1] (parement interne du mur Philippe Franquinet et André Jaminon.
ouest, structure 1), l'UF [3] (parement interne du mur
nord, structure 1) et enfin l'UF [7] (parement interne du
mur de fermeture, structure 2).
Le matériel découvert se compose avant tout de très Soumagne/Ayeneux : vestiges en bois
nombreux fragments osseux, tous d'origine animale. rue Pont Al'Plantche
On en dénombre 881, pour un poids total de 1 553 g.
Ces pièces dépassent rarement les quelques centi-
mètres de long et présentent de nombreuses traces Claire Goffioul, Olivier Collette,
à leur surface, indiquant clairement qu'il s'agit d'élé- Sarah Crémer et Pascale Fraiture
ments intrusifs apportés par des animaux opportu-
nistes et se servant des nombreuses cavités préser- Une évaluation archéologique a été menée préalable-
vées dans les couches d'effondrement (UF [4] et [5]) ment à la création d'un lotissement rue Pont Al'Plantche,
comme abris. Les tessons, bien que présents en faible entre le château de Wégimont et le ruisseau de la Magne.
quantité (29 pièces), n'en comportent pas moins L'endroit, au toponyme évocateur, pouvait suggérer un
quelques éléments diagnostiques (CM01 à CM07, dont point de passage pour franchir le cours d'eau.
des éléments de préhension, des fonds et des bords)
ainsi qu'une caractéristique intéressante : presque tous
sont maculés de mortier de chaux qui adhère forte-
ment à leur surface. Ce fait nous laisse penser qu'ils
ont été inclus dans le comblement des murs lors de
l'édification de la structure, nous offrant un terminus
post quem. Les bords – identifiés comme étant des
bandeaux d'Andenne – nous permettent d'avancer une
proposition de datation pour la seconde moitié du 11e
ou la première moitié du 12e siècle. Cette estimation
demande cependant à être confirmée par le biais d'une
analyse approfondie menée par un céramologue, ainsi
que par le recoupement avec d'autres sources. Elle
demeure pour l'heure une hypothèse de travail.
Quoique cette seule campagne de fouilles soulève
autant de questions qu'elle n'apporte de réponses, nous
pouvons affirmer être en présence d'un site remar-
quable et probablement unique en Belgique à l'aune
de nos connaissances actuelles. Les murs, admirable-
ment préservés et plongeant à une grande profondeur Soumagne/Ayeneux, Pont Al'Plantche : plan général
– probablement pour rejoindre le sol en place – laissent (infographie F. Giraldo-Martin et C. Régimont, Serv.
archéologie, Dir. ext. Liège 1).
présager de l'existence d'une importante structure
167
NORD SUD
200 m
195 m
colluvions limoneuses
190 m terrasse
chenaux latéraux ?
185 m schistes et grès houillers La Magne
argile homogène
180 m ? ?
argile à silex
Soumagne/Ayeneux, Pont Al'plantche : profil topographique observé sur le versant nord de la vallée de la Magne.
L'opération s'est déroulée en septembre 2012 sur moins une portion d'aménagement de berge a été
un terrain de 3,45 ha menant à la plaine de la Magne observée. L'assemblage fragile de fines planches, de
(coord. Lambert : 246493 est/144941 nord). L'explora- 25 cm de long sur 10 cm de hauteur et épaisses de
tion en tranchées continues a livré des données géo- 1 cm, clouées à des piquets d'à peine 4 cm de section et
pédologiques intéressantes, permettant d'identifier les de 20 à 30 cm de hauteur, suggère un effondrement in
principaux dépôts présents au sein de la plaine allu- situ de l'ouvrage.
viale de la Magne. Un éventail des types de bois a été prélevé en vue
Le terrain occupe le fond de la vallée de la Magne et d'une expertise dendrochronologique. Les pièces, frag-
son versant septentrional. Son extrémité nord corres- mentées pour la plupart, ont été recueillies à l'aide d'une
pond à la transition avec le plateau de Wégimont. pelle mécanique en trois niveaux successifs d'une ving-
Le substrat géologique est constitué par les terrains taine de centimètres. Il s'agit, pour le niveau 1, d'une
schisto-gréseux du Groupe Houiller. Le versant branche type tenon (un fragment en aulne et un autre
concerné est en pente relativement douce et transite en hêtre), d'une planche travaillée en chêne présentant
par un talus avec la plaine alluviale. Les tranchées un trou et une rainure le long d'une rive (?), d'un pieu
d'évaluation au nord du terrain ont mis en évidence en aulne, d'une planche fine en hêtre, d'une autre plus
des dépôts colluviaux limoneux interrompus à la épaisse en aulne et d'un piquet en noisetier ; pour le
rupture de pente par des pointements du substrat niveau 2, d'une planche travaillée d'une essence non
schisto-gréseux. Une petite terrasse, située 3 m
au-dessus de la plaine alluviale et conservée sur une
vingtaine de mètres de large, laisse affleurer une
argile blanchâtre affectée par un réseau polygonal
recouverte par endroit de plaquages colluviaux. La
plaine alluviale qui débute vers la cote +182,5 m est
particulièrement plane. Elle contient des alluvions
argileuses blanchâtres homogènes en surface
devenant caillouteuses vers 1,2 m de profondeur.
Une accumulation de cailloux grossiers se rencontre
à environ 2 m sous la surface actuelle. Les alluvions
sont parcourues par une frange d'oxydation vers
25 cm de profondeur puis, vers 60 cm de profondeur,
prennent des teintes grisâtres typiques de conditions
hydromorphes. Des cailloux de silex et des blocs épars
de grès se rencontrent régulièrement en surface. Des
concentrations sinueuses de cailloux au sein des allu-
vions argileuses sont interprétées comme les traces de
probables anciens chenaux.
Un sondage profond à proximité de la Magne a
mis en évidence la présence d'un paléochenal sous
les dépôts d'argile homogène. Vu les conditions d'ob-
servation difficiles, seuls les niveaux supérieurs du
paléochenal ont été observés ; ils sont constitués de lits Soumagne/Ayeneux, Pont Al'Plantche : fragment
caillouteux et ont une charge organique importante. d'aménagement de berge en cours de dégagement
De nombreuses pièces de bois y ont été découvertes, (infographie F. Giraldo-Martin, Serv. archéologie, Dir. ext.
Liège 1).
sans ordre apparent pour la plupart d'entre elles. Au
168
identifiée, d'une branche non travaillée en aulne (deux chapitre (Lambotte & Neuray, 2007). À partir de là,
fragments), d'un grand tronc et d'un pieu tous deux il paraissait évident que les quelques trous de pieux
en tilleul ; enfin, pour le niveau 3, d'un bois travaillé relevés à l'entour appartenaient à l'oratoire Saint-
en chêne. Martin dans lequel Remacle avait d'abord été enterré
L'examen dendrochronologique mené sur les selon les premiers témoignages (10e siècle).
vestiges s'est avéré intéressant. Sur les onze pièces Les vestiges d'un bâtiment très arasé, mis au
de bois expertisées, deux fragments de planches du jour dans le transept sud de l'église ottonienne,
niveau 1 ont été retenus pour étude ; l'un est en chêne, ont ensuite été attribués à la première abbatiale :
l'autre en hêtre. Ce dernier n'a pas donné de résultats la partition particulière de l'édifice permettait d'y
suffisamment crédibles à la datation. Quant à l'échan- reconnaître d'ouest en est, une nef centrale bordée
tillon en chêne, il a été daté avec certitude : il provient de bas-côtés, un transept non saillant et un sanc-
d'un arbre abattu entre 1265 et 1285. Ce résultat situe tuaire à abside. Au nord-est, des structures frag-
le comblement supérieur du paléochenal au plus tôt à mentaires dessinant de petites cellules furent ratta-
la fin du 13e siècle. chées aux premiers bâtiments conventuels, tandis
L'intervention archéologique rue Pont Al'Plantche qu'à l'ouest un petit édifice quadrangulaire abritant
a permis de reconnaître les divers éléments structu- plusieurs sépultures et des structures très arasées,
rants de la plaine alluviale de la Magne, la présence de accompagnées d'un abondant matériel verrier,
paléochenaux aux berges parfois aménagées et qui ont furent interprétés respectivement comme chapelle
conservé des éléments de bois dont certains remontent funéraire et aire d'activité artisanale (Lambotte &
à la fin du 13e siècle. Neuray, 2009).
Les bâtiments attribués à la seconde phase, soit
la reconstruction du monastère au 10e siècle après
le passage des Vikings, incluaient une deuxième
Stavelot/Stavelot : nouvelle chronologie abbatiale construite directement au nord de la
des bâtiments monastiques du Haut précédente – composée d'une longue nef, d'un sanc-
Moyen Âge et découverte d'un tuaire à abside et d'une tour occidentale –, le réamé-
nagement de la première abbatiale en grande « salle »
sarcophage mérovingien
accolée à la nouvelle église et la construction d'un
vaste cloître avec lavabo au sud.
Brigitte Neuray
La nouvelle interprétation de la
En préparation à la publication des recherches archéo- chronologie
logiques entreprises sur le site de l'ancienne abbaye de
Stavelot, un workshop a été organisé en octobre 2014, La révision de la chronologie de l'ensemble des sépul-
sur le thème « Archéologie et histoire, de la fondation tures des premiers siècles a rapidement démontré
à Odilon », soit du milieu du 7e à la fin du 10e siècle. À que toutes les inhumations situées à l'intérieur de
cette occasion, archéologues et historiens rassemblés la chapelle dite funéraire avaient été creusées après
se sont penchés sur la problématique des premiers l'incendie de celle-ci, événement stratigraphiquement
bâtiments religieux de Stavelot. rattaché à l'incursion des Vikings en 881. Ce bâtiment
n'avait donc pas une vocation sépulcrale et ce n'est
La chronologie proposée avant 2014 qu'après l'incendie qu'il accueillit au moins six sépul-
tures, entre la fin du 9e et le début du 11e siècle. Par
L'interprétation soutenue jusqu'ici reposait sur la ailleurs, l'examen des vestiges attribués à la première
découverte, au centre de la salle du chapitre du abbatiale a également permis d'identifier la trace d'un
cloître ottonien, d'un sarcophage enterré (T302), premier sanctuaire à chevet plat, sous le mur d'abside
vide d'ossements, identifié à la sépulture primitive du aujourd'hui rattaché à la transformation de ce bâti-
fondateur, Remacle (mort entre 671 et 679), sur base ment au 10e siècle.
de plusieurs arguments : les témoignages historiques Lors du workshop d'octobre 2014, l'interprétation
relativement récents – milieu du 17e siècle pour le générale de la chronologie proposée a soulevé plusieurs
plus ancien – (Pascaud, 2000, p. 30), le désaxement objections. L'identification du sarcophage au tombeau
singulier des bâtiments claustraux dès le 10e siècle, primitif de Remacle a d'abord été remise en cause
supposé induit par l'orientation de ce sarcophage, et pour trois raisons : l'absence de sépultures ad sanctos
surtout la concentration de sépultures dans la gale- antérieures au cloître ottonien, le manque de traces
rie orientale du cloître ottonien, qui longe la salle du claires de bâtiments autour du tombeau du fonda-
169
bâtiments actuels
abbatiale et conventuels du 11e siècle
abbatiale et conventuels du 10e siècle
abbatiale et conventuels du 8e siècle
T302
0 20 m
Stavelot : phasage haut-médiéval tel que publié dans Lambotte & Neuray, 2009.
bâtiments actuels
11e siècle
10e siècle
7e- 9e siècle
7e siècle
08
T3
07
T3
06
T3
01
T3
02
T3
0 20 m
teur et enfin l'éloignement relatif de celui-ci vis-à-vis ensemble, elles témoignent d'un décor de qualité
des églises successives. Par ailleurs, la typologie de la ornant le sanctuaire primitif, démonté au début du
première abbatiale a été jugée anachronique pour la fin 10e siècle, et confirment donc la préexistence d'une
du 7e siècle : la définition du plan en nefs et transept première église, dotée d'un sanctuaire à chevet plat,
mais aussi l'étroitesse des bas-côtés posaient en effet qui remonterait, selon les sources historiques, à la fin
question. Enfin, la deuxième abbatiale présente un du 7e siècle.
plan qui est apparu, a contrario, archaïque au 10e siècle Cette nouvelle interprétation de la chronologie et de
et sa disproportion vis-à-vis de l'ampleur du cloître la fonction des bâtiments nécessitait quelques études
contemporain a également été soulignée. complémentaires. Une série de datations 14C des sépul-
Sur base de ces différentes remarques, une nouvelle tures situées dans l'espace de la chapelle funéraire, de
interprétation de la chronologie des vestiges est celles enfouies sous le sol non perturbé de la première
aujourd'hui proposée ; sans entrer dans les détails abbatiale au nord et de cinq d'entre elles, recoupées
qui seront développés dans la publication, il convient par ce dernier bâtiment, n'apportent pas de preuves
cependant de signaler que le réexamen des obser- formelles mais soutiennent cette nouvelle hypothèse.
vations archéologiques et les études complémen- Les résultats complets de ces datations 14C seront
taires effectuées depuis ce workshop confirment cette présentés dans la publication en cours de préparation.
nouvelle proposition.
Le bâtiment identifié auparavant à la première Le sarcophage mérovingien
abbatiale est en réalité un édifice religieux à vocation
funéraire. La présence de caveaux, maçonnés mani- Dans le cadre des travaux complémentaires également,
festement en même temps que le mur auquel ils sont une sépulture en caveau, signalée dans les carnets
adossés, ainsi que de plusieurs sépultures dans le « bas- de fouille de 1999, méritait un réexamen ciblé en
côté » nord, permet de soutenir cette hypothèse. Son raison de sa position : située à peu près au centre de
plan évoque plutôt un édifice de type memoria, qui la chapelle funéraire, mais mal documentée, elle était
peut être rapproché de l'oratoire Saint-Martin signalé clairement antérieure au réaménagement de l'édi-
par les textes à partir du 10e siècle. La découverte réali- fice au 10e siècle. Un sondage ponctuel est entrepris
sée en mai 2015 et détaillée ci-dessous renforce égale- en mai 2015 afin de préciser son emplacement et
ment cette nouvelle interprétation. compléter les informations disponibles. Les vestiges de
Quant à l'abbatiale dont la construction était aupa- ce qui avait d'abord été interprété comme un caveau
ravant attribuée au 10e siècle, plusieurs éléments sont mis au jour : une grande pierre horizontale,
permettent de remonter sa datation. L'excellente partiellement englobée dans un mur de chaînage de
conservation du mortier de sol en connexion avec l'abbatiale du 11e siècle, constitue une partie du fond ;
des fragments d'enduit mural, clairement datés du une dalle verticale taillée fait office de paroi au sud ; les
10e siècle, et l'absence de traces de remaniement de cet vestiges d'un muret de pierres sèches limitent le caveau
édifice concouraient à son attribution chronologique à l'est. Quelques ossements en désordre sont récoltés
première. Il est néanmoins certain que le sol contem- à cette occasion. Deux grandes dalles recouvraient ces
porain de la salle à abside au sud a été posé à un niveau éléments jusqu'en 1999.
plus bas que le sol primitif de la chapelle funéraire,
arasant visiblement les vestiges de ce premier bâti-
ment. Si cette disposition a été appliquée à l'abbatiale
au nord, il est possible que ces travaux aient effacé tout
indice d'occupation antérieure. Cet abaissement du sol
au 10e siècle trouve certainement son origine dans la
volonté d'uniformiser les niveaux de circulation entre
le nouveau cloître au sud et les bâtiments cultuels au
nord. Un deuxième argument provient de la mise au
jour d'une quarantaine de tesselles de mosaïques à la
feuille d'or dans une couche de remblai de démoli-
tion, bien datée par le matériel associé, du début du
10e siècle. Cette découverte, hors bâtiment construit,
peut être mise en relation avec une autre concentration
des mêmes mosaïques retrouvée le long du parement
intérieur des fondations de l'abside de l'abbatiale du
Les vestiges du sarcophage (T306) mis au jour en mai 2015.
10e siècle, dans un contexte relativement perturbé :
171
l'abbaye, avec l'espoir qu'elles puissent apporter leur lonnant entre le 7e et la première moitié du 11e siècle
contribution à la reconstitution du monastère haut- au plus tard (Henrard, 2012 ; Henrard, de Longueville
médiéval. & Hanut, 2014).
Outre les vestiges habituellement mis au jour pour
Bibliographie un habitat rural de cette période (silos, fosses, fossés,
■■ Cumont G., 1898. Fouilles faites dans l'ancienne abbaye de empreintes de poteaux, foyers et cabanes excavées), la
Stavelot pendant l'année 1896, Annales de la Société d'Archéolo- fouille a livré une vingtaine d'inhumations en bordure
gie de Bruxelles, XII, p. 331-336. septentrionale de l'occupation.
■■ Lambotte B. & Neuray B., 2007. Abbaye de Stavelot. Le L'espace funéraire apparaît en partie tronqué par
tombeau de Remacle. In : Actes des VIIe Congrès de l'Association l'érosion. La répartition des tombes est assez ramassée
des cercles francophones d'Histoire et d'Archéologie de Belgique et montre l'utilisation de deux normes d'orientation
et LIVe Congrès de la Fédération des cercles d'Archéologie et successives. Aucun mobilier ou dépôt funéraire n'est
d'Histoire de Belgique, Louvain-la-Neuve, 26-28 août 2004, associé aux inhumations. Trois datations radiomé-
vol. 2, s.l., p. 581-591.
triques réalisées sur squelettes (F157, F139 et F160)
■■ Lambotte B. & Neuray B., 2009. Stavelot/Stavelot : ancienne indiquent une durée d'utilisation longue du champ
abbaye, vestiges du milieu du viie siècle jusqu'à 881, Chronique
funéraire, contemporaine de l'occupation du site,
de l'Archéologie wallonne, 16, p. 121-125.
probablement à partir de la charnière des 7e et 8e siècles.
■■ Legrand W., 1942. Notes sur le culte de saint Poppon, abbé de Une description générale des sépultures de Villers-
Stavelot, Chronique archéologique du Pays de Liège, 33, p. 34-48.
le-Bouillet a été effectuée par Geneviève Yernaux et
■■ Pascaud C., 2000. Données historiques relatives à la Agnès Malevez-Schmitz à partir de leurs observations
construction de l'abbaye de Stavelot, particulièrement à la
de terrain (Henrard et al., 2010). Cet article complète
sépulture de saint Remacle. In : Léotard J.-M. (dir.), Quatrième
ces informations sur base des analyses anthropo-
journée d'archéologie en Province de Liège (Liège, 1999), Liège,
p. 149-153.
logiques en laboratoire.
■■ Pascaud C., 2013. L'abbaye de Stavelot. Volume 1. Histoire
et représentations des édifices, Namur (Études et Documents,
Matériel ostéologique et méthodologie
Archéologie, 25).
Le corpus du site de Villers-le-Bouillet est composé
■■ Stifkens J., 1981. Fouilles à l'abbatiale de Stavelot (Lg),
Archaeologia Mediaevalis, 4, p. 37. de vingt tombes individuelles dont quatorze ont fait
l'objet d'une analyse anthropologique en laboratoire.
Sources Les individus déposés dans les six autres sépultures
■■ Finoulst L.-A., 2012. Les sarcophages du haut Moyen Âge n'ont pas été prélevés en raison de leur très mauvais
en Gaule du Nord. Production, diffusion, typo-chronologie et état de conservation. Il ne s'agit pas de la totalité
interprétations, Thèse de doctorat inédite, Université libre de de la population, car l'érosion a détruit une partie
Bruxelles, Bruxelles. de la nécropole. Outre ces sépultures primaires
individuelles, deux cas particuliers, F159 et F160,
correspondent à des dépôts de réduction de corps
contenant plusieurs individus.
Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet : Globalement, les squelettes sont dans un état de
étude anthropologique des individus conservation médiocre, ce qui a souvent empêché la
découverts sur le site « A Lohincou » détermination du sexe et de la stature des individus.
L'analyse de l'âge au décès des enfants est
fondée sur l'observation de la maturation dentaire
Aubrée Godefroid et Denis Henrard (Moorrees, Fanning & Hunt, 1963) ou osseuse ainsi
que sur la mesure des os longs (Scheuer & Black,
Entre 2008 et 2010, le Service de l'archéologie de la 2000). À partir de vingt ans, l'observation de l'état
Direction extérieure de Liège 1 (DGO4 / Départe- de fusion de la crête iliaque (l'aile du bassin), ainsi
ment du patrimoine) a mené la fouille extensive d'une que la fusion du côté sternal de la clavicule (Owings-
occupation du Haut Moyen Âge dans le parc indus- Webb & Suchey, 1985 ; Kreitner et al., 1998), permet
triel de Villers-le-Bouillet, au lieu-dit « A Lohincou » d'affiner l'âge jusqu'à trente ans. À partir de cet âge,
(coord. Lambert : 213980 est/141750 nord ; parc. ces points d'ossification sont complètement soudés,
cad. : Villers-le-Bouillet, 1re Div., Sect. A, no 549h). rendant délicate l'évaluation de l'âge au décès.
Toutes campagnes confondues, le décapage méca- L'analyse de la surface pré-auriculaire du coxal
nique d'une superficie de 2,65 ha a révélé quelque (c'est-à-dire la zone qui relie le coxal au sacrum)
652 faits archéologiques pour une occupation s'éche- est alors effectuée pour préciser l'âge au décès des
173
F198
F165
F157
F139
(GrA-43609)
(GrA-43605)
1220 ± 30 BP
1105 ± 30 BP
692 - 887 AD (2σ)
885 - 998 AD (2σ)
Les restes osseux constituent une
F141
F142 F160 (GrA-43613) 1290 ± 30 BP 663 -775 AD (2σ) source directe d'information sur l'état
F140
de santé d'un individu ou d'une popu-
F199 lation parce qu'ils permettent de rele-
F164 ver la présence des marqueurs de stress
biologique, des pathologies osseuses
F163
F108 1
F157 F162
(porosité de la voûte crânienne).
N
E
0 1m 2
Les pathologies osseuses identifiées
Villers-le-Bouillet : plan du groupe funéraire de « A Lohincou » identifiant les deux sont les enthésopathies (c'est-à-dire
normes d'orientations (1 et 2) et tableau des datations radiométriques réalisées des ossifications d'insertion liga-
sur squelettes (dessin et infographie F. Giraldo Martin, Serv. Archéologie, Dir. mentaires), les réactions périostées
ext. Liège 1).
(réactions de la corticale de l'os) et
l'arthrose. L'hygiène bucco-dentaire
des individus peut être appréhendée
par plusieurs indicateurs : les lésions
carieuses, le tartre, l'usure dentaire et
la parodontopathie (déchaussement
dentaire).
Analyses biologiques
vidus de moins de 5 ans, sans bien pouvoir, dans ce cas, ■■ Bruzek J., 2002. A Method for Visual Determination of
mesurer le poids respectif d'un recrutement exclusif Sex Using the Human Hip Bone, American Journal of Physical
ou de la conservation différentielle des ossements. Il Anthropology, 117, p. 157-168.
ne paraît pas y avoir eu de recrutement particulier des ■■ Cleuvenot E. & Houët F., 1993. Proposition de nouvelles
individus en fonction des deux normes d'orientation équations d'estimation de la stature applicables pour un sexe
des tombes. indéterminé et basée sur les échantillons de Trotter et Gleser,
Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, n.s.,
De manière générale, les défunts reposent sur le dos,
5, p. 245-255.
les mains posées sur le bassin et les membres inférieurs
en extension. Dans seulement un cas, les membres ■■ Henrard D., 2012. Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet :
occupation antique et du Haut Moyen Âge « A Lohincou »,
inférieurs sont fléchis.
Chronique de l'Archéologie wallonne, 19, p. 175-179.
Il existe différents modes d'inhumation : inhumation
■■ Henrard D., de Longueville S. & Hanut F., 2014. Villers-
en espace vide (neuf individus) dont deux corps dépo-
le-Bouillet/Villers-le-Bouillet : première approche de la pério-
sés dans un contenant souple, inhumation en pleine
disation de l'occupation du Haut Moyen Âge « A Lohincou »,
terre dans deux cas dont un avec un contenant souple. Chronique de l'Archéologie wallonne, 21, p. 185-191.
Pour trois sujets, l'espace de décomposition des corps
■■ Henrard D., Marchal J.-P., Yernaux G. &
est indéterminé. Il ne semble pas y avoir eu non plus Malevez-Schmitz A., 2010. Villers-le-Bouillet/Fize-Fontaine :
de sélection des inhumés selon le type de contenant. l'occupation du Haut Moyen Âge de « Lohincou ». Deuxième
Les deux zones de réductions sont particulièrement campagne de fouilles, Chronique de l'Archéologie wallonne, 17,
intéressantes parce qu'elles attestent d'une gestion p. 118-122.
particulière des personnes décédées depuis longtemps. ■■ Kreitner K.F., Scheden L., Riepert T., Nafe B. &
En outre, ces deux fosses sont très différentes l'une de Thelen M., 1998. Bone age determination based on the study
l'autre. En effet, l'une témoigne peut-être du respect de of the medial extremity of the clavicle, European Radiology, 8,
l'intégrité individuelle des défunts, avec une sélection p. 1116-1122.
des ossements et un rangement de ces restes, tandis que ■■ Moorrees C.F.A., Fanning E.A. & Hunt E.E., 1963. Age
l'autre apparaît plus désorganisée, toutes les parties du variation of formation stages for ten permanent teeth, Journal
corps étant présentes sans sélection des ossements qui of Dental Research, 42 (6), p. 1490-1502.
ne sont pas rangés. ■■ Murail P., Bruzek J., Houët F. & Cunha E., 2005. DSP: A
Les individus présentent un état de santé globale- Tool for probabilistic sex diagnosis using worldwide variability
ment bon, à l'exception de l'hygiène bucco-dentaire in hip-bone measurements, Bulletins et Mémoires de la Société
et des hypoplasies linéaires de l'émail dentaire. Seuls d'Anthropologie de Paris, 17 (3-4), p. 167-176.
deux individus sont atteints de pathologies plus ■■ Owings-Webb P.A. & Suchey J.M., 1985. Epiphyseal Union
remarquables. D'autres sujets présentent des lésions of the Anterior Iliac Crest and Medial Clavicle in a Modern
pathologiques âge-dépendantes signifiant qu'il s'agit Multiracial Sample of American Males and Females, American
Journal of Physical Anthropology, 68, p. 457-466.
de sujets plus âgés.
Enfin, le site de « A Lohincou » est le témoin d'une ■■ Pecqueur L., 2003. Des morts chez les vivants : les
inhumations dans les habitats ruraux du Haut Moyen Âge en
utilisation de longue durée d'un espace funéraire en
Île-de-France, Archéologie médiévale, 33, p. 1-31.
lien avec l'habitat ainsi que de la volonté de regroupe-
ment de défunts (tombes superposées non simultanées ■■ Peytremann É., 2003. Archéologie de l'habitat rural dans le
nord de la France du ive au xiie siècle, Saint-Germain-en-Laye
et zones de réduction). Il renseigne sur le traitement et
(Mémoires de l'Association française d'Archéologie mérovin-
la gestion des restes funéraire des personnes décédées,
gienne, 13).
dont certaines depuis plusieurs générations. Les inhu-
■■ Scheuer L. & Black S., 2000. Developmental juvenile osteo-
mations en habitat du Haut Moyen Âge constituent un
logy, USA, Academic Press.
phénomène de mieux en mieux reconnu, qui s'impose
■■ Schmitt A., 2005. Une nouvelle méthode pour estimer
comme une catégorie à part entière des pratiques funé-
l'âge au décès des adultes à partir de la surface sacro-pelvienne
raires de cette époque (Peytremann, 2003, p. 303-310 ; iliaque, Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de
Pecqueur, 2003). Elles illustrent le rapprochement du Paris, 17, p. 1-2.
pôle funéraire vers l'habitat, mais en dehors d'un enca-
drement paroissial exclusif.
Bibliographie
■■ Bräuer G., 1988. Osteometrie. In : Knußmann R. (éd.),
Anthropologie. Handbuch der verleichenden Biologie des
Menschen, Band I, Stuttgart, p. 132-160.
176
TEMPS MODERNES
Clavier/Terwagne : découverte d'un four
à chaux artisanal
Gianni Gava, Robert Désert, André Jaminon, male de 4,08 m. Ces trois éléments offrent des murs
Jean-Claude Marchal, Raymond Polis, parementés et sont disposés suivant un axe principal
Michel Eubelen, André Martin, orienté sud-ouest/nord-est (60° par rapport au nord
Noureddine Assojaa et Jacques Witvrouw magnétique).
Le four proprement dit est conservé sur une hauteur
En mars 2015, M. J. Smidt, agriculteur à Seny, de 1,3 m. Sa chambre de chauffe (2) est de plan ovalaire,
décide de mettre en culture une parcelle boisée son grand axe correspondant à celui de l'ensemble de
(parc. cad. : Clavier, 6e Div., Sect. C, no 59B ; coord. l'installation. En élévation ses parois sont évasées,
Lambert : 220253 est/ 126901 nord) dont il est proprié- formant un entonnoir dont le diamètre passe de 0,8 ×
taire. Cette parcelle prend place dans l'angle sud-est 1,04 m au niveau de la sole à 1,10 × 1,25 m à la limite
formé par le croisement de la RN63 et de la rue du Tige supérieure de la maçonnerie conservée. Le parement
de Fraiture. interne (chemise), dégradé par endroits, est consti-
Ces travaux attirèrent notre attention en raison tué de blocs de grès liés au mortier de chaux. Avec le
de leur contexte. Le tracé actuel de la rue du Tige de blocage (3) qui s'appuie directement sur le substrat
Fraiture reprend en effet celui d'un Grand Chemin calcaire, la maçonnerie atteint une épaisseur de 0,8 m.
(royal) de Marche à Liège mentionné sur la carte de Du côté interne, le mortier est rubéfié sur une épais-
Ferraris (1771-1778). En outre, la parcelle concernée seur de 20 à 30 cm. Le fond de la chambre de chauffe
est située à 300 m au nord du site du « Rôpa », centre est plat, formé de grosses dalles de grès dont la surface
médiéval (comprenant la tour de Terwagne, la chapelle supérieure semble avoir été lissée par des raclages répé-
Saint-Jean Rappart et le cimetière), où des fouilles tés (sans doute liés aux opérations de défournement).
ont été pratiquées il y a quelques années par le Cercle Lors de sa découverte, la cuve du foyer était entière-
historique et culturel de Terwagne (Polis & Witvrouw, ment comblée de pierres, provenant de l'élévation du
1999). four, et de déchets de mortier rubéfié.
Lors de notre première visite sur les lieux, le dessou- Au niveau de la sole, de part et d'autre de la base
chage était terminé et le sol déjà nivelé à la pelle méca- du four, deux ouvertures (ouvreaux ou alandiers) y
nique. Une construction hors sol y avait manifeste- donnent accès à partir des deux couloirs de défour-
ment été rasée : des débris de maçonnerie jonchaient nement. D'une largeur de 0,67 m, leur hauteur maxi-
la surface du terrain autour d'une zone de matériaux male est limitée à 0,4 m. Trois blocs de grès équarris
rubéfiés. Ces vestiges sont implantés sur le rebord encadrent les deux orifices, la face inférieure des
ouest du Tige de Fraiture, en pente vers le vallon du linteaux étant légèrement cintrée.
Ru de Bonne, en un lieu où la roche calcaire est affleu- Le couloir d'accès sud-ouest (4) est formé de deux
rante. murs de soutènement divergents. Ses matériaux sont
Le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz prit liés au mortier de chaux sur une épaisseur moyenne de
contact avec la Direction de l'archéologie (DGO4 / 40 cm (au sud) à 60 cm (au nord). Conservés sur une
Département du patrimoine) en vue d'organiser hauteur de 1,10 m, leurs parements sont formés de moel-
une intervention avant la destruction complète du lons de calcaire sommairement équarris mais disposés
site, envisagée par le propriétaire. Une autorisation en assises horizontales sur une longueur de 2 m. Du côté
lui fut accordée pour entreprendre un relevé des de la chambre de chauffe, les parements se rejoignent en
vestiges encore conservés sous la supervision arc de cercle. À ce niveau, l'ancrage des moellons dans les
d'Olivier Vrielynck (Direction de l'archéologie). maçonneries latérales implique l'existence d'une struc-
Ces vestiges se sont rapidement révélés être les ture voûtée, non conservée, destinée à asseoir la partie
fondations d'un four à chaux implanté à flanc de du four en élévation au-dessus de l'embrasure d'enfour-
colline, dans le banc de calcaire affleurant (1), en nement. Au point de contact avec le four, l'écart entre
profitant sans doute d'un creux naturel. L'instal- les parements du couloir d'accès est de 1 m, alors qu'à
lation comprend deux couloirs d'accès (4 et 6) qui l'ouverture vers le vallon il atteint 1,8 m. À son extrémité,
encadrent la chambre de chauffe du four (2). L'en- le mur nord présente en outre un retour à angle droit
semble mesure 5,6 m de long pour une largeur maxi- (5 ; longueur : 1,9 m) avec chaînage d'angle, permettant
177
de certificat de patrimoine préalable à la restauration chronologie, la date plus précisément proposée est
globale. L'état de conservation précaire du bâtiment de 1749. De même, les portes intérieures sont dans
nécessite de lourdes interventions pour en assurer la leur ensemble authentiques, excepté celles donnant
stabilité et la mise hors eau. Des aménagements récents vers l'étable ainsi que la porte extérieure du logis. Ce
dont notamment le remplacement des hourdis initiale- dernier se compose de trois pièces en enfilade : la pièce
ment en torchis par de la brique ou des blocs de béton de devant (vestige ancestral de l'auvent primitif pétri-
alourdissent considérablement les charges supportées fié) et le couloir d'accès à la cuisine, la cuisine et la belle
par les pièces de bois dont certaines, vermoulues et pièce faisant également office de chambre à coucher.
déformées, sont fortement fragilisées. L'accès à la cave s'effectue au départ de la cuisine sous
Des infiltrations d'eau récentes et l'exposition des l'escalier menant à l'étage. En pierre, il permet l'accès
parements aux intempéries causent des dommages à cet espace souterrain couvert d'une voûte en berceau
complémentaires aux boiseries et clayonnages origi- maçonnée en grès. L'étage est accessible par un escalier
naux. L'état de délabrement actuel de certaines pièces à vis en bois cloisonné et fermé en partie basse d'une
de bois nécessite d'importantes interventions (greffes porte. Deux pièces y sont initialement aménagées ainsi
ou remplacements) qui feront disparaître des informa- que des combles, plateforme entièrement ouverte et
tions capitales relatives à la disposition et à l'organisa- accessible au départ d'une probable échelle de meunier.
tion originelles de cet édifice rural. La persistance de Ce bâtiment n'est ni approfondi ni élargi, il conserve
nombreuses marques d'assemblage nécessite un relevé ses dimensions et son organisation interne initiales
précis. De même, des mortaises et chevilles surnumé- ainsi que ses parois originales en pan-de-bois.
raires témoignent de démontages et/ou réemplois qui Certaines pièces, probablement fortement détériorées,
doivent impérativement faire l'objet d'un enregistre- ont néanmoins été remplacées tandis qu'une partie des
ment scientifique. L'objectif de cette étude est de défi- hourdis ont été pétrifiés à l'aide de briques ou de blocs
nir l'état du bâtiment dans sa forme primitive tout en de béton. Le soubassement se compose d'un solin de
précisant les divers aménagements opérés au cours des pierre de grès de faible hauteur originellement maçon-
siècles suivant sa construction. né à l'argile pour isoler les pièces de bois de l'humidité
L'implantation de la ferme en pan-de-bois en long, ascensionnelle. Certaines portions ont été largement
perpendiculairement sur le versant sud du Roannay, reprises en sous-œuvre tandis que les sablières ou
est parfaitement traditionnelle. Le pignon du logis soles posées directement sur ce soubassement ont été
regarde le sud-est tandis que le pignon nord-ouest et partiellement ou totalement remplacées.
la façade arrière sont battus par les vents dominants. Les pignons, refends et gouttereaux sont conçus
La morphologie est commune pour la région : il s'agit comme une suite de poteaux montant de fond repo-
d'une maison-bloc ardennaise à trois parçons succes- sant sur une sablière basse, supportant les pannes, et
sifs : le logis, l'étable et la grange (Genicot et al., 1996, dont l'écartement est assuré par des entretoises et des
p. 45). liens. De nombreuses pièces de bois ont conservé leur
Le linteau de la porte d'accès au logis principal marque d'assemblage et de pose réalisées au ciseau.
porte un millésime « anno 1750 ». Une datation par Ces dernières, indispensables, permettent de replacer
la dendrochronologie a néanmoins été commandée précisément chaque pièce dans le pan-de-bois lors
à l'Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA). du montage. Lorsqu'elles sont absentes, le système de
Les résultats de ces investigations confirment cette comptage mis en place permet dans certains cas de
182
Baie originale
Torchis
Moellons
de la chambre, une feuillure confirme
Pièce de bois restituée (phase 1)
0 1m
qu'une ouverture complémentaire avait
été aménagée sur base du niveau primi-
tif, dans le dernier panneau, le long de
l'entretoise. Trois ouvertures éclairaient
alors cette pièce. La baie de la pièce de
?
un léger décalage entre la première travée correspon- aménagé en façade avant, du moins en partie. Les
dant au logis et les deux dernières. La présence de vestiges des aisseliers supportant un débordement
cette porte est atypique dans le corpus des bâtiments de toit sont parfaitement décelables sur le gouttereau
préservés dans la région, elle correspond généralement sud. Un espace de travail ou de remisage couvert et
à un aménagement ultérieur. Son intégration dans le à l'abri des intempéries est ainsi prévu dès l'origine
programme architectural initial résulte plus du bon pour pallier au moins partiellement à la pétrification
sens finalement que de l'originalité. de l'auvent primitif. Cette solution est envisagée pour
La volumétrie générale de cet édifice rural s'appa- de nombreuses fermes de la région de Stoumont et de
rente à un parallélépipède rectangle couvert d'un La Gleize.
toit pentu asymétrique qui associe plusieurs niveaux L'organisation spatiale de cette ferme ardennaise
d'occupation pour le logis. Il s'agit d'une propriété se situe donc dans la phase finale de l'évolution du
rurale modeste à trois parçons, le logis compte au programme architectural primitif des édifices ruraux
rez-de-chaussée trois pièces en enfilade et deux à deux parçons plus auvent. L'intégration de l'espace
pièces à l'étage en sus du grenier. Le faîte du toit est initialement dévolu aux activités extérieures offre de
axé sur la cheminée et l'agrandissement de l'espace nombreux avantages en termes de surface d'occu-
domestique s'effectue vers l'avant, et non vers l'arrière pation. Le relèvement des façades nécessaire à cette
comme c'est généralement le cas, sauf précisément assimilation et la typologie du mode de couverture
dans la région de Stoumont où la première solution en usage dans la région rendent également possible
est souvent préférée. l'aménagement des combles dont l'accès par un esca-
Le déséquilibre observé dans les pignons résulte lier de bois est initialement prévu. L'auvent est englobé
de l'absorption de l'auvent primitif commun à la dans l'enclave domestique comme une extension de la
plupart des édifices ruraux, qui comptent à l'origine cuisine, tandis que les superficies dévolues au bétail et
deux pièces en enfilade pour le logis. C'est la récupé- au stockage se voient pareillement étendues. Mais dans
ration de cet espace initialement ouvert en véritable cette région, la perte de l'auvent primitif est compensée
pièce d'habitation qui génère un léger rehaussement par une alternative intéressante qui consiste à prolon-
des façades et un décalage vers l'arrière des pièces ger la toiture vers l'avant. Le débordement court le long
principales. Cette évolution entraîne une asymétrie d'une partie ou de la totalité de la façade. Cette option
du volume global de l'édifice qui paraît dès lors plus qui se rencontre essentiellement dans la région du
massif et trapu que les formes bâties primitives (deux Roannay n'est rendue possible que consécutivement
pièces en enfilade sans auvent). La toiture se compose au rehaussement de la façade avant. Cet aménagement
d'une bâtière à deux longs versants asymétriques dont participe également à la protection des parements
l'inclinaison est proche de 40°. Cette dernière suggère extérieurs.
une toiture originale de chaume remplacée en partie De nombreux éléments confirment les réminiscences
par des tuiles et des ardoises artificielles (Eternit). d'un programme architectural primitif et ancien du
L'inclinaison de ces toitures végétales, indispensable et logis à deux pièces plus auvent dont on trouve dans
relativement importante pour en assurer l'étanchéité, cette ferme du 18e siècle une version adaptée et abou-
dégage un espace suffisant pour permettre l'aménage- tie. L'évolution s'effectue dans le sens d'une rentabi-
ment et l'occupation d'un deuxième niveau au-dessus lisation maximale des espaces disponibles en surface
du logis accessible par un escalier de type hélicoïdal mais aussi en hauteur tout en conservant les traditions
encagé. anciennes de cette région rurale largement orientée
En réalité, le programme architectural initial type vers l'élevage.
de la ferme à auvent n'est nullement revu, il est tout
simplement conservé et adapté à moindres frais en Bibliographie
pétrifiant et fermant simplement les pans correspon- ■■ [Closon-] R[emy] M.-A., 1985. Exbomont. In : Province de
dants à l'auvent comme autant d'extensions des trois Liège. Arrondissement de Verviers (S-W), Liège (Le Patrimoine
parçons. Le canevas initial probablement ancien et monumental de la Belgique, 124), p. 1403-1404.
largement éprouvé par des générations de menuisiers ■■ Genicot L.-F., Butil P., De Jonghe S., Lozet B. & Weber P.,
se voit finalement très peu modifié. En effet, mis à part 1996. Le patrimoine rural de Wallonie. La maison paysanne.
le cloisonnement d'un couloir d'accès direct de l'exté- 1. Des modèles aux réalités, Namur.
rieur vers la cuisine, cette adaptation n'entraîne que
le hourdage des panneaux des refends et des pignons Sources
correspondants. ■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
Dans ce cas précis, il n'est nullement question Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Stavelo, pl. 215.
d'abandonner pour autant l'espace utile et protégé
184
Bibliographie
■■ Bertholet P., 1980. L'étonnante fortune du
marchand-drapier verviétois François Franquinet
(° 5-9-1671 † 21-9-1754), Bulletin de la Société
verviétoise d'Archéologie et d'Histoire, LXI,
p. 137-173.
■■ Houbrechts D., 2008. Le logis en pan-de-bois
dans les villes du bassin de la Meuse moyenne
(1450-1650), Liège (Dossier de la Commission
royale des Monuments, Sites et Fouilles, 12).
■■ Rensonnet P.-J., 1975-1976. La rue
des Raines à Verviers. Un bel ensemble
architectural, Bulletin de la Commission royale
des Monuments et des Sites, 5, p. 81-113.
Sources
■■ Fraiture P., Cremer S. & Maggi C., 2015.
Rapport d'analyse dendrochronologique. Verviers,
Maison Lambrette, IRPA-KIK, rapport inédit, 62 p.
Mur de refend qui inclut un escalier à vis en son centre (relevés et infographie ■■ Job E., 2016. Maison Lambrette : étude des
B. Raskin, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1).
finitions décoratives intérieures, IRPA-KIK,
rapport inédit, 80 p.
en pierre. Une porte cochère y est présente dès l'ori-
gine. La mise en œuvre et les marques de charpente
des pan-de-bois sont similaires à ceux rencontrés à la
maison Lambrette. Appartenant à la même propriété
encore au 19e siècle, ce bâtiment servait probablement
de dépendance à la bâtisse principale. Voué à une
démolition prochaine, il fait également l'objet d'une
analyse archéologique. D'autres bâtisses de la rue, qui
sont aujourd'hui divisées en plusieurs propriétés, ont
le même gabarit que la maison Lambrette et sa voisine.
L'analyse archéologique de cette maison et de ses
dépendances est en voie d'achèvement. Elle doit encore
être reliée aux données récoltées plus globalement dans
le quartier et être associée aux recherches historiques
actuellement en cours. Le nom Lambrette est celui
de l'occupant d'une partie de la maison au 19e siècle.
186
TOUTES PÉRIODES
Anthisnes/Anthisnes : alimentation
d'origine animale et coq de combat,
l'apport des restes fauniques du
Moyen Âge et de l'époque moderne
Quentin Goffette, Nancy Verstraelen les 16e-17e siècles, les ossements récoltés à vue sont
et Wim Wouters un peu plus nombreux. Ils proviennent d'une couche
détritique datée vers 1500-1550 qui comble partiel-
Introduction lement la structure en creux (silo ?) ainsi que d'une
couche de destruction mise au jour dans les annexes
Des fouilles préventives puis une étude archéologique de la Brassine.
ont été menées dans le cadre du réaménagement du Étant donné le très faible assemblage archéozoolo-
bâtiment dit de la Brassine à Anthisnes en 2008 et gique disponible, les interprétations seront limitées
2009 (Verstraelen, 2010 ; 2011). Ce bâtiment annexe au et à prendre avec les précautions d'usage. De manière
donjon médiéval révèle l'existence de structures beau- générale, le porc et le mouton sont mieux représentés
coup plus anciennes et préalables à son réaménagement que le bœuf, ce qui reflète soit des choix alimentaires,
en brassine en 1642, sous l'instigation de Godefroid soit des stratégies de boucherie (élimination des os de
d'Anthisnes. Peu abondant, le matériel archéologique bœuf lors du découpage primaire) ou d'évacuation
découvert sur le site est daté du 14e au 19e siècle. Celui- des déchets. Parmi les bœufs et caprinés, on note que
ci comprenait 54 restes fauniques récoltés à vue dans des individus d'âge avancé ont été consommés aux
le bâtiment principal de la Brassine (NR = 33) et dans 14e-15e siècles alors qu'aux 16e-17e siècles, ces derniers
ses annexes (NR = 21). Par ailleurs, des échantillons sont absents. Le mouton a été identifié dans un niveau
de sédiments destinés aux analyses botaniques et du 16e siècle. Chez le porc, on note une nette prédilec-
archéozoologiques ont été prélevés dans une structure tion pour la consommation de côtes et ce au cours des
en creux de nature indéterminée mais dont la fonction différentes périodes considérées.
semble avoir été la conservation de denrées céréalières Des restes de poule ont été retrouvés dans les niveaux
avant son comblement autour de 1550. Leur tamisage des 14e-15e et 16e-17e siècles tandis que des ossements
en laboratoire a livré 493 fragments fauniques. d'oie apparaissent aux 16e-17e siècles. L'analyse des
L'étude des restes animaux visait à documenter l'ali- refus de tamis de cette période a également permis la
mentation et le mode de vie des habitants au cours récolte de restes de pigeon, de poissons et de quelques
du temps. Le nombre particulièrement peu élevé de coquilles d'œufs, ainsi que de nombreux restes intru-
macrorestes récoltés lors de la fouille limite consi- sifs qui ne seront pas détaillés ici.
dérablement les interprétations. Toutefois, certains Parmi les quelques restes retrouvés sous le plancher
éléments peuvent être mis en avant. du premier niveau de la chambre jouxtant la belle
pièce du donjon, les ossements de bœuf et de porc
L'alimentation au cours du temps proviennent d'animaux juvéniles qui, malgré leur jeune
âge, présentent déjà une taille importante. Or, d'après
Les espèces consommées comprennent les mammi- l'analyse archéologique, ce matériel peut se situer dans
fères classiques de la triade domestique que sont le une fourchette chronologique qui s'étend du 17e au
bœuf (Bos primigenius f. taurus), le mouton (Ovis 20e siècle. Néanmoins, l'aspect très frais de l'ensemble
ammon f. aries) et le porc (Sus scrofa f. domestica). des restes combiné à la grande taille des jeunes porcs et
S'y ajoutent la poule (Gallus gallus f. domestica), l'oie bœufs consommés suggèrent davantage une datation
(Anser anser ? f. domestica) et le pigeon (Columba récente.
sp.) ainsi que des poissons de la famille des carpes
(Cyprinidae). Un coq de combat du 16e siècle
Au sein des trois périodes chronologiques présentées
ci-dessous, déchets de boucherie et de table semblent Un tarsométatarse de coq a été découvert au sein de
se côtoyer. Les restes alimentaires les plus anciens sont la structure en creux. Cet os de la patte sur lequel
datés des 14e-15e siècles et proviennent d'une couche s'articulent les doigts était porteur d'un ergot, ce
de remblai située dans les annexes de la Brassine. Pour qui indique qu'il a appartenu à un mâle. Cet ergot
187
Bibliographie
■■ Cocker M., Tipling D., Elphick J. & Fanshawe J., 2013.
Birds and people, London.
■■ Reeves A.C., 1998. Pleasures and pastimes in Medieval
England, New York.
■■ Serjeantson D., 2009. Birds, Cambridge.
■■ Thys S. & Van Neer W., 2010. Bird remains from Late
Medieval and Postmedieval sites in Brussels, Belgium. In :
Prummel W., Zeiler J.T. & Brinkhuizen D.C. (dir.), Birds
in Archaeology. Proceedings of the 6th meeting of the ICAZ bird
working group in Groningen (23.8 – 27.8.2008), Groningen,
p. 71-86.
■■ Verstraelen N., 2010. Anthisnes/Anthisnes : étude archéo-
logique du bâtiment dit de la Brassine à l'Avouerie, Chronique
de l'Archéologie wallonne, 17, p. 128-132.
■■ Verstraelen N., 2011. Anthisnes/Anthisnes : étude
archéologique du bâtiment dit de la « Brassine » à l'Avouerie,
Chronique de l'Archéologie wallonne, 18, p. 153-156.
Engis/Hermalle-sous-Huy : campagne
de fouilles 2015 sur le site du
« Thier d'Olne »
en culture (jusqu'en 1950). Le matériel retrouvé dans archéologique Ardenne-Condroz ont mené diligem-
ces amas de pierres confirme cette datation d'époque ment la fouille de la sépulture, sous la supervision du
contemporaine (19e et 20e siècles). Service de l'archéologie.
En stratigraphie, une mince couche de terre noire Le chemin de La Haze marquait la délimitation entre
sépare la couche supérieure d'un niveau moyen Esneux et Sprimont avant un remembrement territorial
formant une aire empierrée d'époque carolingienne en 1879 (Simonis, 1894, p. 162). Il a gardé la forme d'un
(9e siècle). Cet empierrement n'est pas présent sur chemin creux reliant le noyau villageois de Fontin à la
l'ensemble de la surface étudiée : il s'agit de l'aména- voie ancienne dénommée Grande Chevée, qui chemine
gement d'une aire de circulation liée à l'utilisation d'un sur un tige condruzien. Le hameau de Fontin n'a pas,
bâtiment situé à l'est de la cour, à proximité duquel à notre connaissance, fait l'objet d'une enquête histo-
l'épaisseur de la couche de pierres est plus importante. rique de type monographique. La localité est mention-
Cette aire de circulation a fourni un peu de matériel née dans le polyptique dit « de 1280 » de la cathédrale
carolingien, notamment de la céramique et quelques Saint-Lambert de Liège (Grandgagnage, 1859, p. 23).
dizaines de clous forgés (typologie identique) destinés Ce document, conservé aux Archives de l'État à Liège,
à la fixation de bardeaux (Witvrouw et al., 2014). recense les revenus du chapitre de la cathédrale à
Enfin, sous ce niveau empierré carolingien on trouve partir de sources hétérogènes ; il est principalement
une couche de terre brunâtre correspondant à un compilé autour de l'année 1280, puis complété et reco-
ancien sol naturel. Par endroits cette couche brune est pié à l'aube du 14e siècle (Wilkin, 2007). Fontin est
traversée par quelques structures (trous de poteau ou également cité pour l'année 1313 dans Le livre des fiefs
petites fosses) dont la disposition n'évoque aucun plan de l'église de Liège sous Adolphe de la Marck (Poncelet,
particulier. Creusées jusque dans le substrat d'argile 1898, p. 133). L'église de l'Immaculée Conception, sise
graveleux sous-jacent, elles ont livré un peu de maté- au centre du hameau, n'acquiert les droits paroissiaux
riel céramique protohistorique. qu'à partir de 1842 (Brassine, 1904, p. 304). Elle est
entièrement reconstruite en 1854. Sa devancière est
Bibliographie mentionnée en 1558 sous le vocable de Notre-Dame
■■ Witvrouw J., Gava G., Désert R., Bit R., Marchal J.-C. comme dépendante d'Esneux et à la collation du
& Hens J.-L., 2013. Engis/Hermalle-sous-Huy : campagne de seigneur d'Avionpuits (Simonis, 1894, p. 297-298).
fouille 2011 sur le site carolingien du « Thier d'Olne », Chronique Notons que cette chapelle ne paraît pas spécifiquement
de l'Archéologie wallonne, 20, p. 159-160. signalée sur la carte de Ferraris (1771-1778).
■■ Witvrouw J., Gava G., Désert R., Bit R., Marchal J.-C., Le site avait été reconnu dès 1978, lorsque
Bricteux D. & Jaminon J., 2014. Engis/Hermalle-sous-Huy : M. Demeyer avait découvert une quinzaine de tombes
campagne de fouilles 2013 sur le site du « Thier d'Olne », lors de la construction de sa maison et de son chemin
Chronique de l'Archéologie wallonne, 22, p. 194-195. d'accès. Il avait alors soigneusement dégagé les tombes
et pris la peine d'en prendre quelques photographies.
Selon les renseignements recueillis auprès du décou-
vreur (Eubelen, 1996), il apparaît que les inhumations
Esneux/Esneux : découvertes fortuites étaient régulièrement espacées et orientées selon la
d'inhumations à Fontin, chemin de pente principale du terrain, globalement est/ouest.
La Haze Leurs parois, creusées dans le schiste, étaient paremen-
tées à l'aide de murets de blocs de grès posés à sec ou Le champ funéraire du chemin de La Haze se situe
d'un coffrage de dalles de psammite posées sur champ. une centaine de mètres au sud-ouest de Fontin. Il ne
Certaines tombes conservaient encore une couver- semble pas s'étendre en direction de l'église du hameau
ture de larges dalles en grès micacé. Les squelettes car, selon M. Demeyer, la construction de la maison
étaient généralement dans un état de conservation très avoisinant la sienne n'a pas mis au jour de nouvelles
médiocre et aucun mobilier d'accompagnement funé- sépultures. Même si aucun élément objectif ne nous
raire n'a été remarqué lors de la découverte. permet de dater ces sépultures, leur mode de construc-
La tombe dernièrement dégagée répond aux mêmes tion, l'absence apparente de mobilier funéraire associé
caractéristiques que celles découvertes en 1978. Elle ainsi que leur situation en dehors d'un cimetière consa-
prend la forme d'un caisson de 200 cm × 60 cm, cré par l'église nous rendent enclins à les attribuer à
maçonné à sec à l'aide d'un appareillage de blocs une période comprise entre la fin du Haut Moyen Âge
de grès grossièrement équarris ou de fragments de et le Moyen Âge central.
dalle de grès micacé et conservé sur six à sept assises La collaboration bénévole des membres du Cercle
de hauteur. Le squelette n'était conservé que sous archéologique Ardenne-Condroz nous rappelle que
la forme de traces de décomposition organique au l'implication des archéologues amateurs a contribué à
niveau du chevet occidental de la sépulture, région faire vivre l'archéologie bien avant la monopolisation
dans laquelle une dent a été prélevée. Un élément en de la gestion du patrimoine par des agents profession-
fer corrodé d'une longueur de 21 cm (couteau ?) a été nels attachés à l'Aménagement du Territoire…
retrouvé à droite du bassin de la dépouille. L'absence
de tout dispositif de couverture de la tombe, ainsi que Bibliographie
la présence d'un épais amoncellement de blocs de grès ■■ Brassine J., 1904. Les paroisses de l'ancien concile de Saint-
et de fragments de dalles de grès micacé surmontant le Remacle à Liège, Liège.
pied de la tombe, laissent penser que la sépulture a été ■■ Eubelen M., 1996. L'ancienne nécropole, Le Vieil Esneux.
perturbée (pillage ?). Cet amoncellement était pris dans Archéo-Contact, 24, p. 41.
une matrice humifère et incorporait quelques restes ■■ Grandgagnage C., 1859. Vocabulaire des anciens noms de
fauniques, ainsi qu'un col de céramique typique du lieux de la Belgique orientale, Liège.
début des productions médiévales dites « d'Andenne ». ■■ Poncelet É., 1898. Le livre des fiefs de l'église de Liège sous
Adolphe de la Marck, Bruxelles.
■■ Simonis C., 1894. La seigneurie et comté d'Esneux, Bulletin
de l'Institut archéologique liégeois, 24, p. 161-384.
■■ Wilkin A., 2007. Datation et analyse du contexte de rédaction
du Polyptyque dit de 1280 de la cathédrale Saint-Lambert de
Liège, Bulletin de la Commission royale d'Histoire, 173, p. 15-45.
Sources
■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Forest, pl. 192.
Grâce-Hollogne/Grâce-Hollogne :
découverte de deux carrières
souterraines à Hollogne-aux-Pierres
F
set
Rue de Bier
Carrière nord
poche de
Hauteurs : dissolution
E (sable)
A : 3,3 m
B : 2,3 m
C:4m D
Carrière nord D : 2,3 m
E : 3,5 m Effondrement du plafond
F : 3,5 m sur env. 1 m d’épaisseur
(craie)
B
Plafond effondré
(2015)
Section
Anciens puits d’accès C
Carrière sud (comblés)
3 4
1
Effondrements
A
5
2 N
Carrière sud
0 10 m
Sondage
0 2m Poche de dissolution
(sables, limons)
auteur de projet, le Service public de Wallonie (DGO1, bassin d'orage. Le puits d'accès d'origine à cette
Direction de la géotechnique et DGO4, Direction de carrière, entièrement comblé, se trouve à 3 m
l'archéologie) est intervenu afin de faire le relevé de ces de là, dans le talus également (coord. Lambert :
carrières et d'identifier la présence éventuelle d'autres 227630 est/148294 nord, alt. = 176 m). La carrière
exploitations sur le site. totalise 40 m de développement, pour un volume
La craie au sein de laquelle ces carrières ont été creu- estimé à 250 m3. Le sol des galeries est à 6,6 m sous la
sées est blanchâtre à crème, ponctuée de grain foncé et surface de décapage, soit près de 10 m sous la surface
de quelques fossiles (bélemnites, térébratules). Elle est du sol originelle.
cohérente, mais cassante et fortement fracturée. Des Le puits d'accès, cylindrique (diam : env. 1 m), était
petits blocs de silex noir ont été observés sur les parois comblé d'un sédiment brun très meuble contenant des
des carrières souterraines. De nombreuses racines fragments de briques et de bois non décomposé. Au
d'altération sont présentes sur le site. Notons que d'an- pied du puits, deux galeries prennent des directions
ciennes carrières souterraines de phosphate se trouvent opposées suivant un axe nord-est/sud-ouest. La gale-
à proximité immédiate au nord du bassin d'orage. rie sud-ouest (A), rectiligne, est longue de 9,5 m. La
galerie nord-est (F) oblique vers l'est après 11 m, et se
La carrière nord termine à 14,5 m du puits. Ce changement de direction
par les carriers est probablement dû à la présence d'une
Début avril 2015, une pelle mécanique a recoupé grosse poche de sables et de limons, qui s'est en partie
le toit d'une galerie au niveau du talus nord du effondrée dans la galerie. À 3 m du pied du puits, la
galerie nord-est présente deux couloirs
transversaux (E-D ; B-C) rectilignes
longs de 6 et 8,5 m. Toutes les galeries se
terminent sur fronts de taille. La hauteur
sous plafond varie de 2,3 m à 3,3 m (voire
4 m sous une partie de voûte effondrée)
pour une largeur de 1,3 m à 2 m. La
section des galeries est globalement
semi-elliptique, avec un plafond voûté
ou plat. Le sol de la galerie était visible en
Grâce-Hollogne : vue générale du site.
de nombreux endroits. Des traces de pics
191
Plusieurs effondrements
sont présentes sur toutes les parois. De la suie se trouve
sur la paroi sud de la galerie principale entre le puits Après la découverte de ces deux carrières plusieurs
d'accès et les galeries latérales. effondrements se sont produits sur le site à la suite
d'orages violents au mois d'août (1 à 5). Les effon-
La carrière sud drements 1 à 4 sont de section subcirculaire parfois
tronquée par un décollement plus récent de roche.
Suite à la découverte de la première carrière, une étude L'effondrement 5, long de 8,5 m, correspond vraisem-
géophysique par radar a été réalisée à la demande de blablement à l'axe d'une galerie de la carrière sud non
la SOWAER par l'entreprise Calcis. Celle-ci a mis en accessible lors du relevé effectué quelques mois plus tôt.
évidence la présence d'un vide souterrain 50 m au sud- Le fond de chacun de ces effondrements est obstrué de
est de la carrière précédente. La société travaillant sur blocs de craie. Dans l'effondrement 1, profond de 5 m,
le site, Viabuild, a effectué le 30 avril un sondage à la une petite faille très ancienne (± syn-sédimentaire),
pelle mécanique qui a traversé le plafond d'une galerie. sub-verticale et orientée sud-est/nord-ouest, décale de
Il s'agit d'une carrière plus petite dont la profon- 20 cm un niveau de silex.
deur devait également atteindre environ 10 m à Les effondrements 1 à 4 semblent correspondre à
l'origine (coord. Lambert : 227660 est/148256 nord, des racines d'altération de la craie à l'origine comblées
alt. = 172 m). Le développement des galeries, en de sables/limons et de résidus de dissolution. Aucune
grande partie comblées lors de notre visite, est d'une trace de pic n'a été observée, qui identifierait ces puits
douzaine de mètres. Le toit des galeries se trouvait à comme d'anciens accès à des carrières souterraines.
4 m-4,5 m sous la surface de décapage provisoire du Le fait que ces poches se soient vidées de leur contenu
bassin d'orage. Le puits d'accès, cylindrique (diam : s'explique probablement par la présence sous-jacente
env. 1 m), est entièrement comblé de sédiments hété- de galeries souterraines. Les effondrements seraient
rogènes jaunes et bruns. À environ 1 m de la base du consécutifs à des infiltrations massives d'eau, peut-être
puits, la galerie principale s'ouvre sur deux courtes facilitées par les vibrations des machines de chantier.
galeries transversales, longues de 2,8 m, en partie Ces hypothétiques galeries ne sont pas forcément des
comblées par des blocs de craie et des sédiments sablo- carrières de craie. Nous nous trouvons en effet au sein
limoneux déposés par décantation. La galerie princi- de la concession minière de Gosson-Kessales, non loin
192
de puits de mines connus. Des galeries d'exploitation ont une utilité qui n'a pas encore pu être précisée
de houille beaucoup plus profondes que les carrières aujourd'hui (Gémis, 2014).
de craie sont ainsi peut-être à l'origine de l'apparition En 2014, ce qui apparaissait, au nord-ouest de
de ces vides. l'habitation, comme les fondations de deux murs
À la demande de la Sowaer, une dernière inspection construits à angle droit ne sont, en réalité, que des
a été effectuée sur le site en septembre 2015. Celle-ci remblais contemporains, sans doute, de la destruction
a mis en évidence la présence de fissures ouvertes du bâtiment (Gémis, 2015). Cette masse de morceaux
centimétriques à décimétriques, avec traces de de grès micacé, de silex et de mortier de sable cachait
phénomènes d'érosion et de dissolution, témoignant ce qui peut être interprété comme un chemin d'accès
de l'existence d'infiltrations d'eau importantes dans la composé également de djètes posées sur un mortier
craie. de sable et délimité par de longues pierres de grès. Ce
passage, d'une largeur de 2,80 m, a été dégagé sur une
longueur de 1,80 m. Sa destination est impossible à
définir dans l'état actuel de nos recherches.
Grâce-Hollogne/Grâce-Hollogne : le site De part et d'autre de ce chemin, vers le nord et le
de l'« ancien château » de Hollogne-aux- sud, on distingue clairement des couches de mortier
de chaux dont l'épaisseur varie entre 2 et 15 cm. Dans
Pierres
sa partie méridionale, cette étendue de mortier vient
buter contre le mur F10 précédemment identifié
Philippe Gémis (Gémis, 2014, p. 196).
Le futur devrait nous permettre de découvrir d'autres
La prairie fouillée, depuis 2000, par une équipe de béné- éléments de ce bâtiment mais aussi de préciser la fonc-
voles de l'asbl Les Chercheurs de la Wallonie, recèle, tion des structures découvertes en 2015.
selon un historien local (Jeunehomme, 1912, p. 32), les
restes de l'ancien château de Hollogne-aux-Pierres. Bibliographie
Ce site est situé à 300 m au sud-est de l'aérogare de ■■ Gémis P., 2014. Grâce-Hollogne/Grâce-Hollogne : le site de
Liège Airport, à proximité de la rue de Bierset, de l'actuel l'« ancien château » de Hollogne-aux-Pierres, Chronique de
château et de la ferme de M. Philippe Lucas, propriétaire l'Archéologie wallonne, 22, p. 195-197.
des lieux (parc. cad. : Grâce-Hollogne, 2e Div., Sect. C, ■■ Gémis P., 2015. Grâce-Hollogne/Grâce-Hollogne : le site de
no 314k ; coord. Lambert : 227820 est/148245 nord). l'« ancien château » de Hollogne-aux-Pierres, Chronique de
En 2015, les recherches se sont poursuivies au nord l'Archéologie wallonne, 23, p. 212-213.
du bâtiment mis au jour les années précédentes. Pour ■■ Genicot L.-F., Butil P., De Jonghe S., Lozet B. & Weber P.,
rappel, le plan de cette bâtisse n'est pas sans évoquer 1996. Le patrimoine rural de Wallonie. La maison paysanne.
une habitation tripartite traditionnelle telle qu'elle était 1. Des modèles aux réalités, Namur.
construite en Hesbaye avant le 19e siècle (Genicot et ■■ Jeunehomme L., 1912. Hollogne-aux-Pierres. Contribution à
al., 1996, p. 99-106). Ces trois pièces sont disposées les son histoire, Liège.
unes à côté des autres, selon un axe nord-ouest/sud-
est. De part et d'autre d'une cuisine d'une superficie
de 49 m² dotée d'un âtre en djètes et d'un carrelage
de dalles de calcaire, deux autres pièces, plus petites, Grâce-Hollogne/Mons-lez-Liège :
intervention dans la zone aéroportuaire
de Bierset, campagne 2015
T
SE Zone 4
ER
BI
in Patar
E
D
RT
PO
Rue Diéra
R
O Zone 2
AÉ
e
Zone 1
xh
Fe
de
in
2 em
E4 Ch
5- Zone 3
A1
Ru
e
de
Cr
ot
te
ux
0 100 m
1
2
3
4
0 25 m
Zone aéroportuaire de Bierset, campagne 2015, plan de localisation des vestiges : 1. Néolithique ancien ; 2. Âge du Fer ; 3. Temps
modernes ; 4. Époque indéterminée (infographie F. Giraldo Martin, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1).
194
& Marchal, 2002 ; Marchal & Loicq, 2003), entre la rue Rubané moyen de Hesbaye (I. Jadin, communication
Diérain Patar et le chemin de Fexhe (coord. Lambert : personnelle) et donc dans une phase plus ancienne
226812 est/147781 nord). que celle identifiée dans les zones voisines lors des
À l'instar des zones fouillées antérieurement, le campagnes de fouilles 2001 et 2014.
terrain se positionne à la transition entre le plateau Les vestiges les plus récents sont modernes et
hesbignon et les premiers vallonnements de la vallée consistent en un chemin bordé de deux enclos
mosane. Du reste, son relief originel reste difficile quadrangulaires, peut-être des aires de parcage de petit
à appréhender actuellement car entouré de terrains bétail, et de quelques fosses et/ou aires d'épandage.
remodelés ; les voiries encerclant le secteur ainsi que La grande majorité des vestiges témoigne d'un
la proximité immédiate des infrastructures autorou- habitat de l'Âge du Fer qui semble s'organiser
tières et aéroportuaires empêchent toute perspective. suivant un axe sud-ouest/nord-est. En l'état actuel
Vers le sud, des sablières ont encore entaillé le substrat des recherches, seuls quelques bâtiments sur 4, 6 ou
sur plusieurs mètres d'épaisseur. Sur base des courbes 9 poteaux ont été d'emblée reconnus côté nord-est.
de niveau des cartes du Dépôt de la Guerre (19e siècle) Du reste, la profusion de trous de poteau, aux gaba-
une reconstitution du relief naturel montre que les rits variés, esquisse les plans de plusieurs générations
terrains se situent à l'arrière de petites avancées du de bâtiments aux plans plus ou moins complexes
plateau orientées nord-ouest/sud-est et dominant les sans que l'on puisse pour l'instant en proposer clai-
vallonnements de la Meuse. Ces terrains participent à rement une illustration. Les fosses mises au jour ont
une topographie relativement calme jusqu'à la rupture une vocation essentiellement d'ensilage. Une grande
de pente annonçant les vallonnements. fosse, de plus de 6 m de côté, semble avoir joué le rôle
Dans la zone de recherche de cette année, la présence de carrière d'extraction de limon pour la plupart des
du substrat sableux à faible profondeur empêche l'esti- bâtiments. Au sein d'une concentration de trous de
mation d'un taux d'érosion sur base d'observations poteau, une fosse semble porter les indices de fabri-
pédologiques. cation de torchis tandis que d'autres structures ont
Dans un premier temps, une évaluation par sondages servi, dans un second temps, de dépotoir domestique.
mécaniques, continus et espacés de 15 m, a été réalisée En bordure d'emprise, la moitié inférieure d'une fosse
sur toute la superficie, soit un peu plus de 7 ha. Elle a été comblée avec de nombreux fragments de céra-
a d'emblée mis en évidence des vestiges des périodes miques et de volumineux blocs de terre brûlée appar-
néolithique, protohistorique et moderne. En fonction tenant probablement à un four.
du planning des aménageurs, quatre zones prioritaires Les tessons de céramique sont nombreux et
ont été identifiées dont deux ont fait l'objet de fouilles fragmentés et leur restauration est en cours. Sur
en 2015, l'une de 3 700 m² côté sud-est (zone 1) livrant base d'un premier survol du matériel, la céramique
essentiellement les traces d'un habitat de l'Âge du Fer, découverte dans les fosses et certains trous de poteaux
et l'autre de 3 200 m² côté nord-ouest de l'emprise semble homogène et est attribuable à la période finale
(zone 3) où quelques fosses protohistoriques côtoient du Hallstatt.
un tronçon de fossé. L'intervention archéologique
dans les deux autres zones (zones 2 et 4) est program- La zone nord-ouest (zone 3)
mée en 2016.
Les lambeaux d'un tronçon de fossé ont été repérés
La zone sud-est (zone 1) sur une soixantaine de mètres de long suivant un
axe sud-ouest/nord-est, parallèle à l'actuel chemin
Plus de 300 trous de poteaux et une quarantaine de de Fexhe. D'une largeur moyenne proche du mètre
fosses ont été recensés dans cette zone. Ils sont attri- et généralement conservé sur une petite vingtaine
buables à trois périodes principales : le Néolithique de centimètres, il accuse un profil en cuvette. Par
ancien, l'Âge du Fer et les Temps modernes. endroits, il présente un profil plus vaste avec un fond
Les traces les plus anciennes sont attribuables à la irrégulier ménageant des cuvettes plus profondes
période rubanée. Quelques silos et fosses d'extrac- pouvant atteindre 0,45 m de profondeur et dessinant
tion de limon ont été mis en évidence. Leur comble- des fosses parallèles au tronçon principal en surface
ment présente des rejets détritiques témoignant d'une de décapage. Avec un pendage général d'une cinquan-
présence domestique à proximité. Aucun plan de taine de centimètres du sud-ouest vers le nord-est,
maison rubanée n'a pour l'instant été identifié. Une un remplissage typique d'un fossé de drainage et une
première approche du matériel céramique renseigne dynamique de comblement du nord-ouest au sud-est,
l'absence de décor au peigne, ce qui semblerait indi- l'ensemble marque la trace d'un fossé protégeant de
quer que l'on se situe probablement à la période du l'écoulement des eaux la zone située au sud-est. Dans
195
l'attente d'une analyse par datation 14C, aucune attri- Herstal/Herstal : sépultures
bution chronologique ne peut être proposée pour mérovingiennes, tombe de cervidé et
l'instant mais le type de comblement, compact et
traces d'occupation d'époque romaine au
homogène, suggère un aménagement ancien, au plus
tard médiéval.
lieu-dit « Sous-la-Chapelle »
À l'amorce de ce fossé vers le sud-ouest, plusieurs
fosses comportant des rejets domestiques accom- Denis Henrard, Patricia Gillet
pagnent quelques trous de poteaux de petit gaba- et Fabienne Pigière
rit. Les quelques fragments de céramique récoltés
semblent attribuables à la phase finale de la période Dans le courant des mois de mars et avril 2015, le
de Hallstatt. Service de l'archéologie de la Direction extérieure
de Liège 1 (DGO4 / Département du patrimoine) a
Conclusion mené une fouille préventive rue Jean Lamoureux, au
lieu-dit « Sous-la-Chapelle », dans le centre urbain de
La campagne de fouilles de 2015 a permis de dégager Herstal (parc. cad. : Herstal, 3e Div., Sect. E, no 920k).
des éléments appartenant à un habitat du Hallstatt L'intervention s'est inscrite dans le cadre d'un proto-
final exceptionnellement bien conservé pour la cole d'accord avec la Société régionale du Logement de
Hesbaye. Les divers bâtiments successifs de la zone 1 Herstal, en préalable à la construction d'un immeuble
doivent désormais être repérés distinctement mais à appartements. Elle fut essentiellement motivée par la
attestent d'ores et déjà d'une occupation intensive découverte, au début du 20e siècle, de tombes mérovin-
à cette période. La zone 3 pourrait en outre giennes sur une parcelle avoisinante.
participer aux aménagements de cet habitat, avec
un fossé de drainage protégeant les infrastructures Le contexte archéologique
situées plus en aval. L'ensemble témoignerait d'une
occupation rurale hallstattienne de grande envergure Le centre de Herstal occupe une terrasse basse de la
surplombant la vallée de la Meuse et dont les limites rive gauche de la Meuse, à environ 8 m de dénivelé de la
conservées pourraient atteindre plus de 1 ha. La plaine alluviale. Il est traversé par un ruisseau dévalant
zone intermédiaire entre les deux secteurs fouillés du plateau hesbignon, le Patar, actuellement canalisé
cette année devrait être investiguée dans les années à sous la rue Faurieux. Le site se trouve au croisement
venir, ce qui permettrait de compléter les recherches de deux voies antiques importantes, approximative-
actuelles. ment localisées au sein du tissu urbain moderne. La
première provient de Tongres et débouche dans la
Bibliographie
Rue
Fau
■ Goffioul C. & Marchal J.-P., 2015. Grâce-Hollogne/ rieu
x
4*
Grâce-Hollogne : intervention dans la zone aéroportuaire de
Bierset, campagne 2014, Chronique de l'Archéologie wallonne,
23, p. 210-212.
■ Loicq S. & Marchal J.-P., 2002. Grâce-Hollogne/Grâce-
Hollogne : fouilles préventives à hauteur de l'accès no 3 à Rue Je
an Lam
Hollogne-aux-Pierres, Chronique de l'Archéologie wallonne, 10, oureu
x
p. 158-160. 3*
Ru
■ Marchal J.-P. & Loicq S., 2003. Grâce-Hollogne/Grâce- e
en
Gr
an
Hollogne : fouilles préventives à hauteur de l'accès no 3 à de
Fo
xh
Hollogne-aux-Pierres, Chronique de l'Archéologie wallonne, 11, all
e
p. 125-128. *1
ux
yo
Ho
e
Sources 2
Ru 0 100 m
*
■ Carte topographique de la Belgique. Dépôt de la Guerre, 1831-
Herstal : emprise de l'intervention (en noir) et environnement
1878.
archéologique au sein du parcellaire. 1. Caveau funéraire
du Haut-Empire au lieu-dit « La Barrière » ; 2. Tombes
à inhumation de la fin du Bas-Empire ; 3. Tombes
mérovingiennes découvertes entre 1910 et 1938 ; 4. Chapelle
Saint-Lambert (infographie C. Régimont, Serv. archéologie,
Dir. ext. Liège 1).
196
vallée mosane à partir du plateau de Foxhalle, avant pente naturelle, orientée sud-ouest/nord-est. L'altitude
de traverser la Meuse en vis-à-vis de l'agglomération du terrain avant l'intervention est de 67,35 m en fond
romaine de Jupille ; la seconde longe la rive gauche de de parcelle, 67 m au centre et 66,40 m en bordure de la
la Meuse en direction de Maastricht (Henrard, 2013). rue Jean Lamoureux.
Ce carrefour important constitue probablement Une tranchée de fouille en forme de L couvrant
un noyau de peuplement depuis l'époque romaine : une superficie d'environ 170 m² a été ouverte par des
des remblais de construction gallo-romains ont été moyens mécaniques jusqu'à une profondeur moyenne
signalés à plusieurs reprises rue Hoyoux (Collart- de 50 cm. Dans le bras nord de la tranchée affleure
Sacré, 1930, p. 333), tandis que le caveau funéraire d'un le substrat géologique composé d'un limon jaunâtre
tumulus richement doté, datant de la seconde moitié à passes sableuses oxydées qui pourrait appartenir
du 2e siècle apr. J.-C., a été retrouvé en 1901 au lieu-dit au cycle de colluvions d'âge pléistocène observé lors
« La Barrière » (1 ; Renard, 1901 ; Amand & Mariën, des fouilles de la chapelle Saint-Lambert en 2011
1976), dans l'environnement direct du débouché de la (Henrard, 2013). Cet encaissant naturel apparaît au
voie romaine sur la plaine alluviale mosane, tradition- décapage largement entaillé par des fosses d'époque
nellement localisé rue en Grande Foxhalle. moderne, au remplissage noirâtre à large fraction
Le même secteur a livré quelques inhumations de gravelo-houilleuse.
la fin du Bas-Empire (2), décrites dans l'urgence par Le bras sud de la tranchée de fouille montre, lui,
l'Institut archéologique liégeois à l'occasion de travaux un net décaissement en direction de la rue Jean
d'agrandissement de la gare ferroviaire de Herstal en Lamoureux. Ce dernier atteint 150 cm de profondeur
1904 (Renard, 1904 ; Dasnoy, 1972). en bordure de la voirie et apparaît progressivement
Entre 1910 et 1914, l'Institut archéologique liégeois nivelé par des remblais de terrassement d'époque
découvre une dizaine d'inhumations d'époque moderne. L'évaluation n'y est donc pas probante en
mérovingienne dans les jardins des maisons situées à ce qui concerne le développement de la nécropole
l'angle des rue Hoyoux et Jean Lamoureux (3), au lieu- mérovingienne.
dit « Sous-la-Chapelle » (Servais, 1910 ; 1914 ; Delheid La fouille exhaustive du bras nord de la tranchée a
& Servais, 1912). En 1938, le musée de Herstal entre- livré cinq sépultures mérovingiennes, une tombe de
prend une fouille sur le même terrain, ce qui engendre cervidé ainsi qu'une fosse contenant des rejets d'occu-
la découverte de sept inhumations mérovingiennes pation du Haut-Empire.
supplémentaires. Cette dernière intervention n'est pas Notre intervention n'offrant qu'un échantillon peu
publiée mais le musée de Herstal en conserve la docu- représentatif du champ funéraire et au regard du peu
mentation de fouille.
Enfin, une église dédiée à saint
Lambert serait établie dès le début du
8e siècle en bordure du Patar (4), à
quelque 200 m au nord de la nécropole
mérovingienne de « Sous-la-Chapelle ». 239046.532 m est
151067.861 m nord
Méthodologie de l'intervention 6
7
et contexte stratigraphique
239056.809 m est
151059.911 m nord
■■ Legoux R., Périn P. & Vallet F., 2006. Chronologie normali- de Huy ; un appel à projets a été diffusé en juin 2013.
sée du mobilier funéraire mérovingien entre Manche et Lorraine, L'IPW a appuyé le propriétaire pour la valorisation
Saint-Germain-en-Laye (Bulletin de liaison de l'Association du bien et accompagne le nouvel acquéreur. L'étude
française d'Archéologie mérovingienne, hors-série). préalable des vestiges archéologiques conservés en
■■ Lepetz S., 2009. La chasse en Gaule romaine. In : Trinquier J. & élévation faisait partie de cette valorisation. Cette
Vendries C. (éd.), Chasses antiques. Pratiques et représentations étude avait pour but d'analyser des structures bâties
dans le monde gréco-romain (iiie s. av.-ive s. apr. J.-C.). Actes
anciennes peu modifiées par les transformations des
du colloque international de Rennes, Université Rennes II,
années 1980-1988 et 1989-2000, afin de conserver un
20-21 septembre 2007, Rennes, p. 139-157.
rapport documentaire sur l'ensemble architectural et
■■ Poplin F., 1996. Les cerfs harnachés de Nogent-sur-Seine et le
de donner des indications à l'auteur de projet chargé
statut du cerf antique, Comptes rendus des séances de l'Académie
de la future restauration du bien. Elle s'appuie sur des
des Inscriptions et Belles-Lettres, 140/1, p. 393-421.
données croisées de dossiers précédents : le mémoire
■■ Putelat O., 2013. Les restes animaux en contexte funéraire
de licence d'A. Orban (1978), des articles concernant
dans l'Alsace du premier Moyen Âge et ses marges géogra-
phiques, Anthropozoologica, 43, p. 409-445.
les fouilles et travaux menés par l'asbl Jeunesse du
Patrimoine architectural/Fondation Roi Baudouin
■■ Renard L., 1901. Découverte d'antiquités romaines à Herstal,
Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, 29, p. 167-232.
(1983-1984), et des renseignements très précieux,
consignés sur le vif par J.-L. Javaux mandaté par
■■ Renard L., 1904. Découverte d'un cimetière franc à Herstal,
l'administration du patrimoine de la Région wallonne
Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, 34, p. 456.
au moment de la consolidation/restauration des bâti-
■■ Servais J., 1910. Découverte d'un cimetière franc à Herstal,
ments entre 1986 et 1990.
Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, 40, p. 35-40.
Le contexte médiéval dans lequel s'insère la Maison
■■ Servais J., 1914. Nouvelles découvertes dans le cimetière
près la Tour est remarquablement bien conservé.
franc de Herstal, Chronique archéologique du Pays de Liège, 9,
p. 25-27.
Située à l'angle de la rue des Frères Mineurs et de la
rue de la Cloche, elle est dominée au nord-est par le
■■ Vigne J.-D., 1993. Domestication ou appropriation pour la
tracé des remparts médiévaux. L'église Saint-Mengold
chasse : histoire d'un choix socioculturel depuis le Néolithique.
L'exemple des cerfs (Cervus). In : Audoin-Rouzeau F. & la jouxte à l'ouest et un peu plus loin est établie la
Desse J. (dir.), 1993. Exploitation des animaux sauvages à travers maison Nokin (12e siècle). Le couvent des Frères
le temps. Actes des rencontres internationales d'archéologie et Mineurs (13e siècle) est situé au nord-est. Au-dessus
d'histoire, XIII, Antibes, 15.10.1992-17.10.1992, Juan-les-Pins, de la rue de la Cloche s'établissait le beffroi, disparu.
p. 202-220. Une cave datée du 12e siècle a été découverte sous la
terrasse A à la fin des années 1980 (Borremans et al.,
1989).
Terrasse A Z.2
M.7
Z.8 M.12
s'ouvrait dans le M.4 à ce niveau.
M.4
F.14
N
Z.6
- 2,80 m - 3,80 m J.-L. Javaux a repéré les limites et évalué
M.13
Z.3
Z.7 la profondeur d'une fosse d'aisance
M.8
M.15
M.14 installée à l'aplomb des M.12 et F.258.
rue des Frère
s Mineurs
Cette structure est toujours intacte et n'a
pas fait l'objet de fouilles.
Huy, Maison près la Tour : découpage des espaces et organisation des terrasses Le développement d'un bâtiment à
sur le plan terrier.
l'angle des rues de la Cloche et des Frères
Mineurs et qui comportait au moins
ment louable – à oblitérer radicalement deux faces trois niveaux est avéré. Une problématique intéres-
intérieures qui fourmillaient de traces médiévales (M.12, sante vient s'ajouter à ces observations et compliquer
M.1). La lecture des entités originelles est donc fortement l'interprétation : les arcades et la console, ainsi que
compromise, les propositions de phasage qui suivent les trous de boulins pour supporter un étage, appa-
restent très hypothétiques, surtout en ce qui concerne raissent également sur l'autre face du M.12, exacte-
la période ante 14e siècle, et induisent la nécessité de ment au même endroit. Ce type de traces n'apparaît
croiser les informations recueillies antérieurement à la sur aucun des murs en élévation conservés au sud de
restauration et aux analyses contemporaines. M.12 et la partie inférieure de ce mur vers Z.2 n'était
La Maison près la Tour se décompose en plan et pas voûtée.
élévation en six volumes différenciés par leurs dimen- Le développement d'une ou plusieurs entités
sions et leurs niveaux de circulations (Z.1, Z.2, Z.3, contemporaines de la STR.5A de part et d'autre du
Z.4, Z.5 et Z.6). La zone ouverte située au nord-ouest M.1, en Z.1 et Z.10, restera une équation à plusieurs
servant aujourd'hui de parking est Z.7. inconnues (STR.3A). Les maçonneries originelles
Les cours ouvertes adjacentes, délimitées par des des M.1 et M.3, constituées de grès, de calcaire et
murets et les jardins en terrasses (A, B et C), sont les de poudingue, ne sont visibles que sur une hauteur
espaces Z.8, Z.9 et Z.10. de 1,20 m. L'amorce d'une retombée de voûte taillée
à même la roche est peut-être la seule trace d'un
Le complexe primitif (12e ?-13e siècle) voûtement primitif dans Z.1 (F.238). En partie
supérieure, la face nord du M.1 a pu être observée
La STR.5A s'établit entre les M.12, M.14 et M.4, avant restauration : plusieurs baies à encadrement
intégrant une partie du M.13. Elle couvre la Z.7 et en tuffeau s'ouvraient à différents niveaux vers un
s'ancre dans le socle rocheux en poudingue. L'intérieur espace intérieur qui se développait au niveau de
de cette bâtisse s'établissait sur au moins trois niveaux. Z.10. La pointe du pignon originel du M.1 conser-
Le rez-de-chaussée était voûté. Des amorces de vait des traces de la structuration originelle de
retombées de voûtes à l'arrière du mur de soutènement l'espace – notamment des conduits de cheminée –
(F.14) (Javaux, 1986) et dans le coin formé par les M.4 dans Z.10.
202
Huy, Maison près la Tour : le complexe primitif. Développement des STR.5A (plan et élévation) et STR.3A.
Le complexe du 13e siècle : une cour établie à l'aplomb de cette dernière, s'ouvrant sur un
intérieure entre plusieurs bâtiments deuxième niveau. Des trous de boulin marquent plus
haut le troisième niveau. Le M.17 a été très perturbé
Les STR.5B et STR.3B sont reliées par une cour par les phases postérieures, il reste très peu de maçon-
ouverte (STR.2A) qui couvre le périmètre de Z.2. Les nerie intacte. Un trou de boulin conservé dans le coin
murs délimitant cette cour, M.10, M.16 et M.17, sont sud pourrait être lié à cette structuration.
contemporains entre eux. J.-L. Javaux a pu constater L'hypothèse actuelle est d'envisager un groupe de
l'appui du M.17 contre le M.12 lors du chantier de bâtiments (STR.5B, STR.3B, une structure du côté
restauration. oriental du M.17 ?) s'ouvrant dans une cour inté-
Au niveau du M.16, une porte d'accès (F.232) occupe rieure (STR.2A) séparée de la rue de la Cloche par
le coin occidental de la cour. Une baie (F.108) est une clôture (M.10). Il est possible qu'un système
203
d'escaliers et de galeries adossés aux M.12 et M.16 cheminée. Des carreaux en terre cuite glaçurée de
permette la circulation entre les entités, mais les 3,5 cm de côté ont été découverts ponctuellement
preuves de ces aménagements n'ont pas (encore) par A. Orban dans la moitié nord de la STR.2B, dont
été découvertes. Si cette hypothèse se confirme, des ils constituaient le revêtement de sol. Des corbeaux
comparaisons pourraient s'établir avec une maison en calcaire soutiennent des lambourdes chanfrei-
rue Briçonnet à Tours ou avec l'îlot de bâtisses situé nées. Celles-ci supportaient à leur tour des solives,
rue de la Vieille à Montpellier (Esquieu & Pesez, datées par dendrochronologie de 1305-1315 par
1998). Cet ensemble de cinq maisons médiévales P. Hoffsummer (1989, p. 127-131). On accédait à
des 13e-14e siècles est installé au croisement de deux la STR.3C par une porte à encadrement mouluré
rues, les entités bâties sont rassemblées autour d'une en calcaire (F.106). Une petite baie à encadrement
cour centrale de laquelle partent les escaliers permet- simple (F.107) la surmonte, elle permettait de faire
tant d'accéder aux différentes galeries surplombant entrer la lumière dans un espace situé dans la Z.1,
la cour. peut-être une cage d'escalier ?
Le premier étage se présente de la même manière
Un nouveau bâtiment au début du que la pièce au rez-de-chaussée, en plus luxueux.
14e siècle Trois baies ogivales équipées de coussièges s'ouvrent
dans le M.10. Une cheminée est montée à l'aplomb
L'une des principales modifications au début du de celle repérée au rez-de-chaussée. Une deuxième
14e siècle est l'aménagement de la STR.2 (Z.2) en une niche mitrée (F.130) borde la cheminée au nord. Il
entité bâtie avec tous les équipements nécessaires à s'agit d'une armoire murale équipée de planchettes,
l'habitat. Les nouvelles maçonneries qui s'élèvent ou qui a été dégagée en son temps par A. Orban. Les
les ragréages qui servent à implanter des ouvertures corbeaux qui soutiennent les lambourdes étaient
sont caractérisés par un moellonage relativement moulurés ; les lambourdes étaient peintes (Javaux,
régulier en grès et poudingue et un mortier où la chaux 1986). Une porte d'accès (F.129) s'ouvre dans le
est prédominante. coin occidental, elle est surmontée d'un petit jour
Le rez-de-chaussée est de plain-pied avec les deux (F.257), à l'instar de la porte du rez-de-chaussée. Une
entités précédentes. Il est éclairé par trois baies à autre porte (F.132) permet d'accéder à une annexe
meneaux s'ouvrant dans le M.10. Une quatrième « fantôme » située à l'arrière du M.17, oblitérée par
baie (F.164) s'ouvre dans le M.16, au même niveau. les annexes du 17e siècle.
Nous n'en avons dégagé que les contours supérieurs La STR.3 (Z.1 et Z.10) est modifiée à cette époque.
et observé que son ébrasement a une largeur iden- Les niveaux de circulation situés au-dessus de la cave
tique à celles s'ouvrant dans le M.10. Une chemi- voûtée sont en décalage par rapport aux niveaux que
née s'établit contre le M.17, les bases en calcaire nous venons de décrire, à l'instar des niveaux obser-
moulurées des deux piédroits sont toujours en vés pour la STR.2 (Z.2). Un système d'escaliers avec
place. Une niche mitrée encadrée par des petits paliers adaptés devait remédier aux différences de
blocs de tuffeau (F.163) est implantée à droite de la dénivellations.
204
5m M.1
M.3
M.9
STR.3C
M.16 F.106
fantôme
M.17
M.10
annexe
STR.2B
Rue de la Cloche
7 M.12
M.4
M.13
? STR.5C
M.8
M.16
M.14
M.12
M.4
élévations du
14e siècle
5m
F.257
F.130
M.16
F.129 F.132
M.12
ANNEXE F.107
M.17
FANTÔME
remblais
du 17e siècle
F.164
F.106 F.163
M.10
Résumé des principales transformations entièrement réaffecté pour l'usage de table de prêts. Les
de la Maison près la Tour (16e-début du travaux vont radicalement modifier l'aspect intérieur de
20e siècle) la STR.2 (Z.2). La surface d'occupation de l'espace du
premier étage est doublée et permet une correspondance
Aux 15e et 16e siècles apparaissent pour la première avec les niveaux de circulation de la STR.3 (Z.1 et Z.10)
fois des noms de propriétaires de la Maison près la grâce à de nouveaux planchers. À la fin du 16e-début du
Tour. Hypothéquée en faveur des Grands Malades, 17e siècle, les voûtes de la pièce orientale de l'ancien espace
elle a appartenu à Robert de Gambes, personnage STR.5 (Z.7 et Z.3) sont éliminées et un mur de soutène-
influent à Huy et Liège et décédé au début du 16e siècle ment vient s'appuyer contre la base du M.12 (F.14). Dans
(Orban, 1987). le même temps ou bien peu après cette transformation,
Le bien est acheté en 1566 par Vincent Audace, noble l'annexe délimitée à l'ouest par le M.13 est créée.
d'origine lombarde et prêteur sur gages. Il ne résidera D'importants travaux d'embellissement sont vrai-
jamais dans la Maison près la Tour, le complexe sera semblablement entamés par Nicolas Kinet, maître
205
« massuyer » des Grands Malades, qui gère le bien à annexes, une nouvelle restauration est en marche.
partir de 1612 suite à la saisie du bâtiment due à un La complexité et la richesse patrimoniale de la
important retard de paiement de la rente. Ses enfants Maison près la Tour se manifestent d'emblée par le
poursuivent le chantier qui s'achève probablement vers haut mur visible depuis la rue des Frères Mineurs, dont
1653, comme l'atteste le chronogramme apposé sur le le parement a été épargné par la restauration de 1988-
linteau de la porte d'entrée dans la cour Z.8. La STR.3 1990, mais ce n'est que la pointe de l'iceberg…
(Z.1) est réaménagée des caves aux combles : les éléva- La période ante 14e siècle se décline en interrogations
tions au-dessus de l'ancienne cave sont entièrement et hypothèses. Les gisements archéologiques les plus
reconstruites. Les nouvelles maçonneries sont montées évidents sont irrémédiablement perdus. Des complé-
en petits moellons de calcaire équarris, à l'appareil ments d'information pourraient néanmoins être four-
régulier. Les travaux sur les bâtisses sont intimement nis par l'analyse des parements de murs servant d'appui
liés aux rehaussements des niveaux extérieurs : des à l'annexe septentrionale, par les relevés pierre à pierre
cours en Z.8, Z.9 et Z.10 structurent en terrasses les des faces des M.16 et M.17 qui sont à présent dégagés,
dénivellations du terrain et donnent un nouvel accès et par des recherches en archive.
aux annexes adossées au M.17, toujours en place Mise en lumière il y a trente ans par J.-L. Javaux et
aujourd'hui, et à la STR.3, qui ne s'étend plus que sur la A. Orban, la Maison près la Tour est un site exception-
Z.1 à cette époque, depuis l'extérieur. nel, promis à une reconversion respectueuse et rece-
Le puits qui a été découvert dans le coin nord de la lant encore de nombreuses découvertes, auxquelles
cour Z.8 (communication personnelle de M. Dandoy, nous espérons être associés.
2013) appartient vraisemblablement à cette période.
Un état des lieux fait la description du bien en 1750 Bibliographie
(Orban, 1987, p. 60-61). Ce texte est très difficile à inter- ■■ Borremans R., Dandoy M., Ernens L., Sondron P. &
préter : les bâtisses de la Maison près la Tour sont dans Willems J., 1989. Une cave du douzième siècle au quartier
un état avancé d'abandon. Il en ressort un patchwork Saint-Mengold à Huy, Vie archéologique, 32, p. 101-128.
d'espaces aux appellations diverses – certains visible- ■■ de Waha F. & M., 1987. L'aspect archéologique des fouilles.
ment inhabités depuis plusieurs années – qui dessine In : Au cœur de Huy. Pour la renaissance d'un patrimoine archi-
en filigrane le morcellement entre différents loca- tectural, Huy, p. 62-63.
taires. Une chose est sûre : le texte fait état de deux ■■ Esquieu Y. & Pesez J.-M. (dir.), 1998. Cent maisons médié-
portes d'accès à rue. La première donne sur une cour vales en France (du xiie au milieu du xvie siècle) : un corpus et
(Z.8) avec un puits, la seconde donne dans un espace une esquisse, Paris, CNRS (Monographie du CRA, 20).
« souterrain », s'agirait-il de la partie excavée et voûtée ■■ Fondation Roi Baudouin, 1987. La Maison près la Tour.
de la pièce occidentale de la STR.5 (Z.7) ? In : Au cœur de Huy. Pour la renaissance d'un patrimoine archi-
Jean-Michel Laruelle hérite d'un bien en très piteux tectural, Huy, p. 51-52.
état. Il fait abattre la vétuste STR.5 (Z.7) et la trans- ■■ Martiny V.-G., 1987. Les jeunes et la sauvegarde du patri-
forme une cour clôturée. Le M.12 va être pourvu de moine architectural hutois. In : Au cœur de Huy. Pour la renais-
jours, en relation avec la structuration interne de la sance d'un patrimoine architectural, Huy, p. 61-62.
STR.2 (Z.2). Jean-Michel Laruelle, bourgmestre de ■■ Orban A., 1987. Analyse archéologique et recherches histo-
Huy (1760-1761), réside dans la maison jusqu'à son riques. In : Au cœur de Huy. Pour la renaissance d'un patrimoine
architectural, Huy, p. 53-60.
décès en 1775.
Par la suite, la Maison près la Tour sera vendue
successivement aux familles Hock, Pirotte, Vincent Sources
et Legrand. Une opération de morcellement des ■■ Boulez V. 2014. La Maison près la Tour à Huy. Étude archéo-
espaces, effectuée en une phase ou en plusieurs logique, Institut du Patrimoine wallon, rapport inédit.
étapes, va radicalement modifier l'aspect intérieur de ■■ Hoffsummer P., 1989. L'évolution des toits à deux versants
la STR.2 (Z.2) et des annexes. Une maisonnette est dans le bassin mosan : l'apport de la dendrochronologie (xie-
appuyée au M.12. Toutes ces pièces s'agglomèrent xixe siècle), 3 vol., thèse de doctorat inédite, Université de Liège.
en espaces locatifs distincts, suivant des circulations ■■ Javaux J.-L., 1986. Maison près la Tour à Huy. Essai de chrono-
adaptées. Le nombre de cheminées va tripler pendant logie, rapport inédit, 3 p. et croquis.
cette période. ■■ Orban A., 1978. La Maison près la Tour à Huy. Un exemple
d'architecture civile urbaine du xiiie siècle. Analyse archéologique.
Perspectives Essai de reconstitution et de datation du bâtiment primitif. Étude
de son évolution, mémoire de licence en Archéologie et Histoire
Le bien a été acquis en 2015 par l'architecte Pascal Dumont de l'Art, Université de Liège, inédit.
qui réaffectera l'ensemble bâti en salle de concert avec
206
F53
puits F52
no 3
F54 F55
F150
puits
no 2
F99
F7 F1
tourelle
puits
no 1
F56
F82
ine
er
ux
th
yo
Ca
Ho
sondage 2
e-
F120
int
Sa
e
Ru
sondage 1
Ruelle Chan
telière
captage
0 2m
0 10 m
Plan des structures du captage (relevé et infographie F. Taildeman, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1).
troisième puits carré (F53) plus étroit et non voûté Les sondages réalisés autour du petit monu-
est construit dans l'alignement des deux autres ; nous ment ont révélé les vestiges d'un bâtiment médié-
n'avons pu déterminer ni sa datation ni sa fonction. val (F55, F56, F82, F120), sans doute abandonné
Aucune trace d'aménagement du sol n'est conservée avant la construction du puits no 1 et de la tourelle.
au niveau du seuil d'accès à la tourelle et les maçonne- Cette probable habitation se dressait le long de la
ries ont été endommagées à l'arrière de celle-ci, autour ruelle Chantelière longeant le pied de la colline. Le
du puits, notamment par une maison des Temps dégagement de ses fondations a permis de constater
modernes détruite dans la seconde moitié du 19e siècle. que le substrat médiéval, daté par un sol contenant un
Il est impossible de reconstituer l'environnement peu de matériel, est formé d'une épaisse accumulation
immédiat du monument avant le premier rehausse- d'éboulis de bas de pente, graviers et cailloux de grès
ment du sol. schisteux alternant avec de minces dépôts argileux.
208
Huy/Huy : suivi des travaux de rénovation Ce quartier de la ville est mal caractérisé pour les
du « Quadrilatère », rue Delloye-Mathieu. périodes anciennes ; proche du portus et du marché
médiéval (5) il se trouve néanmoins, jusqu'à la fin
Traces d'habitations de la fin du Moyen Âge
du 12e siècle, en dehors de l'espace urbain développé
et des Temps modernes auprès du pôle religieux au confluent de la Meuse et du
Hoyoux. Il est inclus dans la grande enceinte de la ville
Catherine Péters depuis le 13e siècle.
Les données historiques nous renseignent sur l'oc-
En mai et juin 2015, le Service de l'archéologie de la cupation du terrain aux Temps modernes. Créés vers
Direction extérieure de Liège 1 (DGO4 / Départe- 1615, le couvent des Augustins (1) et l'établissement
ment du patrimoine) a effectué un suivi de chantier des Jésuites (2) se faisaient face de part et d'autre de
avec deux interventions d'un jour lors des terrasse- la rue Rioul, aujourd'hui rue des Augustins (Dubois,
ments réalisés entre les bâtiments de l'ancien Athénée 1910, p. 344). Le premier était orienté vers la Meuse
royal de Huy en cours de transformation (parc. cad. : tandis que les possessions des Jésuites occupaient le
Huy, 1 Div., Sect. B, n 183 ; coord. Lambert :
re o s
bas de la colline et le vaste terrain qui nous concerne,
212000 est/134712 nord). Le « Quadrilatère » est alors planté de vignes. L'ordre des Jésuites disparaît
encadré par les rues des Augustins, de la Résistance, en 1773 et les Augustins annexent leurs possessions
Delloye-Mathieu et l'avenue Chapelle. La comparai- qu'ils occuperont jusqu'en 1798 (Dubois, 1910, p. 30).
son avec le plan cadastral primitif de 1823 montre En 1800, la municipalité décide de créer un cimetière
que plusieurs ruelles sinueuses ont été redressées et dans le vignoble du couvent. Il est abandonné en 1834
élargies lors de la construction de nouveaux établisse- (Dubois, 1910, p. 84) mais est toujours indiqué sur
ments scolaires sur la majeure partie de l'îlot à la fin le plan cadastral publié par P.-C. Popp au milieu du
du 19e siècle. 19e siècle.
Une école secondaire est installée dans
les anciens locaux des Jésuites dès 1805.
Ils sont ravagés par un incendie en 1886 et
plusieurs bâtiments scolaires sont recons-
truits sur l'ensemble de ce terrain en forte
pente. Dans la partie haute, le long de l'ac-
tuelle rue de la Résistance, l'Athénée royal
de Huy (4) a occupé jusqu'en 1986 le vaste
complexe concerné par les travaux actuels.
En 1992, le parking public du Quadrila-
tère (3) est installé en contrebas, sur toute
la largeur du terrain, sans fouilles préa-
lables. À cet endroit, le dégagement d'une
« citerne » voûtée en 1986, le ramassage de
matériel du Haut Moyen Âge et la destruc-
tion de pierres tombales en 1992 ont fait
l'objet d'un signalement par les membres
de l'asbl Archéologie hutoise (Dandoy,
Sondron & Willems, 1996-1997).
Dans le projet introduit pour la
demande de permis d'urbanisme en
2013, seules les façades des bâtiments
à rue sont conservées. La configura-
tion des lieux nous fait renoncer à une
opération d'archéologie préventive dans
les cours de l'établissement. D'une part,
une pelleteuse ne peut y accéder avant
Localisation des latrines découvertes sur un extrait du plan cadastral de la ville les démolitions, d'autre part, pour la
(2014). 1. Emplacement du couvent des Augustins vers 1615 ; 2. Emplacement construction des cours, la pente du
des bâtiments des Jésuites vers 1615 ; 3. Parking du Quadrilatère construit en terrain a été nivelée horizontalement
1992 ; 4. Ancien Athénée royal de Huy ; 5. Situation du marché médiéval.
par rapport à la rue la plus haute. Les
211
vestiges. Les installations climatiques figurent parmi interlocuteurs concernés soulignent le manque de
les causes de nombreux dysfonctionnements, mais soutien et de guidance pour les choix qui doivent
pas uniquement. L'impact de la configuration géné- être posés. En ce sens, le SPW peut apporter son aide
rale des lieux est largement sous-estimé et certains et son soutien dans les différents processus décision-
aménagements muséographiques complexifient la nels et l'aboutissement favorable des projets de mise
prise en charge conservatoire de cet important site en valeur. Tout en restant bien conscient qu'il s'agit
archéologique. Le contexte économique actuel ne le plus souvent de trouver un compromis et non une
favorise pas la remédiation des différents problèmes solution unique et définitive en regard de la multi-
rencontrés. De même, la fréquentation ne permet pas tude des paramètres qui doivent être pris en consi-
de justifier les budgets indispensables pour modifier dération.
la climatisation existante et réviser l'isolation de la
dalle, ce qui permettrait d'améliorer l'état des dépôts
sédimentaires qui souffrent d'un assèchement avancé.
Si les altérations sont importantes et ne cessent de Liège/Liège : conservation préventive
s'aggraver, la situation du site s'est quelque peu, toutes et curative des vestiges des anciens
proportions gardées, stabilisée. L'analyse des données bâtiments claustraux de l'abbaye Saint-
et leur mise en corrélation révèlent annuellement et
invariablement les mêmes phénomènes récurrents et
Jacques en 2014 et 2015
une dynamique climatique similaire, puisqu'aucune
modification n'est apportée au fonctionnement de Nancy Verstraelen
la centrale. La plupart des variations sont liées aux
modifications du climat extérieur et aux interven- Le suivi conservatoire des vestiges des bâtiments de
tions d'entretien des installations climatiques, plus la place Émile Dupont instauré depuis 2002 permet
particulièrement l'humidificateur. Pour cette raison, de comprendre le fonctionnement du site au travers
je ne m'attarderai pas plus avant dans la présentation des différentes mesures réalisées par l'intermédiaire
des résultats du monitoring. du monitoring. La mise en corrélation des résul-
Il me semble important à présent de tirer les leçons tats permet d'ajuster les mesures conservatoires
et les enseignements de ce dossier complexe afin que et de guider les choix relatifs aux interventions de
cette situation ne puisse se reproduire ailleurs. maintenance des bâtiments dans le cadre strict de
Le public étant de plus en plus sensible au patri- nos compétences. S'il est un fait bien établi que la
moine et aux valeurs intrinsèques des vestiges du pérennité d'un immeuble nécessite un entretien et
passé peu à peu mis au jour lors de découvertes des travaux réguliers, il apparaît que le suivi réalisé
fortuites ou non, dans les centres urbains anciens ou est à présent devenu insuffisant pour prévenir les
les campagnes notamment, les projets de valorisation dommages. Des interventions de grande enver-
et d'accessibilité suscitent légitimement un grand gure doivent être menées sans délai afin d'assurer la
intérêt. Néanmoins, il importe de bien mesurer les préservation des structures fragiles que le bâtiment
enjeux conservatoires, économiques, sociaux… classé recèle. L'enveloppe architecturale au sens large
avant de s'engager dans cette palpitante aventure. du terme, soit les charpentes, couvertures, structures
Les expériences menées dans d'autres contextes et porteuses, châssis et maçonneries, s'est considérable-
d'autres lieux même très différents, destinés à être ment détériorée ces dernières années au point que
aménagés et rendus accessibles au public, révèlent la gestion préventive du bien est devenue impos-
avec une régularité étonnante les mêmes hésita- sible. Les gouttières et les corniches sont dans un tel
tions, méconnaissances et tâtonnements qui abou- état que des fuites sont continuellement à craindre,
tissent irrémédiablement à des situations difficiles constatation qui vaut également pour les couvertures
ou précaires qui auraient très souvent largement pu de toitures et les fenêtres de toit maintes fois rafis-
être évitées. Faut-il rappeler l'importance des études tolées. La problématique serait moins délicate si les
préalables et de la mise en place d'un groupe de structures porteuses étaient en bon état ; on pourrait
scientifiques pluridisciplinaires autour des théma- dès lors fractionner les interventions en fonction des
tiques phares que sont la climatologie, l'hydrogéolo- budgets annuels disponibles en procédant graduel-
gie, la géologie, la physique, la chimie et la biologie lement au remplacement des châssis, gouttières ou
notamment ? De la nécessité également de tenir corniches notamment.
compte des résultats et des conclusions des diffé- En 2013, la DGT2 (SPW) procède à la réalisation
rentes études même si ces dernières impliquent des de divers travaux dont le remplacement à l'identique
modifications par rapport au projet initial ? Tous les des corniches et gouttières des façades avant du no 10,
213
le démontage du conduit de cheminée du no 9 et son ceux du théâtre, de l'étude du notaire et du salon bleu.
remplacement par un modèle galvanisé, des répara- Ce constat d'état met en avant l'existence de moisis-
tions du revêtement bitumeux de la terrasse ainsi que sures sur certaines portions de la grisaille attribuée à
le masticage et la remise en peinture des façades et des l'école de Lambert Lombard ainsi que sur la plinthe
châssis à rue ; cependant en 2014 et 2015, elle refuse fort heureusement non touchées par les infiltrations
d'intervenir à nouveau vu l'ampleur des travaux qui pluviales. Ces développements (petites taches noires
doivent impérativement être entrepris sur la façade, et grises) résultent des conditions climatiques inap-
côté jardin cette fois. propriées de l'espace combinées à la multitude des
En effet, de nombreuses fuites sont çà et là consta- souches biologiques subsistant dans ce type de bâti-
tées. L'une d'entre elles va largement endommager les ment ancien. En effet, l'hygrométrie y est relative-
peintures murales du 16e siècle conservées au premier ment importante tout au long de l'année tandis que
niveau du no 10. Les structures en bois concomitantes la température est stable mais relativement fraîche.
et les maçonneries seront également atteintes. Ces Cette ambiance est ponctuellement propice aux déve-
infiltrations d'eau génèrent non seulement des efflo- loppements mycologiques.
rescences suite à la cristallisation des sels en surface Ce constat et la mise en évidence de moisissures
lorsque l'eau s'évapore mais également des développe- noires et de champignons sur les structures touchées
ments biologiques problématiques. par les fuites d'eau vont initier une demande pour
Les décors peints touchés par la fuite d'eau ont des analyses complémentaires. Le Service de l'archéo-
été consolidés et traités par Marie-Hélène Ghisdal logie de la Direction extérieure de Liège 1 (DGO4 /
afin de stabiliser leur état. À cette occasion et suite Département du patrimoine) sollicite en 2015 l'avis
à l'apparition de nouvelles dégradations dans le d'un mycologue afin de définir la nature des dévelop-
salon bleu notamment, un bilan de l'état de préser- pements et les traitements curatifs ou interventions à
vation de l'ensemble des décors et des propositions envisager pour stopper ces agents altéragènes. D'une
de traitement a également été commandé. Malgré manière générale, l'éradication du développement
les nombreuses campagnes de consolidation déjà biologique requiert simplement la suppression de la
consenties depuis 2002, il apparaît que les altérations cause de ce dernier. La réparation des fuites suffit donc
réapparaissent ponctuellement pour certains décors à stabiliser la situation, un traitement biocide n'est pas
et beaucoup plus sérieusement pour d'autres comme jugé nécessaire.
Détail de l'état de la paroi avant et après les consolidations réalisées sur les panneaux nord du salon bleu (photos M.-H. Ghisdal).
214
La cathédrale Saint-Paul : l'aile orientale, vue depuis le jardin La galerie de l'aile méridionale, vue depuis son extrémité
du cloître, avant les travaux de 2014. orientale en 2014.
216
Sources
■ Eeckhout J., 2005. Analyse dendrochronologique de l'aile
ouest du cloître de la cathédrale Saint-Paul à Liège, laboratoire de « Vue de la ville de Malmendÿ et son abbaie », détail du
Dendrochronologie de l'Université de Liège/Centre européen dessin préparatoire de Remacle Le Loup (extrait de Délices,
d'Archéométrie, rapport inédit no 676. 1903, p. 214).
ABBAYE
ABBATIALE
CAVE
CAVE CAVE
Malmedy : plan des structures mises au jour dans le cadre du suivi (topographie V. Ancion, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1).
le plan presque complet d'une poterne associée à des jour une ferme du début du Moyen Âge ainsi qu'un
parements interne et externe. La poterne, dont l'axe est aménagement rural datant de la période moderne
en oblique par rapport aux parements, a connu deux (Goffioul, Fock & Preud'homme, 2001 ; Goffioul &
phases de construction (le doublement des murs du Schartz, 2001). Plus récemment, des éléments en bois
couloir en atteste). La porte a finalement été rebouchée remontant à la fin du 13e siècle ont été mis au jour dans
par un épais mur de pierres calcaires maçonnées à la un paléochenal de la plaine alluviale de la Magne (cf.
chaux. Sa largeur est de 2,35 m pour une profondeur notice supra).
de 4,23 m. Le matériel archéologique associé à cette L'intervention archéologique s'est effectuée en
construction est essentiellement composé de tessons deux phases successives. Dans un premier temps, des
de céramique pré-Andenne, dont certains présentent sondages d'évaluation, espacés de 15 m, ont été réalisés
un décor de peinture rouge ferrugineuse, et de petits en respectant le sens des pentes. Deux concentrations
clous en fer. Les niveaux situés sous ce rempart caro- limitées de vestiges ont été repérées. Dans un second
lingien ont à peine été entamés lors de la fouille, mais temps, l'ampleur restreinte des découvertes ainsi que
la découverte d'une fiche en fer – similaire dans sa les impératifs liés aux délais d'exécution des travaux
forme et dans sa position à celles retrouvées dans le du lotissement ont engendré la fouille des struc-
murus gallicus composant le barrage oriental du site – tures archéologiques dans la foulée de l'évaluation.
nous permet d'avancer l'hypothèse que cette fortifica- L'ensemble de l'opération a été menée dans le courant
tion carolingienne aurait également été construite sur du mois de septembre 2012 et a duré 7 jours ouvrables.
les vestiges éboulés d'un rempart datant de La Tène Dans le secteur 1, une fosse et deux trous de poteaux
finale, tel qu'il le fut démontré dans la zone 5 (Delye, à semblent s'aligner sur le flanc nord-ouest d'un tronçon
paraître ; Delye & Schaus, 2012). de fossé. Ce dernier, de 1,50 m à 2 m de largeur, s'im-
plante parallèlement à la rupture de pente et suit un axe
Bibliographie nord-est/sud-ouest. Il est conservé sur à peine 0,20 m
■ Delye E. (dir.), à paraître. Les fortifications celtique et de profondeur et accuse un profil en large cuvette. La
carolingienne du Rocher du Vieux-Château à Pont-de-Bonne fosse, de plan ovalaire de 6 m de long sur 3 m de large,
(Modave, Belgique), Bulletin du Cercle archéologique Hesbaye- dessine également une large cuvette de 0,20 m d'épais-
Condroz, XXXII. seur. Les deux trous de poteaux, de plan ovalaire de
■ Delye E. & Schaus A., 2012. La porte du murus gallicus de 0,70 m de long sur 0,50 m de large, s'enfoncent à des
Pont-de-Bonne (Modave, prov. de Liège, Belgique), Lunula.
Archaeologia Protohistorica, XX, p. 179-187. Ru
eH
otto
n
Secteur 2
Olne/Olne : vestiges divers, chemin du
Pré Lilas
Claire Goffioul
Secteur 1
Lilas sur une superficie de 3,9 ha (coord. Lambert :
in
m
e
Ch
244862 est/145172 nord).
L'emprise concernée occupe le flanc sud-ouest du
plateau abritant le village d'Ayeneux et est traversée
par la tête d'un petit vallon aveugle. Malgré ce relief
relativement accidenté, l'endroit présente un bon
potentiel d'occupation puisque situé majoritairement
en position dominante, jouxtant une voie ancienne et
voisin du village d'Ayeneux, centre ancien reconnu aux 0 50 m
périodes médiévales et modernes. À l'est du village, en
bordure du même plateau, les fouilles menées préala- Olne, chemin du Pré Lilas : plan général (infographie
F. Giraldo-Martin, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1).
blement à la construction de la LGV avaient mis au
221
profondeurs respectives de 0,20 m et 0,40 m. Sous leur logistique multimodale du Trilogiport. Les études
fond plat, un phénomène annexe de compression de géologique et paléoenvironnementale concomitantes
0,20 m de large situe probablement l'emplacement du aux opérations archéologiques visent notamment à
poteau. L'ensemble de ces vestiges, mal conservés, était mieux appréhender les modalités de développement
comblé par un sédiment homogène gris comportant de l'occupation humaine – du Mésolithique à l'époque
quelques fragments de charbons de bois et de terres mérovingienne – dans ce tronçon de la vallée mosane
brûlées. Ce type de comblement, assez compact, est et à mesurer le degré de conservation des dépôts
généralement attribuable aux périodes anciennes mais archéologiques, dans un environnement soumis à une
aucun matériel archéologique datable n'a été retrouvé activité fluviatile intense (van der Sloot et al., 2013 ;
et aucun échantillon de charbon de bois ne s'est révélé 2014).
assez fiable pour une analyse par datation 14C. Menacés par le projet de construction d'immeubles
Le secteur 2 renfermait essentiellement un réseau de à appartements, ces terrains couvrent une superficie
caniveaux modernes reliant les maisons situées plus d'un peu plus de 2,2 ha et jouxtent à l'est et au nord
en amont, rue Hotton, à l'égouttage occupant le fond des parcelles occupées par les infrastructures de la
du vallon vers le sud. Quelques cuvettes de fosses et plateforme portuaire. Dans cette partie du Trilogiport
trous de poteau erratiques, tous datés de la période (zones 15A, 15B et 15C), les vestiges archéologiques
moderne, se dispersent sans ordre apparent. de plusieurs occupations ont été mis en évidence. Les
L'intervention limitée chemin du Pré Lilas vient plus anciens sont attribués au Mésolithique (zone 15B)
alimenter notre connaissance aux abords du centre et à différentes phases du Néolithique (zones 15A,
ancien d'Ayeneux et témoigne aussi de vestiges anté- 15B et 15C). Ces occupations sont matérialisées par
rieurs à la période moderne. des artefacts lithiques et, pour le Néolithique, par des
structures « en creux » (van der Sloot et al., 2013 ;
Bibliographie
■ Goffioul C., Fock H. & Preud'homme D., 2001. Soumagne/ S2
S1
Oupeye/Hermalle-sous-Argenteau :
aide
495d
observations archéologiques et
La Meuse
Delw
Rue
SE NO
S1 S3 S4 S2
LLS L + LS L + LS L + LS + LLS
? A A
GMs A
4,0 4,0 4,0 4,0
?
GMs ?
?
5,0 5,0 5,0
GM ?
GMs + GM
GM
Transect sud-est/nord-ouest au niveau de la parcelle 158k réalisé sur la base des sondages à la tarière manuelle S1 à S4.
2014). Dans la zone 15B, les vestiges préhistoriques des sondages à la tarière numérotés S1 à S4 recoupe et
sont souvent amalgamés et ont en outre été partiel- documente la berge méridionale de la dépression du
lement remaniés à l'époque romaine, à l'occasion du Préhy, dont la base est marquée par le toit des galets
développement d'une nécropole à caractère rural au et des sables de l'unité GM, attribuée au Weischselien
Haut-Empire (Coquelet & Marchal, 2015). (van der Sloot et al., 2014). Étant donné la méthode
Les parcelles 156i, 156m et 495d ont été évaluées par employée (sondages à la tarière manuelle), la descrip-
l'entremise de tranchées de découverture superficielle tion détaillée des lithofaciès et la corrélation avec les
continues. Six sondages profonds y ont également été unités décrites précédemment en sondages profonds
pratiqués à la pelleteuse, permettant de suivre vers l'est présentent des limites. Une particularité de ce secteur
l'extension et la géométrie des unités sédimentaires tient à la présence d'une unité sableuse entre les galets
décrites précédemment (van der Sloot et al., 2014). En de l'unité GM et l'argile de l'unité A ; cette unité est
revanche, l'intervention sur la parcelle 158k s'est limitée interprétée ici comme un faciès sableux sommital de
à dix carottages à la tarière manuelle. Cette opération l'unité GM (GMs). À ce stade de la recherche, cette
a permis de documenter la géométrie des corps sédi- unité (GMs) n'est différentiable de l'unité S – plus
mentaires au nord de la zone 15B, à moindre coût et récente – que lorsqu'elle est observée sous l'argile bleu-
en perturbant le moins possible la structure du terrain tée de l'unité A. Il est cependant possible que du sable
non destiné à la réalisation d'ouvrages souterrains. défini ailleurs comme appartenant à l'unité S, non
Dans les parcelles 156m, 156i et 495d, la succession recouvert par cette argile (A), soit en réalité également
lithostratigraphique est la suivante (du bas vers le attribuable à l'unité GMs.
haut) : des galets de Meuse (GM), un peu de sable Sous des limons de débordement attribués à l'Holo-
(S), des limons à lentilles sableuses (LLS), des limons cène et des sédiments limono-sableux attribués au
sableux (LS), des limons (L) et des limons humifères Dryas récent (van der Sloot et al., 2014), le comble-
(LH). Le sommet du toit des galets de Meuse (GM) ment de la dépression enregistre la présence d'une
offre une allure irrégulière qui se traduit par la présence argile bleutée ; cette dernière rappelle l'argile précé-
de creux et de bosses ; il apparaît à une profondeur demment recoupée plus à l'ouest (van der Sloot et al.,
oscillant entre -1,40 m et -1,85 m. 2014), laquelle surmonte des dépôts très organiques
Dans la parcelle 158k, les profondeurs atteintes attribués au Bølling ou à l'Allerød. Des analyses paly-
– consécutives au blocage de la tarière – sont plus nologiques sont prévues pour vérifier ces hypothèses
importantes ; elles sont comprises entre -2,5 m et -3 m chronostratigraphiques.
le long de la rue Préixhe et entre - 4,5 m et -5,5 m vers Du point de vue archéologique, l'évaluation effectuée
le centre et l'ouest de la parcelle. Le transect composé en 2015 s'est révélée négative en ce qui concerne les
223
occupations préhistoriques. Les limites orientale de et la partie de la ZAE déjà aménagée en bordure de
l'occupation mésolithique et septentrionale de l'occu- la nouvelle rue de l'Économie (parc. cad. : 1re Div.,
pation du Néolithique ancien (de type rubané), respec- Sect. C, nos 51b, 62a, 71, 72g, 72p, 130b, 130c, 131, 132a,
tivement identifiées dans les zones 15B et 15A/15C 133 et 137 ; coord. Lambert : 264522 est/150143 nord).
dans le cadre du projet du Trilogiport, semblent donc L'implantation des tranchées continues était subor-
avoir été atteintes. donnée à la présence de haies et d'arbres marquant
Pour ce qui est des vestiges romains, l'évaluation a l'ancienne subdivision parcellaire, à celle d'une réserve
permis de préciser leur étendue vers l'est, soit vers la de terre arable laissée sur place par le chantier d'amé-
rive actuelle de la Meuse (parcelles 156m et 156i). Six nagement de la ZAE, ainsi qu'à la présence d'une végé-
structures fortement érodées et presque toutes isolées tation dense voire arborescente dépassant 3 m de haut,
les unes des autres peuvent être mises en relation avec qui n'a pu être défrichée complètement. En consé-
la nécropole du Haut-Empire. La première est un foyer quence, seuls 5,5 % de la surface ont pu être examinés.
se signalant par une aire circulaire rougie à même le La plupart des traces anthropiques mises au jour
sol, indurée sur 5 cm de profondeur. Deux épandages correspondent à l'installation des très nombreux
de matériaux rubéfiés et deux fosses peu profondes drains qui parcourent les sols fortement gleyifiés sur
contiennent des nodules d'argile rubéfiée, ainsi que substrat schisto-gréseux. Le versant est aussi parsemé
des fragments et des particules de charbon de bois ; d'épandages circonscrits de scories coulées, toujours
ces dernières pourraient être interprétées comme des de faible épaisseur et associés à un matériel céramique
fosses à cendres. Enfin, un petit creusement contenant ou verre moderne. Les concentrations apparues le long
un ossement associé à du mobilier céramique frag- du bord occidental de la parcelle no 71 doivent être
mentaire pourrait témoigner d'un dépôt isolé, à l'écart reliées aux amas de scories de réduction observées en
des tombes. 2010 dans la parcelle voisine no 139a ; elles renforcent
l'hypothèse d'un établissement implanté au bout du
Bibliographie chemin figurant sur les cartes dressées à partir du
■■ Coquelet C. & Marchal J.-P., 2015. Oupeye/Hermalle- milieu du 19e siècle.
sous-Argenteau : une nécropole d'époque romaine en bord de Seuls les sondages ouverts à l'extrémité septentrio-
Meuse, Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 185-188. nale des parcelles nos 130b et 72p ont livré un sol limo-
■■ van der Sloot P., Court-Picon M., Deforce K., neux relativement épais et bien drainé. Il renfermait
Goffette Q., Marchal J.-P., Pirson S. & Spagna P., 2014. un vaste remblai qui mêlait aux habituelles scories,
Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilo- faïences et verres modernes aussi des débris de roches
giport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B). Résultats préli- et de silex d'altération, ainsi qu'une hache polie à tran-
minaires, Notae Praehistoricae, 34, p. 65-95. chant asymétrique attribuée au Néolithique ancien
■■ van der Sloot P., Court-Picon M., Goffette Q. & (Rubané).
Spagna P., 2013. Oupeye/Hermalle-sous-Argenteau : évaluation
archéologique et étude géologique du lieu-dit « Au Buisson »,
Bibliographie
Chronique de l'Archéologie wallonne, 20, p. 200-204.
■■ Fock H. & Collette O., 2013. Baelen/Baelen et
Welkenraedt/Welkenraedt : ZAE East Belgium Park, Chronique
de l'Archéologie wallonne, 20, p. 170-174.
Hotton
Bovigny
Marche-en-Famenne
Gouvy
Neufchâteau
Hamipré
Léglise
Habay-la-Vieille
Dampicourt
Rouvroy
Carte administrative des communes de la province du Luxembourg visées par les notices.
Commune dont la localité du même nom est concernée
Commune dont la localité du même nom n'est pas concernée
Autre localité concernée
Éditorial
L'activité d'un Service de l'archéologie est extrêmement variable d'une année à l'autre. Ainsi, pour celui du
Luxembourg, au très grand chantier mené dans le uicus gallo-romain d'Arlon en 2013 et 2014 ont succédé les longues
phases de travail post-fouille et plusieurs opérations préventives en milieu rural.
Les sondages liés à l'extension d'une zone d'activité économique ou à la construction d'une exploitation agricole
ont amené leur lot de découvertes remontant à la transition des deux Âges du Fer. Le site funéraire de Gouvy/Bovigny
« Hastape » complète celui qui a été exploré à quelques centaines de mètres de là à Halconreux. Les tombelles pour
certaines déjà fouillées anciennement ont toutefois révélé de nouvelles informations quant aux aménagements de la
nécropole ou aux inhumations comme à Namoussart à Neufchâteau/Hamipré.
Le suivi de terrassement de la nouvelle salle de sport de l'Athénée royal d'Arlon a permis de mieux cerner
l'emprise de la nécropole antique du Hochgericht. Toujours pour l'époque romaine, un important lot de
céramique découvert il y a une cinquantaine d'années à proximité de cette zone funéraire a fait l'objet d'une
étude. L'objectif de cette recherche était de comparer ce matériel avec celui issu des fours de potiers mis au
jour en 2014 (Henrotay, 2015). La structure d'un de ces trois fours a été prélevée pour pouvoir être exposée au
public. Elle est actuellement mise à l'abri dans un local de la Province de Luxembourg. En outre pour l'époque
médiévale et à Marche-en-Famenne cette fois, une brasserie a fait l'objet d'une découverte fortuite déclenchant
ainsi un petit sauvetage. Cette opération complète utilement les informations existantes concernant le couvent
des Carmes établi en les lieux.
226
Arlon, rue de la Semois : prélèvement du four de potier datant du 3e siècle de notre ère.
Le milieu associatif est également présent dans le paysage archéologique luxembourgeois. La villa gallo-romaine de
Mageroy à Habay et le château de Montquintin à Rouvroy ont fait l'objet de recherches et travaux durant l'été 2015.
Signalons encore la collaboration de spéléologues amateurs avec notre Service au Trou du Trio à Hotton. Il s'agissait
de vérifier la présence éventuelle de sépultures humaines dans une petite galerie découverte par le Spéléo Club de
Belgique.
Bibliographie
■ Henrotay D., 2015. Arlon/Arlon : découverte d'habitations et de fours de potiers du 3e siècle en bordure de la rue de la Semois,
Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 248-250.
Denis Henrotay
227
Protohistoire Luxembourg
PROTOHISTOIRE
Gouvy/Bovigny : fouille de la nécropole
celtique à tombelles de « Fosse del
Haye » à Halconreux
Christelle Draily, Sylvain Fetter Trois tertres ont été repérés au moment des sondages.
et Nicolas Meunier Les tertres ont été fouillés en quadrants incomplets suite
aux tranchées ouvertes lors de la phase des sondages. Les
Suite à l'extension de la zone d'activité économique coupes stratigraphiques, réalisées en 2014 lors de l'éva-
Gouvy-Pôle Ardennes Bois par l'intercommunale luation et lors de la fouille en 2015, ont mis en évidence
Idelux à Halconreux, des sondages ont été entrepris une fine couche de maximum 26 à 32 cm d'épaisseur,
fin 2014 (Draily, 2015b) et ont révélé la présence de située sous l'humus, qui pourrait correspondre au sédi-
tombelles inédites au lieu-dit « Fosse del Haye » (parc. ment apporté pour l'édification des tertres.
cad. : Gouvy, 3e Div., Bovigny, Sect. E, no 1760A3). Les La plus grande tombelle (T1) a livré 3 tombes paral-
fouilles ont eu lieu au printemps 2015. lèles orientées nord-ouest/sud-est, toutes creusées
Cette petite nécropole se situe à environ 500 m de dans le sol en place. La tombe la plus à l'est n'a pas pu
celle d'« Hastape » (Draily, 2015a ; 2016 ; Draily & être appréhendée dans son entièreté et n'a rien livré.
Vrielynck, 2012). Toutes deux sont distantes de 500 m La tombe centrale (277 × 113 cm) a livré une céra-
de la nécropole de « Les Cmounes » ou « Chimonti » mique au nord-ouest et, vers le centre, deux fragments
(Cahen-Delhaye, 1974) ; elles appartiennent au groupe ferreux très corrodés et un objet en bois. La troisième
septentrional des tombelles ardennaises tel que défini tombe (240 × 98 cm) a livré un fragment en alliage
par A. Cahen-Delhaye (1998), situé vers le début du cuivreux au centre et deux vases côte à côte à l'extré-
Second Âge du Fer. mité nord-ouest, une grande céramique carénée et un
Cette nécropole inédite nous permet de compléter les petit récipient. Des petites fosses qui pourraient être
connaissances de l'occupation du territoire à Halconreux. des trous de poteaux semblent entourer l'ensemble
de ces sépultures. Il s'agit de l'unique tombelle du
groupe septentrional à avoir livré 3 tombes. Notons
qu'à « Hastape » la tombelle 27, fouillée en 2009, avait
livré 2 tombes parallèles creusées également dans le
sol en place.
La deuxième tombelle (T2) recouvrait 1 sépulture
de 232 × 103 cm, orientée sud-ouest/nord-est. Aucun
vestige archéologique n'y était conservé. Quelques
petites fosses (trous de poteau ?) ont été mises au jour
au nord-ouest de celle-ci.
« Fosse del Haye » : plan de la nécropole (infographie S. Leduc et D. Bossicard, Serv. archéologie, Dir. ext. Luxembourg).
Enfin, la troisième tombelle (T3), très peu visible, tombe est exceptionnelle dans le groupe septentrional.
recouvrait 1 petite fosse à incinération ovalaire d'envi- Deuxièmement, le dépôt de céramiques attribuables à
ron 93 × 60 cm, orientée sud-ouest/nord-est. La tombe la fin du Premier Âge du Fer, aussi bien à « Hastape »
était fortement perturbée par des terriers et contenait qu'à « Fosse del Haye », permet de reculer l'occupation
un vase en morceaux décoré d'incisions et quelques celte du nord de l'Ardenne. Nous aurions donc deux
fragments d'ossements blanchis par le feu. nécropoles situées à moins de 500 m l'une de l'autre
L'attribution chronologique plus précise de ces occupées dès la fin de la période de Hallstatt et, au
sépultures sera confirmée par l'étude des céramiques moins pour l'une, durant le début de la période laté-
après restauration de celles-ci. Cependant, il semble nienne. Enfin, un élément nouveau est apparu pour la
déjà qu'au moins une des céramiques de la nécropole connaissance du groupe septentrional de l'Ardenne,
de « Fosse del Haye » (tombelle T1, tombe ouest) l'existence de plus d'une tombe sous le même tertre
présente des caractéristiques de la période de Hallstatt aussi bien à « Hastape » (2 tombes) qu'à « Fosse del
(Frédéric Hanut, Direction de l'archéologie, commu- Haye » (3 tombes).
nication personnelle). Cette intervention, comme celle d'« Hastape », nous
Certaines données récoltées à « Hastape » et « Fosse montre à nouveau que ce patrimoine est menacé, les
del Haye » nuancent donc nos connaissances des tombelles disparaissant du paysage suite à l'activité
usages funéraires celtes en Ardenne. Premièrement, agricole ou au déboisement. Or, seule une petite partie
la présence de deux céramiques dans une même d'entre elles ont été explorées.
229
Protohistoire Luxembourg
Nécropole d'« Hastape », fouilles 2009-2010-2015 (infographie D. Bossicard et S. Leduc, Serv. archéologie, Dir. ext. Luxembourg).
2010, la numérotation sur le schéma d'E. Rahir ne Ces interventions nous ont à nouveau montré que
concorde pas avec la numérotation de sa description ce patrimoine est menacé : beaucoup de tombelles
des sépultures. En effet, ce dernier décrit la tombelle 6 repérées autrefois ont été érodées par l'agriculture
comme contenant des fragments de poteries, d'assez ou détruites lors d'aménagements divers et ne sont
gros morceaux de charbons à tous les niveaux et des plus visibles aujourd'hui. Or, seule une petite partie
traces d'ossements incinérés mais très décomposés. Or, d'entre elles ont été explorées. Outre une source de
c'est dans la structure 35 que nous avons mis au jour connaissance scientifique, ce sont des témoins de
des charbons de bois remaniés en quantité impor- notre passé qui disparaissent peu à peu du paysage
tante. Dans la tombelle 8, E. Rahir n'a par contre rien et mériteraient d'être protégés.
trouvé et est donc sans doute une nouvelle fois passé
à côté de la tombe. Or, c'est à l'emplacement probable Bibliographie
du tertre 6 que nous avons retrouvé la tombe intacte ■■ Cahen-Delhaye A., 1983. Contribution à la chronologie des
(structure 34). tombelles ardennaises (Belgique), Helinium, 23, p. 237-256.
Chronologiquement, les céramiques du groupe ■■ Cahen-Delhaye A., 1987. La nécropole celtique à tombelles
nord, dont près de la moitié proviennent du site de Bovigny-Courtil, Bulletin des Musées royaux d'Art et
d'« Hastape », couvrent principalement la fin du d'Histoire, 58, 2, p. 37-58.
6e et le 5e siècle (Cahen-Delhaye, 1983). L'étude ■■ Draily C., 2015. Fouilles en 2015 de trois nécropoles de la fin
par O. Vrielynck de la céramique découverte en du premier âge du Fer et du début du deuxième âge du Fer en
2009-2010 tend à reculer le début de l'utilisation province de Luxembourg (Gouvy et Neufchâteau), Bulletin de
du cimetière à la fin du Premier Âge du Fer au vu l'Institut archéologique du Luxembourg, 1-4, p. 20-32.
du récipient de la tombelle 20 et des comparai- ■■ Draily C., 2016. Fouilles en 2015 de deux nécropoles de
sons avec l'Hunsrück-Eifel Kultur (Allemagne). la fin du premier âge du Fer et du début du deuxième âge du
En attente de restauration, les récipients en terre Fer en province de Luxembourg : « Hastape » et « Fosse del
cuite découverts en 2015 ne sont pas encore datés. Haye » (Halconreux, Gouvy, Belgique), Lunula. Archaeologia
protohistorica, XXIV, p. 141-147.
La lame de rasoir, la première découverte dans les
tombelles ardennaises, pourrait par contre être ■■ Draily C. & Vrielynck O., 2011. Gouvy/Bovigny : nouvelles
fouilles de la nécropole celtique à tombelles, Chronique de
attribuée à la fin du Premier Âge du Fer (à confir-
l'Archéologie wallonne, 18, p. 182-183.
mer après restauration).
231
Protohistoire Luxembourg
Bibliographie
■■ C.A.F., 1960. La nécropole celtique de Namoussart, Les cahiers
chestrolais, 1, p. 4-8.
■■ Cahen-Delhaye A., 1998. Les rites funéraires laténiens en
Ardenne belge. In : Leman-Delerive G. (dir.), Les Celtes : rites
funéraires en Gaule du Nord entre le vie et le ier siècle avant Jésus-
Christ. Recherches récentes en Wallonie, Namur (Études et Docu-
ments, Fouilles, 4), p. 15-30.
■■ Cahen-Delhaye A. & Geubel A., 1976. Tombelles de La
Tène à Hamipré, Namoussart, Bruxelles (Archaeologia Belgica,
189).
■■ Draily C., 2015. Fouilles en 2015 de trois nécropoles de la fin
du premier âge du Fer et du début du deuxième âge du Fer en
province de Luxembourg (Gouvy et Neufchâteau), Bulletin de
l'Institut archéologique du Luxembourg, 1-4, p. 20-32.
■■ Draily C. & Vrielynck O., 2011. Gouvy/Bovigny : nouvelles
fouilles de la nécropole celtique à tombelles, Chronique de
l'Archéologie wallonne, 18, p. 182-183.
■■ Lefort M., 1960. La nécropole celtique de Namoussart,
Les cahiers chestrolais, 2, p. 5-8.
233
ÉPOQUE ROMAINE
Arlon/Arlon : suivi d'un terrassement à
l'emplacement de l'ancien cimetière gallo-
romain du Hochgericht
Bibliographie
■ Dubois C., 1946. Orolaunum, bibliographie et documents
sur l'Arlon romain, Annales de l'Institut archéologique du
Luxembourg, LXXVII, p. 3-70.
■ Lefèbvre L., 1964. Acquisitions, Bulletin trimestriel de
l'Institut archéologique du Luxembourg, 40, 3-4, p. 71-72.
Sources
■ Cadastre primitif d'Arlon, 1846.
Habay/Habay-la-Vieille : la campagne de
fouilles 2015 à Mageroy Villa de Mageroy : plan de la zone fouillée du bâtiment I.
Jean-François Baltus et Benoît Halbardier du moins pour sa partie fouillée au sud. La pièce 2 (2),
destinée au stockage, pourrait avoir eu la fonction de
Le site de la villa gallo-romaine de Mageroy fait l'ob- grange. De nombreuses pierres de soutien (3) dissémi-
jet de fouilles programmées menées depuis 1984 par nées sur la surface de la pièce ont permis de conclure
l'asbl Arc-Hab (Groupe d'Archéologie de Habay). à la présence d'un plancher (vide ventilé). Deux portes
Ces recherches sont possibles grâce aux soutiens de formant un passage charretier et perçant les murs gout-
la Direction de l'archéologie (DGO4 / Département tereau ouest et de refend (4 et 5), avaient été mises au
du patrimoine), de la Province du Luxembourg, de jour lors de la campagne de 1997. Elles étaient chacune
la commune de Habay et de sponsors privés. Elles délimitées côté sud par un gros bloc de grès calcaire
ont révélé une vaste exploitation agricole occupée du jaune. Côté nord, les pierres étaient manquantes mais
milieu du 1er siècle à la toute fin du 4e siècle de notre leur emplacement était encore bien visible.
ère avec notamment un corps de logis, une cour rési- Le bâtiment a été occupé du milieu du 2e siècle
dentielle, un bassin, quatre bâtiments annexes et une au milieu du 3e siècle apr. J.-C. Les campagnes
enceinte murée sur trois côtés (Zeippen, 2004). 2013 et 2014 avaient mis au jour un bon quart sud
La campagne de fouille 2015 s'est portée sur la suite du bâtiment ainsi que les abords directs (sud, est et
de la fouille du bâtiment annexe I (sud-est de la cour ouest) de celui-ci (Baltus, Halbardier & Casterman,
agricole). 2014 ; Baltus, Casterman & Halbardier, 2014 ; 2015).
Ce bâtiment de 25,6 m (nord/sud) sur 17,2 m (est/ En 2015, c'est une portion de 13 m (nord/sud) sur
ouest), partagé en deux sur sa largeur (pièces 1 et 2), 17 m (est/ouest) au nord des zones fouillées en 2013 et
a fait l'objet de sondages et fouilles limitées à la fin 2014 qui a été investiguée, mettant au jour le bâtiment
des années 1980 et dans les années 1990 (Valentiny, sur les trois quarts de sa surface.
1989 ; Halbardier, 1994 ; Halbardier & Gratia, 1999)
et, dernièrement, de fouilles plus extensives en 2013 et La pièce 1
2014 (Baltus, Halbardier & Casterman, 2014 ; Baltus,
Casterman & Halbardier, 2014 ; 2015). Au printemps 2015, la fouille minutieuse d'un foyer
La pièce 1 (1) avait la fonction d'atelier métallurgique, (Foyer 2 repéré en 2014, 6) a permis de révéler un
235
Plan général de la villa avec la zone fouillée durant la campagne 2015. En pointillés à l'est : indication des trois zones prospectées au
géo-radar (cf. notice infra), © CRAN – Arc-Hab.
236
La pièce 2
pièce 2. Cette couche dense a livré des ardoises de deux tuiles, argile rubéfiée) d'un foyer lié à la métallurgie
formats (0,27 m et 0,39 m de côté). du fer. Il faut encore déterminer à quelle phase est liée
La couche d'occupation (où prenait donc place un cette activité et en préciser la nature.
plancher) a révélé un abondant matériel céramique et En 2014, un drain orienté sud-est/nord-ouest et
métallique (notamment céramique sigillée et engo- recoupé par la construction du bâtiment I avait été
bée, cruches, céramique commune claire, fragment fouillé au coin sud-est de l'édifice à la jonction avec
d'hipposandale), récolté surtout dans la partie nord le mur de clôture de la cour agricole. En 2015, son
de la pièce. En effet, la partie sud fouillée lors de la tracé (11) a pu être suivi à l'intérieur de la pièce 2
campagne 2013 avait révélé un matériel très pauvre et du bâtiment I. Il y bifurque légèrement vers le sud
très fragmentaire. L'étude de la céramique (toujours après 6 m, avant d'atteindre le mur de refend qui
en cours) met en évidence une occupation de la fin du l'interrompt. Des fragments de grès vert mal conser-
2e à la première moitié du 3e siècle. Le niveau de sol de vé révèlent un canal en grès couvert par de grosses
la pièce est composé d'un important remblai limono- dalles de schiste.
sableux compensant la différence naturelle de niveau Au sud-ouest du bâtiment, une étroite tranchée (0,14
dans le bâtiment. à 0,16 m de large) ouverte dans le prolongement du
Le sol présente en deux endroits de petits amas de mur pignon sud a été décelée (12). Elle indiquerait une
fragments de tuiles, assimilables à des foyers (8 et 9). structure appuyée sur le bâtiment ou dans son aligne-
Comme cela avait été constaté en 2013 (Foyers 3 et 4), ment. Deux trous de poteau liés à cette tranchée ont
ceux-ci, simplement posés sur le sol, ne présentent pas également été fouillés. La poursuite de la fouille vers
de traces de combustion et pourraient être liés à une l'ouest nous apportera plus d'informations. L'embran-
phase précoce ou tardive de l'utilisation de la pièce 2 chement de deux drains (13) a également été mis au
(en tout cas non contemporaine du niveau sur plan- jour dans cette zone, compliquant quelque peu les
cher). Le premier (8) est situé à 1 m à l'est du mur de interprétations.
refend et à 2,20 m de la limite de tranchée nord, le Les fouilles de l'année 2016 se porteront sur la fin du
second (9) est coupé par la banquette de limite nord de bâtiment côté nord et ses abords. La fouille exhaustive
tranchée, à 3 m à l'est du mur de refend. permettra la distinction des différentes occupations
Cette fois encore, de nombreux blocs de grès vert et fonctions du bâtiment I. Des prélèvements dans la
(parfois fort dégradés ; 3) disposés sur le sol ont été pièce 2 (macrorestes) nous permettront peut-être de
mis au jour. On en dénombre une quarantaine de plus déterminer ce qui y était stocké.
(dont trois avaient déjà été mis au jour en 1997), ainsi
que quelques moellons de schiste. Comme constaté Bibliographie
en 2013, ils suivent des alignements nord/sud et est/ ■■ Baltus J.-F., Casterman F. & Halbardier B., 2014. Villa
ouest bien que certains aient pu être déplacés ou gallo-romaine de Mageroy : aperçu des campagnes 2012 et 2013,
soient manquants. Nous comptabilisons un total de Signa, 3, p. 5-9.
sept alignements nord/sud et de onze alignements est/ ■■ Baltus J.-F., Casterman F. & Halbardier B., 2015. Habay/
ouest pour la surface actuellement dégagée. Ces blocs Habay-la-Vieille : la campagne de fouille 2014 à Mageroy,
sont le plus souvent placés à des intervalles de 1,80 m Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 252-255.
à 2 m l'un de l'autre. Moins présents du côté ouest, ■■ Baltus J.-F., Halbardier B. & Casterman F., 2014. Habay/
une multitude de ceux-ci occupe la partie est le long Habay-la-Vieille : deux figurines de divinités dans un bâtiment
du mur gouttereau, suggérant peut-être différentes annexe de la villa de Mageroy, Chronique de l'Archéologie
phases. Dans l'axe des portes, c'est un alignement est/ wallonne, 22, p. 215-217.
ouest de quatre schistes qui est bien visible (10). Placés ■■ Halbardier B. (dir.), 1994. Rapport 1993, ARC-HAB, 28,
chacun à un intervalle de 2,30 m-2,50 m, leur fonction p. 11-12.
reste à déterminer (liée au plancher ?). ■■ Halbardier B. & Gratia H., 1999. Première partie : le
Une couche sombre, présentant de nombreux frag- rapport 1998. Le bâtiment secondaire 2 (à l'est), ARC-HAB, 34,
ments de charbon de bois et une multitude de scories, p. 2-4, fig. 2-3.
se répandait entre les grès verts le long du mur gout- ■■ Valentiny M., 1989. Avril 89 – Sondage complémentaire
tereau est, au nord de la porte (7). Cette couche ne dans la terrasse située à l'E. du bâtiment, ARC-HAB, 9, p. 2-3.
semble pas antérieure au niveau de grès verts et ne peut
fonctionner avec le plancher. La surface sous-jacente Sources
était par endroits rubéfiée et les scories nous indiquent ■■ Zeippen L., 2004. La villa gallo-romaine de Mageroy à Habay-
la présence d'une activité métallurgique dans les envi- la-Vieille (Habay) : descriptif de la villa. Études pluridisciplinaires,
rons proches (sans doute dans la partie encore non mémoire de licence, Université catholique de Louvain (UCL),
fouillée). Cette couche s'apparente aux rejets (charbon, Louvain-la-Neuve, 227 p.
238
Introduction
Avant visualisation, les données radar ont été Résultats et premières interprétations
traitées afin d'améliorer l'imagerie et de mettre
en évidence les objets potentiels recherchés. En La zone se trouvant complètement à l'extérieur de
effet, le signal a été amplifié avec la profondeur l'enceinte n'a pas révélé d'anomalies et n'est pas reprise
par divergence sphérique et pertes électriques dans les images et commentaires suivants. Les deux
car les ondes radar s'atténuent au fur et à mesure autres zones ont été fusionnées afin d'obtenir une vue
qu'elles s'éloignent de la surface. Ensuite, des filtres intégrée de la partie d'intérêt. Une vidéo surprenante
passe-bande spectraux spatial et temporel ont été a pu être réalisée en faisant défiler chaque coupe dans
appliqués afin d'améliorer le rapport signal sur bruit le plan horizontal, obtenues millimètre par millimètre,
et d'éliminer une série d'artéfacts comme certaines depuis la surface du sol jusqu'à une profondeur de
réflexions internes dans les antennes. Finalement, le 2 m. Cela nous permet ainsi de déterminer à quelle
temps de propagation des ondes, qui est la grandeur profondeur les vestiges se situent. L'entièreté de la
mesurée par le radar, a été converti en profondeur vidéo peut être visualisée sur le site suivant : http://
en supposant une certaine permittivité du sol. En sites.uclouvain.be/gprlouvain/mageroy.html.
effet, la permittivité du milieu définit la vitesse de À une profondeur de 0,38 m (A), le rectangle formé
propagation des ondes (la vitesse de la lumière dans par les lignes foncées (x = 32-60, y = 3-7) constitue
l'air). Finalement, les données radar ont été agrégées en fait la partie avant du bâtiment annexe II. Au nord
en une matrice 3D, ce qui a permis une visualisation de ce bâtiment, on peut apercevoir un petit arc de
des échos par plans horizontaux en fonction de la cercle (x = 28, y = 5). Lors du visionnage de la vidéo,
profondeur estimée. Cette visualisation est particu- on remarque qu'il s'agit en fait d'un cercle quasiment
lièrement adaptée en archéologie, car elle permet de complet. La forme et la taille de cette trace nous font
mettre en évidence des objets structurés spatiale- penser à un four, peut-être de potier. Trois fours à
ment (linéaires, circulaires, etc.), souvent d'origine chaux gallo-romains ont été mis au jour sur le site,
anthropique. mais encore aucun four de ce type. Il s'agit ici d'une
hypothèse et la fouille prochaine nous
permettra de déterminer avec exactitude
la nature et la fonction de ce fait.
À environ 0,64 m de profondeur (B),
on aperçoit au sud plusieurs lignes
foncées se détachant du fond. La ligne
orientée nord/sud (x = 60-100, y = 18)
correspond au mur d'enceinte de la
villa, côté est, et dont le tracé s'arrête à la
jonction avec le bâtiment annexe II. On
observe également un réseau de lignes
en branches au sud-ouest (entre x = 90-
100, y = 12). Il s'agit ici de drains. Une
partie du réseau avait déjà été décou-
verte en 1997 (Halbardier & Gratia,
1998), en aval, et figure sur le plan (cf.
notice supra) à quelques mètres de la
zone prospectée. Les drains repérés ici
sont l'origine de ce réseau. Ils filent vers
le sud-ouest, vers les thermes du corps
de logis de la villa.
Toujours au sud du bâtiment, nous
pouvons observer deux drains qui sortent
de l'image aux points x = 65 et x = 83, se
dirigeant également vers l'ouest et le sud-
ouest. Ils se rejoignent au point x = 62, y =
15 pour ne former qu'un drain qui débute
au niveau du mur d'enceinte, tout proche
Amplitude du signal radar correspondant à une profondeur approximative de du bâtiment annexe. D'autres drains sont
0,38 m (A), 0,64 m (B) et 0,77 m (C) sur la zone étudiée.
peut-être présents dans cette zone.
240
Dans la partie supérieure de l'image radar (x = 30, le nord et la Rulles. Aux abords du bâtiment II, côté
y = 22), juste au coin extérieur nord-est du bâtiment, nord surtout mais aussi à l'est en dehors de l'enceinte,
on observe une tache imposante de forme presque plusieurs anomalies sont apparues sans que l'on puisse
circulaire et d'environ 4 m de diamètre à son extension les identifier avec précision, comme ce fut le cas pour
maximale. La vidéo montre que son sommet apparaît les drains, au sud du bâtiment II. Ainsi, des fouilles
à environ 0,44 m de profondeur et s'étend au fur et à devront compléter ces prospections pour apporter les
mesure que l'on s'enfonce pour disparaître à environ réponses aux nombreuses interrogations, mais grâce à
0,85 m sous la surface du sol. Dans l'état actuel des la technique géoradar les archéologues savent désor-
connaissances, il est très difficile d'avancer une inter- mais à quel endroit leur attention doit davantage se
prétation, que seule une fouille pourra préciser. porter. Non seulement la prospection géoradar nous
À une profondeur approximative de 0,77 m (C), permet d'affiner nos connaissances et de découvrir
nous pouvons apercevoir clairement le plan du de nouveaux faits mais aussi de déterminer à environ
bâtiment annexe II. Ses dimensions sont d'environ quelle profondeur les archéologues vont mettre au jour
28 m sur 17 m, il est donc un peu plus long que le bâti- ces vestiges. Cela permettra une meilleure préparation
ment I se trouvant une cinquantaine de mètres plus au et planification des prochaines campagnes de fouilles.
sud et en cours de fouille. Il est divisé principalement L'asbl Arc-Hab tient à remercier vivement Sébas-
en deux parties : une première pièce à l'avant, plutôt tien Lambot et son assistante, Hélène Maerschalk, de
étroite, ponctuée à chaque extrémité (nord et sud) par même que Julien Minet pour leur travail. Elle entend
une petite pièce carrée ; une seconde pièce à l'arrière, poursuivre la collaboration afin d'élargir les zones
bien plus vaste et occupant le reste de la surface de prospectées et d'élaborer ainsi une large cartographie
la bâtisse. De nombreuses taches ont été observées à souterraine du site de Mageroy. C'est pourquoi une
l'intérieur de ce bâtiment mais il est impossible de les seconde campagne de prospections géoradar sera
identifier avec précision. Il peut simplement s'agir de effectuée au printemps 2016 avec le soutien du fonds
parties de murs effondrés après l'abandon du site à la Robert Beaujean de la Fondation Roi Baudouin.
fin du 4e siècle de notre ère.
Dans le coin nord-ouest de la coupe apparaît une Bibliographie
sorte de vague. La vidéo dévoile que celle-ci se dirige ■■ Fesler R., 2010a. Mesure de la résistivité apparente par la
vers l'est au fur et à mesure que la profondeur augmente. méthode pôle-pôle, ARC-HAB, 40, p. 11-12.
Elle pourrait correspondre à une couche pédologique ■■ Halbardier B. & Gratia H., 1998. Rapport 1997, ARC-
contrastée, peut-être plus riche en argile, qui freine HAB, 32, p. 9-10.
l'infiltration de l'eau et crée donc une nappe perchée ■■ Lambot S. & Casterman F., 2016. Propections géoradar,
temporaire qui produit une réflexion radar significa- une première à Mageroy, ARC-HAB, 45, p. 30-35.
tive. Cette réflexion peut aussi être simplement due à
un changement de texture brusque du sol. Sources
Nous avons présenté ici les principales traces mises ■■ Fesler R., 2001. Habay-la-Vieille. Villa Mageroy. ARGEPHY
en évidence par le radar. D'autres éléments intéressants 2001, rapport inédit, 4 p.
ont été repérés mais l'incertitude à propos de ceux-ci ■■ Fesler R., 2007. Habay-la-Vieille. Villa Mageroy. Tumulus
est trop grande que pour les aborder à ce stade. Nous Dolizy. ARGEPHY 2007, rapport inédit, 10 p.
devrons patienter encore un peu jusqu'à la fouille de ■■ Fesler R., 2009. Habay-la-Vieille. Villa Mageroy. ARGEPHY
cette zone… 2009, rapport inédit, 6 p.
■■ Fesler R., 2010b. Habay-la-Vieille. Villa Mageroy. ARGEPHY
Conclusion 2010, rapport inédit, 5 p.
■■ Minet J., 2011. High-resolution soil moisture mapping by
Les résultats des prospections géoradar menées à a proximal ground penetrating radar: a numerical, laboratory
Mageroy se sont révélés très intéressants et profitables and field evaluation, Thèse de Doctorat, Université catholique
à plusieurs égards. La situation et les dimensions du de Louvain (UCL), Earth and Life Institute, Faculty of Agro-
bâtiment II et du mur d'enceinte étaient déjà connues nomical, Environmental and Biological Engineering, Louvain-
mais les prospections ont permis, d'une part, d'établir la-Neuve.
un plan bien plus précis des pièces intérieures de ce
bâtiment et, d'autre part, de confirmer que le mur d'en-
ceinte ne se prolonge pas au-delà de l'édifice. De plus,
on ne remarque aucun mur démarrant de l'extrémité
nord du bâtiment et fermant la cour côté nord. La cour
agricole se prolonge peut-être encore davantage vers
241
TEMPS MODERNES
Marche-en-Famenne/Marche-en-Famenne :
découverte fortuite d'une brasserie dans
le quartier de l'ancien couvent des Carmes
Marche-en-Famenne : plan de fouille général. Les faits soulignés sont ceux cités dans le texte (infographie S. Leduc et D. Bossicard,
Serv. archéologie, Dir. ext. Luxembourg).
(F01.010) d'environ 0,40 m de largeur. Son ampleur lui-même doublé sur sa face externe par un mur de
n'a pas pu être appréhendée dans sa totalité de par la pierres calcaires épais de 1 m (F01.008), liées par un
présence d'un remblai moderne qui le recoupe dans sa mortier jaune à base de chaux. Les vestiges d'un four-
partie méridionale. Deux poutres en réemploi (F01.011) neau de brasserie ont été mis en évidence sur ce niveau
ont été découvertes contre un mur localisé à l'angle de sol, par la présence d'importantes traces de chauffe
sud de la fouille. Leur usage n'a pas été élucidé. (F01.014). Cette structure en forme d'ampoule d'un
Un niveau de sol a été observé à l'intérieur du bâti- diamètre d'au moins 1,50 m, pourvue d'une embou-
ment. Il témoigne d'une phase de réaménagement. Il chure allongée, est recoupée par les fondations du
recouvre en partie le premier mur sud-ouest, qui sera pignon de la maison moderne voisine. À proximité,
243
Fourneaux de brasserie illustrés dans l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert (1751, pl. II, fig. 2).
Bibliographie
■■ Bourguignon H., 1935. Marche-en-Famenne, Annales de
l'Institut archéologique du Luxembourg, LXVI.
■■ Diderot D. & D'Alembert J. (dir.), 1751. Brasserie. In :
Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts
et des métiers, tome 2, Paris, p. 400-406, pl. II, fig. 2 (https://
fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_
%C3%A9dition/BRASSERIE et http://planches.eu/planche_jpg_
orig.php?nom=BRASSERIE&nr=2, consultés le 3 mars 2016).
■■ Gob A., 1988. Fouilles à la « Brasserie des Carmes » à
Marche-en-Famenne. In : Activités 86 à 87 du S.O.S. Fouilles,
V, p. 257-264.
■■ Papeleux J., 1980. Le couvent des Carmes à Marche-en-
Famenne. In : Marche-en-Famenne, son passé et son avenir. Cata-
logue de l'exposition tenue à Marche, 20 septembre-12 octobre
1980, Bruxelles, p. 87-89.
Sources
■■ Cadastre primitif, Marche-en-Famenne, 1841, 1re Div.,
Marche-en-Famenne, Sect. A, parc. no 403.
244
TOUTES PÉRIODES
Hotton/Hotton : sondages au Trou du
Trio
ossements portent des traces d'action des carnivores. des ruines, ainsi qu'à divers travaux subséquents
Aucun ne présente une apparence fossile. de consolidation et reconstitution de maçonneries
Le 23 juillet 2015, un puits d'une profondeur de fragilisées ou effondrées. Ainsi en fut-il dans le corps
3,8 m a été ouvert (T3) par le Spéléo Club de Belgique de logis central et dans les ailes sises au sud-ouest et au
à quelques mètres au nord de l'entrée du Trou du Trio. nord-est de la cour centrale, soit dans l'aile gauche et
Il mène directement dans une petite salle sous-jacente dans l'aile droite (la façade à cour et la tour est), ainsi
(dite « salle de la jonction »). Aucun matériel archéolo- que du côté de la muraille d'enceinte septentrionale.
gique n'y a été mis au jour.
On déplore l'activité clandestine d'une personne Les fouilles
inconnue qui vient creuser sur le site en l'absence des
divers intéressés. Cela est d'autant plus regrettable que C'est avant tout l'octroi d'une autorisation de fouilles
la collaboration entre les services du SPW et le Spéléo qui a opportunément permis de reprendre l'étude
Club de Belgique se passe dans d'excellentes condi- archéologique, interrompue en 1998, permettant ainsi
tions. Rappelons que toute fouille doit faire l'objet d'une de poursuivre l'archéologie du bâti et les quelques
demande d'autorisation auprès du SPW (CWATUP, sondages auxquels s'est limitée l'association dans cet
Livre III, Titre IV, Chapitre III, art. 237 à 241). intervalle de temps. Rappelons ensuite que le plan
orthogonal tardif qui persiste durant les 18e et 19e siècles
est attribué pour le moment aux transformations
apportées à la forteresse par le dernier seigneur du
Rouvroy/Dampicourt : fouilles et lieu, Mgr Jean-Nicolas de Hontheim (Culot, 1999), Ce
restauration du château de Montquintin. plan, toujours d'actualité, s'est vu doté d'une numéro-
Campagne 2015 tation spécifique, et c'est sur celui-ci que sont reportés
les structures et éléments observés au cours des inter-
ventions.
Didier Culot, Jérôme Parmentier et Vivien Thiry
Le corps de logis central
Du 3 au 15 août 2015, une trentaine de volontaires
bénévoles ont rejoint le traditionnel chantier de restau- Les participants, supervisés par les archéologues de
ration mené par l'asbl À Montquintin. Ceux-ci, comme l'association, ont procédé à des sondages ou des fouilles
chaque année depuis déjà 20 ans, ont procédé à l'étude dans les pièces L.1, L.2, L.3, L.7 et L.12.
En extrémité sud, la fouille approfondie du réduit en
quart-de-rond L.1, formé dans l'angle de la courtine
sud-ouest et de l'aile gauche du château, permet de
conclure à la présence d'une cage d'escalier et non d'une
tourelle, comme supposé antérieurement, puisque la
fondation se limite à un enrochement sommaire.
Selon les observations effectuées en hauteur et dans
les fondations, cette cage d'escalier, en connexion
avec la porte d'étage de l'aile gauche, fut creusée
dans l'épaisseur de la courtine sud-ouest et du mur
séparant les deux bâtiments, avant la réalisation du
plan orthogonal tardif. Désaffectée ou modifiée, elle
fut ensuite ravalée dans ce dernier plan qui subsiste
aujourd'hui. D'autres substructions qui, bien que
désaxées, servent néanmoins de fondations à ce
plan tardif, témoignent d'un agencement antérieur
dans le corps central. S'y ajoutent, en connexion, des
éléments de sol en pierre, ainsi que, sous le sol de L.3
(identifié comme cuisine dans l'état tardif), la surface
d'une strate formée de pierres mises de champ. Vu
l'étroitesse de la zone de fouilles, ces éléments ne
peuvent donner lieu à aucune hypothèse avant d'être
reliés entre eux dans un plan général, qui se constitue
La forteresse de Montquintin : plan général des vestiges.
progressivement.
246
Le château de Montquintin : plan de répartition des interventions sur le plan orthogonal tardif.
écartées de 40 cm, sur lequel étaient posées des voliges mesurage des jambages récoltés dans les décombres a
(larg. 14 cm ; ép. 3 cm) orientées est/ouest. Appa- permis d'identifier les piédroits manquant aux fenêtres
raissent également les éléments d'un dallage de pierre, qui ont été prélevés en vue de leur prochaine remise en
dont l'un, formant un seuil de porte, faisait communi- place. Dans cette perspective également, des coffrages
quer le fond de l'aile droite et le corps central. ont été confectionnés pour les arrière-linteaux en béton
C'est la fondation du mur de refend entre les pièces destinés à stabiliser l'ensemble. Ces interventions sont
L.8 et L.12 de l'état orthogonal tardif qui attire plus réalisées dans le cadre du « Théâtre de Pierres », un
particulièrement l'attention, en ce qu'elle semble venir espace de spectacle en plein air qui sera doté de trois
recouper un mur du logis s'inscrivant dans l'axe du plateaux de scène et de deux passerelles amovibles,
fond originel de l'aile droite. Ceci accréditerait l'hypo- reliant différents secteurs du château (cour principale,
thèse émise lors d'un sondage réalisé en 2014 en L.8, aile gauche, courtines sud-est et nord-ouest et tour
sur la présence d'une façade du logis antérieure et en ouest). L'ensemble fait aussi l'objet d'une projection 3D
recul de l'actuelle millésimée 1803 par Jean-Jacques qui doit être finalisée.
de Hontheim, neveu et successeur de Jean-Nicolas
de Hontheim. Ceci indiquerait que la transformation Dans l'aile gauche
du château en trois corps, contrairement à l'opinion
communément admise (Culot, 2010, p. 138 et ss.), est Le réduit G.2, constituant l'ancien fournil, a été mesuré
d'une période juste antérieure aux dernières transfor- et préparé en vue de l'installation d'un coffrage cintré
mations majeures du château et serait à reculer plutôt pour la reconstitution de la voûte dont l'appui est
au 17e siècle qu'au 18e siècle. L'ensemble confirmerait toujours visible contre la courtine sud-ouest joux-
le plan du château repris sur les cartes de Villeneuve tant le noyau résiduel de la tour sud. Dans le réduit
(1700) et de Ferraris (bien que relevé entre 1771 et 1778, contigu G.3, le démontage des maçonneries fragilisées
son plan de Montquintin intègre des détails manifeste- a révélé une excavation hémisphérique originellement
ment antérieurs), où les trois bâtiments apparaissent de creusée à mi-hauteur dans la courtine sud-ouest, et
profondeurs semblables, alors que le corps central signé dont la destination n'a pas été établie. Elle était recou-
par de Hontheim est aujourd'hui bien plus vaste que les verte d'un enduit noirci qui pourrait l'identifier à un
ailes ; le matériel probant est malheureusement absent four ou une petite forge, encore qu'aucun autre indice
de cette zone. Ce sondage doit cependant être poursuivi, – pas même un conduit de cheminée – ne confirme
de même qu'à l'extrémité sud du corps de logis, afin cette hypothèse. Enfin, la restauration des jambages de
de confirmer ou non la présence de cette façade et la la porte communicant au corps central (G.4 premier
contemporanéité de l'aile droite avec ces substructions. étage) s'est poursuivie, et la consolidation du mur de
façade à cour menée à bonne fin.
L'enceinte extérieure
Dans l'aile droite
Le programme de fouilles prévoyait également des
recherches dans les tours, les terrasses d'artillerie et L'attention s'est portée sur la consolidation d'une partie
les abords immédiats du château, en vue de préciser, intérieure de la courtine nord-est et de la façade à cour
entre autres, le tracé de l'enceinte extérieure (côtés (D.1). Celle-ci a été démontée et remontée à l'iden-
sud et ouest) qui est toujours présent sur les anciens tique. À la reconstitution de la baie de grange, entamée
plans cadastraux de 1807, 1822 et 1843 (Culot, 2010, depuis quatre ans, ne manque désormais plus que le
p. 120-123). cintre (D.2). Dans la tour est adjacente a été réalisée
Là non plus, malheureusement, la nécessité de procé- l'étude des traces résiduelles qui a permis de débuter la
der simultanément à divers travaux de consolidation reconstitution de l'accès à l'étage avec la mise en place
dans l'aile gauche et dans l'aile droite et la modestie des du seuil et des premiers piédroits de la porte.
moyens à notre disposition n'ont pas permis d'implan-
ter d'autres sondages. Autres zones et perspectives
Esquisse 3D du projet de restauration (photo © Léopold Culot, faculté d'Architecture, Université de Liège, 2015).
Gembloux
Bossière
Landenne
Balâtre Sclayn
Jemeppe-sur-Sambre Andenne
Haillot
Moustier-sur-Sambre
Évelette
Flostoy
Havelange
Yvoir
Houx
Morialmé
Florennes
Han-sur-Lesse
Dourbes
Nismes
Carte administrative des communes de la province de Namur visées par les notices.
Commune dont la localité du même nom est concernée
Commune dont la localité du même nom n'est pas concernée
Autre localité concernée
Éditorial
L'activité archéologique 2015 en province de Namur se compose, d'une part, d'activités menées par le monde asso-
ciatif et/ou des institutions universitaires et, d'autre part, des missions assumées par le Service de l'archéologie de la
Direction extérieure de Namur (DGO4 / Département du patrimoine).
La première catégorie comprend des fouilles de programme, des travaux de maintenance et de consolidation de
ruines et des expositions.
À Andenne/Sclayn, l'examen de la grotte Scladina par l'asbl Archéologie andennaise s'enrichit d'année en année
grâce à l'affinement des interprétations, les projets pluridisciplinaires dédiés à l'étude des Néandertaliens et le déve-
loppement de technologies d'enregistrement de pointe. En 2015, l'asbl a obtenu une autorisation de fouille supplé-
mentaire pour la grotte voisine de la Faucille qui abriterait une sépulture collective du Néolithique final ; outre l'étude
anthropologique du site, la démarche vise également à mettre au point une méthode de fouille et d'enregistrement
rapide adaptée à ce type de dépôt funéraire et transposable à des contextes d'archéologie préventive. On le voit,
la lisière entre recherche fondamentale et recherche appliquée s'étiole et devient extrêmement théorique… voire
virtuelle !
Depuis 11 ans, l'asbl Forges Saint-Roch, associée au CReA-Patrimoine de l'ULB, concentre son énergie sur la
fortification laténienne du « Plateau des Cinques » à Viroinval/Olloy-sur-Viroin et Dourbes. En 2015, elle a poursuivi
l'examen du dispositif d'entrée et des deux fossés externes du rempart oriental. Comme pour les fossés du rempart
occidental, le remblayage de ces derniers a livré des restes humains avec des traces de découpe probable. Ces résultats
et le caractère exhaustif des recherches amènent progressivement l'occupation du « Plateau des Cinques » à devenir
une référence de la Protohistoire européenne.
252
En 2012, le Centre de Recherches archéologiques fluviales obtenait une autorisation de fouille subaquatique dans
le plan d'eau extérieur du « Trou de Han » à Rochefort/Han-sur-Lesse. Parmi les principaux objectifs visés figurait
une meilleure compréhension stratigraphique des occupations, en particulier celle(s) emblématique(s) de l'Âge du
Bronze final. Pour l'heure, l'apport des plongeurs éclaire utilement des périodes d'utilisation des lieux méconnues ou
dédaignées puisqu'elles se rapportent aux Temps modernes et à l'essor touristique des 19e et 20e siècles.
Avec la villa de « Lizée » à Havelange/Flostoy, le Service de Jeunesse archeolo-J complète son programme de
recherches sur le monde rural et son évolution en Condroz namurois. Quoique victime d'explorations hasardeuses
entre 1975 et 1982, l'établissement révèle encore un potentiel intéressant par son état de conservation et par le
phasage de son occupation. Le même organisme a obtenu une autorisation de fouille, pour les saisons 2015 à 2018,
sur un tronçon de voie supposée gallo-romaine à Ohey.
L'Antiquité tardive est représentée par le décapage de 166 m2 supplémentaires aux abords des sépultures du « Petit-
Tiène » ou « Tienne del Baticulle » à Viroinval/Nismes. Cette extension, dirigée par le Cedarc/Musée du Malgré-
Tout, n'a pas apporté de nouvelles découvertes.
Le Bas Moyen Âge et les Temps modernes sont concernés par les recherches du Service de Jeunesse archeolo-J
dédiées au village déserté d'Haltinne à Gesves et les sondages de la société Archéoverde dans les jardins du château
de Freÿr à Hastière/Waulsort.
L'asbl Malagne la Gallo-romaine et la Maison du Patrimoine médiéval mosan bénéficient de subsides régionaux
pour veiller à la maintenance de vestiges et la supervision de travaux de restauration et de consolidation. Respon-
sabilités dont elles ont continué à s'acquitter en 2015, l'une pour la villa de Malagne à Rochefort, l'autre pour la
fortification de Crèvecœur à Bouvignes-sur-Meuse (Dinant) et la forteresse de Poilvache à Yvoir.
Pour terminer la liste des activités des institutions partenaires en province de Namur, il convient de souligner l'inau-
guration du Centre du visiteur de la citadelle de Namur et la tenue de diverses expositions de grande qualité scientifique.
Ces réalisations participent activement à valoriser la fonction de l'archéologie « dans la cité » car elles nouent des liens de
proximité entre le public et l'archéologie, proposent des outils pédagogiques de première main et constituent des centres
d'attrait touristique indéniable. Ainsi, le Musée de la Haute Meuse préhistorique à Godinne a-t-il conçu « Méso… Vous
avez dit Mésolithique ? ». La Maison du Patrimoine médiéval mosan a mis en évidence le thème de l'enfance dans le
cadre de l'exposition « Né quelque part, hier et aujourd'hui » et a accueilli « Archéologie en Condroz. Deux millé-
naires de vie dans nos campagnes », un événement produit par le Service de Jeunesse archeolo-J. Quant au Musée du
Malgré-Tout à Treignes, il a offert ses cimaises à la Protohistoire avec les « Bronziers au bord du lac. Trésors cachés du
Laténium » et aux « Chiens et chats dans la Préhistoire et l'Antiquité » ; l'une de ses créations, « Le Passé comme si vous
y étiez ? Benoît Clarys : 25 ans d'illustration », a été hébergée au Centre archéologique de la grotte Scladina.
L'activité du Service de l'archéologie demeure extrêmement diversifiée et importante en cette année : analyse de
centaines de demandes de permis d'urbanisme, accompagnement de certificats de patrimoine, opérations de terrain,
253
Namur
gestion de la documentation de fouille et des artefacts, médiation aux travers d'événements multiples, communica-
tions scientifiques…, sans omettre les réponses aux sollicitations des citoyens, de pouvoirs communaux, d'aména-
geurs, de bureaux d'étude ou d'asbl.
Les résultats scientifiques et patrimoniaux engrangés par la cinquantaine d'interventions préventives sont à la
hauteur de l'engagement du personnel. Nous citerons à titre d'exemples la découverte d'églises médiévales à Jemeppe-
sur-Sambre/Balâtre, la mise au jour d'un four de potier à Andenne, l'étude d'un îlot de l'ancien quartier Saint-Médard
à Dinant, la localisation de la première porte de Bordial, ouvrage fortifié de l'enceinte médiévale de Namur, le déga-
gement de plusieurs niveaux stratigraphiques de l'église Saint-Sauveur à Gembloux dont ne subsiste en élévation que
le clocher devenu beffroi, ou encore des fours de briquetier des Temps modernes associés au site castral d'Andenne/
Landenne…
Les catégories de ces opérations se distinguent comme suit :
– 5 fouilles préventives en milieu urbain à Andenne (rue Wilgot, quai de Brouckère), Dinant (avenue des Combat-
tants), Gembloux (ruelle Thirion), Namur (rue Bord de l'Eau) ;
– 4 fouilles préventives en milieu rural à Andenne/Landenne (rue de l'Église Saint-Remy), Havelange/Miécret (rue
de la Fagne), Jemeppe-sur-Sambre/Balâtre (rue du Trou) et Namur/Suarlée (zone d'activité économique Ecolys) ;
– 1 opération d'archéologie du bâti dans le corps de logis de la Vieille Ferme à Yvoir/Godinne ;
– 7 opérations de sondages diagnostics à Andenne/Landenne (rue de l'Église Saint-Remy), Gembloux/Bossière
(rue d'Hermoye), Namur/Bouge (rue de la Poteresse), Namur/Champion (rue de Fernelmont), Namur/Suarlée (zone
d'activité économique Ecolys), Ohey/Haillot (route de Huy) et Rochefort (abbaye Notre-Dame de Saint-Remy) ;
– 26 suivis et surveillances de terrassements/aménagements divers à Andenne (quai de Brouckère, rue Frère-
Orban), Andenne/Landenne (rue de l'Église Saint-Remy), Assesse (rue du Chien courant), Ciney (Cour Monseu),
Ciney/Pessoux (route d'Ocquier), Dinant (place Albert), Florennes/Morialmé (rue Fort Jaco), Gembloux (parc
d'Épinal), Gembloux/Corroy-le-Château (église Saint-Lambert), Gembloux/Ernage (chaussée romaine), Jemeppe-
sur-Sambre/Moustier-sur-Sambre (rue d'Ordin), Namur/Daussoulx (rue de la Converterie), Namur (avenue Jean Ier,
citadelle [5 suivis], rue de Bruxelles, rue Saintraint), Namur/Temploux (ruelle Jean-Pierre), Ohey/Évelette (rue
Abbé Matagne), Ohey/Haillot (rue Stocus), Ohey/Perwez (rue Grand Vivier) et Somme-Leuze/Chardeneux (rue de
Chardeneux) ;
– 2 opérations de prospection géophysique à Andenne (quai de Brouckère) et Namur (église Notre-Dame), en
collaboration avec l'asbl Argephy ;
– 6 découvertes fortuites à Andenne/Sclayn (ancien presbytère), Dinant/Bouvignes-sur-Meuse (fortification de
Crèvecœur), Dinant/Furfooz (Trou Rosette), Namur (académie des Beaux-Arts, rue du Lombard) et Rochefort (rue
de la Calestienne).
Comme suggéré plus haut, le domaine de la médiation n'a pas été oublié avec l'ouverture au public de chantiers de
fouille comme celui du quartier Saint-Médard à Dinant le 28 juin 2015 ou l'organisation d'expositions telles celles
intitulées « Découvertes archéologiques sur le site de l'hôtel de ville de Gembloux » à l'Administration communale de
Gembloux et « Sous les prés, la villa. 250 ans d'histoire gallo-romaine à Anthée » au Musée archéologique de Namur
(en collaboration avec la commune d'Onhaye, le Musée archéologique de Namur, la Société archéologique de Namur
et le Cercle d'histoire locale du grand Onhaye). Le Service a également coordonné, avec la cellule Events de la DGO4,
les Journées d'Archéologie en Wallonie qui se sont déroulées à Rochefort du 18 au 20 novembre 2015.
Il nous reste toutefois un regret amer : malgré quelque 31 publications et 13 communications à l'attention du milieu
scientifique, et la participation à plusieurs groupes d'études (« Les campements militaires et bivouacs du Moyen Âge et
des Temps modernes », « La maison vernaculaire », « La métallurgie du cuivre et de ses alliages au Moyen Âge en pays
mosan »), nous devons encore déplorer l'état léthargique de nombreuses études et monographies au sein de notre équipe.
Cette situation résulte des difficultés opérationnelles préjudiciables à une hiérarchisation sereine des priorités. Ces
choix peuvent être critiqués par certains experts peu au fait des réalités contraignantes d'une gestion globale, de la
réduction devenue progressivement catastrophique des effectifs, ainsi que de la multiplication et de la complexifica-
tion des tâches administratives et logistiques.
L'existence de l'archéologie préventive est en jeu. Sa justification inclut bien entendu l'enregistrement méthodique
d'un patrimoine voué à la destruction mais aussi l'exploitation scientifique des données de terrain et leur publica-
tion dans des délais « raisonnables ». L'affectation des archéologues du Service public de Wallonie à ces recherches
implique une réelle disponibilité professionnelle et donc l'allègement de leurs charges actuelles. Une politique de
recrutement adaptée apporterait la solution idéale à cette problématique tout en garantissant le maintien des missions
patrimoniales de service public.
Christian Frébutte
255
Préhistoire Namur
PRÉHISTOIRE
Andenne/Sclayn : DigiArt, un projet
européen pour la grotte Scladina
Dominique Bonjean, Grégory Abrams actuellement. Le public aura accès au produit fini
et Kévin Di Modica de plusieurs façons. La première version, en réalité
virtuelle, sera disponible sur internet et également
Au début du mois de février 2015, l'équipe des archéo- diffusée au moyen d'un oculus rift installé dans un
logues de la grotte Scladina a eu la chance de voir musée partenaire. La seconde version, en réalité
sa candidature retenue pour participer à un projet augmentée cette fois, sera exploitée pendant les visites
européen s'inscrivant dans le cadre du programme de la grotte Scladina, via la manipulation de tablettes
Horizon 2020 de l'Union européenne. Sous le nom numériques.
DigiArt. The Internet Of Historical Things And Building La création de ce jeu vidéo n'est qu'une facette d'un
New 3D Cultural Worlds, ce projet a pour objectif projet qui se veut, au départ, beaucoup plus large.
la création d'outils de numérisation et de mise en DigiArt a l'ambition de devenir un outil de valorisa-
valeur du patrimoine historique et archéologique tion du patrimoine destiné aux archéologues et aux
par l'utilisation des drones et de diverses technolo- conservateurs de musées. Actuellement, la virtuali-
gies optiques. Concrètement pour Scladina, il s'agit sation du matériel et des sites archéologiques est au
de modéliser, par photogrammétrie et scanners, la cœur des préoccupations des archéologues. Pendant
grotte et les vestiges majeurs qui en ont été exhumés les interventions sur le terrain, l'enregistrement rapide
et d'animer le tout en créant une visite virtuelle du et fiable de l'information est capital puisque les délais
site qui fonctionnera à la manière d'un jeu vidéo « à d'exécution sont souvent très courts. En parallèle, les
la première personne ». Les visiteurs évolueront dans conservateurs sont également concernés : les réserves
le site en observant les phases de fouille successives de leurs musées débordent d'objets qui ne peuvent
enregistrées depuis la découverte de Scladina en 1971 pas être présentés au grand public faute de place ou
jusqu'à la démarche multidisciplinaire qui est menée d'infrastructures adaptées.
Ces dix dernières années ont vu le
développement d'outils numériques
de plus en plus performants offrant un
éventail de possibilités qui s'étend de
l'inventorisation des objets à leur acqui-
sition et leur impression en 3D. Mais
ces nouvelles technologies sont souvent
jugées complexes et hermétiques et
découragent, voire effrayent, leurs utili-
sateurs potentiels.
Le projet DigiArt s'est donné pour
mission de pallier cette difficulté en
proposant une gamme d'outils numériques
simples qui permettront de valoriser le
patrimoine culturel en créant un véritable
« Internet des vestiges archéologiques ».
Le projet a reçu un financement de l'Union
européenne de 2,3 millions d'euros. Dirigé
par l'Université John Moore de Liverpool,
le consortium qui compose DigiArt
regroupe sept partenaires issus des
sphères académique, privée et muséale :
Modèle 3D de la colline, réalisé par Pix4D, abritant le porche de la grotte Saint- l'Université John Moore de Liverpool
Paul (en haut à gauche), la salle d'accueil de Scladina et la terrasse couverte de (Grande-Bretagne), le Centre pour la
Sous-Saint-Paul.
Recherche et la Technologie Hellas (Grèce),
256
le Centre national de la Recherche scientifique (France), Le produit final sera un modèle 3D de la colline
le site archéologique d'Aigai (Grèce), les sociétés Pix4D s'étendant du centre archéologique jusqu'à l'entrée
(Suisse) et Vulcan UAV (Grande-Bretagne) ainsi que le des grottes. À l'intérieur de Scladina, les informati-
Centre archéologique de la grotte Scladina (Belgique). ciens auront reconstitué le remplissage sédimentaire
Les trois partenaires culturels sélectionnés par jusqu'au plafond et le visiteur observera le retrait virtuel
DigiArt ont des caractéristiques bien différenciées et des dépôts au rythme des grandes étapes de la fouille
complémentaires. D'une part, la section d'anthropo- archéologique. Au fur et à mesure de leur progres-
logie de l'Université John Moore conserve plusieurs sion souterraine, ils seront interpellés par des icônes
centaines de squelettes humains médiévaux mais ne introduisant des focus sur les vestiges exhumés les
possède pas d'espace d'exposition. D'autre part, les plus significatifs : les fossiles de l'Enfant de Sclayn, des
sites archéologiques de Scladina et d'Aigai soumettent artefacts en silex et en os provenant de la couche 5. En
les ingénieurs à des contraintes spécifiques : Scladina complément, plusieurs séquences vidéo sont prévues.
est un site exigu, sombre et humide ; le site palatial Certaines illustreront la fabrication des artefacts et
d'Aigai couvre une surface de plus de 1 ha doré par le leur mode d'utilisation présumé. D'autres mettront en
soleil des régions méditerranéennes. scène les chercheurs qui, sous la forme d'interviews,
Après la modélisation des sites vient celle des vestiges. offriront aux visiteurs un bilan des connaissances sur
Par la combinaison de la photogrammétrie et des le gisement et les découvertes majeures qui y furent
scans, les objets entreront aussi dans le monde virtuel. faites.
Ainsi, toute personne connectée à internet pourra Pour suivre l'évolution du projet : http://digiart-
visiter virtuellement un musée et manipuler certains project.eu/
vestiges, en trouver d'autres par comparaison ailleurs
dans le musée, mais aussi dans ses réserves ou encore
dans celles d'un autre musée partenaire du projet. Il en
résultera un « Internet des objets historiques » où les
objets seront accessibles à tout moment au départ des
appareils connectés. Le projet ambitionne de présenter
l'ensemble des vestiges dans leur contexte via un envi-
ronnement immersif en réalité virtuelle ou augmentée.
Dans le cas de Scladina, les visiteurs découvriront les
vestiges à l'endroit où ils ont été retrouvés, les mani-
puleront pour les observer sur toutes leurs facettes, les
agrandiront pour faire apparaître des détails (traces
d'usures, fractures).
Pour Scladina, les travaux ont véritablement débuté
le 9 novembre 2015. En deux journées sur le terrain,
deux photographes de la firme Pix4D ont pris près de
6 000 clichés dans les trois grottes Scladina, Saint-Paul
et Sous-Saint-Paul ainsi que sur la portion de colline
abritant les trois porches. Une équipe de l'Univer-
sité John Moore de Liverpool a pris le relais, scannant
les trois grottes à l'aide d'un LIDAR et enregistrant
plusieurs séquences vidéo au départ d'un drone. L'ap-
pareil a été conçu pour l'occasion, dessiné et imprimé
en 3D, combinant une petite taille permettant une
circulation aisée dans la grotte et ses cheminées et
quatre moteurs suffisamment puissants pour donner
à l'engin une bonne stabilité pendant la prise de vue.
Les grottes avaient été préparées en conséquence par
le retrait de certaines passerelles de circulation et de
tous les dispositifs liés à la fouille (échafaudages, fils
à plomb du carroyage), afin de réduire le travail de
« nettoyage » des clichés photographiques et des scans
par les informaticiens qui ne doivent conserver que la
paroi rocheuse de la grotte et les bermes de sédiment.
257
ÉPOQUE ROMAINE
Florennes/Morialmé : découverte d'une
tombe à incinération gallo-romaine
Bibliographie
■■ De Waele É., 1986. Morialmé : une nécropole gallo-romaine.
In : Activités 84 à 85 du S.O.S. Fouilles, 4, p. 29-44.
Sophie Lefert
Bibliographie
■■ Gautier A., 1987. Taphonomic groups: How and Why?,
ArchaeoZoologia, 1, 2, p. 47-52.
■■ Hanut F. & Siebrand M., 2010. Le mobilier céramique
des niveaux pré-Flaviens de la rue des Bouchers à Namur
(Belgique). Découvertes 2009. In : Société française d'Étude de
la Céramique antique en Gaule. Actes du Congrès de Chelles,
Marseille, p. 637-650.
■■ Pigière F., 2015a. Animal husbandry in the core area of the
civitas Tungrorum. In : Roymans N., Derks T. & Hiddink H.A.,
The Roman villa of Hoogeloon and the archaeology of the Peri-
phery, Amsterdam, Amsterdam University Press (Amsterdam
Archaeological Studies, 22), p. 63-175.
■■ Pigière F., 2015b. L'archéozoologie. In : Demanet J.-C. &
Vilvorder F., 2015. Liberchies VI. Vicus gallo-romain. Zone
d'habitat dans le quartier ouest. Fouilles de Pro Geminiaco (1995-
2007), Louvain-la-Neuve (Collection d'archéologie Joseph
Mertens, XVI), p. 531-549.
■■ Siebrand M., Collette O., Fossion A., Hanut F. &
Challe S., 2011. Namur/Namur : archéologie préventive à la
rue des Bouchers. Découvertes 2009, Chronique de l'Archéologie
wallonne, 18, p. 254-258.
C. Carlier, A. Collart, S. Collignon, G. Cristallo, ■■ Böhme H.W., 2008. Gallische Höhensiedlungen und germanische
L. Dekoster, D. de Negri, H. Garitte, I. Goffin, Söldner im 4./5. Jahrhundert. In : Steuer H. & Bierbrauer V.
M. Horevoets, C. Lauwers, O. Lauwers, A. Leblon, (éd.), Höhensiedlungen zwischen Antike und Mittelalter von den
N. Nicolas, J. Parmentier, A. Pierlot, C. Pion, C. Robert, Ardennen bis zur Adria, Berlin (Ergänzungsbände zum Reallexikon
der germanischen Altertumskunde, 58), p. 71-103.
C. Robinson, J. Robinson, L. Semal, D. Stennier,
J. Thévenin, J.-C. Thiry, O. Touzé, T. Van Acker, ■■ Brulet R., 1990. La Gaule septentrionale au Bas-Empire :
occupation du sol et défense du territoire dans l'arrière-pays du
C. Van Der Steen, D. Vanhulle.
Limes aux ive et ve siècles, Trier (Trierer Zeitschrift. Beihefte, 11).
Nous remercions aussi J.-N. Anslijn (Direction
de l'archéologie) pour les relevés topographiques, ■■ Brulet R., Vilvorder F. & Delage R., 2010. La céramique
romaine en Gaule du Nord. Dictionnaire des céramiques : la vais-
H. Doutrelepont pour l'étude botanique, K. Di Modica
selle à large diffusion, Turnhout.
(Archéologie andennaise) pour le traitement des
■■ Cattelain L., Cattelain P. & Vrielynck O., 2015. Le site
images 3D, S. Genvier (Cedarc) pour la restauration
funéraire du « Tienne del Baticulle » à Nismes (Viroinval) :
et l'identification des monnaies, É. Goemaere (IRSNB)
fouilles 2012-2015. In : Frébutte C. (coord.), Pré-actes des
pour l'étude géologique, L. Nonne (FAW) pour la Journées d'Archéologie en Wallonie. Rochefort 2015, Namur
restauration des objets en fer, F. Pigière (IRSNB) pour (Rapports, Archéologie, 1), p. 73-74.
l'étude archéozoologique, C. Polet (IRSNB) pour ■■ Cattelain P. & Vrielynck O., 2014. Viroinval/Nismes :
l'étude anthropologique, F. Vilvorder (CRAN) pour tombes tardo-antiques au « Tienne del Baticulle », Chronique de
son aide dans l'identification des pâtes céramiques, l'Archéologie wallonne, 21, p. 257-259.
F. Urban pour la restauration des objets en alliage ■■ Chenet G., 1941. La céramique gallo-romaine d'Argonne du
cuivreux, C. Cappucci (Direction de l'archéologie) ive siècle et la terre sigillée décorée à la molette, Mâcon (Fouilles
et M. Van Buylaere (RPA) pour la restauration des et Documents d'Archéologie antique en France, 1).
verres, et V. Rousseau et C. Cools (atelier SiO2) pour la ■■ Dasnoy A., 1967. Le cimetière situé Devant-le-Mont à Éprave
restauration des céramiques, sans oublier les techniciens (ve-vie siècles), Annales de la Société archéologique de Namur,
du Cedarc, A. Sellekaerts, M. Vanhorenbeek et 54, p. 61-108.
C. Wuilmart pour leur soutien logistique, ainsi que ■■ Dasnoy A., 1969. La nécropole de Furfooz, Annales de la
S. Wenzel pour toute la documentation fournie et Société archéologique de Namur, 55, p. 121-194.
M. Baumann pour le dessin de la ceinture. ■■ Isings C., 1957. Roman Glass from Dated Finds, Groningen –
Djakarta (Archaeologia Traiectina, 2).
Bibliographie ■■ Lauwers C., 2015. Une imitation de silique au nom
■■ Arveiller-Dulong V. & Arveiller J., 1985. Le verre d'Honorius trouvée à Nismes (Viroinval, Prov. Namur), Archéo-
d'époque romaine au Musée archéologique de Strasbourg, Paris Situla, 35, p. 141-142.
(Notes et documents des musées de France, 10). ■■ Lemant J.-P., 1985. Le cimetière et la fortification du Bas-
Empire de Vireux-Molhain, dép. Ardennes, Mainz (Römisch-
Germanisches Zentralmuseum. Forschungsinstitut für Vor-
und Frühgeschichte, Monographien, 7).
264
MOYEN ÂGE
Andenne/Andenne : mise au jour d'un
four à Andenelle
Bibliographie
■■ Delaunois É., Hardy C., Frébutte C., Challe S. &
de Longueville S., 2014. Andenne/Andenne : fouilles préven-
tives le long du quai de Brouckère à Andenelle, Chronique de
l'Archéologie wallonne, 22, p. 260-263.
265
TEMPS MODERNES
Andenne/Landenne : sondages à
proximité de l'ancien château
Une autre maçonnerie (F18), plus ancienne et non temps, pas pu être fouillé.
visible sur les représentations du site au 18e siècle, a été Ces fours, dits « en meule », sont typiques des milieux
repérée dans certains sondages. Elle est orientée selon un ruraux. Élevés à proximité du chantier à approvisionner,
axe nord-est/sud-ouest et croise le mur F01 dont la base ils présentent des avantages économiques et pratiques liés
a été construite sur ses vestiges. Elle n'a pu être ni entière- au transport et sont capables de produire des dizaines,
ment dégagée, ni datée, et sa fonction nous échappe encore. voire des centaines de milliers de briques, nécessaires à la
Deux fours à briques ont été mis au jour à l'extrémité construction d'un bâtiment (Thuillier, 2010).
nord-est de la zone de fouille, non loin de l'étang. Juste à côté du four F05, au nord, le limon naturel a été
Malheureusement, suite à des contraintes de stabi- chauffé sur une surface d'au minimum 3 m sur 1,10 m
lité liées au projet d'aménagement, ils n'ont pu être que (F17). Probablement en lien avec le four, il est actuel-
partiellement dégagés. Ainsi, seule la partie nord du lement impossible d'expliquer la fonction de cette aire.
four F05 a pu être fouillée. D'une largeur de 2,80 m pour À l'extrémité orientale de la fouille, une fosse de forme
une longueur minimale de 5,90 m, ce four était proba- irrégulière (F02), d'environ 4,50 m de diamètre, contenait
blement de forme rectangulaire. Mis au jour à 1,20 m de de nombreux fragments de terre cuite. Le remblai de cette
profondeur, sous une épaisse couche de sédiment homo- fosse était fort similaire à celui des fours F05 et F21, mais
gène, sans doute issue de réaménagements des berges de les contraintes liées au projet ne nous ont pas permis de
l'étang (communication de C. Frébutte), il est constitué fouiller cette structure et nous ne pouvons dire s'il s'agit
de deux canaux de chauffe parallèles creusés dans le d'une structure de cuisson ou d'une fosse à déchets.
limon naturel et séparés de 1,40 m par une surface légè- Des prospections géophysiques ont été réalisées sous
rement chauffée. Larges d'environ 0,25 m et profonds de la conduite de R. Fesler (Argephy asbl) et M. Siebrand
0,20 m, ces canaux présentent une légère pente ascen- (Service de l'archéologie de la Direction extérieure de
dante vers le nord. Leur fond était encore rempli du Namur) après la campagne de fouille. Malheureuse-
combustible (charbon de bois ou houille ?) utilisé pour ment, les résultats de ces prospections n'ont pas permis
produire la chaleur nécessaire à la cuisson. Des briques de compléter le plan de fouille.
non cuites encore en place et entourées de combustible La datation obtenue par archéomagnétisme pour la
ont été découvertes le long des côtés nord et est du four. dernière mise à feu du four F05, légèrement postérieure
Leur calibre de 23 cm de longueur pour une épaisseur à la représentation du château sur les albums de Croÿ,
de 5,5 cm correspond à celui des quelques rares briques semble remettre en doute la thèse de la fabrication de
cuites abandonnées dans les remblais. Les briques à briques pour la construction du château. Auraient-
cuire étaient posées de chant, pour faciliter la circulation elles alors été façonnées pour un réaménagement de
de la chaleur, et empilées au-dessus des canaux, parfois l'édifice, pour la construction d'un autre bâtiment,
sur plusieurs mètres de hauteur, en alternant couches etc. ? Une étude plus approfondie du château et une
de briques et fines couches de combustible (Thuillier, évaluation précise de l'étendue des fours permettront
2010). D'après les résultats de l'analyse archéomagné- d'assurer ou non le lien entre le château et les fours.
tique, la dernière mise à feu du four doit être située (avec
une probabilité de 95 %) entre 1627 et 1695. L'extrémité Bibliographie
ouest de ce four a été légèrement recoupée par le creu- ■■ Délices, 1740. Les délices du Païs de Liége, ou Description
sement d'un drain. En ce qui concerne le four F21, seule historique, géographique, topographique et chorographique des
sa partie sud, de forme rectangulaire, a été dégagée sur monumens sacrés et profanes de cet évêché-principauté et de la
une longueur de 5 m. D'une largeur de 2,60 m, ce four a comté de Namur, tome second, première partie, Liège, Everard
été creusé jusque dans la roche en place et n'a, faute de Kints, p. 93-95.
■■ Duvosquel J.-M. (éd.), 1987. Pl. 171. Landenne. In : Comté de
Namur II. Bailliages de Bouvignes, Fleurus, Viesville et Wasseiges,
Bruxelles, Crédit communal de Belgique (Albums de Croÿ, XV).
■■ Javaux J.-L., 1988. Landenne. Ferme du Château. In : Province
de Namur. Arrondissement de Namur, compléments, 2e édition,
Liège (Le Patrimoine monumental de la Belgique, 5), p. 23-34.
■■ Thuillier F., 2010. La cuisson des briques en meule : un
procédé artisanal oublié, Archéologia, 474, février 2010, p. 50-58.
Sources
■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Noville le Bois, pl. 135
Landenne : le four à briques F05.
et Andenne, pl. 136.
267
Bibliographie
■■ Siebrand M., 2015. Namur/Namur : troisième suivi archéo-
logique à l'académie des Beaux-Arts, ancien Mont-de-Piété,
Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 315-316.
C B
0 5m
Le niveau de sol a été rehaussé d'environ 30 cm par d'arbres jeunes à croissance rapide, plus résistants à la
l'apport d'un remblai très meuble, sableux et chargé de flexion, les menuisiers privilégiant l'emploi de chênes
matériaux de construction. plusieurs fois centenaires, à croissance lente et au fil
La charpente, dans combles à surcroît, est de type à rectiligne, qui donnent un bois tendre, facile à débiter
fermes et pannes avec arbalétriers de chambrée canton- en planches et beaucoup moins sujet aux déformations.
nés dans un portique (Hoffsumer, 1999, p. 101-102). C'est vraisemblablement la famille Maillen qui
Elle est constituée de quatre fermes complètes, numé- entame les travaux de rénovation de la ferme au
rotées de I à IIII (d'est en ouest), sur leur face orientale. 17e siècle, comme en atteste le millésime de 1623 posé
Une contremarque oblique indique la latéralisation sur la façade du porche d'entrée, aux armes de cette
côté nord. Les fermes superposent deux portiques famille. Mais la datation obtenue sur les boiseries du
trapézoïdaux et une fermette. Les portiques sont corps de logis atteste que pour ce volume en tout cas,
formés de chevrons-arbalétriers assemblés par des la réalisation est plus tardive, et que les travaux ne sont
entraits. Le portique inférieur est doublé sur chaque pas achevés avant 1687, époque où la ferme est passée
versant par une jambe de force assemblée à un blochet aux mains des d'Orjo. C'est donc sans doute à cette
soutenant le pied du chevron-arbalétrier. Une fermette famille que l'on doit les travaux de reconstruction du
à poinçon maintenue par deux liens de fermette corps de logis de la Vieille Ferme.
supporte la panne faîtière. Les pannes des versants sont
insérées à devers dans les arbalétriers. Les fermes sont Bibliographie
contreventées par des liens. ■■ Hoffsummer P., 1999. Les charpentes de toitures en Wallo-
Quatre demi-fermes assurent la couverture des nie : typologie et dendrochronologie (xie-xixe siècle), 2e édition,
croupes à l'approche des pignons. Leur numérotation Namur (Études et Documents, Monuments et Sites, 1).
est spécifique, en « λ ».
Un portique composé presque exclusivement de bois Sources
de remploi semble avoir été ajouté a posteriori entre les ■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
fermes III et IIII pour soutenir un plancher. Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, St Gérard, pl. 117.
L'analyse dendrochronologique a permis de déter- ■■ Scherer P., 1987. Logis de la Vieille ferme de Godinne. Édifice
miner les dates d'abattage des arbres. Elle désigne classé par A.R. du 02.12.1959. Analyse architecturale préalable à
trois campagnes d'abattage pour les pièces de char- l'aménagement intérieur, rapport inédit à destination du Minis-
penterie : une campagne en hiver 1685-1686 (fermes tère de la Communauté française.
principales), une autre en hiver 1686 (demi-fermes)
et la dernière au printemps 1687 (sommiers des plan-
chers). Il est difficile d'associer ces dates à différentes
phases du chantier : on imagine mal les sommiers être Yvoir/Yvoir : suivi du chantier de
posés après la charpente. Dans tous les cas, il semble restauration du corps de logis de la ferme
donc que plusieurs campagnes d'abattage ont permis de Champalle
de réunir le bois suffisant pour la charpenterie de tout
l'édifice.
Les planchers ont également pu être datés par Marie Verbeek, Sarah Crémer, Pascale Fraiture
dendrochronologie. Ils sont relativement uniformes : ce et Axelle Oger
sont de larges planches de chêne à feuillure à mi-bois
et clouées (clous en fer forgé). Certaines portions ont La ferme de Champalle (av. de Champalle, 3 ; parc.
subi des réparations en planches de résineux. Le cerne le cad. : Yvoir, 1re Div., Sect. C, no 118f ) se trouve à la
plus tardif mesuré date de 1663 mais aucun aubier n'est frange supérieure de la plaine alluviale de la Meuse,
conservé. Si on tient compte de l'aubier minimum que là où cette plaine remonte légèrement avant de venir
devaient contenir ces arbres (4 cernes), l'abattage eut s'échouer au pied des rochers que surmontent les
lieu après 1667. Le plancher étant placé sec, au contraire plaines calcaires qui font la renommée naturelle des
des bois de charpente, on peut légitimement penser que lieux. Inaccessible depuis des décennies du fait du
l'ensemble a été construit dans une même phase. protectionnisme des propriétaires successifs, elle a été
D'un point de vue purement dendro-typologique, largement protégée d'aménagements trop intrusifs.
la différence entre les arbres utilisés dans les pièces C'est une ferme à cour déployant, en ordre dispersé
de charpenterie et ceux dont sont issues les planches sous forme d'un quadrilatère irrégulier, un corps de
du second œuvre reflète indubitablement l'emploi de logis, une grange, des étables, une remise et d'autres
chênes provenant d'écologies forestières distinctes. annexes agricoles. On accède à la cour pavée centrale
On constate ainsi un choix délibéré des charpentiers par un passage charretier.
272
c a a b a a
0 4m
Élévation phasée du corps de logis. En blanc, construction de 1541. En gris clair, ajouts au 17e siècle. En gris foncé, ajouts des 18e et
19e siècles. Les lettres indiquent l'emplacement des éléments de charpente (relevé O. Gilgean et S. Pirard, Serv. archéologie, Dir. ext.
Namur ; infographie O. Gilgean).
273
la maçonnerie dus à l'arasement des marches s'y quasi au niveau du refend du bel étage. Elle est égale-
observent encore. La porte d'accès est surmontée d'un ment surmontée d'un linteau en bâtière. C'est la seule
très imposant linteau en bâtière. ouverture qui a été repérée dans ce mur gouttereau.
Un second accès est pratiqué à l'arrière, vers la Au centre du mur-pignon sud-est, une petite ouver-
falaise, au bel étage également. C'est une porte percée ture carrée éclaire le bel étage et les combles. Au nord-
ouest, ces petites fenêtres sont reportées vers la façade
principale, ce qui peut indiquer la présence contre le
gouttereau aveugle de l'escalier menant aux combles.
Les deux pièces de vie sont dotées d'aménagements
intérieurs de qualité, comme une grande niche rectan-
gulaire à feuillure refermée jadis d'un volet à côté de
la cheminée, ou une autre cachée derrière l'encoche
destinée à recevoir le vantail de la porte séparant les
deux pièces.
Le manteau en calcaire de la cheminée engagée était
composé de deux montants sculptés d'un motif dit « en
feuille de plantain » surmontés d'une tablette. Seul un
piédroit en est conservé. La hotte en briques réfrac-
taires est quant à elle très bien conservée, insérée dans
a un coffre en encorbellement, soigneusement construit
en blocs de calcaire taillés.
La charpente de l'édifice – de type à fermes et
pannes – compte quatre fermes. Elles sont disposées,
deux par deux, de part et d'autre du refend en pan-de-
bois. Aménagée dans des combles à surcroît, chaque
ferme est constituée de la superposition de deux
portiques trapézoïdaux, raidis par des aisseliers et/
ou des jambettes. Au-dessus du second portique, une
fermette termine la structure. Une différence majeure
marque les deux portiques : les arbalétriers du portique
inférieur sont assemblés en pied à un blochet (et non à
un entrait), rendant l'espace des combles « utiles ». Les
jambettes, plus longues que celles du second portique,
relient l'arbalétrier aux poutres de plancher.
b La charpente est contreventée par un niveau de
pannes posées face aplomb au sommet du premier
portique. Des pannes faîtières et sous-faîtières, reliées
entre elles par des croix de saint André, sont assem-
blées aux poinçons des fermettes et participent au
contreventement de la structure.
La paroi à pan-de-bois, encadrant le conduit de
cheminée, est constituée de trois poteaux, reliés entre
eux par un réseau d'entretoises. Certains sont raidis
par des guettes. Le torchis est partiellement conservé.
Toutes les fermes et le pan-de-bois ont leur face d'éta-
blissement au nord-ouest. Les marques progressent du
nord-ouest au sud-est, avec une latéralisation – sous la
forme d'une langue de vipère – au sud-est.
c
0 2m L'étude dendrochronologique de la charpente a
permis de dater 13 échantillons sur les 16 prélevés. Ils
Charpentes du corps de logis. a. Ferme du corps de logis ont livré une date similaire pour les fermes de char-
primitif ; b. Pan-de-bois central ; c. Ferme de l'annexe nord- pente et pour le pan-de-bois : les bois ont été abattus
ouest (relevé C. Dupont ; infographie O. Gilgean, Serv. ar- durant l'hiver 1541-1542. La disposition de la char-
chéologie, Dir. ext. Namur).
pente sur les maçonneries et notamment la cohérence
274
Détails des aménagements intérieurs. a. Revers de la façade. Les fenêtres à croisées sont surmontées côté intérieur d'un linteau cin-
tré. Ces fenêtres ont été élargies plus tardivement, ce qui explique la difficulté de lecture en façade ; b. Cheminée et niche ; c. Revers
de la porte donnant vers l'arrière (photos O. Gilgean, Serv. archéologie, Dir. ext. Namur).
avec les ancrages visibles en façade autorisent à asso- au 18e siècle qu'il faut placer la construction de la
cier charpente et maçonnerie et à proposer de dater la troisième extension du logis, vers le nord-ouest, avec
construction de l'édifice des environs de 1540. un étage ajouté au 19e siècle. Le reste des bâtiments
autour de la cour s'échelonnent entre le 18e et la fin
Modifications postérieures du 19e siècle, mais devront faire l'objet d'observations
archéologiques au fil des travaux pour vérifier ces
Le corps de logis subit deux modifications principales assertions.
dont il est peu aisé de déterminer laquelle vient avant
l'autre. D'une part, l'escalier hors-œuvre est démoli et Bibliographie
l'arasement en est très grossièrement reparementé ; un ■■ Bultot-Verleysen A.-M., 1989. La gestion des fermes
escalier en œuvre est alors aménagé, sans doute sur base namuroises (xive-xve s.), Annales de la Société archéologique de
du passage primitif vers les caves. D'autre part, le corps Namur, 66, p. 73-95.
de logis est agrandi d'une travée vers le nord-ouest. Ce ■■ C[ortembos] T. & V[an] D[en] N[oortgaete] T., 1996.
volume est construit à l'imitation du bâtiment primitif, Av. de Champalle. No 3. Ancienne ferme de Champalle. In :
avec des corbeaux de pierre sous corniche, une fenêtre Province de Namur. Arrondissement de Dinant, Liège (Le Patri-
à croisée au bel étage et une anglée harpée beaucoup moine monumental de la Belgique, 22³), p. 1167-1169.
plus régulière que l'originale. Au rez-de-chaussée,
une porte sous arc en plein cintre donne accès aux
pièces inférieures. La charpente comprend une seule
ferme, curieusement installée contre le conduit de
cheminée du pignon. C'est un grand portique dont
les arbalétriers reçoivent les pannes assemblées ici
à devers. Des jambettes rigidifient la structure. Du
poinçon de fermette partent également faîtière et sous-
faîtière. Des liens et croix de saint André assurent le
contreventement. Aucune marque de pose n'a pu être
vue sur la charpente ; elles étaient peut-être gravées sur
la face située contre le pignon, où l'absence de recul n'a
pas permis de les voir.
Cette annexe est datée par le style de la première
moitié du 17e siècle (Cortembos & Van Den Noortgaete,
1996). L'année d'abattage de l'entrait de la charpente
a été datée par dendrochronologie de 1541-1542,
comme les bois de la charpente et du pan-de-bois
du volume d'origine, mais la contemporanéité de
l'extension semble impossible. Le bois daté provient
donc probablement d'un réemploi. C'est sans doute
275
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Namur/Namur : citadelle, interventions
archéologiques 2015 dans le fossé de
Terra Nova
Sources
■■ Château de Namur. Élévation développée des escarpes de la
partie de droite, 1831 (Vincennes, Service historique de l'Armée
de Terre, Art. 14, Namur, carton 2, no 5).
■■ Citadelle. Front 1-2. Planchette no 1, brigade topographique
du Génie, 8 septembre 1853 (Namur, Société archéologique, pas
de no d'inv.).
■■ Citadelle. Front 2-3. Planchette no 2, brigade topographique
du Génie, 18 septembre 1853 (Namur, Société archéologique,
pas de no d'inv.).
277
TOUTES PÉRIODES
Andenne/Andenne : découverte de
fosses rue Wilgot à Andenelle
Carole Hardy
la moitié occidentale de la zone concernée par le partie un presbytère en 1836, l'édifice avait successive-
projet. Cette future intervention permettra de dégager ment servi d'habitation, d'hôpital, d'école et de logis du
les fosses F06 et F10 sur toute leur surface et de faire maître (Van Wersch, 2002).
l'éclairage sur l'aménagement au fond de F06. En retirant le plancher de la pièce nord-est du pres-
bytère, le propriétaire a mis au jour les vestiges d'une
Bibliographie maçonnerie constituée de moellons calcaires et de rares
■■ Borremans R. & Warginaire R., 1966. La céramique briques. Mesurant 1 m sur 1 m pour ses parties les plus
d'Andenne. Recherches de 1956-1965, Rotterdam. larges, elle a été dégagée sur trois assises de hauteur.
■■ Delaunois É., Hardy C., Frébutte C., Challe S. & L'urgence de l'intervention ne nous a pas permis d'en
de Longueville S., 2014. Andenne/Andenne : fouilles préven- apprendre davantage sur ce massif et sa fonction n'est
tives le long du quai de Brouckère à Andenelle, Chronique de actuellement pas déterminée.
l'Archéologie wallonne, 22, p. 260-263.
Bibliographie
■■ Grand-Place, 1975. Grand-Place, no 114. Presbytère. In :
Province de Namur. Arrondissement de Namur, Liège (Le Patri-
Andenne/Sclayn : découverte fortuite moine monumental de la Belgique, 5²), p. 710-711.
d'une maçonnerie dans l'ancien presbytère ■■ Javaux J.-L. & Buchet J., 1998. L'architecture romane en
province de Namur. Inventaire raisonné, Namur, Service de la
Culture de la province de Namur (Monographies du Musée des
Carole Hardy Arts anciens du Namurois, 17).
Suite à des travaux réalisés fin juillet 2015 dans l'ancien Sources
presbytère de Sclayn (édifice classé depuis 1949), situé ■■ Van Wersch L., 2002. La Grand'Place, la collégiale et le pres-
à l'angle de la rue des Combattants et de la Grand- bytère de Sclayn au Moyen Âge, mémoire de licence, Université
Place (parc. cad. : Andenne, 8e Div., Sect. E, no 13a), le de Liège, p. 70-72 ; 111 ; 114.
propriétaire a prévenu le Service de l'archéologie de la
Direction extérieure de Namur (DGO4 / Département
du patrimoine) de la découverte d'une maçonnerie.
Celui-ci a dépêché un agent sur place afin de réaliser Dinant/Dinant : un segment de rempart
un relevé de la structure. observé place Albert Ier
Construit au 13e siècle, le bâtiment formait à l'origine
un long édifice rectangulaire avec la maison adjacente.
À la fin du 13e siècle une petite annexe est venue se Marie Verbeek et Carole Hardy
greffer contre la façade sud. Le bâtiment fera par la
suite l'objet de plusieurs réaménagements, notamment Les travaux d'aménagement de la place Albert Ier
l'ajout d'une aile à la petite annexe au début du 18e siècle (coord. Lambert : 188858 est/105241 nord) affectent
(Grand-Place, 1975 ; Javaux & Buchet, 1998, p. 98). assez peu le sous-sol. Les aménagements urbains de
Avant d'être divisé en deux propriétés et de devenir en surface ne nécessitent guère d'excavations profondes,
à l'exception de la pose d'impétrants, qui reprennent
place dans les tranchées antérieures. Le suivi archéo-
logique a cependant permis quelques observations.
Le sous-sol est composé presque exclusivement de
remblais récents, rapportés successivement entre
les 19e et 20e siècles lors du comblement du bras de
Meuse isolant le quartier de l'île, de l'aménagement
de la place elle-même et de la canalisation de la
Meuse.
On se trouvait là en effet auparavant en dehors de la
ville, dans une grève sans doute laissée à l'état naturel
autour de la confluence du bras de Meuse entourant le
quartier en île. La limite sud de cette zone est formée
par le rempart de l'île, identifié dans ses formes les plus
Sclayn : vue de la maçonnerie découverte dans l'ancien récentes lors des travaux d'épuration des eaux de la
presbytère.
Meuse en 2013 (Verbeek & Hardy, 2014).
279
Côté est, c'est désormais le rempart ceignant le flanc diagnostic dans une prairie située au croisement de la
mosan de la cité qui a été localisé, sur une portion rue d'Hermoye et de la rue des Forrières, à l'emplace-
de 10 m à hauteur de l'aboutissement de la rue de la ment du futur habitat groupé d'Hermoye (parc. cad. :
Barque sur la place. Son orientation nord/sud est Gembloux, 9e Div., Sect. B, Bossière, no 472b ; coord.
presque parallèle à l'alignement des façades de la Lambert : 173157 est/134058 nord). Le choix d'y réali-
place, en avancée d'environ 7 m vers la Meuse. Seul ser des sondages avait été dicté suite à la découverte
le parement ouest (côté Meuse) a pu en être observé. par l'un des auteurs (D.G.), en automne 2014, de très
Il révèle une construction en moellons de calcaire nombreux fragments de tuiles et de béton rose gallo-
équarris de grandes dimensions à assises régulières, romain dans les tranchées de pose d'impétrants et les
liaisonnés au mortier de chaux jaunâtre. Ce type de déblais d'une maison construite à la rue des Forrières
construction pourrait désigner une mise en œuvre du (parc. cad. : Sect. B, no 469r2). Cette découverte venait
Bas Moyen Âge, sans doute contemporaine de la réédi- compléter celles qu'il avait faites dans et autour du
fication des murailles au tournant des 15e et 16e siècles. village lors de prospections pédestres.
Sept tranchées, orientées ouest/est et totalisant près
Bibliographie de 860 m², ont donc été implantées perpendiculaire-
■■ Verbeek M. & Hardy C. 2014. Dinant/Dinant : place Albert, ment à la rue d'Hermoye. Les résultats de cette opéra-
rue Saint-Jacques, avenue Churchill et faubourg Saint-Médard, tion ont permis d'attester la présence d'une occupa-
nouvelles informations sur le système défensif, Chronique de tion humaine inédite dans cette partie du village de
l'Archéologie wallonne, 22, p. 264-266. Bossière, s'étalant entre le 2e siècle av. J.-C. et le 6e siècle
apr. J.-C. Le nombre de structures mises au jour a
toutefois été limité. On a pu ainsi retrouver l'angle
sud-ouest d'un petit bâtiment gallo-romain situé dans
Gembloux/Bossière : occupation la partie orientale de la tranchée longeant la rue des
laténienne, gallo-romaine et Forrières. Ce bâtiment devait avoir une longueur mini-
mérovingienne à la rue d'Hermoye male de 13,5 m et une largeur d'au moins 4 m (1). Trois
fossés parallèles, orientés nord/sud et perpendiculaires
à la pente du terrain (2, 3 et 4), ont été suivis sur une
Michel Siebrand et Didier Guiot longueur variant entre 26 m et 50 m. Ceux-ci avaient
en moyenne une largeur de 1 m pour une profondeur
Entre le 24 février et le 3 mars 2015, le Service de de 0,30 m. Leur fonction semblerait plutôt liée au drai-
l'archéologie de la Direction extérieure de Namur nage du terrain qui est fort humide en toute saison.
(DGO4 / Département du patrimoine) a effectué un Enfin, trois fosses ont été également mises au jour dans
la moitié nord de la parcelle (5, 6 et 7).
Outre ces quelques structures, le site a révélé un maté-
riel archéologique varié. Toutefois celui-ci a été essen-
res
t. B
Sec 9r2
n0 4
6 es Forr
iè
tiellement retrouvé dans les colluvions qui recouvrent
ue d
rue d
r
les structures. Les plus anciens artefacts remontent au
’Herm
1
Second Âge du Fer, notamment une petite perle en pâte
de verre retrouvée miraculeusement dans les déblais
oye
5
des sondages. La majorité du matériel archéologique
6
7 s'étend de la fin du 1er siècle au 3e siècle apr. J.-C. On y
retrouve des tessons de sigillée, de cruches de Bavay ou
4
mosanes, de terra nigra, de dolia, de céramique mode-
2
lée, des fragments d'au moins trois meules ainsi qu'un
3
aiguisoir. Mais la majeure partie du matériel mis au jour
consistait en une grande quantité de tuiles (tegulae et
imbrices) concentrées dans la partie nord de la parcelle.
Nous ne pouvons à ce jour expliquer cette densité de
tuiles mais il est plausible qu'elles appartiendraient à un
0 20 m ou plusieurs bâtiments qui seraient situés au nord de la
rue des Forrières, comme en témoignent les prospec-
Bossière : localisation de la parcelle sondée et des structures tions pédestres et les découvertes fortuites de 2014.
(infographie S. Pirard et M. Siebrand, Serv. archéologie, Dir. Outre l'existence d'un site gallo-romain dans cette
ext. Namur).
partie du village, il faut y ajouter la présence d'un habi-
280
Sources
■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) de
Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Gembloux, pl. 97.
Gembloux/Gembloux : nouvelles
données concernant l'église Saint-Sauveur
et le beffroi
Localisation du sondage à l'angle nord-est du beffroi : 1. Mur médiéval ; 2. Sol des 13e-14e siècles ; 3. Banquette ; 4. Pilastre ; 5. Semelle
de fondation d'une colonne ou d'un pilier ; 6. Beffroi ; 7. Mur de la chapelle nord.
Par contre, les travaux ont dégagé un long mur située à 4 m plus à l'est, est démontée et sa base enfouie
médiéval orienté ouest/est (1), d'une largeur de sous un nouveau niveau de circulation. L'arcade en
0,90 m et conservé sur 0,70 m en élévation. Celui-ci plein cintre de la tour est bouchée au moyen de briques
était contemporain de deux niveaux de sol dont le et de blocs de pierre de réemploi ; une petite porte y est
plus récent, daté des 13e-14e siècles, était composé de pratiquée pour faciliter l'accès au rez-de-chaussée de la
grandes dalles de schiste (2). Ces dernières bordaient tour. Notons que l'ensemble des matériaux du bouchage
les fondations d'une banquette appuyée contre la face devait être recouvert d'un plafonnage enduit à plusieurs
sud du mur médiéval (3). reprises de blanc et de noir dessinant une plinthe haute
Au 16e siècle, l'église a subi de grosses de 1 m par rapport au niveau du sol. On retrouve ces
transformations dont notamment la construction de couleurs et cette « plinthe » sur le pilastre et le mur
la façade orientale de la tour et sa grande arcade en de la tour. Comme déjà souligné plus haut, le dernier
plein cintre. Pour ce faire, le long mur médiéval a été niveau de circulation de l'église a été détruit mais des
partiellement arasé pour servir d'appui à la tour. Un indices tendent à prouver qu'il était constitué de briques
pilastre en pierre (4), adossé également à la tour, a rouges posées sur chant. Selon les sources historiques,
été construit sur le mur médiéval. À 4 m à l'est du le pavement aurait été démonté en 1809-1810 pour
pilastre, une semelle de fondation d'une colonne ou récupérer le salpêtre qui se trouvait dans les couches
d'un pilier (5) a été construite à la fois sur le mur et sous-jacentes. Elles mentionnent aussi l'étalement
le remblai de destruction de l'église médiévale. Ce de la destruction de l'église entre 1810 et 1825, avec
remblai recelait de nombreux fragments de moulures probablement des phases d'arrêts, comme le démontre
en stuc et d'enduits peints aux motifs géométriques l'analyse stratigraphique.
et figuratifs variés. À cette époque, l'église était
dotée d'un pavement en pierre dont un lambeau a
été retrouvé sous le bouchage de la grande arcade.
Cette phase de construction voit aussi l'aménagement
d'un mur orienté nord/sud (7) qui venait s'adosser
contre la face nord du pilastre. Il n'est pas impossible
que ce mur appartienne à la chapelle figurée dans
l'iconographie ancienne, contre le mur gouttereau
nord de la nef.
Au 18e siècle, l'église connaît de nouveaux
aménagements. Le pilastre situé au pied de la tour est
épaissi et allongé pour dépasser dans sa largeur l'emprise
Vue du sondage vers le nord.
du mur médiéval qu'il recouvre. La colonne (ou le pilier),
282
construite aux alentours de 1792, située sur l'éminence reau sud est refait. On peut associer à cette deuxième
du « Pélémont » (2). La première église se situait quant phase un sol carrelé en céramique dont les carreaux
à elle au lieu-dit « Trou de Balâtre » ; son emplacement monochromes de 5 × 5 cm forment des motifs de
approximatif est signalé par une potale du 18e siècle. damiers. Des traces de combustion repérées sur ce
Le bâtiment est représenté sur une planche des Albums sol (carreaux surcuits, mortier brûlé) indiquent que
du duc de Croÿ (1606 ; Duvosquel, 1987) ainsi que sur l'église a subi un incendie. Du bois carbonisé a égale-
la carte de Ferraris (1771-1778). ment été retrouvé en association avec le carrelage et a
été prélevé en vue d'une datation radiocarbone.
Les vestiges Le chœur est une nouvelle fois réédifié lors d'une
deuxième vague de réfections qui se tient entre les
Le premier édifice bâti en pierre sur le site est une 13e et 16e siècles (phase 3). Ce nouveau chevet, à pans
petite église (15 m de longueur) de plan basilical dont coupés, semble s'inscrire dans la tradition gothique. Un
le chœur semi-circulaire s'appuie sur une nef unique collatéral s'appuie désormais sur le côté nord de la nef ;
(phase 1). Seules les fondations en moellons de calcaire on y accède par des arcades supportées par des piliers
subsistaient, hormis dans le chœur où une à trois assises à base carrée. La fondation de l'ancien mur gouttereau
d'élévation ont été reconnues. Le sol de circulation de est utilisée comme chaînage entre les piliers. Au sol,
ce premier bâtiment n'a pas pu être identifié ; quelques le carrelage en céramique est remplacé par un dallage
blocs de calcaire disposés à plat au niveau des fonda- de calcaire dont des pans ont été retrouvés dans la nef
tions du sanctuaire pourraient toutefois correspondre et le collatéral. Deux annexes sont également ajoutées
à un nivellement préalable à l'aménagement du sol. sur le côté sud de l'église. L'annexe orientale a servi
Une série de transformations affectent ensuite de lieu d'inhumation, il s'agissait probablement d'une
l'église entre les 11e et 13e siècles (phase 2). La chapelle. Son édification a nécessité de modifier le mur
chronologie précise de chacune de ces modifications du chœur, ce qui se traduit par une couture et une
est encore difficile à appréhender. Il semblerait que reprise dans la maçonnerie.
le chœur soit tout d'abord reconstruit. Il présente La dernière modification du plan survient dans
désormais un chevet plat, l'une des formes les plus le courant du 16e siècle (phase 4). Le bas-côté
fréquentes dans les églises mosanes du 11e siècle est condamné ; les arcades y donnant accès sont
(Genicot, 1972). Deux piliers sont également ajoutés bouchées. La maçonnerie de ce bouchage comporte
au niveau de l'arc triomphal. Une annexe est accolée des matériaux de réemploi tels des pavés ou encore un
au mur nord. Son plan est incomplet car une partie possible fragment de monument funéraire.
des maçonneries se trouvent sous la route actuelle. Il L'église reste toutefois en fonction jusqu'à la fin
pourrait s'agir d'une chapelle ou d'une sacristie, mais du 18e siècle. Le bâtiment a certainement subi un
l'hypothèse d'un collatéral n'est pas à exclure. Enfin, nouvel incendie car des traces de rubéfaction ont à
la nef est allongée d'une travée et son mur goutte- nouveau été observées sur le dallage du sol. Celui-
ci était également recouvert d'une
couche d'ardoises brisées provenant de
l'effondrement du toit. En 1690, lors de
la bataille de Fleurus, l'église est pillée
4 et ses vases sacrés enlevés. Une série de
documents datés de 1778-1779 (Archives
de l'État à Namur) mentionnent son état
1
de délabrement avancé et ses dimensions
insuffisantes pour accueillir tous les
paroissiens. Le premier baptême dans la
nouvelle église du « Pélémont » en 1792
3 marque l'abandon définitif de l'église du
2
« Trou de Balâtre ».
5
Phase 1 Phase 2
Avant le 11e siècle 11e - 13e siècle
Matériel
0 10 m Phase 3 Phase 4
13e - 16e siècle 16e siècle
Très peu de mobilier a été récolté au
Plan général phasé des vestiges et localisation des tombes soumises à datation sein des vestiges. Les quelques tessons
radiocarbone : F067 (1), F064 (2), F059 (3), F044 (4) et F014 (5) (infographie et de céramique mis au jour sous les
relevés C. Vilain, A. Bielen et É. Delaunois, Serv. archéologie, Dir. ext. Namur).
remblais de la destruction de l'édi-
284
Introduction
Pathologies
inhumée à Balâtre entre les 8e et 18e siècles. Ces résultats (DGO4 / Département du patrimoine). La parcelle
sont également importants dans le cadre plus global des concernée se situait en effet dans une zone sensible, à
populations rurales médiévales car chaque détail – qu'il l'angle de la rue d'Ordin et de la place de Moustier, dans
soit plus commun ou plus intéressant – noté sur ces le jardin d'un bâtiment du 19e siècle repris à l'inventaire
ossements participe à la reconstitution des modes de vie du patrimoine monumental (Nos 5-6, 1975).
de ces civilisations du passé. Les terrassements ont consisté au retrait d'un impor-
tant remblai moderne, qui avait surélevé le niveau
Bibliographie du jardin par rapport à celui de la rue. Aucun vestige
■■ Boddington A., 1996. Raunds Furnells. The Anglo- archéologique n'a été repéré dans ni sous ce remblai.
Saxon church and churchyard, Swindon (English Heritage,
Archaeological Report, 7). Bibliographie
■■ Brickley M. & Ives R., 2008. The Bioarchaeology of Metabolic ■■ Nos 5-6, 1975. Nos 5-6. In : Province de Namur. Arrondissement
Bone Disease, Amsterdam, Elsevier Academic Press. de Namur (A-M), Liège (Le Patrimoine monumental de la
■■ Frayer D.W., 1984. Biological and cultural change in the Belgique, 51), p. 444.
European Late Pleistocene and Early Holocene. In : Smith F.
& Spencer F. (éd.), The origins of modern humans, New York,
A.R. Liss, p. 211-250.
■■ Hanihari T. & Ishida H., 2001. Frequency variations of Namur/Namur : citadelle, esplanade de
discrete cranial traits in major human populations, Journal of Terra Nova. Mise au jour de plusieurs
Anatomy, 199, p. 251-725.
constructions lors du suivi de chantier
■■ Judd M.A. & Roberts C.A., 1999. Fracture Trauma in a
Medieval British Farming Village, American Journal of Physical
Anthropology, 109, p. 229-243. Pierre-Hugues Tilmant
■■ Katzenberg M.A. & Saunders S.R., 2008. Biological Anthro-
pology of the Human Skeleton, 2e éd., Hoboken, Wiley-Liss. Entre février et décembre 2015, un suivi archéolo-
■■ Larsen C., 1997. Bioarchaeology: interpreting behaviour from gique a été réalisé sur l'esplanade de Terra Nova, dans
the human skeleton, Cambridge, Cambridge University Press. le cadre de la rénovation des abords de l'ancienne
■■ Lovell N., 1997. Trauma Analysis in Paleopathology, Year- caserne construite entre 1820 et 1825. Cet espace,
book of Physical Anthropology, 40, p. 139-170. d'une superficie de près de 1 ha au sein du site fortifié,
■■ Polet C., Leguebe A., Orban R. & Lambert G., 1991. n'est pas représenté sur les vues et plans anciens, dont
Estimation de la stature de la population mérovingienne de ceux de Johan Blaeu en 1649 et Gabriel Bodenehr en
Torgny, Anthropologie et Préhistoire, 102, p. 111-123. 1692. Le plan de Nicolas Visscher en 1695 montre à
■■ Polet C. & Orban R., 2001. Les dents et les ossements cet endroit une dépression de forme circulaire avec
humains. Que mangeait-on au Moyen Âge ?, Turnhout, Brepols. au centre une surélévation du terrain. Il s'agit vrai-
■■ Van Cant M., 2015. Scrutiny of Osteological Analyses of semblablement de la mare mentionnée dans un plan
Medieval populations in Rural Flanders (Belgium), in compar- de la même période (Vincennes, S.H.A.T.). À cette
ison with North-Western European case studies, based on the époque, aucune construction en dur ne semble avoir
osteological analysis of the skeletal remains from Moorsel and
été érigée à l'emplacement de l'esplanade. Par contre,
Oosterweel, Assemblage, p. 25-40.
le plan de Sébastien de Vauban de 1703 montre à cet
■■ Waldron T., 2008. Palaeopathology, Cambridge, Cambridge endroit un projet ou de construction ou au moins
University Press (Manuals in Archaeology).
d'aménagement du terrain. Les plans de peu posté-
rieurs manquent de précision sur cette partie du site.
Par contre, en 1747, le plan de Larcher d'Aubancourt
montre bien les transformations des lieux ; parmi
Jemeppe-sur-Sambre/Moustier-sur- celles-ci, un chemin entoure l'emprise approxima-
Sambre : suivi de chantier rue d'Ordin tive de l'esplanade, là où sera construite la caserne.
Le relief a manifestement été adapté aux nécessités
de la défense. Un peu plus à l'ouest, un parapet a été
Élise Delaunois et Nathalie Mees aménagé, apparemment afin de recevoir trois embra-
sures pour pièces d'artillerie. La schématisation sur
Au mois de novembre 2015, la construction de garages la carte de J.-J. de Ferraris en 1771-1778 ne permet
rue d'Ordin (parc. cad. : Jemeppe-sur-Sambre, 6e Div., pas d'appréhender objectivement l'évolution de cette
Sect. A, no 279F) a suscité l'intervention du Service zone de la citadelle. Peu de temps après, en 1782,
de l'archéologie de la Direction extérieure de Namur Joseph II ordonnera le démantèlement et la destruc-
288
St. 02
de a F
s é ov D E
s N
Fo erra 0 10 m
T St. 01
A A A
St. 05
Mu B
rai
lles
Ancienne caserne
délimitant
St. 03
Ancien corps
de garde
G
l’esplanade C
Citadelle de Namur : plan de localisation des principales structures mises au jour sur l'esplanade de Terra Nova.
tion de cette dernière et ce n'est qu'entre 1815 et 1830 en cas d'entretien. Deux autres orifices d'où s'écoulaient
que des campagnes de reconstruction importantes des eaux pluviales ou d'infiltration se trouvent à proxi-
auront lieu. mité des limites est et ouest de la voûte. Le pignon ouest
L'espace concerné par le projet de rénovation couvre présente à son sommet une cavité d'où émerge un tuyau
en outre les surfaces situées entre le talus (St. 02) et l'an- de plomb. L'extrémité évasée de ce dernier est pourvue
cienne caserne située plus au sud. La partie de terrain d'un filtre circulaire. Ce dispositif manifestement destiné
située à l'ouest du pignon occidental de cette dernière à pomper l'eau est certainement contemporain du perce-
et au nord-est de l'ancien corps de garde a également ment oriental de la voûte. Ces aménagements ont sans
été examinée. Une citerne (St. 01) ainsi qu'un réseau de doute été décidés afin de remplacer ou de compléter
chenaux (A) qui y est en partie vraisemblablement relié, l'usage de l'orifice circulaire central.
les fondations de la prison militaire (St. 03) et celles des La datation de la citerne reste jusqu'à présent impré-
blocs sanitaires (St. 04 [B] et St. 05) ont été mis au jour. cise. Certains éléments font penser qu'elle pour-
rait être contemporaine de la caserne édifiée entre
La citerne St. 01 1820 et 1825. En effet, les deux constructions sont
presque parallèles et certains des chenaux mis au jour
L'extrados de la citerne n'a été que faiblement dégagé semblent avoir pu relier les deux édifices. Par ailleurs,
dans l'emprise des trois sondages creusés par l'entre- les surfaces dégagées de l'extrados de la voûte de la
prise en charge des travaux ; le faîte a été mis au jour citerne présentent un aspect très proche de l'extrados
dans le sondage est à une profondeur d'environ 0,50 m. de la boulangerie souterraine de la porte de Médiane
Ces terrassements ont également permis de décou- (Tilmant, 2015a), réaménagée sous l'occupation
vrir partiellement les pignons est et ouest. L'extrémité hollandaise. On notera également les ressemblances
orientale de l'extrados a révélé d'importants dégâts ; à des parements internes de la citerne St. 01 avec ceux
cet endroit, la voûte a été anciennement percée à son de la citerne située sous la deuxième chambrée de la
intersection avec le pignon est afin d'insérer un tuyau caserne, qui toutefois n'ont pu être examinés que très
de plomb. L'orifice a été mis à profit après élargissement partiellement. Cette hypothèse de contemporanéité
pour descendre dans la citerne. Elle ne contenait plus chronologique se heurte néanmoins à d'autres faits.
qu'un fond vaseux recouvert d'eau, sur une profondeur D'une part, l'emprise limitée des terrassements n'a pas
de 0,20 m. Les dimensions intérieures ont été relevées permis de confirmer de manière formelle la liaison
(longueur : 24,60 m ; largeur : 4,98 m ; hauteur maxi- entre la citerne et les chenaux découverts. D'autre
male : 3,74 m). Le centre de la voûte est équipé d'un part, pourquoi la caserne aurait-elle été équipée d'une
orifice circulaire d'environ 0,60 m de diamètre et 2 m de citerne externe, vulnérable aux bombardements, alors
haut. À sa verticale, le fond de la citerne était recouvert que son sous-sol a été pourvu d'importants dispositifs
de gravats autour desquels une dizaine de seaux en métal de réserve d'eau (Tilmant, Delaunois & Hardy, 2015,
ont été observés. L'orifice était donc destiné à l'origine à p. 303) ? Par ailleurs, les ressemblances dans les tech-
puiser les eaux récoltées et à permettre l'accès à l'intérieur niques de construction entre la boulangerie précitée et
289
La prison se situait à 20 m à l'ouest de la caserne, Cet ensemble est situé au nord de la prison St. 03. Il
le long d'une des murailles délimitant l'esplanade. figure sur le plan daté du 01 octobre 1958 et relatif à
Elle a vraisemblablement été construite dans la des travaux de restauration. Le bloc St. 04 (B) (2 m sur
première moitié du 20e siècle et abattue après 1970. 10,60 m) était implanté au pied de l'une des murailles
Elle figure et est sommairement décrite sur le plan de délimitant l'esplanade, à l'est du fossé de Terra Nova,
numérotage des bâtiments militaires (1950-1951 ?) tandis que le bloc St. 05 (7,50 m sur 9,70 m) se trou-
de la citadelle, sous le no 41 K. Un plan de situation vait à une dizaine de mètres plus au nord. Seule une
de la Caserne Terre Neuve, non daté, qualifie la prison partie des fondations de ces bâtiments ont été retrou-
de cachots. Le suivi des terrassements de cette partie vées. D'après le plan précité, le bloc St. 05, tel qu'il a été
du site a entraîné la mise au jour de ses fondations mis au jour, constitue une nouvelle version de latrines,
de briques. Le bâtiment long de 13,50 m et large de remplaçant deux bâtiments plus petits. C'est apparem-
5,90 m se composait d'un couloir (a), de 5 cellules (b), ment à l'un d'entre eux que fait référence P. Bragard en
d'une pièce à usage non défini (c) et de latrines (d). Au suggérant une construction possible en même temps
pied de la façade est a été partiellement dégagée une que les cuisines, vers 1830 (Bragard, 2012, p. 108).
canalisation de grès (e) provenant, selon toute vrai-
semblance vu son orientation, des anciennes cuisines Autres découvertes
(G). Celles-ci avaient été construites en 1830 au sud de
la prison. Elles figurent sur le plan de la brigade topo- Au pied du talus St. 02 et dans l'axe de la canalisation
graphique du Génie daté du 28 septembre 1853. Elles principale mise au jour en 2014 (Tilmant, Delaunois &
seront transformées ensuite en infirmerie, laquelle sera Hardy, 2015, p. 303), un assemblage de quatre grands
290
blocs calcaires taillés avec orifice d'évacuation central dimensions destinées à la construction de galeries,
a été découvert (D). Il s'agit selon toute vraisemblance casemates, contre-mines, etc., lesquelles étaient ensuite
d'un dispositif sanitaire, de type douche. Chaque bloc recouvertes d'une épaisse couche de remblais afin d'en
semble avoir constitué un bac de 1 m de côté. Contre assurer la protection en cas de bombardement.
l'un des blocs a été dégagée une chambre de visite. Les terrassements ont donné lieu à la mise au jour
Celle-ci communique avec la canalisation précitée de fragments céramiques, dispersés à travers les
qui se poursuit sous les blocs, en passant à travers le remblais modernes. Ces derniers sont consécutifs soit
talus sur le flanc nord duquel elle émerge. Plus à l'est à la reconstruction de l'esplanade et de ses abords sous
et toujours au pied du talus, trois maçonneries arasées l'occupation hollandaise (1815-1830), soit aux travaux
(E) ont été mises au jour dans une tranchée. La largeur d'aménagements réalisés depuis lors par l'armée belge
limitée de celle-ci n'a pas permis de déterminer si ces (1830-1977) ou bien encore aux travaux menés par la
maçonneries appartiennent à un seul et même bâti- Ville de Namur à partir de 1977. Parmi ces derniers
ment. Elles présentent toutes les trois comme liant figure l'apport de remblais provenant d'une commune
un mortier de chaux de teinte jaune. Aucun édifice proche. Il s'avère donc que les terrassements réalisés
n'apparaît à cet emplacement sur les plans anciens et ont fourni du matériel archéologique particulièrement
modernes consultés. perturbé et dont l'origine est douteuse. On y retrouve
Au sud, à l'est et à l'ouest de la citerne St. 01 a été des tessons d'usage civil ou militaire. Ce dernier est
partiellement dégagé un réseau dense de chenaux, par notamment illustré par un bol complet portant une
endroits très mal conservés, ainsi que deux anciennes inscription régimentaire.
chambres de visite (A). Les limites de terrassement
n'ont pas toujours permis de corréler de manière indu-
bitable ces éléments, ni même de relier ceux-ci aux
traces des descentes d'eau pluviale primitives encore
visibles dans la façade nord de l'ancienne caserne.
Certains des chenaux découverts s'écartent résolument
de la citerne St. 01 et n'ont aucun rapport avec elle. Les
parois et les fonds de la majorité des chenaux sont en
briques, avec couverture en dalles calcaire, parfois de
récupération. Une partie du réseau a été modernisée
par l'emploi de canalisations en grès.
À la demande du Service Citadelle de la Ville de
Namur, l'entreprise en charge des terrassements a
creusé un sondage au pied du talus St. 02 (F). Cette
intervention était destinée à collecter des informations Bol avec inscription régimentaire (photo O. Gilgean, Serv.
archéologie, Dir. ext. Namur).
sur la nature du sous-sol à l'emplacement de l'un des
pylônes du futur téléphérique. Le creusement a été
réalisé jusqu'à une profondeur de 4,60 m et n'a laissé Le suivi de chantier réalisé en 2015 a permis de
apparaître que des couches de remblais de composi- compléter nos informations sur l'occupation de l'espla-
tion hétérogène. Le substrat naturel n'a pas été atteint nade de Terra Nova depuis le début du 19 e siècle mais
et aucune structure archéologique n'a été mise au jour laisse largement en suspens les périodes antérieures. Il
(Tilmant, 2015b, p. 1). Cette importante épaisseur des conviendra de poursuivre les interventions archéolo-
remblais avait déjà été constatée à l'ouest de la citerne giques préventives dans ce secteur, notamment avec la
St. 01, où elle atteignait plus de 3 m. Par contre, les mise en place des fondations des pylônes du téléphé-
terrassements réalisés au pied de la façade nord de rique envisagé.
l'ancienne caserne ont montré en deux endroits la
présence du substrat à une profondeur inférieure à Bibliographie
0,50 m. Ces différences importantes de niveau du sol ■■ Bragard P. (dir.), 2012. Namur, la citadelle hollandaise. Une
en place sont liées à des modifications volontaires du fortification mosane de Wellington à Brialmont (1814-1878),
relief de la citadelle. Le plan de Larcher d'Aubancourt Namur, Les Amis de la Citadelle de Namur.
de 1747 montre un relief nettement artificiel, alternant ■■ Bragard P., Bruch V., Chainiaux J., Francois D. &
zones basses et talus surélevés, et qui résulte mani- Marchal J., 2002. La termitière de l'Europe. Les souterrains
festement d'un aménagement à but défensif. Selon de la citadelle de Namur, Namur, Les Amis de la Citadelle de
les pratiques en cours au 18e siècle, celui-ci pouvait Namur.
consister à creuser à ciel ouvert des tranchées de vastes
291
■■ Tilmant P.-H., 2015a. Namur/Namur : citadelle, examen des Namur/Namur : citadelle, interventions
salles souterraines sous la route Merveilleuse, à l'emplacement
de l'ancien fossé médiéval, Chronique de l'Archéologie wallonne,
archéologiques 2014 à la porte de
23, p. 304-306. Médiane
■■ Tilmant P.-H., Delaunois É. & Hardy C., 2015. Namur/
Namur : citadelle, caserne de Terra Nova. Examen d'un puits Pierre-Hugues Tilmant
et d'un réseau d'égouttage, Chronique de l'Archéologie wallonne,
23, p. 302-304.
À la fin du 17e siècle, à la suite de la construction de
Médiane (1542-1559) et de Terra Nova (1631-1675),
Sources ce qui subsistait de la deuxième enceinte médiévale
■■ Blaeu J., Namurcum, 1649 (Namur, Société archéologique, du château comtal avait perdu toute utilité défensive.
inv. B-Pl-003-04). Le tronçon encore conservé contre la tour nord de
■■ Bodenehr G., Die Stadt, das Castel und Fort von Namur, l'enceinte fut abattu sur une distance d'environ 15 à
1692 (Namur, Société archéologique, inv. B-Pl-017-01). 20 m et le fossé comblé. À cet emplacement fut érigée
■■ Bout de plan de Namur relatif aux puits et citernes, 1695 une boulangerie souterraine construite par Menno
(Vincennes, Service historique de l'Armée de Terre, Art. 14, van Coehoorn en 1695-1698, et surmontée de casernes.
Namur, carton 1, no 10). D'après un plan de 1707 (Vincennes, S.H.A.T.), la
■■ Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens (1771-1778) boulangerie adossée au tracé de l'enceinte se compo-
de Joseph-Johann-Franz Comte de Ferraris, Namur, pl. 116 sait de deux fours et d'une vaste salle rectangulaire. Un
(Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier). passage avait été aménagé entre celle-ci et une pièce de
■■ Caserne Terre-Neuve. Plan de situation (Archives de la Ville plan carré qui débouchait sur trois casemates voûtées
de Namur, pas de no d'inv.). (Tilmant, 2015, p. 304-305). Des travaux furent réali-
■■ Citadelle. Courtine. Planchette no 4, brigade topographique du sés sous l'occupation hollandaise (1815-1830), le four
Génie, 28 septembre 1853 (Namur, Société archéologique, pas sud étant partiellement détruit et celui situé au nord
de no d'inv.). modernisé. Dans le cadre des travaux relatifs à la
■■ Citadelle. Donjon. Planchette no 6, brigade topographique du restauration et à la mise en valeur de la porte et enta-
Génie, 22 octobre 1855 (Namur, Société archéologique, pas de més en 2013, il était prévu de creuser un sondage au
no d'inv.). pied de la tour médiévale en vue de l'aménagement
■■ Larcher d'Aubancourt, Plan des ville et châteaux de Namur d'une cour anglaise. Il convenait aussi d'étanchéiser
pour servir à la conoissance des mines et de tous les souterrains l'extrados de la voûte de la boulangerie et de protéger
relatif au plan en relief, 1747 (Vincennes, Service historique de ses murs latéraux. Pour ce faire, l'extrados, déjà examiné
l'Armée de Terre, Art. 14, Namur, Tab. 95, no 17). par J.-L. Antoine en 2002, a été totalement dégagé et des
■■ Le Prestre de Vauban S., Plan du Ch(âte)au de Namur, 1703 terrassements ont été effectués sur les côtés est, ouest et
(Vincennes, Service historique de l'Armée de terre, Art. 14, sud du bâtiment souterrain. Ces travaux ont fait l'objet
Namur, carton 1, no 15b). d'un suivi archéologique et d'une fouille.
■■ Plan de numérotage. B.M. 35. Caserne de Terre-Neuve. Cita- Le sondage (1) lié à la cour anglaise avait pour objec-
delle-Namur. Plan de numérotage. Échelle 1/400, 1950-1951 ? tif de reconnaître la profondeur à laquelle se trouvait
(lieu de conservation inconnu).
le fossé de la deuxième enceinte. Le creusement réalisé
■■ Plan van de souterains van Terra Nova en de twee agter leggende jusqu'à 5,50 m de profondeur sous le niveau actuel
enveloppes alles op het casteel van Namen, 1756 (Archives de
de circulation n'a fourni aucun élément en ce sens et
l'État à Namur, Cartes et Plans, no 431).
n'a pas été poursuivi pour des raisons de sécurité. Par
■■ Restauration du complexe de latrines de la caserne Terre-Neuve contre, il a permis l'examen d'une partie du parement
à la Citadelle de Namur, 01 octobre 1958 (Archives de la Ville de
externe de la tour. Cette maçonnerie est apparue en
Namur, pas de no d'inv.).
très bon état de conservation. Elle se compose de blocs
■■ Tilmant P.-H., 2015b. Namur. Citadelle. Terra Nova. Observa-
de grès équarris, disposés en assises assez régulières
tions stratigraphiques du sondage creusé le 09 septembre 2015 au
et liés par un mortier de chaux de teinte jaune clair à
pied du talus situé face à la caserne (actuel Centre des visiteurs),
rapport inédit, Serv. archéologie, Dir. ext. Namur. ocre. Le parement est pourvu d'un cordon biseauté en
calcaire taillé.
■■ Visscher N., Plan de la ville et château de Namur, 1695
(Namur, Société archéologique, inv. B-Pl-143).
Côté est, en limite de fouille, l'arrachement et le
début du parement d'une maçonnerie ont été obser-
vés (Z01.F40). Celle-ci se compose de blocs de grès
liés au mortier de chaux de teinte jaune, reposant sur
le substrat naturel (schiste altéré). La structure, d'une
épaisseur minimale de 1,30 m à 1,45 m, aurait été
292
Sources
Détail du Plan van de souterains van Terra Nova en de twee
■■ Antoine J.-L., 2004. La Porte de Médiane. Essai de synthèse
agter leggende enveloppes alles op het casteel van Namen
provisoire, document inédit. (1756) où figure la partie nord des galeries de Boufflers. En
■■ Château de Namur, 1707 (Vincennes, Service historique de trait noir discontinu, la muraille restaurée en 2015. La flèche
l'Armée de Terre, Art. 14, Namur, Tab. 94, no 12). indique la position de la maçonnerie observée au cours du
suivi archéologique (© Archives de l'État à Namur, Cartes et
■■ Citadelle. Donjon. Planchette no 3, brigade topographique du
Plans, no 431).
Génie, 4 octobre 1853 (Namur, Société archéologique, pas de
no d'inv.).
■■ Tilmant P.-H., 2010. Namur. Citadelle. Porte de Médiane. Bibliographie
Résultats du sondage creusé le 19 août 2010 au pied du parement ■■ Bragard P., Bruch V., Chainiaux J., Francois D. &
externe de la tour médiévale, rapport inédit, Serv. archéologie, Marchal J., 2002. La termitière de l'Europe. Les souterrains de la
Dir. ext. Namur. citadelle de Namur, Namur, Les Amis de la Citadelle de Namur.
294
■■ Bragard P. (dir.), 2012. Namur, la citadelle hollandaise. Une lieu de six, ce qui peut n'être dû qu'à une schématisation
fortification mosane de Wellington à Brialmont (1814-1878), de cette partie de l'œuvre. L'iconographie antérieure à
Namur, Les Amis de la Citadelle de Namur. cette date et qui a pu être consultée ne présente pas d'ar-
cade : Jan de Beyer, 1741 (Bastin, 1978, p. 27) ; plan en
Sources relief de Larcher d'Aubancourt, 1747-1750 (Lille, Palais
■■ Plan van de souterains van Terra Nova en de twee agter leggende des Beaux-Arts) ; dessin des façades nord des loge-
enveloppes alles op het casteel van Namen, 1756 (Archives de ments de certains officiers, 1764 (Bruxelles, A.G.R.) ;
l'État à Namur, Cartes et Plans, no 431). vue du Moulin de Sambre par le Général de Howen,
1823 (Bastin, 1980, p. 78-79) ; Château de Namur, 1831
(Vincennes, S.H.A.T.). Leur absence sur ces documents
ne constitue pas cependant une preuve formelle de leur
Namur/Namur : citadelle, suivi construction après 1831. Les arcades ont pu être jugées
archéologique à la limite nord du fossé du comme des détails architecturaux de moindre impor-
château comtal tance ne justifiant pas leur représentation. Pourvu ou
non d'arcades, le mur est réputé en mauvais état en
1764 puisqu'une brèche est signalée à cette époque dans
Pierre-Hugues Tilmant le document précité. Il est possible que ce soit dans le
contexte des réparations postérieures que le système
Dans le cadre de la restauration et de la mise en valeur d'arcades ait été mis en place, dans le but de contrebu-
des murailles de la citadelle, la Ville de Namur a fait ter plus efficacement la poussée des maisons surplom-
procéder en février et mars 2013 à des investigations à bant le mur et des remblais de l'ancien fossé médiéval.
hauteur du mur qui aujourd'hui marque la limite nord L'épaisseur de ceux-ci atteint en effet plusieurs mètres.
de l'emprise de l'ancien fossé du château des comtes. Le mur de fond de certaines des arcades était apparu
Du côté extérieur, ce mur présente actuellement une en 2013 en très mauvais état par endroits, vraisembla-
succession de six arcades séparées par des piliers. Trois blement en raison d'un problème d'infiltration d'eau.
sondages ont été creusés au pied de la maçonnerie. Un Un sondage a donc été creusé en mars de la même année
radier de fondation de 1,15 m de large a été mis au jour au pied du parement sud du mur, à l'emplacement des
dans le sondage oriental, à une profondeur de 1,30 m anciennes maisons édifiées au 16e siècle et détruites en
par rapport au niveau de sol actuel. La base d'un pilier 1913 (Bragard et al., 2005, p. 83-84). Il s'agissait de véri-
ainsi partiellement dégagée repose sur ce radier. Elle fier la nature des remblais portant la terrasse aménagée
comporte une boutisse carrée de 0,30 m de section et par la suite. Il s'est avéré qu'ils se composaient de maté-
1,18 m de long. D'après l'étude de sa ciselure périphé- riaux hétérogènes, avec cavités, manifestement issus de
rique, ce bloc a été taillé dans le courant du 16e siècle mais la destruction des maisons et vraisemblablement préci-
sa récupération n'est pas exclue. D'autres blocs taillés de pités dans les caves de celles-ci.
réemploi ont d'ailleurs été observés dans le parement Au cours des démontages des parties de parement trop
externe du mur et de ses arcades. Ce dernier figure dans endommagées des murs de fond de certaines arcades,
l'iconographie ancienne, notamment sur une toile du plusieurs chenaux sont apparus, soit à la base des maçon-
peintre Émile Puttaert datée de 1864 (André, Baudson neries, soit à leur sommet ; ils présentent plusieurs tech-
& Bruch, 1982, p. 54). Une gravure de G.S. Shepherd de niques de construction. Sous réserve, les chenaux situés à
1837 (Bastin, 1980, p. 70-71) montre quatre arcades au la base peuvent avoir un rapport avec les systèmes d'éva-
cuation d'eau observés en 2014 dans les salles souterraines
situées plus au sud, sous l'actuelle route Merveilleuse et le
parking voisin (Tilmant, 2015, p. 305-306).
En décembre 2015 ont débuté les travaux de terras-
sements destinés au retrait des remblais hétérogènes
observés en mars 2013. Les caves des maisons détruites
un siècle plus tôt ont ainsi partiellement été dégagées.
Le terrassement inachevé en fin d'année a laissé appa-
raître au moins quatre espaces en sous-sol, comblés
avec des matériaux de destruction provenant du rez-
de-chaussée et de l'étage des maisons abattues. Trois
niveaux de sol ont été mis au jour ainsi qu'un chenal.
La poursuite des terrassements est programmée en
L'ensemble des arcades dégagées au cours du chantier.
2016 et fera l'objet d'un suivi archéologique.
295
Pierre-Hugues Tilmant
est repéré dans un sondage. D'après les observations selon laquelle cette dernière dissimulerait des vestiges
recueillies, ce bâtiment aurait été approximativement de la première porte de Bordial (communication orale).
long de 12 m à l'ouest et de 14,50 m à l'est ; sa largeur Les résultats des fouilles menées fin 2014-début 2015
aurait été d'environ 8 m (dimensions totales). Un fournissent plusieurs arguments en faveur de cette
quatrième mur le subdivisait en deux pièces larges de hypothèse. D'après l'iconographie ancienne (Masius,
4,20 m à 4,50 m au nord et vraisemblablement 5,40 m 1575 ; Guichardin, 1582), cette porte s'élevait le long
au sud (dimensions intérieures). Plusieurs chaînages de la Sambre, à l'emplacement du terrain le plus étroit
ont été observés entre les maçonneries mises au jour. entre la rivière et les remparts de la citadelle ; elle se
L'épaisseur maximale conservée de ces dernières est de situait ainsi en amont du pont de Sambre et à hauteur
1,50 m (côté ouest). Leur hauteur maximale dégagée du moulin implanté le long du cours d'eau. Ces carac-
est de 1,25 m. Elles présentent toutes la même tech- téristiques topographiques répondent précisément à la
nique de construction. Le parement intérieur est en situation géographique de la batterie. Par ailleurs, dans
moellons équarris de grès et calcaire ; le mortier de la représentation de Namur par le chanoine Masius, la
chaux présente une teinte jaune clair à ocre clair avec porte a la forme d'une très haute tour quadrangulaire,
des nuances orangées. L'appareillage employé présente ce qui concorde avec le plan des plus anciennes maçon-
de fortes similitudes avec celui des murs de la collé- neries découvertes et la hauteur à laquelle elles ont été
giale Saint-Pierre-au-Château, vraisemblablement mises au jour. Il faut noter aussi que la porte avait une
construite vers le milieu du 12e siècle et dont quelques fonction éminemment défensive ; elle avait été édifiée
vestiges ont été dégagés en 1996-1998 (Antoine, Bodart à la limite occidentale du bourg fortifié implanté à la
& Thiry, 2002, p. 14). Le mur ouest de la pièce nord confluence de la Sambre et de la Meuse (Plumier, 2005,
est pourvu de deux orifices dont les dimensions sont p. 453 ; Vanmechelen, 2007, p. 214). L'épaisseur des
similaires et qui ont pu faire office de trous de boulins ; maçonneries dégagées au sommet de la batterie (1,50 m
le parement présente un décrochement vertical qui au minimum) suggère précisément une telle fonction.
correspond sans doute à un niveau de plancher : il Enfin, les dimensions globales du bâtiment découvert
est toutefois interrompu par un bloc paraissant en sont tout à fait cohérentes avec un usage en tant que
place. Un décrochement similaire a été observé dans tour-porte d'entrée de ville. En tant que tel, l'édifice
la portion du mur est dégagée dans le sondage précité. était du même type que la porte de Buley implantée
Aucun des parements externes n'a été mis au jour dans côté Meuse. En raison de la hauteur à laquelle se situent
l'emprise examinée. La fouille partielle du comblement les vestiges mis au jour, ceux-ci appartiennent certaine-
des deux pièces a livré en outre un abondant matériel ment au troisième niveau du monument.
céramique. Celui-ci date de la fin du 16e et du 17e siècle Compte tenu des différents éléments précités, on
et se caractérise par sa grande qualité. On y observe peut considérer comme certain que le bâtiment mis
notamment des fragments de pichets en grès décorés au jour dans l'emprise de la batterie Sambre constitue
provenant de Raeren et d'assiettes décorées à la barbo- les vestiges de la première porte de Bordial. Celle-ci
tine (Challe, 2015, p. 7) est citée dans un texte en 1235 (Antoine, 2002) mais
Est-il possible d'identifier le bâtiment mis au jour pourrait avoir une origine antérieure. Avec l'usage de
dans l'emprise de la batterie Sambre ? Il y a quelques nouvelles techniques de siège et la nécessité d'agran-
années, Jean-Louis Antoine avait émis l'hypothèse dir l'enceinte urbaine, elle va progressivement deve-
nir obsolète. C'est en effet vraisemblablement dans la
deuxième moitié du 14e siècle qu'apparaît à Namur
l'artillerie à poudre (Bragard, 2011, p. 71). Dès lors,
elle cède la place à une deuxième porte construite
en amont et citée notamment en 1408. Toutefois, le
premier édifice est conservé ; bien que sa valeur mili-
taire ait diminué, il pouvait encore constituer une ligne
de défense supplémentaire. Cette situation se prolonge
sans doute aux 15e et 16e siècles. Il est probable que
l'édifice ait été progressivement abandonné parce que
de moins en moins adapté par rapport aux progrès de
l'artillerie. Par ailleurs, les dégâts qu'il a pu subir au
cours des crues de la Sambre (le moulin situé à proxi-
mité immédiate est emporté en 1409 [Borgnet, 1859,
Le mur ouest de la porte médiévale sur lequel s'appuie à p. 167]) ont certainement accéléré sa désaffectation.
l'arrière-plan le mur ouest de la batterie du 16e siècle.
Sans que l'on puisse identifier avec certitude leur cause,
297
d'importants dégâts ont été observés au niveau du mur partiellement arasés serviront de base, avec des orien-
nord et du mur de refend. C'est particulièrement le cas tations différentes, à de nouvelles maçonneries. Celle
pour ce dernier, partiellement éventré et présentant construite sur le côté est, orientée nord/sud et d'une
une importante déformation. longueur de 8,65 m, est majoritairement compo-
C'est vraisemblablement vers la fin du 16e siècle que sée de moellons calcaires régulièrement appareillés
ce qui subsistait de la porte primitive a été englobé reposant sur une fondation ; elle comportait deux
dans une fortification plus vaste, mieux adaptée à la ouvertures délimitées par des briques. Une couture
poliorcétique de l'époque, sous la forme d'une batte- architecturale la sépare d'une autre maçonnerie, nette-
rie d'artillerie. Cette deuxième phase de construction ment plus courte (1,65 m) et dont sont conservées
entraîne l'abandon définitif de l'ancienne porte dont plusieurs assises de moellons calcaires surmontées
les parements ou le blocage vont servir d'appui aux de cinq assises de briques. Perpendiculairement à ces
maçonneries de la batterie. Pour permettre l'accès à deux maçonneries et apparemment sans chaînage
celle-ci sera construit l'escalier précité. On notera qu'à avec celles-ci, trois gradins orientés est/ouest ont été
la citadelle, la pratique consistant à intégrer les vestiges mis au jour (longueur : 4,65 m) ; ils sont composés de
d'une fortification médiévale dans un édifice défensif briques posées à plat ou de chant. Le gradin inférieur
des Temps modernes avait déjà été employée, notam- repose sur un soubassement constitué presque exclu-
ment à la porte de Médiane. Parallèlement, le volume sivement de moellons calcaires. Sous l'occupation
interne de la porte est comblé. D'où proviennent les hollandaise (1815-1830), en une quatrième phase, les
remblais employés à cette fin ? La qualité du matériel parements externes de la batterie seront reconstruits
céramique mis au jour et la topographie des lieux four- (Bragard, 2012, p. 59). C'est vraisemblablement aussi
nissent des indications. La première porte de Bordial de cette période que date la prolongation de l'escalier
était dominée par plusieurs terrasses où différentes dans l'emprise même de la batterie, ou en tout cas sa
constructions furent érigées dès le Moyen Âge, dont reconstruction, par l'intermédiaire d'un palier qui se
la chapelle Saint-Jacques. Un peu plus au nord et à poursuit vers l'est par une volée de plusieurs marches.
l'ouest prendront successivement place par la suite les Une ultime phase est représentée par des réparations
résidences du capitaine du château, du gouverneur et ponctuelles aux murs de la batterie, notamment côté
de ses officiers. Il est vraisemblable que les terrasses ouest, pour lesquelles sont réemployés des fragments
aient été fréquemment adaptées aux nécessités mili- de monuments funéraires où figurent les dates de 1823
taires et que les travaux s'accompagnèrent de terras- et 1878.
sements. Lorsqu'il s'avéra indispensable de combler le Tous mes remerciements à Sophie Challe pour
volume de l'ancienne porte, les déblais provenant de l'examen préliminaire de la céramique et à la Ville de
ces derniers, réalisés dans un rayon fort proche, furent Namur pour son soutien logistique au cours de l'inter-
certainement mis à profit. La qualité de la céramique vention archéologique.
mise au jour s'explique assurément par le statut social
et le rang des occupants de cette partie de la citadelle Bibliographie
(Baurin, 1987, p. 77-84). ■■ Antoine J.-L., Bodart E. & Thiry B., 2002. La vie de château.
Dans une troisième phase de construction Les comtes de Namur au Moyen Âge, Namur.
(17e siècle ?), certains tronçons des murs médiévaux ■■ Baurin G., 1987. Les lieutenants-gouverneurs du Comté de
Namur. 1430-1773, Namur.
■■ Borgnet J., 1859. Promenades dans Namur, Namur.
■■ Bragard P., 2011. Deux petites tours d'artillerie de la fin du
xve siècle à Namur, Bulletin de la Commission royale des Monu-
ments, Sites et Fouilles, 23, p. 67-94.
■■ Bragard P. (dir.), 2012. Namur, la citadelle hollandaise. Une
fortification mosane de Wellington à Brialmont (1814-1878),
Namur, Les Amis de la Citadelle de Namur.
■■ Bragard P. et al., 2015. Namur. Une citadelle européenne,
Namur, Les Amis de la Citadelle de Namur.
■■ Plumier J., 2005. Namur. La ville fortifiée au pied du
château comtal. In : Maquet J. (dir.), Le patrimoine médiéval
de Wallonie, Namur, Institut du Patrimoine wallon, p. 453-456.
■■ Tilmant P.-H., 2016. Découverte de vestiges au sommet
Le mur nord de la porte médiévale servant de base aux de la batterie Sambre de la citadelle de Namur, La Lettre du
gradins de briques postérieurs.
Patrimoine, 41, p. 11.
298
■■ Vanmechelen R., 2007. Namur. La Citadelle et les enceintes d'un quartier d'habitation, au caractère clairement
urbaines. In : Dejardin V. & Maquet J. (dir.), Le patrimoine urbain depuis le 12e siècle au moins, à l'endroit de
militaire de Wallonie, Namur, Institut du Patrimoine wallon, p. la place Maurice Servais (C), alimente à nouveau le
212-220. débat en 2008 (Vanmechelen & Danese, 2010, p. 200 ;
Siebrand, 2012, p. 249-250). Les vestiges de maisons
Sources (13), munies de leurs celliers (10) et basses fosses de
■■ Antoine J.-L., 2002. Restauration de la Porte de Bordial, latrines (9), y témoignent d'un faubourg développé
document inédit. extra-muros, à l'endroit de l'ancienne rue du Four (14).
■■ Challe S., 2015. Namur. Batterie Sambre. NR 15 BS. Rapport La relecture des documents d'archives avait bien assis
première intervention, rapport inédit. quelques éléments de topographie locale, confirmant
■■ Guichardin L., Namurcum. Elegantissima ad Mosae flumen le retour de l'enceinte sur la Sambre en travers de la
civitas, Anvers, 1582 (Namur, Société archéologique, inv. B-Pl- rue des Brasseurs (5), en aval de l'ancien moulin de la
113-02). Batte et de l'actuelle place Maurice Servais, non loin de
■■ Masius A., Namurcum, preclara ad Mosae flumen civitas, ad la jonction avec la rue du Bailli (Bodart, 2004, p. 206).
vivum expressa, et operi nostro Geographico exornando, adjecta, Mais les données archéologiques faisaient jusqu'alors
cujus picturam perbenigne nobis communicavit, Reverendus ac cruellement défaut, privant la problématique de toute
eruditissimus vir D. Arnoldus Masius […], 1575. Namur, Biblio- information précise, validée par des constats de terrain.
thèque universitaire Moretus Plantin, RCA 4/003).
Raphaël Vanmechelen
Place M. Servais
14
C
9 9
s
Bra sseur
13 Ru e des
10 B
A 6
8
2
5
1
4
7
3
Namur, plan général du quartier au Moyen Âge (10e-14e siècles), sur base des éléments enregistrés à la rue des Brasseurs (A : nos 57-
59 ; B : nos 51-55) et sous la place Maurice Servais (C). 1. Premier rempart de Sambre ; 2. Premier bâtiment-porte ? ; 3. Rempart de la
Deuxième Enceinte ; 4. Fermeture occidentale de l'enceinte ; 5. Ancienne rue en Vis ; 6. Porte en Vis : tourelle de flanquement semi-
circulaire ; 7. Fossé défensif ; 8. Maison en pierre (intra-muros) ; 9. Basses fosses de latrines d'un habitat parcellisé : faubourg développé
extra-muros ; 10. Celliers, creusés sous l'une des maisons ; 11. Troisième Enceinte : extension de la ville et du rempart ; 12. Mur et
niveau de sol : habitation bâtie sur le fossé comblé ; 13. Nouvelle maison en pierre ; 14. Rue du Four (infographie F. Cornélusse, Dir.
archéologie).
Troisième Enceinte urbaine réalisés au niveau des caves permettent d'identifier une
habitation principale de plan rectangulaire, développé
L'abandon du fossé défensif de la Deuxième sur une longueur d'environ 8,20 m pour une largeur
Enceinte s'accompagne de l'édification d'un nouveau de 3,50 m. La paroi orientale du sous-sol, toujours
rempart (11), qui en barre la largeur. Butant contre constituée du rempart de la Deuxième Enceinte, se voit
l'anglée du rempart antérieur, il prolonge ainsi la forti- adosser un massif de maçonnerie calcaire soigneu-
fication de la rive de Sambre vers l'amont. Établi sur les sement parementé, large de presque 3 m et épais de
remblais du fossé antérieur, il s'intègre par conséquent 0,40 m, construit sur une solide fondation. Ce redan
au développement de la Troisième Enceinte namuroise, soutenait visiblement une grande cheminée, comme
traditionnellement datée du 13e siècle. Au-delà de c'est souvent le cas pour les logis de qualité de cette
problèmes de chronologie ou d'attribution, cette forti- période, dont les piédroits ont laissé des arrachements
fication du bord de Sambre avait été attestée précédem- au niveau du rez-de-chaussée. Les premiers dévelop-
ment, tant par l'archéologie (Plumier & Dupont, 1999) pements constatés en fond de parcelle sont-ils déjà à
que par les sources écrites (Bodart, 2000). rattacher à cette même phase de construction ? Les
L'espace gagné intra-muros par le comblement du données à disposition ne permettront pas actuelle-
fossé est très vite colonisé par l'habitat. Un mur et un ment de trancher. Les murs y délimitent deux espaces
niveau de sol revêtu de chaux blanche relèvent d'une successifs, probablement une courette fermée d'un
première maison (12), très arasée, établie au pied de bâtiment secondaire.
la Porte en Vis, dont elle intègre la tourelle en sous- Les deux parcelles sont ensuite réunies en un seul
sol. Peut-être s'agit-il de la maison de Denis le Prêtre, immeuble de quatre niveaux sous bâtière (Cortembos
passée alors dans le patrimoine de l'abbaye de Floreffe : & Blanpain, 1972, p. 94-95 ; R. des Brasseurs, 1998),
mentionnée dès 1292, elle est située extra portam in probablement dans le cadre des reconstructions
Vico (Bodart, 2004, p. 204-206). Un niveau d'incendie encouragées par le Magistrat namurois durant le
en fixe la destruction dans le courant du 14e siècle déjà. premier quart du 18e siècle. Au-delà des modifications
qui lui ont été apportées, la façade en brique et pierre
La parcelle et son bâti post-médiéval bleue affiche encore son style traditionnel, rythmé
de deux travées de baies, jadis à croisées (1er étage)
Les développements ultérieurs de l'espace parcellaire et à meneaux (2e et 3e étages). Une fois encore, les
restent difficiles à restituer, en raison des perturbations développements de fond de parcelle, piégés dans le mur
engendrées par les caves modernes et faute d'interven- mitoyen, s'avèrent de lecture difficile. Dès l'origine,
tion archéologique préalable sur le bâti. un bâtiment arrière devait délimiter une petite cour
Un tronçon de mur maçonné au mortier gris, solide intérieure, réservée aux circulations internes, et où
et abondant, trahit une nouvelle partition longitudinale se répartissaient un puits et les escaliers d'accès aux
de l'emprise parcellaire actuelle, approximativement à étages. Reconstruit au 19e siècle, il portera la parcelle
mi-largeur. Il sépare vraisemblablement deux espaces à son extension maximale, au-delà de l'ancienne ligne
distincts : une habitation à l'est, de moindre amplitude de fortification et jusqu'au quai de halage. En termes
que la maison médiévale antérieure, et une venelle à de propriété, la parcelle ne formerait au 18e siècle
l'ouest, dont témoigne une portion d'empierrement. qu'un seul lot avec les deux maisons voisines, à l'ouest
Dans le même axe, vers le sud, un seuil formé de (no 61 et no 63, aujourd'hui démolie). L'ensemble passe
grands blocs de pierre de taille pourrait correspondre successivement aux mains de Nicolas Melin, de Gérard
à l'emplacement d'une poterne (publique ?), percée Collard, puis de Barthélemy Laurent. Propriétaires
au travers du rempart du 13e siècle, et ouvrant sur la d'autres maisons dans la rue, les deux derniers auraient
Sambre et ses moulins. La datation de cette séquence mis le bien en location.
reste peu précise, soit entre la fin du 14e et le 16e siècle. Remerciements à Olivier Vrielynck et Jean-
Un long mur avec ressaut de fondation ferme ensuite Noël Anslijn (Direction de l'archéologie) pour leur
la ruelle vers l'ouest, en limite de parcelle. Un puits, contribution sur le terrain et le relevé des structures.
au cuvelage soigné de moellons calcaires, lui est asso-
cié. Plus au sud, le parement du mur s'incurve pour Bibliographie
ménager le volume d'un escalier. Autour du 16e siècle, ■■ Bodart E., 2000. Les fortifications des rives de la Sambre
la fonction d'habitat semble dès lors avoir conquis et de la Meuse à Namur et leur influence sur la topographie
l'espace de circulation. urbaine (xiiie-xvie siècles). In : Plumier-Torfs J. & S. &
C'est probablement dans le courant du 17e siècle que Duhaut C. (dir.), Actes de la huitième Journée d'Archéologie
la parcelle orientale est rebâtie, pérennisant un temps namuroise (Rochefort, 25 et 26 février 2000), Namur, p. 77-84.
encore la partition antérieure. Les relevés d'architecte
302
■■ Bodart E., 2004. La première enceinte en pierre de Namur ■■ Verbeek M., Vanmechelen R., Berckmans O., Plumier-
sur la rive gauche de la Sambre (xiie-xvie siècles), Annales de la Torfs S., Bodart E., Defgnée A. & Houbrechts D., 2002.
Société archéologique de Namur, 78, p. 195-220. Namur/Namur : mise en défense et urbanisation d'un quar-
■■ Borgnet J., 1859. Promenades dans Namur, vol. 1, Namur. tier périphérique, rue d'Harscamp, Chronique de l'Archéologie
wallonne, 10, p. 252-255.
■■ Cortembos T. & Blanpain M., 1972. Les maisons de la rue.
In : Namur. La ville ancienne et la rue des Brasseurs, un problème
d'avenir, Liège, p. 89-115.
■■ de Croonendael P., 1584 (éd. 1878-1879). Cronicque conte-
nant l'estat ancien et moderne du Pays et Conté de Namur, la Ohey/Évelette : suivi de chantier rue
vie et gestes des seigneurs, contes et marquis d'icelluy. Première
partie comprenant depuis les origines jusqu'à la mort de Philippe
Abbé Matagne
le Noble (1212), publié intégralement pour la première fois et
annotée par le Comte de Limminghe, Bruxelles.
Carole Hardy
■■ de Marne J.-B., 1754. Histoire du Comté de Namur, Liège-
Bruxelles.
Des terrassements liés à la construction de deux habi-
■■ Plumier J., 2005. Namur. La ville fortifiée au pied du château tations unifamiliales jointives rue Abbé Matagne à
comtal. In : Maquet J. (dir.), Le patrimoine médiéval de Wallo-
Évelette (parc. cad. : Ohey, 6e Div., Sect. D, nos 184f et
nie, Namur, p. 453-456.
184g) ont fait l'objet d'un suivi par le Service de l'archéo-
■■ Plumier J. & Dupont C., 1999. Namur : tronçon de l'en-
logie de la Direction extérieure de Namur (DGO4 /
ceinte urbaine médiévale découvert rue des Brasseurs/quai de
Département du patrimoine) au début du mois de
Sambre, Chronique de l'Archéologie wallonne, 7, p. 163.
janvier 2015. Les résultats se sont révélés négatifs.
■■ Plumier J., Vanmechelen R. & Dupont C., 1997. Namur :
fouilles préventives place d'Armes, Chronique de l'Archéologie
wallonne, 4-5, p. 195-196.
■■ Plumier J., Vanmechelen R. & Dupont C., 1998. Namur :
poursuite de l'opération d'archéologie préventive à la place Ohey/Haillot : suivi de chantier rue
d'Armes, Chronique de l'Archéologie wallonne, 6, p. 183-185. Stocus
■■ R. Brasseurs, 1998. R. des Brasseurs, nos 57-59. In : Province de
Namur. Arrondissement de Namur, 2e édition, Liège (Le Patri-
moine monumental de la Belgique, 5²), p. 502. Carole Hardy
■■ Siebrand M., 2012. Namur/Namur : éléments de topogra-
phie médiévale. Découvertes 2009-2010, Chronique de l'Archéo- Lors des travaux d'agrandissement d'une habitation
logie wallonne, 19, p. 249-252. rue Stocus à Haillot (parc. cad. : Ohey, 2e Div., Sect. C,
■■ Vanmechelen R., 2007. Namur. La Citadelle et les enceintes no 85f ) et vu leur proximité avec les nombreux vestiges
urbaines. In : Dejardin V. & Maquet J. (dir.), Le patrimoine découverts par les campagnes de fouilles menées par le
militaire de Wallonie, Namur, p. 212-220. Service de Jeunesse archeolo-J, le Service de l'archéo-
■■ Vanmechelen R., 2016. La Porte en Vis et la fermeture occi- logie de la Direction extérieure de Namur (DGO4 /
dentale de la Deuxième Enceinte urbaine de Namur, révélées Département du patrimoine) a effectué un suivi des
par un sauvetage archéologique aux nos 57-59 de la rue des terrassements en mars 2015. Aucun vestige archéolo-
Brasseurs (Nr), Archaeologia Mediaevalis, 39, p. 129-133. gique n'a été découvert.
■■ Vanmechelen R. & Danese V., 2010. Namur/Namur :
archéologie préventive sous la place Maurice Servais. De la
fondation augustéenne à la disparition de la rue du Four, Chro-
nique de l'Archéologie wallonne, 17, p. 198-201. Rochefort/Han-sur-Lesse : fouilles
■■ Vanmechelen R. & Verbeek M., 2007. Namur/Namur : subaquatiques au Trou de Han,
occupation gallo-romaine précoce, rempart(s) et habitats
médiévaux à la rue des Brasseurs, nos 51-55, Chronique de l'Ar-
campagne de 2015
chéologie wallonne, 14, p. 227-230.
■■ Vanmechelen R. & Vrielynck O., 2015. Namur, rue des Christophe Delaere, Cécile Ansieau
Brasseurs, nos 57-59 : un sauvetage archéologique révèle la et Marc Jasinski
Porte en Vis et la courtine de la Deuxième Enceinte urbaine.
In : Frébutte C. (coord.), Pré-actes des Journées d'Archéologie
La reprise des interventions subaquatiques au Trou de
en Wallonie, Rochefort 2015, Namur, Service public de Wallonie
(Rapports, Archéologie, 1), p. 140-142.
Han (2012-2014) a démontré la présence d'une strati-
graphie cohérente associée à des artefacts appartenant
aux 16e-20e siècles (Ansieau, Delaere & Jasinski, 2015).
303
Fortification du « Plateau des Cinques » : plan des structures laténiennes et des structures Michelsberg de la porte orientale.
306
qués de fossés, orientés nord/sud, parallèles et espacés présence d'un arbre sur l'extrémité de la levée de terre
d'environ 220 m, s'élèvent sur le plateau. Le rempart a empêché la fouille de ce tronçon.
oriental s'étend sur une longueur de près de 80 m et le Un potin « au personnage marchant » de type
rempart occidental sur 170 m. Les portes sont situées Scheers 191 a été découvert au niveau de l'interface de
en leur milieu. D'autres structures sont encore visibles creusement de l'un des poteaux de la porte (fait 7004).
dans le relief : des marchets et des cavités entourées par Sur l'avers, on peut distinguer un personnage aux
une couronne de blocs de pierre. cheveux tressés tenant un torque et une petite lance.
La plupart des structures appartiennent à la phase Le revers porte une représentation animale (un loup
finale du Second Âge du Fer, dans une fourchette se ou un ours) accompagnée d'un serpent et d'une fibule.
situant entre -200 et le changement d'ère d'après les Ce monnayage attribué aux Rèmes aurait circulé prin-
analyses radiocarbone (Warmenbol & Pleuger, 2007 ; cipalement entre 120 et 100 av. notre ère (communica-
2009 ; 2010 ; 2011 ; Pleuger & Warmenbol, 2008 ; tion personnelle J.-M. Doyen). Il s'agit du type gaulois
2012 ; 2013). le plus abondant en Calestienne après le potin « au
rameau A ».
Le rempart oriental laténien Une tranchée ouverte en 2014 dans le rempart
a été approfondie lors de cette nouvelle campagne
La campagne 2015 a porté sur la fouille du disposi- (secteur 5 ; Pleuger, Warmenbol & Martin, 2015). Des
tif d'entrée de la porte du rempart laténien oriental niveaux de négatifs de poutraison interne y ont encore
(zone 7, secteur 6). une fois été mis au jour. Une traverse et trois longrines
On accède à cette porte en franchissant une plate- espacées de 0,42 à 1 m (T1 et L1 à L3) peuvent proba-
forme retaillée dans la roche, large d'environ 4,70 m blement être attribuées à une première phase de
et limitée de chaque côté par les extrémités du fossé construction du rempart. La fouille de ce secteur a été
(zone 7, secteurs 1 et 4). Les restes d'une structure en interrompue pour des impératifs de sécurité.
élévation sont matérialisés par la présence de trous de Des raisons de sécurité avaient également dicté
poteaux dans le couloir d'entrée. Jusqu'à présent, deux l'arrêt de la fouille du fossé (secteur 4) en 2014. Son
alignements parallèles de trous de pieux ont été déga- investigation a repris cette année après talutage des
gés (secteur 6 ; faits 7004, 7005, 7009, 7010, 7012, 7026, parties instables.
7027, 7028, 7030 et 7033). Les trous de poteaux étaient, Elle a permis la découverte d'une partie du parement
pour la plupart, taillés dans les veines de roche calcaire externe du rempart oriental, parement déjà repéré en
les plus friables, ou même dans d'anciennes structures 1979 lors de la fouille d'Amphora (Doyen & Warmenbol,
néolithiques remblayées. D'un diamètre moyen de 1981). Il est constitué de longues dalles de dimensions
0,47 m, ils présentent généralement un calage en pierres avoisinant les 0,30 m à 0,40 m sur 0,20 m posées sur
disposé autour du négatif de pieu. Les poteaux alignés la roche. Elles semblent avoir été extraites du versant
ménageaient un couloir d'environ 2,40 m de large. Le est du fossé, laissant systématiquement apparentes les
premier poteau d'un possible troisième alignement cavités d'extraction dans la paroi, puis mises en place
parallèle, situé au sud des précédents, a également été après une légère retouche. La recharge laténienne de la
mis au jour (secteur 6, fait 7036). Il définit l'emplace- deuxième phase du rempart s'est déversée dans le fossé,
ment d'un éventuel second couloir plus étroit. Mais la entraînant une partie du parement externe du rempart
jusqu'à sa première assise qui elle, est restée en place. Études en cours
À remarquer, un morceau de meule tournante et
beaucoup de fragments d'ossements animaux dont des Parallèlement aux fouilles effectuées par les Forges
dents de jeunes chevaux retrouvés dans le déversement Saint-Roch sur le terrain, l'étude des données se pour-
de la recharge. suit au CReA-Patrimoine et une synthèse est en cours
Enfin, sous ce déversement, nous avons, comme en de rédaction. La céramique des campagnes 2004 à
2014, retrouvé le substrat d'argile et de blocs calcaires 2012 été publiée et le reste est en cours d'étude (Martin,
de la première phase. Celui-ci contenait, dispersés 2013) ; le matériel métallique et les objets en verre
sur le fond de la structure, des ossements humains, le sont étudiés. Un mémoire portant sur les ossements
crâne d'un individu jeune et une mandibule ainsi que animaux a fait l'objet d'un article (François, 2015). Un
des ossements d'animaux dont un crâne de sanglier. second mémoire portant sur les ossements humains
Le crâne humain s'est retrouvé écrasé sous l'effondre- est en voie de réalisation et les datations radiocarbone,
ment du parement de la deuxième phase. Certains os effectuées chaque année à l'Institut royal du Patrimoine
humains semblent présenter des traces de coups ou de artistique, se poursuivent.
découpe.
À ces objets s'ajoutent des éléments pouvant Bibliographie
évoquer le sacrifice d'un bouclier. Notamment un ■■ Doyen J.-M. & Warmenbol E., 1981. La fortification proto-
fragment d'orle, petite gouttière en métal cuivreux historique d'Olloy-sur-Viroin, Bruxelles (Publications du Club
garnie d'une double série d'incisions, qui garnissait archéologique Amphora, 11).
la fine tranche en bois du bouclier. Sa courbure ■■ François L., 2015. Étude archéozoologique des fouilles
prononcée suggère qu'il s'agit de la partie qui ourlait effectuées sur l'oppidum du plateau des « Cinques » à Olloy-
le bas ou le haut du bouclier. Un petit rivet à tête sur-Viroin (Viroinval, prov. de Namur, Belgique), Lunula.
hémisphérique creuse, d'un diamètre de 12 mm, a Archaeologia protohistorica, 23, p. 185-189.
également été retrouvé. Tout ce matériel découvert ■■ Martin F., 2013. Olloy-sur-Viroin « Plateau des
dans le fossé (ossements humains, armement, Cinkes » : la céramique découverte lors des campagnes de
meule...), ainsi que celui déjà découvert lors de la fouille 2004-2011, Lunula. Archaeologia protohistorica, 21,
p. 161-166.
campagne de 2014, s'apparente à celui des dépôts
d'offrandes typiques des sanctuaires gaulois ■■ Pleuger J.-L. & Warmenbol E., 2008. La fortification proto-
traditionnels. Une datation radiocarbone pratiquée historique d'Olloy-sur-Viroin (province de Namur, Belgique) :
campagne de fouilles 2007, Lunula. Archaeologia protohistorica,
sur l'un des ossements posés sur le fond du fossé a
16, p. 125-127.
fourni une fourchette chronologique comprise entre
■■ Pleuger J.-L. & Warmenbol E., 2012. Viroinval/Olloy-
180 et 50 av. notre ère.
sur-Viroin : la porte occidentale de la fortification protohisto-
rique. Campagne 2010, Chronique de l'Archéologie wallonne, 19,
La palissade et le fossé Michelsberg p. 216-219.
■■ Pleuger J.-L. & Warmenbol E., 2013. Viroinval/Olloy-sur-
La fouille a permis de mettre en évidence deux struc- Viroin et Dourbes : la porte occidentale de la fortification proto-
tures défensives. La première, matérialisée par un fossé historique du « Plateau des Cinques », campagne 2011, Chro-
profond, est établie sous le rempart laténien (secteur 6, nique de l'Archéologie wallonne, 20, p. 250-252.
fait 7029). Le matériel lithique et céramique décou-
vert permet de l'attribuer à la culture Michelsberg du
Néolithique moyen.
308
Les renvois sont présentés selon les communes, fixées par l'A.R. du 17 septembre 1975 portant fusion de communes
et modification de leurs limites, ensuite selon les localités concernées.
Aiseau-Presles Florennes
-/Presles������������������������������������������������������������������������ 113 -/Morialmé ������������������������������������������������������������������ 257
Amay Gembloux
-/Amay�������������������������������������������������������������������������� 155 -/Bossière���������������������������������������������������������������������� 279
Andenne -/Gembloux������������������������������������������������������������������ 280
-/Andenne������������������������������������������������������������264, 277 Gouvy
-/Landenne������������������������������������������������������������������ 265 -/Bovigny��������������������������������������������������������������227, 229
-/Sclayn ����������������������������������������������������������������255, 278 Grâce-Hollogne
Anthisnes -/Grâce-Hollogne������������������������������������������������189, 192
-/Anthisnes������������������������������������������������������������������ 186 -/Mons-lez-Liège �������������������������������������������������������� 192
Antoing Grez-Doiceau
-/Maubray���������������������������������������������������������������������� 71 -/Grez-Doiceau�������������������������������������������������������������� 32
Arlon Habay
-/Arlon�������������������������������������������������������������������������� 233 -/Habay-la-Vieille������������������������������������������������234, 238
Ath Havelange
-/Ath����������������������������������������������������������������������117, 119 -/Flostoy������������������������������������������������������������������������ 257
-/Ghislenghien �������������������������������������������������������� 84, 86 Hensies
Beauvechain -/Hensies������������������������������������������������������������������������ 94
-/L'Écluse������������������������������������������������������������������������ 37 -/Montrœul-sur-Haine ������������������������������������������ 96, 98
-/Nodebais���������������������������������������������������������������������� 40 Herstal
Belœil -/Herstal������������������������������������������������������������������������ 195
-/Quevaucamps������������������������������������������������������������ 120 -/Milmort��������������������������������������������������������������������� 155
Binche Honnelles
-/Buvrinnes������������������������������������������������������������������ 104 -/Roisin ������������������������������������������������������������������������ 101
Braine-l'Alleud Hotton
-/Braine-l'Alleud������������������������������������������������������������ 29 -/Hotton������������������������������������������������������������������������ 244
Brunehaut Huy
-/Hollain ������������������������������������������������������������������������ 72 -/Huy ����������������������������������������������������������� 200, 206, 210
-/Laplaigne �������������������������������������������������������������������� 73 Jemeppe-sur-Sambre
-/Lesdain������������������������������������������������������������������������ 73 -/Balâtre����������������������������������������������������������������282, 285
Chaumont-Gistoux -/Moustier-sur-Sambre���������������������������������������������� 287
-/Dion-Valmont������������������������������������������������������������ 42 Jodoigne
Clavier -/Jodoigne���������������������������������������������������������������������� 43
-/Terwagne ������������������������������������������������������������������ 176 Juprelle
Courcelles -/Juprelle ���������������������������������������������������������������������� 178
-/Gouy-lez-Piéton ������������������������������������������������������ 122 La Hulpe
Dinant -/La Hulpe���������������������������������������������������������������������� 46
-/Dinant������������������������������������������������������������������������ 278 Léglise
Enghien -/Léglise������������������������������������������������������������������������ 231
-/Petit-Enghien�������������������������������������������������������������� 89 Liège
Engis -/Jupille-sur-Meuse ���������������������������������������������������� 161
-/Hermalle-sous-Huy�������������������������������������������������� 187 -/Liège ��������������������������������������������������������� 211, 212, 215
Esneux -/Rocourt���������������������������������������������������������������������� 144
-/Esneux������������������������������������������������������������������������ 188 Malmedy
Ferrières -/Malmedy�������������������������������������������������������������������� 218
-/Vieuxville������������������������������������������������������������������ 141 Marche-en-Famenne
Fleurus -/Marche-en-Famenne������������������������������������������������ 241
-/Brye������������������������������������������������������������������������������ 91 Modave
-/Saint-Amand�������������������������������������������������������������� 74 -/Modave���������������������������������������������������������������������� 148
310
6 Avant-propos
Alain Guillot-Pingue
Brabant wallon
9 Éditorial
Didier Willems
Moyen Âge
13 Nivelles/Nivelles : rue de Mons, ancienne église du Grand Saint-Jacques
Frédéric Heller et Aude Van Driessche
16 Villers-la-Ville/Villers-la-Ville : l'ancienne abbaye, à propos d'un bâtiment inédit du
12e siècle
Éric De Waele, Olivier Collette et Didier Willems
Temps modernes
24 Nivelles/Nivelles : rue de Mons, analyse limitée autour et dans un immeuble du 16e siècle
en transformation
Didier Willems
26 Villers-la-Ville/Villers-la-Ville : des arcades malmenées à la pharmacie de l'abbaye
Didier Willems, Marie-Laure Van Hove et Aude Van Driessche
Époque contemporaine
29 Braine-l'Alleud/Braine-l'Alleud : fouilles sur le domaine d'Hougoumont dans le cadre du
projet Waterloo Uncovered
Dominique Bosquet, Tony Pollard, Philippe De Smedt, Mark Evans, Stuart Eve, Charles Foinette,
Marc Van Meirvenne et Alasdair White
32 Grez-Doiceau/Grez-Doiceau : fouille de contrôle sur le site protohistorique de Gastuche
Dominique Bosquet et Véronique Moulaert
33 Rixensart/Rixensart : étude préalable à la restauration du portique de l'aile nord du
château
Patrice Gautier, Élisabeth Bruyns et Antoine Baudry
Toutes périodes
37 Beauvechain/L'Écluse : une opération archéologique à la rue de la Cabourse
Frédéric Heller et Aude Van Driessche
40 Beauvechain/Nodebais : découvertes au presbytère pendant sa « cure »
Didier Willems
42 Chaumont-Gistoux/Dion-Valmont : évaluation et suivis sur le site de la villa de Brocsous
à Dion-le-Mont
Frédéric Heller
43 Jodoigne/Jodoigne : voile temporairement levé sur une section des remparts de la ville
Didier Willems
46 La Hulpe/La Hulpe : ce que le sous-sol de l'église Saint-Nicolas a dévoilé
Didier Willems et Geneviève Yernaux
50 Nivelles/Nivelles : le site de l'hôtel Rifflart sauvé de la démolition ?
Didier Willems
53 Nivelles/Nivelles : vestiges dévoilés par les travaux d'extension de l'Institut du Sacré-Cœur
Didier Willems et Christophe Leduc
57 Orp-Jauche/Énines : suivi négatif sur le site néolithique du « Chêne au Raux »
Dominique Bosquet
58 Orp-Jauche/Jauche : découverte de deux marnières
Olivier Vrielynck, Luc Funcken et Frédéric Van Dijck
316
Hainaut
67 Éditorial
Martine Soumoy
Préhistoire
71 Antoing/Maubray : matériel lithique au lieu-dit « Polissart »
Marianne Delcourt-Vlaeminck et Christian Fourmeaux
72 Brunehaut/Hollain : récoltes 2015
Marianne Delcourt-Vlaeminck, Christian Fourmeaux et Philippe Soleil
73 Brunehaut/Laplaigne : preuve de l'exportation de grandes lames pressigniennes
Marianne Delcourt-Vlaeminck, Christian Fourmeaux et Philippe Soleil
73 Brunehaut/Lesdain : objet poli en silex
Marianne Delcourt-Vlaeminck et Philippe Soleil
74 Fleurus/Saint-Amand : un site préhistorique, synthèse et dernières prospections
Daniel Desterbecq
76 Mons/Spiennes : conservation préventive des minières néolithiques en 2014
Nancy Verstraelen
79 Mons/Spiennes : fouille 2015 du puits d'extraction de silex ST 6 à « Petit-Spiennes »
Hélène Collet, Philippe Lavachery, Stéphane Pirson, Michel Toussaint, Lyse Unger et Michel Woodbury
81 Quévy/Genly : découverte d'un fragment de hache polie en silex de Spiennes
Philippe Lavachery, Hélène Collet, Amandyne Rosart et Lodewijk De Lens
Protohistoire
83 Mons/Saint-Symphorien : signalement d'une pointe de flèche (Bronze final)
Alain Guillaume
Époque romaine
84 Ath/Ghislenghien : datation archéomagnétique de deux fours à chaux
Souad Ech-Chakrouni, Jozef Hus et Véronique Danese
86 Ath/Ghislenghien : la problématique de la conservation-restauration du matériel archéo-
logique métallique. Le cas des alliages de cuivre de deux tombes augusto-tibériennes
Muriel Van Buylaere
89 Enghien/Petit-Enghien : une structure à combustion du type « charbonnière »
Nicolas Authom
91 Fleurus/Brye et Villers-la-Ville/Marbais : analyse stratigraphique de la chaussée romaine
Bavay-Cologne
Nicolas Authom et Olivier Collette
94 Hensies/Hensies : habitat du Haut-Empire à « La Neuville », estampille sur sigillée non
répertoriée et petit matériel divers
Jean Dufrasnes et Éric Leblois
96 Hensies/Montrœul-sur-Haine : vestiges d'une construction d'époque gallo-romaine au
« Coron Franoé »
Jean Dufrasnes et Éric Leblois
317
Époque contemporaine
104 Binche/Buvrinnes : fouille de la zone de chute d'un Messerschmitt Bf 110 G
Nicolas Clinaz
105 Morlanwelz/Morlanwelz-Mariemont : découverte d'un abri anti-aérien
Marie Demelenne et Pierre-Philippe Sartieaux
107 Morlanwelz/Morlanwelz-Mariemont : étude préalable à la restauration du mur de clôture
du domaine de Mariemont
Marie Demelenne, Gilles Docquier et Corinne Gysbergh
110 Soignies/Soignies : le Centre des Métiers de la Pierre. Sous le béton, les pierres de la grande
scierie
Nicolas Authom
Toutes périodes
113 Aiseau-Presles/Presles : le site archéologique de « La Taille Marie », campagne de fouille 2015
Nicolas Paridaens
117 Ath/Ath : fouilles préventives sur le site de l'ancienne sucrerie
Isabelle Deramaix, Adrien Dupont et Pierre-Philippe Sartieaux
119 Ath/Ath : fouilles préventives sur le site des Haleurs
Isabelle Deramaix, Dolores Ingels et Olivier Collette
120 Belœil/Quevaucamps : pierre à aiguiser médiévale ?
Jean Dufrasnes, Éric Goemaere, Serge Parent et Aurélie Thiébaux
122 Courcelles/Gouy-lez-Piéton : sondage au pied de la tour de l'église Saint-Martin
Nicolas Authom
123 Mons/Mons : rue de Nimy, suivis archéologiques au « site Losseau »
Cécile Ansieau
125 Mouscron/Mouscron : château des Comtes, suivi du réaménagement de la basse-cour
Marceline Denis
125 Quévy/Quévy-le-Grand : fouille d'un établissement rural
Véronique Danese, Olivia De Staercke et Benjamin Van Nieuwenhove
130 Saint-Ghislain/Baudour : sondages préalables à l'extension du temple protestant de
Douvrain
Hélène Collet, Philippe Lavachery, Jean-Philippe Collin, Anne Hauzeur, Michel Woodbury, Lyse Unger,
Carolina Cabrero et Amandyne Rosart
133 Tournai/Tournai : sondages archéologiques à l'arrière de l'ancien garage Delune, place
Reine Astrid
Isabelle Deramaix
Liège
139 Éditorial
Jean-Marc Léotard
Préhistoire
141 Ferrières/Vieuxville : datation radiocarbone d'une calvaria humaine au Trou du Renard/
Grotte Geneviève
Michel Toussaint, Olivier Vrielynck et Benoît Wéry
318
144 Liège/Rocourt : étude stratigraphique de la coupe de lœss du site classé de la sablière Gritten
Stéphane Pirson, Paul Spagna, Dominique Bosquet, Simon Delvoie, Kévin Di Modica, Paul Haesaerts,
Étienne Juvigné et Pierre van der Sloot
148 Modave/Modave : le Moustérien récent du Trou Al'Wesse, l'unité 17
Rebecca Miller, Pierre Noiret, John Stewart, Keith Wilkinson et Yann Waersegers
152 Pepinster/Soiron : haches polies « Aux Trois Journaux »
Francis Polrot
153 Theux/Theux : hache polie à « Turon », chemin du Chivrou
Francis Polrot et Benoît Pelzer
Protohistoire
154 Oupeye/Hermalle-sous-Argenteau : conservation de dépôts funéraires provenant d'un
champ d'urnes
Nancy Verstraelen
Époque romaine
155 Amay/Amay : découverte d'un sabot de pieu provenant du pont romain
Léon Dardenne, Gianni Gava, Raymond Polis et Jacques Witvrouw
155 Herstal/Milmort : fouille d'un établissement le long de la chaussée Brunehaut
Sophie de Bernardy de Sigoyer, Catherine Coquelet, Claire Goffioul et Jean-Philippe Marchal
161 Liège/Jupille-sur-Meuse : sondages archéologiques dans le parc de l'Institut Notre-Dame
Catherine Coquelet
164 Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet : occupation romaine rue de Vinalmont
Gianni Gava
Moyen Âge
165 Modave/Vierset-Barse : la motte castrale de Vieux-Barse, un premier bilan de la campagne
de fouilles 2015
Yorick Lucon
166 Soumagne/Ayeneux : vestiges en bois rue Pont Al'Plantche
Claire Goffioul, Olivier Collette, Sarah Crémer et Pascale Fraiture
168 Stavelot/Stavelot : nouvelle chronologie des bâtiments monastiques du Haut Moyen Âge et
découverte d'un sarcophage mérovingien
Brigitte Neuray
172 Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet : étude anthropologique des individus découverts
sur le site « A Lohincou »
Aubrée Godefroid et Denis Henrard
Temps modernes
176 Clavier/Terwagne : découverte d'un four à chaux artisanal
Gianni Gava, Robert Désert, André Jaminon, Jean-Claude Marchal, Raymond Polis, Michel Eubelen,
André Martin, Noureddine Assojaa et Jacques Witvrouw
178 Juprelle/Juprelle : installations de chauffe à la ferme de l'Abbaye
Catherine Coquelet
180 Stoumont/La Gleize : étude archéologique de la ferme « Li vi gbomont » à Exbomont
Nancy Verstraelen
184 Verviers/Verviers : la maison Lambrette
Catherine Bauwens
Toutes périodes
186 Anthisnes/Anthisnes : alimentation d'origine animale et coq de combat, l'apport des restes
fauniques du Moyen Âge et de l'époque moderne
Quentin Goffette, Nancy Verstraelen et Wim Wouters
319
Luxembourg
225 Éditorial
Denis Henrotay
Protohistoire
227 Gouvy/Bovigny : fouille de la nécropole celtique à tombelles de « Fosse del Haye »
à Halconreux
Christelle Draily, Sylvain Fetter et Nicolas Meunier
229 Gouvy/Bovigny : suite et fin de la fouille de la nécropole celtique à tombelles
d'« Hastape » à Courtil
Christelle Draily
320
Époque romaine
233 Arlon/Arlon : suivi d'un terrassement à l'emplacement de l'ancien cimetière gallo-romain
du Hochgericht
Denis Henrotay
234 Habay/Habay-la-Vieille : la campagne de fouilles 2015 à Mageroy
Jean-François Baltus et Benoît Halbardier
238 Habay/Habay-la-Vieille : les premières prospections géoradar à Mageroy
Sébastien Lambot, François Casterman et Benoît Halbardier
Temps modernes
241 Marche-en-Famenne/Marche-en-Famenne : découverte fortuite d'une brasserie dans le
quartier de l'ancien couvent des Carmes
Nicolas Meunier
Toutes périodes
244 Hotton/Hotton : sondages au Trou du Trio
Christelle Draily, Michel Toussaint, Grégory Abrams, Daniel Vanden Bosch, André Vanden Bosch,
Kevin Brams et Emmanuel François
245 Rouvroy/Dampicourt : fouilles et restauration du château de Montquintin. Campagne 2015
Didier Culot, Jérôme Parmentier et Vivien Thiry
Namur
Éditorial
251
Christian Frébutte
Préhistoire
255 Andenne/Sclayn : DigiArt, un projet européen pour la grotte Scladina
Dominique Bonjean, Grégory Abrams et Kévin Di Modica
Époque romaine
257 Florennes/Morialmé : découverte d'une tombe à incinération gallo-romaine
Élise Delaunois et Pierre-Hugues Tilmant
257 Havelange/Flostoy : la villa gallo-romaine de « Lizée »
Sophie Lefert
259 Namur/Namur : étude archéozoologique du site de la rue des Bouchers
Fabienne Pigière et Michel Siebrand
261 Viroinval/Nismes : la nécropole tardo-romaine du « Tienne del Baticulle »
Laureline Cattelain, Pierre Cattelain et Olivier Vrielynck
Moyen Âge
264 Andenne/Andenne : mise au jour d'un four à Andenelle
Carole Hardy, Sophie Challe, Sylvie de Longueville et Élise Delaunois
Temps modernes
265 Andenne/Landenne : sondages à proximité de l'ancien château
Carole Hardy, Élise Delaunois, Souad Ech-Chakrouni et Jozef Hus
321
267 Namur/Namur : découverte d'une cheminée du 16e siècle à l'académie des Beaux-Arts,
ancien Mont-de-Piété
Sophie Jurdant et Michel Siebrand
268 Yvoir/Godinne : un logis antérieur à la Vieille Ferme
Marie Verbeek, Christophe Maggi et Pascale Fraiture
271 Yvoir/Yvoir : suivi du chantier de restauration du corps de logis de la ferme de Champalle
Marie Verbeek, Sarah Crémer, Pascale Fraiture et Axelle Oger
Époque contemporaine
275 Namur/Namur : citadelle, interventions archéologiques 2015 dans le fossé de Terra Nova
Pierre-Hugues Tilmant
Toutes périodes
277 Andenne/Andenne : découverte de fosses rue Wilgot à Andenelle
Carole Hardy
278 Andenne/Sclayn : découverte fortuite d'une maçonnerie dans l'ancien presbytère
Carole Hardy
278 Dinant/Dinant : un segment de rempart observé place Albert Ier
Marie Verbeek et Carole Hardy
279 Gembloux/Bossière : occupation laténienne, gallo-romaine et mérovingienne à la rue
d'Hermoye
Michel Siebrand et Didier Guiot
280 Gembloux/Gembloux : nouvelles données concernant l'église Saint-Sauveur et le beffroi
Michel Siebrand et Jérôme Parmentier
282 Jemeppe-sur-Sambre/Balâtre : les vestiges médiévaux et modernes de l'église Sainte-Aldegonde
Élise Delaunois et Carole Hardy
285 Jemeppe-sur-Sambre/Balâtre : résultats de l'analyse anthropologique des squelettes de
l'église Sainte-Aldegonde
Hélène Déom et Élise Delaunois
287 Jemeppe-sur-Sambre/Moustier-sur-Sambre : suivi de chantier rue d'Ordin
Élise Delaunois et Nathalie Mees
287 Namur/Namur : citadelle, esplanade de Terra Nova. Mise au jour de plusieurs constructions
lors du suivi de chantier
Pierre-Hugues Tilmant
291 Namur/Namur : citadelle, interventions archéologiques 2014 à la porte de Médiane
Pierre-Hugues Tilmant
293 Namur/Namur : citadelle, restauration d'une muraille à Terra Nova. Mise au jour d'une
maçonnerie antérieure au 19e siècle ?
Pierre-Hugues Tilmant
294 Namur/Namur : citadelle, suivi archéologique à la limite nord du fossé du château comtal
Pierre-Hugues Tilmant
295 Namur/Namur : citadelle, suivi de chantier et fouille préventive à la batterie Sambre
Pierre-Hugues Tilmant
298 Namur/Namur : la Porte en Vis et la Deuxième Enceinte urbaine révélées par un sauvetage
archéologique à la rue des Brasseurs, nos 57-59
Raphaël Vanmechelen
302 Ohey/Évelette : suivi de chantier rue Abbé Matagne
Carole Hardy
302 Ohey/Haillot : suivi de chantier rue Stocus
Carole Hardy
302 Rochefort/Han-sur-Lesse : fouilles subaquatiques au Trou de Han, campagne de 2015
Christophe Delaere, Cécile Ansieau et Marc Jasinski
322
',5(&7,21*e1e5$/(23e5$7,211(//(
'(/¶$0e1$*(0(17'87(55,72,5('8/2*(0(17'83$75,02,1((7'(/¶e1(5*,(