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notre avenir
La mer, un moteur pour l’emploi
ƒDossier L’économie bleue représente 300 000 emplois en France. Elle regroupe des activités traditionnelles et de nouveaux métiers
qui recruteront dans les années à venir. Pages 2 et 3
Supplément à Ouest-France du mardi 1er mars 2016, le marin du vendredi 4 mars 2016. Impression Ouest-France Chantepie (35) – Ne peut être vendu séparément – Ne pas jeter sur la voie publique.
En période de chômage de masse, À côté des navires amiraux tra- chaine interdiction (enfin !) des sacs
ƒEntretien le choix d’une orientation, d’un mé- ditionnels que sont la filière de la plastique en caisse des supermar-
tier, est très souvent synonyme de pêche et des produits de la mer chés. Comme dans bien d’autres do-
François Gabart plaide casse-tête angoissant. Nombre de (61 000 emplois), la construction maines, les algues sont déjà la solu-
voies royales et classiques d’hier navale (42 000 emplois), le transport tion de remplacement. À Saint-Malo
pour le respect des océans sont parfois devenues aujourd’hui maritime (22 000 emplois), le sec- par exemple, la société Algopack
autant d’autoroutes vers Pôle emploi. teur parapétrolier offshore (32 000 en commercialise, à côté de gobe-
Le skipper du trimaran Macif dit sa fierté des Les jeunes en quête d’avenir, leurs emplois) ou encore la Marine natio- lets, clés USB, étuis de téléphone ou
réussites françaises en matière maritime, de la parents ou même certains conseil- nale (39 000 postes à renouveler en montures de lunettes, autant de pro-
construction navale à la course au large. Il s’exprime lers ignorent trop souvent les nom- permanence), voguent aussi, désor- duits parfaitement biodégradables.
aussi sur la pollution des océans. breux débouchés qu’offre la mer. mais, des frégates légères et mo- Autre motif d’optimisme : les mé-
Yann Riou/Macif
emplois dans les dix ans à venir en hore pétrolier en raison de la baisse si bien la devise de cette même ville
à la gestion de la ressource. présentant un plan d’action pour la du baril, ou encore le transport ma- de Nantes : « Favet neptunus eunti ».
croissance bleue ! Trop beau, sans ritime avec le ralentissement de la Neptune favorise ceux qui osent.
doute, pour être vrai, mais l’écono- croissance mondiale. Mais les vents
mie bleue va bel et bien offrir de nou- tourneront. Et pour les frégates de Jean-Marie BIETTE
Page 7 veaux et nombreux débouchés. l’avenir, pensez simplement à la pro- et Philippe COCHEREAU.
Nicolas Job
du jeu, se trouve la filière pêche et posante plurielle et pleine d’allant
produits de la mer, leader de l’emploi qu’est la France de la mer.
maritime avec plus de 61 000 postes
(et 8,7 milliards de chiffre d’affaires). Lucie LAUTRÉDOU. La filière pêche manque de candidats, malgré les possibilités de recrutement et des salaires attractifs.
d’une compagnie française sur le dé- et plongeur pour se déplacer sur et Les besoins suivent. En France et l’utilité : celui de vidéaste plongeur.
troit du pas de Calais. De son côté, la sous l’eau. Il a besoin de connais- en Bretagne, la dominante reste la Rien de tel que leurs images pour
Brittany Ferries garde le cap sur une sances scientifiques pour assurer pêche d’algues. Mais la culture se que les industriels observent la circu-
mer agitée. le suivi du milieu, faire des obser- développe tout doucement, bien loin lation des sédiments ou la protection
Comme dans toute tempête, il y a Le transport de conteneurs se porte bien. Ici le dernier né de la gamme des vations et des prélèvements, et doit encore des quantités cultivées en des espèces et des espaces.
de l’espoir. Le conteneur, avec CMA porte-conteneurs pour la compagnie CMA-CGM, le « Bougainville ». faire preuve de qualités humaines : Asie. On voit poindre les premiers L. L.
Ouest-France
Mars 2016 La mer, notre avenir 3
Claire, première femme pacha d’une frégate La capitainerie, tour de contrôle de l’estuaire nazairien
tion des officiers-élèves de la Marine d’accès au port. À 10 h, le capitaine « La plupart de ces mouvements
Portrait nationale. La préparation opération-
Reportage m’a annoncé par VHF sa position sont simples en apparence mais
Il n’y a que deux polytechniciennes nelle aura été faite par son prédéces- Leur bâtiment est aussi discret qu’est au large (45 km) et demandé qu’un tout est préparé très en amont, re-
dans la Marine, et l’une d’entre elles, seur et elle n’aura que deux jours à la exigeante leur mission. Boulevard de pilote monte à bord. » Les pilotes de lativise Thierry Robert. Les navires
Claire Pothier, vient de décrocher, à mer, avant le grand départ pour plu- Verdun, à Saint-Nazaire, au deuxième port étant des marins expérimentés, doivent se déclarer 48 heures avant
38 ans, le commandement de la fré- sieurs mois de navigation. Même si étage de la capitainerie du port, deux bons connaisseurs de l’estuaire. d’arriver et nous fournir des élé-
gate légère furtive (FLF) Guépratte. Un elle ne le verbalise pas, Claire Pothier hommes surveillent en continu les Nouveau contact à 11 h lorsque ments comme leur tirant d’eau, les
poste convoité : la Marine ne compte est impatiente de repartir en mer, entrées et sorties des navires mar- le cargo s’est positionné à la bouée moyens nautiques (radar, chaîne de
plus que quinze frégates. Dans une après une série d’affectations à terre. chands dans l’estuaire. Dans leur de la Couronnée (à 18 km), là où on mouillage, propulseur d’étrave…), les
Marine nationale où les postes de pa- Des mers peut-être moins froides que vigie, ces officiers sont ceux du Ser- aperçoit les navires qui attendent équipements de sûreté. »
cha s’obtiennent après un impitoyable celles qu’elle a connues à bord de vice de trafic maritime (STM). « Nous d’entrer en Loire. « Je l’ai informé du Rares sont les incidents. « On a af-
parcours d’obstacles, cette spécialiste son aviso, au-delà du cercle polaire sommes le quatrième port de trafic, des navires qu’il allait croi- faire à des marins qui connaissent
de la lutte anti-sous-marine, sortie ma- ou en accompagnant les sorties des France avec près de 3 000 navires ser et tout ce qui l’intéresse, no- leurs navires. La flotte d’aujourd’hui
jor de l’École navale, était déjà la pre- sous-marins de Brest, en Atlantique. qui viennent ici chaque année, » tamment les travaux en cours sur est aussi en bonne santé. Les pétro-
mière à commander un aviso, le Com- rappelle Thierry Robert, agent de sû- le port. » Vers midi, l’Arklow Wind a liers et les méthaniers sont particu-
Opérations militaires
Jean-Marc Tanguy
mandant L’Herminier, basé à Brest. reté portuaire. À tour de rôle, une di- franchi le pont de Saint-Nazaire pour lièrement suivis. »
Clermontoise, le nouveau com-
marquantes zaine d’hommes assurent la mission. se mettre à quai vers 13 h à Montoir.
mandant du Guépratte ne le cache Mais ces expéditions lointaines Ce jour-là, Éric Bloch a pris son Mission accomplie pour le STM. Thierry HAMEAU.
pas : elle n’est pas tombée dans la n’émargent pas en tête de ses sou- service à 8 h ce matin et va rester en
marmite d’eau salée toute jeune. Et venirs. Comme pour beaucoup de Claire Pothier, 38 ans, polytechni- poste pendant douze heures. Avec
il n’y avait pas de militaire dans sa fa- ses pairs, plus que le côté dépay- cienne, commande la frégate légère son collègue Jacques Bonis, il va
mille. Mais pendant sa scolarité, elle sant d’un déploiement lointain, ce furtive Guépratte. anticiper, coordonner et contrôler le
voulait servir. Et durant son passage sont les opérations militaires qui l’ont mouvement de chaque navire qui
à l’X, elle a fait son année de service marquée. À l’instar de la mission Har- aussi la féminisation appliquée par la franchit l’estuaire. Une quinzaine est
militaire dans la Marine, sur une fré- mattan contre la Libye, où tout navire Marine nationale, qui atteint presque annoncée.
gate, le Tourville. Depuis, le virus ne français était potentiellement exposé 13 % de ses 39 000 postes. Un vivier
aux mines, aux embarcations pié- qu’il faut en permanence renouve-
Une préparation en amont
l’a plus quittée.
Archives Ouest-France
C’est son premier embarquement gées, aux tirs d’artillerie côtière. ler. Et pas seulement par la presti- À commencer par l’Arklow wind. « Un
sur une frégate de ce type. Sans état Comme tout pacha, la voilà main- gieuse École navale. Cette année navire de 136 m qui vient décharger
de grâce : à la fin de l’hiver, elle prend tenant au centre des regards de encore, la Marine recrutera environ 11 000 tonnes de ciment à Montoir,
la mer pour accompagner le BPC son nouvel équipage, qui n’ignore 3 500 jeunes de tout niveau. détaille Eric Bloch, devant ses sept
Tonnerre, dans le cadre de la longue pas que son parcours est à ce jour écrans numériques qui surveillent à
campagne « Jeanne d’Arc » de forma- un sans-faute exceptionnel. Il illustre Jean-Marc TANGUY. la fois le large, l’estuaire et le chenal Éric Bloch assure la bonne circulation des bateaux dans l’estuaire nazairien.
L’expert contrôle l’état des navires Julien, maître du carbone L’aquaculteur, jardinier et éleveur
Sai-Hang Loo est directeur délégué Ils passent leurs journées en bottes,
marine et offshore France du Bureau les mains dans la flotte, et ils adorent
Veritas, l’une des principales socié- ça : les deux aquaculteurs, Mathieu
tés de classification intervenant pour Hussenot, 35 ans, et Mickaël Coquil,
le contrôle de l’état des navires dans 34 ans, ont créé leur entreprise le
le monde. Au « BV », comme l’on dit, 1er octobre dernier, La ferme marine
deux grandes voies pour le contrôle de l’île d’Arun à Hanvec, sur le site
des navires : les experts du bureau d’une ancienne écloserie installée
d’approbation, ingénieurs de forma- à fleur d’eau au fond de la rade de
tion, examinent les plans du navire Brest.
dès sa construction et vérifient qu’il Fidèles à l’esprit du lieu, ils ont eux
répond au règlement de classification aussi monté leur écloserie. Après
Franck Jourdain
Lucie Lautrédou
lisés dans les visites des navires en ment – ils ont accueilli leurs premiers
Camille Bleuet
LONDRES
du VOYAGE
par la mer
ANGLETERRE
Écosse & Pays de Galles
IRLANDE
ESPAGNE
Portugal
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S É J O U R S • T R AV E R S É E S • C R O I S I È R E S
4 La mer, notre avenir Ouest-France
Mars 2016
Porte-conteneurs géant
L’ensemble des mouvements de chargement et
déchargement des « boîtes » est automatisé.
La cadence de déchargement peut atteindre
500 conteneurs à l’heure.
CM
A
CG
M
LN
G
Courant quai
Le navire coupe ses groupes
électrogènes durant l’escale et reçoit
l’électricité dont il a besoin par le Le gaz comme carburant
réseau du port. Le gaz naturel liquéfié, peu polluant,
alimente les moteurs diesel des
navires. Il leur est livré par de petits MS
navires avitailleurs. C
MA
ER
SK
Accostage automatisé
Les palpeurs absorbent les Traitement des déchets liquides
mouvements du navire et régulent Les déchets pétroliers des navires sont
son accostage puis son amarrage. pompés et raffinés pour redevenir des
carburants marins. Les eaux grises sont
pompées et traitées à terre.
Pile à hydrogène E
L’électricité fournie par les
La surveillance multicapteurs LIN
éoliennes en mer sert à produire de NG
l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Détection par radars à ondes de
P PI
L’hydrogène alimente les navires surface, sonars et caméras optroniques,
S HI Porte-conteneurs géant
équipés d’une pile à combustible. des intrus et des mouvements de
navires suspects. Les intrus sont Ils pourront bientôt transporter
chassés par des canons à eau ou à sons 20 000 « boîtes », soit une cargaison
montés sur des drones. dont la valeur commerciale atteindra les
2 milliards d’euros.
Le rotor de l’hydrolienne compte dix immenses pales d’environ six mètres faites
en composite, le type de matériau utilisé pour les navires de compétition.
3 à 4 km : c’est la longueur des câbles servant à faire transiter Le rotor est niché dans le stator, lui-même composé de trois immenses anneaux de 16 mètres de
l’énergie produite par l’hydrolienne vers le convertisseur. diamètre assemblés à Brest. L’ensemble pèse 300 tonnes.
Des pièces réalisées en Pologne, leur connexion au réseau. ploiter le courant des marées. Cela la Nouvelle-Ecosse, les deux cousines
République Tchèque et Grande-Bre- Le site sera la première ferme d’hy- ne date pas d’hier : la région était des turbines costarmoricaines, qui se-
tagne, des pales made in Lorient, droliennes raccordées au réseau truffée de moulins à marée jusqu’au ront plongées dans la célèbre baie de
des rotors assemblés à Cherbourg français, avec une puissance de XIX e siècle. L’usine marémotrice Fundy, où l’on rencontre l’amplitude
pour un montage final à Brest : les 1 mégawatt. A Ouessant, Sabella de La Rance, longtemps seule au de marées la plus forte au monde.
deux hydroliennes destinées à la D10 – une production 100 % fran- monde, en est d’ailleurs l’héritière. Et d’ici à 2018, fini les tests : pour
ferme expérimentale EDF de Paim- çaise branchée en septembre – était, Openhydro/DCNS, ce sera le raccor-
pol-Bréhat dans les Côtes-d’Armor, elle la première hydrolienne raccor- dement de la pré-série industrielle
auront voyagé avant de plonger dans
Vers une exploitation du Raz Blanchard en Normandie qui
dée au réseau. Selon son implanta-
les eaux turbulentes de la Manche.
industrielle réunira sept hydroliennes. A terme,
tion, une hydrolienne doit répondre
La première des deux machines de aux besoins en électricité d’une po- Les premières hydroliennes sous- ce site pourrait accueillir plusieurs
16 mètres de diamètre a été mise à pulation comprise entre 1 300 et marines, qui pèsent des centaines centaines de turbines. Et DCNS es-
l’eau le 20 janvier au large de Plou- 3 000 habitants. de tonnes, sont le début de séries père produire une cinquantaine de
bazlanec. La turbine Openhydro/ La Bretagne, en déficit électrique que les industriels espèrent longues. machines dans cinq à dix ans
DCNS n’attend plus que l’arrivée de chronique faute de centrale nu- Openhydro/DCNS assemble à Hali-
sa jumelle, en achèvement à Brest, et cléaire, est donc à la pointe pour ex- fax, dans la province canadienne de Lucie LAUTRÉDOU.
© Virtualys – Région Bretagne
DCNS/Nicolas Job
territoire • économie • formation • éducation • transport • environnement • culture & sport • tourisme & patrimoine • europe
La barge Openhydro Triskell a été construite sur mesure par STX à Lorient. Cet L’énergie cinétique des mers en action : l’hydrolienne a été testée en rade de
outil de 58 mètres de long sert au transport des hydroliennes et aux tests. Brest pendant deux jours en novembre, tractée par sa barge à 4 à 5 km/h.
6 La mer, notre avenir Ouest-France
Mars 2016
AFP
Bref, il est inutile d’aller voir ailleurs les retrouve désormais sur de nom-
tant le savoir-faire français, et surtout breux bateaux de plaisance. François Gabard rappelle que les océans jouent un rôle central pour le climat : « On ne peut pas faire sans la mer. C’est une vérité trop méconnue. »
de l’Ouest, est immense.
Naviguer en haute mer Une pollution perceptible au C’est vrai par exemple au niveau ther-
On pourrait vous rétorquer que la sensibilise-t-il aussi à l’écologie, large, dans les lointaines mers mique. Les océans captent 90 % du
filière course n’est qu’une niche. au respect des océans ? du Sud ? réchauffement de la planète. On ne
Oui, mais au-delà de la légitime C’est évident. Ma première expé- Malheureusement oui. Même si elles peut pas faire sans la mer. C’est une
fierté d’être parmi les meilleurs en rience, je l’ai vécue à 7 ans. On a tra- sont moins polluées que nos côtes vérité trop méconnue.
course, le savoir-faire français, la re- versé l’Atlantique avec mes parents. ou la Méditerranée, les mers du
cherche et l’innovation servent l’éco- La gestion des déchets, qu’il est Grand Sud sont aussi souillées par Vous-même, avez-vous constaté
système de la construction navale hors de question de jeter à la mer, du plastique. Le drame, c’est que des preuves océaniques du
de plaisance dans notre pays. Et là apprend des trucs et combines pour les gens se disent, la mer est im- réchauffement climatique ?
aussi, nous sommes leaders mon- bien gérer et diminuer le volume mense, mon déchet ne sera qu’une Oui, lors du Vendée Globe. Le ré-
diaux, avec Bénéteau, Jeanneau, des déchets. Aujourd’hui, quand je goutte d’eau dans un océan soi-di- chauffement provoque la dérive de
Fountaine-Pajot et bien d’autres. Et fais un avitaillement pour le Vendée sant vierge. Ainsi, la mer est devenu glaces antarctiques que l’on retrouve
tout cela n’est possible que grâce à Globe ou une autre course au large, au fil des ans le dernier maillon envi- désormais bien plus Nord que lors
j’attache beaucoup d’importance à ronnemental. On y jette tout et elle des premières éditions. Les routages
n’embarquer aucun emballage su- ramasse tout. Les petits déchets de et témoignages l’attestent. C’est le ré-
perficiel. Nos habitudes terrestres plastique finissent par créer de véri- sultat de l’impact de l’homme.
Yann Riou/Macif
sont effrayantes, au vu de la place tables continents. Les résidus sont
que prend le superflu. ingérés par le plancton, puis par les Est-il déjà trop tard ?
poissons et l’ensemble de la chaîne Non, je suis de nature optimiste,
À commencer par les sacs et alimentaire. C’est un désastre qu’il mais la prise de conscience doit
emballages en plastique ? nous faut individuellement et collec- être rapide. Et je suis persuadé que « Mon trimaran Macif, il est 100 % français, de la conception architecturale à
Oui, bien sûr. Il faut les interdire, et tivement stopper. la révolution écologique doit com- la réalisation. »
pas seulement en caisse dans les mencer par chacun d’entre nous,
supermarchés. Nous n’avons pas D’une manière plus générale, par nos petits gestes du quotidien.
le choix. Et il existe des alternatives, prend-on assez en compte Si l’on considère que le problème À 32 ans, un palmarès exceptionnel
comme avec les algues par exemple. la dimension maritime dans majeur est chez les autres, alors
Alexis Courcoux/Macif
JE VIS ICI,
çois Gabart brille ensuite sur le circuit
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MA BANQUE
classement bizuth de la Solitaire. Sur D’un Everest à l’autre : François Ga-
le même monocoque monotype, il de- bart ne prendra pas le départ du Ven-
vient champion de France de course dée Globe en novembre prochain. Il
AUSSI.
au large en solitaire en 2010. a désormais en ligne de mire le nou-
veau Graal des solitaires au large : la
Doublé Vendée Globe course autour du monde en solo, en
Route du Rhum multicoque Ultime cette fois. Le dé-
BPCE, intermédiaire en assurance inscrit à l’ORIAS sous le n° 08 045 100 - Réf. : 02/2016 - Crédit photos : Getty Images - Agence : L2OM.
François Gabart voit ensuite beau- part sera donné de Brest en 2019,
coup plus grand en posant son sac sans escale et sans routage. En at-
à bord de la classe des monocoques tendant l’aventure ultime, il enchaî-
Imoca de 60 pieds (18,28 m). Pour sa nera des tentatives de records, sans
première participation, il remporte le oublier la Route du Rhum 2018.
Philippe Chérel
Crédit Maritime
Banque & Assurance
www.creditmaritime.fr
Vainqueur du Vendée Globe l’année précédente, François Gabart remporte
l’édition 2014 de la Route du Rhum, en classe Imoca.
Ouest-France
Mars 2016 La mer, notre avenir 7
Ifremer/Olivier Barbaroux
peu à peu des structures de po-
pulation complexes, inattendues,
avec certains poissons sédentaires,
d’autres grands voyageurs… loin des
limites de stock arbitraires appo-
sées sur les cartes.
L’empereur, vivant dans les eaux profondes, a été particulièrement difficile à étudier.
Les cas abondent de certitudes
qui ont été démenties. « On a mar-
qué plus de 30 000 merlus en six
ans, et on a finalement découvert
qu’il grandissait deux fois plus
Ifremer/Stéphane Lesbats
vite qu’on ne le pensait », raconte
la chercheuse. Anodin ? Non, car
ces données comptent pour éva-
luer l’état du stock et donc gérer la
pêche.
Encore moins accessible, l’empe-
reur, qui vit dans les eaux profondes, Hélène de Pontual réalise le lâchage des bars après opération de marquage. Elle aidera à savoir s’il n’y a qu’un seul stock
a suscité deux écoles, qui évaluent de Dunkerque à Saint-Jean-de-Luz.
sa longévité à 20 ou 100 ans. Pour
les départager, l’Ifremer a eu re- vironnement est déterminant. « Les tique ». Pour en avoir le cœur net, grimpe en Méditerranée. Car la re-
cours au Nautile, son sous-marin conditions océaniques – courants, un million de bars ont été marqués cherche se concentre sur les es-
de poche. « Le marquage par 1 200 température, nourriture présente de Dunkerque à Saint-Jean-de-Luz pèces à fort enjeu économique ou
Lionel Flageul
mètres de fond a été compliqué ! » à l’éclosion des larves – peuvent depuis la fin 2013. Tout juste sait-on écologique.
témoigne Hélène de Pontual. Ver- engendrer des chances de survie que le bar se porte mal en Manche Et encore, même certaines es-
dict : « C’est plutôt la grande longé- très limitées. » Ainsi le petit poisson et mer du Nord. Il a longtemps été pèces très exploitées restent mal
vité qui prévaut. » Avec une matu- bleu grandit mal en Méditerranée, sous-étudié, faute de gestion euro- connues : le thon germon, la seiche Après plusieurs années de controverse, on a découvert que le merlu avait une
rité sexuelle tardive. Ce que l’on n’a au grand dam des chalutiers. Sus- péenne. et même la sardine, pourtant la plus croissance bien plus rapide que supposée.
pas su assez tôt en Europe, où sa pect : un plancton inadapté. Les scientifiques ont des évalua- débarquée dans les criées fran-
pêche a été excessive, jusqu’à être tions solides pour seulement cin- çaises. Moins prisée que la morue, les ligneurs en manque de bar, on Il s’agit d’une panoplie d’outils effi-
Un million de bars marqués quante-cinq espèces sur plusieurs
interdite. elle n’a pas suscité autant de re- en ignore presque tout. caces, mais qui demanderait d’être
Les petits pélagiques, qui se renou- Les bars pêchés en Manche, dans centaines pêchées dans les eaux cherche. Autre cas, la lotte, qui pèse La méconnaissance est vaste. accompagnée de davantage de
vellent très vite (sardines, anchois, le golfe de Gascogne, les eaux irlan- communautaires. Elles représentent pourtant lourd dans la pêche euro- Mais elle se réduit, grâce aux moyens humains et financiers.
harengs), ont aussi leur part de daises et ibériques se croisent-ils ? 60 % de ce qui est débarqué. On péenne et dont on ne sait pas dé- moyens d’observation toujours plus
mystère. Ils peuvent disparaître des L’Europe distingue quatre stocks manque de données sur les 40 % terminer l’âge ; quant au lieu jaune, sophistiqués : marquage électro-
zones de pêche sans prévenir. L’en- mais « c’est purement pragma- qui restent. Cette part d’inconnu important sur nos côtes et ciblé par nique, génétique, modélisation… Solène LE ROUX.
En bref
Tant qu’à avoir un yacht…. Le Queen Mary 2 sur les traces du France 3 230 éoliennes marines en Europe
Autant qu’il soit vraiment, vraiment dra chatouiller les tenants du titre en Le 15 septembre 2017, le paque- l’occasion du 500e anniversaire de Durant la seule année 2015, l’éolien
grand. Dans la gamme des paque- se plaçant au quatrième rang mon- bot Queen Mary 2 quittera le port la création de la ville du Havre par en mer a doublé ses capacités rac-
bots à usage personnel, les chantiers dial derrière l’Azzam (180 mètres), du Havre pour rejoindre, le 22 sep- François Ier. Cinq cents places sont cordées à un réseau électrique. Les
navals allemands sont les maîtres du l’Eclipse (163,50 mètres) et le Dubai tembre, New York, avec 2 620 pas- proposées à la réservation au Havre, 3 230 éoliennes offshore réparties
jeu. Lürssen vient de mettre à l’eau un (162 mètres). Monsieur Ousma- sagers à bord. Cette liaison rend à des prix entre 2 700 et 3 250 € dans 84 parcs de 11 pays (mais au-
yacht de 156 mètres destiné au milliar- nov possédant déjà un yacht de hommage à celle qu’assurait le (pension complète et vol retour in- cune en France), pour une capacité
daire russe Alicher Ousmanov. Il vien- 110 mètres, l’honneur est sauf. France jusqu’en 1974, et intervient à clus). cumulée de 11 027 MW, fournissent
l’équivalent d’environ onze réacteurs
Ouest-France
nucléaires. Ou encore 1,5 % de la
À Nantes, le tout nouveau campus de l’industrie maritime consommation électrique globale
de l’Union européenne.
Le Technocampus Ocean est au- retrouve STX France, Alstom, DCNS
jourd’hui un haut lieu de l’ensei- Research et sa filiale Sirehna,
gnement et de la recherche dans Hydrocean, ACB, Dassault sys- Shanghai reste champion du conteneur
les industries marines en France. tèmes, CEA Tech Pays-de-la-Loire,
Il a été inauguré en fin d’année à le pôle de compétitivité EMC2, l’uni- Le premier port à conteneurs du pour, puis trois autres ports chinois :
Nantes. Parmi les occupants, on versité de Nantes, l’ENSM et l’Icam. monde en 2015 reste Shanghai, avec Shenzen, Ningbo-Zhousha et Hong-
36,5 millions de « boîtes ». Le podium Kong. Le premier port français est Le
est comme de coutume entièrement Havre qui a accueilli 2,7 millions de
asiatique : viennent ensuite Singa- « boîtes ».
L’ordinateur sous la mer
Archives Stéphane Geufroi
Les fonds marins, un paradis pour mètre. Des turbines captant les cou-
ordinateurs ? C’est ce que pense rants marins lui assurent une totale
STX investit 20 millions par an à Saint-Nazaire
Microsoft, qui vient de commencer autonomie électrique tandis que la La construction navale doit bien être eu un plan de charge si rempli qu’ac-
les tests d’un centre de données température est naturellement ra- rentable, tout de même : le chantier tuellement, a prévu d’investir 20 mil-
sous-marin de 2,5 mètres de dia- fraîchie. STX de Saint-Nazaire, qui n’a jamais lions d’euros par an durant cinq ans.
En respectant les bonnes pratiques de pêche, vous préservez la ressource, le milieu marin et votre activité.
Février 2016 - Crédit photo : Studio Degonne
til de mesure
Servez-vous d’un ou de votre pêche
fil
et triez vos prises au
Ne prélevez que ce que
vous cons
dans le cadre familial ommerez
naturel
Respectez le milieu niques
ch
en privilégiant les te es
de pê ch e do uc
Thomas Brégardis
La société commercialise deux pro-
duits : l’Algoblend, mi-plastique, mi-
algues, et l’Algopack, en 100 % al-
gues. Ils se présentent sous forme
de granules qui peuvent être utilisés Les granules peuvent être utilisés dans les moules et les machines industrielles.
Thomas Brégardis
dans les moules et les machines in-
dustrielles. « La matière, qui n’a pas
besoin d’être autant chauffée qu’un
plastique classique, permet de réa-
liser des gains énergétiques », sou- Rémy Lucas, petit-fils de goémonier, a mené des recherches durant dix ans, jusqu’à ce qu’il trouve la bonne formule pour
ligne Rémy Lucas. transformer les algues brunes en un matériau aussi solide que le plastique.
Montures de lunettes, gobelets, Gobelets,
barquettes alimentaires, jouets récoltées en mer, afin de préserver tion des algues sargasses, fléau des représentants de grands groupes montures de lunettes,
Thomas Brégardis
de plage… Les matériaux d’Algo- la ressource. Tout cela, sans en- plages antillaises. « Elles peuvent industriels français qui cherchent barquettes alimentaires,
pack – qui ne contiennent ni bisphé- grais, ni pesticides, ni apports en être valorisées, sur place, en un à réduire leurs émissions de CO2. » jouets de plage…
nols, ni phtalates – permettent de eau douce. matériau en 100 % algues », indique Agroalimentaire, cosmétique, auto- sont fabriqués
fabriquer tout un tas d’objets. Sans Rémy Lucas. mobile… « Cela va déboucher sur de à partir d’algues.
oublier les sacs à base d’algues qui
Renommée mondiale Ces innovations valent à la petite gros projets », assure Rémy Lucas.
pourraient constituer une alternative Les biomatériaux développés par société malouine, une renommée 2016 sera une année charnière
aux sacs plastique à usage unique,
qui vont être interdits. L’Algopack est,
en effet, totalement compostable.
l’entrepreneur breton sont perçus
comme une solution pour réduire
la pollution en mer. Chaque année,
mondiale. Un écho amplifié par
la tenue récente de la conférence
mondiale pour le climat, la Cop21.
pour l’entreprise. Elle emploie, pour
l’instant, quatre salariés et s’apprête
à construire une usine de production
12 C’est le nombre de semaines nécessaires pour
qu’un sac Algopack se décompose en terre.
La start-up utilise des déchets 8 millions de tonnes de plastique Algopack y était présente, grâce à en Bretagne.
Grâce à son caractère compostable, il pourrait remplacer
d’algues ou bien des algues fertili- sont, en effet, rejetées dans les la fondation de Nicolas Hulot. « Cela très avantageusement les sacs de caisse en plastique, à
sées en écloserie, puis cultivées et océans. Autre piste : la transforma- nous a permis de rencontrer les Isabelle LÊ. usage unique, qui vont être interdits à partir du 1er juillet.