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Le mot katharsis [κάθαρσις] est d'abord lié aux rituels de purification, avant de
devenir un terme hippocratique relevant de la théorie des humeurs. Il a été investi par
la Poétique d' Aristote, qui a infléchi son sens en soutenant, contre Platon, que
la tragédie et le théâtre peuvent soigner l'âme en lui donnant du plaisir. Sous la
traduction consacrée de « purgation », il relève du discours classique sur la
tragédie (Corneille, 1660), avant de réapparaître sous sa forme grecque dans les textes
de Lessing, critiquant Corneillecritique d' Aristote (le grec, déjà présent dans l'anglais,
revient alors dans le français à propos de Lessing, 1874, voir DHLF, s.v.« Catharsis »).
En psychanalyse et en psychothérapie, la « méthode cathartique », que Freud dégage
progressivement de son lien à l' hypnose, est liée à l' abréaction, à la décharge
émotionnelle qui, par l'entremise du langage, permet d'évacuer l' affect lié à un
événement traumatique. Entre purification et purgation, l'oscillation du sens, sous la
constante d'un mot qui a traversé les langues, n'a cessé de donner matière à polémiques
et à réinterprétations.
A. Purifier la cité
C. « Katharsis » et homéopathie
Après la publication des Études sur l'hystérie, les positions des deux
collaborateurs par rapport à l'étiologie de l'hystérie divergent
définitivement : « Breuer privilégiait une théorie pour ainsi dire
physiologique », alors que Freud vérifiait le contenu sexuel à l'origine des
phénomènes hystériques, en relevant aussi l'importance de « la différenciation
entre actes animiques inconscients et conscients » (ibid., p. 47 et 46; trad. fr.,
p. 70 et 69). Par la suite, Freud abandonne l' hypnose et la suggestion en faveur
de l' association libre, créant ainsi la « psychanalyse ». Pourtant, l'efficacité de
la catharsis a permis à Freud de vérifier deux résultats fondamentaux, qui se
sont maintenus ultérieurement, comme il le dit lui-même : « premièrement : les
symptômes hystériques ont sens et signification, du fait qu'ils sont un substitut
des actes animiques normaux; et deuxièmement : que la mise à découvert de ce
sens inconnu coïncide avec la suppression des symptômes, que donc se
recouvrent ici recherche scientifique et effort
thérapeutique » (« Psychoanalyse » und « Libidotheorie », op. cit., p. 212; trad.
fr., p. 184).
BIBLIOGRAPHIE
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DODDS Eric Robertson, The Greeks and the Irrational, Berkeley, University of
California Press, 1959; Les Grecs et l'Irrationnel, trad. fr. M. Gibson, Aubier, 1965,
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RAPIN René, Réflexions sur la poétique d'Aristote, et sur les ouvrages des poètes
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1970.
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BONITZ Hermann, Index aristotelicus, Berlin, Reimer, 1870; rééd., Berlin, Akademic-
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