Dossier de presse

Exposition Yossel de Rosheim

Musée Historique de Haguenau

du 31 août au 30 septembre 2012

Contact presse:
Emilie DEMONGIN
Tél 03 88 90 29 34
emilie.demongin@haguenau.fr
Communiqué de presse

Après Rosheim et Strasbourg, Haguenau accueille l'exposition « Yossel de

Rosheim (1478-1554), entre l'unique et l'universel. Un Juif engagé dans l'Europe
de son temps et du nôtre ».
Cette exposition itinérante a transité par différentes villes où Yossel a séjourné
avant d’être présentée pour la première fois à Haguenau, dans sa ville natale, à
l’occasion de la Journée Européenne de la Culture Juive, le dimanche 2
septembre 2012.
Composée d'une vingtaine de panneaux illustrés, l’exposition relate la vie et
l'œuvre de Yossel de Rosheim, représentant élu par tous les Juifs du Saint-
Empire romain germanique auprès des villes, des Princes et de l'Empereur. Elle
présente également le contexte historique, intellectuel et religieux de cette
période charnière du début de la Renaissance où l’Europe a connu l'émergence
de la Réforme et de l'Humanisme, les guerres des paysans et la persécution des
Juifs. Yossel de Rosheim luttera d’ailleurs pour leur permettre de vivre, ou plutôt
de survivre.
Des documents d’archives, des gravures et des livres imprimés à Haguenau au
XVIe siècle, provenant des collections des Archives municipales, de la
Médiathèque et du Musée Historique de Haguenau documentent l’exposition.

Du 13ème au 15ème siècle, la communauté juive de Haguenau connut une relative

sécurité et une certaine prospérité allant de pair avec la prospérité de la ville
elle-même. Certains documents conservés aux Archives Municipales l’attestent
comme celui où Charles IV accorde en 1353 à la Ville de Haguenau le droit de
recevoir à nouveau des Juifs de tous les pays et de les maintenir dans la
possession de leurs droits. Au 16ème siècle, la situation générale en Alsace
devient plus précaire et les exactions contre les Juifs ainsi que les expulsions se
multiplient. En 1528, Yossel de Rosheim obtient de Charles Quint l’annulation
d’un ordre d’expulsion des Juifs de Haguenau, ordre qui tend à prouver que la
bonne entente entre les Haguenoviens et la communauté juive s’est détériorée
en même temps que la situation économique. C’est à la même époque
qu’apparaît l’obligation pour les Juifs de porter la rouelle ainsi qu’une série
d’interdictions et d’obligations regroupées dans un règlement de 1561 dicté par
l’empereur Ferdinand 1er. Ces deux documents conservés aux Archives
Municipales seront présentés pour l’occasion.

Edit de Ferdinand Ier imposant

aux Juifs de son royaume et
autres territoires l'obligation de
porter ostensiblement sur leurs
habits une rondelle en drap
jaune.
Archives Municipales de
Haguenau, GG 65, 1

Costume des Juifs de Worms au XVIème

siècle.
Hessische Landes-und Hochschulbibliothek
Darmstadt, Hs. 1971, Bd.23,S.121
La conception de cette exposition s’est faite sous la direction scientifique de
Freddy Raphaël, professeur émérite de l'Université de Strasbourg, spécialiste du
judaïsme alsacien et rhénan et de Werner Transier, conservateur des collections
Judaïca du Musée historique de Spire. Elle est coproduite par le B'nai B'rith René
Hirschler de Strasbourg et le Musée Alte Synagoge d'Erfurt (Thuringe). Elle est
placée sous le patronage de Madame Maud de Boer-Buquicchio, Secrétaire
Générale adjointe du Conseil de l'Europe, et de l'AEPJ, Association européenne
pour la conservation et la promotion de la culture et du patrimoine juifs. Elle a pu
être réalisée grâce au généreux concours de la Région Alsace et au partenariat
avec les Dernières Nouvelles d'Alsace.

Le commissariat de l’exposition itinérante, constituée de vingt panneaux, est

assuré par Madame Françoise Elkouby (francoise.elkouby3@gmail.com). Cet
ensemble de panneaux, déjà présenté à Rosheim et à la Maison de la Région à
Strasbourg, sera exposé en 2012 et 2013, à Sélestat, Colmar, Mulhouse et dans
d'autres villes des deux départements alsaciens. Une version allemande de cette
exposition fera aussi l'objet d'événements dans des musées et autres sites
d'exposition en Allemagne : à Erfurt, Spire, Breisach, Augsbourg, et à Bâle, en
Suisse, sous la direction de la Ville d'Erfurt.

Conférence
« Yossel de Rosheim, Entre l’unique et l’universel »
Un Juif engagé dans l'Europe de son temps et du nôtre.

19 septembre 2012 à 20h

Synagogue de Haguenau

Freddy Raphaël, sociologue et spécialiste du judaïsme rhénan, professeur

émérite Université de Strasbourg
Monique Ebstein, traductrice du livre de Selma Stern « Yossel de Rosheim,
l’avocat des Juifs »
Carole Wenner, docteur en histoire et auteur de la thèse « Images et
perceptions des Juifs dans l’espace germanique entre fantasmes et réalités
(Xème-XVIIème siècle) »

Informations pratiques :
Du 31 août au 30 septembre 2012
MUSEE HISTORIQUE
9 rue du Maréchal Foch / Tél : 03 88 90 29 39/ musees-archives@haguenau.fr
www.ville-haguenau.fr
Heures d’ouverture : les lundis de 14h à 18h, du mercredi au vendredi de 10h
à 12h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches de 14h à 18h. Fermé le mardi.
ENTREE LIBRE
A propos du B'nai B'rith René Hirschler
Le B’nai B’rith ou « Fils de l’Alliance » est la plus ancienne association
humanitaire juive, crée il y a plus de 160 ans à New-York par un groupe
d’émigrés allemands. Elle est présente aujourd’hui sur les 5 continents, et
représentée en tant qu'ONG auprès de l’ONU et du Conseil de l’Europe.
Ses valeurs: la défense des droits de l’Homme, la lutte contre la haine et la
discrimination, l’attachement aux valeurs et à la culture juive, le respect du
devoir de mémoire et la pérennité de l’Etat d’Israël, l'aide aux personnes en
difficulté.
Le B’nai B’rith René Hirschler de Strasbourg s'est impliqué fortement dans le
développement et la préservation du patrimoine historique et culturel du
judaïsme en Europe. Il a initié des 1996 une journée Portes ouvertes devenue
par la suite Journée Européenne de la Culture Juive, organisée dans 28 pays du
continent européen. Il favorise en outre la création d'un itinéraire européen du
patrimoine juif sous l'égide de l'AEJP, également partenaire de l'exposition.
www.jewisheritage.org

A propos du Musée Alte Synagoge d'Erfurt

« L’Alte synagoge » d'Erfurt en Thuringe constitue, avec ses parties les plus
anciennes datant du 11ème siècle, la plus ancienne synagogue conservées en
Europe centrale. Le musée qui ouvert en 2009 permet au public de découvrir les
vestiges de la communauté juive médiévale à Erfurt, qui occupait une position
éminente durant le Moyen-âge en Europe.
http://alte-synagoge.erfurt.de
1/ L'époque de Yossel de Rosheim

Yossel de Rosheim a vécu au début de la Renaissance. C’est l'une des périodes

les plus difficiles qu’ait connues le monde germanique. L’Empire est secoué à
l’intérieur par des violences dues, d’une part à l’apparition de la Réforme, et
d’autre part aux interrogations religieuses et philosophiques des Humanistes qui
ébranlent le socle de l’Eglise, entraînant les nobles à se rebeller contre un
pouvoir impérial qui apparaît trop lointain. Les inégalités économiques et la
pauvreté de la paysannerie et de certaines autres classes sociales suscitent des
révoltes populaires, qui mettent l’Empire à feu et à sang, pendant qu’à l’extérieur
les Ottomans sont à ses portes et le menacent.
Les Juifs du Saint Empire sont souvent les boucs émissaires de ces violences.
C’est pourquoi, toute sa vie, Yossel de Rosheim, élu préposé des Juifs du Saint
Empire, luttera pour leur permettre de vivre, ou plutôt de survivre.
L'exposition nous plonge dans cette Renaissance riche en mutations profondes,
son contexte politique, intellectuel, religieux, communautaire et nous éclaire sur
la vie et l'œuvre de Yossel, cette grande figure du judaïsme alsacien et européen.

2/ Qui était Yossel de Rosheim?

Yossel, un politique avisé et engagé au niveau européen

Depuis des siècles, une véritable
culture de la haine existait à l’égard
des Juifs, et l’ouverture à la raison
liée à la Renaissance, les
mouvements humanistes et de la
Réforme n'atténuèrent pas
l'antijudaïsme largement répandu. Si
certains Réformateurs furent
favorables aux Juifs, d’autres
comme Martin Luther ou Sébastien

Brant furent violemment hostiles à Sceau de Yossel de Rosheim : une tête de taureau dans
leur égard. un écu de style Renaissance allemande.
Archives de Strasbourg, III 174 fol.76.
Yossel fut l'avocat de ses
coreligionnaires, souvent menacés de torture et de mort, partout en Europe. Il
défendit leurs intérêts au cours de diètes impériales où il rencontra les princes et
les plus hauts personnages de l'Empire. Il défendit également ses frères devant
la plus haute instance juridique, la Haute Cour de Justice impériale de Spire. Il
réussit à placer les Juifs sous la protection directe de l'Empereur Charles Quint
qui, à l'instigation de Yossel, fit à plusieurs reprises annuler les terribles
décisions des princes et des villes. Augsbourg, Gunzbourg, Heidelberg,
Ingolstadt, Nuremberg, Prague, Ratisbonne, Spire, Strasbourg et Wurzbourg sont
les principales villes d'Europe où Yossel lutta pour que soient respectés les
intérêts de ses coreligionnaires, et où il parvint à ce que soient prises des
décisions importantes en faveur des Juifs du Saint Empire romain germanique.
 Yossel, un grand penseur
Le monde intellectuel et spirituel de Yossel se situe dans la continuation des
idées de Rachi de Troyes (1040-1105), initiateur d'une école française de pensée
juive dont le développement fut brutalement interrompu par l'expulsion des Juifs
de France au début du 14ème siècle. La pensée de Yossel se rattache également
aux écrits et aux enseignements des érudits juifs du 11ème au 13ème siècle qui, à
partir des villes rhénanes de Spire, Worms et Mayence, se diffusèrent vers
l'Europe centrale formant ainsi la tradition ashkénaze. Enfin, Yossel connaissait
aussi très bien les écrits de Maïmonide (Moshe ben Maimon de Cordoue (1138-
1204)) le plus grand érudit séfarade de la péninsule ibérique.

3/ Hier et aujourd'hui : deux époques charnières ?

Dans cette période de mutations du début de la

Renaissance, les Juifs choisirent, par une
élection démocratique, Yossel de Rosheim pour
être leur défendeur. Ses qualités morales et
intellectuelles furent exemplaires. Il fut, certes,
un grand politique, mais il fut bien davantage
encore, avant tout un homme de bien, un
homme pour qui l’éthique était le fondement
même de son action, un homme de réflexion
qui croyait en Dieu, mais aussi en l’homme.
Il échoua partiellement, mais pouvait-il en être
autrement dans un monde en mouvement, un
monde déchiré par des affrontements religieux,
politiques et sociaux tels que l’on n’en avait
jamais connus auparavant ?
Pierre votive de la synagogue de
Haguenau, 1482.
Dans notre monde actuel, à la fois différent et
semblable, où la construction de l’Europe moderne est l'un de nos enjeux
essentiels, nous pouvons, lorsque nous perdons courage, nous inspirer de
l’exemple de Yossel de Rosheim : ne jamais renoncer à nos valeurs
fondamentales, au respect de la morale, à celui de l’homme, de sa dignité et de
ses droits.
Yossel de Rosheim nous montre la voie.

4/ L'exposition Yossel de Rosheim s'inscrit dans une

continuité de la valorisation de la culture et du
patrimoine juif en Europe:

Ce projet marque une nouvelle étape :

C'est une nouvelle initiative portée par le B’nai B’rith René Hirschler de
Strasbourg.
Rappelons que cette association a lancé l'idée de la Journée Européenne de la
Culture Juive qui aujourd'hui est organisée chaque année le 1er dimanche de
septembre dans une trentaine de pays européens. L'organisation est coordonnée
par l'AEPJ, association européenne de conservation et de promotion du
patrimoine et de la culture juives en Europe.
Accompagnée par la société d’histoire des Juifs d’Alsace et de Lorraine,
présidée par le Professeur Freddy Raphaël. Elle est marque un point d'orgue
après la parution de l'ouvrage sur Yossel de Rosheim, de Freddy Raphaël et
Monique Ebstein aux Editions de la Nuée Bleue, nouvelle édition complétée en
français du livre de Selma Stein.
Des travaux et expositions des musées historiques juifs allemands...

Cette exposition se situe dans un espace géographique :

Celui du Saint Empire romain germanique, qui a accueilli des Juifs en

milieu rural et urbain depuis le Moyen Age et pour certains sites depuis
l’époque romaine.
Un empire où Yossel de Rosheim est devenu le préposé des Juifs du Saint
Empire et a exercé toute son influence et son savoir auprès des représentants du
pouvoir, principalement l'empereur Charles Quint.

Aujourd’hui un espace de coopération européenne à l’échelle

transfrontalière qui se veut exemplaire parmi les régions européennes.
L'exposition sur Yossel de Rosheim est une coproduction franco-allemande, un
travail commun entre des experts historiens et muséographes démontrant la
place des Juifs dans l'Europe humaniste et le rôle d'un homme originaire d'Alsace
et qui a joué un rôle majeur dans la défense de la minorité juive auprès des
empereurs germaniques.

Conclusion:
Ce projet culturel n’a pas pour objectif un
retour sur le passé, mais exprime la volonté
de construire des ponts entre les régions
européennes, entre la culture juive et les
autres cultures, toutes les autres cultures. Il
ouvre des perspectives d’avenir fondées sur
l’ouverture, les échanges, le partage, la
laïcité et la création et la transmission.

Haggadah de Darmstadt, XIVème siècle.

Bibliothèque universitaire de Darmstadt.
Brochure catalogue
Éditée à l'occasion de l'exposition et préfacée par Freddy Raphaël et Monique
Ebstein.
En vente 5€ à l’accueil du musée.

Livre référence
L'avocat des Juifs : les tribulations de Yossel de Rosheim dans l'Europe de
Charles Quint de Selma Stern, traduit par Monique Ebstein et Freddy Raphaël.
Strasbourg : Nuée bleue, 2008. ISBN : 978-2-7165-0739-4
En vente 22€ à l’accueil du musée.