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L'/ nthrcpologie (Paris)

Tc e 90 (19E6), n' 4, r,'r. 6E5-700

ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIQUE


ET MÉSOLITHIQUE DE BFIT'GIQUE
SYNTHÈSES ET PROBLÈMES

par
Marylise LEJEUNE*

Résumé. L'étude des témoins esthétiques du Paléolithique supérieur et du Mésolithique de Belgique


esl envisagée -dans,un conlexle dépassant leur.cadre géographique, ce qui permel de déceler d'éventuels cou-
ranrs q tnlluence elrangere ou des parttcutarrles locales.
A I'Aurignacien, les ressemblances enrre lémoins (Dendeloques er Dièces incisées) Drovenant de réeions
Îrès diverses ne permellenl pas de mettre en éridence une influence étiangère prècise. Cela s'observe é-gale-
menl. pour les quelques rares pièces livrées par Ie Creswellien. le Tjongerien. l'Ahrensbourgien et le Mesotirhhue.
Un rapprochement avec la Moralie pourrait toutelbis s'observer au Périgordien supérieur (composition
et style d'une petite statuette anthropomorphe), tandis que les témoins esthériques figurâtifs du Magâalénien
montreraient plutôt des affinités aveè ceux du Sud-Ouest français. En outre. cès deui cultures possëdent des
pièces présentant des caractères individuels origiraux.

_. AbstrucL.- Little-known aspecls of tbe Palaeolithic and Mesoliihic art of Belgium. Synthesis and pro-
blems. study of aesthetic remains of rhe BelÊian UDDer Palaeolirhic and Mesolithic oeriods is here
- The
considered in a wide perspecrire: with compari(ons to rhe it!listic rrends in relalion with forèign influences
or local styles.
. _Dudng Aurignacian, close relatioûs seemed to exist with very dilferent parts of Europe without a clear
indication of-origin or influence : pendanls and notched pieces. This can alsô be seen in a few broken pieces
from Creswellian, Tjongerian, Ahrensburgian and Mesolilhic conrexl.
However, a clear comparlson can be made belween Belsian UDDer Perisordian and rhe Eastern Gravel-
lian of Moravia (from the composition and style of a small-anrhropomorphic rtatuetre;. The aesthetic fearu-
res of figurative style from the Magdalenian éulture rather show aifiniries with South:West France. Moreo-
ver, these two cultures contain pieces with individual regional characteristics.

<( Au cours du Paléolithique supérieur en à ces différentes cultures présentent aussi les
Belgique, on voit se succéder une série de tradi- mêmes affinités. Cela prouverait alors I'existence
tions culturelles dont les affinités étrangères sont d'un€ communication ( symbolique > ou ( spi-
des plus yariées. Ce phénomène démontre à la rituelle ,>, accompagnant les influences ( maté-
fois l'intérêt du t€rritoire considéré dans l'étude rielles > décelees entre les différentes régions. En
des relations entre les différentes régions euro- outre, lorqu'un outillage lithique ou osseux peu
péennes, en même temps que la nécessité de caractéristique, pose des problèmes d'attribution
dépasser le cadre national lorsque I'on cherche culturelle lorsqu'il provient de fouilles ancien-
à interpréter l'évolution des civilisations paléo- -
nes notamment l'apport du ( témoin €sthéti-
lithiques d'une de ces régions > (M. Otte, 1984, -
que >> pourrait être particulièrement utile. Cette
p. 178). étude permettrait aussi de dégager d'éventuelles
particularités locales comme il en existe d'ailleurs
Si des affinités étrangères ont pu être mises
dans ['art pariétal (< signe en accolade > du
en évidence par l'étude de I'outillage lithique et
osseux, il nous paraît tout aussi intéressant de Quercy, (< claviformes > ariégeois...).
savoir si les témoins d'art rnobilier aooartenant Toutes les cultures qui se sont manifestées en
Belgique au cours du Paléolithique supérieur,
ont liwé des <( témoins esthétiques ), surtout les
* Service de Préhistoire, Université de Liège, place du manifestations graphiques
XX-Août, B ,1000 Liège, Belgique. ratives - abstraites
réalisées volontairement
ou figu-
Dar I'homme
et don(-nous ne percevons pas le ;ôle urilitaire
Communication présentée à la deuxième session du
Séminaire < Représentations préhistoriques >, Musée de
l'Homme, 1985, organisée sous la direction de Denis Vialou. (M. Lejeune, 1984).
686 MARYLISE LEJEUNE

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L'AURICNACIEN Fr6. l. - Carte de répartition des sites paléolithiques et


mésolithiques belges qui ont livré des ( témoins
Les ( témoins esthétiques ) trouvés dans esthétiques ).
A : Audgnacien ; B : Périgordien ; C : Magdalénien
neuf sites (fig. l) consistent essentiellement en D : Creswellien ; E : Tjongérien ; F : Ahrensbourgien ;
;

pièces perforées et en os incisés. G: Mésolithique. I : Eprave (grotte du Tienne-des-


Maulins); 2: Furfooz (Trou du Renard, Trou des
Les pendeloques, généralement de petites Nutons, Trou du Frontal) ; 3 : Hulsonniaux (Trou de
dimensions, présentent une perforation le plus Chaleux) ; 4: Pont-à-Lesse (Trou Magrite) ; 5 i Has-
tière (frou du Diable); 6: Waulsort (Roche al'Rue);
souyent biconique, parfois cylindrique. Beaucoup 7 : Montaigle (Troù du Chene) ; 8 : Aiseau-Presles
plus rares sont celles portant une double perfo- (grotte de Presle) ; 9 : Spy Grotte de la Berche-aux
ration. Variées dans leur forme, elles le sont éga- Rotches) ; l0: Marche-les-Dames (grotte de la Prin-
lement dans leur matière (fig. 2). cesse Pauline, grotte du Prince); ll : Mozet (grottes
de Coyet); 12: Huccorgne (station de I'Hermitage);
Les pendeloques en ivoire sont les plus nom- 13 : Moha (Trou Dubois) ; 14: Engihoul (( Gisement
paléolithique ), abri de Mégarnie) ; 15 : Les Awirs
breuses mais le bois de renne, I'os, les dents ani- Grottes d'Êngis); 16: Juzaine-Bomal (grotte du
males (surtout les canines de renard et les cro- Coléoptère); 17 : Verlaine (Trou des Nutons); 18:
ches de cervidé) et la pierre ont également été Remouchamps (grotte de Remouchamps); 19 :
utilisés. Il s'agit surtout de petites perles dont A).waille-Sougné-Remouchamps (slation I educ) ; 20 :
Forêt (grottes de Ford-de-Forêt) ; 2l : Maisières-Canal
certaines, à l'état d'ébauche, nous ont permis (site paléolithique) t 22: Lo'l)lllel (gisement de
d'en connaître le mode de fabrication. Leur Lommel).
forme est le plus souvent asymétrique, en goutte
d'eau et parfois en fer de marteau avec une per- Frc. 1.
- Location of Upper Palaeolithic and Mesolithic
foration dans la partie amincie. Les formes sites in Belgtum )hich haye ielded < aesthetic
,'r-rr 1l)

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FIa.3. Pièces incisées aurignaciennes Frc.3.
- rectilignes, parallèles et transversaux
Traits (l: Spy,
- Incbed
Straight
Aurignacian pieces.
parullel transyerse lines (1 : Spt, bone awl;
poinçoD en os ; 2 : Spy, bois de cherreuil) ; petits traits 2 : Spy, rædeer antler) ; srnall banded mork (3 : Trou
gxoupés en bandes parallèles (3 : Trou Magrite, Magûtq cat out diaphlsis) ; conyergent lines (4 : Trou
diaphyse découpée) ; traits coutbes couvergents (4 : du Renard, bone splinter): chevrcns (5 : SpJ, bone
Trou du Renard, lame osseuse) ; motifs €n V (5 : Spy, cllindnl box); criss-cross lines (6: GoJet, bird bone);
tube en os); motifs en X (6 i Goyet, tube en os zig-zag aûd stroight marks (7 : SpJ, bird bone) ; coni
d'oiseau); motifs associés (? : Spy, tub€ en os); cône cal it)ory piece (8: Spy). (M, Otte, 1979, M. Lejeune,
en ivoire (8 : Spy). (D'après M. Otte, 1979 et 1984,)
M. Lejeune, 1984.)
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIOUE.. 689
cylindriques ou en tonneau sont beaucoup plus motifs préférentiels : les séries de traits Darallè-
rares, On trouve aussi des anneaux de section Ies. les lignes courbes tracées à partir de petites
plate, rectangulaire ou carrée, portant parfois de encoches, les séries de X, de V ou de y. plu-
courtes incisions transversales. Certaines Dende- sieurs de ces motifs sont parfois associés.
loques, en forme < d'oreille ont éré décôuoées Les témoins esthétiques les plus nombreux et
"
dans une lame d'ivoire, façonnées par raciage les plus intéressants de I'Aurignacien de Belgi-
puis polissage et enduites d'ocre (De Puydt et que proviennent des sites de Spy et de Goyet.
Lohest, 1886, p.223 et pl. YI). Tant par la nature du matériau utilisé oue
Les pièces incisées offrent aussi une certaine par la forme de la pendeloque ou du motif
yariété dans leurs supports : fragments de côtes incisé, nos rémoins présentent des analogies avec
ou de lames d'ivoire, esquilles d'os longs, tubes ceux retrouvés dans les régions voisines et plus
(os d'oiseaux), pendeloques (dont des perles, particulièrement peut-être ayec ceux du Sud-
anneaux et tonnelet perforé en ivoire), poinçons Ouest français oir les pièces perforées et incisées
et fragments en bois de cervidé (fig.3). apparaissent dès le Châtelperronien. D'autre
Dans l'organisation des traits, plus ou moins part, des pendeloques identiques à celles de Bel-
profondément incisés, on peut distinguer des gique ont été trouvées dans la grotte de Wilds-

FIc.4. Pendeloque et pièces incisées périgordiennes.


--_----5Cm
I :- Spy, coquille fossile p€rforée ; 2 : Engihoul, côre
incisée ; 3 : Maisières-Canal, épingle en ivoire incise€ ;
4: Maisières-Canal : fragment de plaquette d,ivoire à
decor losangique. (1, 2, 3: d'après M. Otte, l9?9; 4:
d'après M. Leieune, 19E4.)
690 MARYLISE LEJEUNE

cheu€r en Rhénanie (J. Hahn, 1977) et des ana-


logies existent avec la Grande-Bretagne dans
I'utilisation d'objets de parure (R. Jacobi, 1980).
Le X est également caractéristique de l'Aurigna-
cien d'Europe centrate (J. Hahn, 1972). Ces affi-
nités entre témoins provenant de régions aussi
diverses ne nous permettent pas de déceler une Z
influence étrangère précise. Elles traduisent plu-
tôt un stade de développement mental des popu-
lations aurignaciennes. Ce seront des processus
2.
techniques qui permettront de mettre en évidence
des analogies plus étroites liant le groupe belge
à la Rhénanie et à la Grande-Bretagne (M. Otte,
1984).

LE PÉRIGORDIEN SUPÉRIEUR
Tout comme pour l'Aurignacien, les O123cm
E-----_=-
<(1émoins esthétiques )) attribuables à cette cul-
ture et retrouvés dans huit sites (fig. 1), consis-
tent principalement en pendeloques et pièces inci- FIG. 5.
- Trou
ivoire.
Magrite: statuette anthropomorphe
(D'après M. Otre, 1979.)
en
sées de motifs abstraits (fig.4). Beaucoup moins
nombreux qu'à I'Aurignacien, ces témoins ren- Frc.5 : ivory onthlopomoryhic stat ette.
contrent souvent des problèmes d'attribution, - Trou Magite
(Accoding to M. Otte, 1979.)
notamment lorsqu'ils proviennent de sites à
industries mélangées.
Les supports présentent la même variété qu'à
l'Aurignacien. Pour les motifs incisés, outre les
séries de petits traits rectilignes parallèles, nous
retiendrons surtout le réseau de traits croisés
obliquement que I'on retrouve sur les plaquet-
tes d'ivoire de Maisières (J. de Heinzelin, 1973)
(fig. 4). En effet, la régularité des angles et des 3
distances entre les droites est assez exception-
nelle.
Mais I'intérêt des témoins esthétiques de cette
culture réside sudout dans deux témoins trou-
vés au Trou Magrite (E. Dupont, 1867) : une
petite statuette antbropomorphe en ivoire (fig.5)
et un fragment de bois de renne gravé de motifs
abstraits (fig. 6). Considérée initialement comme
aurignacienne, la petite statuette dépourvue de
membres, dont la tête arrondie et bien dégagée
possède un certain modelé suggérant un nez et
des yeux, est actuellement attribuée au Périgor-
dien, grâce à des comparaisons stylistiques. En
effet, ( bien que participant à la tradition des
représentations féminines du Périgordien supé-
rieur d'Europe occidentale, elle se rapproche
davantage par sa composition et son style des O1234scm
statuettes de Moravie, sans d'ailleurs que ces æ
comparaisons soient tout à fait satisfaisantes >
(M. Orte, 1919, p. 622\. FIc.6. Trou Magrite: bois de renne découpé et gravé
Trouvé dans la même couche, le fragment de de motifs abstraits. (D'après M. Otte, 1979.)
bois de renne possède un decor original composé Frc.6. Trou Magrite : coned reitdeer ant[er engrayed
de deux figures emboîtées. Deux ovales inscrits - absttuct
v,'ilh designs. (Accoding to M. Ofie, 1979.)
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIQUE... 691

I'un dans l'autre se prolongent à une extrémité mis de reconstituer un arrière-train de bovidé
par deux lignes parallèles qui, après un coude (fig. 8). Outre I'erreur de perspective et la mala-
à angle droit, se rejoignent en formant un petit dresse du tracé, cette figuration se singularise
cercle. Une figure fusiforme vient s'emboîter au encore par la présence d'une queue < ondulée >>

niveau de ce coude. De nombreux petits traits (peut-être s'agit-il d'un tracé indépendant d€
sont incisés perpendiculairement, tant sur certai I'animal ?) et d'un remplissage linéaire. Bien que
nes parties du tracé abstrait que sur les bords peu fréquent, ce remplissage par lignes parallè-
de la oièce. les ou croisées se retrouve sur d'autres fiÂura-

Frc. ?.
- Furfooz, Trou des Nutons : fragment de bois de o 3c|n
renne gravé d'une tête de bison. (D'après M. Lejeune,
1984.)

Frc.1. Trou des Nutons: Bison head eûgraved on rcin-


- antler.
deer (Accoding lo M. Lejeune, 1984.)

LE MÀGDALÉNIEN
,r'--- ,a

Cette culture, dont sept sites (fig. l) nous ont


livré un grand nombre de témoins esthétiques est
surtout remarquable par I'apparition, à côté des
pièces perforées ou ornées de motifs incisés abs-
traits, d'un art figuratif.
Trouvé au Trou des Nutons (Furfooz) par
E. Dupont lors des fouilles de 1864, un fragment
de bois de renne, long de 138 mm, porte la gra-
vure d'une tête de bison (fig.7). On peut voir
une corne gauche presque verticâle, un profil de
tête bombé, une bouche entrouverte et un fanon
délimité par un trait sinueux. L'æil et le cercle
orbitaire apparaissent très nettement. La crinière
est bien rendue par une série de traits vigoureux,
légèrement obliques. De petits traits redressés
suggèrent la pilosité frontale, la barbe et cou-
vrent le fanon. A droite de cett€ têt€ de bison,
il existe d'autres incisions assez usées qui n'ont
pu être interprétées. L'autre face porte un long
trait rectiligne et deux autres sinueux.
La tête de bison gravée de profil sur bois de
renne est connue au Magdalénien. On la
retrouve, par exemple, sur un fragment de bâton Frc. E. Fùrfooz, Trou du Frontal: arrière-traln de
percé à Isturitz (Basses-Pyrénées). - gravé sur une plaque de psammite. (D'après
bovidé
Au Trou du Frontal (Furfooz), E. Dupont M. Lejeune, 1984.)
découvrit aussi en 1864 des plaques de psammite Ffc. E. fror du Frcntal : Bovid hind-quarters engraved
gravées dont deux, en se juxtaposant, ont per- on-a psoûûile slab. (Accordittg lo M. Leieune, 19E4.)
692 MARYLISE LEJEUNÊ

tions. On peut citer, par exemple, certaines psammite gravée sur les deux faces, trouvée au
représentations animales de I'abri Morin Trou de Chaleux en 1865 par E. Dupont (fig. 9).
(R. Deffarge, P. Laurent et D. de Sonneville- Elle se compose de deux fragments (80 cm de
Bordes, 1975), de la grotte de Gouy (Basse- longueur totale, 47 cm de largeur) et porte sur
Normandie) (Y. Martin, 1972) et même de une face la représentation finement gravée d'un
Romanelli (Italie du Sud) (M. Ornella Acanfora, aurochs en marche auquel se superpose partiel-
1968). lement celle d'un renne, Sur I'autre, apparais-
La pièce la plus célèbre de tout I'aft mobi- s€nt trois figurations de facture beaucoup plus
lier belge est certainement la grande dalle de maladroite. Il s'agit d'un capridé couché et de

Frc.9. Trou de Châleux : dall€ de psammite gravée sur Ftc.g. Ttou de Chaleux: psammite slab engroved on
les- deùx faces. (D'après M. Lejeune, 1984.) - sides.
both (Accordinq to M. Lejeuûe, 1984.)
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIOUE-.- 693

deux animaux pouvant évoquer des chevaux.


F. Twiesselmann (1951) en donne une descrip-
tion très détaillée.
Les représentations de ces animaux sont très
fréquentes tant dans l'art pariétal que mobilier.
Toutefois, l'impression de puissance qui se
dégage du bovidé nous incite à le rapprocher
plus particulièrement de ceux de la grotte de la
Mairie à Teyjat (Dordogne).
Une autre pièce fut également trouvée par
E. Dupont au Trou de Chaleux en 1865. Il s'agit
d'une plaquette de schiste, longue de 132 mm et
targe de 65 mm, portant une gravure de la par-
tie antérieure d'un renne (fig. l0). Le réalisme
de la tête apparaît dans l'implantation des bois
sur le frontal, le rendu du pourtour osseux de
I'orbite, le naseau dilaté et la bouche entrou-
verte. Le cou est tendu et les pattes antérieures
ne sont figurées que jusqu'au coude. Les nom-
breux petits traits gravés sur la tête et le corps
de I'animal en suggèrent bien la pilosité.
Les représentations de renne ne sont pas "-j= _-
rares dans l'art franco-cantabrique et celui de
Chaleux pourrait être comparé, compte tenu de Frc. ll. : bâton percé et gravé. (D,après
sa ramure assez paniculière. à celui gravé sur un
- Coyet1984.)
M. Lejeune,
à
bâton percé trouvé Thayngen-Kesslerloch Fra. ll. _ Goyet: peûorcted and engrayed antler
(Suisse). ( bAbn >. (Accoding to M. Lejeune, 1984.)
Une troisième pièce fut encore trouvée en
1865 au Trou de Chaleux par E. Dupont. Il 140 mm, dont un€ extrémité était brisée et
s'agit d'une plaquette d'ivoire découpée dont une I'autre, plus large, était percée d'un trou de
face porte quelques traits de gravure et qui sug- 15 mm de diamètre (fig. ll). Sur une des faces,
gère peut-être une silhouerte assez massive à I'intérieur d'un cadre profondément incisé, on
d'oiseau. voit nettement une figuration de salmonidé dont
Lors des fouilles effectuées en 1867 à la troi- les ponctuations gravées sur le dos suggèrent
sième grotte de Goyet (Mozet), E. Dupont bien les taches pigmenraires de ce poisson.
découvrit un fragment de bois de renne, long de Sur I'autre face, à l'intérieur d'un cadre par-
tiel profondément incisé et qui entoure aussi la
perforation, on peut distinguer trois représenta-
tions pisciformes assez schématiques. Le petit
côté jouxtant le dos du salrnonidé présente une
séde de quatre chevrons profondément incisés et
I'esquisse d'un cinquième. Sur I'autre petit côté,
on distingue quatre encoches succédant à la
grande échancrure séparant la partie élargie per-
forée du reste du bâton.
Sans être très abondantes, les figurations de
poissons existent dans I'art mobilier et pariétal
(H. Breuil et R. de Saint-Périe1, 192'l).
Un second témoin provient de la même cou-
che. Il s'agit d'une plaquette de psammite com-
posee de d€ux fragments oir I'on peut distinguer
la nuque et les cornes croisées d'une tête de bou-
quetin (fig. l2).
de Chaleux i renne gravé sur une pla-
FIG. 10.
- Trou
quette de schiste. (D'après M. Lejelrne, 1984.)
Le seul exemple de cornes croisées que nous
ayons trouvé provient d'une gravure sur os de
Fro. 10. L0, de Chaleux: Reindeer eùgraved on a shale la grotte d'Aurensan (Bagnères-de-Bigorre) figu-
- (Accoding lo M. Lejeune, 1984.)
slab. rant deux têtes de bouquetin (Clot, 1973).
MARYLISE LFJEUNE

FIc. 12.
- Goyet : cornes de bouquetin gravées sur uûe Fr6. 12. GoJet: Ibet horns engroyed on a psammite
- (According
plaquette d€ psammite. (D'après M. Lejeune, 1984.) slab. to M. Lejeune, 1984.)

En 1925, J. Hamal-Nandrin et J. Servais de tête humaine (fig. 14). Le poinçon, brisé à


découvrirent à la grotte du Coléoptère la pointe, mesure 63 mm de longueur et son dia-
(Juzaine/Bomal) une petite pendeloque en ivoire mètre, au niveau de la tête, est de 6 mm. Le
gravée, représentant un coléoptère. Bien que bri- yisage sculpté montre des yeux ovales gravés en
sée dans sa partie inférieure, cette pendeloque creux dans des orbites enfoncées qui accentuent
longue de 50 mm devait avoir une forme ovale. I'impression d'importance des arcades sourciliè-
Elle est gravée d'un trait central longitudinal, res. Un grand nez subtriangulaire est dégagé par
portant de petites stries et d'une double ligne, approfondissement des côtés, ce qui lui donne
également longitudinale, de part et d'autre de ce un aspect épaté. La bouche est largement fen-
trait. Deux traits parallèles transyersaux sont due et la lèvre inférieure, légèrement proémi-
visibles à une extrémité. Les deux perforations nente. Les oreilles sont figurées par deux trous
légèrement obliques se situent au milieu des côtés circulaires latéraux. De fines stries ondulées sug-
de la pièce (fig. l3). gèrent la chevelure, la moustache et la barbe. Un
Ce type de pendeloque, unique en Belgique, léger rétrécissement apparaît au niveau du cou.
trouyerait peut-être des points de comparaison Deux traits verticaux, longs d'une dizaine de
avec le << bupreste )r en lignite sculpté et possé- mm, sont profondément gravés sur la face avant
dant deux trous de suspension trouvé dans la du poinçon, en dessous de ce rétrécissement.
grotte du Trilobite à Arcy-sur-Cure. Deux autres traits semblables apparaissent au
Lors des fouilles effectuées au Trou des même niveau sur la face dorsale.
Nutons (Verlaine) en 1887-1888, P. Destinez et Les figurations humaines paléolithiques sont
L. Moreels découvrirent un poinçon en os dont généralement très schématiques et le seul docu-
I'extrémité la plus épaisse était sculptée en forme ment comDarable à la tête de Verlaine serait la
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIOUE,., 69s
figure humaine grayée sur un fragment osseux
partiellement carbonisé proyenant de la grotte du
Péchialet à Groléjac en Dordogne.
Comme à I'Aurignacien et au Périgordien,
on retrouve de nombreuses pendeloques et piè-
ces incisées, variées tant dans leur forme oue
dans leur matière. Nous ne retiendrons ici oue
I'ensemble rrès particuljer des l3 dents perforees
et incisées provenant de Goyet (fig. 15) @. de
Baille, 192t4-1945). Il s'agit de 12 incisives de
jeunes bovidés et d'une croche de cervidé, per-
forées à la pointe de la racine. Le côté de la
racine prolongeant la face yestibulaire de la cou-
ronne est orné d'incisions transversales narallè-
les, groupees en séries parallèles. croisées ou dis-
posées en chevron, Le nombre de ces incisions
varie de cinq à dix-neuf.
Cette organisation de traits gravés sur raci-
nes de dents perforées est peu fréquente. Nous
I'avons toutefois observée sur des dents prove-
nant de la grotte de La Marche (Vienne) et con-
servées au Musée de Lussac-les-Châteaux.

LE CRESWELLIEN
O O,5 1cm Nous ne possédons guère de témoins esthé-
tiques de cette culture. Trois sites seulement en
Frc. 13.
- Orotte du Coléoptère : ( cotéoptèrc)) en ivoire. ont livré quelques-uns (fig. l).
(D'après M. Lejeune, 1984.) Il s'agit de deux dents perforées et de deux
FIa. 13. -_ Coleoptere cave: iyory n. (According
fragments de côtes encochées ne présentant
<< beetle
to M. Lejeune, 1984.) aucun caractère particulier.

LE TJONGÉRIEN

Un seul site nous a livré des témoins esthé-


tiques (fig. l). Il s'agirait de deux galets dont les
faces portent plusieurs séries de traits gravés
parallèles.
L'un fut trouvé en place (J. Hamal-Nandrin,
J. Servais et M. Louis, 1935) et I'autre dans les
collections des Musées royaux d'Art et d'Histoire
(M. Dewez, 1981).
Les points de comparaison sont très rares.
Peut-être pourrait-on éventuellement rapprocher
ces pièces d'un galet incisé provenant de
Gough's Cave (Dewez, 1981) ou de certains de
Rochedane (A. Thévenin, 1983)

L'AHRENSBOURGIEN
Frc. 14. Verlaine: tête humaine barbue sur poinçon
os. -(D'après M. Lejeune, 1984.)
en Les témoins esthétiques de cette culture pro-
viennent de deux sites (fig. l) et consistent sur-
Frc. 14. ...... Ve aine: bearded human head on top oJ a tout en pièces perforées dont une quarantaine de
thick bone awl. (Accodin{ to M. Lejeune, t984.) coquilles fossiles d'espèces différentes retrouvées
696 MARYLISE LEJEUNE

Frc. 15. Goyet i incisiv€s de bovidé et croche de c€rvidé, FIc. 15. -_ Gotet: perforated and incised bovid and deer
-
perforé€s et incisées. (Photo J.-M. Léotard.) teeth. lPhoto l.-M. Léotard.)

à la grotte de Remouchamps (E. Rahir, 1920 et


M. Dewez. 1974).
Parmi les fragments osseux incisés que nous
possédons, deux sont particulièrement remarqua-
bles. Le premier consiste en une esquille d'os
long, découverte lors des fouilles de Rahir en
1902 et décorée principalement de groupes de
cinq cupules disposées en quinconce (fig. 16).
Des pièces décorées de cupules existent dans
I'art mobilier pâléolithique d'Europe occidentale
et orientale mais I'originalité de notre témoin
réside dans cette organisation très particulière des
cupules.
La seconde pièce est une lame osseuse lon-
gve de'12 mm et gravée sur les deux faces de
plusieurs séries d'incisions plus ou moins paral-
lèles, recoupées
traits perpendiculaires
une face
- sur (fie. - parlame
l7). Cette
quelques
a été
FIa. 16. Grotte de Reûouchamps : fragment d'os orné minutieusement décrite par M. Dewez (1975) qui
de -petites cupules disposées er quinconce. (Photo propose d'y voir (à titre d'hypothèse) une nota-
c.r.R.A.) tion numérique pouvant seryir d'aide-mémoire,
Fr6. 16. Remouchamps caye: Piece of bone decoruted
notamment pour les jeux. Selon les théories de
-
t+'ith small dots in geometùc gtoups of five. (Photo A. Marshack (1970), il pourrait s'agir d'un
c.r.R.A.) calendrier lunaire.
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIOUE,,,

FIc. l?,
-et Grotte de Reûouchamps: lame osseuse décou- Frc. 17. . Remouchomps caye: corved bone blade, inci-
pee ircisée sur les deux faces. (Photo C.I.R.A.) sed on both sides. (Photo C.I.R.A.)

FIc. 18.
- Station Leduc: galet gravé. (Phoro C.LR.A.) FIa. 18. Slation Leduc : engnryed pebble. (Photo
-
c.r.R.A.)
698 MARYLISE LEJEUNE

LE MÉSOLITHIQUE gordien supérieur nous a liyré la plus ancienne


ceuvre figurative actuellement connue en Belgi-
On ne connaît actuellement ou'un seul que : une petite statuette anthropomorphe dont
témoin esthétique appartenanr au Mésolithique. la composition et le style permettent un rappro-
Il provient de la Station Leduc à Sougné- chement ayec des témoins provenant de Mora-
Remouchamps (Al.waille) (fig. l). vie. Toutefois, ce e même culture nous a éga-
Il s'agit d'un galet allongé, fracturé en trois lement laissé un fragment de bois de renne dont
morceaux, dont seule la partie médiane est I'originalité du décor gravé atteste I'existence de
gravee, particularités locales.
On distingue essentiellement 2 longues inci A côté de pièces perforées ou incisées, le
sions longitudinales parallèles, de part et d'autre Magdalénien nous a livré une dizaine d'æuvres
desquelles apparaissent des séries de petits traits figuratives dont les affinités thématiques ou
obliques plus ou moins parallètes (disposition en stylisfiques sont nettement plus marquées avec
<(arête de poisson )) (fig. 18) (A. cob, 1983). les pièces provenant du Sud-Ouest français. Une
Toutefois ce type de décor non figuratif se certaine originalité s'en dégage cependant. En
r€ncontre aussi dans d'autres sites mésolithiaues effet, sur une même pièce, on trouve des figu-
d'Europe. res réalistes exécutées avec beaucoup de soin et
d'autres plus schématiques de facture maladroite
(grande dalle de psammite gravée sur les deux
< TÉMOINS ESTHÉTIQUES > DoUTEUX ET A faces de Chaleux, bâton percé de Goyet). Pour
ÉLtMINER d'autres pièces, les comparaisons stylistiques ou
thématiques sont très rares et pas entièrement
Outre les pièces qui posent un problème satisfaisantes (cornes croisées sur plaquette de
d'attribution culturelle lorsqu'elles proviennent psammite de Goyet, coléoptère de Juzaine, poin-
de fouilles anciennes ou remaniées, certaines pré- çon osseux à tête humaine de Verlaine).
sentent un décor dont on ne peut assurer qu'ils Bien que peu nombreux, nos témoins esthé-
soit dû à I'action de l'homme préhistorique. Le tiques sont suffisamment variés pour montrer
doute peut être émis suite à l'examen des Dati- une éyolution des thèmes et des styles qui nous
nes, de la nature du trait er. dans le cai de permet des les intégrer dans les grands courants
représentations figuratives, de l'iconographie et culturels européens, tout en conservant une cer-
du style. taine individualité qui en fait leur originalité.
D'autre part, des traces naturelles ou laissées
par les animaux peuvent parfois être confondues
avec des manifestations graphiques volontaires BIBLIOCRAPHIE
de I'homme.
Ces ( témoins ) qui ont fait I'objet d'une l. Art et ciyilisatiotLs des chasseu$ de la Pfthistoirc (1984\:
calalogue d'exposition du Laboratoire dù Musée de
étude plus détaillee (M. Lejeune, 1984), n'appor- I'Homme et du Museum Natiooâl d'Histoire Naturelle,
tent aucun élément à cette étude aussi n'en Paris.
tiendrons-nous pas compte, 2. AussELEl-L^MBREcHTs C. (1930) : L'Art et la Parure en
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ques et mésolithiques retrouvés en Belgique con- son, Paris.
sistent en pendeloques et en pièces à décor incisé 5. CHoLLor-VARAGNÂC M. (1980): Les o gines du gru,
phisme sJmbolique. Essai d'analyse des écriturcs pimi
non figuratif. Toutes les cultures qui se sont lives en Préhkloirc, Fondation Singer,Polignac, Paris.
manifestées dans notre pays particulièrement 6. CLor A. (1913) | L'Art Grcphique PÉhistoriq e des
-
I'Aurignacien et le Magdalénien ont livré.
- en
Ces pièces, variées dans leur forme et dans leur
Hautes - P! É nées, Saûgosse.
7. DE BaTLLE E. (1944-1945) I Le collier magdalénien du
Musée de Charleroi. Documents el rupports de la Société
matière, sont semblables à celles trouvées dans RoJale d'Archéologie el de Paléontologie de I'aftondis-
les autres pays européens, ce qui ne permet pas sement de Cha eroi, t.45, pp. l5 16.
de dégager une influence étrangère bien précise. 8. DEFFARGE R., LAUREN'T P. et SoNNEVILLE-BoRDES D. de
C'est le cas pour les témoins esthétiques de (1975) : Art mobiler du Magdalénien suÉrieur de t'Abri
I'Aurignacien, du Creswellien, du Morin à Pessac-sur-Dordogne (Gironde), Gallia Préhis-
Tjongérien, de toirc, I. 18, I, pp. l-64.
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ASPECTS PEU CONNUS DE I-'ART PALEOLITHIOUE... 699
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L'ART MOBILIER DU TROU MAGRITE (PONT-À-LESSE, BELGIQUE):


AURIGNACIEN OU GRAVETTIEN?
p.'l
Mâryli\c LEJIUNE;

Ré.suttté.
et
- Les fouilles menées au Trou Magrite par les universilés dc Liège et du NoLrveru-Mexiqlle en lggl
1992, ont âpporté de nouveaux élémenls pour l âttribution cLrlturelle des ténioins d'rrt mobilief provenant des
fbuilles anciennes. En effel. depuis leur-découverte par E. Dupont en 1867. ces témoins (dont la petite slâluelle
anlhropomor?he en ivoirc ct le bois de renne découpé et gravé de motifs abstraits sor'lt les plus connus) ont éti
attribués à l'Aurignacien. au Gravettien et mêfie au Solutréen ancien.
L'analyse raisonnée de la stratigraphie de E. Dupont, lâite par M. Dcwez. et les datations râcliométriques
obtenues à panir du matériel des fouilles récentes. onl permis d'attribuer les témoins d ân mobilief du -l'rou
Magrite à l'Aurignacien. Cetle allribuliorl peLrt d'ailleurs être conir-mée par des comparaisons thématiques
stylistiques et techniques avec des documcnts provcnant de sites âurignaciens lrançais et allemands.

Abstre(î. fhe portable art of Trou Magrite (Pont-à-Lesse, Belgium): Aurignacian or Grâvettian ? Thc
1991-1992 excavations of the Universities of Liège and Neç Mexico have given new elements fbr dating mobile
i1r't objccts coming from E. Dupont s excavations in
1867. Indeed. these objccts (uith the rvell-known ivory
anthropomorphic stâluette and the carved reindeer artler engraved with abstract designs) were affributed to the
Aurignacian. the Gravettian or even the early Soluttean.
The Dupont's stratigraphic feasoned analysis by M. Dewez and the recent radiocarbon dates from the Trou
Magrite. allow us 1(r attribute our mobilc art objects to the Aurignacian. This anributlon tùay be conlirrn
b1, thematical, stylistic and technical compârisons with mobile art pieces coming lion French and Gcrman
Aurignacian sites.

Lors de fouilles eftèctuées au Trou Magrite en La petite statuette. taillée dans un bâton d'ivoire
1867, E. Dupont mit au jour une cinquantaine de puis poJie, présente une allure anti'uopornorphe.
témoins d'art mobilier comprenant des pendeloques Haute de 38 mm. elle est dépourvue dc membres
diverses (dents perforées, anneau en ivoire. pièce mais sa petite tôte arrondie et bien dégagée possède
bilobée à double perforation) (fig. l), des pièces un ccrtain modelé suggérant un nez et des yeux.
osseuses incisées (fig.2 et 3) et sultoLrt lcs dcux plus Le tronc présente des épaules bien malquées et
célèbres ceuvres d'art actuellement connues pour le un rétrécissement vers le bas suggérant la taille.
ttébut du Paléolithique supérieur en Belgique: une La partie inférieure, plus large, est constituée d'LLn
petlte statuette en ivoire et un fiagment de bois de petil bloc cylindrique sans indication dc détail
renne gravé (îig. 4). anatomique. Aucun caractèrc scxuel n'est figuré.

+ Service de Préhi\toire. Universilé de LièSe. place clu XX Aoirr,7. Bâr. A1. B 4000 Liège. Belgique.
Commrnicalion présentée lofs de la 12' session du sé inairu "Représentations pféhisroriques du l7 mars 1995. orgâni\é sous lr
direction de Denis Virlou.
L'ART MOBIT-II1R DU TROU MAGRITE (PONT.À LESSE. BELC]QUE): AURIGNACIEN OU GRAVETTIEN ? 239

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Fig. 1. Trou Mâ8ri1e. Aurignacien. Pendeloques. Canines de renârd perforées (l à 6). croches de cervidés perfoÉes (7 à l2l.
incisive de cervidé perforée (13), pendeloque bilobée à double perfbration. en ivoire (14), anneau en ivoire (15). (1, 2. 3, ,1, 5,
13. 14. l5:d'âpfès M. Otte. 1979 et 6. 7. 8. 9. 10. ll. l2:d'rprès M. I-ejeune. 198?).

Fis. l. 7l?ù M.tstite. Autis arian. Pentluntr. Pei(,wte.lfo\ caniu?s (l ro 6), peû)rutur t?d deer.a,lin6 (7 to 12), petoftùeJ
-
tteer itrci\ot (13). biloberl pendatû ttith tuo rcrlitatiotlt (14), rins in da\.(15) (1,2, 3. 1, 5, 13, 14, l5: M. Otte, 1979
^,ob"
and 6, 7. 8, 9, 10, ll, 12: M. Leje ne, 1987).
240 M. LEJEUNE

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Fig. 2. Trou Mâgite. Aùrignâcien. Pièces incisées. Treits rcctilignes palailèles trÂnsvefsaux (l à 51 esquilles osseuses.
6:biiondebois siliciiié.7:os d oiseau. 8: f-fagment d ânneâu eD ivoire).'l'.aits fectiligncs pamllèles translersaux âlternés
(9: ffâgment d os) (d'après M. Otte, 1979).

Fig'2'.r1oLl||4asri|(Au|i!:]1ucitu1'Ici\4lùe.er'stt1tightpufllel|fL1tts|,e
7 : binl bon(, 8 : i\)ory rins Jtq<nent). Alternaied struight purallel truns|e^( lit1es lq : hone ffttgnlent) (M Otte, 1979)
L'ART MOBILIER DU TROU MACR]TE (PONT À I-ESSE. BELCIQUE): AURICNACIEN OU GRAVDTTIEN'] 24I

bw
Fig. l Trou Màg te. Aurignacien. Pièces inci\ées. Bândes parâllèles de pelits traits rectilignes. parallè]es et ù.rnsversaur
(l -
:diâphyse découpée). Trâits convergenrs. parfois courbes (2 à 7: esquilles osseuses) (d.âprès M. Ofie. 1979).

Fig'3'-TfuM.|g|ile'Autig]14cidn'1n|:isedPieCes'S|rdis|1|pu0]]clù'al1'\|e
Conwrg"nt lines, oLtdsirnalb trcd (2 to 7: bone sptitters) (M. Oxe, tg79).
242 M. LEJEUNts

Affi,
\l'llllï
/i 1 Ê*.\iïl
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&@

5cn

Flg.,l. Trou Magite. Aurignâcien. li slatuerle anthropomoQhe en ivoire.2: bois de renne découpé et gravé de motit.
abstraits (dessins M. Olte. 1979, p. i64).

Fig.4'Tt'ouMagri|e'AutignuciIt]1.I:i\nnanIopamofphics!d|et!'2:e'0|wd4nden8rL,ed||iîl1
an er (M. ùtu, 1979, p. 164).
L ARf MOIlll.lER Dti TROU I\{AGRITE (PONT-A LESSE. BELGIOUE): AUR]CNACIEN OU CRAVETTIEN I 243

Trouvé dans la mêne couche. le llagmcnt de ccrtaines réserves (M. Otte. 1979. pp l6z1 et
bois de renne. long dc 92 mm. possède un décor 622).
original composé de deux iigules emboîtées. Deux La stratigraphie établie prr E. Dupont est
ovales inscrits I'un dans I'autre se prolongeDt partiellement cause de ces problènes d'attribution
ii une extrémité par deux lignes parallèles qui, cr.rlturelle car elle peut p[ê1er à conf'usion sclon
ilpres un ( nude a anglc Jroit. .c rcJUi:Ilarrl cn que I'on envisagc Ia numérotation des couches
tbrmant un petit cercle. Une ligure fusiforme vient archéologiques de bas en hrut ou de haut en
s'emboîter au nivcau clc ce coude. De nombreux bas.
pelits traits sont incisés perpendiculairement. trnt
Reprenant alors les publications de E. Dupont,
sur cer-taines parties du tracé abstrait que sur Ies M. Deuez Én l'Jit lrne rrnrl).e nrrnulieure er propose
bords de la pièce. Sur I'autre face, on remarque une reconstitution raisonnée de la stratigraphie du
principaleInent, une ligne sinueuse portanl de petites
sire (rab. l).
incisions perpendiculaires. Diverscs intcrprétations
ont été proposées: dessins fantaisistes (4. Rutot, En effet, E. Dupont ayant signalé que la staluette
1903, p. 202), représentations piscifbrnres (H. Breuil provenait de la "3'couche ossifère" (E. Dupont,
11372. p. 93), M. Dewez considère qu'il s'agit de "la
et R. de SainrPerier. 1927. p. 50 et 52).
cygne (H. Angelroth. 1937, p. 1.19). idéogramme 3'couche du niveau fluviatile stratifié (tbrmation B)
(F. Twiesselmann, 1951, p. 7). r'eprésenlations en faisant comrrencer les couches par le haut,
sexuelles (P.4. Jansscns. 1970, p. 1t2 et M. Otte.
comme le lait normalement Dupont" (M. Dewez,
i979, p. 166). 1985, p. 1231. ll nous dit également que "c'est à ce
3" nivcau ossifère que nous proposons d'attribuer
Les attributions culturelles par comparal l'Aurignacien typique. Dupont 1ui-même (1872b.
sons stylistiques notafrn]ent de nos dcux p. 88r Jrrll hrit le rrpplochenrcnl entre une pôinre
"pièces clés". ont varié au cours des temps. de sagaie à base fèndue en bois de renne du Trou
En effet, si E. Saccasyn-della Santa place la du Sureau et une autre, dans le même natériau,
statuette à I"'Aurignacien supérieùr" ou au provenaDt des "niveaux inlérieurs" du Trou Magritc.
"Solutréen ancien" (E. Saccasyn, 1947, p. l5l) c'est à dirc dcs niveaux 3 et 4" (M. Dewez. 1985.
et F. Twiesselmann à l" Aurignacien terminal" p. l2l). La statuette anthropomoryhe ainsi que le
(F. Twiesselmann. 1951, p. 26), A. Leroi-Gour- fiagment de bois de renne gravé trouvé dans la
han considère qLLe les statuettes occid(]ntalcs sc rnême couche sont donc attribués à l'Audgnacien
situent "entre Gravettien et Solutréen" (A. Leroi typique.
Gourhan. 1965. p. 66). M. Otte adopte l'aftribu- Malheureusement, aucune datation absolue de
tion de H. Delporte qui place notre statuette cet Aulignacien n'avait pu être établie jusqu'à ce
au "Périgordien supérieur" mais en émettant que les fouilles mcnées par lcs universités de Liège

'lhb]. l. Reconstitulion de 1â strrtigrâphie en tenant compte des texles de Dupont. des recherches récenles sur la documentation
et de la lbuille {le contrôle de Toussaint'(M. Dewez, 1985. p. ll9).

Tûblel. Reronstit|tkrt 0l the j


and co,ttRl e.tcurution of Tutsluint (111. D(\t1., 1985, t. 119).

Agc du Fcr

Argile à blocâux C Mésolithique

Magdalénien cr 13 000 BP

Maisièricn I cr ll 0rJ0 BP

Aurignâcien tâdif 2 cr 25 (X)0 BP


Limrrn fl u\iatile stratilié B
typique 3
^ufignacien
Moustérien +

Cailloux roulés Stérile


211 Nl LEJEUNE

lrhl. L l)iltcs ildiocafbonc du TroLr NILrgrire (P. Noiret. \1. Otte. I-.Ci. Stfalrs d ul.. 1991. f. .+6 cl !1. Onc. L.C.
Stfirus (LLr.). 1995. pf.65 er lll)

T.rb1e]'Rn|iuulhlnlu1!\|n)Dtl'|T|(nl1qli|t||,N|)i||.M.
Stru \ tli.), 1995. 1t1t 65 unl :))).

(buche Attrib. ru11. Dâtes

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el du Nouveru-Me\ique en l99l et 1992 livrent dLr lil lbrme avcc ccllc clcs cincl slatuettes dc
lnatériel dont les délen:rinalions radiocarbonc sonl Prcdnrost (flg. 5. n'' 6). il \i-qnale aussi que
inclicluécs dans lc tablcrLl 2. la statuette. bien clue palticipanl à la tradition
Outre la dernière chtrtion lbumie(':'). L.G. Straus des représentations fénrinines clu Pér'igoldien supé-
signale que ll dirtltion de CAMS (tandétron de r-ieur d Europe occidentale. se rapproche dlvirntage
Belkeley - Law|c-ncc - Lir'eûnofe) est la plus fiiible plr sa conposition el sol'l style des s(atuettes
pour la couche 3 et cÈre celle de 3.1215 1 I 925 BP ,.lc M.,rlrr ic. s:rrr. J :rrlIurs qU\' ((\ .,,|llpir|i|\,,n\
est la plus liable pour la couchc 2. Les objets d art soicnt tout à lirit satistaisantes (trillées .lans une
ittrricnl ,lr'tte cnlre lR 00o l-l lX)0 rrtrr ilrr r'r!'ir\. (e phalînge. elles sont p[]s grossières et de plus
qui les placerait parni les ténoins les plus rinciens grandes dimensions (M. Olte, 1979, p. 622). Pour
actLlellement connus en Europc. M. Dewez. ces compalaisons avec les figru-ines sur
Les térnoins cl art rnolrilier lrolr\'és dans la phalanges du Pavlovien de P:.edrnost. semienl plul(i1
couche 3 serrienl &)nc bicn aulignacicns. On ''un élémeD1 qLri montrc l'inliuencc cl un couccpt
peut ellcclivcment consiclér'cl c1u'ils paticipent de aurignacicn clans le Pavlovien" (M. Dervez. I985.
''l'csprit'dc cctte cultLre:par 1a technique de la p 128).
roncle-bosse. attestée diurs des ttuvres nobilièr'es C cst donc sous le double aspect de Ia
aLlrignaciernes provenrnt notamnlent du Volgelhelcl. repr'ésentation en trois dimensions et de l'intérêt
de Ceissenklôsterle. cle Hohlenstein Stadel. de l'abri pour 1es ligurations d'organcs scxucls qu'i1 firut
Blanchard (tig. -5) et par lcs rcpr'éscntations dc envisager les comparaisons ptoposées pat M. Dewez
symbolcs scxucls lcls qu'on peut en voir sur des avec Ia figurine anthropomorphe du Vogelherd ou
blocs -ulavés de la Fenassie. de l'abri Blanchard. avec la représentrtion phalliclue de I'abli Blancharcl.
de l rbri Castanet. cle l'abri Cellier' (fig. 6) ou en trr cllct. 1e. inttrp,rrrri.,'tt., 'l\li\tique\ iru .etr.
roncle bosse à 1'abri Blanchard (pllrllus). En outfe. strict ne sont pas entièrenlent convaincantes. I)ans
les pendeloqùes aulignaciennes en tbrne d olejlle le prenier cas, notre lénroin nl] possùdc pas dc
pl-ovenant de la
-sfotte de la Betche irux Rolches à rétrécissemcnt marqllant unc amorcc dc jîmbes ct
Spy (M. Dewez. 1985) et la plaqucttc façonnéc ct Llrrr. lc .e.nnrl. bicn !luc lrfe\(IliUrl lI)( cerrilin(
grar,ée d'un rùotil scrpentifi)nne de ponctLllrtions allure phallique, ii nontre un élargissement très
frir\crrrlr Je l:rh'i Blrnihrrd. poultilirnl :rrrs\l nct ûu niveau des épaules. Quant aùx pièces
être prises en considération (lig. 6). Si M. Otte osseuses décorées d incisions rectiliglles et aux
considère qùe la statuette appartient ar "Périgolclien pendeloques diverses. elles sont très fréquentes à
supérieur". essentiellement par comparaison de I'Aurignacien.
L ARl MOBILIER DIr TROU MACRI'I h (PON I A LESSE. BELCIQUE) : AtjtttGNACll..N OU GRAVETTIEN I 245

fim
#U

Fig 5. AttriSnrcier. | :'l'rou Magrite: stLrtLrctlc irnlhropomoehe en ivoirc. l: V)g€lherd (Badc Wurtemberg) : staruerle c!lindfiquc
lnthr0ponl()rphccnjv{)i|t::^b|iBl:rnchâld(D
.Stldel(Bade.wufenlherg):!trlue1te.Ulthro|onrorpheit1êledeLionnc5:CjeissenklÔster|e
or.éc d une rcpré\enlalion humxine.6 : Prcdnrcst (Mofa!ie): figu ne \ur méracrrpien de nrâmJ ourh (Prvlovien) {l:drprt\
M. Ouc, 1979: 2. -l el 5: d après C. Bo,iinski. 1982: 6: d apfès H. Detpore. 197..,).

fig 5. Aùirtn.id .

2, 1 unl 5: G. Bolinski, 19u2: 6: H. Deltoft(. l97I)).


246 M. LEJEUNE

--,---:

L-=4i30cm

Fig. 6. Aurignacien. i. Trou Mugrile: bois de renne découpé ei grâvé de mlrlil.\ rbstrails. 2 et 3: Spy. grotle de la Belche-aux-
Rotches: pcndcloques ocrées en ivoire en lorûc d orcilleJ'. 4 r Abri Blanchard (Dordogne) : plâquette osseuse tàçonnée e! gra!ée
d un motif serpentitàrnrc de ponctuations. 5: Blanchrrd: bloc rocheux grâvé d'imagcs vulvâircs. 6: Lr Ferfâssie (Dofdogne):
^bd
bloc rocheux gravé d iDrages vulvâircs (1. 2 et 3: d apfès M. Otte. 1979: ,1. 5 et 6: d âprès B. er c. Delluc. l97tt)

Fig'6'Al||ignucitul']:T)'0t!Maeri1e:rû|kdalkIulgfr|Cd
Roklle\ Lltrc :
de5isnbo?!llb'5:AbriBLukhtl:lema!?se\!\nbolsen8f^'t|l|)roLk\bl0Lk'
etryra\,?d on tockr bh\k (1. 2 and 3 : M. O t. 1979: 1. 5 unl 6: B. Ù C. Drll t, 1978).
L.ART MOBILIER DU TROU MAGRITE (PONT A LESSE. BELGIOUE) : AURICNACIEN OU GRAVETTIÊN'] 2:17

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