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Marylise LEJEUNE*
_. AbstrucL.- Little-known aspecls of tbe Palaeolithic and Mesoliihic art of Belgium. Synthesis and pro-
blems. study of aesthetic remains of rhe BelÊian UDDer Palaeolirhic and Mesolithic oeriods is here
- The
considered in a wide perspecrire: with compari(ons to rhe it!listic rrends in relalion with forèign influences
or local styles.
. _Dudng Aurignacian, close relatioûs seemed to exist with very dilferent parts of Europe without a clear
indication of-origin or influence : pendanls and notched pieces. This can alsô be seen in a few broken pieces
from Creswellian, Tjongerian, Ahrensburgian and Mesolilhic conrexl.
However, a clear comparlson can be made belween Belsian UDDer Perisordian and rhe Eastern Gravel-
lian of Moravia (from the composition and style of a small-anrhropomorphic rtatuetre;. The aesthetic fearu-
res of figurative style from the Magdalenian éulture rather show aifiniries with South:West France. Moreo-
ver, these two cultures contain pieces with individual regional characteristics.
<( Au cours du Paléolithique supérieur en à ces différentes cultures présentent aussi les
Belgique, on voit se succéder une série de tradi- mêmes affinités. Cela prouverait alors I'existence
tions culturelles dont les affinités étrangères sont d'un€ communication ( symbolique > ou ( spi-
des plus yariées. Ce phénomène démontre à la rituelle ,>, accompagnant les influences ( maté-
fois l'intérêt du t€rritoire considéré dans l'étude rielles > décelees entre les différentes régions. En
des relations entre les différentes régions euro- outre, lorqu'un outillage lithique ou osseux peu
péennes, en même temps que la nécessité de caractéristique, pose des problèmes d'attribution
dépasser le cadre national lorsque I'on cherche culturelle lorsqu'il provient de fouilles ancien-
à interpréter l'évolution des civilisations paléo- -
nes notamment l'apport du ( témoin €sthéti-
lithiques d'une de ces régions > (M. Otte, 1984, -
que >> pourrait être particulièrement utile. Cette
p. 178). étude permettrait aussi de dégager d'éventuelles
particularités locales comme il en existe d'ailleurs
Si des affinités étrangères ont pu être mises
dans ['art pariétal (< signe en accolade > du
en évidence par l'étude de I'outillage lithique et
osseux, il nous paraît tout aussi intéressant de Quercy, (< claviformes > ariégeois...).
savoir si les témoins d'art rnobilier aooartenant Toutes les cultures qui se sont manifestées en
Belgique au cours du Paléolithique supérieur,
ont liwé des <( témoins esthétiques ), surtout les
* Service de Préhistoire, Université de Liège, place du manifestations graphiques
XX-Août, B ,1000 Liège, Belgique. ratives - abstraites
réalisées volontairement
ou figu-
Dar I'homme
et don(-nous ne percevons pas le ;ôle urilitaire
Communication présentée à la deuxième session du
Séminaire < Représentations préhistoriques >, Musée de
l'Homme, 1985, organisée sous la direction de Denis Vialou. (M. Lejeune, 1984).
686 MARYLISE LEJEUNE
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FIa.3. Pièces incisées aurignaciennes Frc.3.
- rectilignes, parallèles et transversaux
Traits (l: Spy,
- Incbed
Straight
Aurignacian pieces.
parullel transyerse lines (1 : Spt, bone awl;
poinçoD en os ; 2 : Spy, bois de cherreuil) ; petits traits 2 : Spy, rædeer antler) ; srnall banded mork (3 : Trou
gxoupés en bandes parallèles (3 : Trou Magrite, Magûtq cat out diaphlsis) ; conyergent lines (4 : Trou
diaphyse découpée) ; traits coutbes couvergents (4 : du Renard, bone splinter): chevrcns (5 : SpJ, bone
Trou du Renard, lame osseuse) ; motifs €n V (5 : Spy, cllindnl box); criss-cross lines (6: GoJet, bird bone);
tube en os); motifs en X (6 i Goyet, tube en os zig-zag aûd stroight marks (7 : SpJ, bird bone) ; coni
d'oiseau); motifs associés (? : Spy, tub€ en os); cône cal it)ory piece (8: Spy). (M, Otte, 1979, M. Lejeune,
en ivoire (8 : Spy). (D'après M. Otte, 1979 et 1984,)
M. Lejeune, 1984.)
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIOUE.. 689
cylindriques ou en tonneau sont beaucoup plus motifs préférentiels : les séries de traits Darallè-
rares, On trouve aussi des anneaux de section Ies. les lignes courbes tracées à partir de petites
plate, rectangulaire ou carrée, portant parfois de encoches, les séries de X, de V ou de y. plu-
courtes incisions transversales. Certaines Dende- sieurs de ces motifs sont parfois associés.
loques, en forme < d'oreille ont éré décôuoées Les témoins esthétiques les plus nombreux et
"
dans une lame d'ivoire, façonnées par raciage les plus intéressants de I'Aurignacien de Belgi-
puis polissage et enduites d'ocre (De Puydt et que proviennent des sites de Spy et de Goyet.
Lohest, 1886, p.223 et pl. YI). Tant par la nature du matériau utilisé oue
Les pièces incisées offrent aussi une certaine par la forme de la pendeloque ou du motif
yariété dans leurs supports : fragments de côtes incisé, nos rémoins présentent des analogies avec
ou de lames d'ivoire, esquilles d'os longs, tubes ceux retrouvés dans les régions voisines et plus
(os d'oiseaux), pendeloques (dont des perles, particulièrement peut-être ayec ceux du Sud-
anneaux et tonnelet perforé en ivoire), poinçons Ouest français oir les pièces perforées et incisées
et fragments en bois de cervidé (fig.3). apparaissent dès le Châtelperronien. D'autre
Dans l'organisation des traits, plus ou moins part, des pendeloques identiques à celles de Bel-
profondément incisés, on peut distinguer des gique ont été trouvées dans la grotte de Wilds-
LE PÉRIGORDIEN SUPÉRIEUR
Tout comme pour l'Aurignacien, les O123cm
E-----_=-
<(1émoins esthétiques )) attribuables à cette cul-
ture et retrouvés dans huit sites (fig. 1), consis-
tent principalement en pendeloques et pièces inci- FIG. 5.
- Trou
ivoire.
Magrite: statuette anthropomorphe
(D'après M. Otre, 1979.)
en
sées de motifs abstraits (fig.4). Beaucoup moins
nombreux qu'à I'Aurignacien, ces témoins ren- Frc.5 : ivory onthlopomoryhic stat ette.
contrent souvent des problèmes d'attribution, - Trou Magite
(Accoding to M. Otte, 1979.)
notamment lorsqu'ils proviennent de sites à
industries mélangées.
Les supports présentent la même variété qu'à
l'Aurignacien. Pour les motifs incisés, outre les
séries de petits traits rectilignes parallèles, nous
retiendrons surtout le réseau de traits croisés
obliquement que I'on retrouve sur les plaquet-
tes d'ivoire de Maisières (J. de Heinzelin, 1973)
(fig. 4). En effet, la régularité des angles et des 3
distances entre les droites est assez exception-
nelle.
Mais I'intérêt des témoins esthétiques de cette
culture réside sudout dans deux témoins trou-
vés au Trou Magrite (E. Dupont, 1867) : une
petite statuette antbropomorphe en ivoire (fig.5)
et un fragment de bois de renne gravé de motifs
abstraits (fig. 6). Considérée initialement comme
aurignacienne, la petite statuette dépourvue de
membres, dont la tête arrondie et bien dégagée
possède un certain modelé suggérant un nez et
des yeux, est actuellement attribuée au Périgor-
dien, grâce à des comparaisons stylistiques. En
effet, ( bien que participant à la tradition des
représentations féminines du Périgordien supé-
rieur d'Europe occidentale, elle se rapproche
davantage par sa composition et son style des O1234scm
statuettes de Moravie, sans d'ailleurs que ces æ
comparaisons soient tout à fait satisfaisantes >
(M. Orte, 1919, p. 622\. FIc.6. Trou Magrite: bois de renne découpé et gravé
Trouvé dans la même couche, le fragment de de motifs abstraits. (D'après M. Otte, 1979.)
bois de renne possède un decor original composé Frc.6. Trou Magrite : coned reitdeer ant[er engrayed
de deux figures emboîtées. Deux ovales inscrits - absttuct
v,'ilh designs. (Accoding to M. Ofie, 1979.)
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIQUE... 691
I'un dans l'autre se prolongent à une extrémité mis de reconstituer un arrière-train de bovidé
par deux lignes parallèles qui, après un coude (fig. 8). Outre I'erreur de perspective et la mala-
à angle droit, se rejoignent en formant un petit dresse du tracé, cette figuration se singularise
cercle. Une figure fusiforme vient s'emboîter au encore par la présence d'une queue < ondulée >>
niveau de ce coude. De nombreux petits traits (peut-être s'agit-il d'un tracé indépendant d€
sont incisés perpendiculairement, tant sur certai I'animal ?) et d'un remplissage linéaire. Bien que
nes parties du tracé abstrait que sur les bords peu fréquent, ce remplissage par lignes parallè-
de la oièce. les ou croisées se retrouve sur d'autres fiÂura-
Frc. ?.
- Furfooz, Trou des Nutons : fragment de bois de o 3c|n
renne gravé d'une tête de bison. (D'après M. Lejeune,
1984.)
LE MÀGDALÉNIEN
,r'--- ,a
tions. On peut citer, par exemple, certaines psammite gravée sur les deux faces, trouvée au
représentations animales de I'abri Morin Trou de Chaleux en 1865 par E. Dupont (fig. 9).
(R. Deffarge, P. Laurent et D. de Sonneville- Elle se compose de deux fragments (80 cm de
Bordes, 1975), de la grotte de Gouy (Basse- longueur totale, 47 cm de largeur) et porte sur
Normandie) (Y. Martin, 1972) et même de une face la représentation finement gravée d'un
Romanelli (Italie du Sud) (M. Ornella Acanfora, aurochs en marche auquel se superpose partiel-
1968). lement celle d'un renne, Sur I'autre, apparais-
La pièce la plus célèbre de tout I'aft mobi- s€nt trois figurations de facture beaucoup plus
lier belge est certainement la grande dalle de maladroite. Il s'agit d'un capridé couché et de
Frc.9. Trou de Châleux : dall€ de psammite gravée sur Ftc.g. Ttou de Chaleux: psammite slab engroved on
les- deùx faces. (D'après M. Lejeune, 1984.) - sides.
both (Accordinq to M. Lejeuûe, 1984.)
ASPECTS PEU CONNUS DE L'ART PALÉOLITHIOUE-.- 693
FIc. 12.
- Goyet : cornes de bouquetin gravées sur uûe Fr6. 12. GoJet: Ibet horns engroyed on a psammite
- (According
plaquette d€ psammite. (D'après M. Lejeune, 1984.) slab. to M. Lejeune, 1984.)
LE CRESWELLIEN
O O,5 1cm Nous ne possédons guère de témoins esthé-
tiques de cette culture. Trois sites seulement en
Frc. 13.
- Orotte du Coléoptère : ( cotéoptèrc)) en ivoire. ont livré quelques-uns (fig. l).
(D'après M. Lejeune, 1984.) Il s'agit de deux dents perforées et de deux
FIa. 13. -_ Coleoptere cave: iyory n. (According
fragments de côtes encochées ne présentant
<< beetle
to M. Lejeune, 1984.) aucun caractère particulier.
LE TJONGÉRIEN
L'AHRENSBOURGIEN
Frc. 14. Verlaine: tête humaine barbue sur poinçon
os. -(D'après M. Lejeune, 1984.)
en Les témoins esthétiques de cette culture pro-
viennent de deux sites (fig. l) et consistent sur-
Frc. 14. ...... Ve aine: bearded human head on top oJ a tout en pièces perforées dont une quarantaine de
thick bone awl. (Accodin{ to M. Lejeune, t984.) coquilles fossiles d'espèces différentes retrouvées
696 MARYLISE LEJEUNE
Frc. 15. Goyet i incisiv€s de bovidé et croche de c€rvidé, FIc. 15. -_ Gotet: perforated and incised bovid and deer
-
perforé€s et incisées. (Photo J.-M. Léotard.) teeth. lPhoto l.-M. Léotard.)
FIc. l?,
-et Grotte de Reûouchamps: lame osseuse décou- Frc. 17. . Remouchomps caye: corved bone blade, inci-
pee ircisée sur les deux faces. (Photo C.I.R.A.) sed on both sides. (Photo C.I.R.A.)
FIc. 18.
- Station Leduc: galet gravé. (Phoro C.LR.A.) FIa. 18. Slation Leduc : engnryed pebble. (Photo
-
c.r.R.A.)
698 MARYLISE LEJEUNE
Ré.suttté.
et
- Les fouilles menées au Trou Magrite par les universilés dc Liège et du NoLrveru-Mexiqlle en lggl
1992, ont âpporté de nouveaux élémenls pour l âttribution cLrlturelle des ténioins d'rrt mobilief provenant des
fbuilles anciennes. En effel. depuis leur-découverte par E. Dupont en 1867. ces témoins (dont la petite slâluelle
anlhropomor?he en ivoirc ct le bois de renne découpé et gravé de motifs abstraits sor'lt les plus connus) ont éti
attribués à l'Aurignacien. au Gravettien et mêfie au Solutréen ancien.
L'analyse raisonnée de la stratigraphie de E. Dupont, lâite par M. Dcwez. et les datations râcliométriques
obtenues à panir du matériel des fouilles récentes. onl permis d'attribuer les témoins d ân mobilief du -l'rou
Magrite à l'Aurignacien. Cetle allribuliorl peLrt d'ailleurs être conir-mée par des comparaisons thématiques
stylistiques et techniques avec des documcnts provcnant de sites âurignaciens lrançais et allemands.
Abstre(î. fhe portable art of Trou Magrite (Pont-à-Lesse, Belgium): Aurignacian or Grâvettian ? Thc
1991-1992 excavations of the Universities of Liège and Neç Mexico have given new elements fbr dating mobile
i1r't objccts coming from E. Dupont s excavations in
1867. Indeed. these objccts (uith the rvell-known ivory
anthropomorphic stâluette and the carved reindeer artler engraved with abstract designs) were affributed to the
Aurignacian. the Gravettian or even the early Soluttean.
The Dupont's stratigraphic feasoned analysis by M. Dewez and the recent radiocarbon dates from the Trou
Magrite. allow us 1(r attribute our mobilc art objects to the Aurignacian. This anributlon tùay be conlirrn
b1, thematical, stylistic and technical compârisons with mobile art pieces coming lion French and Gcrman
Aurignacian sites.
Lors de fouilles eftèctuées au Trou Magrite en La petite statuette. taillée dans un bâton d'ivoire
1867, E. Dupont mit au jour une cinquantaine de puis poJie, présente une allure anti'uopornorphe.
témoins d'art mobilier comprenant des pendeloques Haute de 38 mm. elle est dépourvue dc membres
diverses (dents perforées, anneau en ivoire. pièce mais sa petite tôte arrondie et bien dégagée possède
bilobée à double perforation) (fig. l), des pièces un ccrtain modelé suggérant un nez et des yeux.
osseuses incisées (fig.2 et 3) et sultoLrt lcs dcux plus Le tronc présente des épaules bien malquées et
célèbres ceuvres d'art actuellement connues pour le un rétrécissement vers le bas suggérant la taille.
ttébut du Paléolithique supérieur en Belgique: une La partie inférieure, plus large, est constituée d'LLn
petlte statuette en ivoire et un fiagment de bois de petil bloc cylindrique sans indication dc détail
renne gravé (îig. 4). anatomique. Aucun caractèrc scxuel n'est figuré.
+ Service de Préhi\toire. Universilé de LièSe. place clu XX Aoirr,7. Bâr. A1. B 4000 Liège. Belgique.
Commrnicalion présentée lofs de la 12' session du sé inairu "Représentations pféhisroriques du l7 mars 1995. orgâni\é sous lr
direction de Denis Virlou.
L'ART MOBIT-II1R DU TROU MAGRITE (PONT.À LESSE. BELC]QUE): AURIGNACIEN OU GRAVETTIEN ? 239
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Fig. 1. Trou Mâ8ri1e. Aurignacien. Pendeloques. Canines de renârd perforées (l à 6). croches de cervidés perfoÉes (7 à l2l.
incisive de cervidé perforée (13), pendeloque bilobée à double perfbration. en ivoire (14), anneau en ivoire (15). (1, 2. 3, ,1, 5,
13. 14. l5:d'âpfès M. Otte. 1979 et 6. 7. 8. 9. 10. ll. l2:d'rprès M. I-ejeune. 198?).
Fis. l. 7l?ù M.tstite. Autis arian. Pentluntr. Pei(,wte.lfo\ caniu?s (l ro 6), peû)rutur t?d deer.a,lin6 (7 to 12), petoftùeJ
-
tteer itrci\ot (13). biloberl pendatû ttith tuo rcrlitatiotlt (14), rins in da\.(15) (1,2, 3. 1, 5, 13, 14, l5: M. Otte, 1979
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and 6, 7. 8, 9, 10, ll, 12: M. Leje ne, 1987).
240 M. LEJEUNE
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Fig. 2. Trou Mâgite. Aùrignâcien. Pièces incisées. Treits rcctilignes palailèles trÂnsvefsaux (l à 51 esquilles osseuses.
6:biiondebois siliciiié.7:os d oiseau. 8: f-fagment d ânneâu eD ivoire).'l'.aits fectiligncs pamllèles translersaux âlternés
(9: ffâgment d os) (d'après M. Otte, 1979).
Fig'2'.r1oLl||4asri|(Au|i!:]1ucitu1'Ici\4lùe.er'stt1tightpufllel|fL1tts|,e
7 : binl bon(, 8 : i\)ory rins Jtq<nent). Alternaied struight purallel truns|e^( lit1es lq : hone ffttgnlent) (M Otte, 1979)
L'ART MOBILIER DU TROU MACR]TE (PONT À I-ESSE. BELCIQUE): AURICNACIEN OU GRAVDTTIEN'] 24I
bw
Fig. l Trou Màg te. Aurignacien. Pièces inci\ées. Bândes parâllèles de pelits traits rectilignes. parallè]es et ù.rnsversaur
(l -
:diâphyse découpée). Trâits convergenrs. parfois courbes (2 à 7: esquilles osseuses) (d.âprès M. Ofie. 1979).
Fig'3'-TfuM.|g|ile'Autig]14cidn'1n|:isedPieCes'S|rdis|1|pu0]]clù'al1'\|e
Conwrg"nt lines, oLtdsirnalb trcd (2 to 7: bone sptitters) (M. Oxe, tg79).
242 M. LEJEUNts
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Flg.,l. Trou Magite. Aurignâcien. li slatuerle anthropomoQhe en ivoire.2: bois de renne découpé et gravé de motit.
abstraits (dessins M. Olte. 1979, p. i64).
Fig.4'Tt'ouMagri|e'AutignuciIt]1.I:i\nnanIopamofphics!d|et!'2:e'0|wd4nden8rL,ed||iîl1
an er (M. ùtu, 1979, p. 164).
L ARf MOIlll.lER Dti TROU I\{AGRITE (PONT-A LESSE. BELGIOUE): AUR]CNACIEN OU CRAVETTIEN I 243
Trouvé dans la mêne couche. le llagmcnt de ccrtaines réserves (M. Otte. 1979. pp l6z1 et
bois de renne. long dc 92 mm. possède un décor 622).
original composé de deux iigules emboîtées. Deux La stratigraphie établie prr E. Dupont est
ovales inscrits I'un dans I'autre se prolongeDt partiellement cause de ces problènes d'attribution
ii une extrémité par deux lignes parallèles qui, cr.rlturelle car elle peut p[ê1er à conf'usion sclon
ilpres un ( nude a anglc Jroit. .c rcJUi:Ilarrl cn que I'on envisagc Ia numérotation des couches
tbrmant un petit cercle. Une ligure fusiforme vient archéologiques de bas en hrut ou de haut en
s'emboîter au nivcau clc ce coude. De nombreux bas.
pelits traits sont incisés perpendiculairement. trnt
Reprenant alors les publications de E. Dupont,
sur cer-taines parties du tracé abstrait que sur Ies M. Deuez Én l'Jit lrne rrnrl).e nrrnulieure er propose
bords de la pièce. Sur I'autre face, on remarque une reconstitution raisonnée de la stratigraphie du
principaleInent, une ligne sinueuse portanl de petites
sire (rab. l).
incisions perpendiculaires. Diverscs intcrprétations
ont été proposées: dessins fantaisistes (4. Rutot, En effet, E. Dupont ayant signalé que la staluette
1903, p. 202), représentations piscifbrnres (H. Breuil provenait de la "3'couche ossifère" (E. Dupont,
11372. p. 93), M. Dewez considère qu'il s'agit de "la
et R. de SainrPerier. 1927. p. 50 et 52).
cygne (H. Angelroth. 1937, p. 1.19). idéogramme 3'couche du niveau fluviatile stratifié (tbrmation B)
(F. Twiesselmann, 1951, p. 7). r'eprésenlations en faisant comrrencer les couches par le haut,
sexuelles (P.4. Jansscns. 1970, p. 1t2 et M. Otte.
comme le lait normalement Dupont" (M. Dewez,
i979, p. 166). 1985, p. 1231. ll nous dit également que "c'est à ce
3" nivcau ossifère que nous proposons d'attribuer
Les attributions culturelles par comparal l'Aurignacien typique. Dupont 1ui-même (1872b.
sons stylistiques notafrn]ent de nos dcux p. 88r Jrrll hrit le rrpplochenrcnl entre une pôinre
"pièces clés". ont varié au cours des temps. de sagaie à base fèndue en bois de renne du Trou
En effet, si E. Saccasyn-della Santa place la du Sureau et une autre, dans le même natériau,
statuette à I"'Aurignacien supérieùr" ou au provenaDt des "niveaux inlérieurs" du Trou Magritc.
"Solutréen ancien" (E. Saccasyn, 1947, p. l5l) c'est à dirc dcs niveaux 3 et 4" (M. Dewez. 1985.
et F. Twiesselmann à l" Aurignacien terminal" p. l2l). La statuette anthropomoryhe ainsi que le
(F. Twiesselmann. 1951, p. 26), A. Leroi-Gour- fiagment de bois de renne gravé trouvé dans la
han considère qLLe les statuettes occid(]ntalcs sc rnême couche sont donc attribués à l'Audgnacien
situent "entre Gravettien et Solutréen" (A. Leroi typique.
Gourhan. 1965. p. 66). M. Otte adopte l'aftribu- Malheureusement, aucune datation absolue de
tion de H. Delporte qui place notre statuette cet Aulignacien n'avait pu être établie jusqu'à ce
au "Périgordien supérieur" mais en émettant que les fouilles mcnées par lcs universités de Liège
'lhb]. l. Reconstitulion de 1â strrtigrâphie en tenant compte des texles de Dupont. des recherches récenles sur la documentation
et de la lbuille {le contrôle de Toussaint'(M. Dewez, 1985. p. ll9).
Agc du Fcr
Magdalénien cr 13 000 BP
Maisièricn I cr ll 0rJ0 BP
lrhl. L l)iltcs ildiocafbonc du TroLr NILrgrire (P. Noiret. \1. Otte. I-.Ci. Stfalrs d ul.. 1991. f. .+6 cl !1. Onc. L.C.
Stfirus (LLr.). 1995. pf.65 er lll)
T.rb1e]'Rn|iuulhlnlu1!\|n)Dtl'|T|(nl1qli|t||,N|)i||.M.
Stru \ tli.), 1995. 1t1t 65 unl :))).
ll 900 1 100
ll i l 0a0
t00 Cxll0ll A
t6 580 I I |0 C\ 17017 Cl
el du Nouveru-Me\ique en l99l et 1992 livrent dLr lil lbrme avcc ccllc clcs cincl slatuettes dc
lnatériel dont les délen:rinalions radiocarbonc sonl Prcdnrost (flg. 5. n'' 6). il \i-qnale aussi que
inclicluécs dans lc tablcrLl 2. la statuette. bien clue palticipanl à la tradition
Outre la dernière chtrtion lbumie(':'). L.G. Straus des représentations fénrinines clu Pér'igoldien supé-
signale que ll dirtltion de CAMS (tandétron de r-ieur d Europe occidentale. se rapproche dlvirntage
Belkeley - Law|c-ncc - Lir'eûnofe) est la plus fiiible plr sa conposition el sol'l style des s(atuettes
pour la couche 3 et cÈre celle de 3.1215 1 I 925 BP ,.lc M.,rlrr ic. s:rrr. J :rrlIurs qU\' ((\ .,,|llpir|i|\,,n\
est la plus liable pour la couchc 2. Les objets d art soicnt tout à lirit satistaisantes (trillées .lans une
ittrricnl ,lr'tte cnlre lR 00o l-l lX)0 rrtrr ilrr r'r!'ir\. (e phalînge. elles sont p[]s grossières et de plus
qui les placerait parni les ténoins les plus rinciens grandes dimensions (M. Olte, 1979, p. 622). Pour
actLlellement connus en Europc. M. Dewez. ces compalaisons avec les figru-ines sur
Les térnoins cl art rnolrilier lrolr\'és dans la phalanges du Pavlovien de P:.edrnost. semienl plul(i1
couche 3 serrienl &)nc bicn aulignacicns. On ''un élémeD1 qLri montrc l'inliuencc cl un couccpt
peut ellcclivcment consiclér'cl c1u'ils paticipent de aurignacicn clans le Pavlovien" (M. Dervez. I985.
''l'csprit'dc cctte cultLre:par 1a technique de la p 128).
roncle-bosse. attestée diurs des ttuvres nobilièr'es C cst donc sous le double aspect de Ia
aLlrignaciernes provenrnt notamnlent du Volgelhelcl. repr'ésentation en trois dimensions et de l'intérêt
de Ceissenklôsterle. cle Hohlenstein Stadel. de l'abri pour 1es ligurations d'organcs scxucls qu'i1 firut
Blanchard (tig. -5) et par lcs rcpr'éscntations dc envisager les comparaisons ptoposées pat M. Dewez
symbolcs scxucls lcls qu'on peut en voir sur des avec Ia figurine anthropomorphe du Vogelherd ou
blocs -ulavés de la Fenassie. de l'abri Blanchard. avec la représentrtion phalliclue de I'abli Blancharcl.
de l rbri Castanet. cle l'abri Cellier' (fig. 6) ou en trr cllct. 1e. inttrp,rrrri.,'tt., 'l\li\tique\ iru .etr.
roncle bosse à 1'abri Blanchard (pllrllus). En outfe. strict ne sont pas entièrenlent convaincantes. I)ans
les pendeloqùes aulignaciennes en tbrne d olejlle le prenier cas, notre lénroin nl] possùdc pas dc
pl-ovenant de la
-sfotte de la Betche irux Rolches à rétrécissemcnt marqllant unc amorcc dc jîmbes ct
Spy (M. Dewez. 1985) et la plaqucttc façonnéc ct Llrrr. lc .e.nnrl. bicn !luc lrfe\(IliUrl lI)( cerrilin(
grar,ée d'un rùotil scrpentifi)nne de ponctLllrtions allure phallique, ii nontre un élargissement très
frir\crrrlr Je l:rh'i Blrnihrrd. poultilirnl :rrrs\l nct ûu niveau des épaules. Quant aùx pièces
être prises en considération (lig. 6). Si M. Otte osseuses décorées d incisions rectiliglles et aux
considère qùe la statuette appartient ar "Périgolclien pendeloques diverses. elles sont très fréquentes à
supérieur". essentiellement par comparaison de I'Aurignacien.
L ARl MOBILIER DIr TROU MACRI'I h (PON I A LESSE. BELCIQUE) : AtjtttGNACll..N OU GRAVETTIEN I 245
fim
#U
Fig 5. AttriSnrcier. | :'l'rou Magrite: stLrtLrctlc irnlhropomoehe en ivoirc. l: V)g€lherd (Badc Wurtemberg) : staruerle c!lindfiquc
lnthr0ponl()rphccnjv{)i|t::^b|iBl:rnchâld(D
.Stldel(Bade.wufenlherg):!trlue1te.Ulthro|onrorpheit1êledeLionnc5:CjeissenklÔster|e
or.éc d une rcpré\enlalion humxine.6 : Prcdnrcst (Mofa!ie): figu ne \ur méracrrpien de nrâmJ ourh (Prvlovien) {l:drprt\
M. Ouc, 1979: 2. -l el 5: d après C. Bo,iinski. 1982: 6: d apfès H. Detpore. 197..,).
fig 5. Aùirtn.id .
--,---:
L-=4i30cm
Fig. 6. Aurignacien. i. Trou Mugrile: bois de renne découpé ei grâvé de mlrlil.\ rbstrails. 2 et 3: Spy. grotle de la Belche-aux-
Rotches: pcndcloques ocrées en ivoire en lorûc d orcilleJ'. 4 r Abri Blanchard (Dordogne) : plâquette osseuse tàçonnée e! gra!ée
d un motif serpentitàrnrc de ponctuations. 5: Blanchrrd: bloc rocheux grâvé d'imagcs vulvâircs. 6: Lr Ferfâssie (Dofdogne):
^bd
bloc rocheux gravé d iDrages vulvâircs (1. 2 et 3: d apfès M. Otte. 1979: ,1. 5 et 6: d âprès B. er c. Delluc. l97tt)
Fig'6'Al||ignucitul']:T)'0t!Maeri1e:rû|kdalkIulgfr|Cd
Roklle\ Lltrc :
de5isnbo?!llb'5:AbriBLukhtl:lema!?se\!\nbolsen8f^'t|l|)roLk\bl0Lk'
etryra\,?d on tockr bh\k (1. 2 and 3 : M. O t. 1979: 1. 5 unl 6: B. Ù C. Drll t, 1978).
L.ART MOBILIER DU TROU MAGRITE (PONT A LESSE. BELGIOUE) : AURICNACIEN OU GRAVETTIÊN'] 2:17