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TUNISIE
(Cours en annexes)
COURS
Présentation générale
Le pays compte plus de 11000 kilomètres de littoral bordé de nombreuses îles : Kouriate
(Monastir) , Kerkennah (Sfax) et Djerba. La côte nord de la frontière algérienne au cap
Blanc est rocheuse et découpée, ensuite du cap Blanc au cap Bon, c’est une côte basse
remblayée par des alluvions (Utique se trouve aujourd’hui à plus de 15 kilomètres de la
mer!).Quant à la côte orientale elle est basse et bordée de lagunes.
Région de Matmata
Situés au sud-est du Chott el-Jérid, dans les contreforts du Djebel Dahar, les monts de Matmata
dominent la vaste plaine de la Djeffara et constituent une cuesta (515 mètres) dégagée dans les
roches calcaires et les marnes du Crétacé supérieur et moyen par divers oueds.
L’évolution du Tourisme tunisien
«La Tunisie est un magnifique exemple, l’un des plus achevés de subordination du
développement touristique aux mécanismes de fonctionnement du « système commercial
multinational » dans ses trois volets classiques : transport, organisation du voyage, accueil.
Il en reste une exceptionnelle homogénéité du «produit» et de ses «consommateurs »
proche souvent de la standardisation, par essence réductrice des différences et des
aptitudes réelles (…) » (CAZES G. , p. 95).
En 2001 la Tunisie a reçu 5,387 millions de touristes internationaux, 5,06 millions en 2002 et
5,11 millions en 2003 et 6,5 millions en 2006 ( 36,8 millions de nuitées ). En 2006 la Tunisie
a accueille 6 650 000 visiteurs soit une augmentation de 2,7 % par rapport à 2005. Les
recettes touristiques ont augmenté de 6 %. Le marché européen a représenté 3 960 000
clients (+ 2,3%). la France arrive en tête avec 1.234.736 touristes soit une progression de 5,5
% par rapport à 2005, suivie de l'Allemagne (547.403 ), (-4,3%), des Italiens (464.323) (-
1,8%) et des Anglais (350.673) (+7,1%).Les touristes de la Turquie ont enregistré la plus forte
croissance (+19,4%) suivi de la Hollande (+18,8%) et de la Yougoslavie (+15,5%).Le nombre
des Maghrébins qui sont venus en Tunisie en 2006 était de 2 458 373 dont 1 472 411 de la
Libye et 945 318 d’Algérie. Côté nuitées, une augmentation de 1,2% par rapport à 2005 a été
enregistrée, la ville de Hammamet continue d'être le premier pôle d'attraction.
En 2007 Tunisie a reçu plus de 6,7 millions de touristes, essentiellement originaires de
France et de Libye. Les recettes générées par le tourisme se sont élevées à 3,05 milliards de
dinars (1,7 milliard euros).
Par rapport à 2006:
-le nombre de visiteurs a augmenté de 3,2 %.
-les recettes sont en hausse de 8 % en dinars (3 % en euros).
-les nuitées ont atteint 37,4 millions, pour un taux moyen d’occupation de 51,6 %
L’année 2007 avait été aussi marquée par une baisse des flux touristiques en provenance des
marchés européens: - les allemands (-6 % en 2007), les britanniques (-10,8 %), les espagnols
(-9,2 %) et les italiens (-4,3 %).
Les nuitées ont dépassé les 38 millions en 2008, soit une hausse de 1,4% par rapport à 2006.
Les trois principales régions enregistrant le plus de nuitées Djerba : 9 443 481 (+ 4,7%), suivi
par Sousse : 7 795 361 (-3,1%) et Nabeul - Hammamet : 6 470 126 (+0,6%) représentant 63%
des nuitées totales.
En 2009, le nombre de touristes ayant visité la Tunisie a atteint 6,9 millions, soit une baisse
de 2,1% par rapport à l'année précédente. Cette baisse des entrées s'est accompagnée d'une
hausse, de l'ordre de 2,1%, des recettes, soit 3,406 milliards DT. Le nombre de nuitées était
en baisse de 8,2% à 34,986 millions de nuitées, alors que le taux d'occupation avait reculé de
3,6%.Le nombre de touristes provenant de France a baissé de 3,6%, contre une régression de
7,2% pour l'Allemagne, 13,9% pour l'Espagne, et de 13,7% pour l'Italie. Concernant le marché
maghrébin, il a été caractérisé par une régression de 0,7% pour les Algériens et d'une hausse
de 12,9% pour les Libyens, ce qui correspond à l'entrée de 3 millions de touristes.
En 2009 Le secteur du tourisme employait emploie plus de 350000 personnes (sur dix
millions d’habitants), couvrait 60% du déficit de la balance commerciale du pays et assurait
6,5% du produit intérieur brut.
La crise économique mondiale a affecté le secteur du tourisme en Tunisie, selon les chiffres
portant sur le premier trimestre de l’année 2010. Si le nombre d’arrivés est stable, les recettes
en revanche reculent de 7,5 % par rapport à la même période l’an dernier. Les recettes du 1er
trimestre 2010 sont de 288 M€, contre 311 M€, soit un écart négatif de 7,4% . En termes de
nuitées, le tourisme tunisien a enregistré 4,463 millions de nuitées au 1er trimestre 2010,
contre 4,265 millions de nuitées en 2009, soit une augmentation de 4,6%. Au niveau des
nationalités, les touristes les plus nombreux en Tunisie ne viennent pas d’Europe mais du
Maghreb. Les libyens avec 464.000 visiteurs, suivis des algériens arrivent en tête suivis par
les européens français, allemands et britanniques. Le tourisme tunisien devrait réaliser en
2010, des recettes identiques ou dépassant celles réalisées en 2009, soit 3,4 milliards de
dinars.
Selon les professionnels, la baisse du nombre des visiteurs originaires d’Europe, qui se
poursuit depuis plusieurs années sur plusieurs marchés, n’est pas uniquement liée à la crise
économique mondiale. Elle découle notamment d’une mauvaise qualité de services, d’un ciel
encore hermétique face aux compagnies low-cost et d’une monoculture balnéaire et estivale
qui semble plafonner. Autre faiblesse du secteur: le maigre budget alloué à la promotion du
produit tunisien. Le pays consacre quelque 20 millions d’euros aux actions promotionnelles,
contre plus de 100 millions d’euros pour le Maroc.
Après un creux à 4,78 millions de visiteurs en 2011, les entrées de touristes étaient remontées
à 6,07 millions en 2014, après une année encore meilleure en 2013 (6,27 millions). En 2014,
les recettes touristiques avaient enregistré une légère croissance, tout en restant loin des
niveaux de 2010. En 2014 le tourisme avait rapporté 1,59 milliard d’euros à la Tunisie, soit
6,4 % de plus qu’en 2013, mais 14,5% de moins qu’en 2010, selon les statistiques du
ministère du Tourisme. Le nombre de touristes avait, lui, baissé de 3,2% à 6,07 millions,
contre 6,27 millions en 2013.Les touristes français constituaient de loin la première clientèle
en Tunisie, à des niveaux toutefois incomparables à 2010. Selon l’Ambassade de France en
Tunisie, en 2014, 1/9e des touristes venait de France, contre 1/6e avant le printemps arabe, où
ils étaient 1,4 million.
Les attentats ont compromis cette reprise. Ce fut d’abord l'attaque terroriste contre le musée
du Bardo, qui a tué 21 touristes et un policier tunisien le 18 mars 2015. L'attaque terroriste
contre un hôtel touristique dans la ville de Sousse, en juin 2015, a porté un nouveau coup
sévère au secteur du tourisme en Tunisie. L'attentat, qui intervenait à quelques jours des
grands départs en vacances et seulement 4 mois après l'attaque contre le musée du Bardo à
Tunis, a déstabilisé l'ensemble de l'économie tunisienne.
La lente croissance des recettes touristiques tunisiennes s’expliquerait par la faiblesse des
prix moyens par lit loué (1 à 5 entre la Tunisie et la Turquie et de 1 à 3 entre la Tunisie et le
Maroc). Cette faiblesse découle de l’interaction de plusieurs facteurs structurels. Parmi ces
facteurs, il y a la prédominance de l’activité balnéaire, qui s’appuie sur une forte saisonnalité
et des pratiques de négociation des tarifs étalées sur toute la période de l’année et dominées
par les grands tour-opérateurs disposant d’un pouvoir de marché et de négociation puissant .
En outre, la saisonnalité de l’activité touristique oblige recourir à une main-d’œuvre
temporaire, ce qui ne favorise ni la qualité ni, surtout, la productivité et, partant, la
compétitivité.
L’étude de l’IAEC met en cause le schéma de développement de l’hôtellerie basé sur une
croissance extensive, c’est-à-dire sur l’augmentation des capacités en lits afin de compenser
l’incapacité de générer des gains de productivité » et économiser sur les coûts de production.
La croissance extensive des capacités d’accueil a eu pour effet un endettement accru. De 1983
à 2008 l’encours total de la dette a pratiquement explosé, passant de 178 millions de dinars à
plus de 3,176 milliards, soit une multiplication par plus de 17. La majorité de cette dette
bancaire, soit près de 70%, est constituée de crédits à moyen et long terme contractés pour
financer le besoin d’investissement. La moitié de cet endettement est composé de crédits à
court terme destinés à couvrir des dépenses immédiates. Les hôteliers tunisiens voient
s’étendre les périodes nécessaires au remboursement de leurs dettes. De 17 mois de chiffre
d’affaires en 1983-1990, cette période est passée en 1999-2004 à 33 mois. La restructuration
de l’industrie hôtelière tunisienne apparaît comme une urgente nécessité.
Des conditions et des facteurs de développement spécifiques expliquent cet essor :
Le climat est dans l’ensemble doux et ensoleillé. Les hivers sont tièdes (les pluies
concentrées dans le temps et la nébulosité faible).A Sousse, en hiver, le pourcentage de
jours de beau temps égale 57% et celui de jours nuageux 10%. L’insolation est forte .Le
nombre moyen d’heures d’ensoleillement par jour est de 3 heures en janvier à Tabarka, de
6,7 heures à Remada dans l’extrême sud.Un maximum supérieur à 10 heures caractérise les
mois de juillet et août (10h30 à Tabarka, 11h30 à Remada).
Le défi majeur du tourisme tunisien réside toujours dans la diversification de ses produits :
En 2009 le secteur du tourisme représentait 6,5% du PIB et génère plus de 380 000
emplois directs et indirects.
La croissance touristique creuse les écarts entre les zones bien dotées et les espaces les
moins bien pourvues. La diffusion spatiale du Tourisme est étroitement limitée . 83% des
lits sont concentrés en bord de mer (les 2/3 ont des plages privées) et 80 % du territoire
reste largement en dehors du phénomène touristique, d’autant que plus du 1 des touristes
ne fait aucune excursion hors de l’établissement hôtelier pendant leur séjour. «Tourisme
hyperconcentré spatialement, et même clos sur ses installations spécifiques () » (CAZES
G., p. 105). Pour les zones touristiques les plus récentes (Tabarka, Mahdia, Nefzaoua,
Jerid ) l’insuffisance de la formation professionnelle entraîne une rotation fréquente des
personnels et pose le problème de la qualité du service.
La mosquée Zitouna (arabe : )جامع الزيتونة, ou mosquée de l'olivier, est la principale mosquée de la
médina de Tunis. Rattaché au malékisme, elle est le sanctuaire le plus ancien et le plus vaste de
la capitale de la Tunisie. Érigée sur une superficie de quelque5 000 m², la mosquée est dotée de neuf
entrées et possède 184 colonnes antiques provenant essentiellement du site de Carthage.
Non loin de Tunis se trouve les vestiges de Carthage. Selon Tiné Carthage aurait été fondée
en 814 av. JC par Elissa ou Dydon, sœur du roi de Tyr Pygmalion .Pour d’autres auteurs,
dont Flavius Josèphe qui cite Ménandre, la ville aurait plutôt été fondée vers 825-819. Qart
Hadasht fut d’abord un comptoir phénicien qui connut un brillant développement au Vie
siècle sous la dynastie des Magonides. Sa politique expansionniste en Méditerranée amena
Qart Hadasht (Carthage) à se heurter aux grecs dans deux batailles demeurées célèbres :
Alalia ( 540 ) et Himère (480).Carthage du se replier sur l’Afrique , mais en 410 la cité
intervenait en Sicile prenant Sélinonte, Agrigente et gela . L’apogée de Carthage se situe
entre – 310 et -263.Entre – 264 et -146, la cité se heurta à Rome .Les trois guerres
puniques (-264/-241 // - 218/-201 et -149/ -146 ) se soldèrent par la prise et la destruction
de la ville par les romains . Ces derniers tentèrent sans succès d’y développer une colonie
(en 123 sous l’impulsion de Tibérius Gracchus et plus tard sous l’impulsion de César).Ce
n’est qu’en 44 av.JC que les triumvirs implantèrent une colonie sur le site de la ville
punique. Carthage devint alors la capitale de la province romaine d’Afrique .A la fin de
l’empire romain elle devint une grande métropole chrétienne, c’est à Carthage que se
développa le schisme donatiste (du nom de Donat, mort en 335) contre lequel lutta Saint
Augustin. La ville entra ensuite dans une phase de déclin et disparut avec l’arrivée des
arabes . Les vestiges de la Carthage punique sont peu nombreux. Le plus connu est le
Tophet de Salammbô , ancien lieu de culte punique dédié à Tanit et Baal Hammon. Les
vestiges de la cité romaine sont plus nombreux et plus spectaculaires : les thermes
d’Antonin (145-162, le théâtre et de nombreuses habitations sur la colline de l’Odéon).
Le nord tunisois
Utique
La ville fut fondée pat les phéniciens avant celle de Carthage vers 1101.Ce sont des tyriens
qui s’implantèrent à l’embouchure du fleuve Bagradas (Mejerda).D’abord alliée de
Carthage, Utique opta pour l’alliance avec Rome lors de la troisième guerre punique (149-
146 av.JC) ce qui lui permet d’échapper à la destruction et de devenir capitale de la
province romaine d’Afrique. Elle resta une ville prospère durant tout l’empire. Le site
archéologique est surtout réputé pour sa nécropole punique caractérisée par des tombes à
fosse creusées dans le roc et des tombeaux construits en brique crue ou en grès ainsi que
par les vestiges relativement bien conservés de la ville romaine.
Utique ( )عُتيقةest un site archéologique localisé à l'emplacement d'une ancienne cité portuaire
fondée par les Phéniciens dans l'Antiquité. Il est situé au nord de l'actuelle Tunisie, à une trentaine
de kilomètres au nord-ouest de Carthage.
Bulla Regia
Bulla Regia est connue pour ses habitations, dont une vingtaine a fait l’objet d’un dégagement,
datées à partir du règne de l’empereur romain Hadrien même si l’aménagement le plus spécifique
semble daté des IIIe-IVe siècle. Elles offrent la particularité d’être pourvues d’un étage souterrain,
reproduction de moindre ampleur de l’étage supérieur 17 qui est de plain-pied avec la rue. Cette
solution d’étage enterré est un choix lié, mais pas seulement, à un faible relief.
Bulla Regia
La ville est située dans le Tell moyen au nord ouest de Jendouba au pied du Jebel Rebia. La
ville fut municipe au premier siècle avant de devenir colonie sous l’empereur Hadrien (117-
118). Au Vie siècle les byzantins s‘y implantèrent comme le prouvent la présence d’un fort
et de deux basiliques. L’une des particularités du site est de présenter des maisons
partiellement enterrées au niveau du rez-de-chaussée ( Maison de la Chasse, maison de la
Pêche, maison du Trésor, etc…) Ce type de réalisation est rare dans l’urbanisme antique .La
spécificité de ces maisons s’exprime aussi dans le voûtement des pièces : les voûtes sont
construites à l’aide de tubes en terre cuite en forme de bouteilles sans fond, emboîtés les
uns dans les autres .
Dougga
Le théâtre, construit en 168 ou 169, est l’un des mieux conservés d’Afrique romaine et peut accueillir
3 500 spectateurs alors que Dougga ne compte que 5 000 habitants. Il appartient à une série de
bâtisses impériales dont la construction s’étale sur deux siècles et qui ne présentent que peu de
différences par rapport à un modèle théorique, si ce n’est l’adaptation au terrain, des aménagements
mineurs ou l’ornementation pour lesquels les architectes locaux ont pu avoir quelque liberté
Le capitole de Dougga
Le Capitole est un temple romain du IIe siècle principalement dédié à la triade protectrice
de Rome : Jupiter Optimus Maximus, Junon Regina et Minerve Augusta. Il est dédié de manière
secondaire à la sauvegarde des empereurs Lucius Verus et Marc Aurèle ; il a sans doute été achevé
en 166-167 de par leur titulature
Dougga
Ancienne cité numide, la ville de Thugga connut une période de prospérité sous le Haut-
Empire comme toutes les autres agglomérations de la région. La dynastie des Sévères (193-
235) correspondit à l’apogée de la ville. En 261 le municipium Thuggensis fut transformé
en colonie. Le site, très étendu, comprend les vestiges de nombreux monuments : un
théâtre édifié en 168-169, le temple de la Piété Auguste et celui de la Fortune (IIe siècle),
Le Capitole dédié à Jupiter, Junon et Minerve qui est un des temples capitolins les plus
remarquables du Maghreb, le forum, le temple de Caelestis, etc…
Tabarka est une ville touristique connue pour les activités de plongée (fonds
marins poissonneux où la pêche au mérou et à la langouste est pratiquée) et le corail utilisé dans
la bijouterie. On y vient aussi pour ses festivals dont le célèbre Tabarka Jazz Festival. La ville est
surplombée d'un rocher sur lequel est construit un fort génois.
Tabarka, petit port de pêche et grande station touristique fait figure de petite capitale du
Nord-Ouest tunisien. L’intérêt de la ville ne réside pas tant dans son histoire, qui, au
demeurant, n’a laissé que peu de vestiges, que dans s a situation dans une des régions les
plus originales de la Tunisie avec une côte superbe tantôt rocheuse tantôt sableuse. La
station est un centre réputé de plongée sous-marine.Dans l’arrière-pays (Monts de
Kroumirie) un tourisme cynégétique s’est développé spécialisé dans les battues au sanglier
Le sud tunisois
Le site le plus connu de cette région est Hammamet devenu un des hauts lieux du tourisme
tunisois .Elle fut mise à la mode dans les années 30 par le milliardaire roumain Georges
Sébastian. Ce dernier y possédait une luxueuse demeure qui devint un rendez-vous de
l’intelligentsia de l’époque : André Gide, Georges Bernanos, Man Ray, etc…La villa est
devenue en 1959 une propriété de l’état et fut transformé en centre culturel international,
lieu d’un festival international de théâtre qui s’y tient chaque été.A proximité Nabeul fait
figure de premier centre artisanal réputé spécialisé dans la céramique.
Le littoral oriental
Il se compose du Sahel, un pays formé de collines (150/200 mètres d’altitude) séparées par
des dépressions occupées par des Sebkhas. Ce paysage steppique possède un climat
marqué par l’aridité.L’activité traditionnelle est la culture de l’olivier. C’est dans le sahel
que se trouve la plus importante forêt (Ghaba) d’oliviers du pays (plus de 15 millions
d’arbres sur 250000 hectares).Le Tourisme appuyé sur l’aéroport de Monastir-Skanès
s’est développé au Nord de Sousse et à l’ouest de Monastir.On y dénombre plus de 200
hôtels, 600000 lits soit le 1/3 de la capacité nationale d’hébergement. C’est la région qui
reçoit le plus de touristes étrangers.Le Sahel avec 1,2 million d’habitants répartis sur une
superficie de 6000 km2 est la région la plus peuplée du pays, après Tunis.Mais les
disparités y sont importantes entre le vieux Sahel littoral très urbanisé (plus de 500
habitants/km2) et les franges occidentales te méridionales qui comptent moins de 100
habitants/km2.Les 2/3 des habitants vivent en ville à Sousse (3ème ville de Tunisie avec plus
de 270 000 habitants).
El Jem ( Amphithéâtre )
C’est dans le Sahel que se trouve l’antique cité de Thysdrus (El Jem), cité d’origine punique,
bourgade obscure mais qui connût son apogée sous les Antonins (96-221) et les Sévères
(193-235).La cité est surtout connue pour son amphithéâtre (149 mètres de long, 124
mètres de large et 36 mètres de haut) avec une arène de 65 mètres sur 39.C’est le plus
grand édifice de ce type en Afrique du Nord. Il pouvait contenir jusqu’à 30 000 spectateurs.
C’est le site archéologique le plus visité de Tunisie (plus de 600 000 visiteurs / an).
Mosquée de Kairouan
Kairouan – les bassins des Aghlabides
Non loin se trouve la ville sainte de Kairouan. A l’origine c’était un camp fortifié par Oqba
en 670 et qui servit de point de départ à l’installation arabe dans l’ouest du Maghreb.
Kairouan devint capitale sous la dynastie Aghlabide (IXe siècle) et l’un des principaux
centres culturels de l’Islam : Ishak Ben Imran y enseigna la médecine, Yahya Ben Sallam al-
Basri (741-815) y enseigna le Tafsir, premier grand monument de l’exégèse musulmane. La
vile comporte trois constructions majeures : - les bassins des Aghlabides réalisés par Abdu
Ibraham Ahmad (856-863) au nombre de 15 dont deux immenses réservoirs communicant.
Le principal est un bassin polygonal à 48 côtés qui atteint 128 mètres de diamètre relié à
un bassin plus petit (de décantation) qui a la forme d’un polygone à 17 côtés d’un diamètre
de 37 mètres, - la grande mosquée.Elle fut fondée par Oqba Ibn Nafi en 670. La Jeema Sidi
Oqba est le plus ancien et le plus célèbre édifice religieux de l’Occident musulman.
Agrandie à plusieurs reprises, elle fut presque entièrement reconstruite sous les Aghlabides
par Ziyadat Allah Ier et Abdu Ibraham Ahmad.C’est un vaste quadrilatère irrégulier de 135
mètres sur 80 divisé en deux espaces : la cour et la salle de prières.La salle de prières
comporte 17 nefs perpendiculaires au mur du fond. La nef médiane est la plus large et une
nef est parallèle à la qibla .Les deux sont surmontées d’une couverture nervée sur trompe
qui date de 836, - la mosquée des Trois Portes construite en 866 sur l’ordre de Mohammad
Ben Khayroun el-Maafiri, originaire d’Andalousie est célèbre pour le décor sculpté de sa
façade .
Maison troglodyte de Matmata
Ce sont des habitations creusées dans les flancs de la montagne autour d'un vaste puits habituellement
circulaire. Autour de ce puits constituant la cour de l'habitation sont creusées longitudinalement et en
étages les pièces qui serviront pour l'étage inférieur de chambres (camour), de cuisine (matbakh),
de bergerie pour les chèvres et d'étables, l'étage supérieur étant réservé pour le stockage (makhzen)
des céréales, dattes, olives et figues séchées. Dans cette région soumise à de très fortes canicules,
plusieurs mois par an, cet aménagement particulier de l'habitat permet de faire pénétrer la lumière
dans les pièces souterraines tout en y maintenant de la fraîcheur au plus chaud de l'été.
La Tunisie méridionale
Elle représente plus de 50% de la superficie totale du pays. C’est le domaine de l’aridité et
de la semi-aridité. Les précipitations annuelles y sont inférieures à 250 mm/an et seule
l’agriculture irriguée y est possible. La population y est peu nombreuse (environ 1,5
millions de personnes) et les nomades y côtoient les citadins. Cette région ne comporte que
deux villes importantes : Gabès (140 000 habitants et Gafsa (105 000 habitants) .Le Jerid
(Bled el Jerid: le pays des palmes) comporte de nombreux oasis où la nappe artésienne
alimente de nombreuses sources (oasis de Nefta, de Tozeur, d’El-Hamma ,d’El- Oudiane,
…).Ces oasis sont essentiellement occupés par des palmeraies qui couvre dans cette région
plus de 5000 hectares.Les deux plus importantes (plus de 1200 hectares chacune) se
trouvent à Tozeur et Nefta et comptent plus de 1,6 millions de palmiers dattiers. L’oasis la
plus fréquentée par les touristes est celle de Nefta (la «corbeille de Nefta »), un cirque
bordé de parois rocheuses hautes parfois de plus de 30 mètres et d’ou jaillissent de
nombreuses sources donnant naissance à une palmeraie de plus de 1000 hectares. Nefta
est aussi le deuxième centre religieux de Tunisie, après Kairouan, et compte 24 mosquées
datant des XVe-XVIe siècles.
Le Monde Diplomatique
Juillet 2004
CLAUDE LLENA
Tozeur est une petite ville de Tunisie, à la frontière de l’Algérie et au nord-est du Sahara.
C’est aussi, irriguée par 200 sources, l’une des oasis les plus célèbres du monde. Elle abrite
une splendide palmeraie de plus de 1 000 hectares avec 400 000 arbres. Un véritable coin
de verdure entouré de dunes (erg) et de désert de pierre (reg).
Depuis des générations, la palmeraie nourrit les êtres humains qui y vivent, ces Homo situs
(1) intégrés au biotope du territoire (2). La production maraîchère (salades, blettes,
carottes, bananes, dattes...) garantit l’équilibre alimentaire d’une population sédentarisée ;
l’organisation agricole, centrée sur une utilisation raisonnable de l’eau, permet une
production vivrière importante. Depuis le XIVe siècle, le plan d’irrigation d’origine arabe
assure une répartition de l’eau mesurée par le « gadous », ou sablier hydraulique. Chacun a
alors accès gratuitement à l’eau qui circule dans toutes les parcelles grâce à un ingénieux
réseau d’irrigation. Les conflits inhérents à l’arrosage sont réglés par un tribunal populaire
souverain qui assure l’équilibre social d’une population autosuffisante sur le plan
alimentaire. Tout le monde trouve sa place dans cette organisation qui assure au groupe les
moyens de sa reproduction.
Coupés de toute communication avec la population locale, les visiteurs participent à cet
apartheid touristique dans la juxtaposition d’un monde schizophrène où les quelques
contacts existants sont d’origine commerciale. Ce qui ne permet à aucun moment aux deux
mondes de se comprendre ou de partager les mêmes préoccupations. Cantonnés dans un
rapport social de consommation, les visiteurs consomment l’eau sans retenue : forages
pour l’irrigation, les jardins et les pelouses, et canalisations d’eau potable assurent
l’approvisionnement des réserves à touristes. « Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne
voyage pas, il se déplace (3). » Il emmène avec lui ses représentations du monde et repart
avec les mêmes idées, renforcées par l’expérience puisqu’il n’a pas su s’enrichir au contact
de la culture des peuples autochtones.
Couplée à une fragilisation du régime des pluies et à une montée générale de la moyenne
des températures annuelles, la situation des agriculteurs de la palmeraie s’est ainsi
fortement dégradée. Gérée historiquement de manière raisonnable, l’eau est devenue un
bien comme les autres. « Celui qui peut payer obtient le produit. » Cette substance
abondante est devenue rare en se marchandisant. Elle est désormais payante pour
l’arrosage de la palmeraie (150 euros par hectare et par an pour un arrosage
hebdomadaire). A ce prix, peu d’agriculteurs ont pu survivre. Progressivement, les
travailleurs de l’oasis quittent le travail des champs pour se consacrer aux activités
touristiques. Ils passent rapidement de la logique de l’Homo situs à celle de l’Homo
economicus, tournant le dos à des siècles de survie sur leur territoire.
Le mythe du désert
Cela ne sera pas sans conséquences sur les personnes les plus fragiles de la communauté,
c’est-à-dire les jeunes. Quelques-uns vont trouver des emplois fixes (CDI) dans les hôtels et
chez les tour-opérateurs de la ville. La grande majorité, plus flexible encore (CDD ou
intérimaires), sert de réserve pour s’ajuster à la demande touristique. Or, depuis les
événements du 11 septembre 2001, ce secteur d’activité est en crise. Ainsi, avec plus de
40 % de chômage, toute la zone se trouve maintenant dépendante de l’offre extérieure.
Tout d’abord sur le plan alimentaire. Les légumes arrivent tous les dimanches de
l’extérieur : ils sont produits dans des lieux à forte productivité, où les équilibres
écologiques et sociaux sont bousculés, mais avec des coûts de production inférieurs à ceux
de la palmeraie. Le calcul et la philosophie en termes de coût se sont imposés à la place de
la capacité d’auto-organisation des peuples de la palmeraie (4). L’économisme larvé a
déstabilisé le fragile équilibre du territoire.
Ensuite au niveau financier. Face au manque de liquidités, l’économie touristique demeure
la seule source de revenus monétaires. Mais cette activité dépend du contexte international.
Alimenté par les médias, le mythe du désert connaît, il est vrai, un certain succès.
Toutefois, même les prix attractifs pratiqués ces derniers temps ne peuvent contrebalancer
la crainte du terrorisme.
Enfin dans le domaine culturel. La référence devient le modèle occidental. L’attraction du
tourisme de masse génère des besoins que la production locale ne peut satisfaire. Les
jeunes sont prêts à vendre leur âme pour obtenir une pièce, un objet ou même une
adresse... Premiers éléments de l’illusion migratoire qu’ils entretiennent comme seule issue
à leur frustration (5). Ces relations fugitives masquent la qualité de l’accueil traditionnel.
Ahmed, vieil écrivain public de la ville, en est le témoin : « Il y a quelques années encore,
les jeunes voulaient bien faire des efforts pour respecter la tradition... Mais maintenant,
cette jeunesse nous désespère. Ils ne veulent plus travailler la terre de nos ancêtres, ils
préfèrent se pervertir au contact des groupes de touristes. Ils cherchent l’argent et pas
l’amitié : ce sont deux choses différentes. Le musulman doit accueillir l’étranger et
partager avec lui ce qu’il possède de meilleur. – Vous n’essayez pas de leur montrer où
sont les valeurs du peuple tunisien ? – Bien sûr, mais ils sont fascinés par le monde
occidental... »
La minorité possédante et le capital touristique du Nord ont rapidement mis la main sur
cette rente touristique au détriment de la population locale. Pis, le tourisme est regardé
comme la seule solution pour le prétendu développement de la zone. Le vecteur principal
de cette colonisation des imaginaires demeure le mythe du développement et de l’Occident.
« Autrefois, je travaillais avec mon père à la palmeraie, confie Béchir, 20 ans, assis sur un
banc et attendant les touristes. Mais le travail était dur. Et souvent, malgré nos efforts, on
ne parvenait pas à ramener l’argent nécessaire à la famille. Avec le tourisme, il n’y a plus
de place pour l’agriculture, ici, à Tozeur. Le travail que faisaient nos anciens, nous, on
n’est plus prêts à le faire. On préfère travailler avec les touristes. » Et si les touristes ne
viennent pas ? « Eh bien, on attendra qu’ils arrivent... La situation finira bien par
s’améliorer ! »
Cette pollution physique et morale est symbolisée par le recul de la palmeraie au profit du
désert. Seules 25 % des terres sont cultivées, et de nombreux palmiers meurent faute
d’arrosage et d’entretien. La palmeraie sert de réceptacle à bouteilles en plastique d’eau
minérale – résidu matériel et dérisoire de la pollution touristique.
De plus, depuis l’année dernière, un chantier pharaonique de construction de golf en plein
désert défigure les abords de la palmeraie. Comment faire pousser du gazon avec 50°C à
l’ombre durant la moitié de l’année ? C’est le pari relevé par ce chantier de terrassement qui
va puiser dans la nappe phréatique pour maintenir des gazons plantés en plein désert. On
peut donc penser que le pire est encore à venir...
Voilà comment une région jadis autosuffisante au niveau alimentaire, fière de sa culture et
de son identité, a laissé à une minorité le soin d’organiser son présent et son avenir. Les
projets développementistes tournent le dos à la tradition pour imposer une industrie
hôtelière et touristique au service des Occidentaux et d’une minorité possédante, qui
pourront faire du golf sous les palmiers (6)... Plaisir obscène et dérisoire, qui remet en
question les fragiles équilibres écologiques et sociaux de la population locale.
En attendant les touristes, et malgré les préceptes fondamentaux de l’islam, une partie de
cette population déstructurée s’adonne à l’alcool pour oublier qu’elle a vendu son âme et sa
palmeraie. C’est d’ailleurs dans la palmeraie même que se regroupent les buveurs, à l’abri
des regards, à la fraîcheur de l’ombre des palmiers et, peut-être aussi, de manière
symbolique pour honorer ce qui a fait la fierté, puis le désenchantement (7), des peuples de
la région.
C'est dans ce décor de carte postale que les ''fêlés'' pourront voir leur promenade gâchée par
une petite balle blanche...
Bien desservie par Tunisair pour les vols internationaux, Tuninter pour les vols domestiques
et Karthago pour les charters, l'aéroport international de Tozeur-Nefta s'est imposé comme la
grande porte d'entrée du sud-ouest tunisien.
Tozeur, capitale du pays des chotts et des oasis est en effet remarquablement située pour un
séjour agrémenté d'excursions en étoile. Savoir : la programmation hiver 2005/2006 sera
reconduite la saison prochaine avec, notamment, quatre vols hebdomadaires entre Paris et
Tozeur et des liaisons quasi quotidiennes entre Tunis et Tozeur.
Dessiné par l'équipe de l'architecte américain Ronald Fream, ce 18 trous est le neuvième
parcours golfique du pays. Sur une vingtaine d'hectares situés à la lisière de l'oasis –
extension prévue à 36 trous -, il serpente entre dunes de sable, canyons rocheux naturels,
plans d'eau et quelque quatre mille palmiers récemment plantés. Voici trois semaines les
greens étaient bien verts et les poins d'eau, encore un peu bas. Il faudra attendre la haute
saison (automne - hiver) pour les voir à bon niveau.
Le coup d'envoi du tourisme dans le sud tunisien fut donné dans les années 70 avec
l'ouverture de l'aéroport de Tozeur et, à vingt kilomètres au sud, la construction du mythique
Sahara Palace de Nefta. Longtemps considéré comme un véritable défi à la nature cet hôtel a
connu des fortunes diverses.
Fermé durant de longues années puis récemment repris par le groupe Accor il se prépare à un
sérieux coup de lifting. Les locaux communs du futur Sofitel vont être réaménagés et les 70
chambres, entièrement modernisées. Un luxueux « spa » sera réalisé et l'espace piscine,
entièrement repensé. Ouverture prévue fin 2007.
Les pionniers d'hier ont gardé la culture du défi. Climatisés, modernes, dotés de vastes
piscines extérieures et intérieures, les hôtels du sud marient avec bonheur confort et
tradition. Le choix est large. La région compte en effet une trentaine d'établissements de
catégorie supérieure (3, 4 et 5 *).
A Tozeur et Nefta ils cultivent l'art de la brique en argile cuite qui donne aux façades une
étonnante géométrie d'ombre et de lumière. Dans les villages sahariens de Douz et Kébili,
leur architecture s'inspire des caravansérails protecteurs d'antan.
D'une conception audacieuse, le Tamerza Palace est en harmonie totale avec son oasis de
montagne Tout est mis en œuvre pour engager le voyageur à séjourner et à ne plus considérer
Tozeur et sa région comme une simple étape programmée dans le cadre d'un circuit.
Les hôteliers du désert se sont engagés dans le créneau des courts séjours et des voyages
événementiels. Ils répondent avec beaucoup d'imagination aux cahiers des charges les plus
exigeants des décideurs et organisateurs d'incentives.
Du romantique dîner aux chandelles dans une oasis à une compétition de char à voile dans le
chott, de la convention « high tech » en plein désert avec structure adaptée, écran géant,
traduction simultanée et campement très haut de gamme à la méharée traditionnelle avec
nuit à la belle étoile et observation des étoiles, transport du télescope compris, ils sont
capables de tout. Il suffit de leur demander.
Quant à la ville de Tozeur qui multiplie ses parcs, ses attractions et ses musées, elle confirme
sa vocation de destination touristique à part entière. Dans cette région où les paysages se
bousculent et se contredisent superbement, le visiteur prendra assurément rendez-vous avec
la magie du désert, le miracle de l'eau, l'harmonie des images. Silence.
Tourisme
La carte du désert
par Chloé Hoorman
Deux heures trente d'avion de Paris à Djerba, cinq heures de 4 x 4: l'oasis de Douz se profile
enfin à l'horizon. Vaste îlot vert de 350 000 palmiers situé à l'orée du désert tunisien, elle
abrite une petite ville de 30 000 habitants. Dans les ruelles où s'alignent pêle-mêle petits
commerces, boutiques de souvenirs et agences de voyages, les touristes sont plutôt rares en
cette fin de novembre. «L'été, ils débarquent par cars entiers pour faire un petit tour de
chameau en plein soleil», raconte un commerçant. L'hiver, seuls quelques petits groupes de
randonneurs se mêlent à la population locale. Sac au dos et chaussures de trekking aux pieds,
ils flânent un peu en attendant l'heure du départ. Loin de la foule des plages, ils ont choisi de
passer leurs vacances au milieu des dunes, à randonner au rythme paisible des chameaux
avant de passer la soirée à la belle étoile. «Les gens recherchent de plus en plus la tranquillité
et la simplicité, explique Chaabane Chiouchiou, directeur d'une agence de voyages spécialisée
dans l'organisation de randonnées chamelières. Ils viennent passer ici une semaine ou deux,
hors du temps, hors d'atteinte du téléphone portable et d'Internet.» Chaque année, quelques
centaines de Français se laissent tenter par l'aventure, comme Bernadette, 54 ans, qui compte
déjà à son actif deux circuits dans le désert tunisien. «Je ne me lasse pas de venir ici, raconte-
t-elle en contemplant les belles courbes dessinées par le vent dans le sable. Toutes mes
économies y passent!»
Car ce tourisme d' «aventure», malgré le confort limité qu'il offre, est loin d'être bon marché:
environ 700 € pour huit jours et 1 000 € pour quinze jours, en passant par une agence de
voyage comme Terres d'aventure, Allibert ou Atalante. «La logistique pèse lourd dans la
balance, explique Christophe Leservoisier, cofondateur d'Atalante. Outre l'avion, qui
représente environ 30% du prix du voyage, nous devons payer les 4 x 4 et les chauffeurs -
pour les transferts - les chameaux et les chameliers - pour le portage - et, bien sûr, le guide.»
Un complément de revenu précieux pour les habitants de cette oasis dont les palmiers
dattiers sont la seule ressource. «Sans cela, beaucoup auraient dû prendre le chemin de
l'usine et certaines activités traditionnelles, comme l'élevage de chameaux, auraient peu à
peu disparu», commente Sassi. Guide de randonnée, il effectue une dizaine de circuits
d'octobre à avril pour un salaire mensuel de 175 €, tandis qu'un chamelier touche une
centaine d'euros pour escorter un groupe de randonneurs pendant quinze jours avec ses trois
chameaux.
Tous espèrent convaincre un nombre croissant de touristes de troquer la plage contre les
dunes…
LA ZONE
YASMINE HAMMAMET
est une Station
Touristique Intégrée
développée par la
Société d'Etudes et de
Développement de
HAMMAMET SUD, sise
au 3, Rue Zoubeir Ibn
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TUNIS - TUNISIE.
Jetez l'ancre,
vivez votre rêve...
Sur les sables dorés de YASMINE Hammamet, La
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Conçue dans un cadre
typiquement tunisien, la
médina avec ses remparts
traditionnels constitue un
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Un complexe résidentiel
composé de logements
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Un parc à thème, Le
CARTHAGO, retraçant le
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Promoteur :
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GP 1 Km 12
2034 EZZAHRA TUNISIE
Tél +2161 482 422
Fax +2161 482 534
Email info@medina.com.tn
Situé au Nord, en Kroumirie, ce circuit a nécessité deux ans de travail avant son ouverture
en mai. Deux maîtres randonneurs, Roger Mallet et Guy Segal, qui avaient à leur actif la
réalisation de la transcorrézienne, aidés d'un maréchal-ferrant, Romain Ferry, premier
ouvrier de France, ont repéré les parcours, refait la cartographie de la région, réhabilité
l'habitat naturel (de vieilles maisons forestières), sélectionné et équipé les chevaux - des
barbes, race locale d'origine berbère. « Un travail de pionnier », selon Christian Chardon,
le coordonnateur de ce projet qui a reçu l'appui du ministère tunisien du Tourisme. La
population a été associée à cette initiative, qui constitue pour la région un nouvel axe de
développement sur un créneau inexploité. De mai à octobre, les randonnées se font par
groupe d'environ douze personnes sur une dizaine de jours à raison de six heures
d'équitation par jour. Toute la logistique est assurée avec repas et nuits dans des gîtes ou
sous des tentes berbères pour un prix d'environ 5 000 FF (hors frais de transports). Des
variantes sont à l'étude pour des circuits pédestres ou en VTT.
(…)
Après une période de relative stagnation dans les années soixante-dix, le tourisme a
véritablement pris son essor dans les années quatre-vingts et quatre-vingt dix. On constate
une véritable explosion des constructions nouvelles ainsi que une augmentation
impressionnante de la capacité d’hébergement tandis que le nombre de visiteurs ne cesse
de croître. Les investissements ont connu un nouvel accroissement à partir de la fin de la
guerre du Golfe et sont restés à un niveau soutenu jusqu’en 1997. Depuis ils sont moins
importants car de moins en moins de projets sont en cours et le secteur arrive à saturation.
L’investissement dans la zone Djerba-Zarzis est passé de 100 600 milliers de dinars1 en
1997 à 54 225 milliers en 1999.
L’île de Djerba possède, en 2000, 98 hôtels avec une capacité de 34 342 lits et cinq unités
hôtelières sont en construction. Les hôtels de bon niveau (trois et quatre étoiles) possèdent
les plus importantes capacités. En 1999 le taux d’occupation moyen de la capacité hôtelière
à Djerba a été de 68 %, ce taux la situant en seconde position parmi les sites touristiques
tunisiens. Le taux d’occupation annuel moyen est décroissant des hôtels les mieux classés
aux hôtels non classés. La raison de ce phénomène s’explique par le contraste entre la
régularité de la clientèle riche et la fluctuation de la clientèle de masse, fluctuante selon la
période de l’année et les choix des voyagistes.
Un grand nombre de lits ne sont utilisés que l’été. De plus, le parc hôtelier vieillit vite,
apparaît désuet, inconfortable et démodé, ce qui entraîne un tassement de la clientèle une
réduction de la rentabilité. La concurrence impose des prix trop bas pour leur permettre
une bonne maintenance, ce qui pose des problèmes de reconversion, car la durée de vie
d’un produit hôtelier est limité, et au delà, il faut réadapter ou dévaluer. Or, la politique
actuelle est plutôt à la course aux constructions qu’à la réadaptation des produits.
L’inadéquation est donc assez forte entre les projets des investisseurs et la réalité de la
fréquentation. L’Etat a planifié le nombre de lits à obtenir mais a omis de planifier les
démarches nécessaires pour attirer la clientèle et la faire rester. Pour maintenir et
développer l’activité touristique, les principaux acteurs locaux sont favorables aujourd’hui
à un enrichissement de l’offre touristique, à l’émergence de pôles d’attraction et d’activités
nouvelles. Il y a donc contradiction entre le projet de l’Etat, un tourisme de masse, et les
politiques locales qui souhaitent s’orienter désormais vers un tourisme de qualité aux
retombées financières plus élevées. C’est à cette aspiration que répondent la création
récente d’un terrain de golf et d’un casino comme la multiplication dans les hôtels
d’installations de thalassothérapie en direction de la clientèle l’hiver.
Aujourd’hui la plupart des investissements touristiques dans l’île sont d’origine étrangère.
Néanmoins les Djerbiens, qui affichaient volontiers un discours très réservé sur le
tourisme, possèderaient en réalité, un tiers des hôtels de l’île (Miossec 1996).
Les formes d’emploi, qui ne leur permettent pas d’être rassurés sur leur avenir et de former
des projets, pousse les jeunes à choisir comme ultime solution l’émigration internationale.
L’île de Djerba sert donc de tremplin vers l’étranger car elle leur permet de nouer des
contacts avec les touristes dans l’espoir de partir à l’étranger grâce à une lettre d’accueil et,
dans certains cas, un mariage. Le tourisme est « directement responsable d’une nouvelle
forme d’émigration depuis que les mesures législatives mises en place par les pays
européens ont fortement réduit l’émigration légale : les mariages mixtes » (Kassah, 1997).
Les jeunes Tunisiens peuvent difficilement choisir et planifier leur vie professionnelle ; ils
savent aussi qu’il leur sera difficile d’atteindre le niveau de vie occidental auquel ils
aspirent. Ils en conçoivent de l’amertume et pour ne pas désespérer cherchent un ailleurs
qui se trouvent dans l’émigration. Beaucoup de ceux que nous avons rencontrés ont une
vision très pessimiste de l’avenir de leur pays. Ce désir est plus fort dans les classes
instruites, qui souvent ont déjà un emploi leur permettant de satisfaire plus ou moins
aisément les besoins essentiels. Le sentiment est qu’aujourd’hui les rêves des jeunes
maghrébins sont plus ou moins les mêmes que ceux des jeunes occidentaux, c’est-à-dire,
ceux d’une société de consommation riche. Ils ont également l’impression que tout se passe
ailleurs. L’étranger rime pour eux avec vie facile, gains faciles, libertés, avenir. Beaucoup
aspirent à une vie sociale moins contraignante et à une vie culturelle plus libre. Ils sont
d’autant plus sensibles aux modes de vie occidentaux qu’ils sont jeunes et déjà prédisposés
à tenter leur chance à l’extérieur par l’enseignement et par la formation qu’ils ont reçue.
De plus, les jeunes qui travaillent dans le tourisme se lassent assez vite de leur travail et
comme il est difficile de se reconvertir, car l’offre d’emplois manque, ils décident donc de
partir à l’étranger d’autant plus facilement qu’ils ont l’illusion de connaître ces étrangers
qui viennent chez eux. Le tourisme met l’Occident sous le regard permanent : le rêve de la
migration est toujours présent, voire même amplifié.
Dans ce contexte, l’émigration djerbienne est en train de perdre ses spécificités. Elle
fonctionne de moins en moins en réseaux, sauf dans le cas de la migration clandestine,
mais elle devient le fait de pratiques européennes. L’extrême polarisation vers Paris des
années soixante-dix et quatre-vingt s’affaiblit ;la migration se diffuse. En effet, les
Djerbiens suivent leurs compagnes et se dispersent en France, en Allemagne et dans une
moindre proportion en Suisse et en Italie. On assiste à une certaine perte de la spécialité
commerçante qui nécessitait une grande solidarité et cohésion du groupe, les nouveaux
migrants n’ont plus d’activité cible. Le choix de ce type de migration induit le désir d’un
changement dans le mode d’existence. Les migrants qui prennent ces risques veulent pour
la plupart accéder au mode de vie européen. Le seul acte du mariage mixte entraîne
directement le migrant dans un processus de mélange des cultures voir d’acculturation.
Perdant son caractère temporaire, l’émigration tend à devenir définitive pour les jeunes
migrants, mais aussi pour bon nombre de familles désormais installées en France. On peut
se demander quel est le devenir de l’espace relationnel entre Djerba et l’Europe. Quel peut
être l’impact socio-économique pour l’île de Djerba d’une migration définitive, à part l’aide
plus ou moins régulière aux familles restées sur place et éventuellement la construction
d’une villa secondaire pour les vacances ? La migration internationale est en train de
perdre son rôle structurel dans l’économie insulaire où elle est supplantée par le tourisme.
Le tourisme a, certes, contribué au désenclavement de Djerba en la dotant d’un certain
nombre d’infrastructures modernes mais le développement exclusif de la fonction
touristique comporte des risques car il se fait aux dépens d’autres activités. Or, quelle que
soit l’évolution du tourisme, la question de l’emploi de la population reste posée. Cette
question est d’autant plus prégnante que le tourisme a entraîné une vague d’immigration
interne importante lié à l’attrait d’un niveau de vie plus élevé. Si le développement du pôle
touristique djerbien s’arrête, comment l’île fournira-t-elle fournir un emploi à tous les
actifs installés dans l’île ?
(…)
S'imposer comme une destination « 4 saisons » et drainer une clientèle à haute contribution
séduite par l'hôtellerie de charme, le luxe sans ostentation et un service à la hauteur des
standards internationaux s'inscrivent dans la nouvelle feuille de route du tourisme tunisien.
Le message semble opérer : au cours des quatre premiers mois 2007 les recettes en devises
ont augmenté de 11 % par rapport à l'année dernière alors que le total des résidents étrangers
augmentait de 3 % pour la même période.
La France est aussi un marché fidèle qui nous suit depuis les années « 1960 » et l'éclosion du
tourisme dans notre pays. Elle est au cœur de notre stratégie. En 2006 les Français ont
représenté un trafic de l'ordre de 1 234 000 touristes, en augmentation de 5,5 % par rapport
à 2005 et cette tendance s'est confirmée au cours des quatre premiers mois de 2007 avec
une augmentation 5,6 % par rapport à la même période de l'année dernière.
T.H. Les métiers du tourisme comme les méthodes de commercialisation sont en pleine
mutation. Internet affaiblit déjà le monopole des grands tour-opérateurs. La distribution en
ligne, l'accès du grand public aux centrales de réservation, les packages dynamiques
changent la donne.
Je reconnais que le marché allemand, qui dispose d'un potentiel très important, nous
inquiète. Nous assistons à un flottement économique et certains TO qui avaient une grande
part du marché programment de nouvelles destinations de proximité comme la Croatie ou
la Tchéquie.
T.H. Nous n'avons pas de problème par rapport à l'ouverture du ciel et nous ne sommes
pas hostiles à l'arrivée des compagnies « low cost ». Transavia, compagnie mi-charter, mi-
low cost, répond aux demandes des TO et des individuels. Elle va desservir cet été plusieurs
fois par semaine Monastir et Djerba au départ de Paris Orly. On ne peut comparer la
Tunisie avec le Maroc.
Nous n'avons pas les mêmes objectifs quantitatifs. Nous sommes un petit pays de 10
millions d'habitants qui reçoit en une année plus de 6,5 millions de touristes. Notre objectif
est d'augmenter nos recettes avec des touristes à plus haute contribution et de favoriser
l'étalement sur l'année l'arrivée des visiteurs étrangers.
TM.com. Quelle est votre stratégie pour faire de la Tunisie une destination des
quatre saisons ?
T.H. Nous diversifions notre offre et développons déjà de longue date et avec succès des
niches comme le golf, les cures de bien être avec la balnéothérapie et la thalassothérapie, le
tourisme médical, les longs séjours pour les seniors, le tourisme saharien…
Ce sont des messages forts. La Tunisie est, après la France, le deuxième pays mondial des
cures marines. Nous avons un plan de développement sur dix ans des parcours de golf.
Onze golfs d'ores et déjà identifiés s'ajouteront aux neuf existants. Le prochain ouvrira à
Gammarth près de Tunis en octobre 2008.
Il sera géré par The Residence qui appartient à la chaîne prestigieuse Leading Hôtels of The
World. Deux parcours supplémentaires sont prévus à Djerba, trois à Hammamet… D'autres
axes restent à développer.
TM.com. Le tourisme culturel est un axe qui semble encore peu développé…
Il faut faire vivre nos grands sites, les animer, leur donner des moyens d'hébergement et de
divertissement pour les intégrer dans de véritables circuits culturels. Un budget important,
(de l'ordre de 5 M€), est prévu pour faire de Dougga, dont les ruines romaines sont les plus
importantes et les mieux conservées de Tunisie, un site à la fois culturel et touristique.
TM.com. Que peut-on dire de la qualité des services qui est un facteur
incontournable pour attirer comme vous le souhaitez une clientèle haute
contribution.
T.H. La qualité des services passe par la formation professionnelle. Nous en sommes très
conscients et c'est pourquoi nous développons une nouvelle conception de la formation
hôtelière plus ouverte sur le monde extérieur. Nous prenons exemple sur les grandes écoles
hôtelières du monde qui ont fait leurs preuves. Nous ouvrons de centres expérimentaux.
Certaines grandes écoles comme Accor et son Académie s'implantent en Tunisie.
T.H. La Tunisie est, depuis longtemps, très soucieuse de prendre en compte cette notion. Le
tourisme doit être profitable à toutes les couches sociales et contribuer au développement de
toutes les régions du pays. Ne pas bétonner le littoral, préserver la nature et
l'environnement sont des priorités mises en application à travers le pays.
T.H. La région a en effet pris du retard. Selon les plans d'aménagement elle doit bénéficier
d'un développement harmonieux. Avec son aéroport international, son parcours de golf,
son arrière-pays montagneux, ses plages, elle possède tous les ingrédients d'une grande
destination touristique.
De nombreux investisseurs sont d'ailleurs intéressés par cette côte nord-ouest qui va de Cap
Serra à Tabarka. Une belle unité de 520 lits qui appartient au groupe TTS présidé par Aziz
Milad doit ouvrir début juillet prochain.
Les 10 premiers marchés émetteurs européens en 2006 :
L'OT de Tunisie regroupait mardi soir, à Paris les professionnels de la destination spécialisés
dans l'événement, les congrès et les voyages de motivation.
A cette occasion quatre nouvelles publications ont été présentées aux professionnels français
: « Tunisie », guide meeting et incentive réalisé par Voyages & Stratégie ; « Le sud tunisien »,
manuel de vente réalisé par MCM Tunisie ; « Tunisie, nouvelle tendance », brochure réalisée
par Altermdia-Press.
En 2006 la Tunisie a accueille 6 650 000 visiteurs soit une augmentation de 2,7 % par
rapport à 2005. Les recettes touristiques ont augmenté de 6 %. Le marché européen a
représenté 3 960 000 clients (+ 2,3 %).
La France reste le premier marché devant l'Allemagne avec 1 235 000 visiteurs pour l'année
2006 soit une progression de 5,5 % par rapport à 2005.
Après un été difficile qui serait dû en partie à l'effet Coupe du Monde, l'automne a retrouvé
des chiffres à la hausse : + 12 % en octobre et + 18 % en décembre avec une pointe de + 48 %
pour les fêtes de fin d'année.
L'Express du 29/08/2005
Depuis le tsunami de décembre 2004, plus personne n'ignore que des Occidentales se
rendent dans la station balnéaire de Phuket, en Thaïlande, pour y faire refaire leur poitrine.
On sait moins que des patients prennent aussi l'avion pour se faire opérer d'une hernie ou
des ligaments du genou. Ces «malades voyageurs» sont de plus en plus nombreux, et leurs
motivations, multiples. Certains cherchent ailleurs les équipements et les compétences
qu'ils ne trouvent pas chez eux. D'autres veulent simplement alléger l'addition de
l'intervention ou raccourcir le délai d'attente. Leur exil, en tout cas, est généralement
motivé par des pathologies lourdes dans les domaines de la cardiologie, de la cancérologie
ou de l'ophtalmologie. Un petit nombre de pays concentre l'essentiel de ces flux, selon
l'analyse que vient de réaliser la direction de la société Europ Assistance. Le tiercé gagnant
des pays les plus «hospitaliers»? L'Inde, Cuba et la Tunisie.
La réputation des chirurgiens indiens s'étend, en effet, bien au-delà des frontières de leur
pays. Ces praticiens très qualifiés, nombreux à avoir travaillé à l'étranger, attirent depuis
longtemps les patients des nations voisines et du Moyen-Orient. Depuis peu, des
Britanniques découragés par les listes d'attente de leurs établissements nationaux
débarquent à leur tour. Des Américains d'origine indienne font aussi le voyage. Outre-
Atlantique, la couverture maladie se révèle minimale et les interventions sont très
coûteuses. Une opération du cœur, par exemple, revient à environ 32 000 euros aux Etats-
Unis et 16 000 euros en Europe, contre moins de 3 000 euros en Inde. Au total, 100 000
étrangers sont venus se faire soigner dans ce pays en 2003. Selon le cabinet de conseil
McKinsey, le tourisme médical y génère 270 millions d'euros en entrées de devises. Ce
montant pourrait atteindre 1 milliard d'euros en 2012.
Un outil politique
A Cuba, la médecine est davantage un outil politique qu'une arme économique. Le pays en
tire une aura certaine. Depuis la révolution emmenée par Fidel Castro, les autorités
financent en effet des équipes de recherche bien placées dans la compétition internationale.
Le niveau de son système de santé a permis à Cuba de devenir le pilier d'un dispositif
humanitaire international lancé en 1988 après le passage dans la région de l'ouragan
Mitch. Grâce à ce Programme de prestations de soins médicaux intégraux pour l'Amérique
latine, les Caraïbes et l'Afrique, 100 000 patients de pays en voie de développement se
rendent chaque année dans les établissements cubains. Rien que pour les pathologies
oculaires, comme la cataracte, 20 000 Vénézuéliens y ont été soignés entre juin 2004 et
mai 2005.
De son côté, la Tunisie recense 8 500 médecins dont les diplômes sont reconnus en
Europe. Ses cliniques, qui respectent les standards occidentaux, bénéficient de la proximité
avec les pays de l'Union. Elles voient défiler un nombre croissant de patients italiens et
britanniques, qui s'ajoutent à la clientèle traditionnelle des Libyens et des Algériens. Et les
Français? Ils s'aventurent rarement hors de leurs frontières. Sauf pour des actes pas - ou
mal - couverts par l'assurance-maladie, notamment la chirurgie esthétique et les soins
dentaires.
En sens inverse, la proportion de malades étrangers reste marginale dans les hôpitaux de
l'Hexagone. Les démunis du bout du monde ne sont qu'une poignée, chaque année, à
décrocher la faveur d'être soignés gratuitement en France. En 2004, on en comptait une
trentaine, en majorité des enfants. Des cas d'urgence vitale. Ces décisions, exceptionnelles,
sont prises par le ministre des Affaires sociales en personne. Mais la plupart des étrangers
qui fréquentent les établissements français financent eux-mêmes leurs soins, avec l'aide,
parfois, de leur pays d'origine. Dans le domaine des greffes d'organes, par exemple, 102
patients habitant hors du territoire ont été acceptés et inscrits en liste d'attente l'an dernier,
aux côtés de 4 833 résidents. Et si la France avait une place à prendre dans la
mondialisation des soins qui s'annonce?
L'Express du 17/04/2003
Pays arabes
L'onde de choc de la guerre
par Baya Gacemi (à Alger), Scarlett Haddad (à Beyrouth), Tangi Salaün (au
Caire)
Avec une croissance poussive, un petit 1% de moyenne depuis dix ans, le monde arabe était
déjà mal parti. Sur les tensions politiques constantes et l'absence de dynamisme économique
de la région sont venus se greffer les deux chocs de la guerre du Golfe, en 1991, et des
conséquences du 11 septembre 2001: le PIB par habitant a même reculé au niveau des années
1980, flambée du chômage oblige (26% en Algérie, 15% en Tunisie...). Autant dire que la
guerre actuelle est arrivée sur un terrain miné et ne pouvait qu'aggraver une situation déjà
largement dégradée. Or c'est à toute cette région que la pax americana devra apporter la
prospérité, si elle veut perdurer. Tour d'horizon d'une région à la dérive.
Le secteur industriel n'est pas non plus épargné. 30% des exportations libanaises vont en
Irak, sur la base d'un accord politique conclu avec le régime de Saddam Hussein. Les produits
envoyés sont de qualité plus que moyenne et ne sont pas suffisamment compétitifs pour être
exportés vers d'autres pays. La perte de ce marché captif risque d'affecter sérieusement le
secteur industriel, déjà très affaibli. L'Association des industriels libanais tire d'ailleurs la
sonnette d'alarme, afin de pousser le gouvernement à obtenir des contrats dans la future
gestion de l'Irak. Enfin, dernière grave perte pour le Liban, la remise en question de l'accord
conclu avec le régime irakien sur l'avantage accordé au port de Tripoli (dans le nord du pays),
devenu l'un des principaux ports de la Méditerranée autorisé à accueillir les produits destinés
à l'Irak, dans le cadre de «Pétrole contre nourriture».
Situation similaire en Syrie, où, depuis l'ouverture économique en direction de l'Irak, à partir
de 1997, les échanges avec Bagdad avaient atteint une valeur globale de 1,5 milliard de
dollars. On parle même de 500 millions de dollars pour la seule année 2002. Dans un pays
qui a du mal à exporter ses produits (effectivement, il ne dispose que du marché libanais),
l'Irak était une aubaine, et le point de passage de Tanaf, entre les deux pays, était le théâtre
constant d'un ballet de camions transportant des marchandises. Sans compter le racket
imposé aux camions irakiens au passage de la frontière syrienne. De plus, la Syrie importait
d'Irak du pétrole à bas prix qu'elle utilisait pour sa consommation interne, ce qui lui
permettait de revendre le sien, au Liban notamment. La perte du marché irakien risque d'être
un coup terrible pour une économie syrienne déjà en difficulté, surtout si les Etats-Unis
maintiennent leur refus d'accorder le moindre contrat à des sociétés syriennes. Dans ce cas, il
ne restera plus à la Syrie qu'à pousser les Libanais à prendre des contrats pour tenter d'en
tirer quelques profits.
Maghreb: l'expectative
Dans les pays du Maghreb, on attend de voir l'évolution de la situation politique en Irak pour
se faire une idée des effets économiques du conflit. En Algérie, si l'on se réjouit de ne pas
avoir une économie dépendante du tourisme, les effets de la guerre se font tout de même déjà
sentir. Ainsi Alger se trouve-t-il avec en stock 900 tracteurs non livrés - et donc non payés -
que l'Irak avait commandés dans le cadre de «Pétrole contre nourriture». Que vont-ils
devenir si les futurs dirigeants de Bagdad n'honorent pas la commande? Les opérateurs
économiques sont d'autant plus pessimistes qu'ils sont persuadés de n'avoir aucune place
dans la future reconstruction de l'Irak. D'autres contrats, concernant les médicaments et les
matériaux de construction, notamment, risquent également d'être annulés. En revanche, le
secteur pétrolier se sent malgré tout protégé, les investissements, dans ce domaine, obéissant
à des règles particulières. A chaque chose malheur est bon: la place marginale du tourisme
dans l'économie algérienne la protège du choc, que le Maroc, lui, prend de plein fouet.
Pourtant, ce que craignent avant tout les autorités marocaines, selon Abelmajid Mezaache,
professeur d'économie à l'université d'Alger, «c'est l'instabilité politique que ne manquera
pas d'entraîner la guerre contre l'Irak». N'est-ce pas au Maroc que la plus grande
manifestation du monde arabe contre les Etats-Unis, menée surtout par des partis islamistes,
a eu lieu? «Cette instabilité pourrait faire fuir non seulement les touristes, mais aussi les
éventuels investisseurs occidentaux.» Heureusement pour lui, le Maroc dispose de ressources
minières et d'une industrie de transformation sur lesquelles il peut se replier.
Un pis-aller dont ne dispose même pas la Tunisie, petit pays sans autres ressources que le
tourisme et l'agriculture. La Tunisie, qui n'a déjà pas réussi à se relever de l'après-11
septembre et de l'attentat perpétré contre des touristes allemands à Djerba l'année dernière,
pourrait bien être, des trois pays du Maghreb, celui qui devrait souffrir le plus de la crise
irakienne. Une chute de 13% de ses recettes touristiques a été enregistrée en 2002, selon
l'agence de notation financière Standard and Poor's, citée par la revue Arabies dans son
numéro de mars 2003, et cette baisse devrait logiquement s'accentuer. En outre, les contrats
que les PME tunisiennes avaient réussi à décrocher avec l'Irak, dans le cadre du programme
«Pétrole contre nourriture», pour un montant de 1 milliard de dollars pourraient devenir
caducs si la nouvelle administration de Bagdad refusait d'honorer des accords passés par le
régime de Saddam Hussein.
Les stratèges du terrorisme djihadiste portent leurs attaques dans les trois pays de l'Afrique
du Nord. En recrutant des jeunes en proie à la désespérance sociale
Soupçonné d'appartenir à la même cellule qu'un autre jeune homme qui avait déclenché sa
ceinture d'explosifs le 11 mars dernier dans un cybercafé, le groupe, pourchassé par la police
marocaine, projetait, semble-t-il, d'attaquer des sites touristiques à Marrakech, Agadir et
Essaouira, ainsi que des bateaux de croisière dans la rade de Casablanca. Au début de l'année,
les forces de l'ordre tunisiennes, quant à elles, neutralisaient, avant qu'ils ne passent à l'acte,
une trentaine de combattants, non loin de la capitale. Ils planifiaient des attentats contre des
ambassades occidentales et des hôtels...
Né en 1998 d'une scission au sein du Groupe islamique armé (GIA) dirigé par un ancien
électronicien, Abdelmalek Droukdal, le GSPC est le seul des mouvements islamistes algériens
à avoir refusé de rendre les armes dans le cadre de la politique de «réconciliation nationale».
Partisan d'un djihad global, il revendique depuis 2003 son appartenance à Al-Qaeda, une
affiliation confirmée en septembre 2006 par Ayman al-Zawahiri. Ses combattants - un peu
moins d'un millier - sont toujours présents en Kabylie (où une importante opération de
ratissage de l'armée était en cours depuis quelques semaines, ce qui pourrait expliquer en
partie l'attentat du 11 avril) ainsi que dans le Sud algérien, aux frontières du Mali et du Niger,
où ils se ravitaillent en armes grâce à la complicité de réseaux de contrebandiers.
Conséquence de son accord avec Al-Qaeda, sans doute, le GSPC semble vouloir se spécialiser,
depuis la fin de l'an dernier, dans les actions terroristes en zone urbaine. Le 30 octobre 2006,
il attaquait deux commissariats de police dans la banlieue d'Alger, puis, le 10 décembre, un
autocar transportant des expatriés du secteur pétrolier. L'attentat du 11 avril est le premier à
avoir été perpétré par des kamikazes, un pas de plus vers le mode opératoire propre aux
opérations franchisées par Al-Qaeda.
S'il n'existe sans doute pas de commandement opérationnel commun à tous les groupes
maghrébins, il semble que les maquis algériens soient particulièrement accueillants pour les
combattants des pays voisins: le groupe découvert en Tunisie y avait été entraîné, et certains
combattants marocains parmi ceux arrêtés par les autorités - une demi-douzaine de cellules
ont été démantelées au cours de l'année 2006 et 2 000 islamistes sont actuellement sous les
verrous - avaient également été formés par le GSPC.
Pour Al-Qaeda, le Maghreb est une proie facile. Désespérance sociale, frustrations et mal-
vivre: des banlieues algériennes aux bidonvilles marocains, le terreau est idéal pour les
recruteurs. Des jeunes sans travail et sans horizon y trompent leur ennui comme ils peuvent.
Certains tentent leur chance de l'autre côté de la Méditerranée. Quitte à embarquer, sans le
précieux visa, sur de fragiles esquifs que les Marocains nomment des pateras. Ils appellent
cela «griller». D'autres, minoritaires heureusement, s'enflamment pour le djihad. Leur
enthousiasme est nourri par les images des chaînes de télévision satellitaires arabes, qui
diffusent en boucle le malheur des Arabes d'Irak et de Palestine, attisant leur haine de
l'Amérique. Une vision du monde qui est leur seule culture.
Pour ce groupe basé en Algérie, ces enlèvements - les premiers depuis le ralliement au réseau
d'Oussama ben Laden l'an dernier - apportent de la publicité alors qu'il est en quête de
recrues jeunes et influençables.
L'ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, algérien) exigera
probablement une somme élevée en échange de la libération de Wolfgang Ebner, conseiller
fiscal de 51 ans, et de sa compagne Andrea Kloiber, 43 ans, qui selon les activistes ont été
capturés le 22 février dans le Sud-Tunisien.
Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) s'intéresse toutefois surtout aux objectifs politiques,
notamment visés en décembre lors d'un attentat contre des bureaux de l'Onu à Alger et début
février dans l'attaque de l'ambassade d'Israël en Mauritanie.
"Deux otages, ça a un prix, mais je pense que ce qui est capital, c'est la démarche médiatique
et politique", a estimé Louis Caprioli, ancien responsable français du contre-terrorisme, qui
travaille désormais pour l'agence de conseil Geos, spécialisée dans les questions de sécurité.
"L'opinion publique internationale, bien sûr, est sensible lorsqu'il y a un attentat qui est
commis à Alger contre l'Onu. Mais là, on est dans une autre approche. La gestion d'otages,
c'est une démarche médiatique exceptionnelle pour les terroristes parce que pendant des
jours et des jours, on va avoir des informations qui vont être diffusées par l'ensemble des
médias", a-t-il déclaré à Reuters.
LE TOURISME VISÉ
Début 2003, l'AQMI avait enlevé 32 touristes européens dans le Sahara algérien, s'attirant
ainsi une forte attention médiatique et peut-être une importante rançon.
Plusieurs des otages avaient été libérés par une opération des commandos algériens contre
un refuge des activistes. Selon des médias allemands, Berlin avait payé environ cinq millions
de dollars afin d'obtenir la libération des otages restants, presque tous allemands.
Les enlèvements au Maghreb mettent à profit la difficulté pour les gouvernements locaux de
contrôler les immenses étendues désertiques, parcourues par les Touaregs ainsi que par des
trafiquants et des groupes rebelles séparatistes, a indiqué George Joffe, spécialiste du
Maghreb à l'université de Cambridge.
"Leur but est de gagner de l'argent et de délivrer un message politique en affirmant qu'ils sont
toujours sur le terrain et que les gouvernements perdent le contrôle de leurs territoires."
Dans un communiqué, Al Qaïda indique avoir déplacé les otages autrichiens en Algérie, mais
selon un site internet algérien spécialisé dans les questions de sécurité, le couple se trouverait
désormais au Mali.
Le 24 décembre, quatre touristes français avaient été tués par des islamistes présumés dans
le sud de la Mauritanie, entraînant pour la première fois l'annulation du rallye Lisbonne-
Dakar.
Deux des principaux suspects dans cette attaque, tous deux Mauritaniens, ont été capturés
par la suite en Guinée-Bissau.
Tourisme - La Tunisie de A à Z
Publié le 27/06/2003 N°1606 Le Point
B comme berbères
Populations nomades qui peuplaient l'Afrique du Nord au IIe millénaire av. J.-C. Dans le
Dahar, région montagneuse du sud du pays où ils se sont retranchés après l'arrivée des
Arabes, ils ont construit leurs villages accrochés à des pitons rocheux pour mieux se défendre.
Pour protéger leurs récoltes, ils ont édifié des greniers fortifiés, les ksours, composés de
cellules, les ghorfas, qui servaient de silos. Constructions étonnantes dont il reste quelques
beaux exemples dans la région de Tataouine. Le plus célèbre, Ksar Haddada, servit de décor à
l'un des épisodes de « La guerre des étoiles », de George Lucas, tout comme les habitations
troglodytiques des monts Matmata (du nom d'une tribu berbère) qui confèrent à cette région
une apparence lunaire. Les nombreux cratères profonds d'une dizaine de mètres qui
entaillent le vaste plateau aride sont les ouvertures de ces maisons souterraines creusées à
même la terre, aujourd'hui en partie délaissées par leurs habitants.
G comme guellala
La capitale des potiers, petit hameau de l'île de Djerba autrefois truffé d'ateliers à demi
enfouis dans le sol. Le village a compté jusqu'à 400 potiers, il n'en reste plus qu'une trentaine
qui continue à fabriquer les grandes jarres dans lesquelles on stockait autrefois les denrées ou
les gargoulettes utilisées pour la pêche au poulpe. L'art de la poterie tournée, introduite dans
l'île par les Phéniciens, s'est ensuite exporté vers Tunis et Nabeul - le centre de la céramique -
, où elle a évolué, contrairement à la poterie modelée, fabriquée par les femmes berbères de
Sejenene pour leur usage domestique, qui demeure inchangée depuis toujours.
M comme mergoum
Les tapis de laine tissés depuis toujours par les femmes de Gabès ou de Gafsa. Artisanat
vivant presque exclusivement réservé aux femmes, la fabrication des tapis se partage en deux
écoles. Les tissages ras, comme le mergoum aux motifs géométriques répétés à l'infini, ou le
kilim, constitué de bandes de différentes couleurs juxtaposées, ont une esthétique
particulière largement inspirée de la vie rurale. Plus citadins, les tapis de haute laine à points
noués ont pour ancêtre le mythique gtif destiné à recouvrir le sol des tentes. Le plus
renommé est le tapis de Kairouan, où l'on retrouve l'influence turque.
T comme thalassothérapie
Une activité qui s'est développée au point que la Tunisie en est devenue la deuxième
destination mondiale après la France. Des centres très modernes, intégrés aux complexes
hôteliers de luxe, utilisent les bienfaits de l'eau de mer dans des décors qui rappellent ceux
des bains antiques et des thermes romains ou des hammams traditionnels.
comme tell
La région Nord, dont la côte encore sauvage offre, de Bizerte à Tabarka, de vastes plages
derrière lesquelles on découvre une Tunisie verte et montagneuse. C'est le poumon vert de la
Tunisie et autrefois le grenier à blé de Rome. Elle abrite de splendides sites archéologiques,
comme Dougga, Bulla Regia, Utique ou Thuburbo Majus.
Z comme zaafrane
Le point de départ des méharées dans le désert, face aux dunes du Grand Erg oriental. Depuis
une dizaine d'années s'est développé le tourisme « saharien » qui a transformé l'existence de
cette région de nomades. Ce pays de sable, ce sable si fin qu'il ressemble à de la poussière
d'or, ne laisse pas de séduire
En ce début du mois d’août, la haute saison touristique bat son plein en Tunisie. Dans les
stations balnéaires, tous les hôtels ou presque affichent complet. La destination, à moins de
trois heures de vol des grandes capitales européennes, fait toujours recette. Le pays reste une
valeur sûre pour les touristes du Nord avides de soleil, de mer et de sable fin…
Mais le phénomène, qui ne dure que quatre semaines dans l’année tout au plus, ne doit pas
faire illusion. Pas plus que les propos optimistes des autorités, qui prévoient de « nouveaux
records » pour cette année, tant en termes de chiffre d’affaires que de fréquentation.
Si les recettes du secteur exprimées en dinars tunisiens restent toujours flatteuses, elles ont
moins belle allure une fois converties en euros (au 10 juillet, leur hausse de 9,9 % enregistrée
en dinars depuis le début de l’année n’est en fait que de 5,5 % une fois ramenée en euros),
compte tenu de la dépréciation de la monnaie tunisienne par rapport à la devise européenne.
En outre, si la Tunisie était en tête des destinations africaines et sud-méditerranéennes
jusqu’en 2000, elle a été rattrapée depuis par l’Égypte et l’Afrique du Sud d’abord, puis par le
Maroc, qui l’a coiffée au poteau l’an dernier. Par rapport aux autres grandes destinations du
continent, en effet, les performances de la Tunisie sont en baisse : alors que la fréquentation
du Maroc, de l’Égypte et de l’Afrique du Sud a respectivement augmenté de 12,2 %, 4,8 % et
13,9 % en 2006, la sienne n’a progressé que de 2,7 %…
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer la baisse de ses performances. Celui que
préfèrent retenir les responsables locaux du secteur fait la part belle au contexte mondial
délicat. Un peu facile, il s’appuie sur l’idée que la Tunisie souffrirait encore de la peur du
terrorisme. Comme bien d’autres pays arabo-musulmans, le tourisme tunisien a, certes, été
touché par la crise déclenchée par les attentats du 11 septembre 2001. Mais ce phénomène n’a
duré qu’un an ou deux, pas plus. Dès 2003-2004, la fréquentation des pays du sud de la
Méditerranée a repris, notamment au Maroc et en Égypte, où elle s’est respectivement accrue
de 6,3 % et 7,5 % par an, en moyenne, entre 2000 et 2006. Tous deux font pourtant partie
des pays régulièrement désignés comme cibles potentielles des terroristes - au même titre
que l’Espagne et la Turquie d’ailleurs. En Tunisie, au contraire, une destination qui continue
de jouir de l’image d’un pays paisible n’ayant connu qu’une seule attaque en six ans (c’était en
2002 contre la synagogue de Djerba), la hausse de la fréquentation touristique n’a été que de
4 % par an environ sur la même période, et même de 2,7 % seulement en 2006…
L’explication suggérée par le Touristik Report, une étude annuelle publiée en mai dernier par
la revue allemande Touristik Aktuell, qui fait autorité chez les professionnels, est en revanche
plus crédible. Dans le classement des destinations touristiques établi d’après des notes
attribuées par les grands tour-opérateurs et agences de voyages, la Tunisie est pointée du
doigt pour ses prestations. Alors que les Baléares, l’Espagne, et la Turquie arrivent en tête, la
Tunisie recule d’un rang entre 2006 et 2007 et se classe en 10e position, avec une note de
3,19 sur une échelle où les mieux classés obtiennent 6. Ses notes en matière de qualité de
services hôteliers, de diversité d’activités et de liaisons aériennes sont notamment en baisse…
Le secteur touristique tunisien est, en effet, de moins en moins rentable. Une soixantaine
d’hôtels ont été vendus ces dernières années, pour cause d’endettement, ou simplement parce
que leurs propriétaires n’étaient pas des hôteliers professionnels, mais des hommes d’affaires
peu regardant sur la qualité de leurs prestations. À cause des prix orientés à la baisse et de la
hausse du nombre de visiteurs en provenance d’Europe de l’Est dont le pouvoir d’achat est
plus limité, les dépenses réalisées dans le pays sont, par ailleurs, les plus basses de la région,
même si, il est vrai, les tentations sont moins nombreuses en Tunisie que dans les pays
voisins. En 2005, chaque visiteur a laissé, en moyenne, 575 euros au Maroc, 740 euros en
Afrique du Sud et 785 euros en Égypte, mais seulement 265 euros en Tunisie…
La nécessité d’accroître les parts de marché du pays ainsi que sa rentabilité est donc bien
réelle. La situation est telle, en effet, que la Tunisie devrait mettre en oeuvre, sans plus
attendre, les recommandations de l’étude stratégique sur le tourisme à l’horizon 2020 menée
par la Banque mondiale en 2002-2003 et restée depuis lettre morte. D’autant que redresser
la barre peut prendre beaucoup de temps… « Descendre dans le classement est très facile.
Remonter, en revanche, est bien plus difficile. Cela peut parfois prendre plusieurs dizaines
d’années », confie un hôtelier, fin connaisseur du secteur, qui s’inquiète, à juste titre, de cette
évolution.
Depuis plus de quarante ans, le tourisme est effectivement devenu l’un des piliers de
l’économie tunisienne. Sa contribution à la croissance tourne autour de 7 %. Le secteur
emploie par ailleurs près de 100 000 personnes en direct et, chaque année, ses recettes en
devises couvrent plus de 50 % du déficit commercial tunisien. Le Premier ministre Mohamed
Ghannouchi le sait. Et c’est sans doute par crainte de perdre la poule aux oeufs d’or nationale
qu’il a fait feu de tout bois devant ses troupes, lors de la dernière réunion annuelle du Conseil
supérieur du tourisme, qui s’est déroulée mi-juillet. Le chef du gouvernement a rappelé aux
ministres et aux représentants de la profession présents que le secteur devait « redoubler
d’efforts » pour devenir plus rentable. Reste à savoir si cela sera suffisant…
L'appel du désert
Publié le 26/01/2007 N°1295 Le Point
Immense, hostile, dangereux, le désert fascine. Parce qu'il est à l'origine des civilisations,
parce qu'il est le berceau des religions monothéistes, parce qu'il est nu et aride. Et parce que,
là, l'homme occidental peut satisfaire, loin du tourisme de masse, son désir de solitude.
Enquête sur cette soif du désert...
Qu'y a-t-il sur terre de plus inhospitalier qu'un désert ? Tout n'y est que vide, sécheresse et
désolation. Sur ce néant de pierre, au mieux mer de sable par endroits, règne en tyran le
soleil, boussole ardente qui fait perdre le nord, troublant la vue et asséchant les bouches.
Brûlante le jour mais glacée la nuit, l'étendue stérile ne semble conçue que pour en chasser
l'homme. Le défi de la survie, pourtant, n'a jamais cessé de susciter l'aventure au prix du
péril. Chasseurs d'absolu ou pilleurs de caravanes, légionnaires au képi blanc ou hommes
bleus, beaucoup ont fini pétrifiés dans les schistes ou happés par une dune, pareils à ces
squelettes d'animaux blanchis par la chaleur. Sahara, Ténéré, Hoggar, Tanezrouft, Rub' al-
Khali, Kalahari, Hedjaz, Thar, Gobi... la liste de ces hauts lieux de solitude charrie un sirocco
d'imaginaire et de sensations torrides (voir carte page 68). A la simple évocation du désert,
les langues se collent au palais et les récits des expéditions jaillissent des mémoires,
façonnées par l'héritage colonial et les grandes destinées. Voici, en version anglo-américaine,
surgir l'aventure magnifique de Lawrence d'Arabie élevée au stade mystique par un Peter
O'Toole inoubliable, bédouin nordique ivre de sable. Voici encore, en version tricolore, les
descendants des régiments d'Afrique, gardiens et bâtisseurs d'un empire magnifique, les
chasseurs, les spahis, les goumiers ou les moines-soldats à la Charles de Foucauld... Les
compagnies méharistes de Fort Saganne se détachent à l'horizon, seules taches de couleur -
burnous, chèche et couvre-nuque - venues maculer l'ocre parfait du grandiose théâtre de
l'aridité. Le désert est autant un enfer qu'une épopée.
C'est dans ce décor de légende que l'homme moderne vient aujourd'hui chercher le mystère
qu'y défend l'hostilité de la nature. Fuyant les jungles urbaines où voisinent l'ennui de
l'abondance et le souci de la misère, de plus en plus de « chercheurs d'ailleurs » tentent leur
propre traversée du désert comme une épreuve initiatique. Attirés par l'immensité du cadre
autant que par la prouesse individuelle, ils marchent sur les traces des glorieux découvreurs
du siècle dernier et s'offrent une tranche de vie hors du commun. Certes, ils ne sont encore
que quelques milliers à oser réellement affronter la soif, la desquamation, les tendinites et les
risques de mauvaises rencontres. Mais leur aspiration, venue s'ajouter à une abondante
littérature, à une fascinante filmographie, nourrit désormais une grande mode (voir page 70).
C'est au désert que l'Homo sapiens fatigué de l'hémisphère Nord veut se ressourcer. C'est
dans la pérégrination originelle, aux côtés des frères nomades d'ancestrale résistance, qu'il
entend accomplir son chemin intérieur. C'est confronté à la maigreur de la pitance, à la rareté
de l'eau qu'il pense faire le vide dans sa tête.
Avant toute dimension spirituelle, voire mystique, il faut sans doute y voir une réaction au
tourisme de masse qui ne laisse plus un seul lieu vierge de par le vaste globe. Les îles perdues
du Pacifique se couvrent de pistes d'atterrissage et les chemins de trekking de l'Himalaya
sont parsemés d'immondices. Quant aux cultures primitives qui fascinaient les
anthropologues, elles ne sont plus épargnées. Les Indiens d'Amazonie envoient ainsi leurs
chefs de tribu se produire en « prime time » sur TF1. Et que dire des civilisations
mystérieuses de Pétra (Jordanie) ou de l'île de Pâques, qui n'ont plus aucun secret pour les
tour-opérateurs ?
Contrairement à ce qui prévalait encore durant les années 80, l'éloignement n'est plus tant le
critère discriminant du tourisme. L'époque est révolue où les petits budgets se cantonnaient
aux villages de vacances de Grèce ou de Tunisie, tandis que le voyageur à gros moyens
comptait sur le filtrage de l'argent pour « avoir la paix » à Bali ou aux Seychelles. La
démocratisation des tarifs aériens réduit la part du transport dans le coût des villégiatures.
De plus en plus de passagers vont donc de plus en plus loin. Désormais, ce sont surtout la
qualité des prestations offertes, les conditions d'hébergement, le niveau de l'encadrement et
des divertissements qui marquent l'écart de prix. Les professionnels du voyage ont trouvé
jusqu'au bout du monde des solutions pour toutes les bourses et parcourent la planète, à
l'affût de la bonne adresse qui remplira aussi bien le charter que l'hôtel de charme. Dès lors,
peu de destinations résistent à la déferlante.
Cette vaste transhumance laisse toutefois sur le bas-côté toute une clientèle d'intellectuels
nantis ou non, de puristes férus de tranquillité ou d'émotions et de gens simples soucieux
d'authenticité ou de rencontres, qui ont en commun de rechercher une évasion d'exception.
C'est à eux que le désert s'adresse. Dévoreurs de littérature de voyage ou, à l'inverse, sportifs
uniquement attirés par la performance, familles entières, groupes d'amis, amoureux
d'histoire et de géographie, tiers-mondistes impénitents, nostalgiques, mystiques : la soif
d'espace et d'intégrité gagne des coeurs différents. Mais tous marchent sur les pas des grands
témoins qui ont ouvert la voie.
Il y a un siècle déjà, Isabelle Eberhardt avait su résumer cet appel mieux que personne. « Etre
seul, écrivait-elle, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et pourtant chez soi partout,
marcher solitaire et grand à la conquête du monde... » Vision lumineuse, étonnante
d'actualité, que celle de cette aventurière déguisée en homme et se faisant appeler Mahmoud
pour vivre pleinement « à l'ombre chaude de l'islam ». Morte noyée dans le désert à la suite
de la crue subite d'un oued - ironie d'un destin rare ! - elle a laissé d'admirables cahiers de
nouvelles, notes et récits où sa « montée » au désert est exaltée en des termes qui ne peuvent
que ravir le randonneur d'aujourd'hui. « Moi à qui le paisible bonheur dans une ville
d'Europe ou du Tell ne suffira jamais, confesse-t-elle, j'ai conçu le projet hardi de m'établir au
désert et d'y chercher à la fois la paix et les aventures. » Comment mieux résumer l'appel du
Sahara ?...
Etouffée par l'amnésie collective pendant des décennies, l'oeuvre d'Isabelle Eberhardt a
subitement été exhumée il y a quelques années, et ne cesse depuis d'être rééditée sous toutes
les formes. Son succès ne se dément pas et produit à son tour un fort attrait pour tout le
genre littéraire « désertique ». En témoigne l'estime renouvelée du public pour Wilfred
Thesiger, auteur d'un livre-culte, « Le désert des déserts », dans la mythique collection «
Terre humaine » de Jean Malaurie (Pocket). Au fil de ces pages embrasées de soleil, la fièvre
des immensités, magnifiquement décrite, s'empare de quiconque est sensible à l'ivresse de la
solitude et au voyage intérieur.
L'impression est identique à la lecture d'Ella Maillart, autre auteur de best-sellers décennaux,
voyageuse la plus étonnante de ce siècle, partie dès les années 30 découvrir les roches
désolées de l'Afghanistan et l'infinité froide du Gobi. Dans « La voie cruelle » (Payot), elle
explique ainsi « comment on peut vivre en accord avec son coeur » dans un certain décor
seulement. A travers ses descriptions, la richesse géographique du désert saute aux yeux.
Plaine, steppe, montagne, voire marécage aux abords immédiats des oasis, la diversité de ces
contrées change l'image du désert.
Pour attiser encore cette soif, le désert s'est forgé un héros vivant, ou plutôt un antihéros, en
la personne incontestée de Théodore Monod. Descendant d'une longue lignée de huguenots,
le vieil homme sec aux airs d'Henry de Monfreid est devenu en quelques années une véritable
conscience de l'époque (voir page 72). Tour à tour théologien, écologiste, géophysicien,
professeur d'histoire naturelle, il arbore le cuir tanné et la barbe rase de l'austère sagesse. De
ses récits (rassemblés dans un « Thesaurus » édité par Actes Sud) on aurait tort d'attendre
quoi que ce soit de spectaculaire. C'est tout le contraire. L'appel du désert est une voix
intérieure qui susurre à l'oreille des paroles simples mais amicales. Dans « Méharées », un de
ses récits les plus fameux, Théodore Monod s'étend ainsi sur plusieurs pages pour décrire,
sans aucune autre forme de fioriture, la composition des repas quotidiens : « Riz, pain, thé »,
etc. Rien d'extraordinaire, en somme. Mais tout est là. Le désert est une école de modestie,
une leçon de silence et de persévérance, une épreuve de fond.
Le grand mérite de Théodore Monod est d'avoir donné à l'ascétisme un doux visage, et aux
âpretés de la nature un goût d'éternité. A l'instar de ses ancêtres protestants, qui avaient
baptisé « désert » les contreforts des Cévennes où ils se réfugiaient pendant les dragonnades,
le vieil homme fuit au coeur du Sahel les agressions de la ville et celles d'un monde sans Dieu.
« Le désert est beau parce qu'il est propre et ne ment pas » (« Terre et ciel », Actes Sud). Par
ces mots, Monod a tout dit...
Cette quête de vérité fondée sur un dépouillement volontaire rejoint les racines mêmes de la
civilisation. « Le désert est monothéiste », considérait Renan, frappé par la similitude du
judaïsme, du christianisme et de l'islam. Les trois grandes religions monothéistes sont en
effet nées au désert. « Oui, je fuirais au loin pour passer la nuit au désert » (Psaume 55, 8),
chante déjà le psalmiste lorsqu'il est poursuivi par ses ennemis. Dans la Bible, le désert
apparaît comme le refuge suprême où la rencontre avec le Très-Haut se fait naturellement :
c'est le lieu de rendez-vous privilégié de l'âme. Bien que peuplé d'une faune de démons -
Asmodée, le mauvais esprit, Lilith, la femelle du méchant, et une pléiade de satyres à pieds et
barbiche de bouc - le désert est le royaume de la nudité totale où Yahvé forge son peuple. Il
faut à la dramaturgie divine un théâtre à la dimension du Créateur : le Sinaï est ainsi
sanctifié. Surgit alors la figure éternelle de Moïse, pasteur des Hébreux pendant quarante
années de nomadisme, alternance de cycles d'errance et de privations. Dans ce creuset
sinaïtique, l'homme est à la merci de ses propres pulsions et le moindre péché produit un
terrible écho dans le cirque des montagnes déchiquetées. Le message est clair : dans le désert,
il n'y a point d'artifice ni d'échappatoire, car le secours ne peut venir que d'En Haut, c'est-à-
dire, aussi, de l'intérieur.
C'est encore au désert que Jean Baptiste choisit de prêcher pour annoncer l'approche du «
Royaume des cieux ». Se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, il est le précurseur
antique de la mode du désert, dans la mesure où sa quête ne visait qu'à être vraie. Jésus lui-
même se retire au désert pour y être à la fois « servi par les anges » et tenté par le diable.
Quant à Mahomet, il ressent le vibrant appel à quitter la ville avant d'entendre en plein
Nefoud la voix de Dieu qui soudain le pétrifie. C'est au coeur de la fournaise d'Arabie, sur un
plateau aride devenu l'enclume d'Allah, que le marteau céleste frappe la terre de sa
révélation.
En dépit de son vide apparent, le désert attire aussi de nouvelles vocations... au nom des
hommes et des croyances qui l'habitent. L'islam, bien sûr, est indissociable des caravanes
groupées ainsi que des Touareg isolés qui parcourent les interminables étendues de sable
comme ils le feraient sur une plaine fertile. Et la fascination de cette religion joue son rôle
pour les randonneurs venus d'Occident, comme l'atteste le succès d'une certaine mode
vestimentaire. Mais, autant qu'il est dépeuplé, le désert est un monde habité dans tous les
sens du terme. Parmi les marcheurs qui se risquent à travers le Sahara, parfois au péril de
leur vie (six personnes disparues en 1994, quinze autres en 1993), nombreux sont ceux qui
recherchent la confrontation avec les nomades hiératiques du monde des dunes. Le soir, au
bivouac, des liens se créent sans la moindre parole, uniquement au nom de la fraternité
humaine qu'encourage la cruauté de l'élément naturel.
Rien d'étonnant si même la psychanalyse y voit maintenant des vertus. Le « psy » canadien
Guy Corneau, auteur de « N'y a-t-il pas d'amour heureux ? » (Robert Laffont), organise ainsi
des séjours dans le désert afin de développer une nouvelle masculinité. Convaincu que
l'homme moderne est victime de la cuirasse de virilité qu'il veut revêtir en toutes
circonstances, Guy Corneau réunit des groupes de vingt à vingt-cinq volontaires qu'il
emmène dans le Sud tunisien pendant une dizaine de jours. Là, dépourvus de leurs atours
sociaux, les hommes apprennent à retrouver le chemin de la sincérité, du silence et du
partage.
Sans doute le désert n'a-t-il jamais été si peuplé. Théodore Monod, qui raconte avoir vu des
traces de pneu dans les recoins les plus inaccessibles, craint même que le dernier espace
vierge de la planète ne soit à son tour souillé. C'est que le chameau, bien que toujours usité,
laisse de plus en plus la place aux 4 x 4 et autres Land Rover. Tandis que les quelques villes
du désert, Chinguetti ou Tombouctou, agonisent inexorablement, l'homme blanc se prend à
rêver, comme dans « L'Atlantide », d'une véritable civilisation du néant qui cacherait des
richesses humaines dont il s'est lui-même privé dans son septentrion. Il reste qu'armé du
GPS, système d'orientation qui le relie ni plus ni moins qu'à un satellite, équipé du meilleur
matériel de randonnée, il bouscule les données d'un univers de pénurie jusqu'ici clos et
préservé. Le moindre paradoxe du désert n'est pas que ses visiteurs se réjouissent de son
étendue, tandis que les autochtones ne visent qu'à l'irriguer pour le faire reculer.
Le cher Sahel qui plaît tant aux Européens est en vérité une catastrophe écologique mondiale
qui préoccupe tous les gouvernements africains. Cette divergence fondamentale marque les
limites de la fascination et ne doit pas être perdue de vue. A l'ignorer, on aurait tôt fait de voir
dans le désert l'ultime décor du « dernier sanglot de l'homme blanc ».
Aux alentours des oasis sahariennes, les dunes deviennent le terrain de jeu des
quads et des 4x4
Fragiles oasis
L'oasis de Douz, dans le Sud tunisien, ouvre une grande porte touristique sur le Sahara. Ici,
les hôtels s'alignent non pas en front de mer mais en front de désert, en forme de forteresse
traditionnelle, couleur sable, avec vue imprenable sur la dune. Au pied des murs qui
entourent ces établissements luxueux, dotés chacun de deux ou trois piscines, des chameliers
et leurs bêtes souvent faméliques attendent le chaland. Tewfik, Bédouin de 36 ans, s'est
installé dans une petite cahute en paille. Il a fait deux ans d'études de physique-chimie à
l'université de Sousse. Aujourd'hui, il vend des roses des sables et regarde, perplexe, l'oasis se
transformer. Au début du siècle, il y avait là quelques bâtiments et une population
essentiellement nomade. A présent 27 000 habitants, tous sédentaires. «Ici, il y a vingt ans,
personne n'avait la télé, le réfrigérateur. Aujourd'hui, matériellement, les habitants vivent
mieux, mais ils pensent beaucoup à l'argent», relève Tewfik. L'une des raisons majeures de
cette métamorphose : le gouvernement a choisi Douz pour développer le tourisme saharien.
Au coucher du soleil, les derniers touristes déguisés en Bédouins descendent de leurs
dromadaires, ravis. Le désert se vide. Restent les sacs en plastique et un quad (moto à quatre
roues) tonitruant. «L'autre jour, des Français sont arrivés avec 200 quads pour une virée
dans les dunes.» Mais il y a aussi les 4 x 4, les motos. L'immensité donne un sentiment
d'impunité et le vent semble effacer les traces. Pas toutes.
«On a reproduit dans les oasis le système balnéaire. Mais celui ci ne peut se développer dans
ces écosystèmes fragiles», constate Adeline Cézeur, qui a passé plusieurs mois à Douz pour
un master en «tourisme et environnement» et qui prépare une thèse de doctorat sur le sujet.
Vitrine du développement touristique tunisien, les oasis sont aussi devenues un terrain
privilégié pour les chercheurs en économie, en agronomie ou en écologie . Depuis 2002,
Adeline Cézeur a pu constater de visu l'affaissement de la fameuse dune d'Offra, joyau de
l'oasis, qui ressemblera bientôt davantage à une autoroute qu'à un tas de sable. La barre
d'hôtels stoppe le vent et le sable ne vient plus se bloquer contre la dune. Et sur ce qu'il en
reste, trônent quelques troncs de palmiers complètement déplumés. Les Tunisiens interrogés
restent vagues : «Ils étaient vieux.» Il est plus probable qu'ils meurent de soif suite à
l'abaissement du niveau de la nappe souterraine.
L'oasis est un milieu fragile. C'est un écosystème artificiel, une création de l'homme qui a su
exploiter des sources artésiennes ou des nappes souterraines pour développer une agriculture
frugale. Or, cet univers est aujourd'hui soumis aux pressions conjuguées de la démographie,
de l'agriculture et du tourisme de masse. Ainsi, à Douz, les autorités ont donné des lots aux
nomades pour les sédentariser, et l'oasis s'est étendue, les dattes rapportant bien, surtout les
célèbres Deglet Nour. Mais les palmiers consomment beaucoup d'eau. Dans le Sud tunisien, à
Gabès et à Nefta, les sources se sont taries. Certes, la Tunisie récupère de façon exemplaire
les eaux de pluie : «Seules 5 % des eaux retournent à la mer, il y a très peu de déperdition»,
observe l'agronome Antoine Cornet, directeur de recherches et responsable en Tunisie de
l'IRD (Institut de recherche pour le développement, basé à Paris). Mais le pays est obligé de
pomper dans les nappes fossiles pour les besoins croissants des palmiers, des habitants et des
vacanciers.
Un peu partout, d'étranges bâtiments rectangulaires nimbés de vapeur d'eau ont poussé : les
tours de refroidissement. L'eau qui vient de grandes profondeurs parfois 2 000 mètres peut
atteindre 80 °C. Elle redescend du haut de la tour par les escaliers en branches de palmiers
qui ralentissent sa course et lui permettent de rafraîchir. «Mais cette eau, c'est comme le
pétrole, poursuit Antoine Cornet. Elle ne se renouvelle pas ou très peu, et un jour la nappe se
tarit. D'autre part, comme elle est présente dans le sol depuis des milliers d'années, des sels
sont descendus dans la nappe. Celui que l'on consomme mais aussi du fluor, de l'arsenic... On
a vu des cas dans une zone aride du Mexique où le bétail mourait, les enfants naissaient
idiots. C'était dû à l'arsenic. Il a fallu arrêter de pomper et la région redevient aujourd'hui un
désert.»
Surveiller le niveau et la qualité des nappes souterraines est donc la clé de l'avenir des oasis.
Où en sont-elles en Tunisie ? Mystère. Les hôtels ont leur propre forage, on sait qu'il en existe
beaucoup de clandestins. Un doctorant qui a voulu faire une thèse sur la présence de fluor
dans l'oasis de Gabès n'a pas pu avoir accès aux données hydrologiques. L'eau est un secret
d'Etat. Elle est, comme partout en milieu désertique, le problème numéro un. Aggravé par le
tourisme, une industrie livrée jusqu'ici à la seule logique économique. Témoin, le nouveau
golf de Tozeur, l'une des plus célèbres oasis du monde, au nord-ouest de Douz. Un
«scandale» dénoncé jusque dans le Guide du routard. «D'un point de vue strictement
économique, c'est tout à fait rationnel, explique Jean-Paul Minvielle, chercheur en économie
à l'IRD à Sousse, spécialisé dans l'environnement et le tourisme. Les touristes ne passent en
moyenne qu'1,2 nuit dans l'oasis. Le golf devrait les amener à y rester cinq ou six nuits,
surtout en hiver, attirés par cette région où il ne pleut quasiment jamais. Les autorités ont
construit une station d'épuration et affirment que les eaux consommées par les hôtels
serviront à arroser le golf. Si ça marche, c'est positif.» Impossible, toutefois, de savoir si le
système fonctionne ainsi. Toujours est-il qu'un an après son «inauguration», le golf n'est
toujours pas ouvert et a piètre allure avec ses quelques carrés de verdure au milieu d'un
désert.
Et la Tunisie poursuit sa course au vacancier. Misant dès les années 60 sur le tourisme
comme moteur de développement, elle est vite devenue la première destination du Maghreb.
L'essor fut spectaculaire et dynamisant. Des marchands de tapis de Kairouan se lancèrent
dans l'hôtellerie pour écouler leurs marchandises, «Tunisie porcelaine» fut créée par un
hôtelier qui équipa ses établissements avec sa vaisselle, puis connut un succès international.
Mais ce tourisme de masse, concentré sur le littoral, s'essouffle. Même s'il emploie 12 % de la
population, le taux d'accroissement annuel du secteur, qui était de 10,5 % entre 1987 et 1995,
est tombé à 5,5 % entre 1995 et 2005. Ils étaient un million d'Allemands à venir remplir les
plages jusqu'en 2001, ils ne sont plus que 560 000, à cause des attentats mais aussi de la
concurrence de la Croatie, par exemple, jugée plus sûre. Les voyagistes ont beau casser les
prix, tenter d'attirer une clientèle moins exigeante et moins fortunée (celle des pays de l'Est
ou des voisins libyens, algériens), ils remplissent difficilement les centaines d'hôtels dont
beaucoup vieillissent mal. Aussi ont-ils décidé de diversifier leurs «produits» en proposant
des destinations sahariennes.
Le tourisme de masse dans l'impasse ? Les autorités n'hésiteront pas à manier le concept à la
mode de «tourisme durable» tout en cherchant à augmenter les recettes. Pourtant, d'autres
pays ne cachent pas les difficultés. Au Maroc, le directeur de l'aménagement du territoire a
sonné l'alerte, en mars dernier, sur l'assèchement des oasis, dénonçant pêle-mêle la
multiplication des pompages, des golfs et le développement du tourisme. Personne, en
Tunisie, n'oserait en dire la moitié.
Super-moustiques
Impact inattendu du tourisme: les moustiques tunisiens sont devenus les plus résistants du
monde! Dans les zones hôtelières, les autorités n'ont pas lésiné sur les insecticides. A tel
point qu'il y a deux ans, constatant que les produits n'étaient plus efficaces, elles ont fait
appel à Mylène Weill, biologiste à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier
(ISEM), spécialiste des résistances chez les moustiques. Sur le terrain, elle a constaté la
multiplication anarchique des opérations de démoustication et a découvert des taux de
résistance «jamais vus chez ces insectes.» Les Tunisiens voulaient un nouvel insecticide. «Il
n'y en a pas. Et de toute façon, les moustiques finiraient par y résister», explique la
chercheuse qui a conseillé de privilégier l'assainissement des eaux.
© Libération
Situé au Nord, en Kroumirie, ce circuit a nécessité deux ans de travail avant son ouverture en
mai. Deux maîtres randonneurs, Roger Mallet et Guy Segal, qui avaient à leur actif la
réalisation de la transcorrézienne, aidés d'un maréchal-ferrant, Romain Ferry, premier
ouvrier de France, ont repéré les parcours, refait la cartographie de la région, réhabilité
l'habitat naturel (de vieilles maisons forestières), sélectionné et équipé les chevaux - des
barbes, race locale d'origine berbère.
En Tunisie, on compte quatre stations thermales (Djerba, Korbous, Djebel Oust et Hammam
Bourguiba) disposant d'équipements thermaux à la pointe du progrès et offrant des
traitements spécialisés selon les propriétés thérapeutiques de leurs eaux. Les cures thermales
pratiquées dans ces stations sont à la fois curatives (en complément des soins médicaux ou
chirurgicaux) et préventives (des rechutes ou des aggravations).
Deuxième destination internationale, la Tunisie est reconnue également pour la qualité de ses
centres de thalassothérapie qui font le bonheur des curistes tout au long de l'année. Ainsi, on
peut affirmer que le thermalisme, avec ses composantes, constitue, à l'instar de toute autre
activité économique, un vecteur de développement très important pour le secteur du
tourisme, du développement régional et de la médecine douce. Ainsi, la cellule
professionnelle de l'Office du thermalisme a organisé, jeudi, dans le cadre des festivités du
XIXe anniversaire du Changement, un séminaire sur la mise à niveau des stations thermales
et des centres de thalassothérapie (formation et certification), compte tenu de la grande
importance accordée à ce secteur.
Il est à noter qu'une stratégie nationale pour le développement du secteur thermal à l'horizon
2016 a été élaborée depuis 2002. On est actuellement à la troisième phase de l'étude intitulée
plan d'action. De ce fait, M. Abdelhakim Griri, directeur des études et des programmes à
l'Office du thermalisme a précisé : «Cette stratégie comporte de trois phases. La première
était l'étape de diagnostic du secteur. La deuxième a été l'identification des axes stratégiques
qui consistait à réaliser 10 unités d'eau chaude, 3 autres unités d'eau conditionnée, 7
hammams, en plus de la rénovation des 3 hammams existants. L'Etat va investir dans ces
réalisations 53 millions de dinars et le privé 225 millions de dinars».
Hammam Mallègue se trouve à une quinzaine de km à l'ouest du Kef. On y accède par une
piste longue d'une dizaine de km, en assez bon état et débouchant sur route Le Kef - Souk-
Ahras à 4 km au sud-ouest du Kef. Les eaux thermales de Hammam Mallègue, étaient
utilisées par les Romains comme en témoignent les vestiges des anciens thermes avec leurs
bassins assez bien conservés et qui sont encore utilisés par les curistes.
Les eaux thermales alimentent des bassins romains utilisés comme un hammam traditionnel.
Ce hammam est très fréquenté. Il y a eu plusieurs idées de projets de construction d'un
établissement thermal moderne. «Il s'agit de construire une station thermale moderne sur le
site romain. Après la résolution du problème foncier, puisque le terrain fait partie du
domaine de l'Etat , on a établi un plan d'aménagement et on a fait une étude hydrogéologique
de la source avec le concours de l'Office du développement du Nord Ouest. Le projet est
évalué à 6 millions de dinars. La première étape va démarrer en 2007 pour un coût de 1,5
million de dinars dont 40% proviennent de l'investissement privé», a confié M. Belgacem
Attafi, le promoteur du projet.
Source : fr.allafrica.com
L'hebdomadaire français "L'Express" avait souligné dernièrement que la Tunisie est une
destination qui rassure au moment où "voyager devient un véritable casse-tête" en raison
notamment des aléas climatiques, terrorisme, grippe aviaire ou encore du risque aérien.
Dans un article intitulé "Où aller sans crainte?", le magazine avait estimé que la Tunisie est
l'un des pays qui "profitent le plus de la frilosité ambiante".
Avec un nombre record de 6,5 millions de touristes en 2005, une nouvelle stratégie a été
arrêtée par le gouvernement tunisien pour diversifier le produit touristique en axant les
efforts sur le développement de la thalassothérapie, le tourisme culturel et le golf.
Avec dix terrains de golf répartis sur les zones touristiques du pays, la Tunisie vient
accompagner l'engouement mondial pour ce sport. Un parcours original vient d’être inauguré
le 12 novembre dernier au milieu des dunes, à la porte du désert du Sahara dans le sud du
pays.
Ce terrain du golf s’étend sur une superficie de 150 hectares, dont 70 ha sont prêts, le reste
est en cours d’aménagement. Ce projet a coûté 8 100 000 dinars.
Le tourisme saharien connaît une expansion avec une augmentation de 10,1% d’arrivés
comparé à l’an 2004. En effet durant les neufs premiers mois de l’an 2005, 683 725 touristes
sont arrivés au sud ouest tunisien contre 623 723 en la même période de 2004.
Des liaisons aériennes directes entre les aéroports européens et les régions sahariennes ont
été crées, 7 vols directes vers la France, un vol vers la Belgique et Francfort (Selon la
demande). Un autre vol a été programmé vers l’Espagne.
La zones touristiques au sud ouest est composée d’une zone touristique à Tozeur 52 ha, la
zone touristique de Nefta 23 ha, la zone touristique de Kebili 17 ha et 45 ha aménagés en zone
touristique à Douz.
Dans le cadre de diversifier le produit touristique de nouveaux parcs ont été crées, dont le
parc national à Dagmous, le zoo saharien « Le Paradis », le parc national à Arbata (Gafsa), le
parc national à Jedill (Kebilie), parc Neifer, Rass El Ein, Al Jawhra et Al Assil.
A côté du musée de Dar Chraiet avec ses trois unités (Madinat Al Ahlam, Dar zamen, musée
artisanal), d’autres musées présentent l’héritage de notre civilisation comme musée Dar
Hweidi (Nefta), musée nouvelle Médine (Tozeur), musée chak Wak, musée des civilisation
dar Ben Azzouz et le musée romain à Gafsa. Ces musées connaissent une affluence surtout
pendant les festivals comme celui des oasis à Tozeur, festival de Douz, festival national des
oasis de Tameghza, festival national de hazoua, festival des dattes de kebilie et les festivals
d’été de Tozeur, Gafsa, Nefta et Dguech.
Perçu comme un générateur potentiel d’externalités sur les autres secteurs de l’économie
nationale -bâtiment, travaux publics, artisanat, transport, mobilier, agroalimentaire-, le
tourisme en Tunisie contribue, depuis des décennies, au desserrement de la contrainte
financière extérieure, à l’amélioration des niveaux d’emploi, au renforcement du matelas de
devises du pays et au relèvement de la qualité de vie de la population, stimulant, de ce fait,
indique un rapport de l’Agence française de développement, la croissance économique, la
compétitivité de l’offre touristique et l’attractivité du site Tunisie parmi les filières sud-
méditerranéennes.
Avec 91% de nuitées à motivation exclusivement estivale, notre pays projette à l’extérieur une
image de tourisme de masse accentuée. Cependant, depuis 2001, et face à la rude
concurrence que se livrent les filières sud-méditerranéennes pour capter la clientèle
occidentale, nos hôteliers peinent à accroître leurs parts du marché, voient leurs recettes
fondre comme neige au soleil avec un taux d’occupation dépassant, selon les années, à peine
50%, ce qui met les professionnels du secteur en position de faiblesse face aux TO européens,
heureux de voir leurs partenaires tunisiens négocier en ordre dispersé, toujours prêts à
brader les prix plutôt que de perdre leur clientèle.
Parmi ses concurrents immédiats au niveau du bassin sud de la Méditerranée, la Tunisie est
le pays qui engrange le moins de recettes par nuitée (7% en 2002) par rapport au Maroc
(9%), l’Egypte (18%), la Turquie (24%). Il s’agit là, affirme une source au Département de la
Recherche de l’AFD, «d’une situation qui tient autant à l’impuissance à promouvoir une offre
alternative au balnéaire qu’à la difficulté à accroître la qualité d’un produit basé sur le
triptyque «sable, mer, soleil».
L’un des objectifs des pouvoirs publics et des professionnels du secteur est le développement
d’un tourisme plus haut de gamme, sur le modèle du Maroc. Depuis deux décennies, on a mis
l’accent sur les offres touristiques alternatives en mettant en exergue le potentiel sahraoui du
pays, le patrimoine historique de certains sites (Kairouan…) et les prestations spécialisées en
vogue comme la thalassothérapie ou la balnéothérapie.
Cela dit, d’après M. Hamadi Ben Sedrine, vice-président de l’UTICA, le premier chantier
demeure la mise à niveau du parc hôtelier, avec rénovation des infrastructures et formation
du personnel, l’assainissement financier du secteur, la définition d’une politique de
tarification du produit national et le lancement d’un ambitieux programme de labellisation,
faisant de l’écotourisme, le fer de lance d’une stratégie de reconquête d’une clientèle
occidentale, de plus en plus sensible aux sirènes écologiques.
A côté d’une variété de produit balnéaire plus haut de gamme, la Tunisie, affirme Monsieur
Abdelhakim Hammoudi, consultant à la Direction de la Stratégie de l’AFD, est en mesure de
faire émerger des offres touristiques moins exposées à la sévérité de la concurrence
internationale comme la randonnée, l’agro-tourisme, les zones montagneuses, l’arrière pays
rural, ce qui est susceptible de revitaliser la valeur marchande de toute une destination.
Les trois pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) réfléchissent à des mesures pour
atténuer l'impact de la crise sur leur tourisme mais si tous sont touchés, certains sont plus
vulnérables que d'autres, observent les spécialistes du secteur
La Tunisie semble la plus touchée. Destination balnéaire réputée bon marché, le pays est
exposé aux retombées sociales de la crise sur la classe moyenne européenne, celle-ci formant
le gros des 7 millions de touristes reçus en 2008.
Le tourisme est le deuxième employeur du pays et a rapporté 1,7 milliard d'euros en 2008
(6% du PIB). Il n'a pas souffert en 2008, mais un recul des réservations est attendu dès le
premier trimestre 2009.
Incertitude, plan de crise et cellule de veille au ministère du Tourisme et chez les hôteliers qui
"gèrent au jour le jour en regardant de près ce qui se passe en Europe", résume un expert
indépendant.
Habib, ciseleur de père en fils, est au désespoir: "depuis septembre, aucun touriste ne s'est
arrêté devant mon étal pour se faire graver un nom ou une inscription sur mes petits plateaux
de cuivre", bradés à 10 dinars (5,5 euros) les trois.
Pour quelque 239.000 lits, le secteur hôtelier représente 100.000 emplois directs (10% de la
main d'oeuvre) et 350.000 emplois indirects.
Si, dans ce secteur, une baisse d'affluence d'environ 10% a été constatée en janvier 2009 par
rapport à 2008 dans la région de Tamanrasset ou Djanet (extrême sud), deux hauts lieux du
tourisme saharien en Algérie, les profesionnels ne la lient pas forcément à la crise.
"Ce n'est pas significatif, car ce tourisme est à géométrie variable, affirme un tour opérateur
spécialisé dans la région. Mes clients, ajoute-t-il, "viennent d'une catégorie sociale aisée (...),
d'amoureux du désert qui sont prêts à des sacrifices".
Ces recettes ont baissé de 1% par rapport à 2007 en raison principalement des fluctuations
des taux de change à l'étranger, selon le ministre du Tourisme Mohamed Boussaid. "CAP-
2009 vise aussi à consolider nos parts de marché au niveau des marchés émetteurs,
notamment l'Europe, et à promouvoir ceux en provenance du Golfe et de Russie", a ajouté le
ministre.
"Il ne faut pas être alarmiste, la santé du tourisme au Maroc est très bonne", a-t-il récemment
déclaré, réaffirmant l'objectif des 10 millions de touristes en 2010. A Marrakech, destination
phare, les responsables du tourisme se refusent encore à parler de crise mais, en privé, les
hôteliers s'inquiètent et certains ont même commencé à baisser leurs prix, affirme un
observateur indépendant.
En 2009, le Maroc se dotera en tous cas d'une capacité supplémentaire de 20.000 lits, pour
atteindre une offre totale de 160.000 lits.
C’est en somme l’ambition affiché par les différents opérateurs du secteur touristique
tunisien réunis le jeudi 2 avril à Tunis le temps d’un déjeuner-débat à l’initiative du Centre
des Jeunes Dirigeants (CJD), dont l’invité d’honneur était le Ministre du Tourisme, Khélil
Laâjimi.
Ce rendez-vous ayant pour thème «le tourisme tunisien : Horizon 2020» s’est proposé
d’engager la réflexion en vue débusquer les idées susceptibles de garantir un meilleur
positionnement stratégique du tourisme tunisien dans la Mare Nostrum. Et des idées
novatrices et audacieuses, il y en a eu à foison…D’emblée, les membres du « think-tank » du
CJD regroupant notamment les jeunes entrepreneurs dynamiques ont annoncé la couleur.
Sans vouloir jeter des fleurs aux autorités de tutelle, ni remettre en question leurs efforts
titanesques dans la promotion de la destination malgré les maigres moyens financiers mis à
leur disposition, la commission du CJD a «ausculté» les points forts et les faiblesses de l’offre
touristique et son positionnement par rapport aux concurrents directs de la destination. «
Nous n’avons pas l’intention de se poser en donneurs de leçons et encore moins en décideurs.
Nous sommes des agitateurs d’idées », a indiqué de prime abord Khaled Fourati.
L’état des lieux dressé fait ressortir un succès contrasté de la destination. Les
chiffres présentés témoignent en effet d’une évolution significative de la plupart des
indicateurs du secteur au cours de la dernière décennie. Ainsi, la capacité en lits s’est accrue
de 29%, passant de 184.616 lits en 1998 à 238.220 lits en 2008. Les arrivées ont presque
doublé, passant de 4,7 millions en 1998 à 7 millions dix ans plus tard. Les nuitées ont
enregistré une croissance de 26% sur la période sous revue, pour s’établir à 38 millions l’an
passé. Pour les recettes en milliards de dinars, elles ont quasiment doublé, passant de 1,7 à
3,3 milliards de dinars.
Situé dans son environnement régional, le tableau n’est pas pourtant
entièrement rose. Alors que les arrivées en Tunisie se sont accrues de 18% entre 2006 et
2008, elles ont enregistré une croissance de 59% en Egypte et de 20% en Turquie. Mais là où
la bât blesse c’est que la Tunisie présente les dépenses les plus faibles par touriste par rapport
à ses concurrents directs. Ce pays d’Afrique du Nord aux portes de l’Europe qui pâtit encore
d’une image d’une « destination d’hébergement » a enregistré en 2008 des dépenses par
client de 471 dollars contre 859 dollars pour l’Egypte, 871 dollars pour le Maroc et 708 dollars
pour la Turquie.
Autre bémol aux bons scores de l’industrie touristique tunisienne: le pays dont la
commercialisation des produits touristiques passent majoritairement par les T0 et les
groupes de package en gros a enregistré la la durée du séjour la plus courte par rapport à ses
concurrents en 2008. La durée moyenne de séjour en Tunisie est de 5,4 jours contre 10 jours
en Egypte, 8 jours au Maroc et 5,8 jours en Turquie.
La Tunisie manque par ailleurs de visibilité sur Internet, où se décide désoramis plus de 80%
des voyages dans le monde. Elle brille, en fait, par son absence dans le Top 10 des lieux
inoubliables et peu visible en tant qu’annonceur sur les sites les plus visités comme google,
facebook et sur les sites de voyages comme Lasminute.com, opodo.fr et expédia.fr.
La création d’un guichet unique qui prendra en charge l’octroi des diverses
autorisations liées aux projets et aux activités touristiques et l’organisation d’assises
nationales réunissant les différents acteurs du secteur (ministère du tourisme, autres
départements ministériels, professionnels privés) serait dans ce chapitre des mesures
salvatrices.
D’autre part, les jeunes dirigeants proposent de créer une cellule dédiée au tourisme
d’affaires et de confier l’organisation des festivals à des professionnels. Dans ce même
chapitre, il faudrait, selon eux, introduire dans certains festivals une dose de spiritualité très
recherchée par les touristes à l’instar de ce que fait le Maroc, avec les festivals des musiques
et développer les incitations offertes aux réalisateurs et producteurs cinématographiques
pour la réalisation de leurs œuvres en Tunisie. Plus de 50 films étrangers sont produits
chaque année au Maroc contre deux ou trois seulement en moyenne en Tunisie.
Les réflexions du think-tank du CJD ont trouvé un bon écho auprès du ministre du tourisme
et des professionnels du secteur. D’autant plus que tous les opérateurs sont aujourd’hui
convaincus qu’une vision 2020 une condition sine qua non pour un décollage du tourisme
tunisien. Le développement de ce secteur clef de l’économie nationale ne s’improvise
pas….Les idées sont déjà là. Reste le passage à l’action….
Publié le : 03/04/2009
Les termes sont ceux du ministre du Tourisme, Khélil Lajimi, qui tenait, mercredi, conférence
de presse pour expliquer les tenants et les aboutissants de la saison touristique 2009 et
répondre aux questions des journalistes sur ce qu’il faudra attendre des prochains mois en
termes de flux, d’évolution des marchés et de dispositifs pour atténuer les effets de la crise
économique internationale sur l’industrie du tourisme en Tunisie.
Dans une interview exclusive accordée à Africanmanager, le ministre a fait le point sur la
saison touristique et esquissé les perspectives à la lumière des mesures qui seront prises
pour assurer une reprise pérenne au secteur touristique tunisien.
On y verra sans doute un peu plus clair dans un mois à l’occasion de la publication du
baromètre OMT du tourisme mondial et surtout du Marché mondial du voyage (WTM) qui se
tiendra le 10 novembre à Londres, deux échéances qui seront marquées par la présentation
d’une feuille de route pour la reprise, ensemble de lignes directrices destinées à aider les
acteurs du tourisme à surmonter la crise, une crise qui, d’ores et déjà, s’est déclinée, pour la
Tunisie, dans une régression de 2% de l’activité touristique, nonobstant les 5 500 000
visiteurs qu’elle a reçus durant les trois premiers trimestres de l’année en cours.
Le ministre a expliqué ce repli par celui des principaux marchés émetteurs et d’abord le
marché français (-3,4%), allemand (-7%), italien (-15%) ainsi que ceux , à deux chiffres, des
pays de l’Est : Pologne, Russie et Tchéquie, alors que la bonne surprise est venue de Grande-
Bretagne dont le marché s’est redressé à hauteur de +5,4%, au cours des neuf premiers mois
2009 , avec un total de 214 000 visiteurs, soit une augmentation de 11 000 .
Enfin, pour ce qui est du marché des pays du Golfe, on relève une certaine stabilité avec
30 000 visiteurs.
Evolutions divergentes
En disséquant les chiffres fournis par le ministre du Tourisme, on ne manque pas d’être
frappé par les évolutions de deux indicateurs sinon antinomiques, du moins divergentes, ce
sont celles du nombre des nuitées qui ont accusé une baisse de 8,6% avec 29 millions
nuitées, et des recettes touristiques qui, dans le même temps, ont progressé de 3,6%, pour
atteindre 2625 millions de dinars. Par nuitée, le revenu a augmenté de 13,8% en dinars et de
10% en Euros
Il reste que c’est du last minute que dépendront les évolutions des principaux marchés
émetteurs, nommément ceux de l’Europe, comme ce fut le cas durant l’année en cours , et
ceci s’est avéré tout bénéfice pour le touriste , mais source de crainte pour les pays de
destination , notamment la Tunisie, en ce sens que des appréhensions se font jour de voir le
phénomène du last minute migrer du statut conjoncturel à celui structurel , ce qui , à terme ,
ne manquera pas de poser problème en termes de maintien de la chaîne aérienne.
C’est que lors de la conclusion du contrat d’allottement, le tour opérateur doit fournir au
transporteur aérien une garantie de 30 jours avant la date du vol. Cette échéance a pu être
ramenée, au titre de cette saison, à j-3 à la faveur des efforts consentis par les compagnies
Tunisair, Nouvelair et Karthago.
Enfin, et pour mettre en exergue le rôle crucial que le secteur touristique joue dans
l’économie tunisienne, le ministre du Tourisme a souligné que le secteur couvre à hauteur de
60 % le déficit de la balance commerciale. "Si les recettes touristiques augmentent de 35 %,
notre balance des paiements courants atteindra son point d’équilibre, et ce faisant, la dette
publique se trouvera épongée", a affirmé le ministre.
Ouvrant le séminaire, M.khelil Laajimi, ministre du tourisme a fait savoir que l’expérience
du secteur industriel montre que l’investissement immatériel du secteur touristique est une
approche pertinente. « Ce choix est juste pour un pays ouvert et qui s’insère progressivement
dans la mobilisation. La Tunisie est un pays qui reçoit chaque année un peu moins de 7
millions de touristes et dont le commerce extérieur totalise plus de 10% du PIB », ajoute-t-il.
Par ailleurs, la Tunisie ambitionne d’atteindre 10 millions de touristes à l’horizon 2014.
Le programme de mise à niveau des établissements hôteliers (PMNH) a été lancé par la
Tunisie suite à la crise conjoncturelle internationale durant les années 2002 et 2003, et qui a
démontré une faible diversification du produit touristique, qualité moyenne des services
offerts et plus particulièrement l’insuffisance de la rentabilité des établissements touristiques.
Sa Mise en œuvre effective a débuté en septembre 2005 par un programme pilote qui a
concerné 45 unités d’une capacité de 20.000 lits et ce afin d’améliorer la compétitivité et la
rentabilité du secteur, renforcer sa capacité à résister aux aléas extérieurs, améliorer la
qualité des services et diversifier les modes d’hébergement
Il ya lieu de rappeler à ces propos que le tourisme tunisien constitue un pilier de l’économie
tunisienne, contribuant en 2008 pour 5,3% du PIB, pourvoyant 13,3% des exportations des
biens et services et employant directement ou indirectement prés de 380.000 personnes. La
Tunisie capte 0,76% des flux touristiques mondiaux (924 millions de touristes), mais réalise
seulement 3.358 millions de dinars de recettes touristiques soit 0,3% des recettes drainées
par l’industrie touristique mondiale (856 milliards de dollars).
Le nombre des étrangers ayant combiné soins médicaux et séjours de convalescence dans
les complexes touristiques tunisiens a triplé entre 2004 et 2007. Le secret : des tarifs de 40 à
70% moins chers que ceux pratiqués dans les pays occidentaux pour une même qualité.
Le groupe émirati Al Maâbar prévoit, pour sa part, la réalisation d'une véritable ville
médicale à l'Ariana, au nord de Tunis, dans le cadre d'un méga-projet immobilier d'ici 2015.
Des investissements étrangers de plus en plus importants pour un marché prometteur: le
nombre des patients étrangers pour soins médicaux et séjours de convalescence dans des
hôtels de luxe en Tunisie est passé d'environ 50 000 en 2004 à plus de 150 000 en 2007,
selon la chambre nationale des cliniques privées relevant de l'Union tunisienne de l'industrie,
du commerce et de l'artisanat (UTICA, organisation patronale).
Et si près de 70% de ces patients sont originaires des autres pays du Maghreb, l'Europe vient
en deuxième position représentant 12%.
La moyenne de dépenses de chaque patient est de 4000 euros par semaine contre 300 euros
seulement pour un touriste ordinaire.
Pour le même résultat, une intervention à coeur ouvert revient à moitié prix qu'en Europe,
soit 10 000 dinars (5500 euros). Un lifting cervico-facial coûte 3200 euros contre plus de
5000 en France. Les coûts des prothèses dentaires et de la chirurgie ophtalmologique sont
également sans commune mesure avec l'Europe.
"Les tarifs sont de 40 à 70% moins chers que ceux pratiqués dans les pays occidentaux. La
Tunisie a exonéré, depuis 2005, les soins dispensés aux étrangers de 6%, le taux de la taxe sur
la valeur ajoutée (TVA) appliquée sur ce genre de prestations pour devenir une destination
médicale mondialement reconnue à l'instar de la Thaïlande et de l'Inde", indique-t-on au
Ministère de la santé publique.
Mais à la différence de ces deux pays, la Tunisie offre l'avantage d'être proche de l'Europe.
Elle représente donc de plus en plus une opportunité pour les Occidentaux de se soigner à
bas prix.
Année après année, la Tunisie perd des touristes. Pour lutter contre cette
érosion, le pays se lance dans une montée en gamme avec, comme principales
innovations, la thalassothérapie et le golf. Des prestations qui engrangent
davantage de recettes que le tourisme de masse et ont contribué à augmenter les
revenus touristiques en 2009.
Son prédécesseur, Khelil Lajimi, avait entrepris l'immense chantier de la montée en gamme
du tourisme tunisien (Lire : Khelil Lajimi : \"Je veux améliorer la valeur ajoutée du tourisme
tunisien\"), véritable clef du développement d'un secteur souffrant d'une forte concurrence,
notamment de la part de nouveaux entrants comme les pays des Balkans.
Longtemps assimilée à un pays bon marché, la Tunisie a développé son assise sur un
tourisme de masse, pratiquant la surenchère de bétonnage pour multiplier ses capacités
d'accueil. En oubliant de peaufiner son offre et son service.
Elle en paie depuis quelques temps les conséquences avec une fréquentation qui baisse
d'année en année. En 2009, la Tunisie a accueilli 6,9 millions de touristes, soit une
diminution de 2,1% par rapport à 2008. Le chiffre symbolique des 7 millions de touristes
n'est donc pas atteint, comme il l'a été péniblement en 2008 avec 7,04 millions de visiteurs.
Les Européens boudent, les Libyens progressent
Côté marchés, les Européens restent les principaux visiteurs du pays avec 3,74 millions de
touristes. Mais leur fréquentation accuse une baisse de 8,8%, à l'image du plus émetteur
d'entre eux, la France, avec 1,4 million de touristes en 2009 et une chute de 3,6%.
Les Britanniques (-8,1%), les Allemands (-7,2%) et surtout les Italiens (-13,7%) et les
Espagnols (-13,9%) ont été beaucoup moins fidèles à la destination.
La principale progression se trouve du côté des Libyens (1,99 million de touristes et une
croissance de 12,9%). Inquiétant pour l'avenir, le nombre de nuitées baisse de 8,2%.
N'oubliant pas que le tourisme représente 7% de leur PIB, le sujet est pris à bras le corps par
les autorités locales. En mars 2009, le ministre du tourisme octroyait une enveloppe
supplémentaire de 10 M€ en budget communication et aide à l'ouverture de lignes aériennes
pour booster un secteur en recul sur le premier trimestre (Lire : 10 M€ supplémentaires pour
promouvoir la destination Tunisie) .
Fin 2009, en dépit de la baisse du nombre de touristes, celles-ci étaient en croissance de 2,1%
par rapport à l'exercice précédent, représentant 3,4 mdsTND (1,80 mds€), contre 3,3
mdsTND (1,74 mds€) en 2008, et 3 mdsTND (1,59 mds€) en 2007. Preuve tangible que la
montée en gamme est bien en route.
Entamée en 2008, elle s'appuie sur le tourisme culturel, saharien et sportif, et sur l'accueil
des curistes. La Tunisie compte ainsi une cinquantaine de centres de thalassothérapie d'une
capacité de 250 000 clients.
2009 aura été une année charnière. Un conseil ministériel en juin avait fixé la feuille de route
du futur tourisme tunisien.
La feuille de route prévoit aussi d'autres mesures, comme des crédits pour préserver la
propreté et embellir les zones touristiques, la poursuite du traitement de l'endettement des
unités hôtelières, la promotion du tourisme culturel à travers la mise en place d'une stratégie
de communication et de promotion des sites archéologiques et des musées et la réhabilitation
des routes menant à ces sites, la mise en place d'un programme pour la création de nouveaux
terrains de golf...
Le président Ben Ali ne lésine pas sur les moyens à mettre en œuvre pour redynamiser ce
secteur.
En novembre 2009, la Tunisie lançait aussi son ecolabel touristique (Lire : Un ecolabel
touristique en Tunisie) qui vise à développer les consommations d’énergie et d’eau, la gestion
des déchets et l’utilisation de ressources renouvelables dans les lieux d'accueil.
Cette année-là aura également vu l'inauguration d'un nouvel aéroport international Zine El
Abidine Ben Ali. La plate-forme d'Enfidha, à 100 km de Tunis, dispose d'une capacité de 30
millions de passagers et prévoit un trafic de 5 millions de passagers.
2010 devrait d'ailleurs être l'année de l'ouverture du ciel tunisien. L'ancien ministre du
Tourisme l'a confirmé. Reste à attendre les annonces... Et notamment l'arrivée de low cost.
Après une année 2009 mi-figue mi-raisin, comment se présente 2010 ? «On est optimiste et
prudent», a répondu M. Slim Tlatli, ministre du Tourisme, qui assistait à la présentation de la
nouvelle campagne de publicité de la destination Tunisie pour le marché français, au salon
international du tourisme ‘‘Le Monde à Paris’’ (18-21 mars, au Parc des expositions).
M. Slim Tlatli peut être d’autant plus optimiste que, jusqu’au 10 mars, les opérateurs du
secteur ont enregistré une hausse de 2% par rapport à la même période de l’année dernière,
et que le booking aérien est même en avance de 10%. Ce qui augure, selon lui, d’«une bonne
reprise». Mieux : l’ensemble du marché européen progresse de 3,3% avec notamment des
croissances à deux chiffres sur les marchés britanniques, belges et russes.
Imed B.
Tourisme: la Tunisie sauvée par ses voisins pétroliers
en 2009
Pour ce qui est des recettes, la Tunisie a clôturé l’année 2009 avec une croissance de 2,1% par
rapport à l’année précédentes, et ce avec 3406 millions de dinars. Globalement, le tourisme
tunisien a tiré son épingle du jeu. Cet heureux bilan est le résultat du rush des touristes
Libyens et Algériens sur la Tunisie. Avec 3 millions de touristes, soit une croissance de
12,9%, la Libye vient en tête des pays émetteurs de touristes vers la Tunisie. Le marché
algérien n’a connu, quant à lui qu’une baisse de 0,7% l’an passé (presque un million de
touristes).
Les données de 2009 font également ressortir une régression de la clientèle européenne, et
surtout celle de l’Europe centrale et orientale (– 30 % à – 40 %), dont les monnaies ont été
fortement dévaluées. A l’échelle européenne on enregistre des régressions sur tous les
marchés à l’exception des marchés britannique, turc et luxembourgeois, qui ont connu des
croissances respectives de 8,1%, 4,1% et 4,2%.
Selon les professionnels, la baisse du nombre des visiteurs originaires du vieux continent, qui
se poursuit depuis plusieurs années sur plusieurs marchés, n’est pas uniquement liée à la
crise économique mondiale. Elle découle notamment d’une mauvaise qualité de services,
d’un ciel encore hermétique face aux compagnies low-cost et d’une monoculture balnéaire et
estivale qui semble plafonner.
Autre faiblesse montrée du doigt par les professionnels du secteur: le maigre budget alloué à
la promotion du produit tunisien. Le pays consacre, bon an, mal an, quelque 20 millions
d’euros aux actions promotionnelles, contre plus de 100 millions d’euros pour le Maroc.
Autant dire que M. Slim Tlatli, nouveau ministre du Tourisme, a fort à faire pour combler ces
lacunes structurelles persistantes et relancer un secteur qui représente 6% du PIB et génère
380.000 emplois.
Publié le 27/01/2010
Résultats mitigés pour le tourisme en Tunisie depuis le
début 2010
Malgré un nombre de touristes en (légère) hausse depuis le début de l’année (+0,6%), les
recettes du tourisme en Tunisie ont baissé de 7,4% au premier trimestre pour s’établir à 545,3
MTND (289 M€) par rapport à la même période en 2009.
Selon l’Office national du tourisme tunisien, les Français ont été les visiteurs européens les
plus nombreux avec plus de 173 000 personnes durant les trois premiers mois (+1,3%), suivis
par les Allemands et les Britanniques. Le nombre de touristes Algériens a progressé de 10,8%
(176 000 personnes) alors que le nombre de Libyens est en baisse avec 464 000 personnes
soit 6,2% en moins depuis le début de l'année.
En 2009, les recettes du tourisme en Tunisie ont baissé de 2,5% « seulement », précise le
ministre tunisien du Tourisme, Slim Tlatli, « alors que la crise économique a fait reculer la
croissance de ce secteur dans le monde de 5,5% ».
Déjà l'année dernière, la tradition bien établie selon laquelle les émigrés reviennent au pays
pour le ramadan, avait été remise en cause. En effet, le mois du jeûne avait commencé le 22
août et avait déjà provoqué un léger chamboulement sur les dates de retour.
Cette année, les compagnies aériennes se sont retrouvées prises d'assaut début juin et
pendant tout le mois de juillet. « Pour la saison estivale, nous avons constaté un
raccourcissement de la période des vacances. Les premières vagues ont commencé début juin
et le pic de retour se situe entre le 1er et le 10 août, soit quelques jours avant le ramadan »,
explique Abdelkrim Ben Ahmed, représentant général France nord de la compagnie Air
Algérie.
Les responsables du tourisme maghrébins redoutent que les émigrés, grands amateurs de
vacances d'été, ne boudent leurs pays d'origine pendant le mois de ramadan. Un seul mot
d'ordre: les convaincre qu'une fois passé l'austère moment de jeûne entre le lever et le
coucher du soleil, ils retrouveront les soirées à l'ambiance traditionnelle et familiale qu'ils ne
pourront pas retrouver en France.
Cette situation difficile pour le secteur touristique maghrébin va se répéter sur plusieurs
années encore, le ramadan avançant d'une dizaine de jours par an en fonction du calendrier
lunaire. «Le problème c'est que nous n'avons pas assez de recul afin de prédire le
comportement des gens. Pour l'instant, nous remarquons juste un étalement de la date de
retour», observe Abdelmadjid Jazi, directeur commercial chez Tunisair.
Afin de raviver l'intérêt des musulmans pour un ramadan «au pays», Air Algérie a lancé un
tarif spécial «Siam» (jeûne en arabe, ndlr) : une réduction des prix des billets pendant le
mois de ramadan, d'une moyenne de 55 % pour ses dessertes vers la France. A titre d'exemple
un vol Paris-Alger coûte en moyenne 240 euros. La compagnie française Aigle Azur offre
également des tarifs promotionnels pour tous ses vols vers le Maghreb, effectués entre le 5
août et le 12 septembre 2010. Un vol aller/retour depuis Paris vers l'Algérie est proposé à 219
euros.
Tunisair, elle, vise uniquement les jeunes d'origine tunisienne de moins 30 ans, en offrant un
tarif préférentiel de 50% sur un voyage France-Tunisie. En effet, les compagnies aériennes
ont constaté que les jeunes sont les plus réticents à vouloir passer le ramadan au «bled».
Comme Slim, 21 ans, qui passe d'habitude «toutes ses vacances en Tunisie», mais a décidé cet
été d'avancer sa date de retour : «il fait trop chaud pour jeûner là-bas, en plus, c'est d'un
ennui !».
Pour sauver la saison et continuer à attirer une clientèle algérienne et libyenne devenue très
importante au cours des dernières années, le secteur touristique tunisien s’adapte au mois de
Ramadhan.
Le ministère tunisien du Tourisme a appelé les gouvernorats du pays à prendre des mesures à
même de sauver les recettes touristiques de l’été, dont la dernière partie coïncide avec le mois
de ramadan, rapportent les médias tunisiens. Un document de ce ministère énumère les
dispositions destinées à maintenir l’attractivité de la Tunisie pour les touristes pendant la
période de jeûne musulman, marquée habituellement par un ralentissement sensible de
l’activité économique et un changement des heures de travail. Une partie de ces mesures sont
destinées à encourager le tourisme maghrébin. Le document souligne que le transport public
et privé sera assuré dans les zones touristiques jusqu'à l'aube, dans le but de faciliter les
déplacements vers les monuments historiques et les festivals mais aussi vers les mosquées.
Dans le cadre de l’adaptation des services hôteliers aux besoins spécifiques du ramadan, des
tentes seront installées au sein des unités hôtelières pour accueillir les iftars, repas rituels de
rupture du jeûne. Pour les touristes maghrébins, les hôteliers ont prévu d’autres prestations
adaptées, affirmait il y a quelques semaines à la presse algérienne Fawzi Basly, directeur de la
représentation de l'Officie national tunisien du tourisme (ONTT) à Alger.
Outre des buffets spéciaux, ils ont prévu des spectacles nocturnes animés par des troupes
traditionnelles et même des animations ramadhaniennes typiques, comme les « bouqalate »,
destinées aux touristes algériens.
L’année 2009 sauvée par les Maghrébins
Cette attention porté aux besoins des touristes maghrébins tient au fait que ces derniers,
notamment les Algériens et les Libyens, participent à tempérer les effets de la crise
économique et financière internationale sur le secteur touristique. En 2009, le total des
entrées touristiques en Tunisie a régressé de 2,1% (6.901.406 contre 7.048.999 en 2008),
avec une chute des entrées des Européens de 8,8% (Espagnols : -13,9%, Italiens : -13,7%,
Allemands : -7,2%), Français : -3,6%). En revanche, les entrées maghrébines ont crû de 7,9%
(2.999.100 personnes), grâce principalement à la progression des entrées libyennes de 12,9%
(1.995.236 personnes), explique le portail tunisien BabNet.
Les touristes maghrébins sont réputés plus dépensiers que ceux européens. « Une famille
algérienne de quatre personnes dépense entre 2.000 et 3.000 euros en moyenne par semaine
durant son séjour en Tunisie, soit deux fois plus qu’un touriste originaire de l’Europe de l’Est
», a estimé Abdessalem Zermati, directeur des marchés arabe et intérieur à l’ONTT, dans une
déclaration à l’hebdomadaire économique et financier panafricain « Les Afriques » (24
septembre 2008).
Les prévisions pour le tourisme estival tunisien sont globalement optimistes en dépit des
craintes d’une baisse des entrées touristiques pendant le mois de ramadan. Le baromètre du
tourisme établi par « Go Voyages » indique que sur la période allant du 1er juillet au 31 août,
la destination Tunisie a progressé de 10% par rapport aux départs de 2009.
Les prévisions pour l’année tout entière ne sont pas non plus pessimistes, malgré un début de
saison quelque peu alarmant. 2010 devrait se clore par une augmentation de 2% du nombre
d’entrées globales. En d’autres termes, la baisse enregistrée pendant les cinq premiers mois
de l’année (-1,5 %, soit 2.205.000 contre 2.248.000 pendant les cinq premiers mois de 2008,
selon l’Institut tunisien de statistiques -INS) sera largement rattrapée.
Quelque 160 mesures destinées à redorer le blason du tourisme tunisien ont été identifiées
par l’étude stratégique sur le développement du secteur à l’horizon 2016 qui a fait l’objet
lundi d’une consultation régionale consacrée aux régions du nord (Tunis, Zaghouan, Bizerte,
Beja, Tabarka et le Kef). Les professionnels ont répondu présents à l’appel du
gouvernement qui cherche à associer le plus grand nombre de compétences et d’opérateurs
dans cette réflexion qui engage l’avenir d'un secteur-clé de l’économie nationale. Ouvrant
cette consultation régionale, M. Mohamed Belaâjouza, président de la Fédération Tunisienne
de l’hôtellerie (FTH) a précisé que le tourisme tunisien est plus que jamais appelé à se
redéployer d’une manière efficace face à un contexte hautement concurrentiel et à une réalité
mouvante.
Fidèle à son franc-parler, le patron des hôteliers tunisiens a noté que « l’attractivité du
produit touristique tunisien est depuis quelques années en baisse continue», rappelant que la
destination Tunisie, qui était naguère leader incontesté sur la rive sud de la Méditerrannée
est de plus en plus laminée par la concurrence. Ce diagnostic de la situation d’un secteur qui
représente 6,5% du PIB et génère plus de 380 000 emplois directs et indirects, a été
largement partagé par Habib Ammar, directeur général de l’Office National du Tourisme
Tunisien (ONTT). « Bien que le secteur dispose d’actifs solides et d’un savoir-faire confirmé,
l’offre d’hébergement demeure peu diversifiée, avec une prédominance du produit balnéaire,
une forte dépendance des tour-opérateurs étrangers et une image de marque moins
reluisante que celles de nos principaux concurrents », a notamment indiqué M. Ammar .
Par ailleurs, l'intérêt sera porté à l’augmentation du budget alloué au marketing à travers la
création d’une taxe séjours (taxe payée par le touriste à l’aéroport ou incluse dans le package
vacances) ou encore un prélèvement sur les opérations de change auprès les banques.
Le quatrième axe prioritaire défini par l’étude stratégique préconise une restructuration des
finances du secteur touristique. Et de focaliser essentiellement sur le traitement du
problème de l’endettement des unités hôtelières à travers la promotion de la dimension
conseil de l’ONTT et des banques, la formation des gestionnaires et, en cas de besoin, le
changement de la vocation de l’hôtel (conversion en maison de retraite, clinique ou foyer
universitaire…).
Pour ce qui est du développement d’un tourisme « Web compatible », les sentiers à battre
sont la reconstruction du site de l’ONTT autour de trois axes (grand public, intranet,
extranet), le lancement d’un programme « Archipel » pour améliorer le référencement des
mots clefs du patrimoine touristique tunisien( Jasmin, dromadaire, couscous etc…) et l’appui
au lancement de sites marchands.
Publié le : 10/08/2010
"Les destinations en crise, à l'imagine de la Tunisie et de l'Egypte, n'arrivent plus à séduire les
touristes avec leur seul attrait tarifaire, d'après les différents professionnels du tourisme
contactés par Relaxnews. L'argument de la sécurité gagnerait du terrain et reléguerait le prix
au second plan. Conséquence : les réservations pour ces destinations sont en chute, rendant
les destinations "d'opportunité" peu attractives.
Sous le feu des projecteurs depuis le début de l'année, la Tunisie et l'Egypte, destinations très
prisées des Français car peu onéreuses, peinent aujourd'hui à remonter dans l'estime du
public, alors même que la situation sur place se stabilise.
Pour tenter de relancer ces pays, les professionnels allient leurs forces. "Les Engagements de
Jasmin", en écho à la Révolution de Jasmin en Tunisie, ont pour but de fédérer les acteurs
touristiques tunisiens et français pour permettre au pays de retrouver un niveau de
réservations équivalent aux années précédentes.
"Les professionnels du tourisme se sont engagés à accueillir les touristes aussi bien - et
sinon mieux encore - que les années passées", expliquent les 250 signataires de ces
engagements.
A titre d'exemple, les internautes peuvent trouver des séjours en Tunisie d'une semaine au
printemps, au départ de Nantes ou Lyon à partir de 187 euros, tout compris, chez Go
Voyages.
Malgré cette bonne volonté, Didier Arino, du cabinet Protourisme, remarque que pour
l'instant, "les réservations pour l'été, pour l'Egypte et la Tunisie, sont en baisse de 40% par
rapport à l'été 2010". "Les tarifs attractifs mis en place par les voyagistes ne suffisent pas à
restaurer la confiance", analyse le spécialiste, contacté par Relaxnews.
Les propos du directeur général du cabinet d'ingénierie touristique font d'ailleurs écho à une
étude du cabinet Gfk, parue en mars dernier. Parmi les Français ayant prévu un séjour en
Egypte avant les soulèvements populaires, 49% affirment qu'ils souhaitent désormais
attendre plusieurs mois avant d'effectuer une nouvelle réservation. 41% des Français ayant
prévu des vacances en Tunisie n'envisagent également pas de partir avant quelques mois.
Les Français attendraient la dernière minute pour se ruer sur ces destinations. Jérôme
Laurent, le directeur marketing de Go Voyages, constate dès maintenant ce phémonème, qui
devrait se reproduire d'ici l'été. "Depuis la réouverture de la Tunisie, le 14 février dernier,
nous constatons une forte reprise des réservations. Pour les vacances d'hiver, les packages
pour la Tunisie ont représenté 20% de nos ventes, contre 26% habituellement", se satisfait le
spécialiste.
Didier Arino partage ce constat : "Les Français vont probablement attendre un mois voire
deux avant le départ pour se décider pour ces deux destinations. S'ils constatent que la
situation politique et sociale de la Tunisie et de l'Egypte est stable, ils réserveront à la
dernière minute, et profiteront toujours ainsi de tarifs attractifs".
Alors que la France est encore dans une mécanique de sortie de crise, et que l'augmentation
du chômage pèse sur le moral des Français, l'argument du prix ne semble plus primordial aux
yeux des Français. Bien qu'il soit toujours à la recherche de bonnes affaires, le public n'est
pas prêt à sacrifier sa sécurité pour des séjours à prix imbattables.
Bernard Maitre, directeur tourisme et loisirs d'Europ Assistance, interrogé par Relaxnews,
avance que les événements sont encore trop récents pour que ces destinations aient regagné
la confiance des Français. "Même si le retour au calme a été annoncé et que les autorités ont
rouvert les séjours vers la Tunisie et l'Egypte, les révolutions populaires de l'hiver sont
encore trop fraîches dans l'esprit du public".
Il faut savoir, toujours selon le spécialiste, que les Français anticipent leurs réservations de
vacances deux mois en moyenne avant le départ. "Il est encore trop tôt pour savoir si les
vacanciers auront digéré les événements, même si je crois me souvenir qu'ils ont la mémoire
courte", ironise-t-il.
Annuellement, Europ Assistance fait paraître avant l'été une étude sur les vacances d'été des
Français. Elle y classe les risques les plus redoutés par les touristes sur leur lieu de
villégiature. "Même si nous n'avons pas encore les résultats, il ne serait pas étonnant que le
critière sécuritaire remonte dans la hiérarchie des craintes des Français. L'argument prix
ne serait alors plus primordial", conclut-il.
Les Egyptiens ont ainsi décidé d'exposer des mini maquettes de la Place Tahrir aux côtés des
habituels bustes pharaoniques sous un slogan commun: "Venez voir l'endroit où tout a
commencé".
Les Tunisiens eux ont choisi pour slogan: "l'endroit où il faut être, maintenant", alors que les
tours opérateurs ne reprennent que timidement leurs dessertes, et que les touristes lui
préfèrent l'Europe méridionale.
Malgré l'offensive marketing, les deux pays ne se font guère d'illusions pour l'année 2011 : la
Tunisie a accusé une baisse de fréquentation touristique de 45% en début d'année, tandis que
l'Egyptien Hisham Zaazou ne prévoit de normalisation "qu'à partir de l'été".
AFP | 17.03.2011 |
Des hôtels égyptiens occupés à 30% en avril contre plus de 90% un an plus tôt, un ministre
tunisien qui parle d’année "désastreuse" : passées les révoltes populaires, les vacanciers
tardent à faire redécoller le tourisme de ces pays, une de leurs principales ressources.
Un peu plus de deux mois après la fuite de l’ancien président Ben Ali, et un mois après le
départ d’Hosni Moubarak, les tour-opérateurs européens font leurs comptes.
TUI Allemagne parle de repli de 28% pour l’hiver et le printemps vers la Tunisie et de -50%
pour l’été. Vers l’Egypte, les reculs sont de 24% pour l’hiver et le printemps, de 22% pour
l’été.
Même constat chez son homologue britannique, qui table sur un recul de 40% cette année de
l’Egypte "même si les ventes se sont améliorées grâce aux nombreuses promotions"
proposées un peu partout en Europe. Rien qu’en février, les tours-opérateurs français ont
enregistré une chute de l’activité de 74,3% sur la Tunisie et de 81,3% pour l’Egypte.
Un des principaux freins au rebond de la Tunisie explique Antoine Cachin, PDG de Fram, est
dû à l’arrivée de réfugiés en provenance de Libye."Les gens entendent à la télévision que les
hôte Ils sont remplis de réfugiés mais c’est faux !", assurent au contraire le personnel de
l’hôtel Isis de Djerba et celui des boutiques.
Un processus graduel
Quelques tour-opérateurs affirment ne pas avoir constaté de baisses comme l’Italien Eden
Viaggi ou le suédois Fritidsresor, selon lequel la demande n’est pas "dramatiquement
différente de l’an dernier". Pour les vacances de Carnaval qui viennent de s’achever, la filiale
belge de Thomas Cook non plus "n’a pas vu de différence".
Pour la majorité néanmoins, "les affaires repartent mais c’est un processus graduel. Pâques
devrait marquer le vrai tournant", avance l’Italien Alpitour, l’un des plus importants du pays.
Le patron de Transat France (Transat, Look et Amplitravel) Patrice Caradec parle d’une
"reprise des ventes plus laborieuse que souhaité". "On voit une éclaircie sur Djerba avec un
rythme de réservations à peu près 60% de l’an dernier, après être passé par 20%, 30%", etc.
Pour ne pas sombrer dans le pessimisme, des voyagistes affirment qu’il est encore "trop tôt"
pour se prononcer sur l’année. "Il est bien possible qu’on rattrape les pertes" selon le belge
Jetair. Marmara, qui a lancé mercredi encore de nouvelles promotions, compte finir à -20%
sur la Tunisie.
Beaucoup tablent sur les ventes de dernière minute : "Les Espagnols réservent toujours très
tard et encore plus en temps de crise", souligne Ruperto Donat, le patron des agences de
voyages espagnoles.
L’Espagne, avec les Canaries et les Baléares, fait partie des grandes gagnantes des
événements au Moyen-Orient. Mais il y a aussi la Grèce et ses îles, la Turquie, etc. : autant de
destinations qui ne compensent pas entièrement le manque à gagner.
Réservations perdues
"Si on va réussir à compenser pour les vacances scolaires de Pâques, ce ne sera pas le cas
pour l’été car on n’a pas les stocks suffisants pour absorber la demande. C’est pour cela qu’il
faut absolument que la Tunisie reparte", juge M. Caradec.
Le patron de Fram, content d’être un tour-opérateur "généraliste", constate pour sa part que
l’avance sur les réservations annoncée en janvier était "perdue". Amplitravel, qui ne vend que
de la Tunisie, va vivre "une très mauvaise année", résume M. Caradec.
Lui comme les autres espèrent aussi qu’une fois le plein fait dans les destinations de
substitution, les touristes se laisseront convaincre de revenir en Tunisie, destination aux prix
imbattables habituellement. A commencer par ceux dont les budgets sont serrés.
Le ministre tunisien du Tourisme Mehdi Houas estime lui que si la baisse de fréquentation
atteint les 50% "ce sera déjà pas si mal".
Le ministre tunisien du Commerce et du Tourisme Medhi Houas a estimé lundi que l'année
touristique 2011 sera "catastrophique" et que si la Tunisie fait la moitié de son résultat de
l'an dernier "ce sera déjà pas mal".
Dans un entretien avec l'AFP, Mehdi Houas, qui revient tout juste du plus grand salon
mondial du tourisme, à Berlin, prédit une saison 2011 "très mauvaise, désastreuse", et juge
que le défi le plus urgent est de préserver l'emploi dans le secteur. Secteur vital, le tourisme
assure près de 7% du PIB tunisien et emploie jusqu'à 400.000 personnes, directement et
indirectement, sur une population totale de 10 millions de personnes. "
"Si on fait 50% de ce que l'on a fait l'année dernière, ce sera déjà pas mal. On a sauvé les
meubles et le vrai défi aujourd'hui ce n'est pas d'augmenter les salaires, c'est de sauver les
emplois et les salaires". a-t-il expliqué en allusion à la forte pression sociale sur les nouvelles
autorités du pays.
"La révolution que vient de connaître la Tunisie est une révolution sociale et à un moment
donné il va falloir répondre (aux demandes) "secteur par secteur" mais, pour celui dont il a la
charge, il exclut des augmentations durant l'année en cours qui sera selon lui "la pire de toute
l'histoire de l'industrie touristique" tunisienne. Mehdi Houas estime toutefois que la Tunisie
commence à réapparaître sur les écrans radar: "on commence à revoir un petit point sur
l'écran", dit-il.
Autre coup dur pour le pays: le contre-coup de l'insurrection en Libye qui tourne à la
guerre civile. "On recevait d'habitude 2 millions de Libyens chaque année", précise Mehdi
Houas selon lequel ce quota n'est toutefois pas "totalement perdu".
Quant au climat des affaires et à leur transparence, il estime que "par rapport au régime
mafieux (sous Ben Ali, ndlr) on a indubitablement progressé". "Tous ceux qui étaient passés
sous les fourches caudines par le passé ont aujourd'hui un autre actionnaire, c'est l'Etat, un
partenaire qui respecte le droit, ça a plus de gueule", dit le jeune ministre, autrefois chef
d'entreprise en France.
Mehdi Houas souligne enfin que la Tunisie est aujourd'hui "un pays libre" et qu'au bout du
compte, "la priorité c'est la démocratie", même au prix d'une année touristique "désastreuse".
L'industrie touristique en Tunisie devrait rapidement retrouver son niveau d'avant les
violences qui ont fait fuir des milliers de visiteurs étrangers, a jugé lundi le secrétaire général
de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), Taleb Rifai. «Nous avons toutes les
indications et toutes les raisons de croire que la Tunisie sera capable de récupérer très
rapidement, de fait beaucoup plus rapidement qu'espéré», a-t-il déclaré lors d'une
conférence de presse à Madrid, siège de cette agence de l'ONU.
«L'histoire, les infrastructures et les acteurs du tourisme en Tunisie sont assez solides pour
être capables de récupérer rapidement», a-t-il souligné. «Bien sûr, la rapidité avec laquelle
cela arrivera dépend pour beaucoup des développements politiques» actuels, a-t--il ajouté,
en mentionnant la formation prochaine d'un gouvernement de transition et de futures
élections. «Bien sûr nous observons de près tout ce qui se passe en Tunisie. La Tunisie est
une très importante destination touristique», a ajouté le secrétaire général lors de cette
conférence de presse consacrée à la publication des résultats de l'organisation pour 2010.
Des milliers de touristes ont été évacués ces derniers jours de Tunisie où des scènes de
pillages et de violences ont accompagné la chute vendredi de l'ancien président Zine El
Abidine Ben Ali. Les touristes sont partis de façon «rapide et régulière», a déclaré M. Rifai
en estimant que beaucoup d'entre eux retourneraient dans ce pays quand la situation le
permettrait.
Sinistré depuis la crise politique, le secteur touristique des deux pays en révolution mise sur
un prochain retour des vacanciers. D’autres pays sont à l’affût
« Des séjours sur la zone côtière et dans l’île de Djerba ne sont désormais plus contre-
indiqués. » Cette phrase publiée ce week-end sur le site Internet du Quai d’Orsay marque la
levée française des restrictions de voyages mais seulement sur une partie du territoire
tunisien. Le ministère des affaires étrangères continue de déconseiller aux voyageurs de se
rendre dans l’intérieur du pays.
Qu’importe ! Cette libéralisation partielle des voyages était très attendue, autant par les
voyagistes français que par les autorités tunisiennes. Le tourisme tunisien est d’ordinaire le
premier pourvoyeur de devises. Il accueille 6 millions de vacanciers par an, emploie plus de
350 000 personnes (sur dix millions d’habitants), couvre 60% du déficit de la balance
commerciale du pays et assure 6,5% du produit intérieur brut. Or le secteur a vu ses recettes
fondre de 40% en janvier et s’attend à une tendance équivalente en février.
De fait, la Tunisie a lancé lundi 14 février une campagne publicitaire pour faire revenir les
touristes avec notamment un slogan de circonstance : « Enfin libre de bronzer »… Une
opération destinée « à nos amis français pour qu’ils viennent déclarer leur flamme à la
Tunisie », selon le ministre tunisien du tourisme, Mehdi Houas, qui table sur une vraie
reprise vers mars-avril.
Pour ces derniers, le manque à gagner est plus ou moins important. Leur association, le Ceto,
se refuse pour l’instant à communiquer des chiffres. Pour limiter la casse, les voyagistes ont
toutefois essayé de gagner du temps en faisant des offres commerciales à leurs clients. « Nous
leur avons proposé des avoirs, valables un an », explique Gérard Neveu, chez Allibert.
Tous ses concurrents ont fait des propositions équivalentes, ou consenti des reports. « Il faut
aller très vite pour avoir le maximum de touristes au printemps », plaide René Marc Chikli,
président de l’Association de tour-opérateurs (Ceto). Annette, une touriste française, a
cependant changé de destination sans tenir compte des conseils des voyagistes. Oubliée la
Tunisie : cap sur l’Inde, où elle s’est envolée.
Si les choses semblent bien s’arranger pour la Tunisie, la situation est bien plus compliquée
pour l’Égypte. Lundi, quelque 150 employés du secteur ont manifesté au pied des pyramides
pour réclamer une hausse de leur salaire. Ce n’est pas moins de 1 million de visiteurs qui a
brutalement quitté le pays et 80% de réservations ont été annulées.
« Je me déciderai bientôt », dit Florence qui voulait emmener mari, enfants, gendres et
belles-filles – pas moins de 14 personnes ! – descendre le Nil cet hiver. Une escapade
familiale payée 25 000€ au Club Méditerranée qui lui conseille, ces jours-ci, d’« attendre »
avant de se dédire car, en Égypte, « les choses vont s’arranger ». Si tel n’est bientôt pas le cas,
Florence optera pour la République dominicaine, tout en regrettant le pays des pharaons.
Tunisie et Égypte auront donc fort à faire pour convaincre les vacanciers de revenir.
Beaucoup de ces derniers ont déjà opté pour des destinations de remplacement. « Le Maroc,
la Jordanie, l’Espagne, les Canaries, la Turquie, la Libye », énumère Gérard Neveu.
Comme Allibert, beaucoup de voyagistes ont proposé des plans B à leurs clients. « Les
Canaries ou le Maroc où les capacités aériennes et hôtelières ont augmenté », précise-t-on
chez Nouvelles Frontières. Et aussi « la République dominicaine et le Sénégal ». D’autres ont
dirigé leurs clients vers la Turquie, l’île Maurice, voire Chypre. Souvent en faisant des
promotions, alors même que l’on observe une hausse des tarifs sur le marché international.
La situation représente aussi une aubaine pour le Maroc qui a été pris d’assaut. L’office du
tourisme marocain a mis les bouchées doubles pour assurer sa promotion, affiches dans le
métro parisien à l’appui. Le pays, qui réalise près de 8% de son PIB avec le tourisme, devrait
connaître une année record.
« Sur le Maroc, nos prix n’ont pas augmenté », rectifie-t-on toutefois chez Nouvelles
Frontières. La Turquie, qui joue à fond depuis des années la carte d’un tourisme relativement
bon marché, compte aussi tirer son épingle du jeu. Le nombre de visiteurs a augmenté et les
demandes de brochures explosent, dit-on à l’office du tourisme.
Paula BOYER
Le Tourisme Tunisien: Quels remèdes pour quels
maux ?
24/03/2011
Depuis l’indépendance la Tunisie s’est lancée dans le tourisme en venant en aide à tous les
promoteurs, et ce afin d’assurer une capacité hébergement suffisante. Ainsi et jusqu’aux
débuts des années 70, les terrains étaient cédés pour le millième symbolique. En effet dans
un monde ou le tourisme n’a commencé à se développer qu’après la fin de la seconde guerre
mondiale: Garantir une structure d’hébergement dans un pays disposant de belles plages et
un soleil presque à longueur d’année était une condition sine qua none pour faire drainer les
touristes en Tunisie.
Entretemps, le tourisme dans le monde a évolué alors que la Tunisie a conservé son image de
Sun, Sea and Sand ou Sex comme vous voulez. Cet état de fait a engendré non pas un
tourisme tunisien, mais juste de l’hôtellerie. Ainsi avec le développement de plusieurs genres
de tourismes dans le monde (Sante, Vert, De Congres, Culturel, etc..), la Tunisie a essayé de
coller à la roue en diversifiant son offre, ainsi on entend parler de tourisme culturel, de
tourisme de sante, de tourisme de congres, etc... Malheureusement cette diversification a été
mal entreprise.
En effet la grande partie de cette diversification a été menée par les hôteliers, et tourne
autour des hôtels. Ainsi lorsqu’ailleurs on observe des centres de thalasso, des parcs
d’attraction au cœur du projet, et en annexe on bâtit des structures d’hébergement de
différentes catégories en fonction de l’attraction principale. En Tunisie, ce sont les hôteliers
qui bâtissent des centres de thalasso, des centres de congres pour maximiser leurs
occupations.
Ainsi, nous trouvons des hotels offrant des produits de prestiges mais vendus au rabais, car
ils sont commercialisés toujours par les mêmes TO et agences qui leur ont collé une etiquette.
De meme cet hôtel connu comme étant balneaire pour une categorie de gens, devient très
difficile à rehausser son image pour arriver à le vendre à une autre catégorie de clientèles.
Sans oublier que à chacun son metier, et un hôtelier ne peut s’improviser du jour au
lendemain en gérant de centre d’affaires, comme ses commerciaux, auront pour priorite la
maximisation de l’occupation au détriment du produit de luxe.
Un autre fait marquant intervint vers le début des années ’90, la Tunisie voulant garder la
même part de marché à l’horizon 2000 que ce qu’elle detenait en ce temps dans le bassin
méditerranéen, s’est vu conseillée de disposer d’un parc hôtelier de 200 mille lits en l’an
2000 et ce par souci de garder cette fameuse part de marché.
Ainsi le gouvernement s’est mis à encourager les jeunes promoteurs à raison d’un apport de
30% contre un prêt de 70% afin de construire des unités de 140 lits. Cette politique
désastreuse a eu pour conséquence de voir des gens hors du métier se lancer dans l’hôtellerie
et le tourisme, et on a vu par la suite toutes les tranches socioprofessionnelles possibles (du
médecin au vendeur de beignets) se lancer dans cette aventure.
Cette décision prise à la va-vite a engendré multitude de problèmes qui n’ont fait qu’engluer
encore plus le tourisme tunisien et d’enraciner l’hôtellerie comme produit unique sinon
majeur dans la politique touristique du pays. Quelles sont les conséquences néfastes de cette
décision ? :
- Des employés sous-formés débauchés par les nouveaux hôteliers et promus à des postes
plus importants, imaginez un peu la qualité de service qui en a résulté.
- Des promoteurs poussés vers la faillite et à vendre leurs unités pour pouvoir rembourser
leurs dues.
- Des bradages de prix incroyables, prônaient par des pseudo-commerciaux promus tel en
l’absence de professionnels gérant l’avenir de leurs unités.
Aussi et au vu de cette petite rétrospective quelle image ou scène touristique dispose t-on en
Tunisie en cette fameuse année 2011 ?
- Un noyau central qui est l’hôtel, et en annexe gravitent autour des activités satellites, ces
mêmes produits qui devaient rehausser ou diversifier le tourisme tunisien ne sont en fait que
des extras offerts aux clients des hôtels.
- Nous avons aussi un métier d’hôtelier qui fait le beau et le mauvais temps du tourisme en
Tunisie. Un hôtelier qui cherche le plus souvent à maximiser son occupation (son objectif
numéro 1 et c'est logique) plutôt qu’à donner plus de valeur aux atouts qu’il a rajouté (les
centres de thalasso, de congres, etc..)
- Des centres de Thalasso, de Congres, des parcours de golf gérés par des hôteliers ou ayant
des participation dans la société qui gère.
- Des étudiants formés dans les écoles de tourisme, en majorité ou le tout tourné vers les
métiers de l’hôtellerie,
- Des Tour Operators offrant à leurs clientèles des séjours hôteliers pas plus
- Une marginalisation de notre patrimoine historique et culturel, qui est méconnu et mal
proposé
- Un office du tourisme véhiculant une image de soleil, mer et famille heureuse profitant du
charme de son séjour (A propos c’est une société en Belgique qui produit tout le matériel
promotionnel pour tous les marchés, et chacun doit décliner dans sa langue, et ceci
indépendamment des besoins des marchés)
- Des agences de voyages qui se trouvent à jouer les seconds rôles, en étant de simple
représentant de certains TO, donc par conséquent au service du TO pour l’hôtellerie.
Est ce qu’on peut parler encore de tourisme ? Soyons honnête avec nous même, nous ne
disposons pas de tourisme, et nous n’avons non plus pas de politique touristique sur le
moyen et le long terme. Aussi et pour faire la révolution de notre tourisme, il faudrait tout
d’abord redéfinir les rôles de chacun, et par la suite élaborer une politique avec des objectifs à
atteindre sur le moyen et le long terme. La Tunisie peut ramener facilement les 10 a 12
millions de touristes, encore faut il procéder a une refonte totale.
23/03/2011
Le monde semblant vaste et les réalités économiques ne s’embarrassant pas toujours de
dimension poétique, les opérateurs touristiques ont bien tenté un repli stratégique vers des
contrées moins hostiles… mais malheureusement ou heureusement, cela s’est avéré
impossible.
En effet, le réalisme arithmétique nous démontre que les 300 000 chambres perdues de la
Tunisie et du Maroc ne se retrouveront pas dans des destinations nouvelles, qui n’ont pas le
début d’une réalité en matière de capacité (le Cap Vert par exemple ne représente qu’un peu
plus de 1000 chambres…). Même constat pour les gros porteurs qui sont déjà surinvesti et
donc n’offrent pas les mêmes caractéristiques de prix, ou encore des destinations injustement
assimilées à un mouvement qui pourtant ne les concerne pas (ex : la Turquie).
Ainsi, un souffle nouveau doit animer l’action de nos grands voyagistes, en résonance au
formidable mouvement d’émancipation des peuples arabes.
Mettre des prix sur des maux fussent-ils sous le vocable de la promo, quand bien même le
tout serait emballé par des bons mots, ne pourra faire oublier les cahots et les sanglots, et dès
lors la seule voix de la raison sera d’accompagner les revendications sans compassion, mais
avec compréhension, négociation et détermination : « contre mauvaise fortune bon cœur »…
Un nouveau modèle plus serein et plus équanime
Les mouvements actuels sont une formidable opportunité pour engager une réflexion sur une
refonte des modèles économiques construisant les offres touristiques des grands acteurs
européens. Il est urgent de repenser et de proposer un nouveau cadre d’organisation plus
propice à transformer les énergies en actions concrètes et positives pour toutes les parties en
présence.
C’est probablement la fin du « soleil à petits prix », souvent réalisé au détriment des
conditions vécues localement pour proposer un nouveau modèle plus serein et plus
équanime. Entre les bons sentiments des uns et l’opportunisme des autres, la situation ne
peut se contenter d’un « on verra bien », peu propice à créer un élan mobilisateur général.
La cause n’est pas entendue, rien n’est définitif puisque pas encore défini et si l’avenir de ces
pays leur appartient, il nous revient de les accompagner sur le chemin de la démocratie et de
la dignité individuelle : investir dans l’humain étant sans nul doute le meilleur des
rendements.
Dès lors, il conviendra d’accepter voire de dépasser les revendications actuelles des
travailleurs de ces pays (15 à 20% de salaire en plus), ce qui représentera une augmentation
des prix des packages n’excédant pas 5%. Le tourisme et les touristes peuvent accepter une
petite augmentation plus juste si on leur fournit une explication où la plus juste répartition
devient un élément de l’équation tarifaire.
Bien sûr, dans l’organisation de cet ordre nouveau, les droits légitimement trouvés (et non re-
trouvés) devraient être associés à des devoirs de productivité et de qualité. Plus d’argent, plus
d’emplois et plus de considération se transformera à coup sûr en plus de services, d’efficacité
et donc de confort pour les clients.
Cette révolution doit servir de point de départ à une évolution du rapport Nord/Sud, et
l’exploitation économique doit faire place à des responsabilités politiques et à un sens du
service touristique, non comme aliénation mais bien comme une source d’émancipation et de
réalisation individuelle prompt à apporter une réponse harmonieuse aux problématiques
actuelles, tant de condition, d’immigration, de formation, et plus généralement de
satisfaction des recevant comme des reçus, garant d’un nouvel équilibre porteur de valeurs
d’avenir où la satisfaction du travail accompli par les populations locales donnera bonne
conscience aux voyageurs de l’argent ainsi bien dépensé.
Jean-Pierre Nadir
La finalité est de tirer l’image de la destination vers le haut. Ceci serait réalisé à travers une
déclinaison régionale d’une part, et la promotion du produit de l’autre, avec en prime une
nouvelle segmentation des marchés. Car, explique le ministre, la segmentation actuelle, par
marchés, par pays, âge, tranche de revenus…n’est plus d’actualité. Si on assure la promotion
du produit golfique, il faut le faire de la même manière aussi bien pour le marché français,
allemand, ou encore anglais.
Le ministre a également insisté sur l vague internet et son importance capitale dans la
promotion. Une vague de laquelle, nous sommes quasi absents.
Dans le même ordre d’idées, Slim Tlatli a annoncé le démarrage prochain de l’étude relative à
la refonte de la politique de marketing, promotion et communication de la destination
Tunisie. Une révision qui devrait consolider, à notre, sens, la remise en question effectuée par
l’étude stratégique sur le développement du tourisme à l’horizon 2016, et la rejoindre en ce
qui concerne la réorganisation du dispositif institutionnel. Une réorganisation dont la tutelle
est profondément consciente.
« Ce qui veut dire, affirme le ministre, qu’on est « invisible sur les marchés émetteurs ». Et,
cela se justifie, à son égard par le manque de budget qui ne permet en aucun cas, de faire des
publicités à la télévision, contrairement à nos concurrents, dont le budget de certains est 5
fois supérieur au nôtre ! Des concurrents qui, il ya quelques années, ajoute le ministre,
étaient derrière nous et de loin.
En effet, au début des années 80, la Tunisie drainait 1,3 million de touristes, contre environ
un million pour l’Egypte et la Turquie. Aujourd’hui, nous en accueillons sept millions
seulement, contre 12,5 millions pour l’Egypte et 27 millions pour la Turquie !!!!
Des chiffres qui se passent de tout commentaire, quant à l’importance capitale d’augmenter
le budget de la promotion du tourisme tunisien, avec une révision « urgente » de la
distribution des rôles.
Néanmoins, il ne suffirait pas de créer de nouvelles agences si on va les gérer avec les mêmes
méthodes actuelles ! Le renouveau devrait aussi, concerner les méthodes de gestion en vue
d’une réactivité rapide, et d’une efficacité garantie….
Ceci étant, les hôteliers et les agences de voyages demeureraient les interlocuteurs privilégiés
de l’administration, car, ils représentent la colonne vertébrale du tourisme, et les premiers
bénéficiaires.
Slim Tlatli avait déclaré, à la Chambre des conseillers, lors de sa première conférence, après
sa nomination à la tête du ministère du Tourisme : « Certes il faut augmenter le budget, mais
pour faire quoi ? Il faut savoir où placer cet argent ? Il nous faut des actions ciblées, claires et
précises ».
Les actions ciblées, claires et précises sont, aujourd’hui, là, et elles auront besoin de
financement pour réussir. Au ministère, maintenant de défendre l’augmentation du budget, à
travers de nouvelles mesures spécifiques, à prévoir, dans la prochaine Loi de Finances.
Le tourisme tunisien connait sa crise la plus grave jamais enregistrée. Depuis les troubles
politiques du début de l'année 2010, l'activité a chuté de moitié et le manque à gagner s'élève
à 280 millions d'euros. Et les réservations pour l'été ne sont guère réconfortantes pour le
pays.
Les 400 000 Tunisiens qui travaillent dans le secteur touristique sont à la peine. La saison
d'hiver a été gâchée et le deuxième semestre, qui habituellement représente 60 à 70% des
recettes annuelles, ne s'annonce pas très bien. Les réservations pour juillet-aout et septembre
sont en baisse de moitié par rapport à 2010.
Les Européens qui constituent la majorité des sept millions de touristes étrangers qui
fréquentent habituellement ce pays font défection mais aussi les Libyens et les Algériens qui
venaient nombreux chaque année en Tunisie. Ainsi par exemple les Britanniques modifient
leur destination de vacances pour cet été. Ils seront, selon les réservations, 30% de moins en
Egypte, 16% de moins en Tunisie.
Que ce soit les craintes liées au printemps arabes ou les conséquences de l'austérité
budgétaire, ils seront en revanche 30% de plus à venir en France cette année. L'Italie et
l'Espagne bénéficient aussi mais dans une moindre mesure de ce recentrage des Britanniques
sur l'Europe.
Tunisie - Baisse de moitié des revenus du tourisme en 2011,
selon Mehdi Houas
Les revenus du tourisme en Tunisie vont baisser de moitié en 2011 pour cause de "révolution
du jasmin", a indiqué, mercredi 15 juin 2011, Mehdi Houas, ministre du Tourisme et du
Commerce, dans une interview accordée à l'agence Reuters.
Mehdi Houas a estimé que le nombre de touristes attendus cette année devrait diminuer à 3,5
millions, contre 7 millions en 2010. Le chiffre d'affaires du secteur (qui représente 6,5% du
produit intérieur brut) devrait ainsi baisser à 1,8 milliard de dinars contre 3,5 milliards en
2010.
«C'est terrible pour l'économie dans son ensemble parce que c'est 50% de nos échanges
extérieurs», a déploré le ministre du Tourisme. «Nous avons beaucoup perdu, surtout si l'on
compare avec ce que nous aurions dû avoir. Je veux que nous revenions au premier plan l'an
prochain», a-t-il ajouté.
La Tunisie a signé, ces dernières semaines, des accords de coopération pour mieux «vendre»
le pays en France (dont 1,4 million de ressortissants prennent chaque année la direction des
côtes tunisiennes), en Espagne ou en Italie.
«Nous allons faire pour la première fois une campagne spécifique pour chaque pays. Nous
avons triplé le budget pour cela», a expliqué le ministre du Tourisme. Ce dernier souhaite
diversifier l'offre, au-delà des forfaits-vacances classiques au bord des plages, en s'orientant
vers l'éco-tourisme, le night-clubbing ou le tourisme haut de gamme.
Mehdi Houas a, par ailleurs, annoncé que les groupes hôteliers Hilton Worldwide et Accor
avaient convenu de reprendre leurs activités dans le pays, suspendues avec la révolution.
D’après Reuters
Le tourisme tunisien traverse une "crise" sans précédent depuis le début de la révolution
tunisienne, en décembre 2010 avec une baisse de moitié de l'activité, a annoncé aujourd'hui
un responsable du secteur.
"Le tourisme traverse sa plus grande crise depuis son instauration en Tunisie", a déclaré
Habib Ammar, directeur l'office national du tourisme tunisien (ONTT).
"Les chiffres sont éloquents, nous avons enregistré un recul de l'activité de 51%, jusqu'au 10
juin. Ce qui représente un manque à gagner de 554 millions de dinars (280 millions
d'euros)", a-t-il ajouté.
En cause, les couvre-feu, les émeutes, l'immigration clandestine vers Lampedusa, énumère le
responsable tunisien. Le tourisme représente 7% du PIB tunisien et emploie quelque
400.000 personnes.
Le marché européen s'est rétracté de plus de moitié (53%) contre 41% pour le marché
maghrébin, essentiellement composé de Libyens et d'Algériens. Le secteur touristique a
connu deux autres crises, selon lui. La première date du début des années 90, quand la guerre
du Golfe a éclaté. La seconde durant l'été 2002, après les événements du 11 septembre et
l'attentat contre la synagogue de la Ghriba, à Djerba.
L'activité s'est réduite d'un quart (26%) après la guerre du Golfe et de 13%, en 2002, selon M.
Ammar. Le directeur a tenu à tempérer ce constat négatif en précisant que le deuxième
semestre représente "60 à 70% des revenus annuels". Les réservations pour l'apogée de la
saison estivale, juillet, août et septembre sont en baisse de moitié (52%) contre 3/4 (70%),
trois mois plus tôt.
06/03/2012
Plus d'un an après la révolution, le secteur du tourisme tunisien se relève avec peine, mis à
terre par la crise la plus grave de son histoire.
Si l'objectif affiché est de retrouver les niveaux atteints en 2010, la Tunisie souhaite en
profiter pour abandonner le modèle du tout-balnéaire, et mise désormais sur l'intérieur des
terres.
Deux millions de touristes en moins, 3.000 emplois supprimés, une baisse de recettes de
33%... Le bilan de la saison touristique 2011 est désastreux. En cause, le sentiment
d'inquiétude diffus provoqué par les révolutions arabes, qui a poussé de nombreux touristes
européens à annuler leurs vacances en Tunisie l'été dernier.
La situation politique est pourtant stable et aucune agression contre des touristes n'a été
rapportée. Malgré une campagne de communication audacieuse, la Tunisie n'est pas
parvenue à sauver la saison touristique l'an dernier. Pas de quoi décourager le nouveau
ministre du Tourisme, Elyes Fakhfakh, qui a récemment effectué une tournée en Europe pour
relancer la destination et annoncé un budget promotionnel de plus de 65 millions de dinars
(33 millions d'euros) en 2012, soit le double de l'an dernier. Son objectif est de remonter cette
année aux niveaux atteints en 2010. L'enjeu est de taille, dans un pays où le secteur du
tourisme est l'un des piliers de l'économie: il représente 7% du PIB et emploie environ 15% de
la population active.
Le bras de fer qu'engage aujourd'hui la Tunisie avec cette crise conjoncturelle s'accompagne
également d'une réflexion en profondeur sur le modèle du secteur tunisien tel qu'il a été
instauré dans les années 1960 sous Habib Bourguiba: un tourisme héliotropique, à 80%
balnéaire. Selon une étude du ministère du Tourisme tunisien publiée en 2009, sur les
239.890 lits que compte le parc hôtelier tunisien, plus de 40% d'entre-eux sont concentrés
rien que sur l'île de Djerba et dans les stations balnéaires de Zarzis, Nabeul et Hammamet.
Monter en gamme
Une des clefs du succès réside également dans un repositionnement de l'hôtellerie.
«Les hôtels quatre et cinq étoiles représentent 40% du parc hôtelier. Beaucoup d'entre-eux
sont aujourd'hui bradés, valent des trois étoiles au Maroc ou en Égypte au niveau prix. Il faut
monter en gamme, développer des produits à haute valeur ajoutée, et surtout éliminer cette
étiquette de tourisme bon marché», estime Abderraouf Tebourbi, directeur général de l'école
supérieure de commerce et de gestion Vatel Tunis.
A rebours du tourisme de masse, des initiatives originales voient le jour. Le Dar El Médina est
le premier hôtel à avoir ouvert ses portes au cœur de la vieille ville de Tunis. Salah
Belhaouane, employé de banque à la retraite, a transformé il y a quelques années la maison
familiale en petit hôtel de luxe. Au début, il s'est lui aussi heurté à l'incompréhension:
«Pour les banquiers, 12 chambres, c'était inconcevable, il fallait faire 500 lits ou pas », se
souvient sa femme, Zeyneb Belhaouane.
Estampillée du label «résidence de charme», cette belle demeure des années 1830 accueille
une clientèle étrangère fortunée, mais a vu son chiffre d'affaires baisser de plus de 80% la
saison dernière.
Investir le web
De plus en plus de touristes organisent aujourd'hui leur séjour via le web, sans passer par une
agence de voyage. Par exemple, 38% des Français, qui continuent de faire partie des
nationalités les plus représentées parmi les touristes qui se rendent en Tunisie, ont réservé
leur voyage en ligne en 2010. La Tunisie continue pourtant aujourd'hui de fonctionner en
grande partie avec les tour-opérateurs.
«On fait encore du tourisme d'il y a 40 ans, parce que les hôteliers tunisiens ne connaissent
pas d'autre forme de commercialisation. On a toujours besoin des tour-opérateurs, mais il ne
faut pas que ça soit un monopole. 60% des hôteliers tunisiens n'ont pas de sites web
dynamiques aujourd'hui, parce qu'ils n'en ont pas eu besoin. Il faut aujourd'hui les pousser à
créer leur site web, afin qu'ils aient accès aux centrales de réservations sur Internet»,
considère Abderraouf Tebourbi.
Ouvrir le ciel
Le grand enjeu de 2012 réside enfin dans l'ouverture du ciel tunisien aux compagnies
aériennes européennes. Les accords d'Open Sky auraient normalement dû être signés en
novembre dernier, mais le ministère du Transport tunisien a préféré reporter les négociations
au premier semestre 2012, au motif que «la conjoncture économique ne permettait pas aux
compagnies tunisiennes de faire face à cette nouvelle concurrence». Si les compagnies low-
cost sont autorisées à investir le ciel tunisien, comme c'est déjà le cas au Maroc ou en Égypte,
la plupart des professionnels du secteur tablent sur une hausse significative et une
diversification de la clientèle touristique. Reste à voir si ce ne sont pas que les destinations
touristiques traditionnelles qui en profiteront.
Annabelle Georgen
Destination soleil située à environ deux heures de vol des principales capitales européennes,
la Tunisie espère attirer 6 millions de touristes en 2012 contre 4,8 en 2011, année marquée
par des troubles consécutifs à la révolution ayant balayé le régime de l’ex président Ben Ali.
«Compte tenu des réservations, nous misons sur six millions de visiteurs pour l'ensemble de
l'année 2012, ce qui représentera un bond de 25% par rapport à 2010», explique Elyes
Fakhfakh, ministre tunisien du Tourisme. Et les ambitions sont très élevées: «nous attendons
un retour à sept millions de touristes, le niveau de 2010, pour l'an prochain. Ensuite, nous
visons un gain d'un million par an jusqu'en 2016 où nous devrions atteindre la barre des 10
millions».
Pour y parvenir, il mise sur un plan global permettant de repenser ce secteur en Tunisie.
«Nous avons les atouts pour sortir de l'image «prix» aujourd'hui liée à la Tunisie», explique
le ministre. Avec plus de 1000 kilomètres de côtes, l'aspect balnéaire restera dominant, mais
l'objectif est d'élargir l'offre avec le développement de «la thalassothérapie, la plaisance, le
golf, la culture ou l'écotourisme». Une montée en gamme qui doit permettre d'accroître les
revenus liés au tourisme dans des proportions bien plus importantes que l'augmentation des
visiteurs. «Nous visons environ 40% de visiteurs en plus entre 2010 et 2016, mais un
doublement du chiffre d'affaires qu'ils génèrent, à 4 milliards d'euros», détaille Elyes
Fakhfakh. Un bol d'air nécessaire compte tenu de l'importance du secteur pour le pays. Le
tourisme et l'artisanat pèsent entre 10 à 11% du produit intérieur brut (PIB) tunisien. Et pas
moins de 14% des emplois. «Lors de la révolution de Jasmin, les Tunisiens ont demandé plus
de liberté et de dignité, ce qui passe par du travail», souligne le ministre. (Avec AFP)
TUNIS (Xinhua) - Avec un nombre de visiteurs dépassant 1,4 million, soit une hausse de
51,8%, les entrées touristiques tunisiennes ont enregistré une "nette amélioration" lors des
quatre premiers mois de cette année, d'après les chiffres publiés mardi à la presse par le
ministère tunisien du Tourisme.
Selon la presse locale, si les chiffres de l'année en cours se font comparés aux niveaux
enregistrés en 2010, le bilan des entrées touristiques ferait état d'une régression de 11,7%.
Pour les recettes touristiques, les revenus en devises ont atteint 696,3 millions de dinars vers
la fin avril 2012 comparés à 519 millions de dinars en 2011 et 747 millions de dinars en 2010.
Les chiffres du ministère du Tourisme ont, toutefois, révélé que les Libyens se maintiennent
"sans surprise" au premier rang des entrées touristiques en Tunisie (634 mille visiteurs)
devançant les Algériens (207 mille visiteurs).
Alors quand, au 31 décembre 2011, la Tunisie affiche une perte de près d'un tiers de ses
touristes par rapport à l'année passée, le discours se veut mobilisateur. "En 2012, la priorité
est de relancer le tourisme. L'enjeu est vital et le gouvernement actuel en est totalement
conscient", lance Elyes Fakhfakh, ministre du Tourisme fraîchement nommé le 24 décembre
2011. Même son de cloche du côté de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) par
l'intermédiaire de son directeur exécutif, Frédéric Pierret : "La Tunisie est un grand pays
touristique et elle se doit de le rester malgré les turbulences de 2011."
Chute libre
Pourtant, malgré de fortes secousses, le crash a été évité. De peu. Car officiellement, le
tourisme au pays du Jasmin a fondu de 30,7 % en 2011. Une diminution vertigineuse à
prendre avec des pincettes. Pour Hosni Djemmali, fondateur du groupe hôtelier Sangho (*),
la réalité est encore pire : "Il y a au moins 50 à 60 % de touristes en moins en Tunisie. Quand
ce n'est pas pire. Sur toute la Tunisie, il y a une centaine d'hôtels qui ont fermé, faute de
touristes. Certains autres survivent comme ils peuvent, mais avec 70 à 80 % de clients en
moins."
Les touristes se font rares, c'est un fait. Mais tout n'est pas si noir au pays du Jasmin. "Ça
commence à repartir ! Il y a une petite étincelle", lâche Hosni Djemmali. Les premiers mois
qui ont suivi la révolution - de février à juin - ont été les plus rudes avec des chiffres (clients,
recettes, taux d'occupation, etc.) au moins divisés par deux. Mais à présent, la tendance
semble s'inverser. Notamment grâce au retour des Français qui représentent plus d'un
touriste sur cinq en 2010 et dont 42 % ont fait défaut en 2011.
"La Tunisie n'a pas changé, il faut que les Français reviennent. Ils ont été très touchés par la
révolution et, du coup, ils ont déserté la Tunisie, car ils avaient peur. Ce sont les islamistes
qui cristallisent les craintes. Pourtant, jamais un hôtel n'a été menacé. Même pendant la
révolution. Jamais un touriste n'a été tué, attaqué ou même blessé, explique Djemmali. Les
islamistes se pavanent, font les intéressants et se déplacent avec des hordes de femmes
voilées. Mais dans les faits, même eux savent à quel point un touriste est précieux. Ce serait
se mettre une balle dans le pied que d'en attaquer un."
Persuader
Même si Elyes Fakhfakh est conscient que le rôle de la religion dans son pays inquiète, il se
veut rassurant : "Le gouvernement d'aujourd'hui n'est pas islamiste, c'est un gouvernement
de coalition. Il n'y aura pas de virage concernant le tourisme tunisien. Il n'est pas question de
revenir sur la typologie habituelle de nos touristes, ni sur leur façon de concevoir leurs
vacances."
En Tunisie, le tourisme est sacré. Au-delà des questions de politique ou de religion, l'objectif
de l'actuel gouvernement, des acteurs du secteur hôtelier et des 350 000 personnes qui y
travaillent est de faire remonter le tourisme au niveau qui était le sien en 2010. Pour cela, le
ministère compte bien miser sur d'autres leviers que les prix. "La généralisation des formules
tout compris a dégradé l'offre touristique. L'ancien régime a fait du tourisme tunisien un
mono-produit concentré sur la plage. Aujourd'hui, 80 % du tourisme est un tourisme
balnéaire. Or la Tunisie, c'est 3 000 ans d'histoire, des sites archéologiques, un désert
magnifique. Et malgré tout, ce tourisme-là est sous-exploité. La Tunisie a un potentiel de
développement énorme en termes de tourisme culturel", souligne Elyes Fakhfakh.
Mais avant cela, l'heure est à la communication. Pour chasser les préjugés et convaincre les
plus septiques. Alain Juppé, chef de la diplomatie française, en déplacement à Tunis début
janvier, a d'ailleurs martelé : "Les touristes français peuvent reprendre en toute tranquillité le
chemin des médinas, des plages et des palmeraies." De quoi se laisser séduire ?
Les touristes reprennent le chemin de la Tunisie, avec une hausse de plus de 50 % des entrées
sur les quatre premiers mois de l'année. La menace que font peser les salafistes plane
néanmoins sur les objectifs du pays d'atteindre 6 millions de touristes en 2012.
La multiplication des coups d'éclat des salafistes ne compromet-elle pas l'objectif ? Le week-
end dernier, des salafistes ont incendié un hôtel, dans le sud du pays. Ils s'étaient targué
jusqu'ici de ne pas s'attaquer à l'industrie touristique. « Ils ont franchi un pas, admet Elyes
Fakhfakh, mais c'est un acte isolé, qui relève davantage d'un problème entre le propriétaire
de l'hôtel visé et les salafistes locaux. » Mi-mai, une centaine d'entre eux avaient envahi
l'aéroport de Tunis-Carthage pour protester contre la décision des autorités tunisiennes de
refouler deux prédicateurs marocains radicaux. Des images d'hommes à la barbe longue et en
tenue militaire qui ne sont pas vraiment de nature à rassurer les voyageurs potentiels...
Faut-il craindre d'autres attaques de sites touristiques ? « Il faut rester vigilant, nous prenons
toutes les mesures de sécurité. Mais, comme partout, il y a toujours un risque d'acte isolé »,
rétorque Elyes Fakhfakh. Cela nuit énormément à l'image de la Tunisie, mais le risque serait
de réduire la Tunisie à ce mouvement. Nous ne sommes pas à Kaboul ! C'est comme si on
réduisait l'Angleterre aux hooligans ! » Sur 11 millions de personnes, le pays compte 7 000 à
8000 salafistes, dont près d'un millier de djihadistes, insiste le ministre, qui entend mener à
bien son plan stratégique.
La Tunisie veut conquérir de nouveaux marchés et séduire les touristes russes, chinois ou du
Moyen-Orient. La libéralisation du ciel entre Europe et Tunisie devrait, dès 2013, permettre
l'arrivée de compagnies low cost sur certaines liaisons aériennes. Elyes Fakhfakh entend
aussi « rééquilibrer l'offre tunisienne vers un produit individualisé ». Une réforme qui passe
par la révision du code d'incitation à l'investissement touristique, en cours depuis avril, et qui
va, promet-il, « changer l'esprit du tourisme tunisien ». En développant notamment les
régions intérieures du pays, « au patrimoine très important mais méconnu ».
Encore faut-il rassurer les investisseurs. « Les intentions d'investissement sont là, on sent
une accélération dans le passage de l'intention à la démarche, glisse Elyes Fakhfakh mais
l'investisseur attend d'être rassuré à 100 % avant de se lancer ». Le Qatar a été le premier à
s'engager sur deux très gros projets. La branche d'investissement immobilier et hôtelier du
fonds souverain, Qatari Diar, en a signé deux, à Tozeur, dans le désert tunisien, et à Mahdia,
sur la côte Est. D'autres investisseurs sont sur le point de le faire, à Gabès, Bizerte ou Djerba.
Paris a bien compris le besoin de la Tunisie de voir son tourisme repartir. Il faut dire que
pour l'économie tunisienne, l'arrivée d'étrangers est quasiment vitale (7% de son PIB et
environ 400.000 emplois). Résultat, les plus hautes autorités françaises n'hésitent pas à
appeler les Français à traverser la Méditerranée vers les rivages tunisiens. Les Français
étaient en effet avant la révolution parmi les touristes les plus nombreux à se rendre en
Tunisie.
François Hollande s'est quasiment transformé en agent de voyages en affirmant en avril 2014
: «Si nous pouvons aussi envoyer un message à tous ceux qui veulent visiter la Tunisie, qu’ils
y viennent nombreux, car c’est un pays hospitalier, accueillant, beau et démocratique.»
Quelques jours plus tard, lors d’une conférence de presse, Laurent Fabius jouait lui les GO
(gentil organisateur) lançant : «J’ai décidé de passer mes congés d’été en Tunisie.»
Alors que la Tunisie était en pleines turbulences politiques après la chute du clan Ben Ali, le
magazine Tunisie Plus avait lancé un appel : «Cet été, je vais en Tunisie» pour tenter de
valoriser l'image de son pays. Aujourd'hui, le responsable du magazine, qui est aussi
opérateur de tourisme en Tunisie, relance son appel «afin que 2014 soit l'année de la relance
touristique, indispensable à la reprise économique qui consolidera l'instauration de la
démocratie en Tunisie, pays que nous aimons tant et qui nous est si proche».
En tout état de cause, il a assuré que les Tunisiens seraient «heureux d'accueillir» le ministre
français des Affaires étrangères qui a promis d'y passer une partie de ses vacances. «Nous
comptons énormément sur nos amis tunisiens, nous sommes à leurs côtés et d'ailleurs, là
c'est plutôt anecdotique, mais pour encourager les choses j'ai dit, et je le ferai, que je passerai
une partie de mes vacances en Tunisie», avait alors indiqué Laurent Fabius. «Je pense qu'il
faut aussi montrer l'exemple et en plus c'est un exemple agréable», avait-il ajouté.
Les chiffres 2013 le montraient : le nombre de nuitées touristiques avait baissé entre 2010 et
2013 de plus de 15% (de 35,5 millions de nuitées à 30 millions).
Si en France, on estime que «la Tunisie confirme son retour parmi les destinations moyen
courrier les plus prisées» par les Français, selon le baromètre mensuel réalisé par le Syndicat
national des agences de voyage (SNAV) en France, en Tunisie, on reste plus prudent. Par
rapport à 2010, la France affiche une baisse de 44,8%, en terme d'entrées touristiques sur le
territoire tunisien. Pourtant, par rapport aux mauvais résultats des années qui ont suivi la
révolution, les chiffres 2014 montrent un léger mieux. Le ministère du Tourisme estime que
les recettes ont progressé au premier trimestre de 2,7% par rapport à 2013 et de 1,8% par
rapport à 2010 (avant la révolution). En revanche, le niveau des entrées n’a toujours pas
retrouvé son score de 2010. La nouvelle ministre du Tourisme Amel Karboul a ainsi jugé fin
mars que la Tunisie était aujourd'hui «déjà plus sûre» et que «les marchés commençaient à
frémir».
Reste à savoir si les Français vont suivre leur ministre des Affaires étrangères dans la casbah
de Tunis ou sur les plages de Djerba et reste à savoir si Laurent Fabius reprendra le slogan :
«Aider la Tunisie, c'est y aller, aimer la Tunisie c'est y retourner»...
Quand Mme Amel Karboul a été nommée à la tête du ministère du Tourisme, nous étions en
plein optimisme notamment avec l’adoption de la nouvelle constitution et la formation d’un
nouveau gouvernement qui avaient suscité un élan de sympathie à travers le monde. Nous
aurions préféré exploité cet élan sachant qu’on a commencé, à partir de ce moment, à parler
de quelques défaillances qui entachent le bon déroulement de la saison.
Comme point de départ, nous avons évoqué le volet environnemental. On a parlé avec le
ministère de l’Intérieur qui a pris les mesures nécessaires pour y faire face. Des séances de
formation ont été dispensées aux agents de sécurité travaillant dans les unités hôtelières.
Ajoutons à cela l’acquisition d’équipements pour assurer la surveillance de ces unités. Il est
vrai que certains hôteliers n’ont pas complété ce matériel, mais ils sont en train de
sensibiliser leurs employés.
En dehors de tout cela, la sécurité dans le pays connaît, ces derniers temps, un recul
inquiétant et qui était malheureusement rapporté par plusieurs médias étrangers. C’est un
élément qui ne peut que freiner le développement du secteur.
De toutes les façons, nous avons relevé, depuis fin avril, un fléchissement des arrivées et des
réservations. On a eu aussi pendant le mois de mai quelques annulations à l’instar de la
Pologne dont les autorités ont déconseillé à leurs ressortissants de ne pas visiter la Tunisie.
C’est un handicap majeur, et des charters ont même été annulés.
Vous parlez d’un fléchissement à un moment Amel Karboul a misé sur l’entrée
de 7 millions de touristes ?
C’était l’objectif du gouvernement au début de l’année. Il faut dire qu’à ce moment-là, toutes
les prémices sont favorables pour rendre cet objectif réalisable. Mais avec l’insécurité et les
tiraillements politiques, on doit se résigner à reconnaître qu’il y a des éléments qui entravent
la relance du tourisme.
En juin, on devrait avoir un remplissage très intéressant puisque le mois de mai était très
mauvais. La moyenne de réservation n’est qu’à 50% de la capacité alors qu’au mois du juillet,
le nombre va certainement évoluer.
Le seul espoir d’augmenter les chiffres réside dans les deux mois de septembre et d’octobre.
Pour le moment, on n’a pas encore d’indication précise, mais on attend une réaction positive
de la part des tour-opérateurs.
C’est vrai, Amel Karboul, au début, a espéré avoir une très bonne année, mais elle n’a pas
réalisé qu’il avait des éléments qui risqueraient de gêner ce développement. On a continué à
parler d’une année intéressante ou exceptionnelle. Ce n’est pas vrai et les réalisations sont
négatives en mai et les perspectives sont beaucoup moins bonnes.
Nous avons mis l’accent sur ce point. D’ailleurs, une réunion a eu lieu récemment au siège du
ministère au cours de laquelle plusieurs questions ont été soulevées. Malheureusement, on
est en retard et la campagne de nettoyage devait se terminer au mois de mai.
Nous demandons de faciliter la trésorerie pour essayer de mettre à niveau les équipements et
les installations des établissements hôteliers, de mieux s’approvisionner et ce, pour mieux
accueillir les clients. Cette trésorerie tarde à venir, mais nous continuons à la demander.
Heureusement, la ministre nous a assuré que des réunions ont eu lieu avec les responsables
du métier pour trouver une solution.
Il est à rappeler que le taux de l’endettement s’est élevé à 3414 millions de dinars sachant
qu’une partie de ce montant est payé régulièrement par les hôtels, soit 40% du taux global. Il
y a des hôteliers qui payent partiellement leurs dettes. Mais, une partie de ce montant estimé
à 800 millions de dinars n’était pas payée. Il ya aussi la taxe sur la nuitée qui serait imposée à
partir d’octobre prochain. Nous sommes sérieusement contre cette taxe, car on impose à
l’hôtelier une récupération d’une taxe qui n’est pas la sienne. Un autre souci est lié à la
clientèle algérienne et libyenne qui ne payent pas et qui consomment beaucoup sur la caisse
de compensation, alors que les recettes de ces taxes sont destinées à la promotion et la
diminution de poids de la caisse de compensation.
Pour ce faire, nous avons proposé un payement de dix euros à l’arrivé au point de frontière et
on a déjà donné les moyens pratiques pour recevoir cet argent. Cette formule générerait le
double de la recette sur les premiers hôtels.
Wiem Thebti
Rien qu'en 2013, 43 fermetures définitives et 28 fermetures saisonnières ont été dénombrées
dans les deux zones touristiques très prisées de Nabeul et Hammamet, selon les
commissariats du tourisme dans ces régions.
Pour la région de Sousse ce sont près de 23 hôtels, d'une capacité globale d'environ cinq mille
lits, qui ont été fermés.
Ces fermetures ont été décidées suite à une régression notable (33%) du nombre de touristes,
notamment français.
Dans une interview accordée à la TAP, Radhouane Ben Salah, président de la Fédération
Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH) a évoqué les principales priorités auxquelles va devoir
s'attaquer le ministère de tutelle.
Evoquant les difficultés financières qui pèsent lourdement sur l'activité hôtelière, M. Ben
Salah a expliqué que le coût de la nuitée a augmenté de 20% en une année, alors que les prix
de vente sont restés les mêmes, "ce qui a engendré des résultats d'exploitation très faibles et
provoqué une détérioration de la situation financière des hôtels".
Il a aussi cité le problème de l'endettement qui touche entre 140 et 160 hôtels en Tunisie et
dont le volume est estimé à environ 3900 millions de dinars (MD).
"Il s'agit pour la plupart (3400MD) de dettes structurelles qui remontent à la période d'avant
la révolution", a-t-il ajouté.
Il a fait savoir que le ministère de Finances envisage de réviser cette taxation à la baisse pour
la situer entre 7 et 9%.
Concernant le projet de création d'une structure de gestion des actifs hôteliers qui est en
cours de discussion entre les acteurs de la profession, la Banque Centrale et le ministère de
Finances, M. Ben Salah a jugé qu'il permettra de résoudre le problème d'endettement du
secteur.
"Cette structure se chargera du rachat des crédits des hôtels auprès des banques pour les re-
proposer ensuite aux hôteliers avec la possibilité d'un paiement sur une longue durée, soit de
20 à 25 ans et avec des conditions avantageuses", a-t-il développé.
S'agissant de la nouvelle taxation de nuitées (loi de Finances 2014), variant selon les
catégories des hôtels et dont l'entrée en application est prévue pour octobre 2014, il a affirmé
que la fédération va suggérer, dans la loi de Finances complémentaire, une taxation
alternative à appliquer sur les entrées au niveau des frontières et des aéroports.
Il a estimé les recettes de cette taxation (des entrées) à plus 120 MD/an, soit le double de
recettes prévues par la taxation sur les nuitées (60 MD/an), si elle est fixée à 10 euros par
personne uniquement (environs 22 dinars).
De même, l'abandon de la taxation sur les nuitées permettra "d'éviter la taxation des clients
tunisiens et d'épargner à l'hôtelier la gestion de ce dossier un peu délicat", a-t-il dit.
Pour ce qui est des retombées de la dépréciation du dinar (faiblesse des recettes), M. Ben
Salah a appelé l'Etat à intervenir pour exiger "des contrats en devises et non en dinar" entre
les hôteliers et les tours opérateurs étrangers.
Cette démarche a déjà montré ses avantages pour des destinations concurrentes, telles que la
Turquie, l'Egypte, le Maroc, a-t-il dit, relevant qu'elle permettra aux hôteliers de maintenir
un niveau raisonnable de recettes, quelles que soient les fluctuations de change.
Le président de la FTH a mis l'accent, aussi, sur la nécessité de diversifier les opérations de
marketing et de commercialisation aussi bien via les tours opérateurs que via Internet.
"La réservation via Internet peut aller jusqu'à plus de 25% du total des réservations dans
certains marchés touristiques, alors qu'en Tunisie elle demeure dérisoire", a commenté le
responsable.
D'après lui, les hôteliers tunisiens doivent aussi penser à enrichir et diversifier leurs produits
et à investir dans de nouveaux créneaux et de nouveaux modes d'hébergement (hôtels de
charme, camping…).
Evoquant les dépenses des touristes, le responsable a fait savoir que les dépenses extra-
hôtelières ne représentent que 10% du total des dépenses des touristes, alors que celles-ci
dépassent le seuil de 50% dans d'autres pays.
Il a ainsi appelé à développer des espaces d'animation, des boutiques artisanales et des
restaurants dans diverses régions touristiques du pays, pour inciter les touristes à sortir des
hôtels et dépenser plus.
Une année 2014 qui s'annonce bonne
Toutefois, le président de la FTH n'a pas perdu son optimisme, estimant que pour 2014, les
indicateurs vont renouer avec leur niveau de 2010 et qu'ils s'amélioreront davantage dans les
années à venir.
Pour lui, l'adoption de la Constitution et la mise en place d'un nouveau gouvernement sont
des messages positifs qui contribueront à un regain de confiance en la Tunisie de la part des
tours opérateurs, lesquels "vont réagir favorablement".
Le nombre des entrées touristiques a en effet atteint durant le mois de janvier 2014 les
340.377 personnes soit une augmentation de 22% par rapport à la même période en 2013 et
de 2,2% par rapport à 2010.
Selon les statistiques du département du Tourisme (Direction des études), les maghrébins
représentent 80% du total de ces entrées, dont 3/4 sont des Libyens. Par rapport à 2010, leur
nombre a évolué de 20%.
Le nombre des touristes européens qui visitent la Tunisie (18% des entrées totales) a baissé,
en janvier 2014, de 37,7% par rapport à janvier 2010. Il s'agit notamment des français, dont
le nombre a régressé de 45%, les italiens de 39,5% et les anglais de 26%.
Les premières statistiques pour l'année 2014 semblent ainsi donner, en partie, raison au
président la FTH.
« Le plus dramatique, reprend René-Marc Chikli, c’est qu’il n’y a désormais plus aucune
réservation nouvelle pour la Tunisie. Tout le marché de la dernière minute est fichu. » Déjà,
avant l’attentat de Port-El-Kantaoui, ces mêmes réservations pour la Tunisie depuis la France
affichaient un fort retard (– 37,7 %, comparé à mai 2014), toujours selon le Seto. Les données
des agences de voyages françaises n’étaient pas plus réjouissantes : la Tunisie avait
enregistré, entre janvier et mai, une baisse cumulée de 40 % des réservations en nombre de
passagers, et de 42 % en volume d’affaires.
René-Marc Chikli proteste contre ce comportement de « peur généralisée ». « Et, en France,
on ne risque rien ? », interroge-t-il. Il déplore que le « rejet de ces destinations (les pays
musulmans, NDLR) par les Français » s’étende maintenant à l’ensemble des pays européens.
Jusqu’ici, Allemands et Britanniques, notamment, poursuivaient leurs séjours dans les pays
musulmans. Désormais, alors qu’une vingtaine de Britanniques ont été tués à Sousse, et au
moins deux Allemands, avec de nombreux blessés, ils refluent à leur tour.
« Les chiffres de fréquentation avaient baissé après l’attentat de mars mais s’étaient rétablis.
La demande qui reprenait pour la Tunisie a de nouveau été réduite d’un coup à néant »,
regrette le porte-parole de Der Touristik, numéro deux allemand du tourisme, cité par l’AFP.
Même tendance au Royaume-Uni où l’association des tour-opérateurs (Abta) pronostique «
un impact net sur le nombre de touristes se rendant en Tunisie ».
« C’est un coup dur pour tout le monde, insiste Anis Meghirbi, directeur commercial du
groupe hôtelier tunisien Seabel. Nous sommes au début de la très haute saison touristique –
juillet, août, septembre – qui, d’habitude, assure 50 % de la fréquentation et des recettes
annuelles. Cela aura des conséquences pour nos entreprises mais aussi plus largement au
plan macro-économique. »
« Si le secteur du tourisme s’écroule, l’économie s’écroule », prévient Selma Elloumi Rekik, la
ministre du tourisme de la Tunisie. Selon elle, l’attentat de Sousse pourrait faire perdre plus
de 450 millions d’euros en 2015 à la Tunisie. Dans ce pays où le tourisme emploie
directement et indirectement plus de 400 000 personnes et assure près de 7 % du PIB, c’est
une catastrophe.
« Avec deux attentats à la suite, la Tunisie va devoir trouver autre chose qu’une campagne de
communication classique et une relance par la baisse des prix », observe de son côté René-
Marc Chikli. « La seule chose qui puisse sauver la Tunisie, c’est un plan de sécurisation des
sites touristiques qui devra durer des années et demandera des moyens sérieux », assure-t-il.
Il ajoute : « Les Tunisiens ont besoin d’aide et de coopération. La France a un rôle à jouer. Si
l’Europe ne fait rien, les États-Unis le feront. »
En écho, Anis Meghirbi affiche son exaspération : « Au nom des droits de l’homme, il y a eu
trop de laxisme. Comment un terroriste peut-il tirer pendant 35 minutes avant d’être arrêté ?
La question ne relève plus du camp des professionnels mais de celui des ministères de
l’intérieur et de la défense. Il faut des mesures d’envergure, choquantes peut-être – pourquoi
pas l’armée sur les sites touristiques ? – pour rassurer les touristes, les gouvernements
étrangers mais aussi les Tunisiens. Il y en a vraiment marre ! »
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Six pays vont en profiter
PAULA BOYER