Urbanisme

5eme année architecture classique – 2010 / 2011

Enseignante : BOUKHABLA Moufida

Cours N°6
Analyse d’un site pour l’implantation d’un projet et synthèse des
données :

A – Délimitation de l’aire d’étude :

Toute analyse d’un site pour l’implantation d’un projet doit commencer par
l’identification de ses limites ; il est bien entendu que les critères de délimitation
possibles sont multiples ; on citera : une route, un quartier, une zone d’habitat,
d’équipements,…
Cette analyse doit passer par la lecture exhaustive de 2 contextes différents :
- Le contexte physique,
- Le contexte politique.

B – analyse du contexte physique :

A son tour, le contexte physique regroupe 3 éléments d’analyse fondamentaux :
- Le milieu biophysique,
- Le milieu bâti,
- Le contexte visuel.

I. Analyse du milieu biophysique :

Elle consiste en l’analyse des caractéristiques naturelles du site ; l’objectif est d’en
dégager :
- Les contraintes ou inconvénients,
- Les potentialités ou atouts.
Ces éléments sont : le climat, la géologie, les sols, la configuration du terrain et la
végétation.

1- Le climat :
a- L’ensoleillement :
- analyse à faire : effectué des observations climatologiques représentées par
des abaques pour en dégager la hauteur et l’azimut du soleil ce qui permettrait
de déterminer la « durée » et l’ « intensité » de l’insolation des façades selon
leur orientation et l’heure de la journée.
- impact de cette étude sur la planification spatiale : la portée
opérationnelle de l’analyse de l’ensoleillement est :
*l’orientation des tracés des rues et des façades selon la latitude et la chaleur,
*la détermination du rapport entre hauteur des constructions et largeur de rue
ou de cour.

b- les températures :
- analyse à faire : par observations climatologiques.
- impact pour la planification : préconisé des solutions urbaines ou
architecturales dans le cas des climats extrêmes telles que :
*une forte densité du cadre bâti,
*une végétation abondante,…

c- les vents :

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-analyse à faire : par observations climatologiques ; il s’agira de déterminer la

direction des vents dominants selon les saisons et l’intensité de leur violence.
-impact pour la planification : cette analyse permettre de :
*éviter les émanations pouvant provenir de zones de nuisances telles que les
zones industrielles, les décharges contrôlées,…
*assurer une bonne ventilation des espaces urbains (vents frais).
*éviter les vents violents dans l’orientation des rues ou par la création d’écrans
végétaux ou autres.

d- La pluviométrie : par observations climatologiques.

- analyse à faire : identifier :
*le réseau de drainage de surface : lacs, rivières, marais, ruisseaux,…
*les eaux de percolation,
*les glissements de terrain ou érosions pouvant être causés par l’action de l’eau
sur des sols particuliers ou à forte pente.
- impact pour la planification : diminuer ou éliminer les risques d’érosion par
l’utilisation d’une végétation appropriée ou la construction de terrasses,…

2- La géologie, l’hydrogéologie :
C’est l’étude de la nature et de la formation des roches qui constituent le support d’un
site ;
- analyse à faire : dégager des caractéristiques du site :
*la résistance à la compression et donc la contrainte admissible ;
*la perméabilité ainsi que la porosité du sol (marnes calcaires) ;
*les capacités de drainage du site.
- impact pour la planification : cette analyse permettra de :
*dégager la nature et les dimensions des fondations (semelles isolées, filantes,
radier général,…)
*éviter les constructions lourdes sur des terrains glissants,
*évaluer la difficulté des terrassements (déblais, remblais) selon la nature du sol,
Identifier les risques d’inondations et les zones inondables,
*intégrer le réseau hydrologique dans l’aménagement urbain tel que la création de
plans d’eau, l’enrichissement du paysage végétal,…

3- La consistance du sol :
-analyse à faire :
*classer les sols selon leur consistance qui se fait conformément aux critères
de la loi 90-25 portantes orientations foncières (articles 3 à 22),
*déterminer les usages actuels et les vocations possibles.
-impact pour la planification : possibilité d’avoir un classement des sols selon
leurs usages et leurs vocations ; on déterminera alors :
*les terres agricoles à haute et moyenne potentialités,
*les terres urbanisées et urbanisables,
*les périmètres et sites protégés (pour des raisons culturelles, touristiques, de
préservation et protection de la faune et de la flore.

4- La sismicité :
- analyse à faire : opérer un classement zonal selon l’intensité de risques
sismiques.

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- impact pour la planification : précautions à prendre en matière de

construction.

5- La configuration du terrain :
C’est la topographie qui détermine la configuration du terrain grâce à la lecture de
plans topographiques c'est-à-dire que les points de même altitude sont reliés entre eux
pour former les lignes de contours topographiques ou courbes de niveau.
- analyse à faire : déterminer les différentes déclivités de la zone d’étude pour
évaluer les difficultés économiques d’urbanisation ; on dégagera alors :
*les zones d’urbanisation facile et à moindre coût : ce sont les zones de pente
inférieure à 5% (P<5%),
*les zones d’urbanisation possible mais coûteuse dont la pente varie entre 5% et
15%
*les zones non urbanisables ou chèrement urbanisables dont la pente est
supérieure à 20%
- impact pour la planification : la configuration du site a, incontestablement,
une influence sur :
*la structure visuelle du site en :
-dégageant ou en obstruant la vue,
-exposant ou en cachant l’édifice.
*le tracé des voies d’accès naturel ou possibles et donc sur les divers réseaux,
*la formation d’un microclimat,
*la forme du ou des bâtiments jusqu’aux circulations internes,
*le degré d’ensoleillement recherché (bonne exposition au rayonnement solaire),
*le système d’évacuation des eaux de ruissellement,
*des aménagements particuliers à faire tels que la réalisation de murs de
soutènement,…

6- La végétation :
Les plantes ayant de multiples fonctions telles que :
*leur contribution à la formation d’un microclimat et à la création de zones
ombragées ce qui réduit l’effet d’exposition au rayonnement,
*l’absorption de l’humidité du sol et des bruits indésirables (écran sonore),
*la stabilisation de la température de l’air et la purification atmosphérique ce qui
limite la pollution,
*le ralentissement des effets du vent ce qui réduirait l’érosion éolienne et atténuerait
le refroidissement des façades.
- analyse à faire : exploitation de la carte de la couverture végétale.
- impact pour la planification :
*déterminer les espaces boisés à préserver et surtout à inclure dans
l’aménagement urbain tels que :
- les coulées vertes,
- les parcs et jardins,
- la ceinture verte,
*examiner les possibilités de constituer un système d’espaces verts
(park.system) à partir de l’existant et qui peut être complété.

7- Les potentialités agricoles :

- analyse à faire : établir le classement des terres selon leur potentialité agricole.

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- impact pour la planification : la limitation des droits de construire sur les terres
à hautes potentialités agricoles.

II. Analyse du milieu bâti :

1-structure de la propriété (ou statut juridique)

- analyse à faire : classer les propriétés selon les 3 catégories juridiques
reconnues par la loi à savoir :
*biens domaniaux ou du domaine national (état, wilaya ou commune),
*biens privés (milks) : possibilité d’expropriation,
*biens wakfs : ce sont des biens inaliénables selon la loi islamique et donc
exclus du marché foncier et des procédures foncières.
- impact pour la planification :
*évaluer la difficulté plus ou moins grande des opérations d’expropriation,
*connaitre le patrimoine foncier communal et la richesse foncière de la
commune pour la programmation spatiale de futurs projets.

2-contexte légal : par le contexte légal, on définit l’ensemble des droits,

permissions, interdictions et limitations qui déterminent un site aussi sûrement
que ses caractéristiques physiques.
- analyse à faire : déterminer le caractère de la zone, son cos, ses hauteurs,
ses alignements, ses accès, ses traitements de façades,…
- impact pour la planification : créer des zones homogènes et
réglementées

3- contexte sociologique :
- analyse à faire : définir le milieu social environnant à savoir :
*la proximité des services urbains : écoles, espaces verts, magasins, centres
de santé,…
*la qualité de ces services,
*leur importance.
- impact pour la planification :
*décider de l’emplacement des pôles d’attraction et des sources de
nuisance,
*décider de la qualité du voisinage et des coûts de loyers.

4-constructions avoisinantes :
- analyse à faire :
*prendre en considération les constructions existant sur le site même et
dans le voisinage,
*tenir compte pour les constructions sur le site :
-des connections de circulation,
-des raccordements physiques,
-des rapports de masse,
-des matériaux utilisés,…
- impact pour la planification : créer un ensemble spatial intégré et
attrayant.

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5- les circulations :
- analyse à faire : tenir compte, dans le cadre du développement d’un
projet :
*des réseaux de circulation existants et à développer :
Chemins piétonniers et chaussées véhiculaires,
*de leur relation avec le réseau urbain environnant,
*des réseaux de communication : stations de taxis, arrêts d’autobus, gares,
les sens de circulation,…
- impact pour la planification : les informations recueillies permettront
d’établir :
*le réseau de circulation interne sur le terrain,
*L’emplacement judicieux de l’accès des véhicules,
*Les lieux privilégiés de détente ou de jeu,
*Les chemins piétonniers protègent de la circulation automobile.

6- les infrastructures :
- analyse à faire : identifier les réseaux suivants :
*les lignes électriques aériennes et souterraines,
*les lignes téléphoniques suspendues ou enfouies,
*les conduites de gaz souterraines,
*les conduites d’évacuation des eaux usées ou égouts,
*les conduites d’alimentation en eau potable.
- impact pour la planification : permettre à la construction d’être habitable
et opérationnelle.

III. Analyse du contexte visuel :

Les facteurs ci-dessus exposés sont très concrets contrairement à la réaction
visuelle à certain éléments du site qui est beaucoup plus abstraite. Néanmoins, il
existe un vocabulaire et un ensemble de méthodes permettant de communiquer les
sensations visuelles.
- analyse à faire :
*identifier les endroits desquels on a une vue attrayante ou panoramique,
*déterminer les vues particulièrement inesthétiques pour une meilleure
coordination entre utilisation du site et conception des bâtiments,
*dégager les unités visuelles dans le cas de site très vaste,
*identifier les éléments visibles de loin pour en faire des points de repère,
*identifier les discontinuités visuelles dans l’environnement pour en faire
des limites entre des unités de paysage.
- impact pour la planification :
*possibilité d’exploiter les vues intéressantes et de restreindre l’effet des
points de vues inesthétiques en localisant de manière appropriée les ouvertures et les
espaces extérieurs ainsi que les aménagements paysagers ou les barrières ouvertures
et les espaces extérieurs ainsi que les aménagements paysagers ou les barrières
artificielles,
*renforcement de la structure visuelle d’un paysage en :
-mettant en valeur les points de repère,
-aménageant les dégagements sur les voies publiques,
-contrôlant les points de vue et l’intégration visuelle d’un édifice à son
environnement.

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B- Analyse du contexte politique :

La règlementation, dans le secteur de l’urbanisme et de la construction, cherche à
assurer :
-la protection de l’environnement bâti et, dans une certaine mesure, celle de
l’environnement naturel ;
-l’ordonnancement, la sécurité et la salubrité des ensembles urbains ;
-la sécurité et la salubrité des bâtiments.
Théoriquement, la création d’un nouveau morceau de la ville ou celle d’un nouvel
édifice doit s’inscrire dans le cadre d’un plan directeur d’aménagement et
d’urbanisme (appelé P.D.A.U) servant à guider l’évolution d’une ville ou dans le
cadre d’un plan d’occupation des sols (P.O.S) qui fixe les contraintes urbaines à
respecter.
Le P.D.A.U et le P.O.S sont deux (2) instruments d’urbanisme qu’il s’agira de
consulter et de respecter dans toute conception architecturale ou urbanistique nouvelle
notamment en ce qui concerne :
- Les destinations fonctionnelles des zones d’étude : industrielle, commerciale,
résidentielle, espaces verts et de loisirs…
- La préservation du patrimoine architectural et urbain, espaces verts ou boisés,
- L’alignement des constructions, leurs gabarits, leurs accès à la voie public,
- Le traitement d’angle des constructions
- Les servitudes,
- Les mitoyennetés,…
C’est pourquoi une connaissance du contexte politique et une analyse exhaustive des
instruments d’urbanisme de la ville considérée sont un préalable à toute intervention
urbaine ou architecturale.