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Dossier

État des lieux de la dématérialisation

Les avantages et risques


liés à la dématérialisation
La dématérialisation présente certes des avantages non négligeables. Néanmoins, des difficultés techniques ou des
erreurs humaines peuvent survenir. Quels sont les avantages et les risques de la dématérialisation dans le cadre des
différentes procédures, des échanges en cours d’exécution, et de l’accès aux données ?

F
ace à l’augmentation des tâches administratives des
bureaux des marchés et des volumes des documents
générés durant la passation et l’exécution des contrats,
la dématérialisation des procédures de consultation, de
l’exécution, et de la conservation temporaire voire définitive
des marchés publics et accords-cadres devient une réponse
technique de plus en plus opérationnelle.
La dématérialisation présente de forts avantages et de
moins en moins de risques. Néanmoins, la dématéria-
lisation de bout en bout, qui est l’objectif désormais à
atteindre dans le cadre de la réforme de la commande
publique, n’est pas à l’abri de difficultés techniques ou
d’erreurs humaines. L’informatique n’est qu’un outil
d’aide qui nécessite toujours la vigilance et le discerne-
ment de chaque intervenant autorisé dans le processus
­dématérialisé d’un projet de la commande publique.
L’ordonnance n° 2015-899 du 23 juillet 2015(1) et le décret
n°  2016-360 du 25 mars 2016(2) édictent notamment les
règles relatives à la dématérialisation tout en faisant réfé-
rence à des textes contenant des dispositions en matière de
dématérialisation. Ces textes font basculer définitivement
les acteurs de la commande publique dans l’univers de la
dématérialisation. Ces textes sont complétés par plusieurs
guides émanant des pouvoirs publics et d’instances repré-
sentatives de fournisseurs. Le Guide de la «  dématériali-
sation des marchés publics » de la DAJ dans sa dernière
version(3) explicite la mise en œuvre de la dématériali-
Marlyne George sation dans le cadre de la procédure de consultation et
Juriste associée du Cabinet TPC, ancienne directrice dans le cadre des paiements avec référence au Référen-
de missions de conseils dans le domaine de l’énergie tiel Général de Sécurité (RGS)(4) et au Référentiel Général
pour des Clients publics et privés et ancienne Responsable
de service marchés
Didier Adda
Conseil en propriété industrielle (juriste), ancien acheteur
(1)  Section 3 Communications électroniques, art. 46 § 1.
public intervenant principalement dans le domaine des TIC,
de l’innovation technologique et de la maintenance (2)  Art. 31, 32, 36, 40, 41, 42, 49, 53, 67, 70, 72, 81, 82, 84, 85, 86, 87,
d’installations techniques. 101, 102, 105, 106, 107, 127.
(3)  Dématérialisation des marchés publics guide pratique version
2.0 – 2012.
Mots clés (4)  Arrêté du 13 juin 2014 (NOR : PRMD1413745A), portant appro-
bation du référentiel général de sécurité et précisant les modalités
AAPC • Dépouillement des candidatures • Documents de mise en œuvre de la procédure de validation des certificats
financiers • Documents techniques • Open data • Règlement électroniques modifié pour la période transitoire par un arrêté du
de consultation 10 juin 2015 (NOR : PRMD1513894A).

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État des lieux de la dématérialisation

d’Interopérabilité (RGI)(5). Le Guide d’aide à la passation Dématérialisation des procédures


des marchés publics dématérialisés, publié par l’OECP(6),
offre une approche pragmatique de dématérialisation. Le Les règles de base sont instaurées désormais dans le
Guide d’accompagnement des entreprises à la dématé- décret n° 2016-360. Les événements d’une procédure, de
rialisation des marchés publics du Medef(7) complète les l’envoi de l’avis jusqu’à la notification, s’effectueront de
deux premiers Guides cités. La mise à jour de ces Guides façon totalement dématérialisée à terme de bout en bout
devrait permettre de compléter les conseils aux Acheteurs à condition que les outils informatiques en la matière
et aux Opérateurs économiques désireux de participer soient interopérables et complétement opérationnels
à des consultations. Leur mise à jour devrait prendre en chez les entités acheteuses. Un tel niveau futur de flux
compte le futur Plan National de Dématérialisation de la immatériel n’interdira nullement aux intervenants auto-
Commande publique qui a fait objet d’une consultation risés d’imprimer des copies papier non pour « rematéria-
en 2015(8). Selon la DAJ, ce plan sera «  un plan d’action liser » les documents mais uniquement pour les analyser.
national propre à permettre dans les meilleures conditions L’AAPC et/ou le règlement de consultation, doit(vent)
la dématérialisation des marchés publics et à favoriser désormais édicter des règles de bonne gestion des
le développement des usages du numérique autour de la dépôts des candidatures, si la procédure le nécessite, et
commande publique »(9). des offres ainsi que des règles de gestion des incidents
En parallèle, des plateformes de dématérialisation dans le respect de la législation et de la réglementation
vont plus loin que les spécifications formulées dans le en vigueur, tout en tenant compte des recommandations
Guide de dématérialisation en permettant d’assurer des édictées dans les guides relatifs à la dématérialisation.
échanges dans le cadre de l’exécution des marchés et des L’introduction de telles règles, dès la publication(11),
accords-cadres. De même, des services en ligne assu- devrait permettre, en matière de dématérialisation, de
rent un partage de la documentation du projet comme par minimiser les risques d’incident ou de contestation de
exemple dans les domaines des travaux neufs ou de réha- décision de rejet de candidature ou d’offre.
bilitation. Des portails fournisseurs facilitent le suivi des La dématérialisation d’une procédure formalisée de bout
consommations en matière d’exploitation d’installations en bout concerne aussi l’analyse des candidatures et
thermiques, de suivi des interventions de maintenance des offres. Afin de faciliter l’analyse dématérialisée, le
d’installations et d’équipements techniques avec possibi- rédacteur va introduire dans l’AAPC et/ou dans le règle-
lité d’éventuel interfaçage avec la GMAO(10) des services ment de consultation mis en ligne dès la publication au
techniques... JOUE, la remise de documents électroniques exploitables
Les avantages de la dématérialisation vont devenir plus pour rendre possible une analyse dématérialisée comme
prépondérants que les inconvénients mais à condition actuellement les catalogues électroniques(12). Selon les
que les entités acheteuses mettent en œuvre les outils guides de dématérialisation, les formats des documents
informatisés performants pour minimiser les risques afin déposés sur le profil acheteur pouvaient être multiples.
que la gestion dématérialisée des dossiers de marchés et Les textes actuels semblent privilégier l’original de l’acte
d’accords-cadres présente peu de risques par rapport à d’engagement et des autres documents de l’offre signés
la gestion des dossiers papiers. La dématérialisation qui par signature électronique sous format PDF normalisé
concernait initialement les étapes ou documents régle- ISO(13) comme étant le seul format à la preuve incontes-
mentaires de la passation des contrats, va couvrir à terme table. Or, ce format image ne permet pas d’assurer une
l’initialisation des projets, la passation des contrats, dématérialisation de l’analyse. Toutefois, dès le 1er juillet
leur exécution jusqu’à la conservation sûrement tempo- 2016, grâce à un règlement de l’UE(14), le mode de preuve
raire des dossiers voire à la mémorisation des éléments d’un écrit électronique semble plus simple. La réforme
techniques des projets nécessitant la rédaction de guide récente (15)du « droit des contrats, du régime général et de
interne pour aider les services à appréhender la déma- la preuve des obligations » n’a pas pris encore en compte
térialisation. Parmi tous les aspects de la dématériali- cette disposition dont l’entrée en vigueur à cette date
sation, certains aspects sont présentés ci-dessous avec est connue depuis 2014 et qui permet d’utiliser d’autres
leurs avantages et/ou leurs risques. formats que la norme ISO en tant qu’original signé par
signature électronique.

(11)  Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016, art. 38 et 39.


(12)  Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016, art. 86 et 87.
(5)  Version 2.0 – décembre 2015.
(13)  Norme ISO 32000-1 format de document portable (PDF).
(6)  Version 1.0 décembre 2015 du Groupe d’Etudes des Marchés
publié par l’Observatoire Economique de la Commande Publique (14)  Règlement 910/2014/UE du 23 juillet 2014 sur l’identification
anciennement OEAP. électronique et les services de confiance pour les transactions
électroniques au sein du marché intérieur et abrogeant la direc-
(7)  Version 2013.
tive 1999/93/CE, art. 46 « Effets juridiques des documents électro-
(8)  La consultation a été « articulée en 10 propositions ordonnées niques  ». Cet article dispose  : «  L’effet juridique et la recevabilité
autour des différentes étapes de l’achat », ce plan procède de trois d’un document électronique comme preuve en justice ne peuvent
axes fondamentaux : « la simplicité, la lisibilité et l’exemplarité ». être refusés au seul motif que ce document se présente sous une
(9)  Ce plan s’inscrira dans la stratégie de transformation numé- forme électronique ».
rique des administrations et le programme en faveur du dévelop- (15)  Ordonnance n°  2016-131 du 10  février 2016 portant réforme
pement de l’administration numérique territoriale. du droit des contrats, du régime général et de la preuve des
(10)  GMAO : Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur. obligations.

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État des lieux de la dématérialisation

Ainsi, si l’analyse des offres voire aussi des candidatures un processus d’habilitation des intervenants autorisés
est effectuée de façon dématérialisée sans rompre la à la procédure avec ses niveaux de sécurité en tenant
chaîne de dématérialisation, il apparaît désormais préfé- compte du déroulement de la procédure retenue. La
rable de demander que les documents originaux, compo- ­confidentialité concerne les bureaux des marchés voire
sant l’offre et signés par signature électronique, soient aussi les services achats quand ils existent, ainsi que
transmis, via le profil acheteur, au format texte, tableur, les membres des commissions des marchés. En effet,
catalogue, plan, carte… selon la nature du projet. En effet, les intervenants autorisés, de préférence du bureau des
si la dématérialisation se fait de bout en bout, il devient marchés, qui détiennent les codes pour accéder aux plis
nécessaire que les originaux, signés par signature électro- déposés, lors de l’ouverture du dossier déposé sur le
nique, soient dans des formats de fichiers qui peuvent être profil acheteur ne peuvent les communiquer sans accord
recopiés informatiquement, en respectant l’intégrité de de l’autorité hiérarchique désignée à cet effet par la
l’original signé. La copie servira pour analyser le contenu direction de l’entité acheteuse.
des offres dans le cadre de l’automatisation de la collecte Ainsi, un utilisateur d’un service ne peut accéder à un
et la comparaison des données, des prix notamment(16). Il DCE en cours d’élaboration, à une candidature ouverte ou
faut savoir que le fichier signé par signature électronique une offre ouverte qui ne le concerne pas, ni même à un
est l’original et qu’il ne peut impérativement être modifié marché attribué en dehors des informations accessibles
par l’entité acheteuse. À l’heure actuelle, beaucoup d’en- par toute personne au JOUE, au BOAMP ou sur le profil
tités acheteuses demandent que les documents composant Acheteur de l’entité acheteuse(20). L’instauration des habi-
l’offre soient transmis en format image en tant qu’originaux litations et la gestion des accès nécessitent de mettre en
signés électroniquement (PDF de préférence, JPEG, TIF…) place le circuit informatisé de la procédure de passation
pour répondre aux exigences du Code civil en matière de des marchés et accords-cadres. Ce processus d’habili-
signature électronique d’originaux. L’analyse de ces docu- tation concerne à la fois le profil Acheteur mais aussi le
ments au format image s’avère très souvent coûteuse en système d’information de l’entité acheteuse. Il faut éviter
resaisie avec des risques d’erreurs notamment financières le risque qu’un utilisateur du système d’information
en augmentant la durée du dépouillement. Pour pallier de puisse accéder à un ou plusieurs document(s) auquel il
tels inconvénients, de nombreux bureaux des marchés ou n’a pas le droit d’accéder. La confidentialité est de mise
des services techniques demandent aussi la copie de ces pour respecter l’égalité de traitement entre les candidats.
fichiers dans un format de fichiers exploitables de type
Cette remarque a été prise en compte par les fournis-
RTF (texte), XLS tableur, DWG (plan)… html (texte)... lors
seurs de profils Acheteur. Comme actuellement dans
du dépôt sur le profil acheteur ou par messagerie après
l’environnement papier, la diffusion d’une information
l’ouverture des offres. Cette pratique présente des risques
concernant une consultation en cours est interdite, et
obligeant les services, dès réception des versions exploi-
présente des risques quant au bon déroulement de la
tables, de vérifier la conformité de la copie par rapport à
consultation et sa remise en cause par un candidat ou par
l’original signé électroniquement. La récente réponse
un soumissionnaire.
ministérielle(17) semble aller dans le sens de la simplifica-
tion des dépouillements en n’exigeant plus que les dépôts Les profils acheteurs servent à gérer aussi les questions des
des candidatures et des offres soient signés électronique- candidats(21). Néanmoins, le profil acheteur doit permettre
ment avant l’attribution, facilitant ainsi la transmission de aussi, en fonction des procédures formalisées choisies,
documents exploitables. de gérer la transmission des offres intermédiaires(22) ou
des propositions intermédiaires(23), les offres finales ainsi
La dématérialisation du dépouillement des candidatures
que des questions et réponses entre soumissionnaire(24) et
et offres via des copies numériques d’offres techniques
entité acheteuse et réciproquement. L’horodatage du profil
et financières et administratives(18) présente désormais
acheteur ainsi que le traçage sont juridiquement incontes-
de forts avantages notamment pour les analyser et pour
tables alors que les échanges de courriels via les messa-
rédiger notamment le rapport d’analyse des offres et de
geries peuvent porter à contestations.
présentation avec minimisation des éditions papier, des
erreurs de resaisie et un gain de temps. De plus, il est très important que l’accès aux offres
intermédiaires ou aux propositions intermédiaires, ainsi
La confidentialité est de mise afin de respecter les prin-
que les demandes de précisions puissent être traités
cipes de la commande publique(19), au niveau de l’accès
avec réactivité par le ou les service(s) technique(s)
aux documents de la consultation en cours d’élabora-
tion avant leur mise en ligne, aux candidatures reçues et
aux offres reçues. Ainsi, tel qu’un dossier patient au sein (20)  Cf. Plan national de dématérialisation des marchés publics  :
d’un hôpital, l’entité acheteuse va devoir mettre en place point 7.
(21)  §2 de l’article  13 de l’ordonnance n°  2015-899 du 23  juillet
2015  :  «  Un candidat est un opérateur économique qui demande
(16)  Voir à ce sujet le «  4.3. Quels sont les formats de fichier à à participer ou est invité à participer à une procédure de passation
utiliser ? » du Guide pratique de la Dématérialisation des marchés d’un marché public ».
publics version 2.0 - 2012. (22)  Procédure concurrentielle avec négociation.
(17)  Rép. min. n° 21405, JO Sénat 16 juin 2016, p. 2691. (23)  Procédure de dialogue compétitif.
(18)  Y compris l’acte d’engagement. (24)  §3 de l’article  13 de l’ordonnance n°  2015-899 du 23  juillet
(19)  Article 1er de l’ordonnance n°  2015-899 du 23  juillet 2015  : 2015  : un soumissionnaire est un opérateur économique qui
liberté d’accès à la commande publique, égalité de traitement des présente une offre dans le cadre d’une procédure de passation
candidats et transparence des procédures. d’un marché public.

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État des lieux de la dématérialisation

concerné(s). La bonne gestion des flux entre le profil sont pas encore identifiés en dehors de ceux existants de
acheteur et le système d’information et de communica- l’AIFE(26), les titres de recette, les mandats de dépense et
tion de l’entité acheteuse favorise cette réactivité tout en les bordereaux récapitulatifs(27). Entrent aussi dans ces
gérant les accès autorisés et leur traçage en fonction de documents, les documents générés par le «  e-Procure-
chaque consultation voire à la limite par lot et en assurant ment » s’il est activé dans l’entité acheteuse… ;
la sécurité du système notamment par un bon système – les documents techniques : spécifications techniques les
de gestion des accès de sauvegarde et un horodatage de documents instaurés par la Loi MOP(28) comme pour les
tiers de confiance. Si le système ne permet pas notam- travaux, les documents générés par le GMAO et les outils
ment la réactivité ni la confidentialité ni la sécurité, alors de gestion du patrimoine, les plannings de réalisation (les
cet avantage se transformerait en risque. prévus et les réalisés), les échanges techniques, les notices
techniques… Ces documents vont permettre de disposer
Les échanges d’un fond documentaire pendant la durée du marché ou de
l’accord-cadre mais aussi durant tout le cycle de vie d’un
au cours de l’exécution bâtiment, d’une installation, d’un équipement…
Le titulaire et l’entité acheteuse vont avoir des échanges,
Avec ces grandes catégories, il faut distinguer aux moins
dès la notification du marché ou de l’accord-cadre qui les
trois grands types d’environnements accessibles.
lie. Ces échanges sont devenus de plus en plus nombreux
du fait d’internet et les documents techniques devien- Le premier concerne les documents originaux dématéria-
nent souvent volumineux, d’où la nécessité d’utiliser lisés formant les documents contractuels non modifiables
des profils acheteurs ou des services en ligne sécurisés et uniquement gardés par le bureau des marchés en tant
­autorisant de tels flux et volumes. que dépositaire, gardien et conservateur des documents
originaux. Cet environnement comprend aussi les originaux
La dématérialisation au cours de l’exécution présente des
des documents financiers dématérialisés faisant partie
avantages si l’entité acheteuse utilise un outil informa-
intégrante du dossier de marché ou de l’accord-cadre,
tique de gestion électronique de documents dit GED.
en évitant tout doublon(29). Des documents techniques non
Ce type d’outil sert par exemple dans le cadre de la contractuels mais pouvant engager la responsabilité de
gestion dématérialisée : l’entité acheteuse ou de son titulaire peuvent faire partie
– à gérer les accès autorisés ; de cet environnement, si l’entité acheteuse le désire.
– à tracer ces accès à l’outil et à chaque document ainsi Le deuxième environnement recouvre toutes les copies
que l’introduction d’un document dans la base, avec électroniques en image pour les documents constitutifs,
horodatage ; voire aussi en copie non image accessibles aux interve-
– à sécuriser les documents en ne permettant pas : nants autorisés de l’entité acheteuse en fonction de leur
activité dans le processus d’activité dans la vie du marché
•  de les modifier sauf à créer une nouvelle version ou de l’accord-cadre.
distincte de la précédente tout en gérant la chronologie
des versions ; Le troisième environnement recouvre l’ensemble des
documents partagés en commun entre titulaire et entité
• de les supprimer, acheteuse après que l’entité acheteuse ait décidé de
– à sauvegarder sans écrasement de document ; les mettre en commun. Cet environnement n’est pas
– … un espace partagé de travail mais une historisation des
La dématérialisation offre l’occasion aux entités ache- documents techniques d’exécution gérée par l’entité
teuses de mettre en place des procédures internes de acheteuse. D’où l’utilité d’un paramétrage performant et
gestion de chaque projet dématérialisé tant au niveau opérationnel et d’un navigateur ergonomique favorisant
du bureau des marchés que des services achats et des une utilisation simple pour les intervenants autorisés
services techniques qui interviennent avec des règles dans l’entité acheteuse et chez le titulaire. Cet environne-
d’habilitation. ment ne peut être actualisé qu’après validation de chaque
nouveau document par l’entité acheteuse. À ce titre, le
Il est possible, pour mettre en place une telle procédure destinataire de l’entité acheteuse, en validant la mise
de gestion de la dématérialisation, de classer les docu- en place dans la GED, mentionne la valeur qu’il compte
ments échangés en au moins trois grandes catégories,
par exemple :
– les documents contractuels  : marché ou accord-cadre (26)  L’AIFE a mis en œuvre, depuis le 1er janvier 2012, une plate-
forme de dématérialisation des factures, Chorus Factures pour les
(y compris les différentes annexes), marché subséquent,
fournisseurs de l’État :
commande, ordre de service, avenant… version origi- – le dépôt de factures en PDF (signé ou non signé) sur un portail ;
nale non accessible même en lecture sauf bureau des – la saisie de factures sur ce même portail ;
marchés, notifications… – la transmission de factures en Echange de données informatisé
– les documents financiers  : devis, bons de livraison, (EDI), pour les fournisseurs au volume de factures important.
procès-verbaux, décomptes, factures entrent aussi dans (27)  Les titres de recette, les mandats de dépenses et les borde-
l’ère de la dématérialisation mais bientôt et pour certains reaux récapitulatifs sont dématérialisés dans le cadre du proto-
dès 2017(25) au format électronique dont les formats ne cole d’échanges standard (PES) (arrêté du 27  juin 2007 NOR  :
BCFR0750735A).
(28)  Loi n° 85-704 du 12 juillet 1985.
(25)  Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016, art. 39. (29)  Cf. Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016, art. 108.

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État des lieux de la dématérialisation

donner au document comme notamment, par exemple  : tielles des données marchés publics soient disponibles
validation, en attente de vérification, rejeté ou refusé… selon le principe de l’Open Data. La nécessité d’utiliser le
Le titulaire ne peut que consulter les documents. Seul le profil acheteur avec une accessibilité Open Data semble
gestionnaire de la GED désigné pour le projet voire son l’exigence. Cette dernière va amener les fournisseurs de
suppléant peut actualiser la GED. profil acheteur à fournir un nouveau service en ligne en
Par contre, des entités acheteuses à fort potentiel d’achat Open Data. En matière de communication de données
ont mis en place des solutions de «  e-Procurement  » ouvertes, les dispositions de l’article 107 du décret 2016
pour leurs achats de fournitures courantes mais aussi les ne présentent aucune difficulté car aucune restriction
hôpitaux pour leurs achats volumineux de médicaments. n’est à mettre en place concernant les données nomina-
Ces solutions servent à gérer les approvisionnements de tives(36) ni des données commerciales(37). Ni l’ordonnance
la notification du marché ou de la commande jusqu’au de 2015 ni le décret de 2016 ne précisent s’il est néces-
paiement des factures à condition que les contrôles des saire ou non d’exiger une licence « Open data » vis-à-vis
livraisons et de la facturation s’effectuent facilement. de celui qui désire réutiliser lesdites données.
Néanmoins, comme dans les domaines des travaux, des Il est conseillé de soumettre à une licence ouverte cette
installations techniques, des équipements complexes, la possibilité de réutilisation des données ouvertes afin que
validation des prestations et le contrôle des facturations soient notamment rappelées les dispositions légales et
ne sont pas toujours aisés. La facturation électronique, réglementaires en la matière et obliger le réutilisateur
telle qu’analysée aujourd’hui(30), ne peut pas toujours notamment :
permettre un contrôle facilement automatisable sauf – à mettre à jour fréquemment les données ;
possibilité d’utiliser de l’EDI(31) en principe voire utiliser,
– à ne pas s’approprier les données ouvertes ;
si cela s’avère possible, la reconnaissance de caractères
quand la facturation est structurée selon la même ergo- – à ne réutiliser lesdites données que dans le respect de
nomie. Le portail chorus(32) va faciliter la transmission la législation et la règlementation en vigueur.
des factures aux administrations et devrait permettre, à En conséquence, il est conseillé d’indiquer dans l’AAPC
terme, un contrôle plus automatisable des factures. ou le règlement de consultation que suite à la notification
Ainsi, la dématérialisation sans gestion documentaire du marché ou de l’accord-cadre, les données essentielles
organisée présente de nouveaux risques par rapport aux seront en accès libre pour leur réutilisation sous licence
risques actuels de la gestion papier. conformément au décret de 2016.
L’historisation de la procédure, des documents des
Accès aux données de marché marchés et au-delà de l’ensemble des aspects tech-
niques du projet va devoir être dématérialisée :
et conservation des dossiers – d’une part, du fait des exigences de la réforme(38) ;
Un « accès libre, direct et complet » aux données essen- – et d’autre part, pour optimiser la conservation des docu-
tielles des marchés et accords-cadres, listées à l’article ments techniques au-delà de la durée du marché concerné
107 du décret n° 2016-360 du 25 mars 2016, est à prévoir pour conserver les documents pour les constructions
d’ici le 1er octobre 2018, au plus tard, sur le profil acheteur neuves ou objet de réhabilitation, d’installations tech-
de chaque entité acheteuse. Cette obligation d’accès aux niques à cycle de vie long, par exemple.
données essentielles est de la compétence du bureau des
La conservation des dossiers nécessite l’utilisation de la
marchés. Ces données existent déjà dans la fiche déma-
GED nécessaire aux échanges (cf. 2 ci-dessus). En dehors
térialisée de chaque contrat quand l’entité acheteuse
des aspects de bonne gestion informatique garantissant
a mis en place un mode de gestion contractuelle par
des copies de sauvegarde des documents, la GED a pour
fiche descriptive de chaque contrat. Toutefois, de telles
contrainte notamment la gestion des accessibilités autori-
données sont très similaires à celles des avis d’attribu-
sées et la conservation de l’intégrité des documents dans le
tion au JOUE des procédures formalisées.
temps et leur non-destruction, sauf décisions de la direction
En parallèle, les pouvoirs publics(33) ont mis en place un de l’entité acheteuse à l’issue de la période de conservation.
référentiel des données marchés publics(34) et une version
Le bureau des marchés va devenir un véritable conser-
documentaire, dite Beta(35) , afin que les données essen-
vateur en la matière et le service informatique en sera
de ce fait son support. En effet, en tant que gardien des
(30)  À ce sujet voir article : Th. Piette-Coudol, « Factures électro- originaux dématérialisés, le bureau des marchés :
niques  : quelques clés pour la mise en œuvre  » MNTP, n°  5780, – va veiller à rassembler tous les documents de la procé-
5 septembre 2014.
dure et du dossier ;
(31)  EDI : Échanges de Données Informatisées sont des solutions
d’échanges informatiques normalisés ou standardisés.
– va exiger du service informatique que les documents
restent en l’état pour être consultables voire copiables
(32)  Voir site de l’AIFE rubrique facturation électronique.
sans aucune altération de leur intégrité au cours des
(33)  La mission Etalab fait partie de la Direction interministérielle
du numérique et du système d’information et de communication
de l’État (DINSIC) au sein du Secrétariat général pour la moderni- (36)  Code des relations entre le public et l’administration, art.
sation de l’action publique. (etalab.gouv.fr). L. 311-6.
(34)  Voir à ce sujet, le site data.gouv.fr (plateforme ouverte des (37)  Code des relations entre le public et l’administration, art.
données publiques françaises). L. 311-6 ; ordonnance n° 2015-899 du 23 juillet 2015, art. 44.
(35)  Version beta n° 2016-31 du 28 avril 2016. (38)  Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016, art. 108.

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durées règlementaires de conservation imposées par le règles de gestion relatives à la dématérialisation, notam-
décret 2016-360(39). À titre de rappel, tout fichier signé par ment concernant les habilitations, une organisation du
signature électronique est l’original et il ne peut impéra- classement documentaire unique, les modes d’accès, les
tivement être modifié par l’entité acheteuse. Ainsi, tenter règles de gestion documentaire, les liens entre le profil
de modifier un original signé par signature électronique acheteur et l’outil de GED destiné aux services.
rend l’agent qui le modifie auteur de faux en écriture Pour faciliter la lecture du guide, il faut que la GED et le
publique et ces modifications ne rendent plus ce docu- profil acheteur soient simples à utiliser. Ainsi, dans le
ment original  ; cette altération se vérifie au niveau des guide, plus les règles d’utilisation apparaissent simples
informations comprises dans le fichier de la signature et leur nombre faible et plus les intervenants autorisés
électronique. seront réceptifs et donc favorables à la dématérialisation.
Pour éviter tout risque, le bureau s’assure que ces docu- Le risque en la matière est la lourdeur ou la complexité
ments à conserver lui soient accessibles en permanence de la GED mise en place et par conséquence du guide.
dans la GED, qu’aucun autre utilisateur ne puisse y Les parties du guide réservées à la dématérialisation
accéder et qu’en cas d’obsolescence du ou des supports servent aussi à exposer notamment :
sur lesquels ils sont installés, leur transfert s’effectuera
– les objectifs opérationnels de la dématérialisation pour
en conservant leur intégrité. À l’issue de cette durée de
inciter à utiliser les outils de dématérialisation comme
conservation, le bureau des marchés pourra décider de
par exemple :
leur éventuelle destruction après accord de l’entité ache-
teuse, tout en respectant les procédures de destruction • l’accélération du traitement des procédures en
légales et réglementaires propres aux documents admi- interne ;
nistratifs dématérialisés. • le gain de papier et la diminution des frais d’impres-
De plus, pour se protéger des risques informatiques, le sion  ; la dématérialisation va permettre de réduire
bureau va mentionner dans le ou les marché(s) et/ou considérablement l’usage du papier, sans pour autant
accord(s)-cadre(s) d’acquisition et de maintenance de la en supprimer son utilisation dès qu’il sera nécessaire,
GED : notamment afin de pouvoir étudier certains documents ;
– que la mise en service de la GED s’effectue progressi- • la gestion des échéanciers des procédures et de
vement à commencer par les utilisations les plus simples l’exécution ;
pour chaque intervenant autorisé afin d’atténuer le risque • la conservation des documents de façon centralisée
de résistance au changement ; même au travers de plusieurs environnements en fonc-
– que les sauvegardes des documents intégrés dans la tion du type d’autorisation ;
solution GED s’effectuent sans pouvoir écraser tout docu- • l’accessibilité rapide aux documents avec possibilité
ment original ou non ; de copie électronique pour travailler ;
– qu’en cas de changement d’outil de GED, l’entité ache- – les formats à utiliser pour la remise des candidatures et
teuse puisse récupérer les fichiers dans leur format des offres en fonction du type de projet et de procédures ;
d’origine avec leur arborescence tels que déposés dans – les règles d’utilisation de la GED ;
la GED et ce, dans le cadre du processus de réversibilité
avec éventuellement des tests annuels de vérifications. – les textes à compléter dans les AAPC et le règlement de
consultation par rapport aux mentions habituelles ;
– les recommandations d’utilisation des profils acheteurs
Mise en place d’un guide pratique suite au retour d’expérience qui sera utilisé pour réactua-
interne de la dématérialisation liser le guide en fonction des bonnes pratiques avec par
exemple la limitation à dix ou vingt documents nécessitant
Beaucoup d’entités acheteuses ont déjà mis en œuvre des
une signature électronique en préférant faire signer par
chartes, des guides ou manuels de procédure de passa-
signature électronique une liste des documents au-delà
tion des marchés publics destinés aux services afin que
de dix à vingt documents ;
soient respectées les règles de la commande publique et
que soit mis en place un circuit de passation et d’exécu- – les processus de tests périodiques :
tion des marchés et accords-cadres. Ces documents ont • de la GED pour vérifier l’intégrité des documents, la
permis pour certains d’introduire des règles d’éthique sécurité des accès… ;
et de confidentialité. La dématérialisation nécessite de • du profil acheteur pour vérifier si les AAPC et les
compléter ces documents afin de mettre en place des règlements de consultation expliquent bien comment
accéder et utiliser la plate-forme pour les candidats
potentiels avec de l’ajustement si le profil acheteur
(39)  Cf. Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016, art. 108. évolue.

62 Retrouvez le dossier sur moniteurjuris.fr/contratspublics/ Contrats Publics – n° 167 - juillet-août 2016

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