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des réacteurs
à eau sous pression
Pierre COPPOLANI,
Nathalie HASSENBOEHLER,
Jacques JOSEPH,
Jean-François PETETROT,
Jean-Pierre PY,
Jean-Sébastien ZAMPA
La chaudière
des réacteurs
à eau sous pression
Pierre Coppolani, Nathalie Hassenboehler,
Jacques Joseph, Jean-François Petetrot,
Jean-Pierre Py, Jean-Sébastien Zampa
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour
tous pays. La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41,
d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et
non destinées à une utilisation collective », et d'autre part, que les analyses et les courtes
citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle,
faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite »
(alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce
soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code
pénal.
Le corps enseignant est formé par des chercheurs du CEA, des experts de l’Institut de radio-
protection et de sûreté nucléaire (IRSN), des ingénieurs de l’industrie (EDF, AREVA, ...) Les
principales matières sont : la physique nucléaire et la neutronique, la thermohydraulique,
les matériaux nucléaires, la mécanique, la protection radiologique, l’instrumentation
nucléaire, le fonctionnement et la sûreté des réacteurs à eau sous pression (REP), les
filières et le cycle du combustible nucléaire. Ces enseignements dispensés sur une durée
de six mois sont suivis d’un projet de fin d’étude, véritable prolongement de la formation
réalisé à partir d’un cas industriel concret, se déroulent dans les centres de recherches du
CEA, des groupes industriels (EDF, Framatome, Technicatome, etc.) ou à l’étranger (États-
Unis, Canada, Royaume-Uni, ...) La spécificité de cette formation repose sur la large place
consacrée aux enseignements pratiques réalisés sur les installations de l’INSTN (réacteur
Ulysse, simulateurs de REP, laboratoires de radiochimie, etc.)
Aujourd’hui, en pleine maturité de l’industrie nucléaire, le diplôme d’ingénieur en « Génie
Atomique » reste sans équivalent dans le système éducatif français et affirme sa vocation :
former des ingénieurs qui auront une vision globale et approfondie des sciences et tech-
niques mises en œuvre dans chaque phase de la vie des installations nucléaires, depuis
leur conception et leur construction jusqu’à leur exploitation puis leur démantèlement.
L’INSTN s’est engagé à publier l’ensemble des supports de cours dans une collection
d’ouvrages destinés à devenir des outils de travail pour les étudiants en formation et à
faire connaître le contenu de cet enseignement dans les établissements d’enseignement
supérieur français et européens. Édités par EDP Sciences, acteur particulièrement actif et
compétent dans la diffusion du savoir scientifique, ces ouvrages sont également destinés
à dépasser le cadre de l’enseignement pour constituer des outils indispensables aux
ingénieurs et techniciens du secteur industriel.
Joseph Safieh
Responsable général
du cours de Génie Atomique
Table des matières
Chapitre 6 : Le pressuriseur
6.1. Architecture du pressuriseur .................................................................................. 107
6.2. Principe de fonctionnement ................................................................................... 107
6.2.1. Régime stationnaire ....................................................................................... 107
6.2.2. Régime transitoire .......................................................................................... 109
6.2.3. Effet piston .................................................................................................... 110
6.2.4. Soupapes de décharge et de sûreté ................................................................ 111
14.4.7. Chaîne de régulation de vitesse des turbopompes d’eau alimentaire ........... 260
14.4.8. Chaîne de régulation de niveau dans la bâche alimentaire
et le condenseur (tranches CP2 et postérieures) ........................................... 261
14.4.9. Chaîne de régulation de la pression de la bâche alimentaire
(tranches CP2 et postérieures) ..................................................................... 262
14.5. Fonctionnement d’une tranche en « grand transitoire » : l’îlotage ........................ 264
14.5.1. Le transitoire et ses enjeux .......................................................................... 264
14.5.2. Commentaires sur l’intervention des systèmes et l’évolution
des principaux paramètres .......................................................................... 265
14.5.3. Xénon et dilution ........................................................................................ 267
14.5.4. Recouplage de l’alternateur et remontée en puissance ................................ 269
Les auteurs remercient enfin leurs collègues de Framatome-ANP des Directions Ingénierie
et Services et Conception et Ventes du Combustible qui ont accepté de relire le document
et de faire toutes les suggestions utiles à sa bonne qualité technique.
Nota :
Sauf exception, les données et illustrations figurant dans ce livre sont celles des chaudières
équipant les centrales REP de 1300MWe
Partie I
LA PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ
NUCLÉAIRE
Jean-Pierre Py
La demande en pétrole s’est emballée au cours des années 1960 et la production a suivi
difficilement. Dans les années 1970, la France dépendait de l’extérieur pour 76 % de son
approvisionnement en énergie (66 % pour le pétrole importé). L’électricité produite par les
six centrales nucléaires graphite-gaz alors en service représentait moins de 2 % de
l’énergie consommée. L’énergie nucléaire apparaissait comme le seul moyen, à côté d’un
effort d’économie, pour diminuer la dépendance de la France à l’égard du pétrole. Les sites
propices à la construction de barrages hydroélectriques étaient déjà équipés en bonne
partie. Les autres sources d’énergie étaient (et sont toujours) incapables d’assurer
économiquement la production nécessaire.
Le 5 mars 1974, un conseil interministériel décida un programme de 16 unités identiques
de 900 MW. L’objectif était d’atteindre un taux d’indépendance énergétique de 50 % en
1990, en remplaçant progressivement la plupart des centrales au charbon ou au pétrole
par des centrales nucléaires. EDF en construira au total 34. À partir de 1976 débuta un
nouveau palier de 20 unités de 1 300 MW dont la première a été couplée au réseau en
juin 1984 à Paluel. La première d’une nouvelle série de 1 450 MW, Chooz B1, de
conception totalement française, a été engagée en 1984 sur le lieu même où fût construit
le premier REP français, Chooz A (300 MW).
L’énergie nucléaire est aujourd’hui en France la principale source d’électricité, assurant
plus de 75 % des besoins. Elle procure une énergie abondante et bon marché dans
d’excellentes conditions de disponibilité et de souplesse. La réussite du programme fran-
çais tient à plusieurs facteurs. Le premier vient de la définition d’une politique énergétique
claire, menée avec constance par les gouvernements successifs jusqu’en 1997, appuyée
sur une administration inflexible vis-à-vis de la sûreté, soucieuse de la défense de l’envi-
ronnement et efficace dans l’examen des dossiers. Le CEA a apporté un soutien technique
aux constructeurs, aux exploitants et aux autorités de sûreté. La structure industrielle fran-
çaise, très centralisée, a concentré les efforts et réparti les tâches sans multiplier les rivalités
et les doubles emplois : un maître d’œuvre unique, EDF, exploitant les centrales dont il est
l’architecte industriel ; deux groupes industriels puissants, hautement qualifiés, héritiers de
longues traditions de qualité, Framatome pour les chaudières nucléaires, Alstom pour les
groupes turboalternateurs ; un opérateur principal pour le cycle du combustible, Cogema,
fournissant un éventail complet de services, depuis la mine jusqu’au retraitement.
La centrale nucléaire
La filière des centrales nucléaires à eau sous pression (REP) utilise l’uranium faiblement
enrichi comme combustible et l’eau ordinaire comme modérateur et caloporteur. Le
tableau 1.1 présente les principales caractéristiques des paliers français et du futur EPR.
Tableau 1.1. Principales caractéristiques des paliers 900, 1 300, 1450 et de l’EPR.
900 Mwe 1300 Mwe 1450 Mwe
Unité EPR
[1] [2] [3]
Puissance
Puissance électrique nette (tranches en circuit MW 915 1320 1450 1600
ouvert)
Puissance électrique brute (tranches en circuit MW 965 1370 1530 1700
ouvert)
Puissance thermique nominale de la chaudière MWt 2785 3817 4250 4324
Rendement % 31,6 à 33,1 34,1 à 35 35,7 à 35,9 37
Vitesse de rotation du groupe turboalternateur tr/mn 1500 1500 1500 1500
Enceinte de confinement
Type simple simpe double double
Enceinte interne : béton précontraint Bét. préc. Bét. préc. Bét. préc. Bét. préc.
Peau d’étanchéité avec sans sans avec
Diamètre intérieur m 37 43,8 43,8 48
Hauteur intérieure au centre m 55,88 55,56 57,48
Épaisseur de paroi m 0,9 1,2 1,2 1,3
3
Volume intérieur total m 58 000 83 700 86 000 90 000
Enceinte externe : béton renforcé - Bét. renf. Bét. renf. Bét. renf.
Épaisseur de paroi m - 0,55 0,55 1,3
Circuit primaire
Pression de fonctionnement Mpa 15,5 15,5 15,5 15,5
Température de l’eau à l’entrée de la cuve °C 286 292,8 292,2 295,6
Température de l’eau à la sortie de la cuve °C 323,2 328,7 329,6 330,2
Nombre de boucles 3 4 4 4
Volume du circuit primaire (avec pressuriseur) m3 271 399 406 460
14 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
• l’arrêt à froid : le réacteur est sous-critique, la puissance résiduelle est évacuée par le
circuit de refroidissement à l’arrêt, la pression primaire est inférieure à 25 bar ;
• l’arrêt pour rechargement : le réacteur est à la pression atmosphérique et la
température est comprise entre 10 et 60 °C.
L’eau condensée est refoulée vers les générateurs de vapeur par des pompes d’extraction
relayées par des pompes alimentaires à travers respectivement des réchauffeurs basse
pression et haute pression. Une partie de la vapeur introduite dans la turbine n’effectue
pas la totalité de ce trajet. En effet, des soutirages en vapeur sont pratiqués à plusieurs
niveaux de pression en cours de détente pour alimenter les réchauffeurs placés sur le
retour d’eau vers les générateurs de vapeur. L’énergie thermique non transformée en
énergie électrique est évacuée à la source froide. L’alternateur fournit le courant électrique
au réseau par l’intermédiaire du transformateur principal.
pompes alimentaires, soit dans le condenseur pour faire retour aux générateurs de vapeur
avec le condensat principal.
En cas de rupture de tubes de générateur de vapeur, l’eau du circuit primaire passe dans
le circuit secondaire ; il peut y avoir rejet à l’atmosphère de vapeur ou d’eau contaminée
si le condenseur n’est pas disponible. Les mesures préventives suivantes sont prises pour
réduire le risque de rupture de tubes :
• les tubes de générateur de vapeur sont fabriqués à partir d’un matériau à haute ductilité
(Inconel 690) et subissant un traitement thermique ;
• l’eau secondaire est traitée chimiquement et contrôlée fréquemment pour éviter la
corrosion des tubes ;
• les plaques entretoises tenant le faisceau tubulaire sont conçues pour empêcher les
phénomènes de corrosion généralisée entre le tube et la plaque ;
• les matériaux cuivreux utilisés dans les échangeurs des circuits eau/vapeur du
secondaire ont été remplacés par de l’acier inoxydable ;
• les condenseurs des centrales situés en bord de mer sont munis de tubes en titane et
non en alliages cuivreux.
1.2.2. Condenseur
Le condenseur assure la condensation de la vapeur d’échappement de la turbine
principale et des turbines qui entraînent la pompe d’eau d’alimentation ; il doit également
être capable d’absorber le débit de vapeur du by-pass de la turbine (85 % du débit de
vapeur maximum calculé). La surface extérieure des tubes constitue une paroi froide sur
laquelle se condense la vapeur sortant des turbines basse pression. Ce changement d’état
s’accompagne d’un relâchement de chaleur qui est communiquée à l’eau de circulation
s’écoulant à l’intérieur des tubes. Pour les condenseurs à refroidissement par eau douce,
les tubes sont en laiton et dudgeonnés sur les plaques tubulaires. Les caissons d’eau sont
soudés à l’enveloppe. En fonctionnement, on procède à un nettoyage continu grâce à un
système spécial. Pour les condenseurs à refroidissement par eau de mer (ou eau saumâtre),
les tubes sont en titane et dudgeonnés sur des doubles plaques tubulaires.
Les faisceaux tubulaires sont placés horizontalement à l’intérieur d’une capacité étanche,
le corps vapeur, dont la partie supérieure est raccordée aux brides d’échappement de
vapeur des turbines basse pression et dont la partie inférieure constitue le puits de recueil
des condensats formés dans lequel aspirent les pompes d’extraction. Le corps vapeur du
condenseur renferme aussi des caissons de détente finale et de désurchauffe de la vapeur
provenant du système de contournement de la turbine.
Enfin le condenseur est relié à un système d’évacuation continue de l’air résiduel du corps
vapeur (pompes à vide).
quatre lignes reliant le barillet d’eau alimentaire aux générateurs de vapeur (trois
générateurs de vapeur et trois lignes sur le palier 900 MWe).
La conception des postes d’eau diffère légèrement selon les paliers. Celui du palier
900 MWe CP1 ne comporte pas de bâche alimentaire, contrairement aux postes d’eau des
paliers suivants. Sur le palier CP1, le dégazage de l’eau secondaire se fait directement au
condenseur.
Le choix de l’entraînement des pompes alimentaires principales par des turbines à vapeur
plutôt que par des moteurs électriques et de variateurs de vitesse mécaniques ou
hydrauliques résulte d’une optimisation économique globale tenant compte des coûts des
transformateurs de soutirage et auxiliaire, des organes électriques de coupure et de
distributions électriques de la tranche. Ce choix est d’autant plus justifié que la puissance
de la tranche est élevée.
1 Le schéma général de la distribution électrique dans la centrale est plus longuement décrit dans la partie V.
24 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
chaleur de condensation sur les parois froides des tubes à l’intérieur desquels circule de
l’eau qui s’y échauffe d’une dizaine de degrés. Cette eau de réfrigération du condenseur
rejette donc de la chaleur dans le milieu naturel où elle aboutit.
Dans les circuits ouverts, l’eau amenée au condenseur est prise dans une rivière ou dans
la mer et y retourne en sortant du condenseur. Dans les circuits fermés, l’eau sortant du
condenseur est dispersée à l’intérieur d’une tour où circule un courant d’air. Cet air refroi-
dit l’eau qui tombe dans un bassin d’où elle est repompée vers le condenseur. Dans un tel
système, la chaleur de condensation de la vapeur est donc rejetée à l’atmosphère.
L’échange de chaleur entre l’eau et l’air s’accompagne d’une évaporation. La concentra-
tion en sels de l’eau du circuit fermé qui en résulte doit être limitée par des purges de
déconcentration. Les pertes de ce circuit, par évaporation et purges, doivent être compen-
sées par un appoint d’eau provenant d’une source extérieure.
• le bâtiment des auxiliaires nucléaires (BAN) qui contient une partie des circuits
auxiliaires nécessaires au fonctionnement normal de la tranche ;
• le bâtiment électrique (BAS/BL) avec des circuits de sauvegarde, qui assure deux
fonctions : en partie inférieure, il contient la plupart des équipements des circuits de
sauvegarde ; en partie supérieure, il contient la plupart des équipements électriques de
la tranche ;
• le bâtiment combustible (BK) qui abrite la piscine de stockage du combustible usé ;
• le bâtiment des réservoirs de stockage d’eau des piscines ;
• les deux bâtiments des groupes diesels, séparés et distants pour réduire les dommages
simultanés en cas de chute d’avion ;
• le bâtiment d’exploitation.
On constate d’après cette relation que, pour une puissance et une taille de cœur données,
la longueur du cycle possible augmente avec l’épuisement moyen de décharge, et que,
pour un épuisement moyen de décharge donné, plus le fractionnement est élevé, plus la
longueur du cycle possible est importante.
30 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Palier Palier
900 1 300
Tsat (°C) 100 200 273 282 300 346 374,15
Psat (MPa) 0,1013 1,555 5,769 6,616 8,593 15,740 22,120
RC th 0,188 0,359 0,445 0,454 0,471 0,511 0,532
Cependant, le rendement réel des REP en service en France, compris entre 31,8 et 36,1 %
selon les paliers, est nettement inférieur aux RC th de 44,5 à 45,4 % correspondant aux
pressions vapeur GV de ces paliers. L’obtention de pressions de vapeur plus élevées est
limitée sur les REP. Leurs rendements ne peuvent approcher ceux des centrales thermiques
à combustible fossile, des caractéristiques de vapeur voisines n’étant pas envisageables
sans modifications technologiques majeures (matériaux, combustible, surchauffe de la
vapeur). Des rendements élevés ne doivent en effet pas être obtenus par une complexité
accrue et au détriment de l’économie globale. À titre de comparaison, les rendements
prévus à l’horizon 2005 des différents types de centrales thermiques à combustible fossile
sont les suivants :
• CPTF1 : 44 % sur PCI2, avec un cycle supercritique (37,5 MPa, 720 °C) ;
• Charbon LFC3 : 41 à 42 % sur PCI pour des unités de 600 MWe (16,5 MPa, 550 °C) ;
• GCC4 : 57 %.
extérieure S. Pour maximiser la réactivité du cœur, il faut donc réduire le rapport S/V de
la surface au volume, par optimisation à la fois de la forme et de la taille du cœur :
• une forme présentant à volume égal la plus petite surface est préférable ; la sphère étant
la forme géométrique qui a le plus faible rapport S/V serait idéale. Pour des raisons de
construction pratique, on choisit plutôt une forme voisine d’un orthocylindre ;
• l’augmentation des dimensions d’une forme quelconque accroît la surface moins vite
que son volume ; plus les dimensions du cœur sont grandes, plus le rapport des fuites
aux fissions est petit et plus le coefficient de multiplication keff augmente.
Si la composition d’un milieu est telle que k∞ est inférieur à 1, ce milieu ne pourra jamais
devenir critique quelles que soient ses dimensions. Par contre si k∞ est supérieur à 1, il y
a toujours possibilité de définir un volume pour que l’ensemble soit critique (keff = 1). On
atteint alors la taille critique à laquelle correspond la masse critique (masse du
combustible contenu dans un cœur de taille critique). Ainsi, par exemple, un assemblage
neuf d’enrichissement à 3,5 % plongé dans de l’eau pure ne peut atteindre la criticité ;
deux assemblages placés côte à côte non plus, les fuites sont trop importantes ; par contre,
trois assemblages groupés ont un facteur de multiplication effectif supérieur à 1.
2.1.3.2. Réflecteur
Les neutrons qui s’échappent du cœur peuvent subir des réactions de diffusion avec les
noyaux des atomes de la matière placée juste à l’extérieur du cœur, certains chocs peuvent
faire rebondir les neutrons. On réduit les fuites de neutrons en entourant le cœur de maté-
riaux peu capturants, susceptibles de renvoyer dans le cœur une partie des neutrons ; ces
matériaux constituent le réflecteur. Dans un REP, le baffle en acier qui entoure le cœur et
l’eau qui se trouve entre le baffle et l’enveloppe de cœur constituent un réflecteur radial. Les
fuites représentent environ 4 000 pcm de réactivité, c’est-à-dire : k∞ = 1,04 quand keff = 1.
Il faut également disposer d’une marge suffisante par rapport à la saturation en régime de
fonctionnement permanent et lors des transitoires normaux d’exploitation. L’observation
de la température de saturation en fonction de la pression de l’eau permet de fixer un
premier intervalle de choix possible. On obtient par exemple, avec une marge de 30 °C,
une plage de pression primaire comprise entre 11,14 et 21 MPa et, avec une marge de
50 °C, une plage comprise entre 10,24 et 18,57 MPa.
Tableau 2.2. Plages de pression possibles en fonction de la température de saturation.
permet, compte tenu des critères à respecter, de définir une valeur maximale de la
puissance en fonction de la cote, et donc une limite à respecter lors des études de pilotage
du cœur.
a) Réglage primaire
La fonction du réglage primaire est de maintenir la fréquence du réseau à son point de
consigne (Fo) de 50 Hz. Son action est automatique et fait partie de la régulation turbine.
Un écart en fréquence Δf sur le réseau est répercuté sur la consigne de puissance (ou
équivalent) :
1 Δf
ΔP f = --- × ----- × PN = KΔf
S Fo
avec :
– 1 PN
K = ------ × --------
S Fo
où S est le statisme de la tranche (réglé à 4 % pour les tranches nucléaires). En d’autres
termes, un écart de –20 mHz de fréquence se traduit par un appel de 1 % PN à la turbine.
40 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
1 Les incidents et accidents de fonctionnement des réacteurs sont classés en quatre catégories suivant leur
niveau de gravité.
2
Tube reducted extrusion. Produit extrudé, intermédiaire entre les lingots et les tubes. On étire la pièce en
réduisant sa section.
3 - Conception et fabrication du combustible 47
Figure 3.1. Fabrication des éléments de combustible pour réacteurs à eau sous pression chez
Framatome ANP. Organisation générale des lignes de produits entrant dans la composition de
l’assemblage (extrait de Lannegrace 1997).
3 Excentrement : décalage des axes de symétrie des surfaces interne et externe des tubes provoquant une varia-
Figure 3.3. Assemblage de combustible pour réacteur à eau sous pression. Vue générale et vue de
détail de la partie supérieure.
Les caractéristiques principales des assemblages et des composants sont indiquées dans le
tableau 3.1. Les conditions d’emploi sont indiquées par ailleurs dans cet ouvrage (Migaud,
2002). La fonction de l’assemblage est de produire de la chaleur dans les conditions
techniques et économiques optimales en respectant les règles de sûreté. Ses composants
sont conçus pour répondre à cette fonction.
Les tubes-guides servent à assurer l’introduction des barres de contrôle et à les guider dans
leur mouvement vertical. Le tube d’instrumentation permet l’introduction de différents
instruments dans le cœur en fonctionnement (thermocouple, collectrons…). Ces tubes
sont en alliage de zirconium recristallisé.
3 - Conception et fabrication du combustible 51
Réacteur
Paramètres
900 MWe 1 300 MWe
Nombre d’assemblages 157 193
Type de réseau 17 × 17 17 × 17
Largeur assemblage (mm) 214 214
Pas du réseau de crayons (mm) 12,6 12,6
Nombre de crayons/assemblage 264 264
Nombre de tubes-guides 24 24
Nombre de tubes d’instrumentation 1 1
mélange 6 8
Nombre de grilles
maintien (extrémités) 2 2
Masse totale assemblage 670 765
Matériau de gaine crayon Zircaloy 4, M5TM Zircaloy 4
Diamètre crayon (mm) 9,50 9,50
Longueur crayon (mm) 3 852 4 488
Colonne fissile (mm) 3 660 4 267
Longueur chambre d’expansion (mm) 164,57 201,5
Matériau ressort AISI AISI 302
Longueur libre du ressort (mm) 212 240
Diamètre du fil du ressort (mm) 1,445 1,445
Diamètre hors tout (mm) 7,90 7,825
Nombre de spires 43 40
Épaisseur gaine (μm) 570 570
Matériau pastilles UO2 UO2
Enrichissement pastille2 3,25 3,70
Diamètre pastille (mm) 8,192 8,192
Hauteur pastille (mm) 13,46 13,46
Profondeur évidemment (mm) 0,305 0,305
Rayon sphérique évidement (mm) 14,9 14,9
Porosité ouverte (%) 0,5 0,5
Densité des pastilles (% DT3 ) 95 95
Jeu de fabrication pastille-gaine (mm) 0,168 0,168
Gaz de remplissage hélium hélium
Pression à froid (MPa)4 2,5 - 3,1 3,1
1 Cotes nominales. Les tolérances permettent de faibles écarts. Les dimensions hors tolérances
peuvent conduire au rebut ou au recyclage des composants.
2 Ces valeurs évoluent actuellement vers des valeurs plus élevées suivant le type de gestion des
cœurs.
3 DT : densité théorique de l’oxyde d’uranium, 10,96.
4 La pression interne est choisie suivant le type de gaine et ses caractéristiques de fluage.
52 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
La recristallisation est un traitement thermique qui confère aux tubes une microstructure
et des propriétés mécaniques spécifiques.
Les tubes-guides sont vissés sur les embouts inférieur et supérieur par une liaison
démontable. Ce type de liaison facilite l’extraction éventuelle des crayons non étanches
durant les arrêts de tranche ainsi que celle de crayons spécialement sélectionnés et
caractérisés dès leur fabrication pour des besoins commerciaux (démonstration auprès des
clients) ou de R&D.
La section interne des tubes-guides doit être variable. En effet la réduction progressive de
la section interne des tubes dans leur partie inférieure provoque l’amortissement
hydraulique du mouvement des barres de contrôle en cas de chute. Cette section est
déterminée également pour laisser un jeu suffisant entre les crayons de grappe et la surface
interne des tubes-guides, de façon à assurer le bon refroidissement des crayons de grappe
dans leur partie supérieure et le libre mouvement des grappes. Des trous pratiqués en
partie basse assurent le débit de refroidissement en fonctionnement normal et l’expulsion
de l’eau en cas de chute des grappes. L’épaisseur des tubes-guides est déterminée pour
assurer une grande rigidité à l’assemblage et respecter les critères de résistance
mécanique, notamment en cas de surpression induite par la chute des barres. La figure 3.4
représente le schéma de principe du tube-guide et les séquences de fonctionnement.
3 - Conception et fabrication du combustible 53
3.2.3.2. Grilles
Les grilles assurent la géométrie transversale du réseau de crayons (type 17 × 17, etc.).
Elles sont constituées par un réseau de plaquettes métalliques entrecroisées, de faible
épaisseur, constituant les cellules élémentaires dans lesquelles sont logés : les crayons, les
tubes-guides et le tube d’instrumentation. Elles sont réparties régulièrement, sur la
longueur de l’assemblage. Il existe deux types de grilles :
• les grilles d’extrémité maintiennent les crayons ;
• les grilles intermédiaires servent à assurer le mélange des veines fluides grâce à leurs
ailettes et à empêcher les zones mortes en aval, afin d’éviter les risques liés à un
refroidissement local défectueux (risque d’assèchement et échauffement critique).
Les crayons sont maintenus dans les cellules par des ressorts et des bossettes (figure 3.5).
Les plaquettes périphériques des grilles en contact avec les assemblages adjacents doivent
empêcher tout risque d’accrochage pendant les opérations de chargement et de
déchargement des assemblages dans le cœur du réacteur. Soumis à des efforts mécaniques
localisés et à des conditions électrochimiques potentiellement dommageables, les ressorts
sont conçus pour résister :
• aux efforts de serrage des crayons ;
• à la corrosion sous contrainte5 (CSC) ;
• aux vibrations provoquées par les débits hydrauliques transverses ;
• aux vibrations en cas de séisme.
5 Phénomène d’endommagement des matériaux. La propension à la rupture est accélérée par la corrosion.
54 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
La conception des grilles résulte d’un compromis entre plusieurs fonctions dont les
exigences sont contradictoires : maintien des crayons et mélange du réfrigérant qui exigent
d’excellentes caractéristiques mécaniques, perte de charge réduite et faible absorption des
neutrons qui exigent une épaisseur et une hauteur minimale. Il faut de plus que leur
fabrication reste possible sans difficultés.
Les grilles sont donc conçues pour assurer aussi le maintien de la géométrie des
assemblages en cas d’accidents : séisme, accident par perte de réfrigérant primaire (APRP).
3.2.3.5. Grappes
Une grappe est associée à chaque assemblage dans sa partie supérieure (figure 3.6). Les
grappes ne font pas partie à proprement parler de l’assemblage, elles sont installées dans
les réacteurs pendant une durée bien supérieure au temps de séjour de ceux-ci. Les tubes-
guides doivent donc être compatibles avec les grappes.
On distingue plusieurs types de grappes, mobiles ou fixes :
• les grappes mobiles constituées de crayons contenant des absorbants neutroniques, qui
servent à réguler la puissance ou à arrêter le réacteur ;
• les grappes fixes insérées en permanence qui servent à optimiser la gestion neutronique
du cœur dont :
- les grappes de poison consommable,
- les grappes mixtes source-poison, qui servent à ajuster la réactivité des premiers
cœurs ;
• les grappes bouchons qui bloquent le débit dans les tubes-guides des assemblages
lorsque ceux-ci sont dans une position qui n’est pas sous une grappe d’un type
précédemment cité.
Figure 3.6. Grappe de contrôle des assemblages. Vue de détail de l’araignée insérée dans un
assemblage sur maquette d’un assemblage Framatome ANP, AFA 2G.
Figure 3.7. Coupe schématique d’un crayon de combustible pour réacteur 1 300 MWe.
Les composants métalliques soumis au flux de neutrons, dont les tubes-guides, les grilles
et les gaines, grandissent sous l’effet de l’absorption des neutrons. Les débits hydrauliques
transversaux créent des contraintes qui peuvent entraîner une déformation latérale
progressive des assemblages. La géométrie du cœur ne doit pas être modifiée à la suite
d’accidents de classe 4 : séisme, accident par perte de réfrigérant primaire.
La conception a pour objectif d’assurer le maintien vertical et latéral des assemblages dans
toutes les conditions de fonctionnement (normales ou accidentelles). Les tubes-guides et
les grilles assurent la rigidité latérale de l’assemblage, les ressorts à lames, intégrés dans
l’embout supérieur, assurent leur maintien vertical.
3 - Conception et fabrication du combustible 57
Figure 3.9. Examens au MEB d’échantillons de pastilles d’UO2 neuve et irradiée. Révélation
des fines porosités de fabrication (pastille neuve).
fabrication sont visibles (fines taches sombres). La coupe axiale et la coupe transversale de
deux pastilles irradiées révèlent l’existence d’un réseau de fissures provoquées par le
gradient de température radial. La coupe radiale montre les effets de la différence de
température qui existe entre les parties centrale et périphérique des pastilles. Dans la zone
centrale, plus sombre, on observe une porosité plus importante qu’en périphérie où le
combustible, beaucoup plus froid, n’a subi que peu de modifications par rapport à l’état
neuf. La franche séparation circulaire des deux zones révèle une isotherme dont la valeur
est proche de 1 250 °C.
6 Microscope électronique à balayage. Cette technique est très utilisée pour étudier la structure des oxydes et
des gaines et caractériser des zones de quelques micromètres, notamment des faciès de rupture ou la répartition
des grains et les modifications locales intra, inter- ou transgranulaires.
60 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Figure 3.10. Relâchement des gaz de fission. Évolution comparée du taux de relâchement
dans des crayons UO2 et MOX en fonction de l’épuisement.
l’irradiation. La première photo (pastille neuve) montre la présence de petites taches noires
qui ont disparu pendant l’irradiation deuxième photo, pastille irradiée).
3.3.1.5. Fluage
La gaine se contracte par fluage sous l’effet de la différence de pression qui existe entre le
réfrigérant (15,5 MPa) et l’intérieur du crayon (2,5–3,1 MPa dans les conditions TPN, 9,0–
5,0 MPa et au-delà en service) après plusieurs cycles d’irradiation7. La cinétique de fluage
augmente avec la dose instantanée de rayonnement reçue.
3.3.1.6. Grandissement
La longueur de la gaine s’accroît sous l’effet des neutrons absorbés pendant l’irradiation.
Les crayons s’allongent et risquent donc d’entrer en contact avec les embouts, si aucune
précaution n’est prise. Le contact puis le blocage par les embouts provoquerait la
déformation transversale des crayons et modifierait alors localement la section de passage
entre crayons, dégradant ainsi les échanges thermiques et provoquant un risque
d’endommagement de la gaine par l’assèchement des gaines.
7
Cycle d’irradiation : durée d’irradiation des assemblages entre deux arrêts consécutifs du réacteur pour
rechargement en combustible neuf.
62 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Figure 3.11. Corrosion externe des gaines et hydruration. Aspect typique de l’évolution
de la couche d’oxyde externe en fonction du temps de séjour en réacteur.
Figure 3.12. Évolution comparée de l’épaisseur de la couche d’oxyde sur deux alliages de gaine
en fonction du taux de combustion.
3 - Conception et fabrication du combustible 63
Figure 3.13. Interaction pastille-gaine. Exemple typique d’une rupture par IPG/CSC.
Stades successifs de l’endommagement conduisant à la rupture.
à travers la matrice ou se déplace le long des chemins que constituent les fissures et les
évidements des pastilles, puis est dissocié par les fragments de recul en surface des
pastilles. L’iode et le zirconium réagissent pour donner un composé ZrI4. Par un effet
mécanique de mâchoire, les lèvres des fissures des pastilles localisent des déformations à
la surface de la gaine. Suivant la qualité de l’état de surface interne de celle-ci et la
susceptibilité de l’alliage à la CSC, une décohésion locale des grains d’alliage se produit
(microfissures intergranulaires) ; ces microfissures se propagent à travers le métal de façon
transgranulaire, puis la rupture brutale se produit dès que l’épaisseur du ligament restant
devient trop faible.
Au début des années 2000, le phénomène a été maîtrisé. Les nouvelles gestions des cœurs
dégagent des marges, les remèdes ont été testés avec succès et leur utilisation industrielle
est maintenant envisagée.
8 Marge : écart qui sépare la valeur d’une grandeur physique, mécanique ou chimique, par rapport à une
valeur de sécurité. Exemples : marge en contrainte, en température…
9
Critère : valeur limite qu'un paramètre ou une grandeur physique ne doit pas dépasser pour éviter une dégra-
dation des performances du combustible.
3 - Conception et fabrication du combustible 67
Figure 3.16. Interaction pastille-gaine. Évolution des diamètres de pastille et de gaine en fonction
de la durée de séjour en réacteur.
Figure 3.17. Évolution typique du taux de relâchement et de la pression interne dans un crayon
au cours de l’irradiation.
3 - Conception et fabrication du combustible 69
Exemple 1
L’interaction pastille-gaine (IPG) est à prendre en compte dans les incidents de deuxième
catégorie. Par exemple, l’IPG limite les durées possibles de fonctionnements prolongés à
puissance intermédiaire (FPPI). En effet toute diminution prolongée de la puissance
s’accompagne de la réouverture du jeu pastille-gaine, ce qui permet donc à la gaine de
recommencer à se contracter par fluage et par voie de conséquence augmente la
contrainte due au nouvel état d’équilibre (effet de serrage de la gaine sur la colonne
combustible). L’augmentation de contrainte qui en résulte réduit d’autant les marges vis-
à-vis de l’IPG.
70 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Exemple 2
La manutention du combustible peut provoquer le mouvement de petits fragments
d’oxyde coincés dans le jeu pastille-gaine. Des ruptures de gaine peuvent se produire en
cas de remontée en puissance trop rapide. Pour les éviter, on limite la vitesse de remontée
en puissance du réacteur à 1 % par heure, après un arrêt pour rechargement ou
manutention des assemblages.
On étudie actuellement des remèdes pour réduire les effets potentiels, dommageables de
l’IPG. Des gaines plus résistantes au fluage et à la CSC et des pastilles plus visco-plastiques,
permettront de réduire la poussée des pastilles sur la gaine en cas de transitoire de
puissance. Des pastilles dites ultra-courtes (PUCE) avec un rapport hauteur/diamètre réduit
sont étudiées, elles diminueront les effets mécaniques d’extrémités10.
Exemple 3
Dans certains cas, l’introduction d’un nouveau combustible peut nécessiter d’apporter des
modifications à la chaudière, c’est le cas, en particulier, de la parité du MOX avec l’UO2.
Il faut ajouter des grappes complémentaires, modifier le schéma des grappes et de
l’absorbant, augmenter la concentration en bore du PTR et du REA.
À l’inverse, une modification de la gestion des réacteurs nécessite de vérifier que les
critères de sûreté du combustible sont respectés. C’est le cas par exemple des gestions
GEMMES dans les réacteurs 1 300 MWe.
10 Sous l’effet de la dilatation et des gradients thermiques, la pastille prend la forme d’un diabolo. Les deux
extrémités des pastilles impriment donc à la gaine une déformation locale plus importante que dans le plan
médian.
Retour d’expérience et
évolution du combustible
Le combustible séjourne en réacteur entre 4 et 5 ans suivant le type de gestion. Pendant le
séjour en réacteur, l’exposition des divers matériaux à des flux de neutrons intenses
provoque des modifications significatives de leurs propriétés physiques, chimiques et
mécaniques.
que le temps de chute reste inférieur au critère, l’Autorité de Sûreté exige qu’il soit mesuré
régulièrement pendant la durée du service en réacteur. Les mesures de déformations
d’assemblages réalisées régulièrement ont montré que la modification de la conception
des tubes-guides avait réduit la déformation des assemblages de façon très significative.
Certains événements inopinés peuvent conduire à l’endommagement du combustible et
notamment des gaines. C’est le cas par exemple de débris de petite taille transportés par
le caloporteur dans le faisceau de crayons, qui peuvent se coincer au niveau des grilles,
user localement la gaine et provoquer des ruptures comme l’illustre la figure 4.1. Il faut
noter que ces endommagements, extrêmement rares, risquent malgré tout de mettre en
cause le fonctionnement de la chaudière dans laquelle se produit un tel événement.
L’analyse approfondie des causes d’endommagement a permis de développer des
solutions pour les supprimer et améliorer ainsi les performances du combustible pour faire
face à des conditions de fonctionnement plus sévères.
Figure 4.2. Retour d’expérience en réacteur. Hydruration locale en partie haute d’un tube-guide
provoquée par un défaut de refroidissement local.
• un dispositif anti-débris (DAD) qui empêche l’endommagement des gaines par les
débris.
Le démontage des embouts permet l’extraction et le remplacement des crayons défectueux
puis le rechargement des assemblages ainsi réparés.
L’assemblage actuel (AFA 3G) est caractérisé en particulier par des liaisons embouts/tubes-
guides démontables. Ces liaisons permettent de réparer les assemblages entre deux cycles.
La généralisation des gaines en alliage M5™ réduit les effets de la corrosion externe et du
grandissement ce qui permet d’envisager l’accroissement des taux de combustion. Les
tubes-guides plus épais améliorent la rigidité de la structure et a réduit les déformations
latérales des assemblages, contribuant ainsi à réduire les temps de chute des grappes. Le
nouvel assemblage ALLIANCE, conçu par Framatome-ANP, intègre les améliorations les
plus récentes, notamment celles qui concernent les grilles.
Par ailleurs le REDEX a aussi montré que les tubes-guides pouvaient se déformer et
perturber les temps de chute de grappe.
La modification de la conception (géométrie) et le choix d’un alliage du type M5™ ont
permis de résoudre les problèmes évoqués. Les tubes-guides sont maintenant fabriqués
d’une seule pièce (Tube-Guide Monobloc – TGM™) avec un diamètre extérieur constant
et un diamètre interne variable. Ce dernier a été augmenté dans la partie supérieure du
tube-guide pour favoriser les échanges thermiques entre le réfrigérant et le tube lui-même
et réduit progressivement dans sa partie inférieure. L’épaississement qui en résulte
améliore la résistance mécanique ; la zone de transition de section variable assure le frein
hydraulique. La figure 4.3 montre l’évolution géométrique des tubes-guides.
Le retour d’expérience montre que ces modifications sont efficaces, réduisent de façon
significative les déformations latérales des assemblages et suppriment les risques de
surchauffe des tubes-guides dans leur partie supérieure et donc le risque subséquent de
fragilisation par hydruration.
Figure 4.4. Retour d’expérience. Évolution du dessin des grilles pour améliorer le refroidissement
des crayons et réduire la déformation des assemblages.
LE CIRCUIT PRIMAIRE
Pierre Coppolani
Introduction
Le circuit primaire d’un réacteur à eau pressurisée est, du point de vue fonctionnel,
l’équivalent de la chaudière d’une centrale thermique classique. C’est en son sein qu’a lieu
la production d’énergie thermique qui est convertie en énergie mécanique dans la turbine,
par l’intermédiaire du circuit secondaire, puis en énergie électrique dans l’alternateur.
Le circuit primaire a donc pour rôles principaux :
– d’assurer le transfert de l’énergie calorifique produite dans le cœur vers le circuit
secondaire et la turbine ;
– d’assurer le confinement du cœur et de l’eau primaire radioactive ;
– de permettre le contrôle de la pression primaire par le pressuriseur et les systèmes de
régulation et de protection ;
– de permettre le contrôle de la réactivité du cœur grâce aux grappes commandées par
le système de régulation de température moyenne cuve.
Les boucles primaires,
la cuve et ses composants
5.1. Boucles primaires
Le circuit primaire dit « principal », CPP, est constitué de quatre boucles connectées à la
cuve de manière symétrique par rapport à deux plans orthogonaux médians et du
pressuriseur relié à l’une des boucles par la ligne d’expansion (Figure 5.1).
En application de cet arrêté, les cuves sont conçues conformément aux règles définies dans
le code de construction spécifique aux enceintes nucléaires, le RCCM (Règles de concep-
tion et de construction des matériels mécaniques des îlots nucléaires REP). Le RCCM trans-
crit en règles pratiques de conception, de fabrication et de contrôle les objectifs de
résistance et de qualité imposés par l’arrêté.
L’objectif de conception est d’assurer la capacité fonctionnelle et l’intégrité de la cuve
dans tous les cas de fonctionnement, appelés « situations » pendant toute la vie de la
centrale. En effet, la cuve n’est pas remplaçable.
La fonction de la cuve consiste à garantir un maintien précis et la possibilité de démontage
des structures internes. Elle est assurée par une limitation des déformations et donc des
contraintes dans les parois résultant des sollicitations dues à la pression et à la température
du fluide.
L’intégrité de la cuve est nécessaire pour assurer le confinement du fluide primaire. La
perte d’intégrité pourrait résulter de phénomènes physico-chimiques et de sollicitations
mécaniques appelées « chargements » d’origine interne (pression, température du fluide
primaire) ou externe : séisme, chutes d’avion...
On distingue les phénomènes d’endommagement d’origine chimique comme la corrosion
de ceux qui résultent directement des sollicitations mécaniques et qui sont la déformation
excessive et l’instabilité plastique, la fissuration par fatigue et la rupture brutale.
Pour se prémunir de ces dommages, on s’assure que les contraintes maximales lors de tous
les cas de fonctionnement restent inférieures, avec un facteur de marge, aux contraintes
maximales admissibles vis-à-vis du dommage à éviter.
est effectué par une liaison bimétallique. Dans cette liaison, on ne peut éviter les
contraintes, soit initiales résultant du processus lui-même de soudure (refroidissement non
uniforme), soit des transitoires thermiques (coefficients de dilatation plus élevés pour
l’acier ferritique que pour les aciers austénitiques).
Le fluide primaire, de l’eau chaude boriquée, est un milieu agressif que l’on cherche à
adoucir par un conditionnement chimique approprié : adjonction de lithine pour élever
le pH, saturation en hydrogène pour empêcher l’existence d’oxygène libre.
Dans ce milieu et en présence de contraintes, certains alliages sont sensibles au
phénomène de corrosion sous contrainte, qui se traduit par l’apparition et la propagation
de fissures pouvant être à l’origine de fuites.
L’inconel 600 utilisé pour les adaptateurs des mécanismes (comme pour les tubes GV) est
sensible à la corrosion sous contrainte (IGSC : intergranular stress corrosion) dans l’eau
pure à haute température. Cette corrosion a entraîné des fissures longitudinales qui ont été
mises en évidence suite à une fuite survenue lors d’une ré-épreuve hydraulique de cuve.
Les inspections en service ont montré que ces fissures affectaient en majorité les
adaptateurs situés en périphérie car situés sur la partie la plus bombée du couvercle et
soumis aux déformations et donc aux contraintes les plus élevées.
Ce mécanisme de corrosion se caractérise par un temps d’amorçage et une vitesse de pro-
pagation. Le temps minimum d’amorçage (supérieur à 20 000 h) dépend de la température
et des contraintes de surface. La vitesse de propagation dépend essentiellement de la
température.
Les actions correctives consistent à changer les couvercles de cuve, en remplaçant
l’inconel 600 par l’inconel 690 (comme pour les tubes GV) et en réduisant les contraintes
de fabrication par un meilleur état de surface. C’est la solution qui a été adoptée par EDF
sur une partie des tranches 900 et 1 300 MW et par certains exploitants américains de
réacteurs à eau pressurisée.
5.2.5.2. Fatigue
La fatigue désigne le comportement des matériaux sous des cycles répétés de contrainte
ou de déformation qui causent une détérioration de la matière, d’où résulte une rupture
progressive.
Les fluctuations des contraintes occasionnées par les situations de 2e catégorie peuvent
entraîner des endommagements par fatigue, qui conduiraient, si on ne faisait pas le
nécessaire, à l’apparition de fissures dans les zones les plus contraintes de la cuve. Le
respect des exigences du code RCCM prémunit contre ce risque.
L’apparition de petites fissures de fatigue sur la face interne de la cuve ne constituerait pas
un risque pour l’intégrité de la cuve en fonctionnement normal compte tenu de son
épaisseur. En revanche, dans la zone de la cuve qui se trouve au droit du cœur et qui est
donc fragilisée par l’irradiation neutronique, la présence de fissures pourrait conduire à
une rupture brutale de la cuve lors d’un transitoire violent de pression ou de température,
en fin de vie, pour peu que ces fissures soient d’une profondeur importante.
Dans la pratique on fait donc fonctionner la chaudière dans des conditions telles qu’il
n’apparaisse pas de défauts de fatigue en service là où il n’y en a pas et que les petits
défauts inévitables de fabrication ne se propagent pas. On impose pour cela à l’exploitant
des contraintes sur le gradient de température qu’il a le droit de faire subir à la cuve.
86 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
¦ ui = ¦ ni ⁄ Ni < 1
où ni est le nombre de cycles pendant lesquels s’exerce la contrainte constante σi et Ni le
nombre de cycles à rupture qui existerait si l’amplitude de contrainte restait constante et
égale à σi (courbe de Wöhler).
En réalité, ce sont les déformations qui sont analysées, d’où la nécessité d’une correction
de plasticité en cas d’analyse élastique.
b) Facteurs d'influence
De nombreux facteurs affectent les résultats d’une courbe de fatigue : d’une éprouvette à
l’autre, les résultats peuvent être différents et il est nécessaire de rassembler des résultats
statistiques.
Le facteur le plus significatif est sans doute l’état de surface. En effet, la rupture de fatigue
a toujours pour origine l’existence d’une fissure et on a constaté que la plupart des fissures
de fatigue commençaient à la surface de l’échantillon. Par conséquent, les rayures
d’usinage diminuent la limite de fatigue : une surface rugueuse peut abaisser la résistance
à la fatigue de 15 à 20 %. La résistance peut être accrue par un poli soigné ou par des
traitements de surface qui la durcissent soit chimiquement (nitruration, cémentation), soit
mécaniquement par des contraintes de compression obtenues par martelage.
Un autre facteur modifiant la limite de fatigue consiste à superposer à l’effort alterné un
effort constant. Si cet effort est une tension, la limite de fatigue est diminuée ; si c’est une
compression, elle est augmentée. Enfin, d’une façon générale, les impuretés internes ou
superficielles, les hétérogénéités locales, les gros grains et les tensions internes abaissent
la résistance à la fatigue.
élastique caractérisé par des déformations réversibles (figure 5.5). Pour des valeurs plus éle-
vées, il apparaît des déformations plastiques associées à des déformations irréversibles après
suppression du chargement.
Par convention, on considère que la déformation excessive est atteinte lorsque la défor-
mation globale rémanente excède la déformation qui se produirait dans un comportement
purement élastique.
Lorsque le chargement continue à croître, la modification de la forme tend par augmentation
du diamètre et réduction des épaisseurs, à affaiblir l’enceinte alors que l’accroissement de
la limite d’élasticité du matériau (écrouissage) tend à la consolider. Lorsque le premier effet
l’emporte, la déformation est instable et la rupture se produit si le chargement est maintenu.
Dans la zone intermédiaire, celle où la résilience augmente très vite avec la température,
on définit un point particulier appelé température de transition de référence ou RTNDT
(figure 5.8). Il ne faut pas faire travailler l’acier ferritique de la cuve en dessous de cette
température.
Pour les chaudières en exploitation, la rupture de la cuve doit être totalement exclue par
sa conception, par la surveillance en service et par l’ensemble des mesures qui permettent
d’assurer le refroidissement du cœur dans la cuve en toutes circonstances. Ces dernières
incluent les situations hautement improbables qui demanderaient d’injecter de l’eau très
froide dans la cuve pour refroidir le cœur. En clair la rupture de la cuve n’est pas envisagée
comme possible, compte tenu des mesures de prévention, et il n’existe pas de mesures cons-
tructives permettant de faire face à l’écoulement hors de celle-ci du cœur fondu (appelé
« corium »).
Afin d’exclure le risque de rupture brutale en service, le matériau de cuve, et en particulier
celui de la zone soumise à irradiation neutronique, est élaboré pour avoir une excellente
ténacité en sortie de l’aciérie et une composition chimique optimale pour réduire la
fragilisation sous irradiation.
La maîtrise de la RTNDT se fait à trois niveaux :
• fabrication : une faible teneur en éléments fragilisants tels que le cuivre, le soufre et le
phosphore limite le décalage de la RTNDT sous irradiation ;
• réduction de la fluence (flux de neutrons/cm²) : on réduit la fluence en optimisant les
plans de chargement des assemblages combustibles, tout en respectant les contraintes
liées aux évolutions telles que l’allongement des campagnes à 18 mois ou l’utilisation
du combustible MOX ;
• surveillance de l’effet de l’irradiation sur le décalage de la RTNDT : dès l’engagement
des paliers 900 et 1 300 MWe, un programme très complet de surveillance de
l’irradiation a été mis en œuvre pour suivre l’évolution de la RTNDT de chaque cuve :
ce programme s’appuie sur l’extraction de quatre capsules à une périodicité prédéfinie.
Ces capsules sont constituées d’éprouvettes fabriquées dans le métal de la cuve et
90 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
placées dans la cuve elle-même à des positions recevant plus de flux neutronique que
la paroi. Leur endommagement est donc accéléré par rapport à celui de la cuve. Ces
capsules sont équipées de détecteurs de température (sondes fusibles) et de dosimètres
neutroniques (à fission ou à activation) pour connaître très exactement les conditions
dans lesquelles le matériau a été irradié et la dose qu’il a reçue (figure 5.9).
Le dépouillement des éprouvettes de résilience extraites des capsules permet de quantifier
les effets de fragilisation neutronique et donne, avec une anticipation suffisante, l’image
des caractéristiques mécaniques de la cuve irradiée jusqu’à 40 ans.
Dans le sens horizontal, chaque embout est maintenu en position par deux broches vissées
dans la plaque de cœur.
internes sont à une température un peu plus élevée que celle de la cuve qui gonfle sous
l’effet de la pression.
a) Maintien vertical
Les brides des internes, inférieur et supérieur, sont maintenues en contact respectivement
avec le rebord d’appui dans la cuve et le plan de joint du couvercle de cuve par l’anneau
de calage qui travaille en flexion comme une grosse rondelle Belleville.
De plus, pour pallier une rupture hypothétique de l’enveloppe de cœur, un supportage
secondaire est prévu en partie basse des internes inférieurs dans le double but de limiter
l’impact sur le fond de cuve grâce à des amortisseurs, et de réduire la hauteur de chute du
cœur afin d’empêcher le désengagement des crayons absorbants des tubes-guides
d’assemblages.
5 - La boucle primaire, la cuve et ses composants 97
b) Maintien latéral
Le centrage précis des internes inférieurs dans la cuve est réalisé par un dispositif
comprenant 6 clavettes stellitées solidaires du fond support de cœur et des glissières
stellitées solidaires de la cuve. Il est obtenu par un guidage dans le sens tangentiel tout en
autorisant les dilatations dans les directions radiale et verticale.
5.3.4.1. Thermocouples
Une cinquantaine de thermocouples mesurent la température de l’eau en sortie des
assemblages ce qui permet de reconstituer par calcul la carte de puissance dans le cœur.
Les internes supérieurs guident les thermocouples vers les quatre colonnes de thermocou-
ples qui traversent la cuve dans des adaptateurs identiques à ceux des grappes
(figure 5.16). Un système d’étanchéité démontable est prévu pour permettre la dépose du
couvercle de cuve.
98 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
cuve sous l’effet de la pression. Par ce jeu, un débit parasite estimé à 1 % maximum du
débit retourne directement de la branche froide à la branche chaude, en by-passant le
cœur.
• pour les cliquets, biellettes, tube-guide : acier inoxydable amagnétique. Les dents de
cliquets sont stellitées ainsi que les portées d’axe dans les cliquets et biellettes ; les axes
et les portées coulissantes du tube-guide sont chromées.
5 - La boucle primaire, la cuve et ses composants 105
Le tableau 5.1 décrit les cycles de montée et de descente. Les séquences de montée ou de
descente s’effectuent en 800 ms environ. Un fonctionnement en continu permet
d’atteindre ainsi une vitesse de 72 pas/min.
Bobines
Opérations
alimentées
Cycle de montée
M Tige supportée par les cliquets de maintien
T, M Tige supportée par les cliquets de maintien. Fermeture des cliquets de transfert par
remontée du plongeur des cliquets de transfert
T Ouverture du grappin de maintien par descente du plongeur des cliquets de
maintien. Tige supportée par le grappin de transfert
L, T Levage : montée du pôle mobile de levée de 1 pas
L, T, M Fermeture des cliquets de maintien
L, M Descente du plongeur des cliquets de transfert. Ouverture des cliquets de transfert
M Descente du pôle et plongeur des cliquets de transfert due à la libération du pôle
mobile de levée
Cycle de descente
M Tige supportée par les cliquets de maintien
L, M Tige supportée par les cliquets de maintien. Levage des pôle et plongeur de transfert
entraînés par le pôle mobile de levée. Cliquets de transfert ouverts
L, T, M Fermeture des cliquets de transfert par montée du plongeur de transfert
L, T Ouverture des cliquets de maintien par libération du plongeur de maintien. Tige
supportée par les cliquets de transfert
T Descente des pôles et plongeur de transfert par libération du pôle mobile de levée.
Cliquets de transfert fermés. Tige supportée par les cliquets de transfert
T, M Fermeture des cliquets de maintien par montée du plongeur de maintien
M Ouverture des cliquets de transfert par libération du plongeur de transfert
La chute de grappe pour provoquer l’arrêt d’urgence est obtenue par coupure de l’alimen-
tation dans toutes les bobines. Les cliquets s’ouvrent et libèrent en moins de 150 ms la tige
de commande qui chute par gravité. En fin de chute, le mouvement de la grappe et de la
tige est amorti par un rétreint du tube-guide dans l’élément combustible.
Vase d’expansion du circuit primaire, le pressuriseur est relié à l’une des branches chaudes
(boucle 1) par la ligne d’expansion. Il permet le contrôle de la pression du circuit primaire
grâce :
• à l’équilibre des phases eau et vapeur saturées ;
• au système d’aspersion constitué par une buse (douche) au sommet du pressuriseur
reliée, par l’intermédiaire de robinets réglants, à deux des branches froides (dont celle
de la boucle 1) du RCP et au circuit RCV. Le débit d’aspersion est dû à la différence de
pression entre le refoulement des pompes primaires et le sommet du pressuriseur. Il
s’annule donc en cas d’arrêt de ces pompes ;
• aux cannes chauffantes (ou « chaufferettes ») ;
• aux soupapes de décharge et de sûreté.
équilibre avec une phase liquide à la température de saturation à 155 bar, soit 345 °C.
Pour élever ou abaisser la pression du circuit, il faut donc chauffer ou refroidir l’eau du
pressuriseur. La forte pente, dans le domaine P/T considéré de la courbe de saturation de
l’eau, fait qu’à une variation de pression correspond une variation relativement beaucoup
plus faible de température (figure 6.2).
On maintient un faible débit d’aspersion continue qui condense un peu de vapeur qui
retombe dans la phase liquide du pressuriseur. Le maintien de la pression est assuré par
les chaufferettes. Celles-ci créent, au sein de la phase liquide, des bulles de vapeur qui
rejoignent la phase vapeur et compensent le volume condensé par l’aspersion. Ces flux
antagonistes assurent l’homogénéisation et l’équilibre thermique des deux phases par effet
6 - Le pressuriseur 109
de brassage. On évite ainsi la stratification en phase liquide due aux pertes thermiques à
travers la paroi et à l’introduction de l’eau de la branche chaude au fond du pressuriseur.
L’aspersion continue a également pour rôles :
• de maintenir la concentration en bore de l’eau du pressuriseur égale à celle de l’eau
des boucles primaires : on évite ainsi des variations intempestives de réactivité
consécutivement à des transitoires entraînant des baisses de niveau pressuriseur ;
• d’éviter le refroidissement (conditionner) de la ligne d’aspersion, et donc les chocs
thermiques lors de sa mise en service ;
• d’éviter la stratification dans les zones à faible pente de la ligne d’expansion en
assurant un débit suffisant dans celle-ci vers la boucle 1.
a) b)
Figure 6.3. (a) contraction du circuit primaire ; (b) expansion du circuit primaire.
La hauteur et le débit d’une pompe varient avec la vitesse en suivant des règles dites « lois
d’affinité ». Leur application, à chaque point de la courbe caractéristique, se traduit par :
2 3
Q1 W1 H W1 P W
------- = -------- ------1- = -------- -----1- = -------1-
Q2 W2 H2 W P2 2 3
1 W2
avec :
• Q1, Q2 : débit aux vitesses respectives W1 et W2 ;
• H1, H2 : hauteur aux vitesses respectives W1 et W2 ;
• P1, P2 : puissance aux vitesses respectives W1 et W2.
On suppose, pour chaque point, que le rendement ne varie pas avec la vitesse.
Les points associés par les lois d’affinité (1Æ2) sont appelés points correspondants et sont
situés sur une parabole (figure 7.3).
118 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Il en résulte donc, que dans un circuit constitué d’une pompe en série avec des
composants passifs (tuyauteries, échangeurs, robinets), le débit est directement
proportionnel à la vitesse de la pompe.
7.3.2.1. Joint n° 1
Le joint n° 1 (figure 7.8) assure la plus grande partie de la chute de pression entre le circuit
primaire et l’atmosphère. Il est du type hydrostatique, à film d’eau (d’épaisseur 10 μm
environ). La géométrie particulière des deux glaces permet, à l’arrêt comme en rotation,
l’ajustement automatique de leur écartement qui ne dépend que du ΔP du joint. En
revanche, il ne doit jamais y avoir frottement entre les glaces, les céramiques constituant
les joints ne le supporteraient pas. Ceci qui impose un ΔP minimum et donc une pression
primaire de consigne minimale lorsque les GMPP sont en rotation.
Les parties actives des glaces flottante et tournante sont en alumine. Elles sont
progressivement remplacées par des glaces en nitrure de silicium, plus résistantes au
frottement.
7 - Les groupes motopompes primaires 125
7.3.2.2. Joint n° 2
Le joint n° 2 est un joint du type à faces frottantes. L’anneau flottant est appliqué sur la face
tournante par des ressorts qui complètent les effets dus au poids et à l’effet de fond.
La partie active de l’anneau flottant est en graphite ; celle de la glace tournante est un
dépôt de carbure de chrome.
En cas de défaillance du joint n° 1, sous l’effet de la pression (entre 30 et 70 bar), le joint
n° 2 se déforme et devient un joint à film d’eau et à fuite contrôlée capable de tenir à la
pression primaire.
7.3.2.3. Joint n° 3
Le joint n° 3 fonctionne sur le même principe et est constitué des mêmes matériaux que le
joint n° 2.
Une injection à contre-pression d’eau propre (venant du REA) débouche dans une rainure
de la face active de l’anneau flottant de ce joint. Cette injection a pour but de lubrifier les
faces du joint, d’éviter la cristallisation du bore et de faire obstacle à tout relâchement
d’effluents liquides ou gazeux venant du joint n° 2.
La reprise des efforts verticaux est assurée par une butée axiale à double effet constituée
de deux butées hydrodynamiques à huile composées d’une couronne mobile commune
solidaire de l’arbre et de huit patins oscillants à revêtement anti-friction fixés sur la
carcasse du moteur.
Un dispositif d’injection d’huile entre les patins permet de soulever la ligne d’arbre par
pression d’huile et de démarrer la pompe sans frottement sur les patins.
Les efforts verticaux, dirigés en fonctionnement normal vers le haut, sont dus à la pression
primaire s’exerçant sur la section de l’arbre : effet dit « de fond », au poids du mobile et à
la poussée hydraulique de la roue.
Le refroidissement de l’huile des paliers, contenue dans deux carters, est nécessaire pour
évacuer la puissance dissipée dans l’huile et éviter un échauffement excessif entraînant
une diminution de viscosité et une perte de portance. Il est assuré par deux échangeurs
alimentés par le RRI. L’échangeur du carter supérieur est externe contrairement à celui du
carter inférieur. Dans les deux cas, la circulation de l’huile est assurée par une pompe à
viscosité.
Si le débit de RRI est interrompu, comme par exemple en cas d’isolement enceinte suite à
une brèche intérieur enceinte, il y aura, au bout d’un délai supérieur à une dizaine de
minutes, contact entre parties fixes et mobiles de la butée et des paliers moteur, endom-
magement de ces derniers et risque de blocage de l’arbre. En conséquence, des thermo-
couples logés dans les patins des paliers supérieurs et inférieurs de la butée déclenchent
une alarme en cas de température élevée avec instruction d’arrêt manuel du groupe. Si
celui-ci n’est pas réalisé et que la température continue à monter, il y a arrêt automatique.
Les tubes, disposés selon un pas à faisceau carré, sont maintenus par des plaques
entretoises solidarisées entre elles par des tirants. Ces plaques sont percées de
trous permettant le passage des tubes et de l’émulsion eau-vapeur. Dans la partie
cintrée du faisceau, des barres entretoises insérées entre les nappes de tubes évitent les
vibrations.
• L’enveloppe du faisceau est constituée d’une chemise de tôle raccordée à sa partie
supérieure à l’ensemble de séchage.
• La tubulure d’alimentation en eau et le tore de distribution muni de tubes en J.
• L’ensemble de séchage est constitué des séparateurs (cyclones) (figure 8.3) et des
sécheurs à chevrons en étoile (figure 8.4).
• Au sommet de l’enveloppe, la tubulure vapeur est munie de tuyères (figure 8.5) pour
limiter le débit en cas de rupture de ligne vapeur (l’écoulement devient sonique et ne
dépend plus que de la pression amont dès que l’écart de pression amont-aval atteint
une valeur dite critique : environ 50 % de la pression amont).
132 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
tubulaire (mélange diphasique eau-vapeur). Le débit massique dans celle-ci, QT, est tel
que cette force motrice équilibre les pertes de charge du circuit. La part la plus importante
des pertes est localisée dans le faisceau ; là où le fluide secondaire est en double phase
(coefficient de frottement plus élevé qu’en simple phase liquide).
On définit ainsi le taux de recirculation R = QT/Qa, qui est l’inverse de la qualité du
mélange à la sortie du faisceau, avec :
• Qa : débit d’eau alimentaire ;
• Qv : débit vapeur (=Qa en régime établi) ;
• QT : débit total traversant le faisceau ;
• QR : débit de recirculation (= QT – Qa).
Le taux de circulation égal à environ 4 à 100 % PN augmente jusqu’à plus de 20 à basse
charge (PN < 10 %).
Lors des transitoires, la variation du taux d’ébullition, donc des pertes de charge en double
phase, permet d’expliquer les variations transitoires de niveau.
8.2.2. Thermique
La puissance fournie par le GV peut s’exprimer par les relations suivantes :
PGV = Qa (Hs – Ha) = U × A × LMTD
134 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
avec :
• Hs, Ha : enthalpies de la vapeur et de l’eau alimentaire ;
• A : aire d’échange (surface externe moyenne des tubes GV × nombre de tubes) ;
• U : coefficient moyen d’échange = 1/R où R est la résistance thermique primaire/
secondaire ;
• LMTD (écart moyen logarithmique) = (TH – TC)/Log (TH – TC)/( TC – TS) ;
• TH : température branche chaude (entrée GV) ;
• TC : température branche froide (sortie GV) ;
• TS : température de saturation de la vapeur ;
• TH – TC = ΔT : différence de température entrée/sortie GV ou sortie/entrée de cuve.
Figure 8.6. Variation du niveau GV en cas d’échelon de débit vapeur : –10 % QN.
• dans la deuxième phase, le niveau remonte par l’action de la régulation. Cette baisse
initiale de niveau, appelée tassement, est due à la diminution du volume de
vaporisation dans le faisceau et à la diminution du débit QT. La perte de charge
diminue comme la pression en bas de l’espace annulaire, la pression vapeur n’ayant
que très faiblement augmenté : la colonne d’eau le remplissant et le niveau
descendent.
Le gonflement est l’opposé du tassement et se produit donc en cas d’échelon positif de
débit vapeur (figure 8.7).
Ces phénomènes sont plus accentués à basse charge, car la variation de QT avec la charge
est beaucoup plus forte à faible charge qu’à forte charge.
Figure 8.7. Variation du niveau GV en cas d’échelon de débit d’eau alimentaire : –10 % QE.
pression de refermeture et pression de tarage (ou pression de début d’ouverture) est appelé
« retombée » (blowdown) (figure 8.8).
L’hystérésis, c’est-à-dire l’écart entre la pression de pleine ouverture et la pression de
refermeture, est donc la somme de la surpression et de la retombée et est de l’ordre de
10 % environ.
8 - Le générateur de vapeur 139
Figure 8.9. Soupape Bopp & Reuther. Figure 8.10. Soupape Griss/Crosby.
La figure 8.9 représente le plan d’ensemble de la soupape Bopp et Reuther montée sur le
palier P4 (4 premières tranches 1 300 MWe d’EDF). C’est une soupape à ressort de type
rondelles Belleville qui exerce un effort purement axial. En périphérie de chaque rondelle,
une rainure circulaire contenant de petites billes d’acier réduit très sensiblement l’effort de
frottement entre les rondelles et assure une très faible hystérésis mécanique.
La soupape Griss (Licence Crosby) installée sur le Palier P’4 (16 tranches suivantes) est une
soupape à ressort à boudin et à deux bagues de réglage vissées respectivement sur la buse
et sur l’ensemble porte-clapet (figure 8.10). Le changement de la position des bagues
permet de modifier l’accumulation et la retombée.
Dans les deux types de soupape, la forme profilée du clapet oriente le jet de vapeur vers
le bas et permet, par l’utilisation de la quantité de mouvement du fluide déchargé,
d’assurer une ouverture complète. En revanche, pour que la soupape se ferme, il faut que
la pression chute assez nettement en dessous de la pression de tarage.
140 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
• purifier rapidement l’eau du circuit primaire lorsque la pression est inférieure à 5 bar
en utilisant la pompe de purification à grand débit.
Sur le plan de la sûreté, il maintient l’inventaire en eau du circuit primaire en cas de très
petite brèche sans intervention du système d’injection de sécurité (RIS). Il permet
également, en cas de refroidissement excessif du circuit primaire, l’injection rapide et
automatique de bore pour permettre au réacteur de passer sous-critique : c’est la fonction
borication automatique.
En cas de perte totale des alimentations électriques internes et externes, la pompe de
test, dont l’aspiration est directement reliée à la bâche PTR en fonctionnement normal,
permet d’injecter une solution contenant de l’acide borique aux joints des pompes
primaires.
détente, dite basse pression). Dans le cas où la température serait trop élevée à la sortie du
second poste de refroidissement, le poste de déminéralisation peut être contourné.
Le fluide déchargé passe ensuite au travers d’un filtre et de déminéraliseurs. Puis il est
recueilli dans le réservoir tampon, le réservoir de contrôle volumétrique ou envoyé vers le
système de traitement des effluents liquides, le TEP.
Le fluide contenu dans le réservoir est aspiré ensuite par une pompe, dite pompe de
charge. Celle-ci va permettre d’injecter du fluide vers les joints n° 1 des pompes primaires.
La ligne dite de « retour des joints des pompes primaires » permet de récupérer la fuite :
le fluide ainsi récupéré est refroidi avant d’être réinjecté en amont de la pompe. La pompe
de charge va permettre également d’injecter dans la ligne dite « ligne de charge ». Le débit
passant dans la ligne de charge est réglé de manière à ce que le niveau de consigne dans
le pressuriseur soit respecté.
Avant d’être réinjecté dans le circuit primaire, le fluide est réchauffé par le fluide qui est
déchargé du primaire.
Une connexion sur la ligne de charge assure une liaison avec le pressuriseur, permettant
ainsi au circuit RCV de réaliser l’aspersion du pressuriseur en cas d’indisponibilité des
pompes primaires. Cette aspersion est appelée aspersion auxiliaire.
La ligne de soutirage excédentaire permet d’assurer la fonction décharge en cas d’indispo-
nibilité de la ligne de décharge.
En amont des pompes de charge (une seule est représentée sur la figure 9.2), sont
raccordés les systèmes d’injection de réactifs chimiques (non représentés) et le système
d’appoint en eau et en bore (REA).
La phase gazeuse du réservoir de contrôle peut être alimentée soit en hydrogène, soit en
azote, soit en air.
primaire (également appelé appoint automatique), soit des appoints en eau déminéralisée
(lors des dilutions), soit des appoints de solution d’acide borique à 7 700 ppm (lors des
opérations de borication). Ces appoints permettent de compenser les variations de réacti-
vité rencontrées lors des transitoires normaux d’exploitation : les grappes compensent les
variations de réactivité dues au changement de puissance. Les injections d’eau et d’acide
borique compensent les variations de réactivité dues en particulier au xénon.
Les systèmes RCV-REA permettent également d’assurer l’injection rapide et automatique
sur signal de très basse température branche froide, de solution d’acide borique pour
permettre au réacteur de devenir sous-critique en cas d’accident de refroidissement
(fonction borication automatique appelée également borication d’urgence).
Ils assurent aussi le passage à l’état à froid. En effet les réservoirs de stockage du système
REA ont une capacité suffisante pour permettre d’injecter la quantité d’acide borique
nécessaire pour augmenter la concentration en bore du circuit primaire à la valeur requise
en arrêt à froid et pour compenser la contraction du fluide primaire par un appoint à une
concentration égale à celle du circuit primaire au cours du refroidissement depuis l’arrêt
à chaud jusqu’à l’arrêt à froid.
b) Purification
Les particules solides (produits de corrosion, particules métalliques, résines…) sont
retenues par des filtres localisés sur la ligne de décharge, sur les lignes d’injection aux
joints et de retour des joints. De telles dispositions permettent de protéger les joints des
pompes primaires et d’éviter les dépôts sur les parois du circuit primaire.
Les produits en solution sont retenus par les résines des déminéraliseurs situés sur la ligne
de décharge (figure 9.3). Les impuretés sous forme ionique sont retenues par les
déminéraliseurs à lits mélangés. Le césium 137 et le lithium 7 sont retenus par le
déminéraliseur à résines cationiques.
Certains produits de fission se retrouvent dans la phase gazeuse du réservoir de contrôle
volumétrique. Un dégazage est réalisé périodiquement par éventage de la phase gazeuse
150
du réservoir. Les effluents gazeux ainsi produits sont dirigés vers le système de traitement
des effluents gazeux, le TEG (non représenté sur la figure 9.1).
lors de son passage par l’orifice de détente, puis refroidi à 46 °C, détendu à nouveau. Le
fluide primaire passe alors au travers du filtre et de la station de déminéralisation, puis est
dirigé vers le réservoir de contrôle volumétrique.
La pompe de charge en service aspire dans le réservoir de contrôle volumétrique et injecte
aux joints n° 1 des pompes primaires et dans le circuit primaire par la ligne de charge au
travers de l’échangeur régénérateur. Le débit de charge est ajusté par la vanne réglante de
charge en fonction de la consigne de niveau du pressuriseur.
Le débit de fuite des joints n° 1 des pompes primaires et le débit minimal des pompes de
charge sont refroidis, puis ramenés à l’aspiration de la pompe de charge.
La borication automatique est démarrée sur signal de très basse température branche
froide, représentative d’un refroidissement excessif du circuit primaire.
Le circuit RCV permet ainsi l’injection d’un débit d’acide borique à 7 700 ppm variant
entre 20 et 40 m3/h pour une pression primaire comprise 155 bar et 100 bar (la baisse de
pression est due au refroidissement du circuit primaire). Afin de réduire les chocs froids et
de conditionner l’échangeur régénérateur, le débit d’injection est limité à 7 m3/h pendant
5 min après l’apparition du signal. La borication automatique est arrêtée par l’opérateur
au bout d’une demi-heure environ.
l’échangeur RRA où elle va être refroidie, tandis que l’autre partie va passer dans la ligne
de contournement. Les deux fluides, chaud (provenant de la ligne de contournement) et
froid vont se mélanger. Une petite partie du fluide va être prélevée puis réinjectée à
l’aspiration de la pompe, créant pour la pompe une ligne en circulation permanente, dite
ligne à débit minimal. La partie restante va être renvoyée vers le circuit primaire, en
branche froide.
Des orifices organes déprimogènes permettent d’ajuster le débit dans certaines lignes. La
ligne à débit nul des pompes RRA est en fait un peu plus complexe que ne le présente le
schéma de principe. Une ligne permet de prélever une partie du fluide refroidi en aval des
échangeurs, une deuxième prélève une petite partie de fluide non refroidi. Les deux fluides
se mélangent et c’est l’ensemble qui est ramené à l’aspiration des pompes RRA.
Caractéristiques du RRA
Débit d’une pompe : 1 150 m3/h à 60 °C.
Débit maximal RRA traversant un échangeur (pour un débit pompe de 1 150 m3/h) :
1 060 t/h.
Débit RRI (constant) : 1 060 t/h.
Débit minimal total (somme des débits refroidi et non refroidi) d’une pompe :120 m3/h.
Puissance thermique : (RRA à 58,1 °C, RRI à 35 °C) : 12 200 kW.
Débit maximal dans la liaison RRA–CV : 36 m3/h.
a) Conditionnement chimique
La liaison RRA–RCV est ouverte. La pression dans le circuit RRA s’établit à 15 bar environ.
Une pompe RRA est démarrée. Lorsque l’homogénéisation du fluide est satisfaisante, on
mesure par un échantillonnage du fluide RRA la concentration en bore. Si celle-ci est trop
faible par rapport à celle du circuit primaire, une injection d’acide borique dans le circuit
primaire compense la dilution entraînée par la mise en service du système RRA.
Après l’échantillonnage, la pompe RRA est arrêtée et la liaison RRA–RCV est fermée.
b) Conditionnement en pression
Le RCV étant en service, le point de consigne de la vanne RCV de détente basse pression
est fixé à 15–20 bar, permettant ainsi l’établissement d’un débit dans la ligne de décharge
RCV.
La liaison assurant le maintien en pression du circuit RRA avec le système PTR est fermée.
La liaison RRA–RCV est ouverte. La pression passe dans le circuit RRA de 1,8 à 15 bar
environ. Les vannes à l’aspiration du RRA sont ouvertes : la pression passe alors de 15 à
28 bar.
c) Conditionnement thermique
Le circuit RRA ne pourra être mis en service et assurer sa fonction que lorsque sa
température sera proche de celle du circuit primaire.
Les vannes réglantes de débit dans l’échangeur et dans la ligne de contournement sont en
position intermédiaire. Les vannes à l’aspiration du RRA sont ouvertes. Les vannes au
refoulement du RRA sur les lignes de retour vers le circuit primaire sont fermées. Une
pompe RRA est démarrée. La vanne réglante située sur la liaison RRA–RCV (non
représentée sur la figure 9.13) est ouverte progressivement de manière à établir une
circulation de fluide à faible débit dans chaque file RRA entre les branches chaudes et la
liaison RRA–RCV. Un échauffement progressif du RRA est ainsi obtenu (figure 9.11).
164
La phase réglante est celle durant laquelle la vitesse de refroidissement peut être ajustée
par ouverture plus moins grande des vannes RRA réglant le débit au travers des échangeurs
RRA.
Par exemple, au début du refroidissement la différence de température entre le fluide pri-
maire (180 °C) et le fluide RRI (35 °C environ) est importante. Les échangeurs RRA sont
alors très efficaces et il suffit d’un débit assez faible pour assurer l’évacuation de la puis-
sance résiduelle, de la chaleur sensible, de la puissance fournie au primaire par la ou les
pompes primaires en service et la puissance correspondant à la vitesse de refroidissement.
Lorsque la température primaire diminue, les échangeurs RRA sont moins efficaces et il
faut ouvrir un peu plus les vannes réglant le débit au travers des échangeurs pour maintenir
la même vitesse de refroidissement.
Mais il va arriver un moment où les vannes seront ouvertes en grand. On va passer alors
de la phase réglante (durant laquelle on contrôle la vitesse de refroidissement) à une phase
non réglante durant laquelle la vitesse de refroidissement n’est plus réglable et diminue
peu à peu (la température primaire diminuant, les échangeurs RRA à débit constant ont
une capacité d’échange qui diminue).
Les systèmes
de sauvegarde
Le système RIS étant un système de sauvegarde, les différents équipements sont alimentés
par des tableaux électriques pouvant eux-mêmes être alimentés par des diesels (voir
Partie V, les alimentations électriques).
Ce sont les études d’accident qui déterminent le dimensionnement du système.
Figure 10.1. Système d'injection de sécurité (RIS) 1 300 MWe. ISMP : groupes motopompes
moyenne pression. ISBP : pompes basse pression.
Les pompes ISMP, ISBP et EAS (système d’aspersion de l’enceinte) associées à une même
voie électrique aspirent dans le PTR ou le puisard par l’intermédiaire d’un collecteur
commun.
S’il existe plusieurs moyens d’injection, il existe également plusieurs liaisons avec le
circuit primaire qui permettent d’injecter en branches chaudes ou en branches froides.
Dans l’injection en branches froides, les lignes de décharge des quatre accumulateurs se
piquent chacune sur une des branches froides des boucles primaires. L’injection de
sécurité ISMP et ISBP « branches froides » aboutit au circuit primaire par l’intermédiaire
de ces mêmes lignes de décharge.
Les pompes ISMP injectent dans un collecteur commun (barillet) qui se sépare en quatre
lignes d’injection, dont chacune est équipée d’un restricteur de débit (orifice). Les pompes
ISBP injectent également dans un collecteur commun (barillet) qui se sépare en quatre
lignes d’injection, dont chacune est équipée d’un restricteur de débit (orifice).
Les lignes d’injection en provenance des pompes ISMP, ISBP et des accumulateurs se
réunissent pour former quatre lignes d’injection vers les quatre branches froides du circuit
primaire.
L’injection de sécurité « branches chaudes » est dirigée vers les boucles 1 et 4 du circuit
primaire à travers un barillet par voie. Ce barillet réunit dans une sortie unique les deux
pompes ISMP et ISBP associées à une même voie. Chacune des lignes au refoulement des
pompes est équipée d’un restricteur de débit.
Les pompes sont à l’arrêt mais les lignes à débit minimal vers le réservoir PTR sont
ouvertes. Le circuit est ligné pour aspirer dans le PTR et refouler vers le circuit primaire en
branches froides. Les vannes d’isolement des lignes de décharge des accumulateurs sont
ouvertes.
Le fonctionnement du circuit RIS peut être divisé en trois phases : injection directe,
recirculation à court terme, injection simultanée à long terme.
pompes vers les puisards sont ouvertes et les lignes à débit minimal vers le PTR sont
fermées, ceci afin d’éviter la contamination du réservoir PTR par du fluide primaire lors du
passage en recirculation (figure 10.4).
Puis sur un seuil de très bas niveau, les lignes d’aspiration dans les puisards de l’enceinte
sont ouvertes et les lignes d’aspiration des pompes dans le PTR sont fermées. Les pompes
ISBP et ISMP injectent toujours vers les branches froides, et les lignes d’injection vers les
branches chaudes restent fermées.
Ce mode de fonctionnement se poursuit pendant environ 9 heures après le début de
l’accident. L’opérateur passe ensuite à un mode de fonctionnement en injection
simultanée à long terme pendant laquelle l’injection est faite vers les branches froides et
chaudes, les pompes aspirant toujours sur les puisards.
Figure 10.6. RIS 1 300 MWe – Injection par la ligne petite brèche.
Figure 10.7. RIS 1 300 MWe – Secours mutuel RIS–EAS : secours d'une pompe EAS
par une pompe ISBP.
de sécurité petite brèche est utilisée en arrêt à froid pour effectuer un appoint automatique
du réservoir PTR vers le circuit primaire en cas de défaillance du RRA.
Figure 10.8. RIS 1 300 MWe Secours mutuel RIS–EAS : secours d'une pompe ISBP
par une pompe EAS.
Figure 10.9. RIS 1 300 MWe – Moyens de secours complémentaires en cas de défaillance
des pompes RIS et EAS.
En cas de défaillance des pompes EAS, des échangeurs EAS et éventuellement des pompes
ISBP, le secours est assuré par une pompe et un échangeur mobiles. La pompe aspire dans
les puisards par la ligne d’aspiration RIS–EAS et refoule dans le circuit primaire par
l’intermédiaire de l’échangeur mobile, et des lignes d’injection ISBP. Ce cas de
fonctionnement est l’objet de la règle de conduite U3 (figure 10.10).
10 - Les systèmes de sauvegarde 177
Figure 10.10. RIS 1 300 MWe – Moyens de secours complémentaires en cas de défaillance
des pompes RIS et EAS et de l'échangeur EAS.
aux joints des pompes primaires est isolée. L’injection en branches froides par les ISBP est
réalisée via les lignes de contournement, munies d’orifices limiteurs de débit, des vannes
d’isolement enceinte des lignes d’injection branches froides.
180 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Caractéristiques de l’ASG
Volume total du réservoir de stockage : 1 723 m3.
Volume d’eau normal : entre 1 514 et 1 554 m3.
Débit nominal vapeur vers une turbopompe : 13 t/h.
Vitesse de rotation : 5 200 tr/min.
Débit requis d’une pompe (turbo- ou moto-) : 135 m3/h à 97 bar environ.
10.2.2. Fonctionnement
Caractéristiques de l’EAS
Débit d’une pompe : 1 000 m3/h
à 145 m.
Volume de liquide dans le réservoir d’additif : 11 m3.
Nombre de buses d’aspersion : 249 par file.
184 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
10.3.2. Fonctionnement
Pendant le fonctionnement normal de la tranche, le circuit EAS n’est pas en service, mais
il est prêt à être démarré. Seules les pompes permettant le brassage du contenu des
réservoirs d’additifs chimiques sont mises en service à intervalles réguliers. Afin de
s’assurer du bon fonctionnement du système EAS, des essais sont réalisés périodiquement.
En cas de rupture de tuyauterie primaire, la pression dans l’enceinte augmente. Lorsque la
pression atteint 1,1 bar abs, une alarme « haute pression enceinte » est activée. À 1,4 bar
abs, le système d’injection RIS (voir § 10.1) est automatiquement mise en service. À 1,9 bar
abs, les vannes principales d’isolement vapeur reçoivent un signal de fermeture (système
VVP, voir § 11.1). Lorsque la pression enceinte atteint 2,4 bar abs, les deux files
d’aspersion EAS reçoivent un signal de démarrage.
C’est la phase d’aspersion directe durant laquelle l’eau est aspirée dans la bâche PTR et
pulvérisée dans l’enceinte. Quelques minutes après le début de l’aspersion directe, le cir-
cuit d’additif chimique est mis automatiquement en service pour ajouter la soude à l’eau
pulvérisée.
Progressivement la bâche PTR se vide. À partir d’un certain seuil de niveau (2,65 m)
l’aspiration des pompes EAS bascule automatiquement vers les puisards.
Commence alors la seconde phase, ou phase d’aspersion en recirculation. Les pompes
EAS aspirent l’eau contenue dans les puisards (eau pulvérisée dans l’enceinte lors de la
phase d’aspersion directe), puis l’eau est refroidie lors de son passage dans les échangeurs
EAS et pulvérisée à nouveau.
Des connexions (non représentées sur le schéma de principe figure 10.16) permettent
de réaliser à long terme le secours mutuel entre le système d’injection de sécurité RIS (voir
§ 10.1) et le système d’aspersion de l’enceinte.
Les systèmes
secondaires
11.1. Circuit eau-vapeur (VVP/ARE)
Le rôle du circuit eau-vapeur est d’assurer la transformation de l’énergie thermique de la
chaudière produite par la chaudière sous forme vapeur en énergie électrique.
Afin d’assurer un rendement maximal, la température dans le condenseur doit être la plus
basse possible. C’est la raison pour laquelle le condenseur fonctionne sous vide.
considéré une rupture de deux tubes GV. Cette hypothèse de dimensionnement a néces-
sité un système GCTa plus performant et a conduit à doubler chaque ligne (figure 10.4).
Le GCTa des tranches 1 450 MWe a donc une capacité plus importante et est utilisé avec
le GCTc lors des grands transitoires (îlotage, déclenchement turbine…). Le GCTc est donc
par conséquent d’une capacité plus faible (10 lignes au lieu de 14).
11.2.2. Fonctionnement
Les vannes GCTa et GCTc sont fermées lors du fonctionnement normal de la tranche. C’est
l’action de la régulation qui va permettre leur sollicitation. Cette chaîne de régulation peut
être décomposée en deux parties :
• une partie analogique qui élabore en fonction de l’état de tranche la consigne de
pression au barillet vapeur et, en fonction de l’écart mesure/consigne, la demande
d’ouverture des vannes ;
• une partie logique qui élabore en fonction de l’état de la tranche les autorisations
d’ouverture de chaque groupe de vannes.
Ainsi pour qu’une vanne s’ouvre, deux conditions doivent être réunies :
• absence d’interdiction d’ouverture provenant de la partie logique ;
• demande d’ouverture de la partie analogique.
Les 14 vannes sont réparties en 4 groupes, sollicités ou non en fonction de l’importance
du transitoire en cours. Elles sont pilotées en cascade, en ouverture modulée.
La partie logique de la régulation déverrouille le ou les groupes à ouvrir tandis que l’ouver-
ture effective du ou de ces groupe(s) est actionnée par la partie analogique. La partie
logique adapte la régulation au cas de fonctionnement rencontré en déterminant le nom-
bre de groupes à solliciter, autorisant ou non les ouvertures rapides de certains groupes et
protège le réacteur contre tout refroidissement intempestif.
Le premier groupe est composé de 5 vannes dont seules deux sont autorisées à s’ouvrir en
dessous de P12 (seuil de très basse température primaire). Ces vannes qui constituent le
sous-groupe de refroidissement s’ouvrent l’une après l’autre. Les trois autres vannes du
même groupe s’ouvrent en parallèle.
Les groupes 2 à 4 sont composés chacun de 3 vannes. Les trois vannes du deuxième
groupe s’ouvrent en parallèle, puis celles du groupe 3 puis enfin celles du dernier groupe.
La refermeture se produit si l’un de ces signaux devient nul ou si un signal logique vient
verrouiller le groupe ouvert. La prédominance du signal logique sur le signal analogique
permet d’obtenir la refermeture même si le signal analogique est non nul.
Les systèmes fluides
support
12.1. Système de réfrigération
intermédiaire (RRI)
Le système de réfrigération intermédiaire a pour rôles :
• d’assurer dans tous les cas de fonctionnement la réfrigération des équipements des
circuits auxiliaires nucléaires de la tranche, y compris les circuits de sauvegarde ;
• de fournir aux circuits auxiliaires nucléaires une eau de réfrigération traitée qui
garantisse un bon fonctionnement en toutes circonstances (les échangeurs RRI/SEC
sont les seuls à être en contact avec l’eau brute de refroidissement) ;
• d’assurer la séparation, pour tous les matériels contenant des fluides contaminés ou
contaminables, entre les fluides radioactifs et l’eau brute rejetée à l’extérieur de la tran-
che, afin de protéger l’environnement en cas de fuite d’un échangeur. À ce titre, le sys-
tème RRI constitue une partie de la troisième barrière entre le cœur et l’environnement.
12.1.2. Fonctionnement
Le fonctionnement du système de réfrigération intermédiaire peut être découpé en trois
modes :
• le fonctionnement normal de la tranche ;
• le passage en arrêt ;
• les conditions accidentelles.
Sur le plan de la sûreté, le système SEC permet d’évacuer la puissance résiduelle lors d’un
accident par perte de réfrigérant primaire par l’intermédiaire des systèmes RRI et EAS. Il
constitue le seul moyen de refroidissement de l’enceinte à partir de la source froide en cas
d’accident.
Le circuit SEC est donc un système de sûreté.
12.2.2. Fonctionnement
En fonctionnement normal, correspondant à la tranche en puissance, une file avec une
pompe est en service.
Pour le démarrage de la tranche, les deux files sont en service avec une pompe par file.
Pour la mise en arrêt à froid, deux files sont en service avec une pompe par file.
L’indisponibilité d’une file ne remet pas en cause la fonction Évacuation de la puissance
résiduelle : le temps de mise à l’arrêt est seulement allongé.
En cas d’accident, les deux files RRI sont mises en service bien que chacune d’elle soit
dimensionnée pour assurer seule l’évacuation de la puissance. En conséquence, les deux
files du SEC sont démarrées.
Le SEC étant en fonctionnement quel que soit l’état de la tranche, le circuit est conçu pour
permettre les entretiens sans perturber le fonctionnement.
Partie V
LES ALIMENTATIONS
ÉLECTRIQUES ET LE
CONTRÔLE-COMMANDE
Nathalie Hassenboehler
Jean-François Pététrot
Jean-Sébastien Zampa
L’alimentation des réseaux nationaux de transport électrique doit se faire avec la meilleure
continuité possible et en fonction de la puissance appelée par les divers consommateurs.
Pour que les centrales nucléaires puissent assurer cette fonction, il faut assurer
l’alimentation des auxiliaires et des consommateurs électriques de chaque tranche. Leur
fonctionnement permet la production de l’énergie électrique de manière sûre et continue.
La hiérarchisation du réseau de distribution est décrite au chapitre 13.
Le contrôle-commande d’un REP comporte les éléments suivants :
• un système d'instrumentation permettant de contrôler non seulement les paramètres
principaux de la partie nucléaire et de la partie conventionnelle mais aussi de la plupart
des différents équipements. Une partie de ces signaux est utilisée par le système de
protection et/ou de régulation ;
• un système de protection susceptible de déclencher l’arrêt automatique du réacteur
ainsi que des actions de sauvegarde. L’architecture de ce système comporte, au niveau
des capteurs et des traitements, les redondances nécessaires pour une très haute
fiabilité ;
• un système de régulation dont le rôle est de contrôler, de façon automatique, les
paramètres principaux. Le système de traitement des régulations ne comporte pas de
redondances, sauf pour certaines fonctions depuis le palier N4. Si nécessaire,
l’opérateur peut :
• soit modifier le capteur sélectionné comme entrée d’une régulation (s’il s’agit d’un
problème d’instrumentation),
• soit prendre en manuel le contrôle de l’actionneur correspondant (s’il s’agit d’un
problème induit par les régulateurs) ;
202 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
13.2.3. Auxiliaires
On appelle « auxiliaires » les consommateurs d’énergie électrique de la tranche. Ils
peuvent être répartis en quatre groupes.
Les auxiliaires de tranche sont les équipements utilisés uniquement pour la production
d’énergie, par exemple les pompes primaires. Ils ne sont alimentés que par les sources
principales (interne : le turboalternateur, externe : le réseau principal) par l’intermédiaire
du transformateur de soutirage (TS).
Les auxiliaires permanents sont les équipements dont le fonctionnement est indépendant
de l’état de la tranche (marche, arrêt…). Alimentés par les tableaux des auxiliaires de
tranche et par la source auxiliaire externe, ils peuvent être en fonctionnement permanent
(éclairage, ventilation…) ou intermittent (manutention…).
13 - Les alimentations électriques 205
Les auxiliaires secourus sont les auxiliaires dont le fonctionnement ne peut être interrompu
que pendant une courte durée, et ceux assurant la sauvegarde du réacteur (pompes RIS par
exemple), la sécurité et le confort du personnel d’exploitation (ventilation, éclairage) et la
non-dégradation d’équipements essentiels (ventilation des mécanismes de grappes, vireur
du groupe alternateur).
Ils sont alimentés par des tableaux reliés aux tableaux des auxiliaires permanents et aux
sources internes de secours (groupe diesel de sauvegarde, groupe d’ultime secours (GUS)
éventuellement). Certains consommateurs peuvent être en cas d’injection de sécurité par
exemple, délestés pour ne pas entraîner de consommation inutile, évitant ainsi une
surcharge des groupes diesels.
Les auxiliaires de site sont les consommateurs électriques non liés à une tranche en
particulier mais à l’ensemble des tranches composant un site (par exemple, station de
déminéralisation). Considérés comme des auxiliaires permanents, ils sont alimentés à
partir de tableaux reliés aux tableaux des auxiliaires permanents de deux tranches
adjacentes.
et de variations de la production (qui peuvent subir des aléas comme par exemple le
déclenchement intempestif d’un groupe). Le maintien de la fréquence à sa valeur de
référence est réalisé en adaptant au mieux à tout instant la production de puissance active
à la consommation. Deux exemples d’évolution journalière de la consommation française
sont donnés à la figure 14.1.
Trois moyens de réglage sont utilisés conjointement pour ajuster la production des
centrales. Ils vont être décrits successivement dans les paragraphes qui suivent.
puissance est programmée en paliers reliés entre eux par des rampes. Les paliers hauts et
bas sont dépendants des pointes et des creux de la consommation quotidienne. Certaines
tranches sont exploitées en « centrale de base », c’est-à-dire à puissance constante.
En France, la pente moyenne des rampes de puissance nécessaires pour le suivi des
variations de la consommation est de l’ordre de 1 % par minute. Au niveau de chaque
tranche, on souhaite être capable d’effectuer des variations de puissance à 2 % par minute
pour tenir compte, d’une part de l’éventuelle indisponibilité de certaines installations,
d’autre part de l’incertitude entachant les gradients nécessaires à certaines heures de la
journée. À titre indicatif, on peut considérer que, statistiquement, les pentes moyennes des
rampes de puissance rencontrées en exploitation se répartissent comme suit :
Pente (p) p < 0,5 %/min 0,5 < p < 1,5 %/min 1,5 < p < 2 %/min
Répartition 60 % 37 % 3%
d’autre de la référence (50 Hz) avec un écart-type de l’ordre de 20 mHz. La puissance des
tranches varie donc en moyenne de ±2,5 %. Si l’on exclut les fluctuations de très faible
amplitude, la vitesse moyenne de variation de fréquence est inférieure à 2,5 mHz/min plus
de 90 % du temps et inférieure à 6 mHz/min plus de 99 % du temps. En cas d’incident sur
le réseau, les variations de fréquence peuvent être plus importantes. Elles sont amorties par
les interconnexions entre les réseaux nationaux. Si l’on considère par exemple la perte
d’une unité de production du palier N4, ce transitoire provoquerait une diminution
brutale, mais temporaire, de la fréquence de l’ordre de 70 à 30 mHz (suivant la puissance
du réseau au moment de l’incident).
c) Téléréglage
Tout d’abord, le réglage primaire étant de type proportionnel, il ne peut à lui seul
maintenir la fréquence du réseau à 50 Hz exactement. Par ailleurs, les écarts entre les
échanges énergétiques prévus aux points d’interconnections du réseau français avec le
réseau européen et ceux qui sont effectivement constatés doivent être compensés. Il faut
donc qu’à moyen terme intervienne un second type de réglage qui rétablisse la fréquence
f et la puissance d’interconnexion P à leurs valeurs de consigne. C’est le téléréglage.
Le dispatching national élabore pour cela un signal de niveau de puissance N, variable
dans la gamme [–1, +1], par la formule suivante :
ΔP
N=K
³ §© Δf + ------λ-·¹ dt
où λ est un paramètre appelé « énergie réglante », qui s’exprime en MW/Hz.
14 - Les systèmes de régulation 215
Les tranches françaises les plus puissantes, donc notamment les tranches nucléaires,
reçoivent du dispatching ce signal de niveau N. Les groupes du réseau appelés à un
moment donné à participer à ce réglage voient leur puissance modulée autour de P0,
niveau instantané défini par le programme journalier (et déjà, éventuellement, corrigé du
terme de réglage primaire), d’un facteur N × PR, où PR est un coefficient de
proportionnalité appelé « participation ». Pour une tranche REP, PR est au maximum de
5 % de la puissance nominale. Un exemple d’évolution de téléréglage est donné sur la
figure 14.3. On peut constater à partir de cet enregistrement que, pour une participation
de 5 %, la variation de puissance se fait à une vitesse inférieure à 1 %/min.
La voie (A) est celle du régulateur de puissance. Trois modes sont possibles selon la
position d’un commutateur Manuel–Automatique–Direct (CMAD).
Le mode « Automatique » est seul affecté par le signal de téléréglage alors que les trois
modes sont soumis au réglage primaire (ce signal tend à agir aussi comme une protection
contre les survitesses de la turbine). En Automatique, l’écart entre la puissance électrique
et la somme de la référence charge et du binôme de réglage (téléréglage + réglage pri-
maire, dans lequel le téléréglage peut être limité par une logique « PMIN/PMAX ») attaque
un régulateur PI qui élabore la « référence ouverture » de l’admission turbine. Ainsi, en
mode Automatique, les demandes de variations de puissance de la tranche se font :
• manuellement par l’opérateur (actions sur la référence charge) ;
• et automatiquement par les signaux de téléréglage ou de réglage primaire.
En position « Direct » ou « Manuel », la régulation de la turbine n’est pas en boucle
fermée, la référence ouverture étant directement imposée (au réglage primaire près) par la
référence charge (Direct) ou une mémoire (Manuel). Les modes « Direct » et « Manuel »
se distinguent par le fait qu’avec le premier, on commande des variations de puissance par
affichage d’une valeur finale et d’une vitesse de rampe, alors qu’avec le second, on
commande l’ouverture ou la fermeture des vannes à une vitesse présélectionnée, chaque
mouvement étant commandé par un signal tout-ou-rien. Historiquement, le mode Direct
a été le premier utilisé (sur les groupes turboalternateurs classiques). Le mode Automatique
a été introduit pour améliorer la linéarisation des vannes d’admission turbine (on a,
toutefois, conservé le mode Direct car il permet notamment de fonctionner même en cas
de défaillance du wattmètre).
La voie (B) permet de limiter la charge turbine à une valeur exprimée en « pression
première roue »1 maximum P1RC. Ce seuil de puissance est accessible en salle de
commande. Une limitation maximale, inaccessible en salle de commande, est installée à
titre de sécurité supplémentaire.
La voie (C) est celle par laquelle sont mises en œuvre les réductions de puissance
demandées par un signal logique en provenance du réacteur ou de la partie
conventionnelle lorsque certaines limites sont atteintes. On utilise pour cela un module de
recopie à mémoire et un générateur d’impulsions élaborant des cycles de réduction de
puissance. Les baisses de puissance peuvent atteindre la vitesse de 200 %/min. Elles sont
poursuivies tant que l’ordre logique n’a pas disparu.
1 La mesure dite « Pression première roue turbine » est positionnée par le concepteur de la turbine de telle
sorte que sa valeur soit pratiquement proportionnelle à la puissance de la machine. Son emplacement est pro-
che de l'admission turbine.
14 - Les systèmes de régulation 219
2 On a la relation approximative suivante : Puissance = k (Tmoy – Tsat) où Tsat est la température de saturation
correspondant à la pression secondaire (relation non valable pour un GV à circulation forcée, pour lequel le
coefficient d'échange k évolue notablement avec le régime).
220 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
des trois piquages est élaborée électroniquement). La mesure utilisée pour la régulation est
la plus haute des valeurs de température moyenne obtenues pour chaque boucle primaire.
Les capteurs de température utilisés sont des sondes à résistance associées à un circuit de
mesure du type pont de Wheatstone. Les sondes à résistance ont été retenues de
préférence aux thermocouples car elles offraient un meilleur compromis précision-
fiabilité.
Les capteurs sont du type capteurs de pression différentielle à membrane. Sur le piquage
haut (phase vapeur), un « pot de condensation », capacité de faible volume non
calorifugée, permet de créer une colonne de référence à niveau constant remplie de
liquide (figure 14.8).
Les piquages bas sont implantés à deux niveaux :
• juste au-dessus de la plaque tubulaire ; ce piquage permet, avec le piquage haut, une
mesure dite « gamme large » (qui sert à contrôler le remplissage et la vidange des GV) ;
• un peu en dessous de l’arrivée de l’eau alimentaire ; ce piquage permet, avec le
piquage haut, une mesure dite « gamme étroite » (qui est utilisée par le système de
régulation et de protection, en raison de sa meilleure précision absolue que la gamme
large, compte tenu de son étendue plus faible).
Les mécanismes des barres de contrôle sont des dispositifs électromécaniques à cliquets.
Ils comprennent quatre composants essentiels : le tube de pression en matériau
amagnétique, le système de grappins fixes et mobiles, la tige cannelée de la barre de
contrôle à l’intérieur du tube, et l’assemblage des trois bobines de contrôle à l’extérieur de
celui-ci. La mise séquentielle sous tension des trois bobines permet d’engager les grappins
dans des rainures circonférentielles de la tige et de déplacer vers le bas ou vers le haut
celle-ci sur une distance d’environ 1,6 cm à chaque séquence. Ce déplacement
correspond à un « pas », le nombre de pas nécessaires pour parcourir la hauteur du cœur
étant de 228 pas pour un réacteur 3 boucles et 260 pour un 4 boucles.
La suppression de l’alimentation des bobines des mécanismes entraîne le désengagement
des grappins et la chute des barres par gravité (arrêt automatique réacteur – AAR).
La variation de vitesse des grappes s’obtient en convertissant le signal continu de demande
de vitesse en trains d’impulsions à destination des cliquets et en faisant varier l’intervalle
de temps entre ces trains d’impulsions.
deux plaques support disposées de telle manière que l’eau sous-saturée venant de la
branche chaude du primaire par la ligne d’expansion les rencontre transversalement (d’où
un brassage plus efficace de cette eau avec celle se trouvant déjà dans le pressuriseur). Les
chaufferettes sont constituées par une résistance insérée dans une gaine en acier
inoxydable, l’isolement étant assuré par de l’alumine. Ces cannes chauffantes sont
réparties en deux familles. Le groupe des chaufferettes « tout-ou-rien » fonctionne, comme
son nom l’indique, à pleine puissance ou est à l’arrêt, alors que le groupe des chaufferettes
« proportionnelles » a sa puissance modulée en fonction du signal de commande.
Compte tenu de la loi simple qui relie, pour une puissance donnée, les températures
primaires et de saturation dans les générateurs de vapeur, température primaire et pression
secondaire se correspondent en fonction de la charge.
Le raisonnement serait différent pour des GV dits « once through » au lieu de GV à
recirculation ; la configuration once through, qui se rencontre notamment sur une
minorité de REP, n’est pas traitée.
Deux choix possibles de programmes de température sont indiqués figure 14.10 avec les
programmes de pression secondaire correspondants. Le premier, dans lequel la
température moyenne est constante, minimise les variations de réactivité dues à l’effet
modérateur et donc les variations de réactivité à fournir par les grappes mais maximise
l’échelle des pressions vapeur (ce qui obligerait à un surdimensionnement important du
secondaire par rapport aux conditions nominales). Le second, dans lequel la pression
vapeur est constante, minimise le dimensionnement du secondaire mais maximise les
variations de réactivité. La figure 14.11 représente le compromis type choisi pour les
réacteurs REP actuels.
14 - Les systèmes de régulation 229
Figure 14.11. Valeurs typiques de températures choisies pour les paliers 1 300 MWe.
Figure 14.12. Régulation de la température moyenne par les grappes de contrôle – Tranches
de Fessenheim et Bugey.
La différence entre Qtu et Qn est traitée par un filtre passe-haut. En effet, on désire que le
contrôle en régime permanent soit assuré par la chaîne de température moyenne. Or, les
mesures de puissance nucléaire et de puissance turbine ne sont jamais rigoureusement
égales, compte tenu notamment des incertitudes. Il faut donc que la composante continue
du signal issu de la chaîne de déséquilibre de puissance soit annulée en régime
permanent. Le filtre passe-haut assure cette fonction. Le signal de déséquilibre ainsi filtré
passe ensuite par un générateur de fonction non linéaire (atténuation des bruits pour les
petits transitoires). Enfin, on sait que les actions sur la réactivité ont un effet sur la vitesse
de variation du flux plus petit aux bas niveaux de flux qu’aux niveaux plus élevés. Pour
limiter l’influence de ce phénomène physique sur les performances de la régulation, un
gain variable est prévu à la sortie de la chaîne de déséquilibre. Ce gain est inversement
proportionnel à la charge de la turbine, sauf en dessous d’un certain niveau de puissance
au-delà duquel il est maintenu constant pour ne pas utiliser un gain trop élevé qui
amplifierait les bruits.
Cette régulation n’a pas été optimisée jusqu’aux très bas niveaux de puissance parce que
cela n’a pas été jugé nécessaire. En conséquence, un verrouillage inhibe les demandes
d’extraction automatique en dessous de 8 % de puissance, ce qui induit que la régulation
n’est pas disponible.
assez vite pour l’éviter. En ce cas, il est nécessaire de ralentir la prise de charge afin de la
rendre compatible avec les effets de la dilution, sous peine de provoquer un
refroidissement notable qui serait néfaste à la tenue des équipements mécaniques. On voit
que la nécessité de recourir de façon importante, lors des grands transitoires, au circuit
RCV diminue la manœuvrabilité des tranches. Par ailleurs, les actions sur le RCV
sont imprécises et produisent des effluents. Un suivi de charge lent est néanmoins
possible.
Les considérations précédentes conduisent aux idées directrices suivantes :
• pour les fluctuations de puissance de faible amplitude (réglage de fréquence), il est
intéressant de profiter de l’effet de contre-réaction du modérateur, qui permet de limiter
les mouvements de grappes ;
• pour cela, on pourrait choisir une bande morte du programme de température la plus
large possible compatible avec les limitations technologiques (facteurs d’usage des
matériels). La largeur maximale de cette bande morte doit aussi respecter certaines
contraintes en fonction du niveau de puissance (figure 14.15).
Jusqu’à présent, les REP français ont toujours été exploités avec une bande morte
indépendante de la puissance.
Pour effectuer plus commodément les variations de puissance de grande amplitude, il est
apparu utile de mettre au point un autre type de pilotage dénommé mode G. Deux types
234 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
de grappes, ayant des rôles fonctionnels distincts, sont déplacés dans le cœur sous l’action
de deux chaînes de régulation indépendantes :
• une chaîne de régulation de puissance, en boucle ouverte ;
• une chaîne de régulation de température, en boucle fermée.
L’action sur le bore étant soumise à des constantes de temps pouvant être élevées, la
compensation des effets de réactivité liés aux variations de puissance (hors effet xénon) est,
dans ce mode de pilotage, effectuée avec des grappes de contrôle. On utilise à cet effet
des groupes relativement peu absorbants (dits « gris » pour cette raison, par opposition aux
grappes classiques « noires »), ce qui permet, pour une même réactivité introduite, de
moins perturber les distributions axiale et radiale de puissance qu’avec des grappes noires.
Ces groupes de puissance, au nombre de 4 (G1, G2, N1, N2), sont d’antiréactivité
croissante (les deux derniers groupes « gris » étant en réalité « noirs ») et travaillent en
recouvrements optimisés pour limiter les déformations de la distribution de puissance
(figure 14.16). En outre, à déséquilibre axial de puissance donné, la perturbation radiale
est plus faible avec des groupes gris qu’avec des groupes noirs, ce qui autorise une zone
de fonctionnement plus étendue dans le plan P-ΔI.
À noter : dans le cas des réacteurs 1 300 MWe, le système de protection du cœur dispose
d’informations plus détaillées que sur les réacteurs CPY. D’une part les chaînes
neutroniques externes ont 6 sections axiales (au lieu de 2), d’où une meilleure précision
14 - Les systèmes de régulation 235
Figure 14.16. Insertion des groupes gris en fonction de la puissance – Régulation en mode G.
sur la distribution axiale de puissance, d’autre part les mesures de position de grappes
permettent d’estimer, au moyen d’algorithmes et de données tabulées, la distribution
radiale. Ceci donne des marges de fonctionnement plus élevées.
La position des groupes gris (G) est asservie au niveau de puissance demandé par le réseau
sous forme d’une part de la référence de charge et d’autre part du signal de téléréglage
(figure 14.17). Cet asservissement n’est donc pas sensible aux variations de réactivité dues
à l’empoisonnement xénon. Dans ces conditions, le bore n’est utilisé que pour compenser
les variations de réactivité dues à l’effet xénon en suivi de charge. Pour limiter leur usure,
les grappes grises ne sont pas sollicitées sous l’effet du réglage primaire, sauf en cas
d’incident sur le réseau, grâce à une bande morte qui élimine l’impact des fluctuations
236 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Figure 14.17. Principe de l’asservissement des grappes grises (régulation turbine en mode
automatique).
14 - Les systèmes de régulation 237
Les groupes G étant positionnés en boucle ouverte, l’ajustement fin, en boucle fermée, de
réactivité est réalisé par le positionnement d’un groupe de grappes appelé « groupe R »,
en fonction des variations de température du circuit primaire. Essentiellement destiné à la
compensation d’effets limités, le groupe R est normalement confiné à l’intérieur d’une
bande de manœuvre, située dans la partie supérieure du cœur, pour en limiter l’impact
sur la distribution de puissance.
Une limite d’insertion (alarme), située en dessous de la limite basse de la bande de
manœuvre, permet de garantir la marge d’anti-réactivité disponible par les grappes.
Le système de régulation correspondant est conçu pour :
• maintenir la température moyenne aussi proche que possible de la valeur programmée
en fonction de la charge ;
• assister les groupes G dans la compensation de l’effet de puissance, compte tenu des
incertitudes et des désadaptations de calibrage (entre deux EP) ainsi que, pour les
transitoires très rapides, de la vitesse maximum des groupes G ;
• assurer les faibles variations de réactivité liées :
- aux variations de puissance induites par le réglage primaire,
- au temps de réponse du circuit RCV suite aux actions de l’opérateur,
- aux variations d’anti-réactivité xénon provoquées par le téléréglage et le réglage
primaire. On ne souhaite en effet pas intervenir sur le bore pour ces transitoires très
fréquents, afin de limiter le volume des effluents et le nombre des sollicitations des
opérateurs.
La structure de cette chaîne est identique à celle du mode A. Seuls diffèrent certains
réglages compte tenu des rôles différents des grappes de régulation en mode A et en
mode G. Comme pour le mode A, la régulation de température n’est pas en service à très
basse charge.
Figure 14.18. Comportements des groupes G et du groupe R lors d’un échelon de puissance.
d) Fonctionnement en mode G
Sur la figure 14.18, les comportements respectifs des groupes G et du groupe R sont
donnés lors d’un échelon de puissance, à titre d’exemple. Dans un premier temps, le
groupe R s’extraie en même temps que les groupes G pour limiter au maximum la baisse
de la température primaire. Le groupe R se réinsère lorsque la diminution de cette
température apparaît maîtrisée. En fin de transitoire, le groupe R reprend une position
voisine de sa position initiale (à la bande morte de température et à l’effet xénon près).
Ce mode de pilotage a été testé dans les premières années du palier CPY puis généralisé
(sauf CP0).
14 - Les systèmes de régulation 239
a) Mode « température »
Dans la régulation, on distingue les cas sans déclenchement de ceux avec déclenchement
du réacteur (signal P4). Dans le premier cas, il est prévu une bande morte, supérieure à
celle des grappes. Ceci permet la refermeture du contournement et la reprise du contrôle
de la température par les grappes en fin de transitoire. Dans le second cas, une bande
morte serait inappropriée car une fois les grappes chutées, leur régulation est inopérante ;
c’est la régulation du contournement qui assure seule le réglage de la température
moyenne. Par ailleurs, en cas de déclenchement réacteur, seule une partie des vannes est
autorisée à s’ouvrir (capacité nécessaire et suffisante pour contenir la montée de la
pression vapeur puis pour évacuer la puissance résiduelle).
Le contournement vapeur ne devant pas s’ouvrir en fonctionnement normal, un système
logique ne permet l’ouverture effective des vannes que si sont détectées des réductions
violentes de charge à la turbine. Pour cela, la mesure de pression première roue est
envoyée sur un filtre à action dérivée. La sortie de ce filtre est comparée à deux seuils C7A
et C7B respectivement calés à –15 % et –50 % de puissance. C7A autorise l’ouverture
d’une partie du contournement et C7B le complément. On minimise ainsi les risques de
pertes d’énergie au condenseur.
b) Mode « pression »
Le signal de commande est alors la pression au barillet vapeur. L’opérateur peut ajuster la
consigne de pression, préréglée sur la valeur de l’état d’arrêt à chaud (en mode
température, l’opérateur ne peut pas agir sur la régulation). La régulation est du type
proportionnel et intégral. Elle ne peut agir que sur la moitié des vannes du contournement.
Elle n’est pas soumise aux verrouillages C7A et C7B. Lorsque la température primaire est
inférieure à un seuil (P12), l’ouverture du contournement est interdite sauf si l’opérateur
confirme qu’il veut passer à l’état d’arrêt à froid : il y a alors un déverrouillage partiel.
La nécessité de cette seconde chaîne se justifie par les raisons suivantes :
• d’une part la régulation du contournement en mode température est moins stable
à basse puissance. Ceci est dû à ce que la réponse de la température primaire suite
à une variation du débit vapeur est moins rapide car la dynamique du GV est plus
lente ;
• d’autre part, toujours à basse puissance, on se préoccupe plus du réglage de la pression
secondaire que de celui de la température primaire. En effet, compte tenu de l’écart
relativement faible avec la consigne de pression des vannes de décharge à
l’atmosphère, il est préférable de régler directement la pression.
Devoir utiliser alternativement deux chaînes de régulation est apparu pour EDF comme
une complication de l’exploitation. C’est la raison pour laquelle une chaîne dite en
« mode pression » (uniquement) a été développée. Elle assure l’ensemble des fonctions
remplies par les deux chaînes décrites précédemment. Pour obtenir un comportement
satisfaisant de la chaîne « mode pression », notamment sur grand transitoire, celle-ci a été
redéfinie.
14 - Les systèmes de régulation 243
partie dérivée, par filtrage du signal du dérivateur et, pour la partie proportionnelle, par
comparaison entre la pression barillet filtrée et une consigne de pression.
La consigne de pression peut être :
• une valeur fixée par la régulation. Un décalage automatique (négatif) est appliqué à la
valeur de pression à charge nulle, décalage qui est :
- soit fonction de la pression première roue turbine,
- soit une valeur fixe, de l’ordre de –5 bar, activée en cas d’îlotage (ce transitoire sera
détaillé plus loin). Cette fonctionnalité permet de stabiliser la puissance de la
chaudière à 25 % environ, dont 20 % évacués au contournement et 5 % fournis à la
turbine. L’intérêt de ce dispositif est que l’exploitation de la tranche est plus
commode à ce niveau de puissance intermédiaire qu’à une puissance très basse.
- soit nul (en cas d’arrêt automatique réacteur) ;
• une valeur ajustée par l’opérateur.
Par ailleurs, pour mieux prendre en compte les cas où une partie de la puissance est
évacuée au contournement, on a introduit un couplage entre la régulation du
contournement et celle du groupe R ainsi que celle des groupes G.
La régulation comporte deux modes de fonctionnement :
• en mode dit « Automatique », les vannes ne sont autorisées à s’ouvrir que si les signaux
C7A et C7B sont activés ou en cas d’arrêt automatique réacteur (verrouillages
analogues à ceux du mode température de CP0). Dans ce mode, l’opérateur ne peut
pas agir sur la régulation ; les commandes manuelles (consigne de pression et
ouverture du contournement) sont rendues inopérantes ;
• en mode dit « Opérateur », utilisé à basse puissance, les commandes manuelles
peuvent être activées et une fraction du contournement est déverrouillée (verrouillages
analogues à ceux du mode pression de CP0).
du circuit primaire (de l’ordre de 345 m3 pour un 1 300 MWe). Ceci assure pratiquement
le découplage par rapport à la chaîne de pression, malgré le lien physique fort entre les
évolutions de la pression et du niveau. Par ailleurs, la chaîne de niveau est réglée de façon
à avoir une réponse lente afin de limiter les sollicitations thermiques sur les équipements.
Elle a pour seul but de ramener, à terme, le niveau à sa valeur de consigne.
Des actions logiques peuvent intervenir pour seconder la chaîne principale si le niveau
sort éventuellement de sa plage normale de réglage :
• sur niveau très bas, fermeture des vannes d’isolement des orifices de détente et de la
vanne d’isolement de la ligne de décharge en même temps qu’une alarme est émise ;
• sur niveau haut, une alarme est émise.
De plus, si le niveau dépasse sa consigne de plus d’un certain seuil, une alarme est émise
et les chaufferettes tout-ou-rien sont enclenchées pour limiter les conséquences à terme
sur la pression d’un apport d’eau relativement froide dans le pressuriseur. Deux
améliorations ont été apportées à cette chaîne par rapport à la régulation d’origine.
Le bilan de masse du circuit primaire est en réalité fonction de la température de l’eau en
tous points du circuit et non pas de la seule « température moyenne ». En vue de calculer
plus précisément ce bilan, on peut faire intervenir explicitement les températures
« branche chaude » et « branche froide ». En effet, le circuit primaire n’est pas symétrique,
le volume « branche chaude » est nettement inférieur au volume « branche froide. Une
manière indirecte de le faire consiste à ajouter un terme fonction du niveau de puissance,
proportionnel à la différence de température branche chaude – branche froide. L’intérêt
de ce calcul plus précis est de limiter encore plus les fluctuations de température sur la
250 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
Figure 14.29. Variation du niveau GV en cas d’échelon sur le débit vapeur (–10 %).
Figure 14.30. Variation du niveau GV en cas d’échelon sur le débit d’eau alimentaire (+10 %).
Figure 14.32. Répartition des rôles entre vannes d’eau alimentaire et TPA.
pour les charges supérieures. L’écart de masse entre les conditions à puissance nulle et à
puissance nominale est de l’ordre de 25 T par GV.
d’eau contenue dans les GV est une fonction décroissante de la charge, il faut, quand le
débit vapeur augmente (respectivement diminue) commencer par vider (respectivement
remplir) en partie les GV. Par ailleurs, il faut aussi prendre en compte les phénomènes
dynamiques induits par les variations de débit vapeur et de débit d’eau, qui ont été
rappelés ci-dessus. C’est pour cela qu’un filtre à constante de temps retarde les variations
du signal de débit vapeur. Le signal issu de cette sommation constitue la consigne pour la
régulation du débit d’eau. Le régulateur à action PI fixe la consigne de position de la vanne
réglante principale.
L’évolution typique du niveau GV lors d’un échelon de puissance de –10 % est donnée à
la figure 14.34 (réacteur CPY pour exemple). La figure 14.35 montre la collaboration entre
la régulation des GV et la régulation des turbopompes d’eau alimentaire (décrite dans le
paragraphe suivant) lors d’un îlotage (transitoire décrit au paragraphe 14.5).
Figure 14.34. Réponse typique de la régulation de niveau GV (réacteur CPY, échelon de 100
à 90 % PN).
Figure 14.38. Perte d’une TPA avec réduction rapide de la charge turbine.
Figure 14.39. Régulation des niveaux de la bâche alimentaire et du condenseur – Tranches CP2
et postérieures.
Pour réduire au minimum les appoints et rejets d’eau (compensation de fuites ou purges),
la consigne de niveau bâche est une fonction croissante de la charge. La consigne de
niveau condenseur est maintenue constante (dans les postes d’eau type CP0 ou CP1, sans
bâche, c’est le niveau condenseur qui est fonction de la charge). Un régulateur PI module
la position de la vanne réglante située en aval des pompes d’extraction (figure 14.39). Un
régulateur proportionnel module, si nécessaire, l’appoint en eau déminéralisée au
condenseur, en fonction de l’écart éventuel entre le niveau bâche et sa consigne.
En cas de dépressurisation de la bâche (transitoires de baisse de charge), on réduit momen-
tanément la quantité d’eau froide s’y dirigeant – ce qui tend à limiter la dépressurisation –
par action sur la vanne de régulation située au refoulement des pompes d’extraction.
• en régime transitoire (baisse de charge), soutenir la pression dans les cas où le soutirage 4
n’est plus alimenté en vapeur.
Le système de régulation (figure 14.40) commande deux vannes réglantes qui permettent
l’envoi de vapeur du barillet à la bâche (« soutien vapeur »). La position de ces vannes est
modulée par le plus grand des deux signaux que sont respectivement l’écart de pression
de la bâche par rapport à sa consigne, traité par un régulateur PI, et la dérivée filtrée de
cette pression, traitée par un générateur de fonction. La première partie de la chaîne
intervient en fonctionnement à basse charge et la seconde lors de dépressurisations
rapides de la bâche en transitoire (îlotage, déclenchement turbine...). Au-dessous de 50 %
de charge, l’une des deux vannes est verrouillée fermée afin d’éviter les risques de
refroidissement excessif du circuit primaire.
264 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
À noter : les deux vannes de soutien vapeur peuvent également être soumises aux
demandes d’ouverture rapide élaborées par la régulation du contournement vapeur au
condenseur dans certains transitoires comme par exemple l’îlotage.
L’îlotage est le moyen ultime mis en œuvre dans la défense en profondeur du réseau.
Celle-ci comporte plusieurs niveaux : délestages de consommateurs, ouverture de
certaines liaisons… Pour la fiabilité du réseau, il est important que les tranches réussissent
à îloter. En effet, les possibilités d’alimentation autres que la ligne principale (connexion
diversifiée au réseau – « ligne auxiliaire » ou, en interne, des diesels) ne sont pas
dimensionnées pour alimenter en totalité les auxiliaires. Le basculement éventuel sur ces
autres types d’alimentations entraîne donc notamment l’arrêt automatique du réacteur. Par
ailleurs, le redémarrage de la tranche ne sera possible que si le réseau principal est
préalablement en service, ce qui signifie qu’il faut conserver un minimum de tranches en
service malgré un incident réseau éventuellement très important.
Le transitoire est vu principalement par la chaudière comme une fermeture rapide des
vannes d’admission turbine sous l’effet de l’accélération du groupe suite à la disparition
14 - Les systèmes de régulation 265
• un « tassement » important et très rapide des niveaux dans les GV (figure 14.48) dû à
l’arrêt brutal du débit vapeur vers la turbine. Le niveau se rétablit partiellement sous
l’effet du rétablissement d’un débit vapeur important, assuré par le contournement. Par
la suite, l’action conjointe des régulations de niveau et de vitesse des TPA assurent le
contrôle du débit d’eau alimentaire qui permet le maintien du niveau au voisinage de
sa consigne.
Pour la réussite de l’îlotage, il est nécessaire que les systèmes principaux et leurs régula-
tions fonctionnent parfaitement, particulièrement : contrôle de vitesse de la turbine (ainsi
que le contrôle de la tension délivrée par l’alternateur), ouverture du contournement au
14 - Les systèmes de régulation 267
Figure 14.47. Pression vapeur (GV et barillet) et consigne de contournement (courbe n° 3).
Figure 14.48. Débit d’eau et de vapeur ; niveau dans le générateur de vapeur (mesure gamme
étroite).
Pour permettre une remontée en puissance rapide de la tranche (cas où il s’agit d’un
déclenchement intempestif ou lorsque l’on peut remédier rapidement au problème), on ne
provoque pas l’arrêt automatique du réacteur. La baisse de puissance de la chaudière est
progressive par l’insertion des grappes et l’ouverture du contournement, comme pour
l’îlotage (les transitoires sont très semblables).
Le système
de protection
Le système de protection recouvre le matériel chargé d’assurer la protection de la
chaudière par la commande appropriée des interrupteurs d’arrêt d’urgence et des
actionneurs de sauvegarde en fonction de l’évolution des paramètres de la centrale.
En amont se trouvent les capteurs. Ceux-ci peuvent appartenir à différents systèmes élé-
mentaires. Ils mesurent les grandeurs physiques caractéristiques de la chaudière et déli-
vrent des informations analogiques au système de protection à proprement parler. En
amont se trouvent aussi des informations logiques venant des différents systèmes élémen-
taires tels que la régulation par les grappes, le groupe de contournement turbine, etc.
En aval se trouvent :
• les interrupteurs d’arrêt d’urgence qui permettent de faire chuter les grappes ;
• les actionneurs des systèmes de sauvegarde qui ne font pas à strictement parler partie
du système de protection mais sont intégrés dans les différents systèmes de sauvegarde
(RIS, ASG…, voir chapitre 10).
Il existe aussi des protections génériques qui protègent le cœur contre certains risques
indépendamment de l’événement qui en est la cause (accidents de dépressurisation, retrait
de grappe, excursion de réactivité, RTV en puissance, etc.). Dans les faits, elles protègent
le combustible vis-à-vis du respect de deux critères de découplages, le RFTC (rapport de
flux thermique critique) et la surpuissance linéique.
La principale limitation du caractère universel des protections génériques vient du temps
de calcul nécessaire qui ne permet pas de traiter les cas des transitoires très rapides.
À noter : L’utilisation de technologies numériques a permis sur les paliers 1 300 MWe et
1 450 MWe de reconstituer en continu les valeurs de RFTC et de puissance linéique
enveloppe à partir de diverses données mesurées sur la tranche dans le système de
protection et d’instrumentation nucléaire (SPIN). Sur le palier 900, il existe un système qui
permet de se prémunir des mêmes risques à partir de la mesure de la variation de
température entre l’entrée et la sortie du cœur, les chaînes Delta-T. Ce système, plus
découplé, ne sera pas détaillé ici.
Il n’est pas question non plus de dresser une liste exhaustive des protections spécifiques.
On se contentera, après une description des chaînes de protection générique contre le RFTC
et la surpuissance linéique de citer les protections spécifiques du cœur contre les risques
de hausse rapide de la puissance, puis à travers l’exemple des accidents de perte de réfri-
gérant primaire et de brèche secondaire de dresser le tableau d’un certain nombre de prin-
cipes de l’architecture et du dimensionnement des seuils du système de protection.
résiduelle. D’autre part, l’injection d’eau borée constitue un apport d’antiréactivité, utile
en cas d’accident de réactivité (refroidissement du fluide primaire suite à une brèche au
secondaire par exemple).
Les situations où l’IS est nécessaire correspondent toujours à des transitoires où l’intégrité
du cœur est menacée, souvent en raison d’une faible pression primaire ou d’un inventaire
en eau dégradé. C’est pourquoi tout signal d’injection de sécurité provoque l’arrêt
automatique du réacteur.
Ces systèmes visent à assurer la protection du cœur lors d’accidents conduisant à une
variation simultanée de plusieurs paramètres physiques (puissance, température primaire,
distribution de puissance...). Ce sont :
• la chaîne de protection contre le RFTC ;
• la chaîne de protection contre la surpuissance.
Ces nouvelles protections se caractérisent d’un point de vue fonctionnel par la
reconstitution et la prise en compte de la distribution de puissance neutronique. La
distribution de puissance axiale est reconstituée à partir de la mesure du flux neutronique
des chambres excores et de la position des grappes de contrôle. Les groupes instrumentés
sont les groupes de contrôle. Une mesure de position de grappe par groupe et par quadrant
est utilisée pour la protection.
réacteur. En effet, les temps de réponses des capteurs, le temps de traitement du signal
ainsi que le temps nécessaire à la chute des grappes sont intégralement compensés par
modules d’avance/retard.
Ce principe a pour avantage de rendre le dimensionnement du seuil de protection
indépendant de la cinétique des transitoires qui pourraient se produire. Ceci contribue à
renforcer le caractère générique de ces protections.
15.4.1. Instrumentation
La fonction de protection est assurée grâce aux mesures du flux de neutrons issu du cœur
par des détecteurs situés à l’extérieur de la cuve. Pour mesurer avec une précision
satisfaisante le flux neutronique sur plus de onze décades, trois types de chaînes
d’instrumentation sont utilisés pour fournir trois niveaux de protection selon le niveau de
puissance du cœur. Voici les gammes typiques de mesure de ces trois chaînes :
• chaînes de niveau source : 10−9 % PN à 10−3 % PN ;
• chaînes de niveau intermédiaire : 10−6 % PN à 100 % PN ;
• chaînes de niveau puissance : 0,1 % PN à 120 % PN.
15.4.3. Seuils
Lors d’un accident de retrait incontrôlé de grappe, le cœur est protégé par un arrêt
d’urgence par haut flux nucléaire niveau puissance (seuil haut), dimensionné à 118 % de
la puissance nominale. Ce seuil a été déterminé en vérifiant que pour cette valeur de
puissance, le facteur de point chaud est tel que le critère de puissance linéique maximum
de 590 W/cm n’est pas dépassé. Il est de 109 % sur site en raison des incertitudes de
mesure et de traitement.
Les autres seuils sont fixés hors de la gamme de fonctionnement normal, en interdisant
d’approcher les limites de sûreté en cas de transitoire accidentels à partir d’un faible
niveau de puissance. Le seuil sur site est de 7 × 10−5 % PN pour le haut flux, niveau
source. Il est de 25 % PN pour le haut flux neutronique, gamme intermédiaire, et de 109 %
pour le haut flux neutronique, gamme de puissance (seuil haut).
À ces seuils, il faut aussi ajouter un arrêt d’urgence par taux élevé de décroissance de flux
neutronique. Cet arrêt d’urgence protège le cœur contre la crise d’ébullition en cas
d’accident de chute de grappe.
Sigles
AAR : Arrêt automatique réacteur
ABP : Réchauffeurs basse pression
ADG : Bâche alimentaire dégazante
AFA : Assemblage Framatome Avancé (AFA 2G, AFA 3G : AFA 2e, 3e génération)
AGI : Assemblage grille inconel
AHP : Réchauffeurs haute pression
APA : Motopompe alimentaire
APG : Purges des générateurs de vapeur
APP : Turbopompe alimentaire principale
APRP : Accident par perte de réfrigérant primaire
ARE : Régulation du débit d’eau alimentaire
ASG : Eau alimentaire de secours des générateurs de vapeur
BAN : Bâtiment des auxiliaires nucléaires
BK : Bâtiment combustible
BR : Bâtiment réacteur
CEX : Extraction condenseur
CFI : Purification de l’eau de circulation
CMAD : Commutateur Manuel-Automatique-Direct
CPP : Circuit primaire principal
CPTF : Charbon pulvérisé avec traitement des fumées
CRF : Eau de circulation
CSC : Corrosion sous contrainte
CVI : Vide du condenseur
288 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
1. Réacteur R 5. Piscines P
Définitions
• Barrières
« Enveloppes ou enceintes à étanchéité spécifiée interposées entre le combustible
nucléaire et les populations pour confiner les produits radioactifs ; ce sont dans l’ordre :
les gaines de combustible, l’enveloppe sous pression du circuit primaire principal,
l’enceinte de confinement. »
• Incidents
« Évènement dont la fréquence est modérée, n’entraînant la dégradation d’aucune
barrière, pour lequel le système de protection est capable d’arrêter le réacteur lorsque les
292 La chaudière des réacteurs à eau sous pression
limites spécifiées sont atteintes, et après lequel le réacteur pourra être redémarré lorsque
la cause initiale aura disparu. »
• Accidents
« Évènement hautement improbable, pouvant entraîner l’endommagement d’une ou
plusieurs barrières, donc conduire à un relâchement de produits radioactifs et demandant
la mise en service des systèmes de sauvegarde par le système de protection (conditions 3
et 4 applicables à l’analyse des accidents). »
Bibliographie
Gautier B. et al. (1997) « Validation des critères de sûreté en situations accidentelles »
RGN, 3, mai-juin.
Barral J.C. (1997) « Expérience d’utilisation du combustible en réacteur EDF » RGN, 3,
mai-juin.
Traccucci R. et al. (1982) Thermomécanique du combustible de REP, Les techniques de
l’Ingénieur, B3 060.
Bailly H. et al. (1996) Le combustible nucléaire des réacteurs à eau sous pression, CEA,
Paris, Lavoisier.
Migaud (2002) Les conditions de fonctionnement des réacteurs.
Olander D.R. (1976) Fundamental Aspects of Nuclear Reactor Fuel Elements, TID26711
P1. University of Berkeley.
MATPRO Version 11 (1979) A Handbook of Materials Properties Use in the Analysis of
Light Water Reactor Fuel Behavior, NUREG/CR-0497 EG&G Idaho.
Lannegrace J.P., Bekarian A. (1997) « Les combustibles nucléaires. Organisation
industrielle française » RGN, 3, mai-juin.
Règles de conception et de construction des centrales nucléaires REP de 1 400 MWe
(RCC-p 1400). Document préparé par EDF et FRAMATOME – Révision 1 - Octobre 1991.
Collection Génie Atomique