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UNIVERSTTÉDEMEIZ

CENTREDES SCIENCESDE L'ENVIRONNEMENT

1997

rrrÈsn
présentéepour obtenirle gradede
DOCTET]R DE L'UNIVERSITÉ NN MIETZ

Spécialité"Sciencede la vie"

soutenuepubliquementle 4 avil 1997


par
Jamal BEITLAKHDAR

CONTRIBUTION À L'ÉTUDE
DE LA PHARMACOPÉE TRADITIONNELLE AU MAROC :
LA SITUATION ACTUELLE, LES PRODUITS'
LES SOURCESDU SAVOIR
deterrain
Enquêteethnopharmacologique
réaliséede 1969ù 1992

Tome I

g svlr
Membresdu JurV

Professeur.J.M. PELjT- Universitéde Metz - président


ProfesseurC. YOUNOS - Universitéde Metz - directeurde thèse
Docteur J. FLEIIRENTIN - Universitéde Metz - co-directeurde thèse
ProfesseurG. BALAI\ISARD - Universitéde Marseille- rapporteur
ProfesseurF. MORTIER - Universitéde Nancy- rapporteur
ProfesseurE. STAIVSLAS - UniversitédeToulouse
TOME I

J
Jedédiecettethèse

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REMERCIEMENTS

Mr. le Pr. Jean-MariePELT de m'avoir


Je tiensà remerciertout particulièrement
accueilli,à mon arrivéeâ Metz en 1992,à I'InstitutEuropéend'Ecologieo d'avoir
suivi avécintérêtet sympathie la progressionde ma rechercheet d'avoir accepté
-savoir,
de présiderce jury. Sôn sa grandesensibilitéaux chosesde la nature,ses
talêntsmultiplei d'homme "de Ia cité", ses positionscourageuses' m'ont
profondémentinspiré tout au long de mon travail, et dans la vie, tout
simplement.
Je suistrèsreconnaissant à ùIr. Ie Pr. ChafÏqueYOUNOSpour avoir acceptéde
dirieer ce travailet pour m'avoiraccordéson amitié.Sa bonneconnaissance de
la rfiédecinearabo-islamique et des pharmacopées, sesqualitésd'homme de
science, de cultureet de convictions ainsique sadisponibilitépermanente m'ont
été d'un grandappui dans I'accomplissemént de ma recherche. Sa simplicitéet
sonesprii de cooférationont grandementfacilité mon travail et mon passageau
laboratoire.
Je voudrais aussi exprimer toute ma reconnaissance à Mr. le Dr. Jacques
FLEURENTIN, pour m'avoir sanscesse accompagné de son soutiendurantces
5 annéesqueje ni"nr de passeren Lorraineet pour s'êtreassociéà la direction
de ce travail] Dans la vie, son amitié constanteet sa solidarité active ont
beaucoupcomptépourmoi et ma famille et m'ontrenduplus légerle poids des
difficultés que3'aiïencontrélors de mon inst:lllationen France.Au laboratoire,
sa passionioui ta rechercheen ethnopharmacologieo sa B1a$.eouverturesur
lesiultureidu mondeet sacompétencè ont insufl6autourde lui un étatd'esprit
propice au débat et à toutes fôrmes de collaboration,état d'esprit qui m'a
beaucoupprofité.
J'exprimema gratitudeà Mr. le Pr. FrançoisMpBTIEB pour avoir apportéà la
réalisationdelerc recherchesa précietsecollaborationet acceptéd'en être
rapporteur.Son sensde I'efficacité,le soin qu'il a.gPporté4..t- procurerla
docïmentionnécessaire et les nombreuxconseilsqu'il m'a prodiguéne sontpas
étrangersà la conduiteà termede ma mission.

Je tiens à remercierMr. le Pr. Guy BALANSARD pour avoir acceptéde faire


partie de ce iury et d'en être I'un des rapporteurs.Sa participationdans de
hombreuxprbjeis de coopérationassociantles 2 rives de la Méditerranéeen
font un obôeriateuréctaiié de l'état de la recherchesur les plantesdanscette
région du Monde. Sa rigueur scign-ti!_Uue, sa compétence et son engagement
dansI'actionm'ont étéd'un grand Mnéfice.

Je remercieaussivivementMr. le Pr. EdouardSTANISLASdontj'ai été l'élève


de 19@à 1969.Votre enseignement vivant et brillanten pharmacognosie a été
le point de départde mon inlérêt pouqqe{tediscipline et des 9uej'ai
recherches.
méné plus taid dansce champd-'activités. Vous me faites honneur
u-n.grand
d'assisterà cette soutenance.Vous m'aurezainsi accompagnéduranttoute ma
longuevie d'étudiant; veuillezcroirequej'en suisprofondément touché.
A tous-ceux qui ont participéde près ou de loin à la réalisation de cette
je veuxexprimericl messènûments
recherche, de sincèrereconnaissance.
Jeremercie:
- [,esnombreuxforestiers,botanistes,chercheurs
de toutesdisciplinesqui m'ont
qccgmpagnélors de mes missionssur le terrain et notammentmon ami
AbdelmalekBENABID, Professeurd'Ecologiebotaniqueà I'Ecole Nationale
Forestièrede salé,qui ne me refusajamais
son-tempset sâscience;
- L'équipe
{g nhVtochimistesde la Facultédes Sciencesde Rabat grâce à
laquellela chimie d'un certainnombrede plantesdu Maroc a pu être àtudiée,
notamment monamiAbdelkader IL IDRISSI;
- Mes confrèrespharmaciens des organismesprofessionnels et de la jeune
indus.trie
pharmaceutique marocaine{ui ne m'oït jamaisrefuséleui soitien,
moralou financier,chaquefois qu'il a ffilu organiserïne
-positive activité,unemissionou
une recherchepouvantavoir une incidence sur le développement du
paysou de la profession;
- Les tradipraticiens,les herboristeset les nombreuxinformateursqui m'ont
communiquéleur savoiret ont bienvoulu seprêterà mesenquêtes; '
- Mr. ChristianMORIEUX,conseilleradjointpour Ia coopérationet Mr. Flavien
SCOTTO,du Serviceculturel de I'Amb-assadede Francêà Rabat,entre lgg2 à
1993,qui m'ont appuyépour I'octroid'uneboursede financementde 2 années
d'érudessur les 5 quej'ai passéà Metz ;
- Mes collèguesde I'AssociationMarocainede Pharmacognosie (Al Biruniya),
notamment mon amieRenéCLAISSE,animéede la mêmecuriositéquemoi four
la traditionmarocaineet aveclaquellej'ai eu de fructueuxéchanges
;
- Toutesmescollègueset amiesde la SociétéFrançaised'Ethnopharmacologie,
Judith JEANMAIRE, PierretteALTIDE, Jocelyne SIMON, Christine
SCHILDKNECHT,ainsi qu'IsabelleDRUM, Karine GOI, NathalieSADOWY,
pour leur gentillesse,
Ieurconstante
bonnehumeuret leur enthousiasme ;
- Mon ami Bernard-CESARI qui s'estoccupéde la réalisationgraphiquede mes
travauxet de bien d'autreschoses: sonamitiéfidèle et sonassistâncetechnique
m'ontétéd'un grandsecours;
- Tous mes amis compatriotes, expatriésou résidantau pays, qui se sont
passionnés pour mon trùail et m;ontsoutenu,chacunà samariièie.
CONTRIBUTION À T,'ÉTUOEDE LA PHARMACOPÉN
TRADITIONNELLE AU MAROC : LA SITUATION
ACTIIELLB, LES PRODTIITS,LES SOURCESDU SAVOIR

PLAN GENERAL

PRÉSENTATION .;............ ..............3


pnnvrrÈnppLnrrn 9
.............

CHAPITRE I
INTRODUCTION:
PLAIDOYER POUR Uh[EN'MNNCNIESOCIABLE ......11

. Unehistoirede la maladieracontê pardesenfants .............11


. Dialogueentregenssensés: Hippocratele médecin
et Chamharouch roi desjnouns ....""""' 13
. Soins,Soignéet soignanten médecineraditionnelle:
Eoistermesd'uneéquationpourunestratégie du remède..................14
. Durer : les voiespérilleusesdu futur "" 16

CHAPITRE tr
LE CADRE GÉNIÛRAL DE LA VTÉUNCTNTB
TRADITIONNELLE AU MAROC : ACCOMMODATION
AU MrLEU ET ENRACII\EMENT HTSTORIQIIE .........19

I - LES DONNÉESGÉOGRAPHIQI,JES

A - LE PAYS .............19

1 - Situationgéographique ......... ......."""'19


2 - Reliefet hydrographie ......"'19
3 - I-e climat """""""22
- Les grandestendances "'22
- tes domaines climatiques............. .-......"""'23
- I-esprécipitations......... ..-.....""""23
- I-lhistoiregéologique ....24
- Tlpes derocheset ressources
minéraIes.............. .......25
-
5 Les grandes régions .............26
B - LES HOMMES .....N
1 - Population et démographie ............. ....n
-
2 Espaceet Société ...............29
. Santé,hygiène et nutrition............ ..............29
-
3 Léconomie ...........30
- L agriculture
et l'éIevage............. ...............30
- La pêche............. ...........31
- Lesmines .......31
- Lindustrie............. ........31
- L'artisanat........... ..........32
- Iæ tourisme........ ...........33
- I-e commerce intérieur .................33
. Iz soukdansIn tadition cornmcrcinle marocaine .....33
C - LA VÉCÉTNTTON,
LA FLOREET LA EAI.JNE ............34
I - I.,avégétation ............ ...........34
- I-esbioclimatsetlavégêtation ....34
- Lesprincipauxgroupements édaphiques........ ............37
2 -laflore .................34
- Originalitéde la floremarocaine ................38
- L endémisme végétal .....39
- Iæses$cescultivéeset introduites.......... ...4û
-
3 La faune ................41

tr. L'ET{\{IRONNEMENT
SOCIO-CULIT.JREL .................42
1 - L'histoiredu peuplement........... .........42
- l-esberbères premiersoccupants du pays... ................42
- La conquête musulmane ............. .................43
- L immigrationbédouinedes)flIème et )OIIèmesiècles...........4
- Les apportsAndalous .....M
- L élémentnoir...... .........45
- I-esbrassages internesde populationset les apports
de la périodemoderne ....45
-
2 Civilisationet société: le modelagede I'identité ..............47
-
3 I-esinfluences: un paysà la croiséedeschemins............................48
4 -L.etempsprésent: authenticité et ouverturesurle monde...............50

tr
rtr- coNclusroN .................52
PARTIE
DETIXTÈME ..............53

CHAPITREI
L'ENQUÊTE ET LF"SRECIIERCIIES
BIBLIOGRAPHIQTIES ..........
3MÉTHODESET SOURCF,S 55
........

r -nÉrruaoNs sLJR
L'ETHNoPHARMAcoLocIE .......55
I - Méthodologieet finalié desrecherches ......... ....55
2 - Quelquesdifficultésfiéesà la nanpesffcifique deI'objet ..............57
a - Lavariance ..-.........57
b - l.a mise en corespondancede catégoriesculturellement
différentes............. ................58
3 - I-escritèresde sélectiondesdonnées ................59
a - Lesconvergences....... ..........59
b - I,a répétitionet I'invariance: la mentionmultiple ............60

tr - L'ENQUÊTESLJRLE TERRAIN .....60

A - LESSOURCES
ORALES .................60

B - LES QLJESTIONNAIRES-FICI{ES .................61


I - L'esprit d'un questionnaire: mirages
et réalitésde la connaissanceethnopharmacologique ..-....61
2 -l,esquestionnaires-fiches et moded'emploi-....-......-.-62
: description

C - I-ESCOLLECTIONS ,......63
I - Iæ droguier ...........63
2 -Llherbier.......... .....@
3 -IÂphotothèque
4 - IæsenregisEements sonores............. -----..-......-..&

m - LESSOLJRCES ÉCnrrnS
ET LESUÉ"nrOOeSBIBLIOGRAPHIQLJES ...............65
1 - Objectifs............ ....65
2 -l,essoruces ...........65
a - I-estextesanciens ...............65
b - Sources écriæscontemporaines......... ...............65

M - LESRECHERCIIES
AU LABORATOIRE .....67

m
ANNE)(EI : FICIIE-QLJESTIONNAIRE
DESPRODLITTS
...............
69
ANNE)(E2 : FICIIE-QLJESTIONNAIRE
DESPRAilCTENS............
7I

CHAPITREtr
srruATroN AcTUELLEDELA prrARMAcopÉn
ET DE T,I NANNECII\ETRADITIOI\I\ELLB AU MAROC .......,73
. Desbasesdoctrinaires viellesdemille ans.......... .................73
. Une thérapeutique fondéesurla luttedesconfaires ............74
. À h recherched'un ordrenaturel ..........75
. Forceset énergies : les causalités mystérieuses.......... ..........76
. Expériences localeset cosmopolitisme ................77
. La penséerationnelleconfrontéeau magiqueet au sacré ....79
. I-e signeet la chosen la substançe et le rituel.............. ..........90
'La tansmissiondu savoir: académisme et naditionoraIe..................g1
. Lf oeuwe : les grandsnomsde Ia médecine
et de la pharmaciemarocaines ......... .....g3
. I-espraticiensaujourd'hui .......85
. uart galéniqueet lestechniques de la pharmacie taditionnelle.........gg
'Médecine contemporaine et scienceEaditionnelledessoins:
conflitset inærpénétration ....91
. La mondialisation dela notiondepatrimoine ........... ...........93

CHAPITRE M
PSYCHOSOCIOLOGIE
DE LA NdNBCINE TRADITIOI\I\ELLE AU MAROC ...............
95

.Introduction: médecine, scienceetcivilisation........... .........95


. Histoiresociale,cultureet médecine........... ..........97
. Systèmes anciens,situationsdepenurieet pragmatisme ..................100
. Principalesattitudesde la communauté
faceà la questionde la médecine fiaditionnelle........ .........102
- Le passéisme ...............102
- L écologisme et le naturalisme ........ ..........103
- L éclectisme et le surnaturalisme.... ...........103
- I-epragmatisme ........ ...103
. La clientèle: classification et motivations ........... ..............1@
. Facteursobjectifsde survivance........ ...105
- Accommodation à la réalitérégionale .......105
- Proximitêde la relationmalade-thérapeute ..............106
+ proximitéspatiale .............106
+ proxfmitéidéologiqueet sociale .....106
- Faiblecoût dessoins ..L07
- Effrcacitédestraitements ..........107
- Modérationet progressivitédeI'actionthérapeutique............107
. Le conditionnement ...
psycho-affectif ................108
. Iæspointsdefaible.sse........... .............109
- L implicationdu magiqueet du sacrédansle rationnel..........109
- La croyanceen descausalitéssupérieures:
malédiction,malfaisanceet maléficience ..109
- La Ctégadation du savoir 111
......-.....
. conclusion.......... ....112

CHAPITRE IV
CATALOGT]E DES PRODUITS
DE LA PHARMACOPÉN MAROCAINE
@lantes médicinaleset toxiques, plantes alimentaires,
simplesanimaux et minéraux, produits employésen magie,
substances mélangeset confections)
industriellesn ...........115
r - pRÉSENTATIONCÉXÉnALE ET MODE D'UTILISATION
DU CATALOGT.JE .............115

A- Iæsgrandes divisionsdu catalogue ................115


B- I-esmodesde classification desproduits............ ...........115
C- Origineet moded'obtention desdonnées .....-116
D- Natureet ordonnancement desdonnées............. ...........117
E- Tabledessignes,abréviationset indicationsdiverses ....118
F- Ttanscriptionde I'arabeet du berbèreen caractères latins............119

tr - LE CATALOGI'JE """"""'l2r

A - PRODUTTS VÉCÉrer
DURÈGNE ..--...-......r2r
AI . CRYPTOGAMES
NONVASCI.TI-AIRES .........I21
A2 - CRYPTOGAMES
VASCT.JLAIRES ....131

B - PRODUTTS
DU RÈGNEn{nVÉnel- ..............755

C - PRODUITS
DU RÈGNEANIMAL ................801

D . SI.JBSTANCES ET PRODI.IITS
INDUSTRIELLES
DE FABRICATIONARTISANALE....... ........873

e - MÉLANGES
ET CONFECTIONS.......... ...-...907

V
CHAPITREV
TABLEAU SYNOPTIQUE3LES PRODUITS
DE LA PHARMACOPÉEMAROCAII\E SITTIÉ5
PARRAPPORTATIXTEXTESARABESANCMNS....................
913

- IÉCNUOEET MODEDUTILISAflONDESTABLEAUX..........9I3
- LESTABLEAUX......... .......916

CHAPITREVI
INDEX rnÉn^rprurlQuE ET ETITNOBOTAI\UQIrE
DESESPÈCESCITÉESDANSLE CATALOGTIE ......100I

r - usAGEs
uÉprcnqnux......... ...1002
tr - PLANTESET PRODLTTTS
TO)(IQITES OUDANGEREUX..1035
Itr. USAGESALIMENTAIRES............. IO37
rv - usAGEsTECHMQUES rc42
ETAPICOLES
V. USAGESPASTORAT.IX ...1046

CHAPITREVII
LES DONNÉESDE L'ENQUÊTE
ET DESRECffiRCffiS BIBLIOGRAPHIQIIES:
ANALYSEET DISCUSSION I@;g

I. LESRECTIERCTIES LE TERRAIN
SI.JR .....1M9

A - TEMPSET DURÉEDE LENQUÊTE lcp;g


B - L'ESPACEDE L'ENaIJÊ"IE 1061
c - LESpRAtrrCrENS............. lmz
EnrdeStatistiqued'unéchantillonde ll2 præiciens .....10612
D - AT.ITRES INFORMATEI.JRS ............ 1063
-
E LES PRODI.IITS I.JTLISÉS............. 1065
l. Règneset domaines............. 1065
2. Produitslocaux,produitsimportés ..1065
3. Es@cesvégétaleslocalesspontanées, localescultivées...1066
espèces
4. Fréquence desproduits............
d'utilisation ....1068
-
F LES POSOLOGIES 1068
G - LES DOMAINESDUSAGES.......... 1069
H - LES TNDTCATTONS TTffi.APEI.naLJES .1071

SI.JRLESTEXTESARABES..................1075
tr. LES RECTIERCTIES
A - PRINCIPAI.X TD(TES CONSTII.TÉS .......1075
B - AUTRESTEXTESCONSLTUTÉS............. ...rul7
C - SAVOIRSSAVANTS,SAVOIRSPOPI.JLAIRES 1078
D. COMPARAISONDU DROGUIERACTT.JEL AU MAROC
AVEc LA MArrÈRE naÉplcern ARABE ANcIENNE Lo79
non mentionnés
1. Produitsmentionnés/produits
(danslestextesanciensselectionnés)
........... .-lWg
2. Analysedescausesdenon-mention......... .......1083

m - souRcES BIBLIOGRAPHIQLJFS
CONTEMPORAINES.....1085

1. Documentssur le Marocen ethnographie, en ethnobotanique,


en histoirede la médecine,
en ethnopharmacologie,
en lexicologie .....1085
2. Documentssur les pharmaco@sdu Maghreb
et du MondeArabe 1086
3. Documentssur lespharmaco@sdu Monde ..1087
4. Floreset documentsbotaniques ............. 1087
5. Documentsde chimieet de pharmacologie ....1088

rV - LESCOLLECTIONS............. .....1166

CHAPITREVItr
N,MUBCIhTETRADITIOI\I\E LLF',
ETHNOPHARMACOLOGIEET PROGRÈJS SOCIAL :
LA TRADITIONAU SERVICE DU NÉVNT,OPPEMENT 1089
a

I - MEDECINETRADITIONNELLE,ETHNOPHARMACOLOGIE
ET SOLUTIONSAUTERNATTVES POURI.JNEI.A,RGE
EN SOINSDE BASE.....
COI.IVERTI.JRE ...1089
DE SANTÉ
ACTTJELLFS
II. PROBIÉMATTQUES
AU MAGHREB 1091
M- RESSOI.JRCES ET HI.JMAINES
NAETÉNTELI.ES
DU SECTEI.JR TRADITIONNELDE LA NAÉNNCNE LO92
A - Lesproduits: la pharmaco@
traditionnelle............ ..--1092
B - Prestations
et procédés .'rc92
-
C Praticiens et auxiliaires ..1093
IV - LES OBJECTIFSDES PROGRAMMES
D'ÉTUDESURLESPFIAIIMACOPÉES 1093
A - Objectifs de Santé 1094
B - Objectifséconomiques ....1095
C - Objectifsscientifiques ....1095

V - PROCÉDI.JRESET PRINCIPESDE STRAf,ÉGIE ..1096

A - LESPROCÉDLJRES .........:...... .....1096


1 - Etudesethnobotaniques ...1W7
2 - Etudesde chimie............. .1097
-
3 Etudesde pharmacologie et d'évaluationcIinique............. 1097
-
4 Enrdesde toxicité............ ..1098
-
5 Enrdesde phannacotechnie 1098
6 - Etudesde faisabilité et Recherches en développement
appliquéeauKpaysdu tiers-monde......... ......1099
-
7 Etudesd'exploitationet devalorisation.......... 1099
B . PRINCIPESDE STRATÉGIEDES RECI{ERCI{ES ..1099

VI . STRUCTURESETINSTRIJMENTSDERÉALISATION....1101
VII - CONCLUSION IIO2

CONCLUSION GÉNÉRALE I1O5

2t

BIBLIOGRAPHIE GEIYERALE r 111

VIT
pnÉsnxrATroN

Lorsqu'en 1969,j'ai démanémes premièresenquêtesethnopharmacolo-


giquesdansle Saharaoccidentalmarocain*, enquêtesquej'ai poursuivies
par la suite dans d'autresrégionsdu Maroc (Fès, Marrakech,région de
Rabat-Salé,Moyen-Atlas, Rif, Dra, Oriental, etc.) et que j'ai fini par
généraliserà I'ensembledu territoire, je n'avais pas pour objectif de
soutenir un jour une thèse de Doctorat sur le sujet. Je m'adonnais
seulementà une activitéqui me passionnaitet queje concevais,au &part,
cornme une contribution personnelleà la sauvegardedu patrimoine
culturel national. Ma formation universiaire de pharmacien,ma curiosité
pour les choses de la nature et mon attachementà la culture arabe
m'avaient amenétout naturellementà m'intéresserà ce domaine de la
pratiqueet du savoir deshommesqui m'apparaissaitcommevierge et qui,
en mêmetemps, semblaità tout le monde,à cette époque,tenir une place
incertaineentre la sciencedu réel et I'ordredu mystère.Très vite, je me
suis plu dans ce rôle de chercheurmarginal qui me sortait des chemins
battuset m'offrait, en plus, le plaisir de I'aventureen terrain inconnu.
Nommé entre-tempsau Laboratoire de Toxicologie et de Recherches
médico-légalesà L'Institut National d'Hygièneà Rabat,je pus, pendant
quelquesannées,disposer de la logistiqued'un organismeofficiel, ce qui
donna à mes recherchesune autre échelle.Aujourd'hui, je peux dire que
les 3 années(1970-ln2) quej'ai passéesdansce laboratoire- véritable
observatoire national de tout ce qui a trait aux poisons : plantes
dangereuses,toxiques minéraux, venins, médicaments,produits
industriels, etc. - m'aidèrentbeaucoupà acquérir les techniquesde
I'enquête sur le terrain et forgèrent définitivement ma vocation de
"chercheuraux piedsnus".

Après uné suspensiond'activitéprofessionnelle de 6 ans(1972-1977),que


je mis à profit pour approfondir mes connaissancesen systématique
botaniqueet en ethnologie,je repris en 1978une activité professionnelle
libérale et je relançaisen mêmetempsmesenquêtessur le terrain, mais à
dne tout à fait personnelet sansle soutiend'aucuneinstitration.
De 1978ù l992,je parcourusainsi à traverstout le Matoc, en vojture, en
4X4, à dos de mulet ou à pied, environ 240.000km. Cesdéplacementsme
conduisirentdanstoutesles provinces,y comprisdansles régionsles plus
reculées,à la renconEedesradipraticiens,desherboristes,des récolteurs
de planteset, d'unemanièregénérale,de toutesles personnessusceptibtes
de me fournir des informationssur la pharrracopeeet le systèmede soins
en usageau Maroc.

* Lqs ré.sultatsde cette premièreenquêæfurent publiésen 1978 : BELLAKHDAR J.,


Editions TechniquesNord-
Médecine traditionnelle et toxicologie ouest-sahariennes,
Africaines,Rabat,365 p., 1978.
La tâchene fut pas toujours facile : j'ai dû souventemprunterdes pistes
impraticables dans les sablesou dans la rocaille ; traverser des gués
dangereuxavec des voitures qui n'étaientpas équipéespour ce genre
d'exploits ; escaladerde nrdes montagnes; chevaucherdes montures
inconfortables ; suivre des nomades sur les chemins de leur
transhumance; ou pénétrerdansdes bidonvilles qui étaient de véritables
coupe-gorge.Mais dans ce genred'expéditions,on peut aussi connaître
quelquesmoments de rare bonheur: se retrouver seul au milieu d'une
nature sauvageet grandiose; tomber, tout d'un coup, au détour d'un
chemin, sur un paysaged'une grandebeauté; ou renconfrerdes hommes
très différents de soi, des hommes simples et un peu rustres, mais
possédantune grandeexpériencedu milieu et la sagesse desAnciens.
Ces hommes-làqui furent mes infonnateurset qui se sont ouvertsà moi
de leur savoir, furent aussi mes hôtes : j'ai en effet souventpartagéleur
toit et leurs repas, qui m'étaient offerts dans les pures traditions
dhospitalité du monderural. Partager? Seul celui qui n'a rien (ou si peu)
et qui vous donnetout, sait ce que cela coûæet ce que cela signifie : dans
bien des casndes efforts importantsde privation pendantles jours qui
suiventle passagede I étanger. Aussioai-je gardéune grandeadmiration
pour les qualités de cæur de cesgenset pour leur sensdu contacthumain.
Autant que leur connaissancede la tradition, ils m'ont apporté la
révélationquTl existait aussidansla vie, desplaisirsnon matérielset des
richessesintérieuresinestimables.

{.

Au contactde ceshommes,j'ai peuà peu pénêtr:ê le mondepassionnantde


la tradition et accumuléune quantitéappréciablede renseignements sur
les croyances,les mentalités,les conceptionsde la vie et de la mort, de la
santéet de la maladie,le systèmede soinset la pharmacopée.
J'ai ainsi découvert,commeje m'en doutaisun peu, que la pharmacopée
et la médecinetraditionnelle marocainesdevaientbeaucoupà la médecine
arabo-islamique.

A ce stade,il est important de précisercettenotion de pharmacopéeet de


médecine"arabo-islamique"que nous refiouveronsplusieursfois par la
suite. Pourquoi ce qualificatif "arabo-islamique"qui peut paraître, à
premièrewe, ethniqueet confessionnelet qui possèdeune connotation
politique ?
En fait, cette définition n'a rien à voir avec I'idéologieet doit se lire au
premier degfé : car, quand nous* disons de cette médecine(ou de cette
* "Nous" collectif : Ici nous prenoru la parole au nom de tous ceux qui se sont
spécialisésdansl'étudede la civilisationarabo-musulmane.

4
phamracopée)qu'elleest "arabe",nousne voulons..pas dire qu'!l slagtt{e
ia médecine(ou de la pharmacopée)"des Arabes"nau senssthniqne du
mot. Nous voulons simplementsignifier par là qu'elle est écrite en langue
arabe.En effet, à cette époqUe,les savantset les médecins,quel que soit
leur pays d'origine (du Maghreb à la Transoxiane,en passantpar le
Caucaséet le Proche-Orient)écrivaientpour la plupart en arabequi était
la langue scientifiquepar excellence.A tine d'exemple,le grand savant
du XÙmesiècle,Al:Biruni, originaire pourtantdu Khwarezrn,aux confins
de I'Asie Centrale, déclarait préférer la languearabeà la langue persane
pour la Édactton de ses ouwages,car,_dislit-il, la langue-qabe rend
mieu* la penséescientifique*. Ibn an-Nadim,dans son "Catalogue"
affirmait lui aussila suffriorité de la languearabe**.
Pour définir cette médecine,nous employonsaussi,en complémentdu
déterrrinant "arabe",euo nousfaisonsfigurer en premier,le qualificatif
"islamique".Nous disons "médecineislamique"palce que le cadre de
mouvan-ceet de développementde cette sciencefut le monde musulman,
mêmesi desnon-musulmans - joifs et chrétiensnotamment- y ont joué un
rôle important.
Cette nbtion de médecineet de pharmacopfu"atabo-islamique"'sur
laquelle s'accordetous les orientalistes***,relève donc d'une attribution
cuiturelle et non d'une définition ethnico-confessionnelle.Il était
nécessaire de bien préciserce poing avantd'allerplus loin.

Je disais donc que la médecine traditionnelle marocaine êtut


principalementd'inlpiration arabo-islamiqug.C'est vrai, pour au moins
\OEo,-maison ne peut s'en tenir à cetteseuledominantesi on veut bien
comprendreI'originalité de la pharmacopee marocaine.
Mes enquêtesmtont permis de découwir que d'auEesinfluencesavaient
contribuè à modeler la personnalitédu systèmede soins en usage au
Maroc : la culture berbère à laquelle s'identifie une grande partie de la
- population des apports venus de la Péninsule ibériqug à- l'époque
;
ilorissanæde tAndalousiemusulmaneou d'AfriqueNoire à la faveur des
échangestransahariens; des croyanceshébrarQuesvéhiculées par
I'importante communautéjuive ; et plus _tardivementdes influences
occiàentales.La position géographiquedu Matoc, qui en fait un carrefour
entre I'Orient et I'Occident,le Nord et le Sud, n'estpas étrangèreà cette
situation.

Un autre facteur important qui fait I'originalité de ce savoir est son


profond enracinementdansI'environnementnaturel du pays qui lui four-

* Al-giruni, Préfacedu Kitâb at-çaydnna("Livre desdrogues").trad. M. Meyerhof,


dansBulletin de llnstitut d'Eg;'pte,19 (1936-1937),pp. 33-34et22 (1939-194O)'pp.
1,M-r45.
** CitédansJACQUART& MICIIEAU, 1990.
:Ic*Xyoi';ACQUART & MICTIEAU,1990; CTIEVALIER
& MQI.JEL'1995.

5
nit I'essentielde sesressources.Son caractèreinnovateurpar rapport aux
savoirs écrits (grec et arabe,essentiellement)semanifestenotammentpar
la présencedans le droguier marocaind'un certain nombre de produits
qui lui sont propreset qui sont fournis par le milieu, caractérisépar un
taux élevéd'endémicitédestaxons.

Au total, et sansprétentionà I'exhaustivité,j'ai recensé1.039 espèces


utiliséespar la pharmacopéemarocaine,quej'ai regrou$es, en raison de
certains critères et de divers liens de parenté,en 694 rubriques.Les 3
règnes(vêgêtal, animal et minéral) y sont largementreprésentésainsi que
les domainesartisanalet industriel,bien qu'à un degrémoindre.J'ai tenu
à accorderune place particulièreaux plantestoxiquesqui n'ont été que
très peu étudiéesau Maroc et à proposdesquellestout resteencoreà faire.
J'ai profité égalementde I'occasionque j'avais de voyager au coeur du
Maroc "profond" et de sesEaditionspour recenserles usagesalimentaires
et techniques desproduits, car le dépeuplementrapide de nos campagnes,
observéces dernièresdécennies,risquait de voir s'effacercette partie de
la mémoiredeshommes.
Mes enquêtesm'ont enfin permis de mieux discernerle soubassement
doctrinairedu savoir relatif aux soinset à la pharmacopée,sesmodalités
de transmission,la situationqu'il occupeaujourdhuidansla sociétéet son
évolution probable.J'ai pu enEevoiraussi,de I'intérieur,certainsaspects
psycho-sociologiques de la médecinetraditionnelleau Maroc.

,r

Parallèlementà mes sorties sur le terrain,j'ai proédé à des recherches


bibliographiques dans des textes anciens et dans des documents
contemporains,grâceauxquellesj'ai pu déærminerles origines culturelles
et historiquesdes produits et des usages,leur diffrrsionoleur rapport au
milieu, leur place dansles échangeshumains,leur valeur symbolique.En
particulier, la comparaisondes donnéesethnopharmacologiques que
j'avais recueillies avec les sources écrites de la médecine arabo-
musulmanema permisde dégagerdesélémentsde discussionet d'avancer
quelqueshypothèses.

Mes enquêtes sur le terrain ont été quelquefois prolongées par des
recherchesau laboratoire. J'ai ainsi sélectionnéun certain nombre de
plantes aromatiquesutilisées localementen thérapeutique,plantes qui
m'ont sembléintéressantes à énrdierdu point de vue de leur composition
chimique, en raison de leur caractèreendémique,de leur position
taxonomiqueou de leur importanceéconomiquelocale.Les analyses,qui
ont été réaliséesen collaborationavec d'autes chercheurs,ont porté sur
les huiles essentiellesde cesplanteset sur leurscomposantsaromatiques.
I-es rÉ"ultatsauxquelsnùiri sornmesparvenusensernbleont fait I'objet de
publications dansdiversesrevuesnationalesou internationales,entre 1983
et 1994. J'ai intégré I'essentielde ces résultats dans le corps des
monographies,dans un paragraphespécial, à titre de conEibution
personnelleà la connaissance desplantesmédicinaleset aromatiquesdu
Maroc.

EnfinnI'expériencequej'ai acquiseà la suiæde ces20 ann&s de travail


sur le terrain et d'approchede la sociététraditionnelle,m'a autorisé à
formuler quelquespropositionsen vue de faire participer la médecine
raditionnelle marocaineà la politique de santépublique dans le cadre de
solutionsalternativespour une large couverturedespopulationsen soins
de base.

Au moment où je m'apprêteà soutenircettettrèsede Doctoratdont I'idée


est née en cours de route, et à travers ce panoramaque j'ai cherchéà
dresser de la pharmacopéemarocaine,je souhaite avoir réussi à
transmettre I'information que j'ai moi-même reçue de ceux qui la
détenaientet êEeparvenu,un tant soit peu, à sauverde I'oubli, un aspect
mal connu du panimoine et de la culture de mon pays.

7
PREMMNB PARTIE
CHAPITRE I
INTRoDUcTIoNcÉnÉn^lm :
naÉonclNsD'IrIER,cuÉrussEuRsD'auJouRD'HUI a
a

pLAIDoyER pouR uIvE vrÉnnclNpSocIABLE

Une histoire de la maladie racontée par les enfants

Y a-t-il un seul d'entre nous - derniersacteurs-spectateurs que nous


sommesdes grandesmutationsde la société -
patriarcale qui n'ait gardé
de son enfancenenfouis dans les ressacsde sa mémoire, quelques
souvenirs de détresse,vécus à Ia façon d'auûefois ? Ces souvenirs,
douloureuxparfois parcequ'ils sontassociésà I'imagede la souffranceet
de I'angoisse,chaleureuxaussi,en un certainsens,parce qulls évoquent
de grands momentsde solidarité familiale, nous les possédonstous en
commun,et, quellesque soientles figures souslesquellesnous les avons
vécus,nousles rattachonstous,inconsciemment ou sciemment,à un même
fonds de physionomie morale : la maladie, la précarité du destin,
I'adversité,la mort.

Certainesde cesfigures,communesà touteslesreprésentations desgosses


que nous ffimes, sont plus fréquentesque d'aufies.Telle, par exemple,
cetteimage,pleine de mysêre et d'interrogations, du va-et-vientincessant
des langes et des récipientsd'eauchaudevers chambrefermée où la
la
qabla* s'affaireà donnerle jour au petit frère. Ou bien, c'estle souvenir
de ce lointain parenq agonisantdanssa charnbrede malade,enfumfu par
le benjoin, et qu'on visitait en famille en munnwantdesprièresde grâce.
Soit encore,le cliché ineffaçabledesgrimoireset despotionsmystérieuses
du fqih* qu'on a amenéprécipitammentau chevet de la vieille tante,
terrassée-dans son lit par une salefièvre.

Et puis, incrustéedansnoEe ontologied'adolescent, il y a cettemémoire


collective qui ne nous lâche pas, cette mémoireinextinguible, incarnée
dansle grand-père,au moins sexagénaire, que I'on pressede raconterdes
histoireslors des longuesveilléesde Ranadanet qui ne tarit plus sur les
grandsmaux du passé: la famine poussantà mangerles tuberculesdu
diable ; les jnoun-s* guettantprèsdu gué le passantattardépour lui ravir
I'esprit ; la jarrbe gangrenéedu camaradede harka* qu'il fallut amputer ;
partout, enfin, la mort fauchant à tour de bras. Car elle était là, aussi
ubiquiste que cruelle, implacable dans son labeur, bien plus affairée
qu'aujourd'hui. It y avait la diphtérie qui rendait à Dieu les bébés
innocents, le tlphus qui n'épargnaitni riches ni pauwes,la lèpre qui
* qabla = accoucheusetraditionnelle i
fqih = tradipraticien; jnoun = mauvaisgénies;
hu.ln = arméetribale levéepar un chef deguerre.

11
rongeait le nez des mécréants,les pélerins partis aux lieux saints,
vigoureux et pleins de santé,et que le choléraemportaitsur le chemin du
retour.

Elles sontterrifiantes,les histoiresde ce temps-là! Glacialet poignant,ce


coup d'oeil sur le passé! Mais est-il waiment besoinde remonter aussi
loin ? Nous-mêmesenfants, déambulantdans les rues de la médina,
n'avons-nouspas w de nos propresyerDK- sansqu'on ait à nous les
raconter - quelquesscènesnon moins terribles ? N'y avait-il pas ce
cousin éloigné, né d'une mésalliance,fou de Dieu, moitié idiot moitié
illuminé, qu'on évitait de croiserdansles mes de peur qu'il nous colle sa
folie ? N'y avait-il pas aussicettefille du voisinagequi, à la tombéedu
jour, sortait toute nue dans la rue ? Ou encore, devant la porte du
marabout,cet enfantmongolien,assislà sur une natte,à se balancertoute
la journée, jusqu'au jour où on le retira de sa couche, froid et
recroquevillé,le visagebeau et rayonnantdansla mort, tui qui fut laid
toute savie ?

C'est alors que nous réalisons,à travers ces imagesde terreur, que les
médecinsd'autrefoisavaient fort à faire. L'omniprésencede ces sênes
dans noffe enfanceet dansnotre mémoire,ce vécu intense,tiraitlé entre'
une multitude de pôles conFahes- le bien et le mal, la vie et la mort, la
foi et I'impie - sontjustementdes sortesd'indicateursde I'importance
des soinset du rôle desmédecinsdansla vie socialed'aufiefois.En même
temps, ces images mêléesreflètent la totale imbrication des notions de
maladie et de soin avec les valeursreligieuseset moralesde l'époque.
Pouvait-il en être d'ailleursaufiementdansune sociétéoù tout se ænaitet
où rien n'échappaitaux grandsconflitsidéologiques?

Ainsi, la subversionde la sciencemédicalepar I'irrationalisme,la magie,


le mysticisme,le symbolismesoustoutessesformes s'estfaite au départ
- tout comme en religion - au nom de la liberté de penséeet dansla
foulée des intnrsions diversesqui ont peu à peu modifié les structures
originelles de la penséemusulmane.

Aujourdhui, comme dansnos représentations d'enfants,nous retrouvons


ces différents élémentsen chaqueséquencede I'acte thérapeutique,à
chaque instant du rituel médical. C'est bien ce que nous enseigne
I'anthropologiesocialemoderne: I'art de guérir, tout comme l'éducation
des enfants, porte en lui, souterrainet gestant,I'histoire entière de la
sociétéqui lui a donnéle jour et dont il est le produit.

t2
Dialogue entre gens sensés :
Hippocrate, le médecin et Chamharouch, roi des jnoun-s

Mais si le symbolismea bien sa part dansla sciencetraditionnelledes


soins,il y a loin toutefoisde là à dire que cetteingérencesoit parvenueà
supplantertotalementce qu'il y a d'incontestablement rationnel dans le
savoir des tradipraticiens.Au contraire,on les voit tous, I'un ou I'autre,
chacunau mieux de sa compétence,essayerd'abordd'accéderau mal par
la raison, pour mieux le combattre,le comprendrepour l'éradiquer,afin
de ranener le corus des chosesà sa nonrralité.Car êfie vivant, êfre mort,
être sain, être malade,pour tous ces praticienset potu le savoir cumulé
dont ils sont détenteurs,qu'estce d'aute en fin de compteque desétats,
des situations inscrites dans I'harmonie naturelle du monde, aussi
prévisibleset compréhensibles que le coursdesasfres? Ne faut-il pas les
considérer tout simplement comme des occurrencesdéfinies dans
I'itinéraire de la vie, assujettieelle-mêmeà I'ordreuniversel?

Et quand bien même la magie s'en mêleraitquelquefois,accompagnant


I'obsessiondu maléfice,cettefaçon qu'ellea d'admettredes causeset des
moyens suprarationnels,hétérodoxes,Eansgresse-t-elle vraiment les lois
de la raison ? Ou se contente-t-elleseulementd'admettreune raison
supérieure,satanique,mère de causalitésimpensables? Cette raison
satanique elle-même, irrationnelle dans son existence mais à figure
anthropomorphiquereconnaissable,ne fonctionne-t-ellepas selon une
logique interne tout à fait semblableà la nône ? Et tous ces démonsqui se
plaisentà nousfaire tomberdansleurspièges,tout au long de notrevie, à
commencerpar leur roi, Chamharouch,ou, en son absence,par ses
agents, les Daoud, Marrata, Bourkam, Kouna Bent El-Koun et autre
Mimoun, ne les avons nous pas, maintesfois, implorés comme s'il
s'agissaitdhommessensiblesarursupplications?

Nous gardonstous au fond de la gorgele goût amer des tisanesd'origan


et d'armoise, comme on garde encore aujourdhui en Europe celui de
lhuile de foie de morue.Enfantsencore,noussavionsque le goudronqui
enduit I'intérieur des cruches est là pour préserver I'eau de la
contanination et que la purge au sénéet à I'aloèsqu'on nous administrait
à chaquesaisonavait été recommandéepar le Prophète.Bien sûr, il y a
aussidansnos souvenirsles grimoires,les talismans,les tatouagescuratifs
au henné,le signe fatidique de la mainnI'alun qui éclatesur le feu comme
I'oeil des envieux,les séancesconjuratoireset les visiæsà la devineresse
du quartier qui lit dansles cartes,la terre ou le plomb fondu. Il y a aussi
la'azima* dufqih. impressionnante par sa miseen sêne, le harmelet les
fumigations,et puis, pour donnercréanceà tout cela,I'incommensurable

* 'aztrrtto:
rituel magiquefait ric gesteset d'invccations.

r3
et infatigable foi de nos maûrans dans les marabouts,les saints et la
baraka des ancêtres.Enfin, naturellement,la jettatura et I'implacable
poursuitedu mauvaisoeil.

Tout cela, tenant à la fois du fantastiqueet du mystérieux,procédant


souvent au nom de la dévotion et de la piêtê, mettant en oeuwe des
moyensmultiples, descroyancesconfradictoires, mais se reEouvantavec
Hippocrate dans le même objectif : le soulagementde la souffrance
humaine, la rémission du mal. C'est dire combien empirisme et
symbolisme,le premierpar la miseen oeuwed'actionsà causalitéswaies
mais méconnues,le secondpar la mise en scèned'un rituel magico-
religieux à objectif prémédité,s'emparentde noEe superstructureet font
naître - aussi bien à travers les soins qu'à travers le soigné et le
soignant- une relation particulière,patenteou 9odé9,p-ropreà notre
univers culnrrel. C'est en ce sensque notre mémoired'enfant- soit la
pratique révolue de nos parents- infléchit nos actionsprésenteset à
venir, un peu à la manièredont I'expériencedes multitudesconditionne
les expériencessingulières,un peuà la façondont la phylogénèse@sesur
I'ontogénèse desvivants,de tout le poidsdesgénérationsmortes.

Soins, soigné et soignant : trois termes d'une équation


pour une stratégie du remède

Ils étaientcent ; ils étaientmille ; venusde toutesles contréesdu monde


arabe,appartenantà toutesles classes.La plupartavait beaucoupvoyagÇ,
beaucoupvu. Les uns étaientdevenusricheset élèbres ; les autes, nés
humbles,avaientchoisi de resterhumblesmaisavaientla considérationet
le respect de leur entourage.Tous étaient instruits des choses de la
médecineet de bien d'autreschosesencore.Et pourtant,pas un seul ne
prétendait cumuler I'ensembledu savoir médical, détenir entre ses mains
I'art total, ou réussir mieux que le voisin. Médecins, chirurgiens,
rebouteux, apothicaires,psychothérapeutes, poseursde cautèresou de
ventouses,tout ce monde,touchantde près ou de loin à la sciencedes
soins, avait une profonde consciencedes limites de la compétencede
chacunet de tous,les uns vis-à-visdesautres- en toutehumilité - mais
surtoutlimites de tous face à la volontéde Dieu, la seulequ'on ne puisse
défier ou asservir.Mais humilité ne signifie pas pour autant faiblesse,
démissionou fatalisme.Car tout malheurn'est pas forément dicté par
Dieu, touteépreuven'estpas une sanction,et rien n'estplus contaire à la
foi que l'inaCtion.Agissez,enseignele Prophète,car seulel'action peut
raménerla paix du corpset de I'esprit.Mal, malheur,maladie,où est la
différence dès lors que ce n'est pas une malédiction ? Partant de là,
pourquoi ne pas tout essayer,ne pas lgir jusqu'au-lg,rt, jusqu'à la
frontière du possible et de I'impossible? Alors - si Dieu le veut -
obligatoirementle salut viendra.

t4
On imagine aisément combien ce formidable activisme, nullement
contadiètoire avecune profondesoumissionà la volonté divine, pouvait
être générateurd'énergieet d'espoir.

Aujourd'hui, en médecine traditionnelle, les choses n'ont- pas


fondamentalementchangé.Si les tradipraticienssont moins instruits et
moins considérés,moins nombreuxet moins demandés,leur conviction
activiste et leur esprit charitabledemeurententiers.Sollicité à n'importe
quelle heure, le tradipraticiense rendravolontiersau chevet d'un gand
malade, partagerale repas famifal sejoindra aux prières cornmuneset
aux jeûnes de grâce pour le salut du malade. En toute simplicité, il
discuteraavec l'entouragedes causespossiblesde la maladie et des
moyens à mettre en oeuvre pour la combattre.A aucun moment, la
médecine de ces praticiens du peuple ne prend le visage d'un savoir
immanent, d'une sciencearistocratique,d'une sentencequi tombe d'en
haut,indiscutableet sansappel.L'entouragedanssonensembleparticip à
I'actethérapeutiqueet aux soins.C'esten partiecelaqui fait de la prise en
charge du malade, en médecine traditionnelle, une affaire vécue et
ressentiepar tous commeun problèmesocialdu groupetout entier,avant
d'ête un problèmeindividuel, le problèmedu malade.

I-e rituel médical - sTl existebien, entouréqu'il est de toute une aura de
symbolique musulmane- a cependantdébarrasséI'acte thélapeutiqqe
piopremènt dit de toute prétentionà une mise en sêne individuelle du
ioigné ou du soignant.A la limite, la maladie- tout contmela mort -
est consid&êe et Uaitéecornmeun problèmenormal de la vie du groupe,
non comme quelquechosed'aberrantou d'anormal.Ici, le tragique- si
tragiqueil y a - vécu par tous en communiond'acteset de pensées,n'a
rien de ttréâtral.

Et puis il y a, ce qui accroîtencorela "sociabitté' de cettemédecine,la


granaeproximité régissantla relation soigné-soignant et la simplicité de
éefte relation. Le discours du Eadipraticien, sa façon de viwe, les
modalités de soins,ne sont pas étrangersau maladeet à son entourage.
Ainsi, I'intégration au milieu du praticien se fait instantanément.Là
encore,le groupe social tout entier se reEouveà travers la relation qui
s'établit entre le malade et le thérapeute.N'apporterait-elle que du
réconfort, cette médecine-là,par sa sociabilité,agit positivementsur la
maladie. Chaleur humaine et charité, sollicitude et dévouement,autant
d'attitudes rendant à la médecineson visage humain et fraternel. Ne
serait-onpas en droit d'attendrede cet art-là une aptinrdeà soulagerau
moins ê,galeà celle de la technique? Voilà pourquoi nous disons : la
médecinetraditionnelledansnos pays est d'abordune sciencedu rapport
humain.

15
En retour de ses services,le Fadipraticien n'exige généralementaucune
rémunérationfixe. I-es honorairessont laissésà la discrétiondu patienÇ
chacun selon ses moyens : un cadeauprincier, un peu de monnaie,un
paiementen nature.La dignité de la professions'entrouve rehausséeet,
du mêmecoup, sa crédibilité.

Un autre élément joue en faveur de l'intégration de la médecine


traditionnelleà la vie sociale: I'appartenance du savoirqui la sous-tendà
la mémoirecollective du groupetout entier.Au point que ce savoir sort
souventdu champde la snicæexclusivitédesprofessionnelspour revêtir
un caractère"d'art familial". En effet, il n'y a pas un clan, une famille,
qui ne possèdeen son sein une personned'âge mûr, plus ou moins
dépositairedes connaissances médicalesdu groupe et les exerçant au
beioin au profit de celui-ci.Cesmédecins"réservistes"semanifestenttout
spécialementen ffriode d'épidémie,de guerreou en situation d'isolement
du groupe : au Satrara,chaquecampementnomadea son guérisseuret
dani l'Àtlas, les douars isolés s'arrangenttoujours pour retenir auprès
d'eux l'une de cespersonnes,généralement une femme àgéteou un laleb
itinérant n'ayantpas d'attachesparticulières.En Afghanistan,aujourdhui
ravagê par la guene, dans le camp de chaque faction, ce sont ces
auxiliairès de santé qui - non sans succès- soignent les malades,
pansentles blessés,exûaientles balles,amputentet procèdentà toutesles
ofrations médicalesnécessaires à la continuationde I'effort de guerre.

Durer : les voies périlleuses du futur

Nous venons de le voir : une des caractéristiques essentiellesde la


médecinetraditionnelle dansnos pays est d'être un savoir dilué, diffrrs,
porté par la massedes utilisateursnun savoirqui, de ce fait, a perdu tout
ôaracère savantet se Eouve aujourdhui vulgarisé,banalisémêmeen un
certainsens.Cettesituationest à rapporterà I'absenced'académisme dans
le domaine : en effet, on ne rencontreplus guèrede nos jours de lieux et
dTnstitutions*où la médecinearabeclassiquesoit enseigî&, et - hormis
les traités ancienstoujoursen usage- il n'y a plus eu, depuisun siècle
environ, de panrtion de manuelscontemporainsde référence.Seulerègne,
avec plus ou moins de bonheur,la tradition orale.

De ce fait, toute polémique doctrinaire a disparu,entraînantdans son


sillage les dernièresrigueursde la penséehippocratiqueet avicennienne.
* Nous donnonsau chapite 'situation actuellede la pharmacoÉe et de la médecine
traditionnelleau Maroc', la traductionde I'un desderniérsdiplômesde médecindélivé
par lUniversité Qarawiyineà Fès,gn f!93, pour.lecompte-rcnduqu'il donnedu haut
iriveau de connafssancês exigéesà l'époque,d'un praticien. Le lecæur pourra s'y
reporter.

t6
Aujourd'huinla seuleressourceimaginativeole seul génie crfuteur de la
médecinepopulaire viennent de I'ex@riencerégionale des populations
confrontéesà un environnementdont elles gardent- au moins en zone
rurale - un sens tès précis.I-e risque est alors - en I'absencede
doctrine- que ce corps de connaissances tombe dans l'itération et la
réduction analogique, perdant ainsi toute aptitude à faire face à des
dangersnouveaux,non connusdes Anciens.L'hygiènetraditionnelleest
une illustration de la désuétudedanslaquellesTnstalleun systèmeayant
perdu tout bagagethéorique.Réduite de nos jours à quelquesinærdits
et à un certain nombre d'aphorismes,elle s'avèreincapablede prévenir
I'extensionde quelques grandesmaladiesde la campagne: bilharzioses,
parasitoses,ophtalmies,etc... Et pourtant, I'hygiène préventive des
Bédouins d'Arabie êtart autrefois Eès avancée,eu êgafi aux notions
prévalant à l'époque. Il suffit pour s'en convaincre de lire Harit Ibn
Kalada* qui vécut au VIème siècle aprèsJ.C. Cet enseignement,qui
provient aussipresqueà la lettre du Coranet du Tibb en-nabawi**, liwé
à lui-même, a perdu aujourdhui sa capacitéà se renouveler,à s'adapter
au progrès,et se frouve mêlé inextricablementà une série de croyances
archarQueset sans fondement aucun. L'hygiène est-elle devenue
simplement une conception morale de la propreté ? Dans ce cas, on
comprend qu'elle ait perdu sa vocation préventiveà l'échelle de la
collectivitê, par Eansfertde compétenceà la médecine,et que celle-ci,
dépassée du point de we desmoyenshumainset techniques, n'ait pu êre à
la hauteurdesexigences.

Cette voie pleine de risques,d'infortuneet de récession,guette aussi la


médecine traditionnelle de nos pays, à moins d'un dernier sursaut,
résultantd'une conscientisationde la crise,ne pouvantplus se faire - à
notre avis - qu'à I'instigationde I'Institutionmodernede SantéPublique,
dans le cadre d'une meilleure gestion des ressoruceshumaines,
inællectuèlleset matérielles,disponiblesdansle secteur.

Héritière de la grande médecinearabe du Xtrème siècle, la médecine


traditionnelle de noûe époquesaura-t-elleelle-mêmelaisser un legs ?
Oui, à n'en pas douter,mais au prix d'un renouveau.Car, il faut le dire,
ce grand soleil qui ne brille plus comme autrefois,c'est quand même
mille ans de pnsée hippocratique,mille ansdhumanismemusulman,au
total deux millénaires qui ont façonné l'histoire et donné à la science
universelle un prodigieux souffle de liberté. Son contenu scientifique
indéniableet sa gande valeurhumaine opposésà sapauwetédocrinaire

* voir JACQUART et MICTIEAU, 1990.


** Tibb en-nabawi: litt: médecinedu Prophète; titre poré par un certain nombre
d'ouvragesmédicauxqui se réclarrrçntdes prescriptionsdu ProphèæMohammeden
matièrede soins,de nutrition et dhygiène.

t7
résumentla situation paradoxaleet le dilemmeintérieur de la médecine
traditionnelle contemporaine.Technique sans visage ou humanisme
charitable? Sciencedeséliæs ou savoirpopulaire?

On saisit toute la difficulté d'une réponsepolaire ou méridienne. Le


meilleur viendra certainementdestentativesinformelles.

l8
CHAPITRE tr
LE caDRE cÉNtÉRALDE LA ununcrnp
TRADITIONNELLE AU MAROC : ACCOMMODATION
AU MILIEU ET ENRACIIYEMENTDANS L'HISTOIRE

r - LES DONNÉESCÉOCruPHrQrrES
A . LE PAYS

1. Situation géographique

Le Maroc se situe à I'extémité Nord-Ouestdu continentafricain - Al-


Maghrib Al-Aqsa, le pays du soleil couchant- séparéde I'Espagnepar
les 14 lcn du détroit de Gibraltar,baignéà I'Ouestpar l'OcéanAtlantique
et au Nord par la Mer Méditerranée, ce qui lui donne une façade
maritime s'étalantsur près de 3.000km.
Ses voisins immédiats sont I'Algérie à I'Est, I'Espagneau Nord, la
Mauritanieet le Saharaalgérienau Su4 les Iles Canariesau Sud-Ouest.

Sa superficieest de 710.850km2et couwe un territoire comprisentre les


2lème et 36èmedegrésde latitude nord et les ler et l7ème degrésde
longitudeouest.

2. Relief et hydrographie

Quatregrandeschaînesmontagneuses - le Rif au Nord, le Moyen-Atlas


et le Haut-Atlas au centre,I'Anti-Atlas au Sud - séparentles plaines
littorales des hauts plateaux de I'Oriental et des grandes hammadas
présahariênneset sahariennes.A I'exfrêmesud, le Jbel Bani et le Jbel
Ouarkzizrepésenæntles derniersreliefs montagneuxavant le désert.
Iæ Maroc apparaîtdoncode prime abord"commeun pays de montagnes.
Le point culminant du Maroc - le Jbel Toubqal, 4165m (Haut-Atlas) -
est d'ailleurs un des sommetsles plus élevésd'Afrique. Cette stnrcture
orographique particulière ne constitue toutefois pas un obstacle
infranchissable.De nombreuxcols et passagespennettenten effet les
communicationsNord-Sudet Est-Ouestqui ont joué un rôle déterminant
danslhistoire du pays.

Le réseauhydrographiquemarocain,en raisonde la læitude du pays, de


son climat, de son relief relativementaccidenté,est le plus important de
toute cetterégion de I'Afrique. Des véritableschâæauxd'eauque sont les
hauts massifs marocains,s'écoulentvers la mer une quinzune de cours
d'eauà débit élevé : le Loukkos,le Sebou,le Bouregreg,I'Oum Errbia, le
Tensifr le Souss,le Dra, la SaquietAl Hamra sejettent dans I'Océan

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Carte 1 : les provinces administratives du Maroc

Mer Méditerranée
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20
Carte 2 : Carte géographiqueet physique du Maroc

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Atlantique, tandis que le Martil, le Laou, le Ghriss, le Nkour, le Kert et
la Moulouya rejoignentla Mer Méditerranée.Enfin, Eois cours d'eau se
perdentdansles sablesdu désert: la Daour4 la Saour4 le Dadès.
Un certain nombre de ces cours d'eau sont néanmoinsirréguliers dans
leur régime, s'affaiblissantau coursde la saisonchaude,ou intennittents.
De plus, les ressourceshydriques de surface sont généralementmal
repartiesdans le temps- cruesdes coursd'eauen hiver, sécheresse en
êtê - et dans I'espace.Des parties entières du territoire (régions
présahariennes ou satrariennes) sontinsuffisammentarrosées,alorsque les
plaines côtières (Gharb, Loukkos, Souss) subissent en hiver des
inondationsdévastatrices.
D'importantesnappesaquatiquessoutenaines,desmerja-s(accumulations
d'eaux de crue dans les bas-fonds),des daya-s (petites dépressions
rempliesd'eaude pluie), desmaader-s(zonesd'épandage où se déversele
trop-plein des crues sahariennes)et des sebkha-s (cuvettes salées),
complètentle paysagehydrographique marocain.

Une politique d'aménagement hydro-agricole(appelfu "politique des


barrages")fut miseen placedansles annéestrenteetaétÉ poursuivieavec
succèsaprèsI'indépendance afin de mieux gêrerles ressourceshydriques
du pays.Grâceà cetteoption politico-économique,en 1990,la surfacedes
par
terresirriguées les moyens modernes approchaitles 7@.000hectares.

3. Le climat
. Lesgrandestendnnces

Le climat marocain peut se définir globalementcomme un climat de


caractèreméditerranéen,tempêrêet chaudà la fois, et comportantdeux
saisonsbien marquées: un été chaudet sec,un hiver humide et souvent
froid avec despluies brutaleset, sur les montagnesélevées,des chutesde
neige.I-e printempset I'automnene représentent au Maroc que des demi-
saisons.
Ce climat est nettement influencé par la zoîe des hautes pressions
barométriques de I'Océan Atlantique tropical dite "Anticyclone des
Açoreson.Cet anticyclonecouween été I'ensembledu territoire marocain,
enEaînantun climat sec.Mais dansle Sud du pays peut alors se forrrer
une zone de bassespressionsdite "Dépressionsatrarienne"responsable
d'orageslocaux et de ventsde sable.Lorsqueles massesd'air chaudainsi
constituées arrivent à traverser la banière de I'Atlas, elles donnent
naissanceà un vent brûlant soufflantde I'Est ou du Sud=Estvers le Nord :
le chergui. L'hiver, les vents d'Ouestet de Nord-Ouest(6harbi), frais et
humides, sont dominants. Tout cela fait que le climat marocain
s'apparente, dans ses grands traits, aux climats de I'Europe
méditerranéennende la Californie, du Chili central, de I'Australie
n J^idionaleet de la région du Cap en Afrique du Sud.

22
. Lcs domainesclimntiques

A I'intérieur de cette grandetendanceclimatique,les différentesrégions


du pays sont soumisesà des climats locaux spécifiquesgénéréspar les
influences variablesqu'exercent la mer, le désert,la latitude, I'altitude,
l'exposition des versants,I'interférenceou non du courant froid des
Canaries,etc. Suivantla combinaison de cesdiversesinfluencesde second
degré,nous auronsI'unedesquatreprincipalesvariantessuivantes:
- un domaine atlantique ou cisatlantique,adouci par I'influence de
I'océan;
- un domaine oriental ou transatlantique(MoyenneMoulouya, Hauts
plateaux de I'Oriental, Sud intérieur, Côte méditerranéenne orientale),
continental, plus chaudet plus sec.
- un domainemontagnard(Rif, Haut-Atlas,Moyen-Atlas),plus froid avec
desoragesen été.
- un domaineprésatrarien par une pluviomérie uès
et satrariencaractérisé
faible, toujours inférieure à 200 mm et desécartsthermiquesimport"nts
enrrele jour er la nuir (ENCYCLOPÉDIEDU MAROC, 1986-1989).
. Lesprécipitations

Le nombre de jours de pluie etlou de neigepar an varie en fonction de la


latinrde,puisqu'ildiminuedu Nord au Sud,et de I'altitude,puisqu'ilpasse
de 70-80 jours en moyennedans les plaineset plateauxde la côte
atlantiqueà plus de 100jours sur les hauteursdu Rif et du Moyen-Atlas.
La pluviosité est ainsi supérieureà 1.000mm en hautemontagne(Rif et
certainesparties du Moyen Atlas), inférieureà 130 mm dansles zones
présatrarienneset voisinede 30 mm au Satraraoccidental.Dans la plupart
desrégions, c'esten décembreque sontenregistrés les mærimamensuels.
l : t"tiiï:"?ii,",,::lnË:u,:ï:lïigsôde1e86
rabreau à lees

Oujda 2# Taza 4dl


Nador 3t6 Safi 3.1-5
Al Hoceima 272 Essaouira E9
Tétouan 594 Marrakech 2W
Tanger 639 BeniMellal 2G
larache 561 KasbaTadla 324
SidiSlimane 365 Midelt t39
Kenitra 486 Bouarfa r56
Rabat-Salé 450 Errachidia l15
Casablanca 330 Otuarunate 134
El Jadida 385 Agadir 216
Ivleknès 439 Tan Tan ll6
res 4n l:ayoune 6l
Ifrane 8ll Dakhla 36

23
4, La géologie et les ressourcesminérales
. L'histoire géologique

La physionomie actuelle du relief marocain est la résultante d'une


évolution géologique mouvementée,marquéeprincipalement par des
avancéeset desretraitsde la mer,desplissements
et dessoulèvements.

Le Maroc fut d'abord couvert de hautes montagnes- les chalnes


archéennes- qui disparurentcomplètementpar la suite, détruites par
l'érosion bien avant que ne se déposentles premiers sédimentsdu
Primaire. Ces sédimentsfurent plissés à une période ultérieure et
donnèrentles chaînesdites "hercyniennes"qui furent à leur tour réduites
par l'érosion à l'état de pénéplaines.A la fin du Primaire, la
ôonfiguration du Maroc ressemblaità une sorte de "Saharamollement
ondulé" (JOLY et al., 1949),parseméde gfandschotts et bordé vers le
Nord par la mer.

Durant l'Ère Secondaireles mers envahirentpresquetout le territoire


marocainentraînantune accumulationimportantede sédimentscalcaires,
dolomitiqueset marneux.Seulsémergeaientalors I'Anti-Atlas, le volcan
du Siroua- tous deux constituantun prolongementdu soclesaharien-,
quelquesîlots granitiquesde la Mesetaoccidentaleet, au Nord, le Massif
Baetico-Rifain.

Au cours de la première moitié de l'Ère Tertiaire, et dès la fin du


Secondaire,il y eut une accumulationimportanted'ossementsde vertébrés
marins et de dépôts organiquesqui sont à I'origine des gisementsde
phosphates de Ktrouribgaet de Youssoufia.
La seconde moitié de l'Ère Tertiaire vit se produire de nouveaux
plissemeùtset soulèvementsqui firent surgir les montagneset plateaux
âctuels: Haut-Atlas,Moyen-Atlas,Mesetaet Hautsplateaux.Pendantle
même temps,achevaitde s'édifier,dansle Nord, la ChaîneRifaine par
compressionet superpositionde sédimentset s'ouwait le Détroit de
Gibraltar. De toutes les avancéesde la mer qui eurentlieu au Secondaire,
seul subsistaità cetæpériodele GoHedu Gharb qui seralui-même peu à
peu comblé au Quaærnaire.

Au Quaternaire,précisément,le relief marocainprend sa figure actuelle.


Les grands lacs et chotts qui subsistaientjusque-là s'asséchèrent
progressivement.
A ce moment de I'histoire géologique,le Maroc commenceà connaître
d'importantesoscillationsclimatiquesaccompaguéesde déplacementsde la
ligne des rivagesdus à desvariationsdu niveau de la mer. Des glaciers,
aujourd'hui dispanrs,occu@rentles plus hauts sommetset les rivières,
forte^nent gonflées pal les eaux, ereusèrentde grandes vallées et

24
amenèrentdans les plaines des massesimportantesd'alluvions. Enfin,
I'activité yolsanique,déjà existanæau Tertiaire,se maintint tout au long
du début du Quaternaire, amenant en surface les laves basaltiques
(ENCYCLOPÉDrEDU MAROC, 1986-1989).

L'histoire géologiquedu Maroc est donc, dans ses grandstraits, une


histoire récente dominée par les changementsimportants survenusau
Tertiaire et au Quaternaire.
. Typesde rocheset ressourcesminérales

La grandevariétéde roches,de mineraiset de solsque nousrencontons


aujourdhui au Maroc est le résultatde la longue évolution que nous
venons de rappeler brièvement,évolution marquéepar des événements
géologiquesde toutessorteset finalementasseztardifs.
Roches magmatiques,sédimentaireset métamorphiquessont en effet
largementreprésentées et constituentI'un desélémentsspécifiquesde la
nature au Maroc. Granites,basaltes,conglomérats,calcaires,gypses,
gneiss,schistes,micaschistescolorientde manièrevari& et conffastéele
paysagemarocain.

Dans certains sites, la concentrationen substancesminérales a été


suffisante pour permetfreà lhomme de les exploiter en vue de satisfaire
ses différents besoins : matériaux de construction,matièrespremières
pour I'artisanat et I'industrie, sources d'énergie, drogues d'origine
minérale pour les soins,objets d'ornementation, etc. Un certain nombre
de mines historiques ont pu être repéréespar les géologueset les
historiensdémontrantI'ancienneté de I'exploitationde certainessubstances
minérales au Maroc : mines d'argent, de cuivre, de fer, de plomb,
d'antimoine, de sel gemme, de salpêtre, d'argile, de silex, de
combustibles,etc. (GSELL, 1928; ROSENBERGER,l97O).
Aujourd'hui, plusieurs gisements de substancesmétalliques, non
métalliquesou énergétiquessont répertoriéspar les servicesminiers, les
uns laissés en réserve ou exploités seulementà petite échelle par des
artisanslocaux,les autresmis en productionselondesprocédésmodernes
en vue de I'exportation des minerais ou de leur utilisation par les
industriesmétallurgiqueet chimiquenationales(EYSSALITIER'1952).

Ainsi, on peut Eouverau Maroc les mineraissuivants:


- mineraisde fer : hématite,pyrite, oligiste,ocrerouge ;
- mineraisde manganèse : pyrolusite,psilomélane,manganite,
coronadite;
- mineraisde plomb, de zinc et d'argent: galène,érusite, blende,
calamine,smithsonite;
- mineraisde molybdène: molybdénite,wulfénite;
- mineraisd'étainet de tungstène: cassitérite,wolframite,scheelite;

25
- minerais de cuiwe : malachite,azurite,chalcopyrite,chalcosine,
bornite, pynte cuiweuse;
- minerais de cobalt, d'atsenicet de nickel : skuttérudite,érythrine,
garniérite,mispickel,lôllingite, annnfslgite;
- minerais de béryllium : béryI ;
- mineraisd'antimoine: stibine,sénarmontite, valentiniæ;
- minerais de vanadium: vanadinite;
- minerais de soufre : pynhotine et pyrite ;
- de I'or : contenudansdesmineraisde cuiwe aurifère ;
- desphosphaæs ;
- du talc, du mica (muscovite),du chrysotile-asbeste ;
- de la barytine ;
- du sel gemme(haliæ), desselsde potasse,du sal@re ;
- du g1pse,de I'anhydrite;
- desargilessmectiques, de la bentoniteet du ghassoul;
- desargiles éraniques blanches,vertes,bleueset du kaolin ;
- de I'anthracite,des schisæsbitumineux,de la lignite, du fffole, du gaz
naturel ;
- du graphite ;
- des terresrares : brannérite;
- despierres semi-précieuses et ornementales: cornaline,améthyste, \
otrfx, agathe,jaspe,quartz,tourmalinenoire, hématite,marbre,
serpentine;
- de la fluorine ;
- dessilex ;
- descalcùes, de la calcite,de I'aragonite;
- de la magnésieet desdolomiæs;
- desearD(minérales.

Cette longue lisæ explique la gande variétéde droguesayant une origine


minérale,utiliséesauiourdtruipar la médecineEaditionnelleau Maroc. A
la richessedu sous-sols'ajouteen effet une vieille nadition d'exploitation
minière, le tout contribuant à une bonne connaissance'chez les
populations locales, des roches et minerais, du moins celles qui sont
visibles dansles affleurements.

5. Les grandes régions

En fonction du relief, des sous-climats,de la nature des sols, un


compartimentagegéographiquedu territoire marocain peut être fait,
faisânt apparaître-un certain nombre d'espacesrégionaux qui s.e
superposentparfois à des provinces historiques ou à des entités
administratives et politiques. Ces espacesprésententsouvent une
homogénéitéde peuplementet dess$cificités socio-économiques.

Au total, on peut distinguer22 régions:

26
- le Tangérois;
- le Domaine Rifain et Prérifain ;
- le Gharbprolongépar la plainedu loukkos ;
- les plainesde la Chaoû'aet desDoukkala ;
- le Tadla et le Plateauphosphatierde Khouribga;
- le PlateauCentral,la RégiondOulmès,les 7aërset la Régionde Rabat;
- les Zemmour ;
- le Tx;rhoun;
- le Sarls;
- les Rehamnq les Sraghn4les Jebiletet le Haouzde Marrakech;
- les Chiadmaet les Haha ;
- le Souss;
- les Anga( les Beni-Snassen, la plainede Triffa et la région d'Oujda;
- le Garet et la région de Guercif ;
- les Hautsplateauxde I'Oriental, le Guir et la Régionde Figoig ;
- les Guella'a,la Régionde Nadoret le Kebdana;
- le Tafilalet ;
- le Dra et le Jbl Bani ;
- le Saharaoccidentalet les Hammadasdu Sud;
- le PaysZdianeet le Moyen-Atlas ;
- le Haut-Atlas,le Dadès,le Todghaet le Sargho;
- I'Anti-Atlas.

Chacunede cesrégions- pour desraisonsdiversesqui leur sontpropres


peut présenter quelques particularités du point de vue de la
pharmacopéepopulaire que ce soit au niveau des produits, des
ou du type des prestations
vernaculaires,des indicationsthérapeutiques
médicales.Nous verronsquelquesunesde cesparticularitésdansla partie
cataloguede cet ouvrage.

B . LES HOMMES

1 - population et démographie*

Au dernier recensementde l994,la populationmarocaines'élevaità un


peu plus de 26 millions dhabitantsdont 50.000ressortissantsétrangers.
On estime qu'en 1996 celle-ci devrait compter près de 26,6 mu'llions
dhabitants soit un taux d'accroissementnaturel annuel de I'ordre de
2,06 Vo.Pour la période 1996-2000,ce taux devrait se stabiliser autour
de 1,87o.Un tel tauKenEaîneun doublementde la populationtous les 28
ans environ.

* Tous nos chiffres sont tirâs d'annuaires,de noticeset de publicationséditéespar les


organismessuivans : Direction de la Statistique,Minisêre desaffaireséconomiqueset
sov^alos;Minisêre de llntérieur; Encycloffdiedu Maroc,198G1989).

27
Le taux brut de natalité était égal à 26,2 %oen 1995 contre 3'l,6Vooen
1982.Bien que l'évolution de cesdernièresannéesaille dansle sensd'une
baisse de la natalité, le Maroc reste un pays où la fécondité est tès
élevée: en 1982,on recensut4,46 enfantspar femmedansles villes, et
6,85 dans les zones rurales ; ces valeurs pour 1995 seraient
respectivementde 3 dansles villes et de 5,5 dansles carrp4gnes.

En 1980, le taux de mortalitê, gén&ale était de 10,6 Voo,le taux de


mortalité infantile (à I an) de 91 %oet le taux de mortalitéjuvénile (à 5
ans) de 52Voo.La mêmeannée,on calculait que I'espérancede vie à la
naissanceéait de 59 anssoit, en I'espacede 18 ans,une augmentationde
12 ans (47 ans en 1962).En 1995,le taux de mortalitê gênêraleseraiq
d'après les estimations, tombé à 6,9 %o. Cette baisse gênéralede la
mortalité est imputable à la disparition des grandesépidémies et des
périodes de disette - fréquentesencorejusqu'à la fin de la deuxième
guerremondiale- et au progrèsde la médecineet de I'hygiènepublique
(recul des grandes maladies endémiques: variole, tuberculose etc.).
Enfin, les efforts prodiguéspar les servicesmédicaux du pays ces 3
dernièresdécenniesen vtre d'améliorerla protection de la mère et de
I'enfant (vaccinationsrnassives,améliorationdesconditionsde grossesse
et d'accouchement,génêralisationdes soins de base,mise sur pied de
programmesnutritionnels,etc.) ont commené à porter leurs fruits.

Commec'estle casdansbeaucoupde pays en voie de développement,la


populationmarocainese caractérisepar sajeunesse.En effet, d'aprèsles
ôni-mesde 1982,42 Vodeshabitantsont moinsde 15 ans,53 7omoins de
20 anset76 Vo moinsde 35 ans.La mêmeannée,lespersonnesde plus de
64 ansne représententque3,8 Vo.

facteur important de la féconditéest I'intensitéde la nuptialité : en


' Un
1982,57,27odespersonnesâgéesde 15 anset plus étaientmariées.

De tout cela il résulæun taux élevéde populationen âgede travailler. La


population active est évaluéeà 11 millions d'âmesenviron mais le
ètrômagetouche une grandepartie des hommeset des femmes (en 1992,
l4,2fto des hommeset 20,47odesfemmesen âge de travailler n'avaient
pas d'emploi).

Le taux d'analphaMtismerest€rès élevé puisqueprès de 2 personnessur


3 parmi la populationâgéede plus de l0 ars,_nesaventni lire ni écrire
(rêcensemeni0e 1982). En milieu ruraln 8 personnessur l0 sont
analphabètes confie 5 sur l0 en ville. La scolarisationelle-mêmeprésente
encole de gfandeslacunes.En 1982,un enfant sur deux âgé de 8 ans,
n'était pas icolarisé. Iæs filles sont naturellementles moins scolarisées:
sur 100enfantsscolarisésdansle premiercycle lors de la rentréescolaire
1993-94,43,37oseulementétaientdesfilles.

28
2. Espace et société

La densitémoyennede la populationdu Maroc est de 39 hab./krnzmais


celle-ci est très variable suivant les régions.L'Ouest et le Nord, en
particulier,sontplus peuplésque I'Est et le Suddu pays.
Dans les zones rurales, la densitémoyennede la population approche
16 hab./km2mais ce chiffre dissimuleen réalitéde nès grandesdisparités
régionales. Ainsi, dans les régions sahariennes,cette densité tombe à
moins de thab./rmz.

Le Maroc a connudepuis1960un mouvementd'urbanisationaccéléré.Si


en 1960un marocainsur quaEevivait en ville, en 1987ce rapport êtau't
d'environ un sur deux. En réalité, une partie de cettepopulationurbaine
habite des bidonvilles périphériquesdans lesquelsla mentalité et les
habitudesde la campagnecontinuentde subsister,confortéesen cela par
les conditions précairesqui y règnent (pas d'infrastructures,pas d'eau
courante,pas d'électricité,chômageendémique,etc.).

Par delà les difficultés du milieu (pluviométrie, relief, etc.), c'est la


faiblesse des potentialités économiquesqui explique le déficit en
peuplement de certaines régions. Là où n'existent ni agriculture, ni
procuréspar la main d'oeuweexpatriée,
activitésindusnielles,ni reven-us
cettedensitéhumaineserala plus faible.

En 1988, 1.194.000marocainsrésidaientà l'étranger,dont 615.000pour


la seule France. Quand ils arrivent en Europe, ces immigrés adoptent
généralementles habitudesde santédes pays d'accueil,habitudesqu'ils
conservent après leur retour au pays natal. Mais les enquêtes
sociologiquesmenfus dansles milieux d'immigrésà l'éûanger montrent
que, malgré tout, les pratiquesde médecinetraditionnelle et de magie
prophylactiquese maintiennentde manièreextrêmementvivace chez les
travailleursexpatriés.

Sur le plan social, d'une manière génêrale,la société marocaine est


marquée par d'importantesdisparités.En 1988, presquele tiers de la
population urbaine et plus de la moitié de la populationrurale vivaient en
deça du seuil de pauwetéc'està dire avecun revenune dépassantguère
3.600 Dirhamspar an.

Santé,hygiène,nutrition

L'acês à la santéest"bien sûr, officiellementouvertà toute la population,


les indigents ayant théoriquementla possibilitéde recevoir gratuitement
dessoinsdansles dispensaires de I'Etat.
En réalité, les infrastructuresde santéqui existentsontinsuffisantespour
couvrir I'ensembledes bvsoinsde la populationet de ce fait, seulesles

29
couchesaiséesde la populationqui ont les moyensde s'adresserau secteur
privé, peuventse soignerconvenablement. D'où la vivacié des systèmes
de soins traditionnelsmoins coûteuxet mieux insérésdans le contexte
social.Pour 6.120médecinsenvironque comptele paysen 1991(secteur
public et privé confondus)- soit2,4 médecinspour 10.000habitants-
il exisæplusieursdizainesde milliers de tradipraticiens, professionnelsou
occasionnels,qui pratiquentleur art dansles villes et dansles campagnes.

En raison de la faiblessedes moyensbudgétaires,les efforts de santé


publique portent principalementsur les programmesde vaccinationet sur
la lutte ôontre quelques grandesmaladies : tuberculose,diarrhées
infantiles, paludisme,billharziose,etc. D'autresmaladiesEès répandues
- M.S.T., poliomyélite, affectionscardio-vasculaires, parasitoses,rage,
diabète,etc. - ne bénéficientmalheureusement pas encorenà l'échelle
nationale,desmêmesmoyens.

Sur le plan alimentaire,malgé une arnéliorationsensiblede la sinratior


depuisfindépendance,des carencessontencoresignaléesdanscertaines
régions - notamment en protéines, otr vitamines et en éléments
esientiels- carencesresponsables de mortalité infantile et de maladies
duesà la malnutrition(goitre,rachitisme,retardde croissance,etc.).

Quantà I'habitatet à lhygiène publique,les problèmesde salubrité,dans


les bidonvilles et les campagnestout spécialement- eau potable,
évacuationdes eau( uséesn latrines,voirie, etc.,- n'ont pas encorereçu
toutes les solutions adéquateset continuentde peserlourdementsur la
santédes populations.Ainsi certainesmaladiescontagieuses - choléra,
typhoide, gale, maladiesparasitaireset auûesmaladiestransmissibles(à
transmissiôn hydrique ou sexuelle, en particulier) - têapparaissent
épisodiquement,malgré les efforts en vue de leur éradication.

3. L'économie
. L'agriculture et l'élevage

CommenousI'avonsdéjà soulignéprécédemment, l'économiemarocaine


est principalementcentrée sur les activités agricoles.En effet, ces
dernièresiontribuent pour 20 7o environ à la formation du produit
intérieur brut, font viwê 57 Vodeshlbitants du pays et occupnt 39,27o
de la populationactive(ENCYCLOPEDIEDU MAROC, 1986-1989).

Les cultures sont aujourd'huid'une grandevariétéau Maroc, du fait du


climat doux qui y règne,du développementde I'irrigation, de la maltrise,
enfin, qu'a acquise I'exploitant marocain en matière de techni_q.qe-s
agricoles modernes(plantationsen serres,appel à du personnelqualifré,
utilisationde semences, d'engraiset de pesticides).
de plantssélectionnés,

30
I-e résultat de cette option agricole du pays,adoptéeil y a trois décennies,
peut se voir darrsle bon approvisionnementdu marchéintérieur ainsi que
dans la qualité et la variété des produits agricoleset agro-alimentaires
exportés.Sur les étalagesdes marchés,des produits du terroir voisinent
avec d'autresproduits, d'inEoductionrécentecultivés localement: fruits
d'origine tropicale ou subtropicale(ananas,kakis, mangues,bananes,
kiwis) ; produits d'origine nordique (radis noirs, asperges,céleri-rave,
etc.) ou d'origineasiatique(ttré,kumkats,soj4 courgetteschinoises,etc.).
Plusieursplantesà usageindustrielsontaussicultivéessur de très grandes
surfaces coton, tournesol, moutarde, canne à sucre, plantes
aromatiques,etc. - proctrant à la pharmacopée marocainede nouvelles
ressourcesqu'ellene possédaitpasaufrefois.
. I-a pêche

Elle revêt au Maroc une importancegrandissante.En 1994, ce secteur


économique occupait plus de 95.000 travailleurs et sa production
représentait12,67oen valeurdesexportationsglobales,occupantle 3ème
rang aprèsles phosphateset leurs dérivéset les textiles.
Cetteactivité inclut - en plus du poissonpêchéau large, sur les côtesou
dans les rivières - la récolte des alguesqui a pris un grand essor ces
dernières années(5357 tonnes en 1994) et à conduit à la mise en
exploitation d'unitésde fabricationd'agar-agar(962 tonnesexportéesen
1994). De plus on ramassesur les côtes marocainesbeaucoupd'autres
produits : corail (5 tonnesrécoltéesen 1994 entre Tanger et Larache),
ambrede cachalo! coquillages.
. Lcs mines

La contribution des mines à l'économiedu pays remonte à I'Antiquité.


I-es gisementsmarocainsontjoué autrefois- et c'estencorele casde nos
jours - un rôle importantdansle commerceinternationaldesmétaux.
Le sous-solmarocainreêle au moins 25 substances faisant I'objet d'une
production régulière destinée au marché intérieur ou à l'exportation.
Certainsde ces produits sont transforméslocalement(productiond'acide
phosphorique,d'engrais,de plomb, d'argent,de cuivre, de manganèse
chimiqueet métallurgique,de marbre,de plâne, de talc, etc.).
Nous avonsvu plus haut la grandevariétéde rocheset de mineraistirés
du sous-sol marocain et dont beaucoup sont retrouvés dans la
pharmacopéelocale (métaux,minerais,roches,pierres semi-précieuses,
eau( minérales,etc.).
. L'industrie

Celle-ci s'est considérablementdéveloppéedepuis I'indépendance..


L'industrie lourde se résume pratiquementen quelques fonderies,

3r
raffineries de pétrole, cimenteries et unités de production d'acide
phosphorique,d'acide sulfurique et d'engraisPar contre les industries
légèresde transformationse sontbeaucoupdiversifiées,notammentdans
les secteurssuivants:
- I'indusEieagro-alimentaire(indusries sucrières,céréalières,industries
descorpsgrffn boissonset tabacs,laiteries,conserveries)
;
- I'indusûiedu textile et du cuir ;
- les industriesmétalliques,mécaniqueset élecriques(laminage,
charpnterie, chaudronnerie,fabrication de matérielélecnique
et élecEonique,etc.) ;
- les machineset matérielsd'équipement(montageCKD de voitures,
camions,cyclomoteurs,tracteurs,etc) ;
- les industrieschimiques,parachimiqueset pharmaceutiques ;
- les matériauxde construction;
- les papierset cartons;
- la Eansformationdu bois ;
- les industriesdu caoutchoucet desmatièresplastiques;
- les industriesde distillation.
(ENCYCLOPÉDrEDU MAROC, 1986-1989).

Ce développement de I'industrieet de sesapprovisionnements a fait venir


sur le marchéintérieur beaucoupde matièresnouvellesqui ont lentement
mais sûrementinvesti le droguier de la pharmaciepopulaire, prenant
même souventla place de produitsauûefoistirés de la nature (produits
chimiquesdivers,substances phannaceutiques, résinesindustrielles,etc.).

. L'artisanat

Les transformationsqui ont modernisél'économiemarocaine,ces cinq


dernièresdécennies,ont précipité I'artisanatmarocainjadis florissant,
dans un processusqui I'a mené petit à petit vers la réduction de son
activité principale - artisanatutilitaire tournévers la fabrication d'objets
fonctionnels - au profit d'un secteurautrefois secondaire,I'artisanat
d'art ou de service.
Néanmoins,I'artisanatresteune activitéimportanteau Maroc. En 1980,il
participait pour 4 Voà la forrration du produit intérieur brut et employait
312.000personnessoit 6,5 7odeseffectifs de la main-d'oeuvreréellement
occupée,en troisième position derrière l'agriculture et le secteur des
services.

Beaucoupde produits et d'ingrédientsutilisés en artisanatse retrouvent


dans la pharmacopéemarocaine.Certains de ces produits y figurent
depuis très longtemps (cuivre brûlé, cochenille, etc.), d'autres au
contraire, introduits dernièrementdans le cadre de la modernisation des
techniquesde I'artisanat,sont aussinouveauxen médecinetraditionnelle
(colorantssynthétiquespour les cuirs,émauxcéramiques, etc.).

32
. I* tourisme

Il a connu un grand essor ces dernièresannéeset contribue de manière


importanæà l'économienationale.
A priori sansrépercussionsimmédiaæssur la pharmacopéetraditionnelle,
le tourisme a néanmoinsredonnéune secondevie à certains produits
traditionnelsqui sont devenusarticlesde collectionou objets exotiques:
oeufs d'autruches,ambrejaune, peaux d'animaux,dépouilles d'espèces
protégées(petits sauriens,grandsrapaces,etc.), cornesd'antilopes,etc.
La distribution de ces produits qui se faisait auEefois à f intérieur de
circuits plus ou moins confidentielsest devenue,de ce fait, une activité
marchandecornmeles autes. C'estdansce cadreaussique le râs el-hanût
(voir article no 693) connait ces dernières années une notoriété
internationale.
. Lc comrnerceintêrieur

D'après le dernier recensementde la population (1982), ce secteur


occupaitplus de 450.000personnes, soit 7,6 7ode la populationactive,
faisantvivre par son activité 1,6 million dhabitants.En vêitÉ,,ce chiffre,
en raison de I'importancedes activitésparallèles,est loin de reproduire
fidèlementlarêahtÉ,qui prévautdansle secteur.On estimefacilementau
double de ces chiffres les valeurs véritables si on prend en ligne de
compteI'ensembledespetits conunerces,patentésou non, les marchands
ambulantsà mi-æmps,les intermédiairesde toutessortes,les soukiers.
Tous ces petits cornmercessont aujourdhui en pleine expansion,sans,
pour autant,que le chiffre d'affairesglobal des opérationscontmerciales
réalis&s augmentedansles mêmesproportions.Cetteexpansion,qui n'est
en réalité qu'une démultiplication, se traduit dans les faits par un
appauwissementdu commerçantqui doit désormaisfaire face à une plus
forte concurrencesur le marché.
Au nombre de ces conunerçants,se trouventles herboristesqui connurent
au lendemain de I'indépendanceune phasede récession,mais qui sont
aujourd'hui en plein essor. Cette situation nouvelle est probablement
attribuable à la réhabilitation dans les esprits du métier d'herboriste
traditionnel et à la diversification des articles proposésà la clientèle :
plantes,épices,fards,parfirms,etc.

Le souk dansla tradition commercialemarocaine

C'est ici I'occasion de relever I'importancedu souk dans I'espace


commercialmarocain.I-e souk- marchérural hebdomadaire- est une
enracinéedansla vie économiquedesMarocains,
institution puissarnment
tout spécialementen zonerurale.D'aprèsles estimationsdes spécialistes,
850 souksfonctionnentau Maroc, drainantchaquesemainetrois à quatre
millions de personnessoit environ ll3 de la populationrurale.

33
Situés autrefois dans les piémonts,les souksétaient un lieu privilégié
d'échangesentre les productionsde la montagnget cerDK de la_plaine. De
nosjours, ils assurena davantagela fonctiondéchanggqgrye_!q produits
de É sociétéurbaine et ceux des zonesrurales(ENCYCLOPEDIE DU
MAROC, 1986-1989).
L'importancedu soukdansla vie socio-économique du paysest sffcifique
au Maroc, en comparaisonde ce qui se passedans les autres pays dlt
monde arabe.I-e mouvementde modernisationde I'activité commerciale
qui s'est accentué depuis I'indépendance,n'a pls modifié
fbndamentalementI'institution du souknni porté atteinte à sa vitalité.
Actuellement encore,on est toujours sûr de trouver, où qu'on soit, un
souk dansun rayon de quinze à vingt kilomètres.
Le souk est ausii un lieu de serviceset de tavaux sur placepour les petits
métiers. Le coiffeurnI'aracheur de dents,l'écrivain public, le notaire y
côtoient le fqih qui délivre des talismans,lherboriste qui prop_oseses
plantes-remMeset le charlatanqui vante sesproduits miracles.Le souk
èst un lieu important d'exercicede la médecinetraditionnelle.Pour les
pauvresgens,lâ visite au souk estI'occasionde se soigner,d'exorciserun
mauvaissort ou de se faire faire un talisman.

J'ai réalisébeaucoupde mes enquêæsdansles souksoù j étais sûr, chaque


fois, de rencontrerau moins vn taleb, et, derrièreun étalagede produits
divers, un herboristede la région ou venu de fès loin. J'y ai souvent
trouvé des plantes utilisées seulementdansla région. Vql le souk fut
aussipour moi un lieu d'observationintéressantde la crédulitéPopul1ng.
On y iencontreen effet beaucoupde charlqtans- mélgcins ayjgurdhui,
marôhandsde fruits ou de foulards le lendemain- débitant à leur narf
auditoireun bonimentséduisantsur des articlesmiraculeuxmais dont le
service après-venten'est pas plus garanti que la présencede son
inventeur,au souk suivant !

c - LA VEGETATION, LA FLORE ET LA FAUNE

1. La végétation
. I*s bioclimatset lavêgêtation

Comme nous l'avons vu précédemment,I'ensembledu ærritoire marocain


est soumisà un climat méditerranéentypique, à I'exceptiondes régions
situéesau Sud du Jbel Bani qui constituent,quantà elles, une transition
entre le climat méditenanéenet le climat désertiquenopical.
Le climat méditerranéencomprend,au Maroc' un certain nombre de
nuances définies par deux facteurs climatiques principaux : les
précipitationset leslempératures.Ce sont eux qui déærminenten grande
partie ia répartitionde la f,ore.

34
Carte 3 : les étagesbioclimatiques

0 200L

ÏANGER MENMEDfiEBBANEE
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LA'YoUNE
SAI{ARIEN

ARIDE

SENfI.ARIDE

SUBHIIMIDE

HT'MIDE

PERHUMIDE
etHAUTEMONTAGNE

35
On distingue aujourd'hui au Maroc cinq zones bioclimatiques : le
saharien,I'aride,le semi-aride,le subhumideet lhumide. Iæ bioclimat de
hautemontagned'Embergern'estplus considéréaujourdhui que comme
une variante froide des bioclimats semi-aride et subhumide
(ENCYCLOPÉDrEDU MAROC, 1986-1989).

o Le bioclimatsaharten

Il couwe plus de 50 7o du territoire,c'està dire toutesles régionssituées


au Sud d'une ligne allant de Figuig à la valléedu Dra. On y trouve dans
la sEatearbustivesurtoutAcacia raddiana etA. ehrenbergiana,Maerua
crassifulia,Balnnitesaegyptiaca,Rhuslrtpartita, desTamarix,Zizyphas
lotus,Retamaraetarn.

o Le bioclinwt aride

Il s'étend sur le Haouz de Marrakech, la région d Agadir, les Hauts


Plateauxde I'Oriental. Au nombredesarbreset arbustess'adaptantbien à
ces conditions,citons : Pistacia atlantica, Acacia gurnmiftra, Zi4tphus
lotus, Argania spinosa,tous en formationsprésteppiques.On y trouve
aussid'importantessteppes,notammentd'immensesnappesà alfa (Stipa
tenacissima)ou à armoiseblanche(Anemisiaherbaalba).

o I-e bioclimat semi-aride

Il couvrela plus gande partie desplainesatlantiquessinréesentreRabat


et Agadir, le littoral méditerranéen(régions d'Al Hoceïma, Nador,
Saidia) et presquetous les piémontsdes chaînesmontagneusessur des
bandesplus ou moinslarges.Ce bioclimatest caractérisê pæ I'importance
des formations forestières et préforestièresà Tetraclinis articulata,
Juniperusphoenicea,f. orycedrus,Pinus halepensis,Olea europeavar.
oleaster, Pistacia lentiscus, Rhuspentaphyllum,Phillyrea latifulia,
Clmmaeropshurnilis et quelquesautes esSces.

o Les bioclimatssubhumideet humide

Sinrésau niveau des zonesmontagneuses, ce sontopar excellence,les


domainesforestiers du Maroc. On y rencontrede belles forêts de cèdres
(Cedrus atlantica), de chênesverts (Quercus rotundifulia), de chênes-
lièges(Quercussuber),de chêneszen(Quercusfaginea),de chênestauzin
(Quercwpyrenaïca),de sapins(Abiespinsapo ssp.mnroccann).

o Le bioclimatde hautemontagne

adaptéesaux
Il se distinguepar des formationsd'espècesarborescentes
grandsfioids secscommele genévrierthurifère (Janiperusthurifera) et

36
un couvert buissonnantfait de divers xérophytesépineux (Bupleurum
spinosurn,Erinacea anthyllis, Alyssurn spinosum,Cytisus balansae,
Ar enariap unI ens, Astragalus boissieri, etc.).
. Iæsprincipaw groupements
êdaphiques

En plus des formations que nous venons de voir, déterminées


principalement par des facteurs bioclimatiques,il faut compter les
groupements végétaux édaphiquesdont la constitution se trouve
placéesousla dépendance
essentiellement d'untlpe de sol riche en selsou
gorgé d'eauen hiver.

o I-a végétationhalophile

Celle-ci se développedansles stationssaléesde I'intérieur - vallée de


I'OuedMellah, Haouz,LacTima, valléede la Moulouya,sebkfia-sdu Su{
etc. - et, stu le littoral, dansles laguneset les embouchuresde certains
oueds- Bouregreg,Loukkos,lagunede Oualidia,etc.- (EMBERGER,
1939).
Dans les stations halophilescontinentaleson trouve comme espèces
principales: Atriplex halimus,Suaedafruticosa, Salsolavermicul.ata,des
Mesembryanthemum, desAizoon, desFrankenia,etc. Dans les stations
plus humides, viennent s'ajouterà la flore halophile habinrelle : des
Tamarix, desJuncus, desStatice, Cyperus distachyus, Spergularia
marginata,Scirp us holosclnenus,Plantago coronopus.
Sur les vasesdesestuaires,on rencontrecouramment:Spartinamnrttima,
Salicomia lignosa, S. fruticosa, Obione portulacoïdes,Limoniastrurn
m0nopetalum, Suaednfrut i cosa.

o La végélationdesrneria-set desdnya-s

I-esmerja-ssont desmarécages, les daya-sde petiæsdépressions


remplies
d'eauen hiver et plus ou moins sèchesen été.Merja-set daya-ssont fiès
fréquentes,surtout dansle Gharb (EMBERGER, 1939).
- Dans les merja-s du Gharb on trouve desJuncus, des Scirpus, des
Phragrnites, Glyceria plicata, Lythrurn graefferi, Heliosciadum
nodifl.orurn,Agrostis ver-ticillata,Ranunculusaquatilis,Menthnpulegium,
Alisma ranunculoïdes.On y rencontreaussidesespècesseptentrionales
rares: Dryopteris,Osmunda,I-obeliaurens,Rhamnus frangula, Potentilla
tormentilla, Carextlava. Ces dernièrescohabitentavecquelquesespèces
tropicales: Utrtcilaria exoleta,Rhyncosporagl,auca, Fimbristylisannua.
- Dans les marécagesdu Rif se rencontrentcouramment: Ranunculus
tlammula, Juncus squaruosus,Menyanthestrifoliata, Potamogeton
polygonifulius,Gratiola linifuIia, Nardusstricta.

37
- Dansles merja-sdu MoyenAtlas,on a : Butomusumbellatum,plantago
Ianceola, Carex hordeistichos, plusieursautres carex, Lysimachia
ephemorum.

- Dans les daya-sdu Gharb,on trouvecommeespècescaractéristiques :


Benedictellabenoistii,Damasonium,Ranunculusaquatilis, Glyceria
plicata, Eleocharispalustris, desIsoetes,Menthapulegium, Pulicaria
arabica,Verbena supina.
- En montagne,cesdaya-scomptenten plus : Myosurusminimus,Mentha
gatefossei, Leontodon atlanticum, Ranunculus batrachioi'des,
R. lateriflorus.

2. La flore

, Originalitéde Iaflore marocaine

La flore marocaineestcomposée de prèsde 4.200espèces et sous-espèces


appartenantà la quasi-totalité
des grandes familles botaniquesconnues
(130 familles et 940 genresreprésentés).Ce chiffre élevétraduit bien la
richessede la flore marocaineet sa diversité.Cetteflore est aujourd'hui
non seulementI'expressiondesconditionsécologiques actuellesmaisaussi
le.produitd'uneévolutiondont l'épisodele plus déterminantfut la fin de
I'Ere Tertiaire.
Fig. I : Distribution des différentesfamilles de la flore vasculaire
du Maroc en fonction du nombre d'espèces
(Encyclopédiedu Maroc,198G89)

IAstéracées (601 sp.): 14,3o/o


ffiFabacees (471sp.): 11,2o/o
ffilPoacées(351 sp.) : 8,4o/o
(242 sp.):
ElBrassicacées 5,8Vo
(236 sp.) :
HCaryoptryllacées 5,60/o
(226 sp.) :
ffi Lamiacées 5,4o/o
EËllpiacées(174 sp.): 4,1o/o
(147 sp.) z
Ef scrofulariacées 3,5o/o
ffi Ufiacêes(103 sp.) z 2,5o/o
%Aut (1649 sp.):39,2o/o
Familles
""

Ainsi noustrouvonsauMarocdeséléments floristiques venus


holarctiques
du Nord (ex : le bouleau,
I'aulne,la bourdaine),
desespèces sahariennes
infiltréesdu Sud (Acaciaraddiana,Fredolia aretoides),desespèces
soudanaises remontées de la zonesahélienne (Calotropisprocera)et
38
quelques élémentsmacaronésienssous la forme de taxons d'origine
canarienneinstalléssur le linoral atlantiqueau Sud de Safi (Euphorbia
regisjubae, E. baumieriana,E. echinus).
Le haut pourcentagedesespècesendémiques marocaines(SVodesgenres,
l97o des espèces,soit 800 cspèces,sous-espèces et variétés,d'après
EMBERGER, 1971)confirmebien I'originalitéde la flore marocaine.
Au total, d'aprèsEMBERGER(1971),"la compositiongénériquede la
flore marocaineest à dominanteméditerranéenne (307odes genres)mais
avec un nombre élevé de genrescosmopolites(30Vo),un nombre assez
grand de genres nordiques (227o),une teinte africaine (SVo)et un
endémismede soucheméditerranéenne relativementimportant (SVodes
genres)".
. L'endémismevégétal

Pour rendre compte de l'endémismeimportant qui caractérisela flore


marocaine,on a avancédiversesexplications:
- explication géographique: elle fait appel à la structue orographiquedu
payset aux diversobstaclesqui s'opposent à la disséminationdesespèces:
montagnesélevées,déserts,océans.
- explicationpaléogéographique : elle sefonde sur I'existenceau coursde
l'évolution géologiquerégionale d'obstacles,disparusdepuis, qui se
seraientopposéscommeprécédemment à la disséminationdes espèces:
ancienneschaînesmontaÊneuses, anciennes mers,etc.).
- explication paléoclimatique: les bouleversements climatiques qu'a
connus la région - -
en particulier au quaternaire pourraientaider à
comprendrela particularitéflorale de certainssiteset la survivancedes
espècesrelictes.
- explication génétique: elle tente de rapporterI'originalité de certaines
espèces,sous-espèces ou variétés endémiquesà des phénomènes
d'hybridation et d'allopolyploïdie ou, plus généralement,à des
modificationsdu patrimoinegénétique.

Tous ces facteurs,combinésou non, ont favorisél'éclosionau Maroc de


plusieursfoyers d'endémismedont les plus importantssont situésdansle
Souss,les lda ou Tanane,le PaysHane,le Bassinfermé de la Moulouya
et les hautssommetsmontagneux(ENCYCLOPEDIEDU MAROC, 1986-
1e89).
On compte ainsi, au total, 8@ espèceset sous-espèces endémiquessoit
près de 19 7o de la flore marocaine,ce qui explique que le droguier
marocaincomprendun nombreappréciablede produitsvégétauxspéciaux
au Maroc. Si nous ajoutonsà celles-ciles espècesà endémismemoins
strict - espècesendémiquesbaetico-rifaines,maroco-canariennes ou
satrariennes nous aurons un droguier dont la forte empreinte
territoriale est attestéepar un taux de particularismeélevé.

39
. Les esnècescultivêeset introduites

Dès le début de ce siècle,et mêmebien avant,la sélectiondes plantes


utiles est devenueune affaire internationale.C'estainsi que les cultivars
de marsvenusde I'Equateuret les variétésde blé du Mexique ont permis
d'augmenterconsidérablement la productionde céréalesde I'Afrique du
Nord par rapport aux raceslocales,robustesmais peu productives.La
pommede terre, les Fabacéesà graines,les plantestextiles, les essences
forestièresde reboisementont suivi la même voie. Le processusde
mondialisationdes ressourcesgénétiquesvégétalesa reçu ces dernières
décenniesune vigoureuseimpulsionen raisondesproblèmesde nutrition
posésà la planète.

Devenuaujourd'huiune questionstratégique, ce phénomène de dispersion


a aussi existé autrefois, à une échelle moindre, du fait de I'action des
hommes, sans cesse à la recherchede produits nouveaux pour
I'alimentation,les soins,I'ornementation, I'artisanat.N'ayantpas échappé
à la règle générale,le Maroc a particutèrementbénéficié de cette
dispersiongénétiqueen raisonde la douceurde sonclimat et de lavariêtê
de sessols qui ont facilité I'acclimatationde nouvellesespècesvégétales.
De plus sa situationgéographique qui le placeà la croiséedes migrations
humaineset des échangescommerciauxen a fait un terrain favorable à
toutes les expériencesagricoleset tout à fait appropriéà recevoir des
nouveautés.

Ainsi, beaucoupd'espècesvégétalescultivéesactuellementau Maroc


rendent compte d'une certainefaçon de lhistoire du pays : migrations
humaines,relationscommerciales,échangesculnrels et scientifiques,etc.
(CIIEVALIER, 1949).

Parmi les espècesqui nous intéressentplus spécialement,nous pouvons


citer :
- en provenanced'Afrique Eopicale: le gombo(Hibiscus esculentus),le
mil-chandelle (Pennisetum typhoïdes),le haricot du Soudan(Vigna
unguiculata), le melon (Cucumisrnelo),le sorgho(Sorghurnbicolor), les
gourdes(Lagenaria sicerarza),I'indigo (Indigofera tinûorte), le coton
(Gossypiumherbaceum).Cesplantes,couralnmentcultivéesdansles oasis
de la lisière Nord du Sahara,y sont venuesà la faveur des échanges
humainset comnerciaux ente les deux rives du désert(BOLJNAGA &
BRAC DE LA PERRIERE,1988).
- en provenancede la Méditenanéeorientale et du Proche Orient : le
safran,le cumin, le pavo! le lupin blanc,le pistachier,la réglisse,la rose.
- en provenancede I'Asie centrale(kan, Afghanistan),de I'OcéanIndien
(Inde, Indonésie,Malaisie) et de I'Extrême Orient (Chine) : le nz, le
néflier, le pêcher,le chanwe,le bambou,le henné,le sésame,I'orangero
le grenadier,le cédratier,la canneà sucre(HARLAN, 1987).

40
- en provenancede la Péninsuleibériqueet de I'Europe : la menthe
poiwée, le colza.

A cetteliste il faudraitajouterbien entendudesespècesvenuesde tousles


continentsà une époqueplus récente.Parmi celles-cidonnonsquelques
exemples: le figuier de Barbarie,I'agave,la capucine,I'ananas,1'anône,
le kiwi, I'eucalyptus,les acaciasaustraliensà annins, le soja.
!_ig1a:lonsenln I'existence,au nombre des taxons cultivés, de ce que
HARLAN (1987)appelle"les domestications vicariantes".Il s'agitde la
domesticationd'espècesde remplacement,taxonomiquementdifférentes
mais voisineset qui aurontle mêmeusage: ceci est vrai pour desespèces
du genreAllium (ails, poireauxet oignons),pour diversesBrassicacées
alimentairesou condimentaires (navets,choux,roquettes,moutardes,etc.)
et probablement pour plusieursPoacéescéréatèreset fourragères.Les
grandes migrations de populations,habituées chez elles à certains
produits, devenus introuvables dans leurs nouveaux territoires, ont
certainementété à I'originede ces"adoptions"de plantessauvages.

Tout ceci contribueà expliquerI'aspectcosmopolited'une partie non


négligeabledu droguier marocain,aspectnon contradictoiretoutefois,
conrmenousavonsdéjàeu I'occasionde le souligner,avecle côtéoriginal
et tout à fait spécifiqued'uneautre partie desconstituants,et cela aussi
bien du point de vue de sa matièreque du point de vue desusagesqui en
sontfaits.

3. La faune

C'estvers le 10èmemillénaireenvironavantJ.C. que le désertcommença


à s'installer au Sahara,isolant la partie septentrionalede I'Afrique du
restedu continent.
Cette évolution entraînad'unepart dansles climats aridesdu Sud de la
chalne atlassiqueI'adaptationd'espècesfauniquesparticulières,d'autre
part" au Nord de cettebarrière,le développementde quelquesespècesqui
se spécifièrent dans une situation d'isolement quasi-total
(ENCYCLOPEDTE DU MAROC, 1986-1989).
La faune marocaineactuelle est le résultat,en définitive, de tous les
bouleversements climatiquesque connutle Nord-Ouestafricain au cours
des quelquesmillénairesécoulés.Le nès fort taux d'endémismefaunique
qu'on peut constater dans tous les groupessystématiquesreprésentés
localement- jusqu'à 50 Vod'espècesparticulièresau Maghreb- est à
relier à I'histoire climatique de la région. Si la majeurepartie de cette
faune- dansles régionsmontagneuses en particulier- se rattachebien
à celle de la zone méditerranéenne, il existe beaucoupde groupes,les
mammifères en particulier, dans lesquels les formes tropicales sud-
sahariennes dominent.

4l
De plus I'action de I'homme est venue s'ajouteraux événementsde
lhistoire nanrrellece qui eut pour conséquence
I'enrichissement
de cette
faune en espècesn'appartenant pasnonnalementaux biotopesrégionaux
et provenantsurtoutd'Asie ou du Moyen Orient.

Voici pêle-mêlequelquesespècesqui ont fourni des produitsà I'arsenal


thérapeutiqueou magiquetraditionnel: éponge,corail, sangsue,limace,
seiche,raie, cachalot,torhre de mer, hérisson,porc-épicnâne, gazellede
Cuvier, gazelle dorcas,addax, oqrx, chacal, hyène, chevreau,belette,
mouflon, cantharide,cochenille, sauterelle,abeille, crapaud,vipère,
caméléon,fouette-queue,lê,zatd,scinque,corbeau,huppe, chouette,
autruche,caille, etc. A cette liste il faudrait ajouter des espècesnon
locales fournissantdes produits importés : rhinocéros,éléphant,cauri,
etc.
On peut aisémentcomprendre,à partir de cesexemples,les raisonsde la
richessedu droguiermarocainen produitsprovenantd'es@cesfauniques
rares,endémiquesdu Maroc ou, plus largemenLdu Maghreb,et qu'on ne
retrouvepasdansles autrespharmacoffesarabes.

N . L'ENVIRONNEMENT SOCIO.CULTUREL

1. L'histoire du peuplement
. Les berbères,premiersoccupantsdu pays

Du point de vue de son peuplement,le Maroc est considérépar les


historiens et les anthropologuescomme un creusetdans lequel se sont
fondus des groupeshumainsd'originesdiverseset duquelsont sortiesles
populationsque nous trouvons aujourd'huien place (HISTOIRE DU
MAROC,1967).
Le fonds de peuplementlybico-berbèreque nousdécouwonsen Afrique
du Nord dèsle Néolithiqueest lui mêmesupposéde naturecomposite.Iæs
spécialistespenchentaujourdhui pour lhypothèse d'un groupementde
populationsfonné de trois composantes différentes:
- une race méditerranéenne(ou ibéro-maurusienne)qui aurait peuplé
I'Espagne,le Maroc, le Saharaoccidentalet les Canaries.
- des CtramiæsPalestiniensvenusde Canaan,en partiepar mer, en partie
par terre, en progressantlentementà traversle Sahara,aprèsqu'ils eurent
été chassésdu CroissantFertilepar les Hébreux,il y a cinq millénaires.
- des Sémitesd'Egypteet du Hadramaout,patrie d'origine des antiques
Himyarsobâtisseursde kasbah-set éleveursde dromadaires,venus au
premiermillénaireav. J.C., par la Mer Rougeet le Sahara.

CettehypothèsedesprovenancesmultiplesprésenteI'avantagede pouvoir
expliquer pourquoi nous rencontronschez les populations berbères

42
plusieurstypeshumains: despetitsau teint basané,desgrandsà peauuès
blancheet à cheveuxbruns,desblondsaux yeux bleus,desroux, etc.
Les trois grandsgroupementsberbèresqu'on distinguait déja au temps
d'Ibn Khaldoun- Masmoud4 SenhajaTnnata- sonttrès certainement
les descendantsde cestrois souchesou le produitde métissages
différents.
Ainsi, les berbèressemblentavoir reçu de la Méditenanée,de I'Egypteet
du Moyen Orient leursplus anciensélémentsde civilsation.

Quant au Sahara,on sait aujourd'huique sespremiersoccupantsfurent


des Noirs dont la présenceest attestéepar les gravures rupestresdu
Tassili datantdu 5èmemillénaireav. J.C. Les Hanatinesdu Dra, qui par
certains caractèresmorphologiquesse distinguentdes nègresdu Satrel,
sont Eès probablementles descendants de ces populationsprimitives. A
par
cesNoirs seraientvenuss'ajouter la suitedesEttriopiensde type peuhl
et desblancslybico-berbères.

Cespopulationsune fois en place,furent rejointesultérieurementpar des


juifs d'ascendancehébrarQue ou par desélémentsjudatsés,et qui auraient
échouéau Maroc à la suite de vaguessuccessives d'immigration.Cette
immigration en provenancede I'Orient auraitdébutéau Xème avantJ.C.
pour ne s'acheverque bien des sièclesaprès,amenantpar petits groupes
ininterrompus, des commerçants,des prospecteursde métaux ou des
pasteursfuyant les persécutions.

La venue sur les côtes marocainesdes Phéniciensà partir du VIIème


siècle av. J.C., des Carthaginoiset, plus tard, des Romainsn'affectapas
profondémentla compositionde la population.En effet, Phénicienset
Romainsne pratiquèrentpasau Maroc une politique de colonisationmais
se contentèrent seulementde faire du commercepour les premiers,
d'occuper militairement le pays pour les seconds(HISTOIRE DU
MAROC,1967; TERASSE,1949).

Quant aux Vandales, ils ne firent que passerau Maroc au Vème siècle
aprèsJ.C., leur objectif étantseulementd'abattrela puissanceromaineen
Afrique du Nord.
. La conquêtemusulmane

Dès le milieu du VIIème siècle,la conquêtedu Maghrebpar les premières


annéesmusulmanesfut le signal d'un mouvementcontinu d'immigration
à partir du ProcheOrient. Les premierscontingentsmilitaires n'étaient
probablement pas constitués d'Arabes uniquement mais également
d'élémentsoriginaires de nationsnouvellementconvertiesà I'Islam. De
plus, sur les pas des arméesmarchaientdes commerçantsde toutes
nationalités (Perses,Egyptiens, Yéménites, Khorassanis,etc.), des

43
réfugiés, des missionnaireset des Juifs orientauxvenus rejoindre les
communautés juives ou judai'sées
déjàenplace.

n est permis toutefois de croire que tous ces apports restèrent


numériquementpeu importants,qu'ils s'implantèrentprincipalementdans
les cités et que, de ce fait, la compositionde la grandemajorité de la
populationmarocaine- celle desmontagneset descampagnes - ne fut
pratiquementpas modifiée.

. L'immigration bédouinedesXIIèmeet XIIIème siècles.

La premièrevaguede cesmigrantsfut celle des Beni Hilal, tribus arabes


originairesd'Arabieet cantonnées disciptnairementen HauteEgypteque
les dirigeantsFatimidesdu Cairelancèrentcontreleursvassauxd'Ifriqiya
à tine de représaillescontreleursvelléitésd'indépendance.Introduitsplus
tard dansle Nord-Ouestdu Maroc commetribus guich (tribu astreinteau
service militaire en échange de la concessionde terres) par les
Almohades,ils se répandirentrapidementdans toutes les plaines et
plaæauxcisatlantiques.

Au XItrème siècle,ce fut le tour desfuabesMa'qil, originaireserD(aussi


d'Arabie, de convoiter les riches pâturagesde I'Afrique du Nord.
Progressantlentementavec leurs troupeauxà Eavers I'Egypte et la
Tripolitaine, ils arrivèrent par le Saharadans le Sud et I'Oriental du
Maroc, poussantmême une pointe jusqu'au Satraraoccidental et la
Mauritanie(HISTOIREDU MAROC, 1967).
A la faveur d'alliances avec différentes dynastiesde rois du Matoc,
certainesde cesnibus furent recrutéeset installéesconrmetribus guich ou
parentesdans diversesrégions du Centre et du Nord du pays : c'est
notammentle cas des Cherradade la région de Sidi Kacem,des Oudaya
de la région de Rabat et de plusieurstribus du Sousset du Haouz de
Marrakech.

Ces apports,plus que les précédents,contribuèrentà la diffusion de la


languearabeet de I'Islam au seindespopulationsrurales,surtoutdansles
plaines et les plateaux.De plus, danstoutes les régions occupées,la
compositiondu peuplementfut certainementaffectéedu fait desnouveau(
venuspar repeuplement,refoulementd'anciensgroupementshumainsou
fusion avecles anciensoccupants.Seulesles montagneséchappèrent à ces
changementset demeurèrentpour I'essentiel,berbères.
.I*s apportsandalous

A la chute du royaumede Grenade(1492)et mêmebien avant dans les


régions voisines,la politique intolérantedes rois catholiquesd'Espagne
conduisità I'exil desdizainesde milters d'Andalous,desmusulmansmais

44
aussidesjuifs, qui vinrent se réfugierau Maghreb,en particulierdansles
cités du Maroc septentrional: Tétouan,Tanger,Rabat,Salé,Fès,Debdou.
Ce mouvementd'immigration qui se prolongeadurant tout le XVIème
siècle, contribuafortementau renouveaudescités du Nord du Maroc et
même,dansune certainemesure,à celui de nombreusesagglomérations
du Gharb, du Rif occidentalet du littoral méditerranéen.Ce renouveau
s'accompagnanaturellementd'un brassagede populationsurbainesdont
on retrouve aujourd'hui les traces dans les généalogiesde plusieurs
familles citadines.
. L'élémentnoir

Comme nous I'avons vu précédemment,les régions présatrariennes ont


vraisemblablement toujoursété peupléespar une race négroidedifférente
de la race nègrede I'Afrique occidentaleet dont les Harratines,occupant
aujourdhui les oasisde la lisièrenord du Satrara"
seraientles descendants.
Par ailleurs, l'importancedes échangesconrmerciauxqui s'établirentdès
le début de noEe ère, entre les deux rives du désert a amenéau Maroc
un grand nombre d'esclavesnoirs du Soudanet du Satrel.Ces apports
s'intensifièrentpour devenirun élémentnon négligeabledansle métissage
des populations,aprèsla conquêtedu Soudanpar le roi saâdienAhmed
Al-Mansour Dehbi. A partir de cette date, de nombreux nègres et
nègressesfurent, en effet, employéscommesoldatsdansles arrrées du
sultan, comme domestiquesdansles demeuresdes personnesaiséesou
commeconcubinesde grandsseigneurset de richescommerçants.
. Les brassagesinternes de populations et les apports de la pêriode
moderne

Les dernierssièclesconnurentun mouvementininterrompude migration


de nombreusestribus montagnardesdu Sud du pays en direction du
versant nord de I'Atlas, du cenEe du pays et des plaines atlantiques,
chaquetribu refoulant devant elle une autre tribu, mieux située qu'elle
mais moinspuissante.
Ce mouvement s'opéra vraisemblablementà la faveur de la pression
démographique,de la désertification progressive des provinces
méridionaleset de la longuepériodede siba (insoumissiondes tribus au
pouvoir central)que vécurentcesrégionsdurantles dernierssiècles.
De leur côté, les tribus du Rif amorçaientun mouvementvers le Sud,
débordantvers I'Ouestet le Pré-Rif.
Ces migrations qui concernèrentprincipalementles tribus berbères
contribuèrent de manière relativement importante au brassagede la
population marocaine.Ce brassages'accentuaà l'époquecoloniale et se
prolongeaaprèsI'indépendance en raison du développementdes villes et
descampagnesdu Maroc "utile", le Maroc cisatlantique.

45
carte 4 : Principauxapportsde populations
à r'époquehistorique

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M, Populationsnoires du Soudart

Il faut signalerici le cas particulier des Algériensqui alimentèrentun


mouvementimportantd'immigrationvers le Maroc,notammentvers les
provincesorientales.Ce mouvementcommençaavecI'occupationturque
et s'intensifiadurantI'occupationfrançaisede l'Algérie. I1 contribua à
accentuerles particularitésdespopulationsde I'Orientalmarocain,déjàen
partietournéesversI'Oranaiset à modelerunementalité,deshabitudeset
un vocabulairespéciauxà cetterégion.

46
Quant à l'élémenteuropéenqui n'a cesséde progresserde 1926à 1950
(400.000 européensen 1950), si son influence fut considérablesur
l'économie et la sociétémarocaine,en particulier dans le domainequi
nous intéresse- la santéet I'hygiènepublique- il n'eut par contre
aucunimpact sur la compositiondu peuplement.

2. Civilisation et société : le modelagede I'identité

Le patrimoine culturel marocain apparaîtbien aujourd'hui comme le


résultatde I'histoire du peuplementdu Maroc, histoirequi fut elle même
conditionnéepar la positiongéographique du pays.
Ainsi donc les deux dimensions,temporelleet spatiale,jouèrent
conjointementdans la genèsedes traditionsculturellesde la population
marocaineet dansla formationde sapersonnalité.
Que peut-ondire aujourd'huid,ecett€identitéspécifiquement marocaine?
Est-elleréellementdifférentede cellesdesautrespeuplesarabesn cellesde
ses voisins en particulier ? A quel niveause situentles convergences
éventuellesdansle cas où celles-ciexisteraient? Et en quoi réside son
particularisme,si particularismeil y a ?
La réponse n'est évidemmentpas simple dans ce domaine où des
considérationsd'ordre politique et idéologiqueviennentbrouiller les
cartes.Les historiensparviennentnéanmoinsà s'accordersur quelques
vérités. A quelquesnuancesprès, et en ne considérantque les grands
traits, les traditions culturelles du peuple marocain apparaissenttrès
semblables à celles du reste du monde arabe. Toutefois, la marque
berbère sur la culture populaire est aussi une réalité indéniable et
courammentobservée.tr n'est.qued'examinercertainssecteursde cette
culture poésie populaire, chants, danses,contes et légendes,
vocabulairenaturaliste,artisanat,toponymie- : on porura facilement
constaterque tout ce patrimoineoral est largementtributaire d'un fonds
culturel berbèrequi ne s'estjamaistotalementeffacédevantla civilisation
arabe.D'ailleurs, de quoi est-ellefaite cettecivilisation arabesinon des
apportsculnrels de toutesles nationsconquiseset convertiesà I'Islam :
I'Arabie, la Mésopotamie,la Syrie, la Palestine,I'Egypte,la Perse,I'Asie
Centrale,I'Afrique du Nord, etc.?
C'est pourquoi le terme le plus adequatpour parler de cette rencontre
entre divers groupeshumainsà la faveur de la conquêæarabec'est celui
defusion culturelleadditionnelle.

C'est justement cette mixité arabo-berbère,indissociable et non


réductible,qui fait la particularitéde la culturemarocainebien que celle-
ci, encoreune fois, s'inscritdansle cadregénéralde la civilisation arabe.
Il en est de même des moeurset des croyancesdansune région qui fut
auEefoisla seuleà résisteraux invasionset occupationsde toutessortes
venuesdu Nord ou de I'Est, à I'exceptionde la conquêtemusulmane.A
Favers cet esprit d'indépendancefarouche,l'fuie berbèreapparaîtbien

47
comme fondamentalement attachéeà sesvaleurs,à sescoutumes,à son
modede vie. Et si I'Islam a réussilà où les autresont échoué,c'estqu'il a
su s'adapterà cettementalitéet qu'il était lui-mêmeporteur de principes
d'égalitarisme,d'esprit conrmunautaireet de démocratiecorrespondant
tout à fait à I'attentedu mondeberbère.

Le résultatde cettefusion humaineet culturellese manifesteaujourd'hui


dans l'attachementunanimede toutesles composantes de la population
marocaine y compris ses communautésjuives résidentes ou
expatriées- à la civilisation arabe.Mais cet attachementn'est pas
contradictoireavecI'existenced'un espacementalet psychologiquenourri
d'espritd'indépendance et de liberté qui découlede I'histoire du pays et
qui fait toute la singularitéde la culturemarocaine.

3. Les influences : un pays à la croisée des chemins

A ce fonds arabo-berb'ère dont les élémentssolidementsoudésne se sont


jamais laissédisjoindre tout au long de I'histoire*,sont venuess'ajouter,
sous forme de retouchesmineures limitées à certains secteurs de
lTmaginaire,descroyancesou desusages,diversesinfluencesculnuelles.

Tout d'abord dans les villes, il faut noter I'influence hébrafquequi fut
exercéede manièreendogène,si on peut dire, par descommunautés juives
bien intégrées, influence qui transparaîtdans un certain nombre de
segmentsde la vie socialeet spirituelle : en art culinaire, en pratique
commerciale,dansI'artisanatet le travail des métaux,dans le culte des
saints,en démonologieet en magie.Dansle domainequi nous concerne,
les croyancespropres à la Kabbalejuive ont fortement influencé les
pratiques populaires de magie prophylactique, de sorcellerie, de
géomancieet de divination (legzan).[-e sorcier jvrf (sahar lihûdî) était
autrefois fortement redouté en raison des pouvoirs spéciauxqu'on lui
prêtaitet qu'il était sensédéænirde sesprophèteset de sesdémons.
La forte proximité qui existait autrefois entre juifs et musulmans se
traduit aussidansla vénérationde saints,de petitsmaraboutset d'endroits
sacrés- grottes, sources,arbres,etc.- communsaux deux religions,
spécialementdans le Sud. C'est là un exemple de cohabitation et de
convivialité exceptionnellesdanslhistoire des religions, habituellement
plus portéesà secombattrequ'àcoexister.

* La dernière tentative de dislocation de I'unité arabo-berbèrefut le dahir berbère


promulguépar les autoritéscolonialesle 16mai 1930et dontl'objectifvisait la création
tl'une entitéhumaine et culturelle purementberbèreopposableau mouvementnational
pour I'indépendance et pour I'intégritéterritorialedu-pays.La mise en échecde cette
politique,rejetéeaussibien par les berbèresqueparle restedela populationmarocaine,a
bien montréÏindéfectible attachementde tousles Marocainsà la nation et leur croyance
en un destinunitaire.

48
Il faut noter aussi des influencesproche-orientales (ma{riqiya) tardives
à distinguer de celles qui se sont introduiteslors de la conquête
musulmane- et qui ne cessèrent jamais de s'exercersur le MaghrebAl-
Aqsa. Les vecteursde cesinfluencesfurent le missionarismereligieux et
le confrérisme,les relationscornmerciales, les voyagesde pélerinset de
savants. ces contacts et échangesapportèrentau Maroc quelques
innovationsdansles techniqueset dansles moeurs,d'inspirationmoyen-
orientaleet persanepour l'essentiel(ravail de la céramique,art décoratif,
etc.), au tout début, turquespar la suite (costumes,traditionsculinaires,
art militaire, méthodeset sfyle administratifs,etc.), au momentde la plus
grandeextensionde I'empireottoman.Les Algériensimmigrésau Maroc
contribuèrentaussien partie à la diffirsion d'un certain art de vivre à la
mode turque.

A souligner aussi I'influence exercéepar la'brillante civilisation de


I'Andalousiemusulmaneavectout ce qu'ellereprésentait de synthèseenEe
la culture romane ibérique et la culture musulmane.Son impact fut
considéiable durant toute la période de la conquêtemusulmanede
I'Espagneet se prolongeamême après,grâce à I'afflux au Maroc des
réfugiés andalousau momentde la chutedu royaumede Grenade.
Cette influence d'une civilisation parvenueaux plus hauts sommetsdu
raffinement sur la culture indiscutablementplus sobre qu'était alors la
culture arabo-berbère au Maroc se manifestaà tous les niveaux de la vie
sociale et intellectuelle : dans la langue, dans I'architecture,dans les
costumes,dans les arts, dans les techniquesculinaires,en science,en
médecine,en horticulture,en art militaire et dansbien d'auEessecteurs.
Aujourd'hui encore la nostalgied'Al-Andalus- c'est à dire des heures
brillantes de I'Espagnemusulmane- étreint bien des âmesmarocaines
pour lesquellesI'uniquesolution aux problèmesdifficiles de notre temps
résidedansun retour salutaireaux sourcesde notrepassé.

N'omettonspurs,danscette revue des différentsapportsassimiléspar la


culture marocaine,de citer I'influencebédouinedes Xtrème et XIIIème
siècles,à ne pas confondreavecles apportscivilisationnelscontemporains
de la conquête musulmanedu Maghreb, apports venus des villes du
Moyen Orient et qui ne pouvaientêtre assimilablesque dans les cités
marocaines.A la différence de cet art de viwe citadin, les traditions
apportéesavec eux par les Beni Hilal et plus tard par les Ma'qil
s'apparentaientplutôt à une sorte de culture pastorale,particulièrement
bien adaptéeaux milieux désertiqueset aux t5pesde modede vie auxquels
ces derniersobligent.Cestraditions,les mêmesque nousrefrouvonsdans
certainesrégions d'Arabie, sont aujourd'huiencoreEès vivaces dans le
Saharaoccidentalmarocainet chez les tribus nomadessud-atlassiques.
C'est à ces traditions pastorales,que la pharmacopéede ces régions
empruntera I'essentielde son savoir-faire, en procédéset en matière.
Nous retrouveronsaussi la marque de ce savoir-faire bédouin en

49
médecine vétérinaire, particulièrementpour ce qui a trait aux
dromadaireset aux chevaux.

Enfin, il faudrait relever I'influencedes civilisationsnoires d'Afrique,


plus tardive et de ce -fait plus facilementdécelable,influencequi s'exeiça
principalementà la faveur de la pratiquede I'esclavageet du commerce
caravaniertranssaharien. Ce dernier qui maintint des contactsétroits
entre le Maroc et le Soudanjusqu'audébutde ce sièclefut à I'origine de
I'inEoductiondans les oasis de la lisière nord du Satrarade plusieurs
plantesviwières originairesdu Soudanet essentiellesdansI'alimentation
des populationsnoires - comrnele chou saharien,le gombo, le mil
chandelle,le haricotde GuinêE- et contribuaà enrichir la pharmacopée
marocainede plusieursdroguesnouvelles,proprementafricaines: kola,
encensdu Soudan,maniguette,Cassiaabsus,etc. L'influenceafricainese
manifeste aussi dans la diffusion de Ia magie nègre et de certaines
pratiquesde sorcelleriedont,les officiants- les mefifa (litt. : les
buveursde sang) - sont encore,dansl'écrasantemajorité des cas, des
Noirs. De plus, à la faveur de I'Islam "noir" pratiquépar les esclaveset
les 'abid bufuri de I'arméeimperiale,certainesformes de fétichismeet
mêmede paganismeffnétrèrent la mentalitépopulaire.Ce courantEouva
un terrain propice dansle confrérismeet le maraboutismeen plein essor
en ces temps-là. Les rituels de la confrérie Gnawaqui recrute encore
beaucoupau seindesNoirs et lespratiquesde transephysiqueobservéesà
I'occasionde certainsmoussemsdu Sud, en sont I'illustration la plus
frappante.Les nourricesnoires (les dudu) qui élevèrentdes générations
d'enfantsmarocainsappartenantaux milieux aisés,jouèrentaussiun rôle
important dans la transmissionde croyancesrelevant des cultures
soudaniennes.
Ces contacts Nord-Sud ne cessèrenten réalité jamais. Lorsque les
échangescommerciauxtranssahariens enEèrentdansleur phasede déclin,
à I'aubedes tempsmodernes,la relèvefut assuréepar les confrériesdont
certainesparvinrbntà développerune sortede franô-maçonnerie s'élevant
au dessusdes frontières et particulièrementactive de I'autre côté du
Sahara.Parmi celles-ci,les Tijani-s et les Kounta-sréussirentà acquérir
une nombreuseclientèleau Sénégalet au Mali. I-e fflerinage desTijani-s
sénégalaisà Fès au tombeaude leur patronspirituel- pélerinagequi se
renouvelled'annéeen année- estun desaspectsles plus visiblesde cette
étrangefraternité.

4. Le temps présent : authenticité et ouverture sur le monde

Nous en arrivons ainsi à l'étudedu devenirde la personnalitémarocaine


en cestempsque nousvivons,caractérisés par llntrusion desrèglesde vie
et de la penséeoccidentales danstoutesles sociétés,souventsousla forme
travestied'un idéal modernisteet universaliste.Au débutde ce siècle,en
effet, la société marocaine,longtempsrepliée sur elle-mêmedans une
50
vaine tentativede se protégerde I'agressioneuropéenne, fut bien obligée
de céderet de se laisserprendredansle tourbillon du mirageoccidenial.
Faceà la ruée de toutesles grandespuissances de la planèæ,sarésistance
fut honorablemais battue d'avanceen raison de la disproportiondes
moyensengagésde part et d'autre.

L'autopsie de la personnalitémarocaine,à l'ère contemporaine,montre


que I'influencede la culnre occidentale,avecce qu'ellea de positif autant
que ce qui I'est moins, a eu un effet déterminantdansle changementdes
mentalités.Aussi bien au niveaude la vie socio-économique que de la vie
spirituelle et intellectuelle,les habitudesléguéespar I'Occident ont
contribuégrandementà modifier la façonde vivre de l'élite et desmasses
populaires.Les couchesaiséeset les inællectuels,en particulier,ont très
vite adoptéun stylede comportement et de penséetout à fait occidentalisé,
celui-là même que nous reEouvons, en raison du triomphe de la pensée
occidentaleet de la mondialisationdu modèlede la sociétécapitaliste,
partoutoù les sociétéstraditionnellesont éclaté.

En fait, l'influenceoccidentalecommençaà se faire sentirau Maroc trois


ou quafre sièclesplus tôt. Elle s'exerçaitalorspar le biais des négociants
européensinstallésdansles comptoirsde la côte marocaine.Grâceà eux
de nouveauxproduits pénérèrent le marchémarocain: thé, verroterie,
étoffes manufacturées,alun artificiel, taftre, colorants synthétiques,
rêalgar,armes,objetsde luxe, etc. C'estpar leur intermédiaireaussique,
dans le secteur qui nous intéresse,de nombreux produits originaires
d'Amériquefurent commercialisés au Maroc : gar'ac,salsepareille,
bois de
cam$che, cochenille,sassafras, etc.
Toutefois, cette invasion de I'Occidentqui devint massive durant la
période du Protectorat,ne résolut pas les grands problèmes socio-
économiquesde la sociétémarocaineet déçuttrès vite I'attentedesélites
locales. Ces dernièresréalisèrentalors que les objectifs visés par la
puissancecolonialepassaientpar la déculnuationtotale de la population
marocaine.D'où I'inévitable mouvementde retour aux sourcesqui se
produisit, liant très viæ I'affachementenversla culture arabo-islamiqueà
la revendication de la souveraineténationale.Ce mouvementqui fut
encouragépar le salafisme,et qui se prolongeaau delàde I'indépendance,
a eu des conséquences heureusessur la sauvegardedu patrimoine culnrel
marocain. L'architecture, I'art, I'artisanat,les habitudes de vie, les
moeursen généralsurvécurentà la colonisation,reflétantadmirablement
le souci profond de la sociétémarocainede "conserverson âme" et sa
rechercheconstanted'authenticitéexistentielle.

Cette survivancede la Eadition, perçuepar toutes les couchessociales


comme le prolongementd'une civilisation jadis florissante,se manifeste
aussi,bien entendu,dansla sciencepopulairedessoins,qui sut profiter de
quelquesnouveautésacquisesau contactdu mondemodernemais sans

51
jamais perdre sa mémoireet sesracines.De nosjours encore,la science
raditionnelle des soins continuede se réclamerde la grandemédecine
arabedu XIIème siècle.
C'estelle que nousretrouvonsaujourd'huiau chevetdesmaladesles plus
démunis,apportantson expériencetechniqueet son assistancecharitable
partoutoù Ia médecinemoderne,en raisonde la faiblessede sesmoyens,
n'a pu pénérer efficacement,et mêmesouventen concrurence avecelle.

III . CONCLUSION

De cette revue généraledu cadre géographiqueet humain par rapport


auquelse définit I'objet de note étude,il est possiblede tirer une esquisse
généraledesgrandstaits de la médecinetraditionnelleau Maroc.
Tout d'abordcetteactivité auraà sa disposition,en raison de la diversité
de I'environnement marocain,une gammeétenduede ressources tiréesdes
trois règnes ainsi qu'un certain nombre de produits industriels ou
artificiels adoptésà une dateplus récente.J'ai, quantà moi, recensépas
moins de 1038espècesquej'ai regroupéen 694 articleset queje décris
dansla partie "Catalogue".

D'autre parL je peux dire que la pharmacopée marocainea sanscesseété


modifiée, tout au long de lhistoire, quoiquede manièremineure,par des
influences de toutes provenances,hébratque,andalouse,bédouine,
machriqiya, noire et enfin occidentale,mais que son corps principal est
demeuré constammentdominé par la culture arabo-berbèrepropre au
Maroc.

De nos jours, cettemédecinenaditionnellecommenceà être affectéepar


la civilisation industrielle moderne,particulièrementen ce qui concerne
sesingrédientset sarelationau maladequi, de plus en plus, se complique
de considérationsmarchandes.Toutefois,sa revendicationessentielleà
I'authenticité- qui la protèged'unecertainemanièreconte les risques
d'une trop $ande dénaturation- ainsi que son riche contenu fait
d'expériencepratiqueet d'élémentsde doctrine,continuentd'en faire un
chanrpprivilégié de l'étude de la tradition marocainedansle domaine de
la médecineet de la scienceen général.

52
DETIXIEIVINPARTM
CHAPITREI
L'ENQUÊTE ET LEF RECHERCHES
BIBLIOGRAPHIQUES: METHODESET SOURCES

I . REFLEXIONS SUR L'ETIINOPHARMACOLOGIE

| - Méthodologie et finalité des recherches

La mise au point d'une méthodologiespécifiqueen ethnopharmacologie


soulève d'embléela questioncentralede la nature et de la qualité des
rapportsqu'enEetiennentenfreelles les principalescomposantes de cette
jeune discipline : I'ethnologie,la botaniqueet la pharmacologie.A la suite
de DOS SANTOS & FLEURENTIN (1990), on peut, en effet, défrnir
I'objet de I'ethnopharmacologiecomme étant "l'étude scientifique
interdisciplinairede I'ensembledes matièresd'origine vêgêtale,animale
ou minérale,et des savoirsou despratiquess'y rattachant,que les cultures
vernaculairesmettent en oeuvrepour modifier les étatsdes organismes
vivants, à des fins thérapeutiques,curatives, préventives ou
diagnostiques"*.

Par rapport à I'ethnopharmacologie, des sciences comme


I'ethnobotanique,I'ethnozoologieet I'ethnominéralogiese présentent
comme des disciplinesdont le champ d'étudeest plus large puisqu'il
comprendI'ensembledes usagesque font les culturesvernaculairesdes
végétaux, des animaux et des minéraux : usagesalimentaires,usages
médicinaux, usages techniques, usages rituels, etc. Quant à
I'ethnomédecine,on peut la considérercommel'étude des savoirset des
activités médicalesdéveloppés,par toutesles culturesà I'exceptionde la
médecineoccidentalemodernedont la dimensionuniverselle (et donc
non-vernaculaire)est aujourd'huiconsacrée.

Avec cettedéfinition de I'espacede compétencede I'ethnopharmacologie,


nous voici placé tout de suite au coeur d'un problème important :
comment combiner les regards différents que jettent sur notre objet,
d'une part les sciencesexactes,représentéesici par la botanique et la
pharmacologie,d'auEepart les scienceshumaines- représentées ici, en

* A notre avis, il faudrait ajouter à cette lisæ des matièresutilisées à des fins
thérapeutiques industielles dont certaines-
par les culnres vemaculaires,les substances
produits de synthèse,sous-produitsou déchets- ont été adoptéespaf,cesculturesdans
des usagestotalementdifférents de ceux pour lesquelsils ont été fabriquéset qui
connaissentparfois dans leur nouvellevocation une secondevie, ou du moins une
destinéeimprévisible.

55
I'occurrence,par I'ethnologie? Commentles associeren une seulevision
de "la chose"ou encore,de manièreplus pratique,commentfusionnerces
deuxapprochescomplémentaires en un seulprojet ?

Il va de soi d'abordque cetteheureusecomplémentarité ne pourradonner


pleinement sa mesure que si les deux approches,I'une - celle de
I'ethnologie- forcémentrelativiste,du fait de la non-neutralitéde
I'observateurquel qu'il soit, I'autre- celle des sciencesexactes- à
tendanceplutôt positivistecar visantun certainabsolude connaissance
faisantI'unanimité,partagentensemblela mêmeconceptiondu mondeou
du moins adoptentun point de vue identiquereconnaissant I'universalité
du géniehumainet l'égalitédescultures.

Ensuite, il sera de la plus grande importanceque chacune de ces


disciplines puisseagir sur I'autrepar action et rétroaction,en un va-et-
vient incessantportantde I'unevers I'autredesélémentsde connaissance,
des conceptualisations, des remisesen cause,des interrogationsou des
réponses,le tout dansun parfait espritd'égalitéet de compagnonnage. De
cet échangeentre deux formes différentesde savoir pourra naîEe alors
une recherchefécondeprofitable à tous et capablede transférerd'une
culture à une autre, sanstop de distorsions,le fonds de connaissances
objectives qu'a pu développerune sociétédans un contexte spatial et
historiquedonné.

Enfin, à un stadeplus avancéde la recherche,celui où le travail de terrain


cédera la place aux activités de laboratoire,et au cours duquel il ne
resteraplus de l'élémentculturel de départqu'une"chose",un objet réifré
et isolé de tout contexte,une "matière" en somme,susceptibled'être
testée,mise à l'épreuve(pour savoir ce qu'elle vaut par elle-même),à ce
stadedonc,il faudraqueI'ethnopharmacologie soit capablede renvoyerle
fruit de cetterechercheà la sociétéqui I'a inspiré*. Sanscetteréinjection
dansles sociétésde départ,I'opérationde ponctionculturelleenhepriseau
stadeprécédentne seraitqu'un inqualifiableactede pillage déguisésous
les habitsde la science"pour la science".
En effet, en approfondissantla connaissance desplantesutiliséesjusquelà
empiriquement, I'ethnopharmacologie doit aussiaider à fiouver des solu-

* En ce sens,I'ethnophamacologue puisqueil transf,onne,


est une soræd'alchinoisæ,
dans un premier temps, un objet culturel en une matière"aculturéenpuis, dans un
deuxièmetemps,reconditionnecette matièreen un secondobjet culturel différent du
premier.Le ler objectif de la rechercheconsisteraà présentercette "matière"sousla
forme d'un médicamentefficaceet culnrrellementacceptablepourla sociétémodeme.Le
2ème objectif sera atteint lorsque le médicamentmoderneissu de la technologie
industrielle recevraà nouveaules modificationsou les amendementsque nécessitesa
réintégration dans la culture d'origine. Ce sont là de véritables opérations de
transmutation.

56
tions alternativesnouvellesaux gravesproblèmesde santéqueconnaissent
les sociétéstraditionnelles,solutionsd'autantplus acceptiblespour elles
qu'elless'appuientsur un savoirémanantd'ellei.
Cette dimensionforément politique et socialede I'ethnopharmacologie
donneà cettejeune disciplineun engagement de type humanisæet tieîs-
mondistetout à tait relqectabfgqui constitueson viàtiquepour approcher
toutesles culturestraditionnellesde la planète.Le choix dè cette-êthique,
qrri est la condition sine qua none du succèsdes recherchesentreprises
dans ce domaine,permetd'envisagerpour cettejeune scienceun âvenir
brillant de coopérationentre les cultureset lui confèreune mission qui
dépasseles objectifsqu'elles'étaitdonnésau départ.

2 - Quelques difficultés liées à la nature spécifique de I'objet

a - I-a variance

En ethnopharmacologie, I'une des caractéristiques


essentiellesde I'objet
enquêtéest son hétérogénéité.En effet, une culture est avant tout une
activité humaine : à ce tifre, son contenune peut être appréhendéà partir
d'une sorte de "moyennemathématique"des différenGs parties qui la
composent,ni à partir des seulesdominantes,mais, fondamentalement,
danssa diversité,danssa variabilitéet danssacontradictionintérieure,ce
qui inclue les tendancesprincipales mais aussi les éventuelséléments
dissidentsou hétérodoxes.

Plusieurs facteurs contribuent à créer cette variabilité propre à notre


sujet: le peuplementqui peur varier d'une région à une autre dans son
origine ethnique, dans son histoire, dans son mode de vie, dans ses
croyances ; le milieu qui peut relever de biotopes différents et donc
procurer des ressourcesdifférentes et engendrer des expériences
particulières ; la langue ou tout simplementle lexique naturaliste qui
pguvent être issus d'une praxis et d'un mode de production spécifiques
d'où la grande variance observée dans les termes vernaculaires
(BELLAKHDAR, 1978); les influencesde culnres voisinesqui peuvent
s'êtreexercéesavec une intensitédifférenteselonles régionset fàvoriser
le développementde certainsparticularismes; aussi,les caractéristiques
personnelles de I'informateur, son degré d'instruction, de profes-
sionalisation,le sysême de santéauquelil s'identifiensa créativitéet son
degré de confiance dans I'enquêteur ; tout cela interférant avec la
variabilité inhérenteaux procédésde I'enquêteelle-même,pour produire
une quantitéinfinie d'informationsrecevablessousdes indices de valeur
différents.
Face à toutes les contradictionsqui peuventsurgir d'une enquêtede ce
tYPe,I'ethnopharmacologue dewa, non pas occulterles divergencesou les
réduire au statut de I'aberration(afin de les exclureplus facilementde sa

57
collection de données),mais bien savoiraménagerà la variancela place
qui lui revient dansl'évaluationdesinformationsà sélectionner.En fin de
compte ce qu'il faut trouver - comme le disent DOS SANTOS &
FLEURENTIN (1990) -, c'est "la méthodede traitementdu couple
accord/désaccord au sein d'uneculturevernaculaire,problèmeéquivalent
à celui qui seprésenteau seind'unedisciplinescientifiquelorsqu'ontente
de se donner les moyens (spécifiquesau domaine) de règler les
controverses".

b - la miseen comespondance
de catégoriesculturellementdffirentes : le
transfendessavoirs

On insiste beaucoupde nos jours sur le transfertdes technologiesdu


monde occidentalvers le tiers-mondeet sur les problèmesd'insertion
dans les sociétésd'accueilqui se posentlors de cette opération.Le
problème est tout à fait identique dansle sensinverse- car le tiers-
monde a aussi un savoir à donner à la sociétéindustrielle - dès qu'il
s'agit de traduire, sansrisquemajeur de contresens,des applicationsou
des usagesvernaculairesdans le lexique techniqueou scientifique des
opérateursqui conduisent les recherches.La valeur sémantiquedes
nomenclaturesdifflèreen effet d'une culture à une autre, d'où la grande
importancede comprendreles conceptionslocalesrelativesà la santé,à la
maladie,à la vie et à la mort, à la physiologieet à la pathologie,de bien
connaîtreaussiles nosologieset les étiologiesvernaculairesainsi que les
terminologiesbotaniqueset naturalistesutilisées.En bref, il est nécessaire
d'avoir un bon aperçude la conceptiondu mondeadoptéedans chaque
sociétéobservéecar, en définitive, toutessescroyancesfont systèmeet
nouent entre elles des relations implicites ou explicites dont la
significationest aussiimportanteque celle des termesqu'ellesmettenten
concordance(BELLAKIIDAR, 1978; FRIEDBERG,1990).
C'estcela qui fera qu'un groupehumaindonnéatûibueraà un site ou à un
organeparticulier du corpshumainune fonction ou un dérèglementque
d'auEessociétésaffecterontà d'autreslocalisations.Ou encore,ce groupe
humain croira en une étiologie particulièrequi seraconsidéréeailleurs
comme n'ayant aucun rapport avec la manifestationénrdiée (voir à ce
sujet,notre chapitre"Psycho-sociologie de la médecinetraditionnelleau
Matoc").

Ainsi, l'établissementde conélationsobjes/signesn'existantpas dansla


Éahtê observéemais renvoyantplutôt à des schémasprésentsdans la
penséede I'observateur,ne peut que conduire à des représentations
fausseset à desimpassesdansI'analysedesdonnées.Parexemplela notion
de "drainage"qui, en médecinemoderne,renvoieaux fonctionsrénaleset
hépatiquesd'épuration,de détoxicationet d'élimination,peut signifier,
dansd'autressystèmesde soins,attirance,concentrationet focalisationdu
mal en une zone particulière de I'organisme,jouant ici le rôle de

58
"fusible". De même,le conceptde "remèdecalmant"peut être tout aussi
bien lié à la notion de souffrancephysique, d'esthésieet donc,
anatomiquement,aux systèmeneryeuxpériphériqueou central ; qu'à la
notion de mal-être psychiqueet donc à une localisationmoins évidente
que dansle cas précédent: la tête,le coeru,ou plus vaguementl'âme,la
poitrine ou le ventre selon les croyancesde chaquegroupe humain.
Commenttraiter aussiles notionsde "mauvais-sang", de "sangtourné",de
"sang refroidi", de "sang mêlé", qui peuventavoir des significations
multiples selon les sociétés : anémie, septicémie, intoxication,
refroidissement,dégénérescence des fonctions vitales essentielles,
atavisme,bâtardise,couardiseet mêmeeffémination?
Le même problème se pose pour l'évaluation de I'activité : comment
allons nous rendrecertainsmots à significationsmultiplesutilisés par les
populationscomme,pil exemple, le termehâr qur peut signifier, chez
les Arabes,selonle contexte,"âcre"n"piquant","amer","tonique","pur"
ou "puissant"?

On voit,-à traverscesquelquesexemplestout le dangerqu'il y a à dresser


des correspondances hâtives, translittéralesou projetées.On se rendra
aussicompte,peut-être,eu€ les présupposés d'ordreidéologique,pour ne
pas dire les préjugésnse situent la plupart du temps hors du champ de
consciencedu chercheuret fonctionnentsouventde manièresouterraineet
non déclarée.

3 - Les critères de sélection des données

a - Les convergences

Une fois que le chercheurs'estentouréde toutesles précautionsd'usage


nécessairesà une saisie correctedes donnéeset a pu procéder sur le
terrain à un relevé soigneux de I'information, se pose à lui, dans un
deuxième temps, le problème délicat de triern dans la masse des
renseignementsrecueillis, ceux qui présententla plus grandepertinenceet
offrent la plus forte présemptionde conformitéavec les hypothèsesde
travail choisies.Au nombrede cestechniquesde sélection,figure celle de
la recherchedes "convergences" se subdivisantelle-mêmeen deux grands
il(es : la méthodede "l'ethnopharmacologiecomparée"et la méthodede
"la chimiotaxonomiecomparée".

La première de ces méthodess'emploieà repérer dans des espaces


culturels différents, sans rapports directs ente eux, les usagesqui se
répètentselondesprotocolespresqueidentiqueset mettenten oeuvreles
mêmes produits. Ainsi, lorsqu'une même plante ou deux espèces
vicariantesou deux taxons prochesI'un de I'autre serontutilisés, par
exemple,contreI'ictère,à la fois au Brésil et en Polynésie,il y auradans

59
cetteconvergenceculturelleune bonneprésomptiond'activitécholagogue
ou cholérétique.

La secondede cesméthodess'attache plus spécialement


à rechercher,dans
un espaceculturel donné,les plantespossédantune certaineparentédans
leur compositionchimiqueet employéesaux mêmesfins thérapeutiques.
En effet, lorsquedeuxplantes,dontI'uneest connuedu point de-vuede sa
compositionchimiquensontutiliséesavecsuccèsconFela mêmeaffection,
il y a deschancespour qu'ellesaienten communun mêmecomposantou
du moins une mêmestructurechimique.C'estainsi qu'on a pu mettre en
évidence,en Inde, en suivant cette méthode,dans différentes plantes
utiliséespour soignerle vitiligo, des furocoumarinesou des psoralènes
photosensibilisants.

b - I-a rêpêtitionet l'invartance: la mentionmultiple

Evidemment,le critère de sélectionle plus courantest la répétition de


I'usage vernaculaire et son invariance dans une aire de diffusion
déterminée.Plus étendueseracetteaire,plus grandeserala probabilitédu
bien-fondéde cet usageet par suiteplus pertinenteseraI'observation et
la sélectionde ce modulede connaissance.
Cetteméthode,d'ordreprincipalementstatistique,est généralementfiable
bien qu'elle ait I'inconvénientde passertrès souventun peu vite sur le
sujet, en faisant valoir des argumentsde rentabilité des recherches.De
plus cette méthode conduit à négliger d'éventuellesinformations
dissidentesou "dissonantes". Or, bien souventces donnéesminoritaires
rendentcompteà leur manièrede certainsaspectssecondaires mais d'une
grandevaleur pour la compréhensionde I'usagemajoritaire.Une façon
de pallier cet inconvénientest de releverpour un remèdedonné,à côté de
I'indicationprincipale,les indicationssecondaires. On poura ainsi, sur la
base d'une certainefréquencedes mentions,consignerun spectrelarge
des usagesdont le traitementcritique serareporté à une phaseultérieure
de la recherche.De la sorte,les mentionsde secondordre ne serontpas
éliminées dès le stade de I'enquête sur le terrain et pounont
éventuellementservir par la suite à mieux cernerun aspectde la question
qui s'estentre-tempsavéréessentiel.

II . L'ENQUÊTE SUR LE TERRAIN


A- LES SOURCES
ORALES

Il s'agit principalementdes tradipraticienset desherboristes,porteursde


la tradition orale en matièrede soinset de lutte contre la maladie. Ces
professionnelsexercent dans les villes et les campagneset sont
omniprésents sur tout le territoire. C'est à leur rencontre que
I'ethnopharmacologue doit aller pour les questionnersur leur métier et

60
sur les droguesqu'ils prescriventou qu'ils détiennent,en vue de leur
déliwanceau( clients.

A côté desprofessionnelsproprementdit, beaucoupd'autrespersonnesau


Maroc sont susceptiblesde posséderdes connaissances frès valablessur
I'utilisation des plantes,en médecinehumaine,en art vétérinaire,en
nutrition, oD artisanat, etr pastoralisme.De simples bergers, des
méharistes,des femmes,des paysans,des artisans,des hommesâgés,
peuvent détenir des informations de grande valeur sur les plantes
fourragèresn les plantessaponifères,tinctorialesou tannantes,les plantes
qui purgent les bêtes au pré et celles qui augmententle volume de la
lactation.Cespersonnespossèdentaussiparfoisdesconnaissances sur les
planæsmédicinalesou toxiques.
En effet les sociétésruralesou pastoralesont gardéun très bon contact
avec la nature qui leur procure encore beaucoup de ressources:
nourritures de complément,fourrages,bois de chauffage,bois d'oeuvre,
fibres, plantesutiliséesen artisanatou dansles usagesdomestiques,etc.
De plus, la pratiquede I'automédication est trèscourantedansles sociétés
traditionnelles, surtout dans les cas simples qui ne demandentpas
I'intervention d'un praticien : petites blessures,toux, rnaux de venfre,
diarrhées,boutons,etc. La médecinedite "familiale" est partoutprésente,
souventen la personned'une grand-mèreou d'un grand-pèrequi a gardê,
la mémoiredesplantesqui guérissent....
L'ethnopharmacologuedoit aller aussi vers ces informateurspotentiels
pour lesquelsune partie du temps alloué au tavail de terrain doit êre
consacré.
B - LES QUESTTONNATRES.FTCHES

I - I'esprit d'un questionnaire : mirages et réalités


de la connaissanceethnopharmacologique

Un questionnaireest avant to;rt un guide qui permet de recueillir des


données susceptibles d'être traitées de manière identique. Un
questionnaireest donc simplementun outil de ravail. C'estdu moins en
considérantleur rôle souscette optiqueque nousavonsconçules nôtres
(BELLAKTIDAR, 1986/l).
Nous n'affirmons pas que ces documentssoient parfaits ou tout à fait
originaux. Plusieurschercheurs(ADAM, 1968; FLEURENTIN, 1983et
1990 ; BOUKEF, 1986,etc.) offrant dansce mêmechampd'étudeainsi
qu'un certainnombrede banquesde donnéesspécialisées (NAPRALERT,
USDAEBL, IMEPLAM, IDIS, NEMOBASE,AYURBASE, BASOGIA,
PHARMEL, etc.) ont élaboréleurs propresquestionnaires,s'écartantou
se rapprochantplus ou moins de noûe modèle,en fonction des résultats
qu'ils visaient et de leurs expériencespersonnellesd'une région ou d'un
secteurdéterminéde la rechercheethnopharmacologique. Beaucoupde

61
ces questionnairestoutefois présententune même physionomie
d'ensemble.C'est qu'unemême quêted'informationsoblige souventà
poser les mêmesquestions.En fin de compte,un questionnaireest le
prolongementd'une méthode,cette dernière n'étant elle-même rien
d'aufreque la systématisationd'un ensemblede procédures.En ce sens,
une inéthode de Eavail est une certainefaçon d'interrogerle monde et
implique donc un certainregardjeté sur les chosesétudiées,une relation
particulière liant le sujet observantà I'objet observé,cette relation de
connaissance n'étantjamaisdénuéed'apriori.
L'étroite parenté existant entre les questionnairesutilisés par des
chercheursvenantd'horizonsdivers relève donc de l'étroite parentéqui
existeenûe leursméthodeset par conséquent d'unregardsemblablesur le
monde, de Ia même façon qu'une discordancemajeure dans les
questionnairesrenseigne sur une divergencede méthodes et de
conceptions.

L'anthropologie culturelle contemporaine(BENOIST, 1985 ;


LAPLANTINE, 1973) a connu suffrsammentde momentsd'angoisseau
coursdesquelson s'estdemandési la différencede I'auEen'estpas,d'une
certainemanière,une barrièreà I'observationobjective,pour n'être pas
obligé ici de rappelerquelquesdérapages provoquéspar lÈttrnocentrisme
ou n'importequelle autreattitudeinsuffisammentdécenûéepar rapport à
soi-même. Rappelons simplement qu'en anthropologieculturelle,
I'objectivité ne signifie pas neutrdité - car celle-ci n'existepas- mais
fraternité. Il ne peut y avoir de recherchede la vérité, qu'elle soit
philosophiqueou scientifique,sansimplicationdu quêteur.
C'est alors qu'apparaît- à travers les efforts du chercheurpour tenir
danssesmainsla Éalité de ce qu'il observe- la mesurede ce qu'il vaut
lui-même, en tant que sujet observant.C'est en ce sens que toute
rechercheen anthropologieculnuelle suppose,de la part du chercheur,
une approchehumble, disposéeà toutes les remisesen cause,prête à
découvrir et accepter la chose insolite qui dérange,à revoir ce qui
semblait acquis, et en même temps disposéeà s'interrogersur soi, à
accepter les différences, puis à s'engagerà fond. Sans cette attitude
d'esprit, il n'est pas d'enquêteethnopharmacologique possible et, a
fortiori, aucundroit de juger de la validité dessystèmesde soinsen usage
chezd'autresgroupeshumains.

2 - Les questionnaires-fiches: description et mode d'emploi

Afin de pouvoir recenserles différentesdonnéesdontj'allais avoir besoin


pour élaborerune synthèse,un tant soit peu exhaustive,desproduitsde la
pharmacopée marocaineet de sespraticiens,j'ai mis au point un ensemble
de deux questionnaires-fiches
que nousavonsutilisé au coursde toutesles
enquêtes que nous avonsmenées par la suite.

62
Ces deux questionnaires-fiches - sanscesseremaniéset perfectionnés
jusqu'à ce qu'ils aient pris la forme qu'ils ont aujourd'hui- récapitulent
25 annêesd'expériencepersonnelledans le domaine de l'étude de la
médecine traditionnelle au Maroc et comprennentau total une
cinquantainede questionsdont les réponses- une fois classéeset
analysées- sont susceptiblesd'aider à mieux connaîtreles ressources
ethnomédicales, tant humainesquematérielles,de nospays.
En annexede ce chapiEe,se Eouventles 2 questionnaires-fiches quej'ai
utilisé dansmesenquêtes.Ils s'intitulent:
l"l Questionnaire-fiche pour enquêtesur lesproduits de la pharmacopée
marocaine : simplesvégétaux,animauxou minéraux ; substancesde
synthèseéventuellement; associations, mélangesou préparations; objets
et ingrédientsdiversemployésen médeçiasmagico-religieuse.
2"1 Qaestionnaire-fiche sur les tradipraticiens : qualifications,
connaissances,
spécialisations, renseignements d'ordresociologique,etc.

Je souhaiteque cesdeux questionnaires-fiches quej'ai rodé sur le terrain,


puissent aider les enquêteurs- avertis ou occasionnels- à mieux
pénéter I'esprit de la médecineraditionnelle marocaineet leur permetre
I'obtentionde quelquesélémentsstandardisés de réponse,susceptiblesde
venir enrichir la collectionde donnéesdéjàrecueillies.
A ce propos,insistonssur I'importancedesmicro-enquêtes qui pourraient
être menéesrégionalementou localement par tous cerD(que la question
passionneet qui auraientI'occasiond'habiter ou de visiter des régions
retirées dans lesquellessubsisteraitun art médical traditionnel encore
vivace. La collecte des donnéesethnobotaniques*serait grandement
améliorée si une large couverhuedu ærritoire pouvait être assuréegrâce
à la multiplication des micro-enquêtes. N'oublionspas, en effet, que les
étudesethnographiques supposentun patientet long Eavail d'observation
et de consignation, ce travail ne pouvant êre mené dans des délais
acceptables- à moins de disposerd'unearnréede sffcialistes - sansles
précieusescontributions des chercheurs"francs-tireurs"agissant en
dehorsde tout cadreinstinltionnel,des"curieux"et desbénévoles.
C . LES COLLECTIONS

1 - le droguier

Afin de rendre possible des vérifications ultérieures et diverses


recherchescomplémentairesau laboratoire (examensmicroscopiques,
coupes histologiques,réactionscoloréesd'identification des principes

* Signalonsqu'un fichier de centralisationde cesdonnéesa été ouvertpour le Maroc par


l'Association Marocainede Pharmacognosie, d'EtudesEthnomédicaleset de Botanique
appliquéeAL BIRLTNTYA, B.P. 6303 - Rabat - Maroc.Ce fichier accueillevolontiersles
contributionsde tout un chacun.

63
actifs, etc.) ou bien tout simplement à des fins pédagogiques
(démonstrations,comparaisons, etc.), il est souhaitablede conserver,
chaquefois que cela est possible,un échantillonde chaqueproduit étudié
dans de petites flacons en verre ou des boîtes en matière plastique
transparente,hermétiquementfermés.Tous ceséchantillonsdevront être
bien identifiéset porteréventuellement un numérod'ordre.

2 - I'herbier

Chaquefois que cela est possible,les plantescorrespondant aux drogues


énrdiéesseront récoltéesdans leur milieu naturel,pressées,mises en
herbier, étiquetées et référenciéesavecles mentions du lieu et de la date
de récolæ,de I'altitude,desconditionsde milieu, desappellationslocales
et des caractèrespouvant disparaltreau séchage: couleurs des fleurs,
odeurs,etc. Ces herbiersserviront,dansune phaseultérieure, à établir
I'identité desplantesou encoreà confirner celle-ci,quandla diagnosea
étê fute sur le ænain-même.Ils serontensuitedéposéscommearchives
de référencedansunecollectionofficielle où chacunpourrales consulter.

3 - La photothèque

Il est parfois nès intéressantde fixer I'imagedesplanæs,desremèdeset


des scènesde la pratiquequotidiennede la médecinetraditionnelle,sur
des photos polychromesou des diapositives.Ces reproductionspeuvent
s'avérerutiles par la suite pour restituer, de manièreplus concrète,au
cours d'exposésou d'échangesavec d'autres chercheurs,quelques
momentsimportantsdu vécu de I'enquête.

4 - Les enregistrements sonores

Il peut s'avérerutile également,au coursdesinterviewsréalisésavec les


professionnels,de procéderà desenregistrements sur bandessonores.On
sera surpris de constater que I'opération d'enregistrement, loin
d'indisposer les praticiens, bien au contraire les flatte et peut même
contribuer à créer une ambiancede "responsabilité"chez tous les
protagonistesde I'enquête.Il est reconunandéde faire parvenir aux
intéressés,à la fin de I'enquête,à tiEe de remerciements,une copie de
lgur "voix".*
* Il est nès important de fafuesentir aux praticiem quenousles considéronscommedes
acteursà.part entièredansles recherchesque-nous-meRoRs sur leur savoir et de leur
communiquerpar la suiæ les résultatsde celles-ci. En ce qui nous concerne,nous
sommeschaque fois revenussur les lieux de I'enquêteaprès la parution de nos
publicationssur la pharmacopéemarocaineet avonslargementdistribué aux intéressés
descopiesd'articlesou d'ouwagaset desphotos.Noussommesmêmesparvenus,à faire
participer quelqu'unsd'entreeux à une émissiontéléviséeorganiséesur le thèmede la
pharmacopée marocaine.L'événeménteut un grandretentissement dansle milieu des
tradipraticienset nousfacilita grandement la tâchedansla suiædenosrecherches.

64
rrr - LEssouRcEsÉcnrrrs
ET LEs uÉrnoDps BrBLrocRApIIreuEs
L'inventaire de I'information bibliographiqueexistante constitue
généralementle deuxièmetempsde la rechercheettrnopharmacologique et
vient compléterle navail personnelréalisésur le terrain en lui apportant
des donnéesnouvelles,publiéesou confidentielles,relevéespar différents
chercheurset auteursqui sesontpenchéssur le mêmezujet.

I - Objectifs

Cette recherche bibliographique essayehabituellementd'atteindre un


certainnombred'objectifsdont les plus importantssontles suivants:
l- Repérerla nouveautédansla massedes renseignements recueillis au
cours de I'enquêteethnopharmacologique en confrontant ceux-ci avec
l'état des connaissances du même ordre disponiblessur le sujet. Ainsi,
I'originalité d'un produit ou d'uneindicationpeutêEemise en évidenceet
conduireà sélectionnerceu(-ci pour desrecherches complémentaires.
2 - Améliorer la connaissancede I'identité d'un produit en faisant des
rapprochements linguistiques,morphologiques ou écologiques.
-
3 Evaluer la dimensionhistorique,I'amplitudespatialeet le contexte
culturel d'un usageen se reférantaux textesancienset déterminerle statut
du module de connaissance recueilli au coursde I'enquêtepar rapport à
l'état desconnaissances antérieures.Plusieurscaspeuventseprésenter:
- continuitéd'unetradition ;
- perte d'un savoir qui existait auEefoispar rapport aux produits ou aux
usages;
- innovationdansla naturedu produit ;
- innovation dansles attributsdu produit ;
- innovationdansles modalitésd'emploidu produit ;
- dévolution,au su de tout le monde,doncnotoire,de I'usagefait d'un
produit à ut aute produit présentantcertainessimilitudes avec le
premier : ce produit de remplacementseraappelé"un sucédané" ;
- même dévolution des attributs d un produit à un auEe,mais à I'insu de
I'utilisateur,et dansun but luctatif ou intéressé: c'estla fraudeou
falsification ;
- vicariance,c'està dire existencedansdeuxespaces culturelsdifférents
(et donc s'ignorantI'un I'aufie totalemen$du mêmeusagepour deux
produitsdifférentsmais possédant unecertaineparentébotaniqueou
chimiotaxonomiquenchacunde cesproduitsn'étant disponibleque dans
I'un desdeuxespaces. C'estun desaspectsde ce quenousavonsappelé
plus haut"à proposdesméthodesde recherche," la convergence des
usages".
4 - Faire le point desconnaissances relevantdesdomainesde la chimie, de
la pharmacologie,de la toxicologie, de la clinique, de I'art galénique,
avant d'entreprendre les phases suivantes de la recherche

65
et éventuellementéviter les situationsde "double
ethnopharmacologique
emploi".

2 - Les sources

Elles sontprincipalementde deuxt)?es :


- les textesanciens;
- les documentsplus ou moinscontemporains.

a - Les textes anciens

La consultationdes textes anciens,particulièrementceux des auteurs


arabes,est essentiellepour la compréhensiondu contenudoctrinairede la
médecinetraditionnelle dans le monde arabo-musulmanet pour la
connaissancede quelquesremèdes"historiques"déjà utilisés par les
Arabeset souventavanteux par les Egyptiens,les Grecs,les Persans,les
Indienset les Chinois.De plus, la comparaison
desusagesactuelsavecles
usages anciens est d'une grande importance dans la sélection de
I'information "pertinente" susceptiblede conduire à des résultats
intéressants.

b - Sources écrites contemporaines

Depuisla fin du siècledernier,une sériede tavaux d'importanceinégale,


ethnographiques,ethnomédicauxou ethnopharmacologiques ont été
publiés sur la médecinetraditionnelleau Maroc et en Afrique du Nord,
sur les plantesmédicinaleset toxiquesde la régionet sur lhistoire de la
médecinearabe.
On peut trouveraussidesrenseignements utiles sur les produitsutilisésen
thérapeutique,leurs usageset leurs vernaculaireslocaux dansles récits de
voyageurset dans divers livres documentaires sur le Matocopubliés par
desnaturalistes.
Plusieurs thèses de Doctorat, ont été publiées, surtout ces dernières
années,sur la médecinetraditionnelleau Maroc et en Afrique du Nord
ainsi que sur quelquessujetsen rapport avec notre thème (lexieologie
médicale,rites, croyancessurnaturelles,etc.). Ces thèsespeuvent aussi
apporterun complémentde documentation intéressant.

La consultation des flores, des études botaniques,faunistiques et


minéralogiquesest d'une grande importance potu l'identification des
produits. Dans certainesde ces études,on peut relever aussi,mais avec
prudencen desnomsvernaculaires de planteset d'animaux.
Pour la documentationd'ordre chimique ou pharmacologique,on peut
consulterun certain nombrede faités qui font périodiquementle point
desconnaissances surla chimieou la phannacologie desplantes.

66
Enfin, pour des recherchesspécialesportant sur les produits (en
particulier -surles végétaux),il existe un certainnombrede banquesde
donnéesspécialisées, accessiblesaux chercheurs et mêmeau grandpublic.

ry - LES RECIIERCIIES AU LABORATOIRE

Succédantaux deux phasesprécédentesn peut surveniralors la phasede


recherchesexpérimentales.Celles-ciportent,en règle généralesur la
pharmacologie, la chimie, la toxicologie, la clinique et la
pharmacotechnie.Leur but est de démontrerexpérimentalementla
validité thérapeutiquedes produits qui auront êtê,sélectionnéspar les
ethnopharmacologues comme susceptiblesde développerune activité
pharmacologiqueréelle.
Les techniquesengagéesdansces recherchessont celles habituellement
utiliséespour les extraitstotaux, les fractionsd'extraitsou les substances
simples,suivantle cas.

{.

La rechercheen ethnopharmacologie ne s'accomplitintégralementque si


ces trois phasessont menéesjusqu'àleur terme.Cependant,un chercheur
peut très bien déciderde se ûmiter à la réalisationde la premièrede ces
trois étapes ou à la première plus la seconde,surtout si les données
recueillies sont numériquementimportantes.Ces données,une fois
publiées, constitueront alors un réservoir de thèmes possibles
d'investigationspour d'autreschercheursqui n'ontpas eu la possibilitéde
menerdes enquêtesstr le terrain,mais qui sontdisposésà pousuiwe des
recherchesau laboratoire.

67
A}..[NEXE1
FrCHE-QLIESTTONNATRE DES PRODUTTS
Fiche no: Prélèvement no:
Documents annex6 no (photos,diapositives,herbiers,droguiers,etc.) :
Classement(par thème,ordrealphaMtique,régionou autre):

SIMPLESI MD(TT,JRES
Nom latin : Composition (établiepar I'analyse):
Famille :
Dénominations locales2:
Partie utilisée3 : Dénominations locales :

I . Dansle casdeminft2px,aninauxetautres,remplirceuecase conme(n peul


préciser
locales,
2 . Pourle.sdénominations : (A) pourArabe,(B) pourBerbère,
si possible (S)pour
Savante ou Livrresque.
héciserégalementla rÉgionoù ellessont qumd
usitée.s elleestconnue.
Relever
tous les synonlmes,diminutifs et formesdérivées,connusde l'infomateur.
3 . Quanddifférentespartiesd'me plante sont utiliséesavecdifférenæsindicationsfaire une frche pour
cbaqueorgane: plæûesentières,racines,latex,ésine, suc,etc.

RENSEIGNEMENTS SUR L'INFORMATEUR


âge,métier,qualificationet conÉt€næ,adresse
Originerégionaleet ethnique, ; si c'estunp'raticien
letré
ouérudit,quelslirres demédæinerabe posède-t-ilouà quelsatteursseéfère-t-ilà I'occasion
?

RENSEIGNEMENTS SUR LES PRODTIITS

Lieu de récolte : (altimde) ou lieu d'acquisitlon :


Produit : tr local sauvage tr local cultivé Ë importé E autre4
Conditions et modalités de la récolte (saison,
ffriode du jour etc.) :

Traitcment reçu par le produit (séchage,pulvérisation,etc.) :


(minerais,
pasdanscescatégories
4 . Nentrant animaur,
produiæ produits
&briquâs,
erc.)
INDICATIONS
Si oelles+ivrient e,nfmctiondelcgane faireme frchepourcbaque
prtie.

TOXrCrrÉ,nrrnts sEcoNDArREs
Toxicité pour I'homme eUou te bétail ; risques ; effets indésirables :

Correcteurs des effets secondaires :

69
POSOLOGTE,VOIE ET MODE D'ADMTNTSTRATION

PRÉPARATION DU REMÈDE 5

5 . A remplir au besoin

ASSOCIATIONS6

6 . Quandle traiæmentsupposeuneassociationav€cd'auEesremèdes,donnerici tous les détails. Quand


c'estunemixtue ou une confection,domer ici la mmpositiondéclrée.

SUCCÉDAM4S (toléés ou frauduleux)

USAGES MAGIQUES
Le produit intervient-il sn megie? cmnent ? à quellefin ?

USAGES AUTRES QUE MÉDICINAUX (artisanal, domestique,pasroral,


alimentaire,etc.)

PETITE HISTOIRE DU PRODIIIT (légendes,contes,aphorismes,dictonsetc.)

oBSERVATIONS, RENSETGNEMENTS
COMPT,ÉVIEXmrRES

I dcntitédc l'Enquêteur

'l,o
AI\[NE)(E2
FrCHE-QLIESTIOI{NATREDES Pn"ATTCIENS
Fiche no : Documentsannexésno (photos,enregistrements,
etc.) :
Classement(par thème,ordrealphabétique,
régionoù autre):

IDENTITE DU PRATICIEN

Nom : Prénom : Âge :


Lieu de naissance: Lieu d'établissement :
Appartenance ethnique ou origine régionale :
Langues parlées :

QUALTFTCATTON ET COMpÉrpNCs DU PRATTCTEN


Niveau d'instruction : Sait-illire et écrire?
Depuis quand exerce.t-il le métier de guérisseur ?

Qui I'a formé ?


Exerce-t-il ce métier à I'exclusion de tout autre ou occasionnellement ?

S'il s'agit d'un praticien lettré, quels livres de médecine arabe posséde-t-
it?

... ou à quels auteurs se refère-t-il à I'occasion ?

Possde-t-il des notions sur la doctrine médicale arabe ?

Est-il polyvalent ou exerce-t-il dans une spécialité (rebouæux, arracheur de


dents,poseurde cauêres,accoucheuse,etc.) ?

Est-il spécialisé dans le traitement d'une maladie (ophtalmies, stérilité,


néwoses,etc.) ?

Prépare-t-il un de ses enfants à prendre la relève ?

A-t-il formé quelqu'un ?

RENSEIGNEMENTS SUR L'ART MÉDICAL EXERCÉ

Quel soubassementreligieux dans la penséemédicale du pratlcien :


E orttrodoxestict El maraboutique tr confrériquel E confus
I . Si le p'raticie'estâfFliéà unordrereligieux.
Connaissancesmédicales de type :
tr empiriqueexclusivement(recoursaux simples,à desæchniques)
El magico-religieuxexclusivement(canésmagiques,tnlismans,etc.)
tr mélangedesdeuxprécédents à dominanæempirique
tr mélangedesdeuxprécédents à dominantemagico-religeuse

7l
Le discours du praticien vous paraît-il cohérent ? ou au contraire
éclectique ? convaincu ou opportuniste ?

A priori, le praticien vous donne-t-il I'impression d'être :


E un bon guérisseur
tr un guérisseurmoyenou médiocre
E un charlaun

Comment le praticien pose-t-il le diagnosdc 2 ?


tr inænogatoiredu malade E enquêægénéalogique
tr palpation,examencorporel,etc. tr divination,magie,etc.
peutcæherplusieurs
2 . L'enquêæur cases.
La prescription est-elle orale ou écrite ?
Le praticien sait-il reconnaître les plantes ?
Les récolte t-il ?
Les déliwe t-il lui même au malade ?
Prépare-t-il lui même certains remèdes ?

RENSETGNEMENTSD'ORDRE SOCTOTOGTQUEET nÉONTOLOGTQUE

Le praticien se déplace-t-il au chevet du malade ?


Quels honoraires perçoit-il ?
Enespèces
? Ennanre?
Iæsfxe t-il lui même? Ou les laisseçil à la discrétiondu patient?
S'avoue t-il parfois incompétent ?
et conseillet-il alorsau patientde s'adresser
à un collègue?
ou à la médecinemoderne?
Combien en moyeilre reçoit-il de malades par semaine ?

Quel jugement porte son entourage sur sa moralité, sa compétence, sa


responsabilité ?

S'il est étranger à Ia région dans laquelle il s'est fixé comme praticien,
est-il bien intégré ?

Quelle audience a-t il ? tr locale tr égionale E nationale


Est-il sollicité par la population pour d'autres besognes?
(fqih décole coranique? scribe? conseiller? adoul? etc.)

AUTRES RENSEIGNEMENTS

Idcntité de l' enquêteur

72
CHAPITREtr
SITUATIoN AcTUELLE DE LA prrARMAcopÉB
ET DE L^q.IuÉnEcINE TRADITIoNNELLEau MARoc

Des bases doctrinaires vieilles de mille ans

Nous ne saurionsaborderle sujet de la pharmacopéemarocaineet des


traditions médicalesde nos populationssans,préalablement,retracer
rapidementles grandeslignesde la penséemédicalearabo-islamique, celle
qui, invariablement,d'un bout à I'aufre du dâr al-îslôm*, se profile
derrière le savoir-faire actuel des communautésmusulmanesdans le
domainedessoinset de la lutte contrela maladie.
Incbmparablementplus richs que la scièncephysiologiquegrecque,dont
elle est en partie issueola médecine arabo-islamique,qui acheva
pratiquement de se constituer aux environs du Xème siècle, conserva
néanmoinsdu savoir et de la sagesseantiques,une très forte empreinte.
Ses structuresde base,en particulier, s'inspirenttout spécialementde la
théoriede Galien.
Selon cettethéorie,la matièreest constituéede quatreéléments- le feu,
la terre, I'air et I'eau - chacund'eux possédanten propre une qualité
dont il est à la fois détenteuret producteur: la chaleurpour le feu, le
froid pour la terre, la sécheresse pour I'air, lhumidité pour I'eau.Chaque
colps, pris séparément, est constituéd'un mélangedifférentde ces quatre
éléments.En somme,c'estla proportiondanslaquelleentrerontles quatre
principes élémentairesqui fera la personnalitéde chaquecorps et ses
propriétés.
Eænduà la physiologiehumaine,ce systèmede pensée**donnanaissance
à la doctrine des tempéraments(nizôj ; pluriel : ânzija)n des propriétés
naturelles (nbî'a; pluriel : abâi') et des humeurs(bal!; pluriel :
âUâù: la bile jaune (sofrâ'), la bile noire (sawdâ'),le sang(darn)et le
phlegme ou pituite (balÈam). Les quare humeurs,correspondantaux
quatre propriétés naturelles, sont entre elles dans un êtat donné
d'équilibre, lui-même placé sous la dépendancede plusieursfacteurs :
facteurs de race, de lieu, d'individu, de saison,d'âge, d'organenetc. A
chacunde ces facteurscorespond un type d'quifibre idoine et un seul,
parfait pour ainsi dire. De la,sorte,l'état de santéd'un individu se Eouve
entièrementdéfini par la valeur de cet fuuilibre. Une bonne santé tient

* dfu al-îslâm: mondeislamique; littéralement: olamaisonde I'islam".


** Nous avoruiplus longuementtraité ce sujet dansune publicationprécédente; voir
BELLAKTTDARJ. (1978).

73
de ce que les humeurssont entre elles dansun état d'équilibre parfait,
celui qui correspondexactementà l'âge,la région,la saison,I'individu
considérés.Un trouble quelconquesignifie la déviationde cet équilibre
(inl.tirôf al-mizâ,j)dansun sensou dansun aute. Les humeursentrent
alors dans un rapport mutuel nouveau, anormal, se manifestant
sémiologiquement par l'état de maladie.A chaqueindividu, sa nature,son
tempérament,à un moment donné de sa vie, en un lieu donné de ses
déplacements,nature et tempéramentqu'en son état sain I'homme
conservede manièrestable.
Tels sont les principesde basede la docrine médicalearabo-islamique,
qui reçut une très large diffusion de part et d'autrede la Méditenanéeet
fut historiquementl'élémentgénéraæur de la créativitéde nos populations
dansle domainede la thérapeutique et dessoins.

Une thérapeutique fondée sur Ia lutte des contraires

Découlairten droiæ ligne du systèmegnosiquedesquatreéléments,dont


I'extension à la physiologie humaine reçut des savants arabes et
musulmansune impulsion déærminante,venaitla ttréoriedes contraires,
principe de base de la thérapeutiquegrecque.Selon cette théorie, une
maladiedonnéedevaitêtre combattueà I'aidede médicamentsdouésdes
propriétésantagonistes.En règle simple, un dérèglementde l'équilibre
des humeursallant dans le sensd'une surproductionde froid seratraité
par I'apport de chaud, un excès de sec par la mise en oeuvre d'une
fonction humidifiante, ces quatre propriétés,bien entendu, réagissant
enEeelles en vertu de leurs relationsfondamentalesde munlalité.

Cette thérapeutiquetenait comptetoutefois- du moins dans sa version


arabo-islamique - des tempéramentsde chaque individu, lesquels
jouaient un rôle important dans l'établissementdes prescriptions.Il en
résultaitque le choix parmi toutesles substances de celle qui
antagonistes
est exactementappropriéeau cas,était parfoisune affaire Eès complexe,
très délicate. Ainsi, on ne soignerapas selon une modalité unique un
phlegmatiqueet un bilieux, même souffrantdu mêmemal, causépar le
même dérèglementde l'équilibre physiologique.En résumé,le praticien
exerçant selon cette doctrine estimait qu'il fallait composeravec "des
maladesparticuliers", chacun différent de I'autre, et non avec "des
catégoriesde maladies".Il y avait là inconæstablement un grand progrès
par rapport à ce qui se faisait en Occident à la mêmeépoqueet bien des
siècles après encore. Ce fut aussi une des raisons qui poussèrentles
médecinsarabeset musulmansà chercher,pour leur pharmacopée,des
droguessanscessenouvelles;destraitementsspécifiquesde plus en plus
personnalisés.D'où la grande place réservéedans ces droguiers à la
nouveautéet aux médicationsobservéeschez d'autrespeuples,sous
d'autreslatitudes.

74
Au demeurant,dans ce domaine,il suffit de lire les récits que nous ont
laissédesvoyageursarabescommeIbn Al-Batouta,Al-Bekri ou le Chérif
Al-Idrissi : ils dénotenttous une grandecuriosité pour les pratiques
médicalesen usagedansles paysvisités,et, malgrétoutesles différences
d'ordre culturel ou religieux qui pouvaientexister,une ouvertured'esprit
remarquableaux médecinesénangères.

À h recherche d'un ordre naturel

Vivace égalementest, dansI'universculturel arabo-islamique,la théorie


des signatures.A vrai dire, par un phénomènedit de convergencedes
idées, cette théorie, aujourd'huicosmopolite,est née et s'estdéveloppée
dans presquetoutes les sphèresculturelles.Il est vraisemblablequ'elle
parvint aux Arabes par le biais des cultures orientales,persaneset
indiennesen particulier. A moins que les Arabesne I'aient déjà connu à
l'âge d'or des Koraych*. De toutes façons,cette théorie n'a pu qu'être
confortéepar les conceptionsanthropomorphiques de quelqueprovenance
qu'ellesaient été. Quant à la placede cettethéoriedansla généalogiedes
idées,elle correspondà un âgede la causalitéet à uneétapede l'évolution
des connaissances d'où, peut-être,sa quasi-universalité.
On peut voir dans
ce système gnosique, un effort nail et primitif de rationalisation des
Anciens, cherchant à relier les connaissancesempiriques à I'ordre
profond de la Nature.

Selon cette théorie - dogmatiséeplus tard par Paracelseau XVIème


siècle- mais déjà implicite dans les écrits arabes,les propriétésd'un
corps sont toujours révélées au monde des humains par un signe
particulier qu'il appartient à ces derniers de traduire : un caractère
organoleptique, une relation de voisinage, un rapport quelconque à
dêgageret qui met en accord le signe avec I'action. Cette théorie est
aujourdhui très populaire au Maroc, commeelle le fut déjà au secondâge
de la médecinearabo-islamique,pendantlequel foisonnèrentles raités de
pharmaciede type KeSfer-rurnûz ("Révélationdesénigmes").

D'une croyancevagueà un dogmeinstitué,d'un empirismeà un aufie, fut


donc constituée,à côté d'unettrérapeutiqueentièrementconstmiteautour
de la notion d'antagonisme,une autre thérapeutiquefondée sur le
principe,vieux commele monde,de I'identité.
Ainsi un végétalrouge serarecommandé dansI'anémie,en applicationde
ce principe ; une plante très pubescente,dans I'alopécie ; un minéral
vitreux ou translucide,dansla cataracte.Mais c'estindiscutablementdans
le rayon desaphrodisiaques quela théoriereçutla plus largeexploitation,
* Beni Koraych : l'une des tribus arabesles plus importanæsà laquelle apparænaitle
ProphèæMuhammadet les tout premiersMusulmans.

75
car I'imaginationpopulaireeut vite fait de relier aux actionsrecherchées
le moindresigneévoquanÇdansle mondevêgétal,lesexeou la fécondité.
Une plante mucilagineuse,par exemple,seraindiquéedansI'impuissance
et couramment utilisée comme spermatogène.De la même façon,
n'importequelleprotubérancevégétalede forme phalliqueseraassociéeà
I'idéede puissancesexuelleet prescriteà cet effet.

C'estbien là la significationdu finalismefondamentalde cettethéorie: la


nature signe le messagequ'elle veut porter à la connaissancedes
hommes; à eux de décelerces signesnde les rendrecompréhensibles, en
apprenantà pénéfer I'intelligencedes choseset, aux plus perspicaces
d'entre eux, de posséder,avec I'art du décryptage,la puissanceque
procurela sciencedesremèdes.

Forces et énergies : les causalités mystérieuses

Il faudrait dire égalementun mot de la théoriedesaffinités qui transparaît


de temps à autre dans la pratique thérapeutiquedes Marocains. Selon
celle-ci, certains corps entretiennent entre eux une relation de
"sympathie"s'exprimanten pratiquepar une atEactionréciproque.Le fer
et I'acierpassentainsi pour exercerun effet magnétiquesur les substances
chaudes.Le sel et le cuivre attirent les humidités.L'eau et les plantes
aquatiquessont censéesattirer les sangsues; application pratique
immédiate de cettepropriété : pour amenerles sangsuesà se détacherdes
parois digestives, dans I'hirudinase humaine, le patient se verra
administrerunepuréeà basede lentillesd'eau(Flfuub: Lcmnarninor L.)
et d'un quelconquevomitif : il est dit dans les livres que les sangsues,
attiréespar cettepâhre, lâchentleur supportet sont alorsrejetéesdansles
vomissements.

principalementla cautérisationet la pose


Enfin, certainesthérapeutiques,
de baguesen cuiwe, semblentse fonder sur un soubassement théorique
impliquant une activité par régulation de l'énergie, comme dans la
médecinechinoise,et non par régulationde la biochimie de I'organisms
commec'estle casdansla médecinepal les simpleset la chimiothérapie
moderne. r

Au total, nous ayonsdonc au Maroc une sciencedesremèdess'appuyant


principalementsnr une thérapeutiquedescontraires,nourrie aux sources
de la médecinegrecque,mais recevantégalement,en de multiples
endroits, les influences d'autresfaçons de penseret de systématiserla
relation de lhomme à la maladieet aux soins.La théoriedes signatures,
la théoriedes affinités, les techniquesfondéessur l'énergétique,tout cela

76
venant s'ajouter à la doctrine antagonique,confèrent aux systèmes
thérapeutiqueshaditionnelsissus de la médecinearabo-islamiqueune
originalité, un génie des tâchespratiqueset un potentielintellectueld'un
niveauassezêlevé,ce qui expliquesaréussiteet sonaptitudeà soulager.

Expériences locales et cosmopolitisme

Un rapide examendu droguier marocainrévèle,dès I'abord,I'important


cosmopolitismedes produits qui le constituent,puisque lSVoenviron de
ceux-ci proviennentde conEéeséloignéeset continuentd'être importés
des pays qui les fournissentfraditionnellement: Egypte, kan, Yémen,
Arabie, Inde, Java, Sénégal,etc (voir Chapire Vtr : Les donnéesde
I'enquêteet desrecherchesbibliographiques: analyseet discussion).

Introduites, dès les premièresheuresde la civilisation arabo-islamique,


dansI'arsenalthérapeutique desmédecinsde la région,cesdroguesse sont
maintenuesjusqu'à nosjours grâceaux habinrdesde consommationqui se
sont crééeschez les utilisateurs,grâceaussià la large diffrrsion qui fut
donnée,dansles universitésislamiques,aux naitésde matièremédicalede
quelques grands auteurs : Dioscorides,Ibn Al-Baytar, Ibn Zohr, Ibn
Sinna, Ibn Buklarich, Kuhin Al-'Attar, Daoud Al-Antaki, ponr ne citer
que les plus connus.Tous cesauteurs,sansexception,réseryentune large
place dansleurs livres aux droguesutiliséesdansdifférentesconEéesdu
mondepar les populationsqui les habitent.
A cet enseignementacadémiquequi joua un rôle important dans
I'adoption de droguesexotiquespar les phannacopées du Monde arabo-
musulman,il faut ajouter aussi les connaissances médicalesrapportées
dansles chroniquesdes grandsvoyageurs(Ibn Batout4 Al-Bekri, Chérif
Al-Idrissi, etc.), très connuesau Maghreb,et les influencesdiverses
exercéespar la médecinedes voisins : peupladesnoires des rives du
Sénégalet du Niger, populationsibériquesd'Andalousieet de Castille,en
particulier.

Cette diversitédansla provenancegéographique des droguesutiliséesau


Maroc, si elle dénote bien la grandeplasticité de la penséemédicale
maghrébineface à la nouveauté,ne supplanteen rien toutefois le caractère
principal de celle-ci : I'emprisedominantede la territorialité sur elle et
sur la pratiquemédicalequi en estissue.
Celle-ci estoen effet - du point de vue desproduitsutilisés- largement
marquéepar diversescaractéristiquestraduisantla parfaite adéquationde
la pharmacopéemarocaineà la réalité régionale: de multiples experiences
localesdessoins,une exploitationmaximumdesressources offertespar le
milieu immédiatementenvironnant,un génieindiscutabledessuccédanés
locaux et des règles de substitution, enfin, une réaccommodation
permanenteau changement intervenantdarrsle modede vie et l'économie.

77
De la sorte,les praticienslocauxtirèrentdesrègnesminéral,animal,mais
surtout vêgêtal, un maximum de drogues actives appartenantau
patrimoinerégional.
C'est le grand mérite justementdes tradipraticiensmarocainsd'avoir su
acclimaterla médecinearabo-islamiqueaux moyensdisponiblessur le
terrain, aux possibilitésofferteslocalementpar la nature ; d'avoir ainsi
donné du libb al-yûnânî (médecine arabo-islamique classique ;
littéralement : médecinegrecque)une version régionale tout à fait
originale.Par là même,ils fournissaientà la pharmaciequelquesdrogues
nouvelles,mettaienten lumière certainesactivitésméconnues,toutes
choses qu'il appartient aujourd'hui aux chercheurs modernes de
prospecteret d'étudier.

La penséerationnelle confrontée au magique et au sacré

Grâce à leur doctrine médicaleavancée,les savantsdu Monde arabo-


islamique réussirentà faire de la sciencedes remèdesla discipline
prestigieusequ'elle devint alors. Certes,les mécanismesintimes de
I'action des médicamentsn'étaientpas encoreconnuset décrits. Et pour
cause : la chimie en était juste à ses premiers pas, pendant que la
physiologiesedébattaitencoreavecles conceptionsanciennes héritéesdes
systèmesspiritualistes.Néanmoins,en dépit de la grandeanarchiequi
présidait alors à la recherchemédicale,les travaux en pharmacologie,
sous I'impulsion des savantsarabeset musulmans,avançaientdans la
bonne voie. C'est vers cette époque,par exemple,que beaucoupde
médicationsclassiques(opium, aloèsochanwe,jusquiame,armoise,etc.)
furent étudiéesen détail dans tous leurs effets et quelquesmodalités
d'actionproposées.

C'est grâce à un grand esprit de méthode,des qualités d'observation


exceptionnelleset I'absencepresquetotale de préjugésculnrels chez les
médecins arabes et musulmansque cette évolution conduisit à une
connaissanceapprofondiedes droguesde ce temps.De wais thésaurus
virent le jour à la suite de ces travaux, récapitulantnon seulementles
drogues connues depuis longtemps par les Grecs et cataloguéespar
Dioscoride, mais aussi celles d'apport spécifiquementarabeet d'auEes
ramenéesde pays conquis ou visités : Iran, Afghanistan, Insulinde,
Abyssinie,côteorientalede I'Afrique, etc.

Le Maghreb ne restera pas étranger à cette évolution. Au nom d'un


certainiationalismethérapeutique,I'expériencerégionaledespopulations
aidant, on répertoria I'ensembledes drogues locales dont I'efficacité
semblait alors établie. A ce patrimoinelocal on incorpora aussi les
droguesétrangèresles plus prestigieusesqui furent de la sorte purement
et simplement assimilées.Voilà pourquoi il n'est pas étonnant de

78
rencontrer,dansla pratiquemédicaledes Marocains,des produits venus
du lointain Orient ou d'Afrique. On trouve même dans ôertainstraités
mgghrélins des XVItrème et XIXème siècles,commecelui d'Abderezaq
Al-Jazairi, les dernierscris de la médecineeuropéenne: le quinquina,lè
sassafras,le bois de gar'ac,la salsepareilledu Mexique, tôus iamenés
d'Amériquepar les navigateurset les missionnaires.

Cet état d'esprit ambiant, propice et fécond, dans lequel évolua Ia


médecineau Maghreb - à Eavers les temps- fait quraujourdhui la
pharmacopéemarocaine,jugée globalement,s'articulebien autour d'une
sommede connaissances positiveset empiriquesd'un niveau tout à tait
honorable.C'est là le trait dominantde cetteactivité, et on peut dfueque
c'estseulementsur ce fond, indiscutablement rationnel,que sont venuesse
greffer, à la manière d'implants successifsd'origines différentes,les
activitéssymboliqueset irrationnelles.

Dans I'ensemble, deux tendances contradictoires, très souvent


conflictuelles, sont venues traverser, à des époquesdifférentes, la
médecinepratiquéeau Maroc.
La première de ces tendances- orthodoxesi on peut dire - a combatnr
énergiquementtoutesles manifestationsde I'irrationalismedansla vie et
la pratiquesocialedesgens,en religion autantque dansles sciences.Tour
à tour, l'astrologie,la cabale,la magie,le maraboutisme,la superstition,
furent pris à partie par les docteursde la loi religieuseet le mondedes
énrdits. Il en résulta une scienceplus pure, moins contaminéepar
I'irrationnel, mais en revanche plus dogmatique et moins ouverte à
I'innovation. Imposéed'en haut, si on peut dire, à la massedes usagers,
aristocratiqueaussi en un certain senspuisquedu seul ressortdes gens
instmits, elle restaétrangèreaux grandscourantslocauxet distantede la
pratique concrète,coutumière,quotidiennedes gens du peuple, c'est à
dire de sesutilisateurspotentiels.
La secondede cestendances,davantageancréedansla pratiquepopulaire,
pénétra la scienceet la médecinedans la foulée des changementsqui
affectèrentI'esprit religieux aprèsle développement des confrérieset du
maraboutisme au Maroc. Ces changements,à la faveur desquels se
libérèrent les restes de paganismeet de mysticismepropres à I'Islam
berbère, furent renforcéspar I'influence, grandissanteau Satraraet au
Maghreb, de I'animisme noir. En même temps, les infiltrations
d'irrationalisme de facture hébrarQueprovenant de la pratique des
communautésjuives du Maghreb prenaientune dimensionnouvelle en
raison de la participation de plus en plus importantedes israélites à la
sociétéurbaine.
Toutes ces influences (DESPARMET, 1932) contribuèrenrà modifier
notablementle caractèreorthodoxeet intransigeantdu systèmecuratif
marocain,issu principalementà I'origine de la doctrinemédicalearabo-
musulmane.

79
Le signe et la chose, la substanceet le rituel

De la sortese développaà côté de la médecineclassiqueprotégéepar les


grands seigneurset les théologiens,une cryptomédecinenourrie aux
sources des courants souterrainsde la culture populaire. Ces deux
médecinessont aujourd'hui mêlées,agencéesI'une dans I'autre cofirme
une mosarQue de rationnelet d'irrationnel,danslaquellele signecoexiste
avecla chose,la substanceavecle rituel.

Ainsi, la pharmacopée marocaines'enrichitprogressivementde matériaux


divers,instrumentset ingrédients,utilisésen médecinemagico-religieuse.
Il convient de citer en premier lieu les amuletteset talismans (sbûb,
tbarîd, !rû,2, tlasîm, ttjûba) constinrésla plupart du temps d'écritures
coraniquesou cabalistiques(par exemple les carrés magiques) sur
différentssupports: papiers,étoffes,oeufs,bols, fragmentsde terre cuite,
etc.). Egalementdiversingrédientsréputéspréserverdes mauvaisgénies:
harmel (lnrmel), alun (.kbba), sel(melh),corail (merjôn), oeil de huppe
('ayn el hudhud).eaude pluie de la 'alûra (mâ' Sitô'alûra*), eaudu puits
de 7æm-7æm(mâ' bîr Zem-Zem**),oléorésinede férule (fâsû!), rue
(fîje[), calcul bitiaire de boeuf (beyd el-mohor),cauri (wed'a), mélange
pour fumigations (teb$ira), etc. Enfin, divers instrumentset matériaux
intervenanten magie, en géomancieou en divination médicale: plomb
fondu, couteaux,patted'hyène,piquantde porc-épic,cartesà jouer, etc.

On peut dire que I'ensembledes pratiques magiquesintervenant en


médecinesedéroulentselonI'unedesdeuxmodalitéssuivantes:
- d'une pd, la magie "homéopathique"fondée sur la mise en oeuvre
d'objets de médiatisationsuggérantI'objectif visé : ainsi I'utilisation de
produits à mauvaiseodeur (mélangeshétéroclitescomme celui qu'on
appelle à Marrakech ôzgâ.flpour chasserles jnûn (mauvais génies) ;
I'emploi de substances blanches(os de seiche,coquillages,sucre,etc.) -
attributs de I'innocence,de la candeuret de la bonne foi - pour
combattrela jettatura et les mauvaissortscherchantà nuire à la santéet à
l'équilibre mental d'autnri.
- d'autrepd, la magie "contagieuse"fondéesur le contact,la proximité
physique : ainsi les procédésqui croient pouvoir agir à distance sur
quelqu'unpar le biais d'un objet lui ayant appartenu(des cheveux,des
rognuresd'ongles,une lettre écrite de sa main, un morceaude vêtement
qu'il aurait porté, etc.).
* 'a$tra: dixièmejour de I'annéelunairemusulmaneà I'occasionduqueldesfestivités
ont lieu danstousles paysmusulmans.
** bîr 7zm-ktn: puits sacrédeslieux saintsduquelles pélerinsrapportenttoujours un
peu d'eau,supposéeposséderla barakadu Prophèæ.

80
Cesderrxgroupesde techniquesreposentsur la croyancequetouteschoses
possédanten communune certainequalité, ou s'éiantuôuvé une fois au
moins en relation directe, ont un destin solidaire et s'affectent
mutuellement.D'où I'intervention d'une massede produits à portée
exclusivementsymboliqueet dont la mise en oeuvresupposed'abôrdun
rituel.

on comprend alors pourquoi I'arsenalde la pharmacopéemarocaine,


procédantà la fois de I'empirismeet de la magie, est si diversement
constitué.D'un côté, des produits à activité réelle ou présumésposséder
une efficacitêtechnique,tels les simplesvégétaux,quelquesminéiaux,des
organesanilnssa, des produits industrielsou manufacturés.De I'autre,
des ingrédientsà signification-strictement symbolique: animauxdivers
séchés,coquillages,concrétionsdiversementcolorês, papiersbleus,oeufs
de raie, grainesluisantes,etc., auxquelsil faudraitajouterdesmatériaux
dont la valeur et la puissancerelèventdu domainedu sacré: reliques,
bougies,étoffes,écrinres coraniquesmédiatisantla barakadessaints,etc.

La transmission du savoir : académismeet tradition orale

Sur la transmissionde ce savoir médicald'unegénérationà I'autre,d'un


maître à ses disciples, une choseest aujourdhui sûre : I'enseignement
académiquede la médecineet de la sciencedes remèdesdans les
universités Çômi'a) et les écolessupérieures (medersa)y a contribué
grandement,laissantà la tradition orale,à lheure de la décadence et dans
les contréesretirées,la responsabilitéd'assurerla relève.La profusion de
manuelset de Eaités,le recopiageintensif desmanuscritset, à I'aubedes
ternpsmodernes,le tirage à grandeéchelled'éditionslithographiéesà Fès,
Marrakech, Tétouan, attestent bien cette réalité. L'enseignement
universitaire de la médecineà la Qarawiyineet dans les medersa-sde
Marrakech, Fès, Tétouan,Salé, Taroudant,les cours dispensésdans les
nombreuseszaoû'a-s* clairseméesà travers I'empire, de ouezzane à
Smara, couvrant ainsi la presque totalité du territoire, tout cet
enseignementse maintint, quoiquedéjanès affaibli, pratiquementjusqu'à
la survenue du régime colonial, au début de ce siècle. Le Docteur
RAYNAUD (1902), arrivé fès tôt au Maroc, a pu interviewer un
médecinmarocainqui avait reçu un enseignement médicalex cathedraà
la zaour'adeTalegzoutdansle Soussvers 1884,puis dansles mosquées
Ksabi dansle Tafilalet, Ben Youssefà Marakech et Hamraà Fès.D'après
la même source,la médecineétait enseignée jusquedansI'oasisde Figuig
par un maîtrevenu d'Ouezzane(cité in PASQUALINI, 1957).
* Zaoaîa (zawya): cenEereligieux inviolable établi autourdu mausoléed'un saint-
hommeet faisant office de lieu d'enseignement"de prétoire,de retraitepour les aseètes,
de refugepour les persécutéset de gîæii'éap pour lesvoyageunr.

8r
Voici le texte d'un des derniersdiplômes de médecine,délivré par
I'universitéQarawiyineen 1893:
" le candidata la connaissance réelledessciencescertainesællesque I'art de la médecine
reconnuepar la loi, aussila sciencefondamentale desquate élémentsd'oùdécoulentles
connaissances physiques.n saitcornpùserles médicamenBentreeux pour en obænirdes
effetsviolentsou modérés.Il saitclasserles veinesdu corps,connaîtleursfonctionset
leur nombre,ainsi que le nombredesos. Il distingueles nerfsfléchisseurset extenseurs
du corpsparmi les tendonset les muscles.Il connaftles plantes,les herbesmédicinaleset
les fleurs, leurs vertusactivesou négatives,leursnoms,leursgenres,leursespèces.Il
sait les distiller à l'époqueutile de leur force ou de leur innocuitéet les administreraux
heuresconvenables.En conséquence, les examinateurs lui ont conféréce diplôme,qui lui
fait honneurdansI'art pourlequelil a étéexaminé.Apês quoi,ils I'ont congédiépour se
rendreoù bonlui semblera-'(RAYNAUD L.cité,par PASQUALIM H., 1957).

Le texte de ce diplôme donneune idée du haut niveau qui, à l'époque,


étaitexigédesétudiantsen médecine.

L'examendesinventairesdesbibliothèquesdeszaoûâ-set desmedersa-s,
établis pendant le protectorat, donne lui aussi, au vu du nombre
considérablede livres de médecinequi y sont cités, une idée de
I'importancede cet enseignement. En effet, si de nosjours les traités les
plus courarnmentétudiéspar lesfuqaha et les herboristesse réduisentà
trois ou quatre(en particulierAbderezaqAl-Jazatri,Soyoti, Al-Antaki et
les innombrablesçibben-nabawî),autrefoisles bibliothèquespersonnelles
des praticienscomptaientun nombreconsidérabled'auteurs: Avicenne,
Ibn Zohr, Ibn Tofarl, Ibn Buklarich,Ibn Al-Baytar, Kuhin Al-Attar, pour
ne citer que cerDrqui ont laissédestraitésde matièremédicale,les maîûes
par excellencede la thérapeutique arabo-islamique.

Et puis, parallèlementà ce courantacadémique,classiqueen un certain


sens,nous trouvonsla radition orale,perpétuéede boucheà oreille par
les praticiens et les utilisateurs, en une chaîne ininterrompue,
additionnelle, d'expériencespersonnelles,de souvenirsde lectures, de
pratiques consacréespar I'habitude,le tout sans cesse reconsidéré,
réajusté,simplifié parfoisjusqu'àla limite du lieu communet fondu dans
un corps inforrrel et empiriquede savoirpratique,venu du fond des âges
et enrichi au fur et à mesurepar I'apportdesrécentsapprentissages.

Aujourdhui, la transmissionorale du savoir - de père en fils ou de


maîne à élève- a entièrementremplacéI'enseignement académiquede la
médecine et de la matière médicale arabo-islamiques (voir $ Les
praticiensaujourdhui). De ce fait, un certain appauwissementdu savoir
peut être constaté,notammentdans le domaine de la doctrine, du
diagnostic,desposologieset de I'art galénique.La plus grandediffrrsion
des textes classiquesde la médecinearabo-islamique,renduepossible
grâce au développementde maisonsd'édition de livres arabes,n'a pas
pourvu complétement à la disparition des lieux traditionnels

82
d'enseignement et a facilitê la gênéralisation
destraitésles moins bons-
mais dont I'abordest plus simple- du type du Kitâb er-ralvna d'Al-
Soyouti. Ainsi globalement,nous pouvons dire que la médecine
traditionnelle au Maroc a, petit à petit, perdu I'essentielde sa substance
théoriqueet de son cadredoctrinùe.

L'oeuvre : les grands noms de la médecineet de la pharmacie


marocaines

S'il est Eès difficile de séparerle fonds de médecinespécifiquement


marocainedu restede la sciencearabo-islamique, il est tout aussiardu de
tenter d'écrire une histoire des médecins-apothicaires marocainsqui ne
soit pas aussiI'histoire des médecinsde I'Occidentmusulmantout entier
(Andalousie,Maghreb),I'histoire,commeon a pris lhabinrde de dire, de
la médecinehispano-mauresque. Commentconsidéreren effet, du point
de vue de la nationalité,des savantsconrmeIbn Zohr, MohammedAs-
Saquri, Ibn Tofarl, Abulqassim Az-Zahraoui,Ibn Buklarich, Ibn Al-
Baytar dont les oeuwes rendent compte d'une façon remarquabledes
pratiques médicales et remèdes employés à différentes époques au
Magbreb et au SoussAl-Aqsa ? Le rait qu'ils aient résidéet enseignéen
Andalousiemusulmaneles exclut-il de lhistoire du Maroc - réduit à ses
limites territoriales actuelles- alors que le Maghreb et I'Espagne
musulmaneappartenaientà l'époqueà un seul univers culturel et firent
longtempspartie du mêmeempire ?
Au nombre des Andalous célèbresqui vécurentà un moment donné de
leur vie au Maroc ou qui s'y installèrentdéfinitivement,citons les
médecins de la famille Ibn Zohr, Ibn Rochd (Averroès) et Ibn Baja
(Avenpace).Une autre célébrité,bien marocainecelle-la,est Abou Bakr
Ibn Tofarl, mort en 1186,connusurtoutpour son oeuwephilosophiqueet
son amitié avec Ibn Rochd,mais qui fut aussimédecinet vizir du sultan
almohadeYoussef.
Si, pour nous, I'appartenance de ces savantsau glorieux passédu Maroc
est choseindiscutable(car I'histoirede la sciencen'estpas fondfu sur le
seul facteur de territorialité), la marocanitéd'oeuwesproduiæsplus tard,
à une époquepostérieureau XVème siècle,au coursde laquellela science
hispano-mauresquesuivit les émigrés d'Espagnevenus se réfugier au
Maghreb,s'afFrrmesanscont€stedansleur contenu.

Parmi les ouvrages fondamentauxqui ont été écrits par des auteurs
marocains,il convientde citer :
- Tul.fat al-ahbôb, oeuwe anonymeécrite tès vraisemblablement
par un
thérapeute de Marrakech ou du Sud marocain, au XVIème ou au
XVIIème siècle.

83
- fladîqat al-azhâr, d' Al-V/azir Al-Ghassaniqui vécut à la fin du
XVIème siècleet fut le médecindu sultanAhmedAl-Mansour.
- AI-Urjûzô d'Abd Al-QaderIbn Chaqrun,oeuvreconnuesousle nom de
Urjuzah a!-Saqruniya, écrite au XVtrIème siècle. Cette oeuvre est
principalementun traité de diététiqueet d'hygiène,mais elle contient
égalementune masseimportantede renseignements d'ordrethérapeutique.
- Ayô an-nîbrô,s,oeuvre d'AbdeslamBen MohamedAl-Alami dans
laquelle I'auteur commentele naité des simples de Daoud Al-Antaki.
Cetteoeuwe fut produiteau XIXème siècleet lithographiéeà Fès à la fin
du siècle dernier. Al-Alami écrivit plusieurs autres ouvrages sur
I'anatomie,les hémonoides,la médecineen Occident.Il complétasa
formation en Egypteet en Europeet devint le médecindu sultanalaouite
Hassanler*.

Enfin, on retrouve - cités dans tous ces traités - plusieurs autres


qui leur sontcontemporains,
médecins-apothicaires mais dont les oeuwes
ne nous sont pas parvenues ou ne I'ont étê que partiellement
(BELLAKHDAR, 198612).La fréquenceavec laquelle ces auteurs
reviennent nous autoriseà les faire figurer parmi les grands noms de
I'histoire médicale marocaine. Dans le nombre, mentionnons
spécialement**:
- Abou Al-Hakam Ibn Ghalindou,né vers 1100en Andalousie,il vint
rejoindre Ibn Zohr qui était emprisonnéà Marrakech,pour se former
auprèsde lui, puis s'installaensuitedanscettemêmeville commemédecin
desprincesalmoravides.
- Ibn Al-Khatib, poète et médecin,anciennementvinr à Grenadepuis
réfugié à Fès dans laquelle il s'installaen 1370 et y exerça ses talents
jusqu'à sa mort. Il est I'auteurde plusieursliwes de médecine;
- Abou Al-Fadl Al-Ajlani Es-Slaoui,qui fut médecin au maristan
(hôpital)de Saléet composaplusieurstaités. Il vécutsousles Mérinides;
- Ali Ben Abdallah Et-Tadilli, qui vécut au XIVème siècleet rédigeaune
épite célèbresur les épidémies;
- AbdelwatradBen Ahmed Adarraq, le plus illustre des représentants
d'unefamille de médecins,qui nousalêguêun fasciculesur les propriétés
de la menthe.Il fut le contemporaind'Ibn Chaqrunet écrivit plusieurs
ouvragessur la syphilis, la variole, les plantesmédicinaleset I'oeuvre
médicaled'Avicenne;

* Il faut ajouter égalementà cette liste le KaSf ar-rumûz d'ArbderczuqAl-Jazairi


(XVItrème siècle),auteurde nationalitéalgérienne,maisqui a rès largementpuisé aux
sourceset aux traditionsmédicalesmarocaines. Unelithographiede ce raité a été,êdrtên,
ù
Alger en 1903/1904.
** Pouruneinformationplus détailléesurcettequestion,voir AKHMISSE (1991).

84
- Abdelghani Ben Abi SarhanEz-zammouri,contemporaind'Al-wazir
Al-Ghassani.Il est I'auteurd'un liwe sur le traitementdescalculs.
- Abou Abdallah MohamedAl-AndaloussiAl-Manakuchi, qui vécut à la
fin du règne des Saâdiens.Il rédigeaun livre sur les fièvres et un traité
dessimples;
- Abou AbdallatrMohamedBenzakour,mort à Fèsen 1120de I'Hégire.Il
est I'auteurd'un commentairede la Urjuza d'Avicenne;
- AbderatrmanBen MohamedBen MoussaBen Al-'Arabi Al-Fassi, qui
vécut au XVtrème siècle et nous a laisséuri abrégédu livre d'Ibn Al-
Hachcha';
- Abou 7Â1dBen AbdelqaderAl-Fassiqui vécutaussiau XVIIème siècle
et fut I'auteur d'un livre original traitant de diversesquestions : la
chirurgie, l'art vétérinaire,la musicothérapien la médecinedu prophète,
etc. ;
- Abou Abbas Ahmed Ed-Dar'i,qui vécut au XVIIème siècle.Originaire
du Sahara,il appartientà une famille de médecinscélèbres.II est I'auteur
de plusieursliwes de médecinedont un résumédu Canond'Avicenne;
- Abou Abdallah Ben Yahia Al-Hamri, mort en 1738,auteur d'un traité
des simplescomportantles nomsarabeset berbèresdesplanæs;
- Ahmed Ben Abdelqader Al-Kerdoudi, contemporain d'At-Alami
précédemmentcité. Il est I'auteurd'un commentairedu traité de Daoud
Al-'Antaki ;
- Ahmed Ibn Haj Es-Salmi,né vers 1850,professeurà la Qarawiyineet
auteurd'un liwe de médecinedédiéau sultanHassanIer.

Les praticiens aujourd'hui

STlssontmoins élèbres queles médecinset savantsarabesd'autrefois,les


Eadipraticiensrestentaujourdhui au Maroc des prestateursde services
incontournables.

Il convient de distinguer deux grandsgroupesde praticiens:


- D'une pffi, les fuqahc (singulier: fqih), lolba (singulier: ,tâleb)ou
lobba (singulier | labîb) et les guérisseursde toutessortes(poseursde
cautère,rebouûeux,accoucheuses, etc.), lesquelsposent un diagnostic,
administrentdes soinset déliwent éventuellement uneprescription,c'està
dire font office, à un titre ou à un aufie, de médecin.Nous reviendrons
plus loin sur ce premiergroupe.
- D'autre part, les apothicairesqui se divisent eux-mêmesen deux
corporationsEèsdistinctes: les'a\tôrfn (singulier: 'attôr)et les 'alffibin
(singulier : 'allôb). Le"attôr était à I'origine le "parfumeur", ou "
marchandde parfirms",commeil en existeencoredansles médinasdes
grandesvilles, à Fès en particulier. Cesparfumeurssont encoreappelés
darî.

85
Les 'attôrin représententce qu'on pourrait appeler les épiciers-
apothicaires,marchandsd'épices,d'aromateset de droguesmédicinales
coûteuseset importéesde confréeslointaines.
Les 'alfibin sont les herboristesproprementdit ou marchandsde
simples dont l'éventail, plus diversifié, compte un grand nombre de
droguesmédicinales et magiques (racines, plantes séchées,graines,
écorces,minéraux,produitsanimaux)ou de confections,s'entassant pêle-
mêle à côté d'ingrédientsdiversutilisésen magie(talismans,coquillages,
peaux de serpents,etc.). Autefois, ils ne vendaientque desbouquetsde
plantesentières,le plus souventfraîches.
La plupart de ces produits sont en vente au détail. D'auEes,par conhe,
rareset coûteux,sont mis en location : peaude panthère,cornesde cerf
ou de gazellemohor, griffe de lion, patte de porc-épic, pierres semi-
précieuses,par exemple.

Ces deux groupesprofessionnels, auxquelson peut ajouterparfois les


parfumeurs,étaient autrefoisorganisésen corporationsdistinctes ayant
chacunesa déontologie,sesrèglescommerciales, sa placedansla société
sousla direction d'vn âmîn (prévôt) élu par la massedes professionnels.
Cette organisationdu fravail a aujourdhui disparu*et les barrièresont
plutôt tendanceà se désagrégerpour ne plus donnerqu'un seul corps de
métier. A I'inverse,on peut rencontrerdes casde spécialisation.C'estle
casdansles souls où l'étalagedesherboristesselimite souventà quelques
racines,pour les uns,quelquesplanæssèchesou fraîches,pour les auEes,
correspondantaux récoltesde la saisonou encoreà une provenance
particulière (plantes sahariennes,plantes de Zerhoun, du Rif ou
d'ailleurs). C'est le cas égalementdes marchandsde salsepareille,juifs
pour la plupart, eu'on rencontraitautrefoisà Fès,regroupésà proximité
de Moulay Idriss et dans le mellah, strictementspécialisésdans cette
vente, en raison de la forte demandequi existait alors autour de ce
produit.

En ce qui concernele premier grand groupede praticiens,les divisions


professionnellessemblentà priori beaucoupmoins nettes.Certainssont
spécialisés dans une pratique de soins déterminée(accoucheuses,
arracheursde dents,psychothérapeutes, rebouteurs,poseursde cautères,
Eépanateurs,etc.) ou dansle traiæmentd'unemaladie(stérilité,épilepsie,
néwoses,ophtalmies,etc.) ; d'auEessont polyvalentset exercenttoutes
sortesde métiers.

* ExceptédansI'oasisdeTrssint(provincedeTata) danslequelun pourcentageélevéde


la populationvit de lherboristerie(145herboriste.s
en 1985sur unepopulationglobalede
3104 habitants,BELLAKIIDAR & al., 1992). Pour cette raison,A Tissint, se sont
maintenuesdesformesd'organisationprofessionnelle tês élaboréesce qui conêre à cette
activitéun granddynamismeet un rôle importantdansl'économielocale.

86
Si la plupart sont lettrés et lisent courammentle Coran et les traités
médicaux,il en est qui sont totalementanalphabètes et ne font référence
qu'à leur seuleexpérience,vécueou reçuebn legs de père en fils ou de
maître à élève.
!æur art est parfois d'inspirationstrictementacadémique(médecinedu
Prophète,médecineclassiquearabedu premierâge),parfois de facture
essentiellementmagique - mêlant indistinciement le sacré et le
démoniaque--ou plus gÇnéralement procédeà la fois de la médecinepar
les simpleset du symbolismemagico-religieux(talismans,exorcisadoïs,
pèlerinages,etc.).

Une place à part doit êre réservéeaux maraborfis(mrabtin, singulier :


mrabet), aux chorfa-s(sorfa, singulier: rarrl: descendants du prophète),
à quelquesconfrérieset à certainespersonnespossédant- en raison de
leur-sagesse,de leur foi ou de leur ascétisme- ce qu'on appelle la
baraka.Si !a gualité de saintn'estacquisepar deshommèsvertueiuxqu'à
leur mort, la barakapar contre peut être possédéepar une personnede
sonvivant.
Tous c€s sages(morts et vivants) ne sont pasà proprementparler des
médecinsmais peuventoccasionnellement être sollicités à I'oôcasionde
consultationsprivées,de pèlerinagesou de moussemsqui sont organisés
une fois I'an en lhonneur de saintsvénérés.
Il est des saints qui sont réputésprotégercontre certainesmaladieset
mêmejouer un rôle déterminantdansle traitementde celles-ci,en faisant
intervenir le sacréet leur pouvoir d'intercession: ainsi Sidi Bel AbÊs de
Marrakech surnommé "protecteur des yeux" ; Ibn Achir de salé,
!péc!afi9t9des névroses; Moulay Boucharbd'Azemmour,répurésoigner
la stérilité féminine,etc.

La formation des herboristes se fait habituellement sur le tas, par


I'observationde la pratiquedu maîEe.Un minimum de connaissance-de
l'écriture arabeet du Coran (qui se fait au msîd,l'école coranique)est
généralementrequisepour I'admissionau stage.I-es apprentisacquièrent
ainsi une certaineexpériencedessimples(connaissance desproprié-tés,
des
indications et des toxicités, approvisionnement,détwance, préparation
des mélanges,familiarisationavec quelquesraités arabesde médecine,
etc.). L'apprenti accompagneaussi le maîne lors de ses herborisations
dansla campagne,ce qui lui permetd'apprendreà connaîtreles plantes
sur pied ainsi que leur répartition.Au bout de quelquesannéesde cette
formation, l'élève prend la relèvedu $re ou va créersa propre échoppe,
s'il arrive à se procurer le capital nécessaire.Depuis I'apparition-des
grossistesen plantesmédicinalesqui a simplifié I'approvisionnement,
I'apprentissage est devenuplus sommaire,lâ connaiiiancede la flore
localen'étantmêmeplus nécessaire.

87
En échangede sa formation, I'apprentiherboristedonneun coup de main
dans l'écÈ'oppe.Il perçoit parfoii une petite rénumérationmensuelle de
I'ordre de 1@ à 2m Dh.

En ce qui concernela carrière de fqih, l'élève cornmencepar suivre


I'enseigiementdu msîd puis serend ensuitedansune zaour'aoù un maître
lui api'rendra,en quelqùesmois, les signesdu zodiaque,les astres,les
qua6;; éléments,les prôpriétésnannelles,les humeurs,les temfframents.
Ûtterieurement, il pèrfècdonnerasa formation auprès d'un fqih -qui
I'aidera à acquérir des notions sur les maladieset les soins à leur
apporter.
Arrivé à ce niveau,l'élève a gên&alementlu quelquestraités atabes,au
moinsle Kitâb er-ralnna d'Al-soyoti et le Tafiirat de Daoud Al-Antaki.
n ne lui reste plus qu'à s'installer à sqn compte pour pratiquer,
I'exffrience personnellefaisantle reste.
L'initiatioo der futurs fqih se fait le plus souventen échanged'unepetiæ
rétibution, en espècesôu en nature,et d'uneparticipationaux vacations
quotidiennesdu fqin lcourses,fravauxdomestiques, etc.).

Tous ces métiersrelèvent,du point de vue juridiquend'un secteurdit "de


tolérance".Ils ne sont pas reconnuspar la loi marocaineet ne po_ssèdent
aucun statut officiel, mais les autoritésadministrativesdu pays laissent
faire en raisondu rôle socio-économique quTlsjouent et de la faiblessede
I'offre publique (et privée) de santé tant du point de vue de sa
généraliiationque du point de we de soncoût.
b" r" fait" cesprofesslonsoccupentun créneaulaissévide pg1_lesystème
de santé modèrne et du même coup bénéficient, à défaut d'une
reconnaissance par la loi, d'un bon statutsocial,valorisé,aux yeyx de la
population,par ia fonction charitable(voir $ Intoduction générale).

L'art galénique et les techniques de la pharmacie traditionnelle

I-e métier dherboristen'estpas un métier de tout repos.Avant d'arriver


sur les étalages,les simplesdoiventen effet être récoltésdansla nature,
diviséspuis-conditionnélen vrre de leur stockageou de leur déliwance.
Cesplanæssontgénéralementséchées en couchemince,à mêmele sol, à
I'omËreou au soleil. D'auûesfois, elles sont suspendues à l'état de bottes
sousgne toinue aérêemais à tabri desrayonstrop forts.

Jadis,l'herboristeprocédaitlui-mêmeà toutescesopérationset devqt pq


.ooréqn"nt se rendre fréquemmentsur les lieux de récolte afin d'avoir
dessto-ckstoujoursbien approvisionnés*.
* euant aux produits importés,ils sontdisfibués qar dg.grandessociétésspécialisées
dani I'import-èxportdasépices,et ayantleur siègeà casablrnca-

88
De nos jours, la survenued'une corporationnouvelle - celle des
grossisæsen simples- est venuefaciliær la tâche des détaillants*.Il
faut inclure également dans ces circuits d'approvisionnementles
marchands saisonniersde racines (tigentast : Pyrèthre d'Afrique ;
sarfina : Corrigolia telephiifulia; âddful: Atractylis gummfura, etc.),
de plantesséchées(buzâna: le lavandrn;fliyyo : la menthepoutot, etc.),
de fruits sauvages(IeMej : la coloquinte; nnbeg : les jujubes), de
produits d'origine marine (coquillagesdivers,os de seiche,oeufs de raie,
etc.). Ces marchands viennent périodiquement, de la campagne
environnanteou de confréesplus éloignées,écoulerleursproduitschezles
herboristesde la ville. C'est ainsi que parviennentdansles grandescités
du nord certainesplantesdes régions désertiques(gertôfa: Brocchia
cinerea ;'aggôya : Zygophyllumgaetulumi'osfor : le carttrame, etc.)
dont les marchandssatrraouisse font une spécialité. Il existe même
quelquesfournisseursambulantsn'écoulantqu'un ou deux produits nès
coûteux : 'anbar (anrbregis), za'afran(safran),etc.
Enfin, il arrive que lherboristepassedessortesde confratsaveccertaines
personnes pour la fabrication à demeure de produits donnés,
généralementdesmélanges: k$ô1,ma'jûn,etc. Cespersonnesdeviennent
ainsi sesfournisseursattiftés.

De nos jours, I'art galéniquede nos apothicairesa beaucoupperdu du


prestige,de la technicitéet de la précisionqu'il avait aufrefois.En ce qui
concerneles formesd'adminisftationpar exemple,la décoction,I'oléat,la
pommade,le liniment, I'inhalation,le cataplasme, la poudre,le lavement
représententà peu près la totalité de l'éventail actuel, co qui traduit un
apprauwissement de la technique,en comparaison de ce qu'elleétaitjadis.
En effet, pas plus tard qu'au début de ce siècle,le sirop, I'oxymel, les
eaux distillées,la potion, les pâtessucrées,les ovules,les pilules étaient
fréquemmentprescritspar lesfuqaha et préparésdansles échoppesselon
des proédures bien arrêtées.De la mêmefaçon, l'emploi de correctifs,
d'adjuvents synergiques,de succédanés,obéissait à des régles très
précises,connuesde tous les praticiens.La préparationde médicaments
composéset la déliwancedesprescriptionstenaientcompteelles ausside
multiples facteurs de qualité et de quantité : propriétésdominantesdes
composants, propriétés secondaires,forces d'action, antagonisme,
compatibilités,etc. Ibn Beklaricha fourni à ce proposdans sonMusta'înî
des règles et des tablesde composition,véritablesalgèbresd'apothicaire
d'unelogique interneinattaquable.

Pour les médicamentssimplesintervenai! en plus, une hiérarchierendant


comptede la force aveclequel chacunagit, un coefficientd'activité si on
peut dire. Ainsi une substancepouvait être chaude au premier, au
deuxième,au froisième ou au quatrièmedegré,et il en était de mêmedes
trois è.itrespropriétés: ,h.,id, sécheresse,
humidité. Ainsi le sucreroux,
89
la poudre de sauterellessont chaudsau ler degré. Chauds au second
degré, nous avons la mentheverte etoau 3èmedegré,le fenugrec. Au
4ème degréenfin, viennentune sériede poisons,d'un usagetrès délicat en
thérapeutique: la jusquiame,le veninde scorpion,par exemple.

D'autres divisions existent encore.Sansentrer dans le détail signalons


seulementla distinctionétabliepar les savantsarabeset musulmansenûe
4 groupesde substances :
- les substances exerçantsur le corpsune actionfavorablepar voie interne
et par voie externe;
- les substancesd'un usagerecommandépar voie internemais reconnues
nocivespar voie externe;
- les substancestoxiques par voie interne mais antidotiquespar voie
externe;
- enfin, les substancesà proscrireformellementquelle que soit la voie,
êtant donnéleur toxicité.
Toutes ces règles étaient aurefois considéréesà la lettre dès qu'il
s'agissait d'ordonner une prescription, de I'exécuter, d'établir une
posologie, de choisir une voie d'administration,de formuler une
composition.

Les opérationsde peséeet de dosageobéissaientelles aussi à la plus


grandeprécision et chaqueéchopperespctable possédaitdansson arrière
boutique un nébuchetd'orfèwe et tout un équipementde vasesde mesure
pour les fluides. De nos jours, malheureusement, I'approximationa
remplacé I'exactitude d'autrefois. Les posologiesqui s'exprimaient
autrfois en ratl, dirham, mitqal, se sontconvertiesen assignationsvagues
où figurent des unités grossières: une botte de plantes,une poignée de
fleurs séchées,le poids d'unefève ou d'un pois de latex ou de résine,une
grandecuillère d'oléat,une noix de pommade,un velre de décoction,etc.
Une certaineprécisionne sembles'êtremaintenueque pour les poudres
très activesou toxiques : les prescripæursdistinguentdansce casla pincée
à deux doigts (environ I g), la pincée à trois doigts (environ 2 g), la
pincée à cinq doigts (environ 3 g), le creu( de la main fermée (environ 8-
10 g). En règle générale,nous pouvonsdire que I'art des dosageset des
posologiess'estperdu.

I-es savantsarabeset musulmansfurent, d'autre part, les promoteursen


pharmacie d'un certain nombre de techniquesphysico-chimiques: les
proédés de distillation, d'entraînement à la vapeurd'eau,d'exEactionpar
solvants (vin, vinaigre, huile, alcool), d'enfleurage,de sublimation, de
calcination, de fusion minérale, doivent beaucoup aux arabes et
intervenaient fr@uemment dans la prêpuatton de médicamentssimples
ou composés.La commandepar les apothicairesd'appareils et de
contenantsdivers (alambics,diffirseurs,vases,creusets,pots à pommade,
flaclrs énnaillés ou vitrifiés etc ) entretenait un artisanat verrier

90
florissant, parvenu au XItrème siècle à un halrt niveau technique et
artistique.

De tout celà ne subsistentplus aujourdhuiquedessouvenirsnostalgques,


quelqueshabitudestenantplus du mécanismeque de la conduiteavisée,
une sériede gesteshéritésdu passé,d'o$rations et d'actesempiriques,se
faisant machinalementet ne s'appuyantsur aucune systématisation
raisonnée des procédures,iaquelle seule nous permettrait de dire
véritablement que I'art galéniquedes Anciens s'est maintenu, celui là
mêmequi fut, des sièclesdurant,à I'avantgardede la pharmacotechnieen
Orient et en Occident.

Médecine contemporaine et sciencetraditionnelle des soins :


conflits et interpénétration

L'imrption de la médecineoccidentaleau Maroc, au début du Protectorat,


à I'intérieur d'une société autarciqueet traditionnelle, ne fut pas sans
crêer de profonds bouleversements dans la pratique des soins et la
mentalité médicale des populations de notre pays. Chasséede la place
publique, dépossédée de son statutofficiel, non sollicitéede surcroît par
l'occupant,la médecineEaditionnelle,forte de son emprisesur les larges
masses,se réfugia dans une attitude hostile et conservatrice.Cette
résistancefarouchenaduisaiten ÉalitÉ la positionuneninæde la société
marocaineface au dangercolonial : le refus de la déculnration.

Dans ce conflit, la médecineraditionnelle se battait incontestablement à


partir de bonnes positions. En effet, face au caractèrebrutal et non
désintéressé de I'interventionmédicaleétrangère,la sciencetraditionnelle
dessoinsopposaitun visageindiscutablement plus charitable,une anitude
moins distante vis à vis des populations et mieux intégrée à
l'environnement,c'est à dire finalement une plus grande "sociabilité".
D'où le large soutienqu'elle reçut desutilisateurs,la ténacitéavec laquelle
elle disputasa clientèleaux médecinscoloniauxet le sucés relatif qu'elle
remporta dans l'affirmation de son identité. Sa vitalité aujourd'hui
encore, après un siècle environ de conflits, témoigne bien de son
enduranceet de sa crédibilité auprèsde largesmasses.Rien de tout cela
n'aurait pu être si - à lheure des grandessouffrancesendurfus par le
peuple - la médecinetraditionnellemarocainen'avait eu une aptitude
réelle à soulager.

Et puis, petit à petit, au fur et à mesuredes progrésde la pénétration


coloniale, la tension baissa et I'antagonismeviolent qui présidait
antérieurementaux rapportseiltre les deux médecines,changeade nature.
A sa place, s'établit une relation officielle d'ignorance mutuelle,
dissimulantmal des tentationssecrètesde subversionet un nouvel état

9l
d'esprit de curiosité réciproque. -A -travers cette relation, ainsi
dépàssionnée,un regard nouveau de I'un sur I'autre se fit, rendant
poisible une approcheplus réaliste de la différence et une évaluation
objective de I'adversaire.
Cdtte perceptionnouvelle du vis-à-vis, profit4 aux deux camps' chacun
découvrant dans la supériorité de I'autre, les raisons de sa propre
faiblesse.

Indéniablementsur certainspoints - posedu diagnostic,épidémiologie,


pathologie, chirurgie,
-- teChno_logie instrumentale et moléculaire,
pnat-uàodynamie la médecine traditionnelle enregistrait des
insuffisancéscertaines,au moment où, en médecinemoderne,I'accent
êtut mis en premier lieu sur I'instrumentationet les explorations
biologiques.

Conscientede la situationcrêêepar I'inégalitédes moyens,la médecine


traditionnelle, non sansun certain réalisme,procédaà un repli presque
total de sesforces sur le terrain où elle se trouvait en meilleur posture : la
thérapeutique.Davantageque cela, la pharmacopéemarocSine,faisant
pr".rt" d'une grande càpagit-é_de réaccommodation,assimila qrrelques
ilroduits modérnesdonl I'efficacité avaient fait d'eux de véritables'
panacées: D.D.T., huile de foie de morue,liquide de Dakin (largement
èmployé aujourd'hui par les accoucheusestraditionnelles), coton
fty.iroptoleeipansementJ,iodeniodurede_potassium, aspirine,nivaquine,
CètæræquitiUrationpar redéfinition de la comstence et assimilation
pennanentedê h nouveauté,jointe à une vocation humanitaireet sociale
"i..
àémontréequotidiennemenq fit que la médecine-traditionnelle marocaine
resta toujoùs hautementimpliquée dans l'évolution du pays. D'où sa
mainænùce aujourdhui encoie,presqueintacte,aprèsun demi sièclede
conflits d" rivalités (BELLAKIIDAR' 1989/b).
"!
De son côté la médecine moderne dut, elle aussio composer.
Imperceptiblement,presque à son insu, elle assista' impyissante, au
débordeàent du contexteiuperstructurelet psychosocialqu'elle avait elle
même créé autour des notibns de soin, de maladie, de santé,par des
élémentsrelevant de la mentalité médicalepopulaire et possédantune
^Ainsisur les esprits en raison de leur conditionnementmoral et
forte emprise
affectif. la relation soigné/soignant,les conceptualisationssur la
maladie et la mort, l'enfanceet la sénilité, le rapport existant entre agent
pathogèneet antidote, la notion même dç pathologi", I'ambiance du
àérorrle-ent de I'acte médical lui-même, tout cela fut profondément
affecté par les attitudestraditionnalisæsdeqngnulations.
Au même momenÇI'ingéniosité des populationsà Eouver dansla nature
des remèdessimplesà léurs souffrances,obligeait la médecineofficielle à
faire évoluersespositionsconcernantla phytothérapietraditionnelle,dans

92
la mesureoù celle-ci offrait des réponsesplus adapt&s aux situations de
pénurie.

De la sorte se produisit une interpénéEationenEe deux génies, deux


savoir-faire d'inspirations totalementopposées,interpénétrationnon
encore assuméepar les deux partis, mais laissant enhevoir déjà la
possibilité d'un véritable dialoguepour le meilleur bien de la pratique
médicaledansce pays et la bonnesantéde seshabitants.Ainsi émergera
un art médical véritablement national, puisant aux deux sources du
modernismeet de la tradition, et faisant se refrouver, sous l'égide du
progréssocial,deux valeursnécessaires à tout développement : la science
et lhumanisme.

La mondialisation de la notion de patrimoine

Depuis deux décenniesenviron, chaqueannée,des milliers de plantes


utilisées localementpar les guérisseursarrivent de toutesles régions du
mondepour être analyséeset testéesdansles laboratoiresdesuniversités
et des grandessociétéspharmaceutiques. Certainstests,qui sont réalisés
presque systématiquement comme la recherche de I'activité
antitumorale, antibactérienne,antivirale ou cardiovasculaire- ont
conduit à la sélectiond'unecentained'esScesvégétalesemployéesdepuis
avec succèsen thérapeutique.

On s'estalors rendu compteque beaucoupde cesproduitsétaientutilisés


dans leur pays d'origine avec des indicationstrès prochesde celles qui
furent découvertesa posteriori par les chercheurs.Que de temps et de
moyens auraient pu êne épargnéssi les enquêteursavaient su mener
d'abordsur le terrain l'étudedesEaditionsmédicalesrégionales!
PrenonsI'exemple des oeufs de caille employéspartout en Afrique du
Nord dans le traitement de I'asthme.Létude pharrracochimiquede ce
produit vient de révéler la présencede substancess'opposantaux
allergèneset dont I'activité antiasthmatiquea êtê,récemmentdémontrée.
Un autre exempleest celui du "chaulmoogra"tiré de planæsappartenantà
la famille des Flacourtaciéeset qui est employé à la fois en Inde, à
Madagascaret au Brésil comme antilépreux: son analysea décelé des
acidesgras cyclopenténiques responsables de sespropriétés.Là aussi,la
simple observationde cette convergenceaurait pu permettrede gagnerun
temps précieux. L'enquêteethno-pharmacognosique menéepréalablement
à tout dépistagephytochimiqueou pharmacologique peut donc apporter
de précieusesinformations pour la conduiteultérieuredesrecherches.

Cesconvergences culnrrelles- lorsqu'ellessontdécelées- invitent tout


naturellement à la réflexion sur le bien-fondé de certaines traditions
pooulaires élaboréeslentement au cours de t'histoire et transmises

93
fidèlement d'une générationà I'autre. Elles confirment,pour le moins,
I'exisûenced'une sagesseancestraledont on auraittort de faire table rase
sousprétextede moderniserla société.
Certainesnations, conscientesde I'intérêt de ce patrimoine, consacrent
aujourd'hui des budgets relativement importants à I'exploration
scientifiquede leurstraditionsmédicales.
Au Maroc, où la médecinetraditionnelleest vivaceencore,quelquesvoix
cornmencentà se faire entendreen faveur d'une étudeen profondeur des
planæsmédicinaleslocales.

Dans cette approcheneuve de la questiondes plantes médicinales,la


scienceécologiqueproposeun cadrede réflexion original, jetant sur la
natureun regardvierge et ami, susceptiblede conduireà d'intéressantes
observations.En effet, pour la scienceécologique,dans ce système
complexe qu'est la nature,un effet n'estjamais le résultat d'une cause
uniq-ue,car la matièreet la vie sont en permanencel:objet de multiples
interactions,faisant que le tout représentedavantageque la sommedes
parties. Une plante entièreaura donc, en vertu de ces conceptions,des
propriétéssuffrieures à cellesde sesconstituants.
L'exemple classiqueà ce proposest celui de I'artichaut.C-etteplante est
connuedepuislongtempspour sespropriétéscholérétiques.Mais aucun
des constituantsqu'on a pu isoler de sesfeuilles ne présenteà lui seul
I'activité cholérétique.Par contre,en associantquate de ces substances
entre elles (acide malique, acide citrique, acide succinique, acide
hydroxyméthylacrylique),I'activité apparaît! Dansla noix de cola, où la
caféine est liée à des dérivés catéchiques,I'extrait total a une
pharmacocinétiquedifférenæde celle de la caféineisolée.La mêmechose
pourrait être dite de I'aubépine ou de la valériane. Ce type de
ôonstatationsvient revaloriser l'emploi des plantes médicinaleset des
offre une
' extraits totaux de celles-ci en phytothérapie moderne et
perspectivenouvelle aux pharmaco@straditionnelles.
En même temps,on observeun retour vers une approcheethnologiquede
I'exercicede la médecineet une prise en considérationde la dimension
forément pluridisciplinaire de l'étudedessysêmescuratifs.

Sommesnousen train de relativiserla puissancede la technologieet de


redécouvrir I'incontournableuniversalité de la connaissance,cette
connaissance qui ne se divisejamaisparfaitementet qui n'estla propriété
exclusive d'aucunesprit ni d'aucunenation ? l-a,vérité est certainement
quelque part dans cette certitude que nous entrevoyonsqu'il ne peut
véritâblement exister aujourd'hui de progrès d'une.société sans un
ancragefort dansson histoire et sa culture.
Car, aujourdhui commehier et corrunedemain,les sociétéde nos pays ne
sauraientprogresserdansdes conditionsd'humanitéacceptablessans se
rattacherà leurs racineset sansprendrele tempsd'intégrerI'histoire au
fumr !

94
CHAPITREM
PSYCHO.SOCIOLOGIE
DE LA tuÉnnclNn TRADITIoT\u\ELLE AU MARoc

Introduction : médecine, science et civilisation

Lhistoire raisonnéede lhumanité attestebien que le mouvementgénéral


de développementde la scienceet de la culture est une successionde
bondsen avantet de phasesrécessives, portântle géniehumainà sa plus
haute expression,puis le précipitantdansle déclin, alternativementdans
une région du monde puis dans une autre, à la faveur de changements
intervenant dans I'infrastructure sociale. A aucun moment, il n'est de
décadenced'unecivilisation sansqu'ailleurs- sousune auEelatitude -
pointe infailliblement I'aube d'une auEeculture, fruit du génie d'un autre
groupehumain.C'estainsique la connaissance accumuléepar les hommes
- ce fonds communde savoirde lftrrmanitéfait desvéritésmomentanées
auxquellesest parvenueune civilisation à sonapogée- sertde fondement
et de tremplin au décollaged'une auEeculture, dont l'émergencetient de
la relève et de la pérennitéde l'esprit humain.Telle est le destin de la
science: une et indivisible,récapitulativeet universelle.

Ainsi la "médecineexpérimentale"développéepar Claude Bernard en


France au XIXème siècle (mais déjà en gestationun siècle auparavant),
bénéficia pour son émergencedes apports de la physiologie arabo-
musulmaneet du contexteépistémologiquegênéralcrê.ê, par la science
i.larnique, avant que celle-ci n'amorceson déclin. De la mêmefaçon, la
découverte en Europe des propriétésdu quinquina, de l'ipéc4 du curare
- découvertequi conduisità I'isolementde la quinine, de l'émétineet des
curarisanis- ne fut possiblequegrâceà l'étudeminutieusedespratiques
médicalesen usagecbezles civilisationssud-américaines.
En Europe, à cette époque,I'esprit de rechercheéait stimulé par I'essor
que connaissaitalors la sociétéindustrielle.Ce fut pour la scienceune
période faste au cours de laquelle de très nombreusesdécouvertesfurent
faites. De la sorte, petit à petit, I'Occidentse fit - en raison de la
supérioritédanslaquellele plaçaientsesnouvellesstructureséconomico-
sociales- le dépositairede la sciencede tousles puples.

La nouvelle méthodemédicaleconsistaità scindertous les phénomènes


complexesen leurs différentescomposanteset à traiter chacuned'elles
séparément.Au niveau du diagnostic, cette approcheaboutissait à la
recherched'une causeunique ; en thérapeutique,à la mise en oeuwe des
principes actifs isolés et connus ; enfin, dans la prise en charge de la
maladie, la raison et la logique prenaientla relève de I'affectif et de
I'i16rition.

95
Dès lors la penséemédicaleconnutun doublemouvement,se développant
cortme une génératriceà degx vecteurs,à destins apparemmentnon
solidairesmais s'affectanten réalité mutuellement.D'un côté en Occident,
une impulsion vers le progrès,jaillie des cendresdes civilisations
antérieureset renduepossiblepar I'essorde la sociétéindustrielleavec sa
technologieet sesvaleursnouvelles.De I'autrecôté,une tendanceau repli
sur soi, àu conservatisme, par absenced'influx générateur,tendancequi
affecta les sciencesdanstoutesles autresrégionsdu monde*, êt, parmi
celles-ci,la médecinearabo-islamique. Perdantpeu à peu son dynamisme
doctrinaire, la médecinearabo-islamiquese trouva alors confinée dans sa
nouvelle aire de mouvance- le charrp despratiquespopulaires- et, se
réaccommodantà sa nouvelle dimension,enÛeprit la conquête de la
tradition,par laquellesurviventles sysêmesévinés.

EnEe temps,dansI'universoccidental,la médecinemoderne,aprèsavoir


atteint son point culminant, amorçaitun nouveauvirage et entrait dans
une phasecritique.Les problématiques qu'ellese .it à poser' engendrées
par fessor foudroyantqu'elleconnuten moins d'un siècle,commencèrent
â ressemblerétrangementaux conflits idéologiquesd'autrefois. La
maladie et les soins relèvent-ils nécessairement du seul empire de la
matière? Le principe de I'unicité de causeest-il valabledansles sciences
de la vie ? La validité de I'acte médicalrepose-t-elleseulementsur une
causalitétechniquedémonrée ? Quelle place donneraux para-médecines
et à l'empirisme dans la lutte généralecontre la maladie ? Quelle valeur
accorderau rituel en thérapeutique? Toutescesquestionsfurent posées,
et le sont encore,donnantle jour à un état d'espritplus disposéaux
gfandesdiscussionsde fond. D'où un nouveauregard,refiospectif et
[eripnerique,jeté sur les médecinesancienneset populaires,engendrant
àes axes de rechercheEèsfructueux et faisant apparaîfe quelquesvérités
insoupçonnées jusquelà.

Doivent être inclus dans ce changementgénérald'attitude,qui entraîna


quelquesréhabilitations spectaculaireset toutes sortesde révisions, la
rèmiJeen causede la chimiothérapieà ouEance,la découverteau sein des
pharrnacopées traditionnellesde nouvellesmoléculesactives,la prise en
èonsidérationdu côté rituel et psychosocialde I'actemédical, tout celà
prenant comme modèle les expériencesquttiples des peuples dans le
domainedessoinset de la lutte conEela maladie.

C'est ainsi que nous assistonsces dernièresannéesà un regail d'intérêt


pour la médecinetraditionnellede nos pays.La médecinearabo-islamique
n'a certes pas fini de faire parler d'elle. Aujourdhui comme hier,

* A I'exceptionde lAsie, où les systèmestraditionnelsde sanl{ gardèrentla.mêmevitalité


et continrièrent à être enseigné.i: médecinethibétaine,médecinechinoise, médecine
ayurvédique,médecinearabo-islamique classiqueen Indeet auPakistan.

96
lhistoire de la sciencen'est qu'unesuccessionde flux et de reflux. La
seuledifférence résidepeut-êtreen ceci que les natisns modernes,de plus
en plus, abandonnentleurs prétentionshégémoniquesdansle domaine de
la pensée.Tout le monde,de nosjours, a comprisque lhumanité entièrea
participéà l'émergencede la civilisationmoderne"

Histoire sociale, culture et médecine

On peut considérerà la suite de DLJNN (1976) qu:qn systèmemédical


quel qu'il soit - moderne ou traditionnel, académiqueou ,non -
représenæI'ensembledesinstitutionssocialeset des traditionsculturelles
isiues d'un comportementsffcialement destinéà renforcer la santé.Un
systèmede soinsdonnéest doncbel et bien - quellequ_e soit par ailleurs
-
É définition que I'on en adopte un aspectparticulier, une activité
s@ialisée, un versantde la culture d'unesociétédéterminée.

Des différentessortesde médecinesexistantsur la terre, chacuneavec son


histoire et son arrière-planculturel, on admetgénéralementaujourdhui
la participation qu'elles ont prises toutes à l'émergencedu systèmede
soins moderne,patrimoine donc de I'humanitétout entière. Toutefois,
cette reconnaissanceêtant,beaucoupcontinuentde reléguercultures et
médecinestraditionnelles dans les seuls champs des investigations
archéologiquesou ethnologiques.Cela conduit bien entendu à ne les
considérerqu'entant que systèmes évincés,figésdansle passé,en tant que
culturesde terroirs- folk-cultureset folk-médecines - conservatistes et
non susceptiblesd'évoluer,en un certainsensdoncdénuésde prise sur Ie
réel, le réel actuel,vécupar nos sociétés.

Le glissementvers I'erreur commencepeut-êtredans cette attitude qui


coniiste à considérerqu'une civilisation qui passepar une phase de
récessionest une civilisationmorte.
A étudier de près cependantle schémagénêraldu développementd'un
groupehumain à traversle temps,dansune région du mondeou dansune
àutre,il apparaîtà l'évidenceque le phénomèneculturel - saisi tout à la
fois dans son universalité existentielle et la territorialité de son
expression- cette manifestationdonc du génie humain, qu'on appelle
encorecivilisation, récapitulebien les grandsmomentsde lhistoire de la
sociétéet, dansI'ensemble,se conformeaux transformationsimportantes
survenuesdans I'infrastructureéconomiqueet le mode de vie des
hommes.

En regardant de plus près encore,sous le fort grossissementde la


chronique événementiellepropre à une époque,ou à une conjoncture
particulière,on s'aperçoitbien vite querien ne colle davantageà la "chose
sociale"- qu'elle soit rrériÉtie ou structure- rien n'adhèreau corpsde

97
^tieo,fort que les faits de culture,naissantapparcmrqlent
cettechoseplus de rien
ou presque infoimels au départ"ingoliles,puis prenantvisagepeu à
peu', av-antde surgir brusquementà la face du monde, coÛlme une
explosion de lumière et de vérité.
Ainsi, depuis la nuit des æmps,I'apparitiond'un fait de culture nouveau
- qo;il sôit systèmed'éducationou-Jystème de soins:- ne fut jamais que
la cristallisaûon au niveau de la superstructure(science, croyance,
morale, affectivité, etc.) de la réplique de I'esprit à un changemenlOui
s'estproduit au départdaot la strucnrresocio-économique Il en
de.ba9.e.
est aiïsi de la cultureen général,commede la scienceen particulier dont
la médecinen'est qu'une-activitéspécialisée.L'asEonomiene se serait
piobablemenrjamaË dêtach&,de I'asrolo49 el tant que scienceappliquée
âpp"fe" à seriir la navigation, sansle développementdu commerceà
gtâtA rayon d'action (cohmerce caravanier,commercemaritime)' De la
iie*" fuçoo, c'estle passagede la sociétéarabedu mode de prgduction
pastoral âu mode de production mercantile,sousI'impulsion de divers
iacteurs,qui propulsal'Islam sur le devantde la sêne et donnaun essor
formidabtê a-ta icience et à I'art arabo-musulmans. Qui niera que cette
civilisation, expressionalors d'une sociétéprospère,,bouleversanon
seulementle sâvoir-vivre occidental,mais égalementles basessocio-
économiquesde I'Europemédiévale?

Et sTl est vrai qu'à l'époque,l'Orient - en échangqq se-slymèr9s et de


sesdouceurs- oe teçof que bien peu de chosesde la chrétienté,ce fut
son tour, quelques sièclês plus iard, lors de l'épisodecolonial, de
recueillir quelquesbienfaitsdè ta technologiedespaysenvahisseursdont
l'économieétait en pleinecroissance.

Ainsi de cette rivalité enEe modes de production,sociétés,cultures,


naquirent quelquesuns des plus grands.acquisde I'humanité.C'est dire
.oàbi"o Ë superstructureôultuielle d'unè société est dépendantede
I'infrastructure économique,et se manifesteen collaboration avec elle
O-* ia genèsedesfaits d'histoire.Mais cettedépendance n'estpas à sens
unique,-car la superstructurepelt à 9oo-tour É95i1 par effet de
boomerang,sw lei structuresde base de la société.Combien d'idées
nouvellet,:Oe systèmesreligieux' moraux, politiques, de découvertes
j induits dani leur émergencepar des transfonnations
scientifiques -
upp*o"t dans la structure socio-économiqued'un groupe h-umain
n o^nt-ilspas évolué ensuite puissamment,PT leur énergie propre'
indépendalnmentde ce qui pouvait seproduireà la mêmeryri9de dans les
rttoômt"s qui leur on-t dbnné naisiance, allant jusqu'à bouleverser
I'ensemblede h superstructureet entraînermême la base de l'édifice :
iuppottr sociaux,-ôdes de production,etc. Si le systèmeféodal a ctêê,le
séii, si I'agriculturecolonialea secrétéla naiæ desNoirs, en revanchela
révolution-æchniquedes XDGme et XXème sièclesa apportéles libertés
fondamentalesdè I'homme, les congéspayés, la sécurité sociale et

98
I'instruction publique. N'est-ce pas elle, de plus, qui a facilité les
coûrmunications entre continents et pennis le recul des grandes
maladies? N'est-ce pas elle encorequi a Eansforméprofondémentles
structureséconomiquesà l'échelledes nations,des clansodes familles ?
Grâce à cette même révolution des idées, n'avons-nouspas, dans un
moment d'enthousiasmeet d'utopie,adopté,poru un horizon proche, le
slogan: "santépour tousen I'an 200 " ?

Tout cela ne doit cependantpas nous entaîner à penserque le ruz de


maréenivélateurde I'idéologietechnicisteinternationalea Eouvéréponse
à tous les problèmesde la sociétécontemporaineet effacé toutes les
aspérités.Parmi d'autresespoirsnon concrétisés, I'objectif de bonne santé
pour tous est loin d'être atteint partout dans le monde et ne le sera
probablementpas davantageen I'an 20@. De plus la médecinemoderne,
même dans les pays à niveau économiqueêlevê,n'a pas connu que des
succés.Il en va de même de la techniqueen général.Sinon, comment
expliquer que certains systèmesde pensée- dits raditionnels ou
conservateurs- a'aisnt pu êre évinés, ni même supplantés,dansbien
descontnéesde noEeplanèæ,et constituentencoredesécueilssérieuxà la
progressiondu modernisme?
Comment ne pas voir, par exemple,que la médecinemoderne- malgfé
des victoires incontestablescontre la maladie - n'ait pu éliminer
totalementles autressystèmesde soinset queceux-ci- en raisonde leur
audience réelle auprès des populations- se présententencore en
alternativesvalablesdu systèmede santépubliquepratiquéaujourd'hui un
peu partout dansle monde?
Bien plus, commentexpliquer que dansle casdesaffectionsdégénératives
et desmaladiesoù les facteurspsychosociaux jouent un rôle importangla
méthodemodernen'ait pu faire mieux que les procédésanciens? A ceci,
' il faudrait ajouter que les progrèssensiblesqui ont été enregistréspar la
médecinemodernedansle domainede I'allopathieet de la chimiothérapie,
n'ont bénéficié à I'ensemble de la population que dans les pays
superdéveloppés. On a beaudire que la santén'a pas de prix, il n'en reste
pas moins que le coût de la santépublique est encoreinabordablepour
bien des nations qui doivent faire face à plusieursproblèmesà la fois,
aussiprioritairesles uns que les autes.

La recherche d'autres voies pour assurerune couverture sanitaire


minimum sembledonc tout à fait d'actualité.D'où ce regardnouveaujeté
aujourdhui sur les systèmesde soinsfraditionnelsdont la vivacité met en
évidenceau moinsdeuxchoses:
- En premier lieu, elle monûe les limiæs de la médecinemoderne,tout à
la fois économiques(en raisonde son coût),psychosociales (du fait de sa
faible insertion au sein des sociétésdanslesquelleselle n'a pas vu le jour
naturellement,mais a êtêparachutfu),æchniquesenfin, car il semblebien

99
en effet - comrte nous I'avons souligné plus haut - que bien des
affectionss'avèrentnonjusticiablesde sesproédés.
- Deuxièmement,par contaste, elle révèle I'extrême représentativité
sociale des systèmesde soins traditionnels, mieux accommodésaux
sociétésqui leur ont donnéle jour. D'où leur réussiterelative dansla mise
en oeuwe de traitementssocialementspécifiques,destinésà combatheles
maladiesdiæs"de société"ou "de civilisation" au nombredesquellesbien
entendu,les désordrespsychosociaux.

C'est tout cela qui conduit aujourd'huiles responsablesde la santé


publique, au niveau des instancesnationalesou internationales,à revoir
louteJles attitudesclassiquement adoptéesvis à vis dessystèmesde soins
raditionnels, exarninésdésormaisdansleur contextesocio-historique,et
sous une approche nouvelle, celle de leur participation éventuelle à
I'effort sanitaire public. En effet, s'il est bien wai que les systèmes
traditionnelsse sont repliés sur eux-mêmes,devantle débarquementdu
systèmemédical modernesur tous les continents,rien ne prouve quTls
aientperdu toute aptitude à assisterles populationsdansleur lutte cunEe
la mâladie, d même perdu leur sens aigu des tâches pratiques. Au
contraire, tout démontre qu'ils conserventune étonnante faculté de
rééquitibration et un génie spécifique les rendant tout à fait aptes à
proposerdesprestationsde santé.

Systèmesanciens, situations de pénurie et pragmatisme

La médecinetraditionnelleau Maroc - consacréeen tant que sciencedes


soins par une filiation prestigieuseet soutenuepar une expérience
millénaire - est partie prenantede la culture marocaine,culture dont elle
proêde directementet dont elle est la manifestationconcrèteau niveau
àes soins, de lhygiène, de la prévention,de la nufition et" d'une façon
gênêrafte,de la lutte conEela maladie.

A ce titre, comme toute activité culnrelle ou scientifique, elle reflète le


génie d'un peuple, son savoir pratique, !9! quatités de perception et
d'observation,le sensqu'il a du milieu qui I'entoure,enfin sescapacités
d'accommodationet d'adaptationà la nature,à l'évolution des choseset
des idées, aux changementsintervenant dans le mode de vie et
I'infrastructure,à lhistoire.
Regardésde ce point de we, la qualité et le nivelu ryxqlels est parvenue
la icience médicale d'un peuple peuventêtre évaluésà partir de deux
paramètresparadoxarD( : d'unepart la contemporanéité de cettescienceà
Î'histoire, Joit son aptitude à apporter des réponsespratiques, des
solutions adéquates,aux problèmes de son temps ; d'autre part -s1
transhistoricité,si on peututiliser ici ce concept"c'està dire sa capacitéà
élaborerun bagageintellecnrelrésistantà l'épreuvedu temps,une sorte

100
d'académismeou ce qu'on pourrait considérerconrme un héritage de
vérités durables.
Lorsque cette transhistoricités'affirmenettemenf,commec'est le cas de
la sciencemédicale arabo-islamique,il y a génêralement possibilité de
passerd'un âge de la scienceà un autre sansrupfure, sans remise en
cause totale, en procédant, pour ainsi dire, par recyclage des
connaissances anciennesdansun cadreépistémologiquemoderneou tout
simplementnouveau.
C'eit cette dimension culturelle transhistorique,cette continuité, qui
confère à ta médecine taditionnelle pratiquée au Maroc une faculté
d'adaptationextraordinaireet un sensEès pratiquedes tâchesde noffe
temps.

Un auEefacteur qui, dansune société,peut rendreactuelun systèmede


proédés anciensestle facteur de pênurie.Un descasles plus connusest
celui de la dernière guerre au cours de laquelle les servicessanitairesde
plusieurspays belligérantsse tournèrent,pour remédierà la pénurie de
éertains produits, soit vers les ersatz lorsque leur industrie le leur
permettait, soit encore vers les matièrespremièrestraditionnellement
utiliséesdansles soins.On peut citer commeexemplele recourspar les
annéesfrançaisesà un antidysentériquefigurant danspresquetoutesles
phar:nacopéesméditerranéennes mais peu utilisé jusque là : la salicaire
(Lythrum salicaria L.). On peut aussiciter les exemplesde la Chine, du
VietnanU des Phillipines, de I'Inde, du Pakistan,de la Malaisie qui
s'acheminentaujourdhui vers une harmonisation judicieuseet rationnelle
de leurs médecinestraditionnellesavec la médecinemodernendans le
cadre d'une optimisation de la couverturesanitairede base,mobilisant
tous les moyensdisponiblessur le terrain.

C'est donc finalement toujours dans les momentset les situations où


triomphe'la pnsée pragmatiste,chaquefois qu'il est nécessaire,avec les
moyens de bord, d'obtenir le maximum de résultats, que se fait le
meilleur agencementdesmédecinesancienneset modernes.
A noter que la même situationpeut aussise produiredansdes contextes
différents où la pénurien'estpas en cause: c'estle cas de la vogue que
connaîtactuellement,dansles sociétésde consommation, la phytothérapie,
voguequi se produit en éEoiteliaisonavecle développement de la pensée
écologique, et qui vient en réaction à l'état de surmédicalisationdes
populationsdéveloppées.Nous reviendronsplus loin sur les incidences
localesde ce couant.
Aux deuxextrêmesdonc,surmédicalisation ou sousmédicalisation,sepose
la questionde I'utilisationrationnellede la médecinepar les plantes.

Alors, ceci êtant, immédiatementvient à I'esprit une question de


stratégie: quels sont les aspectspositifs des systèmesde soins
traditionnels et que peuvent-ils apporter dans un monde qui vise le

101
progrèset où la pratique médicaledominanteest - et doit rester - une
pratiquerationalisterecherchantI'efficacitê? Voilà la questionde fonds
àutour de laquelle doit s'articulertoute réflexion sérieuseen matière de
développementdes soins de.basedans les pays du tiers-monde.Nous
verrons-plusloin quels élémentspourraientêtre avancésen guise de
reponseà cettequestion.*

Principales attitudes de Ia communauté


face à la question de la médecinetraditionnelle

A ce stadede notre progression,il est tempsde faire un tour d'horizon


rapide du comportementsocial face à la maladie et des différentes
positions à partir desquelles,au Maroc, la questionde la médecine
posée.
traditionnelleest généralement
. Iæ passéisme

D'abord, il y a une série de positionsqu'on pourrait regrouperdans la


même classe car elles procèdentde la même démarche: il s'agit des
po sitionstraditionalistes et culturalistes.
-Ces
positions, nourries souventd'anticolonialisme,mettent en avant le
passéprestigieux de la culture arabo-islamique,son art autant que sa
iciencè, pour réclamer,au nom d'une logique qui leur est propre, non
dénuéedè nationalisme,le refus de toutesformesde dépersonnalisation,
manifestantainsi leur attachementau savoir-vivreet au savoir-fairedes
Anciens. Ces positions,bien entendu,se trouvent raffermies dans leur
exaltation à chaquefaux-pasCrrla méthodemédicalemoderne.

L'erreur principale de ce raisonnementvient de ce qu'il fait de la relation


entre méaecine traditionnelle et médecine moderne - parfois
conflictuelle - une relation antinomiqued'exclusion et lui substitue
même une fausse relation opposantmédecinenationale et médecine
étrangère.
Or, ii la médecine contemporaine s'est bien développée ces
dernières annéesen Occident principalement' parce que I'essor de la
médecine est étroitementlié à celui de la technique, il ne faut pas
oublier que toutes les civilisationsdeparlersmPl 9t de par.l'espace
ont partcipé aux fondements de la médecineexpérimentale
modeine. Cètte médecineaprr.intientdonc au patrimoine de I'humanité
tout entière et s'il fallait absolumentlui attribuer un qualificatif, il
faudraitla considérer- non commeunemédecineoccidentale- mais

* Voir à ce sujet le chapitre: "Médecinetraditionnelle,ethnopharmacologie


et progès
social: la tradilion auseryicedu développement".

t02
comme une médecineuniverselleou cosmopolite"Nulle part au monde,
elle ne doig par consfuuent"êEeperçuecornmermemédecineétrangère.
. L'écologismeet le naturalisme

Le deuxièmetype de positions,plus particulier arD(nationsoccidentales


mais infilEé égalementdansles classesmoyenmes et supérieuresdespays
du tiers-monde,est celui qui fait le procèsde la shimiothérapiemoderne
et préconise - en réaction à l'état de surmédicalisationdes sociétés
industrielles- un retour à la phytothérapie.Ce courantqui s'inscrit tout
à fait dansle cadre de la penséeécologique,a malheureusement produit
quelques extrêmes, n'ayant plus aucune parenté avec les théories
naturalistesdont elles sont issues.Toutes les attitudes de ce type se
retournentde nosjours vers les médecinestraditionnelles,dansla mesure
où les attachesde ces dernièresavecla naturesonttrès fortes.
. L'éclectismeet le surnaturalisme

Le troisième groupe de positions,beaucoupplus éclectiques,moins


organiséeset moins structuréesque les précédentes,
est celui desfaçonsde
penser qui ont perdu tout esprit critique et dont le jugement sur la
médecinetraditionnellene voit en elle que ses seulesmanifestations
irrationnelles,un peu mystérieuses,et faisant appel au surnaturelet au
sacré. Ces posidons très fréquentes dans la rue, sont aussi
malheureusement colportéesdanscertainsmilieux inællectuels.Il est wai
qu'en raison de la crise morale Eaverséepar nos sociétés,tout ce qui
semble surnaturel exerce une grande séductionsur les esprits. Ainsi,
nombreux sont les récits qui circulent sur les miracles opéréspar les
Eadipraticiens.Tout le mondea entendunarrer,au moins une fois, I'un
de ces récits : lhistoire d'un paralytique,par exemple, prognostiqué
incurable par la médecinemoderne,et qui, soudain,a pu se lever ; le
miracle accompli sur un cancéreuxau stadeterminal qui a vu son mal
régresser; ou encoreles fripeties d'un gangrenédont la jambe devait"à
en croire plusieurs médecins,être amputéeet qui en réchappa; tout cela,
grâceaux bonsofficesdefi4aha.

A I'auEeextrêmede cetteposition, mais procédantde la même démarche


éclectique,le point de we qui consiste- en ne retenantque le seul aspect
irrationnel de cette médecine - à la condamneret à la rejeter
globalement,aussi sommairementque la position opposéela portait aux
nues.
. [æ pragmatisme

Enfin, il y a la position à laquelleadhèrentde plus en plus ceux qui sont


responsablesde l'élaboration des politiques sanitaires,aux échelles

103
internationales,régionalesou nationales,et qui se donnecomme objectif,
en partant desressourcesmatérielleset humainesdisponiblesdansle pays,
ressourcestout à la fois fiaditionnelleset modernes,d'assurerla meilleure
gestion possible du potentiel local et ainsi d'optimiserI'effort sanitaire
public. En effet, pour beaucoupde pays, aucunespoir de progrès de la
couverturesanitairede basen'est aujourd'huiprévisible,sansI'adoption
de mesuresnon orthodoxestelles que le recoursaux tradipraticienset aux
médicamentsà base de plantes produits sur place (PRINCE, 1984 ;
o.M.s.,1978).

La clientèle : classification et motivations

Voyons rapidementquelleest la situationacnrelleau Maroc de I'audience


et de I'implantationde la médecinetraditionnelle.
Et tout d'abord,force nous est de constaterque la sciencepopulaire des
soins- bien que chasséede la placepubliqueet dépossêÂæ de son statut
-
officiel par la médecinemoderne continuede fournir des prestationsà
une clientèlenombreuseet conserve,aux yeux de la gfandemassede la
population,un prestigepresqueintact.
Saclientèleseventilegrosso-modo commesuit:

l") Une clientèle de mentalitêet de moearstraditionnels,urbaine ou


rurale,appartenantà toutesles couchesde la populationet restantfidèle à
la sciencepopulairedessoinspourplusieursraisons:
- D'abord l'éducation qu'elle a reçue et son appartenanceà un
environnement socioculturel resté traditionnel, d'où une attitude
conservatrice,sceptiqueou tout simplementtimorée,face à la médecine
moderne, et donc une tendance à se rendre plutôt chez le fqih et
lherboristequi ne sontpasétrangersà son milieu, comprennentmieux sa
sapudeur,etc.
psychologieet sa subjectivité,respectent
- Deuxième raison : ses conditions de vie. En effet, la ruralitê, le
nomadisme,l'éloignementou, à I'inversenI'urbanité concentrationnaire
desbidonvillespériphériques*,tout cela colrespondà I'anrbiancenormale
dans laquelle se déroule et se développe tout système de pensée
naditionnel.
- Troisièmeraison : la modestiedes moyensmatérielsde cette clientèle
pour laquelle le prix de la médecinemoderne,aussi bas fut-il, reste
encoreinabordable.

2o) On peut compter égalementau nombre des consoûunateursdes


prestationsde santéde qpe Eaditionnel,unemnssede clients,iruêguliers
* Paradoxalement,maisentoutelogique,on retouve danscesbidonville.spériurbainsle.s
mêmesdominanæs,lesmêmesænilanceset les mêmesascendants superstructurels,qu'à
la canpagne. Et pour cause,cesconcentrationssont I'aboutissementnormal de I'exode
ru^.*l.

r04
et flottants, constituéed'individus de formation intellectuelle moderne,
mais de mode de penséedésemparéet conEadictoire,occasionnellement
attiés par ce sectenrde la médecine,en raison de I'un ou de I'auEede ses
multiples aspcts auxquelsle maladeest s$cialement sensible: attrait du
mystère,du symbolisme,du rituel, deschoseset destraiæmentsnaturels,
propensionaux systèmescuratifs de substitution,nostalgiede la grande
médecinearabo-islamique,etc.

3") N'oublions pas enfin au nombrede cette clientèle, la catégorie des


incurables - qu'ils soientsujetsà de petiæsaffectionschroniquesou à
desmaladiesgraves- et les cas abandonnés ou négligéspar la mêdecine
moderne. Ces malades,venantde tous les miteux, reportenttoute leur
espéranceet leur volonté de guérir sur la scienceEaditionnelledes soins,
avecune foi à la mesurede leur détresse.
a

Voilà dans I'ensemblecommentse ventile, au Maroc, la clientèle tie la


médecinetraditionnelle(BELLAKIIDAR, 1989| c).

A eux trois, ces grandsgtoupesd'utilisateursreprésententau moins 807o


de la population.Précisonstoutefois,que pour êne généralementfidèles,
ils ne, cônstituentpas une clientèle exclusive,car leur quasi-totalité
conserveun contact avec le secteurmodernede santé,contact plus ou
moinsimportantsuivantle cas.
D'autre part, il est important de noter que le processusde décision
concernantle choix par le maladedu type de soinsest sousla dépendance
d'un nombreinfini de facteurs,certainsstructurels,d'autresconjoncturels
(coûts,commodités,croyances,prestigepersonneldu praticien,etc.).

En dernièr ressort,il nous semble difficile d'établir des modèles de


prévisibilité du comportementdu maladeface à un besoin de santé.La
ieule chosecertainec'estque dansla grandemajoritédescasoù un choix
est possible, c'est un thérapeutequi en définitive est choisi et non un
systèmemédical.

Facteurs objectifs de survivance

Un certain nombrede facteurscontribuentà donnerà la sciencepopulaire


des soins un parfait enracinernentdansla sociétémarocaine.Examinons
ceux d'entreeux qui apparaissentcommedéterminants.

l") Accornmodationà la rêalité rêgiorule de la médecinetraditionnelle,


du point de we du savoir-faireet desressources,étantdonnésesorigines,
sonpatrimoine,son cadrede mouvance,sondomained'application.

105
2") Proximitê existantdans la relation nulndc-thérapeuteet simplicitéde
cette relation. Cette proximité soigné-soignantjoue d'ailleurs
diversement:

a) Proximité spatiale d'abord: en effet, l'éloignementdans les zones


rurales des centresde soins publics contribueà conserverune certaine
audienceà la médecinetraditionnelle,toujoursreprésentéelocalementpar
un praticien, mêmesi celui-ci fait parfgis autre choseà côté pour viwe.
La iédentafltÉet I'urbanitéde la médecinemodernejoue donc en faveur
desradipraticiens(BELLAKIIDAR, I 983).
Cessoinl se font mêmetrèsfréquemmentà domicile.Iæ casle plus connu
est celui des accoucheuses* (qabla) qui prennenten chargela parn[ienæ
cbezelle, mais nombreuxsont aussi lesfuqahc disposésà se rendre au
chevetdesmalades,là où ils setrouvent,en car, à dosde mulet ou même
à pied.
Cè facæurde proximité spatialeintervientaussien faveurde la médecine
dite "familialé" qui représenteune part très importantedes prestations
renduespar la médecineEaditionnelle.En effet, il est rare de frouver une
famille iui ne compte pas, en son sein, une personneau moins, d'un
certainâge,posséaant, en mêmetempsquela sagesse de I'expé{ence' un
arsenalde rècettesde santé simples et des consignesdhygiène et de
préventioncollective.Par exemple,en périodedépidémie,les consignes
prophylactiques suivantes : collyre au-vitriol blanc dans les yeux,
inaitiiation de feuilles de ttryrn, goudronvégêtalau fond des cruchespour
aseptiserl'eau de boisson et sur le bout du nez pour b-1rro la
rou-te arDK agentsinfectieux,purges,etc. De mêmeles mesuresd'urgence
intervenantlans les épisodesde morsurespar animaux venimeux ou
enragés,d'intoxicationsvégétales,de contaminationsmicrobiennes,etc.
Tout-cetart familial bénéficieincontestablement desavantagesinhérentsà
sonnon-professionnalisme et à sadisponibilitéimmédiaæ.

b) Proximité idcologiqueet sociale: celle-ci se manifestesousdifférents


nisages,en particuliei dans la familiarité du discours; la similarité de
mode de viê du praticien et du patient ; les modalitésde soins tenant
compte du contextesocial (pudeur,non-mixité, etc.) -;-la _qualitédu
rapp^ortsoigné-soignantapparaissant dansI'esprit charitabledu praticien
fâditionnet, safoi activiste,sadisponibilité,sondévouement, etc.
De plus, I'acês facile des échoppesdes th{apeutes et des herboristes,
tenoespar des gensissusdu peuple,parlant19Tême langageque lui et
vivant ôesproblèmesidentiques,est à opposerà I'anrbianceangoissante et
souventdécourageante qui règnedansles sallesd'attentedes centres de
soinset descabinetsPrivés.
* Voir à cezuJet: AKALAY (1984); MATHIEU & MANEVILLE(1952);ERRAII &
BENAZZOI,]ZOgAD; REKIOUAI((1982); CLAISSE(1989).

106
3") Faible coûtdessoins

Ce facteur joue évidemmentun rôle tès important dansle choix du type


de prestation médicale. Il est vrai que les tradipraticiens laissent en
gênêralle montant de leurs honorairesà la dissrétion du client. A la
campagne,ce montantvarie ente 3 et 10 Dirhams*. La consultationest
parfois même payêeen nature : un peu dhuile d'olive, une douzaine
d'oeufs,un bol de beurre,etc... La prescriptionqui prolongela visite au
lqih ne coûte elle même rien du tout : les plantes sont généralement
donnéespar le praticienou récoltéesdirectementdansla nature.En ville,
où les simples sont délivrés par les herboristes,le coût moyen d'une
prescription excèderarement l0 Dirhams. Quant aux tarifs urbains des
consultations,ils sont de I'ordrede l0 Dirhams.

4") Efficacitédestraitemcnts

Eu égard aux moyens engagés,on peut considérerque la médecine


uaditionnelle obtient d'excellentsrésultats dans le traitement de bon
nombre d'affections courantes: affections des voies digestives, de la
sphèreO.R.L., des poumonset desbronches,de la P€âu, etc. En effet"
la science des simples possède au Maroc un ûès bon arsenalde
laxatifs, antidiarrhéiques, cicatrisants,cholagogues,révulsifs,vermifuges,
etc. De plus, certaines prestations courantes,comme I'obstétrique
traditionnelle ou la réduction des fractures peuvent être considérées
commeutiles en raisondes servicesrendusdansles zonesruralesisolées,
et tout à fait aptesà la prise en chargepar le secteurmodernede santé.

5") Modérationet Progressivitédnnsl'actionthêrapeutique

C'est là deux caractèresimportantsdu systèmescuratif taditionnel qui


reste dans I'ensembleune médecine"douce"ode maniement facile,
principalementorale ou topique,n'empruntantpour ainsi dire jamais les
autes voies d'adminisEation,et hès rarementsanglante.Iæs simplessont
de plus employéesà des doseset sous des formes (décoctions,oléats,
pâtes, etc.) qui diluent beaucoup les principes actifs d'où un
échelonnementde I'activité, mettantà I'abri des chocs ttrérapeutiques.I-e
principe de progressivitédes dosesest d'ailleurspartout la règle, d'où un
meilleur confrôledesprocéduresde soins.
Enfin, la pharmacopée marocaine ne compte que peu de
produits dangereuxlesquels sont, de surcroît, très bien connus des
populationsruralesou d'origine rurale.

* 10 Dirhams(en 1996)= 1,2Dollar U.S = 6 FF.

r07
Bien entenduonous ne retenons de cette médecineque son contenu
phytothérapeutiqueen laissantde côté toute la gangueirrationnelle qui
I'accompagne parfois,et qui puiseà diversessources.
La richèssedu droguier national marocainest d'ailleursreconnueet de
nombreux laboratoires étrangers, universités et organismes
internationnaux,cherchentactuellementà tirer de cette pharmacopéele
meilleur parti possible : recherche de nouvelles molécules
pharmacodynamiquement actives, de nouvelles activités, de nouvelles
sourcesde matièrespremièresvégétales.

Le conditionnement psycho-affectif

Il ne seraitpasjuste de sous-estimerles facteurssubjectifsde survivance


qui jouent eux aussiun rôle important.

Au nombre de ceux-ci, il faut compterI'insertionparfaite des systèmes


traditionnelsde soinsdansI'environnement socio-culnrrelarnbiant,d'où le
facteurdit "sociabilité".Cet élémentintervient- commenousI'avonsvu
plus hautlc- en tant que facteur objectif, mais aussi - par effet de
ietour (rétroaction, "feed-back") sur les mentalités- en tant que facteur
subjectif. C'est lui en particulier qui place le malade en situation de
réceptivité maximum.

Une auEepart importantedu conditionnementpsycho-affectifcréé autour


d'elle par la médecinetraditionnelledécoulede ce que celle-ci prend en
chargela maladiedanstoute sa complexitéet considèrela santécommeun
équilibre nécessairede bien êfe physiquenmental, affectif, moral et
social.
Elle ne dissociepas - contrairementà la méthodemédicalemoderne-
le mal en lui même du mal-êtregénéral,la douleuraiguëde la souffrance
existentielle chronique.Pour elle, un dysfonctionnementorganique ne
peut être appréhendéque par rapport à I'ensemblede ses implications
biologiques,sociales,psychologiques. D'où une participationPfusg{a49
non sèulementdu soignéet du soignant"mais ausside la collectivité, à
l'acte thérapeutiquelui-même.
Enfin, bien d'autresfacteus dont nous énuméreronsseulementquelques
uns participent à la survie dans les esprits du prestige des médecines
anciènnesI dans le nombreocitons leur qualité dhéritières des grandes
civilisations disparuesnleur contenuparfois rituel et magico-religierrx
exerçantun certain attrait sur la mentalitépopulaire,le mystèredont elles
s'entourent,I'activismedont eile font preuve,propre à libérer I'angoisse,
et bien d'autresfacteurssur lesquelsnouspassons.

* Voir $ "Facteurcobjectifsde survivance.

108
Les points de faiblesse et les difficultés d'évaluation

Exarrinons maintenantrapidementquelssont les élémentsqui jouent en


défaveurde cette sciencedessoinset essayonsde voir à quel niveau une
interventionserait souhaitable,afin que les connaissances
traditionnelles
puissent être recycléesconvenablementet mobiliséesdans le cadre de
I'effort sanitairepublic.

l") L'implicationdu nwgiqueet du sacrédnnsl'actethérapeutique

D'abord, sur le plan approche gênêraledu sujet, ce qui pourrait gêner


l'évaluation de ces pratiques,c'est I'intrusion fréquentede la foi et de
I'irrationnel (religion, culte des saints,magie, divination, etc.) dans un
système de pratique dont le fonds reste, malgré son empirisme,
essentiellementrationnel. Dans ce mélange,il semble de prime abord
difficile de faire la part de chacunedes composantes dans I'analysedes
résultatsthérapeutiques.
Toutefois, exceptionfaite destraiæmentsimpliquant un rite, difficilement
décomposables, cette ingérencen'estpas constitutive,mais surajoutée;
par exemple : une prescriptionde simples+ un talisman ; une pose de
cautères + des fumigations exorcisatoires; une cure thermale + un
pélerinage, etc. Nous sommes donc en présenced'une association
rationneUirrationnel de tlpe mosarQue, justiciabled'uneséparation,et non
en présenced'un mélangeinéductible, ne cédantpas aux techniquesde
tri. Rien n'exclut,par conséquent,la possibilitéde faire un choix dansla
massedesprocédéset desproduits.

2") I4 croyanceen dcs causalitéssupérieures:


malédiction,malfaisanceet maléficience

En médecineuaditionnelle, la posedu diagnosticest une affaire complexe


faisantinærvenirbien souvent,à côtédescausesnaturelleset systémiques,
des étiologies surnaturelles(châtimentsdivins, génies malfaisants,
possessions, mauvaisoeil, etc.) d'oùune certainedistanciationpar rapport
aux causesdirecteset I'absencede modèlespathologiquesdéfinis, servant
de base à l'élaboration d'une nosologie. De plus les médecines
traditionnellesn'ont pasbénéficiédesprogrèsréalisésdansle domainede
lTnstnrmentation et du sondagebiologique.

Certes,le modèletaxonomiquen'estpas en soi un signe de progrèsd'un


systèmepar rapport à un autre.Commele dit FOSTER (1983) "il est
importantde se rappelerque les systèmesde classificationsont appliqués
; il ne sontpas(commele pensaientil y
aux donnéespar les classificateurs
a trois siècles Sydenham,Linnaeuset d'autres)inhérents aux données
elles-mêmes,aux lois de la nature.La seule contribution des modèles
taxonomiquesest d'ordonnerun chaosapparentt.......1.En matière de

109
classification étiologique, il faut se rappeler qu'on attribue certaines
maladiesà des causesaussibien personnalistesque naturalistes,et ce dans
toute société,mêmeles plus attachéesà I'allopathie".

En effet, attribuer la caused'unemaladieà un agentinfectieux ne confère


pas au( procéduresttrérapeutiques déclenchées pour combatEele mal, une
-en grandeque si on attribuait cettecause,par exemple,à une
vafdte phs
divinité colère. Les tradipraticiens maghrébinssavent bien qu'un
contactavec un variolique peut amenerla variole chezun sujet sain par
transmission- disent-ils- de "miasmesmorbides".Ils pratiquaient
d'ailleurs la vaccination antivariolique bien avant que Jenner I'ait
découverte,ce qui montre bien leur croyanceen un agent matériel de
contamination. Mais ils peuvent estimer que, derrière cette cause
naturelle, Se trouve une origine du mal, plus décisive encore : une
malédiction,un espritmalfaisantou un sort.L'explicationest simplement
différée à un niveau supérieurde causalité.Les médecinsoccidentaux
diront : I'existenceen soi du microbe suffit à satisfairenotre entendement.
Comme le dit LAPLANTINE (1973) : "Nous pensonsce que notre
culture nous a appris à penser,mais que demainon nous apprenneque
I'infectionmicrobienneest la consfuuenced'unmal plus fondamental,nos
critèresnosologiqueschangeraientcommechaquefois que notre culture
subit des mutations".Et c'est bien vers la connaissance de ce mal plus
fondamentalque sembles'acheminerla recherchemédicalemoderneavec
la découvertè dans certaines maladies virales ou cancéreusesde
phénomènesimmunologiques sous-jacentsprovoquant un mauvais
ionctionnementdes défenses..Onrejoint là, d'une certainemanière,la
doctrine homéopathiquequi considèreles symptômespathologiques
comme des manifestationsde rééquilibragebiologique et s'attacheà
combattre les maladies en restaurant les fonctions perturbées de
I'organisme.

Certes, la techniquea permis un grand progfès dans la recherchedes


causesdirectes.Mais, pasplus queles classifications en nosologiene sont
un critère déterminant de vêité, une prestation instrumentale dans
l'élaborationd'un diagnosticn'estréellementune garantied'infaillibilité.
Les unescommeles autresne valent que par ce que I'on en fait. A juste
titre, les sagesde cheznous n'omettentjamais de rappelerque "derrière
une lunette d'approchese frouve un oeil humain" ayantd'ajouter : "c'est
I'oeil qui voit, nôn la lunette".On pourraitfès valablementétendrecette
sageparoleau stéthoscope ou au microscope.

La supérioritéde la méthodemédicalemodernedansla recherchedes


causeine résidedoncpas essentiellement danssestechniquesou danssa
nosologie. Celles-ci y contribuent certainement,mais-pas de faç9n
décisive. Sa supériorité fondamentale se trouve dans le cadre
épistémologiquenouveauqu'elle a ctêe,en isolant, dans I'ensembledu

110
phénomènecausalnla chosequi représentela causedirecte,unique,même
si, à un niveau supérieur,celle-ci est déclenchéeelle mêmepar une autre
causeou par une cascaded'aufrescauses.Cetteprogressionpas à pas à la
recherche des causes directes, qui est le fondement de la méthode
analytique, a abouti à des progrès spectaculaireschaquefois que des
facteurs matériels étaient impliqués directement : c'est le cas des
infections,blessures,empoisonnements, malnutritions,etc.

Au contrairede la méthodemédicalemoderne,les systèmesEaditionnels


occultentbien souventles causesdirectes,dansleur volontéde débusquer
les causesprofondesnce qui contribueparfois à fausserl'action et à
désorganiser dansI'ensemble,
les stratégiesde riposte.De cela il découleo
de très sérieusesinsuffisancesdans la pose du diagnosticet dans la
constitution d'une nosographie-type,basesde toute véritable approche
opérationnelledesconduiæsthérapeutiques.

3"1Lo dégradationda savoir

La perte du bagage doctrinaire originel dans la pratique médicale


corrmune a débouché sur la grande imprécision régnant aujourd'hui
autour de la prise du médicamentet son adminisfrationau malade.En
mêmetemps,se sontprdues les règlesde posologie,lhabitudedespesées
exactesainsi que les techniquesgaléniquesde preparation des remèdes
magistraux et les connaissancessur lTmportancerespectivede chaque
forme d'administration.De la sorte, la décoction et la poudre ont
quasimentremplacétoutesles autresformesoralesutiliséesautrefoisdans
leur diversité et en bonne connaissance de I'efficacité respectivede
chacuned'ente elles ; les dosesne sont plus devenuesque de grossières
approximations; et les notionsde contre-indications sonttombéesdansle
' leitmotiv.
De la même façonoapparaissentde sérieusesdéfectionsdu côté de la
collecte desmatièresmédicinaleset de leur emmagasinage. Peuà peu a été
oublié le savoir relatif aux meilleuresSriodes de récolte,aux procédés
de séchageadaptésà chaquecas,aux bonnesconditionsde stockage,afin
de prévenir I'avarie des produits et leur péremptionrapide. Du coup,
comparéeà la rigueur d'auEefois,la qualité moyennedesprocédésusités
aujourdhui paraît bien médiocre.

La banalisation enfin a porté un sérieux coup à la pharmacopée


traditionnelle. On retrouve d'ailleurs ce problème également dans la
médecinemoderne.Cette situation se produit lorsquele grand prestige
d'une substancefinit par en faire une sortede panacée,parfois mêmeun
condiment quasi pennanentdans I'alimentation.Or, s'il est sûr qu'une
bonne médication gagne à êre bien connue,il est aussi certain qu'elle
perd à être maltraitée par une mauvaise vulgarisation ou par la
gadgé6su1ion.Car une médication- naditionnelle ou moderne- est

111
toujours accompagnée d'unesortede rituel : elle n'estprescriæque pour
une affection donnée,à desmomentsdonnés,selonuneprocéduredonnée.
Sinonoen perdantce protocoled'utilisation,elle perd du mêmecoup ses
vertus, c'est à dire son efficacitê technique,son aptitude à créer une
arrbiancepsychologqoefavorableà la guérison,et sonprestige.Ce fut le
sort au Maroc d'une série de plantestrès actives comme l'armoise, le
thyttt l'origan, la bugle, le cumin, le carvi dont on ne croit plus tellement
aux propriétésparceque leur emploi aétÉ,Eop longtempsbanalisé.

Voilà en gros quelles sont les grandesinsuffisancesde la médecine


traditionnelle.Atous ces niveaux une interventionest donc souhaitable
pour une meilleuregestionde sesressources.

Conclusion

Nous venons de voir rapidementquelquesaspectsdu contextepsycho-


sociologiquegénéraldans lequel se dérouleau Maroc, la prestationde
soin traditionnelle. Ces aspects sont très importants et pèsent
considérablement sur la vie sociale.L'évaluationdesargumentsen faveur
de la participation de la médecine traditionnelle aux programmes
modernesde santédoit cependantse garderde tomberdansle stéréotype.
Beaucoupde clichés,pastoujoursexacts,ont été répandus,c€s dernières
années,sur les "bons côtés" de la médecinetraditionnelleet sur les
"limites" de la méthode médicale moderne,nécessitantde la part du
planificateur sanitaire, vigilance et prudence. En effet, tous les
tradipraticiens ne font pas égalementpreuve de compétenceet de
moralité,et les médecinsde formationmodernene sontpas tousinadaptés
au milieu Eaditionnel.De plus en plus aujourd'hui,desjeunespraticiens,
originaires des milieux traditionnelsurbainsou de la campagne,prennent
la relèvedesmissionnairesoccidentaux.CesnouvearD( médecinsn'ont pas
de problèmes de communication particulier avec les malades et
comprennenttrès bien les étiologiesqui leur sont décritesainsi que le
lexiquepathologiquedu peuple.*
* A ce propos,il faut insisærsur le fait queboaucoupde-"gas"étiologiques-décritsparles
mahde3 à mentalité traditionnelle ne sbnt pas toul à fait en corespondance avec les
catégoriesétiologiquesenseignées habituellement auxmédecinsdeformation moderne.
Ainsl lhyperæns-ioir ne peutête perçuecomrnemaladiequep-qrlq médecinemodernequi
seutepo-sêdeles moyénsd'invèstilation permettantde laïéceler. Mais le concept de
nforte-tension"existe-dansla penGe traditionnelle pour laquelle il est l'équivalent de
nervositéou mêmed'anxiété.
Un aute exempleest la maladieque les Marocainsappelentbtrnezwi entrainant un
malaiseindescriptibleà moinsde le ressentirsoi-même.Est ce_un€ forme-dhyperænsion
soudaineet fugace? Une manifestationviscéraled'éréthisme? Une palpitation aortique
accompagnée d'angoisse?
Et qubn ésçil exac-tement decettemaladiequecertainspraticiensont appelépar dérision
ntouteschoses")et qui est observéechez
la "koulchite" (de ful S qui veut dire en arabe

tt2
D'autre partn I'esprit commercial s'est aussi introduit dans le secteur
traditionnel de la médecined'où une recrudescence du charlatanismeà
revendication médicale et beaucoupd'imposturessur la scène de la
phytothérapieet de la médecinemagico-religieuse.
Enfin, les systèmescuratifs traditionnelsne sont pas toujourspréparésà
assumerune fonction officielle au sein d'un appareil de santémoderne
d'où un risque de hiatus pouvant apparaîneil i'interface de la relation
tradipraticien/institutionmodernede santé,hiatusjouant alors à I'encontre
du résultatvisé.

Tout cela, bien entendu,ne doit pas découragerla recherched'une


participation de la médecinetraditionnelleà la couverturesanitaire de
basedansle cadred'unepolitique de santépragmatique,mais oblige, pour
le moins, à une analysecritique frès attentivede la situation piévalant
dans le secteur,afin que soit éliminée toute hypothèsenon vérifiée ou
carrémentfausse.De la mêmefaçon, devrait êne ênanêtout prejugé vis à
vis de la médecinetraditionnelle. Ainsin seulementpourra êtrt afteint
I'objectif d'impartialité sans lequel aucune optimisation véritable de
I'effort de santépublic ne pourrait se faire, dansle cadred'une stratégie
employanttoutesles ressourcesnationales,tanthumainesque matérieilés,
traditionnellesou modernes,pour le plus gand bien despoputationssous-
médicalisées desvilles et descampagnes.

Suitedc Iarcte dc lapageprécédcnæ:

des patients qul se sentent "malade de partout" sans qu'ils puissent décrire des
symptôqgs_p_(ciqou, à I'inverse,en décrivantune foule de sympiômessanscohérence
aucune (sLoMKA, 1983). Le malade atteint de "koulchite"-est-il simplement un
colopatheou bien ce concepttraduit-il plutôt I'incapacitédu médecinmodeineà cerner
unemaladiepsycho-somæique particulièreà notresociété?
Qrrpt au qoncept
Qer-d (fro\deut),noussavoruqu'il renvoiedansI'espritde.sMarocainsà
la théorie humorale laquelle impute à un excèi de froid dansI'orgànismeune série de
maladiesnrayqntpas forcémentune relation avecle conceptde froideur æl que nousle
c-omprenonshabituellement. Ainsi la gonococcie,la grippe, la pneuàonie, les
rhumatismeset mêmela stérilité pourrontêtreinclusesdans-cettbcatégôriegénériqueet
seuleun inærrogatoirepa$.ent- car lq pud_eur desmaladesvient souvàntcoÉpHqrËrtes
choses- accompagnéd'examensméthodiques,pennetEade résoudreces véritables
rébusétiologiquas.

Enfin il faut comprendreque les conceptsanatomiques Fuvent différer d'unecultureà


une autreet recouwir mêmedesnotionsou desfonctionsvitales différentes.Ainsi, chez
les Marocains,si le coeurest bien le "moteur"de la vie, commechezbaucoup d'autre
Peqples-,p-arc.olQle-foie estle sièBedeI'amourfilial gt ll poitine le cenre du côurageet
dc la générosité.D'où, bien enændu,toute une séried'étiologiesde maladies liées à'ces
domiciliations: un seulexemple--: cetævieillefemmequi a peidu sonfils à la guerreet qui
vient en consultationparcequ'ellea subiæmentmal aufoié.....

113
CHAPITRETV
CATALOGT]EDES PRODUITS
DE LA PHARMAcopÉp MaRocaIrYE
PLANTFôrrdOrCnqelæs ETTOXTQLJES,
PLANTESALIMENTATRES,
À useces rEçHNIeuEs,sndpl.EsANIMAITx
nLANTES Et lvilvÉnAux,
PRODUITSEMPLOY.ESEN MAGIE, SUBSTANCESINDUSTRIELLES,
nÉrnNcEsETcoNFEcrroNS.

I . PRÉSENTATION CÉNÉrul,N
ET MODE D'UTILISATION DU CATALOGTIE

A . LES GRANDES DIVISIONS DU CATALOGUE


Les produits décrits dansce cataloguesont classésen 5 grandsgroupes
dont le premierest subdiviséen deuxsous-groupes :

I. I-es produits du règne végêtal


I.A. Les crlptogamesnon vasculaires
I.B. Iæs cryptogamesvasculaires
tr. Les produitsdu règneanimal
Itr. Iæs produitsdu règneminéral
IV. I-es produitsindustrielsou de fabricationartisanale
V. I-es confectionset les mélanges

B . LES MODES DE CLASSIFICATION DES PRODUITS

1. Produits du régne végétal

Pour les produitsdu règnevégétal,nousavonsadoptéI'appellationlatine


scientifiqtrede la plante qui fournit la matièremédicale.
Les différents articles de cettedivision, dont les intitulés sont donc des
structuresbinaires, ont été classés,pil ordre alphabétique,à I'intérieur
des grandesfamilles botaniqueselles-mêmesordonnancées,pour des
raisons pratiques,selon un ordre alphabétique.Tous ces articles sont
numérotéspar ordre de citation dansle catalogue.
Par esprit de simplificationncertainesespècesbotaniquesfounissant des
produits qui ne sont pas traditionnellementdifférenciésou des drogues
d'usagessimilaireset dont l'intérêtnejustifie pasla créationde plusieurs
rubriques,ont été regroupéesdansle mêmearticle, ou décritessousun
intitulé correspondantau genre botanique auquel appartiennentces
espèces.Par exemple les espècesCupressus rnacrocarpa Hartveg,
Cupressus sernpervirensL. et Cupressusatlan ica Gaussen ont été
regroupéessous le même article n" 192. Autre exemple : les espèces
Astragalus baeticusL., A. caprinusL, A. sesarneus L., A. hamosrsL.
ont été décritesdansun mêmearticlen" 233,intitulé "Astragahzsdivers".

115
Exceptionnellement,les espècesainsi regroupées'poruront appartenirà
des gènresdifférents (mais proches).Par exem^ple: Cynodon dncryIon
G.) Pers.et AgropyrumrepensP. Beauv.(n" 395).
2. Produits des autres règnes ou divisions

Pour ces produits (règne minéral, règne animal, domaine industriel),


nous avons adopté les dénominationsfrançaisescommunes' sans
considérationde famille, de genreou de catégorie.Par exemple: sal@ne
(au lieu de nitraæ de potassium); cantharide(au lieu de Lytta vesicatorin
Fab.) ; minium (au lieu d'oxyderougede plomb Pb:O+).
En effet, commentfaire autrementpour répertorier des produits comme
la bile, le beurre, I'alun, le charbon végétal,le savon traditionnel, la
momie cadavérique,etc.,dont les appllations latineso-uscientifiquesne
sont pas toujours évidentesà établir ? Ainsi, pour I'alun blanc, dont
I'appèllation scientifique est "sulfate double de potassium et
d'aluminium",fatlait-il classerà "suHate","potassium"ou "aluminium"?
En dernière analyse,pour la centainede produits relevant de ces
divisions, nous avonsestiméqu'uneclassificationsimple, faisant appel
aux dénominationscommunesn rendaitplus commodeI'utilisation du
catalogue.
Nous avons classéces produits, les uns après les autres,par ordre
alphabétiquestrict de leurs dénominationscommunes.

3. Les confections et mélanges

Nous avonsregroupédansce chapire quelquesmélangeset préparations


qui se vendent, prêts à I'emploi, chezprelque tous les herboristeset
&oguistes, quelquesrecettescélèbresde la pharmacopéemarocaine,
(prép.é"s parfois dansles familles)et certainescompositionscomplexes
qui peuventêtre considéréescomnredessortesde thériaques.
Quùt aux associationsqui sont constituéesd'un nombre restreint de
droguesou qui n'ont atteintaucunenotoriétéparticulière,nousles avons
intégrê,dans les monographiesoù nous Eaitons de leur composant
principal.

C . ORIGINE ET MODE D'OBTENTION DES DONNÉES

Les donnéesque nous avons fait figurer dans ce catalogue ont été
obtenuesselon4 modalitésdifférentes.On peut distinguer:

1ol des informationsque nous avonsrecueilli nous-mêmessur le terrain,


au cours de nos enquêtesauprèsdes populationset de divers groupes
professionnels.

2"1 dc: informationspui:é:s dansdestravauxd'auteurs,destextesanciens

116
ou des archives,au cours des recherchesbibliographiquesauxquelles
nous avonsprocédéet dont les référencessont signaléesdansle texte, à
I'endroit de leur citation, par un systémeabrêgéde renvoi comprenantle
nom de I'auteur(ou des auæurs)suivi de l'annéede publication*.Toutes
ces références sont listées, dans leur intégralité, selon le mode
dTndexationintemational,en fin de thèse.
Exemple: lamentiondansle texte: (GHIGLIONE& a1.,1976)renvoieà
la rêfêrencebibliographique : GHIGLIONE C., LEMORDANT D. &
GAST M. (1976),Sur la compositionchimiquede Teucriurnpolium ssp.
cyhndrtcumMure - caractérisation Plantes
d'alcaneset de béta-eudesmol.
Médicinaleset Phytothérapie, 1976,tome 10,n" 4, pp.22l-232.
Les renvoisbibliographiquesque nousindiquonsdansle texte concernent
la totalité du paragraphedanslequelils sontinclus. Quandils se Eouvent
en retour de ligne, ces renvoisportentsur le chapife ou le sous-chapine
en entier.

3ol desrésultatsoriginauxd'analyseschimiquesque nousavonseffectué,


ou auxquellesnousavonsété associédansle cadrede collaborationsavec
différents chercheurs,sur certainesplantesmédicinalesou aromatiques
marocaines,choisiespour leur endémicité,leur particularismeou leur
importanceéconomiquelocale.

4ol desélémentsde discussionprovenantde la confrontationde toutesces


donnéesentreelles.

La typologie de la provenancedes informationsest donc la suivante :


terrain, bibliographie et sourceshistoriques,recherchesen laboratoire,
analysecritiqueet discussion.

D . NATURE ET ORDONNANCEMENT DES DONNÉES

Du point de vue de leur nature, ces donnéessont regroupéesen 5


catégories, représentéesgénéralementpar des chapitres ou des
para$aphesdistincts revenantdans toutes les monographies,sauf si
I'absencede matièrerecueilliesur les produitsinventoriés,nejustifie pas
I'ouverturede I'un ou I'aufie de ceschamps:
- identitébotanique;
- vernaculaires,lexicologie,histoiredesmots ;
- chorologie,horticulture ;

* Exceptionnellemeng quandla daæetlou le lieu de la publicationne sontpasconnus,le


nom de I'auteurest suivi de l'une desmentionssuivantes: s.d. (sansdaæ),s.l. (sans
lieu) ou s.d.n.l.(sansdaæni lieu).
Quandc'estle nom de I'auteurqui n'estp.rsconnu,nousfaisonsfigurer la mention :
ANOf{nvIE.

tt7
- usagestraditionnels: médicinaux,cosmétiques,toxiques,magiques,
alimentaires,pastoraux,techniques;
- toxicité : étiologie,symptomatologie
(quandil s'agitd'uneplante
toxiquepour laquelledesintoxicationslocalesont étéobservées)*;
- discussiondesdonnéesde terrainpar rapportaux informationstiréesde
diversessourcesécritesarabes.

Accessoirement,lorsquele sujet le justifiait, nos monographiesont été


enrichiespar la créationde paragraphessupplémentaires :

- histoire du produit : production,commerce,réglementation,etc. ;


- résultas de travauxpersonnelsen phytochimie;
- comparaisondesdonnéesettrnopharmacologiques avecles données
fournies par la littérature dansle domainede la chimie, de la
pharmacologieoudela toxicologe.

Chaquefois que cela a été possible,nous avonsconsignéégalementles


nonrs vernaculairesutilisés en Algérie et en Tunisie ainsi que dans
certainesrégions du Monde Musulman dont les pratiques médicales
peuventêtre rapprochéesde cellesdes populationsdu Maroc. Ces norns
ônt été relevéspar nous-mêmes au coursde nos voyagesou puisésdans
dessourcesbibliographiques fi ables.

E - TABLE DES SIGNES, ABRÉVIATIONS


ET INDICATIONS DIVERSES
- (!) : vernaculairesûr, confirmé par plusieursinformateurset recoupé
par diversessources.

- (poly.) : vernaculairede type génériqueou polyvalenl,se rapportantà


plusieurses@cesà la fois. Ceses@cessontparfoishèséloignéesles unes
des autres du point de vue de la systématiquebotanique, mais ont
généralementquelque chose de commun entre elles dans I'esprit des
populations traditionnelles : allure gênêrale, llpect, _caractères
ôrfanoleptiques,utilité, etc. Par exemple : l-ghassû.I s'applique à la
foii à AiZooncanartense L., AizoonhispanicurnL.,Mesembryanthemufn
* Diversqsinformationssur la toxicité desproduitsont été consignéeslors des3 année.s
(1970-L972)au coursdesquellesnousavonsdirigé le ! boratoire_de Toxico_logieet de
Èecherchei médico-légaiesà I'Institut National d'Hygiène (Rapat - Maroc). Ce
laboratoire,unique à l'époqueau Maroc dansce domained'activité, traitait toutes les
affairesd'intoxic:ationssignâtéesdansle pays(intoxicationsaccidentelles,intoxications
professionnelles,expefti&s médico-légales,fraudes,etc.) ce qui en faisait un véritable
ôbservaoiretoxicolôgiquenational.Nôusavonseffectué,dansce cadre,desdizainesde
missionsd'enquêæsJur te terrain et procédéau laboratoireà trn tt$ gpnd nonobrede
recherchespoïr identifier les agentsresponsables- de.ces intoxications. Plusieurs
observations1étiotogieet symptômesdes intoxications)que nous publions dansce
catalogueremontentà cetteépoque.

118
rydrflqlum L., Mesembryanthemum
cristallinumL., diversSalsola et
bien d'autresplantesencorequi ont en commundes propriétés
saponifères.
La présencesimultanée signe(!) et de l'abréviation(poly.) signifie
_du
que le vernaculaireestà la fois sûret polyvalent.

- (init.) : vernaculaireinitiatique appartenantà un groupe


humain
particulier (femmes,confrériesreligièuses,toxicoman-es, ètc.), à un
métier (iggo-n_professionneldes menuisiers,des tanneurs,etc), à un
type d'activité(magie,cueillette,etc.).
- (litt.: ) : cette abréviation signifie "littéralement". Nous
I'employonspour donnerla traductionlittéraled'un vernaculairelorsque
celui-cia un sensdéchiffrable.
- Un nom de localitéfigurantentreparenthèses - par exemple: (Gharb),
venantà la suite d'un vernaculaire,indiquele [eï (ville, iocaliié, uibtl
ou région)où nousavonsrelevéle vernaCulaire. Lorique ô.tt" indication
n'estpas de nous,elle est suivie du nom de I'auteurqui a procédéà son
relevé; exemple: qort (Haouz,NÈGRE,196l).

F - TRANSCBIPTION DE L'ARABE ET DU BERNÈNT


EN CARACTÈRES LATINS

Pour la translittérationen françaisde I'arabeet du berbère(qui tait appel


1uI qêAes _phonèmes que I'arabe),nousavonsopté pour ié systèmè^oe
G.S. COLIN q,ti est le plus adaptéà la langue
- et àux-dialectejlocauxet
présenteI'avantaged'êtresimpleet précis.
- Le Tableauci-dessousprésenteI'alphabetutilisé par ce systèmeavec
I'ensemble de sescorrespondances arabes.
A chaqueconsonnearabecorrespondun symbolegraphiquesimple ou
accompagné(au dessusou au dessous)d'un signe-diacritiquê.Les
voyellesarabes,qui peuventêtre brévesou longuel,sont renduèspar2
jeux de symbolesdistincts: un jeu de signesdiàcritiques(surmontantla
consomne-qui précédeimmédiatement) pour les voyéllesbrèves; et un
jeu de symbolesà 2 signespourles voyelleslonguesivoirTableauj.
Dans ce système,-iln'y a pasde diphtongues : deuxvoyellesaccoiéesse
prononcentséparément.
Le signe ' (chedda)qui permet,dansl'alphabetarabe,d'insisterdansla
prononciationd'unelettreestrendu par lè redoublement de cettelettre.
A noter que dans _la languearabe, les lettres 3 @âw) et
,g eâ)
fonctionnentà la fois comme consommeet comme voyelle= ,;;
exemple,dans les mots Jls (ward) et q1*-*,_ Qtas'mîn), elles

r19
fonctionnent conrme consomneset elles seront donc renduespar les
symbolesw qt y-(lû,n,
; dansles mots \i#i kabîb), d;Jl;À (hindù, î-t'
(mûm), çe ) elles fonctionnent comme ïoyelles et seront
transcrites conrmes des voyelles. Ces 2 lettres auront donc 2
représentations chacunesuivantleur fonction(consomneou voyelle).
A noter aussi qu'en pratique, dans les parlers marocains,les trois
consomnesinterdentalest g G); 3 (4t b (9 1 sontsouvent
réduites à leurs prochesparentesde valeur simple : g (t) pour la
première,5 (d) pour la seconde,çp g), ) (e) ou b Ç), selonle cas,
pour la dernière.
Enfin, la lettre arabe i (tâ rnarbûta) n'estrien d'auEequ'une écriture
spécialedu ù (tô) quandil est positionnéen fin de mot, et seradonc
rendue,dansnotre alphabet,par le symboler.

L'ensemblede ces symboles,associésaux régles de fonctionnement


simplesque nousavonsénoncéci-dessus, nousont permisde transcrire
très fidèlement les noms vernaculairesmarocainstels qu'une oreille
avertieles entend.

Tableau des symbolesde translittération

I voir voyelle L
t

I b t ù
è
\3 t .t f
ù ! .i q
j
e .tJ k
c b J I
L ! I m
â d rJ n
t E a h
r ! t (commeo)
j z
s J en tant quecoNonne v/
s t entântquevoyelle(voir voyelle)
ate ç
,i' 4 I en tant quecoqsonne y
Jo ! ç *, quevoyelle(voir voyelle)
ë d j
:o

Voyelles

Brèves: u (seprononceou),i, 4 o, e
Longues: t,1, â, ô, ê

120
II . LE CATALOGUE

a - PRoDUrrsDUnÈcNnvÉcÉt^1,r,

A1 - CRYPTOGAMESNON VASCULAIRES

ALGUES

l. Codium tomentosam (Hudson) Stack

ûbûn lebl.nr, l-!ôssû.ll-bahrî (poly.) (litt.: savonde mer).

Cette algue est abondantesur les côtesmarocainesoù elle vit dans les
cuvettesde la zonelittorale moyenneet inférieure(GAYRAL, 1958).

USAGES TRADITIONNELS

A Essaouira et à Marrakech, on la trouve parfois, comme d'autres


algues, dans les mélanges pour les fumigations conjuratoires (en
particulier dansle mélangedrt âzgôf, voir article no 687).
Cette algue* est utilisée dans la région d'Essaouiracornmeproduit
saponifère(PERROTet GATEFOSSE,l92l).

DISCIJSSION

les sourcesécritesarabes
Cette espèce n'est mentionnée ni par IBN AL-BAYTAR, ni par
ABDEREZAQ, ni par les auteursmarocainsquenousavonséndié.
* Au Maroc, elle n'estpasutiliséedansI'alimentationcommec'estle casdesCodium
dansplusieurspays.

BRYOPHYTES

2. Hornolathecium aareum (Lag.) B.E. + Hypnurn


cupressiforme Hedw.

t2l
sunbulberrî (t1

Cetæmousseest récoltéedansla régionde Kétamaoù elle poussesur les


rochersde montagne(BELLAKHDAR & al.,1982).

USAGFSTRADMONNELS

Elle est utilisée, partout au Maroc, corlme succédanélocal des nards


celtique et indien dans les soins de la chevelure(voir à Valeriana
jatannnsi,n" 515).
L'explicationde cettesubstitutionse Eouveprobablementdansle fait que
le nard celtiquequi arrivait aurefois de Triest€était mélangéavec de la
mousse(PLANCHON, I 895-I 896).

DISCUSSION

les sourcesécritesarabes
Cette mousse n'est mentionnéeni par IBN AL-BAYTAR, ni par
ABDEREZAQ. Par contre la moussebanaledes rochers(Inzâz W@r,
gnzz) est citée par IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC, 1877-1883,
n" 3'72,664) et par ABDEREZAQ (dansLECLERC, 1874,n' 337). Il
est possible que nohe moussesoit comprisepar ces auteursdans ces
tennes.
C'estpeut-êtreelle que la'Umdnt at-tabîb(n' 143) et AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 34) décriventcommeunevariétéde nardceltique.

CHAMPIGNONS

3. Claviceps purpurea (Fr.) Tulasne

ergot de seigle

amegnûn(Souss,BERTRAND, 1991): on reconnaitfacilementdansce


vernaculairela racine mejnûn qui signifie "habité par les mauvais
génies", c'est à dire "hystérique", "fou", ce qui démontre bien la
connaissance qu'ontles populationsdu Soussde satoxicité.
Il faut signalerque ce charrpignon,cosmopolite,parasiteaussiune autre
Poacéemarocaine Arnpelodesnamnuritanica(Pon.) qur. & Schinz.

USAGESTRADITIONNELS

Nous n'avons jamais rencontré au Maroc, d'usages médicaux


traditionnelspour I'ergotde seigle.Mais il est connrl,dansles régionsoù
on cultive le seigle,commetoxique.
r22
L'intoxication à I'ergot de seigle, autrefois épidémique,surtout en
période de disette, a disparu complétementau Maroc. Mais des cas
d'intoxication d'animaux par du seigle ergoté ont été signalés (LE
FLOC'H, 1983,n" 36) (voir aussiAmpelodesmamouritanica,no 386 ;
Festucaarundinacea,no 398; et Secalecereale,n"412).
prscussroN
Les sourcesécritesarabes
L'ergot de seiglen'estmentionnépa, aucundesauteursarabesque nous
avons consulté.LECLERC (1877-1883,n" 1765, 2127) a identifié le
qurûn al-sunbul d'IBN AL-BAYTAR commeétant I'ergot de seigle.
Nous pensonsqu'il doit s'agirplutot de I'aconit(voir la'Urndat at-tabîb
n" 671).
Pour LECLERC (1877-1883,n" 1765),lesArabs ne connurentI'ergot
de seigle que coflrme poison contre lequel ils préconisaientd'ailleurs
quelquesantidotes.Reprenantle minhaj, IBN AL-BAYTAR décrit
quelquessymptômesde I'intoxicationpar I'ergot: urinessanguinolentes,
noirceurde la langue,altérationde I'inælligence.

Les donnéesde la chimieet de la toxicologie


On y trouve principalementdes alcaloïdesindoliques (groupes de
I'ergotamine,de I'ergosine,de I'ergocornine,etc.), qui confèrent à ce
champignonune hauûetoxicité.

4. Polyporus divers

PolyporustinctortzsQuel.
PolyporusdrtadensPers.
Polyporusfficinalis Fr. ex \Will.

polypore, agaric

ssrâ, surrat l-bûm (litt.: nombril de pistachier de I'Atlas) : pour


PolyporustinctortzsQuel.(RENALJD& COLIN,1934,n' 370).
mje{ (MASSY,[921; CHARNOT, 1945) : pour le polypore du cèdre
(Polyporus fficinaËs Fr. ex Will.).
â!ôfiqûn, Sôrîqûn (liwesque): pour le polyporedu cèdre,notamment.

Ces champignonsparasitentcertainsarbres.

r23
Le polyporedu bfim (PistaciaatlanticaDesf.) aêtéidentifié à 2 es$ces :
Polyporus tinctorius Quel. (= Inonotus tinctorius (Quel.) Maire) et
PolyporusdrtadcnsPers.

USAGESTRADMONNELS

A Azrou (Moyen-Atlas), le polypore du cèdre est utilisé dans le


fraitementdesmaladieshépatiques.
D'aprèsGATEFOSSE(dansLE FLOC'H, 1983,n" 247),le polyporedu
bfim, préparéen bouillie, est utilisé, au Maroc,pour soignerla jaunisse.

En artisanat,le polyporedu bûm était autrefoisemployépour teindrela


laine en jaune.

TOXICITÉ

D'aprèsCHARNOT (1945),le polyporedu cèdrepeut provoquerdes


et de la diarrhée.
vomissements

DISCUSSION

[,es sourcesécritesarabes
L'agaric du cèdre est cité par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
'Umdat at-tabîb (n" 1824),
1883,n" 1622),par la Pil AL-WAZR AL-
GHASSANI (n" 29, 366), par la Tuhfat al-ahbab (n" 435) et par
ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,no 40) sousle nom de Sârîqûn.

5. Terfezia divers

TerfezialeonisTul.
Terfezia ovali spora Pat.

tnrffe blanche

nerfôs(t)
turmô, turmôt (Salé) (COLIN, 1926-1927,p. 63 ; AL-WAZIR AL-
GHASSANI, n" 154,325)
lcamat,I(flm', kam'a (liwesque, RENAUD & COLIN' 1934, n" 22O) :
terme génériquepour "tubercule".
Les nomadessatrariens- qui considèrentles truffes blanchescommeles
fruits souterrainsdes hélianthèmes(dont elles ne sont en réalité que les
symbiotes) - en distinguent,selon leur aspect,plusieurs variétés :
SklSâw| l-!êîdû.m,I-jêîbôr (chezles Tekna),I-iubêr (chez les Maures

r24
et chez les nomades de la Haute Moulouya) (MONTEIL, 1953 ;
BERTRAND,l99l).

Dans les ærrainssablonneuxde la Mamorq on renconte Terfezialeonis


Tul. qui vit en symbioseavec Helianthernurn guttaturn (L.) Miller
(= Tuberaria guttata (L.) Fourr., ûmm-tterfâs,dial nerfâs, gerga' ej-
jmel) et diverscistes.
Au Satrara,on EouvesurtoutTerfezinovalisporaPat.vivant en symbiose
avecHeliantlrcrnurnliryii (L.) Pers.et H. ellipticumDesf.

USAGESTRADMONNELS

Au Sahara occidental, on les considère comme fortifiantes et


aphrodisiaques.

Elles sont très recherchéespour leur qualité alimentaire,sutout par les


juifs et les nomades.Dans la région de Rabat-Salé,on les fait cuire à
I'eaucornmedespommesde terreou en ragoûtavecsauceet condiments.

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabs
La truffe blancheest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,no 362, 4ll, 1964), ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 192, 440), La 'Umdat at-tabîb (no 1208), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 154,325)etlaTuhfat al-ahbab(no 220),sousles noms
de kamât, banôt er-ra'd, terfôs. ABDEREZAQ donne aussi le
vernaculaire ba!ôfo qui désigneaussi la pomme de terre (Solanum
tuberosumL.) et la patatedouce(Ipomeabatatas(L.) Lam.).

LICHENS

6. Evernia prunasfn Ach. et Evernia furfurace& Mann.

moussede chêne,mousede cèdre

lalyat eS-Sî$(!) (poly.) (litt.: barbede vieillard).


fibat el-'ajûz (!) (poly.) (litt.: barbeblanchede vieillard) (IBN AL-
BAYTAR dansLECI-ERC,1877-1883, tro85,1377).
tatner-tnumgar (!) (berbère)(litt.: barbede vieux).
Tous ces vernaculairess'appliquentaussià d'autresplantesblanchâtreset
à feuillage découpé,commeI'absinthe,et à d'auffesfichensqu'on trouve
su^'lesarbrescoilrmeUsneahirta Hoffm. etU. barbataAch.

r25
ûSrra(classique,RENAUD & COLIN, 1934,n" 59 ; ABDEREZAQ dans
LECLERC, 1874,n" 979 ; IBN AL-BAYTAR dansLECLERC, 1877-
1883,no 85).
adâ,fal,azôfal (Kabylie,LECLERC,1874,no 10).

Ces lichens sont récoltésau Maroc sur le chênevert et sur le cèdre,dans


le Moyen-Atlas, pour I'exportationen natureou pour I'industrie_locale
qui en-exnaitune concrète.Cetteconcrète,qui sert à faire desparfrrmset
desfixateurs,est aussiexportée.

USAGESTRADMONNELS

A Salé,la décoctionde ceslichensest utiliséepour augmenterle volume


du sanget pour aiderle foie à éliminer sesdéchets.
Il existe, a-uTafilalet, quelquespersonnesâgéesqui saventen tirer un
produit odorantselonune techniquesecrètedont nousn'avonspu avoir la
description. Ce produit est vendu sur les souks pour les femmes qui
I'utilisenten cosmétologie.

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
Ces lichens sont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR (dans LECLERC,
1877-1883, Do85, 1377,2132),ABDEREZAQ(dansLECLERC, 1874,
no 10, n9),la'Umdat at-tabîb(no 143),AL-WAZIR AL-GHASSANI
(n' 34) etlaTuhfat al-ahbab(n" 59), souslesnons de ûSnaet Saybatal-
'ajûz.IBN AL-BAYTAR donneaussile vernaculaire rniswôkal-qurûd.
La'Urndat at-tabîb donnepour ces lichens les synonymesberbères
tamikilt et tifura. Nous avons retrouvéle terme tarnkilt au Sahara
occidentalpour un lichen des rochers,Ramalina bourgueana Mout.
(BELLAKHDAR, 1978). Tous les auteurs arabesmentionnent les
propriétésodorantesde ceslichens.

On extrait, en effet, de ces 2 lichens,sousforme de concrètes,avec des


solvants comme le benzène,l'éther de pétrole ou I'alcool, de petites
quantitésde substancesodorantes.Au cours de la préparqion de ces
extraits, il se forme, de plus, de nouvelles substancesodorantespar
hydrolysedesdepsides.

7. Rocella tinctorin D.C. et Rocella phycopsûsAch.

orseille de mer, rocelle

lazz ba$rî (poly.) (Essaouira).

r26
L'orseille de mer se rencontre au Maroc sur le littoral atlantique,
particulièrementà hauteurdEssaouira.

ce qu'on appelait,à l'époquedesRomains,le pourpregétuleou pourpre


maure provenait probablementde ces 2 lichens tinctoriaux, très
abondantsdans la région d'Essaouira,sur les falaises et les arbres du
littoral. C'est la raison pour laquelle les teintureries du roi de
Maurétanie,Juban QS av. J.C.-23 ap.J.C.),étaientinstalléessur lesîles
$tt1égs-aularge d'Essaouira(anciennementMogador),la Tamusigades
Phéniciens.Ces îles étaient appeléesIles purpuraires,en raison de
l'industrie qui s'y faisait.
F-pogtpre gétule,tant vantéepar les poèteslatins du siècle d'Auguste,
êF! plus éclatante_que la pourprephénicienne(ou pourprede Tyr) qui
tirail plutôt vers le violet. Cette dernière provenait de coquittagès
marinso(les "rochers")(Trunculariopsis trunculusL., Murex brandaris
L., Tltais haem.ostorna L., etc.) (RZIMEK & FONTAINE, 1973).
D'après les archives commercialesmarocaines,ces lichens seront
exploités intensivementjusqu'en 1850 pour êfie exportésvers I'Italie.
L'exportation de I'orseille de mer se ralentit ensuiteoen raison de la
concurrence des colorants synthétiques.Son exploitation pour
I'exportationest encoresignaléeen l9&*.
L'Europe se fournissaitaussien orseille de mer sur la côte du Gabon,à
Madère, aux Iles canaries, au cap vert (R. tinctoria D.c.) et à
Mqdagascar(R.fucifurrnisAch.) (Renseignements coloniaux,Dol, janv.
1898; etn" 4, juin 1902,p.86). D'aureslichens,dits orseillesdeterre,
appartenantaux genresLecanora(en Suède)etVariolaria (en Auvergne
et dansles Pyrénées)étaientaussiexploitéspour I'industriede la teinture
(PERROT, 1983-t9M).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Bien qxe connuedansI'Antiquité, la pourpregénrlen'estpas citée dans
les traités arabesde matièremédicale,probablementparcaqu'il ne s'agit
pas d'un produit médicinalou parceque I'originede la matièrecolorante
est mal connuedesauteurs.

La présencede précurseurstinctoriaux(ac. orselliqueet ac. lécanorique)


expliqueI'usageantiquede la pourpregétuleen teinturerie.
* EL GHORFI N., Contribution à l'édification d'unepolitique agricole.
I.N.R.A.,
Rabat"IgU.

t27
POLYPODIACÉES

E. Adiantan capillus'veneris L.

capillairede Monçellier

qezbûr l-bîr, kuzbarat l-bîr, qosbiyatel-bîr (!) (litt.: coriandrede pqit) :


ferme à la fois populaire et livresque (IBN AL-BAYTAR dans
LECLERC,1877-1883, no 256 ; RENAUD & COLIN, n" 65).
S'ar el-gîala(!) (litt.: cheveuxd'ogresse).
al-falba (régionde Ksar El Kebir).
Cette plante,méditerranéenne, Eopicaleet subfiopicale,est fréquenteau
Maroc dansles puits et prèsdespointsd'eauclaire.

USAGESTRADMONNELS

A Oued Cherrat, la plante hachéeest appliquéesur les abês pour les


faire mûrir.
Dansla mêmerégion,les hommesen mettentun brin dansles babouches
de leurs femmes,la nuit desnoces,afin de gardertoujourssur elles une
supérioritésexuelle.
La plante est, partout au Maroc, utilisée pour faire des fumigations
conjuratoires.
D'aprèsGATEFOSSÉ(1921),on I'emploieaussi,en infusion, contrela
toui et les maux d'estomac,êt, en décoction concentrée,comme
emménagogue.

DISCT.JSSION

les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (dans LECLERC'
1377-1883,tro 256,490),ABDEREZAQ(dansLECLERC,1874,n" 126,
'Umdat at-tabîb (no 188, 1200),AL-WAZIR AL-
517, 729, 953), la
GHASSANI (n" 4),laTuhfat al-ahbab(no65, 450)' sousdrversnon6 :
\a'r al'Senzîr,lal.ryat
fu'r al-jabâr, fu'r at-ôrd,fu'r al-ienn,fu'r al-!,û'L,
al-himâr, kuzbaratal-bîr, waçîf,ia'dat al-qinô, bersiyôwafrn-

9. Polypodiam vulgare L' (= Polypodium cambricurnL')

polypodewlgaire, réglissedesbois

astîwôn, altîwân, taÉtîwâ,n(!) (Tétouan,RENAUD & COLIN, 1934,


n" 88).
t28
îËtiwâL,&iwôI (Kabylie, Constantinois,LECLERC, 1877-1883,
no 416) : comrption du précédent.
adrôs l-kelb (Rehamna,Jbiler,NÈGRE, 196l-1962; IBN AL-BAYTAR
dansLECLERC, 1877-1883,n" 98) (litt.: dentsde chien).
basbîj, basbâyij (RENAIJD & COLIN, no 88 ; IBN AL-BAYTAR dans
LECLERC, 1877-1883,n" 280).
re'ôy\â (Algérie, Consa:rtinois,BELGLJEDJ
, 1966).

Cettefougère,assezcosmopolite,se renconEeau Maroc sur les rochers,


généralementen milieu forestier.

USAGESTRADMONNELS

A Oued Cherrat"la décoctiondu rhizomeest utilisée commelaxative et


diurétique.Le,mêmeemploiexisteà Fèset à Tetouan*.

DISCUSSION

I-es sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (dans LECLERC,
1877-1883, ûo 98,280,387,416,M2, 1203,1891),ABDEREZAQ(dans
LECLERC, 1874,no 181),la 'Umdat at-tabîb (n" 252) et AL-WAZR
AL-GHASSANI (no 43), sousles noms de besbôîj,tastîwôn,adrâs aI-
klb, tâqab lefiier, I<afrral-ârjal.
La droguea ê,térès bien décritedansla Tul.fat al-a$bâb (RENALJD&
COLIN, 1934,n' 88) : commeune planteà "racinesnoires à I'extérieur,
vertes à I'intérieur, duveteuseset ressemblantà un verre de soie aux
extrémités".

* En Algérie (Constantinois),on retrouveun usagesimilaire : le rhizomeest donnéeen


décoction,associéeà la sablinerouge (Arenarta rubraL., bisât el-mulûkou Serifa),
dansles rétentionsd'urineet les maladiesde la prostate(BEIÆLIEDI, 1966; MERAD
CHIALI, 1973).

10. Pturtdium aquilinant (L.) Kuhn. (= Pteris aquilina L.)

fougèreaigle

bû,-?emmû J ( !) (Moyen-Atlas).
fersîwan, alersîn,afersû,,fersyû (!) (Larache,Jbal4 Rif).
tajjiya (Beni Mtir, BERTRAND, 1991)

129
sarbas(liwesque,RENAUD & COLIN, 1934,n" 366) : s'appliqueaussi
à la fougèremâle (DryoptertsftIix'mas (L.) Schott).
ifttqû (faUytie) (LECLERC,1877-1883, no 1167): dériveprobablement
du latin filix.

Cette fougère, cosmopolite,est fréquentedans le Tangérois,le Rif' le


Moyen-Atlas,le Maroc centralet le Haut-Atlas.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Larache, on l'utilise, en cataplasmes,sur les


contusions,lésphies et les ulcèresexternesdesanimaux.

Elle est utilisée surtoutpour faire deslitières.

TOXICITÉ

La planæest toxique.Desintoxicationsont été observées sur deschevaux


qui en avaient mangé. D'aprèsCHARNOT (1945), on observe des
conjonctivites,une colorationjaune de la sclérotique,de ta mydliase,de
l'émotivité, une perte sévèred'équilibre, des conwlsions. La mort
survient,dansles ôasgraves,en 24 à 48 heures.A l'autopsie,on constate
une atteintdesméningés(voir aussi$ les donnéesde la toxicologie).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
-
Cette eqpèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877
1883,nô 285,310,1055, ll6J, 1877,1995),ABDEREZAQGECLERC'
1874,n" _189,833),la'Umdnt at-tabîb(n" 716,995),laTuhfalal'ahbôb
(n' 366), probablement
- confondueavec la fougèremâle (Dryopte_ris
le font
Tttir-*os (L.) Schott) dans une même rubrique, comme
aujourdhui les populationsau Maroc, sous le nom de sar$as- AL'
WAZR AL-GHASSANI (n' 288) rapporteque les GhomaraI'utilisent
pour recouwir les paniersde coingsqfils viennentvendreà Fès, ce qui
èonfirme qu'il s'agit bien de notre espèce,communeen effet dans leur
pays.

Læsdonnéesde la toxicologie
Pttridir* aqailinum contient de la prunasine (un glucoside
cyanogénétique-qu'on reEouveaussichezles Rosacées et dansEucalyptus
ciadoéatyx F. Von Muller) qui libère de I'acide cyanhydrique sous
l'actionde 2 enzymesagissanten mêmetemps.
De plus la fougère aigte contient une enzyme de dégfadation de la
thiarnine,la thialninaseI (queI'on retrouveaussidansEquisetutnarvense
L.) (KEELER & al., 1978).
130
L'ingestion par le bétail de fougère aigle provoque une maladie dite
P.E.M. (PolioencephaloMalacia) ou C.C.N. (CerebrocorticalNecrosis)
dûe à une carenceen thiamine.
Le facteur de la maladieseraitle l-(4-amino-alpha-méthylpyrimidin-5yl-
méthyl)-1-pyrrolinium chlorure qu'on reEouve dans le cerveau des
animaux atteints de cettemaladieet qui seforme dansle tube digestif de
I'animal, au détrimentde la thiamine,sousI'actiond'unethiaminase.
Les ruminants sont moins sensiblesque les non-ruminants à la
thiaminase, soit parce que leur flore microbienne détruit, dans leur
rumen, cette enzyme,soit parce qu'elle fabriqueplus de thiamine qu'il
n'en est détruit.
La carenceen thiamineque provoquecetteingestionainsi que la présence
d'un glucosidecyanogénétiqueaggËventcettemaladie.
(KEELER & al., 1978).

A2 - CRYPTOGAMESVASCULAIRES

AIZOACÉNS

ll. Aizoon ca,nartenseL. et Aizoon hispanicum L.

aizoon

tagôssûlt,tarâssûlt (!) (poly.), gassûL,gassûIlegsi, gassûlheyak,(litt :


saponairedesvêtements)(SudMarocain,Salé,Marrakech).
de?za,te?zo(poly.) Cfissint,Satrara)(litt : tonte,toison) : car elle servait
à laver la laine brute destoisons.
(Touaregs,LE FLOC'H, 1983,n'125) pour Aizooncanariense.
el.teîfiyêf

A. canarienseest une petite plante étalêesur le sol, saharo-sindienne,


communedansle Sudmarocain,le Saharaoccidentalet le Saharacenfral.
A. hispanicumest méditerranéenne : on la rencontreun peu partout.

USAGES TRADITIONNELS

Dans le Dra le Haouz,à Fès et à Salé,A. canartense(la plante entière)


est très utilisée, dans les intoxications, comme vomitif. Cette drogue
serait plus puissanteque le mélangede thuya de Berbérie (Tetraclinis
articulata) et de petit lait habituellementutilisé pour faire vomir
quelqu'un.

131
Dans les régionsaridesdu Haouz,des Sraghnaet du Dr4 en périodede
disette,les graines(noires)de cesespècesétaientrécoltées,réduitesen
farine et consommées en galettesou en bouillies.

Autrefois, les nomadesdu Dra se servaientde Aizoon canariensepour


faire du feu : ils frottaientdeux cailloux drtstimilô (dansle Souss,îmi4,
tirniffi = silex, piene à fusil) sur un tissuimbibé d'extraitsde cetteplante
puis séché.
Cesplanæssont aussifrèsemployéesconrmesaponifère,dansles régions
où ellespoussent.
Ce sontdespânragesde bonneappétabilité,à l'étatjeune.

DISCt.]SSION

I-es sourcesécritesarabes
Parmi les nombreusesespècesdénomméespar les Arabes !âssûl
(généralementplantesà cendresalcalinesou plantessaponifères),uette
espècen'apparaîtpasdécritede manièredistinctepar IBN AL-BAYTAR
et par ABDEREZAQ.
C'estcertainementelle qu'AL-rilAZR AL-GHASSANI (n" 25) à la suiæ
de la 'Umdntat-tabîb (n" 595), mentionne,sousle nom de ûh,ôn, conune
répandueà Marrakech et servantà laver les textiles et à nettoyer la
gomme-laquede ses impuretésavant d'être utilisée comme encre. La
Tuhfat al-ahbâbest vaguesur cettequestionet ne perrret pas d'identifier
aveccertitudecettees@ce.

nodiflorum L. et Mesembryanthemum
12. Mesembryanthemum
cristallinum L.

ficoide

l-!ôssûl (!) (poly), tagâssûlt(l) (poly.) (partout au Maroc) (Tunisie,


BOUKEF, 1986).
ôqbarû.(!) (berbère).

Cesplanæsannuelles,charnues,méditerranéennes, serenconEentdansle
Nord du Maroc, sur les sableset les rochersdu littoral, le Sud marocain
et le Saharaoccidental.

USAGFS TRADITIONNELS

Partout au Maroc, la plante entièreréduite en poudre ou préparéeen


infusion est adminisûée,à causede son actionvomitive, pour combatEe
les inroxications,surtour dans les cas de tawkal. Le tawkal est une
132
intoxication provoquéepar desgris-gris danslesquelsdes toxiquessont
associésà des produits magiqueset qu'on administreà I'insu de la
victime. Ses symptômessont décritspar les Eadipraticiensde I'oasisde
Tissint de la manière suivante: d'abordamaigrissementgênêral,pâleur
et fièwe ; ensuite,destâchesblanchesapparaissent au cou et aux coudes
et progressivementse produit une dépilation de tout le corps
(intoxication par I'arsenic?). Le traitementconsisteà faire macérerl0
cuilleréesde la plante (Mesernbryanthemumnodiflorum) rêdurteen
poudre, dans un demi-litre d'eau, puis à administrer,pendant4 jours
consécutifs,2curllet&s de cettesolutionavantchaquerepas.
A Tissint,I'association de Mesembryanthernum nodiflorumet de feuilles
de caroubier (Ceratonia siliqua) est aussi Fès utilisée comme vomitif
dansles intoxicationsaigues,

Les graines constituent,en période de disette,une soruce alimentaire


importante.On en fait une farine qu'on mélangeà cellesde I'orge et du
sorgho.
On utilise cesplantes,sur le linoral atlantique,enl'êtat ou sousforme de
cendres,conrmesaponifère,mais elles sont moins dégraissantes que les
Aizoon.
Ce sontdespânragesde médiocrequalité.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Parmi les nombreusesespècesdénomméespar les Arabes gâssûl
(généralementplantesà cendresalcalinesou plantessaponifères),cette
espècen'apparaîtpas décritede manièredistinctepar nos auteurs; elle
leur a été peut-êfteassimilée.

13. Mesembryanthemum theurkauffii Maire (= Opophytum


theurlcauffiiMaire).

âlzû,Q) (Rgibat, Maures, Satraraoccidental): l'ôfzû des Rgibat est


différent del'âfzû desTouaregsqui est le Panicumturgidum.

C'est une plante endémiquedu Saharaoccidental,fréquentedans les


ouedssablonneux.

USAGESTRADMONNELS

Nous n'avonspasrelevéd'usages
médicinauxpour cetteespèce.

Elle est connuedesSaharienspour les grainescomestiblesqu'ellefournit,


très priséesdes Rgibat. De ses graines,ils tirent une farine qui est

133
mélangéeà celle de I'orge et du sorgbopour faire desgaletæ9.Iæs Oulad
Delim,-quant à eux, font cuire sesgrainesà I'eau et les réduisentensuite
en purée,le pilage à froid étantpu pratiquéchezeux, faute de meules.

C'estun médiocrepaturâge,brouté néanmoinspar le dromadaire.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
CetæesSce n'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

AMARYLLIDACÉPS

14. Agave divers

AgavearnertcanaL.
AgavesisalanaPerr.
AgaveatrovirensKarw.
Agave attenuataSakn-DYck
AgaveunivittataHaw.

agave

ybrô (!) (par analogieavecI'aloès: çibr).


(litt.: saponaireà vêtements):
!ôssû,tlegsi (poly.) (régionde Casablanca)
pour la racine.

L'Agave americana est la plus courantedes agavesdans le paysage


marôcain.Certainesfonnes ont des bandesjaunesplus ou moins larges
au milieu de la feuille ou desstriesjaunes,d'auEessontunies.Elle a êtê
introduite au Maroc vers le XVIIème siècle. Elle est désignée
courammenten français,commeen arabe,de mêmeque toutes les autres
agaves,sousI'appllation impropred'aloès.
LiAgavesisalaii était cultivéeen grandesplantations(1330ha en 1963),
dail la région d'Essaouirapour la production_d9fibres de sisal, a pq41
des feuill; (3 - 3,5 7o delbres) (MIÈGE, 1938).Cette industrie (266
tonnes de fibres en 1963 utilisées pour faire des sacs) a aujourd'hui
dispanrmais les plantessontrestées.On Eouveégale,ment f'1guue.sisalun
peopattout sur lè tttoral, par piedsisolés,commeplantedécorative.
Cesôeux agavessontoriginairesdu Mexique.
D'au6eses$æes,nombreuses, sontutiliséesà desfins ornementalesdans
lesjardins.

r34
USAGES TRADMONNELS

Aujourdhui, un peu partoutau Maroc, la pulpede feuilles de toutesces


espèces,gorgée d'eau et très mucilagineuse,est appliquée sur les
contusionscommeémollient et anti-inflamrnatoire.
D'après MATHIEU & MANEVILLE (1952), les matronnes de
Casablancautiûsent les parties souterrainesdA. americana colnme
abortif et vomitif. Elles se serventausside la sèved'agave, en mélange
avec du safran et de la bile de mouton,pour faire des ovules vaginales
utilisées conrmeastingent, pour simuler la virginité et I'hémorragiede
la défloration.
D'après BENCHAABANE & ABBAD (1994), dans la région de
Marrakech,les feuilles fraîchesou séchéesdA. arnertcancsont trinrées
dans de I'huile d'olive et de la bile de boeuf, pour preparerun oléat
capillairequi donneaux cheveuxsouplesse et beauté.

Les partiessouterrainesde toutescesespècessontutiliséespour laver les


étoffes.

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
En raison de son origine américaine,cette espècen'estmentionnênpar
aucun auteur arabe.

L'agarc sisalana acclimatéeau Maroc a êtêanalysée(EN-NAWAOUI,


1985) : on y a touvé 0,065 7ode saponosides stéroidiques(hécogénine
et tigogénine)par rapportau poidsdesfeuillessèches.
Les propriétés émolliente et assouplissante de la sève peuvent être
rapportéesà I'abondancedu mucilage dans la plante. La présencede
substancesstéroidiquespourrait expliquer I'activité anti-inflammatoireen
usageexterne.La richessede la planteen saponosides justifie aussison
utilisation commesaponifère.
L'intoxication expérimentaleréaliséesur des souriset desrats gravidesa
montré que le jus d'agaveavait effectivementdes propriétésabortives
(KERHARO& ADAM,1974).

15. Pancratiunt saharae Cosson(= Pancratiurntrianthum Herb.) et


Pancratium martfimum L.

pancrais,lis mathiole
amwajîj (poly.) (Rgibat,MONTEIL, 1953): pourPancratiurnsaltarae.
l-beîjûj (RgibaqMONTEIL, 1953): pour Pancratiumsaharae.
tôylûm @gibat,MONTEIL, 1953): pour Pancratiumsahnrae.

135
alyô! (Sahara occidental, MULLERO, 1945) : pour les graines de
Patrcratiwnsalarae.
teselit (Sud-Algérien, QUEZEL & SANTA, 1962-1963) : pour
Pancratiumsahnrae.

L'espècePancratium maritimurn est circum-méditenanfunneet P.


sahnraeestEopicale,remontantau Sahara.

USAGESTRADMONNELS

Nous n'avonsrecenséaucunusage*pour cesplanæsdont la toxicité est


connuedespopulations(bulbe,graineet planteentière).

Les grainesde P. sahnraeet la planæentièresontredoutéesdesnomades


de Saquiat Al-Harnra pour leur toxicité sur le bétail, en particulier le
dromadaire.Pânrée, cettees$ce provoqueraitla maladie drtel-gergar
(MONTEIL, 1953).Elle seraitplus toxiqueà l'état secque frais.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
P. rnaritimarn est peut-être mentionné par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, no 1816)sousle nom de qa'bel.Nousavonsun
doute concernant la'(Jrndat at-tabîb (n" 630) et AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 236). La Tuhfat al-ahbâbet ABDEREZAQ ne la citent
pas.

Les donnéesde la toxicologie


On a décelédans diversesespècesde Pancratium (P. maritimum, P.
arabicurn, P. tortuosum)des alcaloidesdont les plus abondantssont la
lycorine et la tazettine. Les feuilles et les tiges contiennent plus
d'alcaloidesqueles bulbes.
La lycorine possédeune aetivité éménqueet toxique : elle put entraîner
la mort par paralysie du systèmenerveux central (CHOPRA & al.,
1969).
Cesdonnéesexpliquentla toxicité de la plante.
* D'aprèsdes sourcescitéespar LE FLOC'H (1973),les bulbes de P. marirtmarn
seraieit utilisésen Lybie (aprèsdétoxication?) commesourcealimentairede glucides.

AMPÉLIDACÉES

1;. Vitis vinifera L.

136
vrgne.

dôlya (!) : pour la vigne.


kerm, kerma (litt. : don du ciel) : pour la vigne ; c'est le mot le plus
utilisé en Orient. Au Maroc,ce mot désigneplutôt le figuier.
'ineb ou le'neb (!) (poly.) : pcur le raisin. Ce mot s'emploieaussipour
les fruits de Maerua crassifolia e! pour divers fruits sauvages
(Solanaées,Bryona, etc.) ; au Moyen-Orientce mot désignelesjujubes
(sousla forme 'unôb).
afil (!) (berbère): pour le raisin
'anqû,d (!) : pour la grappede raisin.
tazrernt(Souss): pour la grappe.
zbîb, zabîb (!): pour le raisin sec.
samct(!) : à Tétouan,ce mot désignele jus de raisinévaporéà sec ; chez
les Jbala,c'estun concenfrédejus abandonné à la fermentation.
robb (!) : jus de raisin cuit et un peu concentré(Haouz,Souss); dans
d'autresrégionscependantla concenEationest pousséepresquejusqu'à
siccitépour obænirune sortede confimre.
Il existe aussi des noms particuliers pour quelquesbelles variétés de
raisin de table : bezulat el-'awda (litt.: tétonsde jument), asâbi' zîneb
(litt.: doigts de7-rneb),etc.

La vigne est cultivée depuis très longtemps,au Maroc, pour la


productionde raisin de table,de boissonsfermentées
et de raisinssecs.

USAGES TRADMONNELS

Partout,le jus de raisin estconseillédansla constipationchronique.


Iæ raisin sécest considéré,au Maroc, commeun àliment à hauieénergie
et fait toujourspartie desprovisionsdesvoyageurs.De plus, il est réputé
donnerde I'inælligenceaux étudiants.
Dans la région de Bouznika la poudredes feuilles rouges de certaines
variétésest utilisée,en usageexterne,commehémostatique.

Tous les historienssignalentI'usagede boissonsfermentées,au Maroc,


depuis les tempsles plus reculés.D'aprèsle géographeIL-IDRISSI, les
Lamta fabriquaientune boissonrès agréableen broyantdansde I'eaudes
raisins secs et en faisant décanterensuitele macératobtenu. D'autres
auteurssignalentau Souss,au XIIème siècle,la préparationd'uneboisson
fennentée drte aneziz : du moût de raisin doux est porté à ébullition
jusqu'à réduction au ll3, puis abandonnéà la fermentation. C'est
i'équivalent du robb et du samet du Nord du Maroc. I-ÉON
L'AFRICAIN, à son tour, signaleque les Ghomaradu Rif preparaientdu
vin à partir du jus de raisin.
Le samet se prépareencore cbezles Beni Mesguilda(Jbala)en faisant
cuire 2 ou 3 fois du muû' de raisin : on obtient une gelée qui peut se

r37
conservertrès longtemps; au momentde I'emploi, ce sametétait dilué
dans de l'eau ; abandonnéà la fermentation,il devenaitlégèrement
éniwant.
A Tétouan,le samet est utilisé pour la préparationd'un mets régional
appelétalliya (sortede mroziya,ragoûtde viandecaramélisée).

Quant aux raisinssecs,c'estaussiune ancienneproductiondu Maroc,


quoique aujourd'huiabandonnée. Au XIème siècle,à Sijilmassanles
historiens (op. cit.) signalentla productionlocaled'unevariêtêde raisins
secs,séchésà I'ombre,eu'onappelaitlilli ("ombragée").Vers la même
période,le Soussproduisait,lui aussi,du raisin sec
On fabriqueencorede nosjours desraisinssecsdansles Jbalaet dansle
Rif : les grappessontlavéesdansde I'eaumêléesde cendresde lentisque,
passées à la vapeur,Eempéesdansde lhuile puis séchées au soleil.
Lesjuifs marocainsutilisentles raisinssecspour fabriqueruneeaude vie
(mal.rya).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, no 93, 186,820,863,1078,
1084,1105,1483,1571,1595,1903,2143,22IJu:) mentionne longuement
'umdat at-tabîb(no 1188,1713),
la vigne et sesproduits,ainsique la
AL-U/AZIR AL-GHASSANI (no 162,221),la Tuhfatal-ahbâb(n" 236)
et ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 290,34, M2, 664).
On trouve chezIBN AL-BAYTAR les noms suivants: kenn (vigne) ;
'inab (raisin) 'anjed(raisin sec) robb,
i @mr (vin) ; zabîb, kehne\, ;
ftâ, mabû,! (rob) ;'aqîd al''inab, maybuSai(gelée) ; liçrim, gûr
(verjus).ABDEREZAQ donneles vernaculairesl<crrnet dôliya (vigne) ;
'inab (raisin) zabîb (raisin sec); hisrim (verjus).
;

Tous les emplois traditionnelsau Maroc du raisin s'expliquentpar


sarichesseen sucres(propriétéshypercaloriques), en acidesorganiques
(propriétéslaxatives)et en tanins(propriétés
astringentes).

ANACARDIACÉES

17. Pistacinalantûca Desf.


pistachierdeI'Atlas

138
lebçem,lebtom, befrim,blo* (!). C'est le nom que porte, partout au
Maroc,PistaciaatlanticaDesf.et PistaciaterebinthusL.
iSS(.) (Souss).
Aj Moyen Atlas,Beni Snassen, BERTRAND,l99l).
qwawaY:c'estle nom du fruit et parfoisde la galleet de la gomme,dans
la région de Marrakech.
âtnû,tatnût(Rif, BERTRAND,1991).
zerri'at lebtem,Inbba led.ra (!) (litt.: la graineverte) : c'estI'amande
du furit du Pistaciaatlantica.
gmaglebnm: pour la gomme.
hel (Tuntsie,LE FLOC'H,n" 247): pour la gomme.

Cet arbre, endémiquenord-africain,courantau Maroc, à êtê décimé au


cours de I'histoireen raison de sonusagepour la fabricationde charbon
de bois.

USAGESTRADMONNELS

USAGESTVTÉOICNqAI.IX
La gomme est utilisée, partout, comme masticatoirehygiénique pour
purifier I'haleine.
L'amandedu fruit est comestibleet s'emploieen poudre,à Marrakechet
à Salé,contreles maladiesde I'estomac.
L'huile, retiréedes amandesde fruits, s'emploie,dansles régionsde Fès
et de Taza en frictions externesconhe les toux et les refroidissements.
Elle est aussialimentaire.
A Marralcechet à Khémisset,les feuilles,en décoction,sontutiliséesaussi
contre les maux de ventre. En usageexterne,on fait avec les feuilles
confirsfusdesemplâtesconEeles scrofules.

A Marrakech,à Saléet dansle Souss,la galle est utilisée,en décoction,


contre les maux de vente.

Partout au Maroc, la galle s'utiliseaussi,en poudremélangéeau henné,


dansles soinsde la chevelure.Le fruit est utilisé dansles mêmessoins :
concassé,grillé sur une poêle de terre, puis broyé, il est mêlé à de la
hdîda ?amra (cuivre brûlé) en poudre et à de I'huile d'olive ; la
suspensionhuileuse obtenueest appliquéesur les cheveux (pour les
noircir), pendant 2 à 3 jours, puis lavée avec de I'argile saponifère
(Sôssût).
On s'ensertnausside la mêmefaçon,dansle Souss,pour le furkûs (ou
pourles sourcilset les
lnrgûs), fard noir utilisépar les femmesberbères
tatouages.

139
USAGESALIMENTAIRES
Le fruit, de saveuracidulée,est comestibleet fut beaucoupmangédans
les périodesde disette.D'aprèsLE FLOC'H (1983, n" 247), on le
consomme,écraséavecdesdattesou desfigues.
L'huile exEaitedesamandesest alimentaire.

USAGESTECHNIQUES
Le bois est très appréciépour fabriquerdu charbonde bois et les cendres
sont utiliséespour fabriquerdu savon.L,e sôbûn taza (litt.: savonde
Taza) était autrefoisreputépour sa qualité parceque les savonniersde
cette ville du centre du Maroc le fabriquaientà partir de cendresde
bîo*).
Le bois du bnn est utitsé pour faire desmâtsde tentes,des chamreset
divers outils.
Les gallesdes feuilles,produiæspar la piqûre de Pemphigusutricularis
Pass.,ainsi que les feuilles,sontutiliséespour le tânnage.
Le suc desséché,retiré du tronc du pistachierde I'Atlas, est utilisé
commeencre,sousle nom de smnq(GATEFOSSÉ,, l92l : LE FLOC'H,
1983,no 247).

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
Cette espèce - assimiléeà une espèceproche, le thérébinthe(P.
therebinthusL.) - est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, ro 302,570,936,1581),la'Umdatat-tabîb(n" 197,1585),
AL-WAZR AL-GHASSANI(no59), la Tuhfatal-ahbâb(no 178,317)et
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 322),sousles nornsde batm (pou
'ilk al-ônbôç
I'arbre), Iwbba U$ro (pou la graine), @tt. : gomme des
'Umdat
Nabathéens)(pour la gomme). La at-tabîb donne aussi le
synonymeberbère: igg.

tE. Pistacia lentiscwsL.


lentisque.

4rô (l) (du classique darw).


tidekt,titekt (!) Oerbèredu Souss).
1â4is(!) (Ri0.
imîtek(!) (Anti Atlas,BERTRAND,1991).
Le lentisque,méditerranéen,est une espècecouranteau Maroc où il
constituesouventdesmaquis.

r40
on vend sousle nom de mepkâ(comrptiondu classiquemaptnkâ\ une
résing importée au Maroc, produitepar le mêmearbre,mais provenant
de l'île Chio en Mer Egéeet dlles voisines.Dansle micro-climatde ces
îles, le lentisque(var. chia D C.) fournit unerésineplus abondante,dure,
se présentanten larmesou en sortes,et de meilleurequalitéaromatique:
la gommemastic.

USAGESTRADMONNELS

USAGES
rvrÉorcnqAr.x
Partoutau Maroc, le lentisquereçoit les mêmesusages.On utilise les
feuilles et l'écorce de I'arbre, en décoctionou en poudre, dans le
Eaitementdes maladiesdu venEeet de I'intestin. Les feuilles sont, de
plus, utilisées,en décoction,commediurétiqueet emménagogue.
La résinedu lentisquelocal, plutôt pâteuseou liquide, ne se concrètepas.
Elle est prescritecommecalmantnerverD(et commeemménagogue. C'est
aussiun masticatoireutilisé pour purifier I'haleine.Mais elle est surtout
employée comme produit cosmétiqueet, à ce tiEe, entre dans la
compositionde fardset de pâtesépilatoirespour le duvetdu visage.
La résinelocaledu lentisqueestaussicourarrmentutiliséeen fumigations
magiques,sous le nom de ûrnm-en-nâs(qui est, en fait, le nom de la
résinedu Commiphoraafricana (A. Rich.)Engl.)(litt.: mère des gens,
au sensde : mèredesgénies).
Chez les Jbala, I'huile, extraite des fruits, est aussi utilisée en liniment
contreles douleursdorsales.
La gomme mastic (rneskâ), importée, est utilisée, partout, comme
masticatoirepour purifier I'haleine.Elle est, de plus, prescritedans le
traitementde la faiblessecardiaqueet de la toux, en infusion dansdu lait
sucréau miel.

AUTRES USAGES
La gomme mastic est très utilisée pour aromatiserle thé à la menthe,
dans les grandes cérémonies,et pour faire du pain de fêtes et des
pâtisseries.En raisonde son coût élevé,elle est souventfalsifiée par des
colophanes.

Des fruits de lentisque,les populationspauwesdu Nord du Maroc (Jbala,


Rifl exraient une huile un peu siccative,utilisée dansI'alimentationet
dans l'éclairage. On triture les fruits, on porte à ébullition dans I'eau,
puis on séparelhuile qui monæen surface.

Chez les Beni-Snassen,les feuilles de lentisquesont utiliséesen litière


pour préserverles figues,au momentdu séchage,de I'attaquedesvers.
Les feuilles de lentisquesontaussiemployéespour laverla laine.
Enfin, les feuilles et l'écorcesontutiliséescoilrmeproduitstannants.

t4l
Avec les fruits et un peu d'alun, on prépareune encreindélébile(cité
dansLE FLOC'H, 1983,n" 245).

DISC[JSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR mentionnele lentisque(dansLECLERC,1877-1883,
no 923,950, 1431,1581, 1973)ainsiquela 'Urndatat-tabîb(no 1585),
AL-WAZR AL-GHASSANI(no59, z4g),laTuhfatal-ahbâb(n" 251) et
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 725),sousle nom de danv. Pour la
variétéde Chio, ces auteursdonnent{ajarat al-maslnkâ.LaTuhfatal-
altbabdonneaussile synonymeilk er-rûm.

19. Rhus albidum Schousb.

uewwaYô(t)
âneffis (poly.) (Sah.ara
occidental): nom desfruits, petitesdrupesrouges
à maturité, comestibles.C'estaussile nom desfruits du Nitraria retuso
(voir ce mot).

Espèceendémiquedu Sud-Ouestmarocain.

USAGESTRADITIONNELS

Au Sahara occidental, I'infusion des fruits etlou des feuilles est


recommandée dansles affectionsgastriques.
Le pâturage de la plante est bénéfique pour le dromadaire dans la
maladie drte el-geJ (coliquesdues à I'ingestionde terres argileusesen
mêmetempsque lherbe).
L'écorcede Rhusalbidun est utilisée commeproduit t^nnantnainsi que
les racines.

DISCT,JSSION

I-es sourcesécritesarabes
Cette espècen'estpas mentionnéepar les auteursarabes,probablement
parce que son endémismestrict ne lui donne qu'une importance
régionale.

20. Rhus pentaphylla Desf.

tiz!â (pluriel de tazagt) (t).

142
ôzâ(, tazô$ (berbère)(Tekna,MONTEIL,1953)(Haha,BERTRAND,
r9el).
keff en-nesr (Sidi Lamine)(litt.: pied d'aigle)

Cetteespèce,méditerranéenne,
est couranteau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

EMPLOISMÉDICINAUX
Partout, les racines, en décoction,sont utiliséespour combattreles
Eoublesgasto-intestinaux,chezI'hommeet chezle bétail.

EMPLOISTECHMQT.JES
Les propriétéstannanteset colorantes*des Rhus sont connuesdepuis
longtemps.
Les écorceset les racinessonÇde fait, d'excellentsproduitstannants.Ils
ont fait I'objet d'uneexploitationintensivepour cetteraison,destinéeau
marchélocal et à I'exportationversI'Espagne(par Sidi Ifni).

DISCI.JSSION

les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n' 539) sousle nom de tazagt.Dansla'Umdat ot-tnbib(n" 1839)
et AL-TWAZIR AL-GHASSANI (n'364), on trouve décrite I'espèce
tazagt (ou tizga) commeune variétéde fubayrâ' (sorbier).La Tuhfat
al-ahbôb (n" 368) manquede précisionspermettantd'y reconnaltre
I'espèceet ABDERAZAQ ne la ciæpas
D'après MONTEIL (1953), c'est le fameux liqq xr'1"laquê") de
MARMOL. En effet MARMOL qui a voyagé au Maroc au XVIème
siècle, a rapportéque le Dra (Tanesitaet Lektawa)produit du "/ic" qui
sert à faire une teinture pour la laine à laquelle il donne une couleur
rose. Nous pensons,quant à nousqu'il s'agitplutôt de Rhus tripartita
qu'on rencontreplus courammentdans ces régions.On trouve dans la
'Umdat at-tabîb (n" 1295)une assertionanalogue d'après manuscrit
: ce
le lekk est un produit qui tombedu ciel sur les rameauxdu gubayrô'.

* Ces usagestannantset tinctoriauxse retrouventaussipour R&nstrtparrtn (voir cet


article). PlusieursautresAnacardiacéesfournissentdesproduitstinctoriauxet tannants.
Concemantle sumac(Rhuscortaria L.), unees$ce proche,IBN AL-BAYTAR ciunt
RHAZ (LECLERC, 1877-1883,n" l2l7) dit qu'il colorela laine en rouge.Dansla
'umdat at-tabib (no 2278), I'auteur anonymementionneque le Rhus coriaria
d'Andalousiesert à faire une encre (midad) qu'on utilise pour écrire, commeon le fait
avecI'encrefabriquéeavecla noix de galle.Desusagessemblablessesontmaintenusde
nosjours : sousle nom de samnq,on fabriqueuneencreavecle suc desséchéqui coule
des anfractuositésde vieux troncs de Pistacia atlantica, une autre Anacardiacée
(GATEFOSSÉ,1921; LE FLOC'H, 1983,no 247).

143
** le mot lcl*, désignenormalement
la gomme-laque (voir ce mot,articleno613).Cette
analogiede nom enEe2 produitstinctoriauxrougesdifférentsestintéressanæà signaler.

21. Rhus trtpartila (Ucria) Grande (= Rhus oxyacanthaSchousb.)

jjdôri (!). On retrouve le même nom vernaculaire(gdôri) chez les


TouaregsdesAjier (DOREAU,1961),en Algérie(SITOLJH,1989)et en
Tunisie(BOUKEF,1986).
ddma$ dmag (Sahara): c'estle nom desdrupesrouges.
tal.tunek,taluneg (Touaregs,SITOUH, 1989 ; LE FLOC'H, 1983,
n" 249).
D'aprèsTRABUT (in BOULOS, 1983),Rhustripartita seraitle leqq (sut
ce mot, voir aussiRhuspentaphylla,no 20 et gomme-laque,Do603).
Cetteespèce,méditerranéenne,descend jusque dansle Saharaoù elle est
coûrmune.

USAGESTRADMONNELS

USAGESVTÉPICNqAIX
Partout au Maroc, là où cette espèceexiste,les fruits, les feuilles et les
écorces*sont employésen décoctionconEeles coliques,les troubles
gastriqueset les ulcères.
Au Satraraoccidental,le bois de Rhustripartita, mâchéà une extrémité,
sert de brosseà dents.

USAGESALIMENTAIRES ET PASTORAUX
crus ou après
Au SatraraLes frtrits, un peu astringents,sontconsommés,
trempagedansde I'eauou du petit-lait.I-esTouaregsles stockentà l'état
sec,pour les mangerultérieurement.
Cet arbusteest pânuépar les animaur.

USAGESTECHMQI.JES
Dans le Sud marocain,l'écorcedesracinesest utiliséepour le tannageet
la teinture en rouge despeauxet tout particulièrementdes outres (l'eau
de cesouEesprendpar la suiteunecolorationrosée)**.
Le bois, très dur, donneun excellentcharbonde bois et sert à fabriquer
despetitsobjetsdomestiques.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,nô 539) sousle nom de judar, commeune variétéde gubayrô'
(sorbier).La'(Jm.datat-fabîb(n" 1839)et AL-TWAZIRAL-GHASSANI

144
(n" 364)décriventaussilejudar. Parcontre,ABDEREZAeetlaTuhfat
al-ahbâbnela citentpas.
* Dansle SaharaAl.gérien,la1écqrcgs piléessontutiliséescommecondimentastringent,
conrmele font les Libanaiset les Syrienspour lesfruits du sumac(R. cortariaL.).
** L'écorcede racineest employéedansle Sudalgérienpour le tannage peaux
des de
moutonset de dromadaires-qu'qlle coloreenrot_g€(t E FLocTr, 1983,n'249i. D'après
POTTIER-ALAPETITE(dansLE FLOC'H, 1983,no249),lesécorcessontutilisées-, en
Tunisie,exactementpour le mêmeusage.
Dans la régro! de Tindouf (c.à.d.au Sud du Dra dont parle MARMOL, voir ù Rhus
penta2h.ylla)LARRIBAUD a observéen 1952(dansLE FLOC'H, lgg3, no 2lg) le
procédéde-qigtgre-suivant : les peauxsont laisséesen contact3 ù 4jours avec de
l'écorcepulvériséede Rhus triparrtn Çjdâri), puis assoupliesavecdu bèurreet épilée
dansun bainconænantPenaldcria coronopifuIia(tirflet).lacouleur rougedescuirsest
ensuiærehausséeavecdesracinesde Trichodesmacalcaratutn(âltre$)qu'ontrouvedans
cesrégions.
En Lybie, on r€trouveles mêmesusagestannantset tinctoriauxpour l'écorcedesracines
(dansLE FLOC'H, 1983,no 249).
Dansle Sud tunisien,l'écorcederacinedeR. tripartila ss1utiliséepour teindrele cuir en
marron clair (LE FLOC'H, 1983,n" 249) et les laineset soiesén beige et brun (LE
FLOCTI, 1983,no 249).

ANNONACÉES

22. Xylopia aethiopice A. Rich.

poiwe d'Afrique, poivre d'Ethiopie,poiwe de Guinée

bzar &lur (!) (litt. : poiwe mâle).


jawzat az-zenj (litt.: noix deszenj ;zenj = Noirs de la Côte orientalede
I'Afrique) (livresque) : mais ce vernaculaireest employé aussi par
certainsauteurspour désignerla maniguetæ(Aframomummelegueta).
jawzat Inba{ô (litt.: poiwe d'Ethiopie; AL-WAZIR AL-GHASSANI,
no78).

C'est un arbre de l'Afrique orientale dont les fruits sont importés. On


utilise les graines,Eèsaromatiqueset de saveurpoivrée.

USAGES TRADMONNELS

Ce sont les grainesqui constituentla drogue.Elles sont recommandées


par tous les herboristeset les Eadipraticiens
dansles refroidissements,
les
toux et comme aphrodisiaque: on prendun peu de poudreavecde I'eau
avant de se mettre au lit.
Elles entent dansla compositiondesma'jûn (voir article n" 694)et du
rôs el-Innût (vot articlen' 693).

t45
Les grainessontutiliséesaussicommeépiceen cuisinemarocaine.

DISCUSSION

Les sourcesarabeset les autrestraditions


IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,n' 1698)mentionnecette
espècesousle nom defelfel es-sûdân(litt.: poiwe desnègres)et rapporte
qu'elle provient de I'Afrique Noire. La descriptionqu'il en fait d'après
Ibn Al-V/afed,ne laisseaucundoute.ABDEREZAQGECLERC, 1874,
n" 214) la décrit sousle nom dejawz ez-zenjmais confondcetteespèce
'(Jmdatat4abîb (n" 442) donne2 mots comme
avec la maniguette.La
synonymes: jawzat Inba!ô etjawzat furak. Même commentairepour la
Tuhfat al-ahbâb (n' 99). AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 78) cite la
jawzat az-zenjmais la descriptionqu'il en donnene correspondpas avec
notreespèce.

Les usagesmédicinauxraditionnelsde ce poivre au Maroc sereEouvent


en Afrique Noire dans les régionsd'origine de I'espèce(Casamance,
Cameroun,etc.)(KERHARO& ADAM,1974).

I'acide xylopique présentdans les graines,a une stnrctureproche de


I'acide grundélique et possède des propriétés expectorantes,
antispasmodiques et sédativesde la toux (POUSSET,1992)ce qui justifie
I'emploi des graines, au Matoc, comme en Afrique Noire, dans le
traitementtraditionnel de la toux.

aPrAcÉEs ( ou oMBELLIFÈRES)

23. Ammi rnajusL.

ammi

âyîlâL, yîlân, tLîlân (!) (Maroc) (Algéne, BELGUEDJ,1966) :


contactionde âar îlôl (hn.: piedd'oiseau, enberbère,d'aprèsIBN AL-
BAYTAR). La plante est déjà mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, n" 2), sousle mêmenom,commeabondante
dansla régiondeBougie.
lnbô (Tunisie,LE FLOC'H,1983).
Lnilo{itâni (litt.: Amni visnagadu diable)(Egypte,BOULOS& EL-
HADIDI, 1984; SALAH AHMED &, al", 1979).Ce vernaeulaire est à
rapprocherdes appellations jazar chitani (litt.: carottedu diable,IBN

t46
AL-BAYTAR, LECLERC,1877-1883,
n" 2) et Mlla (Ammivisnaga,en
Egypte).

Espèced'Europeméridionale,d'Afrique du Nord et d'Abyssinie,I'Ammi


tnajusest communau Maroc.

USAGES TRADITIONNELS

Partout au Maroc, les fruits d'Amrni majus sont utilisés dans le


traitement du vitibgo (el-barç), par voie interneet par voie externe.
Beaucoupde préparationscontrele vitiligo dontles formulesne nousont
pas été révéléespar les radipraticiens, se sont avérées,à I'analyse,
contenircesfruits, associésà diversingrédientsqui augmententI'activité,
corrigentun effet secondaireou participentau camouflagede la recette.
Par voie externele naitementtraditionneldu vitiligo consisteà appliquer
sur les tâchesblanchesde la poudrede fruits, souventmélangéeà de la
poudre de racines de pyréthre d'Afrique (213d'Ammi rnajus, ll3 de
pyrèthre d'Afrique) et à du miel, puis à exposerle maladeau soleil I
heure à 3 heurespendantplusieursjours, de manièreprogressive.Le but
recherchê pt I'addition du pyrèthre d'Afrique est de provoquer une
vésicationlocale qui permetune actionen profondeurde l'Ammi majus"
La prise par voie orale des frtrits On à I cuilleréeà café de poudre de
fruits) est souventprescriteen parallèleavecle Eaitementsuivi par voie
externe.
Au Maroc le Eaitementdu vitiligo fait souventI'objetd'unespécialitédes
fkih. Nous avons renconEé,au cours de nos enquêtesplusieursde ces
spécialistesà Chaouen,Bab .Taza, Tanger, Salé, Témara. Les plus
célèbresexercentdansle Nord du Maroc.

Les tiges de I'ammi sontmangéesà la campagnequandelles sontjeunes,


aprèsavoir été pelées: elles font partie desplanæsà croquer(!,uzzayez)
commeles tiges de Ridolfia segetum,de fenouil,etc.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'ammi est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
ro 2o3, 288, 1036,2202) - avec,toutefois,une certaineconfusionentre
les vernaculairesde cetteespèceet d'espèces voisines-, pff laTuhfat al-
ahbôb(n' 5l) et par ABDEREZAQ(LECLERC,1874,no 98).
Dans cette rubrique, IBN AL BAYTAR cite notamment I'usage, au
XItrème siècle,des fruits d'Ammi majus,dansle traitementdu vitiligo,
par les Beni Oujhan(dont les Beni Boucharbactuelssont une fraction) ,
une tribu de la région de Bougie (Algérie) qui gardapendantlongtemps
le secretsur cette médication.TRABUT (cité par BELGUEDJ, 1966) a

147
pu vérifier que c'estbien Ammi majusqui est commundanscetterégion
et connu sousle nom de trîlôL. LECLERC s'est trompé en attribuant
l'ôtrîlôl au Ptychotisver-ticillataetle nônufu àl'Ammi majus.
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 280), reprenantce qui vient dans la
'Umdat at-tnbîb (n' 951) donnepour l'âtrîlôl (= rijl al-gorâb) un
protocole de traitementdu vitiligo très voisin de celui qui est utilisé
actuellementau Maroc. Il ajoutequec'estaussiuneherbeà croquer.

Discussiondu vernaculaireôgîlô/
Comme nous venons de le dire, chez IBN AL-BAYTAR une certaine
confusion règne entre Ammi majus,Prychotis verticillata. et Carurn
copticurn.
IBN AL-BAYTAR fait de ônîlôl le synonymede hafitut al-baras(litt.:
herbeau vitiligo) et dit que l'âttîlâl est utilisé dansla région de Bougie
(Algérie) dansle Eaitementdu vitiligo (il s'agit bien, dans ce cas, de
l'Amrni majus).Il donneaussi,pour âgîlô1,d'auuessynonymes: rtjl el-
Sorâb (litt.: pied de corbeau),rijl el-'oqâb(litt.: pied d'aiglQ, rtjl el-
'aq'aq (litt.: pied de pie), rijl ez-zurzûr(litt.: pied d'étourneau).Mais
tous ces synonymespeuvents'appliqueraussibien à l'Arnmimajusqu'au
Ptychotis verticillara Dub. dont les segmentsmultifides des feuilles
inférieuresont la forme d'un pied d'oiseau.
En Egypte,on désigneaujourd'hui, sousle nom de lafifut el-baraf ,le
Prychotisverticillata, dontla poudrede grainesest effectivementutilisée
localementdansle traitementdu vitiligo (DUCROSdansLE FLOC'H,
1983).Ce Prychorr,s estaussiappeléen Egypteâtrîâl (SALAH AHMED &
al., 1979).
Ce qui ajouteencoreà la confusiondesvernaculaires, c'estquele nânula
(ou nûn@) qui désigneaujourdhui,au Marocet en Algérie,le Prychotis
verticillatao et en Eglpte, I'ajowand'Egypte** ou ammi desboutiquiers
(Carurn copticurnBenth.& Hook = Ammi copticurnL.), s'appliqueen
Tunisie àl'Ammi visnaga L. (BELLAKIIDAR & al., 1982 ; BOUI(EF,
1986).
Ce qui a induit IBN AL-BAYTAR en eneur c'est que I'ammi de
Dioscoride(m,70) est le Carurncopticum.
Il nous sembledonc bien, pour I'essentiel,que tous ces vernaculaires
(âçrîlô1,Ltafifut al-baraç,nû,n@)ont servi à désigner,suivantles pays et
les auteurs, différentes Apiacées à propriétés photosensibilisanteso
traditionnellement utiliséesdansle taitement du vitiligo*.
Enfin, il est difficile de ne pas relever une certaineparenté entre le
pastinaca desLatins, le busnagadesItaliens(pou Amrni visnaga),le
be$nîfu des Marocains(pour A. visnaga)etle nûnlra (mot d'origine
persane,qui s'applique en han et au Afghanistantau Carum copticum

t48
Benth& Hook.,HAKIM MOHAMED SAID,1973,p. 319 ; YOLJNOS&
al., 1987)).n est possibleque tous ces motsdériventI'un de I'autreou
d'une mêmeracinequi désignaità I'origine,quelquepart en Perseou en
Asie centrale,une Apiacée.

Chez ABDEREZAQ (m. réf., no 98), auteuralgérien,cette confusion


entreâffi\âl (Ammi majusen Algérieet au Maroc)et nânu$a(Prychotis
verticillata en Algérie et au Maroc)n'existepas,car cesespècessontdes
plantes connues,bien différenciéespar les populationset couramment
utilisées.Cependant,cet auteurattibue les propriétésphotosensibilisantes
(traitementdu vitiligo) au ptychotiset non à I'ammi (reprenanten cela ce
qui vient dansles traités arabeset la tradition actuelleen Eglpte) et ne
cite pas la réputationqu'ont les Beni Bouchaibde la région de Bougie de
soignerle vitiligo avecI'ammi.

La présencedans cette espècede furocoumarinesphotodynamysantes


justifie sesusagestaditionnels dansle traitementdesdépigmentations.
* Le vernaculaireI.taSSntal-baraç s'appliqueaussi,en Egypte, aux fruits d'une autre
Apiacéephotosensibilisante, AngelicaarclwtgelicaL., importéspar les droguistesdu
Caire pour servir au traitementdu vitiligo (SALAH AHMED & a1.,1979).Celaconlirme
le caracêregénériquedece vernaculaire.
** IBN AL-BAYTAR décritlanônuja commeun fruit qui dégageuneodeurd'origan
et nous précisequ'on I'appelleaussikammûniab$ (litt: cumin d'Ethiopie).Il s'agit
bien, chez lui, de I'ajowandEgyptc (CarumcopticutnBenth. & Hook) qui contient
effectivementdu thymol, responsablede I'odeurde I'origan (voir aussiù Ptychorts
verticillan, no48).

24. Amnti visnaga L.

khella

be\nîfu, be$nî$tabelnîln(!).
nû.nfu(Tunisie,BELLAKHDAR & al., 1982; LE FLOC'H, 1983 ;
BOT,JKER 1986).
lella, UIla baladî(Tunisie,Egypte,LE FLOC'H,1983 ; BOUKEF,
1986; BOLJLOS & EL-HADIDI,1984;HONDA& SALAH,1980).
tillo baladî(BOULOS& EL-HADIDI, 1984; HONDA & SALAH,
1980).
jazar barrî (litt.: carottesauvage)
(livresque).
bestînaj(IBN AL-BAYTARdansLECLERC,1877-1883, tro3, 288): ce
terme,rappellecurieusement le pastinacadesLaunsetle be$nîla des
Marocains.
Espèceméditerranéenne, auMaroc,surtoutdansle Nord.
commune
149
USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, les rayons des ombelles,qui convergent après


floraison et se ramassenten fuseau,sont utilisés coilrmecure-dents.La
décoctiondes ombellesetlou desfruits, s'emploie,en gargarismes,dans
les soinsde la bouche,(gingivites,abcèsbuccaux,etc.) et dansles mauK
de dents.Cettedécoctionest priseaussi,par voie orale,contrele diabète,
les palpitationsde I'aorte (bûmezwi), les douleursdes reins et de la
vessie.
En fumigations,fruits et ombellesserventà dissiperles vertiges et les
céphalées.
Dàprès GATEFOSSÉ(cite dansLE FLOC'H, 1983),les fruits seraient
aussi recommandées, en décoctionbuvable,pour décongestionner la
prostate.

DISCUSSION

[,es sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,îo 2,3) sousle nom de al-fu\la (pourI'Egypte)et de bastînei
(pou I'Andalousie).L'espèceest aussicitée dans la Tuhfat al-ahbôb
(n" 353).La'Umdat at-tabîb(n" 194) et AL-WAZR AL-GHASSANI
(n" 259) citent le bastînej, povr la première,et le iazar barrî, pour le
second,mais nous ne sommespas sûrs qu'il s'agissede notre espèce.
ABDEREZAQ, de manière surprenante- car elle est commune en
Afrique du Nord -, ne la mentionnepas.

La présence de khelline (une furochromone du groupe de la


benzopyrone)et de visnadine(une pyrano-coumarine)qui sont des
vasodilatateurs coronariens et des antispasmodiquespuissants
(BRLJNETON,1993) explique I'usagenaditionnel de la plantrcomme
antispasmodiqueet dansle traitementdespalpitationsaortiques.

25. Awmodaucus leucatrtchas Coss" & Dur.

cumin velu

kammû,nes-ûfi, Iummûn lemsewef,Iummûnbû-çûfa(!) (litt.: cumin


laineux,velu).
ilcarnen(berbère).
kemmûn el-kûdya (litt.: cumin des collines) : parce qu'on en Eouve
beaucoupau pied descollines.
madrîga, ûrnm-drîga(Satraraalgênen(SITOUH, 1989 ; DOREAU,
1961).

150
Petite Apiacée saharienne(du Maroc à I'Egypte)dont les fruits sont
ramasséspar les nomadespour les vendreaux herboristes.

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, les fruits sontutilisés,en poudreou en décoction,dans


le traitement des douleursgastro-intestinales, des gastralgieset des
indigestions.On leur associeparfois,danscetteindication,Zygophyllum
gaetulum.C'estaussiune plantetrès utilisée,en infusion,dansdiverses
maladies infantiles de I'appareil digestif : dysenteries,nausées,
regurgitations,vomissements. On lui prêteenfin despropriétéstoniques
pour les nourrissons,en infusionou en bain.
Le cumin velu est utilisé aussi comme condimenten lieu et place du
cumin ordinaire,et il est mêmeconsidérécommeplus fin que lui.
Il entredansla compositiondu rds el-hanût(voir ôet articlê,no 693).

DISCTJSSION

Læssourcesécritesarabes
Le cumin velu, à endémismestrictementsaharien,n'est mentionnépar
aucunde nos auteurs.

testsd'activité
L'activité antibiotiqued'exEaitsde cumin velu a été testéeau Maroc sur
des germes pathogènesgastro-intestinauxpour vérifier I'indication
traditionnelle(DIALLO, l99l ; DIALLO & al., l99l ;EL AnZ. 1982).
Celle-ci ne s'est pas avéré suffisammentpuissantepour justifier sa
renommée. Il est probable que I'activité de la plante soit plutôt
spasmolytiquecomme c'est le cas du cumin ordinaire et d'autresfruits
d'Apiacées.

26. Anethum graveolens L.

aneth

SibEfebE Sibil(!) : pourAnethumgraveolensL. er Ridolfta segetutn


(L.) Moris.
kerwiyâ 'amya (litt.: carvi aveugle)(vocabulairedes herboristes,
Marrakech, Salé,BELLAKHDAR& al.,1982):enraisonde l'aspectdu
fruit..
kemmû,n twbfi (litt.: cumin d'Ethiopie)(vocabulaire
desherboristesde
Marrakech): ce vernaculaireest utilisé ici improprement.En réalité,
cette dénominations'applique(à la suite de Dioscoride,II[ 70) à

151
I'ajowan(CarumcopticumBenttr.& Hook) (voir à Ptychotisverticillata,
no48 età Cuminumcyrninurn,n" 33).

est spontanéet en mêmetempsun peu


L'aneth,espèceméditerranéenne,
cultivé au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

A Salé, la décoctiondes fruits est utilisée chezles nourrissonsdans les


désordresgasûo-intestinaux (aérophagie, spasmes, mauvaisesdigestions).
On procèdedansle mêmebut à desfumigationsfaitesavecles graines.
L'infusion concentréede fruits d'anethest partoututiliséecommevomitif
et contre-poison.
A Marrakech,les fruits d'anethfont partiede mélangesutilisés en magie
(par exemplel'âzgôf,voir cet article, n' 687).
et en contre-sorcellerie

DISCTJS:SION

Les sourcesécritesarabes
L'anethest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
no894,1275),la'(Jmdntat+abîb(n' 2377),laTuhfatal'ahbôb(no 453)et
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n' 949) sousle nom de fibç AL-
WAZIR AL-GHASSANI (n" 79 et 376) le mentionneaussi comme un
vomitif, à la suiæde tousles auteursarabes.

27. Apium graveolens L.

achedes marais(forme sauvage),céleri (forme cultivée)

krôles (!).
krôfesberrî: pour la forme sauvage.
zerrî'a l-krôfes: pour les fruits de céleri.

Cette espèce,assez eosmopolite,se rencontre fréquemment,à l'état


spontané,au Maroc, dansles lieux humides,un peusalés.On cultive dans
lès zones de maraîchageune variété horticole à grandes feuilles et
pétioleslarges: la var. dulce D C. Le céleri-rave,qu'on trouve dansles
marchésdes grandesvilles, mais qui n'est utilisé au Maroc que par la
communautéeuroffennenest la variétérapaceutnD C.

USAGESTRADMONNELS

A OuedMallatl (régionde Casablanca) où I'achedesmaraisest abondant,


on emploiesesraciies, en décoction,commediurétique.

r52
Le céleri cultivé (la plante entière)est utilisé, partout au Maroc, pour
faire descataplasmes résolutifs.
A Marrakech, les fruits de céleri sont pris en décoction, coûrme
diurétiquedansles maladiesrénales.
A Rabatet Salé,la poudrede fruits est utiliséesurtoutdansles maladies
de I'estomacet commeaphrodisiaque.

Le céleri est Eès employéau Maroc pour la préparationde soupeset de


potages.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèce(la fonne cultivée et la forme des marais)est longuement
mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,n" 1902,
2304) sousles nomsde l<nrafsetya$sis(pou I'Ifriqiya). La'Umdat at-
tabîb (no I 194), AL-w AZIR AL-GHASSANI (n" 147) er la Tuhfat at-
ahbâb (no 82, 200) la mentionnentaussi, ainsi que ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 432)qui donnele vernaculairekrôfes.

2E.Buniam divers

Bunium incrassaturn(Boiss.)Batt. (= BuniumpachypodumP.W. Bail)


Buniumfontanesdi(Pers.)Maire (= Bunium m.auritanicumBatt.)
Bunium alpinum \il/aldst.& Kit.
Bunium bulbocastanum L. (= CarumbulbocastanumKoch.)

talgûdî, taQûdô (!) (Maroc, Algérie) (litt.: lèche beurre, en berbère):


pour Bunium incrassatumet B. fontanesii; quandelle est froisséedansla
main, la plante libère une matière grassequi a exactementle goût du
beurreet que les bergersléchent.
ôku!âr, akfr (Kabylie, Aurès, LE FLOC'H, 1983 ; LECLERC, 1877-
1883,no 3) : pourBuniumincrassatum et B.fontanesii.
left le$lô (7aër, BERTRAND, 1991)(litt.: navetsauvage).

ExceptéB. fontanesif qui est nord-africaine,cesespècessont communes


en Europe méridionale et en Afrique du Nord, B. bulbocastanum se
renconfrantaussidansle Sud-Ouestde I'Asie.
Au Maroa, B. incrassatumet B, fontanesiise rencontrenten plaine,B.
alpinum en montagne; on rencontreaussi,dans le Rif oriental, B.
bulbocastanumL. var. genuinumBurnatet le B. macucaBoiss.dansla
région de Ceuta(Mont aux singes),maisces2 espècessontdesraretés.
Les tuberculesde B. incrassatumet B. fontanesii sont gros comme une
pommede terre ; cew(de B. bulbocastanumetB. alpina dela taille d'une

153
noisette,noirs, blancsà I'intérieur,de saveursucréemais avecun arrière
goût âcre,rappelantcelui de la châtaigne.

USAGESTRADITIONNELS

Les tuberculesde toutesces espècesétaientconsommées en périodede


disette et le sont toujours par les bergers.I-estuberculessont cuits sousla
cendreou grillées au feu de bois ce qui détachel'écorceet permet de
mangerI'intérieur ; ou bouillies dans de I'eau salée,aprèsépluchage
(sansépluchage,ils sont irritantspour I'estomac).Epluchés,séchéset
pilés, ils sont mélangésavec 3 à 4 fois leur poids d'orgepour faire des
galettes.
On donneaussila plante (tuberculeet partie aérienne)commefourrage
aux vachescar elle a la réputationd'augmenter la productionde lait.
Dansles campagnes, les fruits deB. incrassatumremplacentle carvi.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
espècesde Bunium sontmentionnées par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, tro 3,542) sousle nom de ââkutâretjawz arqam,le terme
bunyûn étant apparemmentreservé à d'autres espècesdu genre.
ABDEREZAQ ne mentionne pas ces espècesqui étaient pourtant
courammentutiliséesen Algérie commealimentde disette,Ptr plus que
laTuhfat al-ahbâbet AL-TWAZIRAL-GHASSANI.La'Umdat at-tabîb
(n" 2189) ne donnepas assezde précisionspour pennettred'identufier
ceses$ces.

La richessedes tuberculesen glucides(607o,surtoutde I'amidon)justifie


les usagesalimentairestraditionnels.

29. Bupleurum canescensSchousb.et Bupleurun, dumosum


Coss. & Bal.

buplèwe

l-layyârâ (litt.: celle qui rend frénétique).

Cesespècesserencontrentdansle Saharaoccidental.

USAGESTRADMONNELS

maisleur toxicité est


pour cei especes,
Nous n'avonspasrecenséd'usages
connuedeséleveurs.

r54
TOXICITÉ

Cesespècessonttoxiquespour les troupeaux.


D'aprèsles nomades,l'intoxication chezle dromadairese marrifestepar
de fortes diarrhéeset des désordresnerveux,suivis rapidementde mort
dans les cas graves. Sèche, ces plantes perdraient leur toxicité
(BELLAKIIDAR, 1978).

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Ces2 espècesne sontpasmentionnées
par nosauteurs.

30. Carum cami L.

carvr

(!) : mot dérivantdu grec.


I<art+tiyô

Le carvi est traditionnellementcultivé dansla région de Meknèspour la


consommation locale et pour I'exportation. Le principal acheteur
étrangerest I'Allemagne,pays danslequel les fnrits serventà préparer
une liqueur alcooliséetrès prisée: le kummel.

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, les fruits sontutiliséscommecarminatif,stomachique,


antispasmodique pédiatrique,souventassociésau fenouil, à I'anis, au
cumin, sous forme de poudrefine ou d'infusion.Ils interviennentaussi
comme galactogène,emménagogue,diurétique,apéritif, sialagogueet
aphrodisiaque.A Fès, aprèsun repasriche, il est de coutumede servir
une infusion de carvi conrmedigestif.
A Tissint" l'infusion de fruits est aussi utilisée, par voie orale, dansle
traitementdes rhumatismes.

Les fruits de carvi sont un condimentappréciépour la préparationde la


lt îrâ (soupeépaissede farine et de féculents),en raisonde son arômeet
de sespropriétésstomachique, carminativeet antispasmodique.
Ils enEentaussidansle râs el-Innût (vot cet article,no 703)
Dans les régions où le carvi est cultivé, la plant vertejeune sert aussià
assaisonner les sauces.

DISCTjSSION

Les sourcesécritesarabes
155
Le carvi est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 1772,1774,1913,1970)sousles nonrsde lcarôwiyô,kammûnârmenî,
qoronbâ,d,qarîqôn. ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 745) donne
karwiyô et lurnmû,nârmenî..La'Umdat at-tabîb(no 1199),AL-WAZIR
AL-GHASSANI (n' 151)et la Tuhfatal-ahbôb(n' 340) citent aussile
carvi.

31. Conium maculatun,L.

grandeciguë

sîkrân, saykurân(poly.) (litt.: la soporifique) : ce vernaculaireest aussi


porté par la jusquiame,I'ivraie, le coqueretsomnifère.
Iukrôn, tuwlurân (RENAUD& COLIN, 1934,no455).
barbûY(Haouz,NÈGRE, 1962-1963).
ziyyâta (poly.) (Rabat,BOULOS, 1983) (poly.) : c'est aussile nom
d'Helosciadum nodiflorurn, Kundmania sicula, Limoniastrum
guyonianurn.
ii"j (livresque) : comme.pour la jusquiame(RENAUD & COLIN,
no 455).

Cette Apiacée, d'Europeet du Bassin méditerranéen,se rencontre au


Maroc dansles lieux humides,souventau voisinagedeshabitations.

USAGESTRADMONNELS

Les usagesmédicinauxde cette plantesont aujourdhui Eès rares,mais


on I'employaitautrefois,à faible dose,dansle traitementdesnévralgies,
de la sciatiqueet desrhumatismes(selonun fqih de Tétouan).
D'après BOULOS (1983), dans la région de Rabat, on fait des
fumigationsavec de la racine de grandecigUëconte les piqûreset les
morsuresvenimeuses.

La plante est srutoutemployfu commeabortif (régtonsde Casablancaet


de Raba|, sousfonne de tamponsvaginaux.Elle estconnueaussicomme
poison.

TOXICITÉ

La toxicité de la planteest connuedespopulations,mais,en raisonde sa


ressemblanceavec le persil, la grande ciguë a provoqué quelques
intoxicationsaccidentelles"CHARNOT (1945) a aussirapportédes cas
d'empoisonnementcriminel au fruit de grandeciguë.

156
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La grande ciguë est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,Do1350)sousles nomsde \ûkrân,jaqûla, qûnyûn.ainsi que
par la 'Umdatat-tabîb(n" 2579).LaTuhfatal-ahbâb(n" 455) I'assimile
par erreur à la jusquiame. AL-WAZIR AL-GHASSANI et
ABDEREZAQne la mentionnentpas.

Les donnéesde la toxicologie


La grandeciguë contient5 alcaloidesdérivésde la pipéridine,combinés
aux acidesursolique et caféique.L'alcaloidele plus important est la
conicine (ou conine ou cicutine ou alpha-propylpipéridine)liquide et
volatil, accompagnéede méthylconicine, de conhydrine, de
pseudoconhydrineet d'une base non saturéè,la y-conicéine. Ces
alcaloidessont tous toxiques,la y-conicéinel'étantencoredavantageque
la conicine.
Toute la plante contientcesalcaloidesmais les fruits verts sont les plus
riches(0,N7o), suivis desfleurs (O,24Vo) et desfeuilles(0,l9Vo).Au 314
de la maturation, le fruit peut contenirjusqu'à ZVod'alcaloidestotaux
dont 1,37ode conicine.

La partie la plus toxique est le fruit, surtoutavantmaturité, suivi de la


fleur et de la feuille. La grandeciguëétait utiliséepar les Romainspour
exécuterles condamnés.Les Ancienscroyaientqu'on pouvait créer une
protection par accouhrmanceà la ciguë, en prenantrégulièrementdes
petiæsdosesde grandeciguëet en les élevantprogressivement.
Les animaux peuvent aussi être intoxiqués par la ciguë mais leur
sensibilitéau poisonest variable.Les chevauxet les boeufssemblentbien
résister (il faut 2 à 5 kg de planæ fraîchepour les tuer), alors que 6 g de
feuilles seulementpeuvent tuer un homme. Les oiseaux et les petits
nrminantssemblentaussipeu atteintspar le poison.Par conEeles chiens
et les chats sont très sensibles.Les symptômesde I'intoxication chez
I'animal sontles mêmesquechezlhomme (CHARNOT, 1945).
Par ses alcaloïdespipéridiniques,la grandeciguë, peut provoquer des
malformations congénitales chez la vache : c'est donc un plante
tératogène(KEEKER & al., 1978).

Symptômesde l'intoxication chezI'homme


Ces symptômes ont déja étê, décrits par Pline, à propos de
I'empoisonnement de Socrate.
Rapidemenf,aprèsI'ingestion,on observeunediminutionde la sensibilité
et de la motilité des exEémités,surtout dans les membresinférieurs.
Ensuiæapparaîtune sensationde picotementet de fourmillement avant
que ne s'installeune anesthésievéritableavecrefroidissementdu corps,
soif, sécheressede la bouche,gênedansla déglutition,vertiges,céphalée

r57
intense,mydriase,cyanoseet stupeur.Les cardialgiessontfréquentesà ce
stade. Puis la respirationet le pouls se ralentissent,la sécrétionsalivaire
est augmentée.Enfin s'installeune paralysiedesmusclesrespiratoireset
du diaphragme,entraînantla mort par asphyxie,au bout d'une durée
allantd'l heureà 6 heures.
Parfois ces symptômess'accompagnent de délire, de convulsions,de
tremblements,de troublesde la vue (éblouissements) et de I'audition,de
vomissements et de gastalgies.
Jusqu'àla fin la luciditéest conservéeet I'intelligenceresteintacte.
L'autopsiemonEede I'oedèmepulmonaire.
(CHARNOT,1945; GARNIER& al., 1961).

32. Cortandram sativum L.

coriandre

Qezbor(t1.
ba!ûr ej-jnûn (litt.: fumigationspour les génies) : ce vernaculaire
s'appliqueaussià desmélangespour fumigationscontenantgénéralement
de la coriandre.
tabel(Tunisie,BOUKEF, 1986; LE FLOC'H,1983).

La coriandreest cultivé partoutau Maroc pour la productionde la plante


verte et des fruits. Il occupeprès de 5.000 ha dansla région de Had-
Kourt (Gharb).

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, on retrouveles mêmesusagespour la coriandre.


Le jus de la plante fraîche sert à faire des collyres contre les
conjonctivites.La plante fraîche est prescritedans les asthéniesde
I'enfantet du vieillard. Mais à dosesélevées,elle est téputéesomnifèreet
anaphrodisiaque.
Les fruits séchésde la coriandresontemployés,en poudreou en infusion
dansles gastralgres,l'aérophagieet les mauvaisesdigestions.On I'utilise
aussi, sous la même forme, comme anti-inflammatoire général,
antirhumatismal,antiscorbutique et antirabique.

Le fruit est un ingrédient quasi-permanentdes mélanges pour


fumigationscontreles mauvaisgénies.C'estI'un des7 aromatesrituels
utilisésdansce but. On I'associegénéralement au benjoin,au harmel,à la
rue, à I'encens,à I'alun,au sulfatede cuiwe.

La plante fraîche et les fruits séchéssont aussi des condiments


indispensablesdans la cuisine marocaine, en particulier pour la
158
préparationde la hrîrâ (soupeépaissede farine et de féculents)et du
qadûd (viandesaléeet séchéeau soleil) dontelle assureI'aromatisation
et
la conservation.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La coriandreest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883, no 424, 1926, 1933) sous les noms de kuzbara et tiqda.
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 429)donnekuzbur.La'Umdntat-
tabîb (no 1200),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n' 148)er la Tuhfat al-
ahbâb(n' 230) décriventaussila coriandre.

33. Cuminam cyminurn L.

cumin

kemmûn,îkammen(t).

Le cumin est très cultivé au Maroc pour la productionde fnrits dont une
partie est destinéeà I'exportation.

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, les ftuits, en poudreou en décoction,sont Eèsutilisés


en médecine traditionnelle, dans le traitement des troubles gastro-
intestinaux.Il esq en effet, reconmrandécommestomachique,carminatif,
antispasmodique et verrrifuge, chezI'enfantet cbezI'adulte.On emploie
aussisadécoctioncommeemménagogue.
En usageexterne,le cuminestutilisé,en cataplasmes sur la nuque,contre
les oreillons.

C'est un condiment très utilisé dans la cuisine marocaine, en


accompagnementdes oeufs durs et des viandes rôties et pour la
préparationdesféculentset dessoqres.

DISCI.'SSION

[æs sourcesécritesarabes
Le cuminest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 1967,1969,1971,1972),la'Umdatat-tabîb(n' 1215),AL-WAZR
AL-GHASSANI (no 150),laTuhfat al-ahbôb(n" 229)et ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,no426,471)sousle nomde kanmûn.
Au nombre des nombreusesvariétés de cumin* distinguéespar les
auteursarabes,le cumin royal et le cumin de Kerman (Iran), nous

159
semblentêtre une même variétêde cumin (peut-êtresauvage)à grains
foncés et très aromatiquesprovenantde Kerman ; le cumin d'Arménie
est admis généralementcomme étant le carvi ; le cumin d'Ethiopie
commeétantun ajowan; le cuminblanccommeétantI'anisvert.

* Certainsauteursarabesfont du cumin de Kermanla nigelle.

34. Daucus carota L. var. sativ& L.

carottecultivée

biuu (!).
zrôdîyô (!) (Maroc oriental,Algérie).
ja'da (poly.) (Tangérois,Jbala): s'appliqueaussià Teucriumpolium, à'
Marrubiumdesertiiet à Invandula dentata.
jazar (livresque).
es-sfannârûô,sefnnâriyô,sennâriyô(!) (Fès,Rabat,Gharb,Constantine,
Tunis) : mot dérivant du latin pastinaca par les intermédiairesromans
pasnareetfesnari(COLIN, 1926-1927,n"72).

La var. sativaest cultivéepartoutau Maroc. Il existe,pour cetteespèce,


unevariétésauvagemaissesracinessontpeu tubérisées et ligneuses: elle
au Maroc.
n'estpas utilisée,à notreconnaissance,

USAGESTRADMONNELS

A Rabat,Salé,Marrakech,Fès,les fruits sont utilisésdansle traitement


des maladies de I'appareil urinaire (coliques néphrétiques,oliguries,
etc.), Avec les racines,on prépare,paltout au Maroc, une purée à I'eau
qu'on donneaux enfantsdiarrhéiques.

A Rabatet Casablancqle jus de carotteestutilisé en lotion pour les soins


dansle Eaiæmentdesbrûlures.
du visageet, en compresse,

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La carotteest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
1883,no 96, 481, 983, 1389,2240),la'Umdatat'tabîb(no 393),AL-
WAZIR AL-GHASSANI (no 7l), la Tuhfat al-ahbôb (n' 93) et
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 100, 201,237) sousles noms de
jazar, asfanôriyô, îsnflîn, wbâhiyâ, dûqwô (pour les fruits).
ABDEREZAQ donneaussiles vernaculaires liuu et zorûdiyâ.

r60
L'activité antidiarrhéiquede la pulpe de carotte est rapportéeà sa
pectine; les propriétésdermocosmétiquessontà mettreen relation avec
sarichesseen carotènes.

35. Daucus crtnilus Desf.

bû-afûr (Oued Mallah, Zoumi) : pour les racinesde D. crinitus : ce


vernaculaires'emploieaussipour les racinesd'auEesplantes.
A Fès, les herboristesfont du bû-afûr le synonymede 'ûd mserseret le
décrivent commeressemblantau fenouil. De plus, ses tiges seraient
machonnéespar les bergerset portent le nom de slilû comme d'autres
tiges d'Apiacées(fenouil, Ridolfia segetum,etc.) qui sont utiliséesde la
même façon. Il s'agit bien là, apparemment de Daucuscrinitus ou d'une
autre espèceproche, bien que mserser désignehabituellementdes
Polygonurn(von cesarticles,no 420 et 421).

USAGES TRADMONNELS

A Fès, les racinessont mélangéesà de lbrge pour faire des galettesde


pain : ce pain estréputéactif dansles mauxde venEeet d'intestins.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
CetteesSce n'estpasmentionnéepar nosauteurs.

36. Elaeoselinurn asclepium (L.) Bertol

yabû.(Oued Cherrat,OuedMellah) : dansle Souss,on trouve âbû pour


Tlnpsia garganigaet T. villosa.
tufsa (Hàouz,NÈGRE, 196l-1962).
klibâ, kuley!ô (litt.: la petite férule).
Cetteespèceserencontreau Maroc,dansles terrainsincultes.

USAGES TRADMONNELS

A Oued Cherrat,la planteest utilisée,pilée avecdu clou de girofle et du


henné,en cataplasmes sur les tempeset le front, conEeles céphalées.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estpasmentionnéepar nosauteurs.

t6l
37. Eryngium divers

Eryngiumilicifulium Lamk.
Eryngium triquetrurnVahl.
Eryngium tricuspidatumL.
Eryngiurncampestre Dod.

panicaut

zerriga, zoreyga,zreygct,zerriqa, {ûlu zerqa (!) (OuedMallah, Kelaat


Sraghn4Tissint, Beni Meskine,Fès,Satraraoccidental)(litt.: la petite
bleue, l'épine bleue) ; pour toutesces plantes,en raisonde leur aspect
épineuxet bleuté,en êté,quandelles sont sèches.Ce vernaculairene
s'appliquepasà Eryngiumcampestre.
Sûkel-âbyad(litt.: épinebtanche): pour E. canipeste.
qery'na (ltwesque)(RENALJD& COLIN, 1934,n" 445et 322)"
Icaffes-sba'(poly.)(Marococcidental,BOULET & al., 1990)(litt.: patte
de lion).
Sûkaj-jimôl (poly.) (litt.: épinede dromadaires).
m!îzlô (Salé, Marrakech,OuedCherrat)(litt.: le petit fuseau) : pour la
racine de E. triquetrum.

En dehorsd'Eryngiumcampestre,qui est une espèceméditerranéenne,


les autresespècessontparticulièresà I'Afrique du Nord. E. illicifolium a
son aire limitée seulementau Maroc et à I'Algérie.

USAGESTRADITIONNELS

Les feuilles de cesespècessontutilisées,partoutau Maroc, en infusion,


comme dépuratif, diurétiqueet laxatif.
Au Sahara occidental, la racine d'8. ilicifuliurn, en poudre ou en
décoction,est utilisée comme diurétique,dépurative,emménagogueet
spermatogène.
À Salé,la racine de E. triquetrum se mangecrue dansle traitementdes
refroidissements.A OuedMallah, elle est est donnéeaux enfantscontre
I'amygdalite.
Les iàcines et les jeunes feuilles d'8. campestresont consommfusà la
campague,en periodede disette.

DISCT.JSSION

Iæs sourcesécriæsarabes
Plusieursespècesdu genreEryngium sont mentionnéespar IBN AL-
BAYTAR (LECLERC,1877-1883, oo 865, 1015,1360, 1363, 1754,
zerqa, Sûlu yahûdiyô, baqla
1894) sousles noms de qarça'na, Sû.lrn
r62
yahû.diyâ,lawkat îbrâhîrn, dû mâyat chûka, dû môyat ra,s, darâfi|,
!in!âb, qûfla, îrinjî. ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n" 64,734, 968)
donneles vernaculairesqarsa'na,sawl<atibrâhîm, {ûka yahûdiyô,îrenj,
{ûk el-mufalfal,abû,-'ajal.La'Umdat at-tabîb(no 421,2539,2567),AL-
vrAzIR AL-GHASSANI (n' 239) er la Tuhfat at-ahbôb (n" 322)
décriventaussicesespèces.

3E. Ferala assa-foetidaL. et autresespècesà ase foetide.

asefoetide

Les auEesespècesà asafoetidasontles suivantes:


FerulafoetidnRegel.
FerulnallinceaBoiss.
Ferula narthexBoiss.
Ferula rubrtcaulisBoiss.

I.tentît,hentîta,fueltît(l).
hentît ma'jûn (litt.: hentît pâteux,ltentît en masse).
ânjudân (classique): ce mot, d'origine persan,désignenormalementla
plante, en Orient. Au Maghreb, il s'appliquesurtout à la résine du
thapsia.
Ileng (Pakistan,KHAN USMANGHANI & al., 1986 ; Inde, MAHIAS,
1980; Afghanistan,YOLJNOS& al., 1987).
malrût (livresque):pour laracine de F. asa-foetidaetcelle deThapsia
garganica L. (RENALJD& COLIN, 1934,no 14, 255, 404) ; Cette
confusionentre les 2 racinesest quasi-généralechezles auteursarabes
occidentaux.

L'ase foetide est la résine exsudéepar ces diversesespècesde férule


qu'on rencontre principalement en lran, en Afghanistan, au
Turkménistan(PERROT, 1943-194). L'asefoetide provenait aurefois
du Khorassan,ancienneprovince de I'Asie musulmaneaujourd'hui
partagæ,enfre lÏran et I'Afghanistan.
En Afghanistan,on sectionnela planteau niveaudu collet et la sécrétion
est recueillieau pied de la plantedansunetrou tapisséde feuilles ou dans
un petit gobelet.Le sucblanclaiteuxqui s'écoulese concrèterapidement.
Quelquesjours aprèson procèdeà une 2ème section3 cm plus bas
(YOLTNOS,1993).

Il existe3 sortescorlmercialesd'asefoetide:

r63
- une secrétionen larmesou en grainsqui est la qualité supérieure,de
consistancemoyenne,coloréeen rougebrun plus ou moins foncé et à
cassureplus claire ;
- une secrétionen masse,malléable,constituéede larmesclairesnoyées
dans une gangue grise ou rougeâtre,contenantplus ou moins
d'impuretés; c'estI'asefoetidede ?-èmequalité ;
- une secrétionplus ou moins liquide qui est la dernièrequalité et qui
n'estpas exportable(PERROT,1943-l9M).

L'ase foetide a une forte odeuralliacéeet une saveurâcre et amère.Le


produit le plus courantdansle commerceest I'asefoetideen masse.
L'ase foetide est importéeau Maroc de I'Inde et du Golfe Arabique où
elle arrive principalementde I'Iran et de I'Afghanistan.Au Maroc, en
raison de son coût élevé, cette résine est souventfalsifiée par des
confectionspâteusescontenantde I'ail.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, l'ase foetide est utilisée, à I'intérieur, come anti-


épileptique,vermifuge,fébrifuge (dans les fièvres infectieuseset le
paludisme),digestifet antispasmodique.
A Oujda contrela gastro-entérite desenfants,on fait humerun morceau
d'asefoetide plusieursfois parjour.
L'asefoetide intervient souventdansles fumigationscontre lhystérie et
les mauvaisgénies(Fès,Marrakech,Souss).

D'après MATHIEU & MANEVILLE (1952), les matronnes de


Casablancaprocèdentà des fumigationsvaginalesprolongéesd'ase
foetide, parfois en association avec d'autres produits et d'autres
méthodes,pour faire avorterles femmes.

L'ase foetide entre dans le ras al-hanû.t(voir au no 693) et sert à


assaisonnercertainsplatsrichesen raisonde sesqualitéseupeptiques*.
prsC[rssroN
Les sourcesécritesarabes
L'ase foetide est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 158, 688, 2091)et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,no 55,
352) sousles nolns de faltît, samgânjudân(pour la ésine) ; et mahrû,t
(pour la racine). La 'Urndat at-tabîb (no 86), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 9) et la Tuhfat al-ahbâb (no 14, 255) assimile I'ase
foetideà la résinede ttrapsia.

de I'ase foetide sont


Les propriétésantiseptiqueset antispasmodiques
connuesdepuislongtempsen Inde (CHOPRA& al., 1956).

164
* Souventmélangéeau fenugrec,I'asefoetide
est auiourd'huiun condimentcourant
dansla cuisineindienne(MAHIAS, 1980),en raisondesespropriétésantispasmodiques
et digestives.

39. Ferula commanis L.

féruIe, faux-fenouil

l-keQa, l-kel$ l-kle! (pluriel) (!) : même vernaculairepartout dans le


Monde arabe,du Maroc à la Palestine.
l-besbâsl-?rami (surtouten Algérie) (litt.: faux-fenouil).
ûffaL,tuffalt (berbère).
ânlî, âûlî (Moyen-Atlas).
taggult (Anti-Atlas, LAOUST, I 920).
l-bubâl (!) : c'estI'appellationsouslaquelleon vend dansles souks,en
qualité de légume,les inflorescences non épanouiesde féruIe.
I-fâsû! (!) (litt.: celui qui défait ; sous-enrendu
: les sortilèges): c'esrle
nom que porte la gomme-résinesecrétéepar la plante. C'est le produit
commercial connu sous le nom de gommeammoniaquedu Maroc. Ce
vernaculaireest connupartoutjusqu'enInde et sert partoutà désignerla
drogueen provenancedu Maroc.
tebpl,l-rnûbaûl (litt.: celui qui annule; sousentendu: les maléfices):
pour la gomme-résine.

La férule est spontanée


au Maroc* et danstout le Bassinmédiærranéen.

l-efâsûS est une gomme-résine récoltéesur la soucheradicantede Ferula


communis,préalablementdénudéeet inciséeprofondément.Des lésions
s'écoule,surtoutpar foræ chaleur,une secrétionlaiæuse,gluante,passant
progressivementau malToncrème,s'épaississant en massesirrégulières,
molles, d'odeuraromatiques$ciale (à note de caramel),ou durcissanten
concrétionsde consistance variable.
Tous les pieds de férule ne produisant pas cette gomme-résine,
BATTANDIER et TRABUT ont émis I'hypothèsequ'il existait une
variété particulièrequ'ils ont baptisévar. gummiftra, seule susceptible
de produire des sécrétionsimportantes.Pour PERROT(194-lAs), une
autre espèce, F. tingitana L., produit aussi du fâsûfu. Quant aux
campagnardsmarocainsque nous avons interrogé (régions de Oued
Cherratet de Bouznika),ils nousont affirmé que les pieds de férule qui
produisent le plus de gomme-résinesont ceux que parasitent un
champignon,le Pleurotus eryngii forme ferulae, très appréciédes
Européens.

165
Le produit vendu chezles droguistesprésenteun aspecttrès hétérogène
car il contient,adhérantà la masse,desfragmentsde terre et des débris
végétauxse trouvantlà par suited'unerécoltepeu soigneuseau cours de
laquelle les secrétionsprélevéesdirectementsur les blessuressont
mélangéesà celles qui sont tombéessur la terre. On y Eouve aussi
parfois des larmesplus dures,agglomérées à la masse.D'aprèsPERROT
(1943-1944),ces larmesproviennentde la piqûre de divers insectes,
notammentde Lixus unbellatorum (debbânl-fâsûf). Récoltéesà part,
ceslarmesconstituaientautrefoisle produitde premierchoix.
Le fâsû! marocain était très recherché en Orient en tant que
médicament,aphrodisiaque,encens,ingrédientde magie, condimentet
constituantde pâtesépilatoires.Les pélerinsmarocainsqui se rendaient
aux lieux saints I'emportaientdans leurs bagagescomme monnaie
d'échange.Il fit aussi I'objet d'un commercemaritime florissant par
Essaouiraet El Jadidavers I'Inde,via Gibraltar.En 1936,230 quintaux
de fâsû!étaient exportésvers I'Algérie, la Tunisie, I'Egypte et le
Commonwealth (uÉCn, 1938).

USAGESTRADMONNELS

Les usagesqui sontfait au Maroc dufasûlsont partoutles mêmes.


Pris par voie orale,il est prescritconrmeanthelmintique.
Le fôsû! est utilisé aussi,contre la teigne et la pelade,en frictions
locales. L'oléat de fôsûlest recommandé,en usageexterne,dans le
Eaitementde diversesdermatoses.Certainespreparationsépilatoiresen
contiennentaussi.
D'après CHARNOT (1945), le fôsû,$estutilisé, en frictions, dans les
rhumatismes,comme rubéfiant, et, en applicationslocales, dans les
crevassesdespieds, commecicatrisant.BULIT (1922)a relevé, dansle
Souss,une formule utilisée pour la repoussedes cheveuxcontenantde
lhuile d'olive, dafâsît!, du mercureet desécorcesde racinesde noyer.

Mais c'est surtoutdansles fumigationsrituellesou magiqueset dansles


pratiquesde sorcellerieet de conûe-sorcellerieque le fôsû! est le plus
employé.En effet, il est réputéchasserles génies,bons ou mauvais,en
raison de sa forte odeur. On I'emploiedonc pour défaire les sortilèges
malfaisants et aussi pour annuler I'effet protecteur des talismans et
éloigner d'un endroit où on veut entreprendreune mauvaiseaction, les
angesgardiensdu lieu (nwalîn lemkân,litt.: les propriétairesdu ûeu).
Seuls des talismanstrès puissants- tels les Frûz el-meriân, à base de
corail rouge,et les tbarîd, que seulsquelquesfqih rès instnrits savent
confectionîerrseraientréfractairesà I'actiondufôsû$.

r66
I-e fâ,sû,!ente dansla préparationd'encenspuantsdestinéesà jeter des
mauvais sorts tel l'âzgâf de Marrakech(voir cet articlo, Do 687). On
trouve aussile fôsû! dansdesformulesde gris-grisutiliséesà des fins
criminelles, et destinéesà être ingéréepar les victimes : dans ces
forrrules,le fâsû! sertpeut-êtrede camouflageàl'Atractylis gummifera
ou à d'autrestoxiques.
Dansle Moyen-Atlas,les inflorescences nonépanouiesde férule (l-bubâI)
sontconsommées commeanthelmintique.
Mais le bubâl est surtoutemployécommelégume,à la campagne: on le
cuit à la vapeurou sousla cendrepuis on le hâcheet on I'assaisonne avec
de lhuile d'olive, du sel, et du poivre.Ce plat est frès apprécié.

Les hampes séchéesde la férule servent à faire des toitures et des


clônrres.
La plante n'est pas pâturéenormalementpar les troupeaux,sauf en
périodede sécheresseou elle provoquealorsdesintoxicationsgraves.

TOXICITÉ

La toxicité de la férule pour le bétail est connuedepuis longtempsen


Afrique du Nord. Les intoxications se produisentsurtout en automne,
lorsque, I'herbe étant rate,les noupeauxse voient obligés de paîre la
féruIe, Eès verdoyanteen cette saison.Dansla campagnemarocaine,la
plante est réputéela plus toxique entre le momentoù la hampeflorale
sort de terre et la floraison,c.à.d.quandles secrétionssont importantes.
Il est de plus admispar les éleveursque la plantene présenteraitplus de
risque, à l'état sec.Enfin, il sembleque la toxicité de la férule soit plus
élevéedanscertainesrégions.
Chez I'animal, I'intoxication ne semble se déclarer que lorsque les
troupeauxont pacagéplusieursjours de suiædansles champsde féruIe.
Les ovins seraientplus sensiblesqueles bovins.

La plante est connueaussipour I'intoxicationà caractèreépidémique(le


fénrlisme) qu'elle provoquaitautrefoischezlhomme, dansles périodes
de disetteau cours desquellesles côæsdesfeuilles, tendreset charnues,
ainsi que les souches,étaientrécoltéespour êne mangées.Le parler rural
a gardéle souvenirde cette intoxication débilitantesousla forme d'un
qualificatif, mkele! (litt.: sous I'effet de la féruIe, intoxiqué par la
férule) qui s'emploieà proposde quelqu'und'apathique,sanstonus,sans
ressortet long à réagir (voir ci-dessusles symptômesde la maladie).Les
inflorescences,cuites à la vapeursont, toutefois,considéréescomme
innofensives.Il est wai qu'onen prendjamaisde frès grandesquantitésà
la fois, et pendantquelquesjours seulement, car la periodedesbourgeons
n'estpas Eèslongue.

r67
Symptômesde I'intoxication

l. chezI'animal
Les premiers symptômessont les suivants : innapétence,aspect
mélancolique, anorexie, diarrhées et parfois saignementsde nez,
hématuries,entérorragies.Dès le début, le pouls est très bas et la
températureen dessousde la normale.
Puis apparaîtun état de grandetorpeuret des troublesrespiratoires.
L'arrimalintoxiquéne suit plus le troupeau,sa respirations'accélèreet
dessignesd'anémieapparaissent.Enfin, il tombesur le sol et meurt par
asphyxieau milieu de convulsions.La mort survientgénéralement12 à
48 heuresaprèsle déclenchement despremierssignes.
La récupérationde I'animal atteint n'est généralementpossible que
lorsque les signesrespiratoiresne sont pas encoreapparus.Mais les
animauxqui surviventgardentsouventdessequellesnerveuses.
A I'autopsie,on observedessuffusionssanguinessous-cutanées et dans
les muscles.La cavité nasaleprésenteune congestionmarquée.Le
poumon est congestionné,la trachéeet les bronchessont remplies de
mousse. Le coeur présentedes signes d'hémorragieet la cavité
abdominalerévèle souventun hydropéritoineet despétéchiesau niveau
desintestins,du foie, du rein, de la vessie(VELU & GARDAS, 1924;
EL ALOUANI, 1986).

2. chez l'homme
D'aprèsFABRIES (dansVELU & GARDAS, 1924),on observed'abord
une grande faiblesse accompagnéede pâleurod'essouflement,des
diarrhéesabondantesn des plaquesecchymotiques,spécialementsur les
membres.Rapidementun état de grandetorpeur s'installeet la marche
devientdifficile. La face intérieuredesjambeset despieds se couwe de
sérositéssanguinolentes(on a I'impressionque le sérum a transsudéà
travers la peau).La faiblesseaugmentepuis, 8 jours environ aprèsles
premiers signes,la mort survient chezles sujets Eès atteints ou déjà
affaiUtis au départde la maladie (EL ALOUANI, 1986 ; ABADOME,
1988).

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Les Grecset les anciennescivilisationscircum-méditenanéennes ont très
bien connula féruIe.Elle est citéepar Dioscoride,Galienet Pline qui ont
décrit ses propriétésmédicinaleset toxiques.La férule est mentionnée
par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 1843, 196l) et
ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n' 478)sousle nomde lccQetqinô.

La résine de Ferula communisn'apparaîtnulle part dans les textes


anciens comme un produit distinct de la gomme ammoniaqued'Asie

168
('ussaq)produitepar une autreombellifère,DoremnammoniacumDon.
IBN AL-BAYTAR (LECLERC 1877-1883, no l96t), DAOUD AL-
ANTAKI et ABDEREZAQ (LECLERC, t874, n' 478) ne fonr pas
davantagela distinction. AL-w AZIR AL-GHASSANI,quantà lui, ne èite
mêmepas cetteespèce.Seule,la'Umdat at-tabîb(n' 1207)rapporteque
de la racinede férule(kelba) "s'écouleunerésineblanche".
Le vernaculairefâsû! n'apparaîtlui-mêmequedansquelquesmanuscrits
marocainstardifs - la Tuhfat al-ahbâb, (RENAUD & COLIN, 1934,
n" 29, 135)et le Diyâ en-nibrôsd'AL-'ALAMI (cité dansRENAUD &
COLIN, 1934,no 29) - qui en font un synonymede 'u{laq.
Nulle part, dans les pays où la férule cornmuneexiste (du Maroc à la
Palestine),à I'exceptiondu Maroc,il n'estfait mentionde productionet
de collecte de gomme-résine.De plus, un grandprestige a toujoursété
attachéedansle Mondearabeet en Orient (et cettevoguedemeurede nos
jours) aufôsû! marocaindont le Maroc exportaitde grandesquantités,
même dans les pays producteursde gommeammoniaqued'Asie. Il est
vrai que la reputationdu fâsû! était aussilié à celle des magiciensdu
MagluebAl-Aqsa (c.à.d.le Maroc)(sihr sussal-aqsâou siâr marraksî),
qui s'en servaienten contre-sorcellerie.On ignorait aussiprobablement
I'origine botaniquede ce produit, ce qui ajoutaitau mystère.Au Maroc,
par contre, les traités de matièremédicaledonnait le fôsûlcomme
équivalent au 'u!{aq (importé d'Orient) ce qui laisse penser qu'on
substituaitau secondle premier.

Du produit qu'on appelait autrefois gomme ammoniaque de


Cyrénarque{"l"lcou d'Alexandrie, on a voulu faire la sécrétion de la
Ferula communisL. var. brevifulia, de la F. sinaïcaBoiss.ou de la F.
marmarica Ash. & Taub., plantes désignéesencore aujourd'hui en
Eglpte et en Palestinesousle nom de kel!. On pourrait croire que cette
gomme ammoniaqueest semblableau fâsû$ mais IBN AL-BAYTAR,
qui a vécu en Eglpte nousdit que,dansce pays,l-keft c'est'uIfuq.Il
sembledoncbien que lefâsû! soit un produitspécifiquement marocain.

Iæs donnéesde la toxicologie

Prêsencede dérivéscoumartniques

OLIVIERI (dansPERROT,1943-1944)a trouvédanslefôsû,$ 63,37ode


résine totale et l4,4Vode gommesoluble(l4,4Vo) ; dans la sécrétion
fraîche : 23,2Vode résinetotale (23,2Vo)et 3,9Vode gommesoluble.
De par ses caractèreset sa composition,TCHIRCH (dans PERROT,
1943-194/)rapprochele fâsû$du galbanum,contrairementà la tradition

r69
médicalemarocainequi en fait plutôt un produit équivalentà la gomme
ammoniaqued'Asie.

En 1955,fut isoléede la planteI'hydroxy-4-coumarine, dont la pynolyse


fournit de I'acide salicylique,et, en 1967,fut reconnuela présence
d'ombelliférone (ou hydroxy-7-coumarine).Différents terpènes (a-
féruIène,estersdu daucane,fercopérol,ont aussi êté dêcelésdans les
racines,les feuilleset les graines.Dansla sécrétionfraîche,on a Eouvé3
esters du daucaneet un alcool terpénique,le hallohédycariol.Plus
récemment,on a identifié dans un extrait benzéniquede racine, des
acidesgras, des stigmatostérols et desphénylpropanoides (ABADOME,
1e88).
Des travaux réalisésdernièrementau Maroc sur la férule ont permis de
retrouverdansle fôsû! 3 hydroxy-4-coumarines (féruIénol,<o-hydroxy-
20-fêrutênol, [férulénoloxy-20']- 13-féruIénol) et une pyrano-coumarine
(l'isoferprénine).La variétêgenuinade F. communiss'estavéréeriche
en dérivésde I'hydroxy-4-coumarine, alors que la var. brevifolia, n'en
contient qu'un seul, le féruIénol,accompagnéde composésterpéniques
(LAMNAOUER& al., 1991).
Dansles feuilles, on a isolé du falcarindiolqui interfèreavecles facteurs
de la coagulationet peut donc jouer un rôle dans le férulisme
(APPENDINO& at., 1993).
Enfin, dansles feuilles de F. communissubsp.glauca on vient d'isoler2
dérivés sesquiterpéniques, la férutinine et la lapidine (BENKHALTI &
LAMNAOUER, 1995).

I ntoxication expérimentale
Des expériencesmenées au Maroc ont confirmé guêo de manière
constante,chezdes animauxintoxiqués(moutonset rats), il y avait une
baisse de l'activité prothrombinique. Le férulisme est donc une
intoxication similaire à la maladieprovoquéepar les antivitaminesK et
spécialement les anticoagulants *.
coumariniques*

Cesrecherchesont, deplus, démontréque:


l.Laférule est toxiqueduranttoussesstadesvégétatifs;
2. Le principe toxique n'estpas enûaînépar la vapeurd'eauet n'estpas
détnrit par la cuisson;
3. L'ensilagen'a pasune actionde détoxificationde la fénrle ;
4. Le principe toxique de la planteest concentrédansles sécrétions(qui
donnentpar concentrationle fâsû!) ; c'estune substanceacide, non
solubledansI'eauet danslhexane,solubledansI'acétone,le chloroforme
et une solutionde soudeà3Vo(EL ALOUANI, 1986);
5. Des 3 hydroxy-4 coumarinesisoléesde la féruIe, le féruIénol est le
plus toxique, suivi dl [féruIénoloxy -20'7-13-féru1énol et, enfTn de
I'hydroxy -Z0-féruténol (ABADOME, I 988) ;

r70
6.a. La gravité de I'intoxicationest liée à la quantitédes facteursde
coagulationvitamine K-dépendantsprésentschez le sujet atteint, au
départ de I'intoxication ; 6.b. des hypersensibilitéspersonnellesou
familiales peuventdonc existerchezdessujetsdéficientsen ces facteurs
de coagulation; 6.c. par injectionde vitamineK, on peut,d'ailleurs,dans
cert4inscas,améliorerle prognostic;
7. Certaines variétés de F. communiJ,qu'on trouve dans certaines
régionset pas dansd'autres,sontplus richesen hydroxy-4coumarineset
peuventdoncêne plus toxiques.
8. La toxicité dufâsû,fipeutêtremise à profit pour préparerdes raticides
trèsefficaces(ABADOME, 1988).

Toutesces observationsmonEentque beaucoupde croyancespopulaires


admettantla non-toxicité de la férule dans certainesconditions, en
particulier celles relatives à la consommationhumainede bourgeons
floraux, ne sontpasjustifiées.
* D'autresférulesexisæntau Maroc : Ferula lutea (Poir.) Maire, F. rtngitanaL., F.
cossonianaBatr & Trab.,F. vescerttensis Coss.& Dur.).
** A signaler,à ce
ûet" qu'enparlantde la gommeammoniaque,IBNAL-BAYTAR
(dansLECLERC, 1877-1883,no 83) signalaitdéjaqu'unabusde cenedroguepouvait
entralnerdesaccidentshémorragiquas (hématurieet ecchymoses).
{c:fc{c
g16r gommeestappeléâ!âsûltrsparIBN ALBAYTAR (LECLERC,1877-1883,
no 83), d'apês DIOSCORIDE. Est-ellele silphiumdesAnciens? Si on est estcertain
que le silphium est une Apiacéetrès prochedu genreFerula, on ne peut encorese
prononcersur I'identité de cetteesSce qui est peut-êreunees@ceayantcompléæment
dispanre,commela signalaitdéjàPline.

40. Foeniculum valgare P. Mill. (= Foeniculum officinale All.


= Foeniculum cappilaceum Gihb.) et Foenicalum dulce DC.
(= Foeniculum vulgare P. Mill. var. dulce (P. Mill.) Thellung
= FoeniculumcappilaceumGihb var. dulce)

fenouil sauvage
fenouil bulbeux, fenouil doux

nâfa'(!) (Maroc, Algérie, Tunisie) (litt.: I'utile) : pour les fnrits des 2
espèces.
nôfa' bustâni (!) : pour les fruits de la variétécultivée.
fumâr (livresque): ce vernaeilairen'estemployéau Maroc que par les
herboristes.C'estlui qui est usitéà Gabès(Tunisie)(LE FLOC'H, 1983,
no 305).
besbâs (!) : pour la plante et pour le légumefourni par la variété dite
fenouil de Florence.
wamsô,ômsô,tamsawt(Souss,Tazenakht): pour la plantesauvage.

r7l
Ces2 espècesméditerranéennes, I'une sauvage,I'auEecultivée, sont très
répanduesau Maroc. Les fruits de I'espècesauvagesont un peu plus
petitset plus foncésque ceu( de I'es@cecultivée.
Les Marocainscultivent aussiune variétéde F. dulceD C. amélioréepar
I'horticulture, dite fenouil de Florence,qui fournit un légume apprécié.
Dans cette variétê, les gainesfoliaires de la base de la tige sont très
développées et imbriquéesen unemassecharnue.C'estcettepartiequi est
consommée.

USAGESTRADMONNELS

Les Marocains accordentune valeur aromatiqueplus grandeaux fruits


récoltéssur I'espècesauvage.C'estces derniersqui sont,de préférence,
utilisésen médecinenaditionnelle.
En décoctionou en poudre,ils sont utilisés,partout,dansle traitement
des embilras gastro-duodénaux et de I'ictère. On les emploie aussi
commecarminatif,surtoutchezles nourrissons, et cornmegalactogène.
A Salé,on les prescrit dansle traitementde la dyspnée,de l'asthénieet
du prurit, le plus souventassociésavecdesgrainesde nigelle,desgraines
de lin, du poivre blanc, du gingembreet de la gommemastic, à raison
d'une cuillerée de poudredu mélangedansun vene de lait, au coucher.
En usageexterne,la décoctionest utiliséeen gargarismesdansles soins
de la bouche et de la gorge.L'infusion intervient aussicomme collyre
pour nettoyerles yeux infectés.

Le fnrit est ûès utilisé commecondimentpour la préparationsde metset


de gâteaux. C'estun ingrédientimportantdu sfif (encoreappelésellû,)
(voir cet article, no 690)
Les feuilles du fenouil sontutiliséesen litière pour aromatiserles viandes
et les poissonscuits au four ou sur la braise.

TOXICITÉ

L'anéthol,principede lhuile essentiellede fenouil, estutilisé par lesjuifs


marocainspour aromatiserla malya (alcoolfort de figues).Mal dosé,il
a provoqué autrefois quelquesaccidents(hébétude,hallucinations,
convulsions)chezdespersonnes déjàmal en point du fait de l'éthylisme.
Les fruits, aux doses habituellementutilisées au Maroc comme
médicamentou conrmecondiment,sonttotalementinoffensifs.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le fenouil est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 265,286, 1019,1341,1784),la'Umdatat-tabîb(no 251,318),
AL-WAUR AL-GHASSANI(no58, ns),laTuhfat al-ahbôb(n" 358)et

172
ABDEREZAQ GECLERC,1874,no 186,775)sousles nomsde besbâs,
raziyânaj,fumâr.

41. Helosciadum,nodifloruim Koch. (= Sium nodiflorurn L)

ziyyôta (!) (poly.) (Rabat,Oued Chenat) : ce vernaculaires'applique


aussi,selon les régions,à Kundrnaniasicula, Conium maculatum,
Limoniastrurn guyonii, Polygonum maritirnum et d'autresplantes
encore.
lenzab el-mâ' (Satraraoccidental,BIROUK & al., l99l) (litt.: Emex
aquatique).

Espèced'Europe et du Bassin méditerranéen,communeau Maroc, au


bord dessources,desruisseauxet dansles lieux humides.

USAGESTRADMONNELS

La partie aériennehâchéeest utilisée,en cataplasmes


confie les abcèset
les lymphangites(JANA & al., 1992).

Mais la plante est surtoutalimentaire: elle est mangée,à la carrpagne,


dansla bqûla (voir à Malva, n" 339) ou en salade,en guisede cresson.

DISCI.JSSION

[æs sourcesécritesarabes
Une espèceproche, le Siurn latifuliurn L., égalementaquatique,et
d'aspectvoisin est décritepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
I 883, n" 474, lW0, 175l) et ABDEREZAQGECLERC, 1874, n" 433),
sousle nom dejirjîr al-mô'. ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,n' 495)
donneun vernaculue ziyyôtaqw s'appliquepeut-êtreaa Sium latifuIium
L. ou à Heliosciadumnodiflorurnott encoreà Kundmaniasicula (L.) DC.
La'Urndat at-tabîb (no 386),AL-WAZR AL-GHASSANI (n" 72) et la
Tuhfatal-ahbôb (no 446),ont aussiprobablementassimilécetteespèceà
Siam latifolium L.

42. Hippomarathrunt libanotis L. (= Cachrys libanotis L. = Seseli


libanotisKoch.)

kollî!ô (Zaër) (lin.: la petite férule) : en raisonde son aspect,prochede


celui de la féruIe.
leb\âba (Gharb,BOULET &. al., 1990).

173
USAGESTRADITIONNELS

A Salé,la racine,hâchéeet triturée dansde I'huile, sert à faire un oléat


utilisé en nuusagesdansle naitementdesrhumatismes. Si on met de I'eau
à la place de I'huile, on obtientun macérataqueuxqui est utilisé, en
frictions, dansle mêmebut.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
L'Hippomarathrum libanotis est mentionnépar la Tuhfat al-ahbâb
(n" 2ll). IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1884, no 2051) en fait
I'unedesespècesde libanotis(lîbânûtis)de Dioscoride,sousles nomsde
yarbatûr sal.talî, yarbaûr {a'rôwî, 'asôlîj, fulayfel, al-âsîr.
'Umdat at-tabîb
ABDEREZAQ ne mentionnepas cette espèce.La
(n" 2685) et AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 146) qui décrivent le
yarbaûtr ont peut-êtreassimilénoEeespèceau Peucedanum..

43.Kandmania sicula (L.) D C. (= Brignolia pastinacaefoliaBert.)

ziyyâta (poly.) : ce vernaculaires'appliqueaussi,selonles régions, à


Kundmania sicula, Coniurn maculatum, Limoniastrurn guyonii,
Polygonum mnritimum,H eliosciadurnnodiflorum.

communeau Matoc, dansles endroits


Espèce circum-méditenanéenne,
incultes.

USAGESTRADMONNELS

A Marrakech, la racine s'emploie en fumigations pour traiter les


enflures.

A Salé la décoction de racine est administréepar voie orale dans le


ffaitementdesmétrorragieset desmaladiesdu colon,à raison d'un verre
au coucher.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèce n'est mentionnée ni par IBN AL-BAYTAR, ni par
ABDEREZAQ.

t74
44. Magydaris panacifolia (Vahl.) Lange et Magydaris
pastinacea (Lamk.) Paol.

frîfra, frTra, tafrîfra (!) : c'estaussile nom de Tinguara sicula (L.) Perl.
et de HeracleumsphondyliumL.(RENAUD& COLIN, 1934,n" 79).

EspècesdAfrique du Nord, de grandetaille, qu'on rencontreau Maroc


dansles terrainsincultes.

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, les fruits sontutilisés,en décoction,dansles soins de


la chevelure,mélangésaux autressimplesdestinésaux mêmesusages:
myrte, staphysaigre,rose, lavande,clou de girofle, litharge, etc. Cette
décoctionsert à rincer les cheveuxaprèslavageet à préparerle $âssûl
(voir à ce mot, n" 537).

DISCT]SSION

Les sourcesécritesarabes
Ce genreest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
no 84), qui reprendDioscoride,mais il ne s'agitapparemment pas de nos
espèces.Quant au vernaculaireberbèretafrîfrô, il est bien cité par cet
auteur(op. cit., n" 8'76,1191)maisil sembleattribuéà la grandeberce
(HeracleumsphondyliamL.). La Tuhfatal-ahbôb(n" 79) donneaussice
vernaculaire.I-esautresauteursne mentionnentpascesespèces.

Le Magydaris, comme le mélilot, qui sont tout deux utilisés au Maroc


pour les soins capillaires,développenten séchantune Eès bonne odeur
communiquéepar les coumarines(CAMARDA & al., 1996).C'estpeut-
êre là la raisonde leur choix pour ce type de soins.

45. Petroselinamsativum lloffm.


persil

ma'adnûs (!) : ce vernaculaire


seraitune altérationde maqdunîs
(RENAUD& COLIN, 1934,no82).

Il existe2 variétêsdepersil : la variété,


crispumet la variêtélatifuIium.
Seulela seconde estcultivéeauMaroc.

USAGESTRADMONNELS

175
Partoutau Maroc, la planteentière,en décoction,ainsique les fruits, ont
la réputation d'avoir une puissanteactivité diurétique (souvent en
mélangeavecdu chiendentet de I'orge)et emménagogue. La planteverte
et sonjus sontaussiutiliséscolnmetonique.
En usage externe, les feuilles, en frictions, servent à calmer les
démangeaisons conséquentes aux piqûresd'insectes.Les cataplasmesde
plantefraîchesur les seinssontutiliséspour arrêterla montéedu lait.
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLE (1952),à Casablanca, les femmes
qui veulentavortersefont introduireunebranchede persildansle col de
I'utérus.

Les parties aériennesde la plante fraîche sont très utilisées au Maroc


commecondimentculinaire.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le persil est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
'Umdat at-tabîb (no I 194, 1429),AL-V/AZIR
n" 307, 1902,216l), la
AL-GHASSANI (n" 147)(ce dernierI'assimileavxl<arafis),laTuhfataI-
ahbâb (n" 82, 200) et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,no 111, 180,
432) sousles nomsde maqdunîset batrôsâliyûn.
ABDEREZAQ ajoute pour le Maghreb le vernaculairema'adnûs
(déformationde maqdunîs).

La présenced'apiol explique I'usagetraditionnel de la plante comme


abortif.

46. Phnpinella anisunt L.

anis vert

lnbbat $alâwa (!) (lin.: grainede douceur): c'estI'appellationcourante


pour les fruits danstout le Maghreb.

L'anis vert est un peu cultivé au Maroc, maisle grosde la consommation


nationaleest importé.

USAGESTRADMONNELS

Les fruits de I'anis vert sont une panacéede la médecinetraditionnelle


marocaine.Sesindicationssontquasimentles mêmessur I'ensembledu
territoire. En infusion, ils sont utilisés comme apéritif, cholagogue,
galactogène, diurétique,stomachique, aphrodisiaque.
diaphorétique, Seuls
6u associésaux fruits du fenouil, du carvi et du cumin,ils sont prescrits
176
dansI'aérophagieet les digestionsdifficiles. L'infusion des4 fruits (anis,
fenouil, cumin et carvi) est administréeaux nourrissons,dansle biberon,
à raison d'llz cuilleréede poudre,commeantispasmodique.
A Marrakech,Taroudant,et Agadir, la poudrede fruits est aussiutilisée
conrmeantidotegénéralet antivenin.

Enfin, les fruits sont employéscomme condimentpour aromatiserle


pain, les gâæaux,certainsmetset I'eaude vie de figues (mal.rya).
DISCT.ISSION

Les sourcesécritesarabes
L'anis vert est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 159, 571,1020,1968),la'Umdatanabîb (no 90), AL-WAZIR
AL-GHASSANI (no 6), la Tuhfat al-ahbâb(n' 33) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 23,426) sousles nomsdé anisûn,habbatInlâwa,
rôziyânaj rûmî, kemmûnLtalû.

Les donnéesde la tôxicologie


A fortes doses,I'huile essentielled'anis,par son anéthol,provoquedes
troubles neurologiques: d'abord une excitation générale,rapidement
suivie d'hébétude,d'hallucinationset de convulsionsépileptiformes
L'anéthol, utilisé pour aromatiserdes eaux de vie a provoquéautrefois
quelçes accidents(GARNIER & al., 196l).

L'usagedes fruits d'anis cornmeapéritif, stomachique,antispasmodique


et galagtogogueseretrouvedanstoutesles pharmacopées occidentaleset
médiærranéennes.

47 . Pituranthos scoparius (Coss. & Dur.) Benth. & Hook.


(= Deverra scoparia Coss.& Dur.) et Pituranthos chloranthus
Benth. & Ifook. (= Deverra chloranthaCoss.& Dur.)

l-gezzô$(!) (Drq Satraraoccidental,Orientalmarocain,Tafilalet).


gozze?(Tunisie,BOUKEF, 1986).
tata$t (Wawzguit, BERTRAND, l99l) : pour P. scoparius. Ce
vernaculaireressembleau tattair des Touaregs(LE FLOC'H, 1983,
no 296).
djida (RAYNAUD dansPERROT& GATEFOSSE,l92l).
rabet (Saharaalgérien,SITOUH,1989).
za'za'(Orientalmarocain,BERTRAND,1991): pour P. chloranthus.
'o!.tô\,ô!.tâS(At't Seglnouchen,ArTYahia, BERTRAND, l99l) : pour P.
scoparius.

177
Espècespropresà I'Afrique du Nord, qu'on rencontredansles régions
arides ou désertiques.Une 3ème espèce,P. battandieri Maire est
endémiquedansles Saharaoranaiset marocain.

USAGESTRADMONNELS

D'après GATEFOSSÉ G92l), P. chloranthus est employé, en


sur la tête,contreles céphalées.
cataplasmes

Chez les nomadessahariens(Satraraoccidental,steppesde I'Oriental


marocain),la partie aériennede P. scoparius,à odeurun peu arrisée,est
disposéeen litière sur les braisesou dansles fours pour aromatiserla
vianderôtie et les galettesde pain.
Les jeunespousses,ainsi que le coeurdesracinessontmangéescrus par
les fouaregs ; et les fleurs,jauneset sucrées,sontfem@s dansde l'eau,
pour en extrairela matièresucrée(LE FLOC'H, 1983,n" 296).

Les nomadesconnaissenttous le haut pouvoir allergisantde ces plantes


pour les animaux,à l'époquede leur floraison.
P. scopariuset P. chloranthussontpâtuÉspal les animaux(CHARNOT,
l94r: mais leur pollen, quand il pénére dansles yeux, provoque des
ophtalmiesgraves.Le dromadaire,en particuliery est très sensible.Très
allergisant,ce pollen rend les animauxaveuglespendantplusieursjours.
Les nomadestraitent ces ophtalmiesen instillant dans les yeux du
dromadairedu jus de tabac,ou en introduisantdu sel sousles paupières
(CHARNOT, 1945).

DISfl]SSION

Les sourcesécritesarabes
LECLERC (1877-1883,n" 1784) n'a pas su identifier cette Apiacée
qu'IBN AL-BAYTAR mentionnesousles noûNde qozzôl et'aliân. I,e,
vernaculaireqozzâl cité par cet auteur,la descriptionde la plante, ses
usagesaromatiqueset sa répartition nous permettentd'affÏrmer qu'il
s'agitbien de notre geuôï, c'està dire desespècesdu genrePituranthos
quenousavonscité. IBN AL-BAYTAR préciqequecetteespèceexisteen
funisie et en Egypte. Nous avons vérifié qu'on trouve bien en
TunisieP.scopariuset P. chloranthus(LE FLOC'H, 1983,Do295,296)
et en Egypte,une espècevoisine, P. tortuosus(Desf.) Benth. & Hook.
(BOLJL$S,1986).Danstous cespayset danstout le Satraracesplantes
portentle nom de geuâLt.
'aliân,
La'Umdat at-tabîb(n" 1690)les décritpeut-êtresousle nom de
mais rien ne pennet d'enêtre str.

178
ABDEREZAQ ne mentionnepascesespèces.

Les donnéesde la toxicologie


Il est possibleque le pollen de cesplantescontiennentdesalcaloidesdont
I'activité seraitprochede celle de I'atropine(LE FLoc'H, 1983,n" 295).

4E. Ptychotis verticillata Dub. (= Prychotis ammoides Koch.


= Ammoides verticillara (Desf.)Briq. = Carurn ammoidesBenth. &
Hook. = Arnmoidespusilla (Brot.) Breistr.)

ptychotis

nûnfu, nânula (!) (Rabat,Fès, Oujda, Tlemcen,Constantine): de


nân$ntâ, mot persan qui désignaitune espècevoisine, Carurn
copticurnL. (AL-BIRLJM dansHAKIM MOHAMED SAID, 1973,p.
319).Le Carurncopticums'appelleaujourdhuien llan zenyôn(SALAH
AHMED, 1979), nâ$wô hindî en Egypte (SALAH AHMED, 1979),
nâ$wâ au Yémen (FLEURENTIN, 1983),jûônî (du hindi ajowan) et
nân$wôen Afghanistan(YOLJNOS& al., 1987).
ôyîôl (Egypte, SALAH AHMED & al., 1979): différent de ôtrîlâl des
Marocains qui estAmmi majus ; sur ce vernaculaire,voir discussionà
I'articleAmmi majus).
kammûnInbafi (livresque)(litt.: cumin d'Ethiopie): chez Dioscoride
(m, 70) le "cumin d'Ethiopie"est le nom de CarumcopticurnL.

Petite espèced'Afrique du Nord (du Maroc à la Lybie), qu'on renconre


dansles régionsde Fès,Meknèset danslesBeni-Snassen.
Elle est très récoltée dans la région de Beni-snassen pour
I'approvisionnement desherboristes.

USAGESTRADMONNELS

La décoction de la plante est très utilisée, surtout dans I'Oriental


marocain où elle est très récoltée, comme fébrifuge et comme
antispasmodique gastro-intestinal.
et antiseptique
P. verticillata sert aussià Oujda et à Fès de condimentspécifiquepour
préparerun bouillon d'escargotsqui est considérécommeune véritable
panacée(voir au no 692).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes

179
L'ajowan,espècetrès prochedu ptychotis,est mentionnépar IBN AL-
BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 2202)sousle nom de nânatgwâ.
Par contre,le nûnfu d'ABDEREZAQ(LECLERC,1874, no 586) est
vraisemblablementle Ptychotis verticillafc, très connu en Algérie,
aujourdhui encore,sousce nomg
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 201), reprenantce qui vient dans la
'Umdat aflûbib (no 1475), préciseque I'addition de nônu$a
(wai semblablemen t chezlui Ptychotis vert icillata) augmenteI'efficacité
desplantesutiliséesconEele vitiligo. Cettemention,qui a été recopiée
par ABDEREZAQ, vient confirmer I'emploi qui est fait en Egypte de
cette plante, sous le nom de fufifut al-baras, dansle traitementdu
vitiligo (DUCROS dans LE FLOC'H, 1983) ; à moins qu'il n'y ait
confusionentre2 espèces: Amrni majuset Ptychortsverrtciilata, comme
c'estle casdansla Tuhfatal-attbâb(no51, 361).

S'il se confirme que la plante contient des furocoumarines(MERAD-


CHIALI, 1973),I'emploide cesespèces par les médecinsarabesdansle
Eaitementdu vitiligo y trouveraitunejustification.
La présenceéventuellede thymol dansnore plante (commele suggère
son odeur et la compositiond'espècesproches)pourrait expliquer en
partie ses usagestraditionnelsau Maroc (antiseptiqueintestinal et
antispasmodique).

49. Ridoltîa segetum L. Moris

anethdesmoissons

rebg lebs (RENAUD & COLIN, 1934,n" 453 ; BOULET & al., 1990):
mêmevernaculairepour I'anethcultivé (AnethumgraveolensL.).
slilî, slilû (Tangérois,Gharb,Jbala Fès): ce vernaculaires'emploiepour
les tiges, charnueset tendres, de diverses plantes, souvent des
Ombellifères,qui sontmâchonnées par lesenfants.
'aslûj,â{lûS (Tangérois,Beni-Mellal) : ce termeestun peu
fuuivalent au
précédent; il s'appliqueaussi aux tiges comestiblesdu scolyme,de
I'artichauLdu smyrnium-maceron, etc.

communeau Maroc dansles moissons,surtout


Espècemédiænanéenne,
dansle Gharb.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Gharb, I'infusion de la plante est utilisée comme stomachique


dansles embarrasgastriques.

r80
Dans la région de Marrakech,les fruits pulvériséssont mis à décocter
avecde la garanceet un oeuf ; I'oeufest ensuitemangédansle traitement
de I'ictère(BENCHAABANE & ABBAD, 1994).

Les tiges jeunes, pelées,de saveurdouceet aromatique,sont mangées


crues dansles campagnes,principalementpar les enfantset les bergers.
Elles sontvenduesen bottesdansles souks.Elles serventde légumepour
le couscousau lait.

D'après DUFOUGÉRÉ 0921) les fleurs, d'un jaune éclatant,étaient


utiliséesauEefoispour æindrela laine en jaune-rose.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'aneth des moissonsest mentionnêpar IBN AL-BAYTAR (dans
LECLERC, 1877-1883,n" 666, 989, ll38) sous les norns de ?izâ,
dînâruyô, zû.frô.La 'Umdat at-tabîb (no 2377), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n' 376)etlaTuhfat al-ahbâb(no 453)décriventaussicette
espèce.ABDEREZAQ ne la cite pas.

50. Srzyrnium olasatrutn L.

smyrnium-maceron
l-heyyâr (!) (Oued Cherrat,Bouznika, Casablanca,Salé, Marrakech) :
pour la plante.
Inbbet gfi (!) : pour les fruits.
(Salé) : pour les fruits.
zerrî't bell.wkl.tek

Espècemédiærranéenne,
cornmuneau Maroc, dansles endroitsun peu
frais.

USAGES TRADMONNELS

Un peu partout au Maroc, les fruits sont considéréscommechauds.On


les emploie,en poudre,dansle traitementdesrefroidissements.
D'aprèsMATHIEU et MANEVILLE (1952),à Casablanca, la poudrede
fruits est utilisée par voie orale dansle traitementdes hémorragiesdes
premiersmois de la grossesse.

Mais le grand emploi des fruits se fait en magie,dansle procédéde la


'uffib n-nisô' (litt.:
lerqa (litt.: chiffon).etdansle mélangede simplesdit

181
les simplesaux femmes)ou bo$ûr n-nisô' (les fumigationsaux femmes)
(sur la lerqa et sur cesmélanges,voir articlen' 686).
On reEouve les fruits du maceron dans plusieurs autres recettes de
magie.
CHARNOT (1945) a trouvé des fruits de macerondans un gris-gris
dangereux,destinéà donnerla mort, où ils étaientmélangésà desgraines
de ricin, à une tête de vipère et à d'autresingrédients,probablement
commeingrédientmagique.

Les plannrleset les tigesjeunes,pelées('aslûj) sontmâchonnées par les


bergers.Les souches,ébouillantéespour enleverleur amertume,étaient
consomméesauhefois,en périodede disette; il existe d'ailleursune
vaiêté potagèrede maceron,mais nousne I'avonsjamais renconEéau
Maroc.
Les fruits entrentdansle râs al-Fanût (voir no 693). Leur poudreest
souventemployéepour falsifier le poiwe noir, en raisonde sa couleuret
de sa saveuraromatiquepoiwée.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 1228,1902)etla'Umdat at-tabîb(no ll94) commeune variété
d'ache,sousle nom de smirnyûn Les autresauteursne la mentionnent
pas.

51. Thapsia garganica L. et Thapsia villosa L.

thapsia

deryâs,âderyôs(!).
bû-nêffa' (!) (litt.: celui qui estefficace).
tûffelt (Algérie) : pour T. villosa.
âbû (Souss,LAOUST, 1920) : nous avonsrelevé un terme très proche
pour Elaeoselinurnasclepiun (L.) Bertol. (voir cet article,no 36).
'u\bat n-nisâ' (livresque,RENAUD & COLIN, 1934, n" 14) (litt.:
I'herbedes femmes): parceque la racineest très utiliséepar les femmes
contrela stérilité.

T. villosa est une espècede France,d'Espagneet d'Afrique du Nord. 7"


garganicaserencontreseulementdu Marocà la Lybie.

USAGESTRADMONNELS

r82
La racine des thapsiasest très employéeen médecinehaditionnelle
marocaingpour faire des révulsifs.Pour cela, on laissemijoter à feu
lent, pendaqt quglquesheures,la racine écorcéeet coupééen petits
morceaux dans de I'huile ou dans du beurre. On peut.encore plus
simplementpiler à froid la racine dans de I'huile. Ce liniment ainsi
obtenuest utilisé, en massagessur le thoraxcontreles bronchiteset les
toux rebelles, ou sur les zonesdouloureusescontre les algies et les
rhumatismes. On I'utilise aussi,mélangéà de la farine et à du son, en
cataplasmes locaux,contreles morsuresd'animauxvenimeuxou enragés.
L'oléat peut aussiêtre pris, en Eès petitesdoses,par voie orale, contre
les mêmes affections et contre la stérilité féminine. La réputation
d'efficacité de la plante dansle traitementde la stérilité féminine est si
grandequ'un proverbemarocaintrès connudit ceci : lî mâ weldet lî 'ala
deryôs,fir teqla' liyôs ("celle qui n'a pas réussià enfanterau moyen du
thapsia,doit perdreI'espoird'accoucherun jour").
A Témara,on mange10 g environde racinepour se purger.
A Marrakechet à Casablanc4on fait cuire une petite quantitéde racine
écorcéeet débitée avec de I'orge puis on retire la racine et on donne
I'orge à manger aux femmesqui désirentprendre de I'embonpointou
enfanter.
D'après SALMON (1906), dans le Nord du Maroc, pour traiter la
stérilité féminine,on confectionneun pain avecla plantehachfu et un rat
de palmier nain (fôr el-'azef,pentrat zêbré); ce pain est ensuitefrit dans
de I'huile puis mangé.

La racine de T. villosa est réputéemoins activeque celle de T. garganica.


L'écorcede la racineest la partiela plus active.
CHARNOT (1945) mentionneque la poudre de racine était autrefois
utiliséeà desfins criminelles.

TOXICITÉ

Les Marocains connaissentbien le dangerd'un usageintempestif de la


racine du thapsia et I'emploient donc prudemment.Mais des cas
d'intoxication ont, quand même, êtê signalés chez des femmes.
L'intoxication se manifesteprincipalementpar des vomissementset de
violentesdiarrhéesavecinflammationdesmuqueuses digestives.
Sur la pۉu, le suc de la plante et la racine provoquentI'apparition de
pustules très inflammées. Un contact prolongé peut entraîner des
ulcérationsprofondes.

La plante,rarementpâturée,est dangereuse aussipour les troupeaux,en


particulier pour le dromadairequi lui est trèssensible.
Dans I'intoxication chez I'animal,on observed'abordune importante
secrétionsalivaire, puis un égarementde la vision, de I'hébétude,des
désordresnerveux,de violentescoliquessuiviesrapidement,dansles cas
183
sérieux,de mort conséquente grave(CHARNOT,
à une gastro-entérite
re4s).
DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le thapsiaest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 28, 4y';0,2321), la 'Umdatat-tabîb(no 86, 288),AL-WAZIR
AL-GHASSANI(no9, 318)etlaTuhfat al-ahbâb(n" 255,404),sousles
noms de lnfsiyô, deryôs,âderyâs,yantûn. ABDEREZAQ (LECLERC,
1874, n" 2M), ajoute les vernaculairesbû-nêffa' et tûffalt Tous les
auteursde I'Occidentmusulmanpensaientque I'asefoetide qui venait
d'Asie était produitepar un ttrapsia.

Les propriétésrubéfianteset vésicantesde cesthapsiassont connues.La


Pharmacopée françaisecomprenaitautrefoisla résinede thapsiacomme
rubéfiant.

52. Tinguara sicala (L.) Parl. (= Atharnantasicula L.)

{kûta dial-hjar (Ialembot) (litt.: ciguëde rocailles).


tafrifrône (Amizmiz, GATEFOSSÉ,l92l) : c'est aussi le nom des
Magydariset d'Heracleum sphondylium.

Cette espècese rencontreau Maroc dans les rochershumides (Rif,


Grand-Atlas,etc.).

USAGESTRADMONNELS

La plante, associéeà Ajuga iva, sertà faire un onguentcontre la lèpre


(GATEFOSSE,
r92r).
De plus elle passepour donnerde I'inspirationaux lettrés"qui viennent
la cueillir à cheval"(car elle est le plus souventperchéesur desrochers),
d'après des, habitants de la région d'Amizmiz interrogés par
GATEFOSSE(1921).

TOXICITÉ

Dans la région de Talembot(Rif occidental),la planteest considêrénpar


les bergerscommedangereuse pour les troupeaux.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes

184
Nous n'avons trouvé, chezaucun de nos auteurs,de mention claire et
nettede cettees@ce.

APOCYNACÉES

53. Nerium oleander L.

laurier rose

ddeflô (!), c'estsousce nom qu'on le connaîtdanstout le Maghrebet le


Monde Arabe.
ôlilî (!) (berbère,Maroc), êlel des Touaregset du Sud algérien
(QUEZEL & SANTA, 1962-1963; MONTEIL,1953; SITOLJH,1989).

Cet arbustede la région méditerranéenne


se renconEefréquemmentau
Maroc, le long descoursd'eau.

USAGESTRADMONNELS

L'amertumedu laurier rose est proverbiale.On la compareà celle de la


bile.
USAGESMÉDICINAI.X
Malgré sa toxicité, connuedesMarocains,il est employédansles soins
traditionnels.A Agadir, Marrakech,Rabat,les racinessont utilisées en
fumigations contre les céphaléeset les rhumesde cerveauet contre les
maladiesde I'utérus; en applicationsexternes,les feuillessontemployées
dansdiverseslésionssuperficiellesnon sanglantes(contusions,brûlures,
tumeurs,etc.).
La macérationdes feuilles, en frictions externes,est un vieux remède
arabe contre la gale, la vermine et la chute des cheveux (indication
retrouvéequasimentpartout).
A Tissint, la décoctionde racine est très utilisée en bains de bouche
contre les douleursdentaires.Réduiteen poudre,aprèstorréfaction, la
racineseraitaussiefficacecontreI'asthme.
A Oujda avec les feuilles sècheset le bois, on fait des fumigationsque
I'on fait respireraux enfantsconEela colique.Les tiges sont employées
pour faire des pointes de feu dans les rhumatismeset les douleurs
articulaires.
En fumigationsrituelles, les feuilles sèchessont utiliséespour conjurer
les mauvaissortset éloignerles mauvaisgénies: dansle Dra pour cet
usage,la planteest associêeà Retarnaretamet Chenopodium alburn.
A Tissint"les fleurs serventaux fqih à faire destalismans.
D'après VOINOT (1904), au Satrara,les femmesmélangentun peu de
cendrede bois de laurier rose avec du sfûf (dattespilées) et du beurre ;

185
puis, ellesmettentce mélangeen suspensiondansdu lait aigreou de l'eau
et I'avalentpour prendrede I'embonpoint.

L'infusion légèrede feuilles, seulesou associées


au grainede harmel,est
partoutemployée,par voie orale,commeabortif.
D'après MATHIEU & MANEVILLE (1952), à Casablanca,pour faire
avorter les femmes,on provoquela dilatation du col de I'utérus et la
ponctionde la pocheamniotiqueavecun petit rameaude laurier-rose.

Dans I'Oriental, les anipaux atteintsde coliquessont fumigés avec des


feuilles et du bois de laurier rose.

USAGESTECHNIQUES
Le bois, bien lavé et séché,sert à fabriquerdesseDsî(pipes spéciales
pour fumer le chanweindien),maison lui préfèreJasminumfruticans.
Le charbon de laurier rose entre dans la compositionde la poudre à
canon traditionnelleà côté du soufreet du salpêre (voir aussi I'article
"salpêEe",no 570).

TOXICITÉ

Tous les animaux évitent le laurier rose, en particulier le dromadaire,


Eèssensibleau poison.
Les eaux danslesquellesont séjournéfleurs et feuillesde laurier rose,ou
stagnantau pied de ces arbustes,présententles mêmesdangerspour
I'hommeet surtoutpour les troupeaux.Des intoxicationsde bétail ayant
cette étiologie nous ont été signaléesdansla provincede Missour et au
Saharaoccidental.Iæ miel butiné sur sesfleurs passelui même,auprès
despopulationslocales,pour êne toxique.
Autrefois, pow empoisonnerles fourragesdes tribus ennemies,les
nomadesarabes leur vendaient de I'orge qui a été trempé dans une
décoctionde branchesde laurierrose,puis mis à sécher.

Symptômesde l'intoxication
I-e tableaude I'intoxication chezI'animal- telle qu'ellea êtê,observéeau
Maghreb - est le suivant : marchevacillante,salivation,vomissements,
frissons, anorexie, gastro-entérite,ballonnements,troubles visuels,
convulsions,paralysie,ralentissement et inégularité du pouls. Enfin,
troubles respiratoireset mort par asphyxieet arrêt du coeur, au bout de
36 h à 12jours,selonlesdoses.
ChezI'homme,on observevomissements, syncope,aphonie,convulsions,
diarrhées, mydriase, pouls faible et intermittent, parfois sommeil
profond, frissons, hyperthermie puis mort par arrêt du coeur
(CHARNOT,1945).

DISCT.JSSION

186
Les sourcesécritesarabes
Le laurier rose est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC,
1877-1883,no 567, 833, 873, 948, 1232),la 'Umdatat-tabîb (no 835),
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 90) et ABDERRBZAQ (dans
LECLERC, 1874,n" 246) sousle nom de drflâ.LaTuhfat al-ahbôb
(n'396) le cite incidemment.IBN AL-BAYTAR donne aussi les
vernaculairesl.tabn,!û,rzaharj,serntnal-limôr.

Les composantsprincipaux du laurier rose sont des hétérosides


stéroidiquesrattachésaux cardénolides(environ0,50Vo,oléandroside,
nérioside,etc.) dont I'activitéestprochede cellesdesStophantuset de la
digitale.
Dans l'état de nos connaissances actuelles,les usagestraditionnelsne
peuventêtre confirmés; seulela toxicité de la planteest expliquéepar la
présencede cardénolides hautementactifs.

ARACÉES

54.Arisararn divers et Aram divers

Arisarum vulgare Targ. Tozz & A.


Arisarum simorrhinum Dur"
Arum hygrophilzn Boiss.
Arum italicum Mill.
Arum maculatumL.

gouetà capuchon.
arum

imî, emî, yemî (!) : vernaculairesportés au Maroc par plusieurs


espècesd'Arisarumet d'Arum à tubercules(Arum italicum Mill., Arum
hygrophilum Boiss.,Arurn maculatuffiL., Arisarum vulgare Targ. Tozz
& 4., Arisarurn simorrhinumDur.).
bqûqô,bgûgô,âbqû.q,bqûqe4t(!) (Orientalmarocainet Algérie).
qeçyp el-lsân (litt.: coupe langue ; en raison des symptômesde
I'intoxication).
ôqernû{, êrqanûS(!) (Beni Touzine,Rif) : pourl'Artsarurnvulgare.
el-kliyeb (Beni Mellal) (litt.: le petit chien): pour la spathe.
qeryûwâ(Constantine,LECLERC, 1874,no 503) : pour desArum.

187
L'Arisarum vulgareet A. sirnorrhinrm, espècesméditerranéennes,sont
très frfuuentes au Maroc, mais elles sont absentesdans les régions
désertiques.Les Arum ont la mêmerépartition.

USAGF^STRADMONNELS

En médecinetraditionnelle,les tuberculesdArisarum sont utilisés, à la


campagne,corlme émétocattrartique et commepurgatif (régionsde Beni-
Mellal, de Rabatet de Casablanca).

Les tubercules(rhizomestubéreux)de cetteespècesontconsommées par


- -
les sanglierset en périodede disette par les hommes,en Afriqug du
Nord. Cet usage est historique : I'annêr-1266 de l'Hégire (XD(ème
appeléepar les
siècle),qui fut une grandearrnéede disetæau Maroc,fut 'âm
'âm îmî ("I'annéede l'Arisarum") ou el-lubayz
campagnards
("I'annéede la mauve")ou encore"l'annéedes 18 miqals" car le moudd
(unité de mesuremarocaine)d'Arisarum atteignitle prix de 18 mitqals
(EN-NACRI). Cette année là, en effet, on consommabeaucoupde
tuberculesd'Artsarurz."Si on en mangeaitbeaucoup,on avait au bout de
quelquestemps les enrailles brûlées" (EN-NACIRI). AL-W AZIR AL-
GHASSANI (n' 174)parleausside cetemploiet de sesdangers.
La prêparationtraditionnelle consisteà torréfier les tuberculessur un
plaf d'argile ou à les cuire à la vapeur avant de les sécheret de les
iéduire en farine. Cette farine additionneede farine de blé ou d'orge
servaità fabriquerdes galettes.On peut aussiles mangeren l'êtat, après
lavagesrepétéspour en enleverl'âcretéet la saveurbrûlante.

TOXICITÉ

' Plusieurs accidents ont é*é signalés au Maroc à la suite de la


consommationhumainedestuberculesd'4. vulgare,lorsqu'ilsn'ont pas
été au préalabledétoxiquéspar cuissonou par torréfaction.Les autres
Arisarum et lesArurn provoquentles mêmesintoxications.

Syrnptôme s de l'intoxication
L intoxication par les Aracées se manifeste, généralement,par une
irritation de toutes les muqueusesdigestives avec tuméfaction de la
langue et inflammation de la bouche et du pharynx s'opp-osantà la
déglutition ; on observeégalementdesdouleursintestinalesviolentesavec
vomissements,crampesd'estomacet coliques.Les membresdeviennent
froids, la pupille se dilate, le pouls s'abaisse; dans certains cas se
manifestentune anesthésieet une perte de connaissance.La mort
intervient généralementpar asphyxie.
Chez les énfants, on observeen plus de la fièwe, de la prostration,
parfoisdesconvulsions.

188
Fruits, feuilles et rhizomes ont, par ailleurs, une action rubéfiante et
vésicantesur les téguments.Les fruits ont occasionnédes intoxications
graves chezdesenfants.
(CHARNOT, 1945).

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Les Arrsarurn et diversArum sont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR
(dans LECLERC, 1877-1883, no 2047) pour leurs propriétés
thérapeutiques, alimentaireset toxiques,sousles nomsde îmâ, ârûn, lûf,
fira, furîra, dnrâqîûn Ceses@cessontaussicitéespar ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 503), qui donneen plus le vernaculairebqûqô,la
'Umdat at-tabîb (n" 1322),AL-WAZR AL-GHASSANI (no
174) et la
Tul.{at al-ahbab (n" 237).

[æs donnéesde la toxicologie

Dans les rhizomeset les feuilles fraîchesde cesespèces,on a trouvé un


alcaloidevolatil présentaussidansla ciguë,la conicine(0,5 mg 7o),et
une glucosaponine.
Les parties aériennesfraîchesdes Arum contiendraientaussi un peu
dTICT{,mais le rhizomeen seraitexempt.
De nouveaux alcaloidespynolidiniques (les irnidines, la bgugarne,
I'irniine) ont été isolés dernièrementdes tuberculesd'Arisarum vulgare
(MELHAOII & al., 1994).

La compositionchimiquede cesAracéesexpliqueà la fois leur toxicité et


leur usagealimentaire(présenced'importantesquantitésd'amidon dans
les tubercules).

ARISTOLOCHIACÉNS

55. Anstolochia longa L. et Aristolochia baetica L.

aristoloche

berezlorn,buru\tum,burultam (l) (OuedMellatr,Marrakech,Salé,Fès,


Oujda,Algérie).
fujarat rustam(classique,IBN AL-BAYTAR dans LECLERC, 1877-
1883,no 1099; RENAUD& COLIN,1934,no 140).
qa'qa'rîbô(Aït Sgougou,BERTRAND,l99l).
ajrar!î (berbère,TRABUT dansCHARNOT, 1945).

189
qiLtâ'letunîrl-beruî(Marrakech).
àifr,ârtfts,îrifi.s(RAYNAUD l92l).
dansGATEFoSSÉ,
se rencontrentfréquemmentau
Ces 2 aristoloches,méditerranéennes,
Maroc.

USAGESTRADITIONNELS

A Marrakech et à Salé, les racines,considérfuscomme chaudes,sont


utilisées aujourd'hui dans le fiaitement dubûmezwi (palpitations de
I'aorte),de tâ constipationet desaffectionsintestinales: I cuilleréeà café
de poudre en cas de douleur. Elles sont égalementutilisfus cornme
éméio-cathartique et diurétiquedansles intoxicationset commealexitère
(c.à.d.: antidotedesmorsuresde serpents).
A Marrakech la racine serait égalementemployéedans les maladies
cutanées,en particulier les myËosesinteraigiràtaires(GATEFOSSÉ,
l92l). La plante entière, séchéeet pulvérisée,est utilisfu, en usage
externendarisle traitementde la teigne.On I'emploieégalementdansles
soinsdesblessures(RAYNAUD dansGATEFOSSE,l92l).

TOXICITÉ

Des accidentsprovoquéspar I'ingestion de ces espècesà des fins


thérapeutiquesnôusont été signaléesà Marrakech,Otezzaneet Ahfir.

CHARNOT (1945) a décrit I'intoxicationhumaineaux aristoloches:


utilisés sgr une certainesdurée,ils provoquentdes lésions rénales
irréversiblesavechématuriesainsique desparalysiesdesmembres.
Chezle chien, I'ingestiond'aristolocheenEaînedes vomissements,des
diarrhées, de I'hypotension, une accélération du pouls et une
dégénérescence gtaisseuse du foie (CHARNOT' 1945).

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Gi espècessontutiliséesdepuislAntiquité commecontre-poisonet pour
faciliær les accouchements.
[-es médecinsarabesont tous repris cesindications.IBN AL-BAYTAR
les mentionnent longuement (no 58,243, 1099,1300,17M,2135) sous
les nomsde arisUttûWô,Zarâwand,fuiarat roslom,masemqôr,bubrâlla,
qi@'l-fuyyo.La'Urndat at'tabîb (no 1038,1039,1040),AL-WAZIR
AL-GHASSANI (no 110)et laTuhfat al-ahbâb(n" 140)leur ont consacré
des rubriques,ainsi que ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 272) qw
donneles vernaculairessuivants: Zarôwand,burustttm,buruçlnrn.

190
I-es donnéesde la toxicologie
On sait aujourdhui que c'estI'acidearistolochiquequi est responsablede
la néphrotoxicitéde ces espèces(Panoramadu médecino18 mai 1993,
no 3813, pp.22-23).L'activitécarcinogénique Aa
de I'ac.aristolochique
été démontréen expérimentationanimaleavec atteintedes reins et de
I'estomac.

Des travaux réalisés au Maroc avec des extraits d'aristolocheont


démontréleur activité fongistatique.Cette activité ne serait pas due à
(GADHI & al.,1994).
l'acidearistolochiquemais à d'autressubstances

ASCLÉPIADACÉES

56. Calotropis procera (Ait.) Ait.


ponrmede Sodome

tûrzâ, tawarzô,tûrjô, tawerjâ (!) (Dra, Satraraoccidental).


C'est le tûrffi du Sud Algérien (QUEZEL & SANTA, 196l-1962 ;
SITOLJH,1989).
On renconhe aussidansle Sud Marocainet Algérien, les vernaculaires
krunlrnet kurunk (poly : voir aussiRicinuscornrnunis,n" 222).
C'estle'ufur ou b.Ir desEglptiens,desbédouinsd'Arabie,desMoyen-
orientauxet desnaitésclassiques.

Cette espèce,saharo-sindienne,est communedansle SaharacenEal et


méridionalet arrivejusquedans Dra et le Satraraoccidentalmarocain.
le

USAGESTRADMONNELS

USAGESTrIÉOICN'{AI.IX
A Tata, la poudre des feuilles séchéesest prescriteà rès faible dose
comme vermifuge.
Dans le Dra, l'équivalentd'un grain de lentille de latex ingéré dansune
bouillie de semoule(la'çida) a une action fortement purgative. Cette
médication est toutefois réservéeaux personnesde forte constitution
(lemjhadîn). L'acuvité émétocathartique du latex, connuedes nomades,
le fait aussi employer pour combattreles intoxications aigues. La
techniqueest la suivante: ll2litre d'eaucontenantune seule goutte de
latex est ingéré tous les matins par le patient. Pour réduire I'action
drastiquedu latex, le traitementest accompagnéde I'ingestion d'un
bouillon de boeuf (lablûI) .
En applicationexternes,le latex est employé,partout au Satrara,contre
les vemres et durillons (al-l.tayyou al-fonzîr), la teigneet aussipour

19r
extirper les épinesde la peau.I-e latex et la décoctiondes écorcessont
aussiutilisés en art vétérinairecommeantilépreuxet antigaleux.
A Tissint, en cataplasme, le bois secréduit en poudreest indiqué comme
vulnéraire.

D'après MONTEIL (1953), les feuilles seraient fumées par les


asthmatiques.Les feuilles lavéesdansI'eauchaudeet séchéessont aussi
utiliséescommescompresses absorbantes.
D'après VOINOT (1904), les Touaregsfontn avec du charbon de
Caloffopeset du beurre,un onguentcontrela galedesdromadaires.

USAGESTECHMQLJES
Le charbonde bois, fait ave,cCalotropis,très léger,estutilisé au Sahara*
pour faire de la poudre à canon.Cettepoudre,ainsi ptêpatên,était très
recherchéepar les guerriers.
Le bois, tendre, léger et facilement inflammable, sert à faire divers
objets dont des planchettesd'écolierset des torchesutilisées dans les
veilléesrituelles.
I-e laæx estutilisé, au Sahara'dansla dépilationdespeauxavanttannage.
Au Saharaoccidental,le fruit ("pomme de Sodome"des coloniaux)
contient un duvet brillant utilisé comme bourre à fusils (MONTEIL,
1953)et commeamadoupour les pierresà briquet (DE PLIIGALJDEAU,
1992).

TOXICITÉ

La toxicité de la planteestconnuedesnomadessahariens,surtoutle latex


qui est très irritant pour la peauet les muqueuseset peut mêmerendre
aveugles'il est mis en contactavecles yeux. Séché,ce latex conservesa
toxicité. Aussiest-il souventutilisé, au Saharqà desfins criminelles.
Le latex était employé aufiefois dansles régions désertiques- et aussi
chezles Noirs du Satrel- pour la préparationde poisonssagittaires,dans
lesquels,il agit, d'une part par sa toxicité propre, d'autre part par son
actioninflammatoirequi favoriseI'absorption,au niveaudestissuslésés,
du poisonprincipalau niveaudestissuslésés.
I-e,Calotropis est évité par tous les animaux sauf les chèvreset les
dromadaires qui, d'après les éleveurs, peuvent manger les feuilles
desséchées, étantpeut-êEemoins sensiblesau toxique.

Symptômes de I'intoxication
Les symptômesde I'intoxication sontles suivants:
- Sur la peauet les muqueuses,le latex provoquedesinflammationset
vésicæionssévères.
- Au niveau desyeux, I'attaquedu latex peut aller jusqu'à lacécitÉ:.

r92
- Par voie interne, lTntoxicationse manifestepar des vomissementset
une grave inflammation des muqueusesde l'appareil digestif. [,a mort
Fut survenirrapidementsanspertede connaissance (CHARNOT, 1945).

La présence dans la plante d'hétérosidescardiotoxiquesà action


digitalique explique la toxicité de la plante.

DISCTJSSION

[æs sourcesarabesécrites
L'es1Èceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
no I 199, 1544),la 'Umdntat-tabîb(n' 1790),la Tuhfatal-ahbâb(n" 227,
313) et ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n" 682),sousle nom de 'u,tur.
AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 144)I'a assimiléaux yattu'at (plantesà
latex).
Plusieurs de nos auteursparlent d'une sorte de manneappeléesukkar
'u.fur (litt.: sucrede CaloEopis)qui est rêcoltêe
au Yémen, à Oman et
dans le Khorassan,mais nous ne savonspas s'il s'agit de I'espèceC.
procera (Ait.) Ait. ou C. gigantea (L.) R. Br. ex Ait. Il s'agit
waisemblablementdu suclaiteuxconcrété

* Mêmeusageen Arabie(DEFFLERS,1887).

57. Leptadenia pyrotechnica (Forsk.) Dec.

ô.wbay(!) (Sahara).
titarek (!) (Sahara).
ôrwg (Touareg)(VOINOT,lg0/-; SITOLJH,1989).
Confondueparfois avec Genista saharaeCoss.& Dur., au Saharaet en
Egypte,sousle nom de merSryOINOT , 1904; BOULOS, 1983).

Cette Asclépiadacêe,soudano-deccanienne, est courante au Satrara


méridional et centralet remontejusquedansle Sud marocainoù elle est
cependantplus rare.

USAGFS TRADMONNELS

La décoctionrefroidie desbranchesest utilisée,partoutdansles régions


sahariennes,comme diurétique. Les nomadesdisent que lorsqu'ils
marchentpieds nus par grand soleil, la sensationde brûlure aux pieds
s'étendjusqu'au nombril, au point qu'ils ne peuventplus uriner. Ils
boivent alorscettedécoction.

r93
C'estun arbre à latex et à branchesrigideset droitesdont les fibres sont
utilisées par les Maures pour la confectionde cordeset de filets ; ces
filets soni des sennesgrossières,lestéesde poids d'argileet équiffes de
flotteursen bois léger dEuphorbe(Euphorbiabalsamiftra ou Euphorbia
obtusifulia) (DE PLIIGALJDEAU,1992).

L'es@ceest un peupâturéepar le dromadaire,sansdommagesapparents.

DISCIJSSION

[æs sourcesécritesarabes
Cettees@cen'estcitéepar aucunde nosauteurs,parcequ'ellea êtêpeut-
êre assimiléeauxyattû'at (planæsà latex).

58. Pergularia tontentosaL- (= Daernia cordata R. Brown)

el-lalga, el-galga (!) (Maroc,Sahara).


ûmn-jlûd (!) (Iissint, Reguibat,Maure).
solla@ (Figuig).
ta$at, ta{knt (Touaregs,VOINOT, 1904).

Cetæespèce,saharo-sindienne,est communedanstout le Sahara.On la


renouvedansles zonesdésertiquesdu Suddu Maroc (Dra"Tafilale$.

USAGESTRADITIONNELS

USAGESTr{ÉDICN.IAI.IX
Dans le Dra, en apptcation externe, le latex de la plante est utilisé
conrmenianrratif desabês et desfuroncleset pour extirper les épinesde
la peau.Appliquéesen cataplasmes ou frottéesau niveaudes morsuresde
serpentset piqûres de scorpionsnles feuilles sont indiquées comme
antipoison.
-décoction
La des parties aériennesest utilisée à Tissint contre la
tuberculose(tamadûn) et la bronchite.Cette médicationest cependant
employéeavecprécaution: la plante,cou@ enpetits morceau(,est mise
a U-ouitUr7 fois et à chaquefois on jette I'eaude cuisson; les morcearD(
de la plante ainsi traités sont ensuitemis à sécher-puispulvérisés.Le
tuberculeux doit prendre I cuillerée à café de poudre par jour après le
déjeuneropendant 7 jours. Ce traitement est interdit aux femmes
enceintes.
Une autre procédure est rapportée par VOINOT (1904), au Satrara
cengal : la iacine, écrasée,est cuite avec de la viande de chèvre. Le
bouillon et la viande ainsi préparéssont conseillésdansles bronchites

194
avec crachatsde sang(tuberculoses).AprèsI'absorptionn le maladedoit
se couwir pour transpireret évacuerainsi les "miasmesmorbides".
Au Saharaoccidental,la plante entre dansla compositionde formules
épilatoires.

USAGESTECHMQLJES
Les appellationsûrnrn-jlûdet solla!û viennentde I'utilisation de la plante
dans la dépilation des peaux destinéesau tannage.Ces peaux sont
plongéesdansdescuvesd'eauoù maêrent lesfeuillesde la planle.Après
3 ou 4 jours, elles sont racléespour enleverles poils qui se détachent
alors facilement.Ou bien, la plantehachéeestéænduesur les peauxque
I'on abandonne3 ou 4 jours à I'air. On gratte ensuite pour mettre les
peau( à nu. Au Tafilalet, les peau( sont d'abordenfouiesdansde la boue
où elles commencentà subir une putréfaction; on les placeensuitedans
des cuvesempliesd'eau,de datæsécrasées et de brindilles de Pergularta,
pendantquelquesjours. Puis, elles sont grattées. Les Pergularia sont
récoltéspar les nomadesBeraberet vendussur les soukspour les artisans
du cuir.

DISCUSSION

Les sourcesarabesécrites
Cette espècen'est mentionnénpar aucunde nos auteurs,peut-êtrepalce
qu'elle aêtê assimiléeauxyattît'at(plantesà latex).

La littéranre ne rapporteaucuneindicationsur la toxicité, mais celle ci


n'estpasexclueen raisonde la présencede cardénolides.

laevigafaAiton (= PertplocaangustifuliaLabill.)
59. Pertp_loca

el-l.tallâb(!) (Maroc)(Tunisie; BOUKEF, 1986).


âselift (GATEFOSSÉ,l92l).

est assezcommuneau Maroc et au


CetæesSce, satraro-méditerranéenne,
Satrara.

USAGES TRADMONNELS

Au Satraraoccidental,le décoctédes grainesest utilisé en frictions


commeanalgésique danslesrhumatismes.
local, spécialement

DISCIJSSION

Les sourcesarabesécrites

r95
Cetteespècen'est mentionnéepar aucunde nos auteursnpeut-êtreparce
qu'elle aêtêassimiléeavxyattû,'at(plantesà latex).
il se peut que la
En raisonde la présencewaisembtablede cardénolides,
planæpossèdeune certainetoxicité.

60. Solenosternna' arghel (Del.) Hayne

gellasem(Saharaatgérien).
ôrgel ( Egypte,in BOULOS,1983).

Buissonde I mètreenviron,à sèveabondante. Le fruit, de 5 cm enviton,


a la forme d'une poire renverséeet contientde nombrerD(_ pépins.Cette
espèce d'Afrique tropicale et d'Arabie se rencontre de I'Egypte à
I'Algérie mais n'existepasau Maroc.

USAGFS TRADITIONNELS

Cetteespècen'estconnueau Maroc que desnomadesfranshumants de la


région de Figuig, qui serendaientaurefois en Algérie.
DÉprès VOnqÔf Q9O4),au Saharacentralnles feuilles sèchessont
repuæesdansle Eaitementdescrachementsde sang.-on les cuit dansdu
laii ou tout autre liquide ; on poivre, on sucreavec desdatteset on boit
chaud: l'effet seraitimmédiat.

DISC[]SSION

I-es sourcesarabesécrites
Cetæplanten'est citênpar aucunde nos aut€urs.

AsrÉRAcÉPs( oucoMPoSÉES)

61. Achillea leptophylla M.B. et Achillea santolinoides Lag.

achillée

qort (Haou",NÉGRE,1961).
Swihiya(Oriental,BERTRAND, 1991).

A. santolinoidesest une espèced'Afrique du Nord ; A. leptophylla est


une endémiquemarocaine.

r96
USAGFS TRADITIONNELS

Dansle Moyen-Atlas,cesachilléessontutilisfus, en cataplasmes,


comme
vulnéraire.

DISCIJSSION

[.es sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883, no 106), reprenant
Dioscoride, décrit une plante dénomméeâ!îrôam qui a été rapportéeà
l'Achillea ageratum L., mais cette attributionest très douteuse.D'autre
part, sous la rubriqueqayçûm,IBN AL-BAYTAR (op. cit., no 186l)
mentionne une plante qui appartienttrès waisemblablementau genre
Achillea.
IÂ,'Umdat at-tabîb (n" 2212)et AL-WAZR AL-GHASSANI (n' 255) et
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 771) ont probablementassimiléles
achilléesaux qaysûm.
Le vernaculaireqaypûrndésigneeffectivementaujourdhuien Egyptedes
achillées (4. fragrantissima (Forsk.)Sch. Bip. et A. santolina L.)
(BOLJLOS,1986).
I-aTuhfat al-ahbâbne mentionnepascettees@ce.

62. Anacyclus pyrethrurn L.

pyrèthre d'Afrique

tigenlast,igenfas,genûrs(!) (berbère).
'ûd el-ôttas(!) (litt.: le bois sternutatofue).
'âqirqarlû (!).
'arq e$-{lûh (htt.: racine des berbères).

Es@ceendémiquedu Maroc et de I'Algérie.


C'est la racine du pyrèthre d'Afrique qui est utilisée en médecine
traditionnelle.On la récolte aussipour I'exportation,notammentvers le
Moyen-Orient et l'Inde, pays qui sont très demandeursde cette drogue,
dont le Maroc et I'Algérie furent de tout temps les fournisseurs
traditionnels.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, la racine est utilisée conrmesternutatoire,sialagogue


et diaphorétique.On I'emploieaussidansle traitementdes maladiesdu
foie, a raison d'l cuillèreea calêde poudre,tousles matins.

r97
En liniment (dansde lhuile d'olive), elle est utilisée dansle fraiæment
desrhumatismes,de la sciatique,descoupsde froid, desnéwalgieset des
paralysies.
Dans le Tadla, contre les maux de dents,on frotte les gencivesavec un
cotonsur lequelon a disposéun peude poudre.
Le pyrèthre d'Afrique est Eès connupour sesproariétésinsecticideset
antimycosiques. Mélangéeà du goudronvégétal,la poudrede racine est
employéecontrela teigne.On prépareaussiun oléaten faisant décocter
de la racine de pyrèthred'Afrique dansde I'huile d'olive. Cet oléat sert,
en frictions sur la tête-ou le pubisà tuer les poux et la vermine.
D'aprèsGATEFOSSE(1921),la racineest utiliséeen infusion buvable,
par les femmes,commeréchauffant,pour favoriserà la fécondité.

Dansle Moyen-Atlas,la poudrede racineest employéecommeantimites.

TOXICITÉ

La plante n'est pas dénuéede toxicité et plusieursaccidents(sévères


inflammationsdesmuqueuses digestives,respiratoiresou cutanées)nous
ontêtêsignalés,suiæà desusagesthérapeutiques.
Par ses ieules émanations,elle peut provoquer chez I'homme de la
céphaléendes bourdonnementsd'oreille, de la pâleur, des douleurs
épigastriques,des nausées,parfois même une perte de connaissance
(CHARNOT,1945).
DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le pyrèthre d'Afrique est mentionné par IBN AL-BAYTAR
GECLERC, 1877-1883, n" 400, 959, 1507,1570),la'Urndat at-tabîb
(n" 286, 160l), AL-WAZR AL-GHASSANI (n" 217) et la Tuhfat ah
' et'aqarqarfuâ.ABDEREZAQ
ahbâb(nô301),souslesnonuide tâgendest
'aqarqarlû, tikentest
(LECLERC, 1874,no 652)donneles vernaculaires
et kûkû.

63. Anacyclus radiatus Lois.

hettôla (poly.) (Gharb) : ce vernaculaire s'applique à beaucoup


d'Astéracéesdu type de la margueriæ.
I-galrwôn (poly.) : du classiqueûqlwwân. ; c'estoen réalité, le nom que
portent au Maroc les maticaires et certainescamomilles.
kra' ed-djôja (poly.) (Oued Cherrat,Bouznika) (litt.: pied de poule) :
C'est ausii-le nom d'auEesespècesdu genreonotammentA. clavatus
(Desf.) Pers.

198
Espèced'Europedu Sud et du Maroc.

USAGESTRADMONNELS

A Bouznika,I'infusiondesfleurs estutiliséeconfreles maux d'estomac.

DISCT.ISSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espècen'est mentionnéepar aucunde nos auteurs,peut-êtreparce
qu'elle aêtÉassimiléeà destaxonsvoisins.

64. Andryala pinnatiftda Ait.

bû-nayel(GATEFOSSÉ,,l92l ; BOUIET & al., 1990).


el:alk (litt.: la gomme)(GATEFOSSE,l92l): pour la gomme.

Cetæespèce,du Maroc et des Iles Canaries,se rencontresur les dunes,


dansla région d'Essaouira.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région d'Essaouir4lagomme(el-'alk) sécrétéepar l'écorcedes


racinesau niveaudu collet (peut-ête à la suiæde lésionsprovoquéespar
une larve de lépidoptère)est utilisée conrmemasticatoirepour purifier
lhaleine et nettoyerles dents.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Es@cenon citéepar nos auteurs.

65. Argyranthemum frutescens (L.) IVebb ex Sch. Bip.


(= AnthemisfrutescensSieb. & Vass.)

hellâla l-knbîra, hellâIatjraû (Casablanca)


(litt.: le grandchrysanthèmen
le chrysanthème desjardins).

C'est une sorte de margueritebuissonnantedes Iles Canariesqui a êtê,


infoduiæ au Maroc à des fins ornementales.On la trouve partout dans
lesjardins.

USAGESTRADMONNELS

r99
A Casablanca,la fleur est mâchéepoul calmerles maux de dents.

DISC[JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette plante, nouvelle dans la région, n'est pas mentionnéepar nos
auteurs.

66. Anthemis nobilis L. (= Chamaernelumnobile (L.) All.)

camomilleromaine

bôbnûj, bâbûnaj, bâbûnaj rûmî (!) (litt.: camomille romaine,


européenne): c'estaussile nom de Clwmomilla recutita (L.) Rauschert,
de CotulacoronopifoliaL.et Ormenispraecox(Link.) Briq.
Espèced'Europeoccidentaleet d'Algérie,elle est aujourdhui acclimatée
partoutdansle monde.
La camomille romaine est aujourdhui un peu cultivée dans les jardins
privés de Fès, Tétouanet Rabatmais elle a de tout temps_ été',importêe
(d'où son nom de camomille des Européens).Elle est, la plupart du
temps,falsifiée par Ormenispraecor (Link.) Briq. qui lui ressemble'ou
remplacée par- Chamornilla recutita (L.) Rauschertet C otula
coronopifoliaL,
Ces substitutions,s'accompagnant de la permutabilité des noms
vernaculaires,rend la questiondes camomilleset des matricaires très
confuseaujourdhui au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

A Rabat, Fès, Tanger, Tétouan, on utilise la plante entière ou les


capitules,en infusion (2 à 3 cuillères à soupede plante sèchedans I
thêière),dansle traitementdescoliqueset destroublesgastro-inæstinaux.
A Fès,elle estindiquéeaussi,de la mêmefaçon,conrmestimulantet dans
le traiæmentdesmigraineset desictères.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La camomille romaine est mentionnée par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 121,220,418,590, 745,9U , 1767)parfois
faitée dans les mêmes rubrique que les matricaireset non sans une
certaineconfusion,sousles nomsde bôbû,nai,uqfumân,fuirat maryarn,
Icâfûriya,kerlrâ\, rnaqârja,rijl daiâia, qorrôs, batnâmâlîs,tuffôh al-ârd.
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 123, 888, 929) donne pour la

200
W^â^âIîs et nffâh al-
camomilleles vernaculairesbôbûnai,rnansanîIya,
âr{..La'Umdat at-tabîb(no l5l), AL-WAZR AL-GHASSANI (n" 42)
et la Tuhfat al-ahbôb (n" 86) consacrentaussi une rubrique aux
camomilles.

67. Anvillea radiata Coss. & Dur.

nugd, nuged, negd, nogd ylrâwî (litt.: nogd du Satrara)(!) (poly.) :


beaucoupd'autresAstéracéesportentce nom (Pulicaria undulata(L.) D
C, Pulicaria inuloides D C, Pallenis spinosa (L.) Cass.,diverses
camomilles,etc.)
âwjerg, wajjreg Cfekna Anti-Atlas).
menquwu,f (Ait Seghrouchen, BERTRAND, 1'99l).
âj ri (W awouzguit,BERTRAND, l99l).
âjig (Ait Ana BERTRAND, l99l).

Ce petit arbrisseau,endémiquesatrarien,à rès forte odeur aromatique,


se renconfregénéralementdansles petitesdépressionssablo-argileuses,
souventmêléeà Buboniurngraveolens(Forsk.)Maire.

USAGESTRADMONNELS

Cette espèce(les parties aériennes)est très utilisée, dans les régions


sahariennes, en infusion, pour calmerles coliqueset les troublesgastro-
commeun excellentréchauffant.
intestinaux.Elle est aussiconsidérée
A Salé,on I'emploiedansle Eaiæmentdesmaladiesdu foie, en décoction
avec Zygophyllurngaetulum,Brocchia cinereaetWarionia saharae
(mélangeà parties égales)à raison de 2 velres par jour. On utilise
égalementla poudrede la plantetrituréedansde lhuile et introduitepar
voie vaginale dans le traitementdes maladiesde I'utéruset des pertes
blanches.
A Tissint, les graines,réduitesen poudreet mélangéesà de I'huile ou à
du miel, sontindiquéesdansles refroidissements, à raisonde 3 cuillerées
à café de mélange,ptr jour. On confectionneaussides suppositoiresà
partir de la poudre de graines mélangéeà de la nigelle, du cresson
alénois et Maerua crassifolia : ces suppositoireso efficaces contre les
refroidissements,sontconte-indiquéschezI'enfantet la femmeenceinte.
L'infusion des feuilles émulsionnéedans de I'huile d'olive est utilisée
pour faire des lavementsconfreles refroidissements.

La planæest un bon pâturage,surtoutà la floraison.

DISCUSSION

20r
I-essourcesécritesarabes
paraucundenosauteurs.
Cetæplanten'estpasmentionnée

68. Artemisia arborescens L. et Artemisia absinthium L.

absinthearborescente
absinthe

fiba (l) : abréviationde fibat al-'ajû,2(litt.: les cheveuxblancsde la


vieille). Cette appelation imagée se retrouve pour I'absinthe dans
plusieurs pays méditerranéens: le vernaculairecypriote de la Planlg
(yenia tou yerou) a la même signification : "batbe de vieillard"
(ARNOLD & al., 1993).
tujrat meryem(poly.) (Maroc, Algérie) (litt.: arbustede Marie) : ce
terme, surtout livresque, s'appliqueà d'autresplantes au Maroc' en
particulierà Matricarta charnomillaL.

On utilise principalementA. arborescens,espèced'Europeméridionale,


d'Asie Min-eureet d'Afrique du Nor{ auEefoisspontanéesur le littoral
nord, est aujourd'hui cultivée un peu partout dans les jardins.
A. absinthium espèceplus cosmopolite,est beaucoupplus rare, au
Maroc, et ne serenconfteque dansleshautesmontagnes.

USAGFS TRADMONNELS

Partout au Maroc, I'absinthe,en infusion (1 petit rameau dans une


théière),a la reputationd'êtreréchauffante,tonique,apéritive,digestive,
cholagogue,diurétique, emménagogue,antispasmodique,fébrifuge,
verrrifuge. C'estune véritablepanacée.
A Rabat on I'utilise aussicornmeantidiabétique.
Sespropriétésabortives,à dosesélevées,sontconnues.

En hiver, l'absintheest trèsutilisée,pour parfirmerle thé.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes.
L'absinthe est mentionnée longuement par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,n" ll3, 759, 957, 1942) sous les noms de
afsanrtn,dnmsîsa,latraf, kufiûtrûmî. ABDEREZAQ GECLERC, 1874,
no 5) donneles vernaculairesafsantîn,fuirat mtrryarnet fuybat al-'aiû'2.
La'Umdnt at-tabîb(no 103,2583),AL-WAZR AL-GHASSANI (n' 5) et
laTuhfat al-ahbâb(n" 1) citentaussiI'absinthe.

202
Ces2 esSceset I'armoisepontique,Arternisinpontica,sontgénéralement
traitées, chez les Anciens et chez les auteursarabes,dans les mêmes
rubriques.

Iæs donnfusde la toxicologie


C'est des plantes dont I'usagedevient dangereux,dès que les doses
thérapeutiquessontdépassées. L'huile essentielledesabsinthesesten effet
hautementconvulsivanteet épileptisante.
La présencede p-thuyone explique la toxicité de la'plante. L'huile
essentielled'Artemisiaarborescensrêp,oltêe au Maroc, est plus riche en
p-thuyone(39 à74Vo)que I'absintheeuropéenne. C'esten mai que la p-
thuyoneatteintla valeurla plus hauteQ47o)(CODIGNOLA, 1985).

69. Artemisia atlantica Coss. & Dur. var. n aroccana (Coss.)


Maire

Si (Oudka) : mêmevernaculaireque pour d'auEesarmoises.


fiba, {û.ôya(Algérie, MERAD-CHIADLI, 1973).

Espècenord-africaine,fréquenteau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Ouarzazate,l'infusion(1 petitepoignéede plantedans


une théière)est employéedansles troublesgasfio-intestinaux.
La planæsert aussià parfumerle thé.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estpas spécifiquement mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
chezlequel le vernaculaireSft (LECLERC, 1877-1883,Do 1372)désigne
l'annoise maritime et s'appliquesurtout aux armoisesdu Khorassanet
d'Asie Centrale.Il est assezsurprenantet décevantque ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 940), sousSft, ne mentionne,lui aussi, aucune
desespècesnord-africaines. Nos auEesauteursont probablementassimilé
cetteespèceà Anemkia herbaalba.

70. Arternisia herba alba Asso

armoiseblanche

203
3îi (!) : c'est l'appellation génériquede plusieursarmoisesdans le
Monde Arabe. Au Maroc, ce vernaculaire s'applique aussi à A.
rnesatlantica,A. ifranensis,A. flahaultii (qtn ne sontpasdistinguéesentre
elles, voir rubriquesuivante),A. atlantica,etc.
îzrî (Souss)(!).
îfsî,fessî (Moyen-Atlas)(!).
fi$ dwida (litt.: l'armoisepour les petits vers).
fih lorasanî (htt.: armoisedu Khorassan): ces2 derniersvernaculaires
désignentnormalementArtemisia cina Berg. de la Caspienne,riche en
santônine,qui était autrefoisimportéecommeve1mifuge.Aujourdhui on
lui substinréI'armoiseblanchedont I'actionvermifugen'estpas prouvée.

Arternisiaherba alba estune es@e particulièreà I'Afrique du Nord (du


Maroc à I'EgyPæ).
Au Maroc, Ii è*iste plusieursespècesdlArtemisfa voisinesd'4. herba
alba. La systématiquede ces armoisesa êtê,révisfu récemmentpar
oLTYAHYA (1990).

USAGESTRADMONNELS

La plante entière est une panacéede la médecine traditionnelle


marôcaine.Un dicton marocaindit d'ailleurs ceci : lî mjereb fih tnâ
iduz fi qadamûbla mâ idih ("celui qui a expérimentéI'armoiseblanche
ne peutpasserà côté d'elle sansI'emporter").
Hlè est paltout prescritecommevennifuge,emménagog_ue' _diurétique,
stomachiique,antiseptiqueintestinal, tonique, dépuratif, cholagogue,
antidiabétique.
Chezun hèrboristede Salé, nous avonsconsignéla recettevermifuge
- suivante: on pile ensemblede I'armoiseblanche,quelquesgraines de
harmel,du séné,despétalesde rose du Tafilalet, puis on fait un décocté
avec ce mélange,à iaison d'une cuillerée à café par verre d'eau. On
prend un verre de décoctionole soir,-lPrès avoir avalêune poignée de
grainesde cirouille décortiquéeset pilées.
L'armoise blanche est administrée également dans tous les
refroidissementset commesynergiquede tous les antidotes.
Cette espèceest un constituant important du mélangede plantes et
d'épicesqoi sett à préparerle bouillon d'escatgots(voir uttigl" n" 692)
Ce'bouillôn d'escargotJ, qui estvendudansles ruesen hiverobien chaud,
est très appréciédés Marocainsconrmeremèdepréventif et curatif de
toutesles maladiesde la saisonfroide.
Dans le Moyen-Atlas, associéeà des plantes astringentes,elle est
indiquée, à I'intérieur et à I'extérieur,commeantirabique.
A Tissintoconte les troubleshépatiques(lemrâr) et les vertiges(dôba)
provoquéspar un foie malade,on donneune décoctionfaite, avec un

204
mélange(à partieségales)d'armoiseblanche,d'écorcesde grenadeet de
Maeruacrassifolin.

I-e miel butiné sur les fleurs de I'annoiseblanche,de couleurblanche,est


répotéposséderles propriétésde la plante.
La plante sert enfin, dansles régionsoù elle pousse,à aromatiserle cafê,
commeI'absinthesertà parfrrmerle thé.

C'est un pâturage aromatiquetrès appréciépar les ovins. La steppe


d'armoiseest très étendueau Maroc. Une expressionpopulairedécrit ces
steppescomme "le pays de I'armoiseet du vent" (blad fih wa rîft), pour
dire qu'on y trouve rien d'autre que cette plante. Cette steppeest par
excellencele pays de la transhumance desnomadeséleveurs.La viande
d'agneauxet de moutons qui ont pâturé de I'armoise blanche est
d'ailleurs considéréecomme un produit de premier choix. C'est le cas,
notamment,des troupeauxde I'Oriental.

TOXICITÉ

De fortes dosesde la plante ont provoquédes cas d'intoxications,en


particulier chez le nourrisson, I'enfant et la femme enceinte. Les
symptômes de I'intoxication s'apparententà ceux observés dans
I'intoxication par I'absinthe(vertiges,convulsions)(voir à cet article,
n" 68).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetæespècen'estpasspécifiquement mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
chezlequel Sl (dansLECLERC, 1877-1883,no 1372)désigneI'armoise
maritime. IBN AL-BAYTAR s'étend surtout sur les armoises du
Khorassanet d'Asie Centrale.Il est assezsurprenantet décevantque
ABDEREZAQ (dansLECLERC, 1874,n' 940) et la 'Umdat at-tabîb
(n" 2585, 2212), sous ,Sîft,ne mentionnent,eux aussin aucune des
espècesnord-africaines.La Tuhfat al-ahbâb(n" 456) lui consacreun
article et AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 372) la donne comme
abondanteprès de Debdouet décrit le miel butiné sur sesfleurs comme
étant "blanc commele camphre".

Les propriétésantiseptiquesde la plante seraientûées à la présencede


I'huile essentielle(CHARNOT, 1945 ; BENOUDA, 1982) et l'activité
vermifuge pourrait êre due aux thuyones,aux lactoneset au santolina-
alcool. [.es flavonoïdespourraientexerceruneactionantispasmodique.

205
Le fort pourcentagede p-thuyone dans certains chimiotypes (en
particulier, celui de la région de Boulmane)est responsablede la toxicité
de certainslots de plantes.

71. Artemisia divers

An ernisia rnesatkznticaMatre
Arternisiatlalnultii Emb. & Maire
Artemisia ifranensis Drd.
Artemisia negr ei Ouyahya
Jîi (!) : cesarmoisesne sont pasdistinguéesente ellespasplus qu'avec
A. herbaalba.
îfsî, fessî(Moyen-Atlas)(!) : mêmevernaculairepourA. herba alba.

Toutes ces armoisessont des armoisesde montagne,endémiquesdu


Maroc. A. mcsatlantica(armoisebleue)est abondanteenûe Boulmaneet
Ifrane sur un plateaus'élevantà 1900m.

USAGESTRADITIONNELS

Mêmes usagesmédicinauxque I'armoiseblanchequ'ellesremplacentlà


où ellesexistent(Moyen-Atlas)(voir àArtemisia herbaalba, n" 70).
A. rnesatlanticaestaussiunebonneplantemellifère.

TOXICITÉ

En raison de sa forte teneuren p-thuyone(plus êlevêeencoreque dans


I'armoise blanche), Artemisia rnesatlantico a provoqué quelques
intoxicationschez des nourrissons.Il est possibleque beaucoupdes
accidentsrapportésà A. herba-alba, soient dus à cetteespèce(voir à
Anernisinherbaalba, no70).

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Ces espèces,en raisonde leur endémismestrict sru une paftie restreinte
du territoiremarocain,et parcequ'ellesne sontpas distinguéesdesautres
armoisesde la steppe,ne sontpasmentionnées par nosauteurs.

72. Astericus pygmaeus coss' & Kral' (= odontosperrnurn


pygmaeumO. Hoffm.)

taTffitlehmar,laTyt el-fâr (!) (litt.: Buboniumd'âne,de rat).

206
mesmârel-ôrd (litt.: clou de terre) (Oriental,BERTRAND, l99l).

C'estune espècesaharo-sindienne. Cetteplante,qu'on trouve aussidans


le désertarabique,seraitla rosede JérichodesOrientaux.La vraie rose
de JérichoestAnastaticahierochunticaL.@rassicacées), abondantedans
le Saharamarocain.

USAGFS TRADMONNELS

L'infusion de la plante est utiliséeoau Sahara,pour calmer les maux


d'estomac.

DXSCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes

Sous le nom de keff rneryernlijôziya et de kjret e.Flalq (litt.:


arbrisseau,plante de la déliwance),cetteespèceest mentionnéepar IBN
AL-BAYTAR (dansLECLERC, 1877-1883, n" 1296,1953,1953)et la
'Um.datat-tabîb (n" 2424). AL-\VAZR AL-GHASSANI (no 383) et la
Tuhfat al-ahbâb (no 233) I'ont peut-êtreassimilé à Anastatica
hierochuntica.ABDEREZAQne la ciæpas.

73. Atractylis gummifera L.

chardonà glu, chamaeléon


blanc.

âddâd,ddôd (!) (Maroc,Algérie,Tunisie).


Sûkel-'alk (lin.: chardonà glu) (Algérie).
âlfyûn (Souss,LAOUST, 1936).
î{Sîs (liwesque,RENALJD& COLIN, 1934,n" 52).

C'est une espècede la région méditerranéenne: on la rencontre en


Afrique du Nord" en Asie Mineure et dansle Sud de I'Europe(Espagne,
Portugal,Italie, Grèce).Au Maroc, le chardonà glu se rencontredans
toutes les régions,à I'exclusionde la région de Marrakech,I'Anti-Atlas
et les zones désertiquesou arides.On ne le trouve plus au delà d'une
ligne qui va, en gros, de Goulimine à Oujda avec une zone d'absence
autour de Marrakech.
Sa réputation est toutefois telle comme toxique et comme médicament
que tout le monde connait la drogue(la racine),qui se houve d'ailleurs
en vente cheztousles herboristeset dansles souks.

207
USAGRSTRADMONNELS

Les usagessontles mêmesstu tout le territoire.


La racine desséchée(1 petit fragment de 3 cm environ) est utilisée à
I'intérieur, après cuisson prolongéedans de I'eau et essorage(pour
détmire "sa force négative"*),pour arrêærles hémorragies,faciliter les
accouchements, purgeret faire vomir. Elle est prescriteégalement,selon
la mêmeprocédure,dansIe traiæmentde l'épilepsieet de lhystérie.
En usageexterne,elle inærvient,en frictions ou en cataplasmes, dansle
traitementde la gale, des tâchesde rousseur sur le visage,des boutons
d'acnê,des chancressyphilitiques,desabcèset desfuroncles.On ajoute
aussisa décoctionau henné,en mélangeavecdu nar{ de la lavandeet de
la rose,pour les soinsde la chevelure.
I-a décoctionde la racineavec de I'origan,danslaquelleont été ajoutés
de I'alun et du sel gemme,est utilisée en lavements,dans le prurit du
vagin et de la verge.
En fumigations,on I'emploiedansle traitementdesrhumesde cerv.au,
desvertiges,descéphalées, desparalysies,desaccouchements difficiles.
A dosesplus élevées, la racineest souvent utilisée comme abortif, d'où la
fréquencedesaccidentsobservéeschezles femmesde la campagne.
La racine enEe enfin dans les mélangespour teb$îra (fumigations
rituelles)contreles mauvaisgénieset le mauvais-oeil.
La décoctionétait autrefoisutilisée en bain de bouchepour blanchir les
dents.

Aujourd'hui, les herboristes,très avertisdu grand dangerde cette drogue


et conscientsde leur responsabilité, ne la délivrentplus qu'auxpersonnes
de leur connaissance et à fès petitesdoses,en précisantque I'usagedoit
être strictement externe. Par contre, dans les zones rurales, elle est
disponiblepartout.

A la carrpâBt€,la gomme(el-'alk ou tifiua) de saveurdouce,concrétée


à I'aisselle des bractéesdu capitule,est très souventmastiquéepar les
bergers(OuedMallah, Gharb)*r'.
Dans le Tadla, les fumigationsde la racine sont utiliséespour tuer les
mouchesdans les locaux où on stocke les outres à lait. Partout à la
campagnecesfumigationssontemployéescommeinsecticided'arnbiance
(tente,charnbre,étable).
Autrefois, la gommeétait employéecommeglu pour attraperles oiseaux
(LECLERC, 1877-1883).

TOXICTTÉ

La grandetoxicité de la racineestbien connuedespopulationsdu Bassin


méditenanéen.Son goût sucrérendcependant possibledesaccidentschez
les entants de la campagnequi, habituésà mangerla gomme,peuvent

208
être tentés d'aller chercherplus bas quelquechose à mâchonner.Des
confusions peuvent également se produire avec des Astéracées
comestiblesdans certainspays (Centaurea chamaerhaponticumBail.,
Carlina acaulis L., Centaureaornata Willd., etc.). Des accidentssont
aussi possiblesà la suite de I'utilisation de la racine, par voie interneo
comme médicamentou commeabortif. Enfin descasd'empoisonnement
criminel au chardonà glu sont ffriodiquement signalés.Le poisonest le
plus souventadministrédansdu couscous,de la soupe,du lait ou du cafê,
seul ou associéà d'autrestoxiques,notammentla jusquiameblancheet
I'arsenic. Le chardon à glu est alors donné sous forme de poudre de
racine ou de suc de racinefraîche,ce dernierétantreputéne pas laisser
de traces.L'adjonctionde jusquiameblanche- qui a des propriétésanti-
émétiques- a généralement pour but d'empêcherla victime de rejeter le
poisondansles vomissements, ce qui estla règledanslTntoxicationpar le
chardonà glu. De plus, I'empoisonnement par le chardonà glu peut se
faire par administrationde dosesprogressivespour donner I'apparence
d'une simple maladie dont I'issue fatale survient un beau matin, sans
éveiller de soupçons.

Symptômesde l'intoxication
L'énrded'unecinquantainede casdTntoxicationau chardonà glu dont les
observationsont été publiées (SANDALI, 1970 ; BERRADA, 1979 ;
REZG, 1967)pennet de dresserle tableauclinique suivant :
Après une phasede latencede 12 à 24 heures,apparaissent les premiers
signes de I'intoxication. D'abord, des troubles digestifs (nausées,
vomissements,diarrhées,douleursabdominales)et de I'hypoglycémie,
suivis bientôt de troubles neurologiques(torpeur, omnibulation,
contractions pseudo-tétaniques, réflexes ostéo-tendineux,mydriase,
parfois convulsionset une sortede comapeuprofond).Dansles casplus
graves s'ajoutent des complications respiratoires (polypnée),
cardiovasculaires(tachycardie,effondrementde la tension artérielle),
hépato-rénales(diminution des fonctionshépato-rénales, atteintehépato-
cellulaire, insuffÏsance rénale aigue) et hémorragiques(diarrhées
sanglanæs, hématuries,suffrrsionsde sangau niveaudesbroncheset des
poumons).Finalementle maladeentre dansun comahépatiqueprofond
et la mort survientgénéralement 4 à 6 jours maximumaprèsI'ingestion.
La phasedes troubles neurologiquessigne déjà un prognostic sombre.
Avant ce stade,les rémissionsne sontpas rareset interviennentsouvent
au bout de 7 à 8 jours de maladie,sansséquellesapparentes.
Il existe aussi des formes d'intoxication légère avec tableau clinique
essentiellement digestifet rémissionrapidedestroubles.

Sur le plan biologique,les signesles plus régulierssont la perturbation


destestshépatiques(augmentation importantedesenzymeshépatiqueset
de la bilirubine), la diminution du taux de la prothrombine,I'acétonurie
et, dansles cas graves,I'augmentationde I'urémieet, parfois,l'anurie.

209
Sur le plan anatomopathologique,à I'autopsie, le foie appar-ait
congestiônnéet nécrosé,la muqueusede I'estomac,les intestins,les
poumons, la rate, le cerveau, le péritoine présententdes signes
hémonagiques.Les reins montrent des lésions de tubulonéP,hti!".
Histologiqu-ement, le signele plus constantest la nécroseacidophiledes
hépatocytescentro-et médio-lobulaires.
Il i'exiite pas d'intoxicationchroniqueau chardonà glu (BALANSARD,
1994).

DISCIJSSION

[.es sourcesécritesancienneset arabes


La plante est connuedepuisI'Antiquité. Théophrasteet Dioscoride ont
décrit sespropriétésmédicinaleset toxiques.
IBN AL Éeyren GEçLERC, 1877-1883, n" n, 86,294,741, 1358)
la mentionnelonguementainsi que ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 91, ll7), sous les noms de âddôd, î!Ss, âsad al-ârd, lûk al-alk'
!ômâtâûn lûqas,!ômâtôûnmâl^s, ba{lcarôyn.La'Umdat at-tabîb(n" 36,
134,225,561) etla Tuhfat al-ahbâb(n" 52)la citentaussi.Seul de nos
auteurs,AL-WAZR AL-GHASSANI ne consacrepasà cettees@ceune
rubrique,probablementparcequ'il ne voit en elle qu'unpoison.

Les donnéesde la toxicologie


Les principes toxiques de la racine sont 2 glucosidesditgrpÇniques
bisuÉatés solubles dans l'eau : I'atractylosideet la gummiférine. La
quantitéd'atractylosidevarie de 0,12 à 1,577oselonla provenanceet la
saison(BALANSARD, 1994).
La structure de l'atractyligénine (génine de l'atractyloside) est
aujourdhui connue: c'estun dérivéde la kaurène.
(elle posséde
Là gumniférine, quant à elle, est un carboxy-atractyloside
une 2èmefonctionacide).
On ne saitpassi les feuilles,lescapituleset la gommecontiennentou non
lesglucosidestoxiques.

A noter que la gurnmiférineexiste aussi dans d'auEesAstéracées,en


particuliei datrsles graines(cotylédons)et les très jeunes plantules de
Xanthium strumariim L. Des glucosidescontenantde I'atractyligénine
ont été égalementisolésen petiæsquantitésdansles grai _nes de café vert
et tonéfié. Une aufre plante enfin, Callilepis laureola, Astéracées
d'Afrique du Sud, à toxicité hépatiqueet rénale connue,s'est avérée
contenir,elle aussi,de I'aEactyloside.

Iæ toxique agirait en pertubantet en bloquantI'ensembledes systèmesde


distribution d'énergiè de h cellule, en particulier les mécanismesde
phosphorylationoiydative, au niveau des mitochondries: I'A.D.P. ne

210
peut être transforméen A.T.P., le cycle de Krebs est compromisce qui
perturbe la respiration cellulaire.
La DL50 par voie orale, chezla souris,expriméeen poids de racine,est
de I'ordre de l,lglkg ; par voie I.V. elle est de 0,98 mg/kg
Le toxique a aussi une action sur la glycémie par inhibition de la
glycoferrosynthèse.L'action hypoglycémiantede I'atactyloside a êtê
démontrée.
L'intoxication expérimentalesur le rat a montré que des extraits de
racine provoquaient une diminution des cytochromes dans les
microsomes.
La gummiférineest plus toxiqueencorequeI'afractyloside.
Dans I'intoxicationex@rimentalesur le rat et la souris,on a noté que les
2 glucosidesdéveloppentles mêmessymptômesd'intoxication excepté
pour la néphrotoxicitéqui n'estobservéequ'avecI'atractyloside.
(MARTIN in BALANSARD, 1994; CARRIER,1994).
* Paroled'un fqih. Nousne savoruipassi le principetoxiqueest thermolabile.
* Même usageen Algérie (MERAD-CHIALI, 1973).D'aprèsCHARNOT (1945), elle
ne seraitpastoxique, maiscelaestcontroversé.

74. Brocchia cinerea (Del.) Vis. (= Cotula cinerea (Del.) Vis.)

camomille du Sahara

l-gertôfa (!) (Saharaoccidental): nom de la plante quandelle est en


fleur.
rebrûba (!) : nom de la plante avantfloraison(BELLAKHDAR, 1978 :
MONTEIL, 1953).
tiklilt, taklilt (Tissint) (Saharaalgérien,SITOUH, 1989).
Swihiya(El Goléa,Algérie, BOUNAGA & BRAC DE LA PERRIERE,
1989): C'estaussile nom desachillées.
mbeîbtu (El Goléa,Algérie, BOUNAGA & BRAC DE LA PERRIERE,
r989).
Cetteespèce,satraro-sindienne,
est communeau Sahar4notimlmentdans
les solsun peu sablonneux.

USAGES TRADMONNELS

Plante aromatiqueà fleurs jaunes, utilisée partout dans les régions


sahariennescomme stomachiqueet remèdedes désordresgastriques,en
décoction(l bonnepoignéede plantedans1 théière)de la planteentière.
- avecZygophyllumgaetulurnet
Elle entre souventdansdes associations
-
Halorylon scopariumnotamment dansles soinsgastro-inæstinaux.

2lr
Les oasiensdu Dra I'emploientsurtout commefébrifuge, en décoction
buvable(1 bonnepoignéede planædansI théière)ou en cataplasmes sur
le front et les tempes.
Quandla planæestjeune, elle sertaussi,au Sahara,à parfumerle thé, à
la place de la menthe.Elle remplacemêmele thé quandcelui-ci vient à
manquer.

DISCT.JSSION

[-es sourcesécritesarabes
aucunde nosauteurs.
Cettees@cen'estmentionnê.epar

75. Bubonium graveolens(Forsk.) Maire (= Astericus graveolens


(Forsk.)DC = Buboniurnodorum(Schousb.)Maire)

f,âfW(!) (Saharaoccidental,MONIEIL, 1953).


nugd, nged (poly.) (Saharaalgérien,TAILLADE, 1905 ; VOINOT,
lg04): c'estaussile nom d'Anvillearadiata et de plusieurspulicaires.
Ircrlcnba(Souss,BOLJLET& al., 1991).
taûgut (Tissint,BELLAKHDAR & a1.,1987).
âmayô,tafiMyont(Satraracenfral,VOINOT, 1904): c'estaussile nom de
diversespulicaires.

Cette espèceosaharo-sindienne,est communedansle Sud marocain,en


argilo-sablonneuses.
particulierdansles dépressions

USAGESTRADMONNELS

A Tissint,I'infusion(1 poignéede plantedansI velre d'eau)de la plante


pour calmerles maux de dentset de
entièreest utilisée, en gargarismes,
gencives.Dans le mêmebut, on mastique desfeuilles fraîches.I-a poudre
de feuilles, prisée par le nez, est indiquée contre les migraines. La
décoction(l poignéede plantedarrs1 théière)de la planæest employée
par les femmespour combatfrela stérilité.
La plante intervient, Au Saharaoccidental et à Tindouf, dans le
traitement de la blennorragie et, au Sahara,dans le traitement des
coliqueset desgastalgies(LE FLOC'H, 1983).

Cette espèceest très appréciéedes ovins et des dromadaires(VOINOT,


1904).

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes

212
Nous n'avonspas trouvé d'indicespermettantde reconnaîtrecetteespèce
dansles textesque nousavonsconsulté,à I'exceptionde la'Umdat at-
tabîb (n" 1513)pour laquellenousavonsun doute.

76. Calend,uladivers

CalendulnaegyptincaDesf.
aQertenses
Calend.ula Boiss.& Reut.
CaIendula murbeckii l-anza
CalendulaaruensisL.
CalendulaofficirnlisL.

âIvnar er-rôs (Saharaoccidental)(litt.: têterouge) : mêmevernaculaire


pour PerraldertacoronopifoliaCoss.et SaponartavaccariaL.
jemra (!) (régionsde Rabat,Casablanc4Essaouira).
âzwiwel(Jbalaet Tangérois).
Icarlû.n(Tunisie,BOUKEF, 1986): pour C. arvensis.

L'espèce C. aegyptiaca est saharo-sindienne; C. algeriensfs est


particulière à I'Afrique du Nord ; les autres Calendula sont
méditerranéens.C. officinalis est une espècecosmopolitecultivée
aujourd'huidanstous lesjardins.

USAGESTRADMONNELS

Dans les régions de Rabatet de Fès et au Moyen-Atlas, les fleurs des


espècessauvagessont frottées sur les blessurespour les cicatriser.Le
souci desjardins (C. fficinalis L.), là où il est cultivé,est utilisé de la
mêmefaçon.

DISCI.JSSION

Iæs sourcesécritesarabes
C'est probablementun Calendula qui est mentionnépar IBN AL-
BAYTAR (dansLECLERC, 1877-1883,no 30) sousle nom d'adriyûn.
Même commentairepour ABDEREZAQ (dansLECLERC, 1874,n' 113)
qui a recopiéle premier,pour la'Umdat at-tabîb(n" 4) et pour laTuhfat
al-ahbôb (n' l2). AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 7) lui consacreun
long article danslequelsontcitésles vernaculaires
locaux.

77. CarthamustincturtusL.

deste;'rturiers,safranbâtard.
carthane,carthame

213
l-'oçfor,l-'ufur (!).
zza'afrân (ttt.: le safran): terme appliquéau carthamepar dévolution' ce
dernier servantde succédanéau safran.
l-qurfum, newar l-qertem (livresque,AL WAZIR AL GHASSANI,
n" 270).

C'estune plantecultivéeau Maroc.AL WAZR AL GHASSANI (n" 270)


qui consa.te oo" monographieà cette plante, distingue une variété à
fleursjauneset une variétéà fleurs rouges.

Les fleuronsdesséchés du carthameétaientconnusautrefoissousle nom


de safranum.Dans le commerce,on distinggaitle safrand'Espagne,le
safran d'Inde et le safran d'Egypte. Ce dernier, 2 fois plus riche en
matièrecoloranterosequeles au6es,êtattle plus estimé.
Les fleurs de carthameont joué un rôle importanten teinturerie.Elles
servaient à fabriquer le "rouge vêgétal"ou "vermillon d'Espagne"et
enEaientdansla compositionde fardsroses.
Pour obtenir le rouge végétal,on proédait ainsi :
I-es fleurons sont d abordlavés à I'eaufroide, foulés au pied et pressés
dansun sac en toile jusqu'à ce que les eaux de lavage ne soient plus
coloréesen jaune. Cêtto opérationa pour but de séparer.lamatière
colorantejaune, solubledanl I'eau,et la couleurrougequi n'est soluble
qu'àpH alcalin.
L"s ite,rtons sont ensuitemis à macérer,pendant2 heures,dans leur
poids d'unesolutionaqueusede carbonatede sodium-Aprè9pressage,on
ôbti"ot une solutioncolorée.Danscettesolutionon plongedesécheveaux
de coton sur lesquelson fait précipiterla matièrecoloranteen-ajoutantau
bain du jus de èitron. On lave ensuitele coton plusieurs fois -à I'eau
froide pôur enlever ce qui reste de colorantjaule. On trempe alors les
échevàux dansune eau alcaline pour redissoudrela matière colorante
rouge. En neutralisant cette liqugur aveg-du jus .de citron, on fait
préàipiter la matière coloranteen flocons légersq!'on sfnar.-9et qu'on
iait sèchersur des assiettes.On recueilleainsi de mincesécaillesrouges
qu'on broie à I'eau avec du talc impalpablg9t qu'on fait sécherdans de
^l-e godets: on obtient ainsi le rougevégétal.
petits
toùg" vêgêtal,êtaJrêsur une gfandesurface,teint en rose. On s'en sert
pour tândré la soie, le coton et le lin. Pour commrrniquer-plus de
ôouleur, on ajoutait autrefois an bain de teinture un peu de. rocou
(graines de Bixis orellana L., Bixacée d'Amériqu_etropicale) ou
ùrorseille(RocellatinctoriaD.C., Lichen)(G.D.U.' 1865).

USAGESTRADMONNELS

214
Dans le Souss,les fleurs serventà faire des collyres. On s'en sert aussi
pour préparerdes lotions dermiquespour diversesaffections cutanées.
Partout, la décoctiondesfleurs et desakènes(1 cuillère à café pour I bol
d'eau)est utilisée contreI'ictèreet la constipation; dansle traitementde
I'ictère, on les emploie aussien poudre,mélangfuà du jaune d'oeuf ou
incorporéeà une soupede céréales. 'alckâr,
Les fleurs servaientà la préparationde fardsen godets(zalaîf el
AL WAZR AL GHASSANI, n" 270) (voir procédéde préparation,plus
haut) pour le maquillagedesfemmes.Les far'enciers de Fès fabriquaient
spécialemenLpour les marchandsde fards, cespetits godetsmontéssur
un pied et appelés'alclcârîya(BEL, 1918).

Des akènesde carthame,les populationsdu Sudsaventextraireune huile


alimentaire.
Les petalessontutiliséescommecolorantpourles sauces.
Les akènesfrais serventaussià caillerle lait.

Dans le Souss, oD emploie encore les pétales,en teinturerie, pour


I'obtentionde colorisjauneset rosessur cotons,soie,etc.
Elles servent,enfin, à fabriquerdesencrespour l'écriturede talismans.

DISCUSSION

[.es sourcesécritesarabes
Le carttrameest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
'usfur,
1883, n" 23, 370, 939, 1548, 1761,2ll9), sousles nonrcde
qurptrn, îtt i4 murrîq, bahram, !irrî'. ABDEREZAQ (LECLERC,
1874, no 116, 324,663) donneles vernaculaires'uçfur, qurP,m,îlrid
La'Umdat at-tabîb (n" 1749, 2065), AL WAZIR AL-GHASSANI
(n" 27O)etlaTuhfat al-ahbâblui consacrent aussiunerubrique.

Les fleurs contiennent2 substancescolorantesisomèresqui sont des


glucosides flavonoidiques, la carthamine et I'isocarthamine. Par
oxydation enzymatique dans la plante, la carthamine,jaune, est
transforméeen carthamone,rouge,qui en est la fonne quinoidique. C'est
la carthamonequi est le pigment principal des extraits de carthame,
autrefois utilisés en teinturerie et en cosmétique.A côté de ces
substances, on trouve un certainnombred'auEespigmentsjaunesdérivés
de la carttramine.

Centaurea chamaerhaponticuln Bail.

().
ûrÉâ
215
Cetæespècepousseau Maroc dansle.sendroitssablonneux.

USAGFS TRADITIONNELS

A Manakech et à Fès, les racines,en décoction,sont utilisées dans le


traitementdesmaladiesdu foie, de I'estomacet desintestins.

Les capitulessontconsommésà la campagne,clus ou cuits, à la manière


desartichauts.

On les met aussidansles chéchiaspour les parfrrmer.

DISCI.,ISSION

I-es sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC,
L877-1883,no 398, 788) sous les noms de tôfghaît et ltirrya'.
ABDEREZAQ (dansLECLERC, 1874, n' 893) donne le vernaculaire
tôfSâ. AL-WAZIR AL-GHASSANI (no ll7) la mentionneaussi. La
'(Jmdat at-tabîb (n" 724) cite Ie vernaculaire
Sirrya" mais en fait le
carthame.SeullaTuhfat al-altbâbneparlepasde cetteespèce.

79. Centaurea rnaroccana Ball. et Centaarea, calcitrapa L.

bejjâ' n-nfuI (!) (litt.: essaimd'abeille).


bû,-neggâr (poly.) (Maroc ; Tunisie, LEMORDANT & al., 1977) :
s'appliqueaussià d'autreses@cesdu genre.
fusah hesitea(poly.) : en raisondesépinesdu capinrle.Ce vernaculaire
s'emploie aussi pour Tribulws terrestris et d'autresplantes à fruits
épineux.
tulrâj (BOULET & al., 1990).
zrnarnrnur(BOLJLET& al., 1990).

C. rnaroccanaest une espèceendémiquenord africaine(du Maroc à la


Lybie) ; C. calcitrapa est une espèced'Afrique du Nord, d'Europe
occidentale,méridionaleet cenEaleet d'Asie Mineure.

USAGESTRADMONNELS

A Marrakech,les sommitésfleuris, en décoction,sont employéscontre


les palpitations.

DISCUSSION

216
Iæs sourcesécritesarabes
C'estpeut-êre C. calcitrapd ou une esSce voisinequi est citæ,par IBN
AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 2106) et la 'Umdat ar-tabîb
(n" 1358) sous le nom de muruâr. C'est peut-êtreaussi I'une de ces
plantesque ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 316, 371) mentionne
sous le nom de Insak On peut penseraussique ces espècesaient été
traitées dans les rubriques consacréesaux ful@'â :'Umdat at-tabîb
(n" 2499). AL-WAZR AL-GHASSANI (no 457). La Tuhfat al-ahbôb
(n" 457) n'apportepas assezd'élémentspour identifier de manièresûre
cesAstéracées.

Les donnéesde la toxicologie

Aux Etats-Unis,en Argentineet en Ausfralie,Une maladienerveusedes


chevaux,provoquéepar la consommationde CentaureasolstitialisL. et
C. repens.L.,î êtê decrtæsousle nom de E.N.E. (EquineNigropallidal
Encephalomacia).Seuls les chevaux,particulièrementles plus jeunes,
sont atteintspar cettemaladiequi se développ en juin-juillet et surtout
en octobre-novembre.

Tableaucliniquedc l'intoxicationchezl'animal
Après quelquessemainessanssignesapparents, apparaissentbrusquement
les premiers symptômes de Ia maladie : I'animal manifeste un
comportementd'errance,il est constammenten état de somnolence,ses
mouvementssont difficiles, il n'a plus d'appétitet ne s'abreuveplus, il
n'atrive plus à mastiquercar les musclesde la face sonthlpotoniques,sa
bouche est à moitié ouverte avec la langue pendante.Dans les états
graves,I'animal succombeà la déshydratation ou meurt dTnanition.
A I'autopsie,on observedes lésionsdu cerveau,localiséesau niveau du
globus pallidus et de la substantianigra, généralementdes 2 côtês,droit
et gauche,plus rarementde manièremonolatérale.

Dans la plupart des cas la maladieapparaitenfte le 26èmeet le 67ème


jour aprèsle début de I'ingestiondes plantestoxiques.Il semble donc
qu'elle se développeà partir d'un certain seuil critique, ce qui suggère
qu'il y a accumulationdu toxique.

On a démontré que les troubles étaient dus à la déficience d'un


neurotransmetteur, la dopamine,suite à la destructionde la zone striée
(nigrostriataltract) dansle globuspalliduset la substantianigra.

La nature du toxique n'est pas connue.Il est possibleque ce soit la


solstitialine et I'acétatede solstitialine,2 lactonessesquiærpéniques
du
Soupe des germacranolides et des guar'anolides.
Ces peut-être
substances,
innofensivesau députt,pourraientêtre ûansforméespar la microflore du
tube digestif du cheval en métabolitestoxiques,ce qui expliqueraitque
2r7
les autresanimaux,qui n'ont pasla mêmeflore inæstinale,ne soientpas
atteints.
C. repensestplus toxique encoreque C. solstitinlis.
(KEELER & al., 1978).

80. Centaurea Pungens Pomel

neggîr, bû,-neggîr,bû,-meggîr(!) (poly.) : cesvernaculairess'appliquent


aussià d'aufiesespècesdu mêmegenre.

Cetæes$ce estuneendémiquesaharienne.

USAGESTRADMONNELS

A Tissint, la plante entière,réduiteen poudre,est utilisê" P* voie orale


pour combatneles refroidissements. On en met d'ailleursdansle rôs al-
funût local (voir cet article,n" 703).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cestpeut-êne
-par C. pangens, C. calcitapo_oug19gfp-*ev9i1iry_gui e-st
citée IBN AL--BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,tro 2106) et la
'Umdàt aFtabîb (n' 1358)sousle nom de murrôr. C'estpeut-êtreaussi
I'une de cesplanæsque ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n" 316, 371)
mentionnesous le nom de ?asak.D'autre part, il est possible que ces
espècesaient êtê nutêes dans les rubriques consacréesaux Suka'â :
'Umdnt at-tabîb (n'2499), AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 457). La
Tuhfat at-ahbôb (n" 457) n'apportepas assezd'élémentspour identifier
de manièresûreces Astéracées.

I-es donnéesde la toxicologie


Voir ù Centaureacalcitrapa,n" 79).

El...Chry santhernzrn divers

ChrysanthernurncoronariumL.
mncrocarpurnCoss.& Kral.
Chrysanthernunt.
segetumL.
Chrysantherrufitt.
ChrysanthemumtrifurcatuneDesf.

l-ga$wân (poly.) (du classiqueuqhuwân,la matricaire): au Maroc, ce


vernaculaireest porté par plusieursAstéracéesdu tlpe de la marguerite.

218
kra' djâja (poly.) (litt.: pied de poule) : même vernaculairepour
Anacyclusradintuset d'autreses@cesvoisines.
tayrrigt (Tissint) : pour C. trifurcatum.

Les espècesC. coronariumet C. segeturnsont méditerranéennes et


européennes.C. tnacrocarpum et C. trifurcatum sont des endémiques
sahariennes.

USAGESTRADMONNELS

Au Saharaoccidental,les fleurs de C. coronariumet C. macrocarpum


sont utilisées,par voie externe,commeantigaleux,et, par voie interne,
cornme vermifuge.
A Tissint, I'infusion de la planteentière de C. trtfurcatum(l poignéede
plantefraîchedansI théière)est utiliséecontreles désordreshépatiques.
Dans le Tangérois,la décoctionde C. segetums'emploiepour régulariser
"l'exês de bile jatine".

Dans le Dra, les nomadesmettent C. tifurcatum dansle thé pour


I'aromatiser.
Les feuillesjeunesde C. macrocarpurnsontmangéescruesau Sahara.

C'estde bonspâturages.
ptscussroN
[æs sourcesécritesarabes
La questiondeschrysanthèmes, desmatricaireset descamomillesest très
confusechezles auteursarabesqui classentbeaucoupde ceses@cessous
la rubrique ûqlwwôn et bâbûnaj. C'estcertainementI'une de ces espèces
qu'IBN AL BAYTAR mentionnesousle nom de rijl dujâja (litt.: pied de
poule) (dans LECLERC, 1877-1883,n" 220). ABDEREZAQ ne cite
nommémentaucuneespècedu genreChrysanthernurn. Nos auEesauteurs
ont probablementassimilécesespèces à desûqhuwân.

E2. Cichorium intybus L.

chicoréesauvage

Oriental)(litt.: celui qui a


bû-'aggad(!) (régionsde Rabatet Casablanca,
desnoeuds).
âd!,arru (Moyen-Atlas,BERTRAND, l99l).
timerzuga (Rit Beni-Snassen,
BERTRAND, 199I ).
hindabô(livresque).

2t9
{kuriya, seris (Iunisie, LE FLOC'H, 1983; BOUIGF, 1986).

La chicoréesauvageest une espèceaujourdhui quasimentcosmopoliæ.


Une variété cultivée qui donneune saladepomméeporte sur les marchés
le nom impropre d'endive.

USAGESTRADMONNELS

Dans les régions de Rabat et de Casablancales feuilles fraîches sont


considérfuscornmebonnespour le foie et I'estomac.

Les feuilles jeunes,qui apparaissent à la baseavant la sortie de la tige,


sontconsommées crues,en saladesou dansdespotages.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
La chicoréesauvageest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,Do2263),sousles nolnsde hindabâ,ânûbiyô, ômayrûn.La
'Urndatat-tabîb (n' 2618),AL-\WAZR AL-GHASSANI (n" 99) et la
Tuhfat al-ahbôb (no 124) lui consacrentune rubrique. D'ap1ès
ABDERIIZAQ (LECLERC, 1874,n" 255),la chicoréesauvage(hindabâ)
estcitéedansun hadithcommeuneplantebénéfique.

E3. Cladanthus arabicus (L.) Cass.

jemra (région de Marrakech) (poly.) : même vernaculairepour les


Calendula.
tôftç,!âfço (poly.) : mêmevernaculairepour Buboniumgraveolens-
tawrzit,ôûrzid (Souss,BOLJLET& al., 1990; 1991).
îzgam (BOLJLET& î1., 1990).
ârbiyan(BOULET& al., 1990; 1991).

est commune au
Cette espèce,méditerranéenneet satraro-sindienne,
Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Marrakech,les fleurs, associéesau Ridolfia segeturn


L., à Corrigiola telephiifuliaPour.et aux racinesde Rubia peregrina L.,
sontutiliséesen décoctionbuvablecommeanti-ictérique.Dans le même
but, on peut aussi faire cuire un oeuf dans cette décoctionet manger
enzuiteI'oeuf dur (BENCHAABANE & ABBAD,1994).

220
D'aprèsGATEFOSSÉ(1921),les e9n9du Sudfont desbouquetsodorants
uuô Cladanthusarabicuset Lirnria bipartita, auxqrels ils attribuentune
influence heureuse.

TOXICITE

D'après certaines informations recueillies auprès d'éleveurs de


éniinuoua, mais controversées,la plante pourrait entraîner chez les
dromadairesdes accidentssemblableJà ceuxprovoquéspar Perralderin
coronopifulicCoss.

DISCUSSION

[.es sourcesécritesarabes
Gtæ esSce n'estmentionnêeparaucunde nosauteurs.

84. Cotula anthemoides L.

al-wazwaza (t) (Tissint, BELLAKHDAR & al., 1987) : ce vernaculaire


râppfiq" u"r.i'à d'autresAstéracéescommeMatricaria pubescens
itïftSch. Bip. qui reçoit d'ailleursles mêmesemplois (LE FLOC'H,
1983).

C'estune espècetropicalequi remontejusquedansle Satraramarocain.

USAGESTRADMONNELS

Dansle Dra, les feuilles fraîchesou séchéessont utilisées,en frictions


sur les gencives,contreles douleursdentairesetgingival^es.-
fr* ooiradesl'utilisent aussipour conserverle beurrefondu : pour cela,
ËU"*" liquide est filtré sru un entonnoirtapisséavec un paqge-t-de
p1""À Oont il entraîne au passageles principes liposolubles
conservateurset I'arôme.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetæesp}cen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

85. Cynara cardunculus L. et Cynara cardunculus L' var'


sylvestrisLamk.

cardonà côtes,cardoncultivé
cardonsauvage
22r
@rk|(!) : pour le cardonà côtescultivé.
qannôriya (!) Clangérois,Fès): c'estle nom classiquedu cardonà côtes,
èmployé autrefois en Andalousie (RENAUD & COLIN, 1934).
Aujourdhui ce vernaculairedésigneI'artichauten Tunisie (BOUKEF,
le86).
qôq l-belû, qôq l-berrî (!) : C. cardunculusL. var. sylvestrisLamk.
(cardonsauvage).

L'espècesauvage(C. cardunculusvan sylvestis) est méditerranéenne.


Le cardonà côæsestcultivé.

USAGESTRADMONNELS

PartOutau Maroc, la consommationdescôæs,cruesou cuites,du cardon


cultivé ou sauvageest considéréecommeexcellentepour le foie. On les
recofllrnandeaux hépatiques.

C. cardunculusest largementcultivéeau Maroc pour sescôteschatnues,


qui constituent un légume très apprécié.[,es capitules sont aussi
consommés,commedesartichautssousle nom de qôq dyal l-$or\ef.

L'espèce sauvage(C. cardunculusvu. sylvestris Lamk.) est très


rechérchéepour ses capitules,petits et Eès épineux,qui sont estimés
beaucoupplus que les artichautscultivés, surtout par les juifs et les
habitantsde Fès, de Tétouanet de Rabat.Ils sont généralementvendus
par les cirmpagnardsdevant la porte des mellatrs(çartiers juifs). Ses
ôôtes sont plus réduitesque chez le cardoncultivé, mais peuvent être
aussiconsommées.

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, n" 524,658,659) Eaite de
ces espècesde cardonet de lartichaut sous mêmerubriqueet sousles
la
nolns de $urkf, qannâriya.ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 318)
fait la mêmechoseet donneles nomsde lur\ef et"qannâriya.La'Umdat
at-tabîb (no 561), AL-V/AZR AL-GHASSANI(no 117)etlaTuhfat al-
ahbôb(n" 213) consacrent toutestrois unerubriqueà cesespèces.

E6. Cynara humilis L.

frmln(!) (OuedChenat)

222
I.rrkk(!) pour la soiequi se Eouveà I'intérieurdescapitules(aigrettes)et
qu'on appelleaussi"le foin".

Cetæespèceest particulièreau Maroc et à I'Algérie.

USAGES TRADMONNELS

A Oued Cherrat,on appliquela sèvede la racine sur les brûlures : elle


seraittrès efficace.
Dans les régionsde Rabatet de Salé,la racineest utilisée en décoction
dansle traitementdesmaladieshépatiques.

A la campagne,les capitulessont consomméscornmeartichautset les


soies ("le foin") serventà cailler le lait (voir aussià Cynara scolyrnus,
n" 87).
RENALJD & COLIN (1934, no 218) ont vu vendresur les marchésde
Fès,sousle nom de qôq dyal âfzôn,despetits capinrlesprovenantd'une
espècesauvageà fleurs bleues,qui ne peutêtre,à notreavis,que Cynara
humilis.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (dans LECLERC, 1877-1883,no 658) fait une
mentionparticulièrede cettees@ce,reconnaissable à sadescription,dans
la rubrique des artichautset sous les noms de fezôn (berbère). Al-
WAZIR AL-GHASSANI (no rl7) et IBN CHAQRUN (p. 31)
mentionnentaussi cette espècesous le nom de ôffezôn, ainsi que la
'(Jmdatat-tabîb(n" 3Tl) qui donneen plusle vernaculaire
frm{n.Quantà
ABDEREZAQ et la Tuhfat al-ahbôb, ils ne signalentpas spécialement
cettees@ce,quandils abordentla questiondesartichauts.

87. Cynara scolymusL. (= Cynara cardunculusL. ssp.scolymusL.)

artichautcultivé

l-qôq (!) (litt.: boule,pelote,capitule): sousle nom de qôq dyal lor\ef,


on désigneaussiles capitulesdu cardonà côæs.Les capitulesdu Cynara
cardunculusL. var.sylveslnsLamk. sontappelésqôq el-beldîou qôq l-
berrî.
l-gerni', l-qerni' (!) (Oriental).
l- gernun (Algérie, Tunisie).
tagemmûf(Souss,BERTRAND,1991).
ta$diût(Hatra Souss,BERTRAND,1991).

223
tôSô(Y\abyhe).

Le Cynara scolymusL. n'estqu'uneforme du Cynara cardunculzsdont


la taille descapitulesa êtê amêhoréepar la culnre. Il n'existepas à létat
spontané.L'artichautest, aujourdhui,cultivé partoutau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, la décoctionde racineset les capitulescrus sont


prescritscontreles affectionshépatiqueset commediurétique.
A Oujda, les fonds d'artichaut crus sont consomméspal les femmes
enceintespour calmerles aigreursd'estomac.

L'artichautest un légumetès prisé au Maroc.


Les soies qui se trouvent à I'intérieur du capitule sont utitsées pour
cailler le lait sous les noms deL.tekk, ltekk ei'iben ou en'nyôs
(Marrakech).On leur préfèretoutefoiscellesdu Cynarahurnilis(voir cet
article,n" 86) réputéesplus effrcaces.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
I'artichautest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC, 1877-
1883, n' 658) dans la même rubriqueque le cardon,sous le nom de
lur\ef et qannâriya. ABDEREZAQ (dansLECLERC, 1874,n" 318,
463,M4, 486, 487, 489)donneles vernaculaires qarnûn,ianâ$ en-nasr,
knnjra, lanjra, kenl<aret l<nrltar(ce dernierpour la gommed'artichaut).
La'Umdat at-tabîb (n' 561, 1299) et AL-WAZIR AL-GHASSANI
(no 117) citent cette espèce,la 'Urndat at-tabîb donnant même Ie
vernaculaireberbèrc tâkô. La Tuhfat al-ahbâb (n" 213) par contre ne
distinguepascettees$re de sacongènère, le cardon.

EE.Diotis candi.d.issimaDesf.

herbeblanche,santolinemaritime

âlbita (!) (littoral prèsde Bouknadel).

EspècedEurope occidentaleet du Bassinméditerranfun,eu'onrenconffe


sur les sablesmaritimes.

USAGESTRADMONNELS

224
D'aprèsGATEFOSSÉ(1921), lTnfusionde ceneplanteest utilisée
conrmefébrifugeet emménagogue.

DISC[]SSION

Les sourcesécritesarabes
Cetæes@cen'estmentionnée paraucundenosauteurs.

89. Echinops spinosusL.

échinops

taskra(!) (Maroc)(Tunisie,BOUKEF,1986).
Sûkal-himôr(!) (poly.)(litt.: chardon,
épined'ânes).
Sûk ej-jmâl (poly.) (litt.: chardon, épine de dromadaires).
L$erruf (sahara occidental,MONTEIL, 1953) : ailleurs au Maroc, ce
vernaculairedésigneplutôt le cardonà côæs(CynaracarduncutusL.) ; il
estwai que sescôtessontconsommées de la mêmefaçon.

C'est une espèce de I'Europe méridionale, du Maroc et de I'Asie


occidentale.

USAGESTRADITIONNELS

Au Maroc, la grandeindication de l'échinopsest obstétrique.Dans les


régionsde Rabat,de Casablanca et de Marrakech,la racine,en décoction
dans de I'eau ou de lhuile, seuleou associéeau cressonalénois,est
administréeaux femmesaprèsI'accouchement pour expulserle placenta.
On la doirne aussi avant l'accouchement,pour aceÉlêrerla déliwance,
dansles casd'inertieutérine.
A oued Mallah, la racine est utilisée, en médecine vétérinaire
traditionnelle, pour faciliter l'évacuationdu placentachezla vache qui
vient d'accoucher.
A Marrakechet à Salé, la racine s'utiliseégalementcontre les douleurs
stomacales,les mauvaisesdigestions,le diabèteet le manqued'appétit,a
raison de 2 verresde décoctionparjour.
A Casablancaet dans les campagnes,la plante entière, en poudre, en
décoctionou en oléat,est utiliséecommediurétique,dépuratifet remède
desmaladiesdu foie.
Partout au Maroc, la racine est adminisnéepar les matronnescomme
abortif.
La racine serait aussi employéepour améliorerla circulation sanguine
(RENAUD & COLIN,1934,no 60 et 66).

225
La partie aérienneest comestible: les tiges épluchéeset débarassées
des
piquantssontvenduesen bottessur les souks.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
L'échinopsest peut-êtrementionnépæ IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,tro 222) et ABDERF-ZAQ(LECLERC, 1874,no 163, 969)
dansla rubrique où ils traiænt du bâdâward, mais sansprécisionsqui
permettraientd'identifier aveccertitudela plante.ABDEREZAQ donne
néanmoinsquelquesuns desvernaculairesactuelsde l'échinops: Sûkaj-
jmôL, fûk al-Iwmîr. La'Umdat at-tabîb (n" 327, 2551, 2555) et la
Tuhfat al-ahbâb (n" 60) citent en plus le vernaculairetaskra. Aucune
mentionde cetteespècechezAL-\ryAZIRAL-GHASSANI.

90. Helianthus annuus L.

tournesol,héliantheannuel

nuwôratech-chems (!) (lin.: fleur du soleil).


'ayn ech-chems(!) (litt.: oeil de soleil) : pour les akènes.
zerri'at nuwaratel-Sems:pourles akènes.

Originaire d'Amérique centrale, la plante est aujourd'hui largement


cultivée au Matoc, pour la production des graines, oléagineuses,
desquelleson tire I'huile de tournesol.Cette huile a supplantéI'huile
d'olive commehuile de table.

USAGESTRADITIONNELS

Dans le Gharb, les capitulesjeunes, hachées,servent à faire des


surlesplaieset contusions.
cataplasmes

Les akènes sont consommées,légérementgrillées et salées,comme


amuse-gueule.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Introduiæ d'Amérique,cetteespècen'étaitpas connueà l'époqued'IBN
'Umdat at-tabîb. Elle n'est mentionnéeni par
AL-BAYTAR et de la
ABDEREZAQ, ni par les autresauteursquenousavonsconsulté.

226
91. Helianthas tuberosusL.

topinanbour

btâtn qapbiya (!) (litt.: pomme de terre en forme de roseau; il s'agit,


bien entendu,de la souchedu roseau).

Originaire d'Amériquedu Nord, le topinanrbourest aujourdhui cultivé


au Maroc conrmeplante alimentaire.

USAGES TRADMONNELS

A Rabat et dansle Gharb,la puréede tubercules,chaude,sert à faire des


cataplasmes émollients.
Les racinestubérisées,en forme de rhizomesnoueux,très sucrés,sont un
légume très appréciédes Marocainsqui le consommenten ragoût. Le
topinanrboura la reputationde donnerde I'embonpoint.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Espèceintroduite récemmentdansI'AncienMonde,le topinambourn'est
pas mentionnépar les auteursarabes.

La richessedestuberculesen inuline expliqueleur usageen alimentation.

92. Ifloga spicata (Vahl.) C.H. Schultz

ddseyma(Dra, Saharaoccidental).

estcommunedanstout le Satrara.
Cetteespèce,saharo-sindienne.

USAGES TRADMONNELS

Dans le Dra la macérationde la planteentière,appliquéeen cataplasmes,


est utilisée corrme maturatif des furoncleset abcès.Mêmesindications
pour la poudrede plante.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cettees@cen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

93. Inula viscosaAit 1= Dittichia viscosa (L.) Greuter)


227
aunéevisqueuse

mâgrômôn(!).
terhalâ(t).
'açtisa(Gharb,BERTRAND, l99l).
ômerrtI (Jbala BERTRAND, l99l).
sirr\el (Jbala,BERTRAND, 1991).

est communeau Maroc.


Cettees@ce,méditerranéenne,

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, elle est utilisée par les femmesqui cherchentà


gfossir: la poudre de racinesséchées,parfois mélangéeaux grlles de
Vitrx agnus castus,esting&æ,en plusieursprisesquotidiennes; elle peut
aussiêne incorporéeà desbouillies.
Dans la région de Fès, la racine crue écraséeest ing&ên dans le
traitementde la tuberculoseet desaffectionspoitrinaires.
Dans la région de Casablanca, on utilise descataplasmesde feuilles pour
faire mûrir les abcès.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
LbrnéÆ\'isqueuseest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC'
1877-1883,Do 413, lM8) sousles nomsde ubbôq, terhelônet qû'nîza.
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, n" 417) donne les vernaculaires
pbbâq etmagrômôn.La'Umdatat-tabîb(n" 1832),AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 362) et la Tuhfat al-ahbôb (n" 434) consacrentune
rubriqueà cetæespèce.

La racineest riche en inuline, commeles espècesvoisines(1. helenium


L., L brttannica L.) ce qui expliqueraitson usagetraditionnelpour faire
grossir.

94. I-a.ctuca sativa L.

laitue cultivée

loss (!) (Maroc)(Tunisie,BOUKEF 1986).


Slada,çlada(du français: salade).

Flle est cultivéepartoutdansles zonesmaraîchèrr:s.

228
USAGES TRADMONNELS

Dans la région de Casablancqles feuilles chaufféesserventa faire des


cataplasmescalmants.
Les nombreuses variétésde laituecultvée sontconsommées en salade.

DISCI]SSION

[.es sourcesécritesarabes
La lainre cultivée est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,Do 792), la'Umdat at-tabîb (n' 765), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 337) et par ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,no 907)
sousle nom de &ass.LaTultfat al-ahbâbne la mentionnepas.

95. Lactuca virosa L.

laitue vireuse

Ibeyna(poly.) (litt.: celle au latex).

Cette plante, d'Europeméridionaleet d'Afrique du Nord, se rencontre,


au Maroc, généralernent
en montagne,danslesendroitsfrais et humides.

USAGESTRADMONNELS

D'aprèsNAUROY (1954), les Marocainsconnaîtraientles propriétés


calmanteset hypnotiquesde la plante. De plus, malgré sa toxicité, elle
seraitutilisée en décoctionbuvable,commeconfie-poisondes morsures
de serpentset despiqûresde scorpions.

TOXICITÉ

La toxicité de la plante n'estpas partoutbien connue.De plus, la laitue


vireuseest parfois confondueavecles laiterons(Sonchrzsdivers)qui, eux
sontcomestiblesen salade,ce qui a provoquéquelquesaccidents,dansles
régionsmontagneuses où la planteexiste(Moyen-Atlas,GrandAtlas).
Au Maroc, nous avons rapporté récemmentun cas d'intoxication
mortelle pæ L. virosa, aprèsingestionde la plante, confondueavec du
laiæron(SonchusoleraceusL.) (BELLAKIIDAR & al., 1990).

Lactuca serriola L., une espècevoisine qu'on trouve aussi au Maroc,


possèdela mêmetoxicité.

Symptômesde I'intoxicadog

229
L'intoxication semanifestepar desmau( de coeur,une accélérationde la
respirationet du pouls, desbourdonnements d'oreille,des vertiges,de la
somnolence,une dilatationdespupilles,une hypersudation, descrampes,
une paralysiedesexnémités.Dansles cas graves, le maladetombedans
un coma profond et la mort sutvient par paralysie cardiaque.
(BELLAKHDAR & al., 1990).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La laitue vireuseest fraitée par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 792),la'Umdarat-rabîb(n"765)et ABDEREZAQ(LECLERC,
1874,n" 907), sous le nom de fust, dans les mêmesrubriquesque la
laitue cultivée, commeune forme sauvagede celle-ci. AL-W AZIR AL-
GHASSANIetlaTuhfat al-ahbâbne la mentionnentpas.

Les donnéesde la toxicologie


L'agent principal, responsable de la toxicité et de I'activité
pharmacologique(narcotiqueet sédative),est très probablementla
lactucine (0,7Vodans le latex), une lactonesesquiterpénique du groupe
desgar'anolides de la lactucopicrine(3,5Vodu latex
; elle est accompagnée
frais) qui est I'esterp-hydroxyphénylaétiquede la lactucine.
La laitue vireusecontienten plus un alcaloidemydriatiquequi est trreut-
êfe lhyoscyaminedes Solanacées ou la platyphyllinedes séneçons(1,4
mg par kg de planæ).

96. Launea arborescens (Batt.) Maire

nrnû.-lbey.na(!) (poly.) (litt.: celle au petit laiQ : s'emploiepour diverses


planæsà latex.
îfreslcel(Souss,Tarfaya,Satraraoccidental,Dra).
întrim (Seksawa,BERTRAND, 1991).
sekkûm (Souss,BOULET &. al., 1991) : à causede I'aspectépineux
rappelantAsparagusstipularis.'
bû,-Sl.ôba(MATHIEU & MANEVILLE, 1952).

est communeau Maroc.


Cetæespèce,ouest-méditerranéenne,

USAGESTRADMONNELS

A Tissint, le latex de la plante est utilisé en applicationslocales sur la


gorge pour soignerles anginesdesenfants.Le latex est aussiappliqué_sur
-fuioncles,
les les boutons, pour provoquer leur maturation ou leur
déss6chement, et sur les épinespour faciliter leur extraction.En infusion,
la plante est adminrstéeaux enfantscommevermifuge.
230
D'après BENCHAABANE & ABBAD (1994), dans la région de
Marrakech,la racineen poudre,associéeà de I'arrroiseblanche,est prise
commeantidiabétique.
D'aprèsCHARNOT (1945),la planteest utiliséeà desfins abortives: on
la mélangeà des feuilles de figuier, on triture le tout dansde I'eau,puis
on essore le hachis pour récupérertout le liquide de macération.Ce
liquide est alors pris en boisson,et pour atténuerles brûluresd'estomac
résultant de I'action vésicantedu latex, on fait prendreimmédiaæmentdu
beurre fondu.

Cettees@cecommuniqueun goût acideau lait descamelins.


I-es abeillesbutinentsur sescapitulesun miel qu'oncroit fortifiant.

TOXTCITÉ

La plante n'est pas dénuéede toxicité, pour I'homme et pour les


troupeaux,en raisondespropriétésvésicantes
de sonlatex.
D'après les nomadesdu Sud marocain,les animauxqui la pâturent en
grandesquantitésprésententde sérieuxtroublesgasEo-intestinaux
dus à
lTnflammationdesmuqueuses.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
Cette espècen'apparaîtpas distinctementmentionnée chez IBN AL-
BAYTAR, ABDEREZAQeTles auEesauteursquenousavonsconsulté.

fi. Launea nudicaulis (L.) Ilook. F. et l-aunea resedifolia (L.)


O. Kunt.

eI -gorrarn, l-greyma, l-gerrîma, ôgurrare (Saharaoccidental,Tafilalet,


Dra Oriental)(!) : c'estaussile nomde Sonchusoleraceus.
ôraram,al-raram (Sudalgérien,LE FLOC'H,1983; SITOLJH,1989).
l-makur (MoyenneMoulouya BERTRAND, l99l) (SudAlgérien).
lnunet al-rna'zc (Souss,litt.: morve de chèvre; en raison du latex)
(BOLJLET & al., l99l).
marrâra (litt.: la bile) (Souss,BOULET & al., 1991).
ârardele(Touaregs,LE FLOC'H, 1983,n" 463; SITOUH, 1989).

Ces2 es@cesde Launea,méditerranéennes,


sontcommunesau Maroc.

USAGES TRADMONNELS

Au Satrar4les feuilles de L. naudicaulis(L.) HookF. ainsi que celles de


L. resedifulia(L.) O. Kunt., L. glomerataBoiss.et ^L. acanthoclada
23r
Maire* (espècesqui portent toutes le vernaculaireel-gorrare) sont
consomméesen saladeavec une vinaigrette,ou cuites avec de la viande.
On l'utilise aussipour faire des sauces(DOREAU, 1961 ; LE FLOC'H,
1983).
réputésgalactogènes.
C-eses$ces sontde bonspâturages,

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Ces espècesn'apparaissent pas distinctementmentionnéeschez nos
auteurs,maisil sépeutqu'ellesaientétéassimiléesà desSonchus.
* Dans I'Auès (Algérie), les racinesde L. acanthoclndaétaientmangéescrues en
périodede disette(LE FLOC'H, 1983,no302).

9E. Matrtcarta chamomilla L.

camomille allemande,matricaire

û,q?uwôn(!) (poly.) : ce vernaculaires'appliqueaussià diversesautres


Astéracées: camomilles,cbrysanthèmes, etc.
bôbû,najal-hamîr (Fès,RENALID & COLIN,1934,n" 25).
fujarat meryefn(Fès,AL-IWAZR AL-GHASSANI,n" 378) : c'estaussi
le nom de I'absinthedanscertainsraités.
manzaniya(fangérois) : mot d'origineespagnole.
La planæest gn peucultivéedansle Nord du Maroc et à Fès.

USAGESTRADITIONNELS

Dans le Nord du Maroc (Asilah,Tanger,Tétouan),I'infusionde la plante


entière(ou des capitulesisolés)est adminisfiée,en infusion (l cuillerfu à
café dansI biberon),dansles désordresdigestifsdu nourrisson.
A Fès, I'oléat de la plante (3 cuilleréesà soupedans 1/4 fitre d'huile
d'olive) estindiquéedansles otites.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
@ria estmentionnéepar IBN-4I-:BAYTAR (LECLERC'
l8i7-1883,no l2l,1767),la'Umdnt at-tabîb(no109),AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 11, 378), laTuhfat al-ahbôb(n' 25) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no53, 437,947)dansla rubriquedesûqhuwân(votr
Anthernisnobilis, no 66). La questiondescamomilles,desmatricaireset

232
des chrysanthèmesest néanmoinsfiès confusecbezles auteursarabes,les
unesétant souventpermutéesavecles autres.

99. Matrtcaria pubescens (Desf.) Schultz.

l-gertôf (!) (poly.) (Sahara): c'estaussile nomde Brocchia cinerea.


lerbyôn (!) (Saharaoccidental).
al-wazwaza(t) (poly.) (Saharamarocain)(Saharaalgérien,IÙ.{AIZA&
aI., 1995): c'estaussile nom de Cotulaanthemoides.
Cette espèceest une endémiqued'Afrique du Nord, communeau Maroc
et au Sahara.

USAGES TRADITIONNELS

La planteest prescrite,danstout le Sahara,en poudre(l cuilleréeà café)


ou en infusion (1 poignéede plante fraîchedans I théière),dans le
traitementdesaffectionsgastro-intestinales. On I'utilise aussi,de la même
façon, dans le traitement des calculs biliaires ainsi que des tumeurs
internes.
Dansle Tafilalet et à Fès,Iesinstillationsde la décoctiondansles oreilles
sont recommandéesdans les otites et I'oléat de la plante est utilisé en
frictions contreles rhumatismeset les névralgies.
La plante sert, enfin, à parfrrmeret à conserverle beurrefondu : pour
cela la plante coupéeen petits morceauxest disposéesur un entonnoirà
havers lequel le beune chaudest versé.

DISCUSSION

I-es sourcesécritesarabes
[æ genreMatricaria est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,n" l2l, 1767) et par ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 53, 437, 947) dansla rubriquedes ûq?uwôn(voirAnthemisnobilis,
n" 66). Même commentairepour les autrestextes. La question des
camomilles, des matricaireset des chrysanthèmesest néanmoinstrès
confusecheznos auteurs.

100. Orrnenis africana Jord. & Four. (= Santolina


chamaecyparissus L. var. africana Batt. & Trab.)et Onnenis scartosa
(Ball.) Lit. & Maire

îrzgt, îÈzÉi, (Imichil).


îdzgt (Wawezguit,BERTRAND, I 991).
g*,'tôfa(poly.) (BOUAYOUN,1990): voir aussiBrocchincinerea.

233
Ces 2 espècesvoisines, sont des endémiquesd'Afrique du Nord. Au
Maroc,ellessontcommunesdansle Moyen-Atlaset le Haut-Atlas

USAGESTRADMONNELS

Dansla région d'Imichil, les capitulessontutiliséesen décoctioncomme


stomachique,emménagogue et vermifuge.
D'après BOUAYOUN (1990), ils sont égalementemployéescomme
toniquegasno-inæstinal, sudorifiqueet antidiabétique.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le genre Santolina est peut-êtrementionnépar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 1861) et par ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,n" 771) dansla rubriqueqayçûm,mais les descriptionsdesplantes
ne sont pas suffisammentprécisespour pouvoir trancherla question.Il
en est de mêmepour les aufresouwages(voir à Achillea, n" 6l), excepté
laTuhfat al-ahbôbqui ne cite pasceses$ces.

101. Ormenis mixta (L.) Dumt. (= Chamaemelam rnixtum (L.)


All.)

camomille du Gharb

hellâla (!) (Gharb,région de Raba| : mêmevernaculairepour Ormenis


praecox (Llnk) Briq. et pour desAstéracées
du type de la marguerite.

Cetteespèceestune endémiquematocaine.
La planteest récoltée,dansle Gharbprincipalement,pour la distillation .

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Rabatet en Mamor4 les capitulessont frottés sur les


boutonspour les assécheret sur les petitesblessurespour les cicatriser.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes

Cetteespècen'estpas distincæmentmentionnéepar nos auteurs,mais elle


a pu être considéréecommeune variétéde camomille.

234
102. Perralderia coronopifolia Coss.

ôIvnar er-rôs (poly.) (litt.: tête rouge) : même vernaculairepour


SaporuriavaccariaL.
tirget (Tindouf,LE FLOC'H, 1983,n" 218)

Cette espèceest une endémiquesaharienne,communedans le Sahara


occidentalmarocain.

USAGFS TRADITIONNELS

Plantedésertiqueconnuedesnomadespour satoxicité. Nous n'avonspas


relevé,pour cetteplante,d'usagesen médecine.
La plante serait utilisée, à Tindouf, pour épiler les peaux (LE FLOC'H,
1983,n" 218).

TOXICITÉ

Elle est refuséenormalementdu bétail en raisonde sa forte odeur et de


sa toxicité et n'estbroutéque par accident.La consommationdétermine
une intoxication mortelle chez les dromadaireset les moutons : I kg
environ de cetteplantesuffit à tuer un chameau,ll4 kg pour un mouton.
D'après les nomades,les chèwes seraientun peu plus résistantesmais
sont aussivulnérables.La plante demeuretoxiqueen séchant.
Dans les cas que nous avons observé,I'intoxication se manifeste
principalementpar un halètement(accélérationde la respiration)et une
fatigue générale.La mort survient très souventdans un délai allant de
quelques heures à 48 heures maximum. L'autopsie révèle des
hémonagiesde lTntestinet desauftesviscères.

DISCT.TSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetæespècen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

Les donnéesde la toxicologie


L'agent toxique de cette espècen'est pas connue.Mais on rencontre
fréquemmentdansla famille desComposées, notammentdansdesgenres
voisins* des lactonessesquiterpéniques. Ceslactonesappartiennentaux
groupes des germacranolides, guaianolides, eudesmanolides,
hélénanolides,sécohélénanolides, ambrosanolides,sécoarnbrosanolides et
xanthanolides(par ordrede frequencedécroissant). Quelques unes de ces
lactonesont été isoléeset identifiées: hélénaline,ténuline,isoténuline,
paucine, hyménoxynine, solstitialine, coronopiline, colartine,
floribundine,etc. (KEELER & al., 1978).

235
appartenantà cesgroupes
Toutesles planæs*à lactonessesquiterpéniques
peuventprovoquerdesintoxicationsmortellesaigues_ ou s'étalantsur un
iemps allant de quelquessemainesà quelquesmois. On a calculé que les
doséslétalesdhélénalineporrrun bovidé étaientde 85 à 150 mg par kg
d'animal (correspondantà 2,5 g de plante verte d'Heleniurn
microcephalumD C., par kg d'animal)(KEELER & al., 1978)-

On a émis I'hypothèseque I'agenttoxique de Perralderia coronopifulia


seraitun glucoiide cyanogénétique (CHARNOT,1945),mais celui-ci n'a
jamais pu être mis en évidencedans la plante. n 9t! possible que la
Cependang
ioxicitéioit imputableplutôt à deslactonessesquiærp,éniques.
en raison de la rapidité avec laquelle survient la mort, nous sommes
enclinsà penserquecesmoléculesn'agisssntpastoutesseules.
* A tite d'exemple,voici quelquesgenreset esÈces de la famille desAstéracéesdans
des-lactonesses-quiærpéniq-ues
déce!é,des-lacrqq"n
lesquels on a décelé ses.quiærpéniques responsablesd'intoxications
aniriate.sgravesauxU.S.A, en Afrique du Sudet ailleurs:
Heleniuîn (H. autumnaleL., H.- microcephalumD-.C.,Ht__tenuifoliurn Nutt.-)-'
Hyneno:i (H. odorata Dç, H amltrrum, H. richardsoruf (Hook.). Ç^ock9r$1,.f{.
ffit-(Græne) Cockerell,H. flexuosum), (Gray)
D,ugaldîa-(D. hoopesri BJdb-
Psilostrofloe (P. grwphaloidcs DC:,P. tagertna (T{utt ) 9tg"o", f..spar1iflora(Gyy)
Âffiopin
IA.Nels, fP. coope (Ar31ù \Greene, Artemisia(A. \ ' JfilifoliaFo,, rA.
r' spinescens.D.C.
t.I\9lSr . çUUPVIt \\rr4yl, ,lF,Irvt 4 'bcr"ÛùÛw UorJvÛoq rvrr't
EaL),ti*U<nl opposirtfofia (Nun) D.ç.),Bailetg(B. maltiradiataHart. Ctay),lts.
(t. acerosa
(1.
\t.
(Nutt) Iackion),Viguiera annua
àcerosa(Nutt
lrççtuùu \r!e!k/.
(V. attnua (Jones)
(Jones) Blake),
Blake), Geigeria (G. aspera
Çr,igs_rydG-_asper-a
Èarv.,G. africanàGrie.s), (C.
Centàurea solstirtafis
olstirtafisL..C. repens
L., C. reqens L.) (KEELER
(KEELER & al.,
1978).

103, Palicaria divers

Pilicarta arabica(L.) Cass.


Puficartacrispa(Forsk)B.H.
Pulicarin inuloidesD C.
Pilicarta undulata(L.) D C.

pulicaire

l-'ôçtnsa, le'leylesa (litt.: la sternutatoire)(poly.) (Haouz, Sahara


occidental,BELLAKIIDAR, 1978; Satraraalgérien,VOINOT' 1904).
al-gara ([Iaouz,NÉGRE, 1961): pour P. arabica-
titjirt, titjirin (DELON & PUJOS,1969)rpour P..arabica.
nàetfi,rtitaneffirt, tantefert(Touaregs,Sud algérien,VOINOT, 1904 ;
SITOUH, 1989): pour P. crisPa.
titterî (Sud algérien,SITOIJH, 1989).
hanniwa(Maroc occidental,BOULET, l99l) : pour 2 espècesvoisines,
P. paludosaLink et P. odoratt (L.) Reich.

236
nogd,nged(poly.) (SITOLJH,1989): pour P.inuloideset P. undulata; ce
vernaculaires'emploieaussipour d'auûesComposées:Anvillea rad,iata,
Buboniumgraveolens,etc.
ômcô,ômayôl-hôn: pour P. undulata.
ômeô, âmayô l-funez : poru P. inuloides.Le vernaculairearnayo est
aussile nom de Buboniumgraveolens.

sontconrmunesau Sahara.P. arabica se


Ces es$ces, sahato-sindiennes,
rencontrefréquemmentdansle Haouz.

USAGESTRADMONNELS

Au Sahara,la poudre de ces 2 espècesest utilisée cornmesternutatoire,


par prise nasale,dansles traitementde certainesmaladiesO.R.L et des
céphalées.On considèreen effet que l'éternuementdégageles sinuset le
cerveauet chasseles humeursfroides.

Les feuilles de P. crispa seraientutiliséespour enleverI'amertumedes


partiessouterrainesde Cistanchephelipaea,alimentd'appointau Sahara
(LE FLOC'H, 1983,n" 415).

Ces es@ces,notammentP. crispa, sont despâturagesrecherchéspar les


dromadaireset les troupeaux(VOINOT, 1904).

DISCT]SSION

Les sourcesécritesarabes
Nous avonsun doutesur cesespèces (qui sontclassées aujourd'huidansle
genrePulicaria), quantà leur éventuellementionpar IBN AL-BAYTAR
et ABDEREZAQ. Il est possiblequeparmi lesqûnîza(du grec conyza)et
I:ufiî{atel-barafit (herbeaux puces)décritespar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,n" 264, l30l , 14y'.8) et regroupantdifférentes
plantes (Inula conyzaD C., etc), se trouventles pulicaires,notamment
Pulicaria vulgaris Gaertn(= Inula pulicaria L.) et Pulicaria odora Rchb.
(= Inuln odora L.) communesen Méditerranée.
'umdat et-tabîb(no 1087,1088, 1832),la
Même commentairepour la
Tuhfat al-ahbôb (n" M6) et ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,n" 417)
qui n'a fait que reprendredes auteursplus anciens. AL-W AZIR AL-
GHASSANI ne les mentionnepas.

104. Scolymus hispanicus L.

scolymed'Espagne

237
l-gernina ( !) (Maroc), l-qernina (Algérie).
tagdut, tagdiût, ôSeddû (!) (Souss,Kabylie) : ces vernaculairessont
aussiceux de I'artichaut.
jerni$ zerni! (!) : c'est le nom que prennentS. hispanicaet S.
maculatu.sL. quandla hampeflorale sortet qu'elledevientadulte,c'està
dire quandelle n'estplus bonneà manger.

est communeau Maroc.


Cetteespèce,méditerranéenne,

USAGESTRADMONNELS

La consommationdescôtes(nervureprincipale+ pétiole)de cetteplante,


dansles maladiesdu foie et des
à l'état vert ou cuit, est recommandée
intestins.

Les côtes des feuilles de la basede la plantejeune, sont récoltéesfin


hiver-débutprintempset venduesau bord des routes. Le ragoût de
viande aux scolymeset un mets rès prisé dansles villes, notammentà
Fès,Rabatet Casablanca..
Une espècevoisine,ScolymusmnculatusL., estutiliséede la mêmefaçon
commelégumeet médicament.
Ins2 espècessonttrèsbroutées.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La mention du scolymepar IBN AL-BAYTAR n'a pas été renouvé de
manièreinéfutable. Il nous est difficile de croire que cette espècetrès
appréciée,au Maroc, par les populationscitadinesd'origineandalouse,
ntait pas été connuede cet auteur.Nouspensonsplutôt que le scolymea
été assimiléà unees$ce de cardonou d'artichautsauvage.A un moment,
'Umdat
IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,n' 658) et la at'
tabîb (no 561, 1299)évoquentune plantequi seraitla scolymosdesGrecs
et qui porteraiten Espagnele nom de lasîf : à notre avis,il doit s'agir du
scolyme.
AL-V/AZIR AL-GHASSANI (no I 17) a peut-êre assimilécette espèce
aux cardonset artichauts.Les autresauteursne la mentionnentpas.

105.Scorzonera,undulata Vahl.
scorzonère

l-gîzQ) (Maroc)(Tunisie,BOUKEF,1986).
talma(!) (OuedMallah).

238
C'estune espèceméditerranéenne,
communeau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

A OuedMallah et dansla régionde Casablanca,


les racines,en décoction,
ou mangéescrues,sontindiquéescommedépuratif.

C'est une plante alimentaired'appoint.Les racinessont mangées,crues


en saladeaprèsépluchageou cuitesà I'eau.Les feuillesjeunessont aussi
consommées, cruesou en salade.Les capitules,à goût chocolatée,sont
recherchéspar les enfantscomme:rmuse-gueule.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La scorzonèren'est pas mentionnéede manièreinéfutable par IBN AL-
BAYTAR mais nouspensonsqu'elle a êtê associéeaux laiteronset à la
chondrille.C'estla scorzonèred'Espagne(ScorzonerahispanicaL.) qttr
est peut-êtreévoquéepar IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC, 1877-
1883,n" 329, I I 19) sousle nom de baql deÉtîet tîmagAucunemention
de cette plante cheznos autresauteurs.

106. Senecio anteuphorbium L.

Sbôrço,ôfbôrlo (t).

cette plante est une endémiquedu Maroc et desIles Canaries,courante


sur le littoral du Sud-Ouest.

USAGESTRADMONNELS

Dans les régionsd'Essaouiraet d'Agadir,le sucde cetteplantegrasseest


employé en frictions dans les rhumatismes.Il intervient également,
commehémostatique, dansles soinsdesplaieset blessures.
Au Saharaoccidentalet dans la région de Tiznit, en usageinterne et
externe (en cataplasmes),le suc est utilisé commesédatif de toutes les
algies : douleursabdominalesou dorsales,rhumatismes, brûlures,etc. Iæ
suc est aussiemployépour calmerles irritations de I'oeil ou de la peau
provoquéespar le laæxvésicantdeseuphorbes cactoi'des.
Le miel, butiné sur sesfleurs, âcreet un peu amer,est considérécomme
un bon fortifiant.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
239
Cetteespècen'estpasmentionnéepar nosauteurs.

Les donnéesde la toxicologie


Cetteespèce,conrmebeaucoupd'autresséneçons, contientdes alcaloides
pynolizidiniques sousforme de diestersmacrocycliques.On a identifié
les alcaloidessuivants: 2 produits'majoritaires, la sénéciphyllineet la
senkirkine,accompagnés de sénécionine,intergerrimine,sénécivernine,
platyphylline, spartioi'dine,acétylsenkirkine,renardine(LAAREJ & al.,
1994).
La présencede ces alcaloidesest en faveur d'une toxicité de la plante,
comme c'est le cas d'autresséneçons,en dépit de la réputation
d'innofensivitéque I'espècea auprèsdespopulationslocales: il est vrai
qu'ellen'esttraditionnellement utiliséequ'enusageexterne.

107. Senecio vulgaris L. et Senecio leucanthemifolius Poiret

séneçon

I-'afiô sôlma,fiba sâlma(litt.: I'herbesalutaire)(Gharb).

est
L'espèceS. vulgarts est quasimentcosmopolite.S. leucanthemifuIùzs
méditerranéenne.

USAGESTRADMONNELS

Dansle Gharb,ceses@cessontutiliséescommeemménagogue.
Leurs vernaculaireslaissentsupposerqu'ellesont ont autrefoisservi de
panacées,mais dansles régionsoù nousavonsenquêté,nous n'avonspu
retrouvercet usage.

TOXICITÉ

A notre connaissance, aucuncas d'intoxicationpar les séneçons,chez


lhomme ou chezI'animal,n'a été rapportéau Maroc.
Nouspensons,néanmoins,quecesintoxicationsdoiventexister,au moins
chezI'animal, mais la corrélation entre la maladie et I'agent toxique
véritablen'a simplementpas êtéê)tabh,en raisonde I'apparitiontardive
dessymptômes.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
C'estpeut-êtrele séneçonvulgairequi estévoquépar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883, no 23ll), bien que la description ne
corespondepas.Les vernaculairesqu'il cite sont bien, Pt contre,ceux
240
du séneçonvulgaire:'a1baten-najjâra(herbeaux charpentiers) et'alba
!âna. I.a,'Umdat at-tabîb (n" 2713)donneaussice derniervernaculaire
mais la descriptionde la plante est insuffisantepour pouvoir I'attribuer
au séneçonde manièreinéfutable.
Aucunementionde cetteplantecheznosaufes auteurs.

Les donnéesde la toxicologie


S. vulgaris et plusieursespècesdu genreSenecio contiennent des
alcaloidespyrrolizidiniques(sénécine,sénécionine, sénéciphylline, etc.)
responsables d'intoxicationsaiguësou chroniques,les mêmesd'ailleurs
qu'on observe avec d'autres espèces,appartenantaux familles des
Borraginacéeset des Fabacées(du genre Crotalaria), contenantles
mêmesstructureschimiques.
L'hépatotoxicitéd'espècescommeS. jacobaeL. et S. magniftcus.a êté
démontée.On observesur le foie desnécroses aiguës,desmégalocytoses
parenchymaleschroniqueset les signes d'une maladie dite "veino-
occlusive disease".L'intoxication peut aussi se traduire par des
mégalocytosesrénales. Cette mégalocytoseest le résultat d'une
interactionente I'action antimitotiquedesalcaloidespynolizidiniqueset
I'effet stimulantentraînantla régénération.
De plus avec les séneçonstoxiques,plus spécialement,on observedes
troubles portant sur I'appareil pulmonaire : oedème, fibrose,
épithéliatisationet emphysème. CesderniersEoubless'obseryentchezles
porcsmaispaschezles bovidéset les équidés.
Il semble que certainesespècesanimalessoient plus sensiblesque
d'autres: les ovins s'intoxiquent,en effet, moins facilement que les
chevaux,les bovinset les poulets.Cettesensibilitésembleliée à la facilité
plus ou moins grandeavec laquelleles alcaloidespyrrolizidiniquessont
transformésen métabolitesactifs,les pynoles.Cespynoles sont produits
dansle foie par action des enzymesmicrosomalessur les alcaloides.De
plus, chezles ovins, la détoxicationdesalcaloidesen métabolitesinactifs
sousI'effet de la microflore du tubedigestif,estplus importante.
Les alcaloi'despynolizidiniques sont de plus des agentstératogéniques,
abortifs et antitumoraux.
Par ailleurs, certainsalcaloidesdesséneçons, en particulierla jacoline et
la jacobine, passentdansle lait des animauxintoxiquéset dans le miel
butiné par les abeillessur ces espèces,d'où un risque potentiel dans
I'usagealimentairede cesproduits.
(KEELER & al., 1978).

108.Silybum martanumL.

chardon-marie

241
II
Sû,kej-jmel (poly.) (litt.: chardonde chameau),!ûk el-hmîr (poly.) (litt.:
chardond'ânes): ces vernaculairess'appliquentaussiaux espècesdes
genresEchinops,Onopordonetà d'auffeschardons.
{ûk ez-zerwal,bû-zerwal(NEGRE,196l ; LAOUST,1920).
zâe(QUEZEL & SANTA,1962-1963; TROIN, 1975).
tawra (Gharb,BERTRAND, 1991).

Cette espècese rencontreen Europe,en Afrique du Nord, en Asie


occidentaleet cenEale.Le chardon-marieest communau Maroc sur les
talus,les bordsde cheminet dansleschampsincultes

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Rabat,les racineset les feuilles sont utilisées en


décoctionconte les fièvres.
TROIN (1975) a observécettedroguesur les étalagesdesherboristesde
Midelt, mais n'en a pasrapportéI'usage.
Les bergersnurngentles fonds descapitules,à l'étatcru.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le chardon-marieest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
'uqûb,Sûked-darnan. La
1877-1883,Do 1357,1574)sousles nomsde
'(Jmdat at-tabîb (no 1982, 2557) le cite aussi. ABDEREZAQ
(LECLERC, 1974,n" 102, 163, 969) et la Tuhfat al-ahbôb (n" 457)
mentionnentplusieurschardons,maisles descriptionsdesplantesne sont
pas suffisarnmentprécisespour qu'on puissey distinguernettementle
chardon-marie.AL-V/AZR AL-GHASSANI ne le mentionnepas.

Les donnéesde la toxicologie


Silyburnmarianum- conrmeles espècesdu genreCarduus(Astéracees)-
peuvent devenir toxiques pour le cheptel qui les pâture à cause des
nitratesque la plante a la faculté d'accumulerdanssesorganes(KEELER
& al., 1978).

109. Sonchus divers

SonchusoleraceusL.
SonchusasperL.
Sonchuspinnatifidu.sCav.
SonchustenerrtmusL.

laiteron

242
fiUôf, ûô1 0 (Maroc,Algérie) (Tunisie,BOUKEF, 1986).
I-gerrîma(Tissint).
wagerrin (berbère).
tadgarnit (Saharaoccidental,BIROUK & al., l99l).

Cesespècessont cosmopolites.
On les rencontrecourammentau Maroc
dansles champsincultes.

USAGES TRADMONNELS

Partout,dansles campagnes,les laiterons,mangéscrus, sont considérés


commedépuratifs.
Les plantes jeunes sont consomméesen salade,en particulier à la
cirmpagneet dans les oasis, au naturel ou assaisonnées avec une
vinaigrette.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Les laiterons sont mentionnésplusieursfois par IBN ALBAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 323,329,423,2255),sousles nomsde tifôf,
baqla yahûdiya, baql destî, par ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 255), la'Umdat at-tabîb (n" 2618) qui la classeavec les hindabat
(chicorées),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 326)et la Tuhfat al-ahbâb
(n" 124).

ll0. Taraxacum sp.

pissenlit

ûdjem(Beni Mguil{ GATEFOSSÉ,l92l): pour T. obovatumDC.

On trouve aujourdhui des espècesdu genre Taraxacum sur toute la


planèæ,à l'état spontané,subspontané
ou cultivé.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Témara,les jeunes feuilles d'un pissenlit abondant


localementsontmangées,fraîches,commedépuratif.
Chezles Beni Mguild, les feuillesT. obovatumDC.sontconsommées en
salade(GATEFOSSE,l92l).

DISCT.JSSION

243
Les sourcesécritesarabes
Les pissenlitssontmentionnéspar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 329, 1469,2263)etla lUmdatat-tabîb(n" 1102)dansI'article
taraxacon,sousle nom de tnrallaqûn, commedes variétésde chicorée
sauvage.Même commentairepour ABDEREZAQ GECLERC, 1874,
n' 846). AL-WAZIR AL-GHASSANI(n' 337) I'a peut-êûeassimiléaux
laitues.l-aTuhfatal-ahbâbnele mentionnepas.

lll. Wartonia saharae Benth. & Coss.

ôfessas(!) (poly.) (SaharaDra, Agadir,Marrakech).


ôfezdad( Souss).
tazart n-îfi,ss(berbère)(LEWALLE &. RAMAUT, 1984) : allusion à
I'odeurfétide de la plante.

C'est un petit arbusteà forte odeur,endémiquedu Maroc et du Satrara


oranais.

USAGESTRADMONNELS

Les feuilles séchéessontdisponiblescheztouslesherboristes.


A Marrakech,Salé,Agadir, la décoctiondes feuilles (1 poignéedans I
lifie d'eau), additionnéede miel est utilisée en massagescontre les
douleurs rhumatismales.La même décoctionest administréepar voie
oraledansles ictèreset les crisesd'épilepsie.
A Tissint, I'associationà partieségalesde Warionia saharae, Cotula
cinerea, Zygophyllum gaetulumet Ammodaucus leucotichus, en
décoction,est très utilisée dans le traitementdes affections gastro-
intestinales,à raisonde 2 verresparjoor.
A Marrakech,I'oléat de feuilles, préparéà chaud,est utilisé, par voie
vaginale,conte les maladiesdu col de I'utérus.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estmentionnéepar aucunde nos auteurs.

testsd'activité
Les testsd'activitéréalisésau Maroc avecdesextraitsde la plante n'ont
pas Évêlê la présence de substancesà propriétés antibiotiques
contrairementà ce qui était présumé(DIALLO & al., l99l ; DIALLO,
r991).

244
nÉnnÉnnlcÉns

ll2. Berberts hispanica Boiss. & Reut.

âr!îs (!) (Moyen-Atlas): le mêmevernaculaireest mentionnécomme


étantberbèrepar AL WAZIR AL GHASSANI(n. 2).
ôzargnat(berbère)(AL \ryAZIR AL GHASSANI,n" 2).
îzirki ( !) (Haut-Atlas).
ômbarbôris, barbâris (liwesque,RENAUD & coLIN, 1934,no lg) :
pour B hispanicaet B. vulgaris L.
bû-sman(CasablancaMATHIEU & MANEVILLE, t952).

Ç"tt"-.tÊce du.Maroc,d'Algériget d'Espagne s.erencontreen montagne,


dansle Moyen-Atlas,le Haut-Atlaset le Rif.

USAGES TRApnONNELS

Les berbèresdu Moyen-Atlas (Azrou, Midelt, Khenifra) se frottent les


yeux avec l'écorce de racine de B. hispanica, dans le traitement des
affectionsoculaires.On utilise égalementI'infusion de ces écorcesen
bain d'yeux ou en collyre et leur poudre est inftoduite dans certaines
formules de kl.7ô1.La drogue est connuejusque dans les régions
satrariennes (Figuig et Tafilaleg en particulier)où les maladiesoculaires
sont très fréquentes.
La mêmeinfusion seboit dansle traitementdesatoniesgastro-intestinales
et desdésordreshépatiques(Marakech,Rabat,Fès, Meknès).
A Casablancan d'aprèsMATHIEU & MANEVILLE (lgsz),les écorces
sontutiliséescommefébrifuge.

L'écorceest utiliséepour la teintureenjaune deslaines.


AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 2) dit qu'on I'emploie aussi pour
teindreles plaquesde plomb et d'étain.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le berberisest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (no 4, 20, 146,ll0l),
ABDEREZAQ (dansLECLERC, 1874,n" 54, 281), sousles noms de
ôr$s, âyâr, ôrnîrbâris,zirkk, avecles mêmesindications.on retouve
égalementcet article, largementcommenté,dans la'Urndat at-tabîb
(n"79), AL-WAZIR AL-GHASSANI(n" 2) etlaTuhfat al-ahbâb(n" r8).

245
BORRAGINACÉES

1,13. Bonago offt,cinalis L.

bourrache.

al-Furraycha(!) (poly.)(régionde Rabat)(litt.: la rugueuse).


lisôn a!-frr 1t),lisôn l-bger 1t),lisânal-'ard (!) (litt.: languede taureau,
de boeuf) (Gharb, Fès) : ces vernaculairessont polyvalents et
s'emploientaussipour desEchiut?? et desAnchusa.
beni-hamdûna,bû-lnmdûn (Jbal4 Rif, Beni Snassen): s'emploieaussi
pour Cynoglossurn fficinale L.
îls ûû,zger,îls ûôlwi (Souss,LAOUST, 1936).
bû!ri{, ôbûlrif (Tunisie,BOUKEF, 1986) : ce vernaculaireévoquele
classiqueôbû-raT( litt.: le pèrede la sueur)dont dérivele mot français
"bourrache".
bû-Senaf(Algérie,LECLERC,1874,no 506).
Seybal-buqûl (au sensde "la meilleuredesplantespotagères")(Kabylie,
LECLERC, 1874,n" 506).
kahîlâ (BN AL-BAYTAR dansLECLERC, 1877-1883,tro 1896) : au
Maghreb, ce nom est souventporté par les plantesà fleurs bleu foncé,
par exempleLavandulamultifida.

La bourrache, spontanéeen Europe, en Afrique du Nord et en Asie


mineure, est aujourd'hui cultivé et naturaliséedans la plupart des
contréesæmpérées.

USAGESTRADMONNELS

La planteentièreest utiliséepartoutau Maroc commediurétique.Dansle


Rifet h région de Fès,la racine,découpéeen lamelles,est utilisée en
applieationlocalepour réduireles foulureset les inflammations.

C'est aussiune plantealimentaireutilisée,quandelle est encorejeune, à


la campagne,pour faire des potages,en raison de ses propriétés
mucilaginéuses.On I'incorporeégalementau mets dit bqû,Ia (voir à
Malva, n" 339). Dans I'Oriental marocainet en Algérie, les jeunes
feuilles sont spécialementutilisfus pour preparerle bouillon du couscous
au ble'. Le $le' est une viande séchéeet salée pour assurer sa
conservation.Ce plat, en raison des fortes quantitésde saumur_e qull
contient, est suscéptiblede provoquerde la rétentiond'eau. C'est la
raison pour laquelle, la bourrache,dont les propriétésdiurétiquessont

246
connues,est ajoutéeau bouillon.Dansles autresrecettesde couscous,la
bourrachen'esthabituellementpasutilisée.

DISCT.JSSION

[,es sourcesécritesarabes
La bourracheest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (no 708, 1896,
1897,2023),la'Umdat at-tabîb (n" 1172,1309),AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 170),laTuhfat al-ahbâb(n" 246)et ABDEREZAQ (dans
LECLERC, 1874, no 506), sous les noms de lisân a!-frr, kahîlô,
Inml.wm. Elle n'est souventpas distinguéedes espècesvoisines des
genresAnchusaet Echium. ABDEREZAQdonneaussile vernaculaire
bû-!arî\. et AL-\ilAZIR AL-GHASSANI nous dit qu'elle porte aussile
nom de baqlat tûnesparcequ'elleest trèsconsommée
en Tunisie.

Les donnéesde la toxicologie


On y trouve une petite quantité d'alcaloïdespynolizidiniques :
lycopsamine,amabiline,intermédine,supinine.Un alcaloidede ce type,
la thésinine,a aussiêtê,dêcelê,
dansles fleurs
Cetteprésencen'excluepasunetoxicité à long termede la plante.

ll4. Cynoglossarn officinale L.

cynoglosseofficinal, cynoglosselanguede chien

û$en1a'leb,ûQtin dial 1n'leb1t1(Gharb,RabaQQitt.: oreille de renard).


ôflan el-ôrneb (litt.: oreille de lièwe) (IBN BAYTAR in LECLERC,
1877-1883, n" 35).
Iisân el-lcelb(litt.: languede chien)(IBN BAYTAR in LECLERC, 1877-
1883).
lo.sçîq(poly.) (litt.: celui qui s'accroche,à causedu furit épineux)"
benïInmdûna (Jbala): mêmevernaculairepour la bourrache.

Cettees@ce,assezcosmopolite,est spontanée
danstout I'Ancien Monde
et naturaliséeen Amérique du Nord.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Fès (Karia Ba Mohamed),la racine, découpéeen


lamelles fines, s'emploieen applicationsur les enflurescomme anti-
inflammatoire(mêmeusagequepour la bourrache).

TOXICITÉ

247
Dans le Moyen-Atlas (Azrou, Timahdit), la plante est redoutéedes
éleveurspour sa toxicité, se traduisantpar deshépatitessévèrescomme
pour les Heliotropium(voir à cet article,n' 116).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le cynoglosseest mentionnépar IBN AL-BAYTAR, parfois bien
distingué(no35, 2027,203I) desaufresBonaginacées, sousles nomsde
â4ôn al-ôrnab, ûdôn e$-lâ, ûdân al-gazâ\,luççîq,mais parfois aussi
confondu avec la bourrachecomme une variété de celle-ci (voir à
I'articleBoruagoofficinali,s,Do113).La'Umdat at-tabîb(no 1298)et
AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 170) traitentla questionde la même
façon.ABDEREZAQ(dansLECLERC,1874,n" 82) en fait une espèce
distincte à laquelle il donne les noms : û!ôn al-ârnab, ûdôn ef-Sd
Iussîq,ludnî ma'ak (litt.: "prendsmoi avectoi").

Les donnéesde la toxicologie


Toute la plante, y compris les racines,contient des alcaloides-esters
pyrrolizidiniques (usqu'à 1,7 7o de la plante entière sèche)dont le
principal est I'héliosupine(= cynoglossophine)qui est un ester de
I'héliotridine et de I'acide angélique.L'héliosupinese retrouve dans les
héliotropes(sur cetteclassed'alcaloïdes voir les Heliotropium,no 116,
les Crotalarta,n" 236,lesSenecio, no 107).

La présenced'alcaloïdespyrrolizidiniquesexplique la toxicité de la
plante.

ll5, Echium plaptagineurn L. et Echium honidurn Batt.

vipérine.

l-hartu, l-lar\a e7-ylla (!) (poly.) (litt. : la rugueuse,la bonne


vipérine).
lisôn e!-frr 1t), lisôn l-bger (!) (poly.) : pour E. plantagineumet
différentesespècesd'Echiurn,Borragoet Anchusa.
gûb et-fir (BeniMeskine,BERTRAND,l99l): pourE. plantagineum.
ûscharn(poly.) (Moulouya).
tanasat(Souss,Gharb,BOULETet al., 1990,1991).
tamant n-îlgtman (!) (Wawezgit, BERTRAND, l99l) pour E.
honidum.

248
La vipéring faux-plantain(8. plantagineum)est communeen Afrique du
Nord, en Europeet dansle Sud-ouestde I'Asie. E horuidumest une
espèceendémiquedu Sudmarocainet de tout le Satraraseptentrional.

USAGESTRADITIONNELS

Dans le Gharb (pour E plantagineurn)et le Sud marocain(pour E.


horridum), la décoctionde la planteestutiliséecommediurétique.
Les feuillesjeunesd'E plantagineumsontconsommées en mélangeavec
les feuilles de mauve dansle mets drt bqala (de même que les jeunes
feuilles d'Anchusaazureaet Borrago fficinalis) (voir à Malva, article
n'339).

TOXICITÉ

L'espèceE. plantagineurnest connuedeséleveurspour sa toxicité sur lè


bétail, semblableà celle desHeliotropium(voir cet arricle,no I 16).

DISCIJSSION

les sourcesécritesarabes
Les vipérines sont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR, parfois de
manièredistincte (n" 24), parfois confonduesavec la bourrachecomme
desvariétésde celle-ci(voir à Borrago fficinalis,no 113).La'Umdat
at-tabîb (n" 1309, ll72) et AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 170), la
Tuhfat al-ahbôb (n' 246) et ABDEREZAQ (n' 506) les assimilent
probablementaux espècesproches(bourrache,etc.).

Les donnéesde la toxicologie


On a identifié dansE. plantagineumdes alcaloidespynolizidiniques
semblablesà ceux desHétotropes(voir à Heliotropiurn,no 116).

Cettecompositionexpliquela toxicitéde fa vipérine.

116. Heliotropium divers

Heliotropium baccrlerumForsk.(= HeliotropiurnundulatumVahl.)


H eliotropium europaeurnL.
H elio tropiurn supinum L "

hétotrope

luniza reyba (Maroc occidental,BOULET et â1., 1990): pour


Heliotropium europaeurn,Heliotropium bacciferum, Heliotropium
supinum.

249
talennô (SaharaCentral)(VOINOT, 1904; SITOUH, 1989 ; QUEZEL
et SANTA, 1962-1963): : pour Heliotopium bacctlerum.
hebbaliya(!) (litt. : celle qui rendfou) (Tafilalet, BERTRAND, I99l ;
SaharaOccidental,BELLAKHDAR, 1978 ; Tindouf, LE FLOC'H,
1983; Mauritanie,LE FLOC'H, 1983): pour Heliotropiumbacciftrum.
tidallin (Anti-Atlas,Souss,BERTRAND,1991): pourH. bacciferurn.
sîkrôn (poly.) (litt.: celle qui enivre), (CHARNOT, 1945) : pour
Heliotr opium europaeurn.
taynast(Tissint): pour Heliotopium bacciferum; c'estaussile nom de
Trtchodesm,a calcarata.

I'espèceHeliotropum bacciferum qu'on rencontredans le Sahara


l-es 2 autresespècessontassez
marocainest uneespècesaharo-sindienne.
cosmopolites.

USAGESTRADMONNELS

Au SatraraOccidentalet dans le Dra, les feuilles d'Heliotropiurn


bacciferum, séchées,réduitesen poudre et malaxéesavec de I'eau,
serventà faire desemplâtrestopiqueset résolutifspour abcès,furoncles,
entorses,contusions,oedèmeset enfluresde toutessortes.on en fait aussi
descataplasmes sédatifsdanslesbrûlures.
Dans la région de Meknès,F/. supinumest utilisé en cataplasmes contre
lesabês.
Au Maroc, un peu partout,Heliotropium europaeumestutilisée par les
bergers pour obtenir une certaine ivresse ce qui explique certains
vernaculairesde la plante.
Au Salraracentral,les feuilles sèchesd'Heliotropiun bacciferurcsont
pilées,mélangéesà de I'eauou du lait aigrepuis appliquéesen emplâtre
sur la tête,contrela teigne(VOINOT, 1904).
La plante(Heliotropium bacciferum)est employéepartout3u Saharaen
usageexterne,dansle traitementd'affectionscutanéeschezI'animal.

A Tissint,Heliotropiumbaccifurumest trèsconsommée par les nomades,


avantla floraison,c'està dire avantque ne
les spicules soientsaillantes.
Heliotropiumeuropaeurnn'estpashabituellementpânuésaufaccidentou
grandesécheresse. Mais Heliotropiumbacciftrurnestun pâturageamer
fiès appréciédesdromadaireset destroupeau(.

D'aprèsGUINEA (in MONTEIL, 1953),la macérationd'Heliotropium


bacciferurndonneraitune encreutiliséepar les nomades.

TOXrCrrÉ
L'intoxication, chez I'homme, se manifestepar une sorte d'ivresse,
accompagnée de vertiges(CHARNOT,1945).

250
L'intoxication chezle bétail est connue: cesplantes,quandelles sont
pâtTé"| gn glande quantitéet de manièreprolongée,provoque chez
I'animal des hépatitessévèresaccompagnéès d'hypersènsibiÎitéà la
lumière et différentsauEestroubles(voir aussi Crotalaria, afttclen"
236).
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le genreHeliotopum estcité par IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC,
1877-1883, tro 1381)er la 'umdatat+abîb(n" 667,1126)sousles noms
de l.nfffut al-'aqrab, sârneryûmâ.Les auEesauteursne le mentionnent
pas.

Iæs donnéesde la toxicologie


L'héliotropine qui produit de la somnolenceexpliqueI'usagequi est fait
de I'héliotrope,au Maroc, pour obænirunecertaineiwesseet permeten
même temps de comprendrecertainssymptômesde I'intoxication qu'il
provoque.
Les alcaloïdes pyrrolizidiniques (l'héliotrine, la lasiocarpine,
I'héliosupine,la supinine,la srigosine, l'échinatrine,ainsi que leurs N-
oxydes)présentsdansla plantesont les agentsde la toxicité. Ils seraient
responsablesd'unefréquenceanonnalement élevéede lésionshépatiques
chez I'animal. A I'autopsiele foie des animauxintoxiquésrévèle une
nécrosehémonagiqueimportanteavec envahissement des tissuspar des
mégalocytes(BRLJNETON,I 993).
En Afghanistan, on a observé des intoxications humaines d'allure
épidémique,à la suiæde consommationde céréalescontaminéespar des
graines d'une espècevoisine : Heliotropium popovii H. Riedel
(MOHABAT & al.,1976).

ll7. Moltkia ciliata (Forsk.) Maire (= Lithospermurn callosurn


Vahl.)

ântuâ (!) (SaharaOccidental).


l-henna(poly.) (Saharaoccidental,MONTEIL, 1953).
lalma (Saoura,Satraraalgérien,TAILLADE, 1905).

Petit arbustedesdunes,saharo-sindien,
conrmundanstout le Satrara.

USAGESTRADMONNELS

Au Saharaoccidental,la planteestutiliséeà l'étatfrais, en fttmponsur les


petitesplaies,commehémostatique.

25r
Cene plante à sèveabondanteest un pâturagegalactogène,
très apprécié
par les dromadaires.

DISCt.]SSION

Les sourcesarabesécrites
IBN AL-BAYTAR mentionnebien un Lithosperrnutn,maisil ne s'agit
visiblementpas de cetteespèce.Aucunementionde cetteplantechez les
autresauteurs.

ll8. Trichodesrna calcaratum Coss.

taynast, tanasat (poly.) : s'appliqueaussiaux viffrines).


I-har1a l-layba (SatraraOccidental)(ttt. : "la mauvaisevipérine") :
pour la distinguerd'une autre Borraginacêe,Echium horridum Batt.
dénommée I-InrSa es-slln (MONTEIL, 1953) (litt.: "la bonne
vipérine").

Ceneespèceestuneendémiquedu Sudmarocainet du Satraraoranais.

USAGESTRADMONNELS

Plante potagèrecomestible,à l'état cru par les nomades,quand elle est


jeune.
C'estun bon pâturagepour les dromadaires.

DISCT.JSSION

I-es sourcesarabesécrites
Cetæespècen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

Les donnéesde la chimie


La plante contientdesalcaloïdespyrrolizidiniques(voir à Heliotropium,
articlen' l16).

En raison de la présencede ces alcaloïdes,la plante est toxique. Sa


consomnationpar les nomadesn'estdoncpasSansdanger,à long tenne.

(ouCRUCmÈnnS)
BRASSICACÉES

ll9. Alyssurn maritimum (L.) Lam. (= Lobularia maritima' (L')


Desv.)

252
alyssonmaritime

âgermô(GATEFOSSÉ,l92l).

Cette espèce,d'Europeet d'Afrique du Nord, est communeau Marocn


sur le littoral.

USAGESTRADMONNELS

La planteest utiliséeà Essaouiracommefébrifuge(GATEFOSSÉ,l92l).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
I'alyssonmaritimen'estmentionnépar aucunde nos auteurs.

120. Anastatica hierochuntica L.

rose de Jéricho

l-kernfu, I-krnifu (!) (litt.: la serre,la petite sene ; par analogie de


I'aspectde la plantesècheavecla serredesrapaces).
La descriptionde la planæexpliquesonvernaculaire.Voilà ce qu'on lit à
ce sujet dansla tul.{at al-ôhbôb (RENAUD & COLIN, 1934) : "elle
poussedansle désertet n'a pas de feuilles ; arrivéeà son déclin, elle se
confiactecomme se ressèrela patte du sacresur sa proie, mais si on la
met dans I'eau, la voilà qui s'ouvreet s'étale; si on I'en retire, elle se
conEacteà nouveau".
kaff rnaryem (l) (poly.) : c'est le nom qu'elle porte aussi en Egypte
(SALAH AHMED & al., 1979). En Arabie, Astericus pygtnaeus
(Astéracées)porterait aussi ces vernaculaires(RENAUD & COLIN,
1934,n'451).
I<cffen-nabbî(litt.: main du Prophète).
Icaffel-'adra (Palestine; SIMOM & LUTZENKIRCHEN, l99l)
sidr el-fialaç (litt.: la plante du salut) (Palestine; SIMONI &
LUTZENKIRCHEN, t99t).
tamkelt (berbère,MONTEIL, 1953).
I-ka$tam,tak\nnat (berbèrede Tissint,BELLAKIIDAR & al., 1987)
âkarbâ (fouaregset Satraracentral).
{ajarat a.tîalq (liwesque)(litt.: plantede la déliwance).
Cetteespèce,saharo-sindienne, se renconffe,au Maroc, dansles zones
satrariennes.

253
USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, cette plante a la réputation,chez les sage-femmes


traditionnelles,de faciliter les accouchements et d'encalmerles douleurs.
Cettecroyanceest très ancienneet relèvede la théoriede la signature.La
macérationde la plante est administréepar voie orale au momentoù la
parturienteest sur le point d'accoucher,pour faciliter la délivrance.La
planteest aussiconsidérfucommeportebonheur.
Dans le Dra, on utilise aussila plantecontre les refroidissements, en
infusion ou en poudre avecdu miel et de lhuile d'olive.
A Tissint, dansles ophtalmies,et notammentdansla conjontivite avec
larmoiementexcessif,on instille dansles yeux 2à3 gouttesdu suc de la
plantefraîche.On peut aussiutiliser la poudrefine de graines.
A Tissint, I'infusion (2 ou 3 plantes entière dans un verre d'eau
bouillante)est reputéeguérirla stérilité.
D'après GATEFOSSE (1921), elle intervient dans le traitement de
l'épilepsie.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
La rose de Jérichoest clairementmentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 1953),sousle nom de keff nutryam,comme
existantau Maroc dansla région de Sijilmassa.L'espècequ'il signaleau
Hedjazest peut-êu:el'Astericuspygmaeus.La'Umdat at-tabîb (no 2424),
AL-WAZR AL-GHASSANI (no 383), et la Tuhfat al-ahbâb (n" 233,
451) la raitent aussi.Quantà ABDEREZAQ,il ne la cite pas.

l2l. Brassica napusL et Brassica rapa L.

colzaet rutabaga
navet,navette,rave

lefr(l): pourle navet(Brassica rapaL. var.rapa(L.) D C).


teft maffûr (!) (litt.: navetfouisseur): variétéde navetEèsrustique,
n'exigeantaucunarosageen dehorsdespluies,allongé,de couleur
brunâtre,portantdesfilamentsnombreu(.Ce navet,un peuamer,estun
légumetrès priséau Maroc.CettevariêtÉ, sousle
est déjà_mentigqqg9,
mêmenom,parABDEREZAQ(dansLECLERC,1874, n' 166).
Iefi, lefi wafran,âfran (Touaregs): pourlesrutabagas.
tifui (Songhar): C'estle rutabagacultivé dansles oasisdu Sahara
sèptentrionat et centralet qu'on renconEeaussidanrsles potagersde
Tambouctou. Cettevariétéaêtêidentifiée auB. napusL.var.sahariensis
A. CHEV.(Revuede Botanique Appliquée,1932,p.829).

254
Ses racinessont tubérisées,ressemblantplus au navet qu'aurutabaga,
mais elles sontentièrementglabres.
tirikmîn (!) (berbère): navetsdécoupésen rondellespuis enfilés en
chapeletet séchés.
tinffin (Souss,LAOUST, 1936): pour le navet.
âûssay(Souss,LAOUST, 1936): pour les feuillesde naver.

Les navettes(à racinesnon comestiblesmaisà grainesoléagineuses), les


navetset les ravessontdes variétésde B. rapa L. Le rutabagaet le colza
sont desvariétésde B. napusL. (MAIRE, 1952-1968). Toutescesespèces
sont cultivéesau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, les graines de navet sont indiquées comme


réchauffantes.
Les racinesde cesespècessont surtoututiliséescommelégume.Comme
le navetpoussebien en altitudeet supporteles sols salés,c-bstun aliment
de baseen montagneet dansles oasii. Au Moyen-Atlaset dansle Souss,
les navets sont découpéset suspendusen chapeletpour être séchés
(tirikmin). A la saisonmorte, ils peuventainsi être consommésaprès
réhydratation. Les feuilles servent aussi à faire des sauces.Cette
consommationexcessivede navets chez des populations déjà 'très
carencéesen iode, favorise I'apparitionde goîtres (voir à Brassica
oleracea, n'123).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Ces espècessontmentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLER0, lB77-
1884,no 384, 786, 1338,læ3,2035,2267), sousles nomsde chaljam,
bûffid bussâd,lift, lilt berrî, hîdmôn,!un!ilî. ABDEREZAQ G874,
no 166,831,952) et AL-\ù/AZR AL-GHASSANI(no 290,318)donnent
aussi le vernaculairelift maSûr.I-a 'Umdat at-tabîb (n" 2264) et la
Tuhfatal-ahbâb(n" 376)consacrent aussiunerubriqueà cesespèces.

Les donnéesde la toxicologie


Plusieursespècesdu genreBrassica(notammentB. napus,B. campestns)
contiennentdes thioglucosides,
les progoitrines,qui, sousI'actiond'une
myrosinase,produisentdes oxalidinesthiones(R et S goinine) à action
goitrigènechezles non-ruminants(KEELER& a7.,1978).

122. Brassicanigra (L.) Iry.D. Koch (= Sinapisnigra L.)


moutarde nolre
255
âsnâb(!) du classiqueôçnôfl (Asilah,Tangérois): s'emploieaussipour
les diplotaxesà fleursjaunescommela moutardenoire.
lardal, $ardal aswad(!) (litt.: moutardenoire) : pil oppositionà lardal
âbyaQ(Sinapis albaL.). Le vernaculairewardal quenousavonsentendu
à Ouezzaneestune corruptiondu précédent.
bû-Inmmr2(poly.) : s'appliqueaussià d'autresBrassicacées : diplotaxes,
roquettes,etc.
kerlcâ.2 (poly.) : s'appliqueaussià d'auresBrassicacées: diplotaxes,etc.
zerrî't ffin : nom desgraineschezles herboristes.
hebbl-m1êbek:sousce nom on trouve,chezles herboristes de Saléet de
Marrakech,les grainesde moutardenoire agglomérées entreelles et avec
d'autes grainespal un liant de natureindéterminée (BELLAKHDAR &
al., 1982).Cetæconfection,dontI'originenousestinconnue,est destinée
aux pratiquesde magie.

La moutardenoireest uneespècecosmopolite,communeau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partout,les grainesde moutardenoire sontprescritescommeréchauffant


et entrentdansla préparationdu rôs al-Innût (voir n' 693). l-e lardal
estcité dansLe Coran(S. 21, v. 16).
Les grainessonttrès souventutiliséesen magiesousforme de grainesou
de confectton(hebbl-rn!êbek).

Les jeunes feuilles sont consomméesen mélangeavec les feuilles de


mauvedansle metsdrtbqûla (voir Malva, articleno 339).

TOXICITÉ

On nous a signalé des cas de gastro-entéritesprovoquéespar une


ingestion,à doJesélevées(de 2 cuillèresà soupeà I poignée) de graines
de moutardeà desfins thérapeutiques.

En usageexternenen raisonde leur actionrubéfiante,les gfailes peuvent


entraînérdes accidentscutanéscomprenantune initation de la peau,des
phlyctèneset mêmede la gangrène(CHARNOT' 1945).

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
fa moutardenoire est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, tro767,768),la'(Jmdatat'tabîb(no701,1306)'AL-WAZIR

256
AL-GHASSANI (n" 346),laTuhfat al-ahbôb(n" 417)et ABDEREZAe
(LECLERC, 1874,no909), sousle nom defiardal.

Ires donnéesde la toxicologie


L'action irritante et vésicantedesgrainesde moutardenoire est due aux
thiocyannateslibéréspar les thioglucosidessousI'actionde la myrosinase
(KEELER & al., 1978).

123. Brassica oleracea L,

choux divers, chou-fleur

krunb, kurunb, krumb (!) : pour le chou.L'orthographieclassiqueest


kurunb. Ce vernaculairearabeest d'originegrecque.
luflur, Siflur: pour le chou-fleur; ce mot dérivedu français.
qonnabît(livresque).
kurunb mossûl(litt.: chou de Mossoul)(liwesque): pour le chou-rave.
zegzaw,ôzegzaw(!) (berbèredu Tafilalet) : c'est une variété de chou-
cavalier non pommé (Revue de Bot. Appl., 1932, p. 786) que les
habitants de la région cultivent tout spécialement,ses feuilles étant
utilisées pour faire la sauceet la garniture du couscous.Ce chou
particulier est égalementcultivé au Sahara,dans le Tidikelt, comme
fourrage(Renseignements Coloniaux,Dol, janu. 1902,p. 10).

Il existe au Maroc plusieursvariétéshorticolesde chou (MAIRE,L912-


1 9 6 8 ):
- le chou commun (chou cabusou chou pommé) - sous ses formes
blancheou rouge (forrre rubra) - est la variétécapitataL.
- le chou-fleurest la variétébotrytis L.
- le chou-raveest la variété gongyloidesL.
- le chou-cavalierest la vaiétêtramosa(D C.) Alefeld.
Ceux sont les seuls chous traditionnels.Les autres variétés (chou de
Bruxelles,chou frisé, etc.) ne sontpasconnusdespopulations.

USAGFS TRADMONNELS

En diététiquepopulaire,le chouestjugé commeun mauvaisaliment, de


surcroîtindigeste.De plus, il a la réputationde rendrele sangimpur, de
ne pas convenir aux tempéraments chaudset de faire baisserla fécondité.
A Rabat et Casablanca,les feuilles de chou,réchaufféessur un plat de
terre cuite, sont utiliséesen cataplasmes,
poséssur le bas du dos, conEe
tout€sles maladiesdesreins.
A Salé, les grainespulvériséessont administréesoralement(112.à |
cuillerée à café de poudre dans I verre de lait chaud) contre les
refroidissements.
257
A Goulmima (Tafilalet), on mâcheles feuilles de la variété zigzaw,
crues,conEeI'acidité gastrique.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le chou et le chou-fleur sont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,n" 321, 1909),la'Umdat at-tabîb(n" 1193),
AL-WAZIR AL-GHASSANI(n' 152)etlaTuhfat al-ahbâb(no224) sous
les noms de kurunb, baql al-ônûr (pou le chou)eTqonnabîr(pour le
chou-fleur). ABDEREZAQ GECLERC, 1874, no 445, 480) cite
plusieursvariétésde chou cultivéesen Algérie. Tous les auteurs(ainsi
que IBN CHAQRLJN,p. 29) s'accordentà dire que le chou est un
mauvaisaliment"

Les donnéesde la toxicologie


On a isolé dansle chou une substancegoirigène, la goitine (vinyl-5-
thio-2-oxazolidone),dont le précurseurserait un thioglucoside (la
glucobrassicine).Cette substanceinhibe la fixation de I'iode et la
formation de thyroxine(KEELER & al., 1978).

Ceci expliqueque chezles populationscarencées en iode (en particulier


dansles montagneset dansles régionscontinentales),la consommation
excessivede chou ou de navetspeutfavoriserI'apparitionde goîtreset le
crétinisme.

124. Diplotaxis sp.

Dip lotaxistenuisiliqua Del.


Diplotaxk catholica(L.) D C.
Diplotmis harra (Forsk.)Boiss.
D iplotaxis ollivi ert Maire
Dip lotaxispitardiana Maire
Diplotaxis virgata (Cav.)D C.
Diplotaxisassurgens(Delile) Grenier

diplotaxe

l-kerkâz (!) (poly.) : c'est un peu I'appellationgénériquedes


Brassicacées,au Maroc. Elle s'applique,en effet, aussi aux genres
Sinapis,Brassicaet parfoisEruca,Raphanuset Erucasffum-
Seryat,âkryad, âSeryat,Selyat(berbèredu Moyen-Atlas).Au Satrara,
ce vernaculaireestportéaussipat Farsettiaaegyptiaca.
bû-$ammr2 (poly.) : tennegénéralaux Brassicacées.

258
I-hârra (!) (Tafilalet,sahara)(litt.: la piquante): pour D. harra. Mais
d'autresBrassicacées satrariennesportentaussice nom : Diplotaxis acris
(Forsk) Boiss.var. QuygyieranaCoss.(espècealgériennej;Coronopus
lepidioides(Coss.)o. Kuntze; coronopussquamatzs(Forsk.)Aschérs;
Eruca vesicaria L. Toutesces espècesont en communqu'ellessont
mangées(les feuillesjeunes,parfoisaussiles racines)vertes-oucuiteset
serventà faire des sauces(Rev.Bot. Appl. 1932,p. 829-830; BoLJLOS
& EL HADIDI, t984).
âsnâb, çnâb (Tangérois): dérive du classiqueâçnâf (RENAUD &.
COLIN, 1934,n" 417) ; s'appliqueaussià Brassicanigra.
waîfs(Souss,LAOUST, 1936).
â,zezgô(Touaregs,SITOUH,1989; LE FLOC'H,1983).
tanekfayl (Touaregs,SITOUH, 1989 ; LE FLOC'H, 1983) :
principalement pour D. harra, mais s'entendaussi pour d'autres
Brassicacées,en particulier Diplotaxis acris (Forsk.) Boiss. var.
duveyrieranaCoss.

L'espèce D. pitardiana est endémiquedu Sud oranaiset des confins


sahariensmarocco-algériens.
Les auEeses@cesserencontrentau Satrara
ou au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Au Maroc et au Sahara,les grainesdes diplotaxessont prescrites(au


même titre que les autres Brassicacées)par voie interne, comme
réchauffantet, par voie externe,en cataplasmes,commerubéfiant.
Au Sahara,la décoctiondesgrainesou desfeuilles de divers diplotaxes
(D. harra, D. pitardiana) est utilisée,en frictions, contre la gale des
animaux.On peut se servir aussi des feuilles fraîchescontuséesavec
lesquelleson frotte la pau de I'animal.

I-es feuilles jeunes des diplotaxessont employéespour faire des sauces


surtout dansles régions sahariennes. Au Moyen-Atlaset dansla région
d'oulmès, elles entrent dansla préparationde la bqûla (voir à Malva,
articlen' 339).Les grainesde D. harra sontutiliséescommeépice.

Les diplotaxessont des pâturagesbien appétéspar les camelins,les


bovins, les ovins et les caprins mais en alternanceavec d'autres
fourrages.

TOXICITÉ

L'ingestion en excèsou exclusivedesdiplotaxesest dangereuse pour le


bétail, en raison de leur action irritante et rubéfiantesur les muqueuses.
L'intoxication peut mêmeêtremortelle,surtoutchezles ovins : plusieurs
casont été signalésauMoyen-Atlas.
259
Les animauxprésententun grandabbattement, gémissenten permanence,
refusent toute nourriture. La ruminationest arrêtée,I'animal ne digère
plus ce qu'il a avalé.Si rien n'estfait pour soulagerI'animal,la mort
survientrapidementen 6 ù24 heures(CHARNOT, 1945).

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Ce genre n'estpas mentionnédistinctementpar IBN AL-BAYTAR' la
'Uidat at-tabîb(no701, 702),AL-WAZIR AL-GHASSANI(n" 72,346)
etla Tuhfat al-ahbôb(n" 95) mais on peutconsidérerqu'il a êtê'assimilé
aux moutardeset aux "navetssauvages"c'est à dire qu'il n'a pas été
distinguédes genresvoisins (Brassica,Sinapis,Eruca), en raisonde la
ressemblancede I'aspect général et des propriétés. Quant à
ABDEREZAQ GECLERC, 1874, no 210), il mentionneune espèce
appeléel-lôrra qui peuttrèsbien êtreun diplotaxeou une roquette.

125. Eremophyton chevallieri (Baratte) Beg.

galglân (Dra, Saharaoccidental).


âwineS(Tissint).
occidental,BIROUK & al., 1991).
gern etteys(Satrara

Cetteespèceestune endémiquedu Sudmarocainet du Sudalgérien.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Dra (Tissint, Tata), la partie aériennede la plante, séchéeet


réduiæen poudre,est un remèderéchauffantque les femmesutilisent (1
cuillère à sôupedansun bol de potage)conre la frigidité.
Les feuilles jèunessont consommées par les nomadesà la manièredont
on consomme,dansle Nord du pays,les feuillesde mauve(voir à Malva,
articlen' 339).Ce metsestconsidéréconrmelaxatif.
La planteest un excellentpânrage.

DISCI.JSSION

[æs sourcesécritesarabes
par aucunde nos auteurs.
Cetteespècen'estmentionnéedistinctement

126. Eruca vesicaria L. (= Eruca sativa Mill.)

roquette

260
l-hârra (!) (poly.) (lin.: la brûlantenla piquante): s'emploieaussipour
plusieursdiplotaxes.
baqlat 'âyfu (litt.: légumede Ar'cha): pour resvariétéscultivées.
l.-leriîr Qolv.) (RENALJD& coLIN, 1934,n' 95) : s'uritiseaussipour
d'autresBrassicacées.
bû-?ammrû (poly.) (Nord du Maroc).
tgnelcfayt(Touaregs): mêmevernaculairepour les diplotaxes.
l'Sârra l-ftlaliya (Fès) : sousce nom on trouve chezles herboristesde
Fès de toutes petites grainesellipsoi'dales,brun-roux et de saveur très
piquante : il s'agit waisemblablementdes grainesd'une des variétésde
roquettecultivée.

Cette_espèceest cosmopolite.Les sous-espèces spontanéespoussent


abondammentaprès les crues. Les variétéspotagèressont ôultivées
spécialementdans les oasis du Saharamarocainei algérien (Tafilalet,
Touât, In salah, etc.) (Renseignements
coloniaux, ûô r, janv. 1904,
p.r2).
Plusieurssous-espèces et variétéssont aujourdhui classées'danscette
espèce(MAIRE, 1952-1968):
- Eraca vesicariaL. ssp.sativa Mill. subvar.oleraceaThell (= E. sativa
Mill.) : c'estla roquettepotagèrelocale,cultivée.
- Eruca vesicaria L. ssp. longirostris (Uechtr.) Maire var. deserti
(Pomel) Ban. (= E. deserti Pomel).Cette vanêtêest sponranée.Elle se
renconte fréquemmentdansle Saharaalgérien.
- Eruca vesicaria L. ssp.pinnatifida (Desf.)Emb. & Maire (= E.
brevirostris Pomel).Cetævariétéest spontanée darrsle Satraramarocain
orientalet occidental.
- Eruca vesicariaL. ssp.pinnatifida (Desf.)Emb. & Maire var. aurea
Batt. Cette variêtê,spontanéedansle Satraramarocainoriental,est aussi
cultivéedansles oasiscommeplantefourragèreet planteà sauces.
- Eruca oleraceaJaumeSt. Hil. : c'estla roquettepotagèreeuropéenne
;
elle est parfois cultivéeau Maroc.

USAGES TRADMONNELS

Partout au Maroc, les grainesde roquettesont utilisées (l cuillerée de


pouqg dans I verre de lait) commeréchauffant et vennifuge. - On fait
aussidescataplasmes "échauffants"avecla poudrede graines.
A Tissint, une recette est utilisée comme aphrodisiaque: elle est
composéed'un mélangeà parties égalesde graines de roquette, de
grainesd'Ammodaucusleucotrichus,de grainesde Resedaiillosa, de
grainesde Nigella sativa, de grainesde Trigonella foenum graecurn,

261
auquelon ajoute 1/3 du poidsde feuillesde Zygophyllumgaetulum,tor
moud le tout ensemble; on prendun peude poudretouslesjours.

Dansles oasissurtout,les feuillesde toutescesvariétéssont comestibles,


crues ou cuites, et servent à faire des sauceset des garnitures de
couscous.Les grainessontutiliséescommeépice.La graine drtel-Iûrra
I-filaliya est utilisée à Fès pour la préparationdu rôs al-Innût (voir
n" 693).
Les roquettessont de bons pâturages,surtout à l'état sec, mais elles
communiquentune odeurassezforte au lait.

TOXICITÉ

Des intoxicationsde bétail nousont été signaléesdansle Tafilalet où on


donne les feuilles de roquettecultivée commefourrage.Leur ingestion
en excès exposeaux mêmesdangersque pour les diplotaxes(voir cet
article, n" 124).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Les roquettessont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, Do217,473,1890,2239),la'Umdatat'tabîb(n' 386)'AL-
V/AZIR AL-GHASSANI (no 72), la Tuhfat al-ahbôb (no 95) et
ABDEREZAQGECLERC, 1874,n" 149,210)sousles noms deiiriîr et
'ôy{a.IBN AL-BAYTAR donneaussiles vernaculaires
ôyhuqôn,
baqlat
nelnq etlcetaô.

127. Farsetia aegyptiacaTarra

za'za'(!)(Satrara,BELLAKHDAR& al.,1987; MONTEIL'1953).


taççit,tiççit(Dra,Ait Atta, BELLAKIIDAR & al., 1987; BERTRAND,
r99r).
âk{it (MONTEIL, 1953): s'emploieaussipour F. hamiltonii Royle et F.
ramosissimaHochst.
agassid(QLIEZEL& SANTA,1962-1963): pour F. ramosissimaHochst.
sdêyrt IeImeS(litt.: arbustede serpent)(MONTEIL, 1953).
'ûd l-ôbyad (litt.: bois blanc) (Tafilalet, HauteMoulouya,BERTRAND,
r991).
lelyaç Goly.) (Saharaoccidental,BIROUK & al., 1991) : pour F.
aegyptiacaTana et F. occidentalisBurrt.
Espê-ce communedansle Satraramarocain.
saharo-sindienne,

262
USAGESTRADITIONNELS

A Tissint, associéeà de I'alun, la plante sert à faire une décoction


employéeen gargarismesdansles douleursdentaireset gingivales.
L'espèceestbien appétéepar le cheptel.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteplanten'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

lzE. Lepidium sativun L.

cressonalénois

LI.Mrf, Lhurf Q).


lnbb er-rlôd (!) (litt.: la grainede la bonnevoie ; car son emploi est
recommandépar un hadith,RENAUD & COLIN, 1934,n" 167).

Le cressonalénoisest cultivéeau Maroc.

USAGES TRADITIONNELS

Les grainessont une panacéede la médecinemarocaine.Un hadith en


recommandeI'emploi. On retrouve, partout au Maroc, les mêmes
indications.On les adminisEegénéralement par voie orale,trinrréesdans
du miel, ou en infusion (l cuillèreà soupe)dansdu lait chaud.
Les grainessont indiquéesdansle traitementde la toux, de I'asthme,de
la tuberculose,de toutesles affectionspulmonaires,desrefroidissements,
du rachitisme,de lTmpuissance, de la stérilité,de la syphilis.
Elles sontréputéestoniques,expectorantes, carminativeset galactogènes.
Pour activer l'accouchement,on donne à mangerune bouillie de lait
contenantdes grainesde cressonalénoisou un mélangede lait et dhuile
d'olive contenant2 oeufs entiersbattus,de la cannelleet des grainesde
cressonalénois.
En usage externe, la farine de graines entre dans la composition de
cataplasmesrévulsifs contre les bronchitesou d'onguentsmaturatifs et
cicatrisantscontreles abcèset les furoncles.
Dans le traiæmentdu rachitisme,on fait desmassagesavecun liniment
de poudre de graines macéréedans de I'huile d'olive et on donne à
mangerla planteentièrefraîche.
A Tissint, contre I'asthme,on instille dans le nez, quelquesgouttes
d'infusion ((1 cuilleréeà cafédansun petit verred'eaubouillante).

263
Le mélange(113,213)de grainesde cressonalénoiset de grainesde
Medicago sativa est administré aux femmes allaitantes corrme
galactogène.
A Casablanca,on préparedescrêpes(rSayifl contenantdes grainesde
cresson alénois, qu'on mange comme réchauffantet aphrodisiaque
(MATHIEU et MANEVILLE, 1952).

La plante entièreest consomméeen saladeet s'utilisepour faire des


sauces.

TOXICITÉ

Par leur huile essentielle,les graines,prisesen grandequantité,peuvent


provoquerdesirritations desmuqueuses, commec'estle casde beaucoup
de Brassicacées. Des intoxicationsde nourrissonsont plusieursfois été
signaléesau Maroc.
Les cataplasmes peuventaussientraînerdesinflammationscutanées.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le cressonalénoisest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,n" 446, 578, 653, 1041,1776,2160),la'Umdat at-tabîb
(n" 484, 552),AL-\ryAZR AL-GHASSANI(n" 118),la Tuhfatal-ahbâb
(n" 167)et ABDEREZAQ(LECLERC,1874, no 310,556,901) sousles
nomse hurf, twbb er-raffid, muqliyâtâ.

129. Matthiola ,naroccana Coss. et Matthiola livida (L.) D C.

Slgô'a,SSgâra(Saharaoccidental).
lefuna (Salraraoccidental): s'emploieaussipour Malcomia aegyptiaca
Spr.(= Eremobiumaeglptiacum(Spr.)Boiss.).
reda'atal-begra (litt.: la téteusede vache)(Souss,BOULET & al., 1990,
1991): pour M. pantiflora (Schousboe) R. Br.

L'espèce M. livida, saharo-orientale,est commune dans le Satrara


marocain.M. maroccanaestuneendémiquedu Marocet de I'Algérie.

USAGESTRADMONNELS

Au Satrara occidental, les nomadesutilisent les graines comme


réchauffant(ajoutéesarD(saucesdu couscous
ou aux soupes).

DISCTJSSION

264
Les sourcesécritesarabes
Cesespècesne sontmentionnées par aucunde nosauteurs.
Mais le manuscritmaureAl-wasir la mentionneet note,à proposde la
plante appeléel\gâra: "planteque numgentles voyageurs; elle contient
un latex d'odeurinfectequi empuantitI'haleine".(MONTEIL, 1953).

130. Morettûa canescensBoiss.

tabzwaget, tuzbaget (!) (BELLAKHDAR & al., 1987 ; MONTEIL,


1953; BIROUK & al., 1991).
tabzwalt(fissint, BELLAKHDAR & al., 1987).
hebbaliya (poly.) (Tafilalet, BERTRAND, l99l ; Satraraoccidental,
BIROUK & al., l99l ; Saharaalgérien,SITOUH, 1989 ; QUEZEL &
SANTA, 1962-1963).

Cettees1Èce,saharo-sindienne,
estcommunedansle Saharamarocain.

USAGESTRADITIONNELS

Dans le Dra, la décoctiondes feuilles et desfleurs (2 grandespoignées


dans ll2 litre d'eau), en mélange (à parties égales) ou non avec
Euphorbia granulata Forck.,est utilisée,en frictions, pour faire pousser
les cheveux.
A Tata, les graines sont utilisées comme réchauffant, dans tous les
refroidissements.

C'est un bon pâturage,reconstituantdes réservesde graissedu cheptel


(MONTEIL, 1953).

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetæespècen'estpasmentionnéepar aucunde nos auteurs.

l3l" Mortcandia arvensis (L.) D C.

krumb ej-jmel, krumb el-bel (!) (litt.: le choudu dromadaire,le chou du


troupeau)(Oriental).
jerjîr (poly.) (MONTEIL, 1953; BIROUK & al., 1991): ce vernaculaire
s'emploieaussi pour Schouwia purpurea (Forsk.) Schw. et pour les
roquettessauvages.
?amin(Tunisie,LE FLOC'H, 1983,n" l@).

265
communeau Maroc.
Espèceméditerranéenne

USAGESTRADITIONNELS

Dansla région de Manakech,les feuilles,passées


au feu, sontemployées
par les bergerscommecataplasme réchauffant.
Elle est aussiconsommée*dansle Sud marocainmélangéeà la mauve
(voirMalva,n'339).

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
l-ejirjîr est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
no 217, 473, 2239)dansI'articlequi naite desroquettes.Il est possible
que I'espècede roquette sauvageà fleurs rouges qu'il décrit, soit
Moricandin aryensis.La'Umdat at-tabîbet AL-\MAZIR AL-GHASSANI
I'ont peut-êtreassimiléausroquettes.Cetteespècen'estpas mentionnée
par la Tuhfatal-ahbôbet ABDEREZAQ.
* Cetæespèceest très priséecommeplanæpotagèredans Sudtunisien.Les feuilles,
!e
cuiædansj'eausalée,piris essoréas,
sontécrasées dansdelhuile et recuiæsà nouveauà
la manièrede la corèæ(voir à Corchorusolitorias,articleno 509)(LE FLOC'H, 1983,
no 164).

132. Nasturtium offtcinale R. Br.

cressonde fontaine

gernûne{(!) (Moyen-Atlas,Grand-Atlas).
qurrat el-'ayn (livresque,IBN AL-BAYTAR dans LECLERC, 1877-
1884,n" 1751).
lûrra (poly.) (Algérie,LECLERC,1874,n" 433).

Cettees1Èce,cosmopolite,se rencontre,au Matoc, en montagne,autour


dessourceset desruisseauxrapides.

USAGESTRADMONNELS

Ceneespèce,consomméeen saladedansle Moyen-Atlas,est considérée


par les Berbèrescommeréchauffanæet fortifiante. On la met aussidans
despréparations du typebqû,la(voir àMalva, n" 339).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes

266
Le cresson est mentionnépar IBN AL-BAYTAR,1877-1883, n" 656,
l75l), la 'Umdat at-tabîb (no 2062), AL-WAZIR AL-GHASSANI
(n" 233),la Tuhfatal-ahbôb(n" 337) et ABDEREZAQGECLERC,
1874,n" 433,752), sousles nomsde qorrat al-'oyr, hurf aLmô',
âgernûn, qamûna\, jirjîr al-mâ'.

133. Oudneya afrtcana R Br. (= Henophytondeseni Coss.& Dur.)


'alga (!) (Orientalmarocain,MoyenneMoulouya,BERTRAND, l99l
;
Algérie, QUEZEL & SANTA,1962-1963; Tunisie,LE FLOC'H, 1983,
no 163).
$ennatej-jmel(litt.: hennéde dromadaire)
(Algérie,SITOUH, 1989).

Cette espèce,est une endémiquenord africaine, communedans la


MoyenneMoulouya et I'Orientalmarocain.

USAGES TRADMONNELS

Dans la MoyenneMoulouya la plante,blanchiedansde I'eaubouillante,


puis hachéeet consomméeassaisonée à I'huile, est considéréecomme
bonnepour les intestins*.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèce n'est mentionnéeni par IBN AL-BAYTAR, ni par
ABDEREZAQ.
* Dansle Sud tunisienles feuilles de cetæespècesontconsommées, préparéesde la
mêmemanièreqw Mortcandiaarttensis(voir cet article,no 131)(LE FLOC'H,1983,no
163).

134. Raphanus sativus L.

radis cultivé

lefiel,frila (!): ne pasconfondreavecla me qui portele mêmenom.

Le radis est cultivé au Maroc,dansles zonesmaraîchères.

USAGESTRADITIONNELS

267
Partout au Maroc, le radis est considérécomme digestif, carminatif et
antiseptqueintestinal.Sa graineest disponiblechezles herboristeset
s'emploiedansles mêmesindicationset commeréchauffant.
A Casablanca,la poudredes grainesde la variéténoire (R. sativusL.
var. nigra) est utilisée contreI'ictèredesnourrissons(ll2 cl.nlleréeà café
dansle biberon)et desadultes(l cuilleréeà caféavantchaquerepas).
D'aprèsMAUCHAMP (s.d.), à Marrakech,l'écorcede radis rouge,
broyéedansde I'eau,est utiliséepar les femmesen lotion sur le visage
pour obtenir un teint frais.

Cette espècecultivée, dont il existede nombreusesvariétés,est d'abord


et mêmeles nervures
une plante alimentairedont les racinestubéreuses,
de feuilles, sont consomméescrue en salade.Sa consommationest
déconseilléeaux personnesqui ont un estomacfragile*.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
Le radis est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 1672),la'Umdat at-tabîb (n" 1907)et AL-WAZIR AL-GHASSANI
(n" 72, 233) sousle nom defijel. LaTuhfat al-ahbôbet ABDEREZAQ
ne le mentionnentpas, probablementparcequ'il le considèrecomme
strictementalimentaire.
AL -WAZIR AL-GHASSANI décrit aussiune variétéde radis sauvage
qui est peut-êtreRaphanusraphnnistrurnL.

* Le radis cultivé n'est pas dangereuxpour I'hommeet I'animal,quoiqu'il peut être


irritrnt, maisle radisdeschamps(RaplwtusraphanisturnL.),à pétalesblanc-jaunâtre,
connusousle nom de bû-hailmi l-âbyaSetdefuryaç@ommelesdiploaxeset d'autres
Brassicacées), serait toxique à foræs dosespour les ovins commele sont aussi les
diplotaxes(voircetarticle,no 124)(CHARNOT,1945).

135. Schouwia purpuîea (Forsk.) Schw.

jerjîr (!) (poly.) : mêmevernaculairepolu Mortcandia arttensiset Eruca


vesicaria.
âlwat (Touaregs,MONTEIL, 1953; VOINOT, 19@).

repanduau Satrara.
Espècesaharo-sindienne,

USAGESTRADITIONNELS

En médecine vétérinaire traditionnelle,cette espèceest considérée


comme tonique,reconstituanteet réchauffantepour les troupeaux.

268
Au Sahara,les feuilles sontutiliséescommeplantepotagère.
I-es Touaregsfont cuire la feuille à I'eau,puis aprèsI'avoir essorée,la
mangentau naturelou I'ajoutentaux potages(VOINOT, 1904).

Cetteplante est un excellentpânrage à la rechercheduquelles nomades


et leurs troupeauxfont descentainesde kilomètres.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
I-ejirjîr est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 2l'7, 473,2239)et la 'Umdatat+abîb(no386),sousI'articlequi traite
des roquettes.Il est possibleque I'espècede roquette sauvageà fleurs
rougesque décrit IBN AL-BAYTAR soitSchouwiapurpurea.
Sousle même arnclejirjîr, ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 210) ne
mentionneque la roquetteordinaire.AL-WAZIR AL-GHASSANI et la
Tuhfat al-ahbâb qui décriventbien la roquettecultivée,ne font aucune
allusionà cetteespèce,bienconnuedesSahariens.

136. Sinapis alba L"

moutardeblanche

âmâb (!)(Asilah,Tangérois)(du classiqueasnâfl: s'emploieaussipour


la moutardenoire et les diplotaxes.
lardal, furdal âbya{(!) (litt.: moutardeblanche): par oppositionà
furdal aswad(Brassicanigra (L.) W.D. Koch.).
bû,hammû(poly.) : s'appliqueaussià d'autresBrassicacées.
I<crkôz(poly.) : s'appliqueaussià d'autesBrassicacées.

Cettees1Èce,cosmopolite,est communeau Maroc. Elle est aussiun peu


cultivée dans la région de Meknès (Agourat) pour I'industrie
condimentaire.

USAGES TRADMONNELS

A Meknès, les graines sont indiquéescorlme réchauffantet comme


laxatif (1 cuillerée à soupede poudre de grainesdans 1 verre de lait
chaud).
Dans la région de Rabat,on fait avalerla poudrede grainesdiluée dans
un peu d'huile d'olive, darrsle traiæmentde la stérilitéféminine.

DISCIJSSION

269
Les sourcesécritesarabes
La moutardeblanche est mentionnée,sans distinction par rapport à
Brassicanigra, par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,n" 767,
768), AL-WAZIR AL-GHASSANI(no346),laTuhfat al-ahbâb(n" 417)
et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n' 909)sousle nom de khardal.
La'Umdat at-tabîb (n" 701),par contre,fait une mentionspécialede la
moutardeblanche(furdal âbya().

BURSÉRACÉPS

137. BalsamodendronopobalsarnurnKunth. (= Commiphora


Engl.)
opobalsamum

baume de la Mecque, baume de Judée,baume de Galaad ou Gilead,


baume de Constantinople,baumevrai, baumeblanc, baumedu Grand
Caire.

balsân,balasôn,balesma(!) : Le mot désigneaujourdhuid'autresplantes


dans le Monde Arabe (ainsi Momordica balsaminaL., dont le fruit, en
Sytie, est réputécicatrisant,commele baumede la Mecque,HONDA &
AHMED, 1980).Au Pakistan,par contre,on connaîtle mot balsân pour
'ûd balsôn pour le bois (KHAN
le baume de la Mecque et
USMANGHANI & al. ; 1986).
behnbalsôn(Egypte).
Ce seraitle *ôrt desHébreuxcité dansI'AncienTestament(Genèse37 :
25) etle balsarnondesauteursgrecs.

C'est un arbre qui poussedans le Hedjaz, la Jordanie(où se trouvait


Galaad),la Palestine(anciennement Judée),la Nubie (sur les rives de la
Mer Rouge),I'Ethiopie,la Somalie,Zanzibar.On a tenté à plusieurs
reprises,au cours de lhistoire, de I'acclimateren Egypte(dansle village
de Materieh,près de Ain Chems,c.à.d.Héliopolis),mais les plantations
n'ontjamais survéculongtempsou furentdétnriæs(CHALMN, 1978).

Le baumeest récoltépar incision sur I'arbre,en été. Il s'écouledansdes


vasesqui sontensuiteenterréspuis, au bout de quelquestemps,exposés
au soleil. Lhuile surnageante est recueillie et purifiée par décantations
successives : on obtientle baumepur, liquide, qui ne représenteplus que
le 1/10 de la récolte. Une 2ème quaÏté est soutiréedes rameauxpar
ébullition dansI'eau puis séparationde la phasesurnageante: elle était
destinéeà la toilette des femmesturques.Une 3èmequalité,enfin, plus
épaisseet moins odorante,est le surnageantde la 2èmeébullition : c'est
surtout cette sorte qui était vendueà l'étranger,à Marseille notamment.

270
Le Baumede La Mecqueétait exportédansdesflaconsde plomb ou des
petitsvasesde terre cuite (CHAWIN, 1978).
Le baumeutu serut identiqueà I'ancienbaumede la Mecque(pERRoT,
1943-1944).

USAGESTRADITIONNELS

Au Maroc, on ne trouve plus aujourdhui ce baumechezles droguistes,


mais les pélerinsde retour de la Mecque,le rapportentparfois dans des
mélangesdits boSîrr mekkô,bo!ûr furam ou bo$ûr madînâpour des
fumigationsrituelles.

DISCTJSSION

La tradition et les sourcesécritesarabes


En Arabie pré-islamique,les Koraychitesutilisaient le Baume de la
Mecque cornme parfum sacré dédié au Dieu-Soleil. Le prophète
Mohammed lui rendit son utilisation originelle de vulnéraire,par voie
externeou interne(CHA{,IVIN, 1978).
Dans "Le livre desRuserur',il est mentionnécommeservant,en Arabie,
à enduiredesbâtonspour faire destorcheséclairanteset à imprégnerdes
mèchesde lampe
En Egypte,il était utilisé commevulnéraireinterne,absorbéà raison de
quelquesgouttes(CHALMN, 1978).

Le baume de La Mecque est cité par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,


1877-1883,tro 336) et la 'Umdatat-tabîb(n' 209) et AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 62) sousle nom de balsân, comme provenantd'Aih
Chems en Egypte. ABDEREZAQ GECLERC, 1874, no 127) le
mentionnesousle mêmenout.
La Tuhfatal-ahbôbne le mentionnepas.

* Iæ livre desruses,traductionfrançaisede R. Khawam,EditionsPhébus,Pads, 1976.

138. Boswellia divers

Boswellia carterii Birdw.


Boswellia fre rtana Birdw.
Boswellia blnudaj iana Btdw .
Boswellia papyrifera Huchst.
BoswelliasercataRoxb.
BosweIIia dnlzielii Huchst.
Boswellia odorata Huchst.

271
encensvrai, oliban

kender(t).
lubôn (Maroc,Algérie) : mais ce mot, au Maroc,s'appliquesurtoutau
succin.
lubânlakar (!) (litt.: encensmâle).
?aûIbôn (!) (litt.: grainsd'encens).
salabôm,slabân (!) : surtoutpour I'encens
en grains.

L'encensest une gornme-résineodorantequi est produitepar des petits


arbresou arbustesdu genreBoswellic qu'on rencontreen Somalieet en
Arabie du Sud-Est.
Le B. carterii Birdw. (beyo en langue somali) fournit des larmes
globulaires ou pyriformes. l-e B. freriana Birdw. (maîdi en langue
somali) donne un encensen morceauxde faible grosseur,de couleur
jaune transparente,fiès apprécié(MAUGINI, 1933).
D'autresBoswellia du Nord-Estde I'Afrique (8. bhaudajianaBirdw.et
B. papyrifera Huchst.)fournissentun encensde 2èmequalité(UNESCO,
1960).
l-e B. serrata Roxb. de I'Inde fournit aussi une gomme-résinedite
"encensde I'Inde"(UNESCO,1960).
Enfin, le B. dalzielii Huchst.et le B. odorata Huchst. de I'Afrique
occidentale produisent aussi une variété d'encensmais de valeur
aromatiquemoindre (LJNESCO,1960 ; HUTCHINSON & DALZIEL,
t954-1963,D ALZTEL I 955).
L'encensest récolté par blessurede l'écorce.La récolte se fait 15 jours
aprèsla blessure.on ré@teensuiteI'opérationtous les jours. L'encens
récolté est expédié vers Aden, Mogadiscio, Zanzibat, Bombay
(MAUGINI, 1933).

L'encensest importé au Maroc. On le relève,en 1902,dansune liste de


produitsdébarquésà Casablanca (Renseignements Coloniaux,no 12, dêc.
tqO+). Commercialement,au Maroc, on distingueplusieurs variétés
d'encensdont la meilleureest diæ "mâle"(dnlur).

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, I'encens(8. carterii principalement)s'emploie,à


I'intérieur, trituré dans du miel, comme médicament de la toux
(balsamique).A faiblesdoses,il estréputéactif dansles calculsdu rein et
de la vessie, ainsi que dans I'hémoptysieet la tachycardie. Comme
masticatoirenil est recommandédans les aigreurs d'estomac,
I'aérophagie,les haleinesfétides.
L'encensest surtoututilisé dansles fumigationsrituelles,à I'occasionde
cérémonies,et dansles soinsde beauté,en raisonde sabonneodeur.

272
Il intervient aussi en magie et en contre-sorcellerie,sous forme de
fumigations: recherchede trésors cachés,exorcisations,protection
conEele mauvais-oeil,etc.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
L'encensest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 1974,2012),la'Umdat at-tabîb (n" l7l, 1274),AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 167) et la Tuhfat al-ahbâb(n" 214) sousles noms de
kundur et lubân. ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n" 430) donneen
plus le vernaculaireIn$lbân.

139. Commiphora africana (A. Rich.) Engl. (= Balsamodendron


africana (4. Rich.) Arn.)

bdellium africain

âdres (!) (Maure,Saharaoccidental); c'estl'ôdarasdesTouaregs.


Ce serait d'après Al wasit (un manuscritmaure) (dans MONTEIL,
1953)le batum classique
C'estle badi ou badndi desPeulset desToucouleurs(DALZEL, 1955).
tôga : nom du fruit du C. africana chezles maures.
ûmrn-en-nôs(!) (litt.: la mère des gens) : c'estle nom de la gomme-
résine aromatiquedu C. africana. Ce vernaculaires'emploieaussi au
Maroc pour la résinede pin.
La gomme-résineest aussiappelée,au Satrelet en Mauritanie,lembwârlca
(litt.: la bénie) en raison de I'efficacitéde son action rmlnérairedans les
soinsapportésaux plaieset blessures.Sur les marchésdu Nord-Ouestde
I'Afrique, les Bambarala dénommentbarakanti,par déformation.
Les Arabes du Nigéria du Nord I'appellentgafal (de même que pour
Boswellia papyriftTa) (DALZEL, 1955)et lubân (pou Comrniphora
pedunculataEngl.).
Dans la région de Tambouctou,d'où elle provenait autrefois, on lui
donne le nom de larnuf* ou lamut (wolofl et au Sénégalniattût
(DALZreL,lgss; Renseignements ColoniauX,oo 1,janv. 1898).

Cette résine est recueillie sur le tronc de I'arbustepar incision, puis


raclagedu produit exsudé,en.rironune semaineaprès.L'ensemblede la
récolte est alors exposéquelquesjours au soleil, puis pilé, pétri et
façonné en boules qui sont introduitesdansde petites calebassesde la
grosseurd'une orange.
Initialementla résineestblanche,maiselle devientjaune en sesolidifiant.
Raclée sur les troncs, séchéeet péEie, elle devient même noirâtre en

273
raison de morceauxd'écorceauxquelselle est mélangée(DALZreL,
19ss).
On la vend aussi sur les marchésafricainsen petites massesou en
mruronsou rougeâtreset d'odeuraromatique.
morcearD(,

L,eba!ûr es-sûdôn(litt.: fumigationsdu Soudan)ou jôwî l-âkfal (litt.:


benjoin noir) ou encorelubôn l-âklral (litt.: encensnoir) qu'on trouve
sur les étalagesdesherboristesmarocains,est très vraisemblablement de
la gomme-résinede C. africana ou un mélange en contenantde fortes
proportions.Il était autrefoisimportédespaysdu Sahelpar les caravanes
transatrariennes.Il anivait encoredansles années194011950sur les
marchésdu Sud marocainet du Sud algériensousforme de tablettesou
de grandesmeulesnoires.De nosjours, il est acheminéau Maroc par
voie maritime,en provenancede Dakar.

USAGESTRADMONNELS

En médecinetraditionnelle marocaine,la résine de C. africana est


utilisée, dansles zonessatrariennes,commeune véritablepanacée,avec
desindicationscalquéessur cellesen usagedansles pays du.Sahel.I-es
maladies de I'appareil respiratoire(et en particulier, celle surnommée
kalnl brlo) sont traitéespar ingestiond'un mélangefait de graissede
dromadaire fondue, de résine de C. africana et de clou de girofle
pulvérisé. Cette gomme-résineest en outre employée comme
stomachique, carminatif, apéritif, expectorant, emménagogue,
aphrodisiaqueet, surtougvulnéraire.
Les fumigations de la gomme-résine,seule ou associéeà d'autres
produits, sont prescritesdans les refroidissements,les rhumes, les
enrouements de la voix.
On I'emploie aussi pour adoucir et corriger I'action des médicaments
fortementdrastiquesou énergiques.
La gomme-résineest utilisée, au Saharaoccidental,dans les soins de
beauté.

læ ba$ûr es-sûdânintervient couramment- sousles noms de iôwî l-


âklnletlubân l-âklnl- dans les fumigationsrituelles (spécialement
chezles Gnawa)et en magie.

La décoction d'écorcesde C. africana est elle aussi prescrite coflrme


antiseptiqueet vulnérairechezles Maures.
Les Maurestaillent dansle bois de C. africanadesbatonnetsaromatiques
dont ils se serventcommebrosseà dents(DE PUIGALJDEAU,1992).

Tendre et facile à travailler, le bois sert aussià la fabrication de petits


objets.Frotté à un bois plus dur (Grewia bicolor Juss.,par exemple),il
274
laisse échapperdes étincelleset sert donc à allumer le feu chez les
Maures(MONTEIL, 1953).
DISC[JSSION

Les sourcesécritesarabeset la fraditionafricaine


IBN AL-BAYTAR,laTuhfat al-ahbâbet ABDEREZAQne décrivenrpas
cetteespèce.
Le babûr es-sûdônest mentionné,succintement, par DAOUD AL-
ANTAKI et, incidemmentpar AL-WAZIR AL-GHASSANI (n' 315). La
'Umdatat-tabîb (n" 173et 2251)
apporteun peuplus de précisions: elle
fait du ba!ûr es-sudanune pâtecomposéede résine(râtînaj), de bitume
(qafr), de Cyperus sp. (su'd), de ladanum(Iâdan), de baume storax
(mây'a) et d'un Juniperus sp.(abha[) ; le tout mélangéavecdu miel. Le
même texte ajoute que le mot ba!ûr es-sûdôns'emploieaussi pour
désignerle sr'd parceque c'est son composantle plus important.
Rappelonsque les vernaculairessu'd et tarra s'étendentà différents
Cyperus-aromatiques employéspar les Noirs et importésdu Soudan(voir
à Cyperus, article no 198). La formule de la 'Umdat at-tabiâ est
probablementcelle d'une confectionde remplacementdu wai produit,
étudiéepour avoir à peu prèssonaspectet sonodeur.

Quoi qu'il en soit, la résinede C. africanafut de tout tempsI'aromatepar


excellencedesNoirs - t'sassnsdu Sahel- qu'onbrûlait dansde petits
fourneaux, car sa fumée jouissait d'une excellente réputation
d'antiseptiquegênéral,de balsamiquen d'antimigraineuxet d'insecticide
(KERHARO et ADAM, 1974).

FOGG (1941, dans VENZLAFF, 1977) fait du jôwî l-ôklnl un


térébenthinateimpur (résine),mais il est probablequ'il s'esttrouvé en
présenced'unefalsificationpar unerésinede pin ou de lentisque.

140. Commiphora divers à myrrhe

myrrhe

Commiphoramyrrha Engl.
Commiphora abyssinica Engl.
Commiphora schimperi Engl.
Comrniphora splimplicifulia Engl.
Commiphoraplayfairif (Hook. F) Engler
Commiphorahildebrandlii (Engler)Engler
Commiphora ser rulata Engler
Commiphoraerythreaea(Ehrenberg)Engler

275
rnurr fijazî, murumeklû,murr (!) (partoutdansle Mondearabe).

Les meilleuresqualitésde myrrhe sont produitespar des espècesde


Commiphora(classéesci-dessuspar ordre de qualité décroissant)des
régions arides de I'Afrique Orientaleeù de I'Arabie, d'où elles sont
exportéesvers I'Orient et la Méditerranée.Les marchésinternationaux
de la myrrhe sontDjibouti, Adenet Bombay.
On distingue plusieurs sortes commercialesdont deux de qualité
supérieure: lol la myrrhe lerabal ou myrrhe mâle* ou myrrhe des
Somalis, récoltée en Somalie et au Harrar ; 2"1 la myrrhe fadli ou
myrrhe du Yémen,récoltéeau Yémenet en Arabie méridionale.D'après
PERROT(1943-l944),le C. playfairii donneraitla gommeInbagadi ou
bdellium opaqueet le C. hildebrandlii ainsi que le C. serrulata
donneraientla gommemolmolqui estrécoltéeen Somalie.

La myrrhe waie - qui est une gomme-résinefriable de couleur brun-


rougeâtre,de saveurâcreet amère- srf,ç14se sousla dentsansse laisser
mastiquer,en donnant une émulsion avec la salive. Son odeur est
caractéristique,rappelantà la fois le ciEon et le romarin.
La mynhe est un parftrm rituel et un aromatetrès anciennementconnu.
Elle est cit&, dansle Cantiquedescantiqueset est utiliséedansles rites
judaique et catholique.Elle faisaitjadis I'objet d'un commerceimportant
dont la plaquetournanteétait le Yémen.

USAGESTRADITIONNELS

Au Maroc, la myrrheest utiliséeconrmebalsamiqueet dansles maladies


nerveuses.On lui adjoint souventI'aloès,commepartoutdansle Monde
Arabe, I'associationprenantalorsle nom de murr wa sbr.
Autrefois, frès employéedansles fumigationsrituelles et les soins de
beauté,elle est aujourd'huidevenuerare sru les étalages(nousne I'avons
trouvé que chez I herboristede Raba|.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
La mynhe est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
'Umdat at'tabîb (no 1367), AL-WAZIR AL-
1883, no 2lO2), la
GHASSANI(n" 191)etlaTuhfat al-ahbâb(n" 265) sousle nom de tnurr.
De manièresurprenante,ABDEREZAQ ne cite pat cettedroguequi est
pourtanttrès utiliséepartoutdansle Mondefuabe.
* La myrrhe "femelle" ou myrrhe bisaboln'estpasconsidéréecommeune myrrhe vrai :
elle estfournie par C. erythraea.

276
cACTAcÉrs

l4l. Opuntia divers

Opuntia megacantln Salm.-Dyck.


OpuntiamnximnMill.
Opuntiaficus-indica (L.) Mill.

figuier de Barbarieou figuier d'lnde ou cactusraquette

ô\ffiôr| taknârit (!) (berbère)(litt.: desCanaries; sous-entendu: figuier)


kennôs en-nûrô (litt (!)
: figuier des chrétiens) : parce qu'il vient du
pays deschrétiens,I'Amériquedu Sud,via les Iles Canaries.
hendi, tahendit (!) (litt : "d'Inde") : car les Espagnolsappelaient
I'Amériqueles NouvellesIndes.
tarômît (litt : du paysdeschrétiens,desEuroffæns).
el-kerm: ce vernaculairedontle sensest "dondu bon dieu" s'emploieen
pays arabepour désignerI'arbre fruitier dominant : la vigne en Orient
(kerma), le fïguier en Afrique du Nord (kerma, kermôs),le figuier de
Barbarie là où il est abondant.On touve le même systèmepour les
céréales(blé, orge, sorgho,mil), dont I'espècedominante,dans une
région déterminée,reçoit le nom de zra'. Le mêmesystèmelexicologique
s'appliqueau mot 'inab qui s'appliqueselonles régions au raisin, à la
jujube ou à d'autresfruits.
Tous cesvernaculairessontcourantsau Maroc.
Sumbo: on entendaussice vernaculairedansles Jbala,dansle Tangérois
et les anciennesrégionsdu Sud,sousadministrationespagnole.
Parfois, on renconEele mot za'bul povr désignerle fruit (allusion à sa
forme renflée, "ventrue").
Les raquett€sportentle nom de ddlef ou l-qernîf et tamuslirnr,ce dernier
vernaculaireplus spécialement pour les espèces
inermes.Quantelles sont
gorgéesd'eau,on les appellezegmuz(MONTEIL, 1953).

Les populationsdu Sud Marocain distinguentà juste titre plusieurs


variétésd'Opuntia:
- âhôri nSrâ (litt.: Opuntia deschrétiens)ou chchefrapour la variétéà
raquettesépineusesdont on fait des clôtures.Il s'agit d'Opuntia
megacantln.
- âknôri lemselmîn(litt.: Opuntia des Musulmans)pour la variété à
raquettesinermes,qui sert de fourragevert aux animaux.C'est Opuntia
ficus indica.
- âknôri mûsâ(litt.: Opuntia de Moïse)pour la variétéà raquettesde
grande taille et à gros fruits tardifs. Il s'agit, waisemblablement,de
Opuntiamaxima(MONTEIL, 1953;BELLAKHDAR, 1978).

277
Le figuier de Barbarie, originaire du Mexique, ne fut introduit en
Afrique, par les Espagnols,qu'auXVIème siècle.
L'Opuntiamegacantha, à épinesblanchesde2-3cm delong (l à 5 épines
groupées),est le plus fréquemmentplanté au Maroc, comme clôture
Qertba).
L'Opuntia maxima,à raquettesgéantes,inermes,mais avec de petites
glochidesjaunes,fournissantde grossesfiguestardives(fin de I'automne-
débutde I'hiver), est plus rare.
Les variétésinermesd'Ifni (Sud Marocain)et de Bab Bered (Rifl qu'on
nous a signalé comme produisantde grossesfigues, très sucrées,
parfumées et arrivant à maturité fin octobre-début novembre,
appartiennentvraisemblablementà cette espèce.Leurs figues sont fiès
priséeset venduestrèsloin dansles grandesvilles.
L'Opuntia ficus indica, dont les raquettessont inermesmais avec de
nombreusesglochidesblanches,est plantégénéralement dans les zones
arides pour fournir des fruits mais surtout du fourrage vert au bétail.
Elle est très fréquentedansles Jbilet où elle a étê introduite dans les
parcours.

USAGESTRADMONNELS

EMPLOISMÉDICINAUX

Les fruits sont connus, partout au Maroc, pour arrêter coliques et


diarrhéeset provoquerune constipationopiniâtrechezles personnesqui
en consonrment beaucoup.
La décoction de fleurs est utlisée à la fois comme antidiarrhéiQueet
comme diurétique. Cette décoction est indiquée aussi dans les
hémorroïdes.
Dans les campagnes,les raquettes,frottéesen surfacepour enlever les
épines puis ouvertes en deux tranches,sont appliquées,face interne
contre la peau,comme cataplasmeémollientet anti-inflammatoiredans
les contusionsdouloureuses,les bleus, les hématomes,les plaques
eczêmateuses. On peut aussiles hâcheret les appliquersur les zonesà
taiær en maintenantavecde la charpie.
Dans la région de Tanger,la sèvedesraquettesde O. tnegacanthaest
administrée,à raison d'une cuillerée à café tous les matinsncontre la
coquelucheet les toux quinteuses.

USAGESALMENTAIRES

sontcomestibles
Les fruits de toutescesespèces et tiennentuneplacetrès
importantedansI'alimentationdes ruraux. Dans le Sud, en pays Tekna
surtout, elles sont séchéesaprès leur récolte, qui a lieu en êtê, et
conservées.Hors saison,elles sont rehydratéespar Eempagedans de

278
I'eau et consomméescommefruit ou cornmelégume(dansle couscous,
en particulier).
Autrefois, les juifs marocainsdu Sud faisaientfermenterle fruit épluché
dont ils tiraient ensuitepar distillation une eau de vie. C'est une des
nombreusesmatièrespremièressucréesqui servaità fabriquerla mal.rya
(litt : eaude vie).

AUTRESUSAGES

Les fnrits flétris, les peaux de fruits et les raquettes- particulièrement


celles desespècesinermes- sontemployéspour I'alimentationdu bétail,
aprèsqu'on les ait passéau feu pour enleverépineset glochides.
I,,esOpuntia servaientautrefois à l'élevagedes cochenilles.Les
nopaleraiesdes Iles Canarieset du Sud Marocain étaient renommées
(ARBA, 1983).

DISCIJSSION

[æs sourcesécritesarabes
Le figuier de Barbarie, n'ayant été introduit que tardivementdans
I'AncienMonde,n'estpascité dansles raités anciensde médecinearabe.

CAMELLIACÉES

142. Camellia thea Link (= Thea sinensisSims)

ttré

âtôy, tây (t).


Iây (!) (classique).

Le Marocainsutilisent exclusivementle thé vert. Le thé vert est un thé


qui a été stabilisé par torréfaction,au momentde sa fabrication, pour
détruire les enzymes.De ce fait, les tannins catéchiquesne sont pas
oxydés par fermentationet la chlorophylle est peu altérée, d'où la
colorationclaire de I'infusion.

HISTOIRE DU TTS AU MAROC

Le thé vert a été introduit au Maroc, en provenancedes Indes, par les


Anglais et les Hollandais,à partir de 1774(HISTOIRE DU MAROC,
1967); avant cette date, le thé n'était connuque commeune denréede
luxe, un produit exotiqued'Asiequ'on offrait aux rois et aux princes.Au
départ,en raison de son prix élevé,seulsle Makhzenoles commerçants
279
aiséset les grandsseigneurs,en consommaient*.Mais, très vite (fin
XIXème siècle), les Marocains, dans leur ensemble,en devinrent
amateurs.
Les importationsse faisaient,principalement,pil le port d'Essaouira
d'où le nom de swiri donnéà une de cesvariétéscommerciales.En 1870,
180 tonnesde thé importées.
étaient Ces importationspassaient
en 1900à
2.000 tonnes et atteignaienten 1969 le chiffre de 17.421 tonnes
(Economap no ll,3l mai 1977).
Une partie de ce thé était réexportéevers le Soudan.En 1900, une
caravaneemportait à Tombouctou,700 kg de thé (Bulletin CAF no2,
Fév. 1902,p.87).
Aujourd'hui, la consommationde thé vert par marocainet par an tourne
autourde 750-1000g.
Depuisune vingtaiasd'annfes,le Maroc produitun peu de thé (SVode la
productionnationale)provenantdesplantationsde la régiondu Loukkos.

USAGESTRADMONNELS

Le thé vert est considérépartoutpar les populationscommediurétique,


tonique, antidiarrhéique.Les montagnardsprennentparfois une infusion
concentréeet refroidie de thé vert, fortementsucrée,commedéfatigant,
au coursd'unelonguemarche.
En usageexterne,la poudrede thé estutiliséecommecicatrisantdansles
plaies ouvertes, de même que sa décoction.Cette dernière est aussi
utiliséepour le rinçagedesyeux,dansles affectionsocculùes.

Au Maroc, on consommeexclusivementle thé vert qui est la boisson


nationale,pil excellence.C'est une infusion sucréede thé vert à la
menthe - très concenEéeau Sahara,légère dans le Moyen Atlas - et
parfumée parfois avec diverses plantes : géranium rosat, sauge,
marjolaine, veryeine, Cotula cinerea,Eucalyptuscitiodora, menthe
poiwée, menthepouliot, etc. Lors des cérémonies,dans les familles
aisées,on y ajoutede I'anbre gris et de la gomme-mastic.

Le thé est aussi ajoutédansles ragotts pour accélérerla cuissondes


viandes"dures"(génisse,chèvre,etc.)provenantdesanimauxâgés.

TOXICITÉ

La consommationrégulière,fréquente(plusieursverresdansla journée)
et prolongéede thé, sousforme d'infirsionou de décoction,commec'est
le cas chez les populations satrariennesn peut créer une intoxication
chronique,le théisme,S€manifestant de I'insomnie,de I'anorexie,de
pal
la pertede poids,de la constipationet destroublesnerveux.

DISCUSSION

280
[,es sourcesarabesécrites
Le thé n'estpascité par IBN AL-BAYTAR et la'umdat at-tabîb.maisil
est mentionné,sous le nom de {ây, par AL- BIRUNI (HAKIM
MOHAMED SAID,1973,p. 105)qui estun auteurmusulmand'Asie.Le
thé n'ayantété innoduit au Maroc qu'au18èmesiècle,il n'estpascité par
les auteursmarocains(AL-wAZR AL-GHASSANIetTuhfat al-ahbôb).
IBN CHAQRITN (médecinmarocaindu XVIIème siècle),€n parricuter,
ne le mentionnepas danssontraité de diététiquealimentaire.Le médecin
marocainABDELWAHAB AD-DARAQ (mort en 1746)qui esr I'aureur
d'un "Traité de la menthe"dans lequel il décrit toutesles boissonset
préparationsdanslaquelleente cetteplante(HASSANI, 1994), ne cite
pas davantagele thé à la menthe,ce qui sembleconfirmerque le thé ne
commença à être vraiment utilisé au Maroc qu'à partir de la fin du
XVItrème siècle.Par conre ABDEREZAq* (LECLERC, 1874,n" 943),
auteur algérien du XVItrème siècle, le cite commeusité à Fès sous le
nom de tây.

* AbderezaqEj-Jazairi,qg_vQul au_débutdu XVItrème siècle,rapporte,à proposdu


Plumbagoeuropea(dansLECLERC,1874,no943),que "le thé se boit à Fdsavecdu
sucreen guisedecafé".Cetæmentionmontrequ'àcetteépoquele thécommençaitdéjàà
se répandreau Marocalors qu'il ne l'était pasà Alger, Mù a I'article âsfâqus(sauge)
(op. cit., no 83), le mêmeauteurnous apprendque "lesjuifs boivent son hfusionln
guisede théu,ce qui laissesupposerque le thé était connuà Alger. En tait, il est fort
probableque I'usagedu thé noir (et non du thé vert) uJ êté,introduit asseztôt par les
Turcsen Algérie et en Tunisie.

CANNABINÉES

143, Cannabis sativa L.

chanweindien

l-qanneb (!) : pour le chanvretextile. C'estaussile nom de la ficelle


(fait€jusæmentde chanvre).
l-kîl (!) : chanvreà résine,cultivé dansle Nord du pays.
takrûri (Algérie, Tunisie).

CannabissativaL. estuneespècedioiQue(il existe,cependantdesvariétés


monoiQues),très polymorphe. La même plante produit, selon les
conditionsclimatiques,desfibres ou de la résine.Il existe,cependanf,des
racesfournissant,dansdes conditionsde milieu déterminées,des fibres
plus longues,et d'auEes,uneproductionde résineplus importante.

281
Au Maroc, le chanvreà résineest beaucoupcultivé dans les régions
montagneuses du Rif (provinced'Alhucema,de Tétouan,de Chaouen,de
Taounate,de Larache),sur des sols forestiers,riche en humus,et autour
despoints d'eau,cettecultureexigeantune irrigation importante.Depuis
une quinzained'années,de nouvellesraces,se suffisantde I'eaude pluie,
ont été introduitespar les traficants,ce qui a enEainéune dissémination
plus importantedes plantationsclandestines, la présencede I'eau n'étant
plus un facteur limitant. De plus I'introductionde ces racesa porté un
coup mortel à la forêt rifaine, car désormais,les défrichementssauvages
ne sont plus limités aux parcellesse trouvantà proximité immédiatede
pointsd'eau.
Le chanvretextile est cultivé dansles régionsde Sefrou,Fès,Meknès,
Essaouira,fut Ourir.

HISTOIRE DU CHA}.TVREINDIEN AU MAROC

On ne sait exactementà quel momentde lhistoire, le chanvreindien a êté,


introduit au Maghreb.EL BEKRI en tout cas,ne I'a pas signalédansson
récit de voyage,pas plus qu'IBN AL-BAYTAR qui pourtant connait la
plante puisqu'il I'a vu en Egypteoù elle était déjà cultivée, sousle nom
de hnfifu, pour la production de drogue. D'après I'historien AL-
MAQRIZI, c'est au XIIIème siècleque la culture du chanvreindien fut
introduite en Egypte. D'après NAHAS (1973), cette culture fut
acclimatéeen Afrique du Nord vers la mêmepériode,en tout cas bien
avantle XVème siècle.Mais I'usagedu chanvreindiencommestupéfiant
y était déjà connu depuisbien longtemps,répandupar les Arabeslors de
leur conquêtedu Maghreb.
La culture de la plante n'était pas alors localiséestrictementdans le
Nord, commec'estle casaujourd'hui.Elle était pratiquéeun peu partout
dansles jardins privés, les potagerset les vergers,maisjamais à grande
échelle.On Eouvait la culturedu kfjusque dansles oasisdu Gouraraet
du Touât, d'où il était exportévers le Soudan.Puis à partir de la fin du
XVItrème siècle,le Rif devint la principalerégionproductrice.
Quoiqu'il en soit, il est certain que la culture du Iôf n'a reçu I'essor
qu'elle connaîtaujourd'huidansle Rif, en tant que culhre de rente, que
ces 4 ou 5 dernièresdécennies,en même tempsque se développaitle
Eafic international du hachich.
Il faut croire, cependant,que I'usagedu kif s'étaitdéjà répanduau sein
de la populationdansles années1800,puiqueà la fin du XD(ème siècle,
Moulay Hassan dût édicter des mesurestrès rigoureusescontre le
commercede la drogue.Mais I'usagedu kîf était devenuincontrôlable.
Durant le protectorat, sa vente devint officielle et releva même du
monopolede la RégiedesTabacsqui commercialisaitle kîf hachéou des
mélangeschanweindien-tabacà337o,puis 20Vode chanwe,sousdivers
noms de marque(Jiyed,etc.), fabriquésdanssesateliersde Tangeret de
Kénitra. Cette situation se prolongerajusqu'en 1953,date à laquelle la

282
vente du chanvre indien fut interdite par un premier dahir, suivi d'un
seconddahir en date du 24 Avril 1954qui étendit I'interdiction à la
productionet à la consommation.
Au Maroc, on distinguaitautrefois,3 typesprincipauxde kif : le ktami,
le zerwali etle gnawi, toustrois assezexigeantsen eau.

USAGESTRADMONNELS

Au Maroc, on utilisait beaucoupautrefoisle chanvreindien comme


sédatif dans les grandesdouleurs.Il passetoujourspour être calmant,
ing&ê sousforme de ma'jûn (voir article n" 694)ou fumé sousforme de
kîr.
Le chanvre indien était aussi très utilisé par les chirurgienscomme
sédatif et anesthésiqueavant les opérations(amputations,exEaction de
projectilesetc.),mélangésouventà la jusquiarneet à la mandragore.

INDIEN AU MAROC

Le chanvre indien du Rif sert à fabriquer le kîf encore appelé hsîsa


(litt.: I'herbe,par excellence).Le bon kîf est en principe constinréde
sommitésfleuris femellesplus leursbractées(à I'exclusion,de tout autre
partie de la plante), séchéeset hachées.Iæ kîf estfumé dansdes pipes
spéciales(sebsi), en bois décoré,muniesde petits foyers en terre éuite,
généralementmélangéau tabac.
Les fumeurs de kîf accordentune grandeimportanceau choix de leur
pipe. Le tube ne doit être ni trop long ni top court pour que la fumée
puisse déposer son goudron sans, toutefois, trop se refroidir. Le
fourneau doit être en bonne terre réfractairepour que la température
puissemonter à 800-1000",températureà laquelleles principesactifs se
volatilisent Eèsvite. Le bois du tube de la pipe est généralemenr
prélevé
sur des branchesd'es$ces à moelle intérieuretendrepouvantêre évidée
avec une broche. Mais le bois doit être dur. On utilise généralement
Jasrninumfructicansou Nerium oleanderou encoreVibumumtinus.

On fabriqueaussi,à partir du chanvreindien,'luSîrro,résineextraitede


sommités fleuries femelles, par battage de la plante tamissagede la
poudreobtenueet adjonctionà celle ci de diversingrédients: eaude vie,
miel, etc., pour former une pâte qui, en séchant,durcit. La Sîrra est
présentéeen tablettes (comme du chocolat),en petites briques ou en
bâtonnets.La firua est destinéeà être fumée, mélangéeau tabac ou
mangéedansdesconfiseries,desgâteaux,desdattesfourréesou desplats
richesen viandeset en glucides.

283
ln ma'jûrc(litt : pâte,confiture)est une sorted'électuairepâteuxpréparé
à partir de résine de chanvre (îrra ) et d'un certain nombre de
substancesdont la lisæ est variable(voir articlen" 694).
Le ma'jûn est le plus souventmangédansdes gâteaux(larnûna, en
particulier), des confiseries,des plats cuisinésfrès relevés ou en
accompagnement de boissonschaudes(thé ou café). Le ma'jûn a êtê
chantépar Baudelairedans "Les paradisartifïciels" ("Le poème du
haschich").

On fabrique aussi depuis quelquesannéesà la demandedes traficants


internationarD( une "huile de kîf' (zît el-*tfi qui renfermejusqu'à707ode
principesactifs. Le procédéde fabricationn'estpasbien connu,mais on
sait qu'il fait intervenir des solvantsorganiquesdansla premièrephase,
qui doit êre probablementuneextaction solide-liquide.

TOXrCrrÉ
Au Maroc, les circonstances de I'intoxicationsontde tois sortes:
- Intoxications volontaireschez des individus cherchantà oublier leur
misère,leurs problèmesou au contrairechezdes personnessocialement
aisées à la recherchede paradis spirituels et de changementà la
monotoniequotidienne.QuandI'usagede la droguedevientrégulier, on
parlede cannabisme.
- Intoxicationsaccidentelles
touchantla plupartdu tempsdesenfants,soit
qu'ils aient été exposésaux fuméesdu chanvreindien dans des locaux
confinésoù se trouventun ou plusieursfumeurs; soit qu'ils aient avalé
par erreur des préparationsà base de chanvreindien (firra, rna'iûn,
etc.).
- Intoxicationsprovoquéesà desfins perversesou criminelles: il s'agit,
en gêrrêtal,de situations où on donne du chanvre indien ou ses
préparationsà une personnepour affaiblir sa résistanceet en we d'en
abuser.

Symptôrnes de l'intoxication
La drogue produit d'abord des effets positifs : sensationde bien être,
euphorie,dopageintellectuel,parfoisexcenfiicitési puis surviennentdes
hallucinations accompagnantune perte de toute notion de temps et
d'espaceo une hyperesthésieaux bruits et aux sonoritésmusicales,des
froubles de I'identité, de I'agitation,de la tachycardie,des sueurs,une
accêlêraaonde la respiration.Le sujet devient très suggestionnableet
exalté. Il manifesteparfois de I'agressivité.A ces symptômes,succède
une phase d'intériorisationet d'extasepuis de sommeil. Aux doses
élevées,on peut observerde I'hébétude,une grandeincoordination
motrice, parfois de crisesde délire furieux ou encoreun coma.

284
Dans I'intoxicationchronique,on note chezles fumeursinvétérés,une
certaine apathie, un effacementde la personnalité,de I'instabilité
d'humeur (parfois jovial, parfois coléreuxou agressif),une perte de
volonté, de la pâleur, de la maigreur, de I'innapétenc-e. puis
progressivements'installe la cachexie,I'abaissemenides facultés
intellectuelles,la déchéancephysiqueet souventun état de pseudo-
schizophrénie.
Sur le fond chronique peuvent survenir des épisodesaigus et
occasionnelsdont le tableauest variable: mélancolie,état confusi,onnel,
excitation ou manifestationsagressivesavec parfois des tendances
meurtières.
Il n'y a pas d'accoutumancevraie à la drogue mais une sorte de
dépendance psychique.

Plus que pour tout autredrogue,les effetsdu chanweindien varientavec


la personnalitéde I'individu, de sonniveausocialet intellectuelet de son
appartenance culturelle.Seseffetspeuventêre de type mélancoliqueou
de tlpe gai ou encorede type confusionnelet agressif.Les intefleôtuels,
les créateurs,les artistesse comportentparfois brillamment sousI'effet
de la drogue: leur inspirationse donneà plein, I'autocensure est levéeet
I'esprit créatif stimulé. Au Maroc, nous retrouvonscette situation chez
les artisansqui sont généralement portéssur le lcîf : ils semettentalorsà
chanterdes qcs$îda, du meftûn et produisentsousI'effet de la drogue,
quelquesoeuvresde très bon goût.
Il est fréquentaussidanscertainesfarnillesaisées(bourgeois,artisansou
artistes)de dégusærpendantle mois de Ranadan- mois au coursduquel,
on reçoit beaucoupses parentset ses amis - des confiseriesou des
pâtisseriesau rna'jun, dansle but de créerune arnbiancedéterminée:
hédonisme,ludisme,érotisme,extasereligieuse,etc...

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le chanweindien est généralement cité par tous les auteursarabespour
ses propriétés thérapeutiqueset stupéfiantes.IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883,no 1847)le mentionnecommestupéfiantsousle
nom de qannabhinû et fuafifu.La'Umdat at+abîb (n' 2149)ne donne
pas non plus le vernaculairemarocainkîf et nous apprendque la lnfifu
est mangé(et non fumé) commestupefiant.AL-WAZR AL-GHASSANI
(n' 370) dit la mêmechoseet préciseque sonusageau Maroc se répand
(à l'époquede I'auteur).La Tuhfat al-ahbôb (no 44/.) se contentede
mentionnerI'espèce.ABDEREZAQ ne le décritpas.

[,es donnéesde la toxicologie

285
Le principe actif du chanvreindien est une résine(5 à 20Vodans les
sommitésfleuries). Elle contientdes composésphénoliques,non azotés
qui sont desdérivésdu benzopyranne, les cannaliaeidesdont certainsne
sontpasstupéfiants[e cannabinol(CBN), le cannabidiol(CBD), I'acide
cannabidiolique(CBDA)I mais sont quandmêmetoxiques; et d'autres
fies deux isomèresdu tétra-hydro-cannabinol (THC)] le sont ; I'acide
tétra-hydro-cannabinolique, inactif, est transformédansla fuméeen THC
actif.
D'autrescannabinoides (52 au total) ont été isolés,mais leur importance
est très secondaireà I'exceptiondu tétra-hydro-cannabivarol un peu actif.
Par sélectionet croisement,on peut obtenirdes populations de Cannabis
sativa, particulièrement richesen THC ou, au conEaire,pauvresen ce
produit,selonle but visé (AZDET & al., 1984).
MERZOUKI & MOLERO MESA (1995)ont trouvédesteneursen THC
allant de 0,88 àl,38Vodanslesplantsfemellescultivésdansle Rif.
Les fruits (chénevis)ne contiennentpasde cannabinoides.

Les propriétéssnrpéfiantes et sédativesdu chanweindien sontrapportées


aux cannabinoides.
L'action toxique du chanwe indien sur la cellule a êtê démontrée.Les
principes actifs ralentissentla vie cellulaire, diminuant le nombre de
divisionset introduisantdesmitoseset desméïosesanormales.
L'effet tératogènedu THC a aussiété prouvésur I'nni64l, ainsi que son
pouvoir cancérigène.
D'auEepart, la drogueprovoqueune altérationdes spermatozoldes, une
oligospermieet affectent,par conséquent, les facultésgénésiques.

CAPPARIDACÉES

144. Capparts decidua (Forsk.) Edagew (= Capparis aphylla Roth.)

êîgnîn (!) (Maure,Saharaoccidental).


ba$relli: c'estle nom du fruit (MONTEIL, 1953).
tundub(arabe,BOLJLOS,1983).

Cettees@cebuissonnante, à épinesstipulairesjaune-orange,
tropicale,est
fréquentedansle Satraraméridional,plus raredansle Saharaoccidental.

USAGESTRADMONNELS

Au Satraraoccidental,les tiges sont employées,en décoction,comme


analgésique,dans les rhumatismeset, en liminent, contre la gale des
dromadaires.

286
D'aprèsMONTEIL (1953), la cendredes écorcesest utilisée comme
hémostatique desplaies.
et désinfectant

Sesfruits, petits, ronds,charnus,de couleurrougeet de la taille d'une


cerise,sont comestiblesà l'état cru. Leur saveurest un peu amèreet leur
écorcedure. Les nomadesen retirentla pulpepar aspirationaprèsavoir
fait un trou dansle péricarpe(MULLERO, 1945).

Dans les superstitionspopulaires,I'arbre, au coucher du soleil,


deviendraitune retraitedesmauvaisgénies: on dit qu'il est hanté,habité
(meskû,n)
et c'estpourquoion l'évite la nuit, le plus possible(MONTEIL,
r953).
Le bois,jaune et dur, est utilisé en artisanat.
C'estun pânrage très brouté.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cettees@cen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

145. Capparts spinosa L.

câprier

Icabâr,âklrabôr(!) (Maroc)(BOUKEF,1986).
taylulut (berbère)(!).
ômsêîIî! (Tekna)(MONTEIL, 1953).
âwf (ivresque).

Cetteespèce,médiærranéenne et saharo-sindienne,
est à la fois spontanée
au Maroc et cultivêe. I-e Maroc est un grand exportateur de câpres
(boutonsfloraux) en conserves.Le câprierest cultivé dansplusieurs
régions(OuedAmlil, Taza,etc.).

USAGESTRADMONNELS

Le câprierest une véritablepanacéeau Maroc,maisil est surtoututilisée


cornmeantirhumatismal.
Partout"le fruit séché,pulvériséet mélangéau miel, est utilisé dans les
refroidissements, les rhumatismes,la goutte,la sciatique.L'écorcede
racine,venduechezles herboristes, est utilisée,en cataplasmeou par voie
orale, comme médicamentde la rate. On I'emploie aussi comme
diurétique et antidiarrhéiQue.

287
A Fès, les graines sont employéesdans le traitement de la stérilité
féminine et des dysménonhéeset les fleurs, en cataplasmes,dans le
traitement de I' enzéma.
A Tissint, la racine, séchée,réduiæen poudreet mélangéeau miel, est
utilisée conte la blennorragieà raisonde 2 cuilleréesà café de mélange
par jour. Une mixture préparéeavecdesfruits de câprier,desfeuilles de
Walionia saharae et de I'huile d'olive, sert à combattre les
refroidissements. En décoction,les fruits, seulsou mélangésau Warionia
saharae,sontefficacesconte les mauxgasfiques.En massagede tout le
corps, cette décoction est réputéepréserverdes mauvais génies et
combattrel'épilepsie(Ieryah).La vapeurdêgagée par la décoctiondes
grainesest ûès utiliséepar les oasienscommenettoyantdesyeux.
Àu Satraraet dans le Dra, on prépareavec le fruit et les feuilles de
câprier, du Cleome arabica et de lhuile d'olive, un liniment contre les
rhumatismes.
Les cataplasmes desfeuillesbroyéessontutiliséscontreles maux de tête
(applicationsur le front) et desdents(applicationsur la joue).

D'aprèsGATTEFOSSÉ0921),le fruit frais est utilisé contre le scorbut


et lhydropysie.
VOINOT (1904) rapporte qu'au Satraracentral, les feuilles sèches,
mélangéesà du lait caillé ou du beurrechaud,sontutiliséæsen frictons
confie la galedesdromadaires.

Dans le Dra, les feuilles sont très recherchéespar les fqih pour la
confectiondestalismans(sbûb).
I-es boutonsfloraux, conservésdansde I'eausaléeet alunée,sontutilisés
conrmecondimentde luxe.
A Tissint, les boutonsfloraux sont utiliséspar les écolierspour colorier
leursdessins.
C'estun arbustetrès pâturé,malgrésesépines.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnée par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
'umdatat-tabîb(no I 153),AL-WAZR AL-
1883,nd 95, 1877,2030),la
GHASSANI (no 156), la Tuhfat al-ahbôb (n" 223) et ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,n" 43, 425,956),sousle nom de l<nbâret ôWT.

146. cleont'e arabica L' ssp'amblyocarpa'(= Cleome amblyocarpa


Barr. & Murb.)

cleome

288
lamfuinza,I-funza, mo$inza (!) (poly.) (litt.: la fétide) : car c'est une
plante glanduleuseet visQueuse,à odeurdésagréable. C'estaussile nom
du ChenopodiumambrosoidesL. et d'AmnranthusblitoidesS. Wats.
Inyar (Touaregs)

Cetæsous-espèce, est communedans


endémiquedu SaharaseptenEional,
du Sudmarocain:
les régionsdésertiques

USAGESTRADMONNELS

Cette espèceest très utilisée dans le Dra pour son action antitussive,
béchiqueet antipyrétique.Dans ce cas, les goussesréduitesen poudre,
sont mélangéesà du miel avant d'êtreingérées.On peut aussifaire une
infusion à base de goussesde Cleome arabica, d'origan et de menthe
verte. Dans les fièvres et les céphalées,la plante est appliquée en
cataplasmessur les tempeset la poitrine. La dêcoctiondes goussesest
aussiutiliséepour combattrela tuberculose.
Dans tout le Sahara, la plante est employée dans le traitement des
rhumatismeset desdouleursabdominales: les feuillesséchéessont cuites
avec de la viandeou tout auffe nourriture,puis on ajoutedu poivre et du
beurre et on laisse réduire. I-e malademangela nourriture ainsi préparêe
puis se couvre pour provoquer la transpiration.Le traitement est à
renouvelerplusieurs fois. Dans les mêmesrégions, on utilise aussi
I'infusion de feuilles à I'intérieur : ce traitementseraittrès efficace : les
douleursabdominalesdisparaîraienten 10 mn.

Au Saharaoccidental, la décoctionde cette plante dans I'urine de


dromadairesbouillie jusqu'à consistancede pàte (I'gidâ) est utilisée en
onctions(ttlâ) dansla galedesanimaux.
en mélangeavec
,A,Figuig, la planteest enfin employée,en cataplasmes,
Janiperusphoeniceaet de I'oignon,contreles enflementset les douleurs
desarticulations.

Au Saharao d'aprèsVOINOT (1904),la planteest aussiutiliséecomme


diurétique.

TOXICruÉ
Les chamelierset les éleveursdu Sud connaissentla toxicité de cette
plante. C'estun pânuagedangereux,surtoutquandil est mangéseul. Il
produit alors chez I'animal qui I'ingère un important deséquilibre
neryerD(: courseseffrénéessuiviesd'hébétude,de perte de I'appétit"de
faiblesse gênêrale.I-es cas de mort à la suite de ces intoxications sont
fréquents.
C'estles grainesqui sontsuspectéescontenirle toxique.

289
prscussroN
I-es sourcesécritesarabes
Cetæespècen'estcitéepar aucunde nos auteurs.

147. Maerua crassifolia Forsk.

âtît, tôtît (!) : ce seraitle sarh du Nejd (Arabie) (MONTEIL, 1953) et


desEgyptiens(BOLJLOS,1983).
âgar,- iagart (Touaregs, MONTEIL, 1953), âiar (Sud Algérien'
volNor,l9o4).
ssadral-la (ra (Tissint).
Les baies portent, au Sahara,le nom de l-'ineb (sing : l-'inba ; litt. :
raisin).

CetteesSce arbustive,saharo-sindienne, remontedansle Sud marocain,


mais eilè est assezrare. Les fruits sont en forme de goussesarrondieset
vert clair. La pulp du fruit est semblableà celle de la pnqe. La saveur
est douceâtre,-fade,et rappellecelle despetitspois verts. Le fmit mûrit
en awil-mai.

USAGESWS

Dans le DrA les feuilles,hâchées,séchées, mélangées ou non à du henné


et à de la graisse,sontutiliséespour la cicatrisationrapidedes plaieset,
en cataplasmes, pour la réductiondesfractureset despoints douloureux.
Par voiè orale, I'infusion des feuilles et la poudre seraientsouveraine
dans les désordresgastro-intestinauxet hépatiques.Pour cet usage,on
llassociesouventà-Zygophyllumgaetulum,à Nigella sativa et à de la
gonrmed'Accacia.raddianu.
Âu Satraraoccidental, d'aprèsMONTEIL (1953), la décoction des
feuilles et desécorces,piléesensemble,est adrninisréeen compressessur
les tempeset les mâchbiresconfie la fièvre, les éphalQs, les maux de
dents ; ôefte décoctionserait égalementspéeifiquedesaffections du cuir
chevelu.læ bois sert danscetterégion, à la fabricationde cure-dents.
Au Sahara, d'après VOINOT (1904), les feuilles sèches,pilées,
mélangéesà de É graisseet de la viande, setrent à faire un bouillon qui
est administréconfieles vomissements.

Les baies sont consomméespar les nomades,fraîchesaussi bien que


sèches(aprèshempagepréalabledansde I'eaupour les ramollir). Elles
passentpour êne nès nutritives.

Partout, au Sahara, cet arbre, à petites feuilles' occupe une place


populaires.
importantedansles superstitions
290
Au SaharaOccidental,il est réputémeskûn(voir à Capparisdecidua,îo
144) : aussi l'évite t-on pour la sieste et la prière. Les femmes,
cependant,viennentsouventy accrocherleur ex-voto.
Chez les Touaregsdu Hoggar,il est vên&é commeun saint et joue un
rôle rituel : la femme qui veut divorcer déposeà sespieds des offrandes
et clame à haute voix devant les membresde sa tribu sa volonté de
devenir libre (MONTEIL, 1953)

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette es@cen'est citÉeni par aucunde nos auteurs.

CARYOPHYLLACÉNS

148. Arenarta rubra L. (= Spergularia rubra Pers.)

sablinerouge

bisôçel-mulûk (régionde Rabat)(litt.: tapisde rois).


{erifa (Algérie, MERAD-CHIALI, 1973).

Cette plante est répandueen Afrique du Nord et en Espagne,dans les


régions sablonneusesdu littoral. Elle fut autrefois rêcoltêe pour
I'exportation.

USAGES TRADMONNELS

Partout où elle pousse,la plante est utilisée, en infusion, contre les


lithiasesrénales.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteplante n'est citên,dansaucundestextesconsultés,sauf peut-êtrela
Tuhfatal ahbâb(n" 57) pour laquellenousavonsune mentiondouteuse.

149. Corrigiola telephiifulia Pour.

sarSna, tasserginr(!) (berbère).


C'est elle qui est appeléedansles livres arabesbaltûr al-barbar (litt.:
parfr'n des berbères).

291
Cettepetiæ plante, endénriqueau Maroc, se renconte fréquemmentdans
les terresun peu sableuses.
Sesracinessontrécoltfus dansle Gharbet le Tadl4 principalement.
Une partie de la récolæest exportée.Cetteexportationvers les anciennes
coloniesfrançaises,notammentI'Algérie,et versI'Inde,est Eèsancienne.
Elle se faisait autrefoispar Larache,vers Marseillequi en était le centre
distributeur(Renseignements Coloniaux,nol2, dén.lg0/, p. 333).

USAGESTRADMONNELS

Elle est venduepar touslesherboristes,sousforme de racinesentièresou


de petits fragmentsséchés.A Fès,devantle Mausoléede Moulay ldriss,
toutes les boutiques spécialiséesdans les cierges,les aromateset les
produits pour fumigations, en proposent sous la forme de petits
fragments de racines séchéeset diversementcolorées (aune, vert,
rouge),destinéesàla teb!îra.
Aromatiques,les racines de sarfina sont,en effet, très utilisées,au
Maroc, dans les fumigations,car brûlfus dansun braséro,elles ont la
réputation de tenir à distanceles mauvais génies.On la mélange au
harmel, à I'alun, au coriandre.
Partout au Maroc, la racine entre dans la composition de remèdes
antinrssifs.C'est aussi un diurétique,un fortifiant et un aphrodisiaque.
Elle sert aussià poserdespointesde feu.
Au Saharaoccidental,sesfuméessontutiliséespour soignerles grippes,
les rhumeset coryzas,les migraines.
A Tissint" on additionnela racinepulvériséeà un peu de couscouset on
prendcettepâtecommepansement gasfique.
A Salé,on l'utilise dansle traitementdesmaladiesdu poumon,du foie et
de la rate : on la pulvériseet on la mélangeà du miel, à raison d'une
cuillerée chaquematin On I'incorporesouventau pain corlme remède
dansles mêmesindications.
A Rabat,d'aprèsBOLJLOS(1983),elle seraitutiliséepour le fraitement
desaffectionsdermiques.

On I'utilise aussi pour la fabrication de produits pour soins de beauté


(poudres,fards, parfrrmssecs,etc.). A la campagne,on I'emploie, en
poudreou en fumigations,pour parfirmerles vêtements.

DNCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (dans LECLERC,
1877-18830 tro 250, 1170)commeun plantedu paysdesberbères,et par
ABDEREZAQ (n" 161) sous les noms de ba!ûr al-barbar, sargint,

292
sarÉna.IBN AL-BAYTAR donneaussile vernaculaireba$ûr mûredl<n.
LECLERC I'a identifié, fautivement,au Telephiumimperati L. Elle fait
I'objet d'un article danstous les traitésmarocainsque nousavonsétudié.
Le marocain IBN BATOUTA - qui voyageaau pays des Noirs -
rapporteque, danscesrégions,on utilise commearomate"le parfum des
berbères"qui est probablementnohe espèce(LECLERC,1874,no 161,
854).
I-a'Umdnt at-tabîb (n" 2251),AL-WAZR AL-GHASSANI (no315) et la
Tuhfatal-ahbâb(n' 89) décriventaussicettees$ce.

150. Herniaria hirsata L.

herniaire

ûbû,n ra'ayîn (Angad) (litt.: savondesbergers).


rumpepedra(Larache,Chaouen)(litt.: casse-pierre en espagnol).
herras lehjar (Rabat) (litt.: casse-pierre): même vernaculairepour
PartetartaoffinalisL.).

Espèced'Europeet du Bassinméditerranéen,
communeau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Nord du Maroc (Tangérois,régionsde Laracheet de Chaouen)


et la plaine des Angads(régiond'Oujda),la décoctionde la plante est
utilisée contre les lithiasesrénaleset commediurétique.

Dansles Angads,la planteestaussiemployéepour laver le linge.

DISCI.JSSION

Iæs sourcesécritesarabes
Lherniaire n'estmentionnéepar aucunde nos auteurs.

151. Paronychia divers

paronyque

Paronychiaarabica(L.) D C.
Paronychinargenteal-am.
Paronychia cossoninra Gay
Paronychiasp.

293
tahidûr6 haydureter-ra'i (!) (litt.: toisondu berger).
'arab (!) (litt.: thé des
ôtôy dial blad (!) (litt.: thé du pays),ôtây dial
Arabes): pour Paronychiaargentea.
frîrîh (litt.: celle qui tapisse)(BERTRAND,1991).
rramrôm (!) (poly.) (Saharaoccidental): pourParonychiaarabica.

Iæses$ces P.arabicaetP. cossoniann(classéeparfoiscommeune sous-


espècede P. arabica) sont saharo-sindiennes. P. argentea est
Toutescesplantessontfréquentesau Maroc.
méditerranéenne.

USAGFSTRADITIONNELS

Dansles campagnes, la Paronychiaargenteaestutiliséeen infusion à la


placedu thé, infusion agréable,apéritiveet diurétique.
Paronychiaarabica,P. cossoninna et d'aufresparonyques sontutiliséesau
Saharaoccidental comme stimulant et aphrodisiaque,égalementen
infusion.

DISCI.TSSION

[æs sourcesécritesarabes
Une espèceest mentionnée,sous le nom de farûnûliyô (du grec
paronychia), par IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC, 1877-1883,
n" 6'12,1668)qui cite Dioscoride,maisil s'agitvisiblementpas de notre
espèceni même d'une espècedu même genre.Nous avons pas trouvé
dansles autrestextesd'indicespermettantd'identifierceses@ces.

lS2. Saponarta vaccaria L. (= Vaccaria pyrarnidata Medicus),


Silene influa Sm. et Silene sp.

saponaireet silène
ti$gest, tifiSe$t (!) (Maroc, Kabylie) : pour les silèneset les saponaires
ûbû,n el-fqar (Haouz,NÉ,GRE,1961)(litt.: savondespauvres).
tûf eç-çabûn (htt: mieux que le savon): pour Saponaria vaccaria
(GATTEFOSSÉ,,l92l).
Inmrat er-rôs (poly.) (litt.: tête rouge) : pour Saponaria vaccaria
(GATTEFOSSÉ,,l92l). Ce vernaculaires'appliqueà d'autresplantesà
fleurs terminalesrouges,PerraldertacoronopifolfaCoss.,en particulier.

Parmiles silènes,c'estsurtoutSileneinflata Sm. (- S. vulgaris (Moench)


Garckequi est utilisé. C'est une espèceassezcosmopolite.Il en est de
mêmepour Saponariavaccaria L. Cesespècessont largementrécoltées
au Maroc, surtoutdansle Tadla et la Chaouia.

294
\

USAGES TRADMONNELS

Dans le Tadla et la région de Marrakech,la décoctiondesracinesde ces


plantesdansdu lait ou de I'eauest utilisée,à faible dose,commevomitif
et antidotegénéraldansles empoisonnements.
ATazaet à Berkine,elle estutiliséeconfrela constipation,en infusion.
Dans les campagnes,cette décoctionest utilisée,en usageexterne,pour
soignerles plaies,la gale,le prurit et diversesaffectionsde la peau.
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLE, 1952),à Casablancqon prépare
des ovulesde saponaire(poudrede racines+ pulpe de datæsmolles) que
les femmesutilisent pour favoriserla conception.Elles boivent aussila
décoction de la plante comme abortif ou s'introduisentdans le col de
I'utérusune longue racine de tiSî$estpolr creverla pocheamniotiqueet
provoquer I'avortement.

Iæs plantulesde silène(partiesaériennes) dansla bqûla.


sontconsommées
(voir à Malva, articlen" 339).

des laineset
Ces plantessont courammentutiliséespour les dégraissage
desétoffes.

TOXICITÉ

Cesplantes,sauf à l'état de plantules,sontconsidéréspar les populations


comme susceptiblesd'être toxiques,par voie interne. Aussi sont-elles
utilisées prudemment.

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabs
Les silèneset les saponairessont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, no l-516,1829,1851,1975),la'Umdatat-tabîb
(no 1227, 1527, 2318), AL-ïVAZIR AL-GHASSANI (no 160) et la
Tuhfat al-ahbôb (n" 225) et ABDERF;ZAQ(LECLERC, 1874, n" 434,
645) sousles norrxide kundus,qundus,astrûtyûn,tôfigeÉt, mais sans
précision de genre et d'espèce.IBN AL-BAYTAR donne aussi les
vernaculairesfubunîra, 'ajmâ,qûIliya, âbû-Sasâlaet ABDEREZAQ ciæ
ûbû.niya. Tous les auteursmarocainsmentionnentcesespècessousleur
nom berbère(tiÊîÊest).

Les donnéesde la toxicologie


La plante entière (mais surtout la racine) dde ces espècesest riche en
saponosidestriterpéniquesce qui peut expliquerleur toxicité.

295
153. Spergularin marginata (D C.) Kittel

polygalade Syrie

bûllôn wl.trâwî (t).


ddâ'ifo (poly.).
bû,-sweîfa(poly.) (Tekna, MONTEIL, 1953).

Cenees@e, cosmopolite,est fréquentedansle Sudmarocain.

USAGESTRADITIONNELS

A Marrakech,Agadir, Saléet Fès,les racinessontutilisées,en médecine


traditionnelle, dansle traiæmentde la stérilité féminine : on les moud, on
les mélangeà de lhuile et on appliquela pâæà lTntérieurdu vagin.
A Tissint, on en fait des ovulesenveloppéesde coton qui sont utilisées
dansle mêmebut.
A Marrakechet Salé,la racine,réduiteen poudreet associéeau miel, est
aussiutiliséecommeréchauffantet aphrodisiaque.
A Casablanca,d'aprèsMATHIEU & MANEYILLE (1952), on donne à
nrangerunebouillie de farine et de racinede Spergulariamnrginatapilée
(l bol 3 fois par jour, I jour sur 2) pour réveiller le raged (croyanceau
fénrsendormidansle seinde samère).

DISCIJSSION

[æs sourcesarabesécrites
Cetteespècen'est citæ,par aucunde nos auteurs.

CÉSU,pINIACÉES

154. Cassia absus L.

znîna (!) : pour les graines.C'estaussile nom des grainesde Cassia


aschrek(DOREAU, 1961).
bufetas-el-'aynin (litt.: celui qui va chercherdans les yeux ; sous
entendu: les corpsétrangers): pour les graines.
Inbbat sawda' (litt.: la grainenoire) (Tunisie,BELLAKHDAR & al.,
1982).

I-es grainesde Cassiaabsas,es@cetropicale,sont importéesd'Afrique


Noire.

296
USAGESTRADMONNELS

Réduitesen poudrefine, les grainesserventpartout à faire des collyres


secsutilisés contre"la vue brouillée",les conjonctiviteset la cataracte.
On en met aussi dans le khôL,avec du sucrecandi, du bouillon blanc
(Verbascumsinuatum),de I'indigo synthétique(nîla fâsîya), des noyaux
d'olives, le tout porphyriséet tamisé.Ce khôl spécialest utilisé comme
préventif des maladiesoculaires.

DISCIJSSION

[æs sourcesécritesarabeset la Eaditionafricaine


Les grainesde Ccssia absus sont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 291, 415, 1899),la'Umdat at-tabîb (n"
1169) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 190, 223, 459) sous le
nom de kltôl sûdân, znîna, znîna mukafla, belma, habba sawda',
ja&nelc tasmîzej.Les aufresauteursne mentionnentpac cette espèce.

Cettedrogueest utilisée depuisfrès longtempsen Afrique Occidentaleet


orientale, avec la même indication. Dans I'Egypte ancienne, otr
connaissaitaussice remèdeophtalmique(DALZIELL, 1955).

Iæs donnéesde la toxicologie


En expérimentionanimale,la graine s'est avéréedouée d'une certaine
toxicité [présencede 2 basesalcaloidiquesde stmcturemonoterpéniqueà
cycle lactone(la chasineet llsochalsine,au total1,57o)1.
On a mentionnéaussidansles grainesla présenced'une toxalbumine,
I'absine(analogueà I'abrined'AbrusprecaturtusL.nmais cetteprésence
est très controversée.

155. Cassia aschrek Forsk. (inclus dans Cassia italica (Mill.) F.lV.
Andr.)

sénédu Sénégal,sénéde Syrie,sénéd'Alep,sénédu Soudan

ôlfelôjê! (MONTEIL, I 953).


ôgerger, ôjerjer (Touaregset Sud algérien,VOINOT, 1904 ; SITOUH,
198e).
znîna (Sahara central, DOREAU, 1961) : pour les graines ; ce
vernaculaires'appliquesurtoutaux grainesde Cassiaabsus.
bufetas-el-'aynîn(Marrakech)(litt.: celui qui va chercherdansles yeux ;
sous entendu: les corps énangers): pour les graines; ce vernaculaire
s'appliquesurtoutaux grainesde Cassi.a absus.

297
swirw (Sahara)(litt.: le petit séné).

Les folioles de cette espèce,soudano-deccanienne, sont importées au


Maroc d'Afrique Noire. Elles sont connues dans le commerce
internationalsousle nom de sénéde Syrieou d'Alep ou du Soudanou du
Sénégal,et font I'objet d'un Eafic important.

USAGESTRADMONNELS

Au Maroc, I'infusion sucréedes folioles séchéesest surtout utilisée


commelaxatif, purgatif et anti-ictérique(purgatifde dérivation).
Au Satrara,pou obtenir une purgation,les folioles séchessont mises à
décocterdansdu lait ou cuitesavec de la viande d'agneauet du beurre
qu'on ingère ensuite(VOINOT, 1904).Onpeut utiliser aussiles gousses
deUanasiées desgraines(qui sontconsidérées commemauvaisespour les
inæstins)aveclesmêmesindications.
La poudre fine des grainesest ajoutéeat khôl ou employée comme
collyre sec,de la mêmefaçonqueles grainesde Cassinabsus.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
G sénéest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 1236)et par ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 823) sousle nom
de sannâ.C'estsurtoutle C. sennaGannâfuram, sannômel<kô,sénéde
la Mecque)qui est traité sousce nom, mais on peut admettreque le C.
achreklui a éé assimilé.Mêmecommentairepour les aufresauteurs.

156. Cassia fistula L.

caneficier, gpandecasse

bô, tumbôr(r.).
'ûd ytîb (Fès) (litt.: bois de la croix) : cette appellationest impropre ;
elle s'applique,en réalité,à la pivoine.

La drogue,constituéepar les gousses,estimportéede I'Inde.

USAGESTRADMONNELS

Au Maroc, elles sont venduespartoutpar les droguisæscommelaxatif et


dansle traitementdes maladiesgasEo-intestinales.Elles sont également
réputéesaphrodisiaques.

298
DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le caneficier est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
'163,836,
1883,n" 1742),la'Umdatat-tabîb(no 214,785),AL-\ryAZR
AL-GHASSANI (no348),laTuhfat al-ahbâb(n" 418) er ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,n" 919) sousles nornsde liyôr funbâr, qi@' hindî,
furrûbhinû.

157. Cassia senna L. (incluant Cassia acutifulia Del. et Cassia


angustifoliaVahl.)

sénéd'Alexandrie,sénéde Khartounr,sénéd'fuabie, sénéde I'Inde

(!) (litt.: sénéde la Mecque).


sannâfuram, sannômekRrâ

Cetteespècese renconuede I'Algérie à I'Arabieet va jusqu'enInde.


Les folioles sont importéesau Maroc de lEgpte et de I'Inde.

USAGES TRADITIONNELS

L'usagede ce sénéa été recommandépar le Prophète.Partoutau Maroc,


I'infusion des folioles est utilisée comme laxatif et purgatif. On leur
associegénéralement lespétalesde rosepâle.

DISCI.JSSION

Les sourcesécrites arabes


Le séné,C. senna, est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,n" 1236),la',Umdat at-tabîb (n 2290),AL-}VAZIR AL-
GHASSANI (n" 297), la Tuhfat al-ahbâb (n" 373) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n' 823) sousle nom de sannâ,sannâlnram, sannâ
meklcâ(sénéde la Mecque).

lSE. Ceratonia silûqua L.

caroubier

l-lercôb (!) (litt.: la gousse).


tikidit (!) (berbère)(pour le caroubier),tikida , îkidu (!) (berbère)(pour
la gousse).
slîgwa, tislîwfo, taslî!,wa(!) (Nord et Centredu Maroc).

299
Cene espèce de I'Afrique orientale et du Bassin méditerranéen,est
communeau Maroc où elle est souventmultipliée pour sesgoussesqui
constituent un excellent fourrage. Il en existe plusieurs variétés : à
grossesgousses,à petitesgousses,à pulpetrès douceou Eèsastringente,
etc.

La gommeexfraitedesgrainesde caroubeestproduiteau Maroc, dansle


Gharb, pour I'exportation.La pulpe et les goussesentièresfont aussi
I'objet d'un commerceimportanten directionde I'Europe.

USAGF-STRADITIONNELS

Partoutau Maroc, les goussesentièresou les grainesseulessont utilisées


pour combattreles diarrhéeschezle nourrisson,I'enfantet I'adulte : une
grandecuillère de poudre chezI'adulteà boire le soir ; ll2 à I cuillerée
chez le nourrison et I'enfant. La décoctiondes caroubesou de pulpe
débarassées desgrainesestaussiutiliséedanslesbronchites.
A Tissint,la poudrede goussesentièresestassociéeau tal!ût (cafiêà base
de noyaux de dattes) cornme antidiarrhéique pédiatrique. Cette
médication y est aussi utilisée confre I'entéroxémiedu bétail. D'autre
part, I'infusion des feuilles de caroubieroseules ou associéesau
Mesembryanthernurnnodifl.oruffiL, est utilisée cornmevomitif, pour
combatEeles intoxications(tawlcnt).

Les caroubessont aussi employéesdans I'alimentationhumaine et


animale,car elles sontréputéestrèsénergétiques.
Dans le Rif, les gousseset l'écorcedu tronc sontutiliséespour le tannage
desfilets de pêche.
Le bois du caroubierestutilisé en menuiserie.

DISCI,JSSION

I-es sourcesécritesarabes
La caroubeest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
1883,n" 762),la'Umdntat-tabîb(no719),AL-WAZIR AL-GHASSANI
(n" 341) la Tuhfat al-ahbôb (n' 423) et ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,n' 920) sousles nolnsde furnûb et !arrû,b.
l-e robb de carroube,cité par IBN AL-BAYTAR, est encorepréparéen
Syrie et au Liban par tituration et macérationde caroubedoux dans de
I'eaupuis concentrationde celui-ci.

159. Haematoxylon campechianutnL.

borsde Campêche,bois noir, bois du Brésil*, logwood


300
baqqaml-âklwl (litt.: baqqamnoir) (DLJFOUCÉRÉ,l92l): baqqam est
un mot persanqui désignele bois de sappan(ou brésilletdesIndes),bois
tinctorial fourni par le CaesalpiniasappanL. de I'Inde, encoreappelée
'andam** (RENALJD& COLIN, 1934, no 315). Lorsque le bois de
Cam$che sesubsdnraà lui, il prit aussisonnom.
penful atunar (PERROT& GATEFOSSÉ,L92l) : cetteappellationest
impropre ; c'esten principe le bois du PterocarpussantalinusL.F. de la
région indo-malaise, autrefois exporté en bûches ou en copeaux de
couleur rouge (mais se teintantà I'air en vert noirâtre)et qui servaitde
colorant (alimentaireet textile). Elle désigneencorela gomme-résinedu
PterocarpusmnrsupiumRoxb.(kino de Malabar)ou celle du Pterocarpus
erinaceus Poir. (kino de Gambie).Tous ces produits fournissentdes
teinturesrougesd'où la permutabilitédesappellations.

BOIS DE SAPPAN ET BOIS TINCTORIAUX D'AMÉRIOUE :


HISTOIRE D'IJNE SUBSTITUTION

Au Maroc, on a d'abordutilisé commebois tinctorial le bois de sappan.


Déja, du temps des Mérinides (1269-1464),les Barcelonaisvendaientà
Anla, sousle nom de "bois du Brésil", du bois de sappanachetésur les
rives de la Méditerranée orientale où il arrivait de I'Inde
(KHANEBOUBI, 1987, p. 63). Ce bois de sappanest effectivement
mentionnépæ AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 225\, sousles nomsde
baqqamet de 'andarn,commeun produit venantde lTndeet utilisé à Fès
pour teindreles tissuset la laine.
En Occident, le bois de sappanfut remplacéprogressivementpar les
"cam\iloods" d'Afrique occidentale(bois de Baphia nitida et B.
pubescens; voir cet article) puis, aprèsla découvertede I'Amérique,par
le bois du Brésil ou de braise(Cesalpinia crispa L.), par le bois de
Pernambouc(Cesalpinia echinataLam.) et par le bois de Campêche
(Hoematorylon carnpechianum L.). lÆ Maroc ne tardapas à suiwe cette
évolution. On trouve mention, dans les archives diplomatiques et
historiquesmarocaines,de I'importationau XVIIIème siècle,de bois de
campêcheen provenanced'Amérique, via le Havre (HISTOIRE DU
MAROC, 1967 ; PERROT & GATEFOSSE,l92l), ou via les ports
allemands(Renseignements Coloniauxno 8, août 1905,p. 310).

USAGESTRADMONNELS

Ce bois tinctorial était autrefoisutilisé à Fèspour la colorationde pâæs


médicamenteuses et de confiseriesen violet (un herboristede77 ans).
D'aprèsMAUCHAMP (s.d.), à Manakech,au début de ce siècle, on
utilisait de la sciured'un bois de teinture, dêlayêe, dansde I'huile, pour
colorer les cheveuxen noir : il pounait s'agir de bois de Campêcheou
de camwood(voir à Baphia,n" 234).

301
Ce bois servait surtout en teinnre des textiles et pour la préparationdu
cuir de Rabatdrtwerdi, de couleurrougeviolacée(BRLJNOT,1923, p.
123)et du cuir de Fès drtbuqqami,Eès recherchéà Sefrouet à Meknès
pour la fabrication de babouchesberbèrespour femmes(Renseignements
Coloniauxno 9, sept.1905,p. 343).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le bois de Campêche,originaire d'Amérique, n'était pas connu à
l'époqued'IBN AL-BAYTAR et de la'Umdnt at-tabîb.Mais ils ont, par
conre, mentionnéle bois de sappan(LECLERC, 1877- 1883,n" 314)
sousle nom de baqqam. ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n' 156) qui
puisqu'àsonépoqueil était déjà
aurait du connaîfiele bois de campêche,
importé au Maghreb, cite une variêtê rouge de baqqam qui est
probablementun "camwood"d'Afrique (voir à Baphia, article n" 234).
AL-TWAZIRAL-GHASSANI (n" 225) dit qu'il est disponiblepartout à
Fès pour la teinture des textiles. La Tuhfat al-ahbâb (n" 315) ne
mentionnepasle bois de campêche maisdécritbienle bois de Sappan.

* L'appelationcommerciale"boisdu Brésil",guqrqugtrèsusitéep_our_désigner ce bois


est imfropre. Le wai bois du Brésil provient du CesalpiniacrtspaL. (PERROT, 1943-
194): Dautres bois sont couverts improprementpar cette appelation : ccux du
Cesalpiniabrasiliensk L. Ooisrougedela JamarQue) et du Cesalpinigeghinatglam. du
Brésii (ou bois de Pernambouc). EthymologiquemenÇ I'appelation"bois du Brâsil" n'a
rien à voir avec ce pays d'Amérique latine. Elle dérive de "brezen(françaisdu )ûIème
de 'braise" (PETIT ROBERT),et suggèreplus une couleur
siècle), forme ancienne
qu'uneorigine géographique.
Ôam@he-astU-ien,pù coinre,le nom d'unelocalité,situéeau Mexique.
** 'andtw désigneaussi,dansles livres arabes,une autrematièretinctoriale, le sang-
dragon(vot Dracacru cinnabari,no326)ce qui entraînebiendesconfirsions.

160. Tamarindus indica L.

tamarin

tarnr hindî, trner hindî (!) (litt.: la datteindienne) : d'où dérive le nom
français.
ôgânôt(Maure,Satraraoccidental).

C'est une espècedes régionstopicales d'Asie et d'Afrique qui joue un


rôle important dans l'économiede cesrégions.Dansles pays d'ori_gine,
les graines oléagineuses,sont comestibles.On en fait aussi une farine
après torréfaction. La pulpe des goussesest utilisée pour faire des
boissonsrafraîchissantes.

302
Les gousses,qui constituent la drogue, sont importées au Maroc de
l'Afrique Noire et de I'Inde.

USAGESTRADMONNELS

[æs goussescontiennentunepulpegluanteenremêléede fibres.En pilant


cette pulpe, débarrasséedes graines,dansde l'eau sucrée,on prépare,à
Marrakech,une boissonrafraîchissante, un peu acidulée,qu'on boit dans
les fièwes.
Partout au Maroc, cette pulpe s'utilise commelaxatif et remèdede la
toux et desinflammationsbucopharyngées.
A Salé et à Fès, la poudre de gousses,mélangéeà du bon vinaigre,
intervient dansle traiæmentdesmaladiesdu foie et de I'estomac,à raison
d'unecuillère à soupetousles soirs.

DISCTISSION

Les sourcesécritesarabes
Le tamarin est mentionnépat IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
'Umdatatlabîb (n' 1530),AL-WAZIR
1883,n" 426,705,7n , l3gl),la
AL-GHASSANI (n" 324),la Tuhfatal-ahbôb(n' 407)et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 877)sousle nom de tamarhindî.
AL-WAZIR AL-GHASSANI nousprécisequ'enraisonde sonacidité,les
ArabesI'utilisent pour faire du vinaigre.

CHÉNOPODIACÉPS

16l. Anabasis aphylla L. ssp.africana (Murb.) Maire

el:arjem, ûem (poly.) (Sahara): désigneaussidesajoncs(UIex).


l-'ajrern (Satraraoccidental,MONTEIL, 1953) : pour A. aphylla etA.
oropediorumlNlarre;forme dérivéede la précédenæ par métathèse.
taûssayt(DELON & PUJOS,1969).
taûssiya,tawussâya(!) (Guercif,MoyenneMoulouya).

Cettesous-es@ce est couranteau Maroc,danslesrégionssemi-arides.On


la retrouveen Algérie et en Tunisie.

USAGES TRADITIONNELS

Au Sahara,la plante est utilisée en frictions sur la peau des animaux


contrela gale.

TOXICITÉ

303
La toxicité de la planteestconnuedespopulations.
La planæest nonmalement refuséepar lg bétail,en raisonde sa toxicité.
Lej moutons et les chèvresseraientplus sensiblesau toxique que le
dromadaire.
Panni lesAnaba.sis,seulA. oropediorufnMaire estpâturé.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cett" etpèc" mentionnéepar aucunde nos auteurs.Le'uirurn que
cite la 'Ûmdat
"'est
at-tabîb(n" 1623)n'estpasnotreespce.

Les donnéesde la toxicologie


La toxicitê d'Anabasisaphylla estdue à la présenced'alcaloldes,surtout
de I'anabasine,accompâgÀee d'aphyllidineet de lupinine. L'anabasine,
base liquide volatile, est un isomère de la nicotine. La teneur en
alcaloi'dessemblediminueravecla salinitédessols.
L'A. prostata Pomelpourraitcontenirles mêmesalcaloides.
par ôonne l'A. oropàdioru* Maire semblene pas contenir d'alcaloides
(ou seulementà l'état de traces).

162. Atriplex halimus L.

arrochesauvage,pourPierde mer.

l-Selal, lr1t I legatf(du classiqueqalni) (!).


ârmâs (berbère)(Souss,SaharaTouaregs).
l-hetba(MoyenneMoulouya,BERTRAND' 1991).
fufitut az-zujôj (litt.: herbeau verre) (livresque).
at-!âssût al:ulbî (litt.: savonvégétal)(livresque).
Snôn(du classiqueû,!nôn): e,emot est surtoututilisé au Moyen-Orientoù
il désigneles plantesqui fournissentpar incinérationle qalî. D'après
AARONSOIilI (1931), en Jordanie,lenân s'appliqueà une espècedu
genre Anabasis. En Iran, l'û,Snânest fourni par la combustion de
SalicorniafruticosaL. (HAKIM MOHAMED SAID,1973, p. 30 et note
p. 62).
iro* âes espècesvoisines,on a recueilli les vernaculaTg!jell (A. rnollis
Desf.) et â,2àrki(A. parttifolius Lowe) (GATEFOSSE,I92l).

Cetteespèce,subcosmopolite, est communeau Maroc sur sols aridesun


peu saléset en bord de mer.

USAGESTRADMONNETS

304
USAGESTrIÉUCNAI.IX

Au Saharaoccidental,les cendresde lA. halirnus,reprisespar I'eau,sont


utilisées dans le traitementde I'acidité gastrique.Les graines,crues et
broyées,sontemployéescomnrevomitif.
D'aprèsNAUROY (1954) et LE FLOC'H (1983, no 108), les racines,
découpéesen lanièresà la manièredu swak,serventpour les soins de la
boucheet desdents.
D'après BOUQLJET (in LE FLOC'H, 1983, n" 106), les Sahariens
attribuent aussi à I'A. halimus la propriétéde soignerle debbab qui est
une maladie grave du dromadairecauséepar un trypanosomeque lui
inoculent les taons : les feuilles sont contuséespuis appliquéessur les
plaiespour les assécher.

USAGESALIMENTAIRES

Les Touaregsrécoltentles graines(ôbugbugarmôs)qui sont broyéeset


utilisées,cuites à I'eau,pour fabriquerdes bouillies ou des galettes.Au
Sahara on consolnmeaussiles bourgeonset les feuilles de la plante, à
l'êtat naturel ou cuits à I'eau puis essoréspour enleverles sels (LE
FLOC'H, 1983,no 106; CHARNOT,1945).

AUTRES USAGES

Commebeaucoupde Chénopodiaéesrichesen selsalcalins,l'A. halimus


produit par incinération des cendressodées*({ebb ârmâs, qalî, qilî)
employéespour le dégraissagedes vêtementset pour la preparationdu
savon(une solution de cendresest ajoutéeà desmatièresgrassespuis le
tout est porté à ébullition quelçes heurespour obtenirla saponification).
l,e qitî êta.t même, autrefois, utilisé pour la fabrication du vene : 2
parties de qilî sont chaufféesavec I partie de sable(techniquearabe)ou 3
parties de natron pour I partie de sable(æchniquede Pline) (RENALJD
& COLIN, 1934,no 146).On les utilisait aussipour le mordançagedans
certainesteintures (carthane, par exemple).
Selon GUINEA (dans MONTEIL, 1953) la décoctiondA. halimus
(probablementles racines)donneraitune teinturerougequi est utilisée,
au SaharaOccidental,commele henné,pour le coloriagedesmainset des
pieds.

C'est un très bon pâturaged'êtê,recommandéspécialementcontre la


maladie des troupeaux dite el-SeY(voir à Rhus albida, no 19)
(MONTEIL, 1953).Mais broutéen excès(plusde 7 jours consécutifs),il
provoqueraitune violentepurgation.

DISCUSSION

305
I-es sourcesécritesarabes
Cetæ espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
1883,nô 320, 1032,1174,1811,2037,2171),la'umdat at-tabîb(n"
2106, 2250),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n' 308), la Tuhfat al-ahbôb
(n" 3|l, 47, 341)et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n" l4l, 761, 820)
sous les noms de qafnf, baqlat dahabiya, sarftKtq'nelû'!. IBN AL-
BAYTAR donneaussile vernaculureletn-lem.

Les donnéesde la toxicologie


t e potte" de cette plante serait hautementallergisant (DELAVEAU'
r974).
* D'autresplanæs(Salsotakali L? Salsolnsoda L., ercJsont aussiutiliséespour la
ptôOoètionàe cendrèsalcalines.D'aprèsKEITH (dansLE FLOC'H, 1983,no 108),en
LiUié, les cendresde Salicomiafruîicosa L, (=.S.qrabigaL.), appe!ésbarilla, étaient
eiporiées commematièrepremièrepour la fabricationdu savonet du verre. En Syrie,
ce qali queles^caravanes
à.i" t. région de Sukhne,on fabri{uait autre-fors portaient
;*ri6 à Âl"p dont les savonneriesétaientélèbres (ME-IRÀL, 1989).Il pourrait I'aqit
Ëi t'"" 4a a6asis,car au Moyen-Orient,le chnfutdésignenormalementwr Anabasis
(nanONSOHN,-1931). En Iran, ce_s cendresalcalines@SnryqQ.étaient fabriquéesà
ùattt de Salicorniafruticosal. (HAKM MOHAMED SAID, Iy73)-

163. Beta vulgarts L.

betteraveet bette

l-barba (!) : betæraverougealimentaire,cultivée,à racinestuberculisées.


Smender(!) : pour la betteraveà sucre.
selg, silq,selqbarrî (!) : pour les espèces_sauvages (betæou carde)(Beta
*i"rotâqpa buss. et Beia panelaris.Moq., en qartig-ulier). On-entend
parfois le vernaculureselq imprgprgmelt-aPPliqué à diversese-spècesde
'Ru*r,
et diversesChénopbdiàcées (Atriplex, etc.).C'estaussi le nom de
l'épinardcultivé (Spinaciaole-racea L.).
zrttnmûr(BOLJLET&. aI.,1991): pourles es@cessauvages.

L'espèceavec sesdifférentessous-espèces,spontanées ou cultivées,est


conuoooe au Maroc. La variêtê sucrière est cultivée sur de grandes
surfacesdansle Gharb,le Tadla et la région de Nador pour I'industrie
sucrière.

USAGESTRADMONNELS

La racinedes es@cessauvages(Betapanelaris Moq., 9n pTticqlier) est


sousforme de décoctionbuvable,dansles affections
employéeau Sah-ara,
du foie.

306
La betterave à sucre, dont les racines tuberculisées,grosseset blanc
jaunâtres, sont riches en saccharose,sert à Ia fabrication du sucre de
betterave. Les tuberculesde la betteravepotagèresont des légumes
appréciéset la basedesfeuillesjeunessemangecommedesépinards.
Les espècessauvages,notammentBeta tnacrocarpa Guss.et Beta
pattelaris Moq., sont utiliséespour leursfeuillesqui sont mangéesaprès
cuissonà I'eauà la manièrede la mauve(voir à Malva, article no 339) ou
en potages. Les racines tubériséesde certainessous-espècessont
consommées commedesnavets.
Iæs fruits rougesde Betapattelarissontcomestibles.

Ces espècessont pâturéesen vert et à l'état sec. Les feuilles de la


betteravesucrièresont d'excelfnts fourragesanimaux.

DISCUSSION

I-es sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (dans LECLERC,
1877-1883,Do l2M, 1424),la 'Umdatat-tabîb(n" 2270),AL-WAZIR
AL-GHASSANI (n" 289),laTuhfat al-ahbâb(n" 377)et ABDEREZAQ
(dansLECLERC, 1874, n" 836) sousles noms de silq. La betterave
sucrièreest peut-êtredécritepar la 'Umdatat-tabîb(no 1306)commeune
es@cede navet.

l&. Chenopodium divers

Chenopodium albumL.
ChenopodiummuraleL.
Chenopodium vulvarin L.
Chenopodiumambrosoide s L.

chénopode

b/fJ Clissint) : pour C. albumL.


baremren (BERTRAND, l99l), remram (BN AL-BAYTAR dans
LECLERC, 1877-1883, n' 1064)(!) : pour C. albumL., C. vulvariaL.
et C. rnurale L.
blîtû: pour C. albumet C. rnurale.
talekutta(Tekna,MONTEIL, 1953),talgoda(Tissint,BELLAKHDAR &
al., 1987) : pour C. murale.
âggawit, tel<nwit(Touaregs,MONTEIL, 1953): pour C. murale.
m$inza (!) (poly.) : pour C. ambrosoidesL. (ansérinevermifuge) ; c'est
aussile nom de CleomearabicaL. et Amaranthusblitoides S. Wats.

307
L'ansérine vermifuge (C. ambrosoides)est une espèce{'A1ériqge
tropicale nanualiséàOansI'Ancien Monde. Elle est cultivée dans les
jaràins autour de Marrakech. Les autres chénopodes(C. alburn, C.
-murale,
sont communsau
C. vulvaria), aujourd'huisubcosmopolites,
Maroc.

USAGESTRADITIONNELS

Les graines de C. ambrosoides sont utilisées à Marrakech comme


mais c'est surtout la planle e1!èr9 qui est employée' sous
"r*Inrge,
forme la
d'infusionou de jus frais, dansles affectionsgastro-intestinales,
typhoide, la dysenteriede I'enfantet de I'adulteet comme
'oo galactogène.
Â'Sulé, utilise C. atnbrosoides contre les abcès buccaux, les
ulcérationset les plaies purulentes,en applicationslocalesde la plante
fraîchecontusée.
L'infusion de C. alburnest utiliséeà Tissintcommediurétique.
A Casablanca,d'aprèsMATHIEU & MANEVILLE (1952), contre les
fièwes, on applique sur le front et les teîqFesdes cataplasmesd'un
Àet-g'" de C.'o*brotoides, de clou de girofle, de fleurs de lavande,de
jus de citron, d'oignonet de menthe.

Les grainesde C. muraleet de C. vulvarja sont consommée!:e_npériode


à d'auûescéréales(MONTEIL, 1953;
en bouillies,mélangées
de di"sette,
LE FLOC'H, 1983).

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
ffies, I'espècede chénopodequi revient le plus est
!'arroche-fraiseou épinard-fraise(C. foliosum (Munch.)Asch. = Blitum
,irgotu* L.) qui teçôit le nom de b9ela1qm.Qniyg(ouyarbûz ouiarbûz),
et Ëst classiqueméntprescrite dans l'épilepsie. IBN AL-BAYTAR
mais il
if,Bôf.BnC, iSll-1883, n' 1064)mentionnebien le remraræ,
n'estpassûr que ce soit chezlui un chénopode.
Même commentairepour les autresauteurs.
læ,Chenopodiurnarnbrosoides, originairedu Mexique,est naturellement
ignorédanscesEaités.

Les donnéesde la toxicologie


ffi de C. ambrosoides,utiliséecommeanthelmintique,eqt
^*è, toxique, surtout chezI'enfant,en raisonde la présenced'ascaridol.
Iu planæ eile-même, à fortes doses, peut provoqurer-..des signes
rappelanto
d'int'olérance en moinsgraves,les symptômesde I'intoxication
par lhuile essentielle(ROTH & al., 1984).

308
C. vulvaria et C. alburn pourraientêne un peu toxiques, en raison de
leur richesseen acideoxalique(LE FLOC'H, 19830no 105 ; CHARNOT,
r94s).
Symptômesde I'intoxication
L'intoxication par lhuile essentiellesemanifestepar despernubationsdu
S.N.C. avecétourdissements, perte de connaissance,
vertiges,céphalagie,
crampes,paralysie.On observeégalementdesnausées, desvomissements,
des douleursépigastriques,de la torpeur,desbourdonnementsd'oreille
avec parfois troublesde I'oûê et surdité,uneinflarnmationdes intestins.
On note aussiune baissede la tensionet deshémorragiesimportantesau
niveau des méningeset des intestins. Parfois aussi de la toux, de
I'emphysèmepulmonaireet des lésionsdu foie, de la rate, du rein, dans
I'intoxication chronique(ROTH & al., 1984).On a même signalé des
décèspar atteintedescenûesrespiratoires.

165. Cornulaca ,nonacantha Del.

(!) (Sahma).
l-1.1âd
tafora (Touaregs).

est assezfréquente dans le Sahara


Cette espèce,saharo-sindienne,
marocain.

USAGFS TRADMONNELS

Dans le Saharaoccidental,la décoctiondes feuilles, prise à jeûn, est


employéedansle traitementdesictères.
Au Satraraalgérien,on recommandela planædansla mêmeindication :
aprèsavoir administréla décoctionau patient,on le fait courir "de façon
à lui faire vomir la bile et acélérer la purgation"(VOINOT, 1904).

C'estune plante des sables,possédantune sèveabondante,et constituant


un excellent pâturage pour les dromadairessur lesquels elle exerce
d'ailleursune actionpurgativebénéfique.

DISCTJSSION

Les sourcesécrites arabes


Cette espècen'est pas mentionnéedans les ouvragesque nous avons
consulté,sauf peut-êtrepour la'Umdat at-tabîb(n" 465) pour laquelle
nousavonsun doute.

309
166. Fredotia aretioides Coss. & Dur. (= Anabasis aretioides
(Coss.& Dur.) Coss.& Moq.)

chou-fleur de Bou Hamama

lejra Iî mô idihas rî17lejra lî mâ ihezas,î4(D flitt.: I'arbreque le vent


ne peut emporter; en raisonde son aspectgênêralde petit arbre enraciné
jusqu'autronc).
çella' (Tafilalet, BERTRAND, l99l ; Satraraoccidental,MONTE[-,
1953)(litt.: le chauve).
âlrennud(Art Seghrouchen, BERTRAND, l99l).
dega,dga' (Sahæaalgéien,SITOLJH,1989).

Cette espèce est une endérniquedu Saharamarocain et du Sahara


algérien.Elle est communedansle Tafilalet.

USAGFS TRADMONNELS

Dans le TafÏlalet, la plante est utilisée par voie orale, comme


antirhumatismal,diurétiqueet antidotede tousles poisons.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estpasmentionnéepar aucunde nosauteurs.

167. Haloxylon scoparium Pomel (= Arthrophyturn scoparium


(Pomel)njin.)

rrern!(!) (Maroc,Algérie,Tunisie).
âssôy(!) (Maroc).

est communeau Maroc.


CetteesSce, médiærranéenne,

USAGFS TRADMONNELS

Au Satrara,la décoction de la plante mélangéeà du jus de tabac est


utilisée dansle traitementde la galedestoupeaux.
Au Satraraoccidental, le péricarpe du fruit et la tige, hachéeset
mélangéesà de la graissede dromadaireou à du beurre,sont utilisfus en
cataplàsmes danslés soinsdes morsuresde seqlent*.La décoctionde la
plante, adrninisfée par voie orale, se donneaussidansle mêmebut.
À Tissint, les cataplasmes de la plantecontuséesontapposéssur les plaies
et les blessures; èt la poudrede la plante est administrée,à I'intérieur,

310
contre le diabète (2 cuilleréesà café par jour). Dans la même région,
I'infusion des feuilles et des fleurs est instillée en collyre et en gouttes
auriculairesdans diversesaffectionsde ces organes.Enfin, les racines,
réduitesen poudreosontprescritesdansles fioublesgastriques.
Dans la région de Figuig, la plante est souventassociéeau Cleome
arabica. L. pour faire descataplasmes analgésiques contreles éphatées.

Les cendresd'Haloxylon scopariurn sont utilisées,dans les régions


satrariennes,
au Maroc, en Algérie et en Tunisie, dansla préparationdu
tabacà priser (voir à Nicotianatabacumet N. rustica,n" 490).

TOXICITÉ

C'est un pâturagetrès amer,refuségénéralement par les animaux.Mais


cet arbrisseauempoisonneles eauxstagnantes danslesquellesil a séjourné
quelques temps, d'où un risque d'intoxicationchez I'animal qui s'y
abreuve.
L'intoxication chez I'animal se manifestepar des troublesnerveux,des
tremblementsde jambes, une grande faiblesse générale. Chez des
animaux de faible constitution, la mort est souvent le rapide
aboutissementde ce tableau.

En raison de la présenced'alcaloidesdansla plante,le risquede toxicité


pour lhomme est bien réel, en particulier au cours de ses emplois
thérapeutiques,bien que nous n'ayonspas personnellement observédes
casd'intoxication.

DTSCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
La plantè est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883, no 1063), la 'Urndat at-tabîb (no 968) er ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 800), sousle nom de rim!. Les autrestextesne la
mentionnentpas.

[.es donnéesde la toxicologie


La compositionchimiquedel'Halorylon scoparium,très prochede celle
del'Anabasisaphylla (anabasine, etc. ; voir àAnabasisaphylla no 160),
explique la toxicité de la plante.
* Ces indicationssont conformesà la croyanceque le varan s'immunisecontre les
morsuresde serpenten mangeantdel'Halorylonscopartum(LEFLOC'H, 1983).

168. Nucubrta penini Batt.

3r1
ôslcâf(!)(Maroc).
tassak(fouaregs,VOINOT, 1904).

Cette espèceest une endémiquedu Saharaoccidental et du Sahara


marocain.

USAGESTRADITIONNELS

Cette espèce a une certaine importance en médecine vétérinaire


sahariennè.Son pâturageest recommandé- commebeaucoupd'autres
plantesà saveursaline- dansle naitementdesmaladiesanimalesditese/-
leS (cohquesduesà I'ingestionde terre argileuseen même temps que
lherbe) et el-lnmsf (affection respiratoiredu dromadaire).La plante
aurait, de plus, sur le dromadaire,une action dépurative. De cette
réputationvient le verbe zefnmerqui signifie "faire sa crue d'ôskâf au
Zemmour", région du Saharaoccidentaloù la plante est très abondanæ
(MONTEIL, 1953; BELLAKHDAR, 1978).

C'est un excellent pâturage,surtout en fin d'été, car il conservesa


fraîcheurpendantun tempsassezlong. Broutéeen excès,la plantenoircit
le gosierâe I'animal et lui communiqueune odeur fétide, mais ce n'est
pasn dessignesd'intoxicationcar la planteestinnofensive.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
La planæn'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

169. Salsola divers

SalsolafoetidtDel.
SalsolalongifuIiaForsk.(= S. oppositifolinDesf.)
SalsolasieberiPresl.
Salsol,atetagonaWl.
Salsola tetrandra Forsk
S. vermiculntaL.

Plusieursvernaculairessont indifféremmentutilisés pour désignerces


Salsolaet mêmed'aures Chénopodiacées :

I-gessô1,ôqessâl (poly.) (Satraraoccidental).


le'çaI (poly.) (Saharaoccidental),I-'açla (Moyenne Moulouya,
BERTRAND, l99l).
le'râC (poly.) (Satraraocc:Cental).

312
l-yesrîf (poly.) (Sahara occidental) ; l-ûsrîf (Haute Moulouya,
BERTRAND, t99t).
tôsra (poly.) (Saharaoccidental): désigneaussiTraganumnadntum.
smûmel(poly.) (Saharaoccidental,Haouz).
jell (Saharaoccidental,MoyenneMoulouya,steppesde I'Oriental) : pour
les espècesà odeur fétide, par exempleS. foetida et S. venniculata ;le
mot est une corruptiondejeld (= peau)(MONTEIL, 1953).
âzîl (SaharaOccidental).
el-haba (Diabet,Essaouira): pour S. longifolia.
fomrân, demrân (Satraracentral, TAILLADE, 1905 ; LE FLOC'H,
1983,n" 113) : pour S. siebertet S. verrniculataprincipalement,mais
s'appliqueaussiau Traganumnudatum.
{errira (GATEFOSSE,l92l) : pour S. vermiculata.
belbel (Sud Algérien) (CHEVALIER, 1932) : s'appliqueaussi à
Salicomiaarabica(SITOUH, 1989).
îssin(fouaregs,SITOUH, 1989; VOINOT,lgM): pourS.foetida.

L'espèceS. foetida est satraro-sindienne et soudano-deccaniene ; S.


longifulia et S. tetragona sont méditerranéennes
; S. sieberi est satraro-
sindienne ; S. tetrandra, tare, est une espèced'Afrique du Nord
(Mauritanie à Egypte) ; S. vermiculata est saharo-sindienneet
méditerranéenne.Toutes ses plantes se rencontrentau Maroc, sur le
littoral ou dansles régionsdésertiques.

USAGESTRADMONNELS

EMPLOIS VTÉOTCINAUX
A Tissint, la partie aériennedesSalsola,sêchæ, et pulvérisée,est utilisée
contreles maux gastriquesà raisonde 2 cuilleréesde poudrepar jour.
Les feuilles de S. verrniculata, en cataplasmes,sont utilisées dans le
traitementdes boutons,de la teigne (GATEFOSSÉ,l92l) et du prurit
(LE FLOC'H, 1983,n' 114).On fait aussiabsorberdansle mêmebut du
lait danslequel on a fait macérerles feuilles.

Au Sahara, les femmes se servaient autrefois des Scls ola potlr le


de leurscheveux.
dégraissage

AUTRES EMPLON
Le,sSalsola produisenttoutes, pil incinération,des bases et des
carbonatesalcalins* (pour les emplois de ces cendres,voir Atriplex
halimus,n" 161).
Les nomadessatrariensutilisent pour le dégraissagede leur linge et des
toisonsde laine, une pâte,moussantau contactde I'eau,faite de tiges de
Salsolapiléesau mortier.[æ mêmeprocédéseretrouvedansle Haouz,le
Sousset le littoral d'Essaouira.

313
Certainesde ces Salsola- S. foetidn en particulier - seraientégalement
utilisées au Satraraoccidentalpour tannerles peaux,mais le bain doit êre
rapide, sinon le cuir devientcassant.
nu Satrarqles Salsola(enparticulierS. tetragona)constituentune source
importantede combustible.

TOXICITÉ

Quelqueses@ces(en particulier S. longifulia et S. siebert)ont chez les


chametiersla réputation d'être toxiques. Au Saharaoccidental, on
considère que cèrtaines espècesde Salsola provoquent, chez les
dromadairei qui les pâturent, en posture bassede la tête pendant
plusieurs heuies, des troubles cérébraux(dysfonctionnementde la
ôirculationérébrale ?) dits bû.-rwes(BELLAKIIDAR, 1978).
D'aprèsLE FLOC'H (1983,n" ll2,1l3), S. longifulia entaîn9rgt chez
les troupeau( des désordresintestinaux gravespouvant conduire à la
mort ; el S. siebert seraitsuspectéede provoquerla mort d'ânesqui en
mangenten exês.

DISCt.]SSION

Les sourcesécritesarabes
I-esSalsola sont mentionnées,mais @le-mêleavecd'autresgenressous
les articlesûSnôn,gâssûL,hnn{ par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
'Um.datat-tabîb(n' 597),AL-WAZIR
1877-1883, Do87,709, 1037),la
AL-GHASSANI (n" 26) et ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n' 35). La
Tuhfatal-ahbôb( n" 38, 183)donnele génériquetasra.
* La soudç d'Alicante et la soudede Narbonne,fameusesautrefoisen Espagneet en
Francepour la fabricationdu verre,étaientobtenuesà partir deSalsolnsoda desbordsde
mer par calcinationpuis lessivation.

170, Spinacia oleracea L.

épinard

selq, silq (!) : mêmenom pour la bette(Beta vulgaris).


silq bustônî(l).
beqqûlnrômiya (litt.: InauvedesEuropéens)(marchéde Salé).
îsfônâtt, îsbânô! (livresque).

Ce sont les Arabesqui l'intoduisirent d'kan en Espagne(RENAUD &


COLIN, 1934,n" A7).L'épinardest un peu cultivé au Maroc.

314
USAGESTRADMONNELS

A Rabat et à Fès, l'épinardest réputéefficacedansles affectionsde la


gorgeet de I'appareilpulmonaire.C'estaussiun laxatif.
C'estune plantepotagère,Fu consommée au Maroc,mais rès priséedes
Moyen-orientauxet desEuropéens.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
L'épinard est longuementtraité dans tous les livres arabes.Il est
mentionnêpæ IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,no 63), la
'Umdat at-tabîb (no 238, 838), AL-WAZR AL-GHASSANI (n"289)
qui
I'assimile à Beta vulgaris L.), la Tuhfat al-ahbôb (no 47) et
ABDEREZAQ (dans LECLERC, 1874,n" 4l), sous le nom d'îsfônô!.
IBN AL-HAJJAJ, agronomecordouandu )flème siècle, a composéun
traité sur l'épinard(cité dansLECLERC,1877-1883,n" 63).

l7l. Suaeda dlers

Suaedamollis (Desf.)Del. (= S. vermiculataForsk.)


Sweda fruticosa (L.) Forsk
Suaedn ifuiensis Caball.
SuaedamonodinnaMaire
Suaedamaritima (L.) Dumort.

Ces espècesportent les vernaculairessuivants,dont beaucoupsont


pennutableset s'appliquentaussià d'autes Chénopodiacées :
sûwayd,swidn (poly.) : dansle Haut-Atlas,ce vernaculairedésigneaussi
S. vermiculata(RENALJD& COLIN, 1934,n' 38).
de$mûs el-bell (poly.) (Tekna, MONTEIL, 1953) (litt.: euphorbe
cactoidedesdromadaires).
zoggid (Sud Algérien) : pour S. mollis.
tirebar, tarebar (fouaregs) : pour S. mollis.

L'espèceS. mollis est saharo-sindienne


; S.fruticosa et S. maritima sont
cosmopoliæs; S. ifuiensisa êté,découvertedansla région d'Ifni (littoral
sud-marocain).

USAGESTRADMONNELS

Partout où ces plantes existent, mêmesemplois que pour les Salsola


confreles boutonset le prurit. De plus, au Saharaoccidental,les nomades
utilisent les fleurs de S. fruticosa, en cataplasmes,
pour la cicatrisation
desplaies
315
S. nollis incorporfu à une souped'orge seraitefficace dansles douleurs
lombaires(LE FLOC'H, 1983,tro 109).

Leurscendres*sontutiliséescommepour les Salsolaet Atriplex lnlirnus


(voir n' 161).
Au SalraraAlgérien,S.fruticosa estutilisé pour teindreles lainesen noir
(LE FLOC'H, 1983,no 110).

TOXICITÉ

D'après OZENDA (1977), S. mollis serait un peu toxique pour les


Eoupearxet les charneaux.
D'aprèsVOINOT (1904), pâturéeà jeûn, elle provoqueraitchezeux de
violentescoliques.

DISCIJSSION

[,es sourcesécritesarabes
Le,sSuaeda sont mentionnées,mais pêle-mêleavec d'autresgenreset
d'au6eses@cesserantà la fabricationdu verre, sousles articles ûSnôn,
gâssû,l,I.nm{, (voir à Salsola'no 169).

* Au Yémen, par combustionde Suaednmonoicadansdestranchées,les habitantsdu


Tehâmaobtiennentgne massede cendresnoire, riche en 4lçelis,qui sertà la fabrication
du savon(DEFFLERS,1889).

172. Traganan, nud'atum Del.

lernrân (!) (Satraramarocain).


tâsra (poly.) (Haut-Atlas): mêmevernaculairepogr lesSalsola.
I-ûsril (Ouled Khawa BERTRAND, l99l).
terahit (Sud Algérien,SilOLJH, 1989).

Arbuste, saharo-sindien,répanduau Maroc sur les regs et les plateaux


pierreux.

USAGESTRADMONNELS

Mêmesemploisqueles SaIsoIa(voir cet article,no 169): boutons,prurit,


matu(gastriques..

C'estun pâturageintéressantcar il conservelongtempssa fralcheur.

I-es sourcesécritesarabes

316
L'espècen'est pas mentionnéespécialement, mais elle a pu être Eaitée
commeune soude,@le-mêleavecd'autresgenressousles articlesû*tôn,
gôssûL,I.nmd"par IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC, 1877-1883,
no 87, 709, 1037)etla'Umdat at-tabîb(n" 1588).Même commentaire
pour les autresauteurs(voir à Salsola,no 169)"

crsrAcÉns
173. Cistzs divers

C istussalviaefolius L.
Cistuspopulifulius L.
CistuscrispusL.
CistusmonspeliensisL.
Cistusalbidus L.

ciste

îrgel (t) : pour CistuspopulifuliusL. et C. salviaefoliusL.


targelt, mergel(DELON & PUJOS,1969).
hinikko : pour Cistuspopulifolius L. et C. salviaefoliusL.
ôgullî! : pour CistuspopulifuliusL. et C. salviaefoliusL.
tuzzplt, tuzzala(!) (Mamora,OuedChenat): pour C. salviifulius.L. et
C. albidusL.
Stâppa(!) (Tangéroisn Jbalas,Rifl : pour diverscistesdont C. crispusL.
et C. monspeliensis L.
rbibi (fut Arfa, Moyen-Atlas): pour C. salviaefoliusL.
tanaru\t, tanagu6t(DELON & PUJOS,1969).

Tous ces cistes sont méditerranéens.


On les rencontrefréquemmentau
Maroc, à I'exceptiondesrégionsdésertiques.

USAGFS TRADMONNELS

A Marrakech,les graines,apprêtéesavecdesépices,s'emploientcomme
aliment apéritif. On les prescritaussicommeaphrodisiaque.
A Rabat,d'aprèsBOULOS (1983),les feuillesde CistusalbidusL. sont
utilisées,en infusion dansdu thé,commedigestif.

Dans le nord du pays (douarAg*, région de Talambot),les fruits des


cistes (âmerît) serventà confectionnerle Inrkûs (fard à tatouages): des
fruits de ciste mélangésà des fruits de Juniperus phoenicea sont
envel^p@sdansun bout 'le tissuhumectéd'huilepuis flambessousune

317
assiette ; le noir de fumée ainsi obtenu est récupérépour faire les
tatouages.

Les grainespilées de la plupart


- des cistes sont consommées,dans les
campagnesmarocaines,comme amuse-gueyle.Dans la région de
Tarnèsie,on les emploieaussien chapeluresur les gâæaux.

I-e bétâil apprécielesjeunespoussesde C. salviifolius.

DISCUSSION

[æs sourcesécriæset la traditiondesAnciens


trouvé dans des amPhorgsIgTTnes à
Volufiits (site romain de la région de Meknès) (DAMBLON F',
communicationpersonnelle),ce qui laissepenserqu'ellesê42?t: déjà à
;td éfoque, uti-liséesconrmecondimentou commedroguemédicinale.
IBN AL-
Les cistei sont mentionnés,sans précision d'espèce,par 'Umdat
ÈÀvren GECLERC, 1877-1883,nô 1334,1793,2014)etla at-
fuqûç,fuqwôg âlûsel,lal.ryatet-
tabîb (no 1i5) too. les nomsde qistû.s,
tîs.
AL-WAZR AL-GHASSANI(no 178),la Tuhfat al-ahbâb(n" 241) et
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 504) I'ont assimilé à Cistus
Iadnnifer.

!74. Cistus ladanifer L.

ciste ladanifère

targla (MoulayAbdeslamBen Mchich).


l99l).
frôb (Jbala,BERTRAND,
bû-zegzaw(DELON& PUJOS, 1969).
'anbarî: poru la résinearomatique(ladanumou labdanum);
tâdt; lâdni
on trouve ce nom pourle ladanumdanstous les traitésarabes'

I-e ciste ladanifèreest une es$ce sud-européenne et nord africaine.Elle


est fréquenteau Maroc, dansle Rif où elle vient trèsbien.

USAGESTRADMONNELS

A Tétouan,les feuilles séchées,fiès odorantes,sontutilisées,en poudre,


contre l'acidité gasfique.

Le ladanum ou gomme labdanumqu'on trouvait autrefois cheztous les


atogoi*t"s et che! les parftrmeursa disparu,de nosjours, desétalages.

318
DISCUSSION

les sourcesécritesarabes
D'aprèslaTuhfat al-ahbâb(n" 241),on récoltaitautrefoisle ladanumen
faisant passerdes chèwes dans les fourrés de ciste. La résine restait
attachée aux--poils et était récupéréepar raclage. Ce procédé est
rye_n{oryédéjà par tous les auteursde'(Imdat-anabîb
li{ntiquité. IBN AL-BAYrAR
(LECLERO, 1877-1883,n' 1999),la (no l 15, 1265),
AL-\ryAZIR AL-GHASSANI (no 178) ainsi que ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n' 504) mentionnentle cisteladanifèreet le ladanum
sousle nom de lâdnn.

175. Helianthemum lippii (L.) pers.

hélianthème

leMeyba (Sahara)(BIROUK & aI.,l99l ; SITOUH,1989).


l-yergîg, lerga, reggâ,ôrrug, regîg (!) (Satrara).
ta?awet, ta?awat (Touaregs,SITOUH, 1989 ; LE FLOC'H, 19g3,
n" 269).
tazawa (Ai't Seghrouchen,BERTRAND, l99l ; Saharaoccidental,
BIROUK & al.,l99l).
sembari,samari (Satraraalgérien,LE FLOC'H, 1983).
ûmm tt9.(ôs (lin.: la mèredes truffes) : parceque cesdernièrespoussent
en symbioseavecles hélianthèmes.

Cette espèce,satraro-sindienne,est commune dans tout le Sahara


marocain.

TOXICITÉ

D'après les nomades,rII. lippii ainsi que des espècesvoisines - H.


tunetanuru Coss. & Kral. (= H. crassifuIium (Poir.) pers.) et H.
kahiricum Del. - provoqueraientchezles dromadairesdes boiteries.
Cette maladie que les Algériens connaissentsousle nom de laf ou de
kralt seraitune sorte de rhumatismedu dromadaire(LE FLoc'H, 1993,
n" 269).Mais la toxicité de cetteplanten'estpasbien établie.

DISCTJSSION

les sourcesécritesarabes
CetteesSce n'estmentionnéeni par aucunde nosauteurs.

319
COMBRÉTACÉES

176. Combretum micranthzz G. Don

kinkéliba wai

kinkiliba: le vernaculaire,conrmela drogue,nouvelle au Maroc, vient


du Sénégal.

Espèced'Afrique Noire, dont les feuilles sontimportéesépisodiquement


au Maroc.

Des marchandsambulants,Eès souventd'ailleurs des Maures ou des


Noirs sénégalais,vendent ce produit épisodiquement,à l'occasion
d'arrivagesde Dakar, dansles rues de Rabat,Marrakech,Casablancaet
Fès. tr se présentesousforme de petits paquetsde feuilles et de ramearD(
enroulésà la manièredu swak(Juglansregia).
Le kinkéliba est aussisouventapportéen offrandeà leursconfrères,avec
des noix de kola, par les tijjani du Sénégal,quand ils viennent en
pélerinageau Inausoléede leur saint-paron,à Fès.

USAGESTRADITIONNELS

Ce n'est pas une drogUehabituellede la pharmacopéemarocaine.Son


acquisitionpar la Eaditionthérapeutique localeest récente.
A CasablancqRabat,Fès, Marrakech,le kinkéliba est indiqué dans la
jaunisse,les foies malades,les fièwes,les troublesgasfiques,la rétention
d'urine.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabeset la fiadition africaine


La droguen'est pas mentionnéepar IBN AL-BAYTAR ni par lesauteurs
marocains, même les plus tardifs. ABDEREZAQ ne la cite pas
davantage.

Les usagesthérapeutiquesau Maroc sont calçés sur la tradition africaine


qui fait appel largementà cettedrogue.

177. Terminalia chebulaRetz, Terminalia tomentosaW.A et


Terminalia bellerica Roxb.

myrobolan

320
hlîlaj â{ar (!) (litt.: myrobolanjaune) : c'est le fruit vert de T.
tornentosa(RENALJD& COLIN, 1934,n" 126).
hlîlaj ôswad, hlîIaj hindî (!) (litt.: myrobolannoit, myrobolanindien) :
C'est aujourdhui le fruit ffiûr, devenunoir, du T. tomenlosa(RENAUD
& COLIN, 1934,n" 126).
hlîlaj kôbulî, hlîlaj âtunar (!) (litt.: myrobolande Kaboul, myrobolan
rouge) : terme dont dérive le français "chébule". C'est le fruit du T.
clrcbula.
balîIaj (!) (litt.: myrobolanbelleric, dont le nom dérive de I'arabe): il
est fourni par T. bellerica.
hlîlaj ûnî (llresque) : aure nom du hlîlaj kâbulî.

D'aprèsYOIJNOS (1995),les hlîlaj âgfar,hlîlaj ôswadethlîIaj lûbulî


proviennenttous d'une seuleet mêmeespèce,T. chebulaRletz.,es$ce
indienne, dont les fruits sont récoltés à différents stadesde maturité.
Cette espècen'existepas en Afghanistan; mais Kaboul qui se trouvait
sur la route reliant le Moyen-Orientà I'Inde était le marchéprincipal de
cettedrogue.
Les myrobolans sont des espècesd'origine asiatique,qu'on renconffe
principalementen Inde, à Ceylanet en Birmanie.Au Maroc, la drogue
est importéede cesrégions.

USAGESTRADITIONNELS

De nosjours, on ne trouve plus, chezles herboristesmarocains,que les


myrobolansjaune et noir. Ils sontsouventsubstituésles uns aux autres.
Partout,on les prescritcommeantidiarrhéique, commedigestif et dansle
traitement des maladies du foie, à raison d'une cuillerée à soupe de
poudremélangéeà du miel pur, le soir au coucher.Le myrobolanjaune
est preicrit comme laxatif plutôt que comme antidiarrhéique. Les
myrobolans sont considérésaussi comme des correcteurs: on les
administredansbeaucoupde fraitementsdrastiques.

DISCIJSSION

les sourcesécritesarabeset la tradition asiatique


Les myrobolanssont mentionnésdanstous les traités arabes.IBN AL-
BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 2261), la 'Umdat at-tabîb
(n" 26ll), AL-TWAZIRAL-GHASSANI (n" 103), la Tuhfat al-ahbâb
(n" 126) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 253) leur accordent
une large place sousles noms de halîlaj âgfâr, halîlaj âswad, halîlaj
I<âbulîet batîlaj.
I-es traités arabesdistinguent5 myrobolansdifférents (îhlîlajât, pluriel
de îhlîW) : ômlaj (le myrobolanemblic) et les 4 précédents(RENALJD&
CCLIN, 1934, n" 126). En dehors de I'emblic qui est la drupe d'une

32r
Euphorbiacéede I'Inde ' Phyllantus embellicaL' (= Emblica fficinalis
Gaert.) - les 4 autresmyrobolanssont fournis par des arbresdu genre
Terminalia.

Les fruits desTerminalia sont très utilisés comme antidiarrhéiqueet


astringentpar les pharmacopées asiatiqrresdont se sont inspiÉs les
fuabei. rci nmcains, quantà eux, connaissent aussiplusieurses@cesde
ce genre acclimatéesrécemmenten Afrique Noire, mais ils utilisent
les écorces,les racineset les feuilles (KERHARO &
prin--cipalement
ÀDAM, 1974; IDEMLJDIA& EKoNc, 1968).

coNvol,vul,AcÉns

178. Convolvalzs divers

Convolvulus arvensis L.
Convolvulusalthaeoides L.
Convolvulusfatrnensl,sKuntze
ConvolvulussiculusL.

liseron

Iuwâya,luwayg (!) (poly.) (Maroc,Algérie) (Tunisie,BouKEF, 1986)


(litt.: celle qui s'enroule): ces vernaculairess'appliquentà beaucoup
d'auftesplanæsvolubiles.
tamnôy{Serbèredu Moyen-Atlas),trnanat(Beni Touzine).
rnesrânlelwôr (fekna) (litt.: boyaude chamelon; allusionà la forme de
la fleur).
mesrâne4-6b (Souss)(litt.: boyaude chacal),msârened-diâi (Souss)
(litt.: boyauxde poules).
tanesfalt,ânesfal,ônesfar,ône$fal(!) (berBre).

L'espèceC. arvensisest repanduedanstoutesles régionstempérées; C.


est satrara-
; C.fatrnensas
ahhàeoideset C. siculassontméditerranéennes
sindienne.Cesliseronssontcommunsau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Dansla régionde Casablancqdansle Gharbet dansle Souss,cesespèc-es


(la planteéntière) sont utiliséescommepulgatif léger,en décoction.On
les émploie égalementdansle traiæmentde la toux.
Les jeùnesfzuilles de Convolvulusarvensissont consommées dansla
bqûla (voir Malva, articlen" 339).

322
Cesplanæssontpânréesparle bétail.
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le liseron est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 1297,zffi4),la',Urndat at-tnbîb(n" 1280),AL-WAZR AL-
GHASSANI(n" 173)et la Tuhfatal-ahbôb(n" 240)sousles nomsde
lablâbsafir, quryûla,tujra bârda. ABDEREZAQ(LECLERC,1874,
n" 505)donneles vernaculaireslablôbsaSr,quryûla,luwâya,tasûtlôt.

179. Cressa cretica L.

ddsîma(Satraraoccidental).
warnm,âS (berbèrede Tissint).
legbwîra ((Satraraoccidental)(litt. : la poussiéreuse).
l-henna(Satraraoccidental).
melliln, mellyah (Haouz,Satraraoccidental).
bûmlih (Tunisie,LE FLOC'H, 1983,n" 329).

Cetæes@ce,médiærranéenne,
est communeau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

A Tissint, la plante fraîche,en frictions, est utiliséeconûe les morsures


de serpentset les piqûresde scorpions.
Au Saharaoccidental,danslesjaunisses,les feuillesséchées, puis broyées
avec du sucre,sont administréescommepurgeénergique; on fait suivre
d'unedièæau lait.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 157)sousle nom de ânfilîs.La'Umdatat-tabîb(n" 610)la cite
peut-être sous le nom de henna barrî. Les autres auteurs ne la
mentionnentpas.

1E0.Czscuta divers

CuscutaepithymumL.
CuscutaepilinumWeih.

323
Cuscutaaustalis R. Br.
gyno Vattl.
Cuscuta m,ono
Cwcuta sp.

$rîr e!-fib (Satraraoccidental,MONTEIL, 1953)(litt.: soie de chacal).


ôk!ût, l<n\ût(du classiquekuïût).
Inmrat er-râs (poly.) (litt. tête rouge) : s'emploie aussi pour la
saponaireet d'auhesplantes.
sla l-kclba (Gharb,Souss).
bû-gebâs(Fès).
bûjlala (Souss,BOULET & a1.,1990).
furba (Souss,BOLJLET& î1.,1990).

I-es cuscutessontdeses$ces méditerranéennes. Ellesparasiæntle thym,


le lin, les lavandeset un grandnombred'auEesplantes.

USAGESTRADITIONNELS

Fréquenteà Tissint où elle parasiteAsphodelustennuifulius,la-cuscute


(Cuscuta sp.) est utilisée, en fumigations,associéeà parties égalesà
Cistanchesp.,dansle traiæmentdesrègleslongues.
Dansle Souls,ellessontemployées, en décoction,commelaxatif.
A Fès,en infusion,les cuscutessontemployéescommecholagogue,dans
le traiæmentdes icêres et des calculshépatiques,commediurétiqueet
commelaxatif doux.

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
La cuscuteest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 7@, 1095,1160,116l, 1940),La'Urndatat-tabîb(n" 1256),
AL-WAZR AL-GHASSANI(no 157),laTuhfat al-ahbâb(n" 32,226) et
ABDEREZAQGECLERC,1874,no 370,443)souslesnomsde ku\ût et
homnôd al-ôrnab. ItsN AL-BAYTAR donne aussiles vernaculaires
zufuû,h seba'al-kinôn, seba'al-h'rô, qarî'at al'kinân, !âmû,1al-kinân.

l8l. Ipom,oea balatas (L.) r'ârl' (= Convolvulus batatasL')

patatedouce

botôtn lluwa (!) (litt.: patatedouce).


rnenyato(Tangérois).

324
Cetæespècedesrégionstropicalesest aujourdhui cultivée au Maroc.

USAGES TRADMONNELS

A Tanger, la pulpe cuite au four, qui retient facilement la chaleur, sert à


faire descataplasmesréchauffants.
Mais c'est surtout une plante alimentaireque I'on consomme,rôtie au
four ou sur desbraises.Il existedesvariétésà chair blancheet d'autresà
chair jaune.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
DTntroductionrécentedans les régionstempérées,la patatedoucen'est
pas mentionnéepar IBN AL-BAYTAR, la 'Umdat at-tabîb et AL-
IS/AZR AL-GHASSANI. La Tuhfatal-ahbôb(n" 339)et ABDEREZAQ
(no Æ) la mentionnentincidemment.

[-es donnéesde la toxicologie


La patatedouce,quand elle est infectéepar Fusarium solani (Mart.)
Sacc.,produit des furranessubstituésen 3 (4-ipoméanol,f -ipoméanol,
1,4-ipoméanol) qui sont responsablesd'une maladie à troubles
pulmonaireet hépatique,appeléepar les anglo-saxons A.B.P.E.(Acuæ
Bovine PulmonaryEmphysema)(KEELER & al., 1978).
Des intoxications de type cyanhydriqueont aussi été signaléesen
Australie chezdes animauxnourris avecdesfeuilles de patatedouce.Les
parties aériennes de la plante pourraient renfermer de I'acide
cyanhydrique(KEELER &. al., 1978).

CORIARIACÉES

lE2. Coriaria myrtifolia L.

redoul, corroyère

mergata (!) (Tétouan,Bab Bou ldir) : s'appliqueaussià I'osyris.


ârwâ2, rwizâ (!) (Jbala).
ôzrez(!) (Bab Bered,Rif).

Cette espèced'Europeméridionaleet d'Afrique du Nord, se rencontre,


au Maroc, dansle Rif.

325
USAGESTRADMONNELS

Nous n'avonspas relevé d'usagesmédicinauxpour cettees$ce connue


uti-lisésdansle Rif et les Jbala
pour satoxicité,mais les fruits sont_parfois
coilrmepoison,à des fins criminelles; en effet, de saveurdouceâtre,ils
sontfacilesà dissimulerdansdesaliments.
Dans le Nord du Maroc, les feuilles de la corroyèresont utilisées pour
tânnerles peaux.

TOXICITÉ

Cette plante assezfrfuuente en montagne,dansle Nord du Maroc, est


connuepour sa toxicité chezlhomme et chezle bétail.
Des intôxications graves,parfois mortelles,ont été signaléesdans les
Jbala, le Rif et la région de Taza,chez des enfantsqui avaientpris les
fruits de la corroyère pour des mûres. Ces intoxications surviennent
gên&alement en juin-juillet à la maturité des fruits. Des
émpoisonnements criminelsont aussiétéobservésdanscesrégions.
Eilè n'est généralementpas pâturéemais des accidentspeuventarriver,
en période de sécheresse, quandle cheptelest transp"ftqvers_deszones
de paccagequ'il ne connaîtpas.La mortalitépeut alors être élevêedans
les troupeaux,surtoutchezles chèwesqui sonttrèssensibles.

Symptômesde l'intoxication
Les premierssignessurviennentll2 heureà I heureaprèsI'ingestion.
Les intoxicationslégèressemanifestentpar desEoublesdigestifs,un état
d'ébrtûÉ,et de I'omnibulation.
Dans les casplus graves,on observede la pâleur ; une sécheresse de la
bouche; desnausées,desvomissements et desdouleursd'estomac; des
et descéphalées; de la mydriasesuivie de myosis ; une abolition
' vertiges
de lisenbibilité (en particulier de la langue) ; de I'agitationmotrice. A
très fortes doses, s'ajoutent à ce tableau des contractions et des
convulsions épileptiformes ainsi que des troubles respiratoires.La
conscienceest conservée,mais il peut seproduireun comahypotonique.
La mort survientpar arrêtrespiratoireou cardiaque(CHARNOT, 1945 ;
KARIMINE, 1986; NAS LAFKIH, 1987).

DTSCTISSION

[æs sourcesécritesarabes
La corroyèren'est mentionnéepar aucunde nos auteuxs.C'est pourtant
une plante qui existe en Espagneet en Afrique du Nord. Son absence
dani ces faités vient peut-êfe de ce qu'elle n'avait pas d'indications
thérapeutiques,mais seulementdesusagestoxiquesou techniques.

326
CUCURBITACÉES

183. Bryona dioica Jacq,

bryone dioiQue
'ineb ed-6b (poly.) (litt.: raisin de chacal): ce vernaculaires'applique
aussià Solanumnigrum et à d'autresSolanacées.
â$il n-wuchchen(berbère)(litt.: raisin de chacal).
luwwôya (poly.) (litt.: celle qui s'enroule).
fâSir,fâ{irâ (classique,RENAUD & COLIN, 1934,n' 328).
kerma l-bay!ô (litt.: vigne blanche) (ABDEREZAQ dans LECLERC,
1874,n" 254, 450,722).
lterbuna (MONTEIL, I 953).
qerî'a (Tunisie,BOUKEF, 1986; LE FLOC'H,1983; LECLERC, 1874,
n" 254).

Espèce d'Europe centrale et méridionale, d'Asie du Sud-Ouest et


d'Afrique du Nord.

USAGES TRADITIONNELS

Le suc de la plante fraîcheest utilisé, dansla région de Marrakech,en


usageexterne,pour déærgerles ulêres et dansle faiæment de la gale et
de Ia lèpre.
Les ptiæs baiesrougessont employéesdansla région de Rabatcomme
purgatif et vermifuge-.
D'aprèsGATEFOSSE(1921)la décoctionde la racines'emploiecomme
diurétique et purgatif.
La toxicité de la plante est connue des Marocains qui I'utilisent
prudemment.

TOXICITÉ

La bryone, en particulier sa racine, a provoqué de nombreuses


intoxications, parfois mortelles,par suite de surdosagesthérapeutiques.
Les baies sont aussi dangereuses: moins de l0 baies peuventtuer un
enfant.
Les animauxsontégalementsensiblesau toxique
(CHARNOT, 1945).

Symptômesde I'intoxication
Son ingestion provoque des diarrhées et coliques violentes avec
inflammation sévère des muqueuses gastro-intestinales,des

327
vomissements,des délires,des convulsions,de la stupeur.A dosesplus
élevées,surviennentdes troublesrespiratoires,un colna et la mort par
asphyxie.
Pù voie externe,la planteest aussitrès dangereuse. La poudrede racine
et le suc de la plantê sont très vésicants: ils provoquentsur la peaudes
rougeurs,des irritations, des vésiculeset des inflammationsgravesqui
peuventsuppurer.

La toxicité de la plante est dûe aux hétérosidesde cucurbitacines


(bryodulcoside,bryoamaride,etc.).
(CHARNOT,1945;BRLJNETON,1993).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
La b.yooe est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,-nol8g, 268,385, 555, 1591,1654,1906,1907,2257, 2286),la
'Umdatat-tabîb(n" 1190,1980),AL-TWAZRAL-GHASSANI(n' 88), la
'inebal-I.tayya,
Tahfatat-ahbôb(no 328),sousles nomsde knrma baydô,
fâSirô, bruwôniyâ,I.ûlekel-{a'ar, ûrjôlû,t fuzôr-e$ffin. ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 254, 450, 722) donneles vernaculaireskarma
bay&, fâSirô, fazôria{ôn,fenkân, sômarfiq,qarî'a, tôylû'lâ.

1E4. Citrullus colocynthis (L.) Schrad.

coloquinte

leffiej, Mej tefuîr (!) (litt.: coloquinted'ânes),pal oppositionà lehdei


tehlû qui est, au Satrar4la pastèquesauvage(Colocynthiscitrullus Ç-.)
O. Kuntze.
taferzîzt,ôferzîz(!) (Souss,Tekna).
tirnhiddjir (!) (Manakech).
funlal,t-"91 (!) (Oriental).
tajellet (fouaregs).
âll(nd(SatraraCentral,SITOUH, 1988).
âlmet(SatraraCental, SITOUH, 1988).
lemnû,nSerqî (BERTRAND, l99l) : pour la variété cultivée ; elle est
effectivementcultivéeen Egypte,en Syrieet dansles Iles Grecques.
W (D : se dit surtoutdesvrilles foliaires.
est coÛlmuneau
Cette espèce,méditerranéenneet saharo-sindienne,
Maroc et au Sahara.

328
USAGES TRADMONNELS

EMPLOIS MÉDICINAUX
En médecinetraditionnelle,on utilise à la fois la pulp et les graines.
A Marrakechet à ouarzazate,la pulpe, rès amère,est utilisée comme
diulétiqug, -!-épileptique et antiblénorragique. C'est aussiun purgatif
violent dont les dangerssont connuset qui, pour cette raison, sont
utilisées avec précaution.La présencede graines augmenteencore
I'action drastique.Pour adoucir I'effet de la drogue,on lui ajoute de la
gommearabique.
A Salé et dans le Tafilalet, la pulpe est recommandéedans I'ascite,
lhydropysie, Ia goutte,les rhumatismeset les maladiesarticulaires.Pour
cela, on évide un fruit de sesgraineset d'unegrandepartie de la pulpe ;
on le remplit de lait ou d'eauadditionnéede miel ; on chauffe5 minùtes
I'ensemblesur des cendresou on laissemacérerune nuit ; au matinoon
boit le liquide contenudansle fruit. ContreI'arthrose,on appliqueaussi
descataplasmesde coloquinte.
Dans le Dra, la pulpe de la coloquinte,associéeà des grainesd'Anvillea
radiata et à des grainesde nigelle,sert à confectionneidessuppositoires
confre les maladiesvénériennes.Les grainessont employéei comme
antidiabétique, anthelmintique, anti-asthmatique,aphrodisiaqueet
purgatif (4 grainesmaximum).
Partout au Maroc, en usage externe, on utilise la coloquinte, en
cataplasmes,confre les morsuresvenimeuses: poru cela, on coupe un
fruit en deux et on appliqueune moitié à I'endroit voulu, après favoir
chauffé au feu. La décoctionde la racine ou de la graine,à faible dose,
mélangéeà de I'ail, est administréepar voie internecommeantivenin.

Malgré sa toxicitê, la coloquinteest utilisée,partout au Maroc (Beni


Touzine, casablanca,Salé, satrara,Agadir, oujda), comme abortif par
les femmes: pour cela elles boiventl'eau danslaquellea macéré,durant
une nuit, un fmit coupéen quate.

En art vétérinaire,les préparationsantigaleuses


contiennentsouventde la
coloquinte. Ainsi, au Saharaoccidental,on prépareun soluté externe
gnlgaleux en faisantdécocterensembleColocynthisvulgaris,Euphorbin
balsarnifura,Cleomearabica, Heliotropiurnindulatum; ou enôore,on
hache toutes ces plantesavec de la graissede dromadairefondue pour
faire un liniment antigaleux.
Quant aux Touaregs,ils préparentun goudronde grainesde coloquinte:
dans un récipient percé de Eous, ils disposentles graineset lès font
traverserpar de la vapeur d'eau ; celles-ci laissentalors exsuderun
liquide sirupeuxnoir, le 'ah,va,qui remplacele goudronvégétaldansle
traitementde la gale animale.

329
D'après LE FLOC'H (1983), les Sahariensfabriquent une pâte anti-
galeuseen triturant des graines de coloquinte et du Zygophyllurn
gaetulumavecdesdatæsdénoyautées.

EMPLOIS ALIMENTAIRES
Au Satrar4la coloquinteexiste à l'état spontanésousforme de variétés
douceset de variétésamères.Au Satraraet dansle Sahel,les graines(des
variétésdouces,surtout)sont utiliséesdansI'alimentation*.Les graines
sont d'abordcuitesdansI'eautrèslongteffips,puis on écumeet on change
cette eau plusieurs fois de manièreà enlever I'amertume.A ce stade,on
procèdeparfois à une tonéfaction. Les graines,séchéesau soleil, sont
pilées pour produire une farine qui sert à préparerdes bouillies ou des
galettes.Ces grainesainsi preparéesportent,au Saharaalgérien,le nom
de tabarlu.

AUTRES USAGFS
I-es grainespulvériséessontutilisées,au Maroc,pour préserverles laines
et les tentesde I'attaquedesmiæs.
On les emploieaussi,chezles Imesfiwan,dansles silostaditionnels pour
préserverle blé descharançons(LAOUST, 1936).

TOXICITÉ

La plante est toxique pour lhomme et I'animal : plusieurscas nous ont


étê signalés.Toutefois, les auffuches,les gazelles,les ânes et les
sauterellessontpeu sensiblesau toxique.
La plupart du temps,les accidentstoxiques chez I'homme surviennent
lors de tentativesd'avortement.

Dans la pulpe, les principes toxiques sont des hétérosidesdes


cucurbitacines [surtout l'élatérinide (0,3Vo)], hydrolysables en
cucurbitacineE (= béta-élatérine), I (= élatéricineB) et L.
cucurbitacines

Syrnptômes dc I'intoxication
Le tableau clinique est le suivant : douleurs gasEo-intestinalesavec
diarrhéesaqueuses,parfois sanguinolentes; vomissements; rétention
d'urine ; crampes.A dosesplus élevées,s'ajoutentdu délire, de la
faiblesse, de I'hypothermie, un ralentissementdu pouls, parfois une
congestioncérébralesuiviede collapsuset de mort (CHARNOT, 1945).

DISCI.JSSION

Iæs sourcesécritesarabes
La coloquinteest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 293, 648,714,l3l7 bis, 1584,1741,1884,2054,2121,2249),
la'(Jmd,tt at-tabîb (no 609), AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 122) et la

330
'alqarn,
Tuhfat al-ahbôb(n' 177)sousles nornsde lrudia,fuond.ol,
marrârat es-shrâ, qiLûâ'an-na'ârn;bo{bo! (pourla feuille); kebest
(pourta pulpe); habad(pou les graines).ABDEREZAQ(LECLERC,
'alqam,
1874,no 3ll, 632, 688) donneles vernaculaires funfuL,
rnarrôrat es-yltrâ, çîç.

dc Dans le Nord du Tchad, où les grainesde coloquinætorréfiéessont la base de


I'alimentation,lesparcellesde coloquintesauvagefont mêmeI'objet dlaccgds sffciayx
entretibus pour la répartitiondeleur exploitation.Chezles Toualegs,les Toubouset les
Sénéealais, èllessontconsidéréescommeun alimentdepremierchoix.
tavilirêté, douce fut même autrefoiscultivée dansI'Adrar mauriunien pour sesgraines.
Les graines des variétésdouces n'auraient pasbes_oin4" çltt offration de détoxication.
Elles sontsirnplement décortiquéeset pilées(SITOUH, 1988).

ItS. Citrullus vulgaris Schrad. (= Colocynthis citrullus (L.) O.


Kuntze = Citrullus lanntus(Thunb.)Mats. & Nalcai)

pastèque,melon d'eau

dellôfu,deUâ' (!) : pour lavariétÉ,cultivée.


kuwwar (!): pour lavariété'cultivée.
âMej leltlû (Satrara,Mauritanie): pour la pastèquesauvage.

La pasêqueestlargementcultivéeau Maroc.

USAGES TRADITIONNELS

EMPLOIS MÉDICINAUX
Partout au Maroco la pulpe de pastèque est considérée comme
rafraîchissante,diurétiqueet purgativeet les grainespassentpour avoir
despropriétésvermifuges.

EMPLOIS ALIMENTAIRES
La pastèqueest un fruit nès consomméau Maroc.
A Marrakech,les grainesde pasêque,commeles grainesde melon, sont
pilées dansun mortier avec de I'eauet un peu d'eaude fleur d'oranger:
et de goût agféable.
ôn obtientune boissonlaiteuse,rafraîchissante
Avec l'écorce de pastèque,les Juifs marocainsd'El Jadidafaisaientune
confiture.
D'après QUEDENFELT (Rev. Bot. appl. no 133-134,1932, p. 790),
danscertainesrégionsdu Maroc, les berbèresfabriquentavecla pastèque
cultivéeune boissonfermentée.Pour cela,ils entaillentdansl'écorceune
ouverture canêe ; retirent un peu de pulpe pour faire de la place,
introduisentquelquesgouttesde miel ; puis rebouchentI'ouvernre. Iæ
33r
fruit est alorsenfoui dansun tas d'orgeoù il se réchauffe; au bout de 45
jours, la fermentation a détruit la pulpe et on peut retirer un liquide
éniwant.
La pastèquesauvagepossèdeunepulpe roseou blanche,amèreou douce,
et âes giaines noires. Les variétésamèressont considéréescomme
toxiqueJmais leurs grainessont néanmoinsconsommées aprèsgrillage,
rtansles régionssud-satrariennes*.
De plus, aaos bien des régionsdésertiques(Mauritanie,Sahel,etc.), la
p*faqu" sauvageest la sàuleressourceen eau pour les hommeset les
animaux.

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
L" pattèqte est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR, (LECLERC, 1877-
1883,no 304), la'Umdat at-tabîb (no 609, 814), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 51, 93) et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n' 171)
sousles noms de bitû! hindî et duIIâ'. ABDEREZAQ donne aussi les
vernaculaircsbitû! âldar, biry.ûbsindî,bitfbfalesûnî.LaTuhfat al-
ahbôbne la mentionnepas.

* A Tambouctouet dansle Sahel,tesgrainasdesvariétésdouceset amèresreprésenænt


ooco1afrc1aent alimentairedevaleur@enseig.nements Coloniaux,no 1,janv..1898).En
raisonde bur richesseen lipides, ellessontutilisées, particulier,pour assaisonner
en les
haricotsniéM. En Mauritanie,au Mali et au Sénégal, onêxtrait lhuile d" tgq grainesqui
rrt uttiue" dansI'alimentationsousle nom dhuile deberef @ERROT,1943-1944)'
** Les nomadeset les gensde la campagne saventempiriqu-em9Tl que pour rafraîchir
une pastèque,il faut la-couperen deui et I'exposerau soleil. L'éther, en s'évaporant"
refroidit la pastèque.

186. Cucamis melo L.

melon

betûbQ).
Iernnûn(!) (Souss,Marrakech).
ôgan,wagan(Souss,LAOUST,1936): pourunevariétéde melonvert.
tirtnto (!I (Uanakech, Rabat"Fès) : pour une variétéde Marrakechtrès
parfumée.
geryûmQbala BERTRAND, 1991): pour une variétéde melon vert.

Différentesvadétés de melons sont cultivées au Maroc pour la


productionde fruits.

UsAGESTRADITIONNELS
332
A Salé,les grainesde melon (zerri'at lennûn) sontutilisées,en décoction
ou en poudre, contre les douleursinæstinaleset contre I'asthme.
A Marrakech,les grainesde melon sontpiléesdansde I'eaupuis filrées
sur une mousseline: on obtient une solution laiteusequ'on additionne
d'un peu d'eaude fleur d'orangerpour faire uneboissonrafraîchissante.
Dans le Souss,la racine, en décoctionconcenEée, est utilisée comme
émétique.
Le melon est un fruit d'été très prisé au Maroc. Sa pulpe est considérée
commelégèrementlaxative.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le melon est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 303,3M,780,2175),la'Umdatat-tabîb(n" 198)et AL-WAZR AL-
GHASSANI (no 5l) sousle nom de bitûlet milyû.n ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874, n" 172) donne le vernaculairebilûb âçfar. De nlus
ABDEREZAQ rapporte d'aprèsun hadith que la consommationdu
melon étlut conseilléepar le ProphèteMuhammadcomme bénéfique
pour I'organismehumain.LaTuhfat al-ahbâbnele mentionnepas.

187. Cucamis sativus L. et Cucamis flexaosus L.

concombre
concombreserpentin

U y â , ( ! ) ( m o t d ' o r i g i n ep e r s a n e ) : p o u r l e c o n c o m b r e ; m ê m e
vernaculaireen Algérie et en Tunisie.
'
feggûs, feqqûs (!) (Rabat,Casablanca): pour le concombreserpentin
(C. flexuosus L.).
qi@' (liwesque) : le concombreest cité dansLe Coran sousle nom de
qiLtô' (S. 2, v. 58).

Ces 2 espècessont cultivées partout au Maroc pour la production de


concombreset de cornichons(fruits jeunesrecueillissur desplantsde C.
sativusnon taillés).

USAGES TRADMONNELS

Partout,le concombrepelé est donnéà mangeren puréepour calmerles


fîèvres et comme adoucissantstomacal.En usageexterne,la pulpe est
dans les prurits et les
aussi utilisée comme émollient et adoucissant,
irritations locales.

333
Ce sont deslégumestrèsappréciésen salades,avecune vinaigrette,mais
le concombre ordinaire est réputé indigeste ; son péricarpe doit être
épluchéalors que le concombreserpentinest généralementmangéavec sa
peau.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le concombreest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
'Urndnt at-tabîb(n" 784, 1971,
1883,no 508,835, 1690,1739,1743),la
2037)et AL-WAZR AL-GHASSANI (n" 339), sousles noms de ltiyâr,
qi@', faqqûs,qalad, et par ABDEREZAQGECLERC, 1874,n" 741)
sous les noms de liyôr, qiLtâ' , faqqû,s. La Tuhfat al-ahbâb ne le
mentionnepas.
Il est possibleque le qi@', décrit par tous les auteurscommeplus doux
et plus digeste,soit le concombreserpentin(C.flexuosrrs).

188. Cucarbita maxima L. (= Cucurbita potiro Pers.)

potiron

el-gar'a,el-qar'a,el-gar'al-Inrnra (!) (litt.: courgerouge).


knbuya (!) (Oriental,Algérie).
leltsâs, taltsayt, ôLnoy, IelSô\, le$ô!, lekffiS (!) (berbère,
BERTRAND, l99l ; maure,MONTEIL, 1953).

C'est I'espècequi donnele potiron ou courgerouge, très proche de la


citrouille (C. pepo L.). C'est une baie globuleusede grande taille,
déprimfu aux extrémités,cotelée,vide au centre.Se-sp9{9.nculessont
prèsquecylindriques,et en tout cas non anguleux,à la différencede la
èitrouille. Sesgrainessontplus grossesque cellesde la citrouille et ont
dpc hnrdc rnnine rnersinés I ^enotiron est très cultivé au Maroc-
gvu vvlgu

USAGFSWS

Partout au Maroc, les gtaines de potiron, décortiquéeset pilées au


mortier, sont employéescomme taenifuge,en associationavec un
purgatif : 1 bol de grainesen une priseunique,suivie d'unediète pendant
1 journée.L'opérationest,au besoin,répetéequelquesjours après.

Le potiron est un légume apprécié,utilisé en alimentation comme la


citrouille (voir n" 189).

334
DISCI.JSSION

I-es sourcesécritesarabes
I-e potiron n'estpas mentionnépar IBN AL-BAYTAR et la'Umdat at'
mblb, car il est originaire d'Amériqueet ne fut infoduit dansI'Ancien
Monde qu'aprèsla découvertede celle-ci.AL-\ryAZR AL-GHASSANI,
la Tuhfai al-ahbâb et ABDEREZAQ, ne mentionnentpas davantagele
potiron, bien qu'à leur époqueil commençaità êfreconnu.

189. Cucurbita pepo L.

courge,courgette,cinouille; giraumon

gar'a, ger'a fumra (!) : pour la cirouille (mêmevernaculaireque pour


le potiron).
gar'a tawîl.a(litt.: courgelongue): pour la courgelongue.
gar'a, gda (!) : pour la courgette.
gar'at-bsibsi (!) (Oujda,Fès), bsibsiya (Jbala,BERTRAND, l99l) :
Taûete de courgette à saveurtrès douce, très apptê,ciêe,et qui est très
probablementC. moschataDuch.*.
bû,-chûl<a(Constantinois,BELGLJEDJ,1966): pour la courge.
yaqfn (liwesque): c'estaussisousce nom quela courgeest citéedansLe
Coran(S. 37, v. 146).
le$sâs, ta$sayt, ôLrsay,lehftS, IeSSô\,lekW! (!) (berbère,
BERTRAND, l99l ; maure, MONTEIL, 1953) : pour la citrouille
(mêmevernaculaireque pour le potiron).

Cette espèce,très cultivée au Matoc, se présentesous plusieurs sous-


espces, Variétéset formes: courge,courgette,citrouille, giraumon.Les
courgettes,qui sont utiliséescourammentcommelégume,sont les fruits
jeunès, encore tendres,récoltésavant qu'ils ne dépassentl0 à 15 cm.
Dans la région de Chaouen,une variêté de courgeétait spécialement
cultivée pour fournir descalebasses à eau.
Iæ fruiE à maturité,est une grossebaie globuleuseou oblongue,à pulpe
charnue,spongieuse,filamenteusevers le centre.La pulpe peut_être de
couleur jaune, orangéeou verte. La taille peut aller de 15 à 40 cm de
diamétre. L'aspect est également variable : en forme de turban
(C. turbaniforrnis Roemer), à péricarpe couverte de velrues
(C. verrucosaL.), etc.
La différenceprincipale enre la citrouille (C. pepo L.) et le potiron
(C. maxima L.) tient aux pédonculesqui portentle fruit : dansC. pepo,
ces pédonculessont anguleux,généralementà 5 angles. Une autre
différence porte sur les graines: celles de C. pepo sont un peu moins
grandesque cellesde C. m,aximaet ont desbordsplus marginés.

335
USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, les gtainesde citrouille ont les mêmesemplois que


cellesde C. maxima(voir cet article,no 188).
La courgette, découpéeen trancheset séchée,est utilisée par les
népanateursdu Sud marocaincommecompres_se pour ?bt-ot$f le sang
deshématomescrâniensaprèsqu'unepetiteperforationait étêfa'æ.

Citrouilles et courgettessont des légumesappréciés,en particulier


comme gamiture du couscous.Avec la pulpe de cifouille on prépare
aussiune sortede confiture.
A Rabat, la pulpe de citrouille sert à préparerun ragoût sucré, le
m'assel, dans lequel on rnet souventdu ma'iû,re(voir sur ce produit,
I'article n" 704).
Dansles oasisdu Dra lesjeunesfeuillesde C.peposontconsommées.
Chezles Jbala,une variété de courgeest cultivée pour servir de récipient
à eau.

DISCt.]SSION

Les sourcesécritesarabes
La cirouille n'estpasmentionnépar IBN AL-BAYTAR et la'Umdat at-
tabîb car elle a êtê infoduite bien aprèsd'Amérique.Par contre, IBN
AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 851,1752),la'U mdatat-tabîb
(n" 799, 2083),AL-WAZR AL-GHASSANI (n" 88) et la Tuhfat aI-
ahbôb (n" I 16, 347)décriventles différentesvariétésde courgessousles
nonxi de qar'a, dubbâetyaqûn.. ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 242)ne distinguepas sffcialementla citrouille dansson article sur les
courgesqu'il appelleqar'a tawîla,yaqfn eTdubbâ.
Il est waisemblableque desespècesdu genrel-agenaria uent aussiété
assimiléesau( courgespar nosauteurs.
LECLERC a identifié fautivementcertainesespècesde courgesdécrites
par IBN AL-BAYTAR à la cirouille.

* C. moschnaa
Duch.est ûès cultivéedansle SuddelEurope (PERROT,1943-l9M).

190. Ecballium elateriam (L.) Rich.

concombred'âne,momordiqueélatère
(Maroc,
feggûs leltnîr, feqqûs lelvnîr (!) (litt.: concombred'ânes)
Algérie) (Tunisie,BOUKEF, 1986).

336
âfgû,sbûÈyûl(!) (berbère,Maroc) (Kabylie,LECLERC,1874,n" 738) (
litt.: concombred'ânes)
qiLtô' el-limâr (classique,vocabulairedes herboristes)(litt.: concombre
d'âne).

Cette espèceest spontanéeen Afrique du Nord et dansle Sud-Ouestde


I'Europe

USAGES TRADMONNELS

La drogue,qui est représentée par le fruit et son suc, est un remèdefrès


utilisé danstouûeI'Afrique du Nord.
Aujourd'hui, partout au Maroc, la plante est employéecomme anti-
ictérique*, purgatif et émétique : génêralement,on prend la racine
fraîche, on fait un fiou, on remplit de lait, on referme,puis on fait cuire
sur des cendres; c'estce lait ainsi préparêqui constituele médicament.
Dans I'Oriental marocain, le concombred'âne est utilisé dans le
traitement de I'ictère de la manièresuivante: on fait êclaterles fruits
mûrs de façon à ce que le liquide soit projetédansle nezdu maladequi
doit aspirer fortement pour que le liquide pénèneprofondément; une
hunreurjaune s'écoulealors des narines(cettehumeur est considêr&,
commeétant I'exês de bile) ; à la fin des écoulements, on fait avaler au
malade un oeuf cru et de I'huile d'olive. Ce fiaitement est poursuivi 6
jours. Cette médicationest utilisée égalementcontreles céphaléeset les
affectionsdu nez : coryzas,rhinites,etc.
A Casablaaca.lefruit, pilé, estintroduit en tampondansle vagin comme
abortif. Les femmesmangentaussila pulpe de 2 fruits, dansle même
but.

D'aprèsMATHIEU & MANEVILLE (1952),à Casablanculadécoction


de la pulpe est bue dansle fiaitementdu bûmezwi(palpitationde I'aorte
abdominaleaccompagnée d'angoisse).

TOXICITÉ

La planteest asseztoxique,mêmeà faible dose.


Elle provoque, chez I'homme, de la salivation,des diarrhéesviolentes
aveccoliques,descéphalées, desconvulsions(CHARNOT,1945).

DISCUSSION

I-es sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,no 1740),la'Urndatat-tabîb
(n" 2039) et AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 251) mentionnent
longuementcetteespècesousle nom de qi@' el-himâr. ABDEREZAQ

337
(LECLERC,1874,no 109, 110,738)reprendpratiquement le contenude
I'article d'IBN AL-BAYTAR et appellecetteespèceqi@' el-himâr et
faqqûsel-hirnâr.LaTuhfatal-ahbâbne le mentionnepas.
A la suite des Grecs,les médecinsarabespréparaientautrefoisun suc
desséchéde fruit qui portait le nom d'elatériumL'elaterium est
mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, n" 202) et
par ABDEREZAQ (LECLERC,1874,no 109, 110) sousles noms de
ilatiryû,n et ûfadiyô. Les médecinsarabesrécoltaientle fruit à la fin de
l'étê, puis I'ouvraient et le suspendaientdansun linge. Le liquide qui
s'écoulaitétait desséchê dansun plat de terrecuite placésur des cendres
puis conservéhermétiquement.

Les donnéesde la toxicologie


L'élatérium(ou suc concrétédu fruit récoltéavantmanrité) contient de
24 à 3l%od'êlatÉrine. Ce tau( peut atteindreSl%odansle suc concrétéde
fruits mûrs. L'élatérine est en fait un mélanged'o-élatérine (-
cucurbitacineE du concombreet de la coloquinte)et de B-élatérine
fortementpurgative (seulecettedernièreseraitactive). L'élatérinen'est
pas préexistantedans la plante : elle pfovient du dédoublement,sous
I'action de l'élatérase,d'un glucosidemoussantdansI'eau,Iélatérinide.
Récemment,on a identifié dansl'élatériumla présenced'élatéricinesA et
B (correspondant aux cucurbitacines D et D.
* tes usagesde la planæcommeanti-ictériqueseretrouventpaf,toutau Maghr_eb :
- en A[éËe, le concombred'ânes'emploieCommedansI'Orientalmarocain.En Tunisie,
on emploie le suc frais, en instillations nasales(2 gouttesdansc-haquenarine), dansle
traiærient de I'ictère.Ce traiæmentestconsidérécommetrès efficace.On emploiela
mêmeprocéduredansles soinsdessinusiæset des_migraines : le sucest alorsmélangé
au tabacà priserqui estensuitehumé (BOUKEF, 1986).
- en Lybié, le jul du fruit frais est employé dansle traitementde la jaunisse (LE
FLOC'H, 1983,n" 4L2).
- en Egypte, la racine est utlisée par voie internecommg_p!{g4if,-v.9qitif, et, en
frictions tixtemes,conte les douleursarticulaires(LE FLOC'H, 1983,no 412).

lalt , --^---t- -:^^--1- /f,rf^l!-^\ St-aÀf (- l^,,n',-hitn lnnonntin


LTLc LltË1Vll'llltU ùûl/tgrlrl t'4 \rûr4ltrut. \- vt'/twwr.tùtu ,rl6.'1bw, Lw
\rVIUlIrrCJt
Forsk.)

courgettede salé

s-slâwiya,ger'a s-slâwiya(!) (litt.: courgede Salé).

Cette espèceest cultivée au Maroc. Il en existe différentes formes :


gourdemassue,gourdetrompette,etc.

USAGESTRADMONNELS

338
A Salé,les grainesséchées
de cettecourgesontindiquéesdansI'asthmeet
les maladiespulmonaires,à raison d'unecuilleréeà café de poudrele
matin.Elles sontégalementutiliséescommeanthelmintique.

Le ftrit jeune est un légumeparticulièrementapprécié.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR,la 'Umdatat-tabîb,AL-WAZIR AL-GHASSANI et
la Tuhfat al-ahbâb, dansson article sur les courges(voir à Cucurbita
pepo,n' 189)ne distinguepasspécialement I'espèce
lagenaria siceraria.
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, n" 242), pil conrre,la mentionne
distinctementcommeconnueau Maroc sousle nom de qar'a slôwiya.

CUPRESSACÉES

192. Cupressus rnacrocarpa Hartveg, Cupresszs sempervirens


L. et Cupressus atlantica Gaussen

cyprès de Lambert
cyprèstoujours-vert
cyprèsde l'Atlas

sarw(!).
sarwal (!) (Maroc) (Algérie, LECLERC, 1874, no 198) (Tunisie,
BOLJKEF,1986).
ôzel (t1ryallée de I'OuedNfis) : pour C. atlantica.
bestôn (Beni Touzine)..

Le cyprèsde Larnbertet le clprès toujours-vertsontpartoututiliséspour


faire des haies et des brise-vents.Le cyprèsde l'Atlas est une espèce
endémiquedu Maroc qui couvre quelquescentainesd'hectaresdans la
vallée de I'Aghbar (Haut-Atlas),sur les bordsde I'OuedNfis.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Rabat,la résinedesclprès est utilisée,par voie orale,


confre la toux et les affectionsthoraciques.En usageexterne,elle est
employéecontreles fissures,les crevasses et les ulcèresdu pied. Triturée
dansde I'huile, elle est appliquéesur plaies,commecicatrisant.
Dans la région de Marrakechet dans la vallée de I'Oued Nfïs, la
décoctiondes cônes(de I'espècede cyprèsdisponiblelocalement)est
employéeà I'intérieur commeantidiarrhéiqueet antihémorragique.

339
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le cyprèstoujoursvert, originairede Perse,est mentionnépar IBN AL-
BAYTAR (LECLERC,1877-1883, no 1168,1291,1416),la'Umdatat-
tabîb (n' 2255),AL-WAZIR AL-GHASSANI(no 3ll), la Tuhfat al-
ahbâb(n' 381)et ABDEREZAQ(LECLERC,1874, no 198,817)sousle
nom de sarûet sarwal.

193. Juniperus oxycedrusL.

genévrieroxycèdre,cadier

!âqqa (!) (Dayet lfrah, Moyen-Atlas),fqqi (!) (Demnate,berbèredu


Haut-Atlas).
gelrân lâqqo (litt.: goudrond'oxycèdre): pour lhuile de cade.
gelrân er-raqîq (litt.: goudron fluide) : pour I'huile de cade ; ce
vernaculaires'appliqueaussi au goudronde cèdre,par oppositionau
gelrân el-galî! (litt.: goudronépais)qui désignele goudronde thuya de
Berbérie.

se rencontrepartout au
Le genevrieroxycèdre,espèceméditerranéenne,
Maroc, dansles régionsmontagneuses.

FABRICATION TRADMONNELLE DU GOUDRONVÉGÉTAL

De tous les goudronsproduitspar les Conifères,c'est celui obtenuà


partir du genévrier oxycèdre qui est le plus estimé. La région de
Khénifra, dansle Moyen-Atlas,est le principal lieu de production des
goudronsde genewieret de cèdre.

Le goudronestfabriquéau Maroc selon2 procédés:


- le procédéde la jarre renversée,pour la fabricationde petiæsquantités
de goudron, destiné à I'usage domestique.C'est une technique de
distillation sècheper descend.urn
I
- le procédéde la combustionincomplèteen milieu confiné.
Avec ces procédésles rendementsvarient de 2 à 4,5To,le meilleur
rendementétantobtenuavecles souchesd'arbresmorts.

340
(voir Fig. 2)

larre
-/
btcheBesde bois

buttagefai! avec un
mortier de tene
Fig. 2

t/l
'!
./
"/

assielteméallique

passrgelaisé enre
dallesde piene inclinées 2 pierresplates

Lesbûchettes de bois.de.genévrier-oxycèdresontdisposées dansla jane.On allume


Sujqurde la_janeà I'aidedebroussailles
un grandfeu qùeI'on maintieni trèsvif durant2
à 3 heures.Iæ goudronqui seformedescend dansI'asiietteoù on le recueille.Avecce
procédé, on obtientenvironll2hve degoudron pourunejarrede 10litresbienpleine.
Ceprocédéqt ltèsutiliséparlqi éleveursqui veuientfabri{uereux-mêmes leurgôudron
surleslieux dela transhumance destroupeau(.

(voir fig. 3)

btchesde bois
tôle
Fig. 3

four maçonné

collecte
tonneau

talusde æne

dallageiricliné
en pentelégère 341
Le four estconstruiten piere maçonnée, sur un dallageincliné enpentelégère,avecune
grandeouverturepar le haut pour le chargement du bois et de petiæsaérationssur les
côtés pour un tirage réduit du feu. Après le chargementdes btches* de genevrier
oxycèdre,on allume le feu à I'intérieurdu four et on le ferme hermétiquementavecdes
tôleset de la terre.Le goudrons'écoulepar le tuyaucollecteurau fur et à mesurede la
combustionqui dure plusieursjours. Dansle four, à la fin de I'opération,il resteun
charbon(fâber) de premièrequalité.

Le goudronbrut obtenupar cestechniquesest laisséau reposau moins


15jours. Il se séparealorsen 2 couchesdistinctes:
- au fond, un dépôtde bourbegoudronneuse ;
- au dessus,I'huile de cade qui est recueillie par siphonnageou à
l'écuelle. (MASSY, 1926, 1927 ; PERROT, L92l ; PEPIN, 1908 ;
C0URSIMAULT, l92l).

USAGESTRADITIONNELS

Partoutau Maroc, I'huile de cadeest Eèsemployée,par voie externenen


dermatologieet dans les soins capillaires : affections squameuses,
psoriasis, eczémas,plaies rebelles aux traitementshabituels, gales,
àlopécies,chute de cheveux,cheveux Secs,etc. Par voie orale, on
administrequelquesgouttescommevermifuge.
Il est aussi réputé prophylactique: c'est la raison pour laquelle, en
période d'épidémie,les gensde la campagnese mettentune goutte de
goudronsur le nez ; c'est aussipour cela que I'on enduit le fond des
jarres à eau,les crucheset I'intérieurdesguerba(oufresde peau)avecdu
goudron**.

Dans le Moyen-Atlas, ce goudron est très employé en médecine


vétérinaire,sousforme de badigeons,contrela gale animaleet diverses
affectionscutanéesdu cheptel: plaies,ulcères,etc.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le genevrier oxycèdre est mentionné par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883,no l3l7) contmeunepetite variétéde Sarbîn(la
variété de grandetaille étantle cèdre).
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 228) et ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,n" 16, 328) le décritsousle nomde lâkl@.
'ar'ar)et laTuhfatal-ahbâb(n" 352,
La'Umdat at-tabîb(n" l@6; sous
458) le mentionnentaussi.
* En France,dansle Var et le Gard,où on fabriqueencoreun peu d'huile de cade,le
bois, laisséen tene plusieursannéesaprèsI'abattage,est décortiqué(car.onconsidère
que c'estle coeurdu bois qui produitle plus de goudron)et parfoisréduit en copeau(
avantdistillation.

342
* * Le goudron destinéà I'asepsiede I'eau était
autrefoisconservédans des fioles
spécialesen poterie,fabriquéespar les artisansde Fèset dénommées barbusâ(BEL,
1918).

194. funiperus phoenicea L.

genévrierde Phénicie

al-'ar'ar (Maroc) (Tunisie,BouKEF, 1986): ce vernaculairedésigne


auss_ile thuya de Berbérie. Cettepolyvalencetraduit un peu la grande
confusionqui existedansles raités arabesde matièremédicaleentreles
genéwierset les ttruyas.
On rencontremême, chezcertainsherboristesI'appellationâbhal - qui
désignehistoriquementJuniperussabinaL., n'existantpas au Maroè -
appliquéau J. phoenicea.
ômmeY(Haha).
ôyfs Manakech) (BENCHAABANE & ABBAD, 1994).

Le genévrier de phénicie, espèceméditerranéenne,se rencontre,au


Maroc, en bassemontagnemaisaussidanscertainesrégionsdu littoral.

USAGESTRADMONNELS

A Fès,à Sefrou,à salé, à Marrakech,le mélangedesfeuilleset descônes


fructifèresest utilisé, en décoction,contrele diabète.
Dans la région de Marrakech,les feuilles sontprises,en poudre,conEe
les affectionsbroncho-pulmonaires et commediurétique.
Le goudron de cettees@ceest utilisé de la mêmemanièreque le goudron
de thuyade Berbérie,dont il estun succédané.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
C'est peut-êtrele genévrierde Phéniciequi est mentionnêpar IBN AL-
BAYTAR sous le nom de 'ar'ar (LECLERC, 1877-1883,no 1528).
Même hypothèseconcernantABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 328)
qui mentionne2 variétÉsde 'ar'ar dont I'unepourrait être le genévrier
de Phénicie. Les autres auteursont du aussiassimiler cette espèceau
'ar'ar.

195. funiperus thurifera L. var. africana.

genévrierthurifère

343
âwal, tawalt(!).
tawayt(!) (AguelmaneSidi Ali, Bou Iblane).
'adruman(Suddu Maroc,EMBERGER,1938).
'ar'ar: par confusionavecJuniperusphoeniceaetTetraclinisarticulata.

Ce bel arbre, d'Europeméridionale,d'Asie mineure et d'Afrique du


Nord, serenconte, au Maloc, en hautemontagne.
La var. africana est typique de I'Afrique du Nord. De regénération
difficile, elle est aujourd'huimenacéepar I'abattageclandestin.En effet,
à ces altitudesélevées,c'estsouventla seuleressourceen combustible
pour les populations.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Moyen-Atlas(AguelmaneSidi Ali), les cônesfructifèressont


mâchésconfreles saignements de gencives.
Le bois mort est parfois utilisé, par les éleveurs,pour fabriquer sur les
lieux de transhumancedu goudronvégétalqui reçoit les mêmesusages
que le goudronde cade(voir articlen" 193).
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLE (1952),cetteespèceest utiliséepar
les matronnesde Casablanca commeabortif.

Le cône fructifère, très aromatiqueet un peu sucré,est mangépar les


bergerscommeamuse-gueule.
En hiver, les rameauxsont patûréspar les chèvresen I'absenced'auffe
végétation.Les éleveursne nousont passignaléd'avortementsaccidentels
chezles chèwesqui broutentle feuillagede cetteespèce.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
On peut penser,cetteespèceexistantbien en Espagneet en Méditerranée,
que le genévrier thurifère a' étê considérépar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, no 7) etla'Umdat at-tabîb(no 18, l64q comme
une espèced'ôbhal (sabine,Juniperussabina L.). Même commentaire
pour ABDEREZAQ (LECLERC, t874, no 16), AL-Iù/AZIR AL-
GHASSANI(n" 15)etlaTuhfatal-ahbâb(n'26).

Les donnéesde la toxicologie


D'après d'anciensessaisréalisés sur I'animal, I'huile essentiellede
I'espècede Franceaurait les propriétésemménagogue et abortive de la
sabine(LESTRA,l92l), mais cesrésultatssontconfioversés(GARNIER
& al., 1961).
Nous ne savonspas si I'espce marocainepossèdecespropriétés.

344
196. Tetraclinis articulata Masters

thuya de Berbérie
'ar'ar (!) : ce
vernaculaires'emploieégalementpour le genévrierde
Phénicie.
âzuka(!) (berbère).
îmijjed (Haha).
tffiza n-âzuka (!) : pour la résine de thuya appeléeencoregomme
sandaraque.
sanfurûs (poly.) : pour la gommesandaraque. ce nom (sousles formes
sandarûset msandarusî)désignechezles fuabes de Zannbar la résine
9op4-et les goussesdescopaliers(genresTrachylobiurnet Copaifura)de
la côte orientalede I'Afrique (PERRor, 1943-1944).e tbriline, ce
terme désignait le réalgar (voir article n" 538). Il fut étendu à ces
résines,par les auteursarabes,peut-êtreen raisond'une vagueanalogie
de couleur. Au Pakistan,sndarûs désignebien aujourdhui la gomme
cgna_lde Trachylobiurn (HAKIM MOHAMED SAID, p. 202, nore
n" 127).

Cette espèceest une endémiquenord-africaine,constituantde véritables


massifsforestiers.
La résine,collectéedansla région d'Essaouirapar genrmage,fait I'objet
d'un commerced'exportationvers I'Europepour les industriesdes vernis
et la pharmacie(fabrication d'emplânes).Elle était autrefois exportée
par le port de Mogador (actuellementEssaouira).

USAGESTRADMONNELS

EMPLOISMÉDICINAUX
La drogueest faite d'un mélangede feuilleset de cônesfructifères.
Partout au Maroc, la macérationdu mélangedans du petit lait est
administréecomme émétiquedans diversesépisodesd'inioxication et
pour traiter les fortes dianhées.
A Marrakech,Agadir, Essaouira,Beni-Mellal, Salé et Casablanca,ce
mélange,_ pulvériséet humectéd'eaupour former une pâte, est appliqué
en cataplasmessur les tempescontre les vertiges,les céphaléès,les
insolationset les fièwes de I'enfant.
A Marrakechet à Casablanca,lapoudrede feuillesest utilisée,en usage
externe, sur les blessureset sur la plaie ombilicale du nouveauné,
commecicatrisant.
En fumigations,le thuyaestemployépour lever les mauvaissorts.
A Marrakechet à Essaouira,larésineestutiliséepour colmaterles dents
cariéesou perforées.Un morceause sandaraque humectéd'eaude rose
est passésur les paupières,contreI'inflammationdesyeux. Elle est aussi

345
utilisée, seule ou associéeà de la corne de mouflon, en fumigations
contreles sortilègeset pour activerles accouchements.
Quant au goudronde thuya, appelêgetrânel-galîlou qelrân el-Salî!
((litt.: goudronépais),plus épaisque le goudronde cèdreet I'huile de
cade,et aussiplus acide,il estemployé,en plaine,aux mêmesusagesque
cesderniersmaisil est moinsestimé.
Sa fabrication se fait selonles mêmesprocédésque pour I'huile de cade
(voir à Juniperus oxycedrus,no 193), dans la région d'Essaouira,le
Khorifla (régionde Rabat)et le Zemmour.

EMPLOISTECHMQUES
Feuilles,cônesfmctifèreset rameauxsontutiliséspour tannerles pearx,
dansla région d'Essaouira.
Les loupesde bois qui seformentau niveaudu collet de I'arbresont très
recherchéesen ébénisterie(artisanatd'Essaouira,de Marrakech et de
Rabat) pour fabriquer des tables, des coffrets et divers objets de
décoration,souventincrustésde bois jaune de citronnier,de nacreet de
bois de racinede taddût (Acacia gummiftra Willd. dont le bois brun
noircit quandil est huilé). Ces loupesde thuya sont des excroissances
volumineusesqui donnentdes surfacesveinéeset chatoyantesd'un très
bel aspect,une fois polieset huilées.Les loupesprovenantdesthuyasde
la région de Rabat, de qualité inférieure, sont appeléesgayza
(vocabulaireprofessionneldesartisans).
Elles furent l'objet d'un commerceprospèredans I'Antiquité : les
marchandsromainsde thuya - negotiantescitriarii - firent des ravages
dansles forêts du Maroc et de I'Algérie (Ouarsenis),
pour extrairedu sol
ces loupes tès recherchéespar les ébénistesde Rome (CARCOPINO,
1943).

Les luthiers se serventde bois de thuya pour fabriquer "la table" des
luths.
Le thuya de Berbériefournit un bon charbonde bois.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le thuya de Berbérieest sansdoute,dansI'esprit d'IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, no 1528)de la 'Umdntat-tabîb(n' 1646),I'une
des variétés de 'ar'ar (terme qui regroupe aussi le genévrier de
Phénicie).
QuantàlaTuhfat al-ahbôb(n" 26) et ABDEREZAQ,il mentionnentaussi
le thuyade Berbériesousle nom de'ar'ar (LECLERC,1874,n" 654).
La sandarûs.estnpar contre,traitée distinctement(IBN AL-BAYTAR,
op. cit., n" 1238; AL-WAZR AL-GHASSANI,n" 305 ; ABDERE4AQ,
op. cit. n" 821) : il s'agitbiende la gomme-copal.

346
CYNOMORIACÉES

197. Cynomoriurn coccineutn L.

champignonde Malte

lerû[ ptrfr! lerzû (!) : c'estle nom génériquedes végétauxparasites


présentantun aspectde massuedressée,souventphalliforme(RENAUD
& coLIN, 1934, n' 199) ; même nom pour lei végétauxde ce type -Al.
(Cynomoriacéesdiverses; une Raflésiacée: Hydnola abyssinica
Braun.,etc.) en Jordanie(AARONSOHN,l93l), au Soudan,en Somalie
et en Arabie (DEFFLERS,1894).
zobb el-ârd(litt.: phallus de terre) : vernaculairepopulaire ; même
commentaireque ci-dessus.
'âsî rebbo (litt.:
dressé, insurgé contre son maître) (RENAUD &
COLIN, 1934,n' 199).
Ces 2 derniersvernaculairess'appliquentaussiau genreCistancheet aux
Orobanche.
âfdôd (GATEFOSSÉ,l92l): vernaculairerecueilli à Essaouiraoù cete
espèceestabondantesur les sablesmaritimes.
âwukal (Touaregs,MONTEIL, 1953 ; SITOUH, 1989 ; LE FLOC'H,
1983).
l-geJrnûya(Satraraoccidental,MONTEIL, 1953): pour la partie aérienne
en forme de massue.

Cette espèce,méditerranéenne, est communeau Maroc, en particulier au


Sahara, où elle parasite fréquemmentles Tamnrix, Ies Salsola, Ies
Atriplex, Anabasisarticulnta,etc.

USAGESTRADITIONNELS

La poudrede la planteest fiès utilisée,au Satrara,dansle traitementdes


diarrhées.
En raison de sa forme, cette espèceest, évidemment,réputée avoir
d éminentesvertusaphrodisiaques.

Elle est récoltéepar les nomadesqui l'épluchentet mangentson coeur.


Séchéeet réduite en poudre,elle donneune farine qui sert à faire des
galetæsou desbouillies au lait, mélangéeaux céréales.On peut aussiles
griller.

Dans le Sud algérien,cetteplanteétait autrefoisutiliséepour le tannage


despeaux(LE FLOC'H, 1983,n" 282).

347
DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n' 1460),la',Umdatat-tabîb(no 370, 879), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 136)et laTuhfat al-ahbôb(n' 199)qui consacrentune
rubrique spéciale aux grôf,1$luriel de an$!) terme qui regroupe
certainementles végétauxparasitesde cette forme (Cynomorium,
Orobancheet Phelipoea).Même commentairepour ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874, n" 407) qui inclut aussi dans cette catégorieles
CytinushypocistisL.

CyPÉRACÉBS

198. Cyperus articulatus L. et Cyperus rnaculatus Boeck

tarra sûdâniya,tarra yl.trâwiya (l): parceque cettedroguevenait du


Soudan,via le Sahara.

On trouve ce produit dans les échoppesde tous les herboristes.Il se


présentesousforme de fragmentsde rhizome,subglobuleuxou un peu
allongés,durs, zônés,roux à rouge brun à I'extérieur,blanc jaunâtre à
I'intérieur, pil endroits couverts d'un rachis, à odeur très pénétrante,
poiwée-musquée.
Le vernaculaireindique une provenanced'Aftique Noire et I'aspect
suggèreun rhizomede Cypéracée.
A notre avis,il s'agitde CyperusarticulatusL. (le gowêou ndegel des
Wolofs, desPeulset desToucouleurs; le tara desSonghar,DALZreL &
al., 1955),très fréquentau Sénégalet au Mali dansles solssaumâtresdes
laguneset desestuaircs.
La tarra sûdâniyapeut provenir aussidu CyperusmaculafzsBoeck (le
haagi des Sonrar's; le turare desHawsa; le si'd ou sa'd desArabes du
Nigeria) espèceabondantedansla région de Tambouctou,sur les bancs
de sablepériodiquementinondés.Les rhizomesde cetteespèceprennent
I'allure, par endroits,de petits tuberculesque les femmesnoiresutilisent
pour la préparationde boulettesparfumées(Rev. Bot. Appl., 1932, p.
8e0).
une de ces 2 espècesqui est décritepar les
C'esttrès waisemblablement
informateurssahariensde GAUDIO (1975), sous le nom de tarra,
comme"une graineimportéedu Soudan,[celle d'un] parasiævégétalqui
348
poussesur les bergesinondéesdu Niger et qu'on recueille lors de la
baisse des eaux". La vraie identité de I'espècedécrite ici peut être
facilement restituée si on considèreque les petits tuberculesde C.
maculatus ont été pris pour des graineset que I'expression"plante
parasite"est donnéeau sensde mauvaiseherbe*.
l-e Cyperusaurico,rzus Sieb.ex Spreng,leCyperussphacelatus Rottb.et
d'autres Cypéracéesdes genres Fimbristylis et Kyllinga, dont les
rhizomes, aromatiques,sont tous appelésturare (= parfum) en Hawsa
(DALZIEL, 1955), peuvent aussi être utilisés pour remplacerles 2
espècesprincipales.

Le vernaculaire tarra yhrâwiya vient de ce que les marchésde la


drogueau Maroc se trouvaientautrefoissur la lisièreNord du Sahara"où
aboutissaientles caravanesen provenancedu Soudan.Pour les mêmes
raisons,la maniguette,auEefoisimportéed'Afrique Noire par la même
voie, portait le nom de gawza m?râwiya (voir à Afrarnomurn
meleguetta,n" 522).
USAGES TRADMONNELS

Partoutau Maroc, la tarra sûdaniyaest employéedansles soinsde la


chevelure: les rhizomessont moulus,mélangésà de I'huile d'olive puis
appliquéssur les cheveux.
Les nomadessaharienspréparentunepommadecapillaireà basede tarra
sûdâniya, de Corrigiolia telephiifulia et de clous de girofle (voir à
Eageniacaryophyllata,n" 354).

DISCTISSION

Les Cvnerzsodorantsdansla traditionafricaine


Les femmes Toucouleursles portent en collier ou en ceinture comme
parure et pour exciter le sensgénésiquedes hommes(KERHARO &
ADAM, 1974). Les marchandsHawsa commercialisent,sur tous les
marchésdu Satrel,2 variêtêsde rhizomesde C. articulatu, : une variété
noire et une variétérouge.Séchés,ils sontutilisésdansles fumigations,
généralementassociésà des résines odorantes,pour parfumer les
vêtementset adoucir I'atmosphèredes maisonspendantla période des
pluies. Mélangésà de I'huile ou à du savonils sont employéspour
parfumer le corps. EnfTn,ils servent aussi de masticatoire,de porte-
bonheur et de talisman contre les mauvais esprits (DALZIEL & al.,
1955).Les tiges servent,quantà elles,en Afrique Noire et en Egypte,à
faire desnatteset dessacsgrossiers.

Les sourcesécritesarabes
l-es Cyperrs africainsne sont pas mentionnéspar IBN AL-BAYTAR et
ABDEREZAQ.

349
* En dehorsdes rhizomesde Cyffracées,il n'y a guèreque les grainesde diverses
esScesdu genreNymphaea,qui sontrécoltée_s surlgs_ du Niger et qui pourraient
bgr_ggs
correspondreà la descriptionrapportéepar GALJDIO.Mais cesgrainessont appelées
ndcîrîpu les Mauresdu Saharaoccidentalet sontutiliséescommeproduitalimentaireet
noncommearomate.

199. Cyperus esculentusL.

souchetcomestible,amandede terre

I.labbal-'azîz(!) (litt.: la graineprécieuse).


I.labbez-zalarn(t).
Ces vernaculaires,frfuuemment employésau Maghrebet en Egypte*,
sont aussicités dansles ftaitésarabesde matièremédicale.Le mot habb
ne désignepas ici une graine,mais dessortesde petits tuberculesreliés
au rhizomede la plantepar desprolongements filiformes.

Ce souchetse renconfieà la fois dansle bassinméditerranéen et dansles


régionstropicales.La planteest assezrare à l'étatspontanéau Maroc. On
la trouve surtout dans les prairies sablonneusesfraîches proches du
littoral et dans les cultures. Une petite plantation de rente existerait
encoredansla région de Ksar El Kébir.
La plante est plus fréquenteen Afrique Noire (c'estle nto ou ntogo des
Bambaras)et en Eglpte, où elle colonisele bord desmares,les cuvettes
argileuseset les cultures.Le souchetcomestibleest aussi cultivé en
Egypte,au Ghana dansle Nord du Nigériaet en Espagne.

Il existe2 variétésde C. esculentus: unevariétéaureus(Ten.) Richter à


tuberculespetits et plus ou moins amers; une vatiêtêsativus Beek,
cultivée,à nrberculesplus SoS,de saveurdouce,huileuseet sucrée.

USAGESTRADMONNELS

Le souchetcomestiblepassaitautrefoispour un puissantspennatogène,
aphrodisiaqueet galactogène et était seryi,en raisonde tout cela, cornme
un metsde luxe, à la tabledesgrandsseigneurset descofirmerçants aisés.
Il est toujours prescrit dans les mêmes indications,partout dans les
grandesvilles.

Sousle nom d'orlatô (dérivéde I'espagnol),on servait,au lendemainde


dansles cafésde Tanger,une boissonglacæ,à basede
I'Indépendance,
souchetcomestible(voir $ Discussion,ci-dessous).

DISCT.JSSION

350
Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, 559,560, I120),la 'Umdat
at+abîb (no 485, 2316),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n' l2T), la Tuhfat
al-ahbâb (no 189) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, no 319)
mentionnentle souchetcomestiblesousles nomsde habb az-zalamet
'Umdatat-tabîb,
habb al-'azî2.IBN AL-BAYTAR et la reprenantIbn
Al-Wafed, disent à propos de cette drogue : Elle vient du pays des
Berbèreset on I'appellecheznousfefel es-sûdân(poivre des Nègres)
mais le poivre des Nègres est autre chose".Au temps d'IBN AL-
BAYTAR, on considérait(et c'étaiteffectivementle casjusqu'à l'époque
des Almoravides) que les Berbèresoccupaientaussi I'autre rive du
Saharqet en particulierle Niger, le Soudanet le Sénégal.
IBN AL-BAYTAR nous apprendqu'il pousseen Afrique, en Egypte et
en Ifriqiya (Tunisie). Le souchetcomestible,qui connut autrefoisun
grand prestige comme aliment de luxe et comme médicament,était
effectivementimportédu Soudanoù les caravanes allaientle chercher.

L'Andalousie actuelleet l'Egypte, où on le cultive encore,ont gardéle


souvenirde cettegrandevoguepuisqu'oncontinuede le consommerdans
cespays.Dansla région de Valence,en Espagne,on sert aujourd'huisur
les terrassesdes cafésun orgeatà basede souchetcomestibledénommé
horchnta de chuffas(litt.: orgeatde souchet)ou, plus simplementchuffa.
En Egypte, on en extrait, par expression,une matièregrassed'un beau
jaune d'or, utilisée commehuile de tablede luxe.

* Chezles Arabesdu Nigéria le venmculatre


fabb al-'azîzestutilisé aussipour le poids
arachideou pois bambara(Voandzeiasubterranea(L.) DC, Fabacées).

200. Cyperus longus L"

souchetlong

tarra, taÊa(!).
as-sa'd (Maroc) (Tunisie,BOUKEF, 1986): c'est surtoutle nom des
souchetsà nrbercules.
as-su'dâ al-mu(fara : "parcequ'elle ressembleà une tresset ....].
Abondantesur les bergesde I'OuedAl Jawahi,à Fès, [....] elle est Eès
parfrmée (AL WAZIR AL GHASSANI, n" 287).

Cette espèced'Afrique du Nord, d'Europe centrale et méridionale,


d'Asie centraleet sud-occidentale,
est fréquente,au Maroc, au bord des
earD(douces (cours d'eaupeu rapides,lieui humides,retenuesd'eaux) et
dansles vasesmarécageuses. La partieutiliséeestle rhizome,longuement

351
rampant,robuste,portantdes noeudsmaisjamais renflésen tubercules,
odorant,brun foncé.

USAGESTRADITIONNELS

L'espèceest un ingrédientimportantde la cosmétologietraditionnelle


marocaine.Les rhizomesodorants,séchéset pulvérisés,sontutiliséspar
les femmes,à la campagne,pour parfumerle corps, les cheveuxet le
linge.
En raison de son odeur,la drogueest réputéetenir les mauvaisgéniesà
distance.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, no I186),la'Umdatat-tabîb
(n" 2316) et AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 287) mentionnentle
souchetlong lorsqu'ils traitent du su'd (termequi comprendaussi le
souchetrond). ABDEREZAQ (LECLERC,1874,no 811) le mentionne,
lui aussi,dansla mêmerubrique,maisil est plus préciscar il décrit cette
espècecomme "aquatique"et "pouvantremplacerle papynrs".Nous
pensonsqu'il faut comprendrepar là que c'est une espècedes lieux
humideset qu'elle a un peu I'aspectdu papyrus,descriptionqui rappelle
plus C. longusqueC. rotondus.LaTuhfatal-ahbâbne le mentionnepas.

201. Cyperus rotondus L.

souchetrond

su,'d,se'd,sa'd, es-sa'ed,es-sa'd(!) : mêmenom pour les souchetsdans


tout le MondeArabe.
tarnusayt(!) (berbère,Tadla).
tarre, taga : vernaculairess'appliquantà tousles rhizomesde Cypéracées
odorantes.

Cette plante, à répartition cosmopolite, affectionne les terrains


sablonneux,humides.On la trouve souvent,au Maroc, dansles champs
inigués car la culture fragmentesesrhizomeset la fait proliférer.
Le produit utilisé est constitué par les petits tuberculesqui sont des
renflementsdu rhizome.Ces tuberculessont ovoides,noirâtresou brun
foncé,à saveurde châtaignecrueet un peu odorants.

USAGESTRADITIONNELS

352
Partoutau Maroc, les tuberculessont utilisés,mêlésau mets,comme on
le fait aussiavec les rhizomesde I'iris, pour leur pouvoir analeptiqueet
sont indiqués aux chétifs et aux femmes qui veulent prendie de
I'embonpoint. On les mangeaussipour améliorerla mémoire et les
capacitésintellectuellesdesétudiants.
Pilé et mélangéà un décoctéde mamrbe,le souchetrond est appliquésur
la tête,dansles soinsde la chevelure.

En période de disette,il était récoltéet consommépar les gensde la


campagne.

DISCUSSION

Ires sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR,Ia'Umdat at-tabîber AL-\ilAZR AL-GHASSANIet
ABDEREZAQ mentionnentle souchetrond lorsqu'il traite du su'd
(terme qui comprendaussi le souchetlong) (voir article précédent,
no 200).
IBN CHAQRTIN (p. 41), dansson traite de diététique,dit qu'il améliore
la mémoireet I'intelligence.
Le habb es-sumna(litt.: graine de I'embonpoint)dont DAOUD AL-
ANTAKI fait " une petite variétéde Inbb ez-zalam"(C. esculentus)est
très waisemblablementle C. rotondus.Ce vernaculaire(habb es-sumna)
est cité aussipar IBN AL-BAYTAR (op.cit., no 561).

202. Scirpus mari,tûmusL. et Scirpus holoschoenus L.

scirpe

smôr, sumir (!) : vernaculaireconnu surtout pour les joncs (voir à


Juncus).
diss (Gharb) : pour S. marttimzs; c'esten fait le nom de l'Arnpelodesma.
ôzlel (DELON & PUJOS,1969):pourS. holoschoenus.
bufa@ (Satraraoccidental,MONTEIL, 1953; BIROUK & al., 1991)
tarrada (Maure) : pour S. corymbosrzs Roth.(Rev.Bot. Appl., 1932).
îlliga, ôllegi, îlligam (Touaregset Satraracentral).
ôtinka (Saharacental) pour S. holoschoenus. Prèsdu Mouydir (Algérie),
il existe d'ailleurs une grandemareà scirpeappeléeBahar Atinka.

Ces2 espèces,subcosmopolites,
sontcommunesau Maroc,dansles oueds
et les mares.

USAGESTRADITIONNELS

353
Dans le Gharb,le bas de la tige, contuséentre 2 pienes,sert à faire des
émollientsauxvaches.
cataplasmes

Les Mauresde I'Adrar font avecS. corymbosus, uneespècevoisine,une


infusioncontrele mal de poitnne(Rev.Bot. Appl.,1932,p. 890).
Le coeurdu basde la tige de ces2 espèces, blancet tendre,se mangecru
et sert à la fabricationd'unefarine. On le donneaussi à mangeraux
chevauxqui I'apprécienttout particulièrement.
Les graines sont aussi consommées, au Satraracentral, malgré leur
amertume(VOINOT, 1904).
La fleur sert,en Mauritanie,à faire de I'amadou.
Les tigesde cesespècessontemployéesdansla fabricationde nattes.

TOXICITÉ

CertainsScirpus(notammen|S. corymbosus Heyne)sontsuspectésd'être


toxiquespourle bétail (cHoPRA & al., 1956).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Nous pensonsqu'IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,no 29,65,
1229)et ABDERFZAQ(LECLERC,1874,no 85), cornmetous les autres
auteurs, et comme le font aujourd'hui encore les populations du
Maghreb,ont assimiléles scirpes,les joncs et les Ampelodesrnaà une
mêmefamille de végétauxraités danslesrubriquessmâret asel.

ÉpsÉoRAcÉns

203. Ephedra alnta Decne, Ephedra altissima Desf. et Bphedra


fragilis Desf.
éphédra

I-a'Ienda( !) (Sahara,Tafilalet).
SVdîda (Bin El Ouidane)(litt.: la vigoureuse): pour Ephedra sp. ; ce
vernaculaires'appliqueaussià d'autresplantesà rameauxdurset dressés
desgenreGenistaet Cytisus.
zazâ(Moyen-Atlas,BERTRAND, I 991).
talggût n-ûdaden(fu't Seghrouchen,BERTRAND, l99l).

; E. altissima est une plante


L'espèceE. alata est saharo-sindienne
endémique nord-africaine ; E. fragilis est saharo-sindienneet
Ces3 espèces
méditerranéenne. sontcommunesau Maroc.

354
USAGESTRADMONNELS

Au Saharaoccidental,les rameauxverts de E. alata sont utilisés en


masticatoiredansla céphalagie.
!'après OLLTIER (in MONTEIL, 1953),au satrar4 les tiges broyées
de E. alata, cuiæsdansdu beurre,seraientingéréespar les femmespour
se faire avorter.
Les éphédrassontutiliséscommeplantessaponifères (CHARNOT, 1945).

Cesespècessontpeupânuéespar lestroupeaux.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
L'éphédra est une drogue anciennede la médecinechinoise. Il est
mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,n" 1063)
sousle nom de ârtô (le mêmenom s'emploieaujourd'huiau Saharapour
Calligonum cornosurnL'hérit ; n'y aurait-il pas là une identifïcation
fautive de LECLERC ?) mais n'estpascitéepar nos autresauteurs.

Les donnéesde la toxicologie


A fortes doses,plusieursespècespeuventdevenirtoxiquespour l'homme
et pour I'animal, par l'éphédrineet la pseudo-éphédrine qu'elles
contiennent,à I'automneen particulier, périodeau cours delaquellele
taux d'alcaloidesdansles tiges atteint sa valeurmaximum (CHARNOT,
1945; UNESCO,1960).

ÉrucncÉns

204. Arbutus unedo L.

arbousier

sôsnu(!) (Rabat,Zaiërs)(Kabylie,LECLERC,1874,no 515).


ba$anu(!).
metrûn, mulrûn (!) (Moulay AbdeslemBen Mchich, Jbalq Talambot,
Ghomara).
el-lenj (Chaoûa, RENALJD& COLIN, 1945,n" 97 ; Tunisie,BOUKEF,
1986).
'unnî{ (Jbala)(!) pour
: le fruit.
jînâ (hwesque,RENAUD & COLIN, 1934,n" 97).

3s5
qâtil âbîhi (livresque)(litt.: meurrier de sonpère; "parceque ses fruits
ne se dessèchent qu'aprèsqu'unenouvellepoussesoit sortie de terre"
IBN AL-BAYTAR dansLECLERC, 1877-1883,n" 1729).

est communeau Maroc.


Cetteespèce,méditerranéenne,

USAGESTRADMONNELS

Dans les Jbala, on considèreque la prise de quelquesfruits frais arrête


les diarrhées.Par contre,en excès,ils seraientpurgatifs.

En automne,les fruits de I'arbousiersont apportéspar les campagnards


sur les marchésdesvillesoou vendusau bord des routes,dansde petits
paniersen doum ou en roseau.D'aprèsles Jbalas,la consommation
excessivedes arbouses,à jeûn et par fortes chaleurs,entraîneune sorte
d'ivresse.

DISCUSSION

[.es sourcesécritesarabes
L'arbousierest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 246,519,1552,1729,1807),la'Umdat at'tabîb(n" 424), AL'
WAZR AL-GHASSANI(no74),laTuhfatal-ahbôb(n" 97,336) sousles
'asîr ed-dobb, qatlab.
noms de matû,niya, boij, iînâ, qôtil âbîhi,
ABDEREZAQ le mentionneaussi(LECLERC, 1874,n' 515) sousles
mêmesnomset sousle nom sasnu,connuau Marocet en Algérie.
La'(Jmdat at-tabîb dit que les fruits serventà faire du vinaigre dansla
région de Séville.

205. Erica divers et Calluna vulgarts (L.) llull.

bruyère et callune

Erica multifloraL"
Erica cinereaL.
Ertca scopariaL.
Erica arboreaL.
Callunavulgaris (L.) Hull.
Slenj (!) (Jbala) : pour la bruyère arborescente(8. arborea) et E.
multiflora. Même vernaculaireen Tunisie pour cette dernière espèce
(BOUKEF, 1986).
f;nrraqa (RiO, I.terrag(Ouezzane): pour la bruyère arborescente(E.
arborea).
ltellôla (poly.) : pour la bruyèreà balais(8. scoparia).

356
bû-heddôd (Tunisie,Algérie,LE FLoc'H, 1983,n" 314) : peur-être
parceque la bruyèreservaitautrefoisà fabriquerle charbonde bois des
forgerons('Umdatat-tabîb,n" 737).
nûwarat fumôl (vocabulairedes grossistesen plantes médicinales
d'Agadir) (ujt,, la fleur du Nord) : pour les bruyèresà fleurs rougeset
la callune(Callunavulgaris(L.) Hull.).

Ces bruyères,méditenanéennes, se rencontrentfréquemmentdans le


Nord du Maroc (Tangérois,Rif, Mamora).
Les racines de bruyère arborescentealimentent à Ouezzaneun petit
artisanatqui fabriquedesgabaritsde fourneauxde pipes.

USAGESTRADMONNELS

Chezles Jbala,les fleurs sontutiliséesen décoctioncommediurétiqueet


antiseptiqueurinaire.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Les bruyères sont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, n" 814)et la'umdat at+abîb(n'737) sousle nom de fulenj.
Les autresauteursne les mentionnepas.

EUPHORBIACÉES

206. Chrozophora tincturta (L.) Juss.


tournesol,crotondesteinturiers

bubbayzara'pa (!) (poly.)(litt.: la mauvelisse): ce vernaculaire est


inspirépar la formedesfruits.
mera's(BOLJLET & al.,1990).
nîl (litt.: indigo ; en raisondespropriétéstinctoriales)(CHARNOT,
1945).On Eouveau Pakistanle vernaculaire nîl kanthîpour uneespèce
proche,C.prostataDatz.(KHANUSMANGHANI,1986;n" 434).
âfaralcku, ôfaraqqon,âfarahôfarag(Touaregs, Saharacenral,VOINOT,
1904; SITOUH,1989): pouruneespèce voisinetropicale,à fleursrouge
vifl,Chrozophora brocchiana(Vis.)Schweinf.
Espèceméditerranéenne, qu'onrenconfieun peuau Marocsurtoutsur le
littoral marocainet dansla régionde Fès.

357
USAGESTRADMONNELS

Les grainessont utilisées,dansla région d'Agadir,commepurgatif et


émétique.
Les cendresd'uneespècevoisine,Chrozophorabrocchiana,sontutilisées
par les Touaregspour soignerles plaiesdes dromadaires,de manière
plus efficacequele goudron(VOINOT, 1904).

De cette espèce,à fleurs blanc-jaunâtre,les nomadessavaientautrefois


tirer une teinturebleue*. L'extractionse faisait en présenced'urine de
dromadairequi, par son alcalinité,faisaitvirer la colorationau bleu.

Cesespècesne sontpaspânrées.

TOXICITÉ

Cetteplanten'estpas dénuéede toxicitépour lhomme et les troupeaux.


Elle provoqueraitde I'ictère, de la mydriase,des vomissements,de
I'hématurie(CHARNOT, 1945).

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 432,1381)sousle nom de lobeyrô et tunawimet parla 'Umdat
at-tabîb (n" 313).Les autresauteursne la mentionnentpas.

* Le mêmesavoir-faireestsignalédansle Sudtunisienet en Lybie (LE FLOC'H, 1983,


no233)où la teintureobtenuesertsurtoutà colorerles nattes.

207. Croton tigliurn L.

croton,petit pignon d'Inde,grainede Tilly

fuabbel-mulûk(!) (poly.) (litt.: la grainedesrois) : c'estaussile nom de


la cerise,du fruit du sébestieret de la grainede l'épurge(Euphorbia
IathyrtsL.).
lirwa' sînî (liwesque) (litt.: ricin de Chine).
dand (!) (livresque) : ce vernaculaires'appliqueaussien Orient à des
espècesdu genreJatopha (J. curcasL. et auEes)(LECLERC, 1877-
1883,n' 886).
mâhûdônc: c'esten fait l'appelationclassiquede l'épurge.

358
I.abb el-leflba (MONTEIL, 1953)(litt.: grainede bois) : pour Croton
IobatusL. Ce vernaculairerappellele nom deshuilesde diversesespèces
asiatiquesdu genreAleurites (Euphorbiacées) qui sont appeléesdansle
commerce"huile de bois de Chine".

Les grainesde Croton tiglium L., disponiblescheztous les herboristes,


sont importéesde I'Inde. Au Sahara,on les remplacepar les graines
d'une espècequi provient du Sud mauritanienet du Sénégal: Croton
lobatusL.

USAGESTRADMONNELS

C'est un purgatif énergique,vendupar tous les herboristesmarocains:


I'ingestion de 3 grainesdécortiquéessuffit à provoquerla diarhée.
Généralement,on associeaux graines de croion un correcteur,de la
gomme adragante,du bdellium africain ou de la gommearabique,pour
adoucirI'action.

TOXICITÉ

Des accidentsgastro-intestinauxsévèressurvenusau Maroc à la suite de


I'ingestionde grainesde croton nousont été signaléspar les herboristes
eux-mêmesqui reconunandent généralement la prudence,lors de la vente
de ce produit.

DISCIJSSION

Les sourcesécrites
Le crotonest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 886),la'Umdat at-tabîb(n" 722,829)etlaTuhfat al-ahbâb(n" 122)
sousle nom de dend et ltirwa' sînî. ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n' 359) ciæ les vernaculaircsInbb al-mulûket mâhûdânamus I'absence
des autressynonymesarabesdu croton laissepenserqu'il traite plutôt,
sousces noms, de l'épurge.AL-WAZR AL-GHASSANI ne mentionne
pascetteesSce.

Les donnéesde pharmacologie et de la toxicologie


Les principes toxiques sont 2 protéines: une toxalbumine,la crotine,
analogueà la ricine, agglutinantles hématies,et une croton-globuline.
La toxicité de la graineest semblableà celle de la ricine (voir à Ricinus
cornrnuni,s,no 222). En Afrique Noire, les grainesde Croton lobatus
entrentdansla préparationde poisonsde fléches.
La résine de croton serait de plus cocancérigène.La présencede
diterpènestoxiquesa été évoquéepour expliquerla fréquencede certains

359
cancersdansles Cararbesoù les populationsconsommentles feuilles de
CrotonflavensL. (DELAVEAU, 1974; PARIS& MOYSE, 1976-1981).

208. Euphorbia balsamifera Aiton var. rogeri (N.E. Br.) Maire

ôfdîr (!) (Tekna) : ce vernaculairesatrarienpourrait dériverd'un mot du


dialecteznaga(dialecteberbèrede Mauritanie)qui signifie "liège" et qui
serait donc équivalentau termefernan qui désignela var. sepium (voir
article suivant,n" 209).
Son latex,laiteux,caustique,maisnon vésicant,est appelél-'alk, tenne
employéhabinrellement pour les gommesou les résines.

C'estuneespècetropicalequi remontedansle Sudmarocain.

USAGESTRADMONNELS

Au Saharaoccidental,la macérationdes racinesest utilisée comme


purgatif et le latex est appliquélocalementsur les morsuresde serpentet
sur les plaiescommeanti-veninet cicatrisant.

TOXICITÉ

La toxicité de la plante,en
La planteest très pâturéepar les dromadaires.
elle-même est très controversée.D'après les chameliers, elle est
innofensive mais le lichen gris-vert qui la recouvre (tamkîlt, dont
lTdentitébotaniqueestmal connue),absorMen grandequantitéen même
temps que la plante, empêcheraitles dromadairesde voir la nuit
(MONTEIL, 1953).

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
Sousle nom de laban es-sûdônet de arend*,IBN AL-BAYTAR cite une
plante à latex du Soudan(LECLERC, 1877-1883,no 1673)qui pourrait
être notre espèce,car celle-ci est effectivementabondantedansla région
de Tanrbouctou.Un doute subsistecependantcar il la décrit comme
épineuseet portant de larges feuilles commele chardon-marien ce qui
n'estpasle casde E. balsamtfera.Cetædescriptionn'estpasde première
main, mais a étê reprised'EL-GHAFIQI. En réalité IBN AL-BAYTAR
ne I'a pas vu lui-même.Un peu plus loin (op. cit., no 2010),il en fait
l'équivalent de I'euphorberésinifère,d'où une certaine confusion. Le
Iaban es-sûdônpeut aussibien êfreune aufie Euphorbiacée (peut-êfreun
croton aux feuilles barioléescommele chardon-marie)ou une Moracée
ou un Calotropisou uneauEeplanteà latex,sahelienne ou ropicale.

360
La'Umdat at+abîb (n'1914) la cite peut-êtremaiselle fait de l'arend le
vitex agnus-castusL. (op. cit. no 53, 1955).Les autresauteursne
mentionnentpasE. balsamtfera.

* Au Pakistan,arenddésignele RicinuscommanisL. (KHAN USMANGHAM, 1986,


nol8)
** Les planæsd'Afrique occidentaleproductricesde guna-perchales plus courantesà
l'époqued'IBN AL-BAYTAR étaient : Landolphiaheudelotii D C (Apocynacées),
Buryrospermumparkii Kotschy (Sapotacées) et Euphorbia balsarnifera Aiton
(Euphorbiacées).Avant I'introductiondeshévéasaméricains,ce sont cesplanæsqui
foumissaientlecaoutchouc africain .rD\LZIE,L.1955; Renseignements
Coloniaux,no 1,
janv. 1898).

209. Euphorbia balsamifera Aiton var.sepium N.E. Brown.

l-fernan, âfernan (!) (Saharaoccidental): dansle Nord du Maroc, ce


vernaculairedésignele chêne-liège(QuercussuberL.). SelonMONOD
(in MONTEIL, 1953),le bois de cet euphorbesert à remplacerle liège :
c'estde cet usageque cettevariététire probablement sonnont.
Commetoutesles plantesà latex, elle repondaussià I'appellationmmû-
lbeyna (litt.: celle au petit lait) ce qui conespondav yattû' classique,à la
différence des euphorbesà latex résineuxqui portentle nom générique
de chajarat al-ferbyun(votr à Euphorbinresiniftra,,no 219).
Ce serait le fernaym, mot entenduau XVIème siècle par le voyageur
V. FERNANDEZ (in MONTEIL, 1953) au cours de son périple à
travers le pays maure. Ce terme signifie littéralement"d'enfer" (sous-
entendu : arbre), mais nous pensonsqu'il s'agit plutôt d'une mauvaise
audition du vernaculairel-feman.

C'estune espècetropicalequi remontedansle Sudmarocain.

USAGFS TRADMONNELS

Au Satraraoccidental,cettevariétéd'euphorbeentredansla composition
d'onguents vétérinaires antigaleux, en association souvent avec
Coloqnthis vulgaris, Cleomearabica, Heliotropiurnundulaturn:le tout
est hachéou bouilli dansde I'eaupour obtenirun décoctépuis mélangéà
de la graissefonduede dromadaire.

Cettevariétén'estpaspâturéepar les dromadaires.

DISCI.]SSION

Les sourcesécritesarabes

36r
Voir la variéte précédente(no 208) à laquelle,elle a waisemblablement
étéassimilée.

210. Euphorbia beaumeriana Coss. & Hook. (= Euphorbia


fficinarum L. var.beaumerinna
Coss.& Hook.)

quepourE. echinus(voir cet article,no 211).


Mêmesvernaculaires

Cette espèce,endémiquedu Sud-Ouestmarocain,occupe une aire


s'étendantapproximativement de la région d'Essaouiraà celle de Tiznit.
Elle est botaniquementtrèsproched'8. echinus,à cettedifférencequ'elle
possède9 à 13 côtesalorsqueE echinusn'enque 6à7 (etE. resinifera
3 à4).

USAGESTRADITIONNELS

Identiquesà ceux d'E. echinus(voir cet article,n" 2ll).

TOXICITÉ

Voir Euphorbia resinifera.(n" 219)

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
On peut supposerque cetteespècea êtéenglobéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1884,no 399, 1673,2302)sousles termesde tôkawt,
farbyûn, luban ma$ribî qu'il utilise pour décrireplusieurseuphorbes
cactiformesdu Maroc (E echinus,E. beaumeriana,E. resinifura). l-e
mot yatîl' qu'il utilise aussi s'appliquechez les Arabes à différentes
plantesà latex (Euphorbia, Calotopis, etc) et correspondun peu au
vernaculairenord-africun umrn-lbeyna.ABDEREZ Q mentionneaussi
les es@cescactifonnesmarocainesdansles rubriquesfarbyûn et tôkawt
(LECLERC, 1874,n" 698, 885). Les autresauteursont certainement
assimilécetteespèceà E. resinifera.

2ll. Euphorbia echinzs Coss. & Hook. (= Euphorbia officinarum


L. ssp.echinusVindt.)

euphorbecactoide

ddalrnûs (!) (Anti-Atlas, Souss,Tekna)(poly.) : c'estaussile nom de


Caralluma europaeaGuss.dansle Haouzet le Sud algérionooDraison

362
d'une ressemblance d'aspecr(NÉGRE, 196l ; eUEZEL & SANTA,
1962-1963).
tikiwt, tikiût (!) (berbère)(poly.) : ce vernaculaires'appliqueaussià E.
resiniftra Berg. D'aprèsMONTEIL (1953),au Saharaoccidental,ce
terme s'appliqueraitsurtoutaux petitesfleursrougesd'8. echinus.
zaqqûm, zaggûm, zakkûrn(poly.) : ces vernaculairesdésignentE.
echinus, E. beaumierana et E. resinifura. En Arabie et au Sahara
occidental,c'estaussile nom de Balanitesaegyptiaca.Toutescesplantes
sont épineuseset proverbialespour leur amernrmed'où peut-êtrele fait
qu'elles partagent le même vernaculaire(Sur la discussion du
vernaculairezeqqûm, voir aussiBalanites aegyptiaca,îo 480) Le
vernaculairc zaqqûmestcité dansLe Coran(S. 37, v.62; S.44, v.43;
S. 56,v.52).
jjebbô! (MONTEIL, 1953): pour la plantedesséchée.
âmkuk(Souss)(LAOUST, l92l).
lajarat al-ferbyû,n: ve vernaculaire'apptque aussià E. beaumieranaet E.
resinifera.

Cette espèceest une endémiquedu Sud-Ouestmarocainet du Satrara


occidental.

USAGESTRADMONNELS

Dansles régionsdu Sud-Ouestmarocain,le latexrésineuxde cetteplante


est utilisé, à faible dose,par voie interne, comme purgatif. Par voie
externe, il intervient comme résolutif des vemres et des eczémaset
comme topique dans les morsuresd'animauxvenimeux.Dilué dans de
I'eau, il constitueun collyre dangereuxn mais néanmoinstrès employé
dansle traitementdesophtalmies.
Le miel butiné sur les fleurs, de saveurun peu âcre, est très recherché
commemédicamenttonifiant et réchauffant.Mais il exercesur I'appareil
digestifet I'anusune actionvésicante.
Le latex d'E echinus est un abortif largementutilisé dans le Souss
matgrésesdangers.CHARNOT (1945)a décritune desrecettesmisesen
oeuwe : 25 cnJ environ de latex sont péEisavecde la farine d'orge; la
pâte est ensuite roulée en boulettesqui sont trempéesdans de I'huile
d'olive puis avalées.L'avortementsurvient environ 8 heures après
I'ingestion. Pour réduire I'irritation du tube digestif, I'ingestion des
boulettesest précédéepar la prised'unbouillon de viande.

D'après MULLERO (1945), les nomadesdu Satraraoccidentalfont


passerla {erga (étranglementdu larynx au moment de la déglutition
aprèspassaged'alimentsdansla trachéeartère)par ingestiond'un verre
d'eaucontenantquelquesgouttesde latex.

363
D'aprèsMONTEIL (1953),la plantedesséchée
(ijebbôùestutiliséepour
fumiger les.dromadaires
malades.

CommeE. resinifera,laplanteestconsommée : elle estlavéeà plusieurs


reprisesà I'eauchaudepour enleverle latex,puis hachêpet cuite corrme
une macédoinede légumes.Cetteconsornmation est conseilléedansle
traitementdesrefroidissements
et desaffectionsdu rein.

TOXICITÉ

Voir ù Euphorbia resinifera(n" 219).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Même commentaireque portEuphorbia beaumeriana(voir cet article,
no210).

212. Eaphorbia falcata L.

Inyyat en-nufûs(litt.: celle qui ranimeles âmes,qui ramènele soufle,la


force virile).
rbe'at el-kîmiyâ (litt.: I'herbe de I'alchimie) : en raison de sa
fluorescence,la nuit.
ltalîba, el-hlîbiya (poly.) (litt.: la laiteuse): en raisonde la présencede
laæx.

Espèced'Europecentraleet du Bassinmédiærranéen.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de RabaLI'infusion de la planteséchéeest prescritedans


tous les refroidisserments.Son action irritante sur le tube digestif est
corrigée en prenant,avant son ingestion,un ragoût ou un bouillon de
viandebien chaud.
La planteestaussiemployéeen magie.

TOXICITÉ

La mêmeque pour E. helioscopa(votr à cet article,no 214).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes

364
On peut considérerque cette espècea êtê,assimiléepar IBN AL-
BAYTAR (LECLERC,1877-1883, no 234,2296)à Euphorbiapeplus,
sousle nom de bâblu,t(du grec peplos).La 'Umdat at-tabîb (no 2677),
AL-W AZIR AL-GHASSANI (n" lM) etla Tuhfatal-ahbâb(no 164)I'ont
certainementassimiléaux yaitu'at (plantesà latex). ABDEREZAQ ne
mentionnepascetteespèce.

213. Euphorbia granulata Forsk.

al-lubbayea (Tissint) : en raison de la forme des fruits qui rappellent


vaguementcelle d'un pain ; mêmevernaculairepour le genreMalva et
pour Chrozophoratinctoria.
lembetln (poly.) (Saharaoccidental).
kbidet ed-dobb (litt.: petit foie de fouette-queue)(MONTEIL, 1953 ;
BIROUK & al., 1991).
mmû.-lbayna,mmû,-lbîna(poly.) (Saharacentral,VOINOT, 1904).
tella! (Touaregs,VOINOT, 1904).

communedansle Saharamarocain.
Es@cesaharo-sindienne,

USAGESTRADMONNELS

A Tissint et dansle Dra les feuilles et les fleurs, en décoctiondans de


llhuile d'olive (l poignéede plante sèchedans ll2 ltÛ.ed'huile), sont
utiliséespour assécherles boutonsde la tête et pour faire repousserles
cheveux.La planteest souventassociéeà Morettia canescens Boiss.dans
ce but.
Dansla mêmerégion,le latex de cetteespèceest employé,en application
locale, dans le traitementdesmorsuresvenimeuses(BELLAKHDAR &
al., 1987) ; ou encore,on pile la planteverteet on en fait un cataplasme
sur la morsure(VOINOT, lgM).
Au Sahara.la racineécrasée*servirait aussià faire des cataplasmessur
les morsures.
Les feuilles sont pâturéespar les ftoupeauxet les gazelles(VOINOT,
1904).

DISCT.JSSION

[,es sourcesécritesarabes
Nos auteursI'ont peut-êtreassimiléavxyattu'at.
* Au Fezzan,les nomadesconsommentla partie souterrainede cette plante (LE
FLOC'H, 1983,no 237).

36s
214. Euphorbia helioscopa L.

euphorberéveil-matin

tafura (litt. : eczéma,prurit) : en raison de I'irritation que son latex


provoque.
ûmrn-lbîna,mmû-lbîna (poly.)
halîba, el-$Iîbiya(poly.) (Gharb,régionde Rabat)(litt.: la laiteuse).
reSa'atlebgar(régionde Fès)(litt.: cellequi têteles vaches).
rnmufi (Moyen-Atlas,BERTRAND, 1991): ce vernaculairerappellele
terme génériquelâ$iya utilisé dans les livres pour des plantes à latex
(RENAUD & COLIN, 1934,n" 249).

Cetteespèceestcosmopoliæ.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région de Rabat,la planteentièreest utilisée,à faibles doses,


commelaxatif et émétique.
Partoutau Maroc, le latex est employépour attaquerles vemres.

TOXICITÉ

La plante, en usageinterne,enEaînedes gastro-entérites plus ou moins


sévèresdont sontresponsables à la fois I'huile desgraineset le latex. Par
voie externe,elle provoquedesulcérationscutanées(CHARNOT, 1945).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'euphorbe réveil-matin est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, no 1056,2302)etla'Umdat at-tabîb(no 1011)
sousle nom de raqîb e$-kms. Les auEesauteursI'ont probablement
assimiléauxyattabr. ABDEREZAQne la mentionnepas.

215. Euphorbia lathyrus L.

épurge

I.labb el-mulûk(poly.)(litt.: la grainedesrois) : c'estaussile nom du


croton,de la ceriseet du fruit du sébestier.

366
mâhûdôna(!) (classique): les herboristes
utilisentparfois ce terme,de
manièreerronée,pour désignerles grainesde croton.

Cetteespèceestcosmopolite.

USAGES TRADITIONNELS

Malgré leurs dangers,les graines sont parfois utilisées dans les


campagnescommepurgatif,et le latex conrmerubéfiantexterne.

TOXICITÉ

!1toxi9ité desgraines,par voie interne,est connuedespopulations(voir


$ Les donnéesde la toxicologre).un fqih de la région de îémara nousa
rapporté la fréquenced'accidentsgastro-duodénaux survenusà la suite
d'ingestiondesgrainesà desfins thérapeutiques.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
L'épurgeest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, lï77-lgg3,
n" 2056),la'umdat at-tabîb(no 1341)et parABDEREZAe (LECLERC,
1874,no 359, 412, 583)sousle nom de rnâhûbdônaet Inbb el-mulûk.
Les autresauteursne la citent pas.

Les donnéesde la toxicologie


6 à 12 grainessuffisentà provoquerune sérieuseintoxication.
Le lait des herbivoresqui ont brouté accidentellementcette plante, est
toxiquepour les enfants(GARNIER& a1.,1961).

Symptômesde l'intoxication
Apparaissentd'abordune sensationde brûlureà la boucheet à I'estomac,
de I'hypothermie,des vomissements,des coliquesdouloureusesavec
diarrhées,des sueursfroides, des vertiges,une mydriase,une chute de
pouls. Puis on observedu délire, des troublesnerveux,des convulsions
abdominales,de I'hémanrie, des sensations de chaleurgénéraliséesavec
ffanspirationabondante.
Des casdTntoxicationsmortellesont été signalés.
(GARNIER & al., 1961,CHARNOT,1945).

216. Euphorbia nicaensis All.

teui. Qrtyaâ (!) (berbère,Dayet Achlaf, Moyen-Atlas)(ïtt.: celle qui


produit du lait, maisne peut donnerle jour à desenfants).
tana$ût,tinûga(poly.) (Moyen-Atlas,BERTRAND,l99l).

367
Inlîba (El Jadida).
rnmû-lbînc(poly.).

et de I'Afrique du Nord.
Espècede I'Europeméditerranéenne

USAGESTRADMONNELS

Le latex frais est utilisé, au Moyen-Atlas,pour attaquerles vemreset


gommerles chairsmortes.

TOXICITÉ

Les populationsconnaissentles puissantespropriétésvésicantesdu latex


(voir à Euphorbiadivers,n" 220).
sur la pۉu,les yeux et les muqueuses

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Probablementassimileepæ tousnosauteursà I'unedesespècesvoisines.

217. Euphorbia obtusifulia Poiret ssp.regis'iubae (Webb.)


Maire

euphorbearborescente

I-fernân(!) (Tekna).
âfdîr (Maure, MONTEIL, 1953) (!) : à signaler,du point de vue
linguistique, la permutationdes vernaculairesd'8. obtusifulia et d'8.
balsamifura(voit supra,no 208, 209), selonque I'on se Eouveen pays
Maure ou Tekna ; cette polyvalence particulière a étê signalée par
MONTEIL (19s3).
tallâlt (berbère).

estuneendémiquedu Sud-Ouestmarocainet
Cettees$ce, arborescente,
du Satraraoccidental.

USAGESTRADITIONNELS

Au Satraraoccidental,le latex de cetteplanteest utilisé, en application


externe, dans le naitement des morsures de serpentset de la gale
animale.
Le bois séchéest utilisé conrmesuccédané du liège, en particulier pour
faire desflotteurs de filets de pêche.
Le miel butiné sur sesfleurs est âcre conrmecelui d'8. echirarset est
considérécommeun médicament(voir à E. echinus,îo 2ll).
368
C'est une espècequi n'estpas pâturéenormalementpar le dromadaire
saufen périodede sécheresse.

TOXICITÉ

Elle est semblableà celle desauEeseuphorbesà latex.


Appliqué sur la peau accidentellement,
le latex laissedes tâchesnoires
persistantes(MoNTEIL, I 953).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR n'a pas connu cetteespèce,vraisemblablement en
raison de son endémismetrès resEeint.Même commentairepour les
autresauteurs.

zlE. Euphorbia peplus L.

lezâza(CHARNOT,1945)
Cetteespèceserencontreen Europe,en Afrique du Nord et en Asie.

USAGESTRADMONNELS

Le latex de cetteplanteest utitsé partoutoù elle existepour attaquerles


verTues.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 234,2296) et la 'Umdat at-tabîb (n" 2677) sous le nom de
bôblus (du grec peplos).Les autresauteursI'ont peut-êre assimiléaux
yattu'at. ABDEREZAQ ne la mentionnepas.

219. Euphorbia resinifera Berg.

euphorberésinifère

zaggûm,zaqqûm,zalçkûm(Tadla)(!) : ce vernaculaireest porté aussipar


E. echinuset Balanitesaegyptiaca(voir cesarticles,no211et 480).
banan el-ôrd (Iadla) (litt.: bananede tene ; en raisonde sa forme).
tikiwt, tikiût (!) : s'appliqueaussià E. echinas.A ne pas confondreavec
tâkawtqui est la galle de tamaris.

369
Sajarat al-ferbyûn (livresque): s'appliqueaussi à E. echinuset E.
beaumertana.
ferbyûn: pour la résined'euphorbe. Connuedepuislongtemps,elle doit
son nom à Euphorbus,médecindu roi berbèreJubaI, qui I'utilisa en
médecine.
luban al-magribî(!) (livresque)(litt.: encensdu Maghreb): en Orient et
en Inde, ce mot désignela résined'euphorbe.C'était,en effet, autrefois,
une des grandesspécialitésdu Maroc qui I'exportaitun peu partoutdans
le monde,avec la gommesandaraque et le fassû! (gommede Ferula
communis).
dda$mûs (poly.) : s'appliquesurtoutà E. echinuset à Caralluma
europaea,

Cette espèce,qui est une endémiquemarocaine,se rencontredans la


région de Beni-Mellal et de Demnate,alors que E echinus pousse
surtoutle long du littroral atlantiquesud(Souss,Tarfaya,etc.)

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, la résine d'euphorberésinifèreest utilisée comme


révulsif, en applicationslocales,pétrieavecde la farine ou de la semoule
et du blanc d'oeuf,dansle Eaitementdesrhumatismeset desparalysies.
En topique externe,on I'emploieaussidansle ftaitementdes piqûreset
morsuresvenimeuses et desalgiesdentaires.
Les berbèresde la région de Beni-Mellal emploientle latex frais contre
les vemres.Très dilué dansde I'eauchaude,il est aussiadministrédans
le traitementde I'alopécie,en frictions capillaires,et des infections
oculaires,en collyre. Mélangé à du miel et à du blanc d'oeuf, c'est un
purgatif puissant,dangereux,et aussiun remèdedesmaladiesdesreins.
Dans le Tadla, la plante, lavée à plusieursreprisesà I'eau chaudepour
enleverle latex,puis hachéeet cuite cornmeune macédoinede légumes,
est consomméecommemédicationpour traiter les refroidissements.
'u\ûb
Les femrnesfont renher la résined'euphorbedansle mélangedit
n-nisâ' (voir à cet article,n' 696) et I'emploientaussicommeabortif,
malgré ses dangersqui leurs sont connus (voir aussi à E echinus,
n' 211).
D'après KOPACKZEWSKI (lg44), les berbèresI'emploient comme
poisonichtyotoxique.

TOXICITÉ

La plante, tout comme son latex frais et sa résine, sont des produits
dangereux.Les accidentsse rencontrentsurtout chez les personnesqui
procèdentà la récoltede la résineou chezdespersonnesqui ont utilisé,
sansprécautions,la résineconrmemédicamentou commeabortif.

370
Symptômesde I'intoxication
La résine,dès la dosede 0, 5 g, provoqueuneinflammationsérieusedes
muqueusesdu tube digestif avec gastro-entérite. Ingéréeà dosesplus
grandes,elle provogle une inflammationdigestivegénéraliséeaveCdes
ulcèresgastro-intestinaux,de I'arythmie,deJconvuliions,de I'hématurie
et dansles castrès graves,la mort par asphyxie.

51 nloiection dansles yeux (accidentfréquentau coursde I'opérationde


récolte) provoquedes larmoiementsintènses,de la photopirobie,une
pressionoculairepéniblepersistantquelquesheures,dei conjàncdviteset
d9s.kéraltesgravespouvantrendreaveugleou laisserdesléiions graves,
si rien n'estfait.
Sur la Peau,elle exerce une action irritante se manifestantpar une
rougeurintense,de la douleur,du prurit ; et dansles casplus graves,par
une vésicationpouvantêtreprofonde.
La poudre de résine, respirée accidentellement,provoque des
éternuements, de la rhiniæ avecécoulementsabondantset-coryzalparfois
aussides saignements de nez),despicotementsà la gorge,une laryngite,
une irritation pulmonaireavec toux et deshémorragiesbronchiqués.tes
symptômess'accompagnent de larmoiementavec pressionoculaire et
photophobie,d'une salivation abondante,de brûlurésdes lèwes et d'un
goût amerpersistantdansla bouche(KOPACKZEWSKI,lg4/l).

RODIER (s.d.) a décrit une observationd'intoxication mortelle au


Maroc, suite à un lavementavecune préparationcontenantdu latex d'E.
resiniftra. l-'snquêtemontra que le sujet intoxiqué avait présentédes
vomissements,de nombreusessellessanguinolentes, desconvulsions.La
mort est intervqnpe,d'aprèsles interrogatoires,dans les 8 heures qui
suivirent I'administation du raitement. A I'autopsieon a noté lès
caractèressuivants: languetuméfiée,aspectnoirâûeet congestifde tout
le visage,muqueusevagrnaletuméfiéeainsiquela muqueuseanalefaisant
saillie, nombreuseshémorragiesinæstinales.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espècea êtê nommémentmentionnéepar IBN AL-BAYrAR
(LECLERC, 1877-1884,no 399, 1673,2302)qui consacreune rubrique
spécialeaux euphorbescactoidesdu Maroc (E. echinus,E. beaumeriana,
E. resinifera),sousles termesde taluwt, farbyûn, lubân masribî. Le mot
yatû'gg'il utilise aussis'appliquechezles Arabesà différentesplantesà
latex (Euphorbia, Calotropis,etc.) et correspondun peu au vernaculaire
nord-africun ûmrn-lbeyna. ABDEREZAQ mentionneaussiI'euphorbe
résinifère dans les rubriquesfarbyûn ettakawt (LECLERC,- 1874,
n" 698, 885). Même commentairepour la 'umdat at-tabîb 1no rb75,

371
l9l4), AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 242) et la Tuhfat al-ahbâb
(n" 249, 323).
La résine d'euphorbeétait autrefois utilisée comme une véritable
panacée._ Sa réputationatteignaitdes contréesaussilointainesque le
Moyen-Orientet I'Inde où elle est connuesous le nom de lubàn el-
ma$ribî. Avec quelques autres produits (gomme-résinede féruIe,
Corrigiolia telephiifulia,pyrèthred'Afrique,etc.), la résined'euphorbe
était uneexclusivitémarocaine.

220. Euphorbia divers

EuphorbiacalyptrataCoss.& Dur.
Euphorbiadracunculoides Lamk.
Euphorbiaparalias L.
EuphorbiaretusaForsk.
EuphorbiasulcataDe Iæns
EuphorbiaterracinaL.
EuphorbiapithyusaL.
EuphorbiaguyonianaBoiss.& Reut.

Toutesceseuphorbesà latexrépondentaux vernaculaires suivants:


rremada (!) : dérivantdu verbearaberamida qui signifie "avoir mal aux
yeux" (BELLAKHDAR & al,1987; MONTEIL, 1953).
l-'ammôya(!) (litt.: cellequi rendaveugle).
mmû-lbayna,lbina, Ieben(poly.)
On connaîtaussiel-mrtwa(Lybie, LE FLOC'H, 1983)pour E. retusa.
{ubrum (RENALJD& COLIN, 1934,n' 449): pour E. pithyusa.

Les espècesE. calyptata et E. guyoniana sont des endémiques


salrariennes ; E dracunculoidesest saharo-sindienne ; E. pithyusa,E.
paralias et E. terracina sontméditerranéennes
; E. retusa est européenne,
nord africaine et ouest-asiatique; E. sulcata est une espècesud-
européenneet nord-africaine.

USAGESTRADMONNELS

Là où elles existent, le latex de toutes ces euphorbesest utilisé pour


attaquerles vemres et pour extirper les épines.On les applique aussi
localementsur les morsureset piqûresvenimeuses.
A Tissint, E. calyptrata estmélangéeà la racined'EmexspinosaCarnp.
ou administréeseule,réduiteen poudre,corrmelaxatif. Dansle Dra, elle
est considéréecommeréchauffanteet fait aussipartie du râs al-lanîtt
(voir cet article,no 693).

372
D'ap_rès GATEFOSSÉ(tg2l), E. terracinaL. est utilisée,sur le litorral
du Gharb,commeémétique.
Dansle Tafilalet, le latex d'8. cayptratadilué dansde I'eaugommeuseest
utilisé, en collyre* dansle trachôàe,puis rincé abondamment.

TOXICITÉ

Elles-possèdenttoutesun latex très irritant pour les yeux entraînanLptr


simple contact, même furtif, des larmoiements intenses, une
lugmentationde la pressionintra-oculaireet de la photophobie.Avec des
dosesplus élevées,pellventintervenirdeslésionsgraves-deI'oeil pouvant
aller jusqu'à la cêcitê. Ce contact direct n'est d'ailleurs même pas
nécessairepour provoquerI'irritation des yeux : les principes irritants
contenusdansle latex sont,en effet, volatils.
Les troubles de la vue sont accompagnés généralementde touxnde
rhinites avecécoulementnasal,de laryngiteet de brûluredeslèwes.
sur la peâù,le latex de cesplantesprovoquedesulcérations.
Absorbé,il ennaîn_e des symptômesplus ou moins sévèresde gastro-
entérite et d'inflammation des muqueuses du tube digestif
(BELLAKHDAR, 1978).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'espèceE. paralins est mentionnéenommémentpar IBN AL-BAYrAR
(LECLERC,-1877-1883,no 2302) sous son nom latin : baralyos
(paralios).E. pithyusa estdécritepar la 'umdat at-tabîb (n" 2380),IBN
AL-BAYTAR (no 1276),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 382) er la
Tuhfal al-ahbôb (n" M9). Les autresespècesnaitéesici, à I'exception
peut-être des endémiquessahariennesqui n'avaientpas une notoriété
suffisantespour êfie connuesen médecinehors de leur territoire, ont
probablemeîtêtê,assimiléesà desespèces voisines.
*En Algérie (Beni-Ounif),le latex d'8.catyptran et d'8. retusaestutilisé,
en application
sur lqs cils, contrele trichiasis(LE FLOCiH, 1983,no 238,239\.

221. Mercurialis annua L. et Mercurtafis perennis L.

mercuriale annuelle
mercurialepérenne

?urriyqa l-melsâ, I.turuayq âmlas (!) (poly.) (litt.: ortie lisse) : ce


vernaculaire s'appliqueaussi à la pariétaire,aux espècesdu genre
Lamium et à d'autresplantes.
Inlab ûb,j alabûb (liwesque).

373
Ces2 mercurialesse rencontrenten Europe,en Afrique du Nord et dans
I'Ouestde I'Asie.Ellessontcommunes au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partout où elle existe, la plante fraîcheest utilisée commepurgatif, en


infusion ou en lavements.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Les mercurialessont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
'Umdatatlabîb (n' 564), la Tuhfat al-
1877-1883,no 689, L7t6), la
ahbâb(n' 104)et ABDEREZAQGECLERC,1874,n' 386) sousle nom
de balabûbethanîqa ômlas.AL-WAZR AL-GHASSANI les a peut-être
assimiléà desorties.

[æs donhéesde la toxicologie


Ces plantesne sont pas dénuéesde toxicité, notammentM. perennis,à
l'état frais surtout, pour I'homme et pour les troupeaux,lorsque ces
derniersI'avalenten grandequantité.
L'intoxication se manifestepar des dianhées et de I'hématurie avec
parfois cylindrurie.Elle peut-êEemortelledansles casgraves.
Elle fait tarir le lait chez la brebis et la vacheet le rend sanguinolent
(GARNIER & al., 196l ; CHARNOT, 1945).

222. Ricinus cornnunis L.

ricin

$erwa' (!) : ne pas confondreavec Vitexagnuscastusqui porte le même


vernaculaire.
âwriyûr, ôwriyû,n,ôwriwra, û,wriwra(!) (berbère).
krank: ce vernaculaires'emploiedansle Sudpour le Calotropisprocera.
tamnait (Beni Touzine,Beni Ouriaghel).
(!) (comrptiondu mot "castor") (RENAUD &
zît al-!enva', zît al-kuS.tû
COLIN, 1934): pour lhuile de ricin.

Le ricin, originaire d'Orient,est acclimatédansnos régions.Il s'y est si


bien adaptéqu'il fait partie du paysagemarocain.Diversesvariétés,dont
certainesà grossesgraines,ont été utiliséespour fixer les dunesdansla
région d'Agadir. Le Maroc comptait aussi autrefois de grandes
plantationsde ricin dont les grainesétaientexportéesvers I'Europepour
la fabricationd'huilesd'avionet de textilessynthétiques.Cesplantations

374
ont aujourd'hui disparuesmais les récoltesde graines sur la plante
sauvagecontinuent,pour I'exportation.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, en médecinetraditionnelle,les feuilles sont utilisées


commeemménaguogue et les graines,à petitesdoseset entières,comme
purgatif. L'huile de ricin est employéecommepurgatif et, en usage
externe,pour soignerles gerçures.
Les grainesentrent aussi,en mélangeavec d'autresplantes,dans des
préparationscontre les refroidissements. Voici une de ces recettes,en
usagedansla région de Fès : on mélange2 ou 3 grainesde ricin à leur
poids de grainesde nigelle et de fruits de câprier; on moud le tout, on
triture avec du miel (3 fois le poids de la poudre obtenue); on prend
oralement,tous les soirs,l'équivalentd'unetêted'ail.
A Oaezzane,on mélangedes grainesde ricin hachéesau chanvreindien
pour êne fumées: les effetsen seraient"plus forts".
A Tissint, les feuilles de ricin, mélangéesaux racinesde Cistanche sp.,
sontutiliséespar les femmes,en fumigations,pour régulariserles règles.
On les emploie égalementcommehémostatiquepour les petitesplaies.
Les fleurs séchées,pulvériséeset mélangéesà du miel, sont indiquées
dans les diarrhées.L'huile de ricin, danslaquelleon a fait macérerdes
feuilles de Warionia saharae, est employêe,en massage,conEe la
paralysiedesmembreset les rhumatismes.
Chez les Beni Touzine on donne à boir aux ânesune décoction de
quelquesgrainesde ricin pour les guérir du "mal de la contrariété"qui
les rendsinaptesau Eavail.
A Ktrémisset,on utilise les grainescommeabortif.

En maroquineriefine, on emploie I'huile de ricin pour assouplirles


peaux.

TOXICITÉ

La toxicité desgrainesest connuedespopulations.


Les graines sont très toxiques : 3 à 4 grainessuffisent pour tuer un
enfant ;20 grunes pour un adulte. 30 grainespeuventtuer un mouton
ou un cheval.I-e boeuf estmoins sensible(il faut 350 à 450 grainespour
le nrer) ainsi que les volailles.
Cettetoxicité est la plus forte quandla graineestmastiquéeou ingéréeà
l'état divisé. Avaléesentières,elles sont la plupart du tempsrejetées
intactesdansles selles,et les symptômessontalorsminimesou nuls.
L'intoxication par les graines est généralementaccidentelle,par
confusion avec des graines comestibles,chez des enfants, ou par
surdosagethérapeutique,ou encoreà la suite de leur usagecomme
abortif.

375
A titre d'exempledes accidentsde ce type, un cas d'intoxication à
Goulimine (Sud du Maroc) a êtê,décrit, à la suite d'un traitement
traditionnel confie la stérilité féminine consistanten I'ingestion de
grainesde ricin associéeà un lavementvaginalavecune décoctionde
graines.
ÔgnnNoT (1945)a décrit desrecettes,contenantdesgrainesde ricin,
employéesà desfins criminelles.

Le principe toxique de la graine est une toxalbuminede structure


polypeptidique,la ricine. C'est une phytohémaglutininecytotoxi_queet
àntigéniqueâont la concentrationdansla grainepeut atteindre3Vo.Elle
est inso[uble dans I'huile et reste dans les tourteauxd'où la grande
toxicité de ceux-cipour le bétail.

Symptôrnes de l' intoxication


Les premierssignesapparaisseîT ll2 heureà l2 heuresaprèsI'ingestion.
Apparaissentdàbord des brûluresdes muqueuses buccaleet,pharyngée,
déi nausées,des vomissements,une soif intense,des coliques, des
diarrhéeshémorragiques, desmaux de têteet des vertiges,de la stupeur,
de la somnolence,dessueurs,souventde I'hypothermie.
Suivent parfois des complicationsneurologiques: convulsionset
Eemblements.Enfin, on obseryedes complicationshépatiqueset rénales
se manifestantpar de I'oligurie ou de I'anurie.Dans les intoxications
graves,la mort survientpar collapsus
Far ailleurs, des manifestationsallergiquesimportantes- pouvant aller
jusqu'à la mort - sontfréquemmentsignalées.Elles sontprovoquéespar
ie côntactavec les grainesou les tourteauxet par le pollen de la plante.
Les formes cliniques de ces allergies sont de type cutané ou externe
(eczêmuconjonctivite)ou pulmonaire(rhinite,asthme).
1952,KARMINE,1986).
(ngLnvEAtJ,1974;voN 6ETTINGEN,

DISCTJSSION

Les sourcesécntesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877'1883'
t-e ricin est mentionnépar'(Jmdat
n" 771,,925, 1476bis),-la at'tabîb (no 721), AL-WAZ]R AL-
GHASSAM (n" 347),laTuhfatal-ahbâb(no56, 415)et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n' 89) sousle nom delinrta'.

FABACÉES (= PAPILIONACÉES)

223. Athagi tnaurorum D C. non Medic. (Hedysarum alhagi L.


= Alhagi graecorunz
Boiss.)

376
alhagi desMaures
'âqû1,'agûl (/) (Egypte,
Lybie,Touaregs, Saharacenral, CHEVALIER,
1933; BOULOS,1983; RENAIJD& COLIN,1934,n' 194).
/rdj (classique,
RENAUD & COLIN, 1934,no 194).
at-taranjubîn, tarenjabîn(litt.: miel de rosée; en persan): c'estle nom
actuel, en Iran, de la manneproduitepar une espècevoisine,Alhagi
pseudoalhagi Desv. (= Alhagi camelorurnFisch.),et par Alhagi
sparsifuliaShap.d'Afghanistan.
Ce termeest encoreutitsé, pour la mannedlAlhagi,en Syrie,en kan, au
Pakistan (HONDA & al., 1990; SALAH AHMED &. al., 1979,KHAN
USMANGHAM & a7.,1986)et en Afghanistan(YOLJNOS& al., lg87).
monnôfranjî (litt.: nnnne desFrancs)(Syrie)(HONDA & al., 1990).

Alhagi mnurorum,espècesaharo-sindienne, estun sous-arbrisseau de 35


à 40 cm de hauteur,à tigesrurmeuses et épineuses,répandudansles zones
désertiquesd'Iran, de Syrie, d'Egypte,de Lybie, du Bornou et arivant
jusqu'enAlgérie (Saharacentral).
En période de fortes chaleurs,les feuilles et les branchesse couwent de
petites gouttesd'aspectmielleux s'épaississant rapidement.On récolte
cette manneen coupantles rameauxet en les secouantau dessusd'une
toile. On obtient deslarmesarrondies,visqueuses, durcissantrapidement
(LJNESCO,1960).Mais la mannen'exsudepas danstoutesles régions,
soustous les ctrimatsni sur tousles piedsen mêmetemps.On connaitmal
les conditionsenvironnementales et biologiquesdans lesquellescette
sécrétionsse produit.
Certainsauteursont avancélhypothèsequela mannedesHébreuxserait
la mannede l'Alhagi maurorwæqu'on rencontrebien dans le désert
égyptien.Mais sespropriétéspurgativesrendentpeu probablesonusage
commealimentexclusif.

USAGESTRADMONNELS

La manne desAlhagi êtait autrefoisEès connuepartout dansle Monde


Arabe sous le nom persande taranjabîn comme laxatif ou purgatif,
suivantles doses,et commeantitussifet pectoral.
Dansles ruesde Tanger,jusquedansles annéescinquante,desmarchands
ambulantsvendaientà la criée,sousce nom ou sousdesappellationsqui
en dérivent (taranjabîL,turanjabân, etc.),une confiseriemontéesur un
grand mât et qu'on détaillait aux enfants en petits morceaux. Cette
confiserie*, à basede sucreprincipalement,devait peut-êne,à I'origine,
contenir un peu de cettennnne.
Aujourd'hui, à Fès,la drogueest encoreconnuedes droguistesmais elle
n'est plus disponiblesur les étalages.Il se peut que le taranjubîn des
maghrébinssoit en fait une exsudationde sève de palmier qui s'est
concrétée(voir $ Discussion).

377
D'aprèsCHEVALIER (1933)"au Satraracentralet dansle Fezzan,les
longuesracinesdel'Alhagi maurorumsontconsommfusaprèsséchageet
pilage.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La manne de l'Alhagi est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 408, 1380, 2177),la 'Umdat at-tabîb
(n'300), AL-\VAZIR AL-GHASSANI (no 320), la Tuhfat al-ahbôb
(n" 194,259)et ABDEREZAQGECLERC,1874,n" 237,342) sousle
nom de taranjubîn.et mann(= manneen général); la plantesousle nom
de 4âj.
AL-W AZIR AL-GHASSANI (no 320) la mentionne comme arrivant
autrefoisà Fèsde la région de Sijilmass4maisil pensaitqu'elle tombait
du ciel et se concrétaitsur les branchesdespalmiers.AL-BEKRI l'aurait
vu aussi à Tozeur, dansle Sud de la Tunisie. IBN EL-JEZZAR I'avait
déjà signalécommeexistanten Ifriqiya et disaitlui aussiqu'elletombedu
ciel sur les branchesde palmier : il poprrait s'agir de sèvede palmier
exsudéede blessureset concrétée.
Les Arabescroyaient,en effet, que les mannestombaientdu ciel sur les
plantes; cettecroyanceseretrouvedansLe Coran(S. 2, v. 57). De plus,
on appelaitmanne(mann)toutesles sécrétionssucréesconcrétéessur les
végétaux (manne de tamaris, de frêne, etc.). Les mêmesassertionsse
retrouvent chezpresquetous les auteursarabes(RENAUD & COLIN,
1934,n" 194).

* En lran, on utilise aussicettemanneen pâtisserie.

224. Anagyris foetida L.

anagyrefétide,boispuant

larrûb l-lenzîr,@ruûbl-klâb (litt.: caroubede sanglier,de chiens).


fil Lklâb (litt.: fèvedechiens).
ôûftnî,ûfen (berbèredu Souss,LAOUST, l92l ; Kabylie,LECLERC,
1874,no60).
fuabbal-kulâ (classiqueet égyptien)(litt.: grainede rein) : pour la
graine,en raisonde saforme.
baryo(litt.: la chiante).
tizzat(BOLJLET & al., 1990).
un peupartoutauMaroc.
qu'onrencontre
Espèceméditerranéenne,

378
USAGESTRADMONNELS

Les grarnes,bleu foncéà violeq en forme de petit rein, sontdisponibles


chezles herboristesde Rabatet Salé.A petiteJdoses,car leur toxicité est
connue,elles sont utiliséescommepurgatif et émétique.On les prescrit
aussidansles maladiesrénales(probablement en raisonde leur foime).

PPt la région de pgjaad, la plantefraîcheest utilisée en frictions pour


faire pousserle poil desbêtes.

TOXICITÉ

La toxicité de la planteestconnuedansles campagnes.


L'intoxication se produit le plus souventpar accident.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
I'anagyreest mentiônnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
no 153,156,558,765,l4M, 1608),la'Umdatat-tabîb(n" 717,1802)et
laTuhfat al-ahbâb (no 9, 182) sousles nomsde ânagûris, ûmm-kelb,
lnrrûb l-lenzîr, furrûb l-ma'îZ,babb al-kulô, slwôn. ABDEREZAe
(LECLERC, 1874,n' 60) cite aussipour cetteespèceles vernaculaires
ânagûris, furrûb l-Senzîr,@rrûb l-ma1z. Quant à AL-\ryAZIR AL-
GHASSANI (no 143),nousne sonrmespassûrque c'estcetteespècequ'il
décrit sousles mêmesvernaculaires.

Les donnéesde la toxicologie


I-es principestoxiquessont des alcaloides,principalementde I'anagyrine
et un peu de cytisine.
L'intoxication se manifestepar de la tachycardie,une augmentationde la
pressionsanguine,des vomissementsn de la diarrhée,des tremblements,
une paralysiemotrice. Dansles casgraves,la mort survientpar alrêt de
la respiration,mais les intoxicationssérieusessontrarescar Ie toxique est
généralement expulsédansles vomissements CHARNOT, 1945).

225. Anthyllis sertcea Lag. ssp.henonïnna (Coss.) Maire

rgô (CHARNOT, 1945) : ce nom est aussiutitsé pour désignercertains


Helianthetnurn.
qedîr, kes$r (poly.) : ce vernaculairedésigneaussid'autresAstragalus
sahariens.

379
Cettesous-espèce
estuneendémiquedu SaharacenEal.

USAGESTRADITIONNELS

Nous n'avonspas relevéd'usagesraditionnelspour cetteespèce,mais


nousla signalons,pour mémoire,en raisonde sa toxicitépour le cheptel,
connuedesnomades.

TOXICITÉ

Cetteplante saharienneest toxiquepour les troupeaux,au momentde la


floraisonsurtout.Les camelinssonttrèssensiblesau toxique.
Son ingestionprovoquechezle chameauune maladieappeléetorba ou
kralfi (ou encoreôk al et !af). La maladiese manifesteprincipalement
par une sortede rhumatismeavecboiterieset paralysiedesmembres,les
pattespostérieuressurtout,puis rès viæ survientla mort.
Les symptômessemblentidentiquesà ceux provoquéspar certains
hélianthèmes: Helianthemumtunetanum,H. Iippii, H. knhiricum (voir à
Helanthetnum IWi| n' 175).

Dansle Satraraalgérien,les nomadesraitent cettemaladieen menantles


bêæsintoxiquéesdansdespânragesà Genistasaharaeet en leur faisant
desrévulsionsau feu (CHARNOT, 1945).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

226. Arachis hypogaea L.

arachide,cacahuète

Iuwlcaw(!) : pour les gousseset les graines.


qawqaw(Orientalmarocain,Algérie).
I-$amra (Maure, MONTEIL, 1953) (litt.: la rouge) : pour I'arachide
décortiquée,laissantdoncapparaîrele tégumentrougedesgraines.
l-lerbeY(Drq Satraraoccidental,Mauritanie): pour la gousse.
l-gerta Maure) : mot d'originewolof.
fûl sûdânî(fève du Soudan),fil ôbû,-dihn(litt.: fève à huile),fûI marid,
fadik (Arabesdu Nigériaet d'Afriquenoire,DALÆLL, 1955).
Autrefois importée du Sénégal,I'arachideest aujourd'hui cultivée
dansla région du Loukkos sur sols sableuxet inigués.

380
USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, I'arachideest surtoututilisée,à l'état naturelou grillé,


commealiment à hauteénergieet commeaphrodisiaque. On lui alsocie
souventdes amandes,des noix, du miel, du sésameet divers autres
produits. Les formules sont nombreuses: à Tissint, ptr exemple,on
prépareune mixture aphrodisiaque contenantdes grainesd'arachide,des
amandes,des graines d'Ammodnucus leucotrichas,desgrainesde Reseda
villosa.
C'est un aliment prisé, consommégénéralementgrillé. On en fait aussi
des sortesde nougatsau miel et au sucrecaraméliséqu'on donne aux
convalescents.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèce,originaire d'Amérique tropicale mais cultivée depuis
quelques siècles en Afrique Noire, n'était pas connue d'IBN AL-
BAYTAR et de la'Umdat at-tabîbet de AL-WAZIR AL-GHASSANI.
Les autresauteurssembleeux aussine I'avoir pas connu,bien qu'à leur
époque,elle était déjàinnoduiteen Afrique occidentale.

[æs donnéesde la toxicologie


Des tourteaux d'arachideutilisés comme aliment de bétail ont oarfois
causédesintoxicationsmortellesconséquentes à deslésionshépatiques.
L'agent responsablede ces accidentsest un champignon,Aspergillus
flavus Link., dont certainessouchessont virulentes.Ce champignonse
développe,en milieu fortementhumide, sur les coquesde I'arachideau
coursdu stockage.Ce champignonlibère destoxines,les aflatoxinesB et
G q,ri sontdescoumarines (PARIS& MOYSE,1976-1981, p.397-398).

227. Astragalus akkensis Coss.

ssella(!) (poly.).
ke{Ikir, âkahker, teke{kir (Touaregs,VOINOT, 1904 ; SITOUH,
rese).
Plantenon épineuse,endémiquesahariênî€,rare, qu'onrencontredansle
Sud marocain.

USAGESTRADITIONNELS

Cette espèceest utilisée dansle Dra en médecine,mais nousn'avodspu


savoirdansquelleindication.

381
La plante est pâturéepar les dromadaireset les troupeauxet est très
appréciéedesânes.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estmentionnéeparaucunde nosauteurs.

228. Astragalus boissert Fisch. et Astragalus armatus Lam.

zantâz(JbelBou Iblane): pourA. boisseri.


tiwskcn(Ait Yatria BERTRAND,1991): pourA. annatus.
tuknt (Moyen-Atlas,BERTRAND,l99l) : pourA. armatus.
tulelct,ôûkh (valléede la Tassaout,Tadla) : pourA. armatus-
kedôd,gdâd (BERTRAND, l99l) : pour A. armatzs; c'estaussile nom
d'Erinaceaanthyllis (BERTRAND,I 99I ).
lûk d.erbôn(litt.: épinede porc-épic),{ûk r-re'yân(poly.) (litt.: épinede
berger) (région de Manakech).
est communeau Maroc,
Astragalus armafiis, espèceméditerranéenne,
surtouten montague.A. boisseri estconnueau Maroc, en Espagneet en
Sicile.

USAGESTRADMONNELS

Nous n'avonspasrelevéd'usagesmédicinaulpour cesespèces.

En montagne,au Moyen-Atlas,en hiver, quandI'herbedevientrare' ces


au feu puis contuséesà I'aide
plantes, surtout les racines,sont pasSées
â'une grossepierre et donnéesà manger aux bêtes. Ce fourrage vert
seraittrès nourrissantpour elles.

Les épinesde cesespècesserventaux bergersd'aiguillesà rafistoler.


La planteest aussiutilisfu pour couwir les abrisde montagne.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
C'estprobablementdesasnagalesde ce groupequi sontmentionnéesp_ar
IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 68, 2241 ter), AL-
WAZIR AL-GHASSANI (n' 269) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
no 93 et 435) sousle nom d'ôstâ!âIus et qatâd, ce derniervernaculaire
comprenantaussidesasnagalesépineusesà gomme.La'Urndat at'tabîb

382
(n' 2035)les a peut-êtreassimiléà Ononisspinosa.Ia,Tuhfatal-ahbôbne
les mentionnepas.

229.Astragalus gummfur Labill. et auhesAstragalasà gomme

Outre Astragalus gumrniferLabill., d'aufresAstragalzs d'Asie Mineure


fournissentdesgommes.Parmicelles-ci:
AstragalusmicrocephalusWilld.
AstragalusverusOlivier
AstragalusadstringensBoiss.& Haussn.

gommeadragante

kprô (!) : pour la gommeadragante.

Toutes ces espèces sont asiatiques : Turquie, Syrie, Irak, Iran,


Afghanistan.
Elles exsudentnaturellement,ou à la suite de piqûres d'insecteset de
passagesde troupeaux,ou aprèsincisionsprovoquées,une secrétion: la
gomme adragante

USAGES TRADMONNELS

La gomme adragante,importée au Maroc est utilisée, partoutndans le


traitement de la toux et de I'asthme: la posologiehabituelle est d'une
cuilleréeà café de poudre,le soir, diluéedansdu lait chaud.
On I'administreaussipour donnerde I'embonpoint.
A fès, la gommeadraganteétait autrefoisun excipientimportantpour la
préparationde médicaments composés: potions,sirops,juleps, etc.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La gommeadraganæest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,no 1737,1889),la'Umdat anabîb (no I163), AL-WAZIR
AL-GHASSANI (n" 165) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1974,n. 435)
sousles noms de qatâd (pou la plante)et lcafrâ (pou la gomme)..La
Tuhfatal-ahbâbne la mentionnepas.

230, Astragalus lusitanicus Lam.

fwih (!) (litt.: petite fève) : en raisonde la forme desgousses,longueset


renflées.

383
Cetteespèceest communeau Maroc,où elle se reconnaità sesgrosses
fèves.

USAGESTRADMONNELS

Dans la région d'Ouezzane, les racinesfraîches,piléeset mélangéesau


son,sontutiliséesen cataplasmes dansles maladiesdu genouet du coude
(enflures,arthroses,luxations,synovites,etc.). On peut aussifaire des
massages avecla décoctionde la racine.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

231. Astragalus solendri Lowe, Astragalus mareoticus Del.,


Astragalus scorpioidesPour. ex lVilld., Astragalus sp.

On rencontre, pour ces astragaleset d'autres,les vernaculaires


polyvalentssuivants:
grayn le$zâI(poly.) (Souss,BOULET & al., 1991) (litt.: corne de
gazelle).
grayn lekebs(poly.) (litt.: cornede gazelle,de bélier).
herrûb lern'îzOoly.) (litt.: caroubede chèwe).
fil ed-tb (poly.) (litt.: fève de chacal).
jelban lefuîr (poly.) (litt.: petit pois d'ânes).
sella (poly.) litt.: panier) : en raison de la forme de la goussedes
astragales, diviséeen 2 compartiments.
lem$ern (poly.) (litt.: celle qui porte des anneaux): en raison de la
forme recourbéedesgousses.
bû-çenara (poly.) (litt.: celle qui porte des hameçons): en raison des
crochetsportéspar les gousses.
ûmrn-lemneîgi$at(Maure, MONTEIL, 1953) (litt.: celle qui a des
pincettes ; la cardeusede laine) : allusion imagée aux gousses
pubescentes.
fufilat l-'aqreb (Tunisie,BOUKEF, 1986)(litt.: herbeau( scorpions) :
pourA. mareoticus.

ou saharo-sindiennes.
satrariennes
Espècesméditerranéennes,

USAGESTRADMONNELS

Cesastragalessontutiliséespartoutpour faire descataplasmes


émollients.
384
A. scorpioide.s.estappliquélocalementsur les piqûresde scorpions
comme antivenimeux.Cette indication est visiblémèntinspiréepar la
théoriede Ia signature,les crochetsportéspar les goussessuggérantdes
pincesde scorpion.

Cesasnagalessontbroutéespar le bétail,sansdommagesapparents.

DISCTTSSION

Les sourcesécritesarabes
Plusieurs plantes sont mentionnéespar IBN AL-BAYrAR sous les
mêmesvernaculairespolyvalentsque les populationsutilisent au Maroc
mais nous ne-pouvonsdire si I'une ou pltsieurs de nos astragalessont
comprisesdedans,.P_ar Fanque d9 précisionsdansles descriptifsétablis
par cet auteur.La'Umdat at-tabîb(n' 120)les mentionnepeut-êre.Les
autresauteursne les citent pas.

Les donnéesde la toxicologie


Dans des astragalesnord-américainespâturéespar le bétail (A.
atropubescensCoult. & FisherA. canadensisL., A. cibarias Sheldar,A.
convallarizsGreene,a. diversifoliusGray,A. ernoryanns (Rydb.) Cory,
!;_falcatus Lam., A. flexuoszs(Hook.) Dougl.ex G. Don, A. michauiii
(Kuntze) F.J. Herm., A. miser Dougl., A. pterocarpuss. wats., A.
te.trqpterLrfGray,A. toanusM.E. Jones,etc.),on a isolé divers composés
girés. toxiquespour le bétail : le 3-nitro-l-propyl-p-D-glucopyranôside
-
(= miséro-toxine) et d'autres dérivés 3-nitro--propâooyl-D-
glucopyranoses(karakine,coronarian,cibarian,etc.)
on retrouve des dérivés voisins à même structure d'acide 3-
nitropropanoiQuedans d'autres genres et d'autres famiiles : Viola
odorata L. (Violacée-s),Indigollra spicaa Forsk.etI. endecaphyllalacq.
(Fabacées),Coronilla varia L. (Fabacées), Corynocarpus làevigatis
J.R. & G. Forst. (corynocarpacées), Hiptage sp.et Heteropterls sp.
(Malpighiacées).
Dans d'autres asEagales,on refrouve des taux de sélénium élevés,
concenté par cesplantesà partir du sol.
(KEELER & al., 1978).
pTt
.d'autrgs-plys: certainesespècesdu genre oxytropis (un genre
voisin) ont été décritesaussicommeresponsables d'intoxièationsgraves
chezle bétail (KEELER& a1.,1978).
Au Satrar4on a signaléla toxicité de A. vogelii (webb.) Bornm. (voir à
cet articlê, Do 232) et au Fezzan,on a décrit des intoxicationsavec une
autre astragaletoxique : A. femerugis Boiss. (LE FLoc'H, 1983, no
20s).

385
Suivantles espècesincriminéeson a distingué,en Amériquedu Nord, 3
typesd'intoxication:

l. Ie syndrotned'intoxicationpar le sélénium
Certainesespèces(parexempleA. bisulcatus(Hook.) Gray) semblent,en
effet, accumuler dans leurs organesde fortes teneursde sélénium,
prélevé dans le sol. Ce sélénium,une fois ingéré, prend la place du
soufre dans les acidesaminéssoufrésdonnantainsi des dérivés très
toxiques.
Cette intoxication au séléniumpeut être aigue ou chronique.La forme
aigue, rare, se manifestepar de multiples hémorragieset fibroses de
plusieursviscères.La forme chronique,appeléepar les anglo-saxons
"Alkali Disease", est caractériséepar des chutes de poils, une
déformationdes sabots,un renflementdes articulationset une perte
importantede poids (KEELER & al., 1978).

2. le syndromedit "Locowed*Poisoning"
On I'observeavec certainesespècescommeA. lentiginosusDougl. ex
Hook.,A. pubentissimus Torr. & Gray,OrytropissericeaNutt..
L'intoxication se manifestepar une atteintedu systèmenerveuxcentral,
apparaissant aprèsplusieursjours de pânuage.On observealors chez les
animaux intoxiqués un comportement désordonné, affolé, de
I'incoordination des mouvements*des troublesde la vision (vision
désapariée),de I'amaigrissement, des avortementset des malformations
congénitales.L'intoxication serait de type cumulativeet n'apparaitrait
qu'aprèsplusieursjours de contactavecla plantetoxique.
La substancetoxiquen'a pu encoreêtre isolée.Mais il sembleque ces
plantescontiennentdes substances qui ne seraientpas dégradéespar les
enzymesdes lysozomeset viendraientde ce fait se stocker dans les
vacuoles.Il en résulteune vacuolisationet une distrophiedes neurones,
des thyroïdes,des reins,du foie, du corpsjaune, des follicules ovariens,
du placenta,etc. (KEELER& a1.,1978).

3. le syndrorned'intoxicationaux cotnposés nitrés


On en distingue2 formes:
- une forme aigue avec mort en 4 à 20 heures,se produisantavec des
plantesrichesen composés toxiques;
- une forme chronique où la mort survient après plusieursjours, se
produisantavecdesespèces contenantmoinsde composés nirés.
La maladie se caractérise par de la faiblesse générale,une grande
incoordination,des tremblementsdus à une atteinte du S.N.C., des
troublesde la vision, un souffle audible,de la cyanosepuis survientun
collapsuset la mort par défaillancecardiaqueet pulmonaire.
Le taux de méthémoglobine dansle sangs'élèvede plus en plusjusqu'àla

386
Il sembleque, dansI'organisme,les composésnitrésprésentsdansces
plantessontmétabolisés en 3-NPOH(= 3-niro-l-propanol)et en 3-NpA
(= acide 3-niropropanoique),moléculesqui sont hautementtoxiques
pour le S.N.C.et pour I'hémoglobine.
L'expérimentationsur le lapin a montréque les composésnitrés des
astragales,comme la misérotoxine,sont métabolisésdirectementen
nitrites inorganiques qui vont aller modifier I'hémoglobine en
methémo_globine. L'injection immédiate de bleu de métÈylènepeur
prévenir I'apparitiondes signescliniques chezle lapin. Maia les eJsais
montrentque le bleu de méttrylènen'estpasun antidotepour le 3-NpoH
formé dansle rumendesruminants.
Des étudesrécentesont montré que I'acide aspartiquepouvait être un
précurseurimportant du 3-NPA.
Les composésnitrés ont été retrouvésdans toutes les parties des
astagalestoxiques.I^atoxicités'abaissequandla plantesèche.
(KEELER & al., 1978).
* "Locowed"estle nom aux u.S.A. desAstragalzset desorytropis
fourragers.

232. Astragalas vogelii (Webb.) Bornm.

!.têr,$ê, ôlâ1,âlrilâl (!) (danstout le Sahara): ces termes désignent


aussid'autresastragales (A. cruciatusLink. A. pseudotiganusBatt. &
Trab.).
l-fentâr (!) (Saharaoccidental): pour les graines,mais aussipour la
plante.

Cet arbuste est un endémiquedu Satraracentral et occidental. Il est


fréquentdansle Tiris et la SaquietEl Hamra.

USAGES TRADMONNELS

Aucun usagerecensé.Nous citons la plante pour mémoire car elle est


connuedesnomadespour sa toxicité à l'égarddu cheptel.

TOXICITÉ

A l'état frais, c'estun pâturagerecherchépar le chameauen raisonde sa


sève abondante.Brouté en excès, ptr fortes chaleurs, il entraîne
cependantune maladie appeléeôfuydal par les nomadesdu Sahara
occidental (MULLERO, 1945).Cette intoxication se manifestepar des
troubles digestifs, en particulier des météorismes,accompagnésde
désordresnerveuxet de congestioncérébrale.

387
A l'état sec, la plante est encoreplus toxique : elle provoquechez les
bêtesune maladiesouventmortelle,appeléel-gergâr (MONTEIL, 1953)
et dont les symptômesrappellent- mais en plus graves- ceux de la
maladieprécédente.

Il sembleque le toxique soit localiséprincipalementdansles graineset


qu'il ne s'y développede manièreimportanteque lorsquecelle_s-ci se
dessèchenl.C'est en souvenir de la grande intoxication, d'allure
épidémique,qui décima,dansla région des sourcesde la SaquietAl
Fiamra,fus trôupeauxdes nomadeslzarguiyen, que I'annêe 1928, au
'âm l-fentâr
cours delaquelle-seproduisit cettecalamité,fut dénommée
(litt.: I'annéedel'Ast:ragalusvogelii)(BELLAKIIDAR & al., 1978).
(Sur la toxicité, voii aussiarticleprécédent,n" 231).

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estmentionnéepar aucunde nos auteurs.

233.Astragalus divers à grainescomestibles

AstragalusbaeticusL.
AstragaluscaprtnusL.
AstragalussesameusL.
AstragalushamosusL.

A. baeticus est une espècede Méditerranéeet de I'Ile Madère ; A.


caprinus est méditerranéenne ; A. hamosusest une espècede
Mêditenanêe, des Iles Canarieset de I'Ile Madère ; A. sesarneusse
renconÛeen Afrique du Nord et en Europedu Sud-Ouest.

krimbû!, krembû,S (!) (poly.) : Lotus edulisL., dont les gousses,vertes


et tendres,sontaussiconsommées, portele mêmenom.
grayn legât, grayn lekeb! (litt.: cornede gazelle,de bélier).

USAGESTRADTIIONNELS

Les goussesde ceses@cescontiennentdes-grarnes*,à goût de petit-pois,


que ies bergerset lesènfantsconsommentà l'état cru, partouten Afrique
du Nord.
GATEFOSSÉ(1921)les a mêmevu vendreau soukd'Essaouira.

DISC[JSSION

Les sourcesécritesarabes
388
Cesespè_ces ae sont apparemment pasmentionnées distinctementpar nos
auteurs.La ',Umdatat-tabîb (n" 396) les a peut-êtreassimiléà deijetban
(petitspois) sauvages.
* En Algérie et en Europeles grainesd'A.baeticus
et d'4. hamosusétaient autrefois
y{lqgo pour fabriquerun succédané de café (LE FLoc'H, 1983,no 2M; BONNIER,
1934).

234. Baphia nitida Lodd. et Baphia pubescens Hook.

camwood
camwooddu Bénin
'ûd pbaga sûdânî(poly.) (lin.:
bois de teinture).

Espècesd'Afrique Noire Eopicale,fournissantdesbois tinctoriaux.


C'est le plus ancienbois de teintureimporté de I'Afrique occidentaleen
Europe (DALZreL, 1955,p. 232)mais aussiau Maroc. Il supplanta,en
partie, le bois de sappandes Indes (dit "du Brésil" ou "brésillet des
lndes" : Caesalpinia sappan L.) puis fut lui même remplacépar les
"logwoods" d'Amérique (bois de campêche: Haernatoxylon
campechianurn L. ; bois du Brésil : Caesalpinia crispa L. ; bois de
Pernambouc: CaesalpiniaechinataLarn.).
Le camwood* fut surtout exporté vers I'Europe à partir de la Sierra
Leone et de la Côte d'Ivoire, sousforme de petiæsbûchesdébitéesdans
le coeur du bois qui contient la matière colorante(Renseignements
Coloniauxno 6, 1901,p. 120).

La chroniquehistoriquemarocainementionne,sousle nom de "bois de


teinture",un produit qui était importé d'AfriqueNoire par les caravanes.
Le pacha Jounder, commandantI'armée marocaineau soudan, en
envoya, en 1594, une certainequantitéau Maroc, dansun convoi de
produits précieux destinésau Sultan Saâdien (JACQUES-MEUNIÉ,
1982, p. 794) : il s'agissaitvraisemblablementde camwood ou de
barwood.

C'estun bois lourd, qui coule dansl'eau,dur et résistant,avec lequel les


Africains font aussi des pieux, des chevrons,des pilons, des cannes
(DALZreL,1955,p.232).
On lui substitueparfois le "barwood"qui est produit par Pterocarpus
erinaceusPoir.,P. soyauxiiTaub.,P. osunCraibetP. abyssinicus Hochst
(taraya en arabedu Soudan)qui sont comprisaussidansles "redwoods"
("bois rouges")et qui fournissentégalementdeskinos (le kino de Garnbie
est.fourniptr P. erinaceusPoir.).

389
Le colorantde cesbois est insolubledansI'eau- à la différencedesbois
rougesd'Amériqueet d'Asie- maisfacilementsolubledansles alcalis.

USAGESTRADITIONNELS

Ces bois étaientauhefoisutilisésau Maroc en teinture.Ils furent très


rapidementévincéspar les logwoodsd'Amérique.
D'aprèsMAUCHAMP (s.d.), à Marrakech,au début de ce siècle, on
utilisait de la sciure d'un bois de teinture,délayéedansde I'huile, pour
colorer les cheveui en noir : il pounait s'agirde camwood(en présence
de selsde fer ?) ou de bois de Campêche(voir à Haematorylon, n' 158).

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabeset la Eaditionafricaine


Cesbois tinctoriauxne sontmentionnéspar aucunde nos auteurs.
Mais ils sont connusde la traditionafricaine.On trouve,en effet, sur les
marchésafricainsdesboulesconstituéesde poudrede "camwood"ou de
"barwood" imprégnéede kino, pétries avec de I'huile de palme ou du
beurre de karité. Les Hawsales commercialisentau Satrelet au Satrara
sousle nom de majigi. Cesboulessont utiliséeslocalementpour teindre
le coton, la laine et les textiles, comme colorantcorporel et produit
cosmétique.On utilise aussicesbois en teinturesousforme de bûchettes
(DALZIE,L, 1955).
* le nom anglaisdece boistinctorial vient du vemaculairelocal (Sienalæone): Iam.

235. Cicer arietanum L.

pois-chiche

l- lomm s, l-lornme.s( !).


îkiker (!) (berbère)"
Inrnrneslenlô (Rif) (ttt.: pois-chichefemelle) : pour la variété à grains
jaunesvolumineux.
hammesilca, (Rifl (itt.: pois-chichemâle) : pour une variété à grains
plus petits,ridés, de couleurrougesombreà brun.

Le pois-chicheest cultivé partoutau Maroc commeplanteviwière.

USAGESTRADITIONNELS

Les pois-chiches,salés,tonéfiéset réduitsen farine, sont très utilisés,au


Marôc, et partout en Afrique du Nord" commealiment à haute énergie.

390
Ils sontréputés,en effet, revigorantset aphrodisiaques.Une alimentation
riche en pois-chichesest conseilléepour faire groisir une femmeou un
enfantmaigre.
En usageexterne,la poudrede pois chichesest utiliséepour faire des
emplâtresmaturatifs. Elle sert aussi de véhicule à diversesplantes
appliquéesen cataplasmes anti-venin.
A Tissint, la poudrede pois-chiches,mélangéeau tal$ût (café à basede
noyaux de dattes),est prisp comme antidiarrhéique.Les racines,en
fumigations,y sontutiliséesconEeles douleursdesdentset desgencives.

La farine de pois-chichesdésydratésest très utilisée,en alimentation


humaine,pour faire des bouillies. Dans le Tangérois,on fait aussi des
galettesde pois-chichesaux oeufs(karantitaf) qui sontvenduesdansles
rues,détailléesen tranches.
Les tiges et les feuilles sèchesserventde fourragepour les animau:r.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le pois-chicheest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-
1883, n' 696) longuement,et par ABDERREZAQGECLERC, 1874,
no 341) sousle nom de Inmmes.

236. Crotahrta saharae Coss.et Crotafurta vialattei Batt.

crotalaire

I-fûla, l-fwila (!) (litt.: la fève) (satraraoccidenral,Drq Satraracenfial)


ôfarfar (Touaregset Sud algérien, VOINOT, 1904 ; QUEZEL &
SANTA, 1962-1963; SITOLJH,1989)
nataY(Egypte,BO{.JLOS,1983): pour CrotalariaaegyptiacaBenth.

Crotalaria saharaeest une endémiquesaharienne. C. vialanei a une aire


plus réduite : c'estune endémiquedesconfinsalgéro-marocains.

USAGESTRADITIONNELS

Partout dans les régions satrariennes,la crotalaireest appliquéeen


cataplasmessur les morsuresde scorpion.
La planteest connuepour satoxicité.

TOXICITÉ

39r
C. saharae est considérépar les nomadescomme un bon pâturage
lorsqu'elleest brouté fraîcheet modéremment.Ce pâturagefavoriserait
même la sécrétionde lait chez les chamelles.Mais prise en excèsou à
l'état sec,il provoquechezles animauxde gravestroublespouvantaller
jusqu'àI'issuefatale.C'estdoucun pâturageplacésouscontrôlepar les
nomades(BELLAKIIDAR & al.,1978; VOINOT, 19@).
Pour I'homme,le dangerde cetteplantevient de ce qu'elle poussetrès
souventdansles champsd'orgeet de sorgho.Elle estdoncmoissonnéeen
même temps qu'eux et sesgrainesse retrouventdonc mélangéesaux
céréales(BELLAKIIDAR, 1978).

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
Nous n'avonspas trouvé mention de ce genredans les textes arabes
anciensquenousavonsconsulté.

Iæs donnéesde la toxicologie


C'estune espècevoisine,C. retusaL. qui a êtêle plusétudiée.
Les grainesdes Crotalaric contiennentdes basesestersd'alkylamineet
desalcaloidesdu groupede la pyrrolizidinequ'onreEouveaussidansles
Senecio, certainesBorraginacées,le genre Alafia de la famille des
Apocynacées et d'aufiesLégumineuses(genreCytisusnotamment).
Parmi ces alcaloïdes,la monocrotaline,la dicrotaline,la fulvine, la
spectabilineet des moléculesdérivées: la retrorsine,la rétronécine,la
retronécineN-oxyde,la rétusamine,la rétusine.
La teneurtotale des alcaloidesdansles grainesest en moyennede 1,87o
maispeut atteindrejusqu'àl2Vodansdesespèces brésiliennes.L'alcaloïde
le plus importantest toujoursla monocrotaline qui donnepar hydrolyse
de la retronécineet de l'acidemonocrotalique.
(DELAVEAU, 1974; KERHARO & ADAM, 1974 ; KEELER & al.,
r978).
On sait aujourd'huique les alcaloidespyrrolizidiniquesdes Crotalaria
libèrent des métabolitespyrroliques qui entraînent,en moins de 4
semaines,une sévère pneumonie,parfois mortelle, avec atteinte des
plèvres, épanchementset oedèmes.En même temps peuvent se
développer des signes d'hépatotoxicité grave avec nécrose
hémorragiques,hyperEophiedu parenchymeet occlusion de la veine
hépatique(V.O.D. = veno-occlusivedisease); dhypertrophiedes reins
avécélevationde I'urémie; lésionsoesophagiennes ; atteintesvasculaires
et Eoublesdu systèmenerveu( cenEal.
Certainesespècesde Crotalaria (parexempleC. retusaL. de I'Australie)
ne développentapparemmentpas de syndromede néphrotoxicitémais
seulement,ou principalement,deslésionshépatiques: cette intoxicàtion

392
est connueen Australiesousle nom de "maladiedeschevaux"(KEELER
& al., 1978).

Certainsanimaux(les cochons,en particulier)présententune plus grande


sensibilitéau toxiqueque d'autres.
A signalerque les alcaloidespassentdansle lait desanimauxintoxiqués,
rendant ce produit dangereuxet susceptiblelui-même de reproduiie la
maladie.

Chez I'homme,aprèsingestionde grainesde Crotalaria mêléesaux


céréalesou prises commemédicament,on a observédes cancersnaso-
pharyngéset digestifs,deshépatitesavecocclusionsde la veinehépatique
et acites,desvaricesoesophagiennes.
Dans plusieurs régions du monde,en particulier en Afghanistan et en
Inde on a signalédesintoxicationsépidémiques,
avecatteintehépatiqueet
ascite,chezdes villageoisqui avaientconsommédesgrainesde diverses
plantesà alcaloidespynolizidiniquesmélangéesà descéréales(voir aussi
à Heliotropum bacciferum,no 116).

On a reproduit I'intoxication artificielle chezle rat en injectant de la


monocrotaline.On a pu ainsi observerI'apparitiondes signessuivants:
oedèmepulmonaire, hydrothoraxavec acite, nécrosehémorragiquedu
foie (KERHARO & ADAM, 1974).
Le toxique agit par action antimitotique sur les cellules : il a été
démontré,in vitro, eue la déhydromonocrotaline provoque,pil cross-
linkage, des interactions entre les brins des acides nucléiques
(DELAVEAU, t974).

Les alcaloidestoxiquesseraientrelativementbien éliminésdesgrainesde


Crotalaria par trempage de celles-ci, cuisson et lavage, suivi de
fermentation(F.A.O, 1964).

237. Dalbergia melanoxylon Guill. & Perr.

ébénierdu Sénégal,faux ébénier

sângo(Tissint, BELLAKHDAR &, al.,1992).


sângo (Satraraet Maurit4nie,t ÉON L'AFRICAIN dans RENAUD &
COLIN, 1934,n" 24).
îsgôren en-îlem!ân (berbère; 'Umdat at-tabîb,no I ; AL-WAZIR AL-
GHASSANI,n" 17) (litt.: bois desNègres).
âbnûs,yabnûs(classique,Fès, AL-WAZIR AL-GHASSANI n' 17) : à
I'origine, ces appellationsdevaientcertainements'appliquerà l'ébène
vrai et à Albiuia lebbekV/illd.

393
sôsim ( AL-V/AZIR AL-GHASSANI n" 17) : peut-êtrepour un faux-
éb,ène.

L'ébène vrai est produit par des arbres tropicaux du Gabon et du


Camerounappartenantaux genresDiospyroset Maba, et principalement
Diospyrosuassitlora Hiern (EÉnacées)(IGRHARO & ADAM, 1974)
et par le DiospyrosebenuruKoenigde I'Inde(CHOPRA& al., 1956).
Au nombredesfaux-ébéniers(espèces à bois dur et noir), on range :
- Diospyroslotus L. (Ebénacées),le plaqueminierlotier d'Asie Mineure ;
- Albizza lebbek Willd. (Mimosacées),originaire de I'Inde mais
aujourd'huiacclimatépartouten Afrique ;
- CytisuslaburnurnL. (Fabacées), le faux-ébénierd'Europeou aubour;
- AnthylliscreticaWilld. (= EbenuscreticusL.).

USAGESTRADMONNELS

En médecinetraditionnellemarocaine,on utilisait autrefoisla sciurefine


et les cendresdu bois d'ébènepour faire descollyressecs,le plus souvent
dansdesformulesdu type du k4ô1.

Le bois brut, ainsi que des objets fabriquésen ébène* (des pipes, des
braceletset des chapeletsincrustésd'argent)étaientimportésdu Soudan
par les caravanes(BELLAKIIDAR & al., 1992).Une partie de ce bois
brut ou ouwagé était réexportéevers I'Europe.
Les bois d'ébèneservaientà faire desminbar dansles mosquées,des
coffres et divers petits meublesde luxe. En raison de son coût élevé,il
était souvent falsifié par du bois de pistachierde I'Atlas teint en noir
(AL-WAZIR AL-GHASSANI, tro l7). Les ébénistesd'Essaouirale
remplacentaujourd'huipar du bois de racined'Acaciagummiftra ou de
tizgha, noirci par huilage.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Les bois d'ébènesont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, Do9), la ',Umdatat+abîb(no 1), AL-}{AZR AL-GHASSANI
(no 17),laTuhfat al-ahbôb(n" 24) et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,
no 119)souslenomdeâbnûs.
* C'estcebois(Dalbergiamclarcrylon)qui estutiliséparlesartisans pourla
sénégalais
et destatuettes.
fabricationdemasques

238. Genista saharaeCoss.& Dr.


genêtdu Sahara

394
I-mer!, lemra!(!) : c'estaussile nom du Genista linifulia L. de la
Mamoraet d'HedysarumargentatumMure.
tellegit (Sud algérien,QLJEZEL& SANTA, 1962-1963).

Cetteespèce,endémiquesaharienne,
serenconEedansle Sudmarocainet
le Satraraoccidental.

USAGESTRADMONNELS

Au Sahara,les nomades dont les dromadairesont été intoxiquéspar les


Helianthernurnet parAnthyllis sericeaLag. ssp.henoniana(Coss.)Maire.
les conduisenten cure de désintoxication dansdes pâturagesde jeunes
poussesde G. saharae.Ce fourrage,en vertoseraitaussirecommandé
dansles maladiesde I'appareilpulmonairedu dromadaire.

TOXICITÉ

La planteest toxiquepour les dromadaire,surtoutà l'état sec.D'aprèsles


éleveurs sahariens,elle agit en bloquant la fonction urinaire (tabsîr =
rétention urinaire). Le canal de I'urèEe est obstruépar uo Uoutnoo
blanchâre, dur, que les nomadesdégagenten le refoulant à I'aide d'un
brin de drîn (Aristida pungensDesf.), graissé,soit en faisant pratiquer
par desbergersexercésune forte aspirationbuccale(CHARNOT, 1945).
Cette toxicité n'empêchecependantpas d'autrestribus nomadesde
considérerle pânuageen vert du Genistasaharaecommebénéfiquepour
les dromadairesdanscertainesintoxicationset maladies(voir $ "Usages
traditionnels").

La plante pourrait renfermerdes alcaloideschinolizidiniquescommela


cytisine, I'anagyrine,la spartéine,la lupanine(FROHNE & PFANDER,
1982).

DISCI.]SSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espècen'estmentionnéedansaucundestextesarabesanciensque
nous avonsétudié,exceptéla'Umdat at-tabîb (n" 1362)pour laquelle
nousavonsun doute.

239. Glycynhiza glabra L. et Glycynhiza foetida Desf.

réglisse

395
'arq as-sûs(!) (litt.: la racine
du Souss): car autrefoisla réglisse
provenaitdu Souss.

On trouve aujourd'huiencoredansle Sud du Maroc, quelquesstations


de réglissesauvage(G. foetida), et par ci par là, quelquespiedsde G.
glabra échappés d'anciennescultures,notammentdansle Gharb.Au G.
foetida, un peu amer,on préfère le G. glabra, plus doux, importé au
Maroc de Turquie.

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, la réglisseest indiquéedansles enrouementsde la


voix, les affections de la gorge et des poumons,les gastriteset les
douleurs abdominales,les désordresdus à "l'excès de bile jaune et
d'anabile" : le Eaitementconsisteà boire, le matin à jeûn, une décoction
d'unecuilleréeà café de poudredansun verred'eau.
La décoctionse prend aussien boissonrafraîchissanteet réhydratante,
l'été et spécialement"
dansle Sud,au coursdesoperationsde labour.
Mais les rhizomessontsurtoututiliséscornmebâtonà mâcher.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
La réglisseest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 305, 1250, 1640,1536),la'Umdat at-tabîb (n" 1799),AL-
TWAZIRAL-GHASSANI (n' 296), la Tuhfat al-ahbâb (n" 375) et
ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n'825) sousle nom de'ûd sûs,sîrs,
$lûqû,rîzâ.

240. Indigofera divers

Indigofera argenteaBurrn F.
I ndigofera sernitruja Forsk.
Indigofera arrecta Hochst.ex Rich. (= Indigoferatinctoria A. Chev.)
Indigofera sp.

indigotier
nîla, ônî\, nî\, nîlenj (!) (mot persansignifiant"bleu") : c'estachrellement
le nom porté par I'indigo dans tout le Maroc, que ce soit la plante, la
teinhrrenaturelleou I'indigo artificiel. Cetteappellationest aussiéændue
à l'outremer(colorantminéral synthétique)et à d'autresplantesdonnant
desteinturesbleues(Chrozophoratinctoria (L.) Juss.,IsatistinctoriaL.
l-gâra (Saharaoccidental): du mandé(dialecæafricain)gara ou gala.
ttêîhôn(Tekna,Maure,MONTEIL,1953 : BIROUK & al., 1991)(litt.:
la rate).
396
tajâo (Maure,Niger ; MONTEIL, 1953): pourI. semitruja.

Le ggnreIndigofera est répandudansles régionsropicales d'Afrique et


d'Asie. I. arrecta est normalementune espèced'Afrique orientale,I.
argenteaest répanduedanstoute I'Afrique tropicale;I. semitrujaest une
espèced'Afrique et d'Asie Eopicale.Les indigotiers sont aujourd'hui
acclimatésdansdiversesrégionsdu monde.

LEs ANCIEÏ.INES
CULTURES
DE L'nlDIGo Au MARoc ET soN
INDUSTRIE

L'indigotier était aufiefois cultivé dans le Dra (AL-IDRISSI, XIIème


siècle-; IBN KHALDOUN ; LÉON L'AFRICAI.{), dans le Souss(à
Tidsi) (LÉoN L'AFRICAIN), dans te Tafilalét (MARMOL in
JACQUES-MEUNTE,1982)et dansle Touât,jusqu'audébutde ce siècle
(Rev.Bot. Appl., ro 133-134,1932).
Les gensdu Sud savaientnon seulementle cultivermaispossédaient aussi
I'art d'extraire la substancecolorante (IBN KHALDUN, PASCON,
1983).Les techniquesde fabricationont été apprisespar les nomades
saharienset les oasiensau contactdesNoirs*.
L'indigo marocain était particulièrementrecherchépar les marchands
anglais et normands.En 1575, I'Angleterreimportait du Marcc 7,25
quintaux d'indigo naturel(HISTOIRE DU MARoc, 1967). Cettepetiæ
industrieflorissantedansles oasisdu Saharaet du Sud du Maroc n'a
disparuque sousle coup de la concrurencedesproduits indiens,moins
cherset de bien meilleurequalité. Dès le xVtrème siècle,on trouve, en
effet, dans les archives diplomatiquesmarocaines,la mention de
I'importation de I'indigo naturel, de Cadix, sous le nom "d'indigo
guatimala". Au XD(ème siècle cette importation se poursuit, mais en
provenancede I'Inde.

La matière colorante ne préexistepas dans la plante. Elle apparait


seulementà la suite de réactionsfermentaires. Aprèsbroyage,les feuilles
sontpétriesen painsou en boulesqui sontséchées et conservésà I'abri de
lhumidité. Au moment de I'emploi, ces pains sont mises à macérer
quelquesjours dans de I'eau alcaline,dansdes cuvesou des trous faits
dans le sol. L'indican (le précurseurde la matière colorante) qui est
incolore, s'y dissout. Il se produit une hydrolyse enzymatiquequi
dédoubleI'indicanen glucosideet indoxyle.La solution,pil agitationou
battage, passe de I'incolore au vert puis au bleu par suite de la
transformationde I'indoxyle en indigotine sous I'action de I'oxygène
apportépar I'aérationet est prête à servir de bain colorant.On peut aussi
tremperles étoffesdansla solutionincolorepuis les exposerà I'air qui
les colorentpetit à petit en bleu.

397
Les nomadesdu Sudmarocainaisi queles Ratrmnaappellentla cotonnade
de couleurindigo (dite encore"guinée")l-lent I-âkIMl.

Au débutde ce siècle,on touvait à Fès,du bleu de lessiveen boulequ'on


appelaitaussinîla (Renseignements Coloniaux,no 8, août 1905)et qui
pennettaitde rendrele linge plus blanc.
I-e,nîl (ou braya) des potiers et des céramistesest du smalt (dérivé de
cobalt, voir cet article) ou un outremerminéralartifïciellementfabriqué
en Europe(silicatedoubled'aluminiumet de sodiumcontenantdestraces
de fer et du soufre).

USAGESTRADMONNELS

Autrefois, dans le Satraraoccidental,la décoctionde I'indigotier était


surtout utilisée pour soignerles plaies et diversesmaladiesde la peau.
Elle était aussiemployéedansle traitementde la toux. I-e jus de la plante
était indiqué commecollyre dansles ophtalmies( d'aprèsun vieux taleb
mauredu Satraraoccidental).
La colorationbleuenoirâtrelaisséesur la peaupar les vêtementsteints à
I'indigo, et dont les nomadessonttrès fiers,est réputéeimmunisercontre
les maladiesépidémiques.
En raisonde sa couleurbleu, I'indigo a la réputationd'exercerune action
prophylactiqueet de protégerdesmauvaises actions.
Sousle nom de nîIafassiya,on utilise,dansles fumigationsconjuratoires,
un colorant bleu qui n'est plus aujourd'huide I'indigo naturel mais
probablement de I'outremer minéral synthétiqueutilisé par les
céramistes.
D'après MATHIEU & MANEVILLE (1952), à Casablanca,I'indigo
artificiel (bleu de lessive)est utilisé, par voie orale,commevomitif, seul
ou mélangéà de la menthevertehachéeet du vinaigre ; on le boit aussi,
délayé dans de I'eauocolnme prophylactiquedes mauvaissorts et pour
annulerI'effet dessortilèges.

Quand l'Indigofera semitruja se dessèche, il secrèteune matière sucrée


qui couleà la baseet forme un bloc avecla terre.Les nomadesmauresla
récoltent,la font dissoudredansde l'eauchaude,filrent la solution ainsi
obtenuepuis la concentrentau feu ou au soleil. Ils obtiennentainsi un
édulcorantnaturel.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
L'indigo est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883'
'Umdat at'tabîb (no 1523, 1678), AL-
n" 214, 722, 1562, 2244),la
WAZIR AL-GHASSANI (no 106),la Tuhfatal-ahbâb(no 132,292) et

398
ABDEREZAQ (LECLERO,1874,no 400, 5ss ) sousle nom de nî\,
nîlenj, 'iflim.
En régle générale,dans les livres de médecinearabe,une certaine
confusionrègneentrelTndigoet le pastel(IsatistinctoriaL.).

Les donnéesde la toxicologie


9"r plantes sont considéréescomme de bons pâturages,surtout
I. semitruja.mais certainesespèces présententdesdangers.
on possèdg,9o effet, sur certainesespècesd'lndigofera, quelques
donnéestoxicologiques.
Dans les feuilles d'Indigofera spicata Forsk., on a frouvé des amino-
acidestoxiques: I'indospicine(0,1 à 0,5vodanslaplante sècheet 0,1 à
27o dansles graines)et la canavaninequi ont tous deux une structure
proche de I'arginine. Ces 2 acides aminés agissentcomme des
antagonistgsdg I'arginine,en inhibant I'arginasedu foie et I'arginine
décarboxylasedel'Echerichia coli.ls perturbentdoncle métabolismede
l'argi-nine.L'intoxication chez le bétail alimenté avec cette espèce
dTndigotierse caractérisepar deslésionsimportantesdu foie.
Une auEe espèce,Indigofera linnaei Ali, a été décrite comme toxique
pour les equidésmais non pour les ruminants.
(KEELER & al., 1978).
* Les Noirs saventencorsprÇparer.l'indjgo
à partir de différentesplantes(Indigofera
arrecta L., I. semi@p_Fgry\r,IndigoferaargenteaL.,Ianchoèarpuscyanescens
Benth.,erc.)(DALZIELL, 1955).

241. Lens calinarts Med.

lentille

la'des(!).
tiniltît, tilintît ( !) (Souss,LAOUST, 1920 ; BERTRAND, l99l )
(Kabylie).

La lentille est cultivéepafiout au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partout,la consommationde lentilles est reputéeaméliorerla mémoire;


la soupe de lentilles avec du fenugrec est donnéeà manger pour
augmenterla lactation.
Sa farine cuite avec un peu de vinaigre sert à faire des cataplasmes
maturatifsdesabcèset furoncles.
Elles ont la réputationde rendrele sangmoinsfluide.

399
Les lentillessontemployéessurtoutdansI'alimentation. Le Coran(S. 2,
v. 58) en fait mention.
Les berbèresde la Vallée de la Tassaoutpréparentunebouillie composée
(urkimen) de lentilles,d'orge,de marset de millet qu'ils considèrent
commefortifiante.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
La lentille est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 350, 1518),la'Umdat at-tabîb(n" 1629)et AL-WAZIR AL-
GHASSANI(n" 223) sousle nom de 'adasetbolsun.LaTuhfatal-ahbâb
et ABDEREZAQ ne la ciæ pasprobablementparcequ'ils I'ont considéré
commeun simplealiment.

242. Inthyrus divers

Lathyrus clymenumL.
I-athyrusaphacaL.
Iathyrus ochrus(L.) D.C.
LathyrussativusL.
LathyrusciceraL.
I-athyrus sylvestrisL.

gesse
bû-qrûn,jelbân bû-qrûn(!) (litt. : le poiscané).
jelbâna (poly.)(litt.: petitpois).
jelbânat lelnôS (!) (Gharb,OuedMallah) (litt.: petit pois de serpents).
rik lelmâ.I (Gharb).
îkiker îgdnd (Souss,LAOUST, 1920).
z-zîn û l-bhô (!) : pour le pois de senteur(LathyrusodoratusL.), cultivé
à desfins décoratives.

Ces espècessont toutes méditerranéennes à I'exceptionde L. sylvestris


qui est européenneet caucasienne.Mais plusieurs espèces sont
aujourdhui cultivéessur tousles continents.
Au Maroc, Lathyrusodoratuset L. sylveslrussont cultivées,Lathyrus
sativus est à la fois subspontanêeet cultivée,les auEesespècessont
spontanées.

USAGESTRADITIONNELS

Les grainesde gessesétaientconsommées par les populationsrurales,en


période de disette, sous forme de bouillies et de farines, provoquant
parfoisune intoxicationappeléelathyrisme.
400
Mais c'estsurtoutdesalimentsde bétail.

TOXICITÉ

Les gessessont responsables d'uneintoxication,le lathyrisme,dont des


casont été observésau Maroc chezI'animalet, autrefois,chezlhomme.
Le lathyrisme se manifestepar une paraplégiespasmodiquequi se
développeen 4 jours à quelquesmois. Les espècesincriminéesdans
I'apparition du lathyrismesont nombreuses, notammentL. sativusL.
(gessecultivée),L. cicera L. (gessechicheou jarosse),L. odoratusL.
(poisde senteur).

CHARNOT (1945) décrit les symptômesdu lathyrismeainsi : d'abord


des fourmillements dans les orteils, des difficultés de marche, une
diminution de la force musculaire,des réflexestendineuxexagérés,des
tremblements,de la fièvre, de I'incontinenceurinaire et des douleurs
lombaires.Petit à petit, les gros orteils se recroquevillent,les ongles
s'usent.Pendantla marche,lesjambessontdéjetéesà droite ou à gauche.
Une fois installée,la paraplégiedevientdéfinitive,saufen de rarescasoù
on a observéla regressiondesEoubles.

Parmi les animaux,ce sontles volailles,les porcset les chevauxqui sont


les plus atteints: on observerapidement,chezeux, une paralysiedu train
postérieurou une paraplégieincomplèteet une paralysiedesmusclesdu
larynx avecdyspnéepuis asphyxie.(CHARNOT,1945).

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Les gessessont mentionnées par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 28'1,495,784,817),la 'Umdatat-tabîb(n" 396),AL-WAZIR
AL-GHASSANI (n' 8l) sousles nomsdejelbân (commeune variété de
pois). et de berTâ(mot dérivédu persan).La Tuhfat al-ahbâb(n" 222)
les a. assimilé vraisemblablementà Vicia Ervilia (L.) Willd.
ABDEREZAQne les mentionnepas.

Les donnéesde la toxicologie


Les agentsresponsables de la toxicité desgessessontdesdérivésd'acides
aminés:
- le béta-aminopropionitrile (BAPN) qui exisædansla plantesousforme
de béta-(gamma-L-glutamyl)-aminopropionitrile et qui estresponsablede
I'ostéolathyrisme.Cette substancese rencontredans les graineset les
feuilles de L. sylvestriset L. odorafrs maispasdansL sativus.
- I'acide gamma-N-oxalyl-L-alpha, béta-diaminopropionique (ODAP)
responsabledu neurolathyrisme'et que I'on Eouveà des taux de 2,57o,
avec son isomère alpha-oxalyl,dans les grainesde l. sativus. On

40r
renconEeégalementcet acidedansles grainesde certainsCrotalaria et
Acacia.(BRUNETON,1993; KEELER& al., 1978).
La lathyrine (ou tingitanine),à noyaupyrimidine,participeaussi à la
toxicitéainsiqued'autresacidesaminés(PARIS& MOYSE, 1976-1981).
Un autreacide aminétoxique,I'acideL-alpha,gamma-diaminobutyrique
se renconEe,à desconcentrations allantjusqu'à1,57o,dansles graineset
danstoute la plante de L. sylvestrisL. Cet acideaminéinterfère dansle
cycle de I'urée chez les mammifèreset provoque une intoxication
ammoniacale(KEELER & al., 1978).

le lathyrisme
On divise aujourd'huile lathyrismeen 2 syndromes:
- le neurolathyrismequi atteintles hommes,les chevauxet les bovins et
qui est observédansles régionsoù les grainesde gesseoccupentune part
importantedansI'alimentationhumaineet animale;
- I'ostéolathyrisme,
à prognosticmoinsgraveet qui atteintles hommeset
les animaux.

semanifestesurtoutpar descéphalées,
ChezI'homme,le neurolathyrisme
une raideurdesmembresavecune diminutionde la force musculairedes
de leur paralysie.Parfois,on observe
jambes, suivie, progressivement,
aussidesconwlsions.Cet ensemblede symptômeschezlhomme est lié à
une atteintemédullaire.

Dans I'ostéolathyrisme,la déformationdes insertions osseuses,les


disjonctionsligamentaireset les déformationsosseusessont liées à une
atteintebiochimiquedesconstituantsdu collagèneet de l'élastineet à un
manque de cohésion entre la matrice du cartilage et les plaques
épiphysaires.
(BRLJNETON,1993).

243. Lotus jolyi Batt.

lotier

û.mrn-Inllû,s(!): les nomadesont étenduce vernaculaire à tous les Lotus


sahariens: L. assakensis Coss.,L. clnzaliei Boiss.,L glinoidesDel., L.
rondairei Ed. BonneLL arabicusL.
âfêS : c'est en réalité le vernaculairepropre à Z. glinoides mais il est
souventétenduà L. jolyi.
habaliya (poly.) (litt.: celle qui rendfou) (Algérie,QUEZEL & SANTA,
1962-1963).
netla (poly.) pour les autresLotus (L. arenarius Brot., L. fnaroccanus
Ball., L. parviflorus Desf., L hispidusDesf.ex D C.).

402
Lotusjolyi est une espèceendémiquesaharienne,
communedansle Sud
marocain.

USAGESTRADIUONNELS

A Tissint et à Foum Zgwd, L. jolyi est utilisé, en cataplasmes, avec de


I'ail hachéet de I'huile d'olive,pour faire pousserles cheveux.
La plante est connuedes éleveurset des nomadesdu Dra et du Sahara
occidentalpour satoxicité.

TOXICITÉ

Dans ce genre, L. jolyi Batt. et L. arabicus L. (vesced'Egypte), au


moins*, sont toxiquespour les animaux(chevaux,moutons,chèvres,
chameaux).
Plusieurscas d'intoxicationde bétail par L. jolyi ont éété observéau
Maroc.
Ingérésseulsou en excès,ils provoquentdestroublessérieux.
Les symptômesde I'intoxication sont les suivants : météorismes,
innapétence,immobilité de I'animal,hypersécrétionsalivaire,désordres
nerveux. La mort peut se produire en I'espacede quelquesheures si
I'animal intoxiqué a déjà le ventre plein et n'est pas soulagé par
perforationde la panse.
Chez les chamelleset les brebis gestantes,le toxique provoque des
avortements.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le genreLotus est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, L877-
1883,no 568, 717,718, 1031, 1537,2050)corrmeune variêtêde
mélilot, souslers nomsde lotos,$abaqî,doraq, rijl al-Sorôb. La'Umdat
at-tabîb (no l5l l) a apparemmentassimilé ce genre à des variétés
sauvagesde mélilot. Au no 61 bis (op. cit.), LECLERC naduit le mot
berbère azrûd par lotier : c'est là une erreur,car ce mot désigneen
berbèredu Maroc le mélilot.

Les donnéesde la toxicologie


la lotusine,qui se
Le principe toxique est un hétérosidecyanogénétique,
dédoubleen acide cyanhydrique,glucoseet lotoflavine. I kg de plante
contient 1,425 g d'acide cyanhydrique,pe qui représenteune forte
concenration(CHARNOT, 1945,MASCRE, 1965).

D'aprèsDELAVEAU (1974),les jeunesanimauxpâturantrégulièrement


dans les prés de petitesquantitésde ces lotiers, sont souventatteints

403
d'affectionsde la thyroide(DELAVEAU,1974) conséquentes
à I'action
goîtrigènede I'acidecyanhydrique.

* Uneespècevoisine,lavesced'Egypæ(L arabicusL.) a serviautrefoisà empoisonner


le fourrage des chevauxde cavalerieamenésau Soudanpar les troupescoloniales
britanniqùes@ELLAKIIDAR, 19?8).
D'aprèsÎ<ggl,gR & al. (1978),mêmeLonn cornical.atusL., uneespècecommunedans
lesiégionstempérées,produitparfoisde I'acidecyanhydrique.

244. Lupinus albas L.

lupin blanc,lupin cultivé

termîs,termâs,termûs(!) (Maroc,Egypæ).
semqâlabeyda(init.: termede magie): pour les graines.
baqila mçrî (Egypte,BOULOS, 1983) (litt.: légumeégyptien) : les
Egyptiensen font effectivementunegrandeconsornmation.-

Originaire du Proche-Orient,le lupin blanc est beaucoupcultivé en


Egipte où il occupeune placeimportantedansI'alimentationhumaine;il
est aussiun peucultivé au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, les graines,blanches,sont utiliséesdansle traitement


du diabète,seulesou associées à du fenugfec,de I'aloès,de la paniguette,
du myrobolan de Kaboul, de la coloquinte,de I'armoiseblanche,de la
menthepouliot, du mamrbe: on moudle tout et on prend 1 cuilleréede
poudrematin et soir ; ou bien on fait unedécoctiondu mélangeet on en
boit 2 velres par jour.
A Marrakech, la poudre des graine s'emploieaussi dans les maladies
hépatiqueset commevermifuge.
Lei grarnesde lupin blancétaientauEefoismangéessufggj par les juifs
marocains.AL GHASSANI (no 317) nous rapported'ailleursque ces
grainesse trouvaienten abondanceà Fès chezles marchandsdu mellatt
(quartierjuifl de Fès.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le lupin blanc est longuementmentionn9par tgN AL-BAYTAR
GECLERC, 1877-1883,- n" 406) et par ABDEREZAQ GECLERC'
1874,n' 881)sousle nomde turrnûs.

Les donnéesde la toxicologie


404
on trouve dans les lupins des alcaloidestoxiques : lupinidine (-
spartéine),lupanine, hydroxylupanineet surtoui lupinine ; mais les
variétésdoucesutiliséesdansI'alimentation,ne contiennentpratiquement
pasd'alcaloides.
(PARIS & MOYSE, 1976-1981; BAMFORD, 1951;MANSKE &
HOLMES,1950-1955).

245. Lupinus divers

LupinusluteusL.
LupinusangustifoliusL.
LupinuspilosusL.
LupinushirsutusL.

lupin sauvage

rjel ed-djaja (potv.) (régrol de Marrakech,Saharaoccidenral)(litt.: pied


de poule) : en raisonde la forme desfeuilles.
kîkel (région de Manakech).
fwila, ful leklâb (litt.: la petitefève,la fève deschiens).
îbaûn wijjan (berbère)(litt.: -ftue deschiens).
tagela (Gharb,GATEFOSSE,l92l): pour L. luteus.
bû,-zgayba(région de Marrakech)(litt.: celle qui porte un poil) : la
goussede L. pilosusporte,en effet, à sonexnémité,un poil dressé.
semqôla(Marrakech,Maroc occidental).
îbaûngîlef (Kabylie,LECLERC,1874,n" 881)(litr.: fèvede porc).

Ces espèces,méditerranéennes,
sontcommunesau Maroc sur les sols en
friche et dansles prés.

USAGESTRADMONNELS

Les grainesde ces espècessont utiliséesdansles campagnes(Gharb,


région de Rabat)commevermifuge.
on les emploieaussidansles fumigationsconEelesmauvaissorts.

Dans le Gharb, les fleurs jaunes de L. luteus sont utilisées par les
campagnardspour faire desbouquetsdécoratifs(GATEFOSSÉ,tgzt).

TOXICITÉ

Les accidentschez I'hommesontrares,en raisonde la grandeamertume


des grainesdesespècestoxiques;mais desintoxicationsont été signalées
au Maroc chezdesanimauxqui avaientpâturédesplantesen fruits.

405
L'intoxication chezI'animal(lupinose)se manifestepar les symptômes
suivants: innappétence,convulsions,mydriase,hyperéxcitabilitéréflexe,
hyperthermie,hématurie,ictère,paralysiedu systèmenerveuxcentralet
particulièrementdu centre respiratoire,des centres moteurs, de la
musculatureet du coeur.La mort intervientpar asphyxieune dizainede
jours aprèsI'apparitiondespremierssymptômes(CHARNOT, 1945).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Ces lupins sont mentionnésvaguement,à I'articleturmû.s(lupin cultivé),
par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, Do 406)et AL-WAZIR
AL-GHASSANI (no 317) commevariétéssauvages du lupin cultivé. La
Tuhfatal-ahbôbet ABDEREZAQne lesmentionnentpils.
Par contre,la'umdat et-tnbib(no 294,à I'articleturmûs) décrit avec
beaucoupde détailsplusieurs lupins sauvagesà fleurs bleueset jaunes
dans lesquelson reconnaîtfacilementL. luteus,L. angustifuliui et L.
hirsutus.

Les donnéesde la toxicologie


Ces espècescontiennentplusieursalcaloïdestoxiques,principalementla
lupinine, la lupanine(= oxyspaftéine),la lupinidine (= spartéine),la
cytisineet I'anagyrine(BAMFORD,1951;MANSKE & HOLMES, 1950-
1955; MASCRE,1965).La lupinineestsurtoutabondante dansL luteus
(2 à 3Vo).C'estun poisoncardiaque
(PARIS& MOYSE, 1976-1981).

Les substances toxiques(les alcaloides)sontconcenEées surtoutdansles


graines.Mais d'aprèscertainsauteurs,la toxicité n'estpasdue seulement
aux alcaloidesmaisaussià la présencede toxines,lesphomopsines A&B
(accompagnéesdes phomopsinesC, D et E) produites par un
champignon,Phomopsisleptostomifurmis,qui infesteles grainesde
lupin stockéesen milieu humide.Ces toxinesprovoquentchez l'animal
une perte de I'appétit,une parésie du train postérieur,de la fièvre, une
faiblessemusculaire,des convulsions,de la fièwe, de I'ictère et parfois
du collapsus.L'autopsiedes animauxintoxiquésrévèlentdes lésions
hépatiques(stéatosehépatique),une néphriteparenchymateuse et une
dégénerescence granuleuse desmuscles.
De diversesespècesde Phomopsis,on a isolé diversmétabolitesdont les
cytochalasines et I'acideténuazoniquequi sontde structuresvoisinesde la
phomopsineA. Les cytochalasines perturbentla division cellulaire ;
I'acide ténuazoniqueest un inhibiteur de la synthèsedes protéineset un
agentnucléotoxique.
De plus, I'anagyrinepossèdeuneactivitétératogènechezles bovins.
Une contaminationdu lait par les substances toxiquesestpossible.
(KEELER & al., 1978; BRIJNETON,1993).

406
246. Medicago sativa L,

luzernecultivée,alfalfa

faç.sa,fi;fiy (!) : ces vernaculairesdésignentaussi divers trèfles


(Trifulium sp.)et luzernessauvages (faççaal-berriya).
nfel (poly.) : s'appliquesurtoutaux trèfles.
husayka(région de Rabat,Gharb,RENAUD & COLIN, 1934,
al-l.tasalc,
no 168 et 359) : en raison de I'aspecthérissédu fruit ; une luzerne
sauvage,M. muricata Benth. a des fruits particulièrementépineux.Ces
vernaculairess'appliquentaussià d'auEesplantes,notammentTribulus
terrestris.
rafua (livresque,RENAUD & COLIN,1934,no 168,359).
qatt (bwesque): s'appliqueà la luzerneséchée.

La luzerne est largementcultivée au Maroc comme plante fourragère,


jusque dans les oasis sahariensoù elle représentesouventla culture
dominantesousles palmiers.

USAGESTRADITIONNELS

Partout au Maroc, dans les campagneset les oasis, la luzerne est


administrée,principalementen salades,commereconstituantaux femmes
parturientes,aux convalescents et aux enfantsmalingres.On peut aussi
verser une soupede farine sur de la luzernefraîche hachéefinement.
Elle est réputée,de plus, améliorerla lactationet augmenterla sécrétion
spermatique.A défaut de feuilles fraîches,on utilise la poudrede fruits
séchésdansles mêmesindications.

La grandevaleur nutritive de la luzernepour le bétail et pour l'homme


est connue des populations.Elle est d'ailleursutilisée en alimentation
humaine,en particulier dansles oasisoù on la mangehachéeet cuite à
I'huile d'olive, seule ou en mélangeavec d'auEesplantes sauvages
(mauvenépinardsauvage,oseille,pourpier,jeunespoussesde silèneet de
coquelicot)à la manièrede la bqala (voir àMalva, no 339),ou en salade
verte assaisonnée avecdu jus de citron, de I'huile d'olive, du poivre et du
sel, ou encorecuite dansdesbouilliesde céréales.
Dans le Tafilalet, on prépareune spécialitéculinairedite îfnuzenqui est
un sortede couscousà la luzerneet à lhuile d'olive.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
La luzerneest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, I'977-
1983,no 78, 1011,lÙM, 1684,1738,1805,2231),la'Umdatat-tabîb

407
(no 151l, 2962), AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 238) et la Tuhfat al-
ahbôb (n" 359) sousles nomsde raçba,îçfrpt(mot persan),fiçfi.w,qatt,
qa&, nefl. ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, no 2) cite le nefl,
incidemment,en parlantdu mélilot, commeune plantequi lui ressemble.

Les donnéesde la toxicologie


Les luzernespeuventêtreresponsables de plusieurstypesd'accidents:
t. accidentspar photosensibilisation
Ils sont causéspar certainesluzernes,sauvagesou cultivées,chez les
moutons, quand elles sont broutéesen excès.Ce serait le cas, par
exemple, de MedicagohispidaGaertn.var. denticulataWild. et mêmede
la luzernecultivee(CHARNOT, 1945; KEELER & al., 1978).
2. intoxicationspar lesnitrates
La plantea en effet la facultéd'accumulerdanssestissus,à partir du sol,
desquantitésélevéesde nitraæsce qui peut.provoquer quelquesaccident
chezles animaux qui la reçoiventen fourrage.
par
3. intoxications les isotlavonesoestrogéniques
Elles se manifestentpar une chutede la fertilité (de 10 à 20Vo)chez les
ovins accompagnée d'une"cystic glandularhyperplasia"de I'utéruset du
col de I'utérus.
La formonométinequi est I'isoflavonela plus importante n'est que
faiblementoestrogénique par elle-même,mais aprèsconversiondans le
rumen,elle donneun métaboliteplus actif, l'équol.
D'autres isoflavones biologiquementactifs ont été isolés dans les
Medicagoet les TrifuIiun: la daidzéine,la génistéine, la biochanineA,
I'angolensine.Dans la plante, les isoflavonesexistent à l'état de
glucosides,facilementhydrolysables sousI'actionde glucosidaseslibérées
quandles cellulesfoliùes sontdétruiæs.
Les coumestans(le coumestrol,le 4'-O-méthylcoumestrol, le 3'-
méthoxycoumestrol) isolés de certainsMedicago (par exemple de
M. trunculata) ont aussiune activité oestrogénique: ils entraînentune
baissede la fertilité mais suivantun mécanismedifférent de celui des
isoflavonescar leur activitén'estpasdurable.
Il semble que la quantité des phytoestrogèness'élève anormalement
lorsqueles plantessontinfectéespar certainschampignons.
(KEELER & al., 1978).

247. Melilotus divers

Melilotus indica (L.) All. (= Melilotus parviflora Desf.)


Melilotus sulcataDesf.
Melilotus macrocarpaCoss.& Dur.
Melilotus sp.

mélilot
408
neTla,nafal (!) (Gharb).
çlort, gort (Gharb).
âzrûd,ôzûrd (!) : pour les fruits.
tadgast(Souss).
tazumnrt(Souss,LAOUST, 1920).
îklîl mulûk (liwesque),klîl (Constantine,BELGUEDJ, 1966).
Inndaqûqô (livresque).
Snân(!) (Orientalmarocain)(Alger,MERAD-CHIALI,1973): pour les
fruits.

M. indica, M. sulcataet M. segetalissont desespècesméditerranéennes,


communesau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Les fruits du mélilot entrentdansle mélangede plantesutitsées pour les


soins de la chevelure,mélangedont la décoctionest utilisée partout au
Maroc pour "faire gonfler" le $ôssûl(argile saponifère)(voir à I'article
no 537)"
A Oujda, ils sont utilisés commecondiment,en raison de leur arômede
coumarineet, probablementaussi,de leurspropriétésantispasmodiques,
dansla préparation ù4ea'e (soræde grosbiscuiten forme de bracelets).
D'après GATEFOSSE (1921), M. tnacrocarpa(la plante entière)est
utiliséepour faire destisanesémollientes.
La planteest utiliséeconrmefourrage.
CHARNOT (1945), mentionne des formules utilisées à des fins
criminellesoà basede chardonà glu, et contenantdes fruits de mélilot
dont I'addition auraitpour but de retarderI'actiondu poison.

DISCIJSSION

[æs sourcesécritesarabes
Le mélilot est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1977-
1983, no 6l bis, 128, 717, 998, l0l l, 1920),la 'Umdat at-tabîb
(n" 1511),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" l) et la Tuhfatal-ahbôb
(n" 4, 170, 285) sousles noms de îklîl al-nnlik, Ltandaqûqâet doraq.
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 66 et 335) donnepour le mélilot
ôzûrdet le vernaculairelocal Snân.
nefl, I.tandnqûqâ,

Les donnéesde la toxicologie


Dans les feuillesjeunes,on trouve du mélilotoside(glucosideen 2' de
I'acide O-hydroxycinnamique)qui s'hydrolysefacilement et donne,par
lactonisation, de la coumarine (0,4 à l%o dans la plante sèche)
(BRLJNETON,1993).

409
Cet acideO-hydroxycinnamique d'êtremétaboliséen un
est susceptible
composantanticoagulant,[e dicoumarol,responsableprincipal des
accidentsobservéschezlebétailayantconsommédu mélilot gâté.
De plus, contaminéspar des champignons, au coursdu stockagede la
plante verte sans séchagepréalable, les mélilots élaborent des
phytoalexines (ptérocarpaneset autres 3-phényl-chromanes)qui
participentà la toxicité du mélilot gàtê.
(BRLJNETON,1993).

24E. Ononis natrix L. et Ononis tournefortii Coss.

ononisnatrix, bugranejaune
ononis de Tournefort

ôfesfoQôfuaz feuaz (!) (DELON& PUJOS,1969;BOLJLOS,1983):


pour O. _natrtxet O. toumefortii.
çâbûn la'zara (litt.; savon de célibataires): pour O. natrix et d'autres
Ononis.
l-henna (poly.) (litt.: le henné)(Saharaoccidental,MONTETL, 1,953;
BIROUK & a1.,1991).
tûf l-henna (litt.: meilleur que le henné)(berbèredu Saharaoccidental,
MONTEIL, 1953)"

O. tourneforrii est une


L'espèceOnonis natrix est méditerranéenne.
endémiquemarocaine.

USAGESTRADMONNELS

D'après BOULOS (1983), O. toumefonii estutilisé à Rabat dansle


traitementdes ictères: pour cela,des riameauxde la plantefeuillée sont
mis à bouillir avecdesoeufsjusqu'àce qu'ils deviennentdurs ; le malade
prendraensuiteun oeuf chaquematin, à jeûn, plusieursjours de suite,
jusqu'à gUérison.Le même usageest rapportépour O. natrix, dans la
région de Marakech, par BENCHAABANE & ABBAD (1994).

Les racinesd'Ononis natrix étaientautrefoisutiliséespar les bergers


commeplantesaponifèrepour laverles vêtements
Ononisnatrix est Eèspânré par les ânes.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 1315), reprenant
Dioscoride,cite bien un Ononismais il s'agit d'une espèceépineuse,

410
probablementOnonis antiquorurnL.(= O. spinosavar.glabra DC} et
non de nos espèces.
Les autresauteursne mentionnentaucunOnonis.

249. Ononis pseudoserotinaBatt" & Pit.

l-fenna (poly.) (litt.: le henné)(Moyen-Atlas).

Espèceendémiquedu Moyen-Atlas.

USAGESTRADMONNELS

Nous n'avonsrelevé aucunusagepour ceffeplantemais sa toxicité pour


les moutonsestconnuepartoutau Moyen-Atlas.

TOXICITÉ

La plantefait desravageschezles agneaux,danslespânragesdu Moyen-


Atlas, au moment de la grenaison.Mais les Eoupeauxsédentaires
semblents'y accomodersansdommages.
L'intoxicationse manifestepar desmétéorismes : les animauxs'enflent
démesurément,sortent une écumepar la boucheet meurent en 2 à 3
jours s'ils ne sont pas soulagésrapidementde I'enflementgastriquepar
perforationde la panseà I'aided'unecanule.
Le principe toxiquen'estpasconnu.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespècen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

250. Phaseolus aureus Roxb. (= Vigna radiata (L.) Wilczek)

haricot doré, boubour,greengram, goldengram

mâS (!) (classique): mot d'originesanskrit(KIRTIKAR & BASSU,


l98l ; CHOPRA& al., 1961).
mâSl<nlaî,môSkulaî: en bengali(KIRTIKAR & BASSU,l98l).
rnej (forme classique): cité par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 2089)commeidentiqueau rnô\.
majâj : AL-BIRUNI (dansHAKIM MOHAMED SAID, 1973,p. 300),
citant ABOU HANIFA, et la 'Umdatat-labîb(n" 1347)donnentaussice
synonyme.

4tl
ûrid (HAKIM MOHAMED SAID, 1973,norep. 214 ; CHOPRA& al.,
196l) : mot hindi.
ôqg âqfn: d'aprèsAL-BIRLJNI(dansHAKIM MOHAMED SAID,1973,
p. 300), IBN AL-BAYTAR (dansLECLERC,1877-1883,no 127)et le
traité anonyme 'Umdat at-tnbîb (n" 1443): c'estle nom du mâl au
Yémen.
musgat (dansla'umdnt at-tûbîb,no L443).
bazôj (dansla'Umdat at-tnbîb,n" lM3) : c'estle nom qu'il portait en
Andalousiemusulmane.

Le haricot doré est cultivé depuisla plus Haute Antiquité en Inde, en


Chine, en Indochineet a étêacclimatéau Moyen-Orient,en Afrique du
Nord, en Afrique Noire et dansle Midi de la France.D'aprèsla'Umdat
at-tabîb, il était cultivé en Andalousiemusulmanedans la région de
Ronda pour faire despurées.
Les grainesde P. aureus,vertes,sontpluspctitesquecellesde P. mungo.
Ce haricot a étélongtempsconfonduen Occidentavecle pois mungo,
quoiqued'aspectdifférent.
Les très jeunespoussessont venduesen Francesousle nom de "germes
de soja" (gia en annamite).C'est un ingrédientimportantdes cuisines
vietnamienneet chinoise,très nourrissantsmais n'ayantrien à voir avec
le vrai soja(G/ycinemax L.).
Les grainessont un excellentatment* aprèsun séjourprolongédans
I'eau.

USAGESTRADMONNELS

Le haricot doré n'estpas très connuau Maroc. On en trouve un peu sur


le marchéaux grainsde Rabatoù il estimproprementvendusousle nom
de soja.
Il était auEefoisrès cultivé au Maroc,mais,au coursdes siècles,il a été
évincé par la fève et le haricot d'Amériquedont la productivitéest plus
importante.
Nous le citons cependantici parce que c'est une ancienneculture du
Maroc et parcequ'il fut utilisé en alimentationet en médecine(par voie
interne contre les inflammations stomacales,la toux et les affections
poitrinaires)commeI'attesteles sourceshistoriquesarabes.
SOULAYMAN IBN HASSAN (cité par IBN AL-BAYTAR, dans
LECLERC, 1877-1883,no 2060) nous apprendqu'il était cultivé au
'Umdat a!-!nbîb (n" 1443) le donne comme culture
Maghreb et la
vivrière en Andalousiemusulmanesousle nom de bazâi. AL-WAZIR
AL-GHASSANI (no 185) décrit mêmedes recettesculinairespour la
préparation du mâS (en purée cuite avec de I'huile d'amandesou
assaisonnéavec du sumacet des grenadesacides)mais ces recettes,

4t2
d'inspirationmoyen-orientale,ont été recopiéesde traitésanciens(elles
sont déjà mentionnéespar IBN AL-BAYTAR qui reprend IBN
MASSOUIH) ce qui laissepenserqu'à son époque,le mâ{ n'était déjà
plus au Maroc qu'un produit exotiquealors que sa culture se maintenait
encoreau Proche-Orient.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
I..e,mâ! est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,L877-1883,
n" 127, 2060et 2089),citant SOULAYMAN IBN HASSAN, corrme une
petite graine (de la taille d'uneerse),verte,brillante,portantun oeil noir
comme le haricot. Il précisequ'elle provient du Yémen (où on I'appelle
âqfn) est qu'elleest cultivéeau Maghrebcommeplanteviwière. D'après
lui, plusieursmédecinsla confondentavecle julôbân (grainesde divers
Lathyrus et de Pisum).la, 'Umdatat-tnbib (n" L443)qui est antérieurau
traité d'IBN AL-BAYTAR, donne les mêmesdétails. Il s'agit là
indiscutablementdu haricot doré (Phaseolusaureus)et non du haricot
mungo comme I'ont identifié fautivementLECLERC (1877-1883,
n" 127, 2060et 2089) et RENALJD& COLIN (1934,n" 222).
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 577)cite aussile môS(d'aprèslui
équivalent au rnej) et en fait un aliment desmauvaisesannées,ce qui
nouslaissepenserqu'il I'a confonduavecI'orobe.
La Tuhfat al-ahbâb (n" 222) et AL-ALAMI (cité par RENAUD &
COLIN, 1934,n" 222) mentionnenttousdeuxle mâ5.
Nous sommesétonnésqu'AL-BIRLJNI(HAKIM MOHAMED SAID,
1973, p.300) qui ne consacreque 3 lignesau môg n'apporte rien
d'original sur cettees@ced'origineindienne,et qu'il ne fait que citer des
auteursmoyen-orientaux.

* Les Indiens la considèrentcommeune légumineusedu groupede la lentrlle (dât)


(MATHIAS, 1980).
La graine de P. aureus est à I'origine d'un poids de mesureindien appelémôch,
équivalentà I grammeenviron(MAHIAS, 1980).

251. Phaseolus n ungo L. (= Vigna rnungo(L.) Hepper)

pois mungo,black gram

rnung (livresque) : c'est ce nom qui est Encoreaujourd'huiutilisé au


Pakistanet en Inde (USMANGHANI& a7.,1986, n" 413 ; CHOPRA&
al., 1961).
munj (AL-BIRUNI dansHAKIM MOHAMED SAID, 1973,p. 300).

413
Cetteespèce,à fleurs jauneset à goussescylindriques,grêleset noires,
est originaire de I'Inde. Cultivée surtouten Extrême-Orient,elle est
aujourd'huirépanduedanstoutesles régionssubropicales(PERROT,
r943-r94).
La graineestplus grandequecellede P. aureus,2à3 fois plus petiteque
le haricotblanc, de couleurbrun foncé à gris verdâEe.

USAGESTRADMONNELS

Les grainesde cetteespècene sontplus utiliséesau Maroc où ellesfurent


épisodiquement importées; nouscitonscependantcetteespèceen raison
des confusionsqui existent dansles manuscritsanciensentre elle et le
PhaseolusaureusRoxb.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
l-e munj n' .est mentionnéclairementpar aucun de nos auteurs.A la
faveur de la ressemblance desvernaculairysmei (synonymede mô!, pour
P. aureus)et munj (pou P. mungo),les 2 espèces ont été, à notreavis,
confonduespar les auteursoccidentauxqui n'ont pas connu le haricot
mungo.
SeuI-AL-BIRLJNI(HAKM MOHAMED SAID, 1973,p. 300) cite le
vernaculaire munj, qu'il distinguede nôS et rnei, mais il ne donne
aucuneprécision sur l'espècequ'il recouvre,se contentantde dire qu'il
s'agit d'un mot étranger.

252. Phaseolus vulgarts L.

haricot

lû,bya(!).
ôdelgân(!) (Saharaoccidental,Mauritanie).

Cesvernaculairesont été adoptéspour le haricotpar dévolutionde sens.


Iæ haricot n'a, en effet, été introduit d'AmériquedansI'Ancien Monde
qu'en 1564 et ne se repanditwaiment en Europeorientale,en Turquie,
au Moyen-Orientet en Afrique du Nord qu'à partir du XVIIème siècle.
Auparàvant,ces vernaculairesdésignaientd'autresharicots d'origine
asiâtique (Dotichos lablab L. cultivé au Moyen-Orient) ou africaine
Vignà unguiculata (L.) Walp. fréquemmentcultivé dans les oasis
satrariens)ou encoredes gesses(LathyrusciceraLetLathyrus sativus
L.) qui étaient courammentconsomméesdans le Nord du Maroc, en
Kabylie,en Syrie.

414
Diverses variétés d'haricotsaméricainssont aujourd'huicultivées au
Maroc pour la productionde légumessecset de haricotsverts.

USAGESTRADMONNELS

La consommation des haricots est conseillée pour prendre de


I'embonpoint.
Au Maroc, le haricotest surtoutalimentaire(haricotà écosser,haricots
secs,haricotsverts).

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le haricot d'Amérique,n'ayantêtéintroduit dansI'Ancien Monde qu'au
XVIème siècle,n'étaitpasconnud'IBN AL-BAYTAR et de la'Umdnt at-
tabîb. A leur époque,on appelaitlûbiya(op.cit., n'2042) une variétéde
Dolichos lablab L. à grainscomestibles,originairede I'Inde mais très
cultivée-enEgypteet au Proche-Orient.
Il est par contre plus surprenantque le haricot d'Amérique ne soit
mentionnéni par AL-WAZIR AL-GHASSANI (frn XVIème siècle),ni
par I'auteur de laTuhfat al-ahbâb, ni par IBN CHAQRTIN (XVItrème
siècle),ni par ABDEREZAQ (XVItrème siècle)qui pourtanrvécurentau
Maghrebà une époquepostérieureà la découvertede I'Amérique.

253. Pisum sativum L.

pois,petit pois

jelbôna (!) : s'emploieaussipour desgesses(I-athyrus).


tinifin, tinifr (!) (Souss,Rifl.
tinûh (!) @aha,BERTRAND,1991).
besîla(Egypte).

Cette espèceest cultivée partout au Maroc pour la production de pois


frais en cosseset de pois secs.

USAGFSTRADMONNELS

Les petits pois (verts ou secs)sont surtoututilisés dansI'alimentation


humaine.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes

4t5
r-ejelbân (oujulabôn) estmentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, no 287,495,817),la'Umdat at-tabîb(n" ZS7,396),AL-
V/AZIR AL-GHASSANI (n" 8l) mais il sembleplutôr désignerles
gesses.Le petit pois apparaitsous le nom de besîla, terme usité
aujourd'huiencoreen Egypte.Dansla Tuhfatal-ahbâb(no 222),le petit
pois est mentionnéavecI'orobe.
Chez ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, no 2ll), par contre, le
vernaculairejelbân désignebien le petit pois.

254, Psoralea bituminosa L.

psoraléebitumineuse

{gîriya (Gharb,BERTRAND, l99l ; BOULET & al., 1990).

Espèced'Europe,d'Asie,d'Afrique et d'AusEalie,communeau Maroc.

USAGESTRADITIOT{NELS

Dansle Moyen-Atlas,elle seraitutilisée,en frictions de la plantefraîche,


en dermatologie(indicationsindéterminées).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'espècePsoralea biturninosaest mentionnépar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, no 730, 1011, 1012,146l) sousle nom de
lûmôna. Les autresauteursne la mentionnentpas.

255. Psoralea plicata Del. (= Cullen plicatum (Del.) Stirton)

talrâlet,tutâret, tatrôret(!) (MONTEIL, 1953; BIROUK & al., 1990).


taradn (Algérie).
marrnid(Egypte,BOLJLOS,1983).

Cette espèced'Afrique fropicaleet d'AusEalie,se rencontre,au Maroc,


au Saharaoccidental.

USAGESTRADMONNELS

Au Satraraoccidental,I'infusion des feuilles, adminisEéeoralement,est


recommandéedans les affections respiratoireset intestinales. La
décoctiondesfruits s'utilisedansle fraitementdesulcèresgastriques.

416
DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèce n'est mentionnéeni par IBN AL-BAYTAR, ni pù
ABDEREZAQ.

256. Pterocarpus santalinus L.

santalrouge

sndâl ôhmar(!) (litt.: santalrouge).

Le bois dit "santal rouge" ne provient pas du genre Santalum


(Santalacées)mais d'un arbre de la famille des Papilionacées,le
PterocarpussantalinusL.de la régionindo-malaise d'oùil estexportéen
bûchesou en copeauxprélevéssurtoutà la basedu tronc. Le produit est
de couleur rouge brun mais se teinte en noir-verdâre par exposition à
I'air. Dans son pays d'origine,on I'utilise pour colorer certainesdenrées
alimentaires; on en tire aussiune matièrecoloranterouge : la santaline.

Au Maroc, sur les étalagesdes droguistes,on lui substituesouvent


d'autresproduits tinctoriaux.A Salénous avonstrouvé, sousle nom de
sandâl âI.vnar, une gomme-résinede couleur rouge grenat, noire à
I'extérieur,waisemblablement le kino de Malabar(qû est le sucdesséché
de Pterocarpus marsupiuræRoxb. de la région indo-malaise)ou le kino
de Gambie(PterocarpuserinaceusPoir.,le santaldu Sénégal).Le bois de
Campêche(HaematoryIon campechianum L.) a été lui aussisignalé
conrmevendusousle nom de sndôl ôInnar (PERROT& GATEFOSSE'
l92l). Enfin, le "barwood" (bois tinctorial fourni pat Pterocarpus
erinaceusPoir., voir no 234),importé dAfrique, a probablementêtê, au
départ,un substitutdu bois de santalrougevéritable.

USAGESTRADMONNELS

A Manakech,le santalrougeet sessubstitutssontutilisésen fumigations


pour annulerles sortilègesvisantà imposerle célibat"

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le bois de santal rouge est mentionné par IBN AL-BAYTAR
'Umdatat-tabîb(n' 1550;,'AL-
(LECLERC,1877-1883, no 1418),la
WAZIR AL-GHASSANI (n" 209), la Tuhfat al-ahbâb (no 297) et

417
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no613)sousle nom de sandâlâtunar.
Il est intéressantde noter, qu'à I'occasionde l'énumérationdes
différentesvariétésde santal,ABDEREZAQ reconnaîtqu'il ne fait que
recopierun auteurplus ancien,sanstoutefoisle citer, ce qui confirme
bien que ce traité n'est qu'une compilation,augmentéepar endroits
d'appréciationspersonnelles,
d'explicationsou de synonymesen usageen
Algérie ou dansdespaysconnusde I'auteur.

257. Retarna divers

Retamarnonosperrnt Boiss.
Retamasphaerocarpa (L.) Boiss.
Retamaraetam (Forsk.) V/ebb.

retam

rrtem (t).
tillugwît, îllugwî, allugû, talggût (!) (berbère).
me{hat (Essaouira)(litt.: le fouet).

L'espèceR. retam. sahato-sindienne, est communeau Maroc dansles


régionssatrariennes. R. sphaerocarpaet R. rnonospeftnaappartiennentà
la flore de I'Afrique du Nord et de I'Espagne.

USAGESTRADITIONNELS

Partoutau Maroc,là où cesespèces existent,les tigeset les feuilles,pilées


avec du miel, sont donnéespar voie oralecommevomitif. En lavements
rectaux, la décoction des feuilles est adminisfée comme purgatif et
vermifuge.
A Tissint, la poudrede feuilleset de fleurs séchéesde Retamaretam est
utilisée coilrme cicatrisantdans les circonsisions,comme vulnéraire,
antiseptiqueet sédatif dans les soins locaux des plaies, blessures,
ulcérationsde la peauet boutonspurulents.
A Marrakech, c'est la plante broyée dans du lait ou du beurre qu'on
utilise dansles mêmesindications.et la décoctions'emploie,en frictions,
dansle prurit et la gale humaineet animale.

Les racinesde cesespècessontfiès utilisées,partout,en fumigationsou


en lavementsvaginaux,conrmeabortif. On peut boire aussiI'infusé des
feuilles et des fleurs mais en raison des risquesd'intoxication,qui sont
connuesde tous,cet emploi estplus rare.
Le retam a êtê,aussi utilisé, au Sahara,pour empoisonnerles puits,
pendantla guerredestribus.

418
Au Sahara,les tiges de Retama retam sont employéespour faire des
pointes de feu contre diversesalgiesdont la sciatique.La flagellation
avec les tiges intervient dans le traitementdes enflures et de la folie
(pour chasserles mauvaisesprits,responsables, d'aprèsles croyances
traditionnelles,de la perte de raison).

Cesplantesont provoquédesintoxicationshumaines,dont quelquesunes


mortelles,pil suite de leur emploi, par voie interne,commeabortif.

C'est un pâturage génêralementévité par les animaux en dehors des


fleurs que le chameauappréciebeaucoup.L'ingestionexcessivede cette
plante entraîne chezle chameaula maladiediæ malsûr ou tahsîr (litt. :
obstruction)(MULLERO, 1945,BELLAKHDAR, 1978,LE FLOC'H,
1983, n" 190) qui se manifestepar une rétentionurinaire grave suite à
I'obstructionde I'urètre par une matièreblancheet dure. Cette maladie
est identiqueà celle provoquéepar Genistasaharae(voir cet article,
n'238). Si aucuntraitementn'estmis en oeuwe(voir à Genistasaharae,
n' 238) pour soulagerI'animal,la mort peutsurveniren quelquesjours.
Quandelles viennentà êtreun peubroutées,en périodede sécheresse, ces
es@cesprovoquentdes avortementschezles chamelles,les brebiset les
chèwes.
De plus elles communiquentau lait une saveurtrès amèreet une odeur
désagréable.
La partie de la plantela plus toxiqueseraitle fruit.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le retamest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 1029), la 'Umdat at-tabîb (n" 885), AL-\VAZIR AL-GHASSANI
(incidemment,no 209) et par ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n' 806)
sousle nom de nern.LaTuhfatal-ahbôbnele décritpas.

Iæs donnéesde la toxicologie


De R. splwerocarpaet R. monosperrno, plusieursalcaloïdesont étéisolés,
des fruits en particulier : d-spartéine,cytisine,sphérocarpine,anagyrine,
lupamine rétamine. La rétamine serait 2 fois plus ocytocique que la
spartéine(IJNESCO,1960).
Cettecompositionchimiqueexpliquela toxicitéde la planteet I'usagefait
desRetama,arrMaroc, commeabortif.

258. Trifolium alexandrinum L.

4r9
trèfle fourrager,trèfle d'Alexandrie

bersîm(l).
nefl, nefla (!) : ce vernaculaires'appliquesurtoutaux trèfles sauvages(?"
roseurnPresl.,T. pratenseL., T. hybridumL., T. elegansSavi.,etc.) et
aussiau mélilot et à la luzerne.
qort (hwesque): s'appliqueaussiau mélilot.

Cette espèce,qui est probablementoriginaire de Palestineet qui fut


amélioréeen Egypte,a êtêintroduitepartoutdansle monde.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Gharb,la planteentièreou simplementsesfruits sont utilisés


pour soignerla toux.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
83, n" 1759)et par ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n' 710) sousles
'Umdat at-tabîb (n' l5l1), AL-
noms de bersîm, qortet kbdôr. La
V/AZIR AL-GHASSANI (n" 206) et la Tuhfat al-ahbôb(no 285), I'ont
assimilé à des plantes voisinescomprenantle nèfle, la luzerne et le
mélilot.

Les donnéesde la toxicologie


Certains trèfles sauvages,notamment Trifulium pratense, sont
responsablesd'accidentschezle mouton par photosensibilisation (LE
FLOC'H, 1983, no 22), en raison de la présence de dérivés
coumariniques.
De plus, quelquesrèfles (T. subterraneumL., T. pratenseL., par
exemple)possèdentune activité oestrogénique pouvantprovoqueraussi
des accidents.Cetæ activité est due à des isoflavones(KEELER & al.,
1978)(Sur cettetoxicité,voir aussià Medicagosativa,n" 246).

259. Trigonella foenum graecurnL.


fenugrec

l-belba(!).
tifi(as (!) (berbère).

cultivéauMarocpoursesgraines.
Le fenugfecesttraditionnellement

420
Une partie de la productionétait autrefoisexportéevers I'Europepour la
teinturerie(Renseignements Coloniauxno 12,déc.1904).

USAGESTRADITIONNELS

Les grainesde fenugrec,leur farine ou leur décoctésont classiquement


utilisés au Maroc pour stimuler I'appétit,reconstituerles forces et faire
prendre de I'enbompoint.On les prend le matin à jeûn ou au cours des
repas,le plus souventincorporésà des soupes.Le fenugrecest parfois
additionné de quelques graines de nigelle. L'indication principale
concerneles enfantsrachitiquesou malingres,les convalescents et les
jeunes femmes désireusesde prendre du poids. Aux fracturés, on
conseille de prendre,pendantquelquessemaines,une bouillie de mil-
chandelle(Pennisetumthyphoides(Burm.) Stapf.& Hubb.) contenantdu
fenugrecpour accélêrerla réparationde I'os. On la donneaux femmes
enceintespour faciliter l'accouchement.Les femmes allaitantes la
prennentconrmegalactogène.
Le fenugrecest aussiprescrit confie le bûmezwi(palpitationsde I'aorte
abdominaleaccompagnées d'angoisse),I'anémiedes tuberculeux,le
diabète sucré,les ictères,les troublesgastro-duodénaux, les fièvres, la
toux, la constipation,la stérilité.On la dit auisi aphrodisiâeue;
En fait, c'est une véritablepanacée.Son usagea êtérecommandépar le
prophète.
En usageexterne,on utilise le macérêde graines,en frictions capillaires,
pour fortifier et embellir les cheveux.On fait aussi avec la farine de
fenugrecdes cataplasmes émollientset anti-inflammatoires dansdiverses
affectionscutanéesainsi que des emplânesde consolidationpour les
fracturés.
Les grainesde fenugrecprésententI'inconvénientde colorer la sueuren
jaune, déteignantsur les vêtements,et de communiquerau colps une
mauvaiseodeur, mais la plante a une telle réputationd'efficacitéque ce
désagrément est perçucommemineur.

Les Marocainsutilisent enfin les grainescommecondiment*pour la


lrîra (soupede farine et de féculents),le berkûkes (soupede pâtes
maison tès prisée dans I'Oriental)et pour la préparationde certains
plats.

En vert, la planteest utiliséecommefourrage.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Le fenugrecest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 684,9M),la'Umdat at-tabîb(no218,1930),AL-WAZIRAL-

42r
GHASSANI (no tzl), la Tuhfat al-ahbâb (n" 175) et ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,n' 336) sousle nom de l.tolba.
A proposdu fenugrec,I'auteurde la Tuhfat al-ahbâb dit: "voir à son
chapifie". Cette mention montrebien que cet ouvragen'a été conçu par
son auteur que cornmeune sorte de cataloguequi renvoie à un autre
traitê écrit antérieurement,et dont le seul but est de dresser les
équivalences entreles nomssavantsdessimpleset leursnomslocaux.

* Les grainesd'unesous-espèce
sauvage,TrigonellagladiataStev.,sontaussiutilisées
commecondiment(Rev.Bor Appl.no 133-134,1932).

260. Vicia ervilia (L.) \ryilld.

ervillier, erse,faux orobe,vescenoire, lentille bâtarde

kersenna(!).
kiker (berbère)(litt.: pois-chiche).
gf& @eni-Snassen).

Cette plante, méditerranéenne et européenne, est à la fois spontanéeet


cultivée au Maroc, notammentdansle Gharb (région de Had-Kourt), le
Rif et les Jbala. Elle donne des graines rouge brun, légèrement
anguleuses, de la taille d'un petit pois.

USAGESTRADMONNELS

La farine de graines,mélangéeà de I'huile et à du vinaigre, est utilisée


et destopiquessur les morsureset les plaies.
pour faire des cataplasmes
On I'emploieaussicontrela toux.

La plante verte ou séchéeet les grainesserventde fourrageaux bovins,


aux ovins et aux mules.I-es grainessontmélangées généralement à de la
paille ou à du son et à de I'orge. Iæs grainessont donnéesaussi à la
volaille.
Elle à servi aussi à I'alimentationhumainedans le Rit sous forme de
purée,surtouten périodede disette.

TOXICITÉ

Cetteespèceprovoqueles mêmesaccidentsque la vescecultivée (voir à


Vicia sativa L., Do 262). Plusieurscas d'intoxication(neurolathyrisme,
voir à Lathyrus, n" 242) ont été signalésau Maroc, en particulier au
coursdespériodesde pénurie.

422
DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetteespèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, lB77-
1883, no l9l2), la 'Urndat at-tabîb (no 396), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 155), la Tuhfat al-ahbâb (n" 222) et ABDEREZAe
(LECLERC,1874,n" 472,499)sousle nomde kersenna.ABDEREZAe
ajoutele vernaculairekensetâ.

261. Vicia faba L.

fève

lût (!).
îbaûn,âbaû (!) (berbère).
frîla, fwîlu (Jbala,Tangérois): pour la variétéféverolle.
bâqilâ (liwesque): ce mot estcité dansLe Coran(S. 2, v. 58).
fûl masrî: variétéde vicia faba égyptienne.C'est apparemmentune
ancienneproduction de I'Egyptecar déjà les auteursGrecsparlaient de
"fève copte". Les prêtres égyptiensinterdisaienten effet au peuple sa
consommationet, par la suite,les coptesfurentles seulsà la manger.

La fève est cultivée partout au Maroc pour la production de légumes


frais (fèvesen cosses)et de légumesecs.

USAGESTRADMONNELS

Partout les fèves sèches,mâchéespuis avalées,sont préconiséesconEe


I'acidité gastriqueet le pyrosisde la femmeenceinte,parfois associéesà
unepincéede cendresde bois et du cumin.
Chez les Jbalas, en usageexterne,la farine de fèves sert à faire des
cataplasmesmaturatifsdansles abcèset fironcles.

Mais les fèves sont surtout utilisées dans I'alimentationhumaine. Les


goussesentièresavecleurs graines,surtoutquandelles sontjeunes,sont
utilisées comme légume vert et serventde garniture potagèrepour le
couscous.On peut aussiles consorrmercuiæsà la vapeur,avec du sel et
du beurre.
Séchéù, les fèves serventà preparerla bessara(puréede fèves à I'huile
d'olivd, à I'ail et au cumin) très populaire dans les Jbala, le Rif et le
Souss]',

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
423
La fève est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERO,1877-1883,
no 224, 1659),la 'Umdat at-tabîb (n" 1984), AL-V/AZIR AL-
GHASSANI(n' 48), la Tuhfatal-ahbâb(n" 76) et ABDEREZAQsousle
nom de bôqilô. ABDEREZAQ mentionneaussi le vernaculurefûl
actuellementusitéau Maghreb.
de noterqu'IBN SINNA (al-qanûnfrF.bb),er à sa suite
Il est intéressant
plusieursauteursarabesdont le marocainAL-WAZIR AL-GHASSANI
(no 48), recommandeI'ase-foetidecomme condiment pour la
consommationdes fèves,car elle prévientles flatulences.L'usagede ce
correcteuralimentaireest encorecouranten Inde dansla préparationde
tousles légumressecs.

Les donnéesde la toxicologie


L'ingestion de fèves fraîchespeut provoquerchez certainssujetsune
maladieappeléefabismequi semanifestepar les signessuivants: anémie
provoquéepar une hémolyse,hémoglobinurie,ictère,désordresnerveux,
délires et troublescardiaques.Cettemaladiepeut être assezgrave pour
provoquerla mort de jeunesenfants(PERROT,1943-194).
Le favisme est très répanduen Sardaigne.Des facteurs génétiques
interviennentdansle développement de cetteintoxication.On a démontré
qu'elle n'atteint que les individus déficients en 6-phosphate-
désydrogénase (I'ARIS & MOYSE,1976-1981, II, p. 405).
Cettemaladieétait déjà connuedesAnciens.IBN CHAQRLJNen donne
une descriptionsommairedanssontraitéde diététique.

262. Vicia sativa L.

vescecultivée

lcerfâlla,gerfâlla (!) (Jbala Tangérois).


'ayn l-amcb (Rabat,BOLJLOS,1983)(litt.: oeil de lièvre) : en raison de
I'oeil noir sur la graine.
kiker (berbère) (Sahara occidental, MONTEIL, 1953) : même
vernaculairepour le pois-chiche.
kiker l-pteï (pois chiche de serpent): pour les vescessauvages(V.
monanthaRetz.,V. lutea L., V. onobrychioidesL., etc.).
îbaû.nûS{en,tibaûIin (litt.: fève de chacal): pour les vescessauvages.
jelbô,na(poly.) (litt.: petit pois) : pour le petit pois,la vescecultivéeet les
vescessauvages.
bûz$ayba(poly.) : pour la vescecultivéeet les vescessauvages.
tifinin (Aurès) : pour des vescessauvages(y. onobrychoidesL.etV.
sativa ssp.amphicarpa(L.) Ban.) utiliséescommealimentde misère(LE
FLOC'H, 1983,n"2ll).

424
Cette vesce,spontanéedans toute la région méditerranéenne,
est très
cultivéedansle Gharb,les Jbalaet le Tafilalet.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Gharb,les grainestorréfiéespuis écraséessont utiliséescomme


pansementgastriquedansles mau( de venEe.
Mais la vescecultivée(la planteet les graines)est surtoututiliséecomme
fourragepour les bovins,les ovins et les mules.
En période de disette, les grainesont été utilisées dans I'alimentation
humaine. Les Jbala en font une purée à I'huile d'olive semblableà la
bessara(puréede fèves).

TOXICITÉ

Les grainesde vescepeuventprovoquerune intoxicationchezI'hommeet


chez I'animal, semblableau neurolathyrisme provoquépar les gesces
(voir à-Inthyru.s, no 242). Des cas ont déjà été observésau Maroc,
notammentdans le Nord où la plante est Eès utilisée en alimentation
animaleet humaine.

DISCT.JSSION

[,es sourcesécritesarabes
La vescen'estpas bien différenciée par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
'184,
1877-1883,n" 28'1, 393, 495, 817) qui la traite apparemment
corrme une variétéde gesses et de pois sousles noms deielbân;le
synonyme berfa (mot dérivé du persan) qu'il cite se rapproche de
kerfâIla.le vernaculairemarocainde la vesce.Il donneaussile nom de
bîqiyô à I'aphakéde Dioscoridequi aêtê identifiéà une vesce.
La',Umdatat-tabîb(no 396), AL-WAZIR AL-GHASSANI(no 8l), et la
Tuhfat al-ahbâb (n' 222) rassemblentaussiplusieursespècesdans la
rubrique desjelbân.
ABDEREZAQ ne mentionnepascettees@ce.

Les donnfusde la toxicologie


Dans le cas de V. sativa,la substanceresponsable de la maladietoxique
est un dérivé d'acide aminé, la béta-cyano-L-alanine (BRUNETON,
1993).Mais d'auEessubstances, la vicine et la convicinequi sont des
glucosidesde di- et trihydroxyaminopyrimidinesparticipent aussi à la
toxicité (PARIS& MOYSE, ln6-1981).
Aux U.S.A., on a décrit une intoxicationanimaleprovoquéepar Vicia
villosa Roth. dont le tableauclinique est différent du lathyrisme.Cette
maladie toxique se manifesteprincipalementpar des dermatites,de la
conjonctivite et de ta diarrhée.La mortalité atteint parfois 87o des

425
effectifs intoxiqués.L'agentresponsable
de cetteintoxicationn'a pas été
déterminé(KEELER & al., 1978).

263. Vigna sinensis (L.) Savi ex Hassk. (= Vigna sinensisEndl. =


DolichoscatjangL. = VignacatjangV/alpers)

bonnette,loubia, niébé,doliqueà oeil noir

fûl gnâwa(!) (litt.: fève de Guinée).


tidellag, tadellagt (!) (vernaculaireconfirmépar ECHIKH, agronomeà
I'U.R.Z.A., Algérie, communicationpersonnelle)(Touât, Gourara,
Tidikelt, Oasis sahariens): pour une variétê,Vigna unguiculata(L.)
Walp., cultivée dansles oasissatrariensoù elle fut introduite d'Afrique
Noire. Ce vernaculaireest à rapprocherdu berbèremauritanienâdelgân
qui désignele haricot(BERTRAND,l99l).
lûbya balaû (Yémen)(DEFLERS,1889pour Dolichoslubia Forsk.).
niébê(Wolo0.
kulf; (Pakistan,USMANGHANI& al., 1986,n' 335).

Il existeplusieursvariétésde cetteespèce,au nombredesquelles:


- Vigna rnelanophtalmaD.C. (= Dolichos sinensisStichm.) d'origine
chinoise;
- Vigna unguiculata(L.) Walp. (= Dolichos unguiculatusL. = Dolichos
biflorus L.), très waisemblablement d'origineafricaine: c'estle niébédu
Sénégal.

C'est une plante annuelle de 60 cm environ, à port éngê ou traînant


(D. sinensis),à folioles triangulairesvertesfoncéeset lisses,portant des
fleurs d'assezgrandesdimensions,blancroséou liliacée.Les goussessont
cylindriques, droites ou légèrementincurvées,longuesde l0 à 25 cm,
contenant des graines ovoïdes réniformes ou rhomboïdales,un peu
ridées, plus petites que les haricots blancs, de couleur très variable
(noire, noire tachéede blanc,bmne,rougebrun, blanche),un peu dures.
La variété blanche à hile noire est la plus couranteen Egypte et au
Moyen-Orient ; la variétê,niébé est très cultivée au Sénégal,dans les
champsde mil. Au Maroc, on fiouve une variétéà grainsrouge brun et,
dansles oasissatrariens, la variéténiêbê,trèsappréciée.
La plante est originaire de I'Inde, de la Chine ; la variétê'catiang de
I'Abyssinie (GUYOT, 1963).En Afrique occidentale,elle sembleissue
d'une forme sauvagelocale (DALZIELL, 1955). C'est de là, que des
variétéshorticolesfurent introduitesau Maroc, en passantpar les oasis
satrariens,il y a plusieurssiècles.

USAGESTRADMONNELS

426
Les graines serventà faire des cataplasmes dans les oedèmeset les
inflammationsexternes.En raisonde son astringence, la consommation
de ce haricot est recommandéedansle Eaitementdesgastralgies.
A Marrakech,les grainessont utiliséesdansles soins capillaires,en
mélangeavecles autresplantesqui ont un usageidentique.
La graineest un alimentrès priséà Marrakechet dansles oasis.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
C'està I'articlelûbiya d'IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n' 2042), de la 'Umdat at-tabîb (no 1318), d'AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 175) et de la Tuhfat al-ahbâb (no 16), qû traite des
différentesvariétésde Dolichos lablab L., que nouscroyonsreconnaître
I'espèceVigna sinensis,ou du moins la variététrès cultivée en Egypte
(appeléeaussipar les botanistesDolichoslubia Forsk.).ABDEREZAQ
ne mentionnepascetteespce.

FAGACÉNS

264. Castanea sativa Mill.

châtaigner

qesyâL,qastân (!) : ce vernaculaires'emploieaussi,dans la région de


Rabat"pour une Lamiacêe,NepetaapulaeiUcr. et, dans1s5traitésarabes,
pour Betonica fficinalis L. et TeucriumchamaedrysL.

Cetteespèced'Europeméridionaleet d'Asie,n'estreprésentée au Maroc,


à létat spontânqeuepar une dizainede piedsdansune stationreliquedu
Nord du Maroc. La châtaigneconsommée au Maroc est,danssa totalité,
importée.

USAGESTRADMONNELS

A Tanger, Tétouan,Salé et Marrakech,on utilise la châtaignedans le


traitementdes maladiesdu rein, souventen associationavec desfeuilles
d'eucalyptus,des styles de maris,desfleurs de figuier de barbarie,de la
menthepouliot, de la lavande,du nard indien,des grainesde jonc, de la
matricaire; on fait une décoctiondu mélangedont on boit 2 verres/jour.
Le fruit, rôti sur des braises,à la mode européenne,est un peu vendu
dansles ruesdesgrandesvilles, en hiver.

427
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La châtaigneest mentionneepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 339, 1270),la 'Urndatat-tabîb(no 1869), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 52), la Tuhfat al-ahbâb (n" 452) et ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,n' 183)souslesnomsdeqasnl et châhbellût.

265. Quercus faginea Lamk.

chêne-zen

ta\t, ta*ta (!) (Rif, Jbala): c'estaussile nom du Q. pyrenaicc Willd. du


Rif.
zôn (marocainancien,EN-NACIRI).
l-'agfa,l-'alga(!) : pour la noix de galle.

Cetæes$ce d'Afrique du Nord est bien représentée au Maroc.


La noix de galle est fréquentesur cetteespèce.On rencontreaussisur
la
d'auEeschêneset en particuliersur le chêne-liège.Chezles herboristes,
on rencontreaussi la noix de galle d'Alep, de bien meilleur qualité :
importée de Syrie, elle est récoltéesw Quercus lusitanica Larnk var.
infectoric Olivier. Cette importationremonteà plusieurssiècles ; à
l'époque mérinide, c'était les marchandsbarcelonaisqui venaient la
vendre à Anla (KHANEBOUBI, 1987).Elle résultede la piqûre des
bourgeonspar les femellesd'un hyménoptère,le Cynipsgallae tinctoria
Olivier ; en réactionà la pontequi suit la piqûre, se produit chez I'hôte
uneproliférationtissulairequi donnenaissance à la galle.
USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, la noix de galle s'emploiedans les diarrhées(la


poudre ou la décoctionpar voie orale), les pertesvaginales(la poudre
appliquéepar voie vaginale),l'épistaxis(la poudreinroduiæ dansle nez)
et les soinsdesboutons(applicationlocalede la poudrehumectée).
A Marrakech,dansles soinsdes cheveux,on associeà la noix de galle
divers produits comme la litharge dorée,la litharge argentée,le nard
indienole cuiwe brûlé, la graine de staphysaigre,le fnrit du mélilot, le
frnit du Magydaris, l'écorcede grenade,l'écorcede chêne,les feuilles de
garou,le myrte, la fleru de lavande,le souchetlong, du vieux henné; on
moud le tout, on ajoute un peu de coloquinteet un décoctéde mamrbe
pour faire une pâte. Cettepâte est appliquée,en cataplasmesur la tête
qu'on garde 2 jours avant de laver. Cetterecetteest réputéeexcellente
pour rendrela chevelurebelle, la fortifier et pour éliminer la vermineet
lespellicules.

428
A Salé,dansles affectionsde la bouche,on prépareun mélangede noix
de galle,d'alun du Yémen,de sel gemme,de grainesde harmel,de galle
de tamarisnde laurier rose, de clou de girofle et de mamrbequ'on fait
bouillir dansde I'eauet qu'onutilise en gargarismes.

La noix de galle servaitauEefoisà fabriquerdesencres: un mélangede


noix de galle, de noir de fumée,de sulfatede fer et de gommearabique
est écrasédansun mortier puis délayédansde I'eau ; I'encreobtenuest
alorsverséedansde petitsencriersen céramiquegarnisd'un éponge.
Le bois de ce chêneservaientautrefoisà faire des arcs (qasî ez-zân)et
desj avelots(EN-NACIRI).

DISCTJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Ce chêneestmentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC1877-1883,
no 339, 1081,1564),la 'Umdatat-tabîb(no 1029, 1758),AL-\WAZIR
AL-GHASSANI(n" 52,227)etlaTuhfat al-ahbâb(no309,387)sousle
nom de zân et bellût (et la noix de galle sous le nom de 'a|p.
ABDEREZAQ (LECLERC.,1874,n" 655) mentionnela noix de galle
sousle mêmenom, mais il ne fait pas de distinctionentreles différentes
espècesde chênefaitées globalementsousle nom de bellût(op. cit.,
n' 169).

Les donnéesde la toxicologie


Des intoxications de bétail par desfeuilles, despetitesbranchesou des
glandsprovenantde divers chênes(Q. robur, Q. coccinea,Q,.lmvardii,
Q. brevifulia, etc.),observéesen Europeet en Amériquedu Nord, ont
été décritesdansla littéranre.
Quoique cela n'ait pas été formellement démontré,il semble que les
principestoxiquessoientles tanins(KEELER& al., 1978).

Symptômesde l'intoxication
On observede I'anorexie,de la deipression,une atonie stomacale,des
désordresdigestifs,de la constipation,une élevationde I'uréesanguineet
de la créatinine et tous les signesd'une insuffisancerénale due à une
nécrosedes tubules rénaux. La mort peut survenir en 3 à 4 semaines,
dansles casgraves.
A I'autopsie,on constatedes lésionsdu tube digestif avec hemorragies,
ulcérationset congestiondesmuqueuses (KEELER& al., 1978).

266. Quercus rotundifulia Lamk. et Quercusilex L.

chênevert

429
kerrûï,(t).
jerb (kf).
al-bellût lajarat al-bellût(lin.: arbreà glands).
tasaft,âsaf(Moyen-Atlas,Rif, Souss).
âdern,ôderna,âdren(Moyen-Atlas,Anti-Atlas) : pour le gland.
ôbuhû(Souss,Anti-Atlas,LAOUST, 1936): pourle gland.
dbaS (litt.: tan) : pour l'écorce.
tfel (Casablanca) : pour l'écorcesèche.

Cesespèces,méditerranéennes,
serencontrent,en montagne,au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

On utilise, partoutau Maroc, l'écorcede ceses@cesde la mêmemanière


que pour celle du chêneliège (Q. suber,voir article suivant,n" 267), et
en particulier dansle traitementde la diarrhéeet de la dysenterie*.On
utilise aussi la décoction concentrée,par voie orale contre les
hémorragiesde Ia déliwance.
Les glandsde ceschênessontaussiconsommés quoiquemoins doux que
cerD(du chêneliège.
L'écorcefournit desproduitsde tannage.

DTSCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le chênevert est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 339, 124),la'Umdat at-tabîb(no 100,108),AL-TWAZIRAL-
GHASSANI (no52), laTuhfat al-ahbâb(n" 87) sousle nom de sindyânet
bellût ABDEREZ Q ne fait pas de distinction entre les différentes
espècesde chêneet les raite toutessousle nomde bellûi

* Autrefois, on préférait à touæsces écorces,l'écorcede racine du chêne kermès


(Q. cocciferaL.),plusefficacedansla dysenærie.

267. Quercus suber L.

chêne-liège

t-ler\i (t).
fernôn (!) : dansle Suddu Maroc,c'estle nomd'Euphorbiabalsamilera
v ar.sepiurnet Euphorbia obtusifolia ssp.regis-jubae.
dlam,dlern(!) (JbalaTangérois).
lajarat al-bellûç[itt.: arbreà glands).

430
Cette espèced'Afrique du Nord et du Sud de I'Europe,constitueau
Maroc de véritablesmassifsforestiersdont le plus vasteest la Mamora.
Ce chênea de tout tempsété exploité au Maroc, pour son liège, son
écorcetarrniqueet sesglands.Déja du tempsdesAlmohades,Les portsde
I'Atlantique exportaientl'écorcevers I'Europe.Cette exportations'est
maintenu jusqu'à une date récente (HISTOIRE DU MAROC ;
Renseignements Coloniaux,Doll bis,nov. 1905)

USAGESTRADMONNELS

L'écorcesituéeau dessousde la couchede liège est utilisée,sousle nom


de dba! (litt.: tan), dansles régionsoù poussele chêne-liège(Mamora,
Témara,Jbala), commehémostatique et cicatrisantdans les soins des
plaies,le plus souventen poudre,parfois en décoction.La poudreest
aussiutilisée,par voie orale,commeantidiarrhéique et dansle traitement
desmaladiesde I'estomacet du colon.

Les glands du chêne-liège,de saveurdouce,sont très recherchéspour


I'alimentationhumaine,surtouten periodede disette.On les vend dans
les souks.Ils sontmangéscrusou grillés sur desbraises,à la manièredes
châtaignes,ou encorebouillies dans de I'eau, séchéspuis réduits en
farine.
Les glandssont considéréscoflrmeun alimentde pauwe.On peut citer, à
ce propos,I'imprécationterrible lancéepar le sultansaâdienAhmed Al-
Mansourcontre les Ai't Souab(du Jbel LekestdansI'Anti-Atlas) et leurs
alliés qui s'étaientrévoltés contre lui : "Que I'essentielde leurs biens
soient des glandsde chêne! Que la neigeet le froid règnent chezeux !
Que leur pays soit liwé aux guerresintestines! Qu'ils soient opprimés
commeles souris chezles chatspar ceuxqui sontdanscetteassemblée...
Et celajusqu'à la fin du monde!" (JUSTINARD,Notessur lhistoire du
Souss,1933,in JACQLJESMELJNIE,1982) Les Art Souabsonten effet
très pauvres,n'ayantni orge ni blé, mais seulementdu mil et quelques
chèvres; et les plus âgésse rappelentavoir bien souvent,par le passé,
complété I'alimentation de leur famille par des produits de collecte :
herbes,racines,tuberculessauvages, glands,etc.

L'écorcefournit un tan (dbaÈ)rès utilisé autrefoispar l'industrie de la


tannerieà Rabat(Renseignements Coloniaux,Do3, rnars1915,p.42).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le chêne-liègeest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 273, 371) sousle nom de {ûber (du latin suber),bahas et

43r
I.tarka.ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n" 240) le mentionnesousle
nom de dlem. L'espèceest cité par la 'Umdat at-tabîb (n" 2378). La
Tuhfat al-ahbôb (n" 87) et AL-WAZIR AL-GHASSANI (n' 52) I'ont
assimiléà d'aureschênes.

FUMARIACÉES

26E. Fumaria divers

fumeterre

FumartacapreolataL.
Furnaria fficinalis L.
FumariaagrariaLag.
Fumariaparttiflora Lam.

$nunet en-na'ja (litt.: morve de brebis; allusionà I'aspectdes fleurs)


(Oued Chenat).
{ehmetal-fellû,s(litt.: graissede poussin)(OuedMallah).
!âhtaraj (Egypte,BOULOS, 1983; termeclassique).
bûdzurin (LAOUST in GATEFOSSÉ,, l92l).
blired (Souss,LAOUST, 1936).
sibâna(Souss,Gharb): conespondau vernaculairc Infifut as-æbyân
(litt.: herbedesjeunesgarçons)(Algérie,Tunisie).Ce vernaculairevient
peut-êtrede I'usageanciende son infusion commeeau de jouvence ou
encorede son emploi commeremèdedes croûtesde lait et des boutons
desjeunesenfantset commedépuratifpédiatrique.
buqûl aç-ybîya (litt.: herbeou légumede jeune fille) (Fès,RENALJD&
COLIN, 1934, n" 440 ; AL-WAZIR AL-GHASSANI, no 369) : à
rapprocherdu précédent.
nâr al-bôrda (Souss): pour F. parliflora.
îjûjer (Haouz,NEGRE, 1961): : pour F. parttitlora.
pâyba (Gharb): : pour F. pamiflora.

sont communesau Matoc, dans les


Ces 4 espècesméditenanéennesn
fricheset les haies.

USAGESTRADMONNELS

A Oued Cherrat et à Bouznika,l'infusion de fumeterreest utilisée en


lotion sur le corps ou sur les zonesatteintescomme antt-eczêmateux,

432
*tipry4gineux et sédatiflocal. L'infusion estaussibue commedépuratif
et remèdedesdésordreshépatiques.

Ces espècessont bien pâturéespar le bétail, mais elles sont réputées


toxiquespour les lapins.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le fumeterreest mentionnépar IBN AL-BAYrAR (LECLERC, lg77-
1883,no 330, 1264,1935),la'umdat at+abîb(no 1,'202),AL-ûAZIR
AL-GHASSANI (n' 369)et la Tuhfatal-ahbâb(n" 44f/) ious le nom de
{âhtaraj. ABDEREZAQ (LECLERO,1874,n" 942) le menrionneaussi
sousles nonmde lâhtaraj et lafifut es-æbyân.

[æs donnéesde la toxicologie


Des accidentsont été signaléschezdu bétailqui avait pâturéen excèsdu
fumeterre.C'est les alcaloidesqui seraientreqponsablésde I'intoxication
(KEELER & al, 1978).

GENTIANACÉES

269. centauriurn spicatunt (L.) Fritsch et centaurium


erythraea Rafn (= Centauriumumbellatum(Gilib) Beck)

petite centaurée

qupçetel-Inyya, goçyt l-Inyya (!) (litt.: houpetrede serpent).


merrâret lehnes(Hatra,souss,Algérie) (litt.: bile de serpent).
qlîlû (Kabylie,LECLERC,1874,no 736).

Cesespèces,euro@nnes et médiærranéennes, sontcommunesau Maroc,


nottilrment dans la région d'Ouezzaneoù elle est récoltée de manière
importantepour I'exportationde la planteséchée.

USAGESTRADMONNELS

Partoutau Maroc, cetteplanteest utilisée en infusion dansle traitement


des palpitations, du diabètesucré, des fièvres. En usageexterne, la
poudre est employée pour la cicatrisationdes plaies. A salé, elle
intervientaussicommedépuratif.
Dansle Sudmarocain,on en fait aussiun onguentcontrela sciatique

433
A Ouezzane,la décoctionest utifisée,en lotion capillaire,contrela chute
descheveux.
Dansle Nord du Maroc,on accrochedansles demeuresdesbouquetssecs
de petite centauréepour chasserles mouches.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La petite centauréeest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,no 1840),la',Umdat at-tabîb(n" 2151),AL-V/AZIR AL-
GHASSANI (no 250), la Tuhfat al-ahbâb (n" 333) sous le nom de
qantû,rtyûnçafir. Dans la note annexéeà la naductiondu texte d'IBN
AL-BAYTAR, LECLERC a donnéune leçonfautive du mot qussetal-
I.nyya (litt.: houpettede serpent)qu'il alafesset al-Inyya et rendupar
"luzernede vi$re".
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 736) cite la petite centauréesous
les nomsde qantûriyûnp!îr et de marrârat lelme{.

cÉnq,NIAcÉEs

270. Pelargonizn divers

Pelargoniumodoratissimum (L.) L'Herit.


PelargoniumroseunzWilld.
Pelargonium capitatum(L.) L'Herit.

géranium-rosat

la'tertu (l).

Ces espèceso introduites au Maroc, sont cultivéesdansdes plantations


modernes,surtout dans le Gharb et la région de Khémisset,pour la
production dhuile essentielledestinéeà la parfrrmerie.On la renconte
aussidansles jardins cornmeplanteodoranteet ornementale.
On connaîtplusieurses@es hybrides.

USAGFS TRADMONNELS

A Tétouanet à Fès,on préparaitencoreil y a quelquesdécennies,dans


les maisonsbourgeoises, uneeaudistilléede géranium-rosat. C'étaitavec
celles de rose, de fleur d'orangeret de marjolaine, I'une des 4 eaux
distilléespréparéesdansles familles.Cetteeau distillên êtut utiliséepar
les femmespour les soinsdu visage.
434
L'huile essentiellede géranium-rosat, disponible chezles parfumeurs
traditionnels,qui I'importentde France(Renseignements coloniaux,ro 8,
août 1905),tient lieu de parfum de rosebon marché.on en met aussi
danscertainespâtisserieset confiseries.

D'après DOREAU (1961), I'huile essentiellede géranium-rosatétait


utilisée, au Sahara,en applicationsur les dentsnconfie les douleurs
dentaires.

Aujourd'hui, les feuilles de géranium-rosatfont partie du bouquet de


plantesaromatiques(géranium-rosat, marjolaine,menthepoivrée,sauge,
menthepouliot, verveineodorante,etc.) qu'onajouteau thé à la menthe,
pour le parfumer. L'infusion de thé au géranium-rosatet à la menthe
verteest considéréecommecalmanteet antispasmodique.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Espèceintroduite asseztardivementen Méditerranée,le géranium-rosat
n'estmentionnéoar aucunde nosauteurs.

GLOBULARIACÉBS

271. Globuhrta alypum L.

globulairetubith, tubith blanc

taçelga(berbère)(!).
'ayn lerneb (Fès)(litt.: oeil de lièwe).
sannâbeldi (litt.: sénédu pays)(Algérie).
ltallab nrya(Saharaoccidental,BIROUK & al., 1991).
zriga (litt. : la petite bleue ; en raisonde la couleurde la fleur) (Tunisie,
Lybie, BOUKEF, 1986; BOULOS,1983).
'aynûn(classique).

Cetteespèce,méditerranéenne,
est communeau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partout où elle existe, la globulaireturbith est utilisée comme laxatif


doux, à la placedu séné, généralement sousforme de décoctionavecdes
figues sèches.A Fès,Rabatet Marrakech,la planteest employéecomme
dépuratifet antidiabétique.

435
I

Les tradipraticiensdu Moyen-Atlasla prescriventdans I'incontinence


urinaire nocturnedesenfants.
GATEFOSSÉ(1921)signalesonemploicommefébrituge.

Enfin, elle intervientparfoisen m4gle.

TOXICITÉ

A fortes doses,la plante provoqueraitde I'oligurie, des diarrhées,des


coliques,des vertiges,de la céphalée,des frissons,des douleursaux
membres,de I'hypothermieet un ralentissementdu pouls (CHARNOT,
r94s).
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La globulaireturbittrest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,no 139, 1246, 16ll, 1636),la'Umdat at-tabîb (n" 2289,
2504),laTuhfatal-ahbâb(n" 6) souslesnomsde âlûbun,sannâôndalusî,
sannâbaladîet'aynûn ABDEREZAQGECLERC, 1874,no 691, 894)
la mentionneaussiet ajoutele vernaculairetaçe$a. AL-V/AZIR AL-
GHASSANIne la citepas.

tt

HAMAMELIDACEES

272. Liquidambar orientalis Mill.

Iquidambar

rnî'a, rnay'a (l) : pour le styrax liquide. Au Maroc, ce terme désigne


aujourdhui la gommed'olivier.
gunlukajasi (Iurquie) (MCOLAS M., communicationpersonnelle).
'anber ajasi (Turquie) (litt.: arbre à ambre) (NICOLAS M.,
communicationpersonnelle).
sijala yaji Çvrquie) : pour le styrax liquide ; vernaculairedérivant de
yaj - essence,en turc (NICOLAS M., communication personnelle).

Cette espèce,endémiquede Turquie (où elle couwe près de 3.000


hectares)et des lles grecquesde Rhodeset de Salakos,produit une
oléorésine,le styrax liquide qui était exportfu partout dans le Monde
Arabeet dansle Monde.

Le styrax liquide est obtenupar raclagedu ffonc préalablementincisé.


La résine et les raclures sont alors mises à bouillir dans de I'eau. La
l
436
résineresteau fond et se séparedes débrisligneuxqui surnagentet sont
enlevés.On obtientainsi le styrax[quide qui estun baumeopaque,épais,
visqueux,à consistancede miel, de couleurgrisâne à brun, à odeur
balsamiquerappelantle baumede Tolu. Il s'épaissitavecle temps sans
devenir solide. Il est utilisé dansI'industriedes cosmétiquespour ses
propriétésaromatiqueset fixatrices*.

Les tourteauxde débris,imprégnésde résine,une fois désséchés, sont


appelésba!ûr (litt.: parfum pour fumigations).On les utilise comme
succédané de I'encens,en fumigations,danslestempleset les églises,d'où
le nom d'arbreà encensqu'on donneaussià cette espèce(NICOLAS,
conrm.personelle; PERROT,1,943-1944, p. 1396).

USAGESTRADITIONNELS

Le vrai styrax liquide n'est plus disponible aujourd'hui chez les


droguistesmarocainsmais il était Eèsutilisé autrefoiscommecicaEisant
des plaieset blessures,en particulierlors des circonsisions,et comme
maturatif des abcès.A I'intérieur,on le prenaitmélangéà du miel et à du
beurre,dansles affectionsrespiratoires.

Sousle nom de mî'a, ce qu'on frouve aujourd'huichez les droguistes


marocainsc'est la gommede I'olivier, qui reçoit les mêmesindications
que le produit qu'elleremplace.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Une grande confusion existe dans les traités arabesentre le styrax
liquide, produit par le Liquidambar orientalis ln-f.ilL,le storaxou baume
storax,résine solide produitepar une Styracacée,leStyrax officinale L.
(aliboufier) du Proche-Orientet la gommed'olivier (Olea europeaL.,
Oléacées).
La gommede I'olivier est mentionnéepar AVICENNE et ABDEREZAQ
(dansLECLERC, 1874,no 4) sousle nom d'isturak qui est en réalité le
nom du baume storil(. Elle était considérée,en effet comme un bon
succédané de ce dernierce qui expliquequ'elleait pris sonnom. Puis à la
faveur de la confusionhistoriqueentre styraJK et storax,elle a fini, par
prendrele nom du styrax,mî'a.

Le styrax liquide est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,


1 8 7 7 - 1 8 8 3n,o 1 1 8 4 ,1 5 1 1 , 2 0 1 1 ,2 1 0 2 , 2 1 9 6 )l,a ' U m d a t a t ' t a b î b
(n' 1285), AL-V/AZIR AL-GHASSANI (n' 179), la Tuhfat al-ahbâb
(n" 58, 238) et par ABDEREZAQ (LECLERC,1874,no 513, 522).sous
le nom de rnî'a,stiral<âet lobnô.

437
* On utilise aussile Liquidambarstyraciflual. du Mexiqueet du Guatéqa! Ouidonne
le "baumede liquidambar"ou "stgax américain'ou "baumecopalme"ou "résineliquide
dela Nouvelle Espagne".

IRIDACÉNS

273. Crocus sativus L.

safran wai

za'afran (!) (mot dérivantdu persan) et za'afranhôrr* (safranvrai, par


oppositionau safranbâtardqui est le carthame,Carthamustinctorius L.,
appeléaussiza'afran)Le safranest connupartoutau Maroc sousce nom.
Dans les traités arabeson ffouve aussi les appellationssuivantes:
kurkamâ, kurkwn (dérivant du syriaque,de I'hébreu et du sanskrit),
kesar(dérivantdu hindi), quruqûs(du grec: crocus),iâû, iisâd.
Les stigmatesportentle nom de luyût (litt.: fils) ou fu'r (htt.: poils).
Les feuilles du safran,utiliséesaussidansla médecinearabeclassique,
portent les nomsde rîhqan ou rîqan.
Enfin, on préparaitune "huile de safran"(dufut ez-za'afran)(IBN AL-
BAYTAR dans LECLERC, 1877-1883, 'abîr
898) et des mélanges
aromatiquesà basede safranappelés (AL-BIRUNI dans HAKIM
MOHAMED SAID,1973).

HISTOIRE DE LA CULTURE DU SAFRAN

AU pROCIIE-ORIENT ET EN RÉcION tr{Én[eRRANÉENNE

Originaire d'Orient, le safranest connudepuigla pfgs-haute Altiquité :


les Indiens, qui I'employaientlors de érémonies religieuses,le faisaient
venir du Cachemire; les Assyriensde MésopotamieI'utilisaientaussi et,
d'aprèsle papynrsEbers,le safranétait déjà cultivé à Louqsor_. en 550
av. J.C. Son éommerceen MédiænanéeétaitentièrementconEôlépar les
Phéniciens.

Les textes grecsdistinguaient5 provenancespour le safran (Dioscoride


in GLJNTHER,1934;GOUBEAU,1993):
- I'Antre corycien, près du Mont Parnasse,en Grèce(Strabon,Galien,
Dioscorides);
- I'Etolie en Grèce@ioscoride);
- la Lydie, aujourdhui en Turquie (Dioscoride);
- Cennuipeen Sicile @ioscoride);
- Cy^èneènCyrénarque(I-ybie actuelle)(Dioscoride).
438
I-e safrande Sicile et de CyrénarQuen'étaitpasconsidérécommeun des
meilleurs.
Les Romains,qui I'utilisaient pour la teintureet pour la préparationdu
garum (un condiment à base de poisson,d'épiceset de safran), ont
certainementmaintenuet dévelopff cesexploitations.
Quand les Arabesfirent la conquêtede la rive Sud de la Méditérranæ,et
de la Sicile, il est vraisemblableque ces plantationsétaient encore en
place.
Quoiqu'il en soit, le safran avait, à cette époque, prit une place
importanteen matièremédicaleet tous les manuscritsarabo-musulmans
le mentionnent longuement (YOUNOS, 1993) : à l'époque d'AL-
BIRUNI, c'est à dire au Xème siècle,le safranétait cultivé en Syrie, en
Iran, en Afghanistan, en Inde, au Maghreb (AL-BIRLJNI in HAKIM
MOHAMED SAID, 1973).
Toutefois,malgréI'anciennetéde sacultureet de sesusagesen Orient et
dansle Bassinméditerranéen,le safransemblen'avoir été introduit en
Europequ'à la suitede la conquêtearabede I'Afrique du Nord.

AU MAGHREB ET EN ESPAGNE

Au Maroc,l'époqueexactede sonintroductionn'est pasconnue.On sait


seulementqu'il est cultivé depuislongtempsdansla région de Taliouine
sur les terres de la tribu des Sektanadont la population berbère,
aujourd'huimusulmane,comptaitencoredansles annéessoixanteun fort
pourcentaged'êlémentsjudar:sés.Cette culture êtalt autefois tellement
rénumératriceque les grandsféodauxde la régionprélevaitune dîme en
naturesur la production.Le cardGlaoui qui contrôlaitla région se faisait
ainsi livrer la part du safran qui lui revenaitdans de petites outres en
peau de chien tannéequi avait la réputationde garderau produit toute
son odeur.

La première mention que nous avons trouvé sur la production


maghrébinede safran figure dans le kitab al-çaydana d'AL-BIRUNI
(973-1051)(AL-BIRUM, dansHAKIM MOHAMED SAID,1973). Cet
auteurciæ plusieursqualitésde safranau nombredesquellesune qualité
dræma!rtbî considéréecomme moyenneet classéeaprèsles variétés
iraniennes et afghanes. Le ma$rib îslarnî allant du Maroc à la
Tripolitaine, cettequalité dite "maghribi"pouvait aussibien provenir du
Maroc, de I'Algérie, de la Tunisie ou de la Tripolitaine.A noter qu'à
cette époque,aucunevariétéândalusî (d'Andalousie)n'est citée par AL
-BIRUNI qui semblepourtanttrèsbien documentésur la question.

D'autres mentions intéressantessur la production de safran dans


I'OccidentMusulmanfigurent dansles textessuivants:

439
l.le Kitab et-tasrif de Abulqasim Ez-Tahraoui,né vers le milieu du
Xème siècle,mort en 1013(RENAI'JD& COLIN' 1934);
Z.le Musta'ini fr libb d'Ibn Buklarich' un savantandaloudu XIème-
)ilIème siècle (RENALJD& COLIN' 1934);
3. le "voyageen Afrique" du voyageurandalousEl-Belai (XIème siècle)
(EL-BEKRI).
4.la 'Umdat e!-çabîb attribuéeà Abi-l-Khayr Al-Ichbili, un botaniste
sévillan du XIIème siècle (AL-ICHBILI, 1990 ; BELLAKHDAR'
r99r);
5.le Jami' al-mufradat d'Ibn Al-Baytar(présuméné en 1197,mort en
1297)(BN AL BAYTAR, dansLECLERC,I877-1883);
6.la Hadiqat al-azltar d'Al-Ghassani(XVIème siècle) (AL-WAZIR
AL.GHASSAITII);
7. la Tul.fat at-alùôb, manuscritanonymed'un médecin du Sud
marocain qui vécut probablementau XVIème ou au XVIIème siècle
(RENAUD & COLIN, 1934);

En ce qui concerne,d'abord, les sourcesde l'Espagnemusulmane,


I'auteuràela'Umdnt et-tnbîb(n' 1062)signaleI'existenced'une variêtê,
dræôndalusî, de même qu' Ibn Buklarich et AbulqasimEz-Zahraoui,
alors qu' Ibn Al-Baytar n'apporte rien de nouveau et ne fait que
."p."odt" Dioscoride.gt-gekri, glant 4 lH' mentionnela présencede
cu-lturesde safranà TebessadansI'Estalgérien.

Les sourcesmarocainesapportentquelquesdétails supplémentaires. La


importantede
fudiqat al-azlnr fait elle aussimentiond'une production
safranen Andalousie,à Tolède.I-e mêmedocumentsignale sa culture
dansle Tadla (régionde Marrakech,sic I'auteur)et, en petitesquantités,
- danslesjardins de Fès.
Nous n'ârons pas trouvé de faces d'éventuellesculturesanciennesde
safran dans le-Tadla (actuellementprovince de Beni Mellal) et il est
possibleque I'auteur ait assimiléau Tadlal'actuelle région de Taliouine
qoi siâréeun peu plus au Sud. A moinqque les souksdu Tadla aient
I une époquèOonnee,des marchésd'écoulemeqtde la-production
êæ,"rt
safranièreAû SirOmarocain.Par conre, il est possibleque le safranait
êtê cultivé dans quelques jardins privés de Fès, poul un usage
domestique,car unè enquêtepersonnelleauprè9 de gens âgés nous a
rêvêlê,que cette culture a subsistéjusqu'au -début de ce siècle chez
quelquei bourgeois de la ville, dans un coin de leur jardin, à côté
d' uuË"* planæs,médicinales,alimentaires,aromatiquesou ornementales.

LaTuI.{at al-af;babest le seuldocumentqui donnedesdétailsprécis sur


la culture du safran au Maroc. Elle signale,en particulier, l'existence
d'une variêtélocale renomméedrtezeddutîdunom de la nibu desIda Ou

440
7æddutinstallée dans la région d'Irghem (sud-est de Taroudant, à
quelques dizaines de kilomèEes de I'actuelle zone de production du
safran)et qui rès waisemblablements'était specialiséedansla culture du
safran (BELLAKHDAR, 1993). A côté de cette variêté, la Tul.tfatal-
ahbab mentionneune qualité cultivée à Manakechou danssa région et
qui serait de qualité inférieure "parce qu'elle s'est écartée du type
primitif' (sic). C'est probablementune de ces 2 variétés qui était
autefois nomméedansle Tangéroisza'afran beIîIî (car récoltéede nuit :
al-lîD par opposition à la variété importée d'Espagneou d'Italie et
appelfu za'afran rûmî (SALMON, 1906, note p. 36). Aujourd'hui, le
safrande Taliouineest connu chezles grossistesen épiceriesousle nom
de za'afranselctanî(litt.: safrandesSektana).

Il semble donc certain que la culture du Safran au Maroc remonte à


plusieurs sièclessansque I'on sachequandexactementet par qui elle y
aurait été introduite (Phéniciens,migrants Hébreux ou Arabes ?).
Lhypothèseromainesembleexcluecar la régionde Taliouinea échappée
au confrôleromain au tempsde I'Empire.
Ce qui est sûr c'estque le safranexistaitdéjàen CyrénarQue et en Sicile
du temps de Dioscoride, et dans I'Est algêrien du temps d'El-Bekri
(XIème siècle). Il est waisemblableaussi que cette culture ut êtê
introduite en Andalousiepar les Arabesvers 960, en provenancede la
Sicile, de la Médiærranéeorientaleou de I'Afrique du Nord, et que de là
elle serait passéen Francevers le XIIème siècle(dansle Gâtinaiset la
région d' Angoulême)(BELLAKHDAR, I 993).

USAGES TRADMONNELS

En médecine traditionnelle, puutoutau Maroc, le safran est prescrit


conrme emménagogue,tonique général, aphrodisiaqueet stimulant
nerveu)Là faiblesdoses,dansdu thé ou dansdesmets.On le donneaussi
aux femmes post-parturientesdans des régimesspéciaux(bouillon de
pigeonneau,etc.), pour provoquerI'expulsiondu placenta.
Dans le Sud du Maroc,Il entredansla préparationde collyresspéciaux.
A Chaouen,Il est connupour sespropriétésabortives,à fortes dosesnet
est déconseilléchezla femmeenceinte.
I-e,mac&êde sesstigmatesestutilisé commeencrepour talismans.
A Casablanca,d'aprèsMANEVILLE & MATHIEU (1952} on prépare
desovules(liga ou brayem)pour favoriserla conception: cesovulessont
à base de safran,d'oxyde de fer (rouille), d'ail, de lavande,de menthe
pouliot, de racinesde renonculemuriquée,de maniguette,de jusquiame
blanche ; le mélangeest pilé, tamisé,pétri avecde la pulpe de datteset
quelquesbrins de laine ; cette ovule est mise en place pendant48 heures;
la femme I'enlèvealors,va au hammam(bain maure)et se rapprochede
son mari.

441
I-e, safran est très utilisé en art culinaire, surtout dans la cuisine
bourgeoiseEaditionnelleet à I'occasiondescérémonies.

En raison de son coût êlevé, le safran est souvent adultéré en le


mélangeantà des stylesde mai's,de la cuscute,ou en I'alourdissantavec
de l'eaunde lhuile, de la lithargeou du blancd'oeuf.
SALMON (1906)mentionnela falsificationsuivante: on cuit à la vapeur
du blanc de poitrine de pigeonqu'on désagrégeensuitepour le réduire en
filaments ; ces filamentssontroulés avecdu wai safranafin de prendre
sa couleur et son odeur puis séchés; on les enduit enfin avec un peu
d'huile pour leur donnerI'aspecthuileux du bon safran.

DISCUSSION

[.es sourcesécritesarabes
Le safranest longuementmentionnépar tousles auteursarabes- comme
nousI'avonsw plus haut- : IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
no M3, 484, ll10) donneles nolns de za'afran,jâdî, jisâd, kurkurn.La
'Umdat at-tabîb (n" 1062), AL-WAZIR AL-GHASSANI (no I l4), la
Tuhfatal-ahbâb(n' 151) et ABDEREZAQGECLERC,1874,n" 275)le
mentionnentaussi.

* A proposdu qualificaufI.ûn (comrptiondu classiqurl.tân zbrtlant, fêm.: lârra) rl


convientde dire que la quatitéd'un produit d'être"brûlant" ou d'avoir d'unemanière
généraleune saveurou une odeuraccusée,e.stassimiléepar les Arabesà la "force" du
froduit, à son activité. Ainsi, un produit très aromatiqueou trèsâcreestjugé plus actif
qo'* produit qui I'estmoins. De plus,cetteactivité, cette"foryg"_, rendantcom.pteaussi
c:hezËs Arabes du degréde purété d'un produit" le qualificatif har q4r,voulait dire au
uâcre-", "brtlant", puis "fort", "actif', a fini parsignifier aussi: "pur",
départ"piquantn,
"véritable","authentique".

274. Irts germanica L., Irh florentina L. &L pseudoacorusL.

iris bleu, iris blanc,iris de Florence, iris jaune, iris faux acore.

Partoutau Maroc, les rhizomesd'Iris germanica et d'1.florentina sont


'ûd al-'anbar (litt.: bois
vendus chezles droguistessousI'appelationde
'anbar (t).
d'ambre)(!) ou
Dans les livres, I. germanicaet I. pseudoacorusportentrespectivement
les nomsde as-sûsanal-ôzraq(litt.: le lys bleu) et as-sûsanal-âçfar (litt.:
le lys jaune).
On connait aussipour la planæentièreles vernaculairespolyvalentssf
ed-6b et sekkîn e{-ûb (litt.: sabrede chacal; allusion à la forme des
feuilles) ou tufrtu Gerbère)(poly.).

442
Une autre espècespontanée,non utilisée à notre connaissance,Iris
sisyrinchiumL., de petite taille et à fleurs bleues,porte partoutau Maroc
le nom de bû-Stîl&, bû,-frâkou bû-{râq.

I. germanica et I. florentina sont cultivés partout au Maroc dans les


cimetières et, spécialementdans le Grand Atlas, sur les murettes qui
bordent les culturesen terrasses./. pseudoacorzs,es@cede Méditerranée
et d'Europe,est spontanéedansles lieux humides,mais la cueillette I'a
quasimentfait disparaîtreaujourdhui.
Le rhizome d'iris fait I'objet d'une exportation importante pour
I'industrie de la parfrrmerie.

USAGES TRADMONNELS

En médecinetraditionnelle, les rhizomesd'iris en poudre sont partout


utilisés comme analeptiquepour les femmeset les enfantsmalingres,
mélangésà la nourritureoau couscousen particulier. Par voie orale, la
poudrede rhizomesest aussiI'un desconûe-poisons les plus couramment
employésen raisonde sespropriétésémétiqueset purgatives.
La décoction de rhizomes est utilisée, en frictions, contre les
rhumatismes,la sciatiqueet les douleursdorsales.
La poudre de rhizomes d'iris, fTnementbroyée, sert de poudre
absorbantepour lhygiène desnourrissons"qui mouillent sur eux".

Enfin, le rhizome, atomatique,entre dans la composition de poudres


cosmétiqueset de fards naditionnels.Il n'estutilisé qu'aprèsplusieurs
quepar viellissement.
mois de séchage,I'odeurn'apparaissant

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
L'iris est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 216, 900), la 'Urndat at-tabîb (n" 2343, 2345), AL-W AZIR AL-
GHASSANI (no l2), la Tuhfat al-ahbôb (no 28, I29, 185) et
ABDEREZAQ GECLERC,1874,no 13) sousles nomsde irisô etsûsan
al -asmônjûnî (ly s amê).

JUGTANDACEES

275. fuglans regia L.

noyer

ou l-jawz (!),\-ge"ga'(t): pourla noixet le noyer.


l-ga','.'z

443
sswâk(!) : pour l'écorcede racines,venduedécouffe en longueslanières
et emouléeen petitspaquets.Ce ærmes'appliquesurtout,dansles livres
arabes,aux tigés de Salvadorapersico L. (voir article n" 472) utilisées
comme frotte-dents.Dans Le Coran, le ssswakest bien cette dernière
esSce.

I-e noyer est paftoutcultivé au Maroc,en régionmontagneuse.

USAGESTRADMONNELS

Les noix sont utilisées comme aliment à haute énergie,reconstituant,


aphrodisiaque,galactogogueet anti-poison.Elles entrent-dans.plusieurs
recettesrevigorantesà côtédesfiguessèches,desdattes,desjujubes,des
pois-chicheset desamandesgrilléas.
Partoutdansle Mondeatabe,l'écorceestemploy&, en masticationou en
friction, pour blanchir les dents, rougir les lèwes e! le_sg_encives,
combattrela mauvaisehaleine,la gingivite et la pyonhée.Le Prophète
Muhammaden faisaitdéjàusage.
Dans le Tadla les fleurs de noyer sontutilisées,en décoction,contre le
diabèæ.
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLB (1952),à Casablanca,au moment
du iewage desbébés,on leur donneà avaler,un peu dhuile obtenueen
écrasantdesnoix.
le bois est trèsemployéen éÉnisærieet en artisanat.

DISCT.JSSION

Iæs sourcesécritesarabes
Le noyet est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
'Umdat at-tabîb (n" 74), AL-WAZR AL-GHASSANI
n"525-,928),la
(no80), laTuhfat al-ahbâb(n" 74) et ABDEREZAQGECLERC, t874,
no 199)sousle nomdejû2.

JUNCACÉNS

276. Juncus maritimus Lamk.,funcus acutusL., f uncus


bufonius L.
jonc.

detouslesjoncset mêmede quelques


ssmôr(!) : c'estle nomgénérique
autesplantesdesbordsdedayas,à portsemblable.

444
la$yet el-'atrûs (Gharb) (litt.: barbe de bouc) : pour ,/. bufonius ; ce
vernaculaire s'applique aussi à Asphodelus tennuifolius Cav. et A.
refractusBoiss.
ôunây (berbèredu Souss).
âzlaf (l{rauûe Moulouy4 Rif) (BERTRAND,I99I).
yôr (Saharaoccidental): "nom de la fleur de jonc ; séchéeelle sert
d'étoupe"(MONTEIL, 1953).
taleggit (Touareg)(VOINOT, 1904).
adless(Kabylie,LECLERC,1874,n' 85)
âsal : c'estle tenneclassiquequi revientdanstousles liwes.
A OuedMallah (régionde Casablanca) où exisæntde grandessuperficies
dejonc, les fellahsdistinguent3 variétésdejonc :
- ssm,ôrl-begri qui est un jonc de grandetaille mais pas dur : on en fait
des nattessoupleset il est pânré : ce seraitJuncusmnritirnus;
- ssmâr l-$elni qui est un jonc de taille moyenne; c'estle plus courant,
le plus dur et son extrémitéest aiguisée.On I'appelleaussissmôr l-hôrr
et ssmâr &ka, : c'estle jonc desvanniersqui s'enserventpour faire des
nattes dures. Il est à peine pâturé par les moutons en période de
sécheresse : c'estJuncusacutus:
- ssm.ârmirra qui est très vert, tendreet de petiætaille. II est bien pâturé
par tousles nnimaux: c'estJuncusbufonius.

Les joncs, espècescosmopolites,sont fréquentsau Maroc dans les


endroitshumideset inondés.

USAGESTRADMONNELS

Les fruits sont, partout au Maroc, utilisés comme diurétiques, en


décoctionnseuls ou associésà d'autresplantesdiurétiques(chiendent,
lavande, styles de mars, fleurs de fïguier de barbarie, etc). Dans le
Tangérois on administre cette décoctiondans I'oligurie et dans les
fièwes.
La décoctionde la soucheest bue, dansle Gharb,confreI'insomnie.
A la campagne,la base des tiges, blancheet tendre, a étê consommée
crue,pendantles épisodesde disette.
I-e jonc sertà faire desnattes.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le jonc est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 65, 1229),la 'Umdatat-tabîb(n" 123),AL-WAZR AL-GHASSANI
(n" 35), laTuhfat al-ahbâb(n'22) et ABDEREZAQGECLERC, 1874,
no 85) sousle nom de smâr et âsal.

445
LAMracÉns

277. Ajuga iva (L.) Schreb.

bugle,ivette

Sendgûra (!) (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie) : au Sahara, ce


vernaculaires'appliqueaussià d'aufiesplantes,par exemple Teucriurn
polium.
tûf çolba (litt.: mieux que les médecins)(berbère,Tadl4 Moyen-Atlas) :
en raison de la placeimportantequ'elleoccupeen médecinepopulaire.
miseylra,rneslceh (Egpte, BOLJLOS,1983)(litt.: la musquée; en raison
de son odeur).

Cette espèced'Europedu Sud et d'Afrique du Nord, est commune au


Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Cette plante, considéréecornmechaude,est une véritable panacéeau


Maghreb.
Partout, on I'emploie commedépuratif,antidiabétiqueet vermifuge, en
décoction ou en poudre. Elle est prescriteaussi contre les troubles
gastroduodénaux, les fièvres,les refroidissements.
En usageexterne,elle s'utilise,fraîcheou séchêeet pulvérisfu, comme
vulnéraire.
Elle est, de plus, réputéeavoir toutesles propriétésde I'armoiseet du
thym.
A Marrakech,la décoctionest indiquéedansles palpitationsde I'aorte
(bûmeanti)et à Meknès,dansla stérilitéféminine.
En raison de ses nombreusesvertus,dans les campagnes,on I'ajoute
souventà la pâædu pain.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
C'est peut-êtrecette plante qu'IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
1883,n" 2134)et la 'Umdat at-tabîb (no 427, 428)mentionnentsousle
nom de misk ej-jin (musc des génies)comme une variété de ia'da
(Teucriunz).ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, no 208) la mentionne
sousle nom de kndgûra, et en fait lui aussiune variétede ia'da. de
mêmeque la Tuhfat al-ahbâb(n' 217).AL-WAZR AL-GHASSANI ne
la cite pas.

446
278. Invandula dentata L.

lavandeà feuilles dentées

taymerza, tamezriyc ( !) (Souss,Anti-Atlas,Haut-Atlas).


ja'da (poly.) (Algérie, Matoc, QUEZEL & SANTA, 1962-1963,
RENALJD & COLIN, 1934,n" 101) : ce vernaculaires'emploieaussi
pour d'autresplanæsà feuillesdécou@s : Teucriumpoliurn, Marrubium
dcsertii,Daucuscarota,etc.
Suzamabeldiya (SALMON, 1906)(litt.: lavandedu pays).
I.nlfuâlmarrakliya (htt.: lavandestoechadede Marrakech): vernaculaire
employépar les herborisæsde Marrakech.
neklîl (Talarnbot).

2 variétêsde cetteespèceexistentau Maroc :


- la variêtêtypica Maire, qui est la plus courante;
- la variétécandicans Batt, de taille sensiblement plus grande,qu'on
rencontredansle Jbel Hadid (aux environsd'Essaouira et du Cap Ghir).

Espècedu Maroc et de I'Algérie, communeau Maroc dansle Rif, le Jbel


Hadid et le Grand-Atlas.

USAGESTRADITIONNELS

Dans la région de Marrakechet le Souss,en poudreou en infusion, elle


est utilisée dans le traitement des désordresgastro-duodénaux,de la
lithiase rénale,desrèglesabondantes. On I'utiliseaussicommetonifiante
et diurétique.
A Tissint, elle est prescrite,en décoction(1 poignéede plante dans I
théière)dansles gastalgies,I'aciditégastrique,les maladiesdu foie.
En usage externeopartout où elle existe, la plante fraîche hâchéeest
appliquéesur les plaieset blessurescoillme vulnéraireet antiseptique.

Les fleurs serventà parfumerle linge, commeon le fait pour la lavande


vraie.

COMPOSITION CHIMIOUE DE I'HUILE ESSENTIELLE DE


IAVANDUIA, DENTATA DU iv{A'F'0C

Nous avonsanalyséles huiles essentiellesde 9 populationsde L. dentata


repartiesdansdifférentesrégionsdu Maroc. læur compositionchimique
est dans l'ensembleidentique dans tous les échantillonsanalysés.[æs
principaux composants sont le camphre, I'eucalypto_I,I'alcool
fenchyÏque, le transpinocarvéol,le bornéol,le myrténol, le B-pinène,le
limonène, la fenchone,le linalol, l'aétate de linalyle, le lavandulol, la

447
menthone,le myrténol, le terpinène-l-ol, l'c-terpinéol, la catvone,
I'aétaæ de carvyle, le carvacrol.
Nous avons touvé que la lavandedentéedu Rif (Nord du Maroc) était
plus riche en composésaromatiques(usqu'à-147ode linalol, acétaæde
-linalyle,
lavandulol, carvone, acêtatede cqrvylg, menthone,nérol) et que
cetteteneurétait encoreplus êlevên, dansles fleurs seules(20 à 25Vo)ce
qui explique I'usagequ'on en fait, commesubstitutde la lavandevraie,
pour parfumer le linge.
b'aune part, lhuile essentiellede la variétécandicansBatt. du JbelHadid
est particulièrementriche en bornéol(47Vo)alors 9ye lgs popglalionsde
la var. typica Maire, notammentcellesdesrégionsles plus méridionales,
sontplus richesen carrphre(usqu'à 727o).
IL IDRISSI & a1.,1985; IL IDRISSI& BELLAKHDAR, 1989).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
ta hvande à feuilles dentéen'estmentionnéeni par IBN AL-BAYTAR
ni par ABDEREZAQ. La'Umdat at-tabîb(n" 4TT) et AL-WAZR AL-
CfinSSnNI (n" 85) I'ont assimiléaux plantesdu tlpe ia'da. LaTuhfat
al-ahbôb (n' 101)est le seuldes5 textesqui la mentionnedistinctement
sousson vernaculairebrÊre.

279.I-avandula multift.daL. et I'avandula n uroccana'Murbeck

kofayla, ko@ta(!) (régionde Rabat,Marrakech): pour L. miltifida ;


dansle Dra ce vernaculaires'appliqueà uneespèceendémique proche,
Lavandula mairei Humbert.
klita diât fumîr (Haouz,Jbilet,NÈGRE,196l-1962)(lin.: romarindes
ânes).

L'espèce L. multifida est nord-afticaineet se rencontrepartgut au


Marôc ; Z. rnaroccana est une endémiquemarocaine (région de
Marrakech).

USAGESTRADITIONNELS

Cesplantes,en poudreou en décoctiol, sont partoututiliséescontre les


désoidres gatro-intestinauxet les affectiols pulmonaires.Là où elle
existeoL. nairei est utiliséede la mêmemanière.

I-avandulamultifdnest tès pânréepar les animaux.

448
COMPOSITION CHIMIOUE DE IIHUILE ESSENTIELLE DE
IAVANDUI.A, MULTIFIDA ET L. MAROCCAI'IADU MAR:OC

Nous avons analysé les huiles essentiellesde L. multifida et L.


mnroccanc.Nous avonsobtenu,à partir despartiesaériennesfleuries,des
rendementsde I'ordre de 0,02Vo(par rapport à la matière sèche).Les
composantsprincipaux de ces2 huilesessentielles, très prochesI'une de
I'autre, soni principalement le carvacrol (de l8 à 607o), le béta-
bisabolène(usqu'à 29Vo),le camphre(usqu'à 55Vo), accompagnés
d'eucalyptol,d'alpha-pinène,d'alcool fenchylique,de bornéol, d'acêtate
de bornyle, d'eudesmol,d'aétatr-d'eudesmyle.
(DENIER & al., 1985; BELLAKHDAR & a1.,1985).

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
par aucundenosauteurs..
Ceses@cesne sontmentionnées

280. Lavandula stoechasL. ssp. lineana Roz. et Lavandula


p e d u n c u l a t a ( M i t l . ) C a v . v a r .a t l a n t i c a B r a u n - B l a n q u e t
7= Lavandula stoechas(L.) ssp.atlantica (Braun-Blanquet)Roz. =
Lavandul.aatlnntica Braun-Blanquet)

lavandestoechadeet lavandet'dunculée

hqlffil (t).
ômezzir, timerza (!) (berbère).
muqef rwôI.r(litt. : arrêæ-rhume).
âsfi!ûdûs (liwesque) : ce termeest la transcriptionarabedu mot grec ;
il est encoreemployépar les herboristesen han (SALAH &, al.,1979).

sontcommunesau Maroc.
Ces2 es@ces,médiænanéenîês,

USAGESTRADMONNELS

Les principauxdomainesd'emploisde la lavandestoechadesont,partout


au Maroc, le rhume,la gippe, I'asthme,la toux, les bronchiteset tous les
refroidissements(rhumatismes,lumbagos,etc.) : on fait une décoction
des sommitésfleuris (ll2 poignéedans1 théière)qu'on.boit,tès chaude,
toute la journée ; on peut égalementfumer les feuilles et les fleurs
séchéesen mélangeavec du tabac.La décoctionde la plante (feuilles et
fleurs) s'adminisEeaussidansles mauxde ventre.
A Marrakech,on préparela taqtîra avec un mélangeà partieségales(l
cuillerée à café de chaqueplante séchéeet mondée)de lavandestoechade,

449
de romarin, de thym-sariette,d'armoiseblanche,de menthepouliot' de
racinesde Corrigiola telephiifolia); Les plantessont placéesdansun
linge de coton propre ; on laisse macérer 5 mn dans 1 verre d'eau
chàude; puis on presse ce linge directementdans la bouche des
nourrissonsqui ont desaffectionsgasto-intestinales.
On applique, enfin la plante sur les plaies et les contusionscomme
vulnéraire.
Dans la région de Beni-Mellal, L. stoechassert à aromatiserle petit-lait
(lben).

COMPoSITION CHII\4IOUE DE I'HUILE ESSENTIELLE DE


teulNouu, sroncnl,s w t pnnuttcutlru'ov vnnoc
Nous avonsanalyséI'huileessentiellede ces2 es@cesrécoltéesau Maroc.
Nos rendementsen huile essentiellevarient,suivantles régions,de 0,9 à
1,47o.La fenchoneet le camphrereprésentent à eux deux 47 à84,3Vode
la totalité de I'H.E., tantôt I'un dominant,tantôt I'autre. Les autres
produitsqui les accompagnent sontI'o-pinène,le p-pinè1e,le carrphène,
i'eucalyptbl le para-cymène,le linalol, le bornéol,l'acétatede bornyle,
le carvacrol,I'iso-eugénol,I'iso-eugénol-méthyléther.
I-es populationsde lavandestoechaded'Idni (Haut-Atlas)ont donné un
bon iendementà la distitlation(l,4Vo)et se sontavéréesparticulièrement
riches en camphre(72,8Vo):elles pourraient,de ce fait, constituerune
sourceintéressantede camphrenaturel.
(BELLAKHDAR & a7.,l984ll).
Du point de vue qualitatif, nos résultatssontcomparablesà ceux publiés
dani la littérature pour d'autres régions du Bassin méditerranéen
(GRANGER& al., l973ll, 197312).

DISCI.JSSION

[.es sourcesécritesarabes
t-a tavandestoechasest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC'
1877-1883, Do62, 1437,19M,2182), sousles nornsde ôsft.!û.dûs et
muwaqefl-ârwâh, et par ABDEREZAQ GECLERC,1874,n" 8) sousles
'Umdatat'tabîb (n" 122, 584' 2585)'
nonn ae aspgAdûset fu\b.vôl.La
AL-\VAZIR AL-GHASSANI (n' 8), la Tuhfat al-ahbâb (n' 13) lui
consacrentaussiune rubrique.

2El. Lavandula vera D C. (= Lavandula angustilolia P' Mill' =


I-avandula officinatis Chaix ex Villars ) et Lavandula x abrialis ( =
Lavandulnvera DC. x l-avandalaspicaL.)

lavandevraienlavandeofficinale et lavandin

450
$uzôma,fuâma, luzânn fassiya (!| (litt.: lavandede Fès),luzâma zerqa
(litt.: lavandebleue). \

La lavande étaient autrefois importée de Provence.En 1955, elle fut


plantéedansla région de Dayet Hachlaf (Moyen-Atlas)sur environ 200
ha. C'estun clone Abrial (lavandinAbrial), provenantde Saint Jurs dans
les Pyrénées,qui fut sélectionnépour ces plantationsen raison de sa
résistanceet de sa productivité,mais on fiouve aussiun peu de lavande
officinale. I-es rendements moyensdans cette région ne furent jamais
très élevés(de I'ordre de 40 kg d'huile essentielleà lhectare). Aussi, en
1985, en raison du vieillissementdes cultures et de la baisse des
rendements,la distillation fut arrêtée. Seule la production de fleurs
séchfus s'est aujourd'hui maintenue à Dayet Hachlaf, Immouzer du
Kandaret Sefrou.

USAGESTRADITIONNELS

Les fleurs de lavandeet de lavandinsontutilisées,partout au Maroc, en


infusion, comme emménagogue,stomachique,cholagogueainsi que
cornmeantiseptiqueurinaire et pulmonaire.L'oléat de fleurs de lavande
est aussi employé,par voie vaginale,dansles infectionsdu vagin et de
I'utérus.
En usage externe, I'infusion sert à faire des frictions déodoranteset
antitanspirantes.Elle sert aussid'eaude toilette.
Les fleurs entrent dans la compositiondu rôs el-hanût (voir article
n" 693) et dans diverss mélangesindiqués comme réchauffants ou
stimulants(msôSerc, voir articleno 693).
Elles font aussipartie de la douzainede plantesutiliséespour les soins
capillaires(voir à I'article n" 688) et commeanti-poux.

Enfin, elles sont utilisées comme antimites, mélangéesà la laine des


matelas,ou suspenduesen petits sachetsdansles armoireset les coffres à
vêtements.

Nous avons analysélhuile essentielledes fleurs de l-avandula abrialis


provenant de Dayet Hachlaf (Moyen-Atlas). Nos rendementsen huile
essentielleont étê de l,SVoet celle-ci s'est avér&,particulièrementriche
en lavandulol (48Vo) (IL IDRISSI, 1982 ; BELLAKHDAR & al.,
198412).

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes

451
La lavande est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 791,1558),la'Umdatat-tabîb(n" 725,2585),AL-WAZR AL-
GHASSANI (no85), la Tuhfatal-ahbôb(n' l0l ,247) et ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,no 935),sousle nom de luzâma.

2E2. Marrubium desertii De Noe

ja'da (!) (Dra, Satraraoccidental,Algérie, BELLAKHDAR & a7.,1987,


MONTEIL, 1953, QIJEZEL & SANTA, 1962-1963): ce vernaculaire
s'appliqueaussidanscertainesrégionsà la carotte,au Teucriumpolium
et l-avanduladentata.

Ce mamrbe, endémiquedu Saharaseptentrional,est assezrare ; au


Maroc, il serenconûedansle Saharaoccidentalet dansle Dra.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Dra, la plante entre dans la formule locale du msâlen (voit


article n' 693) ; elle esttrèsemployéeconte les refroidissements.
A Tissint, les nomadesI'utilisentcommeplantesaponifère.

Broutéepar le bétail, elle augmenteraitle taux de beune dansle lait.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cetæespècen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

2t3. Marrubium vulgare L.

mamrbe blanc

rnerrîwut,merrîwa(t).
îlzi (!) (berbère).
jarsiyûn, farâsiyûn (liwesque) : ce vernaculaire,employé encore en
Eglpte, est d'originegrecque.
On I'appelait autrefois à Fès merrîyut al-irayltiya (litt.: mamrbe des
chinrrgiens) (RENALJD& COLIN, 1934).Cettemention est intéressante
à releier. Il est probablequ'elle renvoie à son emploi par les chirurgiens
de Fès pour panserles plaiesou les gfosabcèsaprèsincision.

Espèced'Europe,d'Afrique du Nord et d'Asie,Marrubium vulgare est


communeau Maroc.

452
D'autresMarrubium exrstentau Maroc (M. echinntumBall.,M. ayardii
Maire, M. alyssonL., etc.) (MARMEY, 1958).Ils portenttous le nom de
rnerriwût et sont à Fu prèsutilisésde la mêmefaçon queM. vulgare.

USAGES TRADMONNELS

Partout au Maroc, la décoction de la plante est employée comme


antidiabétique,seuleou associéeau fenugrec,à la globulaire-turbith,à
I'ivette, à I'armoiseblanche,au lupin blanc, au thym, à la rue, etc. On
peut utiliser aussile jus de la plantefraîche.
La décoction est prescrite également comme antityphoïdique,
antidiarrhéique,fébrifuge, diurétique, emménagogue,anti-ictérique,
expectorant,tonique et stimulant(pour les maladesalités).C'est,en fait,
une véritable panacée.Sauf en cas de diabète,la décoction,qui est frès
amère,est généralement édulcoréeavecdu miel ou desraisinssecs.
En usageexterne,la plantehachéeest courammentutilisée en cataplasmes
sur le front et les ternpescontre les fièvres,et sur les abcèset furoncles
crevéspour les panseret aiderà leur cicatrisation.
Dansle Jbel Bou Iblane,le mamrbeestmâchéconEeles maux de dents.
'La plante est aussi très employéeen cosmétologietraditionnelle : la
décoctionen rinçagesur les cheveuxles embellit ; et les cataplasmes de la
planteapposéssur les tâchesde rousseur,les éclaircit.
b'aprèsGefgfOSSÉ (1921),on instilledansles yeux et les oreilles,des
gouttesde la décoction,conEeles ophtalmieset les otites.
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLB (1952),à Casablancqla décoction
du mamrbe est réputéeréveiller le raged (croyancedu fétus endormi
dansle ventrede sa mère).

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le mamrbe est mentionnêpæ IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 1316,1347,1674),la'Umdat at-tabîb(n" 1384,1913,2512),
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 237),Ia Tuhfatal-ahbôb(no324) sous
le nom defarâsiyûn et {ennâr, et par ABDEREZAQ GECLERC, 1874,
n" 697) sousle nom defarâsiyûn, Sennâret mnrrîwut.

2E4. Melissa officinalis L.

mélisse

hbaq trunjanî, hboq trunj, na'na' trunj (!) : du classiqueturunjân.


tizizwit, tiffer n-tzizua (litt.: aile d'abeille),taneqiletmerzizua(Kabylie,
LECLERC, 1874, n" 124 ; MERAD-CHIALI, 1973) : parce que les

453
Kabyles (Algérie) se serventde la plante poq attirer les essaimsd'abeille
dani les rucles : rappelonsque cet usageétait connu des Anciens, la
plante tirant d'ailleurs son nom du mot_gre9_"melissa" qui figfitr
iabeille"
MERAD-CHIALI, 1973; IBN AL-BAYTAR dansLECLERC,
1877-1883, Do2A8D.

Espèce d'Europe Meridionale, d'Afrique du Nord et d'Asie Sud-


ocôidentaleet cen6ale.Au Maroc,la mélisseest spontanéedansles forêts
fraîches de montagne,et un peu cultivée dansles jardils privés. De
petites plantationi existent aussi dans la région d'Agadir, pour
I'exportationde feuillesséchées.

USAGESTRADMONNELS

Son infusion est considéréepartout comme stomachique,digestive et


A Fès,on croii aussiqu'ellesoulage"les coeursserrés".
rafraîchissante.

La mélisse fait i)aftie du bouquet de plantes aromatiques-(avec la


marjolaine,la saugeofficinale,le géraniumrosat,le calament,la menthe
poiirée, etc.) qu'dn utilise traditionnellementpour parftrmerle thé à la
menthe.

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
La mélisseest mentionnênpar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 221, 324, 326, 59t, 1928,2082),la'Um.d.atat-tabîb (no 152,
296, 522), AL-WAZIR AL-GHASSANI (n' 46), la Tuhfat al-ahbôb
(n" 72) ei AgneREZAQ GECLERC, 1874,no 124,148)sousles noms
de fubaq .turuniônî, baqlat ûtruiiya, turuniân, badreniûniya.
AL-WAZIR AL-GHASSANI ajoute, pour Fès, le vernaculairehabaq
barbarî (basilic berbère).

285-Mentha longûfotie (L'> Irudson (= Mentha sylvestis L')

mentheà feuilles longues,menthesylvesEe

Nous n'avonspas relevé de vernaculairesmarocainspour cette plante,


mais nous trouvonsdansla littérature :
tahindest(berbère,TRABUT dansBOULOS,1983).
nemdarCIRABUT dansBOLJLOS'1983).
En Egypæ,la planteest connuesousle nom de Inbaq el'bahr et habaq
el-mâ' (litt.: menthedeslacs,menthefluviatile) (dansBOI'JLOS'1983).

454
Espècequ'on trouve pratiquementdanstoutesles régionstemffrées. Au
Maroc, cette menthe pousseen montagneau bord des cours d'eau,
généralementau voisinagede Mentha suaveolensEhr. et d'un hybride des
2 esSces,Mentln nilinca Juss.ex Jacq.

USAGES TRADITIONNELS

Dans la région d'Ifrane (Moyen-Atlas),la plante fraîche est utilisée, en


frictions énergiques,pour prévenir les piqûres de moustiqueset pour
apaiserles démangeaisons provoquées par cespiqûres.

COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLE DE MEIÙTHA


LONGIFOUADU MAROC

Nous avons analyséles huiles essentiellesde diversespopulations de


Mentln longifulia du Maroc et avonstrouvéquecelles-ciappartenaient à
2 chimiotlpes :
- un chimiotype dans lequel les quantitésd'oxyde de pipériténone et
d'oxydede piperitonesontvoisines;
- un chimioqpe dans lequel I'oxyde de pipériténonedomine largement
I'oxyde de pipéritone.
Dans les 2 cas, les autrescomposantsimportantssont I'eucallptol, l'o-
terpinéolet la pipéritone.
(IL IDRISSI, i982 ; BELLAKHDAR & al., 1983 ; BELLAKHDAR &
al., 1985).

DISCIJSSION

Les sourcesécrites arabes


La menthe à feuilles longues est mentionnfu par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 585, lM2, 1501,1712,2227)coilrmeune
variêté de menthefluviatile, sousles noms de fubaq temsôh("menthe de
crocodile",pollr I'Egypte),fubaq al-mâ' et na'na'al-mâ' (pot I'Egypte
et la Syne). Il s'agitwaisemblablement ici de notrementhecar la menthe
à feuilles rondes (égalementfluviatile) n'existe pas en Egypte et au
Moyen-Orient. En Egypte, c'est bien la mentheà feuilles longues qui
porte aujourdhui le nom de lwbaq al-mô' (in BOULOS, 1983).
ABDEREZAQ GECLERC, 1874, n" 694) la mentionne comme une
variétéde menthed'eau(labaq al-mô').La 'Umdatat-tabîb(n" 522,531,
1983), AL-V/AZIR AL-GHASSANI (no 198, 232), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 198, 232) et la Tuhfat al-ahbâb (325, 330, 378) ont
assimilécetteespèceau groupedesna'nn',fudanjet fubaq.

455
286. Mentha x piperita L.

menthepoiwée

na'na'l-'abû 7t7.
nn'na'gennawî(SALMON, 1906).
na'na' Iefiôr (Orientalmarocain).

La menthepoiwée êtat, dansles annéesquarante,cultivée dansle Gharb,


les régionJ de Meknès, Rabat et Casablancapour la production de la
plante séchéeet pour la distillation. Ces plantationsindusnielles ont
disparuesen 1957, mais la menthepoiwée est encoreun peu cultivée
autour des villes pour la productionde la planæfraîche.

USAGESTRADMONNELS

A Rabat,Fès,CasablancqI'infusion de la planteest utilisée pour calmer


les maux de ventre.En applicationssur le front et les tempes,la plante
fraîches'emploiepour dissiperles fièwes et soignerI'insolation.
Mais la menthe poiwée fait surtout partie du bouquet de plantes
aromatiquesutilisé pour parfumer le thé, avec la saugeofficinale, le
géranium rosat, la marjolaine, le calament,la mélisse, la verveine
odorante,etc.
Dans I'Orientalmarocain,c'estaussiun condimentemployé,parfois avec
le basilic, dansla préparationde la hrîra (soupeépaissede farine et de
féculents)et de la Serba(potagede vermicelle).

DISCt.]SSION

Les sourcesécritesarabes
Rien ne permet,parmi les nombreusesespècesde menthescitéespar IBN
AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 2227),de distinguerla menthe
poivrée mais c'est probablementI'une des variétés étudiées sous
iarubrique na'na'. AL-WAZR AL-GHASSANI (n' 198),bfuhfa1-qL
ahbâb (n' 283, 325,33A)et ABDEREZAQGECLERC, 1874,n" 597),
sousnchc', n'apportentpasplus déléments permettantde voir plus clair
'Umdnt ar-tabîb(n" 522, 531,
sur cettequestiônconfusedesmenthes.La
1983)I'a assimilêauxfûdnni et fuboq.

287. Mentha pulegium L. et Mentha gatefossei Maire

menthepouliot
menthede Gaæfossé

456
flûyo, fliWo dîal mô' (!) : pour M. palegium ; ce vernaculairedérive du
latin polium.
fliWo ûal jbel: pour M. Gatefossei.
D'autresplantesà odeur de pulégoneportent le nom de fliyyo dans les
régionsoù elles poussent: Ziziphora hispanicaL., Satureja granatensis
(Boiss.& Reut.)R. Fernandez.

Mentha pulegium, espèce d'Europe, du Bassin Méditerranéen et


d'Abyssinie, se renconEe,pârtout au Maroc, dansles endroitshumides.
Mentha gatufosseiest une petite plante,endémiquemarocaine,qu'on ne
rencontrequ'enaltitude,au bord desdayasdu Moyen-Atlas.
La menthe pouliot est beaucoupramasséedans le Gharb et dans
I'Ouerghapour I'industrielocale de la distillation (unitésde Sidi Kacem,
Ouez-zane"Msaada).

USAGES TRADMONNELS

La menthepouliot est utilisée partout,en infusion, en inhalationsou en


cataplasmes thoraciques,dansles rhumes,les rnau( de gorge,la toux, les
bronchites,les infections pulmonaireset les refroidissementsde toutes
sortes.On I'emploieégalementen infusiondansles mauvaisesdigestions,
les maux de ventre, I'aérophagie.La menthepouliot est considérée
commela plantepar excellencedesmaladiesde lhiver.

On I'utilise aussipour protégerles figuessèchesde I'attaquedesinsectes.


Là où elle existe (Moyen-Atlas),la menthede Gatefosséest utilisée par
les populationsde la montagnedanslesmêmesindications.

COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLE DE MENTIIA


PULEGIVM et MENTHA GATEFOSSEIDU MAROC

Nous avonsanalyséI'huile essentiellede Mentha gatefosseidu Moyen-


Atlas que nous avons obtenu avec un rendementde 0,l7Vo. Les
composantsprincipaux que nous avons identifié sont : la pulégone
(60,47o),la menthone(7,57o),les t- et p-pinène, I'eucalyptol, le
caryophyllène(HOLEMAN & al., 1984).

L'analyse de I'huile essentiellede Mentha pulegium provenantde la


région d'Otezzanenous a donné un taux êlevê de pulégone (817o)
accompagnée d'un peu d'isopulégoneet de menthone.
Ces résultats sont conformes à ceux publiés dans la littérature : les
composantshabituellementrencontrésdans I'huile essentiellede M.
pulegium sont la pulégone(52 à 67,67o),la menthone(usqu'à 3OVo),
I'isomenthone, le menthofuranne, la transisopulégoneet la
ci sisopulégone, le néomenthol,le néoisomenthol, le néoisomenthyla cêtate
(LAWRENCE, 1978). ,

457
DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
La menthepouliot est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, ;o 807,1639,l7l2) etla'urndnt at-tabîb(no200, 1983)sous
les noms defûdznj, $lîlun (du grec glêchon),bolôya (du latin polium).
I-aTuhfatal-ahbôb(n" 325)et ABDEREZAQGECLERC,1874,n' 694)
ajouæit le vernaculaireTliyyo. AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 232)'
quantà lui, désignecettees@cesousle nomde gubayra.

28E.Mentha spicata L. (incluant Mentha virtdis L., Mentha crispa L.


et Mentha crispata Schrader)et Mentha x villosa Huds. (incluant
MenthaspicataL. x Mentln suaveolensEhr.).

mentheverte

na'na'(!) : mêmevernaculaire partoutau Maghreb.Iæ na'ng'au Moyen-


Orientest la Mentlw x PiPerita.
: du thé).
liqamô (!) (litt.: le condiment"I'ingrédient,sous-entendu

La mentheverteest partoutcultivéeau Maroc pour la venteà l'état frais.


Dans les cités et dansles souls de campagnes, on Eouvedes marchands
spécialisésuniquement dans la menthe et les herbes qui servent à
aromatiserle thé.
n existe plusieurs crus de Mentha spicata et Mentha villosa,
correspondant à desterroirsparticulierset certainementaussià desraces
différêntes auxquellesviennent se superposerparfois des chimiotypes
particuliers : parrri les plus renommées,les menthesvertes d'El Borj
(région de Casàblanca),de Meknès,de Tiznt" de Laracheoetc.
SA-LMON(1906)mentionne2 autes variétésde mentheverte, réputées
au début de ce siècle dansle Tangérois: I . na'na' Ial.treï (litt.: menthe
rugueuse),à grandesfeuilles rugueuses; 2. na'na' belinsî (litt.: menthe
de Valence), à feuilles petites, très parfumées,variété probablement
originaire d'Andalousie et qu'on plante aux dernières pluies de
printemps.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, I'infusion de mentheverte est réputéecarminative,


tonique, odontalgique,aphrodisiaqueet rafraîc_hissante.
Pourfaire vomiiqùelqu\rn on lui fait avalerdes feuilles de mentheverte
hâchées.
La décoctionconcentréeest utilisée pour arrêter la montée du lait, au
momentdu sewage(MATHIEU & MANEVILLE,1952)-

458
La menthe verte est surtout employée, au Maroc, pour préparer
I'infusion de thé vert à la menthe qui est la boisson nationale par
excellence.
C'est I'hybride Mentha x villosa qui est ptêférêpour cette préparation
car il donneun thé à la menthefinementparfrrmé(BOLJLOS,1983).

COMPOSMON DE L'HUILE ESSENTIELLEDE MENTHE VERTE


DUMAROC

Des menthesmarocainesont donné,avecdesrendementsallant de 0,3 à


0,5Vo,des huiles essentiellescontenantjusqu'à 76,3Vode L-carvone
(SERVAIS & LE TUTOUR, s.d.).
Ces résultatssont conformesà ceux de la littéranrre.Il existecependant,
au Maroc, des écartspar rapport à cette composition-type: ainsi, une
menthe verte provenantde Beni-Mellal, que nous avons analysé,s'est
avêrêecontenfu487ode pulégone.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
La menthe verte est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,n" 2227),la 'Urndatat-tabîb (no 510, 1983),AL-WAZR
AL-GHASSANI (no 198), la Tuhfat al-ahbâb (no 283, 378) et
ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n" 597)sousle nom de na'na'.

Terroirs. crus et diversité génétiquedes menttresvertes


Etant donnéI'importanceet I'anciennetéde cetteculture au Maroc, il est
légitime de penserque plusieursraceshorticoleset hybridesont petit à
petit été selectionnésentraînantune Eès grandediversitéde composition
des H.E. de menthesvertes,diversitéportantsurtoutsur les composants
secondaires,car la L-carvoneest partout le composantdominant.Cette
variabilité existe aussi pour les composantsnon distillables. La
classificationdes menthesvertesen "crus", QUêfont les consommateurs
marocains,relève donc aussibien de la notion de "racehorticole" que de
la notion de "chymiot54)e".

289. Mentha suaveoleRsEhr. (= Mentha rotundifulia (L.) Hudson)

mentheà feuilles rondes

marseta,timersit (!) (Moyen-Atlas,Meknès,Raba$ (Tunisie,BOUKEF,


1e86).
timijja (!).
mliltrô (!) (Nord du Maroc).

459
na'na' Iemçewwal (Tétouan).
tifergalî Clalembot,Rif occidental).
a*ran, dûmrôn (Algérie, MERAD-CHIALI, 1973) : du classique
dawmrôn.

Cette espèce,d'Europeet du Maghreb'est communeau Maroc au bord


descoursd'eau.
:
au MarocpN 2 sous-es@ces
La mentheà feuilles rondesest représentée
- la ssp. eu-rotundifotia Maire, qu'on rencontre en plaine et en
montagne;
- h sspltimija (Coss.)Maire, endémiquedu HauçAtlasmarocain(autour
d'Imlil).

USAGESTRADMONNELS

La plante est utilisée en infusion, partout au Maroc, contre les


refrôidissements; à Marrakech, contre les palpitations de I'aorte
(bumezwi); dansla régionde Fès,commetonifiant.
ù-t la région de Meknès,la poudrede feuilles séchéesest employée
commelaxatif.
Cette poudre,mélangéeà du goudronvêgêtal(qiyân), est appliquéeen
cataplasmes sur les hémorroides(Meknès,S49'Bouznika).
Chiz les Beni Touzine (Rifl, la plante fraîchepilée est utilisée comrne
cicatrisant.Elle est ajoutéeaussià h chauxqui sertpour l'épilation.
Dans la région de ihaouen (Talembot),on s'asseoit,au hammam(bain
maure), sù uoe touffe de plante posée sur une brique chaude, pour
traiter ies refroidissements,les hémorroideset les douleurs du bas-
ventre.

En hiver, à la campagne,on appréciebeaucoupune galette contenantde


la mentheà feuilles rondes(lobz bî-marseta)qu'onmangechaude.Pour
la préparer,on coupeun pain d'orgeen 2, on tartine les 2 moitiés avec
de^l'huile d'olive où de É graisseâe mouton, on les tapissede feuilles
fraîehes de M. suaveoleni, puis on referme, on ficelle et on met à
chauffer au four. Cette galetteèst réputéepréveniret soignerles rhumes,
les gfippes et tous les refroidissements.Dans I'Oriental marocain, on
garnit de la mêmefaçon la galetæde semouledite melraY.

La plante est utilisée, danscertainesrégions(régionsde Meknèset Fès)


pour filtrer le beurre fondu ce qui lui donne de I'arôme et arnéliore sa
conservation.

Elle sert aussià parftrmerle thé.

460
COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLE DE MENTI{A
SUAYEOZENSDU MAROC

Nous avonsanalyséles huilesessentiellesde diversespopulationsde M.


suaveolensdu Maroc. Nos résultatsont monEéqu'ellesappartiennentà
plusieurschimiotyps différents.Le plus représentéest celui où domine
l'oxyde de pipériténonemais nous avonstrouvé aussides chimiotypesà
oxyde de pipériténone/oxydede piffritone ou à pulégone.Quant à la ssp.
timija, on y frouve les 2 époxydespréédents associésà de la pipériténone
(BELLAKHDAR & al., 1983 ; IL IDRISSI, 1982 ; IL IDRISSI &
BELLAKHDAR, 1989; HOLEMAN & al., 1985,1988).

Par bioconversion,à I'aidede microrganismes, dhuiles de M. suaveolens


du Maroc, riches en époxydes,on a abouti à la productionde pipéritone
et piperiténone(IL IDRISSI, 1988).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La menthe à feuilles rondesest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,n" lM2) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 694) sousle nom de dûmrôn.C'estbien ce nom que porte aujourd'hui
la planteen Algérie (MERAD-CHIALI, 1973).
IÂ,'Umdnt at-tabîb(n' 1983),AL-W AZIR AL-GHASSANI (no 232) etla
Tuhfat al-ahbâb (no 330) la mentionnentaussi sous ses diverses
appellations.

290. Nepeta apulnei Ucr,

qesûn, qestâl (!) (Rabat, Zaërs) : ce vernaculairedésigneaussi la


châtaigne(CastaneasativaMill.), la bétoine(Betonicafficinalis L.) et la
germandréepetit-chêne (Teucrium chamaedrysL.) (RENAUD &
COLIN, 1934,no 90).
Cetteespèceserencontrefréquemmentdansles Zaërs.

USAGESTRADMONNELS

Dansles Zaërs,la plantefraîchehachéeestutiliséecommevulnéraire.

DISCIJSSION

[,es sourcesécritesarabes
Cettees$ce n'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

46r
291. Ocirnum basilicamL., Ocin'urn minimum L., Ocimurn sp.

basilic

lalbaq (!) : ce vernaculaire,qui désignele basilic au Maghreb,s'applique


au Moyen-Orient à diverses Lamiacéesodoriférantes(RENAUD &
COLIN, 1934, n" 179). Dans les livres atabes,I.nbaq est un tenne
génériquequi désignetoutes sortesde plantesodoriférantes(menthes,
mélisse,etc.).
ûbaq *Éîr (litt.: petit basilic) : basilic, de taille réduite et à petites
feuilles,cultivé en pots sur les rebordsde fenêres et sur les terrasses.
iboq kabîr (litt.: grandbasilic) : basilic à feuillesplus grandeset de taille
pouvant atteindre 0,80 à I m de haut, cultivé généralementen pleine
terre dansles jardins.
I.,baqel-'aynin (litt.: le lnbaa desyeux) : en raison de som emploi pour
faire descollyres.
Au Moyen-Orient, le basitc est communémentappelérîhân (à ne pas
confondreavec le myrte qui porte ce nom au Maroc). Le terme fiPn est
citê dans I-e Coran (S. 55, v. 12 ; S. 57, v. 89) pour "plante
odoriférante".

Les basilics sont des plantesclassiquement cultivéesdans les jardins


Eaditionnelsmarocains,dansles patiosou, en pots, sur les balconset les
terrassesde touteslesmaisons.
Des plantations industrielles de basilic, pour la -prod-uctionet
I'exportationde la planteséchée,existentdansla régiond'Agadir.

USAGES.TRADMONNELS

A Fès, I'infusion est recommandéeà I'intérieur dans les sinusites,les


tachycardies,les hémorroideso les marD(de ventre,laérophagt_9. Une eau
AistiiÉe de basilic était aunefoispréparéepour apaiserles fièvres ; on
I'utilisait en lotions ou en aspersions.
Partout,le suc du basilic est utilisé, en instillationsdansles yeux, contre
les inflammationsoculaires.

L'odeur des basilics a la réputationde chasserles moustiques.Aussi,


garnit-il souvent,en pots, les entréeset fenêtresdesdemeurescitadines
ou rurales.
Chezles Hatra le basilic a la réputationde porter bonheur : les jeunes
mariés portent un gros bouquet de basilic sur la tête et les hommes
parfrrmentleur chechiaen y mettantun brin (Renseignements Coloniaux,
Do1,janv.1905).

462
On I'utilise aussi commeplante aromatque pour les soupeset comme
condimentpour la cuissondesviandes.

AUMAROC

Nous avons analysélhuile essentielle(rendementobtenu : 0,87o) d'un


cultivar d'Ocimumbasilicun L. cultivé fréquemmentdansles jardins de
Rabat et avons trouvé qu'elle appartenaità un chimiotype contenant:
transcinnamate de méthyle(38,5Vo), linalol (34,27o),eucalyptol(3,2Vo),
eugénol(2vo),thymol (i,27o), méttrylchavicol(0,87o)(BERRADA & al.,
re87).
zoL:A & GARNERO (1973) ont établi, quant à eux, pour I'huile
essentielled'un basilic marocain, la composition suivante : linalol
eucallptol (8,1Vo).
(41,9Vo),eugénol (l 9,2Vo),méthylchavicol(2,6Vo),

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Les basilics sont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 205, 223, 5ll, 589, 593,704,726, 892,897, lU 5, 1077, 12,68,
l44l) sous les nolns de bôdrûi, I.taûh rîIûn soleyman,fuobaqp'tarî,
I.wbaqkermânî,hamâhim,châltsiferem. La'Umdat at-tabîb(n" 522),la
Tuhfatal-ahbâb(n" 179,327,M3) et ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,
n" i24,317,338) le mentionnentaussien reprenantquelquesunesde ces
appellations.
tjâns h plupart desliwes arabes,on Eouvementionnées diversesvariétés
de $abaq : I.wbaqqoronfolî (litt.: basilic-giroflée),I.tabaqza'tatî (basilic-
sariette),I.nbaq turunjônî (c'est normalementla mélisse) (AL-V/AZIR
AL-GHASSANI, n" 371).
Cette classification selon les odeurs colrespondsoit à des espèces
différentessoit à des chimiotypesparticuliers.L'étudede la composition
chimique deshuiles essentiellesde basilic démontreen effet I'existencede
chimiôrypesà eugénol(odeur de girofle), à thymoUcarvacrol(odeur de
sariette),-à citrals (Ocimum canufn Sims., originaire de I'Inde et de
I'Afrique), etc.

292. Origanum comPacturn Benth.

origan à inflorescencecomPacte

Zo'tar, ça'tar (!) : ce vernaculaireest porté aussipar les autresorigansdu


Maroc, divers thyms et sariettes.
za'tar tadlawî (!) (litt.: origandu Tadla).
463
Il est considérépar les Marocainscomme le wai za'tar ; c'est le plus
recherché.

Cette espèceest une endémiquemarocaine.Elle est communedans le


Nord et le Centredu PaYs.
Elle est très récoltéeâu Maroc où on en vend beaucoupsur les marchéset
chezles herboristes.
L'origan à inflorescencecompacteétait aunefoisexportéjusqu'enChine
ô, raison de sa meilleurè qualité, il a fini par détrônerI'origan de
"T
Syrie.

USAGFS TRADMONNELS

Partout au Maroc,.en cet origan est considérécomme une panacée' On


I'emploie surtout, infusions dans le traitementdc9 dysenteries,des
cofifes, des affections gastro-intestinales,de I'acidité gastrique et des
affections broncho-pulironaires.Contre les rhumes les grippes, les
affectionsO.R.L. et-les bronchites,on l'administreaussisousforme de
fumigations ; on peut aussi le fumer, mélangé au tabac. Contre les
affecîionsde la bouche(aphtes,gingivites),on I'utilise en gargalismes.
Enfin, il est employé comme tonique, aphrodisiaqueet stimulant de
I'appétit.

C'est aussi un condiment culinaire courant (bouillon d'escargotso hors


d'oeuweau concombrerafr, tagin de poisson,berkûkes,etc.).
Dans les campagnesmarôcainès,on prépareun mets drt rfissa, qui est
réputé fortifiantl aphrodisiaqueet excellen_tpgur les affections gastro-
iniestinaleschroniqu"r et pour toutesles infections: dansun macératde
feuilles fraîches d'origan dans de l'huile d'olive, on jette des petits
morceauxde pain rassii puis on fait revenir sur une poêle ; on sert chaud
avec du thé à la menttre.

Cet origan est utilisé aussi comme conservateurpour le beurre fondu


(sruen).

GATEFOSSÉ(1921)mentionneI'emploi de I'Origanufncotnpactum,à
Larache,pour laver les étoffes de laine.

Nous avons analyséI'huile essentielled'Origanum cofnpactumdela


région de Rabat (obtenueavec_unrendementde 1,67o)et avons trouvé
dfis celle-ci $q; de thymol,5,37o de carvacrcl, l87o de pa:a-cYmène,
tiW aeyterpinène et2,2Vod'o-cadinol(BELLAKHDAR & IL IDRISSL
1e90).

464
Cesésultats sont conforrnesà ceux de VAN DEN BROUCKE & LEMLI
(1980) qui ont trouvé, dans I'huile essentielled'O. compactumde
diversesprovenancesdu Maroc, 3 composantsprincipaux dont les teneurs
sont variables d'un échantillon à I'auhe : thymol (de 0 à 43,4Vo),du
carvacrol(de 3,8 à717o),du para-cymène (de0 à?5,47o).

Dans le même origan nous avons aussi décelé la présence


d'aromadendrine,de thymohydroquinone,des acides oléanolique,
ursoliqueet leurs dérivéshydroxylés,de la p-amyrine,de la bétuline,de
I'acidebétulinique(BELLAKHDAR & a1.,1988).

DISCTJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Cetæorigan, particulier au Maroc, n'estpas cité par IBN AL-BAYTAR
la'Umdat at-tabîb et ABDEREZAQ. Mais le genre Origanurn est
longuementmentionnépar IBN AL-BAYTAR (LRCLERC, 1877-1883,
n' 1398),la'Umdatat-tabîb(n' 1558)et ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,n" 826) sousle nom de ça'tar, ce vernaculaires'appliquantaussià
desthyms et à dessariettes.
C'est probablementcette espèceque mentionnentpour le Maroc AL-
WAZIR AL-GHASSANI (n" 207) et la Tuhfatal-ahbôb(n" 299) sousle
mêmenom.

293. Origanum elongatum Emb. & Maire et Origanarn grosii


Pau & F.- Q.

zwî, ôzwî, ôzzî (t1(Targuist) : pour O. elongatum.


zuw (J/lr,lBou Iblane) : pour O. elongatum.
za'tar riffi (htt: origan du RiO : pour O. elongatum.
?p'tar: pour O. grosii.

Ces 2 espècessont endémiquesdu Nord du Maroc. O. grosii ne pousse


que sur les montagnes qui entourent Chaouen (Jbel Maggo
principalement).O. elongatumse renconfredansle Rif, le Jbel Tazekka
et le Jbel Bou Iblane*.

L'huile essentielled'O. elongatumétait aunefoisdistillée artisanalement


et vendudansle commercesousle nom d'essence de "thym du Rif'.

USAGF^STRADMONNELS

Là où on les renconEe,ces 2 origanssont employésde la même façon


quel'Origanurncornpactum (voit cet article,n" 292).

465
A Targuist"le miel butiné sur O. elongatumestréputéexcellentpour les
douleurset spasmesabdominaux.
Au Jbel Bou Iblana, O. elongatum est utilisé, en infusion, dans les
maladieshépatiques.
Au Jbel Maggo, les habitantsutilisent O. grosif comme panacéepour
toutesles maladiesde lhiver.

O. elongatumesttès visité par les abeilles.

COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLE D'OR/GANUM


ELONGATUM ET O. GROSNDU IJ{AR:OC

Nous avonsanalyséles huilesessentiellesde ces origans,obtenuesavec


desrendementsvoisinsde 1,67oet avonstrouvéles composants suivants:
- O. elongatum:thymol (607o),para-cymène (l3,3%o),gamma-ærpinène
(7Vo), carvacrol (2,67o),caryophyllène(37o), alpha-cadinol(3,57o),
linalol (27o).
- O. grosii : thymol (35,57o),para-cymène(28,5Vo),gamrya-_terpinène
(13,7%),myrêne (5,87o),carvacrol(2,2Vo),caryophyllène(2,37o).
(BELLAKHDAR & IL IDRISSI, 1990).

DISCI.JSSION

[æs sourcesécritesarabes
Ces origans, particuliers au Matoc, ne sont pas cités par nos auteurs.
Mais le genre Origanum est longuementmentionnépar IBN AL-
BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,no 1398),la'Urndat at-tabîb (n"
1558)et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 826), ainsi que par les
auteursmarocains,sousle nom de $c'tar, vernaculaires'appliquantaussi
à desthyms et à dessariettes.
* Une autreespce d'origan,O. virensHoffm.& Link se rencontredansla régi-on
le nomdeza'taret reçoitles
d'Azrou(tvtoyeri-etas)(Àfgn, 1985).tr portelocalement
mêmes emplois.

294. orÛganum majorana L. (= Majorana hortensisMoench')

marjolaineà coquilles,marjolainewaie

merdedû\, merdaqûS(l) (Maroc) (Algérie, Tunisie, MERAD-CHIALI'


1973; BOUKEF, 1976).
bardaqûS(Alger, Egypte,BOULOS, 1983).

Au Maroc, c'estune espècecultivéepar toutesles famillesdansles patios


et lesjardins.

466
Des plantationsindusniellesexistentaussidansles régionsde Marrakech
et d'Agadir, pour la production et I'exportationde la plante séchée
utilisée en herboristerie.

USAGFS TRADMONNELS

Dans le Tangérois,lTnfusionde la plantedansde I'eau,du thé ou du lait,


s'utilisebeaucoupcornmecalmant,antispasmodique intestinal,et tonique.
On la donne aussi dans les refroidissements,les fièwes, les maux de
ventre, les maux de tête,les rhumes.
A Fès, Tétouanet Rabat,dansles migraines,on appliquesur les tempes
descataplasmesde la plantefraîche.
Dans I'Oriental marocain,I'oléat de marjolaines'emploieen instillations
dansles otiæs.
A Tétouan et à Tanger, on fabriquait autrefois une eau distillée de
marjolaine(mô' merdedûOqui s'employait,à I'intérieur,commecalmant
pour les bébéset, à I'extérieur,en compressessur les tempes,coillme
antimigraineux.

La marjolainefait partiedu bouquetde plantesutiliséespour parfumerle


thé.

Dans I'art culinaire,c'estaussiun condiment.

Nous avonsanalysél'huile essentiellede la marjolainecultivéeau Matoc,


que nous avonsobtenuavec un rendementde 0,677o.Nos résultatssont
les suivants: terpinène-l-ol-4(23,57o),cis-hydratede sabinène(21,57o),
acêtatedè finalyle (9,3Vo),]-terpinène (7,4Vo),nanshydratede sabinène
(4,4Vo),cr-terpinéol(3,7Vo),linalol (2,57o),p-caryophyllène(4,5Vo),
terpinolène(2,2Vo).

Ces résultats sont, dans I'ensemble,conformesà ceux publiés dans la


littérature, à cette différenceque noEe huile essentiellene contient que
peu de carvacrol (0,2Vo)et pas du tout de thymol (BERRADA & al.,
1988).

DISCt.]SSION

Les sourcesécrites arabes


La marjolaineest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 178, 586,587,891, 1230,1598,2100) sousles noms de
'anqar,et par ABDEREZAQ
merdedû{,merdaqû!,semsalç GECLERC,

467
at-tabîb
1874,n"533)souslesnornsdernerdedû\merdnqû'!.La'Umdnt
(n. 1369,1558),AL-WAZIRAL-GHASSANI(n' 182),laTuhfat aI'
aussiunerubrique..
ahbôb(n' 253)lui consacrent

295. Rosmartnus officinalis L.

romarin

â,2îr,yazîr (t).
ktît (D: ce mot dérive d'îklîl al-iabal (litt.: couronnede montagne).
la (Orientalmarocain).
barlclcc
fu$f lemeb (Tissint)(litt.: herbeà lièvres).

La planæ couwe de fiès grandessurfacesdanstoute la-partieorientaledu


Maioc. De plus, elle esi cultivée dans tout les jardins comme plante
ornementale.
I-e romarin alimenteune importanteindusEieartisanalede la distillation
(autourde Guercif, Debdou,Talsint,etc.).

est communedansla-partie.orientaledu
Cette espèce,méditerranéenne,
Maroc ôù ette occupe des surfacesétendues,au delà d'un méridien
passantà hauteurde Fès.

USAGFS TRADMONNELS

Le romarin est utilisé, partout au Maroc, dansles mêmesindications.


L'infusion des feuilles est utilisée comme apéritif, cholagogue et
stomachique.Mais le romarin est surtoutemployé(l'infusion concenfrée
ou la poudrede feuilles)commeemménagogue.-
En usàgeexterne,les cataplasmes faits avecles feuilles fraîchescontusées
et les éompressesde la décoctionconcenrée sont appligué9scomme
vulnéraireêt résolutif descontusions,desplaieset des abês. La poudre
de feuilles est saupoudréecomme cicaEisantet antiseptiqueaprès les
circonsisions.On peutaussiutiLiserle macératdesfeurllesdansde I'huile
d'olive.
A Tissint, les fumigations de romarin sont indiquéespour calmer les
marD(de dents.
Depuis quelques décennies,I'huile essentielle de romarin (distillée
raôitionoetlement),est utilisée en massages sédatifsdansles rhumatismes
et la sciatique.
I-es feuillei séchéesserventà conserverla laine de l'attaquedesmites
Les feuilles mondéeset séchéesentrent dansles mélangespour teb$ra
contreles mauvaisgénies.

468
DISCUSSION

I-essourcesécritesarabes
Le romarin est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877'
1883,n" 129)et parABDEREZAQGECLERC,1874, no 1) sousle nom
'Umdat
deîklîl al-jabal.l-a, at4abîb(no61),AL-WAZR AL-GHASSANI
(n" l0) etlaTuhfatal-ahbâb(n" 15)lui consacrent
aussiunerubrique.

296. Salvia aegyptiaca L.

mesfiya(Haouz,NÈGRE, 196l-196?).
keff ej-jmel (Haouz, Jbilet, NEGRE, 196l-1962) (litt.: patte de
dromadaire).
tazukennit(t) (poly.) (Souss,Tarfaya): la planteporûece vernaculaire
parcequ'elleest considéréecommeI'es@cefemelledu thym

est communeau Maroc dansles ré$cns


Cetæespèce,satraro-sindienne,
arides.

USAGFS TRADMONNELS

Dansle Haouzet le Souss,cetteplanteestconsidéréecommepossédantla


mêmeactivité antiseptiquequeles thymsdansles infectionsgastriqueset
broncho-pulmonaires,quoiqueà un degréde force moindre.

Au Saharaoccidental,on ramasseles grainesde S. aegyptiaca,en période


de pénurie, pour la mélangeraux céréales, et on boit I'infusion de la
plante conrmesuccédanéde thé.

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Cettepetite saugen'estpasnommémentmentionnéepar nos auteurs,mais
elle a pu passerchezIBN AL-BAYTAR et la 'Umdat at-tabîb pour une
es@cede sarietæou de thym commec'estd'ailleursle cas actuellement
chezles populationsdu Sudmarocain.

I-es donnéesde la pharrracologie


Nous avonstestéle pouvoir antimicrobiendes extraitsaqueuxet hydro-
alcooliques d'échantillonsde S. aegyptiacarêcoltêsdans la région
d'Agadir, pour essayerde contrôlerles indicationstraditionnelles.Ils se
sont avérésposséderune activitémoyenne(DIALLO, 1991 ; DIALLO &
â1., 1991), bien inférieure à celle d'autres plantes utilisées
traditionnellementcommeanti-infectieux.

469
297. Salvia aucheri Benth. ssp.blancoana (IVebb. & Heidr.)
Maire

tifessît(Dayet Her, Moyen Atlas).

On renconEe cette espècesur les versantschaudsdu Moyen-Atlas


(Boulmane,DayetHachlaf).

USAGESTRADMONNELS

La plante est utilisée dans le Moyen-Atlas, en usageexterne, comme


vulnéraire.
Elle sert aussià aromatiserle thé.

COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLEDE SAZYIA AUCHERI


DUMAROC
Nous avons analyséI'huile essentiellede cette espèce,obtenueavec un
rendement de 0,3Vo,et avons trouvé surtout du camphre (44,17o)
accompagnéde I'alpha-pinène(l2,3Vo),de I'eucalyptol(8tl7o), du
bornéolg,l7o7, du caryophyllène(4,6Vo)(HOLEMAN & a1.'198412).

DISCT]SSION

Les sourcesécritesarabes
Cettesaugen'estmentionnéepar aucunde nos auteurs.

298. Salvia officinalis L,

saugeofficinale

sâlma, sôlrniya,es-sôlima(!) (Maroc, Algérie) (litt.: celle qui procurele


salut).
swôk en-nabî (Algérie, MERAD-CHIALI, 1973) (litt.: swâk du
Prophète):en raison de son usagepour les soins de la bouche ; le mot
swâk s'emploie pour tout produit (bâtonnet dentaire, cure-dent,
masticatoire,dentifrice)utilisé dansles soinsbucco-dentaires : Salvadora
persica, écorcede noyer,etc.
nmejjût (Souss,LAOUST, 1986).
nô'amn (Algérie,MERAD-CHIALI, 1973).
bûSûtu(Algérie,LECLERC,7874,no 83).
al-maramiya(Moyen-Orient).
al-mufassi{ra(tirnesque): on l'appelleainsi parcequ'elle délie la langue
de celui qui la prend (RENALJD& COLIN, 1934,n'30).

470
Elle est cultivée partout dans les jardins pour I'usage domestique.
Quelquesplantationsindustriellesexistent aussi dans les régions de
Marrakech et d'Agadir pour la productionet I'exportationde la plante
séchée.

USAGFS TRADMONNELS

Partout au Maroc, I'infusion de la plante est utilisée comme


emménagogue,cholagogue,diurétique,antidyspepsique,antiseptique
gênêral, astringent et réchauffant. On emploie aussi I'infusion pour
arrêter la montée du lait.
Les feuilles sont mâchéespuis avaléesdans le traitement des aphtes
buccaux,souventen mélangeavecun peu d'origan.
Elle est réputéeguérir la timidité (d'où le nom al-mufassifu).
Les Marocainsévitent de donnerla saugeaux enfantsen bas âge car son
actionconvulsivâDten à dosesélevées,estconnue.

La saugeofficinale fait partie du bouquetde plantesarornatiquesutilisé


pour parfumerle thé à la menthe.On met souventcettesaugedansle thé
pour prévenir les refroidissements.Elle lui communiqueune saveuret
une odeur fortement camphrée.
Cettees@ceest aussiutiliséecommecondimenten cuisine.

COMPOSMON DE L'HIJILE ESSENTIELLE


DE LA SAUGE OFFICINALE DU MAROC

Nous avons analysélhuile essentiellede la saugeofficinale du Maroc


récoltée au mois de mars (obtenueavec un rendementde O,68Vo),et
avonstrouvé les composantssuivants: p-thuyone(24,97o),cr-thuyone
(2,7Vo),camphre (22,67o)et eucalyptol (15,3Vo)(HOLEMAN & al.,
r984tr).
A la différence des huiles essentiellesde saugeofficinale provenant
d'autrespays,la plantemarocainemonte un tauxde B-thuyonebeaucoup
plus élevé que celui de I'c-thuyone (IL IDRISSI, 1982 ; HOLEMAN &
al., l984ll, 198412).
Cetteinversion des taux de 9- et d'c-thuyonede la saugemarocainepar
rapport aux saugeseuropfunnesest confirméepar BELKAMEL & al.
(1988)qui ont démonré, de plus, qu'ellen'estpassaisonnièremais stable
toute I'année.CetæparticularitÉtfut que la saugeofficinale du Maroc est
plus toxique que cellesd'Europe.

DISCUSSION

[æs sourcesécrites arabes


La saugeofficinale est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,n" l40, 1274,1387)sousle nom de nâ,'amnetlâlbiya etpar

471
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,îo 42,83,872) sousle nom de siwôk
en-nabî et sâlma.La'(Jmdat at-tabîb (n" 2220), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 36) etlaTahfat al-ahbôb(no30, 394)lui consacrentaussi
une rubrique.

299. Salvin verbenaca (L.) Briq. ssp. verbenaca Maire (= Salvia


Batt. non L.)
cl.andestina

sauge-verveine

Uyyala (!) (litt.: celle qui sunre, qri cicarise).


keff ej-jmet (poly.) (Haouz, NÈGRE, 196l-1962) (litt. : pied de
OrômàA*re): même vernaculairepour Salvia aegyptiaca et d'autres
plantes.

couranteau Maroc au bord des champset des


Plante médiærranéenne,
chemins.

USAGESTRADITIONNELS

Partoutau Maroc, sesfeuilles fraîchespiléesou hachéessont appliquées,


en cataplasmes,sur les plaies et les abcèsvidés-pour faciliter leur
cicatrisâtion.On peut utiliser aussi la poudrede feuilles séchées.La
verveineofficinale (Verbenafficinalis) et les plantains lui sont souvent
associés.

COMPOSMON DE L'HUILE ESSENTIELLE


DE,SALVIA VERBENACADU MAR.OC

Nous avonsanalysélhuile essentiellede cetteespèce(obtenueavec un


rendementde 0,ô37o)et y avonstrouvé 19,27ode terpiné,ol,6,6Vode
camphre,6,lVo de p-thuyone,l7o d'cr-thrtygryrJ,lTode bornéol, 5,2Vo
d'euôalyptol, 4,6Vode caryophyllène(HoLEMAN & al., 198412).

DISCT.JSSION

I-es sourcesécritesarabes
l-a sage-verveine est mentionnéepal B\ AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, tro 2108),à la suited'ISHAQIBN'AMRAN, qui la signale
conrmeexistanten lfriqiya, sousle nom de ûmhubûna.C'estbien sousce
nom (ûmm et-bûnâ)quela planteest aujourd'huiconnueen Tunisie (LE
FLOC'H, 1983,n' 363). D'autrePart,IBN AL-BAYTAR avait peut-êEe
cette espèceen vue quand il raite de Salvia horminum L. (opr_gi!.'
n" 48), âueclaquelle il a pu I'assimiler.Cetteplanteest en effet utilisée
sur le pourtour de la Médi-ænanée de la mêmemanièreque S. verbenaca.

472
I.a,'ILrndatat-tabîb, AL-IVAUR AL-GHASSANI, la Tahfat al-altbôbet
ABDEREZAQ ne la mentionnentpas.

300. Salvia divers

Salvia tingitana Ettling


SalviaphlomoidcsAsso
SalvinargenteaL.
Salviasclarea L.
Salviabarrelieri Ettling
Salvin trtloba L.
Salvia moureti Pitard

âmargô (!) : pour S. tingitana.


marû (Beni-Touzine): probablementS. tingitana.
tsifsfa (Algérie, Tunisie,LE FLOC'H, 1986): pour S. Sclarea.

La saugesclarée(Salviasclarea)est cultivéedansla région de Khemisset


pour la distillation.
SalviatrtIoba, saugeen buisson,estcultivéedansle SudMarocain.
Salvia barrelieri, Salvia moureti, Salvin argenteaet Salvia phlomoides
sontdesendémiquesmarocaines.

Salvia tingitana est une endémiquedu Maroc et de la Tunisie. Autrefois


spontanéedans le Tangérois,elle n'a plus été rewe par les botanistes
depuis2 siècles.
Elle est aujourdhui cultivée en pots, dansles patios et sur les terrasses,
dans le Tangérois, à Tétouan,à Rabat et à Casablanca(RENALJD &
COLIN,I934, n" 261).I-es ArabesI'ont introduiteen Andalousieoù elle
continue à être cultivée en pots comme au Maroc, et où elle porte le
mêmenom (ômargô).-
D'aprèsGATEFOSSE(1946 ; cité par SABBAH-SALOMON, 1948),
cette sauge était le rnarurn des Anciens, vanté pour ses vertus
thérapeutiquespar Doscoride et Galien ; c'està la suited'uneerreurque
le botanisteCortusode Padoueatûibua ce nom antiqueà une gerrrandrée
(qui devint ensuitele Teucrium rnarum L.), relayê par Matthiole et, à
leur suite,plusieursauteurs.

USAGESTRADITIONNELS

Salvia tingitana est réputé éloigner les mauvaisgénieset protéger des


maléfïces.C'est la raison pour laquelle on la trouve sur les fenêfteset
terrassesdes maisons de Tanger, Tétouan,Rabat et Casablancaoù la
réputationmagiquede cetteplante s'estmaintenue.Elle serait d'ailleurs

473
cultivée selon un rituel bien défini, dans de la terre contenantles 7
métaux(SABBAH-SALOMON,1948).
Les autressauges(la plante sècheen poudre)servent,là où elles exisænt,
commezantiseptiqueet cicatrisantdespetiæsplaies.

D'après GATEFOSSÉ(1921), les feuilles de S. triloba sont utilisées


commeasfiingent,dansles soinsdesplaieset desblessures.
Là où elle existe, Salvia moureti sert à faire des infusion-s
rafraîchissantes,à odeur citronnée et à goût agréable(GATEFOSSÉ,
r92r).
COMPOSITIONDES HIJILES ESSENTIELLES
DE SALVIA ARGENTEAETSALVIA PHLOMOIDES DU MAR:OC

Nous avonsanalyséles huilesessentiellesde S. argenteaet S.phlomoides


et avonsfiouvé les résultatssuivants:
- S. argentea : camphre(45,lVo),carrphène(19,47o),â-pinène(9,37o),
bornéol(8,87o),cl-thuyone(7,5Vo);
- S. phlomoides : bornéol(20,3Vo), cinéol-|-8 (10'l7o),a-pinène
(5,9Vo),camphre(3,47o).
(HOLEMAN & al., l9%l2).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Nous n'avonsEouvé aucunementionde ceses@cescheznos auteurs.Il
éqdiéespqr
estpossiblecependantquela S. tingitanasoitunedesespgggs
IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, Do 594,747,781, lll3,
2061, 2108, 2lO9), la Tuhfat al-atrbâb (no 261) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 539) soustt?drû.Quantà S. sclarea,elle a peut-
êne été,assimiléeà une autrees$ce.

301. Safureja calamintha (L') scheele (= Calamintha n-ep,eta (L.)


--
Savi = Calamintha officinalis Moench. Calamintha granditlora (L.)
Moench)

calament

rnenta(!).
nâbta, nebeta(!) (tangérois) : vernaculairedérivantdu lattnnepeta.

Le calament, espèce d'Europe et de la Région méditerranéenne,


rencontrepartoutau Maroc.

474
Une espècevoisine,de montagne,leCalamintlwbaborensls(Batt.) Briq.,
à odeur fine, porte le même vernaculairementa (Tidighine) et reçoit les
mêmesusages.

USAGF^STRADMONNELS

A Tanger, RabatnFès, Marrakech, I'infusion de calament se boit en


infusions rafraîchissantesdansles fièrnes.La poudrede feuilles séchées
est utilisée dansles mictions douloureuses,les rhumes,les grippeset la
affectionsbroncho-pulmonaires.

Le calamentfait partie du bouquetde plantesaromatiquesutilisé pour


parfirmer le thé.

COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLE DE SATUREIA


CAIA,MINTHA DU MAROC

Nous avonsanalyséles huilesessentielles de 2 populationsde calamentdu


Maroc (obænuesavecdesrendementsde 1,57oet 2,5Vo)et avonstrouvé
qu'ellesappartenaientà 2 chimiotypesdifférents:
- un chimiotype à pulégone(357o),menthone(33Vo)et isomenthone
(l,3Vo), sensiblement
le mêmeque celui décritdansla littératurepour des
calamentseuro@ns ;
- un chimiotype original, dominé par la caryone(34,2Vo),I'eucalyptol
(35,1Vo)et le limonène(9,27o)(BELLAKIIDAR & al., 1988).

DISCT.JSSION

[æs sourcesécritesarabes
Le calamentest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883, n' l7l2) sous son nom grec (qâlâment) et latin (nâbata).
ABDEREZAQ ÉECLERC, 1874, n" 694) n'a fait que reprendreIBN
AL-BAYTAR. Tous les deuxfont du calamentunees@cede menthe.
La'Umdat at-tabîb, AL-WAZR AL-GHASSANI et la Tuhfat al-ahbôb
I'ont waisemblablement assimilê auxfûdnnj.
I-e vernaculure nôbata (dêivé du latin) est restédansle Tangéroispour
désignercettees@e.

302. Satureja granatensis (Boiss. & Reut.) R. Fernandes (=


Calaminthaalpina Lamk. = Saturejaalpina (L.) Scheelessp.granatensis
(Boiss.& Reut.)Maire)

calamentdesAlps

475
fliWo diâl berr (poly.) (Ifrane) (litt.: menthepouliot deslieux secs; paI
oppositionù fliyyo diôl mâ' pour la menthepouliq$ : Pourle chimiotlpe
à-pulégone; vernaculaireidentiqueà celui de Ziziphora hispanica et
prôche de celui de la menthepouliot, en raison de leur odeur cornmune
de pulégone.
z'îtra (poly.) (Boulmane): pour le chimiotypeà odeur de thym (voir $
Compositionde lhuile essentielle).

Cette espèce,d'Europe centale et de la Région méditerranéenne'se


renconEénau Maroc,en montagne(Rif, Moyen-Atlas).

USAGF"STRADITIONNELS

Le chimiotype à pulégone est utilisé localement (Ifrane) comme


succédanéde la menthepouliog dansle fraitementdesrefroidissements,
destoux, desbronchites,desrhumeset desaffectionsgasfio-intestinales.
Dans la région de Boulmane,le chimioq/peà thymoUcarvacrolreçoit les
emplois des thyms : mâchépuis avalé,il est considéré,dansle Moyen-
Atlàs, comme-souverainconfte les aphtes,les maux de gorge et les
désordres gastro-intestinaux.On I'utilise aussi pour conserver et
aromatiserle smen(beurrefondu).

COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLE DE SATUREJA


GRAI\fAÏENS/SDU MAROC

Nous avons analysé les huiles essentiellesde 2 populations de S.


granatensfs,I'une récolté dansla région de_Boulmane (Moyen-Atlas),
I'aufe de la région d'Ifrane (Moyen-Atlas).Nos rendementsont êtê de
I'ordre de 17o. Nos résultats montrent que ces huiles essentielles
appartiennentà 2 chimioq/pesdifférens :
-ïn chimiotypeà thymoUcarvacrol (73Vopour les deux);
- un chimiotypeà pulégone(71',5Vo)
Ces compoiants sont accompagnésde menthone(traces à l,6%o)et
d'isomenthone (3,37oà 6,37o)(BELLAKIIDAR & al.' 1988).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Ctst peut-êtrele calamentdes Alpes qui e{ mentionnépar-IBN AL-
BAYfAR (LECLERC, 1877-1883,tro l7l2) comme un calamentde
montagneou, ailleurs,commeune sariettesauvage(op. cit., n"-2220).Ce
qui esl certain c'est que la question des sariettes,des thyms, des
ialaments, des menthes,des basilics et d'auffesLamiacéesencore est
difficile à mettre au clair dansles textesancienscar ils n'avaientpas la
même notion de genreque les Modernes,ni la mêmesystématiquedes
Lamiacées.

476
'Umdat at-tabîb et ABDEREZAQ. Iæs
Même remarqueà proposde la
autresaut€ursne la mentionnentpas.

303. Satureia divers

Satureja pelt ieri Maire


SaturejavulgartsG.) Fritsch. (= CalaminthaclinopodiaruMoris)
Saturejasp.

za'ter, za'ter diâl-wad (Haouz,NÈGRE, 196l-1962)(htt.: origan de


rivière) : pour S. peltieri.
z'îtra, za'ter: pour diversessariettesà odeurde thym.
tazukennir(poly.) : pour diversessariettesà odeurde thym.

Satureja vulgaris est une espèced'Europe,de SiÉrie, d'Asie du Sud-


Ouestet d'Afrique du Nord ; elle serenconEe,au Maroc, en montagne.
Saturejapeltieri est uneendémiquemarocainequ'ontrouvedansle Tadla
et le Nord du Haouz.
Plusieurs autres sariettes existent encore au Maroc dont un certain
nombresontendémiques.

USAGESTRADMONNELS

A Oued-7æmet danstout le Tadla Satureja peltieri est utilisé comme


sucédanédu thym et de I'origan.
En montagne (Rit Grand-Atlas), Satureja vulgaris s'emploie, en
infusion, conrmedigestif.
Les autres sariettessont généralementconsidéréeset utilisés, dans les
régionsoù elles poussent,commedesthymsfemellesc'està dire comme
desthyms de "force" (activité)réduite.

COMPOSMON DE L'HI"JILEESSENTIELLE
DE SATUREJAVULGAIIIS ET SATUREJAPELTIERI DU Iû/'AROC.

Nous avons anatyséI'huile essentiellede Saturejavulgaris (L.) Fritsch.


(= Clinopodium vulgare L.) du Rif qui s'estavéréecontenir24,8Vode T-
terpinène,accompagnêde para-cymène,de limonène,d'o-terpinène,de
carvacrol(BELLAKHDAR & aI., 1988).
Lhuile essentiellede S. peltierf s'est avêrêecontenir du carvacrol, du
thymol, du para-cymène.

DISCI.]SSION

Les sourcesécritesarabes

477
En raisonde sonendémismeà aire trèsresûeinteet de sesindicationspeu
originales(les mêmesquecellesdesthymset dessariettes),S-pehiert n'a
waisemblablementpaséé connuede nos aut€urs.
Pour Satureja vulgàris,nousne pouvonsnousprononcer,car elle a aussi
bien pu pasier pour une espècesauvagede sariette,d'origan,de mélisse,
de basilic ou de calament.
Les sariettessontmentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 1319,1398,2220),sousle nom de \atîya (5. hortensisL.),
ça'tar, ned'.
ABDEREZAQ (LECLERC, 1974,n" 628,826)réunit lui aussi,dansla
'tar,les sariettes,les thymset les origans,cornmele font
rubrique des pc
aussiles autresauteursconsultés.

304. Teacrtum poliurn L.

gerrrandréeen capitule,pouliot de montagne

jo'da (!) (lin.: crépu, frisé) : peut-êfreen raisonde son aspectduveteux


bu de sesfeuilles âécouffes ; c'estaussile nom de la carotte,à Tanger,
du Marrubiurndeseni au Saharaet de la lavandedentée.
jldîya (!) : diminutif du préédent. On reEouvecesmêmesvernaculaires
en Algérie et en Tunisie.
âyrar, tayrart (tlavte Moulouya BERTRAND' 1991).
'ayn l-fejlc (Midelt) (litt.: oeil de perdrix).
lendgûra (Satrara): les Anciensdistinguaient3 variétésdeia'da dontla
première était waisemblablementle Teucrium-polium.,la seco.ndeune
iva
irtante qui n'est pas aujourdhui identifiable et la troisièmel'Aiuga
. àppeléeencorepartout par le peuple Sendgûra(RENAUD & COLIN,
1934,n' 101).Ceci peut expliquerqu'auSatrara,le Teucrtumpolium et
l'Ajuga iva portent le mêmenom.
timzûrin, tirnzeryen(Aurès,Kabylie).
ôlmæzzû,takmeuur (Touaregs,GHIGLONE & al., 1976).

Espèceméditerranéenne, communeau Maroc où elle est représentéepar


plusieurssous-espèces et variétés.
Elle est très récoltéepour I'usagelocal.
Autrefois, la réputatiôn de cette plante était si grandeau Saharaque -les
caravanesen emportait vers le- Sahel où elle était vendue ftès cher
(GHIGLIONE & al., 1976).

USAGFSWS

478
Au Maroc, la décoction de cette plante est employéepanout comme
dépuratif et remède des maladies du foie. En usage externe c'est un
vulnéraire.
Dans la région de Midelt, la décoctionde la plante,associfuà Thymus
ciliatus, est utilisée dansle naiæmentdesaffectionsgastro-intestinales
et
des fièvres ("pour faire transpirer").
Dans les régions sahariennes,cette plante est une véritable panaée*.
Dans le Satraramarocain,on emploie la décoctionou la poudre comme
stimulantet on la recommandecontreles refroidissements, les diarrhées
et les fièvres. En usage externe, la plante fraîche sert à faire des
cataplasmes sur les blessures.
Au Saharales nomadesutilisent aussila plantefraîchepour aromatiserle
rhé.

TOXICITÉ

Depuispeu, la responsabilitéd'uneespècevoisine,Teucriumchamaedrys
L. (la germandréepetit-chêne),autrefoisinscrite dans la Pharmacopée
Française,a êtémise en causedansdescasdhépatotoxicitéobservéesen
France.
En 1993, nous avons eu à déterminerune plante qui était suspectée
d'avoir provoquédesintoxicationshépatiqueschroniques,chez2 malades
algériens qui I'utilisaient régulièrement: Il s'agissaitde Teucriurn
polium.Il est donc à redouterque cetteespècedéveloppe,à long terme,
la mêmetoxicité que la germandréepetit-chêne.

DISCT.JSSION

Les sourcesécrites arabes


La germandréeen capitule est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 488), la 'Umdat at-tabîb (n" 427), AL-
\ryAZIR AL-GHASSANI (n"85), la Tuhfat al-ahbôb (n" 101) et
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n' 208) sousle nom deja'da.

* Dans le Saharaalgérien,elle entre dansla compositiondu deffi, sorte de tisane


composéefaiæ avecunecinquantaine de plante.s
maisdontleTeucriumpoliwnest I'une
des plus importanæs.l* deffi est est une boisson considéréecommereconstituanteet
qui
tonique est prise surtoutpendant le mois de Rarnadan(BOLJNAGA & BRAC DE LA
PERRIERE,1989).
En Tunisie, le Teucriurnpoliurn est un ingrédientde basede la medbaJ,une tisane
composéetês populairedansla égion de Korbous(LE FLOC'H, 1.983,n" 347).

305. Thymus broussonetûiBois.

thymde Broussonet

479
z'îta (!).
za'tar al-Inmîr (!) (litt.: origandes ânes): par oppositionà za'tar qui
désigne l'Origanum compacturnqur est considérécomme le za'tar
véritable.
za'tar es-swirî(litt.: za'tar d'Essaouira).
Mffi'flivresque).
Ce fiès beau thym, fortementaromatique,endémiquedu Maroc' pousse
dansles régionsde Rabatet d'Essaouira.Il est beaucoup1éco_ltê,cat de
toutes les èspècesdu genre Thyrnus, c'est la plus recherchée.Dans
l'échelle de valeurs des Marocains,il vient juste après l'Origanum
compactum.

USAGFS TRADMONNELS

Partout au Maroc, le thym de Broussonetreçoit les mêmesusagesque


l'Ortganurncornpactum(voir à cet article,n" 292).
DanJh région de Rabat,on prépareun oléatde thyro en faisantmacérer
I semaineune poignéede feuillessèchesdansde lhuile d'olive. Cet oléat
On en met aussisur les
estutilisé dansles soinsdesplaieset desblessures.
abcès et furoncles, avant de recouvrir avec une tranche d'oignon
maintenueen placeà I'aide d'un bandage
A Rabat et Salé, le gargarismede sa décoction s'emploie contre les
aphtes,les gingivitesét tes maux de gorge.On peut aussi mâcher des
feuilles dansle mêmebut.

COMPOSMON DE L'HUILE ESSENTIELLE


DE THYMUSBROUSSONETIDU Iy,dARlOC

L'analysede lhuile essentiellede T. broussonetiide_larégion d'Essaouira


a donriéles résultatssuivants: thymol (de 15,2à28,97o),carvacrol(10'l
à 3O,4Vo),bornéol(14,8 à,19,47o),para-cymène (3,8 à 15,37o),pinènes
(4,1 à 7,87o),camphène(3 à 5,97o),myrcène(2,3 à2,879),1-terpinène
(2,4 à 6,87o).Par contre le mêmethym récolté dansla région de Rabat
s'estavérétrès pauwe en thymol (0,27o)maisriche en carvacrolQ7,37o)
(RICI{ARD &. al., 1985).

DISC[.ISSION

[æs sourcesécritesarabes
Gne espèce,endémiquedu Matoc, n'est mentio-m1"-ry-p.utPN AL-
BAYTAR, ni par la'Umdat at-tabîb,ni par ABDEREZAQ.Mais le
genre Thymui est largemen!équdigPqI ce_stous nos auteurs (voir à
Iarticte Thymusdiverson' 307).LaTuhfat al'ahbab (no 163) le décrit et
AL-WAZIR AL-GHASSANI I'a probablementassimilé au groupe
génériquedesthyms.

480
306. Thymus satureioÎ.d.esCoss. & Balansa

thym-sariettedu Maroc

âzukni, îzukni, tazuknnit(!) tpoly.) : s'appliqueà plusieursespècesde


thy-, sarietteset même d'autresplantes à odeur de thym (Salvia
aegyptiaca,etc.).
z\ta (poly.)

Cettees@ceest une endémiquedu Sudmarocain.

USAGES TRADMONNELS

Dans la région de Marrakechet partoutau Maroc, ce thym s'emploieen


décoctioncontreles infectionsgasEo-intestinales, les maladieshépatiques,
les colites, les toux, les bronchites,les infections de la gorge et de la
bouche, les grippes, les rhumes,le coryz4 les refroidissements.Il est
réputétonique et antiseptiquegênêral.On le mâcheaussicontreles aphæs
et les gingiviæs. Les feuilles séchéessontfuméesen cigarettescontrele
rhume et la grippe.
Ce thym entre dans le mélangede plantesqui sert à faire le bouillon
d'escargots(voir article n" 702), réputépréventifet curatif de toutesles
maladiesdues au froid: en hivet, ce bouillon, véritable thériaque,très
prisé des Marocains, se vend dans les principalesrues passantesde la
médinaet à proximité desbainspublics.
Ce thym-sarietteest aussi utilisé comme condimenten art culinaire et
pour conserverle smen(beune fondu).
Le miel butiné sur ce thym (spécialitéde la régionde Marrakech)est ftès
recherchépar les Marocainscar il est réputéposséderde puissantes
vertusthérapeutiques (cellesdu thym).

COMPOSMON DE L'HUILE ESSENTIELLE


DE THYMUS SATUREIOIDESDV MARiOC

On a identifié dans le T. satureioides3 flavones : le cirsilinéol, le 8-


méthoxycirsilinéolet la thymonine(VAN DEN BROUCKE, 1982).
Lhuile essentiellede la plante provenantde 4 localités différentes a
donné les résultats suivants : bornéol (27 à 337o),thymol (usqu'à
21,37o),carvacrol(usqu'à 9Vo),camphène(5,7 à lO,SVo), para-cymène
(4,7 à 9,9Vo),linalol (3,6 (6,6
à 5,8Vo),alpha-terpinéol à l2,l7o), béta-
caryophyllène (1,8 à 4,17o), acétate de bornyle (usqu'à 3Vo),
carvacrylméthylether (de 0,9 à 6Vo)(RICHARD & al., 1985).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes

481
Cetteespèce,endémiquedu Maroc,n'estmentionnée ry_par_ryN AL-
BAYTAR, ni par la'Umdat at-tabîb,ni par ABDEREZAQ.Maisle
genreThyrnas-est (voir à I'article
largementétudiépar tousl9s _auteurs
oThyrnui divers",n" 307).La Tuhfat al-ahbôb et AL-WAZIR AL-
GHASSANII'ontpeut-êneassimiléà d'aunesthyms.

307. Thymus divers

ThymusmnroccanusBall.
Thymuspallidus Coss.
Thymusbleicherianus Pom.
Thymusrygis L.
Thymuscilintus (Desf.) Benth.
Thymuscapitatus(L.) Hoffrn" & Link
Thymusriatarum Humbert & Maire
ThymusalgeriensLs Boiss.& Reut.
Thymusvulgaris L. var. capitellatasPau& F.-Q.
ThymusserpyllumL.

za'tar, zltra (poly.) : appellationgénériquedesthyms,sarietteset plantes


à odeur de thym.
â.zul<cnni, tazukennit(poly.) Oerbère): pour touscesthyrns.
tawuchenr(Midelt) : pour T. ciliatus.
rnarrad (JbelBou Iblane): pour T. cilintus.
tazayzirt,tazayzû,t (Bani Bounsardansle Rif) : pour T. ciliatus.

Sont endémiquesdu Maroc les espèceset variétés suivantes :


T. maroccanis (région d'Oulmès,Beni Meskine) ; T. bleicherianus
(régions de Meknès et de Taza) ; T. riatarum (Rif et Tazekka) ;
T. iutgaris var.capitellatus(JbelKrâa dansla régionde Chaouen).
Le T. capitatus eit présentau Maroc dans la région de Tétouan et le
T. serpyllum ne se rèncontreque sur les hautesmontagnesdu Moyen-
Atlas et du Haut-Atlas.
Les auEeses@cessereEouventen Algérie ou en Espagne.

USAGESTRADMONNELS

Cesthyms sontutilisées,en poudre,en décoctionou en oléatde la même


manièie que le thym de Broussonetet les origans(voir à ces articles,
no 305, 292,293).
Ils interviennent principalement dans le traitement des troubles
gastriques,desaffectionspulmonaireset desrefroidissements.
local ou régional,car ils sont considérés
I"eur osageest essentiellement
comme des thyms moins actifs et sans intérêt commercial ; seulI.
maroccan s sereEouveparfoischezles herborisæsdesvilles.

482
On les emploieaussien art culinaire.
COMPOSMON DES HI.JILESESSENTIELLESDE DIVERS THYMS
DUMAROC

On trouve dans la littérature les résultats de I'analyse des huiles


essentiellesde plusieursthymsdu Maroc.Cesrésultatssontles suivants:
- T. maroccanus: carvacrol(55,5 à 747o),thymol (0,4 à l8,4Vo),para-
cymène(5,6 à lo%o),linalol(1,8 à 2,lVo)(RICHARD& al., 1985);
- T. pallidu.s: carvacrol(0,5 à 24,2Vo),thymol (17,7 à 20,6Vo),bornéol
(ll à l7,4%o),camphre(0,1 à 54,8Vo),gammaterpinène(0 à 14,37o),
para-cymène (0,7à23,6Vo),camphène (1,1à13,87o),linalol(3 à7,lVo);
L'huile essentielledu T. pallidus des Ida Ou Tanane(région d'Agadir)
s'estrévéléetrès différenæde I'H.E. type : elle ne contientpresquepas
de thymol, de carvacrolet de para-cymène,mais beaucoupde camphre
(54,8Vo),de bornéol(l lVo) et de camphène(13,87o)(RICHARD & al.,
1985);
-7. rygis: thymol (1,1 à 30,7Vo), carvacrol(6,5à 42,9Vo), para-cymène
(23,3 ù28,57o),linalol (1,5 à 4Vo),oxydede caryophyllène (1,5 à 9,87o),
thymolméthylether (0à4,57o)(RICHARD& al., 1985);
- T capitatus : dansun échantillonde plante rêcolté,à Tétouan,il a êtê,
dêcelê78Vode carvacrol(cité dansBENJILALI & a1.,1984).

Nous avons,quant à nous,analyséI'huile essentiellede T. riatarum que


nous avons obtenu avec un rendementde 1,27o.Nos résultatssont les
suivants: carvacrol(22,3To),para-cymène(l7,5Vo),thymol (2,3Vo),y-
terpinène(10,37o),bornéol(9,3Vo),béta-bisabolène (4,87o)(IGLESIAS
& aI.,1991).

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Différentes espècesde thyms sont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, n" 456, 548,2233),la'Umdatat-tabîb(1558),
AL-\ryAZR AL-GHASSANI(n" 129,207),laTuhfatal-ahbâb(n" 163)
et ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n' 309) sousles nomsde nemmârn
(T. serpyllurn),IûYâ, .w'tar.

30E. Ziziphora hispanicaL.

Tliyyo,Tliyyo diôl-berr,Tliyyo berrî (Skoura,Ifrane) (litt.: menthe


pouliotdeslieux secs): par oppositionàfliyyo diâl mô' pour la menthe
pouliot; on reEouvele mêmevernaculùepourSaturejagranatensis.

483
Petite plante, à odeur de pulégone,du Maroc et de I'Espagne,fréquente
en montagnedansle Moyen-Atlas.

USAGESTRADITIONNELS

Cettees$ce estutilisée,là où elle pousse,commesuccédanéde la menthe


pouliot (pou sesusages,voir à Menthapulegium, no 287).

COMPOSITION DE L'HUILE ESSENTIELLE DE Z/Z/PHORA


T/ISPAN/CADU MAROC

Dans des lots de cetteplanteprovenantde diverseslocalités du Moyen-


Atlas (Ifrane, Skoura,Boulmane)que nous avons analysé,nous avons
trouvédes teneursélevéesen pulégone(de72à897o).

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
pt
C'est une espècevoisine (2. capitata) qui est peut-êtrementionne-e
IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,Do 380) sous le nom de
bûlûqnimun (mot grec). Nous avonsun doute en ce qui concernela
'Umdatat-tabîb.Les autresauteursne la citentpas.

LAURACÉPS

309. Cinnarnornurn camphora Nees.

camphrier

kôfû4 lrâ,fûrel-hôrr (!) (litt.: camphrevrai) : par oppositionà kôfûr


çûfa (htt.: le camphrepour la laine) qui est la naphtaline.
kôfr, leryâr (litt.: camphrevolatil).
Le camphreest mentionnésousle nom de kâfû,r dansLe Coran (S. 76,
v. 5).

Le camphre naturel obtenu par distillation du bois de camphrier est


importé au Maroc, d'Extrême-Orient.Aujourdhui, il est, en partie,
remplacépar du camphresynthétique.

USAGESTRADMONNELS

484
A Rabat,Salé,Fès,Marrakech,le camphreestutilisé commeantiseptique
dansles soinsdesplaieset desblessureset commerévulsif. Il est réputé
anaphrodisiaque.

Il est employéégalementpour I'enbaumement


desmorts,seulou mélangé
à de I'eausafranéeou à de I'eaude rose.

DISCTISSION

Les sourcesécritesarabes
Le camphre est longuement mentionné par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, n' 1868),la'Umdatot-tabîb(no llM), AL-
WAZIR AL-GHASSANI (n' 168), la Tuhfatal-ahbâb (n" 212) et par
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 436),sousle nom de Mfûr.

310. Cinnamon an, cassia Blume (= Cinnamornurn aromaticum


Nees.)

cannelle,cannellede Chine

qarfa, l-qarfa l-Êlîdû (!) (litt.: cannelleépaisse,grosse).

Ce cannelier poussespontanémenten Chine, mais il est aujourd'hui


acclimatédansdiversesrégionstropicales.
L'opérationde grattagedesécorcesest beaucoupmoinspousséeque pour
la carrnellede Ceylan.Ia cannellede Chineconservedoncbeaucoupplus
de suberet la totalité du parenchymecortical.Elle estplus épaisseque la
cannellede Ceylan,de couleurbruneplus foncéeet d'odeurmoins fine.

On vend parfois sousle nom de cannellede Chine,diversescasses(voir à


Cinnamornurndivers,n" 312).

USAGES TRADITIONNELS

Partout au Maroc, la cannellede Chine est utilisée commeréchauffante,


digestive,carminative,antinauséeuse, en poudreou en décoction.On la
prescrit aussi conte les palpitationsaortiqueset la faiblessecardiaque,
seule,en poudreou infuséedansdu lait chaud,ou associéeà du musc.
D'après MATHIEU & MANEVILLE (1952), à Casablanca,les
matronnesI'administrentaux femmesenceintesarrivéesà leur terme,en
infusion sucrée,soit avec de la menthe,soit avec du clou de girofle, du
thym, de la lavande et de la menthe pouliot, pour faciliter
I'accouchement.

485
La canelle enEe dansla compositiondu râs el-Innût (voir cet article,
n'693).
C'estune épicetrès appréciêeen cuisine,en pâtisserieet en confiserie.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
I-es différentesespècesde cannellesontlonguementnaitéespar IRN AL-
',Urndat
BAYTAR (LEC'ERC, 1877-1883,no 46,841, 1205,2213),la
at-tabîb (n' 2084, 2274), AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 303), la
Tuhfat at-ahbâb(n" 291, 369) et ABDEREZAQ(LECLERC, 18'74,n"
234,743) sousle nom de dôr çînî,selî@,qirfa.

311. Cinnamornunt zeylaniczlz Nees.

cannellede Ceylan

dôr sînî (!) (litt.: arbre de Chine, en persan) : historiquement,ce


vernaculairedésignaitla cannellede Chine. Aujourd'hui, il désigne
partout dans le Monde Musulman,jusqu'en Inde et au Pakistan,la
cannellede Ceylan.
qarfa al-h.ûrra(litt.: la cannellepure,waie).

On rencontrecet arbre à Ceylan, dans le Sud-Ouestde I'Inde et en


Indochine(carrnelled'Anamou cannelleroyale).
La drogUe,qui est importéeau Maroc de Ceylan,se présentesousforme
de nrbesemboîtésles uns dansles autres.L'écorceest fine parcequ'elle
est gfattée extérieurementavant d'êf9 tét!9", pour enleverle suber et
uoe-grandepartie du parenchymecortical.Elle est doncconstituéepar le
liber et une épaisseurvariablede parenchymecortical. Ces tubes,,qui-se
cassentfacilement, sont de couleur fauve à brun clair, de saveurchaude,
aromatique,piquanteet sucrée.

c'est cettecannellequi est inscritedanspresquetoutesles Pharmacopées


occidentales.La PharmacoÉeaméricainereconnaitaussicoillme es@ce
officinale la cannellede Sarlon ou de Cochinchine(C. loureiri Nees.).
La cannelle de Ceylan est parfois adultéréepar quelquescannellesde la
péninsule indienne qui lui ressemblentun peu : C. tatnala Nees. &'
Èberm. (indian cassiàlignea) et C. impressinerviurnMeissn du Sikkim
(TIIE TWEALTI{OF INDIA, 1948-1972).

Chez les droguistes,la cannelle de Ceylan se trouve en tubes ou en


morceaux.

486
USAGFS TRADMONNELS

Partout au Maroc, la cannelle de Ceylan, disponible chez tous les


drogUistes,est utilisée, en poudre ou en décoctiondansdu lait, comme
réchauffant,tonique, carminatif, digestif, aphrodisiaque.Elle a aussi la
réputation de combatte I'amnésieet de stimuler la mémoire.
Pour arêter les nausées,on donne à boire de l'eau de fleur d'oranger
additionnéed'un pu de poudrede cannellede Ceylanet de sucre.
Elle est généralèmentconsid&ên par le peuple coûrmebonne _pourle
coeur : les gens disent "qu'elle relâche le coeur et met fin aux
serements" ; mais pour certrainsfqih (Salé,Ouezzanne, Tanger)elle est,
au contraire,nuisible au coeur.
En gargarismes,la décoctionaqueuseestconseilléedansle traitementdes
aphteset desgingivites.
Dans les céphalées,les rhumeset les maux de dents,on appliquesur les
tempesou iur les joues un cataplasmede la décoctionou de la poudre
humectée.Dans les coliques,on fait des frictions sur le ventre avec un
maérê de cannellede ceylan dansde la mal\ya(eaude vie desJuifs du
Maroc).

La cannellede Ceylanfait partie du rôs el-?anût(voir cet article,n" 703)


C'estune épicetrès appréciéequoiquepresquetoujoursremplacéepar la
cannellede Chine,beaucoupmoinschère.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Les différentesespècesde cannellesontlonguementtraitéespar IBN AL-
BAYTAR (LECL-ERC,1877-1883, no 46,841, L205,2213),la'Umdat
at-tabîb (no 795), AL-WAZIR AL-GHASSANI (n' 303), la Tuhfat al-
ahbâb(n" I 12)et ABDEREZAQGECLERC, 1874,n" 234,743) sousle
nom de dâr çînî,selîIn, qirfa.

312. Cinnarnornurn divers

Cinnamornurnburmani i Blume
Cinnamomurn pauciflorum Nees.
Cinnamornumimpressinervium Meissn
Cinnamornurnculilawan B.L.

qarfa: on trouvesousce nom 1asannellede Chineet diversescasses.

I-es cassesdu commerceproviennentdu Cinnamomurnburmanii Blume


de Malaisie,d'Indonésieet desPhillipines(cassiabark of Javq of Padang,

487
of Macassar,of Sumatra,of Manille) ; du Cinnarnornutnpauciflorum
Nees.du Sikkim et de l'Assam(cassiabarkof Assam); du Cinnamornurn
tamala Ness.et du Cinnamomumimpressinervium Meissndu Nord de
I'Inde, du Sikkim et du Népal (indian cassialignea) (TIIE WEALTH OF
INDIA, t948-1972).

Sous le nom de casses,on vend aussi l'écorcede Dicypellium


caryophyllatumNess. (cannelle-girofle du Brésil) et Cinnamornum
culilawan B.L. (cannellede Cubilawan,cannelle-giroflée de Malaisie)
(ou
Enfin, sousle nom de casseblanche cannelleblancheou écorcede
winter de la Floride), on trouve, sur le marchéinternationaldes épices,
une écorcefournie par CaneIIaalba Murr. et Canella winteriana (L.)
Gaertn.,espècesspontanées en Florideet aux Antilles
(PERROT,1943-1944; RAMAUT & al., 1982).

USAGESTRADITIONNELS

Ces cassessont employéescommeadultérantsde la cannellede Chine,


dansles periodesoù sescoursmondiauxmontent.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
En dehorsdes eannellesde Chine et de Ceylan,diversescannellessont
mentionnées par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, no 46,841,
1205,2213)etla'Umdat at-tabîb(no795) dansles articlesselî$aet dôr
sînî, comme des variétés venant d'autresrégions d'Asie. Les auEes
auteursne s'étendentpas Sur toutes ces variétés de cannelle, qui ont
probablementété assimiléeslesunesaux aures.

313. Laurus nobilis L. et Lauras azorica (Seub.) Maire

laurier noble, laurier-sauce,laurier d'Appolon


laurier-saucedesCanaries

er-rand(t).
'a$ mûsâ,a'fi sîdnârnûsâ(!) (litt.: bâtonde Moilse).
lajarat el-gâr, el-Êôr(l)"
Inbbet el-Sâr (!) : pour la baie.

Le laurier noble, espèceméditerranéenne,est spontanédansle Nord du


Maroc (Tangérois,Jbel Alam, Larache)et plantédansles jardins, un peu
partoutau Maroc, pour un usagedomestique.

488
Le laurier-saucedes Canaries,Laurus azorica, espèceendémiquedu
Maroc et des Iles Canaries,est spontanédansles régionsde Beni-Mellal
et de Ksiba (BENABID, 1984).

Au siècle dernier, I'essencede laurier noble arrivait dans le Monde


Arabe de la Turquie. Cette H.E. était emportéejusqu'auSoudanpar les
caravanestripolitaines,sousle nom de zayt eY-Sey!(Renseignements
Coloniaux,Do8, nov. 1898).

USAGESTRADITIONNELS

Partoutau Maroc, I'infusiondesfeuilles est employéedansles mauvaises


digestionset la décoctionconcentréesert à faire desgargarismesbucco-
pharyngésconre les maladiesde cette sphère(amygdalites,aphtes,
mauvaisehaleine,gingiviæs,etc.).La baieestutilisée,en masticatoireou
en gargarismesde la décoction,contreles mauxde la bouche,desdents,
desgencivesou desamygdales.
A Marrakechet à Salé,en usageexterne,I'oléatde baiesest appliquéesur
la têteet sur le corpscomrneantivennineet antigale.

A Beni Mellal, unebottede rameaux,estréputéechasserles mouches.

Les feuilles et les baiessonttrèsemployéescommecondimentaromatique


pour la préparationdespoissonset des viandes.On les utilise aussipour
parfumer le vinaigre traditionnel et les conservesd'olives ou de
poivrons.

COMPOSITIONDE L'HUILE ESSENTIELLE


DE I.A,URUSNOBIUS ET I.A,URUSAZORICADU I[./,4'AROC

Lhuile essentiellede L. nobilis de la région de Larache(Nord du Maroc)


a révêlê la compositionsuivante: eucalyptol(29,97o),linalol (2,5Vo),
esterde linalyle (10,37o),eugénolméthylettrer (2,87o)"limonène(3,2Vo),
para-cymène(4,57o)(AHMADOUCH, I 98I ).

L'huile essentiellede L. azorica de la région de Beni-Mellal a une


compositionassezproche: elle est plus richeen eucalyptol(40,67o)et en
linalol (9,77o)(AHMADOUCH, 1982).

Sur le plan qualitatif, ces compositionsne différent pas beaucoupdes


donnéespubliéesdansla littérattue.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes

489
Le laurier noble est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, no 922,965,1065,1619),la'Umdat at-tabîb(n" 970),AL-
WAZIR AL-GHASSANI (no 284), la Tuhfatal-ahbâb(no 173, 437) et
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 785) sousles noms habituelsde
rend et Sâr.

LEMNACÉBS

314. Lemna minor L.

lentille d'eau

ahlub (!) (liwesque).


l-fuzz (poly). : s'emploieaussipour leslichenset les moussesde rochers,
de puits, etc.

Espècecosmopolite,qu'onrencontreflottant sur les ealD(calmes.

USAGESTRADITIONNELS

D'après2 fqih du Souss,cette planteétait utilisée dansle uaitement de


I'hirudinasehumaine.L'eauet les plantesaquatiquesétant senséesattirer
les sangsues,pour amenercelles-cià se détacherdes muqueuses,on
administrait au patient une purée à base de lentille d'eau et d'un
quelconquevomitif. On supposaitque les sangsues,attiréespar cette
pâture,lâchaientalors leurs supportset étaientensuiterejetéesdans les
vomissements. Nous n'avonsplus retouvé cetteindication.

Nous avonslà un bon exempled'applicationde la théorie généraledes


affinités.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
La lentille d'eau est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
'Umdatat-tabîb(n" 1092),AL-WAZR
1877-1883,Do 1451,l52l),la
AL-GHASSANI (no 137),laTuhfat al-ahbôb(n' 201) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 391)sousles nomshabituelsde Uhlub et'adesal'
mâ'.

490
LrLrAcÉrs

315. Alliarn cepa L.

oignon

l-besla (plur. : Iebset)(l).


âzalim, âzlim (!) (berbère).

De nombreusesvariétés d'oignon sont cultivées au Maroc, pour la


productiondesbulbesqui sontun légumede basedansI'alimentationdes
Marocains.

USAGES TRADITIONNELS

Partout au Maroc, I'oignon est réputé conserverla bonne santé et


préserver celui qui le mange régulièrementde toutes les maladies.
Autrefois, les voyageurset les caravaniersI'emportaientdans leurs
provisions, car on considérait- et cette croyanceprévaut d'ailleurs
toujours dans les campagnes- que sa consonrmation-limiteles risques
inhérentsà la boissond'eaux suspecteset qu'elle purifie le sang. Un
hadith recommanded'ailleurs son usageconrmepréventif des maladies
provoquéespar des eaux malsaines,notammentau cours d'épidémies.
L'espèceestaussimentionnée dansIæ Coran(S.2, v. 58).
En usage interne, I'oignon cru est employé,au naturel ou en infusion
(parfois avec du fenugrec), dans le traitementde I'hydropysie,des
réæntionsd'eau,desrefroidissements et de I'impuissance.
En frictions intrabuccales,il est recommandédans les gingivites
purulentes.
Hâché et appliquélocalementsousforme de cataplasme,ou mélangê au
$âssûl (argile saponifère),il intervient dans le traitementde la teigne.
Les cataplasmesd'oignontrituré dansdu beurrechaudsont aussiutilisés
corrme maturatifdesabcèset furoncles,commeantiseptiqueet cicatrisant
dans les brûlures et comme topique antivenin.La même procédureest
mise en oeuwedansle traiæmentdesoreillons.
Dans les fièwes, desrondellesd'oignonsontappliquéessur le front et les
tempespour faire baisserla température.
A Marrakech,Rabat,Salé,Fès, Casablanca, Oujda les grainesd'oignon
(zerrî'at l-besla) interviennentdans le traitementdes troubles de la
miction, desmaladiesde la vessieet de I'utérus,généralement en mélange
avec des grainesde radis, de carotteet de persil : I cuillerée de poudre
du mélangedans de I'eau chaudeI à 2 fois par jour. Elles sont aussi
utilisées comme diurétique (dans I'oligurie et les oedèmes)et comme
antiputride(dansles fermentationsinæstinales).

491
Les bulbes d'oignon sont un élémentde base de I'alimentationdes
Marocains,la variétérouge,en particulier,qui sèchebien et se conserve
mieux que la variêtê,blanche.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
L'oignonest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 296,979),la'Umdatat-tabîb(n" 226),AL-WAZIR AL-GHASSANI
(n" 49) et ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 168) sousle nom de
basal. la Tuhfat al-ahbâb ne le cite pas,le considérantprobablement
coilrmeétantsurtoutun aliment.

316. Allium porrurn L.

poireau.

porrô, borrô (t1.


korrôg beslat l-korrâg frmat el-korrât (!) : pourA. poruurn,A.
sphaerocephalurn L., A. roseumL.
L., A. ampeloprasum

Le poireau est cultivé partout, dans les zones maraîchères,comme


légume.

USAGESTRADITIONNELS

A Marrakech et à Salé, on utilise les écailles du bulbe du poireau ou


mieux, les lanièresde satunique(sousle nom de z$ebtl-korrâ1),divisées
et trituréesdansde I'huile d'olive, en masquecapillaire,commefortifiant
pour les eheveux.Danseetteindication,on peut remplacerle poireaupar
2 espècessauvages: Allium sphaerocephalam L. (ail à tête ronde) et
Allium ampeloprasumL (ail faux-poireau).

Le poireau cultivé et ces 2 espèeessauvagessont utilisés dans


I'alimentation.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le poireau est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
'Umdat at'tabîb
1883,no 1760, 1820, 1875, 1910, Lgll, 1998),la
(no226, 1176, ll77) sousle nom de kurrôg qir| Aafalût kalikân. AL'
WAZR AL-GHASSANI (n" 328) et ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,

492
no 441) donnent le vernaculure kurô1. La Tuhfat al-ahbâb ne le
mentionnepas.

317. Allium sativarn L.

ail cultivé

fi.rn,fima (!).
tiskert, ti{Sert(!) (berbère).

Espècelargementcultivéeau Maroc pour la consommationlocale qui est


importante.

USAGESTRADMONNELS

Les car'eux constituant le bulbe sont très employés en médecine


traditionnellemarocaine,crus, cuits à la vapeurou servisdansles repas.
Ses indications sont partout les mêmes: c'est un anti-infectieux,un
dépuratif gênéral,un stimulantdesfonctionsvitaleset un antidotede tous
les poisons.On utilise I'ail, à l'intérieur,souventtrituré dansdu miel ou
dansdu beurre,dansla dysenterie,la thyphoide,les coliquesdes enfants,
les maladiesinfectieuses,I'hirudinase,les vers intestinâux,la toux, les
affections respiratoires,les refroidissementsde toutes sortes, la
tuberculose. C'est aussi un médicamentdu "mauvais sâDg", de
lhlpertension et desrhumatismes.L'ail cuit, mélangéà du beurreét à du
miel, est réputé aphrodisiaque.Pour prévenirson action irritante sur le
tube digestif,on lui associede la gommearabique.
Il entre aussi dans la composition de suppositoirescontre les
hémorroïdes.
Contre les affections respiratoires,on fait des massagessur la poitrine
avecun oléat d'ail dansde I'huile.
Administé par voie généraleet en topiquelocal, I'ail inærvient dansles
soins des plaies suppurantes,des abcèset furoncles, des morsures
d'animauxvenimeuxet de chiensenragés,de la teigne et de la pelade.
Pour éviter qu'il ne produise sur la peau des excoriations ou des
inflammations,on lui associedesadoucissants (farine de lin, miel, etc.).
L'ail cru, broyé avec du sel, est appliquélocalementconte les douleurs
dentaires.
L'instillation dansles oreillesde gouttesde graissechaudedanslaquellea
été cuit de I'ail haché,est une pratiquecourantedansle traiæmèntdes
otites.
Il reçoit ausside multiplesemploisen médecinevétérinaire,généralement
les mêmesqu'enmédecinehumaine.

493
L'ail est enfin très utilisé dansI'alimentation.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'ail cultivé est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 453),la',Umdatat-tabîb(n'352), AL-WAZIR AL-GHASSANI
(no 328),la Tuhfat al-ahbâb (n" 408) et ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,no 170,896)sousle nomdefim.

318. Allium divers

ails sauvages

Allium nigrum L.
Allium tiquetrum L.
Allium cltnmaemoliL.
Allium pallensL.
Allium roseurnL.
firn el-barrî (!) (litt.: ail sauvage).
fim el-Inyya (!) (litt.: ail de vipère).
banyla (litt.: petit oignon).
korrâ1(!) : pourA. roseurnL.,A. poruurnL., A. sphaerocephalum
L.,
A. arnpeloprasurnL.
bîbrôs (Kabylie,ABDEREZAQ,LECLERC, 1874,n" 171) : pour A.
ffiqueffum.

Ce sont toutes des espècesde la région méditerranéenned'Europe et


d'Afrique du Nord ; A. nigrum a une aire de répartition un peu plus
largepuisqu'onle rencontreaussien Asie occidentale.

USAGESTRADMONNELS

Cesails sauvagessontutilisésen cataplasmes contreles piqûresd'insectes


et de scorpionset les morsuresde serpents.

L'Alliurn roseum,notammentsa var. odoratissirnutn,est récolté,dansles


campagnes,au printemps,et utilisé dansI'alimentationpour remplacerà
la fois le poireauet I'oignon.
L'Allium ffiquetrumestmangéen guised'oignon.
Les autresespècessontaussioccasionnellement utiliséesen alimentation.

DISCI.JSSION

494
[æs sourcesécritesarabes
Les variétés sauvagesd'ail, d'oigon ou de poireau sont mentionnées
plusieursfois par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, n" 453,
454,455,651, 1487,1875,1910,l9ll,2194) sousles nomsde fim
berrî, fim kurrâf, frm el-Inyya, ma.tnrqô\,I.nfîW fimiya (pour divers
Allium) ; kâûl et kurrât el-kurum (poireaudes vignes, pour A.
arnpeloprasumL.), mûlî et harmel ôbya( (pou A. moly L.).
La'Umdnt at-tabîb(n' 352),AL-WAZIR AL-GHASSANI(n 328, 329)
etlaTuhfat al-ahbôb(no393)les décriventaussi.
ABDEREZAQ (LECLERO,1874,no 170, 896) cite A. triquetrumL.
(bîbrôs)et un aute ail sauvage(kurcâfl.

319. Aloe socotrina Lamk., Aloe perryi Baker et Aloe divers.

aloès

çibr, çiber, sabr (!) : au Maroc, ce vernaculaires'appliqueaussi à


d'auEesaloèset, sous la forme .nbra, aux agaves(voir à cet article,
nol4).
Ce vernaculaires'emploiepour désignerles planteselles-mêmesmais
aùssile sucextrait desfeuillespuis desséché,
c'està dire la drogue.

Dans tous les manuels arabesde matière médicale,on Eouve que la


meilleureespèced'aloèsest le nbr suquyî.ll s'agit,bien évidemmentde
I'aloèssocotrinpréparé,depuisI'Antiquité,dansllle de Socotra(au large
du Yémen du Sud) à partir d'A. perryi et d'A. socotrina, puis expédié
dansle port indien de Bombayqui en assurela commercialisation partout
dansle Monde musulman.Le produit qu'on trouveaujourd'huiau Maroc
est vraisemblablementd'origines botaniqueet géographiquevariables
(Yémen,Inde,etc.).*
Son amertumeest proverbiale; on dit au Maroc : "amer commeI'aloès"
(ou commele laurier roseou commela coloquinte).

Une douzained'aloès,au moins, provenantd'Afrique australe,d'Afrique


orientaleou de la Péninsulearabique,ont été acclimatésau Maroc à des
fins ornementales,mais aucunen'estutiliséelocalementpour fabriquerla
droguenqui a toujoursété importée.Les aloèsles plus fréquentsdansles
jardins sont : A. arborescensMill., A. ciliaris Haw., A. commutata
Todars,A. glauca Mill. (ARBA, 1983).L'A. vera L., qui est I'espèce
officinale dansplusieurspays,a êtÉ,infroduitedèsI'Antiquité en Afrique
du Nord (en Algérie et en Tunisie surtout) où il est, par endroits,
subspontané (MAIRE, 1952-1968).

495
USAGESTRADMONNELS

Au Maroc, le sucdesséché d'aloès(4. socotina etA. perryi) estutilisé,à


Rabat,Salé,Casablanca, Fès,Marrakech,Tétouan,par voie orale,cornme
purgatif, vermifuge, cholagogue,antidiabetique,apéritil rarementseul,
généralementcorrigé par la gomme arabique,le miel ou le sucre.
Autrefois, quand la myrrhe (el-mûrr) était disponible chez les
herboristes,elle accompagnaitobligatoirementI'aloèscommecorrecteur.
On dit d'ailleurs toujours el-mûrr wa sibr pour désigner ce remède
conrmes'il s'agissaitd'un seul produit. Le sensdu mot mûrr, dansce
contexte,s'estd'ailleursconompu: les utilisateurspensentaujourd'hui
qu'il est accoléà sibr pour rappelerson amertume(rnarr).
En usage externe,on I'utilise incorporédans des pommades,dans le
traitement des écrouelleset pour les soins des cheveux qu'il a la
réputationd'embeltr et de fortifier.
Enfin, pulvériséet humecté,il est appliquésur les tétonsdes seinsdes
mèresallaitantes,pour le séwagedes nourrissons,en raison de sa forte
amertumequi joue le rôle de repoussoir.
Son utilisation est conEe-indiqué,par les tradipraticiens,dans les
hémorroideset au coursde la grossesse.
Les femmes des villes I'emploientparfois, pil voie interne, comme
abortif.

Le suc épaiset mucilagineuxqu'on retire des feuilles des divers aloès


ornementaux(A. arborescens,A. commutata)est utilisé, à l'état frais
comme émollient, cicatrisant et vulnéraire sur les brûlures, les
contusions,lesplaies.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'aloèsest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
no 1388, 2159), la 'Umdat at-tabîb (no 1532), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 210), laTuhfat al-ahbâb(n" 294)et par ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,no 619)sousle nomde çabr.
IBN AL-BAYTAR mentionnela variétédite çabr suqnrî commeétantla
meilleure.

Les donnéestoxicologiques
A fortes doses,I'aloèsprésenteune toxicitéindiscutable.Il provoqueune
congestionintensedes organeset développechezles femmesune action
ocytocique,d'où sa contre-indicationchezles femmesenceinteset chez
les hémorroi'daireset sonusagefaditionnel commeabortif..
Une prise de 8 grammes d'aloès peut même provoquer la mort
(PERROT,1943-l9M).

496
* Surles aloèsdu Yémen,voir FLEURENTIN(1983).

320. Androcymbium gramineum (cav.) Mc Bride e t


Androcymbium intermedium GatL & Maire

çpgê'a,ssgê'atlerneb (!) (Dra, Saharaoccidental,BELLAKHDAR & al.,


1987,MONTEIL, 1953).
tâ' lerneb(Dra, BELLAKHDAR & a1.,1987).
germî (Jbilet, NÈGRE, tg6t-tg6}).
keykut(Satraraoccidental,BIROUK, 1991).
lawzat le$el (Diabet)(litt.: amandede perdreau).
âgaywar(Diabet).
gerga'at legrâb (Diabet,Essaouira)(litt.: noix de corbeau).
temrat le*rôb (poly.) (sidi Mokhtar) (lirt.: datre de corbeau) : ce
vernaculaireq'appliqueaussi au fruit du Polygala balansae Cosson
(GATEFOSSÉ,,IgZtj er du Balanitesaegyptiacà[,.) nel
frirîtu (Kasba-Tadla)(litt.: celle qui s'étale).
gizgîz (Bejaad).
bsila s$ra (poly.) (Bejaad)(litt.: le petit oignon).
mmû-glôm (Jorf Asfar).
c'est le lofût (litt.: la carapace,dans le dialecte des Toubous,
CHEVALIER, 1933),du Sud algérien,du Sudlybien er desToubous; le
el-basel ngaburé (litt.: oignon de corbeau)du Tchad (CHEVALIER,
r933).
Ce sont de petitesplantes,saharo-méditerranéenî€s, à fleurs blanchesou
poussant
1osrys, à ras de sol en terrain sableux
et dansles endroitsun peu
humides.Dans le Sud-Ouestmarocain,on trouveI'espèceAndrocyrnbium
intermedium Gatt. & Maire (cHARNor, 1945),I'Androcymbium
gramineum(Cav.) Mc Bride étanglui, saharien.

USAGESTRADMONNELS

A Tissint, les bulbesséchéssontincorporésdansles msâSen (mélanges


réchauffants, voir article n' 693) et sont utilisés comme réchauffant.
L'infusion desbulbesestaussiutiliséecommeantidiabétique.
La toxicité de la planten'y estpourtantpasignorée.

COMPOSMON CHIMIOUE DES ANDROCTMBIUM


DU MAROC ET DU SAHARA

497
RODIER (1956)a doséla colchicinedansdesplantesprovenantdu Tadla
et récoltées aux premièrespluies d'automne.Ses résultats sont les
suivants: feuilles0,0837o;fleurs0,l2Vo; bulbes0,017o.
PERROT (1936) a obtenu les résultatssuivants,à partir de I'espèce
satrarienne:feuilles0,1Vo;f'leurs0,17o; bulbes0,297o;graines0,37Vo.
La vanêtêsatrarienne sembledoncêtreplus richeen colchicine.
Nous avons,quantà nous,trouvédesteneursallantde 0,06 à 0,087ode
colchicinedansles bulbesrécoltéssur I'espèceA. interrnediumprovenant
de différenteslocalitésautourde Jorf Asfar et d'Essaouira.

TOXICITÉ

Cette plante est redoutéeau Saharaoccidental,dansle Tadla et dansles


Jbilet par les nomadeset les éleveurs,en raisonde sa grandetoxicité pour
les camelins,les ovinset les caprins.
Les intoxications ont lieu généralementaprès les premières pluies
d'automnelorsque la plante sort de terre et que I'herbeest encorerare.
Quandla plante se dessèche, la plantegardesa toxicitê,car le toxique se
concenEedansles caliceset les graines.

L'intoxication chezlhomme n'ajamaisété décritebien que la plantepeut


être dangereuse pour lui aussi.

Symptômesde I'intoxication
L'intoxication du bétail se manifeste principalement oar de
I'incordinationdansles mouvements et la locomation,destroublesgasfro-
intestinauxet" parfois,une chuteimportantedespoils. Si la mortalité est
élevêe,I'issuen'est pas obligatoirementfatale et les animauxqui font
d'abondantes diarrhéessurviventgénéralement.
L'autopsie révèle des reins hémonagiques,une rate congestionnée,un
foie dilaté,despoumonshyperhémiés(BELLAKHDAR, 1978; RODIER,
l9s6).
DISCTJSSION

Les sourcesécritesalabes
Le genreAndrocymbiun n'estmentionnépar aucunde nos auteurs.

Les donnéesde la toxicologie


La toxicité de la plante est indiscutablementliée à la présencede
colchicine(voir ci-dessus$ CompositionchimiquedesAndrocymbiumdu
Maroc et du Sahara).

321.Asparagzsdivers

498
asperge

AsparagusacutifuliusL.
AsparagusalbusL.
AsparaguspastorianzsWebb.& Berth.
AsparagusstipularisForsk.
AsparagusaltissimusMunb.

ssekkûm,âssekkûm(t).
âzzwî,âzzît,taaût (!) (berbère).
ziwziw (Zoumi).
Sbarbak(BOLJLET& al., 1990).
bûgelât(GATEFOSSÉ,t92t).
bûlatâ(GATEFOSSÉ,
r92r).
hilyawn (classique): ce vernaculairen'estguèreusitéau Maroc.
Inbreza (!) (satraraoccidental,BELLAKHDAR & ar., 1978) : c'est le
nom des baies d'A. altissimus,rougesà manrritéet de saveuracidulée.
Elles sontcomestibles.

L' espèceA. acutifulius estcircum-méditerranéenne; A. albus est ouest-


méditerranéenne ; A. pastorianusestune endémiquemacaronésienne ; A.
altissimus est une endémiquesaharienne; A. stipularis se rencontreen
Afrique du Nord et au Proche-Orient.

USAGES TRADMONNELS

Dansles régionsoù I'espèceexiste,on préfèreutiliserA. albus.


LesjeunespoussessontprescriæspartoutdansI'icêre et les rhumatismes.
Au Satraraoccidentalet à Marrakech,lesjeunespousses,en friture avec
des oeufs et de la graissede dromadaireou de mouton,sont considérées
commerrn-puissant spermatogène et un aphrodisiaque ; de plus, on dit que
ce metsdébloquetoutesles obstructionset facitte les sécrétions.
DansJq 1égtonde Rabat,baies,tigeset racinessontréputéesstomachiques
et apéritives.
Dans les régionsde Fès et d'Oujda la décoctiondestiges et des racines
est utilisée dansle traitementde la slphilts et de la blennorragie.
A Ahfir (Beni Snassen)la décoctiond'aspergeest réputéàrendre les
chiensfous furieux et mêmeles tuer.
L'eau de cuissondesracinespiléesestutitsée par les nomadespour laver
leurs vêtements.

Lesjeunespoussessontun peu consommées dansles campagnes, mais on


les récolte surtoutpour les vendreau bord desroutesou sur les marchés
citadins.

499
Dromadaires,moutonset sangliersmangentvolontiersles tiges,les fruits
et les racines.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'aspergeest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 518,2260,2308),la'Umdat at-tabîb(n" 2612),AL-WAZIR
AL-GHASSANI(no 101),laTuhfatal-ahbôb(n" 27,123)sousle nom de
âsfaraj,hilyawn.ABDEREZAQGECLERC, 1874,n" 256) donneaussi
le nom de I'aspergeau Maghreb,sekkûm.
L'usage,un peu spécial,de la décoctiond'aspergepour fuer les chiens,
que nousn'avonsrencontréque dansles Beni-Snassen (Maroc oriental),
estmentionnéaussipar ABDEREZAQ.

Les donnéesde la toxicologie


Les baiesne seraientpas totalementdénuéesde toxicité, en raison de la
présenced'un saponosidesusceptiblede provoquerdes troubles gastro-
intestinauxde gravitévariable(DELAVEAU, 1974).
La consommationd'aspergedonneaux urinesune odeurdésagréable due
au méthylmercaptan (mettranediol),
mais ce n'estpaslà un signequi doit
alarmer.Par contre, chez I'homme, une consommation excessive peut
être initante pour les reins.

322. Asphodelus microcarpus Salzm. & Viv. et Asphodelus


ran osttsL. (= Asphodeluscerasiftrus Gay)

asphodèle

l-berwâg(l).
îgri, înffi, îrnegri, tiÊri (l).
blîlû.2,âblîlû,2(!) : pour la hampeflorale.
âgellûs : pour la hampe florale. IBN AL-BAYTAR (dans LECLERC,
1877-1883,Do826) cite le vernaculaire berbùe tiglile# à rapprocherdu
nôtre.
Inydelî (Khlott, BERTRAND, 1991): pour la bourre.
bun!ô(classique, RENAUD & COLIN,1934,no 83 et42l).
tfiiritl (Turquie,BASER & al., 1986): à rapprocherde Jirr.l qui désigne
l' Omithogalum umbellatumL.

communesau Maroc.
Espècesméditerranéennes

USAGESTRADMONNELS

500
f-a partie utilisée en médecinetraditionnelleau Maroc est constituéepar
les racinestubéreusesrenflées.Partout,lhuile, dans laquelleon a iait
cuire cette partie, est utilisée, en instillations auricuÎaires,dans le
traitementdesotites.On peut encorecreuserune cavitédansun tubercule
d'asphodèle,puis y verserde I'huile chaudequ'on laissemacérertoute
une nuit, avantde I'utiliser en gouttes.
I-a poudre et la décoctionde la droguesont employées,en applications
locales,dansles soinsdesabês
A Manakech, les tuberculesserventà faire un onguentcontrele vitiligo
et les tâchesblanchescutanéesde toutenahre.

La hampede ces asphodèlesfourniq aprèsrouissage,une fibre qui était


autrefoisutilisée,dansls Gharb,pour la confectionde boy*o (tentes),en
mélangeavecd'aufrestextiles(laine,poils de chèwe,etc.).
Elle sert aussi à faire, par incinération, un charbonspongieuxà grains
très fins employédansla fabricationde la poudreà canon.Ce charbona
la particularitéde s'enflammertrès vite, à I'inversedu charbonde bois de
laurier rose habituellementutilisé. Il possédaità peu prèsles qualitésdu
charbon fait à partir de plumes de volailles qui servait à fabriquer les
meilleuressortesde poudreà canon(NACIRI).

Des essais ont été effectués au Maroc, pour étudier la possibilité


d'incorporerles racinesd'asphodèledansla nourrituredesporcs.
Les tuberculespilés et cuits serventà faire descollesEaditionnelles*.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
L'asphodèleest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 88, 217,826) et par ABDEREZAQ(LECLERC,1874,no 188,
915) sousles nomsde berwâqet luntâ. L'usagedespartiessouterraines
de I'asphodèlecomme colle rapporré par IBN AL-BAYTAR et
ABDEREZAQ se retrouvedécrit dansla 'undat et-tnbîb(n' 747) er AL-
WAZIR AL-GHASSANI (n'354). La Tuhfat al-ahbâb (n" 83, 42t)
consacreaussiunerubriqueà cesespèces.

I pn Algérie, ! l-afin du siècle dernier,les racinesétaientutiliséespour la fabrication


d'alcoolindustriel(LECLERC,1874,no915).
En Turquie,en_Algérie,en Egypte,en Syrie,le.stuberculesd'asphodèle(et les bulbes
d'ornithogale,-,Ornithog.alum umbellatumL.) sont employéespar les cordonnierspour
faire de la colle et par les tisserandspour empeserlzursfils (IBN AL-BAYTAR ilans
LECLERC, 1877-1883,no 88 ; ABDEREZAQ dansLECLERC, 1874,no 99 ; LE
FLOC'H, 1983,no 54), sousle nom de Jinj (ou sirifl etîSrâs.

501
323, Asphodelustennuifulius Cav. (= Asphodelusfistulosus L.) et
Asphodelus refraclzs Boiss.(= AsphodeluspendulinusCoss.& Dr.)

asphodèle

ftâziya,liziyit (!) (Tissint,Satrara occidental,Orientalmarocain).


â,zawa(Hatra,BERTRAND,l99l).
îzeân(Touaregs,LE FLOC'H, 1983).
taliet el-'atrû,s(!) (litt.: barbede bouc) : ce vernaculaires'emploieaussi
pour lesjoncs.
berwiga (lin.: la petiteasphodèle).
tebelit (Touaregs): pour les graines.

et A. tennuifuIizs,espèce
A. refracfzs,espècesaharo-méditerranéenne,
méditerranéenneet indienne,sontcommunesau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Dra, I'oléat obtenuen faisantmacérerdans de I'huile d'olive


chaudedesfeuillesfraîcheshachéesde cesespèces, estutilisé en massage
conte les douleursrhumatismales.Appliqué sur les boutons,il aurait un
et cicanisant.
effet desséchant
Les graines,réduitesen poudt'eet mélangéesà du miel ou à de I'huile
d'olive, sont utilisées,par voie interne, dans le traitement des
refroidissementset deshémorroides,à raisonde 2 cuilleréespar jour.

A. tennuifuliuset A. refractusfournissentaux nomadesune graine de


cueillette,comestiblesousforme de galettesou de bouillies,en mélange
avecdescéréales.Elles sontaussimangéescommefriandise,mélangéesà
desdattesséchespilées.

frites ou bouillies
Au Satrara,les feuilles elles-mêmessont consommées
ou encorepréparéesà la manièrede la mauve.Elles serventparfois à
preparerla saucedu couscous.
,
Cesespècessontdespânuagesmédiocres.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le genre asphodèlea bien été mentionnépar tous nos auteurscomme
représentéau Maghreb(voir article précédent,n" 322), mais ces auteurs
ne naitent pas de variétéssanstuberculeset dont on utiliserait les graines
conrmec'est le cas dA. tennuifuliuset A. refractus. ABDERAZAQ
(LECLERC, 1874,n' 407) cite bien une espècedénomméelal.ryattîs

502
(barbede bouc), mais sansdonnerde précisionsqui pennettraientson
identification.

324. Battandiera arna,ena(Batt.) Maire (= Ornithogalurn amaenum


Ban.)

Serij,serij (CHARNOT, 1945): mêmevernaculairepour l'Ornithogalum


umbellatumL.
basal ed-ûb (poly.) : probablementpar confusionavecla scille.

Cet ornithogaletoxique est une endémiquemarocco-algérienne qui se


: OuedGuir, Saharaoccidental.
rencontredansles régionsdésertiques

TOXICITÉ

La toxicité de cetteplanteà grosbulbeestconnuedespopulationslocales.


Nous possédons peu d'observations détailléessur les accidentsprovoquées
au Maroc par cette plante,maisCHARNOT (1945)rapporteune épisode
d'intoxicationmortelle ayantconcerné7 légionnairesqui avaientabsorbé
desbulbescrus.
Les symptômeset les désordresobservésporteraientprincipalementsur
le tube digestif et sur le foie (LE FLOC'H, no 63).
Cetteplanteà grosbulbe doit satoxicité à desalcaloïdes,probablementde
la colchicine.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèce,très toxique, n'est mentionnéepar aucun de nos auteurs,
vraisemblablementen raison de son endémismeà aire resEeinteou
simplementparcequ'elle aêtê,assimiléeà unevariétéde scille.

325. Colchicum autumnale L. ssp.algertenseBatt. (= Colchicum


lusitanumBrot.)

colchiqued'automne
bûlcbûlu(Ouezzanne,Arbaoua).
el-besila(Ouezzanne)(poly.) (litt.: le petit oignon).
tirkelt (Zemmour,CHARNOT, 1945).
lamira, fumira (Tunisie,LE FLOC'H, 1983; BOLJLOS,1983).
'alqrâ(Egypte,IBN AL-BAYTAR dansLECLERC,1877-1883, tro 1575)"
sûrenjôn(classique,mot persan).

503
Le colchiqued'automne,à fleurs lilas, est assezcourantdansle Nord,
I'Ouestet le Centredu Maroc. C'estune espèced'Europeet du Bassin
méditerranéen.
Ses capsulessont récoltéesde mai à juin puis séchéeset battuespour
séparerles graines.Cesgrainessont expoftéesvers les pays d'Europe,
I'Italie principalement.De 5 à 10 tonnessont ainsi ramasséeschaque
annéedansles régionsd'Arbaoua,Ouezzæneet Karia Ba Mohamed.
D'autres colchiquesexistent au Maroc mais ils sont plus rares :
ColchicurnneapolitumTen prèsde Ksiba,Colchicumtriphyllum Kunze
dansle Moyen-Atlas,le Grand-Atlaset les steppesde la HauteMoulouya
(MAIRE, 1952-1968).

USAGESTRADITIONNELS

n'estplus utilisée.
La plantedont la toxicité est connueo

TOXICITÉ

Des cas d'intoxicationau colchiquenous ont été signalésau Maroc,


notammentdansla régiond'Arbaoua.Toute la planteest toxique. 1 à 1,5
g de grainessuffisentà tuerun enfant,5 g pour un adulte.

Symptôrne s de I'intoxication
Les effets de la colchicine étant retardés,les premiers symptômes
n'apparaissentque tardivement"parfoisjusqu'à 10jours aprèsI'ingestion.
On observed'aborddes troublesdigestifsavecnausées,vomissements,
coliques, diarrhées parfois hémorragiques.ces désordres sont
accompagnésd'hypersecrétionsalivaire, de sueurs profuses et de
polyurie, tout cela provoquantune déshydratationintense.Crampeset
secousses muscularesaveeparesthésies et paralysiesdesextrémitéssont
égalementobservées,à ce stade. Puisn après plusieursjours, apparaissent
des troubles hénnatologiquesgraves : leucopénie réversible puis
hyperleucocytose.La mort peut survenir par arrêt cardiaque et
respiratoire(NAS LAFKIH, 1987).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le colchiqueest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 551, 1249,1345,1575,2032),la'Umdat at-tabîb (n" 2341),
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 291), la Tuhfat al-ahbâb (n" 365,
incidemment),ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 31, 816) sous les
'okna, Ia'ba barbariya. Une note marginalesur le
noms de sûranjôn,
manuscritd'IBN AL-BAYTAR ajoutepour le Maghreb,le vernaculaire
ferj al-ârd..

504
La drogue appeléeâsôbI harmas(hermodactyle)par les auteursarabes
estgénéralementconsidérée
commeuneesSce de colchique.

326. Dracaena cinnabart Balf.

sang-dragon
desAnciens

darnal-âfiawayn(litt.: le sangdes2 frères).


darna1-ginnin(htt.: le sangdesdeux).
dam a!-fu'bân(htt.: sangde dragon).
Les 2 premièresappellationsfont allusion,d'aprèsAL-BIRLJNI (dans
KAKIM MOHAMED SAID,1973, p. 158), à la lutte fratricide qui
opposa2 grandschefs de guerrede la mythologieorientalenI'un Perseo
Cynrs, I'aute Indien, Pandaw.Plusvraisemblablement, cesvernaculaires
et le suivant,se refèrentà la mythologiegrecquequi fait du sang-dragon
le sangmêlé d'un dragonet d'un éléphant,le dragonayantété écrasésous
le poids de l'éléphantblessémortellementdontil voulait sucerle sang.
D'aprèsAL-BIRUNI (op. cit.), il estconnuaussidesapothicairessousles
noms arabesde qâtir l-rnal<kî,et'andarn ainsi que sousle nom d'origine
persanehyyôn qui désignerait,en réalité,la plantequi produit la résine.

PROVENANCEDU SANG.DRAGON

Ce sang-dragonest équivalent au "cinabre des Indes" des Anciens,


différent du cinabre des Modernes.C'est une gomme-résinerouge qui
provenait autrefois de Dracaena cinnabari Balf. de llle de Socotra,
cornmecela est déjà mentionnépar Abou Hannifa Ed-Dinouri cité par
IBN AL-BAYTAR (dansI-ECLERC,1877-1883, no 882).
Une autre variété de sang-dragon,de meilleure qualité, qui a vite
remplacéla précédente,provenaitde Malaisie,de Sumatrq de Bornéo et
desMolluquesoù elle estproduitepar une Palmacée,leCalamusdraco L.
(= Daemonorosdraco Nred.) etle DaemonorospropinquusBecc. qui
appartiennentau groupe des palmiers grimpantsconnus sous le terme
génériquede rotangs.C'est une résine rouge exsudantdes nombreux
petits fruits de ces dragonniersqui sont,à manrité, littéralementenglués
danscettesécrétion.Les furits sontrécoltéset battusdansdessacsce qui
fait se détacherla résine,friable ; celle-ci est alors tamisée,exposéeau
soleil ou à la vapeur d'eau pour être ramollie puis répartie dans des
moulesde formesdiverses.Par traitementà l'eaubouillanædesrésiduset
des fruits écrasés,on obtient un produit de secondequalté : le sang-
dragonen galettes(PERROT,1943-1944).
Le sang dragon provenantde ces Palmacéesest rouge brun, friable, à
cassurerésineuserouge-vif et écailleuse,soluble dans I'alcool et
dégageantune odeur de benjoin quand on la chauffe. Il était parfois
505
falsifié par des kinos, en particulierle kino du Bengalefourni parButea
frondosaRoxb.
En occident,on connaissait un autre-sang-dragon, dit faux sang-dragon,
ploduit par le Dracaena draco L. des Iles Cànaries(pERRo-T, tg+l-
re44).
Sousla dynastiedesMérinides(1269-1464),lesnégociantsbarcelonais
vendaientdansleport.marocaind'Anla une résinedite sang-dragon qui
était achetéesur les rivages de la Méditerranéeorientale.Cettj résine
était utiliséeen teinturerie(KHANEBOUBI, lg87).

USAGESTRADMONNELS

Tous ces sÉrngs-dragons étaientautrefoisutiliséscomme médicaments


asEingentset servaientà faire desteintureset desvernisrouges.
Ce qu'on trouve aujourd'huichez les droguistesmarocains,sousle nom
de darn al-ôlnwayn ou dam al-ôbw,â,c'est des fragmentsde couleur
violacê'ed'un Tubipore polypier (Tubipora musicalis) (voir cet article,
n' 653). L'auteur marocainAl-'Alami disait déja,sousla rubrique sang-
9l?goo, qrre c_'étaitdes fragmentsde couleur rouge, durs, f I'aspeét
d'éponge[...J "qu'ontrouvesurles bordsde la mer" (cité dansRENAUD
& COLIN, 1934,no 118).Ce produitde substirudon est surtouturiliséen
magieet en contre-sorcellerie.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le sang-dragonest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, lg77-
1883,no 218, 832,882,1378,1596),la'Umdat at+abîb(n" 821),AL-
WAZIR AL-GHASSANI (no 97), la Tahfat al-ahbâb (n" I 18) et
ABDEREZAQ (LECLERC,1874,no 118,250,985)sousles noms de
darnal-âpawîn,daw ag-finnîn,dnrna!-!n'bôn,ôyda',kyyân.

327. Smila.r divers

Smilaxofficinalis Humbl. Bonpl.


SmilaxmedicaSchlecht& Charn
Srnilaxsyphilitica Kunth.
SmilaxaristolochiaefoliiMill.
Smilaxfebrtfuga Knuth.
Smiloxregelii Kill & C.V. Morton
SmilaxasperaL.

salsepareille

506
'usba,'usbarûmîya(!) (litt.: I'herbe
européenne) : pour les salsepareilles
américaines,parce qu'ellesétaientcommercialisées en Méditerranéepar
les Européensqui les avaient ramené d'Amérique et parce que la
salsepareilled'Amériqueconstituaitla plantemédicinalepar excellence,
la droguela plus utiliséedansle traitementde la syphilis.
ânesfal, tanesfalt (poly.) (berbère)(litt.: celle qui s'enroule): pour S.
espera.S'emploieaussipour les liseronset diversesplantesgrimpantes.
Senôt(Talembot): pour S. aspera.
luwwôya(poly.) : pour S. aspera et diversesplantesgrimpantes.
'ullîq (poly.) : pour S. aspera en raisonde ses
aiguillons; ce vernaculaire
s'emploiesurtout pour les ronces.
tarnnayt(poly.) (Moyen-Atlas): pour S. asperaet pour d'autresplantes
grimpantes.
îskirafi (Kabylie,LECLERC,1874,n'505).

De toutesces salsepareilles, seuleSmilaxaspera,méditenanéenne, existe


au Maroc où elle est spontanêepartout. La drogue aufrefois importée
était constituéegénéralement par I'uneou plusieursdesautresespèces.
On trouvait encore dans la première moitié de ce siècle, chez les
herboristesmarocains,la drogueimportéed'Europe.A Fès,au débutdes
années1900,il existaitmêmeà proximitédu Mausoléede Moulay ldriss,
desherboristesqui ne vendaientque cettedroguetant soncommerceétait
lucratif. Aujourd'hui, sur les étalagesdes herboristes,on ne rencontre
plus qu'un succédanê:la racinesde S. asperaL. abondanteau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, les racinesde salsepareillessont utilisées dans le


traitement traditionnel de la syphillis. C'est le bouillon résultant de la
cuisson de cette drogue avec de la viande qui constitue le remède
antisyphilitique: on en boit un bol tous les matins,à jeûn. Ce bouillon
s'emploieaussidansle traitementde.lagoutte,desaffectionsrespiratoires
et comme dépuratif.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
L'espèceS. aspera est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, tro 1683,1908)qui cite Dioscoride,sousle nom defe{aget
kerma Eôîkaet peut-êtrepar ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, no 505)
au nombre desluwwâya (htt.: plante grimpante),sousle nom de sikraj.
Mais les salsepareillesaméricaineset leur usagecommeantisyphilitique
n'étaientpas connuesde cet auteur,ni destextesarabesplus anciens(dont
la'Umdat at-tabîb et AL-\VAZIR AL-GHASSANI). Par contre, les
auteursplus récentscomme ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,n" 770,

507
987) nous la décriventsous le nom de 'ulba rûmîya (litt.: I'herbe
européenne*)ce qui montre bien sa provenance,car la salsepareille
d'Amérique était commercialiséepar des marchandseuropéens.
ABDEREZAQ mentionneaussi,sousle nom de Sebfin(dérivédu persan
t$ub-e-tlînîqui signifie "bois de Chine"),la squine(Smilax china L.),
une salsepareilled'Extrême-Orientutilisée depuis très longtempsen
médecinechinoise.
LaTuhfat al-ahbôb(n" 345)cite aussila salsepareilled'Amérique.

* Iæ qualificatf.rûnûyaa ici le sens"euro@n" et non "romain".

32E. Urginea maritima (L.) Baker et Urginea noctiflora Batt.


& Trab.

scille, urginée
'ansal(l).
bæl al-fâr, bsal al-lenzîr (!) (poly.) (lin.: oignonde rat, de sangter).
bsel l-fer'awn, fer'ûna (!) (litt.: oignon de pharaon): parceque, dans
I'Antiquité,ceuxsontles Egyptiensqui ont fait connaîtresesusages.
â.zalimû-wu\{en(Souss,LAOUST, 1936)(litt.: oignonde chacal).
ffil (berbère).
îVîl (classique).
têîlûm (Satraraoccidental,MONTEIL, 1953)(poly.) : pour U. noctiflora
Batt. & Trab.
dîwâg (Chichaoua,Ftraouz, Sudatgérien): pour U. noctiflora.
âlyôt (tut Seghrouchen,BERTRAIID, l99l): pour U. noctiflora.

L'espèceU. noctiflora estune endémiquesaharienne; U. maritima est


répanduedanstout le Bassinméditenanéen. Le nom du genre,Urginea,a
été attribué en souvenirde la tribu desBeni Urgine (près d'Annaba,en
Algérie), sur le territoire de laquellela planteest très abondante.
L'espèce la plus couramment utilisée est I'urginée maritime
(U. maritirna), fréquenteau Maroc,notarlmentsur les plainesdu littoral
atlantique,mais on utilise ausside la mêmefaçon U. noctiflora Batt. &
Trab., U. ollivieri MAIRE' d'autes espècesdesgenresUrginea et Scilla
et mêmed'autresLiliacéescornmeles Dipcadi (D. serotinumL., etc.).
La drogue est constinréepar les bulbes.On Eouveau Maroc surtout la
variété à bulbesblancs.La variétéà bulbesrouges(fer'awn l-âfuner) se
rencontrechezles Beni-Khaled(régiond'Oujda),la région d'El Kelâa de
Sraghnaet surtouten Algérie.

508
USAGESTRADMONNELS

En médecinetraditionnellemarocaine,la scilleestpartoutreputéechaude
et intervient à très faibles doses,mêléesau repas,comme réchauffant,
dansles refroidissements (bronchites,toux, grippes,etc.).La drogueesr
généralementemployéeprudemmentcar satoxicité est connue.Cdnne la
touK et la bronchite,on peut aussiprendreun gros bulbe, y creuserune
cavité danslaquelleon introduit un oeuf avecsa coquille,ei cuire le tout
sous la cendre : chaquematin, on mangeun oeuf dur ainsi préparé
pendant7 jours de suite.
On I'utilise dansle traitementde la jaunisse: pour cel4 on placeun bulbe
de scille dansun bouilleurplein d'eau,surmontéd'unecousôoussière dans
laquelle on a dispoqéde I'orge (ou de la semoule); une fois que I'orge
(ou la semoule)est bien imprégnéede vapeur,on la retire et on la moùd
avec desracinesde garanceet desraisinssecsrouges; le mélangeobtenu
est-ilgéré, à raison d'une tête d'ail, tous les matins, à jeûn, jusqu'à
guérison.
La scille est aussiprescritecommediurétique.
Les femmes de Ia campagnel'utilisent commeabortif, par voie interne
(orge ou fenugrecqui a macérétouteune nuit dansde I'eaucontenantde
la scille) ou en fumigationsvaginales.
Fupg", saléeet mélangéeà du gras,elle est appliquéesur les abcèspour
les faire mûrir et concentrerle pus. La scille est aussi utilisée, en
frictions localescommecongestionnant dérivatifet commerévulsif.
D'après MATHIEU & MANEVILLE (1952), à casablanca,une ovule
faite avec de la scille est utilisée pour simulerla virginité : il se produit
localementun oedèmequi saigneau moindrecontact.
BOULOS (1983)a vu, sur le marchéde Rabat,destablettesfaitesavecde
la poudre de bulbe séchéde U. maritima, à sucerlentementcontre les
tumeursinternes.

Dansle Gharb,sur les marchésaux bestiaux,les mamellesdesvachessont


parfois frictionnées,avec de la scille, pour les congestionneret faire
croire qu'il s'agitde bonneslaitières.

Les propriétésraticides et insecticidesdes scilles sont connuesdes


populations.

TOXICITÉ

La scille est souventla caused'intoxicationssévèreschez I'homme par


suite à destentativesd'avortementsou à dessurdosages thérapeutiques.
La variéte rougeest plus toxique que la variêtéblanche.La scille frarbhe
estplus activequela scilledesséchée.

509
Les principes actifs sont des hétérosidescardiotoniquesstéroidiquesdu
type bufadiénolide(usqu'à 4Vo): glucoscillarèneA (hétérosidede la
scillarénine),scillarèneA (hétérosidede la scilliragénine),scillaphaéoside
et glucoscillaphaéoside (hétérosides
de la scilliphaéosidine).

Synptômesde I'intoxication

l. chezI'homme
Le tableaude I'intoxicationpar les scillesest,à quelquesdifférencesprès,
le même que celui de la digitale. Nous avons pu observer des cas
d'intoxicationà la suited'usagesthérapeutiques.
L'intoxication se manifeste par des vertiges, des nausées,des
vomissements,des diarrhées,de I'hypertension,une augmentationdes
secrétionsgastro-intestinales,
bronchiqueset sudorales,desdouleursdans
le venEeet dansles jambes, des crampes,des fibrillations musculaires,
des troublessensoriels,de lhypothermie,parfoisunehématurie.
Dans les cas graves(absorbtionde très fortesdoses),survientun coma
puis la mort par arrêt du coeur.

La manipulationde toute les partiesde la planteest irritante sur la peau :


le suc de la plante Snène par de petitesblessuresprovoquéespar des
raphidesd'oxalatede potassium,et exercealors une action rubéfiante
intense.

2. chezl'animal
Chez le bétail, les symptômessont les mêmes que chez I'homme
(CHARNOT,1945).
Chezles rongeursles hétérosidescardiotoniquesde la scille sont de plus
despoisonsdu S.N.C.
Certainsanimaux, eomme le sanglier,le pore-épie,ete., sont moins
sensiblesau toxique et consommentles variétésblanchessansgrands
dommagesapparents.Mais leur chair devientdangereuse pour I'homme.
C'est pourquoi, au Maroc, on évite de mangerle foie du porc-épic qui,
croit-on,concente le toxiquede la scille.

DISCT.JSSION

[,es sourcesécritesarabes
La scilleest mentionnée par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 298, 1593),la'Umdat at-tabîb (no 105, 139, 226),AL-V/AAR AL-
GHASSANI (no 25), la Tuhfat al-ahbâb (n" 3l) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 15, 669) sousles noms de 'unyl, basl el-fâr,
basal el-berr, îVîL, far'ûna.

510
TINACÉES

329. Linum usitatissimumL.

lin cultivé

l-keuôn(!).
zenî'at l-kenân,bzôr l-kenân(!) : pour les grainesde lin.
el-âtal, el-ôtlî, el-ôtlô (Fezzan,Touaregs,LE FLOC'H, l9g3, n" 222).

Le lin est traditionnellementcultivé au Maroc, principalementpour ses


graines,qui sont un desproduitshistoriquesd'exportationdu Maroc vers
I'Europe(Renseignements Coloniauxno 12, dêc. 1904).Prèsde 12.000
ha sontcultivésdansle Gharb.
USAGESTRADITIONNELS

Les grainesde lin sont utiliséespartoutpour leurs propriétésémollientes


et adoucissantes. On les emploie,en poudremélangéeà du sucreou à du
miel, contre la toux, les maux de gorge,la constipation.Les grainesde
lin grillées,prisesavec du miel, ont la réputationd'êtreaphrodisiaques.
Elles entrent dans la compositiondu sfûf (voir article n' 690). on en
donne aussi aux convalescentset les voyageursI'emportentdans leurs
provisions.
En usageexterne,on fait avec les grainesde lin des cataplasmesanti-
inflammatoireset maturatifsdesfuroncles.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le lin est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 279, 933, 1885),la 'Umdat at-tabîb (n" 1156), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 41) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 154, 497)
sousle nom de kettân et bazr el-kenân(pou les graines).Il est aussi
mentionnépar la Tuhfat al-ahbâb (n" 215) mais assimiléà une forme
sauvage.

Les donnéesde la toxicologie


Quelquesrares cas d'intoxicationont été signalés chez des animaux
nourris avec des tourteauxde graines.Ces animaux présentaientles
symptômessuivants : mydriase,coliques,engourdissement, néphrite
dgo", oédèmepulmonaire,respirationaccélérée,hémonagiescérébrales.
GARNIER &. aI.,196l ; CHARNOT,1945).

511
LOGANIACÉES

330. Srrychnos nux-von ica L.

noix vomique

jûz al-qî, jûz al-qay (livresque)(AL-WAZIR AL-GHASSANI, n" 79)


(litt.: la noix vomique),juz el-moqay(Egypte,SALAH AHMED & al.,
re79).
bûzâ'qa,bûzâqa(LECLERC,1874,no 114et934).
âqrôçal-maliq(livresque)(litt.: pastillede roi).
lobz el-$orôb (livresque)(litt.: pain de corbeau) : en raison de sa
forme.
'êl el-gorâb (Egypte, SALAH AHMED & al., 1979) (litt.: nid de
corbeau).
lcargabûken(furquie, BASER & al., 1986).
âzârâqî(Pakistan,KHAN USMANGHAM, 1986).
kutslâ(Pakistan,Afghanistan,KHAN USMANGHANI, 1986; YOUNOS,
1987).

Ceux sont des grainesdiscoidesde 2 à 2,5 cm de diamèffe,très dures,


gris clair, d'aspectsatiné,à bords renfléset hile cenftalproéminent.Ces
graines sont extraites d'une baie globuleuseà épicarpejaune orangé à
maturité,de 3 à 6 cm de diamètre.La baie contientz à 5 grainesenfouies
dansune pulpeblanchâtrequi estmangéedansles paysde productioncar
elle n'estpastoxique.La noix vomiqueest tès amère.
Elle était autrefois importfu au Maroc de I'Inde. Elle n'estjamais été
signalée,à une époquerécente,sur les étalagesdesherboristesmatocains,
mais à la fin du siècledernier on la Eouvait encorechezles droguistes
algériens(LECLERC, 1874,no 114et 934),avantque sa ventene soit
interditepar les autoritéscoloniales.

USAGESTRADMONNELS

Cetteespècen'estplusutiliséeau Maroc.
Autrefois, elle faisait partie de I'arsenaldes poisonsutilisés par les
califes, les sultanset les vizirs pour éliminer leursadversairespolitiques,
en raisonde la rapiditéde son action.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes

512
La désignation jûz al-qî ("noix vomique")qu'ontrouvementionnéedans
les traités arabes est en fait une appellation génériquerecouvrant
plusieursdroguesdifférentesà propriétéscatharto-émétiques.
Contrairementà ce que pensait LECLERC, la jû,2 al-qî d'IBN AL-
BAYTAR (LECLERC, 1877-1883, n' 528) n'estpas la noix vomique
(Strychnos nux-vomica L.) : IBN AL-BAYTAR lui-même ne I'a
visiblement jamais vu et la descriptionqu'il en donne, d'après une
relation d'Al-Idrissi, qui la fait provenir du Yémen,ne correspondpas
au fnrit et à la grainede Strychnosnux-vomica.

AL-BIRLJNI (HAKIM MOHAMED SAID, 1973,p. Ll4) - qui est


I'auteurmusulmanconnaissant le mieux les droguesd'origineindienne-
ne consacreà la rubriquejûz al-qî que 3 ou 4 lignes où il n'apporte
aucuneindication botaniqueou géographique,se contentantd'énumérer
quelquessynonymespersan,sindi, hindi, romain et syriaquequi n'ont
De plus,nouspensonsque si AL-
rien à voir avecStrychnosnu.x-vornica.
BIRUNI avait eu en têtecettees@ce,trèsutiliséeen Inde pour sesgraines
et pour ses racines, il aurait très certainement- comme il le fait
d'habinrdepour les droguesindiennes- décrit sesnombreuxusagesen
Inde et donnésesvernaculaireslocaux : kutllô (en hindi), kannirarae(sur
la côte de Malabar). Il est visible qu'il s'agit là d'une autre drogue
qu'AL-BIRUNI ne connaîtpas et qui doit provenir de I'Abyssinie si on
retient le vernaculairearabo-persanqu'il donnepour elle : jû.2faba{ô
("la noix d'Ethiopie").Par conEe,il est possibleque c'estla graine de
Strychnosnux-vomicaqu'AL-BIRUNI mentionne(op. cit., p. 263) sous
le nom de qâtil al-lcalb.

L'élucidation de I'identité de cette drogue émétiquenous est rendu


possiblepar la 'Umdat at-tnbîb, un Eaité botaniqueandaloudu début du
XIIème siècle ('Umdat at-tabîb, n" 455), qui apporteun peu plus
d'informations sur les droguesrépondant,à l'époque,à I'appellationde
jûz al-qî. De I'une d'elle, ce texte fait un "fruit ressemblantà une figue",
un peu plus grand qu'unenoisette,fourni par un arbre du "pays des
Noirs" (sûdân) et et comprenant3 divisions"aussinettesque si on les
avait coupéau couteau".Ce textedit qu'onI'appelleaussiiûzdafa"'parce
qu'elle pousseà vomir et à déféquer".De la secondesorte deiûz al-qî
(traitée avec les sycomores,au no 414), ce texte dit que c'est, d'après
Galien,le sycomorecypriote.
La première sorte, originaire du Soudan, nous semble, très
vraisemblablementêtre une Méliacêe,le Trichilia rolu (Forsk.) Chiov.
(= Trichilia emeticaYahl. - Elcaja roka Forsk.) dont l'infrutescence
(constituéede 3 ou 4 capsulesaccolées)correspondtout à fait à la
description de la 'urndat at-tabib et dont les graines sont
traditionnellementutilisées en Afrique pour leurs propriétéséméto-

513
cathartiques(KERHARO &, ADAM, 1974 ; DALZIEL, 1955 ;
MALGRAS, 1992).
Cette Méliacée se rencontredans toute I'Afrique tropicale et arrive
jusqu'enArabie (DALZIF,L, 1955).C'estFORSKAL qui a d'ailleurs
décrit le premier cette espèce*qu'il a trouvé dansles montagnesdu
Yémen et I'a baptiséElcai'a roka, nom latin construità partir de ses2
vernaculairesarabesÇûz al-qî et roqa'). Quelquesannéesplus tard,
DEFFLERS(1889)la retrouvaitau Yémenet rapportaitle vernaculaire
utilisé localementpour cetteespèce: roqa'.
Cette attribution d'identité met en accordles indicationsbotaniques,
synonymiques et géographiques fourniespar AL-BIRUM, la'Umdat at-
lnbîb et IBN AL-BAYTAR.
Ce dernier auteurconsacred'ailleursun article à part à la jûz er-roka'
(BN AL-BAYTAR dans LECLERC, 1877-1883,no 529) comme s'il
s'agissait d'une drogue différente de jûz al-qî. Dans cet article, la
descriptionqu'il donne de I'espècequi pousseen Arabie, d'aprèsun
informateur bédouind'Abou Hanifa, conespondtout à fait au Trichilia
roka. Abou Hanifa dit que I'enveloppedu fnrit est comestibleet qu'elle
est de saveur douce, ce qui est vrai pour la pulpe, I'arille et I'huile
extraitedes graines(DALZIEL, 1955,IRVINE, 196l). Par contre,Abou
Hanifa se trompequandil nousdécrit commele rolw'un arbrequ'il a vu
en Syrie et qui estprobablement un sycomore.
Cette confusionentrejummayz(sycomore)et roqa' (Trichilia roka) se
retrouvechezla plupartdesauteursarabesquenousavonsconsultéparce
qu'ils ont reprit l'équivalenceétabliepar Galien entre"noix vomique" et
sycomore de Chypre ce qui a donné chez eux la fausse chaîne
synonymiquejûz al-qî -- roqa' - iummalz (voir à titre d'exemplenla
'umdatat-tabib,n" 414et 46).

En fin de compte,seul ABDEREZAQGECLERC, 1874,no l14, 934),


reprenant DAOUD AL-ANTAQI (mort en 1597), mentionne
distinctementla noix vomiquesensustricto(Strychnosnu,x-vomica) et lvr
attribuedes vernaculairesspécifiquesdifférents de cetu(que nous avons
rencontréjusque là : âqrôp al-rnalik ("pilule de roi"), lobz el'Sorâb
("pain de corbeau")et bû,-za'qa.Il signale égalernent sa toxicité (ainsi
que sonusagecommetue-chien)et lui accordedespropriétésanalgésique
et aphrodisiaque.
Il est vrai que cet auteur a vécu au XVItrème siècle,à une époqueoù la
noix vomiquesensustrictocommençaità êne bien connueen Occident.Il
est probable qu'elle ait êtê introduite en Algérie par les Turcs.
LECLERC a refiouvé cettedrogueen Algérie, à la fin du siècle dernier,
où elle était connuesousle nom de bû-za'qa.

Quant aux auteursmarocains,aucund'entreeux ne mentionnela'noix


vomique s.s. AL-TWAZIRAL-GHASSANI (no 79), autenrmarocaindu

514
XVIème siècle,n'a fait que reproduireI'articlejû.2al-qî de la '(Jmdatat-
lobîb. (voir plus haut). A son époque,apparemment, la noix vomique
vraie (Strychnosnux-vomica)ne faisait paspartie desdroguesutiliséesà
Fès**. Cette rubrique n'existemême pas dans la Tulfat al-altbab
(manuscritdu XVIème ou du XVtrème siècle).

I-es donnéesde la toxicologie


Les principesactifs de la noix vomiquesontdes alcaloides(2,5 à 37oau
total): la strychninereprésentantenviron la moitié de ce taux et la
brucine (- diméthoxy-lO,l1-strychnine), en quantité à peu près
équivalente,mais dont la toxicité est 50 fois moindreque la strychnine.
Des alcalordesmineurs les accompagnent: o- et p-colubrines
(= monométhoxystrychnine), pseudostrychnine, novacine,vomicine. Les
grainessont I'organele plus riche en alcaloidesmais toutesles partiesde
la planteen contiennent.

Chezlhomme, environ 30 mg de stychnine,pour unepersonnede 70 kg,


suffisentà provoquerla mort. Cenedoseconespond,approximativement
à 29 de noix vomique.

Symptômesde l'intoxication
A faible dose,de I'ordre de 0,10 g de poudrede graine,la noix vomique
entraîne une excitation généraledu S.N.C., avec tonus musculaire,
stimulationgénéraledessenset sensibilitéaccrueà la lumièreet au bruit.
A dosesplus élevées,apparaissent les symptômessuivants: anxiété,
vomissements,salivation abondante,convulsionstétaniquescoupées
d'accalmies,avectrismus(serrementdesmâchoires)et opisthotonos(tête
rejetée en arrière). Fuis la poitrine s'immobiliserendantla respiration
difficile et les premiers signesd'asphyxiesurviennent.La face devient
rouge sombre,les veinessont gonflées,les yeux sont proéminentset les
pupilles sont dilatées.La contraction,de plus en plus importantedes
muscles du thorax et du diaphragmeentraînefinalement la mort par
asphyxie.A ce stade,la respirationartificielle peut sauverI'intoxiqué.
Mais si les dosessontplus élevées,la mort survientpar actiontoxiquesur
le bulbe avec paralysieet anêt cardiaque.La lucidité est conservée
jusqu'àla fïn.
La mort survient dansun délai de 5 minutesà 5 heuresselon les doses
ingérées(PERROT,1943-1944).
* Dansunenote à satraductiond'IBN AL-BAYTAR, LECLERC(1877-1883n" 529)
,
dit que Forskala rapportéavoir vu vendrele roka'à Bayt El-Fakih (Yémen) comme
aromateet que les femmess'enserrentpour leur toiletæ.Forskalaurait aussimentionné
qu'un liwe arab nomméfurh el-mo'jîzle donnecommeémétiqueet anti-galeux.En
Afrique, on I'utilise effectivementdans le traitementdes maladiesprurigineuseset
parasitaires
de la peau@.ALÆ! 1955).

5r5
**€ AI.-WA7IR AL-GHASSANIdonnepourjûz al-qûle synonyme jûz al-qâtal ("la noix
qui tue") ce qui peut laissercroire qu'il s'agitbien chezlui de Strychnosntu-vomica.
Mais, outrele fait que sa rubriquen'estqu'unrecopiagearrangéde æxæsplus anciens
('Umdat at-labîb + Jami' al-mufradard'Ibn Al-Baytar), nous avonsvérifié que les
grainesde Trichilia roka sont effectivementdonnées,pr certainsauteurscomme
vénéneuses à dosesélevées(KERHARO& ADAM,1974;DALZIEL. 1955).

LORANTHACÉES

331. Viscum crucintutn Cieber ex Boiss. etViscum album L.

gui rougeet gui blanc

bû+Sabb(Haut-Atlas,BERTRAND' 1991).
ôsemmurnwuslen(Moyen-Atlas,BERTRAND,I 99I ).
âmrires Mchlifen).
milû, (Ifrane).
wangûrî (JbelHebri).
hennadiôI-âdmâm(nomadesarabesde Missourtranshumants au Moyen-
Atlas) (litt.: hennéde I'aubépine): en raison de sa couleurvert-jaunâtre
et de saposition sur I'arbre.
lenjbâr (poly.) (Nord du Maroc, RENAUD & COLIN, 1934) (Fès, AL-
WAZIR AL-GHASSANI, n' 60) : du classiqueîniibôr, qui veut dire
"réduire", "consolider" (en parlant d'une fracture).Ce terme s'emploie
pour desargilesou desproduitsvégétaux(parexemple: le mil-chandelle,
le chevrefeuille,etc.) qu'on utilise en plânageou en usageinterne pour
consoliderI'os aprèsfracture.

Viscum album est une espèced'Europe,d'Asie et d'Afrique du Nord,


rare au Maroc (Rifl. V. cruciaturn est une espècedu Maroc, de
I'Espagne,de la Palestine,fréquenteau Maroc en montagne.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Moyen-Atlaset dansla régionde Fès,on utilise le fruit, en usage


externe, mélangé à du son et à des argiles pour confectionnerdes
pansementsde maintienpour les fracnreset les entorses.

TOXICITÉ

La toxicité du gui est connue des Marocains qui pensent que la


consommationdesbaiesrendfou (CHARNOT,1945).

DISCIJSSION

516
Les sourcesécritesarabes
Le gui blanc est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLER1, tg77-
1883,no 848) sousle nom de dibbq; c'estprobablement le gui rouge
qu'il signaleau Maroc ( op. cit., no 360, 1600)sousle nom de buntûma.
Nousn'avonspastrouvémentionde cesespèces dansABDEREZAQ.
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 60) donnele buntûmacornmeconnu à
Fès sous le nom de înjibâr parce qu'il est utilisé en usageexterneet
interne pour consoliderles fractures.La 'Umdat at-.tabîb(n" 218) nous
dit que le buntûmas'appelleen Andalousieroq'afôrsiya (roq'a de Perse)
le mot ro'qa ("qui raccomode")ayantla mêmesensque le mot înjibôr.
LaTuhfat al-ahbâb(n" 50) mentionneI'injîbâr maisnousne pouvonsdire
s'il s'agit du gui, du chewefeuilleou d'uneautreplante.

Les donnéesde la toxicologie


Par les viscotoxinesnles feuilles et les rameauxde gui sont toxiques,à
dose êlevê.e,pour le coeur dont il provoqueI'arrêten systole.Les baies
provoquentles mêmesintoxications..

LYTHRACÉPS

332. Lawsonia inermis L. (= Lawsonia alba Lamk.)

henné

l-lennâ (t).
lâÊiya (!) : pour la fleur de henné(blanche).C'est,à I'origine, un terme
génériquepour toute fleur odorante; on connutfuqqaft, ur vernaculaire
proche pour la fleur de schoenanthe(ABDEREZAQ dans LECLERC,
1877-1883, n" 9).

Le henné est cultivé au Maroc dans plusieursrégions. On distingue


plusieursqualitéscommercialesde hennéselonles terroirs:
- hennâ duklcâliyaprovenantde la région d'Azemmour(Chiadmaet
Chtoukade la grandeprovincedesDoukkala),cultivé en terreirriguée et
fumée et dont le principal marchéest Souk Tnine des Chiadma-Chtouka
(Renseignements Coloniauxno 4, awil 1912,p. 156);
- Fennô filaliya provenantd'Alnif (Tafilalet) ;
- ?ennô sussiya,cultivé un peu partoutdansle Sousset autrefoisdansla
SequiatAl Hamra(AfriqueFrançaise no 1,janv. 1930,p.49);
- hennô drawiya provenantde diverseslocalitésdu Dra : Assa,Foum
Zgttd, Tazzaine, etc.) ; c'est cette sorte qui est considéréecomme la
meilleure.

5r7
Autrefois, on recherchaitaussi,particulièrement,la qualité drte hennâ
nuôtiya provenantdu district d'Inzegmirdansle Touât,district qui, pour
cetteraison,portait le nom de "TouâtEl-Henna".Ce hennéétait vendu
surtoutau Soudan,en Algérieet à Fès(Renseignements Coloniauxno 1,
janv. 1902, p. 10). Des qualités semblablesexistent dans le Sahara
algérien(Reggane, etc.)

La productionmarocainede hennê étut en partie utiliséelocalement,en


partie exportée vers I'Algérie et les pays musulmans.Des marchés
spéciaux(sôq l-hewcô) existentencoredanstoutesles grandesvilles

USAGESTRADMONNELS

La drogue est constituéepar les feuilles séchées.Son usagecomme


remèdeet commeteinture a êtÉ,recommandée par le Prophète.Aussi la
plantepossèdet-elleunepuissantebaralw.
Partoutau Maroc,le hennéenfie dansdesinfusionscomposées destinésà
être buespour combatfieles ulcères,les diarrhéeset la lithiaserénale.
Seul ou associéau goudronde cèdre,le hennéest courammentutilisé en
cataplasmesdans I'eczêma.les mycoses,les furoncles,les abcès,les
panaris,les gerçures: à cet effet, la poudrede hennéest humectéejusqu'à
consistancede pâte puis appliquée.C'est aussi un astringent,un
antiseptiqueet un cicatrisantdes blessureset contusionset de la plaie
ombilicaledu nouveau-né;un résolutifdesentorses,des luxations,des
étirementsde ligamentset desfractures.On prepareparfois, sousle nom
d'înjbôr, un cataplasmefait essentiellement de poudresde hennéet de
sucrequ'on appliquesur les plaies pour les cicatriser.
Son màcératdansI'eau froide est appliqué sur le visagepour protégerdes
radiationssolaires.
Appliquéeen cataplasmes sur Ie front et les tempes,la poudrede henné,
humectéeavecun peu d'eau,est utiliséepour calmerles maux de tête et
les migraines.
L'infuiion de henné est souvent utilisée comme collyre dans les
ophtalmies.
Lès tatouagesau hennépassentpour êfe prophylactiqueset sont, à ce
tite, largementrecommandés par les praticiensen perioded'épidémie.
Des pommadesfaites avec du hennéet du beurresont utiliséesdansles
brûlures.
D'aprèsGATEFOSSÉ(1921),dansles régionsde culture,on ajouteles
fleurs au thé.

Là où elles sont disponibles,les fleurs fraîchesdu henné,sont utilisées


par les femmespour faire unepommadecosmétiquepour le visageet une
huite odorante.On les utilise aussipour parftrmerle linge.
Mais le henné est surtout employé pour la teinture des cheveux, des
barbes,des ongles,des piedset des mains,auxquelsil communiqueune
518
belle colorationrousse.La colorationest plus foncéelorsquede la noix
de galte,desgallesde tamarisou desgallesde Limoniastrumguyonianum
ont été associéesau henné,et devientfranchementnoire, en présencede
sel ammoniac,de limaille de fer ou d'ail. Il aurait de plus une action
antipelliculaireet antisébonhéique.

En artisanat,le hennéétait utilisé pour I'apprêtdespeauxfines destinéesà


la maroquinneriede luxe et pour la teinnre de la laine et de la soie,après
addition d'alun, de tartre et de sulfatede fer.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le hennéest longuementmentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883, no 719,899, 1658,23W),la'Umdatat-tabîb(no610, 1900),
AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 123, 240),la Tuhfatal-ahbâb(no 174,
319) et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 312,700) sousle nom de
hennâ etfâliya (pou la fleur).

333. Lythrum junceum Banks & Sol.

rî!ôn el-mâ' (BOULET & al., 1990)(litt.: myrte d'eau): ce vernaculaire


s'appliqueaussiau LythrurnsalicariaL.
sôbûndiôl-mâ' (BOULET & al., 1990)(litt. saponifèred'eau).

Cette espèceest courante au Maroc dans les endroits humides, en


particulier sur les terressalées.

USAGESTRADMONNELS

A Oued Mallah, la plante fraîcheest utilisée en cataplasmes


astringents
dansles soinsdespetiæsblessures.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
Cette plaqte ne nous semblementionnéedansaucundestextesque nous
avonsétudié.

MALVACÉBS

334. Althaea rosea Cav.

519
rose trémière

tîbînser-t( !) (Souss,LAOUST, I92l).


biryî (livresque) : pour la guimauve(A. officinalis L.) er la rose
trémière; ce terme est encoreutilisé pour la guimauveen Turquie, en
Iran, en Syrieet en Afghanistan(BASER& al., 1986; SALAH AHMED
& aI., 1979; HONDA & a1.,1990; YOUNOS& al., 1987).
ward az-zawân(!) (Fès) (litt.: rose des courtisanes): pour la rose
trémière.D'aprèsAL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 336), cetteappelation
vient de ce que "les courtisanesse serventde cetteplantepour provoquer
I'amitié ou I'inimitié au moyen de sortiléges".D'aprèsle mêmeauteur,
elle est aussiutilisée à Fès par les marchandsde fruits pour décorerles
plateauxde poires.

La rose trémière (A. rosea),très ornementale,est fréquenteau Maroc,


dansles jardins. La guimauve(A. fficinalis L.), par contren'existepas
au Maroc à l'état spontanéet n'estgénéralement
pascultivée.

USAGESTRADITIONNELS

Partout au Maroc, les racines,les feuilles, les fleurs et les grainesde la


rose trémière sont connues.pour leurs propriétés émollientes et
adoucissantes. En décoctionconcentrée,elles sont indiquéesdans les
catarrhesdesbroncheset de la gorge,dansla toux et dansI'enrouement.
La racine de rose némièreest donnéeà mâcheraux enfantspour calmer
les douleursau momentde I'apparitiondespremièresdents.La décoction
desraciness'emploieaussipour calmerles mictionsdouloureuses.
A I'extérieur,elle est utilisée, en cataplasmes, dans le traitementdes
tumeurset desinflammations.

DISCI.JSSION

[.es sourcesécritesarabes
La rose trémière est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,no 808,2278) commeune variétéde guimauve(bitnî).n
nousprécisequ'elleestplantéen Andalousiesousle nom de ward ez-zîna
et qu'elle est est connuau Maghrebsousle nom de ward ez-zawânî.
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 914) donneles mêmesnoms mais
cite en plus le vernaculaireberbèretîbînæn.
AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 336) nous donne pour Fès le
vernaculaireward ez-zawônî.
La'Umdat at-tabîb (n" 687) et la Tuhfat al-ahbâb(n' 413) consacrent
aussiunerubriqueà cetteespèce.

520
335. Gossypiurn herbaceum L,

cotonnier

Ieqten(!).
zerrî'at leqlen: pour les grainesde cotonnier.

Le cotonnier est cultivé au Maroc, où il réussit très bien, pour la


productionde fibres textiles.C'estune ancienneculture.Dèjà en 1905,
des voyageursavaient noté I'existencede cette culture dans le Dra
(Renseignements Coloniauxtro 1,janv. 1905,pp. l8-20)"

USAGESTRADMONNELS

A Marrakech, la poudre de grainesde cotonnier est indiquée dans le


traitementdesmaladiesde I'estomacet desintestins.
Dans le Tadla"les grainesde cotonniersont écraséeset la pâte huileuse
obtenueest utiliséepar les femmespour les soinsdu visage.

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
Le cotonnier (et sesproductions)est mentionnépar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, no 785, 839, 1480,1559,1803,1808, l9l8)
sous le nom de qopt,, mais il donneaussi d'auEesnon$ de variétés et
synonymesrégionaux.La 'Umdat at-tabîb (n" 2104)consacreaussiune
rubriqueà cettees@ce.Les autrestextesne la mentionnentpas.

Les donnéesde la toxicologie


Le gossypol présentdans la graine n'est pas dénuéde toxicité mais il
existe des variétésde cotonnier dont les grainesne contiennentpas de
gossypol et dont les tourteaux peuvent donc être utilisés dans
I'alimentationdu bétail(PARIS& MOYSE,1976-1981).

336. Hibiscus esculentus L.

gombo, corne-grec,lady-finger

mlûliya (!) : c'est ce vernaculaire,dérivant du grec, qu'on retrouve


partout au Maroc, pour désignercetteespèce.La mlûliya desMarocains
ne doit pasêne confondueavecla mulû,ltiyadesTrrnisiens,desEgyptiens
et des Libano-Syriens,ce vernaculairedésignant,chezeux, les feuilles de
la corètepotagère(Corchoriusolitorius L.) et d'auEesespècesvoisines

52r
(C. capsularisL, C. acutangulusL., C. depresszs(L.) Stoclç C. tridens
L.). de la famille desTiliacées.
mlûliya waraqiya(AL-WAZIR AL-GHASSANI,no 40) (litt.: gomboà
feuilles) : pour la corète et pour les variétésd. I/. esculentusplus
spécialement cultivéespour lesfeuilles.
Chezles Tunisienset les Algériensde Constantine,le gomboporte le nom
de gnôwiya (t). Chezles Egyptiens, Syrienset les Palestiniens,
les on le
connaîtsousle nom de bâmiya(!). Le vernaculaire tunisienindiqueune
provenanced'Afrique Noire.
C'est bien à la corète,originaire de I'Inde mais très cultivée par les
Hébreux- d'où le synonymebaqla yahûdiya(litt.: légumejuifl - qui la
firent connaître aux Grecs et aux Egyptiens, que s'appliquait
originairementle nom de mlû$iya, car le gombo n'arriva que plus
tardivement au Moyen-Orient, en provenaqcedu Kordofan et de
I'Abyssinie,peut-êtrevers l2W av. J.C., daæde sapremièrementionen
Egypte.

Les Marocains,qui ont connule gombo,pil I'intermédiairedes Noirs de


I'Afrique occidentalequi utilisent surtoutsesfeuilles,commec'estle cas
de la corète,ont probablementassimilé,pour cetteraison,le gombo à la
corèteet lui ont attribué le mêmenom.
Le gombo est effectivementEès cultivée dansles régionstropicalesde
I'Afrique, pour sesfeuilles surtout,mangéesà la manièredes épinardset
utiliséespour faire des sauceset pour son fruit jeune,consommécomme
légume.A une époqueindéærminée,il frt innoduit de là, dansles oasis
satrariensd'abord,puis au Maglueb.
Il est aujourd'huicultivé dansles oasissahariens,le Tafilalet et la plaine
du Sat's.
Des essaisréaliséspar tvtÈCE (1938)à I'INRA de Rabat,dansles années
1930-1940,on permit de produireà partir destiges,d'excellentesfibres,
de qualitééquivalenteaujute de Calcutta(produitpar diversesespècesdu
genreCorchorus: C. capsularis,C. acutangulus,C. tridens,C. depressus,
etc.).

USAGESTRADMONTNELS

Le fmit du gomboest connupartoutpour sespropriétéslaxatives.A ce


tite, en saison,on le prend,préparéen ragoût (voir plus bas) ou en
enEemets(voir plus bas),conEela constipation.
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLE (1952), à Casablanca, le fruit pilé
avec un peu de cannelle et d'eau est donné à manger contre les
hémorragiesdespremiersmois de la grossesse ; et une bouillie de farine
et de de gomboestprise pour activerI'accouchement.
On Eouve,en vente chezles herboristes,les grainesde gombo qui sont
réputéeschaudeset qu'onutilise,en poudre,conEeI'aciditégastrique.

522
Le fruit du gombo (récoltéquandil est encorejeune), devint Eèsvite un
metsde luxe à la tabledesgrandsnégociantsdu Tafilalet et de Fès.Dans
cette dernière ville, le plat régional le plus typique est précisément
aujourd'huiun ragoûtde viandepréparéavecdes gombos(rnlûliya) et
despetits coing_srustiques(l-qîm), ce dernier,très astringent,étantajouté
pour corriger I'action laxative du gombo. Ce plat est ainsi un bon
exempled'applicationdesrèglesde la diététiquearabo-musulmane à I'art
culinaire. On en fait aussiun entremets,cuit à la tomateet à I'huile, et
servi froid.
Le gombo n'est aglourd'hui réellementappréciéque dans les grandes
villes (Fès,Rabat-Salé,CasablancqMarrakech,etc.), dans1sTafrlaletet
dansles oasissahariens
Jadis, les habitantsdes ksoursfaisaientsécherles fruits découpésen
rondellespour s'enseryir,hors saisonou à I'occasionde déplacements,
commealiment de réserveet provisionde route.
A notre connaissance, les fleurs ne sont pasutiliséescommeen Afrique,
pour faire des boissonsrafraîchissantes, semblablesau karkadé(Hibiicus
sabdarrtfaL.).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le gomboest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,l87z-1883,
n" 229) sousIe nom de bômiyu.La 'umdnt at+abîb(no 1400, 1401,1402,,
1403) nlapporte pas suffisemmentd'élémentspour nous permettre de
reconnaîtrenotrez espècemais AI-WAZIR AL-GHASSANI (n" 40) la
mentionnebien. ABDEREZAQ qui consacreune rubriqueà Ia corète,ne
cite le fruit du gombo qu'incidemmenten parlant de la banane
(LECLERC, 1874,n' 537). LaTuhfat al-ahbôbest silencieusesur cette
espce.
Par contreIBN CHAQRLJN(p.32), auteurmarocaindu XVItrème siècle,
a bien identifié la mlû$iya des Marocainsavec le gombo. Cet auteur,
reprenanten cela des auteursprécédents,attribueau fruit du gombo un
tempéramentfroid et le déconseilleen alimentationquotidienne.Cette
prévenancevis à vis de cet alimentexpliquelesrèglesculinairesen usage
à Fèspour sa préparation(voir plus haut).

337. Hibiscus sabdariffa L.

thé rose,roselle,oseillede Guinée

(!) (Egypte): pour les calices.


Icarlrndé,I<nrlcndiya

Ce produit n'est connu aujourd'huiau Maroc que des rares pélerins ou


voyageurs qui ont traversé I'Egypte ou I'Afrique Noire. Mais IBN
523
CHAQRLJN,un auteurmarocaindu XVItrème siècle,rapporteI'emploi
chezles Abyssins,desfleurs (en réalitédescalices)pour la fabricationde
boissonsrafratbhissantes.

La plante est originaire d'Anrériquecentraled'où elle a étéintroduite au


XD(ème siècleen Afrique tropicale.Il existeplusieursvariétés*de cette
espèce.
Des essaisd'acclimatationdansles oasisirriguésdu Sudmarocainont été
tentéspar I'INRA dansles annéesEente,car il sembleque la plante a êté
autrefoisun peu cultivéedansle Touât.Cesessaisont permit d'obtenirde
bons rendementsen calices,en feuillespotagères et ên fibres (MÈGE,
1938).

USAGESTRADMONNELS

Cettees@ceétait un peucultivéedansles oasissatrariens du Touâtpour la


production de feuilles potagèreset pour la préparationde saucesà la
mode africaine.Elle a aujourdhuidisparudesculturesoasiennes.
Les Sénégalaisde la confrériedesTijanis, qui viennenten pélerinageà
Fès,ramènentsouventau Maroc les calicesséchésde cetteespèce(ainsi
que du kinkéliba) pour I'offrir à leurshôtes.Ils lui prêtentdes propriétés
urinaireset diurétiques.
antiseptiques

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Introduite récemmentdu NouveauMonde, cetteplante est inconnuede
nos auteurs.

*Les variétésà calice rosesonttrès utiliséesen Egypte,au Soudan,en Erythréeet en


Afrique occidentalepour la préparationd'une boissonaciduléeet sucrée, très
rafraîbhissantÊ que lesEgyptiens dénommentl<arkadé.Cetteboissonryt gqs prisée,en
Egypæet au Soùdan,pendantle moisde Ramadan.les boissonsdekarkadéet de pulpe
de tamarins'y vendentd'ailleursdansla rue.
Lors de la guerre d'Abyssinie, en l936,les troupes italiennes em-pr^u11èrent aux
populationsIocales I'usale du karkadépour préparerdes boissonsrafraîchissanteset
àsêptiserI'eaude boissoi'.C'est,à cettaépoque,-que le karkadéfut introduit en Italie
soui le nomde thé rose,et devintviæ sousMussolini,en raisonde I'embargoanglaissur
le thé, la boissonnationale.Suisseset Allemandsne urdèrentpas,eux aussi,à I'adopter
commeboissonhygiènique.

338. Hibiscus abelmochusL.


ambrette

524
mesk el-hôrc (litt.: musc véritable) (Maroc) : pour le musc-ambrette
extait des graines(voir au no 629).
meskel-hôru(litt.: muscvéritable)(Egypæ): pour les graines.

La plante, originaire de I'Inde,est aujourd'huicultivéeen Egypteet dans


les Antilles. Les grainesà odeurdélicatementmusquée,sont utiliséesen
parfumerie pour en extraire le musc-ambrette.En Egypte les graines
sont utiliséespour parfumerle caféet le thé (observationpersonnèlle;,et
en Afrique Noire commeparfum corporel(DALZreL, 1955).
Le musc-ambretteest importéau Maroc de France.

USAGESTRADMONNELS

C'est ce musc-ambrette,se présentanten petits carrés,qui est vendu, en


lieu et place du musc animal, cheztous les parfurmeurset marchands
d'aromatesde luxe.
Les familles aiséss'en serventdansla preparationde pâtisseries.A Fès,
on en fait aussi des parfums à note orientale,très recherchéspar les
personnesâgées(voir aussià I'articlemusc,no 629).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Nous n'avonstrouvétracede cettees@cechezaucunde nosauteurs.

339. Malva sylvestris L., Malva rotundifolia L. et Malva


parviflora, L.

Inauve

l-khubbeyza,lubbeyz (!) (Maroc, Algérie,Tunisie)(litt.: la galette) :


en raison de Ia forme du fruit.
bqûla (litt.: légume,herbepotagère).
ôbejjir, âmejjir, wabejjir, (berbèredu Souss).
ribî (Souss,Beni Snassen, LAOUST,1920).
îlfdîwen (Beni Touzinedu RiO.
D'autres Malvacées voisines, comestibles,reçoivent aussi ces
appellations: Malopesp.,Invatera sp.,etc.).

Malva sylvestrtset M. rotundifulia sontrépandues


en Europ€,en Afrique
du Nord et dansle Nord et le Sud-Ouestde I'Asie.M. parviflora est une
espèceméditerranéenne.

USAGESTRADMONNELS

525
Piirtout au Maroc, les feuilles de mauvesontprescrites,sousla forme de
bqûIa (voir ci dessous)ou sousforme de décoctionconcentrée, dansles
affections gastro-intestinales, les constipations, les colites, les
hémorroïdes.
Les feuilles sont aussi utiliséesen cataplasmes sur la peau ou en
compressesanales comme émollient dans les dermatoseset les
hémonoides.Cescataplasmes serventaussià faire mûrir les abcès.
Les gargarismesde la décoctionsont employéscontreles inflammations
bucco-pharyngées. La racines'emploie,en masticatoireou en frictions
inEabuccales dansles mêmesaffections.

Les feuillesjeuneset leurspétioles,avantI'apparitiondesbourgeons,sont


comestibles(principalementM. rotundifuliaet M. sylvestris),cuites
d'abord à la vapeur,puis hachéeset recuiterapidementdans de I'huile
d'olive avec des olives, des épiceset des citrons confits. On peut lui
mélangerd'auffesplantes : jeunespoussesde silèneet de coquelicot,
pourpier,épinardsauvage,oseille,etc. Ce mets,trèsprisé des Marocains
recomrnndéaux constipéset aux
est appelébqû,Ia.Il est particulièrement
colitiques.Un mets semblableporte le nom de î$fdîwen chezles Beni-
Touzine (Rifl (voir article Urtica, no514).

Cesespècessontde bonspânrages.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Les mauve sont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
1883,n" 752),la'Umdatat-tabîb(n' 687),AL-WAZIR AL-GHASSANI
(n' 338), la Tuhfat al-ahbâb (n" 424) et ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,n" 913) sousles nomsde nulûkiya (mot d'originegrecque)et
lubbôza. ABDEREZAQ ajouæd'autresvernaculaires dont ûmrn-iîriyô.

Les donnéesde la toxicologie


Des accidents chez le bétail (surtout le mouton) (du type
photosensibilisation)ont été parfois signalésavec Malva parviflora
(KEELER & al., 1977).

MIMOSÉES

340. Acacia albida Delile (= Faidherbia albida (Del.) A. Chev.)

âfrôr (!) (Maures,Saharaoccidental).

526
lelî lebyed (Tekna) (litt.: acacia blanc ; à cause de son écorce
blanchâtre).
âhetes(Sudalgérien,Touaregs)(DALZTF'L,1955).
C'estle lcaddesWolofs, le balâzaou balinlu des Bambaras(KERHARO
& ADAM, 1974\.

Espèced'Afrique tropicaleremontantjusquedansle Satraraoccidental.


Cet arbrejoue un rôle importantdansles zonesdésertiques: au débutde
la saisondespluies,il perd sesfeuilleset semet alorsen dormance.Pour
cette raison,il n'entrepas en compétitionavecles plantesqui poussentà
son pied. De plus, cornmebeaucoupde Légumineuses, il enrichit le sol en
azoteet sonhumusest un engraisnaturel.C'estpourquoi,dansle Satrelet
les régionsdésertiques,les paysans, qui ont constatéque les rendements
agricolessont meilleursautorudes pieds d'A. albida, plantent souvent
leurs culturesvivrièresà I'ombrede cetteespèce.

USAGES TRADNIOIVNELS

En médecine traditionnelle saharienne,le décoction des écorces


(blanchânes)est adminisuéepar voie oralecontrela lèpreet confre "tous
les types de taches blanchessur la peau et le visage". Il s'agit là
probablementd'une infilration de la médecinedes Bambarasou d'une
applicationde la théorieuniverselledessignatures.
Cette esSce ne fournit ni gommeni produitstannantsde qualité.
Sesgousses, un peusucrées, (OZENDA,1977)"
sontcomestibles
Les feuilles et les goussessontbienpânuéespar le bétailpour lequelelles
constituentun fourrage de premièrequalité.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabeset la traditionafricaine


Cetteespècen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.
Mais on retrouveles mêmesindicationsthérapeutiques
en Afrique Noire
(KERHARO &, ADAM, 1974), dloù elles ont êtê probablement
importées.

341. Acacia arabica (Lamk.) lryiild. (= Acacia scorpioides W.F.


wisht)
gommier rouge, gommier d'Egypte

âmûr, lâmûr (t)


tqggart, tiggart, âgar, taggart, tig$art (Touaregset Sud algérien ;
MONTEIL, 1953;SITOUH, 1989).

527
.son!.sunt, (t) (Moyen-Orient,Egypte, Soudan,BOULOS, 1983,
DALZreL, 1955) : pour A. arabica Willd. var. nilotica (= A. nilotica
Desf.).
\ûka masriya 1t),Sûkaqibtiya (!) (litt.: épine copte),gurti (Egypte,
BOLJLOS,1983): pour la variéténilotica.
qara!(!) (Moyen-Orient,BOLJLOS,1983): s'applique plus spécialement
à la gousse.
babul (!) (Inde, Pakistan)(KHAN USMANGHANI & al., 1986,
CHOPRA& a1.,1956).
mûlilân (Pakistan,KHAN USMANGHANI & al., 1986) : du classique
ûmm-gaylân.
âqôqiyâ (!) : ce termes'emploieclassiquementpour le sucet I'extrait des
gousses; mais,au Saharaoccidental,il sembles'appliquerà la gomme.
çellô$ô(!) (Satraraoccidental): pour l'écorce.

EspècedesrégionsEopicalesd'Afriqueet d'Asie (Sudarabique,Inde).


Les fleurs de cet acaciasontde couleurjauned'or et odorantes.

USAGESTRADMONNELS

La gomme, rouge, et les gousses,venant du Sénégalet du Sud


mauritanien,sont utiliséespar les Maurescommeantidiarrhéique.
La gomme est comestible en période de disette, au naturel ou
préalablementgn[ée et pilée avecdu beurreet du sucre.

L'écorceet surtout les gousses(sansles graines)sont utilisés comme


produits tarrnantsau Satrara,donnantun tannagerapidemais sec.Quand
èiles sont pilées avec leurs graines,les goussesont une action tannante
plus douce: le cuir sort du bain blanchi et assoupli.Çetætechni-queest
èonnueaussiau Touât et au Gourara.Si on ajouteau bain de la limaille
de fer, on obtientune teinturenoireutiliséepour le cuir et les nattes.
Le bois, rès dur et imputrescible,est utilisé pour la confectionde divers
petits objets et comme bois de construction*.Il fournit un excellent
charbonde bois,

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Gi acacia,tès répanduen Egypte(vat. nilotica), est mentionnépar IBN
AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883, no 1407,1735,1758) sousles
noms de çang qara$ lûk nasrî (pou I'arbre).Il consacreaussi une
place à la gommeque cetteespèceproduit (Wrnù et au suc qu'on tirait
autrefoisdes gousseset qu'on concentraitpottr obtenirune sortede robb
appelé'aqôqiyâ (mot dérivédu grec).

528
AL-W AZIR AL-GHASSANI (no 20) et la ',umdatat-tabîb (n" 206g)
donnentconrmesynonymede 'aqâqiyâ le mot arabessibt et précisent
qu'on s'en seryaitcommemédicamentastringentet pour tannerles cuirs
dessandales(na'â[). Les na'ôI ssibtiyâqueportait le Prophètetiraient leur
nom de cettepratique.
Ce suc de gousseconcenEéestencoreutilisé commeremèdeasEingent,
cicatrisant et antihémonagique,au Soudan(Khartoum) (DALZIEL,
1955)et dansla médecinegréco-islamiquepratiquéeencoreau Pakistan
(sousle mêmenom : 'aqâqiyâ) (KHAN USMANGHAM & a1.,1986).
La'Umdat a!-labib (n' 2280)er IBN AL-BAYTAR ( op. cit., no 152)
donnentcommeautresappellations,pourA. arabicaet sesvariétés,ûmm-
laylôn et samur. Le vernaculairesarnura étêretouvé pour cetteespèce
par DEFFLERS(1894)dansla régiond'Aden.

LaTuhfat al-ahbâb(no296) consacreunerubriqueà cetteespèce.


ABDEREZAQ (LECLERC,1877-1883,no 17, 617,740)mentionneaussi
A. arabica et sesproduits(gomme,sucde gousses)avecles mêmesnorns
mais non sansune certaineconfusionsur les différentesespècesd'acaciaà
gonrme.

* DALZIBL (1955) rapporreque ce bois très dur servait dans I'Antiquité à la


constnrctionde bateaux.

342. Acacia cyanophylla Lindl.

semqâlasawdâ rqîqa (vocabulairedesherboristes): pour la graine,ptr


opposition à semqâla sawdâ Èlî9" qui désignela graine d'Albizzia
lophanta Benth. et d'aufresgraines,noires,luisanteset plus grosses,
utiliséesen magie.

Cetteespèced'acacianon épineux,d'origineaustralienne, a étêacclimatée


au Maroc pour la fixation des dunes et fertilisation des sols
(enrichissement
en azotedesterrainslittoraux ou forestierspauwes).

USAGESTRADITIONNELS

Les grainessont utiliséespar les femmesdansles fumigationset dansls


procédé de la lerqa (voir à I'article "mélangede simples pour les
femmes",n" 686).

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes

529
Cet acacia d'origine australienne,n'est, bien entendu,mentionnépar
aucunde nos auteurs..

343. Acacia cyclops A. Cunn.

bû,-z$ayba (poly.) (litt.: celleau petit poil) : pour la graine,en raisonde


I'arille qui surmontela graine.
'allû (!) (litt.: poil, crête de coq) : pour la graine,en raison de
zgebt
I'arille qui surmontela graine.

Cetteespèced'acacianon épineux,d'origineaustalienne,est acclimatée


au Maroc.

USAGESTRADITIONNELS

Cette graine est utilisée dansles mélangespour fumigationsen contre-


'u!ûb n-nisâ' (voir à I'article "mélange
sorcellerieet dansle mélangedit
de plantespour les femmes",Do686).

DISC['SSION

Les sourcesécritesarabes
Cet acacia,d'origine ausfialienne,n'est,bien entendu,mentionnépar
aucunde nos auteurs.

3M. Acacia mollissinta Willd.

mimosa

fujrat lymimûza (poly.) : pour I'arbre ; mot dérivant du français


"mimosa".
qiqlôn: au Maroc, ce vernaculaires'appliquesurtoutà,A. farnesiana.

Cet acacianon épineux,gummifère,d'origine ausEalienne,a êté planté


sur 3.000 hectaresenviron, dansle Gharb,pour la productiond'écorces
tannifèfes.L'écorceest ramassée,séchée,broyée,ensachéeet acheminfu
vers les tanneriesindustrielles de Casablancaet Mohammedia. Le
rendementest de 4 tonnesd'écorcesà thectare ù 387oenviron d'extrait
tannique.

USAGESTRADMONNELS

530
D-l la région de Rabatet dansle Gharb,la gommede cetteespèceest
venduepar les herboristespour servir de colle à papier.

DISCUSSION

[,es sourcesécritesarabes
Cet acacia,d'origine ausEalienne,n'est, bien entendu,mentionnépar
aucunde nos auteurs.

345. Acacia farnesiana (L.) Vyilld.

cassier

qîqlân (!) : du classiqueqilqilôn ; ce vernaculaires'applique aussi


aujourd'hui à 2 acacias australiensintroduits au Maroc, à fleurs
odorantes,Acacia mollissimaet Acacia dealbataLink. . Au Moyen-
Orient, on I'entendausi pour d'autresespèces,appartenantgénéralement
aux Légumineuses.
Inbbet 'âm (Marrakech): pour les graines.
qurûnfutna @gypte,SALAH AHMED & al., 1979):pour les gousses.

Petit arbre, originaire d'Amérique, tortueux, à rameaux fortement


épineux,pouvantatteindre4 à 6 m de haut.Les inflorescences portentde
petitesfleursjaune d'or, Eèsodorantes.I-es gousses,cylindriques,un peu
arquées,renfermentdesgraineslisses,brunesovaleset tès dures.
On rencontrecette espècedansla cité historiquede Taroudantoù il fut
autrefoisintroduit commeesSce d'agrémenf,en raison du parfrrmsuave
de sesfleurs. On en trouve aussiquelquespiedsautourde certainspostes
forestiers.

USAGES TRADMONNELS

Sousle nom de bzôr qiqlôn,les grainessontvenduesà Marrakechpar les


herborisæspoue servir en cuisine.
D'aprèsG^{TEFOSSÉ(1921),on utilisait autrfoissesinflorescencespour
parfumer les coffres d'où le nom de rneskes-wnadiq (litt.: musc des
coffres) qu'on lui donnaitaussi.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabeset la radition africaine


Cet acaci4 originaire d'Amériqueou d'Inde,n'était pas connu de nos
auteurs.l-e qilqil ou qilqalân, citê par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,no 1822),a êtêrapportésoit au Cassiatora L., soit à I'orobe

531
mais toutesces attributionssont,à notre avis,
soit à une autreFabacée,
douteuses.

Sousle nom de "gommekolkol", on exportaitauFefoisde la région de


Tchad la gommede l'Acacia camphylacantha Hochst (african catechu
Eee) (DALZIEL, 1955),ce qui laissesupposerque c'est un des noms
locauxde cet acacia.
La tradition africaineemploieplusieursgrainesde Mimosacées(Parkia
biglobosa(Jacq.)Benth.,Acacia arabica (Lam.)\Vildd., etc.)pour faire
des sauces(DALZIEL, 1955).Il est possibleque I'usageque font les
Marrakchisde la grained'A.farnesianasoit inspiréde cespratiques.

346. Acacia gurnmifera \ryiild.

gommiermarocain.

taddût (l) Clekna).


ôddîtl (Saharaoccidental,BIROUK &, a1.,1991).
çell.t(poly.) : ce vernaculaires'emploieprincipalementpour A. raddiana
mais aussi,improprement,pour d'autresacacias.
âmrâd (berbère)(poly.) : s'emploieaussipourA. raddiana.
tîfizza (berbère)(poly.) : pour la gomme.

Cet acacia,endémiquemarocain,porte des fleurs jaunes,des gousses


tomenteuses et linéaires(non arquées)avecdesgrainesnoireset lisses.
La gomme, autrefois exportéepar Mogador (actuellementEssaouira),
étaii connuedansle commercesousle nom de gommede Mogadorou du
Maroc ou de Barbarie.C'estune gonrmedu type desgommesarabiques.

USAGESTRADMONNELS

La gomme est utilisée de la même manièreque la gomme d'Acacia


radd,iaru,aveclesmêmesindications.
Dans le Tadla, les gousses,en décoction, sont utilisées comme
antidiarrhéique.
Les épines,longueset assezépaissesfont partie de l'attirail médical des
tradipraticiens.

DansI'artisanatlocal, les goussessontemployéespolu le tannage.


Le bois desracines,très dur et noircissant*par Eempag€dansde I'huile,
est utilisé par les ébénistesd'Essaouirapour remplacerl'ébène,aufiefois
importé, mais devenuaujourdhuitrop coûteux.
Ce bois sert aussià la fabricationdes luths (lattesfoncéesdu ventre de
lTnstnrment,les lattesclairesétantfaitesen bois de citronnier).

532
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Exceptée la Tuhfat al-ahbâb (no 204), nos auteurs ne font pas
spécialementréférenceau gommiermarocain,espèceparticulièreà cêtte
région. Ngyr pensonsque cet acaciaI'a pasété distinguépour la simple
raison qu'il est généralementassimilépar les populationsaux autres
acaciasépineuxdu Maghreb,du Satrara,du Moyen orient et de I'Arabie
qui lui ressemblenttous plus ou moins et qui fournissentles mêmes
produits(gousseset écorcestannantes,gomme,bois dur).
* Autrefois,d'apês la'IJmdntap-yabîb (no2069),on utilisaitde la mêmefaçon,comme
substitutde l'ébène,le vieux bois,"dur et noir", d'Acaciaarabica(Lamk) wi[d.

347. Accacia raddiana Savi (= Acacia tortilis (Forsk.) Hayne)

acaciasaharien

!all.t,lnlha (!) : au Maroc et dansle restedu Maghreb,Acacia raddiana


est le vru çe\t ov !ûll.la(poly.). En Egypte,au Soudanet en Arabie, ce
tenne désigneplutôt A. seyalDelile (BELLAKIIDAR, 1978).Au yémen,
le terme lnll.t s'appliqueà Acacia negrii Pichi-Sermolli (FLEURENTTN,
1983).
ôbsseg,âbsaq(SudAlgérien,SITOLJH , 1989,VOINOT, l9O4).
Wtn4 çamg (!) (Nubie, DALZIEL, 1955 ; Yémen, FLEURENTIN,
1983)(litt.: gomme).
seyôl (Eg1pte,BOULOS, 1983) : pour A. raddiana ; c'estfaurivement
que les botanisæsse sont servi de ce vernaculairepour attribuerun nom
scientifiqueà un autre acacia,l'AcaciaseyalDelile.
l-$ercôb (poly.) (Saharamarocain)(litt.: la gousse): pour les gousses.
l\embwôn (Satraraoccidental): pour les graines.
tîfizza, tîfrait (berbèresaharien): pour la gomme.
âgerger(Saharaoccidental): pour les épines.
âferkîk (MONTEIL, 1953) : pour le bois des racinesquandelles sonr
humideset molles.
ôjmwôr (MONTEIL, 1953) : pour le bois des racinesquandelles sonr
sècheset dures.

Acacia du Satrar4d'Afrique hopicaleet d'Arabie.


C'est une espèceà fleurs blanchescrème, parfuméeset à gousses
contournéeset enrouléesen spirales,non étrangléesentre les graines.La
gornme d'A. raddiana est récoltéeun peu partout au Saharapour être

533
vendueà desgrossistesde Marrakech.Nousavonsassistéà sonramassage
dansla Feija, entreI'Anti-Atlaset le JbelBani.

USAGESTRADMONNELS

USAGESMÉDICINAUX
Partout au Maroc, la gomme,en larmesrougeâtres,dissoutedans de
I'eau, intervient en collyre dans le traitementdes affectionsoculaires
(notamment,au Saharaoccidental,dansla maladie appeléelocalement
îgendî)" On la prescrit aussi, par voie orale, dans les maladies
pulmonaireset les inflammationsde I'appareilbucco-pharyngée (toux,
asthmes,laryngites,pharyngites,aphtes,etc.) et dansI'ictère.Dans ces
affections, on administresouventla préparationsuivante : on moud
ensemblede la gommed'acacia,du sucrecandi,de la gomme-mastic,du
sésame,de I'encens,de la nigelle, des semencesde carvi, de fenouil,
d'anis,de la gommeadragante,despois-chiches,desfèves; on malaxele
tout avec un peu d'huile d'olive ; on prend2 cuilleréespar jour de cette
pâte.
A Tissint, I'associationgonrmed'A. raddiana+ Maerua crassifulia est
fréquemmentadministrée,par voie orale,dansles affectionshépatiqles.
Dans le Dra, la gomme d'A. raddiana rcpresente,avec Zygophyllum
gaetulum,Cotula cinereaet Maerua crassifuIia,I'un des4 remèdesde
base.C'est une véritablepanacéeet toutesles familles en ont une petite
provision. D'ailleurs, un dicton très connu dans la région dit d'elle :
tîffizit âygan gal,tt("la gommec'estla vraie santé").
Partoutau Satrara,la poudrede racine dlA.raddiana estutilisée dansles
troubles de I'estomac; et l'écorcede branches,séchéeet réduite en
poudre, est saupoudréesur les plaies pour les désinfecteret les faire
cicatriser.
Les fleurs sontincorporéesdansla formulesatrarienne du rôs el-Innût.
Les graines, entières ou mouluesosont comestibleset réputées
antidiarrhéiques.

USAGESPASTORAUX
I-es gousses,les graines,les rejets,les stipuleset les jeunes épinessont
très appréciéesdes dromadaires.Leur pâturageest d'ailleurs jugé
souveraincontre la colique des sables(I-Se!, voir à Rhus albidum,
no 19) : une cure en pays Btana,où cet acaciaest abondant,est toujours
conseillédansce cas-làMONTEIL, 1953).
Feuilles et goussessont Eès nutritives pour les troupeauxcar elles
contiennentun taux élevéde protéines(environ207o)(F.A.O., 19æ)

USAGESTECHMQI.JES
L'Acacia raddianajoueun rôle importantdansl'économiedu désert.'

534
Les fibres tirées de l'écorce seryent,au Saharaoccidental,à faire des
cordes.Le bois du tronc et desracines,trèsdur, difficile à travailler, sert
de bois d'oeuvrepour la fabricationde diversobjetsdomestiques(piions,
piquets,poulies,etc.).Les branchages fournisseniun excellenicharùonde
bois.
L'écorce sert au tannaged9s guerbas(outresd'eau) : dans la guerba
remplie d'eau,on ajoutede la poudred'écorceet on laisseagir l0 jo*, ;
-beune
au bout de ce temps,on retourneI'ouEeet on la graisseavéc du
(voINoT, r9M).
Les feuilles séchées,additionnéesparfois d'écorce,servent aussi au
tannagedespeaux.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL BAYTAR (LECLERO,1877-1883, n" rs2, r474, 1556),donne
un certain nombre d'indices qui nous pennettentde reconnaîtrelA.
raddiana au nombredesacaciasqu'il décrit.Cet auteurcite bien d'ailleurs
les vernaculaireslal$ et seyâl dont I'un au moins (suivantqu'il a adopté
les désignationsmaghrébines ou moyen-orientales) désignenotreespèce.
La 'umdat at-tabîb (n" 1115,23s3) et la Tuhfat al-ahbôb(no 46) et
ABDEREZAQ GECLERO, 1874,no 17) consacrent aussiune rubrique
générique aulall.l.
AL-WAZIR AL-GHASSANI ne menrionnepascet espèce.

348. Acacia s:yal Delile et Acacia ehrenbergiana lrayne


(= Acacia flava (Forsk) Schweinf.)

tamât (!) (Saharamarocainet Satraraalgérien)


tn4ta (poly.) : c'estle nom que porte en egypæet au SoudanïA. seyal
La variétÉ,fistula qu'on renconEedanscespaysreçoit le nom de soffar
(litt.: acacia siffleur) (BELLAKHDAR, lg7g, DALZTEL, 1955). En
Afrique du Nord, lalfuodésigneplutôt A. raddiana(vot cet arricle)
l-'alk: pour la gomme.

Acacia ehrenbergianaest une espèce.du Satraraet d'fuabie.A. seyal se


rencontreen plus en Afrique tropicale.

Acacia ehrenbergianaHayne a été, pendantlongteffips,confondu au


Maroc avecA. seyal.On le renconfieaccompagnant souventA. raddiana
dont il diffère par la présencede plusieurstiges à la base (aspecr
buissonnant),de fleurs jaune vif, de goussesaplaties,droites ou

535
légérementarquées,mais non contournées et peu étrangléesentre les
graines.
Acacia seyal est très prochede A. ehrenbergiana.Ilen diffère par une
taille moins grande,desfeuilles plus petites,desgoussesplus grêles,une
écorcebruneau lieu de vert foncé (OZENDA, 1977).

USAGESTRADMONNELS

USAGESNAÉUCWAI.IX
Les feriilleset les écorcesde ces2 espècessontutiliséesdansles zones
désertiquesdu Maroc, dans le traitementdes ulcèresgastriqueset des
diarrhées.
La gommeseyal (I-aIk), pas très abondante, comestible,passechez les
nomadespour êfe très efficace contre les inflammationsdes appareils
respiratoireet bucco-phfryngê.AuSaharaoccidental,elle est utilisée,en
plus, par voie interne,dissoutedansde I'eauchaude,ou nature,dansle
traitement du rhumatismechronique.

USAGESALIMENTAIRES ET PASTORAUX
La gommeest consommée par les nomadesen périodede disette.
Quandil venait à manquer,le thé êtut, auFefois,au Satraraoccidental,
remplacépar des feuilles d'4. seyal.
Les feuilles, les gousses,les graines,les jeunesrameauxet les rejetons
sont très appréciésdes dromadaires,des moutonset des gazelleset sont
considéréspar les chamelierscommenès nuritifs pour eux.

USAGESTECHNIQI.JES
Les feuilles dA. seyal,cueillies au printemps,séchées,pilées au mortier
et misesen sacs,sontutilisées,sousle nom de l-werqa (litt.: la feuille)
pour tannerles peaux.L'écorcedu tronc et desbranches,appeléel-geÉra
ot âgaWr (litt.: l'écorce),détachéeaprèsles pluies, pilée et débarassée
desfibres,reçoit les mêmesusages.
C'est avec les feuilles dA. seyal, trempées2 jours dans de l'eau et
additionnéesde fimaille de fer, que les Rgibat du Satraraoccidental
préparent le seul eolorant artisanal, le noir, qu'ils savent préparer
(GALJDTO,1975).
Le bois de ces 2 es@cessert,au Saharaaux mêmesusagesquel'Acacia
raddiana(voir cet article,n" 347).
La gomme est utilisée au Maroc, par les relieurs traditionnels, pour
I'assemblage desliwes.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes

536
IBN AL BAYTAR (LECLERC,1877-1883, no 152, 1474, 1556)cite
bien le vernaculaire ynll.tqui pourrait désignernotre espèce(suivant
qu'il ait adoptéles désignationsmaghrébinesou moyen-orientales). Quoi
qu'il en soit, I'4. seyal figure certainementau nombre des espèces
d'acaciaqu"il décrit. Même commentairepour la 'Umdat at-tabîb (n"
1115,2353).
IBN AL-BAYTAR nousdonneaussiun termegénériquepour les acacias
épineux:'e&.
Quantà ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no l7), il mentionnebien le
talh commeun acacia gommier, mais sansapporterde précisionsqui
pennettraientde donnerune attributiond'espèceprécise.
AL-WAZR AL-GHASSANIetlaTuhfat al-ahbâbne le citentpas.

349. Acacia senegal (L.) Willd. (= Acacia verek Guill. & Pen.)

gommiei du Sénégal,gommierde Mauritanie,gommierde Somalie

âwenvôr,êîrwâr (!) (Maure,MONTEIL, 1953).


C'estle In\hb du Kordofan(Soudan),le verekdesWolofs (Sénégal).
el:alk (Satraraoccidental): pour la gommeclaire.
furakrak (Saharaoccidental,Mauritanie) : pour la gomme chargée
d'impuretés.
âbwakâk (Sahara occidental,Mauritanie) : pour les gommes de très
mauvaisequalité,quasimentnoires*.

Cette espècedu Satraradu Sud, de Mauritanie et d'Afrique tropicale


possèdedesfleurs blanc-jaunâEe, desgousses minces,droiteset applaties.
De tous les acaciasproducteursde gommesarabiques(de I'arabeclassique
Wrng al-'arabî), c'estI'A. senegalqtr fournit la vraie, la meilleure,la
variété officinale, blonde, parfois rougeâEe.Il assureactuellementà la
Mauritanie une récolte annuellede 20@ à 3000 tonnesde gomme.C'est
un vieux coûrmerceauEefoisentre les mains des marchandshollandais
puis françaisinstallés dansdes comptoirssur le littoral mauritanien.Ce
coillmercene fut pas énangeratu(convoitisesterritorialesdespuissances
colonialesdu siècledernier.
La gomme, exportée en Europe, était surtout destinéeà I'apprêt des
cotonnades,à I'industriedes colles et des cirages,à la pharmacieet à la
confiserie.
Cettegommeserencontrait,il y a quelquesdécennies, sur les marchésdu
Sahara occidental marocain où elle êtut importée de Mauritanie
(BELLAKHDAR, 1978). Elle arrivait aussi à Fès, apportéepar les
caravanesdu Touât et du Tafilalet : on I'y vendait,sousle nom de çrna!

537
al'-arabî aux fabricants de colles, aux relieurs et aux droguistes
@enseignements Coloniauxntro8, août 1905).

USAGESTRADMONNELS

Cettegoûllne est utilisée par les Mauresdu Satraraoccidentalen collyre,


dans Ë tiuitement des affections oculaires et, en prises orales de la
poudre,dans les maladiespulmonaites,gastro-intestinales et hépatiques
(ictères). Elle passe aussi pour avoir des propriétés dépurativeset
tonifiantes: les nomadessahariensI'absorbent,dissoutedansle thé, à cet
effet. En usageexterne,appliquéesur la peau, elle est utilisée comme
anti-inflammatoire.

En périodede disette,elle était consomméeen Mauritanie.


Cetie esSce (feuilles, gousses)représenteun pâturagefiès appréciédes
dromadaireset desmoutons.
Les nomadesmauresutilisent les fibres de l'écorcepotu faire des cordes
et le bois desracinespour fabriquerdespetitsobjetsdomestiques.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
La gOmmede cet acaci1 qui fournit aujourdtui la wai gomme_€r{igye
du iommerce**n n'est pâs mentionnéedistinctementpar IBN AL-
BAYTAR, câf les gommesd'acaciaqui étaient utilisées à son époqge
étaientproduiæssurtoutpar les A. arabicaet A. raddinna d'Egypte,du
Kordofan et du Satraraqu'on reconnait dans les descriptionget les
synonymesrapportéspar cet auteur.On peut cep_endant considérerque
cêt acâciaqui èxiste aù Soudan(Khartoum)et au Sénégql,_ a étê' assirnilé
aux autre.sâcaciasépineuxdu Maghreb,du Sahara duJ\{oy9n Orient et
de I'Arabie qui lui iessemblentplus ou moins et qui fournissentà peu
prèsles mêmesproduits.
Même commentairepotu les autresauteurs.
* Une tribu maureportece nomd'âbwatcâkgwleur fut donnéffiorativem.errtpar leurs
adversaires,car dûrant sa fuiæ dans le dé-sertapês une grande bataille au cours
delaquelleelle fut défaiæ,elle ne trouvarien d'auueà mangerquecottegomme.
** Àutrefois fournie en mélangepar divers acaciasdu Sud égyptien et du Soudan
(Khartoum) : diversesvariétésdA. ârabica,A- sénêgal,etc.

MORACÉnS

350. Ficus cartca L.

538
figuier

kerma (!) (pour I'arbre),kermôs(!) (pour le fruit).


Ce mot désigneau Moyen-Orientla vigne. Littéralement,kermaveut dire
en arabe"don du ciel, Mnédiction". La uigor, au Machreq,et le figuier,
au Maghreb, parce qu'ils constituentla production fruitière principale,
sont considérésici et là comme un privilège accordépar Dieu à ses
créaturespour qu'ellespuissents'alimenter.Ce vernaculairefonctionne
donc un peu comme le mot zra' (cêrêale)qui est permutable (voir à
Hordeumvulgare).
tîn (!) : pour la figue. Ce termeest cité dansLe Coran qui consacreune
sourateà la figue (S. 95, v. 1).
bakûr (!) : pour les figues desprémices.
dukl<ar: pour le caprifiguieret la figue sauvage.
ôzar (pou I'arbre),tazflrt (pour la figue) (Souss,LAOUST, l92O).
ôkuzar, û,kzaren (pour I'arbre), takozart (pour la fïgue) (Souss,
LAOUST, t920).
taqoroyt, tiqorâ (Souss,LAOUST, 1920): pour la figue verte.
îmersid,âmersid(Souss,LAOUST, 1920): pour le caprifiguiet.
iyayir (Beni Touzine du Rif) : pour les figues sauvages.
Iccrmamarcedâ(Beni-Mellal): pour les figuessauvages.
Safiha(!) : pour les figues séchées.
qormî{ (Rifl : pour les feuilles de figuier.

I-e figuier est cultivé partoutau Maroc pour la productionde figues.


Ficus carica est une espècemono'r'que dont I'inflorescenceporte à sa
partie inférieure les fleurs femelleset à sa partie supérieureles fleurs
mâles.I-es différentesvariétésdu figuier domestiquene comportentque
des fleurs femelles.læur pollinisstiondoit doncpasiserpar la mouchedu
figuier (BlastophagagrossorurnGravis)qui vit sur le figuier sauvageou
caprifiguier. La présencede quelquespieds de caprifiguier est donc
nécessairedansles vergers.
Au Maghreb,pour procéderà la caprification,on suspenddansle figuier
domestiquedesbranchesportant desréceptaclesde fleurs-gallesprélevées
sur des caprifiguiers.

USAGESTRADMONNELS

Les figues - surtout les figues séchées- sont considéréescomme un


aliment énergétique,et sont utilisées partout pour leur propriétés
pectoraleset laxatives.
Le laæx desfeuilles est appliquésur les vemrespour les faire disparaître.
On I'utilise aussi,en usageexterne,dansle ffaiæmentdu vitiligo.
Au Tafilalet, dansle traiæmentdu trachomeet de diversesophtalmies,on
frotte les paupièresavecla facela plus rugueusedesfeuilles.

539
L'eau de vie de figues,la mahva (voir plus bas), est utilisée comme
désinfectant,en particulier pour la plaie ombilicale du nouveau-né.

Partout,pendantla saison,on fait sécherles figues en su{production,le


plus souventen les enfrlantsur descordelettes; elles serontconsommées
toute l'annéecommefruit sec.
Les juifs marocains,préparent,quantà euxnpar fermentationdes figues
puis distillation,une eaude vie, la mal.rya(litt.: eaude vie), généralement
aromatiséepar additiond'anéthol.
Le latex desfeuilles estutilisé pour cailler le lait.
Dans le Rif, les feuilles sont coupéesavantI'hiver puis abandonnées au
séchagedansun grenierpour servir de fourrage,pendantla saison séche.

DISCI.JSSION

Les sourcesfurites arabes


La figue est mentionnée par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 352, 439, 1272)sousles nomsde tîn et Mhaniîr ("roi des fruits", er
persan).La'Umdat at-tabîb (n' 328) et AL-WAZIR AL-GHASSANI
in" 322)consacrentaussiune rubriqueà cetteespce. LaTuhfat al'ahbâb
et ABDEREZAQ ne la mentionnentpas, vraisemblablement parce qu'ils
la considèrentcomrneun aliment tout simplement.

351. Morus alba L. et Morus nigra L.

mûrier blanc et mûrier noir

Sejrat et-tût (!) : pour I'arbre. I.e, ærme tût est d'origine persanne
(YOT.JNOS, 1994/b).
tût l-ôbyed(!) : pour le fruit du mûrier blanc.
tût lekfol (!) : pour le fruit du mûrier noir.
merfiq (Marrakech,BERTRAND, 1991): pour le fruit du mûrier blanc.
tût el-harîr (!) (litt.: mûrier à soie) : pour le mûrier blanc.

I-e mûrier blanc originairede Chine,a êtéinnoduit au Maroc, il y a très


longtemps,pour la culture du ver à soie, à Bzou notamment(dans la
région OeVt-anakech)qui fut, pendantdes siècles,le cenEede filature de
la soie le plus important du Maroc (voir à I'article'"soie naturelle",
n" 637). Ce mûrier exisæaujourd'huipartout.
Le mûrier noir, originaire de Perse,est lui aussi très courant conrme
arbre ornemental.

540
Les fruits du mûrier rouge et du mûrier blanc sont considéréscomme
toniqueset reconstituants.Ceux du mûrier rougesont de plus considérés
commebonspour le sang.
Mais les mûres, venduesen leur saisonsur les marchés,sont surtout
consommées cornmefruits.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
I-es mûriers sont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 434, 1679),la',Umdat at-tabîb (n" 322), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 323) et ABDEREZAQGECLERC, 1874,n" 716,880)
sousles nonrsde tût etfirûd. LaTuhfat al-ahbâbne le décrit pas.
Pour ABDEREZAQ le mûrier à soie est la vatiêtê syrienne. Le
vernaculure chami existe en effet en Palestinemais pour un mûrier à
fruits rouges(AARONSOHN,1931).

MYRISTICACÉES

352. Myrtsfica fragrans lloutt.

muscadier

l-gûza(!) (litt.: la noix).


gû,zte$-krq (!) (litt.: la noix de I'Orient) : pour la noix de muscadeavec
sonécorce.
gûzt at-tûb, jawzat af!.ûb (!) (litt.: la noix de senteur): pour la noix de
muscadedécortiquée.
I-gûza l-$anp (Casablanca,MATHIEU & MANEVILLE, 1952).
jawzat bawwô (livresque,RENAUD & COLIN, 1934,n" 98).
-besbâsa,
es-sibîsa(!) : pour le macis,qui estI'arille entourantla noix.

Tous cesproduitssontimportésde I'Inde.

USAGES TRADMONNELS

Partout au Maroc, la noix de muscaderâpée est prescrite dans les


mauvaisesdigestions,I'impuissancesexuelle,les asthénieset les
refroidissements. Elle enEedansla compositiondesma'iûn.
A Tiflet (région de Raba|, le café saupoudréde noix de muscaderâpee
est servi par les prostituéesà leursclients,commeaphrodisiaque.

54r
Le macis est employéavecles mêmesindications.De plus,,il est utilisé,
pulvérisé et mélangé au miel, en prise orale, contre les affections
ilenEe dansdesonguents
i'ynecofgiques de la femme.En usageexte,rne,
parfois mélangéavecdu goudronvêgêt4.
àirtinemonoi'Aaires,
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLE 0952), à Casablanca'les femmesla
prennentdansles mets,pour acquérirde I'embopoint.

DISCUSSION

Iæs sourcesécritesarabes
La noix de muscadeet le macissont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,n" 281, 464, 526),la'Utndat at-tabîb (440,
àst), AL-yAZR AL-GHASSANI(no60, 77),laTuhfatal-ahbôb(n" 98)
er ÂBDERF-ZAe (LECLERC, 1874,no 13l, 196): la noix de muscade
sousles noms dejûz buwâetiûz tûb ; le macissousle nom de besbâsa.
IBN AL-BAYTAR ajoutepour le macisle vernaculatte iôrkû'n.

Les donnéesde la toxicologie


La ooi* de musca<le est dangereuse dèsles dosesmoyennes: une seule
noix suffit à provoquersomnolence,stupeuret délire. Cette activité est
dueà I'huile essentielleet, sansdouteaussi,à I'ipuranol.

MYRTACÉNS

353. Eucalyptus divers

eucalyptus

Eucalyptuscamaldulensl.s Dehnh.(:7EucalyptusrostratcSchlecht)
EucalyptusgomphocePlnlaA. de C.
Eucalyptusastrtngens Maiden
EucalyptussideroryIonA. Cunn
Eucalyptuscitrio dora Hook
EacalyptusglobulusLabill.
Eucalyptusclad.ocalyxF. Von Muller
Euca[yptussaligna s.M. (= Eucalyptusgrandis-M-qiden)
Euca[yptw teriticorzr5 S.M. Ç Eucalyptusumbellan Caer6)
EucalyptusrobustaSon
EucalyptussalmanoPhlo ia F.V.M.

kalitûs, katibtû,s : mot dérivé du français "eucalyptus" ; en effet,


I'introduction des eucalyptusétantrécenteen Afrique du Nord (1856 en
Algérie, lg20 au Marôô), it n'existepas, concernantces arbres,des
vernaculairesproprementlocaux.
542
rnoql l-âhrner(litt.: moql rouge),moql l-ôkful (litt.: moql noir) : pour
les kinos d'Eucalyptus.La dénominationmoql s'appliquehistoriquement
au fruit du doum oriental (ou doum d'Egypte),Hyphaenathebaica Del.
ou encoreà la gommede divers Commiphoraqw poussenten Arabie ou
en Inde**. C'est.àces gommes,qu'auMaroc, les kinos d'eucallptusse
substituent.

I-es eucal)?tus,originairesd'Ausfialie,furent acclimatésau Maroc, dans


le Gharb principalement,pour assainirde vastesrégions marécageuses.
Leur vigueur, leur rapidité de croissanceet leur plasticité donnèrentvite
à ces es@cesla place prépondérantequ'ellesoccupentaujourdhui dans
les aménagements forestiers.
Plus de 1@ espècesont été expérimentées au Maroc dansles zonesde
reboisement, les arboretums et les plantations privées. Les plus
importantessontcellesquenousavonsmentionnéci-dessus.

I-es kinos dEucaly?tus,qu'onrecueilledansles anfractuositésdes Eoncs,


de couleurrougesangà rougesombre,sontprésentsaussisur les étalages
des herboristes,sous les noms de moql l-ôlvner (litt.: moql rouge) et
moql l-âkful (litt.: rnoql noir). l-e,moql l-ôInnerest le kino d'eucallptus
frais. l,e, moql l-ôkhal n'est que le kino, vieilli et oxydé à l'air, produit
par divers eucalyptus.De plus certainesespèces(E camaldulensis,E.
siderorylon, etc.)donnentdeskinos plus foncés(BELLAKHDAR & a1.,
1982).

USAGFS TR.ADMONNELS

On Eouve chez quelquesherboristesdes grandesvilles (Rabat, Salé,


Casablanca,Larache)les feuilles et les fruits d'Eucalyptus globulus,
parfois sôus forme de mélangesde feuilles hâchées(fleurs de datura,
lavandestoechade,eucallptus,etc.)destinésà êne fumésconfreI'asthme.
La décoction de feuilles se boit dans le traitement de la toux, des
bronchiteset de la grrpp.
Les feuilles d'Ezcalyptus citriodora, à forte odeur citronnée, sont
utilisées dansIe Gharb et le Zerhoun,en infusion, commerafraîchissant
et fébrifuge et aussi,pour aromatiserle thé.
Tous cesmoql locaux sont utilisés en fumigationsconre les sortilèges
destinés à rendre les hommes impuissants.Leur poudre est aussi
adminisrée confie les diarrhéeset les refroidissements.

Les écorcesd'eucalyptus sont parfois utiliséespour adultérerla poudre


de canelle.
I-e bois des eucalyptussert de matièrepremièreà I'industriemarocaine
de la cellulose.Il sert aussià faire despieux, despoteauxet du charbon
de bois.

543
I-es fleurs sont Eèsbutinéespar les abeilles.

(rendements
Tous les eucalyptuscontiennentdeshuilesessentielles de 0,6
à 2,57oet même davantage)qui monfient une très grandesdiversité de
composition.On y Eouvequasimenttoutesles notesaromatiques.On a
distingué5 chimiotyps principaux(maisil en existebien d'aufres):
- H.E à eucalyptol+ diverscomposants accompagnants;
- H.E. à sesqiterpènes;
- H.E. à cirals + limonène+ géraniol+ acétaæde géranyle;
- H.E. à cinonellal ;
- H.E. à pipéritone.
Les espètésEucalyptusglobulus, E. camaldulensis et E. siderorylon
contiennentjusqu'à87Vode'eucalyptol. qui accompagnent
I-escomposants
I'eucallptol sont généralementles pinènes,le camphène,le fenchène,les
aldéhydesbutyrique, caproiQue,valériqueet hexylique, le pinocarvéol,
I'eudesmol,I'atomadendrène(BELLAKIIDAR, L'eucalyptus,article à
paraître dnnsEthnopharmacologia).

Les huilesessentielles d'eucalyptusacclimatésau Maroc ont fait I'objet de


nombreuxtravaux. Les analysesauxquellesnous avonsprocédésur les
H.E. d'eucalyptussont dans I'ensembleconformesaux résultatspubliés
dans la littérature : on y retrouveles mêmeschimiotlpes (SANDRET,
1967 ; CHENNOUFI & â1., 1980 ; AHMADOUCH, 1984 ;
AHMADOUCH & al., 1985 ; HAJJI, l99l ; HAJJI & al., 1989 ;
HOLEMAN & al.,1987 ; CANIGUERAL & al., l99l).
Plus spécialement,l'Eucalyptuscitriodora contientune huile essentielle
abondante(iusqu'à 2,5Vo)dans laquelle on trouve de 42 à 9l7o de
citronellal,jusqu-à25Vode citronellol,de I'acétatede citronellyle (7,5Vo),
du terpinène-1-ol-4(15,67o),du transpinocarvéol(6,77o), de I'ctr-
terpinébl (4,87o),de I'acétated's-terpényle (97o) (AHMADOUCH,
1984; HAJJI & al., 1989; EL A7r & al., 1990).
La plupart de ceshuiles essentielles,obtenuespar distillation à partir de
maieriêl végêtal récolté au Maroc, ont révélées une bonne activité
antiseptique (HAIJI, l99l ;EL A7r, l99l ;EL AZV & al-, 1990).

I-es donnéesde la toxicologie


E. cladocalyx renfermeun glucosidegénérateurd'acide cyanhydriqle,
l'amygdalonitrile (qu'on refiouve chez de nombreusesRosacées).Son
feuiiÉge a pourtant la réputation, chez les éleveurs, d'être le seul
eucallptuspârurable.

DISCUSSION

544
Les sourcesécritesarabes
n'étaitpasconnudenosautews.
Originaired'Ausfialie,I'eucalyptus

* Les eucalyptusau Maroc ont ététrèsbienétudié,s par BOUDY (1948-1958; 1952)et


par METRO et SALIVAGE (1955).
** Mise au point surle rzoql
La matièremédicalearabedistinguait,non sansunecertaineconfusionchezles auteurs,
plusieurssortesde maql:
'-
moql mckkî (htt.: Âoql de la Mecque)qui est le fruit comestiblede llHyphaena
thebaica,sffcialement celui du Hedjazplus doux et plus sucréque celui dEgypte. Le
mêmemot désigneaussi,par extension,la gommede cet arbre.
- noql â.zraq(litt: moql bleu), qui est la gommefournie par le bdellium indien,
Commiphoramukul (Hook) Engl. (= Balsamadendronmukul Hook. ex Stocks)et
Cownipltora roxburghii (Arn.) Eirgl. C'estunegommede couleurjaune bruneou verte.
C'est sôusce mêmenom que cettegommeestencoreconnueaujourd'huien Syrie et au
Pakistan(HONDA & al., 1990; KHAN USMANGHANI & al., 1986).
- rnoql âkful qui esl pour certains,unequalitéimpureet de secondordrede la gomme
pécédenæ et, pour d'autres,la gomme de Commiphora berryt (Arn.) EngL et de
Comniplwra càudataWight & Arn., de couleurplus foncée.Pourquelquesauteurs,ça
pourrait êre aussila gommedu Mellium africain,Comnipltora$ricattn (A Rich.) EngL
(= Balsamodcndron afri carutmArn.).
- moql âffar (htt: moql jawre)qui seraitla gommedu C. ruthtl de I'Arabie.
- noql l-yahtdi (lin.: moql hébraiQue)qui proviendrait du C. mukul de Petra
(acûrellementen Jordanie).
(d'aprèsRENALJD& COLIN, 1934; {EDEBEZ4Q_4*q LECLERC, 1874,no 520 ;
IBN AL-BAYTAR dansLECLERC,1877-1883, no254,1887,2157,2158).
Toutescesgommesservaientde succédané à la myrrhe.

354. Eugenia caryophyllata Thunb. (= Syzygiun aromaticum (L.)


Merr.)

giroflier
'ûd nuwwôr (!) (litt.: bois à fleur).
qoronfel, qronfel (!) : au Matoc, ce vernaculaires'appliqueaussi aux
oeillets et aux oeillets dÏnde (espècesdu genreTagetes).

Le giroflier est une Myrtacée des îles de L'Insulinde, mais il a êtê


acclimaté avec succès à, Zanzibar, aux Seychelles,en Guyane, aux
Antilles, au Brésil.
Le clou de girofle est constituépar le bouton floral cueilli avant son
épanouissement puis séchéau soleil.
Au Maroc, le clou de girofle est importé d'Indonésie.Les archives
diplomatiques marocainessignalent I'anciennetéde cette importation,
pour la consommationlocaleet pour les échangesavecles pays africains.
En 19@, une caravaneemportaitencoreà Tarrbouctou50 kg de clou de
girofle où il se vendait très cher, les Noirs s'en servantpour faire des
coiliers aphrodisiaques(Bull. du C.A.F, îo 2, fév. L902,p. 87).

545
USAGESTRADMONNELS

En médecine traditionnelle marocaine,le clou de girofle est prescrit


commediurétique,stimulant,stomachique,tonicardiaque,réchauffantet
remèdedes maladiesde la rate, en décoctiondans du lait ou de I'eau
sucrée.,ou sousforme de poudreorale.La décoctiondu clou de girofle
avecdu galengaest considéréecommeréchauffante.
Dans leJmaux de dentset les infectionsbuccales,le clou de girofle est
mastiquéou appliqué,en cataplasmes de la poudrg sur laiol"..
En usâgeexterne,I'oléat de clou de girofle est utilisé en frictions cornme
réwlsif et antialgique.
Il entreaussidansla compositionde crèmeset d'olfutsdestinésaux soins
descheveux.La ltamîra desnomadessatrariens(BELLAKHDAR, 1978)
est un onguentcapillaire de gfaissed'autruchequi contient du clou de
girofle, du souchètd'Afrique (Cyperus articulatus), de la racine de
eorrigiola telephiifuliaet une écorcequi porte le nom de remlé*. Une
au6eiecetæ sahariènneconsisteà piler ensembleau mortier moelle d'os
de dromadaireet clous de girofle. Ces crèmessont utilisées,au Sahara
occidental,ptr les femmesaussibien que les hommespour donneraux
et de la vigueur.Elles serventaussià
cheveuxdu brillant, de la souplesse
défriser. Le clou de girofle fait aussi partie du mélange de plantes
employé pour préparer le !âssûl (argile saponifère,voir cet article,
n'537).

Le clou de girofle est uneépicetrèsutiliséeen confiserieet en pâtisserie.


Il fait partiedu rôs el-Innût et estemployédansla confectionde certaines
sauces(spécialitésaux coings, aux pruneaux,aux raisins secs, à la
cirouille,ètc.) On lbtilise aussipour aromatiserjus de fruits,caféet lait.
DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
l,e Ctou de girofle est mentionnêpar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
'Umdat at-tabîb (n' 2A77),Atr -WAZIR AL-
1877-1883,no lV48), la
GHASSANI (n" 272), la Tahfat al-ahbâb (n' 351) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 742),sousle nom de qoronfel.
* Peut€tre uneécorceodorantede provenanceafricaine: Strychrusodorata A. Chev. ?
Strychtwsafzelii Gilg. ?

355. Myrtus cornmunisL.

myrte

546
rîSôn (!) : en Orient, ce mot signifie plante odoriféranteet désigne
couranrmentle basilic (voir cet article,n" 291).
tarîfunt (berbère).
al-âs (liwesqueet moyen-oriental).
marsîn (liwesque) : mot dérivant du grec.
moqqô (Jbala): pour les fruits mûrs.
Iwlrnu\, âselmûn,fulmûn (Algérie, LECLERC, 1874,no 11) : pour le
fruit.

Cetæes@ceest méditerranéenne. L. var. italica L. est


Mynus cornrnunis
spontanéau Marocnau nord d'uneligne passantapproximativementenfre
Rabat et Casablanca.La var. baetica L. qoi n'est pas spontanée,se
rencontre souvent dans les jardins des ancienspalais, probablement
introduite par les Andalous.

La drogue est constituéepar les feuilles et les fruits. Les herboristes


distinguentrîhân âIvner (litt.: myrte rouge)qui sontles feuilles de myrte
séchéesau soleil (et par suite, devenuesrouges)et rîIûn âb&, (litt.:
myrte vert), pour les mêmesfeuilles séchéesà I'ombre.

USAGESTRADMONNELS

L'infusion et la décoctiondes feuilles sont utilisées,partout au Matoc,


comme remède des affections respiratoireset des diarrhées.Pour les
diarrhées on utilise surtout rîMn âIxner. L'infusion est aussi utilisée
pour faire des bains d'yeux dans les conjonctivites, des frictions
antitranspirantes pour les aisselleset deslotionspour les soinsdu visage.
La décoctionsert à imbiber des compresses qui sont appliquéessur les
plaies,les abcès,les furoncles,les hémorroidessaignants.
Les feuilles de myrte, en décoction concentrée, sont employée pour
noircir les cheveux,seulesou associéesà du garouet commeantipoux.
Elles font partie du mélangede plantesdont la décoctionest utilisée pour
préparerle !âssûl (voir article n' 688).
D'aprèsMATHIEU & MANEVILLE (1952),à Casablanca,ladécoction
concenEéede myrte est donnéeà boire aux femmesdansles hémorragies
de la déliwance.
Le fruit est machécontreles gingivites et les aphtes.
Il est aussi mangé cru : SALMON (1906) a vu des Jbala vendre sur le
souk de Ksar El Kébir, desfruits de myrte récoltésdansleur pays.

Le myrte est cité dans la Sunna : un Hadith rapporte que le prophète


Mohammadjeta un rameau de myrte sur la tombe d'un réprouvé, en
signe de compassion.De là vient la tradition de recouvrir les morts de
rameaux de myrte pour appelersur eux la grâcedivine. Pour les mêmes

547
raisons,on déposedesramearD( de myrte sur les tombesle 2lèmejour du
mois de Rarnadan(nuit du destin)et on emploiela décoctionde feuilles
pour faire la toilette desmorts.
A la suite des Anciens,les poètesde I'Andalousiemusulmanefirent du
myrte le symbolede I'amour.Il revient souventdansla littéranrregalante
arabeet les amoureuxéchangentenEeeux desbrins de myrte.

COMPOSMON DE L'HUILE ESSENTIELLE


DU MYRTE DU MAROC

Nous avons distillé différentes parties du myrte à différents stades


végétatifs,avec du matériel vêgétalprovenantde différentesstations.
Lfcomposition que nous avonstrouvé pour les feuilles (rendementde
0,307oenviron) est la suivante: a-pinène(10 à 37,67o),eucalyptol(20 à
4o%o),limonène (2 à l97o), linalol (2 à l2vo), alpha-terpinéol(2 à l2vo),
myrténol (0,2 à 167o), acêtatede linalyle (0 à 13,57o), acêtate de
myrtényle (0,7 à 437o), acêtatede géranyle(2,4 à 67o),méthyleugénol
(l à9Vo),un peu de nérol,de géraniolet de composés lourds.
Fleurs et fruits contiennentdesH.E. sensiblementidentiques.Les tiges,
par conFe,contiennentplus de méthyleugénolet de composéslourds que
ies feuilles. La variétê,baetica,quantà elle, est plus richesen composés
aromatiques(alcools+ esters+ ethers)et en méthyl eugénolque la var.
inlica.
Par hydrodiffusionnousavonsobtenudesrendementsmeilleurs que par
hydrodistillationet desH.E. plus richesen composants aromatiques,donc
pius intéressantespour les parfumeurs(GAUTHIER & a1., 1988/a,
1988/b; GOURAI, 1987).

DISCTJSSION

[æs sourcesécrites arabes


Le myrte est mentionnélonguementpar IBN AL-BAYTAR (LECLERC'
1877:1883,no 69, 890) sousle nom de ôs. ABDEREZAQ (LECLERC'
1874,no l lo 550) cite aussila planæsousles nontsde fu, ,îI.rôn,mcrsînet
le fnrit sousle nom de Selmûn.
l-a'Umdnt at-tabîb(no6, 1019),AL-WAZR AL-GHASSANI(n" 3,276)
etlaTuhfat al-ahbôb(no n,n2) donnentlesvernaculaires âs et rîhôn.

356. Pimentadivers

Pimcntafficinalis Lindl.
Pimcntaracernosa (Mill.) J.V/.Moore
Pimcntaacrislvight

548
poiwe de la Jamar'que,touteépice, quaEe-épices,
bay-berry
piment couronné
piment couronné,piment âcre

nwiwra, nwiwra marrak\iya (t) (litt.: nwiwra de Marrakech) : ce


vernaculairedérive probablementde 'ûd nuwwôr (clou de girofle), dont
il est un diminutif, probablementen raison d'une certaineparentédans
I'odeur.

Ces produits nous viennent des Antilles et d'Amériquecentrale,où ils


sont spontanés,et des pays tropicaux d'Asie, où ils ont été introduits
(BAILLON, 1884).
On frouve dansle commerceun produit dénommépiment Tabago: c'est
une variêté de P. officinalis à fruits plus gros. Le P. acrts et le P.
racernosadonnentdes fruits plus petits que P. fficinalis et surmontés
d'unecouronneà 5 dentsau lieu de 4 dansI'esSceofficinale.

En raison de leur coût élevê, ces produits sont souvent falsifiés, au


Maroc, par les fruits de Ficus microcarpa L., arbre d'alignementtrès
courantdansles villes.

USAGESTRADMONNELS

La grandeindicationdu pimentde la JamatQue est I'impuissancesexuelle


ainsi que la stérilité.On le donne,dansce cas,seulou mieux, mélangéau
poiwe blanc, à la petite cardamome,au poivre long; au macis, à la
muscade,à la gomme-mastic,au clou de girofle, au galenga, à la
paniguette, au cubèbe,le tout pulvériséet mélangéà du miel, à raison
d'unecuilleréeà café au coucher.On peut aussile mélangerà2 partiesde
râs el-funût (qn en contient déjà une petite quantité,voir cet article,
n" 693) et à du miel.
Le piment de la JamarQue est indiqué à Fès,à Marrakechet à Rabatdans
les maux de dents,en applicationlocalede la poudre

Il fait partie du râs el-lanût (voir cet article,no 693) et sert commeépice
dansla cuisinedesjours de fêæ.

DISCTJSSION

[,es sourcesécritesarabes
Le piment de la Jamarqueest un produit nouveaudansla pharmacopée
marocaine(2 sièclestout au plus), car, originaire des Amériques, son
commercene s'estdéveloppéque tardivement.Pour cetteraison, il n'est
pas cité dansles taités arabesde matièremédicale.

549
oLÉAcÉns

357. Frarinus sp.

Fraxinusangustifolia Y ahl.
Fraxinusdinorpha Coss.& Dur. (= FraxinusxanthoryloidesWall.)
FraxinusexcelsiorL.

frêne

âseln,taslent,îslen (Jbala Rif, Moyen-Atlas,Anti-Atlas) : pour Fraxinus


angustifulia.
touualt (Souss,Haut-Atlas): pour F. dinorpha.
îm!s,imlse (Moyen-Atlas,Haut-Atlas): pour F. dimorpln-
derdôr (liwesque) : ce vernaculaires'applique,au Moyen-Orient, à
I'ormeet, au Maghreb,au frêne (RENALJD& COLIN,1934, no 115 &
M7).
'uçfûr, lisôn al-'aûfir (!) (litt.: langue d'oiseau,de
tsân eç-f,r, lsôn
passereau) : pour les semences.
hebbderdâr,tmer derdâr: pour les semences.

Fraxinus excelsiorest une es$ce d'Europe,d'Annénieet du Caucase; F"


angustifolia est particulière à I'Afrique_dy _Nord. F. dimorpha se
reniontre au Maroc, en Algérie en Asie du Sud-Ouest.
Le frêne élevê (F. excelsior) est parfois cultivé autour des postes
forestiers (par ex. à Debdou) et dans quelqueslocalités de montagne,
conrme arbie d'alignement.Les 2 auEesespèces(F. angustifolia et F.
dimorpha) sont spontanées : on les rencontrefréquemmenten montagne,
le long descoursd'eau.

USAGFSTRADMONNELS

Au Maroc, la drogue est constitufu par les semences.On leur prê1e,


partout, des vertus réchauffantes,toniquese-taphrodisi$ges-et on les
prend à raison d'une cuillerée à café de poudre mélangéeà du miel, le
soir au coucher.
La poudre de semences,triturée dansun peu de vinai_gfeqoq obænir une
pâtè, est aussiindiquéedansle traitementdesmaladiesdu foie, à raison
d'uneboulette grossecommeune cerise2 fois par jour.
Les semencesentrent enfin dansla compositiondesma'iûn, dtt rôs el'
Innût et desmsâSen.
BOULOS (1983) mentionnel'usageà Rabatde l'infusion des feuilles de
Fraxinus angustifolia,confrela toux.

550
En montagne,les feuilles de F. angustifulia sont très pâturéespar le
bétail.
I-e Maroc importait auEefoisdu bois de frêne (F. excelsior)pour faire
des rames : on trouve dans les archivescommercialesmarocainesune
mention de cette importation pour I'année1595 (JACQLJES-MEUNIÉ,
re82).
DISCTJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Le frêne élevé(Froxinasexcelsior)estmentionnépar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no lU7 , 2025,2l0l) sousle nonrsde dardâr et
de monôn, et par ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n" 241) sousle nom
de derdâr. Les 2 auteursdonnentaux fruits le nom de lisôn al-'asâfir.
IBN AL-BAYTAR (op. cit., n" 1380)mentionneaussi des frênesd'kan
produisant une manne (ffr$St ou firlu1k) qui ont été rapportéspar
YOUNOS (1995/b)à F'. rotundifuliaMilL subsp.rotundifuliaMill. et F.
rotandifulia Mill. subsp.persica (Boiss.)E. Muray.
La'Umdnt at-tabîb(no809, l3l4), AL-WAZR AL-GHASSANI (n" 172,
191) et la Tuhfat al-ahbâb(no 115, 243) consacrent une rubriqueà ces
es@cas.

35E. Jasrninum fruticans L.

jasminj aune
j asmin-arbrisseau,

jawhar ed-dôr(!) (litt.: le joyau de la maison).

Çette espèceméditerranéenne, à petitesfleurs jaunes, est spontanéeau


Maroc : on la rencontredansles bois et les maquis.

USAGES TRADMONNELS

Cette espèceest principalementutilisée pour son bois dont la moelle


s'évidefacilement: on en fait descanuleset dessebsi(pipesà kifl.

DISCI"JSSION

Iæs sourcesécritesarabes
Le jasmin-arbrisseauest mentionnêpar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
'Umdatat-tabîb(n" 2675) et AL-WAZIR AL-
1877-1883,Do2298),la
GHASSANI (' 141). commela vuiêtÉ,jaune du jasmin, sousle nom de
yôsmîn.I-aTuhfatal-ahbâbet ABDEREZAQne citentpascettees@ce.

551
359. Jasminum granitiftoram L. et fasminum offi,cinale L.

jasmin d'Arabie,jasmin d'EsPagne


jasmin commun,jasmin blanc

Ysmîn (t)
Le jasmin est cultivé en grandau Maroc, notammentdansles régionsde
KhËmisset(autour de Tédders et de Maaziz) et de Berkane, pour la
production des fleurs dont on extrait sur place une concrète qui est
èxportéevers les industrieseuropéennes de la parfumerie.
I-ei iasminssontaussibeaucoupplantésdanslesjardinspour la beautéde
leuri fleurs et leur odeur suave,à note frès orientale.

USAGESTRADMONNELS

les fleurs de jasmin sontutiliséespar les parfirmeurstraditionnelspour la


fabricationdé parfumset de pommadescosmétiques Par la techniquede
I'enfleurage(cànnuedes Peries et des Arabes dequis très longtemps).
Elles serventaussi,à l'état naturel,à parfumerle linge de corps et les
intérieurs.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
@nne par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883'
n"- 916, tt2g, 1162, 2i98) et par ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 295, 421) sous le nom de yôsmîn et de siiillôç. Les 2 auteurs
mentionnentlhuile de jasmin,
-de gênêralement préparê par macérationde
fleurs dans de I'huile sésame,sous le nom de duhn zanbaq. I.e'
vernaculaire zanbaq désigneen Persele Nyctanthes sambac L. (=
JasminumsambacAii.), à odeursuave,trèscultivé aussien Arabie où on
l'appelle/ztl (DEFFLERS,1889,FLEI'JRENTIN'1983).
uàtu*an aitubîb (n" 2675),AL-WAZR AL-GHASSANI(n" 141)et la
Tuhfatal-ahbfu (no 138,205) décriventaussile jasmin.
Noùs avons identifié "la variété sauvagede jasmin" mentionnéepar
ABDEREZAQ (op. cit., no 422) à la clématite odorante(Cletnatis
I'un des
flammula L) qui porte bien au Maroc le nom d'ôzenzû,
vernaculairescités par cet aut€urpour cette vaiêté,.

360. Olea europeaL.

olivier

zaytûn(!) : pour I'oliviercultivé.


552
zebbîtj (!) : pour I'oléastre(olivier sauvage).
âzemmar(!) (Souss).
berrî (!) (Jbala)(litt.: le sauvage): pour I'olivier sauvage.

L'olivier est planté sur de grandessurfacesau Maroc, pour la production


d'olives et dhuile. Il existeaussisousune forme sauvage,I'oléastre(var.
oleaster D C.), à petits fruits. L'olfustre sert souventde porte-greffeà
desrameauxd'olivier cultivé car il est plus vigoureuxet plus rustique.
L'olive (zaytûn)est mentionnéeplusieursfois dansI-e Coran (S. 6, v.100
et 142; S. 16,v. 1l ,5.24, v. 35 ; S. 80,v.29 ; S. 95, v. l) : elley est
présentéecommeun don de Dieu au mêmetine que la figue.

PRÉPARATION TRAITNONNELLB PB T'TTUTTB


P'OTTVB

Après leur cueillette, les olives sont stockéesquelquessemainespuis


écraséesavec leurs noyaux dansune meule. On obtient une pâte dont
lhuile est extraiteselon2 proédés :
- soit en malaxant la pâte à la main dansun bassin d'eau, ce qui fait
surnagerlhuile qu'on recueillepar écopage;
-soit en la passantdansunepresseà I'huile aprèsI'avoir disposédansdes
scourtinsde doum (Chamaeropshumilis L.), et en recueillantI'huile qui
s'enécoule.
On préparede la mêmemanièreI'huile d'oléastre.
Cbezles Merniss4 on appelle'alwanâune huile d'olive préparéeà partir
d'olives cueillies un peu avantterme et pressfusà la main seulementet
non sur la presseà huite.
A Marrakech, on appellezît leqfef (litt.: huile de scourtins)une huile
récu$rée par lavagedes scourtinsde doum danslesquelsles olives ont
étépressées.
.
USAGESTRADMONNELS

USAGESTUÉUCWAIX
L'huile d'olive (zît zaytûn ou zît al-'ûd1 est au Maroc une véritable
panacée.Partout,elle est administrée,par voie orale,commemédicament
des affections hépatiques,de la constipationchronique,des affections
O.R.L. et broncho-pulmonairesn des asthénies,de I'innapétence.C'est
aussiun antidotede tousles poisons.
En liniment, elle est appliquée sur la poitrine et la gorge dans le
traitement des affections broncho-pulmonaires et O.R.L. En masque
capillaire, elle est utilisée comme brillantine donnant aux cheveux
vigueur et souplesse.L'huile d'olive chaufffu est aussiinstillée dansles
oreilles dans les otites douloureuseset pour dissoudreles bouchonsde
cérumen.
C'est enfin un excipient courantpour les pommades,les liniments,les
gouttesauriculaireset les huilescapillaires.

553
L^aplus recherchéepour les usagesmédicauxest lhuile d'oléastre,bien
qucplus chèreen raison du faible rendementaveclequel elle est obtenuen
el I'huile provenantd'olives cueillies avant maturité (l'omphacium des
Anciens).Viennent ensuiteles huiles lavéesà I'eau,plus légèreset plus
'alwanâ,etc.). Toutesces huiles sont aussides huiles
fruitées (zît le$ef,
alimentairesde premier choix.

A Marrakech,on utilise les fleurs de I'olivier sauvage(newwôr zaytûn)


dans le traitementdes affectionsbuccales(aphtes,glossites,etc.) et
gastro-duodénales (coliæs,gastralgies,etc.) à raisonde 2 venespar jour
de décoction,à gargariserou à boire selonle cas.
A Marrakech, La résine d'olivier ('elk ez-zaytûnou encore l-mî'a, du
nom du styrax liquide dont elle est le succédané)sert à faire des
fumigations,en mélangeavecdu salpêne(mell.tel-bôrû,ùet de la belette
(fôn l-bît). contreles maladiesdesnourrissons.
A Tissint, les feuilles d'olivier, associéesau cistanche,enEent dans la
compositiond'onguentset de pansements appliquéessur les hémorroides
saignants

USAGESALIMENTAIRES
L'olive (zaytûn)et leur huile (zît zaytûnou zît al:û,ù occupentune place
importante dans I'alimentation des Marocains. Suivant les régions, le
delré de manrrité des olives utilisées e! 19 type de_p1éparation,les
Marocainsdistinguentplusieurscruset variétésdhuile d'olive.
Les olives, préparéesà la marocaine(avecde la saumure'du laurier, du
piment et dès zestede cifon) et lhuile qui en est exEaitesont, au Maroc,
une ressourcenutritionnellede rès grandeimportance.[æs annéesoù la
productiond'olives aétê,faible, sontvécuesdansla campagnecommedes
annéesde catasfrophe nationale.

AUTRES USAGES
I-es feuilles de I'olivier serventde fourraged'appointpour les chèweset
les tourteatx (frtôr) résultantde I'extractionde I'huile sont utilisés pour
I'engraissemenldes bovins et serventde combustiblepour les fours des
potiers et desfar'enciers.
L'ofivier sauvagedonneun excellentcharbonde bois.

DISCI.JSSION

Les sourcesécrites arabes


Lblivier et ses productionssont longuementmentionnéspar IBN AL-
BAyTAR (LEfLERC, 1877-1883,Do 1140, ll4l, 1146, 1415),la
'(Jrndatat-tabîb (n" 1082),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 109)' la
Tuhfatal-ahbôb(no 154,155,250) et ABDEREZAQ(LECLERC, 1874,
n" i73,297,305) sousles nomsde : zaytû,n(olivier,olive) ; zayt zaytûn

5s4
(huile d'olivier) ; ûnfôq, zayt rikâbî, zît falesf;n (omphacium), samg
zaytû,n(résined'olivier).
A proposde zayt rtkôbî,IBN AL-BAYTAR (no 1146)expliqueque son
nom vient de ce que cette huile était transportéeà dos de dromadaire
(relrayb= bêtesde somme,de rilcab= mont€r)de Syrie en hak. Pour Ez-
Tahrawi (cité par IBN AL-BAYTAR (op. cit., n" ll46),le rermerilcâbî
viendrait de I'usage de cette huile comme excipient dans diverses
préparations(maralcab).Notre hypothèseest qu'il s'agissaitd'une huile
provenantd'oliviers grefféssur desoléastres,car rilûbî peut vouloir dire
aussi "monté", "greffé".
ABDEREZAQ emploie aussi pour I'omphaciumle vernaculairczayt
senffijô (huile des Senhâjâ).Les Senhâjâsont des berbèresaujourdhui
disséminésen plusieurs groupesau Maroc et en Algérie. A notre avis
cettehuile correspondà la 'alwanâdesMernissadu Maroc.

361. Phillyrea angustifolia L. etPhillyrea latifolia L.

philaria, alavert

rnetwôl(Zoumi, Jbel Oujgam,OuedLau).


amctal, imtutel,tameltatut(DELON & PUJOS,1969).
qtam,qtotn(EMBERGER,1938).
'ud lehmer(OuedChena| : en raisonde sonécorcejaune.

EsSces médiærranéennes,
arbustives,communesau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Dansla région d'Ouezanne, l'écorcedesphilariaestutilisée,en décoction,


dansle Eaitementdesfièvres.
Le bois de P. latifulia, très dur, est utilisé pour faire des manches
d'outils, despiquetset divers objets.lx;s 2 espècesdonnentun excellent
charbonde bois.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,n" l5l3) mentionnele
philaria sous les noms de 'otorn et zegbej et en fait, à la suite de AL-
BEKRI, un olivier de montagne,en raison de la forme du fruit et des
feuilles. La'Urndat at-tabîb(n" 1615)le décritaussi.Les autresauteurs
ont ignoré cetteespèce.

555
ORCIIIDACÉES

362. Orchis divers et Ophrys divers

t-Iwyya wa l-mayta (t) (Maroc) (Tunisie, BOUKEF, 1986) (litt.: la


vivante et la morte) : parceque la plante porte deux tuberculesdont I'un,
fléfii, est celui de I'annéeprécedente.
(litt.: testiculesde renar{ de chien).
b"çfi et-la'Ieb,buçW t-ktb (!)
saflab, sa'lab misrî (Eg1pte,SALAH AHMED & al., 1979 ; Pakistan,
KHAN USMANGHANI & al., 1986) : pour les tuberculesd'Orchis
mascula L. sa'lab dêsigneaussiau Pakistanles tuberculesd'Orchis
tatifutia L (KHAN USMANGHANI & al., 1986) ; salep-e misrî, en
Afghanistan,pour les tuberculesd'O. latifulia L. (YOI'JNOS& al., 1987).
,ofuIrp, saltàb (Turquie,BASER & al., 1986 ; Syrie, HONDA & al',
1990) : pour les tuberculesd'Orchissp.
Le mot ial.tkb viendraitde I'arabeça'leb(renard),employépar les T urcs
par abréviation defurçy e!-ta'Ieb.En Turquie, on dit aussi tilki tasagi
(testiculesde renard), husyet-iil-sal'ebet husyet-iil-kelb (Michèle
NICOLAS, communicationpersonnelle).

on trouve au Maroc plusieursespècesappart€nantà ces2 genres.celles


qu'on récolte le plus couramment chez les droguistes pour leurs
tirberculessont OrèhisrnorioL. et OrchismilitarisL.

Au Moyen-Orient (Turquie, Syrie, Egypte) des espècesvoisines


fournissèntle sallab desliwes arabesde médecine(d'où le mot français
salep), sorte de tapiocaleggnjgtuant.et fplg{tiaque (le satyrion des
Àoriéos) (RENAÛD & COLIN, 1934,no-80).Mais nousn'avonsnulle
putt teoôoàtré,au Maroc, cet emploi, malgréla c,êlêbritéque connaîtle
salilab auprèsdesradipraticienslettés*.

PRODUCTION DU SALEP EN TUROUIE

En Turquie, on récolte les tuberculesdansles prés sry dilers Orchis,


-obienirSerapias,Himantogloss-urn,
Anacarnptis,Ophrys, Barbia, Dactylorhiza
iberica'. Pour I Kg de tuberculesfrais, il faut arracher 250
planæs.Les tuberculessont nettoyés{ grandeeau,puis bouillis et séchés
àu soleil sur des draps.Il existeplusieurssortescomrhercialesde salep
suivant les espècesef bs régionsde produc{go. L" .lal9qest fr-équemment
fatsifi6 pat Oe la féculJ et auties amidons (Michèle NICOLAS,
communicationPersonnelle).

556
Iæs Turcs mettentdu salepdansles lokkoumset dansles glaces,avecde
la résine de lentisque. En hiver, il est servi en boisson lactée chaude
saupoudréede cannelle(Michèle MCOLAS, communicationpersonnelle).

USAGES TRADMONNELS

La partie utilisée au Maroc est constituéepar les tubercules. Ils


interviennent surtout dans les pratiquesmagiques.Les tuberculesde
I'année(!.wW, "tuberculesvivants") sontutiliséspour lever les sortilèges
qui visent à rendreun hommeimpuissantet les tuberculesflétris (miyyet,
"tuberculesmorts") sont employéspour obtenirle résultatcontraire.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Les genresOrchis et Ophrys sont mentionnéspar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,n" 373,801, 802, 1733),la 'Umdatat-tabîb
(n" 753, 206), AL-WAZR AL-GHASSANI (no 56, 345),la Tuhfatal'
ahbâb (n" 80, 419,420) sousles nomsde buzaydân,boffat l-kelb, lassat
e!-!n'leb,qatel âbih. ABDEREZAQ (LECLERC,1874,n" 916) donneen
plus les vernaculairesal-Inyy wa al-meyyetet bûzaydân rnalribî.
ABDEREZAQ ajouteque c'escle salilebdesTurcs.

* Les feuilles d'uneautreespècevoisine,couranteau Maroc,Aceras anthropophora


RBr. sont utiliséesen Inde, à lTe Maurice,à La Réunionet à Madagascarpour faire des
infusions sédatives(Thé de Bourbon,de Madagascar, de Maurice ou faharn). Nous
n'avonsjamais rencontrrécet usageauMaroc.

OROBANCIIACÉNS

363. Cistanche divers

Cistanchephelypaea(L.) Cout.(= Cistanchetinctona (Forsk.)G. Beck.)


Cistanchemauritanrca(Coss.& Dur.) G.Beck
Cistancheviolacea(Desf)G. Beck.
cistanche

ddnnûn(t).
lnrfit (Tissint).
îdergis, deris (LAOUST, 1920).
l-gendû,r(Tissint).
zobb al-ârd (!) (litt.: phallusde terre).

557
zobban-wrçranî(htt.: phallusde chrétien).
zobb el-qô'(Arabie, Soudan,DEFFLERS, 1894) (litt.: phallus des
plateaux).: qô'désigne,en fuabie, les plateauxargilo-sablonneux.
ûI e?tn'leb (Haouz,NIEGRE,196l-1962)(htt.: queuede renard).

La premièrees@ceest satraro-méditenanéenne, les 2 autressont nord-


africaines.
Ces cistanchesparasitenten généralles Salsolacéesmais aussiquelques
Zy gophyllacéeset Plumb4ginacées.

USAGESTRADMONNELS

La poudre de racinesest partoututiliséeau Satraracommediurétiqueet


antidiarrhéique.Elle passeaussipour guérir I'impuissance et la stérilité.
A Tissint, la poudreest appliquéesur les plaies commehémostatiqueet
sur les parties génitalesconte les maladiesvénériennes. On y utilise
aussi, en pommadeconhe les hémorroides,une préparationà base de
racinede cistanche,de feuillesd'olivier et de miel.
Dans tout le Dra, une poudreconstituéede racine de cistanche,de graines
de Reseda villosa et d'amandessert à faire, avec du lait, une sorte de
milk-shake qui est bu commestimulantet aphrodisiaque.La racine est
aussiutilisée,en fumigations,confietousles saignements.

Iæs nomadesmangentles parties souterraines,tendreset charnues,soit


bouillies à I'eaunsoit cuites sous la cendre.Ils en tirent aussi, après
séchageet broyage,une farine qui est mélangéeà descéréalespour faire
desbôuillies ou des galettes.Mais les racinessont,préalablementà tout
usagealimentaire,trempéesplusieursjours dansI'eaupour réduire leur
forté amertume.On peut aussi ajouter dans cette eau des feuilles de
Pulicaria-crispaForsk qui aidentà adoucirla pulpe.

Partout au Satrarale C. phelypaeasertà tanneret à æindreles cuirs.

DISCTJSSION
f ac crrrrmac 6nrifac qrqhcc

Le cistanche est mentionné (avec d'autres Orobanchacéeset


Cynomoriacfus),au nombre des çarâf,t (plu. de çnrfrt), Ptr IBN AL-
BAYTAR (LECLERC, 1877-'t-883, no 201, 1460.2008,2248),la'Umdat
at-tabîb (n" 1094),AL-\WAZIR AL-GHASSANI (no 136),laTuhfat aI-
ahbôb (n' 199) et ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 407), sous les
nonrsde çarfit, &lrnr al-ôrd" rebb rubbâh.

558
3@. Orobancfte divers

OrobanchecernuaInefl.
Orobanchemuteli Schultz.
Orobanchesp.

orobanche

ddnnûn(Sahara): commepour les cistanches.


Suâlla$ruf Q (itt.: queued'agneau)(Gharb,Maroc occidental).
ôfar (Tafilalet).

Ce sont des espèces méditerranéennes(O. muteli) ou saharo-


méditerranéennes(O. cemua). Les orobanchessont nombreusesau
Marocn spécialementdans les champs de fève et de luzerne. Elles
parasitentaussid'autes légumineuses
spontanées
ou cultivées.

USAGES TRADMONNELS

Campagnards(lors de disettes)et nomadesconsommentles parties


commepour les cistanches.
souterrainesdesorobanches

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
L'orobanche est mentionné (avec d'autres Orobanchacées et
Cynomoriacées),au nombre des çarôf,t (plur. de nrfrt), par tous nos
auteurs(voir article Cistanche,n" 363). IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,tro 201, 1M0,2248) lui donneplus sffcifiquementles noms
de asedal-'ades et hâlûk.

OXALIDACÉES

365. Oxalis cernua Thunb.

oxalis penchée

est porté aussipar les


hummayda(!) (litt.: I'aigrelette): ce vernaculaire
Rumex.
Espèceméditerranéenne,communeau Maroc dans les prés et sur les
bordsde chemins.

USAGES TRADMONNELS

559
sont mâchonnéespar les
Les tiges, de goût acidulé et rafralchissantes,
enfantset les bergers.

DISCUSSTON

[.es sourcesécrites arabes


C'est probablementcette plante ou une espècevei"sinequ'IBN AL-
BAYTAR (LECLERC, 1877-1883, no 698,701)mentionnesousle nom
de l.um$d et ûqwlîs. Pour ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, n" 313)
c'est probablementaussi une des espècesde hommôd. Même
commentairespour les aufiesauteurs(voir à Rumex,n" 422).

I-es donnéesde la toxicologie


Les espècesde ce genreaccumulentI'acideoxaliquedansleurs organes
d'où dès risques d'accidentschez I'animal qui les broute en excès
(KEELER & al., 1978).

PALMACÉPS

366. Chamaerops humilis L.

palmier dounr"palmier nain

dûm (l): à ne pas confondreavecle dûrn oriental(et sud-satrarien)qui


estHyplnene thebaicaMat.
'azef(!) (Jbala Tangérois,Rif).
îgezden,tigesden(Ril Beni Snassen).
Èôz â.5ôz(!) : pour les drupes,rougesà manrité, en grappes.
jummôr, jummô$(Jbala) : pour le coeur du palmier nain. Le même
vernaculaires'emploie,dansle Sud,pour le coeurdu palmier-dattier.
tiznîrt, îuûr (berbèredu Souss): pour le coeur.
âgnid (Zdian, Rif, Zemmour,Mtougga, BERTRAND' 1991) : pour le
coeur.

Espèce d'Afrique du Nord, commun partout sauf dans les régions


désertiques.
Ses paimes sont récoltéespour la préparationde crin vêgêtal dont le
Maroc est le premierexportateurmondial.

USAGESTRADMONNELS

Chezles Jbala et dansla région de Taza, le fruit du palmier nain, fiès


astringent,est mangécontrela diarrhéeset les gingiviæs.

560
I-e coeur du palmier Çummâf) est consommé,dansle Nord du Maroc,
soit cru soit cuit avec des raisins secs,de I'oignon et des pois-chiches,
commegarniturepour le couscous.
D'aprèsSALMON (1906), les ftuits du dûm, qui arrivent à maturité en
octobre-novembre,se consommentaprèstrempage3 ou 4 jours dansde
I'eau saléepour leur enlever leur astringence.

I-es fibres des feuilles fournissentle crin vêgétal,très utilisé, sousle nom
de l.talfa,pour le renplissagedesmatelas.Les feuilles serventaussià faire
des cordes(Serit)et despaniers(qûffat). On les frempedansI'eau2 ou 3
jours avant de les travailler.
Dans le Nord, le tissu fibreux qui entourela souche,trempé dans I'eau
puis battu énergiquement,est tisséavecdesfibres d'asphodèlepour faire
desflij (pansde tente).
Les noyaux du fruits, très durs,serventà faire deschapelets.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Nous sornmesétonnéde ne pas voir le dûrn d'Afrique du Nord (palmier
nain) mentionné par IBN AL-BAYTAR alors que cet auteur consacre
beaucoupde place au dûm d'Orient (Hyphaene thebaica). Quant à
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, no 207), il en parle fugitivement à
I'articlejummâr (coeurdu palmier-danieret du palmier nain).
Le palmier nain est par conFementionnêpæ tous les auteursmarocains:
IBN CHAQRTIN (p.27) décrit son fmit commealimentastringent.AL-
WAZR AL-GHASSANI (n" 357),reprenantla'Umdnt at-tabîb(n' 852),
fait bien la différence ente les deux plantesqui portent le nom de dû,m:
Hyphaenethebaicaet Chamaerops humilis.LaTuhfatal-ahbôb(n" 439)
mentionnele fruit gaù.

367. Hyphaene thebaica (Del.) Mart.

doum oriental, doum d'Egypte

zgallem,zglem(!) (Maure).
dûm (!) (Egypte) : à ne pas confondreavec le dûm nord-africain
(ChamaeropshumilisL.).
kârôr (Maure, MONTEIL, 1953): pour le fruit.
muql l-rnelckî(livresque): pour le fruit et la résine.
I-bahl (livresque): pour la résine.

561
L'Hyphaene thebaica n'existe ni au Maroc ni sur la lisière Nord du
Sahara.Il est spontané,en pays Touareg,en Egypte, en Arabie et au
Moyen-Orient èt est aussibultivé dans le Satrel,dans le Sud de la
Mauritanie et au Sénégal.

USAGESTRADMONNELS

Les produitsissusdel'Hyplnene thebaicane sontplus connusau Maroc


depuisI siècle.Sur les étalagesdesherboristes,on ne ffouveplus, sousle
noh de moql, qu'un succédanê, : le kino d'eucallptus(voir à cet article,
no 353). Mais lés nomadesmauresconnaissent I'arbreet sesproductions.
De plus le fruit et la résinesontmentionnésdanstousles traités.
Partbut dans les régions satrariennes où cette espèceest disponible, la
résineest employéedansle fiaitementdespiqûresd'animauxvenimeux.

Le ftlit est aussialimentaire.Il a une saveurvariablesuivantles régions.


Les Touaregsdistinguent des variètés à gros fruits rouges et à pulpe
douce (gulgum), des variétésà fruits de taille moyenneet de couleur
jaune (kakàya, jarawandé, taûrakitan) et des variétés à fruits non
comestibles@ev. Bot. Appl., Do 133-134,1932,pp. 695-7al).
On mange le coeur de cette espècecommeon le fait pour le coeur de
palmier.
Chezles Touaregset les Toubous,la pulpeécraséedesfruits* sertà faire
une farine aveclaquelleon fait desgalettes,desbouillieset desgarnitures
pour les viandes.eette farine, mélangfu à du mil et à du fromage ou à de
ia pulpe de dattes,sertaussià faire desboissons(Rev.Bot. Appl., n" 133-
134, 1932,pp. 695-741).

DISCIJSSION
'
Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR LECLERC, 1877-
I 883,n; 37l, 594bis,7 99, 801,967,1757,2157,2158,2295), la',Umdat
at-tabîb (n" 852, 1431, 1432),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 199,
357),laTuhfat at-ahbâb(n' 6l) et ABDEREZAQGECLERC, 1874,
n" 520) sousles noms de dûm, biqôf, waql (pour I'arbre)et moql, moql
melrkî,wakil, Lntî, @kk (pour le fruit).
IBN AL-BAYTAR faisait la distinctionentrela variétéd'Arabie dont les
fmits ont Eès bon goût et la variété d'Egypte dont les fruits ont une
saveurdéæstable.
* L'albumende la graine,dur et susceptibled'êtrepoli, sertd'ivoire tfgêlgJ.sousle nom
decorozo dAbyssiiie (car il est surtouiexploitéen nrytnree).-Oggnfaisait autrefoisdes
boutons.Le wâi corozb est fourni par une autrePalmacéedu Pérou et de Colombie :
PhytelephasmrrcrocarpaRuiz & Pavon.

562
36E. Phoenix dactylifera L.

palmier-dattier

ne$la (plur.: nn$el) (!) : même vernaculairepartout dans le Monde


arabe.
ôgijûf (Tekna,MONTEIL, 1953).
tayniyût,tiyniyût (!) (Haha,Souss).
tazd.â.yt(berbèretamazight,BERTRAND, 1991).
tauayt (Touaregs, VOINOT, 1904): à rapprocherdu précédent.
âfrûç, âfrû,lt talrûU (!) (Tissint, Souss).
el-'alf (Maure, MONTEIL, 1953) : ce mot, utilisé par les Maures pour
désignerle palmier-dattier,signifie normalement"noyau".
ttemra (plur.: ttrner) (!) : pour la datteà maturité.
tîynî (berbère)(!) : pour la date à maturité.
el-blu? (!) : pour la dateavantmaturité.
duklottar: pollen de fleurs de palmiermâle.
waîniû : pollen de fleurs de palmiermâle (LAOUST, 1936).

Le palmier-dattierest une espècecultivée au Satraraseptentrionalet au


Proche-Orient.
Il joue un rôle primordial dansl'économiedesrégionsdésertiques.Selon
un hadith, "le palmier est la tante de lhomme" : c'est dire I'importance
qu'il a eu de tout temps dans les désertsd'Arabie et dans toutes les
régions de palmeraies.Le palmier (ne$la) et la datte (ttemra) sont
d'ailleursplusieursfois cité dansLe Coran: S. 2, v.266; S. 6, v. 100et
1 4 2; S . 1 3 ,v . 4 ; S . 1 6 ,v . 1 l e t 6 7; S . 1 7 ,v . 9 l ; S . 1 8 , v . 3 2 ; S . 1 9 ,v .
2 3 e t 2 5 ; S . 2 0 , v . 7 1 ;S . 2 3 , v . 1 9; S . 2 6 , v . 1 4 8; S . 3 6 ,v . 3 4 ; S . 5 0 ,v .
1 0 ; S . 5 4 , v . 2 0 ; S . 5 5 ,v . 1 1 e t 6 8 ; S . 6 9 , v . 7 ; S . 8 0 ,v . 2 9 ) .

Malheureusement,la palmeraie au Maroc, subit, depuis quelques


décennies,I'attaquedu bayoud(Fusariumorysporum)ce qui entraînedes
dégatsconsidérables.
Un importantvocabulaireexisæchezles Sahariens et les oasiensà propos
du palmier-dattier : noms de différentesvariétésde dattes, des autres
productions,des parties de la plante, de ses maladies,etc. MONTEIL
(1953)a donnéun aperçusignificatif de ce lexique.

Parmi quelquesvariétésde dattes,citons :


- bû,sekrî,bûzkrî: dattesséchesEèssucrfus;
- bû-îçob,jihel, bû,-feggûs:variétésde dattedu Dra d'excellentequalité ;
- tinerkur, takerbu\t : trèsbonnesvariétésdu Touât ;
- dcglet nûr: excellentedatted'Algérie,de grandetaille ;
- îklan, sayîr: dattesde médiocrequalité;

563
- &ll: dattesmolles.
D'autresvariétéssignaléesautrefoisà Sijilmassapar les voyageurs- c/-
bornî (Xtrème siècle),îrar (XfVème siècle) - ont aujourdhui totalement
disparu,ce qui faduit la lente évolutionde la palmeraiemarocainevers
la décadence.

Les Arabesdistinguentplusieursdegrésdansl'échellede maturationdes


dattes:
- 4 degés chez les fuT Atta du Tafilalet : l. rawraw (stadeoù le fruit
vientjuste de se forrrer) ;2. ôbluh(datæverte);3. ân'qar(dattejaune au
débutde sa manration) ; 4. tiînt (dattemure).
- 7 degrésd'aprèsABDEREZAQ (dansLECLERC, 1874,n" 173) : 1.
lal'a ;2. larid ; 3. balalt.; 4. zalwa ; 5. busr ; 6. rûtab.;7 . tamr.

USAGESTRADMONNELS

USAGESMÉDICINAIX
La coosommationquotidiennede dattesest reputéepréserverI'equilibre
et le bon fonctionnementde I'organisme,en particulier en milieu
désertique.
I-es dafæsjeunes,encorevertes(el-blal.t,âbluh) sontréputéestoniqueset
aphrodisiaques.On les emploie aussi pour fortifier les gencives et
l'èstomac,ét combattrela diarrhée,comme on le fait dans le Nord du
pays pour le fruit du Palmier-nain.
A Tisiinq la pulpe de-lavaiêtÉ,bûzekrîestutiliséecommeexcipientpour
la fabricationde suppositoires.
Dans le Dra, les noyaux, torréfiéset réduitsen poudre(tal\ût), sont
utilisés conrmeantidiarrhéique.
I-es noyauxcalcinés,pilés finementet tamiséssontincorporésau khôL.
Dans tout le Sahara,les robb de datte sont utilisés comme pectoral et
comme aliment énergétiqueet reconstituantpour les malades et les
convalescents.
A Tissint, I'infusionde palmes(jrid) est adminisEéecornmevomitif pour
combatgeles intoxicati-ons(tawkal); on leur associeparfois les feuilles
de caroubier,les partiesaériennesdu Mesernbryanthernumnodiflorum
ou les tigesfeuilléesde Salsolasp.
En hygiène buccale,les Satrariensutilisent, commebrosseà dents, un
petit'U6utde bois de palme,mâchéà une extrémitépo5 dég1gerle tissu
iéticulaire qui se préséntealors sousla forrre d'unepetiæ touffe.

USAGES ALIMENTAIRES
tirent du P. dactylifera un certain nombre de produits
Les Sl-atrariens
alimentairesou à usagetechnique.Parmi ceux-ci :

564
- les dattes,dont les variétésson innombrables: les meilleuresqualités
sont destinéesà I'alimentationhumaine,en l'état,ou commercialisées ; les
variétés sèches(bûzekrî) sont conservées,parfois plusieurs années,ou
dénoyautéeset réduites en poudre (slufl pour servir à I'alimentation
humaine ; les variétés mieilèusessont dénoyautéeset aggloméréesen
pains ; les moins bonnesqualités,les datæsavariéeset les brisuresservent
d'alimentde Mtail.
Avec les dattes,on fabrique, danscertainesrégions,un sirop de dattes,
parfois légérementalcoofté lorsqu'il a êtê abandonnéà la fermentation,
qu'oo appétteta$awet dansle Tafilalet*. Il correspondau dabs moyen-
oriental (ærmedésignantaussi,au Machreq,uneeaude vie de dattes).En
concentrantce siroppar ébullition, on obtientdu robb.
A A1&a, dans le Sud Marocain, les juifs préparaientautrefois dans des
alambics traditionnels,une eau de vie de dattes,la sstiya (GAUDIO,
1967)ou mâh.rya (litt.: eaude vie).
Dans le Dra, les noyauxde dattes(el-'ahfl,torréfieset réduits en poudre,
fournissentun succédané de café,le tal!ût.
Cesnoyaux,brisésdansdesmortiersen pierre,serventausside fourrage,
très nutridf, pour le bétail.
- la sève de palmier qu'on recueille dansdesgargoulettes-e-l blessantle
tronc à la basèdesfeuilles.Cettesèveestbuecommerafraîchissant. En la
laissantfermenter,on obtientun vin, le lagmî du SudTunisienet du Sud
algérien (îtagmî ou îIagbî des Touaregq).Ce vin n'est pas prqparé au
-bouillir,
M-aroc. En l=efaisant on obtient aussi une softe de sirop
concentré,ce que les raités arabesappellenttn robb.
- Les oasiensmangentaussile bourgeonterminal (ou chou de p{nggr)
qui est la partie liplus êleveedu palmier.constituéede jeungs feuilles
' iendres.ni I'appellentt-qalb (litt.: le coeur),iumm'ôr,âgellus, îgullas-ou
tamwit (Souss)èt b consommentcru ou cuit. Le choudu palmier ne doit
pas être confondu avec la moelle 0f pflrye1(rl-lyQb! sor-t9de fécule
^amytacée
accumuléedansle tronc (RENALJD& COLIN, 1934,n"107)
qd p"rrt se manger crue, mais dont on fait surtout une farine pour la
préparationde galetteset de bouillies.

USAGESTECHNIQUES
Enfin, le palmier-dattierprocure aux oasienset aux nomadesdu bois
d'oeuvree^tde chauffage,desmatériauxde recouwement(palmes),de la
bourre (lîl), descendresalcalines,etc. On en fait du bois de soutènement,
desconduitesde sagUias,despouEes,desbaraques,etc. On peut dire que
le bois de palmiei et le pisé jouent un rôle de premier ordre dans
I'habitat.

565
L'IMPORTANCE ALIMENTAIRE DES DATTES

Au Saharaet dansles régionsde patmeraies, les dattesoccupentune très


grandeplace en nutrition. De mêmeque le palmier-danierest un élément
I-pottaot de l'écosystèmesaharien,la datte est, pour le nomade et
I'oâsien,un atoutmajeurde leur subsistance et, par conséquent un facteur
déterminantdu maintiendescommunautés humainesdansle désert.
La compositionmoyenne,d'aprèsLEROY (1968),de 1@ g de dattes
fraîchesdénoyautées, estla suivante:
Eau : 20g; Ê,Iéments minéraux: l,l4 g ; protidel :.2,?F^;lipides.:0,6 g
; glucides-:l3 g; vitamineC: traces;vitamineBl :0,09 ryg lvitamine
B1 : 0,05 mg ; vitafirinePP : 0,50 mg ; caroténoides actifs : 0,06 mg.
La vaieur càlorifique totale de 100-9 de dattesdénoyautéesest de 306
calories.

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabs
t-e patt"ier-dattier et sesproductionssont longuementmentionnés_pgr
IBI.i AL-BAYTAR (LECilERC, 1877-1883, no 284,342, 425, 492, 512,
834,910, lM3, 1397,t473, 1541,1757,1794,1955),la',Utndatat-tabîb
(n' 1493),AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 53), la Tuhf,atal-ahbôb
(n" 107) ét ABDEREZAe GECLERC, 1874,n" 173, 174, 587). On
ienouve chezces auteursles mêmesvernaculairesarabesque ceux qui
sontutilisésde nosjours.
* On fabriqueaussiune sortede bièreen faisantfermenter,pendantune nuit, uq mélange
OeOatæseÉ0"iuine de mil-chandelTe (Pennisetum typhoidcs):on obtientun liquide un
peuEoubleappelébtza dansleRez.zan,bûladmsle Sudtunisienetmértsséau Tchad.

PAPAVÉRACÉES

369. Glaucium corniculatum (L.) J.H. Rudolph et Glaacium


flavum Crantz.
garn @r, garn jdiyan (litt.: corne de taureau,cornede cheweau).
bû-grû,n(htt.: celui qui a descornes): allusionà la silique.
gatyat serral.t(litt.: amuse-gueulede berger)(BOLJLET& a1.,1990).
zgû,gû(Tunisie,LE FLOCTI, 1983,n" 147): pourles graine
*amtn (liwesque, IBN AL-BAYTAR dans LECLERC, 1877-1883,
n" 2059).

G. flavurn est une espèceméditerranéenne; G. corniculatum es1


méditerranéenneet orientale.
566
USAGF^STRADITIONNELS

Nous n'avonspasrelevéd'usagesmédicinau(pour cesespèces.


Les graines,qui ont un gôut agréablesont comestibles,à l'êtat naturelou
préalablementgrillées, commeon le fait pour les grainesde tournesolet
de citrouille et pour les pois-chiches(d'où le nom de galyat, htt.:
grillades,terme génériqueutilisé pour tous les amuse-gueule préparésde
cettefaçon).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Ces es$ces sont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 796,2059) sousle nom de nârnîgô,ba\bôSmaqrûnetjuljulôn
âkl.1al("sésamenoir", pour les graines).La 'Urndatat-tabîb (no 1338),
AL-WAZIR AL-GHASSANI (n"189), la Tuhfat al-ahbâb (n" 2&) et
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,no 548) en parlentaussi.

370. Papaver rhoeas L. et Papaver dubium, L.

coquelicot

bela'môn,berc'môn(!).
fuqôiq an-nu,'môn(litt.: blessured'Adonis) : s'emploieaussi pour
l'anémone.
tîkûk, tâkûk (!) (RENAUD & COLIN,1934, n" Ml ; AL-WAZIR AL-
GHASSANI, no350).
flûlû (Souss,LAOUST, 1920).
talûdnt,wadûdâ(Souss,LAOLIST, 1920).
&âl semrnôn(litt.: coruonnede caille).
qawl (Essaouira)

P. rhoeasest une espèced'Europecenftaleet du Bassinmédiærranéen;


I'aire de P. dubium est plus large, s'étendantaussi à I'Asie et à
l'Abyssinie.

USAGFS TRADITIONNELS

A Marrakechet à Salé,on emploiela décoctiondespetaleset descapsules


contre la rougeole,à raison d'un verre tous les soirs ; on administreen
même temps 2 cuilleréespar jour d'un mélangede cumin et de kermès
triturés dansdu miel.

567
Dans les régions de Casablancaet de Rabat, les capsulessont aussi
utilisées, pour faire dormir les enfants ; I'action serait plus douce que
celle descapsulesdePavot.
Les jeunes poussesenfient danscertainesrégionsdansla confectiondu
mets drt bqûla (partout au Maroc) et îÊÊdîwen(Beni Touzine) (voir
articleMalva, n" 339).

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
I-e coqrrelicotest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 795, 2209)sousles nonn de fuWS menûr. ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 905) donnele nom de balna'rnôn.La'Umdatat-
tabîb (n" 2539), AL-WAZIR AL-GHASSANI(n" 350, 368) et laTuhfat
al-ahbâb(n" 441) consacrent aussiunerubriqueà cetteespèce.

37!. Papaver somniferum L.

pavot somnifère,Pavotà oPium

distinguaient
basbôS(!) : pour la plante et la capsule.Les herboristes
(var. album) eî
WW! ôbya{(litt.: pavot blanc) à grainesblanches
grises(var. nigrum
baWS ôswad(litt.: pavot noir) à grainesnoiresou
ou ssp.setigerum).
benaîmân:c'esten réalitéle nom du coquelicot.
tilîdut, talûdat (Souss,LAOUST, 1920).
'aflûn (!) : pour I'oPium.

cette espèceest spontanéeen région méditerranéennemais cultivée


(D
aujourd'Ëuipartout dans le monde.La ssp.setig-erutn- ç.) Briq.' à
fleurs violettes liliacéesou rosées,à petitescapsuleset à grainesgrises,
poussedans tout le Matoc, à l'état_spontané, à I'excepti_on des régions
àésertiques" La ssp.er-somniferurnSrig:, à grosses-capsules-n compren_ant
la var. àtbu* D e. à fleurs et gtainesblancheset la var. nigramD C.à
fleurs violettes et grainesnoires,était aufefois cultivée un peu partout,
danslesjardins ou les potagers,y comprisdansles oasissatrariens.

L'OPIIJM AU MAROC

Des fonctionnairescoloniaux français,qui visitaient, en l90l' I'oasis


d'Oufran, dans le Gourara,furent surpris d'y trouver la culture du pavot
(Rapport du CommandantE. LAQUIERE, RenseignemgnçColoniaux,
à. f, i*n . lg12, p. l0). La rêalitê,est que cette culture était pratiquéeà
l'époque dans plusieurs régions du Maghreb, pour la production de
568
I'opium. La récolte se faisait en 2 temps. Dans un premier temps, les
capsulesétaient inciséesplusieursfois en surfaceet, dansun deuxième
temps(1 ou 2 jours après)le latex qui avait exsudéet un peu durci, êtatt
raclé,exposéau soleil puis aggloméré.

Mais la plus grossepartie de I'opium écouléautrefoisdansle pays êteuit


importéé. On trouve mention de ces importations dans les archives
commercialesmarocaines.Ainsi, au XMème et XVIIème siècle,c'estdes
marchandsfrançais de Marseille qui en faisaient le négoce à Agadir
(JACQUES-MELJNB.,1982).
Au Maroc, I'opium était surtoutmastiqué,plus rarementfumé.
L'opium devait sansdoutecommencerà faire desravagespuisque,en I'an
1304 de I'hégire, Moulay Hassansaisit les Ulémas de Fès à propos de
I'usagede I'opium et leur demandade formuler un avis circonstancié.
Suite à cetæ saisine,les Ulémasconseillèrent,d'unepart le renoncement
de I'Etat au monopole (saka) sur la ventede I'opium et, d'autrepart la
prohibition de la culture et de la vente de cette drogue ainsi que la
fermeture des cafés rnaures(qahôwi) où il s'en consommait.Moulay
Hassan,à la suite de cettefetwa*,limita les importationsd'opium au seul
port de Tanger et n'autorisasa consornmationqu'aux ressortissants
étrangers.Il fit, de plus, saisir les stocksexistantset ordonnaqu'on les
brûle (NACIRI, Les Alaouites,tomeII, p. 357-368).
Il faut croire que ces mesuresn'ont pasradicalementmis fin à la culture
du pavot, puisquede 1930 à 1950,régulièrement,de petitesquantités
d'opiumde fabricationlocaleétaientsaisiesun peu partoutau Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Les capsulesde pavot sauvagesont aujourd'huiutilisées,partout au


Maroc, en décoction,dans les affectionspuhnonaires(toux, bronchites,
etc.) et ûansles diarrhées.On les emploieaussi,en infusion dansde I'eau
ou du thé, commeantalgiquedanstoutessortesde douleurs,en particulier
dans les douleurs de I'accouchement. Mais la grandeindication des
capsulesde pavot (avec les graines),sous forme de décoction à boire
avant le coucher,est I'insomnie.Cetædécoction,additionnéede sésame,
est aussiadministréeaux enfantset mêmeaux bébéscriards.
Pilées dans de I'eau de fleurs d'oranger,les capsulessont appliquéesen
compressessur les tempeset sur le front conte les maux de tête et les
insomniesde I'adulte.
Dans la région de Marrakech,les capsulesde pavot, sont prises, en
infusion dansdu thé, conffe les cystites(BENCHAABANE & ABBAD,
1994).

L'opium n'est plus consomméau Maroc, ni en l'état, ni incorporé dans


desma'jûn. Aujourd'huiensmn'jûn ne contiennentplus que des graines

569
de pavot, à côté des ingrédientshabituels(voir à cet article, n" 694). Il
nlntervient pas davantageen thérapeutiqugP$tionnelle.
Les feuillei sont mâchéespar quétçes inities qui cherchentainsi à se
procruerune certaine"légéreté"(sic).
Les grainessontutiliséesen magie.

TOXICITÉ

Les circonstancesde I'intoxication par le pavot et ses dérivés sont frès


variables.
Les intoxications volontaires par usage toxicomaniquede I'opium
étant
fopiomanie) ou de ses dérivés(morphinomanieet héroihomanie)
iarissimesau Maroc, nousne décrironspas ici le tableauclinique de ces
toxicomanies, sur lesquelles,au demeurant,existe une importante
documentation internationale.
Le cas le plus fréquentau Maroc est celui de I'intoxication d'enfantset de
*uttisoris à qui ôn a administréunedécoctionde capsulesou de graines
de pavot, pourles calmeret les faire dormir.

Les enfants sont très sensiblesau toxique et peuventêtre tués par des
dor"r de capsuleséquivalentesà 2 à 10 mg de morphine-(soitde 2 à 10
capsulesde pavot sauvage).Mais chezles enfantshabituésà ce genrede
Eaitementnarcotique,une certaineaccoutunrance s'installeà la longue :
la toléranceau toxique est alors meilleure.

de l'intoxicationde l'enfantpar descapsulesde pavot


Symptômes

Ces symptômessont, dansleurs grandsEuiF, de type morphinique.


15 mn ènviron après I'ingestiôn apparaissentles premiers-signes-:
ce, étatnauséeuxàvecparfoii desvomissements, Eoublesde la
' somnolen
respiration avec dyspnée, hypersecrétionbronchique, .cyanose'
nyfotfrermie,hypotonie,myosis,bradychardieel ryrle de connaissance'
pàr les cas grân"r, on observeen plus une abolition des reflexes,une
mydriase, parToisdes conwlsions, et un coma. Fuis le ralentissement
iéÉpitutoitË t'ut""ntue et il est p._tolgtgipg un9 apnée mortelle, par
depressiondu centrerespiratoire(KARIMINE' 1986)'

DISCTJSSION

[æs sourcesécritesarabes
f.e panotest mentionæpar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883'
no i16, 462,794,gsl,2tgt), la'Umdat at-tabîb(n" 76-8,2-5?9),AL'
WeZn, AL:GHASSANI (no350,351,368)etlaTuhfat al-ahbâb(n" 40,
414) sous les nom de fu$tâS et âfyû'n (pou l'opium). ABDEREZAQ

570
(LECLERC, 1874,no 12,904, 905) cite les vernaculaires
@SWS,bû6
et bû.lyôn et ôfyûn.

Les donnéesde la toxicologie


l. l'opium
L'opium renfermesurtout20 à 257od'alcaloides:
- des alcaloïdesphénantbréniques : morphine(5 à 207o),codéihe(0,5 à
3Vo),thébarhe(0,2 à lVo) ;
- des alcaloidesbenzylisoquinoléiques : noscapine(2 à lÙVo),papavérine
(environ l%o), narcéïne (0,1 à 0,77o), laudanosine, laudanine,
narcotoline;
- des alcaloidesdivers : protopine,cryptopine.

2. capsules,grainesetfeuilles
Une capsulecontientde 2 à lO mg de morphine.
En principe les graines ne contiennentpratiquementpas d'alcaloides.
Leur toxicité et leur pouvoir narcotique chez I'enfant a pourtant étê
souventobservéedansles centreshospitaliersnrarocains.
I-es feuilles contiennentdesftacesd'alcaloïdes(0,02à0,O4Vo).
* TJne
fetwa est un édit religieux,prononc,épar un Conseildejurisæs de I'Islam, à la
suited'uneconsultationdu sultanou de leur propreinitiative.

pÉunlr^tcÉns

372. Sesamum indicun, L.

sésame
ielilôn (t).
simsim (Moyen-Orient).
full (lltesque).
duhn al-lall, sîmja (Arabie,Palestine): pour lhuile de sésame.
l<siba(Palestine): pour les tourteauxde sésame,donnéaux vachescomme
fourragegalactogène.

Le sésameest cultivé dansle Sousspour la productionde graines.

USAGESTRADMONNELS

Sa graine, oléagineuse,est connuedesMarocainspour sa grandevaleur


nutritive. On la donneà manger,sousdiférentesformes (en poudre avec
descacatruètesou triturée dansdu miel ou pilée dansun peu de lait), aux

57r
enfants et aux convalescentscomme aliment fortifiant. Les mères
allaitanæsla prennentcommegalactogogue.
Les grainesâe sésameentrent dans la composition des ma'iûn et de
diversespréparationsaphrodisiaques.
Les caravatriersI'emportaientdans leurs provisionsde voyage comme
aliment énergétique.
On utilise bàucôup les grainesde sésamedansla préparationde gâteaux
et de nougatset on I'incorporeà la pâteboulangèrepour donnerdu g9û1
au pain. Â Ou3Aa(commeen Algérie), ce nougatde sésameet de miel
s'appelleje lj alôniya.

DISCUSSION

Les sourcesécrites arabes


Le sésame est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 499,lM6, 1218,963),la'Umdatat-tabîb(n" 2285)'AL-WAZR AL-
GHASSANI(n" 292),laTuhfatal-ahbôb(no 120,367)et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 233,818)sousles nomsdeiuliulân, simsim,!t'.zll;
lhuile porte le nom de duhn al-fu\\, sîrei, salîç

PINACÉES

37g. Abies pinsapo Boiss. ssp.,naroccana (Trab.) Emb. &


Maire

sapindu Maroc

fol.tl.(!) (régionde Chaouen).

Cette sous-espèce, endémiquemarocaine,ne SerenContrequ'en un seul


endroit au Maroc : les montagnesde Chaouen.

USAGESTRADMONNELS

Dansla région de Chaouen,les bourgeonssontutilisés,en décoction,dans


les toux et les affectionspulmonaires.
Le bois esttrès utilisé localementen menuiserie.

COMPOSITION DE L'HI.JILE ESSENTIELLEDU SAPIN DU MAROC


de rameau(et de bois du sapin
Nous avonsanalyséles huiles essentielles
du Maroc.

572
Pour les 2 huiles essentielles,nous avons obtenu des rendementsde
I'ordre de O,l47oet des compositionstrès proches: du limonène(environ
48Vo),de I'a-pinène,du p-pinène,du camphène,de I'acétatede bornyle,
du p-caryophyllène, de I'q-humulène, du cuparène(AIT IGRI & al.,
1989).
prscr.tsroN
Les sourcesécritesarabes
Le sapinest mentionné par IBN AL-BAYTAR(LECLERC,1877-1883,
no 143),sousle nomdeôlâf.I-es autresauteurs
ne le mentionnent
pas.

374. Cedrus atlantica (Endl.) Carrière

cèdrede I'Atlas

l-ôrz (!) : ce tenneest déjàmentionnédansla bible.


îddil (!) (berbère).
berdô'(vocabulairetechniquedesmenuisiers, BEL, 1918); pour le bois.
biqnûn (Batna,en Algérie) (LECLERC, 1874,n' 954).
furbîn (liwesque) : désignele cèdreet I'oxycèdre.
qiyân er-raqîq (!) : pour le goudronde êdre. Le terme qilôn est cité
dans Le Coran (S. 14, v. 50) comme devantservir, en Enfer, "d'habit"
aux mécréants.

Le êdre de l'Atlas, espèceendémiquedu Maroc et de I'Algérie, frès bel


arbredesmontagnesmarocainesn couvredessurfacesimportantesdansle
Moyen-Atlas, le Haut-Atlas,le Tazekkaet le Rif. Les cédraiesles plus
bellessetrouventdansle Rif (régionde Kétama)et dansle Moyen-Atlas.

LES PRODUCTIONSDU CÈDREDE L'ATLAS

Le Maroc est un gand producteurdhuile essentiellede bois de êdre qui


est distillée à partir de copeaux,de petites bûchettes,de déchetsdes
scieries ou de sciures, dans des unités modernesou traditionnelles
installées pour la plupart dans le Moyen-Atlas (surtout à Azrou). La
production d'huile essentielle est presque entièrement destinée à
l'exportation.
Le cèdrefournit un excellentgoudronappeléqiyân er-raqîq oa getrân
er-raqîq (litt.: goudron fluide) ou qet$rân l-ârz pour le différencier de
lhuile de cadequi porte aussile nom de getân er-raqîq (voir à Juniperus
orycedruù no 193) et par oppositionau getrân el-!alî! (litt.: goudron
épais)qui est le goudronde thuya(voir àTetraclinis articulata,n' 196).

573
Il se préparede la mêmemanièreque I'huile de cade(voir à luniperus
orycedru,s, ûo 193). Les meilleurs rendementssont obtenus avec les
souchesmortes et les chutesde branchesattaquéespar le polypore du
cèdre.Ils varientde 2 à 67oselonles procédésde fabrication.
Enfin cetteespècefournit du combustibledansles régionsde montagneet
un bois très utilisé en menuiserieet en charpenærie

USAGESTRADITIONNELS

L'unique utilisation médicinaleau Maroc des productionsdu cèdre est


celle qui est faite du goudron(qi4ôn er-raqîq). En qualité, ce goudron
occupe la 2ème place aprèsI'huile de cade qu'il remplacede manière
equivalentedanstous sesusages(voir Juniperusorycedrus,n' 193).Dans
le Moyen-Atlas,c'est le goudrônle plus courantet le seul utilisé par les
éleveurs.

[,e bois de êdre est trèsutilisé en menuiserie.

Lhuile essentiellede bois de cèdrede I'Atlas a étêétudiéeau Maroc en


vue de parvenir à une meilleure valorisation de certains de ses
composants.Elle contientpour 70Vodessesquiterpènes bicyctques : les
c-, p- et y-himachalènes.Ces substancessont des précurseurs de
molécules aromatiquesutilisables en parfumerie (FKIH-TETOUANI,
1982; FKIH-TETOUANI & al.,1984; BENHARREF& al., 1984).

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Le cèdreest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
n" 1317)sousle nom de \arbîn [æ nomârz estmentionnépar cet auteur
(n" 1417)mais pour désignerun pin. ABDEREZAQGECLERC, 1874,
n" 372) mentionneaussile larbîn maisil est plus probableque ce terrne
désignechezlui I'oxycèdre.La Tuhfat al-ahbâb(n" 352, 371, 435) décrit
cetteespèce.
Un commentaired'AL-WAZR AL-GHASSANI (n" 29, 366), à propos
du pol1ryore,êclaireun peu la questiondu furbîn. Cetauteurnousdit que
le polypore se trouve dans l'ârz. Or ce commentaire est copié
'Urndatat-tabîb (n" 1824)qui dit que le polypore se
textuellementde la
trouve danslefurbîn. On comprendde là que lefurbîn. dansI'Occident
musulmancorrespondau êdre.

574
375. Pinus halepensûsMill.

pin d'Alep

taydô (!) (berbère) : du laan teda = Pinus cembra). Ce vernaculaire


s'appliqueà I'arbreet à son écorceet à d'aufiespins.
ynuwbar, çnûber,mpû.ber(!) : pour I'arbre.
tifarkit (berbère): pour l'écorce.
âq\ûr: pour l'écorce.
ôbujdâr (Haut-Atlas): pour le snobilede pin d'Alep.
sgûgû,zgûgû (!) (Maroc) (Algérie,LECLERC, 1874,n" 320) : pour les
graines (pignons de pin d'Alep) ; le même vernaculaire (zSûSû)
s'appliqueen Tunisie aux grainesdesGlauciurn(voir n" 369).
îgengen:pour les graines.
rzîru (!) : pour la résine.
smegtaydâ: pour la résine.
wazûrî (berbère): pour la résine.
qitân taydô (!) : pour le goudronde pin d'Alep.
zift (!): pour la poix noire ; ce vernaculaire
s'appliqueaussiau bitume.

Espècecircum-méditerranéenne, Ie pin d'Alep est spontanéau Maroc,


mais il est aussi utilisé comme essencede reboisement.Ses forêts
couvrentde très grandessuperficies.

USAGES TRADMONNELS

Partout au Maroc, l'écorce de pin d'Alep (taydô ou qffir snûber) et les


écaillesdescônessontutilisés commeastringent.Leur poudreest utilisée
contre les diarrhées.Par voie externe,on I'utilise, mélangéeà du beurre
ranci (smenI.ûn) pour bourrer les écrouelles,aprèsleur nettoyageavec
une décoctiond'origan.En saupoudrage sur lesplaieset blessures,elle est
utilisée conrmehémostatique.
Le goudron de pin d'Alep (qifrân taydô) est moins recherché,en
médecine humaine et vétérinaire, que les goudrons de genévrier
oxycèdre, de cèdre ou de ftuya mais, au besoin,il peut leur servir de
succédanédans les mêmesindications(voir à Juniperus oxycedrus,
n" 193).
La résine est utilisée à I'intérieur contre la toux et, à I'extérieur, pour
soigner les crevassesdes pieds et pour préparerdivers onguentsutilisés
dans le traitement de diverses maladies de la peau : eczêma,gales
étendues,mycosesinterdigitales,ulêres cutanés,plaies,etc. L'onguentle
plus courant est un mélange de résine (1 partie), de cire d'abeille
(1 partie), de camphre (1 partie) et de margarineou d'huile d'olive

575
(l partie), le tout fondu ensemblepour obtenir une pommadequi est
appliquéeen coucheéPaisse.
lï reiine de pin d'Alep s'utiliseaussi,sousle nom impropre d'ûrnm-en'
nâs (c'esteo iéulité le nom de la résinede Cornmiphoraafricana)' dans
les fumigationsconjuratoires.
-d'Alep,
Les graiies de pin sont mangées,piléeset mélangryt à du miel,
.o-it" aphrodiiiaqueet spermatogène. Dansla région de.Tanger,où on
renconhe^ l'es@ceVin s pinra L., on utilise sesgraines(pignons)de la
mêmefaçon.On en met dansle râs el-Innût.

Les pignonssont aussiutilisésdansI'alimentationhumaine,en particulier


pour faire des gâæaux.

L'écorcede pin d'Alep et les cônessontEèsutilisésen tannerie.


Le goudrooiert à rendreimputrescibleles bois de constructionexposésà
la iluie (poutres, charpenle,poteaux, haies, etc.) et à décorer les
récipientsên terre cuite (gargoulette,cruches,etc.). L'eau contenuedans
cesrécipientsest réputéeaseptisée.
Sous le nom de zâft, les pêcheurspréparentune sortg de-poix noire,
obtenueen chauffantjusqu'àconsistance pâæuseles résidusdéposéspar le
goudron,et qu'ils utilisentpour enduirela coquede leursbâteaux.
I"e tois est très utilisé en menuiserieet pour faire du charbon.

DISCT.JSSION

Les sourcesécrites arabes


@ alepensis, sont mentionnét.Pq-Plt **3YTAR
(LEôLERC,LB77-1883, ;" 433bis, 1021,Lll4,1417,1581,1806,1835,
igf g) sousles nomsde snû,ber, tennu.b,iillawz(pou les cônes),qaml
qoray| o\ qatn qoray| (pour les graines),rôtînei et raiîna (pour la
résine).ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n"'IJmdat 21',1,320,620)ajoute les
vernaculaireszgû,gû(pou les graines).La at-tabîb (n' 1551),
AL-WAZR eËCÏnSSnm (nbzOg)etlaTuhfat al-ahbôb(no298' 381)
consacrentuot*i une rubrique à cette espèce : on y retrouve le
vernacxulaireberbère.taydâ.

PIPÉRACÉBS

376. Piper cubeba L.F.

cubèbe

(l).
l-lcebbâba

576
fubb el-'arûs (liwesque)(litt.: la grainedu marié).

Le cubèbeest importé au Maroc de lÏnde.

USAGFS TRADMONNELS

Partoutau Maroc, le cubèbeest prescrigen poudre,commeantiseptique


dans le traitement des affections urinaires,vésicaleset utérines.Il est
utilisé aussi comme réchauffant,dans les refroidissements,et comme
aphrodisiaque.
Il est parfoisemployécornmeanti-asthmatique.
Il entre dansla compositiondu rôs el-lnnût (voir cet article, no 693) et
c'estaussiun condiment.

DISCTJSSION

I-es sourcesécritesarabes
I-e cubèbeest mentionnépæ IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 1879),la'Umdatat-tabîb(n" 1184), AL-WAZIR AL-GHASSANI
(n" 166), la Tuhfat al-ahbâb (n" 190) et ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,n' 428)sousles nomsde lcabbôbaet defubb al-'arûs.

377. Piper nigrum L.

poivre

I-yebzôr(!) : comrption du classiquebazr (litt.: graine).


on en distingue2 formes : le poiwe noir (l-yebzâr l-ôkIMI oufelfel
âkial oufelful âswad) qui est le grain completnon écorcéet le poiwe
blanc (l-yebzôr l-ôbyedoufelfel âbya{) constituépar les grainsécorcés.

Le poiwe est importé d'Asie tropicaleet du Brésil. Sapoudreest parfois


falsifié au Maroc par des fruits de maceron(Smyrniurn olusatrum L.),
des fruits de Schinus rnolle L. et des grainesde gattiher (Vitex agnus
castusL.).

USAGFS TRADMONNELS

Ires2 formessontutiliséescommestomachique, diurétique,odontalgique,


emménagogue,réchauffant,tonique et aphrodisiaque,généralementen
poudremélangéeaux metsou en décoctiondansdu café.
[.e poiwe noir, plus spécialemeng
est utilisé commeantinrssif.læ poiwe
blancestindiqué commeaffritil analeptiqueet galactogène.

577
En usage externe, le poivre blanc, trituré dans de I'huile, est
recomrnandé,en frictions localesconfreI'acné,les tâchesde rousseur,la
mélanodermie.

Le poiwe noir et le poivre blanc sont descondimentset des consttuants


habituelsdu râs el-hanût(voir cet article,no 693).

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Le poivre (blanc et noir) est mentionné par IBN AL-BAYTAR
(LEILERC, 1877-1883, no 239, 1696,1699,1993,1994),la',Umdatat-
tabîb (n" 1939),AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 244)et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 493, 494, 696) sous les noms de folful, foUol
ôswad,fo\ol âbyaj, Icnwlam,I<nwber,IMil. La Tuhfat al-ahbâb ne le
mentionnepas,sansdoutepar simpleomission.

37E. Piper longum L. et Piper retroflactum Vahl.

poiwe long

dâr felfel (t).


melwîfel<sâru(int.) (litt.: enroulédanssonhabit) : ce vernaculairelui est
atnibuê uniquementdansson emploi en magie (BELLAKHDAR & aI.,
1982).

Piper longumestimporté de I'Inde,P. reffotlactumde Java.

USAGFS TRADMONNELS

Sa poudreest utilisée, partout,incorporéeaux mets' commeréchauffant


et âphrodisiaque.C'est aussi un ingrédient courant des préparations
utiliiées poui connbattre la stérilité ou accroitre la fécondité,
généralementprésentéessousforme de pâtesmiellées.
I entredanslâ compositiondesma'iû,n (voir articlen" 694) et du râs el'
Lnnût (voir article n" 693).

Les femmesI'utilisent en magledansle mélangedrt'u$ûbn-nisâ' et dans


le procédéde la lerqa (voir à l'article n" 686).

DISCTJSSION

Iæs :curcesécritesarabe"
578
I-e poiwe long est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 845, 1696),la'Urndat at-tabîb (n' 796), AL'WAZIR AL-
GHASSANI (n" 2M) et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n" 236) sousle
nom de dârfoful.LaTuhfat al-ahbâbne le mentionnepas.

PLANTAGINACÉES

379. Plantago major L. et Plantago corcnopas L.

grandplantain
plantaincornede cerf

l-meûs (!) litt.: la suceuse).


dnssirna(poly.).
lisôn el-fuml (poly.) (litt.: langued'agneau),lisônel-begri (poly.) (litt.:
langue de boeuf) : pour P. major.
rjel el-forôb (htt: pied de corbeau): pour P. coronopus.
berd-û.-salam(hwesque)(litt.: froid et salut,froid et guérison): allusion
à la sensationde froid que la feuille laisse sur la peau et à ses vertus
curatives.

Plantago coronopusest une espèced'Europe,d'Afriquedu Nord et d'Asie


occidentaleet centrale;P. rnajor se renconûeen plus en Amérique du
Nord.

USAGFS TRADMONNELS

Les feuilles de eæs2 plantains,entièresou hachées,sont appliquéesen


cataplasmes, partout au Maroc, sur les blessures,les plaies,les brûlures,
les abcès, les piqûres d'insectes, les boutons et les éruptions
inflammatoires de la peau, car on considérequ'ellesont des propriétés
vulnéraire, astringente,maturative, analgêsique,anti-inflammatoire et
antiprurigineuses.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
Le grand plantain et d'autresplantains à feuilles mucilagineusessont
mentionnéspar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,no 39,266,
778, 1ffi5, 1892,2022),la',Umdat at-tabîb(n' 1311),AL-V/AZIR AL-
GHASSANI (no 171), la Tuhfat al-ahbôb (n" 242) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 7t, 502) sousles nomsde âdân ieddî, lisân aI-

579
I.n*l, bard-û,-salam,danb al-fôr, lrnfi, al-ôdla'. ABDEREZAQ et la
Tuhfat at-ahbâbdonnenten plus le nom de meûs.

Les donnéesde la toxicologie


Les pollensde tousles plantainssontfiès allergisants.

380. Plantago psyllium L. (= Plantago afra L.)

psyllium

zentit la$rûf (!) (Gharb)(litt.: queued'agneau): pour la plante.


'asluj (poly.) (litt.: la hampe,la tige) : ce mot s'emploieaussi pour
diversestigescomestiblesd'Astéracées ou d'Apiacées.
l-yelma, tàlma, l-yelmet(Orientalmarocain,Satrara).
zàrqû,nâ (!) : s'emploiepour les gfaines; c'estune colruption du mot
bazarquû,nôqurdésignedansles livres les grainesde psyllium ; à ne pas
confondreavec le minium qui porte le mêmevernaculaire.

communeau Maroc.
Es@cemédiærranéenne

USAGESTRADMONNELS

A Rabat, Salé, Manakech, Fès, Kénitra, les graines,noires et petites,


trempéesdans du lait pendantune nuit sont administréesdans les
dysenteries,les ulcèrei gastro-duodénaux, les diarrhéeset aussi,
paradoxalement, dansles constipationschroniqueset les hémorroides.La
àécoction dans du lait ou dans-deI'eau,éventuellementadditionnéede
chiendent,est prescriteégalementdansles inflammationsdesreins, de la
vessieet desconduitsurinaires.
La poudrede feuilles s'emploiecommeastringentet hémostatiquedans
les soinsdesplaieset desblessures.
A Tissint,lgi grainesentrentdansdesmélangesémollientspour les soins
desblessures.

DISCT,JSSION

I-es sourcesécritesarabes
@onné par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
1883,'no271bis, 278),la',Ûmdatat-tabîb(n' 193),AL-IVAZIR AL-
GHASSANI (no 4l),la Tuhfat al-ahbâb(no 55, 69 et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,no 87, 138) ; on y Eouve les vernaculaires: bazr
isfiyus.
qufinô,bargû,fi,

580
381. Plantago divers

PlontagoahicansL.
Plantago amplexicaulis C-av
.
PlantagoovataForsk
@att.)Maire
Plnntagoakkensisvar. ounifensr,s
PlantagocilintaDqsf.

plantain

l-yelma, talma, l-yelmet(Orientalmarocain,Satrara).


zarqû.nâ : pour les graines,commepour le précédent(P. psyllium).
ispasul (Inde, en langue urdu, CHOPRA & î1., 1956) : pour
P. arnplexicauliset P. ovata.

Les espèces P. albicans, P. arnplexicaulis, P. ovata sont


méditerranéennes ; P. akkensisvar.
; P. ciliata est saharo-sindienne
ounifensisest une endémiquedu Maroc est de I'Algérie.

USAGESTRADMONNELS

Partout au Maroc, les feuilles de ces plantainssont utilisées en usage


externede la mêmemanièrequePlantago major et P. coronopus(voir à
Plantagomnjor, n" 379).

A Tissint, les grainesdesplantainslocaux(P. albicans,P. amplexicaulis,


P. ovata) sont utilisées,en associationavecla racinede coloquinte,pour
faire des cataplasmesdansles soins desblessures.Et contre la diarrhée,
on donne à mangerces mêmesgrainesmélangéesà du talSût (café de
noyarDK de dattestonéfiés). Enfin, I'infusion des feuilles est administrée
comme diurétique.

Au Satrara,toutescesgrainessontrécoltéeset mélangéesà de I'orgepour


être réduite en farine. Cettefarine est consomméepar les nomadessous
forme de bouillies ou de galettes.

DISCIJSSION

[,es sourcesécritesarabes
Ces plantainsne sont pas spécifiquementcités par nos auteursmais on
peut considérerqu'ils ont été assimilésaux précédents(voir P. maior,
n" 379 et P. psyllium,n" 380).

581
PLoMBAcINACÉns

3t2. Armeria maurttanica VYallr. et Armeria alliacea (Cav.)


Hoffm.

armeria
'erq wadmt(!).

A. alliacea est une espèced'Europeet d'Afrique du Nord ; A.


mauritanica estparticulièreà l'Afrique du Nord.

USAGESTRADMONNELS

A Manakechet à Salé,la décoctiondespartiessouterrainesse boit conEe


le froid. En usageexterne,la poudrede racinemélangéeà du beurreest
utiliser pour panserles écrouelles.

DISCIJSSION

Iæs sourcesécritesarabes
par aucunde nosauteurs.
Ceses@cesne sontmentionnées

3E3. Lim,oniastrum guyonianutn C.& D. et Limoniastrurn


ifniense (Caball.) F.'Q.

zeyyât,zeytâ,ziryôta (!) (poly.) (Satraraoccidental,Ifd, Satraracentral,


fôriaO : ie vernaculaires'appliqueaussidansd'auEesrégions à-d'autres
espèces: Coniurn maculatum,Helosciadumnodiflorury: Pglygonurn
màritimum. i en Tunisie,ziyyâta désigneL. pruinosurn(L.) O. Kuntze
(BOUKEF, 1986).
tirrernt (Ait Atta du Nord, MONTEIL, 1953).
tazenfela(Iouaregs,MONTEIL' I 953).

L. gayonianum est une endémiquenord-africaine; L. ifniense est


partiiulière au Sud marocainet au Satraramarocain.
Î-ps brancheset les tiges de L. guyonianutnportentdes galles à section
rougebrique duesà la piqûred'insectes(Scleroceus pulverosellaet Eocus
guyonella).

USAGESTRADMONNELS

582
Dans les régions satrariennes, la décoctiondes tiges, des feuilles et des
galles est administréeà I'intérieur contre les diarrhéeset la dysenterie
infectieuse.
I-es gallessont aussiutilisées,mélangées au henné,pour la colorationdes
cheveux.

Les jeunes feuilles, humides et salées,sont mâchéespar les enfants


(MONTEIL, 1953).

En artisanat,les gallessont employées,coflrmesubstitutdu tal<awr(galle


de tamaris)pour la préparationdespeaux.

I.,esLimoniastum, surtoutà l'étatjeune,sontde bonspâturages.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
par aucunde nosauteurs.
Ceses@cesne solt mentionnées

384. Limoniun divers

statice

Limonium bonduelli (I-estib)Sauv.& Vindt


Limonium sinuatum(L.) Miller
Limonium beaumieranum Mute
Limonium thouini (Vindt) Kuntze

gârça, el-goreyy, grîffi, tigurpi (Saharaoccidental,Dra) ; pour la plante


avant floraison.
azatîrn: pour la planteaprèsfloraison(MONTEIL, 1953).
ziyyôta (Tunisie,BOUKEF, 1986): pour L. pruinosum(L.) O. Kuntze.

Limonium bonduelli,L. sinuatumet L. beaumerianuræ sont des espèces


; L. thouini est méditerranéenne.
salraro-sindiennes

USAGES TRADITIONNELS

A Tissint et à Tata la décoctronde la planteentièreest utilisée comme


diurétique.

A l'état frais et jeune, cesespècessontconsommées cruespar les oasiens


des palmeraies du Su{ les nomades
et les gensdu Haouz.

De ::veur salée,les stati^essonttrèspâturéspar les dromadaires.

583
DTSCTISSION

[æs sourcesécritesarabes
No". trôuvé aucunindice sérieuxperrrettantde retouver cette
dansles traité d'IBN AL-BAYTAR et de ABDEREZAQ. D'aprls
pt*æ "b"o"s
une note de LECLERC (1877-1883, no 1467,2052),le trîfûliyûn etle
tîrnûniyîtn que cite IBN AL-BAYTAR pourraientêtre le Limonium
sinuatum.
Nous avonsun douteconcernant la'Umdat at-tabîb(n" 595).Les autres
auteursne décriventpascettees@ce.

385. Plumbago euroPea L.

dentellaire

le'.ûrn (!) (Salé,OuedMallah).


swôk er-ra'yôn(!) (litt. siwâkdesbergers)(MATHIEU & MANEVILLE,
1Sii,p. t66): aussile nomdeSèrophularincaninndansle Gharb.
"ie.t
jûz er-ra'yôn (htt.; brou des-bergers).
tfel ed-jû,2(GATEFOSSE'l92r).
I.MfiSa;el-asnôn(litt.: lherbe aux dents)(BOULOS,1983).
{îyanj, fiçaraj: ce termedésignenormalement,dansles taités arabes,la
gfandepasserage(Lepidiumdivers)qui p-orteaussiles nomsde swâk er'
que la
î'ya"'etiûz2r-raiyân leeolt l^es.33mesindications
_e_t_Eri
dentellaire-(RENAuD& COLIN, 1934,n" 442)'
est conrmuneau Maroc.
P. europea,es@ceméditerranéenne,

USAGFS TRADMONNELS

Partout au Maroc, la racineest employéecommeon le fait avec le swak


(écorce de noyer), en masticationou frictions intabuccales, pour les
;;i;* C"r g"o.ivei,'thygene de la boucheet contreles douleursdentaires.
On s'en sert aussi- aiiCs I'avoir trempédansdu lait ou de I'eau chaude
afin de réduire soo acïon vésicante- po* le plombagedes dents cariées
douloureuses.
ia poudrede racineestaussiutiliséepour la cicaEisationdesblessureset'
en àpptcations localessur la pg-?u,cornmevésicatoiredérivatif.
n ùâttut la plante est utilisée, seuleou associéeà d'autresplantes
"ch,gravTolens,article n' 468) dansle traitementdes darfreset
(voir ù Ruta
àu vitiligo, en applicationslocalesde sonoléat.

584
La plante est très visitée par les abeilles.Dansla région d'OuedMallah,
les gens de la campagnedisentqu'ils font2 récoltesde miel par an : la
premièrequandla denællaireest en fleurs,la secondeaux moissons.

TOXrCrrÉ
Plusieurs accidentsconsécutifsà I'emploi de cette plante nous ont êtÉ,
signalés.
La plante, surtout la racine,est fortementrubéfiantesur la peau et peut
entraîner à son contact des vésiculescutanéeset des inflammations
locales. On atténuecette activité, en faisant Eemperla racine dans de
I'eaubouillanæ,quelquesheuresavantI'emploi.

DISCTJSSION

[,es sourcesécritesarabes
Nous n'avonspas Eouvéde mentionindicutablede cetteespèce,cheznos
auteurs.
C'est peut-êtrela dentellairequi est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC,1877-1883, non0,429,1309, l&1,1838) souslesnomsde
tumlû.l,qunâbira, fujrat al-bahaqet gamlûL Il est possibleque du temps
de ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, n" 943) comme aujourd'hui au
Maroc, une certaineconfusionexistait dansles vernaculaireset dansles
usagesentre la dentellaire et la grande passerage que mentionne
ABDEREZAQ sousles nomsde fignraj, 'ufib, swôker-ra'yân,taswîker-
ra'yôn, jûz er-ra'yân. Même commentairepour la 'Umdat at-tabîb
(n' 2587), AL-WAZIR AL-GHASSANI (no 373) et la Tuhfat al-ahbâb
(n" 442).

POACÉES (= GRAMINÉES)

3E6. Ampelodesma maurttanica (Poir.) Dur. & Schinz.

dîs (!)
âdles (!) (Nord du Maroc, Moyen-Atlas) : ce vernaculaires'emploie
aussi,en Kabylie,pour le jonc (LECLERC,1874,n" 85).

Cetteespècedu Sud de I'Europeet de I'Afrique du Nord est communeau


Maroc, au bord desmareset desdayas.

USAGESTRADMONNELS

585
Cette espècejouait, aufiefois dans les carrpagnes,un rôle économique
particulier : en effet ses chaumesétaienttrès employéespour faire les
toituresdes chaumièresn desétableset desgreniersà grains.

TOXICITÉ

Cette espèceest souventparasitéepar I'ergot de seigle (Claviceps


purpurea Tulasne)qui peut lui communiquerune certainetoxicité

DISCUSSION

[æs sourcesécritesarabes
L'Ampelodesma mauritanica est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 29), la 'Urndat at-tabîb (n" 866), AL-
\VAZR AL-GHASSANI (no 35, incidemment)sousle nom de dîs. Dans
laTuhfat al-ahbâb(n" 84), cettees@ceaêtê,probablementassimiléeaux
Typhà. ABDEREZAQ ne la mentionnepas spécialement,bien que la
plantesoit communeau Maghreb,probablement parceque sesusagessont
artisanauxet non médicinaux.
essentiellement

387.Anthoxanthum odoratum L.

flouve odorante
$l el-fâr (litt.: queuede rat) (poly.) (TRABUT in CHARNOT, 1945).

CettePoacée,quasimentcosmopolite,serencontreprincipalementdansla
partieNord du Maroc et dansle Gharb.

USAGESTRADMONNELS

médicinauxpour cetteespèce.
Nousn'avonspasnoté d'usages

TOXICITÉ

Cette herbe, odorante,provoqueparfois, dans les pâturagesdu Gharb,


desintoxications chezle bétail, surtoutà l'état de foin.
Chez I'animal, I'intoxication se manifeste pal des coliques, de
I'engourdissementdes membres, une baisse des réflexes, un
affaibtissementde la respiratiol, êt, dansles cas glaves' un coma suivi de
mort par paralysiecardiaque(CHARNOT, 1945).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes

586
Nous n'avonstrouvé aucunementionde cetteplanæ dansles traités que
nousavonsétudié.

[,es donnéesde la chimie


La plantecontientun glucosidecoumarinique(ROTH & al., 1984).

3tE. Aristida divers

Aristidn ciliata Desf.


Aristida acutiflora Tin. & Rupr.
Artsfidn plurnosaL.
Aristida pungensDesf. (= Sttpagrostispungens(Desf.)De Winter)
Aristidn adscensi onis L.
Aristida obtusaDel.

l!.têtfaGekna) : poru A. ciliata.


ôtôf (Maure;MONTEIL, 1953):pourA. ciliata.
çenyâL,pelyôn (MoyenneMoulouya, BERTRAND, 1991) : pour A.
ciliata et A. obtusa.
ç.sfâr:pourA. acutiflora.
sserdûn:polu A. acurtflora.
nnsîL,nnsî, ênsî (!) (Saharaoccidental): pour A. plumosa. et A.
adscensionis.
âÊtmûd: pour A. plumosa.et A. adscensionis.
ta!1ifuft,âgtfufr (Haute Moulouya, BERTRAND, l99l) : pour A.
plumosa.
ssbat sbott(!) : pourA. pungens.
drîn (l) (Sud algérien,Orientalmarocain): pourA. pungens.
tullult (fouaregs, SITOUH, 1989): pour A. pungens.
uâ'êt(Tekna) : pourA. adscensionis.
tiaêt (Maure,MONTEIL, 1953): A. adscensionis.
sil.nm,slnm (Bassinde la Moulouya,BERTRAND, 1991) : pour A.
obtusa.
âgernin (Saharaoccidental,MULLERO, 1945): pour les grainesd'4.
ciliata.

Il existe d'autresespècesd'Aristida, au Saharaet dansles régionsarides,


portant divers vernaculairestout aussi peu spécifiquesles uns que les
autres: la'dîr, lal.ryetlelvnâr (litt.: barbe d'âne),âzegzîg,etc., d'où une
certaineconfusion.
On rencontreaussi,à proposd'Aristida pungens,qui joue, au Satrara,un
rôle économiqueet pastoralimportanÇun vocabulairespécialisé: âzôrân

587
pour les tiges vertes ; et-fuIla pour les feuilles sèches; âîUîg pour les
fleurs en épis ; fuirâba pour les graines(MONTEIL, 1953).

L'espèce A. pungens est répanduedu Saharaoccidentalà I'Asie


centràle; A.- plinosa est saharo-sindienne ; A. adscensionisest
cosmopolite; A ciliata est une espècefropic-algqui relonte jusqu'au
Satrara; A. atcutifloraetA. obtusasontdesendémiquessahariennes.

USAGFS TRADMONNELS

EMPLOISMÉDICINAUX
Les tiges d'A.pungens- dures,cylindriques,creuses- sont couramment
utiliséesau Satrarapour sonderlesplaies.
D'aprèsDOREAU-(1961),A pungensseraitutilisée,en décoction,dans
les douleursrhumatismales.

EMPLOIS ALMENTAIRES
Le gfain* d'Artstidapungensrêcoltæ,en mai,-quandelle est mûre, sert à
fairé une farine utilisée par les nomadessaharienspour faire des galettes
(BELLAKIIDAR, 1978i ou mangeeenl'êtat,mélangéeà de la poudrede
àutær ($ûfl (LE FLOCiH, 1983).Pour récolærcettegr_aine, on inroduit
la hampeâansun sacqu'on frappeavecun bâton,ou bien on place une
toile sôus h touffe de-la plante et on secouefortementcelle-ci. Cette
farine estle lûI du Saharaalgérien(VOINOT, DA4).

Les grains d'4. plumosa,A. ciliata et A. adscensionis,sont aussi


comeitibles.Les nomadesles récoltent,au momentde la grenaison,sur
les plantesou dansles fourmillièresqu'ils retournent,et les stockentpour
lesjours difficiles.

AUTRES USAGES
l-es Aristida sontde bonnesplanæsfourragèresau momentoù elles sont
en fleurs. Elles sont broutéel vertesou sèches.Chez les nomades,les
grainesde cesAristida passentpour avoir la mêmevaleur nufritive que
I'orge pour les chevaux.
Ces-piuot"t sont très appétéespar les dromadaireg.Le-pâturage.dA.
ciliata est d'ailleurs spêcialementrecommandédans la maladie de
I'appareil respiratoiredés camelins drte el-loruî (MULLERO, 1945).
Seule I'espèceA. adscensionis,quand elle est sèche,peut présenter
quelques àaogets : pal action mécaniquedes arête$portge!. par 1e-9
e|là peut,èn effet, provoquerdes traumatismesde I'appareil
g^to111"tt"s,
digestif du dromadaire.

Des feuilles dA. pungenset dA. ciliata,les nomadestirent des fibres


aveelesquellesils'resient descordes.C'està partir de cesfibres que les

588
pêcheurs Chnagla et Imraguen fabriquent leurs filets de pêche
(BELLAKHDAR, 1978).On en fait aussidesentravespour les chevaux
(VOINOT,l9M} Avec la paille sèche,on fait desnatteset destoitures.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabs
I.'esAristida sontmentionnéspar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 1405)etla'Urndat at-tabîb(n" 1543)sousle nom de silyân Les
autresauteursne les mentionnentpas.
* Beaucoupd'autresgrains sauvagesserventau Saharaà faire des farines ou des
bouillies, seulesou mélangéesà des céréales:Mesembryanthemamtheurkauffii,
Panicumnrgidum, Salviaaegyptiaca,Asplwdcl,usrefractas,Plantagociliata, Plantago
coronopus,Pennisetumdiclnnmum Portulacaoleracea,Cenchrusbifun s.

389. Arundo dona,xL.

cannede Provence

l-geçba,l-gçeb,l-qseb(!).
âganirn (berbère).
Ces 2 vernaculairessont aussi ceux du roseaucommun (Phragmites
cornmunis).

La canne de Provenceest acclimatéeau Maroc, où elle sert à faire des


haies.

USAGES TRADMONNELS

La canne de Provenceest utilisée par les tradipraticienspour faire des


canules,desbistouriset desqalarn(stylesà écriture).
Elle est recherchéedavantageencoreque le roseaupour les Eavaux de
vannerie.

TOXICITÉ

Des allergiesduesau contactde la cannede Provenceont été observéesau


Maroc chez des artisansen vannerie. Ces manifestationsallergiques,
apparaissantau niveaude la peauet desyeux (FERRAND& al., 1954).
Ces allergies sont traditionnellementtraitéespar I'huile d'olive et le
henné(FERRAND & al., 1954).

DISCI.JSSION

s89
Les sourcesécritesarabes
La canne de Provence est mentionnée par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 1798),la'Umdat at-tabîb(n" 2164)'AL-
WAZR AL-GHASSANI (n" 261) commeune variétéde qayb (roseau).
L'article d'ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, n" 744) consacréaux
roseauxest confuset ne fait pas de mentionparticulièrede la cannede
Provence . La Tuhfatal-ahbâb(no 84) I'a waisemblablementassimiléaux
roseaux.

I-esdonnfusde la toxicologie
On a isolé des rhizomesde la cannede Provence,de la bufoténine,un
principe hallucinogènequ'on retrouve aussi dans d'autresvégétauxet
dansle venin de crapaud.

Les allergies et accidentscutanésseraientprovoquéespar une toxine


sécrêtêepar un champignondu genreSporotichum dontles sclérotesse
mises à
développentsur les tiges, après qu'elles aient été c_o_upées,
macérer-dans (LE n'
I'eaupuis séchées FLOC'H, 1983, 32).

390. Avena sativa L.

avoinecultivée

$ortâl (!).
ôzqûn, wazqûn,wasqû.n(berbère): s'appliquesurtoutà I'avoinefolle (4.
sterilis L. et A. fatua L.).

L'avoineest cultivéepartoutau Maroc, notammentla ssp.algeriensis


(RENAUD & COLIN, 1934,n' 338).

USAGFSTRADMONNELS

L'avoine, mêlée à de I'orge, est considéréecommeun aliment tonifiant


pour les chevaux; on leur en donnait,pour les doper,avant les combats
et les paradesde cavalerie.
prscUSsroN
Les sourcesécritesarabes
Lbvoineestmentionnée parIBN AL-BAYTAR(LECLERC,1877-1883,
'(Jmdatat-tabîb(no607,707),AL-WAZR
n" 74'7,775,1779,22561,la
AL-GHASSAI{I(n" 257),laTuhfatal-ahbôb(n" 338)et ABDEREZAQ
(LECLERC,1874,n' 753)souslesnoilNde$or1âlet qortom,ôn.

590
391. Cenchras ciliarts L. (= Pennisetumciliare (L.) Link.)

pnnisetum cilié

el-labd(poly.)
kra' legrôb (Satraraoccidental,BIROUK & al. l99l)
bûrgîba (Jbilet, NÈGRE, 196l)
ûbàt ed-ûb (Sraghna,NÈGRE, 196l ; BERTRAND,l99l).
Cette espèce,méditerranéenneet tropicale, est communedans tout le
Satrara.

USAGESTRADITIONNEI.S

I-es tiges servent,au Satrarqà faire despointesde feu.


La plant€ est très apprêcieepar les troupeaux.

DISCUSSION

I-es sourcesécritesarabes
CetæPoacéen'estmentionneeparaucunde nosauteurs.

Les donnéesde la toxicologie


En Australie, on a décrit une intoxication chez le cheval dite "osteo
distrophiafibrosa", provoquêepar Cenchrusciliaris. L'agent toxique
serait l'acide oxalique qui atteint dans la plante des taux allant jusqu'à
l,3Vo(KEELER & al., 1978).

392. Coix lacryrna-jobi L.

larme de Job

fuobbal-bâralca(poly.) : s'emploieaussipour la nigelle et pour d'auffes


plantes.

Cette espècese rencontreen Afrique du Nord et en Asie.

USAGESTRADMONNELS

A Salé, le fruit est utitsée, en magie, avec du harmel et de I'alun, pour


faire desfumigationscontre les sortilèges.Il s'agitlà waisemblablement
d'un usage récent, les fqih recherchantparticulièrement,pour les
ofrations de magie,des objetsaux formesénanges,luisants,richement
colorés.

591
DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
@ndonnée par IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-
1883,nd 148)sousle nomde âtndriyân Les lutres auteursque nous
u*,oo*consulténe la citentpas,exceptêla'Urndnt at-tabîb(n" 71) pour
laquellenousavonsun doute.DAOUDALANTAKI lui donnele nomde
(litt.: la planteauxchapelets)
fujarat tasabîLt parcequesesfruits,qui sont
perés), serventau Moyen-Orient à fairedeschapelets.

393. Cymbopogon citratus (D C.) Stapf.

citronnelle,lemongrass,verveinedesIndes*

sitonil (du français"cironnelle") : étantintroduite,la plante ne possède


pas de véritablevernaculairelocal, d'où I'adoptiondu nom françaisde la
plante.

La citronnelle,es@ced'origineindienne,est cultivéedansdesplantations
modernesde la règion d'Agadir, pour I'exportationde la plante en vrac
et pour la fabricationd'infusettes.

USAGESTRADITIONNELS

La citronnelleest utiliséedansla région d'Agadirpour aromatiserle thé


et comme succédanéde la verveine odorante, dans ses emplois
médicinaux(voir à Lippia citiodora" no 517).

Nous avonsanalysél'huile essentiellede C. cilratw acclimatéau Maroc,


d;; la région d'Agadir, ce qui nousa permit {9-décelerdans celle-ci 34
ô6*po**i* dont làs principauxsontles cirals (39,87ode gératlalet 327o
Oenerd), le géranioi (lsm) et le 6-méthyl-5-heptène-2'one (2,27o)(n-
IDRISSI & al.,1994).

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèce,d'origine indienne, n'est mentionnée,nommément,par
aucunde nos auteurs.
Vtui* c'estpeut-êtreelle ou une es@cevoisineque les médecinsfaisaient
entrer au6;fois dans la composition de la thériaque' sous le nom de

592
variété indiennede schoenanthe(C. schoenanthus)(RENALJD& COLIN,
1934,n'34).
* Ces dénominationss'appliquentalrssià une es@cevoisine, Cymbopogon
flennsru
(Nee.sex-Sæud.)WaB., qui possèdeunehuile essentiellede compositiontrèsproche,et
ù C. nnrdas (L.) Rendle.

394. Cymbopogon schoenanthus (L.) Spreng. (= Andropogon


laniger Desf.)

paille de La Mecque
schoenanthe,

îd!îr, l-yed!êr (!).


îdjikim (Satraraoccidental,MULLERO, 1945).
lemmad,l-med(Sudalgérien,DOREAU,196l; SITOLJH,1989).
teberemt(Touaregs,DOREAU, 1961; SITOLJH,1989).
fu'rôt et+râb (litt.: cheveude sable)(régionde Manakech).
ô'mud eç-sSr (litt.: bâtonnet)(région de Marakech).
tibn, tben mekkâ(litt.: paille de La Mecque)(liwesque).
baïat mekkâ(litt.: alfa de la Mecque)(liwesque).

Cette Poacée,afro-asiatique,est communeau Maroc dans les régions


arides.

USAGESJIRADITIONNELS

La souchede cetteplante a une discrèteodeurde citronnelle.Elle aurait


servi à la toilette funèbredu Prophète.Aussi, ne doit-on pas la jeter au
feu (MONTEIL, 1953).Pour cela la planteest aujourd'huifamilière aux
nomadesqui I'utilisent souvent en médecine,pour n'importe quelle
raison,car une sortede bénédictionestattachéeà elle.
Au Saharaet dansle Haouz,I'infusiondesfleurset de la planteentièreest
utilisée comme fébrifuge, diurétique,antirhumatismal,antigastralgique.
On la boit aussien guisede thé.
D'aprèsDOREAU (1961),on I'utilise,en cataplasmes, au Sahara,pour
panserles blessuresdesdromadaires.

Les feuillesjeunesseraientconsommées dansdessaladesou cuitesavecde


la viande(DOREAU, 1961).
L'espèceest un bon pâturage.
Sa paille, à odeur agréable,est utilisée, au Sahara,pour le rembourrage
desmatelas.

DISCT.JSSION

593
Les sourcesécritesarabes
Le schoenanthe est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877'
1883,no 29,404,888), la'(Jmdat at-tabîb (n" 38), AL-WAZR AL-
GHASSANI (n" 23), la Tuhfat al-ahbâb (n" 34) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,Do9, 892) sousle nom deîd!îr ettibn melcl<â.
Cette espèce êtait déjà connue d'Hippocrate,Pline et Dioscoride. Les
variétés indiennes, plus aromatiques,entraient autrefois dans la
composition de la thériaque(RENAUD & COLIN, 1934, n" 34) : ces
variétésindiennessontprcut-êtreC. citratus ou C. nardus,bien que le C.
sclnenanthusextsæaussien Inde.

395. Cynodon dactylon (L.) Pers. et Agropyrum repens P.


Beauv.

gros chiendent,dactyle
Ftit chiendent,chiendentofficinal
C-es2 es@cesportentles mêmesvernaculaires:
nnjem,en-najam,en-njîl (!).
ôfar (ber&re, Souss)(!).
âgesmirCfissint)(poly.) : s'emploieaussipour les fénrques.
taggamaît(Saharaalgérien,SITOUH, 1989).
f/ (livresque,RENAUD & COLIN,1934, n" 409).

Ces 2 esSces, d'Europe,d'Afrique du Nord et d'Asie, sont communesau


Maroc.

USAGESTRADITIONNELS

Le rhizome de ces 2 espèces,en décoction,est utilisé partout dans le


traitement de la lithiase rénale et des autres maladies de I'appareil
urinaire. On emploie égalementla décoctioncommedépuratif, à raison
d'll2 verre 2 fois par jour.
A Tissint, la décoctionest aussiadminisfée sous formes de lavements
vaginauxdansles maladiesde la femme.
Partout,le chiendententre dansdestisanescomposées destinéesà traiter
les affectionsurinaires.

DISCT.JSSION

I-es sourcesécritesarabes
Le chiendentest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
at-tabîb(no357, 1487),
1883,no 109, 458,1577,2214,2215),la'Umdat
AL-WAZR AL-GHASSANI (no 202), la Tuhfat al-ahbôb (n"409) et
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 45, 243, 350) sous les noms de
594
âlrosf;s (du grec agrostis),nnjem, nnjîl et Ê1.ABDEREZAe ajoure le
vernaculure keztnîr.

I-es donnéesde la toxicologie


Ces espècessont-bien pâturéespar le bétail, mais, d'après certains
auteuts,Cynodondnctylgy auraitune certaineactivité cyanogénétiquedue
L lt p_r$qlg" _probabled'un__gluc_ogide de I'acide cyanhydrique
(DELAVEAU, 1974; LE FLOCTI,1983,no 3l).

396. Danthonia forskahlii (Vahl) Trin.

rabya (!) (LE FLOC'H, 1983; TAILLADE, 1905).

Cette espèce,saharo-sindienne, se rencontrecommunémentdans les


régionsdésertiquesdu sud et dansles steppesde I'oriental.

USAGESTRApTTTONNELS

Aucun usagerelevé, en raison de Ia toxicité de la plante, connuedes


populations.

TOXICITÉ

Cette Poacéeest réputéeûès toxiquequandelle estjeune, c'est à dire en


mars et awil. Elle peut'mêmeentraînerla mort desovins qui la pâturent
(CHARNOT,1945;LE FLOC'H,1983).
Le principe toxique seraitde naturecyanogénétique
(CHARNOT, 1945).

DISCIJSSION

I-es sourcesécritesarabes
Cettees@cen'estmentionnéepar aucunde nosauteurs.

397. Bchinochloa crus-galli (L.) Beauv. (= Panicum crus-galli L.)

paniccrêæ&.oq, panicdesmarais

finnikû (Gharb,BOLJLET& al., 1990).


Cette es1Èce,cosmopolite,se renconffedansles endroitshumideset les
marais; elle envahitles rizièresdu Gharb.

USAGES TRADMONNELS

595
La planæseraitutiliséepar les femmesdansle Gharb,mais nousn'avons
pu savoirpour quelsusages.

DISCI.JSSION

[æs sourcesécritesarabes
Cetæes@cen'estmentionnéepar aucunde nos auteurs.

39E. Festuca arundinacea Schreb.

fétuque-roseau

â.guzmîr,guzmîr (poly.) (Haut-Atlas,Haouz, Oiental, BERTRAND,


l99l): ce vernaculaires'emploieaussipour le chiendent.

Cette fétuque, d'Europe,d'Afrique du Nord et d'Asie, se renconEeau


Maroc dansles parcoursà troupeaux.

TOXICITÉ

Des intoxicationsont été signaléeschezdes animauxqui avaientbrouté


dans des parcourscontenantcette fétuque,dans le Haouz et l'Oriental
marocainnotamment.

DISCTJSSION

Les sourcesécritesarabes
Ctst peut-êtrecette espèce(ou Molinia caeruleavar. arundinacea
Sctrarit) qui est citée par mN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883'
n" 1577) c-ommeune espècede chiendentarundinacée,sous le nom de
'ikri[, (et non CalamagrostisarundinaceaRoth. qui atteint facilement 1
mère). Ce termedésignebien le chiendenten Tunisie(m. ref.).
Nous avonsaussiun douteconcernantla'Umdntat'tabîb (n" 357, 1680).
Iæs autresauteursne la mentionnentpas.

I-es donnéesde la toxicologie


Cette plante serait parasitéepar I'ergot de seigle (Claviceps purpurea
Tulasne)qui pourraitêne responsable desintoxicationsobservées.
La toxicitê séraitplus élévéevers la fin du printempset lors des années
humides(LE FLOC'H, 1983,n" 36).
D'après KEELER & al. (1978), la plante contiendraitun alcaloide, la
perlbtne, qui inhibe les bactériescellulosiquesdu rumendesherbivores.
Gta entraîneraitun déficit nutritionnel responsable,au bout d'un certain
temps,de I'apparition d'un état de maladieanorexique.

596
399. Hordeum vulgare L.

orge

eS-S'îr,fu'îr (!)
zra' : en ré,alité,,ce terme désigne partout au Maghreb la c&êale
dominante,que ce soit I'orge, le blé ou le sorgho.C'est ce qui se passe
précisémentdansle Sud où I'orgeestla eÉrêale la plus cultivée.
tumzîn (berbère,LAOUST, l92l)
âgulas (berbère,LAOUST, l92l) : poru I'orgeverte.
âzembô(berbère,LAOUST, l92l) : pour I'orgedesprémices.
rnerkez Grf) : ce tenne désigneun mélanged'orgeet de blé dur, semé
moissonéet consommésansEi desgrains; on considèreque le pain qu'il
donneest meilleur.
fu\r en-nabbî(litt.: orge du Prophète): UreCB Q928) a rencontrécette
appellation dans le Tadla, pour désignerune variété d'orge dont les
glumes et leurs arêtes,très développées,sont transforméesen barbes.Il
i'agit d'une vaiété que MÈGE tdénommé Hordeum hexastichon L.
var. rnacroglumisMiège (= Hordeum vulgareL. ssp.hexastichon(L.)
Husnot var. rnacroglumis Miège. Cette variétéd'orge a êtê signalée
également en Afghanistan. En Algérie, I'expressionh'îr en-nabbî
désigneraitune autre variétê d'orge,à grains nas,Hordeurn vulgare L.
ssp.vulgare (L.) Hackelvar. coelesteL. (= H. tetrastichurnvar. celeste
Kornicke), variêté que I'on renconfreaussi en Egypte et en Abyssinie.
Cettevariêté,exisæraitégalementdansle Haouzet le Souss,maiselle y est
connuesousI'appellationclassiquede sult (RENALJD& COLIN, 1934).
D'après Ahmed Zarrrtq (cité dansCOLIN, 1926-1927),le sult serait le
fu'îr en-nabbî. Quelquesoit la variêtê,I'orge du Prophète(&a'îr en-
nabbî) passeaux yeux des paysanspour assurerle succèsdes récoltes.
Aussi en mélangent-ilstoujours quelquesgrains à leurs semencesde
céréalespour attirer sur leurs culturesla bénédictiondivine.
talnbit (Jbala,VIGNET-ZUNZ,1995) : paille d'orgelongue.
tben (Jbala,VIGNET-ZUNZ,1995) : paille d'orgecourte.

Les variétésd'orgecouranrmentcultivéesau Maroc sont :


- Hordeurn vulgare L. ssp.vulgare (L.) Haeckelvar. genuinum Asch.
(orgeà4rangs);
- Hordeum vulgare L. ssp.hexastichon(L.) Husnot(orge à 6 rangs);
cette variété est mélangéedansles culturesavecla précédente(MAIRE,
1952-1968).

USAGES TRADMONNELS

EMPLOIS MÉDICINAUX

597
La semoule d'orge (fffJa) est très souvent utilisée pour faire des
cataplasmesémollients ou des bouillies lactéesqui serventde véhicule à
divers médicamentsirritants adminisrés oralement.
La 'asîda (voir ci-dessous),parfois enrichie de miel, de thym et de
cressonalénois,est donnéeau( accouchées et aux convalescents comme
reconstituants.
l-e,mô' e{-fu'îr (eaa d'orge)se prépareavec de I'orge perlé* - c'est à
dire privé de tégumentset réduit à I'albumenet à I'embryon- qu-'onfait
cuire dansbauôoup d'eau.Elle sert,en gargarismes, contreles affections
de la gorge. On l;administre aussi aux enfants qui ont des maladies
gastro-intestinales et aux adultes,dansles irritationsvésico-urinaires.
La bouillie d'orge (lwssû.wa,ôskifl, salée,est prescrite pour ses
propriétésantidiarrhéiques. On la donneaussiaux maladg-s parcequ'elle
èstiéputée plus digestèeL aux femmesallaitantes,car elle augmentela
lactation. Dans le Souss,on donnela lemrîs (bouillie d'orge nouvelle
prêparênavecdu petit-lait ) aux femmesallaitanæs.
L'oige grillée est ajoutéeau cafépour le remplaceJPartiellement. -
D'apiès-MATHIEU & MANEVU.B (1952), à Casablanca,on donne à
boire de la tisaned'orgedansla gonoccocie.

USAGESALIMENTAIRES
L'orge est une e,eréaLede basedansI'alimentationdesMarocains.La tfiSa
qui leur sert à faire diversesbouillies ou galettesest une semoule
grossièred'orgeou de blé dur cassé.
k sawîqdeJArabes du Moyen-Orient est une farine d'orge-grillée et
concass&qui servaitde provisionde voyage.Elle correspondà la rwîna
ou zemmîçndescampagnes et desvilles du Maroc (ârkukûdansle Souss).
L,e sawîqest aussila décoctionqu'onprépareaveccettefarine. La'aûda
(tagutla desHatra)est de la farine d'orgecuiæà lhuile.
Avéc la semouled'orgeon prépare,partout au Maroc,les rgaîf (toSrîft
en berbère)soræ de crêpes(semoule+ eau+ sel) cuites sur les 2 faces,
sur un plat de terre cuite enduit avecun jaune d'oeuf ; la tunner'test une
crêpedurcie,séchéeau soleil, qui peut se conserver.
Daàs I'Orientalmarocainon prépareune semoulesffciale d'orgeappelry
rnerrnez: I'orge est récoltéequanales gfainssontencoreverts, c'està
dire avant maturité, puis débarrasséedes tégumentset cuite à la vapeur
dans une couscoussièredont le fond à êtê tapisséde menthe à feuilles
rondes(Mentha suaveolens); elle est ensuiteséchéeau soleil, grillée sur
un plat en terre cuite et moulue ; on obtient alors une semoule marron
fonôée qui reçoit le nom de mermez. Cette semouleparticulière sert
surtout à prépârerun couscousau( légumesqui est très estimédansces
régions.
CËezlesHatra on appelleîbrînun couscousd'orgeservi avecun bouillon
d'aub:rgines,d'oignonet 'l'huile (DOUTTE, l9l4).

598
DISCI.JSSION

I-es sourcesécritesarabes
L'orge et ses préparationssont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 1255, l32l), la'Umdat at-tabîb (no 607,
2528),AL-W AZIR AL-GHASSANI(n' 380),laTuhfat al-ahbâb(n" 386)
et ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 340, 837) sousles nom de tu'îr,
sawîq,mâ' e{-fu1r, I.tassôwa,
I@Ika.

* L'orge perlé estdifférent de I'orgemondéqui estta graineprivéede balle.

400, Imperata cylindrica (L.) Beauy. (= Sacchorurn cylindricum


Lam.)

herbe baibnnette,impérata

silet, s/r (Sahara,SITOUH, 1988).


l-I.nfa (poly.) (Sahara,Egypte).
îbestaû,,tibesteû, t ebanawur(Iouaregs).

CettePoacée,médiærranéenne
et fropicale,est communeau Maroc et au
Sahara.

USAGESTRADMONNELS

Au Saharala soucheestutilisée,en infusion,commediurétique.


Cette plante produit, dans certainesrégions, une manne sucrée en
goutellettes,récoltée au printemps et utilisée comme miel et comme
produitsucrant(LE FLOC'H, 1983,no 20).
Elle est pâturéepar les dromadaireset les froupeaux.

DISCI.JSSION

[æs sourcesécritesarabs
C'est peut-ere cette Poacéequi est décrite par IBN AL-BAYTAR
(LECLERC, 1877-1883,no 2l5l) conrmeunevariétéde panic qui sécrète
une matièresucrée(maÈâfrr).I-es auEesauteursne la mentionnentpas.

401. Lolûam perenne L.

iwaie vivace

599
zwân (du classiquezuwôn) : ce vernaculaires'appliqueaussi aux autres
iwaies, aux espècesdu genrePhnlarisetàAgrostemmngithagoL.
fufifut el-farôs (litt. : chanweindien des chevaux)(Egypte, BOULOS,
le83).
l-medhûn (!) (poly.) (litt.: celle qui est enduitedhuile ; en raison de
I'aspectbrillant de la plante).

Cette Poacéed'Europe,d'Afrique du Nord et d'Asie, est communeau


Maroc, dansles prairies.

USAGFSTRADMONNELS

les propriétéséniwanteset somnifèresdes grains d'ivraie sont connues


desbergers.

TOXICITÉ

L'iwaie vivace provoque,chezles ovins,bovinset chevaux,une maladie


neurotoxiqueavecdésordresneuromusculaires.

Symptôrnes de l'intoxication
Ceux sont les mêmesque ceuxprovqués par L. ternulentum(voir à cet
article), soit principalement : mouvementsincontrôlés de la tête,
incoordination, démarche titubante, trébuchements,effondrement,
tremblements,spasmesmusculaires(KEELER& al., 1978).
La mortalité est basseet résultele plus souventd'accidentssurvenusau
coursde la maladie: chutes,fractures,etc.
Généralement,les animauxrécu$rent en I à 4 semainesaprèsqu'ils aient
été sousnaitsdu pânrage toxique.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
(Voir I'article suivantl-olium temulentufti,îo 402).

I-es donnfusde la toxicologie


Cesfoubles s'apparententà ceu( observéschezdesanimauxayantpâruré
des épis de Paspalium dilatatum Poir. parasitéspar de.ssclérotesde
Clavicepspaspali Stev.& Hall. Des similitudesont aussiêté notéesavec
les sympiômes de I'intoxication expérimentale p_Tovoquéepar
aOministrâtion de substances isoléesde culturesde Penicilliurncyclopium
V/estling prélevésdans les sols sur lesquelspoussentI'iwaie vivace et
ausside-culturesde Penicilliumpalitans Westling.Cesculhres, ainsi que
les sclérotesde Claviceps paspali, contiennentdes substancesdites
"Eemogens"(termeanglo-saxon).On a isolé des culturesde Penicillium
cycloplum des moléculesappeléespénirems A et B (ou EémortinesA et

600
B) à structureN-indolique. Ces molécules,injectéesà des ovins, ont
reproduit les mêmessymptômesque ceux observésdansI'intoxication par
Lolium perenne.Cesconstatations laissentdoncpenserque lTntoxication
par I'ivraie vivace pourrait être due à des neurotoxinesdu type des
"tremorgens", probablementdes mycotoxines produites par des
Penicilliurn. CesPenicillium ont d'ailleursété retrouvésdans les selles
d'nnimauxintoxiqués,en Australie
D'auEesauteursont étabf une corrélationenEeI'intoxicationpar I'ivraie
vivace et la présencedans la plante d'un champignonparasite, le
Pithomyces chartarum. qui secrèteune mycotoxine.Cette mycotoxine
seraitresponsablede l'eczêmafacialobservéchezles animauxintoxiqués.
(KEELER & al., 1978).

On a suggéréaussi que les troublesprovoquéspar Lolium perenne


seraientdus à desalcaloidesde llwaie, la perlolineet I'halostachine,
mais
cettehlpothèsen'estpasconcluante.
(Sur I'intoxication par I'ivraie vivace, voir aussi I'article Lolium
temulenturn,no 4AD.

402. Lolium temulenturnL., Loliam multiflorurn Lam. et


Loliam rigidum Gaudin

iwaie, ztzanie

zwôn ( du classiquezuwôn) (!) (poly.) : s'appliqueaussi à Lolium


perenne, aux espècesdu genrePhalaris et à Agrostemma githago
(RENAUD & COLIN, 1934,n' 156).
sîkrôn, sîkrô (litt.: celle qui éniwe).
I-rnedhûn(!) (poly.).
gesmatô(Rabat,BERTRAND,1991).
{aylam (livresque, RENAUD & COLIN, 1934, no M8 ; IBN AL-
BAYTAR dansLECLERC,1877-1883, no 1370).

Ces Poacéesd'Europe,d'Afrique du Nord et d'Asie, sont communesau


Maroc. Ce sont desespècesannuellesmaisil existedesformesvivacesde
L. multiflorum. Elles poussentdans les prairies,les moissonset les
cultures.

USAGESTRADMONNELS

Les propriétéséniwanteset somnifèresdes grainsd'iwaie sont connues


des bergers.
Comme elle poussesouventau milieu des champsde blé, les paysans
séparentses grains de ceux des bonnescéréales,car sa toxicité est
connue.

601
Pour MAUCHAMP (s.d.)les grainesd'ivraie avantmaturité,quandelles
sontencorepoisseuses*,sontutiliséespar les femmes,dansle Haouz,sous
le nom de [mihat el-rnedhûn(htt.: petite graine d'iwaie), po1rrs'épiler
lesjambs. E[es seraientaussiutiliséescontreles piqûresde guêpe.

TOXICITÉ

Les propriétéstoxiquesde I'iwaie sontconnuesdesMarocains.


n y eut autrefoiJ des intoxications humaines d'allure épidémique
proïoqufus par des céréalesavec lesquellesdes grainesd'ivraie étaient
mélangées.
Des intoxications d'ovins, bovins et chevauxpar I'iwaie sont encore
observéespériodiquement.
La planten'estpastoxiqueavantla manrationde la graine.
Ni ia températurede ôuissondu pain, ni l'ébullition, ne détruisent la
toxicité.

Symptômesde l'intoxication
l. chez l'hornme
L'intoxicationhumaine,généralement dueà la consommationde produits
à base de cérêalesmélangéesà de I'iwaie, présenteles symptômes
suivants: douleur et lourdeur dansla tête, vertiges,troubles de la vue,
bourdonnementsd'oreilles,somnolence,titubation,engourdissement des
membres,angoisseprécordiale,nauséeset vomissements, g-astralgies,
coliquesaveclonstipæionou au conEairedianhées,mictionsfréquentes,
sueuis. Dans les cas graves, la mort peut survenir au milieu de
convulsions(CHARNOT,1945;GARNIER& al., 196l).

2. chezl'animal
Les symptômesde I'intoxicationchezI'animalsontles suivants: dilatation
de la pùpille, vertiges,marchetitubante,tremblements,contractions
spasmôdiquesavec mouvementsparticuliers-d'ondulationcorporelle
diavant eri arrière ; somnolence,hypothermie puis élevation de la
température,raidissementpuis engourdissement desmembresentraînant
une-marchesaccadéepuis l-'abolitiondesmouvernents,respirationd'abord
accêlêt&puis devenanthaletante.Dansles casgraves,la mort survient au
miteu de convulsions.
L'autopsiedesanimauxintoxiquésrévèledesviscèreshémonagiques,une
atteintedu foie, une congestiondespoumons.
Le chameauest lanimal le plus sensible,suivi par le chevalet les bovins.
(CHARNOT,1945; GARNIER& a1.,1961).

DTSCUSSION

[æs sourcesécritesarabes

602
L'iwaie est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLER0, 1877-1883,
n" 368, 505, 887, 956, 969, 1049,1139,1370)sousles nomsde zwân,
denqa,belt, jalîf. ABDEREZAQ GECLERC, 1874,n" 228,299, 9M)
la décrit sousle nom de hylam, zwôn,jalîf. La '(Jmdat at-tabîb (n"
2588),AL-\ryAZR AL-GHASSANI(n" 37{),laTuhfat al-ahbâb(n" 156)
la décriventaussi.

I-es donnéesde la toxicologie


La nature chimique de la toxine n'est pas définie encore mais il
semblerait que ce ne soit ni une protéine, ni une glycoprotéine
(KEELER, t978).

Dans son tableauclinique général,I'intoxicationpar I'iwaie ressembleà


celle observéeavec Festuca rubra L. var. corumutata, infestênpar un
nématode, Anguina agrostis Steinb. et par une bactérie du genre
Corynebacrcrtum (KEELER & a1.,1978).
D'aprèsdesrecherchesrécentes,la toxicité de lTwaie serait,elle aus"i, en
rapport avec I'infestation des épis, au mornentde la grenaison,par un
nématode,Anguina lolii, et par une bactériedu genreCorynebacferiurn,
probablementC. rathay, Smift. Infestés,les grainsne se développeraient
alorspas normalementet deviendraientdessortesde gallesconænantsoit
le nématode,soit la bactérie,rarementles 2 à la fois.
La séparationmanuelledes galles à nématodeset des gallesà bactéries,
puis l'étudeexpérimentalede leur toxicité a montréque seulesles gallesà
bactériessont toxiques.Cependantdestestsfaits avec des culturesde Ia
bactérieisolée n'ont pas reproduitI'intoxication.La questionde savoir si
la toxine est d'origine simplementbactérienneou si elle est produite par
la plante en réponseà I'infection, fait encoreI'objet de controverses
(KEELER & al., 1978).
Pour d'autres auteurs,I'activité éniwante du caryopseserait due à un
charrpignonparasitedu genreChaetorniurn(GARNIER & al., 196l).
(Sur la toxicitéde cesiwaies,voir aussiLoliumperenne,n'4Ol).

Etudiée expérimentalementsur le rat, la toxine sembleavoir une action


vasoconstrictricedurable entraînantune réduction de la circulation
périphériquece qui provoqueen quelquesjours une gangrènede la queue
et despattespostérieures(KEELER, 1978).
* Cefteviscositédesgr_ains
deI'ivraie étaitconnude RHAZ (cité par IBN AL-BAYTAR
in LECLERC,1877-1883, no 1370).

403. Lygeurn spartum L.

spartedu Sud

603
sennâq,sennâg"sennôga,tasennô!,t(Orientalmarocain,HauteMoulouya'
Algérie) (!).
|-I.M.W(Tekna) (poly.) : ce vernaculaire se refrouve dans tout le
Maghreb. Le même nom s'emploiepour Stipa tenacissima,là où elle
existe,et pour d'autes Plantes.
talômt (Ait Seghrouchen, BERTRAND' 1991).
tirawt (Æt Yahia, BERTRAND, 1991).
âmenzal(AiTYahia BERTRAND, l99l).

Cette espèce,sud méditerranéenne,se rencontredans les régions des


et le Satrarasepæntrional.
plateauxsteppiques

USAGESTRADITIONNELS

En HauæMoulouy4 les tigessontutiliséespour faire descautères.


Cette espèceremplaceI'alfa (Stipa tenacissima),en matelasserieet en
sparterie,là où cettedernièren'existepas.

DISCT]SSION

Les sourcesécritesarabes
Cette ntst pasexpliciæmentmentioonT par nos auteurs,maiselle
a pu êtô assimiléeà Stipa tenacissima,catelle est appeléeaussipar les
"sÊce
populatio îII.MW et reçoit les mêmesusagesen artisanat.AL-WAZR
AL-GHASSANI et la Tuhfat al-attbâbne mentionnent,quantà eux aucune
de ces2 es@cesaPPlé:esl.nlfa-

404. Molinia caerulea (L.) Moench' (= Festuca caerulea DC')

molinie bleu

zergîgô(Fouarate,Gharb)(litt.: la petitebleue).

Cetteespèce,quasimentcosmopolile,poussedansles lieux humideset les


merjas,iurtout dansles terrainssiliceux.

USAGESTRADMONNELS

Planæfourragère,particulièrementrecherchéepar les troupeaux.

TOXICITÉ

Elle seraitdangereusepour les Eoupeauxà l'époquede 11floraison, c'est


à ceux
à di;e de mai à septembl:.Les accidentsobservésressembleraient

604
qui sont provoquéspar Lolium temulentam(vot cet articlo, Do 402)
(CHARNOT, 1945).

Les sourcesécritesarabes
C'estpeut-êtrecetteespèce(ou FestucaarundinaceaSchreb.)qui est citée
par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,n" 1577) commeune
espèce de chiendent arundinacêe,sous le nom de 'ikri[, (et non
Calamagrostis arundinacea Roth. qui atteint facilement 1 mère). Ce
termedésignebien un chiendenten Tunisie(op. cit.).
Les autresauteursne la mentionnentpas.

405. Oryza sativa L.

riz

rûz rawz (t).


mârô (Tekna, Maures, Sahara occidental): vernaculaire
vraisemblablementd'origine africaine; on le retrouve,en effet, dans
quelquesdialectesafricains.

I-e iz est cultivé au Maroc dansle Gharb.

USAGESTRADITIONNELS

Partout au Maroc, Ie iz en grains et I'eau de nz sont utilisés comme


antidianhéique,sutout chezI'enfant.
Mais les usagesdu riz sontsurtoutalimentaires.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
I-e iz est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 42),la'Umdat at-tabîb (no 5l), AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" ZT)
et ABDEREZAQ (LECLERC, 1874, no 45) sous le nom de ûrz. La
Tuhfat al-ahbâbne le cite, le considérantprobablementcornmeun simple
aliment ou commeun produit trèsconnu.

406. Panicam miliacean, L.

millet cornmun,panic faux-millet,mil d'Inde

tafsût (poly.) : ce vernaculaires'appliqueaussi au sorgho, au mil-


chandelleet au millet desoiseaux.
jôwars (livresqueet moyen-oriental)(RENAUD & COLIN, 1934,n. 96).

605
Originaire de I'Inde, cette gfaminéeest un peu cultivée au Maroc, depuis
très longæmps.

USAGESTRADMONNELS

Dans le Gharb, la bouillie de grains pilés au mortier se prend contre la


dianhée.
Ès grainesserventà l'alimentationhumaine,et à celle des oiseauxet de
la volaille.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
l,e miffet commun est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC'
rgzi-rgs3, Do 460,lggT),la'umdnt at-tabîb(n" 362),AL-WAZR AL-
et ABDEREZAQ, 1874,no 218) sous le nom de
CffnSSef.U (n' 73)'al-ahbab
ii;";; LaTuhfat l'a probablementassimiléà des céréales
voisines.

407. Panicum turgidum Forsk.

ûmm-rekba,bû-rel<ba,mrokba(poly) (litt.: celle qui a desgenoux).


c'est le Umâm du
[nmm.ôm,!nôm, tumôm* : mot d'originebédouine;
Hedjazet de I'Egypte (IBN AL-BAYTAR in LECLERC, 1877-1883,
no451 ; BOULOS,1983).
ôlzû, (touaregs)' : différenj. de l'âfzû des Rgibat qui est le
M esembryanthemutn theurknffii -
âbû,tcnr(RgibagMONTEIL, 1953) : Poq tépi vet'
ôz (Rgibat,vtovrpn, 1953): pour l'épi secet les caryopses.
tifitalMaures, MONTEIL, 1953): pour l'épi secet les caryopses'
tigusin(Tissint,BELLAKIIDAR & al-,1987)'
gr$ (Egypt€,BOULOS,1983).
êmselih(Tchad).
est communeau
et soudano-deccanienne,
CettePoacée,saharo-sindienne
Saharaoccidentalet cental.

U}AGES TRADnONNELS

En médecinetraditionnelle,partout au Saharaon utilise la poudrede tige


tamisée,en saupoudrage commecicatrisant.
surles blessures,
À 1'i*riotn la àécocti-onde rhizome sec ou frais s'em_p_loie_contre la
tuberculoseet l'asthme,à raisonde 3 verresparjour (BELLAKIIDAR &
al., 1987).

606
Ce sous-arbrisseau à tiges 1Érennes,dureset ligneuses,fournit aux Rgibat
des grainestrès appréciées: ils en font une farine (ôù et une bouillie
(nn&) (MONTEIL, 1953).Les Touaregsconsommentaussiles graines
(VOINOT,lgM). On ramasseégalementles grainesde Panicum laeturn
Kunth. pour le même usage alimentaire. La technique de ramassage
consisteà passerles épis dansun panierEesséen feuilles de palmier qui
retient les grains.

Malgré sa nature ligneuse,le P. turgidum est un excellent pâturage,à


l'état vert ou sec.

On I'emploieaussien vannerieet en matelasserie.

DISCT]SSION

Les sourcesécrites arabes


Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 451),sousle nom de frimâm.En ce qui concernela'Umdatat-
tabîb (n" 340),nousavonsun doute.I-esautresauteursne la citentpas.

I-es donnéesde la toxicologie


Certains Panicum (par exemplePanicum rnaxirnumJacq.(K. Schum.)
Eyles var. trichogluma, en Ausftalie) peuventêtre toxiques pour le
cheval, en raison de leur richesseen acide oxalique (0,337ochez cette
espèce)(KEELER & al., 1978).
* Dansle récit de sonpéripleà traversle Saharaoccidental,RenéCaillé parle d'un arbre
à beurre,différentde Butyrospermilrn parkii Kotschy,qui poræle nom delnman.n ne
pas
s'agit certainement de P. turgidum En donneune graine (MONOD, 1960, dans
BELLAKHDAR, 1978).Certainsauteursfont du gnânune "datte"comestibleproduiæ
par un "gommierdu désert".Nouspensonsqu'il doit s'agirdeBalanitesaegyprtacaqan
n'est pas un gommier mais qui a le mêmeaspectépineux.Certainsacaciasdonnent
cependantdes grainescomestibles(voir 'umdatat-tabib, n" 2280),mais elles n'ont
certainementpasI'aspectde dattes.

408. Pennisetum typhoides (Burm.) Stapf. & Hubb.


(= PennisetumtyphoideuræRich. = PennicillariaspicataWild.)

millet noir, mil chandelle,millet perlé,marsnoir, sorghoen épi.

ânîIî, îIlôn (!).


behô (Touaregs,Sud algérien): c'est généralement
le nom du sorgho
(Sorghumsp.).
tafsût (fouât) : clestaussile nom du sorgho.

607
dulm (fchad, Renseignements Coloniaux,Do5, mai l9l2) : au Moyen-
orient, ce terme s'appliqueplutôt au PanicumitalicumL. ou au sorghum
vulgareL.
gassab(Fezzan,LE FLOcTI, no46).

Originaire du Soudan,le mil chandelleest cultivé au Marocosurtout sur


les iols pauvresdes montagnesdu Sud'et dansles oasis,comme cêréale
viwière.

USAGESTRADMONNELS

En médecinetraditionnelle,les bouillies de grains sont principalement


utilisées comme mets reconstituantpour les accouchées.On les donne
égalementaux fracnrés pour consoliderleurs os, aux rachitiqueset aux
convalescents.
Dans I'Oriental marocain, le mil chandelleentre dans la composition
d'une mixture reconstituanteet fortifiante appeléelenjbâr (voir cet
article, n" 689). Cenemixture est ingérée,à raisonde plusieurscuillères
par jour, danstous les étatsd'anorexieet de faiblesse.

ce glain est surtoututilisé pour faire desbouillies* à l'eau ou


Concassée,
au lait.

DISCT.JSSION

Les sourcesécritesarabes
l-e mittet noir n'est pas mentionnéexpliciæmentpar IBN AL-BAYTAR
AL-\ryAZIR AL-GHASSANI et ABDEREZAQ. Chezeux, le mot du$n
'[Jrndatat-tabîb(n" 873)mentionnebien par contrg
désignele sorgho. La
ItaniIî commJune variété de sorgho.Idem pour la Tuhfat al-ahbôb (n"
e6).
Donnéesnutritionnelleset valeur alimentairedesgrains
(citéesdansDOREAU, 1961,calculsétablispar nossoins)
En grammes,pour 100 g de farine blutée :

Eau: 10,6 Amidon 63,0 Lipides: 4,5


Protides: ll,2 Cendres 1,7 Cellulose:2,0
Calories: 350pour100g.

Calcium:0,03g Fer 2,50mg


Vit. Bl : 0,36mg Vit. 82 0,16mg Vit. PP:2,35mg

Acides arninês: Arginine (0,52 g), Histidine(0,23g), Isoleucine(Q,41S),


Leucine (1,91 g), Lysine (0,29 g), Méthionine(0,42 g), Cystine(0,42 g),

608
Phénylalanine(0,54 g), Thréonine(0,54g), Valine (0,62 g), Tryptophane
(0,25 g).

De plus, une amylase aurait été isolée à partir des graines germées
(CHOPRA& a1.,1956).

Iæs donnéesde la toxicologie


Les fourragesvertsou secsde certainesvariétésde Pennisetumtyplwides,
P. clandestina et P. purpureurn ont êté dêcites en Australie comme
toxiques chez le bétail, en raison, d'unepart de I'accumulationdans la
planted'acideoxalique,d'auEepart de la richessede la plante en nitrates
(KEELER & al., 1978.

* AuEezzan,cettebouillie additionnée de pulpededatteset d'eau,puis abandonnée


à la
fermentatioq1 nuit" donneunesortede bièreconnuelocalementsousle nom de buza(Æ
FLOCTI, no 46).

409. Phalaris divers

alpiste

Plnlaris minorReV,
Phalnris canaricnsisL.
PhalarisparadomL.
Plnlaris brachystachys lÀnk

nrtôn (!) (poly.) : ce vernaculaires'appliqueaussiaux ivraies (Loliurn) et


à Agrostemmagitlngo L.
tigurramîn (berbèredu Souss,LAOUST, l92l)
ddemiya (Tekna) (poly.) (litt.: la sanglante): pour la variétêP. minor
Retz. var. haematites,en raison de la colorationrouge de la plante à sa
baseet du "lait rouge exsudantdes gainesfoliaires lorsqu'onles casse"
(ozENDA,1977).
fanvôt(Gharb,
BERTRAND,
1991)
L'espèceP. minor est cosmopolite,P. canartensis,P. brachystachyset P.
paradom sontméditerranéennes. P. canariensLs
estaussicultivée.
Læs grains d'alpistesont exportéesen Franceet en Grande-Bretagne où
elles serventà fabriquer un amidon de ftès bonnequalité pour I'apprêt
desétoffes.

USAGES TRADMONNELS

609
Dans le Gharb,lâ farine de I'alpiste sert à faire desemplâtres,mélangéeà
d'auEessubstances.
Les grainsde P. cannriensas serventà I'alimentationdesoiseaux.

TOXICITE

La var. haematitespeut êfe pâturée sans danger à l'état sec. Mais


fraîche,surtoutquanôelle estjeune, elle est toxiquepour les animaux,et
en particulierles chevaux.

DISCIJSSION

Les sourcesécritesarabes
@ê parIBN.AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883'
n'1651) sous le nom de fôlarîs. ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,
n" 299) a probablementconfonduI'iwaie et I'alpistesousle même nom
àe ziwan ; il doooeen effet commesynonymele nom de berrâqa; or ce
derniernom est utilisé à Constantine,d'aprèsLECLERC (op. cit.), pour
désignerune grainequ'on donle aux serins.Même commentairepour la
;UrrÏnt ot-too'îbet AL-WAZF', AL-GHASSANI.LaTuhfat al-ahbâbne
mentionnepascesesPèce.

Les donnfusde la toxicologie


ffirirdansciesespècesvoisines(P.tuberosaL.etP.
àiundinaceaL.) des alcaloidesdérivésde la diméthyltryptamilgdont la
connus(KEELER &' aI-,1978).
bufoténineaux effetshallucinogènes

Des espècesvoisines(P. tuberosaL. et P. arundinaceaL.), bien étudiées


en Ausfalie, provoquentdesintoxicationsdont on distingue3 types:
1. I'intoxicatiônperaigueappeléeencoresyndrgmede la mort subiæ;
2. I'intoxicationaigueavecdessignesneurologiques nets;
3. I'intoxication-chronique ou "Phalaris staggers" avec désordres
neurologiquesgraveset issuefatale.

On a démonnéqueles 2 premierstypesd'intoxicationsontcauséspar les


alcaloides dérivés de Ë diméthyltryptamine. L'agent toxique de la
maladieappelée"Phalarisstaggers"n'apasétéélucidé.

Symptômesde I'amaladie "Phnlarisstaggerl-'|.


fj*i cette intoxication, on observede I'incoordination, des spasmes
.oo*f*ifr, de I'hyperexcitabilité,desmouvementsinconEôlésde la tête.
La mort survient'subitement. Après I'arrêt du pâturage toxiqueo les
dansI'intoxicationaigue.
fioublessubsistent,alorsqu'ils disparaissent
A I'autopsie,on observeune pigmentationbleue-gfisgde certaineszones
du cervèauet de la "dorsal-root ganglia". Cette pigmentation affecte
ègatement les reins et aussi, m*s plus rarement, le foie. Cette

610
on peut
pigmentationsembledétruireles neurones.Exceptionnellement,
observerune myopathie(KEELER & al., 1978).

410. Phragrnites communis Trin. (= Phragmites australis (Cav.)


Trin.)

roseau

l-geçba,l-gçeb,l-qçeb(l).
âSanim(berbère,Haouz,Souss)(!).
Ces2 vernaculairess'appliquentaussià la cannede Provence.

Le roseau,espècecosmopolite,est fréquent au bord des oueds et des


mares.Il est aussicultivé pour faire deshaies.

USAGFS TRADMONNELS

On trouve souventdesinstmmentsen roseau(canules,etc.) dansI'attirail


médical des tradipraticiens.On en fait aussi des qalam ("styles") qui
serventà écrire destalismanset descaligraphies
D'aprèsMATHIEU et MANEVILLE (1952),à Casablanca, les mafronnes
donnent à mâcher aux femmes 7 noeudsde roseau encore vert pour
obtenirune actionanticonceptionnellequi dure7 ans.
D'après MAUCHAMP (s.d.), à Marrakech, pour faire pousser les
cheveux,on appliquesur eux une pâte faiæ de feuilles d'agave,de roseau
vertode hennépilés ensembledansde I'eau; on laissesécheren masque
capillaire,puis on lave.

Iæ roseauest trèsutilisé en varrnerie.

DISCTJSSION

I-es sourcesécritesarabes
I-e roseauest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,1877-1883,
no 1798, 2307), la 'Umdat at-tabîb (no 2164), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (no 261), la Tuhfat al-ahbôb (n" 84) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" '744,sousle nom de qaryb.

Les donnéesde la toxicologie


Des intoxicationsd'animauxpar le roseauont été rapportées.Elles ne
seraient pas du au roseau en lui-même mais à des champignonsqui
I'habitent(GARNIER & al., 1961).

6tl
4ll. Saccharum offt'cinarum L.

canneà sucre

qçebes-sukkar(!) (Gharb,Souss,etc.).
qaqb sakkurî, qayb lahtû (litt.: canne à sucre,roseausucré) (AL-
WAZR AL-GHASSANI,n" 266).

La canne à sucre est traditionnellement cultivée au Maroc :


historiquementdansle Souss,plus récemmentdansle Gharb.
Une espèceproche,SaccharumravennaeL' (= Erianthus ravennae(L')
P.B., tèsengZttdes Touaregs),produit une exsudationsucréeque les
Satrariensrécoltentet utilisentcommeproduit sucrant.

USAGESTRADMONNELS

La tige sert à I'extraction du sucre qui reçoit divers usag_e_qcomme


aliment,médicamentet excipient(voir à l'article "sucre"on" 677).
La canneà sucreet les mélassesrésultantde I'extractiondu sucre sont
très utiliséescommefourragepour le bétail.

DISCTISSION

Les sourcesécritesarabes
La canne à sucre est mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
1877-1883,no 1800),la'Umdat at-tabîb (n" 2164),AL-IVAZIR AL-
GHASSAM (n" 266)et ABDEREZAQ(LECLERC,1874,n" 829)sousle
nom de qaçabes-sul{<nr.LaTuhfat al-ahbâbne la mentionnepas.

412. Secale cereale L.

seiglecultivé

lkâtiyâ, âQôIiyâ (!) (Gharb, Tangérois,Rif) (Fès, AI--WAZIR AL-


GHASSANI, Do 380) : ce vernaculairedérive du latin "secale". Il
s'emploieaussidanscertainesrégionsdu Rif occidentalet dansla partie
nord du Gharb pour désigner lengrain (ou petit épe3gqer_Triticam
fnonococcurc L.)-(RENALJD& COLIN, 1934,no 314 ; VIGNET-ZUNZ,
1995).
Sentî,ôkntî\, ôchentît, îkntî, lentiya, tisentît (Jbala Rif, Senhajades
SrarT,Branes,Anti-Atlas, Haut-Atlas)(COLIN, 1926-1927 , n" 24 et ?-6;
BERTRAND, lg9l, DELON & PUJOS, 1969). Ces vernaculaires
dérivent probablementde I'espagnolancien "centeno"(COLIN, 1926'
1927).
612
ôdkû,în (Haut-Atlas, Ourika,' RENAUD & COLIN, 1934, n" 314 ;
rilawezguit,BERTRAND, l99l), âdkû(Beni-Mellal).
qni| GrO (diminutif de qrnah : petit blé dur)
e$-tu'îr er-rûmî (litt.: orge des chrétiens)(AL-WAZR AL-GHASSANI,
n" 380) : ce vernaculairesembleconfirmerI'origineeuropéenne
du seigle
et de sesvernaculaires(COLIN, 1926-1927).

Beaucoupd'auteursmaghrébinset andalousfont du 'alas, qui désigne


normalement l'épeautre (Triticum dicoccum Schrank.) et I'engrain
(Triticum rnonococcunL.),le synonymede {kâliyaet de tisentitqui sont
généralementau Maroc les appellationsdu seigleet de I'engrain.Ainsi
IBN AL-BAYTAR fait du 'alas "une sorte de céréaleparticulière au
Yémen et servantde nourritureà la populationde Sanâaqui le connaît
sousle nom de kanîb" (dansLECLERC, 1877-1883, n" 1979).Quant à
Ahmed Zamtq El-Bernoussi,il reprendcettementionet fait du 'alas le
synonyme de tisentît (dans COLIN, 1926-1927).La confusion enrre
l'engrain (7. monococcum)et le seigle,qui subsisteencoreau Maroc au
niveau des vernaculaires,est donc historique.Cetteconfusionest encore
augmentéedanscertainsouvragesqui font du sult un équivalentde âlentît
ou de el-h'îr er-rûmî Normalementsult désigne,selon les contréesdu
Monde Arabe, soit une variétê d'épeautre"à grains vêtus qu'on
décortiquerait" (RENAUD & COLIN, 1934, no 386), soit une vanêté
d'orge à grain nu (Hordeum vulgare L. ssp.vulgare (L.) Hackel var.
coelesteL. = Hordeumtetrastichurnvar.celesreKornicke).

I-e seigleest originaired'Europe.Etantrésistantau froid et peu exigean!


il est traditionnellementcultivé, au Maroc, dansles montagneset sur les
solspauwes,comme cêréateviwière.

USAGESTRADMONNELS

Le pain de seigle, la bouillie de seigle et I'eau de seigle (décoctionde


grainsconcassés) sontutilisés,dansle Rif, confrela constipation.
Dans les régions où il est cultivé, il sert à faire des galetteset des
bouillies.
Des variétésfourragèresont été récemmentintroduitesdansle Gharb,où
elles sontcultivéesde manièreintensive.

Drscr.rssroN
Les sourcesécritesarabes
Une grandeconfusionexisteà proposdu seigle chezles auteursarabes.
On ne le distinguepas clairementdansles raités d'IBN AL-BAYTAR et
de ABDEREZAQ chez lesquels nous n'avons pas retrouvé les
vernaculaireshabituellementutilisés au Maroc. C'est probablementle
613
dont IBN AL-BAYTAR (LECLERC,
ch.aïr rûmi (litt.: orge européenne)
1877-1883,ûo 132, 1209--) et ABDEREZAQGECLERC, 1874,no 340)
font une variété d'orge et, pour le second,un synonyme de sult.
RENALJD& COLIN (1934,no 314), en étudiantles annotationsportées
en nurge de divers manuscritsarabesde la Bibliothèquede Rabat, ont
identifiéle'alas (IBN AL-BAYTAR, LECLERC,1877-1883, no 1580)au
î$âliya qui désignele seigledanscertainesprovincesdu Maroc.
La 'Umdat at-tabîb (no 607, 2529), AL-V/AZIR AL-GHASSANI
(n" 380),laTuhfat al-ahbâb(n' 314)consacrent, tousEois,une mbrique
au seigle.

Les donnéesde la toxicologie


Le seiglen'a aucunetoxicité propre,mais sesépis sontsouventparasités
par I'ergot de seigle(Clavicepspurpurea (Fr.) Tul.) et peuventalors
provoquerdesintoxications(voir à Clavicepspurpurec,no 3).

413. Setaria italÎca (L.) BeauY.(= Panicum italicum L.)

millet desoiseaux,millet dltalie

tafsût (poly.) : ce vernaculaires'emploieaussipour le sorgho, le mil-


chandelleet le millet commun.
dutn (livresqueet moyen-oriental)(RENAUD & COLIN, 1934,n" 96) :
cette appellations'appliqueau Moyen-Orientau Sorg\um-vulgareL.
q=Hotèusd.okhnaForsk.)(RENAUD & COLIN, 1934,n' 96).

Originairede I'Inde,le millet desoiseauxestun peu cultivé au Maroc.

USAGESTRADMONNELS

Le millet des oiseaux est surtout donné cornme nourriture pour les
oiseauxet la volaille.

DISCT.JSSION

Les sourcesécrite arabes


On ne distinguepas nettementle millet desoiseauxdansles nombreuses
variétésde céréalesmentionnéespar IBN AL-BAYTAR sousI'appellation
de dukhn, jâwars et de kisros (du grec kikhros) (IBN AL-BAYTAR
dans LECLERC, 1877-1883,no 460, 858, 1997).Idem pour les autres
auteursqui ont rnaisemblablement aux sorghos.
assimilécette eÉtê'ale

Les donnéesde la toxicologie

614
Certaines espècesde Setaria (par exempleSetaria anceps et Setaria
sphacelara(Schum.)Stapf.& Hubb.)ex Moss.),utiliséescommefourrage
vert, ont été décrites en Austalie comme toxiguespour le cheval, en
raisonde leur richesseen acideoxalique(KEELER &" al.,1978).

414. Sorghum divers

sorgho,mil

SorghumInlepense(L.) Pers.
SorghumcernuurnHost.
Sorghumvulgare Pers.ssp.durua(Forsk.)Maire & Weiller.

tanalâ (!) (berbère,Moyen-Atlas): pour Sorghumlnlepense.


el-qsiyba (!) (litt.: le petit roseau)(arabe,Moyen-Atlas): pour Sorghum
lmlepense.
taganirnt(Tafilalet) (litt.: le petit roseau): pour Sorghumhalepense.
drâ (Jbala VIGNET-ZUNZ, 1995).
drâ el-bîfu (Raba| (!) (litt.: mai'sblanc) : pour les grains de sorgho
penché(Sorghumcemuum).
drô er-rqîqa (R;rf): pour une variétéde sorgho.
tafsût, âfsû. : pour le sorgho penchédans les oasis du Sud marocain
(RENAUD & COLIN, 1934,n' 96). Dans le Souss,au contrairc,tafsût
désignele Sorghumvulgare ssp.durra.
'ababû(Timahdit) : pour le sorghopenché.
I-behô (Gharb) : pour les grains de diversesvariétésde Sorghum
valgare ssp.durra.
ôsengar(berBre) : désignele sorghoet le mars.
dufu (livresqueet moyen-oriental): pour SorghumvulgareL. (= Holcas
dokhna Forsk.) (RENALJD& COLIN, 1934,no 96). Ce vernaculaire
s'emploieaussipour Setarinitalica (L.) Beauv.(IBN AL-BAYTAR dans
LECLERC, 1877-1883, no 858).
dorra, durra : ces vernaculairesdésignaientun sorgho dans les pays
soudanais,d'aprèsEL-BEKRI qui voyageadansces régions au XIIème
siècle.
gêû (Haute-Egypte,VIGNET -ZUNZ, I 995).

Concernantles sorghosalimentaires,la permutationdesvernaculairesest


courante d'une région à I'autre. D'autre part, d'autres Poacées
(Pennisetumryphoides,Setaria italica, etc.)portentparfois les mêmes
vernaculaires.

Le Sorghumhalepense,spontanédanstoutesles régionstempérées,est
uneplantevivace,à rhizomesrampants,envahissant
les champs.

6r5
Le sorgho penché(sorghum cemuum)est Eès cultivé dansle Nord du
pays (ôuvênt comme c?réalede plintenqns,. en assolementbiennal avec
Il donne des graines
ies cei6atesd'hiver) et dansles oàsissahariennes.
blanches, biconveies, très comprimées.S. vulgare est cultivé dans le
Gharbet dansd'autresrégions(Souss,Dra' etc')'

USAGF^STRADMONNELS

En médecinetraditionnelle,les semoulesde sorghosalimentaires,dansles


telioor où ils sont cultivés, serventd'excipientsPour adminisner des
âiËgu"r oralement (incorporéesà des bouillies) ou pour faire des
cataplasmes.
La Louillie de sorgho est, de plus, recommandéecomme pansement
gastro-inæstinaldansles affectionsdigestives.

Les sorghos à grains reçoivent surtout des usages alimentaires :


confectidnde sànioules,detooscous,de galetæset de bouillies ; mais ils
ne sontpanifiablesquemélangésà d'autescéréales'
I-e SorfhumvulgatËr.p. durîa est aussidonnéaux petitsoiseaux(serins,
canaris]p"*r.li"s, etc.) et le Sorghum cernuuln aux pigeonset à la
volaille de basse-cour.

TOXICITÉ
plusieurs cas d'intoxication sont signalésrégulièrementchez du bétail
uy*f pfuurédu sorghovert. La plan-æ,avantmaturité,et la jeune pousse
,ôot, eï effet, to*iqi"t pour les ruminantset pour les lapins,en raisonde
I'acidecyanhydriquequ'elleslibèrent.
S. hatepensà(teiotgtto d'Alep), espècespontanéeet vivace' poussant
souvent dans les àhu*p. d; mats, prbvoqu_echaque année des
- intoxications mortellesdani les rangsdu ChepæI.Cettees@ceest redouté
des éleveursdu Moyen-Atlas.D'aprèseux' le sorgho.d'{lep qui pousse
irrigué est'beaucoupmoins toxiqueque celui qui poussesur des
"o1"114i"
solssecs.
I-es autressorghos,donnéscommefourrageà l'état vert' peuventaussr
provoquerles mêmesintoxications.
baos ôus les r*, tu toxicité disparaîtjusQ avantla floraison. Selon les
essaisréalisés par MIÈGE (lggf) ét CpZn 0923), confirmés PT
iéipèti"o.e des^éleveurs,la toxicité des fourragesde sorgho disparalt
rapidementaprèsdessicationet ensilage.
Ës grains oe root jamais toxiques-carils ne contiennentpas d'acide
cyanhydrique.

Syrnptôme s de I'intoxication
Ûio'to*i"ation 6t a marcherès rapide.Les ovins surtout,très sensibles
au toxique, meurentsouventdansËs 2 heuresqui suiventI'ingestionde la

6r6
plante, après avoir présenté "des ballonnementsimportants, une
constriction pharyngée et des troubles respiratoires.La toux peut
provoquerl'évacuationd'un bouchonce qui sauveparfois I'animal.

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Le sorghoest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 460, 996, 1477),la'Urndat at-tabîb (no 873), AL-WAZIR AL-
GHASSANI (n" 73,360), la Tuhfatal-alùôb (n' 96) et ABDEREZAQ
(LECLERC, 1874,n" 218) sousle nom de durra.

Les donnéesde la toxicologie


La plante entière (de toutes les espècesde sorgho, et notamment,au
Matoc, de ,S. halepense)contient un glucoside cyanogénétique,la
durrhine.SousI'actiond'uneB-glucosidase,elle esthydrolysê en glucose
et en p-hydroxybenzaldêhyde cyanhydrinequi sedécompose, sousI'action
de la chaleur ou d'une oxynitrilase contenuedans la plante, êtr p-
hydroxybenzaldéhydeet acidecyanhydrique.
La durrhine disparaît complétementde la plante au stade de la
fructification (KERHARO & ADAM, 1974).

415. Stipa retorta Cav. (= Stipa capensisThunb. = Stipa tortilis


Desf.)

stipe tortillee

I-behm,a(Maroc et Sud algérien).


le!,rnwêdîya,lagrnêdîya(poly.) (Tekna et Rgibat, MONTEIL, 1953 ;
BIROUK & a1.,1991).
âwerga, tawerga(Oriental,HauteMoulouya,BERTRAND, l99l) : pour
deses@cesvoisines,StipabarbataDesf.et S.parvitlora Desf.
zuwwôy (Oriental, Haute Moulouya, BERTRAND, l99l) : pour des
espècesvoisines,StipabarbataDesf.et S.parviflora Desf.

Espècemédiærranéenne,
communeau Maroc dansles steppes.

USAGES TRADMONNELS

C'est un bon pâturage,avantl'anthèse.Mais aprèscelle-ci, et à l'état sec,


la plante peut provoquer chez I'animal des traumatismesde I'appareil
digestif, par actionmécanique.

DISCIJSSION

6r7
Les sourcesécritesarabes
Exceptéla'Um.datat-tabîb(no 1503,1641,1759)qui la cite sousle nom
de l-behma,Cetteespèceest ignoréedesautresauteurs.

416. Stûpa tenacissina L.

alfa sparte

I-I.nIfa (t) : Stipa tenacissimaet Lygeum spartum se partagent ce


vernaculairedans leur zonesrespectives,la premièrepoussantplus au
Nord quela seconde.
talarnt (Souss): cornmepour Lygeumsparturn.
I-geddîm, âguddîrn(!) (Saharaoccidental,Oriental marocain, Haute
Moulouya, Algérie, Tripolitaine)
âggurî(Souss,LAOUST, 1936)
ôruy, ôwrî, ôrî (Rif, Beni Snassen,Haute Moulouya, 7ÂÎan, Ait Atta,
LAOUST, l92l ; BERTRAND,L99I)
tiuî (Ait Seghrouchendu Sahara,MONTEIL, 1953 ; BERTRAND,
r99r).
ôda|(Haute Moulouya, Oriental,Haut-Atlas,BERTRAND, l99l): pour
le panicule.
l-bûs (HauteMoulouya,Oriental,Haut-Atlas,BERTRAND, l99l) : pour
le panicule.
demmûg(Oriental,BERTRAND, l99l) : pour la touffe séchée.

Espèced'Afrique du Nord et d'Espagne,cornmuneau Maroc dans la


steppesemi-aride.

USAGESTRADITIONNELS

Les tiges serventà faire descautérisations.


Dans les steppesde I'Oriental,les inflorescencesen grains sont récoltées
pour être dônnéesà manger aux chevaux : elles auraient les mêmes
propriétésexcitantesqueI'avoine*.
L'afa reçoit un largeemploi en sparterieet dansla fabricationde cordes.
Elle est âussirécoltéepour I'exportation(indusrie des papiersde luxe).
Cette récolte procure des revenusintéressantsaux populationspauvres
desrégionsarides.

DISCI.JSSION

Les sourcesécritesarabes
Cette espèceest mentionnéepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC' 1877-
1883,n'686) sousle nom de fuafu.La'Umdntat-tabîb(n'586) la cite

618
aussi. Les autres auteursI'ont ignoré bien qu'elle soit communeau
Maghreb.
* Mêmeusagepour l'Algérie,rapportépar LE FLIOC'H,1983,no29).

417. Trtticamdivers

bré
Triticum aestivumL. (= Triticurn vulgareVill.)
Triticum durum Desf.
Triticum turgidum L.
Triticum rnonococcumL.
Trtticum dicoccurn Schrank.

I-gemh, l-qemh l-qmel.t(!) : généralement pour le blé dur (T. durum et


T. turgidum).
îrden (berbère) : gênéralementpour le blé dur (T. durum et T.
turgidurn).
zra' (conob.) : s'appliqueaussià I'orge.C'esten fait le nom de la cêrêale
dominanæ; pour la discussionde ce vernaculairevoir Hordeumvulgare.
l-farinô : pour le blé tendre(T. aestivurn).Ce mot dérive du français
"farine".
l-fors : ce mot désigneles farines Eès blanches; il vient de la mention
"U.S Army Forces"qui était portée sur les sacsde farine livrés dansle
cadrede I'aide américaineaux paysdu tiers-monde.
SôIiya (Nord du Maroc, Gharb,VIGNET-ZUNZ, 1995) : pour I'engrain
1= petit épeautre,T. monococcum)qui est une variétéde blé dur de très
petite taille dont le grain adhèresi foræmentaux épis qu'il faut le batte
avec un battoir en bois dur. Ce vernaculaires'emploieailleurs pour le
seigle(voir à Secalecereale,n" 412).En Andalousie,on dit aujourd'hui
"escagna"pour I'engrain(VIGNET-ilNZ, 1995).
merkez (Rif) : c'est un mélangede grains de blé dur et d'orge qu'on
séme,qu'on moissonneet qu'onconsommesouscetteforme mélangée.
'alas (hwesque): pour l'épeaure(7. dicoccum)et le seigle.
ltinla (classique): ce termeétait aunefois utilisé au Maroc pour désigner
le blé ; cela est confirmé par le fait que le marchéau blé de Marrakech
s'appelait,sousles Almoravides,ralbat al-hinn (EN-NACIRI, p. 219).
tben: pour la paille de blé brisée.
$!ef (Jbala VIGNET-ZUNZ, 1995) : pour la paille de blé longue.

Il existe aussi des appellationspropresà certainesvariétésde blé dur.


Dans le Gharb et la région de Rabat,nous avonsrelevé : al-buru, el-
'asker, trikkya, nKtyza,ku''ifla.

6r9
Différentes variéés de blé dur et de blé tendre sont cultivéesde manière
intensive ou traditionnelle au Maroc. I-es grandesrégionscéréalièressont
la Chaouiularêglon de Meknès,le Gharbet le Sars'

USAGESTRADMONNELS

I-e blé est d'abordune cêtéaleviwière de base.


La soupede blé dur cassé(tfiSa) est fréquemmentutilisée comme
véhicule pour administrerdivers remèdespour la voie orale.
I-e son oè ute @u@Ia) est utilisé contrela constipation.on I'emploie
aussien mélangeà I'argile et à d'autresingrédientsdansla confectionde
plâres pour les fracturés.

La paille d'engrainest utiliséepour la couverturedeschaumières'

DISCI.JSSION

[æs sourcesécritesarabes
Le blé est -enti-oîoé par IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-1883,
n" 272, 715, 954), sous les noms de qamh fuin[n, al-burr, et par
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n"339) , sousles noms de qaml et
AL-GHASSANI(n" 131,
\intn.La'Umdnt at-tabîb(no607),AL-WAZR
aussiune rubrique.
293) etlaTuhfat at-ahbôb(n" 172)lui consacrent

418. Zea maYsL.

mal's

drô, drâ l-I.wnra (!) (litt.: sorghorouge).Le marsn'étaitpas connu dans


I'Ancien Monde et n'avait doncpas de vernaculairepropre.Aussi, à son
arrivée, les Arabeslui ont donnéle nom du sorgho'
'drâ
lurkî, turtciya (l) (litt.: sorgho de Turquie) : parce_quele mars,
innoduit d'Amériquèen-Europedu sud, a vite conquis$^ryrouie d'où il
t"f-ti vers l'Éurope,le Moyen-Orient,I'Afrique et I'Asie.
"ri
rnâçei(Iekna) (litr.: d'Egypæ):pour les mêmesraisons.
rneklrâ,l-rnekkî (Maures du Satraraoccidental)(litt.: de la Mecque) :
pour les mêmesraisons.
durra !â.miyô(liwesque)(litt.: sorghode Snie)
mazgûr, âmezgûr (!) : c'esten fait un ancienberbèredu sorghoblanc,
attriËuéau mari, à son arrivéeau Maroc, par dévolution.
ôsengar, tasengaTt(berbèredu Souss,LAOUST, 1920) : c'est aussi
l'anciênvernaculùe du sorgho.
l-lcb:!, l-l<bala(!) (lin.: épi) : pour l'épi.

620
duna selra (liwesque) (litt.: mal'sjaune)
el-qitôniya(Tunisie,BOLJKEF,I 986)
mastûra (Sud algérien)
tifsî engafuIî,gafulî (Touaregs)
âbû-âbat,lnmabat (fuabes du Tchad)
S'ar ed-drô,Ivîr ed-drâ(!) (litt.: cheveux,soiede mar:s): pour les styles.

Le mars est cultivé partout au Maroc pour son grain et pour son
fourrage.

USAGESTRADMONNELS

La décoctionde stylesde malsestprescritecommediurétiqueet comme


remèdedes maladiesde I'appareilurinaire, notammentde la cystite, seule
ou en associationavecdu chiendent,desfleursde figuier de Barbarie,des
fruits dejonc et de la lavande.
Dans la vallée de la Tassaout,on prépareune bouillie de mar'sgrillé
(tirûfrn) qui est réputéefortifiante et reconstituanæ.

I-e mats est une céréalevivrière et fourragèreimportante.Les épis sont


mangés après avoir été rôtis au feu. Les graines servent à faire des
semoules(tfifu diâl drâ en arabe,bôdaz en berbère)et des farines qui
seryentà la confectionde bouillies (belbûIa) ou de galettes,le plus
souventen mélangeavecd'auEeséréales.

DISCIJSSIOE{

Les sourcesécrites arabes


Le maïs, n'ayant êtê introduit dans I'Ancien Monde qu'après la
découvertede I'Amérique,n'étaitpas connu d'IBN AL-BAYTAR et des
auteursarabesanciens.ABDEREZAQ ne le mentionnepas non plus bien
qu'il aurait du le connaîEe,ayantvécu au XVItrème siècle.Les Turcs et
les Arabes I'ont, en effet, adoptéen thérapeutiqueà partir du XVtrème
siècle.

POLYGONACÉES

419. Calligonum cornosurnL'HériL et Calligonurn azel Maire

ôwarôS(!) (Saharaoccidental): pour Calligonurncomosurn.


âna (Sud algérien,SITOUH, 1989 ; QUEZEL & SANTA, 1962-1963)
pour Calligonumcomosum.

621
ôresû(fouaregs,MONIEIL, 1953; SITOUH,1989): pourCalligonum
cotnosufn.
dba$ (litt.: tan) (Sud algérien,SITOUH, 1989).
âzel çt1(Satrara occidental,BIROUK,l99l): poru Calligonumazel.
ffida (Sud algérien,SITOUH, 1989) : pour Calligonum azel, en raison
de son port d'éphédra.

C. comosumestunees@cesaharo-sindienne ; C. azelest une endémique


satrarienne.
Ces2 espèces,très exploitéesau Sahara,sont aujourd'huidéciméeset
risquentbiende disparaîre.

USAGESTRADMONNELS

Avec C. cornosumet C. azel lès nomadesfabriquentun goudronvêgêtal


très utilisé au Satrar4en médecinevétérinaire,pour le traitementde la
galedes dromadaires.

Les Touaregs font avec les jeunes poussesde C. cofnosufn(dôîtn,


âLtliwan) qu'on laisse sécher(sousune couvertured'Aristida pungens)
jusqu'à ce qu'elles noircissent,une farine comestible,Eès nourrissante,
q"ièst ensuitedéiayênenbouillie dansde I'eauet additionnéed'un peu de
beuoe. Elles sont aussimangéesà l'étatcru (VOINOT, 1904).

C. comosumesttrès appréciédes dromadaireset des troupeaux,surtout


quandil est en fleurs.

Les feuilles et l'écorcede C. comosurnet C. azel sontlargementutilisées


pour le tannagedespeauxet le nettoyagedesoufiesà lait (Selcwa).
Le bois sert de combustibleménageret est employépour fabriquer un
trèsbon charbonde bois (LE FLOC'H,1983,no 90).

DISCUSSION

Les sourcesécritesarabes
Cesespècesne sontpasmentionnées par nosauterrs.
læ vernaculwe ârtiest mentionnépar IBN AL-BAYTAR (no 1063)mai!
'Umdat at-tabîb
il a étê attribué par LECLERC a t'éptrédra.Pour la
(n' 1646), ce même vernaculairedésigne une es-pèce_ de Coniflère
produisantdu goudron: I'auteurs'estpeut-êtr_e nompésur naturede la
la
ptantecar I'usagedécrit estbien celui desCalligonum.

420. Polygonarn aviculare L. et Polygonum equisetiforme S.M.

622
renouée

wôùnû (Gharb) : vernaculaire se rapprochantde ceuxd'Armeria


mauritanicaet A. alliacec (voir n' 382).
l-bepaç l-bebet (Haouz,Satrara).
gorSab,qorfub (Saharaoccidental,BIROUK l99l ; Tunisie,BOUKEF,
1986,LE FLOC'H,1983,no 93).
slilitô (BOLJLET & al., 1990) : à rapprocherde slilû pour Daucus
crinitus dont un auEe nom est justement'ûd mserser(voir Daucus
crinitusono 35).
'ud mserser
Maroc, Algérie) (litt.: le bois vertébrée): pour les racines,
en raison des articulationsportéespar les tigesou de la forme genouillée
desracines.
bû-'aggad (liwesque,RENAUD & COLIN,1934,n" 305 ; AL-WAZR
AL-GHASSANI, n" 215) (litt.: celui qui a desnoeuds): de nosjours, au
Maroc, c'estla chicoréesauvage(Cychorturnintybus)qui porte ce nonr.
'a$ er-rôT (liwesque) (ttt.: bâton de berger).

P. aviculare estune espècecosmopolite; P. equisetifurtneserencontreen


Afrique du Nord.

USAGES TRADMONNELS

Partout au Maroc, les feuilles de ces espècessont utilisées comme


astringentdansles soinsdesplaies.
Les racinessontutiliséesen magie,dansles fumigations.

DISC[]SSION

[æs sourcesécritesarabes
La renoufu est mentionneepar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,n" 26'1,308,521,1281,1547),la'Umdatat-tabîb(n" 1744} AL-
WAZIR AL-GHASSANI (n" 215), la Tuhfat al-ahbâb (n" 305) et
ABDEREZAQ (LECLERC, 1874,n" 670) sousles nomsde'aû er-râ'i
etbabô!.

421. Polygonum marttimurn L.

renouéemaritime

ziyyâta, zaytô (poly.) : la mêmeappellations'appliqueau Limoniastum


guyonii, Conium maculatumet Heliosciadum nodiflorurz, selon les
régions.

623
'ûd mserser(Salé)(litt.: le bois vertebré): pour les racines.

Espèced'Europe,du Bassin méditerranéenet d'Amérique.Cette plante


des sablesde bords de mer est couranteau Maroc.

USAGESTRADMONNELS
dansles enflures,les plaieset les
La planteest indiquée,en cataplasmes,
brûlures.

I-es racinessont utiliséesen sorcellerieet enFentdansla compositionde


I'encenspuant (iz7ôfl (DE LENS, 1925).La forme genouilléedesracines
suggérantune-côlônnevertébralehumaine,la pla1tg-estu..qlisée,en
*i!"i", pour porter atteinteà la force de lhomme et I'obliger "à rarlper"
(sousentendu: devantsamaîmesse).

DISC[JSSION

Les sourcesécritesarabes
l,a renooéemaritimen'estmentionnéepar aucunde nos auteurs.

422. Rumex divers

oseille sauvaqe"nadenee
vuv-lrv

RurnexacetosaL.
RumexcrispusL.
Rumexpulcher L.
RumexvesicariusL.
RumexbucephaloPhorus L.
Rurnexspinôsuml. (= Emexspinosa(L.) Camp')
Rumexpictus Forsk
Rumexsimpliciflorzs Murb.
Rumexplanivalvis Murb.

l-fummay&, l-Iummayd, hunnî& (l) (litt.: I'aigrelette): ce


vernaculaires'appliqueaussi à Oxalis cernua Thunbg. et à d'autres
plantesà saveuracide.
tasemmûmt,tassam.orn, tissemumîn,smnmun,bassemûm (!) Oerbère)'
qorisn, gurîw (poly.) : ces vernaculaires sont à rapprocherde qareç
(citron en dialecæmarocain); c'estune allusionà sonacidité.
I.tenzôb (Sahara occidental, Tissint, BELLAKHDAR, 1978,
BELLAKIIDAR & al.,1987; Lybie,LE FLOC'H,1983,no 95)'
bû-zgrôn,îzgâm, îzkârn(Souss,Haha'LAOUST, 1920)'

624
&zzû, Uuû (Tissint) (litt.: carotæ): pour Rumex spinosurn,à causede
sa racine fusiforme.
silq barrî (RENAUD & COLIN, 1934, no 397 ; ABDERBZAQ dans
LECLERC,1874,n' 313) : par assimilationauxbettes.

Mis à part quelquesespècesparticulières,le genreRumexse rencontre


aujourd'huisur tous les continents.R. yesicariuset R. simpliciflorus sont
saharo-sindiennes.Les autresRumexquenouscitonssontcosmopoliæs.

USAGES TRADMONNELS

A Marrakech,la poudrede grainesdesRumex(zerrî'at l-I.tummayfu)est


indiquées dans le traitementdes maladiesdu foie. On les utilise aussi
commelaxatif.
A Tissint, la poudrede racinesde R. spinosumainsi que les feuilles des
Rumexsontutiliséescontrela constipationet les affectionshépatiques.
Partout, les feuilles des Rumexacetosaet R. spinosum.mangéesen
salade,sontréputéestoniqueset rafraîchissantes.

La racine du Rumexspinosurnest consomméeà l'éat cru et sert ausside


légume pour le couscous.Les feuilles, jeunes et tendresde I'oseille
cultivée (R. acetosa)et d'auEesRumex(en particulier R. vesicariusau
Sahara)sont consommées en saladesou serventà releverles sauces.On
en met aussidansle mets drtbqûla (voir à Malva, n' 339).
Le,sRumer sontde bonspâturagesà conditiond'êtrepânrés sansexcès.

DISCT.JSSION

Læssourcesarabesécrites
Les oseillessont mentionnéespar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877-
1883,no 698, 699,703,1208,1515),la'Umdat at-tabîb(n" 595),AL-
WAZR AL-GHASSANI (n" 126)et la Tuhfat al-ahbôb(n' 171,377,
397) sousles nomsde lummôd et silq berrî. ABDEREZAQ (LECLERC,
1874,n" 142,313)ajoutele vernaculairebaqlaSorasôniya.

Les donnéesde Ia toxicologie


Consommésen excès par le bétail, les Rurnex peuvent provoquer
quelquesaccidents,gênéralement Énins, imputablesà la richessede ces
plantesen oxalatede potassium(KEELER & al., 1978).

PORTULACACÉES

423 Portulaca oleracea L.

625
pourpier potager

rejla (!) : mot dérivé de rijl (litt.: pied) en raisonde I'aspectdactyliforme


desfeuilles rappelantun pied de poule[
baqla l-hamqô (livresque) (litt.: I'herbe folle) : parce qu'elle devient
prolifique là où les solssonthumides.
baqta 7-mubarilca(liwesque) (litt.: Iégumebéni) : d'qplps-unhadith, le
eropneteMuhammadI'aurait béni, car, blesséau pied, il fut guéri pour
avoir marchésur cette plante.
farfa| (tvresque).
âgenîn (Satraraoccidental,MONTEIL, 1953).
tazelluzt(Haha,BERTRAND, 1991).
brabra (Yémen,DEFLERS,1889).

Espèæerépanduedanstoutesles régionsæmpéréeset chaudes.


au Maroc,serencontreau bord dessaguias.
Ce-tæplante,fréquenûe

USAGESTRADITIONNELS

En médecinetraditionnelle,la planteentière,en raisonde sespropriétés


mucilagineuses,est utiliséepartout conrmeémollientpar voie interne et
externe.Crue,elle est utiliséeconrmerafraîchissantpour calmerla soif et
les fièvres.Elle a aussila réputationd'êEeanaphrodisiaque.
Au Saharaoccidental,on la prescritcommeantidiabétique.
En usageexterne,elle sert à faire descataplasmes maturatifsdes abcès,
ou émollientsdansles inflammations.
D'après NAUROY (1954), on utilise la plante entière fraîche ou la
décôctionrefroidie, par voie interne,dansI'intoxicationpar la cantharide
pour atténuerles brûlures.

Le pourpier est courammentutilisé à la campagnecomme plante


potagère.On I'ajouteaux lentilles commeacidifiantet on en met dansla
bqûla (voir Malva, n' 339).
On la cgnsontme aussi Crue, en salade, en raiSOnde Sa saveur
agréablennentacidulée.
Àu Sattarqles grainespiléessontmélangées à d'auEesgraineset céréales
pour faire des bouilliei, ou à des dattessèchesen poudre,pour faire du
sfûf (vok à Phoenixdactyliftra,no 368).

DISCIJSSION
I-es sourcesécritesarabes
l-e poorpier est mentionnépar IBN AL-BAYTAR (LECLERC, 1877'
1883,nd3l3, 327bis,328,i83,1035, 1680,1954bis) sousles nomsde
baql'alayina,ftrfei,ferfeiîn, rtib' Ln,qa.
baqla l.tamqô,baqla mubâral<n,
ABDEREZAQ GECLERC, 1874,no 139, 789) ajoute le vernaculaire

626
bordoqala. La 'Umdat at-tabîb (n" 234, 954), AL-IVAZIR AL-
GHASSANI(n" 39) etlaTuhfat al-ahbâb(n" 68)le ciæntaussi.

PUNICACÉNS

424. Punica granatum L,

grenadier

er-rurnmân,tarommânt(t1.
q\ûr rommôn(!) : pour l'écorcede grenade.
rurnmânômrûj, rummônel-murûj (!) (litt.: grenadierdes marais): parce
que le grenadiersupportefacilementI'eausalée.Ce vernaculaire,qui fait
partie du lexique des herboristes,ne s'emploie,au Maroc, que pour les
fleurs (ou balaustes).
jullanôr (liwesque,mot dérivantdu persangulnôr): pour les fleurs de
grenadier.

La grenadeest mentionnéedansLe Coran(S. 6, v. 100et 142; S. 55, v.


68) sousle nom de rumrnôn.

Introduit d'Orient au Maghrebpar les Carthaginois,le grenadierest ftès


cultivé au Maroc pour sesfruits, l'écorcede sesfruits et la beautéde ses
fleurs. On distingueles grenadesdouceset les grenades acides.
AL-WAZIR AL-GHASSANI (n" 277)nousdit qu'àFès,à sonépoque,on
distinguait plusieurs variétés de grenadesdouces.Par ordre de qualité
décroissante, il y avait : as-sulçôn(htt.: le sultan),as-sufrî, al-lcal!û,
maymûna(la variété la plus grosse),al 'artnî flitt.: celui qui contient des
pépins)dit encoreel-qamlû(litt.: celui qui contientdesgrains).
La variétÉ,as-sufrî est connueencorede nos jours pour sa saveur,la
grosseurde ses grains et ses petits pépins. Ce vernaculairedésigne,à
oujda une variété nès recherchée,à peau fine, qui peut êfre séchéeet
stockée.
Les grenadesacidesne sontutiliséesau Maroc quepour l'écorcede leurs
fruits. Mais les Moyen-orientauxutilisent beaucoupson jus concentré
commecondimentacidifiantet astringent,un peu commeils le font pour
les fruits du sumac.

USAGESTRADMONNELS

L'écorcede grenade,en poudreou en décoction,est utilisée, partout au


Maroc, dans le traitementdes estomacsatones,des maladiesgastro-

627
intestinales,des diarrhées.C'estle traitementpar excellencedes ulcères,
seuleou associéeà daures plantes.
A Zoumi, on prend confreles maux de venfte 2 cuilleréesà café par jour
de poudre du mélangeconstituéà parties égalesd'écorcede grenade,
d'écbrcede chêne,de fenugrecet de henné.
Dans la leucorrh& et les maladiesvaginales,on appliquelocalementdes
tamponsvaginauximbibésde décoctionconcenfrée.
[,es écorceJde fruits serventégalement,partout,dansles soins du cuir
chevelu,en particulier contre la chutede cheveux,en mélangeavec de
l'écorcede chêne,du vieux henné,desfeuillesde myrte et éventuellement
d'autresplantes,le tout pulvérisé,mis à décocæravec du mamrbe puis
utilisé en rinçagesur les cheveux; additionnéd'un peu de salpêtre,cette
décoctionnoircit les cheveux.
En usage externe, la poudre d'écorcede grenades'emploie comme
hémostatique.
Le fruit ef sonjus sontréputéspectoralet asfringent.Le jus des variétés
acidesest utilisé commediurétique.
A Marrakech,à Salé et à Fès, les fleurs (balaustes)sont utilisées, à
I'intérieur, en poudre, contre les diarrhéeset les maladies gasûo-
intestinales.On les adminisfreaussi,en décoction,aux enfants"dont le
tempéramentest froid" et qui font des diarrhéeset des vomissementsà
répétition.
En usageexterne,la décoctiondu mélanged'écorcesde grenadeet de
-les en gargarismes
fleurs sbmploie conEeles gengiviæs.
A Tissint, feuillés iont, elles aussi,prescritescornmeantidiarrhéique
et les écorcesde racineset de rameauxsontemployéescommevermifuge.
L'associationde l'écorcede grenadeet de l'écorcede Maerua crassifulia,
en poudre,est utilisée commepansementgastriquedansles ulcèreset les
inflammationsintestinales.
La grenadeest un fruit d'autornnetrès apprêcié.desMarocains qui les
-ao-geot âu naturel ou préparéesdansun sirop {'eau de fleurs d'oranger,
avec ou nom un zestede citron. Avec le jus, on fabriqueaussides sirops,
dilués au momentde I'emPloi.
L'écorce de fruits est frès utilisé en tannerieet pour la coloration des
cuirs et deslainesenjaune.

DISCTJSSION

Les sourcesécrites arabes


Le gre"adier et la grenadelgnt m9nti911és-par IBN AL-BAYTAR
CLEëLERC,lg77-18183, n" 494,lM8. 1058,2144),la'Umdalat-tabîb
in. 403, 965),AL-WAZIR AL-GHASSANI(no70, 277),laTuhfat-al-
ànUaU(no 94, 287) er ABDEREZAQ GECLERC, 1874, n" 205, 602,
776) sous les noms de rurntnân etiullanâr, magg rag-Cionbod er-
rumntân(pou les fleurs).

628
Voir suiteTOME II
I
I
TITRE : fontribution à l'étude d"J?, pharmacopéetraditionnethfau
Maroc ; la situation ac_tuelle,
Ies pqqduitJ,Ies sourcïsdu savôir(nnqdête
ethnopharmacologique de terrain rialisée âe 196g à lgg2)

nÉsuvrÉ
Cefte rechercheest une étude ethnopharmacologiquedu.systèmetraditionnel de soi au
H"larticulée principalement autôur dune valté enquëtede terrain conduite de Il â
IW2 et d'une consultation de textes arabs anciensd"ns Ie but de déterminerles
historiques de la tradition marocaine en madièrede pharmacop€e.
Irlotre enquête a permis de dresser un etat des^lieux de'la médecine
actuellernert en usage au Maroc et d'identifier 1039 espècesutitisées par la
l^^^t^ ^--.^^- ----:
[,ocd€, gsreces-quensus avons r€groupéeser-6 9y'l*briq,r"" constituant te
En analysant l,es données de ce catalogue, nous avàns établi que la
'rnarocaine se caractérise aujourd'hui par uae grande diversité de niatières
rou{es
touJes p!9v€4qnce$ locales ou importéeq
l9!49s importéeq mais
mais marqué,epar une forte emprise
territorialité(plu_s
de85%odesproduits
-un sonttirésde I'eniironnementlocal).
Elle se caractériseaussipar contenuindéniablementrationnel, et une
remarquabl" pT_ rapport à-la médecine -gréco-arabequi n'exclut pas cepe
certaine capacitéà
capacitéà assimiler
iler la nouveauté.
nouveauté-
Enfin noffe rechercle_a permis de mettre en évidence que le systèmetraditionnel de NS
auMaroc a12it gprdé,uneaptitude réelle à soulagerlés maui des populations ce q i lui
germej {offrir, dans-le cadie dune polifique do-pt'rmisat'ronde l'effdrt sanitaire p blic,
des solutions alûernativespour une large couvertuie du paysen soins de base.

MOTS CLÉS
Tharmacopée traditiomelle marocaine, médecine traditionnelle, plantes médi
produits, enquête ethnopharmacologique,textes arabesanciens, sourcesdu
médecine arabo-islamique.
.,,1,
TIILE : Contribution to the study of trailitional ph4rmaco
Morocco: the situation todayn the products, the souices of know
(an ethnopharmacological groùnd surîey reatled from lgfg tn l9g2)

ABSTRACT
This researchis an ethnopharmacologicalstudy of traditional healing systemin Mo
mai$y-.structuredaround a vast ground survej, conductedbetween-196gand 1P/2 1a
methodical compilation of old arabic texts, in order to etablish the historical sou of
moroccimtmdition in the matterof pharmacopoeia.
-
Our grotmd btrrvey will enable to êraw up the state of the art of traditional re in
Morocco and toidentify lG3gspecies
lG39species usedin local pharmacopoeia,speeiesthat have
in 691 leadingsconstiruting our câtalogue.
gutb"r+ q EerheÂ
By analysing
By datasof this
analysing dalas this catalogue,
catalogue,wewe have
haie sbowed
sbowedûat moroccan ea is
caractenznd today by
b.Va lar-ee_Su"-oity
large diversity in products
products of
o every possible origin al or
!ryro4e{) but strongly markéd by the térritoïarty (more naitilsEo of raw
takenin localenvironment).
This pharmacopoeia is also charactenzed by an undeniably rational content uo
outstandingcontinuity compared with graecb-arabicmedicine, neverthelessw"{td
elcluding suurc
s.\çrluurË someaurrlLy
ability to assimilatean)Nlung
K, assl[ulate anyt[ing new.
new. I
Fiaaly, our researchpermit to showthal tradiÏonal healingsysteminMprocco retaih still
all its facultiesto relieveTany diseasesof people TherJfc,?e,this sysfemwill allpw to
give,within the contextof pràgrnaticpubliè né*m poiicy,''blt"rnetivesolutionst'or uo
extensivepeoplecoverinthématterofbasicadfe. '
., -..

Moroccan traditîonal pharmacopoeia,traditiond hè'afing sgtem, herb drugs, protuch,


ethnggharmacological survey, ôld"arabic tq,I[r, sourcel of làowtedge, afabô-islamic
medicine. :v-.. '- '...
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tr , -i

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