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140 1 Adeun.

lnstltutlons, ormes, vidimes

régionale ad hoc, elle souffre de l'absence de l'Indonésie et de la Malaisie ' .


Forts du succès de façade en Asie du Sud-Est', les Africains ont tenté de suivre Zones de guerre
ces démarches, à travers le Code de conduite de Djibouti (2009) à l'est et avec
la récente mise en place du Centre régional de la sécurité maritime de Oré/trI
l'Afrique centrale (Cresmac) à l'ouest, Inauguré par le ministre français de la PaCIfique /;~papouaSle-OCc/dentale
Défense jean-Yves Le Drlan en février 2014 3. Mals des témoignages ont Philippines
Mindanao Timor-Leste
rapporté que les Inimitiés régionales, notamment en Afrique centrale,

~"","d'
contrecarrent les projets de coopération approfondie. Co rées ·~

De façon générale, ces mesures ne valent finalement que par la psychose


qu'elles créent chez les criminels et délinquants des mers. Mals, sur le terrain, m'ddl,,,"
les pirates restent les maîtres du jeu; Ils traversent les frontières comme
LA' -f @- A<Ohli OdOO"")

.,.
ASIE Blrm nie
aucun patrouilleur ne peut le faire '. Aussi les États et les organismes Interna-
tionaux cherchent-lis depuis quelque temps à coordonner davantage leurs Népal ~ @. sri Lanka

C"h.ml,~dÇ",,"t,,) OCOOII

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efforts et à adopter une approche globale. Tel est le schéma retenu dans le
cadre de l'Information Fusion Centre (IFC), à Singapour, qui rassemble des ~Pakl5tan
officiers de liaison de différents pays, dont la Malaisie et l'Indonésie. Cette ~fghanlstan Djibouti

structure, qui semble assez opérationnelle, devrait Inspirer de semblables Hout- 1 TKU~~UI'"
Kora~akh UIU on
1
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Somalie
Ogaden (Éthiopie)
l """~ r Kenya
1!"r."
Initiatives en océan Indien. De son côté, le comité pour la sécurité maritime Géorgie Irak Yémen "'"~~ / r Ouganda
Osséfie du Sud et Abkharle . .~~~ ~~h~e ~ ~ Rwanda
de l'OMI encourage les États ouest-africains à adopter le modèle français de , 1 Syrie...
Ukra ne ","",Llban""~
t op e~
Soülan ~*~
",,"'~ / Burundi r
l'Action de l'État en mer (AEM) qui permet de coordonner les opérations de Israil-Palestll1e" ~ \. ~/glon des Grands Lacs (ROC)
Egypte Oarfour '-- Soudan du Sud
police et d'associer tous les moyens maritimes et navals à disposition. On Libye Tch.d ........ Centr.frlque
touche Ici à la spécificité de la piraterie, symbole de l'évolution des relations EUROPE
.,. AFRIQUE
Niger ~
~
Congo
Internationales post-guerre froide et du glissement de la sphère militaire vers 0--... ,,~ ~ .. Nigeria
l'action policière. Enfin, l'Union européenne prône une approche globale et
apporte son concours aux États concernés par le biais de multiples
programmes. En plus de l'opération Atalanta en mer, Bruxelles agit en
.,.
Sahara
amont, avec la formation des forces de l'ordre locales ', et en aval, auprès des occidental
juridictions et administrations pénitentiaires régionales.
Mais les outils strictement militaires, mal adaptés à la traque en mer, et O<éan
juridiques, arc-boutés sur la protection des frontières, montrent leurs ArlontlqUf!
AMéRIQUE
limites. Lors des procès des premiers pirates arrêtés, les avocats n'ont pas eu LATINE
de mal à soulever les lacunes du droit. Car les phénomènes hybrides et variés
que recouvre la notion de piraterie appellent de nouvelles approches. Il est

Colombie
1 Cette coopération 5'organise au tour du Regional Cooperation Agreement on Cornbating Piracy AMÉRIQ.UE

2
3
and Armed Robberyagalnst SlIIps InAsta (ReCAAP), signé en 2006 sous l'Impulsion du}apon.
En réalité uniquement dans la partie nord du détroit de Malacca.
Les armateurs espéraient que la Communauté économique des ttats de l'Afrique de
DU NORD
.,.
Mexique
. . . Co nflits majeurs depuis
le début des années 2000

r;:..~ Traités de paix . ~ég~ciat\OnS en cours,.


l'Ouest (Cedeao) suive le mouvement pour faire de même en Afrique ocddentale. ~ apaisement ou VictOire d une des parties
4 Voir notamment les dispositions restrictives en matière de poursuite dans la Convention
des Nations unies sur le droit de la mer (article 111). Oœoll " Zone de guerre... ~
Poâflqu~
5 À travers la Mission européenne de renforcement des capacités maritimes dans la Corne de
c>-- Interventions extérieures
l'Afrtque et l'océan IndIen (EU CAP NESTOR).
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AFRIQUE LEsomO
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L'Afrique en guerre en 2014


• Conflits armés ouverts entre groupes re belles ou
entre forces gouvernementales et groupes rebelles

• Violences politiques ou électorales, affrontements sporadiques

*"" Conflits anciens gelés


Territoires déstabilisés ou déliquescents, souvent hors de cont rôle du
pouvoir central, dans lesquels peuvent s'épanouir les trafics d'armes,
de métaux précieux, de drogue et d'êtres humains

@ Opérations de maintien de la paix des Nations unies au 30 juin 2014

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•,, •
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1 : Juba - 2 ; Kigali - 3 ; Bujumbura
Sources : Humanita rlan Information Unit, US Oepartment of State ; Christian Bouquet,~ Guerres et conflits
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1.i
en Afrique : la décomposition des pouvoirs et des territoires · , actes du Festi . . allnternatlonal
de géographie de Saint-Olé, octobre 2008 ; The M/lirory Balollce 2014, The International lnstîtute
for Strategie Studies (IISS) ; Human Right Watch (HRW), Londres; SIPRI, Stockholm ; Archives du New York
Tlmes (New York); Reuters et Associated Press ; Nations unies; International Crisis Group (KG), Londres.
Guend la drogue, guerredesClrteb: le Mexique entre deux feux \ 235
234 1 ThUtres. Conflits régionaux

Individuels) ont eu des effets immédiats sur les divers groupes armés: avant
même le début des offensives militaires, les redditions se sont multipliées et,
Guerre àla drogue, guerre des cartels:
en 2014, les centres de démobilisation de la Monusco ont accueilli des
milliers d'anciens miliciens, parmi lesquels de très nombreux enfants soldats le Mexique entre deux feux
oulilles mineures transformées en esclaves sexuelles.
Alors que la pacification du Nord- et du Sud-Kivu redevient envisageable,
d'autres foyers de tension apparaissent, en particulier dans le Nord-Katanga:
Jean.Françols Boyer
redoutant qu'à la faveur de la création de nouvelles provinces leur région, Journaliste et écrivaIn
plus agricole et moins développée que le Sud minier, soit coupée des
ressources du « Sud utile » des hommes en armes sont apparus dans le Nord-
Katanga, en cheville avec des politiciens locaux, et Ils ont formé les « Bakata
Katanga» qui ont déjà mené plusieurs raids sur Lubumbashi, la prospère
capitale de la proVince du cuivre.
Si de nombreux groupes armés existent encore et oscillent entre la démo-
bilisation et le banditisme, le principal défi qui se pose à l'est du Congo n'est
P endant trente ans, l'offensive lancée par Ronald Reagan
dans les années 1980 contre les trafiquants de drogues
latino-américains _ soutenue par différents gouverne~ents de la région-
s'est limitée à une vaste offensive policière contre les mafias. Depuis le_ dé~~~
plus de les réduire militairement, ce qui arrivera tôt ou tard. Il est de proposer des années 2000, la situation a radicalement changé et le nord du sous co d
une alternative à ces jeunes hommes qui ne pourront pas tous être réincor- nent de la Colombie au Mexique, s'est transformé en une véritable zo~e ~
porés dans une armée en voie de professlonnallsation. Lancer des projets de uer~e L'énorme capacité financière accumulée par les mafias p~n an
développement à haute intensité de main-d'œuvre (le pavage des routes g ara~te ans la corruption consécutive des élites politiques et finanCières, la
secondaires par exemple), réguler le secteur minier afin que les creuseurs ~olence croi~sante exercée par les cartels pour défendre leurs fiefs, le reco~rs
aujourd'hui clandestins puissent y trouver place, muitlplier les centres de s stématl ue aux armées nationales pour ies combattre et l'intégration cro s-
formation professionnelle ne sont pas seulement des objectifs économiques s~nte des ~OPUlations au sein du crime organisé ont précipité cette évolution
ou humanitaires: Ils sont la clé d'une sécurisation et d'un développement
inattendue. 1 •t Ire
durables, non seulement au Nord- et au Sud-Kivu et au Katanga, mals à Réunis à Mexico en 2012, le ministre mexicain de la Défense et e secre a
travers tout le pays. états-unien à la Défense ont révélé que, chaque année, 150000 personnes
mouraient en Amérique latine, victimes de la violence entre cartels et de la
Pouren Slvolr plus • guerre. contre le crime organisé. Alexander Addor Neto, ha~t fonctiOn;~~:
de l'Organisation des États américains (OEA), évoquait delà en 200 à 1
Georges BERGHEZAN, Groupes a"nés actifs et! RépubllquedémocraHquedu Congo. SituaHon • ambiance de guerre civile avec un taux d'homicides trois fois supérieur a
dans le ft Grand Kivu. au Z' semestre 2013, Groupede recherche et d'Informat]on sur la ne mondiale '. Au Mexique, selon des estimations concordantes,
paix et la sécurité, novembre 2013, disponible sur <http://grlp.be>.
Françols)AN"' D'OTHt, et Arnaud ZACHA'IE, L'Afrique ""lTale aprês le génocide, La
~006~~ personnes ont été assassinées de 2006 à 2012. Selon l'hebdom~dalrle
Muette/Le Bord de l'eau, Lormont/Latresne, 2014. mexicain Zeta, la violence liée au crime organisé a fait z~ OO? morts ~~~
Rapports des groupes d'experts de l'ONU sur l'application du régime de sanctions et l'arrivée au pouvoir du nouveau président Enrique Pella Nlet? . Le ?r:ï vi à
de la aix Oscar Arias soutient que le « fléau » du narcotraftc a cout a e
l'embargo sur les armes en RD Congo, disponibles sur <http://www.un.org/french/
sc/commlttees/1533/experts.shtml>. 125 tao Centroaméricains depuis dix ans. À titre de comparaison, au début
Publications de l'Institut de la VaUée du RIft/projet Usalama : <http://riftvalley.net/ avrl12014, le confllt syrien avait fait plus de 150 000 morts. Comment en est-on
key·projects/usalama>. arrlvélà?
Le Camet de Colette Braeckman (blog) : <http://blog.lesolr.be/colette·braeckman>.

.. Los primeras 23 m1l640 muerto$ de Enrique Pefta Nleto !J, <www.2.etatlluana.com>.


1
17mars2014.
236 1 Théitres. Conflltsréglonlux Guerre /0 Il drogue, guerre des clrtels: le Mexique entre deux feux \ 23 7

Stratégie changeante des cartels, complicité des autorités américaine. De vieux Boeing et Caraveile décollent de Colombie chargés de
Les changements successifs de stratégie opérés par les cartels dizaines de tonnes de cocaïne et, bien que détectés par les radars installés en
colombiens et mexicains peuvent en partie expliquer cette dérive drama- Amérique centrale par la DEA, pénètrent sans être interceptés dans l'espace
tique. De la fin des années 1970 à la fin des années 1980, les« cartels» font aérien mexicain pour atterrir non loin de la frontière . Des chalutiers et des
profil bas, se consacrant essentiellement au trafic et ne recourant à la vedettes rapides déchargent de grosses cargaisons sur les côtes du Yucatan, de
violence que de manière ponctuelle. Ils agissent à leur guise car, tant en Veracruz deSinaloa ou de Basse-Californie. Un personnage légendaire appa-
Colombie qu'au Mexique, Ils jouissent de multiples complicités dans la raît alors'au firmament du crime: le Mexicain Amado Carrillo, le « Seigneur
police et l'armée. Les cartels colombiens de Medellin et de Cali règnent alors des cieux» qui s'impose face à ses rivaux de Tijuana et du Golfe.
sur le commerce de la cocaïne. Ils produisent la coca dans le piémont amazo- Les enquêtes menées à la fin des années 1990 par le procureur général de
nien, Importent de la base de coca de Bolivie ou du Pérou, raffinent le chlo- la République mexicaine, les principales agences antidrog~e améri,ca~nes, la
rhydrate dans leurs laboratoires, le transportent eux-mêmes aux États-Unis juge suisse Carla Del Ponte 1 et l'intelligence militaire meXicaine revelent ia
et le vendent au détail. dimension inouïe de la protection dont a joui le crime organisé au cours des
Mals le démantèlement par l'agence américaine de lutte contre la drogue sexennats de Carlos Salinas (1988-1994) et Ernesto Zedillo (1994-2000) : les
(Drug Enforcement Administration, DEA) de leurs routes vers la Floride à gouverneurs de plusieurs États fédérés, tous membres du parti:État mexi-
travers les Caraibes les amènent au début des années 1980 à prendre une déci- cain le Parti révolutionnaire institutionnel (PR1), sont soupçonnes ou mis en
sion qui va changer le cours du narcotrafic moderne: les carteis approchent exa~en, ainsi que des ministres, plusieurs directeurs de la police judiciaire,
les mafias mexicaines qui n'exportent alors que de la marijuana et de des généraux membres de l'état-major de l'armée et des co~mandant~ de
l'héroïne brune - produites au Mexique - pour acheminer la cocaïne colom- régions militaires. Des narcos capturés affirment que les secretaires particu-
bienne vers les États-Unis, moyennant paiement en numéraire puis en liers des deux derniers présidents - tout comme ie frère du président Salinas,
drogue. Les négociations et la mise en œuvre des nouvelles routes se dérou- Raul- font partie de ces réseaux. En contrepartie de cette protection, iarge-
lent sans heurts notables mals ies mafias colombiennes voient pour la ment rémunérée, i'État a imposé aux mafias de ne pas attaquer ieurs rivaux et
première fois leurs bénéfices diminuer. de respecter ieurs routes et territoires. Le PR! contrôle alors suffisamment les
Une Initiative téméraire va précipiter leur déclin. Pablo Escobar, l'un des rouages de l'administration et de la force publique pour imposer un tel
leaders du cartel de Medellin, rompt en 1989 la règle tacite de non-agression accord et le faire respecter jusqu'au niveau des communes.
de la société civile. Il décide de recourir à la violence massive pour tenter de Dire que la violence criminelle ne se manifeste pas au Mexique dans les
faire abroger les lois d'extradition vers les États-Unis qui menacent les barons années 1990 serait faux, mals elle se limite à quelques escarmouches
de la drogue, et lance entre 1990 et 1993 une véritable campagne de terro- sanglantes entre les capi dejuarez et de Tijuana et, après la mort d'Amado
risme contre l'État et la société en Colombie. La réaction des autorités sera Carrillo en 1997, à des batailles de succession fratricides au sein du cartel de
terrible: le cartel de Medellin est démantelé, Escobar abattu (1993) et les prin- juarez. Mais la population n'est pas touchée par ces vendettas.
cipaux chefs du cartel de Cali emprisonnés (1995). Le narcotrafic colombien
se morcelle et se restructure autour d'organisations régionales de type Guerre pour les" places ", guerres pour les" territoires"
clanique, qui perdent peu à peu leur capacité logistique d'acheminer la Tout va changer en 2000, lorsque le PRl, au pouvoir au Mexique
cocaïne jusqu'aux États-Unis. Les mafias mexicaines en profitent et vont depuis 1929, perd la présidence. La violence généralisée va naître d'une
petit à petit déposséder les Coiombiens de leurs routes d'exportation et orga- restructuration du crime organisé rendue inévitable par l'alternance poli-
niser le trafic de la côte colombienne jusqu'aux États-Unis en passant par tique et de l'émergence d'une nouvelle forme de criminalité. Le no~veau
l'Amérique centrale. président Vincente Fox, du Parti action nationale (PAN, drOite catholique),
S'ouvre alors une période dorée pour les cartels mexicains. Car le pouvoir fait le ménage dans la haute fonction publique et la plupart des hauts fonc-
s'achète en Amérique centrale, et au Mexique plus facilement qu'allleurs. tionnaires complices du crime sont remplacés à leurs postes par des figures
Les principaux trafiquants de l'époque - comme les cartels du Golfe et de nouvelles. Certains pourtant y échappent et permettent par exemple
]uarez - opèrent à leur aise sans trop affecter la vie quotidienne du Mexique
grâce à la protection offerte par l'État à son plus haut niveau. jusqu'à la fin des 1 Alors chargée de l'enquête sur les transferts de fonds et le blanchiment de sommes
années 1990, d'énormes chargements gagnent sans encombre la frontière déposées par Raûl SaUnas SUI des comptes suisses.
238 1 ThUtres. Conflits réglonlux Guerre .11 drogue, guerre des clrtels: le Mexique entre deux feux 1 239

l'évasion de prison en 2001 deJoaquin Guzman alias« El Chapo • originaire narcotraflquante '. Éprouvant quelques difficultés à s'implanter dans le
du Sinaloa, l'homme qui va remplacer bientôt Amado Carrillo. En outre, les trafic de drogue, ils se lancent dans d'autres activités: extorsion, kidnap-
élections régionales et locales de 1997 et 2000 ont porté au pouvoir des ping, trafic de migrants et de prostituées, jeux clandestins, contrebande,
gouverneurs d'État et des maires n'appartenant plus au PRI. Pour la première contrefaçon ... Leur objectif est d'étendre leur mainmise sur i'ensemble du
fois depuis vingt ans, les narcos se retrouvent face à une multitude d'interlo- pays pour maximiser leur chiffre d'affaires. Pour cela, ils n'hésitent pas à ~tta­
cuteurs politiques qui, pour des raisons diverses, ne se sentent plus liés par les quer les bastions des cartels traditionnels, s'alliant à des mafias du meme
accords précédents. type qu'ils entraînent, comme la Familia Michoacana et les Caballeros
En attendan t de pouvoir soudoyer à nouveau les hautes sphères de l'État Templarios, basés à l'ouest du pays, aux marges des fiefs du cartel de Sinaloa.
- objectif atteint par ie cartel de Sinaloa à la fin du sexennat de Felipe Après la guerre pour les« places. éclate la bataille pour les« territoires • .
Caider6n -les narcotrafiquants doivent donc substituer aux routes directes Le cartel de Sinaloa s'empare des terres du cartel deJuarez. Les Zetas se conso-
-aériennes et maritimes qui, faute de protection, ont cessé de fonctionner- lident sur les domaines du cartel du Golfe dans l'Est et le Sud-Est mexicains,
d'autres routes, dites « fourmis " pour acheminer la drogue. Pour les et établissent quelques bases sur la côte pacifique et au Guatemala. Cette
sécuriser, ils n'ont d'autre recours, à court terme, que de soudoyer les auto- « terrltorialisation • du crime organisé a fini par s'étendre aussi à la
rités locales - gouverneurs, maires et polices municipales de toutes Colombie: la démobilisation des paramilitalres d'extrême droite (de 2003 à
obédiences-qui veillent sur les points stratégiques des nouveaux itinéraires, 2010) a laissé sur le pavé des milliers de mercenaires qui collaboraient déjà
de la frontière du Guatemala à la frontière états-uni en ne. Selon Edgardo avec les trafiquants pour financer leur offensive contre la guérilla des FARC.
Buscaglia, consultant de l'ONU en matière de crime organisé, de 2000 à 2008, Beaucoup se sont recyclés dans les Bandes armées criminelles (Bacrim) qui
60 % des communes du pays seront ainsi « capturées ou féodillisées • par le présentent les mêmes caractéristiques mafieuses et« territoriales. que les
narcotrafic. Zetas. Le cartel de Sinaloa - dominant au Mexique - contrôle certains de ces
Les règles du jeu changent et les cartels s'affrontent alors violemment nouveaux gangs comme les Urabeilos et la Oficina de Envigado, successeurs
pour s'approprier ces nouvelles routes. Les différents cartels ne respectent du vieux cartel de Medellin. Il les arme en échange d'un approvisionnement
plus les « fiefs. de leurs rivaux. Vicente Fox (2000-2006) puis Felipe stable en cocaïne.
Calder6n (2006-2012) ne sont plus en mesure de faire appliquer le pacte L'apparition de ces nouveaux acteurs entraîne le Mexique et la région
implicite de non-agression passé avec les mafias depuis le début du sexennat dans une splraie de violence pius meurtrière encore. Depuis huit ans, le
de Salinas. Mexico découvre alors ce que l'on appelle depuis la« guerre pour Mexique et l'Amérique centrale se résignent à compter leurs morts, torturés,
les places " les villes qui jalonnent les nouvelles routes. La première grande démembrés, décapités, pendus sur des ponts autoroutiers. Pour terroriser
bataille de ce nouveau conflit se livre à Nuevo Laredo, en 2003, sur la fron- leurs adversaires, les tueurs filment leurs exécutions et les postent sur
tière entre le Tamaulipas et le Texas. Pendant des semaines, les pistoleros du YouTube. L'extorsion et le kidnapping frappent massivement les États du
cartel de Sinaloa y affrontent les sicaires du cartel du Golfe, chaque camp nord du Mexique et le Michoacân.l'ersonne n'y échappe, des petits commer-
comptant sur le renfort d'une partie des forces de l'ordre. Mais il faut trouver çants de Tamaulipas au géant métallurgique Arcelor Mittal dans le
d'autres itinéraires et d'autres caches au-delà du Mexique et les chercher plus Michoacân. Excédées par ces exactions, les populations rurales des États de
au sud. La « guerre pour les places. s'étend à l'ensemble du territoire et à Guerrero et Michoacân se dotent de milices d'autodéfense qui, à leur tour,
l'Amérique centrale qui offre des tremplins sûrs vers le nord. Dès la fin des entrent dans la bataille contre le crime organisé dès la fin des années 2010.
années 2000, le Salvador, le Guatemala et le Honduras se transforment en
« entrepôts. de drogue, contrôlées par des gangs liés à l'un ou l'autre des Les populations prises entre répression et « rêve américain»
cartels mexicains. Les gouvernements de Calder6n et de son successeur l'eila Nieto
Un autre phénomène accentue la violence: l'apparition d'une nouvelle ont aussi leur part de responsabilité dans l'aggravation de ces conflits. Le
organisation sur le théâtre de la criminalité. Après l'arrestation en 2003 du premier a commis l'erreur de recourir à la force plutôt qu'à l'intelligence en
dernier leader Incontesté du cartel du Golfe, les Zetas, bras armé de cette lançant dans la bataille contre le crime 50 000 soldats et 40000 policiers.
organisation, s'émancipent de sa tutelle. Dirigés par d'anciens membres des Plusieurs dizaines de milliers de sicaires et 3 000 membres des forces de
forces spéciales de l'armée, ils adoptent, selon l'expression de Luis Astorga, l'ordre sont morts sous son sexennat. Plus grave encore, l'armée mexicaine, à
l'un des meilleurs spécialistes du sujet, « une stratégie plus mafieuse que son tour, s'est rendue coupable de violences, arrêtant, torturant, assassinant
240 1 Thé'tre•. Conflits réglon.ux Retou, dei. guerre, déclin dei. gouvernance mondiale 1 1 241

ou faisant disparaître des civils suspectés mals Innocents ... Pet'la Nleto, plus
discrètement et commettant moins de bavures, poursuit depuis la même Retour de la guerre, déclin
offensive, s'appuyant sur les milices d'autodéfense.
Mais, pour tenter d'expliquer le phénomène, restent deux questions de de la gouvernance mondiale?
fond que la plupart des analystes hésitent à aborder : la base sociale du crime
organisé et son poids économique. Environ 10 % de la population mexi-
caine vit directement ou Indirectement des activités des cartels et partage les
valeurs d'une nouvelle culture crimlneile. Après l'arrestation de]oaquln Pierre Cirouer
Historien, Sciences Po Paris
Guzman, en février 2014, on a même assisté à des manifestations populaires
exigeant sa libération. Car la pauvreté et le matraquage médiatique en faveur
d'un consumérisme effréné alimentent aussi cette guerre. Pour les moins ,
favorisés, rej oindre la délinquance ou travailler à sa marge est devenu le
moyen d'atteindre les objectifs matériels que la société fait miroiter sous
leurs yeux. Le modèle économique global a engendré un mécanisme mortel:
A force de parler de guerres, ne finlssent-eiles pas par arriver?
Depuis ceiles lancées par l'administration Bush, la guerre est
revenue à la mode. Les études quantitatives ont beau montrer que les
Il a « vendu. au sous-continent un « rêve américain. Inaccessible. La délin- conflits sont moins nombreux et moins destructeurs, on craint les
quance reste donc pour des mlllions de jeunes pressés la seule voie rapide vers effets d'une conflagration généralisée, comme le fut la Première
le paradis du luxe. Guerre mondlale_ Et comme le consensus est désormais qu'une
Enfin, selon les experts, entre 15 et 50 mllliards de doilars d'argent sale poignée de dirigeants européens a déclenché la guerre de 1914,
sont réinvestis chaque année au sud de la frontière états-unlenne, en particu- l'Inquiétude est d'autant plus forte alors qu'on en commémore le
lier dans les États du Nord mexicain contrôlés par les narcos, soit en moyenne centenaire. The Outbreak of the First World War, édité par Jlck Levy et
de 2 % à 3 % du produit Intérieur brut. L'économie mexicaine s'accom- John V•• qu .., les plus célèbres spécialistes de la théorie des guerres,
mode, elle aussi, de la barbarie. Tout comme Washington, qui n'a toujours permet de saisir les Interrogations actuelles des polltlstes et historiens
pas su endiguer le trafic d'armes destinées aux cartels, le blanchiment sur les causes du premier conflit mondial, à côté de plusieurs descrip-
d'argent par ses banques et la consommation massive de stupéfiants sur son tions très complètes de la crise de juillet 1914 récemment parues.
terri toire. Les temps étalent plutôt à faire le bilan des nombreux travaux sur
les guerres clviles « lointaines. que la communauté Internationale
devait gérer: Civil Wars de St.thls Kaly... et UnderstandingCivil Wars
Pouren '.'01, plu.
d'Edward Newm.n sont des synthèses remarquables. Accompagnant les
Luis AsroRGA, E/ Sig/ode /asd,ogas, Grllalbo-Proceso, Méx ico, 2012.
publications liées au programme d'agrégation de géographie portant
sur les conflits, l'Atlas des guerres et conflits d'Am.ël C.tt.ru .... s'ajoute
Jean-François BOYER, La Gllerreperduecontre ladroglle, La Découverte, Paris/2ool.
aux nombreux atlas permettant de comprendre les guerres par les
Edgardo BUSCAGLlA, Vacfos depoder, nMéxlco, Editorial Oebate, México, Z012. cartes. La guerre semblait pouvoir être aussi quelque peu « civilisée.
par l'éthique et les différentes facettes du droit International. Le
Routledge Handbook ofEthics and War, de Fritz Allhofht al., et l'Oxford
Handbook oflntemationalHumanitarian Law InArmed Conflict, édité par
And,ew CI.phlm et P.ol. 'aetl, permettent de prendre la mesure des
progrès et des débats. La nouvelle édition du Dictionnaire pratique du
droit humanitaire de F,an~oI.e Bouchet-Soulnler est d'un Intérêt Inesti-
mable pour les praticiens. Da.ld Crowe, dans War Crimes, Genocide and
Justice, s'efforce de montrer les progrès historiques dans la lutte contre
les crimes de guerre et les génocides. Les drones entretiennent l'espoir
d'une guerre propre, ne ciblant que les« badguys _, même s'ils parais-
sent annonciateurs d'un monde de surveillance généralisé et de guerre
248 Th'itres. ConflltJ réglonlux

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chiffre provisoire
Sourm : H.lv.rd 8u~lug , Scott GaIn, Ham!! Heg!'! ft Hh.rd Str.nd,. (jloblt trtnd. In Irmtd (onfUct., CtlItrt lOf
tilt Siudy of QYit W.r, lnlf'lII!llor..1Pt.ct Rnurth Imillut! (l'RIO); lHI~dt donnHJ tn I~M (PRIO); HtldtlDtrg
IMtltute fOf Intfm. llon. 1Confllct Rnwdl (HUIQ ; Agtnm d. PreJst: 11It EconomlJt.
Annexes statistiques 251
250 Nouvelle. guerre•. L'état du monde 201 5 \
1

Tableau 1 - Produit Intérieur brut (PIB) en mlllards de dollars constants de 2005 Tableau 3 _ Dépenses militaires (pour les 30 premiers pays) et part dans le PNB
En milliards de dollars eonstant en 201 1
1980 1990 2000 2010 2013 2013 Part des dépenses
1990 2000 2010
Pays de l'OCDE 18 309 24852 32 831 38511 39842 militaires dans
Union européenne 7871 9942 12537 14464 14628 le PNB en 2013
Brésil 583 748 1076 1 144 394,2 720,3 618,7 3,8
~tats-Unls 527,2
Russie 842 553 879 947 37,0 136,2 171,4 2
Chine 19,8
Inde 346 596 1230 1442 31,1 65,8 84,9 4,1
URSS/Russie 0,0
Chine 550 1400 3823 4842 27,6 47,9 62,8 9,3
Arable saoudite 24/8
Afriqu e du Sud 164 200 284 307 61,8 66,3 62,3 2,2
France 70,5
Total BRICS 2485 3497 7293 8682 60,3 59,0 59,4 1
Japon 47,8
United States 5907 8151 11 707 13 743 14467 48,0 62,9 56,2 2,3
Royaume·Unl 58.8
Amérique du Nord 6490 8902 12713 14965 15743 50,6 49,6 49,3 1,4
Allemagne 71 ,7
27,7 49,2 49,1 2,5
Japon 2448 3876 4364 4771 4838 Inde 18.8
25,2 38,1 36,2 1,4
Amérique du Sud et Cara'ibes 1518 1749 2411 3261 3510 Brésil 52,2
43,1 38,9 32,7 1,6
Afrique sub·saharienne 331 401 495 776 838 Italie 36,9
20,0 29,9 32,4 2,8
World 22 159 30294 40308 51786 54494 Corée du Sud 15,1
18,0 27,0 24,6 1,6
Australie 15,3
Source: Banque mondiale. 15,7 20,7 18/7 1
Candad 20,6
20,6 17,0 18,7 2,3
Turquie 13,1
14,5 16,0 16,0 5,6
Israël 13,6
14,4 16,0 12,8 0,9
Tableau 2 - Produit Intérieur brut (PIB) en parité de pouvoir d'achat (PPP) Espagne 15,3
6.1 11,1 12,5 3,4
par habitant en dollars courant 2005 Colombie 2,7
10,4 9,9 10,3 2,2
Taïwan 11,4
11,3 12,1 10,3 1,3
1980 1990 2000 2010 2013 Pays-bas 13,6
2,9 6,0 9,9 4,8
Algérie 0,7
Pays de l'OCDE 9210 16996 23240 35638 38376 6,4 9,3 9,4 1,8
Pologne 7,4
Union européenne 8265 14282 18848 34028 34277 7,3 9,3 9,1 3,4
Singapour 3,8
2,9 5,1 8,7 1 l ,3
Brésil 2180 2700 3860 9520 11690 Oman 2,8
0,0 5,1 8,4 0,9
Russie 1710 10010 13 860 Indonésie 1,7
4,4 4,8 6,6 7,6 3
Inde 270 390 460 1290 1570 Pakistan 0,6
2,6 4,1 6,2 7,5
Chine 220 330 920 4240 6560 Mexique 1,4
5,9 5,7 7,1 7,4
Afrique du Sud 2510 3390 3050 6000 7190 Norvège 3,6
0,0 0,0 3,8 7,3
Total8RICS 1295 1703 2000 6212 8174 Irak
United States 13410 24150 36090 48960 53670 Source: Sipri, 2014.
Amérlquedu Nord 13 231 23786 34762 48519 53533
Japon 10670 27560 34970 42190 46140
Amériquedu Sud et Cara'lbes 2130 2309 4153 7871 9634
Afrique sub-saharienne 668 599 495 1239 1634
World 2581 4145 5386 9237 10564

Source: Banque mond iale.


N
~

Tableau 4 -les 20 exportateurs d'armes les plus importants


g
en millions de d o llars constants (calculés à partirde la valeur du dollar en 1990)
...t
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
2000-2013 1
1. ~tats-Unis
2. Russie
7S58
4043
5691
5936
4943
5638
5S69
5322
6637
6189
6605
5229
7411
5096
7750
5556
6 743
6343
6874
5112
8158
5962
8945
8495
8950
8391
6153
8283
97989
BS595
~
CL
c:
3. Allemagne 1615 919 917 1745 1151 2095 2710 3257 2402 2568 2722 1 361 1177 972 25611 3
o
1115 1466 1439 2342 1829 1718 2395 2067 1979 917 1 750 1 076 1 489 23036
4 . France 1454
1-
-...
5. Royaume-Uni 1645 1394 1102 752 1201 1039 973 1 009 1002 1021 1 137 1 040 923 1 394 15632
~
6. Chine 303 515 519 693 381 315 625 466 581 1077 1419 1 342 1 704 1 837 11 776
7. Italie 202 243 463 357 251 827 527 713 388 489 476 924 790 807 7458
8. Israël 387 437 548 388 625 413 359 539 327 704 587 577 514 773 7178
9. Pa)"-Bas 284 203 234 336 218 526 1155 1210 460 485 381 533 773 302 7100
10. Ukraine 277 539 310 296 200 295 539 626 375 381 473 550 1510 589 6958
11. Suède 368 908 171 526 303 537 397 347 457 427 664 700 490 505 6800
12. Espagne 46 8 16 95 52 107 839 600 602 961 277 1437 706 605 6350
13. Suisse 174 206 157 181 249 247 286 295 457 227 238 310 231 205 346S
14. Canada 74 129 172 267 270 228 228 338 229 180 242 307 271 199 3132
15. Corée du Sud 10 228 96 73 108 158 279 178 267 197 331 218 307 2449
, 6. Biélorussie 293 49 64 57 21 54 43 6 226 42 160 98 97 338 1 S48
17. Af rique du Sud 20 37 17 43 72 30 184 126 139 103 233 69 185 76 1332
18. Norvège 3 42 83 84 66 12 17 61 114 147 159 156 158 64 1167
19. Pologne 45 81 56 81 47 18 282 163 73 75 28 8 10 131 1098
20. Belgique 26 37 37 15 47 146 59 19 217 243 8 111 22 52 1039

Source : base de données des transferts d'annementconventionnel du SIPRI.

Tableau 5 - Les 20 importateurs d'armes les plus Importants


en millions de dollars constants (calculés à partir de la valeur du dollar en 1990)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
2000-2013

972 1 298 1 896 2836 2129 1078 1429 2305 1867 1996 2897 3566 4524 5581 34 373
, . Inde 30644
3291 · 3519 2883 1 693 1 992 1 453 943 1 020 1 631 1534
2. Chine 2 055 3347 2889 2394
1039 188 15035
3. CoréeduSud 1419 773 532 735 1 044 781 1 625 1 727 1 647 815 1242 1469
917 749 560 605 1 213 1154 2245 14178
4 . &niratsarabesunis 247 186 222 685 1210 2169 2019
667 1 047 1 210 2201 1 051 962 1 002 11113
5. Pakistan 176 409 542 629 456 422 339
1712 516 1225 648 77 33 66 10994
6. Grèce 708 787 409 2295 1 384 405 731
655 405 756 1 489 1 585 894 303 10859
7. Australie 336 1250 674 818 491 478 724
821 944 973 1113 1014 1215 759 10509
8. ~tats-Unis 345 502 505 592 558 523 647
666 675 733 469 642 1 528 604 10055
9. Turq uie 1 166 506 898 323 243 1092 511
748 697 336 159 686 635 312 501 8410
10. ~gypte 797 847 722 633 613 726
489 1 529 1 065 808 1 135 877 342 8356
11. Algérie 412 551 251 195 244 159 300
65 375 1 174 1 522 1 018 933 824 142 8328
12. Singapour 798 249 232 85 375 536
195 339 733 986 1160 866 1486 8166
13. Arabie saoudite 85 61 567 167 1170 158 195
783 529 389 503 355 599 438 7818
14. Royaume-Uni 865 1282 741 786 214 27 308
862 676 153 54 81 381 348 6763
15. Israël 368 131 349 253 852 1133 1122
492 681 513 426 284 2S4 145 5760
16. lapon 483 430 466 436 361 364 424
672 579 216 2468 4934 1:'
17. Afghanistan 34 46 3 41 152 346 377
18.
19.
Venezuela
Chili
11 0
202
105
60
50
74
15
187
9
70
20
449
380
1096
785
662
743
397
358
335
208
475
594
316
691
58
476
53
4543
4433
4362
i
20. Taiwan S8S 345 299 117 320 696 508 12 11 61 103 218 455 633
Ë
Source: base de données des transferts d'armement conventionne l du SIPRI .
f
N
'"""
254 1 Nouvelles guerres, L'état du monde 2015
Annexeutatlltlquel 1 255

Tableau 6-Armes légères en circulation au sein de la population civile en 2011


Tableau 7 - Populations réfugiées, déplacées et personnes vulnéra bles
en besoin d'assistance humanitaire
Nombre d'armes légères Nombre d'armes légères en circulation Situation au 30 Juin 2014
pour 100 habitants au sein de la population
~tats-Un ls 89/96 PopulaUon Population Demandeurs Autres personnes Total
270 000 000 à 31 0 000 000
Yémen 55 11 500000 réfugiée déplacée d'a~le vulnérables
SuIsse 46 en besoin
3400000
Finlande 45 d'assistance (1)
2400000
Chypre 36 275000
Arabie saoudite 35 l, Syrie 666266 6520800 2472 160000 7349538
6000000 5700 240
Irak 34 2. Colombie 182 5700000 58
9750000
Uruguay 32 3. ROC 113357 2963799 1453 734874 3813483
1100000 3302483
Canada 31 4. Nigeria 1683 3300000 800
9950000
Islande 30 5. Palestine 2994000 250000 3244000
Autriche 90000 2641894 4 368 2646262
30 6. lomanle 0
2500000
Allemagne 30 7, Soudan 159838 2426000 10792 39679 2636309
25000000 244150
Koweït 25 8. Irak 246294 2100000 5976 2596420
630000
Nouveile Zélande 23 9. Pa~stan 1616495 747498 5384 90637 2460014
925000 953700 52419 1086 1617116
Grèce 23 10. Turquie 609911
2500000
Croatie 22 11 , Somalie 2416 1133000 9867 140 875 1286158
950000
~miratsarabes un is 22 12. Uban 1256529 2253 3677 1262459
1 000000
Uban 21 13. Birmanie 372000 840388 1212388
750000
Qatar 19 14. Kenya 534920 412000 52270 20000 1 01 9190
520000
Pérou 19 15. Afghanistan 16861 631286 63 336981 98S 191
750000
Thanande 16 16. Centrafrique 14313 935000 2635 951948
10000000
Mexique 15 17. Iran 857342 46 0 857388
15500000
Jordanie 12 18. Côte-d'ivoire 2955 24000 586 741153 768694
630000
Pakistan 12 19. ~thiople 433923 313 000 920 1024 748867
18 000000
Estonie 9 20. Yémen 241276 307000 8181 93055 649512
123000
Russie 9 21 . Th.111ande 136474 4683 506 413 647570
12750000
Jamaïque 8 22. Azerbaidjan 1377 609029 269 3585 614260
215000
Brésil 8 23. Soudan du Sud 229587 383000 21 392 613000
14840000
El Salvador 6 24. Tchad 434461 90000 298 384 525143
400000
Colombie 6 25. Mali 14000 254000 57000 325 000
2700000
Royaume.Unl 6 3400000 (1) Ce chiffre comprend les personnes rapatriées, les apatrides et autres personnes en urgent besoin d'assis·
Maroc; 5 1 500000 tance humanitaire.
Chine 5 40000000 Sources: UNHCR ; UNRWA; IDMC ; USCRI; NRC.
Inde 4 46000000
Source ; SmaliArms SUNe)' Research Notes, Number9, September 2011.
Le« plrlte des men ", ennemI IntermIttent deI. scènelntemltlonale \ 135
134 1 Acteun.lnstltutlon., Inne., victime.

En outre, comme le souligne l'anthropologue Danny Hoffman, les théori-


ciens de la sécurité et les experts mllitaires américains et européens s'intéres- le« pirate des mers »,
sent au potentiel que représentent les milices locales qui peuvent être
rapidement mobilisées et déployées. Autrement dit, la militarisation des ennemi intermittent
communautés locales dans les pays du Sud intéresse les acteurs politiques ou
militaires bien au-delà de ces pays 1. Dans le cadre de la. guerre globale de la scène internationale
contre le terrorisme ", les armées occidentales forment déjà des unités
commandos dans les pays de la bande sahélo-saharienne.
Enfin, les politiques néoiibérales de privatisation de la sécurité ont
conduit à la multiplication de milices et de centres de surveillance privés trIc Fréc°hn h 'l" cole navale coordinateur de l'Observatoire Asie du Sud-Est
Enselgnant-c erc eur CI t ,
chargés de la sécurité des entreprises et des quartiers riches. Parallèlement,les àAsia Centre (Paris)
politiques de militarisation des frontières s'accompagnent, aux hats-Unis,
du développement des groupes de vigilantisme et, en Israël, de la privatisa-
tion des checkpoints 2. Loin d'être le symptôme du retrait ou de la faillite de
l'État, la sous-traitance de la guerre et du maintien de l'ordre s'inscrit dans les
reconfigurations contemporaines des modes de production et de régulation
de la violence.
E n2013 la geste pirate aura une fols de plus éclipsé la réalltédu
é ~ène Tandis que les pirates des Somalles prenaient
ph no :.. Ca tain Philips _, succédant ainsi aux
d'assaut les écrans- dans HI}ac~,"get P2003 et 2011 les pirates des Indes
quatre opus de P'Irates des Caralbes entre Avec 106' attaques recens ées,
Pour en ,"volr plu. orientales repartaient discrètement edn mer' le pays le plus touché par les
2009 l'Indonésie est re evenu e 29
Marielle DEBos. Le MWer des armes au Tcllad. Le gouvemement de l'entre·guerres, contre 15 e n , tl N' eriacibléà31 reprises, contre
Karthala, Paris, Z013. abordages (effectifs ou tentés), de~a~, :de~ au contraire 13 bateaux ont été
Laurent GAYER et ChrlstophejAFFRELOr (dlr.), Milices armtes d'Asie du Sud, Presses de en 2009. En Somalle et dans le go le t ' tl Lescourbess~crolsent,leszones
Sciences Po. Paris, Z008. attaqués contre 197 quatre ans P us ~é' incontournable et Insaisissable
Martin LAMOlTE, • Le vlgllantlsme aujourd'hui: les milices nord·amérlcalnes à la changent mals le pirate demeure c~e' M:~:;e en Ilbre-service et à géométrie
frontière mexlcano·amérlcalne ',In Rémy BAZENGUISSA·GANGA et Saml MARK! (dlr.), de la nouvelle scène lnternatlOna ~ à touS endroits la piraterie est souvent
SocMUs en guerres. Etlmograpllie des mobilisatiolls vlolelltes, tdltions de la MaIson des variable, disponible à tout lnstan t e tlon ar le; médias et les chancel-
sciences de l'Homme, Paris, 2012. mobllisée comme facteur de dra:::I;~rtlve;aperçues sur les écrans, et aller
Federico LoRENe VALCAReE, La SécuriU privée en Argentine. Elltre surveillance et marcM, lerles. Mals il faut se méfier des lm g hé' t d'ombres Qui sont ces person-
l<arthala, Paris, ZOI1. ?
voir derrière ce qui ressemble à un t 1 a Ire aglnalres Comment s'organise
nages et ces groupes qui enflamment es m
la lutte contre cette. menace " ?

De l'ennemi mythIque aux. nouvelles menaces .. ment du ira te :


L'Image du lion est utIle pour évoquer le comporte P p d'ffé-
. uand les opportunités manquent. our 1
.1I ne meurt pas; 11 dort " q é li prêts à braquer les projecteurs
rentes raisons, beaucoup guettaient son r ve ,
sur ce roi des voleurs des mers.

1 Danny Hom.4AN, Tlle War Machl'Ies. Young Men and Violence ln Sierra Leone and Liberia,
Duke University Press, Durham, 2011. me International pour le premier semestre 2014,
2 Shlra HAVKIN, • La privatisation descheckpolnts: quand l'occupation m1Utalre rencontre le D'après le rapport du Bureau mar~tI é le ctdansled~troltde Singapour, 4 en SOmalie et
23 Inddents ont étérapportés en ln on S ville)
néollbérallsme », ln Stéphanie u.lTE-AIIDALLAH et Cédric PARIZOT (dit.), À "ombre du mur, dans le golfe d'Aden, ainsi que 9 au Nigerla et au Congo (Brazza .
Actes Sud/MMSH, Arles, 2011, p. 51·72.
IIntennltlentdelu<ènelntemltlonlle \ 137
Le tI plrate dei men It, e"nem
136 1 Ad.url.lnstltutlons, Inn.s, vidimes

t afiquant. le
s'le_terroriste,., 1e« r '
ptrate.apermiS_aVecquelquesautre ~au cap aux gouvernements: un
En ce qui concerne i' Asie du Sud-Est, i'exotisme orientalisant a pu peser
• andestln., etc. - d'offrir un nouv
dans i'inconscient collectif occidentai'. Les écrits sur la piraterie de Conrad,
comme Karain (1898) ou Lord Jim (1900), avant la série télévisée SandokIIII
~emls'éteint, une menace s'éveill:d';ter cette doctrine des « nouvel~es
En Asie du Sud-Est, pour accr t e le terrorisme. après 2001, es
(1976), inspirée du roman Les Tigres de Mompracem (1900), ont depuis long-
temps préparé le terrain. Puis, dans les années 1990, la menace écologique a menaces -, et appuye~ ~~t;sg;::~:~~~i~lnes diPlomatiquhes on\~~~:r~~
été mise en avant, les experts évoquant en particulier l'hypothèse - au perts abondam men , Fort de cette psyc ose,
~dée d'une collusion pirate-terroriste ~ riverains du détroit de Malacca, dès
demeurant plausible - d'attaques de navires pétroliers: que se passerait-llst
calns ont proposé leurs services aux P;.rnsulinde ou, à défaut, pour coopér~r.
ces derniers venaient à percuter les récifs du détroit de Malacca, tout l'équi-
2004 pour patrouiller dans les eaux 1 et de terrorisme maritime, es
page étant ligoté et incapable de piloter le navire?
Sous' prétexte de lutte contre la p~,~er :on seulement dans le détroit de
Si le phénomène inquiète en Asie, c'est en Afrique orientale que la
tlats-Unls se positionnent aujour UI r future autoroute maritime, par le
Malacca mais aussi dans celui deMa~a~:~~lnallnveStigative Training Assis-
« menace pirate . a été jugée la plus sérieuse. Bien que le trafic maritime Ysoit
moindre, plusieurs affaires retentissantes ont révelllé la crainte des pirates
blals entre autres, de l'lnternatiOna
dans les imaginaires, notamment en France: des Français ont été pris en 'p ram (Icitap). doute soucieux de faire
otages sur leurs bateaux (le Ponant et le Carré d'As en 2008, le Tanit en 2009), tancea~~fa Corne de l'Afrique, les Européens, ::a~:s somaliens une cible de
l'un d'eux a été tué (dans le cas du Tanit) et des troupes françaises ont été
engagées sur décision présidentielle. Mais le phénomène ne touche pas que
éta~de leurs capacités militaires, on~~~~~:s:e représentait, com~e l':xpll~
choix. Alors que la piratene dan~ ce caillou dans une chaussure " gena~
des Français, loin de là: 449 marins ont été pris en otages en 2011 et 250 en
ualt l'amiral Laurent Mérer, qu « un, tervention ne manquèrent pas .11
2012 - surtout des Phillppins - en Somalie et dans le golfe d'Aden. La Come
~ertes mais pas fatal, les prétextes d ~~dial était-il d'abord annoncé, dè)S
de l'Afrique est ainsi devenue le rendez-vous de toutes les plus grandes
s'a Is~alt de protéger le commerce m amm~ alimentaire mondial (PAM .
marines, la force navale européenne (Eunavfor) lançant dans la zone sa
première opération navale fin 2008 (mission Atalanta).
20~7 et surtout les convois ~u ~r~~~frique la redécouverte tardive de I~
Reste que la lumière médiatique n'est pas toujours en phase avec les M~:~~~: l;i!:;:~~~Ct~!~:~:I~-el~e pas !' ~r~fr~sc~~:~r~:r::r~~e:oi::~~
phénomènes réels. Alors que celle-ci se focalisait sur le bassin somalien, c'est ~èle la protection des nouveaux flux le sruage des dispositifs de sécurisa-
surtout le goife de Guinée qui attirait l'attention des armateurs-et pas seule- Gui~ée ? Elle s'Inscrit en tout cas dans é Ion à l'instar du partenariat InitIé
ment depuis 2013 comme il est souvent écrit. En 2008, par exemple,le tian et de défense mis en place dansla ~n!s a~ec les pays africains de la zone
Bureau maritime International (BMl) recensait déjà quarante incidents au 2007 par les forces navales aménca dement des ttats-Unis pour
Nigeria. La piraterie ayant eu tendance à reculer en Afrique de l'Est, c'est e~frica Partnershlp Station) et du C~~~~rance, pour sa part, ~alntlent
aujourd'hui le golfe de Guinée qui attire les regards 2. Acroire qu'li aurait ~'Afrique (Africom) mis sur pied en 20be' lancée dans la région des 1990,.et
fallu trouver un pirate de substitution au pirate somalien ... on opération (permanente) • Corym "\es côtes ouest-africaines au pnn-
Avant de refaire surface dans les médias, le pirate s'était déjà invité, depuis s vO é sa mission' Jeanne d' Arc ~ sur i ex Il uent en partie, Indirec-
plusieurs années, dans les cénacles diplomatiques et militaires, comme a :ps ~014. Àces intérêts géostratéglques, i~e la~cine, pourraient s'ajouter
l'illustre la mise en piace d'une antenne spécialisée du BMI, installée à Kuala ~~ment, ce retour de la piraterie sur ~e::~:~e phénomène un juteux marché
Lumpur, en 1992. Illustrant les Turbulences et. The coming anarchy. qui des Industriels qui ont trouv
tentaient de restructurer les relations internationales post-guerre froide 3, le ~~:r vendre leurs produits de défense.

Denys LoMBARD,« Aux origines du thème du "pirate malais", ln Denys LoMBARo(dlr.), Rêwr
l'Asie : exotisme et littérature coloniale aux Indes, en Indochine et en Insulinde, EHESS, Paris,
1993,p. IS4.
Related Terrorism ln an Age of
2 Mouard PFLlML1N, • La piraterie maritime en net recul, sauf dans le golfe de Guinée,., Le A Tlme 80mb (orG/aba/ Trade: Muritime-
Mont/e,1 7 IuUlet2013. Michael RICHARDSON. S apour 2004.
1
3 James N. ROSENAU, Turbulence ln World Pol/tio : A Thtory arChange and Contlnu/ty, Prln~ Weapo'lS o(MasS DeStrUCtiO'I, lSEAS •. Ing lien Mitions du Rochet. Paris, 2012.
Mol Osmapu:o,pmlteSo ma
Voir Laurent M LIU'.
~"~R ,
ceton University Press, Princeton, 1990 ; Robert KAIU.N, «The comlng anarchy _, Atlantic 2 1

MamMy, vol. 273, n" 2, févr1er 1994.


Le . plr.te de. men », ennemi Intermittent delll,ène Intematlon.le \ 139
138 1 Acteun.ln.tltutlon., .rme., victime.

Quant aux liens supposés avec les milices shebabs, théorie très en vogue chez
Réalités contrastées de la « piraterie ,. certains experts,llS restent à être démontrés.
La marque « pirate. est sM i t Le pirate du golfe de Guinée demeure le plus méconnu. Marc-Antoine
terie Potemkine donne l'illusion d' u san e, utile mals trompeuse. La pira-
« nébuleuse. qui, pourtant, n'exist une « Intemat,ionale pirate ", ou d'une Pérouse de Montclos a proposé une analyse novatrice en réfutant l'hypo-
tent des différences au sein mê ~ pas. Aux dlfferences par région s'ajou- thèse de la pauvreté ou de l'État failli. Plus qu'une progression de la piraterie,
chef de gang,l'agentcorrompu e~l~h~~comdmunauté~ concemées, entre le Il perçoit une modemlsation des activités illégales, animées par de muitiples
façon « poupées russes. du hé è me e mam desœuvré. La définition gangs, sociétés secrètes ou trafiquants d'armes, associés aux mouvements
« piraterie. qui, selon la co:ven~~m dne~émolgne de cette complexité: à la insurrectionneis iocaux, en particuller le Mouvement pour l'émanclpation
haute mer (article 101) 1'0 ion e ontego Bay (1982), n'existe qu'en du delta du Niger (MEND). « Les organisations crimineiles ont étendu et poli-
ajouté le« banditisme ~ari;gan sa~on maritime Intemationale (OMI) a tisé leur capacité de nuisance' en menant des attaques jusqu'en haute mer,
modes opératoires correspon~:~ ~~s ans les eaux territoriales). Aux divers explique le chercheur, et« la crimlnalisatlon de l'opposition polltique a [...1
En Asie du Sud-Est celui l' motIvatIOns et racines multiples. conduit à "modemlser" ou "sophistiquer" la piraterie d'antan ».
riste. n'est en réalité q'u'un q~e °d promettaIt à une carrière de «terro-
n Les Images qui nourrissent les médias et les théories véhiculées par les
« puate es champs' , administrations peinent donc à rendre compte des réalités contrastées des
bateaux lents, à quai ou au mouilla e A . • n osant s attaquer qu'aux
profit de ses compétences maritl g. lIssant avec opportunisme, Il tire phénomènes de« piraterie ». À cela s'ajoute le problème des statistiques du
bateaux qui passent ou stationne~te: et e sa localisation pour aborder les BM!, quallfié de • juge et partie» par un ancien membre de cabinet ministé-
pllotis. C'est le cas dans le repaire de B~~:~;~espencablu.res de sa cabane sur
riel françaiS. En Asie comme en Afrique, les petits pêcheurs, voire des arma-
teurs pressés, ne rapportent pas toutes les attaques dont lis sont témoins, et
point le plus resserré du détroit d M 1 g adang, Ile Indonésienne au
effrayés par les patroullles, ces vo ~uSadacca. Une fois enrichis, fatigués ou parfois victimes. Cette vue erronée de la violence en mer, pour des motifs
Le « pirate des villes. par e e YI d es mangroves cessent leurs méfaits sociaux ou diplomatiques, nuit mécaniquement à la résorption du phéno-
- x mp e anslazonefr h d .
nésle _ est quelque peu différent D d anc e e Batam en Indo- mène.
d'un emploi en uSlnes,lI doit so~ve~~~:n u de ses montagnes dans l'espoir
dejodoh et des bidonvilles de Tanjun contentÀdes marchés poussiéreux Des réponses Inadaptées
Sur le mode de la guérilla navale, le pirate se terre, smgit, disparaît.
accepte de répondre aux a el d g Vma. la première occasion,ll
possibles détoumementtfl f~u: ~~r;:;;ts~?fOrméS, depuis Singapom, de
Il opère à la frontière des États riverains, des genres criminels, des ordres
ruraux ou mbalns, des chefs de an intemationaux établis et des types d'opérations: policières ou militaires.
Istinguer les petits crimmels,
Belakang Padang sumommé g B ~i;erta'ns, comme le potentat local de Héritiers de la vision du pirate comme« ennemi du genre humain . ,les États
demlères années. jamais ras sa «lé u og", ont repris leurs activités ces occidentaux ont encouragé des réponses souvent inadaptées, soit de façon
business rentable et profitent;e ~éc~~X-Ià vivent la piraterie comme un
unllatérale comme dans le détroit de Malacca en 2004, soit par le biais de
tique. s s usions des oubliés du miracle asla- résolutions du Consell de sécurité des Nations unies en Afrique de l'Est puis
de l'Ouest en 2008-2012. De leurs côtés, les organisations régionales - Asso-
Dans la Come de l'Afrique la problém ciation des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), voire Union africaine (UA)-
accompagné le regain d'aCtiVi;é d 1 atique de l'État falili a longtemps
pérennité du phénomène l'éti e a piraterie. SI cette situation explique la ont brillé par leur absence.
des ressources halieutiqu~s V~lce ~ est s:ns doute à trouver dans le pillage
ll Dans chaque zone, des opérations ont été lancées, dès 2004, mals sans les
times, notamment par le bi~is d;~é a~s a pollution des approches mari-
succès escomptés. En Asie du Sud-Est, la réussite est plus apparente que
réeile : les patrouilles aériennes - baptisées « Eyes in the Sky » - sont inexis-
tsunami de 2004 aurait rejetés S I c1 ets toxiques jetés à la mer - et que le
la même manière que certaln~r pe: Phages. ~es débats sont en cours mals, de
tantes ou inutlies car diumes ; en mer, les patroui1Ies sont coordonnées,
plaindre du manque de poissons S~it:~rs I~ Belakang Padang ont pu se
chacun ne dépassant pas ses propres eaux territoriales, et non conjointes,
main dans la main et transfrontalières, donc plus adaptées pour les pour-
Singapour, entre autres des So Il u plage du sable Indonésien par
, m a ensontpuses t' lé . suites; à terre, où les mesures sont les plus attendues,la zone franche Batam-Ri
défensede leurs eaux territoriales D' en Ir gltImes dans la
Bintan-Karimun (2009), héritière du triangle de croissance SiJo
la piraterie qu'une niche crlmln'II autres, en revanche, ont pu ne voir dans
en place en 2009-2011 lis se so : e pr~émetteuse : sitôt les patroullles mises
(Singapour-johor-Riau), peine à se développer. Quant à la coopération
, n recyc s dans d'autres activités crapuleuses.
DtoItlnternlllonllet crlmlnlUlllIon de l'advenalre. Le CIS des Interventions mllltl lres... 141

...'" w temps d'opérer à la source, avec l'aide d'ONG . Si le but lié à la sécurité
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louis BORER et tdouard PJ.'LMIN, « Piraterie maritime au large del/Afrique, solutions et
nouvelles tendances., RevueDéfense natiOtlale, nO768, mars2014.
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puissances du monde, l'insomniaque, Montreuil, 2013.
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U C ÉrtcFRECON, Chez /es pirates d'Indonésie, Fayard, Paris, 2011.

QI' ~ li Laurent MtRER, Moi, Osmane, piratesomalien, Mltlons du Rocher, Paris, 2012.

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Marc-Antoi ne Pt'OUSE DE MONrcI.OS, • La piraterie maritime au Nigeria: un phéno-
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mène ancien en vole de modernisation ., Diplomatie, n° 56, Paris, mai-juin 2012.
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Le cas des interventions militaires
au Mali et en Centrafrique
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9 Géraud de La Pradelle
...'" :'i Professeur émérite de l'université Paris Ouest-Nanterre-la Défense
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" D epllis quelques an nées, des atrocités commises à une


échelle exceptionnelle se multiplIent dans le monde, en
particulIer dans des réglons d'Afrique et du Moyen-Orient. Mals les grandes
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SOUS LA DIRECTION DE
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COTE
Bertrand Badie LOC
et Dominique Vidal Ici

Nouvelles guerres
L'état du monde2015

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