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contrecarrent les projets de coopération approfondie. Co rées ·~
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aucun patrouilleur ne peut le faire '. Aussi les États et les organismes Interna-
tionaux cherchent-lis depuis quelque temps à coordonner davantage leurs Népal ~ @. sri Lanka
C"h.ml,~dÇ",,"t,,) OCOOII
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efforts et à adopter une approche globale. Tel est le schéma retenu dans le
cadre de l'Information Fusion Centre (IFC), à Singapour, qui rassemble des ~Pakl5tan
officiers de liaison de différents pays, dont la Malaisie et l'Indonésie. Cette ~fghanlstan Djibouti
structure, qui semble assez opérationnelle, devrait Inspirer de semblables Hout- 1 TKU~~UI'"
Kora~akh UIU on
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Somalie
Ogaden (Éthiopie)
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Initiatives en océan Indien. De son côté, le comité pour la sécurité maritime Géorgie Irak Yémen "'"~~ / r Ouganda
Osséfie du Sud et Abkharle . .~~~ ~~h~e ~ ~ Rwanda
de l'OMI encourage les États ouest-africains à adopter le modèle français de , 1 Syrie...
Ukra ne ","",Llban""~
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Soülan ~*~
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l'Action de l'État en mer (AEM) qui permet de coordonner les opérations de Israil-Palestll1e" ~ \. ~/glon des Grands Lacs (ROC)
Egypte Oarfour '-- Soudan du Sud
police et d'associer tous les moyens maritimes et navals à disposition. On Libye Tch.d ........ Centr.frlque
touche Ici à la spécificité de la piraterie, symbole de l'évolution des relations EUROPE
.,. AFRIQUE
Niger ~
~
Congo
Internationales post-guerre froide et du glissement de la sphère militaire vers 0--... ,,~ ~ .. Nigeria
l'action policière. Enfin, l'Union européenne prône une approche globale et
apporte son concours aux États concernés par le biais de multiples
programmes. En plus de l'opération Atalanta en mer, Bruxelles agit en
.,.
Sahara
amont, avec la formation des forces de l'ordre locales ', et en aval, auprès des occidental
juridictions et administrations pénitentiaires régionales.
Mais les outils strictement militaires, mal adaptés à la traque en mer, et O<éan
juridiques, arc-boutés sur la protection des frontières, montrent leurs ArlontlqUf!
AMéRIQUE
limites. Lors des procès des premiers pirates arrêtés, les avocats n'ont pas eu LATINE
de mal à soulever les lacunes du droit. Car les phénomènes hybrides et variés
que recouvre la notion de piraterie appellent de nouvelles approches. Il est
Colombie
1 Cette coopération 5'organise au tour du Regional Cooperation Agreement on Cornbating Piracy AMÉRIQ.UE
2
3
and Armed Robberyagalnst SlIIps InAsta (ReCAAP), signé en 2006 sous l'Impulsion du}apon.
En réalité uniquement dans la partie nord du détroit de Malacca.
Les armateurs espéraient que la Communauté économique des ttats de l'Afrique de
DU NORD
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Mexique
. . . Co nflits majeurs depuis
le début des années 2000
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1 : Juba - 2 ; Kigali - 3 ; Bujumbura
Sources : Humanita rlan Information Unit, US Oepartment of State ; Christian Bouquet,~ Guerres et conflits
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1.i
en Afrique : la décomposition des pouvoirs et des territoires · , actes du Festi . . allnternatlonal
de géographie de Saint-Olé, octobre 2008 ; The M/lirory Balollce 2014, The International lnstîtute
for Strategie Studies (IISS) ; Human Right Watch (HRW), Londres; SIPRI, Stockholm ; Archives du New York
Tlmes (New York); Reuters et Associated Press ; Nations unies; International Crisis Group (KG), Londres.
Guend la drogue, guerredesClrteb: le Mexique entre deux feux \ 235
234 1 ThUtres. Conflits régionaux
Individuels) ont eu des effets immédiats sur les divers groupes armés: avant
même le début des offensives militaires, les redditions se sont multipliées et,
Guerre àla drogue, guerre des cartels:
en 2014, les centres de démobilisation de la Monusco ont accueilli des
milliers d'anciens miliciens, parmi lesquels de très nombreux enfants soldats le Mexique entre deux feux
oulilles mineures transformées en esclaves sexuelles.
Alors que la pacification du Nord- et du Sud-Kivu redevient envisageable,
d'autres foyers de tension apparaissent, en particulier dans le Nord-Katanga:
Jean.Françols Boyer
redoutant qu'à la faveur de la création de nouvelles provinces leur région, Journaliste et écrivaIn
plus agricole et moins développée que le Sud minier, soit coupée des
ressources du « Sud utile » des hommes en armes sont apparus dans le Nord-
Katanga, en cheville avec des politiciens locaux, et Ils ont formé les « Bakata
Katanga» qui ont déjà mené plusieurs raids sur Lubumbashi, la prospère
capitale de la proVince du cuivre.
Si de nombreux groupes armés existent encore et oscillent entre la démo-
bilisation et le banditisme, le principal défi qui se pose à l'est du Congo n'est
P endant trente ans, l'offensive lancée par Ronald Reagan
dans les années 1980 contre les trafiquants de drogues
latino-américains _ soutenue par différents gouverne~ents de la région-
s'est limitée à une vaste offensive policière contre les mafias. Depuis le_ dé~~~
plus de les réduire militairement, ce qui arrivera tôt ou tard. Il est de proposer des années 2000, la situation a radicalement changé et le nord du sous co d
une alternative à ces jeunes hommes qui ne pourront pas tous être réincor- nent de la Colombie au Mexique, s'est transformé en une véritable zo~e ~
porés dans une armée en voie de professlonnallsation. Lancer des projets de uer~e L'énorme capacité financière accumulée par les mafias p~n an
développement à haute intensité de main-d'œuvre (le pavage des routes g ara~te ans la corruption consécutive des élites politiques et finanCières, la
secondaires par exemple), réguler le secteur minier afin que les creuseurs ~olence croi~sante exercée par les cartels pour défendre leurs fiefs, le reco~rs
aujourd'hui clandestins puissent y trouver place, muitlplier les centres de s stématl ue aux armées nationales pour ies combattre et l'intégration cro s-
formation professionnelle ne sont pas seulement des objectifs économiques s~nte des ~OPUlations au sein du crime organisé ont précipité cette évolution
ou humanitaires: Ils sont la clé d'une sécurisation et d'un développement
inattendue. 1 •t Ire
durables, non seulement au Nord- et au Sud-Kivu et au Katanga, mals à Réunis à Mexico en 2012, le ministre mexicain de la Défense et e secre a
travers tout le pays. états-unien à la Défense ont révélé que, chaque année, 150000 personnes
mouraient en Amérique latine, victimes de la violence entre cartels et de la
Pouren Slvolr plus • guerre. contre le crime organisé. Alexander Addor Neto, ha~t fonctiOn;~~:
de l'Organisation des États américains (OEA), évoquait delà en 200 à 1
Georges BERGHEZAN, Groupes a"nés actifs et! RépubllquedémocraHquedu Congo. SituaHon • ambiance de guerre civile avec un taux d'homicides trois fois supérieur a
dans le ft Grand Kivu. au Z' semestre 2013, Groupede recherche et d'Informat]on sur la ne mondiale '. Au Mexique, selon des estimations concordantes,
paix et la sécurité, novembre 2013, disponible sur <http://grlp.be>.
Françols)AN"' D'OTHt, et Arnaud ZACHA'IE, L'Afrique ""lTale aprês le génocide, La
~006~~ personnes ont été assassinées de 2006 à 2012. Selon l'hebdom~dalrle
Muette/Le Bord de l'eau, Lormont/Latresne, 2014. mexicain Zeta, la violence liée au crime organisé a fait z~ OO? morts ~~~
Rapports des groupes d'experts de l'ONU sur l'application du régime de sanctions et l'arrivée au pouvoir du nouveau président Enrique Pella Nlet? . Le ?r:ï vi à
de la aix Oscar Arias soutient que le « fléau » du narcotraftc a cout a e
l'embargo sur les armes en RD Congo, disponibles sur <http://www.un.org/french/
sc/commlttees/1533/experts.shtml>. 125 tao Centroaméricains depuis dix ans. À titre de comparaison, au début
Publications de l'Institut de la VaUée du RIft/projet Usalama : <http://riftvalley.net/ avrl12014, le confllt syrien avait fait plus de 150 000 morts. Comment en est-on
key·projects/usalama>. arrlvélà?
Le Camet de Colette Braeckman (blog) : <http://blog.lesolr.be/colette·braeckman>.
Stratégie changeante des cartels, complicité des autorités américaine. De vieux Boeing et Caraveile décollent de Colombie chargés de
Les changements successifs de stratégie opérés par les cartels dizaines de tonnes de cocaïne et, bien que détectés par les radars installés en
colombiens et mexicains peuvent en partie expliquer cette dérive drama- Amérique centrale par la DEA, pénètrent sans être interceptés dans l'espace
tique. De la fin des années 1970 à la fin des années 1980, les« cartels» font aérien mexicain pour atterrir non loin de la frontière . Des chalutiers et des
profil bas, se consacrant essentiellement au trafic et ne recourant à la vedettes rapides déchargent de grosses cargaisons sur les côtes du Yucatan, de
violence que de manière ponctuelle. Ils agissent à leur guise car, tant en Veracruz deSinaloa ou de Basse-Californie. Un personnage légendaire appa-
Colombie qu'au Mexique, Ils jouissent de multiples complicités dans la raît alors'au firmament du crime: le Mexicain Amado Carrillo, le « Seigneur
police et l'armée. Les cartels colombiens de Medellin et de Cali règnent alors des cieux» qui s'impose face à ses rivaux de Tijuana et du Golfe.
sur le commerce de la cocaïne. Ils produisent la coca dans le piémont amazo- Les enquêtes menées à la fin des années 1990 par le procureur général de
nien, Importent de la base de coca de Bolivie ou du Pérou, raffinent le chlo- la République mexicaine, les principales agences antidrog~e améri,ca~nes, la
rhydrate dans leurs laboratoires, le transportent eux-mêmes aux États-Unis juge suisse Carla Del Ponte 1 et l'intelligence militaire meXicaine revelent ia
et le vendent au détail. dimension inouïe de la protection dont a joui le crime organisé au cours des
Mals le démantèlement par l'agence américaine de lutte contre la drogue sexennats de Carlos Salinas (1988-1994) et Ernesto Zedillo (1994-2000) : les
(Drug Enforcement Administration, DEA) de leurs routes vers la Floride à gouverneurs de plusieurs États fédérés, tous membres du parti:État mexi-
travers les Caraibes les amènent au début des années 1980 à prendre une déci- cain le Parti révolutionnaire institutionnel (PR1), sont soupçonnes ou mis en
sion qui va changer le cours du narcotrafic moderne: les carteis approchent exa~en, ainsi que des ministres, plusieurs directeurs de la police judiciaire,
les mafias mexicaines qui n'exportent alors que de la marijuana et de des généraux membres de l'état-major de l'armée et des co~mandant~ de
l'héroïne brune - produites au Mexique - pour acheminer la cocaïne colom- régions militaires. Des narcos capturés affirment que les secretaires particu-
bienne vers les États-Unis, moyennant paiement en numéraire puis en liers des deux derniers présidents - tout comme ie frère du président Salinas,
drogue. Les négociations et la mise en œuvre des nouvelles routes se dérou- Raul- font partie de ces réseaux. En contrepartie de cette protection, iarge-
lent sans heurts notables mals ies mafias colombiennes voient pour la ment rémunérée, i'État a imposé aux mafias de ne pas attaquer ieurs rivaux et
première fois leurs bénéfices diminuer. de respecter ieurs routes et territoires. Le PR! contrôle alors suffisamment les
Une Initiative téméraire va précipiter leur déclin. Pablo Escobar, l'un des rouages de l'administration et de la force publique pour imposer un tel
leaders du cartel de Medellin, rompt en 1989 la règle tacite de non-agression accord et le faire respecter jusqu'au niveau des communes.
de la société civile. Il décide de recourir à la violence massive pour tenter de Dire que la violence criminelle ne se manifeste pas au Mexique dans les
faire abroger les lois d'extradition vers les États-Unis qui menacent les barons années 1990 serait faux, mals elle se limite à quelques escarmouches
de la drogue, et lance entre 1990 et 1993 une véritable campagne de terro- sanglantes entre les capi dejuarez et de Tijuana et, après la mort d'Amado
risme contre l'État et la société en Colombie. La réaction des autorités sera Carrillo en 1997, à des batailles de succession fratricides au sein du cartel de
terrible: le cartel de Medellin est démantelé, Escobar abattu (1993) et les prin- juarez. Mais la population n'est pas touchée par ces vendettas.
cipaux chefs du cartel de Cali emprisonnés (1995). Le narcotrafic colombien
se morcelle et se restructure autour d'organisations régionales de type Guerre pour les" places ", guerres pour les" territoires"
clanique, qui perdent peu à peu leur capacité logistique d'acheminer la Tout va changer en 2000, lorsque le PRl, au pouvoir au Mexique
cocaïne jusqu'aux États-Unis. Les mafias mexicaines en profitent et vont depuis 1929, perd la présidence. La violence généralisée va naître d'une
petit à petit déposséder les Coiombiens de leurs routes d'exportation et orga- restructuration du crime organisé rendue inévitable par l'alternance poli-
niser le trafic de la côte colombienne jusqu'aux États-Unis en passant par tique et de l'émergence d'une nouvelle forme de criminalité. Le no~veau
l'Amérique centrale. président Vincente Fox, du Parti action nationale (PAN, drOite catholique),
S'ouvre alors une période dorée pour les cartels mexicains. Car le pouvoir fait le ménage dans la haute fonction publique et la plupart des hauts fonc-
s'achète en Amérique centrale, et au Mexique plus facilement qu'allleurs. tionnaires complices du crime sont remplacés à leurs postes par des figures
Les principaux trafiquants de l'époque - comme les cartels du Golfe et de nouvelles. Certains pourtant y échappent et permettent par exemple
]uarez - opèrent à leur aise sans trop affecter la vie quotidienne du Mexique
grâce à la protection offerte par l'État à son plus haut niveau. jusqu'à la fin des 1 Alors chargée de l'enquête sur les transferts de fonds et le blanchiment de sommes
années 1990, d'énormes chargements gagnent sans encombre la frontière déposées par Raûl SaUnas SUI des comptes suisses.
238 1 ThUtres. Conflits réglonlux Guerre .11 drogue, guerre des clrtels: le Mexique entre deux feux 1 239
l'évasion de prison en 2001 deJoaquin Guzman alias« El Chapo • originaire narcotraflquante '. Éprouvant quelques difficultés à s'implanter dans le
du Sinaloa, l'homme qui va remplacer bientôt Amado Carrillo. En outre, les trafic de drogue, ils se lancent dans d'autres activités: extorsion, kidnap-
élections régionales et locales de 1997 et 2000 ont porté au pouvoir des ping, trafic de migrants et de prostituées, jeux clandestins, contrebande,
gouverneurs d'État et des maires n'appartenant plus au PRI. Pour la première contrefaçon ... Leur objectif est d'étendre leur mainmise sur i'ensemble du
fois depuis vingt ans, les narcos se retrouvent face à une multitude d'interlo- pays pour maximiser leur chiffre d'affaires. Pour cela, ils n'hésitent pas à ~tta
cuteurs politiques qui, pour des raisons diverses, ne se sentent plus liés par les quer les bastions des cartels traditionnels, s'alliant à des mafias du meme
accords précédents. type qu'ils entraînent, comme la Familia Michoacana et les Caballeros
En attendan t de pouvoir soudoyer à nouveau les hautes sphères de l'État Templarios, basés à l'ouest du pays, aux marges des fiefs du cartel de Sinaloa.
- objectif atteint par ie cartel de Sinaloa à la fin du sexennat de Felipe Après la guerre pour les« places. éclate la bataille pour les« territoires • .
Caider6n -les narcotrafiquants doivent donc substituer aux routes directes Le cartel de Sinaloa s'empare des terres du cartel deJuarez. Les Zetas se conso-
-aériennes et maritimes qui, faute de protection, ont cessé de fonctionner- lident sur les domaines du cartel du Golfe dans l'Est et le Sud-Est mexicains,
d'autres routes, dites « fourmis " pour acheminer la drogue. Pour les et établissent quelques bases sur la côte pacifique et au Guatemala. Cette
sécuriser, ils n'ont d'autre recours, à court terme, que de soudoyer les auto- « terrltorialisation • du crime organisé a fini par s'étendre aussi à la
rités locales - gouverneurs, maires et polices municipales de toutes Colombie: la démobilisation des paramilitalres d'extrême droite (de 2003 à
obédiences-qui veillent sur les points stratégiques des nouveaux itinéraires, 2010) a laissé sur le pavé des milliers de mercenaires qui collaboraient déjà
de la frontière du Guatemala à la frontière états-uni en ne. Selon Edgardo avec les trafiquants pour financer leur offensive contre la guérilla des FARC.
Buscaglia, consultant de l'ONU en matière de crime organisé, de 2000 à 2008, Beaucoup se sont recyclés dans les Bandes armées criminelles (Bacrim) qui
60 % des communes du pays seront ainsi « capturées ou féodillisées • par le présentent les mêmes caractéristiques mafieuses et« territoriales. que les
narcotrafic. Zetas. Le cartel de Sinaloa - dominant au Mexique - contrôle certains de ces
Les règles du jeu changent et les cartels s'affrontent alors violemment nouveaux gangs comme les Urabeilos et la Oficina de Envigado, successeurs
pour s'approprier ces nouvelles routes. Les différents cartels ne respectent du vieux cartel de Medellin. Il les arme en échange d'un approvisionnement
plus les « fiefs. de leurs rivaux. Vicente Fox (2000-2006) puis Felipe stable en cocaïne.
Calder6n (2006-2012) ne sont plus en mesure de faire appliquer le pacte L'apparition de ces nouveaux acteurs entraîne le Mexique et la région
implicite de non-agression passé avec les mafias depuis le début du sexennat dans une splraie de violence pius meurtrière encore. Depuis huit ans, le
de Salinas. Mexico découvre alors ce que l'on appelle depuis la« guerre pour Mexique et l'Amérique centrale se résignent à compter leurs morts, torturés,
les places " les villes qui jalonnent les nouvelles routes. La première grande démembrés, décapités, pendus sur des ponts autoroutiers. Pour terroriser
bataille de ce nouveau conflit se livre à Nuevo Laredo, en 2003, sur la fron- leurs adversaires, les tueurs filment leurs exécutions et les postent sur
tière entre le Tamaulipas et le Texas. Pendant des semaines, les pistoleros du YouTube. L'extorsion et le kidnapping frappent massivement les États du
cartel de Sinaloa y affrontent les sicaires du cartel du Golfe, chaque camp nord du Mexique et le Michoacân.l'ersonne n'y échappe, des petits commer-
comptant sur le renfort d'une partie des forces de l'ordre. Mais il faut trouver çants de Tamaulipas au géant métallurgique Arcelor Mittal dans le
d'autres itinéraires et d'autres caches au-delà du Mexique et les chercher plus Michoacân. Excédées par ces exactions, les populations rurales des États de
au sud. La « guerre pour les places. s'étend à l'ensemble du territoire et à Guerrero et Michoacân se dotent de milices d'autodéfense qui, à leur tour,
l'Amérique centrale qui offre des tremplins sûrs vers le nord. Dès la fin des entrent dans la bataille contre le crime organisé dès la fin des années 2010.
années 2000, le Salvador, le Guatemala et le Honduras se transforment en
« entrepôts. de drogue, contrôlées par des gangs liés à l'un ou l'autre des Les populations prises entre répression et « rêve américain»
cartels mexicains. Les gouvernements de Calder6n et de son successeur l'eila Nieto
Un autre phénomène accentue la violence: l'apparition d'une nouvelle ont aussi leur part de responsabilité dans l'aggravation de ces conflits. Le
organisation sur le théâtre de la criminalité. Après l'arrestation en 2003 du premier a commis l'erreur de recourir à la force plutôt qu'à l'intelligence en
dernier leader Incontesté du cartel du Golfe, les Zetas, bras armé de cette lançant dans la bataille contre le crime 50 000 soldats et 40000 policiers.
organisation, s'émancipent de sa tutelle. Dirigés par d'anciens membres des Plusieurs dizaines de milliers de sicaires et 3 000 membres des forces de
forces spéciales de l'armée, ils adoptent, selon l'expression de Luis Astorga, l'ordre sont morts sous son sexennat. Plus grave encore, l'armée mexicaine, à
l'un des meilleurs spécialistes du sujet, « une stratégie plus mafieuse que son tour, s'est rendue coupable de violences, arrêtant, torturant, assassinant
240 1 Thé'tre•. Conflits réglon.ux Retou, dei. guerre, déclin dei. gouvernance mondiale 1 1 241
ou faisant disparaître des civils suspectés mals Innocents ... Pet'la Nleto, plus
discrètement et commettant moins de bavures, poursuit depuis la même Retour de la guerre, déclin
offensive, s'appuyant sur les milices d'autodéfense.
Mais, pour tenter d'expliquer le phénomène, restent deux questions de de la gouvernance mondiale?
fond que la plupart des analystes hésitent à aborder : la base sociale du crime
organisé et son poids économique. Environ 10 % de la population mexi-
caine vit directement ou Indirectement des activités des cartels et partage les
valeurs d'une nouvelle culture crimlneile. Après l'arrestation de]oaquln Pierre Cirouer
Historien, Sciences Po Paris
Guzman, en février 2014, on a même assisté à des manifestations populaires
exigeant sa libération. Car la pauvreté et le matraquage médiatique en faveur
d'un consumérisme effréné alimentent aussi cette guerre. Pour les moins ,
favorisés, rej oindre la délinquance ou travailler à sa marge est devenu le
moyen d'atteindre les objectifs matériels que la société fait miroiter sous
leurs yeux. Le modèle économique global a engendré un mécanisme mortel:
A force de parler de guerres, ne finlssent-eiles pas par arriver?
Depuis ceiles lancées par l'administration Bush, la guerre est
revenue à la mode. Les études quantitatives ont beau montrer que les
Il a « vendu. au sous-continent un « rêve américain. Inaccessible. La délin- conflits sont moins nombreux et moins destructeurs, on craint les
quance reste donc pour des mlllions de jeunes pressés la seule voie rapide vers effets d'une conflagration généralisée, comme le fut la Première
le paradis du luxe. Guerre mondlale_ Et comme le consensus est désormais qu'une
Enfin, selon les experts, entre 15 et 50 mllliards de doilars d'argent sale poignée de dirigeants européens a déclenché la guerre de 1914,
sont réinvestis chaque année au sud de la frontière états-unlenne, en particu- l'Inquiétude est d'autant plus forte alors qu'on en commémore le
lier dans les États du Nord mexicain contrôlés par les narcos, soit en moyenne centenaire. The Outbreak of the First World War, édité par Jlck Levy et
de 2 % à 3 % du produit Intérieur brut. L'économie mexicaine s'accom- John V•• qu .., les plus célèbres spécialistes de la théorie des guerres,
mode, elle aussi, de la barbarie. Tout comme Washington, qui n'a toujours permet de saisir les Interrogations actuelles des polltlstes et historiens
pas su endiguer le trafic d'armes destinées aux cartels, le blanchiment sur les causes du premier conflit mondial, à côté de plusieurs descrip-
d'argent par ses banques et la consommation massive de stupéfiants sur son tions très complètes de la crise de juillet 1914 récemment parues.
terri toire. Les temps étalent plutôt à faire le bilan des nombreux travaux sur
les guerres clviles « lointaines. que la communauté Internationale
devait gérer: Civil Wars de St.thls Kaly... et UnderstandingCivil Wars
Pouren '.'01, plu.
d'Edward Newm.n sont des synthèses remarquables. Accompagnant les
Luis AsroRGA, E/ Sig/ode /asd,ogas, Grllalbo-Proceso, Méx ico, 2012.
publications liées au programme d'agrégation de géographie portant
sur les conflits, l'Atlas des guerres et conflits d'Am.ël C.tt.ru .... s'ajoute
Jean-François BOYER, La Gllerreperduecontre ladroglle, La Découverte, Paris/2ool.
aux nombreux atlas permettant de comprendre les guerres par les
Edgardo BUSCAGLlA, Vacfos depoder, nMéxlco, Editorial Oebate, México, Z012. cartes. La guerre semblait pouvoir être aussi quelque peu « civilisée.
par l'éthique et les différentes facettes du droit International. Le
Routledge Handbook ofEthics and War, de Fritz Allhofht al., et l'Oxford
Handbook oflntemationalHumanitarian Law InArmed Conflict, édité par
And,ew CI.phlm et P.ol. 'aetl, permettent de prendre la mesure des
progrès et des débats. La nouvelle édition du Dictionnaire pratique du
droit humanitaire de F,an~oI.e Bouchet-Soulnler est d'un Intérêt Inesti-
mable pour les praticiens. Da.ld Crowe, dans War Crimes, Genocide and
Justice, s'efforce de montrer les progrès historiques dans la lutte contre
les crimes de guerre et les génocides. Les drones entretiennent l'espoir
d'une guerre propre, ne ciblant que les« badguys _, même s'ils parais-
sent annonciateurs d'un monde de surveillance généralisé et de guerre
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2014 (2' éd.).
chiffre provisoire
Sourm : H.lv.rd 8u~lug , Scott GaIn, Ham!! Heg!'! ft Hh.rd Str.nd,. (jloblt trtnd. In Irmtd (onfUct., CtlItrt lOf
tilt Siudy of QYit W.r, lnlf'lII!llor..1Pt.ct Rnurth Imillut! (l'RIO); lHI~dt donnHJ tn I~M (PRIO); HtldtlDtrg
IMtltute fOf Intfm. llon. 1Confllct Rnwdl (HUIQ ; Agtnm d. PreJst: 11It EconomlJt.
Annexes statistiques 251
250 Nouvelle. guerre•. L'état du monde 201 5 \
1
Tableau 1 - Produit Intérieur brut (PIB) en mlllards de dollars constants de 2005 Tableau 3 _ Dépenses militaires (pour les 30 premiers pays) et part dans le PNB
En milliards de dollars eonstant en 201 1
1980 1990 2000 2010 2013 2013 Part des dépenses
1990 2000 2010
Pays de l'OCDE 18 309 24852 32 831 38511 39842 militaires dans
Union européenne 7871 9942 12537 14464 14628 le PNB en 2013
Brésil 583 748 1076 1 144 394,2 720,3 618,7 3,8
~tats-Unls 527,2
Russie 842 553 879 947 37,0 136,2 171,4 2
Chine 19,8
Inde 346 596 1230 1442 31,1 65,8 84,9 4,1
URSS/Russie 0,0
Chine 550 1400 3823 4842 27,6 47,9 62,8 9,3
Arable saoudite 24/8
Afriqu e du Sud 164 200 284 307 61,8 66,3 62,3 2,2
France 70,5
Total BRICS 2485 3497 7293 8682 60,3 59,0 59,4 1
Japon 47,8
United States 5907 8151 11 707 13 743 14467 48,0 62,9 56,2 2,3
Royaume·Unl 58.8
Amérique du Nord 6490 8902 12713 14965 15743 50,6 49,6 49,3 1,4
Allemagne 71 ,7
27,7 49,2 49,1 2,5
Japon 2448 3876 4364 4771 4838 Inde 18.8
25,2 38,1 36,2 1,4
Amérique du Sud et Cara'ibes 1518 1749 2411 3261 3510 Brésil 52,2
43,1 38,9 32,7 1,6
Afrique sub·saharienne 331 401 495 776 838 Italie 36,9
20,0 29,9 32,4 2,8
World 22 159 30294 40308 51786 54494 Corée du Sud 15,1
18,0 27,0 24,6 1,6
Australie 15,3
Source: Banque mondiale. 15,7 20,7 18/7 1
Candad 20,6
20,6 17,0 18,7 2,3
Turquie 13,1
14,5 16,0 16,0 5,6
Israël 13,6
14,4 16,0 12,8 0,9
Tableau 2 - Produit Intérieur brut (PIB) en parité de pouvoir d'achat (PPP) Espagne 15,3
6.1 11,1 12,5 3,4
par habitant en dollars courant 2005 Colombie 2,7
10,4 9,9 10,3 2,2
Taïwan 11,4
11,3 12,1 10,3 1,3
1980 1990 2000 2010 2013 Pays-bas 13,6
2,9 6,0 9,9 4,8
Algérie 0,7
Pays de l'OCDE 9210 16996 23240 35638 38376 6,4 9,3 9,4 1,8
Pologne 7,4
Union européenne 8265 14282 18848 34028 34277 7,3 9,3 9,1 3,4
Singapour 3,8
2,9 5,1 8,7 1 l ,3
Brésil 2180 2700 3860 9520 11690 Oman 2,8
0,0 5,1 8,4 0,9
Russie 1710 10010 13 860 Indonésie 1,7
4,4 4,8 6,6 7,6 3
Inde 270 390 460 1290 1570 Pakistan 0,6
2,6 4,1 6,2 7,5
Chine 220 330 920 4240 6560 Mexique 1,4
5,9 5,7 7,1 7,4
Afrique du Sud 2510 3390 3050 6000 7190 Norvège 3,6
0,0 0,0 3,8 7,3
Total8RICS 1295 1703 2000 6212 8174 Irak
United States 13410 24150 36090 48960 53670 Source: Sipri, 2014.
Amérlquedu Nord 13 231 23786 34762 48519 53533
Japon 10670 27560 34970 42190 46140
Amériquedu Sud et Cara'lbes 2130 2309 4153 7871 9634
Afrique sub-saharienne 668 599 495 1239 1634
World 2581 4145 5386 9237 10564
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
2000-2013
972 1 298 1 896 2836 2129 1078 1429 2305 1867 1996 2897 3566 4524 5581 34 373
, . Inde 30644
3291 · 3519 2883 1 693 1 992 1 453 943 1 020 1 631 1534
2. Chine 2 055 3347 2889 2394
1039 188 15035
3. CoréeduSud 1419 773 532 735 1 044 781 1 625 1 727 1 647 815 1242 1469
917 749 560 605 1 213 1154 2245 14178
4 . &niratsarabesunis 247 186 222 685 1210 2169 2019
667 1 047 1 210 2201 1 051 962 1 002 11113
5. Pakistan 176 409 542 629 456 422 339
1712 516 1225 648 77 33 66 10994
6. Grèce 708 787 409 2295 1 384 405 731
655 405 756 1 489 1 585 894 303 10859
7. Australie 336 1250 674 818 491 478 724
821 944 973 1113 1014 1215 759 10509
8. ~tats-Unis 345 502 505 592 558 523 647
666 675 733 469 642 1 528 604 10055
9. Turq uie 1 166 506 898 323 243 1092 511
748 697 336 159 686 635 312 501 8410
10. ~gypte 797 847 722 633 613 726
489 1 529 1 065 808 1 135 877 342 8356
11. Algérie 412 551 251 195 244 159 300
65 375 1 174 1 522 1 018 933 824 142 8328
12. Singapour 798 249 232 85 375 536
195 339 733 986 1160 866 1486 8166
13. Arabie saoudite 85 61 567 167 1170 158 195
783 529 389 503 355 599 438 7818
14. Royaume-Uni 865 1282 741 786 214 27 308
862 676 153 54 81 381 348 6763
15. Israël 368 131 349 253 852 1133 1122
492 681 513 426 284 2S4 145 5760
16. lapon 483 430 466 436 361 364 424
672 579 216 2468 4934 1:'
17. Afghanistan 34 46 3 41 152 346 377
18.
19.
Venezuela
Chili
11 0
202
105
60
50
74
15
187
9
70
20
449
380
1096
785
662
743
397
358
335
208
475
594
316
691
58
476
53
4543
4433
4362
i
20. Taiwan S8S 345 299 117 320 696 508 12 11 61 103 218 455 633
Ë
Source: base de données des transferts d'armement conventionne l du SIPRI .
f
N
'"""
254 1 Nouvelles guerres, L'état du monde 2015
Annexeutatlltlquel 1 255
1 Danny Hom.4AN, Tlle War Machl'Ies. Young Men and Violence ln Sierra Leone and Liberia,
Duke University Press, Durham, 2011. me International pour le premier semestre 2014,
2 Shlra HAVKIN, • La privatisation descheckpolnts: quand l'occupation m1Utalre rencontre le D'après le rapport du Bureau mar~tI é le ctdansled~troltde Singapour, 4 en SOmalie et
23 Inddents ont étérapportés en ln on S ville)
néollbérallsme », ln Stéphanie u.lTE-AIIDALLAH et Cédric PARIZOT (dit.), À "ombre du mur, dans le golfe d'Aden, ainsi que 9 au Nigerla et au Congo (Brazza .
Actes Sud/MMSH, Arles, 2011, p. 51·72.
IIntennltlentdelu<ènelntemltlonlle \ 137
Le tI plrate dei men It, e"nem
136 1 Ad.url.lnstltutlons, Inn.s, vidimes
t afiquant. le
s'le_terroriste,., 1e« r '
ptrate.apermiS_aVecquelquesautre ~au cap aux gouvernements: un
En ce qui concerne i' Asie du Sud-Est, i'exotisme orientalisant a pu peser
• andestln., etc. - d'offrir un nouv
dans i'inconscient collectif occidentai'. Les écrits sur la piraterie de Conrad,
comme Karain (1898) ou Lord Jim (1900), avant la série télévisée SandokIIII
~emls'éteint, une menace s'éveill:d';ter cette doctrine des « nouvel~es
En Asie du Sud-Est, pour accr t e le terrorisme. après 2001, es
(1976), inspirée du roman Les Tigres de Mompracem (1900), ont depuis long-
temps préparé le terrain. Puis, dans les années 1990, la menace écologique a menaces -, et appuye~ ~~t;sg;::~:~~~i~lnes diPlomatiquhes on\~~~:r~~
été mise en avant, les experts évoquant en particulier l'hypothèse - au perts abondam men , Fort de cette psyc ose,
~dée d'une collusion pirate-terroriste ~ riverains du détroit de Malacca, dès
demeurant plausible - d'attaques de navires pétroliers: que se passerait-llst
calns ont proposé leurs services aux P;.rnsulinde ou, à défaut, pour coopér~r.
ces derniers venaient à percuter les récifs du détroit de Malacca, tout l'équi-
2004 pour patrouiller dans les eaux 1 et de terrorisme maritime, es
page étant ligoté et incapable de piloter le navire?
Sous' prétexte de lutte contre la p~,~er :on seulement dans le détroit de
Si le phénomène inquiète en Asie, c'est en Afrique orientale que la
tlats-Unls se positionnent aujour UI r future autoroute maritime, par le
Malacca mais aussi dans celui deMa~a~:~~lnallnveStigative Training Assis-
« menace pirate . a été jugée la plus sérieuse. Bien que le trafic maritime Ysoit
moindre, plusieurs affaires retentissantes ont révelllé la crainte des pirates
blals entre autres, de l'lnternatiOna
dans les imaginaires, notamment en France: des Français ont été pris en 'p ram (Icitap). doute soucieux de faire
otages sur leurs bateaux (le Ponant et le Carré d'As en 2008, le Tanit en 2009), tancea~~fa Corne de l'Afrique, les Européens, ::a~:s somaliens une cible de
l'un d'eux a été tué (dans le cas du Tanit) et des troupes françaises ont été
engagées sur décision présidentielle. Mais le phénomène ne touche pas que
éta~de leurs capacités militaires, on~~~~~:s:e représentait, com~e l':xpll~
choix. Alors que la piratene dan~ ce caillou dans une chaussure " gena~
des Français, loin de là: 449 marins ont été pris en otages en 2011 et 250 en
ualt l'amiral Laurent Mérer, qu « un, tervention ne manquèrent pas .11
2012 - surtout des Phillppins - en Somalie et dans le golfe d'Aden. La Come
~ertes mais pas fatal, les prétextes d ~~dial était-il d'abord annoncé, dè)S
de l'Afrique est ainsi devenue le rendez-vous de toutes les plus grandes
s'a Is~alt de protéger le commerce m amm~ alimentaire mondial (PAM .
marines, la force navale européenne (Eunavfor) lançant dans la zone sa
première opération navale fin 2008 (mission Atalanta).
20~7 et surtout les convois ~u ~r~~~frique la redécouverte tardive de I~
Reste que la lumière médiatique n'est pas toujours en phase avec les M~:~~~: l;i!:;:~~~Ct~!~:~:I~-el~e pas !' ~r~fr~sc~~:~r~:r::r~~e:oi::~~
phénomènes réels. Alors que celle-ci se focalisait sur le bassin somalien, c'est ~èle la protection des nouveaux flux le sruage des dispositifs de sécurisa-
surtout le goife de Guinée qui attirait l'attention des armateurs-et pas seule- Gui~ée ? Elle s'Inscrit en tout cas dans é Ion à l'instar du partenariat InitIé
ment depuis 2013 comme il est souvent écrit. En 2008, par exemple,le tian et de défense mis en place dansla ~n!s a~ec les pays africains de la zone
Bureau maritime International (BMl) recensait déjà quarante incidents au 2007 par les forces navales aménca dement des ttats-Unis pour
Nigeria. La piraterie ayant eu tendance à reculer en Afrique de l'Est, c'est e~frica Partnershlp Station) et du C~~~~rance, pour sa part, ~alntlent
aujourd'hui le golfe de Guinée qui attire les regards 2. Acroire qu'li aurait ~'Afrique (Africom) mis sur pied en 20be' lancée dans la région des 1990,.et
fallu trouver un pirate de substitution au pirate somalien ... on opération (permanente) • Corym "\es côtes ouest-africaines au pnn-
Avant de refaire surface dans les médias, le pirate s'était déjà invité, depuis s vO é sa mission' Jeanne d' Arc ~ sur i ex Il uent en partie, Indirec-
plusieurs années, dans les cénacles diplomatiques et militaires, comme a :ps ~014. Àces intérêts géostratéglques, i~e la~cine, pourraient s'ajouter
l'illustre la mise en piace d'une antenne spécialisée du BMI, installée à Kuala ~~ment, ce retour de la piraterie sur ~e::~:~e phénomène un juteux marché
Lumpur, en 1992. Illustrant les Turbulences et. The coming anarchy. qui des Industriels qui ont trouv
tentaient de restructurer les relations internationales post-guerre froide 3, le ~~:r vendre leurs produits de défense.
Denys LoMBARD,« Aux origines du thème du "pirate malais", ln Denys LoMBARo(dlr.), Rêwr
l'Asie : exotisme et littérature coloniale aux Indes, en Indochine et en Insulinde, EHESS, Paris,
1993,p. IS4.
Related Terrorism ln an Age of
2 Mouard PFLlML1N, • La piraterie maritime en net recul, sauf dans le golfe de Guinée,., Le A Tlme 80mb (orG/aba/ Trade: Muritime-
Mont/e,1 7 IuUlet2013. Michael RICHARDSON. S apour 2004.
1
3 James N. ROSENAU, Turbulence ln World Pol/tio : A Thtory arChange and Contlnu/ty, Prln~ Weapo'lS o(MasS DeStrUCtiO'I, lSEAS •. Ing lien Mitions du Rochet. Paris, 2012.
Mol Osmapu:o,pmlteSo ma
Voir Laurent M LIU'.
~"~R ,
ceton University Press, Princeton, 1990 ; Robert KAIU.N, «The comlng anarchy _, Atlantic 2 1
Quant aux liens supposés avec les milices shebabs, théorie très en vogue chez
Réalités contrastées de la « piraterie ,. certains experts,llS restent à être démontrés.
La marque « pirate. est sM i t Le pirate du golfe de Guinée demeure le plus méconnu. Marc-Antoine
terie Potemkine donne l'illusion d' u san e, utile mals trompeuse. La pira-
« nébuleuse. qui, pourtant, n'exist une « Intemat,ionale pirate ", ou d'une Pérouse de Montclos a proposé une analyse novatrice en réfutant l'hypo-
tent des différences au sein mê ~ pas. Aux dlfferences par région s'ajou- thèse de la pauvreté ou de l'État failli. Plus qu'une progression de la piraterie,
chef de gang,l'agentcorrompu e~l~h~~comdmunauté~ concemées, entre le Il perçoit une modemlsation des activités illégales, animées par de muitiples
façon « poupées russes. du hé è me e mam desœuvré. La définition gangs, sociétés secrètes ou trafiquants d'armes, associés aux mouvements
« piraterie. qui, selon la co:ven~~m dne~émolgne de cette complexité: à la insurrectionneis iocaux, en particuller le Mouvement pour l'émanclpation
haute mer (article 101) 1'0 ion e ontego Bay (1982), n'existe qu'en du delta du Niger (MEND). « Les organisations crimineiles ont étendu et poli-
ajouté le« banditisme ~ari;gan sa~on maritime Intemationale (OMI) a tisé leur capacité de nuisance' en menant des attaques jusqu'en haute mer,
modes opératoires correspon~:~ ~~s ans les eaux territoriales). Aux divers explique le chercheur, et« la crimlnalisatlon de l'opposition polltique a [...1
En Asie du Sud-Est celui l' motIvatIOns et racines multiples. conduit à "modemlser" ou "sophistiquer" la piraterie d'antan ».
riste. n'est en réalité q'u'un q~e °d promettaIt à une carrière de «terro-
n Les Images qui nourrissent les médias et les théories véhiculées par les
« puate es champs' , administrations peinent donc à rendre compte des réalités contrastées des
bateaux lents, à quai ou au mouilla e A . • n osant s attaquer qu'aux
profit de ses compétences maritl g. lIssant avec opportunisme, Il tire phénomènes de« piraterie ». À cela s'ajoute le problème des statistiques du
bateaux qui passent ou stationne~te: et e sa localisation pour aborder les BM!, quallfié de • juge et partie» par un ancien membre de cabinet ministé-
pllotis. C'est le cas dans le repaire de B~~:~;~espencablu.res de sa cabane sur
riel françaiS. En Asie comme en Afrique, les petits pêcheurs, voire des arma-
teurs pressés, ne rapportent pas toutes les attaques dont lis sont témoins, et
point le plus resserré du détroit d M 1 g adang, Ile Indonésienne au
effrayés par les patroullles, ces vo ~uSadacca. Une fois enrichis, fatigués ou parfois victimes. Cette vue erronée de la violence en mer, pour des motifs
Le « pirate des villes. par e e YI d es mangroves cessent leurs méfaits sociaux ou diplomatiques, nuit mécaniquement à la résorption du phéno-
- x mp e anslazonefr h d .
nésle _ est quelque peu différent D d anc e e Batam en Indo- mène.
d'un emploi en uSlnes,lI doit so~ve~~~:n u de ses montagnes dans l'espoir
dejodoh et des bidonvilles de Tanjun contentÀdes marchés poussiéreux Des réponses Inadaptées
Sur le mode de la guérilla navale, le pirate se terre, smgit, disparaît.
accepte de répondre aux a el d g Vma. la première occasion,ll
possibles détoumementtfl f~u: ~~r;:;;ts~?fOrméS, depuis Singapom, de
Il opère à la frontière des États riverains, des genres criminels, des ordres
ruraux ou mbalns, des chefs de an intemationaux établis et des types d'opérations: policières ou militaires.
Istinguer les petits crimmels,
Belakang Padang sumommé g B ~i;erta'ns, comme le potentat local de Héritiers de la vision du pirate comme« ennemi du genre humain . ,les États
demlères années. jamais ras sa «lé u og", ont repris leurs activités ces occidentaux ont encouragé des réponses souvent inadaptées, soit de façon
business rentable et profitent;e ~éc~~X-Ià vivent la piraterie comme un
unllatérale comme dans le détroit de Malacca en 2004, soit par le biais de
tique. s s usions des oubliés du miracle asla- résolutions du Consell de sécurité des Nations unies en Afrique de l'Est puis
de l'Ouest en 2008-2012. De leurs côtés, les organisations régionales - Asso-
Dans la Come de l'Afrique la problém ciation des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), voire Union africaine (UA)-
accompagné le regain d'aCtiVi;é d 1 atique de l'État falili a longtemps
pérennité du phénomène l'éti e a piraterie. SI cette situation explique la ont brillé par leur absence.
des ressources halieutiqu~s V~lce ~ est s:ns doute à trouver dans le pillage
ll Dans chaque zone, des opérations ont été lancées, dès 2004, mals sans les
times, notamment par le bi~is d;~é a~s a pollution des approches mari-
succès escomptés. En Asie du Sud-Est, la réussite est plus apparente que
réeile : les patrouilles aériennes - baptisées « Eyes in the Sky » - sont inexis-
tsunami de 2004 aurait rejetés S I c1 ets toxiques jetés à la mer - et que le
la même manière que certaln~r pe: Phages. ~es débats sont en cours mals, de
tantes ou inutlies car diumes ; en mer, les patroui1Ies sont coordonnées,
plaindre du manque de poissons S~it:~rs I~ Belakang Padang ont pu se
chacun ne dépassant pas ses propres eaux territoriales, et non conjointes,
main dans la main et transfrontalières, donc plus adaptées pour les pour-
Singapour, entre autres des So Il u plage du sable Indonésien par
, m a ensontpuses t' lé . suites; à terre, où les mesures sont les plus attendues,la zone franche Batam-Ri
défensede leurs eaux territoriales D' en Ir gltImes dans la
Bintan-Karimun (2009), héritière du triangle de croissance SiJo
la piraterie qu'une niche crlmln'II autres, en revanche, ont pu ne voir dans
en place en 2009-2011 lis se so : e pr~émetteuse : sitôt les patroullles mises
(Singapour-johor-Riau), peine à se développer. Quant à la coopération
, n recyc s dans d'autres activités crapuleuses.
DtoItlnternlllonllet crlmlnlUlllIon de l'advenalre. Le CIS des Interventions mllltl lres... 141
...'" w temps d'opérer à la source, avec l'aide d'ONG . Si le but lié à la sécurité
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prises dans les rets de la mondialisation ?
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louis BORER et tdouard PJ.'LMIN, « Piraterie maritime au large del/Afrique, solutions et
nouvelles tendances., RevueDéfense natiOtlale, nO768, mars2014.
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, '" COUEcnF, Frères dela côte. Mémoireen défetlSe des pirates somaliens, traqués par toutes les
puissances du monde, l'insomniaque, Montreuil, 2013.
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Droit international
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Le cas des interventions militaires
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Nouvelles guerres
L'état du monde2015
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