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Jean Laplanche

Entre séduction
et inspiration :
l'homme
La didactique .
une psychanalyse
« sur commande » *

Faisons remonter les choses1 à une période précise :


celle qui aboutit à ce qu' on nomme Ia « scission »
de 1963, entre un groupe lacanien et un groupe
(1'Association psychanalytique de France - APF) qui va
être « reconnu» par l'IPA (International Psychoanalytic
Association) .
Pas question de reprendre une histoire, assez bien
connue dans ses détails, tres diversernent appréciée
dans ses mobiles. Je voudrais simplement faire ressortir,
du point de vue de Ia « formation », une perspective qui
n'a jamais été décrite comme telle.

La demande de reconnaissance par l'IPA, formulée et


soutenue par l'ensemble de Ia Société française de psy-

* Trans (Montréal), 1993, 3.


1. Ce texte est une version revue et augmentée d'un article déjà paro
sous le titre « Une révolution sans cesse occu1tée » dans Ia Revue interna-
tionaie d'histoire de ia psychanalyse, nO 2, 1989, p. 393-402.
chanalyse (SFP), Ies discussions, réunions, enquêtes qui catalyser, chez tous les éleves de Lacan directement
accompagnent cette démarche, peuvent à juste titre être impliqués, le dévoilement, Ia prise de conscience, Ia
considérées comme une sorte de « détonateur ), ou plu- « prise ) en conscience (comme on dit : Ia « prise ) d'une
tôt de «( catalyseur ). Reste que Ieur signification fut pro- mayonnaise) d'éléments jusqu'alors épars, mi-tus, ou
fonde et Ieurs retentissements, insoupçonnés. considérés comme marginaux et concernant tous Ia
Mais d'abord, ne pas oublier que Lacan n'était pas à conception de Ia formation :
Ia trame dans cette démarche, même s'iI Iaissait ses 1 / La pratique des séances courtes, voire ultra-
« éleves) reuvrer dans Ia politique quotidienne. Il est courtes. Chacun pouvait se targuer d'avoir ou d'avoir
certain qu'il voyait Ià, à I'époque, Ia voie privilégiée eu, avec Lacan, des séances plus longues ; mais les bou-
d'une conquête, Ia porte à ouvrir pour Ia diffusion inter- ches s'ouvraient sur le remplissage des salles d'attente,
national e de sa « cause) (identifiée à Ia « Cause )). les jeux de passe-passe entre deux portes, etc.
Faute d'accéder à cette voie, Lacan et Ies zélés du Iaca- 2 / Le brassage systématiquement entretenu entre
nisme expansionniste en trouverent d'autres, depuis. La l'analyse individuelle (( didactique ), Lacan y tenait),
constitution explicite d'une lLA(InternationaI Lacanian l'enseignement (le Séminaire), et Ia manipulation de
Association) serait des Iongtemps achevée, n'étaient Ies chacun, selon son idiosyncrasie, pour Ia plus grande
dissensions internes. L'impérialisme idéologique, insti- gloire de Ia Cause et de son Prophete.
tutionneI et politique est une des composantes indénia- 3 / Mais surtout, Ie fait que Lacan n' était pas disposé
bles du freudisme. Le Iacanisme n'en est qu'une des à renoncer, en quoi que ce soit, à ces « pratiques ) était,
manifestations Ies plus achevées. soudain, révélateur de leur importance. On percevait
Revenons à Ia demande de reconnaissance de Ia SFP. d'un coup ce qu'on n'avait fait que pressentir: au-delà
Sans sonder Ies mobiles de chacun, on peut bien af:fir- des apports théoriques (injustement mis au ban, pen-
mer que, parmi Ies « éleves de Lacan ), plusieurs motifs sions-nous) il y avait le Iacanisme comme entreprise de
convergeaient - réparer Ia bévue de Ieurs ainés (dont pouvoir et d'inféodation, Ia propagation de Ia doctrine
Lacan) qui avaient eu Ia sottise de démissionner étant inséparable de l'allégeance personnelle, et cette
en 1953, réintégrer une communauté de pensée et derniere trouvant son meilleur instrument dans Ia pra-
s'ouvrir de nouvelles possibilités d'échanges, faire tique (au sens le plus Iarge) lacanienne.
reconnaitre par cette communauté une Association bien Ainsi, ce qui à nos yeux (à mes yeux) naifs avait pu
dif.férente de Ia SPP (Société psychanalytique de Paris), passer pour accessoire (les particularités d'un homme et
ou Ia pensée de Lacan jouait certes un rôle éminent, d'une pratique) était devenu l'enjeu majeur. La concep-
mais avec d'autres (Lagache, Dolto ...). tion même du processus analytique y était en cause :
C'est ici que joue l'eifet : « ruse de l'histoire !>. Les semai- analyse du patient et surtout analyse du « candidat ).
nes, Ies mois de discussions internes et de négociations Dirons-nous que le contact avec l'IPAnous a simple-
externes, Ies commissions et Ies dépositions allaient ment servi à nous Iibérer d'un certain envoutement
Iacanien, nous permettant ainsi de réintégrer Ie groupe didactique » ), qui confirme ainsi qu'une telle « analyse »
~rthodoxe et sa pratique admise, concemant Ia forma- doit se dérouler en admettant d'embIée que l'analysant
tlOn ? Ce serait insuffisant et inexact.
est Iégitimé dans son « idéaI » de devenir analyste.
L'analyse de formation se déroule entierement sous Ie
signe de cette même finalité, que traduisent Ies ques-
tions suivantes : quand serai-je admis à I'enseignement?
Quand serai-je admis aux contrôles? QueI avis allez-
C'est ici que I'histoire comporte une seconde ruse vous (vous, mon analyste) me donner ou allez-vous
encore pIus diabolique. L'IPAnous sert de « révélateur ): donner sur moi ?, etc. Les problemes qui tournent en
concemant Ia pratique didactique de Lacan mais rond dans Ies « pré-congres » de I'IPA sur Ia formation
Lacan, et Ia critique de sa pratique, servent de ~évéla- ( « spécificités de ... difficultés propres à... caracteres du
teur ... à ce qui est Iatent, non seulement dans tout Ie transfert dans ... I'analyse didactique ») ou encore Ia
m.0u~ement~analytique contemporain, mais dans I'ins- question extrême, honteusement maintenue : I'anaIyste
plratlon meme de Freud.
peut-il, à un moment ou un autre, donner son avis sur
Ce qu~e.~ste, depuis Freud et de par I'impuIsion sans son analysant ? .. tout cela n'est que symptômes d'une
doute de~~slve de F erenczi, c' est l' ana(yse didactique situation admise sans discussion depuis Freud : I'ana-
comme plece centrale, décisive, de Ia formation de Iyse didactique se propose - en ne considérant Ia méthode
I'analyste. Ne chicanons pas sur Ies mots, qui n'ont, analytique que comme moyen - un but extrinseque au
trop souvent, servi qu'à brouiller I'état des choses' processus de I'analyse et d'emblée consolidé par Ia
« analyse didactique » (Lehrana(Yse) « analyse de forma~
connivence conjointe de trois instances : l'institution (et
tion » (Bildungsana(Yse), « anaIyse p~rsonnelle » (Selbsta- ses idéaux), I'analyste (et ses idéaux), Ie candidat (et ses
na(yse) tous ces termes Ont en commun d'intégrer
J
idéaux, ou ses ambitions).
I~analyse du candidat à un but qui est finalement de
Soulever Ia question de Ia « représentation-but » par
hvrer un « .produit fini »: un analyste qui a reçu Ia
rapport à I'analyse didactique, ce n'est donc absoIument
« ~onformatlon Ia plus appropriée » (die geeignetste Aus-
pas dire : eh bien aIors, toute analyse devrait être théra-
bzldung). Toutes Ies pratiques, dans Ie monde entier, et
peutique. Au même titre que pour I'analyse « didac-
tous groupes confondus, quelle que soit I'École dont
tique », on peut se demander dans quelle mesure une
el1es. ~e réclament, maintiennent soigneusement, en analyse qui accepte sans critique Ia visée « thérapeu-
totahte ou en grande partie, Ies points suivants: tique », reste une analyse. Car Ia même question se pose
« I'analyse de formation » ne peut être pratiquée que par
dans I'analyse dite « thérapeutique » : Ia conception de
des sup~ra~alystes, car elle comporte un « plus» par Ia santé, telle que se I'imagine Ie patient qui vient trou-
rapport a I analyse commune. L'analyse de formation
ver I'analyste, Ies buts qu'iI vise en venant demander
est engagée apres aval de I'institution ( « admission à Ia
une analyse, ces buts doivent-ils eux aussi être admis
La didactique : une psychanalyse «sur commande »

Or cela remonte aux fondateurs : Freud qui a rapide-


comme présupposés, si bien qu'on se devrait de mener
ment' admis « l'ana1yse de soi » comme Ia façon Ia meil-
fina1ement 1e patient 1à ou il souhaite a11er? Dans 1es
1eure pour fabriquer un instrument ana1ytique 1e mei1-
deux cas, aussi bien « didactique » que « thérapeutique »,
1eur possib1e. Freud qui, même pour l' analyse en général,
1e prob1eme est de savoir si une ana1yse peut s'engager
a parfois des formules révé1atrices : « .,. nous pou~ons
sans qu'il y ait ce que Freud appe11eune « suspension »
édifier, sur l'hypothese de l'inconscient, une pratIque
des représentations-buts ; des buts apparemment aussi
couronnée de succes par 1aque11enous influençons,
va1ab1es,raisonnab1es que : je veux devenir ana1yste, je
au service d'une fm [zweckdienlich], le cours des proces-
veux ne p1us souffrir de te1 symptõme, je veux résoudre
sus conscients3 ••• » Ferenczi, qui affirme que l'ana1yse
te11e situation conjugal e insupportab1e, etc. ; ou bien,
« didactique » doit aller à des profondeurs p1us grandes
lorsqu'i1 s'agit d'enfants : je voudrais que cet enfant tra-
que Ia « thérapeutique », mais précisément en fonction
vaille mieux à l'éco1e... La question est de savoir si ces
objectifs doivent être admis au départ d'un processus des fins professionnelles qu'e11e se propose.
A partir de là : fins professionnelles, idéaux du m~u-
ana1ytique ou bien s'i1s ne sont pas eux-mêmes partie
vement ana1ytique, du groupe et du 1eader, propagatlon
intégrante de ce qui doit être remis à p1at par l'ana1yse.
de Ia doctrine et de Ia pratique orthodoxes, etc., tout
La question est surtout de savoir si l'objectif profession-
s'enchâlne ... y compris Ia « séance courte ». Freud
ne1, une fois avalisé par l'institution et par un ana1yste
n'affirme-t-i1 pas qu'il fait des analyses courtes (que1-
mandaté à cette fin, peut être remis en jeu dans
ques mois)4 afin de pouvoir « étendre son ~nfluence !) à
l' ana1yse, si ce n' est de façon fictive. On prétend bien
davantage de disciples? Le ca1cul est slmple: cmq
que 1edésir de devenir ana1yste, « ça s' ana1yse » comme
minutes au lieu de quarante-cinq, ou cinq mois au lieu
tout autre désir. Mais ce n'est qu'une ana1yse en faux-
de quarante-cinq, le gain est 1e même : on a « formé »
semb1ant à partir du moment ou l'institution attend,
pour ainsi dire, l'ana1ysant à Ia porte du cabinet; tout neuf fois p1us de propagateurs de Ia foi.
Ainsi Ia prise de conscience par rapport à Lacan ne
comme une mere attend, dans Ia sa11e d'attente, son
pouvait que se compléter par une prise de conscience
enfant qu'e11efait anaiyser pour qu'i1 devienne « sage ».
symétrique à l' égard des pratiques régnantes, toutes
Pour en revenir à l'histoire, ce que Lacan montrait
issues de Freud: un Freud qui s' est voulu fondateur
ouvertement - Ia seu1e ana1yse est Ia didactique ; ensei-
d'Église tout autant que pionnier de l'inconscient.
gnement, formation et ana1yse du candidat ne font
qu'un; l'entrée en ana1yse est une adhésion aux idéaux
du groupe et du 1eader, etc. - tout cela existe partout, et
d'illusion ni d'idéalisme, mes petits ; bien sur que tout analyste.didacti-
sans qu'on ose généra1ement se l'avouer2. cien influence ses analysés. })En somme, tout Ie monde ales malllS sales,
Lacan a eu Ie tort de Ies montrer.
3. S. Freud, <Euvres completes (Psychana1yse), XIII, Paris, PUF, p. 206.
2. Au moment de Ia scission, iI nous souvient du propos confidentieI
4. A. Kardiner, Mon ana1yse avec Freud, Paris, Belfond, 1978.
d'un des maitres du groupe se séparant de Lacan ; à peu prés ceci: « Pas
La didactique : une psychanalyse « sur commande li

Ces points ne sont pas une concession à ur; libéra-


lisme mou et n'ont rien à voir avec des problemes de
« démocratie I). Ils témoignent d'un radicalisme par rap-
port àla conception de l'analyse. C'est par l~ que nous
Au sein de l'APF, fraichement sortie du lacanisme, le ne nous situons pas à mi-chemin entre SPPet Ecole laca-
probleme fut vite posé en ces termes : restituer au maxi- nienne car l'une comme l'autre ordonnent l'analyse
mum son autonomie à l'analyse personnelle, ou conti- person~elle à l'obtention d'un produit fini conforme
nuer à considérer celle-ci comme une piece dans un dis- aux idéaux de l'Institution.
positif visant à Ia « conformation Ia plus appropriée ». 2 / Une procédure toute nouvelle de validation d~s ~ontrô-
1969-1971. Est-il possible, en quelques lignes, de les: on ne se fie plus à Ia décision, non motlvee, du
donner l'essentiel de ce qui s'est joué ? En 1969, sous contrôleur mais c' est le contenu du contrôle et les
ma présidence et mon impulsion, un projet de modifica- capacités dU contrôlé qui font l' objet d'une évaluation
tion des procédures d'habilitation est proposé, discuté, approfondie, et collective. .
et finalement refusé. En 1971, sous Ia présidence et 3/ La seule liste d'analystes formateurs qUl demeure
l'impulsion de Pontalis, un nouveau projet, finalement est celle des « analystes en exercice à l'Institut de forma-
tres proche du précédent, est discuté et adopté : il inau- tion I). Celle-ci n'est pas une liste camouflée de didacti-
gure le reglement selon lequel nous fonctionnons ciens, mais Ia liste des contrôleurs, d'ailleurs révisible
actuellement. annuellement.
L'inspiration de toutes ces regles tient en un seul
Ce qui a été acquis en 1971 : mot : assurer au maximum l' extraterritorialité de Ia pra~
1 / La suppression de l'analyse didactique, entreprise et tique analytique et, au premier chef, de l'analyse de C.e!Ul
menée « sur commande I), en fonction de Ia demande de qui se propose de devenir lui-même analyste. Sans l1h~-
l'institution d'avoir à « livrer » des analystes. sion sur tout ce qui vient à l' encontre de cette autonomle
par rapport à des buts utilitaires ou idéaux, les reg~esins-
- suppression des visites préalables ;
taurées à l'APFévitent de créer ou même de favonser un
- suppression de Ia liste et du titre de didacticien ;
« inanalysable » : l' espece de « cahier des charges » selo,n
- les candidats ne sont connus de l'APFqu' au moment
leque! l'institution analytique passe commande, aupres
de l'admission aux contrôles; leur demande est
de ses didacticiens, d'analystes bien « conformés ».
recevable quel que soit leur divan d'origine : titu-
laire, associé ou éleve de l'APF ou membre de tout
autre groupe. Ce point n'est pas formeI: les statisti- Les occultations
ques annuelles montrent que notre Comité de for-
Ce caractere hétérogene de Ia pratique APF,tant par
mation examine tout candidat sans faire objection
rapport aux pratiques dominantes que par rapport aux
de Ia personne ni de l'appartenance de son analyste.
idéaux freudiens eux-mêmes, il est remarquable qu'il le français APF; nous nous grattons Ia tête : sans doute
soit sans cesse et toujours de nouveau occuIté, aussi bien veulent-ils dire « contrôleurs » ? ou « analystes en exer-
par les autres que par nous-mêmes. Sans doute est-il de cice à I'Institut de formation » ? ou « tituIaires » ? Tra-
regIe que chacun ne consente à percevoir I'autre que duction ethnocentrique, comme on dit7 ; grâce à quoi
selon son propre modele. En France, citons, à des on aurait beau jeu de nous rétorquer : aIlons donc, vous
années de distance, I. et R. Barande5, pour qui « les diffé- n'êtes pas si différents ! vous avez bien des didacticiens,
rences sont minimes entre SPP et APF, en application puisque vous en déléguez dans les congres !
commune des normes standard de I'API», et l'Agenda de Tout aussi remarquable, Ia façon dont s'oriente sou-
ta psychanalyse selon lequel, à I'APF,les « didacticiens » vent le débat de fond : non pas sur Ia suspension et Ia
font I'objet d'une liste spéciale dénommée « liste des ana- mise en question, pour toute analyse, des « représenta-
Iystes en exercice à l'Institut de formation »6 ! tions de but » ou « idéaux » préalables, qu'ils soient thé-
Au sein du Mouvement intemational, notre concep- rapeutiques ou didactiques, mais par une mise en
tion est tout simplement ignorée, aussi bien par les indi- balance des uns par rapport aux autres; on croit se
vidus que par les groupes ou par les instances. Sans débarrasser de cette hypotheque des idéaux par Ia
doute, de temps en temps, notre mo de de formation concession fadle : bien sur que toute analyse, même
est-il décrit, de façon incomplete et abâtardie, dans tel d'un candidat, est aussi thérapeutique, etc.
ou tel « rapport » intemational : une « variante ), parmi En résumé, sur un point - fondamental s'il en est -,
d'autres, dans une multitude de « façons de faire ». Mais Ia conception de I'analyse, nous voilà donc, au sein de
il y a là une méconnaissance fondamentale, dont sont I'IPAet du mouvement psychanalytique tout entier, par-
complices toutes les parties. J'en veux pour témoin prin- faitement opposés à Ia pratique et à I'idéologie univer-
cipal les fameux « pré-congres », destinés à discuter de Ia seIlement régnantes. Mais, au nom d'une méconnais-
formation. II est demandé, on le sait, à chaque société sance savamment entretenue par tous ... tout le monde
composante d'y déléguer un certain nombre de « didac- I'ignore. II faut bien avouer que, si cela se savait
ticiens », catégorie indiscutée, accessible au sens com- VRAIMENT, il faudrait sinon nous excIure (pratique fort
mun (ipéiste ou, tout simplement, freudien). Mais il est rare), du moins dire pourquoi on ne nous excIut pas !
comique de noter Ia façon dont nous répondons ; non Si une « révolution ) est sans cesse « occuItée », même
pas par: « didacticien et didactique, connaissons pas ! parmi ceux qui I'ont faite, il faut se rendre à I'évidence :
on vous I'a déjà dit et on va encore vous I'expliquer», c' est sans doute que cette révolution est mal assurée et
mais en nous efforçant de traduire training analyst dans qu'eIle est à maintenir de façon « permanente ». A
chaque instant, et sous les prétextes les plus divers, les
5. I. et R. Barande, Histoire de Ia psychanalyse en France Toulouse exigences (Iégitimes) d'une formation professionneIle
Privat, 1975, p. 53-54. ' ,
6. L'agenda de Ia psychanalyse, nO 1, p. 22.
rejaillissent sur ce qui ne saurait être intégré à une telle
finalité : l'analyse personnelle de quelqu'un Cnedisons
pas: d'un candidat).

En conclusz'on: si toute analyse est « formation ), ce ne


peut être qu'au sens ou le beau terme de Bildung n'a
cessé de retentir aux oreilles allemandes : un mouve-
ment par lequel l'individu, à travers les péripéties les
plus étranges du voyage à l' « étranger ), rejoint ce qui
lui est le plus « propre ~).
L'analyse est ce voyage qui tente de façon asympto-
tique, de nous rendre à nouveau « propre ) (eigen) ce qui
est le plus étranger en nous (l'inconscient).
Par rapport à cette conception de l'analyse et à Ia
belle formulation du wo Es war, soll Ich werden comme
mouvement culturel (Bildung), l'idée d'une formation
appropriée à une finalité professionnelle (die geeignetste
Ausbildung)8 est bel et bien en contradiction.
Sans nier qu'une « formation appropriée ) reste indis-
pensable pour le futur analyste, nous maintenons déli-
bérément en dehors d' elle, en dehors de toute fin pro-
fessionnelle et idéologique comme de tout contrôle
institutionnel, ce qui ne peut être qu'un processus
extraterritorial : l'analyse personnelle.

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