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INTRODUCTION

La presse désigne l’ensemble des publications imprimées ou des activités


journalistiques. La presse, c’est aussi une institution avec un mode d’organisation et un mode
de fonctionnement. Tout Etat héberge dans son univers médiatique une presse. En tant
qu’institution, la presse et plus particulièrement la presse écrite bénéficie des lois abrogées par
chaque pays pour la réguler et la contrôler. Cette régulation institutionnelle est un ensemble
de dispositions relatives à la presse prises par l’Etat pour réglementer la profession.

Cependant, l’idéal voudrait que la presse soit indépendante et exempte de toute ingérence
étatique.

Après les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, la presse et par extension tous les media
constituent le 4ème pouvoir. Ce statut lui (la presse) est octroyé par la force de parfois servir de
contre pouvoir face aux pouvoirs incarnant l’Etat.

Depuis 1990, date de l’avènement du multipartisme, l'on assiste à un foisonnement de


journaux : la Côte d'Ivoire compte une bonne cinquantaine de quotidiens, hebdos et autres
périodiques paraissant régulièrement. Malgré les apparences, la presse ivoirienne constitue un
marché où la concurrence reste très vive. Ce fait émane de la manifestation d’une liberté
d’expression et d’opinion qui jusque là étaient inexistantes. Cependant, le constat a été que
« pluralisme et diversité ne riment pas nécessairement avec responsabilité et respect des règles
élémentaires du journalisme. »1

Les problèmes d’ordre économique vont engendrer des excès et dérapages.

Face à ces manquements, le paysage médiatique et la presse en particulier, a nécessité une


organisation interne pour ordonner la profession, endiguer et éviter les dérapages de la part de
ses professionnels. D’où l’autorégulation de la presse.

1
Zio Moussa, L’Olped, pionnier de l’autorégulation des media en Afrique. Groupe
de recherche et d’échanges technologiques (GRET) : Paris (France), 2001, p 5.
Ce thème sur lequel, il nous est donné de réfléchir, dans le cadre restreint de l’univers
médiatique ivoirien est un ensemble de principes minimums que s’imposent les acteurs de ce
milieu.

Dès lors, quelles sont les notions que renferme l’idée d’autorégulation ? Quelles sont les
instances d’autorégulation de la presse en Côte d’Ivoire ? Qu’est-ce que l’autorégulation
apporte de nouveau dans ce secteur en Côte d’Ivoire ? Quel rôle jouent les instances
d’autorégulation dans la résolution de crise et dans le processus électoral à venir ?

Telles sont les axes majeurs autour desquels vont s’articuler notre analyse.
I/ Approche définitionnelle

Ce mot, depuis des décennies, défraie la chronique. Dans tous les domaines, le terme
régulation intervient et plus précisément dans le domaine de la presse écrite. Face à cet état de
fait, nous ne restons pas indifférents au point où, l’on s’interroge sur la régulation en tant
qu’une théorie, mais essentiellement sur le contenu sémantique.

Ce concept de régulation renferme deux formes ou entités : la régulation et l’autorégulation


(l’objet de notre étude). En d’autres mots, l’on ne saurait s’intéresser à la norme ajoutée sans
parler de la norme elle-même. Pour ainsi dire, la notion d’autorégulation ne saurait prendre
vie sans l’idée de régulation. Qu’est-ce que la régulation ? que recouvre ce concept ?

I-1- La régulation

Dans une diversité de contenu sémantique dépendant du domaine, nous allons en retenir
quelques unes.

« Au sens large, le plus fréquemment rencontré dans l’abondante littérature sur la


mondialisation, la régulation désigne la production et la mise en œuvre des règles de jeu
économique et social »2.

« Au sens étroit, il désigne l’équilibration dynamique d’un système d’acteurs lié à une offre
de services. En ce sens, la régulation intervient dans un cadre réglementaire donné. Elle vise à
assurer le respect des règles de la concurrence et, le cas échéant, le service universel dans un
secteur d’activité »3.

Dans le domaine médiatique, « la régulation est la mise en place par l’État d’un ensemble de
règles de conduite dont il est capable de réprimer par la contrainte »4. En d’autres mots et de
façon plus pragmatique, elle se réfère à un ordre des journalistes régulé par des personnes
extérieures à la profession, l’Etat. Le CNP5 en est un exemple patent.

2
Intervention de Dr KOUA Saffo lors du 10ème anniversaire du RIARC tenu à
yamoussoukro.
3
Opcit.
4
Opcit.
5
Conseil national de la Presse.
I-2- L’autorégulation

Ce mot intervient et provient des sciences telles que……………………

Un système ou organe qui ne pourrait régler son propre fonctionnement en permanence est
exposé à des risques d’emballement ou d’étouffement. C’est pourquoi dans la plupart des
systèmes ayant une certaine pérennité, on observe un ou plusieurs mécanismes, parfois
spontanés, d'autorégulation, c’est-à-dire de régulation assurée par le système lui-même ou
même encore par les membres constituant ce système.

C’est dans certains cas - et cela est vérifié - le fait qu’un organe possède cette autorégulation
qui leur donne une stabilité suffisante pour qu’on leur accorde crédibilité et notoriété.

L’autorégulation des médias correspond à un effort concerté des professionnels du secteur


médiatique d’instaurer des directives rédactionnelles volontaires et de s’y conformer dans le
cadre d’un processus d’apprentissage ouvert au public. Ce faisant, les médias indépendants
acceptent leur part de responsabilité concernant la qualité du débat public au sein de la nation
tout en préservant pleinement leur autonomie rédactionnelle.

II/ DE LA REGULATION A L’AUTOREGULATION DE LA PRESSE

II-1- Régulation de la presse

II-1-1- Approche juridique

Du point de vue juridique, la régulation est la mise en place par l’État d’un ensemble de règles
de conduite dont il est capable de réprimer par la contrainte. La régulation est la normalisation
du fonctionnement d’un organe par l’intervention des personnes extérieures à la profession ;
plus précisément par l’Etat. La régulation implique donc les rapports Etats/ sociétés ou
organes.
Par ailleurs, la régulation répond à un souci de pouvoir canaliser tout ce qui est et de pouvoir
se projeter dans le futur pour éviter des éventualités non souhaitées. C’est tout le sens que
véhicule le Pr Séry Bailly, Président du comité scientifique, lors du 10ème anniversaire du
RIARC6 lorsqu’il souligne : « il y a besoin de régulation parce que l’avenir doit prévaloir sur

6
Réseau des Instances africains de Régulation de la Communication.
la fascination de l’immédiat. La régulation doit conduire à la capacité de prévoir afin
d’arbitrer entre le présent et le futur en ce qui concerne l’allocation des ressources, de faire
converger intérêt public et avantage personnel. L’histoire a des lois que nous pouvons
entrevoir sinon maîtriser afin d’en tenir compte pour prévenir et l’orienter. »
Lors de cette même cérémonie, M. Urbain Traoré porte-parole du RIARC est intervenu sur le
point de la régulation. Pour lui, la régulation se définit en deux points :

♣ Veiller à la protection de la liberté de la presse;


♣ Garantir le droit d’accès du citoyen à l’information, l’équilibre et le pluralisme de
l’information, la protection et la promotion des valeurs culturelles dans les
programmes des médias publics et privés.

Plus loin à cette même occasion, le Pr Francis Wodié entre en lice. Pour lui, « la régulation
intervient par le jeu des règles, des lois, qui ont nécessairement un caractère général. Ainsi, les
normes, comme tout le droit, nous disent ce que nous devons faire, ce que nous devons être,
sans pouvoir toujours obtenir que s’accorde ce qui est et ce qui doit être. Autrement dit, la
régulation interpelle les sous-ensembles constitutifs de la société globale avec laquelle ils
doivent entretenir des relations harmonieuses et fécondes. Elle s’adresse ainsi à chacun de
nous pris individuellement ou collectivement. » C’est dire que la société humaine
contrairement à celle des animaux est régie par des lois. Des lois sans lesquelles notre société
serait assimilée à la jungle. Ainsi pour mener une vie harmonieuse, conviviale, nous sommes
tous - pris individuellement ou collectivement - tenus de nous conformer aux règles.

II-1-2- Instance de régulation de la presse écrite en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, la charge de la régulation de la presse écrite est incombe au CNP (Conseil
National de la Presse). Ce qui suit constitue une brève genèse de la naissance du CNP.
Laquelle genèse peut se résumer ainsi : de la CNP au CNP.
La loi sur la presse écrite ivoirienne à été instaurée en 19917. Toutefois, il est le lieu de noter
que cette loi a été précédée d’une loi qui quant à elle était fondée sur la loi française du 29
Juillet 1881. Contrairement à la France, la loi ivoirienne fait mention d’une création d’un
organe de presse est soumise à la délivrance d’une autorisation préalable.

7
Loi 91-1033 du 31 décembre 1991.
La loi 1991 a été la conséquence logique de l’avènement du multipartisme. Le multipartisme à
un moment donné a pris la forme de démocratie. Partant de la loi portant liberté d’expression,
les partis politiques ont créé leurs propres presses. Il s’est ensuivi un foisonnement des
organes de presse libéralisant le paysage médiatique. Face à cet état des choses, il a fallu créer
la CNP (Commission Nationale de la Presse) comme il prévu par l’article 23 cette même loi.
Elle était donc chargée de veiller au respect des obligations prévues par ladite loi par les
organes de presse.
Cette loi de 1991 va, faut-il le mentionner, subir par la suite des modifications en 19938, 19999
et 200010.
Après ceci, il a été jugé que la presse a eu une part de responsabilité dans le déclenchement de
la crise de 2002. C’est ainsi que les parties protagonistes se sont retrouvées à Linas-
Marcoussis pour établir une nouvelle loi : la Loi 2004-643 du 14 décembre 2004 placée sous
le signe de la naissance du CNP. Plus précisément, c’est l’article 38 de cette même loi qui a
instauré une instance de régulation dénommée Conseil National de la Presse (le CNP), en lieu
et place de la Commission Nationale de la Presse (la CNP).
Cependant, il nous vient à l’idée de nous poser la question de savoir si le CNP va réellement
jouer le rôle qui est sien, va-t-il combler le vide laissé par la CNP ?
La partie suivante va nous éclairer sur les faiblesses du CNP.

II-1-3- Critiques

L’information en tant que matière première de toute entreprise et particulièrement dans le


domaine médiatique, est une chose publique qui contribue au bon fonctionnement de la
démocratie. Dans le domaine des media, l’information doit respecter certaines lois. C’est en
vue de veiller au respect de ces lois que le CNP a vu le jour. Néanmoins, cette instance
souffre d’insuffisances et même d’impuissance dans sa tentative de réguler selon la loi.
La loi souffre d’un phénomène communément appelé « vide juridique ». En effet, il ya vide
juridique lorsqu’il ya une éventualité ou une situation imprévue par la loi. De façon
pragmatique la loi ne peut contraindre là où elle n’a pas encore statué.

8
Décret n°3-315 (11 mars 1993), portant organisation et fonctionnement de la CNP.
9
Le 6 juillet 1999, une nouvelle loi (99-436) dote la CNP d’un pouvoir disciplinaire.
10
Ordonnance 2000-545 août 2000 : nouveau régime juridique pour la presse.
Cette impuissance de la loi se manifeste également dans le cas où elle (la loi) démontre son
incompétence face à des situations. Plus généralement, cela survient lorsque face à des
questions de moralité.

II-2- Autorégulation de la presse

II-2-1- Nature

Loin d’être une censure, encore moins une autocensure, l’autorégulation vise à instituer des
principes minimums en matière de déontologie, du respect du droit de la personne,
d’exactitude de l’information délivrée, etc., tout en préservant pleinement la liberté
rédactionnelle pour ce qui est des sujets traités et des opinions exprimées.
Elle ne concerne pas uniquement la presse qui s’avèrerait infaillible car nul n’est parfait.
Outre ce fait, une critique exprimée publiquement sera toujours perçue comme inexacte par
ceux qu’elle vise. L’autorégulation aide donc les médias à réagir et répondre aux plaintes
légitimes et à corriger leurs erreurs.

II-2-2- Qui sont les acteurs ?

L’autorégulation est un engagement pris par les professionnels des médias soucieux de qualité
et soucieux de maintenir un dialogue avec le public. Un mécanisme indépendant et
fonctionnant de manière rationnelle est mis en place pour répondre aux inquiétudes et plaintes
des usagers des médias. Dans les médias, ce ne sont bien entendu que les journalistes, les
rédacteurs en chef et les propriétaires des médias cherchant à produire une information
responsable qui s’impliqueront dans ce dialogue. L’autorégulation peut être instaurée à la fois
au niveau de l’industrie et en interne.
Hors des médias, c’est surtout d’institutions politiques et de personnalités publiques
qu’émanent habituellement les plaintes, car les reportages et commentaires sur leurs activités
constituent une part essentielle du travail des médias. Mais des protagonistes de la société
civile comme ceux des milieux d’affaires, des organisations syndicales, religieuses et de
minorités, des groupes de pression traditionnels et nouvellement établis, ainsi que des
citoyens individuels, peuvent constituer des partenaires tout aussi intéressés.
II-2-3-Instances de l’autorégulation

En côte d’Ivoire nous disposons de deux instances d’autorégulation à savoir l’UNJCI et


l’OLPED. C’est le lieu de noter que notre analyse va s’accentuer sur l’Olped, toutefois il
serait intéressant de faire appel à l’UNJCI si le besoin se faisait sentir.

A l’instar de l’Olped et au-delà des associations spécialisées existant dans le domaine de la


presse, l'Union Nationale des Journalistes de Côte-d'Ivoire (UNJCI) créée le 25 novembre
1991, constitue le creuset qui rassemble les journalistes de toutes les tendances politiques,
idéologiques et même ceux qui n’ont aucune couleur politique, aussi bien les professionnels
de service public que de la presse privée.

L’Union, sans être un syndicat, s’est donné pour missions, entre autres, de « valoriser le
métier de journaliste, défendre les intérêts moraux et matériels de la corporation, promouvoir
l’excellence et l’indépendance d’esprit chez les hommes des médias. »

L’Union est très active. La corporation des journalistes de Côte d’Ivoire lui doit l’élaboration

et l’adoption le 29 août 1992 du code de déontologie, la création de l’Olped, l’organisation de


très nombreux séminaires de formation, et surtout le prix Noël X. Ebony, prix d’excellence du
journalisme qui récompense tous les deux ans, depuis 1993, les meilleurs journalistes de
presse écrite, de télévision et de radio, pour leurs enquêtes, reportages et interviews. La
remise du prix donne lieu à « la nuit de la communication », événement très médiatique qui
mobilise beaucoup d’annonceurs privés. L’organisation et la dotation du prix représentent un
budget de 50 millions Fcfa.

L’UNJCI a vigoureusement encouragé l’institution de la carte d’identité du journaliste


professionnel et la mise à disposition d’un fonds d’aide à la presse. Contrairement à ce qui se
passe dans certains pays africains où les journalistes choisissent de se regrouper par affinités,
les professionnels ivoiriens regroupés au sein de l’UNJCI ont un seul credo fédérateur : le
journalisme professionnel d’abord. Grâce à sa capacité fédératrice l’Union peut mobiliser
l’ensemble de la profession, comme l’a témoigné par exemple la journée presse morte du 21
septembre 2000.

Vision globale sur l’UNJCI ainsi faite, abordons le volet Olped. D’où est venue l’idée de la
création d’une instance nommée Olped ?
II-2-3-1- Historique de l’Olped

La genèse de l’instance de l’autorégulation telle que l’OLPED émane d’instabilité dans le


paysage médiatique, mais essentiellement d’une tourmente d’un contexte électoral. Qu’en est-
il réellement ?

II-2-3-1-1- L’OLPED : fruit d’un contexte électoral ?

L’Observatoire de la Liberté de la Presse, de l’Ethique et de la Déontologie (Olped), a été créé


en septembre 1995, à Yamoussoukro à l’issue d’un séminaire sur « La responsabilité du
journaliste en période électorale ». Ce séminaire s’inscrivait dans le cadre de la préparation
des élections générales qui ont eu lieu entre la fin de l’année 1995 et le début de l’année 1996.
A la veille de ces élections, boycottées par l’opposition, il régnait une certaine tension et la
presse pouvait jouer un rôle dangereux comme cela venait d’être le cas avec la Radio des
1000 Collines au Rwanda11. La première tâche de l’Olped était d’aider les médias dans leur
gestion des élections. La création de l’Olped répond au souci du respect de la déontologie afin
d’éviter les dérapages, tout particulièrement en période électorale.

La plupart des journalistes sont bien connus des membres de l’Olped, notamment par ceux qui
exercent dans l’enseignement ce qui permet d’établir des relations de confiance.
Dans les pays qui en réalité vivent parfois leur première expérience de liberté, débordements
et dérapages semblent presque inévitables. Parmi ces dérives, il ya entre autres les atteintes à
la vie privée, la diffamation et la calomnie, les outrances et les intrusions abusives. Triste
réalité, expérience et formation font défaut chez certains nouveaux journalistes. Très vite se
pose la question à laquelle aucun média libre n’échappe, celle de la responsabilité.

Toutefois force est de noter que la création de cette instance résulte également comme il a été
signifié un peu plus haut d’une instabilité dans le milieu médiatique.

II-2-3-1-2- L’OLPED : conséquence d’une instabilité dans le paysage médiatique ?

Depuis 1990, date de l'autorisation du multipartisme, l'on assiste à une floraison de journaux.
L’explosion de la liberté donne naissance à 80 partis et à une centaine de journaux et autres
publications. Deux ans plus tard, des 40 titres quotidiens, seule une dizaine survit et la presse
11
Radio du Rwanda qui a joué un rôle important dans le conflit ethnique Hutu et Tutsi.
appartenant au gouvernement garde une place prépondérante. Mais les médias sont devenus
un espace de débats. Après l’explosion de la presse, on y a dénoncé absence de formation des
journalistes, manque de conscience professionnelle, dilettantisme, mauvaise foi, excès de zèle,
ignorance, pressions politiques et religieuses. La presse confond politique et atteintes à la vie
privée, parfois sur un ton ordurier. On entre dans un cercle infernal: le pouvoir prend prétexte
des dérives pour se heurter à la nouvelle presse en arrêtant et en emprisonnant des
journalistes. De nombreux particuliers ont recours à la justice. Les procès contre les
journalistes et leur emprisonnement se multiplient au cours de la première moitié des années
90. Des professionnels de l'information et des membres de la société civile se posent la
question de savoir comment, dans un contexte fait de tensions et presque au bord de
l'explosion, amener les journalistes à intégrer liberté et responsabilité dans l'exercice du
métier. La création d'une instance d'autorégulation animée par les professionnels s'impose.
Pour réduire, à défaut d'y mettre un terme définitif, le recours des citoyens aux tribunaux et
l'incarcération des journalistes pour des délits de presse. Mais, surtout et d'abord, pour assainir
la profession en faisant du code de déontologie sa boussole.
En septembre 1995, gouvernement et syndicats de journalistes de Côte d’Ivoire décident de
réagir et d’adopter des mesures telles que la rédaction d’un code de déontologie et la création
d’un conseil de presse sur le modèle de ceux de l’Allemagne ou du Québec, composés à parité
d’éditeurs et de journalistes. Ainsi naît l’Observatoire de la liberté de la presse, de l’éthique et
de la déontologie (OLPED).

Ayant en son sein de 13 membres nommés par désignation ou cooptation, pour un an


renouvelable une fois, l’Olped se compose de 6 représentants de l’UNJCI, 5 représentants des
directeurs de publication et directeurs généraux et 2 représentants de la société civile
(LIDHO12 et GERDDES13).

Depuis le congrès de l’UNJCI en Août 2000, l’Olped est devenu une entité indépendante et
c’est une association reconnue d’utilité publique.

L’Olped entend faire participer, de manière symbolique et réaliste, les médias ivoiriens à son
budget de fonctionnement.

II-2-3-2- Les missions et rôles de l’Olped


12
Ligue Ivoirienne des Droit de l’Homme.
13
Sa mission est de faire respecter le code de déontologie des journalistes, de veiller au respect
de l’éthique, à la sécurité des journalistes, à la liberté de la presse et de garantir le droit du
public à une information libre et honnête. L’Olped se donne aussi pour priorité de veiller à la
liberté de la presse et à sa professionnalisation par la formation en particulier. Selon la
déclaration de Yamoussoukro, les journalistes s’engagent « à se mettre au dessus des
querelles partisanes et des clivages idéologiques afin de privilégier les normes et pratiques
professionnelles définies par le code de déontologie ».

L’Olped, qui n’a eu pendant plusieurs années qu’une autorité morale, a pour ambition de
favoriser une prise de conscience collective des journalistes. Ce cadre de concertation et
d’autorégulation entend faire clairement la distinction entre le journalisme et la propagande
politique.

L’Olped publie les résultats de ses séances de travail, tous les 15 jours en temps normal et
deux fois par semaine en période électorale, dans des communiqués envoyés à l’ensemble de
la presse ivoirienne.

A l’origine, l’Olped était un organe de l’UNJCI. Il peut s’autosaisir ou être saisi par une
personne s’estimant mise en cause.

Le pouvoir de l’Olped a été renforcé par une ordonnance du 2 août 2000. Désormais
l’instance d’autorégulation a la capacité de prononcer des sanctions (avertissement, blâme) et
de saisir la commission d’attribution de la carte de presse pour lui demander la suspension ou
le retrait de la carte d’un journaliste ayant fait preuve de manquements répétés ou graves à la
déontologie. Il a également la possibilité de convoquer un plaignant ou un journaliste mis en
cause, mais ne pratique pas la confrontation directe.

L’observatoire a d’une certaine manière un rôle préventif en intervenant parfois en amont de


la publication d’un article quand les membres sont informés de la parution à venir d’un article
attaquable sur le plan du respect de la déontologie.

II-2-3-3- Grille de lecture

La grille de lecture constitue en quelque sorte les éléments principaux autour desquels l’Olped
s’articule. Elle constitue les délits commis dans le domaine du journalisme.

Face à une observation générale selon laquelle le contenu des journaux, le traitement de
l'information par la télévision et la radio nationales, mais aussi les remarques récurrentes sur
le travail des journalistes formulées par des citoyens-lecteurs, téléspectateurs, auditeurs, les
procès contre les journalistes et les médias, les emprisonnements répétés de journalistes,
l'atmosphère lourde de tensions sociopolitiques de la période préélectorale..., l’Olped a pu
mettre sur pied ce qui a été convenu d’appeler la grille de lecture. Inspirée dans une certaine
mesure de la Déclaration des Droits de l’Homme et surtout de l'esprit et de la lettre du code de
déontologie14 adopté par la presse ivoirienne, cette grille comporte six points : l'injure,
l'incitation à la révolte et à la violence, l'incitation au tribalisme et à la xénophobie,
l'incitation au fanatisme religieux, le non-respect de l'équilibre dans le traitement de
l'information et le non-respect de la confraternité.

Selon une étude, « en 5 années d’existence, les fautes les plus fréquemment commises et
relevées par l’Olped sont d’abord l’injure (plus de 700 cas), puis le non-respect de la
confraternité (plus de 350 cas), suivi de l’incitation au tribalisme et à la xénophobie (plus de
300 cas), puis de l’incitation à la révolte et à la violence (plus de 200 cas) »15. Dans une
moindre mesure, les autres fautes de la grille de lecture ont été relevées : incitation à la
débauche, atteinte aux bonnes mœurs et à la morale, incitation au fanatisme religieux, non-
respect de l’équilibre dans le traitement de l’information et atteinte à la dignité humaine.

Aussi, les tentatives de définition de chacun des points de la grille de lecture s'appuient-elles
essentiellement sur l’expérience de l’ordre des journalistes.

♣ L'injure. Il convient de rappeler que l'injure est un délit de presse puni par la
loi sur la presse. La définition, par la pratique à l'Observatoire, est à la fois
littéraire et juridique. Ainsi, l'injure peut être considérée comme un tort infligé,
un affront par l'écrit. Une offense grave, une parole blessante, grossière, une
expression outrageante sans imputation de fait. Mais afin de ne pas exposer les
journalistes aux rigueurs de la loi et hélas ! au zèle de certains magistrats,
lorsqu'un article est injurieux envers le président de la République,
l'Observatoire le qualifie d'« irrévérencieux ».

♣ L'incitation à la révolte et à la violence. Nous avons indiqué plus haut que la


situation sociopolitique en Côte d'Ivoire était explosive. Les adversités

14
Voir annexe.
15
Zio Moussa et Florence Lemoine-Minéry, L’état des media en Côte d’Ivoire, GRET, Décembre
2001.
politiques se sont transformées en antagonismes irréductibles frappant le
moindre propos, la moindre contradiction, même intelligente, d'une suspicion
d'opposition politique, de défense d'une tribu contre une autre, etc. Des
journaux, pour la plupart financés par des bourses occultes, ont fait de tout cela
leur fonds de commerce. Jouant sur cette ambiance chargée de « motifs »
d'affrontements, de violences, de règlements de comptes, ils n'ont de cesse de
servir de plumes « armées », de démultiplicateurs de paroles guerrières créant
ainsi les conditions favorables à un surcroît de tension, d'incompréhension et
d'affrontements physiques.

♣ L'incitation au tribalisme et à la xénophobie. Les problèmes politiques ont


immanquablement glissé sur le terrain de la tribu (la Côte d'Ivoire en compte
61) et de la présence des étrangers (avec 35 % à 45 % d'étrangers), la question
devenait inévitable. Surtout que presque tous les acteurs politiques s'appuient
d'abord sur leur base « tribale » et, récupèrent la crainte de l'envahissement par
des étrangers, crainte au sein d'une population en proie aux difficultés
économiques qui durent, au chômage et à laquelle on fait croire que ses
malheurs sont dus à ceux venus d'ailleurs qui « la main mise sur tout ». La
guerre à l'étranger, à laquelle des pays réputés patrie des Droits de l’Homme et
d'immigration n'ont pas échappé, trouve des échos favorables dans la presse qui
fait l'apologie des idées tribalisantes et de celles qui militent contre l'étranger,
contre sa présence. C'est ainsi que les médias, dont le parti pris n'est plus à
démontrer, par de petits calculs mercantiles, jouent sur la fibre tribaliste et
xénophobe, en opposant les tribus les unes aux autres, et en reprenant la thèse
de l'étranger envahisseur à leur compte.

♣ L'incitation au fanatisme religieux. Depuis seulement quelques années, la


question religieuse, sortie des temples, églises et mosquées, a envahi le champ
politique. Comme ceux qui s'appuient sur leur base tribale, d'autres se servent
de la religion dont les fidèles deviennent, en principe, des militants captifs.
L'appartenance à la même religion sert de substrat, de lien, de base «
idéologique » au militantisme politique. Comme on procède à la purification
ethnique, le fanatisme religieux conduit à l'exclusion sur la base religieuse, et,
encore plus grave, à l'épuration religieuse. Des journaux, malheureusement
assez nombreux, encouragent des pratiques qui, au nom de la religion,
n'admettent aucune contradiction, ne supportent pas d'autres pratiques
religieuses et tiennent toute autre forme de foi pour l'œuvre de Satan qui doit
être combattu par l'invocation, sur lui, des malédictions divines, et même par la
guerre.

♣ Le non-respect de l'équilibre dans le traitement de l'information. Ce point


fait référence à un principe de base de l'écriture journalistique: donner la parole
à toutes les parties impliquées dans un événement, un fait, une actualité, qui
font l'objet d'un article d'information. La propension, depuis la libération de la
parole au début des années 90, au journalisme d'opinion a fait prospérer les
partis pris, le développement d'un journalisme partiel et partial. Cette pratique
en dit long sur l'état de l'éthique et de la déontologie au moment où naît
l'observatoire. En faisant respecter le code de déontologie et en militant en
faveur d'une éthique, l'Olped engageait la lutte contre les commanditaires et les
propriétaires occultes de journaux de combat politique créés dans le dessein de
régler des comptes ou de nuire. L'exigence de l'équilibre de l'information
réduisait les risques de partis-pris, de traitement partiel et partial de
l'information.

♣ Le non-respect de l'esprit de confraternité. Le boom médiatique des années


90 qui a accompagné le retour au multipartisme a donné naissance à une
variété de journalistes. La difficulté des journaux à vivre, survivre même :
problèmes financiers, mauvaise gestion, absence totale de la culture de
l'entreprise de presse, ont fragilisé les titres qui ont dû, parfois, se transformer
en officines de propagande qui vendent leurs services aux plus offrants. Des
journalistes se sont ainsi transformés en soldats de la ligne de front pour mener
leurs batailles politiciennes à leur place. On a connu la période où des titres
étaient créés et essentiellement consacrés aux journalistes avec, entre autres, le
fameux Micro-trottoir. Il fut un moment où les journalistes, d'une rédaction à
l'autre, ne s'adressaient pas la parole et n'écrivaient les uns sur les autres que
pour se traîner dans la boue, en se couvrant d'injures, en se diffamant. Tout
cela constitue le non-respect de l'esprit de confraternité prôné par le premier
séminaire de l'UNJCI organisé les 28 et 29 août 1992 à Yamoussoukro16. Le
code de déontologie adopté au cours des travaux de ce séminaire définissait la
confraternité en ces termes : « Climat d'entente, de fraternité, d'amitié et de
respect mutuel entre différentes rédactions d'une part et entre les rédacteurs
d'autre part. Un état d'esprit, un comportement fait de savoir-vivre, de respect
réciproque. La confraternité ne sait que faire du mépris, de la suffisance, du
complexe de supériorité ou d'infériorité. La confraternité magnifie l'amitié, la
solidarité, elle admet la critique ».

♣ L'incitation à la débauche. Confrontés à des problèmes économico-


financiers, certains journaux, quand ils ne disposent pas d'un lectorat captif
généralement constitué de militants du parti dont ils sont proches, ou ne
bénéficient pas de largesses financières d'un parrain occulte, sont contraints au
racolage en exploitant des domaines tels que sexe, sport, sang et santé qui font
le succès commercial de certaines publications: plus particulièrement le sexe.
C'est ainsi que dans leurs colonnes, des rubriques entièrement consacrées
assurent la promotion de tous les travers sexuels et même de ce qui peut être
considéré comme crime en la matière : inceste, viol, etc. Des titres
essentiellement destinés à la jeunesse exploitent les questions liées au sexe
comme un fonds de commerce. L'on citera entre autres Heat, de
l'hebdomadaire Top Visages. Cette triste réalité dans laquelle baignent certains
professionnels du journalisme ont conduit l'Observatoire à introduire dans sa
grille de lecture le point relatif à l'incitation à la débauche.

♣ L'atteinte aux bonnes mœurs et à la morale. Ce point de la grille de lecture


est proche du précédent. La différence, toutefois, réside dans le fait qu'il ne
constitue pas un appel à commettre un acte considéré comme un crime ou un
travers sexuel.
16
Séminaire précédent celui portant création de l’Olped.
♣ L'atteinte à la dignité humaine. Autre fonds de commerce pour des
journaux : la publication de photos particulièrement choquantes pour illustrer
des faits divers. D’une part, c'est l'image insolite d'un citoyen assassiné par des
bandits et découpé en morceaux, ou un corps tailladé et baignant dans une
mare de sang avec une hache enfoncée dans la boîte crânienne d'où dégouline
le cerveau. D'autres fois ce sont des corps carbonisés par l'incendie présentés à
la Une. Toutes ces images sont en couleur. Dans des articles, des journalistes
n’hésitent pas à traiter des personnalités de premier plan d'esclaves ou de fils
d'esclaves ; ou des membres d'une confession religieuse d'adeptes de sacrifices
humains.

Partant des indexations faites à partir des points formant la grille de lecture, l’Olped a produit
des statistiques qui donnent un aperçu du respect des règles d’éthique et de déontologie par les
journalistes. Les tableaux suivants font état de quelques aspects des statistiques.

Années Total
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 %
Points de la grille général

Injures 07 22 18 230 295 177 461 402 385 1997 45,67

Anti-confraternité 19 28 48 118 98 67 88 146 105 717 16,39


Incitation a la révolte et
10 07 16 51 107 37 51 135 143 557 12,74
à la violence

Incitation au tribalisme,
au racisme et à la 11 10 11 90 147 69 241 82 72 633 14,47
xénophobie

Mauvais traitement de
04 02 Néant 04 03 15 21 34 32 115 02,63
l’information

Atteinte aux bonnes


00 00 03 17 05 01 07 12 11 55 01,35
mœurs et à la morale
Atteinte à la dignité
00 00 00 00 16 13 15 07 12 63 01,44
humaine

Incitation au
01 01 00 10 06 25 07 07 06 63 01,44
fanatisme religieux

Incitation à la
00 00 00 24 37 05 00 02 71 01,62
débauche 03

TOTAL 52 70 96 544 714 409 894 827 768 4372 100

SAISINES 00 04 15 13 18 39 68 25 11 193

A- BILAN DES FAUTES COMMISES PAR LES JOURNALISTES17

(D’octobre 1995 au 31 décembre 2003)

NOMBRE DE FAUTES
RANG LES POINTS DE LA GRILLE POURCENTAGE
COMMISES

1 Injures 385 50,13%

2 Anti-confraternité 105 1367%

3 Incitation a la révolte et à la violence 143 1861%


Incitation au tribalisme, au racisme et à
4 72 0937%
la xénophobie

5 Mauvais traitement de l’information 32 0416%


Atteinte aux bonnes mœurs et à la
6 11 0143%
morale

7 Atteinte à la dignité humaine 12 0156%

8 Incitation au fanatisme religieux 06 007%

9 Incitation à la débauche 02 002%

TOTAL 768 100%

SAISINES 11

17
Yao Blé Valérie, « Analyse critique des saisines de 2003 » in L’observatoire, No 1 de
Sept-Oct. 2005, p4.
B- BILAN DES FAUTES COMMISES PAR LES JOURNALISTES EN 200318

L’analyse de ces tableaux sont évidents et montrent clairement qu’il ya des manquements au
nombre de quatre qui sont récurrents à savoir l’incitation au tribalisme, au racisme et à la
xénophobie, l’incitation à la révolte et à la violence, l’anti-confraternité et avec leur tête de fil
l’injure. Tous ces manquements donnent de la presse une image dévalorisante. En d’autres
mots, la presse ivoirienne a encore beaucoup d’efforts à fournir.

Toutefois, force est de noter que les personnes auteurs de délits de presse étaient passibles de
peine à savoir l’emprisonnement depuis la création de la première loi sur la presse en 1991.
Après que la crise ait éclaté en Septembre 2002, il a été jugé que les media ont leur part de
responsabilité dans cette crise. Alors la première loi a été modifiée pour donner naissance à la
loi 2004 – 643 du 14 Décembre 2004 portant régime juridique de la presse. Jusqu’ici, les
délits n’ont pas cessé foisonner au point où ils font partie du quotidien de la presse.
Néanmoins, l’on se demande si cet état des choses n’est pas favorisé, voire même booster par
l’article 6819 de cette dernière loi.

II-2-3-4- Difficultés

Les deux problèmes majeurs que rencontre l’Olped depuis sa création sont le problème de
siège et celui du budget de fonctionnement. Il est le lieu de noter que ceux-ci sont liés l’un et
l’autre.

L’Olped occupe les mêmes locaux que l’UNJCI. En effet, l’Etat ivoirien a octroyé une villa
de plus de 1500 m2 le 3 mai 200120. A l’occasion des 10 ans d’existence de l’UNJCI, cette
villa du nom de « Maison de la presse d’Abidjan » sera inaugurée et abritera à la fois
l’UNJCI, l’Olped et les associations et syndicats qui pourront y bénéficier un secrétariat
permanent et commun.

Elle sera un lieu de rencontre, un espace de travail (salle de rédaction), un cyber-hall


d’informations et de partage de connaissances. Egalement lieu de ressources et d’information
grâce à des abonnements à des journaux, l’abonnement à une agence de presse internationale
et une antenne parabolique.
18
Opcit.
19
Voir annexe
20
Zio Moussa et Florence Lemoine-Minéry, L’état des media en Côte d’Ivoire, GRET, Décembre
2001, p 12.
La maison de la presse offrira un cadre de formation et de réhabilitation sociale et
professionnelle (séminaires et ateliers de formation, possibilité de modules de longue durée –3
à 6 mois). Pour commencer, un projet de cycle en journalisme économique et financier sera
soumis à la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF). Elle sera
également un lieu d’accueil et d’hébergement des confrères étrangers de passage à Abidjan.
Sa gestion sera assurée par un comité installé par l’UNJCI et qui comprendra tous les
représentants des associations professionnelles qui fonctionnent régulièrement. Ce conseil
d’administration nommera le directeur.

La réhabilitation des lieux a été financée par l’Etat ivoirien. Une partie de l’équipement a été
financée par la Fondation F. Ebert et l’Union Européenne et la Coopération française a fourni
du matériel informatique.

Dépendant pour ce qui est de son budget de fonctionnement, de financements


extérieurs, l'Olped n'organise aucune activité pouvant générer de l'argent.

Le fait de ne pas disposer de fonds propres pour constituer son budget de fonctionnement
explique que l'Olped n'ait jusque-là qu'un siège provisoire qu'il partage avec l'UNJCI. Il est
évident que dans une telle situation, la marge de manœuvre est réduite quand il s'agit d'établir,
sur une période de deux ans (durée du mandat du Bureau exécutif), un programme d'activités.
Depuis sa création jusqu'à ce jour, l'Olped n'a pas de budget de fonctionnement annuel : le
coût de chacune de ses activités est évalué, et un budget spécifique est soumis à un partenaire
au développement de la presse qui le modifie ou l'entérine selon ses propres critères, et assure
le contrôle de son exécution.

L'Olped a toujours recherché des moyens financiers pour pouvoir mettre en place un budget
de fonctionnement. Mais, il a jusque-là plutôt reçu des appuis financiers ponctuels pour la
réalisation de programmes eux aussi ponctuels. Il privilégie le soutien financier d'institutions
et d'organismes indépendants, pour préserver son indépendance.
III/ AUTOREGULATION ET ETAT DE LA PRESSE ECRITE EN COTE D’IVOIRE

III- 1- Apports

III-1-1- Actions menées : l’Olped face à la crise ivoirienne1999

Les sanctions de la communauté internationale prises contre la Côte d'Ivoire, après les
troubles politico-militaires de 1998, ont pesé sur le fonctionnement de l'Olped : elles ont
signifié l'arrêt des appuis financiers à l'Observatoire par l'Union Européenne et les autres
partenaires au développement. Certaines activités telles que les séminaires ou les tables
rondes, n'ont plus pu être organisées faute de financement. L'Union nationale des journalistes
de Côte d'Ivoire a, pendant un certain temps, apporté son secours à l'Observatoire pour payer
les piges de l'équipe d'écoute et de lecture des médias. Malgré ce manque de ressources
handicapant, les séances de travail se sont déroulées au rythme habituel, c'est-à-dire deux
réunions en période préélectorale et postélectorale, et une en temps ordinaire. Le Bureau,
quand la situation l'exigeait, se retrouvait en séances extraordinaires.

De 1999 aux grandes élections de l’an 2000, l'Olped a redoublé de vigilance en lançant
systématiquement des appels à la société civile, aux chefs et leaders politiques et religieux,
aux journalistes. Cependant sans entreprendre d'action particulière relative à la querelle de «
l'ivoirité » : c'est que ce concept politisé était diversement exploité et ne pouvait donc être
traité de façon spécifique. Cette prudence a permis en fait à l'Observatoire d'éviter un
glissement vers des prises de position politiques.

III-1-2- Les acquis

♣ Le plus grand acquis de l'Olped est le fait d'exister. Ce n'était pas évident vu le
contexte politique, la passion, le multipartisme qui a libéré et libéralisé la parole et les
médias, et le climat troublé de ces dernières années.

♣ La mise au point d'une « méthode » de lecture et d'écoute des médias.

♣ L'acquisition d'une expertise en matière d'autorégulation des médias, reconnue en


Afrique de l'Ouest où l'Olped est sollicité pour la création d'autres instances
d'autorégulation: Bénin, Togo, Sénégal, Burkina Faso, Niger, Mali. Mais aussi
internationalement : coopération avec les partenaires au développement de la presse et
confiance des institutions multilatérales et bilatérales de coopération : l'Union
européenne, la Fondation allemande Friedrich Ebert, la coopération des États-Unis, du
Canada, de la France, l'Unesco, le GRET21, le Conseil de presse du Québec.

♣ Une reconnaissance nationale, en tant que tribunal moral, par les journalistes eux-
mêmes d'abord, la société civile ensuite et les pouvoirs publics.

♣ Une crédibilité internationale, africaine et nationale : l'Olped est consulté pour toutes
les grandes questions nationales, pour les questions relatives aux médias ivoiriens et
africains. Crédibilité accordée à l'Olped par les institutions internationales qui
financent régulièrement ses activités, qui invitent les membres de l'Observatoire à de
grands forums à travers le monde. Crédibilité accordée par les journalistes aux
décisions de l'Olped qui ne sont jamais remises en cause. Crédibilité accordée à
l'Olped par la société civile qui, en cinq années d'existence de cette instance
d'autorégulation, l'ont saisie 80 fois22 pour des délits de presse qui auraient pu amener
les journalistes devant les tribunaux (c'est peu, mais c'est encourageant, puisque
certains des délits de presse pour lesquels les membres de la société civile ont saisi
l'Olped étaient à notre sens graves).

♣ Enfin, l'Olped a réussi à convaincre et les journalistes et les pouvoirs publics, ainsi que
la société civile, que les journalistes peuvent eux-mêmes faire leur autocritique sans
complaisance et publiquement, et s'infliger des sanctions morales qui, à notre avis,
sont probablement les sanctions les plus lourdes. Et surtout à les accepter.

III-1-3- Autorégulation et bon journalisme

Dans le souci de s’autoréguler, de s’auto-corriger et mener à bien leur profession de


journalistes, les professionnels des media écrits se sont réunis pour établir un cahier de route
21
Groupe de Rechercher et d’Echanges Technologiques.
22
ou encore une ligne éditoriale. C’est ce cahier qu’il a été convenu d’appeler codé
déontologique ou encore code de déontologie (expression usuelle). Qu’en est-il ?

III-1-3-1- Code de déontologie du journaliste ivoirien

Ce mot est beaucoup utilisé dans la mesure où il intervient dans tous les domaines. Il constitue
en quelque sorte la ligne éditoriale ou le leitmotiv de tout organe ou de toute entreprise ; il en
est encore plus pour le métier qu’est le journalisme. Il est impossible et même impensable de
parler d’autorégulation sans parler de code d’éthique appliquée. Qu’en est-il ? Que renferme-
t-il ?

Les codes de déontologie définissent publiquement les fonctions, les droits et les devoirs des
journalistes en leur offrant des principes directeurs concernant la meilleure façon d’exercer
leur profession. Ces codes sont désignés de diverses façons – normes déontologiques, charte
déontologique, code de conduite, code de pratique, code de déontologie, etc. – mais ils
répondent tous à des fins analogues, à savoir préserver l’autonomie de la profession et servir
l’intérêt public. Nous emploierons ici l’expression la plus usuelle, à savoir « code de
déontologie ».

Le code déontologique est l’élément central de l’autorégulation des media. En côte d’Ivoire, il
constitue les droit et devoirs des journalistes. Le code de déontologie du journaliste ivoirien a
été adopté par les représentants de la presse nationale à Yamoussoukro le 29 Août 1992.

Vous êtes invités à voir l’annexe pour plus de détails sur les droits et devoirs du journaliste
ivoirien.

Ce qui suit consistera à donner des explications sur la raison pour laquelle le code de l’éthique
appliquée est indispensable à la profession qu’est le journalisme afin de la promouvoir et à
voir enfin comment il serait idoine de le réviser.

III-1-3-2-Le code de déontologie : garant d’un journalisme


professionnel ?

Au sein d’une démocratie, les journalistes jouissent de droits et de privilèges protégés leur
garantissant la liberté de créer divers organes d’information, de se déplacer en public pour
recueillir des faits et des opinions, de diffuser des nouvelles et de demander des comptes. En
contrepartie, les journalistes doivent être responsables. Ils doivent travailler en ayant la
conscience tranquille et des objectifs transparents.

Il y a inévitablement des moments où les journalistes testent la limite de leurs libertés au nom
de la défense du bien public. Si les journalistes travaillent en se conformant aux normes
déontologiques convenues – fondées sur l’exactitude, l’objectivité, l’indépendance et le sens
des responsabilités – ils risquent alors moins d’entrer en conflit avec la loi. De fait, les codes
de déontologie font prévaloir la liberté de la presse.

Par ailleurs, le code de déontologie profite à tout le monde. Pour les propriétaires et les
éditeurs d’organes d’information, un code constitue une protection contre la critique et les
actions en justice ; pour les journalistes, il sert de normes à l’aune desquelles leur travail peut
être jugé ; pour le public, il garantit que les informations qu’il reçoit sont impartiales, exactes
et vérifiées.

La particularité d’un bon code est qu’il est rédigé de manière claire; il est complet et concis; il
est contrôlé constamment et révisé régulièrement. A quel besoin répond la révision régulière
du code ?

III-1-3-3- Révision régulière du code : quelle importance ?

Les sociétés évoluent constamment, ce qui influe sur la façon dont les informations sont
réunies, évaluées et diffusées. Des dilemmes, des recherches et des considérations nouvelles
influencent la façon dont les journalistes travaillent. Ainsi, il a été prouvé récemment que la
façon dont est rendu compte des suicides peut amener des personnes à copier ce
comportement néfaste. Les journalistes se voient donc contraints de ne pas encourager de
telles imitations et devraient modifier leur code de déontologie en conséquence.

Le signal d’alarme est donné lorsqu’un code semble incapable de répondre aux dilemmes
posés lors de la production de l’information. Lorsque les journalistes conviennent que le code
de déontologie présente des défauts, des insuffisances ou simplement des lacunes, il est temps
de le réviser et d’y apporter des ajouts ou des modifications.

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